L’exploitation minière au Guatemala Réponses des peuples …gitpa.org/Autochtone GITPA 300/AMS...

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L’exploitation minière au Guatemala “ Réponses des peuples indigènes en défense de leurs territoires: la perspective des femmes.” Violations des droits des peuples indigènes et des femmes Non respect des demandes communautaires et internationales Introduction. Les Accords de Paix, signés en 1996 après 36 ans de conflit armé interne, visaient la régulation du marché, la consolidation d’un système démocratique et le respect des droits humains. Cependant, les différents gouvernements en place ont poursuivi les politiques néolibérales impliquant la privatisation de secteurs stratégiques du pays (l’énergie électrique et les télécommunications, entre autres) et une réduction substantielle du rôle de l'État dans les services de base à la population. L'État du Guatemala s'est de plus en plus subordonné à la logique néolibérale d’accumulation et a ainsi favorisé le développement de mégaprojets d'entreprises multinationales -alliées à des entreprises nationales pour la plupart - qui emportent la quasi totalité des bénéfices dans leurs pays et causent d’innombrables dommages au sein des communautés riveraines: pollution et destruction environnementale, problèmes de santé ainsi que déstructuration du tissu social. Ces grands projets se fondent sur l’exploitation des ressources naturelles du pays (mines, puits de pétrole, grands barrages hydroélectriques, exploitation de l’eau, des forêts et des terres) et la spoliation des territoires des communautés indigènes et paysannes. Mina Marlin - San Miguel Ixtahuacán Tournée européenne de sensibilisation du 5 au 20 novembre 2010 France, Suisse, Belgique

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L’exploitation minière au Guatemala “ Réponses des peuples indigènes en défense de leurs territoires: la

perspective des femmes.”

Violations des droits des peuples indigènes et des femmesNon respect des demandes communautaires et internationales

Introduction.

Les Accords de Paix, signés en 1996 après 36 ans de conflit armé interne, visaient la régulation du marché, la consolidation d’un système démocratique et le respect des droits humains. Cependant, les différents gouvernements en place ont poursuivi les politiques néolibérales impliquant la privatisation de secteurs stratégiques du pays (l’énergie électrique et les télécommunications, entre autres) et une réduction substantielle du rôle de l'État dans les services de base à la population.

L'État du Guatemala s'est de plus en plus s u b o r d o n n é à l a l o g i q u e n é o l i b é r a l e d ’ a c c u m u l a t i o n e t a a i n s i f a vo r i s é l e développement de mégaprojets d'entreprises multinationales -alliées à des entreprises nationales pour la plupart - qui emportent la quasi totalité des bénéfices dans leurs pays et causent d’innombrables dommages au sein des communautés riveraines: pollution et destruction environnementale, problèmes de santé ainsi que déstructuration du tissu social.

Ces grands projets se fondent sur l’exploitation des ressources naturelles du pays (mines, puits de pétrole, grands barrages hydroélectriques, exploitation de l’eau, des forêts et des terres) et la spoliation des territoires des communautés indigènes et paysannes.

Mina Marlin - San Miguel Ixtahuacán

Tournée européenne de sensibilisationdu 5 au 20 novembre 2010

France, Suisse, Belgique

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Carmen Francisca Mejía Aguilar

Thèmes d’intervention:• Les violations des droits humains -collectifs et des femmes- dans le cadre de la présence de la mine Marlin de Goldcorp Inc. dans la municipalité de San Miguel Ixtahuacán.• La construction de la démocratie guatémaltèque depuis la perspective d’une femme indigène.

María Guadalupe García Hernández

Thèmes d’intervention:•Revendication et valorisation des connaissances, des savoirs et du potentiel des femmes, créatrices et fondatrices de vie, dans les domaines politique, économique et social. •Le droit et la pratique de la consultation en tant que droit fondamental des peuples indigènes et comme mécanisme participatif concernant la prise de décision pour la défense du territoire et contre les mégaprojets.

Les participantes.

• Activiste sociale qui fait partie des mouvements de résistance des communautés Maya Mam de la municipalité de San Miguel Ixtahuacán, face à l’exploitation minière.•Elle est actuellement chargée du projet d’organisation communautaire, lancé par l’Association pour le Développement Intégral de San Miguel Ixtahuacán - ADISMI.• Elle fait partie de la commission de mobilisation du Front de Défense de San Miguel Ixtahuacán - FREDEMI.•Elle défend les droits humains des femmes indigènes, dans le contexte de l’exploitation minière.

• Elle est originaire de la municipalité de Nentón, département de Huehuetenango et appartient au peuple Maya Mam.

• Elle a été réfugiée au Mexique où elle s’organisa pour améliorer les conditions de vie des femmes. Elle rentra au Guatemala en 1993.

• Elle est actuellement la coordinatrice régionale de l’organisation de femmes Mama Maquín et fait partie de l’Assemblée Départementale pour la défense des ressources naturelles de Huehuetenango.

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Les motifs de la tournée.

Les femmes pour la défense du territoire.

Depuis toujours, les femmes se sont organisées et investies dans le processus de résistance pour la défense de la Madre Tierra (la Terre Mère) et contre l’arrivée de mégaprojets d’extraction menés sur leurs territoires par des multinationales. Au Guatemala, les femmes indigènes sont dans une situation d’exclusion et de pauvreté majeure. Bien que toute la population soit affectée par les impacts de l’exploitation minière, les femmes en souffrent particulièrement et voient souvent leurs conditions de vie empirer.

Par ailleurs, elles entretiennent des liens symboliques étroits avec la Madre Tierra et vivent l’exploitation minière comme une agression et une oppression. Tandis que les entreprises ne se soucient pas des problèmes qu'elles génèrent, les femmes indigènes, qui prennent une part active à la défense de leur territoire, sont la cible de poursuites pénales, signal d’une véritable criminalisation de leur lutte.

Réponses depuis la perspective indigène.

Face à l’arrivée croissante de multinationales sur leurs territoires, les peuples indigènes ont développé des stratégies pour défendre leur droit à l’autodétermination et au territoire.

Dans cette perspective, ils ont élaboré des formes de résistance s’appuyant autant sur leur héritage indigène que sur différentes lois et conventions nationales et internationales définissant les droits des peuples indigènes et les droits communautaires.Le résultat de cette combinaison culmine dans la promotion et l’organisation des consultations communautaires. Ce mouvement de prise de décision participative a été particulièrement actif dans le département de Huehuetenango, où 28 consultations (sur 32 municipalités) ont été organisées à ce jour.

Dans le respect de la participation et du refus massifs démontrés lors des consultations, une nouvelle stratégie a été élaborée: la déclaration des territoires libres d’exploitation minière et de mégaprojets. Jusqu’à ce jour, deux territoires de Huehuetenango ont fait leur déclaration: la région Nord (en janvier 2010) et la région Huista (en septembre 2008). Par ailleurs, le cas de la mine Marlin nous offre un panorama particulier puisque la résistance s’est organisée en réponse à un projet installé par la force, la tromperie et contre les droits des peuples indigènes. C’est pourquoi les communautés ont dû créer des alliances avec des organisations locales, nationales et internationales afin de développer une stratégie légale contre l’entreprise Montana Exploradora.

Consulta comunitaria - Huehuetenango

Les procédures légales des communautés contre la Mine Marlin.

Depuis le début de l'année 2010, la mine Marlin a fait l'objet d'une attention croissante: à travers de nombreuses études, investigations scientifiques, visites, résolutions d'organismes internationaux et demandes légales, la pression a augmenté contre le gouvernement d'Álvaro Colom en faveur de la suspension des activités de la mine qu'exploite Montana Exploradora, filiale de la multinationale canadienne Goldcorp Inc.

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Objectifs.

1. Dénoncer les impacts des mégaprojets sur les femmes en tant que membres de la communauté, activistes sociales et défenseures des droits humains.

• Dénoncer, selon une perspective de genre, les impacts de l'exploitation des ressources naturelles et de l'exploitation minière, au travers du cas de la mine Marlin à San Miguel Ixtahuacán.

• Dénoncer les menaces et les attaques contre les femmes activistes des communautés de San Miguel Ixtahuacán.

• Suivre les processus juridiques contre Montana Exploradora, filiale de l'entreprise canadienne Goldcorp Inc., et contre l'État du Guatemala pour le non respect des demandes internationales (CIDH).

2. Soutenir les réponses des peuples indigènes à la nouvelle colonisation des multinationales.

• Promouvoir des initiatives communautaires pour la défense du territoire: la mise en place de consultations communautaires et de déclarations de territoires libres d'exploitation minière, au travers de l'exemple de Huehuetenango.

• Dénoncer l'arrivée des multinationales comme une seconde phase de colonisation et de violence contre les femmes.

3. Consolider et /ou réactiver les réseaux internationaux et européens.

• Créer des alliances.• Consolider les réseaux de soutien et de solidarité.

Ce mégaprojet minier, situé dans les municipalités de San Miguel Ixtahuacán et Sipacapa (département de San Marcos) a commencé en 1996, sans consultation préalable des peuples concernés, violant ainsi le droit des peuples indigènes à l'autodétermination, comme cela est stipulé dans la Convention 169 de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) ainsi que dans des lois nationales. Cette année, la Commission d'experts en application des conventions et des recommandations de l'OIT, le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale (CERD) ainsi que le Rapporteur Spécial de l'Organisation des Nations Unies (ONU) sur la situation des droits de l'Homme et des libertés fondamentales des populations autochtones ont exprimé de sérieuses préoccupations quant à l'attitude de l'État guatémaltèque envers les peuples indigènes. Ils ont d'ailleurs recommandé la suspension des activités de la mine Marlin, jusqu'à ce que les études nécessaires soient réalisées et que la population soit consultée. Le Rapporteur de l'ONU a également demandé au gouvernement de respecter les résolutions de la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH) émises le 20 mai 2010, en faveur des communautés indigènes affectées par la mine.

Néanmoins, parallèlement à ce que l'on pourrait qualifier d'avancées, une forte détérioration de la situation des droits humains a pu être constatée. Les menaces et les attaques menées à l'encontre des dirigeants communautaires -hommes et femmes- qui luttent pour la défense du territoire, se sont intensifiées.

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DOCUMENTS D’INTÉRÊT.

"Huehuetecos declaran su territorio libre de minería”, mars 2010.http://acoguate.blogspot.com/2010/03/huehuetecos-declaran-su-territorio.html

Rapport “Metales Tóxicos y Poblaciones Indígenas cerca de la Mina Marlin en Guatemala Occidental: Posibles Exposiciones e Impactos a la Salud” par des scientifiques de l’Université du Michigan (États-Unis), coordonné et publié par Physicians for Human Rights (Médecins pour les droits de l’Homme), mai 2010: http://physiciansforhumanrights.org/library/report-2010-05-18.html

Rapport “Evaluación de los derechos humanos de la mina Marlin de Goldcorp”, sollicité par le Comité de Gestion pour l'Évaluation des Impacts sur les Droits de l'Homme de la Mine Marlin, en représentation de Goldcorp Inc., préparé par On Common Ground Consultants (Canada), mai 2010: http://hria-guatemala.com/es/MarlinHumanRights.htm

Rapport “Estudio Costo Beneficio de la Mina Marlin en San Marcos, Guatemala” de l’Association d’Investigation et d'Études Sociales” (ASIES), juillet 2010: http://www.asies.org.gt/mineria/Estudio%20Costo%20Beneficio%20Mina%20Marlin.pdf

Rapport “Estudio de Opinión Pública sobre la Minería de Metales en Guatemala” de l’Association d’Investigation et d'Études Sociales” (ASIES), juillet 2010: http://www.asies.org.gt/mineria/Informe%20Final%20Estudio%20de%20Opini%F3n%20Miner%EDa.pdf

Droit à la consultation des peuples indigènes, Article 6.1 de la Convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), ratifiée par le Guatemala en 1996. Voir:http://www.ilo.org/public/spanish/region/ampro/lima/publ/conv169/convenio.shtml

Rapport de la Commission d’Experts en application des Conventions et de Recommandations de l’OIT de 2009, publié en février de cette année et concernant l'application de la Convention 169: http://www.ilo.org/ilolex/gbs/ceacr2010.htm

Rapports du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) de l’ONU, sur le Guatemala, pour sa session du 15 février au 12 mars 2010:http://www2.ohchr.org/english/bodies/cerd/cerds76.htm

Rapport d’informations préliminaires du Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme et des libertés fondamentales des popualtions autochtones, juin 2010: http://www.ohchr.org/en/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=10173&LangID=S

Mesures préventives MC 260-2007 de la CIDH, mai 2010: http://www.cidh.oas.org/medidas/2010.sp.htm

“Piden suspensión de operaciones de la Mina Marlin”, El Periódico, 22 juillet 2010 (en ligne):http://www.elperiodico.com.gt/es/20100722/pais/165579

“Presentan querella penal contra É. Álvarez por falsedad ideológica”, La Hora, 28 juillet 2010: http://www.lahora.com.gt/notas.phpkey=70835&fch=2010-07-28

Documentaire « Le business de l'or au Guatemala: Chronique d'un conflit annoncé », 2010, version complète de 54’ ou version courte de 22’. Réalisateur: Grégory Lassalle.

“Territoires indigènes et démocratie guatémaltèque sous pression”. Disponible: http://www.peacewatch.ch/download/Guatemala/Territorios_indigenas_y_democracia_Guatemalteca_bajo_presiones.pdf

Union Latinoaméricaine de Femmes (Unión Latinoamericana de Mujeres), 2010. “Minería fuente permanente de violaciones a los derechos humanos. Las mujeres victimas directas. Ejemplo de San Miguel Ixtahuacán, San Marcos.”