Les #innovateurs : Patrick Coquelet (Polytechs) et Jalil Benabdillah (SDTech)

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Polytechs, « cuisinier » de la chimie plastique

AU CŒUR DE L’INNOVATION

La R&D ne s’arrête jamaisBénéficiant du soutien de Bpifrance, Polytechs a engagé ses équipes Recherche et Développement sur une application innovante dans l’extrusion. « COFILease est un projet liner. Aujourd’hui, il faut deux phases pour réaliser un liner, explique Patrick Coquelet. Or, nous sommes en train de mettre au point une formule permettant de le réaliser en une seule phase. L’économie est à peu près de 25 % pour le filmeur. Nous y travaillons depuis trois ans et nous nous apprêtons à passer le relais à un filmeur qui va tester nos formules pour réaliser le liner en une passe. Si c’est le cas, les filmeurs seront mieux armés au niveau économique et nous pourrons récupérer des marchés. Le brevet a été déposé en 2013, mais nous travaillons sur des brevets complémentaires avec notre cabinet d’avocats. » Un dossier clos, un autre s’ouvre : ce sont désormais les nanotechnologies qui vont occuper un service R&D qui ne s’arrête jamais. « C’est beaucoup plus pointu que ce que nous faisons aujourd’hui, avoue le chef d’entreprise. Mais les pétrochimistes et les transformateurs sont en demande. Et nous, nous voulons donner satisfaction à nos clients. »

NORMANDIE

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En 1984, intégrant Polytechs en tant que directeur financier, Patrick Coquelet tournait définitivement le dos à l’expertise comptable et l’audit. « J’ai souhaité

me lancer dans l’industrie parce que j’ai toujours été très attiré par la création de valeur », explique-t-il pour jus-tifier son choix de cette entreprise très spécialisée dans le compoundage et compaction d’additifs. « Je pensais y rester quelques années et, ce jour, je suis actionnaire majoritaire et président. Cependant j’ai toujours l’œil sur la partie financière de l’entreprise ! »

Activité : production et transformation de polymères (compound, masterbatch)

Effectifs 2014 : 140 salariés

C.A. 2013 : 33,5 millions d’euros

www.polytechs.fr

Société des Polymeres Techniques Polytechs (SASU)

ZI de la Gare 76450 Cany-Barville

Patrick Coqueletqui a consacré la moitié de sa vie à Polytechs, s’apprête à engager l’entreprise dans les nanotechnologies.

Polytechs porte l’innovation dans ses gènes. Créée en 1980 par une société de négoce de produits chimiques, elle était chargée de fabriquer les formules particu-lières demandées par les producteurs de matières plas-tiques. « Notre métier n’est pas simple, reconnaît Patrick Coquelet. Nous recevons des granulés, des poudres, des liquides et nous en fabriquons des granulés appelés compounds et mélanges-maîtres additivés. Nos clients sont à 70 % les pétrochimistes comme Total, Bayer ou BASF. Ils produisent d’énormes volumes. Mais, lorsqu’ils ont une commande spécifique de 10 à 100 tonnes de mélange-maître à traiter, ils préfèrent passer par des sociétés comme Polytechs. Les 30 % restants de notre activité sont des produits dont les formules nous appar-tiennent. » Avec ces granulés, les clients fabriquent divers équi-pements : liners, câbles, habillage automobile, tuyaux pour plateformes offshore, film photovoltaïque. « Nous sommes en quelque sorte ‘’les cuisiniers de la chimie plastique’’, précise le chef d’entreprise. Selon le secteur d’activité, la formule est radicalement différente et le polymère aussi. » 70 % de la production part à l’expor-tation.

les 3 i : innovation, investissement, international

Dans un environnement très concurrentiel pour les entre-prises françaises, Patrick Coquelet, également président du syndicat professionnel Plastalliance, a un credo, les 3 i : innovation, investissement, international. «  La re-cherche constitue 8 à 12 % de notre activité, avec 15 à 20 post-doctorants, ingénieurs et techniciens qui inter-viennent sur les projets qui nous sont confiés. Et lorsque l’on innove, il est nécessaire que la technologie suive. C’est pour cela qu’il faut investir.

Entre 2012 et 2014, nous avons ainsi acquis trois lignes de production pour 5 millions d’euros : une ligne pilote est dédiée au service de Recherche et Développement et les deux autres de type industrielles. Nous sommes en avance dans le domaine de la chimie réactive, sur l’élaboration de mélanges permettant entre autre, de fabriquer la membrane garantissant la résis-

tance à la pression d’un pipe dans l’industrie offshore, donc, son étanchéité. Nous avons une dizaine de concurrents en Europe, un peu plus dans le monde, mais nous sommes très peu nombreux à fabriquer ce produit-là. » Polytechs est leader dans le film extrudé. « Durant de longues années, nous étions seuls au monde à fabriquer un produit composé à 60 % de PIB, (poly-iso-butylène). L’avantage offert est que le granulé n’est absolument pas collant alors que le film qu’il permet de produire l’est. Il sert au fardelage : on filme les palettes, les barquettes ou encore les balles de foin. Nous travaillons également les polymères bio-sourcés produits à partir du lin ou de l’amidon. »Polytechs a également investi dans la formation en y consacrant un peu plus d’un million d’euros ces trois der-nières années par une mise à niveau de tous les collabo-rateurs. « Dans le domaine des spécialités, c’est une obli-gation, affirme Patrick Coquelet. Il faut bien les piloter, ces nouvelles unités sophistiquées ! » Des salariés qui travaillent tous les jours, toute l’année sauf entre Noël et le Jour de l’An, pour suivre les clients pétrochimistes. L’excellence est à ce prix.

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Comment passer du « R » de la recherche me-née en laboratoire, au « D » du développement à l’échelle industrielle ? C’est en travaillant pour

de futurs clients au cours de leur doctorat en sciences et génie des matériaux que Jalil Benabdillah et Aziz Ait Amer ont eu l’idée de créer SDTech. « Nous nous sommes vus comme le chaînon manquant entre les laboratoires de recherche qui trouvent des solutions fantastiques, mais ne savent pas les déployer à l’échelle industrielle, et des entreprises capables de mettre en œuvre une production, mais pas toujours à même de comprendre le langage des chercheurs. » Fonder une société en 1999 à l’aube de l’an 2000 et du fameux bug informatique fut leur premier challenge. « Les sociétés, à ce moment-là, se créaient dans l’In-ternet et les nouvelles technologies de l’information, ou ne se créaient pas, se souvient Jalil Benabdillah. Ar-river avec un projet dans le domaine du broyage et de la micronisation ne déclenchait pas l’enthousiasme de nos interlocuteurs ! » Mais leur intuition est la bonne. Ces docteurs ingénieurs en sciences et génie des par-ticules proposent à leurs clients des solutions issues de leurs différents secteurs d’intervention : chimie, cosmétique, pharmacie, minérale, agroalimentaire. « La combinaison des méthodes existantes fait qu’on trouve des réponses qui ne sont pas forcément sur le marché. » L’innovation technique se double d’une capacité à accompagner le client du laboratoire vers la production de quelques grammes de poudre, pour tester une nouvelle formulation, à plusieurs tonnes.

SDTech : bienvenue dans un monde de finesse

LANGUEDOC-ROUSSILLON

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AU CŒUR DE L’INNOVATION

Un nuage très spécialReconstituer un nuage de cendres du volcan islandais dont l’éruption en 2010 a cloué au sol des milliers d’avions : telle a été la mission confiée récemment par Airbus et EasyJet à SDTech. « Nos poussières ont été dispersées à 3000 m d’altitude au-dessus du Golfe de Gascogne par un avion militaire, juste avant le passage d’un Airbus A 340 équipé d’Avoid, un système de dé-tection optique qui permet de cartographier les nuages chargés de particules volcaniques, par-ticulièrement dangereuses pour les réacteurs. » Jalil Benabdillah se félicite des retombées de cette expérience grandeur nature : primo, parce qu’elle a permis, avec l’appui d’une cinquantaine d’ingénieurs et de gros moyens, de mieux appré-hender les risques liés à une éruption, secundo, parce qu’elle a eu un retentissement internatio-nal et offert une très belle tribune à l’entreprise, tertio, parce qu’Airbus a décidé de faire appel à SDTech sur d’autres projets.

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« À titre d’exemple, nos commandes vont de quelques centaines de kilos de colorants pour des peintures haut de gamme à 10 tonnes d’un fard à paupières pour L’Oréal ou 100 tonnes pour un test avec Lafarge. À côté de ça, on broie aussi des chocolats, de la carotine, des oignons micronisés, c’est à dire réduit en poudre à l’échelle du micron… »

Un modèle ouvert… à la concurrence !

L’innovation chez SDTech ne s’arrête pas là. L’entreprise alésienne a créé une plateforme d’échanges qui permet à des industriels, des scientifiques, des enseignants, des étudiants, des ingénieurs, des techniciens, de venir travailler, effectuer des tests, se former. « Nous avons fait le choix de donner accès à nos technologies, explique le P-DG. Nous estimons en effet qu’il faut diffuser le savoir et la compétence pour grandir et renforcer notre expertise. » La propriété intellectuelle des innovations est cédée aux groupes industriels clients qui peuvent déposer des brevets en leur nom. SDTech trouve son compte dans la rémunération des études et des services associés, lesquels conduisent à dégager des marges suffisamment importantes pour développer de nouvelles recherches, acquérir de nouveaux équipements. Récompensée par plusieurs prix - innovation, export, management - sélectionnée par Oséo BPI Excellence en 2012, l’entreprise d’Alès a été choisie par Michelin pour participer au développement des filières alternatives de production de caoutchouc régénéré en partant de pneus déjà broyés et déferraillés. L’enjeu est de parvenir à produire dans les années à venir des poudres de pneu de très haute qualité, très fines et très homogènes qui seront ensuite recyclées dans la fabrication de pneus neufs. En attendant les premiers résultats, SDTech a entrepris de dupliquer son modèle dans le domaine des nanotechnologies. « Les problématiques sont les mêmes, précise Jalil Benabdillah, qu’il s’agisse de maîtriser, produire ou éviter et se débarrasser des poudres. Nous avons là-aussi l’ambition de nous placer entre le “R“ et le “D“ ». Une nouvelle plateforme est en projet : nouveaux bâtiments, nouvelle usine, nouveaux chercheurs, nouveaux ingénieurs. La CCI qui a activement soutenu tous les projets de SDTech se réjouit de cette réussite à l’Alésienne.

Activité : Micronisation, analyse et traitement à façon des poudres fines et ultrafines

Effectifs : 32 salariés

C.A. 2014 : 2,2 millions d’eurosCertifications ISO 9001, Bio-Ecocert, HACCP, Label Diversité

Membre de la communauté OSEO Excellence en 2011 et 2O12

SDTech - Solides Divisés Technologies3 rue de la Bergerie - Parc Industriel P.I.S.T. 30100 Alès

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Jalil BenabdillahLe P-DG et co-fondateur de SDTech est également conseiller municipal d’Alès et 1er vice-président délégué au développement économique de l’agglomération.

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