Les proverbes francais

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J.-Cl. Anscombre Proverbes et formes proverbiales : valeur évidentielle et argumentative In: Langue française. N°102, 1994. Les sources du savoir et leurs marques linguistiques. pp. 95-107. Abstract Jean-Claude Anscombre : « Proverbs and proverb-like sentences » Proverbs and proverb-like sentences show characteristics that distinguish them from non-proverbial forms. The first part of the article is devoted to the study of such properties. In the second part, it is claimed that the function of proverbs is one of evidential marking. Proverbs appear to be one linguistic expression among others of common knowledge. Moreover, the genuine function of proverbs is argumentative : they serve as warrants for the continuation of the discourse. Citer ce document / Cite this document : Anscombre J.-Cl. Proverbes et formes proverbiales : valeur évidentielle et argumentative. In: Langue française. N°102, 1994. Les sources du savoir et leurs marques linguistiques. pp. 95-107. doi : 10.3406/lfr.1994.5717 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1994_num_102_1_5717

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  • J.-Cl. Anscombre

    Proverbes et formes proverbiales : valeur videntielle etargumentativeIn: Langue franaise. N102, 1994. Les sources du savoir et leurs marques linguistiques. pp. 95-107.

    AbstractJean-Claude Anscombre : Proverbs and proverb-like sentences Proverbs and proverb-like sentences show characteristics that distinguish them from non-proverbial forms. The first part of thearticle is devoted to the study of such properties. In the second part, it is claimed that the function of proverbs is one of evidentialmarking. Proverbs appear to be one linguistic expression among others of common knowledge. Moreover, the genuine functionof proverbs is argumentative : they serve as warrants for the continuation of the discourse.

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    Anscombre J.-Cl. Proverbes et formes proverbiales : valeur videntielle et argumentative. In: Langue franaise. N102, 1994.Les sources du savoir et leurs marques linguistiques. pp. 95-107.

    doi : 10.3406/lfr.1994.5717

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1994_num_102_1_5717

  • Jean-Claude ANSCOMBRE CNRS (LAPSARLAC), EHESS

    PROVERBES ET FORMES PROVERBIALES : VALEUR VIDENTIELLE ET ARGUMENTATIVE

    "Les proverbes sont les lampes des mots" (proverbe arabe).

    Introduction

    Nous nous proposons d'examiner ici la nature et le mode de fonctionnement des proverbes et des formes proverbiales en liaison avec leurs proprits linguistiques : morphologiques, syntaxiques, smantiques, et nous montrerons que les proverbes, du fait qu'ils sont identifiables en tant que tels, peuvent tre considrs comme des noncs marqueurs d'videnti alit au mme titre que des morphmes tels que par exemple le conditionnel d'ou-dire. Un premier paragraphe abordera le problme de la reconnaissance des proverbes et formes proverbiales, de ce qui les distingue d'autres formes sentencieuses, de leur ventuel caractre fig. Le second paragraphe tudiera les caractristiques linguistiques des proverbes. Cela nous amne, au troisime paragraphe, dfinir en quoi les proverbes sont des marqueurs videntiels. Ayant fait ce constat, nous montrerons dans un dernier paragraphe que les proverbes, marqueurs de leur propre provenance, ne sont en fait pas destins fournir de l'information par eux-mmes, mais servir de cadre et de garant un raisonnement, dvelopp dans d'autres noncs.

    1 . Proverbes et formes proverbiales : une classe bien dfinie ?

    D'entre, on se heurte l'obstacle (souvent signal) de la dfinition du proverbe. De ce point de vue, les dfinitions des dictionnaires sont de peu d'aide. Ainsi, le Petit Robert dfinit l'adage comme une maxime pratique ou juridique... , le dicton comme ...une sentence passe en proverbe... , etc. On se trouve confront une srie de termes proverbe, maxime, adage, aphorisme, dicton, prcepte, sentence... dont on sent confusment qu'ils ne sont pas synonymes, sans pouvoir cependant tayer cette intuition. Trois caractristiques communes se dgagent toutefois : (i) l'aspect formulaire ; (2) le ct prescriptif ; (3) la porte gnrale, universelle.

    Dans le cas des proverbes, les ouvrages classiques mentionnent en outre le ct mtaphorique et imag. Ainsi le Petit Robert le dfinit-il comme ... une formule ellip tique, gnralement image et figure .

    Une premire remarque est que leur forme mme dnonce comme tels les proverbes et autres. D'une part, comme cela a t signal de faon systmatique, les

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  • proverbes sont des phrases compltes, se suffisant elles-mmes. D'autre part, ils montrent un recours systmatique des assonancements (A bon rat bon chat), des symtries rythmiques (Tel pre, tel fils ; Qui voit Ouessant voit son sang), des figures de rhtorique : asyndte (Morte la bte, mort le venin), anacoluthe (Rira bien qui rira le dernier), ...etc. Par ailleurs, les proverbes, dictons et autres maximes correspondent un nombre trs limit de formes. Sur une liste de plusieurs centaines de proverbes franais contemporains, il ressort que les trois formes les plus frquentes sont les structures en Le... (L'habit ne fait pas le moine), en Qui... (Qui a bu boira), et article zro frontal (Labour d't vaut fumier). Qui plus est, il y a l'crit du moins une tendance certaine utiliser des formes proverbiales pour noncer des vrits gnrales . Ainsi :

    ... C'est le premier thorme de rduction des dpenses publiques. Plus les restrictions se font sentir, plus le systme "dbrouille" se dveloppe... (Libration, 19/9/85, p. 12). ... Ce pch commun des egos galopants, cette faille qui pourrait faire un proverbe de base : "Qui trop se montre, on ne peut plus le voir..." (Canard Enchan, 13/2/85, p. 6).

    Certains crivains contemporains utilisent mme des formes quasi-proverbiales pour exprimer un certain lyrisme. Dans Le berger des abeilles, A. Lanoux commence un chapitre par la sentence suivante, o l'on identifie sans mal certains procds rhtoriques propres aux proverbes et autres : ... Il est imprudent, celui qui remet ses pas dans ses pas. . . (p. 407). Bien entendu, on a voulu voir frquemment comme caractristiques de ces formes sentencieuses et aidant donc leur identification un certain nombre de constructions archasantes (cf. Greimas ; 1970). Un argument souvent invoqu est que beaucoup des tours syntaxiques utiliss dans les formes sentencieuses l ne se retrouvent nulle part ailleurs dans la langue. Il convient sur ce point d'tre prudent, comme le montre Somolinos ; 1993, que nous suivrons (et mme prolongerons). On peut dj remarquer que les proverbes actuels ne nous ont pas t transmis tels quels, et ont t constamment ractualiss . On comparera de ce point de vue les originaux mdivaux Chascuns chiens qui abaie ne mort pas, Mauves ouvriers ne trouvera ja bon hostili, Qui son chien viaut tuer la rage li met sus, aux versions contemporaines Chien qui aboie ne mord pas, Un mauvais ouvrier a toujours de mauvais outils, Qui veut tuer son chien l'accuse de la rage, . . . etc. Ainsi, le qui des proverbes est aujourd'hui interprt systmatiquement comme signifiant celui qui , i.e. en accord avec l'usage contemporain. D'o la rfection de Tout vient point qui sait attendre en Tout vient point qui sait attendre. Le qui de la forme originale avait une valeur si on frquente en ancien franais et jusqu'au XVIIe s. 2, mais disparue depuis. De mme, les SN article zro existent toujours en

    1. Dnomination que nous forgeons par pure commodit. 2. La Fontaine en faisait un usage frquent. Par exemple : Ce n'est rien qui ne l'a vue toute nue (Contes, IV, 9)

    Mais il n'est pas le seul : Qui sait parler aux rois, c'est peut-tre o se termine toute la prudence et toute la souplesse du courtisan... (La Bruyre, I, 329).

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  • franais contemporain 3, y compris en position sujet dans une phrase active, mme si cette construction est contrainte. Ainsi :

    Pareille enqute a dj t effectue... (Canard Enchan, 23/1/91, p. 4). ... Conscience se fait de plus en plus gnralement... (Le Monde, 25/7/85). Pour les gens, trop souvent, interpellation vaut condamnation... (oral).

    Ce que l'on peut remarquer en revanche, c'est que les tournures syntaxiques utilises dans les formes sentencieuses appartiennent la plupart du temps au registre soutenu, et sont fortement contraintes. Une approche possible serait donc d'examiner la spcificit de ces constructions en franais contemporain, qui fait identifier comme telles les formes sentencieuses.

    De l'hypothse de survivances archasantes dans la syntaxe des formes sentencieuses, on drive rapidement vers une hypothse de figement. Les proverbes seraient des expressions figes au mme titre que casser sa pipe ou Un ange passe. On nous permettra l encore de marquer nos distances. D'une part, malgr le srieux des nombreuses tudes consacres au figement , aucune dfinition satisfaisante n'a pu tre tablie (cf. Ruwet ; 1983, sur ce point). D'autant plus que si on entend figement au sens diachronique, l'hypothse n'est pas tenable pour ce qui est des formes sentencieuses, qui ont en gnral subi de nombreuses rfections au cours de l'volution de la langue. On a souvent voqu, l'appui d'une hypothse de figement, la fixit (ou la quasi-fixit) des formes sentencieuses, proche de celle montre par les expressions idiomatiques . D'o leur identification avec des expressions idiomatiques. En fait, l'hypothse la plus convaincante nous parait tre celle de Kleiber ; 1988. Ce qu'il y a de commun entre les formes sentencieuses et les expressions idiomatiques, c'est que les deux genres sont des dnominations, savoir ... des units codes qui dnomment un concept gnral... (Kleiber, op. cit., p. 236). Ce concept gnral, qu'ils reprsentent par convention, fait partie du code linguistique commun. Et cette fixit rfrentielle va de pair avec la fixit de la forme . Tentons une conclusion provisoire, en nous demandant quel est le rle de la fixit de la forme dans la reconnaissance des formes sentencieuses. Ce n'est pas en fait en tant qu'elle est fixe qu'une forme sentencieuse est identifie comme telle. C'est parce que cette fixit permet d'identifier les tournures syntaxiques et les traits smantiques (voir rhtoriques) qui la caractrisent comme telle. Si donc une classification des formes sentencieuses est possible, elle se fera selon deux critres :

    a) S'agit-il ou non d'une dnomination, et de quel type ? b) Quels mcanismes linguistiques spcifiques rvle la fixit de la forme ?

    Revenons aux proverbes, et plus prcisment ce que l'on considre habituellement comme leur caractristique principale, savoir leur ct imag, mtaphorique. Appelons M ce trait : ainsi, Qui trop embrasse mal treint a la plupart du temps le trait +M, alors que A la Saint Rmi, cueille tes fruits se verra attribuer -M. Un second trait, mis en vidence par Zumthor ; 1976, et repris par Kleiber ; 1988, est le trait

    Cette tournure a subsist aprs le XVIIe s., mme si on ne la rencontre que rarement, y compris jusqu' poque contemporaine.

    3. Cf. sur ce point Anscombre ; 1986.

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  • relatif aux conduites humaines , que nous noterons H. Mieux vaut un mauvais arrangement qu'un bon procs sera crdit du trait +H, alors que A la Chandeleur, l'hiver se passe ou prend vigueur sera vu comme exhibant -H. Remarquons par parenthses que les maximes, si l'on se fie aux dfinitions habituelles, sont toujours du type (-M, +H). Ce sont en effet des jugements moraux sur des comportements humains. Comme le remarque Kleiber (op. cit.), ce qui distingue les proverbes des dictons est non pas le trait M, mais bel et bien le trait H. Un homme averti en vaut deux sera toujours un proverbe (il est ncessairement +H) bien qu'tant -M. En revanche, Petite pluie abat grand vent sera dicton s'il est -H (il est alors galement -M) et proverbe s'il est +H. On remarque donc que +M entrane automatiquement +H, l'inverse n'tant pas vrai. A l'encontre de cette analyse, reprise de Kleiber, nous formulerons deux critiques. La premire est qu'il y a des cas qui laissent perplexe. Ainsi Nol au balcon, Pques aux tisons. s'agit premire vue d'un simple dicton, teneur mtorologique, mais tous ses items lexicaux ont trait des situations humaines : alors +H ou -H ? La seconde, que nous examinerons plus avant, est qu'il ne nous parat pas prouv que, dans leur sens littral, des formes sentencieuses comme Petite pluie abat grand vent, Aprs la pluie le beau temps, S 'il pleut la Saint Medard il pleut quarante jours plus tard, se cantonnent ... au sens littral en enregistrant une habitualit uniquement mtorologique... (Kleiber, op. cit., p. 247). Nous verrons en effet que, mme s'ils ne dnomment pas une situation +H, ce type de dicton reste cependant relatif aux conduites humaines (Zumthor ; 1976, p. 314) en un sens qui sera prcis.

    2. Proverbes et formes proverbiales : caractristiques linguistiques

    On aura compris , la lumire de ce qui prcde, qu'une classification des formes sentencieuses en proverbes, dictons, ... etc., s'avre difficile, et que seule une tude en profondeur des proprits linguistiques (tude qui notre connaissance n'a jamais t mene) viendra bout de ce problme. Pour notre part, nous voudrions examiner le fonctionnement des proverbes et formes proverbiales tel qu'il apparat au travers de leurs caractristiques. Nous considrerons donc la classe intuitive des proverbes et formes proverbiales, tout en ayant prsent l'esprit que, l'intuition n'tant pas un critre linguistique, nous pourrons tre tout moment amen inclure dans ou exclure de cette classe telle forme sentencieuse qui divergerait par trop des autres quant son comportement linguistique.

    2.1. Proverbes et vnementialit

    Comme cela a t frquemment not, les proverbes et formes proverbiales noncent une gnralit intemporelle, et ne peuvent donc servir une nonciation vnementielle (Anscombre ; 1984, 1989 ; Kleiber ; 1988). On comparera de ce point de vue :

    La semaine prochaine, celui qui arrivera en retard verra sa place occupe par quelqu'un d'autre.

    ? ? La semaine prochaine, qui va la chasse perd sa place.

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  • Un fait intressant li au prcdent est que ce phnomne semble li de faon intime aux formes proverbiales, mme s'il ne s'agit pas de proverbes. D'o un contraste comme :

    Tous les gens qui sont venus ce matin ont prsent leurs condolances. ? ? Qui est venu ce matin a prsent ses condolances.

    Une forme proverbiale ne peut mme pas servir une nonciation vnementielle caractre gnral. On opposera donc :

    Les maux de tte ne sont plus un problme. De nos jours, quand on a mal la tte, on prend une aspirine.

    ? ? Les maux de tte ne sont plus un problme. De nos jours, qui a mal la tte prend une aspirine.

    Ce qui permet d'lucider un problme signal par Kleiber ; 1988. Opposant la gnricit des expressions proverbiales et la spcificit des expressions idiomatiques comme La marie est trop belle, Un ange passe. Kleiber remarque que seules les secondes admettent ... leur inscription dans le systme aspectuo-temporel dpendant du contexte d'nonciation... (op. cit. , p. 244) : La marie tait trop belle, Un ange passa, face *Qui est all la chasse a perdu sa place, *La fortune souriait aux audacieux. Or d'une part, les expressions idiomatiques du type mentionn ne se plient pas toujours aisment ce type de modulation : La marie ??fut I ??a t I ?aura t trop belle ; II est pass/passera I ??passait de Veau sous les ponts. Par ailleurs, dans le cas des proverbes, certaines variations aspectuo-temporelles sont possibles si elles conservent le caractre de gnralit intemporelle qui les caractrise. D'o:

    Une hirondelle n'a jamais fait le printemps. L'habit n'a jamais fait le moine. La fortune a toujours souri aux audacieux. La plus belle fille du monde ne pourra jamais donner que ce qu'elle a. Qui a sem le vent rcoltera la tempte.

    On n'aura jamais en revanche de proverbe l'imparfait. En effet, selon Ducrot ; 1979, Anscombre ; 1992, l'imparfait caractrise toujours une entit situe strictement dans le pass de renonciation. Ce qui est contradictoire avec l'intemporalit du proverbe.

    2.2. L'auteur d'un proverbe.

    Une proprit frquemment voque dans les dfinitions lexicographiques des proverbes est leur provenance. Ils sont prsents comme appartenant un trsor de conseils empiriques accumuls au fil du temps par la sagesse populaire . Proprit que l'on trouve reflte au niveau de l'expression linguistique :

    Comme on dit, qui va la chasse perd sa place. On a bien raison de dire qu'on n'est jamais trahi que par les siens. Si j'en crois la sagesse populaire (var. des nations), il ne faut jamais mettre la charrue avant les bufs.

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  • En revanche, les maximes et autres prceptes ont un auteur bien prcis 4 : Comme le dit La Rochefoucauld, le refus des louanges est un dsir d'tre lou deux fois. D'o le prcepte socratique Connais-toi toi-mme .

    La notion empirique de sagesse populaire n'tant pas un concept linguistique, nous nous proposons dans ce paragraphe de donner une consistance linguistique l'ide que l'auteur d'un proverbe est quelque chose comme une conscience linguistique collective. L'ide que nous voudrions dfendre ici est que celui qui nonce un proverbe, s'il est bien le locuteur du proverbe, n'est pas l'auteur de ce proverbe ; en termes de polyphonie, il n'est pas l'nonciateur du principe qui y est attach. C'est lui en revanche qui endosse la responsabilit de dclarer ce principe applicable hic et nunc. La somme des proverbes est, de ce point de vue, comparable au corps des lois, et le locuteur d'un proverbe est comparable l'avocat qui utilise une loi : il n'est pas l'auteur de la loi, cet auteur tant la justice ( vocation universelle). En revanche, il est de la responsabilit de l'avocat de choisir de s'appuyer sur telle loi dans telle situation spcifique. Or certaines proprits linguistiques vont dans ce sens, examines dans Anscombre ; 1984, 1989, 1990a. En voici quelques-unes.

    tudiant le fonctionnement de certaines expressions performatives d'opinion, Ducrot ; 1975 montre que le locuteur de Je trouve que... exprime un jugement individuel, et un jugement direct i.e. que ce locuteur ne se fonde pas sur un jugement pralable qu'il reprend. Or de faon trs gnrale, les proverbes se combinent mal avec cette expression performative :

    *Je trouve que la fortune sourit aux audacieux. *Je trouve que qui va la chasse perd sa place. *Je trouve que petite pluie abat grand vent. *Je trouve que prudence est mre de sret.

    Du moins s'il s'agit d'exprimer une adhsion gnrale au principe exprim par le proverbe. Avec J'estime que. . . en revanche, qui admet la reprise d'un jugement dont le locuteur n'est pas l'auteur, la combinaison est meilleure, et parfois mme accepte sans problme par les sujets parlants 5 :

    ? J'estime que la fortune sourit aux audacieux. ? J'estime que qui va la chasse perd sa place. J'estime que prudence est mre de sret. J'estime que le soleil luit pour tout le monde.

    On en dduit donc qu'un proverbe n'est pas un jugement individuel. Je trouve que. . . est possible l'inverse s'il sert son locuteur exprimer ce jugement individuel direct que, dans la situation spcifique envisage, le proverbe s'applique :

    4. Par ailleurs, il y a des diffrences lexicales entre les diffrents termes dsignant des formes sentencieuses. En voici quelques-unes : passer en proverbe, suivre une maxime, observer un prcepte, noncer une sentence ; un proverbe bien connu, un dicton populaire, un vieil adage, un prcepte imprescriptible ,...etc.

    5. Si cette combinaison est gnralement juge imparfaite, c'est parce que J'estime que. . . introduit un jugement (mme si ce jugement est second) et qu'un proverbe n'est pas un jugement, bien qu'tant la qualification d'une situation.

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  • Je trouve que pour une fois, quelque chose malheur est bon. Je trouve que, au vu des circonstances, pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Je trouve que, dans le cas qui nous occupe, le vin tant tir, il faut le boire.

    Comme il n'est pas toujours facile de distinguer lecture gnrale et application spcifique du proverbe 6, des critres supplmentaires s'avrent ncessaires. Ainsi, un adverbe d'nonciation ne peut commenter la validit gnrale d'un proverbe, mais peut commenter son application locale :

    ? ? Visiblement, qui ne risque rien, n'a rien. Visiblement, de nos jours, qui ne risque rien, n'a rien.

    ? ?Franchement, pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Franchement, au vu des circonstances, pas de nouvelles, bonnes nouvelles.

    ? ? mon avis, prudence est mre de sret. mon avis, dans ton cas, prudence est mre de sret.

    Cette curieuse proprit est en fait relier l'ide de conscience linguistique collective souvent attache aux proverbes. Ce ne sont en effet pas les seules entits linguistiques faire intervenir une telle collectivit. Ainsi Ducrot ; 1982 attribue au prsuppos et au thme d'tre tous deux prsents par l'nonc comme le point de vue d'une communaut discursive laquelle le locuteur dit appartenir dans le cas du prsuppos, et laquelle il peut appartenir mais non ncessairement dans le cas du thme. Il y a plus : thme et prsuppos possdent plusieurs proprits communes, savoir :

    a) Ils ne peuvent faire l'objet d'une question totale non rhtorique. b) Ils ne peuvent tre l'objet d'une ngation descriptive. c) Ils ne peuvent tre extraits par c'est... que... d) Ils servent de cadre aux enchanements discursifs, mais ne sont jamais un

    maillon du raisonnement. On trouvera ces proprits tudies dans Anscombre ; 1990b 7.

    Si maintenant, renversant le processus, on cherche celles des expressions qui possdent ces proprits, on y trouve non seulement les tours relatifs au thme et au prsuppos, mais galement les adverbes d'nonciation, les expressions du type ma grande surprise (Leeman ; 1987) et du type Quant X. En d'autres termes, des tournures et expressions qui servent introduire le cadre du discours, ce que nous avons appel ailleurs espace discursif (Anscombre ; 1990b). Il est donc tout fait remarquable que les proverbes possdent ces mmes proprits : ils ne peuvent faire l'objet d'une question totale (*Est-ce que chien qui aboie ne mord pas ?, *Est-ce qu'un bon tiens vaut mieux que deux tu l'auras ?) sauf s'il s'agit d'une question rhtorique (Une hirondelle a-t-elle jamais fait le printemps ?, N'est-il pas vrai qu'un bon tiens vaut mieux que deux tu l'auras ?) ; ils ne supportent pas la ngation

    6. En voici un exemple : Je trouve que plus on est de fous, plus on rit.

    La combinaison est trs bonne, sans qu'il soit possible de distinguer s'il s'agit d'une lecture gnrale du proverbe ou d'une application spcifique, du moins en l'absence d'autres indications.

    7. Signalons galement la grande affinit du thme avec la position frontale, proprit qu'on ne peut relier directement aux prsupposs, du moins quand ils sont purement lexicaux.

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  • descriptive (*Qui va la chasse ne perd pas sa place. *La fortune ne sourit pas aux audacieux), mais admettent des ngations de type polmique (La fortune ne sourit pas ncessairement aux audacieux. La raison du plus fort n'est pas toujours la meilleure) ; ils ne peuvent tre extraits par c'est... que... ( ? ?C'est la raison du plus fort qui est toujours la meilleure. *Ce n'est pas le printemps que fait une hirondelle, ? ?Ce n'est pas une hirondelle qui fait le printemps. *Ce n'est que ce qu'elle a que peut donner la plus belle fille du monde). Le point d) est un peu plus dlicat, et ne peut se montrer que de faon indirecte. On remarque par exemple qu'un proverbe ne peut fournir une rponse complte une demande d'information. Ainsi le dialogue suivant est un peu bizarre :

    Est-ce que je dois me mfier de mon entourage ? ?0n n'est jamais trahi que par les siens.

    Une rplique plus adquate serait par exemple : Oh oui ! On n'est jamais trahi que par les siens...

    On nous objectera que l'on peut toujours interprter la rponse incrimine comme Oui. Certes, mais alors le proverbe n'est pas proprement parler une rponse, mais un indice utiliser pour calculer la rponse. Et dans ce cas, le proverbe serait prononc avec une intonation particulire, rendue l'crit par des points de suspension, et vraisemblablement accompagn d'une mimique approprie. Voici d'autres exemples du mme phnomne :

    Est-il prudent d'engager un ex-alcoolique ce poste ? ? ? Qui a bu boira. Je suis ravi de ma nouvelle voiture. Qu'en penses-tu ? J'en pense que tout nouveau, tout beau / ? ?Tout nouveau, tout beau 8.

    Un autre argument est le type de connecteurs et particules susceptibles de se combiner avec un proverbe. Ainsi, un proverbe ne peut tre introduit par par consquent et apparatre comme la conclusion tire d'un raisonnement :

    *Par consquent, une hirondelle ne fait pas le printemps. *Par consquent, qui a bu boira.

    ? ?Par consquent, quand le vin est tir, il faut le boire. *Par consquent, les petits ruisseaux font les grandes rivires.

    ? ?Par consquent, prudence est mre de sret. En revanche, une expression comme tant donn que..., qui sert introduire les prmisses d'un discours, accepte la combinaison avec les proverbes :

    tant donn que la nuit porte conseil... tant donn que pierre qui roule n'amasse pas mousse...

    8. Signalons, dans le mme ordre d'ides, qu'un proverbe est difficilement commentable par une interjection :

    Hlas, celui qui a bu retombe souvent dans son vice. ? ?Hlas, qui a bu boira.

    Chic, la pluie a fait tomber le vent. *Chic, petite pluie abat grand vent.

    La combinaison est en revanche possible en interprtation locale : Hlas, dans mon cas, ncessit fait loi.

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  • tant donn que qui ne dit mot consent. . . tant donn que ncessit fait loi. . . tant donn que tant va la cruche l'eau...

    On comprend alors d'o vient ce caractre de mention ou de citation frquemment attribu au proverbe. En effet, dans la mesure o il est cadre du discours dans lequel il apparat, il n'est pas proprement parler assert, mais bien plutt prsent, mis en place. Et ce ct non assert est accentu par le fait que le locuteur d'un proverbe n'en est pas l'auteur : il n'est en fait que l'utilisateur d'une dnomination prsente dans la langue.

    Deux points nous restent examiner : d'une part, quel type de principe gnral est l'uvre dans les proverbes ; et d'autre part, comment ils fonctionnent dans le discours.

    2.3. Proverbes, gnricit et universalit.

    Ce point est particulirement dtaill dans Kleiber ; 1988, qui montre que les proverbes sont des phrases gnriques, et des dnominations de situations gnriques. Il s'agit de phrases gnriques puisqu'ils expriment ...une relation devenue indpendante en quelque sorte des situations particulires. . . (op. cit. , p. 241). Et ce caractre gnomique transparat dans deux proprits typiques des phrases gnriques : a) D'ventuels contre-exemples ne falsifient pas une phrase gnrique. Il n'y a ainsi aucun paradoxe affirmer :

    Les singes mangent des bananes, mais pas Cheetah. et un tel nonc n'infirme pas la phrase gnrique Les singes mangent des bananes. De la mme faon, un contre-exemple ne rend pas caduc un proverbe, quel qu'il soit. Par exemple :

    Pierre qui roule n'amasse pas mousse. Et pourtant, ce globe-trotter a amass une immense fortune.

    b) Les phrases gnriques permettent des dductions par dfaut sur les situations qu'elles qualifient. A savoir qu'un proverbe comme Petite pluie abat grand vent sert son utilisateur faire des prdictions sur certaines situations, tout en prsentant ces prdictions comme plausibles.

    Nous voudrions ajouter ce qui prcde quelques arguments supplmentaires, emprunts en particulier Anscombre ; 1990a. Examinons tout d'abord la relation entre gnricit et universalit. Nous dirons qu'il y a universalit (ou phrase universelle) chaque fois qu'il y a reprsentation par (Vx)... Les remarques faites en a) indiquent donc que les phrases gnriques comme Les singes mangent des bananes ne sont pas des phrases universelles, non plus que les proverbes. Un argument supplmentaire en ce sens rside dans l'observation que ce type de phrase gnrique ne rentre que mdiocrement dans des syllogismes :

    1. Les chats sont intelligents. 2. Ulysse est un chat 3. ?(Donc) Ulysse est intelligent (Kleiber ; 1985).

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  • On peut en dire autant des proverbes (Anscombre ; 1985, 1990a) : 1. Chien qui aboie ne mord pas 2. Mdor est un chien qui aboie 3. ?(Donc) Mdor ne mord pas.

    dont on peut rendre l'insertion comme majeure d'un syllogisme parfaitement ridicule :

    1 . Chien qui aboie ne mord pas 2. Mdor est un chien qui aboie la nuit 3. *(Donc) Mdor ne mord pas la nuit.

    Il ne faudrait cependant pas se hter d'en conclure que la gnricit n'a rien voir avec l'universalit. Les deux noncs proposs ci-dessus en a) l'appui de la thse que les phrases gnriques supportent des contre-exemples sont en effet rvlatrices. Elles montrent en effet qu'un contre-exemple une phrase gnrique n'est prsentable que moyennant un oprateur de type concessif. Ce qui montre que les phrases gnriques sont en fait des arguments d'uni versalit. Et comme il ne s'agit que d'arguments, elles ne permettent que des inferences plausibles, mais non ncessaires. On peut se demander si les phrases gnriques comme celles envisages ici (en Les N) prsentent une gnricit de mme nature. Kleiber ; 1983 remarque que les phrases gnriques en Les N se combinent bien avec en gnral, au sens de il est gnralement vrai :

    En gnral, les singes mangent des bananes. En gnral, les Alsaciens boivent de la bire.

    Or les proverbes ne semblent pas partager cette proprit : ( ??En gnral + *d'une faon gnrale), quelque chose malheur est bon. ( ?En gnral + ??d'une faon gnrale), la fortune sourit aux audacieux. ( ??En gnral + ??d'une faon gnrale), pierre qui roule n'amasse pas mousse.

    La raison en est simple : dans le cas des phrases gnriques en Les N, la prsence de la description dfinie entrane l'apparition d'une prsupposition relative l'existence d'un rfrent (il y a des N), la dlimitation de ce rfrent se faisant au niveau de l'assert : ces N que je considre, ce sont les N. Puisqu'asserte, cette dlimitation peut tre module, en particulier par en gnral ou d'une faon gnrale. Dans le cas du proverbe en revanche, et comme le note Kleiber ; 1988 (p. 245), son statut de dnomination prsuppose la vrit de la situation gnrique dnote. On ne peut donc moduler cette vrit par en gnral ou d'une faon gnrale qui enchanent sur le pos, puisque cette vrit est prsuppose. Ce qui n'empche pas de refuser ventuellement qu'une situation particulire justifie l'application du proverbe.

    Sur quoi se fonde la gnricit des proverbes et des phrases gnriques ? Kleiber ; 1988 (op. dj beaucoup cit.), remarque que la gnricit de Les castors construisent des barrages provient en fait du lien strotypique existant entre castor et barrage . Rien de tel pour un proverbe : dans l'exemple cit par Kleiber, Qui aime bien, chtie bien, chtier ne fait videmment pas partie du strotype de 'aimer'. Il s'agit l d'un trait gnral du proverbe, et qui explique que, bien souvent, un proverbe correspond un proverbe antagoniste, ayant le mme caractre de vrit universelle : Qui se ressemble, s'assemble/Les extrmes s'attirent, Abondance de

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  • biens ne nuit pas/L'argent ne fait pas le bonheur, Qui ne risque rien n'a rien/ Prudence est mre de sret, Une hirondelle ne fait pas le printemps/Il n'y a pas de fume sans feu, . . . etc. Ce qui n'est pas possible dans le cas des phrases gnriques par strotypicit : un mme sujet parlant ne peut admettre simultanment comme phrases gnriques Les castors construisent des barrages et Les castors ne construisent pas de barrages. Il nous semble cependant que l'utilisation des proverbes et non le proverbe lui-mme relve d'une certaine strotypicit. Reprenons l'exemple de Qui aime bien chtie bien. Certes, son locuteur l'utilise pour qualifier une situation. Mais il ne se prsente pas comme qualifiant la situation : il prsente la situation comme un cas particulier, une occurrence de la situation gnrique dnote par le proverbe. D'une certaine faon donc, le proverbe joue le rle d'un strotype dont la situation spcifique serait une illustration. Notons ce propos l'importance de la caractristique cadre du discours inhrente au proverbe, et que nous avons souligne prcdemment. Se placer dans un certain cadre discursif revient demander l'interlocuteur d'en faire de mme ou alors de rompre le dialogue. D'o un renforcement de l'aspect strotypique. Prsenter Qui aime bien chtie bien comme cadre discursif, et demander l'interlocuteur de s'y enfermer, c'est, au moins hic et nunc, dfinir la valeur smantique de aimer comme comportant chtier .

    3. Proverbes et videntialit

    3.1. Le caractre videntiel des proverbes

    Les longs dveloppements qui prcdent n'avaient d'autre finalit que de dfinir les proverbes et formes proverbiales et de dcrire leurs caractristiques linguistiques afin de pouvoir les distinguer d'noncs non proverbiaux. Il convient maintenant de dfinir en quoi les proverbes peuvent tre considrs comme des marqueurs d'vi- dentialit.

    Un proverbe traduit un savoir commun, appartenant au patrimoine linguistique. L'information incluse dans un proverbe a donc une provenance folklorique , pour employer un terme utilis frquemment dans les tudes sur l'videntialit. L'emprunt d'un savoir au folklore est rapproch dans la littrature sur l'videntialit d'autres formes d'emprunt d'information, notamment l'information emprunte quelqu'un d'autre (second hand information) et l'information obtenue par ou-dire (third hand information) (cf. par exemple Wllett ; 1988). est clair que le proverbe, de par son caractre intemporel, se prsente comme un savoir qui ne provient pas d'une perception ni d'une inference effectues par celui qui utilise le proverbe. Le proverbe ne se rattache donc pas aux catgories videntielles perception et inference , mais la catgorie emprunt , troisime grande catgorie viden- tielle, plus prcisment l'emprunt une source inconnue ceci la diffrence par exemple des maximes dont l'auteur est connu. La grande diffrence entre le proverbe comme marqueur d'videntialit et les marqueurs traditionnels , tels que le conditionnel d'ou-dire, le devoir pistmique, il parat que, est que dans le cas du proverbe, information et marquage de l'origine de cette information concident.

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  • Le proverbe est en quelque sorte son propre marqueur videntiel : le proverbe, en s 'offrant comme proverbe, signale l'origine folklorique de l'information qu'il contient. C'est en fait le trait [ + proverbial] de l'nonc, trait qui dcoule des caractristiques linguistiques que nous avons dcrites, qui, signalant la provenance de l'information transmise dans l'nonc proverbial, constitue le vrai marquage videntiel.

    3.2. Fonction argumentative des proverbes Dans quel but a-t-on recours ces connaissances strotypes, partageant un

    savoir folklorique ? En tout cas pas pour l'information incluse dans le proverbe lui-mme. Un proverbe n'est pas destin fournir de l'information par lui-mme. Il sert au contraire de cadre et de garant un raisonnement. Le type d'infrence qu'autorise un proverbe est une inference de nature purement discursive, que ce soit de faon explicite ou non. En d'autres termes, et comme dj expos dans Anscom- bre ; 1984, 1989, 1990a, un proverbe recouvre un principe gnral de raisonnement. Trs prcisment, il dnote un topos, c'est--dire le garant d'un raisonnement qui fait passer, dans un raisonnement, du chanon P au chanon Q 9. Que les proverbes dnotent ou non des situations humaines i.e. qu'ils soient proverbes ou dictons, ce sont des rgulateurs de cette activit humaine qu'est le raisonnement. Y compris dans le cas des proverbes mtorologiques, qui ne sont pas de simples descriptions de plausibilits empiriques. Imaginons que A regarde de sa fentre souffler la tempte, et qu'au bout d'un moment, il voie tomber une pluie fine. Il pourrait s'exclamer II pleut. Chic ! le vent va tomber, mais non II pleut. Chic ! Petite pluie abat grand vent ! Il pourrait en revanche dire Petite pluie abat grand vent. On va pouvoir aller se promener. On comprend alors pourquoi un proverbe ne peut tre une rponse complte une demande d'information : un proverbe n'est pas destin fournir une information, mais servir de cadre et de garant un raisonnement.

    Les inferences qu'autorisent les proverbes sont d'un type bien particulier , et trs mdiates. Supposons que A dclare : aime beaucoup mon fils. ne pourrait, sans un certain ridicule, affirmer : Alors tu le punis beaucoup, car qui aime bien chtie bien. pourrait en revanche dclarer : C'est pourquoi tu es si svre avec lui, je suppose. Qui aime bien. . . Autre cas : supposons un garage comportant l'avertissement (frquent) Toute heure commence est entirement due. Ce qui est remarquable ici est qu'une forme proverbiale ne conviendrait pas en la circonstance. Ainsi une formule comme Heure commence. Heure due, serait tout fait incongrue sur la mme pancarte. Supposons qu'un client n'a pas vu la pancarte, et se plaint de ce qu'on lui facture des bouts d'heure. Lui montrant la pancarte, le patron du garage pourrait lui dire : Vous avez vu la pancarte ? Alors, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ! Il faut payer... Heure commence, heure due !

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    InformationsAutres contributions de J.-Cl. AnscombreCet article est cit par :G. Kleiber. Les proverbes : des dnominations d'un type trs trs spcial , Langue franaise, 1999, vol. 123, n 1, pp. 52-69.C. Michaux. Proverbes et structures strotypes, Langue franaise, 1999, vol. 123, n 1, pp. 85-104.Bibliographie gnrale, Langue franaise, 1996, vol. 110, n 1, pp. 118-125.Gouvard J-M. Les adages du droit franais. In: Langue franaise. N123, 1999. Smantique et strotype. pp. 70-84.Pierre Patrick Haillet. Nature et fonction des reprsentations discursives: le cas de la stratgie de la version bmolise, Langue franaise, 2004, vol. 142, n 1, pp. 7-16.Silvia Palma. Les locutions polarit ngative : une approche strotypique, Langages, 2006, vol. 40, n 162, pp. 61-72.

    Cet article cite :Jean-Claude Anscombre. L'article zro en franais : un imparfait du substantif?, Langue franaise, 1986, vol. 72, n 1, pp. 4-39.G. Kleiber. Le gnrique, un massif ?, Langages, 1989, vol. 24, n 94, pp. 73-113.Anscombre Jean-Claude. Imparfait et pass compos : des forts en thme/propos. In: L'information grammaticale. N. 55, pp. 43-53.

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    PlanIntroduction 1 . Proverbes et formes proverbiales : une classe bien dfinie ? 2. Proverbes et formes proverbiales : caractristiques linguistiques 2.1. Proverbes et vnementialit 2.2. L'auteur d'un proverbe. 2.3. Proverbes, gnricit et universalit.

    3. Proverbes et videntialit 3.1. Le caractre videntiel des proverbes 3.2. Fonction argumentative des proverbes

    Bibliographie