Les Echos - 11 12 2020

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VENDREDI 11 ET SAMEDI 12 DÉCEMBRE 2020 ISSN0153.4831 113 e ANNÉE NUMÉRO 23346 42 PAGES Antilles-RĂ©union 4,10 €. Belgique 6,50 €. Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 6ÂŁ60. GrĂšce 4,20 €. Italie 4,40 € Luxembourg 6,70 €. Maroc 35 DH. Suisse 11 FS. Tunisie 5,50 TND. Zone CFA 3100 CFA. People ïŹrst. Solutions follow. * *C’est avec l’Humain que se rĂ©vĂšlent les solutions. Les nouveaux dĂ©fis de Safran Les Echos WEEK-END Climat Cinq ans aprĂšs, un sommet pour remettre l’Accord de Paris sur les rails. // PP. 8-9 Castex durcit le dĂ©confinement Facebook menacĂ© de dĂ©mantĂšlement RĂ©former l’Etat, une urgence absolue La chronique de Jacques Attali Les piĂštres performances des Ă©lĂšves français dans les der- niers classements mondiaux, notamment en mathĂ©matiques et sciences, devraient sonner l’alerte et nous inciter Ă  revoir profondĂ©ment le fonctionne- ment de l’école et les mĂ©thodes d’enseignement, Ă©crit Jacques Attali. Il en va de mĂȘme pour la santĂ© ou la police, qui ont aussi montrĂ© leurs lacunes. Que l’Etat se rĂ©forme avant de rĂ©for- mer les autres ! // PAGE 12 Le Premier ministre lors de sa confĂ©rence de presse de jeudi. Photo Thomas Samson/AFP COVID Alors que l’épidĂ©mie de coronavirus ne reflue plus en France, voire montre des signes inquiĂ©tants de possible reprise, le gouvernement a dĂ©cidĂ©, jeudi, de mettre un sĂ©rieux coup de frein au dĂ©confinement qui doit com- mencer mardi prochain. Les cinĂ©mas, les thĂ©Ăątres, les musĂ©es et autres lieux qui devaient rou- vrir Ă  cette date resteront portes closes au moins jusqu’au 7 jan- vier, a annoncĂ© le Premier minis- tre, Jean Castex. Et le couvre-feu en vigueur dĂšs mardi dĂ©butera Ă  partir de 20 heures et non 21 heu- res, avec trĂšs peu de dĂ©rogations possibles. Il sera en vigueur en outre pour le 31 dĂ©cembre, mais pas la veille de NoĂ«l. // PAGES 2-3 C’est la plus grosse offensive des autoritĂ©s amĂ©ricaines dans le secteur de la tech depuis leur poursuite de Microsoft en 1998. GAFA Double attaque. Mercredi, La Federal Trade Commission (FTC) et une coalition de 46 Etats amĂ©ricains ont annoncĂ© dĂ©poser deux plaintes contre Facebook pour abus de position dominante et monopole illĂ©gal, ouvrant la voie Ă  deux procĂšs qui pourraient s’étirer sur plusieurs annĂ©es. Le gendarme de la concurrence amĂ©ricain et les procureurs gĂ©nĂ©- raux demandent aux juges d’étu- dier un remĂšde sĂ©vĂšre : forcer le rĂ©seau social Ă  se sĂ©parer de ses filiales Instagram et WhatsApp, deux acquisitions devenues le moteur de la croissance du groupe. L’ampleur de la menace est inĂ©dite pour le rĂ©seau social nĂ© en 2004. // PAGE 27 ET L’ÉDITORIAL DE JEAN-MARC VITTORI PAGE 15 La BCE ajoute 500 milliards d’euros Ă  son programme d’urgence POLITIQUE MONÉTAIRE Pour sa derniĂšre rĂ©union de l’annĂ©e, la Ban- que centrale europĂ©enne a tenu ses promesses, face Ă  la dĂ©gradation des perspectives Ă©conomiques. Elle a revu Ă  la baisse, de 5 Ă  3,9 %, ses prĂ©visions de croissance pour 2021. La BCE a portĂ© l’enveloppe de son programme d’urgence (PEPP) Ă  1.850 milliards d’euros, et l’a pro- longĂ© jusqu’en mars 2022. Le temps que l’Europe bĂ©nĂ©ficie d’une immunitĂ© collective face au Covid, et que l’économie retrouve sa mar- che normale. La banque centrale a Ă©galement Ă©tendu ses finance- ments Ă  taux nĂ©gatifs destinĂ©s aux banques qui continuent Ă  soutenir l’économie. // PAGE 33 Tesla bouleverse la hiĂ©rarchie automobile mondiale AUTOMOBILE En quelques mois, le classement boursier des cons- tructeurs automobiles a Ă©tĂ© totale- ment chamboulĂ©. Tesla, devenu numĂ©ro un en juillet, vaut dĂ©sor- mais prĂšs de 600 milliards de dol- lars, autant que la plupart des cons- tructeurs traditionnels rĂ©unis. Dans le Top 20 figurent aussi des jeunes pousses chinoises qui n’exis- taient pas il y a cinq ans. Le marchĂ© de la voiture Ă©lectrique a com- mencĂ© Ă  faire ses preuves cette annĂ©e : pour les nouveaux venus, cela se traduira par de la croissance nette, alors que les constructeurs « old school » devront aussi gĂ©rer le poids du passĂ©. // PAGE 25 ET « CRIBLE » PAGE 44 Le plan de Bruxelles pour des batteries vertes et recyclables MATIÈRES PREMIÈRES Alors que le marchĂ© des voitures Ă©lectriques est en plein essor, la Commission europĂ©enne a prĂ©vu d’imposer des rĂšgles au secteur des batteries Ă  partir de 2027. Des critĂšres envi- ronnementaux s’appliqueront sur l’ensemble de la chaĂźne de vie des batteries, de l’extraction des matiĂš- res premiĂšres au recyclage, en pas- sant par la production. Les batte- ries ne respectant pas ces normes seront « interdites » sur le marchĂ© unique, a prĂ©venu Thierry Breton. De son cĂŽtĂ©, la Chine, premier fabricant de batteries, a dĂ©posĂ© une centaine de propositions de normes pour structurer le marchĂ© d’ici Ă  trois ans. // PAGE 36 SUR L’ÉCLAIRAGE ÉCO À 7H15 DANS LE 7H-9H DE MATTHIEU BELLIARD RETROUVEZ NICOLAS BARRÉ Le quartiers des Chartrons, sur les bords de Garonne, Ă  Bordeaux. Photo SĂ©bastien Ortola/RÉA Immobilier : pourquoi les prix grimpent malgrĂ© la crise l Les prix en nette hausse dans toutes les grandes villes françaises sur un an. l Rennes, Nantes, Lyon en tĂȘte du palmarĂšs avec une inflation du mĂštre carrĂ© de plus de 10 %. l MalgrĂ© le confinement, le nombre de transactions reste proche du record de 2019. // PAGE 18 SPÉCIAL CRÉDIT Emprunter aprĂšs 50 ans Les Echos PATRIMOINE Justin Sullivan/AFP

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VENDREDI 11 ET SAMEDI 12 DÉCEMBRE 2020

ISSN0153.4831 113eANNÉENUMÉRO 23346 42 PAGES

Antilles-RĂ©union 4,10 €. Belgique 6,50 €.Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 6ÂŁ60.GrĂšce 4,20 €. Italie 4,40 € Luxembourg 6,70 €.Maroc 35 DH. Suisse 11 FS. Tunisie 5,50 TND.Zone CFA 3100 CFA.

People first.Solutions follow.**C’est avec l’Humain que se rĂ©vĂšlent les solutions.

Les nouveaux défis de Safran

Les EchosWEEK-END

Climat Cinq ans aprùs, un sommet pour remettre l’Accord de Paris sur les rails. // PP. 8-9

Castex durcit le déconfinement

Facebook menacé de démantÚlement

RĂ©former l’Etat, une urgence absolue

La chronique deJacques Attali

Les piĂštres performances des Ă©lĂšves français dans les der-niers classements mondiaux, notamment en mathĂ©matiques et sciences, devraient sonner l’alerte et nous inciter Ă  revoir profondĂ©ment le fonctionne-ment de l’école et les mĂ©thodes d’enseignement, Ă©crit Jacques Attali. Il en va de mĂȘme pour la santĂ© ou la police, qui ont aussi montrĂ© leurs lacunes. Que l’Etat se rĂ©forme avant de rĂ©for-mer les autres ! // PAGE 12

Le Premier ministrelors de sa conférence de

presse de jeudi.Photo Thomas Samson/AFP

COVID Alors que l’épidĂ©mie de coronavirus ne reflue plus en France, voire montre des signes inquiĂ©tants de possible reprise, legouvernement a dĂ©cidĂ©, jeudi, de mettre un sĂ©rieux coup de frein au dĂ©confinement qui doit com-mencer mardi prochain. Les cinĂ©mas, les thĂ©Ăątres, les musĂ©es et autres lieux qui devaient rou-vrir Ă  cette date resteront portes closes au moins jusqu’au 7 jan-vier, a annoncĂ© le Premier minis-tre, Jean Castex. Et le couvre-feu en vigueur dĂšs mardi dĂ©butera Ă  partir de 20 heures et non 21 heu-res, avec trĂšs peu de dĂ©rogations possibles. Il sera en vigueur en outre pour le 31 dĂ©cembre, mais pas la veille de NoĂ«l. // PAGES 2-3

C’est la plus grosse offensive des autoritĂ©s amĂ©ricaines dans le secteur de la tech depuis leur poursuite de Microsoft en 1998.

GAFA Double attaque. Mercredi, La Federal Trade Commission (FTC) et une coalition de 46 Etats amĂ©ricains ont annoncĂ© dĂ©poser deux plaintes contre Facebook pour abus de position dominanteet monopole illĂ©gal, ouvrant la voie Ă  deux procĂšs qui pourraients’étirer sur plusieurs annĂ©es. Le gendarme de la concurrence amĂ©ricain et les procureurs gĂ©nĂ©-

raux demandent aux juges d’étu-dier un remĂšde sĂ©vĂšre : forcer le rĂ©seau social Ă  se sĂ©parer de ses filiales Instagram et WhatsApp, deux acquisitions devenues le moteur de la croissance du groupe. L’ampleur de la menace est inĂ©dite pour le rĂ©seau social nĂ©en 2004. // PAGE 27 ETL’ÉDITORIAL DE JEAN-MARCVITTORI PAGE 15

La BCE ajoute 500 milliards d’euros Ă  son programme d’urgencePOLITIQUE MONÉTAIRE Pour sa derniĂšre rĂ©union de l’annĂ©e, la Ban-que centrale europĂ©enne a tenu sespromesses, face Ă  la dĂ©gradation des perspectives Ă©conomiques. Ellea revu Ă  la baisse, de 5 Ă  3,9 %, ses prĂ©visions de croissance pour 2021.La BCE a portĂ© l’enveloppe de son programme d’urgence (PEPP) Ă  1.850 milliards d’euros, et l’a pro-longĂ© jusqu’en mars 2022. Le tempsque l’Europe bĂ©nĂ©ficie d’une immunitĂ© collective face au Covid, et que l’économie retrouve sa mar-che normale. La banque centrale a Ă©galement Ă©tendu ses finance-ments Ă  taux nĂ©gatifs destinĂ©s aux banques qui continuent Ă  soutenir l’économie. // PAGE 33

Tesla bouleverse la hiĂ©rarchie automobile mondialeAUTOMOBILE En quelques mois, le classement boursier des cons-tructeurs automobiles a Ă©tĂ© totale-ment chamboulĂ©. Tesla, devenu numĂ©ro un en juillet, vaut dĂ©sor-mais prĂšs de 600 milliards de dol-lars, autant que la plupart des cons-tructeurs traditionnels rĂ©unis. Dans le Top 20 figurent aussi des jeunes pousses chinoises qui n’exis-taient pas il y a cinq ans. Le marchĂ©de la voiture Ă©lectrique a com-mencĂ© Ă  faire ses preuves cette annĂ©e : pour les nouveaux venus, cela se traduira par de la croissancenette, alors que les constructeurs « old school » devront aussi gĂ©rer lepoids du passĂ©. // PAGE 25ET « CRIBLE » PAGE 44

Le plan de Bruxelles pour des batteries vertes et recyclablesMATIÈRES PREMIÈRES Alors que le marchĂ© des voitures Ă©lectriques est en plein essor, la Commission europĂ©enne a prĂ©vu d’imposer desrĂšgles au secteur des batteries Ă  partir de 2027. Des critĂšres envi-ronnementaux s’appliqueront sur l’ensemble de la chaĂźne de vie des batteries, de l’extraction des matiĂš-res premiĂšres au recyclage, en pas-sant par la production. Les batte-ries ne respectant pas ces normes seront « interdites » sur le marchĂ© unique, a prĂ©venu Thierry Breton. De son cĂŽtĂ©, la Chine, premier fabricant de batteries, a dĂ©posĂ© une centaine de propositions de normes pour structurer le marchĂ©d’ici Ă  trois ans. // PAGE 36

SUR

L’ÉCLAIRAGE ÉCO À 7H15DANS LE 7H-9H DE MATTHIEU BELLIARD

RETROUVEZ NICOLAS BARRÉ

Le quartiers des Chartrons, sur les bords de Garonne, Ă  Bordeaux. Photo SĂ©bastien Ortola/RÉA

Immobilier : pourquoi les prix grimpent malgrĂ© la crisel Les prix en nette hausse dans toutes les grandes villes françaises sur un an.l Rennes, Nantes, Lyon en tĂȘte du palmarĂšs avec une inflation du mĂštre carrĂ© de plus de 10 %.l MalgrĂ© le confinement, le nombre de transactionsreste proche du record de 2019. // PAGE 18

SPÉCIAL CRÉDITEmprunter aprùs 50 ans

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Vaccins : deux grains de sable et le temps long

LE FAIT DU JOUR POLITIQUECĂ©cileCornudet

D eux noms, deux grainsde sable viennent coupsur coup gripper la

mĂ©canique – dĂ©jĂ  bien malade – de la confiance envers les vaccins. JĂ©rĂŽme Salomon, ciblĂ© par le SĂ©nat pour avoir voulu attĂ©nuer un rapport interne prĂ©conisant l’achat de 1 milliard de masques en 2019. Le directeur gĂ©nĂ©ral de la SantĂ©, figure s’il en est de l’Etat, qui tente d’effacer ses erreurs, soit exactement ce que reprochent les Français aux Ă©lites gouvernantes : l’effet est ravageur. Si elles ont menti sur les masques, comment les croire sur les vaccins ? Eric Caumes, ensuite, infectiologue de renom qui rĂ©pand ses doutes sur les deux premiers vaccins et s’alarme du nombre d’effets indĂ©sirables du Pfizer-BioNTech (« Le Parisien »), voilĂ  qui contribue Ă  semer la suspicion au moment oĂč les Français tentent de se faire une religion. Suspicion alimentĂ©e, le calendrier est cruel, par le Royaume-Uni, qui dĂ©conseille le mĂȘme vaccin aux personnes allergiques. La campagne officielle de communication vient Ă  peine de commencer en France qu’elle est dĂ©jĂ  percutĂ©e. Dans les sondages, les sceptiques grimpent encore : 52 % disent

qu’ils ne se feront pas vacciner.Dans la course folle aux vaccins et aux interrogations, l’exĂ©cutif choisit une stratĂ©gie contre-intuitive, celle du temps long et
 du doute elle aussi. « Nous ne savons pas tout », rĂ©pĂštent les membres de l’exĂ©cutif (Emmanuel Macron en tĂȘte) et Alain Fischer, chargĂ© de la stratĂ©gie vaccinale. « Que 50 % de la population exprime des doutes, c’est lĂ©gitime », a-t-il encore indiquĂ© jeudi devant le SĂ©nat. Pour ĂȘtre crĂ©dible au moment oĂč il donnera son feu vert, aprĂšs les autorisations de l’Agence europĂ©enne des mĂ©dicaments (avant le 29 dĂ©cembre pour Pfizer), l’exĂ©cutif joue aujourd’hui l’humilitĂ© et la transparence. Au risque de donner le sentiment de n’ĂȘtre pas trĂšs sĂ»r de lui et d’alimenter Ă  son tour la mĂ©fiance. Mais a-t-il d’autre choix ? Que dirait-on s’il Ă©tait affirmatif quand tant de donnĂ©es manquent encore ? Au temps de l’ultrarĂ©activitĂ©, le politique prend son temps. Il laisse prospĂ©rer les soupçons aujourd’hui en espĂ©rant qu’il sera ce faisant plus audible demain. Que sa prudence et sa discrĂ©tion (aucune personnalitĂ© ne se prĂ©cipite pour se faire vacciner) seront gages de sĂ©rieux. Le ras-le-bol face au Covid, la publication des Ă©tudes, les succĂšs espĂšre-t-on de la vaccination britannique, la force de conviction des gĂ©nĂ©ralistes feront le reste et convertiront peu Ă  peu les Français au vaccin. C’est le pari. C’est un [email protected]

Dire ses propres doutes pour reconquĂ©rir la confiance. C’est le choix contre-intuitif fait par l’exĂ©cutif sur les vaccins alors que prospĂšrent les interrogations chez les Français et les professionnels.

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Le grand dĂ©ballage public sur la ges-tion des masques avant et pendant la crise sanitaire n’est pas terminĂ©. Les sĂ©nateurs de la commission d’enquĂȘte sur le Covid ont publiĂ© leur rapport jeudi. Ils y apportent denouvelles piĂšces Ă  conviction qui accablent l’administration. En parti-culier, le directeur gĂ©nĂ©ral de la SantĂ©, JĂ©rĂŽme Salomon.

Les sĂ©nateurs ont eu accĂšs Ă  desĂ©changes de courriels. Ils montrent que pendant plus d’un mois, en jan-vier et fĂ©vrier 2019, celui-ci a fait pression sur le directeur de SantĂ© publique France, François Bour-

dillon, afin qu’il fasse modifier un rapport commandĂ© Ă  un expert, comme l’a rĂ©vĂ©lĂ© « Le Monde ». Ce rapport contrariait le choix politi-que consistant Ă  laisser se vider les stocks d’Etat de masques, pour les remplacer par des stocks tournants bien plus limitĂ©s, et dĂ©lĂ©guer la ges-tion des masques aux collectivitĂ©s ou aux hĂŽpitaux.

Raisons budgĂ©tairesA l’origine, ce rapport mettait en avant les faibles capacitĂ©s d’appro-visionnement de la France, pour recommander de reconstituer un stock de prĂ©caution de 1 milliard demasques, soit 20 millions de boĂźtes.Mais lors de sa publication, en mai 2019, la mention de ce stock a

disparu. A la place, il n’y a plus qu’une estimation du « besoin » : « En cas de pandĂ©mie, le besoin en masques est d’une boĂźte de 50 mas-ques par foyer, Ă  raison de 20 mil-lions de boĂźtes en cas d’atteinte de 30 % de la population. L’importance du stock est Ă  considĂ©rer en fonction des capacitĂ©s d’approvisionnement garanties par les fabricants », se contente d’écrire l’expert.

AprĂšs avoir exposĂ© ses rĂ©ticenceset traĂźnĂ© des pieds, François Bour-dillon Ă©crit Ă  JĂ©rĂŽme Salomon : « Voici donc en retour l’avis dans lequel j’ai retirĂ© [
] toute allusion Ă  un stock chiffrĂ© notamment pour les masques. » Dans un prĂ©cĂ©dent courriel, JĂ©rĂŽme Salomon avait justifiĂ© sa demande ainsi : « Je sou-haite Ă©viter de nous mettre en situa-tion de prendre des dĂ©cisions prĂ©cipi-tĂ©es, qui pourraient nous mettre en difficultĂ© collectivement, y compris sur le plan budgĂ©taire. » Ces emails ont Ă©tĂ© transmis Ă  la commission d’enquĂȘte du SĂ©nat par JĂ©rĂŽme Salomon « lui-mĂȘme », a indiquĂ© Olivier VĂ©ran jeudi en fin de jour-nĂ©e. La Direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ© devait donner des explica-tions jeudi dans un communiquĂ©, a ajoutĂ© le ministre.

En octobre 2018, le directeurgénéral de la Santé avait ordonné à Santé publique France de com-

mander 50 millions de masques seulement (la commande, rehaus-sĂ©e de 50 millions d’unitĂ©s, mettra neuf mois Ă  ĂȘtre passĂ©e), tout en commençant Ă  dĂ©truire les stocks non conformes ou pĂ©rimĂ©s, soit 613 millions d’unitĂ©s.

« L’absence de masques chirurgi-caux pendant la crise vient de cette dĂ©cision de 2018 », et non pas de la nouvelle doctrine de 2011, a pointĂ© lasĂ©natrice LR, Catherine Deroche, corapportrice de la commission d’enquĂȘte. Le 15 juin, a-t-elle rappelĂ©,l ’Etat a p Ă©niblement acquis 4 milliards de masques pour 2,8 milliards d’euros, qui ont mis des semaines Ă  arriver et ont coĂ»tĂ© trente fois plus cher dans cer-tains cas.

Si elle n’est pas tendre avecJĂ©rĂŽme Salomon, la commission d’enquĂȘte dĂ©douane en revanche la ministre de la SantĂ© de l’époque, AgnĂšs Buzyn, qui affirme ne pas avoir connu l’état des stocks jusqu’àcette annĂ©e.

« Le directeur gĂ©nĂ©ral de la SantĂ©tient Ă  prĂ©ciser qu’il a lui-mĂȘme fourni l’ensemble des Ă©changes de mails aux membres de la commissiond’enquĂȘte du SĂ©nat », s’est justifiĂ©e l’administration du ministĂšre de la SantĂ© dans un communiquĂ© jeudi soir, soulignant ainsi sa « volontĂ© totale de transparence ». — S. G.

La commission d’enquĂȘte du SĂ©nat accable SalomonLes sĂ©nateurs ont rendu jeudi leur rapport sur la gestion de la crise du Covid.

seront autorisĂ©s, mĂȘme sans motif professionnel (le tĂ©lĂ©travail Ă  100 % reste cependant la norme quand c’estpossible) et il sera donc possible de serendre Ă  l’autre bout du pays pour cĂ©lĂ©brer le 24 dĂ©cembre en famille. Ce soir-lĂ , d’ailleurs, le couvre-feu sera levĂ©. « NoĂ«l occupe une place Ă  part dans nos vies et nos traditions », aargumentĂ© le chef du gouverne-ment. Pas de dĂ©rogation en revanchepour le Nouvel An, qui « concentre tous les risques d’un rebond ».

Olivier Véran a appelé les Fran-çais à ne pas aller se faire dépister systématiquement avant de retrou-ver leur famille à Noël, pour ne pas engorger les laboratoires, et pour

Ă©viter un relĂąchement des compor-tements, parce que les tests antigĂ©-niques dĂ©tectent mal les cas positifsen pĂ©riode d’incubation.

GĂ©rald Darmanin a brandi lamenace d’amendes Ă  135 euros pourles Français qui violeraient le cou-vre-feu sans bonne raison et promisde pourchasser les centres com-merciaux qui ne respecteraient pas le protocole sanitaire ou les partici-pants Ă  des « fĂȘtes sauvages ». Les forces de l’ordre « assureront les con-trĂŽles avec tact et mesure, mais il n’y aura pas d’indulgence », a-t-il pro-mis. Plus de 2,9 millions de contrĂŽ-les ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s, avec plus de285.000 verbalisations Ă  la clĂ©. n

l Le Premier ministre a confirmé jeudi le déconfinement à partir de mardi prochain, mais face à une épidémiequi ne recule plus, il a renoncé à rouvrir les cinémas, les théùtres, et autres gymnases à cette date. l Le couvre-feu sera instauré dÚs 20 heures ; il sera levé la veille de Noël mais pas le 31 décembre.

Une fin d’annĂ©e sous couvre-feu, sans spectacle et sans rassemblement

Franche-ComtĂ© qui vient de repren-dre les Ă©vacuations sanitaires cette semaine. Le nombre de malades en rĂ©animation vient de passer sous le seuil de 3.000, « mais nous pouvons craindre que le mouvement ralen-tisse, voire s’inverse » d’ici une Ă  deuxsemaines, a prĂ©venu Olivier VĂ©ran, d’autant plus que « l’hiver va s’instal-ler » et que « les vacances vont aug-menter les contacts sociaux ».

« Nous ne sommes pas arrivés aubout de cette deuxiÚme vague », en a conclu Jean Castex. Il ne suffira pas de veiller au respect de protocoles sanitaires dans les l ieux qui accueillent du public pour faire refluer le virus, a expliqué le Premier

ministre, il faudra aussi « Ă©viter les flux, les rassemblements et les concen-trations de population » – d’oĂč ce dur-cissement de la stratĂ©gie de dĂ©confi-n e m e n t . C o n c r Ăš t e m e n t , l e s Ă©tablissements recevant du public, ycompris les zoos, les salles de jeu, lesmusĂ©es, les conservatoires de musi-que ou les gymnases, demeureront fermĂ©s trois semaines de plus que prĂ©vu, jusqu’au 7 janvier, avec une clause de revoyure Ă  l’approche de cette date. La rĂ©ouverture des res-taurants et des bars reste, elle, tou-jours programmĂ©e le 20 janvier, si lasituation sanitaire le permet. La jauge des lieux de culte ne sera pas non plus accrue. Deux siĂšges doi-vent ĂȘtre laissĂ©s vides entre chaque groupe, et une rangĂ©e sur deux seu-lement peut ĂȘtre occupĂ©e.

A partir du 15 décembre, onpourra néanmoins sortir de chez soi sans attestation de 6 heures à 20 heures. Tous les déplacements

A partir du 15 décembre, on pourra de nouveau sortir de chez soi sans attestation de 6 heures à 20 heures.

RETROUVEZ DOMINIQUE SEUXDANS « L’ÉDITO ECO »À 7H45DU LUNDI AU VENDREDI

SUR

Solveig Godeluck @Solwii

Coup de blues pour le monde du spectacle et pour bon nombre de Français. Il n’y aura pas de cinĂ©ma, de thĂ©Ăątre ou de concerts pour la sai-son des fĂȘtes, contrairement Ă  ce quiavait Ă©tĂ© envisagĂ© initialement par legouvernement. Il n’y aura d’ailleurs pas du tout de fĂȘtes, avec un couvre-feu avancĂ© Ă  20 heures au lieu de 21 heures, et levĂ© uniquement pour la veille de NoĂ«l. Ni spectacles ni rĂ©veillon pour le 31 dĂ©cembre : la rĂšgle sera de « rester chez soi le plus possible », a insistĂ© le Premier minis-tre, Jean Castex, jeudi, lors de la con-fĂ©rence de presse hebdomadaire du gouvernement sur l’épidĂ©mie.

Ces annonces ont douchĂ© lesespoirs de nombreux Français, mĂȘme si les « fuites » de ces derniersjours dans la presse avaient un peu prĂ©parĂ© les esprits Ă  ces dĂ©cisions difficiles. Pour apporter les mauvai-ses nouvelles, le chef du gouverne-ment Ă©tait accompagnĂ© du ministre de la SantĂ©, Olivier VĂ©ran, chargĂ© d’indiquer que l’épidĂ©mie, non con-tente de se stabiliser, croĂźt Ă  nou-veau, et du ministre de l’IntĂ©rieur, GĂ©rald Darmanin, venu manier le bĂąton face aux Français tentĂ©s par latransgression des rĂšgles sanitaires.

« Facteur climatique »Ce soudain durcissement s’explique par un nombre de contaminations quotidiennes qui « a arrĂȘtĂ© de baisserdepuis une semaine », a expliquĂ© Oli-vier VĂ©ran, citant les prĂšs de 14.000 cas de jeudi, contre 12.000 casle jeudi prĂ©cĂ©dent. Il a mis en avant un « relĂąchement collectif », notam-ment depuis la rĂ©ouverture des petits commerces le 28 novembre, et« un facteur climatique », froid et humiditĂ©, qui expliquerait d’ailleurs le « gradient » entre une Bretagne peu touchĂ©e et une Bourgogne-

COVID-19

FRANCE Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos

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Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 FRANCE // 03

lisĂ© 350.000 places de septembre Ă  dĂ©cembre 2019 ! » explique-t-il. DĂšs que la rumeur a circulĂ© d’un possiblereport de la date d’ouverture au-delĂ  du 15 dĂ©cembre, les rĂ©servations ont stoppĂ© net. « Et les tickets non vendus sont perdus, il n’y a pas de rattrapage »,rappelle Jean-Marc Dumontet.

Dans le groupe Fimalac Entertain-ment, on avait dĂ©jĂ  arbitrĂ© entre les thĂ©Ăątres oĂč les spectacles Ă  l’affiche permettaient de relever le rideau en limitant la casse (Bouffes Parisiens, La Madeleine, ThĂ©Ăątre de Paris) et ceux oĂč l’ardoise aurait Ă©tĂ© trop lourde (La Porte Saint-Martin). Res-ter fermĂ© est plutĂŽt un soulagement.

Car chaque faux dĂ©part entamedavantage le moral des exploitants, de leurs Ă©quipes, des artistes et gĂ©nĂšre des dĂ©penses en pure perte. Ainsi le ThĂ©Ăątre Antoine, Bobino, leThĂ©Ăątre de l’ƒ uvre, le Lucernaire, Le Palais-Royal, le ThĂ©Ăątre Michel, le Cirque Bouglione, avaient rĂ©en-clenchĂ© les processus de rĂ©pĂ©tition,montage, billetterie, communica-tion
 Il va falloir maintenant rem-bourser ou replacer les spectateurs sur des reprĂ©sentations ultĂ©rieures.

Si, du cĂŽtĂ© des salles de concerts degrande jauge, on a dĂ©jĂ  fait une croixsur toute activitĂ© en 2020 et au pre-mier trimestre 2021, les cinĂ©mas, eux, Ă©taient globalement dĂ©termi-nĂ©s Ă  rouvrir. « Nous le voulions Ă  la fois pour des raisons culturelles, socia-les, et Ă©conomiques en cette pĂ©riode devacances scolaires et de fĂȘtes, alors quedĂ©cembre reprĂ©sente 10 % de notre activitĂ© », assure Marc-Olivier Seb-bag, dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral de la FĂ©dĂ©ra-tion nationale des cinĂ©mas français.

Enfin du cĂŽtĂ© des musĂ©es, qui laplupart appartiennent Ă  l’Etat ou aux collectivitĂ©s locales, tout commedu cĂŽtĂ© des salles de spectacle sub-ventionnĂ©es, on prend son mal en patience et on mise sur le digital en attendant pour entretenir le lien avec le public. n

Martine Robert @martiRD

« Parce que personne ne veut revivre un troisiÚme confinement, les ciné-mas, théùtres, salles de spectacle, cir-ques, musées, devront rester fermés pour éviter la concentration de flux, lebrassage des publics. Et, le 7 janvier, nous réexaminerons la situation », a annoncé ce jeudi soir le Premier ministre, Jean Castex. Ces lieux cul-turels auraient dû rouvrir mardi prochain. Mais la situation sanitairene le permet pas, a-t-il expliqué.

Cette dĂ©cision divise les profes-sionnels du secteur privĂ© de la cul-ture. Ainsi au sein du Syndicat natio-nal du thĂ©Ăątre privĂ©, la position officielle plaidait pour la rĂ©ouver-ture, mais les avis divergeaient entreles patrons de petites jauges, aux coĂ»ts de plateaux plus faibles, pro-grammant par exemple des one-man-show d’humour, et ceux des plus grandes salles, s’estimant dans l’incapacitĂ© d’amortir les frais. Et ce, mĂȘme si dĂ©cembre reprĂ©sente envi-ron 20 % du chiffre d’affaires annuel.

Tickets non vendus, perdusLa succession de stop-and-go et les incertitudes ont fini par avoir raison des plus dĂ©terminĂ©s, tel Jean-Marie Dumontet, qui exploite cinq salles Ă  Paris et une sixiĂšme Ă  Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). « Le problĂšme est que l’on ne vend plus aucun billet. Car nousavons besoin d’un dĂ©lai de commercia-lisation, nous ne rouvrons pas commeun magasin de jouets ! Pour vous don-ner une idĂ©e, nous avions commercia-

La dĂ©cision de maintenir les lieux culturels fermĂ©s au moins jusqu’au 7 janvier déçoit certains profession-nels, mais est comprise par d’autres, lassĂ©s des faux dĂ©parts, dĂ©vastateurs pour leur public et leurs Ă©quipes.

Les lieux de culture coupés dans leur élan

Cette rallonge d’une dizaine de mil-liards supplĂ©mentaires n’est pas en soi une surprise. Le projet de loi de finances pour 2021 – dĂ©voilĂ© en sep-tembre dernier quand le gouverne-ment jurait, la main sur le cƓur, qu’il ferait tout pour qu’il n’y ait pas de deuxiĂšme vague Ă©pidĂ©mique – comportait ainsi
 zĂ©ro euro pour les mesures d’urgence supplĂ©men-taires. Un scĂ©nario logique, dans la mesure oĂč l’on tablait alors sur une forte reprise, mais que Bercy s’était engagĂ© Ă  revoir.

FlĂ©chage vers les filiĂšres les plus touchĂ©es« Avec une dizaine de milliards d’euros, cela nous permettrait d’abon-der en crĂ©dits nĂ©cessaires le fonds de solidaritĂ©, le dispositif de chĂŽmage partiel, mais aussi la nouvelle aide pour les jeunes annoncĂ©e par Emma-nuel Macron » , a dĂ©taillĂ© aux « Echos » Laurent Saint-Martin.

Dans le dĂ©tail, le gouvernement amusclĂ© en novembre le fonds de soli-daritĂ© pour les secteurs les plus en difficultĂ© – ceux fermĂ©s administra-tivement comme les restaurants, les bars, la culture, mais aussi ceux quasi Ă  l’arrĂȘt comme le tourisme, l’évĂ©nementiel. Jeudi soir, le Premierministre Jean Castex a indiquĂ© que lefonds pourra aussi bĂ©nĂ©ficier« aux prestataires et exploitants agricoles travaillant avec le secteur de l’hĂŽtelle-rie et de la restauration, ou aux sous-traitants du monde de l’évĂ©nementiel, notamment sportif et culturel ».

DĂ©sormais, quelle que soit leurtaille, les entreprises de ces filiĂšres peuvent toucher une aide men-suelle allant jusqu’à 20 % de leur chiffre d’affaires mensuel Ă©quiva-lent de 2019. Bercy a dĂ©jĂ  indiquĂ© que le dispositif coĂ»tait plus de

Emmanuel Macron avait indiquĂ© la semaine derniĂšre, lors de son entre-tien au mĂ©dia Brut, qu’il envisageait « sans doute une nouvelle aide excep-tionnelle » pour les jeunes en prĂ©ca-ritĂ© en janvier ainsi qu’une « amĂ©lio-ration du systĂšme de bourses ». Le chef de l’Etat avait fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’aide de 150 euros dĂ©jĂ  versĂ©e deux fois cette annĂ©e aux jeunes bĂ©nĂ©fi-ciant des aides au logement ainsi qu’aux Ă©tudiants boursiers.

Cette facture rallongĂ©e va alour-dir un peu plus le dĂ©ficit pour l’an prochain. Il y a quelques jours, Oli-vier Dussopt, le ministre dĂ©lĂ©guĂ© aux Comptes publics, avait expliquĂ©que la nouvelle prĂ©vision dĂ©gradĂ©e de croissance pour l’an prochain poussait automatiquement le dĂ©fi-cit au niveau de 7,8 % du PIB (contre–6,7 % espĂ©rĂ©s en septembre). La dizaine de milliards supplĂ©men-taire va pousser la jauge au-dessus de 8 %. Les nouvelles prĂ©visions doi-vent ĂȘtre dĂ©voilĂ©es ce vendredi. n

Bercy va remettre 10 milliards sur la table pour les aides aux entreprises en 2021

Renaud Honoré @r_honore

Officiellement, le gouvernement commence Ă  poser les jalons de la findu « quoi qu’il en coĂ»te » d’Emma-nuel Macron. Mais du point de vue des finances publiques, la diffĂ©rencen’est pas encore flagrante. Ainsi l’exĂ©cutif va proposer de rajouter entre 9 et 10 milliards d’euros sup-plĂ©mentaires au projet de loi de finances pour 2021, qui revient la semaine prochaine en discussion Ă  l’AssemblĂ©e, afin d’aider les entre-prises en difficultĂ© et les prĂ©caires.

C’est le rapporteur gĂ©nĂ©ral duBudget Ă  l’AssemblĂ©e qui a tirĂ© le pre-mier pour appeler Ă  renforcer les mesures Ă©conomiques d’urgence. Il faut rajouter « une dizaine de mil-liards d’euros », a plaidĂ© jeudi matin sur RTL Laurent Saint-Martin. « Je demande que le gouvernement fasse bien attention Ă  ce que les premiĂšres semaines de l’annĂ©e 2021 soient bien couvertes par ces mĂȘmes mesures d’urgence », a insistĂ© le dĂ©putĂ© LREM.

De fait, l’exĂ©cutif travaille bien,selon nos informations, Ă  rajouter entre 9 et 10 milliards d’euros. Le chiffrage pourra varier, si jamais le gouvernement ne dĂ©pense pas tousles crĂ©dits prĂ©vus pour 2020 pour ces mĂȘmes mesures d’urgence. DĂ©but novembre, Bercy avait fait voter une enveloppe large de 20 milliards d’euros supplĂ©mentai-res pour faire face aux consĂ©quen-ces du deuxiĂšme confinement.

L’exĂ©cutif va muscler la semaine prochaine le budget pour 2021 qui ne comportait pas jusqu’à prĂ©sent de crĂ©dits pour les mesures d’urgence supplĂ©mentaires.

C’est dans la rencontre entre les femmes, les hommeset la technologie que se trouvent solutions et innovations.

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Pour le dĂ©putĂ© LREM, Laurent Saint-Martin, les 10 milliards d’euros constituent « une enveloppe assez large pour traiter les effets de la deuxiĂšme vague ». Photo Anne-Christine Poujoulat/AFP

3,5 milliards par mois. En revanche,les entreprises des autres secteurs cesseront de toucher l’aide men-suelle de 1.500 euros à partir du 1er janvier prochain.

Concernant le dispositif de chĂŽ-mage partiel, la ministre du Travail, Elisabeth Borne, a indiquĂ© mercredisoir que les entreprises « fermĂ©es totalement ou partiellement » conti-nueront d’ĂȘtre remboursĂ©es Ă  100 % de l’indemnisation versĂ©e Ă  leurs salariĂ©s couverts par ce dispositif « aussi longtemps que les fermetu-res » dureront. Cela devait normale-ment s’arrĂȘter Ă  la fin de cette annĂ©e,mais la ministre dit souhaiter qu’on aille « jusqu’à fin fĂ©vrier ». Enfin,

Cette facture rallongée va alourdir le déficit, qui serait à 7,8 % du PIB en 2021.

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04 // FRANCE Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos

sement net de la fraude au chÎ-mage partiel durant le deuxiÚme confinement ».

Autre risque associĂ© Ă  la criseet surveillĂ© de prĂšs : la prise de contrĂŽle par des rĂ©seaux mafieux d’entreprises en diffi-cultĂ©. Le phĂ©nomĂšne semble Ă  ce stade limitĂ©. « Certains com-merces ou sociĂ©tĂ©s peuvent ĂȘtre moins regardants sur l’origine des fonds injectĂ©s, mais il ne faut pas fantasmer sur la pĂ©nĂ©trationdu crime organisĂ© dans l’Hexa-gone », souligne la cellule de Bercy. Ce problĂšme pourrait toutefois se matĂ©rialiser lors-que la vague de faillites se dĂ©clenchera. Tracfin compte sur l’extrĂȘme vigilance des administrateurs judiciaires et commissaires aux comptes.

Suivi des cryptoactifsL’un des grands enjeux d’avenir pour les Ă©quipes qui traquent les circuits financiers Ă  risque porte sur la numĂ©risation des services de paiement, et en par-ticulier des cryptoactifs (bit-coins, etc.), qui peuvent consti-tuer « un vecteur de blanchimentde capitaux ». Le travail de B e r c y a d Ă© j Ă  c o n t r i b u Ă© Ă  dĂ©manteler un rĂ©seau de finan-cement terroriste fin septem-bre : 29 personnes ont Ă©tĂ© inter-pellĂ©es et « l’analyse du rĂ©seau a confirmĂ© le rĂŽle central des deux collecteurs de cryptoactifs identi-fiĂ©s par Tracfin, suspectĂ©s d’ĂȘtre affiliĂ©s Ă  Al Qaida ».

Autre succĂšs, plusieursrecommandations de la cellule viennent d’ĂȘtre reprises dans une ordonnance qui durcit les obligations des plateformes d’échanges d’actifs numĂ©ri-ques, en matiĂšre de tenue de compte anonyme et de prise d’identitĂ© dĂšs le premier euro.

Tracfin, dont les pouvoirstendent Ă  s’accroĂźtre, devrait aussi ĂȘtre concernĂ© par la loi contre le sĂ©paratisme. Son droitd’opposition devrait ĂȘtre Ă©largi dans ce cadre. — I. Co.

A chaque crise, ses fraudes. Tracfin est bien placĂ© pour le savoir. La cellule de Bercy char-gĂ©e de lutter contre les circuits financiers clandestins, le blan-chiment d’argent et le finance-ment du terrorisme a connu une annĂ©e 2020 hors normes.

Le Covid-19 a fait naĂźtre unemultitude d’escroqueries aux masques et au matĂ©riel sani-taire, mais ce sont surtout les fraudes massives au chĂŽmage partiel qui ont frappĂ©. C’est l’un des constats tirĂ©s du dernier rapport d’analyse des tendan-ces et des risques de Tracfin.

La fraude au chĂŽmage partiela pu ĂȘtre identifiĂ©e grĂące aux alertes des banques dĂšs le dĂ©butde la crise sanitaire. Il a donc Ă©tĂ©dĂ©cidĂ© avec le ministĂšre du Tra-vail d’allonger le dĂ©lai de valida-tion des dossiers de 48 heures Ă 15 jours et d’effectuer des con-trĂŽles a priori. RĂ©sultat : Ă  la fin septembre, plus de 90 dossiers ont Ă©tĂ© transmis par Tracfin Ă  l’autoritĂ© judiciaire, pour un total de plus de 22 millions d’euros. « Dans ce contexte, prĂšs d’une trentaine de droits d’oppo-sition [dispositif de blocage de certaines opĂ©rations bancaires,NDLR] ont Ă©tĂ© mis en Ɠuvre entre juin et septembre, pour un montant cumulĂ© de 2,2 millions d’euros », indique le rapport.

En quatre mois, le recoursaux droits d’opposition a donc Ă©tĂ© trois fois plus Ă©levĂ© que sur l’ensemble de 2019 ! Sur le mon-tant total de la fraude de 225 mil-lions d’euros, plus de la moitiĂ© a pu ĂȘtre bloquĂ©e et rĂ©cupĂ©rĂ©e. Tracfin se fĂ©licite de « l’inflĂ©chis-

FINANCES

Fraude au chĂŽmage partiel, vigilance envers les rĂ©seaux mafieux : la cellule anti-blanchiment de Bercy a dĂ» s’adapter.

Fraude : comment Tracfin navigue dans la crise

des élus du personnel aux questionsde santé et de sécurité au travail pour les PME. « On a pris le temps de la réflexion », expliquait son négociateur, Eric Chevée, jeudi, précisant avoir en définitive rendu un avis « favorable » sur le texte.

« Le paritarisme a fonctionnĂ© avecune qualitĂ© et une maturitĂ© du dialo-gue social trĂšs forte », s’est fĂ©licitĂ©e Diane Deperrois, du Medef, cheffe de file de la dĂ©lĂ©gation patronale. « La derniĂšre sĂ©ance de nĂ©gociation a permis pas mal d’avancĂ©es », a insistĂ© de son cĂŽtĂ© la nĂ©gociatrice de la CFDT, Catherine Pinchaut.

Modifications lĂ©gislatives et rĂ©glementairesLes partenaires sociaux ont respectĂ©l’échĂ©ance de la fin d’annĂ©e, qui leur avait Ă©tĂ© donnĂ©e par le gouverne-ment, mais aussi les parlementaires de la majoritĂ© qui travaillent sur uneproposition de loi sur la santĂ© au tra-vail. C’est d’autant plus important que la balle est dĂ©sormais dans leur camp puisque, contrairement Ă  l’accord sur le tĂ©lĂ©travail « ni prescriptif ni normatif », celui sur la santĂ© au travail implique des modifi-cations lĂ©gislatives et rĂ©glementai-res. Patronat et syndicats n’ont pas oubliĂ© les relations difficiles avec le gouvernement d’Edouard Philippe qui avait repris la main sur la forma-tion et l’assurance-chĂŽmage.

La ministre du Travail, ElisabethBorne, et le secrĂ©taire d’Etat chargĂ©

notamment un focus sur l’articu-lation avec la politique de santĂ© publique.

« Modernisation » des services de santĂ© au travailPour Laurent Pietraszewski, « c’est tout Ă  l’honneur des partenaires sociaux que d’avoir su dĂ©finir un cadre, comportant un important volet de prĂ©vention, qui renforcera le service rendu aux salariĂ©s et aux entreprises par les services de santĂ© au travail et qui permettra notam-ment d’anticiper l’usure au travail ». L’accord comporte en effet un premier volet qui prĂ©voit notam-ment la crĂ©ation d’un « passeport prĂ©vention », ainsi qu’un focus sur la prĂ©vention de la dĂ©sinsertion professionnelle. S’y ajoutent un volet qualitĂ© de la vie au travail ainsi qu’une « modernisation » des services de santĂ© au travail interentreprises avec notamment l’ouverture Ă  la mĂ©decine de ville Ă  laquelle tenaient tout particuliĂš-rement les artisans et professions libĂ©rales de l’U2P.

Ceux-ci pourront suppléer lespersonnels de santé au travail « pour les visites médicales pério-diques et de reprise du travail ». Une « offre socle soumise à un processus de certification » est par ailleurs définie pour les services de santé au travail qui devront développer une « interface informatique » avec les employeurs et les salariés. n

Il le sera d’autant plus que le rĂ©sul-tat dĂ©finitif risque d’ĂȘtre supĂ©rieur, car un certain nombre de contrats sont encore en cours d’enregistre-ment. « Cela correspond aux tendan-ces qui nous remontent des CFA et desbranches professionnelles », prĂ©cise-t-on au ministĂšre du Travail.

La raison principale d’un tel suc-cĂšs tient Ă  la trĂšs gĂ©nĂ©reuse prime Ă l’embauche des apprentis dĂ©cidĂ©e cet Ă©tĂ© (5.000 euros pour un mineur, 8.000 pour un majeur) qui a sauvĂ© la rentrĂ©e. Quand bien mĂȘme ces montants ont crĂ©Ă© un effet d’aubaine, les employeurs ont Ă©tĂ© au rendez-vous malgrĂ© la crise. « On ne s’attendait pas Ă  un tel chif-fre », reconnaĂźt la prĂ©sidente de la FĂ©dĂ©ration nationale des associa-tions rĂ©gionales de directeurs de CFA, Roselyne Hubert.

ProblĂšme de financementCette aide, paradoxalement, aurait pu tempĂ©rer les efforts des CFA pour dĂ©marcher les entreprises, ce qui n’a visiblement pas Ă©tĂ© le cas, renforçant ainsi la dynamique. En les laissant complĂštement libres de

dĂ©velopper leurs sections d’appren-tissage sans avoir Ă  attendre le bon vouloir des rĂ©gions, la rĂ©forme de 2018 les a aussi incitĂ©s Ă  se dĂ©passer,malgrĂ© un surcroĂźt de charge admi-nistrative unanimement pointĂ© du doigt parmi les intĂ©ressĂ©s. La dĂ©ci-sion de laisser les CFA ouverts durant le deuxiĂšme confinement a jouĂ© Ă©galement.

Pour exceptionnelle qu’elle soit,la hausse du nombre de contrats d’apprentissage attendue cette annĂ©e provient aussi de la pour-suite de la bascule des contrats de professionnalisation, l’autre voie dela formation par alternance. Un transfert d’embauches classiques en CDI ou CDD, voire de stages, n’est

pas exclu non plus. « L’enjeu main-tenant est d’assurer la continuitĂ© des parcours et d’éviter les dĂ©crochages ou les ruptures de contrat », estime Roselyne Hubert, compte tenu de lafragilitĂ© financiĂšre de certains jeu-nes ou de certaines entrepri-ses. L’autre enjeu, global celui-lĂ , sera d’assurer que France compĂ©-tences, l’organisme national qui rĂ©partit les cotisations formation des entreprises, dispose d’assez de ressources pour financer un tel afflux de formations.

L’un des leviers, qui consiste Ă baisser les niveaux de prises en charge des diplĂŽmes, n’intervien-dra qu’à la rentrĂ©e de 2022. CĂŽtĂ© recettes, il est exclu de ponctionner davantage les employeurs. Il est donc probable que l’Etat soit amenĂ©Ă  remettre la main Ă  la poche d’autant que le projet de loi de finan-ces pour 2021 oblige France compĂ©-tences Ă  Ă©quilibrer ses comptes Ă  terme. « Plusieurs leviers peuvent ĂȘtre mobilisĂ©s dans le cadre d’une concertation avec les partenaires sociaux et les rĂ©gions », toujours selon le ministĂšre du Travail. n

Le nombre d’apprentis a battu un nouveau record cette annĂ©e

Alain Ruello @AlainRuello

Le chiffre n’est encore que provi-soire, mais la conclusion, elle, ne fait pas de doute : avec 420.000 con-trats signĂ©s depuis le 1er janvier dansle secteur privĂ©, contre 353.000 l’annĂ©e derniĂšre, le millĂ©sime 2020 de l’apprentissage s’annonce meilleur que celui de 2019, qui avaitdĂ©jĂ  atteint un sommet. Personne ily a quelques mois encore n’aurait pariĂ© sur une telle hausse de 19 %, soit 67.000 jeunes de plus. « Record pulvĂ©risĂ© », s’est rĂ©jouie la ministre du Travail, Elisabeth Borne.

EMPLOI

La prime Ă  l’embauche des jeunes et les effets de la rĂ©forme de 2018 se sont traduits par une hausse inattendue de 19 % des contrats d’apprentissage cette annĂ©e.

des Retraites et de la SantĂ© au travail,Laurent Pietraszewski, se sont voulus rassurants. Voyant dans l’accord un signe de « la vitalitĂ© du paritarisme qui est au cƓur des politiques de santĂ© au travail », ils ont prĂ©cisĂ© dans un communiquĂ© que « le gouvernement veillera, lors de la transcription de cet accord dans le droit du travail, au respect de son contenu et de son Ă©quilibre ».

Les dĂ©putĂ©es LREM CharlotteParmentier-Lecocq et Carole Grandjean, Ă  la manƓuvre sur la proposition de loi sur la santĂ© au travail, ont aussi immĂ©diatement rĂ©agi. Elles ont prĂ©cisĂ© dans un communiquĂ© qu’elles « respecte-ron[t] » ses conditions et « reste-ron[t] vigilantes Ă  en intĂ©grer, de maniĂšre fidĂšle, toutes les dimen-sions ». Mais tout en rĂ©affirmant leur volontĂ© de « l’enrichir de [leurs] propres travaux ». Avec

L’accord comporte un premier volet qui prĂ©voit la crĂ©ation d’un « passeport prĂ©vention », ainsi qu’un focus sur la prĂ©vention de la dĂ©sinsertion professionnelle.

LeĂŻla de Comarmond @leiladeco

AprĂšs le tĂ©lĂ©travail, la santĂ© au travail. Au bout de six mois de nĂ©go-ciation, une treiziĂšme rĂ©union a permis de lever dans la nuit de mer-credi Ă  jeudi les derniers obstacles Ă  un accord entre les partenaires sociaux. CĂŽtĂ© syndical, le texte final a reçu un avis favorable de la CFDT, de FO et de la CFE-CGC. Seule la CGTl’a rejetĂ©. La CFTC prendra sa dĂ©ci-sion la semaine prochaine.

Chose peu frĂ©quente, du cĂŽtĂ©du patronat, l’accord n’a pas fait d’emblĂ©e le plein. Le Medef et l’U2P ont annoncĂ© qu’ils signeraient l’accord, la CGPME s’est dite « prĂ©oc-cupĂ©e » par le coĂ»t de la formation

TRAVAIL

La CFDT, FO et la CFE-CGC ont trouvé un accord avec le patronat sur la moder-nisation des services de santé au travail.

Un nouvel exemple de la bonne tenue du dialogue social en cette période de crise, aprÚs le récent compromis sur le télétravail.

Syndicats et patronat parviennent à un accord sur la santé au travail

Les visites mĂ©dicales et de reprise du travail pourront ĂȘtre effectuĂ©es par l’un des mĂ©decins de ville inscrits sur la liste des « mĂ©decins praticiens correspondants ». Photo iStock

420.000CONTRATS SIGNÉSdepuis le 1er janvierdans le secteur privĂ©,contre 353.000 l’annĂ©e derniĂšre. Le millĂ©sime 2020 de l’apprentissage s’annonce meilleur que celui de 2019.

Page 5: Les Echos - 11 12 2020

DerriĂšre leurs chefs, MichelBarnier cĂŽtĂ© europĂ©en et David Frost cĂŽtĂ© britannique, les deux Ă©quipes de nĂ©gociateurs se sont remises au travail dĂšs jeudi, pour tenter de rapprocher ces positions diamĂ©tralement opposĂ©es : d’un cĂŽtĂ©, l’Union europĂ©enne refuse de brader l’accĂšs Ă  son marchĂ©, en demandant Ă  Londres de ne prati-quer aucun dumping social ou envi-ronnemental pour pouvoir en bĂ©nĂ©ficier ; de l’autre, le Royaume-Uni veut, au nom de sa souverainetĂ©retrouvĂ©e, avoir les coudĂ©es fran-ches pour dĂ©cider de ses lois et des aides d’Etat qu’il souhaite distribuer.

830 milliards d’euros d’échanges en jeuLe problĂšme, c’est qu’à ce stade aucune piste pour surmonter ces divergences ne semble se dessiner. Les derniers jours ont surtout per-mis Ă  Boris Johnson de tenter de parler directement Ă  Emmanuel Macron ou Ă  Angela Merkel pour tenter de jouer sur leurs dĂ©sac-cords, et Ă  l’UE de lui imposer, au contraire, comme seul interlocu-teur la Commission et d’afficher haut et fort son unitĂ©. Mais aucune avancĂ©e significative n’a pu ĂȘtre constatĂ©e. Un « no deal » serait pourtant dĂ©sastreux : Ă  dĂ©fautd’un accord commercial, ce sontles rĂšgles de l’OMC qui viendraient s’appliquer. En jeu, pas moinsde 830 milliards d’euros d’échangescommerciaux annuels, aujour-d’hui libres de tout quota ou tarif douanier et qui risquent d’en sup-porter au 1er janvier.

A Bruxelles, oĂč la question duBrexit a dĂ©libĂ©rĂ©ment Ă©tĂ© laissĂ©e de cĂŽtĂ© lors d’un sommet entre chefs d’Etat et de gouvernement, la Com-mission europĂ©enne a fini par se rĂ©soudre, jeudi, Ă  prĂ©senter ses mesures de « contingence » en cas de Brexit sans accord. La publica-

tion était réclamée depuis des semaines par de nombreux Etats membres, mais Bruxelles prenait tout son temps, afin de ne pas envoyer un signal trop négatif en pleine négociation avec Londres.

Du mal Ă  s’entendre, mĂȘme sur la gestion d’un « no deal »Mais, mĂȘme sur la maniĂšre de faireface Ă  un Ă©ventuel « no deal », Lon-dres et Bruxelles ont bien du mal Ă  s’entendre. Outre le secteur aĂ©rien et les transports routiers, oĂč la Commission propose de maintenir la connectivitĂ© pendant six mois Ă  condition que le Royaume-Uni optelui aussi pour le statu quo, Bruxellespropose sur la pĂȘche un cadre vala-ble jusqu’à la fin 2021, consistant Ă 

l La prĂ©sidente de la Commission europĂ©enne, Ursula von der Leyen, et le Premier ministre britannique,Boris Johnson, se sont donnĂ© jusqu’à dimanche pour dĂ©cider de l’avenir des pourparlers sur l’aprĂšs-Brexit.l Leurs diffĂ©rends restent profonds, et aucune piste pour les surmonter ne semble Ă  ce stade se dessiner.

Brexit : le week-end de la derniĂšre chance

Alexandre Counis @alexandrecounis

—Correspondant Ă  LondresGabriel GrĂ©sillon

ggresillon@—Bureau de Bruxelles

Ils se sont donnĂ© jusqu’à dimanche pour aplanir leurs divergences. Mais est-ce encore possible ? La prĂ©sidente de la Commission euro-pĂ©enne, Ursula von der Leyen, et le Premier ministre britannique, Boris Johnson, ont pris rendez-vous pour la fin du week-end afin d’arrĂȘter une dĂ©cision sur l’avenir des pourparlers en cours Ă  propos des futures relations entre l’UE et leRoyaume-Uni. Mais le dĂźner qui les a rĂ©unis, mercredi soir Ă  Bruxelles, est loin de laisser penser que les deux camps peuvent d’ici lĂ  arra-cher un accord.

Le dĂźner a beau avoir Ă©tĂ© « vivantet intĂ©ressant », comme l’a dit Ă  son issue Ursula von der Leyen, ou don-ner lieu Ă  une discussion « franche »,comme l’a estimĂ© Boris Johnson, force est de constater qu’il n’a per-mis aucune percĂ©e. Et trois heures d’entretien ont surtout servi Ă  constater, une fois de plus, combienles positions des deux camps res-tent, sur la pĂȘche mais surtout sur les conditions d’une concurrence Ă©quitable et sur les futurs modes derĂ©solution des conflits, « trĂšs Ă©loi-gnĂ©es ».

Le dĂźner qui lesa rĂ©unis, mercredi soir Ă  Bruxelles,est loin de laisser penser que les deux camps peuventd’ici lĂ  arracherun accord.

maintenir un accĂšs « rĂ©ciproque desnavires de l’UE et du Royaume-Uni aux eaux de l’autre partie ». Pas sĂ»r que Londres accepte une telle solu-tion, sachant que les EuropĂ©ens qui

vont pĂȘcher dans les eaux britanni-ques sont beaucoup plus nom-breux que leurs homologues bri-tanniques s’aventurant dans les eaux europĂ©ennes. Un porte-parole

de Downing Street s’est ainsi mon-trĂ© particuliĂšrement rĂ©servĂ©, jeudi. Il a rappelĂ© que le Royaume-Uni comptait « reprendre le contrĂŽle » deses eaux au 1er janvier. n

Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

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AFP

Si les nĂ©gociations en vue d’un accord commercial finissaient par achopper, l’Union europĂ©enne cherche d’ores et dĂ©jĂ  Ă  pallier deuxurgences : maintenir une certaine fluiditĂ© dans les dĂ©placements entre les Ăźles Britanniques et le Vieux Continent aprĂšs le 31 dĂ©cem-bre 2020 et trouver un statut tem-poraire pour la pĂȘche dans les eauxanglaises.

La Commission a dĂ©jĂ  une cer-taine pratique dans cet exercice puisqu’elle avait dĂ©jĂ  prĂ©parĂ© des plans de contingence en cas de divorce sans accord Ă  l’étĂ© 2019. Jeudi, la prĂ©sidente de la Commis-sion europĂ©enne, Ursula von der Leyen, a proposĂ© plusieurs rĂšgle-ments aux vingt-sept pays mem-bres. La prioritĂ© est donnĂ©e aux transports en assurant des liaisons aĂ©riennes et en assurant la plus grande fluiditĂ© possible aux trans-ports routiers pendant six mois, alors que contrĂŽles douaniers et phytosanitaires vont ĂȘtre rĂ©tablis. Les licences d’exploitation ont d’ores et dĂ©jĂ  Ă©tĂ© prolongĂ©es de neuf mois pour les entreprises fer-roviaires, afin de maintenir la cir-culation des Eurostar, et de deux mois pour Eurotunnel.

En ce qui concerne la pĂȘche, laCommission essaie de sauver les meubles pour une annĂ©e supplĂ©-mentaire. Elle recommande un « rĂšglement visant Ă  crĂ©er le cadre juri-dique appropriĂ© jusqu’au 31 dĂ©cembre2021, ou jusqu’à la conclusion d’un accord de pĂȘche avec le Royaume-Uni – selon la date la plus rapprochĂ©e – pour un accĂšs rĂ©ciproque continu des navires de l’UE et du Royaume-Uni aux eaux de l’autre partie aprĂšs le 31 dĂ©cembre 2020 ». Huit pays sont particuliĂšrement concernĂ©s, qui se partagent 45 % des ressources halieutiques britanniques depuis des dĂ©cennies (France, Allemagne, Espagne, Belgique, Pays-Bas, Irlande, Danemark et SuĂšde).

Le transport des marchandises vaĂ©galement se compliquer. GrĂące au marchĂ© unique et Ă  l’union doua-niĂšre, il suffisait d’un bon de trans-port pour un vĂ©hicule et d’un bon delivraison pour le client quand un exportateur livrait au Royaume-Uni. A l’avenir, il faudra procĂ©der Ă  des dĂ©douanements des deux cĂŽtĂ©s

de la frontiĂšre. Chaque marchandisesera certifiĂ©e, devra avoir un certifi-cat sanitaire si c’est une denrĂ©e pĂ©ris-sable et des taxes douaniĂšres seront appliquĂ©es. InĂ©vitablement, les dĂ©lais vont s’allonger et les Ă©changesse renchĂ©rir.

Lourdes consĂ©quencesLondres a dĂ©voilĂ© en mai dernier son futur dispositif douanier qui s’appliquera en cas de non-accord commercial. Le gouvernement de Boris Johnson a prĂ©vu de supprimerles droits de douane sur 60 % des Ă©changes qui entreront au Royau-me-Uni (contre 47 % aujourd’hui). Mais il en a maintenu certains, voireles a augmentĂ©s, sur les industries qu’il veut protĂ©ger. En particulier l’automobile et l’agroalimentaire pour sĂ©curiser ses exploitants agri-coles, Ă©leveurs et pĂȘcheurs.

Moins Ă©vident, l’échec des nĂ©go-ciations pĂšserait sur les relations de sĂ©curitĂ© entre le Royaume-Uni et l’Union europĂ©enne. Notamment enmatiĂšre de coopĂ©ration policiĂšre et judiciaire, car il retrouve un statut d’Etat tiers. Cela veut dire qu’il n’y aura plus d’accĂšs aux fichiers euro-pĂ©ens ni aux agences europĂ©ennes (Europol et Eurojust), ni de projets opĂ©rationnels alors que la menace terroriste est toujours bien prĂ©sente.Enfin, dans le domaine de la dĂ©fense,le Royaume-uni Ă©tait avec la France l’une des deux seules puissances nuclĂ©aires de l’UE. Son dĂ©part sera fortement lourd de consĂ©quences. — V. R. et service Monde

L’ Union europĂ©enne accĂ©lĂšre les prĂ©paratifs en cas d’échecL’Union europĂ©enne prĂ©pare quelques garde-fous au cas oĂč un accord commercial avec le Royaume-Uni s’avĂ©rerait impossible. De nombreux secteurs vont ĂȘtre impactĂ©s

Le gouvernement de Boris Johnson a prĂ©vu de supprimer les droits de douane sur 60 % des Ă©changes qui entreront au Royaume-Uni contre 47 % aujourd’hui.

MONDE Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020

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LeGrand rendez-vous

ChristianEstrosi

©Syspeo/SIPA

Maire deNicePrĂ©sident de laMĂ©tropoleNice CĂŽte d’Azur

Dimanchede10hĂ 11hsurEurope1

Michaël Darmon, Cécile Cornudet et Damien Fleurot reçoivent

Europe : feu vert pour le plan de relance l Les Vingt-Sept sont parvenus Ă  s’entendre, jeudi soir, au sujet de l’avenir de leurs finances.l Le veto hongrois et polonais au sujet du mĂ©canisme sur l’Etat de droit est levĂ©.

miĂšre Ă©valuation de chaque demande puis les ministres l’entĂ©ri-neront Ă  la majoritĂ© qualifiĂ©e.

La Commission de son cÎté doitencore attendre le feu vert des Par-lements nationaux pour emprun-ter les fonds nécessaires sur les marchés financiers. Elle le fera cer-tainement par étapes, à mesure de ses besoins de décaissement.

‱ QUAND INTERVIENDRONT LES PREMIERS VERSEMENTS ?La plus grosse part des montants enjeu (70 %) doit ĂȘtre attribuĂ©e en 2021et 2022, le solde (30 %) pouvant ĂȘtreversĂ© jusqu'en 2023. Une rĂšgle restetoutefois applicable Ă  tous : les montants reçus ne devront pas excĂ©der 6,8 % du revenu national brut de chaque Etat membre. C’est l’Italie (65 milliards d’euros) et l’Espagne (59 milliards) qui rece-vront la plus grande part de l’aide europĂ©enne. Viennent ensuite la France avec 40 milliards et la Polo-gne avec 23 milliards.

La France s’attend Ă  ce qu’unepremiĂšre tranche de 10 % du mon-tant total soit distribuĂ©e en mars ouavril 2021. Le reste sera conditionnĂ©

au respect des objectifs définis dansles plans nationaux.

‱ QUAND ET COMMENT SERONT REMBOURSÉES LES AIDES ?Tout l’intĂ©rĂȘt de l’emprunt collectif qui sera opĂ©rĂ© par le biais de la Commission europĂ©enne, c’est qu’ilpourra ĂȘtre remboursĂ© via le bud-get europĂ©en. Pour Ă©viter que le poids de la contribution de chaque Etat membre augmente et avec lui, les impĂŽts pesant sur les contribua-bles, les Etats membres se sont engagĂ©s Ă  crĂ©er de nouvelles res-sources propres pour rembourser l’emprunt. L’accord du 10 novembredernier entre le Parlement euro-pĂ©en et le Conseil prĂ©voit la mise enplace de nouvelles ressources et l e u r c a l e n d r i e r d e m i s e e n Ɠuvre. Une taxe plastique doit entrer en vigueur au 1er janvier 2021.Elle devrait ĂȘtre suivie de la taxe car-bone aux frontiĂšres et de la taxe Gafa et de la taxe sur le systĂšme d’échange des quotas d’émission (ETS). Le remboursement du capi-tal de l’emprunt doit s’étaler sur 30 ans, jusqu'en 2058. n

marchĂ© pour reconstruire l’écono-mie europĂ©enne aprĂšs le passage de l’épidĂ©mie de Covid-19. Le plan de relance, baptisĂ© « Next Genera-tion EU » pour montrer qu’il est censĂ© prĂ©parer le terrain aux gĂ©nĂ©-rations Ă  venir, doit contribuer Ă  prĂ©parer l’économie europĂ©enne aux dĂ©fis du XXIe siĂšcle. A quoi ser-viront ces fonds, qui les rembour-sera et quand ?

‱ QUE CONTIENT LE PLAN DE RELANCE EUROPÉEN ?Sa piĂšce maĂźtresse est la « FacilitĂ© de relance et de rĂ©silience » (FRR), qui reprĂ©sente l’essentiel du dispo-sitif puisqu’elle est dotĂ©e de 672 milliards sur les 750 milliards d’euros disponibles. Il s’agit de sub-ventions Ă  hauteur de 312 milliardsd’euros et de prĂȘts pour 360 mil-liards que les pays seront libres de contracter ou non, en fonction de leurs besoins. Conçus pour ĂȘtre utilisĂ©s rapidement, ces fonds iront irriguer directement les Ă©co-nomies des Etats membres via les collectivitĂ©s locales, les banques d’investissement ou les agences gouvernementales.

Le reste de l’enveloppe, 78 mil-liards d’euros, viendra abonder le budget europĂ©en 2021-2027 via desprogrammes europĂ©ens jugĂ©s eux aussi utiles pour accompagner les investissements d’avenir. Une enveloppe de 47,5 mill iards d’euros est dĂ©diĂ©e Ă  React-EU, une initiative de soutien Ă  la reprise, 10 milliards iront au Fonds de tran-sition juste, qui doit accompagner les pays en retard sur le front de la transition climatique, 5 milliards s’ajouteront au programme Hori-zon Europe, dĂ©diĂ© Ă  la recherche etĂ  l’innovation


‱ QUELLES CONDITIONS SONT LIÉES AU VERSEMENT DES AIDES ?L’argent du plan de relance ne doit pas servir Ă  financer les hausses desalaires des personnels de santĂ© oule chĂŽmage partiel. Les pays du nord de l’Europe, mĂ©fiants envers l’usage qui pourrait ĂȘtre fait de l’argent commun, y ont veillĂ©, et il yaura des conditions Ă  respecter pour obtenir le dĂ©blocage des fonds. 37 % des dĂ©penses engagĂ©es devront ĂȘtre dĂ©diĂ©es Ă  la transition

Ă©nergĂ©tique et 20 % Ă  la digitalisa-tion de l’économie.

La Commission a aussi demandĂ©que les gouvernements tiennent compte des « recommandations » qui leur sont adressĂ©es lors du Semestre europĂ©en, sorte de guide pratique sur les rĂ©formes structurel-les Ă  mener. L’Europe de l’aprĂšs-Co-vid-19 devra ĂȘtre plus verte, plus numĂ©rique et mieux adaptĂ©e aux dĂ©fis actuels et Ă  venir. Une ultime condition est prĂ©vue pour la pre-miĂšre fois et s’appliquera aussi bien au plan de relance qu’au budget plu-riannuel : les Etats devront s’assurer que l’argent europĂ©en est dĂ©pensĂ© dans le respect de l’Etat de droit.

‱ QUELLES SONT LES PROCHAINES ÉTAPES DU CALENDRIER ?Les gouvernements prĂ©parent depuis plusieurs semaines leurs pro-pres plans de relance dĂ©taillant l’usage qu’ils comptent faire des fonds europĂ©ens sur la pĂ©riode 2021-2023. Les envois officiels sont atten-dus entre le 1er janvier 2021 et le 30 avril. La Commission disposera alors de deux mois pour une pre-

Le dispositif de soutien européen en cinq questions

Catherine Chatignoux @chatignoux

Le plan de relance europĂ©en, adoptĂ© dans son ultime mouture jeudi par les dirigeants europĂ©ens, a Ă©tĂ© Ăąprement nĂ©gociĂ©, d’abord auprintemps au sein du couple fran-co-allemand, puis avec les pays « frugaux » du nord de l’Europe. L’ampleur de la pandĂ©mie et les dĂ©gĂąts rĂ©alisĂ©s sur l’économie ont fini par emporter le consensus. La Commission europĂ©enne a Ă©tĂ© autorisĂ©e en juillet Ă  emprunter surles marchĂ©s pour le compte des Etats membres 750 milliards d’euros. Une premiĂšre, justifiĂ©e parla nĂ©cessitĂ© de prĂ©voir des fonds suffisamment importants et bon

Le super- plan de relance europĂ©en de 750 milliards d’euros qui a Ă©tĂ© adoptĂ© jeudi par le Conseil europĂ©en est une premiĂšre Ă  la fois par son ampleur et par les modalitĂ©s de son adoption, via un endettement commun des Vingt-Sept.

Gabriel Grésillon @GGresillon

—Bureau de Bruxelles

Le veto est levĂ©. AprĂšs des semainesde blocage par la Pologne et la Hon-grie, un compromis a enfin Ă©tĂ© trouvĂ©, jeudi soir au sujet du mĂ©ca-nisme qui doit conditionner, Ă  l’ave-nir, l’accĂšs aux fonds europĂ©ens au respect de l’Etat de droit. Varsovie etBudapest, aprĂšs avoir mis leur veto au dispositif en y voyant une menace pour leur souverainetĂ©, ontfinalement acceptĂ© une solution Ă©laborĂ©e notamment par la prĂ©si-dence allemande de l’UE.

Viktor OrbĂĄn, le Premier minis-tre hongrois, avait lui-mĂȘme estimĂ©, en arrivant Ă  Bruxelles, que les Vingt-Sept Ă©taient « Ă  deux doigtsde parvenir Ă  un consensus ». La machine Ă  communiquer hon-groise, par la bouche du chef de cabinet de Viktor OrbĂĄn, Gergely Gulyas, s’était chargĂ©e de prĂ©senter cette percĂ©e comme une « victoire »de son pays.

FermetĂ© des pays « frugaux »La prudence est restĂ©e de mise jus-qu’au bout, car les pays dits « fru-gaux », emmenĂ©s par les Pays-Bas, prĂ©fĂ©raient garder leur posture de fermetĂ© sur un sujet qu’ils considĂš-rent comme capital. A son arrivĂ©e Ă Bruxelles, le Premier ministre nĂ©er-landais , Mark Rutte , s ’é ta i t dit « neutre » au sujet du compromissur la table. Celui-ci consiste Ă  ne pas modifier le mĂ©canisme sur l’Etat de droit, mais Ă  l’accompa-

EUROPE gner d’une dĂ©claration qui en clari-fie la portĂ©e et le fonctionnement. La possibilitĂ© de solliciter l’avis de laCour de justice de l’Union euro-pĂ©enne au sujet de ce mĂ©canisme y est notamment gravĂ©e dans le mar-bre, offrant un sursis procĂ©dural d’un Ă  deux ans aux deux pays rĂ©calcitrants.

Forts de cette victoire, les Euro-pĂ©ens n’entendaient pas se laisser happer par l’autre dossier qui les accapare depuis des semaines. Le Brexit ? « Il n’est pas Ă  l’ordre du jour », avertissait sĂšchement un haut diplomate quelques heures avant le dĂ©but de la rencontre. Ursula von der Leyen, la prĂ©sidente de la Commission, a toutefois informĂ© les dirigeants europĂ©ens dela situation, au lendemain de son dĂźner avec Boris Johnson, le Premierministre britannique. Une situation de blocage, mais que les Vingt-Sept ne veulent surtout pas tenter de rĂ©soudre directement avec Londres,prĂ©fĂ©rant faire bloc derriĂšre leur nĂ©gociateur, Michel Barnier, et der-riĂšre Ursula von der Leyen elle-mĂȘme. L’objectif Ă©tant, jusqu’au bout, de prĂ©server leur unitĂ©.

Les dirigeants europĂ©ens avaiententamĂ© leur rĂ©union, en tout dĂ©but d’aprĂšs-midi, par une conversation

Le compromis offre un peu de temps Ă  Varsovie et Budapest, mais ne change rien au fonctionnement du dispositif.

au sujet de la pandémie. AprÚs une phase consacrée à procéder à des achats groupés de vaccins, ils sesont engagés à aborder les vaccina-tions dans un maximum de coordi-nation. Ce qui impliquera un paral-lélisme dans les calendriers, mais aussi dans les ordres de vaccinationpar types de population. Ils enten-dent également lutter contre la défiance entourant ces vaccins. « Il est important de diffuser une infor-mation claire et factuelle sur les vac-cins et de lutter contre la désinforma-

tion », résument-ils dans leur communiqué.

Outre un dĂ©bat qui s’annonçaitcomplexe sur les objectifs de rĂ©duc-tion des gaz Ă  effet de serre Ă  l’hori-zon 2030, les dirigeants europĂ©ens devaient enfin avoir une discussion,en fin de soirĂ©e, au sujet de la Tur-quie. Un sujet sur lequel s’affichent des sensibilitĂ©s trĂšs diffĂ©rentes. Cer-tes, comme le rĂ©sume une source diplomatique, « il y a un consensus pour constater qu’Ankara a suivi une trajectoire opposĂ©e Ă  l’apaise-

ment que nous souhaitions au cours des derniers mois ».

Besoin de WashingtonMais ce constat partagĂ© ne suffit pas Ă  mettre tout le monde d’accord quant aux actions Ă  mettre en Ɠuvre. A la suite des agissements militaires du pays et Ă  ses activitĂ©s deforage dans les eaux grecques et chy-priotes, les dirigeants devaient demander la constitution d’une liste de personnes Ă  sanctionner. Mais l’idĂ©e de sanctions Ă©conomiques,

elle, divise. « La Turquie est dans une situation Ă©conomique suffisamment prĂ©caire pour ne pas en rajouter », plaidait une source diplomatique europĂ©enne estimant essentiel de continuer Ă  prĂ©senter Ă  Ankara un agenda positif. Tout en avouant que les EuropĂ©ens, en dĂ©pit de leurs ambitions gĂ©ostratĂ©giques affichĂ©es,continuent de compter sur le grand frĂšre amĂ©ricain sur ce dossier : « Le changement de locataire Ă  la Maison-Blanche pourrait peut-ĂȘtre exercer surelle une pression bienvenue. » n

Angela Merkel, Charles Michel, président du Conseil européen, et Xavier Bettel, le Premier ministre luxembourgeois, jeudi à Bruxelles.

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effet en ce moment le dossier du laboratoire pour son candidat-vaccin Ă  base d’ARN, dĂ©veloppĂ© avec la biotech allemande BioN-Tech. L’EMA devrait rendre le 29 dĂ©cembre au plus tard sa dĂ©ci-sion sur une autorisation condi-tionnelle du traitement, dĂ©jĂ  approuvĂ© au Royaume-Uni, Ă  BahreĂŻn et au Canada.

Des hackers russeset nord-corĂ©ensLes sites de Pfizer et de BioNTech n’ont eux pas Ă©tĂ© attaquĂ©s dans le cadre de cet incident. A leur connaissance, « aucun partici-pant aux Ă©tudes cliniques du vac-cin n’a pu ĂȘtre identifiĂ© » grĂące auxdonnĂ©es dĂ©robĂ©es.

L’Agence europĂ©enne desmĂ©dicaments n’est pas la pre-miĂšre organisation de santĂ© ciblĂ©epar des hackers. Depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie, les attaques con-tre les laboratoires et autres cen-tres de santĂ© ont explosĂ©. Micro-soft avait mĂȘme tirĂ© la sonnette d’alarme Ă  ce sujet, Ă  la mi-novem-bre : pas moins de sept entreprisesde santĂ© situĂ©es en France, aux Etats-Unis, au Canada, en Inde et en CorĂ©e du Sud ont Ă©tĂ© victimes de tentatives de piratage. La majo-ritĂ© de ces attaques ont cependantĂ©tĂ© neutralisĂ©es.

Plusieurs pirates sont identi-fiĂ©s : le russe Fancy Bear, notam-ment responsable du piratage aux Etats-Unis du ComitĂ© natio-nal dĂ©mocrate lors de l’élection prĂ©sidentielle de 2016, ainsi que Zinc et Cerium, qui viennent de CorĂ©e du Nord. n

Enrique Moreira @EnriqueMoreira

L’enjeu du vaccin contre le Covid-19 est tel que mĂȘme les pirates informatiques s’en mĂȘlent. L’Agence europĂ©enne desmĂ©dicaments (EMA, en anglais), qui Ă©value en ce moment plu-sieurs dossiers de candidats-vac-cins, a Ă©tĂ© la cible d’une cyberatta-que, a-t-elle annoncĂ© mercredi.

AuditionnĂ©e jeudi par la com-mission de l’Environnement, de la SantĂ© publique et de la SĂ©curitĂ©alimentaire du Parlement euro-pĂ©en, la toute nouvelle directrice de l’agence, Emer Cooke, a prĂ©-cisĂ© : « En rĂ©alitĂ©, nous en avons connu plusieurs lors des deux der-niĂšres semaines. » L’EMA a ouvertimmĂ©diatement une enquĂȘte et collabore avec la police. « Cela ne ralentira en rien le calendrier dĂ©jĂ  annoncĂ© pour l’évaluation des demandes d’autorisation d’utilisa-tion conditionnelle. Nous restons totalement opĂ©rationnels », a insistĂ© la directrice.

Le gĂ©ant pharmaceutiqueamĂ©ricain Pfizer a prĂ©cisĂ© dans lafoulĂ©e que « certains documents liĂ©s Ă  sa soumission rĂ©glemen-taire » avaient Ă©tĂ© piratĂ©s . L’agence europĂ©enne Ă©value en

L’Agence europĂ©enne des mĂ©dicaments (AEM), qui dĂ©libĂšre actuellement sur la dĂ©livrance d’autori-sations Ă  plusieurs vaccins contre le Covid-19, s’est dit mercredi la cible d’une cyberattaque.

Vaccins Covid-19 :l’Agence europĂ©enne des mĂ©dicaments piratĂ©e

accord sur le chiffre de 55 % Ă©tait dĂ©jĂ  entendu depuis des semaines, les modalitĂ©s concrĂštes de cet enga-gement ont, elles, Ă©tĂ© bien discu-tĂ©es. Certains pays de l’Est, Pologne en tĂȘte, ont Ăąprement nĂ©gociĂ© leur feu vert. Encore trĂšs dĂ©pendante aucharbon, la Pologne refuse depuis le dĂ©but tout objectif national en appui de l’objectif collectif. Varsovieredoute les consĂ©quences Ă©cono-miques d’une transformation expresse de son mix Ă©nergĂ©tique qui lui serait imposĂ©e.

Pour Ă©viter son veto, les Etatsmembres devaient ainsi s’en tenir Ă  un objectif « collectif » qui sera le rĂ©sultat d’un « effort qui prendra en compte l’équitĂ© et la solidaritĂ©, en ne laissant personne derriĂšre », selon lesprojets de conclusion qui ont fuitĂ©

quente du « fonds pour la transition juste », de 17,5 milliards d’euros, prĂ©vu pour aider les pays les plus en retard Ă  accĂ©lĂ©rer leur transition vers des Ă©nergies moins polluantes.

Les institutions europĂ©ennes ontactĂ©, mercredi, que les fonds struc-turels ne financeraient plus de pro-duction d’énergie fossile aprĂšs 2025. Mais les pays les plus dĂ©pen-dants au charbon ont obtenu en Ă©change de bĂ©nĂ©ficier d’ici lĂ  Ă  pleindes aides liĂ©es au gaz, pour lancer leur transition.

Les fonds du plan de relanceeuropĂ©en ont aussi vocation Ă  ali-menter l’effort important qui sera nĂ©cessaire : 37 % au moins des sub-ventions versĂ©es devront ĂȘtre con-sacrĂ©es Ă  des mesures de verdisse-ment de l’économie. n

Accord en vue des Vingt-Sept sur le renforcement des objectifs climatiques 2030

Derek Perrotte @DerekPerrotte

—Bureau de Bruxelles

Les EuropĂ©ens continuent d’avan-cer Ă  marche forcĂ©e vers leur grandobjectif de neutralitĂ© climatique en 2050. Jeudi soir, en sommet euro-pĂ©en Ă  Bruxelles, les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept devaient adopter le renforcement des objectifs de rĂ©duction des gaz Ă  effet de serre d’ici Ă  2030.

La barre, jusqu’ici fixĂ©e Ă  unerĂ©duction de 40 % par rapport aux niveaux de 1990, va ĂȘtre portĂ©e Ă  « au moins 55 % », comme l’avait proposĂ© la Commission euro-pĂ©enne en septembre. Le Parle-ment europĂ©en avait prĂ©conisĂ© de viser 60 % mais il n’a ici qu’un rĂŽle consultatif.

UnanimitĂ© requiseUn tel changement de braquet s’impose pour espĂ©rer avoir encore une chance de tenir les objectifs de l’Accord de Paris, qui commĂ©mo-rera samedi ses cinq ans. Les Ă©mis-sions de gaz Ă  effet de serre ont atteint l’an dernier dans le monde unniveau sans prĂ©cĂ©dent et, au rythmeactuel, les objectifs fixĂ©s par la COP21ne pourront ĂȘtre atteints, a alertĂ© mercredi un rapport du PNUE (Nations unies).

Il Ă©tait toutefois difficile d’allerau-delĂ  pour des Vingt-Sept soumisici Ă  la rĂšgle de l’unanimitĂ©. Si un

Les Etats de l’Union europĂ©enne devaient valider, jeudi soir, un objectif de 55 % de rĂ©duction des gaz Ă  effet de serre d’ici Ă  2030.

RÉAGIRFACE À UNE CRISE

AGIRPOUR PRÉPARER L’APRÈS

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avant le sommet. « Il y a un certain nombre de rĂ©assurances, de garanties,de mesures de soutien Ă  donner aux uns et aux autres pour que chacun soitĂ  l’aise avec l’objectif », confiait jeudi

aprĂšs-midi une source europĂ©enne. Varsovie veut ainsi l’assurance taciteque la Commission saura lui rĂ©ser-ver le moment venu une part consĂ©-

Les institutions europĂ©ennes ont actĂ© mercredi que les fonds structurels ne financeraient plus de production d’énergie fossile aprĂšs 2025.

La Pologne, trÚs dépendante du charbon, veut des garanties sur les aides dont elle bénéficiera.

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lement leur intention, ou non, de rattraper le retard de leur pays, et d’indiquer dans quelles proportions.Les organisateurs comptent bien, Ă©galement, voir beaucoup de pays s’engager Ă  atteindre la neutralitĂ© carbone et dire Ă  quelle Ă©chĂ©ance.

La rĂ©fĂ©rence Ă  ce principe dansles politiques climatiques nationa-les commence Ă  peine Ă  se rĂ©pan-dre. L’Europe, la Chine, le Japon ou encore la CorĂ©e du Sud viennent de dĂ©cider d’en faire le fil rouge de leurs actions. C’est le signe que l’Accord de Paris, qui a Ă©dictĂ© cette rĂšgle, est bien vivant malgrĂ© les coups subis ces derniĂšres annĂ©es. Principalement, celui que lui a portĂ© l’annonce, en 2017, du retrait des Etats-Unis.

Revoir les planĂštes s’alignerLe « zĂ©ro Ă©mission nette », l’autre terme pour qualifier le concept de neutralitĂ© carbone, est devenu plus familier depuis cinq ans aux entre-prises et aux collectivitĂ©s. A la diffĂ©-rence des Etats, la mobilisation de

la sociĂ©tĂ© civile n’a fait qu’aller croissant depuis 2015. Les villes et les rĂ©gions sont aux premiĂšres loges lorsque les consĂ©quences du rĂ©chauffement, comme les dramati-ques « mĂ©ga incendies » qui rava-gent pĂ©riodiquement l’Australie et la Californie, se font sentir. Investis-seurs, banques, assurances et com-pagnies industrielles ne rechignent pas Ă  adhĂ©rer aux mĂ©thodologies qu’a inspirĂ©es l’Accord de Paris pourse dĂ©carboner.

A qui veut s’en saisir, la luttecontre le rĂ©chauffement climatique offre de formidables opportunitĂ©s de dĂ©veloppement. D’autant que la pression de l’opinion et donc des consommateurs n’a fait qu’aller crescendo depuis cinq ans, surtout chez les jeunes nombreux Ă  dĂ©non-cer l’inertie des Etats. A eux de faire en sorte que se reforme l’alignementdes planĂštes scientifiques, sociĂ©taleset politiques dont Laurent Fabius, le prĂ©sident de la COP21, a estimĂ© avoir bĂ©nĂ©ficiĂ© pour arracher l’Accord de Paris. n

Cinq ans aprĂšs, un nouveau sommet pour remettre sur les rails l’Accord de Paris sur le climatl Inscrit dans le texte historique adoptĂ© en 2015, l’objectif de contenir le rĂ©chauffement Ă  2 degrĂ©s Celsius ne cesse de gagner en incertitude.l Le « Sommet de l’ambition pour le climat », qui se tient ce samedi, se prĂ©sente comme celui de la derniĂšre chance pour tenir ce cap. De nouveaux engagements des Etats sont attendus.

premier, et pour l’instant le seul, quiait gravĂ© dans la loi le « zĂ©ro nette Ă©mission ». Le gouvernement bri-tannique, trĂšs ambitieux, vient par ailleurs d’annoncer qu’il visait une baisse de ses gaz Ă  effet de serre (GES) de 68 % d’ici Ă  2030 par rap-port Ă  leur niveau de 1990.

Les petits pays, les plus volontairesLes pays de l’Union europĂ©enne se prĂ©parent Ă  lui emboĂźter le pas et Ă  lĂ©gifĂ©rer sur une rĂ©duction de ces GES d’au moins 55 % Ă  la mĂȘme Ă©chĂ©ance. Le Canada, lui aussi, a annoncĂ© un objectif de neutralitĂ© carbone (pour 2050), aprĂšs la Chine (pour 2060), le Japon et la CorĂ©e du Sud (pour 2050). Les Etats-Unis, avec l’élection de Joe Biden, sont con-sidĂ©rĂ©s comme faisant partie de ce groupe des 127 Etats qui sont respon-sables de prĂšs des deux tiers des rejets de CO2.

Mais les efforts que tous prĂ©voientde faire ne sont pas Ă  la hauteur des enjeux. Le CAT juge insuffisantes et incompatibles avec un rĂ©chauffe-ment de 2 °C les contributions natio-nales – les NDCs (Nationally Deter-

chercher les bons élÚves et aussi de celui des pays les moins avancés (PMA). La Jamaïque a doublé son ambition par rapport à son NDC de 2015. La Colombie va accélérer la baisse programmée de ses émis-sions pour lui faire atteindre 51 % en 2030 (par rapport à 1990).

A l’opposĂ©, la Russie et le BrĂ©silsont au fond de la classe. La politiquemenĂ©e par Moscou « n’est pas du toutalignĂ©e sur les objectifs de long terme de 2 °C », juge Alexandra Deprez. Le pays n’a pas prĂ©vu de rĂ©duire sa pro-duction de gaz et de pĂ©trole. Ce qui vaut Ă  sa politique climatique d’ĂȘtre qualifiĂ©e d’« extrĂȘmement insuffi-sante » par le CAT.

Son apprĂ©ciation sur celle menĂ©epar Brasilia est Ă  peine moins sĂ©vĂšre,avec la reprise Ă  tout va de la dĂ©fores-tation. Le gouvernement a bien annoncĂ© qu’il rĂ©viserait sa contribu-tion en vue de diminuer de 43 % ses Ă©missions en 2030. Mais il a condi-tionnĂ© cet engagement au verse-ment d’une aide de 10 milliards de dollars par la communautĂ© interna-tionale en paiement des services Ă©cosystĂ©miques rendus par le mas-sif amazonien. — J. C.

Qui sont les bons et mauvais Ă©lĂšves

Les Etats sont encore loin de mani-fester avec la mĂȘme ferveur leur volontĂ© d’éviter Ă  la planĂšte un rĂ©chauffement de plus de 2 °C d’ici Ă  la fin du siĂšcle. Mais il y a du progrĂšs,et mĂȘme beaucoup. Une majoritĂ© d’entre eux – trĂšs prĂ©cisĂ©ment 127 Etats sur les 197 reconnus par lesNations unies – affichent dĂ©sormais leur intention d’atteindre la neutra-litĂ© carbone, selon le comptage que vient de publier le centre de rĂ©flexion et d’analyse Climate ActionTracker (CAT).

C’est une vraie avancĂ©e. Sauf querelativement peu de ces pays ont pris officiellement de nouveaux engagements ou les ont relevĂ©s pour atteindre cet objectif. Tant et sibien qu’à ce stade aucun Etat ne peut faire figure d’élĂšve modĂšle. Unseul Etat, le Royaume-Uni, est le

L’objectif de la neutralitĂ© carbone fait son chemin, mais pas partout. Et les engagements annoncĂ©s par la plupart des 127 pays qui signalent vouloir l’atteindre dans les toutes prochaines dĂ©cennies ne suffiront pas.

Joël Cossardeaux @JolCossardeaux

On sera trĂšs loin, samedi, de l’eupho-rie gĂ©nĂ©rale telle que l’ont connue etpartagĂ©e les milliers de participantsĂ  la COP21. L’Accord de Paris sur le climat, conclu il y aura exactement cinq ans, ne donne plus autant enviede pavoiser. D’abord parce que totalement virtuel, Covid-19 et res-pect des distanciations obligent, le « Sommet de l’ambition pour le climat », organisĂ© ce mĂȘme jour Ă  l’invitation de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Italie, du Chili et des Nations unies, se prĂȘte peu aux effusions. Mais surtout parce que l’accord historique conclu en 2015 par 196 Etats Ă©veille aujourd’hui bien des craintes. Le principal objectif qu’il fixe, celui de limiter Ă  2 °C, au pire du pire, le rĂ©chauffe-ment de la planĂšte d’ici Ă  la fin du siĂš-cle, s’annonce de plus en plus diffi-cile Ă  tenir.

Il suffit pour s’en rendre comptede se plonger dans l’avalanche de rapports qui prĂ©cĂšde ce sommet, comme c’est le cas Ă  la veille de cha-que COP, les confĂ©rences mondiales pour le climat, dont la 26e Ă©dition, Ă  Glasgow, a Ă©tĂ© reportĂ©e Ă  dĂ©cem-bre 2021. Le Programme des Nationsunies pour l ’environnement (PNUE), dans sa derniĂšre livraison, redoute une poussĂ©e du mercure de 3,2 degrĂ©s. Et alors qu’il faudrait les rĂ©duire de 7,6 % par an, les Ă©mis-sions de gaz effet de serre (GES) continuent d’augmenter Ă  un rythme affolant. Le volume des rejets de CO2, qui en sont les pre-miers responsables, a crĂ» de 2,6 % en 2019 contre 1,4 % en moyenne paran depuis 2010.

L’angle mort du Covid-19Une tendance trĂšs fĂącheuse qu’il est peu probable de voir brisĂ©e en 2020,mĂȘme si « l’effet Covid » va indiquer le contraire. D’aprĂšs les estimations que publie ce vendredi le Global Car-bon Project (GCP), un programme de recherche international, les Ă©mis-sions devraient en effet baisser cette annĂ©e de 7 % au niveau mondial. Une chute qui n’impressionne guĂšreses chercheurs. « Ce n’est pas beau-coup compte tenu de l’arrĂȘt majeur des activitĂ©s liĂ© au premier confine-

ENVIRONNEMENT

« On voit le mur se rapprocher »Propos recueillis parMuryel Jacque

@MuryelJacque

Quel bilan dressez-vous cinq ans aprĂšs l’Accord de Paris ?Nous devrions avoir atteint le pic des Ă©missions mondiales de gaz Ă  effet de serre cette annĂ©e. Or, je pense que nous allons rater cet objectif. Pour rester dans la limite fixĂ©e dans l’Accord, en dessous de 2 °C, et laisser ouverte la porte Ă  un rĂ©chauffement plus limitĂ© Ă  1,5 °C, ilfaut que le monde les divise par deux d’ici Ă  2030. Il y a une ving-taine d’annĂ©es, quand la science Ă©tait moins avancĂ©e et les Ă©mis-sions moins Ă©levĂ©es, l’objectif Ă©tait de les diviser par deux en 2050
 On voit le mur se rapprocher. En partie parce que les grands pays Ă©mergents ont nettement aug-mentĂ© leurs Ă©missions, et que le stock de carbone a continuĂ© Ă  aug-menter dans l’atmosphĂšre. La dis-cussion d’aujourd’hui est de savoir comment on arrive Ă  la neutralitĂ© carbone d’ici Ă  trente ans. Avec le retard accumulĂ©, les objectifs sont bien plus exigeants car le rythme de rĂ©duction nĂ©cessaire est plus rapide. Depuis cinquante ans, pourtant, les scientifiques alertent et des gouvernements ont perçu le danger Ă  partir des annĂ©es 1970, notamment lors de la confĂ©rence de Stockholm. Mais cela fait cin-quante ans qu’on traĂźne.

Le contexte politique a Ă©galement Ă©tĂ© trĂšs nĂ©gatif
Nous avons connu, c’est vrai, des hauts et des bas ces cinq derniĂšres annĂ©es. La sortie des Etats-Unis de l’Accord a clairement eu un effet degel de la diplomatie climatique. Des pays comme le BrĂ©sil ont caressĂ© l’idĂ©e de sortir. En Austra-lie, le gouvernement s’est posi-tionnĂ© contre la politique climati-que. On a vu des pays comme le Mexique abandonner les rĂ©formesqui devaient les amener vers une trajectoire meilleure. Sans oublier que la Chine ne s’est pas sentie obli-gĂ©e de modifier sa politique d’investissements extĂ©rieurs large-ment consacrĂ©s aux Ă©nergies fossi-les dans les pays de la route de la soie. Cela n’a pas fragilisĂ© l’Accord de Paris en soi, car aucun pays n’a suivi les Etats-Unis, mais, on l’a vu dans tous les sommets, le climat devait entrer par la petite porte, le mot « changement climatique » Ă©tait interdit de sĂ©jour.

Quels sont les espoirs ?MalgrĂ© ces difficultĂ©s politiques majeures, tout cela est en train de se retourner. Depuis cinq ans, beaucoup d’acteurs non gouverne-mentaux – villes, rĂ©gions, entrepri-ses – ont pris l’Accord de Paris comme rĂ©fĂ©rence pour leurs stra-

tĂ©gies. Les investisseurs ont pris conscience des risques les concer-nant si les banques ou les fonds de pension investissaient trop dans des secteurs intensifs en Ă©nergies fossiles ou dans des entreprises quin’avaient pas opĂ©rĂ© le tournant nĂ©cessaire. Ce mouvement Ă©tait sous le radar, il s’est accĂ©lĂ©rĂ© avec les discussions sur le besoin de transformation radicale. A Davos comme dans les analyses de l’Agence internationale de l’éner-gie, l’idĂ©e que cette Ă©conomie zĂ©ro carbone est le futur s’est imposĂ©e petit Ă  petit.

C’était l’un des paris de l’Accord en 2015
Oui, et ce mouvement s’est accĂ©lĂ©rĂ©cette annĂ©e grĂące Ă  trois facteurs. D’abord, l’Union europĂ©enne a confirmĂ© son engagement d’aller vers des Ă©missions net zĂ©ro en 2050avec le Green Deal comme pro-gramme gĂ©nĂ©ral de transforma-tion de son Ă©conomie. Ensuite, la Chine s’est donnĂ© un objectif de neutralitĂ© carbone en 2060. Enfin, les Ă©lections amĂ©ricaines ont vu, pour la premiĂšre fois, le climat comme une des quatre prioritĂ©s d’un candidat. Tout cela change le momentum politique. Et cette fois, les Ă©volutions du secteur Ă©conomi-que rejoignent ces dĂ©cisions politi-ques de trĂšs haut niveau qui man-quaient. De ce point de vue, je suis dĂ©sormais plus optimiste.

Comment cela se traduit-il pour le climat ?Ce sont des bonnes nouvelles. Avant l’Accord de Paris, nous Ă©tions sur une trajectoire entre 4 et7 °C de rĂ©chauffement climatique. AprĂšs l’Accord, et les premiers plans climat prĂ©sentĂ©s fin 2015, nous nous dirigions vers environ 3 °C. LĂ , les engagements engran-gĂ©s pour l’instant nous remettent presque sur une trajectoire de 2 °C. Ce n’est pas assez, mais nous som-mes repartis dans une dynamique bien plus positive.

Quel sera l’impact de la crise engendrĂ©e par le Covid-19 ?C’est difficile Ă  dire. Nombre de pays s’engagent toutefois vers une

LAURENCE TUBIANA

Directrice générale de la Fondation européenne sur le climat, et ancienne ambassadrice de la France chargée des négociations sur le changement climatique lors de la COP21

relance plus verte. L’UE va peser lourd car les financements de ses plans de relance vont ĂȘtre plus ou moins fortement conditionnĂ©s. Il faut attendre ce que les Etats-Unis feront, mais des engagements importants ont Ă©tĂ© pris par Joe Biden, ainsi que par le Japon, la CorĂ©e du Sud, la Colombie. Mais il faut que les finances publiques sui-vent, que les investissements aillent dans la bonne direction, et que les banques de dĂ©veloppementstoppent les financements aux Ă©nergies fossiles, comme l’a fait la BEI. En fin de compte, l’Accord de Paris est devenu la rĂ©fĂ©rence pour le secteur Ă©conomique privĂ© comme public, c’est la rĂ©fĂ©rence pour les gouvernements et les insti-tutions financiĂšres. Il sert de juge de paix par rapport Ă  ce qu’il faut faire pour le climat. Il y a un avant etun aprĂšs-Paris.

L’Europe peut-elle rester un leader en matiĂšre de climat ?MĂȘme si les dĂ©mocrates gagnent les deux siĂšges en lice au SĂ©nat en janvier, les Etats-Unis ne pourront pas faire autant, aussi vite que l’Europe. Une coopĂ©ration amĂ©ri-cano-europĂ©enne serait trĂšs bien-venue. Mais il ne faudrait pas se faire trop d’illusion, par exemple, sur la gĂ©nĂ©ralisation d’une taxe car-bone, il y a un appĂ©tit modĂ©rĂ© outre-Atlantique. Le plan de Joe Biden est d’aller vers les outils dontil dispose, dont un changement desrĂ©gulations en matiĂšre de soutien aux renouvelables ou le renforce-ment de l’électrification des trans-ports. Il y aurait quelque chose d’intĂ©ressant Ă  faire sur l’harmoni-sation de ces rĂ©gulations euro-pĂ©ennes et amĂ©ricaines. Ce mouve-ment vers une Ă©conomie sobre en carbone est un grand champ de coopĂ©ration. On n’imposera rien Ă  la Chine. En revanche, la menace de la taxe carbone aux frontiĂšres a son importance. Une discussion entre la Chine, les Etats-Unis et l’Europe va donc s’engager pour savoir si les efforts des uns et des autres sont suffisants. L’Europe doit jouer Ă  la fois le rĂŽle de leader etde broker. n

« Depuis cinq ans, beaucoup d’acteurs non gouvernementaux – villes, rĂ©gions, entreprises – ont pris l’Accord de Paris comme rĂ©fĂ©rence pour leurs stratĂ©gies. »

Michel De Grandi @MdeGrandi

« Le compte Ă  rebours est enclenchĂ© et notre survie est en jeu», assure Mohamed Nasheed, ancien prĂ©si-dent des Maldives et ambassadeur du Climate Vulnerable Forum, unestructure qui reprĂ©sente un mil-liard de personnes dans 48 pays particuliĂšrement exposĂ©s aux dĂ©rĂšglements climatiques.« Nos pays, en particulier les petits Etats insulaires, seront condamnĂ©s Ă  l’extinction, mĂȘme avec une hausse des tempĂ©ratures limitĂ©e Ă  + 2 °C, ajoute-t-il. Plus de 1,5 °C nous condamne Ă  mort. »

Pour dire l’urgence, les diri-geants du Pacifique ont dĂ©cidĂ© de

se rĂ©unir ce vendredi, de façon vir-tuelle, Ă  la veille du sommet coor-ganisĂ© par les Nations unies, le Royaume-Uni et la France. Ras-semblĂ©s au sein du Forum des insulaires du Pacifique (FIP), ils entendent exiger l’adoption d’une politique internationale de lutte contre le changement climatique.

« Assistance climat »Certains de ces insulaires se ran-gent aux cĂŽtĂ©s des pays les moins avancĂ©s (PMA) situĂ©s majoritaire-ment en Asie et en Afrique et qui, aujourd’hui, craignent d’ĂȘtre les laissĂ©s pour compte de la lutte contre le dĂ©rĂšglement climatique. ConfrontĂ©s Ă  un avenir sombre, marquĂ© par des sĂ©cheresses de plus en plus dures, des cyclones chaque fois plus violents, des mĂ©ga-incendies ou des pluies dilu-viennes qui ravagent leurs cultu-res, ces pays pauvres ne cessent de rappeler les riches Ă  leur promessefaite en 2009 Ă  la confĂ©rence de Copenhague de porter Ă  100 mil-liards de dollars par an dĂšs 2020

leur « assistance climat » pour les aider Ă  faire face aux consĂ©quencesdu changement climatique. Non seulement il manque encore 21,1 milliards de dollars, mais les efforts ont tendance Ă  ralentir. AprĂšs + 22 % en 2017, ils n’ont pro-gressĂ© que de 11 % l’annĂ©e suivante.

« Des efforts ont Ă©tĂ© faits, mais ilsne sont pas Ă  la hauteur des besoins et l’horloge climatique tourne », explique Alexandre Magnan, cher-cheur Ă  l’Institut du dĂ©veloppe-ment durable et des relations inter-n a t i o n a l e s ( I d d r i ) . C e q u e dĂ©plorent les pays les moins avan-cĂ©s, dĂ©jĂ  particuliĂšrement touchĂ©s par la pandĂ©mie de Covid-19 qui a gommĂ© des dĂ©cennies de crĂ©ation de richesse, c’est le « manque d’action massive » au moment oĂč l’urgence climatique ne fait que s’intensifier. Or, ces PMA se trou-vent aux avant-postes des change-ments : « La zone intertropicale est trĂšs active au niveau des phĂ©nomĂš-nes climatiques. C’est lĂ  que se mani-festent en premier les effets du dĂ©rĂš-glement », explique le chercheur. n

Les pays les plus pauvres réclament une action massiveLes pays les moins avancés, confrontés à des phénomÚnes climatiques de plus en plus violents, rappellent les Etats riches à leurs promesses : 100 milliards de dollars par an.

ment », indique l’un eux. Illustration par l’absurde de l’énormitĂ© de l’écart Ă  combler pour arriver aux 2 degrĂ©s,« il faudrait, au point oĂč nous en som-mes aujourd’hui, un Covid tous les deux ans », indique un expert.

A plus forte raison, les Etats, quis’emploient Ă  Ă©teindre la pandĂ©mie, vont donc devoir relever beaucoup plus les manches qu’ils ne l’ont jamais fait. Alors que l’Accord de Paris les invite Ă  revoir leur « niveau d’ambition » dans ce domaine tous les cinq ans, trop peu l’ont encore fait, notamment du cĂŽtĂ© des pays quisont les plus Ă©metteurs, comme la Chine. Le « Sommet de l’ambition pour le climat » va donner l’occasionaux quelque 80 chefs d’Etat et de gouvernement d’annoncer formel-

La pression de l’opinion n’a fait qu’aller crescendo depuis cinq ans.

Nations unies sur le changement climatique. Le retour serait effec-tif un mois plus tard, et les Etats-Unis, qui reprĂ©sentent prĂšs de 15 %des Ă©missions mondiales, auront Ă  soumettre un nouvel engage-ment Ă  l’horizon 2030. Avant le mandat Trump, Washington s’était engagĂ© Ă  rĂ©duire les Ă©mis-sions de gaz Ă  effet de serre de 26 Ă 28 % Ă  l’horizon 2025, par rapportau niveau de 2005.

Chute du charbonLes Ă©missions totales de gaz Ă  effetde serre avaient baissĂ© de 10,2 % en2018 par rapport Ă  2005 aux Etats-Unis, selon l ’ inventaire de l’Agence amĂ©ricaine de protec-tion de l’environnement (EPA). Avec la pandĂ©mie, qui a clouĂ© au sol les avions et rĂ©duit les consom-mations, les Ă©missions de CO2 liĂ©es Ă  l’énergie devraient baisser de 11 % cette annĂ©e, selon les prĂ©vi-sions de l’Agence amĂ©ricaine d’information sur l’énergie (EIA).

ChassĂ© par le gaz, moins cherpour produire de l’électricitĂ©, le charbon, combustible le plus pol-luant, connaĂźt une chute structu-relle. Avec le rebond de l’activitĂ© prĂ©vu l’an prochain, les Ă©missions deCO2 liĂ©es au secteur de l’énergie seraient infĂ©rieures d’environ 15 % par rapport Ă  2005, selon l’EIA.

Pour « rĂ©engager » les Etats-Unis,Joe Biden a dĂ©jĂ  multipliĂ© les sym-boles : l’ancien secrĂ©taire d’Etat JohnKerry, qui avait signĂ© l’Accord de Paris avec sa petite-fille sur les genoux, sera le premier reprĂ©sen-tant prĂ©sidentiel sur le climat et il sera membre du Conseil de sĂ©curitĂ© nationale.

Fin novembre, il a rappelĂ© lanĂ©cessitĂ© de la coopĂ©ration. « Lors dela rĂ©union mondiale de Glasgow, dansun an, toutes les nations devront fairepreuve d’ambition ensemble, sinon nous Ă©chouerons tous ensemble », a-t-il jugĂ©. Un coordinateur de la politique climatique doit aussi ĂȘtre nommĂ© en dĂ©cembre.

Durant les cent premiers jours deson mandat, Joe Biden a promis de convo quer un sommet p our « convaincre les plus grands Ă©met-teurs de prendre des engagements supplĂ©mentaires » sur leurs objec-tifs. Et d’adopter l’amendement de Kigali au protocole de MontrĂ©al, pour donner « un nouvel Ă©lan » Ă  la lutte contre les hydrofluorocarbu-res, un gaz Ă  effet de serre puissant.

ZĂ©ro Ă©mission en 2050Le prĂ©sident Ă©lu a affichĂ© dans son programme l’ambition d’arriver Ă  une Ă©conomie « zĂ©ro Ă©mission » Ă  l’horizon 2050 et Ă©voquĂ© une forme de taxe carbone sur les biens Ă  forte intensitĂ© de carbone « provenant de pays qui ne respectent pas leurs obli-gations climatiques et environne-mentales ». Il entend aussi mettre la pression sur la Chine et notamment son financement des pays des « nou-velles routes de la soie ».

Les feux de forĂȘt Ă  rĂ©pĂ©tition enCalifornie et les ouragans semblent

avoir convaincu une partie de la population que l’Etat doit en faire davantage contre le dĂ©rĂšglement cli-matique, selon une Ă©tude de Pew Research. Mais le programme « vert » dĂ©mocrate Ă  2.000 milliards de dollars risque toutefois de se retrouver rapidement bloquĂ© par unCongrĂšs peu coopĂ©ratif si le SĂ©nat conserve la majoritĂ© rĂ©publicaine.

Parmi ses grands chantiers, JoeBiden veut rĂ©duire l’empreinte car-bone des bĂątiments existants de moitiĂ© d’ici Ă  2035, dĂ©velopper les digesteurs de mĂ©thane dans l’agri-culture, densifier l’habitat urbain, dĂ©velopper le rail. Le dĂ©mocrate veut aussi crĂ©er une nouvelle agence, Arpa-C, qui identifierait des projets rĂ©alisables Ă  des coĂ»ts com-pĂ©titifs dans le stockage d’énergie, les petits rĂ©acteurs nuclĂ©aires ou l’air conditionnĂ© sans impact sur le climat. Il entend pour cela s’appuyersur le rĂ©seau des quatre cents mairesqui avaient dĂ©fiĂ© Donald Trump sur la sortie de l’Accord de Paris. n

Joe Biden promet un retour ambitieux des Etats-Unis

VĂ©ronique Le Billon @VLeBillon

—Bureau de New York

Donald Trump en est sorti, Joe Biden a promis d’y revenir « au pre-mier jour » de la nouvelle adminis-tration, et pour agir. Le prĂ©sident Ă©lu, qui entrera en fonction le 20 janvier prochain, a fait du retour des Etats-Unis dans l’Accord de Paris pour le climat l’undes marqueurs de la campagne.

Pour rĂ©intĂ©grer l’Accord, dontles Etats-Unis sont officiellement sortis le 4 novembre (un an aprĂšs lanotification du retrait par Donald Trump), Washington va devoir en informer la Convention-cadre des

AprĂšs le retrait ordonnĂ© par Donald Trump, le prĂ©sident Ă©lu amĂ©ricain s’est engagĂ© Ă  revenir dans l’Accord de Paris « au premier jour » de la nouvelle administration.

veau souffle Ă  l’Accord de Paris, recevant les fĂ©licitations de la communautĂ© internationale et infligeant un camouflet au clima-tosceptique Donald Trump. L’engagement chinois, s’il Ă©tait tenu, mettrait l’objectif de limiter le rĂ©chauffement climatique pla-nĂ©taire Ă  1,5 °C Ă  la portĂ©e du monde.

L’effet d’annonce digĂ©rĂ©, lemonde attend dĂ©sormais de savoir comment le gĂ©ant asiati-que, dont l’addiction au charbon est forte, va mettre en musique cette nouvelle ambition. « Si la Chine se contente le 12 dĂ©cembre de rĂ©pĂ©ter ce qui a Ă©tĂ© dit Ă  l’ONU en septembre, cela soulĂšvera beau-coup de questions sur la crĂ©dibilitĂ© de son objectif de long terme », prĂ©-vient Li Shuo, responsable du cli-mat Ă  Greenpeace China.

Atteindre la neutralité carboneen 2060 implique une transfor-mation complÚte de la deuxiÚme économie mondiale, qui ne peut souffrir le moindre retard. Or

« l’objectif de court terme est vraimenttrop modeste et ne traduit pas une forte ambition pour les annĂ©es Ă  venir », poursuit Li Shuo.

Engagements tenusXi Jinping s’est engagĂ©, devant les Nations unies, Ă  ce que la Chine par-vienne Ă  un pic de ses Ă©missions de CO2 « avant » 2030, et non plus « autour » de 2030 comme promis Ă  Paris. Cette petite avancĂ©e a Ă©tĂ© jugĂ©etrop modeste par les experts envi-ronnementaux, certains scientifi-ques anticipant le pic au plus tĂŽt en 2025, d’autres estimant mĂȘme qu’il est dĂ©jĂ  atteint.

A l’occasion de la COP21, la Chines’était Ă©galement engagĂ©e Ă  rĂ©duire les Ă©missions de CO2 par unitĂ© de PIBde 60 % Ă  65 % d’ici Ă  2030 et Ă  aug-menter la part des Ă©nergies non fos-siles Ă  20 % de la consommation d’énergie. « La Chine est en bonne voiepour atteindre ces trois objectifs, voireles dĂ©passer », constate Li Shuo. De fait, la Chine est en avance sur son plan de route : avec une rĂ©duction de

croissance industrielle Ă  tout prix. Une premiĂšre partie de la feuille de route doit ĂȘtre dĂ©voilĂ©e dans le 14e plan quinquennal couvrant la pĂ©riode 2021-2025.

Le charbon reprĂ©sentait encore,l’an dernier, 57,7 % du bilan Ă©nergĂ©ti-que chinois. Et la Chine est soupçon-nĂ©e de vouloir donner un coup d’accĂ©lĂ©rateur Ă  la production de charbon pour relancer son Ă©cono-mie. Selon un rapport publiĂ© cet Ă©tĂ©, le pays a augmentĂ© de 21 % ses pro-jets de centrales au charbon au pre-mier semestre. La Chine investit par ailleurs dans de nombreuses centra-les Ă  charbon Ă  l’étranger.

RĂ©agissant Ă  l’engagement de XiJinping pour 2060, le Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (CREA), basĂ© Ă  Helsinki, a appelĂ© PĂ©kin Ă  tirer un trait sur toutes les nouvelles centrales au charbon pla-nifiĂ©es Ă  partir de 2020 et Ă  doubler lacroissance de l’éolien et du solaire lors des dix prochaines annĂ©es. La longue marche vers la neutralitĂ© carbone ne fait que commencer. n

Le nouveau souffle donné par les objectifs climatiques chinois

Frédéric Schaeffer fr_schaeffer

—Correspondant Ă  PĂ©kin

Cinq aprĂšs l’adoption de l’Accord de Paris, la Chine va-t-elle Ă  nou-veau surprendre en relevant ses objectifs climatiques de court terme pour les harmoniser avec ceux de long terme ? Son prĂ©si-dent, Xi Jinping, avait crĂ©Ă© la sur-prise, le 22 septembre Ă  l’Assem-blĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies enannonçant un objectif de neutra-litĂ© carbone Ă  horizon 2060.

La Chine, premier Ă©metteur degaz Ă  effet de serre au monde (28 % des Ă©missions globales), redonnait lĂ  un immense nou-

Xi Jinping a créé la sur-prise avec une ambition de neutralité carbone à horizon 2060. Mais la Chine doit maintenant accorder ses objectifs climatiques de court et long terme.

l’intensitĂ© de carbone de 48 % fin 2019, la Chine a dĂ©passĂ© son objectif de 2020 (40 % Ă  45 %) qu’elle s’était fixĂ© Ă  Copenhague en 2009.

L’échec de ce sommet avait en par-tie Ă©tĂ© imputĂ© Ă  la Chine, ayant refusĂ©tout objectif contraignant et s’étant opposĂ©e Ă  toute mesure de vĂ©rifica-tion de l’application de l’accord. De « bad boy » du climat en 2009, la Chine s’est muĂ©e en leader prudent lors de la confĂ©rence de Paris. L’engagement de Xi Jinping pour 2060 est une nouvelle Ă©tape, mais demande Ă  ĂȘtre confirmĂ© par des mesures concrĂštes et radicales dans un pays qui a longtemps privilĂ©giĂ© la

De « bad boy » du climat en 2009, la Chine s’est muĂ©e en leader prudent lors de la ConfĂ©rence de Paris.

mined Contributions) dans le jargononusien – annoncĂ©es en 2015 par les pays d’Europe, mais aussi par les Etats-Unis et le Canada. La Chine n’est pas au niveau non plus. « Pour l’ĂȘtre, il faudrait dĂ©jĂ  qu’elle com-mence par ne plus ouvrir de centrales au charbon », commente un expert.

A ce jour, 129 pays ont fait connaĂź-tre leur intention de revoir leur NDCs. « Le problĂšme est que l’on ne sait pas quand ils le feront d’ici Ă  la COP26, fin 2021 », explique Alexan-dra Deprez, chercheuse Ă  l’Institut du dĂ©veloppement durable et des relations internationales (Iddri). Surce total, seuls 16 Etats ont effective-ment rĂ©Ă©valuĂ© leur contribution, dont le Chili, le Surinam, la NorvĂšge,Andorre ou encore la Mongolie. C’est plutĂŽt de ce cĂŽtĂ©-lĂ  qu’il faut

55 %LA RÉDUCTIONdes gaz Ă  effet de serre, par rapport Ă  leur niveau de 1990, que l’Union europĂ©enne espĂšre atteindre d’ici Ă  2030.

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lement leur intention, ou non, de rattraper le retard de leur pays, et d’indiquer dans quelles proportions.Les organisateurs comptent bien, Ă©galement, voir beaucoup de pays s’engager Ă  atteindre la neutralitĂ© carbone et dire Ă  quelle Ă©chĂ©ance.

La rĂ©fĂ©rence Ă  ce principe dansles politiques climatiques nationa-les commence Ă  peine Ă  se rĂ©pan-dre. L’Europe, la Chine, le Japon ou encore la CorĂ©e du Sud viennent de dĂ©cider d’en faire le fil rouge de leurs actions. C’est le signe que l’Accord de Paris, qui a Ă©dictĂ© cette rĂšgle, est bien vivant malgrĂ© les coups subis ces derniĂšres annĂ©es. Principalement, celui que lui a portĂ© l’annonce, en 2017, du retrait des Etats-Unis.

Revoir les planĂštes s’alignerLe « zĂ©ro Ă©mission nette », l’autre terme pour qualifier le concept de neutralitĂ© carbone, est devenu plus familier depuis cinq ans aux entre-prises et aux collectivitĂ©s. A la diffĂ©-rence des Etats, la mobilisation de

la sociĂ©tĂ© civile n’a fait qu’aller croissant depuis 2015. Les villes et les rĂ©gions sont aux premiĂšres loges lorsque les consĂ©quences du rĂ©chauffement, comme les dramati-ques « mĂ©ga incendies » qui rava-gent pĂ©riodiquement l’Australie et la Californie, se font sentir. Investis-seurs, banques, assurances et com-pagnies industrielles ne rechignent pas Ă  adhĂ©rer aux mĂ©thodologies qu’a inspirĂ©es l’Accord de Paris pourse dĂ©carboner.

A qui veut s’en saisir, la luttecontre le rĂ©chauffement climatique offre de formidables opportunitĂ©s de dĂ©veloppement. D’autant que la pression de l’opinion et donc des consommateurs n’a fait qu’aller crescendo depuis cinq ans, surtout chez les jeunes nombreux Ă  dĂ©non-cer l’inertie des Etats. A eux de faire en sorte que se reforme l’alignementdes planĂštes scientifiques, sociĂ©taleset politiques dont Laurent Fabius, le prĂ©sident de la COP21, a estimĂ© avoir bĂ©nĂ©ficiĂ© pour arracher l’Accord de Paris. n

Cinq ans aprĂšs, un nouveau sommet pour remettre sur les rails l’Accord de Paris sur le climatl Inscrit dans le texte historique adoptĂ© en 2015, l’objectif de contenir le rĂ©chauffement Ă  2 degrĂ©s Celsius ne cesse de gagner en incertitude.l Le « Sommet de l’ambition pour le climat », qui se tient ce samedi, se prĂ©sente comme celui de la derniĂšre chance pour tenir ce cap. De nouveaux engagements des Etats sont attendus.

premier, et pour l’instant le seul, quiait gravĂ© dans la loi le « zĂ©ro nette Ă©mission ». Le gouvernement bri-tannique, trĂšs ambitieux, vient par ailleurs d’annoncer qu’il visait une baisse de ses gaz Ă  effet de serre (GES) de 68 % d’ici Ă  2030 par rap-port Ă  leur niveau de 1990.

Les petits pays, les plus volontairesLes pays de l’Union europĂ©enne se prĂ©parent Ă  lui emboĂźter le pas et Ă  lĂ©gifĂ©rer sur une rĂ©duction de ces GES d’au moins 55 % Ă  la mĂȘme Ă©chĂ©ance. Le Canada, lui aussi, a annoncĂ© un objectif de neutralitĂ© carbone (pour 2050), aprĂšs la Chine (pour 2060), le Japon et la CorĂ©e du Sud (pour 2050). Les Etats-Unis, avec l’élection de Joe Biden, sont con-sidĂ©rĂ©s comme faisant partie de ce groupe des 127 Etats qui sont respon-sables de prĂšs des deux tiers des rejets de CO2.

Mais les efforts que tous prĂ©voientde faire ne sont pas Ă  la hauteur des enjeux. Le CAT juge insuffisantes et incompatibles avec un rĂ©chauffe-ment de 2 °C les contributions natio-nales – les NDCs (Nationally Deter-

chercher les bons élÚves et aussi de celui des pays les moins avancés (PMA). La Jamaïque a doublé son ambition par rapport à son NDC de 2015. La Colombie va accélérer la baisse programmée de ses émis-sions pour lui faire atteindre 51 % en 2030 (par rapport à 1990).

A l’opposĂ©, la Russie et le BrĂ©silsont au fond de la classe. La politiquemenĂ©e par Moscou « n’est pas du toutalignĂ©e sur les objectifs de long terme de 2 °C », juge Alexandra Deprez. Le pays n’a pas prĂ©vu de rĂ©duire sa pro-duction de gaz et de pĂ©trole. Ce qui vaut Ă  sa politique climatique d’ĂȘtre qualifiĂ©e d’« extrĂȘmement insuffi-sante » par le CAT.

Son apprĂ©ciation sur celle menĂ©epar Brasilia est Ă  peine moins sĂ©vĂšre,avec la reprise Ă  tout va de la dĂ©fores-tation. Le gouvernement a bien annoncĂ© qu’il rĂ©viserait sa contribu-tion en vue de diminuer de 43 % ses Ă©missions en 2030. Mais il a condi-tionnĂ© cet engagement au verse-ment d’une aide de 10 milliards de dollars par la communautĂ© interna-tionale en paiement des services Ă©cosystĂ©miques rendus par le mas-sif amazonien. — J. C.

Qui sont les bons et mauvais Ă©lĂšves

Les Etats sont encore loin de mani-fester avec la mĂȘme ferveur leur volontĂ© d’éviter Ă  la planĂšte un rĂ©chauffement de plus de 2 °C d’ici Ă  la fin du siĂšcle. Mais il y a du progrĂšs,et mĂȘme beaucoup. Une majoritĂ© d’entre eux – trĂšs prĂ©cisĂ©ment 127 Etats sur les 197 reconnus par lesNations unies – affichent dĂ©sormais leur intention d’atteindre la neutra-litĂ© carbone, selon le comptage que vient de publier le centre de rĂ©flexion et d’analyse Climate ActionTracker (CAT).

C’est une vraie avancĂ©e. Sauf querelativement peu de ces pays ont pris officiellement de nouveaux engagements ou les ont relevĂ©s pour atteindre cet objectif. Tant et sibien qu’à ce stade aucun Etat ne peut faire figure d’élĂšve modĂšle. Unseul Etat, le Royaume-Uni, est le

L’objectif de la neutralitĂ© carbone fait son chemin, mais pas partout. Et les engagements annoncĂ©s par la plupart des 127 pays qui signalent vouloir l’atteindre dans les toutes prochaines dĂ©cennies ne suffiront pas.

Joël Cossardeaux @JolCossardeaux

On sera trĂšs loin, samedi, de l’eupho-rie gĂ©nĂ©rale telle que l’ont connue etpartagĂ©e les milliers de participantsĂ  la COP21. L’Accord de Paris sur le climat, conclu il y aura exactement cinq ans, ne donne plus autant enviede pavoiser. D’abord parce que totalement virtuel, Covid-19 et res-pect des distanciations obligent, le « Sommet de l’ambition pour le climat », organisĂ© ce mĂȘme jour Ă  l’invitation de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Italie, du Chili et des Nations unies, se prĂȘte peu aux effusions. Mais surtout parce que l’accord historique conclu en 2015 par 196 Etats Ă©veille aujourd’hui bien des craintes. Le principal objectif qu’il fixe, celui de limiter Ă  2 °C, au pire du pire, le rĂ©chauffe-ment de la planĂšte d’ici Ă  la fin du siĂš-cle, s’annonce de plus en plus diffi-cile Ă  tenir.

Il suffit pour s’en rendre comptede se plonger dans l’avalanche de rapports qui prĂ©cĂšde ce sommet, comme c’est le cas Ă  la veille de cha-que COP, les confĂ©rences mondiales pour le climat, dont la 26e Ă©dition, Ă  Glasgow, a Ă©tĂ© reportĂ©e Ă  dĂ©cem-bre 2021. Le Programme des Nationsunies pour l ’environnement (PNUE), dans sa derniĂšre livraison, redoute une poussĂ©e du mercure de 3,2 degrĂ©s. Et alors qu’il faudrait les rĂ©duire de 7,6 % par an, les Ă©mis-sions de gaz effet de serre (GES) continuent d’augmenter Ă  un rythme affolant. Le volume des rejets de CO2, qui en sont les pre-miers responsables, a crĂ» de 2,6 % en 2019 contre 1,4 % en moyenne paran depuis 2010.

L’angle mort du Covid-19Une tendance trĂšs fĂącheuse qu’il est peu probable de voir brisĂ©e en 2020,mĂȘme si « l’effet Covid » va indiquer le contraire. D’aprĂšs les estimations que publie ce vendredi le Global Car-bon Project (GCP), un programme de recherche international, les Ă©mis-sions devraient en effet baisser cette annĂ©e de 7 % au niveau mondial. Une chute qui n’impressionne guĂšreses chercheurs. « Ce n’est pas beau-coup compte tenu de l’arrĂȘt majeur des activitĂ©s liĂ© au premier confine-

ENVIRONNEMENT

« On voit le mur se rapprocher »Propos recueillis parMuryel Jacque

@MuryelJacque

Quel bilan dressez-vous cinq ans aprĂšs l’Accord de Paris ?Nous devrions avoir atteint le pic des Ă©missions mondiales de gaz Ă  effet de serre cette annĂ©e. Or, je pense que nous allons rater cet objectif. Pour rester dans la limite fixĂ©e dans l’Accord, en dessous de 2 °C, et laisser ouverte la porte Ă  un rĂ©chauffement plus limitĂ© Ă  1,5 °C, ilfaut que le monde les divise par deux d’ici Ă  2030. Il y a une ving-taine d’annĂ©es, quand la science Ă©tait moins avancĂ©e et les Ă©mis-sions moins Ă©levĂ©es, l’objectif Ă©tait de les diviser par deux en 2050
 On voit le mur se rapprocher. En partie parce que les grands pays Ă©mergents ont nettement aug-mentĂ© leurs Ă©missions, et que le stock de carbone a continuĂ© Ă  aug-menter dans l’atmosphĂšre. La dis-cussion d’aujourd’hui est de savoir comment on arrive Ă  la neutralitĂ© carbone d’ici Ă  trente ans. Avec le retard accumulĂ©, les objectifs sont bien plus exigeants car le rythme de rĂ©duction nĂ©cessaire est plus rapide. Depuis cinquante ans, pourtant, les scientifiques alertent et des gouvernements ont perçu le danger Ă  partir des annĂ©es 1970, notamment lors de la confĂ©rence de Stockholm. Mais cela fait cin-quante ans qu’on traĂźne.

Le contexte politique a Ă©galement Ă©tĂ© trĂšs nĂ©gatif
Nous avons connu, c’est vrai, des hauts et des bas ces cinq derniĂšres annĂ©es. La sortie des Etats-Unis de l’Accord a clairement eu un effet degel de la diplomatie climatique. Des pays comme le BrĂ©sil ont caressĂ© l’idĂ©e de sortir. En Austra-lie, le gouvernement s’est posi-tionnĂ© contre la politique climati-que. On a vu des pays comme le Mexique abandonner les rĂ©formesqui devaient les amener vers une trajectoire meilleure. Sans oublier que la Chine ne s’est pas sentie obli-gĂ©e de modifier sa politique d’investissements extĂ©rieurs large-ment consacrĂ©s aux Ă©nergies fossi-les dans les pays de la route de la soie. Cela n’a pas fragilisĂ© l’Accord de Paris en soi, car aucun pays n’a suivi les Etats-Unis, mais, on l’a vu dans tous les sommets, le climat devait entrer par la petite porte, le mot « changement climatique » Ă©tait interdit de sĂ©jour.

Quels sont les espoirs ?MalgrĂ© ces difficultĂ©s politiques majeures, tout cela est en train de se retourner. Depuis cinq ans, beaucoup d’acteurs non gouverne-mentaux – villes, rĂ©gions, entrepri-ses – ont pris l’Accord de Paris comme rĂ©fĂ©rence pour leurs stra-

tĂ©gies. Les investisseurs ont pris conscience des risques les concer-nant si les banques ou les fonds de pension investissaient trop dans des secteurs intensifs en Ă©nergies fossiles ou dans des entreprises quin’avaient pas opĂ©rĂ© le tournant nĂ©cessaire. Ce mouvement Ă©tait sous le radar, il s’est accĂ©lĂ©rĂ© avec les discussions sur le besoin de transformation radicale. A Davos comme dans les analyses de l’Agence internationale de l’éner-gie, l’idĂ©e que cette Ă©conomie zĂ©ro carbone est le futur s’est imposĂ©e petit Ă  petit.

C’était l’un des paris de l’Accord en 2015
Oui, et ce mouvement s’est accĂ©lĂ©rĂ©cette annĂ©e grĂące Ă  trois facteurs. D’abord, l’Union europĂ©enne a confirmĂ© son engagement d’aller vers des Ă©missions net zĂ©ro en 2050avec le Green Deal comme pro-gramme gĂ©nĂ©ral de transforma-tion de son Ă©conomie. Ensuite, la Chine s’est donnĂ© un objectif de neutralitĂ© carbone en 2060. Enfin, les Ă©lections amĂ©ricaines ont vu, pour la premiĂšre fois, le climat comme une des quatre prioritĂ©s d’un candidat. Tout cela change le momentum politique. Et cette fois, les Ă©volutions du secteur Ă©conomi-que rejoignent ces dĂ©cisions politi-ques de trĂšs haut niveau qui man-quaient. De ce point de vue, je suis dĂ©sormais plus optimiste.

Comment cela se traduit-il pour le climat ?Ce sont des bonnes nouvelles. Avant l’Accord de Paris, nous Ă©tions sur une trajectoire entre 4 et7 °C de rĂ©chauffement climatique. AprĂšs l’Accord, et les premiers plans climat prĂ©sentĂ©s fin 2015, nous nous dirigions vers environ 3 °C. LĂ , les engagements engran-gĂ©s pour l’instant nous remettent presque sur une trajectoire de 2 °C. Ce n’est pas assez, mais nous som-mes repartis dans une dynamique bien plus positive.

Quel sera l’impact de la crise engendrĂ©e par le Covid-19 ?C’est difficile Ă  dire. Nombre de pays s’engagent toutefois vers une

LAURENCE TUBIANA

Directrice générale de la Fondation européenne sur le climat, et ancienne ambassadrice de la France chargée des négociations sur le changement climatique lors de la COP21

relance plus verte. L’UE va peser lourd car les financements de ses plans de relance vont ĂȘtre plus ou moins fortement conditionnĂ©s. Il faut attendre ce que les Etats-Unis feront, mais des engagements importants ont Ă©tĂ© pris par Joe Biden, ainsi que par le Japon, la CorĂ©e du Sud, la Colombie. Mais il faut que les finances publiques sui-vent, que les investissements aillent dans la bonne direction, et que les banques de dĂ©veloppementstoppent les financements aux Ă©nergies fossiles, comme l’a fait la BEI. En fin de compte, l’Accord de Paris est devenu la rĂ©fĂ©rence pour le secteur Ă©conomique privĂ© comme public, c’est la rĂ©fĂ©rence pour les gouvernements et les insti-tutions financiĂšres. Il sert de juge de paix par rapport Ă  ce qu’il faut faire pour le climat. Il y a un avant etun aprĂšs-Paris.

L’Europe peut-elle rester un leader en matiĂšre de climat ?MĂȘme si les dĂ©mocrates gagnent les deux siĂšges en lice au SĂ©nat en janvier, les Etats-Unis ne pourront pas faire autant, aussi vite que l’Europe. Une coopĂ©ration amĂ©ri-cano-europĂ©enne serait trĂšs bien-venue. Mais il ne faudrait pas se faire trop d’illusion, par exemple, sur la gĂ©nĂ©ralisation d’une taxe car-bone, il y a un appĂ©tit modĂ©rĂ© outre-Atlantique. Le plan de Joe Biden est d’aller vers les outils dontil dispose, dont un changement desrĂ©gulations en matiĂšre de soutien aux renouvelables ou le renforce-ment de l’électrification des trans-ports. Il y aurait quelque chose d’intĂ©ressant Ă  faire sur l’harmoni-sation de ces rĂ©gulations euro-pĂ©ennes et amĂ©ricaines. Ce mouve-ment vers une Ă©conomie sobre en carbone est un grand champ de coopĂ©ration. On n’imposera rien Ă  la Chine. En revanche, la menace de la taxe carbone aux frontiĂšres a son importance. Une discussion entre la Chine, les Etats-Unis et l’Europe va donc s’engager pour savoir si les efforts des uns et des autres sont suffisants. L’Europe doit jouer Ă  la fois le rĂŽle de leader etde broker. n

« Depuis cinq ans, beaucoup d’acteurs non gouvernementaux – villes, rĂ©gions, entreprises – ont pris l’Accord de Paris comme rĂ©fĂ©rence pour leurs stratĂ©gies. »

Michel De Grandi @MdeGrandi

« Le compte Ă  rebours est enclenchĂ© et notre survie est en jeu», assure Mohamed Nasheed, ancien prĂ©si-dent des Maldives et ambassadeur du Climate Vulnerable Forum, unestructure qui reprĂ©sente un mil-liard de personnes dans 48 pays particuliĂšrement exposĂ©s aux dĂ©rĂšglements climatiques.« Nos pays, en particulier les petits Etats insulaires, seront condamnĂ©s Ă  l’extinction, mĂȘme avec une hausse des tempĂ©ratures limitĂ©e Ă  + 2 °C, ajoute-t-il. Plus de 1,5 °C nous condamne Ă  mort. »

Pour dire l’urgence, les diri-geants du Pacifique ont dĂ©cidĂ© de

se rĂ©unir ce vendredi, de façon vir-tuelle, Ă  la veille du sommet coor-ganisĂ© par les Nations unies, le Royaume-Uni et la France. Ras-semblĂ©s au sein du Forum des insulaires du Pacifique (FIP), ils entendent exiger l’adoption d’une politique internationale de lutte contre le changement climatique.

« Assistance climat »Certains de ces insulaires se ran-gent aux cĂŽtĂ©s des pays les moins avancĂ©s (PMA) situĂ©s majoritaire-ment en Asie et en Afrique et qui, aujourd’hui, craignent d’ĂȘtre les laissĂ©s pour compte de la lutte contre le dĂ©rĂšglement climatique. ConfrontĂ©s Ă  un avenir sombre, marquĂ© par des sĂ©cheresses de plus en plus dures, des cyclones chaque fois plus violents, des mĂ©ga-incendies ou des pluies dilu-viennes qui ravagent leurs cultu-res, ces pays pauvres ne cessent de rappeler les riches Ă  leur promessefaite en 2009 Ă  la confĂ©rence de Copenhague de porter Ă  100 mil-liards de dollars par an dĂšs 2020

leur « assistance climat » pour les aider Ă  faire face aux consĂ©quencesdu changement climatique. Non seulement il manque encore 21,1 milliards de dollars, mais les efforts ont tendance Ă  ralentir. AprĂšs + 22 % en 2017, ils n’ont pro-gressĂ© que de 11 % l’annĂ©e suivante.

« Des efforts ont Ă©tĂ© faits, mais ilsne sont pas Ă  la hauteur des besoins et l’horloge climatique tourne », explique Alexandre Magnan, cher-cheur Ă  l’Institut du dĂ©veloppe-ment durable et des relations inter-n a t i o n a l e s ( I d d r i ) . C e q u e dĂ©plorent les pays les moins avan-cĂ©s, dĂ©jĂ  particuliĂšrement touchĂ©s par la pandĂ©mie de Covid-19 qui a gommĂ© des dĂ©cennies de crĂ©ation de richesse, c’est le « manque d’action massive » au moment oĂč l’urgence climatique ne fait que s’intensifier. Or, ces PMA se trou-vent aux avant-postes des change-ments : « La zone intertropicale est trĂšs active au niveau des phĂ©nomĂš-nes climatiques. C’est lĂ  que se mani-festent en premier les effets du dĂ©rĂš-glement », explique le chercheur. n

Les pays les plus pauvres réclament une action massiveLes pays les moins avancés, confrontés à des phénomÚnes climatiques de plus en plus violents, rappellent les Etats riches à leurs promesses : 100 milliards de dollars par an.

ment », indique l’un eux. Illustration par l’absurde de l’énormitĂ© de l’écart Ă  combler pour arriver aux 2 degrĂ©s,« il faudrait, au point oĂč nous en som-mes aujourd’hui, un Covid tous les deux ans », indique un expert.

A plus forte raison, les Etats, quis’emploient Ă  Ă©teindre la pandĂ©mie, vont donc devoir relever beaucoup plus les manches qu’ils ne l’ont jamais fait. Alors que l’Accord de Paris les invite Ă  revoir leur « niveau d’ambition » dans ce domaine tous les cinq ans, trop peu l’ont encore fait, notamment du cĂŽtĂ© des pays quisont les plus Ă©metteurs, comme la Chine. Le « Sommet de l’ambition pour le climat » va donner l’occasionaux quelque 80 chefs d’Etat et de gouvernement d’annoncer formel-

La pression de l’opinion n’a fait qu’aller crescendo depuis cinq ans.

Nations unies sur le changement climatique. Le retour serait effec-tif un mois plus tard, et les Etats-Unis, qui reprĂ©sentent prĂšs de 15 %des Ă©missions mondiales, auront Ă  soumettre un nouvel engage-ment Ă  l’horizon 2030. Avant le mandat Trump, Washington s’était engagĂ© Ă  rĂ©duire les Ă©mis-sions de gaz Ă  effet de serre de 26 Ă 28 % Ă  l’horizon 2025, par rapportau niveau de 2005.

Chute du charbonLes Ă©missions totales de gaz Ă  effetde serre avaient baissĂ© de 10,2 % en2018 par rapport Ă  2005 aux Etats-Unis, selon l ’ inventaire de l’Agence amĂ©ricaine de protec-tion de l’environnement (EPA). Avec la pandĂ©mie, qui a clouĂ© au sol les avions et rĂ©duit les consom-mations, les Ă©missions de CO2 liĂ©es Ă  l’énergie devraient baisser de 11 % cette annĂ©e, selon les prĂ©vi-sions de l’Agence amĂ©ricaine d’information sur l’énergie (EIA).

ChassĂ© par le gaz, moins cherpour produire de l’électricitĂ©, le charbon, combustible le plus pol-luant, connaĂźt une chute structu-relle. Avec le rebond de l’activitĂ© prĂ©vu l’an prochain, les Ă©missions deCO2 liĂ©es au secteur de l’énergie seraient infĂ©rieures d’environ 15 % par rapport Ă  2005, selon l’EIA.

Pour « rĂ©engager » les Etats-Unis,Joe Biden a dĂ©jĂ  multipliĂ© les sym-boles : l’ancien secrĂ©taire d’Etat JohnKerry, qui avait signĂ© l’Accord de Paris avec sa petite-fille sur les genoux, sera le premier reprĂ©sen-tant prĂ©sidentiel sur le climat et il sera membre du Conseil de sĂ©curitĂ© nationale.

Fin novembre, il a rappelĂ© lanĂ©cessitĂ© de la coopĂ©ration. « Lors dela rĂ©union mondiale de Glasgow, dansun an, toutes les nations devront fairepreuve d’ambition ensemble, sinon nous Ă©chouerons tous ensemble », a-t-il jugĂ©. Un coordinateur de la politique climatique doit aussi ĂȘtre nommĂ© en dĂ©cembre.

Durant les cent premiers jours deson mandat, Joe Biden a promis de convo quer un sommet p our « convaincre les plus grands Ă©met-teurs de prendre des engagements supplĂ©mentaires » sur leurs objec-tifs. Et d’adopter l’amendement de Kigali au protocole de MontrĂ©al, pour donner « un nouvel Ă©lan » Ă  la lutte contre les hydrofluorocarbu-res, un gaz Ă  effet de serre puissant.

ZĂ©ro Ă©mission en 2050Le prĂ©sident Ă©lu a affichĂ© dans son programme l’ambition d’arriver Ă  une Ă©conomie « zĂ©ro Ă©mission » Ă  l’horizon 2050 et Ă©voquĂ© une forme de taxe carbone sur les biens Ă  forte intensitĂ© de carbone « provenant de pays qui ne respectent pas leurs obli-gations climatiques et environne-mentales ». Il entend aussi mettre la pression sur la Chine et notamment son financement des pays des « nou-velles routes de la soie ».

Les feux de forĂȘt Ă  rĂ©pĂ©tition enCalifornie et les ouragans semblent

avoir convaincu une partie de la population que l’Etat doit en faire davantage contre le dĂ©rĂšglement cli-matique, selon une Ă©tude de Pew Research. Mais le programme « vert » dĂ©mocrate Ă  2.000 milliards de dollars risque toutefois de se retrouver rapidement bloquĂ© par unCongrĂšs peu coopĂ©ratif si le SĂ©nat conserve la majoritĂ© rĂ©publicaine.

Parmi ses grands chantiers, JoeBiden veut rĂ©duire l’empreinte car-bone des bĂątiments existants de moitiĂ© d’ici Ă  2035, dĂ©velopper les digesteurs de mĂ©thane dans l’agri-culture, densifier l’habitat urbain, dĂ©velopper le rail. Le dĂ©mocrate veut aussi crĂ©er une nouvelle agence, Arpa-C, qui identifierait des projets rĂ©alisables Ă  des coĂ»ts com-pĂ©titifs dans le stockage d’énergie, les petits rĂ©acteurs nuclĂ©aires ou l’air conditionnĂ© sans impact sur le climat. Il entend pour cela s’appuyersur le rĂ©seau des quatre cents mairesqui avaient dĂ©fiĂ© Donald Trump sur la sortie de l’Accord de Paris. n

Joe Biden promet un retour ambitieux des Etats-Unis

VĂ©ronique Le Billon @VLeBillon

—Bureau de New York

Donald Trump en est sorti, Joe Biden a promis d’y revenir « au pre-mier jour » de la nouvelle adminis-tration, et pour agir. Le prĂ©sident Ă©lu, qui entrera en fonction le 20 janvier prochain, a fait du retour des Etats-Unis dans l’Accord de Paris pour le climat l’undes marqueurs de la campagne.

Pour rĂ©intĂ©grer l’Accord, dontles Etats-Unis sont officiellement sortis le 4 novembre (un an aprĂšs lanotification du retrait par Donald Trump), Washington va devoir en informer la Convention-cadre des

AprĂšs le retrait ordonnĂ© par Donald Trump, le prĂ©sident Ă©lu amĂ©ricain s’est engagĂ© Ă  revenir dans l’Accord de Paris « au premier jour » de la nouvelle administration.

veau souffle Ă  l’Accord de Paris, recevant les fĂ©licitations de la communautĂ© internationale et infligeant un camouflet au clima-tosceptique Donald Trump. L’engagement chinois, s’il Ă©tait tenu, mettrait l’objectif de limiter le rĂ©chauffement climatique pla-nĂ©taire Ă  1,5 °C Ă  la portĂ©e du monde.

L’effet d’annonce digĂ©rĂ©, lemonde attend dĂ©sormais de savoir comment le gĂ©ant asiati-que, dont l’addiction au charbon est forte, va mettre en musique cette nouvelle ambition. « Si la Chine se contente le 12 dĂ©cembre de rĂ©pĂ©ter ce qui a Ă©tĂ© dit Ă  l’ONU en septembre, cela soulĂšvera beau-coup de questions sur la crĂ©dibilitĂ© de son objectif de long terme », prĂ©-vient Li Shuo, responsable du cli-mat Ă  Greenpeace China.

Atteindre la neutralité carboneen 2060 implique une transfor-mation complÚte de la deuxiÚme économie mondiale, qui ne peut souffrir le moindre retard. Or

« l’objectif de court terme est vraimenttrop modeste et ne traduit pas une forte ambition pour les annĂ©es Ă  venir », poursuit Li Shuo.

Engagements tenusXi Jinping s’est engagĂ©, devant les Nations unies, Ă  ce que la Chine par-vienne Ă  un pic de ses Ă©missions de CO2 « avant » 2030, et non plus « autour » de 2030 comme promis Ă  Paris. Cette petite avancĂ©e a Ă©tĂ© jugĂ©etrop modeste par les experts envi-ronnementaux, certains scientifi-ques anticipant le pic au plus tĂŽt en 2025, d’autres estimant mĂȘme qu’il est dĂ©jĂ  atteint.

A l’occasion de la COP21, la Chines’était Ă©galement engagĂ©e Ă  rĂ©duire les Ă©missions de CO2 par unitĂ© de PIBde 60 % Ă  65 % d’ici Ă  2030 et Ă  aug-menter la part des Ă©nergies non fos-siles Ă  20 % de la consommation d’énergie. « La Chine est en bonne voiepour atteindre ces trois objectifs, voireles dĂ©passer », constate Li Shuo. De fait, la Chine est en avance sur son plan de route : avec une rĂ©duction de

croissance industrielle Ă  tout prix. Une premiĂšre partie de la feuille de route doit ĂȘtre dĂ©voilĂ©e dans le 14e plan quinquennal couvrant la pĂ©riode 2021-2025.

Le charbon reprĂ©sentait encore,l’an dernier, 57,7 % du bilan Ă©nergĂ©ti-que chinois. Et la Chine est soupçon-nĂ©e de vouloir donner un coup d’accĂ©lĂ©rateur Ă  la production de charbon pour relancer son Ă©cono-mie. Selon un rapport publiĂ© cet Ă©tĂ©, le pays a augmentĂ© de 21 % ses pro-jets de centrales au charbon au pre-mier semestre. La Chine investit par ailleurs dans de nombreuses centra-les Ă  charbon Ă  l’étranger.

RĂ©agissant Ă  l’engagement de XiJinping pour 2060, le Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (CREA), basĂ© Ă  Helsinki, a appelĂ© PĂ©kin Ă  tirer un trait sur toutes les nouvelles centrales au charbon pla-nifiĂ©es Ă  partir de 2020 et Ă  doubler lacroissance de l’éolien et du solaire lors des dix prochaines annĂ©es. La longue marche vers la neutralitĂ© carbone ne fait que commencer. n

Le nouveau souffle donné par les objectifs climatiques chinois

Frédéric Schaeffer fr_schaeffer

—Correspondant Ă  PĂ©kin

Cinq aprĂšs l’adoption de l’Accord de Paris, la Chine va-t-elle Ă  nou-veau surprendre en relevant ses objectifs climatiques de court terme pour les harmoniser avec ceux de long terme ? Son prĂ©si-dent, Xi Jinping, avait crĂ©Ă© la sur-prise, le 22 septembre Ă  l’Assem-blĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies enannonçant un objectif de neutra-litĂ© carbone Ă  horizon 2060.

La Chine, premier Ă©metteur degaz Ă  effet de serre au monde (28 % des Ă©missions globales), redonnait lĂ  un immense nou-

Xi Jinping a créé la sur-prise avec une ambition de neutralité carbone à horizon 2060. Mais la Chine doit maintenant accorder ses objectifs climatiques de court et long terme.

l’intensitĂ© de carbone de 48 % fin 2019, la Chine a dĂ©passĂ© son objectif de 2020 (40 % Ă  45 %) qu’elle s’était fixĂ© Ă  Copenhague en 2009.

L’échec de ce sommet avait en par-tie Ă©tĂ© imputĂ© Ă  la Chine, ayant refusĂ©tout objectif contraignant et s’étant opposĂ©e Ă  toute mesure de vĂ©rifica-tion de l’application de l’accord. De « bad boy » du climat en 2009, la Chine s’est muĂ©e en leader prudent lors de la confĂ©rence de Paris. L’engagement de Xi Jinping pour 2060 est une nouvelle Ă©tape, mais demande Ă  ĂȘtre confirmĂ© par des mesures concrĂštes et radicales dans un pays qui a longtemps privilĂ©giĂ© la

De « bad boy » du climat en 2009, la Chine s’est muĂ©e en leader prudent lors de la ConfĂ©rence de Paris.

mined Contributions) dans le jargononusien – annoncĂ©es en 2015 par les pays d’Europe, mais aussi par les Etats-Unis et le Canada. La Chine n’est pas au niveau non plus. « Pour l’ĂȘtre, il faudrait dĂ©jĂ  qu’elle com-mence par ne plus ouvrir de centrales au charbon », commente un expert.

A ce jour, 129 pays ont fait connaĂź-tre leur intention de revoir leur NDCs. « Le problĂšme est que l’on ne sait pas quand ils le feront d’ici Ă  la COP26, fin 2021 », explique Alexan-dra Deprez, chercheuse Ă  l’Institut du dĂ©veloppement durable et des relations internationales (Iddri). Surce total, seuls 16 Etats ont effective-ment rĂ©Ă©valuĂ© leur contribution, dont le Chili, le Surinam, la NorvĂšge,Andorre ou encore la Mongolie. C’est plutĂŽt de ce cĂŽtĂ©-lĂ  qu’il faut

55 %LA RÉDUCTIONdes gaz Ă  effet de serre, par rapport Ă  leur niveau de 1990, que l’Union europĂ©enne espĂšre atteindre d’ici Ă  2030.

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LE COMMENTAIRE

de Jean-Philippe Delsol

D ans le classement QS WorldUniversity Rankings, seulesdeux universités publiques

françaises sont présentes dans le Top 200, contre douze universités en Allemagne, 26 au Royaume-Uni et 45 aux Etats-Unis. La France est au onziÚme rang mondial aux cÎtésde pays beaucoup plus petits, comme la SuÚde. Et 30 % seulementdes étudiants décrochent leur licence en trois ans, 56 % y échouenten premiÚre année (2018).

MalgrĂ© ces chiffres alarmants, lamoindre rĂ©forme universitaire se heurte Ă  la fronde du monde ensei-gnant, qui, aujourd’hui, gronde contre un amendement Ă  la loi de programmation de la recherche permettant de dĂ©roger, provisoire-ment, Ă  la qualification exclusive par le Conseil national des universi-tĂ©s (CNU) des candidats aux fonc-

tions de maĂźtre de confĂ©rences et deprofesseur. Ceux-ci critiquent un vote emportĂ© Ă  la sauvette, mais plus encore, ils craignent une frag-mentation de l’universitĂ© française et une baisse de qualitĂ©, s’inquiĂštentde possibles dĂ©rives dans les recru-tements
 Ils redoutent surtout la concurrence et une perte Ă©ven-tuelle de leur statut corporatif.

La bonne idĂ©e de cet amende-ment honni est de permettre aux universitĂ©s de recruter des profils diffĂ©rents, de les faire sortir de leur entre-soi et d’amĂ©liorer la qualitĂ© etla diversitĂ© des Ă©changes universi-taires, de favoriser ainsi leur vitalitĂ©.Il est vrai que le risque de recrute-ments locaux de complaisance existera Ă  dĂ©faut de compĂ©tition entre elles. Cette ouverture du recrutement en dehors du CNU n’a de sens que si elle est une rĂ©forme

nombreuses sont ceux ayant les meilleures universitĂ©s et le taux de diplĂŽmĂ©s le plus Ă©levĂ© : CorĂ©e du Sud, Canada, Japon, Australie, Royaume-Uni, Etats-Unis, Pays-Bas
 Les universitĂ©s n’y excluent pas les plus modestes parce qu’ellesdĂ©veloppent des bourses, des jobs Ă©tudiants et des partenariats avec des entreprises, des prĂȘts Ă©tu-diants
 A titre d’exemple, 38 % des Ă©tudiants du MIT ne rĂšglent aucun frais de scolaritĂ©.

La recherche y gagnerait aussi,car la libertĂ© des chercheurs est le gage de leur crĂ©ativitĂ© et de leur fĂ©conditĂ©, au lieu de soumettre toute la recherche publique fran-çaise aux fourches Caudines d’une unique Agence nationale de la recherche, l’ANR. Dans le classe-ment QS prĂ©citĂ©, les critĂšres de qua-litĂ©s acadĂ©miques, incluant la

recherche, sont les plus importantset les huit premiers pays du classe-ment sont ceux dont le secteur privéuniversitaire est le plus important.

L’expĂ©rience vĂ©cue dans lesfacultĂ©s libres existantes dĂ©montre que des Ă©tablissements privĂ©s peu-vent utilement contribuer Ă  la for-mation des Ă©tudiants et que la pos-sibilitĂ© de crĂ©er de nouvelles universitĂ©s libres, ou l’autorisation donnĂ©e aux Ă©tablissements publics qui le souhaiteraient d’opter pour un statut d’universitĂ© libre, pourraitredonner au systĂšme universitaire français la force et le rayonnement qu’il mĂ©rite. Osons aller au bout de nos rĂ©formes.

Jean-Philippe Delsol est avocat, prĂ©sident de l’Institut de recherches Ă©conomiques et fiscales (Iref).

de prĂ©mices vers la possibilitĂ© pourchaque universitĂ© publique ou pri-vĂ©e d’acquĂ©rir son autonomie, de dĂ©livrer ses propres diplĂŽmes dans le respect des normes europĂ©ennes.

Certes, les universitĂ©s devien-draient alors payantes. Avant de s’en alarmer, il faut constater, comme l’observe une Ă©tude de l’Ins-titut de recherches Ă©conomiques et fiscales (Iref), que les pays oĂč les universitĂ©s privĂ©es sont les plus

La France est au11e rang mondial.

Et 30 % seulement des étudiants décrochent leur licence en trois ans,

Comment faire des universités françaises les meilleures du monde ?

Pourquoi le Covid-19 ne sauvera pas l’Accord de Paris

Muryel Jacque @muryel-jacques

Dans la lutte contre le dĂ©rĂšglement climatique, la pandĂ©mie de Covid-19a permis un test grandeur nature qu’on aurait prĂ©fĂ©rĂ© inenvisageable. En mars, prĂšs de la moitiĂ© de l’huma-nitĂ© s’est cloĂźtrĂ©e, et l’activitĂ© Ă©cono-mique s’est vu infliger un coup d’arrĂȘt abrupt, inĂ©dit en temps de paix. RĂ©sultat, les Ă©missions de gaz Ă effet de serre (GES), et de CO2 en par-ticulier, ont immĂ©diatement chutĂ©. Au pic du confinement planĂ©taire, les scientifiques ont enregistrĂ© une baisse de 17 % en moyenne. L’impacts’est rĂ©vĂ©lĂ© dĂ©jĂ  beaucoup moins netlors du reconfinement, moins strict et plus dĂ©calĂ© autour du globe. Sur-tout, entre les deux, les Ă©missions ont vite repris un bon rythme, qu’elles soient liĂ©es Ă  la gĂ©nĂ©ration d’électricitĂ© (au charbon, au gaz, avant tout), aux transports, Ă  l’indus-trie, aux bĂątiments (rĂ©sidentiels et commerciaux) ou Ă  l’agriculture, les grands secteurs Ă©metteurs.

Avec un choc incroyable, d’uneviolence rare Ă©conomiquement et socialement, les Ă©missions mondia-les ne devraient diminuer que de 5 %environ cette annĂ©e, d’aprĂšs les don-nĂ©es quotidiennes en temps quasi rĂ©el de Carbon Monitor. La doulou-reuse preuve par l’exemple que la solution n’est pas lĂ , dans un arrĂȘt forcĂ© de nos Ă©conomies, dans l’équi-valent d’un Covid-19 par an pendant des dĂ©cennies, puisque le Giec estime que, pour limiter la hausse detempĂ©rature Ă  1,5 °C (par rapport Ă  l’ùre prĂ©industrielle), les Ă©missions anthropiques devraient baisser d’environ 45 % entre 2010 et 2030, devenant Ă©gales Ă  zĂ©ro vers 2050.

Pis, cela n’a rien changĂ© auxconcentrations de CO2, qui conti-nuent Ă  augmenter. Le dioxyde de carbone, gaz stable, Ă  longue durĂ©e de vie, demeure pendant des siĂšclesdans l’atmosphĂšre, et encore plus longtemps dans l’ocĂ©an, a rappelĂ© ce mois-ci l’organisation mĂ©tĂ©oro-

logique mondiale. Rien n’avait bougĂ© depuis dix mille ans, jusqu’à l’industrialisation. Aujourd’hui, il y a quatre fois plus de CO2 dans l’atmosphĂšre que dans les annĂ©es 1960 et dix fois plus qu’au dĂ©but desĂ©missions humaines. La derniĂšre fois que la Terre a connu une teneuren CO2 comparable, c’était il y a entre trois et cinq millions d’annĂ©es.Et encore les puits de carbone natu-rels que sont la vĂ©gĂ©tation et les ocĂ©ans arrivent-ils Ă  absorber la moitiĂ© des Ă©missions.

En clair, s’agissant des concentra-tions qui rĂ©sultent des Ă©missions passĂ©es et actuelles, accumulĂ©es et entraĂźnant le rĂ©chauffement clima-tique, la situation est irrĂ©versible. « Le nettoyage d’excĂšs de CO2 par la Terre ne se fera pas Ă  l’échelle humaine, explique Philippe Ciais, directeur de recherche au Labora-toire des sciences du climat et de l’environnement. Au bout de mille ans, il en restera encore 20 %. » La cli-matologue Corinne Le QuĂ©rĂ© le confirme : « On ne reviendra jamais aux niveaux prĂ©industriels. »

Ce que nous pouvons faire, enrevanche, c’est « stabiliser le cli-mat », si nous parvenons Ă  la neu-tralitĂ© carbone d’ici Ă  2050 dans le cadre de l’Accord de Paris. Tant quenous ne l’aurons pas atteinte, nous continuerons Ă  rĂ©chauffer l’atmos-phĂšre. Cela passe par la dĂ©carbona-tion de l’économie mondiale, donc de l’énergie produite mais aussi uti-lisĂ©e dans les transports, les indus-tries, les bĂątiments, etc., Ă©nergie quireste aujourd’hui trĂšs dĂ©pendante des hydrocarbures. PrĂšs des trois quarts des Ă©missions de GES pro-viennent des besoins en Ă©nergie.

L’an dernier, les Ă©missions duG20, les 20 Ă©conomies les plus avan-cĂ©es, ont reculĂ© de 0,1 %. Une pre-miĂšre en l’absence de choc externe,mais on est encore loin du compte. Pour l’heure, les efforts Ă  faire demeurent gigantesques. « Nous sommes face Ă  un problĂšme que nousavons crĂ©Ă© et qui sera incomparable-

ment plus durable que le Covid », prĂ©-vient le climatologue HervĂ© Le Treut. En l’état actuel des dĂ©clara-tions faites par les pays qui ont signĂ©l’Accord de Paris, les pronostics donnent un rĂ©chauffement Ă  +3 °C. Toutefois, outre l’Union euro-pĂ©enne qui entend se montrer net-tement plus ambitieuse, les annon-ces rĂ©centes des deux plus grands Ă©metteurs donnent de l’espoir, avec la Chine qui vise la neutralitĂ© car-bone en 2060 et le retour annoncĂ©

des Etats-Unis dans l’Accord.Surtout, l’argent public ne man-

que pas en ce moment. Un article paru en octobre dans la revue « Science » montre l’impact poten-tiel que les plans de relance actuels pourraient avoir pour basculer versun systĂšme Ă©nergĂ©tique bas car-bone. Bien qu’une telle transforma-tion nĂ©cessite un large Ă©ventail de mesures politiques pour se concrĂ©-tiser, prĂ©cisent ses auteurs, si seule-ment une fraction des plus de

12.000 milliards de dollars que les gouvernements du monde entier comptent mettre sur la table pour enrayer la crise liĂ©e au Covid-19 Ă©taient consacrĂ©s Ă  la dĂ©carbona-tion au cours des cinq prochaines annĂ©es, ce serait suffisant pour remettre le monde sur des rails compatibles avec l’Accord de Paris. A condition que ces investisse-ments soient accompagnĂ©s d’un dĂ©sinvestissement important des Ă©nergies fossiles. n

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L’ANALYSE DE LA RÉDACTION Bien que la planĂšte ait vĂ©cu deux confine-ments successifs en 2020, avec des Ă©conomies Ă  l’arrĂȘt ou sĂ©vĂšrement ralenties, la baisse des Ă©mis-sions de gaz Ă  effet de serre a Ă©tĂ© mo-deste et, surtout, la concentration de CO2 dans l’atmosphĂšre n’a jamais Ă©tĂ© aussi importante. Explications.

DLes points Ă  retenir

‱MĂȘme aprĂšs un choc Ă©conomique et social inouĂŻ, les Ă©missions mondiales de gaz Ă  effet de serre ne devraient diminuer que de 5 % cette annĂ©e.‱En termes de rĂ©chauffement climatique, la situation est irrĂ©versible.‱Reste la possibilitĂ© de stabiliser la situation en visant la neutralitĂ© carbone d’ici Ă  2050.‱D’autant que l’argent public ne manque pas et que les plans de relance incluent un systĂšme Ă©nergĂ©tique bas carbone.‱Aux diffĂ©rents Etats maintenant Ă  se re-mettre sur les rails des Accords de Paris.

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idées&débats

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Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 IDEES & DEBATS // 11

opinionsL’intolĂ©rable retour de la famine dans le monde

sans comparaison. Dans beaucoup de pays en dĂ©veloppement, une majoritĂ© des familles (deux tiers au Nigeria ou auGabon) devront sauter un repas, selon la Banque mondiale. La raison, outre lachute de revenu, est le prix des denrĂ©es devenu trĂšs Ă©levĂ© par la mauvaise qua-litĂ©, ou les cassures, des chaĂźnes d’approvisionnement : un simple plat de riz ou de haricots atteint 185 % du revenu moyen quotidien au Soudan du Sud, calcule le PAM, qui ajoute qu’à ce prix-lĂ  un mĂȘme plat coĂ»terait 400 dol-lars aux Etats-Unis. L’annĂ©e 2021, prĂ©-vient David Beasley, verra des millions d’enfants supplĂ©mentaires ne pas aller Ă  l’école y recevoir ce qui Ă©tait souvent leur seul repas. L’exode rural pour cause de famine va se multiplier, mais les banlieues des mĂ©tropoles sont dĂ©jĂ  dĂ©stabilisĂ©es par le chĂŽmage de masse et privĂ©es de nourriture par la paralysiedes marchĂ©s.

Les pays en dĂ©veloppement ne peu-vent comme au nord accroĂźtre les dis-tributions alimentaires parce qu’ils affrontent une double crise financiĂšre. Ils sont privĂ©s des envois d’argent des Ă©migrĂ©s et les emprunts supplĂ©mentai-res Ă  faible taux comme au nord leur sont interdits. Le G20 mobilisĂ© pour effacer les dettes des pays les plus pau-vres, comme le proposent la France et d’autres, n’a accordĂ© qu’un dĂ©lai de paiement de quelques mois. L’écono-miste Esther Duflo, prix Nobel elle aussi, parle de cet aveuglement Ă©goĂŻste des pays dĂ©veloppĂ©s comme d’une « honte ». La crise, le nationalisme, le populisme, le rapetissement des esprits politiques conduisent Ă  se dĂ©sintĂ©resser de ce qu’on appelait naguĂšre le tiers-monde. Les causes qui mobilisaient alors, comme la faim aprĂšs la guerre du Biafra Ă  la fin des annĂ©es 1960, n’apparaissent dans plus aucun programme politique, y com-pris dans ceux de gauche et d’extrĂȘme gauche.

Eric Le Boucher est éditorialiste aux « Echos ».

derniĂšres dĂ©cennies Ă©taient d’ailleurs notables, l’objectif onusien de suppri-mer la faim dans dix ans Ă©tait Ă  portĂ©e de main. La famine tue encore mais l’humanitĂ© dispose des moyens de l’éra-diquer.

Depuis 2014, le retour des conflits ainversé la courbe. Soixante millions de personnes supplémentaires souffrent de la faim, notamment dans quatre régions, le Soudan du Sud, le sud-est duNigeria, le Yémen, le Burkina Faso. La crise économique entraßnée par le Covid aura des conséquences plus générales et encore plus désastreuses. Si les pays en développement sont

mĂ©dicalement moins touchĂ©s, sans doute parce que le virus aime les tempĂ©-ratures basses, leurs Ă©conomies le sont tout autant ou plus. La Banque mon-diale a calculĂ© que 60 % des foyers dans68 pays du Sud verront leurs salaires baisser cette annĂ©e. On a vu aux Etats-Unis des longues files de voitures venir chercher les bons alimentaires, les 5 milliards dĂ©bloquĂ©s par le gouverne-ment sont d’ailleurs Ă©puisĂ©s. On voit en France exploser le nombre de repas dis-tribuĂ©s par les Restos du cƓur. La faim est partout. Mais, dans des proportions

Le G20 mobilisĂ© pour effacer les dettes des pays les plus pauvres n’a accordĂ© qu’un dĂ©lai de paiement de quelques mois.

La crise, le nationalisme, le populisme, le rapetissement des esprits politiques conduisent Ă  se dĂ©sintĂ©resser de ce qu’on appelait naguĂšre le tiers-monde.

Parmi les objectifs du millĂ©naire de l’ONU, celui d’éliminer la faim en 2030 semblait le plus facile Ă  atteindre. Mais, depuis 2014, le retour des conflits a inversĂ© la courbe. Et en raison de la pandĂ©mie 135 millions de personnes supplĂ©mentaires seront touchĂ©es par la famine.

DANS LA PRESSEÉTRANGÈRE

‱ « Je ne m’attendais pas Ă  ce que le gouverne-ment nous tue. » Ashenafi Hailu, un ressor-tissant du TigrĂ©, une province Ă©thiopienne attaquĂ©e au nom de l’unitĂ© de l’Ethiopie parl’armĂ©e rĂ©guliĂšre et des milices progouver-nementales, a survĂ©cu par miracle Ă  une pendaison.

Il raconte son incroyable histoire au« New York Times », qui a recueilli d’autres tĂ©moignages de rĂ©fugiĂ©s. Ashenafi s’est rĂ©veillĂ© aprĂšs sa pendaison Ă  cĂŽtĂ© d’un char-nier comprenant mĂȘme des enfants.

Comme des douzaines d’autres, il a fuison pays pour se rĂ©fugier dans un camp au Soudan, Ă  Hamdayet. PrĂšs de 500.000 Ethiopiens ont ainsi fui, dans ce qui a Ă©tĂ© dĂ©crit par les Nations unies comme « le pireexode » d’Ethiopie depuis plus de vingt ans.

Risque d’extension du conflitLeurs rĂ©cits, souligne le quotidien new-yor-kais, apportent un dĂ©menti aux affirma-tions rĂ©pĂ©tĂ©es d’Abiy Ahmed, selon lequel aucun civil n’a Ă©tĂ© tuĂ©.

Les TigrĂ©ens interrogĂ©s par le « Times »affirment au contraire ĂȘtre pris entre les

bombardements sans distinction de l’armĂ©e rĂ©guliĂšre et une campagne de meurtres, de viols et de pillages des milices liĂ©es au gouvernement d’Addis-Abeba. Plu-sieurs ont affirmĂ© au journal qu’ils avaient vu des douzaines de corps le long des routesempruntĂ©es pour fuir.

Le risque d’une extension du conflit auxpays voisins, au Soudan et Ă  l’ErythrĂ©e, est en plus immense alors qu’il est en train de dĂ©gĂ©nĂ©rer dans une guĂ©rilla qui menace dedĂ©stabiliser l’Ethiopie et toute la Corne de l’Afrique.

En tout cas, nombre de TigrĂ©ens accu-sent les dirigeants politiques, et particuliĂš-rement Abiy Ahmed, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2019 pour son action visant Ă  mettre fin au conflit en ErythrĂ©e, d’ĂȘtre les responsables de ce conflit.

On peut se demander si le comitĂ© duNobel retirera son prix au Premier ministre.— J. H.-R.

Ethiopie : quand la mort rĂŽde

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C ertains se mobilisent pour leclimat Ă  la fin du siĂšcle, d’autresse dĂ©sespĂšrent de ne pouvoir

boucler leur fin de mois. Les mĂ©dias despays riches parlent d’eux en continu. Dans les pays pauvres, des millions d’ĂȘtres humains se couchent sans avoirmangĂ© Ă  la fin de la journĂ©e dans un silence mĂ©diatique et politique presquetotal. La Terre compte encore 690 mil-lions de mal-nourris (8,9 % de la popu-lation mondiale) dont 140 millions d’affamĂ©s et dont 7 millions meurent encore par an.

Le Programme alimentaire mondial(PAM) a reçu, jeudi 10 dĂ©cembre, le prixNobel de la paix 2020, Ă  distance Ă  cause du Covid. Son directeur exĂ©cutif, David Beasley, a alertĂ© : la pandĂ©mie double les besoins alors qu’elle bloque le transport des aides, en consĂ©quence 135 millions de personnes supplĂ©men-taires seront touchĂ©es par la famine. Elle pourrait l’an prochain atteindre « des proportions bibliques ». Il a besoinde 5 milliards de dollars pour boucler son budget 2020 et de 15 milliards l’an prochain, il tend la main aux Etats et aux milliardaires mĂ©cĂšnes.

Parmi les objectifs du millĂ©naire del’ONU – vaincre la pauvretĂ©, permettre Ă  tous les enfants d’aller Ă  l’école, don-ner l’accĂšs Ă  tous Ă  une eau propre
 –, celui d’éliminer la faim en 2030 sem-blait le plus facile Ă  atteindre. D’abord en permettant Ă  toute famille de s’auto-alimenter ou, Ă  dĂ©faut, de recevoir des aides. Il y a de la nourriture en excĂšs, des moyens de transport, des organisa-tions gĂ©nĂ©reuses publiques et privĂ©es, et les sommes d’argent Ă  mobiliser sonttrouvables, quelques dizaines milliardsde dollars. Les progrĂšs enregistrĂ©s ces

LA CHRONIQUEd’ Eric Le Boucher

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LA REVUEDU JOUR

Europe et chocs sino-américains

LE DOSSIER L’Institut français des relations internationales (Ifri) a fĂȘtĂ© ses quarante ans l’an dernier. A cette occasion s’est tenue, sous le haut patronage du prĂ©sident de la RĂ©publique, une confĂ©rence exceptionnelle Ă  la Sorbonne. Des intervenants prestigieux, de diffĂ©rents milieux (Bruno Le Maire, Jean-Paul Agon, Christine Ockrent), ont traitĂ© des perspectives d’un continent europĂ©en, dont les desseins et destins sont façonnĂ©s par de nouvelles rĂ©alitĂ©s. Les prochaines dĂ©cennies seront dominĂ©es par la volontĂ© de la Chine de devenir la premiĂšre puissance mondiale, tandis que les Etats-Unis feront tout pour conserver ce rang. D’oĂč des mutations et tensions sur le projet europĂ©en lui-mĂȘme, de nouvelles alliances gĂ©opolitiques, de nouvelles menaces. Celles-ci relĂšvent de la cybersphĂšre, mais aussi de nouveaux protectionnismes.

LA PUBLICATION CrĂ©Ă©e en 1936, « Politique Ă©trangĂšre » est publiĂ©e depuis 1979 par l’Ifri. Cette livraison spĂ©ciale du trimestriel, bilingue (en français et en anglais, sans chinois), a la hauteur de vue que l’on retrouve, en fait, dans tous les numĂ©ros habituels. — Julien Damon

L’Avenir de l’Europe face Ă  la compĂ©tition sino-amĂ©ricaine« Politique Ă©trangĂšre », numĂ©ro spĂ©cial, 2020.

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12 // IDEES & DEBATS Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos

opinions

LE POINTDE VUE

de Guillaume Bazot

Annuler la dette ? Ne jouons pas aux apprentis sorciers

D epuis quelques mois et le creu-sement des déficits faisant suiteà la crise du Covid, il est fré-

quent d’entendre parler des risques associĂ©s Ă  l’accumulation des dettes publiques. Parmi les recommanda-tions, celle de l’annulation de la dette dĂ©tenue Ă  la Banque centrale semble avoir attirĂ© l’attention. Pour autant, cette solution apparaĂźt problĂ©matique pour au moins deux raisons.

PremiĂšrement, les chances que celaadvienne sont – au regard des institu-tions europĂ©ennes et des traitĂ©s – prati-quement nulles. Il faut reconnaĂźtre que la question possĂšde un vĂ©ritable attrait, notamment parce qu’elle interroge l’importance des contraintes budgĂ©tai-res. Cependant, il est illusoire de croire que l’on peut annuler Ă  froid la dette des Etats membres dĂ©tenue Ă  la Banque cen-trale europĂ©enne (BCE) sans que cela nuise dramatiquement aux relations europĂ©ennes. DeuxiĂšmement, jusqu’oĂč ce processus d’annulation peut-il aller ? Soit il est infini, et l’on aurait trouvĂ© ici une martingale – il suffit de stimuler l’économie en accroissant sans fin la dĂ©pense publique tout en laissant la ban-que centrale accumuler les pertes –, soit il est fini, et l’on aimerait en connaĂźtre leslimites. De fait, il est aisĂ© de prĂ©sager quela vraisemblance d’un coĂ»t Ă©conomique d’ampleur est d’autant plus grande que la dette effacĂ©e est importante. NĂ©an-moins, il serait utile de connaĂźtre la loi deprobabilitĂ© sous-jacente, ce qui permet-trait de comparer les gains et les pertes potentiels qui dĂ©coulent d’un tel Ă©vĂ©ne-

particulier les engagements vis-Ă -vis desĂ©tablissements de crĂ©dit. En temps nor-mal, en cas de retrait, la banque centralerevend ses titres pour rembourser le pro-priĂ©taire des fonds. Ceci n’est dĂ©sormais plus possible puisque les titres en ques-tion n’existent plus. La banque centrale fait alors « tourner la planche Ă  billets » pour rĂ©pondre Ă  ses engagements.

Ceci peut ĂȘtre relativement indolore,notamment si la majoritĂ© des banques garde confiance en la valeur de l’euro et conserve ses dĂ©pĂŽts Ă  la banque centrale.NĂ©anmoins, comment prĂ©voir leur rĂ©action ? De fait, les institutions finan-ciĂšres peuvent anticiper une chute de la valeur de la monnaie et chercher Ă  se dĂ©barrasser de leur portefeuille libellĂ© en euros. Les banques retirent leurs dĂ©pĂŽts et la prophĂ©tie devient autorĂ©ali-satrice. A petite Ă©chelle, l’inflation obte-nue, si elle demeure limitĂ©e, peut avoir des effets macroĂ©conomiques bĂ©nĂ©fi-ques en rĂ©duisant les dettes – aux dĂ©penstoutefois des petits Ă©pargnants, dont les patrimoines sont souvent monĂ©taires (dĂ©pĂŽts Ă  vue ou Ă  terme). En revanche, siles retraits deviennent importants, le danger est grand de gĂ©nĂ©rer une fuite massive de capitaux et d’ĂȘtre Ă  l’origine d’une crise monĂ©taire, bancaire et Ă©co-nomique d’ampleur. Ainsi, au regard du haut niveau d’incertitude qui entoure lesconsĂ©quences d’une telle politique, il est sans doute prĂ©fĂ©rable de ne pas jouer aux apprentis sorciers.

Guillaume Bazot est maĂźtre de confĂ©rences Ă  l’universitĂ© Paris-VIII.

ment. DĂšs lors, quels sont concrĂštement les risques ? Pour rĂ©pondre Ă  cette ques-tion, il faut se plonger dans le bilan des banques centrales. A l’actif, la BCE accu-mule principalement des crĂ©dits et des titres (81 % de son bilan), notamment desdettes publiques. Au passif, il y a entre autres les piĂšces et billets en circulation (21 %), les dĂ©pĂŽts des banques commer-ciales (50 %) et le capital de la banque centrale (8 %). Le capital peut faire tam-pon contre des pertes Ă©ventuelles Ă  hau-teur de 8 % du bilan (soit 108 milliards d’euros), ce qui est insuffisant pour Ă©pon-ger les dettes publiques. Il est vrai qu’une

banque centrale ne peut faire faillite. L’idĂ©e est alors de laisser le capital de la BCE devenir nĂ©gatif pour permettre aux Etats de s’endetter encore plus. Le pro-blĂšme est ici double. D’une part les pertesde la BCE Ă©choient Ă  ses actionnaires, soit au final principalement aux Etats membres. Bien que ces derniers n’aient pas Ă  en assumer la charge, la banque centrale ne leur reversera plus le moin-dre revenu d’exploitation. D’autre part, une partie importante du passif de la BCE continue de poser problĂšme, en

Le niveau d’incertitude entourant les consĂ©quences d’une telle politique doit dissuader d’en prendre le risque.

LE POINTDE VUE

de Bertrand Piccard

Accord de Paris sur le climat : une saine frustration

A u milieu du tour du monde deSolar Impulse, j’ai participĂ© Ă ces dix jours de discussions

dont le monde attendait tant. J’ai vu comment chaque dĂ©tail sĂ©mantique, chaque virgule fut Ăąprement nĂ©gociĂ©. Comment les rapports de force se jouaient autour d’un accord surprenantentre Barack Obama et Xi Jinping pour devenir les leaders climatiques. Et l’explosion de joie finale lorsque les 195 chefs d’Etat et de gouvernement se sont engagĂ©s Ă  contenir l’augmentationde la tempĂ©rature atmosphĂ©rique « bien en dessous de 2 °C, si possible 1,5 ».

Cinq ans aprĂšs cet immense Ă©land’espoir, le constat est sans appel : le pro-blĂšme climatique a augmentĂ© de maniĂšre exponentielle, alors que nos efforts ont crĂ» de façon linĂ©aire, creusanttoujours plus le fossĂ© entre ce que nous devrions faire et ce que nous faisons rĂ©el-lement. Alors que reste-t-il de la COP21 ?Avant tout, beaucoup de frustration. Mais loin d’ĂȘtre inutile, cette frustration est en rĂ©alitĂ© une avancĂ©e. C’est elle qui apermis de faire bouger les lignes. Seule-ment, pas comme on pouvait s’y atten-dre. A Paris, les Etats Ă©taient en avance sur le monde Ă©conomique, et les entre-prises rĂ©sistaient. Aujourd’hui, on observe prĂ©cisĂ©ment l’inverse. Consta-tant que rien n’avance – si ce n’est les Ă©missions de CO2 et les grĂšves des jeu-nes –, des acteurs locaux et privĂ©s s’emparent du problĂšme. Certaines rĂ©gions, comme l’Ecosse, annoncent vouloir atteindre la neutralitĂ© carbone

autofinancĂ©s par les Ă©conomies rĂ©ali-sĂ©es. Il existe des centaines de solutions dans tous les domaines de l’industrie, de l’énergie, de la mobilitĂ©, de l’agriculture etdes bĂątiments qui permettent Ă  la fois deprotĂ©ger l’environnement et de gĂ©nĂ©rer de la crĂ©ation de richesse et d’emplois. Pour ce faire, les dĂ©cideurs doivent en prendre conscience et adopter des nor-mes environnementales beaucoup plus ambitieuses afin de tirer ces nouvelles technologies vers le marchĂ©.

Le problĂšme est prĂ©cisĂ©ment lĂ  : notrecadre juridique est basĂ© sur des techno-logies anciennes et inefficientes, permet-tant aux pollueurs d’affirmer que ce qu’ils font est lĂ©gal. Il existe des rĂ©glemen-tations en matiĂšre de santĂ©, d’hygiĂšne, d’éducation, de justice
 mais chacun peut encore rejeter autant de CO2 qu’il le souhaite dans l’atmosphĂšre, pĂȘcher autant de poissons qu’il veut et Ă©puiser les cycles de reproduction, ou encore brĂ»ler du pĂ©trole Ă  volontĂ©. L’imprĂ©visi-bilitĂ© des lĂ©gislations et le risque de dis-torsion de concurrence empĂȘchent l’industrie d’investir spontanĂ©ment dansune production plus propre. Une situa-tion ubuesque tant au niveau environne-mental qu’économique. Pour aller de l’avant, il faut aligner la pression popu-laire qui fait peur, les solutions qui rassu-rent et un cadre lĂ©gal ambitieux. Puisse la frustration de l’échec nous y pousser.

Bertrand Piccard est psychiatre, explorateur, président de la Fondation Solar Impulse.

dix ans avant tout le monde, des entre-prises forment des coalitions vertes, dans le textile, le transport maritime, l’industrie, la finance. Des Etats amĂ©ri-cains s’opposent Ă  Trump et dĂ©cident de suivre unilatĂ©ralement l’Accord de Paris. Des villes prennent les mesures qu’elles peuvent Ă  leur Ă©chelle pour sortirde la paralysie. Oui, la frustration a rĂ©veillĂ© le monde, cinq ans et quelques gigatonnes de CO2 plus tard.

Cette rĂ©action bienvenue du mondecapitaliste doit prendre de vitesse celle des mouvements Ă©cologistes pour Ă©viter la radicalisation que l’on sent poindre. Il est fort probable qu’en ne prenant pas encompte le bien-ĂȘtre des populations et deleur milieu de vie, le systĂšme actuel ris-que fortement d’ĂȘtre balayĂ© par une lamede fond « verte » et populaire. Autre chose a changĂ© depuis cinq ans : la spec-taculaire rentabilitĂ© des technologies propres et des Ă©nergies renouvelables. Sur la moitiĂ© du globe, l’électricitĂ© photo-voltaĂŻque coĂ»te maintenant moins cher que celle produite par Ă©nergie fossile ou nuclĂ©aire, et les investissements dans l’efficience des ressources peuvent ĂȘtre

A Paris, les Etats Ă©taient en avance sur le monde Ă©conomique, et les entreprises rĂ©sistaient. Aujourd’hui, on observe prĂ©cisĂ©ment l’inverse.

Avant de rĂ©former les autres, l’Etat devrait se rĂ©former lui-mĂȘme

LA CHRONIQUE

Par Jacques Attali

A vant de se lancer imprudemmentdans bien des rĂ©formes, l’Etatdevrait faire fonctionner ses servi-

ces de base : la santĂ©, la police et l’éducation. Il en est trĂšs loin. La pandĂ©mie nous rappelleles Ă©normes lacunes de notre systĂšme de santĂ© ; et la gestion plus que problĂ©matique des enjeux de sĂ©curitĂ© nous rappelle les insuffisances de notre systĂšme policier. Et dans ces deux cas, il ne s’agit pas seulement de moyens financiers, mais surtout de com-pĂ©tences, de mĂ©thodes, de matĂ©riels, de motivation, de respect. En matiĂšre d’éduca-tion, c’est plus flagrant encore, parce que, lĂ , on dispose de comparaisons internationalesqui en apportent des preuves objectives. Despreuves consternantes.

Selon la plus rĂ©cente Ă©tude Pisa de l’OCDE,qui « teste l’aptitude des Ă©lĂšves Ă  appliquer les connaissances acquises Ă  l’école aux situationsde la vie rĂ©elle », la France est classĂ©e au 23e rang sur les 79 pays participants en com-prĂ©hension de l’écrit, en mathĂ©matiques et en sciences. L’Allemagne est 19e, les Etats-Unis 12e, la SuĂšde 10e, la CorĂ©e 8e. Singapour est en tĂȘte ; la France est aussi un des pays quirĂ©ussit le moins Ă  rĂ©duire l’impact du milieusocio-Ă©conomique sur les rĂ©sultats scolai-res : « Le niveau Ă  l’écrit des 10 % d’élĂšves des familles les plus riches Ă©quivaut Ă  une avance de trois annĂ©es scolaires environ par rapport aux 10 % d’élĂšves les plus pauvres. »

Cela devrait suffire Ă  sonner le tocsin. Maisil y a pire : selon une Ă©tude dite « TIMSS », effectuĂ©e par un organisme scientifique amĂ©ricain reconnu, l’International Associa-tion for the Evaluation of Educational Achie-vement, et qui vient d’ĂȘtre rendue publique, les Ă©lĂšves français de CM1 Ă©taient, en 2019, enavant-derniĂšre position mondiale en mathĂ©-matiques et en sciences (ne devançant que leChili) ! Et cela n’est suivi d’aucun rattrapage entre le CM1 et la quatriĂšme, oĂč la France se classe lĂ  encore parmi les derniers. De plus, seulement 2 % des Ă©lĂšves français ont un « niveau avancĂ© » (contre 11 % en moyenne dans l’OCDE et plus de 50 % Ă  Singapour, Ă  TaĂŻwan et en CorĂ©e du Sud).

Les jeunes Français ont dĂ©sormais un trĂšsmauvais niveau en sciences. C’est un Ă©pou-vantable dĂ©sastre. Cela devrait faire les grands titres. Il semble que le dĂ©clin ait com-mencĂ© il y a vingt-cinq ans. On aurait dĂ» s’en

rendre compte. Lancer immédiatement un grand débat national. Agir massivement.

Mais non. Il n’en a rien Ă©tĂ©. Comme si toutle monde, du gouvernement aux parents, enpassant par les syndicats enseignants, avait intĂ©rĂȘt Ă  cacher le problĂšme, Ă  le glisser len-tement sous le tapis. Pour ne fĂącher per-sonne. Nous vivons la conspiration du silence de la mĂ©diocritĂ©. Et il n’y a pas de pirepoison que la mĂ©diocritĂ©. Si on ne fait rien, sion ne dĂ©clenche pas au plus vite une mobili-sation gĂ©nĂ©rale, c’est un tsunami qui nous menace : celui du dĂ©clin, qui viendra inĂ©vita-blement quand il sera impossible de former des techniciens, des chercheurs, des ingĂ©-nieurs, des mĂ©decins avec cette gĂ©nĂ©ration. Et quand les familles les plus aisĂ©es auront compris que l’enseignement qu’on donne Ă  leurs enfants en France est un dĂ©sastre, qu’aucune Ă©cole privĂ©e ne suffit Ă  le compen-ser et Ă©migreront pour ne pas le subir.

Veut-on cela ? Non, Ă©videmment. Seule-ment voilĂ , pour le changer, il ne suffira pasd’augmenter notre dĂ©pense d’éducation, qui est dans la moyenne de l’OCDE, et mĂȘmetrĂšs supĂ©rieure Ă  celle de pays bien mieux classĂ©s que nous. Il nous faudra bien plus, des choses plus subtiles et plus difficiles Ă  obtenir : des professeurs mieux formĂ©s, capables de transmettre une passion des mathĂ©matiques, de la physique et de toutesles autres sciences ; des professeurs en situation d’ĂȘtre plus exigeants avec les Ă©lĂš-ves, sans risquer d’ĂȘtre agressĂ©s par des parents ; des Ă©levĂ©s motivĂ©s pour les Ă©tudesaustĂšres, continues qu’exigent les mathĂ©-matiques ; des Ă©lĂšves Ă  qui on aura su faire ressentir la joie extrĂȘme de rĂ©soudre un problĂšme difficile, de trouver la dĂ©monstra-tion la plus simple possible d’un thĂ©orĂšme complexe, d’entrer dans le monde fascinantdes nombres imaginaires, de naviguer dansune gĂ©omĂ©trie Ă  trois puis quatre, puis n dimensions, et bien plus ; pour, plus tard, s’émerveiller devant la capacitĂ© de ces outilsĂ  dĂ©crire la nature, Ă  lui donner un sens, mĂȘme provisoire, et Ă  faire faire Ă  l’huma-nitĂ© ses plus merveilleux progrĂšs, humbles ou immenses.

Je ne vois pas venir le commencement dudĂ©but d’un tel programme ; mĂȘme pas le commencement d’un dĂ©bat sur sa nĂ©ces-sitĂ©. Il est vrai qu’on est occupĂ© Ă  des dĂ©bats beaucoup plus sĂ©rieux. Par exemple sur la loi dite de « sĂ©curitĂ© globale » : comment passer de 23 Ă  25 sans passer par 24
 n

Nous vivons la conspiration du silence de la mĂ©diocritĂ©. Et il n’y a pas de pire poison que la mĂ©diocritĂ©.

L'ACTUALITÉ DES THINK TANKS

L’IDÉE NĂ©ologisme dĂ©signant de nouvelles pratiques et habitudes alimentaires, le « flexitarisme » mĂȘle donc flexibilitĂ© et vĂ©gĂ©tarisme. Dans la lignĂ©e de la consommation responsable, il s’agit, avec cette tendance, Ă  la fois de manger bien et de ne se priver de rien. Le concept, lit-on dans une note du think tank AgridĂ©es intitulĂ©e : « Flexitarisme : une opportunitĂ© pour la chaĂźne alimentaire ? », est dit « agglutinant ». Issu d’un collectif alliant experts et industriels, le document livre un travail trĂšs fouillĂ© sur la question et ausculte les prĂ©fĂ©rences (pour moins de consommation individuelle de viande) et les perspectives (pour une transition raisonnable de toute la chaĂźne alimentaire, impliquant vĂ©gĂ©taux et animaux).

L’INTÉRÊT Think tank dynamique spĂ©cialisĂ© dans le large domaine agricole, agroalimentaire et agro-industriel, AgridĂ©es traite des rĂ©alitĂ©s, des difficultĂ©s et des opportunitĂ©s d’un ensemble d’activitĂ©s essentielles. Mettant ici de cĂŽtĂ© tous les intĂ©grismes qui peuvent frapper ce type de dossier, l’analyse est claire et alertement rĂ©digĂ©e. Avec des propositions sur un meilleur Ă©tiquetage europĂ©en des produits carnĂ©s, sur le plaisir de manger ou encore le soutien aux filiĂšres des plantes. Des idĂ©es qui se lisent avec curiositĂ© et appĂ©tit.— Julien Damon

www.agridees.com

Demain, tous flexitariens ?

Toutes les équipes travaillentdésormais à distance

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Page 13: Les Echos - 11 12 2020

Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 IDEES & DEBATS // 13

focus

La lourde rançon de la révolution numérique

P ar temps de confinement, onl’aurait presque oubliĂ©e. Il y acombien de temps que nous ne

l’avons Ă©prouvĂ©e, cette douce sensation d’avoir quittĂ© sa laisse ? D’errer sans repĂšre, sans navigateur de poche, sans rĂ©seau, sans flĂ©chage
 Sans les vibra-tions sournoises de ce petit rectangle froid plaquĂ© contre notre poitrine ou surnotre cuisse ? Quelle cime faut-il dĂ©sor-mais gravir, dans quelle forĂȘt profonde faut-il s’enfoncer pour jouir de ce senti-ment ineffable de dĂ©connexion ultime ?Dans son essai provocateur sur « L’Ere de l’individu tyran », l’écrivain et philo-sophe Eric Sadin dresse un portrait sidĂ©-rant de ce nouvel « ĂȘtre ultra-connectĂ©, repliĂ© sur sa subjectivitĂ© et ses intĂ©rĂȘts ». Un Ă©lectrochoc. Tant ses observations sur le dĂ©labrement de notre monde commun et le mythe de la « suffisance de soi » sonnent juste.

Isolement collectif« En 2007, l’avĂšnement du smartphone intensifia cette impression de jouir d’une forme d’allĂ©gement de son existence et d’une indĂ©pendance sans cesse accrue. » Treize ans aprĂšs, l’auteur s’attache sur-tout Ă  dissĂ©quer l’impact de ces nouvel-les technologies numĂ©riques sur notre psychologie individuelle et collective. Etson constat est plutĂŽt effarant. Car aprĂšsdeux dĂ©cennies de pratiques assidues, l’histoire rĂ©cente des systĂšmes numĂ©ri-ques rĂ©vĂšle un effet inverse : l’ivresse desrĂ©seaux semble avoir clairement encou-ragĂ© l’avĂšnement des « particularismes autoritaires » et l’émergence d’une forme d’ingouvernabilitĂ© permanente. On peut partager – ou pas – l’alarmismedes conclusions d’Eric Sadin sur cette montĂ©e des comportements d’incivilitĂ©,la sensation d’un isolement collectif et ce qu’il appelle « l’effondrement de notre monde commun ». Mais force est de constater l’incroyable finesse et l’impactde ses analyses, au cƓur de l’ouvrage,

sur les « technologies de l’embrasement des esprits » que reprĂ©sentent, Ă  ses yeux, des rĂ©seaux tels que Facebook, Twitter ou Instagram


Homme-sandwichTrĂšs vite, l’humanitĂ© tout entiĂšre s’est laissĂ© griser par l’apparition quasi simultanĂ©e de l’Internet et du tĂ©lĂ©phoneportable Ă  la fin des annĂ©es quatre-vingt-dix. Assez vite aussi, on s’est aperçu des consĂ©quences alarmantes des phĂ©no-mĂšnes d’addiction chez les ados, mais aussi sur les adultes et les enfants. Mais, pour Eric Sadin, un phĂ©nomĂšne sour-nois, souvent occultĂ©, est « la sensation toujours plus rĂ©pandue d’une centralitĂ© de soi ». Au point que « Time Maga-zine », en 2006, Ă©lit « You » comme per-sonnalitĂ© de l’annĂ©e. Mieux : l’ivresse du« libĂ©ralisme de soi » va encore culminer avec Twitter, cette « machine Ă  enivrer » qui attise l’impression d’une primautĂ© de soi et acte le postulat du « triomphe dela parole sur l’action ». « En ce sens, Twit-ter participe de cet air du temps – tout en ycontribuant au premier chef – oĂč les ĂȘtrescherchent Ă  s’affirmer, non pas tant en vuede patiemment dĂ©fendre un point de vue, de tenter de convaincre des interlocuteurs,que d’imposer leur perception des cho-ses. » Quant Ă  Instagram (crĂ©Ă© en 2010), l’auteur y voit l’ultime plateforme dĂ©diĂ©eĂ  l’affichage de soi. Une prouesse en ter-mes de « continuelle monĂ©tisation de sa personne » visant Ă  transformer l’insta-grameur en homme-sandwich d’un genre nouveau.

Eric Sadin n’est ni le premier ni le der-nier Ă  vouloir dĂ©monter les effets mas-sifs et nocifs de la rĂ©volution numĂ©riquedes vingt derniĂšres annĂ©es et de l’appari-

tion du smartphone sur la sociĂ©tĂ©. DĂ©jĂ , l’économiste italo-amĂ©ricaine Mariana Mazzucato, spĂ©cialiste de l’économie del’innovation, citĂ©e en exemple par le pape François dans son dernier livre sur« Un temps pour changer » (Flamma-rion, 2020), a mis en garde contre l’illu-sion de l’innovation pour l’innovation en rappelant que les douze technologiesclĂ©s de l’iPhone ont toutes Ă©tĂ© inventĂ©es par des agences gouvernementales, amĂ©ricaines pour la plupart. L’origina-litĂ© de l’essai d’Eric Sadin est de se con-centrer sur l’impact social et psychologi-que de ces nouveaux outils. Pour lui, l’histoire rĂ©cente des systĂšmes numĂ©ri-ques semble montrer qu’ils ont profon-dĂ©ment – et insidieusement – modifiĂ© nos mentalitĂ©s en changeant notre rap-port au rĂ©el et en contribuant Ă  une « reprĂ©sentation boursouflĂ©e de soi ».

Un pamphlet contre l’angĂ©lisme technoParadoxalement, malgrĂ© ses accents faussement dĂ©clinistes, cet essai icono-claste, largement Ă  contre-courant, a uneffet stimulant. Car il a le mĂ©rite de dĂ©monter patiemment certains mĂ©ca-nismes pervers, comme le passage du « free speech » au « hate speech », le glis-sement vers la « culture de l’humilia-tion »  MalgrĂ© son style foisonnant, parfois dĂ©routant, il agit comme un rĂ©vĂ©lateur. D’abord, car l’on sent bien que l’auteur n’est pas dans une posture passĂ©iste. Auteur de plusieurs essais surle « Web prĂ©cognitif », l’intelligence arti-ficielle et la « critique de la raison numĂ©-rique », Eric Sadin est loin d’ĂȘtre rĂ©frac-taire aux technologies numĂ©riques. Il enest mĂȘme un fin connaisseur. Et c’est ce qui fait toute la force de ce pamphlet argumentĂ© contre l’angĂ©lisme techno ambiant, habilement rĂ©digĂ© Ă  l’impar-fait narratif.

En faisant le lien entre ces technolo-gies d’embrasement des esprits et le dĂ©li-tement du lien social, l’auteur voit dans cet effet de « dĂ©ni implicite d’autrui » unedes explications majeures de cette atmosphĂšre rĂ©gnante de « fureur de touscontre tous ». DĂ©capant
 n

L’humanitĂ© tout entiĂšre s’est laissĂ© griser par l’apparition quasi simultanĂ©e de l’Internet et du tĂ©lĂ©phone portable Ă  la fin des annĂ©es 1990. Photo iStock

Eric Sadin n’est ni le premier ni le dernier Ă  dissĂ©quer les ravages de l’addiction aux rĂ©seaux sociaux. Mais son analyse dĂ©capante de l’impact d’un certain usage des « outils numĂ©riques » sur le dĂ©litement du lien social sonne comme un Ă©lectrochoc.

ESSAIL’Ere de l’individu tyran - La find’un monde communEric Sadin, 352 pages, Grasset, 20,90 euros.

ESSAIOsons l’autoritĂ©par Thibault de Montbrial, Editions de l’Observatoire, 304 pages, 19 euros.

LIVRES

Par Pierre de Gasquet

est Ă  l’origine de la formation des sociĂ©tĂ©s. Lespremiers regroupements humains sont la consĂ©quence du choix de certaines tribus de fusionner avec d’autres. La motivation pre-miĂšre de ces unions Ă©tait la rĂ©ponse Ă  cette seule interrogation : serons-nous plus en sĂ©curitĂ© avec ou sans eux ? La libertĂ© n’était pas le prĂ©alable Ă  cette dĂ©cision, mais une con-sĂ©quence de celle-ci. »

LE SYNDROME MALIK OUSSEKINE « Le traumatisme profond de la mort de Malik Oussekine [Ă©tudiant battu par deux policiers,le 6 dĂ©cembre 1986, et mort de ses blessures, NDLR] va constituer le point de dĂ©part d’une nouvelle doctrine de maintien de l’ordre [
]. Les spĂ©cialistes de la sĂ©curitĂ© publique l’ont baptisĂ©e “doctrine Malik Oussekine”. Son principe cardinal est simple : Ă©viter au maxi-mum tout contact direct entre forces de l’ordre et manifestants. Contenir la violence plutĂŽt que la rĂ©primer pour Ă©viter Ă  tout prixun nouveau drame. » n

Messagerie instanta-nĂ©e et visioconfĂ©ren-ces ont envahi nosvies et ont entraĂźnĂ©quelques dommagescollatĂ©raux : baissede l’attention, reculdes relations socia-les
 Francis BrochetdĂ©montre la nĂ©ces-

sitĂ© de poser un moment nos prothĂšses Ă  Ă©cran tactile servant prĂ©tendument Ă  com-muniquer pour sortir de notre bulle. Il dĂ©monte brillamment les arguments de ceux qui continuent obstinĂ©ment Ă  confon-dre progrĂšs et progression.— Guillaume de Calignon

Eloge de la conversation au temps du smartphoneFrancis Brochet, Ă©ditions Kiwi, 192 pages, 18 euros.

ces » des unes et desautres afin de répon-dre à une situationdonnée. Mettre enp l a c e u n r é s e a usocial interne, tenirdes réunions effica-ces, éviter le burn-outdes équipes, mieuxles impliquer dans

un projet, entretenir l’intelligence Ă©motion-nelle des salariĂ©s, et bien d’autres cas encore. On trouvera dans cet ouvrage bien des exemples et d’expĂ©rimentations mis au service d’une gouvernance moderne. Enri-chissant et rafraĂźchissant. — Daniel Fortin

L’Entreprise nouvelle gĂ©nĂ©rationLuc Bretones, Philippe Pinault et Olivier Trannoy. Editions Eyrolles. 419 pages. 28 euros.

En pleine polĂ©mique sur l’article 24 de la loidite « de sĂ©curitĂ© globale », et plus gĂ©nĂ©rale-ment sur les violences policiĂšres, la lecture de l’ouvrage de Thierry de Montbrial est Ă©clairante. Ce n’est pas vraiment l’archĂ©typede l’avocat s’indignant des dĂ©rives sĂ©curitai-res de l’arsenal lĂ©gislatif. Au contraire, Thierry de Montbrial est un peu l’anti-Fran-çois Sureau, pour le comparer Ă  un de ses confrĂšres. Il n’empĂȘche, son point de vue mĂ©rite d’ĂȘtre Ă©coutĂ©, ou plutĂŽt lu, notam-ment son analyse sur les difficultĂ©s du maintien de l’ordre en France et sa thĂšse, selon laquelle l’Etat aurait renoncĂ© pendanttrop longtemps Ă  faire respecter l’ordre public. Extraits.

RENONCEMENT Thierry de Montbrial fut l’avocat des deux gendarmes frappĂ©s Ă  coups de poing par Christophe Dettinger enjanvier 2019. Il raconte le procĂšs. « Je revois ce gendarme de 22 ans, pas trĂšs costaud, la coupe en brosse, issu de la classe moyenne, le prototype du citoyen lambda, en somme, regarder dans les yeux le prĂ©venu de quinze ans son aĂźnĂ©, au profil trĂšs proche. Hormis leur diffĂ©rence d’ñge, la ressemblance, y com-pris physique, Ă©tait saisissante. La mĂȘme France, placĂ©e des deux cĂŽtĂ©s d’un mĂȘme miroir, se faisait face. Comment l’une a-t-elle pu dĂ©velopper une telle haine de l’autre ? »

LIBERTÉ ET SÉCURITÉ « L’histoire de l’humanitĂ© nous enseigne qu’avant la quĂȘte de libertĂ©, c’est la recherche de la sĂ©curitĂ© qui

‱ C e l i v r e e s t u n appel Ă  retrouver l’autre. Car Francis Brochet, journaliste, ne croit pas du tout que Jean-Paul Sartre,pour qui « l’enfer, c’[Ă©tait] les autres », ait eu raison. Au con-traire, « l’homme est un animal social », comme le pensait Aris-tote. L’auteur nous fait sentir ce besoin de communication et mĂȘme de conversation – puisque deux objets peuvent dĂ©sormais communiquer entre eux – essentiel Ă  l’humain, et mis Ă  mal aujourd’hui par les outils numĂ©riques.

Livres en bref

Connexion partout, communication nulle part

‱ Voici une mine d’informations Ă  des-tination de ceux qui s’interrogent sur la m e i l l e u r e f a ç o n d ’o rg a n i s e r l e u r entreprise Ă  l ’ùre numĂ©rique. En croi-sant les tĂ©moignages de quelque 250 diri-geants, les auteurs ont rĂ©digĂ© un vĂ©ritable vade-mecum du management moderne, Ă  mille lieues des thĂ©ories fumeuses qui empoisonnent gĂ©nĂ©ralement ce genre d’exercice. On y trouve au contraire des recettes trĂšs concrĂštes sur les « best practi-

Manager autrement

BONNES FEUILLES

Par Marie Bellan

L’avocat Thierry de Montbrial s’interroge sur la capacitĂ© des forces de l’ordre Ă  assurer la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure en France.

Avons-nous renoncĂ© Ă  l’ordre public ?

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Page 14: Les Echos - 11 12 2020

Propos recueillis parNicolas Barré, Julie Chauveau et Enrique Moreira

F ondée en 2000, Gavi est une organisa-tion mondiale visant à élargir la cou-verture vaccinale. Ses partenaires his-

toriques sont la Fondation Bill & Melinda Gates, l’OMS, l’Unicef et la Banque mondiale.Elle dirige le dispositif Covax, lancĂ© en jan-vier 2020 par les Nations unies. Son directeurexĂ©cutif, le Dr Seth Berkley, revient sur les enjeux de la campagne mondiale de vaccination.

Quel est le rĂŽle de Gavi dans la lutte contre la pandĂ©mie de Covid-19 ?Depuis vingt ans, nous travaillons avec nos partenaires historiques [la fondation Bill & Melinda Gates, l’OMS, l’Unicef et la Banque mondiale, auxquels sont venues s’ajouter de nombreuses entreprises privĂ©es, NDLR] pour un Ă©largissement maximal de la cou-verture vaccinale mondiale.

Lorsque le Covid-19 a fait son apparitionfin 2019, nous avons tout de suite compris que nous serions impliquĂ©s dans l’approvi-sionnement en vaccins des pays en dĂ©velop-pement. Il est par ailleurs devenu trĂšs vite Ă©vident que nous allions nous retrouver dansla mĂȘme situation qu’en 2009 [lors de la crisede la grippe H1N1, NDLR] avec tous les stocksde vaccins achetĂ©s par un petit nombre de pays riches. Pour Ă©viter cela, nous avons mis sur pied un nouveau dispositif, appelĂ© « Covax ».

De quoi s’agit-il ?Covax est le pilier vaccin de l’AccĂ©lĂ©rateur d’accĂšs aux outils Covid-19, mis en place dĂšs le dĂ©but de la crise par les Nations unies. Je tiens Ă  souligner que le prĂ©sident français, Emmanuel Macron, a jouĂ© un rĂŽle impor-tant dans son Ă©mergence. Covax est un dis-positif Ă  deux branches. La premiĂšre sou-tient l’accĂšs aux futurs vaccins pour 92 pays, choisis uniquement sur leur statut Ă©conomi-

que en se basant sur le classement de la Ban-que mondiale. Elle rĂ©unit des pays Ă  faibles etmoyens revenus. La deuxiĂšme branche regroupe des Etats pouvant s’autofinancer, incluant des pays aux revenus moyens, ainsique les pays les plus riches. A ce jour, 189 pays travaillent sur un mĂ©canisme de partage des vaccins au sein de Covax.

Comment avez-vous procĂ©dĂ© jusqu’à prĂ©sent ?Nous avons commencĂ© en tentant d’évaluer le nombre de doses auxquelles nous pour-rions avoir accĂšs, tout en sachant qu’en 2021 la demande mondiale excĂ©derait les capaci-tĂ©s de production. Nous sommes arrivĂ©s au nombre de 2 milliards de doses pour l’an pro-chain. Nous les avons rĂ©parties Ă  raison de 950 millions de doses pour chacune des deux branches du dispositif. Les 100 millionsrestants serviront de rĂ©servoir humanitaire.

Y a-t-il des pays qui n’ont pas intĂ©grĂ© Covax ?Les deux grands absents majeurs du disposi-tif sont les Etats-Unis et la Chine. Cuba non plus ne nous a pas rejoints. Certains de ces pays ont fait le choix de ne pas intĂ©grer la structure, mais d’autres n’ont tout simple-ment pas pu Ă  cause de mesures lĂ©gales les empĂȘchant de se joindre Ă  nous. C’est parti-culiĂšrement vrai pour plusieurs pays d’AmĂ©-rique latine. Nous ne voulons Ă©videmment exclure aucun pays. Ils sont donc tous invitĂ©sĂ  nous rejoindre.

Quelles ont Ă©tĂ© les difficultĂ©s pour mettre sur pied ce dispositif ?Il y en a eu plusieurs. D’abord, de nombreux accords bilatĂ©raux avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© signĂ©s, malgrĂ© nos efforts pour mettre en place des mĂ©canismes multilatĂ©raux. Cela a accru la pression sur les disponibilitĂ©s des futures doses. Nous restons toutefois confiants quant Ă  notre capacitĂ© Ă  atteindre l’objectif de2 milliards de vaccins en 2021. Un autre dĂ©fi aĂ©tĂ© de dĂ©finir une stratĂ©gie commune Ă  autant de pays. A un moment oĂč, en plus,

Certains laboratoires divisent leur prix en trois tiers : un prix pour les pays les plus pau-vres, un autre pour les pays à revenus moyens et un troisiÚme pour les plus riches. Enfin, concernant les coûts de livraison, nous envisageons de partager une partie desfrais avec les différents pays du dispositif.

Un prix « sans but lucratif » signifie-t-il que c’est gratuit ?Aucun vaccin n’est gratuit, nulle part dans le monde. Mais, pour les 92 pays les plus pau-vres, Gavi se propose de subventionner l’achat des doses, s’ils ne peuvent pas payer. Que ce soit Ă  cause de la crise Ă©conomique ouparce qu’ils ne peuvent pas mobiliser les fonds nĂ©cessaires assez rapidement.

Combien de personnes entendez-vous vacciner ?Nous estimons qu’au moins 20 % de la popu-lation mondiale devra ĂȘtre vaccinĂ©e. Pour arriver Ă  ce chiffre, nous avons regardĂ© quelle partie serait considĂ©rĂ©e comme la plus Ă  risque et celle qu’il faut absolument vacciner pour avoir un vĂ©ritable contrĂŽle surla pandĂ©mie. Selon une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par Northeastern, on peut rĂ©duire le nombre de morts liĂ©s au Covid-19 de 60 % si les 2 mil-liards de doses de vaccin sont rĂ©parties Ă©qui-tablement entre les pays. Ce taux chute Ă  30 % si on distribue l’intĂ©gralitĂ© des doses aux seuls 50 plus riches. Cela prouve que l’accĂšs mondial au vaccin est un point critique.

Comment est financĂ©e cette campagne vaccinale mondiale ?Nous avons demandĂ© pas moins de 2 mil-liards de dollars Ă  nos partenaires et aux gou-vernements impliquĂ©s, uniquement pour lancer le dispositif en 2020. Nous avons Ă  ce jour lĂ©gĂšrement dĂ©passĂ© ce montant. Nous cherchons maintenant des fonds pour finan-cer la campagne mondiale de vaccination en2021. Pour cela, 5 milliards de dollars supplĂ©-mentaires sont nĂ©cessaires afin d’acheter lesdoses de vaccin souhaitables.

Quelles leçons le monde peut-il retenir de cette annĂ©e 2020 ?Il est fort probable que, Ă©tant donnĂ© l’aug-mentation de la population, l’urbanisation massive, le changement climatique, le rĂ©chauffement de l’atmosphĂšre
, nous allons connaĂźtre de plus en plus d’épidĂ©mies de ce genre Ă  l’avenir. Le Covid-19 nous a montrĂ© Ă  quel point le monde entier est vul-nĂ©rable. Cela prouve la nĂ©cessitĂ© d’avoir des systĂšmes de santĂ© rĂ©silients.

Par ailleurs, la science a Ă©tĂ© incroyable-ment rĂ©active. Il faut normalement de sept Ă  dix ans pour dĂ©velopper un vaccin, or, en seulement 303 jours, on a vu les premiers rĂ©sultats d’efficacitĂ© d’un vaccin. Mais cela aurait aussi pu aller encore plus vite. S’il y avait, par exemple, un systĂšme internationalpour labelliser et autoriser ces candidats vac-cins. L’OMS se penche actuellement sur ces questions.

Que pensez-vous du phĂ©nomĂšne des « antivax » ?Je sais qu’en France il y a un fort niveau de dĂ©fiance vis-Ă -vis des vaccins, mĂȘme si para-doxalement les Français ont toujours conti-nuĂ© Ă  se vacciner. Au-delĂ  des « antivax », il ya un phĂ©nomĂšne mondial d’« antiscience » en gĂ©nĂ©ral et d’« antigouvernement ». Tout cela est venu se mĂȘler aux traditionnelles dĂ©fiances vis-Ă -vis des vaccins. C’est un vrai problĂšme.

Que peut-on faire face Ă  ce phĂ©nomĂšne ?Les rĂ©ponses sont multiples : donner la parole Ă  des personnes en qui les popula-tions ont confiance, avoir des leaders qui s’engagent pour rassurer les communau-tĂ©s... Mais il sera Ă©galement nĂ©cessaire d’ĂȘtretout Ă  fait transparent sur les rĂ©sultats scien-tifiques des essais cliniques, montrer que les donnĂ©es sont lĂ , accessibles. Enfin, nous ne devons pas perdre de vue la nĂ©cessitĂ© de lut-ter contre la dĂ©sinformation.

Devrait-on rendre le vaccin obligatoire ?C’est aux pays de dĂ©terminer leur stratĂ©gie devaccination, et ce n’est pas notre rĂŽle de leur dire comment faire. Cela Ă©tant, face Ă  un cer-tain niveau de dĂ©fiance, je pense qu’il serait plus judicieux de commencer par une cam-pagne basĂ©e sur le volontariat.

Avons-nous trouvĂ© le bon Ă©quilibre entre la lutte contre le Covid-19 et la poursuite des autres soins ?La balance a parfois un peu trop penchĂ© du cĂŽtĂ© de la gestion de la crise. Par exemple, lorsque nous avons atteint le premier pic de la pandĂ©mie, en mars, les consignes gĂ©nĂ©ra-les Ă©taient de poursuivre les campagnes de vaccination de routine pour les autres mala-dies encore bien prĂ©sentes. Or, si les pays ontglobalement continuĂ©, ils ont parfois retirĂ© des soignants chargĂ©s de ces tĂąches pour les mettre sur la gestion des cas de Covid-19, ralentissant l’administration des autres vac-cins aux populations.

Quel est votre scĂ©nario pour 2021 ? Je pense que l’hiver sera trĂšs dur, la plupart des pays n’ayant pas rĂ©ussi Ă  mettre fin Ă  la chaĂźne de transmission du virus. Une grandepartie de la population commence Ă  en avoirun peu assez du confinement. Il va pourtant falloir ĂȘtre encore un peu patient. Avec un peu de chance, l’arrivĂ©e des premiers vaccinsen cette fin d’annĂ©e devrait permettre de changer la dynamique de la pandĂ©mie. n

Son actualité

Depuis janvier 2020, Gavi est en charge du dispositif Covax. Celui-ci est le pillier vaccin de l’AccĂ©lĂ©rateur d’accĂšs aux outils de lutte contre le Covid-19, mis en place dĂšs le dĂ©but de la pandĂ©mie par les Nations unies. L’objectif de ce dispo-sitif est d’assurer un accĂšs Ă©quitable au traitement pour tous les pays du monde, les plus riches comme ceux en dĂ©velop-pement. Le Dr Seth Berkley et son Ă©quipe nĂ©gocient pour cela des contrats avec tous les laboratoires. Il estime avoir besoin de 2 milliards de doses de vaccin.

Son parcours

MĂ©decin et Ă©pidĂ©miologiste spĂ©cialisĂ© dans les maladies infectieuses, le doc-teur Seth Berkley a rejoint Gavi, l’Alliance du vaccin, en tant que directeur exĂ©cutif en aoĂ»t 2011. Avant cela, ce diplĂŽmĂ© de mĂ©decine des universitĂ©s Brown et de Harvard a crĂ©Ă© en 1996 l’Initiative inter-nationale pour un vaccin contre le sida (Iavi), le premier partenariat public-privĂ© axĂ© sur le dĂ©veloppement de produits vaccinaux. Il a Ă©galement travaillĂ© au Centre des maladies infectieuses des Centres pour le contrĂŽle et la prĂ©vention des maladies (CDC) des Etats-Unis.

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DR SETH BERKLEYDirecteur exĂ©cutif de Gavi, l’Alliance du vaccin

« La plupart des pays n’ont pas rĂ©ussi Ă  briser la chaĂźne de transmission du virus »

toutes les frontiĂšres se refermaient ! Enfin, une des choses qui a pris le plus de temps a Ă©tĂ© de convaincre les membres d’acheter les doses, ou de les rĂ©server, avant mĂȘme que lesvaccins soient approuvĂ©s.

Comment allez-vous livrer ces vaccins ?Le conseil d’administration de Gavi a donnĂ© son accord pour utiliser certaines ressourcesdĂ©jĂ  en possession de l’Alliance afin de rĂ©pondre Ă  cette problĂ©matique. Il a ainsi mis150 millions de dollars de cĂŽtĂ© avec pour seule condition de commencer en prioritĂ© par la livraison des pays les plus pauvres. Cetargent doit servir Ă  deux choses : apporter une assistance technique mais aussi s’assu-rer que la chaĂźne du froid est bien en place. Les vaccins nouveaux comme celui de Pfizerou de Moderna nĂ©cessitent d’ĂȘtre conservĂ©s Ă  –70 et –20 °C.

Comment nĂ©gociez-vous avec les laboratoires pharmaceutiques ?Il faut prĂ©ciser que Covax est cogĂ©rĂ© par Gaviet la Coalition pour les innovations en matiĂšre de prĂ©paration aux Ă©pidĂ©mies (Cepi). Son rĂŽle est axĂ© sur la recherche et ledĂ©veloppement. C’est trĂšs important car, dĂšsjanvier 2020, au tout dĂ©but de l’épidĂ©mie, la Cepi a financĂ© des candidats vaccins. Nous possĂ©dons donc dĂ©jĂ  un portefeuille de dif-fĂ©rents traitements. Mais nous achetons aussi des vaccins Ă  n’importe quel labora-toire apportant une amĂ©lioration Ă  notre arsenal.

Les compagnies pharmaceutiques peu-vent fixer un prix dit « sans but lucratif », fixepour tous les pays. Plusieurs ont choisi cette option pour toute la période de la pandémie.

« Nous estimons qu’au moins 20 % de la population mondiale devra ĂȘtre vaccinĂ©e. »

14 // Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos

le grand entretien

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Une entreprise puissante est prĂ©cieuse. Elle a les moyens d’innover, d’investir, de crĂ©er richesses et emplois. Une entreprise trop puissante est dangereuse. En Ă©touffant la concurrence, elle bloque un ressort essentiel de l’économie, constitue des rentes injustes et inefficaces, peut menacer la dĂ©mocratie. Les autoritĂ©s amĂ©ricaines estiment que Facebook a franchi la ligne rouge. La Federal Trade Commission (AutoritĂ© de la concurrence) et la quasi-totalitĂ© des Etats amĂ©ricains accusent le gĂ©ant des rĂ©seaux sociaux de pratiques contraires au libre jeu de la concurrence. Ils veulent obtenir la cession de ses filiales Instagram et WhatsApp, qui renforcent son emprise sur ses utilisateurs. Il est vrai qu’il y a ici un problĂšme majeur. Comme les autres gĂ©ants numĂ©riques, Facebook s’est appuyĂ© sur la valeur de ses actions et les marges dĂ©gagĂ©es par son activitĂ© d’origine pour acheter toute une sĂ©rie de jeunes pousses qui risquaient de lui faire de l’ombre si jamais elles venaient Ă  grandir. RĂ©sultat de ces achats prĂ©dateurs : la concurrence s’étiole aux

Etats-Unis, comme l’ont montrĂ©de nombreux travauxacadĂ©miques – et un livre publiĂ©l’an dernier par ThomasPhilippon, un Ă©conomistefrançais travaillant Ă  New York.VoilĂ  pourquoi les autoritĂ©sdemandent la sĂ©paration desdiffĂ©rentes activitĂ©s deFacebook, que le groupe s’estbien sĂ»r ingĂ©niĂ© Ă  intĂ©grer demaniĂšre inextricable commel’avait fait auparavant Microsoft.

Le problĂšme est cependantplus profond. Car la puissanced’un Google ou d’un Facebookvient de son rĂ©seau. La cessionde filiales n’est qu’un premierpas vers la remise en cause d’unpouvoir excessif. Il faudra allerplus loin. Certains rĂȘvent audĂ©mantĂšlement, comme celuiqui avait Ă©clatĂ© le pĂ©trolierStandard Oil en 34 morceaux il y a plus d’un siĂšcle, ou celui qui avait divisĂ© AmericanTelephone and Telegraph enhuit entitĂ©s, en 1982.

Mais ce n’est pas la solution. Contrairement au pĂ©trole ou aux tĂ©lĂ©coms, un rĂ©seau numĂ©rique est une activitĂ© Ă  rendement croissant. Plus nous nous servons du moteur de recherche Google, mieux il travaille. Son Ă©clatement en dix mini-Google entraĂźnerait une baisse inutile d’efficacitĂ©. Il va donc falloir inventer un nouvel outil contre les monopoles numĂ©riques. Il passera vraisemblablement par l’accĂšs Ă  leurs donnĂ©es. A premiĂšre vue, cette piste semble impossible. Mais aprĂšs tout, la directive europĂ©enne DSP2 a imposĂ© aux banques l’accĂšs des fintechs Ă  leurs donnĂ©es. Comme l’expliquait l’historien Fernand Braudel, le capitalisme aspire au monopole mais son efficacitĂ© passe par l’action des pouvoirs publics pour l’empĂȘcher d’y parvenir. Le capitalisme numĂ©rique n’échappe pas Ă  cette rĂšgle.

(Lire nos informationsPage 27

L’ÉDITORIAL DES « ÉCHOS »

Premier pas contre les néomonopoles

L’offensive des autoritĂ©s amĂ©ricaines contre Facebook vise Ă  contraindre le gĂ©ant amĂ©ricain Ă  cĂ©der des activitĂ©s.

Par Jean-Marc Vittori

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RETOUR SUR LA TERRE FERME Kevin Escoffier a posĂ© le pied Ă  terre Ă  La RĂ©union, dix jours aprĂšs son naufrage. Le marin, dont le bateau s’était brisĂ© en deux le30 novembre, est arrivĂ© jeudi matin sur l’üle, aprĂšs avoir Ă©tĂ© sauvĂ© par un autre concurrent, Jean Le Cam, puis avoir Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ© par la frĂ©gate « NivĂŽse » il y a quatrejours. Le skipper, qui garde le sourire, vĂȘtu d’une tenue de la Marine nationale, a expliquĂ© qu’il Ă©tait « partagĂ© entre la dĂ©ception d’avoir dĂ» abandonner le VendĂ©e Globe »et le fait d’avoir vĂ©cu « une belle histoire humaine avec Jean Le Cam [...] et une belle histoire humaine avec les marins sur le “NivĂŽse” ». Photo Richard Bouhet/AFP

DERNIÈRE HEURE

Liban : le Premier ministre inculpé

'CATASTROPHE – Quatremois aprĂšs le drame, le jugelibanais chargĂ© de l’enquĂȘte

sur l’explosion dĂ©vastatrice au port de Beyrouth a inculpĂ©, jeudi, le Premier ministre dĂ©missionnaire Hassan Diab et trois ex-ministres pour nĂ©gligence. L’enquĂȘte a confirmĂ© qu’ils avaient reçu « plu-sieurs rapports Ă©crits les mettant en garde contre tout atermoiement pourse dĂ©barrasser du nitrate d’ammo-nium », a prĂ©cisĂ© une source judi-ciaire. Les autoritĂ©s libanaises auraient arrĂȘtĂ© vingt-cinq person-nes, notamment des responsables du port et des douanes.

Le Maroc renoue avec Israël

'DIPLOMATIE – Le Maroca confirmĂ© jeudi qu’il allait « reprendre des relations

diplomatiques » avec Israël « dans les meilleurs délais », et qualifié de « prise de position histo-rique » la décision de Washington de reconnaßtre la souveraineté marocaine sur le territoire disputé du Sahara occidental. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a salué jeudi soir un accord de normalisation « histori-que » avec le Maroc et évoqué la mise en place sous peu de « vols directs ». Le Hamas dénonce un « péché politique » .

LFI lance un nouveau réseau social pour soutenir Mélenchon

'POLITIQUE – La Franceinsoumise a lancĂ© un nou-veau « rĂ©seau social

d’action » pour la campagne de Jean-Luc MĂ©lenchon en vue de la prĂ©sidentielle de 2022, baptisĂ© « Action populaire » et « ouvert Ă  toutes les personnes ayant apportĂ© leur soutien » Ă  sa candidature. Le leader LFI avait conditionnĂ© sa candidature Ă  une « investiture populaire » de 150.000 personnes. De l’aveu du parti, la crĂ©ation de ce rĂ©seau est aussi une maniĂšre de compenser la difficultĂ© Ă  faire campagne en temps de Covid.

En soutien aux OuĂŻghours, Griezman rompt avec Huawei

'FOOTBALL – Le footballeurfrançais Antoine Griez-mann a annoncĂ© jeudi

mettre « un terme immĂ©diat Ă  [son] partenariat » avec Huawei, invo-quant des « forts soupçons » sur la participation du gĂ©ant des tĂ©lĂ©-coms chinois Ă  la surveillance de la minoritĂ© musulmane ouĂŻghoure par les autoritĂ©s chinoises. L’atta-quant de Barcelone et des Bleus, qui avait un contrat avec la mar-que depuis 2017, appelle Huawei Ă  « engager au plus vite des actions concrĂštes pour condamner cette rĂ©pression de masse ».

«La terrasse» par Antonio Giovanni pour «Les Echos»

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Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020www.lesechos.fr

AVIS FINANCIERCegedim, 25

Vincent Collen @VincentCollen

Un cap symbolique est franchi. Jeudi, le baril de brent a cotĂ© plus de 50 dollars, pourla premiĂšre fois depuis le dĂ©but du mois de mars, au dĂ©but de la pandĂ©mie. Il Ă©tait en hausse de prĂšs de 4 % en fin d’aprĂšs-midi, portĂ© par l’espoir d’une diffusion prochainedes vaccins contre le Covid-19 dans un nom-bre croissant de pays. Le baril de WTI amĂ©-ricain Ă©tait Ă©galement au plus haut depuis lafin de l’hiver, Ă  plus de 47 dollars.

« Les traders saluent le dĂ©but des campa-gnes de vaccination d’ici quelques jours aux Etats-Unis et au Canada, Ă©crit Bjornar Ton-haugen, du cabinet Rystad Energy. C’est bien plus rapide que ce qu’on attendait il y a seulement quelques semaines. » Le brent est aussi portĂ© par la perspective d’un nouveauplan d’aide aux mĂ©nages et aux entreprises aux Etats-Unis.

Autre stimulus, l’accord signĂ© entrel’Opep et la Russie la semaine derniĂšre. FaceĂ  une consommation qui tarde Ă  repartir, les 23 pays exportateurs ont dĂ©cidĂ© d’aug-menter leur production dans une propor-tion nettement moins importante que prĂ©vu dĂ©but 2021.

Retour Ă  la normale en IndeLa demande est soutenue en Chine et en Inde, respectivement premier et troisiĂšme importateur mondial de brut. Le raffineur Indian Oil estime que la consommation de produits pĂ©troliers est pratiquement reve-nue Ă  la normale en Inde. Au BrĂ©sil, la con-sommation de carburants a mĂȘme dĂ©passĂ©son niveau d’avant la pandĂ©mie. Enfin, les cours du brut sont tirĂ©s par la faiblesse du dollar, qui rend l’or noir moins cher pour lesgrands pays consommateurs.

L’optimisme des marchĂ©s est d’autantplus remarquable que les derniĂšres statisti-

ques sur la demande de pĂ©trole sont loin d’ĂȘtre rassurantes. Aux Etats-Unis, les stocks de brut sont repartis Ă  la hausse, inversant une tendance Ă  la baisse depuis lemois de juillet. Ils ont augmentĂ© de plus de 15 millions de barils en une semaine, un volume qualifiĂ© d’« Ă©norme » par les analys-tes de HSBC. Les stocks amĂ©ricains se situent dĂ©sormais 11 % au-dessus de leur n i ve a u m o ye n d e s c i n q d e r n i Ăš r e s

annĂ©es. PĂ©nalisĂ©e par les mesures de confi-nement, la consommation d’essence faiblit outre-Atlantique.

Des stocks Ă  Ă©coulerLe cours du brent reste encore loin des 70 dollars frĂŽlĂ©s en dĂ©but d’annĂ©e. Il reste tiraillĂ© entre les bonnes nouvelles sur les vaccins et les mauvaises sur le regain des contaminations en Europe et aux Etats-

JCAC 405.549,65 points0,051 % n

DOW JONES30.010,66 points-0,1934 % J

EURO/DOLLAR1,2118 $0,2897 % J

ONCE D’OR1.844,35 $0,1412 % J

PÉTROLE (BRENT)50,8 $3,7158 %

DEVISES EUR/GBP 0,9116 EUR/JPY 126,384 EUR/CHF 1,0758 GBP/USD 1,3291 USD/JPY 104,304 USD/CHF 0,8878 TAUX EONIA -0,474 LIFFE EURIBOR 3 MOIS -0,545 OAT 10 ANS -0,4324 T-BONDS 10 ANS 0,9389

ÉNERGIE

Amazon 27Apple 27Arriva 22AT&T 28Avions Mauboussin 32BYD 25Canal+ 28CIC 34Crédit Agricole 30Crédit Mutuel 34Crunchyroll 28

Eurorail 22Facebook 27Flixtrain 22Fnaim, 18Foncia 18Fondation Groupe Primonial 25Froilabo 31Funimation Global Group 28Geely 25Google 27

Gorgias 30HermĂšs 24Instagram 27LaforĂȘt 18McLaren 22Mediapro 28Nodalview 18Renfe 22Saic 25Shang Xia 24SNCF 22

Société Générale 34Sony 28Thello 22Toyota 25Transdev 22WarnerMedia 28WhatsApp 27Whympr 30

= LES ENTREPRISES CITÉES

l’essentiel

Stép

hane

de S

akut

in/A

FP

L’ouverture des lignes TGV Ă  la concurrence tourne au fiascoA partir de ce week-end, les concurrents Ă©trangers de la SNCF peuvent lĂ©galement inaugurer des lignes TGV domes-tiques en France, mais aucune compagnie ne viendra contes-ter le monopole de l’entreprisepublique. // P. 22

L’appli Whympr Ă  la conquĂȘte des passionnĂ©s de montagneL’interdiction d’utiliser les remon-tĂ©es mĂ©caniques favorise l’essor des autres disciplines, tels l’escalade ou le ski de randonnĂ©e. BasĂ©e Ă  Chamonix, Whympr veut s’imposer comme un outil de rĂ©fĂ©rence Ă  la montagne. // P. 30

Covid-19 : les logisticiens du froid dans les starting-blocks pour transporter les vaccinsLe convoyage de millions de doses de

vaccins est une opportunité pourla chaßne du froid française.

Les acteurs logistiques atten-dent le cahier des chargesde l’Etat. // P. 31

Bruxelles veut imposerdes batteries

électriques « propres »Des critÚres environnementaux

seront fixĂ©s Ă  partir de juillet 2027sur l’ensemble de la chaĂźne de vie des bat-teries. Les batteries ne respectant pas cesnormes seront « interdites » sur le marchĂ©unique, a prĂ©venu Thierry Breton. // P. 36

Enrique Moreira @EnriqueMoreira

C’est une journĂ©e importante pour Pfizer et BioNTech. Tandis qu’un comitĂ© d’experts amĂ©ricains indĂ©pendants a commencĂ©, jeudi, Ă  examiner les donnĂ©esdu vaccin contre le Covid-19, les rĂ©sultats de l’essai clinique de phase III de ce mĂȘmetraitement viennent d’ĂȘtre publiĂ©s dans le « New England Journal of Medecine », une revue fonctionnant sur le systĂšme dit « de relecture par les pairs » et la plus cotĂ©e aux Etats-Unis. Mieux encore, deux responsables de la publication y voient un « triomphe » du vaccin, Ă©crivent-ils dans un Ă©ditorial.

EfficacitĂ© et sĂ©curitĂ© confirmĂ©esDes propos de bon augure quant Ă  l’avisque rendra le comitĂ© d’experts amĂ©ri-cains. Les conclusions de ce dernierdoivent permettre Ă  l’agence de santĂ©amĂ©ricaine (FDA) de rendre sa dĂ©ci-sion sur la demande d’autorisation

CORONAVIRUS

Le pétrole repasse la barre symbolique des 50 dollars le baril

Unis, relĂšvent les analystes de la banque MUFG. La poursuite de la hausse des prix « demandera de la patience, Ă©tant donnĂ© l’importance des stocks qui mettront du tempsĂ  ĂȘtre Ă©coulĂ©s sur le marchĂ© », prĂ©viennent-ils.

La demande planĂ©taire est encore bieninfĂ©rieure Ă  la normale. Elle s’établirait actuellement Ă  92 millions de barils par jour, estime MUFG, soit encore 7,5 % de moins qu’à la mĂȘme Ă©poque l’an dernier. n

En fin d’aprĂšs-midi jeudi, le baril de brent s’échangeait Ă  50,80 dollars, en hausse de prĂšs de 4 %.

Sharon Wajsbrot @Sharonwaj

Comme un air de dĂ©jĂ -vu. Face aux diffi-cultĂ©s d’Areva SA, l’ancien holding du champion du nuclĂ©aire devenu sa structure de dĂ©faisance, chargĂ©e d’achever la construction du rĂ©acteur EPR vendu au finlandais TVO, l’Etat doit Ă  nouveau jouer les pompiers. Selon nos informations, le gouverne-ment a validĂ© le principe du rachat d’une partie des titres qu’Areva SA dĂ©tient au capital d’Orano pour lui Ă©vi-ter d’entrer en cessation de paiements dĂšs le printemps prochain.

« L’Etat est d’accord sur le principesous rĂ©serve qu’un nouvel accord soittrouvĂ© avec les Finlandais », expliqueune source proche d’Areva. Dansles dĂ©tails, l’Etat pourrait racheterjusqu’à 16 % des titres qu’Areva SAdĂ©tient au capital d’Orano pourune valorisation comprise entre600 et 800 millions d’euros. « Lesdiscussions sur la valorisation deces titres, comme les discussionsavec les Finlandais, sont toujoursen cours », prĂ©cise cette source.

Pour Areva SA, il y avait urgence.EmpĂȘtrĂ© dans son chantier finlandais,que beaucoup considĂšrent dĂ©sormais comme un fiasco industriel, le groupe risque, comme l’a rĂ©vĂ©lĂ© « Le Canard enchaĂźnĂ© », la cessation de paiements dĂšs le mois d’avril prochain. En cause :le nouveau report de mise en service de ce rĂ©acteur annoncĂ© au printemps dernier Ă  cause de l’impact du Covid-19et, surtout, de nouveaux problĂšmes techniques. Ce Ă©niĂšme alĂ©a a fait Ă  nou-veau exploser la facture de ce chantierqui a plus de dix ans de retard. L’accordconclu en 2018 entre Areva et son client, l’électricien TVO, prĂ©voyait d’importantes pĂ©nalitĂ©s en cas de nou-veaux retards. Outre le versement de 450 millions d’euros d’Areva Ă  TVO, il fixait Ă  20 millions d’euros les pĂ©nali-tĂ©s par mois (dans la limite de 400 mil-lions d’euros) si le rĂ©acteur n’était pas mis en service Ă  partir du 1er janvier 2020. « Le calendrier de cet accord est obsolĂšte, comme ses clauses de sanc-tions, il faut le renĂ©gocier », indique unesource chez Areva.

GrĂące Ă  ce transfert de titres, ArevaSA espĂšre pouvoir couvrir les coĂ»ts de l’achĂšvement de son chantier finlandais, prĂ©vu dĂ©sormais pour fĂ©vrier 2022. Pour l’Etat, principal actionnaire d’Areva SA, il n’y avait pas vraiment d’autres solutions. L’entrĂ©e enBourse d’Orano, explorĂ©e ces derniers mois, aurait pu permettre Ă  Areva SA de se renflouer, car ce dernier dĂ©tient 40 % du capital du spĂ©cialiste du retrai-tement du combustible nuclĂ©aire. Toutefois l’opĂ©ration est loin d’ĂȘtre Ă©vidente. Par ailleurs, une recapita-lisation directe d’Areva SA par les pou-voirs publics aurait Ă©tĂ© incompatible avec le droit europĂ©en. n

NuclĂ©aire :l’Etat porteĂ  nouveau secours Ă  ArevaÉNERGIE

Pour l’Etat, principal actionnaire d’Areva SA, il n’y avait pas vraiment d’autres solutions.

d’utilisation d’urgence dĂ©posĂ©e parPfizer et BioNTech.

Les rĂ©sultats publiĂ©s par la revue scien-tifique confirment l’efficacitĂ© du vaccin. Les participants vaccinĂ©s avaient 95 % de risque en moins de contracter le Covid-19.Surtout, l’efficacitĂ© Ă©tait similaire quels que soient l’ñge, le sexe, l’origine ethnique,le poids ou la prĂ©sence de pathologies. A la mi-novembre, les deux laboratoires avaient annoncĂ© les mĂȘmes rĂ©sultats dans un communiquĂ© de presse. La com-munautĂ© scientifique avait alors appelĂ© Ă  la prudence en l’absence des donnĂ©es complĂštes. Cette fois, tout y est. Et mĂȘme si les responsables de la revue reconnais-sent des « problĂšmes mineurs » dans les donnĂ©es, ils estiment que « les rĂ©sultats del’essai sont suffisamment impressionnantspour rester valables ».

Reste toutefois des questions en sus-pens auxquelles seul le temps pourra rĂ©pondre : combien de temps le vaccin sera efficace ? Des problĂšmes de sĂ©curitĂ© apparaĂźtront-ils au cours d’une campagneĂ  grande Ă©chelle ? Ou encore, l’inconnue sur la capacitĂ© du vaccin Ă  prĂ©venir les for-mes asymptomatiques de la maladie. n

Les résultats du vaccin de Pfizer-BioNTech publiés dans une revue scientifique

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AFP

Page 18: Les Echos - 11 12 2020

« Le marchĂ© de l’immobilier de luxe se porte Ă©tonnamment bien ! » Tel est le constat dressĂ© par Alexander Kraft, directeur gĂ©nĂ©ral de Sothe-by’s International Realty pour la France et Monaco. « Lors du pre-mier dĂ©confinement au printemps, ily a eu une vĂ©ritable vague d’activitĂ©. L’étĂ© est restĂ© trĂšs actif un peu par-tout en France. Nous avons mĂȘme rattrapĂ© les deux mois d’inactivitĂ© et en septembre, nous Ă©tions en train dedĂ©passer les rĂ©sultats de 2019 », se fĂ©licite-t-il.

En novembre, le second confine-ment a ralenti le mouvement. Maisil n’a pas eu le mĂȘme impact que le premier, car les signatures chez le notaire ont toutes pu ĂȘtre mainte-nues et le rĂ©seau avait eu le temps de se roder Ă  l’organisation de visi-tes Ă  distance. « Depuis la reprise desvisites physiques [le 28 novembre, NDLR], nous avons vu dĂ©ferler une nouvelle vague. Nous avons plein de transactions dans les tuyaux et je crois que la fin 2020 sera la fin d’annĂ©e la pus active que nous ayonsconnue depuis vingt ans », poursuit Alexander Kraft. Il prĂ©voit mĂȘme de dĂ©passer en 2020 les performan-

ces secondaires Ă  la campagne ou en bord de mer.

Le segment du trĂšs haut degamme – les biens Ă  un tarif supĂ©-rieur Ă  20 millions d’euros – sur lequel les clients Ă©trangers surtoutnon europĂ©ens sont traditionnel-lement plus nombreux, connaĂźt, lui, quelques difficultĂ©s. « La clien-tĂšle moyen-orientale est toujours prĂ©sente. Nous voyons aussi quel-ques Africains. Mais il n’y a plus d’Asiatiques, et surtout les AmĂ©ri-cains, qui sont les clients principauxpour l’ultraluxe, ont disparu », indi-que Charles-Marie Jottras.

« Les AmĂ©ricains sont absents.Mais nous avons quand mĂȘmequelques acheteurs français – sou-vent des entrepreneurs de la tech –des Chinois de Hong Kong, desQataris, des Mexicains, des Suisses.Nous avons mĂȘme eu des Japonaisqui nous ont achetĂ© trois apparte-ments sur simple visite virtuellepour un investissement locatif »,raconte SĂ©bastien Kuperfis. Iladmet cependant que le nombrede mandats pour ce type de biensa diminuĂ©, certains vendeursayant prĂ©fĂ©rĂ© reporter leur projet.

Sur le segment intermĂ©diaire– les transactions de 5 Ă  20 mil-lions – les Français ont pris le relaisdes Ă©trangers. « Notamment pour les biens situĂ©s sur la cĂŽte d’Azur ou Ă la montagne – Courchevel, MĂ©ri-bel
 – pour lesquels justement ils nesont plus en concurrence avec les

Une excellente annĂ©e pour le haut de gammeLe secteur du luxe devrait enregistrer une trĂšs bonne annĂ©e 2020, en dĂ©pit de la crise sanitaire. Les Français ont pris le relais des Ă©trangers, sauf sur le segment de l’ultraluxe.

permettre de rĂ©aliser une pre-miĂšre sĂ©lection de biens. « Elles sont particuliĂšrement utiles en amont pour nos clients pressĂ©s et qui ont une vision trĂšs prĂ©cise de cequ’ils dĂ©sirent. Elles servent aussi p o u r l e s re v i s i t e s » , s o u l i -gne Yann JĂ©hanno.

Meilleur taux de conversionLors du rĂ©cent congrĂšs de la fĂ©dĂ©ration des agents immobi-liers Fnaim, Thomas Lepelaars, dirigeant de Nodalview, entre-prise proposant des solutions devisites virtuelles, expliquait que ces derniĂšres « permettent de prĂ©-qualifier un projet, et d’augmenter la qualitĂ© et le taux de conversion des visites physiques. Les propriĂ©-taires sont aussi moins ennuyĂ©s et, avec moins de passages, il y a moinsde risque que le logement soit mal rangĂ©, ce qui permet aux profession-nels de prĂ©senter le bien sous son meilleur jour ».

Pour les agents immobiliers,c’est Ă©galement un gain de temps pour prospecter. Sauf Ă  prĂ©fĂ©rer Ă  la simple visite virtuelle – avec un a s s e m b l a g e d e p h o t o s Ă  360 degrĂ©s – ou Ă  la vidĂ©o une « visiovisite ». Dans ce dernier cas,l’agent immobilier est sur place etguide le visiteur Ă  distance via un systĂšme de visioconfĂ©rence. « Le client peut lui demander d’ouvrir une fenĂȘtre pour se rendre compte du bruit dans la rue ou un placard pour en observer la profondeur. C’est encore plus intĂ©ressant », estime le prĂ©sident de LaforĂȘt. Pour lui, visites virtuelles et visio-visites vont dĂ©sormais « s’insĂ©rer dans le parcours client ». D’ailleurs,mĂȘme la clientĂšle de l’immobilier de luxe s’y est mise. Les futurs locataires et les acheteurs passe-ront, selon leurs besoins, du rĂ©el au virtuel. Hormis quelques rĂ©cal-citrants qui continuent Ă  ne jurer que par la visite physique. — E. Di.

Les visites virtuelles d’apparte-ments et de maisons ne sont plus anecdotiques. La crise sanitaire etles deux confinements, durant lesquels les visites physiques ont Ă©tĂ© momentanĂ©ment Ă  l’arrĂȘt, leuront donnĂ© un coup d’accĂ©lĂ©rateur.Une transformation de la façon detravailler des agents immobiliers est mĂȘme Ă  l’Ɠuvre – alors que cette pratique en laissait jusqu’à prĂ©sent certains sceptiques. « Nos agences sont dĂ©sormais, peu ou prou, toutes Ă©quipĂ©es pour faire de la visite virtuelle. Et de 50 % Ă  60 % disposent d’équipements trĂšs poin-tus », estime Yann JĂ©hanno, prĂ©si-dent de LaforĂȘt.

Locations bouclĂ©es Ă  distance« Toutes nos annonces en ligne auront leur visite en 3D dĂšs le cou-rant de l’annĂ©e prochaine », indiquede son cĂŽtĂ© celui de Foncia, Phi-lippe Salle. Le dirigeant se fĂ©licite d’ĂȘtre dĂ©jĂ  parvenu Ă  boucler Ă  dis-tance un certain nombre de loca-tions cette annĂ©e, en particulier pour de petites surfaces. « DĂ©sor-mais, une partie du marchĂ© va pou-voir se faire sans visite physique. Il yaura bien un avant et un aprĂšs crisedu Covid-19 », affirme-t-il.

Pour une acquisition immobi-liĂšre, la visite sur place reste encore incontournable. « Il s’agit quand mĂȘme d’un acte de vie. Et l’acheteur a besoin de sentir les lieux », poursuit Philippe Salle. Mais les visites virtuelles peuvent

La visite virtuelle et la visite en visioconfĂ©rence viennent bousculer les habitudes de travail des agents immobiliers. Elles permettent une prĂ©sĂ©lec-tion des biens, mĂȘme si, au moins dans le cas d’un achat, la visite physique reste incontournable.

Avec les confinements, les visites virtuelles ont pris leur envol

res des notaires du Grand Paris, le marchĂ© commence peut-ĂȘtre aussi Ă  se rĂ©guler » aprĂšs l’euphorie de 2019.

CĂŽtĂ© prix, la hausse sur un an, Ă  lafin septembre, atteint 6,5 % pour lesappartements et 4,2 % pour les mai-sons. S’agissant des appartements, les projections pour le quatriĂšme trimestre laissent prĂ©sager d’une poursuite de la hausse, plus pro-noncĂ©e en province (+7,1 %) qu’en rĂ©gion parisienne (+6,1 %). La hausse du prix des maisons attein-drait 5,8 % en Ile-de-France, et 6,1 %en rĂ©gions.

Prix en hausse dans toutes les grandes villesLes prix ont augmentĂ© dans toutes les grandes villes de France. Avec des hausses spectaculaires Ă  Rennes(+14,4 % sur un an), Nantes (+13,2 %)ou Lyon (+10,6 %). A Paris, la hausse s’est Ă©tablie Ă  7,6 %. L’évolution plus modĂ©rĂ©e Ă  Bordeaux (+2,2 %) inter-vient aprĂšs plusieurs annĂ©es de forteaugmentation. RĂ©sultat : le pouvoir d’achat immobilier des Français est partout en baisse.

Le premier confinement n’a pasprovoquĂ© d’« exode urbain », note FrĂ©dĂ©ric Violeau. Mais il admet que certaines rĂ©gions, en particulier proches de l’Ile-de-France, ont profitĂ© de la recherche de verdure et d’espace de certains citadins. C’est le cas de la Norman-die, du Centre-Val de Loire et de la Bourgogne-Franche-ComtĂ©. La baisse des locaux parmi les acquĂ©-reurs de maisons y a atteint 3 pointspour la premiĂšre et deux pour les deux autres. Les dĂ©partements de l’Yonne (+9 points), de l’Eure et de l’Orne (+6 points chacun) se sont avĂ©rĂ©s particuliĂšrement prisĂ©s.

Finalement, si le marchĂ© du loge-ment ancien se porte bien, c’est qu’ilreste « un marchĂ© d’utilisateurs, que la volontĂ© des Français d’accĂ©der Ă  lapropriĂ©tĂ© est toujours forte, que l’attrait de la pierre demeure et que le

crĂ©dit immobilier reste peu cher », a conclu FrĂ©dĂ©ric Violeau, mĂȘme s’il a constatĂ© que les conditions d’accĂšs au crĂ©dit s’étaient durcies ces derniers mois. « Le relatif main-tien des volumes sur les avant-contrats augure d’un premier tri-mestre 2021 relativement solide », a-t-il ajoutĂ©.

Mais, a-t-il prĂ©venu, « le marchĂ©de l’immobilier ne pourra rester Ă©ter-nellement dĂ©corrĂ©lĂ© d’une crise Ă©co-nomique qui deviendrait endĂ©mi-que ». Autrement dit, la rĂ©sistance constatĂ©e aujourd’hui ne durera peut-ĂȘtre pas indĂ©finiment
 n

l Le marchĂ© du rĂ©sidentiel ancien n’a baissĂ© que de 5 % sur un an Ă  la fin septembre 2020, selon les notaires.l Les prix sont en hausse de 6,5 % pour les appartements, et de 4,2 % pour les maisons.

Immobilier : le marchĂ© du logement rĂ©siste pour l’instant Ă  la crise

Elsa Dicharry @dicharry_e

La crise sanitaire n’aura affectĂ© que faiblement le marchĂ© de l’immobi-lier rĂ©sidentiel ancien en France en 2020. Selon les chiffres des notairespubliĂ©s jeudi, le nombre de transac-tions n’a baissĂ© que de 5 % sur un anĂ  la fin septembre, Ă  990.000. Sachant que 2019 avait Ă©tĂ© une annĂ©e exceptionnelle.

« On ne peut que constater la rĂ©si-lience remarquable du marchĂ© », a commentĂ© FrĂ©dĂ©ric Violeau, prĂ©si-dent de l’Institut notarial de droit immobilier (Indi). AprĂšs un dĂ©mar-rage de l’annĂ©e en fanfare, le pre-mier confinement a marquĂ© un coup d’arrĂȘt brutal Ă  l’activitĂ©. Mais, juste aprĂšs, de la mi-mai Ă  la mi-aoĂ»t, l’effet de rattrapage a Ă©tĂ© spec-taculaire. Puis l’activitĂ© a repris son rythme de croisiĂšre. Y compris lors du confinement de novembre, moins strict que le premier, au coursduquel les offices notariĂ©s ont pu rester ouverts, et les dĂ©mĂ©nage-ments Ă©tĂ© autorisĂ©s. La signature des actes Ă  distance a aussi Ă©tĂ© pĂ©rennisĂ©e.

DĂ©but de rĂ©gulation aprĂšs l’euphorie de 2019Les notaires notent nĂ©anmoins que la baisse du nombre de transactionssur un an s’est accentuĂ©e au fil des mois : elle Ă©tait de 0,7 % Ă  la fin juin, de 3,7 % Ă  la fin juillet, de 4,6 % Ă  la finaoĂ»t et donc de 5 % Ă  la fin septem-bre. Selon les projections Ă©tablies sur la base des avant-contrats signĂ©s, Ă  la fin dĂ©cembre, la rĂ©duc-tion devrait atteindre 8 % sur un an.« La dĂ©cĂ©lĂ©ration constatĂ©e ne peut ĂȘtre imputĂ©e exclusivement Ă  la crise sanitaire, tempĂšre cependant Elo-die FrĂ©mont, membre de la com-mission des statistiques immobiliĂš-

IMMOBILIER

« La volontĂ© des Français d’accĂ©der Ă  la propriĂ©tĂ© est toujours forte, l’attrait de la pierre demeure et le crĂ©dit immobilier reste peu cher. »FRÉDÉRIC VIOLEAUPrĂ©sident de l’Institut notarial de droit immobilier

acheteurs Ă©trangers qui ont tendanceĂ  surenchĂ©rir », assure Alexander Kraft. « Nous avons programmĂ© de nombreuses visites en janvier pour des clients Ă©trangers », note en outrele patron de Junot. D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le premier trimestre 2021 s’annonce encore trĂšs dynamique pour l’immobilier de prestige. D’autant qu’en cette pĂ©riode d’incertitudes, la pierre est une valeur refuge pour les clients fortu-nĂ©s. — E. Di.

« Les AmĂ©ricains sont absents. Mais nous avons quand mĂȘme quelques acheteurs français – souvent des entrepreneurs de la tech – des Chinois de Hong Kong, des Qataris, des Mexicains, des Suisses... »SÉBASTIEN KUPERFISDirecteur gĂ©nĂ©ral de Junot Immobilier

ces de 2019. SĂ©bastien Kuperfis, le directeur gĂ©nĂ©ral de Junot Immo-bilier, spĂ©cialiste des biens haut de gamme basĂ© Ă  Paris et Neuilly-sur-Seine, table, de son cĂŽtĂ©, sur un nombre de transactions en 2020 identique Ă  celui de 2019. Mais « avec un chiffre d’affaires en haussede 20 % du fait de l’augmentation desprix et du panier moyen ». Il note unrĂ©Ă©quilibrage du marchĂ© parisien, avec moins d’acheteurs qu’aupara-vant, mais davantage de vendeurs. « Nous n’avions jamais eu autant de biens Ă  vendre », assure-t-il.

Le prĂ©sident de Daniel FĂ©au,Charles-Marie Jottras, est moins dithyrambique. Il anticipe une baisse de 13 % ou 14 % du nombre detransactions sur l’annĂ©e du fait de lacrise sanitaire. En dĂ©pit d’un mois de dĂ©cembre qui « s’annonce fort ». Les ventes Ă  Paris ont Ă©tĂ© un peu plus difficiles dans son rĂ©seau. « Notre agence d’Aix-en-Provence a trĂšs bien marchĂ© cette annĂ©e, note-t-il en revanche. Nous avons vendu beaucoup de propriĂ©tĂ©s de 2 Ă  3 mil-lions d’euros en Provence Ă  des Pari-siens. » Dans l’ensemble, les profes-sionnels du secteur constatent un net engouement pour les rĂ©siden-

Le premier trimestre 2021 s’annonce encoretrùs dynamique.

ENTREPRISES Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos

Page 19: Les Echos - 11 12 2020

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20 // ENTREPRISES Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos

fabrication de whisky, les Français en sont les plus gros consomma-teurs au monde.

Nombreux sont d’ailleurs ceuxs’étant lancĂ©s dans l’aventure. Ainsi, on ne recense pas moins de 85 dis-tilleries Ă  ce jour dans l’Hexagone. Une myriade de petites entreprises familiales, Ă©parpillĂ©es sur l’ensem-ble du territoire, plutĂŽt haut de gamme. Toutes jouent la carte de l’identitĂ© rĂ©gionale. La pionniĂšre et la plus grosse, Warenghem (Armo-rik), est nĂ©e en 1983, Ă  Lannion en Bretagne. Elle emploie 13 salariĂ©s et produit 250.000 bouteilles, essen-tiellement pour le marchĂ© domesti-que oĂč il s’en consomme au total quelque 200 millions chaque annĂ©e,selon le prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration française du whisky, Philippe JugĂ©. Trois rĂ©gions comptent chacune une bonne dizaine de distilleries, la Bretagne, l’Alsace et l’Occitanie.

Servi en exclusivitĂ© Ă  la table de l’ElysĂ©e« Les spiritueux sont une industrie demarques dans laquelle il est difficile de se lancer Ă  l’international avec des petits moyens », constate ce respon-sable. La production française n’en est pas moins riche d’une extrĂȘme diversitĂ©. « Chaque whisky est trĂšs diffĂ©rent des autres », dit Philippe JugĂ©. Les Bienheureux ont voulu y apporter leur touche personnelle enlançant le premier triple malt trico-lore, fruit d’un assemblage prove-nant de trois distilleries diffĂ©rentes : l’une en Alsace, une autre dans le Nord – dont Les Bienheureux ont rachetĂ© le stock – et la troisiĂšme prĂšsde Cognac. A la diffĂ©rence des autresqui insistent sur leur origine locale, ce whisky se veut d’abord français. Une signature qui devrait susciter l’intĂ©rĂȘt Ă  l’étranger, oĂč Les Bienheu-reux entendent se faire connaĂźtre. « Les whiskies français commencent Ă  ĂȘtre connus en dehors des frontiĂš-res », assure Philippe JugĂ©.

La gamme de triple malt Belle-voye s’est ouvert les portes de l’Ely-sĂ©e, oĂč elle a le privilĂšge de l’exclusi-

vitĂ©. Tout comme sur les vols La PremiĂšre et classe Affaires d’Air France. Le chiffre d’affaires des Bienheureux a doublĂ© en deux ans Ă 10 millions d’euros. L’entreprise bordelaise, qui s’appuie sur le savoir-faire des grands crus du Bor-delais en matiĂšre d’élevage et d’assemblage, lance un coffret de trois whiskies vieillis en fĂ»t de chĂȘne, en barrique de calvados ou en barrique de vieille prune. Et pourcontinuer de surprendre, Les Bien-heureux vont d’ici Ă  quelques jours commercialiser un mĂ©lange dĂ©ton-nant de rhum (70 %) et de cognac (30 %). Sous la marque Thoreau, dunom du philosophe amĂ©ricain connu pour une forme d’excentri-citĂ© et de dĂ©sobĂ©issance. n

Bellevoye, symbole du dynamisme des whiskies françaisl Les Bienheureux ont crĂ©Ă© les premiers whiskies français « triple malt » sous la marque Bellevoye.l En deux ans, l’entreprise bordelaise s’est hissĂ©e au premier rang de ce marchĂ© en termes de chiffre d’affaires, raflant neuf mĂ©dailles d’or lors des concours internationaux.

du pays replient leurs budgets mar-keting. La bouteille de Hibiki 17 ans d’ñge se brade alors à 9.200 yens (73 euros) à Tokyo.

FlambĂ©e des prixA la fin 2020, quelques chanceux peuvent encore espĂ©rer trouver la mĂȘme bouteille Ă  60.000 yens (475 euros) dans la capitale nip-pone. La plupart des bars spĂ©ciali-sĂ©s sont, eux, en rupture de stock depuis que le groupe Suntory, sub-mergĂ© par la demande, a suspendu la vente de son alcool vedette pour propulser des mĂ©langes plus jeu-nes. En une dĂ©cennie, le whisky japonais a orchestrĂ© une entrĂ©e fra-cassante sur la scĂšne mondiale. « C’est une conjonction de facteurs », explique Liam McNulty, un expert basĂ© Ă  Tokyo, animateur de la plate-forme Nomunication. « Il y a eu les rĂ©compenses remportĂ©es, Ă  la fin des annĂ©es 2000, par plusieurs whiskys japonais dans des concours interna-tionaux mais aussi l’influence de JimMurray », dĂ©taille le spĂ©cialiste. Dans l’édition 2015 de sa « Whisky Bible », le critique anglais donne Ă  un single malt de Yamazaki vieilli en fĂ»t de cerisier le titre de « meilleur whisky de l’annĂ©e ».

Cette « victoire » fait flamber leprix de la bouteille et convainc les aficionados en Europe et aux Etats-Unis de goĂ»ter enfin aux produc-tions nippones, qu’ils avaient jus-

de production, plusieurs petites entreprises se sont lancĂ©es rĂ©cem-ment sur le marchĂ© en profitant d’un cadre rĂ©glementaire trĂšs laxiste. Rien ne dĂ©finissant claire-ment l’appellation « whisky japo-nais », ces sociĂ©tĂ©s importent en masse des whiskies bon marchĂ© duCanada ou des mĂ©lasses qu’elles remettent en bouteille dans l’archi-pel avant de les Ă©couler Ă  l’étranger sous la prestigieuse Ă©tiquette « Japanese Whisky ».

Plus fort que le sakĂ©Une pratique que dĂ©noncent de plus en plus d’acteurs japonais. A latĂȘte de ce mouvement de rĂ©sistance,M a m o r u Ts u c h i ya , l ’u n d e s meilleurs historiens du whisky japonais, vient de proposer au gou-vernement de mettre en place des rĂšgles plus strictes qui obligeraient les fabricants Ă  distiller au Japon ouĂ  vieillir leurs produits localement.

« Cela pourrait Ă©ventuellementinterpeller les autoritĂ©s qui ont sur-tout Ă©tĂ© intĂ©ressĂ©es jusqu’ici par les impĂŽts payĂ©s par les producteurs », suggĂšre l’animateur de Nomunica-tion. Il remarque que la valeur des exportations de whisky japonais va dĂ©passer pour la premiĂšre fois, sur 2020, la valeur des ventes de sakĂ© Ă  l’étranger. Une performancequi pourrait convaincre Tokyo d’enfin protĂ©ger l’intĂ©gritĂ© du whisky japonais. n

Le whisky japonais débordé par son succÚs

Yann Rousseau @yannsan

—Correspondant à Tokyo

Bill Murray n’y est pour rien. Lors-qu’il interprĂšte, en 2003, dans « Lostin Translation », un acteur amĂ©ri-cain dĂ©senchantĂ©, invitĂ© Ă  Tokyo Ă  jouer dans une publicitĂ© pour le whisky Suntory, les producteurs de single malt japonais sont au plus mal. Ils n’exportent presque pas, et leurs ventes dans le pays ne cessentde reculer. Les plus jeunes gĂ©nĂ©ra-tions prĂ©fĂ©rant les alcools blancs, les vins occidentaux et les canettes de chuhai (du shochu mĂ©langĂ© Ă  del’eau pĂ©tillante) bon marchĂ©.

Selon les autorités fiscales, lepays ne boit plus, au début des années 2000, que 150.000 litres de whisky par an, trÚs loin du pic de consommation de 408.000 litres enregistré en 1983. Des distilleries ferment, et les grands producteurs

Longtemps moquĂ©es en Occident, les productions japonaises connaissent un succĂšs spectaculaire depuis une dizaine d’annĂ©es.Les grandes distilleries, comme Suntory et Nikka, ne parviennent pas Ă  rĂ©pondre Ă  la demandeet de petites sociĂ©tĂ©s en profitent pour Ă©couler de « faux » whiskies japonais.

Marie-Josée Cougard @CougardMarie

« Le whisky, c’est de la biĂšre distillĂ©e ». La formule risque d’en choquer plus d’un, et elle en dit longsur l’esprit qui rĂšgne chez Les Bien-heureux, dont les cofondateurs, Alexandre Sirech et Jean Moueix, marient un discours volontiers provocateur avec la liturgie des grands crus. L’entreprise bordelaises’est lancĂ©e dans la production du whisky français en 2018, sous la marque Bellevoye, aprĂšs avoir testĂ© 150 whiskies dans le monde et fait travailler son dĂ©partement de recherche et dĂ©veloppement pendant deux ans.

Depuis, Les Bienheureux, quifont aussi le rhum El Pasador de Oro, un gin français bio et des vins iconoclastes, ont raflĂ© l’or dans les plus grands concours Ă  Paris, Bruxelles, Londres, Madrid, San F r a n c i s c o 
 r e m p o r t a n t 40 mĂ©dailles, dont neuf pour les whiskies. Un record mondial dans le secteur.

Les atouts français« On a longtemps laissĂ© les Ecossais dire que c’était la puretĂ© de l’eau qui faisait la qualitĂ© du whisky », dit, nonsans ironie, Alexandre Sirech. « Mais ce qui compte, c’est la maĂźtrisedu brassin », affirme-t-il. En clair, le contenu de la cuve dans laquelle onbrasse. Une conviction qui a con-duit les deux associĂ©s Ă  dĂ©tenir, depuis un an, Ă  la fois brasserie et distillerie afin de mener Ă  bien l’éla-boration du whisky Bellevoye. Car la France, Ă  la diffĂ©rence de l’Ecosse,dispose de la matiĂšre premiĂšre en abondance, comme plus gros pro-ducteur de malt dans le monde. EllebĂ©nĂ©ficie aussi d’une industrie de latonnellerie prospĂšre. Et s’il fallait un argument de plus pour encoura-ger les candidats Ă  se lancer dans la

SPIRITUEUX

David Barroux @DavidBarroux

Le hasard est parfois cruel, mais ilpeut aussi bien faire les choses. Lorsque, au lendemain de la crise Ă©conomique et financiĂšre de 2008, Eric Cordelle se retrouve au chĂŽmage, il n’a qu’une ambition : se relancer « en fabriquant quelqueque chose ». L’ingĂ©nieur Ă©tait ban-quier, il veut devenir entrepreneuret crĂ©er. Est-ce parce que, enfant, la chimie et les alambics le pas-sionnaient ? Est-ce parce qu’il a vĂ©cu dans un Japon qui a prouvĂ© que les Ecossais et les Irlandais n’avaient pas le monopole du whisky ? Ou est-ce juste parce queson Ă©pouse, Anne-HĂ©lĂšne, lui en asoufflĂ© l’idĂ©e ?

C’est sans doute un peu tous cesingrĂ©dients rĂ©unis qui vont faire que, finalement, il y a presque unedizaine d’annĂ©es, les Cordelle se lancent un dĂ©fi fou : eux qui, Ă  partun grand-pĂšre bouilleur de cru, n’ont aucun lien avec le monde de l’alcool dĂ©cident de produire un whisky made in France.

Le pari n’est cependant pastotalement insensĂ©. « Le whisky est le spiritueux le plus consommĂ© en France. On en achĂšte plus de 210 millions de bouteilles par an. Il y a donc un vĂ©ritable marchĂ©, et on peut produire toute l’annĂ©e », expli-que Eric Cordelle, qui, pour rĂ©us-sir son aventure entrepreneu-riale, ne se prĂ©cipite pas. « La clĂ©, c’était de commencer par trouver une bonne source d’eau, et on vou-lait aussi un beau lieu qui puisse ĂȘtre ouvert au public. On a donc misle temps avant de trouver une ancienne ferme sur les contreforts du Vercors, Ă  Saint-Jean-en-Royans », se souvient-il. Et pour sediffĂ©rencier sur un marchĂ© bien occupĂ©, les Cordelle vont faire plu-

Ancien banquier,Eric Cordelle et son épouse se sont installés dans le Vercors pour lancer un whisky bio haut de gamme, distillé à basse température.

Le Vercors dĂ©fie l’Ecosse

qu’alors moquĂ©es. InitiĂ© Ă  la boissonen 1853 par le commodore Mat-thew Perry, venu d’AmĂ©rique pour forcer l’archipel, alors isolĂ©, Ă  ouvrirdes relations diplomatiques et com-merciales avec l’Occident, le Japon a allumĂ© ses premiĂšres distilleries en 1923, suivant des techniques Ă©cossaises.

Une poignĂ©e de grands acteurscomme Suntory et Nikka y produit des alcools de qualitĂ© mais essen-tiellement destinĂ©s aux « sala-rymen » cherchant une boisson bon marchĂ©, Ă  partager avec des collĂšgues Ă  la sortie du bureau. « CessociĂ©tĂ©s ont donc Ă©tĂ© surprises par la soudaine envolĂ©e de la demande Ă  l ’ international , souffle Liam McNulty. Comme il faut entre cinq etdix ans de vieillissement en fĂ»t pour un whisky premium, elles n’ont aujourd’hui pas assez de rĂ©serves et doivent maintenant investir massi-vement dans de nouvelles distilleries pour se mettre Ă  niveau. » AllĂ©chĂ©es par cette nouvelle aura et ce dĂ©ficit

La date

1923Cette année-là, le Japon allume ses premiÚres distilleries, suivant des techniques écossaises.

« On a longtemps laissĂ© les Ecossais dire que c’était la puretĂ© de l’eau qui faisait la qualitĂ© du whisky. Mais ce qui compte, c’est la maĂźtrise du brassin. »ALEXANDRE SIRECHCofondateur des Bienheureux

sieurs choix stratĂ©giques. D’abordcelui d’ĂȘtre 100 % bio, ce qui reste encore trĂšs rare sur le marchĂ© du whisky, et ensuite de pratiquer une distillation Ă  basse tempĂ©ra-ture. « Comme dans la cuisine, les cuissons lentes permettent de libĂ©-rer des arĂŽmes, de donner de la ron-deur », dĂ©taille l’ingĂ©nieur, qui va dessiner lui-mĂȘme son alambic.

« Ce mĂ©tier, c’est l’école de lapatience », remarque celui qui, aprĂšs des annĂ©es de prĂ©paration etd’investissement, a commencĂ© Ă  produire il n’y a que quatre ans. Etcomme, pour avoir le droit Ă  l’appellation « whisky » en France,il faut laisser vieillir en fĂ»t au moins trois ans, c’est seulement depuis cette annĂ©e que le whisky SĂ©quoia, produit par la Distillerie du Vercors, est vĂ©ritablement commercialisĂ©. « Jusque-lĂ  on ven-dait des ’’pure malt’’, ce qui a permisde commencer Ă  nous faire connaĂź-tre auprĂšs des cavistes », explique

l’entrepreneur. Pour sa promo-tion, il peut aussi s’appuyer sur desaficionados qui savent repĂ©rer les nouveautĂ©s et ont notĂ© ce nouvel acteur tout aurĂ©olĂ© de deux mĂ©dailles d’or au prestigieux con-cours mondial de spiritueux de Bruxelles. La production reste pour l’instant relativement faible (autour de 10.000 bouteilles). « On pourrait faire cinq Ă  dix fois plus, mais mieux vaut monter en puis-sance progressivement », estime Eric Cordelle. D’autant que l’acti-vitĂ© consomme beaucoup de cash,car il faut produire et stocker pen-dant des annĂ©es avant de vendre. L’avantage Ă©tant que ce qui n’est pas vendu aujourd’hui aura sans doute plus de valeur dans quel-ques annĂ©es. n

En France, pour avoir le droit Ă  l’appellation « whisky » , il faut laisser vieillir en fĂ»t au moins trois ans.

La France, Ă  la diffĂ©rence de l’Ecosse, dispose de la matiĂšre premiĂšre en abondance, en tant que plus gros producteur de malt dans le monde. Elle bĂ©nĂ©ficie aussi d’une industrie de la tonnellerie prospĂšre. Photo Bellevoye

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Certains lientleur destin Ă  une

fondation à AmsterdamNous lions le nître àl’Accord de Paris

Le 12 décembre 2015, 195 pays prenaientdes engagements sans précédent contre lamenace des changements climatiques en

adoptant l’Accord de Paris.Cinq ans aprĂšs, Veolia crĂ©e un championmondial pour dĂ©velopper les solutionsles plus innovantes au service de la

transformation Ă©cologique.Et c’estĂ nouveauenFrancequeça sepasse.

Pour en savoir plus : global-champion.veolia.com

#TogetherForOurPlanet #ParisAgreement

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22 // ENTREPRISES Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos

company »), ces vĂ©hicules un peu particuliers qui sont des coquilles vides sans activitĂ© opĂ©rationnelle et dont l’objet est de rĂ©aliser une ou plusieurs acquisitions.

McLaren a en tout cas pris langueavec au moins une d’entre elles, basĂ©es aux Etats-Unis, a indiquĂ© au « Financial Times » Mike Flewitt, le patron de la branche automobile duconstructeur, qui reprĂ©sente 80 % de son activitĂ©. Afin de lever dans lesmois qui viennent 300 Ă  500 mil-lions de livres en actions, il dit aussi considĂ©rer, « sans vouloir exclure personne », de possibles investisse-ments venant « de particuliers, de groupes familiaux, de fonds souve-rains et de fonds de private equity ».

Des ventes en baisse de 60 %Le groupe a souffert de la crise sani-taire. Il a annoncĂ© en mai la suppres-sion de 1.200 postes, soit un quart deses effectifs, et levĂ© en juillet 150 mil-lions de livres de dette supplĂ©men-taire auprĂšs de la Banque nationale du BahreĂŻn, alors qu’il risquait

d’arriver Ă  court de trĂ©sorerie. Ses ventes ont reculĂ© de plus de 60 % surles neuf premiers mois de l’annĂ©e, Ă  389,2 millions de livres, et ses pertesavant impĂŽt se sont creusĂ©es, Ă  312,9 millions, contre 68,2 millions sur la mĂȘme pĂ©riode de l’an dernier.

Parmi les autres scĂ©narios Ă l’étude pour rĂ©duire une dette qui atteignait Ă  la fin du troisiĂšme tri-mestre 661 millions de livres, le groupe cherche Ă  vendre son siĂšge de Woking, au sud-ouest de Lon-dres, tout en continuant Ă  le louer. Ilpourrait aussi imposer une cure d’amaigrissement Ă  sa division McLaren Applied, qui vend sa tech-nologie Ă  des tiers, ou bien cĂ©der unepart minoritaire dans son Ă©quipe decourse automobile.

McLaren, qui ne dispose d’aucunpartenariat avec un plus grand constructeur, ne peut compter que sur lui-mĂȘme pour investir en R&D.Il vient notamment d’investir prĂšs de 400 millions de livres dans le futur moteur hybride qui doit rem-placer, d’ici Ă  dix ans, ses actuels moteurs essence. n

Alexandre Counis @alexandrecounis

— Correspondant à Londres

Toutes les options sont dĂ©sormais ouvertes chez McLaren. Durement Ă©prouvĂ© par les dĂ©gĂąts collatĂ©raux de la pandĂ©mie de Covid-19, le constructeur britannique de voitu-res de sport cherche Ă  lever 500 mil-lions de livres en capital afin de se refinancer. Parmi les pistes sur la table figure notamment celle d’une introduction en Bourse, qui passe-rait d’abord par la fusion avec une SPAC (« special purpose acquisition

AUTOMOBILE

Le constructeur de voitures de sport examine de possibles investissements venant de particuliers, de groupes familiaux, de fonds souverains et de fonds de private equity.

McLaren cherche Ă  lever 500 millions de livres

échanges avec tout opérateur inté-ressé sans attendre la réalisation des formalités administratives », dit-on au sein de la société.

Cependant, cette activitĂ© sur leslignes dites « en open access » reste jalonnĂ©e de nombreuses barriĂšres Ă  l’entrĂ©e, qui demandent une notifi-cation formelle dix-huit mois avant

de lancer les premiers trains. « Si un opĂ©rateur dĂ©cide de venir avec du matĂ©riel qui ne respecte pas nos rĂšglesde sĂ©curitĂ© ou de lecture de la signali-sation, ça ne peut pas marcher », dit-on Ă  l’AutoritĂ© de rĂ©gulation des transports (ex-Arafer), qui reçoit lesnotifications formelles. En outre, la SNCF avait bien bĂ©tonnĂ© son prĂ© carrĂ©, en segmentant sa tarification entre trains classiques InOui et low cost Ouigo. Surtout, la crise sani-taire n’a rien arrangĂ© aux yeux des candidats, le trafic affaires du TGV ayant largement disparu, mĂȘme surles axes rĂ©putĂ©s les plus rentables.

Thello et Renfe toujours sur les rangsCependant, la messe n’est pas dite. Le week-end des 12 et 13 dĂ©cembre n’est pas une date butoir, « mais seulement l’ouverture d’une possible fenĂȘtre », selon plusieurs sources. Defait, si Flixtrain a retirĂ© son dossier Ă ce stade, Thello et Renfe sont loin d’avoir dĂ©finitivement abandonnĂ©, selon nos informations. Le premier, filiale de Trenitalia, voulait au dĂ©partlancer dĂšs juin 2020 ses TGV « Frec-ciarossa » sur la ligne Paris-Lyon-Milan, avec possibilitĂ© de vendre desbillets sur Paris-Lyon uniquement. Actuellement, il semble toujours

Feu vert Ă  la recapitalisation de la SNCFLa SNCF va pouvoir ĂȘtre recapitalisĂ©e Ă  hauteur de 4,05 milliards d’euros, selon un arrĂȘtĂ© publiĂ© au « Journal officiel » jeudi qui autorise l’Etat Ă  souscrire Ă  l’opĂ©ration, conformĂ©ment au plan de relance annoncĂ© en septembre dernier. Ces 4 milliards sont destinĂ©s au rĂ©seau, avec en particulier 2,3 milliards permettant de poursuivre les travaux prĂ©vus. Le gouvernement avait indiquĂ© que le groupe public allait bĂ©nĂ©ficier de 4,7 milliards d’euros dans le cadre de son plan de relance, dont 4,05 milliards de recapitalisation, le reste allant notamment aux petites lignes, au fret et aux trains de nuit. « L’Etat conserve l’intĂ©gralitĂ© du capital social de la sociĂ©tĂ© nationale SNCF », est-il prĂ©cisĂ© dans l’arrĂȘtĂ©.

ENTENDEZ-VOUSL’ÉCO?DU LUNDIAU VENDREDIDE 14H00À 15H00

Tiphainede Rocquigny

L’espritd’ouver-ture.

L’émis-sion Ă forttauxd’intĂ©-rĂȘt.

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> Avec Elsa Conesa,

journaliste aux Echos,

le vendredi

Le train rapide tricolore attend toujours ses potentiels challengers. Photo Patrick LĂ©vĂȘque/Sipa

Denis Fainsilber [email protected]

L’ouverture des lignes SNCF domes-tiques Ă  la concurrence, c’est un peu la version ferroviaire du roman « Le DĂ©sert des Tartares » : l’ennemi est aux portes de la citadelle et il faut se prĂ©parer au combat mais, en dĂ©fini-tive, celui-ci ne se montre jamais. Telest, pour l’instant, le rĂ©sultat de l’arri-vĂ©e programmĂ©e de concurrents Ă©trangers sur les lignes de TGV.

Si le schĂ©ma imaginĂ© dĂšs 2013par la Commission de Bruxelles puisvalidĂ©, au terme d’infinis dĂ©bats, par le Parlement europĂ©en fin 2016 s’était dĂ©roulĂ© comme prĂ©vu, les rivaux de la compagnie nationale auraient lancĂ© leurs premiers trains Ă  grande vitesse sur des lignesfrançaises dĂšs le samedi 12 dĂ©cem-bre, date d’entrĂ©e en vigueur de

FERROVIAIRE

A partir de ce week-end, les concurrents Ă©tran-gers de la SNCF peuvent lĂ©galement inaugurer des lignes TGV domes-tiques en France, mais aucune compagnie ne viendra contester le monopole de l’entreprise publique.

A plus long terme, cependant, les jeux ne sont pas encore faits.

L’ouverture des lignes TGV à la concurrence tourne au fiasco

l’« horaire de service 2021 ». Mais au dĂ©part des gares parisiennes, les TGV de la SNCF resteront dĂ©sespĂ©-rĂ©ment seuls sur les Ă©crans d’affi-chage. Car les opĂ©rateurs Ă©trangers ayant regardĂ© le dossier, l’italien Thello, l’allemand Flixtrain et l’espa-gnol Renfe, ont, pour l’instant, capi-tulĂ©. MĂȘme pour la voie royale Paris-Lyon-Marseille. Quarante ans aprĂšs son lancement sur Paris-Lyon, le train rapide tricolore attend donc toujours ses potentiels challengers, et la France reste en retard par rap-port Ă  des pays comme l’Allemagne, l’Italie, l’Autriche, la SuĂšde et mĂȘme l’Espagne, qui va s’y mettre Ă  son tour au printemps prochain.

Une dĂ©faillance fĂącheuse pour leprocessus soutenu par les pouvoirs publics, qui voulaient faire de ce volet – Ă  l’instar de la concurrence dans l’aĂ©rien domestique, beaucoupplus ancienne – un marqueur de la rĂ©forme ferroviaire adoptĂ©e en 2018. Aux yeux de la Commission europĂ©enne, cette rĂ©forme visait Ă  « renforcer la compĂ©titivitĂ© du sec-teur et faciliter la libre circulation des voyageurs ».

SNCF Réseau a sollicité des candidatsAfin de bien jouer le jeu et respecterle nouveau cadre juridique, la filiale SNCF Réseau (ex-RFF), intéressée par les potentielles recettes de péages versés par de nouveaux entrants, a prospecté le marché dÚs 2017 pour « vendre » aux concur-rents de sa maison mÚre les atouts du réseau ferroviaire tricolore. Un virage assumé. « Nous entamons des

intĂ©ressĂ© par ce mĂȘme schĂ©ma, mais pour juin 2021 au plus tĂŽt, Ă  rai-son de trois frĂ©quences quotidien-nes. Quant Ă  l’ibĂ©rique Renfe, il se montre encore candidat au marchĂ© français, Ă  l’heure oĂč la SNCF vient lui disputer, Ă  la mi-mars 2021, ses propres clients domestiques.

Ce vrai-faux dĂ©part dans la miseen concurrence des services non c o nve n t i o n n Ă© s c o n s t i t u e l e deuxiĂšme Ă©chec simultanĂ©, aprĂšs celui des lignes TET (trains d’équili-bre du territoire), soit les actuels

IntercitĂ©s. L’Etat, qui subventionne chaque annĂ©e les axes Nantes-Bor-deaux et Nantes-Lyon, va dĂ©clarer infructueux l’appel d’offres pour ces deux lignes, alors que trois can-didats (Transdev, l’allemand Arriva et le belge Eurorail) Ă©taient prĂȘts Ă  succĂ©der Ă  la SNCF, pour un dĂ©but d’exploitation qui Ă©tait projetĂ© fin 2022. Un renoncement d’autant plus fĂącheux qu’en thĂ©orie, 8 autres lignes IntercitĂ©s devaient suivre le mĂȘme chemin concurrentiel, aprĂšs la rĂ©novation de leurs voies. n

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24 // ENTREPRISES Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos

473 millions. Le groupe, qui ne communique plus par pays depuis des annĂ©es, ne prĂ©cise pas la situation de sa filiale fran-çaise, chroniquement dĂ©fici-taire et sujette Ă  une nouvelle restructuration (307 postes supprimĂ©s, hors rĂ©seau d’agen-ces pour partie cĂ©dĂ©es).

TUI France, plus connu parses clubs Marmara et LookĂ©a etses circuits Nouvelles FrontiĂš-res , est intĂ©grĂ© dans une « rĂ©gion » Europe de l’Ouest dont la perte opĂ©rationnelle a Ă©tĂ© multipliĂ©e par quinze, avoi-sinant 441 millions d’euros, pour un total de revenus divisĂ© par plus de 2, Ă  1,3 milliard.

En dĂ©pit de ces rĂ©sultats cala-miteux, la direction reste confiante. D’une maniĂšre gĂ©nĂ©-rale, elle estime que « 2021 sera une annĂ©e de transition pour le tourisme et que 2022 devrait voirun retour Ă  des niveaux d’avant coronavirus ». En outre, estime son patron, Fritz Joussen, le modĂšle Ă©conomique intĂ©grĂ© de TUI, qui possĂšde ses tour-opĂ©-rateurs, ses agences de voyages,ses avions, ses hĂŽtels et ses paquebots, le tout sous une marque unique, rend possible une reprise rapide.

RenflouementCe modĂšle intĂ©grĂ© a toutefois Ă©tĂ© quelque peu malmenĂ© par les consĂ©quences du Covid-19, d’oĂč le lancement par TUI d’un vaste programme de rĂ©duction de 30 % de ses coĂ»ts, visant aussi Ă  accĂ©lĂ©rer sa rĂ©volution numĂ©rique, afin de rendre ce mĂȘme modĂšle « plus flexible ». Ce programme prĂ©voit la sup-pression de 8.000 postes dans lemonde, un objectif en bonne partie atteint.

En parallĂšle, le bateau TUI aĂ©tĂ© renflouĂ© par trois fois depuisle dĂ©but de la crise sanitaire, l’Etat allemand Ă©tant partie pre-nante de chacun des plans de soutien. AnnoncĂ© le 2 dĂ©cembredernier et d’un montant de 1,8 milliard, le troisiĂšme vise Ă  sĂ©curiser la situation financiĂšre du groupe courant 2021 avec l’hypothĂšse d’une pandĂ©mie persistante. TUI avait dĂ©jĂ  bĂ©nĂ©-ficiĂ© de l’injection de 3 milliards d’euros au printemps et en septembre. n

Christophe Palierse @cpalierse

FrappĂ© de plein fouet par la crise sanitaire, le numĂ©ro un mondial du tourisme TUI a misun genou au sol, mais il assure pouvoir repartir de l’avant. Tel est le message adressĂ© jeudi parle groupe allemand Ă  l’occasionde la publication des rĂ©sultats de son exercice 2019-2020 (clos au 30 septembre), marquĂ© par un dĂ©ficit astronomique.

TUI accuse en effet une pertenette part du groupe de 3,1 mil-liards d’euros, Ă  comparer Ă  un profit de 416,4 millions sur 2018-2019, pour un chiffre d’affaires en baisse de 58 %, frĂŽ-lant les 8 milliards. Ce dĂ©ficit s’explique largement part une perte opĂ©rationnelle de 3 mil-liards – Ă  comparer Ă  un rĂ©sul-tat positif approchant 894 mil-lions un an auparavant –, consĂ©quence directe de la chutede son activitĂ©.

EffondrementLa crise a frappĂ© tous les mĂ©tiers – hĂŽtellerie, croisiĂšre, excursions-visites, transport aĂ©rien – et toutes les grandes zones gĂ©ographiques du gĂ©ant allemand. A titre d’exemple, TUI paie cher sa rĂ©cente expan-sion dans la croisiĂšre, une acti-vitĂ© jugĂ©e stratĂ©gique et jus-qu’alors trĂšs rentable. Elle a gĂ©nĂ©rĂ© cette fois une perte d’exploitation de 322,8 millions,contre un gain de 366 millions sur 2018-2019, et ses revenus ont fondu de moitiĂ©, Ă  environ

TOURISME

Le groupe allemand, numĂ©ro un mondial du tourisme, a perdu plus de 3 milliards d’euros au cours de son exercice 2019-2020.

Il estime pouvoir rebondir rapide-ment grùce à son modÚle intégré, pourtant malmené par la crise.

TUI table sur un retour Ă  la normale en 2022

Ă  suivre

L’Utac-Ceram rachĂšte son concurrent Millbrook pour 130 millions d’eurosAUTOMOBILE L’organisme français d’homologation de vĂ©hicu-les Utac-Ceram va racheter une participation majoritaire dansson concurrent britannique, Millbrook, pour 118 millions delivres (130 millions d’euros). L’ancien propriĂ©taire, Spectris,conservera 13,5 % du nouveau groupe et y rĂ©investira 25 mil-lions de livres. Le but de l’opĂ©ration est de « crĂ©er un groupe lea-der dans le domaine des essais techniques, de l’homologationautomobile et des nouvelles technologies ». L’Utac emploie580 personnes dans le monde, et Millbrook 700. Le groupe seradirigĂ© par Laurent Benoit, actuel prĂ©sident de l’Utac-Ceram.L’opĂ©ration devrait lui permettre de doubler son chiffre d’affai-res (83 millions d’euros en 2019).

Le BĂątiment craint la hausse de la TVA pour certains travaux de rĂ©novation BTP Un amendement au projet de loi de finances 2021, votĂ© lasemaine derniĂšre au SĂ©nat avec le soutien du gouvernement,pourrait porter la TVA de 5,5 % Ă  10 % sur certains travaux derĂ©novation Ă©nergĂ©tique, alerte la FĂ©dĂ©ration française du bĂąti-ment (FFB). Cela concerne notamment les remplacements deportes d’entrĂ©e, de volets isolants, et de fenĂȘtres (sauf remplace-ment d’au moins 50 % des fenĂȘtres du logement et en substitu-tion Ă  du simple vitrage). De surcroĂźt, pour tous les travaux derĂ©novation Ă©nergĂ©tique, la TVA Ă  5,5 % nĂ©cessiterait que l’arti-sans ait le label « reconnu garant de l’environnement » (RGE).Or « il n’existe aujourd’hui que 65.000 entreprises qualifiĂ©es RGEsur les 320.000 entreprises de bĂątiment », souligne la FFB. Letexte revient lundi Ă  l’AssemblĂ©e nationale. Si les dĂ©putĂ©s main-tiennent la mesure, elle s’appliquerait en juillet 2021.

Dominique [email protected]

AprĂšs les bolides Ferrari, l’artisanatde luxe chinois. Les Agnelli ont en effet dĂ©cidĂ© de renforcer leur empreinte dans le luxe en Asie. La cĂ©lĂšbre famille italienne, via son holding Exor, s’offre Shang Xia , la marque chinoise d’HermĂšs. Exor vainvestir quelque 80 millions d’euros, « via une augmentation de capital rĂ©servĂ©e qui lui permettra de devenir l’actionnaire majoritaire », indiquent les entreprises. HermĂšs restera au capital, ainsi que sa cofondatrice Jiang Qiong Er.

« Avec HermĂšs, nous sommesimpatients d’accompagner Jiang Qiong Er dans la construction d’une grande entreprise [
] auprĂšs d’une clientĂšle progressant dans le monde entier », a dĂ©clarĂ© le PDG d’Exor, John Elkann. Nous sommes ravis de pouvoir partager avec Shang Xia notre expĂ©rience de dĂ©veloppement de marques de luxe mondiales. »

Shang Xia a Ă©tĂ© lancĂ©e en 2010 parHermĂšs, sur la base d’un concept original : remettre en valeur les savoir-faire chinois au service de crĂ©ations contemporaines. La mar-que travaille avec une soixantaine d’ateliers en Chine, au Vietnam, au

NĂ©pal et en Mongolie. Son offre va del’art de vivre (services Ă  thé ) au mobilier, en passant par la mode et les accessoires (bijoux, sacs), avec des prix de 100 Ă  300 euros pour les petits cadeaux, qui peuvent monter jusqu’à 10.000, voire 100.000 euros. L’an dernier, son chiffre d’affaires a atteint plus de 20 millions d’euros (+60 %), mais la marque n’est pas rentable.

Cap sur l’internationalLa notoriĂ©tĂ© de Shang Xia est encore faible. Elle est aujourd’hui vendue essentiellement en Chine, via sept magasins, Ă  Shanghai, PĂ©kin, Chengdu, Hangzhou ou Shenzhen. A l’international, elle a une seule boutique Ă  Paris, ouverte il y a sept ans. En 2021, la marque veut franchir les frontiĂšres pour mettre d’abord le cap sur le reste del’Asie, Singapour et Taiwan. Avant un horizon plus lointain, le reste du monde.

Cette nouvelle Ă©tape dans sondĂ©veloppement demande de lourds investissements, alors que Shang Xia n’a pas atteint la rentabilitĂ©. Ce qui explique sans doute qu’HermĂšs ait dĂ©cidĂ© de s’adosser Ă  un parte-naire puissant dans un contexte de crise sanitaire. Exor gĂšre un porte-feuille dont la valeur est estimĂ©e Ă  27 milliards de dollars. « Avec Exor, nous partageons une longue culture familiale et entrepreneuriale sur laquelle nous pourrons bĂątir les nou-veaux succĂšs de Shang Xia », a souli-gnĂ© le gĂ©rant d’HermĂšs, Axel Dumas.

Des fondations solidesLa dirigeante de la marque chinoise(qui a menĂ© le projet avec Patrick Thomas, ancien dirigeant d’Her-mĂšs), estime que, dix ans aprĂšs sa crĂ©ation, Shang Xia a bĂąti des fon-dations solides, en termes d’appro-visionnement notamment. Tra-vailler avec des artisans souvent isolĂ©s a Ă©tĂ© un dĂ©fi Ă  relever.

DĂ©sormais, la sociĂ©tĂ© veut accĂ©lĂ©-rer malgrĂ© un contexte incertain pour le marchĂ© du luxe. Le secteur devrait chuter de 20 % en 2020, selondiffĂ©rentes Ă©tudes. Mais pas en Chine, qui va rester son moteur. Ce nouveau duo constituĂ© d’Exor et d’HermĂšs « va permettre Ă  Shang Xiade poursuivre ses rĂȘves et ses ambi-tions avec plus de puissance que jamais », souligne Jiang Qiong Er. L’opĂ©ration devrait ĂȘtre bouclĂ©e Ă  la fin de l’annĂ©e. n

LUXE

La famille Agnelli, propriétaire de Fiat et de Ferrari, va prendre la majorité de la marque lancéeil y a dix ans parle groupe de luxe.

Le français resteau capital avecla cofondatrice de la griffe chinoise.

HermĂšs cĂšde les commandes du chinois Shang Xia aux Agnelli

Shang Xia a ouvert une seule boutique hors de Chine, Ă  Paris, en 2013. Photo Miguel Medina/AFP

Shang Xia Ă©tĂ© lancĂ©e en 2010 par HermĂšs, sur la base d’un concept original : remettre en valeur les savoir-faire chinois au service de crĂ©ations contemporaines.

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Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 ENTREPRISES // 25

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Personne n’aurait voulu y croire il y a deux ou trois ans : le classement des constructeurs automobiles en fonction de leur capitalisation boursiĂšre est tout bonnement ren-versant. Sur la premiĂšre marche dupodium, et de trĂšs loin, se trouve Tesla, avec une valorisation de 570 milliards de dollars – il n’occupepourtant cette place que depuis le dĂ©but juillet.

C’est trois fois plus que le numĂ©rodeux, Toyota (199 milliards), et six fois plus que le troisiĂšme, le gĂ©ant Volkswagen (91 milliards). Ces deuxconstructeurs « old school » se dis-putent pourtant (avec l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi) le rangde leader mondial pour le nombre de vĂ©hicules vendus (plus de 10 mil-lions chacun).

Mais ce qui surprend Ă©galement,c’est la prĂ©sence dans le Top 20 de six groupes chinois parfaitement inconnus, ou presque, il y a quel-ques annĂ©es : BYD, Saic, Xpeng, Li Auto, Geely. Trois d’entre eux sont de jeunes pousses de l’électrique (NIO, Xpeng et Li Auto) tout juste sorties du berceau. Elles n’exis-taient pas il y a cinq ans et se propul-sent aujourd’hui dans le sillage de lafirme d’Elon Musk. Chacune vaut dĂ©jĂ  largement plus de 25 milliards de dollars, davantage que PSA (23 milliards) ou Renault (13 mil-liards). « Je suis sidĂ©rĂ©, c’est tout bon-

AUTOMOBILE

Le classement bour-sier des constructeurs automobiles est renversant : non seulement Tesla vaut désormais autant que la plupart des constructeurs traditionnels réunis



 mais on y trouve aussi plusieurs jeunes pousses chinoises qui n’existaient pas il y a cinq ans.

Automobile : l’électrique bouscule la donne en Bourse

des ventes de voitures électriques observée cette année.

MĂȘme si, avec 500.000 bolides Ă batterie prĂ©vus en 2020, Tesla est encore trĂšs loin des 10 millions ven-dus par Toyota ou VW, il reste, et de loin, numĂ©ro un mondial pour les ventes de voitures Ă©lectriques. Quant aux nouveaux venus, ils sur-fent tout simplement sur la vague. « Beaucoup d’investisseurs se disent “j’ai ratĂ© Tesla, je ne veux pas rater les suivants” », souligne un analyste.

La plus « ancienne » de ces jeunespousses, NIO, a vendu moins de 40.000 voitures sur les onze pre-miers mois de l’annĂ©e. « La sociĂ©tĂ© nedoit sa survie qu’à l’injection de 1 mil-liard de dollars de la ville chinoise de Hefei, en avril dernier et elle vaut aujourd’hui 60 milliards de dollars ! »soupire le mĂȘme professionnel. Li Auto et Xpeng ont fait leur entrĂ©e surle Nasdaq cet Ă©tĂ© seulement. Le scan-dale Nikola, cette start-up spĂ©ciali-sĂ©e dans les camions Ă©lectriques qui avait survendu ses performances, n’a pas vraiment servi de leçon.

Pour Xavier Mosquet, associĂ© spĂ©-cialiste de l’automobile du BCG, le succĂšs boursier de Tesla s’explique toutefois parfaitement. « Ils rĂ©ussis-sent dans l’électrique, un marchĂ© qui adĂ©sormais fait ses preuves et qui pro-gresse de 25 % ou 30 % par an. Un niveau de croissance plutĂŽt rare en ce moment », relĂšve-t-il.

D’autant qu’aprĂšs cinq trimestresconsĂ©cutifs de bĂ©nĂ©fices, Tesla sem-ble avoir enfin prouvĂ© sa capacitĂ© Ă  produire en plus grandes sĂ©ries. « RetraitĂ©e des profits liĂ©s aux crĂ©dits CO2 et de la rĂ©munĂ©ration d’Elon Musk, la marge de la division automo-bile a atteint 9 % au dernier trimestre,ce qui place Tesla parmi les construc-teurs les plus rentables au monde », souligne Philippe Houchois, ana-lyste chez Jefferies.

Un accĂšs quasi gratuitau capitalSurtout, contrairement aux masto-dontes du secteur, les nouveaux champions de l’électrique partent de zĂ©ro. « Pour eux, le boom de l’élec-trique se traduit par de la croissance nette, alors que pour les construc-teurs traditionnels, il s’agit d’un jeu Ă somme nulle : ils perdent dans le thermique ce qu’ils gagnent dans l’électrique », analyse Philippe Hou-chois. Non seulement ils doivent investir des milliards dans les nou-velles technologies, mais ils doiventparallĂšlement restructurer leurs anciennes activitĂ©s. « Ils ne peuvent pas rester les bras croisĂ©s, sinon ils seront Ă©crasĂ©s », souffle l’analyste.

Et ce, d’autant qu’avec de tellesvalorisations boursiĂšres, les nou-veaux acteurs ont un accĂšs quasi gratuit au capital. « Tesla vient d’annoncer une augmentation de capital de 5 milliards de dollars, fai-sant Ă  peine frĂ©mir le cours, poursuitPhilippe Houchois. Et ce sera pareil pour les autres. De quoi financer de lourds programmes de R&D, se doterde rĂ©seaux de distribution du jour aulendemain, etc. Ce dĂ©calage est ingĂ©-rable pour les constructeurs tradi-tionnels. »

Certains ont d’ailleurs bien iden-tifiĂ© la menace. Le patron du groupeVW, Herbert Diess, a clairement dĂ©signĂ© Tesla ces derniers jours comme la cible Ă  rattraper, et celui de PSA, Carlos Tavares, le considĂšredĂ©sormais comme un concurrent « trĂšs sĂ©vĂšre ».

(Lire « Crible »Page 44

Désormais, Tesla pÚse autant que Toyota, Volkswagen, Daimler, BMW, General Motors, Ford, Fiat Chrylser, PSA et Renault réunis !

LĂ©a Delpont— Correspondante Ă  Lyon

Etait-ce prĂ©monitoire ? En 2019,la fondation de la FinanciĂšre de l’Echiquier, se prĂ©parant Ă  deve-nir la Fondation Groupe Primo-nial, aprĂšs le rachat de la sociĂ©tĂ©de gestion d’actifs par le leader indĂ©pendant de la gestion de patrimoine, ouvrait son champ d’action jusqu’ici centrĂ© sur l’éducation et l’insertion sociale et professionnelle, Ă  la santĂ©. Son premier geste, aprĂšs son lancement auprĂšs de la Fonda-tion de France en juin 2020, a Ă©tĂ© d’offrir un robot dĂ©sinfec-tant Ă  l’Institut Mutualiste Montsouris.

La FinanciĂšre avait innovĂ© en2006 en crĂ©ant la premiĂšre fon-dation française abritĂ©e par unesociĂ©tĂ© de gestion d’actifs, avec un mode d’abondement au

pourcentage des frais de dos-siers. « Plus il y a de clients, plus ily a de financements pour la fon-dation », rĂ©sume la dĂ©lĂ©guĂ©e gĂ©nĂ©rale, CĂ©cile Jouenne-Lanne. Le nouveau pĂ©rimĂštre du groupe Primonial – 48 mil-liards d’euros d’actifs gĂ©rĂ©s ou conseillĂ©s et des mĂ©tiers diver-sifiĂ©s – devrait donc lui permet-tre d’augmenter ses ressources dans les prochaines annĂ©es.

CrowdfundingAvec son budget actuel de 1,3 million d’euros, la Fondationa mis l’accent en 2020 et 2021 sur des actions « permettant de rĂ©pondre Ă  l’augmentation des inĂ©galitĂ©s et des difficultĂ©s issues de la crise, dans un contexte social inĂ©dit fragilisant les plus vulnĂ©rables ». Depuis l’origine, elle s’adresse Ă  des populations en grande exclusion, sans-abri, primo-arrivants, femmes iso-lĂ©es, anciens dĂ©tenus


DĂšs mars, CĂ©cile Jouenne-Lanne s’est tournĂ©e vers les associations gravitant autour de la Fondation pour une prise de tempĂ©rature Ă  chaud. « C’est la premiĂšre fois que nous rĂ©agis-sions ainsi, sur un sujet d’actua-litĂ©, car il Ă©tait impensable de res-ter les bras croisĂ©s » . Une

premiĂšre opĂ©ration de finance-ment participatif a permis d’attribuer 150.000 euros Ă  une vingtaine d’associations pour rĂ©pondre Ă  des besoins urgents,comme l’équipement informa-tique d’élĂšves confinĂ©s dans les quartiers sensibles lyonnais.

La Cravate SolidaireEn novembre, le comitĂ© de gou-vernance a dĂ©cidĂ© de donner suite Ă  ces actions pour « soute-nir des projets nĂ©s dans la crise, qui ont mĂ»ri et qui se sont struc-turĂ©s », explique la dĂ©lĂ©guĂ©e gĂ©nĂ©rale. Le ComitĂ© de sĂ©lectiona ainsi octroyĂ© ses subventions Ă Sport dans la Ville, qui suivait des jeunes vulnĂ©rables Ă  Lyon bien avant le Covid-19. L’associa-tion, qui misait sur l’accompa-gnement par les valeurs du sport, a fait Ă©voluer son offre en crĂ©ant un programme de sou-tien scolaire axĂ© sur le passage en 6e, sur des cours Ă  domicile etdes stages mixtes sport-ensei-gnement pour les collĂ©giens, enfin sur du soutien Ă  distance pour les lycĂ©ens en prĂ©paration du baccalaurĂ©at.

La fondation financera aussiLa Cravate Solidaire, dans sa mission d’insertion profession-nelle, via du prĂȘt de vĂȘtements et l’organisation de sessions de

coaching. ConfrontĂ©e Ă  une recrudescence des besoins, et Ă  l’augmentation de ses partenai-res prescripteurs, elle doit agrandir ses espaces de stoc-kage et de formation, ouvrir de nouveaux ateliers et recruter des coachs pour les animer.

Sa troisiĂšme action concerneMake.org. Le projet « Abri d’urgence » vise l’accroissementdu nombre de places d’hĂ©berge-ment pour les femmes victimes de violences domestiques, grĂąceĂ  la mobilisation de chambres d’hĂŽtel invendues. La phase pilote a dĂ©marrĂ© en novem-bre pour mettre Ă  l’abri une cen-taine de femmes, avant un dĂ©ploiement national.

La Fondation Groupe Primo-nial a enfin lancé un appel à pro-jets pour agir sur la souffrance psychologique et la santé men-tale éprouvée par la crise. Elle a reçu 90 dossiers, qui seront départagés avant la fin du mois.

Structure distributrice, maisaussi opĂ©ratrice, elle gĂšre la Maison des jeunes talents, foyergratuit pour boursiers de pro-vince, inscrits dans des classes prĂ©paratoires Ă  Paris, avec une cinquantaine de places dans la capitale, assorties d’un accom-pagnement pĂ©dagogique. n

A Lyon, l’association Sport dans la ville aide les collĂ©giens et lycĂ©ens vulnĂ©rables en cette pĂ©riode de crise sanitaire.

SOCIAL

Anciennement fondation de la FinanciĂšre de l’Echiquier, la nouvelle structure a inflĂ©chi son action tout au long de la crise sanitaire, pour gĂ©rer l’urgence, et maintenant la reconstruction.

Fondation Primonial veut répondre en urgence à la crise

L’annonce de son entrĂ©e dans l’indice S&P 500, Ă  compter du 14 dĂ©cembre, lui a donnĂ© une nou-velle impulsion depuis la mi-no-vembre. DĂ©sormais, le trublion de l’automobile pĂšse autant que Toyota, Volkswagen, Daimler, BMW, General Motors, Ford, Fiat Chrylser, PSA et Renault rĂ©unis !

Les analystes n’en finissent pas dedĂ©battre sur ce niveau de valorisa-tion. Ceux de JP Morgan estiment qu’au vu des fondamentaux, le titre ne vaut pas plus de
 90 dollars. Ceux de Goldman Sachs tablent Ă  l’inverse sur un cours de 780 dol-lars, compte tenu de l’accĂ©lĂ©ration

nement effrayant !, commente un analyste financier, spĂ©cialiste du secteur. Soit il s’agit simplement d’une bulle qui va se dĂ©gonfler, soit ceclassement signifie que les marchĂ©s anticipent la mort Ă  dix ans des constructeurs traditionnels. »

NumĂ©ro un mondialde l’électriqueL’ascension stratosphĂ©rique de Tesla a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© largement com-mentĂ©e. Le cours de Bourse du fabricant californien de voitures Ă©lectriques a Ă©tĂ© multipliĂ© par 7 (+622 %), Ă  plus de 600 dollars, d e p u i s l e d Ă© b u t d e l ’a n n Ă© e .

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ment, nous garantissons que ce qui est illĂ©gal hors ligne est illĂ©gal en ligne », a saluĂ© Ylva Johansson, la commissaire europĂ©enne aux Affai-res intĂ©rieures. ClĂ©ment Beaune, le secrĂ©taire d’Etat français aux Affai-res europĂ©ennes, a saluĂ© « une avan-cĂ©e majeure, portĂ©e par la France ». Le texte final doit encore ĂȘtre for-mellement adoptĂ© par les institu-tions, avant une entrĂ©e en vigueur espĂ©rĂ©e fin 2021 ou dĂ©but 2022.

SurveillanceA dĂ©faut d’agir Ă  temps ou de faire preuve d’assez de transparence sur les mesures mises en place, les plate-formes s’exposeront Ă  des amendes dont pourra directement dĂ©cider l’Etat membre demandant le retrait d’un « contenu terroriste ». Bruxel-les ne va pas jusqu’à imposer aux plateformes et aux rĂ©seaux sociaux une obligation de surveillance gĂ©nĂ©rale des contenus postĂ©s ou le recours Ă  des outils automatisĂ©s,

deux pentes jugĂ©es trop glissantes etcomplexes. Mais elle attend qu’ils dĂ©veloppent largement les moyens humains de surveillance et les systĂš-mes permettant aux autoritĂ©s, parti-culiers, associations... de leur signa-ler des « contenus terroristes ».

Cette volontĂ© de mettre au pas lesgĂ©ants de l’Internet se traduira aussi par des nouvelles contraintes en direction de messageries instan-tanĂ©es comme WhatsApp et Tele-gram. Mercredi, dans le cadre de la prĂ©sentation de son nouveau plan d’action contre le terrorisme, la Commission a annoncĂ© travailler Ă  des solutions techniques devant permettre aux enquĂȘteurs d’accĂ©-der aux communications ainsi Ă©changĂ©es par des suspects, aujourd’hui cryptĂ©es et inexploita-bles. C’est un autre pas rĂ©clamĂ© par des Etats que l’Europe n’avait jus-qu’ici pas voulu franchir. Point cen-tral des discussions, et crucial pour l’efficacitĂ© du rĂšglement, des ordres

transfrontaliers de retrait des contenus pourront ĂȘtre effectuĂ©s : chaque Etat pourra ainsi en Ă©mettreenvers une plateforme Ă©tablie dans un autre Etat de l’UE. « C’était indis-pensable. On ne pouvait exiger un retrait en une heure et laisser un pouvoir de blocage ou de ralentisse-ment Ă  des autoritĂ©s nationales. La vitesse est clĂ© », explique l’euro-dĂ©putĂ© Geoffroy Didier (PPE/LR). « La propagande terroriste a jouĂ© un rĂŽle clĂ© dans les rĂ©cents attentats en Europe. La diffĂ©rence entre une vidĂ©oqui est en ligne une heure, trois heu-res ou 24 heures, ce sont des millionsde vues », a insistĂ© l’un des nĂ©gocia-teurs du texte, l’eurodĂ©putĂ© Javier Zarzalejos (PPE). Le futur rĂšgle-ment harmonise la dĂ©finition d’un « contenu terroriste » et prĂ©voit desgarde-fous pour les contenus Ă  but journalistique, artistique ou liĂ©s Ă  larecherche. Un mĂ©canisme doit per-mettre de rĂ©clamer la republicationdes contenus enlevĂ©s par erreur. n

Haine en ligne : l’Europe impose le retrait en 1 heure

Derek Perrotte @DerekPerrotte

— Bureau de Bruxelles

L’Europe a franchi jeudi un pas important dans la lutte contre le ter-rorisme et dans la rĂ©gulation des plateformes numĂ©riques. Le Parle-ment europĂ©en et le Conseil sont parvenus Ă  un accord final sur un rĂšglement leur imposant de retirer dans un dĂ©lai d’une heure maximaleles contenus « Ă  caractĂšre terroriste »qui leur seront signalĂ©s. Le projet a Ă©tĂ© lancĂ© en 2018 par la CommissioneuropĂ©enne. De nombreux Etats, la France en tĂȘte, en faisaient une prio-ritĂ©. « Stopper la propagande terro-riste est central dans notre travail contre la radicalisation. Avec ce rĂšgle-

Les institutions européen-nes sont parvenues à un accord sur cette mesure portée par la France depuis deux ans.

L’initiative est la plus grosse offensive des autoritĂ©s amĂ©ricaines dans le secteur de la tech depuis leur poursuite de Microsoft en 1998.

jusqu’ici : forcer Facebook Ă  cĂ©der ses filiales Instagram et WhatsApp. Les deux plaintes Ă©voquent aussi la possibilitĂ© d’encadrer davantage les acquisitions futures, les 46 Etats rĂ©clamant que leur feu vert soit obtenu pour tout rachat d’une start-up valorisĂ©e 10 millions de dol-lars ou plus, une compĂ©tence rele-vant uniquement de l’autoritĂ© de la concurrence jusqu’ici. La FTC rĂ©clame enfin d’interdire Ă  l’entre-prise d’imposer des conditions anti-compĂ©titives aux dĂ©veloppeurs de logiciels. Facebook a rĂ©agi vigoureu-sement mercredi, qualifiant ces poursuites d’« histoire rĂ©vision-niste ». « Le fait le plus important dans cette affaire, que la FTC ne men-tionne pas dans sa plainte de 53 pages,c’est qu’elle a laissĂ© la voie libre Ă  ces acquisitions il y a des annĂ©es », a dĂ©clarĂ© Jennifer Newstead, la direc-trice juridique du groupe.

En 2012, la FTC avait conduit uneenquĂȘte sur le rachat d’Instagram et avait votĂ© Ă  l’unanimitĂ© pour le valider. La Commission euro-pĂ©enne a aussi examinĂ© l’acquisi-tion de WhatsApp en 2014 et « n’a pas trouvĂ© de risque d’atteinte Ă  la concurrence », a mis en avant Face-

book. « Instagram et WhatsApp sontdevenus les produits incroyables qu’ils sont aujourd’hui car Facebook a investi des milliards de dollars et des annĂ©es d’innovation et d’exper-tise », a ajoutĂ© Jennifer Newstead.

Google Ă©galement poursuiviLa double plainte participe d’une salve d’enquĂȘtes sur les pratiques anticoncurrentielles des gĂ©ants technologiques de la cĂŽte ouest. En octobre, le dĂ©partement de la Jus-tice et les procureurs gĂ©nĂ©raux de 11 Etats ont dĂ©posĂ© une plainte con-tre Google pour abus de position dominante dans la recherche en ligne. La FTC enquĂȘte Ă©galement sur Amazon, et le ministĂšre de la Justice sur Apple. A la mi-octobre, leCongrĂšs a de son cĂŽtĂ© prĂ©sentĂ© un rapport proposant de limiter radi-calement le pouvoir des Gafa, en Ă©voquant aussi un dĂ©mantĂšlement, l’interdiction de donner la prĂ©fĂ©-rence Ă  leurs propres produits et une prĂ©somption de refus pour les futurs rachats de start-up.

(Lire l’éditorialde Jean-Marc VittoriPage 15

Les autoritĂ©s amĂ©ricaines rĂ©clament le dĂ©mantĂšlement de Facebook l La Federal Trade Commission et une coalition de 46 Etats amĂ©ricains accusent le rĂ©seau social d’avoir Ă©touffĂ© la compĂ©tition en rachetant Instagram et WhatsApp.l Ils demandent aux cours fĂ©dĂ©rales d’envisager une revente de ces applications mais aussi d’encadrer davantage de futures acquisitions.

« Facebook s’est engagĂ© dans unestratĂ©gie systĂ©matique visant Ă  Ă©limi-ner ce qui menace son monopole. [
] Cette attitude nuit Ă  la compĂ©ti-tion, laisse les consommateurs avec peu de choix dans le domaine des rĂ©seaux sociaux personnels et prive les annonceurs des bĂ©nĂ©fices de la concurrence », dĂ©nonce le gendarmede la concurrence amĂ©ricain. La FTC reproche Ă  Facebook d’avoir « Ă©touffĂ© les menaces » pesant sur son monopole Ă©tabli depuis 2011, en rachetant l’application de partage dephotos Instagram en 2012 et la mes-sagerie mobile WhatsApp en 2014.

L’autoritĂ© Ă©voque aussi les « con-ditions anticoncurrentielles » impo-sĂ©es aux dĂ©veloppeurs tiers se bran-chant sur sa plateforme jusqu’à l’an dernier. « Facebook a rendu ses inter-faces de programmation accessibles aux applications tierces, Ă  condition seulement qu’elles s’abstiennent de dĂ©velopper des fonctionnalitĂ©s concurrentes et de se connecter avec ou de promouvoir d’autres rĂ©seaux sociaux », dĂ©nonce la FTC. Elle Ă©vo-que les mesures prises par Facebookcontre Vine, une application de par-tage de courtes vidĂ©os rachetĂ©e par son rival Twitter, en 2013, et contre Path et Circle, deux rĂ©seaux sociauxconcurrents disparus depuis.

La coalition d’Etats se concentresur les mĂȘmes griefs. « Des milliardsont Ă©tĂ© jetĂ©s Ă  des sociĂ©tĂ©s pour les convaincre de vendre », a dĂ©noncĂ© Letitia James, la procureure de NewYork menant la coalition, souli-gnant qu’Instagram ne « dĂ©gageait pas un centime de revenu » quand Facebook l’a rachetĂ© pour 1 milliard de dollars. Elle a aussi accusĂ© la plateforme « de tuer la derniĂšre bouf-fĂ©e d’oxygĂšne des entreprises refusantd’ĂȘtre rachetĂ©es ». « Nous ne laisse-rons aucune sociĂ©tĂ© penser qu’elle est “too big to fail” », a-t-elle conclu.

Les autoritĂ©s ont surtout surprisen demandant un remĂšde que mĂȘme l’Union europĂ©enne, connue pour ses amendes Ă©levĂ©es contre lesGafa, n’évoque qu’avec des pincettes

AnaĂŻs Moutot @AnaisMoutot

— Correspondante à San Francisco

Double attaque. Mercredi, la Fede-ral Trade Commission (FTC) et une coalition de 46 Etats AmĂ©ricains ontannoncĂ© dĂ©poser deux plaintes dis-tinctes contre Facebook pour abus de position dominante et monopoleillĂ©gal, ouvrant la voie Ă  deux procĂšsqui pourraient s’étirer sur plusieurs annĂ©es. Le gendarme de la concur-rence amĂ©ricain et les procureurs gĂ©nĂ©raux demandent aux juges d’étudier un remĂšde sĂ©vĂšre : forcer le rĂ©seau social Ă  se sĂ©parer de ses filiales Instagram et WhatsApp, deux acquisitions devenues le moteur de la croissance du groupe de Mark Zuckerberg.

L’ampleur de la menace est inĂ©-dite pour le rĂ©seau social nĂ© en 2004,qui n’avait jamais Ă©tĂ© poursuivi par les autoritĂ©s amĂ©ricaines pour pra-tiques anticoncurrentielles et dont le plus gros revers se rĂ©sumait jus-qu’ici Ă  une amende de 5 milliards de dollars infligĂ©e par la FTC pour violation de la vie privĂ©e, soit moins de 10 % de son chiffre d’affaires.

Virage Ă  180 degrĂ©sAvec une plainte similaire contre Google dĂ©posĂ©e mi-octobre, cette initiative reprĂ©sente la plus grosse offensive des autoritĂ©s amĂ©ricaines dans le secteur technologique depuis leur poursuite de Microsoft en 1998. Elle montre un virage Ă  180 degrĂ©s de la FTC, qui s’était con-tentĂ©e jusqu’ici d’accords volontai-res avec les Gafa et avait dĂ©clinĂ© une poursuite antitrust contre Google en 2013. Elle indique aussi un con-sensus de plus en plus bipartite sur le sujet, les plaignants comprenant des Etats dĂ©mocrates comme rĂ©pu-blicains, mĂȘme si la plainte de FTC n’a recueilli les votes que d’un com-missaire rĂ©publicain sur trois.

GAFA

Florian DĂšbes @FL_Debes

Record battu ! AprĂšs avoir sanc-tionnĂ© Google par une amende de50 millions d’euros pour des man-quements Ă  la protection des don-nĂ©es personnelles des utilisateurs d’Android, la Commission natio-nale de l’informatique et des liber-tĂ©s (CNIL) double la mise dans un autre dossier, celui du consente-ment des internautes au ciblage publicitaire en ligne via des fichiers de type cookies.

Le gendarme français de laprotection de la vie privĂ©e vient d’infliger une amende de 100 mil-lions d’euros Ă  Google pour avoir dĂ©posĂ© des cookies publicitaires sur les ordinateurs d’utilisateurs Ă partir du site Google.fr sans consentement prĂ©alable des internautes et sans les avoir informĂ©s de façon satisfaisante. Il s’agit de la premiĂšre amende Ă  neuf chiffres infligĂ©e Ă  un gĂ©ant dunumĂ©rique dans ce type d’affaires.

PublicitĂ©s ciblĂ©es Pour le mĂȘme motif, le site d’e-commerce Amazon a, lui, Ă©tĂ© sanctionnĂ© d’une amende de 35 millions. Les cookies sont de petits fichiers permettant notam-ment de suivre l’historique de navigation en vue d’adresser aux internautes des publicitĂ©s ciblĂ©es .« Quand vous arrivez sur ces sites, vous n’avez encore cliquĂ© nulle partni pu lire un quelconque message d’information, mais vous avez dĂ©jĂ  reçu une volĂ©e de cookies Ă  finalitĂ© publicitaire », regrette Mathias Moulin, le directeur de la protec-tion des droits et des sanctions Ă  laCNIL. La formation restreinte du rĂ©gulateur a jugĂ© ces manque-ments d’autant plus graves que 47 millions de Français utilisent le

La CNIL sanctionne Google et Amazon

moteur de recherche de Google etqu’ils ont ouvert 300 millions de comptes sur Amazon.

Amazon assure mettre rĂ©guliĂš-rement Ă  jour ses pratiques pour se conformer pleinement Ă  la loi. « Nous sommes en dĂ©saccord avec la CNIL », clame un porte-parole. DĂ©jĂ  condamnĂ© en 2014 pour des pratiques similaires, Google dĂ©fend le bilan de ses actions rĂ©centes en la matiĂšre, notam-ment la dĂ©cision d’interdire bien-tĂŽt certains cookies sur son navi-gateur Chrome. « La dĂ©cision rendue par la CNIL en matiĂšre d’“ePrivacy” fait l’impasse sur ces efforts et ne prend pas en compte le fait que les rĂšgles et les orientations rĂ©glementaires françaises sont incertaines et en constante Ă©volu-tion », indique Google.

A la CNIL, on rĂ©fute toute incer-titude rĂ©glementaire. Les rĂ©centesmises Ă  jour de ses recommanda-tions sur les cookies ne reviennentpas sur la notion d’information prĂ©alable sur laquelle portent les reproches du jour. Les manque-ments constatĂ©s relĂšvent de la directive europĂ©enne « privacy » de 2002 (transcrite dans la loi française « informatique et liber-tĂ©s ») et non du rĂšglement euro-pĂ©en sur la protection des don-nĂ©es personnelles (RGPD) entrĂ© en application en 2018.

A ce titre – et au grand dam deGoogle –, le rĂ©gulateur français n’est pas tenu de faire remonter le dossier auprĂšs de la « CNIL irlan-daise », que l’entreprise amĂ©ri-caine a choisie comme autoritĂ© compĂ©tente pour juger de ses pra-tiques de protection des donnĂ©es personnelles en Europe. Cette question de la crĂ©ation d’un mĂ©ca-nisme dit de « guichet unique » estjustement l’un des points chauds dans les dĂ©bats sur la rĂ©vision Ă  venir de la directive ePrivacy. n

Le rĂ©gulateur de la protection des donnĂ©es personnelles reproche aux gĂ©ants du numĂ©rique d’avoir suivi l’historique de navigation des internautes sans leur consentement.

La CNIL réfute toute incertitude réglementaire.

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HIGH-TECH & MEDIASLes Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020

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28 // HIGH-TECH & MEDIAS Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos

cela alourdirait sa « facture foot-ball » d’au moins 250 millions en plus de ce qu’il paie actuellement.Le groupe redeviendrait, certes, incontournable dans le foot mais risquerait de creuser ses pertes en France, sans pour autant avoir l’assurance de gagner de nombreux abonnĂ©s. BĂ©nĂ©ficier de la mĂȘme baisse des droits que Mediapro pourrait obtenir pourrait donc aussi bien faire ses affaires.

Pour l’instant, la LFP reste detoutes les façons l’otage de Media-pro. Ce dernier, qui n’a guĂšre sĂ©duit plus de 500.000 abonnĂ©s avec sa chaĂźne TĂ©lĂ©foot et qui pourrait per-dre jusqu’à 800 millions d’euros cette annĂ©e, est en effet en mesure defaire traĂźner le dossier. Plus qu’une baisse des droits, certains estiment

que le groupe espagnol cherche en fait surtout Ă  obtenir un abandon detoutes les poursuites judiciaires aux-quelles il est exposĂ©, en Ă©change d’unrenoncement Ă  son contrat qui per-mettrait Ă  la LFP de nĂ©gocier avec Canal. Les abonnĂ©s lĂ©sĂ©s, les FAI quiont signĂ© des contrats, SFR Altice qui a partagĂ© ses droits pour les Cou-pes d’Europe risquent en effet d’atta-quer Mediapro. Pour la Ligue, en casde dĂ©part de Mediapro, il y a aussi l’enjeu de rĂ©cupĂ©rer au moins les 320 millions d’impayĂ©s pour les Ă©chĂ©ances d’octobre et de dĂ©cembre.

Différents scénariosCanal+, déjà en contentieux avec le groupe de Jaume Roures au sujet dela distribution de Téléfoot, refuse, lui, de discuter officiellement tant

que la LFP n’aura pas purgĂ© la situa-tion avec Mediapro.

Juridiquement, soit le concilia-teur du tribunal de Nanterre, Marc SĂ©nĂ©chal, est en mesure de dĂ©cider un plan de continuation viable avec un prix rĂ©visĂ© et une garantie ban-caire rĂ©elle, cette fois. Soit il dĂ©cide d’un plan de cession par lequel Mediapro se retire de l’Hexagone. Selon « L’Equipe », il aurait con-seillĂ© au conseil d’administration dela LFP d’accepter les conditions de Mediapro pour un retrait, la date officielle de la fin de la conciliation Ă©tant prĂ©vue pour le 18 dĂ©cembre.

Cependant, le conciliateur peutaussi dĂ©clarer que sa mission a Ă©chouĂ© et qu’il n’a pas trouvĂ© de terrain d’accord. Dans ce cas, la LFP pourrait demander par injonc-

David Barroux @DavidBarroux

Nicolas Madelaine @NLMadelaine

avec Marina Alcaraz @marina_alcaraz

L’avenir du football français est l’enjeu d’une Ă©norme partie de pokermenteur. Autour de la table : Media-pro, qui a acquis les droits audiovi-suels pour environ 830 millions d’euros de l’essentiel des matchs desLigues 1 et 2 ; Canal+, qui a repris Ă  BeIN, pour 330 millions, deux bellesaffiches par journĂ©e de champion-nat ; la Ligue de football profession-nel (LFP), avec ses clubs affiliĂ©s qui cherchent Ă  se faire payer ; et, enfin, le tribunal de commerce, qui tente de mettre tout le monde d’accord depuis que Mediapro ne paie plus cequ’il doit au foot français.

Jeudi, un conseil d’administra-tion et une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de laLFP ont Ă©tĂ© l’occasion pour Vincent Labrune, son nouveau prĂ©sident, defaire un point. L’heure est grave. Mediapro, s’il a rĂ©glĂ© sa premiĂšre traite, a Ă©tĂ© incapable depuis de ver-ser les quelque 320 millions qu’il devait. La Ligue a du coup Ă©tĂ© obli-gĂ©e de s’endetter. Et mĂȘme si elle avait rĂ©ussi Ă  contracter un deuxiĂšme emprunt (en plus du PGE) pour gagner du temps, l’incer-titude ne peut plus durer.

600 Ă  700 millions pour le championnatLe foot français a deux options. Soit il trouve un terrain d’entente avec Mediapro en consentant le rabais que ce dernier demanderait (autour de 20 %) sur le montant des droits, soit il parvient Ă  rompre son contratavec Mediapro, rĂ©cupĂšre ses droits et cherche Ă  conclure un contrat avec Canal+. Mais dans ce cas, la LFPdevra accepter de toucher beaucoupmoins que le 1,2 milliard d’euros du dernier appel d’offres et sans doute Ă peine autant qu’il y a quatre ans. A cesujet, « L’Equipe » Ă©voque environ 600 millions d’euros par an pour le championnat, plus 100 millions en fonction de l’évolution du porte-feuille d’abonnĂ©s aux chaĂźnes distri-buĂ©es par Canal, une part de rĂ©mu-nĂ©ration variable inĂ©dite.

Pour Canal+, qui clame qu’il n’apas perdu d’abonnĂ©s cette annĂ©e,

SPORT

dre des participations dans une sociĂ©tĂ© en rapport avec son objet. LaLigue a Ă©galement clarifiĂ© les rĂŽles de prĂ©sident et de directeur gĂ©nĂ©ral – l’option du PDG est mĂȘme envisa-gĂ©e. L’ensemble va ĂȘtre soumis au vote de l’assemblĂ©e fĂ©dĂ©rale de la FĂ©dĂ©ration française de football, prĂ©vue en mars 2021, puis devra obtenir l’aval du ministĂšre des Sports. La sociĂ©tĂ© commerciale pourrait gĂ©rer les droits commer-ciaux, en premier lieu les droits de retransmission Ă  la tĂ©lĂ©vision. D’aucuns poussent mĂȘme l’idĂ©e d’une entrĂ©e au tour de table d’un fonds d’investissement, scĂ©nario mis en Ɠuvre depuis peu en Italie.

Rien n’est cependant actĂ© en cesens, sachant qu’un tel schĂ©ma est loin de faire l’unanimitĂ©. Selon une Ă©tude du cabinet conseil spĂ©cialisĂ© Sport Value auprĂšs de 20 dirigeants de « haut niveau » du foot pro, cette solution est loin de figurer parmi les principales envisagĂ©es alors que le ballon rond traverse une crise inouĂŻe.

Alors que 95 % des dirigeantsinterrogĂ©s estiment que le football professionnel doit parler d’une seulevoix auprĂšs des pouvoirs publics, tirant la leçon de la cacophonie du printemps dernier Ă  propos de l’arrĂȘt du championnat, seulement 21 % de ces mĂȘmes dirigeants prĂ©co-nisent l’appel Ă  des investisseurs, Ă  l’instar de la SĂ©rie A. De mĂȘme, 58 %d’entre eux plaident d’abord pour unassouplissement des rĂšgles de la DNCG, le contrĂŽleur financier des clubs, pour les deux prochaines sai-sons, afin de tenir compte d’un envi-ronnement dĂ©gradĂ©.

Transformation des modes de diffusionL’étude de Sport Value montre aussi que l’unanimitĂ© est loin d’ĂȘtre faite autour d’une Ă©ventuelle rĂ©duc-tion du nombre de clubs de L1 que d’aucuns suggĂšrent afin de renfor-cer les grands clubs dans les compĂ©-titions europĂ©ennes. 17 % des diri-geants interrogĂ©s souhaitent une « refonte du format et du modĂšle des

Christophe Palierse @cpalierse

avec Anne Drif @Anndrif

En attendant le rĂšglement de l’épi-neux dossier de ses droits tĂ©lĂ©vi-suels, la Ligue de football profes-sionnel (LFP), prise de court par le dĂ©faut de paiement de son nouveau diffuseur espagnol Mediapro, en plus de la crise sanitaire, ouvre la voie Ă  une nouvelle donne institu-tionnelle et Ă©conomique.

Son assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, qui s’esttenue jeudi, a adoptĂ© diverses modi-fications de ses statuts, donnant notamment la possibilitĂ© de crĂ©er une filiale commerciale ou de pren-

L’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la Ligue de football professionnel a adoptĂ© la possibilitĂ© de crĂ©er une filiale commerciale ou de prendre des participa-tions dans une sociĂ©tĂ© en rapport avec son objet.

Le football français à la merci d’unegrande bataille de poker menteur

tion le paiement de ses traites et précipiter la cessation de paiement et la mise sous administration judiciaire de Mediapro. Mais ses problÚmes financiers ne seraient pas réglés pour autant et le dossier pourrait traßner, aggravant la situa-tion pour les clubs.

La LFP peut aussi activer uneclause de dĂ©nonciation du contrat Mediapro, mĂȘme si elle s’expose Ă  un procĂšs oĂč serait Ă©valuĂ© l’impact de la crise sanitaire sur la valeur desdroits. Heureusement que Vincent Labrune a la confiance des prĂ©si-dents de clubs en tant qu’ancien patron de l’OM et, apparemment, aussi de bonnes relations avec Canal+ pour rĂ©parer les relations tendues entre le foot et la chaĂźne
 Sa tĂąche est immense. n

l Mediapro serait prĂȘt Ă  se retirer du championnat français, contre l’abandon de toutes poursuites.l Canal+ aurait une proposition pour reprendre les droits qui les ramĂšnerait Ă  leur niveau de 2016.l La conciliation doit se terminer le 18 dĂ©cembre, mais ce ne sera pas forcĂ©ment la fin de cette saga.

d’un rĂ©Ă©quilibrage du modĂšle Ă©co-nomique des clubs qui supportent une masse salariale importante grĂące aux droits de retransmission Ă la tĂ©lĂ©vision et aux transferts. Alors que l’accord conclu en 2018 entre Mediapro et la LFP pour la pĂ©riode 2020-2024 devait ĂȘtre celui d’une nouvelle phase d’expansion, cette mĂȘme pĂ©riode pourrait ĂȘtre rĂ©ces-sive. Les recettes attendues des droits tĂ©lĂ©visĂ©s sont susceptibles d’ĂȘtre rĂ©visĂ©es nettement Ă  la baisse aprĂšs la sortie de Mediapro.

Or, la Ligue s’est lourdementendettĂ©e. AprĂšs avoir souscrit un prĂȘt garanti par l’Etat (PGE) de 224,5 millions, aprĂšs l’arrĂȘt brutal de la saison 2019-2020 et un diffĂ©-rend avec Canal+ sur le paiement deses derniĂšres Ă©chĂ©ances, elle a dĂ» contracter un prĂȘt de 120 millions auprĂšs de JP Morgan afin de faire face, cette fois-ci, Ă  l’échĂ©ance d’octobre non couverte de Media-pro (172,3 millions). En outre, le groupe espagnol n’a pas honorĂ© celle de dĂ©cembre
 n

La Ligue espĂšre rebondir en modifiant ses statuts

Le 4 dĂ©cembre, NĂźmes recevait l’Olympique de Marseille pour le compte de la 13e journĂ©e de Ligue 1. Le football français est fragilisĂ© par l’échec de Mediapro avec sa chaĂźne TĂ©lĂ©foot. Photo Sylvain Thomas/AFP

Sony s’offre Crunchyroll pour1 milliard d’euros

STREAMING

Le groupe japonais reprend la sociĂ©tĂ© californienne aujourd’hui dĂ©tenue par WarnerMedia, une filiale d’AT&T.

Yann Rousseau @yannsan

— Correspondant à Tokyo

Continuant d’investir dans son offre de vidĂ©o et de musique Ă  la demande pour casser sa dĂ©pen-dance Ă  la vente de produits ou de composants Ă©lectroniques, Sony va racheter, pour 1 milliardd’euros, la plateforme Crunchy-roll, spĂ©cialisĂ©e dans la diffusionde dessins animĂ©s japonais. Techniquement, c’est la sociĂ©tĂ© Funimation Global Group – unecoentreprise associant Sony Pic-tures Entertainment et la filiale Aniplex de Sony Music Enter-tainment – qui va reprendre, dans une transaction rĂ©glĂ©e en numĂ©raire, la sociĂ©tĂ© califor-nienne aujourd’hui dĂ©tenue par WarnerMedia, propriĂ©tĂ© de l’opĂ©rateur tĂ©lĂ©coms AT&T. Si legĂ©ant amĂ©ricain inscrit cette vente dans son grand pro-gramme de cession d’actifs jugĂ©s« non stratĂ©giques », Sony veut, lui, renforcer son empreinte sur le marchĂ© mondial de l’« anime », qui ne cesse de croĂź-tre hors des frontiĂšres du Japon.

« Nous avons une comprĂ©hen-sion profonde de cette forme d’artmondiale et nous sommes bien placĂ©s pour fournir un contenu exceptionnel aux publics du monde entier », s’est rĂ©joui Tony Vinciquerra, le PDG de Sony Pictures Entertainment. Selon l’Association de l’anima-tion japonaise, la vente de conte-nus Ă  l’étranger gĂ©nĂšre dĂ©sor-mais presque autant que le chiffre d’affaires rĂ©alisĂ© dans l’Archipel. Au total, le marchĂ© du dessin animĂ© japonais a atteint, Ă  l’échelle planĂ©taire, 21 milliards de dollars en 2018, soit le double du dĂ©but des annĂ©es 2000. Une poussĂ©e d’abord portĂ©e par les platefor-mes de VoD telles que Netflix, Funimation ou Crunchyroll.

FondĂ© en 2006 Ă  San Fran-cisco, Crunchyroll en a Ă©tĂ© l’un des pionniers et a accumulĂ© un catalogue de 1.000 titres. Con-centrĂ©e d’abord sur les Etats-Unis, la sociĂ©tĂ© a ensuite dĂ©ve-loppĂ© son offre en Europe avec notamment la prise de contrĂŽle,l’an dernier, du distributeur franco-allemand d’anime VIZ Media Europe. Le groupe reven-dique ainsi aujourd’hui 3 mil-lions d’abonnĂ©s payants et un fichier de 90 millions d’utilisa-teurs rĂ©guliers prĂ©sents dans plus de 200 pays. Sous l’impul-sion de son PDG, Kenichiro Yoshida, Sony mise massive-ment sur le dĂ©veloppement de cette Ă©conomie de l’abonne-ment, que ce soit dans la vidĂ©o, la musique ou le jeu vidĂ©o avec ses solutions pour les utilisa-teurs des consoles PlayStation. Le groupe japonais espĂšre ainsi compenser, sur le long terme, lavolatilitĂ© de ses activitĂ©s indus-trielles de production de cap-teurs d’images, de casques audio ou de smartphones, plus soumis aux cycles de la conjonc-ture Ă©conomique mondiale. n

Sony veut renforcer son empreinte sur le marchĂ© mondial de l’« anime ».

compĂ©titions ». En revanche, ils sont72 % Ă  militer pour une « trans-formation des modes de diffusion des contenus » du football pro-fessionnel – service Internet (OTT), streaming
 – et 50 % Ă  jugernĂ©cessaire une « meilleure gestion et valorisation des infrastructures » du ballon rond.

Sport Value, qui a par ailleursinterrogĂ© des experts Ă©trangers, propose Ă  ce titre aux acteurs du foot français de « crĂ©er un joint-ven-ture avec un spĂ©cialiste de la produc-tion d’image et de la rĂ©alisation pour maĂźtriser les contenus plutĂŽt qu’une sociĂ©tĂ© commerciale pour commer-cialiser les droits »  Enfin, la crise dufootball relance aussi la question

La crise du football relance la question d’un rĂ©Ă©quilibrage du modĂšle Ă©conomique des clubs.

Page 29: Les Echos - 11 12 2020

Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 // 29

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APPEL D’OFFRES

Date limite de dépÎt des offres : 21/12/2020

RĂ©gion : Ile-de-FranceC.A.: 2.260 K€ au 31/12/2019 (12 mois)ActivitĂ© : transport public routier de marchandises

agroalimentaires, véhicules < à 3,5 tonnesEffectif : 28 salariésModalités :Cession organisée en application des articles L.642-1 et suivants du

Code de CommerceL’accĂšs aux informations sera rĂ©alisĂ© par dataroom Ă©lectronique aprĂšs

un premier contact auprĂšs de l’étude : [email protected] identifiants de connexion seront communiquĂ©s aprĂšs remise de

l’engagement de confidentialitĂ© et des piĂšces mentionnĂ©es, tĂ©lĂ©chargeablessur le site : www.ajilink.fr

Retrouvez l’ensemble des appels d’offre sur www.ajilink.fr

SELARL AJILINK LABISCABOOTERJĂ©rĂŽme CABOOTERAdministrateur Judiciaire AssociĂ©18, rue de l’abreuvoir77100 MEAUXwww.ajilink.fr

RECHERCHE DE PARTENAIRE OU DE REPRENEURENTREPRISE EN LIQUIDATION JUDICIAIRE

«SARL COLIS SERVICES».

APPEL D’OFFRES

Date limite de dépÎt des offres : 08/01/2021 à 12h00

RĂ©gion : Ile-de-FranceC.A.: 6.157 K€ au 31/12/2019 (12 mois)ActivitĂ© : BTP (pose de cloisons, doublages, plafonds...).Effectif : 25 salariĂ©sModalitĂ©s :Cession organisĂ©e en application des articles L.642-1 et suivants du

Code de CommerceL’accĂšs aux informations sera rĂ©alisĂ© par dataroom Ă©lectronique aprĂšs

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RECHERCHE DE PARTENAIRE OU DE REPRENEURENTREPRISE EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE

SAS I.D.S.

APPEL D’OFFRES

Date limite de dépÎt des offres : Lundi 21 décembre 2020 à 17h00

Région : Marseille (15Úme)Activité : Entreprise de Transport spécialisée

dans le transport d’enrobĂ©sCA: 657 069€ au 30/09/2020 (9 mois)

1 175 375€ au 31/12/2019 (12 mois)Effectif : 16 salariĂ©sModalitĂ©s :Cession organisĂ©e en application des articles L.642-1

et suivants du Code de Commerce.L’accĂšs aux informations sera rĂ©alisĂ© par dataroom Ă©lectronique

aprĂšs remise de l’engagement de confidentialitĂ© et des piĂšcesmentionnĂ©es, tĂ©lĂ©chargeables sur le site : www.ajilink.fr.

Frédéric AVAZERIAdministrateur Judiciaire AssociéSCP AJILINK AVAZERI-BONETTO23/29 rue Haxo13001 MARSEILLE

RECHERCHE DE PARTENAIRE OU DE REPRENEUR

APPEL D’OFFRES

Date limite de dépÎt des offres : lundi 28 décembre 2020 à 12h00

RĂ©gion : Ile-de-France (siĂšge), RhĂŽne-AlpesC.A.: 1.134 K€ (au 31/12/2019 – 12 mois)ActivitĂ© : Transport public (vĂ©hicules > 3,5 tonnes)

de marchandisesEffectif : 11 salariésModalités :Cession organisée en application des articles L.642-1 et suivants du

Code de CommerceL’accĂšs aux informations sera rĂ©alisĂ© par dataroom Ă©lectronique aprĂšs

un premier contact auprĂšs de l’étude : [email protected] identifiants de connexion seront communiquĂ©s aprĂšs remise de

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RECHERCHE DE PARTENAIRE OU DE REPRENEURENTREPRISE EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE

"ENTREPRISE DE TRANSPORT DE MARCHANDISES"

I- Mot d’accueil :- Olivier BUISINE, PrĂ©sident de l’IFPPC

II- Ouverture :- Alain GRISET, Ministre chargé des Petites et

Moyennes Entreprises (sous réserve)Christophe BASSE, Président du Conseil Nationaldes Administrateurs et Mandataires judiciaires

III- Promouvoir les outils de restructurationen temps de crise – La peur du tribunalet la mĂ©connaissance des procĂ©dures, freinsau sauvetage de l’entreprise- Georges RICHELME, PrĂ©sident de la ConfĂ©rence

Générale des Juges Consulaires- Sophie JONVAL, Présidente du Conseil National des

Greffiers des Tribunaux de Commerce- Lucile JOUVE, Mandataire judiciaire- Aurélia PERDEREAU, Administrateur judiciaire- Philippe DUBOIS, Avocat

IV- L’aprĂšs-crise – Que restera-t-il des ordonnancesCovid ? Projets d’ordonnances droit des sĂ»retĂ©set transposition directive- Jean-François DE MONTGOLFIER, Directeur des

Affaires Civiles et du Sceau- Julien THÉRON, Professeur des UniversitĂ©s- Reinhard DAMMANN, Avocat

V- Crise sanitaire et risques de blanchiment decapitaux- Maryvonne LE BRIGNONEN, Directrice de TRACFIN- Stephen ALMASEANU, Vice-Procureur de la

République, parquet de Paris- Soazig LEDAN-CABARROQUE, Déléguée du

CNAJMJ aux obligations LAB-FT- Béatrice AMIZET, Mandataire judiciaire- François MERCIER, Administrateur judiciaire

VI- L’invitĂ©e :Laurence PARISOT (sous rĂ©serve) : Regard sur la crise

1) Revue de la jurisprudence 2020- Jean-Pierre REMERY, Conseiller doyen de la

chambre commerciale de la Cour de cassation- Laurence-Caroline HENRY, Avocate générale

Ă  la Cour de cassation- Marine SIMONNOT, Avocate

2) Mise en place d’un PSE en cas de dĂ©faillanced’entreprise- Sonia MOUROZ, Responsable de centre de gestion

AGS- Bruno DAVID, Mandataire judiciaire- SĂ©bastien VIGREUX, Administrateur judiciaire- Hubert DE FRÉMONT, Avocat

3) Régime des contrats en cours et bauxcommerciaux- Fabien KENDERIAN, Maßtre de conférences HDR

en droit privé- François-Charles DESPRAT, Mandataire judiciaire- Justine PELENC, Administrateur judiciaire- Ghislaine BETTON, Avocate

4) Revendications, restitutions et droits derétention- Augustin AYNÈS, Professeur des Universités- Sophie TCHERNIAVSKY, Mandataire judiciaire- Vincent ROUSSEAU, Administrateur judiciaire- Jacques TORIEL, Avocat

Enregistrement vidĂ©o du colloque envoyĂ© aux participantsAttestation de participation dĂ©livrĂ©e Ă  l’issue de la journĂ©e

Inscriptions sur www.ifppc.fr

FAIRE FACE À LA CRISE

PLÉNIÈRE DU MATIN: 9h-12h30 ATELIERS DE L’APRÈS-MIDI AU CHOIX: 14h-17h

PrĂ©sentĂ©s par François LEGRAND, Mandataire judicaireet Olivier BUISINE, Administrateur judiciaire, PrĂ©sident de l’IFPPC

COLLOQUE EN LIGNE

Lundi 25 janvier 2021 - De 9h Ă  17h

16e Entretiens

Sauvegardede la

RECHERCHE DE REPRENEURS DANS LE CADRE D’UN REDRESSEMENT JUDICIAIREDĂ©nomination sociale : GROUPE ADIONA

ActivitĂ© : accompagnement des jeunes Ă  la mobilitĂ© internationale et Ă  l’orientationLocalisation : Venelles (13) – Effectif : 5 salariĂ©s et 3 apprentis

C.A. HT : Ante-Covid 965 K € (sur 12 mois)Post-Covid 285 K € (sur 12 mois - estimation)

Actifs: 15 sites Internet dont www.monsalonetudiant.com;35 noms de domaine et 2 marques déposées.

Date limite de remise des offres auprÚs de la SELARL de SAINT-RAPT & BERTHOLET :31 décembre 2020 à 17h00

L’accĂšs au dossier de prĂ©sentation se fera par dataroom. Les identifiants de connexionseront communiquĂ©s aprĂšs transmission d’un engagement de confidentialitĂ© disponible

sur le site : aj-specialises.fr/societe

Contact : Monsieur Lou BILLOUD70 rue de la Tramontane – 13090 Aix en ProvenceTĂ©l. : +33 (0) 442 66 56 60Courriel : [email protected]

RECHERCHE DE REPRENEURS DANS LE CADRE D’UN REDRESSEMENT JUDICIAIREDĂ©nomination sociale : SAS GEO SENTINEL

Activité : conception de logiciel et objet connecté dans le secteur de la santé et la sécurité despersonnes fragiles, analyse des alertes de santé de géolocalisation et des appels SOS.

DĂ©veloppement et vente de montres ou de trackers permettant : de mesurer la tension artĂ©rielle,la saturation en oxygĂšne et le rythme cardiaque ; de gĂ©olocaliser les porteurs de l’outil ; de passer

des appels de détresse sur un numéro pré enregistré.Localisation : Aix-Marseille

C.A. HT 2019 : (exercice 2019, sur 12 mois) : 128 K€ – Projections 2020-2021 : 461 K€Nombre de salariĂ©s : 5 personnes – Immobilisations au 31.12.2019 : 643 K€

Date limite de remise des offres auprĂšs de la SELARL de SAINT-RAPT & BERTHOLET :22 janvier 2021

L’accĂšs au dossier de prĂ©sentation se fera par dataroom. Les identifiants de connexion seront communiquĂ©saprĂšs transmission d’un engagement de confidentialitĂ© disponible sur le site : aj-specialises.fr/societe

Contact : Monsieur Antoine MANENTSainte Victoire, angle ouest –70 rue de la Tramontane13090 Aix en Provence – TĂ©l. : +33 (0) 442 66 56 60Fax: +33 (0) 442 65 20 96 – : [email protected]

Société : MAKEEN ENERGY TECHNOLOGY CENTER (ex-SIRAGA)Activité : Conception, fabrication et montage de machines et ensemble

pour l’emplissage, l’entretien et la distribution de bouteilles GPLSiùge social : Buzançais (36500)

Effectif actuel : 78 salariĂ©s – CA au 31.12.2019 (15 mois) : 16 475 282 €Date ultime de dĂ©pĂŽt des offres: 15 janvier 2021 Ă  12h00

Les tiers sont invitĂ©s Ă  remettre leur proposition (conforme Ă  l’article L.642-2 du codede commerce) en 6 exemplaires Ă  l’Administrateur Judiciaire, Me Guy PIERRAT.

L’accĂšs Ă  une data room Ă©lectronique sera autorisĂ© aprĂšs rĂ©gularisation d’un engagementde confidentialitĂ© et une prĂ©sentation succinte du candidat Ă  la reprise.

Les candidats intĂ©ressĂ©s sont invitĂ©s Ă  se manifester par tĂ©lĂ©copie ou e-mail auprĂšs de:Me Guy PIERRAT, Administrateur Judiciaire – 24 rue Chanzy – 28000 Chartres

E-mail : : [email protected]

APPEL D’OFFRES DE REPRISE DANS LE CADRED’UNE PROCÉDURE DE REDRESSEMENT JUDICIAIRE

APPEL D’OFFREReprise d’actifs de la SAS MARANATHA :

Actions & comptes courantsArticle L642-19 C.COM

100 % du capital del’EURL « LE RELAISD’AUBAGNE » (hĂŽtel)

RCS Marseillen°453 271 280

C/C créditeur détenu parSAS MARANATHAau passif de SARL

LE RELAIS D’AUBAGNE(1.7 M€)

550 actions détenues par la SASMARANATHA sur les 986.448 actions

composant le capital de laSCS FINOTEL VALORISATION 6

(restaurant)

Informations et conditions sur :www.louis-lageat.fr / [email protected]

DLDO : 23.12.2020 Ă  12h00en l’étude du mandataire judiciaire en charge de la liquidation judiciaire de la SAS MARANATHA.

Entre les mains de Me Christophe BASSE171, avenue Charles de Gaulle – CS 20019 – 92521 Neuilly sur seine CEDEX

Contact : [email protected]

A VENDREChangeur France International SA (ex Banque Travelex)

8 FONDS DE COMMERCE DE BUREAU DE CHANGEET LES DAB PARTOUT EN FRANCE :

(Conformément aux articles L. 642-19 et suivants du code de commerce)

- 52 CHAMPS ELYSEES : 52 av. des Champs ElysĂ©es 75008 Paris- 125 CHAMPS ELYSEES :125 av. des Champs ElysĂ©es 75008 Paris- OPERA : 8 Place de l’OpĂ©ra 75009 Paris- SAINT MICHEL : 4, boulevard Saint Michel 75006 Paris- RAMBUTEAU : 42, rue de Rambuteau 75003 Paris- RIVOLI : 194, Rue de Rivoli 75001 Paris- CANNES : 8 Rue d’Antibes 06400 Cannes- LILLE : 69, rue Faidherbe 59800 Lille

Date limite dépÎt des offres : LUNDI 18 JANVIER 2021 A 11H00

APPEL D’OFFRESRECHERCHE DE CANDIDATS

EN VUE D’UNE CESSION D’ENTREPRISE(L.642-2 et suivants du Code de commerce)

SOCIETE DE LOCATIONS DE MOBILIERPOUR LES SALONS, CONGRES ET EVENEMENTIEL

Jugement d’ouverture : 23 novembre 2020ActivitĂ© : Organisation de foires, salons professionnels et congrĂšs

SiÚge social : GONESSE (95)Effectif total : 59 salariés

Carnet de commandes : NĂ©antClientĂšle : Organisateurs de salons, DĂ©corateurs de stand haut

de gamme, Agences Ă©vĂšnementielles, Parcs d’expositionC.A. : Au 31/12/2018 : 12,6 M€

Au 31/12/2019 : 13,7 M€EBITDA : Au 31/12/2018 : 1,8 M€

Au 31/12/2019 : 2,7 M€Date limite de dĂ©pĂŽt des offres: 11 janvier 2021 Ă  17h00

SELARL AJRS – Me Philippe [email protected]

L’accĂšs aux informations sera possible aprĂšs demande Ă©crite prĂ©cisant l’identitĂ© du candidatrepreneur et justifiant de sa capacitĂ© commerciale et financiĂšre Ă  intervenir dans cette affaire.

TOUT CANDIDAT DOIT SE MANIFESTER PAR ÉCRIT AUPRÈS DE:

Entreprise spécialisée dans la productionde pùte à papier, localisée à Tarascon (13150)

En redressement judiciaire306 salariés

Chiffre d’affaires 2019 (12 mois) : 117,5 M€RĂ©sultat d’exploitation 2019 (12 mois) : -28,7 M€

RECHERCHE DE CANDIDATSREPRENEURS EN PLAN DE CESSION

Pour accĂ©der aux dossiers de prĂ©sentation, les candidats intĂ©ressĂ©s sont invitĂ©s Ă  contacter par Ă©crit :Me Joanna Rousselet – Administrateur judiciaire – 38 avenue Hoche – 75008 Paris

[email protected] / [email protected] Jean Baron – Administrateur judiciaire – 10 rue d’Alsace Lorraine – 31000 Toulouse

[email protected] / [email protected] date limite de remise des offres est fixĂ©e au 4 janvier 2021 Ă  12H00.

SociĂ©tĂ© exerçant des activitĂ©s d’injection sous pression,d’usinage et d’assemblage de piĂšces en aluminium Ă  destination

de grands constructeurs automobiles internationaux.

En redressement judiciaire :294 salariés

C.A. au 31/12/2019 : 36,3 M€ / RĂ©sultat d’exploitation au 31/12/2019 : -3 M€Exploitation de deux usines dans le Jura (39)

Pour accéder au dossier de présentation, les candidats intéresséssont invités à contacter par écrit :

Me FrĂ©dĂ©ric Abitbol et Me Joanna Rousselet – Administrateurs judiciaires38, avenue Hoche – 75008 Paris – [email protected] et [email protected]

La date limite de remise des offres est fixée au 18 janvier 2021 à midi.

RECHERCHE D’INVESTISSEURS ET/OU DECANDIDATS REPRENEURS EN PLAN DE CESSION

Administrateurs Judiciaires Associés Selarl BCM - Me Jean-Baptiste ALBERTINI

‱ ActivitĂ© : Post-production complĂšte (programmes TV 75% /fiction 25%)‱ Localisation : Studios / Bureaux situĂ©s Ă  Boulogne-Billancourt (92)‱ Effectifs : 22 salariĂ©s‱ C.A. HT : 3,5 M€ au 31 dĂ©cembre 2019 / 3,8 M€ en 2018 / 3,9 M€ en 2017‱ C.A. HT estimĂ© en 2020 : 2 M€

Les offres tendant au maintien de tout ou partie de l’activitĂ© de l’entreprisedevront ĂȘtre soumises au plus tard le : 15 janvier 2021 Ă  12h00.

SOCIETE DE POST PRODUCTION EN REDRESSEMENT JUDICIAIRERECHERCHE PARTENAIRE OU CESSIONNAIRE

Un dossier de prĂ©sentation ou data room virtuelle sera mis en place. L’accĂšs Ă  cette data room peut ĂȘtre obtenu surdemande Ă©crite motivĂ©e justifiant d’une capacitĂ© financiĂšre, industrielle ou commerciale adaptĂ©e, et aprĂšs signatured’un engagement de confidentialitĂ© Ă  l’adresse suivante : [email protected]

RECHERCHE DE PARTENAIRES / CANDIDATS A LA REPRISEOFFRE DE REPRISE EN « PRÉPACK CESSION »

Activité : Plateforme Saas permettant, la création, le stockage et ladiffusion de contenus interactifs auprÚs des médias

C.A. au 31/12/2019 : 850 K€Effectifs : 7 salariĂ©sLocalisation : Paris 2Ăšme

La date limite de dépÎt des offres est fixée au : 8 janvier 2021 à 17h00.

Cet appel d’offres s’inscrit dans le cadre d’une procĂ©dure amiable pour laquelle lecaractĂšre confidentiel sera prĂ©servĂ© (article L. 611-15 du Code de commerce). Aussi,le candidat devra signer un engagement de confidentialitĂ© manuscrit avant tout accĂšs Ă la Dataroom. Enfin, l’offre dĂ©posĂ©e devra respecter les dispositions de l’article L.642-2 du Code de commerce.

Franck MICHEL - Alain MIROITE - Charles GORINS - Nicolas DESHAYES - Christophe BIDAN - Serge PREVILLE - Lesly MIROITE -Nicolas GRICOURT - Céline MASCHI - Hervé COUSTANS - Maxime LEBRETON

Blois-Bobigny-Cayenne-Chartres-Colmar-Créteil-Evreux-Fort de France-Gosier-Laval-Le Mans-Marseille-Melun-Mulhouse-Nantes-Nevers-Orléans-Paris Flandrin-Paris La Fayette-Poitiers-la Réunion-Rennes-Rouen-Saint Martin-Tours-Versailles

Me Lesly MIROITE48 rue La Fayette2e Ă©tage75009 PARISRĂ©f. dossier : 23794

CONTACT :Guillaume COGENTĂ©l : 01.48.24.34.35Fax : [email protected]

RECHERCHE DE PARTENAIRES / REPRENEURSDANS LE CADRE D’UN REDRESSEMENT JUDICIAIRE

DATE LIMITE DE RÉCEPTION DES PROPOSITIONS : LUNDI 18 JANVIER 2021 À 12H00

ActivitĂ© de l’entreprise : Transport routier de marchandisesLocalisation : DROME (26)Effectif actuel : 18 salariĂ©sCA HT du dernier Exercice : 1.085 K€ (au 30.06.2020 – 12 mois)Valeur nette comptable des immobilisations du dernier exercice connu : 12 K€ (au 30.06.2020 – 12 mois)Locaux d’activitĂ© : Bail commercial

Locaux et terrain de 1.000 mÂČLoyer annuel H.T de 15.600 €

Merci de contacter : AJ PARTENAIRESMaĂźtres Didier LAPIERRE et Ludivine SAPIN

Mme MichĂšle VARLOUD – 18 rue Jacquemart, 26100 ROMANSTĂ©l : 04 75 02 86 03

Courriel : [email protected]

SiĂšge social : RĂ©gion Nouvelle-AquitaineActivitĂ© :‱ Agence : Agence Web spĂ©cialisĂ©e dans le e-commerce avec une Ă©quipe d’environ 25 personnes.Son coeur de mĂ©tier historique est l’activitĂ© d’Agence : la conception, la maintenance et l’hĂ©bergementde sites marchands (plateformes de e-commerce). La sociĂ©tĂ© Ă©labore, conçoit et pilote des sitesBtoC et BtoB sĂ©curisĂ©s et sur mesure pour ses clients, majoritairement des PME et ETI.‱ Logiciel : un nouveau logiciel Ă  usage des fonctions commerciales des entreprisesNombre de salariĂ©s : Entre 20 et 30 – ClientĂšle : B to BElĂ©ments comptables : Exercice du 01/01/2019 au 31/12/2019 : CA : 2 037 790 €

Exercice du 01/01/2018 au 31/12/2018 : CA : 1 564 343 €L’accĂšs aux informations (data-room Ă©lectronique et/ou dossier de prĂ©sentation) sera possible aprĂšsdemande Ă©crite prĂ©cisant l’identitĂ© du Candidat-repreneur et justifiant de sa capacitĂ© commerciale etfinanciĂšre Ă  intervenir sur cette affaire et aprĂšs la rĂ©gularisation d’un engagement de confidentialitĂ©.

Date limite de dĂ©pĂŽt des offres: le 22 janvier 2021 Ă  12h00 dernier dĂ©lai en l’étude de:SELARL AJ UP - CĂ©dric LAMAIRE, Administrateur Judiciaire 13 rue de la Boule d’Or – 79000 Niort

Collaborateur en charge Mr Samuel FAURE – TĂ©l : 02 40 20 11 18 / [email protected]

SOCIETE D’EDITION DE LOGICIELS ET DE CREATION DE SITES WEBRECHERCHE UN PARTENAIRE FINANCIER OU UN REPRENEUR

RECHERCHE DE PARTENAIRES / CANDIDATSA LA REPRISE EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE

Activité : Auto/moto-école (permis B, BEA, AM, moto
) etformation professionnelle (permis PL, CACES...)700 stagiaires permis B et Moto et 1 000 stagiaires enformation pro en 2020

C.A. estimĂ© au 31/12/2020 (12 mois) : 1,6 M € - Effectif : 24Localisation : Vienne (86)Actifs Ă  cĂ©der : fonds de commerce, vĂ©hicules en propre et en crĂ©dit-bail,

droit au bail, 
Date du Redressement Judiciaire : 3 dĂ©cembre 2020La date limite de dĂ©pĂŽt des offres est fixĂ©e au : 12 janvier 2021 Ă  12h00Une data room Ă©lectronique hĂ©bergĂ©e sur notre site www.ajadataroom.fr seraaccessible aprĂšs acceptation d’un engagement de confidentialitĂ©.

RĂ©f. Ă  rappeler : 23816

Me Serge PREVILLE10 rue des Grandes Ecoles86000 POITIERS

CONTACT :Mathieu DEREAUTĂ©l. : 05.49.62.02.45Fax : [email protected]

Franck MICHEL - Alain MIROITE - Charles GORINS - Nicolas DESHAYES - Christophe BIDAN - Serge PREVILLE - Lesly MIROITE -Nicolas GRICOURT - Céline MASCHI - Hervé COUSTANS - Maxime LEBRETON

Blois-Bobigny-Cayenne-Chartres-Colmar-Créteil-Evreux-Fort de France-Gosier-Laval-Le Mans-Marseille-Melun-Mulhouse-Nantes-Nevers-Orléans-Paris Flandrin-Paris La Fayette-Poitiers-la Réunion-Rennes-Rouen-Saint Martin-Tours-Versailles

Me Bernard HOUPLAIN46 Promenade jean Rostand93000 BOBIGNY

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Demain chez votremarchand

de journaux, votrehebdomadaire

ARGENTGRATUITENCORELONGTEMPS

ques, comme l’escalade, la start-up basĂ©e Ă  Chamonix Ă©largit petit Ă  petit son champ d’action. « 75 % du marchĂ© de la montagne est drainĂ© par la randonnĂ©e et notre objectif est de conquĂ©rir cette communautĂ©, car la base de l’information est la mĂȘme que pour les autres disciplines », dĂ©taille Tim MacLean. DĂ©jĂ  35 % des posts de ses utilisateurs concer-nent cette pratique familiale grandpublic.

Ambitions mondialesL’ambition de l’équipe cofondĂ©e parXavier Bougouin ne s’arrĂȘte pas Ă  laFrance. « Nous voulons devenir l’application de rĂ©fĂ©rence mondiale pour la montagne », assume Tim MacLean, qui a notamment tra-vaillĂ© dix ans au marketing chez Apple. Si 90 % de ses utilisateurs sont français, 4 % sont suisses, et 3 %situĂ©s aux Etats-Unis. Disponible en anglais comme en français, l’appli permet aussi d’avoir accĂšs

aux itinĂ©raires dans sa langue. Whympr n’est pas seule sur son marchĂ©. L’amĂ©ricain AllTrails a levĂ© un total de 78 millions de dol-lars depuis sa crĂ©ation en 2010, et l’allemand Fatmap a dĂ©jĂ  un pied en France. Leur positionnement respectif n’est pourtant pas aussi large que Whympr, dont le cofon-dateur estime qu’une place est encore Ă  prendre : « Ils ont tous une approche spĂ©cifique, via GPS ou les cartes 3D, mais personne n’a encore rĂ©ussi Ă  rassembler les communau-tĂ©s avec l’ensemble des infos clĂ©s pourpratiquer toutes les disciplines de montagne. »

Avant-poste au lac TahoeLe chemin pour y parvenir est Ă©troit, mais il existe. C’est pourquoi l’équipe de la jeune pousse, qui vient d’entrer au Village by CA de Grenoble va certainement cher-cher Ă  lever une sĂ©rie A dĂšs l’an pro-chain, notamment pour accĂ©lĂ©rer

Guillaume Bregeras @gbregeras

Pas de tĂ©lĂ©siĂšge ? Qu’à cela ne tienne ! La montagne regorge de ressources et d’activitĂ©s pour occu-per ses amoureux et tous ceux qui imaginaient dĂ©valer les pistes cet hiver. Pour les aiguiller, plusieurs start-up proposent des applica-tions, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale spĂ©cialisĂ©esdans une pratique bien prĂ©cise. Ce n’est pas le cas de Whympr, qui afait le pari inverse, rassembler les diffĂ©rentes pratiques (excursion, escalade, ski de randonnĂ©e
) au sein d’une mĂȘme plateforme en lui donnant une forte dimension communautaire.

A l’approche du premier breakhivernal, son cofondateur Tim MacLean se tient prĂȘt : « Au tout dĂ©but du confinement, nous avons senti un impact nĂ©gatif, car plus per-sonne ne postait d’images. Mais cet Ă©tĂ©, les Français avaient envie d’acti-vitĂ© “outdoor”, et nous l’avons cons-tatĂ© sur notre activitĂ©. »

Augmenter la part des abonnĂ©s payantsCette pĂ©riode si particuliĂšre qu’est 2020 lui a permis d’atteindre les 100.000 tĂ©lĂ©chargements, dont 65.000 crĂ©ations de compte (10.000 actifs et 700 qui paient l’abonnement mensuel pour accĂ©-der Ă  plus de services). « Avec 1 % descomptes crĂ©Ă©s transformĂ©s en abon-nĂ©s payants, nous sommes un peu au-dessous de la norme du marchĂ©, analyse l’entrepreneur. Notre objec-tif est de monter Ă  3 %. » L’utilisateurlambda accĂšde Ă  60.000 itinĂ©raires et Ă  des outils de communication. Mais, pour accĂ©der Ă  un mode horsligne, au tracker GPS ou aux alertesmĂ©tĂ©o, il faut s’acquitter d’un abon-nement, qui augmente progressive-ment au rythme des services inclus,comme les cartes IGN ou le descrip-tif prĂ©cis d’itinĂ©raires, textes et pho-tos Ă  l’appui.

Entrée sur le segment montagnepar les disciplines les plus techni-

SPORT

mande, demande de rembour-sement ou d’échange, etc.). « Lesdix questions les plus frĂ©quentes reprĂ©sentent 60 % du volume total du service client », insiste Romain Lapeyre. Les commer-çants qui ont souscrit Ă  un abonnement au logiciel peu-vent ainsi se concentrer sur la rĂ©solution des problĂšmes les plus complexes, en Ă©changeant,par exemple, directement au tĂ©lĂ©phone avec les clients.

L a j e u n e p o u s s e , q u iemprunte son nom Ă  un cĂ©lĂšbredialogue de Platon, se prĂ©sente ainsi comme « un canal de loyautĂ© » qui veut aider les e-commerçants Ă  fidĂ©liser leursclients et, in fine, doper leur chiffre d’affaires. Le pari est gagnant. Alors que la crise sani-taire a poussĂ© de nombreuses enseignes Ă  prendre le virage del’e-commerce pour compenser la fermeture brutale de leurs magasins, Gorgias affirme avoirconnu une croissance de 300 % cette annĂ©e. Une performance qui n’est pas passĂ©e inaperçue chez les investisseurs.

Six hubs rĂ©gionauxRĂ©sultat : la jeune pousse a annoncĂ©, jeudi, avoir levĂ© 25 millions de dollars lors d’un tour de table en Serie B auprĂšs de Sapphire Ventures, Alven, Amplify, CRV et SaaStr. La sociĂ©tĂ© avait dĂ©jĂ  levĂ© 14 mil-lions de dollars en novem-bre 2019.

L’application de Gorgias estutilisĂ©e par plus de 4.500 bouti-ques en ligne, parmi lesquel-les Steve Madden, Electrolux ouSergio Tacchini. La jeune pousse profite de son intĂ©gra-tion sur les grandes platefor-mes de l’e-commerce telles que Shopify, Magento ou BigCom-merce. La sociĂ©tĂ© veut profiter de ses nouveaux financements pour amĂ©liorer les performan-ces de son logiciel et doubler le nombre de ses salariĂ©s, rĂ©partisdans six grands hubs rĂ©gionaux(Paris, San Francisco, Charlotte,Toronto, Belgrade et Sydney). L’e-commerce se fiche bien des frontiĂšres. n

Adrien LeliĂšvre @Lelievre_Adrien

Faute d’activitĂ© Ă©conomique, c e r t a i n s p a t r o n s o n t Ă© t Ă©contraints de placer des sala-riĂ©s au chĂŽmage partiel cette annĂ©e, voire d’organiser de dou-loureux plans de licencie-ments. Ce fut tout le contraire pour Romain Lapeyre et Alex Plugaru.

Alors que la pandĂ©mie duCovid-19 dĂ©ferlait sur le monde, les cofondateurs de Gorgias, une start-up spĂ©cialisĂ©e dans le service-client pour les e-com-merçants, ont passĂ© une partie non nĂ©gligeable de leur temps Ă signer des contrats de travail. « On a embauchĂ© 80 personnes depuis mars », explique RomainLapeyre. La sociĂ©tĂ© en comptait30 au dĂ©but de l’annĂ©e.

FondĂ© Ă  Paris en 2015, Gor-gias avait Ă  l’origine mis au pointun outil pour Ă©crire des e-mails plus rapidement via des tem-plates et des raccourcis. Au fil deleurs Ă©changes avec d’autres entrepreneurs, les patrons de lajeune pousse constatent toute-fois que le service client est sou-vent l’un des points faibles des marchands en ligne. De quoi lesconvaincre de s’attaquer direc-tement Ă  ce problĂšme.

« Un canal de loyautĂ© » « Gorgias est en quelque sorte unegrosse boĂźte mail qui permet d’aider les e-commerçants Ă  gĂ©rer leur service-client Ă  un seul endroit, oĂč vont atterrir toutes les requĂȘtes, qu’elles viennent pare-mail ou Facebook », rĂ©sume Romain Lapeyre. GrĂące aux outils de l’IA, la pĂ©pite fournit des rĂ©ponses toutes faites aux questions les plus simples (suivi ou annulation d’une com-

E-COMMERCE

La pĂ©pite aide les boutiques en ligne Ă  mieux gĂ©rer leur service client grĂące Ă  une application payante qui centra-lise les requĂȘtes.

Elle a connu une croissance rapide cette année avec la crise sanitaire.

Service client pour les e-commerçants : Gorgias lÚve 25 millions de dollars

4.500BOUTIQUES EN LIGNEutilisent l’appli Gorgias.

Incubateurs, accĂ©lĂ©rateurs, struc-tures d’accompagnement
 tous souffrent, depuis mars dernier, et ledĂ©but de la crise du Covid-19. Pour-tant, l’un de ses plus anciens reprĂ©-sentants, Le Village by CA, poursuitson activitĂ© en dĂ©montrant une forme de rĂ©sistance. Son antenne parisienne a mĂȘme enregistrĂ© 58 millions d’euros de fonds levĂ©s par ses jeunes pousses depuis le dĂ©but de l’annĂ©e. Un montant qui monte Ă  520 millions depuis ses dĂ©buts en 2014, et tutoie mĂȘme le milliard d’euros cumulĂ©s (914 prĂ©-cisĂ©ment) si l’on Ă©largit l’observa-tion Ă  ses 36 antennes.

« 90 % des start-up que nousaccompagnons sont encore vivantes,

dĂ©fend Fabrice Marsella, directeur gĂ©nĂ©ral du Village by CA. Cela s’explique notamment parce que nous les embarquons Ă  un stade de maturitĂ© oĂč elles ont dĂ©jĂ  fait leurs preuves de concept. Et malgrĂ© le con-finement, un plus grand nombre d’entre elles que ce que je pouvais imaginer arrivent Ă  passer la crise relativement facilement. »

Une autre explication vient dumodĂšle de cette sociĂ©tĂ© d’accompa-gnement, filiale du Groupe CrĂ©dit Agricole. Le Village by CA met en relation start-up et grands groupes pour aller plus loin que les simples POC, qui ont longtemps permis de boucler les budgets de ce type de structures. « Nos offres ont changĂ©

de nature au fur et Ă  mesure de la maturitĂ© des corporates, dĂ©taille Fabrice Marsella. L’acculturation est terminĂ©e, et nous sommes dans une phase oĂč le retour sur investisse-ment est exigĂ©. Nous participons d’ailleurs Ă  l’élaboration d’outils con-crets pour mieux encadrer la relationentre start-up et grands groupes, avecd’autres acteurs de l’innovation. »

Des ambitions plus fortesPour soutenir ses pĂ©pites pendant l’éclatement de la crise sanitaire, LeVillage by CA a dĂ©matĂ©rialisĂ© son accompagnement. Il Ă©tait d’abord question d’obtenir des aides de l’Etat, puis de trouver des maniĂšres de continuer l’activitĂ© malgrĂ© le contexte, ou de lever des fonds Ă  distance. Depuis la fin du premier confinement, l’espace parisien, situĂ© dans le huppĂ© 8e arrondisse-ment, accueille Ă  nouveau les entre-preneurs et leurs Ă©quipes qui le souhaitent.

Une approche que l’on retrouveaussi dans les « villages » en rĂ©gion,notamment Ă  Grenoble que la

pĂ©pite Whympr vient de rejoindre pour un accompagnement de deux ans. « Le secteur de la montagne, Ă  qui s’adresse cette start-up, nous touche particuliĂšrement, explique Brice Lemoine, directeur de cette antenne. Ils veulent devenir la rĂ©fĂ©-rence mondiale d’ici Ă  2025 et nous allons les aider Ă  s’internationaliser, notamment aux Etats-Unis, grĂące Ă  notre rĂ©seau. »

Cette ambition traduit celle descentaines d’autres jeunes pousses qui rejoignent cet accĂ©lĂ©rateur. Et sitoutes, loin de lĂ , n’auront pas cette trajectoire, elles pourront au moinsse frotter de prĂšs Ă  la relation si essentielle avec le monde des gran-des entreprises. — G. B.

4À NOTERLe Village by CA propose Ă©galement un programme d’accompagnement aux entreprises pour notamment immerger leurs collaborateurs dans le quotidien des start-up.

Le Village by CA face aux mutations de l’accompagnementLa filiale du CrĂ©dit Agricole opĂšre depuis 2014 des structures d’accĂ©lĂ©ration des start-up et de formation des grands groupes. MalgrĂ© la crise sanitaire, les jeunes pousses de l’antenne parisienne ont levĂ© un total de 58 millions d’euros.

L’utilisateur lambda de Whympr peut accĂ©der Ă  60.000 itinĂ©raires et Ă  des outils de communication.

sa prĂ©sence outre-Atlantique. Elle ya dĂ©jĂ  envoyĂ© un dĂ©veloppeur basĂ© au lac Tahoe, un temple de l’« outdoor » situĂ© dans le Nevada, pour nouer des partenariats stratĂ©-giques en vue de proposer des servi-ces comme les alertes avalanches. En parallĂšle, elle commence Ă  ima-giner d’autres pistes de revenus, conclue Tim MacLead : « J’aimeraispouvoir un jour prĂ©venir notre utili-sateur que la corde achetĂ©e il y a dix ans est usĂ©e, donc dangereuse, et qu’ilest donc temps d’en changer. Mais nous sommes une start-up, et il faut prioriser nos actions. »

4À NOTERWhympr avait rĂ©alisĂ© une premiĂšre levĂ©e de fonds de 430.000 euros via des business angels et la plateforme de financement participatif Sowefund.

l L’interdiction d’utiliser les remontĂ©es mĂ©caniques favorise l’essor des autres disciplines, tels l’escalade ou le ski de randonnĂ©e. l BasĂ©e Ă  Chamonix, cette jeune pousse tente de s’imposer comme un outil de rĂ©fĂ©rence pour tous les amoureux de la montagne.

L’appli Whympr Ă  la conquĂȘte des passionnĂ©s de montagne

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Pour soutenir ses pépites pendant la crise sanitaire, Le Village by CA a dématérialisé son accompagnement.

START-UP Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos

Page 31: Les Echos - 11 12 2020

BĂ©nĂ©dicte Weiss—Correspondante Ă  Strasbourg

A Strasbourg, Rhenus Logistics Alsace s’équipe pour faire face au dĂ©fi du stockage de vaccins contre leCovid-19. L’entreprise va dĂ©marrer la construction dans quelques semaines d’un nouvel entrepĂŽt sous tempĂ©rature dirigĂ©e, d’une surface de 8.500 mĂštres carrĂ©s – unprojet dĂ©cidĂ© pendant la crise sani-taire et visant Ă  renforcer les surfa-ces de stockage existantes. Conçu pour du froid positif (15 °C – 25 °C) et

nĂ©gatif (jusqu’à –20 °C), l’entrepĂŽt pourra s’adapter Ă  d’autres besoins grĂące Ă  l’ajout d’équipements com-plĂ©mentaires – pour descendre Ă  des tempĂ©ratures plus basses, par exemple. « Cette coquille permettra aussi d’ĂȘtre flexible par rapport aux exigences demandĂ©es par [certains] produits pharmaceutiques que nous conservons, comme les produits oph-talmiques et progestatifs », explique Laurent Schuster, PDG de Rhenus Logistics France.

Fioles ou lotsLe logisticien, filiale du géant alle-mand éponyme, et qui emploie 1.500 salariés en France toutes bran-ches confondues, maßtrise le froid à destination du secteur pharmaceu-tique depuis plus de trente ans maintenant. Il dispose en Alsace de 50.000 mÚtres carrés de surface de

stockage en la matiĂšre. Les produitspharmaceutiques y sĂ©journent deux mois en moyenne. Les surgĂ©la-teurs, achetĂ©s Ă  des fabricants euro-pĂ©ens et asiatiques, peuvent attein-dre la tempĂ©rature de –196 °C. Bien plus basse, donc, que les –80 °C nĂ©cessaires Ă  la conservation du vaccin de Pfizer-BioNTech contre le Covid-19. « Des contacts ont Ă©tĂ© pris avec certains distributeurs Ă  ce

sujet », relate Laurent Schuster, qui toutefois prĂ©cise que des Ă©changes sont aussi en cours pour la presta-tion de services liĂ©s tels que l’étique-tage, la prĂ©paration de commandes Ă  façon, ou l’emballage selon un pro-tocole spĂ©cifique (dĂ©finissant par exemple la quantitĂ© de neige carbo-nique allouĂ©e).

Certaines inconnues subsistent,notamment en matiĂšre de capaci-tĂ©s de stockage. « Tout dĂ©pendra du mode de conditionnement du vaccin,par fioles ou par lots », estime le directeur gĂ©nĂ©ral. Avant le dĂ©but dela pandĂ©mie, en janvier 2020, la construction d’un autre entrepĂŽt, entiĂšrement consacrĂ© aux tempĂ©-ratures positives, avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© annoncĂ©e. Celui-lĂ  a Ă©tĂ© livrĂ©, d e p u i s . D ’ u n e s u r f a c e d e 12.600 mĂštres carrĂ©s, il n’est pas encore entiĂšrement occupĂ©. n

Le logisticien Rhenus adapte ses entrepÎts aux conditions de stockage exigéesLe logisticien strasbour-geois, qui dispose déjà de 50.000 mÚtres carrés de stockage froid, va cons-truire un nouvel entrepÎt, destiné en partie aux doses de vaccin anti-Covid.

Impossible d’évaluer le montant des marchĂ©s, les entreprises du froid sont en attente du schĂ©ma final de distribution dĂ©cidĂ© par l’Etat. Photo Pfizer/Handout via REUTERS

ques) sans limite de temps, pour les besoins de la recherche. « A –20 degrĂ©s, ils ne se conservent quesix mois Ă  un an », explique le diri-geant. « Un appareil de 1.000 litres,une armoire d’un mĂštre sur deux, permet de ranger 72.000 Ă©prouvet-tes. » Pour les vaccins, cela dĂ©pen-dra du conditionnement


Son entreprise, mais aussid’autres concurrents Ă©trangers, a Ă©tĂ© consultĂ©e par le ministĂšre de la SantĂ©, par des logisticiens, par des industriels et mĂȘme les doua-nes en vue de la conservation du fragile produit Pfizer-BioNTech. La GrĂšce lui a dĂ©jĂ  passĂ© une com-mande via un maillon de la chaĂźne logistique. Christophe Roux s’impatiente de participer Ă l’effort français.

CouveusesFroilabo, nĂ© Couprie Ă  Lyon en 1918, fabriquait Ă  l’origine des cou-veuses pour bĂ©bĂ©s. La PME, qui produit toujours des Ă©tuves, a investi deux millions d’euros en 2018 pour tripler la surface de sonusine roumaine, oĂč sont produi-tes les grandes sĂ©ries. Meyzieu, avec son bureau d’études, fabri-que les modĂšles spĂ©cifiques. Froi-labo investit de nouveau quelquescentaines de milliers d’euros sup-plĂ©mentaires dans la productivitĂ©afin de tripler sa cadence dans lesprochains mois, en vue du pic de forte demande.

Le marchĂ© de ces congĂ©lateurs,Ă  plus de 10.000 euros piĂšce, Ă©tait dĂ©jĂ  dynamique grĂące « Ă  de nom-breuses universitĂ©s, centres de recherche ou laboratoires pharma-ceutiques qui constituent leur bio-banque Ă  coup de 10 ou 30 appa-reils », dit le directeur gĂ©nĂ©ral. « On les vide rarement : on accu-mule au fil des ans, comme un datacenter ». D’oĂč les besoins inces-sants de nouveaux matĂ©riels. n

LĂ©a Delpont—Correspondante Ă  Lyon

Coup de chaud sur les supercon-gĂ©lateurs. Ils Ă©taient connus desseuls laboratoires et de quel-ques industriels. Ces congĂ©la-teurs Ă  –80 °C, sont dĂ©sormaisfamiliers du grand public Ă  lafaveur de l’arrivĂ©e imminente duvaccin Pfizer-BioNTech enFrance. Sur un marchĂ© françaisestimĂ© Ă  3.000 appareils par an,il ne reste qu’un seul fabricanttricolore, Froilabo, Ă  MeyzieuprĂšs de Lyon.

L’entreprise centenaire quicompte 75 salariĂ©s et rĂ©alise 8 millions d’euros de chiffre d’affaires, dans le giron du groupeamĂ©ricain Techcomp, spĂ©cialiste des Ă©quipements scientifiques de laboratoire, n’a pas attendu le vac-cin anti-Covid pour connaĂźtre un sursaut d’activitĂ©, elle a bondi de 20 % durant les deux vagues Ă©pi-dĂ©miques. Depuis le printemps, elle a livrĂ© « une centaine d’appa-reils aux hĂŽpitaux de Paris et quel-ques dizaines Ă  ceux de Lyon », explique le directeur gĂ©nĂ©ral Christophe Roux, pour conserverles Ă©chantillons de biopsies prĂ©le-vĂ©s sur les malades.

Pas de limite de tempsCes supercongélateurs, dotés de deux compresseurs, sont cou-ramment utilisés dans le milieu hospitalier et pharmaceutique pour stocker des prélÚvements biologiques (sang, tissus organi-

Le dernier fabricant français de congĂ©lateurs Ă  –80 °C stocke dĂ©jĂ  les prĂ©lĂšvements effectuĂ©s sur les malades du Covid-19. Afin d’ĂȘtre prĂȘt pour les vaccins, il investit sur son site de production.

Froilabo triple sa production de supercongélateurs

tout employant 50.000 salariĂ©s et exploitant 100.000 camions frigori-fiques. Soit un vĂ©hicule frigorifique pour 450 habitants, au lieu d’un pour 12.000 habitants en Chine. « Nous maĂźtrisons les contraintes de tempĂ©rature, la traçabilitĂ© et la sĂ©cu-ritĂ© avec un systĂšme d’alarme redon-dant, appuie le dirigeant de GandonTransports. Notre personnel reçoit des formations spĂ©cifiques, et nous sommes auditĂ©s avant de travailler pour les laboratoires. »

Si le nombre de doses, exprimĂ© enmillions, est impressionnant, AlexisDegouy, dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral de l’Union des entreprises de transport et de logistique de France (Union TLF), relativise : « On reste sur un tonnage limitĂ© et sur une logistique maĂźtrisa-ble. » Les projections font Ă©tat de 10.000 tonnes de vaccins Ă  convoyer,« soit entre 150 et 300 semi-remor-ques mobilisĂ©s, pour une opĂ©ration Ă©chelonnĂ©e sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois ». « Ce n’est pas

le marchĂ© du siĂšcle, confirme Jean-Eudes Tesson. Six millions de doses de vaccins, c’est environ 1.000 palet-tes. Soit l’équivalent de ce qui sort cha-que jour d’une usine de brioches
 »

Le secteur se prépare à un trans-port spécifique : le vaccin ne sera

pas mĂ©langĂ© Ă  d’autres produits dans les remorques. « Il y a des con-traintes mĂ©caniques liĂ©es au trĂšs grand froid », prĂ©cise Jean-Eudes Tesson. Les caissons contenant de la carboglace Ă  – 70 °C devront ĂȘtre placĂ©s dans des enceintes Ă  – 25 °C, pour rĂ©duire l’écart de tempĂ©rature,sinon ils seront difficiles Ă  refermer.

La filiĂšre sera impliquĂ©e de bouten bout. « Aucune entreprise ne pourra prendre un vaccin n’importe oĂč pour l’amener n’importe oĂč. Il y aura plusieurs intervenants », souli-gne Jean-Eudes Tesson. D’oĂč l’enjeude la traçabilitĂ© et du suivi de tempĂ©-rature, crĂ©neau sur lequel se prĂ©ci-pitent plusieurs start-up. « Si un vac-cin subit des ruptures de la chaĂźne du froid, il sera dĂ©gradĂ©. Ses effets secon-daires peuvent mĂȘme ĂȘtre accentuĂ©s. Avoir des supercongĂ©lateurs, c’est bien beau, mais le suivi de tempĂ©ra-ture est central », explique Adrien Content, Ă  la tĂȘte de Koovea, start-upspĂ©cialisĂ©e dans le traçage. n

l Le convoyage de millions de doses de vaccins contre le Covid-19 est une opportunitĂ© pour la chaĂźne du froid française.l Les acteurs logistiques attendent le cahier des charges de l’Etat pour dĂ©marrer au premier semestre 2021. L’opĂ©ration est sensible, mais les professionnels Ă©voquent « un tonnage limitĂ© et maĂźtrisable » de 10.000 tonnes de vaccins.

Covid : les logisticiens du froid dans les starting-blocks pour transporter les vaccins

Hubert Vialatte—Correspondant à Montpellier

Avec le convoyage de dizaines de millions de doses de vaccins, la filiĂšrelogistique va bĂ©nĂ©ficier d’un coup deprojecteur inĂ©dit. Si quelques don-nĂ©es techniques sont connues – le vaccin de Pfizer-BioNTech devra ĂȘtre conservĂ© Ă  – 80 °C –, les transpor-teurs restent encore dans l’attente des modalitĂ©s de la part de l’Etat. Quels vaccins prendront le lea-dership commercial ? OĂč les ache-miner ? Selon les derniĂšres informa-tions, le gouvernement compte crĂ©ercinq plateformes nationales Ă©qui-pĂ©es de supercongĂ©lateurs. Les colis isothermes seront ensuite transpor-tĂ©s en flux tendu par des grossistes rĂ©partiteurs vers les pharmacies.

Les agences rĂ©gionales de santĂ©(ARS) sont en train de recenser les effectifs Ă  vacciner dans chaque dĂ©partement. « La filiĂšre est dans l’expectative. Nous n’avons pas encore beaucoup de donnĂ©es. De fait, il est difficile d’évaluer le montant dumarchĂ©. Tout dĂ©pendra du schĂ©ma final de distribution », explique le transporteur mayennais JoĂ«l Gan-don, qui emploie 280 salariĂ©s, avec une flotte de 160 semi-remorques etun chiffre d’affaires de 28 millions d’euros. Il est l’un des trois spĂ©cialis-tes français du transport de vaccins,avec Star Service et Eurotrans-pharma.

« La logistique n’est pas la mĂȘmepour livrer un hĂŽpital, un centre logistique dĂ©partemental ou un mĂ©decin de campagne. Il manque uncahier des charges. On ne peut rien mettre en place tant qu’on ne sait pasprĂ©cisĂ©ment oĂč livrer, dans quelles quantitĂ©s et Ă  quelle tempĂ©rature », enchaĂźne Jean-Eudes Tesson, prĂ©si-dent de La ChaĂźne logistique du froid, qui regroupe trois organisa-tions professionnelles du secteur (UNTF, USNEF et Transfrigoroute France). « C’est souvent comme ça : l’Etat met du temps Ă  se dĂ©cider, et il nous faudra ĂȘtre trĂšs rĂ©actifs », souf-fle un professionnel.

Une journĂ©e d’usine de briochesLa chaĂźne logistique du froid trico-lore compte des gĂ©ants du secteur (Stef Logistique SantĂ©, STG, Alloga
), mais surtout beaucoup detrĂšs petites entreprises rĂ©gionales, le

SANTÉ

« Notre personnel reçoit des formations spĂ©cifiques, et nous sommes auditĂ©s avant de travailler pour les laboratoires. »JOËL GANDONDirigeant de Gandon Transport

8.500MÈTRES CARRÉS La surface d’un nouvel entrepĂŽt sous tempĂ©rature dirigĂ©e, dont la construction commencera dans quelques semaines.

PME & REGIONSLes Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020

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innovateurs

LE PROJET AVIONS MAUBOUSSIN

Alérion M1H : un avion écologique et superagile

roue de lave-vaisselle, engre-nage, adaptateur, etc. –, souvent introuvable sur le marchĂ©. A ce jour, la start-up, crĂ©Ă©e en fĂ©vrier 2000 Ă  Aix-en-Provence, a enregistrĂ© 400 de ces fichiers de fabrication sur son site, issus surtout de la contribution volon-taire de spĂ©cialistes de la modĂ©li-sation. « Ces Ă©claireurs agissent par conviction pour lutter contre l’obsolescence programmĂ©e. Nous appuyons leur combat », milite Pierre-Jacques Lyon.

Prix moyen de 14 eurosPour se dĂ©velopper, Marklix compte sur l’amendement CD1308, adoptĂ© le 26 novembre. Il oblige le fabricant d’un bien dequelque nature qu’il soit « Ă  met-tre Ă  disposition des vendeurs ourĂ©parateurs les plans de fabrica-tion par imprimante 3D des piĂš-ces dĂ©tachĂ©es nĂ©cessaires Ă  son fonctionnement ». La start-up estime qu’au moins 10 % des piĂš-ces d’un appareil de la vie cou-rante sont reproductibles. Les volumes sont Ă©normes : une simple gamme d’aspirateurs high-tech compte plus de 10.000 piĂšces d’assemblage. « Nous pouvons digitaliser ces stocks physiques et les produire Ă  la demande », dĂ©fend Pierre-Jac-ques Lyon. Le coĂ»t du service varie de 8 Ă  80 euros selon la complexitĂ© de la piĂšce. Marklix se rĂ©munĂšre en prĂ©levant une commission et prĂ©voit jusqu’à 100.000 ventes l’an prochain, au prix moyen de 14 euros l’unitĂ©. n

Des piÚces détachées en impression 3D

(UTBM) et la plateforme de recherche sur la pile Ă  combusti-ble FCLAB, le constructeur vise un premier vol en 2022 pour la version hybride Ă©lectrique et, en 2024, en version hydrogĂšne.

GĂ©omĂ©trie variableMais l ’ innovation la plus brillante de ce petit avion lĂ©ger aux ailes effilĂ©es, comme celles des premiers Mauboussin, est ailleurs. Elle rĂ©side dans la com-binaison de possibilitĂ©s de dĂ©collage et d’atterrissage courts– avec des performances se rap-prochant des trajectoires d’hĂ©li-coptĂšres – et de vitesses de croi-siĂšre Ă©levĂ©es. « La clĂ©, c’est une voilure Ă  gĂ©omĂ©trie variable, une hypersustentation, explique David Gallezot. On arrive Ă  voler doucement ou vite en rentrant ou en dĂ©ployant les volets arriĂšre, dont les formes ont Ă©tĂ© bien calcu-lĂ©es. » Avec le dĂ©collage et l’atter-rissage sur moins de 200 mĂštres,l’ingĂ©nieur vise un maillage du territoire qui pourrait s’appuyer sur les 1.200 points d’atterris-sage, en France, capables d’offrirune piste de 300 mĂštres de long sur 20 de large. Le biplace, qui volera Ă  une vitesse de 250 km/h,permettra de valider ces princi-pes, mais un prototype d’avion rĂ©gional Ă  six places Ă  hydro-gĂšne, l’Alcyon M3C, est dĂ©jĂ  prĂȘt Ă  dĂ©coller. Il atteindra 370 km/h en vitesse de croisiĂšre, affichera une autonomie de 1.500 km et pourrait ĂȘtre commercialisĂ© en 2026. L’entreprise, qui a investi 1 million d’euros, est en cours de levĂ©e de fonds. n

Date de création : 2020Président et cofondateur : Pierre-Jacques LyonEffectif : 2 personnesSecteur : Services

Paul Molga— Correspondant à Marseille

Moins de 20 % des pannes d’appareils du quotidien trou-vent une solution de rĂ©paration en France. C’est la preuve que le potentiel de ce marchĂ© n’est pas encore bien couvert. Le prĂ©si-dent-fondateur de Marklix, Pier-re-Jacques Lyon, l’a compris. Avec son associĂ©, Thomas Boul-lier, il a mis au point une plate-forme d’intermĂ©diation qui per-met Ă  tous de commander en ligne la piĂšce dĂ©tachĂ©e qui lui manque pour rĂ©parer un appa-reil Ă©lectromĂ©nager ou un meu-ble. Son secret : un rĂ©seau indus-triel d’imprimantes 3D associĂ© Ă une bibliothĂšque de fichiers de piĂšces . Sur le site de l’entreprise,un particulier peut obtenir un ersatz de la piĂšce plastique dĂ©fectueuse – sabot de rasoir,

Mar

klix

LE SERVICE MARKLIX

Emmanuel Guimard— Correspondant à Nantes

Bouhyer poursuit la transforma-tion de ce vieux mĂ©tier qu’est la fon-derie de fonte, servant Ă  fabriquer les contrepoids des engins de tra-vaux publics ou de manutention. LasociĂ©tĂ© vise en particulier le « zĂ©ro dĂ©chet » Ă  cinq ans, « Ă  l’exception des matiĂšres premiĂšres pouvant ĂȘtre rĂ©utilisĂ©es par d’autres entreprises »,prĂ©cise Alain Mimouni, le PDG. La fonderie, qui emploie plus de 320 salariĂ©s Ă  Ancenis (Loire-Atlan-tique) et dans sa filiale ardennaise BĂ©roudiaux (rĂ©unies dans le groupe Cast), consacrera Ă  cet objectif une partie de son pro-gramme d’investissement de 5,5 millions d’euros, soutenu par le plan de relance.

DĂ©jĂ , le sable constituant lesmoules de fonderie, compactĂ© par le biais de rĂ©sine et d’additifs, est recyclĂ© Ă  98 % par un systĂšme de tri,de purification et de lavage. Le volume restant, plus abĂźmĂ©, s’avĂ©-rait impossible Ă  recycler. Avec la sociĂ©tĂ© Inerta, Bouhyer expĂ©ri-mente un procĂ©dĂ© consistant Ă  mĂ©langer cette matiĂšre avec de la terre afin de crĂ©er un substrat de culture. Les racines des plantes poussant sur cette matiĂšre contri-buent Ă  dĂ©polluer le sable, et la bio-masse produite devient une source Ă©nergĂ©tique. D’autres matiĂšres res-tent Ă  recycler tels les peintures ou les mastics, qui finissaient en

« Nous achetons 70.000 tonnes de matiÚres premiÚres de seconde main par an à partir desquelles nous fabriquons des piÚces recyclables éternellement. »ALAIN MIMOUNIPDG de Bouhyer

dĂ©chetterie spĂ©cialisĂ©e. Car Bou-hyer se voit globalement comme une sociĂ©tĂ© de recyclage. « Nous achetons 70.000 tonnes de matiĂšres premiĂšres de seconde main par an, devieille fonte et de l’acier, Ă  partir des-quelles nous fabriquons des piĂšces recyclables Ă©ternellement », estime Alain Mimouni. LĂ  encore, le dĂ©fi est de traiter les vieux moteurs ou les blocs freins destinĂ©s Ă  ĂȘtre fon-dus mais en traitant auparavant les impuretĂ©s souillant cette matiĂšre.

Robot collaboratifPar ailleurs, pour remplacer les additifs servant au mĂ©lange de mĂ©taux, l’entreprise emploie dĂ©sormais de la matiĂšre venant des piles et batteries usagĂ©es. En bout de course, Bouhyer en retire une matiĂšre rĂ©siduelle riche en zinc susceptible d’intĂ©resser

d’autres industriels. L’entreprise investira aussi dans la mise en place de robots permettant le pilo-tage Ă  distance des coulĂ©es rou-geoyantes. L’entreprise Ă©tudie notamment un cobot (robot colla-boratif) permettant de faciliter le geste sur 80 % de l’ébarbage des Ă©lĂ©ments bruts de fonderie, un tra-vail trĂšs Ă©prouvant.

Le groupe exporte prĂšs de 90 %de sa production, notamment en Allemagne oĂč il fournit la quasi-to-talitĂ© des constructeurs de gros matĂ©riel de travaux publics. « Nous

sommes presque une sociĂ©tĂ© alle-mande en Franc », note le PDG. En France, l’industriel fournit notam-ment Manitou, Haulotte et Meca-lac. En croissance continue depuis quatre ans, Bouhyer et sa filiale ardennaise totalisaient 50 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an der-nier. « Pour 2020, avant le Covid, nous avions un carnet de comman-des Ă  la hausse de 20,7 % »,men-tionne Alain Mimouni.

Finalement, l’impact de la situa-tion sanitaire entamera 18 % de l’activitĂ© de l’entreprise. Mais pour l’industriel, la sortie de la crise seraaccompagnĂ©e, dans de nombreux pays, de grands travaux de relance,et donc d’un besoin de matĂ©riel de travaux publics. « Nous voulons ĂȘtre prĂȘts Ă  rĂ©pondre Ă  cette forte croissance d’activitĂ© », soutient le dirigeant. n

PAYS DE LA LOIRE

Le fabricant de contre-poids en fonte basé en Loire-Atlantique veut réduire ses rejets de matiÚre et atténuer la pénibilité du travail via la robotique.

La fonderie Bouhyer investitdans le « zéro déchet »

Le sable constituant les moules de fonderie, compactĂ© par le biais de rĂ©sine et d’additifs, est recyclĂ© Ă  98 % par un systĂšme de tri, de purification et de lavage. Photo Bouyher

LĂ©a Delpont— Correspondante Ă  Lyon

La maison de vente De Baecque & AssociĂ©s met aux enchĂšres, samedi 12 dĂ©cembre, Ă  Lyon, 350 bijoux JoĂŻa, tournant une page de l’histoire locale trois ans aprĂšs la fermeture de cet atelier de joaillerie. EstimĂ©es entre 100 et 10.000 euros, ces piĂšces d’or serties de diamants etde pierres prĂ©cieuses passeront sous

EnchÚres : comment De Baecque & Associés ont tiré parti du confinement

le marteau lors d’une vacation qui varetrouver un peu de public – 40 per-sonnes Ă  huis clos, mais retransmiseen direct, comme toutes celles prati-quĂ©es depuis le mois de mars. Ren-trĂ©e en 2019 dans le Top 20 français, avec un volume de ventes de 17 mil-lions d’euros frais compris (+ 39 %), la sociĂ©tĂ© lyonnaise, prĂ©sente Ă  Pariset Ă  Marseille, a connu un grand suc-cĂšs durant le premier confinement, selon son fondateur Etienne De Baecque. Elle Ă©tait l’une des premiĂš-res maisons de vente d’art Ă  repren-dre ses activitĂ©s sur Interencheres etDrouot Live – 14 ventes en avril-mai. « L’offre Ă©tait rĂ©duite et les clients trĂšs disponibles. On a vendu 3.000 petits objets Ă  des acheteurs dont la moitiĂ© Ă©taient nouveaux. »

De Baecque a pu basculer rapide-ment en numĂ©rique grĂące Ă  ses sal-les des ventes bien physiques de Lyon et Marseille, transformĂ©es en salles virtuelles. Ces deux ancien-nes usines en centre-ville de 1.000 m2 et 1.200 m2 sont des lieux d’exposition et de stockage dont ne

disposent pas les concurrents de la capitale, qui entreposent dans des garde-meubles et pratiquent les enchĂšres dans les hĂŽtels de vente comme Drouot. « Notre mĂ©tier a de grandes contraintes logistiques. C’était un atout d’avoir nos stocks sous la main pour dĂ©baller sans dĂ©lai, et photographier les objets », explique le commissaire-priseur dequarante-trois ans, actionnaire de Drouot depuis 2014.

Six commissaires-priseursDevant la motivation des acheteursĂ  distance, il n’a pas hĂ©sitĂ© Ă  mainte-nir les ventes cataloguĂ©es du second semestre, et notamment la collection Creuzevault, clou de la saison avec un Max Ernst parti Ă  1 million d’euros le 20 novembre. « Mais au deuxiĂšme confinement, la plupart des maisons s’étaient organi-sĂ©es pour travailler », dit-il.

L’entreprise, qui compte six com-missaires-priseurs et 22 collabora-teurs, devrait pratiquement Ă©galer sa performance de l’annĂ©e derniĂšre.

CrĂ©Ă© en 2008, De Baecque connaĂźt une forte croissance depuis l’acqui-sition de l’étude EnchĂšres Rive Gau-che en 2014, spĂ©cialiste des arts pre-miers . L’achat d ’une charge lyonnaise en 2018 lui a aussi permisd’étoffer ses spĂ©cialitĂ©s avec les ins-truments de musique et les minĂ©-raux. Mais la maison a fait un coup,il y a un an, en reprenant le fonds decommerce Leclere Ă  Marseille, en liquidation judiciaire. Etienne De Baecque espĂšre « dĂ©velopper des synergies trĂšs fortes sur l’axe Paris-Lyon-Marseille et rationaliser la logistique entre les trois sites, en fai-sant de grosses Ă©conomies de temps etde frais de transport ». n

AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

La maison de vente lyonnaise a occupé le terrain des enchÚres en live au printemps, et a vendu un Max Ernst le 20 novembre, confirmant ainsi son entrée récente dans le Top 20 français.

Date de création : 2011Président : David GallezotEffectif : 7 personnesSecteur : Mobilité

Monique ClĂ©mens— Correspondante Ă  Besançon

Un avion Ă©conomiquement rai-sonnable et Ă©cologiquement responsable : c’est le pari pas si fou de David Gallezot, polytech-nicien passĂ© par SupaĂ©ro, collec-tionneur d’aĂ©ronefs anciens et pilote d’avions lĂ©gers. « Il s’agit deredonner de l’attractivitĂ© Ă  des ter-ritoires grĂące Ă  l’aviation durable et responsable », explique l’arti-san de la renaissance d’Avions Mauboussin, un constructeur aĂ©ronautique des annĂ©es trente qui, dĂ©jĂ , visait l’efficacitĂ© Ă©ner-gĂ©tique. PortĂ©e par cette marqueprestigieuse, la sociĂ©tĂ© avait intĂ©-grĂ© une motorisation hybride Ă©lectrique dĂšs les premiers des-sins du biplace AlĂ©rion M1H, en 2016, mais proposera vite une turbine alimentĂ©e Ă  l’hydro-gĂšne. ImplantĂ© depuis 2017 Ă  Belfort, oĂč il a nouĂ© des partena-riats avec l’universitĂ© de techno-logie de Belfort-MontbĂ©liard

17MILLIONS D’EUROSLe volume de ventes, frais compris, rĂ©alisĂ© par la maison De Baecque & AssociĂ©s en 2019.

90 %La part de sa production que le groupe exporte.

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Page 33: Les Echos - 11 12 2020

« Une fois que les taux d’intĂ©rĂȘt sonten territoire nĂ©gatif et que l’effet de surprise est dissipĂ©, la poursuite de leur baisse a gĂ©nĂ©ralement peu d’impact sur la monnaie, constate Dominic Bunning, responsable de la recherche europĂ©enne sur les changes chez HSBC. AprĂšs l’intro-duction de cette mesure dans leurs pays, le Japon, la Suisse et la SuĂšde virent mĂȘme leur monnaie progres-ser dans les trois mois qui suivi-rent. » En juin 2014, la BCE fut la premiĂšre grande banque centrale Ă  faire passer son taux en territoirenĂ©gatif Ă  –0,1 %. Mais sur les cinq baisses de taux en territoire nĂ©ga-tif, seules les deux premiĂšres, en 2014, ont pu faire reculer la mon-naie europĂ©enne.

Euro fort, dollar faibleLes marchĂ©s estiment que la BCE n’est pas en mesure d’inverser la tendance Ă  la hausse de l’euro face au dollar mais au mieux de ralentirsa progression. Sa remontĂ©e face au billet vert est d’autant plus facile que la premiĂšre monnaie mondialeest en proie au doute. Depuis l’élec-tion prĂ©sidentielle du 3 novembre,

monnaie europĂ©enne, l’ùre de l’eurofaible, quand il enregistra son plus bas historique (0,84 dollar).

CompĂ©titivitĂ©La baisse de l’euro depuis un mois par rapport aux devises Ă©mergen-tes permet Ă  son taux de change global (par rapport aux devises de ses partenaires commerciaux) de limiter sa hausse. « Il est seulement0,5 % plus Ă©levĂ© que les prĂ©visions dela BCE pour 2021. Elle peut ainsi davantage tolĂ©rer la hausse de l’euroface au dollar tant que les monnaiesĂ©mergentes poursuivent leur remontĂ©e », estime Andreas Steno Larsen responsable de la stratĂ©gie sur les taux et devises chez Nordea.Cette annĂ©e, l’euro progresse seu-lement de 1,3 % par rapport Ă  la devise chinoise, Ă  7,91 renminbis. Cette apprĂ©ciation modeste permettra aux exportateurs euro-pĂ©ens de profiter davantage de la reprise Ă©conomique en Chine (leurdeuxiĂšme marchĂ© Ă  l’export) qu’aux Etats-Unis, oĂč le bond de prĂšs de 8 % de l’euro contre le dollar handicape bien plus leur compĂ©titivitĂ©. n

Une impuissance face à la vigueur de l’euro

Nessim AĂŻt-Kacimi @NessimAitKacimi

« Nous sommes prĂȘts Ă  ajuster tous nos instruments Ă  la vue de l’évolu-tion du taux de change. Nous n’avons pas fermĂ© la porte Ă  une baisse des taux », a dĂ©clarĂ© Chris-tine Lagarde lors de la confĂ©rence de presse de la Banque centrale europĂ©enne (BCE). « Nous suivons les dĂ©veloppements du taux de change avec beaucoup de soin. » Desavertissements sans effet sur l’euro. Il a progressĂ© de 0,4 %, Ă  1,2130, et atteint au plus haut 1,2160dollar. Il a gagnĂ© 1 % par rapport Ă  lalivre, et 0,5 % contre le yen.

La BCE a optĂ© pour le statu quosur les taux. Une nouvelle baisse aurait eu peu d’impact sur l’euro.

Les mesures annoncĂ©es par la Banque centrale europĂ©enne n’ont pas fait baisser l’euro, qui a gagnĂ© 0,4 %, Ă  1,2130 dollar jeudi. Les marchĂ©s estiment que la BCE n’est pas en mesure d’inverser la progression de sa monnaie.

Bastien Bouchaud @BastienBouchaud

Toujours plus. La Banque du Japon (BoJ) continue d’accumuler des actions Ă  un rythme effrĂ©nĂ©. Elle en dĂ©tient dĂ©sormais pour plus de

BANQUE CENTRALE

Au plus fort de la crise, la BoJ a amplifiĂ© ses achats d’actions, via des ETF, et dĂ©tient dĂ©sormais plus de 6 % des actions japonaises

45.000 milliards de yens, soit envi-ron 355 milliards d’euros, l’équiva-lent de plus de 6 % du marchĂ© japo-nais, selon l’institut de recherche local NLI. La banque centrale dĂ©passe ainsi le fonds de pension public japonais, le GPIF, l’un des plusgrands au monde, au palmarĂšs des principaux actionnaires du marchĂ©.

Et elle n’a pas terminĂ© ses emplet-tes. PionniĂšre des politiques hĂ©tĂ©ro-doxes, ses achats d’actions font par-tie de sa panoplie d’outils depuis dix ans. Aujourd’hui encore, elle estla seule banque centrale Ă  interve-nir directement sur les marchĂ©s actions. En mars, face Ă  la brusque chute des cours, elle a dĂ©cidĂ© de

doubler son enveloppe annuelle consacrée à ces acquisitions, à 12.000 milliards de yens au maxi-mum. Ses achats ont été particuliÚ-rement importants en avril, lorsqueles marchés étaient au plus bas.

Un pactole thĂ©oriqueMais elle reste active en dĂ©pit du rebond des cours ces derniĂšres semaines. Jeudi, elle a encore achetĂ©pour 1,2 milliard de yens d’ETF, por-tant le total cette annĂ©e Ă  prĂšs de 7.000 milliards, un record histori-que. Pour le moment, la BoJ est gagnante. La hausse historique du Nikkei en novembre, dĂ©sormais Ă  son plus haut niveau depuis 1991, a

permis Ă  la banque centrale d’accu-muler environ 10.000 milliards de yens de gains sous-jacents. Des pro-fits thĂ©oriques, la banque centrale n’ayant aucune intention de cĂ©der ses titres.

Son pactole est donc vouĂ© Ă  conti-nuer de grossir. D’autant que les actions japonaises ont de bonnes chances de continuer Ă  grimper. Les entreprises japonaises ont accumulĂ© du cash ces derniĂšres annĂ©es et sont de plus en plus promptes Ă  le reverser Ă  leurs actionnaires. Avec un rebond de plus de 40 % des bĂ©nĂ©fices attendu l’annĂ©e prochaine, le marchĂ© japonais attire de plus en plus

d’investisseurs internationaux. Ils sont repassĂ©s Ă  l’achat depuis octo-bre, avec une accĂ©lĂ©ration des flux en novembre.

« Le Japon apparaĂźt comme unnouveau havre de sĂ©curitĂ©, axĂ© sur la reprise de la croissance, avec un mar-chĂ© actions sous-Ă©valuĂ©, peu endettĂ© et encore peu dĂ©tenu par les inves-tisseurs internationaux », s’enthou-siasment les analystes de SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale, qui ont fait des actions japonaises l’un de leurs grands parispour 2021. Ils s’attendent Ă  ce que le Nikkei grimpe Ă  29.500 points d’ici Ă la fin de l’annĂ©e prochaine, soit une hausse de plus de 10 % par rapport Ă son niveau actuel. n

La Banque du Japon devient le premier actionnaire des entreprises de l’archipel

longĂ©e. DĂ©jĂ  Ă©tendu Ă  la f inavril 2021, il se poursuivra aumoins jusqu’en mars 2022. D’ici lĂ ,e s p Ăš r e C h r i s t i n e L a g a r d e ,l’Europe aura atteint le seuild’immunitĂ© collective grĂące auxvaccins, et l’économie aura reprisune marche Ă  peu prĂšs normale.La BCE agira tant que les effets dela pandĂ©mie se feront sentir,notamment pour garantir auxEtats des coĂ»ts de financementfaibles, ce qui leur permettrad’emprunter pour mettre en placedes plans de relance budgĂ©taireindispensables.

Cette extension du programmepourrait toutefois poser des pro-blĂšmes techniques Ă  la BCE. « LePEPP est toujours liĂ© par la limite dedĂ©tention globale qu’elle s’est fixĂ©e,en dessous de 50 % pour toute dettesouveraine Ă©ligible, souligne GillesMoĂ«c, chef Ă©conomiste d’AXA IM.Celle-ci est difficile Ă  quantifier,mais au-delĂ  de 600 milliardsd’euros de complĂ©ment pour lePEPP, la BCE en serait trĂšs proche. »Des craintes balayĂ©es par Chris-tine Lagarde : « Nous avons dit Ă plusieurs reprises que les limitesque nous nous sommes imposĂ©es nedoivent pas ĂȘtre un obstacle Ă  l’exĂ©-cution de notre politique monĂ©-taire », a-t-elle affirmĂ©, soulignanten outre que d’importants mon-tants de dette devraient ĂȘtre levĂ©ssur les marchĂ©s l’an prochain.

Soutien aux banquesComme Christine Lagarde l’avait Ă©galement laissĂ© entendre, la Ban-que centrale a modifiĂ© son pro-gramme de financement de long terme Ă  taux nĂ©gatifs pour les ban-ques, les TLTRO. Ils permettent auxĂ©tablissements qui maintiennent leurs prĂȘts Ă  l’économie rĂ©elle (entreprises et mĂ©nages) de se financer auprĂšs de la BCE Ă  –1 %. Autrement dit de gagner de l’argenten empruntant. Cette mesure de soutien Ă  la consommation et Ă  l’investissement a Ă©tĂ© prolongĂ©e jusqu’à la fin juin 2022. Trois nou-velles opĂ©rations auront lieu au second semestre 2021. Le pourcen-tage de leur stock de dette donnant droit Ă  un prĂȘt Ă  taux prĂ©fĂ©rentiel a,lui aussi, Ă©tĂ© lĂ©gĂšrement revu Ă  la hausse.

Ces annonces, qui Ă©taient atten-dues, ont un peu déçu les marchĂ©s. les taux des principaux emprunts d’Etat europĂ©ens ont fini en lĂ©gĂšre hausse jeudi. « Pour l’instant, la BCEa choisi de laisser les gros bazookas aux gouvernements et se concentre sur une vĂ©ritable ingĂ©nierie de ban-que centrale », conclue Carsten Brzeski, chez ING. n

l Pour sa derniĂšre rĂ©union de politique monĂ©taire de l’annĂ©e, la Banque centrale europĂ©enne a relevĂ© l’enveloppede son programme d’achats d’actifs liĂ© Ă  la pandĂ©mie (PEPP), Ă  1.850 milliards d’euros, et l’a Ă©tendu jusqu’en mars 2022.l Elle a Ă©galement prolongĂ© ses prĂȘts aux banques Ă  taux nĂ©gatifs et augmentĂ© le montant Ă©ligible.

La BCE renforce son soutien Ă  l’économie

Guillaume Benoit @gb_eco

La Banque centrale europĂ©enne a tenu parole. Elle a renforcĂ© ses prin-cipales mesures de soutien, dans un contexte Ă©conomique difficile pour la zone euro, entre deuxiĂšme vague de pandĂ©mie et craintes sur les consĂ©quences d’un Brexit sans accord. « Les donnĂ©es que nous rece-vons et les prĂ©visions de nos Ă©quipes suggĂšrent que l’impact Ă  court termede la pandĂ©mie sur l’économie sera plus prononcĂ© et que l’inflation res-tera faible plus longtemps que ce quenous avions anticipĂ© », a confirmĂ© Christine Lagarde, la prĂ©sidente de la BCE.

La Banque centrale table dĂ©sor-mais sur une croissance de 3,9 % en2021 (contre 5 % estimĂ©s en septem-bre), suivie d’une accĂ©lĂ©ration l’annĂ©e suivante (4,2 %, contre 3,2 %initialement). L’inflation pour sa part ne devrait pas dĂ©passer 0,2 % en 2020 et atteindrait progressive-ment 1,4 % en 2023. La BCE a annoncĂ© qu’elle continuerait Ă  sur-veiller de prĂšs l’évolution du taux dechange de l’euro et ses effets sur la hausse des prix.

La BCE n’a pas touchĂ© Ă  ses tauxdirecteurs, qui restent Ă  leurs niveaux historiquement bas : le taux de la facilitĂ© de dĂ©pĂŽt demeurefixĂ© Ă  –0,5 % pour le taux de dĂ©pĂŽt, Ă 0 % pour le taux de refinancement, et Ă  0,25 % pour celui de la facilitĂ© deprĂȘt marginal. En revanche, elle a significativement recalibrĂ© ses outils non conventionnels, comme l’avait promis sa prĂ©sidente lors de la rĂ©union d’octobre.

RallongeA commencer par le programmed’achats d’urgence pandĂ©mie(PEPP). Son enveloppe va croĂźtrede 500 milliards, pour atteindre1.850 milliards d’euros. ChristineLagarde avait clairement indiquĂ©que ce mĂ©canisme exceptionnel– adoptĂ© le 18 mars dernier pourramener le calme sur le marchĂ© dela dette souveraine europĂ©enne –serait l’un des instruments privi-lĂ©giĂ©s de la Banque centrale. Parti-culiĂšrement souple, il permet Ă  laBCE de s’affranchir de certaineslimites, notamment en termes demontants investis par pays. LaprĂ©sidente a toutefois prĂ©cisĂ© quecette rallonge « ne serait pasobligatoirement utilisĂ©e dans sonintĂ©gralitĂ© » . Plus importantencore, la durĂ©e du PEPP a Ă©tĂ© pro-

POLITIQUEMONÉTAIRE

« Le Japon apparaĂźt comme un nouveau havre de sĂ©curitĂ©, [...] avec un marchĂ© actions sous-Ă©valuĂ©,peu endettĂ© et encore peu dĂ©tenu par les investisseurs internationaux. »LES ANALYSTES DE LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE

la devise amĂ©ricaine a perdu 3 %. Les marchĂ©s estiment qu’avec un CongrĂšs divisĂ© qui bloquera des mesures de l’administration Biden, la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale (Fed) sera en premiĂšre ligne pour faire repartir lacroissance et l’emploi.

Un nouvel assouplissement de lapolitique monĂ©taire de la Fed pour-rait faire baisser le dollar par rap-port Ă  l’euro, qui s’établira durable-ment dans sa zone naturelle d’évolution entre 1,20 et 1,30 dollar. Ces dix-sept derniĂšres annĂ©es, l’euros’est inscrit au moins une fois dans cette zone en cours d’annĂ©e sauf en 2016 et 2019, quand il s’est Ă©tabli sous 1,20 dollar. Ce fut aussi le cas dans les quatre premiĂšres annĂ©es (1999-2004) aprĂšs la naissance de la

Un nouvel assouplissement monĂ©taire de la Fed pourrait fairebaisser le dollarpar rapport Ă  l’euro.

FINANCE & MARCHESLes Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020

Page 34: Les Echos - 11 12 2020

34 // FINANCE & MARCHES Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos

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BANQUE

Edouard Lederer @EdouardLederer

CrĂ©dit Mutuel Alliance FĂ©dĂ©rale (CMAF) resserre les rangs. La prin-cipale composante du groupe CrĂ©-dit Mutuel a tirĂ© les consĂ©quences de la crise sanitaire, de l’accĂ©lĂ©ra-tion des usages digitaux, et cela, alors qu’un nouvel adhĂ©rent de poids, le CrĂ©dit Mutuel Nord Europe (CMNE), devrait le rejoin-dre dans un peu plus d’un an.

Dans ce contexte, le groupe ban-caire a prĂ©sentĂ©, jeudi, une version actualisĂ©e de son plan stratĂ©gique 2019-2023, prĂ©sentĂ© en 2019. « Face Ă  l’accĂ©lĂ©ration de transitions irrĂ©-versibles, nous faisons le choix de rĂ©viser notre plan stratĂ©gique », explique Daniel Baal, le directeur gĂ©nĂ©ral de CMAF, dans un entretienaux « Echos ». Sur le plan financier, son objectif est Ă  prĂ©sent de retrou-ver le niveau record
 de 2019 et donc d’effacer la crise « au plus tarden 2023 ». La banque ambitionne Ă  cet horizon l’atteinte d’un rĂ©sultat net supĂ©rieur Ă  3 milliards d’euros, lĂ  oĂč le plan original ciblait les 4 milliards d’euros, et un produit net bancaire (PNB) de 14,6 mil-liards, comme l’an dernier.

Pousser les feux en matiĂšre commerciale« Cette annĂ©e, nous enregistrerons un recul de notre PNB, de l’ordre de 5 %, et de notre rĂ©sultat net, compte tenu de la crise », relĂšve Daniel Baal.En outre « 2020 sera bien sĂ»r mar-quĂ©e par une augmentation trĂšs fortedu coĂ»t du risque, essentiellement non avĂ©rĂ©. Nous sommes volontaire-ment trĂšs prudents dans nos hypo-thĂšses financiĂšres pour les annĂ©es suivantes, compte tenu de l’incerti-tude sanitaire et Ă©conomique. »

Au total, le groupe pousse lesfeux en matiĂšre commerciale et multiplie les mesures d’efficacitĂ©. Des points de vente pourraient notamment ĂȘtre regroupĂ©s, et cer-taines fonctions support entre rĂ©seaux ou fĂ©dĂ©rations vont ĂȘtre mutualisĂ©es. L’horizon 2023, l’échĂ©ance du plan stratĂ©gique, serad’autant plus charniĂšre, que, sauf coup de thĂ©Ăątre, l’Alliance fĂ©dĂ©rale devrait Ă  cette date compter un membre de plus, la fĂ©dĂ©ration nor-

l Le CrĂ©dit Mutuel Alliance FĂ©dĂ©rale, principale composante du groupe CrĂ©dit Mutuel, revoit Ă  la baisse ses objectifs financiers Ă  l’horizon 2023. l Le groupe resserre les rangs avant l’arrivĂ©e d’un nouvel adhĂ©rent de poids.

Le CrĂ©dit Mutuel Alliance FĂ©dĂ©ralecorrige ses objectifs avant d’absorberle CrĂ©dit Mutuel du Nord

environ 4.000 agences, réparties équitablement entre le réseau Cré-dit Mutuel et celui du CIC.

« Nous avons bien deux rĂ©seaux »« Nous croyons aux rĂ©seaux de proxi-mitĂ© et nous croyons que ces rĂ©seaux ont toujours du sens. Cela ne veut pasdire que l’on ne fera jamais d’optimi-sation de notre rĂ©seau. Si, dans une ville, trois agences sont Ă  moins d’un quart d’heure Ă  pied, nous rĂ©flĂ©chi-rons Ă  les regrouper pour gagner en efficacitĂ© », estime Daniel Baal, pourqui rassembler les Ă©quipes « permeten plus d’avoir davantage de compĂ©-tences au mĂȘme endroit ».

Point essentiel, « nous ne regrou-perons jamais une caisse de Crédit Mutuel et une agence CIC », précise bien Daniel Baal. « Crédit Mutuel et CIC sont deux réseaux distincts avec deux marques fortes. Crédit Mutuel et CIC sont parmi les plus belles mar-ques françaises. Nous avons bien deux réseaux et deux marques que nous voulons cultiver. »

Cette approche se distingue apriori des orientations prises trĂšs rĂ©cemment par SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale. Les fermetures d’agences annon-cĂ©es par la banque de la DĂ©fense seferont sur fond de fusion entre les deux rĂ©seaux du groupe en France,SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale et CrĂ©dit du Nord.

Or, mĂȘme si la dĂ©cision n’a pas Ă©tĂ©prise, certains craignent pour la pĂ©rennitĂ© de l’enseigne CrĂ©dit du Nord ou de ses marques rĂ©gionales bien implantĂ©es. De quoi aiguiser l’appĂ©tit des mutualistes. « On n’a pas l’intention de laisser le terrain libre. Quand certains ont pour projet de rĂ©duire de 10 Ă  20 % leur nombre d’agences, on a toujours la mĂȘme rĂ©flexion : c’est une opportunitĂ© de dĂ©veloppement pour nous », pour-suit le dirigeant. Alors qu’en moyenne, le nombre d’agences ban-caires a chutĂ© de 17,5 % dans la zoneeuro entre 2015 et 2019, seuls 4,6 % des points de vente ont fermĂ© en France sur la pĂ©riode, portant le parc (Ă  fin 2019) Ă  36.000 agences. — E. Le.

Le groupe veut prĂ©server son rĂ©seau d’agences

Atterrissage en douceur. Alors que le groupe SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale a dĂ©cidĂ©de fermer 600 agences en France Ă horizon 2023, les groupes mutua-listes se montrent nettement moinsconservateurs. « Nous refusons la tentation du grand plan de fermeturedes agences. Nous optimisons nos rĂ©seaux, surtout en ville, mais la baisse se limite Ă  1 ou 2 % », indique aux « Echos » Daniel Baal, le direc-teur gĂ©nĂ©ral de CrĂ©dit Mutuel Alliance FĂ©dĂ©rale, Ă  l’occasion de la prĂ©sentation, jeudi, d’un plan stra-tĂ©gique amendĂ© pour le groupe mutualiste. Il compte actuellement

CrĂ©dit Mutuel Alliance FĂ©dĂ©rale ajustera ses rĂ©seaux Ă  l’horizon 2023 mais confirme s’appuyer sur ses deux enseignes,Ă  savoir CrĂ©dit Mutuelet CIC. Le groupe estime que les 600 fermetures d’agences annoncĂ©espar SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale pourraient lui profiter.

« Nous croyons aux rĂ©seaux de proximitĂ©. Cela ne veut pas dire que l’on ne fera jamais d’optimisation. Si dans une ville, trois agences sont Ă  moins d’un quart d’heure Ă  pied, nous rĂ©flĂ©chirons Ă  regrouper. »DANIEL BAALDirecteur gĂ©nĂ©ral de CrĂ©dit Mutuel Alliance FĂ©dĂ©rale

diste du CrĂ©dit Mutuel Nord Europe(CMNE), basĂ©e Ă  Lille. « Effective-ment, CrĂ©dit Mutuel Nord Europe travaille actuellement Ă  une adhĂ©-sion Ă  CrĂ©dit Mutuel Alliance FĂ©dĂ©-rale. Ce choix sera soumis Ă  l’appro-bation de ses caisses locales, qui s’exprimeront en janvier prochain », confirme le dirigeant.

Se regrouper permet de mettreen commun des moyens sur tous les sujets rĂ©glementaires ou liĂ©s Ă  lagestion de bilan, au refinancement, au contrĂŽle des risques. Un atout pour le futur nouveau membre de l’alliance et pour ses membres exis-

tants. « Pour Crédit Mutuel Alliance Fédérale et CMNE, ce serait un ren-forcement mutuel. En partageant nos moyens et nos expertises, nous pourrions accroßtre notre efficacité opérationnelle et accélérer notre développement commun. »

L’enjeu est clĂ© pour le groupe. LafĂ©dĂ©ration basĂ©e Ă  Lille reprĂ©sente un PNB de l’ordre de 800 millions d’euros et serait la deuxiĂšme, loin derriĂšre le CrĂ©dit Mutuel Centre EstEurope, basĂ© Ă  Strasbourg. Dans le monde mutualiste, une telle intĂ©-gration nĂ©cessite une certaine agi-litĂ© politique.

« En cas d’adhĂ©sion, les adminis-trateurs du CMNE trouveront bien Ă©videmment une place au sein des structures faĂźtiĂšres que sont la CaissefĂ©dĂ©rale de CrĂ©dit Mutuel et la Ban-que fĂ©dĂ©rative du CrĂ©dit Mutuel, comme toutes les fĂ©dĂ©rations adhĂ©-rentes », indique Daniel Baal. « Cela fait trois ou quatre ans que nous

Ă©changeons rĂ©guliĂšrement avec les dirigeants du CMNE. Ils ont ainsi pu Ă©tudier notre plan stratĂ©gique 2019, et ils n’ont pas de diffĂ©rence fonda-mentale avec notre approche. »

Avec l’arrivĂ©e de CMNE, la compo-sition du conseil va mĂ©caniquementdevoir Ă©voluer, en tenant compte du poids Ă©conomique de chacun. Selon nos informations, CMNE aurait Ă©tĂ© rassurĂ© sur ce point. Quant aux adhĂ©rents actuels, ils devront aussi s’y retrouver. « Si CMNE arrivait dans le groupe, j’applaudirais des deux mains », souligne une source au sein d’une fĂ©dĂ©ration.

« Chez nous, chaque fédération estreprésentée par au moins un admi-nistrateur et un censeur. Nous avonsde nombreuses autres instances, notamment notre chambre syndi-cale et interfédérale, dans lesquelles toutes les fédérations ont naturelle-ment voix au chapitre », répond Daniel Baal. n

BasĂ© Ă  Strasbourg, CrĂ©dit Mutuel Alliance FĂ©dĂ©rale regroupe actuellement treize fĂ©dĂ©rations de CrĂ©dit Mutuel. Photo Frederic Maigrot/RÉA

Dans le monde mutualiste, une telle intégration nécessite une certaine agilité politique.

Page 35: Les Echos - 11 12 2020

Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 FINANCE & MARCHES // 35

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prise de renforcer son capital sansdevoir ouvrir son capital Ă  un actionnaire externe, et de conti-nuer Ă  emprunter.

Une garantie allant jusqu’à 35 % des encoursPour attirer les investisseurs (com-pagnies d’assurances, gestionnai-res d’actifs
) qui vont prĂȘter cet argent aux entreprises via ces pro-duits qui seront distribuĂ©s par les banques, le gouvernement a cassĂ© sa tirelire en apportant une garan-tie allant jusqu’à 35 % des encours. Ilest prĂȘt ainsi Ă  prendre Ă  sa charge des pertes de 7 milliards sur l’enve-loppe de prĂȘts de 20 milliards actuellement prĂ©vue.

Mais, malgré cet effort, les inves-tisseurs traßnent des pieds, crai-

gnant de financer des entreprises fragiles. « La nature mĂȘme de l’inves-tissement porte Ă  une certaine pru-dence, reconnaĂźt Daniel Baal, direc-teur gĂ©nĂ©ral de CrĂ©dit Mutuel Alliance FĂ©dĂ©rale. Quand on investitdes fonds d’assurance-vie, on a une obligation de ne pas perdre de capital.Or, sur des quasi-fonds propres, il existe un risque spĂ©cifique. On se positionnera quand on connaĂźtra vraiment le dispositif, le moment venu. »

Dans l’état actuel des discussions,le taux que paieront les PME pour-rait se situer entre 3 et 5 %, auquel s’ajouterait la rĂ©munĂ©ration de la garantie de l’Etat. Compte tenu du risque et, malgrĂ© la garantie, les investisseurs veulent une rĂ©munĂ©-ration plus Ă©levĂ©e. Pour convaincre

les rĂ©calcitrants, la CPME, qui a rĂ©digĂ© une tribune dans « Les Echos » pour appuyer sa proposi-tion, souhaite ajouter « une contri-bution complĂ©mentaire de solida-ritĂ© » reprĂ©sentant de 1,5 Ă  2 % de plus et payĂ©e par toutes les entrepri-ses. Soit un taux global de 7 Ă  8 %, conforme au prix moyen d’une obli-gation convertible.

En contrepartie, les PME veu-lent s’assurer que toutes aurontdroit au dispositif, à commencer

par les centaines de milliersd’entre elles qui ont reçu un prĂȘtgaranti par l’Etat (PGE) pour pas-ser la crise. « Si nous ne voulonspas exclure les entreprises de proxi-mitĂ©, le ticket minimum devraitĂȘtre fixĂ© aux alentours de 250.000ou 300.000 euros », estime Ger-main Simoneau. Avec un ticketminimum en millions comme ilen est question, le dispositif nebĂ©nĂ©ficierait qu’à des grosses PMEou des ETI qui ont dĂ©jĂ  accĂšs Ă  des

sources de financement comme ladette privĂ©e. « Le risque, c’est queles petites entreprises regardentpasser les trains et que l’Etat aitmobilisĂ© 7 milliards d’euros pouraider des entreprises qui n’en ontpas besoin, insiste le chef d’entre-prise. Il ne faut pas manquer lacible ! » Le dispositif, qui devraaussi ĂȘtre validĂ© par la Commis-sion europĂ©enne, doit ĂȘtre opĂ©ra-tionnel au premier trimestre2021. n

Thibaut Madelin @ThibautMadelin

et Edouard Lederer avec R. G.

Face au manque d’appĂ©tit des inves-tisseurs pour les prĂȘts participatifs, ces instruments censĂ©s renforcer les bilans des PME et leur permettrede rebondir Ă  la sortie de la pandĂ©-mie, les petites entreprises propo-sent de les payer plus cher. Alors que certains craignent un enlise-ment de ce projet phare du plan de relance de Bercy, cette proposition pourrait relancer les discussions entre banques, investisseurs et pou-voirs publics.

« En contribuant Ă  hauteur de35 % par sa garantie, l’Etat nous oblige et peut-ĂȘtre nous invite, nous entrepreneurs, Ă  faire notre part en nous appropriant ce dispositif, expli-que Germain Simoneau, prĂ©sident de la commission financement Ă  la ConfĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©rale des petites et moyennes entreprises (CPME). D’ailleurs, nous pourrions proposer de le faire Ă©voluer pour y ajouter une notion de solidaritĂ© interentreprises et donner plus de puissance et d’effet au dispositif. »

Les prĂȘts participatifs sont descrĂ©ances de long terme. Rem-boursĂ©s en dernier, ils ne sont pas assimilĂ©s Ă  de la dette d’un point devue de l’analyse financiĂšre mais Ă  des quasi-fonds propres. I ls offrent ainsi la possibilitĂ© Ă  l’entre-

CRÉDIT

Face au manque d’appĂ©tit des investis-seurs, la CPME propose d’augmenter de 1,5 Ă  2 % le rende-ment de ces prĂȘts s’apparentant Ă  des fonds propres.

PrĂȘts participatifs : les PME proposent de payer plus pour convaincre les investisseurs

Pour s’assurer que les prĂȘts participatifs pourront aider les PME, l’Etat est prĂȘt Ă  prendre Ă  sa charge des pertes de 7 milliards sur l’enveloppe de prĂȘts de 20 milliards actuellement prĂ©vue. Photo iStock

Tourisme : Bpifrance complĂšte son arsenalLa banque publique a officialisĂ© jeudi le lancement du fonds FAST. DotĂ© de 80 millions d’euros (financĂ© par Bpifrance, la Caisse des DĂ©pĂŽts et des rĂ©gions), il va permettre d’investir des tickets compris 50.000 et 400.000 euros afin de renforcer le capital d’environ 300 entreprises du secteur du tourisme et favoriser leur rebond. Le dispositif ressemble Ă  celui des prĂȘts participatifs conçu par l’Etat, avec les banques et les investisseurs. Les instruments utilisĂ©s seront des obligations convertibles, avec un taux de 7 %.

de plus de 680 millions d’euros en 2019, une croissance annuelle de plus de 30 % sur dix ans, elle a surfĂ© sur l’essor de l’économie numĂ©rique et la transition Ă©ner-gĂ©tique. EntrĂ© en Bourse en 2005 avec une capitalisation de 4,5 mil-lions d’euros, le groupe Ă©tait valo-risĂ© 1,5 milliard d’euros en juillet dernier quand il a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© sur le marchĂ© rĂ©glementĂ© d’Euro-next Paris, avant d’intĂ©grer en sep-tembre le SBF 120.

Ce rapport anonyme a Ă©tĂ© envoyĂ©par e-mail et via Twitter Ă  des ana-lystes financiers, des gĂ©rants, puis Ă  la sociĂ©tĂ© mardi soir. Il accuse Solutions 30 d’avoir des liens avec des personnes ayant fait l’objet de condamnations pĂ©nales liĂ©es au blanchiment d’argent, et d’avoir rĂ©alisĂ© lui-mĂȘme des transactions liĂ©es Ă  ce crime. Les comptes com-porteraient Ă©galement des erreurs, et la rentabilitĂ© et le cash-flow ne correspondraient pas Ă  la nature des activitĂ©s de la sociĂ©tĂ©.

DĂ©menti catĂ©goriqueLe groupe, qui a son siĂšge social au Luxembourg, a dĂ©menti catĂ©gori-quement toutes les affirmations du rapport. Entre 2013 et 2016, il a bientravaillĂ© avec un employĂ© du cabi-net d’expertise comptable, la fidu-ciaire du Kiem, dont un des gĂ©rants,Angelo Zito, aurait Ă©tĂ© citĂ© dans desaffaires judiciaires entre 1998 et 2000, en lien avec la mafia. Mais ce dernier a Ă©tĂ© relaxĂ© en 2000. Solutions 30 cite aussi le registre des experts-comptables assermen-tĂ©s du Luxembourg, dans lequel Angelo Zito apparaĂźt en bonne et

due forme. Sur les transactions apparentĂ©es Ă  du blanchiment d’argent, Solutions 30 a indiquĂ© que, pour Ă©tablir de nouvelles enti-tĂ©s juridiques, il lui arrive d’acquĂ©rirpar souci d’efficacitĂ© des « coquillesvides », ce qu’il considĂšre comme une pratique de marchĂ©.

Action en justiceSur les marchĂ©s, on s’étonne.Quand les vendeurs Ă  dĂ©couvertsortent des rapports nĂ©gatifs surun titre, i ls ne le font pas demaniĂšre anonyme. En gĂ©nĂ©ral, ilsassument. Quoi qu’il en soit, lesa n a l y s t e s f i n a n c i e r s s o n tconvaincus que ces accusationssont infondĂ©es. Les analystesd’Oddo BHF ont jugĂ© les rĂ©ponsesapportĂ©es par Solutions 30 « pro-bantes ». Ils « remettent en ques-tion le sĂ©rieux de l’analyse menĂ©epar l’auteur du rapport au vu deserreurs qu’il commet ». Solutions30 a d’ores et dĂ©jĂ  alertĂ© l’AutoritĂ©des marchĂ©s financiers et lancĂ©une action en justice, notammentcontre une personne qui diffusedes informations fausses et trom-peuses Ă  l’égard de ses dirigeants.

Cette affaire soulĂšve des ques-tions. Si ce rapport est faux, ses accusations risquent d’apporter de l’eau au moulin des politiques ou des acteurs de la place de Paris qui militent depuis des annĂ©es pourune rĂ©glementation plus stricte vis-Ă -vis des vendeurs Ă  dĂ©couvert, qui sont dans le collimateur des auto-ritĂ©s depuis que Muddy Waters s’est attaquĂ© Ă  Casino. S’il dit la vĂ©ritĂ©, les dommages seront impor-tants pour la place de Paris. n

Laurence Boisseau @boisseaul

En deux jours, Solutions 30 a perduprĂšs de 26 % de sa valeur en Bourse.En cause, un rapport anonyme accusant la sociĂ©tĂ©, qui installe la fibre optique et des compteurs Ă©lectriques chez des particuliers, d’avoir des liens avec la mafia ita-lienne, et de publier des comptes erronĂ©s. En mai 2019, dĂ©jĂ , l’action avait dĂ©vissĂ© quand Muddy Waters,le cĂ©lĂšbre activiste amĂ©ricain, avait dĂ©clarĂ©, sans explication, vendre Ă  dĂ©couvert 0,5 % du capital. Depuis quelques semaines, sur les mar-chĂ©s, des rumeurs circulaient. Et ces derniers jours, environ 13 % du capital ont Ă©tĂ© vendus Ă  dĂ©couvert, notamment par un hegde fund, Gladstone Capital Management.

Solutions 30 est l’une des valeursfavorites des fonds petites et moyennes valeurs. CrĂ©Ă©e en 2003 par son PDG Gianbeppi Fortis, la sociĂ©tĂ© a connu un dĂ©veloppement rapide. Avec un chiffre d’affaires

BOURSE

L’action de la SSII a perdu plus de 25 % en deux jours, aprĂšs la publication d’un rapport anonyme qui accuse la sociĂ©tĂ© d’installation de fibre optique et de comp-teurs Ă©lectriques de liens avec la mafia italienne.

Solutions 30, cible d’accusations anonymes, saisit la justice

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36 // FINANCE & MARCHES Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos

Bruxelles veut imposer des batteries électriques « propres »

Derek Perrotte @DerekPerrotte

—Bureau de Bruxelles

« Un avenir vraiment durable doit ĂȘtre alimentĂ© par des batteries pro-pres. » En une phrase, le commis-saire europĂ©en Ă  l’Energie, Maros Sefcovic, a rĂ©sumĂ© l’enjeu de la rĂ©vi-sion du rĂšglement de 2006 sur les batteries, dĂ©voilĂ©e jeudi par Bruxel-les. A l’aune de l’objectif europĂ©en deneutralitĂ© climatique d’ici Ă  2050 et sur fond d’électrification Ă  marche forcĂ©e de l’automobile, la Commis-

un vrai dĂ©fi tant Bruxelles prĂ©vient que l’essor des batteries au lithium entraĂźnera « une trĂšs forte hausse desquantitĂ©s de dĂ©chets ». Aujourd’hui, seulement 10 % du lithium contenu dans les batteries est recyclĂ©, alors que le nombre de batteries au lithium prĂȘtes au recyclage sera multipliĂ© par 700 d’ici Ă  2040, souli-gnent les Ă©tudes de la Commission.

La proposition de rĂšglementinsiste sur l’importance de valoriserdurablement le cobalt, le lithium, le nickel et le plomb. Ces mesures viennent complĂ©ter le plan prĂ©sentĂ©en septembre pour dĂ©velopper en Europe des chaĂźnes d’extraction et de traitement des terres rares, un marchĂ© clĂ© pour l’énergie propre, aujourd’hui dominĂ© par la Chine.

En promettant aux EuropĂ©ensque leurs vĂ©hicules bĂ©nĂ©ficieront « des batteries les plus vertes, les plus performantes et les plus sĂ»res », le Vieux Continent veut rebattre les cartes et retrouver une autonomie stratĂ©gique sur un marchĂ© de la bat-terie Ă©lectrique dominĂ© pour l’heurepar la Chine et la CorĂ©e du Sud. « Lesbatteries ne respectant pas totalementles normes que nous fixerons seront interdites au sein du marchĂ© unique »,a soulignĂ© Thierry Breton.

L’enjeu est Ă©norme : Bruxellesestime que la demande mondiale de batteries va ĂȘtre multipliĂ©e par 14d’ici Ă  2030. L’ONG Transport & Environnement, pas toujours ten-dre avec la Commission, a cette foislargement saluĂ© un projet « Ă  mĂȘme

sion europĂ©enne entend ainsi lan-cer une vĂ©ritable rĂ©volution indus-trielle dans un secteur en plein essor. Pour la premiĂšre fois, des cri-tĂšres environnementaux seront imposĂ©s sur l’ensemble de la chaĂźnede vie des batteries, de l’extraction des matiĂšres premiĂšres au recy-clage, en passant par la production.

Pour limiter l’empreinte carbonede leur production, les fabricants devraient d’abord, selon le projet derĂšglement qui devra ĂȘtre validĂ© par les Etats membres et le Parlement europĂ©en, la mesurer et la dĂ©clarer Ă  compter de juillet 2024.

« Aujourd’hui, on ne la connaĂźtpas vraiment. Il faut le temps de col-lecter des donnĂ©es dans ce secteur

tout juste naissant en Europe », explique un expert de la Commis-sion. Un systĂšme de « passeport numĂ©rique » devra notamment per-mettre un suivi fin de l’origine et du traitement des matĂ©riaux utilisĂ©s, « une premiĂšre » saluĂ©e par Thierry Breton. En janvier 2026, des labels de classe de performance seront introduits, comme il en existe par exemple pour les rĂ©frigĂ©rateurs.

Sur la base des donnĂ©es alorsrecueillies, des seuils maximaux d’empreinte carbone seraient fixĂ©s, Ă  chaque niveau de la chaĂźne, Ă  par-tir de juillet 2027. Des critĂšres de performance et de sĂ©curitĂ© seront aussi dĂ©finis. Bruxelles se dĂ©fend d’opter pour un calendrier trop lent

face Ă  l’urgence climatique, un bĂ©mol pointĂ© par certains. « C’est unrythme en rĂ©alitĂ© trĂšs ambitieux pource qui sera un pas de gĂ©ant. Personne au monde n’a fixĂ© des objectifs aussi rapides e t Ă© le vĂ©s que ceux de l’Europe », a affirmĂ© Maros Sefcovic.

La liste des critĂšres Ă©cologiques Ă respecter portera en particulier sur la durabilitĂ© des matiĂšres premiĂš-res utilisĂ©es, le recours Ă  des matĂ©-riaux recyclĂ©s et la propretĂ© de l’énergie dĂ©ployĂ©e pour la fabrica-tion. Le volet recyclage du plan entrerait en vigueur dĂšs 2025. L’objectif de collecte sĂ©parĂ©e des batteries portables passerait alors Ă  65 % (puis Ă  70 % en 2030), contre 45 % dans les textes actuels. Ce sera

l Des critĂšres environnementaux seront fixĂ©s Ă  partir de juillet 2027sur l’ensemble de la chaĂźne de vie des batteries.l Les batteries ne respectant pas ces normes seront « interdites » sur le marchĂ© unique, a prĂ©venu Thierry Breton.

MATIÈRES PREMIÈRES

Selon Bruxelles, la demande mondiale de batteries va ĂȘtremultipliĂ©e par 14 d’ici Ă  2030. Photo ClĂ©ment Mahoudeau/AFP

demande est en train de basculer du carbonate de lithium Ă  l’hydroxyde delithium, oĂč la puretĂ© est en enjeu plusimportant », prĂ©cise encore David Krupka, chef de projet Ă  l’Afnor.

La diplomatie des normesL’organisme français a d’ailleurs appelĂ© les acteurs hexagonaux Ă  rejoindre le tour de table, pour Ă©vi-ter que les standards ne soient uni-quement dictĂ©s par la Chine. Qua-torze pays ont dĂ©jĂ  rĂ©pondu favorablement.

« Les acteurs français ont montrĂ©un vif intĂ©rĂȘt pour dĂ©finir la puretĂ© del’hydroxyde et la mĂ©thode qui per-mettra d’y parvenir. Ils s’intĂ©ressent aussi aux garanties de qualitĂ© au moment de la livraison, ainsi qu’à la bonne cohĂ©rence au niveau des per-formances », dĂ©taille David Krupka.Les normes sont Ă©galement un enjeu majeur pour la valorisation des batteries usagĂ©es. « La recycla-bil itĂ© requiert des normes en amont », avertit Olivier Peyrat.

La Chine prend trĂšs au sĂ©rieux laquestion des standards, essentiels au commerce international. Elle est donc trĂšs active au sein de l’ISO.Au dĂ©but des annĂ©es 2000, PĂ©kin participait Ă  quelques tours de table, plutĂŽt en qualitĂ© d’observa-teur, mais aujourd’hui, elle multi-plie les participations et contribu-tions. « C’est un feu roulant », explique Olivier Peyrat. n

Etienne Goetz @etiennegoetz

L’essor des voitures Ă©lectriques change la donne sur le marchĂ© du lithium. La demande explose et sur-tout, les industriels exigent une qualitĂ© irrĂ©prochable. Pourtant, il existe actuellement trĂšs peu de nor-mes internationales fixant les stan-dards de ce produit. C’est la raison pour laquelle la Chine, premier fabricant de batteries, a dĂ©posĂ© unecentaine de propositions auprĂšs de l’Organisation internationale de normalisation (ISO), dans le but de structurer le marchĂ© d’ici Ă  trois ans. Les futures normes porteront aussi bien sur l’extraction, la con-centration, la sĂ©paration, que sur latransformation du lithium.

« Les Chinois ont manifestementrencontrĂ© des difficultĂ©s d’approvi-sionnement il y a quelques annĂ©es. Ilssouhaitent probablement disposer denormes internationales pour sĂ©curi-ser leurs achats en termes de qualitĂ© de lithium », explique Olivier Peyrat,directeur gĂ©nĂ©ral de l’Afnor, l’orga-nisme français des normes. « Sur cemarchĂ©, on est passĂ© des tĂ©lĂ©phones aux voitures Ă©lectriques, ce qui a relevĂ© le niveau d’exigence. La

Pékin a mis sur la table une centaine de propositions visant à structurer le marché du lithium.

La Chine pousse ses pions dans la bataille des normes

de faire de l’Europe un leader mon-dial de cette technologie stratĂ©gi-que ». Les Verts du Parlement euro-pĂ©en ont eux aussi bien accueilli le texte. La Commission a mis sur pied en 2017 l’Alliance europĂ©enne des batteries. Elle donne des outils juridiques pour rassembler entre Etats membres les industries de l’automobile, des matiĂšres premiĂš-res et de la chimie afin de concevoirdes chaĂźnes de valeur 100 % euro-pĂ©ennes. Les premiĂšres « gigafac-tories » europĂ©ennes, lancĂ©es par lecouple franco-allemand, devraient entrer en activitĂ© en 2021 ou 2022.

D’autres projets sont en cours definalisation, et Maros Sefcovic se dit« persuadĂ© que, d’ici Ă  2025, l’Union europĂ©enne sera en mesure de pro-duire suffisamment de cellules de batteries pour rĂ©pondre aux besoins de l’industrie automobile euro-pĂ©enne ». Mercredi, la Commission a annoncĂ© son ambition d’avoir au moins 30 millions de voitures « zĂ©ro Ă©mission » sur les routes con-tinentales d’ici Ă  2030. n

Le Vieux Continent veut retrouverune autonomie stratĂ©gique dans un marchĂ© aujourd’hui dominĂ© par la Chine et la CorĂ©e du Sud.

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Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 FINANCE & MARCHES // 37

CAC 40

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

AIR LIQUIDE (AI) R A 135,35 136 + 0,85 + 7,77 930954 137,35 - 3,65 144,45 FR0000120073 11/05/20 2,7 473.593.425 135,2 + 11,25 94,86 1,99AIRBUS GROUP (AIR) R A 93,77 93,72 + 0,14 - 28,17 3,4 1687673 94,48 + 6,6 139,4 27,60NL0000235190 15/04/19 1,4 784.149.270 92,77 - 24,55 48,12 1,76ALSTOM (ALO) R A 45,3 45,68 + 1,58 + 16,66 1156281 46,3 +10,46 46,956 FR0010220475 15/07/19 5,5 226.926.854 45,27 + 19,66 27,567 ARCELORMITTAL (MT) R A 17,5 17,446 + 0,52 + 11,53 6289451 17,662 +29,81 17,854 LU1598757687 16/05/19 0,15 1.102.809.772 17,24 + 10,24 5,98 ATOS SE (ATO) R A 74,9 73,8 - 1,23 - 0,7 393375 75 +13,71 82,46 FR0000051732 03/05/19 1,7 109.993.166 73,24 - 3,15 43,26 AXA (CS) R A 19,85 20,005 + 0,51 - 20,33 7052448 20,055 +10,72 25,615 FR0000120628 07/07/20 0,73 2.424.373.785 19,688 - 18,78 11,844 3,65BNP PARIBAS (BNP) R A 44,665 43,46 - 2,44 - 17,74 4836934 44,78 + 2,99 54,22 FR0000131104 29/05/19 3,02 1.249.798.561 43,065 - 13,55 24,505 BOUYGUES (EN) R A 34,72 34,17 - 1,41 - 9,79 837187 34,92 + 2,55 41,32 FR0000120503 09/09/20 1,7 380.702.792 33,84 - 8,9 22,27 4,98CAP-GEMINI (CAP) R A 118,15 116,85 - 1,1 + 7,3 445362 118,15 + 1,79 121,65 FR0000125338 03/06/20 1,35 165.784.837 115,8 + 10,18 51,78 1,16CARREFOUR (CA) R A 13,94 13,9 - 0,04 - 7,02 3088036 13,96 - 1,28 16,915 FR0000120172 08/06/20 0,23 817.623.840 13,745 - 7,33 12,095 1,66CREDIT AGRICOLE (ACA) R A 10,515 10,365 - 0,91 - 19,81 7929060 10,54 +17,15 13,8 FR0000045072 24/05/19 0,69 2.884.688.712 10,24 - 17,87 5,7 DANONE (BN) R A 52,22 52,38 + 0,93 - 29,12 1937871 53,14 - 3,11 75,16 FR0000120644 14/07/20 2,1 686.629.600 52,12 - 28,93 46,03 4,01DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A 153,65 153,5 - 0,42 + 4,74 257491 154,4 + 2,71 164,15 FR0000130650 28/05/20 0,7 264.919.418 151,05 + 7,57 105 0,46ENGIE (ENGI) R A 12,585 12,395 - 1,43 - 13,92 1,21 5364766 12,625 + 3,51 16,795 10,28FR0010208488 21/05/19 0,8 2.435.285.011 12,37 - 14,01 8,626 ESSILORLUXOTTICA (EI) R A 128,9 128,5 - 0,47 - 5,38 533677 129,2 + 7,08 145 FR0000121667 21/05/19 2,04 438.611.346 127,6 - 7,59 86,76 HERMES INTL (RMS) R A 832,8 828 - 0,27 + 24,29 58160 836,4 - 0,6 865 FR0000052292 28/04/20 3,05 105.569.412 825,2 + 24,1 516 0,37KERING (KER) R A 576,1 573,3 - 0,17 - 2,03 226501 578,8 - 6,17 628,2 FR0000121485 23/06/20 4,5 126.279.322 571,5 + 4,92 348,55 0,79L.V.M.H. (MC) R A 498,45 501 + 0,6 + 20,96 465929 502,4 + 5,7 502,4 FR0000121014 01/12/20 2 504.757.339 494,85 + 26,26 278,7 0,4LEGRAND (LR) R A 70,72 71,1 + 0,91 - 2,12 625820 71,22 - 1,2 77,94 FR0010307819 01/06/20 1,34 267.447.746 70,38 - 2,36 45,91 1,89L'ORÉAL (OR) R A 304,3 301,7 - 0,1 + 14,28 472362 306 - 4,34 321,4 FR0000120321 03/07/20 3,85 559.856.576 301,7 + 18,08 196 1,28

MICHELIN (ML) R A 106,5 105,55 - 0,57 - 3,25 419800 106,9 + 1,78 112,8 FR0000121261 01/07/20 2 178.339.302 104,75 - 2,85 68 1,9ORANGE (ORA) R A 10,22 10,325 + 0,98 - 21,3 7423727 10,4 + 2,89 13,545 FR0000133308 07/12/20 0,4 2.660.056.599 10,215 - 22,57 8,632 3,87PERNOD-RICARD (RI) R A 157,9 158,8 + 0,86 - 0,38 521752 159,55 - 0,81 171,1 FR0000120693 09/12/20 1,48 261.876.560 157,15 - 2,28 112,25 0,93PEUGEOT (UG) R A 21,27 21,11 + 0,19 - 0,89 4712683 21,48 +14,76 22,01 FR0000121501 02/05/19 0,78 894.828.213 20,8 + 0,86 8,878 PUBLICIS GROUPE (PUB) R A 40,16 40,06 - 0,25 - 0,74 1237704 40,3 + 9,36 43,7 FR0000130577 07/09/20 1,15 247.748.484 39,75 + 1,14 20,94 2,87RENAULT (RNO) R A 36,515 36,355 - 0,44 - 13,81 2207529 36,88 +30,7 43,365 FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 35,47 - 11,89 12,77 SAFRAN (SAF) R A 120,4 118,45 - 1,29 - 13,95 843230 120,6 - 0,25 152,3 FR0000073272 27/05/19 1,82 427.235.939 117,35 - 19,06 51,1 SAINT-GOBAIN (SGO) R A 39,4 39,07 - 0,56 + 7,04 1341564 39,45 + 0,44 40,8 FR0000125007 10/06/19 1,33 532.683.713 38,9 + 3,72 16,408 SANOFI (SAN) R A 81,81 81,79 + 0,33 - 8,74 2264763 82,59 - 3,42 95,82 FR0000120578 04/05/20 3,15 1.258.964.700 81,36 - 5,62 67,65 3,85SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A 115 114,7 + 0,18 + 25,36 1036938 115,35 - 3,65 121,8 FR0000121972 05/05/20 2,55 567.068.555 114,1 + 28,19 61,72 2,22SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (GLE) R A 17,67 17,098 - 3,25 - 44,87 7510229 17,79 + 5,53 32,23 FR0000130809 27/05/19 2,2 853.371.494 16,956 - 41,36 10,774 STMICROELETRONICS (STM) R A 29,44 29,46 - 1,67 + 22,9 0,23 5409912 29,81 + 2,86 34,68 129,64NL0000226223 21/09/20 0,04 911.204.420 28,82 + 25,9 13,73 0,14TELEPERFORMANCE (RCF) R A 270,1 270,7 + 0,45 + 24,52 138070 274,7 + 0,45 297,3 FR0000051807 02/07/20 2,4 58.730.600 269,4 + 27,21 150,3 0,89THALES (HO) R A 77,98 77,1 - 1,23 - 16,67 372230 78,5 + 4,96 99,96 FR0000121329 01/12/20 0,4 213.364.420 76,42 - 12,21 52,5 0,52TOTAL (FP) R A 36,985 37,665 + 2,09 - 23,45 7127189 37,99 +13,95 50,93 FR0000120271 25/09/20 0,66 2.653.124.025 36,79 - 20,95 21,12 1,75UNIBAIL-R/WFD (URW) R A 61,06 61,3 + 0,39 - 56,42 921063 62,14 +18,52 142,05 FR0013326246 24/03/20 5,4 138.472.385 60,62 - 56,74 29,08 VEOLIA ENV. (VIE) R A 20,12 19,625 - 2,07 - 17,23 1771241 20,19 + 4,06 29,09 FR0000124141 12/05/20 0,5 567.266.539 19,605 - 15,23 15,675 2,55VINCI (DG) R A 85,82 85,76 + 0,3 - 13,37 951890 86,8 - 2,61 107,35 FR0000125486 23/06/20 1,25 613.519.218 85,32 - 13 54,76 1,46VIVENDI (VIV) R A 25,75 25,4 - 1,93 - 1,63 3344681 25,85 - 0,31 26,65 FR0000127771 21/04/20 0,6 1.185.938.395 25,31 + 2,42 16,6 2,36WORLDLINE (WLN) G A 73,26 73,82 + 0,82 + 16,9 749999 74,08 + 0,35 82,66 FR0011981968 279.122.471 73,04 + 28,16 36,36

A.S.T. GROUPE (ASP) g C 4,42 4,36 + 21,45 14793 4,45 +19,45 4,45 FR0000076887 19/06/19 0,25 12.903.011 4,34 + 38,41 1,82 AB SCIENCE (AB) g B 10,6 10,7 + 1,71 + 98,88 165124 10,94 +12,16 13,78 FR0010557264 45.145.024 10,5 +108,17 4,81 ABC ARBITRAGE (ABCA) g B 7,3 7,26 - 1,76 + 8,36 28455 7,36 - 1,89 7,58 FR0004040608 08/12/20 0,1 58.512.053 7,25 + 9,67 5,05 1,38ABIVAX (ABVX) g B 22,7 22,4 + 2,75 - 0,67 22197 23,45 +18,9 25 FR0012333284 13.851.239 22,25 + 49,73 10,4 ACCOR (AC) LR A 31,27 30,55 - 1,77 - 26,83 865323 31,27 + 7,12 42,24 FR0000120404 10/05/19 1,05 261.288.260 30,08 - 21,14 20,15 ACTIA GROUP (ATI) g C 2,815 2,79 - 0,89 - 35,27 29177 2,815 +17,23 4,625 FR0000076655 21/09/20 0,15 20.099.941 2,71 - 31,62 1,74 5,38ADOCIA (ADOC) g B 8,15 7,96 - 1,97 - 19,6 27350 8,15 + 9,19 16,18 FR0011184241 6.977.854 7,47 - 5,13 5,6 AÉROPORTS DE PARIS (ADP) G A 106,9 105 - 0,94 - 40,37 74471 107,2 - 7,16 179,2 FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 104,2 - 40,27 70,7 AIR FRANCE-KLM (AF) LR A 5,2 5,092 - 2,08 - 48,69 4224125 5,27 +26,2 10,27 FR0000031122 14/07/08 0,58 428.634.035 4,985 - 49,98 2,614 AKKA TECHNOLOGIES (AKA) Gg B 26,45 25,65 - 1,72 - 56,92 59862 26,45 +17,66 62,273 FR0004180537 28/06/19 0,49 20.291.990 25,25 - 51,27 14,54 2,73AKWEL (AKW) g B 21,4 21,25 - 0,47 + 5,2 7851 21,4 +22,83 22,5 FR0000053027 08/06/20 0,2 26.741.040 20,7 + 4,68 8,8 0,92ALBIOMA (ABIO) Gg B 42,85 41,85 - 2,22 + 60,96 50214 42,85 - 3,46 47,6 FR0000060402 11/06/20 0,35 31.641.910 41,15 + 66,4 22,85 0,84ALD (ALD) G A 11,34 11,4 - 17,63 93702 11,48 14,2 FR0013258662 29/05/20 0,63 404.103.640 11,24 - 17,15 6,29 5,53ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 19,26 19,02 - 1,45 - 36,28 17108 19,26 +10,2 30,95 FR0000053324 10/03/20 0,7 24.510.101 18,8 - 37,23 13,16 3,68ALTAREA (ALTA) A 132,8 133,6 + 2,45 - 34,02 6810 133,6 + 0,6 210 FR0000033219 06/07/20 4,5 17.275.839 130 - 33,07 103,2 ALTEN (ATE) G A 89,95 88,25 - 1,89 - 21,56 33403 90 - 0,06 119 FR0000071946 20/06/19 1 34.205.863 87,1 - 16,59 54,5 AMUNDI (AMUN) G A 66,8 67,6 + 1,58 - 3,29 EX-DS 15/03/17 207256 68,05 + 1,43 78,55 FR0004125920 24/05/19 2,9 202.585.953 66,65 - 1,67 43,82 ARCHOS (JXR) g C 0,047 0,043 - 14,49 - 60,28 50633885 0,049 +37,1 0,115 FR0000182479 167.279.961 0,042 - 38,32 0,025 ARGAN (ARG) A 78 77,4 - 0,51 - 0,26 2780 78 - 2,52 93 FR0010481960 26/03/20 1,9 22.309.227 77,4 + 7,8 54 ARKEMA (AKE) LR A 95,98 95,3 - 0,42 + 0,63 195461 97,56 + 4,31 99,52 FR0010313833 25/05/20 2,2 76.736.476 95,3 - 0,71 42,5 2,31ARTMARKET.COM (PRC) g C 7,4 7,22 - 3,99 - 24,08 23355 7,54 + 7,44 10,1 FR0000074783 6.651.515 7,2 - 19,06 5,01 ASSYSTEM (ASY) B 25,8 26,1 + 0,39 - 19,2 OPA 24/11/17 8595 26,8 +17,57 34,65 FR0000074148 08/07/20 1 15.668.216 25,5 - 15,26 16,58 3,83ATARI (ATA) g C 0,376 0,374 + 13,47 1072778 0,385 - 3,48 0,494 FR0010478248 269.809.814 0,368 + 20,65 0,17 AUBAY (AUB) g C 35,7 33,9 - 5,04 + 1,35 10522 35,7 + 8,83 36,3 FR0000063737 06/11/20 0,33 13.208.296 33,45 15,32 0,97AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 24,6 24,8 + 1,22 +100 3353 24,8 + 7,36 24,9 FR0011040500 02/07/19 0,4 21.316.266 24,2 +111,97 10,55 BAINS MER MONACO (BAIN) B 63,6 63,6 + 1,27 + 10,8 850 63,6 + 4,95 67,6 MC0000031187 26/09/14 0,01 24.516.661 61,6 + 15,64 44 BÉNÉTEAU (BEN) g B 9,26 9,12 - 1,19 - 15,79 46235 9,3 + 9,81 10,9 FR0000035164 12/02/20 0,23 82.789.840 8,95 - 12,56 4,9 2,52BIC (BB) G A 50,8 49,46 - 2,54 - 20,23 114410 51,2 + 2,91 66,05 FR0000120966 01/06/20 2,45 45.532.240 48,02 - 20,55 38,5 4,95BIGBEN INT. (BIG) g C 19,48 19,16 - 1,14 + 19,45 45618 19,6 +29,28 19,8 FR0000074072 24/07/19 0,2 19.969.658 19,06 + 27,73 8,1 BIOMÉRIEUX (BIM) G A 115,1 117,9 + 0,86 + 48,58 135953 119,5 + 3,42 144,8 FR0013280286 14/07/20 0,19 118.361.220 113,8 + 42,74 75 0,16BOIRON (BOI) g A 37,6 37,2 - 0,27 + 2,2 8142 38,65 - 4,62 44,8 FR0000061129 02/06/20 1,05 17.545.408 36,9 + 9,73 26,75 2,82BOLLORÉ (BOL) G A 3,368 3,334 - 0,66 - 14,29 1088256 3,376 - 2,23 3,996 FR0000039299 02/09/20 0,02 2.946.208.874 3,322 - 13,18 2,01 0,6BONDUELLE (BON) g B 20,15 19,78 - 0,7 - 15,11 26815 20,2 - 0,1 23,9 FR0000063935 06/01/20 0,5 32.538.340 19,68 - 17,24 16,58 2,53BUREAU VERITAS (BVI) LR A 22,99 22,71 - 0,09 - 2,36 987937 22,99 + 6,92 26,01 FR0006174348 20/05/19 0,56 452.204.032 22,35 - 2,82 15,165 BURELLE SA (BUR) A 780 782 - 4,4 20 782 +36,24 842 FR0000061137 03/06/20 15 1.757.623 780 + 1,56 407 1,92CARMILA (CARM) g C 12 11,9 - 0,17 - 40,5 67217 12 +22,81 20 FR0010828137 03/07/20 1 142.357.425 11,74 - 34,69 6,54 CASINO (CO) G A 25,39 25,31 - 0,04 - 39,3 221187 25,8 + 4,33 42,85 FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 25,07 - 45,36 19,045 6,16CATANA GROUP (CATG) g C 2,82 2,73 - 0,73 - 36,95 135563 2,82 +17,17 4,49 FR0010193052 30.514.178 2,655 - 24,48 1,7

CGG (CGG) G A 0,856 0,883 + 2,63 - 69,51 12463595 0,895 +30,02 3,121 FR0013181864 711.324.929 0,845 - 65,66 0,443 CHARGEURS (CRI) g C 17,92 17,58 - 1,79 + 1,74 82347 17,96 + 2,93 24,1 FR0000130692 16/09/20 0,28 24.211.232 17,58 + 7,85 7,9 1,59CHRISTIAN DIOR (CDI) A 443,4 443,2 - 2,98 EX D OP 08/06/17 7358 447,6 + 3,26 479,8 FR0000130403 01/12/20 2 180.507.516 439,2 252,4 0,45CNP ASSURANCES (CNP) G A 13,34 13,18 - 1,13 - 25,66 728680 13,43 + 9,83 18,17 FR0000120222 26/04/19 0,89 686.618.477 12,95 - 26,37 5,3 COFACE (COFA) G A 8,54 8,55 - 0,47 - 22,06 207544 8,59 - 1,95 12,51 FR0010667147 22/05/19 0,79 152.031.949 8,41 - 18,57 4,448 COLAS (RE) A 119,5 122,5 + 3,81 - 13 4508 124,5 +12,39 143 FR0000121634 08/09/20 6,4 32.654.499 119,5 - 13 90 5,22COVIVIO (COV) G A 76,4 74,7 - 1,84 - 26,19 147537 76,45 + 8,18 112,2 FR0000064578 27/04/20 4,8 94.544.232 73,9 - 28,03 38,84 COVIVIO HOTELS (COVH) A 17,7 17,95 - 6,02 - 37,02 16697 18,4 +23,79 30 FR0000060303 13/05/20 1,55 132.547.616 17 - 38,1 11,6 DASSAULT AV. (AM) G A 919,5 900 - 0,06 - 23,08 3973 919,5 + 1,24 1192 FR0000121725 22/05/19 21,2 8.348.703 894,5 - 20,84 624 DBV TECHNOLOGIES (DBV) G B 4,58 4,552 - 1,34 - 76,81 949320 4,61 + 8,38 25,44 FR0010417345 54.927.187 4,314 - 67,78 2,352 DERICHEBOURG (DBG) g B 4,696 4,61 - 1,12 + 26,3 566721 4,72 +59,63 4,74 FR0000053381 07/02/20 0,11 159.397.489 4,526 + 30,23 2,07 2,39DEVOTEAM (DVT) g C 98 97,9 + 3,6 3132 98 + 0,1 99,1 FR0000073793 03/07/19 1 8.332.407 97,9 + 9,14 47,25 EDENRED (EDEN) LR A 46,48 46,07 - 0,65 - 0,07 602575 46,48 - 1,98 51,56 FR0010908533 13/05/20 0,7 246.583.351 45,19 + 4,92 29,74 1,52EDF (EDF) LR A 12,795 12,5 - 2,27 + 25,91 EX-DS 7/03/17 3342280 12,83 +13,84 13,61 FR0010242511 26/11/19 0,15 3.099.923.579 12,395 + 33,38 5,978 EIFFAGE (FGR) LR A 81,5 81,2 - 0,1 - 20,39 273905 82,28 - 2,29 111,75 FR0000130452 21/05/19 2,4 98.000.000 80,84 - 18,67 44,65 EKINOPS (EKI) g C 6,55 6,66 + 2,62 + 0,76 84593 6,66 +11,37 7 FR0011466069 25.448.179 6,46 + 31,88 3,67 ELIOR (ELIOR) G A 5,785 5,63 - 2,43 - 57,02 869697 5,785 + 4,26 13,83 FR0011950732 07/04/20 0,29 174.147.823 5,52 - 55,39 3,062 5,15ELIS (ELIS) G A 13,71 13,26 - 3,28 - 28,32 287760 13,76 + 1,22 19 FR0012435121 27/05/19 0,37 221.807.226 13,16 - 26,25 5,375 EOS IMAGING (EOSI) g C 1,8 1,786 - 1,65 - 19,37 398259 1,854 +27,21 2,9 FR0011191766 26.569.946 1,732 - 18,45 1,18 ERAMET (ERA) G A 40,5 40,08 - 1,04 - 12,57 86112 40,52 +35,04 47,18 FR0000131757 29/05/19 0,6 26.636.003 38,9 - 0,64 18,665 ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 7,86 7,42 - 5,6 + 10,75 174934 7,97 +22,24 11,46 FR0011471135 19.088.731 7,35 + 75,83 2,8 ESI GROUP (ESI) g C 42,4 41,8 - 1,42 + 28,62 1411 42,4 + 3,98 43,6 FR0004110310 6.028.192 41,6 + 46,67 24,6 EURAZEO (RF) G A 54,7 54,7 + 0,37 - 10,33 160493 55,5 + 9,4 67,05 FR0000121121 08/05/19 1,25 79.000.522 53,8 - 10,98 35,6 EUROFINS SCIENT. (ERF) LR A 63,79 65,29 + 2,5 + 32,11 450834 65,85 - 6,06 75,4 FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 63,2 + 32,11 39,3 4,41EUROPCAR GROUPE (EUCAR) g B 0,895 0,868 - 0,8 - 79,97 2810126 0,895 +11,42 4,688 FR0012789949 21/05/19 0,26 163.884.278 0,834 - 77,9 0,492 EUTELSAT COM. (ETL) G A 9,544 9,396 - 1,45 - 35,16 390222 9,55 - 1,61 14,825 FR0010221234 20/11/20 0,89 230.544.995 9,386 - 36,28 7,984 9,47EXEL INDUSTRIES (EXE) B 48,5 47,6 - 1,86 + 2,15 739 49 +19,9 49,1 FR0004527638 13/02/19 1,14 6.787.900 47,6 + 12,53 31 FAURECIA (EO) LR A 41 40,5 - 1,15 - 15,68 245304 41,32 + 7,88 49,49 FR0000121147 31/05/19 1,25 138.035.801 40,05 - 14,56 20,58 FDJ (FDJ) G A 35,8 35,77 - 0,17 + 50,14 208623 35,92 + 7,16 36,09 FR0013451333 26/06/20 0,45 191.000.000 35,42 + 51,89 18,3 1,26FFP (FFP) g A 93,2 93,5 + 1,63 - 10,1 10218 94,2 +12,79 105,6 FR0000064784 22/05/20 2,15 24.922.589 92,6 - 7,24 42,15 2,3FIGEAC AERO (FGA) g B 4,29 4,29 - 0,23 - 53,87 74772 4,51 +22,57 9,69 FR0011665280 31.839.473 4,205 - 60,71 2,415 FIN. ODET (ODET) A 746 746 + 0,54 - 4,6 257 748 + 3,61 810 FR0000062234 04/06/20 1 6.585.990 742 - 5,33 497 0,13FNAC DARTY (FNAC) G A 48,7 48,82 + 0,45 - 7,54 73440 48,98 +16,91 53,85 FR0011476928 26.608.571 47,64 - 5,48 16,29 FONCIÈRE LYONNAISE (FLY) A 65 63,4 - 3,06 - 14,09 1044 66,8 +10,07 83,4 FR0000033409 21/04/20 2,65 46.528.974 63,4 - 11,94 51 GECI INTERNATIONAL (GECP) g C 0,017 0,017 - 3,51 - 49,7 8085233 0,017 -26,01 0,07 FR0000079634 01/10/01 0,1 315.583.099 0,016 - 47,28 0,016 GECINA (GFC) LR A 128,3 127,2 - 0,39 - 20,3 126304 128,8 - 0,63 183,6 FR0010040865 01/07/20 2,5 76.463.771 126,1 - 20,2 88,5 GENFIT (GNFT) G B 4,646 4,48 - 2,01 - 74,62 380119 4,658 +26,98 20,96 FR0004163111 38.858.617 4,47 - 69,19 3,022 GENSIGHT (SIGHT) g C 7,01 6,63 - 0,45 +166,8 328364 7,01 +63,7 7,8 FR0013183985 39.693.012 6,51 +281,47 1,36

GETLINK (GET) LR A 13,77 13,52 - 2,17 - 12,83 728825 13,85 - 6,24 17,04 FR0010533075 23/05/19 0,36 550.000.000 13,44 - 11,63 8,615 GL EVENTS (GLO) g B 11,02 10,3 - 6,53 - 57,17 122847 11,08 + 8,31 24,45 FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 10,22 - 55,02 6,4 GROUPE CRIT (CEN) g B 64,2 65 + 0,31 - 11,68 1057 65,4 +11,11 74,4 FR0000036675 26/06/19 1 11.250.000 63,2 - 11,56 36,15 1,54GROUPE GORGÉ (GOE) g B 13,46 13,22 - 1,78 - 22,42 6232 13,48 + 3,77 19 FR0000062671 01/07/20 0,32 13.502.843 13,22 - 15,8 8,59 2,42GTT (GTT) G A 80,1 80,35 + 0,88 - 5,91 53937 80,55 - 4,12 102,7 FR0011726835 03/11/20 2,5 37.078.357 79,1 - 3,83 48,76 3,11GUERBET (GBT) g B 31,75 31,75 - 23,12 1605 32 - 0,47 44,1 FR0000032526 30/06/20 0,7 12.600.874 31,65 - 39,98 24,05 2,21HAULOTTE GROUP (PIG) g B 5,78 5,93 + 3,67 + 11,89 136931 5,93 +34,31 5,93 FR0000066755 15/07/20 0,22 31.371.274 5,73 + 17,89 3,27 3,71HEXAOM (HEXA) g B 37,1 38,2 + 2,69 + 3,8 4330 38,2 +19,75 39,8 FR0004159473 11/06/19 1,5 6.937.593 37,1 + 14,03 21,7 HIGH CO (HCO) g C 4,93 4,88 - 0,41 - 19,74 1252 4,93 +10,91 6,32 FR0000054231 24/05/19 0,16 22.421.332 4,88 - 18,12 2,95 ICADE (ICAD) G A 65,55 65 - 0,15 - 33,02 109327 66,1 + 1,33 106 FR0000035081 06/07/20 1,6 74.535.741 64,2 - 31,14 41,88 ID LOGISTIC (IDL) g A 202,5 202,5 - 0,49 + 12,25 449 203,5 + 1,76 220 FR0010929125 5.649.427 202,5 + 6,58 115 IMERYS (NK) G A 37 36,78 - 0,16 - 2,39 87192 37 +14,15 43,54 FR0000120859 15/05/20 1,72 85.015.055 36,22 + 2,97 20,68 4,68INNATE PHARMA (IPH) g B 4,38 4,34 - 1,36 - 27,18 406191 4,402 +23,65 7,48 FR0010331421 78.980.640 4,226 - 23,19 2,9 INTERPARFUMS (ITP) g A 43 43,4 + 0,93 + 29,03 21165 43,75 + 2,36 44,65 FR0004024222 02/05/19 0,71 51.988.409 42,95 + 30,97 23,682 IPSEN (IPN) G A 68,5 69,3 + 1,17 - 12,28 212787 69,6 -17,4 95,9 FR0010259150 03/06/20 1 83.814.526 67,25 - 12,39 34,2 1,44IPSOS (IPS) G A 28,3 28,55 - 1,38 32204 28,6 +13,29 32,1 FR0000073298 01/07/20 0,45 44.436.235 28,15 + 1,06 15,82 1,58JACQUET METAL SERVICE (JCQ) g B 13,36 14,32 + 7,19 - 7,13 67565 14,4 +20,74 15,86 FR0000033904 01/07/20 0,2 23.461.313 13,36 + 0,7 7,6 1,4JCDECAUX (DEC) G A 20,04 19,82 - 0,9 - 27,87 161743 20,04 + 5,2 27,74 FR0000077919 21/05/19 0,58 212.902.810 19,61 - 24,06 12,26 KAUFMAN & BROAD (KOF) g B 36,6 35,85 - 2,05 - 3,11 16440 36,75 - 0,69 41,86 FR0004007813 08/06/20 1,75 22.088.023 35,65 - 3,94 19,4 4,88KLEPIERRE (LI) LR A 19,1 18,885 - 0,58 - 44,21 862094 19,275 + 6,54 34,66 FR0000121964 07/07/20 1,1 299.939.198 18,565 - 43,12 10,05 KORIAN (KORI) G A 29,5 28,78 - 1,98 - 26,31 120470 29,7 - 4,07 42,54 FR0010386334 11/06/19 0,6 105.038.158 28,78 - 24,03 23,441 LAGARDÈRE (MMB) G A 20,94 20,4 - 2,95 + 4,99 90499 21,16 + 4,88 28,48 FR0000130213 14/05/19 1,3 131.133.286 20,32 + 3,4 8,14 LDC (LOUP) A 99,4 98,4 - 1,6 - 5,84 3002 100 - 2,57 110,5 FR0013204336 25/08/20 1,2 17.134.471 98,4 - 8,04 74,2 1,22LNA SANTÉ (LNA) g B 47,8 47,3 - 1,36 - 4,54 5700 48,4 - 3,07 53 FR0004170017 08/07/20 0,45 9.705.937 47,3 - 2,87 31,75 0,95LECTRA (LSS) g B 24,15 24,2 - 0,41 + 8,28 15422 24,35 +24,74 24,85 FR0000065484 06/05/20 0,4 32.347.211 24 + 9,01 12,2 1,65LINEDATA SVICES (LIN) g B 28,1 28,3 + 1,43 + 5,99 14279 28,3 +10,55 30,9 FR0004156297 06/07/20 0,95 6.625.726 27,9 + 10,12 18 3,36LISI (FII) g A 21 20,65 - 1,67 - 31,28 21856 21 - 1,67 32,7 FR0000050353 30/04/19 0,44 54.114.317 20,5 - 34,24 12,5 LUMIBIRD (LBIRD) g C 12,74 12,68 - 0,47 - 16,03 16403 12,84 + 7,82 15,499 FR0000038242 22.466.882 12,36 + 2,1 5,365 M6-MÉTROPOLE TV (MMT) G A 13,74 14,04 + 1,74 - 16,33 163857 14,16 +25,13 17,07 FR0000053225 15/05/19 1 126.414.248 13,66 - 10,74 8,55 MAISONS DU MONDE (MDM) G B 15,67 15,32 - 2,42 + 18,12 88949 15,67 +23,05 15,83 FR0013153541 02/07/19 0,47 45.241.894 15,2 + 25,88 5,35 MANITOU (MTU) g B 21,9 22,05 + 0,23 + 2,8 5470 22,2 + 3,76 22,3 FR0000038606 17/06/19 0,78 39.668.399 21,9 + 14,84 11,36 MARIE BRIZARD W & S (MBWS) g C 1,434 1,414 - 1,4 - 11,74 9522 1,434 + 3,67 1,7 FR0000060873 27/09/07 0,5 44.698.844 1,414 - 25,66 0,651 MAUNA KEA (MKEA) g C 1,408 1,374 - 3,24 + 0,59 123211 1,422 +17,84 2 FR0010609263 30.558.480 1,374 + 41,94 0,566 MERCIALYS (MERY) G A 6,975 7,01 + 0,79 - 43,15 525455 7,06 +24,18 12,64 FR0010241638 27/04/20 0,48 92.049.169 6,915 - 42,78 3,89 MERSEN (MRN) g B 25 25,15 + 1 - 26,35 25524 25,25 + 4,79 35,3 FR0000039620 03/07/19 0,95 20.858.964 24,7 - 25,48 12,38 METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 2,5 2,35 - 6,38 + 52,6 202894 2,51 +38,24 2,72 FR0004177046 27.813.800 2,35 + 45,06 0,921 NANOBIOTIX (NANO) g B 12,52 12,46 - 1,11 + 50,48 194335 12,58 +50,12 14,82 FR0011341205 13/05/19 26.037.122 12 + 68,38 3,54 NATIXIS (KN) G A 2,706 2,639 - 2,15 - 33,32 8953721 2,721 + 9,55 4,411 FR0000120685 31/05/19 0,78 3.155.951.502 2,608 - 30,26 1,471 NEOEN (NEOEN) G A 48,45 48,2 - 0,1 + 55,99 120214 48,9 + 4,78 52,9 FR0011675362 85.490.712 47,3 + 90,51 25,3 NEXANS (NEX) G A 55,15 55,45 + 1 + 27,5 65744 55,85 +19,04 57,35 FR0000044448 17/05/19 0,3 44.105.941 54,3 + 36,21 21,55 NEXITY (NXI) G A 33,52 32,62 - 2,04 - 27,15 85417 33,52 +11,71 46,2 FR0010112524 25/05/20 2 56.129.724 32,62 - 27,28 22,04 6,13NICOX (COX) g B 4,345 4,25 - 1,73 - 2,41 302652 4,345 + 7,05 6,27 FR0013018124 33.491.370 4,22 + 8,83 2,53 NRJ GROUP (NRG) B 5,8 5,8 + 1,05 - 13,43 2894 5,82 + 3,57 6,88 FR0000121691 03/06/19 0,17 78.107.621 5,72 - 3,65 4,5 ONXEO (ONXEO) g B 0,767 0,755 + 0,53 + 36,04 63459 0,767 +10,06 0,979 FR0010095596 78.317.810 0,75 + 44,64 0,3 ORPÉA (ORP) LR A 106,4 105,95 + 0,09 - 7,31 118005 107,55 - 2,84 129 FR0000184798 12/07/19 1,2 64.615.837 105,6 - 5,99 69,1 PHARMAGEST INT. (PHA) g B 99,9 97,9 - 1,41 + 61,55 6469 100 +15,45 100,8 FR0012882389 01/07/20 0,9 15.174.125 97,6 + 61,55 41,25 0,92PIERRE & VACANCES (VAC) g B 14,65 14 - 2,78 - 30,69 22774 14,65 + 7,69 33,9 FR0000073041 19/03/12 0,7 9.893.463 13,85 - 26,55 9,08 PLASTIC OMNIUM (POM) G A 28,62 28,32 - 0,63 + 13,73 139206 28,76 +21,23 31,48 FR0000124570 29/04/20 0,49 148.566.107 28,16 + 15,69 12,01 1,73PLASTIVALOIRE (PVL) g B 6 6,06 + 1,34 - 12,43 DIV 8 02/05/17 22211 6,07 +48,71 7,48 FR0013252186 18/04/19 0,2 22.125.600 5,95 - 19,74 2,79 PROLOGUE (PROL) g C 0,349 0,347 + 1,46 125672 0,349 +47,66 0,41 FR0010380626 46.585.630 0,321 - 5,45 0,15 QUADIENT (QDT) g B 16,57 16,42 - 1,32 - 23,91 93292 16,74 +35,7 24,3 FR0000120560 07/09/20 0,35 34.562.912 16,17 - 24,05 9,615 2,13RALLYE (RAL) A 6,19 6,26 - 0,48 - 38,14 93321 6,47 +33,62 10,3 FR0000060618 20/05/19 1 52.373.235 6,18 - 27,21 3,105 RAMSAY GDS (GDS) A 17,8 18 - 0,55 + 7,14 566 18 + 2,86 21,8 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 17,6 + 7,14 15,2 RECYLEX SA (RX) g C /130520 - 45,57 3,66 FR0000120388 04/07/90 0,61 25.886.482 - 46,2 1,3 RÉMY COINTREAU (RCO) G A 144,4 146,6 + 1,17 + 33,88 72398 148,2 - 3,43 162,8 FR0000130395 28/07/20 1 50.503.106 144,4 + 27,59 79,2 0,68REXEL (RXL) G A 12,13 11,805 - 2,64 - 0,34 882812 12,19 + 9,61 13,415 FR0010451203 02/07/20 0,48 304.425.106 11,785 + 1,03 4,921 ROBERTET (RBT) G B 851 855 - 0,23 - 7,37 340 862 - 6,46 1068 FR0000039091 02/07/20 5 2.172.551 851 - 0,12 662 0,59ROTHSCHILD & CO (ROTH) G A 27 26,45 - 2,04 + 3,32 17051 27,05 - 0,19 27,6 FR0000031684 20/05/19 0,79 77.617.512 26,3 + 6,65 14,62 RUBIS (RUI) G A 37,98 37,9 - 0,21 - 30,78 DIV 2 28/07/17 387972 38,14 +10,17 57,45 FR0013269123 17/06/20 1,75 103.560.783 37,2 - 25,98 27,34 4,62SARTORIUS STED. BIO. (DIM) G A 292,2 294,6 + 1,03 + 99,46 DIV 6 10/05/16 57886 295,8 - 1,67 367 FR0013154002 29/06/20 0,34 92.180.190 290,8 +104,3 133,9 0,12SAVENCIA (BH) B 59,4 59,4 - 3,26 1074 59,6 +11,65 64,8 FR0000120107 13/05/19 1 14.032.930 59 + 0,68 45,1

SCOR (SCR) LR A 27,58 27,4 - 0,51 - 26,78 501251 27,84 - 5,52 39,12 FR0010411983 30/04/19 1,75 186.677.576 26,96 - 27,86 15,88

SEB (SK) G A 145,4 143,3 - 1,24 + 8,23 35827 145,9 + 1,06 155 FR0000121709 22/05/20 1,43 50.307.064 142,7 + 5,99 86,35 1

SES-IMAGOTAG (SESL) Gg B 27,5 29 + 6,42 - 8,52 48353 31,3 +12,4 37,5 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.758.108 27,5 - 0,51 19,5

SHOWROOMPRIVÉ (SRP) g C 1,768 1,714 - 2,06 +159,25 577094 1,768 +18,21 1,888 FR0013006558 117.461.769 1,656 +114,06 0,243

SOITEC (SOI) G A 150 150,8 - 0,46 + 60,94 EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 73740 151,1 +17,08 154,7 FR0013227113 33.278.901 147,8 + 59,92 48,86

SOLOCAL GROUP (PAJ) B 3 2,925 - 2,4 - 89,74 477253 3,003 +18,42 30,115 FR00140006O9 129.505.837 2,881 - 88,88 1,73

SOLUTIONS 30 (ALS30) A 16,5 14,7 - 8,92 + 47,59 5808543 17,3 - 7,31 19,94 FR0013379484 107.127.984 12,72 + 49,47 5,3

SOMFY (SO) A 129,2 128,4 - 0,77 + 46,74 4607 129,4 + 1,1 145 FR0013199916 30/06/20 1,25 37.000.000 126,2 + 49,13 63,6 0,97

SOPRA STERIA GP (SOP) G A 126,7 124,9 - 1,58 - 12,96 41721 126,7 + 9,27 162 FR0000050809 02/07/19 1,85 20.547.701 123,1 - 8,36 78,15

SMCP (SMCP) g B 5,3 4,982 - 6,35 - 47,28 339905 5,32 +15,86 10,08 FR0013214145 74.117.760 4,982 - 33,66 2,945

SPIE (SPIE) G A 17,05 16,49 - 3 - 9,2 315590 17,06 - 2,89 19,58 FR0012757854 24/09/19 0,17 157.698.124 16,47 - 9,64 7,805

SQLI (SQI) g C 18,9 19,1 - 0,78 - 22,04 805 19,35 - 3,29 24,5 FR0011289040 21/07/17 0,88 4.613.975 18,75 + 12,88 13,42

STEF (STF) g B 71,3 71,8 + 0,7 - 10,7 1214 71,8 - 0,83 85,1 FR0000064271 17/11/20 1,5 13.000.000 70,4 - 11,79 57,2 4,18

SUEZ (SEV) LR A 15,825 15,82 - 0,53 + 17,32 1232438 15,895 - 1,65 16,36 FR0010613471 18/05/20 0,45 628.362.579 15,795 + 19,67 8,046 2,85

SWORD GROUP (SWP) g B 30,85 30,75 - 0,81 - 9,82 7598 31 - 5,53 37,15 FR0004180578 10/09/20 2,04 9.544.965 30,4 - 8,62 20,45 7,81

SYNERGIE (SDG) g B 30 30 + 2,74 5992 30 + 3,63 31,4 FR0000032658 19/06/19 0,8 24.362.000 28,85 - 0,5 13

TARKETT (TKTT) G B 15 15,11 + 0,73 + 4,93 46598 15,3 +33,01 16,56 FR0004188670 12/06/19 0,6 65.550.281 14,89 + 12,34 7,53

TECHNICOLOR (TCH) B 1,932 1,903 - 0,89 - 85,22 1422560 2,1 +30,25 13,735 FR0013505062 218.324.139 1,902 - 85,59 1,1

TELEPERFORMANCE (RCF) R A 270,1 270,7 + 0,45 + 24,52 138070 274,7 + 0,45 297,3 FR0000051807 02/07/20 2,4 58.730.600 269,4 + 27,21 150,3 0,89

TF1 (TFI) G A 6,96 6,835 - 2,22 - 7,64 311459 6,985 +15,16 7,805 FR0000054900 29/04/19 0,4 210.392.991 6,755 - 10,6 4,062 5,85

TFF GROUP (TFF) B 27,1 26,9 - 0,37 - 26,7 866 27,1 +10,7 38,2 FR0013295789 06/11/20 0,35 21.680.000 26,8 - 28,27 22 1,3

THERMADOR GROUPE (THEP) B 65 65,6 - 0,61 + 23,77 1705 66,2 + 7,19 66,8 FR0013333432 09/04/20 1,8 9.200.849 65 + 20,59 35,7 2,74

TIKEHAU CAPITAL (TKO) g A 23,8 23,7 - 0,84 + 7,73 EX D S 03/07/17 21319 24 + 6,28 26,4 FR0013230612 22/05/20 0,5 137.114.864 23,6 + 1,72 15,45 2,11

TRANSGÈNE (TNG) g B 1,728 1,664 - 2,8 + 7,35 122157 1,728 + 5,18 2,08 FR0005175080 83.841.334 1,654 - 10,54 0,81

TRIGANO (TRI) G A 138 136,2 - 1,59 + 44,74 20552 139,6 +23,59 140,5 FR0005691656 14/01/20 2 19.336.269 134,8 + 48,45 41,76 1,47

UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LR A 78,38 78,34 - 0,1 + 27,22 356893 78,96 + 6,41 85,14 FR0000054470 123.458.887 77,58 + 37,78 51,16

VALEO (FR) LR A 31,67 31,44 - 0,76 + 0,1 558096 31,91 + 1,42 34,05 FR0013176526 29/06/20 0,2 241.717.403 30,93 - 4,76 10,51 0,64

VALLOUREC REG (VK) G A 28,355 29,03 + 1,86 - 74,19 214507 29,455 +82,62 114,68 FR0013506730 11.449.694 27,87 - 70,76 11,186

VALNEVA (VLA) g B 6,72 6,83 + 1,19 +165,76 387167 6,87 +36,6 7,35 FR0004056851 90.954.937 6,56 +171,03 1,784

VERALLIA (VRLA) g A 27,6 27,55 + 0,18 - 8,96 36690 27,6 + 5,56 36,01 FR0013447729 15/06/20 0,85 123.272.819 27,3 - 8,26 19,26 3,09

VERIMATRIX (VMX) g B 2,86 2,855 - 0,18 + 44,19 243535 2,885 + 8,14 3,245 FR0010291245 84.927.567 2,8 + 50,26 1,138

VICAT (VCT) g A 35 34,75 - 0,71 - 13,88 25696 35,25 + 7,59 41,65 FR0000031775 20/04/20 1,5 44.900.000 34,75 - 12,03 22,5 4,32

VILMORIN & CIE (RIN) g A 48,7 49,25 + 0,82 + 2,07 4848 49,9 + 2,07 52,4 FR0000052516 11/12/19 1,35 22.917.292 48,7 - 1,5 34,25 2,74

VIRBAC (VIRP) G A 220 223 + 1,83 - 5,71 4140 224,5 + 4,45 244,5 FR0000031577 26/06/15 1,9 8.458.000 220 - 3,67 132,2

WAVESTONE (WAVE) g B 29,55 29,75 + 0,34 + 14,42 5712 29,95 +16,67 29,95 FR0013357621 19/09/19 0,23 20.196.492 29,5 + 18,53 15,5

WENDEL (MF) G A 97,8 98,25 + 0,26 - 17,09 81652 98,75 + 7,2 127,5 FR0000121204 07/07/20 2,8 44.719.119 97 - 19,47 54,8 2,85

WORLDLINE (WLN) G A 73,26 73,82 + 0,82 + 16,9 749999 74,08 + 0,35 82,66 FR0011981968 279.122.471 73,04 + 28,16 36,36

XPO LOGISTICS (XPO) A 278 278 - 1,42 + 6,92 9 278 + 9,45 296 FR0000052870 20/06/19 0,6 9.836.241 278 + 7,75 214

AUTRES VALEURS DE LA ZONE EUROEURONEXT (ENX) G A 86,3 87,05 + 0,87 + 19,82 237922 88,45 - 0,34 109,7 NL0006294274 20/05/20 1,35 70.000.000 86 + 25,43 52,9 1,83

NOKIA (NOKIA) R A 3,447 3,438 - 0,46 + 3,95 0,3 247492 3,462 +10,71 4,352 11,61FI0009000681 29/07/19 0,02 5.653.886.159 3,36 + 9,96 2,083 1,46

SES (SESG) LR 7,87 7,884 + 0,13 - 36,93 823560 7,914 - 1,35 14,165 LU0088087324 21/04/20 0,34 376.915.302 7,776 - 33,04 4,87 5,07

X-FAB SILICON (XFAB) g A 4,65 4,58 - 3,38 + 9,83 106785 4,735 +23,45 6,08 BE0974310428 130.781.669 4,53 + 14,64 1,868

VALEURS ZONE INTERNATIONALEGENERAL ELECTRIC (GNE) 9,368 9,413 + 0,53 - 4,42 1,29 8595 9,45 +23,24 12,1 US3696041033 USD 25/09/20 0,01 8.759.873.000 9,1 - 5 5,02

HSBC (HSB) 4,426 4,417 - 1,01 - 37,04 52,19 141010 4,484 + 5,47 7,121 GB0005405286 USD 27/02/20 0,21 20.368.242.460 4,34 - 33,52 3,081

LAFARGEHOLCIM LTD (LHN) A 43,8 43,4 - 1,27 - 11,34 4 48606 44,1 + 1,17 49,79 CH0012214059 CHF 15/05/20 2 615.929.059 42,9 - 8,13 26,89

SCHLUMBERGER (SLB) A 19,05 19,55 + 2,63 - 45,54 3,45 69463 19,7 +26,95 36,9 AN8068571086 USD 01/12/20 0,13 1.385.122.304 18,35 - 41,99 11,05

SRD Suite VALEURS FRANÇAISES SRD Suite VALEURS FRANÇAISES

A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : BĂ©nfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustĂ©s sont sur l’annĂ©e civile. Les valeurs classĂ©es par ordre alphabĂ©tique sont regroupĂ©es en trois classes de capitalisation signalĂ©es par les lettres A pour les capitalisations supĂ©rieures Ă  1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et C pour les capitalisations infĂ©rieures Ă  150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice CACSmall. Les bĂ©nĂ©fices par action : source FacSet JCF Estimates.

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

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euronext SÉANCE DU 10 - 12 - 2020CAC 40 : 5549,65 (0,05 %) NEXT 20 : 11949,1 (-0,20 %)

CAC LARGE 60 : 6143,68 (0,03 %)CAC ALL-TRADABLE : 4303,4 (-0,03 %)

DATE DE PROROGATION : 28 DÉCEMBRE

SRD VALEURS FRANÇAISES

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

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Page 38: Les Echos - 11 12 2020

38 // FINANCE & MARCHES Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos

ÉTABLISSEMENT PUBLIC

LNEGrĂ©goire Olivierest nommĂ© Ă  la prĂ©sidence du conseil d’administration du Laboratoire national de mĂ©trologie et d’essais, par dĂ©cret du prĂ©sident de la RĂ©publique du 9 dĂ©cembre.

GrĂ©goire Olivier, 59 ans, ancienĂ©lĂšve de l’Ecole polytechnique,titulaire d’un MBA de l’univer-sitĂ© de Chicago, est ingĂ©nieur del ’Ecole des mines de Paris .Actuellement, il est secrĂ©tairegĂ©nĂ©ral du groupe PSA tout enassurant la direct ion de larĂ©gion Chine et Asean. En 2007,il est entrĂ© dans le groupe PSAen tant que membre du direc-

NRJMarie-NoĂ«lle Le Moalest nommĂ©e directrice de la stratĂ©gie marketing et de l’innovation de NRJ Global, la rĂ©gie publicitaire des mĂ©dias du groupe NRJ.

Marie-NoĂ«lle Le Moal, 43 ans, diplĂŽmĂ©e de l’ESC Le Havre et de l’ESCP Europe, a dĂ©butĂ© chez IP

HĂ„kan Akesson, de retour en France

Comme une histoire d’amour
 HĂ„kan Akesson, le nou-vel ambassadeur de SuĂšde Ă  Paris, connaĂźt bien la France. Depuis trĂšs longtemps, il y vient rĂ©guliĂšrement en vacances. Et, Ă  deux reprises, il y a sĂ©journĂ© plusieursmois d’affilĂ©e.

La premiĂšre fois, c’était en 1983. Il a alors 22 ans, estĂ©tudiant Ă  l’universitĂ© d’Uppsala, la plus ancienne fac deSuĂšde. Il y suit un cursus mĂȘlant gestion, marketing international et langues Ă©trangĂšres. Par goĂ»t du voyageet surtout pour s’immerger dans le français, il prend une annĂ©e de cĂ©sure en France. Il choisit Montpellier, pour ses tempĂ©ratures et son ensoleillement bien supĂ©-rieurs Ă  ceux de la campagne de Lund, oĂč, avec sa mĂšreinfirmiĂšre, son pĂšre agriculteur et sa petite sƓur, il a vĂ©cu son enfance et son adolescence. Sous le charme decette ville du Midi, HĂ„kan Akesson y passe des mois for-midables dans une ambiance « dynamique et pleine d’énergie ». Il prolonge par un stage chez Saab Ă  Paris. Mais le temps est venu de repartir. Il quitte l’Hexagone Ă la fin de l’étĂ© 1984, nostalgique. Et avec une envie qui tou-jours demeurera : y revenir un jour pour y travailler.

Jeune, il s’intĂ©resse Ă  « tout ce qui se passe en dehors dela SuĂšde », il aime aller voir ailleurs comment ça fonc-tionne. « Ce qui est vraiment beau dans les voyages, c’est qu’on rencontre des personnes de cultures diffĂ©rentes, mais qu’on se rend compte que nous sommes tous les mĂȘmes, nous avons les mĂȘmes rĂȘves, les mĂȘmes senti-ments, les mĂȘmes prĂ©occupations », explique-t-il, tout sourire.

« Et puis, confie-t-il, comme beaucoup de diplomates,je voulais faire de notre monde un monde meilleur. » La diplomatie, une idĂ©e qui remonte Ă  loin chez cet hommequi fĂȘtera ses 60 ans l’an prochain. LycĂ©en dĂ©jĂ , il se dit que, plus tard, il travaillerait bien pour l’ONU ou l’orga-nisation suĂ©doise de coopĂ©ration internationale. Etu-diant, il fait un stage au ministĂšre des Affaires Ă©trangĂš-res. Premier pas d’une carriĂšre oĂč alternent les postes Ă Stockholm et les postes en ambassade. De ses fonctionsĂ  l’étranger – Singapour (1998-2002), Addis-Abeba (2002-2005, son premier poste en tant qu’ambassa-

deur), Istanbul (2010-2013) –, il garde de nombreux sou-venirs. Notamment « le dynamisme, l’énergie et les ambi-tions » des pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est. Ou encore, dans un tout autre registre, le conflit du Darfour. « J’étaisparmi les premiers diplomates qui sont allĂ©s en hĂ©licop-tĂšre Ă©valuer la situation sur place, dit-il. J’ai vu de prĂšs le fait qu’un tiers des villages, dans de trĂšs vastes zones, avaient Ă©tĂ© entiĂšrement brĂ»lĂ©s par les milices. Ça a Ă©tĂ© uneexpĂ©rience horrible. »

Diplomatie fĂ©ministeAvant de retrouver Paris, HĂ„kan Akesson Ă©tait directeurgĂ©nĂ©ral des affaires administratives au ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres. Parmi ses sujets quotidiens : l’éga-litĂ© femmes-hommes. En cinq ans, le taux de femmes ambassadeurs est passĂ© de 43 % Ă  48 %. « Aujourd’hui, la SuĂšde est le premier pays au monde en ce qui concerne les ambassadrices, rappelle-t-il. Et au niveau des direc-teurs au ministĂšre, les femmes reprĂ©sentent 52 %. » Un motif de fiertĂ© pour lui. Et une prĂ©occupation quoti-dienne, au-delĂ  mĂȘme de la stratĂ©gie de « diplomatie fĂ©ministe » – initiĂ©e dĂšs 2014 par Margot WĂ€llstrom, alors ministre des Affaires Ă©trangĂšres suĂ©doise. « On se rend compte qu’il y a des aspects Ă©galitĂ© femmes-hommesdans tous les domaines, souligne-t-il. Partout, il faut lut-ter pour ces droits. C’est ce que nous faisons en SuĂšde, c’estce que vous faites en France aussi. »

La France, aujourd’hui diffĂ©rente de celle de 1991-1992, alors qu’il Ă©tait Ă  l’ENA. A l’époque, la SuĂšde, qui prĂ©parait son adhĂ©sion Ă  la CommunautĂ© Ă©conomique europĂ©enne, cherchait des fonctionnaires parlant fran-çais. En attendant de pouvoir arpenter Ă  nouveau Paris,qu’il aime tant, HĂ„kan Akesson se dĂ©lecte de bouquins de Pierre Lemaitre. Ou de Jean-Christophe Rufin
 qu’ilavait eu comme prof Ă  l’ENA. n

carnettoire, directeur des program-mes et de la stratégie automo-bile. Il avait pris la direction desservices de mobilité en 2016.

Interactive. DÚs 2002, elle a officiédans le Groupe Figaro, assurant notamment la direction marke-ting et études de Media.figaro. En2018, elle a rejoint Mondadori MediaConnect (devenu Reworld MediaConnect) comme direc-trice marketing, études et com-munication.

PORTRAIT

par Marianne Bliman @Marianne_Bliman

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ENTREPRISES

UNION INVESTMENT REAL ESTATEMaxie Laubeest promue secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale d’Union Investment Real Estate France.

Maxie Laube, 39 ans, diplĂŽmĂ©ede Montpellier Business Schoolet de l’University of AppliedSciences de Stralsund (en Alle-magne), est titulaire d’un execu-tive master « expert confor-mitĂ© » de l’universitĂ© Paris-D a u p h i n e . E n 2 0 0 5 , e l l e aintĂ©grĂ© la filiale française dugroupe comme chargĂ©e de mis-sion. En 2014, elle Ă©tait devenueresponsable des opĂ©rations.

EDFJulien Villeretest nommĂ© directeur de l’innovation groupe.

Julien Villeret, 45 ans, diplĂŽmĂ©en marketing et politiques decommunication du Celsa, est cer-tifiĂ© auprĂšs de l’Insead en mana-gement stratĂ©gique de l’innova-tion. AprĂšs des dĂ©buts au sein del’agence i&e, il est devenu, dĂšs2007, directeur de l’information,puis de la communication deSFR. C’est en 2014 qu’il est entrĂ©chez EDF pour y ĂȘtre directeur dela communication.

MALAKOFF HUMANISOlivier Ruthardtest désormais directeur général adjoint, directeur des ressources humaines du groupe.

Olivier Ruthardt, 52 ans, titu-laire d’un DEA en droit et d’unMBA en ressources humaines deParis-Dauphine, devint notam-ment directeur des ressourceshumaines de Groupama en 2003et directeur gĂ©nĂ©ral adjoint desrichesses humaines de la Maifen 2009. Il Ă©tait directeur gĂ©nĂ©-ral adjoint chargĂ© des ressourceshumaines et des relations socia-les de la Matmut depuis 2017.

,Envoyez vos nominations Ă [email protected]

+Ils sont nésun 11 décembre

‱Martin Ajdari, directeur adjoint de l’OpĂ©ra national de Paris, 52 ans.‱Paul Allibert, directeur gĂ©nĂ©ral de l’Institut de l’entreprise, 37 ans.‱GĂ©rard Atlan, bijoutier, 81 ans.‱Jean-Claude Boulet, publicitaire, ex-PDG de l’agence BDDP, 79 ans.‱Patrick Braouezec, ex-dĂ©putĂ©-maire de Saint-Denis, 70 ans.‱Philippe Carillon, CEO de LexisNexis Emea, 51 ans.‱Anne Caron, prĂ©sidente de la Maison Caron, 48 ans.‱Didier Desert, ex-associĂ© chez EY, propriĂ©taire de l’Ambassade d’Auvergne Ă  Paris, 57 ans.‱Thierry Jadot, ex-prĂ©sident de Dentsu Aegis Network, 57 ans.‱John Kerry, ancien secrĂ©taire d’Etat amĂ©ricain, 77 ans.‱Enrico Macias, chanteur, 82 ans.‱Eddie Misrahi, prĂ©sident d’Apax Partners, 66 ans.‱Ludovic Morlot, chef d’orchestre, 47 ans.‱BĂ©rĂ©nice Ravache, directrice de Fip, 39 ans.‱CĂ©cile RĂ©inaud, fondatrice de SĂ©raphine, 47 ans.‱Macky Sall, prĂ©sident du SĂ©nĂ©gal, 59 ans.‱Jean-Louis Trintignant, artiste dramatique, 90 ans.

CHANGES COURS AU COMPTANT VAR. VAR. COURS VEILLE ANNÉE1 EURO EN DEVISE BCE EN % EN %10-12-2020

TAUX MARCHÉS MONÉTAIRES ET EURODEVISES MARCHÉS MONÉTAIRES JOUR 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 1 AN10-12-2020

ECARTS DE TAUX AVEC L’ALLEMAGNE 6 MOIS 2 ANS 5 ANS 7 ANS 10 ANS10-12-2020

ALLEMAGNE 100,36 -0,77 -0,82 -0,77 -0,63

PORTUGAL 0 5,64 0,24 0,32 0,43

FRANCE -0,08 0,05 0,12 0,12 0,20

ESPAGNE -0,07 0,19 0,30 0,38 0,55

ITALIE -0,12 0,29 -0,06 0,97 1,08

DOLLAR US 1,2118 0,29 7,99LIVRE STERLING 0,9116 0,81 7,68FRANC SUISSE 1,0758 0,11 -0,89COURONNE DANOISE 7,4442 0,00 -0,39COURONNE NORV. 10,6342 -0,32 7,66KUNA CROATE 7,5457 -0,02 1,35COURONNE SUEDOISE 10,2411 -0,16 -2,43DOLLAR CANADIEN 1,5422 -0,46 5,85YEN JAPONAIS 126,384 0,31 3,63DOLLAR AUSTRALIEN 1,6116 -0,84 0,77ROUBLE RUSSE 88,6237 -0,40 27,59ROUPIE INDIENNE 89,361 0,32 11,69DOLLAR NEO-ZELANDAIS 1,7125 -0,49 2,63COURONNE TCHEQUE 26,3105 0,08 3,54FORINT HONGROIS 354,065 -0,75 6,93ZLOTY POLONAIS 4,4268 -0,17 3,71LEV BULGARE 1,9577 0,16 0,07DOLLAR HONG-KONG 9,3927 0,29 7,51WON SUD COREEN 1319,1201 0,42 1,80PESO MEXICAIN 24,2128 0,73 13,98REAL 6,1428 -1,66 36,28DOLLAR SINGAPOUR 1,6201 0,26 7,34RAND SUD-AFRICAIN 18,2304 0,82 16,04LIVRE TURQUE 9,5706 1,24 43,38RENMIBI YUAN 7,9296 0,32 1,55RUPIAH 17091,7348 0,27 9,72PESO PHILIPPIN 58,3313 -0,03 2,68RINGGIT MALAIS 4,9208 0,22 7,15BATH THALANDAIS 36,4329 0,24 9,31

ZONE EURO -0,43/-0,73 -0,56/-0,86 -0,41/-0,71 -0,37/-0,67 -0,37/-0,67

SICAV/FCP

FR0013341781 2CRSI g C 4,355 4,36 4,265 4,345 + 2,24 29337

FR0014000T90 2MX ORGANIC B 10,5 10,694 10,45 10,45 - 0,95 252700

FR0013185857 ABEO g C 9,4 10,15 9,14 9,3 + 3,56 61275

FR0012616852 ABIONYX PHARMA g B 0,93 0,93 0,874 0,877 - 5,6 322782

FR0000064602 ACANTHE DEV. C 0,431 0,431 0,431 0,431 3985

FR0000062978 ADL PARTNER g C 14,3 14,55 14,25 14,55 + 1,04 2362

FR0012821890 ADUX g C 1,5 1,535 1,475 1,535 + 2,33 4079

FR0004152874 ADVENIS g C 2,08 2,1 2,08 2,08 - 0,95 13394

FR0013296746 ADVICENNE g C 10,1 10,85 9,9 10,3 + 3,83 57771

FR0013421286 ALPHA MOS C 1,52 1,55 1,42 1,49 - 1,97 4139

FR0000053837 ALTAMIR B 20,06 20,06 19,98 20 3685

FR0012789667 AMPLITUDE g C 2,15 2,16 2,15 2,15 310994

FR0011992700 ATEME g C 16,5 17,1 16,46 17 + 3,03 25834

FR0000061780 AUGROS CP. C 5,1 5,1 5,1 5,1 + 6,25 915

FR0000039232 AUREA g C 6 6,02 5,7 5,7 - 6,86 5199

FR0013183589 AURES TECHNO g C 23 23,7 23 23,5 + 1,73 2778

FR0013529815 AVENIR TELECOM C 0,617 0,617 0,6 0,6 - 0,5 258930

FR0013258399 BALYO g C 1,418 1,456 1,33 1,36 - 2,86 686952

FR0000062788 BARBARA BUI C 4,76 4,76 4,76 4,76 + 33,71 1550

FR0000035370 BASTIDE CONF.MED. g C 48 48,35 47,9 48,25 + 0,52 3464

FR0011814938 BOOSTHEAT C 3,72 3,72 3,25 3,32 - 11,47 219348

FR0000074254 BOURSE DIRECT C 2,78 2,78 2,68 2,72 - 2,16 7875

FR0010151589 CAFOM C 6,65 6,8 6,45 6,5 - 7,14 5032

FR0012969095 CAPELLI g C 31,4 31,4 30,5 30,7 - 1,6 1228

FR0000072894 CAST g C 4,04 4,08 3,91 4,02 + 1,26 11101

FR0010193979 CBO TERRITORIA C 3,6 3,64 3,6 3,64 + 0,55 8236

FR0000053506 CEGEDIM B 28 28,3 27,5 28 + 1,45 12342

FR0010309096 CEGEREAL B 32,2 33 31 32,4 + 0,62 1692

FR0000054322 CIBOX INTERACTIVE g C 0,213 0,213 0,2 0,207 - 2,36 714429

FR0013426004 CLARANOVA g B 7,14 7,2 6,95 7,11 - 0,7 253113

FR0000053399 CNIM GROUP C 14,7 15,1 14,35 14,85 - 1,66 2338

FR0004031763 COHERIS g C 1,985 1,985 1,95 1,95 + 0,26 887

FR0010483768 CRCAM BRIE PIC. CC B 22,125 22,125 21,67 21,71 - 2,47 33758

FR0010461053 CRCAM LANGUED CCI B 62,89 62,89 61,3 61,32 - 2,64 830

FR0000185514 CRCAM NORD FR. B 21,8 21,8 20,9 20,9 - 4,13 5094

FR0000044364 CRCAM NORM. SEINE B 111,4 111,7 111 111,4 1054

FR0000045528 CRCAM PARIS IDF B 75 75 72,5 73,99 - 1,11 1789

FR0007317813 CS GROUP g C 4,08 4,12 4,05 4,12 + 0,98 982

FR0013283108 DELTA PLUS g B 64 64 63 63 - 0,63 846

FR0000073793 DEVOTEAM g C 98 98 97,9 97,9 3132

FR0012202497 DIAGNOSTIC MEDICALg C 1,72 1,72 1,68 1,7 - 1,16 6891

FR0010099515 ECA g B 22,2 22,6 22 22,5 + 1,35 7972

FR0000072373 EGIDE g C 1,01 1,08 0,99 1,04 + 5,26 152778

FR0000031023 ELECT.STRASBOURG B 119 119,5 118,5 119,5 + 1,27 919

FR0012650166 ENGIE EPS g C 11,9 12,6 11,9 12,2 + 1,67 14737

FR0000120669 ESSO g B 12,65 12,75 12,2 12,7 + 3,25 5464

FR0000054678 EURO RESSOURCES C 3,14 3,14 3,04 3,13 + 2,62 5642

FR0000075343 EUROMEDIS GROUPE C 12,6 12,8 12,4 12,5 - 0,79 5055

FR0010490920 EUROPACORP g C 0,836 0,836 0,816 0,83 - 0,72 28895

FR0000035784 EVERGREEN C 1,15 1,15 1,15 1,15 + 4,55 1200

FR0011271600 FERMENTALG g C 1,486 1,498 1,41 1,418 - 4,83 451245

FR0004076891 FLO (GROUPE) g B 0,165 0,165 0,16 0,162 + 1,25 16801

FR0011277391 FONC. PARIS NORD g C 0,025 0,025 0,024 0,024 201615

FR0013030152 FRANCAISE ENERGIE g C 17,55 17,6 17,35 17,35 - 1,42 1483

FR0010501692 GENERIX g C 6,82 6,84 6,6 6,7 + 0,3 12022

FR0013399474 GENKYOTEX g C 3,03 3,05 2,98 3,01 - 0,33 45116

FR0011799907 GENOMIC VISION g C 0,834 0,84 0,785 0,803 - 3,37 1946914

FR0000061459 GERARD PERRIER B 66,4 67,4 66 67,2 + 1,51 1467

FR0004050300 GROUPE OPEN g C 14,96 14,96 14,92 14,92 - 0,53 1276

FR0012612646 GROUPE PARTOUCHE B 21,5 21,5 20,8 20,9 - 1,42 1842

FR0004155000 GROUPE SFPI g C 1,825 1,96 1,825 1,945 + 6,58 143040

FR0000066722 GUILLEMOT g C 8,48 8,68 8,48 8,62 + 3,11 38237

FR0000038531 HF COMPANY C 5,06 5,06 4,99 5,02 + 0,4 1760

FR0012821916 HIPAY GROUP g C 14,15 14,2 12,75 13,45 - 5,28 31713

FR0000065278 HOPSCOTCH GROUPE g C 7,52 7,92 7,52 7,7 + 2,67 6288

FR0000051393 IDI B 41,2 41,6 40,8 41,3 + 0,24 1160

FR0000071797 INFOTEL g C 40,2 40,5 39,9 40,1 - 0,25 8296

FR0000064297 INNELEC MULTIMEDIAg C 5,26 5,4 5,26 5,4 + 2,66 4164

FR0013233012 INVENTIVA g B 10,34 10,38 10,12 10,2 - 1,35 96386

FR0012872141 JACQUES BOGART g C 10,3 10,3 9,94 10 + 0,2 6032

FR0004029411 KEYRUS g C 3,05 3,05 2,92 2,92 - 4,26 13728

FR0000066607 LACROIX g C 28,8 29,7 28,8 29,7 + 2,06 1807

FR0000032278 LATECOERE g C 2,2 2,53 2,19 2,27 + 6,82 274233

FR0006864484 LAURENT-PERRIER B 78,6 78,6 77,2 77,2 - 1,78 1192

FR0013233475 LYSOGENE g C 2,17 2,17 2,1 2,1 - 3,67 22675

FR0000032302 MANUTAN INTER. B 71,2 72,2 70 72,2 + 1,4 1866

FR0000051070 MAUREL ET PROM g B 1,72 1,808 1,71 1,794 + 4,91 379225

FR0011742329 MCPHY ENERGY g C 31,5 31,6 30,45 31,5 - 1,1 188628

ACTIONSEURONEXT HORS SRD FRANÇAISES

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

ACTIONSEURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

FR0004065605 MEDINCELL C 9,88 10,2 9,28 9,56 - 4,4 75555

FR0010298620 MEMSCAP g C 1,02 1,035 1,01 1,03 - 1,91 13929

FR0000077570 MICROPOLE g C 1,13 1,145 1,105 1,13 - 0,88 58630

FR0013482791 NACON SAS B 7,95 8,24 7,91 8,2 + 5,13 144393

FR0013018041 NAVYA g B 3,825 4,155 3,535 4,08 + 5,43 1837932

FR0004154060 NETGEM g C 1 1,18 0,998 1,18 + 19,92 817960

FR0004050250 NEURONES B 24,5 24,5 24 24,4 + 0,83 3154

FR0000052680 OENEO g B 10,9 11,32 10,8 11,1 + 1,84 26667

FR0010428771 OL GROUPE g C 2,21 2,21 2,18 2,21 + 0,46 3001

FR0000075392 ORAPI g C 7,34 7,34 7,12 7,2 - 0,55 6921

FR0010609206 OREGE C 1,16 1,34 1,16 1,25 + 7,76 231924

FR0012127173 OSE IMMUNO g C 7,24 7,44 7,2 7,44 + 2,76 95728

FR0004038263 PARROT B 4,51 4,64 4,51 4,6 + 2 10394

FR0000038465 PASSAT g C 6,2 6,2 6 6,2 3157

FR0011027135 PATRIMOINE ET COMM B 14,75 14,75 14,75 14,75 1132

FR0000053514 PCAS B 9,8 10,2 9,75 9,75 + 2,09 2027

FR0012432516 POXEL g C 6,7 6,73 6,58 6,6 - 1,64 68360

FR0004052561 PROACTIS C 0,156 0,168 0,154 0,167 - 5,11 12753

FR0012613610 PRODWAYS GROUP g C 2,28 2,33 2,21 2,32 + 1,75 82921

FR0013344173 ROCHE BOBOIS SA B 18,6 19 18,6 19 + 2,7 2312

FR0000054199 S.T. DUPONT C 0,077 0,079 0,076 0,078 - 0,51 22313

FR0000060071 SAMSE B 158 160 156 160 + 1,91 988

FR0000039109 SECHE ENVIRONNEM. g B 40,3 40,45 38,6 39,3 - 2,48 4963

FR0011950682 SERGEFERRARI GP g C 6,1 6,16 6,02 6,12 + 0,66 6860

FR0000074122 SII g C 24,2 24,3 21,8 23,2 - 6,07 21415

FR0004016699 SMTPC g B 16,7 16,7 16,3 16,3 - 0,91 1774

FR0000065864 SOGECLAIR g C 19,8 20,4 19,8 20,2 + 2,02 1979

FR00140006O9 SOLOCAL GROUP B 3 3,003 2,881 2,925 - 2,4 477253

FR0010526814 SUPERSONICS g C 1,32 1,32 1,26 1,3 + 3,18 1570

FR0000060949 TIVOLY C 16,9 17,1 16,2 16,8 3407

FR0000033003 TOUAX g C 8,64 8,66 8 8,32 - 3,7 29618

FR0000036816 TOUR EIFFEL g B 30,7 30,9 30,4 30,5 - 0,33 1452

FR0000034548 UNION FIN.FRANCE g B 19,2 19,3 19 19,25 + 1,32 3517

FR0000074197 UNION TECH.INFOR. g C 0,595 0,595 0,57 0,57 - 4,2 11742

FR0004186856 VETOQUINOL B 83,4 84,2 82 83,4 + 0,48 2700

FR0000050049 VIEL ET CIE C 5,56 5,7 5,48 5,6 + 0,36 9020

FR0004183960 VOLUNTIS g C 4,505 4,6 4,34 4,36 - 3,11 50528

FR0000062796 VRANKEN - POMMERY B 15,2 15,2 15 15 - 1,32 2724

FR0004034072 XILAM ANIMATION g C 47,55 48,2 46,4 47 - 1,57 3939

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

ACTIONSEURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES

CERTIFICAT/FONDS INVESTIR 10INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 124,27 0,00

INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 100,59 -0,01

Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrĂ©e ou de sortie Ă©ventuels. Les SICAV Ă©ligibles au PEA sont signalĂ©es par un astĂ©risque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP. Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monĂ©taires EURO (ME), monĂ©taires Ă  vocation internationale (MI), obligations et autres titres de crĂ©ances libellĂ©s en EURO (OE), obligations et autres titres de crĂ©ances internationaux (OI), sicav luxembour-geoises (LX), diversifiĂ©s (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquĂ©e dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

Banque Cantonalede GenĂšve (France) SATĂ©l. 04 72 07 31 50bcgef.fr/fonds

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LU0704154292 RAM (L) SF EM MKT EQ 207,76 09/12

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VAL. UNIT DATE DERNIER DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NETCODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** MONT. DATE

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LU2004923152 SWISS ALL CAPS (EUR) 117,74 09/12 LU1626130063 SWISS SMALL & MID CAPS (CHF) 119,6 09/12 LU1626130816 SILK ROAD ZONE STOCKS (USD) 106,3 09/12 LU0851564038 BALANCED (EUR) 128,97 08/12 LU0851564384 DYNAMIC (EUR) 151,02 09/12 LU1626130220 HIGH DIV. EUROPE STOCKS (EUR) 95,21 09/12 LU0851564541 WORLD EQUITY (EUR) 175,26 08/12

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SYNCHRONY (LU)

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Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 PATRIMOINE // 39

Anne-Sophie Vion @AnnesophieVION

C ent milliards d’euros. C’est le mon-tant que devrait atteindre Ă  la fin del’annĂ©e l’épargne « forcĂ©e », thĂ©sau-

risĂ©e par les mĂ©nages français en temps de Covid-19. « Ils auront Ă©pargnĂ© sur leur compte bancaire depuis mars l’équivalent duplan de relance du gouvernement français », ironise Mathieu Plane, Ă©conomiste Ă  l’OFCE, qui s’exprimait le 25 novembre au « 28 minutes » d’Arte. Tout l’enjeu pour les pouvoirs publics consiste Ă  dĂ©gonfler ce basde laine jugĂ© improductif pour le mobiliser vers les secteurs Ă©conomiques qui en ont le plus besoin. Dans sa boĂźte Ă  outils, l’Etat s’estd o t Ă© d ’u n n o u ve a u l a b e l , b a p t i s Ă© « Relance », annoncĂ© lors de la prĂ©sentationdu plan de relance le 3 septembre. Ses modalitĂ©s ont Ă©tĂ© prĂ©cisĂ©es le 19 octobre. Cequ’il faut savoir.

1 A quoi sert le label Relance ?L’objectif du gouvernement, qui

sous-tend l’ensemble de son plan de relance, est de renforcer la situation finan-ciĂšre des entreprises durement touchĂ©es par la crise sanitaire et de restaurer leur capacitĂ© d’investissement. Dans ce con-texte, les fonds qui obtiennent le label Relance s’engagent Ă  investir une part signi-ficative de leurs actifs en fonds propres ou quasi-fonds propres dans les entreprises principalement françaises, en particulier des petites et moyennes entreprises (PME) et des entreprises de taille intermĂ©diaire (ETI), tous secteurs confondus.

Pour s’assurer du succĂšs du dispositif,Matignon a mis au point le label en partena-riat avec des associations et fĂ©dĂ©rations du secteur financier, d’entreprises et d’épar-gnants. Face Ă  l’urgence, il a aussi imposĂ© uncalendrier de dĂ©ploiement strict. Il faut queles fonds estampillĂ©s Relance collectent de l’argent tant auprĂšs des investisseurs parti-culiers qu’institutionnels en 2020, 2021 et/ou 2022. Ceux dont la phase de levĂ©e des

capitaux a dĂ©butĂ© avant la labellisation sansĂȘtre pour autant terminĂ©e sont Ă©galement Ă©ligibles au label. L’objectif, selon Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finan-ces et de la Relance, est de mobiliser 20 mil-liards d’euros en deux ans au service de la relance.

2 Quels types de produits peuvent l’obtenir ?

Depuis le 19 octobre et jusqu’au 31 dĂ©cembre2020, des fonds d’investissement prĂ©sen-tant des profils de risques variĂ©s peuvent postuler. Dans le dĂ©tail, il s’agit de fonds investis dans des valeurs cotĂ©es françaises ou europĂ©ennes, comme les organismes deplacement collectif en valeurs mobiliĂšres (OPCVM), sicav ou FCP, ainsi que de fonds d’épargne salariale. Le non-cotĂ© est Ă©gale-

ment concernĂ© puisque la famille des fondsde capital-investissement – FCPR, FCPI, FIPet FPCI – y est Ă©ligible.

S’y ajoutent des vĂ©hicules qui concernentpour l’essentiel les investisseurs profession-nels (fonds de fonds alternatifs, fonds pro-fessionnels spĂ©cialisĂ©s...).

Certains fonds estampillĂ©s Relance sontrĂ©servĂ©s Ă  une clientĂšle avisĂ©e. La plupart pourront ĂȘtre souscrits dans des supports d’épargne grand public, comme les enve-loppes fiscalement avantageuses de l’assu-rance-vie, du PEA et du PEA-PME, ou encore de l’épargne salariale et retraite. La liste des fonds labellisĂ©s est diffusĂ©e sur le site Internet du ministĂšre de l’Economie, des Finances et de la Relance, et rĂ©guliĂšre-ment actualisĂ©e. Au 9 dĂ©cembre, 100 fonds ont dĂ©jĂ  obtenu le label

3 A quels critÚres les fonds label-lisés doivent-ils répondre ?

Pour ĂȘtre labellisĂ©s, les fonds doivent inves-tir au moins 30 % de leur actif dans des entreprises dont le siĂšge social est implantĂ©en France, dont au moins 10 % spĂ©cifique-ment dĂ©diĂ©s aux TPE, PME ou ETI, cotĂ©es ou non cotĂ©es. Ils devront s’efforcer de parti-ciper Ă  au moins cinq opĂ©rations d’augmen-tation de capital ou d’introduction en Bourse par an. Les fonds intĂšgrent aussi des critĂšres ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). Et s’engagent Ă  ne pas financer le secteur du charbon. Le label est accordĂ© pour une durĂ©e de qua-tre ans. Le respect des critĂšres est contrĂŽlĂ© par la Direction gĂ©nĂ©rale du TrĂ©sor et tout manquement grave donnera lieu Ă  un retrait.

ÉPARGNE Mis en place par le gouvernement, le label Relance doit inciter les Français Ă  investir une partie de leur abondante Ă©pargne dans des PME tricolores au travers des fonds estampillĂ©s. Quels sont ses atouts ? Faut-il souscrire ?

4 Est-ce redondant avec les autres labels existants ?

Le label Relance est cumulable avec les labels d’investissement durable existants comme le label ISR ou le label Greenfin. Selon Bercy, « ces labels ne poursuivant pas les mĂȘmes objectifs, ils ne sont pas en concur-rence mais se complĂštent ». La labellisation Relance d’un fonds dĂ©jĂ  estampillĂ© ISR, Greenfin ou Finansol est mĂȘme facilitĂ©e.

5 Quelle valeur ajoutĂ©e pour l’épargnant ?

Les premiers fonds labellisĂ©s Relance, prĂ©existaient au label. Ils ont pu l’obtenir carils rĂ©pondaient dĂ©jĂ  Ă  ses exigences. Autre-ment dit, ce n’est pas le label Relance qui les rend plus performants ou plus vertueux. Quel en est alors l’intĂ©rĂȘt pour les Ă©par-gnants ? « Ce label leur explique clairement Ă  quoi va servir leur argent, estime Christophe BaviĂšre, senior managing partner du groupeEurazeo, c’est-Ă -dire Ă  financer des entrepri-ses innovantes françaises, Ă  dynamiser le tissuĂ©conomique et Ă  crĂ©er des emplois sur le terri-toire. Il rĂ©pond ainsi Ă  leur exigence de plus enplus importante de donner du sens Ă  leurs pla-cements ». De mĂȘme, appuie Xavier Antho-nioz, prĂ©sident de 123 IM, « les investisseurs se perdent parmi les milliers de produits exis-tants qui visent Ă  financer l’économie rĂ©elle. Celabel, qui consacre les PME françaises ISR, a lavertu de leur indiquer qui, selon le gouverne-ment, joue le plus le jeu ».

Autre spĂ©cificitĂ©, le label Relance donneaccĂšs au dispositif de garantie en fonds pro-pres de bpifrance (jusqu’à 1 milliard d’eurosd’investissements garantis). Ce qui signifie que les entreprises en portefeuille bĂ©nĂ©fi-cient de l’appui de l’Etat et que les souscrip-teurs sont partiellement protĂ©gĂ©s d’une perte en capital. Sauf que, reconnaissent des professionnels, « le mĂ©canisme est flou ». Il devrait ĂȘtre prĂ©cisĂ© par le gouverne-ment dĂ©but 20201. En l’état, la garantie ne concerne que les fonds de non-cotĂ© et Ă  l’exclusion de ceux qui ouvrent droit Ă  un avantage fiscal Ă  l’entrĂ©e (FCPI et FIP). n

Placement : les fonds labellisés Relance en cinq questions

a fondu entre les deux confinements. L’Indice de tension immobiliùre (ITI) de Meilleurs Agents affiche des niveaux particuliùrement bas, exception faite de Strasbourg et Lille. Ainsi, à Montpellier, Lyon et Paris, on ne compte plus que 6 %

d’acheteurs de plus que de vendeurs. MĂȘme constat Ă  Bordeaux (3 %), Nice (4 %), Marseille (7 %) ou encore Toulouse et Nantes (8 %). L’an dernier, Ă  la mĂȘme pĂ©riode, la capitale en comptait 26 %, Rennes 29 % et Montpellier 23 % .

Moins d’acheteursSelon la plateforme immo-biliĂšre Meilleurs Agents, le rĂ©servoir d’acheteurs poten-tiels qui avait contribuĂ© au redĂ©marrage rapide du marchĂ© Ă  l’aube de l’étĂ©

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PATRIMOINE

Page 40: Les Echos - 11 12 2020

40 // PATRIMOINE Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos

rance en cours de sa résidence actuellevers la nouvelle. Puis, il a complété la différence en cash », raconte un ges-tionnaire de patrimoine.

Une autre personne de 57 ansayant eu le mĂȘme problĂšme de santĂ©, survenu quatre ans avant d’emprunter, est parvenue avec satisfaction Ă  dĂ©crocher une assu-rance. Cette garantie lui a coĂ»tĂ© deux fois plus cher que celle tarifĂ©e Ă une personne du mĂȘme Ăąge en bonne santĂ©. « Pour ceux qui sont (bientĂŽt) Ă  la retraite et souhaitent allĂ©ger la note de cette couverture, il convient de demander Ă  ne pas ĂȘtre assurĂ© contre le risque d’incapacitĂ© temporaire ou totale de travail, soit d’ĂȘtre couvert a minima sur le dĂ©cĂšs »,conseille CĂ©cile Roquelaure.— Laurence Boccara

plexes. Il arrive alors que le coĂ»t de cette protection s’envole pour atteindre voire dĂ©passer le taux du crĂ©dit. « Pour les seniors avec des pathologies et compte tenu du bas niveau, il arrive frĂ©quemment que le TAEG excĂšde le taux d’usure. Cette situation rend souvent impossible tout accĂšs Ă  un crĂ©dit immobilier », reconnaĂźt Philipe Taboret, direc-teur gĂ©nĂ©ral dĂ©lĂ©guĂ© de Cafpi.

1 TRANSFÉRER SON CRÉDITReste qu’il est possible de trouver dessolutions au cas par cas. « Un client ayant la soixantaine qui s’est fait opĂ©-rer Ă  cƓur ouvert entre la signature du compromis de vente et celle de l’acte authentique chez le notaire s’est fait recaler chez les assureurs spĂ©ciali-sĂ©s. Compte tenu de sa surface patri-moniale, il a quand mĂȘme pu acheter sa nouvelle rĂ©sidence principale en nĂ©gociant avec sa banque. Elle a acceptĂ© de transfĂ©rer le crĂ©dit et l’assu-

contrairement à un contrat indivi-duel », explique Arnaud Guilleux.

1 DES ASSUREURS SPÉCIALISÉSA noter qu’à partir de la cinquan-taine, le seul critĂšre « fumeur » creuse l’écart entre les tarifs (voir tableau). Outre ce paramĂštre, les compagnies d’assurances devien-nent plus vigilantes sur l’état de santĂ©. Si, Ă  la lecture du premier questionnaire mĂ©dical simplifiĂ©, quelques rĂ©ponses mentionnent une maladie (actuelle ou passĂ©e), d’autres problĂšmes (dos, surpoids, hypertension), « l’assureur passera un niveau supĂ©rieur et demandera systĂ©matiquement des examens mĂ©dicaux plus poussĂ©s. Et c’est lĂ  queles surprimes interviennent », indi-que Astrid Cousin, porte-parole de Magnolia.fr, courtier en assurances.

Si les banques n’assurent pas cescas, plusieurs compagnies se sont spĂ©cialisĂ©es dans ces dossiers com-

50 ans. Bien que progressifs, les sautsimportants observĂ©s dans les barĂš-mes interviennent autour de 45 ans et passĂ© 60 ans », indique Arnaud Guilleux, prĂ©sident de Monem-prunt.com. « Le poids de l’assurancepour une personne (non fumeuse) avec un crĂ©dit sur vingt ans au taux de 1,5 % reprĂ©sente respectivement 36 % et prĂšs de 50 % du coĂ»t total du prĂȘt pour une personne de 50 et 60 ans contre 18 % Ă  40 ans », prĂ©ciseAgnĂšs Bruhat, directrice gĂ©nĂ©rale de MetLife.

Si la souscription d’une assu-rance extĂ©rieure Ă  la banque est rĂ©putĂ©e offrir de coquettes Ă©cono-mies pour les jeunes emprunteurs, cette dĂ©marche s’avĂšre bien moins Ă©vidente pour les plus de 50 ans. « Beaucoup de dĂ©lĂ©gations ne sont pas compĂ©titives pour les seniors. Souscrire l’assurance de l’établisse-ment prĂȘteur permet de bĂ©nĂ©ficier detarifs pas trop chers car une assu-rance groupe mutualise les risques

tes Ă  faire des efforts de taux ou Ă  rĂ©aliser des montages sophistiquĂ©s.« Cette clientĂšle plaĂźt car elle a un his-torique en matiĂšre de rembourse-ment de crĂ©dits, dispose de place-ments et perçoit Ă  cette pĂ©riode de la vie professionnelle des revenus sou-vent Ă  leur plus haut niveau. Au-delĂ de 50 ans, certains mĂ©nages n’ont parfois plus d’enfants Ă  charge et arrivent Ă  la fin de leurs gros crĂ©-dits », indique Ludovic Huzieux, cofondateur d’Artemis Courtage.

1 GARDER L’ASSURANCE GROUPELe virage le plus dĂ©licat Ă  nĂ©gocier consiste Ă  contenir le coĂ»t de l’assu-rance-emprunteur, voire tout sim-plement Ă  dĂ©crocher cette garantie notamment en cas de pĂ©pin de santĂ©. Pour mĂ©moire, le prix de cette couverture augmente avec l’ñge. « En moyenne, pour une per-sonne en bonne santĂ©, la prime d’assurance double entre 25 et

Crédit : emprunter aprÚs 50 ans

ritoire négatif depuis le début 2020 dans le contexte de crise sanitaire. Les fonds tricolores perdent 4,77 % dans la période.

Le baromĂštredes fonds

d’équipements mĂ©dicaux et de produits Ă©lectroniques pour le tĂ©lĂ©travail. Dans ce contexte, les Bourses locales s’envolent. M

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FONDS ACTIONS FRANCEEn dépit de la remontée bour-siÚre exceptionnelle du CAC 40 en novembre, de plus de 20 %, le marché parisien reste en ter-

–4,77 %FONDS ACTIONS CHINEL’économie chinoise surfe sur la pandĂ©mie. Les exportations chinoises ont bondi en novem-bre, notamment en matiĂšre

+24,76 %IMMOBILIER

S’endetter aprĂšs 50 ans est d’autant plus facile que sa capacitĂ© financiĂšre est importante et que son apport personnel est musclĂ©. Deux sujets restent sensibles : la durĂ©e du prĂȘt et le coĂ»t de l’assurance-emprunteur. Des solutions existent.

chances de dĂ©crocher un crĂ©dit immobilier », explique cette der-niĂšre. Ces solutions financiĂšres sontproposĂ©es par une poignĂ©e d’éta-blissements spĂ©cialisĂ©s (Sygma Banque, Creatis, CFCAL, CrĂ©ditlift Courtage
), souvent des filiales de grands groupes bancaires.

Toutefois, comme ces enseignesn’ont pas pignon sur rue, le plus rapide pour faire jouer la concur-rence consiste Ă  passer par un cour-tier en crĂ©dit qui propose le regrou-pement de crĂ©dits. Cet intermĂ©diairese rĂ©munĂšre selon la complexitĂ© du dossier entre 4 Ă  8 % du montant du crĂ©dit rachetĂ©, plus parfois des frais de dossier. Il faudra aussi intĂ©grer aux dĂ©penses liĂ©es Ă  cette opĂ©ration le paiement des indemnitĂ©s de rem-boursement anticipĂ© du crĂ©dit immobilier. MalgrĂ© ces frais, le jeu peut en valoir la chandelle.— L. B.

vaux ou d’autres dĂ©penses. RĂ©cem-ment, ce rĂ©amĂ©nagement de dettes a servi Ă  une personne fraĂźchementdivorcĂ©e – avec 8.000 euros de reve-nus mensuels – Ă  dĂ©gager des liqui-ditĂ©s pour racheter la soulte de son ex-Ă©pouse (devenir le seul propriĂ©-taire de la rĂ©sidence principale), rĂ©gler la prestation compensatoire et aussi les frais d’avocats et de notaire, tout en continuant Ă  rĂ©gler son crĂ©dit immobilier en cours. « Ce genre de montage complexe aurait Ă©tĂ© difficile avec une banque classique », commente MaĂ«l Bernier.

‱ INVESTISSEMENT LOCATIFEnfin, ce genre d’opĂ©ration « peut aussi ĂȘtre utile Ă  une personne prĂ©pa-rant un projet immobilier. En faisantpasser un ratio d’endettement bien au-dessous de la barre fatidique des 33 %, cela permet d’avoir toutes ses

prĂ©voir une dette un peu plus Ă©levĂ©e afin de repartir du bon pied avec un peu de trĂ©sorerie d’avance », indique MaĂ«l Bernier, porte-parole de Meilleurtaux. Cette opĂ©ration se rĂ©vĂšle payante pour tous ceux dont le taux d’endettement global excĂšde35 % avec des durĂ©es de fin de crĂ©-dits encore lointaines.

‱ RETRAITE OU DIVORCEContrairement Ă  une fausse idĂ©e, cette stratĂ©gie ne concerne pas que les petits revenus ou les personnes en situation de surendettement. « Cette dĂ©marche a tout son sens pour des nouveaux (futurs) retraitĂ©s accusant une baisse sensible de leurs revenus et devant encore rembourserplusieurs crĂ©dits », explique San-drine Allonier, porte-parole de Vousfinancer.com.

Cela peut aussi aider à dégagerdes liquidités pour financer des tra-

dette et met en place un crédit uni-que avec une mensualité unique sur une durée de remboursement souvent plus longue et un nouveau taux.

‱ COÛT VARIABLECe coĂ»t varie selon les situations. Si la personne est propriĂ©taire d’un bien immobilier mis en garantie et que le regroupement intĂšgre du crĂ©dit immobilier plus d’autres petits prĂȘts, les taux proposĂ©s par Meilleurtaux.com varient entre 1,5 et 2,30 % sur des pĂ©riodes allant de 8Ă  25 ans. En revanche, si le deman-deur est locataire et sans bien immobilier Ă  mettre en garantie, cecoĂ»t est compris entre 3,70 et 4,30 % et limitĂ© Ă  12 ans.

Presque toujours, le nouvelĂ©chĂ©ancier proposĂ© devient plus supportable pour ses finances (voir tableau). « Il est mĂȘme possible de

Les Ă©chĂ©ances de prĂȘts en tout genre continuent de tomber alors que vos revenus ont tendance Ă  se contracter ? Pour ceux dont le niveau d’endettement devient trop lourd Ă  porter, le regroupement de crĂ©dits peut ĂȘtre une solution intĂ©-ressante. Pour mĂ©moire, cette opĂ©-ration consiste Ă  faire racheter par un Ă©tablissement financier tous ses crĂ©dits en cours (immobilier, con-sommation, automobile, revolving,prĂȘt personnel, travaux). Ce dernieragrĂšge alors le tout en une seule

Faire baisser son endette-ment en vue du passage Ă  la retraite ou d’un achat immobilier, c’est possible. Le regroupement de crĂ©dits offre plus d’aisance finan-ciĂšre avec Ă  la clĂ© un allon-gement de la durĂ©e du crĂ©dit.

Mode d’emploi pour rĂ©duire son endettement

L es confinements ont pu fairemûrir des projets immobi-liers. BientÎt libres de circu-

ler Ă  leur convenance, certains s’apprĂȘtent Ă  changer de lieu de vie, Ă se faire plaisir en s’offrant une rĂ©si-dence secondaire ou encore Ă  inves-tir dans un bien locatif. Si acquisi-tion immobiliĂšre rime presque toujours avec un crĂ©dit, nĂ©gocier cette Ă©tape Ă  plus de 50 ans offre un peu moins de marge de manƓuvre qu’à 25 ou 30 ans. Certains points peuvent bloquer comme la durĂ©e ducrĂ©dit et l’assurance-emprunteur.

Pour les plus de 50 ans, il devientdifficile d’envisager un prĂȘt sur vingt-cinq ans. Bien sĂ»r, rien n’empĂȘche de rĂ©duire cette durĂ©e. « Quel que soit le projet Ă  financer, mieux vaudra toujours profiter de l’effet de levier du crĂ©dit surtout en

cette pĂ©riode de taux bas. NĂ©an-moins, il faudra prendre soin de fairecoĂŻncider la fin du remboursement du prĂȘt avec l’arrĂȘt de la vie active », conseille Olivier Grenon-Andrieu, prĂ©sident du groupe Equance. Si ce scĂ©nario n’est financiĂšrement pas tenable, « il convient d’apprĂ©cier l’échĂ©ancier en tenant compte de la baisse de revenu qui survient au moment du passage Ă  la retraite », prĂ©vient CĂ©cile Roquelaure, char-gĂ©e des Ă©tudes chez Empruntis.

1 MUSCLER L’APPORT PERSONNELPour Ă©viter d’ĂȘtre entravĂ© par cet Ă©vĂ©nement incontournable tout en s’endettant, deux solutions sont possibles, voire combinables. D’abord, il faudra penser Ă  muscler son apport personnel. Autrement dit, autofinancer l’opĂ©ration au-delĂ  des 10 % minimum requis pourles droits de mutation (couram-ment appelĂ©s frais de notaire). « Plus on apporte de cash au momentde l’achat, plus le montant Ă  emprun-ter diminue. Les mensualitĂ©s devien-nent donc plus supportables sur une durĂ©e de quinze ans ou moins », explique Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer.com. « Il faudra donc trouver le juste Ă©quilibreentre l’apport de liquiditĂ©s et le mon-tant du crĂ©dit acceptable pour ses finances », ajoute-t-elle.

1 SOUSCRIRE UN PRÊT À PALIERAutre piste Ă  explorer : demander Ă la banque si elle pratique le prĂȘt dit « Ă  paliers », dont le rembourse-ment s’organise en deux temps. La premiĂšre phase consiste Ă  payer desmensualitĂ©s majorĂ©es tant que l’emprunteur travaille et dispose der e v e n u s r Ă© g u l i e r s . D a n s l a deuxiĂšme phase, au moment de la retraite, ces Ă©chĂ©ances deviennent plus douces pour tenir compte de ressources plus faibles.

En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, les banquesapprĂ©cient de prĂȘter aux plus de 50 ans car ils sont considĂ©rĂ©s comme un vivier de bons dossiers. Certaines n’hĂ©sitent pas Ă  leur dĂ©rouler le tapis rouge et sont prĂȘ-

A partir de la cinquantaine, les compagnies d’assurances deviennent plus vigilantes sur l’état de santĂ©.

Comment faire sans s’assurer ?Vous avez (ou avez eu) une maladie grave et aucune compagnie n’accepte de vous assurer ? Deux scĂ©na-rios sont encore possibles. D’abord, « rien n’empĂȘche de nantir des titres de sociĂ©tĂ©, un contrat d’assu-rance-vie ou un plan d’épargne en actions bien garni. Ce montage dĂ©pend des Ă©tablissements prĂȘ-teurs, tous ne l’acceptent pas. Le montant mis en garantie sera minorĂ© par la banque », indique Ludo-vic Huzieux, d’Artemis Courtage. Le second scĂ©nario consiste Ă  garan-tir le prĂȘt avec une hypo-thĂšque portant sur un autre bien immobilier, entiĂšrement payĂ©. Et si ce montant ne suffit pas, on procĂšde Ă  une double hypothĂšque en mettant en garantie un second bien. En cas de dĂ©cĂšs de l’emprunteur, c’est la succession qui devra de l’argent Ă  la banque. « Attention ces frais varient sensiblement d’une enseigne Ă  l’autre », prĂ©cise un gestionnaire de patrimoine.

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Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 PATRIMOINE // 41

D ans mon souvenir, Teto estl’archĂ©type des collection-neurs d’aujourd’hui. [
] Ce

qui l’intĂ©ressait et le stimulait, c’étaitles talents Ă©mergents, ceux qui Ă©taient en phase d’observation et donc sous-estimĂ©s. GrĂące Ă  son enga-gement inlassable, il a pu acheter leurs Ɠuvres dans des conditions trĂšsavantageuses et occuper ainsi une place unique Ă  une Ă©poque oĂč le mar-chĂ© de l’art Ă©tait dominĂ© par les vieuxmaĂźtres et les peintres impression-nistes. » Simon de Pury, la star inter-nationale des commissaires-priseurs, prĂ©face un livre, paru rĂ©cemment chez Flammarion, consacrĂ© aux extraordinaires col-lections, en partie disparues, du SuĂ©dois Theodor dit « Teto » Ahrenberg (1912-1989), qui avait faitfortune dans le nĂ©goce de matiĂšres premiĂšres.

Selon son fils Staffan, il va dans unpremier temps collectionner des Ɠuvres dĂ©jĂ  reconnues de Picasso, Chagall et mĂȘme une centaine de Matisse. Cependant en 1961, Ă  la suitede dĂ©mĂȘlĂ©s avec l’administration de son pays, la majoritĂ© de ses Ɠuvres est saisie et vendue aux enchĂšres. Teto Ahrenberg s’installe alors en Suisse, dans une maison entre Lau-sanne et Vevey. LĂ , il reçoit de jeunesartistes et achĂšte abondamment de l’art contemporain tout en Ă©levant ses enfants. L’un d’eux va tomber dans le creuset de l’art puisqu’il s’agitde Staffan Ahrenberg, propriĂ©taire de la galerie et maison d’édition Cahiers d’Art, Ă  Paris.

1 VENTE EN LIGNEJusqu’au 18 dĂ©cembre, ce dernier vend une sĂ©lection de piĂšces chez Sotheby’s, exclusivement sur Inter-net, qui comprennent, comme il l’explique « des sĂ©ries incomplĂštes et des Ă©ditions ». On ne verra donc pas les Christo, Mark Tobey ou TadeuszKantor qui constituaient le socle de sa collection.

La vente estimĂ©e Ă  300.000 euroscomprend 74 lots. Un chapitre du livre publiĂ© chez Flammarion est entiĂšrement consacrĂ© Ă  l’une des galeristes prĂ©fĂ©rĂ©es du collection-neur, la mythique Iris Clert, dĂ©cou-vreuse notamment d’Yves Klein. « Il a collectionnĂ© les Ɠuvres de nom-breux artistes d’avant-garde qui ont exposĂ© dans sa petite mais influente

galerie parisienne entre 1956 et 1971, parmi lesquels on comptait Arman, Lucio Fontana, Robert Rauschen-berg
 », peut-on lire dans l’ouvrage.

Staffan Ahrenberg se souvientd’Iris Clert comme d’une « trĂšs fortepersonnalitĂ©, exubĂ©rante, toujours en reprĂ©sentation mais qui savait dĂ©celer les grands artistes » . Aujourd’hui, elle fait partie de l’his-toire de l’art contemporain fran-çais. Ainsi, en 1961, elle demande Ă  son Ă©curie de 41 artistes, Ă  l’occa-sion de l’inauguration de sa galerie sur le Faubourg Saint-HonorĂ©, de produire, chacun, un portrait d’elle. L’exposition s’intitule : « Les 41 prĂ©sentent ».

« J’ai Ă©tĂ© frappĂ© par l’idĂ©e du toutou rien, racontera plus tard Teto. J’ai dit Ă  Iris que j’achĂšterais l’exposi-tion Ă  la condition d’avoir absolu-ment toutes les Ɠuvres. » Pour emporter l’affaire, il nĂ©gocie le fait qu’une salle entiĂšre soit consacrĂ©e Ă cette exposition dans son musĂ©e, qui doit ĂȘtre dessinĂ© par Le Corbu-sier, mais qui ne verra jamais le jour.Il reste aujourd’hui 20 piĂšces de cette sĂ©rie en possession de Staffan Ahrenberg, qui sont dispersĂ©es le 18 dĂ©cembre.

No m b r e d e s i g n a t u r e s d el’ensemble sont dĂ©sormais oubliĂ©es,comme Jean-François Chabaud (1936-2001), qui reprĂ©sente en pein-ture, pour l’occasion, un joli buste, trĂšs intime, rebaptisĂ© « Iris nue », estimĂ© Ă  800 euros. Jean-Jacques Lebel (nĂ© en 1936), artiste du mouve-ment Fluxus qui Ă©tait l’objet d’une exposition au Centre Pompidou en 2018 et dont l’Ɠuvre fait partie des collections permanentes du musĂ©e d’Arts de Nantes, a lui aussi fait un portrait de l’exubĂ©rante galeriste sous forme d’une peinture-collage, estimĂ© Ă  6.000 euros.

1 AGGLOMÉRATION D’OBJETS DU QUOTIDIENParmi les palpitantes frĂ©quenta-tions de Teto Ahrenberg, il y avait l’artiste conceptuel Daniel Spoerri (nĂ© en 1930). Mais avant de devenir un plasticien connu pour ses « tableaux-piĂšges », dans lesquels ilagglomĂšre littĂ©ralement des objets du quotidien, il est d’abord un poĂšte, danseur et metteur en scĂšne de thĂ©Ăątre. En 1959, il crĂ©e une mai-son d’édition d’Ɠuvres d’art appelĂ©e« MAT » pour Multiplication d’Art Transformable.

« A l’époque on Ă©ditait des bronzesou des estampes mais rarement des objets », selon l’expert de Sotheby’s Guillaume Mallecot. En fait, MAT reprend le principe de la fameuse « BoĂźte-en-valise », de Marcel Duchamp, qui Ă©dite dĂšs 1936 un musĂ©e portatif de ses Ɠuvres. Le gĂ©nĂ©rique des Ă©ditions de MAT, tirĂ©es Ă  100 exemplaires, est presti-gieux. Man Ray propose en 1965 un« Objet indestructible », un mĂ©tro-nome sur lequel est collĂ©e une image d’Ɠil, estimĂ© Ă  15.000 euros. Niki de Saint Phalle imagine en 1964un « Tableau non tirĂ© », une pein-ture monochrome avant que la carabine ne se soit exprimĂ©e sur la

planche peinte, comme elle avait coutume de le faire (estimation : 10.000 euros) et Arman tranche un escarpin de dame en deux en 1965, qu’il fixe dans du Plexiglas (estima-tion : 3.000 euros).

L’artiste français, qui Ă©tait allĂ©vivre Ă  New York, faisait partie des intimes de Teto Ahrenberg. Son filsraconte d’ailleurs qu’il avait Ă©tĂ© envoyĂ© chez lui Ă  ses quinze ans, pour apprendre l’anglais, en vain. « Chez lui Ă  New York, on ne parlait que le français. » La vente contient de nombreuses Ɠuvres d’Arman comme une « VĂ©nus aux dollars », une Ă©dition Ă  20 exemplaires de 1970. Il s’agit d’un mannequin en polyester transparent incrustĂ© de vĂ©ritables billets de banque, image s’il en est du systĂšme capita-liste. Par la suite, Arman, lui-mĂȘmevictime du systĂšme a beaucoup produit au point d’affaiblir son mar-chĂ©.

Quant Ă  la tenue d’une tellevente en pĂ©riode de crise sanitaire, l’expert de Sotheby’s se montre opti-miste : « Les prix sont sensiblement similaires Ă  ceux d’avant la pĂ©riode Covid. Simplement le volume des Ɠuvres mises en vente, lui, est infĂ©rieur. »— Judith Benhamou

www.sothebys.com « Une vie avec Matisse, Picasso, Le Corbusier, Christo
 Teto Ahrenberget ses collections », Flammarion,372 pages, 60 euros.

en bref

En 1965, Arman tranche en deux un escarpin de dame qu’il fixe dans du Plexiglas. Estimation : 3.000 euros. Photo Sotheby’s

Jeff

Pach

oud/

AFP

La mythique Iris Clert Ă©tait l’une des galeristes prĂ©fĂ©rĂ©es du collectionneur, Teto Ahrenberg.

DĂ©couvreuse notamment d’Yves Klein, elle fait aujourd’hui partie de l’histoire de l’art contemporain français.

SUCCÈS POUR LA COLLECTION BALTHUS Un ensemble exceptionnel d’Ɠuvres du peintre figuratif français Balthus a totalisĂ© 2,5 millions d’euros le 8 dĂ©cem-bre chez Artcurial. Il provient de la collection FrĂ©dĂ©rique Tison, muse et modĂšle de l’artiste. A

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VENTE DES HOSPICES DE BEAUNE CE DIMANCHEReportĂ©e en raison du Covid, la 160e Ă©dition de la vente aux enchĂšres caritative de vins, aura lieu le 13 dĂ©cembre. Accessible en ligne (Christie’s),seuls des acheteurs profes-sionnels seront prĂ©sents.

MARCHÉ DE L'ART

D’Arman Ă  Man Ray : la collection Teto Ă  des prix attractifs Un livre et une vente aux enchĂšres cĂ©lĂšbrent la mĂ©moire d’un collectionneur d’origine suĂ©doise qui a possĂ©dĂ© plus de 100 Matisse, mais savait aussi repĂ©rer les jeunes prometteurs. Beaucoup d’estimations trĂšs basses pour des Ă©ditions d’artistes devenus cĂ©lĂšbres.

«Les prix sontsensiblement

similaires Ă  ceux d’avant la pĂ©riode Covid. Simplement le volume des Ɠuvres mises en vente, lui, est infĂ©rieur. »GUILLAUME MALLECOTExpert de Sotheby’s

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42 // Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos

Camille Prigent

U n million d’espĂšces anima-les et vĂ©gĂ©tales menacĂ©es,des ressources naturelles

surexploitĂ©es, des sols appauvris
 le rapport publiĂ© en mai 2019 par l’IPBES, l’équivalent du GIEC pour la biodiversitĂ©, dresse un bilan sĂ©vĂšre. Et il rappelle que les entre-prises sont des acteurs clĂ©s dans la protection des Ă©cosystĂšmes : 55 % du PIB mondial dĂ©pend d’une biodi-versitĂ© productive, selon une Ă©tude du rĂ©assureur Swiss Re publiĂ©e en septembre 2020.

« Il y a une prise de conscience desentreprises, avec une maturitĂ© trĂšs diverse selon les secteurs », souligne Nathalie Devulder, directrice dĂ©ve-loppement durable de RTE et prĂ©si-dente de la commission biodiver-sitĂ© de l’association Entreprises pour l’environnement. Pourquoi cette hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© ? Parce que les enjeux liĂ©s Ă  la biodiversitĂ© sont variĂ©s, complexes et difficiles Ă  mesurer. « C’est aussi culturel : l’entreprise est dans la mesure et l’optimisation, alors que le vivant est changeant et hĂ©tĂ©rogĂšne. » MalgrĂ© ces difficultĂ©s, les entreprises sont de plus en plus nombreuses Ă  agir afin de limiter leur impact sur le vivant.

1 RESPECTER LA LOI EN MATIÈRE DE PROTECTION DE LA NATURELe respect de la rĂ©glementation est le premier moteur de la protection du vivant, depuis de nombreuses annĂ©es dĂ©jĂ . Ainsi, la loi relative Ă  laprotection de la nature impose aux entreprises la rĂ©alisation d’une Ă©tude d’impact pour les travaux d’amĂ©nagement du territoire depuis 1976. « La prise en compte de la biodiversitĂ© fait partie intĂ©grante

kilomĂštres de haies et 12.000 arbres ont Ă©tĂ© plantĂ©s sur plus de 11.000 hectares. Agir localement, c’est Ă©ga-lement le choix de Maisons du Monde Ă  travers une politique de rĂ©duction de l’impact de ses maga-sins. DĂšs 2021, le groupe va systĂ©ma-tiser une contribution biodiversitĂ©, indexĂ©e Ă  l’impact des ouvertures demagasin, pour financer des actions de prĂ©servation de la biodiversitĂ© locale. « Cela deviendra financiĂšre-ment plus intĂ©ressant d’ouvrir dans un lieu qui contribue moins Ă  l’artifi-cialisation des sols, comme un cen-tre-ville », dĂ©taille RĂ©mi-Pierre Lap-prend, chef de projet RSE chez Maisons du Monde. Le groupe a aussi travaillĂ© sur ses achats, 70 % deson approvisionnement en bois Ă©tant certifiĂ© FSC ou PEFC.

1 CERTIFIER POUR RASSU-RER LES CONSOMMATEURSLe point commun de ces initiatives,c’est la collaboration entre les entre-prises et d’autres acteurs, dont les collectivitĂ©s locales et les ONG. Le Marine Stewardship Council (MSC), ONG internationale de certi-fication des acteurs de la pĂȘche durable, travaille avec des pĂȘche-ries, des distributeurs comme Car-refour et Picard, mais aussi des enseignes de restauration comme McDonald’s ou Sushi Daily, qui vient d’annoncer la labellisation de tous ses produits Ă  base de thon et de surimi. « La certification crĂ©e un cercle vertueux qui permet d’inciter toute la filiĂšre Ă  amĂ©liorer ses prati-ques », souligne Edouard Le Bart, directeur Europe, Afrique, Moyen-Orient et Asie du Sud du MSC.

En bout de chaĂźne, le consomma-teur est « trĂšs en demande et se dit prĂȘt Ă  se tourner vers une marque quis’engage pour une meilleure prĂ©ser-vation de l’environnement ». n

de notre modĂšle Ă©conomique. Elle reprĂ©sente environ 15 % du budget dedĂ©veloppement de chaque projet, hors dĂ©penses d’investissement », dĂ©taille Vianney de LavernĂ©e, res-ponsable stratĂ©gie-RSE-innovation chez Engie France Renouvelables. Parmi les solutions mises en place par le groupe pour limiter son impact figurent la construction de passes Ă  poissons pour qu’ils puis-sent remonter les riviĂšres malgrĂ© une installation hydraulique ou desdispositifs d’effarouchement pour Ă©viter les collisions de certaines espĂšces d’oiseau avec les Ă©oliennes.

Chez l’exploitant de carriĂšresCemex, les sites peuvent mĂȘme devenir de vraies terres d’accueil pour la biodiversitĂ©. Ils sont parti-culiĂšrement prisĂ©s des hirondelles de rivage, une espĂšce protĂ©gĂ©e qui niche dans des parois de sable meu-ble. En un week-end, une centaine de nids peut apparaĂźtre sur un frontde taille et stopper l’exploitation. « Nous travaillons avec la Ligue pourla protection des oiseaux afin d’anti-ciper l’arrivĂ©e de ces hirondelles et defavoriser leur installation sur un endroit du site qui ne nous gĂȘne pas »,explique Johanna Moreau, respon-

sable biodiversitĂ© chez Cemex France. Le groupe a par ailleurs dĂ©veloppĂ© des solutions pour ses 216 sites de production de bĂ©ton prĂȘt Ă  l’emploi, comme la mise en place de passages Ă  faune en bas desclĂŽtures.

1 ANTICIPER L’IMPACT DE SES ACTIVITÉSL’industrie agroalimentaire fait aussi partie des secteurs les plus impliquĂ©s. Consciente que son cadre rĂ©glementaire va devenir pluscontraignant, avec la loi sur l’écono-mie circulaire qui va bannir les

emballages en plastique Ă  usage unique d’ici Ă  2040, la marque Vitteltravaille Ă  l’intĂ©gration de matiĂšres recyclĂ©es dans ses packagings, maisaussi Ă  la prĂ©servation des sols autour des sources d’eau, dans les Vosges. En 1992, elle a lancĂ© le pro-gramme Agrivair en collaboration avec 17 collectivitĂ©s locales, 37 exploitations agricoles et l’Institut national de la recherche agronomi-que. « En prĂ©servant les sols, on prĂ©-serve Ă  la fois la biodiversitĂ© et la nappe phrĂ©atique », explique Fran-çoise Bresson, directrice RSE de NestlĂ© Waters France. Au total, 240

La loi relative Ă  la protection de la nature impose aux entreprises la rĂ©alisation d’une Ă©tude d’impact pour les travaux d’amĂ©nagement du territoire depuis 1976. Cemex

LES QUATRE DANGERS MAJEURS QUI PÈSENT SUR LA BIODIVERSITÉ

1. L’ARTIFICIALISATION DES SOLSConsĂ©quence de l’étalement de l’urbanisation et des infrastructures humaines, l’artificialisation des sols a un impact direct sur la perte de biodiversitĂ©. Ce sol remplaçant l’habitat naturel d’espĂšces animales et vĂ©gĂ©tales, il peut conduire Ă  la dĂ©gradation, voire la disparition, de la faune et de la flore. En France, le plan biodiversitĂ© comprend un objectif « zĂ©ro artificialisation nette », dont l’horizon n’a pas encore Ă©tĂ© fixĂ©.

2. L’EXPLOITATION DES ESPACES NATURELSL’agriculture, la pĂȘche et l’exploitation forestiĂšre non durables ont un effet dĂ©vastateur sur labiodiversitĂ©. Selon l’Ipbes, plus de 75 % des types de cultures vivriĂšres dĂ©pendent de la pollinisation par les animaux ; un tiers des stocks de poissons sont exploitĂ©s Ă  un niveau biologiquement non durable ; et la moitiĂ© des forĂȘts a disparu depuis les annĂ©es 1990, hors industrie du bois ou agricole.

3. LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET LA POLLUTIONLa moitiĂ© des mammifĂšres terrestres et un quart des oiseaux menacĂ©s pourraient dĂ©jĂ  avoir Ă©tĂ© affectĂ©s par le changement climatique. La pollution chimique des sols et, par ruissellement, des eaux douces et des ocĂ©ans, ainsi que la pollution plasti-que, multipliĂ©e par dix depuis 1980, sont Ă©galement une cause majeure de la perte de biodiversitĂ©. En France, la loi antigaspillage prĂ©voit d’atteindre le « zĂ©ro plastique jetable » d’ici Ă  2040.

4. LES ESPÈCES EXOTIQUES ENVAHISSANTESL’expansion d’espĂšces exotiques envahissantes peuvent engendrer des impacts Ă©cologiques nĂ©ga-tifs mais aussi ĂȘtre Ă  l’origine de coĂ»ts Ă©conomiques importants. En France, l’Union internationale pour la conservation de la nature a Ă©ditĂ© un guide avec les groupes EDF, Engie, Eqiom et GSM pour aider les entreprises Ă  gĂ©rer cette problĂ©matique qui concerne plus d’une centaine d’espĂšces en mĂ©tropole et prĂšs de 400 outre-mer.

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ENJEUX Se conformer Ă  une rĂ©glementation exigeante, contrĂŽler sa chaĂźne d’approvisionnement ou participer Ă  la prĂ©servation des ressources naturelles
 les entreprises sont de plus en plus soucieuses de leur impact sur la biodiversitĂ©.

BiodiversitĂ© : des entreprises s’engagent dans la protection du vivant

ECONOMIE DURABLE

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Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 dĂ©cembre 2020 SPÉCIAL ÉCONOMIE DURABLE // 43

« L’érosion de la biodiversitĂ© est un risque majeur pour les entreprises »

Propos recueillis parCamille Prigent

C ’est une pionniĂšre du con-seil aux entreprises sur labiodiversitĂ©. VĂ©ronique

Dham a créé son premier cabinet de conseil en 2005.

Les enjeux de biodiversitĂ© concernent-ils tous les secteurs d’activitĂ© ?Toutes les activitĂ©s dĂ©pendent de la nature ou exercent des pressions sur elle. Certaines industries sont plus particuliĂšrement concernĂ©es, car elles ont des impacts impor-tants, comme les industries extrac-tives ou la construction. D’autres secteurs sont trĂšs dĂ©pendants des ressources naturelles, comme l’agriculture, l’industrie agroali-mentaire, la pharmacie ou la cos-mĂ©tique, qui peuvent ĂȘtre mena-c Ă© e s p a r l a d i s p a r i t i o n d e s ressources ou la limitation de leur exploitation. Enfin, certains sec-teurs sont exposĂ©s sur l’ensemble de leur chaĂźne de valeur, comme l’agroalimentaire, avec des impacts sur l’amont agricole, la production, le packaging et la fin de vie du pro-duit.

Vous conseillez les entreprises sur la biodiversitĂ© depuis 2005. Quelles Ă©volutions avez-vous pu observer ?A l’époque, le sujet Ă©tait inexistant. En l’espace de quinze ans, la prise de

Ces donnĂ©es sont ensuite modĂ©li-sĂ©es pour donner un score unique. L’outil est-il parfait ? Non. La Caisse des DĂ©pĂŽts en a conscience et tra-vaille dans un processus d’amĂ©lio-ration continue. Mais il faut saluer ce genre d’initiative parce qu’un sys-t Ăš m e d e q u a n t i f i c a t i o n e s t aujourd’hui nĂ©cessaire pour pous-ser les entreprises Ă  agir. Cela leur

conscience a Ă©voluĂ© dans le bon sens, mais les entreprises sont nombreuses Ă  ne pas encore avoir saisi en quoi elles Ă©taient concer-nĂ©es. Installer des ruches au siĂšge ouplanter des arbres Ă  l’autre bout du monde, ce sont desactions positives mais qui sont trĂšs dĂ©connectĂ©es des impacts rĂ©els. Il ya deux ans, un mouvement impor-tant s’est mis en marche dans le sillage de la plĂ©niĂšre de l’IPBES Ă  Paris, l’équivalent du GIEC pour la biodiversitĂ©. Cet Ă©vĂ©nement a per-mis de mettre des chiffres sur l’enjeu de la prĂ©servation de la bio-diversitĂ©, mais a aussi mis le doigt sur les causes de son Ă©rosion, parmilesquelles la pollution, le rĂ©chauffe-ment climatique ou encore le chan-gement d’affectation des sols
 des phĂ©nomĂšnes tous liĂ©s Ă  l’activitĂ© Ă©conomique.

La finance responsable peut-elle jouer un rĂŽle dans cette prise en compte par les entreprises ?Les investisseurs ont compris que l’érosion de la biodiversitĂ© Ă©tait un risque majeur pour les entreprises et donc pour la rentabilitĂ© de leurs actifs. Ils veulent avoir la possibilitĂ© d’évaluer la durabilitĂ© des entrepri-ses sous le prisme de la biodiversitĂ©,faisant entrer ce sujet dans le giron de la direction financiĂšre. Les entre-

prises doivent montrer que leur modĂšle Ă©conomique n’est pas

menacĂ© par l’éro-sion de la biodiver-sitĂ©. Si elles n’ensont pas capables,elles vont, Ă  terme,ĂȘtre exclues desp o r t e f e u i l l e s ,

comme c’est le cas aujourd’hui avecles industries extractives ou l’arme-ment.

De quels outils les entreprises disposent-elles pour mesurer leur impact sur le vivant ?La difficultĂ© Ă  mesurer explique en grande partie pourquoi les entre-prises ont mis du temps Ă  traiter le sujet de la biodiversitĂ©. C’est un enjeu global, mais les rĂ©ponses sontlocales. Les scientifiques estimaientqu’on ne pouvait pas rĂ©sumer la bio-diversitĂ© en un indicateur, tandis que les entreprises et les investis-seurs en rĂ©clamaient un pour pou-voir traiter le sujet sĂ©rieusement.

Cette annĂ©e, la Caisse des DĂ©pĂŽtsa lancĂ© le Global Biodiversity Score,un indicateur unique qui propose d’évaluer l’empreinte d’une entre-prise. Il fait se rencontrer des don-nĂ©es financiĂšres, comme le chiffre d’affaires de la sociĂ©tĂ©, ses achats, mais aussi d’autres donnĂ©es relati-ves Ă  la pollution gĂ©nĂ©rĂ©e par ses activitĂ©s, ses Ă©missions de gaz Ă  effetde serre ou le nombre de mĂštres carrĂ©s qu’elle artificialise chaque annĂ©e.

VÉRONIQUE DHAM Fondatrice de Biodiv’Corp

ENTRETIEN La fondatrice de Biodiv’Corp, VĂ©ronique Dham, a l’ambition de sensibiliser les entreprises Ă  l’enjeu du vivant, de former leurs salariĂ©s et d’influencer leurs plans d’action pour limiter les impacts.

permet de piloter le sujet de la biodi-versité comme elles le font avec leurs émissions de carbone par exemple, ou la trajectoire 2 °C.

Vous travaillez beaucoup à sensibiliser les dirigeants, mais aussi les équipes opéra-tionnelles des entreprises. En quoi est-ce indispensable ?

VĂ©ronique Dham : « Tout sujet important doit ĂȘtre portĂ© par les plus hautes instances de l’entreprise, car c’est la direction qui donne la vision sur des sujets Ă©thiques. » DR

Tout sujet important doit ĂȘtre portĂ©par les plus hautes instances de l’entreprise, car c’est la direction quidonne la vision sur des sujets Ă©thi-ques comme la biodiversitĂ© ou le climat. Mais il faut que cela des-cende sur le terrain, sinon c’est un engagement qui n’est jamais trans-formĂ© en action. Cela doit passer par une sensibilisation Ă  tous les niveaux, et par une formation tech-nique pour certains mĂ©tiers, par exemple les mĂ©tiers du bĂątiment, les Ă©quipes achats ou de sourcing des matiĂšres premiĂšres. n

«L’IPBES Ă  Paris -

l’équivalent du GIEC pour la biodiversitĂ© - a permis de mettre des chiffres sur l’enjeu de la prĂ©servation de la biodiversitĂ©, mais a aussi mis le doigt sur les causes de son Ă©rosion. »

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44 // Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos

Le temps ne favorise ni EssilorLuxottica ni GrandVision dans une renégociation.

« Il n’est pour voir que l’Ɠil du maĂźtre. » Quoi qu’en dise La Fontaine, les actionnaires d’EssilorLuxottica peuvent aujourd’hui se trouver trĂšs dĂ©pendants du premier d’entre eux, Leonardo Del Vecchio, trop rouĂ© pour ne pas faire durer le suspense sur sa vision. Le temps s’est suspendu au-dessus de l’acquisition du propriĂ©taire de GrandOptical, de l’éventuelle rĂ©instauration d’un dividende aprĂšs son annulation en avril, et du choix, deux ans aprĂšs la naissance du nouvel ensemble, d’un directeur gĂ©nĂ©ral, ces deux derniĂšres dĂ©cisions ayant Ă©tĂ© promises avant la fin de l’annĂ©e. Les rumeurs persistantes sur la renĂ©gociation d’une emplette jugĂ©e chĂšre avant mĂȘme la crise, Ă  7,2 milliards d’euros, n’ont rien d’étonnant aprĂšs que LVMH a montrĂ© la voie des soldes avec Tiffany. Mais l’horizon redonnĂ© par l’arrivĂ©e des vaccins a modifiĂ© le rythme de l’horloge. La famille Van der Vorm, qui contrĂŽle GrandVision, la maison mĂšre, et dont beaucoup d’actifs dĂ©pendent du pĂ©trole, peut ĂȘtre tentĂ©e de jouer la montre alors qu’EssilorLuxottica devra Ă  nouveau se concentrer sur sa gouvernance. Il ne semble certes pas impossible Ă  certains courtiers que la nomination d’un nouveau patron puisse ĂȘtre repoussĂ©e aprĂšs la prochaine assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, lorsque prendra fin l’équilibre des pouvoirs prĂ©valant jusqu’ici entre les parties française et italienne. En attendant, pandĂ©mie oblige, les boursiers avancent, la buĂ©e sur les lunettes


La buée sur les lunettes

Une lente et progressive dĂ©cĂ©lĂ©ra-tion interrompue par un freinage brutal : ce qu’a vĂ©cu le marchĂ© automobile mondial en quelques annĂ©es n’augure pas d’un redĂ©marrage en trombe aprĂšs la crise sanitaire. La reprise sera « irrĂ©guliĂšre », souligne Matthias Heck, responsable crĂ©dit chez Moody’s, pour qui retrouver les 95 millions de vĂ©hicules vendus, soit le pic des annĂ©es 2017-2018, « prendra jusqu’au milieu de la dĂ©cennie ». Le rebond des ventes (+7,7 % attendus par l’agence de notation) devrait ĂȘtre plus visible en Europe de l’Ouest (+12,2 %), tirĂ©e par le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne, qu’aux Etats-Unis (5,2 %) et qu’en Chine (+4 %). Mais les cash-flows libres des constructeurs resteront sous pression, notamment Ă  cause du poids des investissements, souligne l’agence de notation qui maintient Ă  « stable » la perspective du secteur.

La reprise du marchĂ© automobile mondial va s’étirer en longueur. Croyants, mais pas dupesAirbnb et DoorDash n’ont pas ratĂ© leur fenĂȘtre d’entrĂ©e en Bourse.

Les Ă©pargnants amĂ©ricains prennent-ils encore la peine de passer des ordres avec limite de prix ? Certains vieux routiers des entrĂ©es en Bourse se posent la question au vu de l’envolĂ©e des marques grand public DoorDash et Airbnb. La plateforme de location immobiliĂšre a rĂ©ussi l’exploit marketing de monter dans le train du « monde d’aprĂšs » oĂč se trouvait naturellement le livreur de repas. Les valorisations donnent le vertige et celle de DoorDash (11,8 fois les ventes selon Fox Advisors) provoque dĂ©jĂ  des prises de bĂ©nĂ©fice. Les « venture capitalists » pourraient gĂ©mir de laisser autant d’argent « sur la table » lors du placement initial (IPO), sauf que les valorisations supĂ©rieures aux derniĂšres levĂ©es de fonds d’avant la pandĂ©mie n’allaient pas de soi, Ă©tant donnĂ© les refinancements dans l’intervalle. La dizaine de milliards de plus-value de SoftBank effacent un peu plus l’échec de WeWork, la licorne maudite de Masayoshi Son. Loin de se perdre dans ces arcanes techniques, la Bourse amĂ©ricaine montre surtout sa quĂȘte inlassable de croissance et sa croyance Ă  long terme Ă  l’innovation, quitte Ă  prendre de gros risques, dont les prospectus regorgent. Les investisseurs ne sont pas dupes. Les vaccins alimentent leur confiance et les prix des actifs longs montent quand les taux sont bas. Le vĂ©tĂ©ciste Uber introduit en mai 2019, juste avant que la Fed ne redevienne accommodante, en avait d’ailleurs fait les frais.

// Budget de l’Etat et PSR 2021 : 448,8 milliards d’euros (prĂ©visions PLF 2021) // PIB 2020 : 2.223 milliards d’euros// Plafond SĂ©curitĂ© sociale : 3.428 euros/mois Ă  partir du 01-01-2020 // SMIC horaire : 10,15 euros Ă  partir du 01-01-2020 // Capitalisation boursiĂšre de Paris : 1.764,98 milliards d’euros (au 30-11-2020)// Indice des prix (base 100 en 2015) : 104,51 en novembre 2020 // Taux de chĂŽmage (BIT) : 9 % au 3e trimestre 2020 // Dette publique : 2.638,3 milliards d’euros au 2e trimestre 2020

= Les chiffres de l’économie

Transmission poussivecrible

EN VUE

David B. Robbins

M ark Zuckerberg a beau avoirquelque deux milliards d’amis,ceux-ci ne suffiront peut-ĂȘtre

pas Ă  le protĂ©ger de ses ennemis. Ceux-lĂ  sont beaucoup moins nombreux mais, hĂ©las pour lui, ils sont aussi bien plus puissants. Le gendarme de la concurrence amĂ©ricain (FTC : Federal Trade Commis-sion) s’est liguĂ© avec les procureurs gĂ©nĂ©-raux de 46 Etats. Ils demandent Ă  la justicede forcer le rĂ©seau social Ă  se sĂ©parer de WhatsApp et Instagram, ses deux filiales devenues ses pĂ©pites. RevoilĂ  la justice amĂ©ricaine revenue au temps du dĂ©mantĂš-lement d’ATT avec la naissance en 1984 des Baby Bells et, plus loin encore en, 1911, ladispersion de la Standard Oil. Mark Zuc-kerberg a pris la place de John D Rockefel-ler et c’est David B. Robbins, directeur de la Federal Trade Commission, qui tient le glaive antitrust. Il accuse Facebook d’avoir Ă©touffĂ© la compĂ©tition en rachetantces deux start-up devenues des gĂ©antes : « Facebook s’est engagĂ© dans une stratĂ©gie

systĂ©matique visant Ă  Ă©liminer ce qui menace son monopole. » Facebook hurle au « rĂ©visionnisme ». Instagram est l’appli-cation de photos oĂč l’on expose sa vie en rose, celle de Mark risque de s’assombrir. Voici David B. Robbins, directeur opĂ©ra-tionnel, son prĂ©sident Joseph Simons, et toute son organisation, sĂ»rs d’ĂȘtre occupĂ©spendant des annĂ©es, peut-ĂȘtre mĂȘme plus longtemps que les poursuites qui acca-blent Nicolas Sarkozy. Robbins connaĂźt bien les agences de rĂ©gulation. DiplĂŽmĂ© en droit et en informatique, il a commencĂ©par passer quinze ans dans le privĂ© commeavocat et comme manager dans le secteur de la technologie, avant de rejoindre le ser-vice public. Il a fait des allers-retours entre la FTC qu’il dirige depuis 2013 et la Com-mission fĂ©dĂ©rale des communications. La communication c’est avec Facebook et les Gafam qu’il va falloir la rĂ©tablir.

(Lire nos informationsPages 15 et 27

La Bourse de Paris Ă  l’équilibre

‱ La Bourse de Paris n’a quasiment pas bougĂ© jeudi, les investisseurs accueillant sans enthousiasme les annonces de la Banque centrale europĂ©enne. L’indice CAC 40 a pris 0,05 %, Ă  5.549,65 points. Il avait perdu 0,25 % la veille. Si Ă  Londres le FTSE 100 a gagnĂ© 0,54 %, Ă  Franc-fort le DAX a cĂ©dĂ© 0,33 %. La BCE a pourtant pris les mesures qui Ă©taientattendues, mais l’absence de sur-prise a déçu les marchĂ©s. D’autant que l’institut monĂ©taire s’est montrĂ©trĂšs prudent sur le rythme de la reprise en Europe. Les incertitudes autour du Brexit ont aussi pesĂ© sur le moral. Londres et Bruxelles se sont donnĂ© une derniĂšre chance d’aboutir d’ici Ă  dimanche.

Du cĂŽtĂ© des valeurs, Total a prisla tĂȘte du CAC 40. PortĂ© par la hausse des cours du brut (le baril debrent a dĂ©passĂ© les 50 dollars pour la premiĂšre fois depuis mars), le groupe pĂ©trolier s’est adjugĂ© 2,09 %.A l s t o m (+ 1,58 %) et O r a n g e(+ 0,98 %) complĂštent le podium. Peugeot, qui a vu les actionnaires familiaux accroĂźtre leur participa-tion de 2 % mercredi, a gagnĂ© 0,19 %.

Le secteur bancaire n’a pasprofitĂ© de l’annonce d’une exten-sion des financements Ă  taux nĂ©ga-tifs de la banque centrale. Lanterne rouge du CAC 40, SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©-rale a perdu 3,25 %. BNP Paribasa reculĂ© de 2,44 % et CrĂ©dit Agri-cole SA de 0,91 %.

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BUSINESS STORY / CULTURE / STYLE / ... ET MOI

N°240.SUPPLÉMENTAUN°23346DUQUOTIDIEN«LES

ÉCHOS»DES

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BRE2020.NEPEUTÊTREVENDUSÉPARÉM

ENT.5,50

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JOAILLERIEBijoux et BD:le bon accord

ALIMENTATIONLe saumon en voiede réhabilitation

SANTÉParkinson,

l’oubliĂ©e du Covid

LES NOUVEAUX DÉFIS DE SAFRANEn janvier, le motoriste des Airbus change de patron, en pleinesturbulences sanitaires. Un joyau industriel français confiantdans sa capacitĂ© Ă  surmonter la crise qui frappe l’aĂ©rien.

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A LA POURSUITE DU RÊVE

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LES ECHOS WEEK-END – 9

SOMMAIRE 11 DÉCEMBRE 2020

12 ESPRIT WEEK-END

22 LE DIMANCHE IDÉAL DE
la romanciùre anglaise Sophie Kinsella.

BUSINESS STORY

25 EN COUVERTURE :COMMENT SAFRAN RÉSISTE AU MAL DE L’AIRLe 1er janvier, Philippe Petitcolin cĂ©derales manettes Ă  Olivier Andries, aprĂšs avoirpilotĂ© le fleuron aĂ©ronautique au traversd’une crise aussi violente qu’inattendue.Les dĂ©fis Ă  relever restent de taille.

34 PHILIPPE CORROT, UNE RÉUSSITEQUI N’A RIEN DU MIRACLECe pionnier duWeb autodidacte a donnĂ©le jour Ă  la dixiĂšme licorne française, Mirakl.

40 UN DIRECTEUR TRÈS ROCK À LA SANTÉLes clefs de la cĂ©lĂšbre prison sont auxmainsdu dĂ©coiffant Bruno ClĂ©ment-Petremann. 64 QUAND LA MUSIQUE REJOUE SES SUCCÈS

Morceaux inédits, pépites retrouvéeset albums cultes font le sel des rééditions.

STYLE

67 DES CAILLOUX ET DES BULLESObjets de vols rocambolesques, trésorscachés, pierres magiques... les bijouxbrillent dans la bande dessinée commeautant de joyaux scénaristiques.

75 BON CRU DE BORDEAUXLa montre Code 11.59 d’Audemars Piguet.

76 MODE LA TRÈS INFLUENTE REI KAWAKUBOLa crĂ©atrice de Comme des Garçonss’apprĂȘte Ă  ouvrir Ă  Paris un espace dĂ©diĂ©au travail de jeunes designers.

78 DE CATHERINE DE MÉDICIS À COCO CHANELDans un chĂąteau de Chenonceau dĂ©sert,le dĂ©filĂ© des MĂ©tiers d’art de Chanel s’estmuĂ© en expĂ©rience purement numĂ©rique.

79 TOP MOUMOUTEVeste en cachemire Loro Piana.

80 (PETIT) COMITÉ DES FÊTESIdĂ©es cadeaux de derniĂšre minute.

84 GOÛT

86 RELÈVE ASSURÉELa Corolla, douziĂšme gĂ©nĂ©rationet 100% hybride.

87 ENCEINTE ZENUn boĂźtier connectĂ© qui met de l’huile(essentielle) dans la musique.


ETMOI

89 PARKINSON, CETTE GRANDE OUBLIÉELe confinement a durement affectĂ© lesmalades de cette pathologie trop souventmĂ©connue. Mais la recherche progresse


94 DÉLICES D’INITIÉS

Olivier Andries, bientĂŽt dansle siĂšge du pilote chez Safran.

POUR ALLER PLUS LOINSUR LESECHOS.FR/WEEKEND● Notre podcast sur les dĂ©fis qui attendent SafranĂ  la veille de son changement de patron.

● Musique : le best-of des coffrets Ă  offrir pour NoĂ«l.● Une sĂ©lection des plus grands filmsqui parlent de la planĂšte.

● Les meilleurs jeux vidĂ©o pour petits et grands.

46 LE SAUMON REMONTE LE COURANTLe poisson, roi des tables de fĂȘtes, tented’en finir avec l’industrialisation Ă  outrance.

52 EMER COOKE, GENDARME EUROPÉENDES VACCINS SOUS PRESSIONRudes dĂ©buts pour la nouvelle patronnede l’Agence europĂ©enne des mĂ©dicaments.

54 WIZZ AIR AU SEPTIÈME CIELComment la compagnie low cost d’originehongroise nargue les majors de l’aĂ©rien.

CULTURE

57 LE CINÉMA PASSE AU VERTEntre prise de conscience Ă©cologique etbouleversements induits par la pandĂ©mie,l’industrie du septiĂšme art vit un tournant.

96 BIEN-ÊTREAlimentation: plaisir, goĂ»t et santĂ© aumenu.

98 CLAP DE FINLa chronique de Marc Dugain.

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STRATION:CAROLEBARRAUDPOURLESECHOSWEEK-END

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LES ECHOS WEEK-END – 11

La belle aventure industrielle de Safran repose sur unesomme de paradoxes. Le plus important tient Ă  ce qui futpendant des dĂ©cennies la source de son Ă©clat : le moteurCFM56, le plus vendu aumonde dans sa catĂ©gorie, qui aĂ©quipĂ© plusieurs gĂ©nĂ©rations aussi bien de Boeing qued’Airbus. La prouesse avait Ă©tĂ© rendue possible, dans lesannĂ©es 1970, par la crĂ©ation d’une sociĂ©tĂ© en joint-ventureentre Snecma, un groupe public, et General Electric,Ă  l’époque prototype de la firme privĂ©e amĂ©ricaine Ă succĂšs. À cette naissance paradoxale, s’ajoute le fait qu’àla manƓuvre dans cette collaboration franco-amĂ©ricaine,exceptionnelle Ă  tous points de vue, se trouvait un grandpatron gaulliste, RenĂ© Ravaud, devenu une lĂ©gende dansl’aĂ©ronautique. Sous la prĂ©sidence de Georges Pompidou,soutien dĂ©terminĂ© du projet, Jacques Chaban-Delmaset ValĂ©ry Giscard d’Estaing y avaient chacun apportĂ©leur pierre, confiant Ă  Simon Nora, l’un des plus brillantstechnocrates de la pĂ©riode, l’instruction du dossier.De l’autre cĂŽtĂ© de l’Atlantique, la nĂ©gociation remontajusqu’à Richard Nixon et se heurta pendant longtempsĂ  l’opposition rĂ©solue du Pentagone. MalgrĂ© tant de fĂ©esĂ©tatiques penchĂ©es sur son berceau, l’entreprise a puau fil des ans s’extirper de la sphĂšre publique (avec unepart de l’Etat au capital rĂ©duite Ă  11%), et constituedĂ©sormais un fleuron de la haute technologie française.Ses performances spectaculaires en Bourse au coursde la dĂ©cennie passĂ©e en tĂ©moignent. Et pourtant ce poidslourd de notre industrie garde fortement ancrĂ©s les traitsde notre culture nationale, avec des syndicats puissantset remuants, ainsi qu’une histoire managĂ©riale complexe,Ă  la fois plutĂŽt endogĂšne et sujette Ă  de frĂ©quentes luttesde pouvoir. Mais le plus Ă©tonnant de tous ces paradoxes,c’est que ce trĂ©sor stratĂ©gique pour la France semblesi peu reconnu comme tel par les Français.Henri Gibier

TRÉSOR CACHÉ

ÉDITO 11 DÉCEMBRE 2020

ILLU

STRATIONKIM

ROSELIER

ENCOUVERTURE:M

ANUELBRAUNPOURLESECHOSWEEK-END

Directeur de la publication,président de la SAS Les Echos :Pierre LouetteDirecteur des rédactions : Nicolas Barré

RÉDACTION

Directeur : Henri Gibier (7249)Directeur de crĂ©ation :Fabien Laborde (7273)Assistante : Maria Lopez-Pissarra (7325)RĂ©dacteurs en chef :Laura Berny (7166),Karl De Meyer (7219)Mariana Reali (7335)RĂ©dacteur en chef adjoint :Claude Vincent (7361)Chef d’édition :Anne-Sophie Pellerin (7322)Directrice artistique :CĂ©cile Texeraud (7354)Directrice artistique adjointe :Alice Lagarde (7276)Chef de service photo :Jany Bianco-Mula (7170)Conseiller Ă©ditorial : Daniel Fortin (7240)ConseillĂšre Ă©ditoriale et directrice mode :BĂ©line DolatRĂ©daction : Philippe Chevilley (7192)(chef de service), Florence Bauchard(7162), Isabelle Lesniak (7290), StefanoLupieri (7295) (chefs de rubrique),Pierre de Gasquet (7215) (grand reporter)Editrice Web : CĂ©cilia Delporte (7218)Edition : VĂ©ronique Broutard (7183),Emmanuelle Chabert (7187),Annette Lacour (7275)Maquette : Christine Liber (7291)Service photo : ClĂ©mentine Neupont(7317), Constance Paindavoine (7320)Infographies : service infographiedes «Echos »Documentation : Anne Flateau (7239)Ont collaborĂ© Ă  ce numĂ©ro :JĂ©rĂŽme Berger, Jessica Berthereau,Philippe Bertrand, Philippe Besson, LeĂŻlaBeyler, Ludovic Bischoff, AudeBlanchard-Dignac (maquette), SarahBraeck, Frank Declerck, SabineDelanglade, Marc Dugain, Astrid Faguer,Romin Favre, CĂ©dric FrĂ©our, EmmanuelGrasland, Laurent Guez, VĂ©roniqueLe Bris, Gabrielle de Montmorin, Aliced’Orgeval, Jean-Francis PĂ©cresse,RaphaĂ«l Sachetat, Philippe Venturini.

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Éditrice :Marie Van de Voorde-LeclercqÉditrice adjointe :ClĂ©mence CalliesDirecteur de la diffusion et du marketingclients : Etienne PorteauxDirecteur StratĂ©gie & Communication :Fabrice FĂ©vrier

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Les Echos Le Parisien MédiasTél. : 01 87397800Présidente : Corinne MrejenDirecteur général :Philippe Pignol (8311)Directrice adjointe du pÎle Lifestyle :Sophie Chartier (7501)Directeur du pÎle Réseaux, Internationalet Régions : Nicolas Grivon (7526)Pour obtenir votre correspondant,composez le 01 87 39 suivides quatre chiffres entre parenthÚses.

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Origine du papier : Finlande.Taux de fibres recyclĂ©es : 0%. Le papierde ce magazine est issu de forĂȘts gĂ©rĂ©esdurablement. P

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Les Echos Week-End est une publicationhebdomadaire du Groupe Les Echos.ISSN 2430-7599. CPPAP 0421 C 83015.DépÎt légal : décembre 2020

Un catalogue Google de 36 p et 88 g estassemblĂ© Ă  ce numĂ©ro sur l’ensemble desabonnĂ©s.

Principal associĂ© : Ufipar (LVMH)PrĂ©sident-directeur gĂ©nĂ©ral :Pierre LouetteDirectrice gĂ©nĂ©rale PĂŽle Les Échos :BĂ©rĂ©nice LajouanieDirecteur dĂ©lĂ©guĂ© : Bernard Villeneuve

En janvier, OlivierAndries arrive auxcommandes de Safran,le motoriste des Airbus,dans un contexte aussiviolent qu’inattendu.

LES ECHOS WEEK-END – 25

BUSINESS STORY11 DÉCEMBRE 2020

COMMENTSAFRAN RÉSISTEAU MAL DE L'AIRPar Emmanuel GraslandPhotographe: Manuel Braun

Dans l’usine Safrande Villaroche(Seine-et-Marne),oĂč sont fabriquĂ©sles moteurs Leap.

Andries

BUSINESS STORY / CULTURE / STYLE / ... ET MOI

N°240.SUPPLÉMENTAUN°23346DUQUOTIDIEN«LES

ÉCHOS»DES

11ET

12DÉCEM

BRE2020.NEPEUTÊTREVENDUSÉPARÉM

ENT.5,50

€

CodeEtudeACPM

JOAILLERIEBijoux et BD:le bon accord

ALIMENTATIONLe saumon en voiede réhabilitation

SANTÉParkinson,

l’oubliĂ©e du Covid

LES NOUVEAUX DÉFIS DE SAFRANEn janvier, le motoriste des Airbus change de patron, en pleinesturbulences sanitaires. Un joyau industriel français confiantdans sa capacitĂ© Ă  surmonter la crise qui frappe l’aĂ©rien.

CodeEtudeACPM

LES ECHOS WEEK-END – 57

CULTURE11 DÉCEMBRE 2020

LE CINÉMAPASSE AU VERT

Tournaged’effets spĂ©ciaux

sur fond vert.

Par VĂ©ronique Le Bris

EVERETTCOLLECTION/ABACA

LES ECHOS WEEK-END – 67

11 DÉCEMBRE 2020

STYLE

Bianca Castafiore,le célÚbre

personnage créépar Hergé en 1938.

DES CAILLOUXET DES BULLESAu-delà de leurs formesgraphiques, les bijouxoffrent de parfaits scenariiaux auteurs de BD. Entrevols rocambolesques,trésors cachés et pouvoirdes pierres, ils brillentdans le neuviÚme art.

Par Gabrielle de Montmorin

HERGÉ/MOULINSART–2020

Castafiore,le célÚbre

personnage crééenen 1938.1938.

LES ECHOS WEEK-END – 89

11 DÉCEMBRE 2020

ETMOI


PARKINSON,CETTE GRANDE

OUBLIÉEJessica Berthereau

Illustration: Cristina SpanĂČ

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12 – LES ECHOS WEEK-END

ESPRITWEEK-END11 DÉCEMBRE 2020

L'AGENDA TÉLÉ

« ALEX VIZOREK EST UNE DERNIÈRE FOISUNEƒUVRE D’ART ! »L’art d’en rireLe talent d’Alex Vizorek est de rĂ©ussir Ă  nousfaire rire tout en distillant une foultituded’anecdotes que l’on n’hĂ©sitera pas Ă  ressortir Ă  latable du rĂ©veillon! L’humoriste belge dĂ©cortiqueles grands courants de l’art contemporain maisaussi du cinĂ©ma pour pointer du doigt des dĂ©tailsabsurdes ou incongrus sur des Ɠuvres et desartistes que l’on croyait connaĂźtre. Pour laderniĂšre de son spectacle, il est entourĂ© d’invitĂ©squi font pĂ©tiller la culture avec un humour belgeauquel on devrait consacrer unmusĂ©e!Vendredi 11 dĂ©cembre Ă  22 h 30 sur France 5.

DISTRICT ZCourses de zombiesGrosse attente pour District Z, le nouveau jeude TF1 dont on parle depuis des annĂ©es etqui sera enfin diffusĂ© Ă  l’antenne ce week-end.CrĂ©ation 100% française produite par Arthur, cejeu, fusion entre Koh-Lanta (pour l’action), unescape game (pour les Ă©nigmes Ă  rĂ©soudre) etun film d’horreur (pour la mise en scĂšne Ă  basede zombies coursant des vedettes), est prĂ©sentĂ©par Denis Brogniart. Objectif : concurrencer la

rĂ©fĂ©rence du genre qu’est Fort Boyard surFrance 2. En cette annĂ©e de confinement, voirdes gens tenter de s’évader d’une zone closehorrifique devrait parler au plus grand nombre !Vendredi 11 dĂ©cembre Ă  21 h 05 sur TF1.

« LE VOL DU BOLI »L’Afrique au ChĂąteletSuper spectacle «crossover», Le Vol du BoliĂ©voque l’histoire de l’Afrique et de ses rapportsavec l’Europe du XIIe siĂšcle Ă  ce jour. UnecrĂ©ation de 90 minutes signĂ©e de la pop star

Damon Albarn (Blur, Gorillaz
) et du cinĂ©astemauritanien Abderrahmane Sissako, avec dansle principal rĂŽle fĂ©minin l’immense chanteuseFatoumata Diawara. Cette comĂ©die musicalesinguliĂšre, qui marie pop et world music,fable, histoire et politique, a Ă©tĂ© enregistrĂ©eau ChĂątelet juste avant le confinement. Elleest diffusĂ©e en prime time sur la tĂ©lĂ© publiquedans le cadre de la saison Africa 2020.Vendredi 11 dĂ©cembre Ă  20 h 50 sur France 5.

« COMMENT LE CHIEN A CONQUIS LE MONDE »Ode canineEn plus d’ĂȘtre fidĂšle, le chien a toujours Ă©tĂ©le plus utile des compagnons. Ce documentairede Jean-Baptiste Erreca nous apprend commentl’homme a domestiquĂ© les premiers loupsil y a 15000 ans pour crĂ©er plus de 400 racesde chiens, une diversitĂ© unique au sein d’unemĂȘme espĂšce. Et comment le chien lui a Ă©tĂ©prĂ©cieux pour chasser et se protĂ©ger. Bref,l’opposĂ© de son fĂ©lin de coloc, vous savez,cette indolente boule de poils qui ronronnetoute la journĂ©e prĂšs du radiateur !Samedi 12 dĂ©cembre Ă  22 h 25 sur Arte.

L’humoriste belgeAlex Vizorek donne

sur France 5la derniùre d’un

spectacle quia connu le succĂšssur scĂšne pendantprĂšs de dix ans.

Damon Albarn et Abderrahmane Sissakosignent une comédie musicale singuliÚre.

Au débutétaitle loup


« LES GALETTES DE PONT-AVEN »L’origine du monde selon MarielleÀ quoi reconnaĂźt-on un film culte? Sans douteĂ  un acteur inspirĂ© qui n’a pas peur de se mettreen danger, comme Jean-Pierre Marielle devantla camĂ©ra de JoĂ«l SĂ©ria. Dans Les Galettesde Pont-Aven, il incarne un reprĂ©sentanten parapluies dans la France de la fin des TrenteGlorieuses qui tente d’échapper Ă  sa morne vieen s’adonnant Ă  la peinture et en tombantd’extase devant le corps des femmes quimontent dans sa petite chambre d’hĂŽtel deprovince. Sublime Marielle montrant ses fĂȘlureset dĂ©clamant maladroitement ses sentiments.Dimanche 13 dĂ©cembre Ă  21 h 05 sur C8.Ludovic Bischoff L

ACOMPAGNIEDESINDES

ONEPLANET

HELENEPAMBRUN

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14 – LES ECHOS WEEK-END

ESPRIT WEEK-END

L'AGENDA SPECTACLES

« LA PLUS PRÉCIEUSE DES MARCHANDISES »AU ROND-POINTLe conte de GrumbergLe thĂ©Ăątre reprend ses droits au Rond-Pointavec un spectacle triste, beau et drĂŽle commeun conte de fĂ©es. La Plus PrĂ©cieuse desmarchandises, c’est cette petite fille de la tribudes «sans-cƓur» jetĂ©e d’un train en 1942 etrecueillie par un Pauvre BĂ»cheron et unePauvre BĂ»cheronne
 Jean-Claude Grumberg(auteur) et Charles Tordjman (metteur en scĂšne)se retrouvent pour cette fable chargĂ©e d’histoire.Paris, thĂ©Ăątre du Rond-Point, 15 dĂ©cembreau 3 janvier. TĂ©l. : 01 44 95 98 21.

TCHEKHOV ET FEYDEAU À L’ATELIERAntistressLes deux spectacles phares de l’automne sontĂ  l’affiche du thĂ©Ăątre de l’Atelier, en alternancepour tenir compte du couvre-feu. Crise de

nerfs. Trois farces de Tchekhov, dans une miseen scĂšne grinçante de Peter Stein, donne Ă  voirun JacquesWeber colossal. On purge bĂ©bĂ©de Feydeau, revu et interprĂ©tĂ© en chansonspar l’irrĂ©sistible Émeline Bayart, offre unegrande bouffĂ©e de dĂ©lire comique antistress.Paris, thĂ©Ăątre de l’Atelier, du 18 dĂ©cembreau 31 janvier et du 19 dĂ©cembre au 3 janvier.TĂ©l. : 01 46 06 49 24.

« UNE HISTOIRE D’AMOUR » À LA SCALA PARISMichalik revientLa Scala Paris rouvre ses portes avec son «tube»de 2020:Une histoire d’amour, le mĂ©lo moderned’Alexis Michalik (le 19 dĂ©cembre). DrĂŽle,Ă©mouvant, le dernier prodige de l’artiste surdouĂ©est interprĂ©tĂ© par une troupe virtuose. Aumenudu thĂ©Ăątre du boulevard de Strasbourg, d’autresreprises: L’Art du rire de Jos Houben (le 20),Embrase-moi de Kaori Ito (le 22), Perte (le 23).Et un concert en ouverture, le 18: Anne QueffĂ©lecdans les trois derniĂšres sonates de Beethoven.Paris, La Scala, rĂ©ouverture le 18 dĂ©cembre.TĂ©l. : 01 40 03 44 30.

« LA SEPTIÈME VIE DE PATTI SMITH »AU THÉÂTRE 14Patti FerdaneLe ThĂ©Ăątre 14 prĂ©sente La SeptiĂšme Vie de PattiSmith, un spectacle performance de BenoĂźtBradel, tirĂ© du roman de Claudine GalĂ©a.Marie-Sophie Ferdane incarne Ă  merveille cettejeune Marseillaise galvanisĂ©e par la dĂ©couverte

La Plus PrĂ©cieusedes marchandises,un conte fantastiqueglacĂ© d’humour deJean-Claude Grumberg.

Jacques Weber dans Crise de nerfs. Bartabas et Tsar, cheval «couleur d’abĂźme».

de la star dans les annĂ©es 1970. Un passeportpour le rock et l’émancipation. Patti Ferdane joueet danse entourĂ©e de deuxmusiciens Ă©lectriques,dĂ©clame du Rimbaud, magnifie les odes de lapoĂ©tesse new-yorkaise. Gloria
 in excelsis deo !Paris, ThĂ©Ăątre 14, du 15 au 19 dĂ©cembre.TĂ©l. : 01 45 45 49 77.

« BOULE À NEIGE » À LA VILLETTELet it snow!Avec son mini-dĂ©cor et ses flocons scintillants,la boule Ă  neige est peut-ĂȘtre le plus petit thĂ©Ăątredu monde. Homme de thĂ©Ăątre singulier,Mohamed El Khatib propose avec l’historienPatrick Boucheron de nous raconter les histoireset les rĂȘves engloutis dans ces univers liquides.EntourĂ©s d’une collection de ces prĂ©cieux objetskitsch, ils vont jouer les conteurs-anatomistesau milieu du public installĂ© sur un gradincirculaire, dans la Grande Halle de la Villette.Paris, La Villette, du 15 au 29 dĂ©cembre, dans lecadre du Festival d’automne. TĂ©l. : 01 53 45 17 17.

BARTABAS EN DUO À AUBERVILLIERSLes deux tsarsBartabas va pouvoir reprendre ses Entretienssilencieux avec son grand cheval «couleurd’abĂźme» dĂ©nommĂ© Tsar. Les aficionados dusublime Ă©cuyer communieront pendant un peuplus d’une heure avec l’homme et l’animal,dans l’enceinte du thĂ©Ăątre Ă©questre Zingarod’Aubervilliers. Un duo intime, pudique,subtilement acrobatique, portĂ© par le dispositifsonore imaginĂ© par Manuel Poletti et l’Ircam.Aubervilliers, thĂ©Ăątre Zingaro, du 16 dĂ©cembreau 3 janvier, dans le cadre du Festival d’automne.TĂ©l. : 01 53 45 17 17. Philippe ChevilleyAgenda sous rĂ©serve d’une prolongation du confinement.

ANTOINEDESAINTPHALLE

FRANCKFOKERMAN64CRUEDEMONTREUIL78000VERSAILLES0685138450

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THE

Le plaisir de conduire

Consommations en cycle mixte de la Nouvelle BMW SĂ©rie 2 Gran CoupĂ© selon motorisations : 4,6 Ă  7,5 l/100 km.Émissions de CO2 : 120 Ă  172 g/km en cycle mixte selon la norme WLTP.BMW France, S.A. au capital de 2 805 000 € - 722 000 965 RCS Versailles - 5 rue des HĂ©rons, 78180 Montigny-le-Bretonneux.

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16 – LES ECHOS WEEK-END

ESPRIT WEEK-END

L’AGENDA DES EXPOSITIONS

GIORGIO MORANDI À GRENOBLEBeautĂ© immobileLe MusĂ©e de Grenoble expose un ensembled’eaux-fortes et d’aquarelles de GiorgioMorandi, l’un des grands peintres de l’Italiedu XXe siĂšcle, maĂźtre de la nature morte,connu pour son quotidien monacal,confinĂ© qu’il fut tout au long de sa viedans son atelier de Bologne. Un hymneĂ  l’immobilitĂ© et Ă  ses vertus. DĂšsle dĂ©confinement et jusqu’au 14 mars,www.museedegrenoble.fr

PHOTO DAYS À PARISLa photo reprend la poseL’édition mort-nĂ©e du mois de la photose rattrape dĂšs ce week-end grĂące auparcours de Photo Days : expos,signatures, confĂ©rences dans plus de40 galeries et institutions parisiennes.À voir dĂšs dimanche, chez Jean-KentaGauthier, dans le VIe arrondissement,les photos de RaphaĂ«l Dallaporta qui

a capturĂ© chaque jour durant une annĂ©e l’imagedu soleil au sol, rĂ©vĂ©lant au bout sa courbeen huit. Et dĂšs le dĂ©confinement, le retourde la splendide expo «Man Ray et la mode»au musĂ©e du Luxembourg. Jusqu’au 6 fĂ©vrier.www.photodays.paris

BRIGA, UNE VILLE OUBLIÉE À ROUENQuand la Normandie Ă©tait romaineEnfouis sous la forĂȘt pendant plus d’unmillĂ©naire, les vestiges de la ville antiquede Briga, non loin d’Eu, rĂ©vĂšlent leurssecrets, au fil des fouilles. En tĂ©moigne«Briga, renaissance d’une ville oubliĂ©eȈ partir du 26 dĂ©cembre au musĂ©e desAntiquitĂ©s de Rouen. La dĂ©couverterĂ©cente, Ă  partir de 2006, d’une vĂ©ritableagglomĂ©ration sur 65 hectares, est iciexposĂ©e pour la premiĂšre fois.Jusqu’au 8 mars.museedesantiquites.fr

Le peintre GiorgioMorandi, dans sonatelier Ă  Bologne(Italie), en 1953.

Sans titre,sculpture en bois

de Mihai Olos (1988),Ă  voir au Mucem.

FOLKLORE À MARSEILLEL’envers du clichĂ©Le folklore est-il rĂ©trograde? Bien au contraire,comme le montre cette nouvelle exposition duMucem. Une sĂ©lection de 360Ɠuvres et objetsqui invite Ă  rĂ©flĂ©chir sur le lien entre avant-gardeet folklore. Le propos s’appuie notamment surde grands noms tels Kandinsky, Brancusi, SophieTaeuber-Arp, tous inspirĂ©s Ă  unmomentde leur vie par ce «savoir du peuple».DĂšs le dĂ©confinement et jusqu’au 22 fĂ©vrier.www.mucem.org

NOËL AU LOUVRELe musĂ©e tous ensembleLe Louvre revient en force avec un beauprogramme de visites et d’activitĂ©s pourles enfants pendant les vacances. En accĂšs libre(visite guidĂ©e de 20 minutes sur une dizainede thĂ©matiques, rĂ©cit d’un conte, dĂ©couverteavec un plasticien des secrets de fabricationde Rubens) ou bien sur rĂ©servation. Ainsi,chaque jour Ă  15h00, est proposĂ©e une visitedes galeries sur le thĂšme des animaux, de la viequotidienne ou des hĂ©ros. Sans oublier l’expoincontournable du moment, pour toutela famille Ă©galement : «Le Corps et l’Âme,de Donatello Ă  Michel-Ange, sculpture italiennede la Renaissance».www.louvre.frAlice d’OrgevalAgenda sous rĂ©serve d’une prolongation du confinement. H

ERBERTLIST/MAGNUMPHOTOS

NICUILFO

VEANU/COURTESYOLO

SESTATEANDPLANBCLU

J,BERLIN

ÉTIENNEMANTE/DRAC-NORMANDIE

Statuette de Mercure, débutdu Ier siÚcle avant notre Úre,découverte sur le site de Briga.

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18 – LES ECHOS WEEK-END

ESPRIT WEEK-END

L'AGENDA POLARS D'AILLEURS

« LIRE LES MORTS », DE JACOB ROSSCƓurs caraĂŻbesL’action se dĂ©roule Ă  Camaho, caillou fictifde l’archipel caribĂ©en, mais il n’est pas difficilede reconnaĂźtre en filigrane la Grenade oĂč estnĂ© l’auteur, dĂ©sormais installĂ© en Angleterre.HantĂ© par le meurtre de sa mĂšre lors d’émeutesqui ont secouĂ© l’üle plusieurs annĂ©es auparavant,Michael Digson accepte l’offre d’emploi ducommissaire de San Andrews contre la garantiede pouvoir enquĂȘter sur son affaire personnelle.Il poursuit en parallĂšle une investigationĂ  haut risque sur de multiples disparitions dansla rĂ©gion. Premier roman du poĂšte traduit enfrançais, ce tome inaugural d’un quartet envoĂ»tepar son atmosphĂšre lancinante et passionnepar la rĂ©alitĂ© qu’il dĂ©crit, notamment l’influencedes sectes et les tensions raciales.Traduit de l’anglais (Grenade)par Fabrice Pointeau, Sonatine, 360 p., 21 €.

« LA PROIE », DE DEON MEYERLe crime du Rovos ExpressOn connaissait le crime de l’Orient-Expressd’Agatha Christie, on va dĂ©sormais compteravec le meurtre du Rovos de Deon Meyer.Pour sa septiĂšme aventure, le duo de chocBenny Griessel-Vaughn Cupido enquĂȘte sur uncrime perpĂ©trĂ© dans le train « le plus luxueuxdu monde» qui relie Pretoria au Cap, en Afrique

du Sud, pour le bonheur des touristes fortunĂ©s.Le corps d’un ancien membre des servicesde police, reconverti en garde du corps de luxe,a Ă©tĂ© balancĂ© par la fenĂȘtre d’un wagon.MalgrĂ© les pressions en haut lieu, les Hawksne lĂącheront pas cette sale affaire qui impliquedes tueurs russes, les services secretssud-africains, l’ex-prĂ©sident milliardaireet ses protĂ©gĂ©s indiens.Traduit de l’afrikaans par Georges Lory,Gallimard, 568 p., 18 €.

« LE PLONGEUR », DE MINOS EFSTATHIADISLe PĂ©loponnĂšse en eaux troublesLe hĂ©ros, dĂ©tective privĂ© Ă©migrĂ© Ă  Hambourg,se fait tantĂŽt appeler Chris Papas, tantĂŽtChristos Papadimitrakopolos en fonction deses interlocuteurs, des oreilles qui l’écoutentet des bouches qu’il veut dĂ©lier. Pas faciled’assumer ses origines quand on a un pĂšregrec et une mĂšre allemande, surtout dansun PĂ©loponnĂšse traumatisĂ© Ă  la fois parles horreurs de la Seconde Guerre mondialeet la cure d’austĂ©ritĂ© actuelle imposĂ©e par uneUnion europĂ©enne insensible aux difficultĂ©sde ses États-membres. L’enquĂȘte de Christosest Ă  la fois une quĂȘte identitaire et une plongĂ©edans le douloureux passĂ© d’un pays trĂšs loinde la carte postale estivale.Traduit du grec par Lucile Arnoux-Farnoux,Actes Sud, 208 p., 21 €.

Des tropiquesau cerclepolaire,cinq sombresaffaires fortdépaysantes.

Le Norvégien Heine Bakkeid.

« L’AMANT DE JANIS JOPLIN »,D’ELMER MENDOZAL’argot des narcosDans le Triangle d’or de la marijuana, le Sinaloa,David, jeune homme trop naĂŻf, est capablede tuer un liĂšvre d’un lancer de pierre mais pasde repĂ©rer les filles interdites, chasse gardĂ©e destrafiquants. Une bagarre qui tournemal lors d’unbal de village le force Ă  s’exiler Ă  Los Angeles,oĂč il est dĂ©niaisĂ© par une «Janis Joplin» dontil tombe Ă©perdument amoureux. DĂšs lors, toutesa vie sera consacrĂ©e Ă  retrouver la rockeuseplutĂŽt qu’à se mĂ©fier des redoutables baronsde la drogue. Une tragicomĂ©die rocambolesquecolorĂ©e par l’argot des narcotrafiquants.Traduit de l’espagnol (Mexique)par François Gaudry, MĂ©tailiĂ©, 240 p., 19,80 €.

« TU ME MANQUERAS DEMAIN »,DE HEINE BAKKEIDPsychose polairePremier roman traduit en français d’uncompatriote quadragĂ©naire de Jo NesbĂž, cepremier tome de la trilogie «Thorkild Aske»met en scĂšne un ex-flic Ă  la dĂ©rive, pointantau chĂŽmage Ă  sa sortie de prison. Accroaux mĂ©docs, constipĂ© chronique, rongĂ©par la culpabilitĂ© d’avoir Ă©crasĂ© une femme,le malheureux se voit confier par son psyune affaire susceptible de le remettre en selle :retrouver, dans une Ăźle de l’extrĂȘme nord dela NorvĂšge, au-delĂ  du cercle polaire, un fils Ă papa apparemment disparu en mer. Un thrillertorturĂ©, dĂ©paysant Ă  souhait, aux Ă©tonnantesdigressions fantastiques.Traduit du norvĂ©gien par CĂ©line Romand-Monnier,Les ArĂšnes, 464 p., 20,90 €. Isabelle Lesniak

GETTYIMAGES/ISTOCK

HARRIETMOLSEN

DR

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20 – LES ECHOS WEEK-END

ESPRIT WEEK-END

AGENDA COFFRETS MUSIQUE CLASSIQUE

SAMSON FRANÇOIS COMPLETE RECORDINGSLe chic souverainDisparu Ă  46 ans, usĂ© par une vie de bohĂšme,Samson François (1924-70) Ă©tait l’archĂ©typede l’artiste romantique: imprĂ©visible, tourmentĂ©,l’esprit vagabond, mais la mise impeccable.Sa fausse dĂ©sinvolture le porte naturellementvers des formes courtes que Chopin, Debussyet Ravel ont marquĂ©es de leur empreinte.Samson François s’y glisse avec une dextĂ©ritĂ©gourmande et un chic souverain.Aux enregistrements de studio, ce coffretajoute deux rĂ©citals et un documentaire rĂ©alisĂ©par son fils. Le piano en libertĂ©. Erato (54 CD+1 DVD)

MICHAEL TILSON THOMAS CONDUCTS IVESAmĂ©rique insoliteCharles Ives (1874-1954) Ă©tonne par la singularitĂ©de sa musique, mĂ©lange de romantismeet de modernitĂ© tumultueuse oĂč se superposentdes mĂ©lodies empruntĂ©es Ă  la mĂ©moirecollective et des rythmes complexes.Sa Symphonie n° 4 emporte dans un rĂ©jouissantdĂ©luge sonore alors que The UnansweredQuestion fascine par son climat Ă©nigmatique.

Michael Tilson Thomas est le meilleur guidepour ce fascinant voyage vers une Amériqueinsolite. Sony Classical (4 CD)

WILHELM KEMPFF EDITIONL’Allemand lumineuxAllemand, Wilhelm Kempff (1895-1991) l’étaitpar le rĂ©pertoire qu’il dĂ©fendait le plus souvent,

Le pianiste Samson François,photographié en juillet 1961.

de Bach Ă  Brahms en passant par Beethoven,Schubert et Schumann. Mais il ne figeait passon clavier dans un sĂ©rieux, un poids Ă  laquellecĂ©daient certains de ses compatriotes. Sonpiano Ă©tait au contraire lumiĂšre, couleur,souplesse. Les doigts sur les touches et la tĂȘtedans les Ă©toiles, Wilhelm Kempff reste un destrĂšs grands poĂštes du piano du XXe siĂšcle.Deutsche Grammophon (80 CD)

ZEFIRO, THE MOZART COLLECTIONBons vents d’hiverDe la rue oĂč elle ordonnait le pas des militaireslamusique pour vents a pris du galon en s’invitantchez les aristocrates. Aussi est-ce pour desensembles de hautbois, clarinettes, bassons etcors queMozart composa quelques chefs-d’ƓuvreĂ  redĂ©couvrir. Si les mouvements rapidessourient, les Ă©pisodes lents distillent mĂ©lancolieet de tendresse. L’ensemble Zefiro, qui joue surinstruments anciens, fait souffler sur ces pagesun air frais, dĂ©licat et parfumĂ©. Arcana (6 CD).

BEETHOVEN, THE COMPLETE SONATAS FORVIOLIN/VIOLONCELLO & PIANOÉlĂ©vation d’ñmeIsabelle Faust et Jean-Guihen Queyrasse rĂ©unissent autour du piano d’AlexanderMelnikov dans les dix sonates pour violonet les cinq pour violoncelle. Ardent, mais aussimalicieux et contemplatif, leur BeethovenĂ  hauteur d’homme ne manque pourtantpas d’élĂ©vation d’ñme. Et la prise de son,exemplaire de naturel, facilite les Ă©changes.Harmonia Mundi (6 CD).Philippe Venturini

LES 18 ET

21 DÉCEMBRE

CLAUDEPOIRIER/ROGER-VIOLLET

DR

RADIO

CLASSIQUE

RADIO CLASSIQUE FÊTE NOËLDanse hongroise ou Ave Maria?Danse du sabre ou Il Ă©tait unefois dans l’Ouest? Pour NoĂ«l, Radio Classique offre l’ensembledans ses deux concerts, l’un Ă  la Philharmonie de Paris, l’autreĂ  l’Auditorium de Bordeaux. Le premier mobilise l’Orchestresymphonique de la Garde rĂ©publicaine, le chƓur de l’ArmĂ©efrançaise et la MaĂźtrise des Hauts-de-Seine conduits parFrançois Boulanger avec Emmanuel Ceysson, harpe soloduMetropoltan Opera de New York. Le second rĂ©unitl’Orchestre national Bordeaux Aquitaine, son chef PaulDaniel, le violoniste Matthieu Arama et la jeune et la soprano Cyrielle Ndjiki Nya. Elgar,Offenbach, Chabrier, Gershwin, Falla partageront la scĂšne avec des traditionnels decirconstance. Retransmis en direct le 18 dĂ©cembre Ă  18h30 (Paris) et le 21 dĂ©cembre Ă  19h00(Bordeaux). Ces concerts seront ensuite disponibles en streaming sur radioclassique.fr

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Un hommage aux tout premiers aviateurs et explorateursqui ont partagé leur histoire avec Longines.

PERPÉTUER L’ESPRIT PIONNIER.

En 1935,Howard Hughes fut l’avia-teur le plus rapide du monde enĂ©tablissant son record de vitesse Ă 566 km/h. Cependant, ce qui rendl’histoire de Hughes si particuliĂšre-ment impressionnante est qu’ilavait conçu lui-mĂȘme l’avion qu’ilpilotait. Hughes n’était pas un piloteordinaire qui battait des records—il Ă©tait Ă©galement ingĂ©nieur aĂ©ro-nautique, homme d’affaires etproducteur de films hollywoodiensĂ  succĂšs. Son esprit combatif etson courage face au danger le pous-sĂšrent Ă  aller au-delĂ  de ses limites.À peine quelques annĂ©es plustard, Hughes fit le tour du monde.

Son pĂ©riple lui prit seulement3 jours, 19 heures et 14 minutes
Et bien sĂ»r, il fut l’homme le plusrapide Ă  accomplir cet exploit.Hughes se fia toujours Ă  sonchronomĂštre de navigation cĂ©lesteLongines pour dĂ©terminer laposition exacte de son appareilen pleine nuit, dans l’obscuritĂ©totale et au-dessus des nombreuxet vastes ocĂ©ans qu’il survola.C’est Ă  sa façon d’aborder lachute que se distingue un espritpionnier. Essayer, Ă©chouer, sebattre et triompher avec Ă©lĂ©gance.C’est ce dont on se souvientlorsque tout le reste a Ă©tĂ© oubliĂ©.

La collection Longines Spirita Ă©tĂ© conçue dans cet esprit.Un mĂ©lange d’élĂ©gance, de traditionet de savoir-faire rassemblantles mĂȘmes caractĂ©ristiques quecelles mises au point pour assisterles tout premiers aviateurs :une prĂ©cision Ă  toute Ă©preuve,une couronne caractĂ©ristiquedes montres pilotes, des chiffrestrĂšs lisibles et des aiguillesluminescentes.Un puissant hommage Ă  l’espritpionnier qui se perpĂ©tue.

Howard Hughesest considĂ©rĂ© commel’un des pionniers del’aviation civile pouravoir rĂ©alisĂ© le tourdu monde en un tempsrecord. Pour s’orienter,il fit confiance auxchronomĂštres denavigation et auxchronographes dĂ©ve-loppĂ©s par Longines.

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22 – LES ECHOS WEEK-END

ESPRIT WEEK-END

Comment occupez-vous vos dimanchesdĂ©confinĂ©s?On n’a pas encore le droit de tout faire partouten Angleterre mais, depuis deux semaines,les rĂšgles sont assouplies. On peut sortir, voirdumonde, faire ses courses de NoĂ«l. C’estmerveilleux, cette pĂ©riode, l’odeur du paind’épices, les vitrines illuminĂ©es, etc. Bien sĂ»r, uneoption serait d’acheter sur Internet par prudencesanitaire, mais ce serait dommage de se priverd’une expĂ©rience pas seulement fonctionnellemais tellement Ă©motionnelle.

Vous ĂȘtes dans l’esprit de NoĂ«l?Il faut absolument trouver unmoyen de lerecrĂ©er
Mais je garde Ă  l’esprit que, lorsqu’ona une grande famille comme la mienne, il faudrafaire des choix compliquĂ©s aux rĂ©veillons.Comme Becky, mon accro du shopping, nousavons un groupeWhatsApp avec mes sƓursqui nous sert Ă  organiser les fĂȘtes!

Votre endroit prĂ©fĂ©rĂ© un dimanche normal?Mon lit ! Je peux y boire 20 tasses de thĂ© avantdem’en extirper. Les plus jeunes de mes cinq

enfants m’y rejoignent pour lĂ©zarder, regarderdes Ă©pisodes de sĂ©ries en retard, j’y lis lesjournaux. Ensuite, promenade dominicaleavant le dĂ©jeuner. J’ai Ă©tĂ© Ă©levĂ©e dans le cultede cette marche rituelle et, comme on est dansle Dorset, le choix de promenades est vaste


Un film du dimanche?C’est souvent les enfants qui choisissent maisil n’est pas Ă©vident de contenter tout le mondealors qu’il y a quinze ans d’écart entre eux. Devieux spectacles familiaux comme Chitty ChittyBang Bang, qui raconte enmusique les aventuresfarfelues d’un savant, de ses deux enfants etd’une conductrice Ă  bord d’une voiture volante,ou unMarvel avec des superhĂ©ros. Dans unautre genre, nous avons vu ou revu rĂ©cemmentThe Grand Budapest Hotel deWes Anderson, LaLa Land de Damien Chazelle et Emma, basĂ©e surle livre de Jane Austen. Je ne pose qu’une seulecondition: rien de dĂ©primant. La vie l’est dĂ©jĂ assez pour qu’on n’en rajoute pas le dimanche!

Pareil en littĂ©rature?J’ai voulu Ă©crire un jour un polar, mais monĂ©diteur m’a renvoyĂ© le manuscrit enme disantqu’on n’y croyait pas, les personnages n’étaientpas assez torturĂ©s! Comme lectrice, j’aimebeaucoup les thrillers s’ils ne sont pas tropsombres. Ma lecture dominicale idĂ©ale reste unAgata Christie ou un PGWodehouse, j’ai d’autantplus de plaisir Ă  les relire que je ne retiens jamaisqui est coupable. Dans un registre pluscontemporain, j’aime bien les intrigues d’espionsrusses de Tom Bradby, comme Secret Service, etcertaines histoires d’amour comme 28 Summersd’Elin Hilderbrand. Elle dĂ©crit si bien leNantucket que je me suis mis en tĂȘte d’y aller


Vos dimanches sont-ils sportifs?Depuis toute petite, je joue au tennis, mes cinqenfants aussi. J’ai longtemps vĂ©cu Ă Wimbledon,aprĂšs l’école, j’allais faire la queue dans l’espoirque des spectateurs y revendent leur billet.Adulte, j’ai eu la chance d’y voir Roger Federer.MĂȘme si vous ĂȘtes fan et que vous l’avez vu jouerĂ  la tĂ©lĂ© des dizaines de fois, rien ne peut vousprĂ©parer Ă  tant d’élĂ©gance sur un court.

Avec qui passeriez-vous votre dimanche?Lizzy Bennett, l’hĂ©roĂŻne d’Orgueil et PrĂ©jugĂ©sde Jane Austen. On comploterait Ă  proposdeM. Darcy!Propos recueillis par Isabelle Lesniak

«L’Accro du shopping fĂȘte NoĂ«l », traduitde l’anglais par DaphnĂ© Bernard. Belfond,448 pages, 20 euros.

Pour sa neuviĂšme aventure, son «Accro du shopping» accepte lamission d’organiser le rĂ©veillon familial. Comme elle, l’auteureanglaise consacre son dimanche dĂ©confinĂ© aux courses de NoĂ«l.

SOPHIE KINSELLA

LE DIMANCHE IDÉAL DE


MARIANNEROSENSTIEHL/OPALEVIALEEMAGE

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PERPÉTUER L’ESPRIT PIONNIER.

THE PIONEERSPIRIT LIVES ON.

Pourquoi cette montre ? Elle est Ă©quipĂ©e d’un balancier-spiral en silicium, offrant une rĂ©sistanceaccrue aux champs magnĂ©tiques et aux chocs du quotidien. Sa prĂ©cision et sa fiabilitĂ© en font unchronomĂštre certifiĂ© COSC. À quel point faisons-nous confiance aux nouveaux modĂšles de notre

collection Longines Spirit ? Nous les livrons avec une garantie complĂšte de cinq ans.

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Nous lançons la 5G, forts de la qualité de notre 4G.Reconnu réseau mobile N°1 en zones rurales en 2018 et 2019 toutes technologies

confondues, nous sommes aujourd’hui fiers de lancer notre 5G!

Nos 2000 experts réseau travaillent au déploiement (1) de la 5G Bouygues Telecom

et à la densification de notre réseau 4G pour couvrir en trÚs haut débit mobile

l’ensemble du territoire, tout en prĂ©parant solidement l’avenir.

99%

N°1en zones rurales

2018-2019en 2G, 3G et 4G(2)

de la populationcouverte en

bouyguestelecom.fr

(1) Ouverture du réseau 5G prévue courant décembre 2020. Déploiement progressif en zones urbaines. Téléphones compatibles 5G et cartesde couverture sur bouyguestelecom.fr

(2) EnquĂȘtes ARCEP sur la QualitĂ© des RĂ©seauxmobiles en 2018 et 2019 – N° 1 dans les communes demoins de 10 000 habitants.

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LES ECHOS WEEK-END – 25

BUSINESS STORY11 DÉCEMBRE 2020

COMMENTSAFRAN RÉSISTEAU MAL DE L'AIRPar Emmanuel GraslandPhotographe: Manuel Braun

Dans l’usine Safrande Villaroche(Seine-et-Marne),oĂč sont fabriquĂ©sles moteurs Leap.

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26 – LES ECHOS WEEK-END

BUSINESS STORY

omer est uninspecteur pointilleux. Il tourne autour dumoteur et prend des photos afin de comparer250 points Ă  la maquette numĂ©rique. Un travailrĂ©pĂ©titif. Les techniciens du centre de livraisonclient de l’usine Safran de Villaroche, enSeine-et-Marne, ont baptisĂ© ainsi ce «cobot»(nĂ©ologisme dĂ©signant les robots conçus pourcoopĂ©rer avec les humains) en rĂ©fĂ©rence Ă Homer Simpson. Dans la sĂ©rie d’animation, c’estlui qui appuie sur le bouton de dĂ©marrage de lacentrale nuclĂ©aire de Springfield. Un choixemblĂ©matique de la moyenne d’ñge des salariĂ©sdu site de Safran.DotĂ© d’une camĂ©ra 3D et d’un bras de

«cobot», Homer a nĂ©cessitĂ© dix-huit mois dedĂ©veloppement. Mais il est loin d’ĂȘtre unespĂ©cificitĂ© dans l’usine de fabrication desmoteurs Leap, conçus par Safran et l’amĂ©ricainGeneral Electric (GE), des petits bijoux quicoĂ»tent autour de 14 millions de dollars l’unité Utilisation de la rĂ©alitĂ© augmentĂ©e pour lemontage, bras zĂ©ro gravitĂ© pour manipuler despiĂšces lourdes, manutention aĂ©rienne desmoteurs gĂ©rĂ©e par Ă©cran tactile
 Les troislignes d’assemblage des moteurs Leap, quiĂ©quipent les Airbus A320 Neo et les Boeing 737Max, font la part belle Ă  l’industrie du futur. LesnĂ©ophytes en visite sont surpris par le faibleniveau de bruit de l’usine. La crise a rendul’endroit encore plus silencieux : 25% deseffectifs sont en activitĂ© partielle et une des troislignes d’assemblage est Ă  l’arrĂȘt.Le 1er janvier prochain, Philippe Petitcolin

cĂ©dera les manettes du groupe Ă  Olivier Andries,aprĂšs avoir pilotĂ© Safran, fleuron français del’aĂ©ronautique, au travers d’une crise aussiviolente qu’inattendue. «Jusqu’au 15 mars, nousn’avons pas senti la crise. Les activitĂ©s de servicesavaient un peu baissĂ© en Chine. Mais tout le mondepensait que cela allait passer trĂšs vite», racontePhilippe Petitcolin, le directeur gĂ©nĂ©ral.Le 28 fĂ©vrier, lors de la prĂ©sentation des

résultats annuels, Safran prévoit encore unehausse de sa rentabilité en 2020, 45000

Le groupe aĂ©ronautique, aprĂšs des annĂ©es de forte croissance,a rĂ©ussi Ă  encaisser le choc de la pandĂ©mie en taillant trĂšs vitedans ses coĂ»ts. En janvier, Philippe Petitcolin passe toutefoisle manche du groupe Ă  Olivier Andries, avec de sĂ©rieux dĂ©fisĂ  relever: Ă©volution du modĂšle d’affaires, gestion de fournisseursfragilisĂ©s et nĂ©cessaire rĂ©duction des Ă©missions de CO2 des moteurs.Une revue de dĂ©tail avec le patron sortant et son successeur.

MANUELBRAUNPOURLESECHOSWEEK-END

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LES ECHOS WEEK-END – 27

SAFRAN

recrutements d’ici Ă  2024 et un dividende de1 milliard d’euros. Tout bascule deux semainesplus tard. L’industriel enregistre des baissesd’activitĂ© Ă  deux chiffres. « Rapidement, on s’estrendu compte que c’était parti pour durer », ditPhilippe Petitcolin. « Le 10 avril, j’ai instaurĂ©deux comitĂ©s de direction par semaine, alors quenormalement j’en fais un par mois. » Le dirigeantadopte un pilotage trĂšs fin. « Je demandaisle plan d’action pour les trois prochains jours.J’avais deux thĂšmes de questions : l’aspectsanitaire et le business. »Au siĂšge, une petite dizaine de personnes

continue de venir. Chacun apporte de quoimanger le midi. Au fil des jours et de la fatiguequi s’accumule, la tenue se fait plus dĂ©contractĂ©e,les hommes sont moins bien rasĂ©s. La cellulede crise se rĂ©unit deux fois par jour. L’objectif estde rĂ©duire trĂšs rapidement le point mort dugroupe, en taillant dans les coĂ»ts partout oĂč

1905 Fondation de laSociĂ©tĂ© des moteursGnome, Ă  Gennevilliers,par les frĂšres Seguin.1945 La SociĂ©tĂ© desMoteurs Gnome &RhĂŽne est nationalisĂ©eet devient Snecma(SociĂ©tĂ© nationaled’étude et deconstruction demoteurs d’aviation).

À gauche: PhilippePetitcolin,directeur gĂ©nĂ©ralde Safran jusqu’àla fin du mois.

Ci-dessus: montagedu moteur Leap,conçu avec GeneralElectric, un bijouqui coûte dans les14 millions dedollars.

1969 Premier vol duConcorde (photo) ,dont le moteur estdéveloppé par Snecmaet Rolls-Royce.1974 Accord decoopération avecGeneral Electric pour laréalisation du CFM56.1982 Premiervol commercialdu moteur CFM56.

2000 Turbomecaet Labinal rejoignentle groupe Snecma.2005 Fusion entreSnecma et Sagem.2011 Entréede Safran au CAC 40.2016 Lancementde la productiondes moteurs Leap.2018 Rachatde Zodiac.

UNE HISTOIREPLUS QUECENTENAIRE

KEYSTONE-FRANCE/GAMMA-RAPHO

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28 – LES ECHOS WEEK-END

BUSINESS STORY

c’est possible. «Nous avons supprimĂ© les Ă©tapesd’approbation. Dans ces moments-lĂ , il faut allervite. On essaye de prendre la meilleure dĂ©cisionpossible, mais on n’est jamais totalement sĂ»rde soi parce qu’on n’a pas le temps de rĂ©flĂ©chir.Le soir, on repart en se demandant si cela serasuffisant ou pas», confie Philippe Petitcolin.Sur le premier semestre, Safran rĂ©duit

ses achats de matiĂšres premiĂšres de 30%,ses dĂ©penses de sous-traitance de 40%,ses investissements de 74%, et ses budgets deR&D de 31%. L’industriel ferme quatre usines etsupprime 15000 postes Ă  l’étranger, en comptantles intĂ©rimaires. Le dividende de 1 milliard estannulĂ© finmars. «Le management a su fairepreuve d’une rĂ©activitĂ© remarquable pour mettrel’entreprise hors de danger», estime RobertPeugeot, administrateur du groupe etreprĂ©sentant de la FFP au sein du conseil.

JUSQU’À 40%D’INACTIVITÉ« On a battu la mesure pour que les chosesavancent rapidement. En France, on a dit trĂšs viteaux partenaires sociaux : “AprĂšs le chĂŽmagepartiel, soit on trouve un accord, soit on vaprocĂ©der Ă  des licenciements” », raconte PhilippePetitcolin. Safran emploie plus de 45000salariĂ©s en France. C’est le cƓur du rĂ©acteuravec 66 usines et 14 sites de maintenance.On Ă©voque le chiffre de 12000 emplois endanger. Des nĂ©gociations s’engagent trĂšs vite :dĂ©but juillet, Safran est la premiĂšre entreprisefrançaise Ă  recourir au dispositif de chĂŽmagepartiel de longue durĂ©e.Le groupe signe cet accord, baptisĂ©

«Accord de transformation d’activitĂ© »,avec la CFE-CGC, la CFDT, FO et mĂȘme la CGT.Safran s’engage Ă  ne pas licencier en Francependant dix-huit mois, Ă  modĂ©rer les salairesdes cadres dirigeants, Ă  limiter les dividendeset Ă  augmenter de 1% la masse salarialeen 2021, en privilĂ©giant les moins de 30 anset les bas salaires.En Ă©change, les syndicats acceptent

l’annulation des nĂ©gociations salariales 2021, unplafonnement de l’intĂ©ressement et un gel desdispositifs d’épargne salariale et de cotisationsde retraite employeurs. Surtout, les salariĂ©speuvent avoir jusqu’à 40% de temps d’inactivitĂ©sur six mois glissants. L’État finance les salairesĂ  hauteur de 84% du salaire net perdu, ce qui

permet de prĂ©server de 92 Ă  96% du revenu netselon les syndicats, pour les rĂ©munĂ©rationsinfĂ©rieures ou Ă©gales Ă  4,5 Smic. L’accord inclutenfin des mesures d’incitation aux dĂ©partsen retraite avec un objectif de 3000 dĂ©partset le recrutement de 350 Ă  450 apprentiset de 300 jeunes diplĂŽmĂ©s par an.Cette rĂ©duction drastique des coĂ»ts va

permettre au groupe de dĂ©gager une margeopĂ©rationnelle de 10% en 2020, malgrĂ© unchiffre d’affaires attendu en recul de 35%, Ă 

16 milliards d’euros. « Safran aura un cash-flowpositif au second semestre. Le groupe a dĂ©montrĂ©sa rĂ©silience grĂące Ă  son mix produits, sonexposition au secteur de la dĂ©fense et Ă  unportefeuille clients diversifiĂ© », expose GuillaumeHue, directeur associĂ© au cabinet Archery. Encomparaison, le concurrent Rolls-Royce espĂšreun retour Ă  une situation de trĂ©sorerie positive
au second semestre 2021.Les effectifs de Safran sont dĂ©sormais de

81000 salariĂ©s contre 95400 fin 2019. Cette criseporte un coup d’arrĂȘt Ă  un cycle de croissanceextraordinaire, le dernier effondrement dumarchĂ© datant de 1992-94. « Beaucoup desalariĂ©s ont moins de cinq ans d’anciennetĂ©. Ilsn’avaient connu que des belles annĂ©es. La notionde bas de cycle n’avait pas vraiment de rĂ©alitĂ©pour eux », remarque Anne-Claude Vitali,dĂ©lĂ©guĂ©e centrale syndicale CFDT chez Safran.« Chez Safran, il y a eu un degrĂ© de stupĂ©factionplus fort que chez Airbus, qui avait dĂ©jĂ  pris desplombs avec l’A400M », rapporte un fournisseur.Qui plus est, le groupe, dĂ©tenu Ă  11,2% par

l’État et dont 43% des salariĂ©s sont actionnaires,a connu un parcours boursier exceptionneldepuis quinze ans. Son cours a bondi de 430%

Avec 33600exemplaires, le CFM56a Ă©tĂ© la gamme demoteur la plus venduede l’histoire del’aĂ©ronautique. Conçupar GE et Snecma auxtermes d’une alliancescellĂ©e en 1974, il a

pourtant longtemps Ă©tĂ©sur la sellette, fauted’acheteur. «J’entendsles vautours volerautour du bĂątiment»,disait alors RenĂ©Ravaud, le patron de laSnecma (RenĂ© Ravaux,une vie pour l’industrie,

de Félix Torres). Maisen mars 1979, le dernierespoir, United Airlines,se concrétise. Lacompagnie remotoriseune trentaine de DC8avec le CFM56, suiviepar Delta. Le premiervol commercial est

rĂ©alisĂ© par Delta enavril 1982. Et sonsuccĂšs grandissant,avec l’A320 et le Boeing737, fera des deuxchallengers des annĂ©es1970 des motoristesleaders qui dĂ©trĂŽnerontPratt & Whitney.

LE CFM56, L’ADN DU SUCCÈSMANUELBRAUNPOURLESECHOSWEEK-END

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LES ECHOS WEEK-END – 29

SAFRAN

entre le 11 mai 2005, jour de la fusion entreSagem, spĂ©cialiste des tĂ©lĂ©communications etdes matĂ©riels de dĂ©fense, et Snecma, le championfrançais des moteurs qui a codĂ©veloppĂ© lapropulsion du Concorde, et le 25mars 2020.«Dans les annĂ©es 2008-09, le marchĂ© necomprenait pas l’entreprise. Les investisseursn’avaient pas confiance, Ă  cause de la confusioncrĂ©Ă©e par la fusion avec Sagem. Mais cela a changĂ©quand ils ont saisi le potentiel de visites d’ateliersque nous avions devant nous, du fait de la jeunessede notre flotte de moteurs et qu’ils ont prisconscience de nos positions, notamment dansles trains d’atterrissage et les freins carbone»,explique Ross McInness, le prĂ©sidentdu conseil d’administration, Ă  l’époque directeurfinancier de Safran.À l’origine, la rĂ©ussite de ce joyau industriel

s’est bĂątie sur les profits tirĂ©s de la vente et lamaintenance des CFM56, la gamme de moteursla plus vendue de l’histoire de l’aĂ©ronautique.GE rĂ©alise la partie haute pression des moteurset Safran la partie basse pression. Leur joint-venture Ă  50-50, CFM International, est l’undes rares exemples de partenariats industrielsfranco-amĂ©ricains qui aient rĂ©ussi dans

la durĂ©e, mĂȘme s’il y a souvent eu chez Safran« la crainte de ne plus savoir construireun moteur civil tout seul et chez GE le soupçonque les Français sont de “super ingĂ©nieurs”mais qu’ils peuvent se tromper sur l’aspectbusiness », note un fournisseur. Le succĂšs del’alliance s’est amplifiĂ© avec le Leap.Lorsqu’elle est lancĂ©e en 2008, cette nouvelle

gĂ©nĂ©ration de moteurs n’a pas d’applicationavion. Son modĂšle d’affaires est fondĂ© sur sept Ă huit ans de production. Ce sera beaucoup plus.SĂ©duit par sa plus faible consommation de

carburant, le chinois Comac choisit le moteurpour son C919 en 2009. Airbus hésite, lui, àremotoriser son avion moyen courrier A320, unnouvel avion étant censé arriver vers 2025, mais

À gauche: OlivierAndries, qui prendrales manettes dugroupe le 1er janvierprochain.

Ci-dessus:la manutentionaérienne desmoteurs est géréepar écran tactile.

finit par sauter le pas en 2010. Le Leap devientune option de l’A320 Neo avec le moteur dePratt &Whitney. Et les choses s’enchaĂźnent.Face au succĂšs de l’A320 Neo, Boeing lance uneversion remotorisĂ©e du 737 l’annĂ©e suivante,exclusivement Ă©quipĂ©e en Leap. « Quandon a prĂ©sentĂ© le Leap, on nous a dit que c’étaitun produit de fin de vie des A320 et des 737et que cela allait durer cinq ou six ans, maisles commandes sont arrivĂ©es par millierset aujourd’hui on ne parle pas de nouvel avionavant 2035 », relate Philippe Petitcolin.

LE DÉFI DEVIENT INDUSTRIELAprĂšs ces succĂšs commerciaux, le dĂ©fi devientindustriel. Il faut rĂ©aliser une montĂ©e encadence jamais vue. « Pour rĂ©ussir, nous avonsdĂ©cidĂ© d’avoir recours Ă  une double source, auminimum, pour chaque piĂšce du moteur. La miseau point des gammes de production a ensuite Ă©tĂ©trĂšs stricte pour ĂȘtre sĂ»r de produire efficacementdes piĂšces conformes. Nous avons aussi Ă©tĂ© trĂšsvigilants sur la dĂ©tection avancĂ©e des difficultĂ©schez les fournisseurs et nous avons bĂąti uneĂ©quipe de “forces spĂ©ciales”, qui Ă©taient dĂ©pĂȘchĂ©eschez eux en cas de souci. Et puis, on a investi

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30 – LES ECHOS WEEK-END

BUSINESS STORY SAFRAN

prĂšs de 1 milliard d’euros pour augmenter noscapacitĂ©s de production et installer de nouvelleslignes de production entiĂšrement digitalisĂ©es »,dĂ©taille Olivier Andries, alors en charge de lafiliale Safran Aircraft Engines. LancĂ©e en 2016,la production atteint 1736 moteurs par an en2019. Un niveau rĂ©alisĂ© en 2017 par le CFM56au bout de quasiment quarante ans.Aujourd’hui, la culture du groupe est Ă  la fois

le fruit d’une construction Ă marche forcĂ©edepuis dix ans et d’une histoire riche et complexequi fait la fiertĂ© des Ă©quipes. Dans les annĂ©es1970, la Snecma est un fabricant de moteursmilitaires qui travaille avec Dassault et chercheĂ  se diversifier dans le civil. Ses usines sont dessites sur lesquels «le soleil de la grĂšve ne se couchejamais», selon un DRH de l’époque (1). Lorsqueles socialistes arrivent au pouvoir en 1981,la direction bataille pour Ă©viter une allianceimposĂ©e avec Rolls-Royce, jugĂ© plus europĂ©enque GE. Entre 1987 et 1996, quatre patrons sesuccĂšdent, dont Louis Gallois. «Dans les annĂ©es1990, le dialogue social chez Snecma Ă©tait fondĂ©sur un bras de fer systĂ©matique oĂč rien ne pouvaitĂȘtre obtenu sans dĂ©brayage. Les syndicats Ă©taientdans un jeu Ă  trois bandes avec la direction del’entreprise et l’État actionnaire. En 2004,

Snecma croyaient l’inverse », se souvient PatrickPotacsek, dĂ©lĂ©guĂ© CFE-CGC chez Safran AircraftEngines et ex-Sagem. Au final, les Snecma ontimposĂ© leurs hommes et leurs mĂ©thodes, mĂȘmesi un manager Snecma avait parfois du mal Ă rentrer dans la boutique Sagem qu’il dirigeait.En 2018, le rachat du fabricant de siĂšges et de

cabines d’avions Zodiac n’a pas posĂ© ce genre deproblĂšme car il n’y avait pas d’ambiguĂŻtĂ© sur quiĂ©tait le chef. L’entreprise Ă©tait un archipel dePME sans rĂ©elle intĂ©gration. En termesd’avantages, les Zodiac ont fait un bond.« Socialement, on avait vingt ans de retard »,indique Éric Durand, dĂ©lĂ©guĂ© CFE-CGC chezSafran Seats.La construction de l’identitĂ© de groupe a Ă©tĂ©

trĂšs progressive. Au dĂ©part, les Snecma,Hispano-Suiza, Messier-Bugatti, Labinal etautres Turbomeca ont conservĂ© leur nom,adossĂ© au logo groupe Safran. Mais aussi leurjournal interne, leur chalet au Bourget ou leurpropre recrutement. En 2009-10, les choses sontrationalisĂ©es, le logo Ă©volue. Le groupe passedevant, avant de s’imposer totalement en 2016.La disparition des marques historiques irritealors certains salariĂ©s mais le succĂšs de Safranen Bourse et les recrutements massifs de la

De haut en baset de gaucheĂ  droite: trainsd’atterrissage;drones (ici lePatroller,prĂ©sentĂ© au Salondu Bourget en2017) ; intĂ©rieursd’avion (icimodĂšle de cabinepour A320).

l’ouverture du capital a changĂ© la donne», dĂ©clareMarc Aubry, administrateur salariĂ© CFDT.

LE CHOC CULTUREL DE LA FUSIONEn 2005, la fusion Snecma-Sagem provoque ungrand choc culturel. La Snecma, qui a agglomĂ©rĂ©autour d’elle des acteurs comme Turbomeca,Labinal ou Hurel-Dubois, vise en fusionnant avecSagem Ă  amortir d’éventuelles crises dansl’aĂ©ronautique. Perçue comme l’alliance de lacarpe et du lapin, ce mariage dĂ©gĂ©nĂšre en guerredes chefs avec un prĂ©sident du conseil et unprĂ©sident du directoire qui ne se parlent plus etun DRH qui fait office d’agent de liaison. L’Étatsera contraint de changer les dirigeants.Les salariĂ©s ne se comprennent pas

forcĂ©ment mieux. Plus opportunistes, les Sagemont une mentalitĂ© de voltigeurs tandis que ceuxde Snecma travaillent sur des programmes delong terme, avec des processus industriels trĂšsrigoureux. PersuadĂ©s d’ĂȘtre le centre du monde,ces derniers ont vĂ©cu avec un actionnairebienveillant, l’État, qui demandait peu dedividendes alors que Sagem a Ă©tĂ© Ă©branlĂ©e parl’explosion de la bulle Internet et a des salariĂ©sactionnaires. « Les Sagem pensaient que leurentreprise avait rachetĂ© Snecma tandis que les

La propulsion :fabricationde moteurs d’avionset d’hĂ©licoptĂšres ;participation de 50%dans ArianeGroup.

Les Ă©quipementsaĂ©ronautiques :fabrication d’unegamme allant desfreins carbone auxtrains d’atterrissage,en passant parle cĂąblage Ă©lectrique,les toboggansd’évacuation,les gilets et radeauxde sauvetage.

L’électronique et ladĂ©fense : fabricationde systĂšmes denavigation, de

LES GRANDS MÉTIERSDU GROUPE

surveillance et deguidage, de drones,d’équipementsoptroniques portables,de calculateurs demoteurs d’avions et desystĂšmes optiquespour le spatial etl’astronomie.

Les intĂ©rieursd’avions : fabricationde cabines, de siĂšges,de toilettes et desystĂšmes dedivertissements.

CYRILABAD/CAPAPICTURES/SAFRAN

ADRIENDASTE/SAFRAN

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32 – LES ECHOS WEEK-END

BUSINESS STORY SAFRAN

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derniĂšre dĂ©cennie ont facilitĂ© la chose.Aujourd’hui encore, le groupe reste uneorganisation complexe avec dix-huit dirigeantsau «comex» et une palette de produits allantdes moteurs d’avions et d’hĂ©licoptĂšres auxmiroirs de tĂ©lescopes, en passant par lessystĂšmes de navigation et de positionnement,les pĂ©riscopes de sous-marins, les drones,les jumelles multifonctions, les trainsd’atterrissages ou les systĂšmes dedivertissements en avion. « Le groupe est assezdĂ©centralisĂ© sur le plan opĂ©rationnel et les gensse parlent peu d’une business unit Ă  l’autre.C’est assez cloisonnĂ© », estime un prestataire.

Le management est franco-français. Sur lesdix-huit membres du comex, seuls trois sontĂ©trangers. Pendant un temps, le groupeprĂ©sentait mĂȘme des donnĂ©es françaises aucomitĂ© de groupe europĂ©en. La fabrication demoteurs occulte souvent le reste des activitĂ©s,ce qui a par exemple poussĂ© SafranElectronics & Defense Ă  lancer des hackathonsdans les Ă©coles d’ingĂ©nieurs, afin d’ĂȘtrebien identifiĂ© comme un Ă©lectronicien par lesĂ©tudiants, Ă  l’instar de Thales.Cet Ă©clectisme aux airs de conglomĂ©rat sera

l’un des dĂ©fis d’Olivier Andries lorsqu’ils’installera aux manettes en janvier. InstallĂ© au

siĂšge depuis septembre, le dirigeant a visitĂ© unevingtaine de sites français dans cette optique,notamment dans les branches Ă©quipements etintĂ©rieurs d’avions qu’il n’a pas dirigĂ©es. Tout lemonde sait que Philippe Petitcolin et OlivierAndries ne s’entendent pas, ce qui limite le« tuilage». Mais l’anciennetĂ© du nouveau patrondans le groupe permet d’attĂ©nuer les dĂ©gĂąts quecette mĂ©sentente pourrait crĂ©er.À court terme, Olivier Andries devra relever

le dĂ©fi de la prĂ©servation des compĂ©tences etsurtout de la chaĂźne d’approvisionnement, alorsque certains fournisseurs sont trĂšs dĂ©pendantsde Safran et que les compagnies aĂ©rienness’attendent Ă  une reprise par paliers. Le retourau niveau de 2019 pour les vols domestiques estattendu pour fin 2022-dĂ©but 2023. Pour les volsrĂ©gionaux un an plus tard et pour les vols longscourriers encore un an aprĂšs.

LE DÉFI DES ÉMISSIONSEn termes de business, il faudra aussi s’adapterĂ  la montĂ©e en puissance des contrats demaintenance dits «à l’heure de vol». Depuis leCFM56, Safran et GE ont adoptĂ© un modĂšle detype Nespresso : une vente en premiĂšre monte Ă prix quasi coĂ»tant et une rĂ©munĂ©ration fondĂ©esur les passages en ateliers et les piĂšcesdĂ©tachĂ©es. Avec le Leap, le service sera de plusen plus facturĂ© Ă  l’heure de vol. Ce qui imposeune grande maĂźtrise de la durĂ©e de vie despiĂšces pour ne pas se rater et une solidecompĂ©titivitĂ© des ateliers. « Aujourd’hui, environ70% des moteurs Leap qui ont Ă©tĂ© commandĂ©s ontdes contrats Ă  l’heure de vol », relĂšve OlivierAndries. Dans le mĂȘme temps, le retour ou pasdes voyages d’affaires aura un impact sensiblesur la rentabilitĂ© de la branche intĂ©rieursd’avions, trĂšs touchĂ©e par la crise.Le grand dĂ©fi technologique sera enfin celui

de la rĂ©duction des Ă©missions de carbone (–50%visĂ©s par la filiĂšre en 2050). Une approchemenĂ©evia des moteurs aux architectures de rupture,l’utilisation de biocarburants, de carburantssynthĂ©tiques, ou bien un avion Ă  hydrogĂšne, pourlequel Airbus a prĂ©sentĂ© une feuille de routeen septembre avec un horizon Ă  2035.Les ingĂ©nieurs de Safran ne dĂ©bordent pasd’enthousiasme pour l’hydrogĂšne. Mais si cettetechnologie se concrĂ©tisait un jour, elle seraitpour les motoristes un choc similaire Ă  celuide l’électrique dans l’automobile.En attendant, Homer a fini son inspection du

moteur Leap. Le turborĂ©acteur va partir pourles bancs d’essais, avant d’ĂȘtre livrĂ© au client.Auparavant, l’intĂ©rieur a Ă©tĂ© contrĂŽlĂ© parendoscopie et une Ă©quipe d’opĂ©rateurs a faitune sĂ©rie de contrĂŽles visuels pour Ă©liminerdes dĂ©fauts de type microrayures. Un moteurreprĂ©sente jusqu’à un tiers du prix catalogued’un appareil. Pour de tels montants,on bichonne les clients.(1) In RenĂ© Ravaud, une vie pour l’industrie,de FĂ©lix Torres, Editions First.

Homer, le «cobot» chargĂ© de l’inspection de chaque turborĂ©acteur, prend des photosde contrĂŽle de 250 points du moteur pour les comparer Ă  une maquette numĂ©rique. M

ANUELBRAUNPOURLESECHOSWEEK-END

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34 – LES ECHOS WEEK-END

BUSINESS STORY

PHILIPPE CORROTUNE RÉUSSITE QUI N’A RIEN DU MIRACLELe fondateur de la dixiĂšme licorne française, Mirakl, est tombĂ©dans l’informatique dĂšs l’enfance. Autodidacte, il a multipliĂ©les crĂ©ations d’entreprises, proposant aujourd’hui une solutioninnovante de commerce Ă©lectronique qui a sĂ©duit jusqu’à Carrefour.

Par Philippe BertrandPhotographe: Iorgis Matyassy pour Les Échos Week-End

Philippe Corrot,cofondateur

et PDG de Mirakl,photographié à Paris

le 24 novembredernier.

e LycĂ©e Pasteur, Ă  Neuilly, n’a pas Ă©tĂ© que levivier d’une bande de comiques ayant fait lesbeaux jours du cinĂ©ma français. Le terrain dejeux du faux chĂąteau Louis XII de la banlieuehuppĂ©e de Paris a aussi Ă©tĂ© arpentĂ© par l’un desrares champions français du numĂ©rique. Vingtans aprĂšs que GĂ©rard Jugnot, Thierry Lhermitteet Christian Clavier ont dĂ©couvert le septiĂšmeart au cinĂ©-club, Philippe Corrot, le fondateurde Mirakl, la nouvelle licorne française quipermet aux e-commerçants de crĂ©er leurpropre place de marchĂ© en y associant d’autresvendeurs, scellait son amitiĂ© avec MichaelZiegler le long du boulevard d’Inkermann.« Il Ă©tait prudent, presque sauvage », tĂ©moignele second. Philippe Corrot franchit la premiĂšremarche de sa carriĂšre d’entrepreneur en sĂ©riedans les escaliers qui mĂšnent Ă  la cave du pĂšrede son ami. Il y crĂ©e Keyrus, pionniĂšre desagences Web. L’histoire rapprochait ces famillesd’AshkĂ©nazes qui avaient fui les persĂ©cutionsd’Europe de l’Est. Les Korowsky sont devenusCorrot aux abords des Ă©tangs du bois deBoulogne. Le collĂ©gien un peu sauvage cachaitun tempĂ©rament. « Une fois passĂ©e la mĂ©fiancedu premier abord, il se rĂ©vĂšle », dĂ©crypteAlexandre Viros, le patron d’Adecco quePhilippe Corrot rencontrera plus tard, Ă  la Fnac.« AffirmĂ©, trĂšs curieux et passionnĂ© », complĂšteMichael Ziegler.Le lycĂ©e sera pourtant sa seule Ă©cole. MalgrĂ©

une mention au bac, un mois de droit rĂ©sumeses Ă©tudes supĂ©rieures. « Mon parcours scolairea Ă©tĂ© chaotique. Mes parents ne s’occupaient pasde moi », se justifie l’intĂ©ressĂ©. Le campus deNanterre forgera quand mĂȘme son destin.À cĂŽtĂ© de la facultĂ© d’État, Ă©ternel foyer de lacontestation, pousse « la fac Pasqua», privĂ©e,neuve, bourrĂ©e de PC, de Mac et reliĂ©e Ă Internet. « Je passais mes journĂ©es dans les sallesinformatiques, se souvient Philippe Corrot, alorsque je m’étais inscrit en commerce et gestion,parce que c’était moins cher. »Le fondateur de Mirakl frĂ©quente les beaux

quartiers mais n’a pas les poches profondes.Son pĂšre Daniel lui a donnĂ© le goĂ»t de

l’informatique et l’esprit d’entreprise, aucuneaisance. À Neuilly, Philippe campe dans le salonde sa tante. La marque «Daniel Corot» a ornĂ© lefronton de belles boutiques de prĂȘt-Ă -portermasculin Ă  Parly 2, Rosny 2 et CrĂ©teil Soleil,les centres commerciaux Ă  l’amĂ©ricaine dupromoteur Robert de Balkany. « Mon pĂšre Ă©taitl’un des pionniers de la fast fashion, avec descollections qu’il renouvelait souvent. » UnemĂ©sentente entre associĂ©s noie la visioncommerciale de Daniel en dĂ©sastre financier.« Il ne s’en est jamais remis », regrette son fils.

« L’ORDINATEUR, C’EST MON DOUDOU »Les parents divorcent. La mĂšre, anciennevendeuse, retourne dans sa famille. Le pĂšretente quelques coups qui ne rĂ©ussiront pas.Philippe le rejoint Ă  Paris dans de beauxappartements oĂč l’électricitĂ© est coupĂ©e et leshuissiers frappent Ă  la porte. Mais Daniel donneĂ  Philippe le goĂ»t de la technologie. Le fils n’apas tout perdu. Il s’intĂ©resse dĂšs l’ñge de 4 ansĂ  l’informatique, apprend le codage, dirigeune tortue sur ses premiers Ă©crans Apple IIet Commodore 64. « Il a Ă©tĂ© l’un des premiersabonnĂ©s Ă  Internet », raconte son ami du LycĂ©ePasteur. « L’ordinateur, c’est mon doudou »,admet aujourd’hui Philippe Corrot.

«Je passais aussi beaucoup de temps Ă  lire»,ajoute-t-il. De l’économie Ă  la philosophie, enpassant par l’histoire des religions, l’éclectismeguide ses intĂ©rĂȘts mais ne dĂ©vie pas vers lasuperficialitĂ©. «Il est trĂšs cultivé», s’accordentses proches. «J’ai avec lui des conversationsprofondes», confie Alexandre Viros, agrĂ©gĂ© dephilosophie. «Ensemble, nous aimons sonderl’ñme humaine», s’épanche Adrien Nussenbaum,son deuxiĂšme compagnon de route, au tĂ©lĂ©phonedepuis le bureau amĂ©ricain deMirakl, Ă Cambridge, Massachusetts. «Mes amies lesurnomment Google», s’amuse sa femmeAnne-Laure. Philippe Corrot a deux autrescordes Ă  son arc culturel : le dessin et la photo.Il collectionne aujourd’hui Murakami et KeithHaring. «Il a le sens de l’esthĂ©tique et cela nousa aidĂ©s chez Keyrus», expliqueMichael Ziegler.

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LES ECHOS WEEK-END – 35

PHILIPPE CORROT

L’agence fondĂ©e en 1997, aprĂšs que les deuxgarçons ont imaginĂ© un genre d’iTunes ou Ă©ditĂ©les films de Luc Besson en CD-Rom (Michael afait une Ă©cole de cinĂ©ma!), concevait des sitesInternet. Le style lĂ©chĂ© de la maison convaincKookaĂŻ, Van Cleef & Arpels, Cartier,Mauboussin, Chopard et la place VendĂŽme.« Keyrus, c’était ça ou le McDo », rĂ©sume celuique la « fac Pasqua» a vite poussĂ© dehors.Philippe Corrot aime « les beaux sites ». Keyrus– la muse de la crĂ©ation – perce rapidement« parce que les SSII n’avaient pas la culture del’image ». Les marques de luxe accourent.Son premier client sera SOS Cintres, pour7000 francs [environ 1060 euros, NDLR].Le succĂšs devra aussi beaucoup Ă  l’agenceFrance TĂ©lĂ©com de Neuilly qui lui ouvrirala porte du groupe public.

QUATORZE BANQUES AVANT D’OBTENIR UN PRÊTEn 1997, le Web restait une terra incognita.« J’ai visitĂ© quatorze banques avant que le CICdes Batignolles [dans le XVIIe arrondissement deParis, NDLR] n’accepte de m’accorder un prĂȘt de20 000 francs [3000 euros, NDLR]», enrageencore Philippe Corrot. « Nos premiers prospectsdisaient qu’Internet, c’était pour les pĂ©dophiles etles nazis », se rappelle Michael Ziegler. « Il Ă©taittrĂšs beau mais je ne comprenais pas trĂšs bien cequ’il faisait », reconnaĂźt Anne-Laure Navarra,la jeune fille du XVIe qui deviendra sa femmeet la mĂšre de ses deux enfants. L’avocate enfusion-acquisition chez EY comprendra viteet crĂ©era Wondercity.com, un cityguide pourparents qui comptera 400000 abonnĂ©s avantsa revente au propriĂ©taire du groupe Fleurus.Deux ans plus tard, le suĂ©dois Mind appelle

les fondateurs de Keyrus, que la Chambre decommerce de Stockholm a identifiĂ©e commel’une des meilleures agences Web, et leurpropose un rachat. L’affaire ne se fait pas maisla bulle Internet monte. « Nous nous disions quecela ne durerait pas », explique Philippe Corrot.Éric Cohen, le fondateur de la SSII Progiware,frappe Ă  son tour Ă  la porte. Il veut donnerl’image de la modernitĂ© Ă  son entreprise,

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36 – LES ECHOS WEEK-END

BUSINESS STORY PHILIPPE CORROT

C’est en septembredernier que Mirakl estdevenu la dixiĂšmelicorne française enlevant 300 millions dedollars. L’opĂ©rationsouscrite pourl’essentiel par le fondsPermira, qui a pris 20%du capital du

CONSOLIDER OU SE FAIRE CONSOLIDER

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qu’il introduit en Bourse. Philippe Corrot cĂšde.Il se lance aussitĂŽt, en 2001, dans une autreaffaire : MaĂżrev, spĂ©cialiste des bijoux fantaisie,sur le modĂšle du britannique Accessorize. SoncompĂšre Michael Ziegler suit, d’autant plus quesa famille possĂšde le spĂ©cialiste des accessoiresde mode Rand. « J’avais signĂ© une clause denon-concurrence avec Progiware », s’excusepresque Philippe Corrot. Les deux hommesposent leur enseigne au fronton d’anciennesboutiques de tĂ©lĂ©phonie et parrainent la «StarAcademy». Quatre ans plus tard, ils revendentĂ  Rand. « Ça m’a gonflĂ© », schĂ©matise PhilippeCorrot. Retour Ă  l’informatique.

« LE BON MODÈLE EST CELUI D’AMAZON »Michael Ziegler ne prend pas ombrage du dĂ©dainde son copain pour la mode et accompagne lemouvement que rejoint un ami d’ami, AdrienNussenbaum, un HEC qui a ratĂ© Ă  New Yorkle lancement d’unemessagerie instantanĂ©e(«C’était trop tĂŽt.»). L’autodidacte et le diplĂŽmĂ©passĂ© chez Deloitte sont comme chien et chat.«Je me suis employĂ© Ă  les rapprocher», indiqueMichael Ziegler. Un dĂ©jeuner Ă  Drouot, oĂč ilsachĂštent pour l’anniversaire deMichael untableau de Ben opportunĂ©ment nommĂ© Jecherche Ă  plaire, brisera la glace. Les troismousquetaires duWeb lancent la plate-formed’e-commerce de Natalys.Philippe Corrot dĂ©couvre la puissance de la

vente en ligne et pense tout de suite que « le bonmodĂšle est celui d’Amazon », qui rĂ©alise la moitiĂ©de son activitĂ© sur sa marketplace. SplitGamessera en septembre 2005 la place de marchĂ© desjeux vidĂ©o et suivra une autre tendance de laconsommation : l’occasion. La jeune poussefacilite l’échange de jeux entre gamers. BientĂŽt,200000 membres rejoignent la communautĂ©riche d’un catalogue de 15000 produits. « JeffBezos l’avait prĂ©dit : plus il y a d’offre, plus il y ade clients », commente Philippe Corrot.L’entrepreneur se mue en startuppeur et lĂšve

2 millions d’euros puis, avec ses associĂ©s, croiseXavier Flamand. Le directeur gĂ©nĂ©ral defnac.com propose de les intĂ©grer et de crĂ©er laplace de marchĂ© de ce qui est alors encore unefiliale de PPR. SplitGames a 3 ans. « Cela a Ă©tĂ©compliquĂ© », concĂšde Philippe Corrot, avec un

certain sens de l’euphĂ©misme. La culture de lavieille dame est forte, les magasins crient Ă  laconcurrence. « Ils ont eu le droit de prendre desdĂ©tours et de se comporter comme des corsaires »,raconte Alexandre Viros, qui chapeaute alorsl’activitĂ© musicale de l’enseigne. « Philippe est unvrai commerçant. Il respecte ce qui n’est pas lui.Il comprend que d’autres modĂšles existent. »L’enfant sauvage se glisse dans le moule.Le succĂšs fait taire les rĂ©ticences. Fabien

Sfez, le directeur gĂ©nĂ©ral de l’époque, rehaussela prime de sortie attachĂ©e au rachat deSplitGames. Plus tard, Alexandre Bompardsuit. « Philippe est un pionnier : il avait dĂ©jĂ , Ă l’époque oĂč je l’ai connu Ă  la Fnac, la vision trĂšsclaire que les places de marchĂ© allaienttransformer l’économie », affirme celui qui estdevenu PDG de Carrefour, un groupe qui utilisela solution Mirakl. « Philippe a toujours eu uneĂąme d’entrepreneur, dĂ©veloppant une vision qui

allie la technologie et le business. Il est arrivĂ© Ă la Fnac avec cet esprit start-up, qu’il a su intĂ©greraux fonctionnements de l’entreprise », confirmeEnrique Martinez, l’actuel patron de FnacDarty. « Amazon n’était pas perçu par touscomme une menace», se remĂ©more PhilippeCorrot, qui a sorti les statistiques du nombrede colis expĂ©diĂ©s par le gĂ©ant de Seattle commepreuve du danger. Trois ans d’accompagnementplus tard, Philippe et Adrien partagent unnouveau dĂ©jeuner dĂ©cisif. Ce jour de la Saint-Valentin, ils se font le cadeau d’une nouvelleaventure. Ce sera Mirakl. Pourquoirecommencer aprĂšs avoir crĂ©Ă© et vendu troissociĂ©tĂ©s? « Philippe n’est pas un hommed’argent. C’est un bĂątisseur », rĂ©pond MichaelZiegler. « Il veut avoir les moyens de protĂ©gerses enfants, mais il a envie de crĂ©er des boĂźtes »,ajoute Adrien Nussenbaum.Philippe Corrot rĂ©Ă©crit son logiciel avec une

autre technologie que celle de la Fnac. Il devientlibre de prĂŽner Ă  toutes les marques l’ouverturede leur site Ă  des marchands concurrents.« Mirakl aide les entreprises Ă  se projeter enrespectant leur passĂ© et n’est qu’au dĂ©but de sonhistoire », prĂ©dit Alexandre Viros. Le leadermondial de la place de marchĂ©, commeil se prĂ©sente, entend ĂȘtre la solution pourtous ceux qui prĂ©fĂšrent lutter contre le gĂ©antAmazon sur son propre terrain plutĂŽtque d’attendre le jour improbable oĂč l’Étattrouvera la martingale pour Ă©loigner la menace.Cela fait un vaste potentiel.

spĂ©cialiste des placesde marchĂ©, a hissĂ© lavaleur de l’entreprisebien au-delĂ  du milliardde dollars. Depuisle dĂ©but de l’annĂ©e,l’encore jeune poussea remportĂ© 25 clientset lancĂ© 18 nouvellesmarketplaces,

enregistrant unehausse de 111% de sonvolume d’affaires. Ellecompte dĂ©sormais 300clients, dont FnacDarty, Conforama, lesGaleries Lafayette « Il n’y a pas deconcurrents qui fassentla mĂȘme chose que

nous», affirmeAdrien Nussenbaum,qui rĂ©sume ainsil’argumentaire fait auxmarques : «Soit vousserez consolidĂ©s, soitvous consolidez votresecteur en crĂ©antune place demarchĂ© dĂ©diĂ©e. »

Les rĂ©compensess’entassentdans les locauxde la licornefrançaise,spĂ©cialiste desplaces de marchĂ©.

AdrienNussenbaum,

le compĂšrede Philippe Corrotchez Mirakl.

ANLEFEVRE

IORGISMATYASSYPOURLESECHOSWEEK-END

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COMMUNIQUÉ

Le temps est l’essence de MoĂ«t & Chandon depuis sa crĂ©ation. C’est lui quipermet aux Ɠnologues de façonner les cuvĂ©es d’exception de la Maison, enrespectant chaque Ă©tape de leur Ă©laboration avec la plus grande patience.Depuis 1743, MoĂ«t & Chandon a su Ă©pouser les Ă©poques avec style pourdemeurer une marque reconnue dans le monde. DĂ©guster une cuvĂ©e MoĂ«t &Chandon c’est avant tout prendre la mesure du temps pour mieux saisir toutson potentiel. —

Le temps s’apprĂ©cie au grĂ© de la nature


Pour faire de grands champagnes, il faut savoirlaisser le temps au temps. Au commencement ily a le cycle de la vĂ©gĂ©tation qui vibre au diapasonavec le rythme des saisons. MoĂ«t & Chandon estĂ  l’écoute de la nature qui lui offre sa gĂ©nĂ©rositĂ©,et contraint la main de l’homme Ă  composeravec la rudesse des Ă©lĂ©ments. Pour Ă©laborer lescuvĂ©es de la Maison, il faut respecter chacunedes Ă©tapes du cycle de la vigne, et s’adapter avecrĂ©activitĂ© aux nombreux alĂ©as climatiques. Lavigne nĂ©cessite une vigilance de chaque instant,il faut la cajoler, la guider, la respecter pour luipermettre de s’épanouir et conduire les raisins Ă leur pleine maturitĂ©, celle qui offrira le plus beaupotentiel aromatique. C’est alors que le tempss’accĂ©lĂšre, la rĂ©colte des baies s’opĂšre Ă  la mainavec le maximum de dĂ©licatesse pour extraire lesplus beaux jus qui entreront dans l’assemblagedes cuvĂ©es MoĂ«t & Chandon.

Le temps s’affirme en cave pour rĂ©vĂ©ler lesplus belles promesses


Le temps s’égrĂšne dans les caves sĂ©culairesde la Maison d’Epernay. Une fois pressĂ©sdĂ©licatement, les jus des raisins commencentalors leur Ă©tape de fermentation. Ces vinsintĂ©greront les assemblages qui confĂšrent auxcuvĂ©es MoĂ«t & Chandon toute leur identitĂ©. Cetart de l’assemblage requiĂšre la minutie et la

patience des Ɠnologues guidĂ©s par le Chef deCave Benoit Gouez, vĂ©ritable garant d’un styleunique transmis au fil des dĂ©cennies via sesprĂ©dĂ©cesseurs. C’est aussi le Chef de Cave quisait se projeter dans le temps pour sĂ©lectionnerles annĂ©es qui pourront ĂȘtre millĂ©simĂ©es. Letemps marque enfin son empreinte lors de lamaturation lente des cuvĂ©es, cette Ă©tape quiva de 24 mois Ă  7 ans et pendant laquelle lesvins vieillissent en cave, pour leur permettre delivrer leurs secrets et rĂ©vĂ©ler leur plein potentielaromatique. C’est ainsi que le goĂ»t de MoĂ«tImpĂ©rial, cuvĂ©e emblĂ©matique de la Maison, setransmet de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration depuisplus de 150 ans et que les cuvĂ©es millĂ©simĂ©essont le reflet de la complexitĂ© et de la richessedes annĂ©es qui les composent.

Le temps prend tout son sens aumoment dela dégustation


L’art de la dĂ©gustation s’apprĂ©cie au temps dela dĂ©couverte. Tout commence par le choix duflacon, le temps nĂ©cessaire pour le conduireĂ  sa tempĂ©rature de service idĂ©ale, et le choixdes mets qui sauront lui donner la plus bellerĂ©sonance. Un savoir-faire qui fait Ă©loge de lapatience, dans laquelle la dĂ©gustation rĂ©vĂšleson moment clef, celui qui permet de dĂ©couvrirla gĂ©nĂ©rositĂ© de la nature sublimĂ©e par la mainde l’homme.e

MOËT & CHANDONLA MESURE DU TEMPS

L ’A B U S D ’A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É . À C O N S OMM E R AV E C M O D É R AT I O N .

STEP

HAN

EO

LIV

IER

AR

TEPH

OTO

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Corruption, assassinat,manipulation, complot...

un diptyque au cƓur du pouvoirpour XIII !

au rayonbande dessinée

Toujours amnésique, Jason Mac Lane, alias XIII,

a infiltrĂ© une organisation qui s’apprĂȘte

à prendre le pouvoir aux États-Unis.

Alors qu’il a pour mission de rĂ©aliser un tir contre le Pape,

XIII va ĂȘtre confrontĂ© Ă  un choix crucial :

se souvenir... ou trahir !

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-Ji

goun

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020.

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XIII, alias Jason Mac Lane, est devenu un nouvel administrateur de la Fondation Mayflower. Pour prouver sa légitimité, il se voit invitéà réaliser un test de tir de trÚs longue distance... Comment conserver sa crédibilité auprÚs de la Fondation sans devenir un assassin ?

À suivre dans le tome 27,MĂ©moirerechargĂ©e

Page 84: Les Echos - 11 12 2020

40 – LES ECHOS WEEK-END

BUSINESS STORY

UN DIRECTEURTRÈS ROCK À LA SANTÉBruno ClĂ©ment-Petremann, le patronde la mythique prison parisienne, cultiveavec dĂ©lice les contradictions. Hommede gauche et conseiller de deux ministresde droite. PassionnĂ© de punk rock etreprĂ©sentant de l’ordre public. Nordisted’adoption et amoureux de l’AlgĂ©rie.Supporter de l’Olympique de Marseilleet fan du Racing Club de Lens. L’histoired’un iconoclaste.

Par Anne Vidalie — Photographe: Julien Pebrel

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LES ECHOS WEEK-END – 41

UN DIRECTEUR TRÈS ROCK À LA SANTÉ

u’ont en commun le poĂšte GuillaumeApollinaire, la rĂ©sistante Marie-Claude Vaillant-Couturier et le premier prĂ©sident de laRĂ©publique algĂ©rienne Ahmed Ben Bella?RĂ©ponse : les geĂŽles de la SantĂ©, oĂč tous, enleur temps, ont Ă©tĂ© embastillĂ©s. Leurs portraits,dessinĂ©s au pochoir par l’artiste ChristianGuĂ©my, alias C215, ornent dĂ©sormais les mursde la prison parisienne qui a rouvert ses portesen janvier 2019, aprĂšs quatre longues annĂ©esde fermeture et 180 millions d’euros de travaux.Depuis juin 2019, c’est Bruno ClĂ©ment-

Petremann, 58 ans, qui dĂ©tient les clĂ©s dela mythique maison d’arrĂȘt, campĂ©e derriĂšreses hauts murs de meuliĂšre Ă  la lisiĂšre desXIIIe et XIVe arrondissements. Celle que, Ă©lĂšvede l’École nationale de l’administrationpĂ©nitentiaire, il s’imaginait diriger, un jour.Celle oĂč il a effectuĂ© son premier stage,Ă  une Ă©poque oĂč les hommes Ă©taient encoreregroupĂ©s par origine ethnique – les EuropĂ©ensdans le bloc A, les Africains au B, lesMaghrĂ©bins au C et les Asiatiques au D.Monsieur le Directeur fait volontiers

les honneurs des lieux. Il montre les cellulesplus spacieuses (9 mĂštres carrĂ©s pour un seuloccupant, 11 pour deux lits superposĂ©s),avec fenĂȘtre plus grande (n’en dĂ©plaise auxriverains), douche et mĂȘme tĂ©lĂ©phone fixe pourappeler les proches. Le vaste gymnase flambantneuf oĂč prisonniers et surveillants ont disputĂ©un tournoi de foot endiablĂ© la semaine

prĂ©cĂ©dente. Le centre scolaire, cadre d’uneexposition de reproductions d’Ɠuvres du musĂ©edu Louvre dont les dĂ©tenus ont Ă©tĂ© promus«co-commissaires». Bruno ClĂ©ment-Petremannraconte aussi l’enregistrement de deuxĂ©missions littĂ©raires pour la radio RCF, l’étĂ©dernier, avec l’écrivaine Delphine de Viganet le journaliste François Busnel. En attendantune confĂ©rence consacrĂ©e Ă  l’histoire du rapet, peut-ĂȘtre, un festival rock avec des groupesparisiens.

LA FAUTE À BADINTERIci, les conditions carcĂ©rales sont Ă  desannĂ©es-lumiĂšre de celles, encore en vigueurdans quelques Ă©tablissements, qui ont valuĂ  la France une cinglante condamnation parla Cour europĂ©enne des droits de l’hommeen janvier dernier. Ici, on peut travailler et fairedu sport, se cultiver et se former. Et le directeurs’en fĂ©licite, lui qui emprunte volontiers Ă  ValĂ©ryGiscard d’Estaing sa dĂ©finition de la prison :« la privation de libertĂ© et rien d’autre ». Pourtant,l’étudiant en droit de Paris-Tolbiac, fils uniqueĂ©levĂ© en Seine-et-Marne par un pĂšre ouvrieret une mĂšre au foyer, ne se rĂȘvait pas engarde-chiourme.Il se voyait plutĂŽt journaliste, le jeune Bruno

ClĂ©ment (Petremann est le nom de sa secondeĂ©pouse, CĂ©line, ex-responsable presse duParquet national financier et nouvelle chargĂ©ede la communication de la cour d’appel

Bruno ClĂ©ment-Petremann,directeur de laprison de la SantĂ©.Ci-dessus: un couloiret une cellulede la maison d’arrĂȘtrĂ©novĂ©e.

À L’ORIGINE,UNE VRAIE MAISONDE SANTÉ

20 aoĂ»t 1867Inauguration dela prison de laSantĂ©, dessinĂ©e parl’architecte ÉmileVaudremer. Elle s’élĂšvesur le site de la maisonde santĂ© Ă©difiĂ©eau XIIIe siĂšcleĂ  la demandede Margueritede Provence, veuvede Louis IX, pouraccueillir les pestifĂ©rĂ©s.

1899Installationde la guillotine.

1965Projet de destructionde la maison d’arrĂȘt.À sa place seraitconstruit un immeublepyramidal de50 Ă©tages pourle ministĂšre del’Éducation nationale.L’idĂ©e est abandonnĂ©eaprĂšs l’électionprĂ©sidentielle de 1974.

28 novembre 1972ExĂ©cution de RogerBontems et ClaudeBuffet, condamnĂ©sĂ  mort Ă  la suited’une sanglante prised’otages. Ils sontles derniers guillotinĂ©sde la SantĂ©.

8 mai 1978Évasion du braqueurJacques Mesrine,dit « l’ennemi publicnumĂ©ro 1 ».

21 juillet 2014Fermeture de laprison pour destravaux de rénovation.

2019La Santé rouvre enjanvier. En juin, BrunoClément-Petremannen devient directeur.

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BUSINESS STORY UN DIRECTEUR TRÈS ROCK À LA SANTÉ

de Douai). Ce fan de punk rock n’avait-il paspubliĂ© en 1983 une interview fictive du groupebritannique The Clash, ses idoles, dansle magazine Rock & Folk? Mais il Ă©choueau concours du Centre de formation desjournalistes. Commissaire de police, alors?Reçu Ă  l’écrit, il se plante Ă  l’oral. La faute à
Robert Badinter. « Comme il venait d’entrerau gouvernement, il avait lĂąchĂ© son cours de droitpĂ©nal, raconte Bruno ClĂ©ment-Petremann.Ce qui m’avait dissuadĂ© de choisir cette matiĂšre. »Impardonnable pour un futur policier. Il sespĂ©cialise en sciences criminelles, optioncriminologie. La rencontre de deux hommes,l’un magistrat, l’autre pasteur, bouleverseses projets d’avenir. Le premier, Jean Favard,spĂ©cialiste des questions carcĂ©rales et conseillerdu garde des Sceaux Badinter, enseigne letraitement pĂ©nitentiaire Ă  Tolbiac. Le second,Ernest Ungerer, ancien officier et dĂ©portĂ©,est aumĂŽnier gĂ©nĂ©ral des prisons. L’étudianten droit a trouvĂ© sa voie : il sera directeur deprison. En 1987, il rĂ©ussit le concours et, l’annĂ©esuivante, dĂ©couvre la maison d’arrĂȘt de la SantĂ©.Avant de le ramener Ă  ses premiĂšres amours

vingt-deux ans plus tard, sa carriĂšre lui feradĂ©couvrir la France et les multiples facettesde son mĂ©tier. Chaque Ă©tape de ce parcoursinitiatique l’a « passionnĂ© », affirme-t-il. Sonpremier poste, au quartier Saint-Paul de Lyon,le confronte Ă  la surpopulation carcĂ©rale– « un taux d’occupation de 350%, pas une nuitsans matelas sur le sol » –, aux tentativesd’évasion – « six en deux ans » – et Ă  lasusceptibilitĂ© des surveillants. « Je me sentaiscomme un interne dans un service d’urgence,se souvient-il. J’arrivais le matin sans savoirce qui allait se passer dans la journĂ©e. » UnedĂ©cennie avant la loi pĂ©nitentiaire de 2009,il organise dĂ©jĂ  des rĂ©unions de consultationavec les dĂ©tenus.

BIENVENUE CHEZ LES CH’TISNommĂ© Ă  la prison de Moulins-Yzeure (Allier),il y dirige la maison centrale, rĂ©servĂ©eaux longues peines, qui hĂ©berge alors unecinquantaine de condamnĂ©s Ă  perpĂ©tuitĂ©.Il cĂŽtoie de « gros profils », comme le braqueurMichel Vaujour ou Georges Ibrahim Abdallah,le chef de la Fraction armĂ©e rĂ©volutionnairelibanaise en France. Si l’expĂ©rience est fascinantepour l’ancien Ă©tudiant en criminologie, c’estune drĂŽle de gageure pour le jeune directeur.« On doit utiliser toutes les ressources Ă  notredisposition pour les aider Ă  tenir le coupen traçant un chemin possible vers l’avenir »,explique-t-il. Il poursuit ce travail d’orfĂšvreau Centre national d’observation de Fresnes

histoire d’amour entre le fils d’ouvrier et leshabitants au cƓur gros comme ça d’une rĂ©gionmise Ă  genoux par la fermeture des mineset la dĂ©sindustrialisation. Entre le supporterde l’Olympique de Marseille et le Racing Clubde Lens dont l’écharpe sang et or, dansson bureau de la SantĂ©, surplombe la photoofficielle du prĂ©sident de la RĂ©publique. À Loosaussi, il innove. S’investit dans la prĂ©ventiondes suicides. ExpĂ©rimente la surveillancesous bracelet Ă©lectronique. « Nordisted’adoption », comme il se dĂ©finit, il souhaiterester dans la rĂ©gion, pas trop loin de la maisonqu’il vient d’acheter sur la cĂŽte d’Opale. Mais,deux postes plus tard, il doit se rĂ©soudre Ă  faireses bagages : direction Agen et l’École nationalede l’administration pĂ©nitentiaire oĂč il seconvertit aux joies de la formation, lui qui« aime la transmission ».

ROMANCIER INSPIRÉ PAR LES CLASHSon emploi du temps lui laisse un peu de tempspour prendre la plume. Enfin. AprĂšs la mortde Joe Strummer, l’ñme des Clash, en 2002,une idĂ©e de roman a germĂ©. En rĂ©sumĂ©:un jeune militant français de l’ultragauche,en cavale dans le Londres rock des annĂ©es 1970,se place dans le sillage de Strummer, avantd’écoper de vingt ans de prison qu’il purge dansplusieurs Ă©tablissements français. Son livre,Strummerville (La Tengo Éditions), sera publiĂ©en 2012. La preuve que l’on peut vĂ©nĂ©rer leschanteurs de I Fought the Law («J’ai combattula loi»), Police on my Back («La police Ă  mestrousses») ouWhite Riot («Émeute blanche»),tout en incarnant l’ordre rĂ©publicain. « Il y aun cĂŽtĂ© ado qui persiste en lui, observe sonĂ©diteur, Alexandre Chabert. Bruno a gardĂ© sesidĂ©aux de jeunesse. » Et quelques signes discretsd’anticonformisme – boutons de manchetteDark Vador, cheveux lĂ©gĂšrement Ă©bouriffĂ©set pattes un peu longues sur les joues.Un jour d’aoĂ»t 2009, il est sur les marches

du Reichstag, le siĂšge du Parlement allemandĂ  Berlin, lorsque son portable sonne. Lanouvelle garde des Sceaux, MichĂšle Alliot-Marie, cherche un conseiller prison pourson cabinet ministĂ©riel, lui apprend le patronde l’administration pĂ©nitentiaire. Un spĂ©cialiste,pas un magistrat. Est-ce que le postel’intĂ©resserait? Bruno ClĂ©ment, un tempssyndiquĂ© Ă  la CFDT, hĂ©site un peu, puis appelleson communiste de pĂšre. « Il m’a dit “fonce,c’est gĂ©nial”. » C’est le procureur gĂ©nĂ©ral prĂšsla Cour de cassation François Molins, alorsdirecteur de cabinet de la ministre, qui a soufflĂ©son nom. « J’ai Ă©tĂ© sĂ©duit par son intelligence,sa crĂ©ativitĂ© et son ouverture d’esprit, J

ULIENPEBREL/M.Y.O.P.POURLESECHOSWWEK-END

Le bureau du directeur de la Santé se parede touches personnelles, tels ces hommagesà Albert Camus et au Racing Club de Lens.

(Val-de-Marne), une unitĂ© alors dĂ©diĂ©e Ă l’élaboration des projets d’exĂ©cution de peine,puis prend la direction de l’hĂŽpital de la prison.En 1999, Bruno ClĂ©ment vit son Bienvenue

chez les Ch’tis personnel. Comme le directeurde La Poste jouĂ© par KadMerad, il est mutĂ© dansle «Grand Nord», Ă  la tĂȘte de la prison de Loos-lez-Lille aux cellules bondĂ©es (1000 hommespour 350 places) et aux conditions de dĂ©tention« pourries », dit-il. C’est le dĂ©but d’une longue

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Bruno ClĂ©ment-Petremann Ă  la tĂȘte del’état-major de sĂ©curitĂ© de l’administrationpĂ©nitentiaire. Pas vraiment sa tasse de thĂ©,a priori. « Ce qui m’intĂ©resse davantage,reconnaĂźt-il, c’est comment remettre dans le droitchemin des personnes qui se sont Ă©garĂ©es surdes voies de traverse. »Mais avec les attentatsterroristes de 2015, de nouvelles urgencesĂ©mergent : la prise en charge de la radicalisationderriĂšre les barreaux et la collecte durenseignement. Une fois de plus, il « s’éclate ».

L’ALGÉRIE SUR LES PAS DE CAMUSUn dĂ©placement professionnel en AlgĂ©riescelle sa nouvelle affectation. Alger voudraitl’aide de Paris pour amĂ©liorer son systĂšmecarcĂ©ral, Bruno ClĂ©ment-Petremann pourraitpeut-ĂȘtre s’en charger? Cet adorateur d’AlbertCamus se laisse convaincre. La tentationest trop forte de mettre ses pas dans ceuxde l’écrivain, d’Alger Ă  Oran. Seule ombre autableau, l’éloignement de sa tribu recomposĂ©e– six filles et un garçon, entre 12 et 30 ans.« Je pourrais parler des heures de ce pays,de la cordialitĂ© de ses habitants qui me rappellele Nord, de l’ambiance Ă©lectrique des stadesde foot », s’enthousiasme-t-il.Sa mission achevĂ©e, il patiente quelques

mois avant de dĂ©crocher son Graal en juin 2019 :la prestigieuse direction de la SantĂ©. Seize moisplus tard, les syndicats de gardiens, pas toujourstendres avec les chefs, lui tressent des lauriers.Erwan Saoudi, dĂ©lĂ©guĂ© FO PĂ©nitentiaire pourla rĂ©gion Île-de-France, le trouve carrĂ©ment« cool ». « Il est franc, direct, Ă  l’écoute, et il saittrancher », salue-t-il. AurĂ©lien Pruvot, premiersurveillant Ă  la SantĂ© et encartĂ© Ă  l’Ufap-Unsa,le juge « humain, avenant, accessible pour sonpersonnel. Il dĂ©tonne dans une administrationde passe-murailles. »Bruno ClĂ©ment-Petremann le sait, il fait

des envieux avec son Ă©tablissement rĂ©novĂ© dusol au plafond (un peu moins avec son salairemensuel net de 4800 euros aprĂšs trente-troisans de carriĂšre). Pourtant, tout n’est pas rose,loin de lĂ . 80% des quelque 470 surveillantssont des stagiaires fraĂźchement diplĂŽmĂ©s.Et le nombre de gradĂ©s destinĂ©s Ă  encadrerces dĂ©butants reste notoirement insuffisant.« C’est notre principale difficultĂ© », regrette-t-il.L’autre s’appelle surpopulation carcĂ©rale, cemal français. Le 17 mars, au dĂ©but du premierconfinement dictĂ© par l’épidĂ©mie de Covid,la SantĂ© comptait 850 dĂ©tenus, pour 708 places.Les sorties anticipĂ©es et la mise en sommeildes tribunaux ont vidĂ© les cellules, ramenantle nombre de pensionnaires Ă  595 deux moisplus tard. Puis le naturel est revenu au galop :ils sont aujourd’hui 825. « Le tout-carcĂ©ral n’estpas la solution, il existe d’autres peines plus utileset moins coĂ»teuses comme la surveillanceĂ©lectronique ou les travaux d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral »,martĂšle le directeur. Mais autant prĂȘcher dansle dĂ©sert algĂ©rien


Le Conseilconstitutionnela tranchĂ© le 2 octobre.La France a quelquemois pour adopterune loi permettantaux personnes placĂ©esen dĂ©tention provisoired’exiger des conditionsd’incarcĂ©rationrespectueusesde leur dignitĂ©. VisĂ©es :les cellules insalubreset la surpopulationendĂ©mique des188 prisons du pays.Au fil des ans,le nombre d’hommeset de femmes derriĂšreles barreaux n’acessĂ© de battre des

records. En marsdernier, ils Ă©taient72500 pour61000 places.Le Covid a rĂ©ussilĂ  oĂč la politiquea Ă©chouĂ© : les mesuresde libĂ©ration anticipĂ©eprises sur fond de crisesanitaire, ainsi quela chute de l’activitĂ©pĂ©nale pendantle confinement, ontfait fondre la populationcarcĂ©rale Ă  58600dĂ©tenus. Mais depuisl’étĂ©, elle repartĂ  la hausse :elle atteignait62260 personnesdĂ©but novembre.

UNE SURPOPULATION CHRONIQUEconfie-t-il. Par ses convictions, aussi. Commelui, je suis convaincu qu’il faut faire une placeplus large Ă  la rĂ©insertion des dĂ©tenus. »L’expĂ©rience entamĂ©e auprĂšs de MichĂšle

Alliot-Marie se poursuit avec son successeurMichel Mercier. Trois annĂ©es « grisantes »marquĂ©es par l’adoption de la loi pĂ©nitentiairede 2009, plutĂŽt favorable aux condamnĂ©s,et le lancement d’un plan de lutte contreles suicides. « La politique pĂ©nitentiaire n’est nide droite, ni de gauche, plaide Bruno ClĂ©ment-Petremann. Robert Badinter l’a humanisĂ©e,mais c’est Jacques Chirac qui a crĂ©Ă© le ContrĂŽleurdes lieux de privation de libertĂ©. » Ses camaradesdu cabinet se souviennent d’un type sympaet enjouĂ©, d’une bonne humeur inĂ©branlableet d’un calme olympien. « Capable de lĂącherde bonnes blagues jusque sur les bancs del’AssemblĂ©e nationale, derriĂšre le ministre »,ajoute un magistrat. Un autre loue « son profondrespect pour chaque maillon de la chaĂźne pĂ©nale,policiers, gendarmes, juges, gardiens, personnelsadministratifs, mais aussi dĂ©tenus ».L’élection de François Hollande en mai 2012

referme cette parenthÚse ministérielle. Voilà

Fan des Clash,Bruno ClĂ©ment-Petremann a affichĂ©dans son bureaude directeurd’établissementpĂ©nitentiaireun poster duchanteur deI Fought the Law.

JULIENPEBREL/M.Y.O.P.POURLESECHOSWWEK-END

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46 – LES ECHOS WEEK-END

BUSINESS STORY

LE SAUMONREMONTELE COURANTAlors que le saumon fumĂ©s’annonce en force sur lestables des rĂ©veillons français,la filiĂšre poursuit son travailpour rĂ©duire son impactenvironnemental. Et redorerson image aprĂšs les excĂšsd’une industrialisationpoussĂ©e Ă  outrance dans lesannĂ©es 1980 et 1990. À la pointede ce travail de reconquĂȘteƓuvre le leader mondial,le norvĂ©gien Mowi. Dansune de ses usines, une sĂ©ancede fumage sans enfumage.

Par Florence BauchardPhotographe: Didier Olivré

ntre la limitation Ă  deuxclients Ă  la fois Ă  l’intĂ©rieur de la boutiqueet un personnel trois fois plus nombreux Ă  cetteĂ©poque de l’annĂ©e, cela va ĂȘtre un vĂ©ritablecasse-tĂȘte », anticipe Ă  l’approche des fĂȘtesBarbara Karoglan, dans la jolie boutiquede 15 m2 aux murs bleu sombre qu’elle a ouverteen 1986 avec son mari rue Monge, dans leVe arrondissement, l’une des plus anciennesenseignes spĂ©cialisĂ©es de la capitale. «UnSaumon Ă  Paris» est aussi, accessoirement,

une des adresses prĂ©fĂ©rĂ©es de Vernon Subutex,le personnage de Virginie Despentes. « MĂȘmeavec le foodtruck Ă  l’extĂ©rieur pour rĂ©cupĂ©rerles commandes, il faut compter d’habitude unebonne heure d’attente, d’autant que c’est unevente qui demande beaucoup de conseils », ajoutecette grande femme aux yeux clairs. Tout estfonction du goĂ»t de chacun – et de son exigence.NorvĂ©gien, danois, bio d’Irlande ou d’Écosse,français, plus ou moins gras ou iodĂ©, l’éventaildes provenances et des qualitĂ©s du saumon

est trĂšs vaste. Les prix peuvent aller du simpleau triple, la palme revenant au saumon sauvagede l’Adour fumĂ© Ă  l’aulne par Barthouil, unemaison familiale quasi centenaire. À 319 eurosle kilo, « c’est l’équivalent du caviar du saumon » !

EMBELLIE AU RAYON POISSONNERIE« Le saumon fumĂ© reste un aliment plaisirpour lesquels les Français ont montrĂ© un regaind’intĂ©rĂȘt depuis le premier confinement »,note Margot LĂ©vis, du cabinet d’études IRI.

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LE SAUMON REMONTE LE COURANT

Dans l’usine du gĂ©antnorvĂ©gien MowiĂ  Lampaul-Guimiliau(FinistĂšre),le 28 septembre 2020.

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En cette fin 2020, ce poisson apprĂ©ciĂ© pour sesbienfaits nutritionnels (vitamine D, omĂ©ga-3)et la variĂ©tĂ© des prĂ©parations possibles (vapeur,poĂȘlĂ©, cuisson longue, etc.) sera peut-ĂȘtre encoreplus recherchĂ© qu’à l’accoutumĂ©e. Car, mĂȘmes’il s’est considĂ©rablement dĂ©mocratisĂ© depuiscinquante ans, le saumon fumĂ© garde uneconnotation festive qui sera bienvenue pourĂ©gayer un rĂ©veillon terni par la crise sanitaire.À la fin octobre 2020, le segment le mieux

valorisĂ© du rayon poissonnerie affiche desventes en hausse de 4% en valeur sur un an,selon l’IRI – il a certainement bĂ©nĂ©ficiĂ© du faitque les particuliers ont eu plus de temps pourcuisiner, et moins de possibilitĂ©s de prendre desrepas hors de leur domicile. AprĂšs une longuepĂ©riode de dĂ©clin qui a vu une chute des ventesde saumon, fumĂ© comme frais, de 30% au totalsur six ans, l’embellie sera-t-elle durable?Margot LĂ©vis le pense, ne serait-ce qu’en raisonde la pĂ©rennisation du tĂ©lĂ©travail, mais aussi

grùce aux efforts de montée en gamme dela grande distribution, de concert avec lesindustriels comme le champion dumondedu saumon, Mowi.Fournisseur historique de plusieurs

marques distributeur, le gĂ©ant norvĂ©gien,nĂ© du regroupement de trois entitĂ©s en 2006,est jusqu’ici inconnu du grand public dansl’Hexagone, mĂȘme s’il y possĂšde de longue datedes sites de transformation dans les Hauts-de-France et en Bretagne. Le groupe espĂšre biengagner en visibilitĂ© en lançant cette annĂ©e unegamme plus qualitative sous sa propre marque :Mowi Pure en grande distribution et MowiSupreme Ă  destination des restaurateurs.

REDORER UNE IMAGE ÉCORNÉESon objectif : redonner des lettres de noblesseĂ  la filiĂšre saumon, qui a essuyĂ© beaucoupde critiques envers ses mĂ©thodes et leurs dĂ©gĂątssur l’environnement, en « tirant le marchĂ©vers le haut », explique depuis le siĂšge de BergenOle-Eirik LerĂžy, prĂ©sident du conseild’administration, issu d’une famille de pĂȘcheursqui court sur quatre gĂ©nĂ©rations.En mettant ainsi en avant la marque Mowi,

dérivée du patronyme de son fondateur ThorMowinckel, un des pionniers les plus passionnésde la salmoniculture norvégienne dans les

annĂ©es 1960, l’entreprise cherche aussi Ă  redorerson image dans une industrie aujourd’huibanalisĂ©e et standardisĂ©e. « La rançon d’uneinondation du marchĂ© par le dĂ©veloppement tousazimuts de l’élevage en NorvĂšge, le principal paysproducteur et exportateur de saumon Atlantiquedepuis les annĂ©es 1980 », explique FabriceTeletchea, maĂźtre de confĂ©rences Ă  l’universitĂ©de Lorraine, spĂ©cialisĂ© dans les systĂšmesde production aquacoles.La pandĂ©mie a quelque peu bousculĂ© le

planning des animations en magasin prĂ©vuespour l’introduction de cette offre Mowi enFrance, le marchĂ© europĂ©en le plus friand desaumon fumĂ© avec une consommation annuelled’environ un demi-kilo par personne. « Maisnous avons prĂ©fĂ©rĂ© maintenir ce projet car,Ă  un moment ou un autre, le Covid va disparaĂźtre»,explique Fabrice Barreau, patron de la zoneEurope de l’Ouest depuis sept ans. UnepersĂ©vĂ©rance accueillie avec soulagement parle site de Landivisiau, reconverti dans lesproduits fumĂ©s aprĂšs avoir frĂŽlĂ© la dĂ©localisationĂ  la suite d’un incendie ravageur en juillet 2018.En attendant l’achĂšvement, au printemps,

du chantier de reconstruction mené tambourbattant avec le soutien de la région et des élus,la production a déménagé temporairementà Lampaul-Guimiliau, dans les anciens

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BUSINESS STORY

DopĂ©e par la demande mondialede protĂ©ines animales, la productionde saumon d’élevage a dĂ©collĂ© depuisquarante ans, passant de 12000 tonnesen 1980 Ă  2,4 millions de tonnes en 2018,selon la FAO. La NorvĂšge avec ses28000 kilomĂštres de cĂŽtes baignĂ©es

d’eau froide reste aujourd’hui de loin lepremier pays producteur (1,2 million detonnes), devant le Chili (614 179 tonnes)– le saumon de l’hĂ©misphĂšre Nord y aĂ©tĂ© acclimatĂ© Ă  partir de 1978 aprĂšs despremiers essais infructueux au dĂ©butdu XXe siĂšcle –, le Royaume-Uni (189707),

le Canada (120553) ou encore les ĂźlesFĂ©roĂ© (86800). La Chine s’est aussipositionnĂ©e sur le marchĂ© endĂ©veloppant des unitĂ©s de productionĂ  terre, car les capacitĂ©s mondialesexistantes peinent Ă  rĂ©pondre Ă  l’appĂ©titdes nouvelles classes moyennes.

locaux des abattoirs GAD, en contrebas de l’undes plus beaux enclos paroissiaux du FinistĂšre.En cette fin d’automne brumeuse, la productionde saumon fumĂ© Mowi bat dĂ©jĂ  son plein. « UnĂ  trois jours s’écoulent entre la rĂ©ception des filetsde Boulogne-sur-Mer, oĂč ils ont Ă©tĂ© dĂ©barrassĂ©sde leur gras et de leur chair brune, jusqu’à leuremballage dans des prĂ©sentoirs en kraft, selonun cahier des charges strict en matiĂšre de couleur,texture et goĂ»t », explique Nathalie Mercier,en charge de la recherche pour Mowi France.Une opĂ©ratrice en blouse blanche, charlotte

sur la tĂȘte et masque anti-Covid sur le visage,

PRODUCTIONEN FORTE HAUSSE

saisit dĂ©licatement avec des gants bleuĂ©lectrique de grands filets de saumon Ă  la chairorange vif de 50 cm livrĂ©s quotidiennementet les place bien Ă  plat sur la ligne de salage,aprĂšs avoir dĂ»ment vĂ©rifiĂ© l’absence de toutetĂąche, dĂ©faut ou trou susceptible de provoquerdes dĂ©chirures lors du tranchage. En quelquesminutes, les saumons sont recouvertsautomatiquement d’une fine pellicule blanchede sel de mer au grain variable, selon le poids,l’origine du poisson et la recette choisie. Ilsconservent cette saumure quelques heuressur des claies mĂ©talliques avant d’ĂȘtre douchĂ©s

Chez Mowi, à Lampaul-Guimiliau. Les filetsde saumon arrivantquotidiennementde Boulogne-sur-Mersont pesés, saléset mis à matureravant le fumage.

DIDIEROLIVRÉPOURLESECHOSWEEK-END

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LE SAUMON REMONTE LE COURANT

puis laissĂ©s Ă  maturer de nouveau pour quele sel pĂ©nĂštre bien la chair, avant un fumageĂ  la sciure de hĂȘtre dans une enceinte fermĂ©ependant cinq heures trente.AprĂšs avoir refroidi pendant une

douzaine d’heures, les filets sont dĂ©coupĂ©smĂ©caniquement en fines tranches, selonla technique dite de tranchage frais, plusrespectueuse des qualitĂ©s organoleptiquesque le tranchage par tempĂ©raturenĂ©gative. Savamment pliĂ©es pour ĂȘtredĂ©tachables une Ă  une sans difficultĂ©, lestranches sont ensuite emballĂ©es quatre parquatre sur une plaque de carton dorĂ© sousatmosphĂšre modifiĂ©e, plutĂŽt que sous-videcomme pour les marques distributeur.

« PRODUIRE PLUS EN IMPACTANT MOINS »Cette attention redoublĂ©e Ă  chaque Ă©tape dela transformation, pour produire un saumonfumĂ© plus qualitatif, s’applique Ă©galementen amont de la chaĂźne, dĂšs la pisciculture.Mowi a ainsi travaillĂ© Ă  la sĂ©lection d’unesouche plus robuste de salmo salar – le nomlatin du saumon de l’Atlantique – et amĂ©liorĂ©les conditions d’élevage, avec une alimentationplus riche que dans le reste de l’industrie.Mowi n’avait, il est vrai, guĂšre d’autre choix.

Comme dans l’élevage intensif du poulet ou du

sur les autres espĂšces de poissons pour nourrirun animal carnassier, affaiblissement de lagĂ©nĂ©tique des espĂšces sauvages par hybridationavec des saumons d’élevage Ă©chappĂ©s des cages.De quoi obĂ©rer les perspectives de la filiĂšre,ne serait-ce qu’en termes d’acceptabilitĂ© sociale,voire d’attractivitĂ© en tant qu’employeur.

Fabrice Barreau résume ainsi le défi :« trouver des solutions pour produire

plus en impactant moins ». D’ici 2030,le groupe prĂ©voit de rĂ©duire de 35% sesĂ©missions de carbone. Avec un budget derecherche-dĂ©veloppement de 46 millions

d’euros pour un chiffre d’affaires (record) de4,1 milliards en 2019, le gĂ©ant norvĂ©gien disposede ressources d’innovation sans Ă©quivalent dansla profession. Il emprunte Ă  des secteurs commel’exploration pĂ©troliĂšre ou mĂȘme les Gafam desmĂ©thodes pour prĂ©venir la pollution des fondsmarins, l’occurrence de maladies, l’évasionde saumons, et pour veiller au bien-ĂȘtre animal.Pour Eirik Moe, du cabinet de conseil EY,

Mowi est une « vĂ©ritable locomotive de sonindustrie, certainement l’une des sociĂ©tĂ©s les plusactives ces derniĂšres annĂ©es », poussĂ©e il est vraipar une rĂ©glementation de plus en plus sĂ©vĂšreen NorvĂšge, sa principale base d’exploitationet le premier producteur mondial. « Les progrĂšsdans le secteur sont rĂ©els », explique JoĂ«l

porc, l’industrialisation de la salmoniculturea crĂ©Ă© de graves problĂšmes sanitaires etenvironnementaux, dĂ©noncĂ©s rĂ©guliĂšrementpar les ONG: accumulation des dĂ©jectionsdes animaux et des restes de leur nourrituresur les fonds marins, abus de pesticideset d’antibiotiques contre le dĂ©veloppementde maladies parasitaires, prĂ©lĂšvement croissant

3,4MILLIONSDETONNES

de saumon (en équivalentpoids éviscéré) ont été

consommĂ©es dans le mondeen 2019, dont prĂšs de 70%de saumon de l’Atlantique.

CLU

BFOTO/GETTY/ISTOCK

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50 – LES ECHOS WEEK-END

BUSINESS STORY

du saumon sur la pĂȘche d’autres poissonscomme les anchois, son rĂ©gime nutritifa Ă©tĂ© partiellement vĂ©gĂ©talisĂ© avec du soja.Des essais sont menĂ©s avec des insectes, desalgues et mĂȘme des coproduits de l’exploitationforestiĂšre. Pour mieux maĂźtriser ce maillonde la chaĂźne primordial Ă  la fois pour la qualitĂ©du produit fini et en termes de coĂ»ts, Mowia fini par l’intĂ©grer, comme toutes les autresĂ©tapes de la salmoniculture, depuis l’écloseriejusqu’au produit vendu au dĂ©tail.

DÉMARCHE DE LABELLISATIONAutant d’efforts consacrĂ©s par la certificationAquaculture Stewardship Council (ASC) de prĂšsde 60% des fermes du groupe, essentiellementsituĂ©es en NorvĂšge. Un label qui fait rĂ©fĂ©renceaujourd’hui. DĂ©veloppĂ©e Ă  l’initiative duWWFen 2003, la rĂ©flexion sur un encadrementplus strict de l’aquaculture a dĂ©bouchĂ© sept ansplus tard sur la crĂ©ation de l’ASC aux Pays-Bas.Mowi fait partie des industriels du saumonqui se sont mobilisĂ©s Ă  partir de 2013 pouraccompagner le mouvement au sein dela Global Sustainable Seafood Initiative.

JOHN FREDRIKSEN, LE MILLIARDAIRE DU SAUMON

AprÚs découpe, les tranches de saumon sont emballées sur du carton doré, qui ne manque pas de souligner le cÎté festif de cet aliment plaisir.

d’élevages rassemblant des dizaines de milliersd’individus au mĂȘme endroit. Chez Mowi,des poissons nettoyeurs (des vieilles) sontintroduits dans les cages pour dĂ©vorer les pouxavant qu’ils ne s’attaquent aux branchies dessaumons, les condamnant Ă  une mort certaine.Et des systĂšmes d’éclairage y sont Ă©galementinstallĂ©s pour Ă©loigner les parasites.Pour rĂ©duire la pression de l’alimentation

Mowi doit beaucoup Ă  JohnFredriksen. Discret, cemilliardaire d’origine modeste– son pĂšre Ă©tait soudeur – n’estpas loin d’ĂȘtre considĂ©rĂ© comme« le plus grand entrepreneur del’histoire de la NorvĂšge ». AprĂšsavoir fait fortune dans le pĂ©trole,le nĂ©goce et l’immobilier, « cet

autodidacte a eu le couraged’investir 1 milliard d’euros dansla restructuration d’un secteuren difficultĂ© au dĂ©but desannĂ©es 2000», raconte Ole-EirikLerĂžy, prĂ©sident du conseild’administration de Mowi.Devenu premier actionnairedu gĂ©ant de la pisciculture avec

15% du capital, devant le fondssouverain norvĂ©gien (10%),ce septuagĂ©naire s’est classĂ©Ă  nouveau cette annĂ©e en tĂȘtedes plus grosses fortunes dupays, selon le magazine Kapital,avec un patrimoine estimĂ©Ă  104 milliards de couronnes,soit 9,75 milliards d’euros.

Aubin, spĂ©cialiste de l’analyse environnementaledes systĂšmes d’élevage de l’Inrae (Institutnational de recherche pour l’agriculture,l’alimentation et l’environnement).La vaccination des alevins s’est ainsi

largement substituée aux antibiotiques et desméthodes alternatives aux pesticides se sontdéveloppées pour lutter contre le fléau du poude mer, parasite naturel qui prolifÚre au sein

DIDIEROLIVRÉPOURLESECHOSWEEK-END

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LES ECHOS WEEK-END – 51

LE SAUMON REMONTE LE COURANT

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« Notre objectif est de certifier toutesnos fermes ASC d’ici Ă  2025, sachant que l’auditest renouvelĂ© chaque annĂ©e, et qu’en casde dĂ©viation consĂ©quente par rapport auxrĂ©fĂ©rentiels, on perd la certification », expliqueCatarina Martins, qui a rejoint depuis avril 2019l’équipe de direction au poste nouvellementcrĂ©Ă© de directrice du dĂ©veloppement durable.« Une dĂ©marche bien en phase avec les attentesdu consommateur, en particulier en France,oĂč le tonnage de saumons ASC toutes marquesconfondues proposĂ© en grande distribution adoublĂ© entre 2018 et 2019 », souligne CamilleCivel, responsable du dĂ©veloppement de ce labelen France et en Belgique.

AMÉLIORATION INÉGALE SELON LES PAYS« La profession rĂšgle les problĂšmes au fur et Ă mesure en faisant Ă©voluer progressivement lespratiques et les technologies », confirme FabriceTeletchea. Si les mĂ©thodes se sont assainies enNorvĂšge pour prĂ©server la deuxiĂšme ressourceĂ©conomique du pays aprĂšs les hydrocarbures,c’est toutefois loin d’ĂȘtre la norme partout.Au Chili, oĂč la production a doublĂ© en dix anspour rĂ©pondre Ă  la demande russe, amĂ©ricaine,japonaise et chinoise, Liesbeth van der Meer,directrice de l’antenne locale de l’association

de protection des ocĂ©ans Oceana, dĂ©plore« le refus de 20% des industriels implantĂ©s dansle pays de transmettre des informations surles traitements chimiques et antibiotiques.Si l’indice antibiotique par poisson a dĂ©cru,le secteur en emploie encore des volumesimpressionnants en raison d’une productionde saumons en forte croissance dans un paysĂ  la lĂ©gislation plus permissive qu’ailleurset oĂč la prise de conscience du public est bien plusfaible qu’en Europe. » En 2018, le Chili employait550 fois plus d’antibiotiques par tonne de

saumon que la NorvÚge, selon cette spécialiste,vétérinaire de formation.La direction de Mowi estime que « les poux

de mer sont et resteront la principale limitationĂ  la croissance de notre industrie ». Pour ÉlodieMartinie-Cousty, pilote du rĂ©seau ocĂ©ans, merset littoraux de France Nature Environnement,la nutrition de ce poisson situĂ© en boutde chaĂźne alimentaire, qui du coup accumuledes polluants comme les PCB, constitueun autre sujet de prĂ©occupation persistant.De mĂȘme que l’hybridation des saumonssauvages avec des «évadĂ©s». Pas sĂ»r que lesmĂ©ga-Ă©levages pilotes implantĂ©s Ă  terre oules fermes offshore – inspirĂ©es des plateformespĂ©troliĂšres – financĂ©s aujourd’hui par lecapital-risque rĂ©pondent Ă  ces problĂ©matiques.Au-delĂ  des risques techniques, ces installationsmĂȘmes ne sont pas sans poser des risquesd’image, observe de son cĂŽtĂ© BenoĂźt Videl-Giraud, du cabinet de conseil Via Aqua.« Ne serait-il pas plus sage de consommer moinsde saumon ? », suggĂšre Élodie Martinie-Cousty.VoilĂ  une question Ă  laquelle on pourrarĂ©pondre au moment des bonnes rĂ©solutionsdu Nouvel An.

EN 2018, LE CHILIEMPLOYAIT 550 FOISPLUS D’ANTIBIOTIQUESPAR TONNE DE SAUMONQUE LA NORVÈGE, SELONL’ASSOCIATION OCEANA.

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52 – LES ECHOS WEEK-END

BUSINESS STORY

EMER COOKE, GENDARMEEUROPÉEN DESVACCINS SOUS PRESSIONLa directrice gĂ©nĂ©rale de l’AgenceeuropĂ©enne des mĂ©dicaments continuede vouloir respecter toutes lesprocĂ©dures de validation des vaccinsanti-Covid, mĂȘme aprĂšs le feu vertexpress des Britanniques au produitPfizer. C’est la confiance des citoyensqui est en jeu.

Par Karl De Meyer

ous, les rĂ©gulateurs, nous sentons une immenseresponsabilitĂ© Ă  ce moment de la crise sanitaire,nous cherchons Ă  protĂ©ger nos populations surla base d’une Ă©valuation scientifique de l’efficacitĂ©,la sĂ©curitĂ© et la qualitĂ© des vaccins », nousdĂ©clarait trĂšs prudemment le 1er dĂ©cembre EmerCooke, la toute nouvelle directrice gĂ©nĂ©ralede l’Agence europĂ©enne des mĂ©dicaments(EMA en anglais), en charge de l’approbationdes vaccins contre le Covid. Au tĂ©lĂ©phonedepuis Amsterdam, l’Irlandaise expliquaitqu’une rĂ©union prĂ©vue le 29 dĂ©cembre pourrait,« si tout se dĂ©roule bien », conduire Ă  uneautorisation du produit codĂ©veloppĂ© par Pfizeret BioNTech. Elle insistait sur la nĂ©cessitĂ©de respecter chaque Ă©tape de la procĂ©dure.Sur la question de savoir si l’autoritĂ©amĂ©ricaine, la Food and Drug Administration,pourrait donner son feu vert un peu plus tĂŽt,elle apparaissait plutĂŽt dĂ©tendue : « La FDAest lĂ©gĂšrement en avance sur nous, parce qu’ilsont une approche diffĂ©rente reposant surune autorisation temporaire d’urgence. »Elle s’attachait Ă  souligner au passagela qualitĂ© de la coopĂ©ration transatlantique.Le lendemain, 2 dĂ©cembre, coup de tonnerre

dans le ciel pharmaceutique : le régulateurbritannique avalise le procédé Pfizer ;le gouvernement de Boris Johnson annoncele début des vaccinations quelques jours plus

L’Irlandaise Emer Cooke,arrivĂ©e Ă  la tĂȘte de l’EMAle 23 novembre, a suivile dossier Covid au seinde l’OMS depuis le dĂ©butde la pandĂ©mie.

SWENPFÃRTNER/ZUMAPRESS/REA

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LES ECHOS WEEK-END – 53

EMER COOKE

tard. Alors que Londres peine depuis des moisĂ  finaliser les modalitĂ©s du Brexit, de nombreuxresponsables politiques britanniques laissententendre Ă  mots plus ou moins couverts quele Royaume-Uni bĂ©nĂ©ficie dĂ©jĂ  de son retraitde l’Union europĂ©enne sous la forme d’unexamen plus rapide, sous-entendu moinsbureaucratique, des remĂšdes Ă  la pandĂ©mie.Alors que le mĂȘme jour se tient un conseil des

ministres de la SantĂ© de l’UE, en tĂ©lĂ©confĂ©rence,Emer Cooke se contente de « prendre note » dela dĂ©cision britannique. Le ministre allemandde la SantĂ©, qui dirige les dĂ©bats car l’Allemagneassure jusqu’à la fin de l’annĂ©e la prĂ©sidencetournante de l’Union, ne lui facilite pas la tĂąche.Jens Spahn met en garde contre une possibleperception par les citoyens que l’Europe seraitĂ  la traĂźne. « Nous devons agir aussi vite quepossible », dĂ©clare l’ambitieux quadragĂ©naire,qui a songĂ© un moment postuler Ă  la successiond’Angela Merkel.Énorme pression sur Emer Cooke, donc,

qui a toutefois de nombreux atouts danssa manche pour y rĂ©sister. D’abord un CVen bĂ©ton. AprĂšs des Ă©tudes de pharmacieau prestigieux Trinity College de Dublin,elle travaille dans l’industrie du mĂ©dicamentpendant trois ans avant de rejoindre lerĂ©gulateur irlandais, puis l’AssociationeuropĂ©enne des groupes pharmaceutiques

que grĂące Ă  eux nous avons de faibles incidencesde la polio, de la variole et mĂȘme de la rougeole. »Selon l’eurodĂ©putĂ©e française VĂ©ronique

Trillet-Lenoir (Renew Europe, centristes),« une maniĂšre de lutter contre les antivaccinsserait de faire la transparence sur les contratsd’achat par la Commission europĂ©enne desvaccins de six groupes pharmaceutiques. Une foisles nĂ©gociations terminĂ©es, il faudrait rendrepublics la structuration des prix, les sites deproduction, les clauses de responsabilitĂ© juridiqueet les conditions de la propriĂ©tĂ© industrielle. »OĂč l’on rĂ©alise au passage que c’est l’exĂ©cutifcommunautaire, et plus prĂ©cisĂ©ment sadirectrice gĂ©nĂ©rale santĂ©, l’Italienne SandraGallina, qui a passĂ© commande pour les 27. C’estune premiĂšre. « On peut imaginer faire de mĂȘmepour d’autres mĂ©dicaments afin d’obtenir demeilleurs prix », estime VĂ©ronique Trillet-Lenoir,cancĂ©rologue. Malheureusement, unecommande mutualisĂ©e de remdesivir Ă  Gileads’est rĂ©vĂ©lĂ©e peu judicieuse, le mĂ©dicamentanti-Covid Ă©tant maintenant dĂ©conseillĂ© par desĂ©tudes de l’OMS.

VERS UNE EUROPE DE LA SANTÉMalgrĂ© tout, de cette crise sanitaire majeurepourrait Ă©merger une Europe de la santĂ©, alorsque les États-membres conservaient jusque-lĂ jalousement cette compĂ©tence au niveaunational. « Le budget europĂ©en allouĂ© Ă  la santĂ©va passer de 450 millions d’euros dans la pĂ©riode2014-2020 Ă  5 milliards d’euros dans la pĂ©riode2021-2027. Il y a eu une vraie prise de consciencesur la nĂ©cessitĂ© d’une plus grande intĂ©gration,estime Nathalie Colin-OesterlĂ©, les États-membresn’étaient pas prĂ©parĂ©s. » La CommissioneuropĂ©enne vient de proposer d’étendre lespouvoirs de l’EMA, notamment pour gĂ©rer lesstocks, remĂ©dier aux pĂ©nuries de mĂ©dicamentset de matĂ©riel. Emer Cooke s’en est rĂ©jouie: «C’estla reconnaissance des nouvelles responsabilitĂ©sque nous avons assumĂ©es depuis le dĂ©but de lacrise. C’est le rĂ©sultat des leçons apprises au coursdes dix derniers mois. » À vrai dire, la directricede l’EMA n’en est pas encore Ă  penser Ă  sesmissions post-Covid, mais plutĂŽt Ă  organiser ledĂ©ploiement des vaccins. « Nous avons dĂ©veloppĂ©un systĂšme de surveillance mensuel pour traquerd’éventuels effets secondaires, et nous lanceronsen parallĂšle des Ă©tudes indĂ©pendantes.»On n’a pasosĂ© lui souhaiter de bonnes fĂȘtes.

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Ă  Bruxelles. En 1998, elle entre Ă  la CommissioneuropĂ©enne, et intĂšgre en 2002 l’AgenceeuropĂ©enne des mĂ©dicaments, alors basĂ©e Ă Londres – suite au Brexit, l’EMA s’est dĂ©localisĂ©een 2019 Ă  Amsterdam et a emmĂ©nagĂ© cetteannĂ©e dans le quartier d’affaires du Zuidas,qu’on peut comparer Ă  La DĂ©fense.

UN FORUM EN LIGNE CE VENDREDIDevenue responsable des affaires internationalesde l’Agence, Emer Cooke passe en 2016Ă  l’Organisation mondiale de la santĂ© (OMS),Ă  GenĂšve, oĂč elle Ă©toffe son rĂ©seau de contactsmondial. Elle est nommĂ©e en juillet dernierĂ  la tĂȘte de l’EMA, et prend ses fonctionsle 23 novembre. DĂ©buts en fanfare, donc, maisavec une connaissance parfaite du dossierCovid : « Depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie,je lui ai consacrĂ© 80% de mon temps Ă  l’OMS. »L’Irlandaise, qui travaille en ce moment plusde douze heures par jour et le week-end, peutaussi compter sur le soutien de nombreuxeurodĂ©putĂ©s, notamment Ă  la CommissionENVI (Environnement, santĂ© publique, sĂ©curitĂ©alimentaire). Le soir de l’annonce britannique,la Française Nathalie Colin-OesterlĂ© (PPE,conservateur) nous dĂ©clarait ainsi partĂ©lĂ©phone : « Il ne faut surtout pas confondrevitesse et prĂ©cipitation, il ne faut pas donnerde feu vert si l’on n’est pas sĂ»r. Cela ne sert Ă  riende hĂąter l’autorisation si personne ne veut sefaire vacciner ensuite, par dĂ©fiance. » Depuisplusieurs semaines, l’élue locale de Metz entendles inquiĂ©tudes de ses administrĂ©s : « Les genspensent qu’on va trop vite, qu’on fait passerl’intĂ©rĂȘt des laboratoires avant la santĂ© descitoyens, alors que l’Europe dĂ©fend les standardsles plus Ă©levĂ©s au monde. »Emer Cooke a bien conscience de l’enjeu,

notamment pour la France, pays de LouisPasteur oĂč paradoxalement les mouvements«antivax» sont particuliĂšrement virulentset pullulent sur les rĂ©seaux sociaux. C’estpourquoi elle a dĂ©cidĂ© d’organiser, ce vendredi11 dĂ©cembre, un forum en ligne oĂč lesEuropĂ©ens pourront exposer leurs craintes etposer des questions aux scientifiques de l’EMA.« Il est trĂšs important que les rĂ©actions descitoyens soient basĂ©es sur des informations,pas sur des mythes ou des rumeurs », confiela directrice gĂ©nĂ©rale de l’Agence, crĂ©Ă©e en 1995,aujourd’hui forte de quelque 900 personnes.« Les gens ont oubliĂ© que les vaccins ont changĂ©le monde et inflĂ©chi les courbes de mortalitĂ©,

« IL EST TRÈS IMPORTANTQUE LES RÉACTIONS DESCITOYENS SOIENT BASÉESSUR DES INFORMATIONS,PAS SUR DES RUMEURS. »

DR

Un centre de vaccinationen cours d’installationdans un gymnase en Allemagne,Ă  Eschwege (Hesse),le 1er dĂ©cembre 2020.

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54 – LES ECHOS WEEK-END

BUSINESS STORY WIZZ AIR

WIZZ AIR AUSEPTIÈME CIEL

ne compagnie aĂ©rienne qui, enpleine pandĂ©mie, ouvre de nouvelles liaisonsentre Cluj-Napoca (Roumanie) et Karlsruheou entre Bergen et Trondheim, qui installeune base aĂ©roportuaire Ă  Gatwick et bientĂŽtune autre Ă  Abu Dhabi? C’est possible.Pas une semaine ne passe sans une nouvelleinitiative de la remuante Wizz Air. En six mois,la compagnie low cost paneuropĂ©enne d’originehongroise a rĂ©allouĂ© 20% de ses capacitĂ©spour mettre en place pas moins de260 nouvelles liaisons et 13 nouvelles bases,tout en prenant livraison, comme prĂ©vu, de7 nouveaux Airbus A321 neo – les avionsmonocouloir les plus compĂ©titifs du marchĂ©.Dans une industrie sapĂ©e par l’effondrement

du tourisme et des voyages d’affaires, la Bourseapplaudit l’activisme de cet opĂ©rateur mineurqui fait la nique aux grandes compagnies : Ă Londres oĂč l’entreprise est cotĂ©e, l’action s’est

envolĂ©e (c’est le cas de le dire) Ă  4884 pence(+87% par rapport Ă  la mi-mai). Avec plus de4,18 milliards de livres (4,60 milliards d’euros)de capitalisation au 7 dĂ©cembre, la sociĂ©tĂ© crĂ©Ă©een septembre 2003 pĂšse deux fois plus qu’AirFrance-KLM (2,28 milliards d’euros).

« En Ă©conomie, tout bas de cycle estgĂ©nĂ©ralement suivi par une phase de croissance,l’occasion pour nous d’amĂ©liorer notrecompĂ©titivitĂ© », rappelle lors d’un entretienen visioconfĂ©rence le PDG et cofondateurde Wizz Air, JĂłzsef Varadi. Économistede formation, l’ancien directeur gĂ©nĂ©ralde la compagnie nationale hongroise MalĂ©vn’a pas Ă©tĂ© surpris par le retournement deconjoncture. En revanche, cet entrepreneur,qui a rejoint le secteur aĂ©rien aprĂšs dix anspassĂ©s chez Procter & Gamble, n’avait « pasanticipĂ© qu’il serait provoquĂ© par un virus ! »InĂ©dit, ce choc aurait plutĂŽt tendance Ă 

Dans un secteur ravagĂ© parla pandĂ©mie, la compagnielow cost d’origine hongroise

nargue les majors.Capitalisant sur des coûtsultracompétitifs et lajeunesse de sa clientÚle.

Par Florence Bauchard

Un Airbus 321aux couleurs

de la compagniehongroiseWizz Air.

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Page 99: Les Echos - 11 12 2020

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56 – LES ECHOS WEEK-END

BUSINESS STORY WIZZ AIR

stimuler le sportif accompli, joggeur quasimentquotidien, skieur l’hiver et golfeur l’étĂ©, mariĂ©Ă  une championne olympique de kayak.Encore trop jeune en 2008 pour profiter

de la redistribution des cartes consĂ©cutiveĂ  la crise des subprimes, Wizz Air a depuis bienprospĂ©rĂ© avec l’appui d’un premier actionnaireexpĂ©rimentĂ©, le fonds amĂ©ricain Indigo Partners,notamment grĂące au trafic dit «ethnique»des migrants Ă©conomiques de Pologne,Hongrie, et autres pays d’Europe centrale,vers le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Franceou les Pays-Bas. C’est dans un deuxiĂšme tempsque le transporteur a captĂ© des touristes et uneclientĂšle d’affaires. Le pavillon Ă  bandeau fuchsiaet bleu aisĂ©ment reconnaissable est devenu lepremier opĂ©rateur d’Europe centrale et orientaledevant Ryanair, battant Ă  son propre jeu le tĂ©noreuropĂ©en du low cost – pourtant deux fois plusgros que lui – avec des coĂ»ts par siĂšge disponible(hors fioul) trĂšs faibles (2,70 euros). Le fruitd’une politique tarifaire agressive, d’unedistribution en direct, et de coĂ»ts du personnelallĂ©gĂ©s, sans parler de l’externalisation Ă  100%des services demaintenance.

80 MILLIONS DE PASSAGERS D’ICI À 2025Si dĂšs avril dernier Wizz Air a rĂ©duit de 20%son effectif – plutĂŽt jeune et peu syndiquĂ© –,« promettant de les rĂ©embaucher dĂšs quela situation le permettra », selon la secrĂ©tairegĂ©nĂ©rale Marion Geoffroy, la compagniemaintient son objectif de doubler d’ici Ă  2025son trafic passagers, avec 80 millions depassagers sur six ans, tout en continuantĂ  Ă©toffer sa flotte. EntamĂ©e depuis quelques

annĂ©es, elle veut accĂ©lĂšrer la diversificationde son offre en Ă©tendant son rĂ©seau versl’Oural et le sud-est et la densifier en Europeoccidentale. Tout est prĂȘt pour l’ouvertured’une base Ă  Abu Dhabi le 15 janvier,en coopĂ©ration avec le trĂšs puissant fondssouverain ADIA. Dans l’Union europĂ©enne,la prioritĂ© est Ă  la densification du maillage,sur des liaisons intĂ©rieures moins touchĂ©espar la crise sanitaire. En France, oĂčWizz Airest dĂ©jĂ  prĂ©sente sur plusieurs aĂ©roportsrĂ©gionaux (Beauvais, Grenoble, Bordeaux
),« la compagnie pourrait Ă©galementĂȘtre tentĂ©e par des transversales libĂ©rĂ©es parla concurrence », estime Guillaume Hue,directeur associĂ© du cabinet de conseil ArcheryStrategy Consulting.La compagnie ultra-low cost a les moyens

de ses ambitions, aprĂšs plusieurs annĂ©esde croissance Ă  deux chiffres. Au termede son dernier exercice clos au 30 mars 2020,elle affichait encore 300 millions d’euros

de bĂ©nĂ©fice net pour 2,7 milliards de chiffred’affaires. « Nous avons suffisammentde liquiditĂ©s pour tenir deux ans sans faire volerun avion et nous disposons de l’une des basesde coĂ»ts les plus compĂ©titives en Europe »,lance JĂłzsef Varadi dans un anglais Ă  peineteintĂ© d’une pointe d’accent sur les «r».Avec une flotte d’Airbus rĂ©cente – quatre anset demi contre huit ans en moyenne pourRyanair ou EasyJet –, Wizz Air est prĂȘteĂ  capitaliser sur toute esquisse de reprise,comme elle l’a prouvĂ© l’étĂ© passĂ©. Sa clientĂšlehistorique relativement jeune (36 ans enmoyenne), et donc moins inquiĂšte face au virus,a rĂ©pondu prĂ©sent dĂšs la levĂ©e des restrictions.

« Les prochains mois vont ĂȘtre trĂšs difficiles »,reconnaĂźt toutefois le PDG, qui se projette dĂ©jĂ Ă  l’étĂ© prochain sans faire de pronosticsur les rĂ©sultats annuels. « La saison estivaledevrait marquer un tournant, avec une visibilitĂ©accrue sur des vaccins espĂ©rons-le efficaces »,spĂ©cule le dirigeant depuis le siĂšge genevoisde l’entreprise, Ă  la veille de s’installertemporairement Ă  Londres pour gĂ©rerla transition du Brexit. En attendant,« quotidienne et opportuniste, la gestion dĂ©penddes mesures imposĂ©es par les gouvernementset la profitabilitĂ© attendue », explique MarionGeoffroy. Les clients ne semblent pas avoirperdu le goĂ»t de voyager, pourvu que l’étausanitaire se desserre. « Il suffit de voir l’explosiondes rĂ©servations constatĂ©e en octobre lorsde la suppression des restrictions entreles Canaries et l’Angleterre avant que leconfinement dĂ©crĂ©tĂ© par Boris Johnson n’y metteun terme », souligne le directeur commercialGeorge Michalopoulos.En attendant une relance du transport

aĂ©rien et une meilleure coordination desprotocoles sanitaires, les nĂ©gociations vont bontrain pour abaisser encore les coĂ»ts d’opĂ©rationdans des aĂ©roports europĂ©ens aux abois :prĂšs de 200 d’entre eux seraient au bordde la faillite. « Certes, Wizz Air prend despositions, mais sans doute moins agressivementqu’annoncĂ© au dĂ©part, et certainement pasde maniĂšre rentable pour le moment »,tempĂšre Guillaume Hue. Il faudra peut-ĂȘtrese dĂ©pĂȘcher d’aller Ă  Cluj-Napocaj viaKarlsruhe, au cas oĂč la ligne ferme


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DANS L’UNION EUROPÉENNE,LA PRIORITÉ EST À LA DENSIFICATIONDU MAILLAGE, SUR DES LIAISONSINTÉRIEURES MOINS TOUCHÉESPAR LA CRISE SANITAIRE.

József Varadi, PDG et cofondateur de Wizz Air, photographiéau Global Aviation Festival, à Londres en septembre 2016. C

HRISRATCLIFFE/BLO

OMBERG

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LES ECHOS WEEK-END – 57

CULTURE11 DÉCEMBRE 2020

LE CINÉMAPASSE AU VERT

Tournaged’effets spĂ©ciaux

sur fond vert.

Par VĂ©ronique Le Bris

EVERETTCOLLECTION/ABACA

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CULTURE

410000 allers retours Paris-New York en avion.Produire du cinĂ©ma pollue, Ă  un point telqu’Hollywood Ă©tait considĂ©rĂ© en 2006 commele deuxiĂšme pollueur de Californie aprĂšs lesecteur du pĂ©trole. Ces donnĂ©es sont anciennes,rares, voire pas trĂšs fiables. « Il n’y a pas d’étudeprĂ©cise chiffrĂ©e du secteur, pas de visionscientifique », dĂ©couvre avec surprise ClĂ©menceLacharme. Consultante senior de Carbone 4,elle fait partie du quatuor d’experts que leCentre national du cinĂ©ma et de l’image animĂ©e(CNC) a missionnĂ© depuis septembre 2020 pouranalyser le sujet et mettre en place, Ă  terme, unepolitique cohĂ©rente. « Quantifier sera peut-ĂȘtreune de nos recommandations
 Mais l’absencede chiffres n’empĂȘche pas d’agir », dĂ©clare MarieCarrega, adjointe au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral del’Onerc (Observatoire national sur les effets durĂ©chauffement climatique intĂ©grĂ© au ministĂšrede la Transition Ă©cologique), mandatĂ©e elleaussi par le CNC. Au regard de leurs premiĂšresobservations sur le terrain et des discussionsavec des professionnels, le secteur est en retard,avec des pratiques surprenantes, notamment entermes de gestion des dĂ©chets. « Mais on ne peutpas dire que rien n’a encore Ă©tĂ© fait. Et certainesinitiatives sont fortes », poursuit Marie Carrega.Pour l’instant – et c’est en cela que la volontĂ©

du CNC de structurer sa politique quis’imposera aux acteurs du milieu estpertinente –, les expĂ©riences sont sporadiques

Pour l’industriecinĂ©matographiquecela aurait dĂ» ĂȘtrel’annĂ©e de la prisede conscienceĂ©cologique. Les effetsde la pandĂ©mie ontredĂ©fini les contoursd’une mutationinĂ©luctable. Vers unmieux? Encore troptĂŽt pour le dire.

es Arcs Film Festival de 2019 avaient annoncĂ© lacouleur. DĂ©sormais, le cinĂ©ma sera vert. ChaqueĂ©dition de ce rendez-vous d’altitude vivra aurythme de son Green Lab qui rĂ©unit expertset partages d’expĂ©riences menĂ©es dans toutel’Europe. Cette initiative, l’une des premiĂšresd’un grand festival gĂ©nĂ©raliste en France, devaitamorcer un mouvement de fond et de rĂ©flexionpour rĂ©duire l’empreinte Ă©cologique du secteur,sur le modĂšle de l’action qu’il avait menĂ©e enfaveur de la paritĂ© avec son Lab des Femmes.Le Festival de Cannes, en mai suivant, devaiten ĂȘtre le point d’orgue.Le Covid 19 est passĂ© par lĂ , annulant au

passage tous les grands rendez-vous habituels,mettant le secteur Ă  genoux jusqu’à en redĂ©finirles prioritĂ©s. Mais justement, en tant que causeet consĂ©quence d’un bouleversement Ă©cologiqueprofond, cette pandĂ©mie contribue-t-elle Ă propulser le nĂ©cessaire verdissement ducinĂ©ma? La rĂ©flexion est lancĂ©e, des initiativeshier pionniĂšres trouvent de plus en plus leurraison d’ĂȘtre et se multiplient. Reste toutefois Ă convaincre la grande majoritĂ© d’un secteur quin’aime pas trop changer ses habitudes mais qui,bientĂŽt, n’aura plus le choix.En 2011, il avait Ă©tĂ© Ă©tabli que l’industrie

audiovisuelle (c’est-Ă -dire la productiontĂ©lĂ©visuelle, publicitaire et cinĂ©ma) françaiselibĂ©rait 1,1 million de tonnes de CO2 chaqueannĂ©e dans l’atmosphĂšre, soit l’équivalent de 20

20B-REELFILMS.ALLRIGHTSRESERVED

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LE CINÉMA PASSE AU VERT

Sur un tournage, les dĂ©cors constituentle second poste gourmand en Ă©mission carboneet reprĂ©sentent, Ă  eux seuls, 20% du total.Le collectif Eco-dĂ©co dont ValĂ©rie Valero, cheffedĂ©co de Fin de matinĂ©e d’Hiroshi Nishitaniou de Shakira de NoĂ©mie Merlant, est l’unedes fondateurs, s’est depuis prĂšs de deux ansvivement mobilisĂ© pour nĂ©gocier un tournantĂ©cologique. « C’est la premiĂšre fois que notremĂ©tier dĂ©cide de rĂ©flĂ©chir Ă  ses habitudes de

par Ecoprod ou certaines rĂ©gions commel’Ile-de-France. Au cours de 2020, les prioritĂ©sont Ă©voluĂ©. « Certes, les tournages ont reprisavec mĂȘme une certaine frĂ©nĂ©sie depuisle dĂ©confinement. Avec deux attitudes encore plustranchĂ©es : les plus vertueux le restent, les autres– la grande majoritĂ©, pas encore sensibilisĂ©eau sujet – se comportent plus mal qu’avant »,constate Mathieu Delahousse, prĂ©sident etcofondateur de Secoya.

et dĂ©pendent beaucoup de l’engagementpersonnel de ceux qui les prennent. Et celamalgrĂ© Ecoprod, un collectif incitatif crĂ©Ă© pardes acteurs du secteur (l’Ademe, Audiens,France TĂ©lĂ©visons, Tf1 ou Film Paris RĂ©gion)qui sensibilise aux bonnes pratiques, existedĂ©jĂ  depuis dix ans. Notons au passage quel’audiovisuel (films, sĂ©ries ou festivals TV) est,Ă  ce jour, plus impliquĂ© que ne le sont lapublicitĂ© et le cinĂ©ma.

UN GROS TRAVAIL DE SENSIBILISATIONLa premiĂšre Ă©tape cruciale est celle du tournage,dont l’économie est tendue et contrainte.Le premier poste coĂ»teux en bilan carbone estcelui de la rĂ©gie avec notamment le transport,l’hĂ©bergement et la nourriture oĂč le gaspillageest souvent la rĂšgle. CrĂ©Ă©e par deux rĂ©gisseurs,la sociĂ©tĂ© Secoya, propose toute une gammede services qui va de l’audit Ă  la mise en placed’un Ă©comanager chargĂ© de sensibiliser lesĂ©quipes et de faire respecter les protocoles,des rĂšgles de gestion de dĂ©chets ou de tablesde rĂ©gie vertueuses, renforcĂ©es de rĂšglessanitaires depuis la Covid (fruits ou alimentsen vrac, fontaine Ă  eau et gobelet nominatif,machine Ă  cafĂ© en grain etc.).Avant la pandĂ©mie, le surcoĂ»t d’un tournage

écologique était estimé à 2% du budget totalmais pouvait se compenser par les écobonus(en moyenne de 15000 euros) distribués

Dans leurdocumentaireDemain (2015),Cyril Dion et

Mélanie Laurentprésentent

des citoyens quichangent les choses

au quotidien.

À gauche, I am Greta,le documentairede Nathan Grossmansur et avec GretaThunberg (au centre),est prĂ©sentĂ© dansla section DĂ©placerles montagnes duFestival des Arcs2020.

Ci-contre :007 Spectre (2015),le film de SamMendes, unesuperproductionavec grands moyenset gros effets pastrĂšs Ă©cocompatibles


EONPRODUCTIONS/COLL.CHRISTOPHEL

DR

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travail. L’initiative vient du terrain », souligne-t-elle. En cela, elle est originale. Une charte depratiques durables a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e, enrichie defiches qui recommandent la rĂ©utilisation desfeuilles de dĂ©cor amovibles, la location, l’achatd’occasion et la revente des Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs,la limitation des quantitĂ©s de matĂ©riaux et dessolvants, l’utilisation de peintures ou collesĂ©coresponsables, la rĂ©duction et le tri desdĂ©chets
 voire une consommation rĂ©duitede l’eau pour le lavage des pinceaux.Durant le Production Forum de janvier 2020,

le collectif Eco-dĂ©co avait rĂ©alisĂ© un dĂ©cor de80 m2 Ă©coresponsable afin de montrer, in vivo,les rĂ©sultats et les avancĂ©es de leurs recherches.Depuis, un questionnaire a Ă©tĂ© envoyĂ© Ă  prĂšs de2000 professionnels. Il servira Ă  crĂ©er un siteInternet qui cartographiera, rĂ©pertoriera etpartagera toutes les bonnes adresses dematĂ©riaux, de ressourcerie. L’initiative estfinancĂ©e par l’Ademe, agence de transitionĂ©cologique mais fonctionne grĂące Ă l‘implication bĂ©nĂ©vole des techniciens dĂ©coles plus motivĂ©s.Parmi ces bonnes adresses, figureront sans

doute celles des Provence Studios, situĂ©s Ă Martigues, oĂč ces pratiques vertueuses sontle lot quotidien. Les 26000 m2 qui lescomposent sont Ă©coconçus, Le toit est recouvertde panneaux solaires et dotĂ©s de fenĂȘtres pourtourner en lumiĂšre naturelle. Les bĂątimentssont chauffĂ©s et refroidis par thalassothermie et Ă©clairĂ©s par leds. Et tout ce qui estrĂ©cupĂ©rable – de l’eau de pluie aux dĂ©cors – l’est.Ces studios d’abord construits pour sĂ©duireles productions amĂ©ricaines ont dĂ©jĂ  accueilliquelques films français : les scĂšnes de cascadede Taxi 5, le tournage sur fond vert de GastonLagaffe ou encore Bronx, le dernier OlivierMarchal diffusĂ© sur Netflix.Mais l’impact Ă©cologique du cinĂ©ma dĂ©passe

largement les tournages. Une fois un filmterminé, il voyage souvent de festival en festival

avant sa sortie en salle. Par leur attractivitĂ©,ces manifestations constituent un autre grospoint noir du bilan carbone du secteur.LĂ  encore, les transports, l’hĂ©bergementet les dĂ©chets crĂ©Ă©s par les festivaliersnĂ©cessitent que de bonnes pratiques soientmises en place. Benedikt Erlingsson,le rĂ©alisateur islandais deWoman at war, avaitdemandĂ© Ă  chacun des festivals qui l’avaientinvitĂ© Ă  dĂ©fendre son film de compenserson bilan carbone en plantant des arbres.Le Green Lab des Arcs Film Festival,

dont la deuxiĂšme Ă©dition commence (en ligne)le 12 dĂ©cembre 2020 a aussi cette ambitionvertueuse. La dĂ©marche est d’autant pluspertinente que le bilan carbone du festival,surtout en termes de transports est lourd :il faut acheminer les festivaliers venus de toutel’Europe Ă  1950 mĂštres d’altitude ! LĂ  encore,le partage d’expĂ©rience a Ă©tĂ© privilĂ©giĂ© Ă  traversune plate-forme Ă  construire, l’idĂ©e Ă©tantĂ  court terme de crĂ©er une Charte Greencommune Ă  tous les festivals europĂ©enscomparables (La Rochelle, Riga, Rotterdamou Sarajevo
), mais s’adaptant aux contraintesde chacun. À Sarajevo par exemple, c’est le trides dĂ©chets qui pose problĂšme.

UN PRIX ASSOCIÉ À UNE ASSOCIATIONTous s’engagent aussi Ă  compenser leur bilancarbone. Aux Arcs, il est Ă©valuĂ© Ă  environ2000 euros par Ă©dition. Cette somme, doublĂ©epar le partenaire TV5 Monde, est reversĂ©eĂ  une association choisie par le laurĂ©at du prixCinĂ©ma et engagement environnemental. En2019, Édouard Bergeon (Au nom de la terre),l’a destinĂ©e Ă  une association qui lutte contrele suicide des paysans. Cette annĂ©e, c’est NathanGrossman auteur du documentaire I am Greta,qui l’attribuera. D’autres Ă©vĂ©nementssont prĂ©vus dont une section «DĂ©placerles montagnes» qui mĂ©lange engagementcitoyen et Ă©cologie, corĂ©alisĂ©e avec la

Le rĂ©seau Utopia,qui gĂšre des cinĂ©masplutĂŽt dans le sudde la France, a dĂ©cidĂ©de lancer un projetd’un petit complexede quatre salles et300 places. C’estPont-Sainte-Marie,commune limitrophede Troyes (Aube), quil’accueillera dans unĂ©coquartier. Conçupour aller bien au-delĂ des normes actuelles, lebĂątiment sera Ă  Ă©nergiepositive, avec pompeĂ  chaleur, panneauxphotovoltaĂŻques etsystĂšme de gĂ©othermie.Son ossature sera enbois, son toit en pailleet sa consommationen eau minimale grĂąceaux toilettes sĂšches.«Notre projet estlĂ©gitime et cohĂ©rentavec la programmation

engagĂ©e d’Utopia»,dĂ©clare Anne Faucon,sa future directrice,mĂȘme si les institutionsou la mairie de Troyesleur ont mis des bĂątonsdans les roues.Pour s’imposer, il a falluconvaincre le fondseuropĂ©en dedĂ©veloppementrĂ©gional (Feder),ouvrir une campagnede souscription Ululeet s’assurer un soutienmĂ©diatique et depersonnalitĂ©s engagĂ©estels Robert GuĂ©diguianou Charlotte Silvera.Les travaux devraientdĂ©buter en 2021.Ce cinĂ©ma Ă©cologiquepionnier et exemplairecomprendra Ă©galementune salle d’éducationĂ  l’image et desensibilisationĂ  l’écologie.

UTOPIA, UNE SALLE MODÈLE

Woman at war (2017),de BenediktErlingsson oul’histoire d’Halla,cĂ©libatairesans histoirequi cacheune activisteenvironnementaletrĂšs engagĂ©e.

SLO

TMACHINE/JOUR2FETE

DR

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jeune militante Camille Étienne, porte-paroledu mouvement #onestpret. « Certes, on brĂ»ledu CO2, mĂȘme quand le festival se dĂ©roule enligne, reconnaĂźt volontiers Guillaume Calop,le dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral,mais en organisant cesrencontres, en diffusant ces expĂ©riences, ces filmset ces idĂ©es, nous contribuons Ă  sensibiliseret Ă  propager les comportements vertueux. »Si le cinĂ©ma a un rĂŽle capital Ă  jouer pour

la sensibilisation et la reprĂ©sentation, c’est sansdoute Ă  travers les films qu’il est le plus Ă  mĂȘmede diffuser des messages. Il l’a d’ailleursbeaucoup fait au tournant des annĂ©es 2000.RappelonsMicrocosmos : le peuple de l’herbeproduit par Jacques Perrin,Home de YannArthus-Bertrand, La Marche de l’empereur deLuc Jacquet, oscar du meilleur documentaireou encore Demain de Cyril Dion et MĂ©lanieLaurent, pour ne citer que les principauxsuccĂšs. Ces films qui ont incontestablementcontribuĂ© Ă  sensibiliser le grand public Ă  labeautĂ© de la planĂšte et Ă  la nĂ©cessairesauvegarde de sa biodiversitĂ©, ont-ils Ă©tĂ©produits et rĂ©alisĂ©s de maniĂšre vertueuse?« Pas vraiment, avoue Luc Jacquet,mĂȘme si onfait attention. Mais on tourne longtemps, dansdes endroits difficiles d’accĂšs
 J’ai essayĂ© demettre en place un protocole du type Secoya de laconception du projet jusqu’au banc de montage,mais cela coĂ»te trĂšs cher. »Plus que jamais, l’argent devient le nerf de la

guerre. « Financer des films sur l’environnementest devenu un enfer. C’est dĂ©sormais un sujet tropgrave pour ĂȘtre de l’entertainment. D’autant qu’ilest difficile de toucher ceux qui ne sont pas

l’urgence mĂ©diatique au second plan tout enmalmenant la parole scientifique. Et deconclure : « DĂ©sormais, on navigue Ă  vue. »Pour les expertes mandatĂ©es par le CNC, 2020

pourrait pourtant ĂȘtre le moment opportunpour adopter demeilleures habitudes de travailet permettre au secteur d’entamer vraimentsa transition Ă©cologique. On attend doncavec impatience leurs recommandationset la politique mise en place, qui ne serontdĂ©voilĂ©es qu’au prochain Festival de Cannes.

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Alors productrice pour la sociĂ©tĂ© Haut et Court,fort engagĂ©e dans une dĂ©marche quotidienneĂ©cologique depuis cinq ans, Julie Billy racontecomment le tournage Ă  l’étĂ© 2019 de Gagarine, quis’inscrit dans le cadre de la dĂ©molition de la citĂ©, aĂ©tĂ© le plus responsable possible. «Nous tournionsĂ  Ivry-sur-Seine oĂč les Ă©quipes, quand ellesn’étaient pas recrutĂ©es sur place, se rendaient Ă vĂ©lo ou en mĂ©tro. Nous n’avons eu que deuxvoitures Ă  disposition pour les comĂ©diens. La dĂ©coa privilĂ©giĂ© la rĂ©utilisation et la rĂ©cup en limitantles dĂ©chets. Et nous avons au maximum tentĂ© detravailler avec les habitants du quartier : pour lesfigurants, les Ă©quipes techniques et la cantine,confiĂ©e Ă  une association locale qui n’a servi quedes repas vĂ©gĂ©tariens. » Le budget de ce premierfilm (2,8 millions d’euros) ne permettait pas demettre en place une stratĂ©gie complĂšte avec

L’EXEMPLE DU TOURNAGE DE « GAGARINE »

tous a crĂ©Ă© une dynamique positive, une ambianceinclusive et chaleureuse qui a eu beaucoup debienfait dans le management d’équipe. Nous avonsconstatĂ© que ces efforts Ă©cologiques retombentsurtout sur la rĂ©gie qu’il faut donc renforcer d’unou deux stagiaires. Dans le mĂȘme temps, nousavons Ă©conomisĂ© sur les repas dont le coĂ»t estpassĂ© de 25 Ă  20 euros par tĂȘte. Tourner Ă©coloest donc rentable mais nĂ©cessite une journĂ©ede travail en amont avec les chefs de postepour revoir l’organisation gĂ©nĂ©rale. »La pandĂ©mie a ensuite contraint Ă  une stratĂ©giemarketing totalement virtuelle (sans dĂ©placementsdes Ă©quipes, ni support papier). Ce qui n’a pasempĂȘchĂ© Gagarine, labellisĂ© Cannes 2020, d’ĂȘtrevendu Ă  40 pays (dont Singapour, TaĂŻwan etles États-Unis) avant sa sortie France prĂ©vuele 6 janvier 2021.

convaincus, de leur faire comprendre que cesenjeux-lĂ  sont vitaux et de bon sens », expliqueencore le rĂ©alisateur, dont les cinq prochainsprojets sont financĂ©s avec l’aide de la FondationPrince-Albert-II-de-Monaco et pensĂ©s dans unelogique de mini-studio avec des dĂ©clinaisonssous la forme d’expositions immersives, d’undocumentaire, d’un support pĂ©dagogique, etc.« Je ne pars plus pour un tournage mais enexpĂ©dition d’oĂč je ramĂšne des images », dĂ©clare-il.C’est devenu encore plus compliquĂ© cette annĂ©e,avec la pandĂ©mie qui accroĂźt les coĂ»ts desvoyages et a paradoxalement fait passer

L’équipe de Secoya aideles sociĂ©tĂ©s de

production dans unedémarche écologique.

Ă©comanager ou bilan carbone. «Nous avons doncfait appel Ă  Secoya pour la gestion des dĂ©chets, latable rĂ©gie sans plastique, ni capsule de cafĂ© et lamise en place d’une signalĂ©tique de sensibilisation.Enfin, en postproduction, nous avons rĂ©utilisĂ© lesmĂȘmes disques durs et limiter les sauvegardes. »Quels bĂ©nĂ©fices ont Ă©tĂ© tirĂ©s? «L’engagement de

HAUTETCOURS

DR

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Le podcast d’actualitĂ© des Echosqui transforme l’informationen de passionnantes histoires

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CULTURE

Nostalgie, quandtu nous tiens. Sous le sapin cette annĂ©e,les cadeaux pourraient avoir le doux parfumdu passĂ©. D’AmyWinehouse Ă  Serge Gainsbourgen passant par McCartney, l’heure est auxrĂ©Ă©ditions, ces albums Ă  succĂšs enrichis deraretĂ©s, de dĂ©mos et de captations live. Unemadeleine de Proust pour tous collectionneurs etunemaniĂšre habile pour les maisons de disquesde continuer Ă  faire vivre les catalogues de leursartistes. Finis les annĂ©es 1990 et l’ñge d’or du CD,durant lesquels les majors rĂ©Ă©ditaient Ă  tour debras les albums stars de l’époque du vinyle. «Onest dĂ©sormais sur la mĂȘme culture que le livre: lebel objet prend d’autant plus d’importance Ă  l’ùrede la dĂ©matĂ©rialisation. Et si le travail autour duson est toujours trĂšs important, la partie Ă©ditoriales’est davantage Ă©toffĂ©e», explique Georges deSousa, directeur du label PanthĂ©on et directeurcommercial physique chez Universal Music.Ainsi, les albums de Piaf se nichent-ils

dĂ©sormais dans une luxueuse mallette,l’album «Young Americans» de Bowiese dĂ©cline sur un Ă©clatant vinyle dorĂ©.Sans parler de l’intĂ©grale de Dylan, avecpour Ă©crin une boĂźte en forme d’harmonica.Une façon de prendre Ă  rebours l’écouteactuelle de la musique en ligne. Et de seplonger dans l’histoire d’une Ɠuvre.Au risque parfois de tomber dans le

superflu : la rĂ©Ă©dition de «The Wall » des PinkFloyd joue ainsi des photos inĂ©dites, mais aussides Ă©charpes, des sous-verres et des billes enl’honneur du groupe. « C’est un stratagĂšme demercenaire. Une façon pour les artistes et leursmaisons de disques d’inciter les fans les pluspassionnĂ©s Ă  acheter des albums qu’ils ontdĂ©jĂ  », nuance le critique musical SimonReynolds.

À LA RECHERCHE DES PÉPITESAu-delĂ  de leur packaging soignĂ© ou insolite,qu’apportent musicalement ces nouveauxcoffrets? « Beaucoup de disques rĂ©Ă©ditĂ©s sont loind’ĂȘtre des chefs-d’Ɠuvre, mais sont prĂ©sentĂ©scomme des trĂ©sors perdus », ironise SimonReynolds. « On a parfois l’impression d’écouterles fonds de tiroir, tel le prochain album “Afterthe Gold Rush” de Neil Young, avec deux bonusdu mĂȘme morceau », ajoute le journaliste et

QUAND LA MUSIQUEREJOUE SES SUCCÈS

Entre disques hommages et anniversaires, nouveaux albumsenrichis d’une poignĂ©e d’inĂ©dits, le monde de la musique revisite

ses classiques à grand renfort de rééditions.

Par CĂ©cilia Delporte

KIRTONROSS/EYEVINE/ABACA

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LES RÉÉDITIONS D’ALBUMS

documentariste rock Christophe Conte.Fort heureusement, on y trouve bien souventdes «pĂ©pites». Car tels des chercheurs d’or,les Ă©quipes des labels s’immergent dans la viedes artistes, Ă  la recherche de vieilles bandesoubliĂ©es, de morceaux inĂ©dits, de versionsalternatives ou d’enregistrements live encorejamais dĂ©voilĂ©s au public. Un vĂ©ritable travaild’investigation, Ă  la rencontre des photographesde l’époque, d’auteurs spĂ©cialisĂ©s, de fan-clubs,pour dĂ©nicher ces fameuses raretĂ©s. Surtoutdans les annĂ©es 1960 Ă  1980, «l’industrie musicalereproduisant Ă  l’infini ces tĂ©moignages d’uneĂ©poque idĂ©alisĂ©e», analyse Christophe Conte.Ces coffrets onĂ©reux – avoisinant souvent

la centaine d’euros –, les grandes maisons dedisques en dĂ©voilent dix Ă  quinze par an. LeurĂ©laboration nĂ©cessite plus d’un an de travail.« C’est trĂšs diffĂ©rent de la commercialisationtraditionnelle d’un disque, oĂč l’artiste fait sapromotion, confie Thierry Jacquet, directeurgĂ©nĂ©ral du Back Catalogue chez Warner MusicFrance. Pour Édith Piaf par exemple, l’intĂ©grales’est vendue Ă  10 000 exemplaires Ă  traversle monde. Mais nous sommes gĂ©nĂ©ralementsatisfaits lorsque nous vendons 1 000 Ă  5 000exemplaires de ces coffrets, car ils s’adressentĂ  une cible trĂšs spĂ©cifique. On est souvent surdes Ă©ditions limitĂ©es et numĂ©rotĂ©es, il fautcalculer trĂšs prĂ©cisĂ©ment le nombre d’albumsĂ  fabriquer. »

UN TRAVAIL MÉTICULEUX SUR LE SONNombreuses sont aussi les rĂ©Ă©ditions « mettanten lumiĂšre une pĂ©riode plus mĂ©connue del’histoire de la musique », s’enthousiasmeSimon Reynolds. Il cite la compilation«Kankyƍ Ongaku» qui « fait dĂ©couvrir aux paysoccidentaux une musique encore peu disponibleen dehors du Japon ». Autre rĂ©ussite, cette fois-ciplus mĂ©diatisĂ©e : le dernier collector de Prince,«Sign O’The Times», riche de deux concertset pas moins de 45 morceaux inĂ©ditset remastĂ©risĂ©s (voir encadrĂ© p. 66). LaremastĂ©risation, ce processus trĂšs spĂ©cifiquepermettant d’apporter aux sons du passĂ©de la brillance, de la rondeur, de la profondeuret de supprimer les possibles nuisances.C’est ainsi que le catalogue des Beatles, dont

les bandes analogiques ont été converties en

annĂ©es 1960. Au mĂȘme titre que lesenregistrements d’Elvis Presley aujourd’huine s’écoutent plus comme Ă  l’époque, surun 78 tours Ă  Memphis », dĂ©cryptele musicologue Guillaume Gilles.Une façon de dĂ©poussiĂ©rer les morceaux

grĂące aux nouvelles technologies, d’étendreles droits de l’éditeur sur le catalogueet de vendre des albums. Quitte Ă  provoquerl’agacement des puristes, Ă  l’image du mixagede «Sgt. Pepper’s » en 2017. « Certains fans y ontvu une trahison de l’esprit original du disque »,se souvient Christophe Conte. Parfois, c’estaussi une maniĂšre de « rĂ©parer» l’histoire,comme en tĂ©moigne l’opus «Let It Be
 Naked»en 2003, remaniĂ© afin qu’il sonne tel queMcCartney l’aurait voulu : un album rock brut,dĂ©nuĂ© des chƓurs et cordes ajoutĂ©s Ă  son insupar le producteur Phil Spector. « C’est un actede respect de l’Ɠuvre de l’artiste, clarifieGeorges de Sousa. Il faut le faire si cela a dusens. Il y a des artistes qu’il ne faut surtout pastoucher, car la patine fait partie de l’histoirede l’album. Je pense Ă  Buena Vista Social Clubet au son cubain notamment. »

studios, un livede 2007 et des remixinĂ©dits.À droite: Prince,en 1987, l’annĂ©ede la sortie de sonalbum «Sign O’TheTimes», rĂ©Ă©ditĂ©aujourd’huien coffret deluxe.

À gauche:Amy Winehouse,en novembre 2006.Les titres de lachanteuse anglaise,dĂ©cĂ©dĂ©e en 2011, fontl’objet d’un coffreten Ă©dition limitĂ©e:«The Collection»,comprenant 3 albums

10000EXEMPLAIRES VENDUSdans le monde pour le coffret

intĂ©gral d’Édith Piaf.Sa conception

a obtenu un Grammy Award.

numĂ©rique, a Ă©tĂ© soigneusement retravaillĂ© en2009 pour un rĂ©sultat flamboyant. Car loin dedĂ©naturer l’Ɠuvre d’origine, la remastĂ©risationfait partie de l’évolution naturelle d’un album:« Le disque Ă©volue, la technologie aussi et ceserait une erreur de considĂ©rer que l’on Ă©couteles Beatles comme nous le faisions dans lesJ

EFF

KATZ/THEPRINCEESTATE

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CULTURE LES RÉÉDITIONS D’ALBUMS

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DrĂŽle de paradoxe, c’est bel et bien le retouren grĂące du vinyle qui a donnĂ© un secondsouffle au marchĂ© des rĂ©Ă©ditions, parfoismĂȘme s’agissant d’albums trĂšs contemporains.« C’est un procĂ©dĂ© purement commercial, puisquele disque original n’appartient pas au vinyle.Musicalement, cela dĂ©forme l’Ɠuvre qui n’a pasbesoin d’ĂȘtre retravaillĂ©e. C’est devenu unargument marketing un peu factice », estimeGuillaume Gilles. À l’instar du groupe Coldplayqui cĂ©lĂšbre cet hiver les 20 ans de son albumculte «Parachute» avec une remastĂ©risationdu CD
 en vinyle.Dans les pas de leurs aĂźnĂ©s, les jeunes talents

ont repĂ©rĂ© le filon. Fin 2019, trois des plus grosalbums de l’annĂ©e – signĂ©s AngĂšle,Aya Nakamura et Lomepal – faisaient peauneuve avec des versions enrichies d’inĂ©dits.L’album «Sainte-Victoire» de Clara Luciani s’estquant Ă  lui offert deux rĂ©Ă©ditions, chacune richede bonus diffĂ©rents. Elles sĂ©duisent d’autantplus ces artistes qu’elles leur permettentd’ĂȘtre Ă  nouveau prĂ©sents dans les classementsde streaming, nerf de la guerre dĂ©sormais.« C’est une façon de continuer Ă  exister, expliqueGeorges de Sousa. On est sur un marchĂ© d’offre.Si vous voulez faire parler de vous, il fautsouvent sortir une version deluxe, avecun nouveau packaging, un nouveau contenu. »Les rĂ©Ă©ditions, une petite entreprisequi ne connaĂźt pas la crise.

DES COFFRETS AU TOP

«Goats Head SoupCoffret SuperDeluxe»Album mĂ©sestimĂ©des Rolling Stones,dans lequel figurele mĂ©gatube Angie,« Goats Head Soup »retrouve de sasuperbe dansun coffret de quatreCD revisitantentiĂšrement le disque.Une versionremastĂ©risĂ©e, enrichied’un « live » Ă  Bruxellesde 1973, de dĂ©mos etde trois inĂ©dits, dontle fougueux Scarlet.

«Future NostalgiaDeluxe Boxset» et«Bonus Edition 2 CD»RĂ©vĂ©lation de l’annĂ©e,Dua Lipa revisite avecpanache son albumdisco-pop «FutureNostalgia ». LesdĂ©clinaisons sontnombreuses, de laversion agrĂ©mentĂ©ede 17 remix – dontl’un avec Madonna –à un coffret deluxeaccompagnĂ©notamment dephotographies.Mention spĂ©ciale Ă  larĂ©Ă©dition française, oĂčfigure un duo inĂ©ditavec AngĂšle.

«Sign O’ The TimesCoffret SuperDeluxe»Chef-d’Ɠuvrede Prince, «Sign O’ TheTimes » vient d’ĂȘtrerĂ©Ă©ditĂ© trente-trois ansaprĂšs sa sortiedans une versionremastĂ©risĂ©eet agrĂ©mentĂ©e defaces B et remixd’époque. La versionla plus luxueusepropose trois CDd’inĂ©dits et deux live :les concerts d’Utrechtle 20 juin 1987 etde Paisley Parkle 31 dĂ©cembrede la mĂȘme annĂ©e.

«Grand Prix EditionDeluxe»SuccĂšs de l’annĂ©e 2020,Benjamin Biolaypropose son «GrandPrix» en versionenrichie de cinqnouveaux morceaux,dont un duo avecJuliette Armanet.La rĂ©Ă©dition dĂ©dicacĂ©epar l’artiste contientĂ©galement un beaulivret de 80 pages,riche en photoset anecdotes autourde l’Ɠuvre, ainsiqu’une affiche collectorĂ  choisir.

«Gimme Some Truth.The Ultimate Mixes»À l’occasion du 80e

anniversaire de lanaissance de JohnLennon, Yoko OnodĂ©voile cettesplendide compilation,remixant depuisAbbey Road lesmeilleurs morceaux del’artiste. Avec son filsSean Ă  la production,l’album – proposĂ©en multiplesformats – comprend36 morceaux, dont lestitres posthumes issusde «Milk and Honey »,ainsi qu’un livretde 124 pages.

«Serge Gainsbourg :Back to Mono»Les fans deGainsbourg peuventrĂ©Ă©couter d’une autreoreille ses albumsenregistrĂ©s entre 1958et 1968. S’il Ă©taitdevenu impossiblede trouver leschansons de l’artistetelles qu’elles Ă©taientparues Ă  l’origine– en mono –, chacundes morceaux a Ă©tĂ©retravaillĂ© depuisAbbey Road dans sonformat d’origine.Le tout proposĂ© dansun superbe coffretvinyle 180 grammes.

Benjamin Biolay, photographiéà Paris en juin. Son dernier album«Grand Prix» sort en versionenrichie.

MATHIEUZAZZOPOURLESECHOSWEEK-END

DR

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LES ECHOS WEEK-END – 67

11 DÉCEMBRE 2020

STYLE

Bianca Castafiore,le célÚbre

personnage créépar Hergé en 1938.

DES CAILLOUXET DES BULLESAu-delà de leurs formesgraphiques, les bijouxoffrent de parfaits scenariiaux auteurs de BD. Entrevols rocambolesques,trésors cachés et pouvoirdes pierres, ils brillentdans le neuviÚme art.

Par Gabrielle de Montmorin

HERGÉ/MOULINSART–2020

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68 – LES ECHOS WEEK-END

STYLE

entdix mille euros. C’est l’estimation basse pourun crayonnĂ© de la page 54 de l’album Les Bijouxde la Castafiore qui sera mis aux enchĂšresle 14 janvier prochain par la maison de ventesArtcurial. Le prĂ©cieux document de travail– Ă©quivalent Ă  un scĂ©nario prĂ©cĂ©dant la pageencrĂ©e –, devrait vite trouver preneur. PourSaveria de Valence, spĂ©cialiste du dĂ©partementbandes dessinĂ©es de l’entreprise, « personnene sait vraiment expliquer pourquoi les gensaiment tant cette histoire de bijoux. C’est le seulalbum qui se passe entiĂšrement Ă  Moulinsart,peut-ĂȘtre est-ce l’une des raisons. »Apparue pour la premiĂšre fois en 1938 dans

Le Petit VingtiĂšme, la diva toute bijoutĂ©e revientneuf ans plus tard dans Le Sceptre d’Ottokar,poussant des trilles difficilement contenus parles vitres Secure de sa Cadillac. Il faut attendre1963 pour que ses bijoux deviennent les hĂ©rosd’un album entier. N’en dĂ©plaise Ă  SĂ©raphinLampion, ravi Ă  l’idĂ©e d’assurer «une petitefortune en bimbeloterie», la prima donna nepossĂšde pas tant de piĂšces de valeur, hormissa fameuse Ă©meraude offerte par le maharadjahde Gopal. Cela n’empĂȘche pas la lĂ©gende des’écrire au son de cris perçants, «Ciel !
 MesBijoux!», ponctuĂ©s par «Hi-i-
 Mon collier!»

CrayonnĂ© dela page 54 des Bijouxde la Castafiored’HergĂ©. Certainesdes cases ont Ă©tĂ©utilisĂ©es pourla version finale,mais les trois

derniers strips sontinédits. En ventechez Artcurial, cetteplanche est estiméeentre 110000et 130000 euros.

HERGÉ/MOULINSART–2020/ARTCURIAL

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LES ECHOS WEEK-END – 69

BIJOUX ET BANDE DESSINÉE

lorsque se casse le modĂšle fantaisie signĂ© TristanBior. À dĂ©faut de rĂ©elle intrigue, l’humour del’albummarque le neuviĂšme art, qui ne cessede lui rendre hommage. C’est le cas de la bandedessinĂ©e Les Bijoux de la Kardashian, parue il ya deux ans sur une idĂ©e de François Vignolle,journaliste spĂ©cialiste des sujets policiers etjudiciaires, avec la complicitĂ© du grand reporterJulien Dumond, et GrĂ©gory Mardon au dessin.« J’ai dĂ©couvert cette icĂŽne des rĂ©seaux sociaux,qui vend sa propre personne et sa famille parle biais d’une Ă©mission de tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ©. Laconfrontation entre ces deux mondes donnait unehistoire trĂšs tĂ©lĂ©gĂ©nique. D’un cĂŽtĂ©, des anciensvoyous aux noms d’un autre temps, dignes desfilms de Melville ou d’Audiard. De l’autre, la

lancer une nouvelle sĂ©rie mettant en scĂšne uneagence de dĂ©tectives privĂ©s dans les annĂ©es 1950,rien de tel qu’une affaire rocambolesque qui adĂ©frayĂ© la chronique. Cerise sur le gĂąteau, lepersonnage principal, Yvonne Labrousse, laditeBĂ©gum, Ă©pouse de l’Aga Khan, Ă©tait une femmeravissante, ancienne Miss France, dotĂ©e d’uneĂ©lĂ©gance et d’un charme digne d’une GrĂące Kellydans ses meilleurs rĂŽles. C’est tout de mĂȘme plusglamour qu’une enquĂȘte sur un cocu, fĂ»t-ilmagnifique. J’ai choisi ce fait divers pour leburlesque de sa conclusion : les malfaiteursrestituant le butin dans une vulgaire boĂźte debiscuits en fer-blanc. Ce contraste entre l’immensevaleur des bijoux et le dĂ©risoire Ă©crin m’a semblĂ©pathĂ©tique et jubilatoire ! »

INVRAISEMBLABLE FAIT DIVERSLorsque la BĂ©gum s’écrie dĂšs la premiĂšre page« Ciel ! Mes bijoux ! », le lecteur se rĂ©gale. Toutcomme l’amateur de ligne claire, dans laquelles’intĂšgrent harmonieusement les bijoux Ă  peinestylisĂ©s. Chez Dupuis, l’éditrice Elsa Sztulcmana vite Ă©tĂ© sĂ©duite par le projet. « L’alliance de sesdialogues Ă  la Simenon, de cet invraisemblablefait divers et des planches immersives d’OlivierSchwartz Ă©tait irrĂ©sistible. DĂšs les premiĂšrespages, j’ai Ă©tĂ© catapultĂ©e dans les annĂ©es 1950,

De gauche à droiteet de bas en haut:la réplique cultede la Castafiore,maintes foisreprise; une casedes Bijouxde la Kardashian ;un extrait de AtomAgency, les bijouxde la Bégum.

fashion week de Paris avec tout ce qui compteen matiĂšre de mode et de grands joailliers », serappelle François Vignolle. « Ce n’est pas unehistoire sur Kim Kardashian, mais sur le regardque l’on porte Ă  ces icĂŽnes qui brassent du ventavec gĂ©nie, sans forcĂ©ment avoir un Ă©normetalent. » Lorsqu’il s’agit de donner un titre Ă l’album, le salut Ă  HergĂ© s’impose. « Je fais partied’une gĂ©nĂ©ration biberonnĂ©e Ă  Tintin. Enfants,nous avions les yeux Ă©carquillĂ©s devant ce jeunereporter. L’occasion Ă©tait trop belle pour ne pasfaire un petit clin d’Ɠil. »PubliĂ© lui aussi en 2018, Atom Agency,

les bijoux de la BĂ©gum s’inspire d’un cĂ©lĂšbrehold-up survenu en 1949, sur la route deCannes. Son scĂ©nariste, Yann, dĂ©taille : « Pour

GLENAT

DUPUIS

HERGÉ/MOULINSART–2020

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comme on plonge dans un film d’Audiard.Parfaitement ficelĂ©, le scĂ©nario proposait unarriĂšre-plan passionnant et trĂšs peu explorĂ© enBD : la diaspora armĂ©nienne.ȃlĂ©ment scĂ©naristique imparable, le vol de

bijoux est dĂ©jĂ  le thĂšme choisi par le duo RenĂ©Goscinny et Albert Uderzo en 1954, lorsqueLa Libre Belgique leur commande un personnageproche de celui de Tintin. Cela sera Luc Junior,dont la premiĂšre aventure, Junior et les bijouxvolĂ©smet en scĂšne un jeune reporter aidĂ©par son chien Alphonse et son ami photographeLaplaque. La bande dessinĂ©e belge excelle dansl’art de rĂ©soudre le mystĂšre d’une disparitionde bijoux, des enquĂȘtes de Gil Jourdan Ă  L’Affairedu collier de Blake et Mortimer, une aventurehaletante autour du collier deMarie-AntoinetterestaurĂ© par le joaillier Duranton-Claret pour lecompte d’un riche collectionneur.Lorsqu’il s’agit d’imaginer un nouvel Ă©pisode

des Schtroumpfs aprĂšs la mort de Peyo, en 1993,son fils Thierry Culliford retient Ă  son tour l’idĂ©edu vol avec Le Schtroumpfeur de bijoux. «Àchaque case, Ă  chaque phylactĂšre, nous nousinterrogions: mon pĂšre aurait-il fait comme celaou autrement? Et puis, trĂšs vite, nous avons dĂ©cidĂ©de faire comme nous le sentions. Par chance,l’album a Ă©tĂ© trĂšs bien reçu, les gens ont trouvĂ©que nous avions respectĂ© l’esprit des personnages.Quand j’étais plus jeune, ce qui me marquait leplus Ă©tait le cĂŽtĂ© miniature des Schtroumpfs.D’ailleurs, mon pĂšre emmenait ses collaborateursdans la forĂȘt et les obligeait Ă  se mettre Ă  platventre pour ĂȘtre Ă  hauteur de Schtroumpfs! C’est lethĂšme de cette histoire oĂč le Schtroumpf est utilisĂ©par des malfaiteurs pour s’introduire chez les genset leur voler leurs bijoux. Tout comme l’argentintroduit dans l’album prĂ©cĂ©dent, les bijouxn’intĂ©ressent pas les Schtroumpfs car, dans leurunivers, cela ne reprĂ©sente rien.»À l’inverse des petits hommes bleus, les

bijoux ont Ă©tĂ© toute la vie de Patrice Ordas,disparu l’hiver dernier. Directeur de la Haute

École de joaillerie de Paris durant prĂšs de trenteans, auteur de sagas historiques, il devientscĂ©nariste de bande dessinĂ©e. En 2015, sort lepremier tome des NaufragĂ©s du mĂ©tropolitain,Ă©crit Ă  la demande d’HervĂ© Richez, directeurĂ©ditorial de Bamboo Édition. Soit l’histoirede l’atelier Verne, place VendĂŽme, auquelRaspoutine commande cinq croix sertiespour les enfants du tsar Nicolas II en 1910,l’annĂ©e de la crue centennale.

SONNER JUSTE« Le bijou en matiĂšre scĂ©naristique reprĂ©senteun enjeu concret et, en attirant la convoitise,il devient un Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur intĂ©ressant.L’idĂ©e de ce projet sur le monde de la joaillerieexigeait que cela sonne juste. L’expĂ©rience dePatrice l’a permis. Il Ă©tait aussi trĂšs versĂ© dansl’histoire des Romanov. » La prĂ©cision du dessinde Nathalie Berr rĂ©pond Ă  celle des dialoguesracontant la technicitĂ© des mĂ©tiers joailliers. Ausujet d’une Ă©meraude, le maĂźtre d’atelier Ă©voquele risque « d’une faiblesse du poignet pour Ă©griserun bĂ©ryl Ă  la ceinture » ou fĂ©licite le travail

TROIS VOLS MIS EN DESSIN

Le collier de la reineSerti de 650 diamantstotalisant 2840 carats,le collier rĂ©alisĂ©par les joailliersde la couronneBoehmer & Bassengeest au cƓur d’uneescroquerie orchestrĂ©een 1784 par Jeannede Valois-Saint-RĂ©my,pseudo-comtessede La Motte. La reineMarie-Antoinettesera Ă©claboussĂ©e parle scandale.

Les bijouxde Kim KardashianVenue assister auxdĂ©filĂ©s parisiens,la vedette amĂ©ricainede tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ© estbraquĂ©e dans la suitede son hĂŽtel dansla nuit du 2 octobre2016. Parmi les24 piĂšces dĂ©robĂ©es,une bague sertied’un diamant tailleĂ©meraude de 18,88carats, flirtant avec

les 4 millions d’euros,plusieurs colliersdu joaillier new-yorkaisJacob & Co, et deuxmanchettes Cartierserties de diamants,pour un prĂ©judiceestimĂ© Ă  8 millionsd’euros.

Les bijouxde la BĂ©gumRaflĂ©s en deux minutessur la route, Ă  3 km deCannes, en aoĂ»t 1949,les 50 bijoux de lafemme de l’Aga Khan(ci-contre) dĂ©chaĂźnentla presse. On parled’un prĂ©judice de200 millions de francs,soit 6 millions d’euros.Ils seront « restituĂ©s»,sur le trottoir deslocaux de la brigadede Marseille. Une partiea Ă©tĂ© dessertieen 199 brillantset 14 carats de pierresprĂ©cieuses, faisantbaisser l’estimation Ă 160 millions de francs.

Ci-contre:Le Schtroumpfeurde bijoux, premieralbum rĂ©alisĂ© aprĂšsle dĂ©cĂšs de Peyo.En bas: l’ancienneMiss France YvetteLabrousse devenuela BĂ©gum (Ă©pousede l’Aga Khan),ici en juin 1957.

PEYO/LELO

MBARD2021

AGIP/BRIDGEMANIMAGES/LEEMAGE

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de la polisseuse grĂące auquel « la lumiĂšretourne sans accrocher. Toutes les arĂȘtes sontvives. » « À mon sens, la fiction n’est bonneque lorsqu’elle est nourrie de sincĂ©ritĂ©et d’authenticitĂ© », ajoute l’éditeur.Un mantra que peuvent revendiquer

Pierre Christin et Annie Goetzinger pour leurenquĂȘtrice Édith Hardy qui, dans le septiĂšmetome de ses aventures, Les diamants fondentau soleil, se retrouve face Ă  des gemmes volĂ©esĂ  une famille juive durant la guerre.Paru en 2012, l’album s’inscrit dans uneproduction bĂ©dĂ©phile contemporaine animĂ©epar l’univers des diamantaires. Le scĂ©naristeYann a ainsi imaginĂ© «Les Éternels», une sĂ©riehaute en rebondissements entre IsraĂ«l etAnvers. Les longueurs suggestives des tenuesdes hĂ©roĂŻnes, dessinĂ©es et mises en couleur parFĂ©lix et Dominique Meynet, rivalisent avec

la pierre traverse le XXe siĂšcle en faisant serencontrer la petite et la grande histoire. «L’idĂ©eest un voyage dans le temps et dans l’espace oĂč lehĂ©ros est un bijou qui passe de main en main,rĂ©sume son auteur, Fred Bernard. J’ai lu deshistoires de diamants et de chercheurs de pierres.J’adore cet univers. J’imagine la vie des pierreset des bijoux. J’aime l’idĂ©e qu’ils puissent ĂȘtretransmis, qu’ils soient retaillĂ©s et remontĂ©s,mais aussi qu’ils portent des noms. Ce sont despersonnages en soi.»De New York Ă  Tokyo, deGreta Garbo Ă  Yannick Noah, le diamant suit sadestinĂ©e, par deux fois offert spontanĂ©ment, engeste dĂ©sintĂ©ressĂ©. «Je trouvais beau d’imaginercela. La plupart du temps, les pauvres bijoux sontenfermĂ©s dans des coffres. J’aime aussi que lediamant passe des bas-fonds aux grandes soirĂ©es.»

CLIN D’ƒIL À LA CASTAFIOREL’annĂ©e 1961 marque l’apparition d’une pievoleuse qui n’est pas sans rappeler un autrecĂ©lĂšbre passereau amateur de carats. « C’estĂ©videmment un clin d’Ɠil Ă  la Castafiore.Je ne pouvais pas faire autrement. » Au fil des69 pages, l’agilitĂ© intellectuelle inhĂ©rente Ă  labande dessinĂ©e s’allie Ă  la poĂ©sie du dessin deJacques de Loustal pour lequel le projet tombaitĂ  pic. « J’étais Ă  la recherche d’une histoire plusvariĂ©e, avec moins d’unitĂ© de temps et de lieu.J’avais envie de dessiner de grandes images avecun texte lĂ©gendĂ© en dessous. Ce type de dĂ©coupagem’a permis de travailler en couleur directe,c’est-Ă -dire une esquisse au crayon, puisle dessin au net Ă  la plume, ensuite la couleur,Ă  l’aquarelle. Je reprends un tout petit peu Ă  lapierre noire, pour mettre de lĂ©gers accents. Pourla pierre, j’ai regardĂ© pas mal de documentationsur la taille des diamants. Je ne suis pasconnaisseur, Ă  l’exception du Koh-i Noor qui, enplus d’ĂȘtre un diamant lĂ©gendaire, est le nom

l’humour du scĂ©nario, symbolisĂ© par l’agence«De Boers», suggĂ©rant la De Beers, puissantconglomĂ©rat diamantaire sud-africain. Au fildes six tomes, le lecteur peut apprendrel’origine des diamants noirs ou admirer uneraretĂ© de la nature, deux macles en tĂȘte-bĂȘcheformant une Ă©toile de David.ComposĂ©e Ă  huit mains – AgnĂšs et Jean-

Claude Bartoll au scĂ©nario, Bernard KöllĂ© audessin, Patricia Krahen ou Jocelyne CharranceĂ  la couleur –, la sĂ©rie «Diamants» se concentrequant Ă  elle sur le monde des mines avec laWorld Mining Co, qu’un hĂ©ritier doit perpĂ©tuerau prix d’aventures politico-Ă©conomiquesimpliquant FBI et consorts.Totalement atypique, l’album Bijou, paru

Ă  l’automne dernier, a pour hĂ©ros un diamantbaptisĂ© «Bellaciao». Extraite par un orpailleurdĂ©pitĂ© ayant tentĂ© sa chance en Afrique du Sud,

En haut:Les Naufragés dumétropolitain,

l’histoired’un atelier

de joaillerie, dontles dialogues

retracentles techniques bien

connues de sonauteur, Patrice

Ordas. Ci-contre:Les Éternels,Le Diamant

d’Abraham, une sĂ©rieĂ  rebondissementssur l’univers des

diamantaires.

DARGAUD2005

GRANDANGLE

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Plus d’infos sur lesechos.fr/weekend

QUELQUES CHIFFRES

9 langues : c’est lenombre de traductionsde L’Affaire du collier,d’Edgar P. Jacobs,paru en 1967. Le titrefait toujours partie destrois best-sellers des26 albums d’enquĂȘtesde Blake et Mortimer.

400000 exemplaires :le total des ventesdu Schtroumpfeurde bijoux, depuissa parution en 1994.

470000 exemplaires :le tirage de la série«Bouncer », traduiteen 17 langues depuisla parution du premiertome en 2001.

10 millionsd’exemplaires :le total des ventes desBijoux de la Castafiore,paru en 1963, toutestraductionsconfondues, y comprisle wallon de Liùge,d’Ottignies ou deNivelles, ou encorel’alsacien, le picard,le bourguignon


d’une marque tchĂšque de crayons noirs de grandequalitĂ© que j’utilise rĂ©guliĂšrement. »Dans un registre diamĂ©tralement opposĂ©, la

sĂ©rie «Bouncer» nous transporte dans un FarWest livrĂ© Ă  la fureur des hommes prĂȘts Ă  toutpour mettre la main sur le plus gros diamant del’Ouest, «L’Ɠil de CaĂŻn», ou, dans le tome 10, surun trĂ©sor maudit dans le dĂ©sert de Sonora. Plusau sud, la chaĂźne des Llanganates, cesmontagnes de l’Équateur rĂ©putĂ©es inaccessibles,offrent un cadre spectaculaire Ă  L’Or du bout dumonde. Attendu en fĂ©vrier prochain, l’album a

pour hĂ©roĂŻne une jeune fille de cuisineirlandaise qui part Ă  la recherche du trĂ©sord’Atahualpa, le dernier empereur inca.« L’auteur a bĂ©nĂ©ficiĂ© de l’expertise de PhilippeEsnos, un chasseur de trĂ©sor qui a passĂ© vingt ansĂ  traquer le trĂ©sor d’Atahualpa. Personne nesaura jamais s’il l’a trouvĂ© puisque,malheureusement, il vient de mourir. Il a livrĂ©toutes les pĂ©ripĂ©ties de sa recherche Ă  JĂ©rĂŽmeFĂ©lix qui les a transposĂ©es dans une fictionse passant Ă  la fin du XIXe siĂšcle », dĂ©tailleson Ă©diteur HervĂ© Richez.

Du trĂ©sor au talisman, la frontiĂšreest souvent mince. Ce que confirme ElsaSztulcman. « Dans la sĂ©rie de science-fiction“ValĂ©rian et Laureline”, l’hĂ©roĂŻne, qui raffoledes bijoux (diadĂšmes, boucles d’oreillesexubĂ©rantes, bracelets manchettes, anneauxde cheville), possĂšde mĂȘme une “pierre vivanted’Arphale”, qui se fixe Ă  la peau pour embellirsa propriĂ©taire ! Le bijou peut aussi ĂȘtre porteurde pouvoirs divins ou de malĂ©diction. C’estun thĂšme rĂ©current de la sĂ©rie d’aventureet de mythologie viking “Thorgal”, avec la pierrede sang volĂ©e par la redoutable Kriss de Valnor,la bague Ouroboros qui fait voyager dansle passĂ©, ou la ceinture d’or qui donne sonimmortalitĂ© Ă  la Gardienne des clĂ©s. Aaricia,la compagne de Thorgal, naĂźt en serrant uneperle en forme de larme dans chaque poing,qu’elle portera en pendentif et dont elle utiliseral’éclat pour redonner la vue Ă  Vigrid, un jeunedieu aveugle. » De saint Marc Ă  Van Hamme,il n’y a que quelques planches.

DR

CASTERMAN

Dans l’album Bijou de Fred Bernard, le personnage principal est le diamant Bellaciao.

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LES ECHOS WEEK-END – 75

STYLE HORLOGERIE

FONCTIONS En plus de leurdispositif dĂ©diĂ© Ă  la mesurede temps plus ou moins courts,les chronographes sont parfoisdotĂ©s de fonctions particuliĂšres.L’une de ces subtilitĂ©s mĂ©caniquesles plus connues est appelĂ©e« flyback » en anglais ou « retouren vol » en français. Conçue en 1936pour les aviateurs, elle permet, enune seule manipulation, la remiseĂ  zĂ©ro d’un chronomĂ©trage encours et le lancement simultanĂ©

d’un nouveau. CrĂ©Ă©e un siĂšcle plustĂŽt, la fonction dite « rattrapante »a quant Ă  elle Ă©tĂ© inventĂ©epour lire les temps intermĂ©diairesgrĂące Ă  une deuxiĂšme aiguillecentrale des secondes que l’onpeut stopper et relancer Ă la demande. DissimulĂ©e sousla premiĂšre aiguille, celle-ciapparaĂźt seulement quandon l’arrĂȘte et rattrape la coursede l’autre instantanĂ©mentpour se resynchroniser avec elle.

20000CHFLe 8 novembre Ă GenĂšve, la venteAntiquorum comptaitun chronographeHeuer en or rose (1950).Cet instrument Ă calendrier complet etphases de Lune, estimĂ©5000 – 7000 CHF,est parti trĂšs au-dessusĂ  20000 CHF(18703 euros).

5292DOLLARSChez Sotheby’sNew York, le27 novembre dernier,un beau chronographeBvlgari en or jaune etacier de 2010, cadrannoir et mouvementautomatique, a Ă©tĂ©adjugĂ© Ă  5292 dollars(4441 euros) dans safourchette d’estimation(4000-6000 dollars).

819000DOLLARSHKÀ Hong Kong le29 novembre, Phillipsproposait unchronographe PatekPhilippe Nautilus enacier Ă  fonction flyback(2008). Le lot a dĂ©passĂ©son estimation haute(620000 dollars HK)avec une adjudicationĂ  819000 dollars HK(88306 euros).

DESIGNUn an aprĂšs sa naissance, la collection Code 11.59d’Audemars Piguet s’enrichit d’une dizaine derĂ©fĂ©rences. BoĂźte ronde Ă  lunette ultrafine,cornes ajourĂ©es et carrure octogonale:l’architecture identitaire, Ă©lĂ©gante et originale,est ici associĂ©e Ă  des cadrans laquĂ©s aux couleursinĂ©dites, intenses et profondes. Chacun d’eux estprotĂ©gĂ© par le verre saphir doublement incurvĂ©spĂ©cifique aux Code 11.59, qui est creusĂ© dessuset dessous pour crĂ©er un fascinant effet visuel.

PARTICULARITÉD’un diamĂštre de 41 mm, ce chronographeest façonnĂ©e en or gris et s’ouvre sur un cadranbordeaux fumĂ© dont les nuances s’assombrissentvers le pourtour. Ce dĂ©gradĂ© chromatiqueest accentuĂ© par une finition satinĂ©e soleil quipermet Ă  l’ensemble de jouer avec les refletsde la lumiĂšre Ă  chaquemouvement de poignet.

MOUVEMENTLamanufacture du Brassus a Ă©quipĂ© le boĂźtierd’un fond saphir, pour observer la beautĂ© d’unmouvement automatique Ă  fonction flyback dotĂ©d’unemasse oscillante squelettĂ©e en or 22 carats.

CARACTÉRISTIQUESÉtanchĂ©itĂ© : 30 m.Échelle tachymĂ©trique sur le rehaut.Bracelet en alligator.

COMBIENPrix sur demande.Frank DeclerckPhotographe : Romin Favre

BON CRU DEBORDEAUX

LE MOT LA COTE

CADRANS

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L’ANALYSE

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STYLE

Un projet ambitieux. Si les conditions sanitairesle permettent, la crĂ©atrice japonaise ReiKawakubo et son Ă©poux Adrian Joffe, Ă  la tĂȘtedu label Comme des Garçons, ainsi que de leurmultimarque Dover Street Market, plĂ©biscitĂ©sĂ  travers le monde, devraient inaugurer uneantenne parisienne dĂ©diĂ©e Ă  la jeune crĂ©ation.BaptisĂ©e Dover Street Trading Market,cette derniĂšre sera attenante Ă  la boutiqueComme des Garçons de la rue du Faubourg-Saint-HonorĂ©, Ă  Paris, et mettra en lumiĂšresept jeunes talents, sĂ©lectionnĂ©s par le duo.On y trouvera les crĂ©ations cool et fonctionnellesdu label amĂ©ricain masculin ERL, les piĂšceschics et radicales de la marque new-yorkaiseVaquera, la crĂ©ativitĂ© dĂ©bridĂ©e du collectifde Singapour, Youths in Balaclava, ou bienencore les propositions glamours et joyeusesdu français Victor Weinsanto.InaugurĂ©e il y a tout juste un an, l’entitĂ©

Dover Street Market Paris est un incubateurde talents aux fonds totalement privés,qui propose à ces jeunes pousses unaccompagnement global visant à développerleur production, leur stratégie commerciale,leurs relations avec la presse ou encoreen mettant à disposition un espace showroom,pendant la fashion week parisienne.

UN DUO PUISSANT ET DISCRETSoutenir la jeune crĂ©ation n’est pas nouveaupour ce couple aussi puissant que discret. C’esten 2004 qu’ils inaugurent Ă  Londres leur conceptstore Dover Street Market, qui prĂ©sente Ă  la foisdes piĂšces de leur propre marque et cellesde jeunes stylistes Ă©mergents Ă  qui ils donnentle coup de pouce dĂ©cisif – le français JacquemusdĂšs 2013, GraceWales Bonner en 2016
Leurs crĂ©ations y cĂŽtoient des marques de luxeĂ©tablies comme Celine, Balenciaga, Prada
Au fil des annĂ©es, le principe s’exporte Ă 

travers le monde et diffĂ©rentes antennes ouvrentau Japon, Ă  New York, Los Angeles, PĂ©kin ouSingapour. L’idĂ©e? Chaque crĂ©ateur est invitĂ©Ă  imaginer la scĂ©nographie de son espace.Une visibilitĂ© unique: ĂȘtre vendu chez DoverStreet Market devient un label : «C’est une grandeopportunitĂ© et une forme de reconnaissance.Adrian Joffe est quelqu’un de trĂšs disponible, jesais que je peux l’appeler Ă  tout moment lorsque

LA TRÈS INFLUENTE REI KAWAKUBOMéconnue du grand public, la créatrice japonaise du label Comme des Garçons influence

et promeut la crĂ©ation depuis plus de quarante ans. Et s’apprĂȘte Ă  ouvrir, avec son Ă©pouxAdrian Joffe, un espace dĂ©diĂ© au travail de jeunes designers Ă  Paris.

Rei Kawakubophotographiée parPaolo Roversi quicollabore depuisplus de trente ansavec Comme desGarçons.

Par Maud Gabrielson

Comme des Garçons, Ă  Tokyo, aprĂšs des Ă©tudesde philosophie. Suivant la vague de crĂ©ateursjaponais venus s’installer Ă  Paris dansles annĂ©es 1960 et 1970 – Kenzo Takada, YohjiYamamoto, Issey Miyake –, elle dĂ©file dansla capitale française dĂšs 1981, et surprendavec son esthĂ©tique nouvelle, articulĂ©eautour du noir, des volumes atypiques etde la cĂ©lĂ©bration du corps. «Rei Kawakuboest un maĂźtre Ă  penser pour toutes les gĂ©nĂ©rationsde crĂ©ateurs, Martin Margiela en tĂȘte. C’est

j’ai besoin d’un conseil stratĂ©gique, et la modede Rei Kawakubo a une grande influence surmon travail. Ce sont de parfaits mentors»,explique ThebeMagugu, le crĂ©ateur sud-africainde 26 ans, laurĂ©at du Prix LVMH 2019, dontles crĂ©ations fĂ©minines et modernes sontprĂ©sentĂ©es dans les boutiques Dover StreetMarket, mais Ă©galement sur leur site Internet.À 78 ans, Rei Kawakubo continue d’exercer

son influence sur la jeune gĂ©nĂ©ration dedesigners. C’est en 1969 qu’elle fonde la marque P

AOLO

ROVERSI/COMMEDESGARÇONS

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Plus d’infos sur lesechos.fr/weekend

LES ECHOS WEEK-END – 77

MODE

ERL, Victor Weinsanto,Vaquera
 Quelques-unsdes labels qui serontvendus au concept storeparisien de DoverStreet Market.

le genre de designer que l’on classe du cĂŽtĂ©des auteurs. Elle a trĂšs tĂŽt eu la volontĂ©de dĂ©construire le vĂȘtement pour redĂ©finirla notion de beautĂ©, de formes, de volumes.Elle travaille comme le ferait une artisteet imagine une mode intemporelle qui en ce sensne rĂ©pond pas Ă  la logique de la mode.La sienne est radicale et avant-gardiste Ă  tousles niveaux », analyse Leyla Neri, anthropologuede la mode et professeur Ă  l’antenne parisiennede la Parsons School of Design.

UNE STRATÉGIE TRÈS EFFICACESi Rei Kawakubo se concentre sur sa visionde la mode et fuit toutes les interviewset apparitions publiques, elle n’en garde pasmoins un Ɠil sur sa prĂ©cieuse entreprise :« Elle a une vraie vision commerciale, elle esttrĂšs calĂ©e en marketing », insiste Leyla Neri.Son Ă©poux, Adrian Joffe, est Ă  la tĂȘte del’entreprise et en supervise l’expansion.Ce Sud-Africain de 67 ans, ancien traducteurinterprĂšte en japonais et tibĂ©tain, rencontrela crĂ©atrice au dĂ©but des annĂ©es 1990, Ă  Tokyo.MariĂ©s en 1993, ils ont ensemble fait deComme des Garçons et de Dover Street Marketdes rĂ©fĂ©rences dans la profession. « Il y a eud’autres tandems forts dans la mode, YvesSaint Laurent et Pierre BergĂ©, Valentinoet Giancarlo Giammetti
 mais la diffĂ©renceavec eux c’est qu’ils ont toujours Ă©tĂ© ouverts Ă l’esprit du collectif », poursuit l’anthropologue.

Le collectif. C’est ainsi que la crĂ©atricefonctionne. Rei Kawakubo a toujours prissous son aile une ribambelle de jeunesdesigners prometteurs, les formant, puisinvestissant dans leurs propres marquesou leur ligne dĂ©diĂ©e. En 1993, le crĂ©ateurJunya Watanabe inaugurera ainsi la siennebaptisĂ©e Junya Watanabe Comme des Garçons.La crĂ©atrice Chitose Abe, a la tĂȘte de Sacai,a elle aussi Ă©tĂ© formĂ©e Ă  l’école Rei Kawakubo.En 2012, c’est au tour de Kei Ninomiya,qui aprĂšs avoir exercĂ© de nombreuses annĂ©escomme designer textile pour Comme desGarçons, se voit offrir son propre label baptisĂ©Noir. Au fil des annĂ©es, l’entreprise a multipliĂ©les lignes. Et la liste est longue : Commedes Garçons Homme Plus, Comme des GarçonsHomme Plus Evergreen, Comme des GarçonsHomme Deux, Comme des Garçons Shirt,Comme des Garçons Tricots, Commedes Garçons Parfums, Comme des GarçonsBlack, Comme des Garçons Wallet
La plus identifiable Ă©tant sans conteste Commedes Garçons Play, avec ses piĂšces basiquesflanquĂ©es du cƓur rouge aux yeux rieursplĂ©biscitĂ©e par les ados des beaux quartiers.

«Rei Kawakubo est la reine des collaborations»,commente Leyla Neri. Converse, Nike, Adidas,Vans, Supreme ou mĂȘme Louis Vuitton,en 2008. La marque a Ă©galement cĂ©dĂ© auxsirĂšnes de la fast fashion en signant une lignepour le gĂ©ant suĂ©dois H&M, la mĂȘme annĂ©e.

Cet hiver, Salomon, l’équipementier sportifspĂ©cialisĂ© dans les sports au grand air, se prĂȘteĂ  l’exercice sur deux paires de chaussures.« C’est l’opportunitĂ© pour nous d’atteindreun public diffĂ©rent du nĂŽtre, plus jeune, plusen phase avec la mode. Ce genre de collaborationnous permet de briser un peu les frontiĂšres entrela mode urbaine et les performances sportives »,explique Éric Pansier, directeur de la marquebasĂ©e en Haute-Savoie. Avec un chiffred’affaires supĂ©rieur Ă  3 millions d’euros en 2019(en augmentation de 10% par rapport Ă  l’annĂ©eprĂ©cĂ©dente), le modĂšle Comme des Garçonsne semble pas prĂšs de s’essouffler. Et continuede fasciner et d’inspirer le monde de la mode :en 2017, le prestigieux MetropolitanMuseum of Art de New York a consacrĂ© unegrande rĂ©trospective au travail de la crĂ©atrice.Le dernier crĂ©ateur Ă  y avoir eu droitde son vivant s’appelait Yves Saint Laurent.

ELIRUSSELLINNETZ

MAXWELLAURELIENJAMES

DR

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L’INSPIRATION

78 – LES ECHOS WEEK-END

STYLE

DE CATHERINE DE MÉDICIS À COCO CHANELLe 3 dĂ©cembre, Chanel dĂ©voilait sa collection des MĂ©tiers d’art. Un dĂ©filĂ© hommageaux savoir-faire de ses artisans et manufactures habituellement prĂ©sentĂ© dans un lieuhistorique. Cette annĂ©e, ce fut au chĂąteau de Chenonceau, sans public
 ou presque.

Une collectioninspirĂ©e par leslieux, avec unepalette noir et blanccomme le sol dela grande galerie.Ci-dessus: MĂ©dicis,Chanel, mĂȘme parentĂ©de monogramme.

Par BĂ©line Dolat

es cinq arches du chĂąteau deChenonceau se reflĂštent dans les eaux du CherĂ  la nuit tombĂ©e. AprĂšs Cinecitta Ă  Rome,ou encore les salles Ă©gyptiennes du METĂ  New York, la maison Chanel et sa directriceartistique Virginie Viard ont choisi ce sitesolennel pour inspiration et dĂ©cor du dĂ©filĂ©des MĂ©tiers d’art 2020-21. Musique.Les silhouettes apparaissent dans la grandegalerie de l’édifice baptisĂ© «chĂąteaudes Dames» qui fut, entre autres, le lieude rĂ©sidence de Catherine de MĂ©dicis. Aucunjournaliste, aucune cliente, aucun «amide la maison» n’assiste physiquement au dĂ©filĂ©.Pas un chat
 si ce n’est la comĂ©dienneKristen Stewart, spectatrice privilĂ©giĂ©e,filmĂ©e comme un personnage de fiction.Cette annĂ©e, la collection des MĂ©tiers d’art

est une expĂ©rience numĂ©rique. Le film estd’une qualitĂ© irrĂ©prochable, le livre de photosde Juergen Teller accompagnant l’invitationvirtuelle portant un QR Code est dĂ©jĂ  uncollector, mais sans l’émotion et la dramaturgied’un dĂ©filĂ© live, quels sont les enjeux d’un telĂ©vĂ©nement pour Chanel? « À chaque dĂ©filĂ©,on apprend Ă  composer avec l’exceptionnelde la crise sanitaire, explique Bruno Pavlovsky,prĂ©sident des activitĂ©s mode et de Chanel SAS.Pour la collection de prĂȘt-Ă -porter prĂ©sentĂ©e enoctobre Ă  Paris, nous avions peu d’invitĂ©s, maisnos influenceurs Ă©taient connectĂ©s et rĂ©agissaientsur les rĂ©seaux sociaux comme s’ils Ă©taientau Grand Palais. Notre propos, c’est le rĂȘve pourtous, et les outils digitaux nous aident Ă  rendreaccessible ces moments rares. Pour le dĂ©filĂ© desMĂ©tiers d’art, l’enjeu est diffĂ©rent car la collectionest plus confidentielle. Ce sont des vĂȘtementsexceptionnels, considĂ©rĂ©es comme des piĂšces decollection par nos clientes. Le dĂ©filĂ© a Ă©tĂ© diffusĂ©sur nos mĂ©dias et, en parallĂšle, nous avons ouvertune plate-forme qui leur Ă©tait destinĂ©e – ainsiqu’aux amis de la maison – leur donnant accĂšsĂ  un contenu exclusif. Ici, l’objectif n’est pas defaire de l’audience, il est d’avoir un impact juste. »

Effet miroir, un double C, monogrammede Catherine deMĂ©dicis gravĂ© dans la pierredu chĂąteau, rappelle celui de Coco Chanel.Virginie Viard joue l’écho entre ces deux femmespuissantes avec une collection Ă  la sobriĂ©tĂ©affichĂ©e, inspirĂ©e par l’architecture des lieux. Unepalette noir et blanc comme le sol de la grandegalerie, le losange, motif Renaissance, rythmegraphiquement robes et accessoires. BroderiessignĂ©es Lesage et Montex, effets de plumes parLemariĂ©, plissĂ©s Lognon, parures Goossens
 lacollection est une dĂ©monstration de la virtuositĂ©de ces artisans qui travaillent pour tout le secteurdu luxe et que la crise n’a pas Ă©pargnĂ©s.

«Depuis mars, beaucoup de collections ont Ă©tĂ©annulĂ©es, sinon minimisĂ©es, et un certain nombredes clients des mĂ©tiers d’art rencontre desdifficultĂ©s. Comme tous les fournisseurs dela mode, ils sont les premiers du secteur Ă  ĂȘtrefragilisĂ©s. Le dernier semestre de 2020 n’a pas Ă©tĂ©bon et le premier semestre de 2021 sera lui aussidifficile, prĂ©cise Bruno Pavlovsky. Chez Chanel,nous les soutenons, notamment en maintenantnos commandes. C’est pour cela que nous avonsĂ©tĂ© les premiers Ă  proposer une collection CroisiĂšreau printemps. Parce que dans ce contexte,

il s’agissait aussi de continuer Ă  les fairetravailler.» Comme tous les grands nomsdu luxe et depuis prĂšs d’un anmaintenant, la maison Chanel faitle grand Ă©cart. Susciter le rĂȘveet l’envie par la crĂ©ativitĂ©, et faireface Ă  des impĂ©ratifs Ă©conomiquesinĂ©dits. Tout un art. J

UERGENTELLER

DR

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L’ANALYSE DE SABINE DELANGLADE

LES ECHOS WEEK-END – 79

MODE

Depuis 1924 et sa crĂ©ation Ă  Trivero dansle nord de l’Italie par Pietro Loro Piana,la marque cultive sa diffĂ©rence, sur fondde transparence et de luxe discret. Ici pas plusde dĂ©filĂ© que de designer vedette, l’attentionde la maison est portĂ©e sur le produit,entre savoir-faire artisanal, matiĂšres uniques(«baby cachemire» du nord de la Chineet de Mongolie, vigogne des Andes, lainemĂ©rinos extrafine d’Australie et de Nouvelle-ZĂ©lande), technologie de pointe et fabrication100% transalpine. C’est dans cet espritque la maison a lancĂ© pour l’hiver la collection

TOP MOUMOUTE«Cashfur», interprĂ©tation innovanteet responsable de la fourrure, conjuguantexcellence des fibres et mode de productionrespectueux des animaux et de l’environnement.À l’instar de cette veste Ă  capuche rĂ©versiblezippĂ©e «Jackson», marron clair et crĂšme,confectionnĂ©e en cachemire et soie. Un peude douceur dans la rudesse de l’hiver.

COMBIEN ? Veste réversible Jackson encachemire, Loro Piana, 4900 euros.Texte : Astrid FaguerPhotographe : Sarah Braeck

De Michel de Montaigne, on se souvientdes propos sur l’amitiĂ©, les passions,le pouvoir. Moins de sa virulencecontre les dangers des corsets pourles femmes: «Pour faire un corpsbien espagnolĂ© (fin comme celuid’une espagnole), quelle gĂ©henne nesouffrent-elles, guindĂ©es et cenglĂ©es,jusques Ă  la chair vive? Ouy, quelquesfois Ă  en mourir», (Essais, 1580).Cinq siĂšcles plus tard, la grandeaffaire c’est encore le «no bra»(#FreeTheNipple). Ce ne sont pasles fĂ©ministes qui jettent leurs«soutifs» par-dessus les moulinsde l’oppression masculine commecertaines les avaient symboliquementbrĂ»lĂ©s dans les annĂ©es 1970.Mais les (petits) seins ont prisle goĂ»t du confort pendant le premierconfinement et l’ont gardĂ©: 18%des moins de 25 ans n’en portent plusjamais, contre 4% six mois plus tĂŽt.Le corps des femmes, fesses, ventreet poitrine, fut durant des siĂšclessoutenu d’un seul tenant parun corset. Il fallut attendre HerminieCadolle, ouvriĂšre corsetiĂšre, amiede Louise Michel, pour, en 1889,fendre son corset sous la poitrine.Le «corselet-gorgeȎtait inventĂ© maissera peu portĂ©. En 1913,Mary Jacob l’amĂ©lioreen nouant deuxmouchoirs avec uneĂ©pingle Ă  nourrice.En 1931, Warner BrosCorset Companyl’industrialise enclassifiant de A Ă  Dles quatre tailles debonnet. En 1992, le Wonderbra fait unmalheur historique. Le soutien-gorgea permis aux femmes de mieuxbouger, mieux respirer. Il lesopprime aujourd’hui. Allez savoir!

AprÚs avoir libéré les mouvementsdes femmes, le soutien-gorgeles opprime. Le confinement

est passé par là.

L’OBJET

ILLU

STRATIONKIM

ROSELIERPOURLESECHOSWEEK-END

ILLU

STRATIONBABETHLAFONPOURLESECHOSWEEK-END

Page 124: Les Echos - 11 12 2020

NƒUDS & PAPILLOTTES Bracelet en plexiglas, GIORGIO ARMANI, 1 250 €. Champagne Blanc de Blancs dans son Ă©tui seconde peau, 100% papier et 100% recyclable, RUINART, 73 €.DĂ©coration de sapin NƓud, HEMA, 3,25 €. Escarpins I Love Vivier en veau velours, ROGER VIVIER, 550 €. Porte-monnaie en cuir, fermoir cuir et onyx, Ă©dition limitĂ©e, AMBUSH × BVLGARI,490 €. Verre Ă  Martini, Vega, en cristal, BACCARAT, 300 € le coffret duo. Bracelet en argent antique et Ă©mail, BOTTEGA VENETA, 850 €. Montre Khaki Field Mechanical, HAMILTON,570 €. Papillotes pralinĂ©-chocolat avec blagues Ă  l’intĂ©rieur, À LA MÈRE DE FAMILLE, 27,50 € la boĂźte de 250 g. Rouge Allure, Les ChaĂźnes d’or de Chanel, Ă©dition limitĂ©e, CHANEL, 41 €.

(PETIT) COMITÉDES FÊTES

Des cadeaux de derniĂšre minuteet une bonne dose de cotillons

pour une fin d’annĂ©esans morositĂ©.

Photographe: Olivia FremineauRéalisation: Noémie Barréassistée de Marion Renoux

STYLE

Page 125: Les Echos - 11 12 2020

CRACKERS & VITAMINES Vide-poche Templo sculptĂ© Ă  la main, en rĂ©sine, OCTAEVO, 29,50 €. Bouteille de champagne du Coffret Exc3ptions, Ă©coconçu, contenant trois cuvĂ©es,Brut RosĂ©, Brut sous Bois, Blanc de Blancs, BILLECART- SALMON, 230 €. Cracker de NoĂ«l Jo Malone London chez SEPHORA, 35 €. Assiette en cĂ©ramique dĂ©cor orange, JOHN DERIAN ×ASTIER DE VILLATTE, 84 €. ThĂ©iĂšre en porcelaine, 0,55 l, DAMMANN FRÈRES, 50 €. ƒufs de brochet au yuzu, 100 g, PETROSSIAN, 17 €. Ceinture en cuir, BURBERRY, 650 €.Parfum d’intĂ©rieur Fleur d’oranger, DIPTYQUE, 50 €. Solaires en mĂ©tal dorĂ© et verres miroir, BOTTEGA VENETA EYEWEAR. Mule plate en cuir, LOUIS VUITTON, 595 €.

CADEAUX DE DERNIÈRE MINUTE

Page 126: Les Echos - 11 12 2020

ROSACES & CONFETTIS Paquet de cantucci, biscuits aux amandes, ANTONIO MATTEI chez EATALY, 8,30 €. BoĂźte d’allumettes, KERZON, 9 €. Collier chaĂźne en Monile, BRUNELLOCUCINELLI, 1 200 €. Bougie marbrĂ©e Gordes, CASA LOPEZ, 38 €. Étui Ă  AirPods en cuir, LORO PIANA, 380 €. BoĂźte Stratus en carton-pierre, matĂ©riau qui recycle les chutes de papierde l’Atelier d’Offard, spĂ©cialisĂ© en papiers peints imprimĂ©s Ă  la planche, ATELIER D’OFFARD × STUDIO OF XXI. Éclairs, bouchĂ©es de chocolats, trois parfums, VINCENT GUERLAIS,18 € la boĂźte de 10. Sculpture murale Hirondelle bleu saphir, LALIQUE, 640 €. Montre Sigan, en matĂ©riaux biosourcĂ©s, SWATCH, 65 €. Pochette en cuir et mĂ©tal, CHANEL, 1 400 €.

Page 127: Les Echos - 11 12 2020

BULLES & FRUITS DÉGUISÉS Boule de NoĂ«l en verre dĂ©corĂ©, DIOR MAISON, 450 € le set de 4. Bandana Paisley en coton, LEVI’S, 15 €. Caviar PlatineÂź, 50 g, ASTARA, 92,50 €. VanityDior Travel brodĂ© d’un motif rĂ©sille, DIOR, 1 700 €. Sac Le Pliage Nano, en cuir, LONGCHAMP, 220 €. Babies en serpent d’eau, CELINE PAR HEDI SLIMANE, 820 €. Panettone aux amandesde Sicile, 1 kg, DOLCE & GABBANA e FIASCONARO, 37 €. Cuiller en inox dorĂ©, ABSOLUMENT MAISON au BHVMARAIS et aux GALERIES LAFAYETTE, 129,90 € la mĂ©nagĂšre de 24 piĂšces.Champagne Blanc de Blancs et coffret en fibres naturelles, entiĂšrement recyclable, conçu et fabriquĂ© en France, ornĂ© des anĂ©mones emblĂ©matiques de la Maison, PERRIER-JOUËT, 64 €.

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84 – LES ECHOS WEEK-END

STYLE

LE REPAIREDRINKS & CO, COCKTAIL DÉTONANT

Parmi les nombreuxĂ©tablissements que nous avons pu testerĂ  domicile depuis le premier confinement,le Bistrot Flaubert est l’une de nos meilleuressurprises. Cette adresse parisienne, l’unedes pionniĂšres de la bistronomie, fut crĂ©Ă©eĂ  la fin des annĂ©es 1980 par Michel Rostang,Ă  cĂŽtĂ© de laMaison Rostang, sa table deuxĂ©toiles. L’une et l’autre ont Ă©tĂ© reprises il y aun an par StĂ©phane Manigold, dĂ©jĂ  Ă  la tĂȘtedes excellents Substance et Contraste.Cet entrepreneur de la gourmandise a rĂ©uniles chefs de ses quatre affaires pour mettreau point un menu commun, Ă  emporter oulivrĂ© chez vous. À 39 euros, la formule tapedans le mille. Pour deux raisons : c’estvraiment bon et c’est facile Ă  rĂ©chauffer et Ă servir. Commençons par le goĂ»t : un veloutĂ©butternut-chĂątaigne, suave et rĂ©confortant,un saumon gravlax bien condimentĂ© debetteraves et d’aneth ; un Ă©patant filet decanette (juste) cuit au barbecue, une jolieblanquette ou un agneau rosĂ© aux lĂ©gumesde saison ; un riz au lait au beurre salĂ©,un tiramisu, un crumble aux pommes francdu collier. Rien Ă  dire, sinon bravo.L’autre atout de ce menu trĂšs bien ficelĂ©,donc, c’est de simplifier la vie du client : lesplats sont livrĂ©s dans de sobres emballagesen carton, plus prĂ©sentables sur votre table,et plus Ă©colos, que les barquettes enplastique. Pour les plats chauds, un petittour au micro-ondes et, hop, c’est prĂȘt ! Lescuissons, calculĂ©es au millimĂštre, tiennentcompte de ce coup de chaud ultime. Enfin,vous pouvez ajouter Ă  votre commandeune bouteille sĂ©lectionnĂ©e par AnthonyPedrosa, le directeur de Substance, quivous sera facturĂ©e presque Ă  prix coĂ»tant.Bistrot Flaubert : click and collectou livraison Ă  Paris et petite couronnesur rostang.bonkdo.com. TĂ©l. : 0142670581.Menu Ă  39 €. À la carte, comptez environ 50 €.

BISTROT FLAUBERT,EN PLEIN DANS LE MILLE

PARIS À la fois boutique, bar et restaurant,Drinks & Co est un concept store d’un nouveaugenre qui vient d’ouvrir ses portes dĂ©butdĂ©cembre sous l’hĂŽtelHilton, prĂšs de la gareSaint-Lazare. Impossible de rater ses largesbaies vitrĂ©es donnant sur le parvis et ceinturant500 m2 d’espaces lumineux dĂ©corĂ©s façonjungle urbaine. Aux beaux jours, la longueterrasse accompagnant les lieux attirera encoreplus les regards.En attendant la rĂ©ouverture des bars et lieuxde restauration, il est possible d’y dĂ©couvrirplus de 1000 spiritueux en provenance dumonde entier, alignĂ©s le long des murs, ainsiqu’une petite sĂ©lection de vins et champagnes.Une boutique au concept original puisqueles clients peuvent goĂ»ter l’intĂ©gralitĂ© desalcools proposĂ©s Ă  la vente. L’occasion de selaisser tenter par des breuvages peu connus,souvent artisanaux, introuvables ailleurs.Comme SĂ©quoia, un whisky bio distillĂ© dansle Vercors, Ryoma, un Ă©tonnant rhum japonaisvieilli en fĂ»t de chĂȘne, ou AmĂĄzzoni, un ginbrĂ©silien composĂ© d’espĂšces botaniques localesĂ©tonnantes (fleurs de nĂ©nuphars gĂ©ants, grainesde cacao
). On teste et, si on aime, on passeen caisse. Une offre singuliĂšre, Ă  l’imagede ce nouveau lieu qui se veut vivant du matin

Illustrations: Amélie FaliÚre

LES PETITS PLATSDANS LES GRANDS

PAR LAURENT GUEZ

Bonne adresse de quartierCorrect, sans plus

TrĂšs belle table

Cuisine, dĂ©cor : tout y estAttention : table d’exception

au soir en passant par des afterworksmusicaux trĂšs attendus dĂšs que les restrictionsliĂ©es Ă  la crise sanitaire seront levĂ©es.On pourra alors se restaurer de quelques plats«comfort food» (ribs marinĂ©s au whiskeyJameson Original, vacherin au mascarponearomatisĂ© au gin Beefeater
). Mais aussidĂ©guster des cocktails prĂ©parĂ©s par la jeuneĂ©quipe de bartenders. LĂ  encore, l’idĂ©e est derendre le bar accessible Ă  tous avec des cocktailsĂ  prix abordables (entre 10 et 13 euros).Et bonne nouvelle : les spĂ©cialitĂ©s proposĂ©esau bar se dĂ©clinent avec ou sans alcool. Desrecettes miroirs : mĂȘmes verres, mĂȘmes saveursgrĂące aux nouveaux «spirit free», des Ă©lixirsĂ©laborĂ©s avec la mĂȘme exigence que lesspiritueux classiques mais «dĂ©salcoolisĂ©s».Envie de prolonger le plaisir en rĂ©alisant cescocktails chez vous? Alors, offrez-vous unemini master class ! Tout au long de la journĂ©e,sans rĂ©servation, seul ou Ă  plusieurs, on vousapprendra en trente minutes Ă  manier le shakeravant de dĂ©guster votre crĂ©ation.Ludovic Bischoff

C’EST OÙ : 106 bis, rue Saint-Lazare,75008 Paris.TĂ©l. : 01 70932770.

Chez Drinks & Co, Ă  mi-chemin entre la boutique de spiritueux et le bar Ă  cocktails. VINCENTMACHER

ALEXISANICE

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LES ECHOS WEEK-END – 85

GOÛT

01 LES PLUS LUMINEUSESGanache de chocolat noir Ă  labergamote, pralinĂ© au jasmin,ganache au pain d’épices
De 9 Ă  72 piĂšces, les coffretsde chocolats aux saveurslimpides signĂ©s Jacques GenintĂ©moignent d’une justesseaffriolante (Ă  partir de 12 €).www.jacquesgenin.fr

02 LES PLUS TEXTURÉESLe fondant d’un gianduja auxnoisettes, la voluptĂ© d’uneganache de chocolat noir Ă  lacrĂšme d’Isigny, le croquant d’unecoque de nougatine fourrĂ©ede praliné  Chez Bernachon,les assortiments des nouvellesboĂźtes Paraty (Ă  partir de 21 €)

attestent du talent de la maisonlyonnaise Ă  travailler le chocolattout en textures.www.bernachon.com

03 LES PLUS FINGER FOODDes fines barres chocolatĂ©es,comme des mikados, Ă  diffĂ©rentspralinĂ©s (Ă  partir de 14 €) :lait et pĂ©can, noir croquant,lait et noix de coco
 Tel estl’un des jolis tours du MOFchocolatier Nicolas Cloiseaupour La Maison du Chocolat.www.lamaisonduchocolat.com

04 LES PLUS BARRÉESFidĂšle Ă  lui-mĂȘme, le «bean-to-bar » Plaq se distingueĂ  nouveau. Pour les fĂȘtes,

la manufacture de la rue du Nil,Ă  Paris, propose des coffretsĂ©purĂ©s, rĂ©unissant non pas desbonbons mais quelques-unesde ses plaques noires et au lait(Ă  partir de 53 €).www.plaqchocolat.com

05 LES PLUS SURPRENANTSLe MOF chocolatier PatrickRoger signe un nouvelassortiment de ses fameusesdemi-sphĂšres. Des coques dechocolat colorisĂ©es, renfermantun caramel coulant en quatreparfums : abricot, biĂšre blonde,pĂȘche-rĂ©glisse et surtout beurresalĂ© (58 €). DĂ©routant.www.patrickroger.comJĂ©rĂŽme Berger

TOP 5 LES MEILLEURES BOÎTES DE CHOCOLATS

LA RÉDACTION DES « ÉCHOS » S’EST FAIT LIVRER

LA CHRONIQUE VINDE JEAN-FRANCIS PÉCRESSE

Elle est, Ă  sa maniĂšre, l’ultime survivanted’une civilisation. De celles dont l’on perdla trace Ă  force d’en effacer le nom. DatĂ©de l’an 2009, ce flacon que l’on saisitd’une main tremblante porte, en mentiond’origine gĂ©ographique, l’étendard des«coteaux flaviens». L’indication protĂ©gĂ©ea cessĂ© de l’ĂȘtre cette mĂȘme annĂ©e, faute decombattants. Ne restait plus Ă  la dĂ©fendreque Franck et Nadine Renouard, en leurdomaine de Scamandre, prĂ©cisĂ©ment situĂ©,sur cette marche orientale du plateau desCostiĂšres, en cette extrĂ©mitĂ© oĂč, au siĂšclepremier de notre Ăšre, les Romains del’empire des Flavius poussĂšrent la culturede la vigne. Au-delĂ , Ă  quelques pas versl’ouest, c’étaient les terroirs gaulois. Ici, lesfrontiĂšres de l’histoire recouvrent celles dela gĂ©ographie. Mais, comme souvent, il s’esttrouvĂ© une administration pour les sĂ©parer.Au surplomb de la Petite Camargue, lavingtaine d’hectares de vignes de Scamandreest affectĂ©e aux CostiĂšres de NĂźmesmais, sin’était cette langue des taureaux qui vousattachent Ă  jamais Ă  cette terre, avec ses solsde galets roulĂ©s teintĂ©s de 50 nuancesd’argiles rouges, le domaine est plutĂŽt typĂ©rhodanien, ascendant ChĂąteauneuf.Il y a vingt ans seulement, il n’existait pas.En place des carignan, syrah et grenache,des marsanne et roussanne, et aussi deschardonnay et petit manseng, n’y poussaitque de la luzerne. Rien ne destinait FranckRenouard, ponte parisien de l’implantologiedentaire, Ă  jeter lĂ  les bases d’une aventureviticole. Rien d’autre qu’un serment de finde soirĂ©e, passĂ© avec son ami de Camargue,le peintre Pierre-Marie Brisson. «J’étaisamateur de vins, mais de vins finis », dit-ildrĂŽlement, Ă©tonnĂ© encore, lui l’hommede science, de cette folie cartĂ©sienne.Les dĂ©buts furent Ă©piques. Une poignĂ©ed’hectares sans maison ni cuvier, unepremiĂšre rĂ©colte vinifiĂ©e dans des cuvesextĂ©rieures. « On dormait dans la voiturepour les surveiller. » Renouard a tracĂ© saroute, impĂ©rial, s’écartant de l’esprit desCostiĂšres pour Ă©laborer, Ă  l’image du 2013,Ă©blouissant de fraĂźcheur, des vins profondset tendus, douĂ©s de cette impressionnantecapacitĂ© de garde qu’ont les grandessignatures rhodaniennes.Scamandre rouge 2013, CostiĂšres de NĂźmes. 22 €la bouteille. www.comptoir-mediterraneen.com

À PARIS, KGB, FUSION ASIATIQUEKGB c’est Kitchen Galerie Bis, la petite sƓur de ZeKitchen Galerie, l’étoilĂ© de William Ledeuil. L’espritest le mĂȘme, ambiance galerie d’art moderne. Lejeune chef Martin Maumet y propose une bellecuisine contemporaine oĂč transpire une influenceasiatique toute en sauces, herbes, bouillons,lĂ©gumes et agrumes. Le tataki de bƓuf est marinĂ©au piment, sĂ©same noir et noisette-satay, lasavoureuse poitrine de porc confite et caramĂ©lisĂ©es’accompagne d’un riz thaĂŻ vĂ©nĂ©rĂ© au yuzu kosho(au piment) et de choux grillĂ©s. L’étonnant houmousde lentilles vertes du Puy est relevĂ© d’agrumeset le mascarpone aux pommes confites profitede la subtile note du miso blanc. Claude Vincent

À PARIS, MAMÉ KITCHEN, CURE DÉTOXLe plein de vĂ©gĂ©tal, pas mal de cĂ©rĂ©ales et un peude protĂ©ines animales. Au menu chez MamĂ©Kitchen, une cuisine flexitarienne oĂč, selon unconcept en vogue outre-Atlantique, les protĂ©inessont traitĂ©es en «condimeat » (façon condiment).Les plats offrent beaucoup de libertĂ© : une baseĂ  choisir entre polenta, quinoa ou boulgour, parĂ©ede brocolis, patates douces, kale ou chou rouge– avec tofu ou Ɠuf bio, effilochĂ© de poulet Label

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86 – LES ECHOS WEEK-END

STYLE AUTO

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2: 86 g/km.

Consommation : 3,7 l/100 km.Prix : 33450 €.

ABORDABLEAvec des tarifs dĂ©butant sous les30000 euros (pour la 122 ch) et nedĂ©passant les 35000 euros avec le pleind’options, la nouvelle Corolla hybrideest d’autant plus intĂ©ressante que, pourtrouver aussi bien Ă  consommationcomparable, hormis des modĂšles diesel(qui battent de l’aile) ou des Ă©lectriques(moins polyvalents Ă  ce tarif), il n’existepas d’alternative. Sans Ă©voquer sesloyers bon marchĂ©.

RELÈVE ASSURÉESans payer de mine, la Corollaest la voiture la plus vendueau monde. 100% hybride, sadouziĂšme gĂ©nĂ©ration devraitsuivre la voie tracĂ©e.

Par Cédric Fréour

PLUTÔT CONFORTABLEDouceur et silence de fonctionnement,appĂ©tit d’oiseau, construction etassemblage fait pour durer, siĂšgesenveloppants (surtout ceux de la version180 ch faisant penser Ă  une Porsche),dĂ©co contemporaine, cuir de qualitĂ©,finitions rassurantes
 La Corolla respirele travail achevĂ©. À deux dĂ©tails prĂšs :le fameux «effet mobylette» de latransmission CVT n’est pas totalementgommĂ© et le coffre n’est pas immense.Mais la Corolla existe aussi en break.

VÉLOCESous le capot, maĂźtrise ancestrale oblige(la premiĂšre Toyota hybride remonte Ă vingt-quatre ans !), la Corolla n’offre nonplus un, mais deux mariages essence-Ă©lectricitĂ©. L’un «traditionnel» de 122 chet un autre inĂ©dit de
 180 ch. LequelaccĂ©lĂšre avec cĂ©lĂ©ritĂ© (100 km/h en 7,9 s)sans, Ă©videmment, trop consommer(moins de 4 l/100 km en ville !). Touten restant d’une grande quiĂ©tude
Qui dit mieux? Pas grand monde!

FIABLEPresque 50 millions d’exemplaires enbientĂŽt cinquante-cinq ans de carriĂšre :cela en fait des Corolla ! Une success-story qui repose sur une fiabilitĂ©devenue lĂ©gendaire (annĂ©e aprĂšs annĂ©e,Toyota figure dans le tiercĂ© de tĂȘte desenquĂȘtes menĂ©es sur la «satisfactionclient») et Ă  laquelle la douziĂšmegĂ©nĂ©ration apporte enfin un coup decrayon. Silhouette Ă©lancĂ©e, regardacĂ©ré  Jamais Corolla n’aura Ă©tĂ© autantdans le coup.

DR

SEBASTIENMAUROY

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LES ECHOS WEEK-END – 87

STYLE HIGH-TECH

Un peu de douceur pour les fĂȘtes.Avec son diffuseur Lilywood, AromasounddĂ©voile sa toute nouvelle enceinte «zen»,cadeau idĂ©al pour lutter contre la morositĂ©ambiante. Son utilisation, d’une grandesimplicitĂ©, se rĂ©vĂšle trĂšs intuitive,notamment grĂące Ă  l’application maison.Quelques minutes Ă  peine suffisent pourla mise en route : le temps de brancherl’enceinte, de verser un peu d’eau dansle rĂ©ceptacle et d’appairer le tout avecvotre smartphone, et voilĂ  Lilywood prĂȘteĂ  ravir les sens : la vue, tout d’abord, avecsa silhouette en imitation bois qui changedes plastiques noirs habituels sur ce marchĂ©.L’enceinte dĂ©livre Ă©galement un sonde relativement bonne facture : 15 wattsqui suffiront Ă  accompagner un rĂ©veilen douceur. À fort volume, en revanche,les graves s’étouffent et on constateun manque de prĂ©cision dans les aigus.Autre petit bĂ©mol, l’application n’intĂšgrepas les plateformes externes (Spotify etDeezer), mais seulement les morceauxprĂ©sents dans le terminal. Il est cependanttout Ă  fait possible de passer directementpar le Bluetooth pour y jouer ses playlistshabituelles.Le diffuseur de brume froide – qui peutfaire office de simple humidificateurd’appoint – se pilote Ă  l’aide du smartphone.On peut ainsi faire varier son intensitĂ©et choisir d’activer ou non les huilesessentielles. Lors de leur diffusion, un lĂ©gerclapotement apporte un petit supplĂ©mentd’ñme Ă  cette ambiance zen. Bonus nonnĂ©gligeable, l’enceinte intĂšgre une sourcelumineuse dont le spectre des couleurs,quasi infini, se choisit au doigt sur l’écrandu tĂ©lĂ©phone. Pas forcĂ©ment avant-gardiste– d’autres produits proposent ces mĂȘmesfonctionnalitĂ©s, parfois avec plus deflexibilitĂ© ou de puissance, notammentpour le son –, mais l’ensemble reste sobre,joli et d’une simplicitĂ© remarquable.Et ce, pour un prix tout doux.

COMBIEN? À partir de 69,90 euros.

HUILES DIVERSESL’enceinte est fournie avec un flaconde Synergie Zen bio de 10 ml (pourla relaxation), mais le magasin maisonregorge de trouvailles olfactives, commele Tonus pour commencer la journĂ©eavec une touche vivifiante. De 6 Ă  10 €les flacons de 10 ml.

GRANDE AUTONOMIESi cette version est filaire, son autonomietient dans la capacitĂ© de son rĂ©servoir,350 ml, qui offre plusieurs heuresde brumisation douce et de diffusiond’huiles essentielles.

VERSION NOMADEAromasound propose moult versionsde diffuseurs. Parmi elles, Symphoney,qui a le grand mĂ©rite d’ĂȘtre sans fil,rechargeable par prise USB avechuit heures d’autonomie pourdes fonctionnalitĂ©s quasi identiquesĂ  celles de Lilywood.

EFFET BIEN-ÊTREL’odorat est le seul sens en lien directavec notre cerveau. Il active notresystĂšme limbique, zone du cerveaujouant un rĂŽle trĂšs important dans nosĂ©motions. Les huiles essentielles – Ă manier avec prĂ©caution – influencentdonc directement notre bien-ĂȘtre.

PROGRAMMATION POSSIBLEQue ce soit pour une alarme ou pourprĂ©parer des atmosphĂšres en amont,il est possible de programmer la miseen route de l’enceinte Ă  distance,en lumiĂšre, son ou sensation olfactive.

ENCEINTE ZENAromasound prĂ©sente Lilywood,son enceinte connectĂ©e multifonctiondotĂ©e d’un diffuseur d’huilesessentielles. À glisser sous le sapin.

Par Raphaël Sachetat

DR

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LES ECHOS WEEK-END – 89

11 DÉCEMBRE 2020

ETMOI


PARKINSON,CETTE GRANDE

OUBLIÉEJessica Berthereau

Illustration: Cristina SpanĂČ

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90 – LES ECHOS WEEK-END

ET MOI


Alors que lapathologie,qui ne touche pasque les personnesùgées, explosedans lemonde,la recherchetrÚs activelaisse entrevoirquelques espoirsthérapeutiques.

« Il est indĂ©niable que le premier confinementa eu un impact nĂ©gatif sur ma santĂ©, assureStĂ©phane Billerey, diagnostiquĂ© Parkinsondepuis quatre ans. J’ai perdu un peu de mobilitĂ©du cĂŽtĂ© droit et je me mets Ă  trembler, ce qui nem’arrivait pas avant. C’est l’évolution normalede la maladie, mais j’ai l’impression que ça l’aun peu accĂ©lĂ©rĂ©e. » En cause : une moindreactivitĂ© physique, l’impossibilitĂ© d’aller voircertains professionnels de santĂ©, un contextesanitaire anxiogĂšne particuliĂšrement dĂ©lĂ©tĂšre « C’est une maladie trĂšs Ă©trange qui fait que l’onest trĂšs sensible au stress. Du coup, on absorbevraiment le stress ambiant, ce qui impactel’évolution de la maladie. » À 56 ans, StĂ©phaneBillerey est toujours actif mais, comme biend’autres, a dĂ» se mettre Ă  travailler Ă  distance,or « avec le tĂ©lĂ©travail, je fais automatiquementmoins d’exercice physique et il me manque lesinteractions avec les collĂšgues, Ă  la fois sur le planrelationnel et sur le plan cognitif ».

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LES ECHOS WEEK-END – 91

PARKINSON, LA GRANDE OUBLIÉE

Beaucoup de personnes vivant avec lamaladie de Parkinson partagent le constat faitpar StĂ©phane : 60% de celles interrogĂ©es parl’association France Parkinson une semaineavant la fin du premier confinementrapportaient une aggravation des symptĂŽmesmoteurs de la maladie, 73% une augmentationdes troubles de l’anxiĂ©tĂ© et 80% unaccroissement des douleurs et des troublesdu sommeil. Plus de 60% ont fait part d’unerĂ©duction importante de l’activitĂ© physiquequotidienne et 85% ont signalĂ© un arrĂȘt dessĂ©ances avec leur kinĂ©sithĂ©rapeute. « Lespatients ont dĂ©jĂ  tendance Ă  ĂȘtre enfermĂ©s dansleur maladie alors le confinement, c’est la doublepeine », rĂ©sume Didier Robiliard, prĂ©sidentde France Parkinson, lui-mĂȘme atteint.

«Assez dramatique sur le moment, le premierconfinement pourrait aussi avoir des effets de longterme, s’inquiĂšte Marie Fuzzati, directricescientifique chez France Parkinson. Par exemple,l’effet bĂ©nĂ©fique de l’activitĂ© physique disparaĂźtprogressivement dĂšs que les patients arrĂȘtent d’enfaire et il leur est ensuite difficile de remonter lapente.»Heureusement, quelques amĂ©nagementsont Ă©tĂ© apportĂ©s pour le second confinement,comme l’autorisation des visites en Ehpad pourbriser l’isolement, ou la possibilitĂ© d’aller voirtous les professionnels de santĂ©. StĂ©phane peutcette fois-ci se rendre chez son kinĂ© une fois parsemaine. «Revivre cette situation est tout de mĂȘmedifficile psychologiquement. Il faut se blinder.J’imagine que des personnes moins accompagnĂ©esdoivent rencontrer des problĂ©matiquespsychologiques assez fortes.»Ce sentiment d’oubli vĂ©cu pendant le premier

confinement fait étrangement écho à uneperception plus large de méconnaissance de la

maladie de Parkinson. « C’est une maladie quisouffre d’ignorance, certainement parce qu’elle estattribuĂ©e au grand Ăąge, alors qu’elle touche aussides personnes en activitĂ© professionnelle et qu’elleest souvent rĂ©duite aux tremblements, alorsqu’elle est source de bien d’autres complications »,regrette Didier Robiliard. DiagnostiquĂ© Ă 45 ans, il a Ă©tĂ© contraint de s’arrĂȘter de travaillerau bout de cinq ans Ă  cause de « raideurs, delenteurs et d’une fatigue extrĂȘme ». AprĂšs uneintervention chirurgicale (neurostimulation),il a retrouvĂ© certaines facultĂ©s physiques et a ok,merci. choisi de s’engager auprĂšs de FranceParkinson, dont l’un des objectifs est de « fairesortir la maladie de l’ombre ».Si Parkinson touche moins de personnes que

la maladie d’Alzheimer – Ă  laquelle elle est, Ă tort, souvent assimilĂ©e ou confondue – c’est lamaladie neurodĂ©gĂ©nĂ©rative dont le nombre decas a le plus augmentĂ© entre 1990 et 2015. Il aplus que doublĂ©, passant de 2,6 Ă  6,3 millionsde patients dans le monde. Et pourrait doublerde nouveau d’ici 2040, Ă  12,9 millions, alertentquatre grands scientifiques spĂ©cialistes dela maladie dans un ouvrage paru aux États-Unisau printemps (1). « C’est la maladie du cerveauqui connaĂźt la croissance la plus rapide aumonde, martĂšle Ray Dorsey, l’un des auteurs,professeur de neurologie Ă  l’universitĂ© deRochester. Le risque au cours de notre viede dĂ©velopper la maladie de Parkinson est sixĂ  sept fois plus Ă©levĂ© que celui de mourir d’unaccident de voiture. Presque tout le monde seraaffectĂ©, directement ou indirectement. »En France, on recensait environ 160000

patients parkinsoniens fin 2015 et uneprogression de 25000 nouveaux cas par an,dont 17% ùgés de moins de 65 ans (2). Une étude

publiĂ©e en 2018 prĂ©voit une augmentation dunombre de patients d’environ 65% entre 2010et 2030 (3). « Le premier facteur de risque estl’ñge, le sexe en Ă©tant un autre puisque cettemaladie est environ 1,5 fois plus frĂ©quentechez l’homme que chez la femme. Le nombrede cas va augmenter fortement en raison duvieillissement de la population mais ausside l’allongement de l’espĂ©rance de vie, puisqueles patients parkinsoniens vivront alors pluslongtemps avec la maladie », analyse leneurologue et Ă©pidĂ©miologiste Alexis Elbaz,directeur de recherche Ă  l’Inserm.

DÉCRITE DÈS 1817 PAR JAMES PARKINSONLoin de se rĂ©sumer aux tremblements (30%n’en auront jamais), cette pathologie, dĂ©critepour la premiĂšre fois en 1817 par le mĂ©decinbritannique James Parkinson, peut ĂȘtre dĂ©finiecomme une « maladie de l’automaticitĂ©, expliqueDavid Devos, professeur Ă  l’universitĂ© de Lilleet neurologue au CHU de Lille. Elle affecte lamotricitĂ© automatique mais aussi l’intelligenceautomatique et les Ă©motions automatiques, parexemple lorsqu’on Ă©clate de rire devant un film. »Le mĂ©canisme de la maladie est bien connu:une mort rĂ©gulĂ©e (c’est-Ă -dire enclenchĂ©e parla cellule) de certains neurones du cerveau,notamment – mais pas seulement – desneurones dopaminergiques. Elle se caractĂ©risepar la formation d’agrĂ©gats de protĂ©inesalpha-synuclĂ©ines et une surcharge en fer.Quant aux causes, elles sont multiples et

pour beaucoup encore mal dĂ©finies. « Il n’y apas une seule cause car c’est une maladiemultifactorielle. De façon trĂšs schĂ©matique,il y a pour chaque individu une cinquantainede facteurs gĂ©nĂ©tiques possibles, une

UNE MALADIE AUX CAUSESMULTIFACTORIELLESET, POUR BEAUCOUP,ENCORE MAL DÉFINIES.

L’association France Parkinson,crĂ©Ă©e il y a plus de trente ans,oeuvre notamment pour financerla recherche grĂące aux donset pour soutenir les malades et leursproches. www.franceparkinson.frAprĂšs la mauvaise expĂ©rience dupremier confinement, l’association

France Parkinson a montĂ© uneopĂ©ration appelĂ©e «Tous en lien »en mobilisant tout son rĂ©seaude bĂ©nĂ©voles pour maintenir le lienavec les patients par tĂ©lĂ©phone,visio ou via des visites.Ligne Info Écoute renforcĂ©e. TĂ©l. :0145209896 www. dopamine. care

Une sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Ă©ducative,dĂ©veloppĂ©e aux Pays-Bas, paysayant l’une des meilleures approchesde soins et de suivi des patientsparkinsoniens, a Ă©tĂ© dĂ©clinĂ©e enanglais depuis 2017. Deux saisonssont disponibles sur ParkinsonTV.https://parkinsontv.org

Le site ClinicalTrials dressela liste des essais cliniquesqui recrutent à travers le monde.Ceux qui se déroulent surle territoire françaissont accessibles sur:https://clinicaltrials.gov/https ://parkinson. network/fr

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92 – LES ECHOS WEEK-END

ET MOI


cinquantaine de facteurs environnementauxpossibles et 50 fois 50 interactions possibles entreces facteurs, indique David Devos. C’est pourcela qu’il n’y a pas UNE maladie de Parkinsonmais DES maladies de Parkinson. » Comme ledĂ©taille Marie Fuzzati, « si l’on regroupe dixpersonnes vivant avec Parkinson, elles seront trĂšsdiffĂ©rentes en termes d’ñge, de symptĂŽmes, deprogression de la maladie, de rĂ©ponse auxmĂ©dicaments, d’effets secondaires destraitements
 »

« La dĂ©finition de la maladie de Parkinsonreste un vrai problĂšme scientifique, rĂ©sumeOlivier Rascol, neurologue au CHU de Toulouse.En l’absence de biomarqueurs visibles du vivantdu patient, le diagnostic s’effectue toujours surun faisceau d’arguments cliniques et il y a 10%des cas dans lesquels on se trompe. » Pour RayDorsey, la façon de diagnostiquer cette maladieest tout simplement « archaĂŻque ». « Quant auprincipal traitement, la L-Dopa, il est vieux decinquante ans. Cinquante ans ! Nous avons faitplus de percĂ©es thĂ©rapeutiques au siĂšcle dernierqu’au siĂšcle actuel », regrette-t-il. La L-Dopa,un prĂ©curseur de la dopamine, est « l’une desrĂ©volutions de la neuro-pharmacologie moderne,rappelle Olivier Rascol.MĂȘme s’il est loin d’ĂȘtreparfait, notamment car il n’agit pas sur lesanomalies non-dopaminergiques du cerveau,c’est le mĂ©dicament le plus puissant en termesde rĂ©ponse et d’efficacitĂ©. » Ce qui explique qu’ilreste encore le «gold standard» (le meilleurdu moment) aprĂšs tant d’annĂ©es.De nombreux mĂ©dicaments

complĂ©mentaires existent et il y a aujourd’huitout un Ă©ventail de traitements permettant auxneurologues d’affiner au mieux selon chaquepatient. Mais tous ces traitements « restent

le manque de financements empĂȘche derĂ©pondre au besoin massif de recherche dansce domaine. « Il y a de trĂšs importants facteursenvironnementaux contribuant Ă  la maladiede Parkinson, dont des pesticides et des solvantsque nous utilisons toujours, la pollution de l’airet les mĂ©taux lourds », s’indigne quant Ă  luiRay Dorsey. Avec ses coauteurs, il prĂ©senteun plan d’action en 25 points, dont lesdeux premiers sont de bannir le paraquatet le trichloroĂ©thylĂšne. Ce qui est dĂ©jĂ  le casdans l’Union europĂ©enne, depuis respectivement2007 et 2016, mais pas aux États-Unis ni dansde nombreux autres pays.Avec «Ending Parkinson’s disease», Ray

Dorsey ambitionne de provoquer une prisede conscience publique et politique Ă  l’imagede celle qui a eu lieu pour le sida, qui « est

symptomatiques, c’est-Ă -dire qu’ils amĂ©liorentles symptĂŽmes mais n’ont pas d’impact surl’évolution de la maladie », prĂ©cise David Devos.Il n’existe donc pas encore de traitementneuroprotecteur visant Ă  ralentir ou Ă  guĂ©rirla maladie. Pourquoi? « Pour une raison trĂšssimple qu’il ne faut pas oublier : on ne voit pasce qu’on fait, poursuit-il. L’une des clĂ©s est depouvoir suivre les biomarqueurs pour bienvisualiser la mort des neurones et voir l’impactd’un traitement au niveau du cerveau. Une foisqu’on aura ces outils, qui sont en cours dedĂ©veloppement, on pourra tester de façonbeaucoup plus pertinente des molĂ©culeset des combinaisons de molĂ©cules. »

LE REPOSITIONNEMENT DE MÉDICAMENTSLa bonne nouvelle, c’est que la recherche surla maladie de Parkinson est trĂšs dynamique avecplus de 160 nouvelles molĂ©cules actuellementtestĂ©es dans le monde, principalementdans cette optique de neuroprotection, souligneDavid Devos. «Il y a beaucoup d’avancĂ©esscientifiques mais pas encore d’innovationthĂ©rapeutique majeure. On espĂšre que ce serale cas dans les prochains mois ou annĂ©es.»Le chercheur vient de terminer une grandeĂ©tude europĂ©enne afin d’évaluer l’efficacitĂ©d’un traitement Ă  base de dĂ©fĂ©riprone pourlutter contre l’accumulation de fer dansles zones du cerveau qui dĂ©gĂ©nĂšrent (4).Si les rĂ©sultats, attendus pour avril 2021,sont positifs, il pourrait s’agir d’une premiĂšrestratĂ©gie de neuroprotection. À l’imagede cet essai, «de nombreuses recherches actuellesportent sur le repositionnement de mĂ©dicamentsdĂ©jĂ  sur le marchĂ©, ce qui comporte de grandsavantages en termes de rapiditĂ© de miseĂ  disposition pour les patients si les effets sontprouvĂ©s», souligne Marie Fuzzati.LĂ  oĂč le bĂąt blesse, c’est en termes de

prĂ©vention, notamment en ce qui concerneles facteurs environnementaux. « La maladiede Parkinson est probablement en grande partiecausĂ©e par le dĂ©veloppement industriel maisc’est vraiment lĂ  oĂč il y a le moins d’actions »,dĂ©plore Marie Fuzzati. Par exemple, «l’expositionaux pesticides comme facteur de risqueest maintenant assez bien Ă©tablie, au point qu’enFrance la maladie de Parkinson est reconnuedepuis 2012 comme maladie professionnellechez les agriculteurs, sous certaines conditions»,indique Alexis Elbaz. Qu’en est-il chez lapopulation gĂ©nĂ©rale? Le chercheur a menĂ© uneĂ©tude montrant une incidence de la maladie deParkinson un peu plus Ă©levĂ©e dans les cantonsles plus ruraux et notamment les plus viticoles.«Mais c’est une Ă©tude Ă©cologique pour laquelle onne peut pas Ă©tablir de lien au niveau individuel.»En somme, c’est dĂ©montrĂ© au niveau

Ă©pidĂ©miologique chez l’homme et lesexpĂ©riences sur les animaux exposĂ©s Ă des pesticides montrent clairement unecausalitĂ©. « Les modĂšles animaux conduisenttout de mĂȘme Ă  une forte probabilitĂ© de causalitĂ©chez l’homme », souligne David Devos, pour qui

De nombreusespersonnes connuesont été ou sontaffectées par lamaladie de Parkinson,à l'instar du papeJean-Paul II, du boxeurMohamed Ali oude la présentatricemétéo CatherineLaborde, qui atémoigné dansson livre Trembler(Plon, 2018).L'acteur américainMichael J. Fox,rendu célÚbre par sonrÎle dans la trilogieRetour vers le futur,a été diagnostiqué àseulement 29 ans.

Il le révÚle au grandpublic à la fin desannées 1990 et se ditchoqué, lors d'untémoignage devantle CongrÚs américain,par les « si maigres »financements attribuésà la recherchesur cette maladie.En 2000, il crée safondation, qui a depuisconsacré plus de900 millions de dollarsà la recherche sur lamaladie de Parkinson,ce qui en fait le plusgrand bailleur de fondsà but non lucratifpour cette pathologie.www.michaeljfox.org

DE JEAN-PAUL II À MICHAEL FOX

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LES ECHOS WEEK-END – 93

PARKINSON, LA GRANDE OUBLIÉE

maintenant la maladie bĂ©nĂ©ficiant du plus defonds fĂ©dĂ©raux pour la recherche aux États-Unis ». En France, un rĂ©seau regroupedepuis 2012 les 25 centres experts Parkinson.« GrĂące au soutien financier du programmed’investissements d’avenir, le rĂ©seau Ns-Park a euun effet levier en nous permettant de doublerle nombre d’études auxquelles nous participons, desuivre de plus grandes cohortes de patients, d’ĂȘtreplus compĂ©titifs pour gagner des financementset attirer les industriels. Mais ceci reste insuffisantparce que les sommes affectĂ©es sont demeurĂ©esmodestes», pointe Olivier Rascol, qui coordonnele rĂ©seau. Inquiet de l’avenir incertain du planmaladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives 2014-19, il estimeĂ©galement que c’est une question politique:«La recherche sur le cancer est performante enFrance en grande partie parce qu’il y a eu un choix Plus d’infos sur www.lesechos.fr/we

politique de santĂ© publique d’y investir beaucoupd’argent depuis de nombreuses annĂ©es. Il n’y a paseu un effort de la mĂȘme ampleur pour lesmaladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives.» Pas encore.

(1) « Ending Parkinson’s disease », Ray Dorsey,Todd Sherer, Michael S. Okun, Bastiaan R. Bloem.PublicAffairs, 2020.(2) SantĂ© publique France, BulletinĂ©pidĂ©miologique hebdomadaire du 10 avril 2018.(3) « Projections of prevalence, lifetime risk, andlife expectancy of Parkinson’s disease (2010-30) inFrance », Mathilde Wanneveich, FrĂ©dĂ©ric Moisan,HĂ©lĂšne Jacqmin-Gadda, Alexis Elbaz, Pierre Joly.Movement Disorders, 2018, vol. 33, n° 9.(4) http://www.fairpark2.eu/

« DE NOMBREUX FACTEURSENVIRONNEMENTAUX

CONTRIBUENT À LA MALADIE :PESTICIDES, SOLVANTS,POLLUTION DE L’AIR,MÉTAUX LOURDS
 »

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ET MOI


DÉPAYSEMENT EN MODE RENAISSANCE

Avec sa vue dĂ©gagĂ©e en surplomb de la vallĂ©ede Gaillac, cette demeure historiqueRenaissance du XVe siĂšcle assureun dĂ©paysement total. Elle se niche au cƓurde la citĂ© mĂ©diĂ©vale de Cordes-sur-Ciel (Tarn),Ă  une heure de Toulouse. CulminantĂ  320 mĂštres d’altitude, ce village perchĂ©qui fĂȘtera ses 800 ans en 2022 est rĂ©putĂ© ĂȘtreune des premiĂšres bastides du pays cathare.Deux fois restaurĂ©e dans les rĂšgles de l’artpar les compagnons du Devoir, la demeure offrele charme de l’ancien avec du travertinet des tomettes au sol, des lambris et des pierres

apparentes, des colombages sur les murs,des plafonds Ă  la française, des vitraux et unmajestueux escalier Ă  vis en pierre. ÉrigĂ©e surtrois niveaux et prĂšs de 600m2 au total, elles’organise autour d’une cour intĂ©rieure avec descoursives. L’habitation totalise 12 piĂšces, dont10 suites auxquelles il faut ajouter une terrassede 37m2 orientĂ©e plein sud et un jardinsuspendu attenant de 400m2. Il est mĂȘmepossible d’acquĂ©rir un terrain contigu dotĂ©d’une tour mĂ©diĂ©vale, afin d’y installerune piscine. CommercialisĂ©e par Émile Garcin,la propriĂ©tĂ© est affichĂ©e Ă  1219000 euros.

IMMOBILIER : LE POTENTIEL DU RETAIL

En matiĂšre d’immobilier, la dĂ©fiancedes investisseurs envers le secteur du commercea dĂ©marrĂ© avec l’épidĂ©mie de Covid-19. Il fautdire que cette activitĂ© a Ă©tĂ© perturbĂ©e pourcause de fermeture pendant plusieurs semainesde certains magasins. Cette mauvaise passeĂ©tant pour l’instant dans le rĂ©troviseur,les «retail park», ces zones commerciales Ă  cielouvert implantĂ©es dans les zones pĂ©riurbaines(surnommĂ©es «boĂźtes Ă  chaussures»),pourraient mieux tirer leur Ă©pingle du jeu.La raison? « Leurs loyers sont modĂ©rĂ©s. En pleinair, ces lieux sont faciles d’accĂšs et offrent degrandes surfaces, utiles pour accueillir les clientsen pĂ©riode de pandĂ©mie. Autant d’argumentsqui plaisent aux enseignes dĂ©sormais en quĂȘted’économies. CĂŽtĂ© investisseurs, les rendementspeuvent parfois monter Ă  6%, contre 3,3% pourdu commerce de centre-ville. Une performancepossible Ă  condition d’ĂȘtre sĂ©lectif dans le choixdes actifs », affirme Laurent Delautre, directeurdes investissements Commerces et cofondateurde Mata Capital, une sociĂ©tĂ© de gestionspĂ©cialisĂ©e dans les fonds immobiliers.Convaincue par ce modĂšle, cette sociĂ©tĂ©commercialise Ă  destination des professionnelsun fonds 100% dĂ©diĂ© aux commercesde pĂ©riphĂ©rie. Toutefois, elle distille cettestratĂ©gie d’investissement dans un autre fonds«maison» plus diversifiĂ©, accessible auxparticuliers, Ă  hauteur de 100000 euros.

DÉLICES D'INITIÉSSix idĂ©es pour rĂȘver, faire fructifier son argent. Ou dĂ©penser futĂ©.

Par Laurence Boccara

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MISE DE DÉPART :HHHHH

PROFIL DE RISQUE :MM

MISE DE DÉPART :HHHII

PROFIL DE RISQUE :MM

MISE DE DÉPART :

Presque rien

TrĂšs faible

Significative

Importante

TrÚs élevée

PROFIL DE RISQUE :

Nul

TrĂšs faible

Faible

Significatif

Important

TrÚs élevé

Vue de la terrasse decette impressionnantedemeure historique,

proposĂ©e Ă  1,2 milliond’euros.

DR

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LES ECHOS WEEK-END – 95

MON ARGENT

PLACEMENTS : LA STRATÉGIE OBLIGATAIRE

Et si une pincĂ©e de stratĂ©gie obligataire mettaitun peu de sel dans vos placements? C’estdu moins la conviction de la sociĂ©tĂ© de gestionJupiter Asset Management. En dĂ©pit d’uncontexte de taux d’intĂ©rĂȘt durablement bas,cette firme britannique assure pouvoir dĂ©nicherpartout dans le monde des opportunitĂ©ssur le marchĂ© obligataire, afin de prĂ©parerun appĂ©tissant cocktail pour les investisseurs.Elle affiche ainsi un penchant assumĂ© pour lesobligations Ă  haut rendement, notamment pourdes entreprises notĂ©es BB et celles situĂ©es dansles secteurs les plus dĂ©fensifs. « Avec une bonnesĂ©lection de crĂ©dit, les investisseurs peuventobtenir des rendements allant de 3% Ă  deuxchiffres », affirme la sociĂ©tĂ© de gestion. Du cĂŽtĂ©des Ă©missions d’États, elle indique queles obligations chinoises Ă  dix ans rapportentenviron 3% et que celles de la Russie Ă  cinq ansoffrent un rendement supĂ©rieur Ă  5%. « Dansle contexte actuel de faible inflation, lesperspectives sont favorables pour les obligationsd’État et le crĂ©dit aux entreprises », indique-t-elle.

LE CROWDFUNDING VERSION « ROYALTIES »

En France, le financement en royalties estla facette la moins connue du crowdfunding,contrairement Ă  l’investissement en capitalet Ă  la souscription d’un prĂȘt obligataire, bienplus rĂ©pandus. Cette façon d’investir dansune entreprise consiste Ă  rĂ©cupĂ©rer sa mise(ou plus), en recevant chaque trimestre

LES TRÉSORS DE PIERRE BERGÉ

LE BOOM DES MONTRES AUX ENCHÈRES

En l’espace de quelques annĂ©es, les ventesaux enchĂšres demontres de luxe se sontmultipliĂ©es, avec des cotes atteignant pourcertaines plusieurs millions de dollars. FaceĂ  l’attrait pour cet objet beau et utile, troismaisons de ventes (Christie’s, Sotheby’s, Phillips)organisent rĂ©guliĂšrement des vacations partoutdans le monde, reprĂ©sentant environ350millions de dollars de ventes par an, indiquele premier rapport du Credit Suisse sur les objetsde collection. La pĂ©riode du confinement n’a passtoppĂ© cet engouement, bien au contraire.Objet d’art et de technique, une montre s’achĂštefacilement en ligne Ă  condition de biens’informer sur son pedigree. Le rapport du CreditSuisse considĂšre ce marchĂ© comme stable,avec «des perspectives qui devraient rester bonneset solides», indique Jules Boudrand, directeurchez Deloitte Suisse, un expert citĂ© par la banquehelvĂšte. Cette mĂȘme publication fait un focussur deuxmarchĂ©s de niche Ă©galement en pleineforme: les instruments de musiquede collection et les sacs Ă  main de luxe.

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MISE DE DÉPART :HIIII

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PROFIL DE RISQUE :MM

un pourcentage de son chiffre d’affaires pendantune durĂ©e dĂ©terminĂ©e (souvent cinq ans).SpĂ©cialisĂ©e dans ce crĂ©neau du financementparticipatif, la fintech nantaiseWe Do Gooda levĂ© en ligne prĂšs de 5millions d’euroset financĂ© 107 sociĂ©tĂ©s. Cette plate-forme proposeaux investisseurs d’injecter de l’argent dansdes entreprises en dĂ©marrage, ayant des projetsavec un impact social et environnemental.Non garantis, les rendements affichĂ©s sont plutĂŽtallĂ©chants: comptez entre trois et cinq foisla mise de dĂ©part. C’est la contrepartied’un niveau de risque Ă©levĂ© pour des jeunessociĂ©tĂ©s en phase de dĂ©marrage. D’ailleurs,le taux de dĂ©faut annoncĂ© par la plate-formeavoisine 10%.

VoilĂ  une source de cadeaux de NoĂ«l pouramateurs de livres anciens. Le 16 dĂ©cembre Ă 14 heures aura lieu sur le site Drouot digital (etpeut-ĂȘtre en prĂ©sentiel), la vente de 310 ouvragesayant appartenu Ă  Pierre BergĂ© (1930-2017),homme d’affaires et mĂ©cĂšne, rĂ©putĂ© ĂȘtre uncollectionneur et un bibliophile averti. OrganisĂ©epar la maison qui porte toujours son nom, cettedispersion sera la cinquiĂšme du genre. La ventede la totalitĂ© de sa bibliothĂšque, qui comptaitplus de 1600 ouvrages, a dĂ©marrĂ© en 2015 de sonvivant et a Ă©tĂ© fractionnĂ©e en six vacations. CetteannĂ©e, la thĂ©matique choisie porte sur les livresanciens et quelques manuscrits, allant du XVIe auXIXe siĂšcle. Le lot vedette est une Ă©dition originalede 1685 des Ɠuvres complĂštes de Shakespeare,en un volume, estimĂ©e entre 40000 et60000 euros. Il s’agit d’une quatriĂšme Ă©ditiond’un tirage in-folio avec un portrait gravĂ© del’auteur. Autre piĂšce notable: un exemplairedatant de 1663 de l’édition originale de L’Écoledes femmes deMoliĂšre, avec sa reliure d’origineet son Ă©tui de maroquin rouge. Cette piĂšce estestimĂ©e entre 15000 et 20000 euros.

Nouvelle ventede la bibliothĂšquede Pierre BergĂ©(ci-dessus), avec cesƓuvres complĂštesde Shakespeare,estimĂ©es entre40000 et 60000 euros.S

TEPHANEBRIOLANT

STÉPHANEBRIOLANT

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96 – LES ECHOS WEEK-END

ET MOI
 BIEN-ÊTRE

Pour 58% des Français, le plaisir restela prĂ©occupationmajeure de leurs repas et, pour62% d’entre eux, cette quĂȘte est d’abord associĂ©eau goĂ»t. Ce sont lĂ  deux traits qui ressortentd’une Ă©tude trĂšs fouillĂ©e des comportementsalimentaires de nos concitoyens, rĂ©alisĂ©e parla Fondation NestlĂ© France et Ipsos (1). Mais«la notion de plaisir Ă©volue avec son Ă©poque»,remarque Youmna Ovazza, chez Ipsos. Pour latrĂšs grandemajoritĂ© des sondĂ©s (90%), le plaisirne consiste pas, comme on pourrait le penser, Ă manger des «aliments interdits» ou sucrĂ©s, graset salĂ©s en rĂ©action Ă  une doxa du bien-manger
Pour 70% des Français, manger sain et bon grĂąceĂ  une alimentation variĂ©e est primordial et 42%essaient de le faire plus souvent. Cuisiner maisonavec des ingrĂ©dients frais en est la principaleexpression, une Ă©volution renforcĂ©e parles confinements. Les nouvelles prĂ©conisationssantĂ© poussent les Français Ă  lire plus souvent

les Ă©tiquettes (47%) et Ă  utiliser des applisd’information comme Yuka, Ă  ĂȘtre plus attentifsaux valeurs nutritionnelles (39%), Ă  rĂ©duirele sucre (41%), souligne l’enquĂȘte
 Emportersa «gamelle» au bureau (36% des Français) estaussi tendance. Si c’est lĂ  unmoyen demaĂźtriserl’équilibre nutritionnel du repas, cela rested’abord un choix Ă©conomique. PrĂšs d’un Françaissur deux (47%) considĂšre en effet quemangerĂ©quilibrĂ© coĂ»te trop cher. «Les grands principessont intĂ©grĂ©s mais l’équilibre rĂ©el reste une notionsubjective», conclut Youmna Ovazza.

(1) Les thĂšmes ont Ă©tĂ© dĂ©gagĂ©s de l’analyse de415000 posts sur les rĂ©seaux sociaux (juillet 2018-aoĂ»t 2019), puis une communautĂ© en ligne de95 familles a Ă©tĂ© suivie pendant deux semaines.Le tout complĂ©tĂ© par deux Ă©tudes quantitativesen ligne auprĂšs de 1000 personnes reprĂ©sentativesde 18 Ă  65 ans (dĂ©cembre 2019 et juillet 2020).

ALIMENTATION : PLAISIR, GOÛT ET SANTÉ AU MENU

Amateurs de lĂ©gumes, impossible de passer Ă  cĂŽtĂ©de deux ouvrages qui leur rendent hommage.LĂ©gumes de Ferrandi (Flammarion), a mobilisĂ©toutes les Ă©quipes de cette Ă©cole rĂ©putĂ©e, pourproduire une vĂ©ritable somme qui ne laisse rien dansl’ombre des techniques de base (ustensiles,prĂ©paration et nettoyage, dĂ©coupes et cuisson)avant d’entrer en cuisine avec 80 recettes.Impossible Ă©galement d’ignorer le LĂ©gumesde RĂ©gis Marcon (Éditions de La MartiniĂšre). Lesgastronomes connaissent bien le chef trois Ă©toilesde Saint-Bonnet-le-Froid, en Haute-Loire. AprĂšs leschampignons, les cĂ©rĂ©ales et les herbes, il s’attaquecette fois aux lĂ©gumes mis en fiches (originegĂ©ographique, histoire, saveurs, utilisation
) avantd’ĂȘtre cuisinĂ©s. Au final, deux incontournables quifont la part belle Ă  plus de 350 tiges, bulbes, racines,feuilles, fleurs, cucurbitacĂ©es et autres tubercules.

ThĂ©rapie manuelle issue de la mĂ©decinetraditionnelle chinoise, l’acupressionest une pratique millĂ©naire qui stimuledes zones et des points prĂ©cis du corpshumain, afin de soulager les douleurs,de calmer les tensions, de rĂ©Ă©quilibrerl’organisme en – schĂ©matiquement – faisantmieux circuler l’énergie et le sanget en libĂ©rant les hormones du «bonheur».Pas toujours facile, cependant, d’avoirun praticien Ă  proximitĂ©. La sociĂ©tĂ© nantaiseNeo Factory a conçu pour cela un petit tapisspĂ©cial, Climsom Zen. Avec ses 6930 pointesau total, on pourrait craindre de devoirjouer le fakir sur son tapis Ă  clous !Mais finalement pas vraiment. L’exercice,s’il est inconfortable au dĂ©but n’est en riendouloureux Ă  l’usage. Et l’idĂ©e n’est pas,ici, de soigner (l’acupression a des contre-indications) mais plutĂŽt de procurerun moment de dĂ©tente, de lĂącher-priseet de bien-ĂȘtre quotidien.

Manger des mangues gommerait les rides profondes.Mais pas n’importe quelle quantitĂ©, n’importe quellevariĂ©tĂ© et sur n’importe quelle peau ! L’expĂ©rience aĂ©tĂ© conduite sur des femmes mĂ©nopausĂ©es Ă  la peauclaire (Nutrients, novembre 2020). Certaines d’entreelles ont ajoutĂ© Ă  leur alimentation l’équivalent d’unedemi-mangue quatre fois par semaine pendantquatre mois, tandis que d’autres en avalaient troisfois plus. Si les rides des femmes du premier groupeont rĂ©gressĂ© de 20% environ, celles du secondgroupe se sont creusĂ©es ! La variĂ©tĂ© des manguestestĂ©es – des Ataulfo – pourrait expliquer ces effetsantagonistes : elles sont trĂšs riches en carotĂ©noĂŻdesaux effets anti-Ăąge (production de collagĂšne), maisaussi trĂšs dosĂ©es en sucre (15 g pour 100 g) qui, lui,dĂ©truit ce collagĂšne ! De la mesure en toute chose


LES LÉGUMES EN COUPE RÉGLÉE

ACUPRESSION : DO IT YOURSELF

LA MANGUE, ANTIRIDES NATUREL ?

Par Claude Vincent – Illustrations: Carole Barraud

Page 141: Les Echos - 11 12 2020

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Page 142: Les Echos - 11 12 2020

98 – LES ECHOS WEEK-END

CLAP DE FIN

MARC DUGAINNOUVEAU MONDE

ValĂ©ry Giscard d’Estaing s’en est allĂ©. Du Coviddit-on. On a beaucoup dit qu’il avait rĂ©formĂ©, Ă raison, car les rĂ©formes qu’il a insufflĂ©es ont Ă©tĂ©plus nombreuses et consistantes que celles deson successeur François Mitterrand qui voulaitincarner un grand changement. LamajoritĂ© etle droit de vote Ă  18 ans, le remboursementde la pilule, l’avortement, le divorce avecconsentement mutuel, il dĂ©marre son septennatau pas de charge avant de se fracasser surune conjoncture terrible qui marque la fin destrente glorieuses, la fin de l’énergie bonmarchĂ©,le retour du chĂŽmage et de l’inflation. Il fait aussientrer la France dans l’économie libĂ©raleassumĂ©e, elle qui louvoie dans un systĂšmehybride d’économie mixte. Il est finalement battuĂ  gauche par un homme, plus Ă  droite que lui,qui ne fait pas ses erreurs de communication carGiscard a revĂȘtu son unique septennat d’unepesanteur monarchique qui confine au ridiculedans la mise en scĂšne d’une proximitĂ© avec lepeuple dont il est fondamentalement incapable.Giscard croyait aumarchĂ©, bien plus que ses

deux prĂ©dĂ©cesseurs et Ă  son efficience. C’est aussile cas de Gaspard Koenig, un jeune professeur,chercheur, chroniqueur aux Échos, enquĂȘteurqui nous a dĂ©livrĂ© il y a quelques semaines un

livre remarquable sur La fin de l’individu. Je mesouviens que lors de la sortie de L’Homme nu,sur la dictature du numĂ©rique que j’avais Ă©critavec Christophe LabbĂ©, il nous avait traitĂ©sgentiment de technophobes, ce qui n’était pastotalement vrai mais je lui en veux d’autantmoins que le livre qu’il publie aux Éditions del’Observatoire est un livre essentiel pour ceux quiveulent rĂ©flĂ©chir Ă  la sociĂ©tĂ© que nous prĂ©parel’intelligence artificielle. Il Ă©vacue assezrapidement deux tabous que sont la destructionphysique de l’homme Ă  terme par les robots etle chĂŽmage demasse qu’ils engendreraient.

Cependant, il est indiscutable que lanumĂ©risation accĂ©lĂ©rĂ©e de la sociĂ©tĂ© pendantle Covid nous amontrĂ© qu’un tremblement deterre s’annonce, avec un risque d’obsolescencerapide de nombreuses tĂąches pour lesquelleson croyait l’homme indispensable, commel’enseignement en particulier, dont on peut fairele pari qu’il disparaĂźtra inexorablement Ă  termeau profit d’unmonitoring robotisĂ©.Gaspard Koenig dĂ©roule son livre comme

un grand reportage dans la sphĂšre de l’IA,de la Silicon Valley Ă  PĂ©kin en passant parTel Aviv, pour conclure que l’Europe a dĂ©jĂ  perdupied dans cette compĂ©tition qui dĂ©gage unmodĂšle parfaitement adaptĂ© au rĂ©gime chinois,mĂ©lange de capitalisme brutal et de totalitarismepolitique. Exquise fusion du communisme etdu capitalisme pour une sociĂ©tĂ© sans les Ă©tatsd’ñme des promoteurs europĂ©ens du libre arbitreet sans les faux Ă©tats d’ñme des AmĂ©ricains.La sincĂ©ritĂ© critique que dĂ©gage ce livre trĂšsdocumentĂ© m’a convaincu que le danger Ă©taitmoins dans l’intelligence artificielle que dans lerĂ©trĂ©cissement de la pensĂ©e subjective humaineindividuelle submergĂ©e par une rationalitĂ©dĂ©terminĂ©e par des algorithmes supposĂ©snous reprĂ©senter dans notre globalitĂ©.

UN TREMBLEMENT DE TERRES’ANNONCE, AVEC UN RISQUED’OBSOLESCENCE RAPIDE

DE TÂCHES POURLESQUELLES ON CROYAITL’HOMME INDISPENSABLE.

LE TRAIT

ILLU

STRATIONPORTRAIT:KIM

ROSELIER

Page 143: Les Echos - 11 12 2020

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Page 144: Les Echos - 11 12 2020

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