Les Hôpitaux dans la guerre

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omme toutes les institutions ancrées dans la société, les hôpitaux civils et militaires ont été confrontés aux grands conflits du XX e siè- cle. Fidèles à ses missions, le personnel hospitalier a apporté son concours pour soulager les souffrances. Au-delà des histoires sin- gulières évoquées dans cette exposition et présentées dans un ouvrage éponyme, publié aux éditions du cherche midi, c’est bien une vision d’ensemble qui se dessine, celle d’un hôpital en permanence uni par la nécessité de s’adapter pour répondre aux défis des années de guerre. L’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC), la Fédération hospitalière de France (FHF), l’Association des directeurs d’hôpital (ADH) et la Société française d’histoire des hôpitaux (SFHH) ont souhaité, par ces deux réali- sations, rendre hommage aux personnels des hôpitaux qui ont servi pendant les derniers conflits contemporains, à leur courage et à leur dévouement. Créée en 1924, la FHF réunit plus de 1 000 établissements publics de santé et autant de structures médico-sociales, soit la quasi-totalité des établissements du secteur public. Cette légitimité et sa dimension nationale font de la FHF un acteur de premier plan du monde de la santé. La FHF remplit une triple fonction de promotion de l’hôpital public, d’information et de représentation des établissements. Elle est aussi un lieu où s’élaborent de nouvelles propositions destinées à alimenter le débat législatif. La SFHH est une association créée en 1958 par le professeur Jean Imbert ; elle a pour ambition de travailler sur l’histoire des hôpitaux dans une approche multi- disciplinaire. C’est le travail collectif d’une équipe de bénévoles qui fait de cette Société une partie intégrante de la FHF, maison mère. Cette démarche pluridisci- plinaire a pour objectif de réfléchir collectivement sur le devenir des hôpitaux, non dans une recherche de modèle idéal mais dans une analyse partagée entre des universitaires, des historiens, des médecins, des architectes, des Européens, des hospitaliers, des sociologues, des élus, avec le double soutien du ministère de la Culture et du ministère de la Santé. Fondée en 1961, l’ADH rassemble les dirigeants hospitaliers en formation, en activité et en retraite issus de l’École des hautes études en santé publique, anciennement ENSP, située à Rennes. Elle s’est fixée, dès sa création, pour objectif de renforcer les liens de camaraderie et de solidarité entre collègues en vue de contribuer à la construction d’une véritable identité professionnelle. En tant que laboratoire d’idées, elle vise à formuler une réponse collective aux défis que rencontrent les directeurs d’hôpital, tant dans l’exercice de leurs fonctions au quotidien que dans le système sanitaire français en général. A partir de 1916, face aux besoins vitaux d’une population durement touchée par la guerre, face à l’absence de dispositif de prise en charge des mutilés, réformés, orphelins, veuves et anciens combattants, l’État français crée trois institutions qui n’en deviendront plus qu’une seule en 1946 : l’Office national des anciens com- battants et victimes de guerre (ONAC). L’ONAC est aujourd’hui un établissement public administratif, placé sous la tutelle du ministère de la Défense. Il assure la gestion des droits de 3,6 millions de ressortissants dont il est chargé de préserver les intérêts matériels et moraux. Avec l’éloignement des conflits contemporains, les missions originelles de l’ONAC – la reconnaissance, la réparation et la solidarité – ont évolué, au profit de celle de mémoire. Ainsi, l’Office œuvre particulièrement pour la transmission, notamment auprès des jeunes générations, de la mémoire de ses ressortissants et des valeurs qui ont guidé leur engagement au cours des conflits contemporains. C

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omme toutes les institutions ancrées dans la société, les hôpitauxcivils etmilitaires ont été confrontés aux grands conflits du XXe siè-cle. Fidèles à ses missions, le personnel hospitalier a apporté sonconcours pour soulager les souffrances. Au-delà des histoires sin-gulièresévoquéesdanscette expositionetprésentéesdansunouvrageéponyme, publié aux éditionsdu cherchemidi, c’est bienune visiond’ensemble qui se dessine, celle d’un hôpital en permanence uni

par la nécessité de s’adapter pour répondre aux défis des années de guerre.L’Officenationaldesancienscombattantset victimesdeguerre (ONAC), laFédérationhospitalière de France (FHF), l’Association des directeurs d’hôpital (ADH) et laSociété française d’histoire des hôpitaux (SFHH) ont souhaité, par ces deux réali-sations, rendre hommage aux personnels des hôpitaux qui ont servi pendant lesderniers conflits contemporains, à leur courage et à leur dévouement.Créée en 1924, la FHFréunit plusde 1000établissementspublics de santé et autantde structuresmédico-sociales, soit la quasi-totalité des établissements du secteurpublic.Cette légitimitéetsadimensionnationale fontde laFHFunacteurdepremierplan du monde de la santé. La FHF remplit une triple fonction de promotion del’hôpital public, d’information et de représentation des établissements. Elle estaussi un lieuoù s’élaborentdenouvellespropositionsdestinées à alimenter ledébatlégislatif.La SFHH est une association créée en 1958 par le professeur Jean Imbert ; elle apour ambition de travailler sur l’histoire des hôpitaux dans une approche multi-disciplinaire. C’est le travail collectif d’une équipe de bénévoles qui fait de cetteSociété une partie intégrante de la FHF,maisonmère. Cette démarche pluridisci-plinaire a pour objectif de réfléchir collectivement sur le devenir des hôpitaux,nondans une recherche demodèle idéalmais dans une analyse partagée entre desuniversitaires, des historiens, desmédecins, des architectes, des Européens, deshospitaliers, des sociologues, des élus, avec le double soutien du ministère de laCulture et duministère de la Santé.Fondéeen1961, l’ADHrassemble lesdirigeantshospitaliersenformation,enactivitéet en retraite issus de l’École des hautes études en santé publique, anciennementENSP, située à Rennes. Elle s’est fixée, dès sa création, pour objectif de renforcerles liens de camaraderie et de solidarité entre collègues en vue de contribuer à laconstruction d’une véritable identité professionnelle. En tant que laboratoired’idées, elle vise à formuler une réponse collective aux défis que rencontrent lesdirecteurs d’hôpital, tant dans l’exercice de leurs fonctions au quotidien que dansle système sanitaire français en général.Apartir de 1916, face auxbesoins vitaux d’unepopulationdurement touchéepar laguerre, face à l’absence de dispositif de prise en charge des mutilés, réformés,orphelins, veuves et anciens combattants, l’État français crée trois institutions quin’en deviendront plus qu’une seule en 1946 : l’Office national des anciens com-battants et victimes de guerre (ONAC). L’ONAC est aujourd’hui un établissementpublic administratif, placé sous la tutelle du ministère de la Défense. Il assure lagestion des droits de 3,6millions de ressortissants dont il est chargé de préserverles intérêtsmatériels etmoraux.Avec l’éloignementdes conflits contemporains, lesmissions originelles de l’ONAC– la reconnaissance, la réparation et la solidarité –ontévolué, auprofit decelledemémoire.Ainsi, l’Officeœuvreparticulièrementpourla transmission, notamment auprès des jeunes générations, de lamémoire de sesressortissants et des valeurs qui ont guidé leur engagement au cours des conflitscontemporains.

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Salle commune de l’hôpitalBoucicaut à Paris pendant

la Première Guerre mondiale.

Entre pénurieset rationnements,le quotidien bouleversédes hôpitaux en guerre

Blessésphotographiésdans une coursde l’hôpitalCochin à Paris.

Deux blessés entourés d’infirmiersdans la salle pour les bains de l’hôpitalSaint-Louis, le 2 mars 1916.

n temps de guerre, le quotidien deshôpitaux est intimement lié à l’évo-lutionde la situationdu front.Assautsetbombardementsmeurtriersappor-tent leur lotdeblessés, l’évacuationdes

territoires entraîne l’affluence des réfugiés etles rares accalmies permettent de souffler unpeu et de traiter l’urgence. Toujours, la douleur,lamisère et la peur sont présentes.Lapénurie, le rationnement, lemanquedeper-sonnel soignant, autant de maux considéréscomme le lot commund’une guerre, rendent latâche quotidienne des hôpitaux toujours pluslourde et impliquent l’engagement sans faillede celles et de ceux qui ont à charge de soulagerles souffrances, de protéger et de soigner.De1914à1918, leshôpitauxsontconfrontésàune

arrivéemassive deblessés du front, surpassantleurs capacités d’accueil et les obligeant sou-vent à renvoyer les civils, y compris ceux dontl’étatde santéest grave.Parvenir ànourrir toutesles bouches devient en soi une entreprise desplus difficiles, les subventions duministère dela Guerre étant très limitées. Les hôpitaux sevoient alors engagésdansune lutte quotidiennecontre les rationnements, pour préserver aumieux l’état de santé de leursmalades.Les hôpitaux doivent s’adapter dans l’urgenceàune situation totalement inédite. Ils vont, toutau longdesdeuxguerresmondiales, etmalgré lapénurie, accueillir le flotmassif deblessés et deréfugiés, tout encontinuantd’assumer leurmis-sionpremière : secourir unepopulationdont ledénuement ne cesse de s’accroître.

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Deux hommesde service aumilieu

des décombresde l’hôpital Brocaà Paris, après le

bombardement aériendes 30 et 31 juin 1918

(vue prise de la ruede Julienne).

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Les hôpitauxà l’heure allemande

Un homme enfermé à l'hôpitalRothschild, en 1940. Entrée de l'hôpital Rothschild, en 1940.

endant laSecondeGuerremondiale,certains hôpitaux sont investispar les autorités allemandes et sontréorganiséspour répondreà l’effortde guerre ennemi.

On songe rarement aux hôpitaux du Nord de laFrance, région qui a connu l’occupation bienavant1940etdont leshommeset les femmes,sansdistinctionaucune, sont tenusde travailler pourles Allemands.Dans les territoires considérés commeannexésdedroit parHitler, l’Alsace et laMosellenotam-ment, les hôpitaux perdent leur identité et leurautonomie.L’usagedu français y est strictementinterdit,commecefut lecasauxhospicesdeMetz.

Les heures sombres de la Seconde Guerremondiale conduisent à la tragédie de l’hôpitalRothschild à Paris. Pendant l’été 1940, lespremières mesures discriminatoires sontadoptées. L’hôpital Rothschild reste une desrares structures israélites organisées de la ville,ce qui en fait un hôpital à part en cette périodetrouble. Transformé en centre d’internementdes Juifs, il devient un maillon de la chaîne dedéportation en France.Comme pour le reste du pays, les hôpitauxdoivent faire face à l’occupant. Le courage et ledévouement du personnel permirent souventde protéger les patients des exactions.

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Militaires allemandsentrant dans

l’hôpital Calmette .

Autorisation de circulerpendant les alertes etles bombardementsau nom de MauriceLegrand, externeà l’hôpital de la Charitéde Lille.

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L’intérieur dévastéd’une salle de l’hospice civil

de Brest en 1941.

Drames et tragédiesde la deuxièmeguerre mondiale

L’hôpital Gaston Doumergueà Nice bombardé.

ar l’importancevitalequ’il constitue,c’est toutnaturellementque l’hôpi-tal peut être amenéà se trouverdansla lignedemirede l’ennemi.Détruireun hôpital alors même que le droit

est censé le protéger de toute activité belligé-rante, c’est s’attaquer à l’un des points névral-giques de la défense d’un territoire, en ampu-tant celui-ci de la possibilité de se redresser.Plongés au cœur du conflit, certains hôpitauxdeviennent des instruments au service de l’af-firmationde lapuissance ennemie.Ainsi, l’hô-tel-DieudeBeauvais estundesnombreuxhôpi-taux pris sous le feu allemand en mai 1940.Le bombardement de la ville doit dissuaderd’autres agglomérations,dontParis, de résister.Devenu un enjeu à part entière de la guerre, lepersonnel hospitalier, professionnel, humani-taire oumêmebénévole n’est pas en reste. Faceauxbombardements, pendant le siègede la villedeBrest, alors que tous les autres hôpitaux sontdétruitspar lesbombardements, l’asilede lavilleest transforméenpostedesecourspour lesbles-

séset enabripour lapopulation.Ledévouementdu personnel fut alors incroyable, dépassantlargement le cadre hospitalier face à la tragédiequ’a été le bombardement de la ville, pendantlesquarante-cinq joursqui ontprécédé sa libé-ration.C’est cemêmecouragedont témoigne lepersonnelde l’hôpitaldeNîmes,bombardéavantle débarquement de Provence.Durant cette période tragique, l’hôpital psy-chiatrique de Bassens, en Savoie, révèle l’ex-trême vulnérabilité des malades mentaux entemps de guerre. Si la mort est la conséquenceinévitablede la guerre, certainsmalades y furentparticulièrement exposés du fait de leur fragi-lité.L’implicationdupersonnelhospitalier etdelapopulation localepourpréserver lebien-êtredespatientsneputempêcherunesurmortalitédueen grande partie aux restrictions alimentaires.Leshôpitaux, alorsmêmequ’ils auraientdûêtrepréservés comme des sanctuaires en temps deguerre, ne furent nullement épargnés par lessouffranceset lesdestructionsduSecondConflitmondial.

PCi-contre : buanderie d’un hôpital dévastéepar un bombardement allemand.

Enhaut : à l’entrée de l’abri Ponchelet, rue Pierre Sémard,le personnel de la Croix rouge et des réfugiés brestoisattendant d’être évacués, le 17 septembre 1944.

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Infirmières et groupe de soldats hospitalisésà l’Hôpital sanatorium de La Tronche près de Grenoble.

Le couragedes soignantes

Une infirmière décorée de la légiond’honneur, en 1917, à Paris.

Sœur Hélène et la supérieure de Saint-Nicolasen cavale à Saint Jean des Ollières.

u cœur de la tourmente, les hôpi-taux sont, plus que tout autreendroit, perçus commeunrefuge,un lieu où l’espoir est toujoursvivant malgré l’adversité. Face à

l’accumulationdes drames individuels, faits depeur, d’isolement et de douleur, infirmiers,médecins et ambulanciers apparaissent commedes remparts contre la souffrance et lamort.Alors que les hommes sont mobilisés ou faitsprisonniers, les femmesproposentspontanémentleur aide. Lebénévolat occupeuneplace impor-tante dans l’organisation du secours aux bles-sés, à côté des personnels qualifiés, ce qui n’estpas sansentraînerdesdysfonctionnementsdontlesprofessionnelsontpuseplaindre.Pourautant,il est évident que tout nepouvait reposer sur lesseuls personnels hospitaliers, déjà débordés.Ainsi, pendant la Première Guerre, se distin-guent la Société de secours aux blessés mili-tairesou l’Uniondes femmesdeFrance,ainsiqued’autres organismes, où l’on trouve de nom-breuses femmeset jeunes fillesdebonne famille.Au plus fort de la guerre, nombreux sont les

hôpitauxqui firent travailler côteàcôtecesbéné-voles venuesde toushorizons.Ces femmes firentpreuve d’une abnégation et d’un dévouementque l’Histoire a parfois oublié.Leur courage s’est parfoismanifesté collective-ment, ce fut le cas desRochambelles, groupedejeunes Françaises exilées aux États-Unis quisuivirent les pas de la 2eDB du général Leclerccommeambulancières. Il s’estégalementexpriméà titre individuel : l’histoire de sœur HélèneStudler, unexempleparmi tantd’autre est signi-ficatif ; elle risqua ainsi sa vie durant l’occupa-tion, àMetz, en venant en aide aux prisonnierspuis en organisant un véritable réseau deRésistance.Que ce soit dû à la mobilisation d’une partied’entreeuxpendant laPremièreGuerremondialeou aux répercussions dramatiques du SecondConflitmondial, lesmembresdupersonnelhos-pitalier ont bénéficié du renfort d’unepartie dela population. Multiples sont donc les visagesdecelleset ceuxqui servirent laFranceenvenanten aide aux blessés et qui sont restés anonymesdans l’Histoire.

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Dans le Vaucluse, en 1939,des infirmières de la sociétéde secours aux blessés militairesreçoivent des troncs afinde collecter des fonds dansle secteur de la 6e armée.

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Portrait du docteur Pierre Hillemand(1895-1979), médecin des hôpitauxde Paris, Croix de Guerre 14-18 et Officierde la Légion d’Honneur, qui dirigeales consultations du STO à l’hôpitalSaint-Antoine durant la guerre.

L’hôpital,lieu de Résistance

econtextedecrisenationalecontri-bue à faire de l’hôpital, plus quejamais,unlieud’espoiretderécon-fort. Lien entre le monde civil etlemonde combattant, c’est là que

naissent les solidarités, que se reconstituent lesforces, que se développe aussi la Résistance ;commesi laFrance vivait dans ceshôpitauxplu-sieurs formes d’engagement patriotique.En temps de guerre, le personnel hospitalier al’obligationprofessionnelle de rester, quoi qu’ilarrive, dans l’enceinte de l’hôpital et de proté-ger ceuxqui s’y trouvent.Auplus fort de la tour-mente, nombre d’entre eux font alors figure dehéros. Chaque hôpital en France a ainsi son lotd’actesde résistance : sabotagesde toutes sortes,dissimulation de Juifs ou de résistants, réseaud’évasion…Malgré l’acharnementdesautoritésd’occupationoude collaboration, un certainnombrede Juifsont ainsi pu être sauvés grâce à la situationpar-ticulière qu’occupe l’hôpital,mais surtout grâce

à l’héroïsme et à la discrétion des hommes etdes femmes qui y travaillaient.La pratique des faux certificats médicaux à laconsultationdemédecine«Porte»de l’hôpitalSaint-Antoine, à Paris, permit à de nombreuxjeunes gensd’échapper auSTOet d’entrer dansla Résistance.Les hôpitaux servirent également de lieu derefugeauxpilotesalliésetauxrésistants.D’autres,blessés, y furent détenus. Moins bien gardésque les prisons, les hôpitaux offraient davan-tagedepossibilités pour libérer lesprisonniers,donnant lieu àdes actionsd’éclat, commece futle cas à l’hôpital Pasteur deDole, en 1944, avecl’enlèvement d’un résistant.Ces personnels, anonymes ou célèbres, s’illus-trèrent dans leurmétier et dans leur vie commede parfaits résistants. A chaque échelon de lahiérarchie hospitalière, on découvre ainsi unquotidienqui est une addition constanted’actesde résistancepouvant aller jusqu’à uneprise derisques suprême.

L

Dans un poste de commandementavancé de Toulon, une infirmière, venuede l'arsenal donne des renseignementsà des Résistants sur la positiondes hôpitaux qui doivent être protégés.

Le général de Lattre de Tassignyfélicite une infirmière des Forces

Françaises de l’Intérieur, lorsdes cérémonies de la Libération deMontpellier, du 26 au30 août 1944.

Plaque apposée sur les lieux de l’ancien hôpital deThouars dans les Deux-Sèvres et commémorant l’envoidemessages radio en1941. Ledocteur André Chauvenetest né en 1900, membre du réseau Confrérie Notre-Dame (CND Castille), il est arrêté en janvier 1942, puisdéporté. Le Docteur André Colas, né en 1902, membredumême réseau, est arrêté en janvier 1942, puisincarcéré. Bernard Anquetil, dit l’Hermite, est néen 1916, engagé dans la marine en 1936. Il est recrutéen avril 1941 par le Colonel Rémy comme opérateurradio pour le réseau Confrérie Notre Dame. Il est arrêtéen juillet 1941 et fusillé le 24 octobre au Mont Valérien.Il est fait Compagnon de la Libération à titre posthume.

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Electro-aimant géant construit parle docteur Rollet, en 1910, pour l’extractiond’éclats intra-oculaires.

aPremièreGuerremondiale va for-tement influer les outils de soinshospitaliers. Face aux nécessitésimposéespar la situationdeguerre,de véritables percées scientifiques

sont réalisées.Lesconditionsdeviedespoilusdans les tranchéescontribuèrent à la diffusiondemaladies conta-gieuses,véritablepérilpour lanation.Faceàcettemenace, les autorités sanitairesmirent enplacedesstructuressanitairesspécialiséesqui faisaientjusqu’alorsdéfaut,notammentcontre lasyphilisetlatuberculose,qualifiéesd’ennemisdel’intérieurpendant la Première Guerremondiale.Les ravages des gaz utilisés au front ainsi que latuberculose, qui continue à se propager aprèsla guerre, demandent une réponse sociale etmédicale globale. Des projets ambitieux sontmisenœuvre, commelaconstructionàClairvivred’une cité sanitaire pour accueillir les blessésdu poumon.L’artillerie utilisée pendant la guerre de façonintensive se révèle infiniment plusmeurtrière

quepar le passé : 70%desblessures sont infli-géespardes obus. Elle causedesblessuresphy-siques qu’aucune arme n’avait provoquéejusqu’alors, détruisant les corps mais aussi lesvisages et obligeant la création de nouvellesstructures hospitalières, commece fut le cas duservice des « gueules cassées » des hospicescivils de Lyon.Enfin, ce conflit sans précédent révèle l’am-pleur des séquelles psychiques développés parles soldats ; les premières études sur la psycho-névrosedeguerre sont conduites.C’estuneautreforme de contagion qu’il faut enrayer et lesréponses thérapeutiques qui se développentvisent avant tout à ramener le malade le plusrapidement sur le front.La médecine de guerre profite en premier lieud’un personnelmédical ayant reçu une forma-tion de qualité. Elle bénéficie, en second lieu,desprogrèseffectuésauXIXe sièclepar lesscienceshumaines et la médecine moderne, tout ens’adaptant à cette situation inédite.

L

« Les Blessés du poumon et chirurgicauxgroupés dans les 300 sections de leurfédération nationale dédient ce monumentà la mémoire de leur président, Albert Delsuc,1964. » Monument en forme de ruche avec300 alvéoles contenant le noms des villesayant souscrits à l’érection de cemonumentà Clairvivre.

L’hôpital des tuberculeux à Saint-Genis-Laval,près de Lyon, en 1916.

Au début du conflit, ce sont les ateliers du Service de santé desarmées qui fournissent les premières prothèses. Justin Godardcrée une commission d’étude de l’orthopédie chargée desuperviser la fabrication demodèles types. Nombre d’inventeursse lancent alors dans la réalisation de prothèses : on peut citernotamment Louis Lumière avec sa pince universelle exposéeaumusée d’Histoire de la Médecine. Les blessés appareillésvont réapprendre un nouveaumétier dans des centresde rééducation. A Lyon, dès 1914 sous l’impulsion d’EdouardHerriot, l’école Joffre (photo) et le centre de Tourvielle, donts’occupa le Professeur Nové-Josserand, chirurgien orthopédistede l’hôpital de la Charité de Lyon, voient le jour.

Des avancéesdéterminantespendant la Grande Guerre

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uplus fort des annéesmeurtrièresqueconnaît laFranceauXXe siècle,l’hôpital vitpleinementsasituationdesoutiendel’entreprisedeguerre.Les hôpitaux ou les structures

hospitalières placés près du front sont plongésde façon tragiquedans lequotidiende la guerre.Les capacités d’évacuationet les infrastructuresmédicales ont été notablement améliorées aucours des guerres. Entre l’arrière et le front,c’est toute une chaîne de soins, méthodique etéchelonnée, qui voit le jour : brancardierss’occupant du retrait des blessés sur le champde bataille, postes de secours établis en arrièredes premières lignes, ambulances pratiquantles premières interventions nécessaires,hôpitaux d’évacuation, trains sanitaires

spécialement affrétés pour le transport desblessés vers leshôpitaux spécialisésde l’arrière.La chirurgie du champ de bataille réussità combiner les techniques d’anesthésie etd’intervention tout en répandant l’usage desantiseptiques. Des thérapeutiques nouvellesvoient le jour : la transfusionsanguine, l’ablationdes tissus endommagés pour lutter contre lagangrène et la détection par rayon X.Les personnels qui se trouvent sur le frontcomptent une grande partie de militaires (duservice de santé des armées), mais égalementdes civils (médecins et infirmiers), profes-sionnels enrôlés ou bénévoles, ainsi que deseffectifs de la Croix-Rouge. Nombreux serontainsi les hospitaliers confrontés directement àla violence du front.

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À Diên Biên Phu, durant la guerred’Indochine, les blessés reçoiventles premiers soins dans l'antennechirurgicale installée sous terre(16mars 1954).

Les hôpitaux du front

Évacuation d'un prisonnier viêt-minh souffrant d'une fracturede la cuisse, en 1952 durant la guerre d’Indochine.

Au fort de Douaumont, des soldatseffectuent une corvée de nettoyageà l'entrée de leur cagna. En ce mois

de février 1917, la boue envahitl'ensemble des abris, rendant leur

vie difficile.

En 1918, des blessés sont soignésà l’hôpital de Froidos près de Verdun.

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Lors de l’opération « Castor » à Diên Biên Phu,un sergent du 6e Bataillon de Parachutistes Coloniauxdonne à boire à un blessé, mis à l’abri d’un replide terrain, près du Poste de Commandementdu bataillon (20 novembre 1953).

ar sa présence, sa vigilance et sonsavoir-faire, lesoignant intervenantprès du front complète inévita-blement la tâche du combattantqui exige un soutien d’une grande

proximité. Généralement militaire lui-même,sa formation lui permet ainsi de s’adapter auxsituations les plus extrêmes. Demême, l’orga-nisationdessoinset secoursauxblesséseffectuépar leservicedesantédesarméessuitdeprèscelledesopérationsmilitaires, car elle estunélémentindispensable au bon déroulement de cesdernières.Ainsi, leshôpitauxdecampagne, établissementsdesoinprovisoires installésàproximitédeszonesde combat, durent continuellement adapter leurorganisation afin d’accueillir le flot de blessés,comme l’illustre l’exemple de la bataille deVerdun, entre février et décembre 1916.Le soutien sanitaire créé et développé par leservicedesantédesarméesaucoursde laGrandeGuerre est reproduit pendant la SecondeGuerre

mondiale, commelorsdesopérationsde lapochede Dunkerque en mai et juin 1940. Durant laDeuxièmeGuerremondiale,bienquel’ampleurdescombats sur le territoire national futmoindre,les combatsdésespérésde l’armée française lorsde ladébâcleexposèrent tout autant lepersonnelde santé.C’est également lors d’un siège terrible pourl’armée française, celui de la bataille de DiênBiên Phú, que quelques années plus tard, lepersonnel sanitaireeutà faire faceauxconditionsextrêmes de la guerre d’Indochine.Dans l’urgencedes situations de guerre, le per-sonnel hospitalier a prouvé plus que jamais sacapacité à ne pas se laisser déborder par lesévénements et, si possible, à assurer en tempseten heure un service efficace et adapté avecprécision à chaque contexte. Depuis un siècle,l’hôpital a confirmé sa vocationmédicale, par-devant celle de lieud’accueil pour indigents quiluiétaitdévolueauparavantetqu’il est amené,parla force des événements, à dépasser.

PTransport d’un blessé au poste de secoursdu bastion 32, à Dunkerque durant la deuxième guerremondiale.

Sur la route de Verdun à Douaumont, le 24 décembre1916, un blessé grave est transporté vers un poste desecours par des brancardiers. Ces derniers sont pourla plupart équipés de peau demouton, leur permettantde se protéger contre le froid et l'humidité environnante.

Opération pratiquée par le médecin-commandantGrauwin à l’antenne chirurgicale de Diên Biên Phudurant la guerre d’Indochine (19mars 1954).

Le rôle exemplairedu service de santédes Armées