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L’historien et les mémoires de la guerre d’Algérie
Passer de la mémoire à l’histoire.
« La guerre d’Algérie et les mémoires qui lui sont liées constituent
aujourd’hui une question plus vive encore que celle de la Seconde
Guerre mondiale. » fiche Éduscol MD
L’historien et les mémoires de la guerre
d’Algérie.
Introduction
Les mémoires sont évolutives et multiples voire
rivales, concurrentes.
La mémoire est la capacité à se souvenir, elle engage
une certaine affectivité.
La mémoire par rapport à l'histoire : L’histoire est
une reconstruction du souvenir vécu donc elle se
doit de transformer en pensées ce qui est de
l'ordre de l'affectif.
Si le devoir de mémoire est un récit du passé, on ne
doit pas le confondre avec l’histoire d’un
évènement qui est aussi un récit du passé, mais la
finalité n’est pas la même.
La finalité de l’histoire est de regarder les faits en
face, l’historien construit une réalité historique,
qu’elle plaise ou non. Il construit une réponse
historique aux récits mémoriels.
La mémoire se transmet l’histoire s’enseigne.
« L’histoire ne doit pas être la servante de la
mémoire » E Kant
Il faut passer des mémoires à l’histoire.
En quoi la guerre d’Algérie est-elle un enjeu de
mémoires en France et en Algérie ?
Comment le travail de l’historien peut-il à
partir des ces mémoires en faire un objet
d’Histoire ?
Question qui peut donner lieu au baccalauréat à une
composition ou à une étude de document(s)
Il est nécessaire de démontrer que la guerre
d’Algérie est encore un sujet très passionnel qui
dépend des représentations de ce conflit par les
différents acteurs.
Seules les approches historiques des faits
permettent de sortir du conflit des mémoires
Quel est le travail de l’historien qui doit
interroger les différentes mémoires?
Approfondissement
« A l’Histoire revient le pouvoir d’élargir le regard dans
l’espace et dans le temps, la force de la critique dans l’ordre
du témoignage, de l’explication et de la compréhension, la
maîtrise rhétorique du texte, et plus que tout l’exercice de
l’équité à l’égard des revendications concurrentes des
mémoires blessées et parfois aveugles au malheur des
autres ».
Paul Ricœur, « l’écriture de l’Histoire et le
représentation du passé », conférence de la
Sorbonne, le 13 juin 2000.
Un livre vraiment synthétique et intéressant.
I La guerre d’Algérie (1954-62). Rappel cours de 1ères
F Abbas et M Ben Bella
Insurrection 1er novembre 1954
20 Août 1955 massacres de Constantine 171 français
massacrés et 1273 Algériens exécutés
Bataille d’Alger janvier juillet 1957
13 mai 1958 suite
13 mai 1958 Alger
JUIN 1958
De Gaulle à Alger, avec à droite Salan et derrière eux
Massu en uniforme de para. Juste derrière Salan, en
costume, Leon Delbecque.
« Je vous ai compris » discours du 4 juin 1958
Accueil triomphal 4 juin
« La paix des braves » discours de de Gaulle 23
octobre 1958 devant le FLN
La semaine des barricades Alger 24 au 31 janvier 1960
Référendum 8 janvier 1961 de Gaulle demande un
« oui franc et massif »
75% de OUI
22 avril 1961 putsch des généraux Challe, Salan,
Jouhaux et Zeller
18 mars 1962 accords d’Evian signés
Tracts diffusés sur toute l'Algérie par l'État
français après la signature des "accords" d'Evian
du 19 mars 1962
Référendum en Algérie 1 juillet 1962 99% de OUI
Indépendance officielle de l’Algérie 5 juillet 1962
Attentat du Petit Clamart 22 août 1962
OAS L’organisation de l’armée secrète a été constituée en février 1961 par des
défenseurs acharnés de l'Algérie française qui craignaient que le pays finisse
par obtenir l'indépendance. De nombreux membres de l'organisation furent des
militaires. L'OAS s'est illustrée par un grand nombre d'attentats aussi bien en
Algérie qu'en métropole
Les harkis 236 000 à 400 000 : 91 000 se réfugient
en France en 1962, maltraités
Retour des « pieds noirs » en France 1 000 000 de
personnes
Diapositive empruntée
Diapositive empruntée
II L’historien étudie les différents contextes de
l’élaboration des mémoires de la guerre d’Algérie
1) Une Nation frustrée.
Quel contexte historique?
Rappels.
• -La défaite de 1940
• -l’échec de la guerre d’Indochine et
l’humiliation de Dien Bien Phu
• -Les accords d’Evian
• -La fin d’un Empire colonial
2) Des violences répressives qui posent des
problèmes éthiques aux différentes
mémoires
pages 66/67/68/69
-Les violences répressives posent le problème
éthique des buts et des moyens de la guerre.
-Des violences qui remettent en cause les valeurs
de la République.
- La banalisation de la torture et les actes dits
« terroristes ».
Les tortures pendant la guerre d’Algérie
« Le petit soldat »
Jean–Luc Godard - 1960
: Dénonce la torture.
Pas mal d’ouvrages et de films
bien sûr souvent censurés
1958 ouvrage censuré, republié en 1992
« Muriel ou le temps d’un retour »
Alain Resnais - 1963
: Dénonce la torture sur les femmes.
Les violences en France: Le 17 octobre 1961
page 69 et vidéo
3) Donc des opinions fracturées dans les
mémoires militantes
-Les opinions de ceux qui défendent les droits des
Français d’Algérie.
-Les opinions de ceux qui reconnaissent des droits
aux Algériens de choisir leur destin.
- Les opinions des militaires.
« Avoir 20 ans dans les Aurès ».
1972 - René Vautier
: La question des appelés
Deux extraits vidéos
Reportage sur clef USB
III Les pouvoirs politiques en France et en
Algérie après les accords d’Evian, quelles
mémoires?
1) En France, le pouvoir gaulliste organise
l’oubli, une amnésie qui durera jusqu’à la fin des
années 80
L’Etat français assume les amnisties successives qui
entérinent un climat d’indifférence et dissimule la «
tragédie algérienne ».
• Des amnisties sont accordées de 1964 à 1982
(réhabilitation des cadres, des officiers et
généraux condamnés pour avoir participé à la
subversion contre la République).
Elles fabriquent une amnésie collective. C’est une
« histoire de l’État qui cache ses secrets ».
La perte d’une colonie c’est toujours douloureux.
La fameuse place de la France dans le Monde.
« Pirouette gaullienne » : volonté d’oubli d’une
défaite car il s’agit bien d’une défaite.
Taire un questionnement sur les échecs du modèle
colonial qui a été largement mis en avant.
Nous sommes dans un contexte de guerre froide.
Nous sommes dans un contexte de guerre froide.
Approfondissement la France doit se
repositionner sur la scène internationale,
dénonciations des hégémonies des deux leaders de
la Guerre froide, sorte de tiers-mondisme avant
l’heure (Discours de Mexico en 1964, Phnom Penh
en 1966, Montréal en 1967) mélange de
dénonciation des « grands et de leurs impérialismes
» mais aussi plaidoyer pour le droit des peuples à
disposer d’eux mêmes.
- Silence des médias et en particulier de la presse
écrite qui ne reviennent pas sur les évènements de la
guerre d’Algérie, ils préfèrent mettre en valeur les
Trente Glorieuses ainsi que la politique
internationale gaullienne.
Pourtant en réalité, c’est une amnésie mise en
scène surtout par certains acteurs car dès la fin
des années 60 aux années 80, plus de mille
ouvrages sont publiés sur le conflit, de nombreux
films de fiction et des documentaires sont
réalisés.
Pourtant la sensation d’oubli domine.
Les mémoires de guerre sont nombreuses, elles
sont incomplètes tronquées et partiales. La
guerre est refoulée officiellement mais dans
l’espace privé des groupes qui l’ont vécue, elle
est très présente. Il y a beaucoup de mémoires
pieds noirs, de « nostalgérie », de soldats qui
publient leurs souvenirs. L’histoire n’a pas
encore vraiment sa place.
2) Les années 1990 et 2000 avec l’ouverture
progressive des archives permettent de de
nouvelles analyses, la position de l’Etat
français évolue.
Septembre 2001
Loi du L'Assemblée nationale et le Sénat ont adopté, Le Président de la République promulgue la
loi dont la teneur suit : TITRE Ier MODIFICATION DU CODE DES PENSIONS MILITAIRES
D'INVALIDITE ET DES VICTIMES DE LA GUERRE Article 1er L'article L. 1er bis du code
des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre est ainsi rédigé : « Art. L. 1er bis. -
La République française reconnaît, dans des conditions de stricte égalité avec les combattants des
conflits antérieurs, les services rendus par les personnes qui ont participé sous son autorité à la
guerre d'Algérie ou aux combats en Tunisie et au Maroc entre le 1er janvier 1952 et le 2 juillet
1962. « Elle leur accorde vocation à la qualité de combattant et au bénéfice des dispositions du
présent code. » Article 2 Le deuxième alinéa de l'article L. 243 du même code est ainsi rédigé : «
Ces dispositions sont également applicables aux membres des forces supplétives françaises ayant
participé à la guerre d'Algérie ou aux combats en Tunisie et au Maroc entre le 1er janvier
1952 et le 2 juillet 1962 ainsi qu'à leurs ayants cause lorsque les intéressés possèdent la nationalité
française à la date de présentation de leur demande ou sont domiciliés en France à la même date. »
Article 3 Dans le premier alinéa de l'article L. 253 bis du même code, après les mots : «
caractère spécifique », les mots : « des opérations effectuées en Afrique du Nord » sont
remplacés par les mots : « de la guerre d'Algérie ou des combats en Tunisie et au Maroc ».
Article 4 Dans le premier alinéa de l'article L. 401 bis du même code, après les mots : «
ayant participé », les mots : « aux opérations effectuées en Afrique du Nord » sont remplacés
par les mots : « à la guerre d'Algérie ou aux combats en Tunisie et au Maroc… »
La loi du 18 octobre 1999 reconnaît le qualificatif de guerre
Mettre fin à l’amnésie….. Hommage aux harkis le
25 septembre 2001
Le 25 septembre devient la journée nationale
d’hommage
aux harkis.
Mémorial National de la Guerre d’Algérie et des Combats du Maroc et de la
Tunisie inauguré le 5 décembre 2002 (Quai Branly Paris)
Ce mémorial de Gérard Collin-Thiébaut est constitué de trois colonnes alignées, de section carrée (6 m de haut x 0,60 m de côté), séparées chacune de deux mètres, avec sur leur devant un espace ouvert. Chaque colonne présente, sur sa face avant, un afficheur électronique littéral qui permet de faire défiler, en continu, les noms et prénoms des soldats et supplétifs morts pour la France, ainsi que l’historique de cette guerre. 22 400 soldats défilent ici en permanence, année après année, par ordre alphabétique, sur la première colonne aux diodes bleues. La colonne centrale aux diodes blanches est réservée aux principaux faits historiques ; quant à la troisième colonne, celle aux diodes rouges, elle permet d’appeler le nom d’un disparu depuis le pupitre de commande placé un peu en retrait à sa droite.
Diapositive empruntée
manuel page:67
Approfondissement
Controverse sur le 5 décembre pour commémorer en France la fin du conflit.
La « journée nationale d'hommage aux morts pour la France en Afrique du Nord» aura lieu le 5 décembre, a
annoncé hier le secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, Hamlaoui Mekachera. Cette date a été approuvée
hier en Conseil des ministres. Pourquoi le 5 décembre qui ne correspond à aucun événement connu de la guerre
d'Algérie ? Uniquement parce que, l'an dernier, Jacques Chirac était libre ce jour-là ! Le président de la
République avait alors inauguré un mémorial, quai Branly à Paris, consacré aux 24 000 militaires «morts pour la
France». «En fonction de l'agenda du Président, ça aurait aussi bien pu être le 4 ou le 6 décembre...», dit
Hamlaoui Mekachera.
Cessez-le-feu. « C'est bien la première fois que l'inauguration d'un monument devient une date historique»,
s'insurge Jean-Louis Cerceau, vice-président de la Fnaca (fédération nationale des anciens combattants
d'Algérie). Cette organisation, qui revendique 370 000 adhérents, milite pour la reconnaissance officielle du 19
mars 1962, date du cessez-le-feu au lendemain des accords d'Evian. Fêté en Algérie comme la victoire contre la
France, le 19 mars est un chiffon rouge pour les autres associations d'anciens combattants. «La guerre ne s'est
pas terminée à la date du cessez-le-feu. Il y a encore eu des milliers de morts après», explique Pierre Durr,
secrétaire général de la Fédération nationale des combattants et prisonniers de guerre. C'est aussi l'avis du
secrétaire d'Etat, qui était officier à l'époque. «Il nous fallait une date neutre», reconnaît Pierre Durr. D'où l'idée
de l'inauguration du mémorial par Chirac, approuvée par neuf associations d'anciens combattants sur douze.
«C'est parfaitement arbitraire, constate l'historien Guy Pervillé, auteur d'un Atlas de la guerre d'Algérie (La
Découverte). Ceux qui ne veulent pas du 19 mars n'ont toujours pas trouvé une autre date à commémorer.» Au
regard du droit, il en existe pourtant une : le 2 juillet 1962. C'est la date limite pour l'attribution de la carte de
combattant d'Afrique du Nord. «Mais c'est aussi l'indépendance de l'Algérie ! Difficile de commémorer cela en
France», affirme Pierre Durr. D'autres vétérans célèbrent le 16 octobre 1977, quand un soldat inconnu d'Algérie
a été inhumé à Notre-Dame de Lorette.[…]
«Trahis». «Nous ne nous associerons pas aux cérémonies du 5 décembre et nous continuerons de notre côté à
commémorer le 19 mars», prévient Jean-Louis Cerceau, vice-président de la Fnaca. «Une commémoration doit
rassembler. Or, le 19 mars n'aurait jamais fait l'unanimité, remarque Guy Pervillé. Pour certains anciens
d'Algérie, c'est la date à partir de laquelle ils se sont sentis trahis par la métropole.»
D’après Jean-Dominique MERCHET, journal « Libération » , jeudi 18 septembre 2003
La loi du 23 février 2005 L'Assemblée nationale et le Sénat ont adopté, Le Président de la
République promulgue la loi dont la teneur suit : Article 1 La Nation exprime sa reconnaissance
aux femmes et aux hommes qui ont participé à l'œuvre accomplie par la France dans les
anciens départements français d'Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que
dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française. Elle reconnaît les
souffrances éprouvées et les sacrifices endurés par les rapatriés, les anciens membres des
formations supplétives et assimilés, les disparus et les victimes civiles et militaires des
événements liés au processus d'indépendance de ces anciens départements et territoires et leur
rend, ainsi qu'à leurs familles, solennellement hommage.[…] Article 4 Les programmes de
recherche universitaire accordent à l'histoire de la présence française outre-mer, notamment en
Afrique du Nord, la place qu'elle mérite. Les programmes scolaires reconnaissent en
particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du
Nord, et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de
ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit. La coopération permettant la mise en
relation des sources orales et écrites disponibles en France et à l'étranger est encouragée. Article 5
Sont interdites : - toute injure ou diffamation commise envers une personne ou un groupe de
personnes en raison de leur qualité vraie ou supposée de harki, d'ancien membre des formations
supplétives ou assimilés ; - toute apologie des crimes commis contre les harkis et les membres des
formations supplétives après les accords d'Evian. L'Etat assure le respect de ce principe dans le
cadre des lois en vigueur. Site Journal officiel
Mais parallèlement l’Etat veut légiférer sur des mémoires,
l’historien enseignant ne peut pas accepter l’article 4 qui sera
abrogé.
Cet article, passé du domaine de la loi au domaine réglementaire par décision du Conseil constitutionnel en janvier 2006 est abrogé par
un simple décret en février de la même année.
Article 4 Les programmes de recherche universitaire
accordent à l'histoire de la présence française outre-mer,
notamment en Afrique du Nord, la place qu'elle mérite.
Les programmes scolaires reconnaissent en particulier
le rôle positif de la présence française outre-mer,
notamment en Afrique du Nord, et accordent à
l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée
française issus de ces territoires la place éminente à
laquelle ils ont droit.
Cet article, passé du domaine de la loi au domaine
réglementaire par décision du Conseil constitutionnel
en janvier 2006 est abrogé par un simple décret en
février de la même année.
Les années 1990 et 2000 voient la multiplication d’ouvrages et
de films, « la guerre sans nom » de Bertrand Tavernier en
1992 et de Patrick Rotman puis « L’ennemi intime »
Documentaire de Patrick Rotman en 2002
« Hors la loi » Film de Rachid Bouchareb en 2007
« Harkis » Téléfilm d’Alain Tasma en 2006
« Un balcon sur la mer »
film sur les Pieds noirs Film de Nicole Garcia en 2010
Diapositive empruntée
3) En Algérie, le FLN construit sa légitimité sur le
conflit de la libération nationale Étude pages
70/71
-Une mémoire officielle rédigée par un Etat autoritaire
qui héroïse les Algériens comme les acteurs du conflit de
libération nationale.
-Oubli volontaire des divergences au sein du FLN. Etat
qui évince ceux qui ne partagent pas cette vision de l’ «
histoire » (Krim Belkacem, Ferhat Abbas….)
-Oublis, silence sur les violences envers les civils
français, les massacres des harkis.
Bref, un mythe fondateur avec une vision nationaliste
avec peu de nuances.
La devise: « Un seul héros le peuple » doit reconstruire
une société déchirée par 8 ans de guerre.
Film sorti en 1966 de
Gillo Pontecorvo italo
algérien sur la bataille
d'Alger qui reconstitue
l’action des
nationalistes algériens
contre l’armée
française qui commet
des exactions contre le
FLN (tortures,
interrogatoires..), il
déclenche un scandale
médiatique en France et
est retiré des écrans.
Le Mémorial du martyr « makam el chahid » est un monument aux morts
surplombant la ville d'Alger érigé en 1982 à l'occasion du 20e anniversaire de
l'indépendance de l'Algérie le 5 juillet 1962, en mémoire des morts de la
guerre d'indépendance
Le Mémorial du martyr est situé sur les hauteurs d‘Alger
à l'emplacement d'un ancien fort militaire.
Formé de trois palmes stylisées qui se rejoignent à mi-
hauteur, ce monument en béton construit par la société
canadienne Lavalin d'après une maquette réalisée à
l'École des Beaux-Arts d'Alger sous la direction de
Bachir Yellès, s'élève jusqu'à une hauteur de 92 mètres.
Les trois palmes supportent, à 47 mètres du sol, une
tourelle de style islamique d'un diamètre de 10 mètres et
d'une hauteur de 25 mètres, surmontée d'un dôme de 6
mètres. L'ensemble repose sur une esplanade où brûle
une « flamme éternelle » recouvre une crypte, un
amphithéâtre et un musée (le musée du Moudjahid)
souterrains.
Le projet de construire un mémorial pour les morts de la
guerre d'indépendance est à l'origine une idée du
président Houari Boumédiène. Sa réalisation se fera
cependant sous la présidence de Chadli Bendjedid son
successeur.
Source : http://www.alger-city.com/photos/photos-makam-el-
chahid-alger.html
92m
Diapositive empruntée
Page 71
4) Mais le discours national se modifie quelque peu à
partir des années 1980 sous la présidence de Chadli
Bendjedid (79/92) puis d’Abdelaziz Bouteflika dans les
années 2000. Livre pages 70 71.
-1er novembre 1984: retour des cendres de Belkacem,
assassiné en 1970 à Francfort sur les ordres de Boumediene.
-Retour de Ferhat Abbas sur la scène publique algérienne
qui décède en 1985, son nom est donné à l’université de
Sétif en 1992.
Pluralisme politique censure assouplie, les
différentes mémoires semblent mieux acceptées
mais avec beaucoup de polémiques.
Renouer avec l’acceptation d’une histoire
complexe du nationalisme mais le régime algérien
continue de censurer l’accès aux archives.
Mohammed Harbi, historien algérien ayant lui
même participé à la guerre d’indépendance,
explique combien il est encore difficile d’écrire
et de travailler sur ce conflit.
MAIS
Le rappeur Médine clips vidéos
Les paroles de deux de ses chansons "17 octobre " et
"Alger pleure » sur You Tube.
https://www.youtube.com/watch?v=VH2Eba8Yizc
http://www.youtube.com/watch?v=BgPigYk-YCI
IV BILAN Quelles mémoires en France? Des
mémoires nombreuses et concurrentes.
1) Les mémoires des nationalistes
Ce sont les héritiers des groupes les plus
nationalistes principalement de l’OAS qui
nourrissent une mémoire souterraine empreinte
souvent de violences et de haine vis-à-vis des
Algériens.
2) Les mémoires des rapatriés d’Algérie et
de leurs descendants. Livre page 66
Après la guerre, les Européens d’Algérie ont la
sensation très nette d’avoir été trahis et
abandonnés par le pouvoir politique.
Vidéo Enrico Macias pied noir qui quitte l’Algérie
en 1961, n’y retournera plus.
Ils ne se sentent pas responsables de la situation
coloniale, se voient encore comme des «
pionniers » sur une terre qu’il fallait mettre en
valeur, à défricher. Ils oublient le sort
inégalitaire réservé aux Algériens souvent
qualifiés d’indigènes.
Approfondissement
Le coup de sirocco.
1979.
Alexandre Arcady
Séquence sur le quai
de la gare à
Marseille.
Le retour difficile
des Pieds noirs.
Les harkis 236 000 à 400 000 : 91 000 se réfugient
en France en 1962, maltraités
Les harkis réfugiés en France qui ont combattu aux côtés de
l’armée française, ont été abandonnés. Massacrés, ils ne peuvent
pas se sentir responsables de la guerre.
3) Les mémoires des harkis. Livre page 66
Les européens et les harkis ont la mémoire du
pays perdu, des violences du conflit et de
celles subies par ceux qui ont été abandonnés au
pays, mais également la mémoire douloureuse
de leur accueil en France après la guerre.
Approfondissement
Les témoignages des fils de harkis qui découvrent
la vie de leur père renforcent un passé compliqué
où l’on comprend le choix des harkis subissant les
violences du FLN, ainsi pour échapper aux
menaces de mort, ils s’engagent dans des harkas
(milices supplétives aux côtés des Français).
Commentaire intéressant des propos tenus par le président
algérien A Bouteflika en juin 2001 sur les harkis.
En ce qui concerne le dossier des harkis (supplétifs algériens de
l'armée française pendant la guerre de libération), qui avaient
dénoncé le 15 juin l'attitude des autorités n'ayant "rien fait pour
qu'il y ait une rencontre" entre eux et Abdelaziz Bouteflika, et
accusé Jacques Chirac et Lionel Jospin de les considérer encore
comme des "sous-citoyens" français, le président algérien a
déclaré le 16 juin à la télévision française que le peuple algérien
n'était pas "encore" prêt à accepter que des harkis puissent revenir
en Algérie. le président algérien a comparé les harkis aux
"collaborateurs" français sous l'occupation nazie, de 1940 à 1944,
ce qui a suscité la colère des représentants de la communauté
"harki", refusant cette comparaison.
AFP - 16 juin 2000
4) Les mémoires des militaires.
Les officiers militaires engagés dans la lutte contre
l’insurrection :
-mémoire de la guerre.
- mémoire des changements politiques qui
conduisent aux accords d’Evian.
- mémoire d’avoir abandonné les Européens
d’Algérie qui comptaient sur eux.
Les soldats du contingent forment des associations
d’anciens combattants. Pour eux il s’agit d’une
mémoire de la guerre subie, non choisie, avec des
violences qu’ils ne peuvent pas assumer.
Approfondissement
Les soldats ont le sentiment de ne pas être les
responsables de cette guerre. Ils ont exécuté les
ordres de leurs supérieurs, et ont été pris dans un
engrenage.
Beaucoup préfèrent oublier dans un premier
temps.
Ugo Iannuci écrit dans son livre Soldats dans les
gorges de Palestro : « A mon retour, comme la
plupart des appelés, je m’étais réfugié dans le
silence. »
« Avoir 20 ans dans les
Aurès ».
1972 - René Vautier
: La question des appelés
5) Les mémoires des anticolonialistes.
Mémoire des groupes engagés dans la lutte
coloniale, de leurs héritiers idéologiques, ils savent
qu’ils avaient raison dès le départ.
6) Les mémoires des Algériens en France et
de leurs descendants qui sont français.
étude pages 68 69.
La présence en France d’une population d’origine
algérienne relativement nombreuse, qu’elle soit
française ou étrangère dont la mémoire est parfois
celle de l’Algérie. Ils sont considérés comme des
immigrés ce qui pose de nombreux problèmes de
xénophobie.
Ecouter les chansons de Médine
Cette mémoire est contrôlée et guidée après la
guerre d’Algérie par un gouvernement souvent
autoritaire qui ne tient sa légitimité que dans son
combat pour l’indépendance.
Un passé qui ne passe pas retour sur un épisode
douloureux, le 17 octobre 1961 Photographie
censurée en 1961 qui est de nouveau publiée en
1985 pour le journal: l’humanité.
Page 69 le 17 octobre 1961 on en reparle avec une vidéo
La mémoire du 17 octobre 1961 est encore bien présente,
manifestation 17 octobre 2001
Communiqué de François Hollande
17 octobre 2012 vidéo
«Le 17 octobre 1961, des Algériens qui
manifestaient pour le droit à l’indépendance ont
été tués lors d’une sanglante répression. La
République reconnaît avec lucidité ces faits.
Cinquante et un ans après cette tragédie, je
rends hommage à la mémoire des victimes.»
Réponses des opposants politiques à lire chez vous.
Extrait du quotidien Libération
« Le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, a estimé
que «s’il n’est pas question de nier les événements du 17 octobre
1961 et d’oublier les victimes, il est intolérable de mettre en
cause la police républicaine et avec elle la République tout
entière». François Fillon a poursuivi le mouvement, s’élevant
contre la France qui «met en avant sa culpabilité permanente. On
est déjà dans un pays en dépression nerveuse […], on n’a pas
besoin de cela». Le pompon de la journée est à mettre sur le
compte de Marine Le Pen pour qui «toutes ces repentances ont
une influence sur la manière dont un certain nombre de nouvelles
générations de Français d’origine algérienne ont une hostilité
maintenant à l’égard de la France». » extrait du quotidien
Libération 18 octobre 2012
Un autre exemple Charonne page 68 et bande dessinée
pour les élèves intéressés
Le match de football France Algérie du 7 octobre 2001. «
Marseillaise » sifflée. Match interrompu suite à l’invasion
du terrain.
www.youtube.com/watch?v=G1I8JglPsog
Point de vue intéressant du sportif judoka Djamel
Bouraz d’origine algérienne.
Des rancœurs toujours présentes
Quelques exemples
La position de Nicolas Sarkozy ministre de
l’intérieur candidat à l’élection pst de 2007
Vidéo
L’Algérie voudrait que la France s’excuse des
actes commis pendant la guerre d’Algérie.
Des propos étonnants: vidéo Gérard Longuet
2 novembre 2012.
Des relations compliqués et des discours où l’humour
n’est pas permis
Petite phrase de François en décembre 2013 laissant
entendre que l’Algérie était un pays dangereux vidéo
Il existe une multiplication des mémoires particulières
et souvent très cloisonnées, elles entrent en conflit sur
des sujets explosifs : la colonisation, la violence, la
torture, l’injustice …
DONC
Diapositive empruntée
Diapositive empruntée
Mémoires et territoires diapositive empruntée
Soldats du contingent
F FNACA
Pieds Noirs
F
Wilayas
FLN
OAS Attentats
Harkis
O A B
En Algérie En France
retour
Principales
implantations en
France
O : Oran
A: Alger
B Bône
J-P. Lauby/K.Ramondy
Conclusion Toutes ces mémoires sont des objets
d’histoire
1) L’historien doit mettre en lumière les faits
occultés.
Si les associations entretiennent les mémoires,
l’historien, lui, doit travailler uniquement sur les
faits.
En 1992, en Algérie, l’Etat ouvre la 1ère chaire
d’histoire contemporaine à l’université d’Alger.
PASSER de LA MÉMOIRE à l’HISTOIRE
2) Il doit aussi démontrer la complexité des
situations.
Dialogue entre les historiens français et algériens,
vers une histoire partagée.
3) Des évolutions historiques existent en fonction des
sources, l’histoire évolue, l’historien doit avoir une
approche distancée.
L’historien doit être indépendant des pressions des
Etats et des groupes mémoriels, son autonomie est le
gage de son objectivité.
Des livres d’historiens qui ne sont pas passés inaperçus
Sources photographiques
• La documentation photographique.
• La revue L’Histoire.
• Les différents ouvrages cités dans ce diaporama.
Compositions possibles le jour du baccalauréat:
1) En vous appuyant sur l’étude menée en cours, soit les
mémoires de la SGM soit les mémoires de la guerre
d’Algérie, quelles lectures historiques des mémoires
doivent-être retenues?
2) Montrez que des évènements comme la Seconde
Guerre mondiale ou la guerre d’Algérie (au choix) ont
donné naissance à des mémoires plurielles, parfois
conflictuelles ou concurrentes.
3) Peut-on parler d’une seule mémoire (de la Seconde
Guerre mondiale ou de la guerre d’Algérie - au choix-),
ou doit-on mettre en évidence la pluralité des mémoires
de ces évènements ?
4) En quoi la Seconde Guerre mondiale ou la guerre
d’Algérie (au choix) est-elle un enjeu de mémoires?
5) L’historien et les mémoires de la seconde Guerre
mondiale en France ou au choix l’historien et les
mémoires de la guerre d’Algérie. Sujet le plus probable.