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uu essaient de gérer tous seuls des émotions trop douloureuses, uu ne s’autorisent pas à pleurer, à protester ou à dire qu’ils ont peur, uu vivent avec trop d’émotions doulou-reuses non résolues de leur passé, uu ont eu des expériences perturbantes, dévastatrices ou bouleversantes, qu’ils n’ont pas pu analyser ou ressentir de manière adéquate,

uu sont pleins d’émotions non exprimées parce qu’en parler semble bien trop dangereux, uu sont pleins de deuils qu’ils n’ont pas pleurés.

ISBN : 978-2-8073-0174-0

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A ccompagné d’une courte histoire illustrée, ce guide per-met aux psychologues, aux thérapeutes et aux enseignants de travailler les émotions difficiles et les situations compli-

quées avec des enfants de 4 à 12 ans. C’est un outil essentiel pour reconnaître l’émotion non résolue et réagir adéquatement pour aider l’enfant à avoir un comportement plus adapté.

Le livre décrit la manière dont les enfants s’adaptent à leurs émo-tions, en se causant du tort ou en faisant du mal à d’autres, explique les conséquences que cela entraîne et comment les aider à réagir différemment.

Les professionnels trouveront, dans cet ouvrage, de nombreux exemples et études de cas, des techniques thérapeutiques innovantes, une grande variété d’activités (avec documents photocopiables) pour travailler avec les enfants et leur apprendre à communiquer leurs sentiments de façon créative, imaginative et ludique.

MARGOTSUNDERLAND

Elle est directrice pédagogique du Centre pour la Santé Mentale des Enfants à Londres, chargée de cours honoraire à l’Université métro-politaine de Londres et psychothérapeute pour enfants depuis plus de trente ans. Elle est également l’auteur d’une vingtaine de livres, dont certains ont été traduits en dix-huit langues.

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www.deboecksuperieur.com

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Ce guide aidera

les enfants qui :

Françoise Hallet est médecin scolaire et coordinatrice de L’Envol, centre pour l’accompagnement de la famille adoptive, en Belgique. Elle a enseigné à la Haute École Condorcet de la Province du Hainaut.

OUVRAGES PARUS• Aider les enfants enfermés dans la colère

ou dans la haine - L’histoire de Violaine qui détestait la gentillesse

• Aider les enfants qui ont peu d’estime de soi - Isabelle et la poubelle

• Aider les enfants anxieux ou obsessionnels - Tom et la maison tremblante

• Aider les enfants qui ont peur - Tout-Petit dans un monde trop grand

• Aider les enfants qui ont endurci leur cœur ou qui harcèlent les autres - Martin le lutin (et quelques Dragous)

• Utiliser les histoires contées comme outil thérapeutique avec les enfants

Aider les enfants

qui refoulent leurs émotions

271541PQB_SUNDEREMO_CS6_PC.indd 2 13/01/2017 14:46:50

Aider les enfants



La collection rédigée par des praticiens pour des praticiens a pour objectif d’offrir une gamme d’outils adaptés à la prise en charge d’enfants, d’adolescents et d’adultes en difficulté ou souffrant de troubles spécifiques.

Elle s’adresse aux professionnels du secteur psycho-médico-social et éducatif (psycho-logues, psychologues scolaires, psychothérapeutes, éducateurs, enseignants, orthophon-istes, logopèdes…) qui souhaitent améliorer leur savoir-faire et élargir leur domaine de compétences.

OUVRAGES PARUS

• GENOUD-CHAMPEAUX M.-D., Deuil, maladie, séparation. Pratiques d’accompagnement des familles

• HOWLIN P., HADWIN J., BARON-COHEN S., Apprendre aux enfants avec autisme à comprendre la pensée des autres. Cahier d’exercices

• SEMPLE R.J., LEE J., La pleine conscience pour les enfants anxieux. Aller mieux en s’amusant grâce au programme MBCT-C

• SUNDERLAND M., Utiliser les histoires contées comme outil thérapeutique avec les enfants

• SUNDERLAND M., Aider les enfants anxieux ou obsessionnels

• SUNDERLAND M., Aider les enfants enfermés dans la colère ou la haine

• SUNDERLAND M., Aider les enfants qui ont endurci leur cœur ou qui harcèlent les autres

• SUNDERLAND M., Aider les enfants qui ont peur

• SUNDERLAND M., Aider les enfants qui ont peu d’estime de soi

• SUNDERLAND M., Aider les enfants qui refoulent leurs émotions


Aider les enfants


Traduction et adaptation française par Françoise Hallet

MARGOT SUNDERLAND


Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de spécialisation, consultez notre site web : www.deboecksuperieur.com

© De Boeck Supérieur s.a., 2017 1re édition Rue du Bosquet, 7 – B-1348 Louvain-la-Neuve Pour la traduction et l’adaptation française

Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie)

partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.

Imprimé aux Pays-Bas

Dépôt légal : Bibliothèque nationale, Paris : février 2017 Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2017/13647/021 ISBN 978-2-8073-0174-0

Ouvrage original :

© Margot Sunderland & Nicky Armstrong, 2000.

This translation of Helping Children who Bottle Up their Feelings, first published in 2000, is published by arrangement with Speechmark Publishing Ltd.


7

Sommaire

À propos de l’auteure et de l’illustratrice .................................................. 9

Remerciements .............................................................................................. 11

À propos de ce guide ................................................................................... 13

Introduction .................................................................................................... 15

La vie des enfants qui ont décidé de garder pour eux leurs émotions ............................................................................... 17

Que faire après avoir lu l’histoire de Peu-Importe à l’enfant .................. 37

Envisager une thérapie pour les enfants qui refoulent leurs émotions ............................................................................................... 55

Bibliographie .................................................................................................. 59


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À propos de l’auteur

MARGOT SUNDERLAND est conseiller thérapeutique pour enfants, super-viseur et formatrice (UKATC) et art-thérapeute (UKCP). Elle est Présidente de la section Enfants et Jeunes de l’Association Britannique de Psychothérapie.

Margot Sunderland est aussi directrice de l’Institut pour les Arts en Thé-rapie et en Éducation, un centre de formation reconnu proposant un master en psychothérapie intégrative pour enfants et en art-thérapie. Elle a créé le projet « Aider où cela fait mal », qui offre une thérapie gratuite et un accompagnement aux enfants perturbés de plusieurs écoles primaires dans le nord de Londres.

Margot Sunderland a publié de nombreux livres : Choreographing the Stage Musical (Routeledge Theatre Arts, New York and J Garnet Miller, England) ; Draw on Your Emotions (Speechmark Publishing, Bicester and Erickson, Italy) ; Using Storytelling as a Therapeutic Tool for Children (Speechmark Publishing, Bicester, mention « hautement recommandé » dans la catégorie Santé Mentale de la Compétition BMA Medical Book de 2002) ; et la série très appréciée Helping Children with Feelings, histoires pour enfants et guides pour thérapeutes (Speechmark Publishing, Bicester).

À propos de l’illustratrice

NICKY ARMSTRONG a un MA de la Slade School of Fine Art et un BA Hons en Theatre Design de la University of Central England. Elle est actuel-lement professeur de trompe-l’œil à la Hampstead School of Decorative Arts, London. Elle a réalisé des commandes nationales et internationales de pein-tures murales et de beaux-arts.


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La vie des enfants qui ont décidé de garder pour eux leurs émotions

GeorGes, 4 ansJe n’ai pas beaucoup besoin de ma Maman.

Winnicott, le psychanalyste, a inventé ce terme « self-holding » (= auto-maintien). Le self-holding signifie gérer des émotions douloureuses ou difficiles par soi-même, sans aide extérieure. Donc les enfants avec un self-holding sont ceux qui ont arrêté, ou n’ont jamais commencé, à chercher de l’aide quand ils sont en détresse. Par conséquent ils ont adopté une attitude équivalente à celle de l’adulte stoïque qui souffre sans se plaindre et qui continue à avancer.

Donc, même si des enfants en auto-maintien peuvent sembler sociables et amicaux de l’extérieur, leurs sentiments sont une affaire privée. Géné-ralement cela ne survient pas chez les enfants qui se retiennent de dire à quelqu’un qu’ils sont malheureux, effrayés, en colère, etc. En fait, beaucoup d’entre eux sont convaincus que demander de l’aide pour gérer leurs émo-tions est une très mauvaise idée, et qu’ils se sentiraient encore plus mal ; ils pensent que s’ils en parlaient, ils se sentiraient honteux, embarrassés, rejetés ou mal compris. Cette méfiance basique peut durer toute leur vie. De plus un monde sans aide possible est un monde très morne et désolé. En effet, dans leurs jeux en thérapie, beaucoup d’enfants à auto-maintien mettent en scène des aides rendues impuissantes. (Voir figure 1, une his-toire de jeu de sable dans laquelle les services d’urgence et la dame de la patrouille scolaire sont réduits à l’impuissance et donc n’arrivent jamais à aider ceux qui ont besoin d’aide.)

D’autres enfants (par exemple les enfants qui ont des parents dépressifs ou émotionnellement versatiles) pensent que parler de leurs émotions blesserait d’une certaine façon la personne à qui ils le disent. Ces enfants pensent que leurs émotions sont plus « grandes » que la capacité qu’ont les adultes de leur vie de les contenir. Donc ils prennent la décision très tôt (généralement de façon inconsciente) de gérer leurs émotions tout seuls.


A i d e r l e s e n f a n t s q u i r e f o u l e n t l e u r s é m o t i o n s

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Les enfants à auto-maintien envoient souvent ce message : « Je n’ai pas besoin de vous », ou même simplement : « Je n’ai besoin de rien ». Ceci peut s’incruster tellement dans leur façon d’être au monde qu’ils peuvent finir par y croire.

Les adultes qui ont établi ce mode d’ auto-maintien dans leur enfance disent :« Je n’ai jamais eu l’idée de dire à ma mère que toute mon enfance j’étais terrifié dans le noir. »« Je n’ai jamais eu l’idée de dire à Papa que j’étais terrifiée par Maman. »« Je n’ai jamais pensé à dire à mes parents que j’étais profondément malheu-reux à l’école. »

Figure 1 Quand les aidants n’aident pas


L a v i e d e s e n f a n t s q u i o n t d é c i d é d e g a r d e r p o u r e u x l e u r s é m o t i o n s

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La vie des enfants qui refoulent des émotions beaucoup trop difficiles

En premier lieu refouler ses émotions est stressant et épuisant. La pres-sion interne pour arriver à les refouler plutôt que de les exprimer peut être horrible. Le besoin de décharger la tension d’une manière ou d’une autre devient de plus en plus urgent au fur et à mesure que l’esprit pousse natu-rellement à se décharger.

Assez simplement, refouler les émotions est une façon navrante d’essayer de les gérer parce que les émotions refoulées ne sont pas inactives. Comme le dit Freud, elles « prolifèrent dans le noir » (Freud, 1915). Donc l’ auto-maintien chez les enfants est toujours un échec catastrophique. Ces enfants montrent tôt ou tard des signes de « fuite émotionnelle ». La tension provenant d’une pression croissante à l’intérieur se met à transpirer. Les enfants n’ont tout simplement pas les ressources internes pour gérer par eux-mêmes leurs émotions perturbées.

En deuxième lieu, quand les émotions refoulées fuitent, elles le font de toutes sortes de manières :

> Agitation, anxiété, inquiétude,

> Avoir un « accident »,

> Passages à l’acte/troubles des conduites,

> Explosions de colère pour un rien ou envers la mauvaise personne, comme frapper quelqu’un dans la cour de récréation,

> Ne pas être capable de se concentrer,

> Problèmes corporels – imaginaires ou réels (préoccupation pour « quelque chose en moi » ou symptômes physiques réels),

> Pipi au lit,

> Encoprésie,

> Cauchemars,

> Être malade,

> Retrait social,

> Phobies,

> Obsessions,

> Être « répandu partout » – renverser, laisser tomber, oublier ou perdre des choses,

> Hyperactivité, passage maniaque d’une chose à l’autre pour essayer de fuir la pression intérieure croissante d’émotions trop fortes. Certains de ces enfants sont étiquetés comme ayant un TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité). S’ils restent calmes un moment, ou concentrés sur une seule chose, ils peuvent sentir l’excitation trop intense de leurs émotions douloureuses et être envahis ou submergés par elles.



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Cela peut être épuisant de vivre avec des enfants qui refoulent trop d’émo-tions. Les autres finissent par sentir l’anxiété intense que l’enfant cherche désespérément à éviter. Il y a quelques enfants comme Peu-Importe qui essaient que leurs fuites passent inaperçues. « Bien joué ! » diraient certains, bien joué de garder le couvercle si serré sur ces émotions qu’elles ne per-turbent ou ne blessent personne. Mais le prix que ces enfants peuvent payer pour que la fuite ne soit pas visible est souvent beaucoup trop élevé. Comme le disait un adolescent : « La façon dont j’ai géré le gâchis de mes émotions était de rester calme, mais rester calme n’était qu’un gâchis de plus. »

Même si certains enfants « à auto-maintien » arrivent à ne pas montrer de signe de fuite, à l’intérieur ils peuvent souffrir de beaucoup d’inquiétudes et d’angoisse, de catastrophisme ou de dépression. Mais ils arrivent mieux que d’autres à les déguiser.

Une question a conduit à tellement d’autres questions non résolues qu’il a sans le vouloir rassemblé autour de lui une sorte de marécage fatal, une sorte de crasse puante comprenant ses doutes, ses émotions. (Dostoïevski, 1991, p. 14)

En troisième lieu, certains enfants essaient de gérer de différentes façons la pression de trop d’émotions refoulées :

Avaler leurs émotions avec la nourriture,Les boire,Les manger puis les vomir (boulimie),Les évacuer en regardant la télévision,Les exploser en écoutant une musique très forte,Les renifler (en sniffant de la colle),S’automutiler pour essayer de relâcher une partie de la tension,Essayer de se sortir des émotions par la réflexion, en vivant dans leur tête.

Un quatrième problème est que, quand vous êtes occupé à utiliser vos freins émotionnels, vous n’êtes pas vraiment libre pour autre chose. Comme le dit John, 10 ans : « Il y a comme un embouteillage de colère en moi, tout est furieux, entassé. » Comme il faut beaucoup d’énergie pour refouler des émotions trop fortes, l’attention que l’enfant pourrait accorder à d’autres choses est souvent très réduite. Pour parler métaphoriquement, quand les enfants sont assis sur leurs émotions, ils ne sont pas libres de se lever et de marcher ou de danser dans un espace différent. Les émotions refoulées répandent une ombre noire sur la vie. En ce sens c’est un fardeau très lourd. Les émotions refoulées maintiennent l’enfant dans son passé (récent ou plus ancien) donc il n’est jamais tout à fait libre d’être complètement dans le présent. Vivre sans arrêt avec des freins émotionnels limite la capacité de jouer, d’apprendre et de se développer. Et cela enlève certainement à la vie beaucoup de sa richesse.

Cinquièmement on peut se sentir très seul en essayant de gérer toutes ses émotions par soi-même. Comme le dit Segal : « Beaucoup de gens ne se permettent jamais d’être mis dans une position où les autres pourraient



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voir le “fouillis intérieur” en eux… Par conséquent ils ne reçoivent jamais la réassurance d’être “reconnus” ou “compris” et encore aimés, fouillis y compris » (1985, p. 225). Garder toutes ses émotions difficiles est une façon de « faire sa vie tout seul ». Et quand vous ne dites jamais à personne comment vous vous sentez, cela signifie que vous ne connaissez jamais ce sentiment délicieux d’être réconforté et revigoré par la compassion et l’intérêt sincère d’un autre. Une vie sans réconfort et sans sollicitude peut être très monotone et misérable.

La tragédie des enfants en auto-maintien, c’est qu’ils n’ont jamais connu ce que c’est que de se sentir profondément compris par quelqu’un, et donc ce n’est pas ce qu’ils recherchent. De plus comme ils n’ont jamais montré vraiment leurs émotions à quiconque, beaucoup ne se sentent jamais vrai-ment aimés, parce que celui qui dit qu’il les aime ne les connaît pas vraiment.

De plus, en refoulant ses émotions, il peut être extrêmement difficile de se concentrer sur son travail scolaire. Certains enfants souffrent de tellement d’indigestion émotionnelle qu’ils ne peuvent pas se poser pour travailler, tout comme il est extrêmement difficile de se concentrer correctement sur quoi que ce soit si vous avez une horrible indigestion physique. Une autre analogie, essayer de continuer à vivre avec une indigestion émotionnelle c’est comme essayer d’écouter la radio avec des parasites bruyants mais ici les parasites sont un bruit douloureux de l’esprit. En fait les émotions refoulées peuvent prendre tellement de place dans l’esprit d’un enfant qu’il n’y a que peu ou pas de place pour s’intéresser ou trouver du plaisir à autre chose : « Une personne qui tient “par un fil” est désespérée » (Lowen, 1975, p. 91).

Donc certains enfants sont beaucoup trop pleins d’émotions pour être capables d’apprendre. Ils n’ont aucun espace psychologique disponible dans leur esprit pour apprendre. Rien ne peut espérer entrer en compétition avec la force des émotions non exprimées dans le monde intérieur de l’enfant tellement elles sont fortes, intenses.

Imaginez un enfant plein de colère ou de chagrin non exprimé, debout devant un magnifique coucher de soleil. Il peut le regarder, mais comme son attention est centrée sur sa douleur émotionnelle, il ne le voit pas vraiment. Ses émotions refoulées sont un arrière-plan trop dérangeant. Quand la souf-france émotionnelle dans le monde intérieur d’un enfant est particulièrement forte, elle peut totalement éclipser tout ce qui est joli dans le monde et le rendre aveugle et sourd à cela.



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Tommy, 5 ansTommy est très déprimé. Son papa, qu’il aime profondément, est parti et vit maintenant à l’étranger. La mère de Tommy dit : « Tout ce dont Tommy a besoin c’est de vacances au bord de la mer. » Donc elle emmène Tommy vers

le beau littoral. Cela ne lui a pas fait la moindre impression. Dans sa tête, il est avec les images de Papa fermant la porte pour la dernière fois et de Papa prenant l’avion. Sur la plage, il ne voit pas la mer, ou

le sable, ou le soleil, il voit les images de Papa dans sa tête. Les images de son monde intérieur sont plus fortes que celles de la

mer. En fait les images douloureuses de Papa ont noyé la mer.

La mère de Tommy n’a pas compris le pouvoir du monde intérieur, comment le monde intérieur donne couleur et signification aux événements du monde extérieur, particulièrement si le monde intérieur est inondé par des émotions non travaillées, trop intenses, trop douloureuses.

Dans le bouddhisme… ils disent que l’esprit devrait être comme un bol de riz vide. S’il est déjà plein, alors l’univers ne peut pas le remplir. S’il est vide, il a de la place pour recevoir. (Williamson, 1990, p. 52)

Finalement, les enfants en auto-maintien peuvent développer des symp-tômes physiques (vrais ou imaginés). Un enfant peut avoir des peurs conscientes ou inconscientes de « faire des saletés » émotionnellement, c’ est-à-dire une peur que toutes ses émotions refoulées explosent. Ces peurs peuvent être déplacées sur son corps : donc certains enfants ont peur de se mouiller ou de se salir en public, de s’évanouir ou d’être malades. En d’autres mots, la peur que le corps perde le contrôle de cette façon est un transfert de la peur réelle de perdre le contrôle émotionnellement. La peur réelle a simplement été erronément étiquetée comme quelque chose de physique qui semble moins effrayant. La peur de l’infection ou de la conta-gion peut être beaucoup plus gérable que de penser qu’il y a quelque chose d’incontrôlable dans son esprit, qui pourrait soudainement exploser en une colère ou un chagrin incontrôlable.

Il est aussi bien établi maintenant (voir Martin, 1997, pour une excel-lente revue des recherches récentes à ce sujet) que des émotions refoulées peuvent avoir un très mauvais effet sur le système immunitaire, entrainant des maladies. De plus, quelque chose dans le corps peut réellement commen-cer à « casser », à « exploser » d’avoir été trop et trop longtemps contenu. Les gens qui suintent la colère sont particulièrement à risque. Une étude de Williams (1989) montre qu’être enclin à la colère est un prédicteur plus fort de mourir jeune que tout autre facteur de risque comme le tabagisme, l’hypertension artérielle ou un cholestérol élevé (Goleman, 1996, p. 170).

Un garçon de 5 ans vomissait de l’eau trois ou quatre fois par jour à l’école. Dès le début de la thérapie, il a arrêté d’être malade. Ses histoires parlaient toutes d’inondations et d’avalanches. Comme son thérapeute pouvait com-prendre à quel point il était désespéré, et trop plein d’émotions douloureuses, il n’avait plus besoin de les exprimer physiquement.



23

À quel point ces enfants sont-ils conscients de refouler leurs émotions ?

Un tourment de soupirs et de chagrins – cela fait exploser un homme comme une vessie.(Shakespeare, Henri IV, acte II (5), 333)

Si les défenses d’un enfant ne fonctionnent pas bien, ou s’il a osé rester ouvert à ses émotions, il peut être douloureusement conscient de porter beaucoup trop d’émotions refoulées en lui. Un thème de « jeu » fréquent en thérapie avec ces enfants est l’explosion ou la noyade parce qu’ils sont trop pleins. Dans la thérapie par le jeu de sable, ces enfants ont souvent besoin d’inonder le bac à sable. Ce n’est pas méchant, c’est une communication essentielle sur leur monde intérieur.

Voici quelques exemples d’histoires racontées par des enfants qui étaient conscients de lutter contre beaucoup trop d’émotions refoulées :

neTTie, 4 ansNettie a dit à son institutrice : « J’ai trop d’araignées occupées dans mon ventre. Elles me rendent malade. Quand je pleure, elles partent. »

mary, 8 ans« Le ciel est plein de caca. Le petit oiseau en est couvert et il y en a même qui rentre en lui… C’est très effrayant. »

Au fur et à mesure de la thérapie, il est apparu que Mary (dont le père était décédé) parlait de toutes ces émotions très tristes qui

s’agitaient en elle. Comme elle n’avait jamais été aidée à gérer ces émotions, elle les ressentait aujourd’hui comme toxiques et dangereuses.

saLLy, 12 ansSally a été envoyée en thérapie parce qu’elle est tellement anxieuse que cela interfère avec son travail scolaire. Sally a fait une grande repré-sentation dans le bac à sable d’un rêve récurrent qu’elle fait (voir figure 2). Ce sont des rangées et des rangées de toilettes. Toutes sont pleines de caca et les chasses ne fonctionnent pas. Et donc elle ne peut en utiliser aucune parce qu’elles sont déjà pleines. Sally dit qu’elle se sent parfois comme cela dans la vraie vie : « Beaucoup trop pleine de saletés. » Avant la thérapie, elle n’avait absolument aucune idée que quelqu’un pouvait l’aider à « contenir » ses émotions. Sa mère était « pleine » de sa propre dépression profonde et de son anxiété.


61

Table des matières

sommaire .............................................................................................................................. 7

À propos de l’auteur ....................................................................................................... 9

À propos de l’illustratrice............................................................................................ 9

remerciements .................................................................................................................. 11

À propos de ce guide ..................................................................................................... 13

introduction ......................................................................................................................... 15

De quoi parle l’histoire .......................................................................................... 15

Les principaux messages psychologiques de cette histoire ............... 15

À qui est destinée cette histoire ...................................................................... 16

La vie des enfants qui ont décidé de garder pour eux leurs émotions .............................................................................................. 17

La vie des enfants qui refoulent des émotions beaucoup trop difficiles ............................................................................................................... 19

À quel point ces enfants sont-ils conscients de refouler leurs émotions ?......................................................................................................... 23

Que craignent des enfants comme Peu-Importe s’ils expriment leurs émotions ?......................................................................................................... 24

Comprendre pourquoi des enfants refoulent leurs émotions plutôt que d’en parler............................................................................................. 27

Comment les émotions d’un enfant peuvent être ensevelies par une réaction parentale inadéquate ........................................................ 27

À quel âge commence-t-on à refouler ses émotions ? ............................ 30

Quand il n’y a pas suffisamment de place pour les émotions de l’enfant parce que sa mère est trop occupée avec les siennes .. 31

Les enfants qui refoulent leurs émotions pour protéger leurs parents ............................................................................................................... 33

Les enfants qui refoulent leurs émotions parce que leurs parents refoulent les leurs ....................................................................... 34



62

Pourquoi est-ce si important d’aider un enfant avec ses émotions ? ................................................................................................. 34

Que faire après avoir lu l’histoire de peu-importe à l’enfant .................. 37

À propos du sentiment d’avoir trop de sentiments................................. 38

Émotions colorées .................................................................................................... 39

Cinq « peu importe » ............................................................................................... 39

Trop grosses émotions ........................................................................................... 40

Jeux d’eau avec les émotions............................................................................. 41

Où déverses-tu tes émotions .............................................................................. 41

Ce qui pourrait arriver ........................................................................................... 42

Pourquoi est-ce si effrayant de dire que tu es en colère ...................... 43

Pourquoi la colère est effrayante ...................................................................... 44

Les émotions qui gâchent ta vie....................................................................... 45

Ce qui pourrait arriver ........................................................................................... 46

Mes rêves trop pleins ............................................................................................. 47

Fais un dessin des émotions .............................................................................. 47

Embouteillage d’émotions .................................................................................... 48

Trop d’émotions ........................................................................................................ 49

Petites émotions et grandes émotions ........................................................... 50

Dépose enfin tous les bagages .......................................................................... 51

Le pouvoir de dire non .......................................................................................... 51

Refouler des sentiments chaleureux est du gaspillage ......................... 52

Tes souvenirs ............................................................................................................. 52

Refouler ou ne pas refouler ................................................................................. 53

Les avantages et les inconvénients de dire à quelqu’un ce qu’on ressent ........................................................................................................ 54

envisager une thérapie pour les enfants qui refoulent leurs émotions ...................................................................... 55

Que peut-il arriver plus tard aux enfants qui continuent à refouler leurs émotions ?......................................................................................................... 55

Pourquoi faire une thérapie avec des enfants qui refoulent leurs émotions ............................................................................... 55

Bibliographie ...................................................................................................................... 59


uu essaient de gérer tous seuls des émotions trop douloureuses, uu ne s’autorisent pas à pleurer, à protester ou à dire qu’ils ont peur, uu vivent avec trop d’émotions doulou-reuses non résolues de leur passé, uu ont eu des expériences perturbantes, dévastatrices ou bouleversantes, qu’ils n’ont pas pu analyser ou ressentir de manière adéquate,

uu sont pleins d’émotions non exprimées parce qu’en parler semble bien trop dangereux, uu sont pleins de deuils qu’ils n’ont pas pleurés.

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Le livre décrit la manière dont les enfants s’adaptent à leurs émo-tions, en se causant du tort ou en faisant du mal à d’autres, explique les conséquences que cela entraîne et comment les aider à réagir différemment.

Les professionnels trouveront, dans cet ouvrage, de nombreux exemples et études de cas, des techniques thérapeutiques innovantes, une grande variété d’activités (avec documents photocopiables) pour travailler avec les enfants et leur apprendre à communiquer leurs sentiments de façon créative, imaginative et ludique.

MARGOTSUNDERLAND

Elle est directrice pédagogique du Centre pour la Santé Mentale des Enfants à Londres, chargée de cours honoraire à l’Université métro-politaine de Londres et psychothérapeute pour enfants depuis plus de trente ans. Elle est également l’auteur d’une vingtaine de livres, dont certains ont été traduits en dix-huit langues.

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les enfants qui :

Françoise Hallet est médecin scolaire et coordinatrice de L’Envol, centre pour l’accompagnement de la famille adoptive, en Belgique. Elle a enseigné à la Haute École Condorcet de la Province du Hainaut.

OUVRAGES PARUS• Aider les enfants enfermés dans la colère

ou dans la haine - L’histoire de Violaine qui détestait la gentillesse

• Aider les enfants qui ont peu d’estime de soi - Isabelle et la poubelle

• Aider les enfants anxieux ou obsessionnels - Tom et la maison tremblante

• Aider les enfants qui ont peur - Tout-Petit dans un monde trop grand

• Aider les enfants qui ont endurci leur cœur ou qui harcèlent les autres - Martin le lutin (et quelques Dragous)

• Utiliser les histoires contées comme outil thérapeutique avec les enfants

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