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PATRICK GODEAUprésente

ISABELLE HUPPERT

FRANÇOIS BERLÉAND PATRICK BRUEL

Un film deCLAUDE CHABROL

Scénario, adaptation et dialogueODILE BARSKI et CLAUDE CHABROL

22 FÉVRIER 2006

Durée : 1h50 / Format : 1.85 / Son : SRD - DTS / Visa : 111.353

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L’IVRESSE DU POUVOIR - SYNOPSIS • P2

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eanne Charmant Killman, juge d'instruction, est chargée dedémêler et d'instruire une complexe affaire de concussion etdétournements de fonds mettant en cause le président d'un

important groupe industriel. Au fur et à mesure de ses investigationset de ses interrogatoires, elle comprend que son pouvoir s'accroît :plus elle pénètre de secrets, plus ses moyens de pression augmentent.Mais dans le même temps, et pour les mêmes raisons, sa vie privée se fragilise.

Et bientôt vont se poser à elle deux questions fondamentales :jusqu'où peut-elle augmenter ce pouvoir sans qu'elle ne se heurte à unpouvoir plus grand que le sien ? Jusqu'où la nature humaine peut-elle résister à l'ivresse de ce pouvoir ?

Peut-être en sortira-t-elle brisée ?

Jsynopsis

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L’IVRESSE DU POUVOIR - ENTRETIEN CLAUDE CHABROL • P4

ous ouvrez le film avec cetavertissement : "toute ressem-blance avec des personnages

connus serait, comme on dit, for-tuite…" C'est un joli pied de nez à laréalité dont s'inspire le film…

Je l'ai fait surtout pour indiquer auspectateur qu'il faut se laisser porterpar des ressemblances éventuelles,mais pas les rechercher. On s'estd'ailleurs arrangé pour ne nommeraucune personne réellement exis-tante : il s'agit donc d'un universentièrement fictif ! Pour autant, sansqu'il y ait de personnes bien définiespar la réalité dans l'histoire, le filmlaisse entendre qu'il existe quandmême, parmi ceux qui ont le pouvoir,certains qu'on pourrait qualifier deracailles et qu'on pourrait nettoyerau Kärcher…Quand j'ai décidé de faire ce film,j'ai commencé par dresser une listedes pièges à éviter, et notammentcelui de l'identification immédiate etcelui de l'imaginaire absolu. Car, detoute évidence, si le film n'avaitaucun rapport avec la réalité, il n'au-rait guère d'intérêt… En fin decompte, ce qui m'intéressait était deprouver la vraisemblance des événe-ments qu'on relate par une réalitéproche.

Il y a très peu de films en France surles scandales politico-financiers.

Il y a eu dans les années 70 des œuvresde dénonciation, comme les films d'YvesBoisset par exemple. Mais je n'ai pascherché, quant à moi, à dénoncer desévénements connus de tous, mais plutôtà montrer quelles peuvent être les réper-cussions sur l'esprit humain d'unpouvoir, quel qu'il soit, et jusqu'où il peutentraîner les individus.

Quel type de recherches avez-vousmenées ?

J'ai consulté les coupures de presse etles ouvrages publiés à l'époque de l'affaire. Mais comme je me suis retrouvéplusieurs fois face à des articles présentantdes versions contradictoires, je prenaiscelle qui m'arrangeait le plus pour lesbesoins du scénario. C'est ce quicorrespond, à mon sens, au travail detout bon historien - et c'est d'ailleurspour cela qu'il n'y a jamais de certitudeen histoire.

On sent un plaisir de certaines formulesqui échappent pourtant à l'écueil desmots d'auteur.

J'ai effectivement essayé d'éviter lesmots d'auteur, sans pour autant éviter les

entretienCLAUDE CHABROL

"Je continue à croire aux rapports de classe et à souhaiter que lesplus exploités puissent presser le nez de ceux qui les exploitent pourvoir s'il en sort du lait ou du sang."

V

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L’IVRESSE DU POUVOIR - ENTRETIEN CLAUDE CHABROL • P6

mots de politiciens. Il y a notamment unephrase dont je suis assez fier, lorsque lesénateur Descarts déclare avec gour-mandise "Les Nègres sont furibards !"C'est typiquement une phrase d'hommepolitique.

Vous passez d'un enjeu collectif à unenjeu intimiste, et inversement, avecune fluidité déconcertante.

C'était capital pour moi. J'avoue que j'aide plus en plus envie de fluidité, d'autantque je n'en trouve presque plus aucinéma. Il y a actuellement un parti-prisde staccato qui me gêne beaucoup carles metteurs en scène ont tendance àconfondre cela avec le rythme.Il faut dire aussi que j'ai été aidé par lastructure même du scénario qui nous faisait changer de lieux fréquemment : onpasse du général - dans les bureaux duPalais de Justice - à l'intime - dans lesappartements. Cette opposition endevient quasi schizophrénique : il y a,d'un côté, la vie intime et, de l'autre, l'expression du pouvoir que traduisentles face-à-face de part et d'autre dubureau de la juge. C'est pour cette rai-son que, dans la sphère privée, lespersonnages se retrouvent côte à côte,tandis que j'ai réservé leschamps/contrechamps, qui reflètent lesantagonismes, aux scènes de bureau.

L'Ivresse du Pouvoir est une œuvredavantage comportementaliste quepsychologique.

Absolument, même si le film peut donnerl'impression contraire. Je crois que celavient du fait que j'ai été plus nourri de litté-rature comportementaliste que d'analysespsychologiques : c'est le cas notammentde la littérature anglo-saxonne, mais ausside Proust dont je me suis aperçu qu'iln'était guère plus psychologique …

On a le sentiment que vous évitez toutjugement moral lié à l'affaire, maisque c'est plutôt dans les rapports declasse que vous êtes le plus sévère …

C'est le principe du "petit chef" : toutêtre est le petit chef de quelqu'un ! Cequi m'intéressait dans la position du juged'instruction, c'est que - en théorie - il atout pouvoir, alors qu'en réalité il n'a quele pouvoir qu'on lui donne. Et cette réa-lité est vraie à tous les échelons :l'ensemble des personnages sont ivresde pouvoir, même si cela ne se voit pasd'emblée. Dès qu'on contrecarre un peuleur pouvoir, ils restent pantelants sanssavoir quoi faire. Par exemple, lorsqueJeanne déclare au président du tribunal"Achetez-vous une paire de couilles !", il est totalement abasourdi parce quecela ne fait pas partie de la règle du jeu.

La construction fait songer à unestructure théâtrale : les auditionsconstituant la scène où se déroulel'action, et les tractations entre politi-ques et affairistes le chœurcommentant cette action…

L'idée du commentaire de l'action metravaille depuis longtemps. J'avais déjàfait une tentative dans Les Innocents auxMains Sales (1975) : on voyait deux flicsqui suivaient les événements, mais qui seretrouvaient toujours avec un métro deretard… Ils en arrivaient à des conclu-sions à partir de ce qui venait de sepasser, sans jamais prévoir ce qui allaitse passer ! C'est un peu la même chosedans L'Ivresse du Pouvoir : il y a undécalage constant entre ce que fomen-tent les politiciens et l'action danslaquelle Jeanne est engagée. J'adore ça !

Si au départ notre sympathie vadavantage vers la juge, Jeanne noussemble progressivement une sorte de

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Robespierre en jupons, tandis qu'onéprouve de la compassion pourHumeau …

Bien entendu, le titre du film s'appliqueégalement à Jeanne : elle poursuit unidéal de justice, mais le pouvoir qu'elleincarne la grise. Ne dit-elle pas avecjubilation que le juge d'instruction est lepersonnage le plus puissant de France ?A l'inverse, je voulais que Humeau soitassez pathétique, surtout lorsqu'on ledécouvre cloué à son fauteuil à l'hôpi-tal… Pour moi, l'idéal était qu'à la fin dufilm, les deux personnages aient pitiél'un de l'autre. C'est à ce moment-làqu'elle comprend l'inanité de toute l'affaire, tandis que lui l'a compris par laforce des choses, en prenant descoups de bâton sur la tête. Elle prendconscience du fait que le pouvoir est àcoulisses et qu'il en reste toujoursassez au-dessus du personnage le pluspuissant qui soit…

C'est la septième fois que vous dirigezIsabelle Huppert.

Franchement, j'aurais eu beaucoup demal à faire le film sans elle. Je ne vois pasqui d'autre aurait pu incarner cette sortede fragilité forte qui la caractérise. J'aimebien son côté "petite femme qui sebagarre" qui a la faculté de me toucherprofondément. En outre, je savais qu'àaucun moment Isabelle n'essaierait deplaider sa cause par rapport au specta-teur, mais qu'elle se justifieraitperpétuellement vis-à-vis d'elle-même :elle s'accepte en assumant son person-nage sans jamais tricher par rapport auspectateur - et c'est ce qui est si difficileà obtenir chez les acteurs.

Ses lunettes sont mauves, et ses gantscomme son sac à main sont rouges …

Isabelle voulait même qu'on appelle lefilm Les Gants Rouges. Ce titre avait le

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mérite d'évoquer le fait qu'à partir dumoment où on exerce un pouvoir àl'encontre d'êtres humains, les mainsrougissent…

Philippe (Robin Renucci) est un per-sonnage complexe. On pourrait direque Jeanne fouille la fange, tandisque lui la soigne…

Bien entendu ! Il est terriblementconscient que, certes, ce n'est pasmal de remuer la vase, mais que celane suffit pas… C'est un personnagetotalement désespéré tout au long dufilm : il ne parvient pas à se raccrocherà sa femme parce qu'elle détient unpouvoir, alors que lui ne peut consentirque des efforts. En outre, il s'estmésall ié en épousant Jeannepuisqu'il s'est marié avec "la fille dela concierge", alors qu'il est issud'un milieu bourgeois.

Félix (Thomas Chabrol) incarne unesorte de conscience et d'amant hypo-thétique pour Jeanne…

Comme son nom l'indique, Félix est unêtre heureux - heureux par l'insoucianceet le refus de l'ambition - au milieu degens qui ne le sont pas : c'est un person-nage qui ressemble un peu à Thomas. Etc'est cette dimension qui attire Jeanne,alors que lui n'éprouve que de l'affectionpour elle et qu'il voudrait sincèrement luivenir en aide. J'aime beaucoup ce type derelations ambiguës qui ne sont pas sexuelles,tout en conservant une part de mystère.

Contre toute attente, Jeanne et Erika(Maryline Canto) s'entendent à merveille…

C'est parce qu'elles ont la même taille !Sérieusement, je suis convaincu que sil'une avait été plus grande que l'autre,cela aurait créé un rapport de domination.

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La relation Jeanne / Sibaud (PatrickBruel) est intrigante, faite deséduction, mais aussi de trahison…

Dans sa prétention incroyable, Sibaud se ditqu'il va s'en faire une alliée à moindre frais, etqu'il va l'utiliser pour provoquer la chute deHumeau : Patrick Bruel joue la satisfactiondu mâle repu d'une manière formidable.Jeanne est sensible à la cour qu'il lui fait, etse sent donc trahie par lui, comme si sonamant la quittait… D'où son attitude assezvacharde pendant la perquisition.

Comment avez-vous choisi FrançoisBerléand et Jean-François Balmer ?

Je trouvais d'abord qu'ils avaient plu-sieurs points communs : ils n'ont pasd'ego surdimensionné et n'hésitent pasà en faire voir à leur propre image.Ensuite, j'avais déjà dirigé Balmer, dansMadame Bovary et Rien ne va plus,mais jamais Berléand ! Et je me suisaperçu qu'il avait travaillé avec tout lemonde, sauf avec moi ! En outre, j'aimebien faire appel à des acteurs d'horizonsdifférents et me rendre compte aprèscoup qu'ils se connaissent : c'est lecas de Berléand qui connaît IsabelleHuppert depuis ses tout débuts. Enrevanche, je veille toujours à ne pas meretrouver avec des acteurs qui ne peu-vent pas se supporter car c'estdésastreux pour le film… C'est pourcette raison que, sans rien connaîtredes rapports entre Berléand et Balmer,j'ai évité de les faire tourner ensemble,pour m'apercevoir par la suite qu'ilsétaient copains comme cochons !

Comment avez-vous résolu de filmerles auditions, qui ne sont pas des scènesparticulièrement cinématographiques ?

Il était impossible de filmer d'authentiquesface-à-face parce qu'il y avait presque

toujours un autre personnage - legreffier - dans le champ. Il ne s'agissaitdonc pas d'une confrontation pure…Quand la caméra est sur Isabelle, la présence du greffier est invisible, alors quelorsqu'on cadre l'interrogé, le greffier esttantôt dans le champ, tantôt hors champ :j'ai décidé de le réintroduire dans lechamp au moment où la personneinterrogée s'imagine qu'il est là etrefuse par conséquent le principe duface-à-face. Bien entendu, la jugevoudrait faire oublier la présence du greffier, mais c'est impossible…

Quelle lumière souhaitiez-vous pourle film ?

Avec Eduardo Serra, le chef-opérateur,nous voulions que le spectateursente si nous étions le matin ou lesoir. Nous souhaitions égalementéviter à tout prix toute dominante.Nous avons donc privilégié unelumière naturelle.

Avez-vous tourné en décors naturels ?

Oui, et je dois dire que je préfère, carles acteurs ne jouent pas de la mêmemanière en studio et en décors natu-rels. Et quand on veut rester proche dela réalité, il vaut mieux être en décorsnaturels… Nous avons fait plusieursrepérages au Palais de Justice pourcapter des détails qui ont leur impor-tance, comme le fait que le juged'instruction - ce personnage si puissant -ne passe pas par l'escalier principal,mais par un escalier latéral, ou encoreque le bureau du juge n'est pas trèsreluisant. J'ai également revu DélitsFlagrants (1994) de Depardon pouréviter de commettre trop d'erreurs, etj'ai fait valider le film par la doyenne desjuges d'instruction qui nous a donné sacaution.

L’IVRESSE DU POUVOIR - ENTRETIEN CLAUDE CHABROL • P9

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omment abordez-vous le travaild'écriture ?

J'épluche une documentation considéra-ble que je mène parallèlement au travail dramaturgique. Je dois dire que ma formationde sociologue m'aide précieusement danscette phase de recherche, qui est un préa-lable nécessaire à tout travail d'écriture.Pour autant, la documentation n'est qu'unsac dans lequel je puise : ce n'est que lematériau de l'édifice, mais ce sont lesplans de l'édifice qui m'intéressent.J'essaie de repérer le nœud tragique oucomique et la trajectoire des personnages :y a-t-il quelque chose de particulier danscette trajectoire qui nous permette de parlerdu monde contemporain qui fuit le réel ?C'est à partir de cette fuite de la réalité quela fiction peut s'en emparer à nouveau pournous remettre les pieds sur terre et, si pos-sible, nous faire rire un peu…

Qu'est-ce qui vous intéressait dansl'affaire dont s'inspire le film ?

Ce n'est pas l'éclat de cette grande affaire,dont on a tant parlé, qui m'intéressait, maisau contraire l'envers du décor. Une femmeparticulièrement endurante, Jeanne, se ditqu'elle va pouvoir rendre la justice dans unmonde où, à mesure qu'elle se rapprochede son but et d'une certaine vérité, cettevérité même se dérobe - de même que sa

vie lui échappe. Dans cet univers, tout estdissimulé au sous-sol, les richessescomme les consciences : Jeanne s'en-gage donc dans une sorte d'exploration,où les pôles illusoires du pouvoir sont trèséloignés d'elle.

Quel est votre regard sur les personna-ges du film ?

Ce qui me semble intéressant, c'est laperte d'identité et de singularité de tousces personnages : plus personne n'est responsable, plus personne n'est compta-ble de rien, et ceux qui sont mis en examen prétendent ne rien savoir. A l'inverse,Jeanne se croit investie du pouvoir héroïqued'être comptable de tout, y compris de cemonde pourri. C'est une comptabilité folledont jamais elle ne viendra à bout. Quand,enfin, elle s'approche de la vérité, on luiretire l'affaire… En réalité, la grande foliede ce monde - dont le film fait état -, c'estla folie économique et la spéculation débridée qui s'emballe et se clone…

Jeanne est obsédée par la propreté,chez elle comme dans son travail…

Absolument. Elle n'aime pas la poussière,et elle veut toujours vérifier ce qui se cachesous les tapis. C'est parce qu'elle a le nezsur l'affaire qu'elle se fait avoir : elle vou-drait voir de très près une réalité qui n'est

entretienODILE BARSKI (SCÉNARISTE)

C

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L’IVRESSE DU POUVOIR - ENTRETIEN ODILE BARSKI • P12

appréhensible que de très loin. Elle se ditqu'en faisant un pas après l'autre, elleavance vers la vérité et se prend à l'ivressede cette marche…

Jeanne s'engage aussi dans une sortede revanche sociale.

Elle a un vrai contentieux : elle vient d'unmilieu modeste qui l'a utilisée, et elle veutdésormais utiliser ceux-là mêmes qui l'ontutilisée ! Il s'agit donc de la revanche d'unefemme. Elle se venge de ne pas détenir lescodes sociaux, mais en revanche elle a lecode pénal ! Un duel s'engage alors entredes hommes qui ont complètement perdupied avec la réalité et une femme qui estde plain-pied dans la réalité - mais qui va perdre pied peu à peu…

Elle perd pied, mais finit par se retrouverface à sa problématique personnelle…

Ce que je trouve beau, c'est la manièredont l'affaire prend brutalement fin parce

qu'on passe à autre chose… Autrementdit, Jeanne a cru escalader les marches dupouvoir, alors qu'elle a été utilisée - commeceux qui l'ont utilisée seront utilisés à leurtour - si bien qu'on finit par ne plus savoird'où vient ce pouvoir… On lui retire un"jouet" sur lequel elle comptait, pour neplus être le jouet du destin, et elle seretrouve avec la seule chose qu'elle ne saitabsolument pas par quel bout prendre : sapropre vie. Car le film est aussi l'histoired'un couple qui a déserté. A la fin du film,elle jette l'éponge et un face-à-face pourrapeut-être s'engager sur un autre terrainque celui de l'affaire…

Le couple qu'elle forme avec Philippen'incite guère à l'optimisme…

C'est un couple éminemment sinistre. Ilsne savent plus ce que se parler d'être àêtre signifie. Ils n'ont d'ailleurs pas d'enfant, probablement parce qu'ils n'ont rien àtransmettre. Jeanne règle son compteavec sa belle-famille : elle explique à son

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neveu que sa belle-mère lui a offert des cou-teaux qui coupent moins bien qu'auparavant.Sans doute lui font-ils moins mal depuisqu'elle les retourne contre des adversairesqui symbolisent, à ses yeux, les pairs decette belle-famille longtemps honnie…

Jeanne et Humeau ne sont pas si éloi-gnés l'un de l'autre.

Ils ont en commun de ne pas être passéspar les Grandes Ecoles et d'avoir gravil'échelle sociale au mérite. Humeau lereconnaît. Jeanne ne l'avouera jamais. Il luirenvoie cette image qu'elle refuse et c'estprécisément ce qu'elle lui fait payer. Il fautbien voir que ce sont des personnagesprofondément névrosés.

Deux personnages sont construitssymétriquement : Félix et Erika qui ser-vent à Jeanne d'interprètes du mondeenvironnant…

Pour ne pas devenir complètementfolle, Jeanne a besoin d'oreilles, elle quifait installer des micros partout aimeraitbien qu'on l'écoute de temps en temps ...Elle revendique ça, ce qui ne l'empêchepas de se montrer dure envers lesautres. C'est un jeu qui lui procure unepauvre jouissance : quand son mari sedéfenestre, vers la fin du film, elle estdégrisée. Elle se rend compte alors quetous les parcours ne sont pas balisésd'avance : elle n'avait rien prévu parceque la vie est imprévisible…

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“Je ne cherche à faire trembler personne, ni à déstabiliser personne.

J'essaie simplement d'incarner à ma manière, l'indépendance de la justice.”

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L’IVRESSE DU POUVOIR - ENTRETIEN ISABELLE HUPPERT • P15

ous avez interprété pour ClaudeChabrol des personnages de purefiction et d'autres ayant réellement

existé. Est-ce que vous abordez les rôlesde la même manière ?

Oui, du moins consciemment. Qu'ils'agisse de personnages forts exis-tant dans un imaginaire collectif commeMadame Bovary, ou de personnagestotalement inédits comme celui deRien ne va plus, on s'approprie trèsvite les rôles au point qu'on en oublied'où ils prennent leur source. C'est la seule manière de se libérer d'une représentation imposée au profit d'une représentation imaginairequi apportera bien plus de réalité au"personnage".

Vous incarnez un personnage à plusieurs facettes.

C'est ce qui en fait l'intérêt. C'est ellequi assure la circulation entre lasphère publique et la sphère privée.Elle est à la fois magistrate, femmemariée, amie du jeune neveu et le films'attache à montrer comment unetelle affaire peut affecter le comporte-ment des êtres non seulement dansleur vie publique mais aussi dans leurvie privée et affective.

Le scénario était-il aussi elliptique qu'àl'accoutumée ?

Peut-être un peu moins que La Cérémonieet Merci pour le Chocolat. Mais j'ai beau-coup plus de facilité à lire un scénariodépouillé qui ne donne qu'une ossature durécit et qui laisse davantage de place à l'ima-ginaire. Quand un scénario est tropdescriptif et tend vers la littérature, cela nem'inspire pas confiance…

Jeanne découvre un peu tard qu'elle n'apas tant de pouvoir qu'elle le croyait.

Elle le découvre d'autant plus doulou-reusement qu'elle est lâchée par sespairs. Ce n'est pas tant que la machinecontre laquelle elle se bat lui résiste :c'est de l'intérieur qu'on la lâche et cen'en est que plus terrible - moins pourelle que sur ce que cela révèle des rap-ports extraordinairement pervers entre lapolitique et la justice. D'où sa phrase àla fin du film "Qu'ils se démerdent !".

Pensez-vous que Jeanne éprouve de lacompassion pour Humeau quand ellele découvre à l'hôpital à la fin du film ?

A ce moment-là, il n'y a plus d'enjeu etelle est assez touchée de le voir aussidiminué. Pour autant, elle n'éprouve pas

entretienISABELLE HUPPERT

(JEANNE CHARMANT KILLMAN)

V

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de culpabilité : elle ressent une forme decompassion extérieure à ce qui s'estpassé entre eux précédemment. Il y achez elle une sorte de conformité etd'adaptation fonctionnelle à la situationqu'elle vit au moment où elle la vit.

Vos accessoires sont particulièrementétudiés : vous portez un sac et desgants rouges, et des lunettes roses…

Ses lunettes, plutôt originales, révèlentun signe d'affirmation de soi et unepointe de féminité. Elle aime être enreprésentation, ce qui renvoie à la théâ-tralité du dispositif de l'audition. Enoutre, on imagine davantage un jugebien habillé qu'un flic : contrairement aupolicier, le juge n'a pas besoin d'anonymatet peut se permettre d'être bien identifiable.Il peut affirmer des indices de son pouvoiret de ses certitudes. Et puis, une cer-taine élégance donne à Jeanne del'assurance face à ces hommes qui défilent devant elle.

Comment avez-vous travaillé votre relationavec Sibaud ?

Elle se laisse séduire par lui, mais elle sevenge férocement de lui quand elledécouvre qu'elle a été manipulée plusque manipulatrice. Quand elle est légè-rement sous l'emprise de sa séduction,c'était vraiment intéressant à jouer car il fallait faire sentir qu'il s'agit d'un sentiment qu'elle ne maîtrise pas com-plètement, mais qu'elle tient tout demême à distance. Comme une petitebrèche dans l'édifice de ses convictions.

Le rapport entre Jeanne et Félix estassez troublant.

Félix incarne le contraire exact de cequ'elle représente. Il est dans la jouis-sance du moment, alors qu'elle est dans

la jouissance de l'action. La posture deFélix lui confère une qualité d'écoute etde compréhension de l'événement quipeut amener Jeanne à réfléchir. Car il nes'agit pas d'une écoute passive…

On dit toujours que Chabrol parle peuaux comédiens…

Étrangement, il ne m'a jamais autant parléque sur ce film ! Il était d'une acuité parti-culière et me donnait de petites indicationsqui changeaient des précédents tournages.Il était incroyablement attentif au moindredétail. Et le film est tendu à l'extrême,comme un arc prêt à lancer sa flèche.

Claude Chabrol parle de la "fragilitéforte" qui vous caractérise et qu'il n'auraitpas trouvée chez une autre comédienne.

J'essaie d'échapper à la caricature. Riende pire qu'une attitude surjouant unesupposée définition sociale ou profes-sionnelle d'un personnage… Personnen'est identifiable à sa fonction : il y a for-cément un être humain mouvant, derrièreun flic ou un juge qui ne ressemble en rienà l'idée que l'on peut s'en faire. Ce quim'intéresse, c'est de mêler constammentforce et fragilité. Même quand Jeanne esten audience, où elle est censée incarner lepouvoir, je tâche de ne pas interpréter lepersonnage d'un bloc. Je voulais qu'onsente ce qui se passe au-delà de l'interro-gatoire : il y a une matière humaine etinconsciente qui se tisse en dehors du dis-cours et de la position de chacun.

Chabrol dit aussi que vous n'essayezpas de vous justifier par rapport auspectateur, mais que vous assumezvotre personnage sans tricher vis-à-visdu spectateur…

C'est quelque chose que je partage pro-fondément avec lui. Je ne vois pas

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pourquoi il faudrait tenter d'arrondir lesangles. Il y a toujours un petit fond deméchanceté ou de dureté chez les héroï-nes chabroliennes dont il ne faut jamaisfaire l'économie car ses films repo-sent systématiquement sur le mêmedispositif : il plonge un personnage fémi-nin dans un univers hostile - y compris

dans L'Ivresse du Pouvoir - et la protago-niste agit comme une caisse derésonance du monde qui l'entoure. Ellese bat, elle survit avec la même violenceque celle dont elle doit triompher.Souvent, sans succès. Il n'y a rien decynique dans le cinéma de ClaudeChabrol. C'est un humaniste.

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L’IVRESSE DU POUVOIR - ENTRETIEN FRANÇOIS BERLÉAND • P18

uel est votre regard surHumeau ?

C'est un personnage d'origine modestequi n'a pas suivi la voie des Grandes Éco-les, mais qui s'est fait tout seul et a réussià devenir un grand commis de l'État :c'était là une dimension qui me plaisaitbeaucoup. J'étais également intéressé par lecheminement intérieur du personnage, entrecette assurance incroyable que donne lesens du devoir accompli, au début du film,et le moment où il finit par craquer…

Il y a une sorte de candeur chez lui.

Absolument. Il ne voit pas le mal qu'il y a àse servir de la carte bleue de l'entreprise :il considère qu'en dirigeant un grandgroupe public, il n'est pas rémunéré à sajuste valeur et que c'est donc une com-pensation légitime. Quand il prend la têtede la société, il se contente de poursuivrel'action de ses prédécesseurs - comme lefinancement des partis politiques, parexemple. Au fond, lorsqu'il est convoquépar la juge, il n'est qu'un fusible qui saute,rien de plus.

On a le sentiment que vous vous êtespris d'affection pour lui.

Oui, et je le revendique ! J'ai beaucoup de

mal à comprendre l'acharnement dont il aété l'objet. Pendant très longtemps, on nes'est pas indigné qu'un ministre bénéficiede nombreux avantages en nature, alorsqu'on s'en est pris à un grand patron parcequ'il était lâché par ses pairs… En réalité, ila payé pour les autres qui, eux, sont toujoursen liberté... On retrouve cela dans monpersonnage qui en devient terriblementpitoyable et donc humain.

Que pensez-vous du personnage deJeanne ?

C'est une femme redoutable ! C'étaitextraordinaire de voir Isabelle Hupperts'approprier totalement le personnage,avec cette méchanceté jubilatoire, ceregard terrible et cette voix tantôt cruelle,tantôt douce. En jouant les scènes d'auditionavec elle, je me suis dit que ces confronta-tions avaient dû se dérouler de cettemanière dans la réalité.

Vous avez une vraie complicité avecIsabelle Huppert.

On se connaît depuis l'âge de 14 ans ! On s'était déjà retrouvé dans quelquesfilms, comme L'École de la Chair deBenoît Jacquot ou Les Sœurs Fâchéesd'Alexandra Leclère, mais c'est la premièrefois que nous avons à jouer une situation

entretienFRANÇOIS BERLÉAND

(HUMEAU)

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de face à face et que nous tournonsensemble plusieurs scènes majeures.Pendant le tournage des séquences d'au-dition, on se parlait peu de chosespersonnelles parce qu' Isabelle a besoin de rester dans une concentration totale

par rapport à son personnage et que notrecomplicité aurait pu rendre l'exercice de laconfrontation difficile… Mais au momentdes scènes à l'hôpital, vers la fin du tournage,la tension est redescendue d'un cran et ona commencé à se détendre…

L’IVRESSE DU POUVOIR - ENTRETIEN FRANÇOIS BERLÉAND • P19

“Je viens d'un milieu qui connaît la valeur du travail, madame.”

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L’IVRESSE DU POUVOIR - ENTRETIEN PATRICK BRUEL • P20

'est la première fois que voustournez pour Claude Chabrol.

J'aime beaucoup son univers etj'avais entendu parler de l'ambianceformidable de ses tournages…J'espérais qu'un jour il fasse appel àmoi. Notre rencontre a eu lieu par unheureux hasard : alors que je faisaisune lecture d'une pièce avec FrançoisBerléand, celui-ci m'apprend qu'ils'apprête à tourner avec Chabrol.Quand je lui dis à quel point j'aimeraistravailler avec lui, il m'explique qu'il ya encore un rôle disponible… Commeje me trouvais à ce moment-là à LaBaule, tout près de chez Claude,nous avons déjeuné ensemble et ilm'a très vite donné le scénario : celaa été idyllique !

Comment pourriez-vous définir ladirection d'acteur de Claude Chabrol ?

Il a compris qu'il pouvait me deman-der ce qu'il voulait et que sesindications trouvaient en moi unécho immédiat. J'avais entendu direque Claude dirige peu les acteurs.C'est faux : il les dirige à sa manière,sans beaucoup parler et en secontentant d'une petite phrase, d'unrire ou d'un regard. A l'arrivée ilobtient ce qu'il veut…

Comment s'est passé le tournage ?

Claude est entouré d'une équipefamiliale et, lorsque je suis arrivé au milieu de tous ces gens qui seconnaissent depuis des années, je mesuis senti un peu petit garçon, puistrès vite intégré. Chaque jour, je faisaisdes suggestions à Claude qui merépondait : "très bien, c'est un plus !"

Vous êtes-vous documenté sur lerôle ?

Je me suis plutôt renseigné sur le personnage dont s'inspire Sibaudauprès de gens qui le connaissent. Endehors de cela, j'ai tenté de jouer lepersonnage que voulait Chabrol, sanstrop essayer de coller à la réalité.

On vous avait peu vu dans un registreaussi négatif. Votre personnage estun bandit en costume cravate …

Oui, si ce n'est qu'il a quitté l'entre-prise en empochant 34 millionsd'Euros, sans avoir commis la moindreexaction. Il agit sans vergogne et sansfidélité à quiconque, mais ses activitésn'ont rien de répréhensible aux yeux dela justice. C'est plutôt un bon joueurd'échecs mais sûrement pas un parte-naire agréable.

entretienPATRICK BRUEL

(SIBAUD)

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Votre relation avec Jeanne, qu'incarneIsabelle Huppert, est troublante, faitede manipulation et de séduction…

Mon personnage cherche à joindre l'utileà l'agréable. Toute sa stratégie reposesur une tentative d'affaiblissement dupouvoir que la juge lui oppose. Quand ilvoit qu'elle lui résiste, son ego surdimen-sionné en prend un coup…

C'est la première fois que vous parta-gez l'affiche avec elle…

J'avais très envie de tourner avec elle. Etc'était réjouissant de voir Isabelle etClaude ensemble sur le tournage et

d'être témoin de leur complicité : elle levouvoie comme si elle respectait lepacte "Pygmalion" qu'il y a entre eux.Elle y met en même temps de la distanceet de l'humour, comme pour montrerque la symbiose entre eux est constam-ment renouvelable.

Quel est votre regard sur le person-nage de Jeanne ?

Elle me fait penser à un animal qui ne lâcheplus sa proie une fois qu'elle s'en estemparée. Elle use de toutes ses armes :charme, dureté, violence, capacité à désta-biliser l'adversaire etc. Le personnage estservi par une actrice impressionnante.

“Mais je n'introduis rien dans mon ordinateur,

juste quelques coups de golf. Ça me permet d'évaluer mes moyennes.”

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L’IVRESSE DU POUVOIR - ENTRETIEN ROBIN RENUCCI • P22

'est la deuxième fois que voustournez pour Claude Chabrol,après Masques. Qu'est-ce qui

vous intéressait dans le scénario ?

Ce que j'aime chez Chabrol, c'est qu'ilparle de l'individu tout en abordant un sujetde société. Il demande ensuite aux comédiensd'apporter leur humanité et leur vérité auxpersonnages pour que le public puisse ytrouver ses repères.Je pense que le cinéma a cette facultéd'apporter un éclairage sur des faits desociété qui nous appartiennent à tous etqui sont souvent manipulés par les médias :le citoyen-spectateur est ainsi davantage àmême d'affûter sa critique de la société etd'affiner son regard, aiguillé par la mise enscène d'un cinéaste comme Chabrol. Car,pour moi, Claude fait du vrai cinéma politique.

Comment avez-vous travaillé votre per-sonnage ?

Philippe est un contrepoint : je suis allédans le sens de la vérité de cet homme quisouffre en silence. Il est écrasé par unmonde assourdissant d'orateurs quimanient le langage et les concepts. Pourmoi, cet homme possède une grandeurd'âme et je le vois comme une couleursombre dans un univers criard. C'est cettedimension que je souhaitais apporter au

personnage sans que Chabrol et moi enparlions de manière explicite : avec lui, onn'a pas besoin de paraphraser.

Philippe est décalé par rapport à la réalité immédiate que vit Jeanne…

“Philippe me fait penser à cette chansond'Aznavour Mourir d'Aimer, qui dit : "Lesparois de ma vie sont lisses / Je m'y accrochemais je glisse". De fait, sur lui les événe-ments glissent et s'estompent : en unsens, il ne devrait pas être là car il n'est, àmes yeux, qu'un lambeau de la vie de safemme. Il s'accroche à une réalité qui adéjà fui de son existence. C'est aussi unchercheur qui, à l'inverse de Jeanne dontl'enquête a lieu en pleine lumière, mèneses investigations dans l'ombre enrepoussant les limites du connu.

Vous êtes-vous documenté sur l'hommedont s'inspire votre personnage ?

Je me suis surtout servi de mes souvenirsconcernant sa vie. Ce qui m'intéressait,c'était de me dire qu'en général le specta-teur s'imagine qu'au cinéma la fictiondépasse la réalité, alors qu'ici, en l'occur-rence, la vie a sans doute dépassél'imagination. Je pense en effet que cethomme, dans sa vie privée, a beaucoupplus souffert que mon personnage.

entretienROBIN RENUCCI

(PHILIPPE)

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On retrouve dans l'opposition entreJeanne et Philippe un thème propre-ment chabrolien : la mésalliance declasses…

Absolument ! On a d'ailleurs fait une photode mariage - qu'on ne voit pas dans le film -où nous posons en jeunes mariés : il émanede Philippe une certaine assurance, tandisqu'elle semble plus fragile. Cette photonous a aidés à travailler la différence sociale.

Comment voyez-vous le personnagede Jeanne ?

Elle incarne l'ambivalence : elle œuvre àla fois pour sa propre vigilancecitoyenne et pour sa notoriété et songoût du pouvoir. Je vois Jeanne commeun coin de porte : c'est un tout petitendroit - et un tout petit bout de femme -qui détient soudain une force hors du

commun. Un coin peut ouvrir un coffre-fort… Il y a donc chez elle cette fragilitéde l'objet capable de faire sauter depuissants verrous.

Comment Claude Chabrol vous a-t-ildirigé ?

Chez Claude Chabrol, il y a en généralpeu de prises. La caméra est placée auseul endroit qui convienne pour tel ou telplan, et le plan raconte sa propre histoiredans le puzzle du film, plutôt que ce soit lemontage qui donne du sens aux images.En tant que comédien, j'ai ainsi le senti-ment qu'il faut jouer dans telle prise uneémotion ou un regard qui ne sera pas ailleurs. La couleur qu'on apporte à un plann'est jamais édulcorée par autre chose.C'est le plan qui dit à l'acteur quoi faire etc'est pour cela que Chabrol n'a pas vraiment besoin de parler aux comédiens.

L’IVRESSE DU POUVOIR - ENTRETIEN ROBIN RENUCCI • P23

“On est deux fantômes qui se croisent de temps en temps

dans un appartement surveillé. Je suis qui, pour toi ? Tu le sais ?”

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L’IVRESSE DU POUVOIR - ENTRETIEN MARYLINE CANTO • P24

ans quel état d'esprit étiez-vousà l'idée de jouer une juge d'ins-truction ?

Je me souviens du scénario où il était écrit,dès ma première scène, "On va les prendrepar les couilles !", ce qui est typiquementchabrolien : on montre un personnagecensé incarner une certaine autorité et,l'instant d'après, ce personnage est grossier !Autrement dit, Claude présente la fonctiondu personnage et le contraire de sa fonctiondans la même minute, ce qui dédramatisela situation et personnalise formidablementle rôle ! Ce savoureux mélange me ressembleet me correspond parfaitement…

De manière inattendue, vos rapportsavec Jeanne deviennent vite amicaux.

C'est vrai que la relation d'Erika avecJeanne démarre sur une sorte de rivalité,mais les deux femmes ne tardent pas àunir leurs forces. Ce que j'aime bien, c'estque dans cet univers de profonde cruauté,la relation entre les deux juges offre unesorte de respiration en parlant simplementde la joie de faire son travail. Elles aimentleur métier et s'entraînent l'une l'autre : il ya un véritable esprit de collaboration entreelles et une vraie jubilation à mener l'enquête.Par exemple, quand elles disent "allons

voir la femme d'Humeau, ça nous distraira",elles y prennent un plaisir sincère, sansmoquerie.

Pensez-vous qu'Erika n'est pas attiréepar le pouvoir ?

C'est un peu comme lorsqu'on est avec leroi et que ce dernier projette sa lumièreautour de lui. Elle sait qu'elle va côtoyerune femme de pouvoir qui fait la Une desjournaux. Mais je la vois surtout commeune femme heureuse de fréquenter unpersonnage qui a une intelligence du travail,et une grande expérience. Erika sentqu'elle va apprendre grâce à elle.

Isabelle Huppert et vous-même êtesdeux femmes menues lâchées aumilieu des fauves…

C'est un paramètre qui intéressaitClaude Chabrol. Nous sommes effecti-vement deux femmes de gabaritmodeste dans un monde foncièrementmasculin. Pour autant, il ne faut pas selaisser abuser par les apparences : ellessont authentiquement des femmes detête, mais qui gardent un côté juvénile…C'est ainsi qu'on les voit manger desCarambars ensemble avec gourmandiseen rigolant !

entretienMARYLINE CANTO

(ÉRIKA)

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Vous êtes-vous documentée sur l'affaire ?

J'ai visionné plusieurs documents d'ar-chives, sans me focaliser sur la jugedont s'inspire mon personnage. Celam'a permis de mieux connaître les des-sous de l'affaire. Quand je tourne unfilm, j'aime en profiter pour apprendredes choses sur différents domaines.Comme sur la dépression, par exemple,quand j'ai tourné Le Lait de la Tendresse

Humaine de Dominique Cabrera…Je ne me disais pas pour autant que j'in-carnais un personnage réel, mais biencelui décrit dans le scénario. Quand j'aidemandé à Claude ce qu'il avait enviede représenter, il m'a répondu "rien."Parce qu'il voulait que je m'empare durôle et que je ne sois pas prisonnière deréférences toutes faites. Il fallait êtreproche d'une idée du personnage qu'ilavait - qu'il n'a pas définie - mais que jedevais trouver !

“Je ne dis pas que c'est moral, je dis qu'ils sont en règle.”

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L’IVRESSE DU POUVOIR - ENTRETIEN THOMAS CHABROL • P26

omment voyez-vous le per-sonnage de Félix ?

Pour moi, il est un cousin duMatthieu Lartigue de La Fleur du Mal - uncousin qui aurait suivi à rebrousse-poil unitinéraire tout tracé de petits énarques. Onpourrait aisément les imaginer tous deux àl'ENA, l'un s'embarquant pour une vie deporteur de serviette, l'autre comprenanttrès vite le système et décidant de se barrer !Cela me plaisait bien de partir d'un pointd'ancrage pour aborder le personnage.

Le considérez-vous comme un "êtreheureux", comme le suggère son prénom ?

Pour moi, son prénom évoque surtout lepoids qu'on a mis sur ses épaules dès sanaissance et résonne d'une injonction :"Félix, tu as ta voie toute tracée : lesGrandes Ecoles d'abord, avant d'avoir talimousine avec chauffeur…" S'il est heureux,c'est parce qu'il n'est pas matérialiste - cequi lui permet d'avoir l'esprit libéré pourdévelopper son acuité sur tout ce qui sepasse autour de lui. Félix aime être aucontact des gens, même si ce n'est quequatre personnes autour d'une table depoker : au moins, les cartes et le pognonsont sur la table, et pas en dessous !

Félix est une sorte d'antithèse deJeanne.

Oui, même si Jeanne est un peu enfriction avec sa hiérarchie. Félixincarne peut-être le genre de caractèrequ'elle aurait aimé garder au fondd'elle. Il y a entre eux deux un je ne saisquoi de séduction intellectuelle. Jepense que Félix préfère ce genre derelation avec elle, presque fraternelle,plutôt qu'une liaison passionnelle.Cela me plaisait de penser qu'il arefusé d'appartenir à la catégoried'hommes en face desquels, précisé-ment, Jeanne se retrouve dans sontravail. Il préfère être Scipion queCésar, quitte à brûler son campement !De son côté, Jeanne voit en Félix cequ'était Philippe, son mari, une quin-zaine d'années plus tôt. C'est doncune expérience assez troublante deretrouver en lui un sourire ou uneexpression de visage qu'elle avait aiméautrefois chez son mari. C'est cettetension dans la relation - où l'on estconstamment sur le fil - que j'ai trouvépassionnante : le fait de savoir que larelation pourrait basculer vers autrechose - mais que rien ne se passe - estun plaisir suprême, à condition que lesdeux personnages soient d'accord.

entretienTHOMAS CHABROL

(FÉLIX)

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Vous êtes le seul appartenant à lasphère intime de Jeanne qui pénètreson univers professionnel…

Absolument. Il représente une sorte deconscience qui l'aiguille dans le labyrintheoù elle s'est égarée. Et rien ne dit, d'au-tre part, que Félix ne reverra pas Erikapour une partie de poker… Que ce soitErika ou Félix, ce sont deux personna-ges qui incarnent deux sas d'aérationpermettant à Jeanne de respirer et deprendre un peu de recul.

Quel est votre regard sur le person-nage de Jeanne ?

Autant elle domine redoutablement sesdossiers, autant elle a beaucoup de mal àgérer sa vie personnelle. Jeanne tente detout maîtriser, mais les choses lui échap-pent. C'était passionnant de voir unpersonnage détenteur d'un tel pouvoir, maistotalement largué dans son quotidien. Ellea quelque chose à prouver - d'autant plusqu'elle est une femme occupant un poste àresponsabilité dans un monde d'hommes.

L’IVRESSE DU POUVOIR - ENTRETIEN THOMAS CHABROL • P27

“J'ai l'élégance d'avoir trois tournures d'esprit.Je n'ai pas d'horaire, pas de contrainte et je me marre.”

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“Il est au courant sans être au courant tout en l'étant.

Il a le poste où on signe. Il fait confiance, il regarde pas, il signe.

Il crache au bassinet comme les autres, sinon il est mort.”

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L’IVRESSE DU POUVOIR - ENTRETIEN JEAN-FRANÇOIS BALMER • P29

omment êtes-vous arrivé sur lefilm ?

C'est la quatrième fois que je tourne pourClaude Chabrol. En réalité, il suffit qu'ilm'appelle pour que je lui dise "oui." Ce n'est qu'ensuite que je me renseignesur le rôle. Chabrol est l'un des seulscinéastes pour qui j'aurais interprété n'importe quel rôle, flic ou voyou, cela n'aaucune importance…

Pourriez-vous définir sa direction d'ac-teurs ?

En apparence, Chabrol ne nous donneaucune indication. Mais c'est un hommedont les silences parlent car, en fait, il s'avère extrêmement dirigiste dans sanon-verbalisation et dans son absence decommentaires. Pour autant, on comprendparfaitement ce qu'il veut. C'est donc, pourmoi, l'un des rares directeurs d'acteurs queje connaisse : il semble laisser beaucoup deliberté aux comédiens tout en les dirigeanténormément.

Comment s'est passé le tournage ?

C'est un lieu commun de le dire, mais c'estun plaisir inouï de jouer pour un réalisateurcomme Chabrol ! En témoigne le sourirequ'affichent tous les gens, à tous les postes,qui travaillent sur ses films. C'est aussiparce que Claude est fidèle à ses techniciens.Résultat : les nouveaux venus comme lesanciens partagent le même plaisir à seretrouver sur ses plateaux.

Vous interprétez un personnage inspiréde la réalité…

Quand il s'agit de tourner pour Chabrol, lefait de camper un personnage réel outotalement fictif ne change rien à l'affaire.En revanche, je n'avais qu'une scène àtourner dans L'Ivresse du Pouvoir et jetrouve qu'il est toujours très difficile defaire une participation : on est là une demi-journée et il ne faut surtout pas se rater…Mais lorsqu'on est dirigé par un metteur enscène comme Claude, on se sent parfaite-ment en confiance.

entretienJEAN-FRANÇOIS BALMER

(BOLDI)

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L’IVRESSE DU POUVOIR - ENTRETIEN JACQUES BOUDET • P30

u'est-ce qui vous a intéressédans le scénario ?

Le scénario m'a passionné parce qu'il faitdirectement référence à une affaire triste-ment célèbre tout en brossant deformidables personnages de comédie. Entant que comédien, on a parfois envie dechanger un peu les dialogues pour s'ensentir proche : dans le scénario de Claude,on a seulement envie de s'en servir telsqu'ils existent, parce qu'ils sont écrits avecla technicité d'un bon auteur de théâtre.Ce qui fait la force des personnages, c'estqu'ils sont issus d'un imaginaire qui prendses racines dans une réalité qu'on a puéprouver. Dès la lecture du scénario, j'ai suque j'allais me délecter.

Comment vous êtes-vous appropriéle personnage ?

Il se trouve que j'ai appris mon texte aumoment où se déroulait la campagnepour le référendum sur le projet deconstitution européenne : j'ai entendudes débats avec des formules à l'emporte-pièce et j'ai alors eu le senti-ment qu'un combat pour le pouvoir selivrait, très éloigné de l'enjeu du scru-tin… J'avoue que cela m'a servi pour lerôle d'observer les politiciens se soucierdavantage de trouver une formule-chocque d'analyser la situation - un peu à la

manière de Claude Chabrol qui se nourrit de la réalité et de ce qu'il voit à latélévision…

Vous êtes-vous documenté sur l'af-faire ?

J'avais suivi l'affaire comme un feuilleton avec ses incroyables rebon-dissements, mais je ne me suis passpécialement documenté pour le film.Je pense que lorsqu'on incarne despersonnages qui s'inspirent de la réa-lité, la vraie "bible" reste le scénario.Car il s'agit avant tout de se focalisersur ce que Claude Chabrol a fait del'histoire réelle.

Vous campez une sorte de parrainmafieux…

Avec ce personnage, on touche à desliens mafieux insoupçonnables quiremontent à l'existence du SAC(Service d'Action Civique) et à l'époquede la guerre d'Algérie. De fait, on a lesentiment qu'on ne peut jamaisatteindre le cœur même de l'affaire etque, quoi qu'il arrive, les structurestiennent. Un bras de fer terrible s'engageentre la justice républicaine et ceshommes de l'ombre - dont mon per-sonnage fait partie - et l'issue restefinalement incertaine.

entretienJACQUES BOUDET

(DESCARTS)

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On sent que vous avez pris un vraiplaisir à camper le personnage.

C'est d'abord parce que Chabrol s'estlui-même délecté à écrire les dialogues !Quand on est acteur, le plaisir qu'onprend à interpréter un personnage estune vraie manière de se défouler. Je faispartie de ces comédiens qui adorentjouer tout ce qu'ils ne sont pas dans lavie quotidienne : je trouve toujoursréjouissant de sublimer la crapuleriequ'on refoule peut-être au fond de soi etd'évacuer l'irritation qu'on a vis-à-vis decertains personnages…

Comment voyez-vous le personnagede Jeanne ?

C'est une femme qui a dû se battre pourse hisser dans l'échelle sociale. Elle asubi des humiliations infligées par un milieubourgeois auquel elle a été confrontée,

ce qui a nourri son propre désir de se payer des grosses têtes… Elle acertes un côté vindicatif, mais aussiune pugnacité que n'aurait pasquelqu'un à qui la vie aurait été plusdouce. Elle est engagée dans uneguerre et peut faire tomber de grosbonnets en étant vertueuse. Mettreson agressivité au service de la vertu,quoi de plus réjouissant ?

Parlez-nous du climat qui règne sur letournage.

Claude Chabrol est un homme heureuxqui possède en outre un extraordinairebonheur communicatif. On ne pourraitjamais croire que c'est son cinquante-troisième film ! Il est entouré de sesproches et, surtout, il est "chez lui" dansle monde du cinéma. Souvent, pour signi-fier qu'une prise était bonne, sa fille nousdisait "C'est bon, Chacha a rigolé !"

“Vous comprenez chacun doit y trouver son compte,

sinon ça crée des amertumes.”

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L’IVRESSE DU POUVOIR - ENTRETIEN PHILIPPE DUCLOS • P32

'est la deuxième fois que voustournez avec Claude Chabrolaprès La Demoiselle d'Honneur.

Claude Chabrol m'avait repéré dansle téléfilm De Gré ou de Force. Cequi m'a séduit, c'est qu'il m'a montréun bout de scène qu'il venait de tour-ner pour me faire comprendre legenre d'attitude qu'il recherchait. Ils'est donc adressé à moi en tant quecomédien bien sûr, mais aussi en tantque spectateur. C'est une méthodede travail concrète et bien plus effi-cace que l'explication psychologiqued'un personnage qui n'avance guèreun comédien.

Comment vous êtes-vous préparé àce personnage ?

En lisant le scénario la première fois, j'ai été frappé par un certain nombred'éléments techniques que je ne comprenais pas. Je me suis dit qu'il fallait que je me documente sur l'affaire :je me suis servi d'ouvrages et d'images d'archives et je me suis alors renducompte qu'il était très compliqué d'inter-préter un homme qui brasse desmilliards et qui n'a aucun sens de lavaleur de l'argent. C'est une dimensionqui se situe au-delà de la psychologie etqui est très difficile à incarner. Je l'aidonc davantage travaillé dans un registrecomportementaliste que psychologique.

Votre personnage est d'autant plusglaçant qu'il reste d'une courtoisiequasi obséquieuse.

Je me suis inspiré de deux ancienspatrons : le premier, confondant tant il est d'une extrême amabilité et d'unsang-froid inimaginable, et le second,sorte de play-boy d'une grande préciositéet d'une élégance fascinante. Quant à lacoiffure, Claude Chabrol souhaitaits'inspirer de Luc Ferry ! Mon person-nage est donc un composite hallucinant,et j'avoue que je n'ai jamais autant travaillé sur un rôle au cinéma ! L'écartentre le personnage et moi aurait étémoins important si j'avais dû interpréterun ouvrier ou un agriculteur…

Parlez-nous de la direction d'acteursde Claude Chabrol.

Il accorde une liberté totale auxacteurs. En revanche, il n'hésite pas àintervenir s'il en sent le besoin. C'estextrêmement troublant parce que celadénote une totale confiance de sa part,mais cela fait peser en même tempsune grande responsabilité sur les épau-les du comédien.

Comment Claude Chabrol filme-t-illes scènes d'audition ?

Je n'ai jamais travaillé avec un metteuren scène qui - à ce point - ne "se couvre"

entretienPHILIPPE DUCLOS

(HOLÉO)

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“On ne peut pas tout régler de son ordinateur, monsieur le Président.”

pas. Quand on tourne pour un réalisateurmoins aguerri, la scène est filmée dix foissous dix angles différents… C'est d'ail-leurs épuisant pour le comédien. Al'extrême inverse, Claude - commeHitchcock - ne tourne que ce dont il abesoin car il ne "se couvre" pas. Pour lapremière audition, par exemple, la caméraétait de profil : je savais quelle était lavaleur du plan et quelle focale il utilisait, cequi m'a aidé à jouer la scène. En réalité,Claude opère un découpage très précisdans sa tête, avant de tourner, ce qui nel'empêche pas d'improviser à certainsmoments. Par conséquent, pour les auditions,

je me sentais parfaitement serein parceque je savais qu'il y avait un regard trèsprécis de la part du metteur en scène surle type d'effet qu'il souhaitait obtenir.

Quel est votre regard sur le person-nage d'Isabelle Huppert ?

On a beau dire qu'il s'agit d'une femmeéprise de pouvoir, il faut malgré tout unsacré cran pour tenir tête à l'appareil judi-ciaire et politique qui soutient ces grandspatrons mis en examen - d'autant qu'ellese retrouve plongée dans un monded'hommes… Elle force l'admiration.

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L’IVRESSE DU POUVOIR - LISTE ARTISTIQUE • P35

Isabelle HUPPERT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Jeanne

François BERLEAND. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Humeau

Patrick BRUEL. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sibaud

Robin RENUCCI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Philippe

Maryline CANTO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Erika

Thomas CHABROL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Félix

Jean-François BALMER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Boldi

Pierre VERNIER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Président Martino

Jacques BOUDET . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Descarts

Philippe DUCLOS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Holéo

Jean-Christophe BOUVET . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Maître Parlebas

Roger DUMAS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . René Lange

Yves VERHOEVEN. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Greffier

Retrouvez l'ensemble des filmographies des acteurs et du réalisateursur le site du film : www.livressedupouvoir.com

listeARTISTIQUE

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L’IVRESSE DU POUVOIR - LISTE TECHNIQUE • P36

Réalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Claude CHABROLScénario, adaptation et dialogue. . . . . . . . . . . . . Odile BARSKI et Claude CHABROLImage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Eduardo SERRA (AFC-ASC)Cadre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Michel THIRIETSon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Pierre LENOIR Mixage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Thierry LEBONMusique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Matthieu CHABROLOrchestre dirigé par. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Laurent PETITGIRARDAssistante mise en scène et casting . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Cécile MAISTREMontage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Monique FARDOULISDécors. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Françoise BENOIT-FRESCOCostumes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Mic CHEMINALScripte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Aurore CHABROLPhotographe de plateau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Moune JAMETEnsemblière. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Catherine PIERRATRégie générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Thierry MAGNIEZChef machiniste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Dominique ROBERTChef électricien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Michel ATANASSIANDirecteur de production . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Michel JULLIENProductrice exécutive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Françoise GALFRECoproducteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Alfred HÜRMERProducteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Patrick GODEAU

Une coproduction franco-allemande ALICÉLEO - FRANCE 2 CINÉMAAJOZ FILMS - INTEGRAL FILM avec la participation de CANAL +

et de CINECINEMA avec le soutien de la PROCIREP de L'ANGOA - AGICOAet du MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION (CNC)

avec la participation de la FILMFÖRDERUNGSANSTALT (FFA)

listeTECHNIQUE

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PAN-EUROPÉENNE

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