Les Livres Sacrés Du Cambodge

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Les livres sacrés du Cambodge.

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    http://www.archive.org/details/revuedelhistoire20pari

  • MIMSTKK'l': Dl'l J.'IXSTIUCTION l'I l'.LK,)!!-:

    ANNALES

    MUSE GUIM ETBmLIOTlIKUUK D'KTlDIiS

    TOME VINGTIME

    LliS 1J\ Ri:S SACHES Dl CAMlJODliE

  • ADFIEMARD LEGLRE ;/^

    LES

    LIVRES SACRSDU

    CAMBODGEPREMIERE PAU ri

    E

    PARISERNEST LEROUX, DITEUR

    28, RUE BONAPARTE, 28

    1906

  • PRFACE m THAUUCTEUU

    Nous nous proposons de donner, sous le titre de

    Licfcs sacrrs du Ca/nhoclr/e, une notable partie dessdOrfs, hanip, j-tconf/, IJjifon et sarodas, qui repr-

    sentent au Cambodge la littrature sacre du Bud-dhisme. Cette publication comprendra dix ou douze

    livres qui paratront par volumes contenant deux ou

    trois livres, si l'Administration du Muse Guimetconsent nous continuer son bienveillant concours.

    Cette anne, nous commencerons par une petite Vie

    da Baddha et par la Vie de Devadaffa qui fut letraitre de la communaut au temps du ]\Iaitre. Lesecond volume comprendra trois des principaux

    Jtakas du Buddha, le Mn/nc Juiaha, le Ni/na-rj'aet le Di/iii. Les volumes suivants donneront le

    Scujaina.la M/ia-suddJfa qui prendra deux volumes,le Vonocli-Vonrt, le HiKi-t/on, le Sng-sl Cliey,etc., puis le Traij-PIum, qui est une .sorte deSomme buddhique, le Trcuj-Plwt qui parait tre unouvrage trs ancien et plusieurs autres choses qui sont

    donnes comme des prophties (twnnecu/) du Buddha,

    d'Indra, du ponha Rng, etc., relatives au Cam-bodo-e

    .

    o1

  • 2 LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    Tous ces ouvrages ont t recueillis au Cambodge,traduits sur place et annots avec le plus grand soin.

    Ils combleront en partie une lacune dans notre librai-

    rie et donneront aux lecteurs qui s'intressent aux

    choses de rExtrme-Orient, aux religions de l'Indeet de rindo-Chine, les moyens de connatre par destraductions franaises, des livres qui sont dj depuislongtemps la disposition des peuples de langue

    anglaise et de langue allemande.

    Les traductions que nous donnons ici tant cellesdes leons cambodgiennes d'ouvrages plis ou san-scrits, c'est--dire de livres provenant de la plus

    intressante de nos colonies, au point de vue archolo-

    gique et de l'tude des religions, le seul que nousayons envisager ici, permettent de mieuxpntrer dans l'me, dans la conscience et dans lamentalit d'un peuple qui nous a confi ses desti-

    tines. C'est en tudiant ses livres religieux, qui sont

    ses livres d'ducation, autant que ses recueils de loisque j'ai dj successivement donns, que nous par-viendrons lire en lui ce qu'il est ncessaire quenous sachions pour le galvaniser, lui rendre son ner-gie perdue et le conduire aux nouvelles destines quenous paraissons lui avoir ouvertes en pntrant chezlui, en le mettant en contact avec des hommes d'uneautre race, avec une civilisation plus avance, autresurtout que celle dont il mourait. Nous avons trouvce peuple couch sur les ruines de sa grandeur, de sa

  • PREFACE DU TRADUCTEUR 3

    puissance passes, incapable d'un mouvement pourchapper la mort, d'une pense nouvelle pour sortirde ce Nirvana, de cette maladie du sommeil intellec-tuel qui laisse vivre le corps alors que dj l'me estmoribonde ; il nous appartient de le rveiller.

    Ces livres permettront nos concitoyens qui vivent

    au Caml)odge de mieux comprendre le mal dont il semourait, d(^ mieux connatre le frein moral qui lieles consciences khmres, et qui, hlas ! lie aussi lesnergies, endort l'esprit et tue la nation. Peut-tre,

    aprs les avoir lus, aprs avoir compris l'action que

    doit exercer la longue une morale ainsi anhumaineque celle qu'on trouve dans les livres buddhiques de la

    perfection en vue du salut et de la mort al^solue duNirvana, compi'endront-ils quel est le moyen qu'il fautemployer, pour sans ruiner la moi'aUt, sans briser

    tous les principes (Voi'dre social et d'honntet, qui

    sont l'armature du peuple cambodgien, galvaniserces hommes qui, dans la recherche du salut personnel,ont perdu la notion de ce qu'ils doivent au pays,

    tout sentiment de solidariti' sociale. Si ces livres

    avaient cette action, s'ils taient assez forts pour

    obliger ceux qui les liront, surtout ceux qui les liront

    au Caml)odge, regarder de plus prs la consciencecambodgienne, ils auraient rendu le service le plus

    grand que nous attendons d'eux.

    Adhmard Leclre.

  • LIVRE PREMIER

  • INTRODUCTIONA

    LA VIE DU BUDDHAd'aprs

    Le P/'pas Pailinina Sampho t/t tan cannhodgcn

    En 1895, le Pras smdach m:\lia-sngkliracli, qui estle chef suprme des religieux de la secte des Mhanikay auCambodge, et dont les titres peuvent se traduire par lesaint rja de la grande snglia ro^'ale , me remit unepetite Vie du Budd/ta, l'usage des novices et des jeunesmoines. Son titre cambodgien, driv du pli, est PrasPathama Sinphothian . C'est la traduction de ce petitmanuscrit (|ue je donne ici.

    Il est loin d'tre aussi complet que la vie du Buddlia dontM. l'vque Bigandet a donn la traduction, sous le titreVie ou lf/ende de Gautama, le Buddlia des Birmans, rpieles manuscrits utilis(\s par fSpence Hardy pour composer laLf/ende du Buddlia qu'il a donne dans son Mannal ojBudhism. Cependant, tel qu'il est, le Pras PathamaSmp/iot/iian est encore trs intressant et trs curieux tudier, malgr qu'il soit un abrg et malgr ses lacunesgraves ; d'abord parce qu'il contient un certain nombre devariantes qui permettront peut-tre aux indianistes de d-couvrir quelles sources les cambodgiens ont puis, ensuiteparce qu'il nous enseigne ce qu'est le livre principal de

  • 8 LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    l'ducation religieuse d'un peuple que sa destine a plac

    sous notre protectorat.

    J'ai cru devoir, en des notes souvent trs tendues bien

    que suljstantielles, indiquer en ({uoi cette petite Vie duBuddha, leon cambodgienne, diffre :

    1 Du Lalita-Vistara de M. Foucaux, qui est une leonnpalaise et sanscrite de la vie du Buddha s'arrtant l'ob-tention de la Bodhi parle Saint. L'dition dont je me suis

    servi est celle des Annales du Muse Guimet qui a. paru en1884 (tome VI).

    2 De la Lgende du Buddha que Spence Hardy a donne,d'aprs les livres singhalais et plis dans son Manual ofBudhrsm. J'ai employ la seconde dition anglaise qui estde 1880.

    3 De la Vie ou Lgende de Gautaina, le Buddha desBirmans, que M. P. Bigandet, voque de Ramotha, vicaireapostolique d'Ava et Pgou, a donne d'aprs un textebirman. Je me suis servi de l'dition franaise de M. Victor

    Gauvain, 1878\4 De la Life of Buddha d'aprs un ouvrage siamois, le

    Pathamma SompotJiyan, que M. Henry Alabaster a donnedans son Wheel of the law Budhism, en 1871, qui, demme que le Lalita-Vistara, ne conduit pas plus loin quel'obtention de la Bodhi.

    J'espre que ces notes, qui ne gneront pas beaucoup le

    lecteur bnvole, rendront quelques services aux india-

    nistes qui voudront apprcier la leon cambodgienne et luidonner, dans la bibliothque bouddhiste dj volumineuse,la place qui lui appartient. J'ai suivi le texte d'aussi prs

    que j'ai pu, en l'allgeant parfois des rptitions quil'alour-

    1. M. Bigandet, vque franais de la Socit des Missions tran-gres dont le sige est Paris, a publi cet ouvrage en langue anglaise.

  • INTRODUCTION 9

    dissent chaque phrase au point d'en rendre la lecture

    trs fatigante, trs pnible;

    je me suis bien gard de l'ar-ranger, de lui donner la grce cfu'il n'a point. Je lui ailaiss toute sa scheresse originale qui le place l)ien au-

    dessous des leons birmane, siamoise, singhalaise, o setrouvent de l'allure, du style mme et de trs belles pages.J'ai voulu tre aussi exact dans cette traduction, aussi

    impersonnel que possible. J'espre y tre parvenu.

    Faut-il maintenant dire mon sentiment, je ne dis pasmon avis, sur la source o les cambodgiens ont puis? Ilme semble qu'elle est plie, singhalaise, la mme qui a ins-pir les adaptateurs l)irman et siamois, mais que le tra-

    ducteur cambodgien, tout en abrgeant beaucoup, plus

    que le birman et le siamois, a suivi l'original de plusprs pour les faits, en mettant dans sa traduction le moins

    qu'il a pu de lui-mme et rien de sa littrature. C'est ce

    que dmontreront une certaine quantit de mes notes. Il ya de ces petits dtails, qui se retrouvent dans le texte birman

    et pas ailleurs, qui dmontrent une source commune. Maisquel est le texte pli que les traducteurs birman, cambod-gien et siamois ont adapt ? C'est ce que je ne saurais dire.

    C'est un spcialiste qu'il appartient d'indiquer les sources

    premires de cette vaste propagande qui s'est tendue

    toute rindo-Chine aryenne, aprs la dfaite de l'glise

    sanscrite, les livres qui ont t les points d'appui de cette

    propagande. Mes lumires et mon loignement des biblio-

    thques ne me permettent pas de me prononcer sur ce point.

    Cette petite vie du Buddha que je donne ici est M,connue au Cambodge. Deux fois, je l'ai entendi/lire^aiTemple, en prsence des fidles assembls et silen^i^x, paj

  • 10 LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    un religieux assis dans la chaire prcher, les jambes croi-ses rituellement, le satra de feuilles de palmier pos sur

    les genoux. Sa voix s'levait haute, claire, un peu chan-

    tante, comme celle do tous les religieux quand ils disent lesgathas ou lisent les livres sacrs. Il prononait bien les

    mots d'origine plie dont le texte est parsem, mieux mmeque ne l'indique l'adaptation des caractres la reproduc-

    tion de cette langue. On sentait qu'il savait que ces carac-tres ont une autre valeur quand ils reproduisent un motde la langue sacre, mais le plus souvent il confondait led et le t, le b et le p; quelquefois il prononait o^ pour i,ey pour i ou /, surtout la hn des mots. Presque toujoursla vocalisation hnale tait peu sensible ou tout fait nulle.

    Un fait qui m'a surpris, c'est le silence que l'assembleobservait, l'attention que cliaque fidle soutenait, mme lesenfants. On sentait que pour ce peuple trs croyant, trsreligieux, trs pratiquant, c'tait bien la vie du Matre, duProfesseur, du D-man-bon ou Prdestin, du Sauveurdes tres, qu'on entendait. Une vieille femme, toutes lesparoles du Saint, levait les deux mains jointes au-dessusde sa tte et s'inclinait ; une autre appuye terre sur sesavant-bras, les mains jointes, restait immobile, le front

    pos sur ses poignets ; une jeune femme suivait la lectureet, de temps autre, son regard allait du lecteur l'normestatue du Saint qui, sur l'autel o brlaient cent ciergesentre des baguettes d'encens ((ui fumaient, montrait le son-

    rire du calme parfait. Je sentais (|u'elle vivait un peu decette vie du Grand-Ktre et que, prise par sa foi, elle n'etpas t tonne de l'entendre parler, de voir s'agiter ses

    lvres et ses yeux. Le nom de Mha-Maya, la mre duBuddha, faisait battre les paupires de plus d'une femme etj'ai vu les lvres de l'une d'elles murmurer. Peut-tre de-

    mandait-elle aussi, comme Mha-Mava l'une de ses exis-

  • INTRODUCTION 11

    tences antrieures, d'tre un jour le Pras Kanlong Pras,le (( saint passage du Saint , c'est--dire la mre d'unBuddlia.

    J'ai cru pouvoir diviser en trente-six paragraphes la lon-

    gueur de cette vie du Buddha qui ne comporte aucune divi-sion dans le texte, et donner ces paragraphes les titres quiparaissent le mieux leur convenir. Ceci dans le but seul dejeter un peu d'air dans un texte trop lourd et d'en rendrela lecture plus facile. La multiplication des alinas a aussicet objet pour but.

    J'ai traduit les mots D-man-bon par le Prdestin ;

    j'aurais pu le traduire aussi par celui qui est dou .J'ai traduit le mot P/'as qui a le sens probable de

    sacr , de saint par le Saint . Dans mon Livredu Vsandr, le roi charitable, que j'ai donn en 1898dans la Revue Normande et Percheronne, et, en tirage part, en 1902, chez Leroux, j'avais tir ce mot du plivara, excellent. M. Finot, directeur de l'Hcole franaised'Extrme-Orient, et M. Aymonier, directeur de l'colecoloniale Paris, ont critiqu cette tymologie. Malheu-reusement, M. Finot ne dit pas ce qu'il faut entendre par lemot Pras et M. AymonicM^ le fait driver de brahma, car, sile mot brcdiman adonn pj'ahmanen cambodgien, brahmadonnerait rgulirement prahm, et non pras. Prafi n'estpas davantage le sanst-rit para.ma, puisque l'on trouve dans lePras Pathama Smphothian, l'expression pras baromey,dans laquelle baromey est le sanscrit parami. Il est vrai-semblable que le mot caml)odgien pras, siamois phra,drive du mot sanscrit brJiat grand, lev , de la racinebrh, (jui est berez dans les langues iraniennes et dont on

    retrouve dans le nom de l'Alborz, un driv adjectival,bere:;a.nt, identi(|ue comme formation au sanscrit brJiat,brhant. L's final de pras s'explique comme celui du nom

  • 1^ LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    de la ville de Rarhakris, qui vient du sanscrit Rjagriha.J'ai traduit les mots Pvas ngk par le Saint aprs

    avoir hsit les traduire par la Sainte-Personne et le

    (( Saint-Corps . Cette dernire traduction et t la plus

    litt

  • LE PHAS PATIIAMA SAMPHOTIIIAN

    1. La suite des Rois

    On commence ici raconter la suite des rois qui ontrgn dans le Chompu-dipa' jus(|u' maintenant.Au dbut de ce temps {kal), au [rejcommencement de la

    terre, le Mlia-Sammati-rach' tait le premier roi [krsatr)de la terre. Pourcpioi fut-il ainsi nomm ? Parce qu'il tait le premier roi du Chompu-dipa.Au commencement du kal, comme il n'y aA^ait pas de

    roi (jui rgnait sur la terre, les hommes faiseurs de champsconvinrent ensemble de prendre un d'entr'eux pour recevoir

    leurs rclamations et les commander. C'est pour cette rai-son qu'on lut un khatija"* et qu'il y a des rois depuis cetemps-l.

    Le Mha-Sammati-rach engendra Rouchos qui, la mortde son pre, monta sur le trne. Rouchos engendra Vorou-

    chos qui, la mort de son pre, monta sur le trne. Vo-

    rouchos engendra Vororouchos qui, la mort de son pre,

    monta sur le trne. Vororouchos engendra Kalyanas (pii,

    1. Continent du Jambu, au sud du monde, l'Inde et l'Indo-Cliine.2. On trouve aussi, en d'autres textes, Saminata rach, Sainntana

    rach et Samnhuti rach.3. En sanscrit khshatriya.

  • 14 LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    la mort de son pre, monta sur le trne. Kalyanas engendra

    Vorokalyanas qui, la mort de son pre, monta sur letrne. Vorokalyanas engendra ]\Iontata qui, la mort deson pre, monta sur le trne. Montata engendra Saka-montata qui, la mort de son pre, monta sur le trne.Sakamont('ata engendra Obsotli qui, la mort de son pre,monta sur le trne. Obsotli engendra Voros qui, la mortde son pre, monta sur le trne. Voros engendra Opavorosqui, la mort de son pre, monta sur le trne. Opavorosengendra Mokhotvas' (|ui, la mort de son pre, montasur le trne.

    2. Fondation de Kapilavastu

    Depuis ce dernier roi jusqu'au roi Okakas'", il y eutquatre-vingt-quatre mille rois. Le roi Okakas avait cinqreines {inalisey), nang Hatha, ncang Clitta, nangChonto, ncang Clialini, nang Visaklia". Nang Htlia,(|ui tait la grande reine, eut quatre lils et cinq lillcs. Les

    1. Ces noms en pli correct sont : Koj, ^"arj, Kalyan, ^'araka-lyan, Mandata, Sakaniandata (que Spcnce Hardy ne nomme pas dansson ManiKil oj' Bud/iism), Uposatha, Yarasa (que Sp. Hardy nommeChara), Upavarasa (que le mme auteur appelle Upachara),Makhadeva.

    D'autres textes et les textes indiens placent, entre le roi Upachara-Upavarasa et Makhadeva-Mokhotvas, les rois suivants : Jatiya, Mu-chala, Muclialinda, Sgaradeva, Bharata. Bhagirata, Rchi, Sruclii,Prtapa, Mhaprtapa,, Dliammapala, Panada, Mliapanada, Sudar-sana, Mhasudarsana, Mru, Mliamru, Asvamanda, Msagara.

    Uposatlia est considr dans les textes comme le premier roi suze-rain (c/idLrpatrd-h/.i-araiiin) et le roi Mhaprtapa, comme le pre-mier meurtrier du monde restaur ; il tua son "fils hritier pour punirsa mre de son orgueil et tomba tout vivant en enfer.

    2. Okkaka ou Amba-Okka,ka. Les textes singalais donnent ce roile nom d'Ambaokakas

    3. Hasta, Chitra, Jaiitu, Jiini et Visakba. Xcaiiij, dame.

  • LE PRAS PATHAMA SISIPHOTHIAN 15

    quatre fils taient Okakamukha, Kantlia, Hthan, Ksani\Les cinq filles taient nommes nang Piya, nang Sii-piya, nang Anonta, nang Vichita, nang Vichitsna\Tels taient les quatre garons et les cin(| filles de cettereine.

    Aprs la mort de cette princesse, Okakas pousa la filled'un roi tranger et l'leva au rang de malisey'. Cettedame eut un fils nomm Chonto-kaumar'. Quand ce gar-on eut cinq mois, sa mre l'habilla richement et le con-duisit saluer son royal pre. Le roi, voyant son fils, l'aima

    beaucoup et cette nang lui demanda de prendre enverselle l'engagement solennel de lui donner les biens royaux(c'est--dire le trne). Le roi se lcha contre elle, cria etl'injuria. La dame, voyant la colre du roi, resta silencieuse.Plus tard, tant couciie prs du roi et voyant qu'il taitcontent d'elle, elle lui demanda de nouveau le trne pourson fils. Le roi consentit et en prit l'engagement solennel.

    Plus tard, le roi fit appeler ses (juatre premiers fils etleur dit ces pwrohs: O enfants, votre pre a di'j donnles biens royaux au prince Ciionto, votre jeune frre. Alors,montez sur vos lphants, sur vos chevaux, sur vos voi-

    tures et sur vos chars' ; (juittez le royaume, allez cheicher

    un endroit favorable; |)our vous tablii' heureusement enattendant la disparition de votre pre. Alors vous pourrez

    revenir pour rgner.

    Ayant ainsi parl, le roi leur donna huit olliciers royaux

    pour les accompagner. Les (juatre princes partirent et em-menrent leurs cinq surs avec eux.

    1. Ulkaniukha, Kalaiiduka, Hastanlka et Purasuiiika, ou Sirinipura,2. Priya, Supriya, Nanda, Vijita, Vijitasena.3. Mahsi, titre de la premire reine.4. Jantakumara, le prince Janta.5. Rutcs^ voiture; rutli., char.

  • 16 Les livres sacrs di Cambodge

    Quand les princes et les princesses quittrent le royaume,les ministres, les officiers, les conseillers, les gens duroyaume les suivirent en grand nombre. Ils entrrent et

    s'arrtrent dans la fort liimalayenne.

    En ce temps-l, le Pras Put', qui fut notre matre, avait

    pris renaissance dans une famille de Brahmanes opulents^

    et se nommait Kbl-kaumar'. Aprs la mort de sa mreet de son pre, ce brahmane, n'estimant plus les richesses,distri])ua Uma ses biens aux mendiants. Ayant ainsi donntout ce qu'il possdait, il fut se faire eysey'' sous le nom de

    Kbl-eysey dans la fort des Sakas.Cet eysey connaissait les endroits de la terre favoral^lcs :i

    la construction des villages et savait (ju'en tel endroit

    devait, l'avenir, natre un grand royaume.Les princes royaux vinrent en cette fort liimalayenne et

    cherchrent un endroit favorable la construction d'un

    village qui, par la suite, pt tre leur royaume. Marchantainsi, ils hrent la rencontre de Kbl-eysey. Celui-ci leurdemanda : Que venez-vous faire ici ? Quelle raison vous aconduits l ? Les princes dirent au Kljl-eysey la causequi les amenait (dans la fort). L'eysey, apprenant leurhistoire, fut pris de piti pour eux et leur dit : a princes,

    s'il en est ainsi, cet endroit est superbe. Si vous y cons-

    truisez un royaume (une ville royale), ce royaume deviendrale premier des grands royaumes. Alors les cpiatre princesamnagrent cet endroit et lui donnrent, cause de l'as-cte, le nom de K(')l)la-pho,sn''. Cet endroit devint ainsi un

    royaume.

    1. Vouv PouUiisdt ; p;"ili hod/iisatta ; SiinscvU, hnd/iisdttpa.2. Bruhrriana iixduisal, du pli ina/iasasdla.3. Prince Kapila. Kanmar, du sanscrit Liiinara.A. Du pli isi; sanscrit /'.s/;/, ascte.5. Sanscrit, iKKjara, Kapllarnsla ; pli, inii/dfa KapUacaUii, ville

  • LE PRAS PATHAMA SlSIPHOTHIAN 17

    Les huit conseillers qui taient venus avec les princesroyaux les marirent avec leurs surs ane ou jeunes etils devinrent poux (svametj) et pouses {tpy). L'uned'elles, l'ane, fut leve au rang de reine-mre.

    C'est parce que ces princes pousrent leurs surs aneou jeunes que, depuis ce temps-l, on nomme le roi Sakya-rach

    .

    3. VSANDR

    Un grand temps s'coula depuis cette poque jusqu'celle o le Putliisath renaquit sous le nom de sdach V-sandrV Sa reine tait nang Mtri'. Il eut un fils nommChaly' et une fille nomme Krsna'. Vsandr distri-buait tous les jours, sans cesse, de grandes aumnes auxmendiants. Il possdait un lphant blanc qui se nommaitPaciiay-nak'' et (jui tait le bonheur, la prosprit et laflicit {mongkol chmrun sokh suosdey) du royaumede Srey-Phirast.En ce temps-l, le pays de Klngka^ tait dsol par la

    de Kapila;phosn (le cai'actre no ne se prononant pas en cambod-

    gien) parat tre l'altration du pli b/iasanam, clatante, radieuse;Kbla-phosn serait alors, Kapila-la-r(uUcusc (?

    )

    1. Roi Vsantara. Voyez mon Licrc de Vsandr, le. i-ol eliarl-tdble. Leroux, 1902.

    2. Les textes plis lui donnent le nom de Madri. Kcuif], dame.3. Voyez mon Cainhod;/e, contes et (r/endes, Paris, Bouillon (1894);

    et mon Licrc de Vsandr, le roi chai-ltalde. La forme plie estJali.

    4. On trouve aussi Kanf/Iia dont la forme plie est Kan'jhajinu ; etKrsanar, dont la forme plie est Krishnajina.

    5. On trouve aussi jircas c/iei/ ncthen du pli jaiji n(jin, lphantglorieux

    .

    6. Kdltn;/a, le Bundhalkhand actuel ou peut-tre le Kilindrina dela gographie de Ptolme, qui se trouvait vers la Yamuna et la Ganga. Mon manuscrit porte fautivement Lo'n(jka racli.

  • 18 LES LIVRKS SACRS DU CAMBODGE

    scheresse; la famine y dcimait les habitants. Le roi de

    ce royaume, ayant entendu dire que le roi Vsandr pos-sdait un bel ljDhant blanc qui donnait la prosprit, laflicit, aux habitants du Srey Phyrast', envoya huitprahm" demander cet lphant au roi Vsandr ; celui-cile donna en aumne aux prahm et ces prahm formrentle souhait heureux pour lui {chey por), puis ils emme-nrent cet lphant au royaume de Klngka. Alors, dans ceroyaume, l'eau tomba et le paddy, le riz y pourrit en grandeabondance'.

    Cependant les habitants du royaume de ^Srey Phyrasts'ameutrent trs fchs contre le roi Vsandr et furenttrouver le krong srey [Snhchey]^ qui tait son pre etlui dirent : Vsandr^ votre fils royal, a pris l'lphantPachay nak, la prosprit du royaume, et il l'a donn enaumne contrairement aux traditions, Alors, le roi V-sandr sortit du royaume, emmena sa femme et ses enfantset fut se faire ascte (eysey) sur le mont Kirivongkot'.En ce temps-l, un brahmane nomm Chuchok-Prah-

    man^ le suivit et lui demanda ses deux enfants. Le roi leslui donna en aumne et le brahmane emmena les deuxenfants royaux. Ensuite le Prah-Eynt (Indra), ayant prisla forme d'un bralimane, vint demander en aumne

    1. Le Siifra du roi CJii''alj/ de mes Contes et lfjendes donne ceroyaume les noms de krong Pichey-cliettada-srey-pliyras, et le

    Licre de Vsandr le nom de Clidok. Il s'agit du Jetuttura des textesplis. La forme correcte pourrait tre alors Vijaya-jctuttura-siri-Prijata ou Pirashtra (Birat).

    2. Brahmanes.3. Le paddy est le riz non dcortiqu.4. Le souverain .Sri Sanjaya..5. Vaiigagiri, la montagne crochiie.6. Jujikabrahman. Le Lici-e du /'oi c/tcu-itablr njontc qu'il liabi-

    tait le Kloengkras, c'est--dire le pays d'o taient venus les huitbralimanes qui avaient dj obtenu l'lphant blanc.

  • LE PRAS PATHAMA SMPHOTHIAN 19

    nang Mtrv ; Vsandr la donna en aumne Eyntpralim.

    Quant Chuchok qui emmenait les deux enfants royaux,il voulait aller au Klngka, mais un tvoda (devata) l'garasur la route et le conduisit au royaume de Chettada [SreyPhyrast], Le krong' srey Sanhchey reconnut Clicaly etKrsna, ses petits-enfants {notto-notta) garon et fille, et

    apprit (]ue Vsandr les avait donns en aumne au brah-mane. Il commanda de rassembler des richesses et de lesracheter. Ils furent rachets au brahmane.Les deux petits-enfants furent les guides de la route et

    conduisirent les dignitaires' et les quatre corps d'armepour aller trouver leur pre au Kirivongkot et lui porterl'ordre de quitter son tat religieux pour rentrer dans le

    royaume o serait refaite la crmonie aphisek' pour re-monter de nouveau sur le trne (}t gouverner conformmentaux dix rgles anciennes :

    Tanarifj. Distribuer tous les jours des aumnes auxpauvres.

    Silang. Observer tous les jours les cinq et les huitprceptes.

    Bariclichatang . Etre prt donner sa femme et sesenfants.

    Achavamj . Avoir le cur juste et bon.Mottliovcuifi . h'.tre misricordieux pour son prochain

    et pour les animaux.SclirJiang. Lire vrai dans ses propos.

    Khnti. Ltre patient.

    1. Le mot hroii;/ que nous avons dj i-encojitrc est un mot cambod-gien qui signifie aussi bien royaume que souverain.

    2. Chtorong, du sanscrit ratiir((iif/a, qui a aussi le sens d'arme,comprenant de l'intanterio, de la cavalerie et des lphants.

    3. Ablnshkn, la crmonie de la conscration royale par l'eau.

  • :^0 LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    AJitliom. l'tre sans colre.

    Aai/iimsang. Ne pas faire souirir, ne pas gner lesgens et les animaux.

    AvJrou.tJtom. Ne })as succomber aux tentations'.

    Quand l'unnent Bodliisattva naquit et l'ut Prcas V-sandr, il observa compltement la trs haute rgle en dixarticles et vcut jusqu' un certain ge; il mourut, juiis ilalla renaitre au Dost-suorka' o il vcut heureux et tran-quille, au milieu des biens divins.

    4. Deuxime suite des Rois

    Aprs la mort du Poutisat, Chaly etKrcesna ses propresenfants, furent choisis parles habitants de Tvalongka pourrgner dans leur royaume. Ils furent maris ensemble par

    eux et la crmonie de l'ondoiement fit d'eux les premiersrois du monde. Chaly eut de sa sur un fils nomm Sivi-vakan (jui, la mort de son pre, monta sur le trne. Il eut

    un fils nomm Sihassaras (jui, la mort de son pre, montasur le trne.

    Depuis ce roi, jusqu'au roi Mha Tibati, il y a eu quatre-vingt-deux mille rois. Le dernier de ces rois eut deux

    enfants, Chysen et un nomm Chyotip'. Chysen pousaune noble dame du royaume de Kbla-phosn^ qui futsa reine. A la mort de son beau-pre, il monta sur le trne

    1. Les dasaprainlts ou dix perfections sont : 1 dnapramii,2 silaprainit , Z" parlccapramif , 4 achacapramlt, h" mafthn-i-apdramiln, 6" saccapramitn, 7" /./inntipdramit, 8" ahodliapi-ainit,9 avi/iiiiisapramit, 10 (triruddhaprainit

    .

    2. Tiisita sra/-fja, le paradis Tusita, le quatrime des dvalokas.3. Jai/nscnaet Jar/adcra.4. Knpilacastu, la ville de Kapiia, duiit iwu>- avons vu plus haut la

    fondation.

  • LE PRAS PATHAMA SMPIIOTHIAN 21

    de Kbla-pliosn. Il eut un garon et une (illc, lo nommSihtanu' et la nomme Yostliara'.Quant Clicyotip, il resta au royaume de Tvalongka' et

    succda son pre quand il fut mort. Il eut deux enfants, ungaron nomm Tip-kaumar et une fille nomme Kchayana.

    Silitanu du royaume de Kbla-pliosn, pousa nangKchayana du royaume de Tvalongka qui fut sa reine etil eut d'elle cinq fils : Suthton, Ktton, Stton, Ami-tton, Sakton, et deux filles: Amitta et Palita',De son ct, Tip-kaumar, du royaume de Tvalongka,

    pousa nang Yosthara (|ui fut sa reine' ; il en eut deuxfils, Clionatipas" et Pndavas, et cinq filles nommes nangVthika, nang Ksini, nang Tliaravati, nang Soma-vat, et nang Paphavat.

    Chonatipas prit nang Sononta' et en fit sa reine; il en

    1. Singha/iann.2. Yonnudava.3. Le texte siamois donne ce royaume le nom (1(^ Devadaha (Voyez

    Alaba^tei', TIti; wliocl of flip lac Buddlusin Uliislratcd froiu siaincsc,sources, etc., pp. 79 et 178 (n. 27). Co royaume, ou ville royale, portaitaussi le nom de Koli.

    4. Cinq fils : Suddhodana, Gh(itltod(ui(i, Dho/od

  • 4ld LES LIVRES SACRES DU CAMBODGE

    eut trois filles, nang Mba-Maya, naag Pchapati, nangTondapani' et un fils, Sopaputh'.

    Suthton prit nang Maya et fit la crmonie de l'ondoie-ment pour en faire sa reine au royaume de Kbla-pliosn.

    N'otc. Le Mariage de Mha-Maya

    Un autre tout petit livre intitul Pvas Mlia-Mdtja-Lah,que j'ai sous les yeux, donne cette courte histoire de la mre duBuddha :Au temps du Buddha Vipassy, la princesse Mha-Maya,

    qui devait tre la mre de notre matre, tait fille du roi dePanthumavati. Ayant offert au Buddha Vipassy de lapoudre de bois de santal, elle lui adressa cette prire : seigneur, qui tes le matre des trois mondes, faitesqu'au cours de l'une de mes existences futures, je sois a lesaint passage du Saint (la mre d'un Buddha).Longtemps aprs, l'poque du Buddha Kasyapa, la

    princesse Mha-Maya se trouva fille du roi Kingkisa et senommait Sotharama; elle faisait beaucoup l'aumne auBuddha, ses disciples et se distinguait entre tous lesfidles laques par sa pit.

    A sa mort, elle alla renatre au paradis d'Indra, puis ellereparut sur notre terre comme fille du roi de Mathura, sousle nom de nang Phusati. A la dissolution des cincf l-ments de son tre corporel, elle alla renatre au paradis des

    Tusitas. C'est de ce bienheureux sjour qu'elle descenditsur notre terre, une fois encore, pour tre la fille de Pras

    1. Mha-Maya, Mlia-Prijapati et Dandopani. Spence Hardy nenomme que deux flUes de Chonatipas dans son Manuai of Budhism.

    2. Supra-Buddha, pre de Mha-Maya, ici donn pour son Irre. Iltait aussi pre de Devadatta.

  • LE PRAS PATHAMA SMPHOTHIAN 23

    Ankana, roi de Tvalongka (Devaclaha). Elle surpassaitalors en beaut toutes les filles du Chompu-dipa, possdaitles cinq beauts du corps et les soixante-quatre signes dela supriorit de la femme. Son nom tait Mha-Maya-Lak-khana. Elle tait aussi vertueuse que belle et jouissait de laconsquence de tous ses mrites. Un jour qu'elle distri-buait du riz des pauvres, son vase ne cessa pas d'treplein bien qu'elle y puist sans cesse ; quand elle eutdonn tous ceux qui s'taient prsents, et ils taienttrs nombreux, le vase tait encore plein. En outre, tousles malades qui parvenaient toucher sa main taientguris.

    Alors les rois des Yaksas et les quatre gardiens dumonde veillaient sur elle et la protgeaient sans cesse, carelle devait, conformment son souhait fait au temps duBuddha Vipassy, tre la mre du Buddha, notre Matre.En ce temps-l, Sihtanu, roi do Klxrla-phosn, tait vieux

    de soixante ans. Voulant marier son fils Suthton, afin delui abandonner le pouvoir, il avait cliarg huit Brahmanesde chercher, au travers des royaumes voisins, une princesse

    digne d'tre l'pouse de son fils Suthton, ayant les cinqbeauts du corps et les soixante-quatre signes de la sup-riorit fminine.

    tant parvenus, aprs avoir parcouru en vain plusieursroyaumes, dans celui de Tvalongka, ils entendirent parlerde la princesse Mha-Maya et se prsentrent elle, alorsqu'elle tait dans le jardin royal en compagnie de ses sui-vantes, occupe confectionner des guirlandes de fleurs.Comme ils avaient l'apparence respectable, la princessene crut pas devoir s'loigner d'eux et leur demanda qui ilstaient :

    Nous sommes, dirent-ils, les envoys du Pras Sihtanu,le roi de Kbla-phosn, et nous parcourons les royaumes,

  • 24 LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    avec la mission de chercher pour son fils une princesse ayant

    les cinq beauts du corps et les soixante-quatre signes de la

    perfection fminine. Le roi a soixante ans d'ge et notre

    jeune prince, Pras Suthton, vient d'avoir seize ans. 11 estbeau, plein de grce, de science, de sagesse, et notre roi

    veut, aussitt aprs son mariage, lui remettre le pouvoir.

    Il semble bien, maintenant que nous vous voyons, que vous

    tes la femme digne d'tre l'pouse de notre jeune prince.La princesse, ces mots, prouva une grande joie en son

    cur, un grand amour pour le prince Suthton, mais, com-primant sa passion, elle rpondit : Brahmanes, cesont l des choses dont il faut parler mon pre, non moi.

    Le roi ayant cout les envoys, aprs avoir pris l'avis de

    ses conseillers, consentit donner sa fille au fils du roi deKbla-phosn, et lui renvoya ses envoys avec de nombreuxprsents.

    Le roi Shtanu, ayant entendu ses envoys, chargea de

    suite Sodhatha et trois autres sakyas d'aller officiellementdemandera son pre la princesse Mha-Maya pour son filsSuthton.A leur retour, il rassembla les princes de son royaume

    au nombre de dix mille cavaliers et, leur tte avec son fils,il se mit en route pour la ville royale de Tvalongka. De sonct, le roi Ankana alla au devant du roi de Kbla-phosnjusqu'au jardin royal et lui rendit hommage, puis, de suite,il donna l'ordre de tout prparer pour le mariage. On levatrois palais magnifiques et un temple, et dans ce temple onplaa un trne royal orn de pierres prcieuses.Le jeune prince et la jeune princesse furent chaque jour,

    pendant quatre mois, baigns de l'eau parfume contenueen soixante vases, afin que toute l'impuret de leurs corpsdispart, puis Pras Suthton revtit les vtements royauxet prit les cinq insignes de la royaut, qui sont : le parasol

  • LE PRAS PATHAMA SMPHOTIIIAN 25

    blanc cinq tages, l'pe royale, l'ventail royal, les chaus-sures brodes d'or et le mokot d'or garni de pierres pr-cieuses'.

    Le moment propice tant venu, Pras Mha-Maya montasur un char magnifique et s'achemina vers le temple avecson pre et une escorte de dix mille cavaliers. Alors lesdieux de la terre, des airs, des arbres, accoururent par mil-liers, par dix milliers, par cent milliers, pour former l'escorte

    de celle qui devait tre la mre de notre Matre. Et Indrales conduisit lui-mme, pendant que Sotavas-mha-brahma'et Sahampati-mha-brahma'' portaient l'im, le grand parasolroyal, l'autre une jarre de cristal pleine d'eau parfume.De leur ct, venaient le roi Shtanu et son fils escorts dedix mille cavaliers.

    Dans le temple, le brahmane prit le poignet du princeSuthton et le fit asseoir sur le trne, puis il prit la prin-cesse Mha-Maya parle poignet et la fit aussi asseoir sur letrne. Cela fait, prenant sept fils de coton, il fit la ligature

    des poignets. Alors Indra sonna de la conque marine, le

    grand brahma Sotavas les bnit et le brahma Sahampativersa sur eux l'eau de senteur de l'ondoiement.La terre trembla, les eaux de la mer gonflrent et les di-

    vinits du ciel jetrent des fleurs sous leurs pas. La reineSunantha, pouse du roi Ankana et mre de Mha-Maya,fut si surprise de voir ces phnomnes marquer le mariagede sa fille, qu'elle alla de suite faire une offrande aux divi-

    nits et leur demander la grce de renatre aprs sa mortdans le paradis des Brahma-lokas.

    1. Le mokot (pli malaita) est la couronne; au Cambodge une soi-tede coilui-c pointe trs leve et oreilles.

    2. Mis ici pour Sudassa. C'est ce roi des brahmas du quatorzimerupa brahmaloka, que nous verrons plus loin recevoir dans un filet d'orle Bodhisattva naissant.

    3. Voy. la note du paragr. 17.

  • 26 LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    Les deux rois firent alors les souhaits d'usage eu faveurdes jeunes poux, puis, la crmonie acheve, le roi de Ka-pila, son fils Suthton et la jeune reine Mha-Maya, ayantsalu la reine de Tvalongka, escorts par dix mille cava-

    liers de la race des Sakias, se mirent en route pour rentrer

    Kapila.

    On renouvela dans cette capitale la crmonie du couron-nement devant tout le peuple assembl et les habitants duroyaume furent dans la joie.

    Alors le roi Shtanu remit son fils^ le roi Suthton, le

    gouvernement du royaume et le conseilla jusqu' sa mort.Aprs sa mort, qui arriva quelques annes aprs, le roiSuthton fut roi de Kapila'

    .

    1. On ne saurait trop observer que le vieux roi, bien qu'il ait laitcouronner son fils, ne lui remet que le pouvoir, peut-tre mme quel'administration du royaume, et que Suthton ne rgne vritablementqu' partir de la mort de son pre.Tout ce rcit parat provenir de la

    mme source que le premier chapitre de la Vie du Bouddha queM. Henry Alabaster a donne dans son The Wheel ofthe Lac.

    J'ai dj donn, en 1895, dans mon Cambodge Contes et Ic-r/endcs, un rcit de la recherche d'une pouse pour Suthton, mais lesnoms propres y sont si dfigurs et une confusion si regrettable s'y estglisse entre les villes de Kapila et Tvalongka, que je n'ose y renvoyerle lecteur. LeSatraduj'oi Chah/est cependant assez curieux pourtre consult.

    I

  • II

    1. Le Bdhisattva au Paradis des Tusitas

    A partir d'ici, nous allons parler du Pras barom Putln-sath'.

    Les dvatas, voyant que le temps tait venu pour le PrasPut', furent prier le Bdhisattva, au sjour du Tost,d'aller reprendre sa naissance de futur Buddlia'. Le Bdhi-sattva dclina d'abord leur invitation et leur dit qu'il fallait,auparavant, procder aux grands examens {mha vilokcmas)en cinq articles*.

    1 Kalanrj : rechercher si la nature des tres est ou nonfavorable la venue du Buddha.

    1. Le saint et minent Bdhisattva, le futur Buddha.2. Saint Buddha, mis ici pour saint Bdliisattva.3. Voici le discours que les divinits tinrent au Bdhisattva, d'ajjrs

    un autre texte : O seigneur, parfait en mrites, voici que le tempsest venu de descendre sur la terre. Vous ne dsirez ni les honneursconvoits par les hommes, ni la puissance des dvas ou des bralimas

    ;

    vous dsirez obtenir la Bodlii, enseigner les humains et les conduire auNippan ; descendez donc sur la terre o les humains sont sans profes-seurs et se dbattent dans l'ocan des existences successives. Allez leur secours, ayez piti d'eux et consentez devenir l'Omniscient.Entrez dans le vaisseau de la vraie Loi et sauvez les tres qui veulenttre sauvs.

    4. Les textes plis, de mme que notre texte, parlent de cinq cilo-kanas. Le La/^a-F/sfara sanscrit ne parle que de quatre : examensdu temps, des continents, des pays, des familles ; il omet l'examen dela mre. Les noms plis de ces cinq vllokanas sont : kalar'n, temps;dipain, continents; dis diii, rgion; /ailan'i, famille : et matain, mre. La leon siamoise donne par M. Alabaster parle aussi de cinq exa-

  • 28 LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    2" Tpanrj : recliercher clnns lequel des quatre continentsle Bucldha doit paratre.

    3 Tsang .- rechercher quelle contre est favorable savenue.

    4^^ Kolaiifi : rechercher l'excellente famille (dans laquelle

    il doit natre).

    5 Matrang : rechercher de quels mre et pre il doitnatre.

    Ayant examin ces cinq points de vue, le saint et minentBdhisattva accepta l'invitation des 10.000 tvodas^ des-cendit du Tost suorka et vint reprendre son existencedans le ventre' de la smdach pras srey Mha-Maya-tvi,le jour de jeudi qui tait un jour de pleine lune du moisd'Asath^ de l'anne du Coq {roka).

    mens, mais ils ne sont pas absolument ceux que les Cambodgiens ad-mettent : le premier examen, au lieu de porter sur la nature des tres,porte sur la dure del vie humaine ; le dernier ne porte point sur larecherche des pre et mre, mais sur l'ge de la mre.Voy. H. Ala-baster, The Wed oftlieLa-x, 1871, p. 9;J.

    l.Enoutre,cinq signes vinrent l'avertir que le temps qu'il avait passerdans le paradis des Tusitas tait sur le point d'tre coul; les voicid'aprs la version siamoise que M. Alabaster a donne: Les fleursdont il tait orn fltrirent, sa robe parut dcolore et salie, des sueurscoulrent des pores de sa peau, son teint dor brunit et se dcolora, ilne pouvait demeurer calme sur sa cleste couche {loc. cit, p. 92).

    2. Pldeij, vote, ventre. Ventre de la trs roj'ale sainte et bien-heureuse Mha-Maya-tvi.

    3. A-fdha, la quatrime lunaison de l'anne astronomique qui com-mence au solstice de printemps et qui correspond juin-juillet.

    Notre texte ne dit pas que cette rincarnation fut l'objet de grands

    prodiges. Les voici d'aprs le texte siamois : La terre trembla ainsi

    que tous les mondes. Les aveugles qui dsiraient voir, virent; lessourds qui dsiraient entendre, entendirent ; les muets recouvrrent

    la parole.... les flammes de l'enfer s'teignirent, la faim insatiable

    des prtas fut apaise, l'eau des mers devint douce..,, etc. (Alabaster,

    pp. 95-96).

  • LE PRAS PATHAMA SMPIIOTHIAN 2

    2. Naissance du Bdiiisattva

    La sainte dame fut enceinte pendant dix lunaisons, puiselle accoucha du Bdliisattva dans le Lumbin-van' un jourde Vnus (vendredi) et de pleines lune, au mois de Pisakli'.de l'anne du Chien iC/iry

    .

    1. Lunihinl (-(inn,

    jardin Lunibini; le Li/lifa-Vistara enseigne que leBdhi.sattva iiaciuit alors que sa mre avait la main pose sur la branched'un plahrho, le plus prcieux entre les plus prcieux (p. 74). Laleon siamoise donne au parc le nom de simvali-vana {slmlxtli-cdiici),parc des ouatiers {Boinhax /icptaji/ii/tliiin). La leon birmane donne cet arbre le nom de cngj/in que M. Bigandet assimile au s/iorravobustd (p. 41). Les Cambodgiens entretiennent dans beaucoup deleurs monastres un arbre qu'ils nomment I./iiini/ qu'il disent tre dela mme essence que celui sur lequel s'appuya Miia-Maya ; lesfeuilles sont larges comme la main, irrgulin^s de forme; ses fleurssont blanches, petites, groupes avec un pollen et des ptales jaunes;leur odeur agi-able s'appelle le parfum du chaupa ml celui dufrangipanier.

    2. Visa/id, la deuxime lunaison de l'anne astronomique qui corres-pond avril-mai.

    3. La leon siamoise parle d'un rve que la reine Mha-Maya eut l'poque de la conception et que notre texte ne donne pas, bien qu'ilsoit trs connu au Cambodge, et souvent reproduit par l'image dans lestemples. Elle vit un lphant blanc descendre d'une montagne, escortd'autres lphants, faire trois fois le tour de sa personne, s'approcherd'elle et pntrer en son ventre par le ct droit (Alabaster, p. 98).Elle ajoute et cela est conforme '--e que le Tr

  • 30 LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    Quand il naquit, Sudassabrahma' prit un filet d'or pourrecevoir le Bdhisattva.

    Le Bdhisattva fit sept pas, regarda les quatre pointscardinaux en criant : Je suis au sommet du monde ; je suisexcellent, je suis grand, personne ne peut m'tre compar;je suis ma dernire renaissance, je ne renatrai en aucun

    monde. Ayant ainsi parl, il fut comme les autres enfantsqui ne savent pas parler'.

    Le saint minent roi, son pre, donna l'ordre de trouverun brahmane^ sachant deviner et prdire la fortune de sonsaint et royal lls. Le brahmane, ayant calcul d'aprs leTray-Phf' , les Vta-mont^ et le Kamp-sayo-phf , vintdire au roi : a Votre saint et royal fils porte les signes

    complets du bonheur: s'il reste laque il sera sdach baromchakrapatrthirach ' ; s'il sort du monde pour se faire reli-gieux, il deviendra Pras Put, c'est certain (c'est--direBuddha\ Le jour o le saint et minent Bdhisattva na([uit, nang

    Yosthara, Anonta, Kalutay-amtya, Chhan-amtya, lecheval Kanthok, l'arbre Pothi et les (juatre fosses de trsors

    1. Le roi des Brahmas du quatorzime des rupabrahmalokas, ouparadis des Brahmas ayant une l'orme. Le nom que donne notre ma-nuscrit est Sottavas mahaprohmalouk et Sotavas prohmalouk.

    2. Le Lalita-Vistara (p. 107) le fait encore parler sa tante, leseptime jour aprs sa naissance.

    3. La leon siamoise dit qu'il se prsenta de lui-mme, qu'il taitun saint homme et lui donna le nom de Kaladevila(p. 107).

    4. Titre d'un ouvrage trs connu au Cambod.ue dont je donneraiquelque jour la traduction.

    5. Probablement les Vcdas.6. Je ne connais i^as cet ouvrage au Cambodge et je n'ai pu l'iden-

    tifier.

    7. Roi minent, Chakraptrdliirja, empereur, roi des rois. Laleon numre les trente-deux signes su])rieurs et les quatre-vingtssignes infrieurs du Grand-tre (pp. 110-11.']).

    I

  • LE PRAS PATHAMA SMPHOTHIAN 31

    [parurent au monde']. Ces sept tres parurent le mmejour que le saint etminent Bclhisattva.Le jour o on lui donna le nom^ le roi lit rassembler toute

    la famille royale et fit jouer plusieurs orchestres confor-mment la coutume d'autrefois. Alors on lui donna le nomde Sithat-kaumar", conformment ses souhaits de jadis,alors qu'il tait n femme, sur jeune de l'ancien buddhaTibangkr', qui tait alors bdhisattva sa dernire exis-tence et ascte, et qu'il lui avait offert de l'huile parfume.Le buddha Tibangkr accepta cette huile pour s'chiirer.En cette occasion, cette nang fit le souhait dporter le nomde Sithat quand elle serait devenue buddha. Telle est laraison pour la(|uelle le Pras reut le nom de Sithat.

    3. Les Prdictions

    Le nom tant donn, sept* brahmanes furent encore con-

    sults, devinrent et conclurent comme avait fait le devin.

    Alors le roi leur demanda : Quelles causes porterontSithat sortir du monde pour se faire religieux ? Les sept brahmanes-horas rpondirent : Votre saint et

    royal fils sortira du monde pour se faire ascte cpiand ilaura vu (juatre choses.

    1. Yasdhara qui fut son pouse ; Ananda, son cousin, qui l'ut sondisciple bien-aini; Channa, qui devint aiuAtya et l'accompagna danssa fuite; Ivandhaka, qui fut son cheval et qui mourut de dsespoir en

    se voyant abandonn par lui, et l'arbre de la Bodhi sous lequel il de-vint Buddha.

    2. Siddhartha-kumara, prince Siddhartha.3. Dipangkara, le premier des trente-quatre buddlia qui ont pr-

    cd Gautama. Aucune des autres leons que je connais ne parle

    d'un bdhisattva du sexe fminin.4. Les leons siamoise, birmane, singalaise disent huit sur cent

    huit brahmanes.

  • 32 LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    Le roi demanda :

  • LE PllAS PATHAMA SMPHOTHIAN 33

    l'incliner pour le faire saluer, le saint et minent Bdhi-sattva se dtourna et mit ses deux pieds sur la tte de Tvil-tabs. Le roi Sutliton, son excellent pre, voyant cette chosecurieuse, s'inclina lui-mme et salua le Bdhisattva ; ce futla premire fois'.

    Plus tard encore^ son pre tant sorti pour appuyer surla sainte charrue% les nourrices porteuses et nourrisseusesemportrent le Bdhisattva pour aller voir le Chrat pras-ngkal et le couchrent sous un arl)re chompu'. Cependantle soleil continuait d'avancer son ordinaire, mais l'ombreque projetait le chompu n(^ suivit pas le soleil dans Taprs-midi et demeura comme elle tait, par un effet de la puis-sance des mrites du Bdhisattva. Le roi Suthton, voyantcette chose, s'inclina devant son fils pour le saluer; ce fut la

    seconde fois'.

    1. Les autres lerons. birmane et singalaise, disent cette chose in-convenante , et ajoutent que, le religieux s'tant inclin devant le B-dhisattva, son pre crut devoir l'iraiter et le saluer aussi. La leonsiamoise dit que cette chose arriva au brahmane Kaladvila quand ilse prsenta de lui-ninio, ainsi que nous l'avons vu dans une note pr-cdente, pour examiner les signes de la supriorit que l'enfant portaitet prdire sa destine. Par consquent, cette scne aurait eu lieu,d'aprs la leron siamoise, le jour de la naissance, et, d'aprs la leoncambodgienne, plus tard. En outre, d'aprs notre texte, le brahmanedevin ne serait point Tvil-l'ascte {(abds), mais un autre brahmanedont le nom n'est pas donn.

    2. Chrat pras nijkcl, c'est--dire labourer le champ sacr, pourrendre hommage aux puissances fcondatrices de la terre et donner lesignal des labours. H y a dix ans peine, au Cambodge, il taitdfendu sous peine d'amende, de labourer la terre avant le thveu bonchrat pras ngkl, c'est--dire la fte de l'appuiement sur la saintecharrue par le roi ou son dlgu. Voir Revue indo-chinoise

    ,

    n" du 15 aot 1904, pp. 198-203.3. Les textes disent: sous un baldaquin plac sous un arbre jambu.4. La version plie place la scne le matin et dit que les rayons du

    soleil, au lieu de venir obliquement sur le Bdhisattva, comme ilseussent d venir, tombaient perpendiculairement sur le baldaquin sous

    3

  • 34 LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    5. Les quatre Apparitions

    Quand le Bdhisattva fut g de sept ans', le roi Suthtondcida de construire trois prsath', un pour la saison chaude,

    un pour la saison des pluies, un autre pour la saison frache.

    Quand il eut atteint Tge de (piinze ans, son saint et royalpre fit la crmonie aphisk et le maria Pimpa-tvi'

    alin qu'elle ft sa premire reine, puis il le fit monter sur

    le trne de krong Kpila-la-Radieuse*.

    Plus tard, le roi' tant sorti pour aller se promener au

    jardin, un tvoda prit la forme d'un trs vieil homme". Le

    lequel il tait plac. Elle ajoute que les nourrices, attires par le spec-tacle, abandonnrent un instant l'enfant et qu'elles trouvrent, quandelles revinrent, les jambes croises et quelque distance au-dessus de sonlit sans tre port par aucun support. Quant au LalUa-Vistara, ilreporte ce phnomne une station que fit un jour, sous un arbre, lejeune homme, alors qu'il s'abandonnait la contemplation (p. 121).

    1. La leon siamoise dit seize ans (p. 119).2. PiM pasiklfi ; ssin^crit prasdda^ palais.3. Btmbadcvi. Le LaUta-Vistara donne cette jeune fille le nom

    de Gopa (p. 126), les textes plis et siamois celui de Yosodhara.D'aprs le Lalita-Vistara, Dandapani, pre de Gop, n'tait pas leroi que notre texte donne pour beau-pre au Buddha, mais un khsha-triya de la famille des Skyas et cette leon est conforme celle quedonnent les textes plis.

    4. On voit que notre texte fait du Bvuldlia, non seulement un princeroyal, mais un roi ou tout au moins un roi associ son pre, unsdacii snan;/, pour parler comme les Cambodgiens.La leon siamoise relate les hsitations des princes skyas donner

    leurs filles au prince royal qui ne leur offrait aucune garantie de science,

    de force et de sagesse. Elle relate aussi les preuves auxquelles le B-dhisattva se soumit et qui les convainquirent de sa valeur.

    5. Roi, mis ici et plus loin pour prince royal.6. Il n'est ici question, ni de la voiture dans laquelle le prince se

    trouvait alors (selon la version siamoise entre autres), ni de son cocher,

    et consquemment les paroles de celui-ci ne sont pas relates. Le La-

  • LE PilAS PATHAMA smphotian 35

    roi le vit, rflcliit ])r()f()nd('ment en son cur et cette vue

    le dgota du monde et de la passion des existences succes-sives. Le roi, dpassant le vieillard, rencontra un homme quitait malade; ce fut la seconde rencontre. Il dpassa lemalade et fit la rencontre d'un cadavre; ce fut la troisimerencontre. Alors il fut effray dans son cur et uK'prisa saforme corporelle, le monde et les renaissances successives.Il rflchit trs-profondment et entra dans le jardin pourse reposer tranquillement.

    Ce mme jour, la samdac-h pras Pimpa-tvi accoucha deRahoul-kaumar'.Le Bodhisattva se promenait dans le jardin ; dans l'aprs-

    midi, comme il en revenait, il fit, au milieu de la route, la

    rencontre d'un ((''Voda (pii avilit pris la forme d'un religieux

    muni des huit objets dont les trois robes, et cpii tait trsbeau. Ce fut la (juatrime rencontie.A partir de ce jour, il ne songea plus qu' sortir du monde

    pour se faire religieux''.

    6. Fuite du Bodhisattva

    Depuis lors, il pensait toujours aux choses (ju'il avait vuessans les oublier un seul instant. De retour en son palais, il

    se baigna, mangea et monta tran(|uillement au lit de repos.

    Lita-Vistara (page 168) parle de (luali-e mille .yardes qui accompa-gnaient alors le Buddha.

    1. Ixahula kumara, prince Rahula, le lils du Bodhisattva.2. Ces quatre rencontres sont donnes ici connue ayant eu lieu au

    cours de la mme promenade; le LalilK-VinUii-a (p. 168) et la leonsiamoise (pp. 121-122) les reprsentent comme ayant eu lieu au coursde quatre jours dilrents; les textes plis disent des intervalles dequatre mois.

  • 36 LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    Alors, toutes les dames musiciennes' battirent le tam-bourin et les autres instruments de musique pour le rjouir,mais en vain, car il ne cessait de songer sortir du mondepour se faire religieux.

    Vers minuit, dans le silence, le saint et minent Bodhi-sattva sortit de sa chambre, vit les dames du service (|ui,

    un instant avant, jouaient, certainement aussi jolies deformes que les desses de l'air et qui, maintenant, n'taient

    plus que comme des charognes gonfles. Cela l'pouvanta

    dans son cn>ur et la pense lui vint de ne pas demeurer da-vantage au palais royal. Autour de lui, tout n'tait plus que

    silence et paraissait comme un pays abandonn, couvert detoutes sortes de charognes. Il ne peut plus se coucher, car

    il est in(|uiet dans son cur ; alors il sort', appell

  • LE PRAS PATIIAMA SMPHOTHIAX 37

    Le Saint rpondit : Je ne veux pas du p(3uvoir imprial;

    je sors, afin d'tre religieux.

    En ce temps-l les quatre gardiens du monde', vinrentprendre les pieds du cheval Kanthok' et le soulevrent pourle faire passer par-dessus l'enceinte fortifie de la ville

    royalc^ Les tvodas des 10.000 mondes' vinrent en foulepour lui faire cortge.

    Quant au Pras Eyntr(''atliiracli'' il prit la bride ducheval et marcha devant. Quant au pras Brahma", il pritun parasol blanc de trois youclr de circonfrence et l'abrita.

    7. La Coupe des Cheveux et la Prise d'Habit

    Par un etet de sa i)uissance, le saint personnage franchit

    dans une seule nuit deux royaumes, les royaumes de Savatet de Vsal, et arriva la rivire d'Anoma' o se trouvait

    1. Sdacli louka bal, \yd\i lokahabtvja, ou maharaja, qui sont :DliaUarattko, rgent du nord, Virljio ou Virolhako, rgent du sud,Virpak/.ho, rgent de l'ouest, et Vi'ssano, rgent de l'est.

    2. Ce dtail ne se retrouve pas dans Sp. Hardy, mais il se trouvedans le LalUa-Vistara d'abord en allusion (p. 178), puis formelle-ment (stance 103, p. 204). \o\v Sia Muse Giiimof, sur nn panneaucambodgien, une reprsentation de cette scne.

    3. Le texte dit /loA'O/-, sanscrit no/yaro, mais le cambodgien o/.or,royaume, est donn ici pour ville royale .

    4. Chakracal, du sanscrit cakravla.i. Indrdhirnja, Indra roi suprme.6. Le chef des dieux brahmas, selon les Cambodgiens. On a pr-

    tendu en Europe qu'il faut entendre ici Brahma, le premier dieu de laTrimourti; je ne suis pas de cet avis.

    7. Le i/otich ou rjojana valait 13 kilom. 600 au dire des Cambod-giens; en ce cas, 40 kilom. 800; c'est beaucoup pour un parasol.

    8. Le LaHia-Vlstat-a dit deux pays, celui des Kadyas et celui desMallas, puis qu'il arriva la ville Anumainya qui appartenait auMainya. Anomca-Amuiiainci/a est une ville au dire du textesansci'it et une rivire si on eu croit le texte cambodgien. Le texte pli

  • 38 LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    un rnclior qui tait plat, jaune, net. Cet endroit conve-nait la coupe de la chevelure. Le Saint s'arrta l afin de

    se faire religieux en cet endroit. Il pensa : Je ne puis pas

    me faire ascte et conserver les cheveux longs contrairement

    aux autres religieux qui toujours portent les cheveux coups.Puis : (( Je n'ai rien pour me couper les cheveux; que faire?

    Le Saint tait inquiet dans son cur lorsqu'il aperut sou-

    dain un glaive (le prcas kJiarit) devant lui'.

    Les tvodas accourus des dix mille mondes, qui remplis-

    saient l'espace, rpandirent alors sur le Saint du lach

    (paddy grill dans son corce et crev), des bouquets defleurs, et l'en inondrent jusqu'aux genoux, puis jusqu'mi-corps. Le Saint prit le sabre' avec sa main droite et,avec sa main gauche, il saisit la gerl)e de ses cheveux, lescoupa' et, les levant en l'air, dit : Si je deviens omni-scient (/j/'cA/i/

  • LE PRAS PATHAMA SMPHOTHIAN 39

    retombe pas \ Puis il la jeta en l'air. Alors Indra ouvritune bote d'or' pour la recevoir et la dposa au paradis desTrayastrimsas dans une pyramide (chtetj), destine laconserver. C'est pour cette raison que cette pyramide estnomme ChoJaman-chtey^

    .

    Le Bdliisattva dit : a O vais-je trouver les toffes aveclesquelles je dois convenal)lement me vtir comme unsamana. Si je me fais religieux avec le vtement c|ue jeporte, je ne serai pas un vrai samana. Et son cur fut

    inquiet. Alors le Khodeykar-mlia-brahma (jui tait sonami l'poque de la religi( )n du bucldha Ksyapa\ alla prendrela sbile {bat; sanscrit pai/'a), les trois vtements et lacollection des cinq objets d'autrefois sur l'arbre kap' et leslui prsenta de suite. Le Saint les reut et s'habilla en reli-

    1

    .

    Le Lu lit (1^ Visf((ra ne pai'lo pas de ce souhait, mais il enseigne queles cheveux furent jets en l'air et recueillis par les dieux du Trayas-trimsa; notre texte et les textes plis disent par Indra lui-mme(Spence Hardy, p. 16r>), mais la leQon siamoise dit par les anges (Alabaster, p. 130). Le texte birman par un uat (dieui . Cesquatre dernires versions sont d'accord pour enregistrer le souhait.

    2. Le texte birman dit un riche panier (Rigandet. p. 66).3. Tiifhiprat('t/ra/iaiia (touffe de cheveux recueillie), d'aprs le Lalita-

    Vistara; Salnmini-scci/a, d'aprs Spence Hardy: Dcnii-ln-maiil.d'aprs Rigandet; chc/ci/ est le sanscrit chaiti/a.

    4. IjdLalltd-Vistara parat dsigner un des dieux du 14" ou du l.'i"des loka-brahmas, qui aurait pris la forme d'un chasseur; mais il nedit pas que ce dieu avait t l'ami du Saint au cours d'une autre exis-tence'.' Le texte pli lui donne le nom de Giiatkaras (S. Hardy,page 165), le texte siamois celui do Khatikara, le texte birman celui deGatigara (p. 67), et ils disent qu'il avait t'^ l'ami du Saint l'poque

    du buddha Ivsyapa-Kathaba.5. Sur l'arbre l,ap, kasa, selon Alabaster (p. 13L)). Ni le texte bir-

    man, ni le texte sanscrit, ni le texte pli ne disent o ce brahma pritla collection des objets d'quipement indispensables aux religieux,mais le texte pli, d'accord avec un autre satra cambodgien enseigneque ces huit articles avaient t trouvs entre les ptales d'un lotus

    au commencement du kalpa en vue du futur Ruddha. Ces huit articles

  • 40 LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    gieox. C'est en cet endroit qu'il devint religieux ; aussi

    est-il appel Mundatya^ parce que c'est en cet endroit quele Saint a coup sa chevelure.Tout tant termin, il donna l'ordre Chhan-amtya de

    prendre tous ses vtements, son cheval Kanthok, et de re-tourner au ])alais de son pre. Quand son cheval le perditde vue, sa poitrine se brisa de douleur et il mourut. Il alla

    renatre tvobot^ pour avoir tant regrett le saint et mi-nent Bdhisattva qu'il ne voulait pas quitter\

    Quand Chhan-amtya qui remportait les vtements,arriva dans la ville royale, les habitants, l'ayant vu, s'as-

    semblrent tumultueusement, et le bruit qu'ils faisaient futentendu par le roi Suthton, le saint et royal pre du B-dhisattva. Il fit appeler Chhan-amtya; celui-ci lui remitles vtements et lui dit : Votre saint et royal fils est djentr dans les ordres. C'est ainsi que le roi apprit cet

    vnement\

    sont le vtement du haut, le vtement du bas, le manteau, la ceinture,la sbile, le filtre, ralguillier et le rasoir. Notre texte dit la collection

    des cinq objets . Par le mot autrefois, je crois qu'il faut entendre cequi avait autrefois servi aux Buddhas antrieurs.

    1. Le Lalita-Vistara (p. 197) et Spence Hardy (p. 160) disent qu'unepyramide fut leve au paradis de ce dieu et le Lcilita-Vistara luidonne le nom de Kacliaijo

  • LE PREAS PATHAMA SMPHOTHIAN 41

    8. Arrive du Bdhisattva a Rjagriha. Le roi Bimbisara

    Le saint et minent B(klliisattv;i, aprs le dpart deClilian-amtya, demeura seul, sans personne avec lui. Alorsil pensa profondment aux formes corporelles [rnp kay),aux biens et aux plaisirs mondains {rasenasnr/sar). L'en-droit o il rflchit ainsi est appel nupiya mmovan'.

    Il resta un instant' en cet endroit, puis il en partit, se

    dirigeant vers la ville royale de Rachakris'. Quand ilentra dans cette ville, les lia1)itants s'assemblrent autour

    de lui parce qu'ils n'avaient jamais vu un religieux'. Lesofficiers royaux furent prvenir le rja Bimbisara' lequeltait roi {diaii) du royaume (Lronn) de Rachakris. Acette nouvelle, le roi monta sui' hi terrasse de son palais",regarda et, dans son saint et royal cur, il fut dfiant.Il pensa que celui-ci (le Bdhisattva) pouvait tre ogre,dieu, dragon ou homme\ Alors il donna l'ordre aux ofli-ciers royaux de le suivre, d'examiner ses actes, afin desavoir s'il tait un ogre, un revenant ou une ombre" et

    1. Parc des manguiers d'Anupiya.2. Sept jours, selon la leon siamoise donne par Alabaster.3. RJ((f/ri/ia.

    4. Attirs par sa beaut, selon la leon siamoise.

    5. Bimbisara.6. Le Lalita- Vistara dit le roi regarda par un il-dc-buf

    (p. 208).7. Spence Hardy dit : un ogio, un dieu, u'i bralima, ou Vislinou .

    Le Lnlifa-Visfara met ces suppositions, non dans la pense du roi,mais dans la bouche des habitants (p. 208).

    8. Yak, khmocli, bci/sach. Le premier mot est l'altration dusanscrit Yaksha, ogre; le second est un mot cambodgien signifiant mort, revenant ; le troisime parat tre l'altration du pli pciti-

  • 42 LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    de voir si, la sortie de la ville royale, il disparatrait.(( S'il est dieu, dit-il, il s'lvera dans l'espace; s'il estdragon, il s'enfoncera dans la terre; s'il est homme et s'il areu quelques petites choses, il les prendra pour manger.

    Les officiers suivirent le saint et minent Bdliisattva etle virent qui s'occupait construire une cellule prs dumont Bannovo'. Voyant qu'il avait le cur convenable, lesofficiers royaux retournrent dire au roi ce ([uUa avaientvu. Le roi, sur cela, alla rendre visite au saint et minentBdhisattva. En arrivant il lui demanda : D'o venez-vous ? De (luel ct venez-vous ? Le Bdhisattva rpondit : Je viens du royaume de Ka-

    pilavastu.

    Il lui demanda encore : Comment vous nommez-vous?)) On me nomme Sitliat. Le roi, ayant appris cela, fut trs heureux dans son

    cur et dit : S'il en est ainsi, vous et moi nous sommesamis, bien que nous ne nous soyons jamais rencontrs.Maintenant, vous tes le l)ienvenu; mon royaume est grandde cinf] mille yojanas, je veux le p;u^tager avec vous. Nousrgnerons ensemble'. ))

    visaj/a qui dsigne les tres de l'enfer des tnbres. Je dois cependantobserver que la transformation du r/n pli en c/to khnuT ne s'expliquegure

    .

    1. Phnom Bannovo baripot. Le mot cambodgien phii/n et le motd'origine sanscrite, mais altr, haripot (parra(a), sont un doublet. Ilssignifient montagne, mont, colline . Spence Hardy nomme cettecolline le roc Pndhava . Il ne dit pas que le Bdhisattva y taitoccup construire. La leon siamoise dit qu'il tait assis sur le sommetdu mont Bandhava (p. 138).

    2. Spence Hardy a crit d'aprs les textes singhalais : WhereuponBimsara event to the rock and enquired what, was his name and fa-mily, when he discovered that in former years he was his own Iriend (p. 167). Les autres textes ne disent rien de semblable et les textes bir-mans et sanscrits n'enseignent pas que Bimbisara offrit la moiti de sonroyaume au Buddha. Le texte birman dit qu'il lui offrit a une nota-

  • LE PRAS PATIIAMA SMPIIOTHIAN 43

    Le saint et minent Bclhisattva n'accepta pas en disantqu'il avait ({uitt le palais de son pre pour rechercher

    rOmniscience que donne la Bodhi

    .

    Le roi Bimbisara dit au Bdhisattva : a Quand vous aurezacquis la connaissance de la Bodhi, vous aurez compassion

    de moi [trong prs) .

    9. Le Bdhisattva observe les pratiquesDE l'asctisme

    Le saint et minent Bdhisattva promit et s'en allatrouver Alar-tabs et Ottok-tabs^ pour tudier leurs pra-

    tiques. Voyant qu'ils ne suivaient pas la route qui conduit

    au salut, il les cfuitta et s'en alla au pays d'OruveP. Cet

    endroit tait plat, uni et gai.

    En ce pays-l, il y avait cinq brahmanes nomms : Kn-danh, Voppa, Phottiya, Mahanam et Asaclii''. Ayant en-tendu dire que le prince Sithat tait sorti du palais de sonpre, pour se livrer aux pratiques asctiques, la mdi-tation' et devenir Buddha, ils furent se faire religieux enl'attendant. Quand le Bdhisattva demeura Oruvel, ilsvinrent lui pour le servir, car ils avaient compris qu'il

    brense suite au milieu de Laquelle il pourrait se divertir pondant sonsjoui' sur le territoire de son royaume (Bigandet, p. 70).

    1. Sanscrit, A // et Udda/ac birman A/arf^ et Oudnka, qui taient/((p((sriii (asctes). La rencontre du Buddha et d'Alara prcde, dansle Lali/a-Vistara, la visite Rjagriha. Alara y est dsign sousle nom d'Arata-Kalama; il amne 300 disciples au Buddha (p. 203).

    2. Ururela, prs de la rivire Nairanyana, selon la leon siamoise.3. Kondanija, Vappa, B/indda/i, Ma/iana/iia et Assajt. La leon

    siamoise les nomme hcnc/ia ra/.h/ii, les cinq niL/./ii ou le groupe

    des cinq {panea). 4. Tah l.riiid piiaiji'ain.

  • 44 LES LIVRES SACRS DU CA^J^ODGE

    deviendriiit Biiddha. Le Saint s'adonna (juotidiennementaux plus difficiles observances.

    A l'heure convenable, il sortait pour demander l'aumnedue aux religieux; il recevait un peu, se mettait manger,

    puis il se remettait la marche mditative {rlimrun metaphcana). Plus tard, ayant rsolu de ne plus aller men-dier sa nourriture parce cjue cette action le distrayait, il

    alla se placer sous un arbre fruitier dont il mangeait les

    fruits cjui tombaient. Il ne mangea plus de vivres ayant dusang et ne vcut plus cpie de fruits. Il put alors, sans cesser

    un instant, se livrer la promenade mditative, mais celane lui donna pas le pouthinhan\Comme il continuait ses observances trs difficiles, les

    tvodas, voyant cjue le Saint n'absorbait presque pas d'ali-

    ments, prirent de la substance d'aliments" et la firent passer

    en lui par les porcs de sa peau\ Alors le Bdhisattva dcidade ne plus rien manger, puisque les tvodas lui faisaient

    prendre la substance des aliments par les pores'. Ne vivantplus que de cette manire, il devint d'une extrme mai-greur; son corps marc^u des grands signes, bien constitu,

    devint extrieurement affreux ; ses veines, sa chair devinrentarides; bientt il n'eut plus que la peau et les os; il perdit

    ses formes. Cependant, le Saint, bien que ces pratiques ne

    lui procurassent point l'tat buddhique, ne songeait pas reculer\

    1. Bodldjnna, connaissance de la Bodhi.2. Acharos ahar.3. Louma, du pli lomahpo.4. Cette leon est conforme celle que donne Spence Hardy (p. 149)

    et Bigandet (p. 79). Mais le Lalita-Vlstara fait refuser cette substancede nourriture par le Saint qui trouve hypocrite cette manire de sesustenter (p. 127).

    5. La leon siamoise ajoute que les trente-deux signes du Grand-Ktre et les quatre-vingts signes infrieurs disparurent entirement de

  • LE PKAS PATIIAMA SMPIIOTIIIAN 45

    Ayant perdu toutes ses forces, il partit pour la rivireNronhehor' et tenta de se livrer encore aux pratiques as-ctiques. Quand il arriva cette rivire, il alla sous un arbrejamlui' et se mit marcher en mditant, observant des pra-tiques mditatives de plus en plus difficiles'.

    Indra, ayant appris que le Saint observait des pratiques

    trs difficiles, craignit qu'il ne pt atteindre l'tat debuddha. Alors il prit lapin' trois cordes; la premiretait trs tendue, la seconde tait moins raide, la troisimetait trs lche. Il se mit en jouer.Le Saint, ayant entendu ce pin trois cordes comprit et

    se dit : a Ce (jui est trop tendu comme la premire cordede ce pin cassera, donc il ne faut pas aller juscju'au boutdes ])ratiques asctiques ; ce qui est lche comme la troi-

    sime corde ne mne rien; ce qui est moyen comme lacorde du milieu, ni trop tendue, ni trop lche, ne donne pasle moyen d'arriver l'tat de buddha, mais permet demarcher dans la voie. Ainsi donc, je dois prendre des ali-ments atin d'avoir la force indispensable la marche dansla voie

    .

    Alors il prit sa sbile et s'en alla demander l'aumne auvillage; il y reut des vivres, mangea pendant deux outrois jours, et le sang, la chair reprirent leur apparenced'autrefois.

    Les cin(j brahmanes cpii suivaient le Bodhisattva sedirent : Sithat a dj observ la })ratique de l'asctisme

    son corps. Le LaJita-Vlst(ti-u parle do son vanouissement, de l'an'ivedu dvaputa qu'tait devenue sa mre. Cette intervention bienconnue des Cambodgiens, n'est pas relate ici.

    1. La rivire Niranyan, d'aprs le LaUta-Vistara.2. Sous un bodhi-manda, selon le LalUa-Vifitara.3. La leon siamoise place ici une seconde tentative de Mara

    (p. 140).4. Vint!, sorte de Ivre trois cordes.

  • 46 LES LIVr.ES SACRS DU CAMBODGE

    pendant six ans' et ne parait pas devoir jamais obtenir laBodlii. Voici maintenant qu'il va demander des alimentsau village' au march {nikom), qu'il s'en nourrit, et(|u"il cesse d'observer les pyayam ; comment pourrait-ildevenir Buddha? Qu'allons-nous faire maintenant ? Ayantainsi pens, ils quittrent le Bdbisattva et s'en allrent la fort Eysibatano dans la ville royale de Paranosey^Le Bdbisattva demeura solitaire kay vive/,) observer\q pyayain moyen. Puis il partit de cet endroit et allastationner sous un arbre chrev.

    10. Le Bdhisattva et la demoiselle Sociiata

    11 y avait alors un cultivateur nomm Snok' qui avaitune lille nomme nang Sochata'. Cette fille dsiraitadresser une supplique' aux tvodas de cet arbre chrey^disant: Si j'ai un mari, que j'aie un fils aussitt. Pour cela

    je veux faire une offrande'.

    Quand cette fille dsira adresser cette supplique, le B-dbisattva n'tait pas encore sous l'arbre cbrey, mais il

    1. Le texte porte vossa, du pli rassa, qui dsigne la saison despluies, mais ici ce mot a le sens d'anne, comme le mot printempsquelquefois en franais.

    2. Le texte dit : ton j/ol; hntlba/ a aller prendre la boulette de rizen la sbile.

    3. Isipatana(sanse. rshipatana) vana(.Spence Hardy),Migada\von (Bi-gandet); Rshipatana, dans le bois Mrgadava, Bnars {Lalita-Vistara).

    4. Un cbef de village {Lalita-Vis(ara), un noble (Spence Hardy), unliomme riche (Alabaster, Bigandet), nomm Snani (Spence Hardy),Tlinol (Bigandet).

    5. Sujata (Spence Hardy et Lalita-VistaTCi) ; Thoudzata (Bigandet).6. Pi-/ithna, du sanscnt prrt/uf lia. souhait, supplique, dsir. -- A

    la date du 15" jour du Q" mois, selon la leon siamoise (p. 143).7. Du sanscrit /-la/t, offrande, et /.(d' qui a le mme sens.

  • LE PRAS PATHAMA SMPHOTHIAN 47

    s'acheminait vers cet arbre alors qu'elle prparait le riz au

    miel' de l'ottrande. Le lendemain matin, tout tant prt,elle envoya son esclave, nang Bunna", balayer sous l'arbreo elle voulait faire l'offrande au tvoda.La nuit prcdente, le Bdliisattva tait venu sous cet

    arbre pour la mditation sur les transformations, et la sur-face de la terre tait devenue pour lui comme un tapis dede lit. S'tant endormi^ il rva qu'il avait la tte pose surle UKmt Himalaya et (juc sa main gauche gisait dans lamer l'est, alors que sa main droite gisait dans la mer l'ouest ; ses deux pieds gisaient dans la mer du sud. Dansun second rve il vit (|ue de l'herbe p/dang^ avait poussde son nombriT' et que les tiges s'levaient trs haut dans

    l'espace". Dans un troisime rve, il vit un ver de terre au

    corps blanc, la tte noire, (|ui montait depuis ses deuxpieds jusqu' ses genoux. Dans un (|uatrime rve, il vitquatre oiseaux de diverses couleurs

  • 48 LES LIVRES SAruS DU CAMBODGE

    A son rveil, il rflchit et compiit (|u'il allait sre-ment devenir buddha.Quand nang Bunna, Tesclave, arriva prs de l'arbre,

    elle vit le Saint qui y tait et crut que le tvoda tait venuattendre l'offrande. Alors elle retourna dire nang So-chata ce qu'elle avait vu. Nang Sochata, cette nou-velle, fut trs heureuse en son cur. Elle dit son esclave:

    Si ce que vous dites est vrai', je vous affranchirai et

    vous serez comme ma sur. Puis elle prit le plateau d'or

    pJiachcana mas), plara dessus le riz au miel, le mit sursa tte et s'en alla l'arbre. Quand elle fut prs de cetarbre.elle aperut le Bodhisattva qui tait dessous. Elle crut(ju'il tait le tvoda et j)rit sur sa tte le plateau pour lelui prsenter poliment. Le Saint, n'ayant rien pour recevoir

    l'offrande, la nang la lui prsenta avec le plateau.Ayant reu le plateau", le Bodhisattva fut la riNire

    Nronlichor pour se baigner sur la rive o les prcdentsb(klliisattvas s'taient baigns'. Quand il se fut baign, il re-monta la berge, se plaa la facerest,prit le riz cuit au miel',

    sa docti'ine ; le cinquime enfin, qu'elle s'tendra par dessus la souil-lure, sans cesser d'tre pure. Sponce Hardy explique les cinq songes,mais Bigandet, aprs les avoir donns, ne les explique pas. C'est enquoi la leron birmane se rappi'oche, sur ce point, de la leon cambod-gienne.

    1. La leon birmane ne parle pas de ce doute qui parat dominerSochata; elle dit : A partir de ce moment, vous n'tes plus ma ser-vante, je vous adopte pour ma fille ane (p. 81), non pour masur .

    2. Il n'est pas question ici des difficults que lait le Bodhisattvaavant de prendre le plateau d'or, dont parle le Lalifa-Visfara (p. 331). La leon birmane n'en j)arle pas davantage, mais ajoute que le vased'or valait 100.000 pices d'argent (p. 82).

    3. Spence Hardy donne cet endroit le nom de Suprailshlita

    .

    4. Baji moihii pai/ds. Le mot bat/ est cambodgien, il signifie rizcuit )). /)t"/as ])arat venir du pli pdi/aso ou du sanscrit pj/asa,olr.-inde de riz bouilli dans du lait sucr. Dans ce cas hai/ et /)c^//r^s se-

    I

  • LE PRAS PATHAMA SMPHOTHiAN 49en fit quarante-neuf boulettes et les mangea en une foispour quarante-neuf jours'.

    Quand il eut fini de manger, il rsolut de jeter le plateaucomme avaient fait les autres bdhisattvas et dit : Si jedois devenir buddha, que ce plateau remonte le courant. Le plateau remonta le courant, tourna trois fois, puis s'en-fona et s'en alla choquer les plateaux des trois buddhasprcdents; puis il se plaa sous eux.

    Le roi des serpents' fut rveill par le bruit et compritqu'un nouveau buddha allait paratre : Hier, dit-il, il y enavait trois, en voici encore un autre , et, dans son cur,il fut trs heureux'.

    Quand le saint et minent Bodhisattva vit ce signe, il dit :(( J'obtiendrai certainement [la Bodlii]. Il partit alorspour la Salavan', ((ui tait pleine de fleurs et trs gaie. Il

    s'arrta en cet endroit'.

    raient un doublet. Quant au mot inotka (sanscrit madhu), il paratdsigner la saveur sucre ou mielle. \^q Ldlita-Vistara \)-av\& 'xxnpotage au riz cuit avec la crme sept fois extraile de la crme du laitde mille vaches (p. 230), d'une soupe de lait au miel (p. 232).

    1. La leon birmane dit quarante-neuf bouches qu'il mangea sansy mler d'eau (p. 82).

    2. Nakcari'acli du pli n((

  • 50 LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    11. Le Bodhisattva se dirige vers l'arbre de la Bodhi

    ET s'y assied sur LE PRCIEUX TRNE

    Quand le soleil se fut inclin, il quitta la Salavan et sedirigea directement vers l'arbre de la Bodhi.

    En ce mme temps, le Mha-brahma prit le parasolblanc de trois lieues de circonfrence pour l'abriter. Le roides dieux du sjour du Dost prit le chatnara de troislieues de circonfrence pour l'venter, Eyntra, le roi su-prme, le sonneur de conque', prit la conque et vint soufflerdevant ,lui, le Konthop tvobot^ prit le pin de trois lieuesde circonfrence et vint jouer devant lui.De son ct, le roi des dragons rassembla toutes les

    chambrires et les pouses des nagas au nombre de (juatre-vingt mille et les fit monter [sur la terre].

    Les quatre rois gardiens du monde, prenant des guir-landes de fleurs, vinrent aussi l'escorter.Tous les tvodas, nak-tas, yaksas, kanthops, kruths'

    vinrent jeter du paddy grill et des bouquets de fleurs audevant du Bodhisattva.

    EiU ce temps-l un bralimane nomm Sothi* prit huitpoignes d'herbe phlang {/atsa) et vint les oli'rir au Buddha.Celui-ci, aprs les avoir reues, se rendit sous l'arbre de la

    Bodhi et se demanda incpiiet de ({uel ct les buddhas pr-cdents s'taient tourns. Le Saint demeura debout du ctnord et agita avec les mains l'herbe phlang. La surface dusol au sud se gonfla ; voyant cela, il comprit qu'il s'cartait

    1. Indrdhiraja, rlc/tca i/iU samj.2. Gaiidliarva, le dcvaputa {dctupntt-d) ou flls de dieu.3. Decatas, iiai/us, i/aLs/ias, i/and/iarraset;/((rudas, dieux, serpents,

    ogres, gants et oiseaux fantastiques. Garuda, fils de Ivasyapa et deVinata, est la monture de Vishiiou.

    4. Santi.

  • LE PRAS PATHAMA SMPHOTHIAN 51de l'usage suivi par les buddhas prcdents. Alors il allase mettre l'ot, la figure l'ouest, et agita Tlierbe phlang;la terre l'ouest se gonfla. Il comprit qu'il s'cartait del'usage et qu'il ne devait pas avoir la face tourne l'ouest.Alors il alla se placer debout au sud, la face tourne aunord, et il agita l'herbe phlang; la terre au nord se gonfla.Il comprit qu'il s'cartait encore de l'usage suivi par lesautres buddhas et ({u'il ne devait pas avoir la face tourneau nord. Alors il alla se placer l'ouest, la face tourne l'est, et agita l'herbe phlang; la surface de la terre nebougea point. Il comprit alors que les buddhas prcdentsavaient tourn leurs faces vers l'est.Consquemment, prenant les huit poignes d'herbe phlang,

    il les tendit comme un tapis sous l'arbre de la Bodhi, puisil se dit : Si je dois certainement devenir Buddha en cetendroit, (piun sige sorte tout de suite de la terre.

    Le ratana blangk' parut immdiatement. (,^e sige bril-lant mesurait quatorze coudes de hauteur. Le Bodhi-sattva monta dessus et s'y assit la face tourne l'est.

    Alors il demeura immobile et songea : Si mon cur nequitte pas les dsirs", je ne quitterai pas le prcieux sige.

    Si ma chair, ma [jcau. mes os, mon sang se desschent,

    tant pis {tatn c/is), je ne ({uitterai pas le prcieux sige.

    La foule des dieux, la multitude des indras, brahmas,

    garudas, nagas et yaksas crirent : Bien! bien '! o Puis ils

    jetrent du riz grill et des fleurs,' levrent leurs tendardset leurs parasols pour saluei' le Saint.

    1. Le sige de brilLants. du pli raund pdlhi'jLit

    .

    2. A.saras, du pli nsn, dsir, et rasa, mme sens.3. Sathii ! S(Uha !

  • 52 LES LIVRES SACHES DU CA^iBODGE

    12. Le Bdiiisattva discute et lu tte contre Mara

    En ce Icmps-l, le Maralhiracli, a\anlle c(eur mauvais^

    voulut nuire rminent Bodliisattva. Ayant appris que lesfils des dieux et les dieux' acclamaient la gloire du Bdlii-

    sattva' et entendant l'pouvantable bruit qui s'levait d'eux

    dans l'espace, il pensa (jue Sitliat s'tait loign de lui. Alors,

    le roi jMara a^^pela tous ses guerriers' et ceux-ci accou-rurent en foule avec leurs armes. Mara monta sur son l-

    phant nomm Krimkhalas' et mena les guerriers autour duprcieux trne. Les indras, les bralimas, et tous les t-

    vodas furent effrays, s'enfuirent et le saint et minentBdhisattva demeura seul.Le roi Mara les poursuivit de ses cris et invita le Saint

    descendre de son trne en disant : Ce trne qui a paru

    ici n'est pas pour vous, c'est pour moi qu'il est apparu. Le saint et minent Bdhisattva dit: Si ce trne a paru

    pour vous, prouvez-le par tmoins.

    Mara rpondit : Les guerriers savent cela.

    A ces mots, les guerriers se mirent crier : a Nous savonscela, car nous l'avons entendu dire.

    L'mincnt Bdhisattva reprit : a Ce trne a paru pour ^tre mon bien.

    "

    Le roi Mara dit : Si ce trne a paru pour tre votre

    bien, produisez des tmoins.

    1. Mardhirja^ Mara. roi suprme, le roi des dieux mallaisants.2. Tccobof, dvaputa, sanscrit dcraputra; trodn, devata.'i. Pol-sohal, ijonUia, soldats gardiens et guerriers; du prdi bnla-

    siihfilaet i/i(dh(i

    .

    i. Girlinchhola.

    i

  • LE PRAS PATIAMA SMPHOTHIAN 53

    L'minont Bdliisattva rpondit : Nous avons donn'notre femme et nos enfants en aumne, nous avons [ cepropos] vers l'eau sur la surface du Mha-Prthapi. Nang Pras Tliorni' dit alors : Nous sommes tmoin

    que le Bdhisattva a vers l'eau sur nous. Puis elle pritses cheveux, les tordit afin de prouver son dire et de Feauglissa de sa chevelure en si grande abondance qu'elle formaun fleuve de la grande mer. Alors les gardes, soldats, guer-riers et officiers de l'arme du roi Mara furent noys et ser-virent de nourriture aux poissons, aux tortues, aux croco-diles, aux poissons-scie de la mer.

    Le roi Mara, cette vue, fut pris d'effroi et s'enfuit, jetases armes et joignit les mains pour saluer le Saint en di-sant : Prosprit! Parce que le roi ]Vlara a souhaitprosprit au Buddha, il deviendra un jour pras bchk-pouthi'. Le roi Mara retourna chez lui.

    Alors tous les tvocla, les tvobot, les eynt, les prahm*revinrent, se grouprent autour du Buddha en criant : Gloire ! Gloire! le Saint a vaincu l'iniame Mara'.

    1. La forme (lu pluriel est employe ici, je ne sais trop pourquoi;peut-tre que le Buddha, alors unit, est la synthse de tous les B-dhisattvas qu'il a t au cours de ses existences prcdentes, dont V-sanr.ara, auquel il fait ici allusion.

    2. Mlia-Pratapij, la terre, en sanscrit, prat/iari, prtlnri et p.'iJiri,ou dame pras Thoriu (Dharani), la divinit femelle, personnificationde la Terre.

    3. En Tpki, pacLabod/n; en sanacvit pra(t'i/Lnliudd/ta, buddha; maisbuddha qui n'enseignera pas la Bodlii, qui sera sauv, non sauveur.

    4. Draidu, drapntas, indras et bi-ahmas.5. Cette discussion, ce combat sont rapports avec plus de verve

    dans Spence Hardy (pp. IT.'-lSS) et dans Bigandet (pp. b7-89), mais ilparat en plusieurs points que la leon cambodgienne et la leon bir-mane proviennent de la mme source.

  • 54 LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    13. Le Bdiiisattva devient Buddha omniscient

    Quand, fut venue la premire veille, le Bdiiisattva obtintles huit smapti^ et, par la puissance des phinhnha- , ilmdita sur le bopiivas'^ . A la seconde veille, il dcouvritles quatre vrits'' et la science des pdey sntlii stv\ A latroisime, fixant sa pense, il dcouvrit les douze pach-chaya: arc/ta est le premier; charamorna est le der-nier". Il sut alors que les hommes sont ns de l'ignorancequi est une cause, la premire de la srie des causes.A l'aurore [hainjK) run), le Saint tait devenu Buddha

    omniscient.

    Alors il se dit : Le Prdestin, qui est n et mort unnombre incalculable de fois, a cherch longtemps le char-pentier de la maison qui est le danaha (dsir)' sans jamaispouvoir le trouver. Maintenant, (lanaha qui tes le char-

    1. En pli, s((iiii(pnfi, les huit tats clTiine que procure la mditationasctique.

    2. En pli, (dildn, les facults merveilleuses qui naissent des huittats d'me que procure la mditation asctique.

    3. On trouve aussi liopciiirrasaiinsatinhran, pour le pli piihltni-vas((niissatin/iana/ii, qui est le quatrime des huit abhirlilas ou connais-sances surnaturelles.

    4. La douleur est insparable de la vie, la soit do l'existence estl'origine de la douleur, l'ignorance est source de la vie et par cons-quent de la douleur. les moyens de supprimer ces sources de ladouleur.

    5. La science de l'existence des tres. En sanscrit: /n-iidi sand/iisatr.

    6. Pli, /)r

  • LE PRAS PATHAMA SMPHOTHIAN 55

    pentier de la maison, le Prdestin vous a certainementtrouv; vous ne pourrez dornavant plus construire la mai-son du Dthakot\ Les solives {chhnr/ chamn) sont leskls (dsirs)^ que le Prdestin a briss, entirement d-truits, ainsi que la toiture (jui est VavicJia (l'ignorance)'

    qu'il a dtruite et brise. Le crpur du Prdestin a com-pltement abandonn, il ne renatra plus. Moi, le Prdes-tin, je continuerai d'observer les prcis baromer/\ carj'abandonnai enfants et femme aux mendiants' pendantquatre asngkhay et cent mille kalpas". Maintenant, moi lePrdestin, j'ai dj r)1)tonu le /okofdar f/iorm'. La surface du Mha Prthapi (la terre) dont l'paisseur

    est de vingt-cjuatre mille youch, fut branle depuis lacrote de la surface jusqu'au paradi.'^ des Brahmas.Le Prdestin demeura sept jouis sur le prcieux trne

    ;

    le septime jour, il le (juitta et fut se placer au ct est".Pendant sept jours, il regarda l'arbre de la Bodlii" sansjamais cligner des yeux'" et fit une offrande au trne de laBodhi. Cet endroit est appel Anmit-chdey".Les tvodas,surpris de voir cette attitude", se demandrent entr'eux si

    1. Pli, T((lh('t(](it((.

    2. Pli, l:di, plaisir.

    3. Pli., acrjja.4. Parann ou perfections.5. Allusion au don de ses enfants et de sa femme fait aux bi-ahmanes,

    par Vsantara.G. Asan/./iii/o, l'unit suivie de 14Q zros. Kalpa, une vie du

    monde, formant un joui- de Brahman et valant 432 millions d'annes.7. Du pli iokutlara dhainnifi, la loi transcendante surnaturelle.8. Nord-est, d'aprs Bigandet (p. 97).9. Le trne, d'aprs Bigandet (p. 97).10. Ce dtail n'est pas donn par Sp. Hardy, mais il se trouve dans le

    Lalita-Vistara, p. 108.11. ClKiitija ou dfioha. Du pli Aniinita lcana.12. a... imaginrent qu'il regrettait le trne qu'il venait de quitter...

    qu'il n'tait pas encore de\enu Buddlia (Bigandet, p. 97).Le Lr(///f(-

  • 56 LES LIVRES SACRS DU CAMBODGE

    le Saint tait vraiment devenu Budclha parfait ou s'il de-vait continuer chercher cet tat.

    Le Saint, connaissant l'inquitude des tvodas, rsolut de

    la faire cesser; il fit de cet endroit un lieu de promenadeasctique au nord de l'arhre de la Bodhi. Il prit les

    dix mille chakraval* pour en faire un lieu de mditation, il

    prit les dix mille monts Sumrou^ pour en faire les colonnesd'or, il prit le sable vitrifi des ocans des dix mille chakravalpour en sahler le sol, il prit la lumire des soleils et deslunes des dix mille chakraval pour en faire le plafond afin deprcher et, ce faisant, de dissiper l'inquitude des tvodas'.

    Vistara ne parle pas de la surprise des dieux, mais d'un dieu nommSamanta Kousouma qui descendit et demanda le nom de cette mdita-tion profonde. Le Tathgata rpondit qu'elle se nommait rritj/hara-yonla, arrangement de la nourriture, de la joie, et le dieu le loua avec

    des stances. Le Lalita-Vistara ajoute que le Saint resta une semainesans cesser d'avoir les jambes croises. Cette mditation aurait tsuivie (deuxime semaine) d'une promenade au travers des troismille milliers de mondes; puis (troisime semaine) du regard sur leBodhimanda sans cligner de l'il (cette scne de la deuxime semaineest place la troisime, mais ne comporte pas la surprise des anges etles prodiges accomplis par le Buddha); puis (quatrime semaine), de lapromenade de la mer d'Orient la mer d'Occident; (les livres birmanset plis disent en allant de l'ouest l'est, mais ne parlent que d'unepromenade de quelques pas); puis, a lieu l'incident Papiyan-Mara dontje parle dans les notes suivantes

    ;puis (cinquime semaine), le Buddha

    vient demeurer dans la maison du naga Moutchalinda, o celui-cil'abrite contre les vents froids avec d'autres rois des nagas venus des

    quatre rgions;puis (sixime semaine), a lieu la station au figuier du

    berger des chvres, au bord de la rivire Nairanj^ana; enfin (septimesemaine) il y a le sjour au pied de l'arbre tryana et l'incident desdeux marchands.

    1. Du sanscrit ca/,/'aralas, mondes.2. Les monts Mru, car les bouddhistes croient que tous les mondes

    sont faits sur le modle qu'ils ont imagin pour celui que nous habi-tons, et qu'au centre de notre terre, la dominant, se trouve le montMru. Voyez mon Bnddhisine au Cambodge, pp. 65-73.

    3. Bigandet dit qu'il s'leva dans les airs et accomplit mille pro-diges leurs yeux afin de les convaincre qu'il tait bien rellement

  • LE PRAS PATIIAMA SMPHOTHIAN 57

    Enfin^ partant de cet endroit, il alla l'arbre' achobalni-

    kroth et s'y assit les jambes croises ( la mode indienne,rituelle, plinn pn). Il y jouit du vimuttsokJi, puis ilpronona les saintes et joyeuses strophes en disant : Jesuis devenu Buddha pour quarante-cinq ans ; Sariyut etMkalan seront mes principaux disciples, j'aurai des mil-liers de suivants ; la religion que je fonde durera cincj mille

    annes; je dois exposer les trois pitakas.

    14. Tentation du Buddiia par les filles de Mara

    Pendant qu'il tait sous l'arbre achobalnikrotli, le roiMara voulut encore nuire au Saint. Ayant l'esprit troul)l,

    il vint s'asseoir l'endroit o la route se spare en deuxbranches et traa des signes sur le sol alin de savoir, en les

    additionnant, si sa puissance tait plus grande (pic celle du

    devenu Buddlia, mais il ne parle pas de cette salle lantastique levepar le Buddha avec dix mille mondes, peut-tre faut-il entendre qu'illeva par la pense une telle salle. Spence Hardy cite l'ascension^mais ne parle d'aucun autre prodige.

    1. Le texte birman parle ici d'un sjour de sept jours sur une routeprpare par les nats (dieux) et situe deux brasses au nord de l'arbre;puis d'une superbe maison situe au nord-ouest o il s'assit les jambescroises pendant sept jours et s'occupa mditei' sur Y Abliidhaininn. Ilparle enfin des six rayons que son corps mettait. Le Buddha auraitensuite quitt cet endroit et serait all se placer trente brasses