Les Echos - 11 12 2020
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VENDREDI 11 ET SAMEDI 12 DĂCEMBRE 2020
ISSN0153.4831 113eANNĂENUMĂRO 23346 42 PAGES
Antilles-RĂ©union 4,10 âŹ. Belgique 6,50 âŹ.Espagne 4,40 âŹ. Grande-Bretagne 6ÂŁ60.GrĂšce 4,20 âŹ. Italie 4,40 ⏠Luxembourg 6,70 âŹ.Maroc 35 DH. Suisse 11 FS. Tunisie 5,50 TND.Zone CFA 3100 CFA.
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Les nouveaux défis de Safran
Les EchosWEEK-END
Climat Cinq ans aprĂšs, un sommet pour remettre lâAccord de Paris sur les rails. // PP. 8-9
Castex durcit le déconfinement
Facebook menacé de démantÚlement
RĂ©former lâEtat, une urgence absolue
La chronique deJacques Attali
Les piĂštres performances des Ă©lĂšves français dans les der-niers classements mondiaux, notamment en mathĂ©matiques et sciences, devraient sonner lâalerte et nous inciter Ă revoir profondĂ©ment le fonctionne-ment de lâĂ©cole et les mĂ©thodes dâenseignement, Ă©crit Jacques Attali. Il en va de mĂȘme pour la santĂ© ou la police, qui ont aussi montrĂ© leurs lacunes. Que lâEtat se rĂ©forme avant de rĂ©for-mer les autres ! // PAGE 12
Le Premier ministrelors de sa conférence de
presse de jeudi.Photo Thomas Samson/AFP
COVID Alors que lâĂ©pidĂ©mie de coronavirus ne reflue plus en France, voire montre des signes inquiĂ©tants de possible reprise, legouvernement a dĂ©cidĂ©, jeudi, de mettre un sĂ©rieux coup de frein au dĂ©confinement qui doit com-mencer mardi prochain. Les cinĂ©mas, les thĂ©Ăątres, les musĂ©es et autres lieux qui devaient rou-vrir Ă cette date resteront portes closes au moins jusquâau 7 jan-vier, a annoncĂ© le Premier minis-tre, Jean Castex. Et le couvre-feu en vigueur dĂšs mardi dĂ©butera Ă partir de 20 heures et non 21 heu-res, avec trĂšs peu de dĂ©rogations possibles. Il sera en vigueur en outre pour le 31 dĂ©cembre, mais pas la veille de NoĂ«l. // PAGES 2-3
Câest la plus grosse offensive des autoritĂ©s amĂ©ricaines dans le secteur de la tech depuis leur poursuite de Microsoft en 1998.
GAFA Double attaque. Mercredi, La Federal Trade Commission (FTC) et une coalition de 46 Etats amĂ©ricains ont annoncĂ© dĂ©poser deux plaintes contre Facebook pour abus de position dominanteet monopole illĂ©gal, ouvrant la voie Ă deux procĂšs qui pourraientsâĂ©tirer sur plusieurs annĂ©es. Le gendarme de la concurrence amĂ©ricain et les procureurs gĂ©nĂ©-
raux demandent aux juges dâĂ©tu-dier un remĂšde sĂ©vĂšre : forcer le rĂ©seau social Ă se sĂ©parer de ses filiales Instagram et WhatsApp, deux acquisitions devenues le moteur de la croissance du groupe. Lâampleur de la menace est inĂ©dite pour le rĂ©seau social nĂ©en 2004. // PAGE 27 ETLâĂDITORIAL DE JEAN-MARCVITTORI PAGE 15
La BCE ajoute 500 milliards dâeuros Ă son programme dâurgencePOLITIQUE MONĂTAIRE Pour sa derniĂšre rĂ©union de lâannĂ©e, la Ban-que centrale europĂ©enne a tenu sespromesses, face Ă la dĂ©gradation des perspectives Ă©conomiques. Ellea revu Ă la baisse, de 5 Ă 3,9 %, ses prĂ©visions de croissance pour 2021.La BCE a portĂ© lâenveloppe de son programme dâurgence (PEPP) Ă 1.850 milliards dâeuros, et lâa pro-longĂ© jusquâen mars 2022. Le tempsque lâEurope bĂ©nĂ©ficie dâune immunitĂ© collective face au Covid, et que lâĂ©conomie retrouve sa mar-che normale. La banque centrale a Ă©galement Ă©tendu ses finance-ments Ă taux nĂ©gatifs destinĂ©s aux banques qui continuent Ă soutenir lâĂ©conomie. // PAGE 33
Tesla bouleverse la hiĂ©rarchie automobile mondialeAUTOMOBILE En quelques mois, le classement boursier des cons-tructeurs automobiles a Ă©tĂ© totale-ment chamboulĂ©. Tesla, devenu numĂ©ro un en juillet, vaut dĂ©sor-mais prĂšs de 600 milliards de dol-lars, autant que la plupart des cons-tructeurs traditionnels rĂ©unis. Dans le Top 20 figurent aussi des jeunes pousses chinoises qui nâexis-taient pas il y a cinq ans. Le marchĂ©de la voiture Ă©lectrique a com-mencĂ© Ă faire ses preuves cette annĂ©e : pour les nouveaux venus, cela se traduira par de la croissancenette, alors que les constructeurs « old school » devront aussi gĂ©rer lepoids du passĂ©. // PAGE 25ET « CRIBLE » PAGE 44
Le plan de Bruxelles pour des batteries vertes et recyclablesMATIĂRES PREMIĂRES Alors que le marchĂ© des voitures Ă©lectriques est en plein essor, la Commission europĂ©enne a prĂ©vu dâimposer desrĂšgles au secteur des batteries Ă partir de 2027. Des critĂšres envi-ronnementaux sâappliqueront sur lâensemble de la chaĂźne de vie des batteries, de lâextraction des matiĂš-res premiĂšres au recyclage, en pas-sant par la production. Les batte-ries ne respectant pas ces normes seront « interdites » sur le marchĂ© unique, a prĂ©venu Thierry Breton. De son cĂŽtĂ©, la Chine, premier fabricant de batteries, a dĂ©posĂ© une centaine de propositions de normes pour structurer le marchĂ©dâici Ă trois ans. // PAGE 36
SUR
LâĂCLAIRAGE ĂCO Ă 7H15DANS LE 7H-9H DE MATTHIEU BELLIARD
RETROUVEZ NICOLAS BARRĂ
Le quartiers des Chartrons, sur les bords de Garonne, Ă Bordeaux. Photo SĂ©bastien Ortola/RĂA
Immobilier : pourquoi les prix grimpent malgrĂ© la crisel Les prix en nette hausse dans toutes les grandes villes françaises sur un an.l Rennes, Nantes, Lyon en tĂȘte du palmarĂšs avec une inflation du mĂštre carrĂ© de plus de 10 %.l MalgrĂ© le confinement, le nombre de transactionsreste proche du record de 2019. // PAGE 18
SPĂCIAL CRĂDITEmprunter aprĂšs 50 ans
Les EchosPATRIMOINE
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Vaccins : deux grains de sable et le temps long
LE FAIT DU JOUR POLITIQUECĂ©cileCornudet
D eux noms, deux grainsde sable viennent coupsur coup gripper la
mĂ©canique â dĂ©jĂ bien malade â de la confiance envers les vaccins. JĂ©rĂŽme Salomon, ciblĂ© par le SĂ©nat pour avoir voulu attĂ©nuer un rapport interne prĂ©conisant lâachat de 1 milliard de masques en 2019. Le directeur gĂ©nĂ©ral de la SantĂ©, figure sâil en est de lâEtat, qui tente dâeffacer ses erreurs, soit exactement ce que reprochent les Français aux Ă©lites gouvernantes : lâeffet est ravageur. Si elles ont menti sur les masques, comment les croire sur les vaccins ? Eric Caumes, ensuite, infectiologue de renom qui rĂ©pand ses doutes sur les deux premiers vaccins et sâalarme du nombre dâeffets indĂ©sirables du Pfizer-BioNTech (« Le Parisien »), voilĂ qui contribue Ă semer la suspicion au moment oĂč les Français tentent de se faire une religion. Suspicion alimentĂ©e, le calendrier est cruel, par le Royaume-Uni, qui dĂ©conseille le mĂȘme vaccin aux personnes allergiques. La campagne officielle de communication vient Ă peine de commencer en France quâelle est dĂ©jĂ percutĂ©e. Dans les sondages, les sceptiques grimpent encore : 52 % disent
quâils ne se feront pas vacciner.Dans la course folle aux vaccins et aux interrogations, lâexĂ©cutif choisit une stratĂ©gie contre-intuitive, celle du temps long et⊠du doute elle aussi. « Nous ne savons pas tout », rĂ©pĂštent les membres de lâexĂ©cutif (Emmanuel Macron en tĂȘte) et Alain Fischer, chargĂ© de la stratĂ©gie vaccinale. « Que 50 % de la population exprime des doutes, câest lĂ©gitime », a-t-il encore indiquĂ© jeudi devant le SĂ©nat. Pour ĂȘtre crĂ©dible au moment oĂč il donnera son feu vert, aprĂšs les autorisations de lâAgence europĂ©enne des mĂ©dicaments (avant le 29 dĂ©cembre pour Pfizer), lâexĂ©cutif joue aujourdâhui lâhumilitĂ© et la transparence. Au risque de donner le sentiment de nâĂȘtre pas trĂšs sĂ»r de lui et dâalimenter Ă son tour la mĂ©fiance. Mais a-t-il dâautre choix ? Que dirait-on sâil Ă©tait affirmatif quand tant de donnĂ©es manquent encore ? Au temps de lâultrarĂ©activitĂ©, le politique prend son temps. Il laisse prospĂ©rer les soupçons aujourdâhui en espĂ©rant quâil sera ce faisant plus audible demain. Que sa prudence et sa discrĂ©tion (aucune personnalitĂ© ne se prĂ©cipite pour se faire vacciner) seront gages de sĂ©rieux. Le ras-le-bol face au Covid, la publication des Ă©tudes, les succĂšs espĂšre-t-on de la vaccination britannique, la force de conviction des gĂ©nĂ©ralistes feront le reste et convertiront peu Ă peu les Français au vaccin. Câest le pari. Câest un [email protected]
Dire ses propres doutes pour reconquĂ©rir la confiance. Câest le choix contre-intuitif fait par lâexĂ©cutif sur les vaccins alors que prospĂšrent les interrogations chez les Français et les professionnels.
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Le grand dĂ©ballage public sur la ges-tion des masques avant et pendant la crise sanitaire nâest pas terminĂ©. Les sĂ©nateurs de la commission dâenquĂȘte sur le Covid ont publiĂ© leur rapport jeudi. Ils y apportent denouvelles piĂšces Ă conviction qui accablent lâadministration. En parti-culier, le directeur gĂ©nĂ©ral de la SantĂ©, JĂ©rĂŽme Salomon.
Les sĂ©nateurs ont eu accĂšs Ă desĂ©changes de courriels. Ils montrent que pendant plus dâun mois, en jan-vier et fĂ©vrier 2019, celui-ci a fait pression sur le directeur de SantĂ© publique France, François Bour-
dillon, afin quâil fasse modifier un rapport commandĂ© Ă un expert, comme lâa rĂ©vĂ©lĂ© « Le Monde ». Ce rapport contrariait le choix politi-que consistant Ă laisser se vider les stocks dâEtat de masques, pour les remplacer par des stocks tournants bien plus limitĂ©s, et dĂ©lĂ©guer la ges-tion des masques aux collectivitĂ©s ou aux hĂŽpitaux.
Raisons budgĂ©tairesA lâorigine, ce rapport mettait en avant les faibles capacitĂ©s dâappro-visionnement de la France, pour recommander de reconstituer un stock de prĂ©caution de 1 milliard demasques, soit 20 millions de boĂźtes.Mais lors de sa publication, en mai 2019, la mention de ce stock a
disparu. A la place, il nây a plus quâune estimation du « besoin » : « En cas de pandĂ©mie, le besoin en masques est dâune boĂźte de 50 mas-ques par foyer, Ă raison de 20 mil-lions de boĂźtes en cas dâatteinte de 30 % de la population. Lâimportance du stock est Ă considĂ©rer en fonction des capacitĂ©s dâapprovisionnement garanties par les fabricants », se contente dâĂ©crire lâexpert.
AprĂšs avoir exposĂ© ses rĂ©ticenceset traĂźnĂ© des pieds, François Bour-dillon Ă©crit Ă JĂ©rĂŽme Salomon : « Voici donc en retour lâavis dans lequel jâai retirĂ© [âŠ] toute allusion Ă un stock chiffrĂ© notamment pour les masques. » Dans un prĂ©cĂ©dent courriel, JĂ©rĂŽme Salomon avait justifiĂ© sa demande ainsi : « Je sou-haite Ă©viter de nous mettre en situa-tion de prendre des dĂ©cisions prĂ©cipi-tĂ©es, qui pourraient nous mettre en difficultĂ© collectivement, y compris sur le plan budgĂ©taire. » Ces emails ont Ă©tĂ© transmis Ă la commission dâenquĂȘte du SĂ©nat par JĂ©rĂŽme Salomon « lui-mĂȘme », a indiquĂ© Olivier VĂ©ran jeudi en fin de jour-nĂ©e. La Direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ© devait donner des explica-tions jeudi dans un communiquĂ©, a ajoutĂ© le ministre.
En octobre 2018, le directeurgénéral de la Santé avait ordonné à Santé publique France de com-
mander 50 millions de masques seulement (la commande, rehaus-sĂ©e de 50 millions dâunitĂ©s, mettra neuf mois Ă ĂȘtre passĂ©e), tout en commençant Ă dĂ©truire les stocks non conformes ou pĂ©rimĂ©s, soit 613 millions dâunitĂ©s.
« Lâabsence de masques chirurgi-caux pendant la crise vient de cette dĂ©cision de 2018 », et non pas de la nouvelle doctrine de 2011, a pointĂ© lasĂ©natrice LR, Catherine Deroche, corapportrice de la commission dâenquĂȘte. Le 15 juin, a-t-elle rappelĂ©,l âEtat a p Ă©niblement acquis 4 milliards de masques pour 2,8 milliards dâeuros, qui ont mis des semaines Ă arriver et ont coĂ»tĂ© trente fois plus cher dans cer-tains cas.
Si elle nâest pas tendre avecJĂ©rĂŽme Salomon, la commission dâenquĂȘte dĂ©douane en revanche la ministre de la SantĂ© de lâĂ©poque, AgnĂšs Buzyn, qui affirme ne pas avoir connu lâĂ©tat des stocks jusquâĂ cette annĂ©e.
« Le directeur gĂ©nĂ©ral de la SantĂ©tient Ă prĂ©ciser quâil a lui-mĂȘme fourni lâensemble des Ă©changes de mails aux membres de la commissiondâenquĂȘte du SĂ©nat », sâest justifiĂ©e lâadministration du ministĂšre de la SantĂ© dans un communiquĂ© jeudi soir, soulignant ainsi sa « volontĂ© totale de transparence ». â S. G.
La commission dâenquĂȘte du SĂ©nat accable SalomonLes sĂ©nateurs ont rendu jeudi leur rapport sur la gestion de la crise du Covid.
seront autorisĂ©s, mĂȘme sans motif professionnel (le tĂ©lĂ©travail Ă 100 % reste cependant la norme quand câestpossible) et il sera donc possible de serendre Ă lâautre bout du pays pour cĂ©lĂ©brer le 24 dĂ©cembre en famille. Ce soir-lĂ , dâailleurs, le couvre-feu sera levĂ©. « NoĂ«l occupe une place Ă part dans nos vies et nos traditions », aargumentĂ© le chef du gouverne-ment. Pas de dĂ©rogation en revanchepour le Nouvel An, qui « concentre tous les risques dâun rebond ».
Olivier Véran a appelé les Fran-çais à ne pas aller se faire dépister systématiquement avant de retrou-ver leur famille à Noël, pour ne pas engorger les laboratoires, et pour
Ă©viter un relĂąchement des compor-tements, parce que les tests antigĂ©-niques dĂ©tectent mal les cas positifsen pĂ©riode dâincubation.
GĂ©rald Darmanin a brandi lamenace dâamendes Ă 135 euros pourles Français qui violeraient le cou-vre-feu sans bonne raison et promisde pourchasser les centres com-merciaux qui ne respecteraient pas le protocole sanitaire ou les partici-pants Ă des « fĂȘtes sauvages ». Les forces de lâordre « assureront les con-trĂŽles avec tact et mesure, mais il nây aura pas dâindulgence », a-t-il pro-mis. Plus de 2,9 millions de contrĂŽ-les ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s, avec plus de285.000 verbalisations Ă la clĂ©. n
l Le Premier ministre a confirmé jeudi le déconfinement à partir de mardi prochain, mais face à une épidémiequi ne recule plus, il a renoncé à rouvrir les cinémas, les théùtres, et autres gymnases à cette date. l Le couvre-feu sera instauré dÚs 20 heures ; il sera levé la veille de Noël mais pas le 31 décembre.
Une fin dâannĂ©e sous couvre-feu, sans spectacle et sans rassemblement
Franche-ComtĂ© qui vient de repren-dre les Ă©vacuations sanitaires cette semaine. Le nombre de malades en rĂ©animation vient de passer sous le seuil de 3.000, « mais nous pouvons craindre que le mouvement ralen-tisse, voire sâinverse » dâici une Ă deuxsemaines, a prĂ©venu Olivier VĂ©ran, dâautant plus que « lâhiver va sâinstal-ler » et que « les vacances vont aug-menter les contacts sociaux ».
« Nous ne sommes pas arrivés aubout de cette deuxiÚme vague », en a conclu Jean Castex. Il ne suffira pas de veiller au respect de protocoles sanitaires dans les l ieux qui accueillent du public pour faire refluer le virus, a expliqué le Premier
ministre, il faudra aussi « Ă©viter les flux, les rassemblements et les concen-trations de population » â dâoĂč ce dur-cissement de la stratĂ©gie de dĂ©confi-n e m e n t . C o n c r Ăš t e m e n t , l e s Ă©tablissements recevant du public, ycompris les zoos, les salles de jeu, lesmusĂ©es, les conservatoires de musi-que ou les gymnases, demeureront fermĂ©s trois semaines de plus que prĂ©vu, jusquâau 7 janvier, avec une clause de revoyure Ă lâapproche de cette date. La rĂ©ouverture des res-taurants et des bars reste, elle, tou-jours programmĂ©e le 20 janvier, si lasituation sanitaire le permet. La jauge des lieux de culte ne sera pas non plus accrue. Deux siĂšges doi-vent ĂȘtre laissĂ©s vides entre chaque groupe, et une rangĂ©e sur deux seu-lement peut ĂȘtre occupĂ©e.
A partir du 15 décembre, onpourra néanmoins sortir de chez soi sans attestation de 6 heures à 20 heures. Tous les déplacements
A partir du 15 décembre, on pourra de nouveau sortir de chez soi sans attestation de 6 heures à 20 heures.
RETROUVEZ DOMINIQUE SEUXDANS « LâĂDITO ECO Ȉ 7H45DU LUNDI AU VENDREDI
SUR
Solveig Godeluck @Solwii
Coup de blues pour le monde du spectacle et pour bon nombre de Français. Il nây aura pas de cinĂ©ma, de thĂ©Ăątre ou de concerts pour la sai-son des fĂȘtes, contrairement Ă ce quiavait Ă©tĂ© envisagĂ© initialement par legouvernement. Il nây aura dâailleurs pas du tout de fĂȘtes, avec un couvre-feu avancĂ© Ă 20 heures au lieu de 21 heures, et levĂ© uniquement pour la veille de NoĂ«l. Ni spectacles ni rĂ©veillon pour le 31 dĂ©cembre : la rĂšgle sera de « rester chez soi le plus possible », a insistĂ© le Premier minis-tre, Jean Castex, jeudi, lors de la con-fĂ©rence de presse hebdomadaire du gouvernement sur lâĂ©pidĂ©mie.
Ces annonces ont douchĂ© lesespoirs de nombreux Français, mĂȘme si les « fuites » de ces derniersjours dans la presse avaient un peu prĂ©parĂ© les esprits Ă ces dĂ©cisions difficiles. Pour apporter les mauvai-ses nouvelles, le chef du gouverne-ment Ă©tait accompagnĂ© du ministre de la SantĂ©, Olivier VĂ©ran, chargĂ© dâindiquer que lâĂ©pidĂ©mie, non con-tente de se stabiliser, croĂźt Ă nou-veau, et du ministre de lâIntĂ©rieur, GĂ©rald Darmanin, venu manier le bĂąton face aux Français tentĂ©s par latransgression des rĂšgles sanitaires.
« Facteur climatique »Ce soudain durcissement sâexplique par un nombre de contaminations quotidiennes qui « a arrĂȘtĂ© de baisserdepuis une semaine », a expliquĂ© Oli-vier VĂ©ran, citant les prĂšs de 14.000 cas de jeudi, contre 12.000 casle jeudi prĂ©cĂ©dent. Il a mis en avant un « relĂąchement collectif », notam-ment depuis la rĂ©ouverture des petits commerces le 28 novembre, et« un facteur climatique », froid et humiditĂ©, qui expliquerait dâailleurs le « gradient » entre une Bretagne peu touchĂ©e et une Bourgogne-
COVID-19
FRANCE Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos
Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 FRANCE // 03
lisĂ© 350.000 places de septembre Ă dĂ©cembre 2019 ! » explique-t-il. DĂšs que la rumeur a circulĂ© dâun possiblereport de la date dâouverture au-delĂ du 15 dĂ©cembre, les rĂ©servations ont stoppĂ© net. « Et les tickets non vendus sont perdus, il nây a pas de rattrapage »,rappelle Jean-Marc Dumontet.
Dans le groupe Fimalac Entertain-ment, on avait dĂ©jĂ arbitrĂ© entre les thĂ©Ăątres oĂč les spectacles Ă lâaffiche permettaient de relever le rideau en limitant la casse (Bouffes Parisiens, La Madeleine, ThĂ©Ăątre de Paris) et ceux oĂč lâardoise aurait Ă©tĂ© trop lourde (La Porte Saint-Martin). Res-ter fermĂ© est plutĂŽt un soulagement.
Car chaque faux dĂ©part entamedavantage le moral des exploitants, de leurs Ă©quipes, des artistes et gĂ©nĂšre des dĂ©penses en pure perte. Ainsi le ThĂ©Ăątre Antoine, Bobino, leThĂ©Ăątre de lâĆ uvre, le Lucernaire, Le Palais-Royal, le ThĂ©Ăątre Michel, le Cirque Bouglione, avaient rĂ©en-clenchĂ© les processus de rĂ©pĂ©tition,montage, billetterie, communica-tion⊠Il va falloir maintenant rem-bourser ou replacer les spectateurs sur des reprĂ©sentations ultĂ©rieures.
Si, du cĂŽtĂ© des salles de concerts degrande jauge, on a dĂ©jĂ fait une croixsur toute activitĂ© en 2020 et au pre-mier trimestre 2021, les cinĂ©mas, eux, Ă©taient globalement dĂ©termi-nĂ©s Ă rouvrir. « Nous le voulions Ă la fois pour des raisons culturelles, socia-les, et Ă©conomiques en cette pĂ©riode devacances scolaires et de fĂȘtes, alors quedĂ©cembre reprĂ©sente 10 % de notre activitĂ© », assure Marc-Olivier Seb-bag, dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral de la FĂ©dĂ©ra-tion nationale des cinĂ©mas français.
Enfin du cĂŽtĂ© des musĂ©es, qui laplupart appartiennent Ă lâEtat ou aux collectivitĂ©s locales, tout commedu cĂŽtĂ© des salles de spectacle sub-ventionnĂ©es, on prend son mal en patience et on mise sur le digital en attendant pour entretenir le lien avec le public. n
Martine Robert @martiRD
« Parce que personne ne veut revivre un troisiÚme confinement, les ciné-mas, théùtres, salles de spectacle, cir-ques, musées, devront rester fermés pour éviter la concentration de flux, lebrassage des publics. Et, le 7 janvier, nous réexaminerons la situation », a annoncé ce jeudi soir le Premier ministre, Jean Castex. Ces lieux cul-turels auraient dû rouvrir mardi prochain. Mais la situation sanitairene le permet pas, a-t-il expliqué.
Cette dĂ©cision divise les profes-sionnels du secteur privĂ© de la cul-ture. Ainsi au sein du Syndicat natio-nal du thĂ©Ăątre privĂ©, la position officielle plaidait pour la rĂ©ouver-ture, mais les avis divergeaient entreles patrons de petites jauges, aux coĂ»ts de plateaux plus faibles, pro-grammant par exemple des one-man-show dâhumour, et ceux des plus grandes salles, sâestimant dans lâincapacitĂ© dâamortir les frais. Et ce, mĂȘme si dĂ©cembre reprĂ©sente envi-ron 20 % du chiffre dâaffaires annuel.
Tickets non vendus, perdusLa succession de stop-and-go et les incertitudes ont fini par avoir raison des plus dĂ©terminĂ©s, tel Jean-Marie Dumontet, qui exploite cinq salles Ă Paris et une sixiĂšme Ă Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). « Le problĂšme est que lâon ne vend plus aucun billet. Car nousavons besoin dâun dĂ©lai de commercia-lisation, nous ne rouvrons pas commeun magasin de jouets ! Pour vous don-ner une idĂ©e, nous avions commercia-
La dĂ©cision de maintenir les lieux culturels fermĂ©s au moins jusquâau 7 janvier déçoit certains profession-nels, mais est comprise par dâautres, lassĂ©s des faux dĂ©parts, dĂ©vastateurs pour leur public et leurs Ă©quipes.
Les lieux de culture coupés dans leur élan
Cette rallonge dâune dizaine de mil-liards supplĂ©mentaires nâest pas en soi une surprise. Le projet de loi de finances pour 2021 â dĂ©voilĂ© en sep-tembre dernier quand le gouverne-ment jurait, la main sur le cĆur, quâil ferait tout pour quâil nây ait pas de deuxiĂšme vague Ă©pidĂ©mique â comportait ainsi⊠zĂ©ro euro pour les mesures dâurgence supplĂ©men-taires. Un scĂ©nario logique, dans la mesure oĂč lâon tablait alors sur une forte reprise, mais que Bercy sâĂ©tait engagĂ© Ă revoir.
FlĂ©chage vers les filiĂšres les plus touchĂ©es« Avec une dizaine de milliards dâeuros, cela nous permettrait dâabon-der en crĂ©dits nĂ©cessaires le fonds de solidaritĂ©, le dispositif de chĂŽmage partiel, mais aussi la nouvelle aide pour les jeunes annoncĂ©e par Emma-nuel Macron » , a dĂ©taillĂ© aux « Echos » Laurent Saint-Martin.
Dans le dĂ©tail, le gouvernement amusclĂ© en novembre le fonds de soli-daritĂ© pour les secteurs les plus en difficultĂ© â ceux fermĂ©s administra-tivement comme les restaurants, les bars, la culture, mais aussi ceux quasi Ă lâarrĂȘt comme le tourisme, lâĂ©vĂ©nementiel. Jeudi soir, le Premierministre Jean Castex a indiquĂ© que lefonds pourra aussi bĂ©nĂ©ficier« aux prestataires et exploitants agricoles travaillant avec le secteur de lâhĂŽtelle-rie et de la restauration, ou aux sous-traitants du monde de lâĂ©vĂ©nementiel, notamment sportif et culturel ».
DĂ©sormais, quelle que soit leurtaille, les entreprises de ces filiĂšres peuvent toucher une aide men-suelle allant jusquâĂ 20 % de leur chiffre dâaffaires mensuel Ă©quiva-lent de 2019. Bercy a dĂ©jĂ indiquĂ© que le dispositif coĂ»tait plus de
Emmanuel Macron avait indiquĂ© la semaine derniĂšre, lors de son entre-tien au mĂ©dia Brut, quâil envisageait « sans doute une nouvelle aide excep-tionnelle » pour les jeunes en prĂ©ca-ritĂ© en janvier ainsi quâune « amĂ©lio-ration du systĂšme de bourses ». Le chef de lâEtat avait fait rĂ©fĂ©rence Ă lâaide de 150 euros dĂ©jĂ versĂ©e deux fois cette annĂ©e aux jeunes bĂ©nĂ©fi-ciant des aides au logement ainsi quâaux Ă©tudiants boursiers.
Cette facture rallongĂ©e va alour-dir un peu plus le dĂ©ficit pour lâan prochain. Il y a quelques jours, Oli-vier Dussopt, le ministre dĂ©lĂ©guĂ© aux Comptes publics, avait expliquĂ©que la nouvelle prĂ©vision dĂ©gradĂ©e de croissance pour lâan prochain poussait automatiquement le dĂ©fi-cit au niveau de 7,8 % du PIB (contreâ6,7 % espĂ©rĂ©s en septembre). La dizaine de milliards supplĂ©men-taire va pousser la jauge au-dessus de 8 %. Les nouvelles prĂ©visions doi-vent ĂȘtre dĂ©voilĂ©es ce vendredi. n
Bercy va remettre 10 milliards sur la table pour les aides aux entreprises en 2021
Renaud Honoré @r_honore
Officiellement, le gouvernement commence Ă poser les jalons de la findu « quoi quâil en coĂ»te » dâEmma-nuel Macron. Mais du point de vue des finances publiques, la diffĂ©rencenâest pas encore flagrante. Ainsi lâexĂ©cutif va proposer de rajouter entre 9 et 10 milliards dâeuros sup-plĂ©mentaires au projet de loi de finances pour 2021, qui revient la semaine prochaine en discussion Ă lâAssemblĂ©e, afin dâaider les entre-prises en difficultĂ© et les prĂ©caires.
Câest le rapporteur gĂ©nĂ©ral duBudget Ă lâAssemblĂ©e qui a tirĂ© le pre-mier pour appeler Ă renforcer les mesures Ă©conomiques dâurgence. Il faut rajouter « une dizaine de mil-liards dâeuros », a plaidĂ© jeudi matin sur RTL Laurent Saint-Martin. « Je demande que le gouvernement fasse bien attention Ă ce que les premiĂšres semaines de lâannĂ©e 2021 soient bien couvertes par ces mĂȘmes mesures dâurgence », a insistĂ© le dĂ©putĂ© LREM.
De fait, lâexĂ©cutif travaille bien,selon nos informations, Ă rajouter entre 9 et 10 milliards dâeuros. Le chiffrage pourra varier, si jamais le gouvernement ne dĂ©pense pas tousles crĂ©dits prĂ©vus pour 2020 pour ces mĂȘmes mesures dâurgence. DĂ©but novembre, Bercy avait fait voter une enveloppe large de 20 milliards dâeuros supplĂ©mentai-res pour faire face aux consĂ©quen-ces du deuxiĂšme confinement.
LâexĂ©cutif va muscler la semaine prochaine le budget pour 2021 qui ne comportait pas jusquâĂ prĂ©sent de crĂ©dits pour les mesures dâurgence supplĂ©mentaires.
Câest dans la rencontre entre les femmes, les hommeset la technologie que se trouvent solutions et innovations.
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Pour le dĂ©putĂ© LREM, Laurent Saint-Martin, les 10 milliards dâeuros constituent « une enveloppe assez large pour traiter les effets de la deuxiĂšme vague ». Photo Anne-Christine Poujoulat/AFP
3,5 milliards par mois. En revanche,les entreprises des autres secteurs cesseront de toucher lâaide men-suelle de 1.500 euros Ă partir du 1er janvier prochain.
Concernant le dispositif de chĂŽ-mage partiel, la ministre du Travail, Elisabeth Borne, a indiquĂ© mercredisoir que les entreprises « fermĂ©es totalement ou partiellement » conti-nueront dâĂȘtre remboursĂ©es Ă 100 % de lâindemnisation versĂ©e Ă leurs salariĂ©s couverts par ce dispositif « aussi longtemps que les fermetu-res » dureront. Cela devait normale-ment sâarrĂȘter Ă la fin de cette annĂ©e,mais la ministre dit souhaiter quâon aille « jusquâĂ fin fĂ©vrier ». Enfin,
Cette facture rallongée va alourdir le déficit, qui serait à 7,8 % du PIB en 2021.
04 // FRANCE Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos
sement net de la fraude au chÎ-mage partiel durant le deuxiÚme confinement ».
Autre risque associĂ© Ă la criseet surveillĂ© de prĂšs : la prise de contrĂŽle par des rĂ©seaux mafieux dâentreprises en diffi-cultĂ©. Le phĂ©nomĂšne semble Ă ce stade limitĂ©. « Certains com-merces ou sociĂ©tĂ©s peuvent ĂȘtre moins regardants sur lâorigine des fonds injectĂ©s, mais il ne faut pas fantasmer sur la pĂ©nĂ©trationdu crime organisĂ© dans lâHexa-gone », souligne la cellule de Bercy. Ce problĂšme pourrait toutefois se matĂ©rialiser lors-que la vague de faillites se dĂ©clenchera. Tracfin compte sur lâextrĂȘme vigilance des administrateurs judiciaires et commissaires aux comptes.
Suivi des cryptoactifsLâun des grands enjeux dâavenir pour les Ă©quipes qui traquent les circuits financiers Ă risque porte sur la numĂ©risation des services de paiement, et en par-ticulier des cryptoactifs (bit-coins, etc.), qui peuvent consti-tuer « un vecteur de blanchimentde capitaux ». Le travail de B e r c y a d Ă© j Ă c o n t r i b u Ă© Ă dĂ©manteler un rĂ©seau de finan-cement terroriste fin septem-bre : 29 personnes ont Ă©tĂ© inter-pellĂ©es et « lâanalyse du rĂ©seau a confirmĂ© le rĂŽle central des deux collecteurs de cryptoactifs identi-fiĂ©s par Tracfin, suspectĂ©s dâĂȘtre affiliĂ©s Ă Al Qaida ».
Autre succĂšs, plusieursrecommandations de la cellule viennent dâĂȘtre reprises dans une ordonnance qui durcit les obligations des plateformes dâĂ©changes dâactifs numĂ©ri-ques, en matiĂšre de tenue de compte anonyme et de prise dâidentitĂ© dĂšs le premier euro.
Tracfin, dont les pouvoirstendent Ă sâaccroĂźtre, devrait aussi ĂȘtre concernĂ© par la loi contre le sĂ©paratisme. Son droitdâopposition devrait ĂȘtre Ă©largi dans ce cadre. â I. Co.
A chaque crise, ses fraudes. Tracfin est bien placĂ© pour le savoir. La cellule de Bercy char-gĂ©e de lutter contre les circuits financiers clandestins, le blan-chiment dâargent et le finance-ment du terrorisme a connu une annĂ©e 2020 hors normes.
Le Covid-19 a fait naĂźtre unemultitude dâescroqueries aux masques et au matĂ©riel sani-taire, mais ce sont surtout les fraudes massives au chĂŽmage partiel qui ont frappĂ©. Câest lâun des constats tirĂ©s du dernier rapport dâanalyse des tendan-ces et des risques de Tracfin.
La fraude au chĂŽmage partiela pu ĂȘtre identifiĂ©e grĂące aux alertes des banques dĂšs le dĂ©butde la crise sanitaire. Il a donc Ă©tĂ©dĂ©cidĂ© avec le ministĂšre du Tra-vail dâallonger le dĂ©lai de valida-tion des dossiers de 48 heures Ă 15 jours et dâeffectuer des con-trĂŽles a priori. RĂ©sultat : Ă la fin septembre, plus de 90 dossiers ont Ă©tĂ© transmis par Tracfin Ă lâautoritĂ© judiciaire, pour un total de plus de 22 millions dâeuros. « Dans ce contexte, prĂšs dâune trentaine de droits dâoppo-sition [dispositif de blocage de certaines opĂ©rations bancaires,NDLR] ont Ă©tĂ© mis en Ćuvre entre juin et septembre, pour un montant cumulĂ© de 2,2 millions dâeuros », indique le rapport.
En quatre mois, le recoursaux droits dâopposition a donc Ă©tĂ© trois fois plus Ă©levĂ© que sur lâensemble de 2019 ! Sur le mon-tant total de la fraude de 225 mil-lions dâeuros, plus de la moitiĂ© a pu ĂȘtre bloquĂ©e et rĂ©cupĂ©rĂ©e. Tracfin se fĂ©licite de « lâinflĂ©chis-
FINANCES
Fraude au chĂŽmage partiel, vigilance envers les rĂ©seaux mafieux : la cellule anti-blanchiment de Bercy a dĂ» sâadapter.
Fraude : comment Tracfin navigue dans la crise
des élus du personnel aux questionsde santé et de sécurité au travail pour les PME. « On a pris le temps de la réflexion », expliquait son négociateur, Eric Chevée, jeudi, précisant avoir en définitive rendu un avis « favorable » sur le texte.
« Le paritarisme a fonctionnĂ© avecune qualitĂ© et une maturitĂ© du dialo-gue social trĂšs forte », sâest fĂ©licitĂ©e Diane Deperrois, du Medef, cheffe de file de la dĂ©lĂ©gation patronale. « La derniĂšre sĂ©ance de nĂ©gociation a permis pas mal dâavancĂ©es », a insistĂ© de son cĂŽtĂ© la nĂ©gociatrice de la CFDT, Catherine Pinchaut.
Modifications lĂ©gislatives et rĂ©glementairesLes partenaires sociaux ont respectĂ©lâĂ©chĂ©ance de la fin dâannĂ©e, qui leur avait Ă©tĂ© donnĂ©e par le gouverne-ment, mais aussi les parlementaires de la majoritĂ© qui travaillent sur uneproposition de loi sur la santĂ© au tra-vail. Câest dâautant plus important que la balle est dĂ©sormais dans leur camp puisque, contrairement Ă lâaccord sur le tĂ©lĂ©travail « ni prescriptif ni normatif », celui sur la santĂ© au travail implique des modifi-cations lĂ©gislatives et rĂ©glementai-res. Patronat et syndicats nâont pas oubliĂ© les relations difficiles avec le gouvernement dâEdouard Philippe qui avait repris la main sur la forma-tion et lâassurance-chĂŽmage.
La ministre du Travail, ElisabethBorne, et le secrĂ©taire dâEtat chargĂ©
notamment un focus sur lâarticu-lation avec la politique de santĂ© publique.
« Modernisation » des services de santĂ© au travailPour Laurent Pietraszewski, « câest tout Ă lâhonneur des partenaires sociaux que dâavoir su dĂ©finir un cadre, comportant un important volet de prĂ©vention, qui renforcera le service rendu aux salariĂ©s et aux entreprises par les services de santĂ© au travail et qui permettra notam-ment dâanticiper lâusure au travail ». Lâaccord comporte en effet un premier volet qui prĂ©voit notam-ment la crĂ©ation dâun « passeport prĂ©vention », ainsi quâun focus sur la prĂ©vention de la dĂ©sinsertion professionnelle. Sây ajoutent un volet qualitĂ© de la vie au travail ainsi quâune « modernisation » des services de santĂ© au travail interentreprises avec notamment lâouverture Ă la mĂ©decine de ville Ă laquelle tenaient tout particuliĂš-rement les artisans et professions libĂ©rales de lâU2P.
Ceux-ci pourront suppléer lespersonnels de santé au travail « pour les visites médicales pério-diques et de reprise du travail ». Une « offre socle soumise à un processus de certification » est par ailleurs définie pour les services de santé au travail qui devront développer une « interface informatique » avec les employeurs et les salariés. n
Il le sera dâautant plus que le rĂ©sul-tat dĂ©finitif risque dâĂȘtre supĂ©rieur, car un certain nombre de contrats sont encore en cours dâenregistre-ment. « Cela correspond aux tendan-ces qui nous remontent des CFA et desbranches professionnelles », prĂ©cise-t-on au ministĂšre du Travail.
La raison principale dâun tel suc-cĂšs tient Ă la trĂšs gĂ©nĂ©reuse prime Ă lâembauche des apprentis dĂ©cidĂ©e cet Ă©tĂ© (5.000 euros pour un mineur, 8.000 pour un majeur) qui a sauvĂ© la rentrĂ©e. Quand bien mĂȘme ces montants ont crĂ©Ă© un effet dâaubaine, les employeurs ont Ă©tĂ© au rendez-vous malgrĂ© la crise. « On ne sâattendait pas Ă un tel chif-fre », reconnaĂźt la prĂ©sidente de la FĂ©dĂ©ration nationale des associa-tions rĂ©gionales de directeurs de CFA, Roselyne Hubert.
ProblĂšme de financementCette aide, paradoxalement, aurait pu tempĂ©rer les efforts des CFA pour dĂ©marcher les entreprises, ce qui nâa visiblement pas Ă©tĂ© le cas, renforçant ainsi la dynamique. En les laissant complĂštement libres de
dĂ©velopper leurs sections dâappren-tissage sans avoir Ă attendre le bon vouloir des rĂ©gions, la rĂ©forme de 2018 les a aussi incitĂ©s Ă se dĂ©passer,malgrĂ© un surcroĂźt de charge admi-nistrative unanimement pointĂ© du doigt parmi les intĂ©ressĂ©s. La dĂ©ci-sion de laisser les CFA ouverts durant le deuxiĂšme confinement a jouĂ© Ă©galement.
Pour exceptionnelle quâelle soit,la hausse du nombre de contrats dâapprentissage attendue cette annĂ©e provient aussi de la pour-suite de la bascule des contrats de professionnalisation, lâautre voie dela formation par alternance. Un transfert dâembauches classiques en CDI ou CDD, voire de stages, nâest
pas exclu non plus. « Lâenjeu main-tenant est dâassurer la continuitĂ© des parcours et dâĂ©viter les dĂ©crochages ou les ruptures de contrat », estime Roselyne Hubert, compte tenu de lafragilitĂ© financiĂšre de certains jeu-nes ou de certaines entrepri-ses. Lâautre enjeu, global celui-lĂ , sera dâassurer que France compĂ©-tences, lâorganisme national qui rĂ©partit les cotisations formation des entreprises, dispose dâassez de ressources pour financer un tel afflux de formations.
Lâun des leviers, qui consiste Ă baisser les niveaux de prises en charge des diplĂŽmes, nâintervien-dra quâĂ la rentrĂ©e de 2022. CĂŽtĂ© recettes, il est exclu de ponctionner davantage les employeurs. Il est donc probable que lâEtat soit amenĂ©Ă remettre la main Ă la poche dâautant que le projet de loi de finan-ces pour 2021 oblige France compĂ©-tences Ă Ă©quilibrer ses comptes Ă terme. « Plusieurs leviers peuvent ĂȘtre mobilisĂ©s dans le cadre dâune concertation avec les partenaires sociaux et les rĂ©gions », toujours selon le ministĂšre du Travail. n
Le nombre dâapprentis a battu un nouveau record cette annĂ©e
Alain Ruello @AlainRuello
Le chiffre nâest encore que provi-soire, mais la conclusion, elle, ne fait pas de doute : avec 420.000 con-trats signĂ©s depuis le 1er janvier dansle secteur privĂ©, contre 353.000 lâannĂ©e derniĂšre, le millĂ©sime 2020 de lâapprentissage sâannonce meilleur que celui de 2019, qui avaitdĂ©jĂ atteint un sommet. Personne ily a quelques mois encore nâaurait pariĂ© sur une telle hausse de 19 %, soit 67.000 jeunes de plus. « Record pulvĂ©risĂ© », sâest rĂ©jouie la ministre du Travail, Elisabeth Borne.
EMPLOI
La prime Ă lâembauche des jeunes et les effets de la rĂ©forme de 2018 se sont traduits par une hausse inattendue de 19 % des contrats dâapprentissage cette annĂ©e.
des Retraites et de la SantĂ© au travail,Laurent Pietraszewski, se sont voulus rassurants. Voyant dans lâaccord un signe de « la vitalitĂ© du paritarisme qui est au cĆur des politiques de santĂ© au travail », ils ont prĂ©cisĂ© dans un communiquĂ© que « le gouvernement veillera, lors de la transcription de cet accord dans le droit du travail, au respect de son contenu et de son Ă©quilibre ».
Les dĂ©putĂ©es LREM CharlotteParmentier-Lecocq et Carole Grandjean, Ă la manĆuvre sur la proposition de loi sur la santĂ© au travail, ont aussi immĂ©diatement rĂ©agi. Elles ont prĂ©cisĂ© dans un communiquĂ© quâelles « respecte-ron[t] » ses conditions et « reste-ron[t] vigilantes Ă en intĂ©grer, de maniĂšre fidĂšle, toutes les dimen-sions ». Mais tout en rĂ©affirmant leur volontĂ© de « lâenrichir de [leurs] propres travaux ». Avec
Lâaccord comporte un premier volet qui prĂ©voit la crĂ©ation dâun « passeport prĂ©vention », ainsi quâun focus sur la prĂ©vention de la dĂ©sinsertion professionnelle.
LeĂŻla de Comarmond @leiladeco
AprĂšs le tĂ©lĂ©travail, la santĂ© au travail. Au bout de six mois de nĂ©go-ciation, une treiziĂšme rĂ©union a permis de lever dans la nuit de mer-credi Ă jeudi les derniers obstacles Ă un accord entre les partenaires sociaux. CĂŽtĂ© syndical, le texte final a reçu un avis favorable de la CFDT, de FO et de la CFE-CGC. Seule la CGTlâa rejetĂ©. La CFTC prendra sa dĂ©ci-sion la semaine prochaine.
Chose peu frĂ©quente, du cĂŽtĂ©du patronat, lâaccord nâa pas fait dâemblĂ©e le plein. Le Medef et lâU2P ont annoncĂ© quâils signeraient lâaccord, la CGPME sâest dite « prĂ©oc-cupĂ©e » par le coĂ»t de la formation
TRAVAIL
La CFDT, FO et la CFE-CGC ont trouvé un accord avec le patronat sur la moder-nisation des services de santé au travail.
Un nouvel exemple de la bonne tenue du dialogue social en cette période de crise, aprÚs le récent compromis sur le télétravail.
Syndicats et patronat parviennent à un accord sur la santé au travail
Les visites mĂ©dicales et de reprise du travail pourront ĂȘtre effectuĂ©es par lâun des mĂ©decins de ville inscrits sur la liste des « mĂ©decins praticiens correspondants ». Photo iStock
420.000CONTRATS SIGNĂSdepuis le 1er janvierdans le secteur privĂ©,contre 353.000 lâannĂ©e derniĂšre. Le millĂ©sime 2020 de lâapprentissage sâannonce meilleur que celui de 2019.
DerriĂšre leurs chefs, MichelBarnier cĂŽtĂ© europĂ©en et David Frost cĂŽtĂ© britannique, les deux Ă©quipes de nĂ©gociateurs se sont remises au travail dĂšs jeudi, pour tenter de rapprocher ces positions diamĂ©tralement opposĂ©es : dâun cĂŽtĂ©, lâUnion europĂ©enne refuse de brader lâaccĂšs Ă son marchĂ©, en demandant Ă Londres de ne prati-quer aucun dumping social ou envi-ronnemental pour pouvoir en bĂ©nĂ©ficier ; de lâautre, le Royaume-Uni veut, au nom de sa souverainetĂ©retrouvĂ©e, avoir les coudĂ©es fran-ches pour dĂ©cider de ses lois et des aides dâEtat quâil souhaite distribuer.
830 milliards dâeuros dâĂ©changes en jeuLe problĂšme, câest quâĂ ce stade aucune piste pour surmonter ces divergences ne semble se dessiner. Les derniers jours ont surtout per-mis Ă Boris Johnson de tenter de parler directement Ă Emmanuel Macron ou Ă Angela Merkel pour tenter de jouer sur leurs dĂ©sac-cords, et Ă lâUE de lui imposer, au contraire, comme seul interlocu-teur la Commission et dâafficher haut et fort son unitĂ©. Mais aucune avancĂ©e significative nâa pu ĂȘtre constatĂ©e. Un « no deal » serait pourtant dĂ©sastreux : Ă dĂ©fautdâun accord commercial, ce sontles rĂšgles de lâOMC qui viendraient sâappliquer. En jeu, pas moinsde 830 milliards dâeuros dâĂ©changescommerciaux annuels, aujour-dâhui libres de tout quota ou tarif douanier et qui risquent dâen sup-porter au 1er janvier.
A Bruxelles, oĂč la question duBrexit a dĂ©libĂ©rĂ©ment Ă©tĂ© laissĂ©e de cĂŽtĂ© lors dâun sommet entre chefs dâEtat et de gouvernement, la Com-mission europĂ©enne a fini par se rĂ©soudre, jeudi, Ă prĂ©senter ses mesures de « contingence » en cas de Brexit sans accord. La publica-
tion était réclamée depuis des semaines par de nombreux Etats membres, mais Bruxelles prenait tout son temps, afin de ne pas envoyer un signal trop négatif en pleine négociation avec Londres.
Du mal Ă sâentendre, mĂȘme sur la gestion dâun « no deal »Mais, mĂȘme sur la maniĂšre de faireface Ă un Ă©ventuel « no deal », Lon-dres et Bruxelles ont bien du mal Ă sâentendre. Outre le secteur aĂ©rien et les transports routiers, oĂč la Commission propose de maintenir la connectivitĂ© pendant six mois Ă condition que le Royaume-Uni optelui aussi pour le statu quo, Bruxellespropose sur la pĂȘche un cadre vala-ble jusquâĂ la fin 2021, consistant Ă
l La prĂ©sidente de la Commission europĂ©enne, Ursula von der Leyen, et le Premier ministre britannique,Boris Johnson, se sont donnĂ© jusquâĂ dimanche pour dĂ©cider de lâavenir des pourparlers sur lâaprĂšs-Brexit.l Leurs diffĂ©rends restent profonds, et aucune piste pour les surmonter ne semble Ă ce stade se dessiner.
Brexit : le week-end de la derniĂšre chance
Alexandre Counis @alexandrecounis
âCorrespondant Ă LondresGabriel GrĂ©sillon
ggresillon@âBureau de Bruxelles
Ils se sont donnĂ© jusquâĂ dimanche pour aplanir leurs divergences. Mais est-ce encore possible ? La prĂ©sidente de la Commission euro-pĂ©enne, Ursula von der Leyen, et le Premier ministre britannique, Boris Johnson, ont pris rendez-vous pour la fin du week-end afin dâarrĂȘter une dĂ©cision sur lâavenir des pourparlers en cours Ă propos des futures relations entre lâUE et leRoyaume-Uni. Mais le dĂźner qui les a rĂ©unis, mercredi soir Ă Bruxelles, est loin de laisser penser que les deux camps peuvent dâici lĂ arra-cher un accord.
Le dĂźner a beau avoir Ă©tĂ© « vivantet intĂ©ressant », comme lâa dit Ă son issue Ursula von der Leyen, ou don-ner lieu Ă une discussion « franche »,comme lâa estimĂ© Boris Johnson, force est de constater quâil nâa per-mis aucune percĂ©e. Et trois heures dâentretien ont surtout servi Ă constater, une fois de plus, combienles positions des deux camps res-tent, sur la pĂȘche mais surtout sur les conditions dâune concurrence Ă©quitable et sur les futurs modes derĂ©solution des conflits, « trĂšs Ă©loi-gnĂ©es ».
Le dĂźner qui lesa rĂ©unis, mercredi soir Ă Bruxelles,est loin de laisser penser que les deux camps peuventdâici lĂ arracherun accord.
maintenir un accĂšs « rĂ©ciproque desnavires de lâUE et du Royaume-Uni aux eaux de lâautre partie ». Pas sĂ»r que Londres accepte une telle solu-tion, sachant que les EuropĂ©ens qui
vont pĂȘcher dans les eaux britanni-ques sont beaucoup plus nom-breux que leurs homologues bri-tanniques sâaventurant dans les eaux europĂ©ennes. Un porte-parole
de Downing Street sâest ainsi mon-trĂ© particuliĂšrement rĂ©servĂ©, jeudi. Il a rappelĂ© que le Royaume-Uni comptait « reprendre le contrĂŽle » deses eaux au 1er janvier. n
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
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AFP
Si les nĂ©gociations en vue dâun accord commercial finissaient par achopper, lâUnion europĂ©enne cherche dâores et dĂ©jĂ Ă pallier deuxurgences : maintenir une certaine fluiditĂ© dans les dĂ©placements entre les Ăźles Britanniques et le Vieux Continent aprĂšs le 31 dĂ©cem-bre 2020 et trouver un statut tem-poraire pour la pĂȘche dans les eauxanglaises.
La Commission a dĂ©jĂ une cer-taine pratique dans cet exercice puisquâelle avait dĂ©jĂ prĂ©parĂ© des plans de contingence en cas de divorce sans accord Ă lâĂ©tĂ© 2019. Jeudi, la prĂ©sidente de la Commis-sion europĂ©enne, Ursula von der Leyen, a proposĂ© plusieurs rĂšgle-ments aux vingt-sept pays mem-bres. La prioritĂ© est donnĂ©e aux transports en assurant des liaisons aĂ©riennes et en assurant la plus grande fluiditĂ© possible aux trans-ports routiers pendant six mois, alors que contrĂŽles douaniers et phytosanitaires vont ĂȘtre rĂ©tablis. Les licences dâexploitation ont dâores et dĂ©jĂ Ă©tĂ© prolongĂ©es de neuf mois pour les entreprises fer-roviaires, afin de maintenir la cir-culation des Eurostar, et de deux mois pour Eurotunnel.
En ce qui concerne la pĂȘche, laCommission essaie de sauver les meubles pour une annĂ©e supplĂ©-mentaire. Elle recommande un « rĂšglement visant Ă crĂ©er le cadre juri-dique appropriĂ© jusquâau 31 dĂ©cembre2021, ou jusquâĂ la conclusion dâun accord de pĂȘche avec le Royaume-Uni â selon la date la plus rapprochĂ©e â pour un accĂšs rĂ©ciproque continu des navires de lâUE et du Royaume-Uni aux eaux de lâautre partie aprĂšs le 31 dĂ©cembre 2020 ». Huit pays sont particuliĂšrement concernĂ©s, qui se partagent 45 % des ressources halieutiques britanniques depuis des dĂ©cennies (France, Allemagne, Espagne, Belgique, Pays-Bas, Irlande, Danemark et SuĂšde).
Le transport des marchandises vaĂ©galement se compliquer. GrĂące au marchĂ© unique et Ă lâunion doua-niĂšre, il suffisait dâun bon de trans-port pour un vĂ©hicule et dâun bon delivraison pour le client quand un exportateur livrait au Royaume-Uni. A lâavenir, il faudra procĂ©der Ă des dĂ©douanements des deux cĂŽtĂ©s
de la frontiĂšre. Chaque marchandisesera certifiĂ©e, devra avoir un certifi-cat sanitaire si câest une denrĂ©e pĂ©ris-sable et des taxes douaniĂšres seront appliquĂ©es. InĂ©vitablement, les dĂ©lais vont sâallonger et les Ă©changesse renchĂ©rir.
Lourdes consĂ©quencesLondres a dĂ©voilĂ© en mai dernier son futur dispositif douanier qui sâappliquera en cas de non-accord commercial. Le gouvernement de Boris Johnson a prĂ©vu de supprimerles droits de douane sur 60 % des Ă©changes qui entreront au Royau-me-Uni (contre 47 % aujourdâhui). Mais il en a maintenu certains, voireles a augmentĂ©s, sur les industries quâil veut protĂ©ger. En particulier lâautomobile et lâagroalimentaire pour sĂ©curiser ses exploitants agri-coles, Ă©leveurs et pĂȘcheurs.
Moins Ă©vident, lâĂ©chec des nĂ©go-ciations pĂšserait sur les relations de sĂ©curitĂ© entre le Royaume-Uni et lâUnion europĂ©enne. Notamment enmatiĂšre de coopĂ©ration policiĂšre et judiciaire, car il retrouve un statut dâEtat tiers. Cela veut dire quâil nây aura plus dâaccĂšs aux fichiers euro-pĂ©ens ni aux agences europĂ©ennes (Europol et Eurojust), ni de projets opĂ©rationnels alors que la menace terroriste est toujours bien prĂ©sente.Enfin, dans le domaine de la dĂ©fense,le Royaume-uni Ă©tait avec la France lâune des deux seules puissances nuclĂ©aires de lâUE. Son dĂ©part sera fortement lourd de consĂ©quences. â V. R. et service Monde
Lâ Union europĂ©enne accĂ©lĂšre les prĂ©paratifs en cas dâĂ©checLâUnion europĂ©enne prĂ©pare quelques garde-fous au cas oĂč un accord commercial avec le Royaume-Uni sâavĂ©rerait impossible. De nombreux secteurs vont ĂȘtre impactĂ©s
Le gouvernement de Boris Johnson a prĂ©vu de supprimer les droits de douane sur 60 % des Ă©changes qui entreront au Royaume-Uni contre 47 % aujourdâhui.
MONDE Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020
06 // MONDE Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos
LeGrand rendez-vous
ChristianEstrosi
©Syspeo/SIPA
Maire deNicePrĂ©sident de laMĂ©tropoleNice CĂŽte dâAzur
Dimanchede10hĂ 11hsurEurope1
Michaël Darmon, Cécile Cornudet et Damien Fleurot reçoivent
Europe : feu vert pour le plan de relance l Les Vingt-Sept sont parvenus Ă sâentendre, jeudi soir, au sujet de lâavenir de leurs finances.l Le veto hongrois et polonais au sujet du mĂ©canisme sur lâEtat de droit est levĂ©.
miĂšre Ă©valuation de chaque demande puis les ministres lâentĂ©ri-neront Ă la majoritĂ© qualifiĂ©e.
La Commission de son cÎté doitencore attendre le feu vert des Par-lements nationaux pour emprun-ter les fonds nécessaires sur les marchés financiers. Elle le fera cer-tainement par étapes, à mesure de ses besoins de décaissement.
âą QUAND INTERVIENDRONT LES PREMIERS VERSEMENTS ?La plus grosse part des montants enjeu (70 %) doit ĂȘtre attribuĂ©e en 2021et 2022, le solde (30 %) pouvant ĂȘtreversĂ© jusqu'en 2023. Une rĂšgle restetoutefois applicable Ă tous : les montants reçus ne devront pas excĂ©der 6,8 % du revenu national brut de chaque Etat membre. Câest lâItalie (65 milliards dâeuros) et lâEspagne (59 milliards) qui rece-vront la plus grande part de lâaide europĂ©enne. Viennent ensuite la France avec 40 milliards et la Polo-gne avec 23 milliards.
La France sâattend Ă ce quâunepremiĂšre tranche de 10 % du mon-tant total soit distribuĂ©e en mars ouavril 2021. Le reste sera conditionnĂ©
au respect des objectifs définis dansles plans nationaux.
âą QUAND ET COMMENT SERONT REMBOURSĂES LES AIDES ?Tout lâintĂ©rĂȘt de lâemprunt collectif qui sera opĂ©rĂ© par le biais de la Commission europĂ©enne, câest quâilpourra ĂȘtre remboursĂ© via le bud-get europĂ©en. Pour Ă©viter que le poids de la contribution de chaque Etat membre augmente et avec lui, les impĂŽts pesant sur les contribua-bles, les Etats membres se sont engagĂ©s Ă crĂ©er de nouvelles res-sources propres pour rembourser lâemprunt. Lâaccord du 10 novembredernier entre le Parlement euro-pĂ©en et le Conseil prĂ©voit la mise enplace de nouvelles ressources et l e u r c a l e n d r i e r d e m i s e e n Ćuvre. Une taxe plastique doit entrer en vigueur au 1er janvier 2021.Elle devrait ĂȘtre suivie de la taxe car-bone aux frontiĂšres et de la taxe Gafa et de la taxe sur le systĂšme dâĂ©change des quotas dâĂ©mission (ETS). Le remboursement du capi-tal de lâemprunt doit sâĂ©taler sur 30 ans, jusqu'en 2058. n
marchĂ© pour reconstruire lâĂ©cono-mie europĂ©enne aprĂšs le passage de lâĂ©pidĂ©mie de Covid-19. Le plan de relance, baptisĂ© « Next Genera-tion EU » pour montrer quâil est censĂ© prĂ©parer le terrain aux gĂ©nĂ©-rations Ă venir, doit contribuer Ă prĂ©parer lâĂ©conomie europĂ©enne aux dĂ©fis du XXIe siĂšcle. A quoi ser-viront ces fonds, qui les rembour-sera et quand ?
âą QUE CONTIENT LE PLAN DE RELANCE EUROPĂEN ?Sa piĂšce maĂźtresse est la « FacilitĂ© de relance et de rĂ©silience » (FRR), qui reprĂ©sente lâessentiel du dispo-sitif puisquâelle est dotĂ©e de 672 milliards sur les 750 milliards dâeuros disponibles. Il sâagit de sub-ventions Ă hauteur de 312 milliardsdâeuros et de prĂȘts pour 360 mil-liards que les pays seront libres de contracter ou non, en fonction de leurs besoins. Conçus pour ĂȘtre utilisĂ©s rapidement, ces fonds iront irriguer directement les Ă©co-nomies des Etats membres via les collectivitĂ©s locales, les banques dâinvestissement ou les agences gouvernementales.
Le reste de lâenveloppe, 78 mil-liards dâeuros, viendra abonder le budget europĂ©en 2021-2027 via desprogrammes europĂ©ens jugĂ©s eux aussi utiles pour accompagner les investissements dâavenir. Une enveloppe de 47,5 mill iards dâeuros est dĂ©diĂ©e Ă React-EU, une initiative de soutien Ă la reprise, 10 milliards iront au Fonds de tran-sition juste, qui doit accompagner les pays en retard sur le front de la transition climatique, 5 milliards sâajouteront au programme Hori-zon Europe, dĂ©diĂ© Ă la recherche etĂ lâinnovationâŠ
âą QUELLES CONDITIONS SONT LIĂES AU VERSEMENT DES AIDES ?Lâargent du plan de relance ne doit pas servir Ă financer les hausses desalaires des personnels de santĂ© oule chĂŽmage partiel. Les pays du nord de lâEurope, mĂ©fiants envers lâusage qui pourrait ĂȘtre fait de lâargent commun, y ont veillĂ©, et il yaura des conditions Ă respecter pour obtenir le dĂ©blocage des fonds. 37 % des dĂ©penses engagĂ©es devront ĂȘtre dĂ©diĂ©es Ă la transition
Ă©nergĂ©tique et 20 % Ă la digitalisa-tion de lâĂ©conomie.
La Commission a aussi demandĂ©que les gouvernements tiennent compte des « recommandations » qui leur sont adressĂ©es lors du Semestre europĂ©en, sorte de guide pratique sur les rĂ©formes structurel-les Ă mener. LâEurope de lâaprĂšs-Co-vid-19 devra ĂȘtre plus verte, plus numĂ©rique et mieux adaptĂ©e aux dĂ©fis actuels et Ă venir. Une ultime condition est prĂ©vue pour la pre-miĂšre fois et sâappliquera aussi bien au plan de relance quâau budget plu-riannuel : les Etats devront sâassurer que lâargent europĂ©en est dĂ©pensĂ© dans le respect de lâEtat de droit.
âą QUELLES SONT LES PROCHAINES ĂTAPES DU CALENDRIER ?Les gouvernements prĂ©parent depuis plusieurs semaines leurs pro-pres plans de relance dĂ©taillant lâusage quâils comptent faire des fonds europĂ©ens sur la pĂ©riode 2021-2023. Les envois officiels sont atten-dus entre le 1er janvier 2021 et le 30 avril. La Commission disposera alors de deux mois pour une pre-
Le dispositif de soutien européen en cinq questions
Catherine Chatignoux @chatignoux
Le plan de relance europĂ©en, adoptĂ© dans son ultime mouture jeudi par les dirigeants europĂ©ens, a Ă©tĂ© Ăąprement nĂ©gociĂ©, dâabord auprintemps au sein du couple fran-co-allemand, puis avec les pays « frugaux » du nord de lâEurope. Lâampleur de la pandĂ©mie et les dĂ©gĂąts rĂ©alisĂ©s sur lâĂ©conomie ont fini par emporter le consensus. La Commission europĂ©enne a Ă©tĂ© autorisĂ©e en juillet Ă emprunter surles marchĂ©s pour le compte des Etats membres 750 milliards dâeuros. Une premiĂšre, justifiĂ©e parla nĂ©cessitĂ© de prĂ©voir des fonds suffisamment importants et bon
Le super- plan de relance europĂ©en de 750 milliards dâeuros qui a Ă©tĂ© adoptĂ© jeudi par le Conseil europĂ©en est une premiĂšre Ă la fois par son ampleur et par les modalitĂ©s de son adoption, via un endettement commun des Vingt-Sept.
Gabriel Grésillon @GGresillon
âBureau de Bruxelles
Le veto est levĂ©. AprĂšs des semainesde blocage par la Pologne et la Hon-grie, un compromis a enfin Ă©tĂ© trouvĂ©, jeudi soir au sujet du mĂ©ca-nisme qui doit conditionner, Ă lâave-nir, lâaccĂšs aux fonds europĂ©ens au respect de lâEtat de droit. Varsovie etBudapest, aprĂšs avoir mis leur veto au dispositif en y voyant une menace pour leur souverainetĂ©, ontfinalement acceptĂ© une solution Ă©laborĂ©e notamment par la prĂ©si-dence allemande de lâUE.
Viktor OrbĂĄn, le Premier minis-tre hongrois, avait lui-mĂȘme estimĂ©, en arrivant Ă Bruxelles, que les Vingt-Sept Ă©taient « Ă deux doigtsde parvenir Ă un consensus ». La machine Ă communiquer hon-groise, par la bouche du chef de cabinet de Viktor OrbĂĄn, Gergely Gulyas, sâĂ©tait chargĂ©e de prĂ©senter cette percĂ©e comme une « victoire »de son pays.
FermetĂ© des pays « frugaux »La prudence est restĂ©e de mise jus-quâau bout, car les pays dits « fru-gaux », emmenĂ©s par les Pays-Bas, prĂ©fĂ©raient garder leur posture de fermetĂ© sur un sujet quâils considĂš-rent comme capital. A son arrivĂ©e Ă Bruxelles, le Premier ministre nĂ©er-landais , Mark Rutte , s âĂ© ta i t dit « neutre » au sujet du compromissur la table. Celui-ci consiste Ă ne pas modifier le mĂ©canisme sur lâEtat de droit, mais Ă lâaccompa-
EUROPE gner dâune dĂ©claration qui en clari-fie la portĂ©e et le fonctionnement. La possibilitĂ© de solliciter lâavis de laCour de justice de lâUnion euro-pĂ©enne au sujet de ce mĂ©canisme y est notamment gravĂ©e dans le mar-bre, offrant un sursis procĂ©dural dâun Ă deux ans aux deux pays rĂ©calcitrants.
Forts de cette victoire, les Euro-pĂ©ens nâentendaient pas se laisser happer par lâautre dossier qui les accapare depuis des semaines. Le Brexit ? « Il nâest pas Ă lâordre du jour », avertissait sĂšchement un haut diplomate quelques heures avant le dĂ©but de la rencontre. Ursula von der Leyen, la prĂ©sidente de la Commission, a toutefois informĂ© les dirigeants europĂ©ens dela situation, au lendemain de son dĂźner avec Boris Johnson, le Premierministre britannique. Une situation de blocage, mais que les Vingt-Sept ne veulent surtout pas tenter de rĂ©soudre directement avec Londres,prĂ©fĂ©rant faire bloc derriĂšre leur nĂ©gociateur, Michel Barnier, et der-riĂšre Ursula von der Leyen elle-mĂȘme. Lâobjectif Ă©tant, jusquâau bout, de prĂ©server leur unitĂ©.
Les dirigeants europĂ©ens avaiententamĂ© leur rĂ©union, en tout dĂ©but dâaprĂšs-midi, par une conversation
Le compromis offre un peu de temps Ă Varsovie et Budapest, mais ne change rien au fonctionnement du dispositif.
au sujet de la pandémie. AprÚs une phase consacrée à procéder à des achats groupés de vaccins, ils sesont engagés à aborder les vaccina-tions dans un maximum de coordi-nation. Ce qui impliquera un paral-lélisme dans les calendriers, mais aussi dans les ordres de vaccinationpar types de population. Ils enten-dent également lutter contre la défiance entourant ces vaccins. « Il est important de diffuser une infor-mation claire et factuelle sur les vac-cins et de lutter contre la désinforma-
tion », résument-ils dans leur communiqué.
Outre un dĂ©bat qui sâannonçaitcomplexe sur les objectifs de rĂ©duc-tion des gaz Ă effet de serre Ă lâhori-zon 2030, les dirigeants europĂ©ens devaient enfin avoir une discussion,en fin de soirĂ©e, au sujet de la Tur-quie. Un sujet sur lequel sâaffichent des sensibilitĂ©s trĂšs diffĂ©rentes. Cer-tes, comme le rĂ©sume une source diplomatique, « il y a un consensus pour constater quâAnkara a suivi une trajectoire opposĂ©e Ă lâapaise-
ment que nous souhaitions au cours des derniers mois ».
Besoin de WashingtonMais ce constat partagĂ© ne suffit pas Ă mettre tout le monde dâaccord quant aux actions Ă mettre en Ćuvre. A la suite des agissements militaires du pays et Ă ses activitĂ©s deforage dans les eaux grecques et chy-priotes, les dirigeants devaient demander la constitution dâune liste de personnes Ă sanctionner. Mais lâidĂ©e de sanctions Ă©conomiques,
elle, divise. « La Turquie est dans une situation Ă©conomique suffisamment prĂ©caire pour ne pas en rajouter », plaidait une source diplomatique europĂ©enne estimant essentiel de continuer Ă prĂ©senter Ă Ankara un agenda positif. Tout en avouant que les EuropĂ©ens, en dĂ©pit de leurs ambitions gĂ©ostratĂ©giques affichĂ©es,continuent de compter sur le grand frĂšre amĂ©ricain sur ce dossier : « Le changement de locataire Ă la Maison-Blanche pourrait peut-ĂȘtre exercer surelle une pression bienvenue. » n
Angela Merkel, Charles Michel, président du Conseil européen, et Xavier Bettel, le Premier ministre luxembourgeois, jeudi à Bruxelles.
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effet en ce moment le dossier du laboratoire pour son candidat-vaccin Ă base dâARN, dĂ©veloppĂ© avec la biotech allemande BioN-Tech. LâEMA devrait rendre le 29 dĂ©cembre au plus tard sa dĂ©ci-sion sur une autorisation condi-tionnelle du traitement, dĂ©jĂ approuvĂ© au Royaume-Uni, Ă BahreĂŻn et au Canada.
Des hackers russeset nord-corĂ©ensLes sites de Pfizer et de BioNTech nâont eux pas Ă©tĂ© attaquĂ©s dans le cadre de cet incident. A leur connaissance, « aucun partici-pant aux Ă©tudes cliniques du vac-cin nâa pu ĂȘtre identifiĂ© » grĂące auxdonnĂ©es dĂ©robĂ©es.
LâAgence europĂ©enne desmĂ©dicaments nâest pas la pre-miĂšre organisation de santĂ© ciblĂ©epar des hackers. Depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie, les attaques con-tre les laboratoires et autres cen-tres de santĂ© ont explosĂ©. Micro-soft avait mĂȘme tirĂ© la sonnette dâalarme Ă ce sujet, Ă la mi-novem-bre : pas moins de sept entreprisesde santĂ© situĂ©es en France, aux Etats-Unis, au Canada, en Inde et en CorĂ©e du Sud ont Ă©tĂ© victimes de tentatives de piratage. La majo-ritĂ© de ces attaques ont cependantĂ©tĂ© neutralisĂ©es.
Plusieurs pirates sont identi-fiĂ©s : le russe Fancy Bear, notam-ment responsable du piratage aux Etats-Unis du ComitĂ© natio-nal dĂ©mocrate lors de lâĂ©lection prĂ©sidentielle de 2016, ainsi que Zinc et Cerium, qui viennent de CorĂ©e du Nord. n
Enrique Moreira @EnriqueMoreira
Lâenjeu du vaccin contre le Covid-19 est tel que mĂȘme les pirates informatiques sâen mĂȘlent. LâAgence europĂ©enne desmĂ©dicaments (EMA, en anglais), qui Ă©value en ce moment plu-sieurs dossiers de candidats-vac-cins, a Ă©tĂ© la cible dâune cyberatta-que, a-t-elle annoncĂ© mercredi.
AuditionnĂ©e jeudi par la com-mission de lâEnvironnement, de la SantĂ© publique et de la SĂ©curitĂ©alimentaire du Parlement euro-pĂ©en, la toute nouvelle directrice de lâagence, Emer Cooke, a prĂ©-cisĂ© : « En rĂ©alitĂ©, nous en avons connu plusieurs lors des deux der-niĂšres semaines. » LâEMA a ouvertimmĂ©diatement une enquĂȘte et collabore avec la police. « Cela ne ralentira en rien le calendrier dĂ©jĂ annoncĂ© pour lâĂ©valuation des demandes dâautorisation dâutilisa-tion conditionnelle. Nous restons totalement opĂ©rationnels », a insistĂ© la directrice.
Le gĂ©ant pharmaceutiqueamĂ©ricain Pfizer a prĂ©cisĂ© dans lafoulĂ©e que « certains documents liĂ©s Ă sa soumission rĂ©glemen-taire » avaient Ă©tĂ© piratĂ©s . Lâagence europĂ©enne Ă©value en
LâAgence europĂ©enne des mĂ©dicaments (AEM), qui dĂ©libĂšre actuellement sur la dĂ©livrance dâautori-sations Ă plusieurs vaccins contre le Covid-19, sâest dit mercredi la cible dâune cyberattaque.
Vaccins Covid-19 :lâAgence europĂ©enne des mĂ©dicaments piratĂ©e
accord sur le chiffre de 55 % Ă©tait dĂ©jĂ entendu depuis des semaines, les modalitĂ©s concrĂštes de cet enga-gement ont, elles, Ă©tĂ© bien discu-tĂ©es. Certains pays de lâEst, Pologne en tĂȘte, ont Ăąprement nĂ©gociĂ© leur feu vert. Encore trĂšs dĂ©pendante aucharbon, la Pologne refuse depuis le dĂ©but tout objectif national en appui de lâobjectif collectif. Varsovieredoute les consĂ©quences Ă©cono-miques dâune transformation expresse de son mix Ă©nergĂ©tique qui lui serait imposĂ©e.
Pour Ă©viter son veto, les Etatsmembres devaient ainsi sâen tenir Ă un objectif « collectif » qui sera le rĂ©sultat dâun « effort qui prendra en compte lâĂ©quitĂ© et la solidaritĂ©, en ne laissant personne derriĂšre », selon lesprojets de conclusion qui ont fuitĂ©
quente du « fonds pour la transition juste », de 17,5 milliards dâeuros, prĂ©vu pour aider les pays les plus en retard Ă accĂ©lĂ©rer leur transition vers des Ă©nergies moins polluantes.
Les institutions europĂ©ennes ontactĂ©, mercredi, que les fonds struc-turels ne financeraient plus de pro-duction dâĂ©nergie fossile aprĂšs 2025. Mais les pays les plus dĂ©pen-dants au charbon ont obtenu en Ă©change de bĂ©nĂ©ficier dâici lĂ Ă pleindes aides liĂ©es au gaz, pour lancer leur transition.
Les fonds du plan de relanceeuropĂ©en ont aussi vocation Ă ali-menter lâeffort important qui sera nĂ©cessaire : 37 % au moins des sub-ventions versĂ©es devront ĂȘtre con-sacrĂ©es Ă des mesures de verdisse-ment de lâĂ©conomie. n
Accord en vue des Vingt-Sept sur le renforcement des objectifs climatiques 2030
Derek Perrotte @DerekPerrotte
âBureau de Bruxelles
Les EuropĂ©ens continuent dâavan-cer Ă marche forcĂ©e vers leur grandobjectif de neutralitĂ© climatique en 2050. Jeudi soir, en sommet euro-pĂ©en Ă Bruxelles, les chefs dâEtat et de gouvernement des Vingt-Sept devaient adopter le renforcement des objectifs de rĂ©duction des gaz Ă effet de serre dâici Ă 2030.
La barre, jusquâici fixĂ©e Ă unerĂ©duction de 40 % par rapport aux niveaux de 1990, va ĂȘtre portĂ©e à « au moins 55 % », comme lâavait proposĂ© la Commission euro-pĂ©enne en septembre. Le Parle-ment europĂ©en avait prĂ©conisĂ© de viser 60 % mais il nâa ici quâun rĂŽle consultatif.
UnanimitĂ© requiseUn tel changement de braquet sâimpose pour espĂ©rer avoir encore une chance de tenir les objectifs de lâAccord de Paris, qui commĂ©mo-rera samedi ses cinq ans. Les Ă©mis-sions de gaz Ă effet de serre ont atteint lâan dernier dans le monde unniveau sans prĂ©cĂ©dent et, au rythmeactuel, les objectifs fixĂ©s par la COP21ne pourront ĂȘtre atteints, a alertĂ© mercredi un rapport du PNUE (Nations unies).
Il Ă©tait toutefois difficile dâallerau-delĂ pour des Vingt-Sept soumisici Ă la rĂšgle de lâunanimitĂ©. Si un
Les Etats de lâUnion europĂ©enne devaient valider, jeudi soir, un objectif de 55 % de rĂ©duction des gaz Ă effet de serre dâici Ă 2030.
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avant le sommet. « Il y a un certain nombre de rĂ©assurances, de garanties,de mesures de soutien Ă donner aux uns et aux autres pour que chacun soitĂ lâaise avec lâobjectif », confiait jeudi
aprĂšs-midi une source europĂ©enne. Varsovie veut ainsi lâassurance taciteque la Commission saura lui rĂ©ser-ver le moment venu une part consĂ©-
Les institutions europĂ©ennes ont actĂ© mercredi que les fonds structurels ne financeraient plus de production dâĂ©nergie fossile aprĂšs 2025.
La Pologne, trÚs dépendante du charbon, veut des garanties sur les aides dont elle bénéficiera.
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lement leur intention, ou non, de rattraper le retard de leur pays, et dâindiquer dans quelles proportions.Les organisateurs comptent bien, Ă©galement, voir beaucoup de pays sâengager Ă atteindre la neutralitĂ© carbone et dire Ă quelle Ă©chĂ©ance.
La rĂ©fĂ©rence Ă ce principe dansles politiques climatiques nationa-les commence Ă peine Ă se rĂ©pan-dre. LâEurope, la Chine, le Japon ou encore la CorĂ©e du Sud viennent de dĂ©cider dâen faire le fil rouge de leurs actions. Câest le signe que lâAccord de Paris, qui a Ă©dictĂ© cette rĂšgle, est bien vivant malgrĂ© les coups subis ces derniĂšres annĂ©es. Principalement, celui que lui a portĂ© lâannonce, en 2017, du retrait des Etats-Unis.
Revoir les planĂštes sâalignerLe « zĂ©ro Ă©mission nette », lâautre terme pour qualifier le concept de neutralitĂ© carbone, est devenu plus familier depuis cinq ans aux entre-prises et aux collectivitĂ©s. A la diffĂ©-rence des Etats, la mobilisation de
la sociĂ©tĂ© civile nâa fait quâaller croissant depuis 2015. Les villes et les rĂ©gions sont aux premiĂšres loges lorsque les consĂ©quences du rĂ©chauffement, comme les dramati-ques « mĂ©ga incendies » qui rava-gent pĂ©riodiquement lâAustralie et la Californie, se font sentir. Investis-seurs, banques, assurances et com-pagnies industrielles ne rechignent pas Ă adhĂ©rer aux mĂ©thodologies quâa inspirĂ©es lâAccord de Paris pourse dĂ©carboner.
A qui veut sâen saisir, la luttecontre le rĂ©chauffement climatique offre de formidables opportunitĂ©s de dĂ©veloppement. Dâautant que la pression de lâopinion et donc des consommateurs nâa fait quâaller crescendo depuis cinq ans, surtout chez les jeunes nombreux Ă dĂ©non-cer lâinertie des Etats. A eux de faire en sorte que se reforme lâalignementdes planĂštes scientifiques, sociĂ©taleset politiques dont Laurent Fabius, le prĂ©sident de la COP21, a estimĂ© avoir bĂ©nĂ©ficiĂ© pour arracher lâAccord de Paris. n
Cinq ans aprĂšs, un nouveau sommet pour remettre sur les rails lâAccord de Paris sur le climatl Inscrit dans le texte historique adoptĂ© en 2015, lâobjectif de contenir le rĂ©chauffement Ă 2 degrĂ©s Celsius ne cesse de gagner en incertitude.l Le « Sommet de lâambition pour le climat », qui se tient ce samedi, se prĂ©sente comme celui de la derniĂšre chance pour tenir ce cap. De nouveaux engagements des Etats sont attendus.
premier, et pour lâinstant le seul, quiait gravĂ© dans la loi le « zĂ©ro nette Ă©mission ». Le gouvernement bri-tannique, trĂšs ambitieux, vient par ailleurs dâannoncer quâil visait une baisse de ses gaz Ă effet de serre (GES) de 68 % dâici Ă 2030 par rap-port Ă leur niveau de 1990.
Les petits pays, les plus volontairesLes pays de lâUnion europĂ©enne se prĂ©parent Ă lui emboĂźter le pas et Ă lĂ©gifĂ©rer sur une rĂ©duction de ces GES dâau moins 55 % Ă la mĂȘme Ă©chĂ©ance. Le Canada, lui aussi, a annoncĂ© un objectif de neutralitĂ© carbone (pour 2050), aprĂšs la Chine (pour 2060), le Japon et la CorĂ©e du Sud (pour 2050). Les Etats-Unis, avec lâĂ©lection de Joe Biden, sont con-sidĂ©rĂ©s comme faisant partie de ce groupe des 127 Etats qui sont respon-sables de prĂšs des deux tiers des rejets de CO2.
Mais les efforts que tous prĂ©voientde faire ne sont pas Ă la hauteur des enjeux. Le CAT juge insuffisantes et incompatibles avec un rĂ©chauffe-ment de 2 °C les contributions natio-nales â les NDCs (Nationally Deter-
chercher les bons élÚves et aussi de celui des pays les moins avancés (PMA). La Jamaïque a doublé son ambition par rapport à son NDC de 2015. La Colombie va accélérer la baisse programmée de ses émis-sions pour lui faire atteindre 51 % en 2030 (par rapport à 1990).
A lâopposĂ©, la Russie et le BrĂ©silsont au fond de la classe. La politiquemenĂ©e par Moscou « nâest pas du toutalignĂ©e sur les objectifs de long terme de 2 °C », juge Alexandra Deprez. Le pays nâa pas prĂ©vu de rĂ©duire sa pro-duction de gaz et de pĂ©trole. Ce qui vaut Ă sa politique climatique dâĂȘtre qualifiĂ©e dâ« extrĂȘmement insuffi-sante » par le CAT.
Son apprĂ©ciation sur celle menĂ©epar Brasilia est Ă peine moins sĂ©vĂšre,avec la reprise Ă tout va de la dĂ©fores-tation. Le gouvernement a bien annoncĂ© quâil rĂ©viserait sa contribu-tion en vue de diminuer de 43 % ses Ă©missions en 2030. Mais il a condi-tionnĂ© cet engagement au verse-ment dâune aide de 10 milliards de dollars par la communautĂ© interna-tionale en paiement des services Ă©cosystĂ©miques rendus par le mas-sif amazonien. â J. C.
Qui sont les bons et mauvais Ă©lĂšves
Les Etats sont encore loin de mani-fester avec la mĂȘme ferveur leur volontĂ© dâĂ©viter Ă la planĂšte un rĂ©chauffement de plus de 2 °C dâici Ă la fin du siĂšcle. Mais il y a du progrĂšs,et mĂȘme beaucoup. Une majoritĂ© dâentre eux â trĂšs prĂ©cisĂ©ment 127 Etats sur les 197 reconnus par lesNations unies â affichent dĂ©sormais leur intention dâatteindre la neutra-litĂ© carbone, selon le comptage que vient de publier le centre de rĂ©flexion et dâanalyse Climate ActionTracker (CAT).
Câest une vraie avancĂ©e. Sauf querelativement peu de ces pays ont pris officiellement de nouveaux engagements ou les ont relevĂ©s pour atteindre cet objectif. Tant et sibien quâĂ ce stade aucun Etat ne peut faire figure dâĂ©lĂšve modĂšle. Unseul Etat, le Royaume-Uni, est le
Lâobjectif de la neutralitĂ© carbone fait son chemin, mais pas partout. Et les engagements annoncĂ©s par la plupart des 127 pays qui signalent vouloir lâatteindre dans les toutes prochaines dĂ©cennies ne suffiront pas.
Joël Cossardeaux @JolCossardeaux
On sera trĂšs loin, samedi, de lâeupho-rie gĂ©nĂ©rale telle que lâont connue etpartagĂ©e les milliers de participantsĂ la COP21. LâAccord de Paris sur le climat, conclu il y aura exactement cinq ans, ne donne plus autant enviede pavoiser. Dâabord parce que totalement virtuel, Covid-19 et res-pect des distanciations obligent, le « Sommet de lâambition pour le climat », organisĂ© ce mĂȘme jour Ă lâinvitation de la Grande-Bretagne, de la France, de lâItalie, du Chili et des Nations unies, se prĂȘte peu aux effusions. Mais surtout parce que lâaccord historique conclu en 2015 par 196 Etats Ă©veille aujourdâhui bien des craintes. Le principal objectif quâil fixe, celui de limiter Ă 2 °C, au pire du pire, le rĂ©chauffe-ment de la planĂšte dâici Ă la fin du siĂš-cle, sâannonce de plus en plus diffi-cile Ă tenir.
Il suffit pour sâen rendre comptede se plonger dans lâavalanche de rapports qui prĂ©cĂšde ce sommet, comme câest le cas Ă la veille de cha-que COP, les confĂ©rences mondiales pour le climat, dont la 26e Ă©dition, Ă Glasgow, a Ă©tĂ© reportĂ©e Ă dĂ©cem-bre 2021. Le Programme des Nationsunies pour l âenvironnement (PNUE), dans sa derniĂšre livraison, redoute une poussĂ©e du mercure de 3,2 degrĂ©s. Et alors quâil faudrait les rĂ©duire de 7,6 % par an, les Ă©mis-sions de gaz effet de serre (GES) continuent dâaugmenter Ă un rythme affolant. Le volume des rejets de CO2, qui en sont les pre-miers responsables, a crĂ» de 2,6 % en 2019 contre 1,4 % en moyenne paran depuis 2010.
Lâangle mort du Covid-19Une tendance trĂšs fĂącheuse quâil est peu probable de voir brisĂ©e en 2020,mĂȘme si « lâeffet Covid » va indiquer le contraire. DâaprĂšs les estimations que publie ce vendredi le Global Car-bon Project (GCP), un programme de recherche international, les Ă©mis-sions devraient en effet baisser cette annĂ©e de 7 % au niveau mondial. Une chute qui nâimpressionne guĂšreses chercheurs. « Ce nâest pas beau-coup compte tenu de lâarrĂȘt majeur des activitĂ©s liĂ© au premier confine-
ENVIRONNEMENT
« On voit le mur se rapprocher »Propos recueillis parMuryel Jacque
@MuryelJacque
Quel bilan dressez-vous cinq ans aprĂšs lâAccord de Paris ?Nous devrions avoir atteint le pic des Ă©missions mondiales de gaz Ă effet de serre cette annĂ©e. Or, je pense que nous allons rater cet objectif. Pour rester dans la limite fixĂ©e dans lâAccord, en dessous de 2 °C, et laisser ouverte la porte Ă un rĂ©chauffement plus limitĂ© Ă 1,5 °C, ilfaut que le monde les divise par deux dâici Ă 2030. Il y a une ving-taine dâannĂ©es, quand la science Ă©tait moins avancĂ©e et les Ă©mis-sions moins Ă©levĂ©es, lâobjectif Ă©tait de les diviser par deux en 2050⊠On voit le mur se rapprocher. En partie parce que les grands pays Ă©mergents ont nettement aug-mentĂ© leurs Ă©missions, et que le stock de carbone a continuĂ© Ă aug-menter dans lâatmosphĂšre. La dis-cussion dâaujourdâhui est de savoir comment on arrive Ă la neutralitĂ© carbone dâici Ă trente ans. Avec le retard accumulĂ©, les objectifs sont bien plus exigeants car le rythme de rĂ©duction nĂ©cessaire est plus rapide. Depuis cinquante ans, pourtant, les scientifiques alertent et des gouvernements ont perçu le danger Ă partir des annĂ©es 1970, notamment lors de la confĂ©rence de Stockholm. Mais cela fait cin-quante ans quâon traĂźne.
Le contexte politique a Ă©galement Ă©tĂ© trĂšs nĂ©gatifâŠNous avons connu, câest vrai, des hauts et des bas ces cinq derniĂšres annĂ©es. La sortie des Etats-Unis de lâAccord a clairement eu un effet degel de la diplomatie climatique. Des pays comme le BrĂ©sil ont caressĂ© lâidĂ©e de sortir. En Austra-lie, le gouvernement sâest posi-tionnĂ© contre la politique climati-que. On a vu des pays comme le Mexique abandonner les rĂ©formesqui devaient les amener vers une trajectoire meilleure. Sans oublier que la Chine ne sâest pas sentie obli-gĂ©e de modifier sa politique dâinvestissements extĂ©rieurs large-ment consacrĂ©s aux Ă©nergies fossi-les dans les pays de la route de la soie. Cela nâa pas fragilisĂ© lâAccord de Paris en soi, car aucun pays nâa suivi les Etats-Unis, mais, on lâa vu dans tous les sommets, le climat devait entrer par la petite porte, le mot « changement climatique » Ă©tait interdit de sĂ©jour.
Quels sont les espoirs ?MalgrĂ© ces difficultĂ©s politiques majeures, tout cela est en train de se retourner. Depuis cinq ans, beaucoup dâacteurs non gouverne-mentaux â villes, rĂ©gions, entrepri-ses â ont pris lâAccord de Paris comme rĂ©fĂ©rence pour leurs stra-
tĂ©gies. Les investisseurs ont pris conscience des risques les concer-nant si les banques ou les fonds de pension investissaient trop dans des secteurs intensifs en Ă©nergies fossiles ou dans des entreprises quinâavaient pas opĂ©rĂ© le tournant nĂ©cessaire. Ce mouvement Ă©tait sous le radar, il sâest accĂ©lĂ©rĂ© avec les discussions sur le besoin de transformation radicale. A Davos comme dans les analyses de lâAgence internationale de lâĂ©ner-gie, lâidĂ©e que cette Ă©conomie zĂ©ro carbone est le futur sâest imposĂ©e petit Ă petit.
CâĂ©tait lâun des paris de lâAccord en 2015âŠOui, et ce mouvement sâest accĂ©lĂ©rĂ©cette annĂ©e grĂące Ă trois facteurs. Dâabord, lâUnion europĂ©enne a confirmĂ© son engagement dâaller vers des Ă©missions net zĂ©ro en 2050avec le Green Deal comme pro-gramme gĂ©nĂ©ral de transforma-tion de son Ă©conomie. Ensuite, la Chine sâest donnĂ© un objectif de neutralitĂ© carbone en 2060. Enfin, les Ă©lections amĂ©ricaines ont vu, pour la premiĂšre fois, le climat comme une des quatre prioritĂ©s dâun candidat. Tout cela change le momentum politique. Et cette fois, les Ă©volutions du secteur Ă©conomi-que rejoignent ces dĂ©cisions politi-ques de trĂšs haut niveau qui man-quaient. De ce point de vue, je suis dĂ©sormais plus optimiste.
Comment cela se traduit-il pour le climat ?Ce sont des bonnes nouvelles. Avant lâAccord de Paris, nous Ă©tions sur une trajectoire entre 4 et7 °C de rĂ©chauffement climatique. AprĂšs lâAccord, et les premiers plans climat prĂ©sentĂ©s fin 2015, nous nous dirigions vers environ 3 °C. LĂ , les engagements engran-gĂ©s pour lâinstant nous remettent presque sur une trajectoire de 2 °C. Ce nâest pas assez, mais nous som-mes repartis dans une dynamique bien plus positive.
Quel sera lâimpact de la crise engendrĂ©e par le Covid-19 ?Câest difficile Ă dire. Nombre de pays sâengagent toutefois vers une
LAURENCE TUBIANA
Directrice générale de la Fondation européenne sur le climat, et ancienne ambassadrice de la France chargée des négociations sur le changement climatique lors de la COP21
relance plus verte. LâUE va peser lourd car les financements de ses plans de relance vont ĂȘtre plus ou moins fortement conditionnĂ©s. Il faut attendre ce que les Etats-Unis feront, mais des engagements importants ont Ă©tĂ© pris par Joe Biden, ainsi que par le Japon, la CorĂ©e du Sud, la Colombie. Mais il faut que les finances publiques sui-vent, que les investissements aillent dans la bonne direction, et que les banques de dĂ©veloppementstoppent les financements aux Ă©nergies fossiles, comme lâa fait la BEI. En fin de compte, lâAccord de Paris est devenu la rĂ©fĂ©rence pour le secteur Ă©conomique privĂ© comme public, câest la rĂ©fĂ©rence pour les gouvernements et les insti-tutions financiĂšres. Il sert de juge de paix par rapport Ă ce quâil faut faire pour le climat. Il y a un avant etun aprĂšs-Paris.
LâEurope peut-elle rester un leader en matiĂšre de climat ?MĂȘme si les dĂ©mocrates gagnent les deux siĂšges en lice au SĂ©nat en janvier, les Etats-Unis ne pourront pas faire autant, aussi vite que lâEurope. Une coopĂ©ration amĂ©ri-cano-europĂ©enne serait trĂšs bien-venue. Mais il ne faudrait pas se faire trop dâillusion, par exemple, sur la gĂ©nĂ©ralisation dâune taxe car-bone, il y a un appĂ©tit modĂ©rĂ© outre-Atlantique. Le plan de Joe Biden est dâaller vers les outils dontil dispose, dont un changement desrĂ©gulations en matiĂšre de soutien aux renouvelables ou le renforce-ment de lâĂ©lectrification des trans-ports. Il y aurait quelque chose dâintĂ©ressant Ă faire sur lâharmoni-sation de ces rĂ©gulations euro-pĂ©ennes et amĂ©ricaines. Ce mouve-ment vers une Ă©conomie sobre en carbone est un grand champ de coopĂ©ration. On nâimposera rien Ă la Chine. En revanche, la menace de la taxe carbone aux frontiĂšres a son importance. Une discussion entre la Chine, les Etats-Unis et lâEurope va donc sâengager pour savoir si les efforts des uns et des autres sont suffisants. LâEurope doit jouer Ă la fois le rĂŽle de leader etde broker. n
« Depuis cinq ans, beaucoup dâacteurs non gouvernementaux â villes, rĂ©gions, entreprises â ont pris lâAccord de Paris comme rĂ©fĂ©rence pour leurs stratĂ©gies. »
Michel De Grandi @MdeGrandi
« Le compte Ă rebours est enclenchĂ© et notre survie est en jeu», assure Mohamed Nasheed, ancien prĂ©si-dent des Maldives et ambassadeur du Climate Vulnerable Forum, unestructure qui reprĂ©sente un mil-liard de personnes dans 48 pays particuliĂšrement exposĂ©s aux dĂ©rĂšglements climatiques.« Nos pays, en particulier les petits Etats insulaires, seront condamnĂ©s Ă lâextinction, mĂȘme avec une hausse des tempĂ©ratures limitĂ©e Ă + 2 °C, ajoute-t-il. Plus de 1,5 °C nous condamne Ă mort. »
Pour dire lâurgence, les diri-geants du Pacifique ont dĂ©cidĂ© de
se rĂ©unir ce vendredi, de façon vir-tuelle, Ă la veille du sommet coor-ganisĂ© par les Nations unies, le Royaume-Uni et la France. Ras-semblĂ©s au sein du Forum des insulaires du Pacifique (FIP), ils entendent exiger lâadoption dâune politique internationale de lutte contre le changement climatique.
« Assistance climat »Certains de ces insulaires se ran-gent aux cĂŽtĂ©s des pays les moins avancĂ©s (PMA) situĂ©s majoritaire-ment en Asie et en Afrique et qui, aujourdâhui, craignent dâĂȘtre les laissĂ©s pour compte de la lutte contre le dĂ©rĂšglement climatique. ConfrontĂ©s Ă un avenir sombre, marquĂ© par des sĂ©cheresses de plus en plus dures, des cyclones chaque fois plus violents, des mĂ©ga-incendies ou des pluies dilu-viennes qui ravagent leurs cultu-res, ces pays pauvres ne cessent de rappeler les riches Ă leur promessefaite en 2009 Ă la confĂ©rence de Copenhague de porter Ă 100 mil-liards de dollars par an dĂšs 2020
leur « assistance climat » pour les aider Ă faire face aux consĂ©quencesdu changement climatique. Non seulement il manque encore 21,1 milliards de dollars, mais les efforts ont tendance Ă ralentir. AprĂšs + 22 % en 2017, ils nâont pro-gressĂ© que de 11 % lâannĂ©e suivante.
« Des efforts ont Ă©tĂ© faits, mais ilsne sont pas Ă la hauteur des besoins et lâhorloge climatique tourne », explique Alexandre Magnan, cher-cheur Ă lâInstitut du dĂ©veloppe-ment durable et des relations inter-n a t i o n a l e s ( I d d r i ) . C e q u e dĂ©plorent les pays les moins avan-cĂ©s, dĂ©jĂ particuliĂšrement touchĂ©s par la pandĂ©mie de Covid-19 qui a gommĂ© des dĂ©cennies de crĂ©ation de richesse, câest le « manque dâaction massive » au moment oĂč lâurgence climatique ne fait que sâintensifier. Or, ces PMA se trou-vent aux avant-postes des change-ments : « La zone intertropicale est trĂšs active au niveau des phĂ©nomĂš-nes climatiques. Câest lĂ que se mani-festent en premier les effets du dĂ©rĂš-glement », explique le chercheur. n
Les pays les plus pauvres réclament une action massiveLes pays les moins avancés, confrontés à des phénomÚnes climatiques de plus en plus violents, rappellent les Etats riches à leurs promesses : 100 milliards de dollars par an.
ment », indique lâun eux. Illustration par lâabsurde de lâĂ©normitĂ© de lâĂ©cart Ă combler pour arriver aux 2 degrĂ©s,« il faudrait, au point oĂč nous en som-mes aujourdâhui, un Covid tous les deux ans », indique un expert.
A plus forte raison, les Etats, quisâemploient Ă Ă©teindre la pandĂ©mie, vont donc devoir relever beaucoup plus les manches quâils ne lâont jamais fait. Alors que lâAccord de Paris les invite Ă revoir leur « niveau dâambition » dans ce domaine tous les cinq ans, trop peu lâont encore fait, notamment du cĂŽtĂ© des pays quisont les plus Ă©metteurs, comme la Chine. Le « Sommet de lâambition pour le climat » va donner lâoccasionaux quelque 80 chefs dâEtat et de gouvernement dâannoncer formel-
La pression de lâopinion nâa fait quâaller crescendo depuis cinq ans.
Nations unies sur le changement climatique. Le retour serait effec-tif un mois plus tard, et les Etats-Unis, qui reprĂ©sentent prĂšs de 15 %des Ă©missions mondiales, auront Ă soumettre un nouvel engage-ment Ă lâhorizon 2030. Avant le mandat Trump, Washington sâĂ©tait engagĂ© Ă rĂ©duire les Ă©mis-sions de gaz Ă effet de serre de 26 Ă 28 % Ă lâhorizon 2025, par rapportau niveau de 2005.
Chute du charbonLes Ă©missions totales de gaz Ă effetde serre avaient baissĂ© de 10,2 % en2018 par rapport Ă 2005 aux Etats-Unis, selon l â inventaire de lâAgence amĂ©ricaine de protec-tion de lâenvironnement (EPA). Avec la pandĂ©mie, qui a clouĂ© au sol les avions et rĂ©duit les consom-mations, les Ă©missions de CO2 liĂ©es Ă lâĂ©nergie devraient baisser de 11 % cette annĂ©e, selon les prĂ©vi-sions de lâAgence amĂ©ricaine dâinformation sur lâĂ©nergie (EIA).
ChassĂ© par le gaz, moins cherpour produire de lâĂ©lectricitĂ©, le charbon, combustible le plus pol-luant, connaĂźt une chute structu-relle. Avec le rebond de lâactivitĂ© prĂ©vu lâan prochain, les Ă©missions deCO2 liĂ©es au secteur de lâĂ©nergie seraient infĂ©rieures dâenviron 15 % par rapport Ă 2005, selon lâEIA.
Pour « rĂ©engager » les Etats-Unis,Joe Biden a dĂ©jĂ multipliĂ© les sym-boles : lâancien secrĂ©taire dâEtat JohnKerry, qui avait signĂ© lâAccord de Paris avec sa petite-fille sur les genoux, sera le premier reprĂ©sen-tant prĂ©sidentiel sur le climat et il sera membre du Conseil de sĂ©curitĂ© nationale.
Fin novembre, il a rappelĂ© lanĂ©cessitĂ© de la coopĂ©ration. « Lors dela rĂ©union mondiale de Glasgow, dansun an, toutes les nations devront fairepreuve dâambition ensemble, sinon nous Ă©chouerons tous ensemble », a-t-il jugĂ©. Un coordinateur de la politique climatique doit aussi ĂȘtre nommĂ© en dĂ©cembre.
Durant les cent premiers jours deson mandat, Joe Biden a promis de convo quer un sommet p our « convaincre les plus grands Ă©met-teurs de prendre des engagements supplĂ©mentaires » sur leurs objec-tifs. Et dâadopter lâamendement de Kigali au protocole de MontrĂ©al, pour donner « un nouvel Ă©lan » Ă la lutte contre les hydrofluorocarbu-res, un gaz Ă effet de serre puissant.
ZĂ©ro Ă©mission en 2050Le prĂ©sident Ă©lu a affichĂ© dans son programme lâambition dâarriver Ă une Ă©conomie « zĂ©ro Ă©mission » Ă lâhorizon 2050 et Ă©voquĂ© une forme de taxe carbone sur les biens Ă forte intensitĂ© de carbone « provenant de pays qui ne respectent pas leurs obli-gations climatiques et environne-mentales ». Il entend aussi mettre la pression sur la Chine et notamment son financement des pays des « nou-velles routes de la soie ».
Les feux de forĂȘt Ă rĂ©pĂ©tition enCalifornie et les ouragans semblent
avoir convaincu une partie de la population que lâEtat doit en faire davantage contre le dĂ©rĂšglement cli-matique, selon une Ă©tude de Pew Research. Mais le programme « vert » dĂ©mocrate Ă 2.000 milliards de dollars risque toutefois de se retrouver rapidement bloquĂ© par unCongrĂšs peu coopĂ©ratif si le SĂ©nat conserve la majoritĂ© rĂ©publicaine.
Parmi ses grands chantiers, JoeBiden veut rĂ©duire lâempreinte car-bone des bĂątiments existants de moitiĂ© dâici Ă 2035, dĂ©velopper les digesteurs de mĂ©thane dans lâagri-culture, densifier lâhabitat urbain, dĂ©velopper le rail. Le dĂ©mocrate veut aussi crĂ©er une nouvelle agence, Arpa-C, qui identifierait des projets rĂ©alisables Ă des coĂ»ts com-pĂ©titifs dans le stockage dâĂ©nergie, les petits rĂ©acteurs nuclĂ©aires ou lâair conditionnĂ© sans impact sur le climat. Il entend pour cela sâappuyersur le rĂ©seau des quatre cents mairesqui avaient dĂ©fiĂ© Donald Trump sur la sortie de lâAccord de Paris. n
Joe Biden promet un retour ambitieux des Etats-Unis
VĂ©ronique Le Billon @VLeBillon
âBureau de New York
Donald Trump en est sorti, Joe Biden a promis dây revenir « au pre-mier jour » de la nouvelle adminis-tration, et pour agir. Le prĂ©sident Ă©lu, qui entrera en fonction le 20 janvier prochain, a fait du retour des Etats-Unis dans lâAccord de Paris pour le climat lâundes marqueurs de la campagne.
Pour rĂ©intĂ©grer lâAccord, dontles Etats-Unis sont officiellement sortis le 4 novembre (un an aprĂšs lanotification du retrait par Donald Trump), Washington va devoir en informer la Convention-cadre des
AprĂšs le retrait ordonnĂ© par Donald Trump, le prĂ©sident Ă©lu amĂ©ricain sâest engagĂ© Ă revenir dans lâAccord de Paris « au premier jour » de la nouvelle administration.
veau souffle Ă lâAccord de Paris, recevant les fĂ©licitations de la communautĂ© internationale et infligeant un camouflet au clima-tosceptique Donald Trump. Lâengagement chinois, sâil Ă©tait tenu, mettrait lâobjectif de limiter le rĂ©chauffement climatique pla-nĂ©taire Ă 1,5 °C Ă la portĂ©e du monde.
Lâeffet dâannonce digĂ©rĂ©, lemonde attend dĂ©sormais de savoir comment le gĂ©ant asiati-que, dont lâaddiction au charbon est forte, va mettre en musique cette nouvelle ambition. « Si la Chine se contente le 12 dĂ©cembre de rĂ©pĂ©ter ce qui a Ă©tĂ© dit Ă lâONU en septembre, cela soulĂšvera beau-coup de questions sur la crĂ©dibilitĂ© de son objectif de long terme », prĂ©-vient Li Shuo, responsable du cli-mat Ă Greenpeace China.
Atteindre la neutralité carboneen 2060 implique une transfor-mation complÚte de la deuxiÚme économie mondiale, qui ne peut souffrir le moindre retard. Or
« lâobjectif de court terme est vraimenttrop modeste et ne traduit pas une forte ambition pour les annĂ©es Ă venir », poursuit Li Shuo.
Engagements tenusXi Jinping sâest engagĂ©, devant les Nations unies, Ă ce que la Chine par-vienne Ă un pic de ses Ă©missions de CO2 « avant » 2030, et non plus « autour » de 2030 comme promis Ă Paris. Cette petite avancĂ©e a Ă©tĂ© jugĂ©etrop modeste par les experts envi-ronnementaux, certains scientifi-ques anticipant le pic au plus tĂŽt en 2025, dâautres estimant mĂȘme quâil est dĂ©jĂ atteint.
A lâoccasion de la COP21, la ChinesâĂ©tait Ă©galement engagĂ©e Ă rĂ©duire les Ă©missions de CO2 par unitĂ© de PIBde 60 % Ă 65 % dâici Ă 2030 et Ă aug-menter la part des Ă©nergies non fos-siles Ă 20 % de la consommation dâĂ©nergie. « La Chine est en bonne voiepour atteindre ces trois objectifs, voireles dĂ©passer », constate Li Shuo. De fait, la Chine est en avance sur son plan de route : avec une rĂ©duction de
croissance industrielle Ă tout prix. Une premiĂšre partie de la feuille de route doit ĂȘtre dĂ©voilĂ©e dans le 14e plan quinquennal couvrant la pĂ©riode 2021-2025.
Le charbon reprĂ©sentait encore,lâan dernier, 57,7 % du bilan Ă©nergĂ©ti-que chinois. Et la Chine est soupçon-nĂ©e de vouloir donner un coup dâaccĂ©lĂ©rateur Ă la production de charbon pour relancer son Ă©cono-mie. Selon un rapport publiĂ© cet Ă©tĂ©, le pays a augmentĂ© de 21 % ses pro-jets de centrales au charbon au pre-mier semestre. La Chine investit par ailleurs dans de nombreuses centra-les Ă charbon Ă lâĂ©tranger.
RĂ©agissant Ă lâengagement de XiJinping pour 2060, le Centre de recherche sur lâĂ©nergie et lâair pur (CREA), basĂ© Ă Helsinki, a appelĂ© PĂ©kin Ă tirer un trait sur toutes les nouvelles centrales au charbon pla-nifiĂ©es Ă partir de 2020 et Ă doubler lacroissance de lâĂ©olien et du solaire lors des dix prochaines annĂ©es. La longue marche vers la neutralitĂ© carbone ne fait que commencer. n
Le nouveau souffle donné par les objectifs climatiques chinois
Frédéric Schaeffer fr_schaeffer
âCorrespondant Ă PĂ©kin
Cinq aprĂšs lâadoption de lâAccord de Paris, la Chine va-t-elle Ă nou-veau surprendre en relevant ses objectifs climatiques de court terme pour les harmoniser avec ceux de long terme ? Son prĂ©si-dent, Xi Jinping, avait crĂ©Ă© la sur-prise, le 22 septembre Ă lâAssem-blĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies enannonçant un objectif de neutra-litĂ© carbone Ă horizon 2060.
La Chine, premier Ă©metteur degaz Ă effet de serre au monde (28 % des Ă©missions globales), redonnait lĂ un immense nou-
Xi Jinping a créé la sur-prise avec une ambition de neutralité carbone à horizon 2060. Mais la Chine doit maintenant accorder ses objectifs climatiques de court et long terme.
lâintensitĂ© de carbone de 48 % fin 2019, la Chine a dĂ©passĂ© son objectif de 2020 (40 % Ă 45 %) quâelle sâĂ©tait fixĂ© Ă Copenhague en 2009.
LâĂ©chec de ce sommet avait en par-tie Ă©tĂ© imputĂ© Ă la Chine, ayant refusĂ©tout objectif contraignant et sâĂ©tant opposĂ©e Ă toute mesure de vĂ©rifica-tion de lâapplication de lâaccord. De « bad boy » du climat en 2009, la Chine sâest muĂ©e en leader prudent lors de la confĂ©rence de Paris. Lâengagement de Xi Jinping pour 2060 est une nouvelle Ă©tape, mais demande Ă ĂȘtre confirmĂ© par des mesures concrĂštes et radicales dans un pays qui a longtemps privilĂ©giĂ© la
De « bad boy » du climat en 2009, la Chine sâest muĂ©e en leader prudent lors de la ConfĂ©rence de Paris.
mined Contributions) dans le jargononusien â annoncĂ©es en 2015 par les pays dâEurope, mais aussi par les Etats-Unis et le Canada. La Chine nâest pas au niveau non plus. « Pour lâĂȘtre, il faudrait dĂ©jĂ quâelle com-mence par ne plus ouvrir de centrales au charbon », commente un expert.
A ce jour, 129 pays ont fait connaĂź-tre leur intention de revoir leur NDCs. « Le problĂšme est que lâon ne sait pas quand ils le feront dâici Ă la COP26, fin 2021 », explique Alexan-dra Deprez, chercheuse Ă lâInstitut du dĂ©veloppement durable et des relations internationales (Iddri). Surce total, seuls 16 Etats ont effective-ment rĂ©Ă©valuĂ© leur contribution, dont le Chili, le Surinam, la NorvĂšge,Andorre ou encore la Mongolie. Câest plutĂŽt de ce cĂŽtĂ©-lĂ quâil faut
55 %LA RĂDUCTIONdes gaz Ă effet de serre, par rapport Ă leur niveau de 1990, que lâUnion europĂ©enne espĂšre atteindre dâici Ă 2030.
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lement leur intention, ou non, de rattraper le retard de leur pays, et dâindiquer dans quelles proportions.Les organisateurs comptent bien, Ă©galement, voir beaucoup de pays sâengager Ă atteindre la neutralitĂ© carbone et dire Ă quelle Ă©chĂ©ance.
La rĂ©fĂ©rence Ă ce principe dansles politiques climatiques nationa-les commence Ă peine Ă se rĂ©pan-dre. LâEurope, la Chine, le Japon ou encore la CorĂ©e du Sud viennent de dĂ©cider dâen faire le fil rouge de leurs actions. Câest le signe que lâAccord de Paris, qui a Ă©dictĂ© cette rĂšgle, est bien vivant malgrĂ© les coups subis ces derniĂšres annĂ©es. Principalement, celui que lui a portĂ© lâannonce, en 2017, du retrait des Etats-Unis.
Revoir les planĂštes sâalignerLe « zĂ©ro Ă©mission nette », lâautre terme pour qualifier le concept de neutralitĂ© carbone, est devenu plus familier depuis cinq ans aux entre-prises et aux collectivitĂ©s. A la diffĂ©-rence des Etats, la mobilisation de
la sociĂ©tĂ© civile nâa fait quâaller croissant depuis 2015. Les villes et les rĂ©gions sont aux premiĂšres loges lorsque les consĂ©quences du rĂ©chauffement, comme les dramati-ques « mĂ©ga incendies » qui rava-gent pĂ©riodiquement lâAustralie et la Californie, se font sentir. Investis-seurs, banques, assurances et com-pagnies industrielles ne rechignent pas Ă adhĂ©rer aux mĂ©thodologies quâa inspirĂ©es lâAccord de Paris pourse dĂ©carboner.
A qui veut sâen saisir, la luttecontre le rĂ©chauffement climatique offre de formidables opportunitĂ©s de dĂ©veloppement. Dâautant que la pression de lâopinion et donc des consommateurs nâa fait quâaller crescendo depuis cinq ans, surtout chez les jeunes nombreux Ă dĂ©non-cer lâinertie des Etats. A eux de faire en sorte que se reforme lâalignementdes planĂštes scientifiques, sociĂ©taleset politiques dont Laurent Fabius, le prĂ©sident de la COP21, a estimĂ© avoir bĂ©nĂ©ficiĂ© pour arracher lâAccord de Paris. n
Cinq ans aprĂšs, un nouveau sommet pour remettre sur les rails lâAccord de Paris sur le climatl Inscrit dans le texte historique adoptĂ© en 2015, lâobjectif de contenir le rĂ©chauffement Ă 2 degrĂ©s Celsius ne cesse de gagner en incertitude.l Le « Sommet de lâambition pour le climat », qui se tient ce samedi, se prĂ©sente comme celui de la derniĂšre chance pour tenir ce cap. De nouveaux engagements des Etats sont attendus.
premier, et pour lâinstant le seul, quiait gravĂ© dans la loi le « zĂ©ro nette Ă©mission ». Le gouvernement bri-tannique, trĂšs ambitieux, vient par ailleurs dâannoncer quâil visait une baisse de ses gaz Ă effet de serre (GES) de 68 % dâici Ă 2030 par rap-port Ă leur niveau de 1990.
Les petits pays, les plus volontairesLes pays de lâUnion europĂ©enne se prĂ©parent Ă lui emboĂźter le pas et Ă lĂ©gifĂ©rer sur une rĂ©duction de ces GES dâau moins 55 % Ă la mĂȘme Ă©chĂ©ance. Le Canada, lui aussi, a annoncĂ© un objectif de neutralitĂ© carbone (pour 2050), aprĂšs la Chine (pour 2060), le Japon et la CorĂ©e du Sud (pour 2050). Les Etats-Unis, avec lâĂ©lection de Joe Biden, sont con-sidĂ©rĂ©s comme faisant partie de ce groupe des 127 Etats qui sont respon-sables de prĂšs des deux tiers des rejets de CO2.
Mais les efforts que tous prĂ©voientde faire ne sont pas Ă la hauteur des enjeux. Le CAT juge insuffisantes et incompatibles avec un rĂ©chauffe-ment de 2 °C les contributions natio-nales â les NDCs (Nationally Deter-
chercher les bons élÚves et aussi de celui des pays les moins avancés (PMA). La Jamaïque a doublé son ambition par rapport à son NDC de 2015. La Colombie va accélérer la baisse programmée de ses émis-sions pour lui faire atteindre 51 % en 2030 (par rapport à 1990).
A lâopposĂ©, la Russie et le BrĂ©silsont au fond de la classe. La politiquemenĂ©e par Moscou « nâest pas du toutalignĂ©e sur les objectifs de long terme de 2 °C », juge Alexandra Deprez. Le pays nâa pas prĂ©vu de rĂ©duire sa pro-duction de gaz et de pĂ©trole. Ce qui vaut Ă sa politique climatique dâĂȘtre qualifiĂ©e dâ« extrĂȘmement insuffi-sante » par le CAT.
Son apprĂ©ciation sur celle menĂ©epar Brasilia est Ă peine moins sĂ©vĂšre,avec la reprise Ă tout va de la dĂ©fores-tation. Le gouvernement a bien annoncĂ© quâil rĂ©viserait sa contribu-tion en vue de diminuer de 43 % ses Ă©missions en 2030. Mais il a condi-tionnĂ© cet engagement au verse-ment dâune aide de 10 milliards de dollars par la communautĂ© interna-tionale en paiement des services Ă©cosystĂ©miques rendus par le mas-sif amazonien. â J. C.
Qui sont les bons et mauvais Ă©lĂšves
Les Etats sont encore loin de mani-fester avec la mĂȘme ferveur leur volontĂ© dâĂ©viter Ă la planĂšte un rĂ©chauffement de plus de 2 °C dâici Ă la fin du siĂšcle. Mais il y a du progrĂšs,et mĂȘme beaucoup. Une majoritĂ© dâentre eux â trĂšs prĂ©cisĂ©ment 127 Etats sur les 197 reconnus par lesNations unies â affichent dĂ©sormais leur intention dâatteindre la neutra-litĂ© carbone, selon le comptage que vient de publier le centre de rĂ©flexion et dâanalyse Climate ActionTracker (CAT).
Câest une vraie avancĂ©e. Sauf querelativement peu de ces pays ont pris officiellement de nouveaux engagements ou les ont relevĂ©s pour atteindre cet objectif. Tant et sibien quâĂ ce stade aucun Etat ne peut faire figure dâĂ©lĂšve modĂšle. Unseul Etat, le Royaume-Uni, est le
Lâobjectif de la neutralitĂ© carbone fait son chemin, mais pas partout. Et les engagements annoncĂ©s par la plupart des 127 pays qui signalent vouloir lâatteindre dans les toutes prochaines dĂ©cennies ne suffiront pas.
Joël Cossardeaux @JolCossardeaux
On sera trĂšs loin, samedi, de lâeupho-rie gĂ©nĂ©rale telle que lâont connue etpartagĂ©e les milliers de participantsĂ la COP21. LâAccord de Paris sur le climat, conclu il y aura exactement cinq ans, ne donne plus autant enviede pavoiser. Dâabord parce que totalement virtuel, Covid-19 et res-pect des distanciations obligent, le « Sommet de lâambition pour le climat », organisĂ© ce mĂȘme jour Ă lâinvitation de la Grande-Bretagne, de la France, de lâItalie, du Chili et des Nations unies, se prĂȘte peu aux effusions. Mais surtout parce que lâaccord historique conclu en 2015 par 196 Etats Ă©veille aujourdâhui bien des craintes. Le principal objectif quâil fixe, celui de limiter Ă 2 °C, au pire du pire, le rĂ©chauffe-ment de la planĂšte dâici Ă la fin du siĂš-cle, sâannonce de plus en plus diffi-cile Ă tenir.
Il suffit pour sâen rendre comptede se plonger dans lâavalanche de rapports qui prĂ©cĂšde ce sommet, comme câest le cas Ă la veille de cha-que COP, les confĂ©rences mondiales pour le climat, dont la 26e Ă©dition, Ă Glasgow, a Ă©tĂ© reportĂ©e Ă dĂ©cem-bre 2021. Le Programme des Nationsunies pour l âenvironnement (PNUE), dans sa derniĂšre livraison, redoute une poussĂ©e du mercure de 3,2 degrĂ©s. Et alors quâil faudrait les rĂ©duire de 7,6 % par an, les Ă©mis-sions de gaz effet de serre (GES) continuent dâaugmenter Ă un rythme affolant. Le volume des rejets de CO2, qui en sont les pre-miers responsables, a crĂ» de 2,6 % en 2019 contre 1,4 % en moyenne paran depuis 2010.
Lâangle mort du Covid-19Une tendance trĂšs fĂącheuse quâil est peu probable de voir brisĂ©e en 2020,mĂȘme si « lâeffet Covid » va indiquer le contraire. DâaprĂšs les estimations que publie ce vendredi le Global Car-bon Project (GCP), un programme de recherche international, les Ă©mis-sions devraient en effet baisser cette annĂ©e de 7 % au niveau mondial. Une chute qui nâimpressionne guĂšreses chercheurs. « Ce nâest pas beau-coup compte tenu de lâarrĂȘt majeur des activitĂ©s liĂ© au premier confine-
ENVIRONNEMENT
« On voit le mur se rapprocher »Propos recueillis parMuryel Jacque
@MuryelJacque
Quel bilan dressez-vous cinq ans aprĂšs lâAccord de Paris ?Nous devrions avoir atteint le pic des Ă©missions mondiales de gaz Ă effet de serre cette annĂ©e. Or, je pense que nous allons rater cet objectif. Pour rester dans la limite fixĂ©e dans lâAccord, en dessous de 2 °C, et laisser ouverte la porte Ă un rĂ©chauffement plus limitĂ© Ă 1,5 °C, ilfaut que le monde les divise par deux dâici Ă 2030. Il y a une ving-taine dâannĂ©es, quand la science Ă©tait moins avancĂ©e et les Ă©mis-sions moins Ă©levĂ©es, lâobjectif Ă©tait de les diviser par deux en 2050⊠On voit le mur se rapprocher. En partie parce que les grands pays Ă©mergents ont nettement aug-mentĂ© leurs Ă©missions, et que le stock de carbone a continuĂ© Ă aug-menter dans lâatmosphĂšre. La dis-cussion dâaujourdâhui est de savoir comment on arrive Ă la neutralitĂ© carbone dâici Ă trente ans. Avec le retard accumulĂ©, les objectifs sont bien plus exigeants car le rythme de rĂ©duction nĂ©cessaire est plus rapide. Depuis cinquante ans, pourtant, les scientifiques alertent et des gouvernements ont perçu le danger Ă partir des annĂ©es 1970, notamment lors de la confĂ©rence de Stockholm. Mais cela fait cin-quante ans quâon traĂźne.
Le contexte politique a Ă©galement Ă©tĂ© trĂšs nĂ©gatifâŠNous avons connu, câest vrai, des hauts et des bas ces cinq derniĂšres annĂ©es. La sortie des Etats-Unis de lâAccord a clairement eu un effet degel de la diplomatie climatique. Des pays comme le BrĂ©sil ont caressĂ© lâidĂ©e de sortir. En Austra-lie, le gouvernement sâest posi-tionnĂ© contre la politique climati-que. On a vu des pays comme le Mexique abandonner les rĂ©formesqui devaient les amener vers une trajectoire meilleure. Sans oublier que la Chine ne sâest pas sentie obli-gĂ©e de modifier sa politique dâinvestissements extĂ©rieurs large-ment consacrĂ©s aux Ă©nergies fossi-les dans les pays de la route de la soie. Cela nâa pas fragilisĂ© lâAccord de Paris en soi, car aucun pays nâa suivi les Etats-Unis, mais, on lâa vu dans tous les sommets, le climat devait entrer par la petite porte, le mot « changement climatique » Ă©tait interdit de sĂ©jour.
Quels sont les espoirs ?MalgrĂ© ces difficultĂ©s politiques majeures, tout cela est en train de se retourner. Depuis cinq ans, beaucoup dâacteurs non gouverne-mentaux â villes, rĂ©gions, entrepri-ses â ont pris lâAccord de Paris comme rĂ©fĂ©rence pour leurs stra-
tĂ©gies. Les investisseurs ont pris conscience des risques les concer-nant si les banques ou les fonds de pension investissaient trop dans des secteurs intensifs en Ă©nergies fossiles ou dans des entreprises quinâavaient pas opĂ©rĂ© le tournant nĂ©cessaire. Ce mouvement Ă©tait sous le radar, il sâest accĂ©lĂ©rĂ© avec les discussions sur le besoin de transformation radicale. A Davos comme dans les analyses de lâAgence internationale de lâĂ©ner-gie, lâidĂ©e que cette Ă©conomie zĂ©ro carbone est le futur sâest imposĂ©e petit Ă petit.
CâĂ©tait lâun des paris de lâAccord en 2015âŠOui, et ce mouvement sâest accĂ©lĂ©rĂ©cette annĂ©e grĂące Ă trois facteurs. Dâabord, lâUnion europĂ©enne a confirmĂ© son engagement dâaller vers des Ă©missions net zĂ©ro en 2050avec le Green Deal comme pro-gramme gĂ©nĂ©ral de transforma-tion de son Ă©conomie. Ensuite, la Chine sâest donnĂ© un objectif de neutralitĂ© carbone en 2060. Enfin, les Ă©lections amĂ©ricaines ont vu, pour la premiĂšre fois, le climat comme une des quatre prioritĂ©s dâun candidat. Tout cela change le momentum politique. Et cette fois, les Ă©volutions du secteur Ă©conomi-que rejoignent ces dĂ©cisions politi-ques de trĂšs haut niveau qui man-quaient. De ce point de vue, je suis dĂ©sormais plus optimiste.
Comment cela se traduit-il pour le climat ?Ce sont des bonnes nouvelles. Avant lâAccord de Paris, nous Ă©tions sur une trajectoire entre 4 et7 °C de rĂ©chauffement climatique. AprĂšs lâAccord, et les premiers plans climat prĂ©sentĂ©s fin 2015, nous nous dirigions vers environ 3 °C. LĂ , les engagements engran-gĂ©s pour lâinstant nous remettent presque sur une trajectoire de 2 °C. Ce nâest pas assez, mais nous som-mes repartis dans une dynamique bien plus positive.
Quel sera lâimpact de la crise engendrĂ©e par le Covid-19 ?Câest difficile Ă dire. Nombre de pays sâengagent toutefois vers une
LAURENCE TUBIANA
Directrice générale de la Fondation européenne sur le climat, et ancienne ambassadrice de la France chargée des négociations sur le changement climatique lors de la COP21
relance plus verte. LâUE va peser lourd car les financements de ses plans de relance vont ĂȘtre plus ou moins fortement conditionnĂ©s. Il faut attendre ce que les Etats-Unis feront, mais des engagements importants ont Ă©tĂ© pris par Joe Biden, ainsi que par le Japon, la CorĂ©e du Sud, la Colombie. Mais il faut que les finances publiques sui-vent, que les investissements aillent dans la bonne direction, et que les banques de dĂ©veloppementstoppent les financements aux Ă©nergies fossiles, comme lâa fait la BEI. En fin de compte, lâAccord de Paris est devenu la rĂ©fĂ©rence pour le secteur Ă©conomique privĂ© comme public, câest la rĂ©fĂ©rence pour les gouvernements et les insti-tutions financiĂšres. Il sert de juge de paix par rapport Ă ce quâil faut faire pour le climat. Il y a un avant etun aprĂšs-Paris.
LâEurope peut-elle rester un leader en matiĂšre de climat ?MĂȘme si les dĂ©mocrates gagnent les deux siĂšges en lice au SĂ©nat en janvier, les Etats-Unis ne pourront pas faire autant, aussi vite que lâEurope. Une coopĂ©ration amĂ©ri-cano-europĂ©enne serait trĂšs bien-venue. Mais il ne faudrait pas se faire trop dâillusion, par exemple, sur la gĂ©nĂ©ralisation dâune taxe car-bone, il y a un appĂ©tit modĂ©rĂ© outre-Atlantique. Le plan de Joe Biden est dâaller vers les outils dontil dispose, dont un changement desrĂ©gulations en matiĂšre de soutien aux renouvelables ou le renforce-ment de lâĂ©lectrification des trans-ports. Il y aurait quelque chose dâintĂ©ressant Ă faire sur lâharmoni-sation de ces rĂ©gulations euro-pĂ©ennes et amĂ©ricaines. Ce mouve-ment vers une Ă©conomie sobre en carbone est un grand champ de coopĂ©ration. On nâimposera rien Ă la Chine. En revanche, la menace de la taxe carbone aux frontiĂšres a son importance. Une discussion entre la Chine, les Etats-Unis et lâEurope va donc sâengager pour savoir si les efforts des uns et des autres sont suffisants. LâEurope doit jouer Ă la fois le rĂŽle de leader etde broker. n
« Depuis cinq ans, beaucoup dâacteurs non gouvernementaux â villes, rĂ©gions, entreprises â ont pris lâAccord de Paris comme rĂ©fĂ©rence pour leurs stratĂ©gies. »
Michel De Grandi @MdeGrandi
« Le compte Ă rebours est enclenchĂ© et notre survie est en jeu», assure Mohamed Nasheed, ancien prĂ©si-dent des Maldives et ambassadeur du Climate Vulnerable Forum, unestructure qui reprĂ©sente un mil-liard de personnes dans 48 pays particuliĂšrement exposĂ©s aux dĂ©rĂšglements climatiques.« Nos pays, en particulier les petits Etats insulaires, seront condamnĂ©s Ă lâextinction, mĂȘme avec une hausse des tempĂ©ratures limitĂ©e Ă + 2 °C, ajoute-t-il. Plus de 1,5 °C nous condamne Ă mort. »
Pour dire lâurgence, les diri-geants du Pacifique ont dĂ©cidĂ© de
se rĂ©unir ce vendredi, de façon vir-tuelle, Ă la veille du sommet coor-ganisĂ© par les Nations unies, le Royaume-Uni et la France. Ras-semblĂ©s au sein du Forum des insulaires du Pacifique (FIP), ils entendent exiger lâadoption dâune politique internationale de lutte contre le changement climatique.
« Assistance climat »Certains de ces insulaires se ran-gent aux cĂŽtĂ©s des pays les moins avancĂ©s (PMA) situĂ©s majoritaire-ment en Asie et en Afrique et qui, aujourdâhui, craignent dâĂȘtre les laissĂ©s pour compte de la lutte contre le dĂ©rĂšglement climatique. ConfrontĂ©s Ă un avenir sombre, marquĂ© par des sĂ©cheresses de plus en plus dures, des cyclones chaque fois plus violents, des mĂ©ga-incendies ou des pluies dilu-viennes qui ravagent leurs cultu-res, ces pays pauvres ne cessent de rappeler les riches Ă leur promessefaite en 2009 Ă la confĂ©rence de Copenhague de porter Ă 100 mil-liards de dollars par an dĂšs 2020
leur « assistance climat » pour les aider Ă faire face aux consĂ©quencesdu changement climatique. Non seulement il manque encore 21,1 milliards de dollars, mais les efforts ont tendance Ă ralentir. AprĂšs + 22 % en 2017, ils nâont pro-gressĂ© que de 11 % lâannĂ©e suivante.
« Des efforts ont Ă©tĂ© faits, mais ilsne sont pas Ă la hauteur des besoins et lâhorloge climatique tourne », explique Alexandre Magnan, cher-cheur Ă lâInstitut du dĂ©veloppe-ment durable et des relations inter-n a t i o n a l e s ( I d d r i ) . C e q u e dĂ©plorent les pays les moins avan-cĂ©s, dĂ©jĂ particuliĂšrement touchĂ©s par la pandĂ©mie de Covid-19 qui a gommĂ© des dĂ©cennies de crĂ©ation de richesse, câest le « manque dâaction massive » au moment oĂč lâurgence climatique ne fait que sâintensifier. Or, ces PMA se trou-vent aux avant-postes des change-ments : « La zone intertropicale est trĂšs active au niveau des phĂ©nomĂš-nes climatiques. Câest lĂ que se mani-festent en premier les effets du dĂ©rĂš-glement », explique le chercheur. n
Les pays les plus pauvres réclament une action massiveLes pays les moins avancés, confrontés à des phénomÚnes climatiques de plus en plus violents, rappellent les Etats riches à leurs promesses : 100 milliards de dollars par an.
ment », indique lâun eux. Illustration par lâabsurde de lâĂ©normitĂ© de lâĂ©cart Ă combler pour arriver aux 2 degrĂ©s,« il faudrait, au point oĂč nous en som-mes aujourdâhui, un Covid tous les deux ans », indique un expert.
A plus forte raison, les Etats, quisâemploient Ă Ă©teindre la pandĂ©mie, vont donc devoir relever beaucoup plus les manches quâils ne lâont jamais fait. Alors que lâAccord de Paris les invite Ă revoir leur « niveau dâambition » dans ce domaine tous les cinq ans, trop peu lâont encore fait, notamment du cĂŽtĂ© des pays quisont les plus Ă©metteurs, comme la Chine. Le « Sommet de lâambition pour le climat » va donner lâoccasionaux quelque 80 chefs dâEtat et de gouvernement dâannoncer formel-
La pression de lâopinion nâa fait quâaller crescendo depuis cinq ans.
Nations unies sur le changement climatique. Le retour serait effec-tif un mois plus tard, et les Etats-Unis, qui reprĂ©sentent prĂšs de 15 %des Ă©missions mondiales, auront Ă soumettre un nouvel engage-ment Ă lâhorizon 2030. Avant le mandat Trump, Washington sâĂ©tait engagĂ© Ă rĂ©duire les Ă©mis-sions de gaz Ă effet de serre de 26 Ă 28 % Ă lâhorizon 2025, par rapportau niveau de 2005.
Chute du charbonLes Ă©missions totales de gaz Ă effetde serre avaient baissĂ© de 10,2 % en2018 par rapport Ă 2005 aux Etats-Unis, selon l â inventaire de lâAgence amĂ©ricaine de protec-tion de lâenvironnement (EPA). Avec la pandĂ©mie, qui a clouĂ© au sol les avions et rĂ©duit les consom-mations, les Ă©missions de CO2 liĂ©es Ă lâĂ©nergie devraient baisser de 11 % cette annĂ©e, selon les prĂ©vi-sions de lâAgence amĂ©ricaine dâinformation sur lâĂ©nergie (EIA).
ChassĂ© par le gaz, moins cherpour produire de lâĂ©lectricitĂ©, le charbon, combustible le plus pol-luant, connaĂźt une chute structu-relle. Avec le rebond de lâactivitĂ© prĂ©vu lâan prochain, les Ă©missions deCO2 liĂ©es au secteur de lâĂ©nergie seraient infĂ©rieures dâenviron 15 % par rapport Ă 2005, selon lâEIA.
Pour « rĂ©engager » les Etats-Unis,Joe Biden a dĂ©jĂ multipliĂ© les sym-boles : lâancien secrĂ©taire dâEtat JohnKerry, qui avait signĂ© lâAccord de Paris avec sa petite-fille sur les genoux, sera le premier reprĂ©sen-tant prĂ©sidentiel sur le climat et il sera membre du Conseil de sĂ©curitĂ© nationale.
Fin novembre, il a rappelĂ© lanĂ©cessitĂ© de la coopĂ©ration. « Lors dela rĂ©union mondiale de Glasgow, dansun an, toutes les nations devront fairepreuve dâambition ensemble, sinon nous Ă©chouerons tous ensemble », a-t-il jugĂ©. Un coordinateur de la politique climatique doit aussi ĂȘtre nommĂ© en dĂ©cembre.
Durant les cent premiers jours deson mandat, Joe Biden a promis de convo quer un sommet p our « convaincre les plus grands Ă©met-teurs de prendre des engagements supplĂ©mentaires » sur leurs objec-tifs. Et dâadopter lâamendement de Kigali au protocole de MontrĂ©al, pour donner « un nouvel Ă©lan » Ă la lutte contre les hydrofluorocarbu-res, un gaz Ă effet de serre puissant.
ZĂ©ro Ă©mission en 2050Le prĂ©sident Ă©lu a affichĂ© dans son programme lâambition dâarriver Ă une Ă©conomie « zĂ©ro Ă©mission » Ă lâhorizon 2050 et Ă©voquĂ© une forme de taxe carbone sur les biens Ă forte intensitĂ© de carbone « provenant de pays qui ne respectent pas leurs obli-gations climatiques et environne-mentales ». Il entend aussi mettre la pression sur la Chine et notamment son financement des pays des « nou-velles routes de la soie ».
Les feux de forĂȘt Ă rĂ©pĂ©tition enCalifornie et les ouragans semblent
avoir convaincu une partie de la population que lâEtat doit en faire davantage contre le dĂ©rĂšglement cli-matique, selon une Ă©tude de Pew Research. Mais le programme « vert » dĂ©mocrate Ă 2.000 milliards de dollars risque toutefois de se retrouver rapidement bloquĂ© par unCongrĂšs peu coopĂ©ratif si le SĂ©nat conserve la majoritĂ© rĂ©publicaine.
Parmi ses grands chantiers, JoeBiden veut rĂ©duire lâempreinte car-bone des bĂątiments existants de moitiĂ© dâici Ă 2035, dĂ©velopper les digesteurs de mĂ©thane dans lâagri-culture, densifier lâhabitat urbain, dĂ©velopper le rail. Le dĂ©mocrate veut aussi crĂ©er une nouvelle agence, Arpa-C, qui identifierait des projets rĂ©alisables Ă des coĂ»ts com-pĂ©titifs dans le stockage dâĂ©nergie, les petits rĂ©acteurs nuclĂ©aires ou lâair conditionnĂ© sans impact sur le climat. Il entend pour cela sâappuyersur le rĂ©seau des quatre cents mairesqui avaient dĂ©fiĂ© Donald Trump sur la sortie de lâAccord de Paris. n
Joe Biden promet un retour ambitieux des Etats-Unis
VĂ©ronique Le Billon @VLeBillon
âBureau de New York
Donald Trump en est sorti, Joe Biden a promis dây revenir « au pre-mier jour » de la nouvelle adminis-tration, et pour agir. Le prĂ©sident Ă©lu, qui entrera en fonction le 20 janvier prochain, a fait du retour des Etats-Unis dans lâAccord de Paris pour le climat lâundes marqueurs de la campagne.
Pour rĂ©intĂ©grer lâAccord, dontles Etats-Unis sont officiellement sortis le 4 novembre (un an aprĂšs lanotification du retrait par Donald Trump), Washington va devoir en informer la Convention-cadre des
AprĂšs le retrait ordonnĂ© par Donald Trump, le prĂ©sident Ă©lu amĂ©ricain sâest engagĂ© Ă revenir dans lâAccord de Paris « au premier jour » de la nouvelle administration.
veau souffle Ă lâAccord de Paris, recevant les fĂ©licitations de la communautĂ© internationale et infligeant un camouflet au clima-tosceptique Donald Trump. Lâengagement chinois, sâil Ă©tait tenu, mettrait lâobjectif de limiter le rĂ©chauffement climatique pla-nĂ©taire Ă 1,5 °C Ă la portĂ©e du monde.
Lâeffet dâannonce digĂ©rĂ©, lemonde attend dĂ©sormais de savoir comment le gĂ©ant asiati-que, dont lâaddiction au charbon est forte, va mettre en musique cette nouvelle ambition. « Si la Chine se contente le 12 dĂ©cembre de rĂ©pĂ©ter ce qui a Ă©tĂ© dit Ă lâONU en septembre, cela soulĂšvera beau-coup de questions sur la crĂ©dibilitĂ© de son objectif de long terme », prĂ©-vient Li Shuo, responsable du cli-mat Ă Greenpeace China.
Atteindre la neutralité carboneen 2060 implique une transfor-mation complÚte de la deuxiÚme économie mondiale, qui ne peut souffrir le moindre retard. Or
« lâobjectif de court terme est vraimenttrop modeste et ne traduit pas une forte ambition pour les annĂ©es Ă venir », poursuit Li Shuo.
Engagements tenusXi Jinping sâest engagĂ©, devant les Nations unies, Ă ce que la Chine par-vienne Ă un pic de ses Ă©missions de CO2 « avant » 2030, et non plus « autour » de 2030 comme promis Ă Paris. Cette petite avancĂ©e a Ă©tĂ© jugĂ©etrop modeste par les experts envi-ronnementaux, certains scientifi-ques anticipant le pic au plus tĂŽt en 2025, dâautres estimant mĂȘme quâil est dĂ©jĂ atteint.
A lâoccasion de la COP21, la ChinesâĂ©tait Ă©galement engagĂ©e Ă rĂ©duire les Ă©missions de CO2 par unitĂ© de PIBde 60 % Ă 65 % dâici Ă 2030 et Ă aug-menter la part des Ă©nergies non fos-siles Ă 20 % de la consommation dâĂ©nergie. « La Chine est en bonne voiepour atteindre ces trois objectifs, voireles dĂ©passer », constate Li Shuo. De fait, la Chine est en avance sur son plan de route : avec une rĂ©duction de
croissance industrielle Ă tout prix. Une premiĂšre partie de la feuille de route doit ĂȘtre dĂ©voilĂ©e dans le 14e plan quinquennal couvrant la pĂ©riode 2021-2025.
Le charbon reprĂ©sentait encore,lâan dernier, 57,7 % du bilan Ă©nergĂ©ti-que chinois. Et la Chine est soupçon-nĂ©e de vouloir donner un coup dâaccĂ©lĂ©rateur Ă la production de charbon pour relancer son Ă©cono-mie. Selon un rapport publiĂ© cet Ă©tĂ©, le pays a augmentĂ© de 21 % ses pro-jets de centrales au charbon au pre-mier semestre. La Chine investit par ailleurs dans de nombreuses centra-les Ă charbon Ă lâĂ©tranger.
RĂ©agissant Ă lâengagement de XiJinping pour 2060, le Centre de recherche sur lâĂ©nergie et lâair pur (CREA), basĂ© Ă Helsinki, a appelĂ© PĂ©kin Ă tirer un trait sur toutes les nouvelles centrales au charbon pla-nifiĂ©es Ă partir de 2020 et Ă doubler lacroissance de lâĂ©olien et du solaire lors des dix prochaines annĂ©es. La longue marche vers la neutralitĂ© carbone ne fait que commencer. n
Le nouveau souffle donné par les objectifs climatiques chinois
Frédéric Schaeffer fr_schaeffer
âCorrespondant Ă PĂ©kin
Cinq aprĂšs lâadoption de lâAccord de Paris, la Chine va-t-elle Ă nou-veau surprendre en relevant ses objectifs climatiques de court terme pour les harmoniser avec ceux de long terme ? Son prĂ©si-dent, Xi Jinping, avait crĂ©Ă© la sur-prise, le 22 septembre Ă lâAssem-blĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies enannonçant un objectif de neutra-litĂ© carbone Ă horizon 2060.
La Chine, premier Ă©metteur degaz Ă effet de serre au monde (28 % des Ă©missions globales), redonnait lĂ un immense nou-
Xi Jinping a créé la sur-prise avec une ambition de neutralité carbone à horizon 2060. Mais la Chine doit maintenant accorder ses objectifs climatiques de court et long terme.
lâintensitĂ© de carbone de 48 % fin 2019, la Chine a dĂ©passĂ© son objectif de 2020 (40 % Ă 45 %) quâelle sâĂ©tait fixĂ© Ă Copenhague en 2009.
LâĂ©chec de ce sommet avait en par-tie Ă©tĂ© imputĂ© Ă la Chine, ayant refusĂ©tout objectif contraignant et sâĂ©tant opposĂ©e Ă toute mesure de vĂ©rifica-tion de lâapplication de lâaccord. De « bad boy » du climat en 2009, la Chine sâest muĂ©e en leader prudent lors de la confĂ©rence de Paris. Lâengagement de Xi Jinping pour 2060 est une nouvelle Ă©tape, mais demande Ă ĂȘtre confirmĂ© par des mesures concrĂštes et radicales dans un pays qui a longtemps privilĂ©giĂ© la
De « bad boy » du climat en 2009, la Chine sâest muĂ©e en leader prudent lors de la ConfĂ©rence de Paris.
mined Contributions) dans le jargononusien â annoncĂ©es en 2015 par les pays dâEurope, mais aussi par les Etats-Unis et le Canada. La Chine nâest pas au niveau non plus. « Pour lâĂȘtre, il faudrait dĂ©jĂ quâelle com-mence par ne plus ouvrir de centrales au charbon », commente un expert.
A ce jour, 129 pays ont fait connaĂź-tre leur intention de revoir leur NDCs. « Le problĂšme est que lâon ne sait pas quand ils le feront dâici Ă la COP26, fin 2021 », explique Alexan-dra Deprez, chercheuse Ă lâInstitut du dĂ©veloppement durable et des relations internationales (Iddri). Surce total, seuls 16 Etats ont effective-ment rĂ©Ă©valuĂ© leur contribution, dont le Chili, le Surinam, la NorvĂšge,Andorre ou encore la Mongolie. Câest plutĂŽt de ce cĂŽtĂ©-lĂ quâil faut
55 %LA RĂDUCTIONdes gaz Ă effet de serre, par rapport Ă leur niveau de 1990, que lâUnion europĂ©enne espĂšre atteindre dâici Ă 2030.
LE COMMENTAIRE
de Jean-Philippe Delsol
D ans le classement QS WorldUniversity Rankings, seulesdeux universités publiques
françaises sont présentes dans le Top 200, contre douze universités en Allemagne, 26 au Royaume-Uni et 45 aux Etats-Unis. La France est au onziÚme rang mondial aux cÎtésde pays beaucoup plus petits, comme la SuÚde. Et 30 % seulementdes étudiants décrochent leur licence en trois ans, 56 % y échouenten premiÚre année (2018).
MalgrĂ© ces chiffres alarmants, lamoindre rĂ©forme universitaire se heurte Ă la fronde du monde ensei-gnant, qui, aujourdâhui, gronde contre un amendement Ă la loi de programmation de la recherche permettant de dĂ©roger, provisoire-ment, Ă la qualification exclusive par le Conseil national des universi-tĂ©s (CNU) des candidats aux fonc-
tions de maĂźtre de confĂ©rences et deprofesseur. Ceux-ci critiquent un vote emportĂ© Ă la sauvette, mais plus encore, ils craignent une frag-mentation de lâuniversitĂ© française et une baisse de qualitĂ©, sâinquiĂštentde possibles dĂ©rives dans les recru-tements⊠Ils redoutent surtout la concurrence et une perte Ă©ven-tuelle de leur statut corporatif.
La bonne idĂ©e de cet amende-ment honni est de permettre aux universitĂ©s de recruter des profils diffĂ©rents, de les faire sortir de leur entre-soi et dâamĂ©liorer la qualitĂ© etla diversitĂ© des Ă©changes universi-taires, de favoriser ainsi leur vitalitĂ©.Il est vrai que le risque de recrute-ments locaux de complaisance existera Ă dĂ©faut de compĂ©tition entre elles. Cette ouverture du recrutement en dehors du CNU nâa de sens que si elle est une rĂ©forme
nombreuses sont ceux ayant les meilleures universitĂ©s et le taux de diplĂŽmĂ©s le plus Ă©levĂ© : CorĂ©e du Sud, Canada, Japon, Australie, Royaume-Uni, Etats-Unis, Pays-Bas⊠Les universitĂ©s nây excluent pas les plus modestes parce quâellesdĂ©veloppent des bourses, des jobs Ă©tudiants et des partenariats avec des entreprises, des prĂȘts Ă©tu-diants⊠A titre dâexemple, 38 % des Ă©tudiants du MIT ne rĂšglent aucun frais de scolaritĂ©.
La recherche y gagnerait aussi,car la libertĂ© des chercheurs est le gage de leur crĂ©ativitĂ© et de leur fĂ©conditĂ©, au lieu de soumettre toute la recherche publique fran-çaise aux fourches Caudines dâune unique Agence nationale de la recherche, lâANR. Dans le classe-ment QS prĂ©citĂ©, les critĂšres de qua-litĂ©s acadĂ©miques, incluant la
recherche, sont les plus importantset les huit premiers pays du classe-ment sont ceux dont le secteur privéuniversitaire est le plus important.
LâexpĂ©rience vĂ©cue dans lesfacultĂ©s libres existantes dĂ©montre que des Ă©tablissements privĂ©s peu-vent utilement contribuer Ă la for-mation des Ă©tudiants et que la pos-sibilitĂ© de crĂ©er de nouvelles universitĂ©s libres, ou lâautorisation donnĂ©e aux Ă©tablissements publics qui le souhaiteraient dâopter pour un statut dâuniversitĂ© libre, pourraitredonner au systĂšme universitaire français la force et le rayonnement quâil mĂ©rite. Osons aller au bout de nos rĂ©formes.
Jean-Philippe Delsol est avocat, prĂ©sident de lâInstitut de recherches Ă©conomiques et fiscales (Iref).
de prĂ©mices vers la possibilitĂ© pourchaque universitĂ© publique ou pri-vĂ©e dâacquĂ©rir son autonomie, de dĂ©livrer ses propres diplĂŽmes dans le respect des normes europĂ©ennes.
Certes, les universitĂ©s devien-draient alors payantes. Avant de sâen alarmer, il faut constater, comme lâobserve une Ă©tude de lâIns-titut de recherches Ă©conomiques et fiscales (Iref), que les pays oĂč les universitĂ©s privĂ©es sont les plus
La France est au11e rang mondial.
Et 30 % seulement des étudiants décrochent leur licence en trois ans,
Comment faire des universités françaises les meilleures du monde ?
Pourquoi le Covid-19 ne sauvera pas lâAccord de Paris
Muryel Jacque @muryel-jacques
Dans la lutte contre le dĂ©rĂšglement climatique, la pandĂ©mie de Covid-19a permis un test grandeur nature quâon aurait prĂ©fĂ©rĂ© inenvisageable. En mars, prĂšs de la moitiĂ© de lâhuma-nitĂ© sâest cloĂźtrĂ©e, et lâactivitĂ© Ă©cono-mique sâest vu infliger un coup dâarrĂȘt abrupt, inĂ©dit en temps de paix. RĂ©sultat, les Ă©missions de gaz Ă effet de serre (GES), et de CO2 en par-ticulier, ont immĂ©diatement chutĂ©. Au pic du confinement planĂ©taire, les scientifiques ont enregistrĂ© une baisse de 17 % en moyenne. Lâimpactsâest rĂ©vĂ©lĂ© dĂ©jĂ beaucoup moins netlors du reconfinement, moins strict et plus dĂ©calĂ© autour du globe. Sur-tout, entre les deux, les Ă©missions ont vite repris un bon rythme, quâelles soient liĂ©es Ă la gĂ©nĂ©ration dâĂ©lectricitĂ© (au charbon, au gaz, avant tout), aux transports, Ă lâindus-trie, aux bĂątiments (rĂ©sidentiels et commerciaux) ou Ă lâagriculture, les grands secteurs Ă©metteurs.
Avec un choc incroyable, dâuneviolence rare Ă©conomiquement et socialement, les Ă©missions mondia-les ne devraient diminuer que de 5 %environ cette annĂ©e, dâaprĂšs les don-nĂ©es quotidiennes en temps quasi rĂ©el de Carbon Monitor. La doulou-reuse preuve par lâexemple que la solution nâest pas lĂ , dans un arrĂȘt forcĂ© de nos Ă©conomies, dans lâĂ©qui-valent dâun Covid-19 par an pendant des dĂ©cennies, puisque le Giec estime que, pour limiter la hausse detempĂ©rature Ă 1,5 °C (par rapport Ă lâĂšre prĂ©industrielle), les Ă©missions anthropiques devraient baisser dâenviron 45 % entre 2010 et 2030, devenant Ă©gales Ă zĂ©ro vers 2050.
Pis, cela nâa rien changĂ© auxconcentrations de CO2, qui conti-nuent Ă augmenter. Le dioxyde de carbone, gaz stable, Ă longue durĂ©e de vie, demeure pendant des siĂšclesdans lâatmosphĂšre, et encore plus longtemps dans lâocĂ©an, a rappelĂ© ce mois-ci lâorganisation mĂ©tĂ©oro-
logique mondiale. Rien nâavait bougĂ© depuis dix mille ans, jusquâĂ lâindustrialisation. Aujourdâhui, il y a quatre fois plus de CO2 dans lâatmosphĂšre que dans les annĂ©es 1960 et dix fois plus quâau dĂ©but desĂ©missions humaines. La derniĂšre fois que la Terre a connu une teneuren CO2 comparable, câĂ©tait il y a entre trois et cinq millions dâannĂ©es.Et encore les puits de carbone natu-rels que sont la vĂ©gĂ©tation et les ocĂ©ans arrivent-ils Ă absorber la moitiĂ© des Ă©missions.
En clair, sâagissant des concentra-tions qui rĂ©sultent des Ă©missions passĂ©es et actuelles, accumulĂ©es et entraĂźnant le rĂ©chauffement clima-tique, la situation est irrĂ©versible. « Le nettoyage dâexcĂšs de CO2 par la Terre ne se fera pas Ă lâĂ©chelle humaine, explique Philippe Ciais, directeur de recherche au Labora-toire des sciences du climat et de lâenvironnement. Au bout de mille ans, il en restera encore 20 %. » La cli-matologue Corinne Le QuĂ©rĂ© le confirme : « On ne reviendra jamais aux niveaux prĂ©industriels. »
Ce que nous pouvons faire, enrevanche, câest « stabiliser le cli-mat », si nous parvenons Ă la neu-tralitĂ© carbone dâici Ă 2050 dans le cadre de lâAccord de Paris. Tant quenous ne lâaurons pas atteinte, nous continuerons Ă rĂ©chauffer lâatmos-phĂšre. Cela passe par la dĂ©carbona-tion de lâĂ©conomie mondiale, donc de lâĂ©nergie produite mais aussi uti-lisĂ©e dans les transports, les indus-tries, les bĂątiments, etc., Ă©nergie quireste aujourdâhui trĂšs dĂ©pendante des hydrocarbures. PrĂšs des trois quarts des Ă©missions de GES pro-viennent des besoins en Ă©nergie.
Lâan dernier, les Ă©missions duG20, les 20 Ă©conomies les plus avan-cĂ©es, ont reculĂ© de 0,1 %. Une pre-miĂšre en lâabsence de choc externe,mais on est encore loin du compte. Pour lâheure, les efforts Ă faire demeurent gigantesques. « Nous sommes face Ă un problĂšme que nousavons crĂ©Ă© et qui sera incomparable-
ment plus durable que le Covid », prĂ©-vient le climatologue HervĂ© Le Treut. En lâĂ©tat actuel des dĂ©clara-tions faites par les pays qui ont signĂ©lâAccord de Paris, les pronostics donnent un rĂ©chauffement Ă +3 °C. Toutefois, outre lâUnion euro-pĂ©enne qui entend se montrer net-tement plus ambitieuse, les annon-ces rĂ©centes des deux plus grands Ă©metteurs donnent de lâespoir, avec la Chine qui vise la neutralitĂ© car-bone en 2060 et le retour annoncĂ©
des Etats-Unis dans lâAccord.Surtout, lâargent public ne man-
que pas en ce moment. Un article paru en octobre dans la revue « Science » montre lâimpact poten-tiel que les plans de relance actuels pourraient avoir pour basculer versun systĂšme Ă©nergĂ©tique bas car-bone. Bien quâune telle transforma-tion nĂ©cessite un large Ă©ventail de mesures politiques pour se concrĂ©-tiser, prĂ©cisent ses auteurs, si seule-ment une fraction des plus de
12.000 milliards de dollars que les gouvernements du monde entier comptent mettre sur la table pour enrayer la crise liĂ©e au Covid-19 Ă©taient consacrĂ©s Ă la dĂ©carbona-tion au cours des cinq prochaines annĂ©es, ce serait suffisant pour remettre le monde sur des rails compatibles avec lâAccord de Paris. A condition que ces investisse-ments soient accompagnĂ©s dâun dĂ©sinvestissement important des Ă©nergies fossiles. n
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LâANALYSE DE LA RĂDACTION Bien que la planĂšte ait vĂ©cu deux confine-ments successifs en 2020, avec des Ă©conomies Ă lâarrĂȘt ou sĂ©vĂšrement ralenties, la baisse des Ă©mis-sions de gaz Ă effet de serre a Ă©tĂ© mo-deste et, surtout, la concentration de CO2 dans lâatmosphĂšre nâa jamais Ă©tĂ© aussi importante. Explications.
DLes points Ă retenir
âąMĂȘme aprĂšs un choc Ă©conomique et social inouĂŻ, les Ă©missions mondiales de gaz Ă effet de serre ne devraient diminuer que de 5 % cette annĂ©e.âąEn termes de rĂ©chauffement climatique, la situation est irrĂ©versible.âąReste la possibilitĂ© de stabiliser la situation en visant la neutralitĂ© carbone dâici Ă 2050.âąDâautant que lâargent public ne manque pas et que les plans de relance incluent un systĂšme Ă©nergĂ©tique bas carbone.âąAux diffĂ©rents Etats maintenant Ă se re-mettre sur les rails des Accords de Paris.
10 // Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos
idées&débats
Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 IDEES & DEBATS // 11
opinionsLâintolĂ©rable retour de la famine dans le monde
sans comparaison. Dans beaucoup de pays en dĂ©veloppement, une majoritĂ© des familles (deux tiers au Nigeria ou auGabon) devront sauter un repas, selon la Banque mondiale. La raison, outre lachute de revenu, est le prix des denrĂ©es devenu trĂšs Ă©levĂ© par la mauvaise qua-litĂ©, ou les cassures, des chaĂźnes dâapprovisionnement : un simple plat de riz ou de haricots atteint 185 % du revenu moyen quotidien au Soudan du Sud, calcule le PAM, qui ajoute quâĂ ce prix-lĂ un mĂȘme plat coĂ»terait 400 dol-lars aux Etats-Unis. LâannĂ©e 2021, prĂ©-vient David Beasley, verra des millions dâenfants supplĂ©mentaires ne pas aller Ă lâĂ©cole y recevoir ce qui Ă©tait souvent leur seul repas. Lâexode rural pour cause de famine va se multiplier, mais les banlieues des mĂ©tropoles sont dĂ©jĂ dĂ©stabilisĂ©es par le chĂŽmage de masse et privĂ©es de nourriture par la paralysiedes marchĂ©s.
Les pays en dĂ©veloppement ne peu-vent comme au nord accroĂźtre les dis-tributions alimentaires parce quâils affrontent une double crise financiĂšre. Ils sont privĂ©s des envois dâargent des Ă©migrĂ©s et les emprunts supplĂ©mentai-res Ă faible taux comme au nord leur sont interdits. Le G20 mobilisĂ© pour effacer les dettes des pays les plus pau-vres, comme le proposent la France et dâautres, nâa accordĂ© quâun dĂ©lai de paiement de quelques mois. LâĂ©cono-miste Esther Duflo, prix Nobel elle aussi, parle de cet aveuglement Ă©goĂŻste des pays dĂ©veloppĂ©s comme dâune « honte ». La crise, le nationalisme, le populisme, le rapetissement des esprits politiques conduisent Ă se dĂ©sintĂ©resser de ce quâon appelait naguĂšre le tiers-monde. Les causes qui mobilisaient alors, comme la faim aprĂšs la guerre du Biafra Ă la fin des annĂ©es 1960, nâapparaissent dans plus aucun programme politique, y com-pris dans ceux de gauche et dâextrĂȘme gauche.
Eric Le Boucher est éditorialiste aux « Echos ».
derniĂšres dĂ©cennies Ă©taient dâailleurs notables, lâobjectif onusien de suppri-mer la faim dans dix ans Ă©tait Ă portĂ©e de main. La famine tue encore mais lâhumanitĂ© dispose des moyens de lâĂ©ra-diquer.
Depuis 2014, le retour des conflits ainversé la courbe. Soixante millions de personnes supplémentaires souffrent de la faim, notamment dans quatre régions, le Soudan du Sud, le sud-est duNigeria, le Yémen, le Burkina Faso. La crise économique entraßnée par le Covid aura des conséquences plus générales et encore plus désastreuses. Si les pays en développement sont
mĂ©dicalement moins touchĂ©s, sans doute parce que le virus aime les tempĂ©-ratures basses, leurs Ă©conomies le sont tout autant ou plus. La Banque mon-diale a calculĂ© que 60 % des foyers dans68 pays du Sud verront leurs salaires baisser cette annĂ©e. On a vu aux Etats-Unis des longues files de voitures venir chercher les bons alimentaires, les 5 milliards dĂ©bloquĂ©s par le gouverne-ment sont dâailleurs Ă©puisĂ©s. On voit en France exploser le nombre de repas dis-tribuĂ©s par les Restos du cĆur. La faim est partout. Mais, dans des proportions
Le G20 mobilisĂ© pour effacer les dettes des pays les plus pauvres nâa accordĂ© quâun dĂ©lai de paiement de quelques mois.
La crise, le nationalisme, le populisme, le rapetissement des esprits politiques conduisent Ă se dĂ©sintĂ©resser de ce quâon appelait naguĂšre le tiers-monde.
Parmi les objectifs du millĂ©naire de lâONU, celui dâĂ©liminer la faim en 2030 semblait le plus facile Ă atteindre. Mais, depuis 2014, le retour des conflits a inversĂ© la courbe. Et en raison de la pandĂ©mie 135 millions de personnes supplĂ©mentaires seront touchĂ©es par la famine.
DANS LA PRESSEĂTRANGĂRE
⹠« Je ne mâattendais pas Ă ce que le gouverne-ment nous tue. » Ashenafi Hailu, un ressor-tissant du TigrĂ©, une province Ă©thiopienne attaquĂ©e au nom de lâunitĂ© de lâEthiopie parlâarmĂ©e rĂ©guliĂšre et des milices progouver-nementales, a survĂ©cu par miracle Ă une pendaison.
Il raconte son incroyable histoire au« New York Times », qui a recueilli dâautres tĂ©moignages de rĂ©fugiĂ©s. Ashenafi sâest rĂ©veillĂ© aprĂšs sa pendaison Ă cĂŽtĂ© dâun char-nier comprenant mĂȘme des enfants.
Comme des douzaines dâautres, il a fuison pays pour se rĂ©fugier dans un camp au Soudan, Ă Hamdayet. PrĂšs de 500.000 Ethiopiens ont ainsi fui, dans ce qui a Ă©tĂ© dĂ©crit par les Nations unies comme « le pireexode » dâEthiopie depuis plus de vingt ans.
Risque dâextension du conflitLeurs rĂ©cits, souligne le quotidien new-yor-kais, apportent un dĂ©menti aux affirma-tions rĂ©pĂ©tĂ©es dâAbiy Ahmed, selon lequel aucun civil nâa Ă©tĂ© tuĂ©.
Les TigrĂ©ens interrogĂ©s par le « Times »affirment au contraire ĂȘtre pris entre les
bombardements sans distinction de lâarmĂ©e rĂ©guliĂšre et une campagne de meurtres, de viols et de pillages des milices liĂ©es au gouvernement dâAddis-Abeba. Plu-sieurs ont affirmĂ© au journal quâils avaient vu des douzaines de corps le long des routesempruntĂ©es pour fuir.
Le risque dâune extension du conflit auxpays voisins, au Soudan et Ă lâErythrĂ©e, est en plus immense alors quâil est en train de dĂ©gĂ©nĂ©rer dans une guĂ©rilla qui menace dedĂ©stabiliser lâEthiopie et toute la Corne de lâAfrique.
En tout cas, nombre de TigrĂ©ens accu-sent les dirigeants politiques, et particuliĂš-rement Abiy Ahmed, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2019 pour son action visant Ă mettre fin au conflit en ErythrĂ©e, dâĂȘtre les responsables de ce conflit.
On peut se demander si le comitĂ© duNobel retirera son prix au Premier ministre.â J. H.-R.
Ethiopie : quand la mort rĂŽde
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C ertains se mobilisent pour leclimat Ă la fin du siĂšcle, dâautresse dĂ©sespĂšrent de ne pouvoir
boucler leur fin de mois. Les mĂ©dias despays riches parlent dâeux en continu. Dans les pays pauvres, des millions dâĂȘtres humains se couchent sans avoirmangĂ© Ă la fin de la journĂ©e dans un silence mĂ©diatique et politique presquetotal. La Terre compte encore 690 mil-lions de mal-nourris (8,9 % de la popu-lation mondiale) dont 140 millions dâaffamĂ©s et dont 7 millions meurent encore par an.
Le Programme alimentaire mondial(PAM) a reçu, jeudi 10 dĂ©cembre, le prixNobel de la paix 2020, Ă distance Ă cause du Covid. Son directeur exĂ©cutif, David Beasley, a alertĂ© : la pandĂ©mie double les besoins alors quâelle bloque le transport des aides, en consĂ©quence 135 millions de personnes supplĂ©men-taires seront touchĂ©es par la famine. Elle pourrait lâan prochain atteindre « des proportions bibliques ». Il a besoinde 5 milliards de dollars pour boucler son budget 2020 et de 15 milliards lâan prochain, il tend la main aux Etats et aux milliardaires mĂ©cĂšnes.
Parmi les objectifs du millĂ©naire delâONU â vaincre la pauvretĂ©, permettre Ă tous les enfants dâaller Ă lâĂ©cole, don-ner lâaccĂšs Ă tous Ă une eau propre⊠â, celui dâĂ©liminer la faim en 2030 sem-blait le plus facile Ă atteindre. Dâabord en permettant Ă toute famille de sâauto-alimenter ou, Ă dĂ©faut, de recevoir des aides. Il y a de la nourriture en excĂšs, des moyens de transport, des organisa-tions gĂ©nĂ©reuses publiques et privĂ©es, et les sommes dâargent Ă mobiliser sonttrouvables, quelques dizaines milliardsde dollars. Les progrĂšs enregistrĂ©s ces
LA CHRONIQUEdâ Eric Le Boucher
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LA REVUEDU JOUR
Europe et chocs sino-américains
LE DOSSIER LâInstitut français des relations internationales (Ifri) a fĂȘtĂ© ses quarante ans lâan dernier. A cette occasion sâest tenue, sous le haut patronage du prĂ©sident de la RĂ©publique, une confĂ©rence exceptionnelle Ă la Sorbonne. Des intervenants prestigieux, de diffĂ©rents milieux (Bruno Le Maire, Jean-Paul Agon, Christine Ockrent), ont traitĂ© des perspectives dâun continent europĂ©en, dont les desseins et destins sont façonnĂ©s par de nouvelles rĂ©alitĂ©s. Les prochaines dĂ©cennies seront dominĂ©es par la volontĂ© de la Chine de devenir la premiĂšre puissance mondiale, tandis que les Etats-Unis feront tout pour conserver ce rang. DâoĂč des mutations et tensions sur le projet europĂ©en lui-mĂȘme, de nouvelles alliances gĂ©opolitiques, de nouvelles menaces. Celles-ci relĂšvent de la cybersphĂšre, mais aussi de nouveaux protectionnismes.
LA PUBLICATION CrĂ©Ă©e en 1936, « Politique Ă©trangĂšre » est publiĂ©e depuis 1979 par lâIfri. Cette livraison spĂ©ciale du trimestriel, bilingue (en français et en anglais, sans chinois), a la hauteur de vue que lâon retrouve, en fait, dans tous les numĂ©ros habituels. â Julien Damon
LâAvenir de lâEurope face Ă la compĂ©tition sino-amĂ©ricaine« Politique Ă©trangĂšre », numĂ©ro spĂ©cial, 2020.
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12 // IDEES & DEBATS Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos
opinions
LE POINTDE VUE
de Guillaume Bazot
Annuler la dette ? Ne jouons pas aux apprentis sorciers
D epuis quelques mois et le creu-sement des déficits faisant suiteà la crise du Covid, il est fré-
quent dâentendre parler des risques associĂ©s Ă lâaccumulation des dettes publiques. Parmi les recommanda-tions, celle de lâannulation de la dette dĂ©tenue Ă la Banque centrale semble avoir attirĂ© lâattention. Pour autant, cette solution apparaĂźt problĂ©matique pour au moins deux raisons.
PremiĂšrement, les chances que celaadvienne sont â au regard des institu-tions europĂ©ennes et des traitĂ©s â prati-quement nulles. Il faut reconnaĂźtre que la question possĂšde un vĂ©ritable attrait, notamment parce quâelle interroge lâimportance des contraintes budgĂ©tai-res. Cependant, il est illusoire de croire que lâon peut annuler Ă froid la dette des Etats membres dĂ©tenue Ă la Banque cen-trale europĂ©enne (BCE) sans que cela nuise dramatiquement aux relations europĂ©ennes. DeuxiĂšmement, jusquâoĂč ce processus dâannulation peut-il aller ? Soit il est infini, et lâon aurait trouvĂ© ici une martingale â il suffit de stimuler lâĂ©conomie en accroissant sans fin la dĂ©pense publique tout en laissant la ban-que centrale accumuler les pertes â, soit il est fini, et lâon aimerait en connaĂźtre leslimites. De fait, il est aisĂ© de prĂ©sager quela vraisemblance dâun coĂ»t Ă©conomique dâampleur est dâautant plus grande que la dette effacĂ©e est importante. NĂ©an-moins, il serait utile de connaĂźtre la loi deprobabilitĂ© sous-jacente, ce qui permet-trait de comparer les gains et les pertes potentiels qui dĂ©coulent dâun tel Ă©vĂ©ne-
particulier les engagements vis-Ă -vis desĂ©tablissements de crĂ©dit. En temps nor-mal, en cas de retrait, la banque centralerevend ses titres pour rembourser le pro-priĂ©taire des fonds. Ceci nâest dĂ©sormais plus possible puisque les titres en ques-tion nâexistent plus. La banque centrale fait alors « tourner la planche Ă billets » pour rĂ©pondre Ă ses engagements.
Ceci peut ĂȘtre relativement indolore,notamment si la majoritĂ© des banques garde confiance en la valeur de lâeuro et conserve ses dĂ©pĂŽts Ă la banque centrale.NĂ©anmoins, comment prĂ©voir leur rĂ©action ? De fait, les institutions finan-ciĂšres peuvent anticiper une chute de la valeur de la monnaie et chercher Ă se dĂ©barrasser de leur portefeuille libellĂ© en euros. Les banques retirent leurs dĂ©pĂŽts et la prophĂ©tie devient autorĂ©ali-satrice. A petite Ă©chelle, lâinflation obte-nue, si elle demeure limitĂ©e, peut avoir des effets macroĂ©conomiques bĂ©nĂ©fi-ques en rĂ©duisant les dettes â aux dĂ©penstoutefois des petits Ă©pargnants, dont les patrimoines sont souvent monĂ©taires (dĂ©pĂŽts Ă vue ou Ă terme). En revanche, siles retraits deviennent importants, le danger est grand de gĂ©nĂ©rer une fuite massive de capitaux et dâĂȘtre Ă lâorigine dâune crise monĂ©taire, bancaire et Ă©co-nomique dâampleur. Ainsi, au regard du haut niveau dâincertitude qui entoure lesconsĂ©quences dâune telle politique, il est sans doute prĂ©fĂ©rable de ne pas jouer aux apprentis sorciers.
Guillaume Bazot est maĂźtre de confĂ©rences Ă lâuniversitĂ© Paris-VIII.
ment. DĂšs lors, quels sont concrĂštement les risques ? Pour rĂ©pondre Ă cette ques-tion, il faut se plonger dans le bilan des banques centrales. A lâactif, la BCE accu-mule principalement des crĂ©dits et des titres (81 % de son bilan), notamment desdettes publiques. Au passif, il y a entre autres les piĂšces et billets en circulation (21 %), les dĂ©pĂŽts des banques commer-ciales (50 %) et le capital de la banque centrale (8 %). Le capital peut faire tam-pon contre des pertes Ă©ventuelles Ă hau-teur de 8 % du bilan (soit 108 milliards dâeuros), ce qui est insuffisant pour Ă©pon-ger les dettes publiques. Il est vrai quâune
banque centrale ne peut faire faillite. LâidĂ©e est alors de laisser le capital de la BCE devenir nĂ©gatif pour permettre aux Etats de sâendetter encore plus. Le pro-blĂšme est ici double. Dâune part les pertesde la BCE Ă©choient Ă ses actionnaires, soit au final principalement aux Etats membres. Bien que ces derniers nâaient pas Ă en assumer la charge, la banque centrale ne leur reversera plus le moin-dre revenu dâexploitation. Dâautre part, une partie importante du passif de la BCE continue de poser problĂšme, en
Le niveau dâincertitude entourant les consĂ©quences dâune telle politique doit dissuader dâen prendre le risque.
LE POINTDE VUE
de Bertrand Piccard
Accord de Paris sur le climat : une saine frustration
A u milieu du tour du monde deSolar Impulse, jâai participĂ© Ă ces dix jours de discussions
dont le monde attendait tant. Jâai vu comment chaque dĂ©tail sĂ©mantique, chaque virgule fut Ăąprement nĂ©gociĂ©. Comment les rapports de force se jouaient autour dâun accord surprenantentre Barack Obama et Xi Jinping pour devenir les leaders climatiques. Et lâexplosion de joie finale lorsque les 195 chefs dâEtat et de gouvernement se sont engagĂ©s Ă contenir lâaugmentationde la tempĂ©rature atmosphĂ©rique « bien en dessous de 2 °C, si possible 1,5 ».
Cinq ans aprĂšs cet immense Ă©landâespoir, le constat est sans appel : le pro-blĂšme climatique a augmentĂ© de maniĂšre exponentielle, alors que nos efforts ont crĂ» de façon linĂ©aire, creusanttoujours plus le fossĂ© entre ce que nous devrions faire et ce que nous faisons rĂ©el-lement. Alors que reste-t-il de la COP21 ?Avant tout, beaucoup de frustration. Mais loin dâĂȘtre inutile, cette frustration est en rĂ©alitĂ© une avancĂ©e. Câest elle qui apermis de faire bouger les lignes. Seule-ment, pas comme on pouvait sây atten-dre. A Paris, les Etats Ă©taient en avance sur le monde Ă©conomique, et les entre-prises rĂ©sistaient. Aujourdâhui, on observe prĂ©cisĂ©ment lâinverse. Consta-tant que rien nâavance â si ce nâest les Ă©missions de CO2 et les grĂšves des jeu-nes â, des acteurs locaux et privĂ©s sâemparent du problĂšme. Certaines rĂ©gions, comme lâEcosse, annoncent vouloir atteindre la neutralitĂ© carbone
autofinancĂ©s par les Ă©conomies rĂ©ali-sĂ©es. Il existe des centaines de solutions dans tous les domaines de lâindustrie, de lâĂ©nergie, de la mobilitĂ©, de lâagriculture etdes bĂątiments qui permettent Ă la fois deprotĂ©ger lâenvironnement et de gĂ©nĂ©rer de la crĂ©ation de richesse et dâemplois. Pour ce faire, les dĂ©cideurs doivent en prendre conscience et adopter des nor-mes environnementales beaucoup plus ambitieuses afin de tirer ces nouvelles technologies vers le marchĂ©.
Le problĂšme est prĂ©cisĂ©ment lĂ : notrecadre juridique est basĂ© sur des techno-logies anciennes et inefficientes, permet-tant aux pollueurs dâaffirmer que ce quâils font est lĂ©gal. Il existe des rĂ©glemen-tations en matiĂšre de santĂ©, dâhygiĂšne, dâĂ©ducation, de justice⊠mais chacun peut encore rejeter autant de CO2 quâil le souhaite dans lâatmosphĂšre, pĂȘcher autant de poissons quâil veut et Ă©puiser les cycles de reproduction, ou encore brĂ»ler du pĂ©trole Ă volontĂ©. LâimprĂ©visi-bilitĂ© des lĂ©gislations et le risque de dis-torsion de concurrence empĂȘchent lâindustrie dâinvestir spontanĂ©ment dansune production plus propre. Une situa-tion ubuesque tant au niveau environne-mental quâĂ©conomique. Pour aller de lâavant, il faut aligner la pression popu-laire qui fait peur, les solutions qui rassu-rent et un cadre lĂ©gal ambitieux. Puisse la frustration de lâĂ©chec nous y pousser.
Bertrand Piccard est psychiatre, explorateur, président de la Fondation Solar Impulse.
dix ans avant tout le monde, des entre-prises forment des coalitions vertes, dans le textile, le transport maritime, lâindustrie, la finance. Des Etats amĂ©ri-cains sâopposent Ă Trump et dĂ©cident de suivre unilatĂ©ralement lâAccord de Paris. Des villes prennent les mesures quâelles peuvent Ă leur Ă©chelle pour sortirde la paralysie. Oui, la frustration a rĂ©veillĂ© le monde, cinq ans et quelques gigatonnes de CO2 plus tard.
Cette rĂ©action bienvenue du mondecapitaliste doit prendre de vitesse celle des mouvements Ă©cologistes pour Ă©viter la radicalisation que lâon sent poindre. Il est fort probable quâen ne prenant pas encompte le bien-ĂȘtre des populations et deleur milieu de vie, le systĂšme actuel ris-que fortement dâĂȘtre balayĂ© par une lamede fond « verte » et populaire. Autre chose a changĂ© depuis cinq ans : la spec-taculaire rentabilitĂ© des technologies propres et des Ă©nergies renouvelables. Sur la moitiĂ© du globe, lâĂ©lectricitĂ© photo-voltaĂŻque coĂ»te maintenant moins cher que celle produite par Ă©nergie fossile ou nuclĂ©aire, et les investissements dans lâefficience des ressources peuvent ĂȘtre
A Paris, les Etats Ă©taient en avance sur le monde Ă©conomique, et les entreprises rĂ©sistaient. Aujourdâhui, on observe prĂ©cisĂ©ment lâinverse.
Avant de rĂ©former les autres, lâEtat devrait se rĂ©former lui-mĂȘme
LA CHRONIQUE
Par Jacques Attali
A vant de se lancer imprudemmentdans bien des rĂ©formes, lâEtatdevrait faire fonctionner ses servi-
ces de base : la santĂ©, la police et lâĂ©ducation. Il en est trĂšs loin. La pandĂ©mie nous rappelleles Ă©normes lacunes de notre systĂšme de santĂ© ; et la gestion plus que problĂ©matique des enjeux de sĂ©curitĂ© nous rappelle les insuffisances de notre systĂšme policier. Et dans ces deux cas, il ne sâagit pas seulement de moyens financiers, mais surtout de com-pĂ©tences, de mĂ©thodes, de matĂ©riels, de motivation, de respect. En matiĂšre dâĂ©duca-tion, câest plus flagrant encore, parce que, lĂ , on dispose de comparaisons internationalesqui en apportent des preuves objectives. Despreuves consternantes.
Selon la plus rĂ©cente Ă©tude Pisa de lâOCDE,qui « teste lâaptitude des Ă©lĂšves Ă appliquer les connaissances acquises Ă lâĂ©cole aux situationsde la vie rĂ©elle », la France est classĂ©e au 23e rang sur les 79 pays participants en com-prĂ©hension de lâĂ©crit, en mathĂ©matiques et en sciences. LâAllemagne est 19e, les Etats-Unis 12e, la SuĂšde 10e, la CorĂ©e 8e. Singapour est en tĂȘte ; la France est aussi un des pays quirĂ©ussit le moins Ă rĂ©duire lâimpact du milieusocio-Ă©conomique sur les rĂ©sultats scolai-res : « Le niveau Ă lâĂ©crit des 10 % dâĂ©lĂšves des familles les plus riches Ă©quivaut Ă une avance de trois annĂ©es scolaires environ par rapport aux 10 % dâĂ©lĂšves les plus pauvres. »
Cela devrait suffire Ă sonner le tocsin. Maisil y a pire : selon une Ă©tude dite « TIMSS », effectuĂ©e par un organisme scientifique amĂ©ricain reconnu, lâInternational Associa-tion for the Evaluation of Educational Achie-vement, et qui vient dâĂȘtre rendue publique, les Ă©lĂšves français de CM1 Ă©taient, en 2019, enavant-derniĂšre position mondiale en mathĂ©-matiques et en sciences (ne devançant que leChili) ! Et cela nâest suivi dâaucun rattrapage entre le CM1 et la quatriĂšme, oĂč la France se classe lĂ encore parmi les derniers. De plus, seulement 2 % des Ă©lĂšves français ont un « niveau avancĂ© » (contre 11 % en moyenne dans lâOCDE et plus de 50 % Ă Singapour, Ă TaĂŻwan et en CorĂ©e du Sud).
Les jeunes Français ont dĂ©sormais un trĂšsmauvais niveau en sciences. Câest un Ă©pou-vantable dĂ©sastre. Cela devrait faire les grands titres. Il semble que le dĂ©clin ait com-mencĂ© il y a vingt-cinq ans. On aurait dĂ» sâen
rendre compte. Lancer immédiatement un grand débat national. Agir massivement.
Mais non. Il nâen a rien Ă©tĂ©. Comme si toutle monde, du gouvernement aux parents, enpassant par les syndicats enseignants, avait intĂ©rĂȘt Ă cacher le problĂšme, Ă le glisser len-tement sous le tapis. Pour ne fĂącher per-sonne. Nous vivons la conspiration du silence de la mĂ©diocritĂ©. Et il nây a pas de pirepoison que la mĂ©diocritĂ©. Si on ne fait rien, sion ne dĂ©clenche pas au plus vite une mobili-sation gĂ©nĂ©rale, câest un tsunami qui nous menace : celui du dĂ©clin, qui viendra inĂ©vita-blement quand il sera impossible de former des techniciens, des chercheurs, des ingĂ©-nieurs, des mĂ©decins avec cette gĂ©nĂ©ration. Et quand les familles les plus aisĂ©es auront compris que lâenseignement quâon donne Ă leurs enfants en France est un dĂ©sastre, quâaucune Ă©cole privĂ©e ne suffit Ă le compen-ser et Ă©migreront pour ne pas le subir.
Veut-on cela ? Non, Ă©videmment. Seule-ment voilĂ , pour le changer, il ne suffira pasdâaugmenter notre dĂ©pense dâĂ©ducation, qui est dans la moyenne de lâOCDE, et mĂȘmetrĂšs supĂ©rieure Ă celle de pays bien mieux classĂ©s que nous. Il nous faudra bien plus, des choses plus subtiles et plus difficiles Ă obtenir : des professeurs mieux formĂ©s, capables de transmettre une passion des mathĂ©matiques, de la physique et de toutesles autres sciences ; des professeurs en situation dâĂȘtre plus exigeants avec les Ă©lĂš-ves, sans risquer dâĂȘtre agressĂ©s par des parents ; des Ă©levĂ©s motivĂ©s pour les Ă©tudesaustĂšres, continues quâexigent les mathĂ©-matiques ; des Ă©lĂšves Ă qui on aura su faire ressentir la joie extrĂȘme de rĂ©soudre un problĂšme difficile, de trouver la dĂ©monstra-tion la plus simple possible dâun thĂ©orĂšme complexe, dâentrer dans le monde fascinantdes nombres imaginaires, de naviguer dansune gĂ©omĂ©trie Ă trois puis quatre, puis n dimensions, et bien plus ; pour, plus tard, sâĂ©merveiller devant la capacitĂ© de ces outilsĂ dĂ©crire la nature, Ă lui donner un sens, mĂȘme provisoire, et Ă faire faire Ă lâhuma-nitĂ© ses plus merveilleux progrĂšs, humbles ou immenses.
Je ne vois pas venir le commencement dudĂ©but dâun tel programme ; mĂȘme pas le commencement dâun dĂ©bat sur sa nĂ©ces-sitĂ©. Il est vrai quâon est occupĂ© Ă des dĂ©bats beaucoup plus sĂ©rieux. Par exemple sur la loi dite de « sĂ©curitĂ© globale » : comment passer de 23 Ă 25 sans passer par 24⊠n
Nous vivons la conspiration du silence de la mĂ©diocritĂ©. Et il nây a pas de pire poison que la mĂ©diocritĂ©.
L'ACTUALITĂ DES THINK TANKS
LâIDĂE NĂ©ologisme dĂ©signant de nouvelles pratiques et habitudes alimentaires, le « flexitarisme » mĂȘle donc flexibilitĂ© et vĂ©gĂ©tarisme. Dans la lignĂ©e de la consommation responsable, il sâagit, avec cette tendance, Ă la fois de manger bien et de ne se priver de rien. Le concept, lit-on dans une note du think tank AgridĂ©es intitulĂ©e : « Flexitarisme : une opportunitĂ© pour la chaĂźne alimentaire ? », est dit « agglutinant ». Issu dâun collectif alliant experts et industriels, le document livre un travail trĂšs fouillĂ© sur la question et ausculte les prĂ©fĂ©rences (pour moins de consommation individuelle de viande) et les perspectives (pour une transition raisonnable de toute la chaĂźne alimentaire, impliquant vĂ©gĂ©taux et animaux).
LâINTĂRĂT Think tank dynamique spĂ©cialisĂ© dans le large domaine agricole, agroalimentaire et agro-industriel, AgridĂ©es traite des rĂ©alitĂ©s, des difficultĂ©s et des opportunitĂ©s dâun ensemble dâactivitĂ©s essentielles. Mettant ici de cĂŽtĂ© tous les intĂ©grismes qui peuvent frapper ce type de dossier, lâanalyse est claire et alertement rĂ©digĂ©e. Avec des propositions sur un meilleur Ă©tiquetage europĂ©en des produits carnĂ©s, sur le plaisir de manger ou encore le soutien aux filiĂšres des plantes. Des idĂ©es qui se lisent avec curiositĂ© et appĂ©tit.â Julien Damon
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Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 IDEES & DEBATS // 13
focus
La lourde rançon de la révolution numérique
P ar temps de confinement, onlâaurait presque oubliĂ©e. Il y acombien de temps que nous ne
lâavons Ă©prouvĂ©e, cette douce sensation dâavoir quittĂ© sa laisse ? Dâerrer sans repĂšre, sans navigateur de poche, sans rĂ©seau, sans flĂ©chage⊠Sans les vibra-tions sournoises de ce petit rectangle froid plaquĂ© contre notre poitrine ou surnotre cuisse ? Quelle cime faut-il dĂ©sor-mais gravir, dans quelle forĂȘt profonde faut-il sâenfoncer pour jouir de ce senti-ment ineffable de dĂ©connexion ultime ?Dans son essai provocateur sur « LâEre de lâindividu tyran », lâĂ©crivain et philo-sophe Eric Sadin dresse un portrait sidĂ©-rant de ce nouvel « ĂȘtre ultra-connectĂ©, repliĂ© sur sa subjectivitĂ© et ses intĂ©rĂȘts ». Un Ă©lectrochoc. Tant ses observations sur le dĂ©labrement de notre monde commun et le mythe de la « suffisance de soi » sonnent juste.
Isolement collectif« En 2007, lâavĂšnement du smartphone intensifia cette impression de jouir dâune forme dâallĂ©gement de son existence et dâune indĂ©pendance sans cesse accrue. » Treize ans aprĂšs, lâauteur sâattache sur-tout Ă dissĂ©quer lâimpact de ces nouvel-les technologies numĂ©riques sur notre psychologie individuelle et collective. Etson constat est plutĂŽt effarant. Car aprĂšsdeux dĂ©cennies de pratiques assidues, lâhistoire rĂ©cente des systĂšmes numĂ©ri-ques rĂ©vĂšle un effet inverse : lâivresse desrĂ©seaux semble avoir clairement encou-ragĂ© lâavĂšnement des « particularismes autoritaires » et lâĂ©mergence dâune forme dâingouvernabilitĂ© permanente. On peut partager â ou pas â lâalarmismedes conclusions dâEric Sadin sur cette montĂ©e des comportements dâincivilitĂ©,la sensation dâun isolement collectif et ce quâil appelle « lâeffondrement de notre monde commun ». Mais force est de constater lâincroyable finesse et lâimpactde ses analyses, au cĆur de lâouvrage,
sur les « technologies de lâembrasement des esprits » que reprĂ©sentent, Ă ses yeux, des rĂ©seaux tels que Facebook, Twitter ou InstagramâŠ
Homme-sandwichTrĂšs vite, lâhumanitĂ© tout entiĂšre sâest laissĂ© griser par lâapparition quasi simultanĂ©e de lâInternet et du tĂ©lĂ©phoneportable Ă la fin des annĂ©es quatre-vingt-dix. Assez vite aussi, on sâest aperçu des consĂ©quences alarmantes des phĂ©no-mĂšnes dâaddiction chez les ados, mais aussi sur les adultes et les enfants. Mais, pour Eric Sadin, un phĂ©nomĂšne sour-nois, souvent occultĂ©, est « la sensation toujours plus rĂ©pandue dâune centralitĂ© de soi ». Au point que « Time Maga-zine », en 2006, Ă©lit « You » comme per-sonnalitĂ© de lâannĂ©e. Mieux : lâivresse du« libĂ©ralisme de soi » va encore culminer avec Twitter, cette « machine Ă enivrer » qui attise lâimpression dâune primautĂ© de soi et acte le postulat du « triomphe dela parole sur lâaction ». « En ce sens, Twit-ter participe de cet air du temps â tout en ycontribuant au premier chef â oĂč les ĂȘtrescherchent Ă sâaffirmer, non pas tant en vuede patiemment dĂ©fendre un point de vue, de tenter de convaincre des interlocuteurs,que dâimposer leur perception des cho-ses. » Quant Ă Instagram (crĂ©Ă© en 2010), lâauteur y voit lâultime plateforme dĂ©diĂ©eĂ lâaffichage de soi. Une prouesse en ter-mes de « continuelle monĂ©tisation de sa personne » visant Ă transformer lâinsta-grameur en homme-sandwich dâun genre nouveau.
Eric Sadin nâest ni le premier ni le der-nier Ă vouloir dĂ©monter les effets mas-sifs et nocifs de la rĂ©volution numĂ©riquedes vingt derniĂšres annĂ©es et de lâappari-
tion du smartphone sur la sociĂ©tĂ©. DĂ©jĂ , lâĂ©conomiste italo-amĂ©ricaine Mariana Mazzucato, spĂ©cialiste de lâĂ©conomie delâinnovation, citĂ©e en exemple par le pape François dans son dernier livre sur« Un temps pour changer » (Flamma-rion, 2020), a mis en garde contre lâillu-sion de lâinnovation pour lâinnovation en rappelant que les douze technologiesclĂ©s de lâiPhone ont toutes Ă©tĂ© inventĂ©es par des agences gouvernementales, amĂ©ricaines pour la plupart. Lâorigina-litĂ© de lâessai dâEric Sadin est de se con-centrer sur lâimpact social et psychologi-que de ces nouveaux outils. Pour lui, lâhistoire rĂ©cente des systĂšmes numĂ©ri-ques semble montrer quâils ont profon-dĂ©ment â et insidieusement â modifiĂ© nos mentalitĂ©s en changeant notre rap-port au rĂ©el et en contribuant Ă une « reprĂ©sentation boursouflĂ©e de soi ».
Un pamphlet contre lâangĂ©lisme technoParadoxalement, malgrĂ© ses accents faussement dĂ©clinistes, cet essai icono-claste, largement Ă contre-courant, a uneffet stimulant. Car il a le mĂ©rite de dĂ©monter patiemment certains mĂ©ca-nismes pervers, comme le passage du « free speech » au « hate speech », le glis-sement vers la « culture de lâhumilia-tion »⊠MalgrĂ© son style foisonnant, parfois dĂ©routant, il agit comme un rĂ©vĂ©lateur. Dâabord, car lâon sent bien que lâauteur nâest pas dans une posture passĂ©iste. Auteur de plusieurs essais surle « Web prĂ©cognitif », lâintelligence arti-ficielle et la « critique de la raison numĂ©-rique », Eric Sadin est loin dâĂȘtre rĂ©frac-taire aux technologies numĂ©riques. Il enest mĂȘme un fin connaisseur. Et câest ce qui fait toute la force de ce pamphlet argumentĂ© contre lâangĂ©lisme techno ambiant, habilement rĂ©digĂ© Ă lâimpar-fait narratif.
En faisant le lien entre ces technolo-gies dâembrasement des esprits et le dĂ©li-tement du lien social, lâauteur voit dans cet effet de « dĂ©ni implicite dâautrui » unedes explications majeures de cette atmosphĂšre rĂ©gnante de « fureur de touscontre tous ». DĂ©capant⊠n
LâhumanitĂ© tout entiĂšre sâest laissĂ© griser par lâapparition quasi simultanĂ©e de lâInternet et du tĂ©lĂ©phone portable Ă la fin des annĂ©es 1990. Photo iStock
Eric Sadin nâest ni le premier ni le dernier Ă dissĂ©quer les ravages de lâaddiction aux rĂ©seaux sociaux. Mais son analyse dĂ©capante de lâimpact dâun certain usage des « outils numĂ©riques » sur le dĂ©litement du lien social sonne comme un Ă©lectrochoc.
ESSAILâEre de lâindividu tyran - La findâun monde communEric Sadin, 352 pages, Grasset, 20,90 euros.
ESSAIOsons lâautoritĂ©par Thibault de Montbrial, Editions de lâObservatoire, 304 pages, 19 euros.
LIVRES
Par Pierre de Gasquet
est Ă lâorigine de la formation des sociĂ©tĂ©s. Lespremiers regroupements humains sont la consĂ©quence du choix de certaines tribus de fusionner avec dâautres. La motivation pre-miĂšre de ces unions Ă©tait la rĂ©ponse Ă cette seule interrogation : serons-nous plus en sĂ©curitĂ© avec ou sans eux ? La libertĂ© nâĂ©tait pas le prĂ©alable Ă cette dĂ©cision, mais une con-sĂ©quence de celle-ci. »
LE SYNDROME MALIK OUSSEKINE « Le traumatisme profond de la mort de Malik Oussekine [Ă©tudiant battu par deux policiers,le 6 dĂ©cembre 1986, et mort de ses blessures, NDLR] va constituer le point de dĂ©part dâune nouvelle doctrine de maintien de lâordre [âŠ]. Les spĂ©cialistes de la sĂ©curitĂ© publique lâont baptisĂ©e âdoctrine Malik Oussekineâ. Son principe cardinal est simple : Ă©viter au maxi-mum tout contact direct entre forces de lâordre et manifestants. Contenir la violence plutĂŽt que la rĂ©primer pour Ă©viter Ă tout prixun nouveau drame. » n
Messagerie instanta-nĂ©e et visioconfĂ©ren-ces ont envahi nosvies et ont entraĂźnĂ©quelques dommagescollatĂ©raux : baissede lâattention, reculdes relations socia-les⊠Francis BrochetdĂ©montre la nĂ©ces-
sitĂ© de poser un moment nos prothĂšses Ă Ă©cran tactile servant prĂ©tendument Ă com-muniquer pour sortir de notre bulle. Il dĂ©monte brillamment les arguments de ceux qui continuent obstinĂ©ment Ă confon-dre progrĂšs et progression.â Guillaume de Calignon
Eloge de la conversation au temps du smartphoneFrancis Brochet, Ă©ditions Kiwi, 192 pages, 18 euros.
ces » des unes et desautres afin de répon-dre à une situationdonnée. Mettre enp l a c e u n r é s e a usocial interne, tenirdes réunions effica-ces, éviter le burn-outdes équipes, mieuxles impliquer dans
un projet, entretenir lâintelligence Ă©motion-nelle des salariĂ©s, et bien dâautres cas encore. On trouvera dans cet ouvrage bien des exemples et dâexpĂ©rimentations mis au service dâune gouvernance moderne. Enri-chissant et rafraĂźchissant. â Daniel Fortin
LâEntreprise nouvelle gĂ©nĂ©rationLuc Bretones, Philippe Pinault et Olivier Trannoy. Editions Eyrolles. 419 pages. 28 euros.
En pleine polĂ©mique sur lâarticle 24 de la loidite « de sĂ©curitĂ© globale », et plus gĂ©nĂ©rale-ment sur les violences policiĂšres, la lecture de lâouvrage de Thierry de Montbrial est Ă©clairante. Ce nâest pas vraiment lâarchĂ©typede lâavocat sâindignant des dĂ©rives sĂ©curitai-res de lâarsenal lĂ©gislatif. Au contraire, Thierry de Montbrial est un peu lâanti-Fran-çois Sureau, pour le comparer Ă un de ses confrĂšres. Il nâempĂȘche, son point de vue mĂ©rite dâĂȘtre Ă©coutĂ©, ou plutĂŽt lu, notam-ment son analyse sur les difficultĂ©s du maintien de lâordre en France et sa thĂšse, selon laquelle lâEtat aurait renoncĂ© pendanttrop longtemps Ă faire respecter lâordre public. Extraits.
RENONCEMENT Thierry de Montbrial fut lâavocat des deux gendarmes frappĂ©s Ă coups de poing par Christophe Dettinger enjanvier 2019. Il raconte le procĂšs. « Je revois ce gendarme de 22 ans, pas trĂšs costaud, la coupe en brosse, issu de la classe moyenne, le prototype du citoyen lambda, en somme, regarder dans les yeux le prĂ©venu de quinze ans son aĂźnĂ©, au profil trĂšs proche. Hormis leur diffĂ©rence dâĂąge, la ressemblance, y com-pris physique, Ă©tait saisissante. La mĂȘme France, placĂ©e des deux cĂŽtĂ©s dâun mĂȘme miroir, se faisait face. Comment lâune a-t-elle pu dĂ©velopper une telle haine de lâautre ? »
LIBERTĂ ET SĂCURITà « Lâhistoire de lâhumanitĂ© nous enseigne quâavant la quĂȘte de libertĂ©, câest la recherche de la sĂ©curitĂ© qui
âą C e l i v r e e s t u n appel Ă retrouver lâautre. Car Francis Brochet, journaliste, ne croit pas du tout que Jean-Paul Sartre,pour qui « lâenfer, câ[Ă©tait] les autres », ait eu raison. Au con-traire, « lâhomme est un animal social », comme le pensait Aris-tote. Lâauteur nous fait sentir ce besoin de communication et mĂȘme de conversation â puisque deux objets peuvent dĂ©sormais communiquer entre eux â essentiel Ă lâhumain, et mis Ă mal aujourdâhui par les outils numĂ©riques.
Livres en bref
Connexion partout, communication nulle part
âą Voici une mine dâinformations Ă des-tination de ceux qui sâinterrogent sur la m e i l l e u r e f a ç o n d âo rg a n i s e r l e u r entreprise Ă l âĂšre numĂ©rique. En croi-sant les tĂ©moignages de quelque 250 diri-geants, les auteurs ont rĂ©digĂ© un vĂ©ritable vade-mecum du management moderne, Ă mille lieues des thĂ©ories fumeuses qui empoisonnent gĂ©nĂ©ralement ce genre dâexercice. On y trouve au contraire des recettes trĂšs concrĂštes sur les « best practi-
Manager autrement
BONNES FEUILLES
Par Marie Bellan
Lâavocat Thierry de Montbrial sâinterroge sur la capacitĂ© des forces de lâordre Ă assurer la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure en France.
Avons-nous renoncĂ© Ă lâordre public ?
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« Les Echos » est issu de fibre recyclée.
Propos recueillis parNicolas Barré, Julie Chauveau et Enrique Moreira
F ondée en 2000, Gavi est une organisa-tion mondiale visant à élargir la cou-verture vaccinale. Ses partenaires his-
toriques sont la Fondation Bill & Melinda Gates, lâOMS, lâUnicef et la Banque mondiale.Elle dirige le dispositif Covax, lancĂ© en jan-vier 2020 par les Nations unies. Son directeurexĂ©cutif, le Dr Seth Berkley, revient sur les enjeux de la campagne mondiale de vaccination.
Quel est le rĂŽle de Gavi dans la lutte contre la pandĂ©mie de Covid-19 ?Depuis vingt ans, nous travaillons avec nos partenaires historiques [la fondation Bill & Melinda Gates, lâOMS, lâUnicef et la Banque mondiale, auxquels sont venues sâajouter de nombreuses entreprises privĂ©es, NDLR] pour un Ă©largissement maximal de la cou-verture vaccinale mondiale.
Lorsque le Covid-19 a fait son apparitionfin 2019, nous avons tout de suite compris que nous serions impliquĂ©s dans lâapprovi-sionnement en vaccins des pays en dĂ©velop-pement. Il est par ailleurs devenu trĂšs vite Ă©vident que nous allions nous retrouver dansla mĂȘme situation quâen 2009 [lors de la crisede la grippe H1N1, NDLR] avec tous les stocksde vaccins achetĂ©s par un petit nombre de pays riches. Pour Ă©viter cela, nous avons mis sur pied un nouveau dispositif, appelĂ© « Covax ».
De quoi sâagit-il ?Covax est le pilier vaccin de lâAccĂ©lĂ©rateur dâaccĂšs aux outils Covid-19, mis en place dĂšs le dĂ©but de la crise par les Nations unies. Je tiens Ă souligner que le prĂ©sident français, Emmanuel Macron, a jouĂ© un rĂŽle impor-tant dans son Ă©mergence. Covax est un dis-positif Ă deux branches. La premiĂšre sou-tient lâaccĂšs aux futurs vaccins pour 92 pays, choisis uniquement sur leur statut Ă©conomi-
que en se basant sur le classement de la Ban-que mondiale. Elle rĂ©unit des pays Ă faibles etmoyens revenus. La deuxiĂšme branche regroupe des Etats pouvant sâautofinancer, incluant des pays aux revenus moyens, ainsique les pays les plus riches. A ce jour, 189 pays travaillent sur un mĂ©canisme de partage des vaccins au sein de Covax.
Comment avez-vous procĂ©dĂ© jusquâĂ prĂ©sent ?Nous avons commencĂ© en tentant dâĂ©valuer le nombre de doses auxquelles nous pour-rions avoir accĂšs, tout en sachant quâen 2021 la demande mondiale excĂ©derait les capaci-tĂ©s de production. Nous sommes arrivĂ©s au nombre de 2 milliards de doses pour lâan pro-chain. Nous les avons rĂ©parties Ă raison de 950 millions de doses pour chacune des deux branches du dispositif. Les 100 millionsrestants serviront de rĂ©servoir humanitaire.
Y a-t-il des pays qui nâont pas intĂ©grĂ© Covax ?Les deux grands absents majeurs du disposi-tif sont les Etats-Unis et la Chine. Cuba non plus ne nous a pas rejoints. Certains de ces pays ont fait le choix de ne pas intĂ©grer la structure, mais dâautres nâont tout simple-ment pas pu Ă cause de mesures lĂ©gales les empĂȘchant de se joindre Ă nous. Câest parti-culiĂšrement vrai pour plusieurs pays dâAmĂ©-rique latine. Nous ne voulons Ă©videmment exclure aucun pays. Ils sont donc tous invitĂ©sĂ nous rejoindre.
Quelles ont Ă©tĂ© les difficultĂ©s pour mettre sur pied ce dispositif ?Il y en a eu plusieurs. Dâabord, de nombreux accords bilatĂ©raux avaient dĂ©jĂ Ă©tĂ© signĂ©s, malgrĂ© nos efforts pour mettre en place des mĂ©canismes multilatĂ©raux. Cela a accru la pression sur les disponibilitĂ©s des futures doses. Nous restons toutefois confiants quant Ă notre capacitĂ© Ă atteindre lâobjectif de2 milliards de vaccins en 2021. Un autre dĂ©fi aĂ©tĂ© de dĂ©finir une stratĂ©gie commune Ă autant de pays. A un moment oĂč, en plus,
Certains laboratoires divisent leur prix en trois tiers : un prix pour les pays les plus pau-vres, un autre pour les pays à revenus moyens et un troisiÚme pour les plus riches. Enfin, concernant les coûts de livraison, nous envisageons de partager une partie desfrais avec les différents pays du dispositif.
Un prix « sans but lucratif » signifie-t-il que câest gratuit ?Aucun vaccin nâest gratuit, nulle part dans le monde. Mais, pour les 92 pays les plus pau-vres, Gavi se propose de subventionner lâachat des doses, sâils ne peuvent pas payer. Que ce soit Ă cause de la crise Ă©conomique ouparce quâils ne peuvent pas mobiliser les fonds nĂ©cessaires assez rapidement.
Combien de personnes entendez-vous vacciner ?Nous estimons quâau moins 20 % de la popu-lation mondiale devra ĂȘtre vaccinĂ©e. Pour arriver Ă ce chiffre, nous avons regardĂ© quelle partie serait considĂ©rĂ©e comme la plus Ă risque et celle quâil faut absolument vacciner pour avoir un vĂ©ritable contrĂŽle surla pandĂ©mie. Selon une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par Northeastern, on peut rĂ©duire le nombre de morts liĂ©s au Covid-19 de 60 % si les 2 mil-liards de doses de vaccin sont rĂ©parties Ă©qui-tablement entre les pays. Ce taux chute Ă 30 % si on distribue lâintĂ©gralitĂ© des doses aux seuls 50 plus riches. Cela prouve que lâaccĂšs mondial au vaccin est un point critique.
Comment est financĂ©e cette campagne vaccinale mondiale ?Nous avons demandĂ© pas moins de 2 mil-liards de dollars Ă nos partenaires et aux gou-vernements impliquĂ©s, uniquement pour lancer le dispositif en 2020. Nous avons Ă ce jour lĂ©gĂšrement dĂ©passĂ© ce montant. Nous cherchons maintenant des fonds pour finan-cer la campagne mondiale de vaccination en2021. Pour cela, 5 milliards de dollars supplĂ©-mentaires sont nĂ©cessaires afin dâacheter lesdoses de vaccin souhaitables.
Quelles leçons le monde peut-il retenir de cette annĂ©e 2020 ?Il est fort probable que, Ă©tant donnĂ© lâaug-mentation de la population, lâurbanisation massive, le changement climatique, le rĂ©chauffement de lâatmosphĂšreâŠ, nous allons connaĂźtre de plus en plus dâĂ©pidĂ©mies de ce genre Ă lâavenir. Le Covid-19 nous a montrĂ© Ă quel point le monde entier est vul-nĂ©rable. Cela prouve la nĂ©cessitĂ© dâavoir des systĂšmes de santĂ© rĂ©silients.
Par ailleurs, la science a Ă©tĂ© incroyable-ment rĂ©active. Il faut normalement de sept Ă dix ans pour dĂ©velopper un vaccin, or, en seulement 303 jours, on a vu les premiers rĂ©sultats dâefficacitĂ© dâun vaccin. Mais cela aurait aussi pu aller encore plus vite. Sâil y avait, par exemple, un systĂšme internationalpour labelliser et autoriser ces candidats vac-cins. LâOMS se penche actuellement sur ces questions.
Que pensez-vous du phĂ©nomĂšne des « antivax » ?Je sais quâen France il y a un fort niveau de dĂ©fiance vis-Ă -vis des vaccins, mĂȘme si para-doxalement les Français ont toujours conti-nuĂ© Ă se vacciner. Au-delĂ des « antivax », il ya un phĂ©nomĂšne mondial dâ« antiscience » en gĂ©nĂ©ral et dâ« antigouvernement ». Tout cela est venu se mĂȘler aux traditionnelles dĂ©fiances vis-Ă -vis des vaccins. Câest un vrai problĂšme.
Que peut-on faire face Ă ce phĂ©nomĂšne ?Les rĂ©ponses sont multiples : donner la parole Ă des personnes en qui les popula-tions ont confiance, avoir des leaders qui sâengagent pour rassurer les communau-tĂ©s... Mais il sera Ă©galement nĂ©cessaire dâĂȘtretout Ă fait transparent sur les rĂ©sultats scien-tifiques des essais cliniques, montrer que les donnĂ©es sont lĂ , accessibles. Enfin, nous ne devons pas perdre de vue la nĂ©cessitĂ© de lut-ter contre la dĂ©sinformation.
Devrait-on rendre le vaccin obligatoire ?Câest aux pays de dĂ©terminer leur stratĂ©gie devaccination, et ce nâest pas notre rĂŽle de leur dire comment faire. Cela Ă©tant, face Ă un cer-tain niveau de dĂ©fiance, je pense quâil serait plus judicieux de commencer par une cam-pagne basĂ©e sur le volontariat.
Avons-nous trouvĂ© le bon Ă©quilibre entre la lutte contre le Covid-19 et la poursuite des autres soins ?La balance a parfois un peu trop penchĂ© du cĂŽtĂ© de la gestion de la crise. Par exemple, lorsque nous avons atteint le premier pic de la pandĂ©mie, en mars, les consignes gĂ©nĂ©ra-les Ă©taient de poursuivre les campagnes de vaccination de routine pour les autres mala-dies encore bien prĂ©sentes. Or, si les pays ontglobalement continuĂ©, ils ont parfois retirĂ© des soignants chargĂ©s de ces tĂąches pour les mettre sur la gestion des cas de Covid-19, ralentissant lâadministration des autres vac-cins aux populations.
Quel est votre scĂ©nario pour 2021 ? Je pense que lâhiver sera trĂšs dur, la plupart des pays nâayant pas rĂ©ussi Ă mettre fin Ă la chaĂźne de transmission du virus. Une grandepartie de la population commence Ă en avoirun peu assez du confinement. Il va pourtant falloir ĂȘtre encore un peu patient. Avec un peu de chance, lâarrivĂ©e des premiers vaccinsen cette fin dâannĂ©e devrait permettre de changer la dynamique de la pandĂ©mie. n
Son actualité
Depuis janvier 2020, Gavi est en charge du dispositif Covax. Celui-ci est le pillier vaccin de lâAccĂ©lĂ©rateur dâaccĂšs aux outils de lutte contre le Covid-19, mis en place dĂšs le dĂ©but de la pandĂ©mie par les Nations unies. Lâobjectif de ce dispo-sitif est dâassurer un accĂšs Ă©quitable au traitement pour tous les pays du monde, les plus riches comme ceux en dĂ©velop-pement. Le Dr Seth Berkley et son Ă©quipe nĂ©gocient pour cela des contrats avec tous les laboratoires. Il estime avoir besoin de 2 milliards de doses de vaccin.
Son parcours
MĂ©decin et Ă©pidĂ©miologiste spĂ©cialisĂ© dans les maladies infectieuses, le doc-teur Seth Berkley a rejoint Gavi, lâAlliance du vaccin, en tant que directeur exĂ©cutif en aoĂ»t 2011. Avant cela, ce diplĂŽmĂ© de mĂ©decine des universitĂ©s Brown et de Harvard a crĂ©Ă© en 1996 lâInitiative inter-nationale pour un vaccin contre le sida (Iavi), le premier partenariat public-privĂ© axĂ© sur le dĂ©veloppement de produits vaccinaux. Il a Ă©galement travaillĂ© au Centre des maladies infectieuses des Centres pour le contrĂŽle et la prĂ©vention des maladies (CDC) des Etats-Unis.
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DR SETH BERKLEYDirecteur exĂ©cutif de Gavi, lâAlliance du vaccin
« La plupart des pays nâont pas rĂ©ussi Ă briser la chaĂźne de transmission du virus »
toutes les frontiĂšres se refermaient ! Enfin, une des choses qui a pris le plus de temps a Ă©tĂ© de convaincre les membres dâacheter les doses, ou de les rĂ©server, avant mĂȘme que lesvaccins soient approuvĂ©s.
Comment allez-vous livrer ces vaccins ?Le conseil dâadministration de Gavi a donnĂ© son accord pour utiliser certaines ressourcesdĂ©jĂ en possession de lâAlliance afin de rĂ©pondre Ă cette problĂ©matique. Il a ainsi mis150 millions de dollars de cĂŽtĂ© avec pour seule condition de commencer en prioritĂ© par la livraison des pays les plus pauvres. Cetargent doit servir Ă deux choses : apporter une assistance technique mais aussi sâassu-rer que la chaĂźne du froid est bien en place. Les vaccins nouveaux comme celui de Pfizerou de Moderna nĂ©cessitent dâĂȘtre conservĂ©s Ă â70 et â20 °C.
Comment nĂ©gociez-vous avec les laboratoires pharmaceutiques ?Il faut prĂ©ciser que Covax est cogĂ©rĂ© par Gaviet la Coalition pour les innovations en matiĂšre de prĂ©paration aux Ă©pidĂ©mies (Cepi). Son rĂŽle est axĂ© sur la recherche et ledĂ©veloppement. Câest trĂšs important car, dĂšsjanvier 2020, au tout dĂ©but de lâĂ©pidĂ©mie, la Cepi a financĂ© des candidats vaccins. Nous possĂ©dons donc dĂ©jĂ un portefeuille de dif-fĂ©rents traitements. Mais nous achetons aussi des vaccins Ă nâimporte quel labora-toire apportant une amĂ©lioration Ă notre arsenal.
Les compagnies pharmaceutiques peu-vent fixer un prix dit « sans but lucratif », fixepour tous les pays. Plusieurs ont choisi cette option pour toute la période de la pandémie.
« Nous estimons quâau moins 20 % de la population mondiale devra ĂȘtre vaccinĂ©e. »
14 // Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos
le grand entretien
Une entreprise puissante est prĂ©cieuse. Elle a les moyens dâinnover, dâinvestir, de crĂ©er richesses et emplois. Une entreprise trop puissante est dangereuse. En Ă©touffant la concurrence, elle bloque un ressort essentiel de lâĂ©conomie, constitue des rentes injustes et inefficaces, peut menacer la dĂ©mocratie. Les autoritĂ©s amĂ©ricaines estiment que Facebook a franchi la ligne rouge. La Federal Trade Commission (AutoritĂ© de la concurrence) et la quasi-totalitĂ© des Etats amĂ©ricains accusent le gĂ©ant des rĂ©seaux sociaux de pratiques contraires au libre jeu de la concurrence. Ils veulent obtenir la cession de ses filiales Instagram et WhatsApp, qui renforcent son emprise sur ses utilisateurs. Il est vrai quâil y a ici un problĂšme majeur. Comme les autres gĂ©ants numĂ©riques, Facebook sâest appuyĂ© sur la valeur de ses actions et les marges dĂ©gagĂ©es par son activitĂ© dâorigine pour acheter toute une sĂ©rie de jeunes pousses qui risquaient de lui faire de lâombre si jamais elles venaient Ă grandir. RĂ©sultat de ces achats prĂ©dateurs : la concurrence sâĂ©tiole aux
Etats-Unis, comme lâont montrĂ©de nombreux travauxacadĂ©miques â et un livre publiĂ©lâan dernier par ThomasPhilippon, un Ă©conomistefrançais travaillant Ă New York.VoilĂ pourquoi les autoritĂ©sdemandent la sĂ©paration desdiffĂ©rentes activitĂ©s deFacebook, que le groupe sâestbien sĂ»r ingĂ©niĂ© Ă intĂ©grer demaniĂšre inextricable commelâavait fait auparavant Microsoft.
Le problĂšme est cependantplus profond. Car la puissancedâun Google ou dâun Facebookvient de son rĂ©seau. La cessionde filiales nâest quâun premierpas vers la remise en cause dâunpouvoir excessif. Il faudra allerplus loin. Certains rĂȘvent audĂ©mantĂšlement, comme celuiqui avait Ă©clatĂ© le pĂ©trolierStandard Oil en 34 morceaux il y a plus dâun siĂšcle, ou celui qui avait divisĂ© AmericanTelephone and Telegraph enhuit entitĂ©s, en 1982.
Mais ce nâest pas la solution. Contrairement au pĂ©trole ou aux tĂ©lĂ©coms, un rĂ©seau numĂ©rique est une activitĂ© Ă rendement croissant. Plus nous nous servons du moteur de recherche Google, mieux il travaille. Son Ă©clatement en dix mini-Google entraĂźnerait une baisse inutile dâefficacitĂ©. Il va donc falloir inventer un nouvel outil contre les monopoles numĂ©riques. Il passera vraisemblablement par lâaccĂšs Ă leurs donnĂ©es. A premiĂšre vue, cette piste semble impossible. Mais aprĂšs tout, la directive europĂ©enne DSP2 a imposĂ© aux banques lâaccĂšs des fintechs Ă leurs donnĂ©es. Comme lâexpliquait lâhistorien Fernand Braudel, le capitalisme aspire au monopole mais son efficacitĂ© passe par lâaction des pouvoirs publics pour lâempĂȘcher dây parvenir. Le capitalisme numĂ©rique nâĂ©chappe pas Ă cette rĂšgle.
(Lire nos informationsPage 27
LâĂDITORIAL DES « ĂCHOS »
Premier pas contre les néomonopoles
Lâoffensive des autoritĂ©s amĂ©ricaines contre Facebook vise Ă contraindre le gĂ©ant amĂ©ricain Ă cĂ©der des activitĂ©s.
Par Jean-Marc Vittori
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RETOUR SUR LA TERRE FERME Kevin Escoffier a posĂ© le pied Ă terre Ă La RĂ©union, dix jours aprĂšs son naufrage. Le marin, dont le bateau sâĂ©tait brisĂ© en deux le30 novembre, est arrivĂ© jeudi matin sur lâĂźle, aprĂšs avoir Ă©tĂ© sauvĂ© par un autre concurrent, Jean Le Cam, puis avoir Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ© par la frĂ©gate « NivĂŽse » il y a quatrejours. Le skipper, qui garde le sourire, vĂȘtu dâune tenue de la Marine nationale, a expliquĂ© quâil Ă©tait « partagĂ© entre la dĂ©ception dâavoir dĂ» abandonner le VendĂ©e Globe »et le fait dâavoir vĂ©cu « une belle histoire humaine avec Jean Le Cam [...] et une belle histoire humaine avec les marins sur le âNivĂŽseâ ». Photo Richard Bouhet/AFP
DERNIĂRE HEURE
Liban : le Premier ministre inculpé
'CATASTROPHE â Quatremois aprĂšs le drame, le jugelibanais chargĂ© de lâenquĂȘte
sur lâexplosion dĂ©vastatrice au port de Beyrouth a inculpĂ©, jeudi, le Premier ministre dĂ©missionnaire Hassan Diab et trois ex-ministres pour nĂ©gligence. LâenquĂȘte a confirmĂ© quâils avaient reçu « plu-sieurs rapports Ă©crits les mettant en garde contre tout atermoiement pourse dĂ©barrasser du nitrate dâammo-nium », a prĂ©cisĂ© une source judi-ciaire. Les autoritĂ©s libanaises auraient arrĂȘtĂ© vingt-cinq person-nes, notamment des responsables du port et des douanes.
Le Maroc renoue avec Israël
'DIPLOMATIE â Le Maroca confirmĂ© jeudi quâil allait « reprendre des relations
diplomatiques » avec Israël « dans les meilleurs délais », et qualifié de « prise de position histo-rique » la décision de Washington de reconnaßtre la souveraineté marocaine sur le territoire disputé du Sahara occidental. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a salué jeudi soir un accord de normalisation « histori-que » avec le Maroc et évoqué la mise en place sous peu de « vols directs ». Le Hamas dénonce un « péché politique » .
LFI lance un nouveau réseau social pour soutenir Mélenchon
'POLITIQUE â La Franceinsoumise a lancĂ© un nou-veau « rĂ©seau social
dâaction » pour la campagne de Jean-Luc MĂ©lenchon en vue de la prĂ©sidentielle de 2022, baptisĂ© « Action populaire » et « ouvert Ă toutes les personnes ayant apportĂ© leur soutien » Ă sa candidature. Le leader LFI avait conditionnĂ© sa candidature Ă une « investiture populaire » de 150.000 personnes. De lâaveu du parti, la crĂ©ation de ce rĂ©seau est aussi une maniĂšre de compenser la difficultĂ© Ă faire campagne en temps de Covid.
En soutien aux OuĂŻghours, Griezman rompt avec Huawei
'FOOTBALL â Le footballeurfrançais Antoine Griez-mann a annoncĂ© jeudi
mettre « un terme immĂ©diat Ă [son] partenariat » avec Huawei, invo-quant des « forts soupçons » sur la participation du gĂ©ant des tĂ©lĂ©-coms chinois Ă la surveillance de la minoritĂ© musulmane ouĂŻghoure par les autoritĂ©s chinoises. Lâatta-quant de Barcelone et des Bleus, qui avait un contrat avec la mar-que depuis 2017, appelle Huawei à « engager au plus vite des actions concrĂštes pour condamner cette rĂ©pression de masse ».
«La terrasse» par Antonio Giovanni pour «Les Echos»
Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020www.lesechos.fr
AVIS FINANCIERCegedim, 25
Vincent Collen @VincentCollen
Un cap symbolique est franchi. Jeudi, le baril de brent a cotĂ© plus de 50 dollars, pourla premiĂšre fois depuis le dĂ©but du mois de mars, au dĂ©but de la pandĂ©mie. Il Ă©tait en hausse de prĂšs de 4 % en fin dâaprĂšs-midi, portĂ© par lâespoir dâune diffusion prochainedes vaccins contre le Covid-19 dans un nom-bre croissant de pays. Le baril de WTI amĂ©-ricain Ă©tait Ă©galement au plus haut depuis lafin de lâhiver, Ă plus de 47 dollars.
« Les traders saluent le dĂ©but des campa-gnes de vaccination dâici quelques jours aux Etats-Unis et au Canada, Ă©crit Bjornar Ton-haugen, du cabinet Rystad Energy. Câest bien plus rapide que ce quâon attendait il y a seulement quelques semaines. » Le brent est aussi portĂ© par la perspective dâun nouveauplan dâaide aux mĂ©nages et aux entreprises aux Etats-Unis.
Autre stimulus, lâaccord signĂ© entrelâOpep et la Russie la semaine derniĂšre. FaceĂ une consommation qui tarde Ă repartir, les 23 pays exportateurs ont dĂ©cidĂ© dâaug-menter leur production dans une propor-tion nettement moins importante que prĂ©vu dĂ©but 2021.
Retour Ă la normale en IndeLa demande est soutenue en Chine et en Inde, respectivement premier et troisiĂšme importateur mondial de brut. Le raffineur Indian Oil estime que la consommation de produits pĂ©troliers est pratiquement reve-nue Ă la normale en Inde. Au BrĂ©sil, la con-sommation de carburants a mĂȘme dĂ©passĂ©son niveau dâavant la pandĂ©mie. Enfin, les cours du brut sont tirĂ©s par la faiblesse du dollar, qui rend lâor noir moins cher pour lesgrands pays consommateurs.
Lâoptimisme des marchĂ©s est dâautantplus remarquable que les derniĂšres statisti-
ques sur la demande de pĂ©trole sont loin dâĂȘtre rassurantes. Aux Etats-Unis, les stocks de brut sont repartis Ă la hausse, inversant une tendance Ă la baisse depuis lemois de juillet. Ils ont augmentĂ© de plus de 15 millions de barils en une semaine, un volume qualifiĂ© dâ« Ă©norme » par les analys-tes de HSBC. Les stocks amĂ©ricains se situent dĂ©sormais 11 % au-dessus de leur n i ve a u m o ye n d e s c i n q d e r n i Ăš r e s
annĂ©es. PĂ©nalisĂ©e par les mesures de confi-nement, la consommation dâessence faiblit outre-Atlantique.
Des stocks Ă Ă©coulerLe cours du brent reste encore loin des 70 dollars frĂŽlĂ©s en dĂ©but dâannĂ©e. Il reste tiraillĂ© entre les bonnes nouvelles sur les vaccins et les mauvaises sur le regain des contaminations en Europe et aux Etats-
JCAC 405.549,65 points0,051 % n
DOW JONES30.010,66 points-0,1934 % J
EURO/DOLLAR1,2118 $0,2897 % J
ONCE DâOR1.844,35 $0,1412 % J
PĂTROLE (BRENT)50,8 $3,7158 %
DEVISES EUR/GBP 0,9116 EUR/JPY 126,384 EUR/CHF 1,0758 GBP/USD 1,3291 USD/JPY 104,304 USD/CHF 0,8878 TAUX EONIA -0,474 LIFFE EURIBOR 3 MOIS -0,545 OAT 10 ANS -0,4324 T-BONDS 10 ANS 0,9389
ĂNERGIE
Amazon 27Apple 27Arriva 22AT&T 28Avions Mauboussin 32BYD 25Canal+ 28CIC 34Crédit Agricole 30Crédit Mutuel 34Crunchyroll 28
Eurorail 22Facebook 27Flixtrain 22Fnaim, 18Foncia 18Fondation Groupe Primonial 25Froilabo 31Funimation Global Group 28Geely 25Google 27
Gorgias 30HermĂšs 24Instagram 27LaforĂȘt 18McLaren 22Mediapro 28Nodalview 18Renfe 22Saic 25Shang Xia 24SNCF 22
Société Générale 34Sony 28Thello 22Toyota 25Transdev 22WarnerMedia 28WhatsApp 27Whympr 30
= LES ENTREPRISES CITĂES
lâessentiel
Stép
hane
de S
akut
in/A
FP
Lâouverture des lignes TGV Ă la concurrence tourne au fiascoA partir de ce week-end, les concurrents Ă©trangers de la SNCF peuvent lĂ©galement inaugurer des lignes TGV domes-tiques en France, mais aucune compagnie ne viendra contes-ter le monopole de lâentreprisepublique. // P. 22
Lâappli Whympr Ă la conquĂȘte des passionnĂ©s de montagneLâinterdiction dâutiliser les remon-tĂ©es mĂ©caniques favorise lâessor des autres disciplines, tels lâescalade ou le ski de randonnĂ©e. BasĂ©e Ă Chamonix, Whympr veut sâimposer comme un outil de rĂ©fĂ©rence Ă la montagne. // P. 30
Covid-19 : les logisticiens du froid dans les starting-blocks pour transporter les vaccinsLe convoyage de millions de doses de
vaccins est une opportunité pourla chaßne du froid française.
Les acteurs logistiques atten-dent le cahier des chargesde lâEtat. // P. 31
Bruxelles veut imposerdes batteries
électriques « propres »Des critÚres environnementaux
seront fixĂ©s Ă partir de juillet 2027sur lâensemble de la chaĂźne de vie des bat-teries. Les batteries ne respectant pas cesnormes seront « interdites » sur le marchĂ©unique, a prĂ©venu Thierry Breton. // P. 36
Enrique Moreira @EnriqueMoreira
Câest une journĂ©e importante pour Pfizer et BioNTech. Tandis quâun comitĂ© dâexperts amĂ©ricains indĂ©pendants a commencĂ©, jeudi, Ă examiner les donnĂ©esdu vaccin contre le Covid-19, les rĂ©sultats de lâessai clinique de phase III de ce mĂȘmetraitement viennent dâĂȘtre publiĂ©s dans le « New England Journal of Medecine », une revue fonctionnant sur le systĂšme dit « de relecture par les pairs » et la plus cotĂ©e aux Etats-Unis. Mieux encore, deux responsables de la publication y voient un « triomphe » du vaccin, Ă©crivent-ils dans un Ă©ditorial.
EfficacitĂ© et sĂ©curitĂ© confirmĂ©esDes propos de bon augure quant Ă lâavisque rendra le comitĂ© dâexperts amĂ©ri-cains. Les conclusions de ce dernierdoivent permettre Ă lâagence de santĂ©amĂ©ricaine (FDA) de rendre sa dĂ©ci-sion sur la demande dâautorisation
CORONAVIRUS
Le pétrole repasse la barre symbolique des 50 dollars le baril
Unis, relĂšvent les analystes de la banque MUFG. La poursuite de la hausse des prix « demandera de la patience, Ă©tant donnĂ© lâimportance des stocks qui mettront du tempsĂ ĂȘtre Ă©coulĂ©s sur le marchĂ© », prĂ©viennent-ils.
La demande planĂ©taire est encore bieninfĂ©rieure Ă la normale. Elle sâĂ©tablirait actuellement Ă 92 millions de barils par jour, estime MUFG, soit encore 7,5 % de moins quâĂ la mĂȘme Ă©poque lâan dernier. n
En fin dâaprĂšs-midi jeudi, le baril de brent sâĂ©changeait Ă 50,80 dollars, en hausse de prĂšs de 4 %.
Sharon Wajsbrot @Sharonwaj
Comme un air de dĂ©jĂ -vu. Face aux diffi-cultĂ©s dâAreva SA, lâancien holding du champion du nuclĂ©aire devenu sa structure de dĂ©faisance, chargĂ©e dâachever la construction du rĂ©acteur EPR vendu au finlandais TVO, lâEtat doit Ă nouveau jouer les pompiers. Selon nos informations, le gouverne-ment a validĂ© le principe du rachat dâune partie des titres quâAreva SA dĂ©tient au capital dâOrano pour lui Ă©vi-ter dâentrer en cessation de paiements dĂšs le printemps prochain.
« LâEtat est dâaccord sur le principesous rĂ©serve quâun nouvel accord soittrouvĂ© avec les Finlandais », expliqueune source proche dâAreva. Dansles dĂ©tails, lâEtat pourrait racheterjusquâĂ 16 % des titres quâAreva SAdĂ©tient au capital dâOrano pourune valorisation comprise entre600 et 800 millions dâeuros. « Lesdiscussions sur la valorisation deces titres, comme les discussionsavec les Finlandais, sont toujoursen cours », prĂ©cise cette source.
Pour Areva SA, il y avait urgence.EmpĂȘtrĂ© dans son chantier finlandais,que beaucoup considĂšrent dĂ©sormais comme un fiasco industriel, le groupe risque, comme lâa rĂ©vĂ©lĂ© « Le Canard enchaĂźnĂ© », la cessation de paiements dĂšs le mois dâavril prochain. En cause :le nouveau report de mise en service de ce rĂ©acteur annoncĂ© au printemps dernier Ă cause de lâimpact du Covid-19et, surtout, de nouveaux problĂšmes techniques. Ce Ă©niĂšme alĂ©a a fait Ă nou-veau exploser la facture de ce chantierqui a plus de dix ans de retard. Lâaccordconclu en 2018 entre Areva et son client, lâĂ©lectricien TVO, prĂ©voyait dâimportantes pĂ©nalitĂ©s en cas de nou-veaux retards. Outre le versement de 450 millions dâeuros dâAreva Ă TVO, il fixait Ă 20 millions dâeuros les pĂ©nali-tĂ©s par mois (dans la limite de 400 mil-lions dâeuros) si le rĂ©acteur nâĂ©tait pas mis en service Ă partir du 1er janvier 2020. « Le calendrier de cet accord est obsolĂšte, comme ses clauses de sanc-tions, il faut le renĂ©gocier », indique unesource chez Areva.
GrĂące Ă ce transfert de titres, ArevaSA espĂšre pouvoir couvrir les coĂ»ts de lâachĂšvement de son chantier finlandais, prĂ©vu dĂ©sormais pour fĂ©vrier 2022. Pour lâEtat, principal actionnaire dâAreva SA, il nây avait pas vraiment dâautres solutions. LâentrĂ©e enBourse dâOrano, explorĂ©e ces derniers mois, aurait pu permettre Ă Areva SA de se renflouer, car ce dernier dĂ©tient 40 % du capital du spĂ©cialiste du retrai-tement du combustible nuclĂ©aire. Toutefois lâopĂ©ration est loin dâĂȘtre Ă©vidente. Par ailleurs, une recapita-lisation directe dâAreva SA par les pou-voirs publics aurait Ă©tĂ© incompatible avec le droit europĂ©en. n
NuclĂ©aire :lâEtat porteĂ nouveau secours Ă ArevaĂNERGIE
Pour lâEtat, principal actionnaire dâAreva SA, il nây avait pas vraiment dâautres solutions.
dâutilisation dâurgence dĂ©posĂ©e parPfizer et BioNTech.
Les rĂ©sultats publiĂ©s par la revue scien-tifique confirment lâefficacitĂ© du vaccin. Les participants vaccinĂ©s avaient 95 % de risque en moins de contracter le Covid-19.Surtout, lâefficacitĂ© Ă©tait similaire quels que soient lâĂąge, le sexe, lâorigine ethnique,le poids ou la prĂ©sence de pathologies. A la mi-novembre, les deux laboratoires avaient annoncĂ© les mĂȘmes rĂ©sultats dans un communiquĂ© de presse. La com-munautĂ© scientifique avait alors appelĂ© Ă la prudence en lâabsence des donnĂ©es complĂštes. Cette fois, tout y est. Et mĂȘme si les responsables de la revue reconnais-sent des « problĂšmes mineurs » dans les donnĂ©es, ils estiment que « les rĂ©sultats delâessai sont suffisamment impressionnantspour rester valables ».
Reste toutefois des questions en sus-pens auxquelles seul le temps pourra rĂ©pondre : combien de temps le vaccin sera efficace ? Des problĂšmes de sĂ©curitĂ© apparaĂźtront-ils au cours dâune campagneĂ grande Ă©chelle ? Ou encore, lâinconnue sur la capacitĂ© du vaccin Ă prĂ©venir les for-mes asymptomatiques de la maladie. n
Les résultats du vaccin de Pfizer-BioNTech publiés dans une revue scientifique
Joha
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AFP
« Le marchĂ© de lâimmobilier de luxe se porte Ă©tonnamment bien ! » Tel est le constat dressĂ© par Alexander Kraft, directeur gĂ©nĂ©ral de Sothe-byâs International Realty pour la France et Monaco. « Lors du pre-mier dĂ©confinement au printemps, ily a eu une vĂ©ritable vague dâactivitĂ©. LâĂ©tĂ© est restĂ© trĂšs actif un peu par-tout en France. Nous avons mĂȘme rattrapĂ© les deux mois dâinactivitĂ© et en septembre, nous Ă©tions en train dedĂ©passer les rĂ©sultats de 2019 », se fĂ©licite-t-il.
En novembre, le second confine-ment a ralenti le mouvement. Maisil nâa pas eu le mĂȘme impact que le premier, car les signatures chez le notaire ont toutes pu ĂȘtre mainte-nues et le rĂ©seau avait eu le temps de se roder Ă lâorganisation de visi-tes Ă distance. « Depuis la reprise desvisites physiques [le 28 novembre, NDLR], nous avons vu dĂ©ferler une nouvelle vague. Nous avons plein de transactions dans les tuyaux et je crois que la fin 2020 sera la fin dâannĂ©e la pus active que nous ayonsconnue depuis vingt ans », poursuit Alexander Kraft. Il prĂ©voit mĂȘme de dĂ©passer en 2020 les performan-
ces secondaires Ă la campagne ou en bord de mer.
Le segment du trĂšs haut degamme â les biens Ă un tarif supĂ©-rieur Ă 20 millions dâeuros â sur lequel les clients Ă©trangers surtoutnon europĂ©ens sont traditionnel-lement plus nombreux, connaĂźt, lui, quelques difficultĂ©s. « La clien-tĂšle moyen-orientale est toujours prĂ©sente. Nous voyons aussi quel-ques Africains. Mais il nây a plus dâAsiatiques, et surtout les AmĂ©ri-cains, qui sont les clients principauxpour lâultraluxe, ont disparu », indi-que Charles-Marie Jottras.
« Les AmĂ©ricains sont absents.Mais nous avons quand mĂȘmequelques acheteurs français â sou-vent des entrepreneurs de la tech âdes Chinois de Hong Kong, desQataris, des Mexicains, des Suisses.Nous avons mĂȘme eu des Japonaisqui nous ont achetĂ© trois apparte-ments sur simple visite virtuellepour un investissement locatif »,raconte SĂ©bastien Kuperfis. Iladmet cependant que le nombrede mandats pour ce type de biensa diminuĂ©, certains vendeursayant prĂ©fĂ©rĂ© reporter leur projet.
Sur le segment intermĂ©diaireâ les transactions de 5 Ă 20 mil-lions â les Français ont pris le relaisdes Ă©trangers. « Notamment pour les biens situĂ©s sur la cĂŽte dâAzur ou Ă la montagne â Courchevel, MĂ©ri-bel⊠â pour lesquels justement ils nesont plus en concurrence avec les
Une excellente annĂ©e pour le haut de gammeLe secteur du luxe devrait enregistrer une trĂšs bonne annĂ©e 2020, en dĂ©pit de la crise sanitaire. Les Français ont pris le relais des Ă©trangers, sauf sur le segment de lâultraluxe.
permettre de rĂ©aliser une pre-miĂšre sĂ©lection de biens. « Elles sont particuliĂšrement utiles en amont pour nos clients pressĂ©s et qui ont une vision trĂšs prĂ©cise de cequâils dĂ©sirent. Elles servent aussi p o u r l e s re v i s i t e s » , s o u l i -gne Yann JĂ©hanno.
Meilleur taux de conversionLors du rĂ©cent congrĂšs de la fĂ©dĂ©ration des agents immobi-liers Fnaim, Thomas Lepelaars, dirigeant de Nodalview, entre-prise proposant des solutions devisites virtuelles, expliquait que ces derniĂšres « permettent de prĂ©-qualifier un projet, et dâaugmenter la qualitĂ© et le taux de conversion des visites physiques. Les propriĂ©-taires sont aussi moins ennuyĂ©s et, avec moins de passages, il y a moinsde risque que le logement soit mal rangĂ©, ce qui permet aux profession-nels de prĂ©senter le bien sous son meilleur jour ».
Pour les agents immobiliers,câest Ă©galement un gain de temps pour prospecter. Sauf Ă prĂ©fĂ©rer Ă la simple visite virtuelle â avec un a s s e m b l a g e d e p h o t o s Ă 360 degrĂ©s â ou Ă la vidĂ©o une « visiovisite ». Dans ce dernier cas,lâagent immobilier est sur place etguide le visiteur Ă distance via un systĂšme de visioconfĂ©rence. « Le client peut lui demander dâouvrir une fenĂȘtre pour se rendre compte du bruit dans la rue ou un placard pour en observer la profondeur. Câest encore plus intĂ©ressant », estime le prĂ©sident de LaforĂȘt. Pour lui, visites virtuelles et visio-visites vont dĂ©sormais « sâinsĂ©rer dans le parcours client ». Dâailleurs,mĂȘme la clientĂšle de lâimmobilier de luxe sây est mise. Les futurs locataires et les acheteurs passe-ront, selon leurs besoins, du rĂ©el au virtuel. Hormis quelques rĂ©cal-citrants qui continuent Ă ne jurer que par la visite physique. â E. Di.
Les visites virtuelles dâapparte-ments et de maisons ne sont plus anecdotiques. La crise sanitaire etles deux confinements, durant lesquels les visites physiques ont Ă©tĂ© momentanĂ©ment Ă lâarrĂȘt, leuront donnĂ© un coup dâaccĂ©lĂ©rateur.Une transformation de la façon detravailler des agents immobiliers est mĂȘme Ă lâĆuvre â alors que cette pratique en laissait jusquâĂ prĂ©sent certains sceptiques. « Nos agences sont dĂ©sormais, peu ou prou, toutes Ă©quipĂ©es pour faire de la visite virtuelle. Et de 50 % Ă 60 % disposent dâĂ©quipements trĂšs poin-tus », estime Yann JĂ©hanno, prĂ©si-dent de LaforĂȘt.
Locations bouclĂ©es Ă distance« Toutes nos annonces en ligne auront leur visite en 3D dĂšs le cou-rant de lâannĂ©e prochaine », indiquede son cĂŽtĂ© celui de Foncia, Phi-lippe Salle. Le dirigeant se fĂ©licite dâĂȘtre dĂ©jĂ parvenu Ă boucler Ă dis-tance un certain nombre de loca-tions cette annĂ©e, en particulier pour de petites surfaces. « DĂ©sor-mais, une partie du marchĂ© va pou-voir se faire sans visite physique. Il yaura bien un avant et un aprĂšs crisedu Covid-19 », affirme-t-il.
Pour une acquisition immobi-liĂšre, la visite sur place reste encore incontournable. « Il sâagit quand mĂȘme dâun acte de vie. Et lâacheteur a besoin de sentir les lieux », poursuit Philippe Salle. Mais les visites virtuelles peuvent
La visite virtuelle et la visite en visioconfĂ©rence viennent bousculer les habitudes de travail des agents immobiliers. Elles permettent une prĂ©sĂ©lec-tion des biens, mĂȘme si, au moins dans le cas dâun achat, la visite physique reste incontournable.
Avec les confinements, les visites virtuelles ont pris leur envol
res des notaires du Grand Paris, le marchĂ© commence peut-ĂȘtre aussi Ă se rĂ©guler » aprĂšs lâeuphorie de 2019.
CĂŽtĂ© prix, la hausse sur un an, Ă lafin septembre, atteint 6,5 % pour lesappartements et 4,2 % pour les mai-sons. Sâagissant des appartements, les projections pour le quatriĂšme trimestre laissent prĂ©sager dâune poursuite de la hausse, plus pro-noncĂ©e en province (+7,1 %) quâen rĂ©gion parisienne (+6,1 %). La hausse du prix des maisons attein-drait 5,8 % en Ile-de-France, et 6,1 %en rĂ©gions.
Prix en hausse dans toutes les grandes villesLes prix ont augmentĂ© dans toutes les grandes villes de France. Avec des hausses spectaculaires Ă Rennes(+14,4 % sur un an), Nantes (+13,2 %)ou Lyon (+10,6 %). A Paris, la hausse sâest Ă©tablie Ă 7,6 %. LâĂ©volution plus modĂ©rĂ©e Ă Bordeaux (+2,2 %) inter-vient aprĂšs plusieurs annĂ©es de forteaugmentation. RĂ©sultat : le pouvoir dâachat immobilier des Français est partout en baisse.
Le premier confinement nâa pasprovoquĂ© dâ« exode urbain », note FrĂ©dĂ©ric Violeau. Mais il admet que certaines rĂ©gions, en particulier proches de lâIle-de-France, ont profitĂ© de la recherche de verdure et dâespace de certains citadins. Câest le cas de la Norman-die, du Centre-Val de Loire et de la Bourgogne-Franche-ComtĂ©. La baisse des locaux parmi les acquĂ©-reurs de maisons y a atteint 3 pointspour la premiĂšre et deux pour les deux autres. Les dĂ©partements de lâYonne (+9 points), de lâEure et de lâOrne (+6 points chacun) se sont avĂ©rĂ©s particuliĂšrement prisĂ©s.
Finalement, si le marchĂ© du loge-ment ancien se porte bien, câest quâilreste « un marchĂ© dâutilisateurs, que la volontĂ© des Français dâaccĂ©der Ă lapropriĂ©tĂ© est toujours forte, que lâattrait de la pierre demeure et que le
crĂ©dit immobilier reste peu cher », a conclu FrĂ©dĂ©ric Violeau, mĂȘme sâil a constatĂ© que les conditions dâaccĂšs au crĂ©dit sâĂ©taient durcies ces derniers mois. « Le relatif main-tien des volumes sur les avant-contrats augure dâun premier tri-mestre 2021 relativement solide », a-t-il ajoutĂ©.
Mais, a-t-il prĂ©venu, « le marchĂ©de lâimmobilier ne pourra rester Ă©ter-nellement dĂ©corrĂ©lĂ© dâune crise Ă©co-nomique qui deviendrait endĂ©mi-que ». Autrement dit, la rĂ©sistance constatĂ©e aujourdâhui ne durera peut-ĂȘtre pas indĂ©finiment⊠n
l Le marchĂ© du rĂ©sidentiel ancien nâa baissĂ© que de 5 % sur un an Ă la fin septembre 2020, selon les notaires.l Les prix sont en hausse de 6,5 % pour les appartements, et de 4,2 % pour les maisons.
Immobilier : le marchĂ© du logement rĂ©siste pour lâinstant Ă la crise
Elsa Dicharry @dicharry_e
La crise sanitaire nâaura affectĂ© que faiblement le marchĂ© de lâimmobi-lier rĂ©sidentiel ancien en France en 2020. Selon les chiffres des notairespubliĂ©s jeudi, le nombre de transac-tions nâa baissĂ© que de 5 % sur un anĂ la fin septembre, Ă 990.000. Sachant que 2019 avait Ă©tĂ© une annĂ©e exceptionnelle.
« On ne peut que constater la rĂ©si-lience remarquable du marchĂ© », a commentĂ© FrĂ©dĂ©ric Violeau, prĂ©si-dent de lâInstitut notarial de droit immobilier (Indi). AprĂšs un dĂ©mar-rage de lâannĂ©e en fanfare, le pre-mier confinement a marquĂ© un coup dâarrĂȘt brutal Ă lâactivitĂ©. Mais, juste aprĂšs, de la mi-mai Ă la mi-aoĂ»t, lâeffet de rattrapage a Ă©tĂ© spec-taculaire. Puis lâactivitĂ© a repris son rythme de croisiĂšre. Y compris lors du confinement de novembre, moins strict que le premier, au coursduquel les offices notariĂ©s ont pu rester ouverts, et les dĂ©mĂ©nage-ments Ă©tĂ© autorisĂ©s. La signature des actes Ă distance a aussi Ă©tĂ© pĂ©rennisĂ©e.
DĂ©but de rĂ©gulation aprĂšs lâeuphorie de 2019Les notaires notent nĂ©anmoins que la baisse du nombre de transactionssur un an sâest accentuĂ©e au fil des mois : elle Ă©tait de 0,7 % Ă la fin juin, de 3,7 % Ă la fin juillet, de 4,6 % Ă la finaoĂ»t et donc de 5 % Ă la fin septem-bre. Selon les projections Ă©tablies sur la base des avant-contrats signĂ©s, Ă la fin dĂ©cembre, la rĂ©duc-tion devrait atteindre 8 % sur un an.« La dĂ©cĂ©lĂ©ration constatĂ©e ne peut ĂȘtre imputĂ©e exclusivement Ă la crise sanitaire, tempĂšre cependant Elo-die FrĂ©mont, membre de la com-mission des statistiques immobiliĂš-
IMMOBILIER
« La volontĂ© des Français dâaccĂ©der Ă la propriĂ©tĂ© est toujours forte, lâattrait de la pierre demeure et le crĂ©dit immobilier reste peu cher. »FRĂDĂRIC VIOLEAUPrĂ©sident de lâInstitut notarial de droit immobilier
acheteurs Ă©trangers qui ont tendanceĂ surenchĂ©rir », assure Alexander Kraft. « Nous avons programmĂ© de nombreuses visites en janvier pour des clients Ă©trangers », note en outrele patron de Junot. Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le premier trimestre 2021 sâannonce encore trĂšs dynamique pour lâimmobilier de prestige. Dâautant quâen cette pĂ©riode dâincertitudes, la pierre est une valeur refuge pour les clients fortu-nĂ©s. â E. Di.
« Les AmĂ©ricains sont absents. Mais nous avons quand mĂȘme quelques acheteurs français â souvent des entrepreneurs de la tech â des Chinois de Hong Kong, des Qataris, des Mexicains, des Suisses... »SĂBASTIEN KUPERFISDirecteur gĂ©nĂ©ral de Junot Immobilier
ces de 2019. SĂ©bastien Kuperfis, le directeur gĂ©nĂ©ral de Junot Immo-bilier, spĂ©cialiste des biens haut de gamme basĂ© Ă Paris et Neuilly-sur-Seine, table, de son cĂŽtĂ©, sur un nombre de transactions en 2020 identique Ă celui de 2019. Mais « avec un chiffre dâaffaires en haussede 20 % du fait de lâaugmentation desprix et du panier moyen ». Il note unrĂ©Ă©quilibrage du marchĂ© parisien, avec moins dâacheteurs quâaupara-vant, mais davantage de vendeurs. « Nous nâavions jamais eu autant de biens Ă vendre », assure-t-il.
Le prĂ©sident de Daniel FĂ©au,Charles-Marie Jottras, est moins dithyrambique. Il anticipe une baisse de 13 % ou 14 % du nombre detransactions sur lâannĂ©e du fait de lacrise sanitaire. En dĂ©pit dâun mois de dĂ©cembre qui « sâannonce fort ». Les ventes Ă Paris ont Ă©tĂ© un peu plus difficiles dans son rĂ©seau. « Notre agence dâAix-en-Provence a trĂšs bien marchĂ© cette annĂ©e, note-t-il en revanche. Nous avons vendu beaucoup de propriĂ©tĂ©s de 2 Ă 3 mil-lions dâeuros en Provence Ă des Pari-siens. » Dans lâensemble, les profes-sionnels du secteur constatent un net engouement pour les rĂ©siden-
Le premier trimestre 2021 sâannonce encoretrĂšs dynamique.
ENTREPRISES Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos
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20 // ENTREPRISES Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos
fabrication de whisky, les Français en sont les plus gros consomma-teurs au monde.
Nombreux sont dâailleurs ceuxsâĂ©tant lancĂ©s dans lâaventure. Ainsi, on ne recense pas moins de 85 dis-tilleries Ă ce jour dans lâHexagone. Une myriade de petites entreprises familiales, Ă©parpillĂ©es sur lâensem-ble du territoire, plutĂŽt haut de gamme. Toutes jouent la carte de lâidentitĂ© rĂ©gionale. La pionniĂšre et la plus grosse, Warenghem (Armo-rik), est nĂ©e en 1983, Ă Lannion en Bretagne. Elle emploie 13 salariĂ©s et produit 250.000 bouteilles, essen-tiellement pour le marchĂ© domesti-que oĂč il sâen consomme au total quelque 200 millions chaque annĂ©e,selon le prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration française du whisky, Philippe JugĂ©. Trois rĂ©gions comptent chacune une bonne dizaine de distilleries, la Bretagne, lâAlsace et lâOccitanie.
Servi en exclusivitĂ© Ă la table de lâElysĂ©e« Les spiritueux sont une industrie demarques dans laquelle il est difficile de se lancer Ă lâinternational avec des petits moyens », constate ce respon-sable. La production française nâen est pas moins riche dâune extrĂȘme diversitĂ©. « Chaque whisky est trĂšs diffĂ©rent des autres », dit Philippe JugĂ©. Les Bienheureux ont voulu y apporter leur touche personnelle enlançant le premier triple malt trico-lore, fruit dâun assemblage prove-nant de trois distilleries diffĂ©rentes : lâune en Alsace, une autre dans le Nord â dont Les Bienheureux ont rachetĂ© le stock â et la troisiĂšme prĂšsde Cognac. A la diffĂ©rence des autresqui insistent sur leur origine locale, ce whisky se veut dâabord français. Une signature qui devrait susciter lâintĂ©rĂȘt Ă lâĂ©tranger, oĂč Les Bienheu-reux entendent se faire connaĂźtre. « Les whiskies français commencent Ă ĂȘtre connus en dehors des frontiĂš-res », assure Philippe JugĂ©.
La gamme de triple malt Belle-voye sâest ouvert les portes de lâEly-sĂ©e, oĂč elle a le privilĂšge de lâexclusi-
vitĂ©. Tout comme sur les vols La PremiĂšre et classe Affaires dâAir France. Le chiffre dâaffaires des Bienheureux a doublĂ© en deux ans Ă 10 millions dâeuros. Lâentreprise bordelaise, qui sâappuie sur le savoir-faire des grands crus du Bor-delais en matiĂšre dâĂ©levage et dâassemblage, lance un coffret de trois whiskies vieillis en fĂ»t de chĂȘne, en barrique de calvados ou en barrique de vieille prune. Et pourcontinuer de surprendre, Les Bien-heureux vont dâici Ă quelques jours commercialiser un mĂ©lange dĂ©ton-nant de rhum (70 %) et de cognac (30 %). Sous la marque Thoreau, dunom du philosophe amĂ©ricain connu pour une forme dâexcentri-citĂ© et de dĂ©sobĂ©issance. n
Bellevoye, symbole du dynamisme des whiskies françaisl Les Bienheureux ont crĂ©Ă© les premiers whiskies français « triple malt » sous la marque Bellevoye.l En deux ans, lâentreprise bordelaise sâest hissĂ©e au premier rang de ce marchĂ© en termes de chiffre dâaffaires, raflant neuf mĂ©dailles dâor lors des concours internationaux.
du pays replient leurs budgets mar-keting. La bouteille de Hibiki 17 ans dâĂąge se brade alors Ă 9.200 yens (73 euros) Ă Tokyo.
FlambĂ©e des prixA la fin 2020, quelques chanceux peuvent encore espĂ©rer trouver la mĂȘme bouteille Ă 60.000 yens (475 euros) dans la capitale nip-pone. La plupart des bars spĂ©ciali-sĂ©s sont, eux, en rupture de stock depuis que le groupe Suntory, sub-mergĂ© par la demande, a suspendu la vente de son alcool vedette pour propulser des mĂ©langes plus jeu-nes. En une dĂ©cennie, le whisky japonais a orchestrĂ© une entrĂ©e fra-cassante sur la scĂšne mondiale. « Câest une conjonction de facteurs », explique Liam McNulty, un expert basĂ© Ă Tokyo, animateur de la plate-forme Nomunication. « Il y a eu les rĂ©compenses remportĂ©es, Ă la fin des annĂ©es 2000, par plusieurs whiskys japonais dans des concours interna-tionaux mais aussi lâinfluence de JimMurray », dĂ©taille le spĂ©cialiste. Dans lâĂ©dition 2015 de sa « Whisky Bible », le critique anglais donne Ă un single malt de Yamazaki vieilli en fĂ»t de cerisier le titre de « meilleur whisky de lâannĂ©e ».
Cette « victoire » fait flamber leprix de la bouteille et convainc les aficionados en Europe et aux Etats-Unis de goĂ»ter enfin aux produc-tions nippones, quâils avaient jus-
de production, plusieurs petites entreprises se sont lancĂ©es rĂ©cem-ment sur le marchĂ© en profitant dâun cadre rĂ©glementaire trĂšs laxiste. Rien ne dĂ©finissant claire-ment lâappellation « whisky japo-nais », ces sociĂ©tĂ©s importent en masse des whiskies bon marchĂ© duCanada ou des mĂ©lasses quâelles remettent en bouteille dans lâarchi-pel avant de les Ă©couler Ă lâĂ©tranger sous la prestigieuse Ă©tiquette « Japanese Whisky ».
Plus fort que le sakĂ©Une pratique que dĂ©noncent de plus en plus dâacteurs japonais. A latĂȘte de ce mouvement de rĂ©sistance,M a m o r u Ts u c h i ya , l âu n d e s meilleurs historiens du whisky japonais, vient de proposer au gou-vernement de mettre en place des rĂšgles plus strictes qui obligeraient les fabricants Ă distiller au Japon ouĂ vieillir leurs produits localement.
« Cela pourrait Ă©ventuellementinterpeller les autoritĂ©s qui ont sur-tout Ă©tĂ© intĂ©ressĂ©es jusquâici par les impĂŽts payĂ©s par les producteurs », suggĂšre lâanimateur de Nomunica-tion. Il remarque que la valeur des exportations de whisky japonais va dĂ©passer pour la premiĂšre fois, sur 2020, la valeur des ventes de sakĂ© Ă lâĂ©tranger. Une performancequi pourrait convaincre Tokyo dâenfin protĂ©ger lâintĂ©gritĂ© du whisky japonais. n
Le whisky japonais débordé par son succÚs
Yann Rousseau @yannsan
âCorrespondant Ă Tokyo
Bill Murray nây est pour rien. Lors-quâil interprĂšte, en 2003, dans « Lostin Translation », un acteur amĂ©ri-cain dĂ©senchantĂ©, invitĂ© Ă Tokyo Ă jouer dans une publicitĂ© pour le whisky Suntory, les producteurs de single malt japonais sont au plus mal. Ils nâexportent presque pas, et leurs ventes dans le pays ne cessentde reculer. Les plus jeunes gĂ©nĂ©ra-tions prĂ©fĂ©rant les alcools blancs, les vins occidentaux et les canettes de chuhai (du shochu mĂ©langĂ© Ă delâeau pĂ©tillante) bon marchĂ©.
Selon les autorités fiscales, lepays ne boit plus, au début des années 2000, que 150.000 litres de whisky par an, trÚs loin du pic de consommation de 408.000 litres enregistré en 1983. Des distilleries ferment, et les grands producteurs
Longtemps moquĂ©es en Occident, les productions japonaises connaissent un succĂšs spectaculaire depuis une dizaine dâannĂ©es.Les grandes distilleries, comme Suntory et Nikka, ne parviennent pas Ă rĂ©pondre Ă la demandeet de petites sociĂ©tĂ©s en profitent pour Ă©couler de « faux » whiskies japonais.
Marie-Josée Cougard @CougardMarie
« Le whisky, câest de la biĂšre distillĂ©e ». La formule risque dâen choquer plus dâun, et elle en dit longsur lâesprit qui rĂšgne chez Les Bien-heureux, dont les cofondateurs, Alexandre Sirech et Jean Moueix, marient un discours volontiers provocateur avec la liturgie des grands crus. Lâentreprise bordelaisesâest lancĂ©e dans la production du whisky français en 2018, sous la marque Bellevoye, aprĂšs avoir testĂ© 150 whiskies dans le monde et fait travailler son dĂ©partement de recherche et dĂ©veloppement pendant deux ans.
Depuis, Les Bienheureux, quifont aussi le rhum El Pasador de Oro, un gin français bio et des vins iconoclastes, ont raflĂ© lâor dans les plus grands concours Ă Paris, Bruxelles, Londres, Madrid, San F r a n c i s c o ⊠r e m p o r t a n t 40 mĂ©dailles, dont neuf pour les whiskies. Un record mondial dans le secteur.
Les atouts français« On a longtemps laissĂ© les Ecossais dire que câĂ©tait la puretĂ© de lâeau qui faisait la qualitĂ© du whisky », dit, nonsans ironie, Alexandre Sirech. « Mais ce qui compte, câest la maĂźtrisedu brassin », affirme-t-il. En clair, le contenu de la cuve dans laquelle onbrasse. Une conviction qui a con-duit les deux associĂ©s Ă dĂ©tenir, depuis un an, Ă la fois brasserie et distillerie afin de mener Ă bien lâĂ©la-boration du whisky Bellevoye. Car la France, Ă la diffĂ©rence de lâEcosse,dispose de la matiĂšre premiĂšre en abondance, comme plus gros pro-ducteur de malt dans le monde. EllebĂ©nĂ©ficie aussi dâune industrie de latonnellerie prospĂšre. Et sâil fallait un argument de plus pour encoura-ger les candidats Ă se lancer dans la
SPIRITUEUX
David Barroux @DavidBarroux
Le hasard est parfois cruel, mais ilpeut aussi bien faire les choses. Lorsque, au lendemain de la crise Ă©conomique et financiĂšre de 2008, Eric Cordelle se retrouve au chĂŽmage, il nâa quâune ambition : se relancer « en fabriquant quelqueque chose ». LâingĂ©nieur Ă©tait ban-quier, il veut devenir entrepreneuret crĂ©er. Est-ce parce que, enfant, la chimie et les alambics le pas-sionnaient ? Est-ce parce quâil a vĂ©cu dans un Japon qui a prouvĂ© que les Ecossais et les Irlandais nâavaient pas le monopole du whisky ? Ou est-ce juste parce queson Ă©pouse, Anne-HĂ©lĂšne, lui en asoufflĂ© lâidĂ©e ?
Câest sans doute un peu tous cesingrĂ©dients rĂ©unis qui vont faire que, finalement, il y a presque unedizaine dâannĂ©es, les Cordelle se lancent un dĂ©fi fou : eux qui, Ă partun grand-pĂšre bouilleur de cru, nâont aucun lien avec le monde de lâalcool dĂ©cident de produire un whisky made in France.
Le pari nâest cependant pastotalement insensĂ©. « Le whisky est le spiritueux le plus consommĂ© en France. On en achĂšte plus de 210 millions de bouteilles par an. Il y a donc un vĂ©ritable marchĂ©, et on peut produire toute lâannĂ©e », expli-que Eric Cordelle, qui, pour rĂ©us-sir son aventure entrepreneu-riale, ne se prĂ©cipite pas. « La clĂ©, câĂ©tait de commencer par trouver une bonne source dâeau, et on vou-lait aussi un beau lieu qui puisse ĂȘtre ouvert au public. On a donc misle temps avant de trouver une ancienne ferme sur les contreforts du Vercors, Ă Saint-Jean-en-Royans », se souvient-il. Et pour sediffĂ©rencier sur un marchĂ© bien occupĂ©, les Cordelle vont faire plu-
Ancien banquier,Eric Cordelle et son épouse se sont installés dans le Vercors pour lancer un whisky bio haut de gamme, distillé à basse température.
Le Vercors dĂ©fie lâEcosse
quâalors moquĂ©es. InitiĂ© Ă la boissonen 1853 par le commodore Mat-thew Perry, venu dâAmĂ©rique pour forcer lâarchipel, alors isolĂ©, Ă ouvrirdes relations diplomatiques et com-merciales avec lâOccident, le Japon a allumĂ© ses premiĂšres distilleries en 1923, suivant des techniques Ă©cossaises.
Une poignĂ©e de grands acteurscomme Suntory et Nikka y produit des alcools de qualitĂ© mais essen-tiellement destinĂ©s aux « sala-rymen » cherchant une boisson bon marchĂ©, Ă partager avec des collĂšgues Ă la sortie du bureau. « CessociĂ©tĂ©s ont donc Ă©tĂ© surprises par la soudaine envolĂ©e de la demande Ă l â international , souffle Liam McNulty. Comme il faut entre cinq etdix ans de vieillissement en fĂ»t pour un whisky premium, elles nâont aujourdâhui pas assez de rĂ©serves et doivent maintenant investir massi-vement dans de nouvelles distilleries pour se mettre Ă niveau. » AllĂ©chĂ©es par cette nouvelle aura et ce dĂ©ficit
La date
1923Cette année-là , le Japon allume ses premiÚres distilleries, suivant des techniques écossaises.
« On a longtemps laissĂ© les Ecossais dire que câĂ©tait la puretĂ© de lâeau qui faisait la qualitĂ© du whisky. Mais ce qui compte, câest la maĂźtrise du brassin. »ALEXANDRE SIRECHCofondateur des Bienheureux
sieurs choix stratĂ©giques. Dâabordcelui dâĂȘtre 100 % bio, ce qui reste encore trĂšs rare sur le marchĂ© du whisky, et ensuite de pratiquer une distillation Ă basse tempĂ©ra-ture. « Comme dans la cuisine, les cuissons lentes permettent de libĂ©-rer des arĂŽmes, de donner de la ron-deur », dĂ©taille lâingĂ©nieur, qui va dessiner lui-mĂȘme son alambic.
« Ce mĂ©tier, câest lâĂ©cole de lapatience », remarque celui qui, aprĂšs des annĂ©es de prĂ©paration etdâinvestissement, a commencĂ© Ă produire il nây a que quatre ans. Etcomme, pour avoir le droit Ă lâappellation « whisky » en France,il faut laisser vieillir en fĂ»t au moins trois ans, câest seulement depuis cette annĂ©e que le whisky SĂ©quoia, produit par la Distillerie du Vercors, est vĂ©ritablement commercialisĂ©. « Jusque-lĂ on ven-dait des ââpure maltââ, ce qui a permisde commencer Ă nous faire connaĂź-tre auprĂšs des cavistes », explique
lâentrepreneur. Pour sa promo-tion, il peut aussi sâappuyer sur desaficionados qui savent repĂ©rer les nouveautĂ©s et ont notĂ© ce nouvel acteur tout aurĂ©olĂ© de deux mĂ©dailles dâor au prestigieux con-cours mondial de spiritueux de Bruxelles. La production reste pour lâinstant relativement faible (autour de 10.000 bouteilles). « On pourrait faire cinq Ă dix fois plus, mais mieux vaut monter en puis-sance progressivement », estime Eric Cordelle. Dâautant que lâacti-vitĂ© consomme beaucoup de cash,car il faut produire et stocker pen-dant des annĂ©es avant de vendre. Lâavantage Ă©tant que ce qui nâest pas vendu aujourdâhui aura sans doute plus de valeur dans quel-ques annĂ©es. n
En France, pour avoir le droit Ă lâappellation « whisky » , il faut laisser vieillir en fĂ»t au moins trois ans.
La France, Ă la diffĂ©rence de lâEcosse, dispose de la matiĂšre premiĂšre en abondance, en tant que plus gros producteur de malt dans le monde. Elle bĂ©nĂ©ficie aussi dâune industrie de la tonnellerie prospĂšre. Photo Bellevoye
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Certains lientleur destin Ă une
fondation Ă AmsterdamNous lions le nĂŽtre Ă lâAccord de Paris
Le 12 décembre 2015, 195 pays prenaientdes engagements sans précédent contre lamenace des changements climatiques en
adoptant lâAccord de Paris.Cinq ans aprĂšs, Veolia crĂ©e un championmondial pour dĂ©velopper les solutionsles plus innovantes au service de la
transformation Ă©cologique.Et câestĂ nouveauenFrancequeça sepasse.
Pour en savoir plus : global-champion.veolia.com
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22 // ENTREPRISES Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos
company »), ces vĂ©hicules un peu particuliers qui sont des coquilles vides sans activitĂ© opĂ©rationnelle et dont lâobjet est de rĂ©aliser une ou plusieurs acquisitions.
McLaren a en tout cas pris langueavec au moins une dâentre elles, basĂ©es aux Etats-Unis, a indiquĂ© au « Financial Times » Mike Flewitt, le patron de la branche automobile duconstructeur, qui reprĂ©sente 80 % de son activitĂ©. Afin de lever dans lesmois qui viennent 300 Ă 500 mil-lions de livres en actions, il dit aussi considĂ©rer, « sans vouloir exclure personne », de possibles investisse-ments venant « de particuliers, de groupes familiaux, de fonds souve-rains et de fonds de private equity ».
Des ventes en baisse de 60 %Le groupe a souffert de la crise sani-taire. Il a annoncĂ© en mai la suppres-sion de 1.200 postes, soit un quart deses effectifs, et levĂ© en juillet 150 mil-lions de livres de dette supplĂ©men-taire auprĂšs de la Banque nationale du BahreĂŻn, alors quâil risquait
dâarriver Ă court de trĂ©sorerie. Ses ventes ont reculĂ© de plus de 60 % surles neuf premiers mois de lâannĂ©e, Ă 389,2 millions de livres, et ses pertesavant impĂŽt se sont creusĂ©es, Ă 312,9 millions, contre 68,2 millions sur la mĂȘme pĂ©riode de lâan dernier.
Parmi les autres scĂ©narios Ă lâĂ©tude pour rĂ©duire une dette qui atteignait Ă la fin du troisiĂšme tri-mestre 661 millions de livres, le groupe cherche Ă vendre son siĂšge de Woking, au sud-ouest de Lon-dres, tout en continuant Ă le louer. Ilpourrait aussi imposer une cure dâamaigrissement Ă sa division McLaren Applied, qui vend sa tech-nologie Ă des tiers, ou bien cĂ©der unepart minoritaire dans son Ă©quipe decourse automobile.
McLaren, qui ne dispose dâaucunpartenariat avec un plus grand constructeur, ne peut compter que sur lui-mĂȘme pour investir en R&D.Il vient notamment dâinvestir prĂšs de 400 millions de livres dans le futur moteur hybride qui doit rem-placer, dâici Ă dix ans, ses actuels moteurs essence. n
Alexandre Counis @alexandrecounis
â Correspondant Ă Londres
Toutes les options sont dĂ©sormais ouvertes chez McLaren. Durement Ă©prouvĂ© par les dĂ©gĂąts collatĂ©raux de la pandĂ©mie de Covid-19, le constructeur britannique de voitu-res de sport cherche Ă lever 500 mil-lions de livres en capital afin de se refinancer. Parmi les pistes sur la table figure notamment celle dâune introduction en Bourse, qui passe-rait dâabord par la fusion avec une SPAC (« special purpose acquisition
AUTOMOBILE
Le constructeur de voitures de sport examine de possibles investissements venant de particuliers, de groupes familiaux, de fonds souverains et de fonds de private equity.
McLaren cherche Ă lever 500 millions de livres
échanges avec tout opérateur inté-ressé sans attendre la réalisation des formalités administratives », dit-on au sein de la société.
Cependant, cette activitĂ© sur leslignes dites « en open access » reste jalonnĂ©e de nombreuses barriĂšres Ă lâentrĂ©e, qui demandent une notifi-cation formelle dix-huit mois avant
de lancer les premiers trains. « Si un opĂ©rateur dĂ©cide de venir avec du matĂ©riel qui ne respecte pas nos rĂšglesde sĂ©curitĂ© ou de lecture de la signali-sation, ça ne peut pas marcher », dit-on Ă lâAutoritĂ© de rĂ©gulation des transports (ex-Arafer), qui reçoit lesnotifications formelles. En outre, la SNCF avait bien bĂ©tonnĂ© son prĂ© carrĂ©, en segmentant sa tarification entre trains classiques InOui et low cost Ouigo. Surtout, la crise sani-taire nâa rien arrangĂ© aux yeux des candidats, le trafic affaires du TGV ayant largement disparu, mĂȘme surles axes rĂ©putĂ©s les plus rentables.
Thello et Renfe toujours sur les rangsCependant, la messe nâest pas dite. Le week-end des 12 et 13 dĂ©cembre nâest pas une date butoir, « mais seulement lâouverture dâune possible fenĂȘtre », selon plusieurs sources. Defait, si Flixtrain a retirĂ© son dossier Ă ce stade, Thello et Renfe sont loin dâavoir dĂ©finitivement abandonnĂ©, selon nos informations. Le premier, filiale de Trenitalia, voulait au dĂ©partlancer dĂšs juin 2020 ses TGV « Frec-ciarossa » sur la ligne Paris-Lyon-Milan, avec possibilitĂ© de vendre desbillets sur Paris-Lyon uniquement. Actuellement, il semble toujours
Feu vert Ă la recapitalisation de la SNCFLa SNCF va pouvoir ĂȘtre recapitalisĂ©e Ă hauteur de 4,05 milliards dâeuros, selon un arrĂȘtĂ© publiĂ© au « Journal officiel » jeudi qui autorise lâEtat Ă souscrire Ă lâopĂ©ration, conformĂ©ment au plan de relance annoncĂ© en septembre dernier. Ces 4 milliards sont destinĂ©s au rĂ©seau, avec en particulier 2,3 milliards permettant de poursuivre les travaux prĂ©vus. Le gouvernement avait indiquĂ© que le groupe public allait bĂ©nĂ©ficier de 4,7 milliards dâeuros dans le cadre de son plan de relance, dont 4,05 milliards de recapitalisation, le reste allant notamment aux petites lignes, au fret et aux trains de nuit. « LâEtat conserve lâintĂ©gralitĂ© du capital social de la sociĂ©tĂ© nationale SNCF », est-il prĂ©cisĂ© dans lâarrĂȘtĂ©.
ENTENDEZ-VOUSLâĂCO?DU LUNDIAU VENDREDIDE 14H00Ă 15H00
Tiphainede Rocquigny
Lâespritdâouver-ture.
LâĂ©mis-sion Ă forttauxdâintĂ©-rĂȘt.
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> Avec Elsa Conesa,
journaliste aux Echos,
le vendredi
Le train rapide tricolore attend toujours ses potentiels challengers. Photo Patrick LĂ©vĂȘque/Sipa
Denis Fainsilber [email protected]
Lâouverture des lignes SNCF domes-tiques Ă la concurrence, câest un peu la version ferroviaire du roman « Le DĂ©sert des Tartares » : lâennemi est aux portes de la citadelle et il faut se prĂ©parer au combat mais, en dĂ©fini-tive, celui-ci ne se montre jamais. Telest, pour lâinstant, le rĂ©sultat de lâarri-vĂ©e programmĂ©e de concurrents Ă©trangers sur les lignes de TGV.
Si le schĂ©ma imaginĂ© dĂšs 2013par la Commission de Bruxelles puisvalidĂ©, au terme dâinfinis dĂ©bats, par le Parlement europĂ©en fin 2016 sâĂ©tait dĂ©roulĂ© comme prĂ©vu, les rivaux de la compagnie nationale auraient lancĂ© leurs premiers trains Ă grande vitesse sur des lignesfrançaises dĂšs le samedi 12 dĂ©cem-bre, date dâentrĂ©e en vigueur de
FERROVIAIRE
A partir de ce week-end, les concurrents Ă©tran-gers de la SNCF peuvent lĂ©galement inaugurer des lignes TGV domes-tiques en France, mais aucune compagnie ne viendra contester le monopole de lâentreprise publique.
A plus long terme, cependant, les jeux ne sont pas encore faits.
Lâouverture des lignes TGV Ă la concurrence tourne au fiasco
lâ« horaire de service 2021 ». Mais au dĂ©part des gares parisiennes, les TGV de la SNCF resteront dĂ©sespĂ©-rĂ©ment seuls sur les Ă©crans dâaffi-chage. Car les opĂ©rateurs Ă©trangers ayant regardĂ© le dossier, lâitalien Thello, lâallemand Flixtrain et lâespa-gnol Renfe, ont, pour lâinstant, capi-tulĂ©. MĂȘme pour la voie royale Paris-Lyon-Marseille. Quarante ans aprĂšs son lancement sur Paris-Lyon, le train rapide tricolore attend donc toujours ses potentiels challengers, et la France reste en retard par rap-port Ă des pays comme lâAllemagne, lâItalie, lâAutriche, la SuĂšde et mĂȘme lâEspagne, qui va sây mettre Ă son tour au printemps prochain.
Une dĂ©faillance fĂącheuse pour leprocessus soutenu par les pouvoirs publics, qui voulaient faire de ce volet â Ă lâinstar de la concurrence dans lâaĂ©rien domestique, beaucoupplus ancienne â un marqueur de la rĂ©forme ferroviaire adoptĂ©e en 2018. Aux yeux de la Commission europĂ©enne, cette rĂ©forme visait à « renforcer la compĂ©titivitĂ© du sec-teur et faciliter la libre circulation des voyageurs ».
SNCF Réseau a sollicité des candidatsAfin de bien jouer le jeu et respecterle nouveau cadre juridique, la filiale SNCF Réseau (ex-RFF), intéressée par les potentielles recettes de péages versés par de nouveaux entrants, a prospecté le marché dÚs 2017 pour « vendre » aux concur-rents de sa maison mÚre les atouts du réseau ferroviaire tricolore. Un virage assumé. « Nous entamons des
intĂ©ressĂ© par ce mĂȘme schĂ©ma, mais pour juin 2021 au plus tĂŽt, Ă rai-son de trois frĂ©quences quotidien-nes. Quant Ă lâibĂ©rique Renfe, il se montre encore candidat au marchĂ© français, Ă lâheure oĂč la SNCF vient lui disputer, Ă la mi-mars 2021, ses propres clients domestiques.
Ce vrai-faux dĂ©part dans la miseen concurrence des services non c o nve n t i o n n Ă© s c o n s t i t u e l e deuxiĂšme Ă©chec simultanĂ©, aprĂšs celui des lignes TET (trains dâĂ©quili-bre du territoire), soit les actuels
IntercitĂ©s. LâEtat, qui subventionne chaque annĂ©e les axes Nantes-Bor-deaux et Nantes-Lyon, va dĂ©clarer infructueux lâappel dâoffres pour ces deux lignes, alors que trois can-didats (Transdev, lâallemand Arriva et le belge Eurorail) Ă©taient prĂȘts Ă succĂ©der Ă la SNCF, pour un dĂ©but dâexploitation qui Ă©tait projetĂ© fin 2022. Un renoncement dâautant plus fĂącheux quâen thĂ©orie, 8 autres lignes IntercitĂ©s devaient suivre le mĂȘme chemin concurrentiel, aprĂšs la rĂ©novation de leurs voies. n
24 // ENTREPRISES Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos
473 millions. Le groupe, qui ne communique plus par pays depuis des annĂ©es, ne prĂ©cise pas la situation de sa filiale fran-çaise, chroniquement dĂ©fici-taire et sujette Ă une nouvelle restructuration (307 postes supprimĂ©s, hors rĂ©seau dâagen-ces pour partie cĂ©dĂ©es).
TUI France, plus connu parses clubs Marmara et LookĂ©a etses circuits Nouvelles FrontiĂš-res , est intĂ©grĂ© dans une « rĂ©gion » Europe de lâOuest dont la perte opĂ©rationnelle a Ă©tĂ© multipliĂ©e par quinze, avoi-sinant 441 millions dâeuros, pour un total de revenus divisĂ© par plus de 2, Ă 1,3 milliard.
En dĂ©pit de ces rĂ©sultats cala-miteux, la direction reste confiante. Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©-rale, elle estime que « 2021 sera une annĂ©e de transition pour le tourisme et que 2022 devrait voirun retour Ă des niveaux dâavant coronavirus ». En outre, estime son patron, Fritz Joussen, le modĂšle Ă©conomique intĂ©grĂ© de TUI, qui possĂšde ses tour-opĂ©-rateurs, ses agences de voyages,ses avions, ses hĂŽtels et ses paquebots, le tout sous une marque unique, rend possible une reprise rapide.
RenflouementCe modĂšle intĂ©grĂ© a toutefois Ă©tĂ© quelque peu malmenĂ© par les consĂ©quences du Covid-19, dâoĂč le lancement par TUI dâun vaste programme de rĂ©duction de 30 % de ses coĂ»ts, visant aussi Ă accĂ©lĂ©rer sa rĂ©volution numĂ©rique, afin de rendre ce mĂȘme modĂšle « plus flexible ». Ce programme prĂ©voit la sup-pression de 8.000 postes dans lemonde, un objectif en bonne partie atteint.
En parallĂšle, le bateau TUI aĂ©tĂ© renflouĂ© par trois fois depuisle dĂ©but de la crise sanitaire, lâEtat allemand Ă©tant partie pre-nante de chacun des plans de soutien. AnnoncĂ© le 2 dĂ©cembredernier et dâun montant de 1,8 milliard, le troisiĂšme vise Ă sĂ©curiser la situation financiĂšre du groupe courant 2021 avec lâhypothĂšse dâune pandĂ©mie persistante. TUI avait dĂ©jĂ bĂ©nĂ©-ficiĂ© de lâinjection de 3 milliards dâeuros au printemps et en septembre. n
Christophe Palierse @cpalierse
FrappĂ© de plein fouet par la crise sanitaire, le numĂ©ro un mondial du tourisme TUI a misun genou au sol, mais il assure pouvoir repartir de lâavant. Tel est le message adressĂ© jeudi parle groupe allemand Ă lâoccasionde la publication des rĂ©sultats de son exercice 2019-2020 (clos au 30 septembre), marquĂ© par un dĂ©ficit astronomique.
TUI accuse en effet une pertenette part du groupe de 3,1 mil-liards dâeuros, Ă comparer Ă un profit de 416,4 millions sur 2018-2019, pour un chiffre dâaffaires en baisse de 58 %, frĂŽ-lant les 8 milliards. Ce dĂ©ficit sâexplique largement part une perte opĂ©rationnelle de 3 mil-liards â Ă comparer Ă un rĂ©sul-tat positif approchant 894 mil-lions un an auparavant â, consĂ©quence directe de la chutede son activitĂ©.
EffondrementLa crise a frappĂ© tous les mĂ©tiers â hĂŽtellerie, croisiĂšre, excursions-visites, transport aĂ©rien â et toutes les grandes zones gĂ©ographiques du gĂ©ant allemand. A titre dâexemple, TUI paie cher sa rĂ©cente expan-sion dans la croisiĂšre, une acti-vitĂ© jugĂ©e stratĂ©gique et jus-quâalors trĂšs rentable. Elle a gĂ©nĂ©rĂ© cette fois une perte dâexploitation de 322,8 millions,contre un gain de 366 millions sur 2018-2019, et ses revenus ont fondu de moitiĂ©, Ă environ
TOURISME
Le groupe allemand, numĂ©ro un mondial du tourisme, a perdu plus de 3 milliards dâeuros au cours de son exercice 2019-2020.
Il estime pouvoir rebondir rapide-ment grùce à son modÚle intégré, pourtant malmené par la crise.
TUI table sur un retour Ă la normale en 2022
Ă suivre
LâUtac-Ceram rachĂšte son concurrent Millbrook pour 130 millions dâeurosAUTOMOBILE Lâorganisme français dâhomologation de vĂ©hicu-les Utac-Ceram va racheter une participation majoritaire dansson concurrent britannique, Millbrook, pour 118 millions delivres (130 millions dâeuros). Lâancien propriĂ©taire, Spectris,conservera 13,5 % du nouveau groupe et y rĂ©investira 25 mil-lions de livres. Le but de lâopĂ©ration est de « crĂ©er un groupe lea-der dans le domaine des essais techniques, de lâhomologationautomobile et des nouvelles technologies ». LâUtac emploie580 personnes dans le monde, et Millbrook 700. Le groupe seradirigĂ© par Laurent Benoit, actuel prĂ©sident de lâUtac-Ceram.LâopĂ©ration devrait lui permettre de doubler son chiffre dâaffai-res (83 millions dâeuros en 2019).
Le BĂątiment craint la hausse de la TVA pour certains travaux de rĂ©novation BTP Un amendement au projet de loi de finances 2021, votĂ© lasemaine derniĂšre au SĂ©nat avec le soutien du gouvernement,pourrait porter la TVA de 5,5 % Ă 10 % sur certains travaux derĂ©novation Ă©nergĂ©tique, alerte la FĂ©dĂ©ration française du bĂąti-ment (FFB). Cela concerne notamment les remplacements deportes dâentrĂ©e, de volets isolants, et de fenĂȘtres (sauf remplace-ment dâau moins 50 % des fenĂȘtres du logement et en substitu-tion Ă du simple vitrage). De surcroĂźt, pour tous les travaux derĂ©novation Ă©nergĂ©tique, la TVA Ă 5,5 % nĂ©cessiterait que lâarti-sans ait le label « reconnu garant de lâenvironnement » (RGE).Or « il nâexiste aujourdâhui que 65.000 entreprises qualifiĂ©es RGEsur les 320.000 entreprises de bĂątiment », souligne la FFB. Letexte revient lundi Ă lâAssemblĂ©e nationale. Si les dĂ©putĂ©s main-tiennent la mesure, elle sâappliquerait en juillet 2021.
Dominique [email protected]
AprĂšs les bolides Ferrari, lâartisanatde luxe chinois. Les Agnelli ont en effet dĂ©cidĂ© de renforcer leur empreinte dans le luxe en Asie. La cĂ©lĂšbre famille italienne, via son holding Exor, sâoffre Shang Xia , la marque chinoise dâHermĂšs. Exor vainvestir quelque 80 millions dâeuros, « via une augmentation de capital rĂ©servĂ©e qui lui permettra de devenir lâactionnaire majoritaire », indiquent les entreprises. HermĂšs restera au capital, ainsi que sa cofondatrice Jiang Qiong Er.
« Avec HermĂšs, nous sommesimpatients dâaccompagner Jiang Qiong Er dans la construction dâune grande entreprise [âŠ] auprĂšs dâune clientĂšle progressant dans le monde entier », a dĂ©clarĂ© le PDG dâExor, John Elkann. Nous sommes ravis de pouvoir partager avec Shang Xia notre expĂ©rience de dĂ©veloppement de marques de luxe mondiales. »
Shang Xia a Ă©tĂ© lancĂ©e en 2010 parHermĂšs, sur la base dâun concept original : remettre en valeur les savoir-faire chinois au service de crĂ©ations contemporaines. La mar-que travaille avec une soixantaine dâateliers en Chine, au Vietnam, au
NĂ©pal et en Mongolie. Son offre va delâart de vivre (services Ă thĂ©âŠ) au mobilier, en passant par la mode et les accessoires (bijoux, sacs), avec des prix de 100 Ă 300 euros pour les petits cadeaux, qui peuvent monter jusquâĂ 10.000, voire 100.000 euros. Lâan dernier, son chiffre dâaffaires a atteint plus de 20 millions dâeuros (+60 %), mais la marque nâest pas rentable.
Cap sur lâinternationalLa notoriĂ©tĂ© de Shang Xia est encore faible. Elle est aujourdâhui vendue essentiellement en Chine, via sept magasins, Ă Shanghai, PĂ©kin, Chengdu, Hangzhou ou Shenzhen. A lâinternational, elle a une seule boutique Ă Paris, ouverte il y a sept ans. En 2021, la marque veut franchir les frontiĂšres pour mettre dâabord le cap sur le reste delâAsie, Singapour et Taiwan. Avant un horizon plus lointain, le reste du monde.
Cette nouvelle Ă©tape dans sondĂ©veloppement demande de lourds investissements, alors que Shang Xia nâa pas atteint la rentabilitĂ©. Ce qui explique sans doute quâHermĂšs ait dĂ©cidĂ© de sâadosser Ă un parte-naire puissant dans un contexte de crise sanitaire. Exor gĂšre un porte-feuille dont la valeur est estimĂ©e Ă 27 milliards de dollars. « Avec Exor, nous partageons une longue culture familiale et entrepreneuriale sur laquelle nous pourrons bĂątir les nou-veaux succĂšs de Shang Xia », a souli-gnĂ© le gĂ©rant dâHermĂšs, Axel Dumas.
Des fondations solidesLa dirigeante de la marque chinoise(qui a menĂ© le projet avec Patrick Thomas, ancien dirigeant dâHer-mĂšs), estime que, dix ans aprĂšs sa crĂ©ation, Shang Xia a bĂąti des fon-dations solides, en termes dâappro-visionnement notamment. Tra-vailler avec des artisans souvent isolĂ©s a Ă©tĂ© un dĂ©fi Ă relever.
DĂ©sormais, la sociĂ©tĂ© veut accĂ©lĂ©-rer malgrĂ© un contexte incertain pour le marchĂ© du luxe. Le secteur devrait chuter de 20 % en 2020, selondiffĂ©rentes Ă©tudes. Mais pas en Chine, qui va rester son moteur. Ce nouveau duo constituĂ© dâExor et dâHermĂšs « va permettre Ă Shang Xiade poursuivre ses rĂȘves et ses ambi-tions avec plus de puissance que jamais », souligne Jiang Qiong Er. LâopĂ©ration devrait ĂȘtre bouclĂ©e Ă la fin de lâannĂ©e. n
LUXE
La famille Agnelli, propriétaire de Fiat et de Ferrari, va prendre la majorité de la marque lancéeil y a dix ans parle groupe de luxe.
Le français resteau capital avecla cofondatrice de la griffe chinoise.
HermĂšs cĂšde les commandes du chinois Shang Xia aux Agnelli
Shang Xia a ouvert une seule boutique hors de Chine, Ă Paris, en 2013. Photo Miguel Medina/AFP
Shang Xia Ă©tĂ© lancĂ©e en 2010 par HermĂšs, sur la base dâun concept original : remettre en valeur les savoir-faire chinois au service de crĂ©ations contemporaines.
Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 ENTREPRISES // 25
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Anne Feitz @afeitz
Personne nâaurait voulu y croire il y a deux ou trois ans : le classement des constructeurs automobiles en fonction de leur capitalisation boursiĂšre est tout bonnement ren-versant. Sur la premiĂšre marche dupodium, et de trĂšs loin, se trouve Tesla, avec une valorisation de 570 milliards de dollars â il nâoccupepourtant cette place que depuis le dĂ©but juillet.
Câest trois fois plus que le numĂ©rodeux, Toyota (199 milliards), et six fois plus que le troisiĂšme, le gĂ©ant Volkswagen (91 milliards). Ces deuxconstructeurs « old school » se dis-putent pourtant (avec lâalliance Renault-Nissan-Mitsubishi) le rangde leader mondial pour le nombre de vĂ©hicules vendus (plus de 10 mil-lions chacun).
Mais ce qui surprend Ă©galement,câest la prĂ©sence dans le Top 20 de six groupes chinois parfaitement inconnus, ou presque, il y a quel-ques annĂ©es : BYD, Saic, Xpeng, Li Auto, Geely. Trois dâentre eux sont de jeunes pousses de lâĂ©lectrique (NIO, Xpeng et Li Auto) tout juste sorties du berceau. Elles nâexis-taient pas il y a cinq ans et se propul-sent aujourdâhui dans le sillage de lafirme dâElon Musk. Chacune vaut dĂ©jĂ largement plus de 25 milliards de dollars, davantage que PSA (23 milliards) ou Renault (13 mil-liards). « Je suis sidĂ©rĂ©, câest tout bon-
AUTOMOBILE
Le classement bour-sier des constructeurs automobiles est renversant : non seulement Tesla vaut dĂ©sormais autant que la plupart des constructeurs traditionnels rĂ©unisâŠ
⊠mais on y trouve aussi plusieurs jeunes pousses chinoises qui nâexistaient pas il y a cinq ans.
Automobile : lâĂ©lectrique bouscule la donne en Bourse
des ventes de voitures électriques observée cette année.
MĂȘme si, avec 500.000 bolides Ă batterie prĂ©vus en 2020, Tesla est encore trĂšs loin des 10 millions ven-dus par Toyota ou VW, il reste, et de loin, numĂ©ro un mondial pour les ventes de voitures Ă©lectriques. Quant aux nouveaux venus, ils sur-fent tout simplement sur la vague. « Beaucoup dâinvestisseurs se disent âjâai ratĂ© Tesla, je ne veux pas rater les suivantsâ », souligne un analyste.
La plus « ancienne » de ces jeunespousses, NIO, a vendu moins de 40.000 voitures sur les onze pre-miers mois de lâannĂ©e. « La sociĂ©tĂ© nedoit sa survie quâĂ lâinjection de 1 mil-liard de dollars de la ville chinoise de Hefei, en avril dernier et elle vaut aujourdâhui 60 milliards de dollars ! »soupire le mĂȘme professionnel. Li Auto et Xpeng ont fait leur entrĂ©e surle Nasdaq cet Ă©tĂ© seulement. Le scan-dale Nikola, cette start-up spĂ©ciali-sĂ©e dans les camions Ă©lectriques qui avait survendu ses performances, nâa pas vraiment servi de leçon.
Pour Xavier Mosquet, associĂ© spĂ©-cialiste de lâautomobile du BCG, le succĂšs boursier de Tesla sâexplique toutefois parfaitement. « Ils rĂ©ussis-sent dans lâĂ©lectrique, un marchĂ© qui adĂ©sormais fait ses preuves et qui pro-gresse de 25 % ou 30 % par an. Un niveau de croissance plutĂŽt rare en ce moment », relĂšve-t-il.
Dâautant quâaprĂšs cinq trimestresconsĂ©cutifs de bĂ©nĂ©fices, Tesla sem-ble avoir enfin prouvĂ© sa capacitĂ© Ă produire en plus grandes sĂ©ries. « RetraitĂ©e des profits liĂ©s aux crĂ©dits CO2 et de la rĂ©munĂ©ration dâElon Musk, la marge de la division automo-bile a atteint 9 % au dernier trimestre,ce qui place Tesla parmi les construc-teurs les plus rentables au monde », souligne Philippe Houchois, ana-lyste chez Jefferies.
Un accĂšs quasi gratuitau capitalSurtout, contrairement aux masto-dontes du secteur, les nouveaux champions de lâĂ©lectrique partent de zĂ©ro. « Pour eux, le boom de lâĂ©lec-trique se traduit par de la croissance nette, alors que pour les construc-teurs traditionnels, il sâagit dâun jeu Ă somme nulle : ils perdent dans le thermique ce quâils gagnent dans lâĂ©lectrique », analyse Philippe Hou-chois. Non seulement ils doivent investir des milliards dans les nou-velles technologies, mais ils doiventparallĂšlement restructurer leurs anciennes activitĂ©s. « Ils ne peuvent pas rester les bras croisĂ©s, sinon ils seront Ă©crasĂ©s », souffle lâanalyste.
Et ce, dâautant quâavec de tellesvalorisations boursiĂšres, les nou-veaux acteurs ont un accĂšs quasi gratuit au capital. « Tesla vient dâannoncer une augmentation de capital de 5 milliards de dollars, fai-sant Ă peine frĂ©mir le cours, poursuitPhilippe Houchois. Et ce sera pareil pour les autres. De quoi financer de lourds programmes de R&D, se doterde rĂ©seaux de distribution du jour aulendemain, etc. Ce dĂ©calage est ingĂ©-rable pour les constructeurs tradi-tionnels. »
Certains ont dâailleurs bien iden-tifiĂ© la menace. Le patron du groupeVW, Herbert Diess, a clairement dĂ©signĂ© Tesla ces derniers jours comme la cible Ă rattraper, et celui de PSA, Carlos Tavares, le considĂšredĂ©sormais comme un concurrent « trĂšs sĂ©vĂšre ».
(Lire « Crible »Page 44
Désormais, Tesla pÚse autant que Toyota, Volkswagen, Daimler, BMW, General Motors, Ford, Fiat Chrylser, PSA et Renault réunis !
LĂ©a Delpontâ Correspondante Ă Lyon
Etait-ce prĂ©monitoire ? En 2019,la fondation de la FinanciĂšre de lâEchiquier, se prĂ©parant Ă deve-nir la Fondation Groupe Primo-nial, aprĂšs le rachat de la sociĂ©tĂ©de gestion dâactifs par le leader indĂ©pendant de la gestion de patrimoine, ouvrait son champ dâaction jusquâici centrĂ© sur lâĂ©ducation et lâinsertion sociale et professionnelle, Ă la santĂ©. Son premier geste, aprĂšs son lancement auprĂšs de la Fonda-tion de France en juin 2020, a Ă©tĂ© dâoffrir un robot dĂ©sinfec-tant Ă lâInstitut Mutualiste Montsouris.
La FinanciĂšre avait innovĂ© en2006 en crĂ©ant la premiĂšre fon-dation française abritĂ©e par unesociĂ©tĂ© de gestion dâactifs, avec un mode dâabondement au
pourcentage des frais de dos-siers. « Plus il y a de clients, plus ily a de financements pour la fon-dation », rĂ©sume la dĂ©lĂ©guĂ©e gĂ©nĂ©rale, CĂ©cile Jouenne-Lanne. Le nouveau pĂ©rimĂštre du groupe Primonial â 48 mil-liards dâeuros dâactifs gĂ©rĂ©s ou conseillĂ©s et des mĂ©tiers diver-sifiĂ©s â devrait donc lui permet-tre dâaugmenter ses ressources dans les prochaines annĂ©es.
CrowdfundingAvec son budget actuel de 1,3 million dâeuros, la Fondationa mis lâaccent en 2020 et 2021 sur des actions « permettant de rĂ©pondre Ă lâaugmentation des inĂ©galitĂ©s et des difficultĂ©s issues de la crise, dans un contexte social inĂ©dit fragilisant les plus vulnĂ©rables ». Depuis lâorigine, elle sâadresse Ă des populations en grande exclusion, sans-abri, primo-arrivants, femmes iso-lĂ©es, anciens dĂ©tenusâŠ
DĂšs mars, CĂ©cile Jouenne-Lanne sâest tournĂ©e vers les associations gravitant autour de la Fondation pour une prise de tempĂ©rature Ă chaud. « Câest la premiĂšre fois que nous rĂ©agis-sions ainsi, sur un sujet dâactua-litĂ©, car il Ă©tait impensable de res-ter les bras croisĂ©s » . Une
premiĂšre opĂ©ration de finance-ment participatif a permis dâattribuer 150.000 euros Ă une vingtaine dâassociations pour rĂ©pondre Ă des besoins urgents,comme lâĂ©quipement informa-tique dâĂ©lĂšves confinĂ©s dans les quartiers sensibles lyonnais.
La Cravate SolidaireEn novembre, le comitĂ© de gou-vernance a dĂ©cidĂ© de donner suite Ă ces actions pour « soute-nir des projets nĂ©s dans la crise, qui ont mĂ»ri et qui se sont struc-turĂ©s », explique la dĂ©lĂ©guĂ©e gĂ©nĂ©rale. Le ComitĂ© de sĂ©lectiona ainsi octroyĂ© ses subventions Ă Sport dans la Ville, qui suivait des jeunes vulnĂ©rables Ă Lyon bien avant le Covid-19. Lâassocia-tion, qui misait sur lâaccompa-gnement par les valeurs du sport, a fait Ă©voluer son offre en crĂ©ant un programme de sou-tien scolaire axĂ© sur le passage en 6e, sur des cours Ă domicile etdes stages mixtes sport-ensei-gnement pour les collĂ©giens, enfin sur du soutien Ă distance pour les lycĂ©ens en prĂ©paration du baccalaurĂ©at.
La fondation financera aussiLa Cravate Solidaire, dans sa mission dâinsertion profession-nelle, via du prĂȘt de vĂȘtements et lâorganisation de sessions de
coaching. ConfrontĂ©e Ă une recrudescence des besoins, et Ă lâaugmentation de ses partenai-res prescripteurs, elle doit agrandir ses espaces de stoc-kage et de formation, ouvrir de nouveaux ateliers et recruter des coachs pour les animer.
Sa troisiĂšme action concerneMake.org. Le projet « Abri dâurgence » vise lâaccroissementdu nombre de places dâhĂ©berge-ment pour les femmes victimes de violences domestiques, grĂąceĂ la mobilisation de chambres dâhĂŽtel invendues. La phase pilote a dĂ©marrĂ© en novem-bre pour mettre Ă lâabri une cen-taine de femmes, avant un dĂ©ploiement national.
La Fondation Groupe Primo-nial a enfin lancé un appel à pro-jets pour agir sur la souffrance psychologique et la santé men-tale éprouvée par la crise. Elle a reçu 90 dossiers, qui seront départagés avant la fin du mois.
Structure distributrice, maisaussi opĂ©ratrice, elle gĂšre la Maison des jeunes talents, foyergratuit pour boursiers de pro-vince, inscrits dans des classes prĂ©paratoires Ă Paris, avec une cinquantaine de places dans la capitale, assorties dâun accom-pagnement pĂ©dagogique. n
A Lyon, lâassociation Sport dans la ville aide les collĂ©giens et lycĂ©ens vulnĂ©rables en cette pĂ©riode de crise sanitaire.
SOCIAL
Anciennement fondation de la FinanciĂšre de lâEchiquier, la nouvelle structure a inflĂ©chi son action tout au long de la crise sanitaire, pour gĂ©rer lâurgence, et maintenant la reconstruction.
Fondation Primonial veut répondre en urgence à la crise
Lâannonce de son entrĂ©e dans lâindice S&P 500, Ă compter du 14 dĂ©cembre, lui a donnĂ© une nou-velle impulsion depuis la mi-no-vembre. DĂ©sormais, le trublion de lâautomobile pĂšse autant que Toyota, Volkswagen, Daimler, BMW, General Motors, Ford, Fiat Chrylser, PSA et Renault rĂ©unis !
Les analystes nâen finissent pas dedĂ©battre sur ce niveau de valorisa-tion. Ceux de JP Morgan estiment quâau vu des fondamentaux, le titre ne vaut pas plus de⊠90 dollars. Ceux de Goldman Sachs tablent Ă lâinverse sur un cours de 780 dol-lars, compte tenu de lâaccĂ©lĂ©ration
nement effrayant !, commente un analyste financier, spĂ©cialiste du secteur. Soit il sâagit simplement dâune bulle qui va se dĂ©gonfler, soit ceclassement signifie que les marchĂ©s anticipent la mort Ă dix ans des constructeurs traditionnels. »
NumĂ©ro un mondialde lâĂ©lectriqueLâascension stratosphĂ©rique de Tesla a dĂ©jĂ Ă©tĂ© largement com-mentĂ©e. Le cours de Bourse du fabricant californien de voitures Ă©lectriques a Ă©tĂ© multipliĂ© par 7 (+622 %), Ă plus de 600 dollars, d e p u i s l e d Ă© b u t d e l âa n n Ă© e .
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ment, nous garantissons que ce qui est illĂ©gal hors ligne est illĂ©gal en ligne », a saluĂ© Ylva Johansson, la commissaire europĂ©enne aux Affai-res intĂ©rieures. ClĂ©ment Beaune, le secrĂ©taire dâEtat français aux Affai-res europĂ©ennes, a saluĂ© « une avan-cĂ©e majeure, portĂ©e par la France ». Le texte final doit encore ĂȘtre for-mellement adoptĂ© par les institu-tions, avant une entrĂ©e en vigueur espĂ©rĂ©e fin 2021 ou dĂ©but 2022.
SurveillanceA dĂ©faut dâagir Ă temps ou de faire preuve dâassez de transparence sur les mesures mises en place, les plate-formes sâexposeront Ă des amendes dont pourra directement dĂ©cider lâEtat membre demandant le retrait dâun « contenu terroriste ». Bruxel-les ne va pas jusquâĂ imposer aux plateformes et aux rĂ©seaux sociaux une obligation de surveillance gĂ©nĂ©rale des contenus postĂ©s ou le recours Ă des outils automatisĂ©s,
deux pentes jugĂ©es trop glissantes etcomplexes. Mais elle attend quâils dĂ©veloppent largement les moyens humains de surveillance et les systĂš-mes permettant aux autoritĂ©s, parti-culiers, associations... de leur signa-ler des « contenus terroristes ».
Cette volontĂ© de mettre au pas lesgĂ©ants de lâInternet se traduira aussi par des nouvelles contraintes en direction de messageries instan-tanĂ©es comme WhatsApp et Tele-gram. Mercredi, dans le cadre de la prĂ©sentation de son nouveau plan dâaction contre le terrorisme, la Commission a annoncĂ© travailler Ă des solutions techniques devant permettre aux enquĂȘteurs dâaccĂ©-der aux communications ainsi Ă©changĂ©es par des suspects, aujourdâhui cryptĂ©es et inexploita-bles. Câest un autre pas rĂ©clamĂ© par des Etats que lâEurope nâavait jus-quâici pas voulu franchir. Point cen-tral des discussions, et crucial pour lâefficacitĂ© du rĂšglement, des ordres
transfrontaliers de retrait des contenus pourront ĂȘtre effectuĂ©s : chaque Etat pourra ainsi en Ă©mettreenvers une plateforme Ă©tablie dans un autre Etat de lâUE. « CâĂ©tait indis-pensable. On ne pouvait exiger un retrait en une heure et laisser un pouvoir de blocage ou de ralentisse-ment Ă des autoritĂ©s nationales. La vitesse est clĂ© », explique lâeuro-dĂ©putĂ© Geoffroy Didier (PPE/LR). « La propagande terroriste a jouĂ© un rĂŽle clĂ© dans les rĂ©cents attentats en Europe. La diffĂ©rence entre une vidĂ©oqui est en ligne une heure, trois heu-res ou 24 heures, ce sont des millionsde vues », a insistĂ© lâun des nĂ©gocia-teurs du texte, lâeurodĂ©putĂ© Javier Zarzalejos (PPE). Le futur rĂšgle-ment harmonise la dĂ©finition dâun « contenu terroriste » et prĂ©voit desgarde-fous pour les contenus Ă but journalistique, artistique ou liĂ©s Ă larecherche. Un mĂ©canisme doit per-mettre de rĂ©clamer la republicationdes contenus enlevĂ©s par erreur. n
Haine en ligne : lâEurope impose le retrait en 1 heure
Derek Perrotte @DerekPerrotte
â Bureau de Bruxelles
LâEurope a franchi jeudi un pas important dans la lutte contre le ter-rorisme et dans la rĂ©gulation des plateformes numĂ©riques. Le Parle-ment europĂ©en et le Conseil sont parvenus Ă un accord final sur un rĂšglement leur imposant de retirer dans un dĂ©lai dâune heure maximaleles contenus « Ă caractĂšre terroriste »qui leur seront signalĂ©s. Le projet a Ă©tĂ© lancĂ© en 2018 par la CommissioneuropĂ©enne. De nombreux Etats, la France en tĂȘte, en faisaient une prio-ritĂ©. « Stopper la propagande terro-riste est central dans notre travail contre la radicalisation. Avec ce rĂšgle-
Les institutions européen-nes sont parvenues à un accord sur cette mesure portée par la France depuis deux ans.
Lâinitiative est la plus grosse offensive des autoritĂ©s amĂ©ricaines dans le secteur de la tech depuis leur poursuite de Microsoft en 1998.
jusquâici : forcer Facebook Ă cĂ©der ses filiales Instagram et WhatsApp. Les deux plaintes Ă©voquent aussi la possibilitĂ© dâencadrer davantage les acquisitions futures, les 46 Etats rĂ©clamant que leur feu vert soit obtenu pour tout rachat dâune start-up valorisĂ©e 10 millions de dol-lars ou plus, une compĂ©tence rele-vant uniquement de lâautoritĂ© de la concurrence jusquâici. La FTC rĂ©clame enfin dâinterdire Ă lâentre-prise dâimposer des conditions anti-compĂ©titives aux dĂ©veloppeurs de logiciels. Facebook a rĂ©agi vigoureu-sement mercredi, qualifiant ces poursuites dâ« histoire rĂ©vision-niste ». « Le fait le plus important dans cette affaire, que la FTC ne men-tionne pas dans sa plainte de 53 pages,câest quâelle a laissĂ© la voie libre Ă ces acquisitions il y a des annĂ©es », a dĂ©clarĂ© Jennifer Newstead, la direc-trice juridique du groupe.
En 2012, la FTC avait conduit uneenquĂȘte sur le rachat dâInstagram et avait votĂ© Ă lâunanimitĂ© pour le valider. La Commission euro-pĂ©enne a aussi examinĂ© lâacquisi-tion de WhatsApp en 2014 et « nâa pas trouvĂ© de risque dâatteinte Ă la concurrence », a mis en avant Face-
book. « Instagram et WhatsApp sontdevenus les produits incroyables quâils sont aujourdâhui car Facebook a investi des milliards de dollars et des annĂ©es dâinnovation et dâexper-tise », a ajoutĂ© Jennifer Newstead.
Google Ă©galement poursuiviLa double plainte participe dâune salve dâenquĂȘtes sur les pratiques anticoncurrentielles des gĂ©ants technologiques de la cĂŽte ouest. En octobre, le dĂ©partement de la Jus-tice et les procureurs gĂ©nĂ©raux de 11 Etats ont dĂ©posĂ© une plainte con-tre Google pour abus de position dominante dans la recherche en ligne. La FTC enquĂȘte Ă©galement sur Amazon, et le ministĂšre de la Justice sur Apple. A la mi-octobre, leCongrĂšs a de son cĂŽtĂ© prĂ©sentĂ© un rapport proposant de limiter radi-calement le pouvoir des Gafa, en Ă©voquant aussi un dĂ©mantĂšlement, lâinterdiction de donner la prĂ©fĂ©-rence Ă leurs propres produits et une prĂ©somption de refus pour les futurs rachats de start-up.
(Lire lâĂ©ditorialde Jean-Marc VittoriPage 15
Les autoritĂ©s amĂ©ricaines rĂ©clament le dĂ©mantĂšlement de Facebook l La Federal Trade Commission et une coalition de 46 Etats amĂ©ricains accusent le rĂ©seau social dâavoir Ă©touffĂ© la compĂ©tition en rachetant Instagram et WhatsApp.l Ils demandent aux cours fĂ©dĂ©rales dâenvisager une revente de ces applications mais aussi dâencadrer davantage de futures acquisitions.
« Facebook sâest engagĂ© dans unestratĂ©gie systĂ©matique visant Ă Ă©limi-ner ce qui menace son monopole. [âŠ] Cette attitude nuit Ă la compĂ©ti-tion, laisse les consommateurs avec peu de choix dans le domaine des rĂ©seaux sociaux personnels et prive les annonceurs des bĂ©nĂ©fices de la concurrence », dĂ©nonce le gendarmede la concurrence amĂ©ricain. La FTC reproche Ă Facebook dâavoir « Ă©touffĂ© les menaces » pesant sur son monopole Ă©tabli depuis 2011, en rachetant lâapplication de partage dephotos Instagram en 2012 et la mes-sagerie mobile WhatsApp en 2014.
LâautoritĂ© Ă©voque aussi les « con-ditions anticoncurrentielles » impo-sĂ©es aux dĂ©veloppeurs tiers se bran-chant sur sa plateforme jusquâĂ lâan dernier. « Facebook a rendu ses inter-faces de programmation accessibles aux applications tierces, Ă condition seulement quâelles sâabstiennent de dĂ©velopper des fonctionnalitĂ©s concurrentes et de se connecter avec ou de promouvoir dâautres rĂ©seaux sociaux », dĂ©nonce la FTC. Elle Ă©vo-que les mesures prises par Facebookcontre Vine, une application de par-tage de courtes vidĂ©os rachetĂ©e par son rival Twitter, en 2013, et contre Path et Circle, deux rĂ©seaux sociauxconcurrents disparus depuis.
La coalition dâEtats se concentresur les mĂȘmes griefs. « Des milliardsont Ă©tĂ© jetĂ©s Ă des sociĂ©tĂ©s pour les convaincre de vendre », a dĂ©noncĂ© Letitia James, la procureure de NewYork menant la coalition, souli-gnant quâInstagram ne « dĂ©gageait pas un centime de revenu » quand Facebook lâa rachetĂ© pour 1 milliard de dollars. Elle a aussi accusĂ© la plateforme « de tuer la derniĂšre bouf-fĂ©e dâoxygĂšne des entreprises refusantdâĂȘtre rachetĂ©es ». « Nous ne laisse-rons aucune sociĂ©tĂ© penser quâelle est âtoo big to failâ », a-t-elle conclu.
Les autoritĂ©s ont surtout surprisen demandant un remĂšde que mĂȘme lâUnion europĂ©enne, connue pour ses amendes Ă©levĂ©es contre lesGafa, nâĂ©voque quâavec des pincettes
AnaĂŻs Moutot @AnaisMoutot
â Correspondante Ă San Francisco
Double attaque. Mercredi, la Fede-ral Trade Commission (FTC) et une coalition de 46 Etats AmĂ©ricains ontannoncĂ© dĂ©poser deux plaintes dis-tinctes contre Facebook pour abus de position dominante et monopoleillĂ©gal, ouvrant la voie Ă deux procĂšsqui pourraient sâĂ©tirer sur plusieurs annĂ©es. Le gendarme de la concur-rence amĂ©ricain et les procureurs gĂ©nĂ©raux demandent aux juges dâĂ©tudier un remĂšde sĂ©vĂšre : forcer le rĂ©seau social Ă se sĂ©parer de ses filiales Instagram et WhatsApp, deux acquisitions devenues le moteur de la croissance du groupe de Mark Zuckerberg.
Lâampleur de la menace est inĂ©-dite pour le rĂ©seau social nĂ© en 2004,qui nâavait jamais Ă©tĂ© poursuivi par les autoritĂ©s amĂ©ricaines pour pra-tiques anticoncurrentielles et dont le plus gros revers se rĂ©sumait jus-quâici Ă une amende de 5 milliards de dollars infligĂ©e par la FTC pour violation de la vie privĂ©e, soit moins de 10 % de son chiffre dâaffaires.
Virage Ă 180 degrĂ©sAvec une plainte similaire contre Google dĂ©posĂ©e mi-octobre, cette initiative reprĂ©sente la plus grosse offensive des autoritĂ©s amĂ©ricaines dans le secteur technologique depuis leur poursuite de Microsoft en 1998. Elle montre un virage Ă 180 degrĂ©s de la FTC, qui sâĂ©tait con-tentĂ©e jusquâici dâaccords volontai-res avec les Gafa et avait dĂ©clinĂ© une poursuite antitrust contre Google en 2013. Elle indique aussi un con-sensus de plus en plus bipartite sur le sujet, les plaignants comprenant des Etats dĂ©mocrates comme rĂ©pu-blicains, mĂȘme si la plainte de FTC nâa recueilli les votes que dâun com-missaire rĂ©publicain sur trois.
GAFA
Florian DĂšbes @FL_Debes
Record battu ! AprĂšs avoir sanc-tionnĂ© Google par une amende de50 millions dâeuros pour des man-quements Ă la protection des don-nĂ©es personnelles des utilisateurs dâAndroid, la Commission natio-nale de lâinformatique et des liber-tĂ©s (CNIL) double la mise dans un autre dossier, celui du consente-ment des internautes au ciblage publicitaire en ligne via des fichiers de type cookies.
Le gendarme français de laprotection de la vie privĂ©e vient dâinfliger une amende de 100 mil-lions dâeuros Ă Google pour avoir dĂ©posĂ© des cookies publicitaires sur les ordinateurs dâutilisateurs Ă partir du site Google.fr sans consentement prĂ©alable des internautes et sans les avoir informĂ©s de façon satisfaisante. Il sâagit de la premiĂšre amende Ă neuf chiffres infligĂ©e Ă un gĂ©ant dunumĂ©rique dans ce type dâaffaires.
PublicitĂ©s ciblĂ©es Pour le mĂȘme motif, le site dâe-commerce Amazon a, lui, Ă©tĂ© sanctionnĂ© dâune amende de 35 millions. Les cookies sont de petits fichiers permettant notam-ment de suivre lâhistorique de navigation en vue dâadresser aux internautes des publicitĂ©s ciblĂ©es .« Quand vous arrivez sur ces sites, vous nâavez encore cliquĂ© nulle partni pu lire un quelconque message dâinformation, mais vous avez dĂ©jĂ reçu une volĂ©e de cookies Ă finalitĂ© publicitaire », regrette Mathias Moulin, le directeur de la protec-tion des droits et des sanctions Ă laCNIL. La formation restreinte du rĂ©gulateur a jugĂ© ces manque-ments dâautant plus graves que 47 millions de Français utilisent le
La CNIL sanctionne Google et Amazon
moteur de recherche de Google etquâils ont ouvert 300 millions de comptes sur Amazon.
Amazon assure mettre rĂ©guliĂš-rement Ă jour ses pratiques pour se conformer pleinement Ă la loi. « Nous sommes en dĂ©saccord avec la CNIL », clame un porte-parole. DĂ©jĂ condamnĂ© en 2014 pour des pratiques similaires, Google dĂ©fend le bilan de ses actions rĂ©centes en la matiĂšre, notam-ment la dĂ©cision dâinterdire bien-tĂŽt certains cookies sur son navi-gateur Chrome. « La dĂ©cision rendue par la CNIL en matiĂšre dââePrivacyâ fait lâimpasse sur ces efforts et ne prend pas en compte le fait que les rĂšgles et les orientations rĂ©glementaires françaises sont incertaines et en constante Ă©volu-tion », indique Google.
A la CNIL, on rĂ©fute toute incer-titude rĂ©glementaire. Les rĂ©centesmises Ă jour de ses recommanda-tions sur les cookies ne reviennentpas sur la notion dâinformation prĂ©alable sur laquelle portent les reproches du jour. Les manque-ments constatĂ©s relĂšvent de la directive europĂ©enne « privacy » de 2002 (transcrite dans la loi française « informatique et liber-tĂ©s ») et non du rĂšglement euro-pĂ©en sur la protection des don-nĂ©es personnelles (RGPD) entrĂ© en application en 2018.
A ce titre â et au grand dam deGoogle â, le rĂ©gulateur français nâest pas tenu de faire remonter le dossier auprĂšs de la « CNIL irlan-daise », que lâentreprise amĂ©ri-caine a choisie comme autoritĂ© compĂ©tente pour juger de ses pra-tiques de protection des donnĂ©es personnelles en Europe. Cette question de la crĂ©ation dâun mĂ©ca-nisme dit de « guichet unique » estjustement lâun des points chauds dans les dĂ©bats sur la rĂ©vision Ă venir de la directive ePrivacy. n
Le rĂ©gulateur de la protection des donnĂ©es personnelles reproche aux gĂ©ants du numĂ©rique dâavoir suivi lâhistorique de navigation des internautes sans leur consentement.
La CNIL réfute toute incertitude réglementaire.
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HIGH-TECH & MEDIASLes Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020
28 // HIGH-TECH & MEDIAS Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos
cela alourdirait sa « facture foot-ball » dâau moins 250 millions en plus de ce quâil paie actuellement.Le groupe redeviendrait, certes, incontournable dans le foot mais risquerait de creuser ses pertes en France, sans pour autant avoir lâassurance de gagner de nombreux abonnĂ©s. BĂ©nĂ©ficier de la mĂȘme baisse des droits que Mediapro pourrait obtenir pourrait donc aussi bien faire ses affaires.
Pour lâinstant, la LFP reste detoutes les façons lâotage de Media-pro. Ce dernier, qui nâa guĂšre sĂ©duit plus de 500.000 abonnĂ©s avec sa chaĂźne TĂ©lĂ©foot et qui pourrait per-dre jusquâĂ 800 millions dâeuros cette annĂ©e, est en effet en mesure defaire traĂźner le dossier. Plus quâune baisse des droits, certains estiment
que le groupe espagnol cherche en fait surtout Ă obtenir un abandon detoutes les poursuites judiciaires aux-quelles il est exposĂ©, en Ă©change dâunrenoncement Ă son contrat qui per-mettrait Ă la LFP de nĂ©gocier avec Canal. Les abonnĂ©s lĂ©sĂ©s, les FAI quiont signĂ© des contrats, SFR Altice qui a partagĂ© ses droits pour les Cou-pes dâEurope risquent en effet dâatta-quer Mediapro. Pour la Ligue, en casde dĂ©part de Mediapro, il y a aussi lâenjeu de rĂ©cupĂ©rer au moins les 320 millions dâimpayĂ©s pour les Ă©chĂ©ances dâoctobre et de dĂ©cembre.
Différents scénariosCanal+, déjà en contentieux avec le groupe de Jaume Roures au sujet dela distribution de Téléfoot, refuse, lui, de discuter officiellement tant
que la LFP nâaura pas purgĂ© la situa-tion avec Mediapro.
Juridiquement, soit le concilia-teur du tribunal de Nanterre, Marc SĂ©nĂ©chal, est en mesure de dĂ©cider un plan de continuation viable avec un prix rĂ©visĂ© et une garantie ban-caire rĂ©elle, cette fois. Soit il dĂ©cide dâun plan de cession par lequel Mediapro se retire de lâHexagone. Selon « LâEquipe », il aurait con-seillĂ© au conseil dâadministration dela LFP dâaccepter les conditions de Mediapro pour un retrait, la date officielle de la fin de la conciliation Ă©tant prĂ©vue pour le 18 dĂ©cembre.
Cependant, le conciliateur peutaussi dĂ©clarer que sa mission a Ă©chouĂ© et quâil nâa pas trouvĂ© de terrain dâaccord. Dans ce cas, la LFP pourrait demander par injonc-
David Barroux @DavidBarroux
Nicolas Madelaine @NLMadelaine
avec Marina Alcaraz @marina_alcaraz
Lâavenir du football français est lâenjeu dâune Ă©norme partie de pokermenteur. Autour de la table : Media-pro, qui a acquis les droits audiovi-suels pour environ 830 millions dâeuros de lâessentiel des matchs desLigues 1 et 2 ; Canal+, qui a repris Ă BeIN, pour 330 millions, deux bellesaffiches par journĂ©e de champion-nat ; la Ligue de football profession-nel (LFP), avec ses clubs affiliĂ©s qui cherchent Ă se faire payer ; et, enfin, le tribunal de commerce, qui tente de mettre tout le monde dâaccord depuis que Mediapro ne paie plus cequâil doit au foot français.
Jeudi, un conseil dâadministra-tion et une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de laLFP ont Ă©tĂ© lâoccasion pour Vincent Labrune, son nouveau prĂ©sident, defaire un point. Lâheure est grave. Mediapro, sâil a rĂ©glĂ© sa premiĂšre traite, a Ă©tĂ© incapable depuis de ver-ser les quelque 320 millions quâil devait. La Ligue a du coup Ă©tĂ© obli-gĂ©e de sâendetter. Et mĂȘme si elle avait rĂ©ussi Ă contracter un deuxiĂšme emprunt (en plus du PGE) pour gagner du temps, lâincer-titude ne peut plus durer.
600 Ă 700 millions pour le championnatLe foot français a deux options. Soit il trouve un terrain dâentente avec Mediapro en consentant le rabais que ce dernier demanderait (autour de 20 %) sur le montant des droits, soit il parvient Ă rompre son contratavec Mediapro, rĂ©cupĂšre ses droits et cherche Ă conclure un contrat avec Canal+. Mais dans ce cas, la LFPdevra accepter de toucher beaucoupmoins que le 1,2 milliard dâeuros du dernier appel dâoffres et sans doute Ă peine autant quâil y a quatre ans. A cesujet, « LâEquipe » Ă©voque environ 600 millions dâeuros par an pour le championnat, plus 100 millions en fonction de lâĂ©volution du porte-feuille dâabonnĂ©s aux chaĂźnes distri-buĂ©es par Canal, une part de rĂ©mu-nĂ©ration variable inĂ©dite.
Pour Canal+, qui clame quâil nâapas perdu dâabonnĂ©s cette annĂ©e,
SPORT
dre des participations dans une sociĂ©tĂ© en rapport avec son objet. LaLigue a Ă©galement clarifiĂ© les rĂŽles de prĂ©sident et de directeur gĂ©nĂ©ral â lâoption du PDG est mĂȘme envisa-gĂ©e. Lâensemble va ĂȘtre soumis au vote de lâassemblĂ©e fĂ©dĂ©rale de la FĂ©dĂ©ration française de football, prĂ©vue en mars 2021, puis devra obtenir lâaval du ministĂšre des Sports. La sociĂ©tĂ© commerciale pourrait gĂ©rer les droits commer-ciaux, en premier lieu les droits de retransmission Ă la tĂ©lĂ©vision. Dâaucuns poussent mĂȘme lâidĂ©e dâune entrĂ©e au tour de table dâun fonds dâinvestissement, scĂ©nario mis en Ćuvre depuis peu en Italie.
Rien nâest cependant actĂ© en cesens, sachant quâun tel schĂ©ma est loin de faire lâunanimitĂ©. Selon une Ă©tude du cabinet conseil spĂ©cialisĂ© Sport Value auprĂšs de 20 dirigeants de « haut niveau » du foot pro, cette solution est loin de figurer parmi les principales envisagĂ©es alors que le ballon rond traverse une crise inouĂŻe.
Alors que 95 % des dirigeantsinterrogĂ©s estiment que le football professionnel doit parler dâune seulevoix auprĂšs des pouvoirs publics, tirant la leçon de la cacophonie du printemps dernier Ă propos de lâarrĂȘt du championnat, seulement 21 % de ces mĂȘmes dirigeants prĂ©co-nisent lâappel Ă des investisseurs, Ă lâinstar de la SĂ©rie A. De mĂȘme, 58 %dâentre eux plaident dâabord pour unassouplissement des rĂšgles de la DNCG, le contrĂŽleur financier des clubs, pour les deux prochaines sai-sons, afin de tenir compte dâun envi-ronnement dĂ©gradĂ©.
Transformation des modes de diffusionLâĂ©tude de Sport Value montre aussi que lâunanimitĂ© est loin dâĂȘtre faite autour dâune Ă©ventuelle rĂ©duc-tion du nombre de clubs de L1 que dâaucuns suggĂšrent afin de renfor-cer les grands clubs dans les compĂ©-titions europĂ©ennes. 17 % des diri-geants interrogĂ©s souhaitent une « refonte du format et du modĂšle des
Christophe Palierse @cpalierse
avec Anne Drif @Anndrif
En attendant le rĂšglement de lâĂ©pi-neux dossier de ses droits tĂ©lĂ©vi-suels, la Ligue de football profes-sionnel (LFP), prise de court par le dĂ©faut de paiement de son nouveau diffuseur espagnol Mediapro, en plus de la crise sanitaire, ouvre la voie Ă une nouvelle donne institu-tionnelle et Ă©conomique.
Son assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, qui sâesttenue jeudi, a adoptĂ© diverses modi-fications de ses statuts, donnant notamment la possibilitĂ© de crĂ©er une filiale commerciale ou de pren-
LâassemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la Ligue de football professionnel a adoptĂ© la possibilitĂ© de crĂ©er une filiale commerciale ou de prendre des participa-tions dans une sociĂ©tĂ© en rapport avec son objet.
Le football français Ă la merci dâunegrande bataille de poker menteur
tion le paiement de ses traites et précipiter la cessation de paiement et la mise sous administration judiciaire de Mediapro. Mais ses problÚmes financiers ne seraient pas réglés pour autant et le dossier pourrait traßner, aggravant la situa-tion pour les clubs.
La LFP peut aussi activer uneclause de dĂ©nonciation du contrat Mediapro, mĂȘme si elle sâexpose Ă un procĂšs oĂč serait Ă©valuĂ© lâimpact de la crise sanitaire sur la valeur desdroits. Heureusement que Vincent Labrune a la confiance des prĂ©si-dents de clubs en tant quâancien patron de lâOM et, apparemment, aussi de bonnes relations avec Canal+ pour rĂ©parer les relations tendues entre le foot et la chaĂźne⊠Sa tĂąche est immense. n
l Mediapro serait prĂȘt Ă se retirer du championnat français, contre lâabandon de toutes poursuites.l Canal+ aurait une proposition pour reprendre les droits qui les ramĂšnerait Ă leur niveau de 2016.l La conciliation doit se terminer le 18 dĂ©cembre, mais ce ne sera pas forcĂ©ment la fin de cette saga.
dâun rĂ©Ă©quilibrage du modĂšle Ă©co-nomique des clubs qui supportent une masse salariale importante grĂące aux droits de retransmission Ă la tĂ©lĂ©vision et aux transferts. Alors que lâaccord conclu en 2018 entre Mediapro et la LFP pour la pĂ©riode 2020-2024 devait ĂȘtre celui dâune nouvelle phase dâexpansion, cette mĂȘme pĂ©riode pourrait ĂȘtre rĂ©ces-sive. Les recettes attendues des droits tĂ©lĂ©visĂ©s sont susceptibles dâĂȘtre rĂ©visĂ©es nettement Ă la baisse aprĂšs la sortie de Mediapro.
Or, la Ligue sâest lourdementendettĂ©e. AprĂšs avoir souscrit un prĂȘt garanti par lâEtat (PGE) de 224,5 millions, aprĂšs lâarrĂȘt brutal de la saison 2019-2020 et un diffĂ©-rend avec Canal+ sur le paiement deses derniĂšres Ă©chĂ©ances, elle a dĂ» contracter un prĂȘt de 120 millions auprĂšs de JP Morgan afin de faire face, cette fois-ci, Ă lâĂ©chĂ©ance dâoctobre non couverte de Media-pro (172,3 millions). En outre, le groupe espagnol nâa pas honorĂ© celle de dĂ©cembre⊠n
La Ligue espĂšre rebondir en modifiant ses statuts
Le 4 dĂ©cembre, NĂźmes recevait lâOlympique de Marseille pour le compte de la 13e journĂ©e de Ligue 1. Le football français est fragilisĂ© par lâĂ©chec de Mediapro avec sa chaĂźne TĂ©lĂ©foot. Photo Sylvain Thomas/AFP
Sony sâoffre Crunchyroll pour1 milliard dâeuros
STREAMING
Le groupe japonais reprend la sociĂ©tĂ© californienne aujourdâhui dĂ©tenue par WarnerMedia, une filiale dâAT&T.
Yann Rousseau @yannsan
â Correspondant Ă Tokyo
Continuant dâinvestir dans son offre de vidĂ©o et de musique Ă la demande pour casser sa dĂ©pen-dance Ă la vente de produits ou de composants Ă©lectroniques, Sony va racheter, pour 1 milliarddâeuros, la plateforme Crunchy-roll, spĂ©cialisĂ©e dans la diffusionde dessins animĂ©s japonais. Techniquement, câest la sociĂ©tĂ© Funimation Global Group â unecoentreprise associant Sony Pic-tures Entertainment et la filiale Aniplex de Sony Music Enter-tainment â qui va reprendre, dans une transaction rĂ©glĂ©e en numĂ©raire, la sociĂ©tĂ© califor-nienne aujourdâhui dĂ©tenue par WarnerMedia, propriĂ©tĂ© de lâopĂ©rateur tĂ©lĂ©coms AT&T. Si legĂ©ant amĂ©ricain inscrit cette vente dans son grand pro-gramme de cession dâactifs jugĂ©s« non stratĂ©giques », Sony veut, lui, renforcer son empreinte sur le marchĂ© mondial de lâ« anime », qui ne cesse de croĂź-tre hors des frontiĂšres du Japon.
« Nous avons une comprĂ©hen-sion profonde de cette forme dâartmondiale et nous sommes bien placĂ©s pour fournir un contenu exceptionnel aux publics du monde entier », sâest rĂ©joui Tony Vinciquerra, le PDG de Sony Pictures Entertainment. Selon lâAssociation de lâanima-tion japonaise, la vente de conte-nus Ă lâĂ©tranger gĂ©nĂšre dĂ©sor-mais presque autant que le chiffre dâaffaires rĂ©alisĂ© dans lâArchipel. Au total, le marchĂ© du dessin animĂ© japonais a atteint, Ă lâĂ©chelle planĂ©taire, 21 milliards de dollars en 2018, soit le double du dĂ©but des annĂ©es 2000. Une poussĂ©e dâabord portĂ©e par les platefor-mes de VoD telles que Netflix, Funimation ou Crunchyroll.
FondĂ© en 2006 Ă San Fran-cisco, Crunchyroll en a Ă©tĂ© lâun des pionniers et a accumulĂ© un catalogue de 1.000 titres. Con-centrĂ©e dâabord sur les Etats-Unis, la sociĂ©tĂ© a ensuite dĂ©ve-loppĂ© son offre en Europe avec notamment la prise de contrĂŽle,lâan dernier, du distributeur franco-allemand dâanime VIZ Media Europe. Le groupe reven-dique ainsi aujourdâhui 3 mil-lions dâabonnĂ©s payants et un fichier de 90 millions dâutilisa-teurs rĂ©guliers prĂ©sents dans plus de 200 pays. Sous lâimpul-sion de son PDG, Kenichiro Yoshida, Sony mise massive-ment sur le dĂ©veloppement de cette Ă©conomie de lâabonne-ment, que ce soit dans la vidĂ©o, la musique ou le jeu vidĂ©o avec ses solutions pour les utilisa-teurs des consoles PlayStation. Le groupe japonais espĂšre ainsi compenser, sur le long terme, lavolatilitĂ© de ses activitĂ©s indus-trielles de production de cap-teurs dâimages, de casques audio ou de smartphones, plus soumis aux cycles de la conjonc-ture Ă©conomique mondiale. n
Sony veut renforcer son empreinte sur le marchĂ© mondial de lâ« anime ».
compĂ©titions ». En revanche, ils sont72 % Ă militer pour une « trans-formation des modes de diffusion des contenus » du football pro-fessionnel â service Internet (OTT), streaming⊠â et 50 % Ă jugernĂ©cessaire une « meilleure gestion et valorisation des infrastructures » du ballon rond.
Sport Value, qui a par ailleursinterrogĂ© des experts Ă©trangers, propose Ă ce titre aux acteurs du foot français de « crĂ©er un joint-ven-ture avec un spĂ©cialiste de la produc-tion dâimage et de la rĂ©alisation pour maĂźtriser les contenus plutĂŽt quâune sociĂ©tĂ© commerciale pour commer-cialiser les droits »⊠Enfin, la crise dufootball relance aussi la question
La crise du football relance la question dâun rĂ©Ă©quilibrage du modĂšle Ă©conomique des clubs.
Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 // 29
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III- Promouvoir les outils de restructurationen temps de crise â La peur du tribunalet la mĂ©connaissance des procĂ©dures, freinsau sauvetage de lâentreprise- Georges RICHELME, PrĂ©sident de la ConfĂ©rence
Générale des Juges Consulaires- Sophie JONVAL, Présidente du Conseil National des
Greffiers des Tribunaux de Commerce- Lucile JOUVE, Mandataire judiciaire- Aurélia PERDEREAU, Administrateur judiciaire- Philippe DUBOIS, Avocat
IV- LâaprĂšs-crise â Que restera-t-il des ordonnancesCovid ? Projets dâordonnances droit des sĂ»retĂ©set transposition directive- Jean-François DE MONTGOLFIER, Directeur des
Affaires Civiles et du Sceau- Julien THĂRON, Professeur des UniversitĂ©s- Reinhard DAMMANN, Avocat
V- Crise sanitaire et risques de blanchiment decapitaux- Maryvonne LE BRIGNONEN, Directrice de TRACFIN- Stephen ALMASEANU, Vice-Procureur de la
République, parquet de Paris- Soazig LEDAN-CABARROQUE, Déléguée du
CNAJMJ aux obligations LAB-FT- Béatrice AMIZET, Mandataire judiciaire- François MERCIER, Administrateur judiciaire
VI- LâinvitĂ©e :Laurence PARISOT (sous rĂ©serve) : Regard sur la crise
1) Revue de la jurisprudence 2020- Jean-Pierre REMERY, Conseiller doyen de la
chambre commerciale de la Cour de cassation- Laurence-Caroline HENRY, Avocate générale
Ă la Cour de cassation- Marine SIMONNOT, Avocate
2) Mise en place dâun PSE en cas de dĂ©faillancedâentreprise- Sonia MOUROZ, Responsable de centre de gestion
AGS- Bruno DAVID, Mandataire judiciaire- SĂ©bastien VIGREUX, Administrateur judiciaire- Hubert DE FRĂMONT, Avocat
3) Régime des contrats en cours et bauxcommerciaux- Fabien KENDERIAN, Maßtre de conférences HDR
en droit privé- François-Charles DESPRAT, Mandataire judiciaire- Justine PELENC, Administrateur judiciaire- Ghislaine BETTON, Avocate
4) Revendications, restitutions et droits derĂ©tention- Augustin AYNĂS, Professeur des UniversitĂ©s- Sophie TCHERNIAVSKY, Mandataire judiciaire- Vincent ROUSSEAU, Administrateur judiciaire- Jacques TORIEL, Avocat
Enregistrement vidĂ©o du colloque envoyĂ© aux participantsAttestation de participation dĂ©livrĂ©e Ă lâissue de la journĂ©e
Inscriptions sur www.ifppc.fr
FAIRE FACE Ă LA CRISE
PLĂNIĂRE DU MATIN: 9h-12h30 ATELIERS DE LâAPRĂS-MIDI AU CHOIX: 14h-17h
PrĂ©sentĂ©s par François LEGRAND, Mandataire judicaireet Olivier BUISINE, Administrateur judiciaire, PrĂ©sident de lâIFPPC
COLLOQUE EN LIGNE
Lundi 25 janvier 2021 - De 9h Ă 17h
16e Entretiens
Sauvegardede la
RECHERCHE DE REPRENEURS DANS LE CADRE DâUN REDRESSEMENT JUDICIAIREDĂ©nomination sociale : GROUPE ADIONA
ActivitĂ© : accompagnement des jeunes Ă la mobilitĂ© internationale et Ă lâorientationLocalisation : Venelles (13) â Effectif : 5 salariĂ©s et 3 apprentis
C.A. HT : Ante-Covid 965 K ⏠(sur 12 mois)Post-Covid 285 K ⏠(sur 12 mois - estimation)
Actifs: 15 sites Internet dont www.monsalonetudiant.com;35 noms de domaine et 2 marques déposées.
Date limite de remise des offres auprÚs de la SELARL de SAINT-RAPT & BERTHOLET :31 décembre 2020 à 17h00
LâaccĂšs au dossier de prĂ©sentation se fera par dataroom. Les identifiants de connexionseront communiquĂ©s aprĂšs transmission dâun engagement de confidentialitĂ© disponible
sur le site : aj-specialises.fr/societe
Contact : Monsieur Lou BILLOUD70 rue de la Tramontane â 13090 Aix en ProvenceTĂ©l. : +33 (0) 442 66 56 60Courriel : [email protected]
RECHERCHE DE REPRENEURS DANS LE CADRE DâUN REDRESSEMENT JUDICIAIREDĂ©nomination sociale : SAS GEO SENTINEL
Activité : conception de logiciel et objet connecté dans le secteur de la santé et la sécurité despersonnes fragiles, analyse des alertes de santé de géolocalisation et des appels SOS.
DĂ©veloppement et vente de montres ou de trackers permettant : de mesurer la tension artĂ©rielle,la saturation en oxygĂšne et le rythme cardiaque ; de gĂ©olocaliser les porteurs de lâoutil ; de passer
des appels de détresse sur un numéro pré enregistré.Localisation : Aix-Marseille
C.A. HT 2019 : (exercice 2019, sur 12 mois) : 128 K⏠â Projections 2020-2021 : 461 KâŹNombre de salariĂ©s : 5 personnes â Immobilisations au 31.12.2019 : 643 KâŹ
Date limite de remise des offres auprĂšs de la SELARL de SAINT-RAPT & BERTHOLET :22 janvier 2021
LâaccĂšs au dossier de prĂ©sentation se fera par dataroom. Les identifiants de connexion seront communiquĂ©saprĂšs transmission dâun engagement de confidentialitĂ© disponible sur le site : aj-specialises.fr/societe
Contact : Monsieur Antoine MANENTSainte Victoire, angle ouest â70 rue de la Tramontane13090 Aix en Provence â TĂ©l. : +33 (0) 442 66 56 60Fax: +33 (0) 442 65 20 96 â : [email protected]
Société : MAKEEN ENERGY TECHNOLOGY CENTER (ex-SIRAGA)Activité : Conception, fabrication et montage de machines et ensemble
pour lâemplissage, lâentretien et la distribution de bouteilles GPLSiĂšge social : Buzançais (36500)
Effectif actuel : 78 salariĂ©s â CA au 31.12.2019 (15 mois) : 16 475 282 âŹDate ultime de dĂ©pĂŽt des offres: 15 janvier 2021 Ă 12h00
Les tiers sont invitĂ©s Ă remettre leur proposition (conforme Ă lâarticle L.642-2 du codede commerce) en 6 exemplaires Ă lâAdministrateur Judiciaire, Me Guy PIERRAT.
LâaccĂšs Ă une data room Ă©lectronique sera autorisĂ© aprĂšs rĂ©gularisation dâun engagementde confidentialitĂ© et une prĂ©sentation succinte du candidat Ă la reprise.
Les candidats intĂ©ressĂ©s sont invitĂ©s Ă se manifester par tĂ©lĂ©copie ou e-mail auprĂšs de:Me Guy PIERRAT, Administrateur Judiciaire â 24 rue Chanzy â 28000 Chartres
E-mail : : [email protected]
APPEL DâOFFRES DE REPRISE DANS LE CADREDâUNE PROCĂDURE DE REDRESSEMENT JUDICIAIRE
APPEL DâOFFREReprise dâactifs de la SAS MARANATHA :
Actions & comptes courantsArticle L642-19 C.COM
100 % du capital delâEURL « LE RELAISDâAUBAGNE » (hĂŽtel)
RCS Marseillen°453 271 280
C/C créditeur détenu parSAS MARANATHAau passif de SARL
LE RELAIS DâAUBAGNE(1.7 MâŹ)
550 actions détenues par la SASMARANATHA sur les 986.448 actions
composant le capital de laSCS FINOTEL VALORISATION 6
(restaurant)
Informations et conditions sur :www.louis-lageat.fr / [email protected]
DLDO : 23.12.2020 Ă 12h00en lâĂ©tude du mandataire judiciaire en charge de la liquidation judiciaire de la SAS MARANATHA.
Entre les mains de Me Christophe BASSE171, avenue Charles de Gaulle â CS 20019 â 92521 Neuilly sur seine CEDEX
Contact : [email protected]
A VENDREChangeur France International SA (ex Banque Travelex)
8 FONDS DE COMMERCE DE BUREAU DE CHANGEET LES DAB PARTOUT EN FRANCE :
(Conformément aux articles L. 642-19 et suivants du code de commerce)
- 52 CHAMPS ELYSEES : 52 av. des Champs ElysĂ©es 75008 Paris- 125 CHAMPS ELYSEES :125 av. des Champs ElysĂ©es 75008 Paris- OPERA : 8 Place de lâOpĂ©ra 75009 Paris- SAINT MICHEL : 4, boulevard Saint Michel 75006 Paris- RAMBUTEAU : 42, rue de Rambuteau 75003 Paris- RIVOLI : 194, Rue de Rivoli 75001 Paris- CANNES : 8 Rue dâAntibes 06400 Cannes- LILLE : 69, rue Faidherbe 59800 Lille
Date limite dépÎt des offres : LUNDI 18 JANVIER 2021 A 11H00
APPEL DâOFFRESRECHERCHE DE CANDIDATS
EN VUE DâUNE CESSION DâENTREPRISE(L.642-2 et suivants du Code de commerce)
SOCIETE DE LOCATIONS DE MOBILIERPOUR LES SALONS, CONGRES ET EVENEMENTIEL
Jugement dâouverture : 23 novembre 2020ActivitĂ© : Organisation de foires, salons professionnels et congrĂšs
SiÚge social : GONESSE (95)Effectif total : 59 salariés
Carnet de commandes : NĂ©antClientĂšle : Organisateurs de salons, DĂ©corateurs de stand haut
de gamme, Agences Ă©vĂšnementielles, Parcs dâexpositionC.A. : Au 31/12/2018 : 12,6 MâŹ
Au 31/12/2019 : 13,7 MâŹEBITDA : Au 31/12/2018 : 1,8 MâŹ
Au 31/12/2019 : 2,7 MâŹDate limite de dĂ©pĂŽt des offres: 11 janvier 2021 Ă 17h00
SELARL AJRS â Me Philippe [email protected]
LâaccĂšs aux informations sera possible aprĂšs demande Ă©crite prĂ©cisant lâidentitĂ© du candidatrepreneur et justifiant de sa capacitĂ© commerciale et financiĂšre Ă intervenir dans cette affaire.
TOUT CANDIDAT DOIT SE MANIFESTER PAR ĂCRIT AUPRĂS DE:
Entreprise spécialisée dans la productionde pùte à papier, localisée à Tarascon (13150)
En redressement judiciaire306 salariés
Chiffre dâaffaires 2019 (12 mois) : 117,5 MâŹRĂ©sultat dâexploitation 2019 (12 mois) : -28,7 MâŹ
RECHERCHE DE CANDIDATSREPRENEURS EN PLAN DE CESSION
Pour accĂ©der aux dossiers de prĂ©sentation, les candidats intĂ©ressĂ©s sont invitĂ©s Ă contacter par Ă©crit :Me Joanna Rousselet â Administrateur judiciaire â 38 avenue Hoche â 75008 Paris
[email protected] / [email protected] Jean Baron â Administrateur judiciaire â 10 rue dâAlsace Lorraine â 31000 Toulouse
[email protected] / [email protected] date limite de remise des offres est fixée au 4 janvier 2021 à 12H00.
SociĂ©tĂ© exerçant des activitĂ©s dâinjection sous pression,dâusinage et dâassemblage de piĂšces en aluminium Ă destination
de grands constructeurs automobiles internationaux.
En redressement judiciaire :294 salariés
C.A. au 31/12/2019 : 36,3 M⏠/ RĂ©sultat dâexploitation au 31/12/2019 : -3 MâŹExploitation de deux usines dans le Jura (39)
Pour accéder au dossier de présentation, les candidats intéresséssont invités à contacter par écrit :
Me FrĂ©dĂ©ric Abitbol et Me Joanna Rousselet â Administrateurs judiciaires38, avenue Hoche â 75008 Paris â [email protected] et [email protected]
La date limite de remise des offres est fixée au 18 janvier 2021 à midi.
RECHERCHE DâINVESTISSEURS ET/OU DECANDIDATS REPRENEURS EN PLAN DE CESSION
Administrateurs Judiciaires Associés Selarl BCM - Me Jean-Baptiste ALBERTINI
âą ActivitĂ© : Post-production complĂšte (programmes TV 75% /fiction 25%)âą Localisation : Studios / Bureaux situĂ©s Ă Boulogne-Billancourt (92)âą Effectifs : 22 salariĂ©sâą C.A. HT : 3,5 M⏠au 31 dĂ©cembre 2019 / 3,8 M⏠en 2018 / 3,9 M⏠en 2017âą C.A. HT estimĂ© en 2020 : 2 MâŹ
Les offres tendant au maintien de tout ou partie de lâactivitĂ© de lâentreprisedevront ĂȘtre soumises au plus tard le : 15 janvier 2021 Ă 12h00.
SOCIETE DE POST PRODUCTION EN REDRESSEMENT JUDICIAIRERECHERCHE PARTENAIRE OU CESSIONNAIRE
Un dossier de prĂ©sentation ou data room virtuelle sera mis en place. LâaccĂšs Ă cette data room peut ĂȘtre obtenu surdemande Ă©crite motivĂ©e justifiant dâune capacitĂ© financiĂšre, industrielle ou commerciale adaptĂ©e, et aprĂšs signaturedâun engagement de confidentialitĂ© Ă lâadresse suivante : [email protected]
RECHERCHE DE PARTENAIRES / CANDIDATS A LA REPRISEOFFRE DE REPRISE EN « PRĂPACK CESSION »
Activité : Plateforme Saas permettant, la création, le stockage et ladiffusion de contenus interactifs auprÚs des médias
C.A. au 31/12/2019 : 850 KâŹEffectifs : 7 salariĂ©sLocalisation : Paris 2Ăšme
La date limite de dépÎt des offres est fixée au : 8 janvier 2021 à 17h00.
Cet appel dâoffres sâinscrit dans le cadre dâune procĂ©dure amiable pour laquelle lecaractĂšre confidentiel sera prĂ©servĂ© (article L. 611-15 du Code de commerce). Aussi,le candidat devra signer un engagement de confidentialitĂ© manuscrit avant tout accĂšs Ă la Dataroom. Enfin, lâoffre dĂ©posĂ©e devra respecter les dispositions de lâarticle L.642-2 du Code de commerce.
Franck MICHEL - Alain MIROITE - Charles GORINS - Nicolas DESHAYES - Christophe BIDAN - Serge PREVILLE - Lesly MIROITE -Nicolas GRICOURT - Céline MASCHI - Hervé COUSTANS - Maxime LEBRETON
Blois-Bobigny-Cayenne-Chartres-Colmar-Créteil-Evreux-Fort de France-Gosier-Laval-Le Mans-Marseille-Melun-Mulhouse-Nantes-Nevers-Orléans-Paris Flandrin-Paris La Fayette-Poitiers-la Réunion-Rennes-Rouen-Saint Martin-Tours-Versailles
Me Lesly MIROITE48 rue La Fayette2e Ă©tage75009 PARISRĂ©f. dossier : 23794
CONTACT :Guillaume COGENTĂ©l : 01.48.24.34.35Fax : [email protected]
RECHERCHE DE PARTENAIRES / REPRENEURSDANS LE CADRE DâUN REDRESSEMENT JUDICIAIRE
DATE LIMITE DE RĂCEPTION DES PROPOSITIONS : LUNDI 18 JANVIER 2021 Ă 12H00
ActivitĂ© de lâentreprise : Transport routier de marchandisesLocalisation : DROME (26)Effectif actuel : 18 salariĂ©sCA HT du dernier Exercice : 1.085 K⏠(au 30.06.2020 â 12 mois)Valeur nette comptable des immobilisations du dernier exercice connu : 12 K⏠(au 30.06.2020 â 12 mois)Locaux dâactivitĂ© : Bail commercial
Locaux et terrain de 1.000 mÂČLoyer annuel H.T de 15.600 âŹ
Merci de contacter : AJ PARTENAIRESMaĂźtres Didier LAPIERRE et Ludivine SAPIN
Mme MichĂšle VARLOUD â 18 rue Jacquemart, 26100 ROMANSTĂ©l : 04 75 02 86 03
Courriel : [email protected]
SiĂšge social : RĂ©gion Nouvelle-AquitaineActivitĂ© :âą Agence : Agence Web spĂ©cialisĂ©e dans le e-commerce avec une Ă©quipe dâenviron 25 personnes.Son coeur de mĂ©tier historique est lâactivitĂ© dâAgence : la conception, la maintenance et lâhĂ©bergementde sites marchands (plateformes de e-commerce). La sociĂ©tĂ© Ă©labore, conçoit et pilote des sitesBtoC et BtoB sĂ©curisĂ©s et sur mesure pour ses clients, majoritairement des PME et ETI.âą Logiciel : un nouveau logiciel Ă usage des fonctions commerciales des entreprisesNombre de salariĂ©s : Entre 20 et 30 â ClientĂšle : B to BElĂ©ments comptables : Exercice du 01/01/2019 au 31/12/2019 : CA : 2 037 790 âŹ
Exercice du 01/01/2018 au 31/12/2018 : CA : 1 564 343 âŹLâaccĂšs aux informations (data-room Ă©lectronique et/ou dossier de prĂ©sentation) sera possible aprĂšsdemande Ă©crite prĂ©cisant lâidentitĂ© du Candidat-repreneur et justifiant de sa capacitĂ© commerciale etfinanciĂšre Ă intervenir sur cette affaire et aprĂšs la rĂ©gularisation dâun engagement de confidentialitĂ©.
Date limite de dĂ©pĂŽt des offres: le 22 janvier 2021 Ă 12h00 dernier dĂ©lai en lâĂ©tude de:SELARL AJ UP - CĂ©dric LAMAIRE, Administrateur Judiciaire 13 rue de la Boule dâOr â 79000 Niort
Collaborateur en charge Mr Samuel FAURE â TĂ©l : 02 40 20 11 18 / [email protected]
SOCIETE DâEDITION DE LOGICIELS ET DE CREATION DE SITES WEBRECHERCHE UN PARTENAIRE FINANCIER OU UN REPRENEUR
RECHERCHE DE PARTENAIRES / CANDIDATSA LA REPRISE EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE
ActivitĂ© : Auto/moto-Ă©cole (permis B, BEA, AM, motoâŠ) etformation professionnelle (permis PL, CACES...)700 stagiaires permis B et Moto et 1 000 stagiaires enformation pro en 2020
C.A. estimé au 31/12/2020 (12 mois) : 1,6 M ⏠- Effectif : 24Localisation : Vienne (86)Actifs à céder : fonds de commerce, véhicules en propre et en crédit-bail,
droit au bail, âŠDate du Redressement Judiciaire : 3 dĂ©cembre 2020La date limite de dĂ©pĂŽt des offres est fixĂ©e au : 12 janvier 2021 Ă 12h00Une data room Ă©lectronique hĂ©bergĂ©e sur notre site www.ajadataroom.fr seraaccessible aprĂšs acceptation dâun engagement de confidentialitĂ©.
RĂ©f. Ă rappeler : 23816
Me Serge PREVILLE10 rue des Grandes Ecoles86000 POITIERS
CONTACT :Mathieu DEREAUTĂ©l. : 05.49.62.02.45Fax : [email protected]
Franck MICHEL - Alain MIROITE - Charles GORINS - Nicolas DESHAYES - Christophe BIDAN - Serge PREVILLE - Lesly MIROITE -Nicolas GRICOURT - Céline MASCHI - Hervé COUSTANS - Maxime LEBRETON
Blois-Bobigny-Cayenne-Chartres-Colmar-Créteil-Evreux-Fort de France-Gosier-Laval-Le Mans-Marseille-Melun-Mulhouse-Nantes-Nevers-Orléans-Paris Flandrin-Paris La Fayette-Poitiers-la Réunion-Rennes-Rouen-Saint Martin-Tours-Versailles
Me Bernard HOUPLAIN46 Promenade jean Rostand93000 BOBIGNY
Demain chez votremarchand
de journaux, votrehebdomadaire
ARGENTGRATUITENCORELONGTEMPS
ques, comme lâescalade, la start-up basĂ©e Ă Chamonix Ă©largit petit Ă petit son champ dâaction. « 75 % du marchĂ© de la montagne est drainĂ© par la randonnĂ©e et notre objectif est de conquĂ©rir cette communautĂ©, car la base de lâinformation est la mĂȘme que pour les autres disciplines », dĂ©taille Tim MacLean. DĂ©jĂ 35 % des posts de ses utilisateurs concer-nent cette pratique familiale grandpublic.
Ambitions mondialesLâambition de lâĂ©quipe cofondĂ©e parXavier Bougouin ne sâarrĂȘte pas Ă laFrance. « Nous voulons devenir lâapplication de rĂ©fĂ©rence mondiale pour la montagne », assume Tim MacLean, qui a notamment tra-vaillĂ© dix ans au marketing chez Apple. Si 90 % de ses utilisateurs sont français, 4 % sont suisses, et 3 %situĂ©s aux Etats-Unis. Disponible en anglais comme en français, lâappli permet aussi dâavoir accĂšs
aux itinĂ©raires dans sa langue. Whympr nâest pas seule sur son marchĂ©. LâamĂ©ricain AllTrails a levĂ© un total de 78 millions de dol-lars depuis sa crĂ©ation en 2010, et lâallemand Fatmap a dĂ©jĂ un pied en France. Leur positionnement respectif nâest pourtant pas aussi large que Whympr, dont le cofon-dateur estime quâune place est encore Ă prendre : « Ils ont tous une approche spĂ©cifique, via GPS ou les cartes 3D, mais personne nâa encore rĂ©ussi Ă rassembler les communau-tĂ©s avec lâensemble des infos clĂ©s pourpratiquer toutes les disciplines de montagne. »
Avant-poste au lac TahoeLe chemin pour y parvenir est Ă©troit, mais il existe. Câest pourquoi lâĂ©quipe de la jeune pousse, qui vient dâentrer au Village by CA de Grenoble va certainement cher-cher Ă lever une sĂ©rie A dĂšs lâan pro-chain, notamment pour accĂ©lĂ©rer
Guillaume Bregeras @gbregeras
Pas de tĂ©lĂ©siĂšge ? QuâĂ cela ne tienne ! La montagne regorge de ressources et dâactivitĂ©s pour occu-per ses amoureux et tous ceux qui imaginaient dĂ©valer les pistes cet hiver. Pour les aiguiller, plusieurs start-up proposent des applica-tions, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale spĂ©cialisĂ©esdans une pratique bien prĂ©cise. Ce nâest pas le cas de Whympr, qui afait le pari inverse, rassembler les diffĂ©rentes pratiques (excursion, escalade, ski de randonnĂ©eâŠ) au sein dâune mĂȘme plateforme en lui donnant une forte dimension communautaire.
A lâapproche du premier breakhivernal, son cofondateur Tim MacLean se tient prĂȘt : « Au tout dĂ©but du confinement, nous avons senti un impact nĂ©gatif, car plus per-sonne ne postait dâimages. Mais cet Ă©tĂ©, les Français avaient envie dâacti-vitĂ© âoutdoorâ, et nous lâavons cons-tatĂ© sur notre activitĂ©. »
Augmenter la part des abonnĂ©s payantsCette pĂ©riode si particuliĂšre quâest 2020 lui a permis dâatteindre les 100.000 tĂ©lĂ©chargements, dont 65.000 crĂ©ations de compte (10.000 actifs et 700 qui paient lâabonnement mensuel pour accĂ©-der Ă plus de services). « Avec 1 % descomptes crĂ©Ă©s transformĂ©s en abon-nĂ©s payants, nous sommes un peu au-dessous de la norme du marchĂ©, analyse lâentrepreneur. Notre objec-tif est de monter Ă 3 %. » Lâutilisateurlambda accĂšde Ă 60.000 itinĂ©raires et Ă des outils de communication. Mais, pour accĂ©der Ă un mode horsligne, au tracker GPS ou aux alertesmĂ©tĂ©o, il faut sâacquitter dâun abon-nement, qui augmente progressive-ment au rythme des services inclus,comme les cartes IGN ou le descrip-tif prĂ©cis dâitinĂ©raires, textes et pho-tos Ă lâappui.
Entrée sur le segment montagnepar les disciplines les plus techni-
SPORT
mande, demande de rembour-sement ou dâĂ©change, etc.). « Lesdix questions les plus frĂ©quentes reprĂ©sentent 60 % du volume total du service client », insiste Romain Lapeyre. Les commer-çants qui ont souscrit Ă un abonnement au logiciel peu-vent ainsi se concentrer sur la rĂ©solution des problĂšmes les plus complexes, en Ă©changeant,par exemple, directement au tĂ©lĂ©phone avec les clients.
L a j e u n e p o u s s e , q u iemprunte son nom Ă un cĂ©lĂšbredialogue de Platon, se prĂ©sente ainsi comme « un canal de loyautĂ© » qui veut aider les e-commerçants Ă fidĂ©liser leursclients et, in fine, doper leur chiffre dâaffaires. Le pari est gagnant. Alors que la crise sani-taire a poussĂ© de nombreuses enseignes Ă prendre le virage delâe-commerce pour compenser la fermeture brutale de leurs magasins, Gorgias affirme avoirconnu une croissance de 300 % cette annĂ©e. Une performance qui nâest pas passĂ©e inaperçue chez les investisseurs.
Six hubs rĂ©gionauxRĂ©sultat : la jeune pousse a annoncĂ©, jeudi, avoir levĂ© 25 millions de dollars lors dâun tour de table en Serie B auprĂšs de Sapphire Ventures, Alven, Amplify, CRV et SaaStr. La sociĂ©tĂ© avait dĂ©jĂ levĂ© 14 mil-lions de dollars en novem-bre 2019.
Lâapplication de Gorgias estutilisĂ©e par plus de 4.500 bouti-ques en ligne, parmi lesquel-les Steve Madden, Electrolux ouSergio Tacchini. La jeune pousse profite de son intĂ©gra-tion sur les grandes platefor-mes de lâe-commerce telles que Shopify, Magento ou BigCom-merce. La sociĂ©tĂ© veut profiter de ses nouveaux financements pour amĂ©liorer les performan-ces de son logiciel et doubler le nombre de ses salariĂ©s, rĂ©partisdans six grands hubs rĂ©gionaux(Paris, San Francisco, Charlotte,Toronto, Belgrade et Sydney). Lâe-commerce se fiche bien des frontiĂšres. n
Adrien LeliĂšvre @Lelievre_Adrien
Faute dâactivitĂ© Ă©conomique, c e r t a i n s p a t r o n s o n t Ă© t Ă©contraints de placer des sala-riĂ©s au chĂŽmage partiel cette annĂ©e, voire dâorganiser de dou-loureux plans de licencie-ments. Ce fut tout le contraire pour Romain Lapeyre et Alex Plugaru.
Alors que la pandĂ©mie duCovid-19 dĂ©ferlait sur le monde, les cofondateurs de Gorgias, une start-up spĂ©cialisĂ©e dans le service-client pour les e-com-merçants, ont passĂ© une partie non nĂ©gligeable de leur temps Ă signer des contrats de travail. « On a embauchĂ© 80 personnes depuis mars », explique RomainLapeyre. La sociĂ©tĂ© en comptait30 au dĂ©but de lâannĂ©e.
FondĂ© Ă Paris en 2015, Gor-gias avait Ă lâorigine mis au pointun outil pour Ă©crire des e-mails plus rapidement via des tem-plates et des raccourcis. Au fil deleurs Ă©changes avec dâautres entrepreneurs, les patrons de lajeune pousse constatent toute-fois que le service client est sou-vent lâun des points faibles des marchands en ligne. De quoi lesconvaincre de sâattaquer direc-tement Ă ce problĂšme.
« Un canal de loyautĂ© » « Gorgias est en quelque sorte unegrosse boĂźte mail qui permet dâaider les e-commerçants Ă gĂ©rer leur service-client Ă un seul endroit, oĂč vont atterrir toutes les requĂȘtes, quâelles viennent pare-mail ou Facebook », rĂ©sume Romain Lapeyre. GrĂące aux outils de lâIA, la pĂ©pite fournit des rĂ©ponses toutes faites aux questions les plus simples (suivi ou annulation dâune com-
E-COMMERCE
La pĂ©pite aide les boutiques en ligne Ă mieux gĂ©rer leur service client grĂące Ă une application payante qui centra-lise les requĂȘtes.
Elle a connu une croissance rapide cette année avec la crise sanitaire.
Service client pour les e-commerçants : Gorgias lÚve 25 millions de dollars
4.500BOUTIQUES EN LIGNEutilisent lâappli Gorgias.
Incubateurs, accĂ©lĂ©rateurs, struc-tures dâaccompagnement⊠tous souffrent, depuis mars dernier, et ledĂ©but de la crise du Covid-19. Pour-tant, lâun de ses plus anciens reprĂ©-sentants, Le Village by CA, poursuitson activitĂ© en dĂ©montrant une forme de rĂ©sistance. Son antenne parisienne a mĂȘme enregistrĂ© 58 millions dâeuros de fonds levĂ©s par ses jeunes pousses depuis le dĂ©but de lâannĂ©e. Un montant qui monte Ă 520 millions depuis ses dĂ©buts en 2014, et tutoie mĂȘme le milliard dâeuros cumulĂ©s (914 prĂ©-cisĂ©ment) si lâon Ă©largit lâobserva-tion Ă ses 36 antennes.
« 90 % des start-up que nousaccompagnons sont encore vivantes,
dĂ©fend Fabrice Marsella, directeur gĂ©nĂ©ral du Village by CA. Cela sâexplique notamment parce que nous les embarquons Ă un stade de maturitĂ© oĂč elles ont dĂ©jĂ fait leurs preuves de concept. Et malgrĂ© le con-finement, un plus grand nombre dâentre elles que ce que je pouvais imaginer arrivent Ă passer la crise relativement facilement. »
Une autre explication vient dumodĂšle de cette sociĂ©tĂ© dâaccompa-gnement, filiale du Groupe CrĂ©dit Agricole. Le Village by CA met en relation start-up et grands groupes pour aller plus loin que les simples POC, qui ont longtemps permis de boucler les budgets de ce type de structures. « Nos offres ont changĂ©
de nature au fur et Ă mesure de la maturitĂ© des corporates, dĂ©taille Fabrice Marsella. Lâacculturation est terminĂ©e, et nous sommes dans une phase oĂč le retour sur investisse-ment est exigĂ©. Nous participons dâailleurs Ă lâĂ©laboration dâoutils con-crets pour mieux encadrer la relationentre start-up et grands groupes, avecdâautres acteurs de lâinnovation. »
Des ambitions plus fortesPour soutenir ses pĂ©pites pendant lâĂ©clatement de la crise sanitaire, LeVillage by CA a dĂ©matĂ©rialisĂ© son accompagnement. Il Ă©tait dâabord question dâobtenir des aides de lâEtat, puis de trouver des maniĂšres de continuer lâactivitĂ© malgrĂ© le contexte, ou de lever des fonds Ă distance. Depuis la fin du premier confinement, lâespace parisien, situĂ© dans le huppĂ© 8e arrondisse-ment, accueille Ă nouveau les entre-preneurs et leurs Ă©quipes qui le souhaitent.
Une approche que lâon retrouveaussi dans les « villages » en rĂ©gion,notamment Ă Grenoble que la
pĂ©pite Whympr vient de rejoindre pour un accompagnement de deux ans. « Le secteur de la montagne, Ă qui sâadresse cette start-up, nous touche particuliĂšrement, explique Brice Lemoine, directeur de cette antenne. Ils veulent devenir la rĂ©fĂ©-rence mondiale dâici Ă 2025 et nous allons les aider Ă sâinternationaliser, notamment aux Etats-Unis, grĂące Ă notre rĂ©seau. »
Cette ambition traduit celle descentaines dâautres jeunes pousses qui rejoignent cet accĂ©lĂ©rateur. Et sitoutes, loin de lĂ , nâauront pas cette trajectoire, elles pourront au moinsse frotter de prĂšs Ă la relation si essentielle avec le monde des gran-des entreprises. â G. B.
4Ă NOTERLe Village by CA propose Ă©galement un programme dâaccompagnement aux entreprises pour notamment immerger leurs collaborateurs dans le quotidien des start-up.
Le Village by CA face aux mutations de lâaccompagnementLa filiale du CrĂ©dit Agricole opĂšre depuis 2014 des structures dâaccĂ©lĂ©ration des start-up et de formation des grands groupes. MalgrĂ© la crise sanitaire, les jeunes pousses de lâantenne parisienne ont levĂ© un total de 58 millions dâeuros.
Lâutilisateur lambda de Whympr peut accĂ©der Ă 60.000 itinĂ©raires et Ă des outils de communication.
sa prĂ©sence outre-Atlantique. Elle ya dĂ©jĂ envoyĂ© un dĂ©veloppeur basĂ© au lac Tahoe, un temple de lâ« outdoor » situĂ© dans le Nevada, pour nouer des partenariats stratĂ©-giques en vue de proposer des servi-ces comme les alertes avalanches. En parallĂšle, elle commence Ă ima-giner dâautres pistes de revenus, conclue Tim MacLead : « Jâaimeraispouvoir un jour prĂ©venir notre utili-sateur que la corde achetĂ©e il y a dix ans est usĂ©e, donc dangereuse, et quâilest donc temps dâen changer. Mais nous sommes une start-up, et il faut prioriser nos actions. »
4à NOTERWhympr avait réalisé une premiÚre levée de fonds de 430.000 euros via des business angels et la plateforme de financement participatif Sowefund.
l Lâinterdiction dâutiliser les remontĂ©es mĂ©caniques favorise lâessor des autres disciplines, tels lâescalade ou le ski de randonnĂ©e. l BasĂ©e Ă Chamonix, cette jeune pousse tente de sâimposer comme un outil de rĂ©fĂ©rence pour tous les amoureux de la montagne.
Lâappli Whympr Ă la conquĂȘte des passionnĂ©s de montagne
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Pour soutenir ses pépites pendant la crise sanitaire, Le Village by CA a dématérialisé son accompagnement.
START-UP Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos
BĂ©nĂ©dicte WeissâCorrespondante Ă Strasbourg
A Strasbourg, Rhenus Logistics Alsace sâĂ©quipe pour faire face au dĂ©fi du stockage de vaccins contre leCovid-19. Lâentreprise va dĂ©marrer la construction dans quelques semaines dâun nouvel entrepĂŽt sous tempĂ©rature dirigĂ©e, dâune surface de 8.500 mĂštres carrĂ©s â unprojet dĂ©cidĂ© pendant la crise sani-taire et visant Ă renforcer les surfa-ces de stockage existantes. Conçu pour du froid positif (15 °C â 25 °C) et
nĂ©gatif (jusquâĂ â20 °C), lâentrepĂŽt pourra sâadapter Ă dâautres besoins grĂące Ă lâajout dâĂ©quipements com-plĂ©mentaires â pour descendre Ă des tempĂ©ratures plus basses, par exemple. « Cette coquille permettra aussi dâĂȘtre flexible par rapport aux exigences demandĂ©es par [certains] produits pharmaceutiques que nous conservons, comme les produits oph-talmiques et progestatifs », explique Laurent Schuster, PDG de Rhenus Logistics France.
Fioles ou lotsLe logisticien, filiale du géant alle-mand éponyme, et qui emploie 1.500 salariés en France toutes bran-ches confondues, maßtrise le froid à destination du secteur pharmaceu-tique depuis plus de trente ans maintenant. Il dispose en Alsace de 50.000 mÚtres carrés de surface de
stockage en la matiĂšre. Les produitspharmaceutiques y sĂ©journent deux mois en moyenne. Les surgĂ©la-teurs, achetĂ©s Ă des fabricants euro-pĂ©ens et asiatiques, peuvent attein-dre la tempĂ©rature de â196 °C. Bien plus basse, donc, que les â80 °C nĂ©cessaires Ă la conservation du vaccin de Pfizer-BioNTech contre le Covid-19. « Des contacts ont Ă©tĂ© pris avec certains distributeurs Ă ce
sujet », relate Laurent Schuster, qui toutefois prĂ©cise que des Ă©changes sont aussi en cours pour la presta-tion de services liĂ©s tels que lâĂ©tique-tage, la prĂ©paration de commandes Ă façon, ou lâemballage selon un pro-tocole spĂ©cifique (dĂ©finissant par exemple la quantitĂ© de neige carbo-nique allouĂ©e).
Certaines inconnues subsistent,notamment en matiĂšre de capaci-tĂ©s de stockage. « Tout dĂ©pendra du mode de conditionnement du vaccin,par fioles ou par lots », estime le directeur gĂ©nĂ©ral. Avant le dĂ©but dela pandĂ©mie, en janvier 2020, la construction dâun autre entrepĂŽt, entiĂšrement consacrĂ© aux tempĂ©-ratures positives, avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© annoncĂ©e. Celui-lĂ a Ă©tĂ© livrĂ©, d e p u i s . D â u n e s u r f a c e d e 12.600 mĂštres carrĂ©s, il nâest pas encore entiĂšrement occupĂ©. n
Le logisticien Rhenus adapte ses entrepÎts aux conditions de stockage exigéesLe logisticien strasbour-geois, qui dispose déjà de 50.000 mÚtres carrés de stockage froid, va cons-truire un nouvel entrepÎt, destiné en partie aux doses de vaccin anti-Covid.
Impossible dâĂ©valuer le montant des marchĂ©s, les entreprises du froid sont en attente du schĂ©ma final de distribution dĂ©cidĂ© par lâEtat. Photo Pfizer/Handout via REUTERS
ques) sans limite de temps, pour les besoins de la recherche. « A â20 degrĂ©s, ils ne se conservent quesix mois Ă un an », explique le diri-geant. « Un appareil de 1.000 litres,une armoire dâun mĂštre sur deux, permet de ranger 72.000 Ă©prouvet-tes. » Pour les vaccins, cela dĂ©pen-dra du conditionnementâŠ
Son entreprise, mais aussidâautres concurrents Ă©trangers, a Ă©tĂ© consultĂ©e par le ministĂšre de la SantĂ©, par des logisticiens, par des industriels et mĂȘme les doua-nes en vue de la conservation du fragile produit Pfizer-BioNTech. La GrĂšce lui a dĂ©jĂ passĂ© une com-mande via un maillon de la chaĂźne logistique. Christophe Roux sâimpatiente de participer Ă lâeffort français.
CouveusesFroilabo, nĂ© Couprie Ă Lyon en 1918, fabriquait Ă lâorigine des cou-veuses pour bĂ©bĂ©s. La PME, qui produit toujours des Ă©tuves, a investi deux millions dâeuros en 2018 pour tripler la surface de sonusine roumaine, oĂč sont produi-tes les grandes sĂ©ries. Meyzieu, avec son bureau dâĂ©tudes, fabri-que les modĂšles spĂ©cifiques. Froi-labo investit de nouveau quelquescentaines de milliers dâeuros sup-plĂ©mentaires dans la productivitĂ©afin de tripler sa cadence dans lesprochains mois, en vue du pic de forte demande.
Le marchĂ© de ces congĂ©lateurs,Ă plus de 10.000 euros piĂšce, Ă©tait dĂ©jĂ dynamique grĂące « Ă de nom-breuses universitĂ©s, centres de recherche ou laboratoires pharma-ceutiques qui constituent leur bio-banque Ă coup de 10 ou 30 appa-reils », dit le directeur gĂ©nĂ©ral. « On les vide rarement : on accu-mule au fil des ans, comme un datacenter ». DâoĂč les besoins inces-sants de nouveaux matĂ©riels. n
LĂ©a DelpontâCorrespondante Ă Lyon
Coup de chaud sur les supercon-gĂ©lateurs. Ils Ă©taient connus desseuls laboratoires et de quel-ques industriels. Ces congĂ©la-teurs Ă â80 °C, sont dĂ©sormaisfamiliers du grand public Ă lafaveur de lâarrivĂ©e imminente duvaccin Pfizer-BioNTech enFrance. Sur un marchĂ© françaisestimĂ© Ă 3.000 appareils par an,il ne reste quâun seul fabricanttricolore, Froilabo, Ă MeyzieuprĂšs de Lyon.
Lâentreprise centenaire quicompte 75 salariĂ©s et rĂ©alise 8 millions dâeuros de chiffre dâaffaires, dans le giron du groupeamĂ©ricain Techcomp, spĂ©cialiste des Ă©quipements scientifiques de laboratoire, nâa pas attendu le vac-cin anti-Covid pour connaĂźtre un sursaut dâactivitĂ©, elle a bondi de 20 % durant les deux vagues Ă©pi-dĂ©miques. Depuis le printemps, elle a livrĂ© « une centaine dâappa-reils aux hĂŽpitaux de Paris et quel-ques dizaines Ă ceux de Lyon », explique le directeur gĂ©nĂ©ral Christophe Roux, pour conserverles Ă©chantillons de biopsies prĂ©le-vĂ©s sur les malades.
Pas de limite de tempsCes supercongélateurs, dotés de deux compresseurs, sont cou-ramment utilisés dans le milieu hospitalier et pharmaceutique pour stocker des prélÚvements biologiques (sang, tissus organi-
Le dernier fabricant français de congĂ©lateurs Ă â80 °C stocke dĂ©jĂ les prĂ©lĂšvements effectuĂ©s sur les malades du Covid-19. Afin dâĂȘtre prĂȘt pour les vaccins, il investit sur son site de production.
Froilabo triple sa production de supercongélateurs
tout employant 50.000 salariĂ©s et exploitant 100.000 camions frigori-fiques. Soit un vĂ©hicule frigorifique pour 450 habitants, au lieu dâun pour 12.000 habitants en Chine. « Nous maĂźtrisons les contraintes de tempĂ©rature, la traçabilitĂ© et la sĂ©cu-ritĂ© avec un systĂšme dâalarme redon-dant, appuie le dirigeant de GandonTransports. Notre personnel reçoit des formations spĂ©cifiques, et nous sommes auditĂ©s avant de travailler pour les laboratoires. »
Si le nombre de doses, exprimĂ© enmillions, est impressionnant, AlexisDegouy, dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral de lâUnion des entreprises de transport et de logistique de France (Union TLF), relativise : « On reste sur un tonnage limitĂ© et sur une logistique maĂźtrisa-ble. » Les projections font Ă©tat de 10.000 tonnes de vaccins Ă convoyer,« soit entre 150 et 300 semi-remor-ques mobilisĂ©s, pour une opĂ©ration Ă©chelonnĂ©e sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois ». « Ce nâest pas
le marchĂ© du siĂšcle, confirme Jean-Eudes Tesson. Six millions de doses de vaccins, câest environ 1.000 palet-tes. Soit lâĂ©quivalent de ce qui sort cha-que jour dâune usine de brioches⊠»
Le secteur se prépare à un trans-port spécifique : le vaccin ne sera
pas mĂ©langĂ© Ă dâautres produits dans les remorques. « Il y a des con-traintes mĂ©caniques liĂ©es au trĂšs grand froid », prĂ©cise Jean-Eudes Tesson. Les caissons contenant de la carboglace Ă â 70 °C devront ĂȘtre placĂ©s dans des enceintes Ă â 25 °C, pour rĂ©duire lâĂ©cart de tempĂ©rature,sinon ils seront difficiles Ă refermer.
La filiĂšre sera impliquĂ©e de bouten bout. « Aucune entreprise ne pourra prendre un vaccin nâimporte oĂč pour lâamener nâimporte oĂč. Il y aura plusieurs intervenants », souli-gne Jean-Eudes Tesson. DâoĂč lâenjeude la traçabilitĂ© et du suivi de tempĂ©-rature, crĂ©neau sur lequel se prĂ©ci-pitent plusieurs start-up. « Si un vac-cin subit des ruptures de la chaĂźne du froid, il sera dĂ©gradĂ©. Ses effets secon-daires peuvent mĂȘme ĂȘtre accentuĂ©s. Avoir des supercongĂ©lateurs, câest bien beau, mais le suivi de tempĂ©ra-ture est central », explique Adrien Content, Ă la tĂȘte de Koovea, start-upspĂ©cialisĂ©e dans le traçage. n
l Le convoyage de millions de doses de vaccins contre le Covid-19 est une opportunitĂ© pour la chaĂźne du froid française.l Les acteurs logistiques attendent le cahier des charges de lâEtat pour dĂ©marrer au premier semestre 2021. LâopĂ©ration est sensible, mais les professionnels Ă©voquent « un tonnage limitĂ© et maĂźtrisable » de 10.000 tonnes de vaccins.
Covid : les logisticiens du froid dans les starting-blocks pour transporter les vaccins
Hubert VialatteâCorrespondant Ă Montpellier
Avec le convoyage de dizaines de millions de doses de vaccins, la filiĂšrelogistique va bĂ©nĂ©ficier dâun coup deprojecteur inĂ©dit. Si quelques don-nĂ©es techniques sont connues â le vaccin de Pfizer-BioNTech devra ĂȘtre conservĂ© Ă â 80 °C â, les transpor-teurs restent encore dans lâattente des modalitĂ©s de la part de lâEtat. Quels vaccins prendront le lea-dership commercial ? OĂč les ache-miner ? Selon les derniĂšres informa-tions, le gouvernement compte crĂ©ercinq plateformes nationales Ă©qui-pĂ©es de supercongĂ©lateurs. Les colis isothermes seront ensuite transpor-tĂ©s en flux tendu par des grossistes rĂ©partiteurs vers les pharmacies.
Les agences rĂ©gionales de santĂ©(ARS) sont en train de recenser les effectifs Ă vacciner dans chaque dĂ©partement. « La filiĂšre est dans lâexpectative. Nous nâavons pas encore beaucoup de donnĂ©es. De fait, il est difficile dâĂ©valuer le montant dumarchĂ©. Tout dĂ©pendra du schĂ©ma final de distribution », explique le transporteur mayennais JoĂ«l Gan-don, qui emploie 280 salariĂ©s, avec une flotte de 160 semi-remorques etun chiffre dâaffaires de 28 millions dâeuros. Il est lâun des trois spĂ©cialis-tes français du transport de vaccins,avec Star Service et Eurotrans-pharma.
« La logistique nâest pas la mĂȘmepour livrer un hĂŽpital, un centre logistique dĂ©partemental ou un mĂ©decin de campagne. Il manque uncahier des charges. On ne peut rien mettre en place tant quâon ne sait pasprĂ©cisĂ©ment oĂč livrer, dans quelles quantitĂ©s et Ă quelle tempĂ©rature », enchaĂźne Jean-Eudes Tesson, prĂ©si-dent de La ChaĂźne logistique du froid, qui regroupe trois organisa-tions professionnelles du secteur (UNTF, USNEF et Transfrigoroute France). « Câest souvent comme ça : lâEtat met du temps Ă se dĂ©cider, et il nous faudra ĂȘtre trĂšs rĂ©actifs », souf-fle un professionnel.
Une journĂ©e dâusine de briochesLa chaĂźne logistique du froid trico-lore compte des gĂ©ants du secteur (Stef Logistique SantĂ©, STG, AllogaâŠ), mais surtout beaucoup detrĂšs petites entreprises rĂ©gionales, le
SANTĂ
« Notre personnel reçoit des formations spĂ©cifiques, et nous sommes auditĂ©s avant de travailler pour les laboratoires. »JOĂL GANDONDirigeant de Gandon Transport
8.500MĂTRES CARRĂS La surface dâun nouvel entrepĂŽt sous tempĂ©rature dirigĂ©e, dont la construction commencera dans quelques semaines.
PME & REGIONSLes Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020
32 // PME & REGIONS Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos
innovateurs
LE PROJET AVIONS MAUBOUSSIN
Alérion M1H : un avion écologique et superagile
roue de lave-vaisselle, engre-nage, adaptateur, etc. â, souvent introuvable sur le marchĂ©. A ce jour, la start-up, crĂ©Ă©e en fĂ©vrier 2000 Ă Aix-en-Provence, a enregistrĂ© 400 de ces fichiers de fabrication sur son site, issus surtout de la contribution volon-taire de spĂ©cialistes de la modĂ©li-sation. « Ces Ă©claireurs agissent par conviction pour lutter contre lâobsolescence programmĂ©e. Nous appuyons leur combat », milite Pierre-Jacques Lyon.
Prix moyen de 14 eurosPour se dĂ©velopper, Marklix compte sur lâamendement CD1308, adoptĂ© le 26 novembre. Il oblige le fabricant dâun bien dequelque nature quâil soit « Ă met-tre Ă disposition des vendeurs ourĂ©parateurs les plans de fabrica-tion par imprimante 3D des piĂš-ces dĂ©tachĂ©es nĂ©cessaires Ă son fonctionnement ». La start-up estime quâau moins 10 % des piĂš-ces dâun appareil de la vie cou-rante sont reproductibles. Les volumes sont Ă©normes : une simple gamme dâaspirateurs high-tech compte plus de 10.000 piĂšces dâassemblage. « Nous pouvons digitaliser ces stocks physiques et les produire Ă la demande », dĂ©fend Pierre-Jac-ques Lyon. Le coĂ»t du service varie de 8 Ă 80 euros selon la complexitĂ© de la piĂšce. Marklix se rĂ©munĂšre en prĂ©levant une commission et prĂ©voit jusquâĂ 100.000 ventes lâan prochain, au prix moyen de 14 euros lâunitĂ©. n
Des piÚces détachées en impression 3D
(UTBM) et la plateforme de recherche sur la pile Ă combusti-ble FCLAB, le constructeur vise un premier vol en 2022 pour la version hybride Ă©lectrique et, en 2024, en version hydrogĂšne.
GĂ©omĂ©trie variableMais l â innovation la plus brillante de ce petit avion lĂ©ger aux ailes effilĂ©es, comme celles des premiers Mauboussin, est ailleurs. Elle rĂ©side dans la com-binaison de possibilitĂ©s de dĂ©collage et dâatterrissage courtsâ avec des performances se rap-prochant des trajectoires dâhĂ©li-coptĂšres â et de vitesses de croi-siĂšre Ă©levĂ©es. « La clĂ©, câest une voilure Ă gĂ©omĂ©trie variable, une hypersustentation, explique David Gallezot. On arrive Ă voler doucement ou vite en rentrant ou en dĂ©ployant les volets arriĂšre, dont les formes ont Ă©tĂ© bien calcu-lĂ©es. » Avec le dĂ©collage et lâatter-rissage sur moins de 200 mĂštres,lâingĂ©nieur vise un maillage du territoire qui pourrait sâappuyer sur les 1.200 points dâatterris-sage, en France, capables dâoffrirune piste de 300 mĂštres de long sur 20 de large. Le biplace, qui volera Ă une vitesse de 250 km/h,permettra de valider ces princi-pes, mais un prototype dâavion rĂ©gional Ă six places Ă hydro-gĂšne, lâAlcyon M3C, est dĂ©jĂ prĂȘt Ă dĂ©coller. Il atteindra 370 km/h en vitesse de croisiĂšre, affichera une autonomie de 1.500 km et pourrait ĂȘtre commercialisĂ© en 2026. Lâentreprise, qui a investi 1 million dâeuros, est en cours de levĂ©e de fonds. n
Date de création : 2020Président et cofondateur : Pierre-Jacques LyonEffectif : 2 personnesSecteur : Services
Paul Molgaâ Correspondant Ă Marseille
Moins de 20 % des pannes dâappareils du quotidien trou-vent une solution de rĂ©paration en France. Câest la preuve que le potentiel de ce marchĂ© nâest pas encore bien couvert. Le prĂ©si-dent-fondateur de Marklix, Pier-re-Jacques Lyon, lâa compris. Avec son associĂ©, Thomas Boul-lier, il a mis au point une plate-forme dâintermĂ©diation qui per-met Ă tous de commander en ligne la piĂšce dĂ©tachĂ©e qui lui manque pour rĂ©parer un appa-reil Ă©lectromĂ©nager ou un meu-ble. Son secret : un rĂ©seau indus-triel dâimprimantes 3D associĂ© Ă une bibliothĂšque de fichiers de piĂšces . Sur le site de lâentreprise,un particulier peut obtenir un ersatz de la piĂšce plastique dĂ©fectueuse â sabot de rasoir,
Mar
klix
LE SERVICE MARKLIX
Emmanuel Guimardâ Correspondant Ă Nantes
Bouhyer poursuit la transforma-tion de ce vieux mĂ©tier quâest la fon-derie de fonte, servant Ă fabriquer les contrepoids des engins de tra-vaux publics ou de manutention. LasociĂ©tĂ© vise en particulier le « zĂ©ro dĂ©chet » Ă cinq ans, « Ă lâexception des matiĂšres premiĂšres pouvant ĂȘtre rĂ©utilisĂ©es par dâautres entreprises »,prĂ©cise Alain Mimouni, le PDG. La fonderie, qui emploie plus de 320 salariĂ©s Ă Ancenis (Loire-Atlan-tique) et dans sa filiale ardennaise BĂ©roudiaux (rĂ©unies dans le groupe Cast), consacrera Ă cet objectif une partie de son pro-gramme dâinvestissement de 5,5 millions dâeuros, soutenu par le plan de relance.
DĂ©jĂ , le sable constituant lesmoules de fonderie, compactĂ© par le biais de rĂ©sine et dâadditifs, est recyclĂ© Ă 98 % par un systĂšme de tri,de purification et de lavage. Le volume restant, plus abĂźmĂ©, sâavĂ©-rait impossible Ă recycler. Avec la sociĂ©tĂ© Inerta, Bouhyer expĂ©ri-mente un procĂ©dĂ© consistant Ă mĂ©langer cette matiĂšre avec de la terre afin de crĂ©er un substrat de culture. Les racines des plantes poussant sur cette matiĂšre contri-buent Ă dĂ©polluer le sable, et la bio-masse produite devient une source Ă©nergĂ©tique. Dâautres matiĂšres res-tent Ă recycler tels les peintures ou les mastics, qui finissaient en
« Nous achetons 70.000 tonnes de matiÚres premiÚres de seconde main par an à partir desquelles nous fabriquons des piÚces recyclables éternellement. »ALAIN MIMOUNIPDG de Bouhyer
dĂ©chetterie spĂ©cialisĂ©e. Car Bou-hyer se voit globalement comme une sociĂ©tĂ© de recyclage. « Nous achetons 70.000 tonnes de matiĂšres premiĂšres de seconde main par an, devieille fonte et de lâacier, Ă partir des-quelles nous fabriquons des piĂšces recyclables Ă©ternellement », estime Alain Mimouni. LĂ encore, le dĂ©fi est de traiter les vieux moteurs ou les blocs freins destinĂ©s Ă ĂȘtre fon-dus mais en traitant auparavant les impuretĂ©s souillant cette matiĂšre.
Robot collaboratifPar ailleurs, pour remplacer les additifs servant au mĂ©lange de mĂ©taux, lâentreprise emploie dĂ©sormais de la matiĂšre venant des piles et batteries usagĂ©es. En bout de course, Bouhyer en retire une matiĂšre rĂ©siduelle riche en zinc susceptible dâintĂ©resser
dâautres industriels. Lâentreprise investira aussi dans la mise en place de robots permettant le pilo-tage Ă distance des coulĂ©es rou-geoyantes. Lâentreprise Ă©tudie notamment un cobot (robot colla-boratif) permettant de faciliter le geste sur 80 % de lâĂ©barbage des Ă©lĂ©ments bruts de fonderie, un tra-vail trĂšs Ă©prouvant.
Le groupe exporte prĂšs de 90 %de sa production, notamment en Allemagne oĂč il fournit la quasi-to-talitĂ© des constructeurs de gros matĂ©riel de travaux publics. « Nous
sommes presque une sociĂ©tĂ© alle-mande en Franc », note le PDG. En France, lâindustriel fournit notam-ment Manitou, Haulotte et Meca-lac. En croissance continue depuis quatre ans, Bouhyer et sa filiale ardennaise totalisaient 50 millions dâeuros de chiffre dâaffaires lâan der-nier. « Pour 2020, avant le Covid, nous avions un carnet de comman-des Ă la hausse de 20,7 % »,men-tionne Alain Mimouni.
Finalement, lâimpact de la situa-tion sanitaire entamera 18 % de lâactivitĂ© de lâentreprise. Mais pour lâindustriel, la sortie de la crise seraaccompagnĂ©e, dans de nombreux pays, de grands travaux de relance,et donc dâun besoin de matĂ©riel de travaux publics. « Nous voulons ĂȘtre prĂȘts Ă rĂ©pondre Ă cette forte croissance dâactivitĂ© », soutient le dirigeant. n
PAYS DE LA LOIRE
Le fabricant de contre-poids en fonte basé en Loire-Atlantique veut réduire ses rejets de matiÚre et atténuer la pénibilité du travail via la robotique.
La fonderie Bouhyer investitdans le « zéro déchet »
Le sable constituant les moules de fonderie, compactĂ© par le biais de rĂ©sine et dâadditifs, est recyclĂ© Ă 98 % par un systĂšme de tri, de purification et de lavage. Photo Bouyher
LĂ©a Delpontâ Correspondante Ă Lyon
La maison de vente De Baecque & AssociĂ©s met aux enchĂšres, samedi 12 dĂ©cembre, Ă Lyon, 350 bijoux JoĂŻa, tournant une page de lâhistoire locale trois ans aprĂšs la fermeture de cet atelier de joaillerie. EstimĂ©es entre 100 et 10.000 euros, ces piĂšces dâor serties de diamants etde pierres prĂ©cieuses passeront sous
EnchÚres : comment De Baecque & Associés ont tiré parti du confinement
le marteau lors dâune vacation qui varetrouver un peu de public â 40 per-sonnes Ă huis clos, mais retransmiseen direct, comme toutes celles prati-quĂ©es depuis le mois de mars. Ren-trĂ©e en 2019 dans le Top 20 français, avec un volume de ventes de 17 mil-lions dâeuros frais compris (+ 39 %), la sociĂ©tĂ© lyonnaise, prĂ©sente Ă Pariset Ă Marseille, a connu un grand suc-cĂšs durant le premier confinement, selon son fondateur Etienne De Baecque. Elle Ă©tait lâune des premiĂš-res maisons de vente dâart Ă repren-dre ses activitĂ©s sur Interencheres etDrouot Live â 14 ventes en avril-mai. « Lâoffre Ă©tait rĂ©duite et les clients trĂšs disponibles. On a vendu 3.000 petits objets Ă des acheteurs dont la moitiĂ© Ă©taient nouveaux. »
De Baecque a pu basculer rapide-ment en numĂ©rique grĂące Ă ses sal-les des ventes bien physiques de Lyon et Marseille, transformĂ©es en salles virtuelles. Ces deux ancien-nes usines en centre-ville de 1.000 m2 et 1.200 m2 sont des lieux dâexposition et de stockage dont ne
disposent pas les concurrents de la capitale, qui entreposent dans des garde-meubles et pratiquent les enchĂšres dans les hĂŽtels de vente comme Drouot. « Notre mĂ©tier a de grandes contraintes logistiques. CâĂ©tait un atout dâavoir nos stocks sous la main pour dĂ©baller sans dĂ©lai, et photographier les objets », explique le commissaire-priseur dequarante-trois ans, actionnaire de Drouot depuis 2014.
Six commissaires-priseursDevant la motivation des acheteursĂ distance, il nâa pas hĂ©sitĂ© Ă mainte-nir les ventes cataloguĂ©es du second semestre, et notamment la collection Creuzevault, clou de la saison avec un Max Ernst parti Ă 1 million dâeuros le 20 novembre. « Mais au deuxiĂšme confinement, la plupart des maisons sâĂ©taient organi-sĂ©es pour travailler », dit-il.
Lâentreprise, qui compte six com-missaires-priseurs et 22 collabora-teurs, devrait pratiquement Ă©galer sa performance de lâannĂ©e derniĂšre.
CrĂ©Ă© en 2008, De Baecque connaĂźt une forte croissance depuis lâacqui-sition de lâĂ©tude EnchĂšres Rive Gau-che en 2014, spĂ©cialiste des arts pre-miers . Lâachat d âune charge lyonnaise en 2018 lui a aussi permisdâĂ©toffer ses spĂ©cialitĂ©s avec les ins-truments de musique et les minĂ©-raux. Mais la maison a fait un coup,il y a un an, en reprenant le fonds decommerce Leclere Ă Marseille, en liquidation judiciaire. Etienne De Baecque espĂšre « dĂ©velopper des synergies trĂšs fortes sur lâaxe Paris-Lyon-Marseille et rationaliser la logistique entre les trois sites, en fai-sant de grosses Ă©conomies de temps etde frais de transport ». n
AUVERGNE-RHĂNE-ALPES
La maison de vente lyonnaise a occupé le terrain des enchÚres en live au printemps, et a vendu un Max Ernst le 20 novembre, confirmant ainsi son entrée récente dans le Top 20 français.
Date de création : 2011Président : David GallezotEffectif : 7 personnesSecteur : Mobilité
Monique ClĂ©mensâ Correspondante Ă Besançon
Un avion Ă©conomiquement rai-sonnable et Ă©cologiquement responsable : câest le pari pas si fou de David Gallezot, polytech-nicien passĂ© par SupaĂ©ro, collec-tionneur dâaĂ©ronefs anciens et pilote dâavions lĂ©gers. « Il sâagit deredonner de lâattractivitĂ© Ă des ter-ritoires grĂące Ă lâaviation durable et responsable », explique lâarti-san de la renaissance dâAvions Mauboussin, un constructeur aĂ©ronautique des annĂ©es trente qui, dĂ©jĂ , visait lâefficacitĂ© Ă©ner-gĂ©tique. PortĂ©e par cette marqueprestigieuse, la sociĂ©tĂ© avait intĂ©-grĂ© une motorisation hybride Ă©lectrique dĂšs les premiers des-sins du biplace AlĂ©rion M1H, en 2016, mais proposera vite une turbine alimentĂ©e Ă lâhydro-gĂšne. ImplantĂ© depuis 2017 Ă Belfort, oĂč il a nouĂ© des partena-riats avec lâuniversitĂ© de techno-logie de Belfort-MontbĂ©liard
17MILLIONS DâEUROSLe volume de ventes, frais compris, rĂ©alisĂ© par la maison De Baecque & AssociĂ©s en 2019.
90 %La part de sa production que le groupe exporte.
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« Une fois que les taux dâintĂ©rĂȘt sonten territoire nĂ©gatif et que lâeffet de surprise est dissipĂ©, la poursuite de leur baisse a gĂ©nĂ©ralement peu dâimpact sur la monnaie, constate Dominic Bunning, responsable de la recherche europĂ©enne sur les changes chez HSBC. AprĂšs lâintro-duction de cette mesure dans leurs pays, le Japon, la Suisse et la SuĂšde virent mĂȘme leur monnaie progres-ser dans les trois mois qui suivi-rent. » En juin 2014, la BCE fut la premiĂšre grande banque centrale Ă faire passer son taux en territoirenĂ©gatif Ă â0,1 %. Mais sur les cinq baisses de taux en territoire nĂ©ga-tif, seules les deux premiĂšres, en 2014, ont pu faire reculer la mon-naie europĂ©enne.
Euro fort, dollar faibleLes marchĂ©s estiment que la BCE nâest pas en mesure dâinverser la tendance Ă la hausse de lâeuro face au dollar mais au mieux de ralentirsa progression. Sa remontĂ©e face au billet vert est dâautant plus facile que la premiĂšre monnaie mondialeest en proie au doute. Depuis lâĂ©lec-tion prĂ©sidentielle du 3 novembre,
monnaie europĂ©enne, lâĂšre de lâeurofaible, quand il enregistra son plus bas historique (0,84 dollar).
CompĂ©titivitĂ©La baisse de lâeuro depuis un mois par rapport aux devises Ă©mergen-tes permet Ă son taux de change global (par rapport aux devises de ses partenaires commerciaux) de limiter sa hausse. « Il est seulement0,5 % plus Ă©levĂ© que les prĂ©visions dela BCE pour 2021. Elle peut ainsi davantage tolĂ©rer la hausse de lâeuroface au dollar tant que les monnaiesĂ©mergentes poursuivent leur remontĂ©e », estime Andreas Steno Larsen responsable de la stratĂ©gie sur les taux et devises chez Nordea.Cette annĂ©e, lâeuro progresse seu-lement de 1,3 % par rapport Ă la devise chinoise, Ă 7,91 renminbis. Cette apprĂ©ciation modeste permettra aux exportateurs euro-pĂ©ens de profiter davantage de la reprise Ă©conomique en Chine (leurdeuxiĂšme marchĂ© Ă lâexport) quâaux Etats-Unis, oĂč le bond de prĂšs de 8 % de lâeuro contre le dollar handicape bien plus leur compĂ©titivitĂ©. n
Une impuissance face Ă la vigueur de lâeuro
Nessim AĂŻt-Kacimi @NessimAitKacimi
« Nous sommes prĂȘts Ă ajuster tous nos instruments Ă la vue de lâĂ©volu-tion du taux de change. Nous nâavons pas fermĂ© la porte Ă une baisse des taux », a dĂ©clarĂ© Chris-tine Lagarde lors de la confĂ©rence de presse de la Banque centrale europĂ©enne (BCE). « Nous suivons les dĂ©veloppements du taux de change avec beaucoup de soin. » Desavertissements sans effet sur lâeuro. Il a progressĂ© de 0,4 %, Ă 1,2130, et atteint au plus haut 1,2160dollar. Il a gagnĂ© 1 % par rapport Ă lalivre, et 0,5 % contre le yen.
La BCE a optĂ© pour le statu quosur les taux. Une nouvelle baisse aurait eu peu dâimpact sur lâeuro.
Les mesures annoncĂ©es par la Banque centrale europĂ©enne nâont pas fait baisser lâeuro, qui a gagnĂ© 0,4 %, Ă 1,2130 dollar jeudi. Les marchĂ©s estiment que la BCE nâest pas en mesure dâinverser la progression de sa monnaie.
Bastien Bouchaud @BastienBouchaud
Toujours plus. La Banque du Japon (BoJ) continue dâaccumuler des actions Ă un rythme effrĂ©nĂ©. Elle en dĂ©tient dĂ©sormais pour plus de
BANQUE CENTRALE
Au plus fort de la crise, la BoJ a amplifiĂ© ses achats dâactions, via des ETF, et dĂ©tient dĂ©sormais plus de 6 % des actions japonaises
45.000 milliards de yens, soit envi-ron 355 milliards dâeuros, lâĂ©quiva-lent de plus de 6 % du marchĂ© japo-nais, selon lâinstitut de recherche local NLI. La banque centrale dĂ©passe ainsi le fonds de pension public japonais, le GPIF, lâun des plusgrands au monde, au palmarĂšs des principaux actionnaires du marchĂ©.
Et elle nâa pas terminĂ© ses emplet-tes. PionniĂšre des politiques hĂ©tĂ©ro-doxes, ses achats dâactions font par-tie de sa panoplie dâoutils depuis dix ans. Aujourdâhui encore, elle estla seule banque centrale Ă interve-nir directement sur les marchĂ©s actions. En mars, face Ă la brusque chute des cours, elle a dĂ©cidĂ© de
doubler son enveloppe annuelle consacrée à ces acquisitions, à 12.000 milliards de yens au maxi-mum. Ses achats ont été particuliÚ-rement importants en avril, lorsqueles marchés étaient au plus bas.
Un pactole thĂ©oriqueMais elle reste active en dĂ©pit du rebond des cours ces derniĂšres semaines. Jeudi, elle a encore achetĂ©pour 1,2 milliard de yens dâETF, por-tant le total cette annĂ©e Ă prĂšs de 7.000 milliards, un record histori-que. Pour le moment, la BoJ est gagnante. La hausse historique du Nikkei en novembre, dĂ©sormais Ă son plus haut niveau depuis 1991, a
permis Ă la banque centrale dâaccu-muler environ 10.000 milliards de yens de gains sous-jacents. Des pro-fits thĂ©oriques, la banque centrale nâayant aucune intention de cĂ©der ses titres.
Son pactole est donc vouĂ© Ă conti-nuer de grossir. Dâautant que les actions japonaises ont de bonnes chances de continuer Ă grimper. Les entreprises japonaises ont accumulĂ© du cash ces derniĂšres annĂ©es et sont de plus en plus promptes Ă le reverser Ă leurs actionnaires. Avec un rebond de plus de 40 % des bĂ©nĂ©fices attendu lâannĂ©e prochaine, le marchĂ© japonais attire de plus en plus
dâinvestisseurs internationaux. Ils sont repassĂ©s Ă lâachat depuis octo-bre, avec une accĂ©lĂ©ration des flux en novembre.
« Le Japon apparaĂźt comme unnouveau havre de sĂ©curitĂ©, axĂ© sur la reprise de la croissance, avec un mar-chĂ© actions sous-Ă©valuĂ©, peu endettĂ© et encore peu dĂ©tenu par les inves-tisseurs internationaux », sâenthou-siasment les analystes de SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale, qui ont fait des actions japonaises lâun de leurs grands parispour 2021. Ils sâattendent Ă ce que le Nikkei grimpe Ă 29.500 points dâici Ă la fin de lâannĂ©e prochaine, soit une hausse de plus de 10 % par rapport Ă son niveau actuel. n
La Banque du Japon devient le premier actionnaire des entreprises de lâarchipel
longĂ©e. DĂ©jĂ Ă©tendu Ă la f inavril 2021, il se poursuivra aumoins jusquâen mars 2022. Dâici lĂ ,e s p Ăš r e C h r i s t i n e L a g a r d e ,lâEurope aura atteint le seuildâimmunitĂ© collective grĂące auxvaccins, et lâĂ©conomie aura reprisune marche Ă peu prĂšs normale.La BCE agira tant que les effets dela pandĂ©mie se feront sentir,notamment pour garantir auxEtats des coĂ»ts de financementfaibles, ce qui leur permettradâemprunter pour mettre en placedes plans de relance budgĂ©taireindispensables.
Cette extension du programmepourrait toutefois poser des pro-blĂšmes techniques Ă la BCE. « LePEPP est toujours liĂ© par la limite dedĂ©tention globale quâelle sâest fixĂ©e,en dessous de 50 % pour toute dettesouveraine Ă©ligible, souligne GillesMoĂ«c, chef Ă©conomiste dâAXA IM.Celle-ci est difficile Ă quantifier,mais au-delĂ de 600 milliardsdâeuros de complĂ©ment pour lePEPP, la BCE en serait trĂšs proche. »Des craintes balayĂ©es par Chris-tine Lagarde : « Nous avons dit Ă plusieurs reprises que les limitesque nous nous sommes imposĂ©es nedoivent pas ĂȘtre un obstacle Ă lâexĂ©-cution de notre politique monĂ©-taire », a-t-elle affirmĂ©, soulignanten outre que dâimportants mon-tants de dette devraient ĂȘtre levĂ©ssur les marchĂ©s lâan prochain.
Soutien aux banquesComme Christine Lagarde lâavait Ă©galement laissĂ© entendre, la Ban-que centrale a modifiĂ© son pro-gramme de financement de long terme Ă taux nĂ©gatifs pour les ban-ques, les TLTRO. Ils permettent auxĂ©tablissements qui maintiennent leurs prĂȘts Ă lâĂ©conomie rĂ©elle (entreprises et mĂ©nages) de se financer auprĂšs de la BCE Ă â1 %. Autrement dit de gagner de lâargenten empruntant. Cette mesure de soutien Ă la consommation et Ă lâinvestissement a Ă©tĂ© prolongĂ©e jusquâĂ la fin juin 2022. Trois nou-velles opĂ©rations auront lieu au second semestre 2021. Le pourcen-tage de leur stock de dette donnant droit Ă un prĂȘt Ă taux prĂ©fĂ©rentiel a,lui aussi, Ă©tĂ© lĂ©gĂšrement revu Ă la hausse.
Ces annonces, qui Ă©taient atten-dues, ont un peu déçu les marchĂ©s. les taux des principaux emprunts dâEtat europĂ©ens ont fini en lĂ©gĂšre hausse jeudi. « Pour lâinstant, la BCEa choisi de laisser les gros bazookas aux gouvernements et se concentre sur une vĂ©ritable ingĂ©nierie de ban-que centrale », conclue Carsten Brzeski, chez ING. n
l Pour sa derniĂšre rĂ©union de politique monĂ©taire de lâannĂ©e, la Banque centrale europĂ©enne a relevĂ© lâenveloppede son programme dâachats dâactifs liĂ© Ă la pandĂ©mie (PEPP), Ă 1.850 milliards dâeuros, et lâa Ă©tendu jusquâen mars 2022.l Elle a Ă©galement prolongĂ© ses prĂȘts aux banques Ă taux nĂ©gatifs et augmentĂ© le montant Ă©ligible.
La BCE renforce son soutien Ă lâĂ©conomie
Guillaume Benoit @gb_eco
La Banque centrale europĂ©enne a tenu parole. Elle a renforcĂ© ses prin-cipales mesures de soutien, dans un contexte Ă©conomique difficile pour la zone euro, entre deuxiĂšme vague de pandĂ©mie et craintes sur les consĂ©quences dâun Brexit sans accord. « Les donnĂ©es que nous rece-vons et les prĂ©visions de nos Ă©quipes suggĂšrent que lâimpact Ă court termede la pandĂ©mie sur lâĂ©conomie sera plus prononcĂ© et que lâinflation res-tera faible plus longtemps que ce quenous avions anticipĂ© », a confirmĂ© Christine Lagarde, la prĂ©sidente de la BCE.
La Banque centrale table dĂ©sor-mais sur une croissance de 3,9 % en2021 (contre 5 % estimĂ©s en septem-bre), suivie dâune accĂ©lĂ©ration lâannĂ©e suivante (4,2 %, contre 3,2 %initialement). Lâinflation pour sa part ne devrait pas dĂ©passer 0,2 % en 2020 et atteindrait progressive-ment 1,4 % en 2023. La BCE a annoncĂ© quâelle continuerait Ă sur-veiller de prĂšs lâĂ©volution du taux dechange de lâeuro et ses effets sur la hausse des prix.
La BCE nâa pas touchĂ© Ă ses tauxdirecteurs, qui restent Ă leurs niveaux historiquement bas : le taux de la facilitĂ© de dĂ©pĂŽt demeurefixĂ© Ă â0,5 % pour le taux de dĂ©pĂŽt, Ă 0 % pour le taux de refinancement, et Ă 0,25 % pour celui de la facilitĂ© deprĂȘt marginal. En revanche, elle a significativement recalibrĂ© ses outils non conventionnels, comme lâavait promis sa prĂ©sidente lors de la rĂ©union dâoctobre.
RallongeA commencer par le programmedâachats dâurgence pandĂ©mie(PEPP). Son enveloppe va croĂźtrede 500 milliards, pour atteindre1.850 milliards dâeuros. ChristineLagarde avait clairement indiquĂ©que ce mĂ©canisme exceptionnelâ adoptĂ© le 18 mars dernier pourramener le calme sur le marchĂ© dela dette souveraine europĂ©enne âserait lâun des instruments privi-lĂ©giĂ©s de la Banque centrale. Parti-culiĂšrement souple, il permet Ă laBCE de sâaffranchir de certaineslimites, notamment en termes demontants investis par pays. LaprĂ©sidente a toutefois prĂ©cisĂ© quecette rallonge « ne serait pasobligatoirement utilisĂ©e dans sonintĂ©gralitĂ© » . Plus importantencore, la durĂ©e du PEPP a Ă©tĂ© pro-
POLITIQUEMONĂTAIRE
« Le Japon apparaĂźt comme un nouveau havre de sĂ©curitĂ©, [...] avec un marchĂ© actions sous-Ă©valuĂ©,peu endettĂ© et encore peu dĂ©tenu par les investisseurs internationaux. »LES ANALYSTES DE LA SOCIĂTĂ GĂNĂRALE
la devise amĂ©ricaine a perdu 3 %. Les marchĂ©s estiment quâavec un CongrĂšs divisĂ© qui bloquera des mesures de lâadministration Biden, la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale (Fed) sera en premiĂšre ligne pour faire repartir lacroissance et lâemploi.
Un nouvel assouplissement de lapolitique monĂ©taire de la Fed pour-rait faire baisser le dollar par rap-port Ă lâeuro, qui sâĂ©tablira durable-ment dans sa zone naturelle dâĂ©volution entre 1,20 et 1,30 dollar. Ces dix-sept derniĂšres annĂ©es, lâeurosâest inscrit au moins une fois dans cette zone en cours dâannĂ©e sauf en 2016 et 2019, quand il sâest Ă©tabli sous 1,20 dollar. Ce fut aussi le cas dans les quatre premiĂšres annĂ©es (1999-2004) aprĂšs la naissance de la
Un nouvel assouplissement monĂ©taire de la Fed pourrait fairebaisser le dollarpar rapport Ă lâeuro.
FINANCE & MARCHESLes Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020
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BANQUE
Edouard Lederer @EdouardLederer
CrĂ©dit Mutuel Alliance FĂ©dĂ©rale (CMAF) resserre les rangs. La prin-cipale composante du groupe CrĂ©-dit Mutuel a tirĂ© les consĂ©quences de la crise sanitaire, de lâaccĂ©lĂ©ra-tion des usages digitaux, et cela, alors quâun nouvel adhĂ©rent de poids, le CrĂ©dit Mutuel Nord Europe (CMNE), devrait le rejoin-dre dans un peu plus dâun an.
Dans ce contexte, le groupe ban-caire a prĂ©sentĂ©, jeudi, une version actualisĂ©e de son plan stratĂ©gique 2019-2023, prĂ©sentĂ© en 2019. « Face Ă lâaccĂ©lĂ©ration de transitions irrĂ©-versibles, nous faisons le choix de rĂ©viser notre plan stratĂ©gique », explique Daniel Baal, le directeur gĂ©nĂ©ral de CMAF, dans un entretienaux « Echos ». Sur le plan financier, son objectif est Ă prĂ©sent de retrou-ver le niveau record⊠de 2019 et donc dâeffacer la crise « au plus tarden 2023 ». La banque ambitionne Ă cet horizon lâatteinte dâun rĂ©sultat net supĂ©rieur Ă 3 milliards dâeuros, lĂ oĂč le plan original ciblait les 4 milliards dâeuros, et un produit net bancaire (PNB) de 14,6 mil-liards, comme lâan dernier.
Pousser les feux en matiĂšre commerciale« Cette annĂ©e, nous enregistrerons un recul de notre PNB, de lâordre de 5 %, et de notre rĂ©sultat net, compte tenu de la crise », relĂšve Daniel Baal.En outre « 2020 sera bien sĂ»r mar-quĂ©e par une augmentation trĂšs fortedu coĂ»t du risque, essentiellement non avĂ©rĂ©. Nous sommes volontaire-ment trĂšs prudents dans nos hypo-thĂšses financiĂšres pour les annĂ©es suivantes, compte tenu de lâincerti-tude sanitaire et Ă©conomique. »
Au total, le groupe pousse lesfeux en matiĂšre commerciale et multiplie les mesures dâefficacitĂ©. Des points de vente pourraient notamment ĂȘtre regroupĂ©s, et cer-taines fonctions support entre rĂ©seaux ou fĂ©dĂ©rations vont ĂȘtre mutualisĂ©es. Lâhorizon 2023, lâĂ©chĂ©ance du plan stratĂ©gique, seradâautant plus charniĂšre, que, sauf coup de thĂ©Ăątre, lâAlliance fĂ©dĂ©rale devrait Ă cette date compter un membre de plus, la fĂ©dĂ©ration nor-
l Le CrĂ©dit Mutuel Alliance FĂ©dĂ©rale, principale composante du groupe CrĂ©dit Mutuel, revoit Ă la baisse ses objectifs financiers Ă lâhorizon 2023. l Le groupe resserre les rangs avant lâarrivĂ©e dâun nouvel adhĂ©rent de poids.
Le CrĂ©dit Mutuel Alliance FĂ©dĂ©ralecorrige ses objectifs avant dâabsorberle CrĂ©dit Mutuel du Nord
environ 4.000 agences, réparties équitablement entre le réseau Cré-dit Mutuel et celui du CIC.
« Nous avons bien deux rĂ©seaux »« Nous croyons aux rĂ©seaux de proxi-mitĂ© et nous croyons que ces rĂ©seaux ont toujours du sens. Cela ne veut pasdire que lâon ne fera jamais dâoptimi-sation de notre rĂ©seau. Si, dans une ville, trois agences sont Ă moins dâun quart dâheure Ă pied, nous rĂ©flĂ©chi-rons Ă les regrouper pour gagner en efficacitĂ© », estime Daniel Baal, pourqui rassembler les Ă©quipes « permeten plus dâavoir davantage de compĂ©-tences au mĂȘme endroit ».
Point essentiel, « nous ne regrou-perons jamais une caisse de Crédit Mutuel et une agence CIC », précise bien Daniel Baal. « Crédit Mutuel et CIC sont deux réseaux distincts avec deux marques fortes. Crédit Mutuel et CIC sont parmi les plus belles mar-ques françaises. Nous avons bien deux réseaux et deux marques que nous voulons cultiver. »
Cette approche se distingue apriori des orientations prises trĂšs rĂ©cemment par SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale. Les fermetures dâagences annon-cĂ©es par la banque de la DĂ©fense seferont sur fond de fusion entre les deux rĂ©seaux du groupe en France,SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale et CrĂ©dit du Nord.
Or, mĂȘme si la dĂ©cision nâa pas Ă©tĂ©prise, certains craignent pour la pĂ©rennitĂ© de lâenseigne CrĂ©dit du Nord ou de ses marques rĂ©gionales bien implantĂ©es. De quoi aiguiser lâappĂ©tit des mutualistes. « On nâa pas lâintention de laisser le terrain libre. Quand certains ont pour projet de rĂ©duire de 10 Ă 20 % leur nombre dâagences, on a toujours la mĂȘme rĂ©flexion : câest une opportunitĂ© de dĂ©veloppement pour nous », pour-suit le dirigeant. Alors quâen moyenne, le nombre dâagences ban-caires a chutĂ© de 17,5 % dans la zoneeuro entre 2015 et 2019, seuls 4,6 % des points de vente ont fermĂ© en France sur la pĂ©riode, portant le parc (Ă fin 2019) Ă 36.000 agences. â E. Le.
Le groupe veut prĂ©server son rĂ©seau dâagences
Atterrissage en douceur. Alors que le groupe SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale a dĂ©cidĂ©de fermer 600 agences en France Ă horizon 2023, les groupes mutua-listes se montrent nettement moinsconservateurs. « Nous refusons la tentation du grand plan de fermeturedes agences. Nous optimisons nos rĂ©seaux, surtout en ville, mais la baisse se limite Ă 1 ou 2 % », indique aux « Echos » Daniel Baal, le direc-teur gĂ©nĂ©ral de CrĂ©dit Mutuel Alliance FĂ©dĂ©rale, Ă lâoccasion de la prĂ©sentation, jeudi, dâun plan stra-tĂ©gique amendĂ© pour le groupe mutualiste. Il compte actuellement
CrĂ©dit Mutuel Alliance FĂ©dĂ©rale ajustera ses rĂ©seaux Ă lâhorizon 2023 mais confirme sâappuyer sur ses deux enseignes,Ă savoir CrĂ©dit Mutuelet CIC. Le groupe estime que les 600 fermetures dâagences annoncĂ©espar SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale pourraient lui profiter.
« Nous croyons aux rĂ©seaux de proximitĂ©. Cela ne veut pas dire que lâon ne fera jamais dâoptimisation. Si dans une ville, trois agences sont Ă moins dâun quart dâheure Ă pied, nous rĂ©flĂ©chirons Ă regrouper. »DANIEL BAALDirecteur gĂ©nĂ©ral de CrĂ©dit Mutuel Alliance FĂ©dĂ©rale
diste du CrĂ©dit Mutuel Nord Europe(CMNE), basĂ©e Ă Lille. « Effective-ment, CrĂ©dit Mutuel Nord Europe travaille actuellement Ă une adhĂ©-sion Ă CrĂ©dit Mutuel Alliance FĂ©dĂ©-rale. Ce choix sera soumis Ă lâappro-bation de ses caisses locales, qui sâexprimeront en janvier prochain », confirme le dirigeant.
Se regrouper permet de mettreen commun des moyens sur tous les sujets rĂ©glementaires ou liĂ©s Ă lagestion de bilan, au refinancement, au contrĂŽle des risques. Un atout pour le futur nouveau membre de lâalliance et pour ses membres exis-
tants. « Pour Crédit Mutuel Alliance Fédérale et CMNE, ce serait un ren-forcement mutuel. En partageant nos moyens et nos expertises, nous pourrions accroßtre notre efficacité opérationnelle et accélérer notre développement commun. »
Lâenjeu est clĂ© pour le groupe. LafĂ©dĂ©ration basĂ©e Ă Lille reprĂ©sente un PNB de lâordre de 800 millions dâeuros et serait la deuxiĂšme, loin derriĂšre le CrĂ©dit Mutuel Centre EstEurope, basĂ© Ă Strasbourg. Dans le monde mutualiste, une telle intĂ©-gration nĂ©cessite une certaine agi-litĂ© politique.
« En cas dâadhĂ©sion, les adminis-trateurs du CMNE trouveront bien Ă©videmment une place au sein des structures faĂźtiĂšres que sont la CaissefĂ©dĂ©rale de CrĂ©dit Mutuel et la Ban-que fĂ©dĂ©rative du CrĂ©dit Mutuel, comme toutes les fĂ©dĂ©rations adhĂ©-rentes », indique Daniel Baal. « Cela fait trois ou quatre ans que nous
Ă©changeons rĂ©guliĂšrement avec les dirigeants du CMNE. Ils ont ainsi pu Ă©tudier notre plan stratĂ©gique 2019, et ils nâont pas de diffĂ©rence fonda-mentale avec notre approche. »
Avec lâarrivĂ©e de CMNE, la compo-sition du conseil va mĂ©caniquementdevoir Ă©voluer, en tenant compte du poids Ă©conomique de chacun. Selon nos informations, CMNE aurait Ă©tĂ© rassurĂ© sur ce point. Quant aux adhĂ©rents actuels, ils devront aussi sây retrouver. « Si CMNE arrivait dans le groupe, jâapplaudirais des deux mains », souligne une source au sein dâune fĂ©dĂ©ration.
« Chez nous, chaque fédération estreprésentée par au moins un admi-nistrateur et un censeur. Nous avonsde nombreuses autres instances, notamment notre chambre syndi-cale et interfédérale, dans lesquelles toutes les fédérations ont naturelle-ment voix au chapitre », répond Daniel Baal. n
BasĂ© Ă Strasbourg, CrĂ©dit Mutuel Alliance FĂ©dĂ©rale regroupe actuellement treize fĂ©dĂ©rations de CrĂ©dit Mutuel. Photo Frederic Maigrot/RĂA
Dans le monde mutualiste, une telle intégration nécessite une certaine agilité politique.
Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 FINANCE & MARCHES // 35
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prise de renforcer son capital sansdevoir ouvrir son capital Ă un actionnaire externe, et de conti-nuer Ă emprunter.
Une garantie allant jusquâĂ 35 % des encoursPour attirer les investisseurs (com-pagnies dâassurances, gestionnai-res dâactifsâŠ) qui vont prĂȘter cet argent aux entreprises via ces pro-duits qui seront distribuĂ©s par les banques, le gouvernement a cassĂ© sa tirelire en apportant une garan-tie allant jusquâĂ 35 % des encours. Ilest prĂȘt ainsi Ă prendre Ă sa charge des pertes de 7 milliards sur lâenve-loppe de prĂȘts de 20 milliards actuellement prĂ©vue.
Mais, malgré cet effort, les inves-tisseurs traßnent des pieds, crai-
gnant de financer des entreprises fragiles. « La nature mĂȘme de lâinves-tissement porte Ă une certaine pru-dence, reconnaĂźt Daniel Baal, direc-teur gĂ©nĂ©ral de CrĂ©dit Mutuel Alliance FĂ©dĂ©rale. Quand on investitdes fonds dâassurance-vie, on a une obligation de ne pas perdre de capital.Or, sur des quasi-fonds propres, il existe un risque spĂ©cifique. On se positionnera quand on connaĂźtra vraiment le dispositif, le moment venu. »
Dans lâĂ©tat actuel des discussions,le taux que paieront les PME pour-rait se situer entre 3 et 5 %, auquel sâajouterait la rĂ©munĂ©ration de la garantie de lâEtat. Compte tenu du risque et, malgrĂ© la garantie, les investisseurs veulent une rĂ©munĂ©-ration plus Ă©levĂ©e. Pour convaincre
les rĂ©calcitrants, la CPME, qui a rĂ©digĂ© une tribune dans « Les Echos » pour appuyer sa proposi-tion, souhaite ajouter « une contri-bution complĂ©mentaire de solida-ritĂ© » reprĂ©sentant de 1,5 Ă 2 % de plus et payĂ©e par toutes les entrepri-ses. Soit un taux global de 7 Ă 8 %, conforme au prix moyen dâune obli-gation convertible.
En contrepartie, les PME veu-lent sâassurer que toutes aurontdroit au dispositif, Ă commencer
par les centaines de milliersdâentre elles qui ont reçu un prĂȘtgaranti par lâEtat (PGE) pour pas-ser la crise. « Si nous ne voulonspas exclure les entreprises de proxi-mitĂ©, le ticket minimum devraitĂȘtre fixĂ© aux alentours de 250.000ou 300.000 euros », estime Ger-main Simoneau. Avec un ticketminimum en millions comme ilen est question, le dispositif nebĂ©nĂ©ficierait quâĂ des grosses PMEou des ETI qui ont dĂ©jĂ accĂšs Ă des
sources de financement comme ladette privĂ©e. « Le risque, câest queles petites entreprises regardentpasser les trains et que lâEtat aitmobilisĂ© 7 milliards dâeuros pouraider des entreprises qui nâen ontpas besoin, insiste le chef dâentre-prise. Il ne faut pas manquer lacible ! » Le dispositif, qui devraaussi ĂȘtre validĂ© par la Commis-sion europĂ©enne, doit ĂȘtre opĂ©ra-tionnel au premier trimestre2021. n
Thibaut Madelin @ThibautMadelin
et Edouard Lederer avec R. G.
Face au manque dâappĂ©tit des inves-tisseurs pour les prĂȘts participatifs, ces instruments censĂ©s renforcer les bilans des PME et leur permettrede rebondir Ă la sortie de la pandĂ©-mie, les petites entreprises propo-sent de les payer plus cher. Alors que certains craignent un enlise-ment de ce projet phare du plan de relance de Bercy, cette proposition pourrait relancer les discussions entre banques, investisseurs et pou-voirs publics.
« En contribuant Ă hauteur de35 % par sa garantie, lâEtat nous oblige et peut-ĂȘtre nous invite, nous entrepreneurs, Ă faire notre part en nous appropriant ce dispositif, expli-que Germain Simoneau, prĂ©sident de la commission financement Ă la ConfĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©rale des petites et moyennes entreprises (CPME). Dâailleurs, nous pourrions proposer de le faire Ă©voluer pour y ajouter une notion de solidaritĂ© interentreprises et donner plus de puissance et dâeffet au dispositif. »
Les prĂȘts participatifs sont descrĂ©ances de long terme. Rem-boursĂ©s en dernier, ils ne sont pas assimilĂ©s Ă de la dette dâun point devue de lâanalyse financiĂšre mais Ă des quasi-fonds propres. I ls offrent ainsi la possibilitĂ© Ă lâentre-
CRĂDIT
Face au manque dâappĂ©tit des investis-seurs, la CPME propose dâaugmenter de 1,5 Ă 2 % le rende-ment de ces prĂȘts sâapparentant Ă des fonds propres.
PrĂȘts participatifs : les PME proposent de payer plus pour convaincre les investisseurs
Pour sâassurer que les prĂȘts participatifs pourront aider les PME, lâEtat est prĂȘt Ă prendre Ă sa charge des pertes de 7 milliards sur lâenveloppe de prĂȘts de 20 milliards actuellement prĂ©vue. Photo iStock
Tourisme : Bpifrance complĂšte son arsenalLa banque publique a officialisĂ© jeudi le lancement du fonds FAST. DotĂ© de 80 millions dâeuros (financĂ© par Bpifrance, la Caisse des DĂ©pĂŽts et des rĂ©gions), il va permettre dâinvestir des tickets compris 50.000 et 400.000 euros afin de renforcer le capital dâenviron 300 entreprises du secteur du tourisme et favoriser leur rebond. Le dispositif ressemble Ă celui des prĂȘts participatifs conçu par lâEtat, avec les banques et les investisseurs. Les instruments utilisĂ©s seront des obligations convertibles, avec un taux de 7 %.
de plus de 680 millions dâeuros en 2019, une croissance annuelle de plus de 30 % sur dix ans, elle a surfĂ© sur lâessor de lâĂ©conomie numĂ©rique et la transition Ă©ner-gĂ©tique. EntrĂ© en Bourse en 2005 avec une capitalisation de 4,5 mil-lions dâeuros, le groupe Ă©tait valo-risĂ© 1,5 milliard dâeuros en juillet dernier quand il a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© sur le marchĂ© rĂ©glementĂ© dâEuro-next Paris, avant dâintĂ©grer en sep-tembre le SBF 120.
Ce rapport anonyme a Ă©tĂ© envoyĂ©par e-mail et via Twitter Ă des ana-lystes financiers, des gĂ©rants, puis Ă la sociĂ©tĂ© mardi soir. Il accuse Solutions 30 dâavoir des liens avec des personnes ayant fait lâobjet de condamnations pĂ©nales liĂ©es au blanchiment dâargent, et dâavoir rĂ©alisĂ© lui-mĂȘme des transactions liĂ©es Ă ce crime. Les comptes com-porteraient Ă©galement des erreurs, et la rentabilitĂ© et le cash-flow ne correspondraient pas Ă la nature des activitĂ©s de la sociĂ©tĂ©.
DĂ©menti catĂ©goriqueLe groupe, qui a son siĂšge social au Luxembourg, a dĂ©menti catĂ©gori-quement toutes les affirmations du rapport. Entre 2013 et 2016, il a bientravaillĂ© avec un employĂ© du cabi-net dâexpertise comptable, la fidu-ciaire du Kiem, dont un des gĂ©rants,Angelo Zito, aurait Ă©tĂ© citĂ© dans desaffaires judiciaires entre 1998 et 2000, en lien avec la mafia. Mais ce dernier a Ă©tĂ© relaxĂ© en 2000. Solutions 30 cite aussi le registre des experts-comptables assermen-tĂ©s du Luxembourg, dans lequel Angelo Zito apparaĂźt en bonne et
due forme. Sur les transactions apparentĂ©es Ă du blanchiment dâargent, Solutions 30 a indiquĂ© que, pour Ă©tablir de nouvelles enti-tĂ©s juridiques, il lui arrive dâacquĂ©rirpar souci dâefficacitĂ© des « coquillesvides », ce quâil considĂšre comme une pratique de marchĂ©.
Action en justiceSur les marchĂ©s, on sâĂ©tonne.Quand les vendeurs Ă dĂ©couvertsortent des rapports nĂ©gatifs surun titre, i ls ne le font pas demaniĂšre anonyme. En gĂ©nĂ©ral, ilsassument. Quoi quâil en soit, lesa n a l y s t e s f i n a n c i e r s s o n tconvaincus que ces accusationssont infondĂ©es. Les analystesdâOddo BHF ont jugĂ© les rĂ©ponsesapportĂ©es par Solutions 30 « pro-bantes ». Ils « remettent en ques-tion le sĂ©rieux de lâanalyse menĂ©epar lâauteur du rapport au vu deserreurs quâil commet ». Solutions30 a dâores et dĂ©jĂ alertĂ© lâAutoritĂ©des marchĂ©s financiers et lancĂ©une action en justice, notammentcontre une personne qui diffusedes informations fausses et trom-peuses Ă lâĂ©gard de ses dirigeants.
Cette affaire soulĂšve des ques-tions. Si ce rapport est faux, ses accusations risquent dâapporter de lâeau au moulin des politiques ou des acteurs de la place de Paris qui militent depuis des annĂ©es pourune rĂ©glementation plus stricte vis-Ă -vis des vendeurs Ă dĂ©couvert, qui sont dans le collimateur des auto-ritĂ©s depuis que Muddy Waters sâest attaquĂ© Ă Casino. Sâil dit la vĂ©ritĂ©, les dommages seront impor-tants pour la place de Paris. n
Laurence Boisseau @boisseaul
En deux jours, Solutions 30 a perduprĂšs de 26 % de sa valeur en Bourse.En cause, un rapport anonyme accusant la sociĂ©tĂ©, qui installe la fibre optique et des compteurs Ă©lectriques chez des particuliers, dâavoir des liens avec la mafia ita-lienne, et de publier des comptes erronĂ©s. En mai 2019, dĂ©jĂ , lâaction avait dĂ©vissĂ© quand Muddy Waters,le cĂ©lĂšbre activiste amĂ©ricain, avait dĂ©clarĂ©, sans explication, vendre Ă dĂ©couvert 0,5 % du capital. Depuis quelques semaines, sur les mar-chĂ©s, des rumeurs circulaient. Et ces derniers jours, environ 13 % du capital ont Ă©tĂ© vendus Ă dĂ©couvert, notamment par un hegde fund, Gladstone Capital Management.
Solutions 30 est lâune des valeursfavorites des fonds petites et moyennes valeurs. CrĂ©Ă©e en 2003 par son PDG Gianbeppi Fortis, la sociĂ©tĂ© a connu un dĂ©veloppement rapide. Avec un chiffre dâaffaires
BOURSE
Lâaction de la SSII a perdu plus de 25 % en deux jours, aprĂšs la publication dâun rapport anonyme qui accuse la sociĂ©tĂ© dâinstallation de fibre optique et de comp-teurs Ă©lectriques de liens avec la mafia italienne.
Solutions 30, cible dâaccusations anonymes, saisit la justice
36 // FINANCE & MARCHES Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos
Bruxelles veut imposer des batteries électriques « propres »
Derek Perrotte @DerekPerrotte
âBureau de Bruxelles
« Un avenir vraiment durable doit ĂȘtre alimentĂ© par des batteries pro-pres. » En une phrase, le commis-saire europĂ©en Ă lâEnergie, Maros Sefcovic, a rĂ©sumĂ© lâenjeu de la rĂ©vi-sion du rĂšglement de 2006 sur les batteries, dĂ©voilĂ©e jeudi par Bruxel-les. A lâaune de lâobjectif europĂ©en deneutralitĂ© climatique dâici Ă 2050 et sur fond dâĂ©lectrification Ă marche forcĂ©e de lâautomobile, la Commis-
un vrai dĂ©fi tant Bruxelles prĂ©vient que lâessor des batteries au lithium entraĂźnera « une trĂšs forte hausse desquantitĂ©s de dĂ©chets ». Aujourdâhui, seulement 10 % du lithium contenu dans les batteries est recyclĂ©, alors que le nombre de batteries au lithium prĂȘtes au recyclage sera multipliĂ© par 700 dâici Ă 2040, souli-gnent les Ă©tudes de la Commission.
La proposition de rĂšglementinsiste sur lâimportance de valoriserdurablement le cobalt, le lithium, le nickel et le plomb. Ces mesures viennent complĂ©ter le plan prĂ©sentĂ©en septembre pour dĂ©velopper en Europe des chaĂźnes dâextraction et de traitement des terres rares, un marchĂ© clĂ© pour lâĂ©nergie propre, aujourdâhui dominĂ© par la Chine.
En promettant aux EuropĂ©ensque leurs vĂ©hicules bĂ©nĂ©ficieront « des batteries les plus vertes, les plus performantes et les plus sĂ»res », le Vieux Continent veut rebattre les cartes et retrouver une autonomie stratĂ©gique sur un marchĂ© de la bat-terie Ă©lectrique dominĂ© pour lâheurepar la Chine et la CorĂ©e du Sud. « Lesbatteries ne respectant pas totalementles normes que nous fixerons seront interdites au sein du marchĂ© unique »,a soulignĂ© Thierry Breton.
Lâenjeu est Ă©norme : Bruxellesestime que la demande mondiale de batteries va ĂȘtre multipliĂ©e par 14dâici Ă 2030. LâONG Transport & Environnement, pas toujours ten-dre avec la Commission, a cette foislargement saluĂ© un projet « Ă mĂȘme
sion europĂ©enne entend ainsi lan-cer une vĂ©ritable rĂ©volution indus-trielle dans un secteur en plein essor. Pour la premiĂšre fois, des cri-tĂšres environnementaux seront imposĂ©s sur lâensemble de la chaĂźnede vie des batteries, de lâextraction des matiĂšres premiĂšres au recy-clage, en passant par la production.
Pour limiter lâempreinte carbonede leur production, les fabricants devraient dâabord, selon le projet derĂšglement qui devra ĂȘtre validĂ© par les Etats membres et le Parlement europĂ©en, la mesurer et la dĂ©clarer Ă compter de juillet 2024.
« Aujourdâhui, on ne la connaĂźtpas vraiment. Il faut le temps de col-lecter des donnĂ©es dans ce secteur
tout juste naissant en Europe », explique un expert de la Commis-sion. Un systĂšme de « passeport numĂ©rique » devra notamment per-mettre un suivi fin de lâorigine et du traitement des matĂ©riaux utilisĂ©s, « une premiĂšre » saluĂ©e par Thierry Breton. En janvier 2026, des labels de classe de performance seront introduits, comme il en existe par exemple pour les rĂ©frigĂ©rateurs.
Sur la base des donnĂ©es alorsrecueillies, des seuils maximaux dâempreinte carbone seraient fixĂ©s, Ă chaque niveau de la chaĂźne, Ă par-tir de juillet 2027. Des critĂšres de performance et de sĂ©curitĂ© seront aussi dĂ©finis. Bruxelles se dĂ©fend dâopter pour un calendrier trop lent
face Ă lâurgence climatique, un bĂ©mol pointĂ© par certains. « Câest unrythme en rĂ©alitĂ© trĂšs ambitieux pource qui sera un pas de gĂ©ant. Personne au monde nâa fixĂ© des objectifs aussi rapides e t Ă© le vĂ©s que ceux de lâEurope », a affirmĂ© Maros Sefcovic.
La liste des critĂšres Ă©cologiques Ă respecter portera en particulier sur la durabilitĂ© des matiĂšres premiĂš-res utilisĂ©es, le recours Ă des matĂ©-riaux recyclĂ©s et la propretĂ© de lâĂ©nergie dĂ©ployĂ©e pour la fabrica-tion. Le volet recyclage du plan entrerait en vigueur dĂšs 2025. Lâobjectif de collecte sĂ©parĂ©e des batteries portables passerait alors Ă 65 % (puis Ă 70 % en 2030), contre 45 % dans les textes actuels. Ce sera
l Des critĂšres environnementaux seront fixĂ©s Ă partir de juillet 2027sur lâensemble de la chaĂźne de vie des batteries.l Les batteries ne respectant pas ces normes seront « interdites » sur le marchĂ© unique, a prĂ©venu Thierry Breton.
MATIĂRES PREMIĂRES
Selon Bruxelles, la demande mondiale de batteries va ĂȘtremultipliĂ©e par 14 dâici Ă 2030. Photo ClĂ©ment Mahoudeau/AFP
demande est en train de basculer du carbonate de lithium Ă lâhydroxyde delithium, oĂč la puretĂ© est en enjeu plusimportant », prĂ©cise encore David Krupka, chef de projet Ă lâAfnor.
La diplomatie des normesLâorganisme français a dâailleurs appelĂ© les acteurs hexagonaux Ă rejoindre le tour de table, pour Ă©vi-ter que les standards ne soient uni-quement dictĂ©s par la Chine. Qua-torze pays ont dĂ©jĂ rĂ©pondu favorablement.
« Les acteurs français ont montrĂ©un vif intĂ©rĂȘt pour dĂ©finir la puretĂ© delâhydroxyde et la mĂ©thode qui per-mettra dây parvenir. Ils sâintĂ©ressent aussi aux garanties de qualitĂ© au moment de la livraison, ainsi quâĂ la bonne cohĂ©rence au niveau des per-formances », dĂ©taille David Krupka.Les normes sont Ă©galement un enjeu majeur pour la valorisation des batteries usagĂ©es. « La recycla-bil itĂ© requiert des normes en amont », avertit Olivier Peyrat.
La Chine prend trĂšs au sĂ©rieux laquestion des standards, essentiels au commerce international. Elle est donc trĂšs active au sein de lâISO.Au dĂ©but des annĂ©es 2000, PĂ©kin participait Ă quelques tours de table, plutĂŽt en qualitĂ© dâobserva-teur, mais aujourdâhui, elle multi-plie les participations et contribu-tions. « Câest un feu roulant », explique Olivier Peyrat. n
Etienne Goetz @etiennegoetz
Lâessor des voitures Ă©lectriques change la donne sur le marchĂ© du lithium. La demande explose et sur-tout, les industriels exigent une qualitĂ© irrĂ©prochable. Pourtant, il existe actuellement trĂšs peu de nor-mes internationales fixant les stan-dards de ce produit. Câest la raison pour laquelle la Chine, premier fabricant de batteries, a dĂ©posĂ© unecentaine de propositions auprĂšs de lâOrganisation internationale de normalisation (ISO), dans le but de structurer le marchĂ© dâici Ă trois ans. Les futures normes porteront aussi bien sur lâextraction, la con-centration, la sĂ©paration, que sur latransformation du lithium.
« Les Chinois ont manifestementrencontrĂ© des difficultĂ©s dâapprovi-sionnement il y a quelques annĂ©es. Ilssouhaitent probablement disposer denormes internationales pour sĂ©curi-ser leurs achats en termes de qualitĂ© de lithium », explique Olivier Peyrat,directeur gĂ©nĂ©ral de lâAfnor, lâorga-nisme français des normes. « Sur cemarchĂ©, on est passĂ© des tĂ©lĂ©phones aux voitures Ă©lectriques, ce qui a relevĂ© le niveau dâexigence. La
Pékin a mis sur la table une centaine de propositions visant à structurer le marché du lithium.
La Chine pousse ses pions dans la bataille des normes
de faire de lâEurope un leader mon-dial de cette technologie stratĂ©gi-que ». Les Verts du Parlement euro-pĂ©en ont eux aussi bien accueilli le texte. La Commission a mis sur pied en 2017 lâAlliance europĂ©enne des batteries. Elle donne des outils juridiques pour rassembler entre Etats membres les industries de lâautomobile, des matiĂšres premiĂš-res et de la chimie afin de concevoirdes chaĂźnes de valeur 100 % euro-pĂ©ennes. Les premiĂšres « gigafac-tories » europĂ©ennes, lancĂ©es par lecouple franco-allemand, devraient entrer en activitĂ© en 2021 ou 2022.
Dâautres projets sont en cours definalisation, et Maros Sefcovic se dit« persuadĂ© que, dâici Ă 2025, lâUnion europĂ©enne sera en mesure de pro-duire suffisamment de cellules de batteries pour rĂ©pondre aux besoins de lâindustrie automobile euro-pĂ©enne ». Mercredi, la Commission a annoncĂ© son ambition dâavoir au moins 30 millions de voitures « zĂ©ro Ă©mission » sur les routes con-tinentales dâici Ă 2030. n
Le Vieux Continent veut retrouverune autonomie stratĂ©gique dans un marchĂ© aujourdâhui dominĂ© par la Chine et la CorĂ©e du Sud.
Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 FINANCE & MARCHES // 37
CAC 40
VALEURS MNĂMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DĂTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
AIR LIQUIDE (AI) R A 135,35 136 + 0,85 + 7,77 930954 137,35 - 3,65 144,45 FR0000120073 11/05/20 2,7 473.593.425 135,2 + 11,25 94,86 1,99AIRBUS GROUP (AIR) R A 93,77 93,72 + 0,14 - 28,17 3,4 1687673 94,48 + 6,6 139,4 27,60NL0000235190 15/04/19 1,4 784.149.270 92,77 - 24,55 48,12 1,76ALSTOM (ALO) R A 45,3 45,68 + 1,58 + 16,66 1156281 46,3 +10,46 46,956 FR0010220475 15/07/19 5,5 226.926.854 45,27 + 19,66 27,567 ARCELORMITTAL (MT) R A 17,5 17,446 + 0,52 + 11,53 6289451 17,662 +29,81 17,854 LU1598757687 16/05/19 0,15 1.102.809.772 17,24 + 10,24 5,98 ATOS SE (ATO) R A 74,9 73,8 - 1,23 - 0,7 393375 75 +13,71 82,46 FR0000051732 03/05/19 1,7 109.993.166 73,24 - 3,15 43,26 AXA (CS) R A 19,85 20,005 + 0,51 - 20,33 7052448 20,055 +10,72 25,615 FR0000120628 07/07/20 0,73 2.424.373.785 19,688 - 18,78 11,844 3,65BNP PARIBAS (BNP) R A 44,665 43,46 - 2,44 - 17,74 4836934 44,78 + 2,99 54,22 FR0000131104 29/05/19 3,02 1.249.798.561 43,065 - 13,55 24,505 BOUYGUES (EN) R A 34,72 34,17 - 1,41 - 9,79 837187 34,92 + 2,55 41,32 FR0000120503 09/09/20 1,7 380.702.792 33,84 - 8,9 22,27 4,98CAP-GEMINI (CAP) R A 118,15 116,85 - 1,1 + 7,3 445362 118,15 + 1,79 121,65 FR0000125338 03/06/20 1,35 165.784.837 115,8 + 10,18 51,78 1,16CARREFOUR (CA) R A 13,94 13,9 - 0,04 - 7,02 3088036 13,96 - 1,28 16,915 FR0000120172 08/06/20 0,23 817.623.840 13,745 - 7,33 12,095 1,66CREDIT AGRICOLE (ACA) R A 10,515 10,365 - 0,91 - 19,81 7929060 10,54 +17,15 13,8 FR0000045072 24/05/19 0,69 2.884.688.712 10,24 - 17,87 5,7 DANONE (BN) R A 52,22 52,38 + 0,93 - 29,12 1937871 53,14 - 3,11 75,16 FR0000120644 14/07/20 2,1 686.629.600 52,12 - 28,93 46,03 4,01DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A 153,65 153,5 - 0,42 + 4,74 257491 154,4 + 2,71 164,15 FR0000130650 28/05/20 0,7 264.919.418 151,05 + 7,57 105 0,46ENGIE (ENGI) R A 12,585 12,395 - 1,43 - 13,92 1,21 5364766 12,625 + 3,51 16,795 10,28FR0010208488 21/05/19 0,8 2.435.285.011 12,37 - 14,01 8,626 ESSILORLUXOTTICA (EI) R A 128,9 128,5 - 0,47 - 5,38 533677 129,2 + 7,08 145 FR0000121667 21/05/19 2,04 438.611.346 127,6 - 7,59 86,76 HERMES INTL (RMS) R A 832,8 828 - 0,27 + 24,29 58160 836,4 - 0,6 865 FR0000052292 28/04/20 3,05 105.569.412 825,2 + 24,1 516 0,37KERING (KER) R A 576,1 573,3 - 0,17 - 2,03 226501 578,8 - 6,17 628,2 FR0000121485 23/06/20 4,5 126.279.322 571,5 + 4,92 348,55 0,79L.V.M.H. (MC) R A 498,45 501 + 0,6 + 20,96 465929 502,4 + 5,7 502,4 FR0000121014 01/12/20 2 504.757.339 494,85 + 26,26 278,7 0,4LEGRAND (LR) R A 70,72 71,1 + 0,91 - 2,12 625820 71,22 - 1,2 77,94 FR0010307819 01/06/20 1,34 267.447.746 70,38 - 2,36 45,91 1,89L'ORĂAL (OR) R A 304,3 301,7 - 0,1 + 14,28 472362 306 - 4,34 321,4 FR0000120321 03/07/20 3,85 559.856.576 301,7 + 18,08 196 1,28
MICHELIN (ML) R A 106,5 105,55 - 0,57 - 3,25 419800 106,9 + 1,78 112,8 FR0000121261 01/07/20 2 178.339.302 104,75 - 2,85 68 1,9ORANGE (ORA) R A 10,22 10,325 + 0,98 - 21,3 7423727 10,4 + 2,89 13,545 FR0000133308 07/12/20 0,4 2.660.056.599 10,215 - 22,57 8,632 3,87PERNOD-RICARD (RI) R A 157,9 158,8 + 0,86 - 0,38 521752 159,55 - 0,81 171,1 FR0000120693 09/12/20 1,48 261.876.560 157,15 - 2,28 112,25 0,93PEUGEOT (UG) R A 21,27 21,11 + 0,19 - 0,89 4712683 21,48 +14,76 22,01 FR0000121501 02/05/19 0,78 894.828.213 20,8 + 0,86 8,878 PUBLICIS GROUPE (PUB) R A 40,16 40,06 - 0,25 - 0,74 1237704 40,3 + 9,36 43,7 FR0000130577 07/09/20 1,15 247.748.484 39,75 + 1,14 20,94 2,87RENAULT (RNO) R A 36,515 36,355 - 0,44 - 13,81 2207529 36,88 +30,7 43,365 FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 35,47 - 11,89 12,77 SAFRAN (SAF) R A 120,4 118,45 - 1,29 - 13,95 843230 120,6 - 0,25 152,3 FR0000073272 27/05/19 1,82 427.235.939 117,35 - 19,06 51,1 SAINT-GOBAIN (SGO) R A 39,4 39,07 - 0,56 + 7,04 1341564 39,45 + 0,44 40,8 FR0000125007 10/06/19 1,33 532.683.713 38,9 + 3,72 16,408 SANOFI (SAN) R A 81,81 81,79 + 0,33 - 8,74 2264763 82,59 - 3,42 95,82 FR0000120578 04/05/20 3,15 1.258.964.700 81,36 - 5,62 67,65 3,85SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A 115 114,7 + 0,18 + 25,36 1036938 115,35 - 3,65 121,8 FR0000121972 05/05/20 2,55 567.068.555 114,1 + 28,19 61,72 2,22SOCIĂTĂ GĂNĂRALE (GLE) R A 17,67 17,098 - 3,25 - 44,87 7510229 17,79 + 5,53 32,23 FR0000130809 27/05/19 2,2 853.371.494 16,956 - 41,36 10,774 STMICROELETRONICS (STM) R A 29,44 29,46 - 1,67 + 22,9 0,23 5409912 29,81 + 2,86 34,68 129,64NL0000226223 21/09/20 0,04 911.204.420 28,82 + 25,9 13,73 0,14TELEPERFORMANCE (RCF) R A 270,1 270,7 + 0,45 + 24,52 138070 274,7 + 0,45 297,3 FR0000051807 02/07/20 2,4 58.730.600 269,4 + 27,21 150,3 0,89THALES (HO) R A 77,98 77,1 - 1,23 - 16,67 372230 78,5 + 4,96 99,96 FR0000121329 01/12/20 0,4 213.364.420 76,42 - 12,21 52,5 0,52TOTAL (FP) R A 36,985 37,665 + 2,09 - 23,45 7127189 37,99 +13,95 50,93 FR0000120271 25/09/20 0,66 2.653.124.025 36,79 - 20,95 21,12 1,75UNIBAIL-R/WFD (URW) R A 61,06 61,3 + 0,39 - 56,42 921063 62,14 +18,52 142,05 FR0013326246 24/03/20 5,4 138.472.385 60,62 - 56,74 29,08 VEOLIA ENV. (VIE) R A 20,12 19,625 - 2,07 - 17,23 1771241 20,19 + 4,06 29,09 FR0000124141 12/05/20 0,5 567.266.539 19,605 - 15,23 15,675 2,55VINCI (DG) R A 85,82 85,76 + 0,3 - 13,37 951890 86,8 - 2,61 107,35 FR0000125486 23/06/20 1,25 613.519.218 85,32 - 13 54,76 1,46VIVENDI (VIV) R A 25,75 25,4 - 1,93 - 1,63 3344681 25,85 - 0,31 26,65 FR0000127771 21/04/20 0,6 1.185.938.395 25,31 + 2,42 16,6 2,36WORLDLINE (WLN) G A 73,26 73,82 + 0,82 + 16,9 749999 74,08 + 0,35 82,66 FR0011981968 279.122.471 73,04 + 28,16 36,36
A.S.T. GROUPE (ASP) g C 4,42 4,36 + 21,45 14793 4,45 +19,45 4,45 FR0000076887 19/06/19 0,25 12.903.011 4,34 + 38,41 1,82 AB SCIENCE (AB) g B 10,6 10,7 + 1,71 + 98,88 165124 10,94 +12,16 13,78 FR0010557264 45.145.024 10,5 +108,17 4,81 ABC ARBITRAGE (ABCA) g B 7,3 7,26 - 1,76 + 8,36 28455 7,36 - 1,89 7,58 FR0004040608 08/12/20 0,1 58.512.053 7,25 + 9,67 5,05 1,38ABIVAX (ABVX) g B 22,7 22,4 + 2,75 - 0,67 22197 23,45 +18,9 25 FR0012333284 13.851.239 22,25 + 49,73 10,4 ACCOR (AC) LR A 31,27 30,55 - 1,77 - 26,83 865323 31,27 + 7,12 42,24 FR0000120404 10/05/19 1,05 261.288.260 30,08 - 21,14 20,15 ACTIA GROUP (ATI) g C 2,815 2,79 - 0,89 - 35,27 29177 2,815 +17,23 4,625 FR0000076655 21/09/20 0,15 20.099.941 2,71 - 31,62 1,74 5,38ADOCIA (ADOC) g B 8,15 7,96 - 1,97 - 19,6 27350 8,15 + 9,19 16,18 FR0011184241 6.977.854 7,47 - 5,13 5,6 AĂROPORTS DE PARIS (ADP) G A 106,9 105 - 0,94 - 40,37 74471 107,2 - 7,16 179,2 FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 104,2 - 40,27 70,7 AIR FRANCE-KLM (AF) LR A 5,2 5,092 - 2,08 - 48,69 4224125 5,27 +26,2 10,27 FR0000031122 14/07/08 0,58 428.634.035 4,985 - 49,98 2,614 AKKA TECHNOLOGIES (AKA) Gg B 26,45 25,65 - 1,72 - 56,92 59862 26,45 +17,66 62,273 FR0004180537 28/06/19 0,49 20.291.990 25,25 - 51,27 14,54 2,73AKWEL (AKW) g B 21,4 21,25 - 0,47 + 5,2 7851 21,4 +22,83 22,5 FR0000053027 08/06/20 0,2 26.741.040 20,7 + 4,68 8,8 0,92ALBIOMA (ABIO) Gg B 42,85 41,85 - 2,22 + 60,96 50214 42,85 - 3,46 47,6 FR0000060402 11/06/20 0,35 31.641.910 41,15 + 66,4 22,85 0,84ALD (ALD) G A 11,34 11,4 - 17,63 93702 11,48 14,2 FR0013258662 29/05/20 0,63 404.103.640 11,24 - 17,15 6,29 5,53ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 19,26 19,02 - 1,45 - 36,28 17108 19,26 +10,2 30,95 FR0000053324 10/03/20 0,7 24.510.101 18,8 - 37,23 13,16 3,68ALTAREA (ALTA) A 132,8 133,6 + 2,45 - 34,02 6810 133,6 + 0,6 210 FR0000033219 06/07/20 4,5 17.275.839 130 - 33,07 103,2 ALTEN (ATE) G A 89,95 88,25 - 1,89 - 21,56 33403 90 - 0,06 119 FR0000071946 20/06/19 1 34.205.863 87,1 - 16,59 54,5 AMUNDI (AMUN) G A 66,8 67,6 + 1,58 - 3,29 EX-DS 15/03/17 207256 68,05 + 1,43 78,55 FR0004125920 24/05/19 2,9 202.585.953 66,65 - 1,67 43,82 ARCHOS (JXR) g C 0,047 0,043 - 14,49 - 60,28 50633885 0,049 +37,1 0,115 FR0000182479 167.279.961 0,042 - 38,32 0,025 ARGAN (ARG) A 78 77,4 - 0,51 - 0,26 2780 78 - 2,52 93 FR0010481960 26/03/20 1,9 22.309.227 77,4 + 7,8 54 ARKEMA (AKE) LR A 95,98 95,3 - 0,42 + 0,63 195461 97,56 + 4,31 99,52 FR0010313833 25/05/20 2,2 76.736.476 95,3 - 0,71 42,5 2,31ARTMARKET.COM (PRC) g C 7,4 7,22 - 3,99 - 24,08 23355 7,54 + 7,44 10,1 FR0000074783 6.651.515 7,2 - 19,06 5,01 ASSYSTEM (ASY) B 25,8 26,1 + 0,39 - 19,2 OPA 24/11/17 8595 26,8 +17,57 34,65 FR0000074148 08/07/20 1 15.668.216 25,5 - 15,26 16,58 3,83ATARI (ATA) g C 0,376 0,374 + 13,47 1072778 0,385 - 3,48 0,494 FR0010478248 269.809.814 0,368 + 20,65 0,17 AUBAY (AUB) g C 35,7 33,9 - 5,04 + 1,35 10522 35,7 + 8,83 36,3 FR0000063737 06/11/20 0,33 13.208.296 33,45 15,32 0,97AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 24,6 24,8 + 1,22 +100 3353 24,8 + 7,36 24,9 FR0011040500 02/07/19 0,4 21.316.266 24,2 +111,97 10,55 BAINS MER MONACO (BAIN) B 63,6 63,6 + 1,27 + 10,8 850 63,6 + 4,95 67,6 MC0000031187 26/09/14 0,01 24.516.661 61,6 + 15,64 44 BĂNĂTEAU (BEN) g B 9,26 9,12 - 1,19 - 15,79 46235 9,3 + 9,81 10,9 FR0000035164 12/02/20 0,23 82.789.840 8,95 - 12,56 4,9 2,52BIC (BB) G A 50,8 49,46 - 2,54 - 20,23 114410 51,2 + 2,91 66,05 FR0000120966 01/06/20 2,45 45.532.240 48,02 - 20,55 38,5 4,95BIGBEN INT. (BIG) g C 19,48 19,16 - 1,14 + 19,45 45618 19,6 +29,28 19,8 FR0000074072 24/07/19 0,2 19.969.658 19,06 + 27,73 8,1 BIOMĂRIEUX (BIM) G A 115,1 117,9 + 0,86 + 48,58 135953 119,5 + 3,42 144,8 FR0013280286 14/07/20 0,19 118.361.220 113,8 + 42,74 75 0,16BOIRON (BOI) g A 37,6 37,2 - 0,27 + 2,2 8142 38,65 - 4,62 44,8 FR0000061129 02/06/20 1,05 17.545.408 36,9 + 9,73 26,75 2,82BOLLORĂ (BOL) G A 3,368 3,334 - 0,66 - 14,29 1088256 3,376 - 2,23 3,996 FR0000039299 02/09/20 0,02 2.946.208.874 3,322 - 13,18 2,01 0,6BONDUELLE (BON) g B 20,15 19,78 - 0,7 - 15,11 26815 20,2 - 0,1 23,9 FR0000063935 06/01/20 0,5 32.538.340 19,68 - 17,24 16,58 2,53BUREAU VERITAS (BVI) LR A 22,99 22,71 - 0,09 - 2,36 987937 22,99 + 6,92 26,01 FR0006174348 20/05/19 0,56 452.204.032 22,35 - 2,82 15,165 BURELLE SA (BUR) A 780 782 - 4,4 20 782 +36,24 842 FR0000061137 03/06/20 15 1.757.623 780 + 1,56 407 1,92CARMILA (CARM) g C 12 11,9 - 0,17 - 40,5 67217 12 +22,81 20 FR0010828137 03/07/20 1 142.357.425 11,74 - 34,69 6,54 CASINO (CO) G A 25,39 25,31 - 0,04 - 39,3 221187 25,8 + 4,33 42,85 FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 25,07 - 45,36 19,045 6,16CATANA GROUP (CATG) g C 2,82 2,73 - 0,73 - 36,95 135563 2,82 +17,17 4,49 FR0010193052 30.514.178 2,655 - 24,48 1,7
CGG (CGG) G A 0,856 0,883 + 2,63 - 69,51 12463595 0,895 +30,02 3,121 FR0013181864 711.324.929 0,845 - 65,66 0,443 CHARGEURS (CRI) g C 17,92 17,58 - 1,79 + 1,74 82347 17,96 + 2,93 24,1 FR0000130692 16/09/20 0,28 24.211.232 17,58 + 7,85 7,9 1,59CHRISTIAN DIOR (CDI) A 443,4 443,2 - 2,98 EX D OP 08/06/17 7358 447,6 + 3,26 479,8 FR0000130403 01/12/20 2 180.507.516 439,2 252,4 0,45CNP ASSURANCES (CNP) G A 13,34 13,18 - 1,13 - 25,66 728680 13,43 + 9,83 18,17 FR0000120222 26/04/19 0,89 686.618.477 12,95 - 26,37 5,3 COFACE (COFA) G A 8,54 8,55 - 0,47 - 22,06 207544 8,59 - 1,95 12,51 FR0010667147 22/05/19 0,79 152.031.949 8,41 - 18,57 4,448 COLAS (RE) A 119,5 122,5 + 3,81 - 13 4508 124,5 +12,39 143 FR0000121634 08/09/20 6,4 32.654.499 119,5 - 13 90 5,22COVIVIO (COV) G A 76,4 74,7 - 1,84 - 26,19 147537 76,45 + 8,18 112,2 FR0000064578 27/04/20 4,8 94.544.232 73,9 - 28,03 38,84 COVIVIO HOTELS (COVH) A 17,7 17,95 - 6,02 - 37,02 16697 18,4 +23,79 30 FR0000060303 13/05/20 1,55 132.547.616 17 - 38,1 11,6 DASSAULT AV. (AM) G A 919,5 900 - 0,06 - 23,08 3973 919,5 + 1,24 1192 FR0000121725 22/05/19 21,2 8.348.703 894,5 - 20,84 624 DBV TECHNOLOGIES (DBV) G B 4,58 4,552 - 1,34 - 76,81 949320 4,61 + 8,38 25,44 FR0010417345 54.927.187 4,314 - 67,78 2,352 DERICHEBOURG (DBG) g B 4,696 4,61 - 1,12 + 26,3 566721 4,72 +59,63 4,74 FR0000053381 07/02/20 0,11 159.397.489 4,526 + 30,23 2,07 2,39DEVOTEAM (DVT) g C 98 97,9 + 3,6 3132 98 + 0,1 99,1 FR0000073793 03/07/19 1 8.332.407 97,9 + 9,14 47,25 EDENRED (EDEN) LR A 46,48 46,07 - 0,65 - 0,07 602575 46,48 - 1,98 51,56 FR0010908533 13/05/20 0,7 246.583.351 45,19 + 4,92 29,74 1,52EDF (EDF) LR A 12,795 12,5 - 2,27 + 25,91 EX-DS 7/03/17 3342280 12,83 +13,84 13,61 FR0010242511 26/11/19 0,15 3.099.923.579 12,395 + 33,38 5,978 EIFFAGE (FGR) LR A 81,5 81,2 - 0,1 - 20,39 273905 82,28 - 2,29 111,75 FR0000130452 21/05/19 2,4 98.000.000 80,84 - 18,67 44,65 EKINOPS (EKI) g C 6,55 6,66 + 2,62 + 0,76 84593 6,66 +11,37 7 FR0011466069 25.448.179 6,46 + 31,88 3,67 ELIOR (ELIOR) G A 5,785 5,63 - 2,43 - 57,02 869697 5,785 + 4,26 13,83 FR0011950732 07/04/20 0,29 174.147.823 5,52 - 55,39 3,062 5,15ELIS (ELIS) G A 13,71 13,26 - 3,28 - 28,32 287760 13,76 + 1,22 19 FR0012435121 27/05/19 0,37 221.807.226 13,16 - 26,25 5,375 EOS IMAGING (EOSI) g C 1,8 1,786 - 1,65 - 19,37 398259 1,854 +27,21 2,9 FR0011191766 26.569.946 1,732 - 18,45 1,18 ERAMET (ERA) G A 40,5 40,08 - 1,04 - 12,57 86112 40,52 +35,04 47,18 FR0000131757 29/05/19 0,6 26.636.003 38,9 - 0,64 18,665 ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 7,86 7,42 - 5,6 + 10,75 174934 7,97 +22,24 11,46 FR0011471135 19.088.731 7,35 + 75,83 2,8 ESI GROUP (ESI) g C 42,4 41,8 - 1,42 + 28,62 1411 42,4 + 3,98 43,6 FR0004110310 6.028.192 41,6 + 46,67 24,6 EURAZEO (RF) G A 54,7 54,7 + 0,37 - 10,33 160493 55,5 + 9,4 67,05 FR0000121121 08/05/19 1,25 79.000.522 53,8 - 10,98 35,6 EUROFINS SCIENT. (ERF) LR A 63,79 65,29 + 2,5 + 32,11 450834 65,85 - 6,06 75,4 FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 63,2 + 32,11 39,3 4,41EUROPCAR GROUPE (EUCAR) g B 0,895 0,868 - 0,8 - 79,97 2810126 0,895 +11,42 4,688 FR0012789949 21/05/19 0,26 163.884.278 0,834 - 77,9 0,492 EUTELSAT COM. (ETL) G A 9,544 9,396 - 1,45 - 35,16 390222 9,55 - 1,61 14,825 FR0010221234 20/11/20 0,89 230.544.995 9,386 - 36,28 7,984 9,47EXEL INDUSTRIES (EXE) B 48,5 47,6 - 1,86 + 2,15 739 49 +19,9 49,1 FR0004527638 13/02/19 1,14 6.787.900 47,6 + 12,53 31 FAURECIA (EO) LR A 41 40,5 - 1,15 - 15,68 245304 41,32 + 7,88 49,49 FR0000121147 31/05/19 1,25 138.035.801 40,05 - 14,56 20,58 FDJ (FDJ) G A 35,8 35,77 - 0,17 + 50,14 208623 35,92 + 7,16 36,09 FR0013451333 26/06/20 0,45 191.000.000 35,42 + 51,89 18,3 1,26FFP (FFP) g A 93,2 93,5 + 1,63 - 10,1 10218 94,2 +12,79 105,6 FR0000064784 22/05/20 2,15 24.922.589 92,6 - 7,24 42,15 2,3FIGEAC AERO (FGA) g B 4,29 4,29 - 0,23 - 53,87 74772 4,51 +22,57 9,69 FR0011665280 31.839.473 4,205 - 60,71 2,415 FIN. ODET (ODET) A 746 746 + 0,54 - 4,6 257 748 + 3,61 810 FR0000062234 04/06/20 1 6.585.990 742 - 5,33 497 0,13FNAC DARTY (FNAC) G A 48,7 48,82 + 0,45 - 7,54 73440 48,98 +16,91 53,85 FR0011476928 26.608.571 47,64 - 5,48 16,29 FONCIĂRE LYONNAISE (FLY) A 65 63,4 - 3,06 - 14,09 1044 66,8 +10,07 83,4 FR0000033409 21/04/20 2,65 46.528.974 63,4 - 11,94 51 GECI INTERNATIONAL (GECP) g C 0,017 0,017 - 3,51 - 49,7 8085233 0,017 -26,01 0,07 FR0000079634 01/10/01 0,1 315.583.099 0,016 - 47,28 0,016 GECINA (GFC) LR A 128,3 127,2 - 0,39 - 20,3 126304 128,8 - 0,63 183,6 FR0010040865 01/07/20 2,5 76.463.771 126,1 - 20,2 88,5 GENFIT (GNFT) G B 4,646 4,48 - 2,01 - 74,62 380119 4,658 +26,98 20,96 FR0004163111 38.858.617 4,47 - 69,19 3,022 GENSIGHT (SIGHT) g C 7,01 6,63 - 0,45 +166,8 328364 7,01 +63,7 7,8 FR0013183985 39.693.012 6,51 +281,47 1,36
GETLINK (GET) LR A 13,77 13,52 - 2,17 - 12,83 728825 13,85 - 6,24 17,04 FR0010533075 23/05/19 0,36 550.000.000 13,44 - 11,63 8,615 GL EVENTS (GLO) g B 11,02 10,3 - 6,53 - 57,17 122847 11,08 + 8,31 24,45 FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 10,22 - 55,02 6,4 GROUPE CRIT (CEN) g B 64,2 65 + 0,31 - 11,68 1057 65,4 +11,11 74,4 FR0000036675 26/06/19 1 11.250.000 63,2 - 11,56 36,15 1,54GROUPE GORGĂ (GOE) g B 13,46 13,22 - 1,78 - 22,42 6232 13,48 + 3,77 19 FR0000062671 01/07/20 0,32 13.502.843 13,22 - 15,8 8,59 2,42GTT (GTT) G A 80,1 80,35 + 0,88 - 5,91 53937 80,55 - 4,12 102,7 FR0011726835 03/11/20 2,5 37.078.357 79,1 - 3,83 48,76 3,11GUERBET (GBT) g B 31,75 31,75 - 23,12 1605 32 - 0,47 44,1 FR0000032526 30/06/20 0,7 12.600.874 31,65 - 39,98 24,05 2,21HAULOTTE GROUP (PIG) g B 5,78 5,93 + 3,67 + 11,89 136931 5,93 +34,31 5,93 FR0000066755 15/07/20 0,22 31.371.274 5,73 + 17,89 3,27 3,71HEXAOM (HEXA) g B 37,1 38,2 + 2,69 + 3,8 4330 38,2 +19,75 39,8 FR0004159473 11/06/19 1,5 6.937.593 37,1 + 14,03 21,7 HIGH CO (HCO) g C 4,93 4,88 - 0,41 - 19,74 1252 4,93 +10,91 6,32 FR0000054231 24/05/19 0,16 22.421.332 4,88 - 18,12 2,95 ICADE (ICAD) G A 65,55 65 - 0,15 - 33,02 109327 66,1 + 1,33 106 FR0000035081 06/07/20 1,6 74.535.741 64,2 - 31,14 41,88 ID LOGISTIC (IDL) g A 202,5 202,5 - 0,49 + 12,25 449 203,5 + 1,76 220 FR0010929125 5.649.427 202,5 + 6,58 115 IMERYS (NK) G A 37 36,78 - 0,16 - 2,39 87192 37 +14,15 43,54 FR0000120859 15/05/20 1,72 85.015.055 36,22 + 2,97 20,68 4,68INNATE PHARMA (IPH) g B 4,38 4,34 - 1,36 - 27,18 406191 4,402 +23,65 7,48 FR0010331421 78.980.640 4,226 - 23,19 2,9 INTERPARFUMS (ITP) g A 43 43,4 + 0,93 + 29,03 21165 43,75 + 2,36 44,65 FR0004024222 02/05/19 0,71 51.988.409 42,95 + 30,97 23,682 IPSEN (IPN) G A 68,5 69,3 + 1,17 - 12,28 212787 69,6 -17,4 95,9 FR0010259150 03/06/20 1 83.814.526 67,25 - 12,39 34,2 1,44IPSOS (IPS) G A 28,3 28,55 - 1,38 32204 28,6 +13,29 32,1 FR0000073298 01/07/20 0,45 44.436.235 28,15 + 1,06 15,82 1,58JACQUET METAL SERVICE (JCQ) g B 13,36 14,32 + 7,19 - 7,13 67565 14,4 +20,74 15,86 FR0000033904 01/07/20 0,2 23.461.313 13,36 + 0,7 7,6 1,4JCDECAUX (DEC) G A 20,04 19,82 - 0,9 - 27,87 161743 20,04 + 5,2 27,74 FR0000077919 21/05/19 0,58 212.902.810 19,61 - 24,06 12,26 KAUFMAN & BROAD (KOF) g B 36,6 35,85 - 2,05 - 3,11 16440 36,75 - 0,69 41,86 FR0004007813 08/06/20 1,75 22.088.023 35,65 - 3,94 19,4 4,88KLEPIERRE (LI) LR A 19,1 18,885 - 0,58 - 44,21 862094 19,275 + 6,54 34,66 FR0000121964 07/07/20 1,1 299.939.198 18,565 - 43,12 10,05 KORIAN (KORI) G A 29,5 28,78 - 1,98 - 26,31 120470 29,7 - 4,07 42,54 FR0010386334 11/06/19 0,6 105.038.158 28,78 - 24,03 23,441 LAGARDĂRE (MMB) G A 20,94 20,4 - 2,95 + 4,99 90499 21,16 + 4,88 28,48 FR0000130213 14/05/19 1,3 131.133.286 20,32 + 3,4 8,14 LDC (LOUP) A 99,4 98,4 - 1,6 - 5,84 3002 100 - 2,57 110,5 FR0013204336 25/08/20 1,2 17.134.471 98,4 - 8,04 74,2 1,22LNA SANTĂ (LNA) g B 47,8 47,3 - 1,36 - 4,54 5700 48,4 - 3,07 53 FR0004170017 08/07/20 0,45 9.705.937 47,3 - 2,87 31,75 0,95LECTRA (LSS) g B 24,15 24,2 - 0,41 + 8,28 15422 24,35 +24,74 24,85 FR0000065484 06/05/20 0,4 32.347.211 24 + 9,01 12,2 1,65LINEDATA SVICES (LIN) g B 28,1 28,3 + 1,43 + 5,99 14279 28,3 +10,55 30,9 FR0004156297 06/07/20 0,95 6.625.726 27,9 + 10,12 18 3,36LISI (FII) g A 21 20,65 - 1,67 - 31,28 21856 21 - 1,67 32,7 FR0000050353 30/04/19 0,44 54.114.317 20,5 - 34,24 12,5 LUMIBIRD (LBIRD) g C 12,74 12,68 - 0,47 - 16,03 16403 12,84 + 7,82 15,499 FR0000038242 22.466.882 12,36 + 2,1 5,365 M6-MĂTROPOLE TV (MMT) G A 13,74 14,04 + 1,74 - 16,33 163857 14,16 +25,13 17,07 FR0000053225 15/05/19 1 126.414.248 13,66 - 10,74 8,55 MAISONS DU MONDE (MDM) G B 15,67 15,32 - 2,42 + 18,12 88949 15,67 +23,05 15,83 FR0013153541 02/07/19 0,47 45.241.894 15,2 + 25,88 5,35 MANITOU (MTU) g B 21,9 22,05 + 0,23 + 2,8 5470 22,2 + 3,76 22,3 FR0000038606 17/06/19 0,78 39.668.399 21,9 + 14,84 11,36 MARIE BRIZARD W & S (MBWS) g C 1,434 1,414 - 1,4 - 11,74 9522 1,434 + 3,67 1,7 FR0000060873 27/09/07 0,5 44.698.844 1,414 - 25,66 0,651 MAUNA KEA (MKEA) g C 1,408 1,374 - 3,24 + 0,59 123211 1,422 +17,84 2 FR0010609263 30.558.480 1,374 + 41,94 0,566 MERCIALYS (MERY) G A 6,975 7,01 + 0,79 - 43,15 525455 7,06 +24,18 12,64 FR0010241638 27/04/20 0,48 92.049.169 6,915 - 42,78 3,89 MERSEN (MRN) g B 25 25,15 + 1 - 26,35 25524 25,25 + 4,79 35,3 FR0000039620 03/07/19 0,95 20.858.964 24,7 - 25,48 12,38 METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 2,5 2,35 - 6,38 + 52,6 202894 2,51 +38,24 2,72 FR0004177046 27.813.800 2,35 + 45,06 0,921 NANOBIOTIX (NANO) g B 12,52 12,46 - 1,11 + 50,48 194335 12,58 +50,12 14,82 FR0011341205 13/05/19 26.037.122 12 + 68,38 3,54 NATIXIS (KN) G A 2,706 2,639 - 2,15 - 33,32 8953721 2,721 + 9,55 4,411 FR0000120685 31/05/19 0,78 3.155.951.502 2,608 - 30,26 1,471 NEOEN (NEOEN) G A 48,45 48,2 - 0,1 + 55,99 120214 48,9 + 4,78 52,9 FR0011675362 85.490.712 47,3 + 90,51 25,3 NEXANS (NEX) G A 55,15 55,45 + 1 + 27,5 65744 55,85 +19,04 57,35 FR0000044448 17/05/19 0,3 44.105.941 54,3 + 36,21 21,55 NEXITY (NXI) G A 33,52 32,62 - 2,04 - 27,15 85417 33,52 +11,71 46,2 FR0010112524 25/05/20 2 56.129.724 32,62 - 27,28 22,04 6,13NICOX (COX) g B 4,345 4,25 - 1,73 - 2,41 302652 4,345 + 7,05 6,27 FR0013018124 33.491.370 4,22 + 8,83 2,53 NRJ GROUP (NRG) B 5,8 5,8 + 1,05 - 13,43 2894 5,82 + 3,57 6,88 FR0000121691 03/06/19 0,17 78.107.621 5,72 - 3,65 4,5 ONXEO (ONXEO) g B 0,767 0,755 + 0,53 + 36,04 63459 0,767 +10,06 0,979 FR0010095596 78.317.810 0,75 + 44,64 0,3 ORPĂA (ORP) LR A 106,4 105,95 + 0,09 - 7,31 118005 107,55 - 2,84 129 FR0000184798 12/07/19 1,2 64.615.837 105,6 - 5,99 69,1 PHARMAGEST INT. (PHA) g B 99,9 97,9 - 1,41 + 61,55 6469 100 +15,45 100,8 FR0012882389 01/07/20 0,9 15.174.125 97,6 + 61,55 41,25 0,92PIERRE & VACANCES (VAC) g B 14,65 14 - 2,78 - 30,69 22774 14,65 + 7,69 33,9 FR0000073041 19/03/12 0,7 9.893.463 13,85 - 26,55 9,08 PLASTIC OMNIUM (POM) G A 28,62 28,32 - 0,63 + 13,73 139206 28,76 +21,23 31,48 FR0000124570 29/04/20 0,49 148.566.107 28,16 + 15,69 12,01 1,73PLASTIVALOIRE (PVL) g B 6 6,06 + 1,34 - 12,43 DIV 8 02/05/17 22211 6,07 +48,71 7,48 FR0013252186 18/04/19 0,2 22.125.600 5,95 - 19,74 2,79 PROLOGUE (PROL) g C 0,349 0,347 + 1,46 125672 0,349 +47,66 0,41 FR0010380626 46.585.630 0,321 - 5,45 0,15 QUADIENT (QDT) g B 16,57 16,42 - 1,32 - 23,91 93292 16,74 +35,7 24,3 FR0000120560 07/09/20 0,35 34.562.912 16,17 - 24,05 9,615 2,13RALLYE (RAL) A 6,19 6,26 - 0,48 - 38,14 93321 6,47 +33,62 10,3 FR0000060618 20/05/19 1 52.373.235 6,18 - 27,21 3,105 RAMSAY GDS (GDS) A 17,8 18 - 0,55 + 7,14 566 18 + 2,86 21,8 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 17,6 + 7,14 15,2 RECYLEX SA (RX) g C /130520 - 45,57 3,66 FR0000120388 04/07/90 0,61 25.886.482 - 46,2 1,3 RĂMY COINTREAU (RCO) G A 144,4 146,6 + 1,17 + 33,88 72398 148,2 - 3,43 162,8 FR0000130395 28/07/20 1 50.503.106 144,4 + 27,59 79,2 0,68REXEL (RXL) G A 12,13 11,805 - 2,64 - 0,34 882812 12,19 + 9,61 13,415 FR0010451203 02/07/20 0,48 304.425.106 11,785 + 1,03 4,921 ROBERTET (RBT) G B 851 855 - 0,23 - 7,37 340 862 - 6,46 1068 FR0000039091 02/07/20 5 2.172.551 851 - 0,12 662 0,59ROTHSCHILD & CO (ROTH) G A 27 26,45 - 2,04 + 3,32 17051 27,05 - 0,19 27,6 FR0000031684 20/05/19 0,79 77.617.512 26,3 + 6,65 14,62 RUBIS (RUI) G A 37,98 37,9 - 0,21 - 30,78 DIV 2 28/07/17 387972 38,14 +10,17 57,45 FR0013269123 17/06/20 1,75 103.560.783 37,2 - 25,98 27,34 4,62SARTORIUS STED. BIO. (DIM) G A 292,2 294,6 + 1,03 + 99,46 DIV 6 10/05/16 57886 295,8 - 1,67 367 FR0013154002 29/06/20 0,34 92.180.190 290,8 +104,3 133,9 0,12SAVENCIA (BH) B 59,4 59,4 - 3,26 1074 59,6 +11,65 64,8 FR0000120107 13/05/19 1 14.032.930 59 + 0,68 45,1
SCOR (SCR) LR A 27,58 27,4 - 0,51 - 26,78 501251 27,84 - 5,52 39,12 FR0010411983 30/04/19 1,75 186.677.576 26,96 - 27,86 15,88
SEB (SK) G A 145,4 143,3 - 1,24 + 8,23 35827 145,9 + 1,06 155 FR0000121709 22/05/20 1,43 50.307.064 142,7 + 5,99 86,35 1
SES-IMAGOTAG (SESL) Gg B 27,5 29 + 6,42 - 8,52 48353 31,3 +12,4 37,5 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.758.108 27,5 - 0,51 19,5
SHOWROOMPRIVĂ (SRP) g C 1,768 1,714 - 2,06 +159,25 577094 1,768 +18,21 1,888 FR0013006558 117.461.769 1,656 +114,06 0,243
SOITEC (SOI) G A 150 150,8 - 0,46 + 60,94 EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 73740 151,1 +17,08 154,7 FR0013227113 33.278.901 147,8 + 59,92 48,86
SOLOCAL GROUP (PAJ) B 3 2,925 - 2,4 - 89,74 477253 3,003 +18,42 30,115 FR00140006O9 129.505.837 2,881 - 88,88 1,73
SOLUTIONS 30 (ALS30) A 16,5 14,7 - 8,92 + 47,59 5808543 17,3 - 7,31 19,94 FR0013379484 107.127.984 12,72 + 49,47 5,3
SOMFY (SO) A 129,2 128,4 - 0,77 + 46,74 4607 129,4 + 1,1 145 FR0013199916 30/06/20 1,25 37.000.000 126,2 + 49,13 63,6 0,97
SOPRA STERIA GP (SOP) G A 126,7 124,9 - 1,58 - 12,96 41721 126,7 + 9,27 162 FR0000050809 02/07/19 1,85 20.547.701 123,1 - 8,36 78,15
SMCP (SMCP) g B 5,3 4,982 - 6,35 - 47,28 339905 5,32 +15,86 10,08 FR0013214145 74.117.760 4,982 - 33,66 2,945
SPIE (SPIE) G A 17,05 16,49 - 3 - 9,2 315590 17,06 - 2,89 19,58 FR0012757854 24/09/19 0,17 157.698.124 16,47 - 9,64 7,805
SQLI (SQI) g C 18,9 19,1 - 0,78 - 22,04 805 19,35 - 3,29 24,5 FR0011289040 21/07/17 0,88 4.613.975 18,75 + 12,88 13,42
STEF (STF) g B 71,3 71,8 + 0,7 - 10,7 1214 71,8 - 0,83 85,1 FR0000064271 17/11/20 1,5 13.000.000 70,4 - 11,79 57,2 4,18
SUEZ (SEV) LR A 15,825 15,82 - 0,53 + 17,32 1232438 15,895 - 1,65 16,36 FR0010613471 18/05/20 0,45 628.362.579 15,795 + 19,67 8,046 2,85
SWORD GROUP (SWP) g B 30,85 30,75 - 0,81 - 9,82 7598 31 - 5,53 37,15 FR0004180578 10/09/20 2,04 9.544.965 30,4 - 8,62 20,45 7,81
SYNERGIE (SDG) g B 30 30 + 2,74 5992 30 + 3,63 31,4 FR0000032658 19/06/19 0,8 24.362.000 28,85 - 0,5 13
TARKETT (TKTT) G B 15 15,11 + 0,73 + 4,93 46598 15,3 +33,01 16,56 FR0004188670 12/06/19 0,6 65.550.281 14,89 + 12,34 7,53
TECHNICOLOR (TCH) B 1,932 1,903 - 0,89 - 85,22 1422560 2,1 +30,25 13,735 FR0013505062 218.324.139 1,902 - 85,59 1,1
TELEPERFORMANCE (RCF) R A 270,1 270,7 + 0,45 + 24,52 138070 274,7 + 0,45 297,3 FR0000051807 02/07/20 2,4 58.730.600 269,4 + 27,21 150,3 0,89
TF1 (TFI) G A 6,96 6,835 - 2,22 - 7,64 311459 6,985 +15,16 7,805 FR0000054900 29/04/19 0,4 210.392.991 6,755 - 10,6 4,062 5,85
TFF GROUP (TFF) B 27,1 26,9 - 0,37 - 26,7 866 27,1 +10,7 38,2 FR0013295789 06/11/20 0,35 21.680.000 26,8 - 28,27 22 1,3
THERMADOR GROUPE (THEP) B 65 65,6 - 0,61 + 23,77 1705 66,2 + 7,19 66,8 FR0013333432 09/04/20 1,8 9.200.849 65 + 20,59 35,7 2,74
TIKEHAU CAPITAL (TKO) g A 23,8 23,7 - 0,84 + 7,73 EX D S 03/07/17 21319 24 + 6,28 26,4 FR0013230612 22/05/20 0,5 137.114.864 23,6 + 1,72 15,45 2,11
TRANSGĂNE (TNG) g B 1,728 1,664 - 2,8 + 7,35 122157 1,728 + 5,18 2,08 FR0005175080 83.841.334 1,654 - 10,54 0,81
TRIGANO (TRI) G A 138 136,2 - 1,59 + 44,74 20552 139,6 +23,59 140,5 FR0005691656 14/01/20 2 19.336.269 134,8 + 48,45 41,76 1,47
UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LR A 78,38 78,34 - 0,1 + 27,22 356893 78,96 + 6,41 85,14 FR0000054470 123.458.887 77,58 + 37,78 51,16
VALEO (FR) LR A 31,67 31,44 - 0,76 + 0,1 558096 31,91 + 1,42 34,05 FR0013176526 29/06/20 0,2 241.717.403 30,93 - 4,76 10,51 0,64
VALLOUREC REG (VK) G A 28,355 29,03 + 1,86 - 74,19 214507 29,455 +82,62 114,68 FR0013506730 11.449.694 27,87 - 70,76 11,186
VALNEVA (VLA) g B 6,72 6,83 + 1,19 +165,76 387167 6,87 +36,6 7,35 FR0004056851 90.954.937 6,56 +171,03 1,784
VERALLIA (VRLA) g A 27,6 27,55 + 0,18 - 8,96 36690 27,6 + 5,56 36,01 FR0013447729 15/06/20 0,85 123.272.819 27,3 - 8,26 19,26 3,09
VERIMATRIX (VMX) g B 2,86 2,855 - 0,18 + 44,19 243535 2,885 + 8,14 3,245 FR0010291245 84.927.567 2,8 + 50,26 1,138
VICAT (VCT) g A 35 34,75 - 0,71 - 13,88 25696 35,25 + 7,59 41,65 FR0000031775 20/04/20 1,5 44.900.000 34,75 - 12,03 22,5 4,32
VILMORIN & CIE (RIN) g A 48,7 49,25 + 0,82 + 2,07 4848 49,9 + 2,07 52,4 FR0000052516 11/12/19 1,35 22.917.292 48,7 - 1,5 34,25 2,74
VIRBAC (VIRP) G A 220 223 + 1,83 - 5,71 4140 224,5 + 4,45 244,5 FR0000031577 26/06/15 1,9 8.458.000 220 - 3,67 132,2
WAVESTONE (WAVE) g B 29,55 29,75 + 0,34 + 14,42 5712 29,95 +16,67 29,95 FR0013357621 19/09/19 0,23 20.196.492 29,5 + 18,53 15,5
WENDEL (MF) G A 97,8 98,25 + 0,26 - 17,09 81652 98,75 + 7,2 127,5 FR0000121204 07/07/20 2,8 44.719.119 97 - 19,47 54,8 2,85
WORLDLINE (WLN) G A 73,26 73,82 + 0,82 + 16,9 749999 74,08 + 0,35 82,66 FR0011981968 279.122.471 73,04 + 28,16 36,36
XPO LOGISTICS (XPO) A 278 278 - 1,42 + 6,92 9 278 + 9,45 296 FR0000052870 20/06/19 0,6 9.836.241 278 + 7,75 214
AUTRES VALEURS DE LA ZONE EUROEURONEXT (ENX) G A 86,3 87,05 + 0,87 + 19,82 237922 88,45 - 0,34 109,7 NL0006294274 20/05/20 1,35 70.000.000 86 + 25,43 52,9 1,83
NOKIA (NOKIA) R A 3,447 3,438 - 0,46 + 3,95 0,3 247492 3,462 +10,71 4,352 11,61FI0009000681 29/07/19 0,02 5.653.886.159 3,36 + 9,96 2,083 1,46
SES (SESG) LR 7,87 7,884 + 0,13 - 36,93 823560 7,914 - 1,35 14,165 LU0088087324 21/04/20 0,34 376.915.302 7,776 - 33,04 4,87 5,07
X-FAB SILICON (XFAB) g A 4,65 4,58 - 3,38 + 9,83 106785 4,735 +23,45 6,08 BE0974310428 130.781.669 4,53 + 14,64 1,868
VALEURS ZONE INTERNATIONALEGENERAL ELECTRIC (GNE) 9,368 9,413 + 0,53 - 4,42 1,29 8595 9,45 +23,24 12,1 US3696041033 USD 25/09/20 0,01 8.759.873.000 9,1 - 5 5,02
HSBC (HSB) 4,426 4,417 - 1,01 - 37,04 52,19 141010 4,484 + 5,47 7,121 GB0005405286 USD 27/02/20 0,21 20.368.242.460 4,34 - 33,52 3,081
LAFARGEHOLCIM LTD (LHN) A 43,8 43,4 - 1,27 - 11,34 4 48606 44,1 + 1,17 49,79 CH0012214059 CHF 15/05/20 2 615.929.059 42,9 - 8,13 26,89
SCHLUMBERGER (SLB) A 19,05 19,55 + 2,63 - 45,54 3,45 69463 19,7 +26,95 36,9 AN8068571086 USD 01/12/20 0,13 1.385.122.304 18,35 - 41,99 11,05
SRD Suite VALEURS FRANĂAISES SRD Suite VALEURS FRANĂAISES
A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : BĂ©nfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustĂ©s sont sur lâannĂ©e civile. Les valeurs classĂ©es par ordre alphabĂ©tique sont regroupĂ©es en trois classes de capitalisation signalĂ©es par les lettres A pour les capitalisations supĂ©rieures Ă 1 milliard dâeuros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard dâeuros et 150 millions dâeuros et C pour les capitalisations infĂ©rieures Ă 150 millions dâeuros. L : Valeurs de lâindice CACNext20. R : Valeurs de lâindice CACLarge60. G : Valeurs de lâindice CACMid60. g : Valeurs de lâindice CACSmall. Les bĂ©nĂ©fices par action : source FacSet JCF Estimates.
VALEURS MNĂMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DĂTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
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euronext SĂANCE DU 10 - 12 - 2020CAC 40 : 5549,65 (0,05 %) NEXT 20 : 11949,1 (-0,20 %)
CAC LARGE 60 : 6143,68 (0,03 %)CAC ALL-TRADABLE : 4303,4 (-0,03 %)
DATE DE PROROGATION : 28 DĂCEMBRE
SRD VALEURS FRANĂAISES
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38 // FINANCE & MARCHES Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos
ĂTABLISSEMENT PUBLIC
LNEGrĂ©goire Olivierest nommĂ© Ă la prĂ©sidence du conseil dâadministration du Laboratoire national de mĂ©trologie et dâessais, par dĂ©cret du prĂ©sident de la RĂ©publique du 9 dĂ©cembre.
GrĂ©goire Olivier, 59 ans, ancienĂ©lĂšve de lâEcole polytechnique,titulaire dâun MBA de lâuniver-sitĂ© de Chicago, est ingĂ©nieur del âEcole des mines de Paris .Actuellement, il est secrĂ©tairegĂ©nĂ©ral du groupe PSA tout enassurant la direct ion de larĂ©gion Chine et Asean. En 2007,il est entrĂ© dans le groupe PSAen tant que membre du direc-
NRJMarie-NoĂ«lle Le Moalest nommĂ©e directrice de la stratĂ©gie marketing et de lâinnovation de NRJ Global, la rĂ©gie publicitaire des mĂ©dias du groupe NRJ.
Marie-NoĂ«lle Le Moal, 43 ans, diplĂŽmĂ©e de lâESC Le Havre et de lâESCP Europe, a dĂ©butĂ© chez IP
HĂ„kan Akesson, de retour en France
Comme une histoire dâamour⊠HĂ„kan Akesson, le nou-vel ambassadeur de SuĂšde Ă Paris, connaĂźt bien la France. Depuis trĂšs longtemps, il y vient rĂ©guliĂšrement en vacances. Et, Ă deux reprises, il y a sĂ©journĂ© plusieursmois dâaffilĂ©e.
La premiĂšre fois, câĂ©tait en 1983. Il a alors 22 ans, estĂ©tudiant Ă lâuniversitĂ© dâUppsala, la plus ancienne fac deSuĂšde. Il y suit un cursus mĂȘlant gestion, marketing international et langues Ă©trangĂšres. Par goĂ»t du voyageet surtout pour sâimmerger dans le français, il prend une annĂ©e de cĂ©sure en France. Il choisit Montpellier, pour ses tempĂ©ratures et son ensoleillement bien supĂ©-rieurs Ă ceux de la campagne de Lund, oĂč, avec sa mĂšreinfirmiĂšre, son pĂšre agriculteur et sa petite sĆur, il a vĂ©cu son enfance et son adolescence. Sous le charme decette ville du Midi, HĂ„kan Akesson y passe des mois for-midables dans une ambiance « dynamique et pleine dâĂ©nergie ». Il prolonge par un stage chez Saab Ă Paris. Mais le temps est venu de repartir. Il quitte lâHexagone Ă la fin de lâĂ©tĂ© 1984, nostalgique. Et avec une envie qui tou-jours demeurera : y revenir un jour pour y travailler.
Jeune, il sâintĂ©resse à « tout ce qui se passe en dehors dela SuĂšde », il aime aller voir ailleurs comment ça fonc-tionne. « Ce qui est vraiment beau dans les voyages, câest quâon rencontre des personnes de cultures diffĂ©rentes, mais quâon se rend compte que nous sommes tous les mĂȘmes, nous avons les mĂȘmes rĂȘves, les mĂȘmes senti-ments, les mĂȘmes prĂ©occupations », explique-t-il, tout sourire.
« Et puis, confie-t-il, comme beaucoup de diplomates,je voulais faire de notre monde un monde meilleur. » La diplomatie, une idĂ©e qui remonte Ă loin chez cet hommequi fĂȘtera ses 60 ans lâan prochain. LycĂ©en dĂ©jĂ , il se dit que, plus tard, il travaillerait bien pour lâONU ou lâorga-nisation suĂ©doise de coopĂ©ration internationale. Etu-diant, il fait un stage au ministĂšre des Affaires Ă©trangĂš-res. Premier pas dâune carriĂšre oĂč alternent les postes Ă Stockholm et les postes en ambassade. De ses fonctionsĂ lâĂ©tranger â Singapour (1998-2002), Addis-Abeba (2002-2005, son premier poste en tant quâambassa-
deur), Istanbul (2010-2013) â, il garde de nombreux sou-venirs. Notamment « le dynamisme, lâĂ©nergie et les ambi-tions » des pays dâAsie de lâEst et du Sud-Est. Ou encore, dans un tout autre registre, le conflit du Darfour. « JâĂ©taisparmi les premiers diplomates qui sont allĂ©s en hĂ©licop-tĂšre Ă©valuer la situation sur place, dit-il. Jâai vu de prĂšs le fait quâun tiers des villages, dans de trĂšs vastes zones, avaient Ă©tĂ© entiĂšrement brĂ»lĂ©s par les milices. Ăa a Ă©tĂ© uneexpĂ©rience horrible. »
Diplomatie fĂ©ministeAvant de retrouver Paris, HĂ„kan Akesson Ă©tait directeurgĂ©nĂ©ral des affaires administratives au ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres. Parmi ses sujets quotidiens : lâĂ©ga-litĂ© femmes-hommes. En cinq ans, le taux de femmes ambassadeurs est passĂ© de 43 % Ă 48 %. « Aujourdâhui, la SuĂšde est le premier pays au monde en ce qui concerne les ambassadrices, rappelle-t-il. Et au niveau des direc-teurs au ministĂšre, les femmes reprĂ©sentent 52 %. » Un motif de fiertĂ© pour lui. Et une prĂ©occupation quoti-dienne, au-delĂ mĂȘme de la stratĂ©gie de « diplomatie fĂ©ministe » â initiĂ©e dĂšs 2014 par Margot WĂ€llstrom, alors ministre des Affaires Ă©trangĂšres suĂ©doise. « On se rend compte quâil y a des aspects Ă©galitĂ© femmes-hommesdans tous les domaines, souligne-t-il. Partout, il faut lut-ter pour ces droits. Câest ce que nous faisons en SuĂšde, câestce que vous faites en France aussi. »
La France, aujourdâhui diffĂ©rente de celle de 1991-1992, alors quâil Ă©tait Ă lâENA. A lâĂ©poque, la SuĂšde, qui prĂ©parait son adhĂ©sion Ă la CommunautĂ© Ă©conomique europĂ©enne, cherchait des fonctionnaires parlant fran-çais. En attendant de pouvoir arpenter Ă nouveau Paris,quâil aime tant, HĂ„kan Akesson se dĂ©lecte de bouquins de Pierre Lemaitre. Ou de Jean-Christophe Rufin⊠quâilavait eu comme prof Ă lâENA. n
carnettoire, directeur des program-mes et de la stratégie automo-bile. Il avait pris la direction desservices de mobilité en 2016.
Interactive. DÚs 2002, elle a officiédans le Groupe Figaro, assurant notamment la direction marke-ting et études de Media.figaro. En2018, elle a rejoint Mondadori MediaConnect (devenu Reworld MediaConnect) comme direc-trice marketing, études et com-munication.
PORTRAIT
par Marianne Bliman @Marianne_Bliman
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ENTREPRISES
UNION INVESTMENT REAL ESTATEMaxie Laubeest promue secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale dâUnion Investment Real Estate France.
Maxie Laube, 39 ans, diplĂŽmĂ©ede Montpellier Business Schoolet de lâUniversity of AppliedSciences de Stralsund (en Alle-magne), est titulaire dâun execu-tive master « expert confor-mitĂ© » de lâuniversitĂ© Paris-D a u p h i n e . E n 2 0 0 5 , e l l e aintĂ©grĂ© la filiale française dugroupe comme chargĂ©e de mis-sion. En 2014, elle Ă©tait devenueresponsable des opĂ©rations.
EDFJulien Villeretest nommĂ© directeur de lâinnovation groupe.
Julien Villeret, 45 ans, diplĂŽmĂ©en marketing et politiques decommunication du Celsa, est cer-tifiĂ© auprĂšs de lâInsead en mana-gement stratĂ©gique de lâinnova-tion. AprĂšs des dĂ©buts au sein delâagence i&e, il est devenu, dĂšs2007, directeur de lâinformation,puis de la communication deSFR. Câest en 2014 quâil est entrĂ©chez EDF pour y ĂȘtre directeur dela communication.
MALAKOFF HUMANISOlivier Ruthardtest désormais directeur général adjoint, directeur des ressources humaines du groupe.
Olivier Ruthardt, 52 ans, titu-laire dâun DEA en droit et dâunMBA en ressources humaines deParis-Dauphine, devint notam-ment directeur des ressourceshumaines de Groupama en 2003et directeur gĂ©nĂ©ral adjoint desrichesses humaines de la Maifen 2009. Il Ă©tait directeur gĂ©nĂ©-ral adjoint chargĂ© des ressourceshumaines et des relations socia-les de la Matmut depuis 2017.
,Envoyez vos nominations Ă [email protected]
+Ils sont nésun 11 décembre
âąMartin Ajdari, directeur adjoint de lâOpĂ©ra national de Paris, 52 ans.âąPaul Allibert, directeur gĂ©nĂ©ral de lâInstitut de lâentreprise, 37 ans.âąGĂ©rard Atlan, bijoutier, 81 ans.âąJean-Claude Boulet, publicitaire, ex-PDG de lâagence BDDP, 79 ans.âąPatrick Braouezec, ex-dĂ©putĂ©-maire de Saint-Denis, 70 ans.âąPhilippe Carillon, CEO de LexisNexis Emea, 51 ans.âąAnne Caron, prĂ©sidente de la Maison Caron, 48 ans.âąDidier Desert, ex-associĂ© chez EY, propriĂ©taire de lâAmbassade dâAuvergne Ă Paris, 57 ans.âąThierry Jadot, ex-prĂ©sident de Dentsu Aegis Network, 57 ans.âąJohn Kerry, ancien secrĂ©taire dâEtat amĂ©ricain, 77 ans.âąEnrico Macias, chanteur, 82 ans.âąEddie Misrahi, prĂ©sident dâApax Partners, 66 ans.âąLudovic Morlot, chef dâorchestre, 47 ans.âąBĂ©rĂ©nice Ravache, directrice de Fip, 39 ans.âąCĂ©cile RĂ©inaud, fondatrice de SĂ©raphine, 47 ans.âąMacky Sall, prĂ©sident du SĂ©nĂ©gal, 59 ans.âąJean-Louis Trintignant, artiste dramatique, 90 ans.
CHANGES COURS AU COMPTANT VAR. VAR. COURS VEILLE ANNĂE1 EURO EN DEVISE BCE EN % EN %10-12-2020
TAUX MARCHĂS MONĂTAIRES ET EURODEVISES MARCHĂS MONĂTAIRES JOUR 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 1 AN10-12-2020
ECARTS DE TAUX AVEC LâALLEMAGNE 6 MOIS 2 ANS 5 ANS 7 ANS 10 ANS10-12-2020
ALLEMAGNE 100,36 -0,77 -0,82 -0,77 -0,63
PORTUGAL 0 5,64 0,24 0,32 0,43
FRANCE -0,08 0,05 0,12 0,12 0,20
ESPAGNE -0,07 0,19 0,30 0,38 0,55
ITALIE -0,12 0,29 -0,06 0,97 1,08
DOLLAR US 1,2118 0,29 7,99LIVRE STERLING 0,9116 0,81 7,68FRANC SUISSE 1,0758 0,11 -0,89COURONNE DANOISE 7,4442 0,00 -0,39COURONNE NORV. 10,6342 -0,32 7,66KUNA CROATE 7,5457 -0,02 1,35COURONNE SUEDOISE 10,2411 -0,16 -2,43DOLLAR CANADIEN 1,5422 -0,46 5,85YEN JAPONAIS 126,384 0,31 3,63DOLLAR AUSTRALIEN 1,6116 -0,84 0,77ROUBLE RUSSE 88,6237 -0,40 27,59ROUPIE INDIENNE 89,361 0,32 11,69DOLLAR NEO-ZELANDAIS 1,7125 -0,49 2,63COURONNE TCHEQUE 26,3105 0,08 3,54FORINT HONGROIS 354,065 -0,75 6,93ZLOTY POLONAIS 4,4268 -0,17 3,71LEV BULGARE 1,9577 0,16 0,07DOLLAR HONG-KONG 9,3927 0,29 7,51WON SUD COREEN 1319,1201 0,42 1,80PESO MEXICAIN 24,2128 0,73 13,98REAL 6,1428 -1,66 36,28DOLLAR SINGAPOUR 1,6201 0,26 7,34RAND SUD-AFRICAIN 18,2304 0,82 16,04LIVRE TURQUE 9,5706 1,24 43,38RENMIBI YUAN 7,9296 0,32 1,55RUPIAH 17091,7348 0,27 9,72PESO PHILIPPIN 58,3313 -0,03 2,68RINGGIT MALAIS 4,9208 0,22 7,15BATH THALANDAIS 36,4329 0,24 9,31
ZONE EURO -0,43/-0,73 -0,56/-0,86 -0,41/-0,71 -0,37/-0,67 -0,37/-0,67
SICAV/FCP
FR0013341781 2CRSI g C 4,355 4,36 4,265 4,345 + 2,24 29337
FR0014000T90 2MX ORGANIC B 10,5 10,694 10,45 10,45 - 0,95 252700
FR0013185857 ABEO g C 9,4 10,15 9,14 9,3 + 3,56 61275
FR0012616852 ABIONYX PHARMA g B 0,93 0,93 0,874 0,877 - 5,6 322782
FR0000064602 ACANTHE DEV. C 0,431 0,431 0,431 0,431 3985
FR0000062978 ADL PARTNER g C 14,3 14,55 14,25 14,55 + 1,04 2362
FR0012821890 ADUX g C 1,5 1,535 1,475 1,535 + 2,33 4079
FR0004152874 ADVENIS g C 2,08 2,1 2,08 2,08 - 0,95 13394
FR0013296746 ADVICENNE g C 10,1 10,85 9,9 10,3 + 3,83 57771
FR0013421286 ALPHA MOS C 1,52 1,55 1,42 1,49 - 1,97 4139
FR0000053837 ALTAMIR B 20,06 20,06 19,98 20 3685
FR0012789667 AMPLITUDE g C 2,15 2,16 2,15 2,15 310994
FR0011992700 ATEME g C 16,5 17,1 16,46 17 + 3,03 25834
FR0000061780 AUGROS CP. C 5,1 5,1 5,1 5,1 + 6,25 915
FR0000039232 AUREA g C 6 6,02 5,7 5,7 - 6,86 5199
FR0013183589 AURES TECHNO g C 23 23,7 23 23,5 + 1,73 2778
FR0013529815 AVENIR TELECOM C 0,617 0,617 0,6 0,6 - 0,5 258930
FR0013258399 BALYO g C 1,418 1,456 1,33 1,36 - 2,86 686952
FR0000062788 BARBARA BUI C 4,76 4,76 4,76 4,76 + 33,71 1550
FR0000035370 BASTIDE CONF.MED. g C 48 48,35 47,9 48,25 + 0,52 3464
FR0011814938 BOOSTHEAT C 3,72 3,72 3,25 3,32 - 11,47 219348
FR0000074254 BOURSE DIRECT C 2,78 2,78 2,68 2,72 - 2,16 7875
FR0010151589 CAFOM C 6,65 6,8 6,45 6,5 - 7,14 5032
FR0012969095 CAPELLI g C 31,4 31,4 30,5 30,7 - 1,6 1228
FR0000072894 CAST g C 4,04 4,08 3,91 4,02 + 1,26 11101
FR0010193979 CBO TERRITORIA C 3,6 3,64 3,6 3,64 + 0,55 8236
FR0000053506 CEGEDIM B 28 28,3 27,5 28 + 1,45 12342
FR0010309096 CEGEREAL B 32,2 33 31 32,4 + 0,62 1692
FR0000054322 CIBOX INTERACTIVE g C 0,213 0,213 0,2 0,207 - 2,36 714429
FR0013426004 CLARANOVA g B 7,14 7,2 6,95 7,11 - 0,7 253113
FR0000053399 CNIM GROUP C 14,7 15,1 14,35 14,85 - 1,66 2338
FR0004031763 COHERIS g C 1,985 1,985 1,95 1,95 + 0,26 887
FR0010483768 CRCAM BRIE PIC. CC B 22,125 22,125 21,67 21,71 - 2,47 33758
FR0010461053 CRCAM LANGUED CCI B 62,89 62,89 61,3 61,32 - 2,64 830
FR0000185514 CRCAM NORD FR. B 21,8 21,8 20,9 20,9 - 4,13 5094
FR0000044364 CRCAM NORM. SEINE B 111,4 111,7 111 111,4 1054
FR0000045528 CRCAM PARIS IDF B 75 75 72,5 73,99 - 1,11 1789
FR0007317813 CS GROUP g C 4,08 4,12 4,05 4,12 + 0,98 982
FR0013283108 DELTA PLUS g B 64 64 63 63 - 0,63 846
FR0000073793 DEVOTEAM g C 98 98 97,9 97,9 3132
FR0012202497 DIAGNOSTIC MEDICALg C 1,72 1,72 1,68 1,7 - 1,16 6891
FR0010099515 ECA g B 22,2 22,6 22 22,5 + 1,35 7972
FR0000072373 EGIDE g C 1,01 1,08 0,99 1,04 + 5,26 152778
FR0000031023 ELECT.STRASBOURG B 119 119,5 118,5 119,5 + 1,27 919
FR0012650166 ENGIE EPS g C 11,9 12,6 11,9 12,2 + 1,67 14737
FR0000120669 ESSO g B 12,65 12,75 12,2 12,7 + 3,25 5464
FR0000054678 EURO RESSOURCES C 3,14 3,14 3,04 3,13 + 2,62 5642
FR0000075343 EUROMEDIS GROUPE C 12,6 12,8 12,4 12,5 - 0,79 5055
FR0010490920 EUROPACORP g C 0,836 0,836 0,816 0,83 - 0,72 28895
FR0000035784 EVERGREEN C 1,15 1,15 1,15 1,15 + 4,55 1200
FR0011271600 FERMENTALG g C 1,486 1,498 1,41 1,418 - 4,83 451245
FR0004076891 FLO (GROUPE) g B 0,165 0,165 0,16 0,162 + 1,25 16801
FR0011277391 FONC. PARIS NORD g C 0,025 0,025 0,024 0,024 201615
FR0013030152 FRANCAISE ENERGIE g C 17,55 17,6 17,35 17,35 - 1,42 1483
FR0010501692 GENERIX g C 6,82 6,84 6,6 6,7 + 0,3 12022
FR0013399474 GENKYOTEX g C 3,03 3,05 2,98 3,01 - 0,33 45116
FR0011799907 GENOMIC VISION g C 0,834 0,84 0,785 0,803 - 3,37 1946914
FR0000061459 GERARD PERRIER B 66,4 67,4 66 67,2 + 1,51 1467
FR0004050300 GROUPE OPEN g C 14,96 14,96 14,92 14,92 - 0,53 1276
FR0012612646 GROUPE PARTOUCHE B 21,5 21,5 20,8 20,9 - 1,42 1842
FR0004155000 GROUPE SFPI g C 1,825 1,96 1,825 1,945 + 6,58 143040
FR0000066722 GUILLEMOT g C 8,48 8,68 8,48 8,62 + 3,11 38237
FR0000038531 HF COMPANY C 5,06 5,06 4,99 5,02 + 0,4 1760
FR0012821916 HIPAY GROUP g C 14,15 14,2 12,75 13,45 - 5,28 31713
FR0000065278 HOPSCOTCH GROUPE g C 7,52 7,92 7,52 7,7 + 2,67 6288
FR0000051393 IDI B 41,2 41,6 40,8 41,3 + 0,24 1160
FR0000071797 INFOTEL g C 40,2 40,5 39,9 40,1 - 0,25 8296
FR0000064297 INNELEC MULTIMEDIAg C 5,26 5,4 5,26 5,4 + 2,66 4164
FR0013233012 INVENTIVA g B 10,34 10,38 10,12 10,2 - 1,35 96386
FR0012872141 JACQUES BOGART g C 10,3 10,3 9,94 10 + 0,2 6032
FR0004029411 KEYRUS g C 3,05 3,05 2,92 2,92 - 4,26 13728
FR0000066607 LACROIX g C 28,8 29,7 28,8 29,7 + 2,06 1807
FR0000032278 LATECOERE g C 2,2 2,53 2,19 2,27 + 6,82 274233
FR0006864484 LAURENT-PERRIER B 78,6 78,6 77,2 77,2 - 1,78 1192
FR0013233475 LYSOGENE g C 2,17 2,17 2,1 2,1 - 3,67 22675
FR0000032302 MANUTAN INTER. B 71,2 72,2 70 72,2 + 1,4 1866
FR0000051070 MAUREL ET PROM g B 1,72 1,808 1,71 1,794 + 4,91 379225
FR0011742329 MCPHY ENERGY g C 31,5 31,6 30,45 31,5 - 1,1 188628
ACTIONSEURONEXT HORS SRD FRANĂAISES
ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLĂT ĂCART VOL
ACTIONSEURONEXT HORS SRD Suite FRANĂAISES
ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLĂT ĂCART VOL
FR0004065605 MEDINCELL C 9,88 10,2 9,28 9,56 - 4,4 75555
FR0010298620 MEMSCAP g C 1,02 1,035 1,01 1,03 - 1,91 13929
FR0000077570 MICROPOLE g C 1,13 1,145 1,105 1,13 - 0,88 58630
FR0013482791 NACON SAS B 7,95 8,24 7,91 8,2 + 5,13 144393
FR0013018041 NAVYA g B 3,825 4,155 3,535 4,08 + 5,43 1837932
FR0004154060 NETGEM g C 1 1,18 0,998 1,18 + 19,92 817960
FR0004050250 NEURONES B 24,5 24,5 24 24,4 + 0,83 3154
FR0000052680 OENEO g B 10,9 11,32 10,8 11,1 + 1,84 26667
FR0010428771 OL GROUPE g C 2,21 2,21 2,18 2,21 + 0,46 3001
FR0000075392 ORAPI g C 7,34 7,34 7,12 7,2 - 0,55 6921
FR0010609206 OREGE C 1,16 1,34 1,16 1,25 + 7,76 231924
FR0012127173 OSE IMMUNO g C 7,24 7,44 7,2 7,44 + 2,76 95728
FR0004038263 PARROT B 4,51 4,64 4,51 4,6 + 2 10394
FR0000038465 PASSAT g C 6,2 6,2 6 6,2 3157
FR0011027135 PATRIMOINE ET COMM B 14,75 14,75 14,75 14,75 1132
FR0000053514 PCAS B 9,8 10,2 9,75 9,75 + 2,09 2027
FR0012432516 POXEL g C 6,7 6,73 6,58 6,6 - 1,64 68360
FR0004052561 PROACTIS C 0,156 0,168 0,154 0,167 - 5,11 12753
FR0012613610 PRODWAYS GROUP g C 2,28 2,33 2,21 2,32 + 1,75 82921
FR0013344173 ROCHE BOBOIS SA B 18,6 19 18,6 19 + 2,7 2312
FR0000054199 S.T. DUPONT C 0,077 0,079 0,076 0,078 - 0,51 22313
FR0000060071 SAMSE B 158 160 156 160 + 1,91 988
FR0000039109 SECHE ENVIRONNEM. g B 40,3 40,45 38,6 39,3 - 2,48 4963
FR0011950682 SERGEFERRARI GP g C 6,1 6,16 6,02 6,12 + 0,66 6860
FR0000074122 SII g C 24,2 24,3 21,8 23,2 - 6,07 21415
FR0004016699 SMTPC g B 16,7 16,7 16,3 16,3 - 0,91 1774
FR0000065864 SOGECLAIR g C 19,8 20,4 19,8 20,2 + 2,02 1979
FR00140006O9 SOLOCAL GROUP B 3 3,003 2,881 2,925 - 2,4 477253
FR0010526814 SUPERSONICS g C 1,32 1,32 1,26 1,3 + 3,18 1570
FR0000060949 TIVOLY C 16,9 17,1 16,2 16,8 3407
FR0000033003 TOUAX g C 8,64 8,66 8 8,32 - 3,7 29618
FR0000036816 TOUR EIFFEL g B 30,7 30,9 30,4 30,5 - 0,33 1452
FR0000034548 UNION FIN.FRANCE g B 19,2 19,3 19 19,25 + 1,32 3517
FR0000074197 UNION TECH.INFOR. g C 0,595 0,595 0,57 0,57 - 4,2 11742
FR0004186856 VETOQUINOL B 83,4 84,2 82 83,4 + 0,48 2700
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FR0004183960 VOLUNTIS g C 4,505 4,6 4,34 4,36 - 3,11 50528
FR0000062796 VRANKEN - POMMERY B 15,2 15,2 15 15 - 1,32 2724
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ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLĂT ĂCART VOL
ACTIONSEURONEXT HORS SRD Suite FRANĂAISES
CERTIFICAT/FONDS INVESTIR 10INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 124,27 0,00
INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 100,59 -0,01
Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de lâaction hors droits dâentrĂ©e ou de sortie Ă©ventuels. Les SICAV Ă©ligibles au PEA sont signalĂ©es par un astĂ©risque *. Le pictogramme P indique la cotation dâun FCP. Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monĂ©taires EURO (ME), monĂ©taires Ă vocation internationale (MI), obligations et autres titres de crĂ©ances libellĂ©s en EURO (OE), obligations et autres titres de crĂ©ances internationaux (OI), sicav luxembour-geoises (LX), diversifiĂ©s (DI), garantis ou assortis dâune protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquĂ©e dans la colonne «DĂSIGNATION DES VALEURS».
Banque Cantonalede GenĂšve (France) SATĂ©l. 04 72 07 31 50bcgef.fr/fonds
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Mirabaud Asset ManagementTĂ©l. +41 058 200 60 [email protected]
LU0704154292 RAM (L) SF EM MKT EQ 207,76 09/12
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Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 PATRIMOINE // 39
Anne-Sophie Vion @AnnesophieVION
C ent milliards dâeuros. Câest le mon-tant que devrait atteindre Ă la fin delâannĂ©e lâĂ©pargne « forcĂ©e », thĂ©sau-
risĂ©e par les mĂ©nages français en temps de Covid-19. « Ils auront Ă©pargnĂ© sur leur compte bancaire depuis mars lâĂ©quivalent duplan de relance du gouvernement français », ironise Mathieu Plane, Ă©conomiste Ă lâOFCE, qui sâexprimait le 25 novembre au « 28 minutes » dâArte. Tout lâenjeu pour les pouvoirs publics consiste Ă dĂ©gonfler ce basde laine jugĂ© improductif pour le mobiliser vers les secteurs Ă©conomiques qui en ont le plus besoin. Dans sa boĂźte Ă outils, lâEtat sâestd o t Ă© d âu n n o u ve a u l a b e l , b a p t i s Ă© « Relance », annoncĂ© lors de la prĂ©sentationdu plan de relance le 3 septembre. Ses modalitĂ©s ont Ă©tĂ© prĂ©cisĂ©es le 19 octobre. Cequâil faut savoir.
1 A quoi sert le label Relance ?Lâobjectif du gouvernement, qui
sous-tend lâensemble de son plan de relance, est de renforcer la situation finan-ciĂšre des entreprises durement touchĂ©es par la crise sanitaire et de restaurer leur capacitĂ© dâinvestissement. Dans ce con-texte, les fonds qui obtiennent le label Relance sâengagent Ă investir une part signi-ficative de leurs actifs en fonds propres ou quasi-fonds propres dans les entreprises principalement françaises, en particulier des petites et moyennes entreprises (PME) et des entreprises de taille intermĂ©diaire (ETI), tous secteurs confondus.
Pour sâassurer du succĂšs du dispositif,Matignon a mis au point le label en partena-riat avec des associations et fĂ©dĂ©rations du secteur financier, dâentreprises et dâĂ©par-gnants. Face Ă lâurgence, il a aussi imposĂ© uncalendrier de dĂ©ploiement strict. Il faut queles fonds estampillĂ©s Relance collectent de lâargent tant auprĂšs des investisseurs parti-culiers quâinstitutionnels en 2020, 2021 et/ou 2022. Ceux dont la phase de levĂ©e des
capitaux a dĂ©butĂ© avant la labellisation sansĂȘtre pour autant terminĂ©e sont Ă©galement Ă©ligibles au label. Lâobjectif, selon Bruno Le Maire, ministre de lâEconomie, des Finan-ces et de la Relance, est de mobiliser 20 mil-liards dâeuros en deux ans au service de la relance.
2 Quels types de produits peuvent lâobtenir ?
Depuis le 19 octobre et jusquâau 31 dĂ©cembre2020, des fonds dâinvestissement prĂ©sen-tant des profils de risques variĂ©s peuvent postuler. Dans le dĂ©tail, il sâagit de fonds investis dans des valeurs cotĂ©es françaises ou europĂ©ennes, comme les organismes deplacement collectif en valeurs mobiliĂšres (OPCVM), sicav ou FCP, ainsi que de fonds dâĂ©pargne salariale. Le non-cotĂ© est Ă©gale-
ment concernĂ© puisque la famille des fondsde capital-investissement â FCPR, FCPI, FIPet FPCI â y est Ă©ligible.
Sây ajoutent des vĂ©hicules qui concernentpour lâessentiel les investisseurs profession-nels (fonds de fonds alternatifs, fonds pro-fessionnels spĂ©cialisĂ©s...).
Certains fonds estampillĂ©s Relance sontrĂ©servĂ©s Ă une clientĂšle avisĂ©e. La plupart pourront ĂȘtre souscrits dans des supports dâĂ©pargne grand public, comme les enve-loppes fiscalement avantageuses de lâassu-rance-vie, du PEA et du PEA-PME, ou encore de lâĂ©pargne salariale et retraite. La liste des fonds labellisĂ©s est diffusĂ©e sur le site Internet du ministĂšre de lâEconomie, des Finances et de la Relance, et rĂ©guliĂšre-ment actualisĂ©e. Au 9 dĂ©cembre, 100 fonds ont dĂ©jĂ obtenu le label
3 A quels critÚres les fonds label-lisés doivent-ils répondre ?
Pour ĂȘtre labellisĂ©s, les fonds doivent inves-tir au moins 30 % de leur actif dans des entreprises dont le siĂšge social est implantĂ©en France, dont au moins 10 % spĂ©cifique-ment dĂ©diĂ©s aux TPE, PME ou ETI, cotĂ©es ou non cotĂ©es. Ils devront sâefforcer de parti-ciper Ă au moins cinq opĂ©rations dâaugmen-tation de capital ou dâintroduction en Bourse par an. Les fonds intĂšgrent aussi des critĂšres ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). Et sâengagent Ă ne pas financer le secteur du charbon. Le label est accordĂ© pour une durĂ©e de qua-tre ans. Le respect des critĂšres est contrĂŽlĂ© par la Direction gĂ©nĂ©rale du TrĂ©sor et tout manquement grave donnera lieu Ă un retrait.
ĂPARGNE Mis en place par le gouvernement, le label Relance doit inciter les Français Ă investir une partie de leur abondante Ă©pargne dans des PME tricolores au travers des fonds estampillĂ©s. Quels sont ses atouts ? Faut-il souscrire ?
4 Est-ce redondant avec les autres labels existants ?
Le label Relance est cumulable avec les labels dâinvestissement durable existants comme le label ISR ou le label Greenfin. Selon Bercy, « ces labels ne poursuivant pas les mĂȘmes objectifs, ils ne sont pas en concur-rence mais se complĂštent ». La labellisation Relance dâun fonds dĂ©jĂ estampillĂ© ISR, Greenfin ou Finansol est mĂȘme facilitĂ©e.
5 Quelle valeur ajoutĂ©e pour lâĂ©pargnant ?
Les premiers fonds labellisĂ©s Relance, prĂ©existaient au label. Ils ont pu lâobtenir carils rĂ©pondaient dĂ©jĂ Ă ses exigences. Autre-ment dit, ce nâest pas le label Relance qui les rend plus performants ou plus vertueux. Quel en est alors lâintĂ©rĂȘt pour les Ă©par-gnants ? « Ce label leur explique clairement Ă quoi va servir leur argent, estime Christophe BaviĂšre, senior managing partner du groupeEurazeo, câest-Ă -dire Ă financer des entrepri-ses innovantes françaises, Ă dynamiser le tissuĂ©conomique et Ă crĂ©er des emplois sur le terri-toire. Il rĂ©pond ainsi Ă leur exigence de plus enplus importante de donner du sens Ă leurs pla-cements ». De mĂȘme, appuie Xavier Antho-nioz, prĂ©sident de 123 IM, « les investisseurs se perdent parmi les milliers de produits exis-tants qui visent Ă financer lâĂ©conomie rĂ©elle. Celabel, qui consacre les PME françaises ISR, a lavertu de leur indiquer qui, selon le gouverne-ment, joue le plus le jeu ».
Autre spĂ©cificitĂ©, le label Relance donneaccĂšs au dispositif de garantie en fonds pro-pres de bpifrance (jusquâĂ 1 milliard dâeurosdâinvestissements garantis). Ce qui signifie que les entreprises en portefeuille bĂ©nĂ©fi-cient de lâappui de lâEtat et que les souscrip-teurs sont partiellement protĂ©gĂ©s dâune perte en capital. Sauf que, reconnaissent des professionnels, « le mĂ©canisme est flou ». Il devrait ĂȘtre prĂ©cisĂ© par le gouverne-ment dĂ©but 20201. En lâĂ©tat, la garantie ne concerne que les fonds de non-cotĂ© et Ă lâexclusion de ceux qui ouvrent droit Ă un avantage fiscal Ă lâentrĂ©e (FCPI et FIP). n
Placement : les fonds labellisés Relance en cinq questions
a fondu entre les deux confinements. LâIndice de tension immobiliĂšre (ITI) de Meilleurs Agents affiche des niveaux particuliĂšrement bas, exception faite de Strasbourg et Lille. Ainsi, Ă Montpellier, Lyon et Paris, on ne compte plus que 6 %
dâacheteurs de plus que de vendeurs. MĂȘme constat Ă Bordeaux (3 %), Nice (4 %), Marseille (7 %) ou encore Toulouse et Nantes (8 %). Lâan dernier, Ă la mĂȘme pĂ©riode, la capitale en comptait 26 %, Rennes 29 % et Montpellier 23 % .
Moins dâacheteursSelon la plateforme immo-biliĂšre Meilleurs Agents, le rĂ©servoir dâacheteurs poten-tiels qui avait contribuĂ© au redĂ©marrage rapide du marchĂ© Ă lâaube de lâĂ©tĂ©
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Les SCPI solides face au Covid-19Au dĂ©but de la pandĂ©mie, les experts les plus optimistes estimaient que le rendement des SCPI se maintiendrait Ă tout juste 4 % en 2020. Il sâĂ©tablit Ă 4,12 % au 30 sep-tembre, selon la plateforme MeilleureSCPI. com, contre 4,40 % Ă la mĂȘme pĂ©riode en 2019.
PATRIMOINE
40 // PATRIMOINE Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos
rance en cours de sa résidence actuellevers la nouvelle. Puis, il a complété la différence en cash », raconte un ges-tionnaire de patrimoine.
Une autre personne de 57 ansayant eu le mĂȘme problĂšme de santĂ©, survenu quatre ans avant dâemprunter, est parvenue avec satisfaction Ă dĂ©crocher une assu-rance. Cette garantie lui a coĂ»tĂ© deux fois plus cher que celle tarifĂ©e Ă une personne du mĂȘme Ăąge en bonne santĂ©. « Pour ceux qui sont (bientĂŽt) Ă la retraite et souhaitent allĂ©ger la note de cette couverture, il convient de demander Ă ne pas ĂȘtre assurĂ© contre le risque dâincapacitĂ© temporaire ou totale de travail, soit dâĂȘtre couvert a minima sur le dĂ©cĂšs »,conseille CĂ©cile Roquelaure.â Laurence Boccara
plexes. Il arrive alors que le coĂ»t de cette protection sâenvole pour atteindre voire dĂ©passer le taux du crĂ©dit. « Pour les seniors avec des pathologies et compte tenu du bas niveau, il arrive frĂ©quemment que le TAEG excĂšde le taux dâusure. Cette situation rend souvent impossible tout accĂšs Ă un crĂ©dit immobilier », reconnaĂźt Philipe Taboret, direc-teur gĂ©nĂ©ral dĂ©lĂ©guĂ© de Cafpi.
1 TRANSFĂRER SON CRĂDITReste quâil est possible de trouver dessolutions au cas par cas. « Un client ayant la soixantaine qui sâest fait opĂ©-rer Ă cĆur ouvert entre la signature du compromis de vente et celle de lâacte authentique chez le notaire sâest fait recaler chez les assureurs spĂ©ciali-sĂ©s. Compte tenu de sa surface patri-moniale, il a quand mĂȘme pu acheter sa nouvelle rĂ©sidence principale en nĂ©gociant avec sa banque. Elle a acceptĂ© de transfĂ©rer le crĂ©dit et lâassu-
contrairement à un contrat indivi-duel », explique Arnaud Guilleux.
1 DES ASSUREURS SPĂCIALISĂSA noter quâĂ partir de la cinquan-taine, le seul critĂšre « fumeur » creuse lâĂ©cart entre les tarifs (voir tableau). Outre ce paramĂštre, les compagnies dâassurances devien-nent plus vigilantes sur lâĂ©tat de santĂ©. Si, Ă la lecture du premier questionnaire mĂ©dical simplifiĂ©, quelques rĂ©ponses mentionnent une maladie (actuelle ou passĂ©e), dâautres problĂšmes (dos, surpoids, hypertension), « lâassureur passera un niveau supĂ©rieur et demandera systĂ©matiquement des examens mĂ©dicaux plus poussĂ©s. Et câest lĂ queles surprimes interviennent », indi-que Astrid Cousin, porte-parole de Magnolia.fr, courtier en assurances.
Si les banques nâassurent pas cescas, plusieurs compagnies se sont spĂ©cialisĂ©es dans ces dossiers com-
50 ans. Bien que progressifs, les sautsimportants observĂ©s dans les barĂš-mes interviennent autour de 45 ans et passĂ© 60 ans », indique Arnaud Guilleux, prĂ©sident de Monem-prunt.com. « Le poids de lâassurancepour une personne (non fumeuse) avec un crĂ©dit sur vingt ans au taux de 1,5 % reprĂ©sente respectivement 36 % et prĂšs de 50 % du coĂ»t total du prĂȘt pour une personne de 50 et 60 ans contre 18 % Ă 40 ans », prĂ©ciseAgnĂšs Bruhat, directrice gĂ©nĂ©rale de MetLife.
Si la souscription dâune assu-rance extĂ©rieure Ă la banque est rĂ©putĂ©e offrir de coquettes Ă©cono-mies pour les jeunes emprunteurs, cette dĂ©marche sâavĂšre bien moins Ă©vidente pour les plus de 50 ans. « Beaucoup de dĂ©lĂ©gations ne sont pas compĂ©titives pour les seniors. Souscrire lâassurance de lâĂ©tablisse-ment prĂȘteur permet de bĂ©nĂ©ficier detarifs pas trop chers car une assu-rance groupe mutualise les risques
tes Ă faire des efforts de taux ou Ă rĂ©aliser des montages sophistiquĂ©s.« Cette clientĂšle plaĂźt car elle a un his-torique en matiĂšre de rembourse-ment de crĂ©dits, dispose de place-ments et perçoit Ă cette pĂ©riode de la vie professionnelle des revenus sou-vent Ă leur plus haut niveau. Au-delĂ de 50 ans, certains mĂ©nages nâont parfois plus dâenfants Ă charge et arrivent Ă la fin de leurs gros crĂ©-dits », indique Ludovic Huzieux, cofondateur dâArtemis Courtage.
1 GARDER LâASSURANCE GROUPELe virage le plus dĂ©licat Ă nĂ©gocier consiste Ă contenir le coĂ»t de lâassu-rance-emprunteur, voire tout sim-plement Ă dĂ©crocher cette garantie notamment en cas de pĂ©pin de santĂ©. Pour mĂ©moire, le prix de cette couverture augmente avec lâĂąge. « En moyenne, pour une per-sonne en bonne santĂ©, la prime dâassurance double entre 25 et
Crédit : emprunter aprÚs 50 ans
ritoire négatif depuis le début 2020 dans le contexte de crise sanitaire. Les fonds tricolores perdent 4,77 % dans la période.
Le baromĂštredes fonds
dâĂ©quipements mĂ©dicaux et de produits Ă©lectroniques pour le tĂ©lĂ©travail. Dans ce contexte, les Bourses locales sâenvolent. M
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FONDS ACTIONS FRANCEEn dépit de la remontée bour-siÚre exceptionnelle du CAC 40 en novembre, de plus de 20 %, le marché parisien reste en ter-
â4,77 %FONDS ACTIONS CHINELâĂ©conomie chinoise surfe sur la pandĂ©mie. Les exportations chinoises ont bondi en novem-bre, notamment en matiĂšre
+24,76 %IMMOBILIER
Sâendetter aprĂšs 50 ans est dâautant plus facile que sa capacitĂ© financiĂšre est importante et que son apport personnel est musclĂ©. Deux sujets restent sensibles : la durĂ©e du prĂȘt et le coĂ»t de lâassurance-emprunteur. Des solutions existent.
chances de dĂ©crocher un crĂ©dit immobilier », explique cette der-niĂšre. Ces solutions financiĂšres sontproposĂ©es par une poignĂ©e dâĂ©ta-blissements spĂ©cialisĂ©s (Sygma Banque, Creatis, CFCAL, CrĂ©ditlift CourtageâŠ), souvent des filiales de grands groupes bancaires.
Toutefois, comme ces enseignesnâont pas pignon sur rue, le plus rapide pour faire jouer la concur-rence consiste Ă passer par un cour-tier en crĂ©dit qui propose le regrou-pement de crĂ©dits. Cet intermĂ©diairese rĂ©munĂšre selon la complexitĂ© du dossier entre 4 Ă 8 % du montant du crĂ©dit rachetĂ©, plus parfois des frais de dossier. Il faudra aussi intĂ©grer aux dĂ©penses liĂ©es Ă cette opĂ©ration le paiement des indemnitĂ©s de rem-boursement anticipĂ© du crĂ©dit immobilier. MalgrĂ© ces frais, le jeu peut en valoir la chandelle.â L. B.
vaux ou dâautres dĂ©penses. RĂ©cem-ment, ce rĂ©amĂ©nagement de dettes a servi Ă une personne fraĂźchementdivorcĂ©e â avec 8.000 euros de reve-nus mensuels â Ă dĂ©gager des liqui-ditĂ©s pour racheter la soulte de son ex-Ă©pouse (devenir le seul propriĂ©-taire de la rĂ©sidence principale), rĂ©gler la prestation compensatoire et aussi les frais dâavocats et de notaire, tout en continuant Ă rĂ©gler son crĂ©dit immobilier en cours. « Ce genre de montage complexe aurait Ă©tĂ© difficile avec une banque classique », commente MaĂ«l Bernier.
âą INVESTISSEMENT LOCATIFEnfin, ce genre dâopĂ©ration « peut aussi ĂȘtre utile Ă une personne prĂ©pa-rant un projet immobilier. En faisantpasser un ratio dâendettement bien au-dessous de la barre fatidique des 33 %, cela permet dâavoir toutes ses
prĂ©voir une dette un peu plus Ă©levĂ©e afin de repartir du bon pied avec un peu de trĂ©sorerie dâavance », indique MaĂ«l Bernier, porte-parole de Meilleurtaux. Cette opĂ©ration se rĂ©vĂšle payante pour tous ceux dont le taux dâendettement global excĂšde35 % avec des durĂ©es de fin de crĂ©-dits encore lointaines.
⹠RETRAITE OU DIVORCEContrairement à une fausse idée, cette stratégie ne concerne pas que les petits revenus ou les personnes en situation de surendettement. « Cette démarche a tout son sens pour des nouveaux (futurs) retraités accusant une baisse sensible de leurs revenus et devant encore rembourserplusieurs crédits », explique San-drine Allonier, porte-parole de Vousfinancer.com.
Cela peut aussi aider à dégagerdes liquidités pour financer des tra-
dette et met en place un crédit uni-que avec une mensualité unique sur une durée de remboursement souvent plus longue et un nouveau taux.
âą COĂT VARIABLECe coĂ»t varie selon les situations. Si la personne est propriĂ©taire dâun bien immobilier mis en garantie et que le regroupement intĂšgre du crĂ©dit immobilier plus dâautres petits prĂȘts, les taux proposĂ©s par Meilleurtaux.com varient entre 1,5 et 2,30 % sur des pĂ©riodes allant de 8Ă 25 ans. En revanche, si le deman-deur est locataire et sans bien immobilier Ă mettre en garantie, cecoĂ»t est compris entre 3,70 et 4,30 % et limitĂ© Ă 12 ans.
Presque toujours, le nouvelĂ©chĂ©ancier proposĂ© devient plus supportable pour ses finances (voir tableau). « Il est mĂȘme possible de
Les Ă©chĂ©ances de prĂȘts en tout genre continuent de tomber alors que vos revenus ont tendance Ă se contracter ? Pour ceux dont le niveau dâendettement devient trop lourd Ă porter, le regroupement de crĂ©dits peut ĂȘtre une solution intĂ©-ressante. Pour mĂ©moire, cette opĂ©-ration consiste Ă faire racheter par un Ă©tablissement financier tous ses crĂ©dits en cours (immobilier, con-sommation, automobile, revolving,prĂȘt personnel, travaux). Ce dernieragrĂšge alors le tout en une seule
Faire baisser son endette-ment en vue du passage Ă la retraite ou dâun achat immobilier, câest possible. Le regroupement de crĂ©dits offre plus dâaisance finan-ciĂšre avec Ă la clĂ© un allon-gement de la durĂ©e du crĂ©dit.
Mode dâemploi pour rĂ©duire son endettement
L es confinements ont pu fairemûrir des projets immobi-liers. BientÎt libres de circu-
ler Ă leur convenance, certains sâapprĂȘtent Ă changer de lieu de vie, Ă se faire plaisir en sâoffrant une rĂ©si-dence secondaire ou encore Ă inves-tir dans un bien locatif. Si acquisi-tion immobiliĂšre rime presque toujours avec un crĂ©dit, nĂ©gocier cette Ă©tape Ă plus de 50 ans offre un peu moins de marge de manĆuvre quâĂ 25 ou 30 ans. Certains points peuvent bloquer comme la durĂ©e ducrĂ©dit et lâassurance-emprunteur.
Pour les plus de 50 ans, il devientdifficile dâenvisager un prĂȘt sur vingt-cinq ans. Bien sĂ»r, rien nâempĂȘche de rĂ©duire cette durĂ©e. « Quel que soit le projet Ă financer, mieux vaudra toujours profiter de lâeffet de levier du crĂ©dit surtout en
cette pĂ©riode de taux bas. NĂ©an-moins, il faudra prendre soin de fairecoĂŻncider la fin du remboursement du prĂȘt avec lâarrĂȘt de la vie active », conseille Olivier Grenon-Andrieu, prĂ©sident du groupe Equance. Si ce scĂ©nario nâest financiĂšrement pas tenable, « il convient dâapprĂ©cier lâĂ©chĂ©ancier en tenant compte de la baisse de revenu qui survient au moment du passage Ă la retraite », prĂ©vient CĂ©cile Roquelaure, char-gĂ©e des Ă©tudes chez Empruntis.
1 MUSCLER LâAPPORT PERSONNELPour Ă©viter dâĂȘtre entravĂ© par cet Ă©vĂ©nement incontournable tout en sâendettant, deux solutions sont possibles, voire combinables. Dâabord, il faudra penser Ă muscler son apport personnel. Autrement dit, autofinancer lâopĂ©ration au-delĂ des 10 % minimum requis pourles droits de mutation (couram-ment appelĂ©s frais de notaire). « Plus on apporte de cash au momentde lâachat, plus le montant Ă emprun-ter diminue. Les mensualitĂ©s devien-nent donc plus supportables sur une durĂ©e de quinze ans ou moins », explique Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer.com. « Il faudra donc trouver le juste Ă©quilibreentre lâapport de liquiditĂ©s et le mon-tant du crĂ©dit acceptable pour ses finances », ajoute-t-elle.
1 SOUSCRIRE UN PRĂT Ă PALIERAutre piste Ă explorer : demander Ă la banque si elle pratique le prĂȘt dit « Ă paliers », dont le rembourse-ment sâorganise en deux temps. La premiĂšre phase consiste Ă payer desmensualitĂ©s majorĂ©es tant que lâemprunteur travaille et dispose der e v e n u s r Ă© g u l i e r s . D a n s l a deuxiĂšme phase, au moment de la retraite, ces Ă©chĂ©ances deviennent plus douces pour tenir compte de ressources plus faibles.
En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, les banquesapprĂ©cient de prĂȘter aux plus de 50 ans car ils sont considĂ©rĂ©s comme un vivier de bons dossiers. Certaines nâhĂ©sitent pas Ă leur dĂ©rouler le tapis rouge et sont prĂȘ-
A partir de la cinquantaine, les compagnies dâassurances deviennent plus vigilantes sur lâĂ©tat de santĂ©.
Comment faire sans sâassurer ?Vous avez (ou avez eu) une maladie grave et aucune compagnie nâaccepte de vous assurer ? Deux scĂ©na-rios sont encore possibles. Dâabord, « rien nâempĂȘche de nantir des titres de sociĂ©tĂ©, un contrat dâassu-rance-vie ou un plan dâĂ©pargne en actions bien garni. Ce montage dĂ©pend des Ă©tablissements prĂȘ-teurs, tous ne lâacceptent pas. Le montant mis en garantie sera minorĂ© par la banque », indique Ludo-vic Huzieux, dâArtemis Courtage. Le second scĂ©nario consiste Ă garan-tir le prĂȘt avec une hypo-thĂšque portant sur un autre bien immobilier, entiĂšrement payĂ©. Et si ce montant ne suffit pas, on procĂšde Ă une double hypothĂšque en mettant en garantie un second bien. En cas de dĂ©cĂšs de lâemprunteur, câest la succession qui devra de lâargent Ă la banque. « Attention ces frais varient sensiblement dâune enseigne Ă lâautre », prĂ©cise un gestionnaire de patrimoine.
Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 PATRIMOINE // 41
D ans mon souvenir, Teto estlâarchĂ©type des collection-neurs dâaujourdâhui. [âŠ] Ce
qui lâintĂ©ressait et le stimulait, câĂ©taitles talents Ă©mergents, ceux qui Ă©taient en phase dâobservation et donc sous-estimĂ©s. GrĂące Ă son enga-gement inlassable, il a pu acheter leurs Ćuvres dans des conditions trĂšsavantageuses et occuper ainsi une place unique Ă une Ă©poque oĂč le mar-chĂ© de lâart Ă©tait dominĂ© par les vieuxmaĂźtres et les peintres impression-nistes. » Simon de Pury, la star inter-nationale des commissaires-priseurs, prĂ©face un livre, paru rĂ©cemment chez Flammarion, consacrĂ© aux extraordinaires col-lections, en partie disparues, du SuĂ©dois Theodor dit « Teto » Ahrenberg (1912-1989), qui avait faitfortune dans le nĂ©goce de matiĂšres premiĂšres.
Selon son fils Staffan, il va dans unpremier temps collectionner des Ćuvres dĂ©jĂ reconnues de Picasso, Chagall et mĂȘme une centaine de Matisse. Cependant en 1961, Ă la suitede dĂ©mĂȘlĂ©s avec lâadministration de son pays, la majoritĂ© de ses Ćuvres est saisie et vendue aux enchĂšres. Teto Ahrenberg sâinstalle alors en Suisse, dans une maison entre Lau-sanne et Vevey. LĂ , il reçoit de jeunesartistes et achĂšte abondamment de lâart contemporain tout en Ă©levant ses enfants. Lâun dâeux va tomber dans le creuset de lâart puisquâil sâagitde Staffan Ahrenberg, propriĂ©taire de la galerie et maison dâĂ©dition Cahiers dâArt, Ă Paris.
1 VENTE EN LIGNEJusquâau 18 dĂ©cembre, ce dernier vend une sĂ©lection de piĂšces chez Sothebyâs, exclusivement sur Inter-net, qui comprennent, comme il lâexplique « des sĂ©ries incomplĂštes et des Ă©ditions ». On ne verra donc pas les Christo, Mark Tobey ou TadeuszKantor qui constituaient le socle de sa collection.
La vente estimĂ©e Ă 300.000 euroscomprend 74 lots. Un chapitre du livre publiĂ© chez Flammarion est entiĂšrement consacrĂ© Ă lâune des galeristes prĂ©fĂ©rĂ©es du collection-neur, la mythique Iris Clert, dĂ©cou-vreuse notamment dâYves Klein. « Il a collectionnĂ© les Ćuvres de nom-breux artistes dâavant-garde qui ont exposĂ© dans sa petite mais influente
galerie parisienne entre 1956 et 1971, parmi lesquels on comptait Arman, Lucio Fontana, Robert Rauschen-berg⊠», peut-on lire dans lâouvrage.
Staffan Ahrenberg se souvientdâIris Clert comme dâune « trĂšs fortepersonnalitĂ©, exubĂ©rante, toujours en reprĂ©sentation mais qui savait dĂ©celer les grands artistes » . Aujourdâhui, elle fait partie de lâhis-toire de lâart contemporain fran-çais. Ainsi, en 1961, elle demande Ă son Ă©curie de 41 artistes, Ă lâocca-sion de lâinauguration de sa galerie sur le Faubourg Saint-HonorĂ©, de produire, chacun, un portrait dâelle. Lâexposition sâintitule : « Les 41 prĂ©sentent ».
« Jâai Ă©tĂ© frappĂ© par lâidĂ©e du toutou rien, racontera plus tard Teto. Jâai dit Ă Iris que jâachĂšterais lâexposi-tion Ă la condition dâavoir absolu-ment toutes les Ćuvres. » Pour emporter lâaffaire, il nĂ©gocie le fait quâune salle entiĂšre soit consacrĂ©e Ă cette exposition dans son musĂ©e, qui doit ĂȘtre dessinĂ© par Le Corbu-sier, mais qui ne verra jamais le jour.Il reste aujourdâhui 20 piĂšces de cette sĂ©rie en possession de Staffan Ahrenberg, qui sont dispersĂ©es le 18 dĂ©cembre.
No m b r e d e s i g n a t u r e s d elâensemble sont dĂ©sormais oubliĂ©es,comme Jean-François Chabaud (1936-2001), qui reprĂ©sente en pein-ture, pour lâoccasion, un joli buste, trĂšs intime, rebaptisĂ© « Iris nue », estimĂ© Ă 800 euros. Jean-Jacques Lebel (nĂ© en 1936), artiste du mouve-ment Fluxus qui Ă©tait lâobjet dâune exposition au Centre Pompidou en 2018 et dont lâĆuvre fait partie des collections permanentes du musĂ©e dâArts de Nantes, a lui aussi fait un portrait de lâexubĂ©rante galeriste sous forme dâune peinture-collage, estimĂ© Ă 6.000 euros.
1 AGGLOMĂRATION DâOBJETS DU QUOTIDIENParmi les palpitantes frĂ©quenta-tions de Teto Ahrenberg, il y avait lâartiste conceptuel Daniel Spoerri (nĂ© en 1930). Mais avant de devenir un plasticien connu pour ses « tableaux-piĂšges », dans lesquels ilagglomĂšre littĂ©ralement des objets du quotidien, il est dâabord un poĂšte, danseur et metteur en scĂšne de thĂ©Ăątre. En 1959, il crĂ©e une mai-son dâĂ©dition dâĆuvres dâart appelĂ©e« MAT » pour Multiplication dâArt Transformable.
« A lâĂ©poque on Ă©ditait des bronzesou des estampes mais rarement des objets », selon lâexpert de Sothebyâs Guillaume Mallecot. En fait, MAT reprend le principe de la fameuse « BoĂźte-en-valise », de Marcel Duchamp, qui Ă©dite dĂšs 1936 un musĂ©e portatif de ses Ćuvres. Le gĂ©nĂ©rique des Ă©ditions de MAT, tirĂ©es Ă 100 exemplaires, est presti-gieux. Man Ray propose en 1965 un« Objet indestructible », un mĂ©tro-nome sur lequel est collĂ©e une image dâĆil, estimĂ© Ă 15.000 euros. Niki de Saint Phalle imagine en 1964un « Tableau non tirĂ© », une pein-ture monochrome avant que la carabine ne se soit exprimĂ©e sur la
planche peinte, comme elle avait coutume de le faire (estimation : 10.000 euros) et Arman tranche un escarpin de dame en deux en 1965, quâil fixe dans du Plexiglas (estima-tion : 3.000 euros).
Lâartiste français, qui Ă©tait allĂ©vivre Ă New York, faisait partie des intimes de Teto Ahrenberg. Son filsraconte dâailleurs quâil avait Ă©tĂ© envoyĂ© chez lui Ă ses quinze ans, pour apprendre lâanglais, en vain. « Chez lui Ă New York, on ne parlait que le français. » La vente contient de nombreuses Ćuvres dâArman comme une « VĂ©nus aux dollars », une Ă©dition Ă 20 exemplaires de 1970. Il sâagit dâun mannequin en polyester transparent incrustĂ© de vĂ©ritables billets de banque, image sâil en est du systĂšme capita-liste. Par la suite, Arman, lui-mĂȘmevictime du systĂšme a beaucoup produit au point dâaffaiblir son mar-chĂ©.
Quant Ă la tenue dâune tellevente en pĂ©riode de crise sanitaire, lâexpert de Sothebyâs se montre opti-miste : « Les prix sont sensiblement similaires Ă ceux dâavant la pĂ©riode Covid. Simplement le volume des Ćuvres mises en vente, lui, est infĂ©rieur. »â Judith Benhamou
www.sothebys.com « Une vie avec Matisse, Picasso, Le Corbusier, Christo⊠Teto Ahrenberget ses collections », Flammarion,372 pages, 60 euros.
en bref
En 1965, Arman tranche en deux un escarpin de dame quâil fixe dans du Plexiglas. Estimation : 3.000 euros. Photo Sothebyâs
Jeff
Pach
oud/
AFP
La mythique Iris Clert Ă©tait lâune des galeristes prĂ©fĂ©rĂ©es du collectionneur, Teto Ahrenberg.
DĂ©couvreuse notamment dâYves Klein, elle fait aujourdâhui partie de lâhistoire de lâart contemporain français.
SUCCĂS POUR LA COLLECTION BALTHUS Un ensemble exceptionnel dâĆuvres du peintre figuratif français Balthus a totalisĂ© 2,5 millions dâeuros le 8 dĂ©cem-bre chez Artcurial. Il provient de la collection FrĂ©dĂ©rique Tison, muse et modĂšle de lâartiste. A
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VENTE DES HOSPICES DE BEAUNE CE DIMANCHEReportĂ©e en raison du Covid, la 160e Ă©dition de la vente aux enchĂšres caritative de vins, aura lieu le 13 dĂ©cembre. Accessible en ligne (Christieâs),seuls des acheteurs profes-sionnels seront prĂ©sents.
MARCHĂ DE L'ART
DâArman Ă Man Ray : la collection Teto Ă des prix attractifs Un livre et une vente aux enchĂšres cĂ©lĂšbrent la mĂ©moire dâun collectionneur dâorigine suĂ©doise qui a possĂ©dĂ© plus de 100 Matisse, mais savait aussi repĂ©rer les jeunes prometteurs. Beaucoup dâestimations trĂšs basses pour des Ă©ditions dâartistes devenus cĂ©lĂšbres.
«Les prix sontsensiblement
similaires Ă ceux dâavant la pĂ©riode Covid. Simplement le volume des Ćuvres mises en vente, lui, est infĂ©rieur. »GUILLAUME MALLECOTExpert de Sothebyâs
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42 // Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos
Camille Prigent
U n million dâespĂšces anima-les et vĂ©gĂ©tales menacĂ©es,des ressources naturelles
surexploitĂ©es, des sols appauvris⊠le rapport publiĂ© en mai 2019 par lâIPBES, lâĂ©quivalent du GIEC pour la biodiversitĂ©, dresse un bilan sĂ©vĂšre. Et il rappelle que les entre-prises sont des acteurs clĂ©s dans la protection des Ă©cosystĂšmes : 55 % du PIB mondial dĂ©pend dâune biodi-versitĂ© productive, selon une Ă©tude du rĂ©assureur Swiss Re publiĂ©e en septembre 2020.
« Il y a une prise de conscience desentreprises, avec une maturitĂ© trĂšs diverse selon les secteurs », souligne Nathalie Devulder, directrice dĂ©ve-loppement durable de RTE et prĂ©si-dente de la commission biodiver-sitĂ© de lâassociation Entreprises pour lâenvironnement. Pourquoi cette hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© ? Parce que les enjeux liĂ©s Ă la biodiversitĂ© sont variĂ©s, complexes et difficiles Ă mesurer. « Câest aussi culturel : lâentreprise est dans la mesure et lâoptimisation, alors que le vivant est changeant et hĂ©tĂ©rogĂšne. » MalgrĂ© ces difficultĂ©s, les entreprises sont de plus en plus nombreuses Ă agir afin de limiter leur impact sur le vivant.
1 RESPECTER LA LOI EN MATIĂRE DE PROTECTION DE LA NATURELe respect de la rĂ©glementation est le premier moteur de la protection du vivant, depuis de nombreuses annĂ©es dĂ©jĂ . Ainsi, la loi relative Ă laprotection de la nature impose aux entreprises la rĂ©alisation dâune Ă©tude dâimpact pour les travaux dâamĂ©nagement du territoire depuis 1976. « La prise en compte de la biodiversitĂ© fait partie intĂ©grante
kilomĂštres de haies et 12.000 arbres ont Ă©tĂ© plantĂ©s sur plus de 11.000 hectares. Agir localement, câest Ă©ga-lement le choix de Maisons du Monde Ă travers une politique de rĂ©duction de lâimpact de ses maga-sins. DĂšs 2021, le groupe va systĂ©ma-tiser une contribution biodiversitĂ©, indexĂ©e Ă lâimpact des ouvertures demagasin, pour financer des actions de prĂ©servation de la biodiversitĂ© locale. « Cela deviendra financiĂšre-ment plus intĂ©ressant dâouvrir dans un lieu qui contribue moins Ă lâartifi-cialisation des sols, comme un cen-tre-ville », dĂ©taille RĂ©mi-Pierre Lap-prend, chef de projet RSE chez Maisons du Monde. Le groupe a aussi travaillĂ© sur ses achats, 70 % deson approvisionnement en bois Ă©tant certifiĂ© FSC ou PEFC.
1 CERTIFIER POUR RASSU-RER LES CONSOMMATEURSLe point commun de ces initiatives,câest la collaboration entre les entre-prises et dâautres acteurs, dont les collectivitĂ©s locales et les ONG. Le Marine Stewardship Council (MSC), ONG internationale de certi-fication des acteurs de la pĂȘche durable, travaille avec des pĂȘche-ries, des distributeurs comme Car-refour et Picard, mais aussi des enseignes de restauration comme McDonaldâs ou Sushi Daily, qui vient dâannoncer la labellisation de tous ses produits Ă base de thon et de surimi. « La certification crĂ©e un cercle vertueux qui permet dâinciter toute la filiĂšre Ă amĂ©liorer ses prati-ques », souligne Edouard Le Bart, directeur Europe, Afrique, Moyen-Orient et Asie du Sud du MSC.
En bout de chaĂźne, le consomma-teur est « trĂšs en demande et se dit prĂȘt Ă se tourner vers une marque quisâengage pour une meilleure prĂ©ser-vation de lâenvironnement ». n
de notre modĂšle Ă©conomique. Elle reprĂ©sente environ 15 % du budget dedĂ©veloppement de chaque projet, hors dĂ©penses dâinvestissement », dĂ©taille Vianney de LavernĂ©e, res-ponsable stratĂ©gie-RSE-innovation chez Engie France Renouvelables. Parmi les solutions mises en place par le groupe pour limiter son impact figurent la construction de passes Ă poissons pour quâils puis-sent remonter les riviĂšres malgrĂ© une installation hydraulique ou desdispositifs dâeffarouchement pour Ă©viter les collisions de certaines espĂšces dâoiseau avec les Ă©oliennes.
Chez lâexploitant de carriĂšresCemex, les sites peuvent mĂȘme devenir de vraies terres dâaccueil pour la biodiversitĂ©. Ils sont parti-culiĂšrement prisĂ©s des hirondelles de rivage, une espĂšce protĂ©gĂ©e qui niche dans des parois de sable meu-ble. En un week-end, une centaine de nids peut apparaĂźtre sur un frontde taille et stopper lâexploitation. « Nous travaillons avec la Ligue pourla protection des oiseaux afin dâanti-ciper lâarrivĂ©e de ces hirondelles et defavoriser leur installation sur un endroit du site qui ne nous gĂȘne pas »,explique Johanna Moreau, respon-
sable biodiversitĂ© chez Cemex France. Le groupe a par ailleurs dĂ©veloppĂ© des solutions pour ses 216 sites de production de bĂ©ton prĂȘt Ă lâemploi, comme la mise en place de passages Ă faune en bas desclĂŽtures.
1 ANTICIPER LâIMPACT DE SES ACTIVITĂSLâindustrie agroalimentaire fait aussi partie des secteurs les plus impliquĂ©s. Consciente que son cadre rĂ©glementaire va devenir pluscontraignant, avec la loi sur lâĂ©cono-mie circulaire qui va bannir les
emballages en plastique Ă usage unique dâici Ă 2040, la marque Vitteltravaille Ă lâintĂ©gration de matiĂšres recyclĂ©es dans ses packagings, maisaussi Ă la prĂ©servation des sols autour des sources dâeau, dans les Vosges. En 1992, elle a lancĂ© le pro-gramme Agrivair en collaboration avec 17 collectivitĂ©s locales, 37 exploitations agricoles et lâInstitut national de la recherche agronomi-que. « En prĂ©servant les sols, on prĂ©-serve Ă la fois la biodiversitĂ© et la nappe phrĂ©atique », explique Fran-çoise Bresson, directrice RSE de NestlĂ© Waters France. Au total, 240
La loi relative Ă la protection de la nature impose aux entreprises la rĂ©alisation dâune Ă©tude dâimpact pour les travaux dâamĂ©nagement du territoire depuis 1976. Cemex
LES QUATRE DANGERS MAJEURS QUI PĂSENT SUR LA BIODIVERSITĂ
1. LâARTIFICIALISATION DES SOLSConsĂ©quence de lâĂ©talement de lâurbanisation et des infrastructures humaines, lâartificialisation des sols a un impact direct sur la perte de biodiversitĂ©. Ce sol remplaçant lâhabitat naturel dâespĂšces animales et vĂ©gĂ©tales, il peut conduire Ă la dĂ©gradation, voire la disparition, de la faune et de la flore. En France, le plan biodiversitĂ© comprend un objectif « zĂ©ro artificialisation nette », dont lâhorizon nâa pas encore Ă©tĂ© fixĂ©.
2. LâEXPLOITATION DES ESPACES NATURELSLâagriculture, la pĂȘche et lâexploitation forestiĂšre non durables ont un effet dĂ©vastateur sur labiodiversitĂ©. Selon lâIpbes, plus de 75 % des types de cultures vivriĂšres dĂ©pendent de la pollinisation par les animaux ; un tiers des stocks de poissons sont exploitĂ©s Ă un niveau biologiquement non durable ; et la moitiĂ© des forĂȘts a disparu depuis les annĂ©es 1990, hors industrie du bois ou agricole.
3. LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET LA POLLUTIONLa moitiĂ© des mammifĂšres terrestres et un quart des oiseaux menacĂ©s pourraient dĂ©jĂ avoir Ă©tĂ© affectĂ©s par le changement climatique. La pollution chimique des sols et, par ruissellement, des eaux douces et des ocĂ©ans, ainsi que la pollution plasti-que, multipliĂ©e par dix depuis 1980, sont Ă©galement une cause majeure de la perte de biodiversitĂ©. En France, la loi antigaspillage prĂ©voit dâatteindre le « zĂ©ro plastique jetable » dâici Ă 2040.
4. LES ESPĂCES EXOTIQUES ENVAHISSANTESLâexpansion dâespĂšces exotiques envahissantes peuvent engendrer des impacts Ă©cologiques nĂ©ga-tifs mais aussi ĂȘtre Ă lâorigine de coĂ»ts Ă©conomiques importants. En France, lâUnion internationale pour la conservation de la nature a Ă©ditĂ© un guide avec les groupes EDF, Engie, Eqiom et GSM pour aider les entreprises Ă gĂ©rer cette problĂ©matique qui concerne plus dâune centaine dâespĂšces en mĂ©tropole et prĂšs de 400 outre-mer.
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ENJEUX Se conformer Ă une rĂ©glementation exigeante, contrĂŽler sa chaĂźne dâapprovisionnement ou participer Ă la prĂ©servation des ressources naturelles⊠les entreprises sont de plus en plus soucieuses de leur impact sur la biodiversitĂ©.
BiodiversitĂ© : des entreprises sâengagent dans la protection du vivant
ECONOMIE DURABLE
Les Echos Vendredi 11 et samedi 12 dĂ©cembre 2020 SPĂCIAL ĂCONOMIE DURABLE // 43
« LâĂ©rosion de la biodiversitĂ© est un risque majeur pour les entreprises »
Propos recueillis parCamille Prigent
C âest une pionniĂšre du con-seil aux entreprises sur labiodiversitĂ©. VĂ©ronique
Dham a créé son premier cabinet de conseil en 2005.
Les enjeux de biodiversitĂ© concernent-ils tous les secteurs dâactivitĂ© ?Toutes les activitĂ©s dĂ©pendent de la nature ou exercent des pressions sur elle. Certaines industries sont plus particuliĂšrement concernĂ©es, car elles ont des impacts impor-tants, comme les industries extrac-tives ou la construction. Dâautres secteurs sont trĂšs dĂ©pendants des ressources naturelles, comme lâagriculture, lâindustrie agroali-mentaire, la pharmacie ou la cos-mĂ©tique, qui peuvent ĂȘtre mena-c Ă© e s p a r l a d i s p a r i t i o n d e s ressources ou la limitation de leur exploitation. Enfin, certains sec-teurs sont exposĂ©s sur lâensemble de leur chaĂźne de valeur, comme lâagroalimentaire, avec des impacts sur lâamont agricole, la production, le packaging et la fin de vie du pro-duit.
Vous conseillez les entreprises sur la biodiversitĂ© depuis 2005. Quelles Ă©volutions avez-vous pu observer ?A lâĂ©poque, le sujet Ă©tait inexistant. En lâespace de quinze ans, la prise de
Ces donnĂ©es sont ensuite modĂ©li-sĂ©es pour donner un score unique. Lâoutil est-il parfait ? Non. La Caisse des DĂ©pĂŽts en a conscience et tra-vaille dans un processus dâamĂ©lio-ration continue. Mais il faut saluer ce genre dâinitiative parce quâun sys-t Ăš m e d e q u a n t i f i c a t i o n e s t aujourdâhui nĂ©cessaire pour pous-ser les entreprises Ă agir. Cela leur
conscience a Ă©voluĂ© dans le bon sens, mais les entreprises sont nombreuses Ă ne pas encore avoir saisi en quoi elles Ă©taient concer-nĂ©es. Installer des ruches au siĂšge ouplanter des arbres Ă lâautre bout du monde, ce sont desactions positives mais qui sont trĂšs dĂ©connectĂ©es des impacts rĂ©els. Il ya deux ans, un mouvement impor-tant sâest mis en marche dans le sillage de la plĂ©niĂšre de lâIPBES Ă Paris, lâĂ©quivalent du GIEC pour la biodiversitĂ©. Cet Ă©vĂ©nement a per-mis de mettre des chiffres sur lâenjeu de la prĂ©servation de la bio-diversitĂ©, mais a aussi mis le doigt sur les causes de son Ă©rosion, parmilesquelles la pollution, le rĂ©chauffe-ment climatique ou encore le chan-gement dâaffectation des sols⊠des phĂ©nomĂšnes tous liĂ©s Ă lâactivitĂ© Ă©conomique.
La finance responsable peut-elle jouer un rĂŽle dans cette prise en compte par les entreprises ?Les investisseurs ont compris que lâĂ©rosion de la biodiversitĂ© Ă©tait un risque majeur pour les entreprises et donc pour la rentabilitĂ© de leurs actifs. Ils veulent avoir la possibilitĂ© dâĂ©valuer la durabilitĂ© des entrepri-ses sous le prisme de la biodiversitĂ©,faisant entrer ce sujet dans le giron de la direction financiĂšre. Les entre-
prises doivent montrer que leur modĂšle Ă©conomique nâest pas
menacĂ© par lâĂ©ro-sion de la biodiver-sitĂ©. Si elles nâensont pas capables,elles vont, Ă terme,ĂȘtre exclues desp o r t e f e u i l l e s ,
comme câest le cas aujourdâhui avecles industries extractives ou lâarme-ment.
De quels outils les entreprises disposent-elles pour mesurer leur impact sur le vivant ?La difficultĂ© Ă mesurer explique en grande partie pourquoi les entre-prises ont mis du temps Ă traiter le sujet de la biodiversitĂ©. Câest un enjeu global, mais les rĂ©ponses sontlocales. Les scientifiques estimaientquâon ne pouvait pas rĂ©sumer la bio-diversitĂ© en un indicateur, tandis que les entreprises et les investis-seurs en rĂ©clamaient un pour pou-voir traiter le sujet sĂ©rieusement.
Cette annĂ©e, la Caisse des DĂ©pĂŽtsa lancĂ© le Global Biodiversity Score,un indicateur unique qui propose dâĂ©valuer lâempreinte dâune entre-prise. Il fait se rencontrer des don-nĂ©es financiĂšres, comme le chiffre dâaffaires de la sociĂ©tĂ©, ses achats, mais aussi dâautres donnĂ©es relati-ves Ă la pollution gĂ©nĂ©rĂ©e par ses activitĂ©s, ses Ă©missions de gaz Ă effetde serre ou le nombre de mĂštres carrĂ©s quâelle artificialise chaque annĂ©e.
VĂRONIQUE DHAM Fondatrice de BiodivâCorp
ENTRETIEN La fondatrice de BiodivâCorp, VĂ©ronique Dham, a lâambition de sensibiliser les entreprises Ă lâenjeu du vivant, de former leurs salariĂ©s et dâinfluencer leurs plans dâaction pour limiter les impacts.
permet de piloter le sujet de la biodi-versité comme elles le font avec leurs émissions de carbone par exemple, ou la trajectoire 2 °C.
Vous travaillez beaucoup à sensibiliser les dirigeants, mais aussi les équipes opéra-tionnelles des entreprises. En quoi est-ce indispensable ?
VĂ©ronique Dham : « Tout sujet important doit ĂȘtre portĂ© par les plus hautes instances de lâentreprise, car câest la direction qui donne la vision sur des sujets Ă©thiques. » DR
Tout sujet important doit ĂȘtre portĂ©par les plus hautes instances de lâentreprise, car câest la direction quidonne la vision sur des sujets Ă©thi-ques comme la biodiversitĂ© ou le climat. Mais il faut que cela des-cende sur le terrain, sinon câest un engagement qui nâest jamais trans-formĂ© en action. Cela doit passer par une sensibilisation Ă tous les niveaux, et par une formation tech-nique pour certains mĂ©tiers, par exemple les mĂ©tiers du bĂątiment, les Ă©quipes achats ou de sourcing des matiĂšres premiĂšres. n
«LâIPBES Ă Paris -
lâĂ©quivalent du GIEC pour la biodiversitĂ© - a permis de mettre des chiffres sur lâenjeu de la prĂ©servation de la biodiversitĂ©, mais a aussi mis le doigt sur les causes de son Ă©rosion. »
44 // Vendredi 11 et samedi 12 décembre 2020 Les Echos
Le temps ne favorise ni EssilorLuxottica ni GrandVision dans une renégociation.
« Il nâest pour voir que lâĆil du maĂźtre. » Quoi quâen dise La Fontaine, les actionnaires dâEssilorLuxottica peuvent aujourdâhui se trouver trĂšs dĂ©pendants du premier dâentre eux, Leonardo Del Vecchio, trop rouĂ© pour ne pas faire durer le suspense sur sa vision. Le temps sâest suspendu au-dessus de lâacquisition du propriĂ©taire de GrandOptical, de lâĂ©ventuelle rĂ©instauration dâun dividende aprĂšs son annulation en avril, et du choix, deux ans aprĂšs la naissance du nouvel ensemble, dâun directeur gĂ©nĂ©ral, ces deux derniĂšres dĂ©cisions ayant Ă©tĂ© promises avant la fin de lâannĂ©e. Les rumeurs persistantes sur la renĂ©gociation dâune emplette jugĂ©e chĂšre avant mĂȘme la crise, Ă 7,2 milliards dâeuros, nâont rien dâĂ©tonnant aprĂšs que LVMH a montrĂ© la voie des soldes avec Tiffany. Mais lâhorizon redonnĂ© par lâarrivĂ©e des vaccins a modifiĂ© le rythme de lâhorloge. La famille Van der Vorm, qui contrĂŽle GrandVision, la maison mĂšre, et dont beaucoup dâactifs dĂ©pendent du pĂ©trole, peut ĂȘtre tentĂ©e de jouer la montre alors quâEssilorLuxottica devra Ă nouveau se concentrer sur sa gouvernance. Il ne semble certes pas impossible Ă certains courtiers que la nomination dâun nouveau patron puisse ĂȘtre repoussĂ©e aprĂšs la prochaine assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, lorsque prendra fin lâĂ©quilibre des pouvoirs prĂ©valant jusquâici entre les parties française et italienne. En attendant, pandĂ©mie oblige, les boursiers avancent, la buĂ©e sur les lunettesâŠ
La buée sur les lunettes
Une lente et progressive dĂ©cĂ©lĂ©ra-tion interrompue par un freinage brutal : ce quâa vĂ©cu le marchĂ© automobile mondial en quelques annĂ©es nâaugure pas dâun redĂ©marrage en trombe aprĂšs la crise sanitaire. La reprise sera « irrĂ©guliĂšre », souligne Matthias Heck, responsable crĂ©dit chez Moodyâs, pour qui retrouver les 95 millions de vĂ©hicules vendus, soit le pic des annĂ©es 2017-2018, « prendra jusquâau milieu de la dĂ©cennie ». Le rebond des ventes (+7,7 % attendus par lâagence de notation) devrait ĂȘtre plus visible en Europe de lâOuest (+12,2 %), tirĂ©e par le Royaume-Uni, lâItalie et lâEspagne, quâaux Etats-Unis (5,2 %) et quâen Chine (+4 %). Mais les cash-flows libres des constructeurs resteront sous pression, notamment Ă cause du poids des investissements, souligne lâagence de notation qui maintient à « stable » la perspective du secteur.
La reprise du marchĂ© automobile mondial va sâĂ©tirer en longueur. Croyants, mais pas dupesAirbnb et DoorDash nâont pas ratĂ© leur fenĂȘtre dâentrĂ©e en Bourse.
Les Ă©pargnants amĂ©ricains prennent-ils encore la peine de passer des ordres avec limite de prix ? Certains vieux routiers des entrĂ©es en Bourse se posent la question au vu de lâenvolĂ©e des marques grand public DoorDash et Airbnb. La plateforme de location immobiliĂšre a rĂ©ussi lâexploit marketing de monter dans le train du « monde dâaprĂšs » oĂč se trouvait naturellement le livreur de repas. Les valorisations donnent le vertige et celle de DoorDash (11,8 fois les ventes selon Fox Advisors) provoque dĂ©jĂ des prises de bĂ©nĂ©fice. Les « venture capitalists » pourraient gĂ©mir de laisser autant dâargent « sur la table » lors du placement initial (IPO), sauf que les valorisations supĂ©rieures aux derniĂšres levĂ©es de fonds dâavant la pandĂ©mie nâallaient pas de soi, Ă©tant donnĂ© les refinancements dans lâintervalle. La dizaine de milliards de plus-value de SoftBank effacent un peu plus lâĂ©chec de WeWork, la licorne maudite de Masayoshi Son. Loin de se perdre dans ces arcanes techniques, la Bourse amĂ©ricaine montre surtout sa quĂȘte inlassable de croissance et sa croyance Ă long terme Ă lâinnovation, quitte Ă prendre de gros risques, dont les prospectus regorgent. Les investisseurs ne sont pas dupes. Les vaccins alimentent leur confiance et les prix des actifs longs montent quand les taux sont bas. Le vĂ©tĂ©ciste Uber introduit en mai 2019, juste avant que la Fed ne redevienne accommodante, en avait dâailleurs fait les frais.
// Budget de lâEtat et PSR 2021 : 448,8 milliards dâeuros (prĂ©visions PLF 2021) // PIB 2020 : 2.223 milliards dâeuros// Plafond SĂ©curitĂ© sociale : 3.428 euros/mois Ă partir du 01-01-2020 // SMIC horaire : 10,15 euros Ă partir du 01-01-2020 // Capitalisation boursiĂšre de Paris : 1.764,98 milliards dâeuros (au 30-11-2020)// Indice des prix (base 100 en 2015) : 104,51 en novembre 2020 // Taux de chĂŽmage (BIT) : 9 % au 3e trimestre 2020 // Dette publique : 2.638,3 milliards dâeuros au 2e trimestre 2020
= Les chiffres de lâĂ©conomie
Transmission poussivecrible
EN VUE
David B. Robbins
M ark Zuckerberg a beau avoirquelque deux milliards dâamis,ceux-ci ne suffiront peut-ĂȘtre
pas Ă le protĂ©ger de ses ennemis. Ceux-lĂ sont beaucoup moins nombreux mais, hĂ©las pour lui, ils sont aussi bien plus puissants. Le gendarme de la concurrence amĂ©ricain (FTC : Federal Trade Commis-sion) sâest liguĂ© avec les procureurs gĂ©nĂ©-raux de 46 Etats. Ils demandent Ă la justicede forcer le rĂ©seau social Ă se sĂ©parer de WhatsApp et Instagram, ses deux filiales devenues ses pĂ©pites. RevoilĂ la justice amĂ©ricaine revenue au temps du dĂ©mantĂš-lement dâATT avec la naissance en 1984 des Baby Bells et, plus loin encore en, 1911, ladispersion de la Standard Oil. Mark Zuc-kerberg a pris la place de John D Rockefel-ler et câest David B. Robbins, directeur de la Federal Trade Commission, qui tient le glaive antitrust. Il accuse Facebook dâavoir Ă©touffĂ© la compĂ©tition en rachetantces deux start-up devenues des gĂ©antes : « Facebook sâest engagĂ© dans une stratĂ©gie
systĂ©matique visant Ă Ă©liminer ce qui menace son monopole. » Facebook hurle au « rĂ©visionnisme ». Instagram est lâappli-cation de photos oĂč lâon expose sa vie en rose, celle de Mark risque de sâassombrir. Voici David B. Robbins, directeur opĂ©ra-tionnel, son prĂ©sident Joseph Simons, et toute son organisation, sĂ»rs dâĂȘtre occupĂ©spendant des annĂ©es, peut-ĂȘtre mĂȘme plus longtemps que les poursuites qui acca-blent Nicolas Sarkozy. Robbins connaĂźt bien les agences de rĂ©gulation. DiplĂŽmĂ© en droit et en informatique, il a commencĂ©par passer quinze ans dans le privĂ© commeavocat et comme manager dans le secteur de la technologie, avant de rejoindre le ser-vice public. Il a fait des allers-retours entre la FTC quâil dirige depuis 2013 et la Com-mission fĂ©dĂ©rale des communications. La communication câest avec Facebook et les Gafam quâil va falloir la rĂ©tablir.
(Lire nos informationsPages 15 et 27
La Bourse de Paris Ă lâĂ©quilibre
âą La Bourse de Paris nâa quasiment pas bougĂ© jeudi, les investisseurs accueillant sans enthousiasme les annonces de la Banque centrale europĂ©enne. Lâindice CAC 40 a pris 0,05 %, Ă 5.549,65 points. Il avait perdu 0,25 % la veille. Si Ă Londres le FTSE 100 a gagnĂ© 0,54 %, Ă Franc-fort le DAX a cĂ©dĂ© 0,33 %. La BCE a pourtant pris les mesures qui Ă©taientattendues, mais lâabsence de sur-prise a déçu les marchĂ©s. Dâautant que lâinstitut monĂ©taire sâest montrĂ©trĂšs prudent sur le rythme de la reprise en Europe. Les incertitudes autour du Brexit ont aussi pesĂ© sur le moral. Londres et Bruxelles se sont donnĂ© une derniĂšre chance dâaboutir dâici Ă dimanche.
Du cĂŽtĂ© des valeurs, Total a prisla tĂȘte du CAC 40. PortĂ© par la hausse des cours du brut (le baril debrent a dĂ©passĂ© les 50 dollars pour la premiĂšre fois depuis mars), le groupe pĂ©trolier sâest adjugĂ© 2,09 %.A l s t o m (+ 1,58 %) et O r a n g e(+ 0,98 %) complĂštent le podium. Peugeot, qui a vu les actionnaires familiaux accroĂźtre leur participa-tion de 2 % mercredi, a gagnĂ© 0,19 %.
Le secteur bancaire nâa pasprofitĂ© de lâannonce dâune exten-sion des financements Ă taux nĂ©ga-tifs de la banque centrale. Lanterne rouge du CAC 40, SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©-rale a perdu 3,25 %. BNP Paribasa reculĂ© de 2,44 % et CrĂ©dit Agri-cole SA de 0,91 %.
BUSINESS STORY / CULTURE / STYLE / ... ET MOI
N°240.SUPPLĂMENTAUN°23346DUQUOTIDIEN«LES
ĂCHOS»DES
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BRE2020.NEPEUTĂTREVENDUSĂPARĂM
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JOAILLERIEBijoux et BD:le bon accord
ALIMENTATIONLe saumon en voiede réhabilitation
SANTĂParkinson,
lâoubliĂ©e du Covid
LES NOUVEAUX DĂFIS DE SAFRANEn janvier, le motoriste des Airbus change de patron, en pleinesturbulences sanitaires. Un joyau industriel français confiantdans sa capacitĂ© Ă surmonter la crise qui frappe lâaĂ©rien.
CodeEtudeACPM
A LA POURSUITE DU RĂVE
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Disponible sur samsung.comDAS Galaxy Z Fold2 tĂȘte : 0,859 W/kg, tronc : 1,453 W/kg, membres : 2,89 W/kg. DAS Galaxy Z Flip 5G tĂȘte : 0,799 W/kg, tronc : 1,451 W/kg, membres : 1,79 W/kg. ImagesdâĂ©crans simulĂ©es. Visuels non contractuels. Lâutilisation dâun kit mains libres est recommandĂ©e. RĂ©seau 5G bientĂŽt disponible en France. Google Duoest unemarque dĂ©posĂ©e de Google LLC. Samsung Electronics France - CS2003 - 1 rue Fructidor - 93484 Saint-Ouen Cedex. RCS Bobigny 334 367 497. SAS aucapital de 27 000 000 âŹ.
LES ECHOS WEEK-END â 9
SOMMAIRE 11 DĂCEMBRE 2020
12 ESPRIT WEEK-END
22 LE DIMANCHE IDĂAL DEâŠla romanciĂšre anglaise Sophie Kinsella.
BUSINESS STORY
25 EN COUVERTURE :COMMENT SAFRAN RĂSISTE AU MAL DE LâAIRLe 1er janvier, Philippe Petitcolin cĂ©derales manettes Ă Olivier Andries, aprĂšs avoirpilotĂ© le fleuron aĂ©ronautique au traversdâune crise aussi violente quâinattendue.Les dĂ©fis Ă relever restent de taille.
34 PHILIPPE CORROT, UNE RĂUSSITEQUI NâA RIEN DU MIRACLECe pionnier duWeb autodidacte a donnĂ©le jour Ă la dixiĂšme licorne française, Mirakl.
40 UN DIRECTEUR TRĂS ROCK Ă LA SANTĂLes clefs de la cĂ©lĂšbre prison sont auxmainsdu dĂ©coiffant Bruno ClĂ©ment-Petremann. 64 QUAND LA MUSIQUE REJOUE SES SUCCĂS
Morceaux inédits, pépites retrouvéeset albums cultes font le sel des rééditions.
STYLE
67 DES CAILLOUX ET DES BULLESObjets de vols rocambolesques, trésorscachés, pierres magiques... les bijouxbrillent dans la bande dessinée commeautant de joyaux scénaristiques.
75 BON CRU DE BORDEAUXLa montre Code 11.59 dâAudemars Piguet.
76 MODE LA TRĂS INFLUENTE REI KAWAKUBOLa crĂ©atrice de Comme des GarçonssâapprĂȘte Ă ouvrir Ă Paris un espace dĂ©diĂ©au travail de jeunes designers.
78 DE CATHERINE DE MĂDICIS Ă COCO CHANELDans un chĂąteau de Chenonceau dĂ©sert,le dĂ©filĂ© des MĂ©tiers dâart de Chanel sâestmuĂ© en expĂ©rience purement numĂ©rique.
79 TOP MOUMOUTEVeste en cachemire Loro Piana.
80 (PETIT) COMITĂ DES FĂTESIdĂ©es cadeaux de derniĂšre minute.
84 GOĂT
86 RELĂVE ASSURĂELa Corolla, douziĂšme gĂ©nĂ©rationet 100% hybride.
87 ENCEINTE ZENUn boĂźtier connectĂ© qui met de lâhuile(essentielle) dans la musique.
âŠETMOI
89 PARKINSON, CETTE GRANDE OUBLIĂELe confinement a durement affectĂ© lesmalades de cette pathologie trop souventmĂ©connue. Mais la recherche progresseâŠ
94 DĂLICES DâINITIĂS
Olivier Andries, bientĂŽt dansle siĂšge du pilote chez Safran.
POUR ALLER PLUS LOINSUR LESECHOS.FR/WEEKENDâ Notre podcast sur les dĂ©fis qui attendent SafranĂ la veille de son changement de patron.
â Musique : le best-of des coffrets Ă offrir pour NoĂ«l.â Une sĂ©lection des plus grands filmsqui parlent de la planĂšte.
â Les meilleurs jeux vidĂ©o pour petits et grands.
46 LE SAUMON REMONTE LE COURANTLe poisson, roi des tables de fĂȘtes, tentedâen finir avec lâindustrialisation Ă outrance.
52 EMER COOKE, GENDARME EUROPĂENDES VACCINS SOUS PRESSIONRudes dĂ©buts pour la nouvelle patronnede lâAgence europĂ©enne des mĂ©dicaments.
54 WIZZ AIR AU SEPTIĂME CIELComment la compagnie low cost dâoriginehongroise nargue les majors de lâaĂ©rien.
CULTURE
57 LE CINĂMA PASSE AU VERTEntre prise de conscience Ă©cologique etbouleversements induits par la pandĂ©mie,lâindustrie du septiĂšme art vit un tournant.
96 BIEN-ĂTREAlimentation: plaisir, goĂ»t et santĂ© aumenu.
98 CLAP DE FINLa chronique de Marc Dugain.
MANUELBRAUNPOURLESECHOSWEEK-END
CLU
BFOTO/GETTY/ISTOCK
ILLU
STRATION:CAROLEBARRAUDPOURLESECHOSWEEK-END
LES ECHOS WEEK-END â 11
La belle aventure industrielle de Safran repose sur unesomme de paradoxes. Le plus important tient Ă ce qui futpendant des dĂ©cennies la source de son Ă©clat : le moteurCFM56, le plus vendu aumonde dans sa catĂ©gorie, qui aĂ©quipĂ© plusieurs gĂ©nĂ©rations aussi bien de Boeing quedâAirbus. La prouesse avait Ă©tĂ© rendue possible, dans lesannĂ©es 1970, par la crĂ©ation dâune sociĂ©tĂ© en joint-ventureentre Snecma, un groupe public, et General Electric,Ă lâĂ©poque prototype de la firme privĂ©e amĂ©ricaine Ă succĂšs. Ă cette naissance paradoxale, sâajoute le fait quâĂ la manĆuvre dans cette collaboration franco-amĂ©ricaine,exceptionnelle Ă tous points de vue, se trouvait un grandpatron gaulliste, RenĂ© Ravaud, devenu une lĂ©gende danslâaĂ©ronautique. Sous la prĂ©sidence de Georges Pompidou,soutien dĂ©terminĂ© du projet, Jacques Chaban-Delmaset ValĂ©ry Giscard dâEstaing y avaient chacun apportĂ©leur pierre, confiant Ă Simon Nora, lâun des plus brillantstechnocrates de la pĂ©riode, lâinstruction du dossier.De lâautre cĂŽtĂ© de lâAtlantique, la nĂ©gociation remontajusquâĂ Richard Nixon et se heurta pendant longtempsĂ lâopposition rĂ©solue du Pentagone. MalgrĂ© tant de fĂ©esĂ©tatiques penchĂ©es sur son berceau, lâentreprise a puau fil des ans sâextirper de la sphĂšre publique (avec unepart de lâEtat au capital rĂ©duite Ă 11%), et constituedĂ©sormais un fleuron de la haute technologie française.Ses performances spectaculaires en Bourse au coursde la dĂ©cennie passĂ©e en tĂ©moignent. Et pourtant ce poidslourd de notre industrie garde fortement ancrĂ©s les traitsde notre culture nationale, avec des syndicats puissantset remuants, ainsi quâune histoire managĂ©riale complexe,Ă la fois plutĂŽt endogĂšne et sujette Ă de frĂ©quentes luttesde pouvoir. Mais le plus Ă©tonnant de tous ces paradoxes,câest que ce trĂ©sor stratĂ©gique pour la France semblesi peu reconnu comme tel par les Français.Henri Gibier
TRĂSOR CACHĂ
ĂDITO 11 DĂCEMBRE 2020
ILLU
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ROSELIER
ENCOUVERTURE:M
ANUELBRAUNPOURLESECHOSWEEK-END
Directeur de la publication,président de la SAS Les Echos :Pierre LouetteDirecteur des rédactions : Nicolas Barré
RĂDACTION
Directeur : Henri Gibier (7249)Directeur de crĂ©ation :Fabien Laborde (7273)Assistante : Maria Lopez-Pissarra (7325)RĂ©dacteurs en chef :Laura Berny (7166),Karl De Meyer (7219)Mariana Reali (7335)RĂ©dacteur en chef adjoint :Claude Vincent (7361)Chef dâĂ©dition :Anne-Sophie Pellerin (7322)Directrice artistique :CĂ©cile Texeraud (7354)Directrice artistique adjointe :Alice Lagarde (7276)Chef de service photo :Jany Bianco-Mula (7170)Conseiller Ă©ditorial : Daniel Fortin (7240)ConseillĂšre Ă©ditoriale et directrice mode :BĂ©line DolatRĂ©daction : Philippe Chevilley (7192)(chef de service), Florence Bauchard(7162), Isabelle Lesniak (7290), StefanoLupieri (7295) (chefs de rubrique),Pierre de Gasquet (7215) (grand reporter)Editrice Web : CĂ©cilia Delporte (7218)Edition : VĂ©ronique Broutard (7183),Emmanuelle Chabert (7187),Annette Lacour (7275)Maquette : Christine Liber (7291)Service photo : ClĂ©mentine Neupont(7317), Constance Paindavoine (7320)Infographies : service infographiedes «Echos »Documentation : Anne Flateau (7239)Ont collaborĂ© Ă ce numĂ©ro :JĂ©rĂŽme Berger, Jessica Berthereau,Philippe Bertrand, Philippe Besson, LeĂŻlaBeyler, Ludovic Bischoff, AudeBlanchard-Dignac (maquette), SarahBraeck, Frank Declerck, SabineDelanglade, Marc Dugain, Astrid Faguer,Romin Favre, CĂ©dric FrĂ©our, EmmanuelGrasland, Laurent Guez, VĂ©roniqueLe Bris, Gabrielle de Montmorin, AlicedâOrgeval, Jean-Francis PĂ©cresse,RaphaĂ«l Sachetat, Philippe Venturini.
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Les Echos Le Parisien MédiasTél. : 01 87397800Présidente : Corinne MrejenDirecteur général :Philippe Pignol (8311)Directrice adjointe du pÎle Lifestyle :Sophie Chartier (7501)Directeur du pÎle Réseaux, Internationalet Régions : Nicolas Grivon (7526)Pour obtenir votre correspondant,composez le 01 87 39 suivides quatre chiffres entre parenthÚses.
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Les Echos Week-End est une publicationhebdomadaire du Groupe Les Echos.ISSN 2430-7599. CPPAP 0421 C 83015.DépÎt légal : décembre 2020
Un catalogue Google de 36 p et 88 g estassemblĂ© Ă ce numĂ©ro sur lâensemble desabonnĂ©s.
Principal associĂ© : Ufipar (LVMH)PrĂ©sident-directeur gĂ©nĂ©ral :Pierre LouetteDirectrice gĂ©nĂ©rale PĂŽle Les Ăchos :BĂ©rĂ©nice LajouanieDirecteur dĂ©lĂ©guĂ© : Bernard Villeneuve
En janvier, OlivierAndries arrive auxcommandes de Safran,le motoriste des Airbus,dans un contexte aussiviolent quâinattendu.
LES ECHOS WEEK-END â 25
BUSINESS STORY11 DĂCEMBRE 2020
COMMENTSAFRAN RĂSISTEAU MAL DE L'AIRPar Emmanuel GraslandPhotographe: Manuel Braun
Dans lâusine Safrande Villaroche(Seine-et-Marne),oĂč sont fabriquĂ©sles moteurs Leap.
Andries
BUSINESS STORY / CULTURE / STYLE / ... ET MOI
N°240.SUPPLĂMENTAUN°23346DUQUOTIDIEN«LES
ĂCHOS»DES
11ET
12DĂCEM
BRE2020.NEPEUTĂTREVENDUSĂPARĂM
ENT.5,50
âŹ
CodeEtudeACPM
JOAILLERIEBijoux et BD:le bon accord
ALIMENTATIONLe saumon en voiede réhabilitation
SANTĂParkinson,
lâoubliĂ©e du Covid
LES NOUVEAUX DĂFIS DE SAFRANEn janvier, le motoriste des Airbus change de patron, en pleinesturbulences sanitaires. Un joyau industriel français confiantdans sa capacitĂ© Ă surmonter la crise qui frappe lâaĂ©rien.
CodeEtudeACPM
LES ECHOS WEEK-END â 57
CULTURE11 DĂCEMBRE 2020
LE CINĂMAPASSE AU VERT
Tournagedâeffets spĂ©ciaux
sur fond vert.
Par VĂ©ronique Le Bris
EVERETTCOLLECTION/ABACA
LES ECHOS WEEK-END â 67
11 DĂCEMBRE 2020
STYLE
Bianca Castafiore,le célÚbre
personnage créépar Hergé en 1938.
DES CAILLOUXET DES BULLESAu-delà de leurs formesgraphiques, les bijouxoffrent de parfaits scenariiaux auteurs de BD. Entrevols rocambolesques,trésors cachés et pouvoirdes pierres, ils brillentdans le neuviÚme art.
Par Gabrielle de Montmorin
HERGĂ/MOULINSARTâ2020
Castafiore,le célÚbre
personnage crééenen 1938.1938.
LES ECHOS WEEK-END â 89
11 DĂCEMBRE 2020
ETMOIâŠ
PARKINSON,CETTE GRANDE
OUBLIĂEJessica Berthereau
Illustration: Cristina SpanĂČ
12 â LES ECHOS WEEK-END
ESPRITWEEK-END11 DĂCEMBRE 2020
L'AGENDA TĂLĂ
« ALEX VIZOREK EST UNE DERNIĂRE FOISUNEĆUVRE DâART ! »Lâart dâen rireLe talent dâAlex Vizorek est de rĂ©ussir Ă nousfaire rire tout en distillant une foultitudedâanecdotes que lâon nâhĂ©sitera pas Ă ressortir Ă latable du rĂ©veillon! Lâhumoriste belge dĂ©cortiqueles grands courants de lâart contemporain maisaussi du cinĂ©ma pour pointer du doigt des dĂ©tailsabsurdes ou incongrus sur des Ćuvres et desartistes que lâon croyait connaĂźtre. Pour laderniĂšre de son spectacle, il est entourĂ© dâinvitĂ©squi font pĂ©tiller la culture avec un humour belgeauquel on devrait consacrer unmusĂ©e!Vendredi 11 dĂ©cembre Ă 22 h 30 sur France 5.
DISTRICT ZCourses de zombiesGrosse attente pour District Z, le nouveau jeude TF1 dont on parle depuis des annĂ©es etqui sera enfin diffusĂ© Ă lâantenne ce week-end.CrĂ©ation 100% française produite par Arthur, cejeu, fusion entre Koh-Lanta (pour lâaction), unescape game (pour les Ă©nigmes Ă rĂ©soudre) etun film dâhorreur (pour la mise en scĂšne Ă basede zombies coursant des vedettes), est prĂ©sentĂ©par Denis Brogniart. Objectif : concurrencer la
rĂ©fĂ©rence du genre quâest Fort Boyard surFrance 2. En cette annĂ©e de confinement, voirdes gens tenter de sâĂ©vader dâune zone closehorrifique devrait parler au plus grand nombre !Vendredi 11 dĂ©cembre Ă 21 h 05 sur TF1.
« LE VOL DU BOLI »LâAfrique au ChĂąteletSuper spectacle «crossover», Le Vol du BoliĂ©voque lâhistoire de lâAfrique et de ses rapportsavec lâEurope du XIIe siĂšcle Ă ce jour. UnecrĂ©ation de 90 minutes signĂ©e de la pop star
Damon Albarn (Blur, GorillazâŠ) et du cinĂ©astemauritanien Abderrahmane Sissako, avec dansle principal rĂŽle fĂ©minin lâimmense chanteuseFatoumata Diawara. Cette comĂ©die musicalesinguliĂšre, qui marie pop et world music,fable, histoire et politique, a Ă©tĂ© enregistrĂ©eau ChĂątelet juste avant le confinement. Elleest diffusĂ©e en prime time sur la tĂ©lĂ© publiquedans le cadre de la saison Africa 2020.Vendredi 11 dĂ©cembre Ă 20 h 50 sur France 5.
« COMMENT LE CHIEN A CONQUIS LE MONDE »Ode canineEn plus dâĂȘtre fidĂšle, le chien a toujours Ă©tĂ©le plus utile des compagnons. Ce documentairede Jean-Baptiste Erreca nous apprend commentlâhomme a domestiquĂ© les premiers loupsil y a 15000 ans pour crĂ©er plus de 400 racesde chiens, une diversitĂ© unique au sein dâunemĂȘme espĂšce. Et comment le chien lui a Ă©tĂ©prĂ©cieux pour chasser et se protĂ©ger. Bref,lâopposĂ© de son fĂ©lin de coloc, vous savez,cette indolente boule de poils qui ronronnetoute la journĂ©e prĂšs du radiateur !Samedi 12 dĂ©cembre Ă 22 h 25 sur Arte.
Lâhumoriste belgeAlex Vizorek donne
sur France 5la derniĂšre dâun
spectacle quia connu le succĂšssur scĂšne pendantprĂšs de dix ans.
Damon Albarn et Abderrahmane Sissakosignent une comédie musicale singuliÚre.
Au dĂ©butĂ©taitle loupâŠ
« LES GALETTES DE PONT-AVEN »Lâorigine du monde selon MarielleĂ quoi reconnaĂźt-on un film culte? Sans douteĂ un acteur inspirĂ© qui nâa pas peur de se mettreen danger, comme Jean-Pierre Marielle devantla camĂ©ra de JoĂ«l SĂ©ria. Dans Les Galettesde Pont-Aven, il incarne un reprĂ©sentanten parapluies dans la France de la fin des TrenteGlorieuses qui tente dâĂ©chapper Ă sa morne vieen sâadonnant Ă la peinture et en tombantdâextase devant le corps des femmes quimontent dans sa petite chambre dâhĂŽtel deprovince. Sublime Marielle montrant ses fĂȘlureset dĂ©clamant maladroitement ses sentiments.Dimanche 13 dĂ©cembre Ă 21 h 05 sur C8.Ludovic Bischoff L
ACOMPAGNIEDESINDES
ONEPLANET
HELENEPAMBRUN
14 â LES ECHOS WEEK-END
ESPRIT WEEK-END
L'AGENDA SPECTACLES
« LA PLUS PRĂCIEUSE DES MARCHANDISES »AU ROND-POINTLe conte de GrumbergLe thĂ©Ăątre reprend ses droits au Rond-Pointavec un spectacle triste, beau et drĂŽle commeun conte de fĂ©es. La Plus PrĂ©cieuse desmarchandises, câest cette petite fille de la tribudes «sans-cĆur» jetĂ©e dâun train en 1942 etrecueillie par un Pauvre BĂ»cheron et unePauvre BĂ»cheronne⊠Jean-Claude Grumberg(auteur) et Charles Tordjman (metteur en scĂšne)se retrouvent pour cette fable chargĂ©e dâhistoire.Paris, thĂ©Ăątre du Rond-Point, 15 dĂ©cembreau 3 janvier. TĂ©l. : 01 44 95 98 21.
TCHEKHOV ET FEYDEAU Ă LâATELIERAntistressLes deux spectacles phares de lâautomne sontĂ lâaffiche du thĂ©Ăątre de lâAtelier, en alternancepour tenir compte du couvre-feu. Crise de
nerfs. Trois farces de Tchekhov, dans une miseen scĂšne grinçante de Peter Stein, donne Ă voirun JacquesWeber colossal. On purge bĂ©bĂ©de Feydeau, revu et interprĂ©tĂ© en chansonspar lâirrĂ©sistible Ămeline Bayart, offre unegrande bouffĂ©e de dĂ©lire comique antistress.Paris, thĂ©Ăątre de lâAtelier, du 18 dĂ©cembreau 31 janvier et du 19 dĂ©cembre au 3 janvier.TĂ©l. : 01 46 06 49 24.
« UNE HISTOIRE DâAMOUR » Ă LA SCALA PARISMichalik revientLa Scala Paris rouvre ses portes avec son «tube»de 2020:Une histoire dâamour, le mĂ©lo modernedâAlexis Michalik (le 19 dĂ©cembre). DrĂŽle,Ă©mouvant, le dernier prodige de lâartiste surdouĂ©est interprĂ©tĂ© par une troupe virtuose. Aumenudu thĂ©Ăątre du boulevard de Strasbourg, dâautresreprises: LâArt du rire de Jos Houben (le 20),Embrase-moi de Kaori Ito (le 22), Perte (le 23).Et un concert en ouverture, le 18: Anne QueffĂ©lecdans les trois derniĂšres sonates de Beethoven.Paris, La Scala, rĂ©ouverture le 18 dĂ©cembre.TĂ©l. : 01 40 03 44 30.
« LA SEPTIĂME VIE DE PATTI SMITH »AU THĂĂTRE 14Patti FerdaneLe ThĂ©Ăątre 14 prĂ©sente La SeptiĂšme Vie de PattiSmith, un spectacle performance de BenoĂźtBradel, tirĂ© du roman de Claudine GalĂ©a.Marie-Sophie Ferdane incarne Ă merveille cettejeune Marseillaise galvanisĂ©e par la dĂ©couverte
La Plus PrĂ©cieusedes marchandises,un conte fantastiqueglacĂ© dâhumour deJean-Claude Grumberg.
Jacques Weber dans Crise de nerfs. Bartabas et Tsar, cheval «couleur dâabĂźme».
de la star dans les annĂ©es 1970. Un passeportpour le rock et lâĂ©mancipation. Patti Ferdane joueet danse entourĂ©e de deuxmusiciens Ă©lectriques,dĂ©clame du Rimbaud, magnifie les odes de lapoĂ©tesse new-yorkaise. Gloria⊠in excelsis deo !Paris, ThĂ©Ăątre 14, du 15 au 19 dĂ©cembre.TĂ©l. : 01 45 45 49 77.
« BOULE Ă NEIGE » Ă LA VILLETTELet it snow!Avec son mini-dĂ©cor et ses flocons scintillants,la boule Ă neige est peut-ĂȘtre le plus petit thĂ©Ăątredu monde. Homme de thĂ©Ăątre singulier,Mohamed El Khatib propose avec lâhistorienPatrick Boucheron de nous raconter les histoireset les rĂȘves engloutis dans ces univers liquides.EntourĂ©s dâune collection de ces prĂ©cieux objetskitsch, ils vont jouer les conteurs-anatomistesau milieu du public installĂ© sur un gradincirculaire, dans la Grande Halle de la Villette.Paris, La Villette, du 15 au 29 dĂ©cembre, dans lecadre du Festival dâautomne. TĂ©l. : 01 53 45 17 17.
BARTABAS EN DUO Ă AUBERVILLIERSLes deux tsarsBartabas va pouvoir reprendre ses Entretienssilencieux avec son grand cheval «couleurdâabĂźme» dĂ©nommĂ© Tsar. Les aficionados dusublime Ă©cuyer communieront pendant un peuplus dâune heure avec lâhomme et lâanimal,dans lâenceinte du thĂ©Ăątre Ă©questre ZingarodâAubervilliers. Un duo intime, pudique,subtilement acrobatique, portĂ© par le dispositifsonore imaginĂ© par Manuel Poletti et lâIrcam.Aubervilliers, thĂ©Ăątre Zingaro, du 16 dĂ©cembreau 3 janvier, dans le cadre du Festival dâautomne.TĂ©l. : 01 53 45 17 17. Philippe ChevilleyAgenda sous rĂ©serve dâune prolongation du confinement.
ANTOINEDESAINTPHALLE
FRANCKFOKERMAN64CRUEDEMONTREUIL78000VERSAILLES0685138450
THE
Le plaisir de conduire
Consommations en cycle mixte de la Nouvelle BMW SĂ©rie 2 Gran CoupĂ© selon motorisations : 4,6 Ă 7,5 l/100 km.Ămissions de CO2 : 120 Ă 172 g/km en cycle mixte selon la norme WLTP.BMW France, S.A. au capital de 2 805 000 ⏠- 722 000 965 RCS Versailles - 5 rue des HĂ©rons, 78180 Montigny-le-Bretonneux.
16 â LES ECHOS WEEK-END
ESPRIT WEEK-END
LâAGENDA DES EXPOSITIONS
GIORGIO MORANDI Ă GRENOBLEBeautĂ© immobileLe MusĂ©e de Grenoble expose un ensembledâeaux-fortes et dâaquarelles de GiorgioMorandi, lâun des grands peintres de lâItaliedu XXe siĂšcle, maĂźtre de la nature morte,connu pour son quotidien monacal,confinĂ© quâil fut tout au long de sa viedans son atelier de Bologne. Un hymneĂ lâimmobilitĂ© et Ă ses vertus. DĂšsle dĂ©confinement et jusquâau 14 mars,www.museedegrenoble.fr
PHOTO DAYS Ă PARISLa photo reprend la poseLâĂ©dition mort-nĂ©e du mois de la photose rattrape dĂšs ce week-end grĂące auparcours de Photo Days : expos,signatures, confĂ©rences dans plus de40 galeries et institutions parisiennes.Ă voir dĂšs dimanche, chez Jean-KentaGauthier, dans le VIe arrondissement,les photos de RaphaĂ«l Dallaporta qui
a capturĂ© chaque jour durant une annĂ©e lâimagedu soleil au sol, rĂ©vĂ©lant au bout sa courbeen huit. Et dĂšs le dĂ©confinement, le retourde la splendide expo «Man Ray et la mode»au musĂ©e du Luxembourg. Jusquâau 6 fĂ©vrier.www.photodays.paris
BRIGA, UNE VILLE OUBLIĂE Ă ROUENQuand la Normandie Ă©tait romaineEnfouis sous la forĂȘt pendant plus dâunmillĂ©naire, les vestiges de la ville antiquede Briga, non loin dâEu, rĂ©vĂšlent leurssecrets, au fil des fouilles. En tĂ©moigne«Briga, renaissance dâune ville oubliĂ©eȈ partir du 26 dĂ©cembre au musĂ©e desAntiquitĂ©s de Rouen. La dĂ©couverterĂ©cente, Ă partir de 2006, dâune vĂ©ritableagglomĂ©ration sur 65 hectares, est iciexposĂ©e pour la premiĂšre fois.Jusquâau 8 mars.museedesantiquites.fr
Le peintre GiorgioMorandi, dans sonatelier Ă Bologne(Italie), en 1953.
Sans titre,sculpture en bois
de Mihai Olos (1988),Ă voir au Mucem.
FOLKLORE Ă MARSEILLELâenvers du clichĂ©Le folklore est-il rĂ©trograde? Bien au contraire,comme le montre cette nouvelle exposition duMucem. Une sĂ©lection de 360Ćuvres et objetsqui invite Ă rĂ©flĂ©chir sur le lien entre avant-gardeet folklore. Le propos sâappuie notamment surde grands noms tels Kandinsky, Brancusi, SophieTaeuber-Arp, tous inspirĂ©s Ă unmomentde leur vie par ce «savoir du peuple».DĂšs le dĂ©confinement et jusquâau 22 fĂ©vrier.www.mucem.org
NOĂL AU LOUVRELe musĂ©e tous ensembleLe Louvre revient en force avec un beauprogramme de visites et dâactivitĂ©s pourles enfants pendant les vacances. En accĂšs libre(visite guidĂ©e de 20 minutes sur une dizainede thĂ©matiques, rĂ©cit dâun conte, dĂ©couverteavec un plasticien des secrets de fabricationde Rubens) ou bien sur rĂ©servation. Ainsi,chaque jour Ă 15h00, est proposĂ©e une visitedes galeries sur le thĂšme des animaux, de la viequotidienne ou des hĂ©ros. Sans oublier lâexpoincontournable du moment, pour toutela famille Ă©galement : «Le Corps et lâĂme,de Donatello Ă Michel-Ange, sculpture italiennede la Renaissance».www.louvre.frAlice dâOrgevalAgenda sous rĂ©serve dâune prolongation du confinement. H
ERBERTLIST/MAGNUMPHOTOS
NICUILFO
VEANU/COURTESYOLO
SESTATEANDPLANBCLU
J,BERLIN
ĂTIENNEMANTE/DRAC-NORMANDIE
Statuette de Mercure, débutdu Ier siÚcle avant notre Úre,découverte sur le site de Briga.
18 â LES ECHOS WEEK-END
ESPRIT WEEK-END
L'AGENDA POLARS D'AILLEURS
« LIRE LES MORTS », DE JACOB ROSSCĆurs caraĂŻbesLâaction se dĂ©roule Ă Camaho, caillou fictifde lâarchipel caribĂ©en, mais il nâest pas difficilede reconnaĂźtre en filigrane la Grenade oĂč estnĂ© lâauteur, dĂ©sormais installĂ© en Angleterre.HantĂ© par le meurtre de sa mĂšre lors dâĂ©meutesqui ont secouĂ© lâĂźle plusieurs annĂ©es auparavant,Michael Digson accepte lâoffre dâemploi ducommissaire de San Andrews contre la garantiede pouvoir enquĂȘter sur son affaire personnelle.Il poursuit en parallĂšle une investigationĂ haut risque sur de multiples disparitions dansla rĂ©gion. Premier roman du poĂšte traduit enfrançais, ce tome inaugural dâun quartet envoĂ»tepar son atmosphĂšre lancinante et passionnepar la rĂ©alitĂ© quâil dĂ©crit, notamment lâinfluencedes sectes et les tensions raciales.Traduit de lâanglais (Grenade)par Fabrice Pointeau, Sonatine, 360 p., 21 âŹ.
« LA PROIE », DE DEON MEYERLe crime du Rovos ExpressOn connaissait le crime de lâOrient-ExpressdâAgatha Christie, on va dĂ©sormais compteravec le meurtre du Rovos de Deon Meyer.Pour sa septiĂšme aventure, le duo de chocBenny Griessel-Vaughn Cupido enquĂȘte sur uncrime perpĂ©trĂ© dans le train « le plus luxueuxdu monde» qui relie Pretoria au Cap, en Afrique
du Sud, pour le bonheur des touristes fortunĂ©s.Le corps dâun ancien membre des servicesde police, reconverti en garde du corps de luxe,a Ă©tĂ© balancĂ© par la fenĂȘtre dâun wagon.MalgrĂ© les pressions en haut lieu, les Hawksne lĂącheront pas cette sale affaire qui impliquedes tueurs russes, les services secretssud-africains, lâex-prĂ©sident milliardaireet ses protĂ©gĂ©s indiens.Traduit de lâafrikaans par Georges Lory,Gallimard, 568 p., 18 âŹ.
« LE PLONGEUR », DE MINOS EFSTATHIADISLe PĂ©loponnĂšse en eaux troublesLe hĂ©ros, dĂ©tective privĂ© Ă©migrĂ© Ă Hambourg,se fait tantĂŽt appeler Chris Papas, tantĂŽtChristos Papadimitrakopolos en fonction deses interlocuteurs, des oreilles qui lâĂ©coutentet des bouches quâil veut dĂ©lier. Pas faciledâassumer ses origines quand on a un pĂšregrec et une mĂšre allemande, surtout dansun PĂ©loponnĂšse traumatisĂ© Ă la fois parles horreurs de la Seconde Guerre mondialeet la cure dâaustĂ©ritĂ© actuelle imposĂ©e par uneUnion europĂ©enne insensible aux difficultĂ©sde ses Ătats-membres. LâenquĂȘte de Christosest Ă la fois une quĂȘte identitaire et une plongĂ©edans le douloureux passĂ© dâun pays trĂšs loinde la carte postale estivale.Traduit du grec par Lucile Arnoux-Farnoux,Actes Sud, 208 p., 21 âŹ.
Des tropiquesau cerclepolaire,cinq sombresaffaires fortdépaysantes.
Le Norvégien Heine Bakkeid.
« LâAMANT DE JANIS JOPLIN »,DâELMER MENDOZALâargot des narcosDans le Triangle dâor de la marijuana, le Sinaloa,David, jeune homme trop naĂŻf, est capablede tuer un liĂšvre dâun lancer de pierre mais pasde repĂ©rer les filles interdites, chasse gardĂ©e destrafiquants. Une bagarre qui tournemal lors dâunbal de village le force Ă sâexiler Ă Los Angeles,oĂč il est dĂ©niaisĂ© par une «Janis Joplin» dontil tombe Ă©perdument amoureux. DĂšs lors, toutesa vie sera consacrĂ©e Ă retrouver la rockeuseplutĂŽt quâĂ se mĂ©fier des redoutables baronsde la drogue. Une tragicomĂ©die rocambolesquecolorĂ©e par lâargot des narcotrafiquants.Traduit de lâespagnol (Mexique)par François Gaudry, MĂ©tailiĂ©, 240 p., 19,80 âŹ.
« TU ME MANQUERAS DEMAIN »,DE HEINE BAKKEIDPsychose polairePremier roman traduit en français dâuncompatriote quadragĂ©naire de Jo NesbĂž, cepremier tome de la trilogie «Thorkild Aske»met en scĂšne un ex-flic Ă la dĂ©rive, pointantau chĂŽmage Ă sa sortie de prison. Accroaux mĂ©docs, constipĂ© chronique, rongĂ©par la culpabilitĂ© dâavoir Ă©crasĂ© une femme,le malheureux se voit confier par son psyune affaire susceptible de le remettre en selle :retrouver, dans une Ăźle de lâextrĂȘme nord dela NorvĂšge, au-delĂ du cercle polaire, un fils Ă papa apparemment disparu en mer. Un thrillertorturĂ©, dĂ©paysant Ă souhait, aux Ă©tonnantesdigressions fantastiques.Traduit du norvĂ©gien par CĂ©line Romand-Monnier,Les ArĂšnes, 464 p., 20,90 âŹ. Isabelle Lesniak
GETTYIMAGES/ISTOCK
HARRIETMOLSEN
DR
20 â LES ECHOS WEEK-END
ESPRIT WEEK-END
AGENDA COFFRETS MUSIQUE CLASSIQUE
SAMSON FRANĂOIS COMPLETE RECORDINGSLe chic souverainDisparu Ă 46 ans, usĂ© par une vie de bohĂšme,Samson François (1924-70) Ă©tait lâarchĂ©typede lâartiste romantique: imprĂ©visible, tourmentĂ©,lâesprit vagabond, mais la mise impeccable.Sa fausse dĂ©sinvolture le porte naturellementvers des formes courtes que Chopin, Debussyet Ravel ont marquĂ©es de leur empreinte.Samson François sây glisse avec une dextĂ©ritĂ©gourmande et un chic souverain.Aux enregistrements de studio, ce coffretajoute deux rĂ©citals et un documentaire rĂ©alisĂ©par son fils. Le piano en libertĂ©. Erato (54 CD+1 DVD)
MICHAEL TILSON THOMAS CONDUCTS IVESAmĂ©rique insoliteCharles Ives (1874-1954) Ă©tonne par la singularitĂ©de sa musique, mĂ©lange de romantismeet de modernitĂ© tumultueuse oĂč se superposentdes mĂ©lodies empruntĂ©es Ă la mĂ©moirecollective et des rythmes complexes.Sa Symphonie n° 4 emporte dans un rĂ©jouissantdĂ©luge sonore alors que The UnansweredQuestion fascine par son climat Ă©nigmatique.
Michael Tilson Thomas est le meilleur guidepour ce fascinant voyage vers une Amériqueinsolite. Sony Classical (4 CD)
WILHELM KEMPFF EDITIONLâAllemand lumineuxAllemand, Wilhelm Kempff (1895-1991) lâĂ©taitpar le rĂ©pertoire quâil dĂ©fendait le plus souvent,
Le pianiste Samson François,photographié en juillet 1961.
de Bach Ă Brahms en passant par Beethoven,Schubert et Schumann. Mais il ne figeait passon clavier dans un sĂ©rieux, un poids Ă laquellecĂ©daient certains de ses compatriotes. Sonpiano Ă©tait au contraire lumiĂšre, couleur,souplesse. Les doigts sur les touches et la tĂȘtedans les Ă©toiles, Wilhelm Kempff reste un destrĂšs grands poĂštes du piano du XXe siĂšcle.Deutsche Grammophon (80 CD)
ZEFIRO, THE MOZART COLLECTIONBons vents dâhiverDe la rue oĂč elle ordonnait le pas des militaireslamusique pour vents a pris du galon en sâinvitantchez les aristocrates. Aussi est-ce pour desensembles de hautbois, clarinettes, bassons etcors queMozart composa quelques chefs-dâĆuvreĂ redĂ©couvrir. Si les mouvements rapidessourient, les Ă©pisodes lents distillent mĂ©lancolieet de tendresse. Lâensemble Zefiro, qui joue surinstruments anciens, fait souffler sur ces pagesun air frais, dĂ©licat et parfumĂ©. Arcana (6 CD).
BEETHOVEN, THE COMPLETE SONATAS FORVIOLIN/VIOLONCELLO & PIANOĂlĂ©vation dâĂąmeIsabelle Faust et Jean-Guihen Queyrasse rĂ©unissent autour du piano dâAlexanderMelnikov dans les dix sonates pour violonet les cinq pour violoncelle. Ardent, mais aussimalicieux et contemplatif, leur BeethovenĂ hauteur dâhomme ne manque pourtantpas dâĂ©lĂ©vation dâĂąme. Et la prise de son,exemplaire de naturel, facilite les Ă©changes.Harmonia Mundi (6 CD).Philippe Venturini
LES 18 ET
21 DĂCEMBRE
CLAUDEPOIRIER/ROGER-VIOLLET
DR
RADIO
CLASSIQUE
RADIO CLASSIQUE FĂTE NOĂLDanse hongroise ou Ave Maria?Danse du sabre ou Il Ă©tait unefois dans lâOuest? Pour NoĂ«l, Radio Classique offre lâensembledans ses deux concerts, lâun Ă la Philharmonie de Paris, lâautreĂ lâAuditorium de Bordeaux. Le premier mobilise lâOrchestresymphonique de la Garde rĂ©publicaine, le chĆur de lâArmĂ©efrançaise et la MaĂźtrise des Hauts-de-Seine conduits parFrançois Boulanger avec Emmanuel Ceysson, harpe soloduMetropoltan Opera de New York. Le second rĂ©unitlâOrchestre national Bordeaux Aquitaine, son chef PaulDaniel, le violoniste Matthieu Arama et la jeune et la soprano Cyrielle Ndjiki Nya. Elgar,Offenbach, Chabrier, Gershwin, Falla partageront la scĂšne avec des traditionnels decirconstance. Retransmis en direct le 18 dĂ©cembre Ă 18h30 (Paris) et le 21 dĂ©cembre Ă 19h00(Bordeaux). Ces concerts seront ensuite disponibles en streaming sur radioclassique.fr
Un hommage aux tout premiers aviateurs et explorateursqui ont partagé leur histoire avec Longines.
PERPĂTUER LâESPRIT PIONNIER.
En 1935,Howard Hughes fut lâavia-teur le plus rapide du monde enĂ©tablissant son record de vitesse Ă 566 km/h. Cependant, ce qui rendlâhistoire de Hughes si particuliĂšre-ment impressionnante est quâilavait conçu lui-mĂȘme lâavion quâilpilotait. Hughes nâĂ©tait pas un piloteordinaire qui battait des recordsâil Ă©tait Ă©galement ingĂ©nieur aĂ©ro-nautique, homme dâaffaires etproducteur de films hollywoodiensĂ succĂšs. Son esprit combatif etson courage face au danger le pous-sĂšrent Ă aller au-delĂ de ses limites.Ă peine quelques annĂ©es plustard, Hughes fit le tour du monde.
Son pĂ©riple lui prit seulement3 jours, 19 heures et 14 minutesâŠEt bien sĂ»r, il fut lâhomme le plusrapide Ă accomplir cet exploit.Hughes se fia toujours Ă sonchronomĂštre de navigation cĂ©lesteLongines pour dĂ©terminer laposition exacte de son appareilen pleine nuit, dans lâobscuritĂ©totale et au-dessus des nombreuxet vastes ocĂ©ans quâil survola.Câest Ă sa façon dâaborder lachute que se distingue un espritpionnier. Essayer, Ă©chouer, sebattre et triompher avec Ă©lĂ©gance.Câest ce dont on se souvientlorsque tout le reste a Ă©tĂ© oubliĂ©.
La collection Longines Spirita Ă©tĂ© conçue dans cet esprit.Un mĂ©lange dâĂ©lĂ©gance, de traditionet de savoir-faire rassemblantles mĂȘmes caractĂ©ristiques quecelles mises au point pour assisterles tout premiers aviateurs :une prĂ©cision Ă toute Ă©preuve,une couronne caractĂ©ristiquedes montres pilotes, des chiffrestrĂšs lisibles et des aiguillesluminescentes.Un puissant hommage Ă lâespritpionnier qui se perpĂ©tue.
Howard Hughesest considĂ©rĂ© commelâun des pionniers delâaviation civile pouravoir rĂ©alisĂ© le tourdu monde en un tempsrecord. Pour sâorienter,il fit confiance auxchronomĂštres denavigation et auxchronographes dĂ©ve-loppĂ©s par Longines.
22 â LES ECHOS WEEK-END
ESPRIT WEEK-END
Comment occupez-vous vos dimanchesdĂ©confinĂ©s?On nâa pas encore le droit de tout faire partouten Angleterre mais, depuis deux semaines,les rĂšgles sont assouplies. On peut sortir, voirdumonde, faire ses courses de NoĂ«l. Câestmerveilleux, cette pĂ©riode, lâodeur du paindâĂ©pices, les vitrines illuminĂ©es, etc. Bien sĂ»r, uneoption serait dâacheter sur Internet par prudencesanitaire, mais ce serait dommage de se priverdâune expĂ©rience pas seulement fonctionnellemais tellement Ă©motionnelle.
Vous ĂȘtes dans lâesprit de NoĂ«l?Il faut absolument trouver unmoyen de lerecrĂ©erâŠMais je garde Ă lâesprit que, lorsquâona une grande famille comme la mienne, il faudrafaire des choix compliquĂ©s aux rĂ©veillons.Comme Becky, mon accro du shopping, nousavons un groupeWhatsApp avec mes sĆursqui nous sert Ă organiser les fĂȘtes!
Votre endroit prĂ©fĂ©rĂ© un dimanche normal?Mon lit ! Je peux y boire 20 tasses de thĂ© avantdemâen extirper. Les plus jeunes de mes cinq
enfants mây rejoignent pour lĂ©zarder, regarderdes Ă©pisodes de sĂ©ries en retard, jây lis lesjournaux. Ensuite, promenade dominicaleavant le dĂ©jeuner. Jâai Ă©tĂ© Ă©levĂ©e dans le cultede cette marche rituelle et, comme on est dansle Dorset, le choix de promenades est vasteâŠ
Un film du dimanche?Câest souvent les enfants qui choisissent maisil nâest pas Ă©vident de contenter tout le mondealors quâil y a quinze ans dâĂ©cart entre eux. Devieux spectacles familiaux comme Chitty ChittyBang Bang, qui raconte enmusique les aventuresfarfelues dâun savant, de ses deux enfants etdâune conductrice Ă bord dâune voiture volante,ou unMarvel avec des superhĂ©ros. Dans unautre genre, nous avons vu ou revu rĂ©cemmentThe Grand Budapest Hotel deWes Anderson, LaLa Land de Damien Chazelle et Emma, basĂ©e surle livre de Jane Austen. Je ne pose quâune seulecondition: rien de dĂ©primant. La vie lâest dĂ©jĂ assez pour quâon nâen rajoute pas le dimanche!
Pareil en littĂ©rature?Jâai voulu Ă©crire un jour un polar, mais monĂ©diteur mâa renvoyĂ© le manuscrit enme disantquâon nây croyait pas, les personnages nâĂ©taientpas assez torturĂ©s! Comme lectrice, jâaimebeaucoup les thrillers sâils ne sont pas tropsombres. Ma lecture dominicale idĂ©ale reste unAgata Christie ou un PGWodehouse, jâai dâautantplus de plaisir Ă les relire que je ne retiens jamaisqui est coupable. Dans un registre pluscontemporain, jâaime bien les intrigues dâespionsrusses de Tom Bradby, comme Secret Service, etcertaines histoires dâamour comme 28 SummersdâElin Hilderbrand. Elle dĂ©crit si bien leNantucket que je me suis mis en tĂȘte dây allerâŠ
Vos dimanches sont-ils sportifs?Depuis toute petite, je joue au tennis, mes cinqenfants aussi. Jâai longtemps vĂ©cu Ă Wimbledon,aprĂšs lâĂ©cole, jâallais faire la queue dans lâespoirque des spectateurs y revendent leur billet.Adulte, jâai eu la chance dây voir Roger Federer.MĂȘme si vous ĂȘtes fan et que vous lâavez vu jouerĂ la tĂ©lĂ© des dizaines de fois, rien ne peut vousprĂ©parer Ă tant dâĂ©lĂ©gance sur un court.
Avec qui passeriez-vous votre dimanche?Lizzy Bennett, lâhĂ©roĂŻne dâOrgueil et PrĂ©jugĂ©sde Jane Austen. On comploterait Ă proposdeM. Darcy!Propos recueillis par Isabelle Lesniak
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Pour sa neuviĂšme aventure, son «Accro du shopping» accepte lamission dâorganiser le rĂ©veillon familial. Comme elle, lâauteureanglaise consacre son dimanche dĂ©confinĂ© aux courses de NoĂ«l.
SOPHIE KINSELLA
LE DIMANCHE IDĂAL DEâŠ
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LES ECHOS WEEK-END â 25
BUSINESS STORY11 DĂCEMBRE 2020
COMMENTSAFRAN RĂSISTEAU MAL DE L'AIRPar Emmanuel GraslandPhotographe: Manuel Braun
Dans lâusine Safrande Villaroche(Seine-et-Marne),oĂč sont fabriquĂ©sles moteurs Leap.
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BUSINESS STORY
omer est uninspecteur pointilleux. Il tourne autour dumoteur et prend des photos afin de comparer250 points Ă la maquette numĂ©rique. Un travailrĂ©pĂ©titif. Les techniciens du centre de livraisonclient de lâusine Safran de Villaroche, enSeine-et-Marne, ont baptisĂ© ainsi ce «cobot»(nĂ©ologisme dĂ©signant les robots conçus pourcoopĂ©rer avec les humains) en rĂ©fĂ©rence Ă Homer Simpson. Dans la sĂ©rie dâanimation, câestlui qui appuie sur le bouton de dĂ©marrage de lacentrale nuclĂ©aire de Springfield. Un choixemblĂ©matique de la moyenne dâĂąge des salariĂ©sdu site de Safran.DotĂ© dâune camĂ©ra 3D et dâun bras de
«cobot», Homer a nĂ©cessitĂ© dix-huit mois dedĂ©veloppement. Mais il est loin dâĂȘtre unespĂ©cificitĂ© dans lâusine de fabrication desmoteurs Leap, conçus par Safran et lâamĂ©ricainGeneral Electric (GE), des petits bijoux quicoĂ»tent autour de 14 millions de dollars lâunitĂ©âŠUtilisation de la rĂ©alitĂ© augmentĂ©e pour lemontage, bras zĂ©ro gravitĂ© pour manipuler despiĂšces lourdes, manutention aĂ©rienne desmoteurs gĂ©rĂ©e par Ă©cran tactile⊠Les troislignes dâassemblage des moteurs Leap, quiĂ©quipent les Airbus A320 Neo et les Boeing 737Max, font la part belle Ă lâindustrie du futur. LesnĂ©ophytes en visite sont surpris par le faibleniveau de bruit de lâusine. La crise a rendulâendroit encore plus silencieux : 25% deseffectifs sont en activitĂ© partielle et une des troislignes dâassemblage est Ă lâarrĂȘt.Le 1er janvier prochain, Philippe Petitcolin
cĂ©dera les manettes du groupe Ă Olivier Andries,aprĂšs avoir pilotĂ© Safran, fleuron français delâaĂ©ronautique, au travers dâune crise aussiviolente quâinattendue. «Jusquâau 15 mars, nousnâavons pas senti la crise. Les activitĂ©s de servicesavaient un peu baissĂ© en Chine. Mais tout le mondepensait que cela allait passer trĂšs vite», racontePhilippe Petitcolin, le directeur gĂ©nĂ©ral.Le 28 fĂ©vrier, lors de la prĂ©sentation des
résultats annuels, Safran prévoit encore unehausse de sa rentabilité en 2020, 45000
Le groupe aĂ©ronautique, aprĂšs des annĂ©es de forte croissance,a rĂ©ussi Ă encaisser le choc de la pandĂ©mie en taillant trĂšs vitedans ses coĂ»ts. En janvier, Philippe Petitcolin passe toutefoisle manche du groupe Ă Olivier Andries, avec de sĂ©rieux dĂ©fisĂ relever: Ă©volution du modĂšle dâaffaires, gestion de fournisseursfragilisĂ©s et nĂ©cessaire rĂ©duction des Ă©missions de CO2 des moteurs.Une revue de dĂ©tail avec le patron sortant et son successeur.
MANUELBRAUNPOURLESECHOSWEEK-END
LES ECHOS WEEK-END â 27
SAFRAN
recrutements dâici Ă 2024 et un dividende de1 milliard dâeuros. Tout bascule deux semainesplus tard. Lâindustriel enregistre des baissesdâactivitĂ© Ă deux chiffres. « Rapidement, on sâestrendu compte que câĂ©tait parti pour durer », ditPhilippe Petitcolin. « Le 10 avril, jâai instaurĂ©deux comitĂ©s de direction par semaine, alors quenormalement jâen fais un par mois. » Le dirigeantadopte un pilotage trĂšs fin. « Je demandaisle plan dâaction pour les trois prochains jours.Jâavais deux thĂšmes de questions : lâaspectsanitaire et le business. »Au siĂšge, une petite dizaine de personnes
continue de venir. Chacun apporte de quoimanger le midi. Au fil des jours et de la fatiguequi sâaccumule, la tenue se fait plus dĂ©contractĂ©e,les hommes sont moins bien rasĂ©s. La cellulede crise se rĂ©unit deux fois par jour. Lâobjectif estde rĂ©duire trĂšs rapidement le point mort dugroupe, en taillant dans les coĂ»ts partout oĂč
1905 Fondation de laSociĂ©tĂ© des moteursGnome, Ă Gennevilliers,par les frĂšres Seguin.1945 La SociĂ©tĂ© desMoteurs Gnome &RhĂŽne est nationalisĂ©eet devient Snecma(SociĂ©tĂ© nationaledâĂ©tude et deconstruction demoteurs dâaviation).
Ă gauche: PhilippePetitcolin,directeur gĂ©nĂ©ralde Safran jusquâĂ la fin du mois.
Ci-dessus: montagedu moteur Leap,conçu avec GeneralElectric, un bijouqui coûte dans les14 millions dedollars.
1969 Premier vol duConcorde (photo) ,dont le moteur estdéveloppé par Snecmaet Rolls-Royce.1974 Accord decoopération avecGeneral Electric pour laréalisation du CFM56.1982 Premiervol commercialdu moteur CFM56.
2000 Turbomecaet Labinal rejoignentle groupe Snecma.2005 Fusion entreSnecma et Sagem.2011 Entréede Safran au CAC 40.2016 Lancementde la productiondes moteurs Leap.2018 Rachatde Zodiac.
UNE HISTOIREPLUS QUECENTENAIRE
KEYSTONE-FRANCE/GAMMA-RAPHO
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BUSINESS STORY
câest possible. «Nous avons supprimĂ© les Ă©tapesdâapprobation. Dans ces moments-lĂ , il faut allervite. On essaye de prendre la meilleure dĂ©cisionpossible, mais on nâest jamais totalement sĂ»rde soi parce quâon nâa pas le temps de rĂ©flĂ©chir.Le soir, on repart en se demandant si cela serasuffisant ou pas», confie Philippe Petitcolin.Sur le premier semestre, Safran rĂ©duit
ses achats de matiĂšres premiĂšres de 30%,ses dĂ©penses de sous-traitance de 40%,ses investissements de 74%, et ses budgets deR&D de 31%. Lâindustriel ferme quatre usines etsupprime 15000 postes Ă lâĂ©tranger, en comptantles intĂ©rimaires. Le dividende de 1 milliard estannulĂ© finmars. «Le management a su fairepreuve dâune rĂ©activitĂ© remarquable pour mettrelâentreprise hors de danger», estime RobertPeugeot, administrateur du groupe etreprĂ©sentant de la FFP au sein du conseil.
JUSQUâĂ 40%DâINACTIVITĂ« On a battu la mesure pour que les chosesavancent rapidement. En France, on a dit trĂšs viteaux partenaires sociaux : âAprĂšs le chĂŽmagepartiel, soit on trouve un accord, soit on vaprocĂ©der Ă des licenciementsâ », raconte PhilippePetitcolin. Safran emploie plus de 45000salariĂ©s en France. Câest le cĆur du rĂ©acteuravec 66 usines et 14 sites de maintenance.On Ă©voque le chiffre de 12000 emplois endanger. Des nĂ©gociations sâengagent trĂšs vite :dĂ©but juillet, Safran est la premiĂšre entreprisefrançaise Ă recourir au dispositif de chĂŽmagepartiel de longue durĂ©e.Le groupe signe cet accord, baptisĂ©
«Accord de transformation dâactivitĂ© »,avec la CFE-CGC, la CFDT, FO et mĂȘme la CGT.Safran sâengage Ă ne pas licencier en Francependant dix-huit mois, Ă modĂ©rer les salairesdes cadres dirigeants, Ă limiter les dividendeset Ă augmenter de 1% la masse salarialeen 2021, en privilĂ©giant les moins de 30 anset les bas salaires.En Ă©change, les syndicats acceptent
lâannulation des nĂ©gociations salariales 2021, unplafonnement de lâintĂ©ressement et un gel desdispositifs dâĂ©pargne salariale et de cotisationsde retraite employeurs. Surtout, les salariĂ©speuvent avoir jusquâĂ 40% de temps dâinactivitĂ©sur six mois glissants. LâĂtat finance les salairesĂ hauteur de 84% du salaire net perdu, ce qui
permet de prĂ©server de 92 Ă 96% du revenu netselon les syndicats, pour les rĂ©munĂ©rationsinfĂ©rieures ou Ă©gales Ă 4,5 Smic. Lâaccord inclutenfin des mesures dâincitation aux dĂ©partsen retraite avec un objectif de 3000 dĂ©partset le recrutement de 350 Ă 450 apprentiset de 300 jeunes diplĂŽmĂ©s par an.Cette rĂ©duction drastique des coĂ»ts va
permettre au groupe de dĂ©gager une margeopĂ©rationnelle de 10% en 2020, malgrĂ© unchiffre dâaffaires attendu en recul de 35%, Ă
16 milliards dâeuros. « Safran aura un cash-flowpositif au second semestre. Le groupe a dĂ©montrĂ©sa rĂ©silience grĂące Ă son mix produits, sonexposition au secteur de la dĂ©fense et Ă unportefeuille clients diversifiĂ© », expose GuillaumeHue, directeur associĂ© au cabinet Archery. Encomparaison, le concurrent Rolls-Royce espĂšreun retour Ă une situation de trĂ©sorerie positiveâŠau second semestre 2021.Les effectifs de Safran sont dĂ©sormais de
81000 salariĂ©s contre 95400 fin 2019. Cette criseporte un coup dâarrĂȘt Ă un cycle de croissanceextraordinaire, le dernier effondrement dumarchĂ© datant de 1992-94. « Beaucoup desalariĂ©s ont moins de cinq ans dâanciennetĂ©. Ilsnâavaient connu que des belles annĂ©es. La notionde bas de cycle nâavait pas vraiment de rĂ©alitĂ©pour eux », remarque Anne-Claude Vitali,dĂ©lĂ©guĂ©e centrale syndicale CFDT chez Safran.« Chez Safran, il y a eu un degrĂ© de stupĂ©factionplus fort que chez Airbus, qui avait dĂ©jĂ pris desplombs avec lâA400M », rapporte un fournisseur.Qui plus est, le groupe, dĂ©tenu Ă 11,2% par
lâĂtat et dont 43% des salariĂ©s sont actionnaires,a connu un parcours boursier exceptionneldepuis quinze ans. Son cours a bondi de 430%
Avec 33600exemplaires, le CFM56a Ă©tĂ© la gamme demoteur la plus venduede lâhistoire delâaĂ©ronautique. Conçupar GE et Snecma auxtermes dâune alliancescellĂ©e en 1974, il a
pourtant longtemps Ă©tĂ©sur la sellette, fautedâacheteur. «Jâentendsles vautours volerautour du bĂątiment»,disait alors RenĂ©Ravaud, le patron de laSnecma (RenĂ© Ravaux,une vie pour lâindustrie,
de Félix Torres). Maisen mars 1979, le dernierespoir, United Airlines,se concrétise. Lacompagnie remotoriseune trentaine de DC8avec le CFM56, suiviepar Delta. Le premiervol commercial est
rĂ©alisĂ© par Delta enavril 1982. Et sonsuccĂšs grandissant,avec lâA320 et le Boeing737, fera des deuxchallengers des annĂ©es1970 des motoristesleaders qui dĂ©trĂŽnerontPratt & Whitney.
LE CFM56, LâADN DU SUCCĂSMANUELBRAUNPOURLESECHOSWEEK-END
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SAFRAN
entre le 11 mai 2005, jour de la fusion entreSagem, spĂ©cialiste des tĂ©lĂ©communications etdes matĂ©riels de dĂ©fense, et Snecma, le championfrançais des moteurs qui a codĂ©veloppĂ© lapropulsion du Concorde, et le 25mars 2020.«Dans les annĂ©es 2008-09, le marchĂ© necomprenait pas lâentreprise. Les investisseursnâavaient pas confiance, Ă cause de la confusioncrĂ©Ă©e par la fusion avec Sagem. Mais cela a changĂ©quand ils ont saisi le potentiel de visites dâateliersque nous avions devant nous, du fait de la jeunessede notre flotte de moteurs et quâils ont prisconscience de nos positions, notamment dansles trains dâatterrissage et les freins carbone»,explique Ross McInness, le prĂ©sidentdu conseil dâadministration, Ă lâĂ©poque directeurfinancier de Safran.Ă lâorigine, la rĂ©ussite de ce joyau industriel
sâest bĂątie sur les profits tirĂ©s de la vente et lamaintenance des CFM56, la gamme de moteursla plus vendue de lâhistoire de lâaĂ©ronautique.GE rĂ©alise la partie haute pression des moteurset Safran la partie basse pression. Leur joint-venture Ă 50-50, CFM International, est lâundes rares exemples de partenariats industrielsfranco-amĂ©ricains qui aient rĂ©ussi dans
la durĂ©e, mĂȘme sâil y a souvent eu chez Safran« la crainte de ne plus savoir construireun moteur civil tout seul et chez GE le soupçonque les Français sont de âsuper ingĂ©nieursâmais quâils peuvent se tromper sur lâaspectbusiness », note un fournisseur. Le succĂšs delâalliance sâest amplifiĂ© avec le Leap.Lorsquâelle est lancĂ©e en 2008, cette nouvelle
gĂ©nĂ©ration de moteurs nâa pas dâapplicationavion. Son modĂšle dâaffaires est fondĂ© sur sept Ă huit ans de production. Ce sera beaucoup plus.SĂ©duit par sa plus faible consommation de
carburant, le chinois Comac choisit le moteurpour son C919 en 2009. Airbus hésite, lui, à remotoriser son avion moyen courrier A320, unnouvel avion étant censé arriver vers 2025, mais
Ă gauche: OlivierAndries, qui prendrales manettes dugroupe le 1er janvierprochain.
Ci-dessus:la manutentionaérienne desmoteurs est géréepar écran tactile.
finit par sauter le pas en 2010. Le Leap devientune option de lâA320 Neo avec le moteur dePratt &Whitney. Et les choses sâenchaĂźnent.Face au succĂšs de lâA320 Neo, Boeing lance uneversion remotorisĂ©e du 737 lâannĂ©e suivante,exclusivement Ă©quipĂ©e en Leap. « Quandon a prĂ©sentĂ© le Leap, on nous a dit que câĂ©taitun produit de fin de vie des A320 et des 737et que cela allait durer cinq ou six ans, maisles commandes sont arrivĂ©es par millierset aujourdâhui on ne parle pas de nouvel avionavant 2035 », relate Philippe Petitcolin.
LE DĂFI DEVIENT INDUSTRIELAprĂšs ces succĂšs commerciaux, le dĂ©fi devientindustriel. Il faut rĂ©aliser une montĂ©e encadence jamais vue. « Pour rĂ©ussir, nous avonsdĂ©cidĂ© dâavoir recours Ă une double source, auminimum, pour chaque piĂšce du moteur. La miseau point des gammes de production a ensuite Ă©tĂ©trĂšs stricte pour ĂȘtre sĂ»r de produire efficacementdes piĂšces conformes. Nous avons aussi Ă©tĂ© trĂšsvigilants sur la dĂ©tection avancĂ©e des difficultĂ©schez les fournisseurs et nous avons bĂąti uneĂ©quipe de âforces spĂ©cialesâ, qui Ă©taient dĂ©pĂȘchĂ©eschez eux en cas de souci. Et puis, on a investi
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BUSINESS STORY SAFRAN
prĂšs de 1 milliard dâeuros pour augmenter noscapacitĂ©s de production et installer de nouvelleslignes de production entiĂšrement digitalisĂ©es »,dĂ©taille Olivier Andries, alors en charge de lafiliale Safran Aircraft Engines. LancĂ©e en 2016,la production atteint 1736 moteurs par an en2019. Un niveau rĂ©alisĂ© en 2017 par le CFM56au bout de quasiment quarante ans.Aujourdâhui, la culture du groupe est Ă la fois
le fruit dâune construction Ă marche forcĂ©edepuis dix ans et dâune histoire riche et complexequi fait la fiertĂ© des Ă©quipes. Dans les annĂ©es1970, la Snecma est un fabricant de moteursmilitaires qui travaille avec Dassault et chercheĂ se diversifier dans le civil. Ses usines sont dessites sur lesquels «le soleil de la grĂšve ne se couchejamais», selon un DRH de lâĂ©poque (1). Lorsqueles socialistes arrivent au pouvoir en 1981,la direction bataille pour Ă©viter une allianceimposĂ©e avec Rolls-Royce, jugĂ© plus europĂ©enque GE. Entre 1987 et 1996, quatre patrons sesuccĂšdent, dont Louis Gallois. «Dans les annĂ©es1990, le dialogue social chez Snecma Ă©tait fondĂ©sur un bras de fer systĂ©matique oĂč rien ne pouvaitĂȘtre obtenu sans dĂ©brayage. Les syndicats Ă©taientdans un jeu Ă trois bandes avec la direction delâentreprise et lâĂtat actionnaire. En 2004,
Snecma croyaient lâinverse », se souvient PatrickPotacsek, dĂ©lĂ©guĂ© CFE-CGC chez Safran AircraftEngines et ex-Sagem. Au final, les Snecma ontimposĂ© leurs hommes et leurs mĂ©thodes, mĂȘmesi un manager Snecma avait parfois du mal Ă rentrer dans la boutique Sagem quâil dirigeait.En 2018, le rachat du fabricant de siĂšges et de
cabines dâavions Zodiac nâa pas posĂ© ce genre deproblĂšme car il nây avait pas dâambiguĂŻtĂ© sur quiĂ©tait le chef. Lâentreprise Ă©tait un archipel dePME sans rĂ©elle intĂ©gration. En termesdâavantages, les Zodiac ont fait un bond.« Socialement, on avait vingt ans de retard »,indique Ăric Durand, dĂ©lĂ©guĂ© CFE-CGC chezSafran Seats.La construction de lâidentitĂ© de groupe a Ă©tĂ©
trĂšs progressive. Au dĂ©part, les Snecma,Hispano-Suiza, Messier-Bugatti, Labinal etautres Turbomeca ont conservĂ© leur nom,adossĂ© au logo groupe Safran. Mais aussi leurjournal interne, leur chalet au Bourget ou leurpropre recrutement. En 2009-10, les choses sontrationalisĂ©es, le logo Ă©volue. Le groupe passedevant, avant de sâimposer totalement en 2016.La disparition des marques historiques irritealors certains salariĂ©s mais le succĂšs de Safranen Bourse et les recrutements massifs de la
De haut en baset de gaucheĂ droite: trainsdâatterrissage;drones (ici lePatroller,prĂ©sentĂ© au Salondu Bourget en2017) ; intĂ©rieursdâavion (icimodĂšle de cabinepour A320).
lâouverture du capital a changĂ© la donne», dĂ©clareMarc Aubry, administrateur salariĂ© CFDT.
LE CHOC CULTUREL DE LA FUSIONEn 2005, la fusion Snecma-Sagem provoque ungrand choc culturel. La Snecma, qui a agglomĂ©rĂ©autour dâelle des acteurs comme Turbomeca,Labinal ou Hurel-Dubois, vise en fusionnant avecSagem Ă amortir dâĂ©ventuelles crises danslâaĂ©ronautique. Perçue comme lâalliance de lacarpe et du lapin, ce mariage dĂ©gĂ©nĂšre en guerredes chefs avec un prĂ©sident du conseil et unprĂ©sident du directoire qui ne se parlent plus etun DRH qui fait office dâagent de liaison. LâĂtatsera contraint de changer les dirigeants.Les salariĂ©s ne se comprennent pas
forcĂ©ment mieux. Plus opportunistes, les Sagemont une mentalitĂ© de voltigeurs tandis que ceuxde Snecma travaillent sur des programmes delong terme, avec des processus industriels trĂšsrigoureux. PersuadĂ©s dâĂȘtre le centre du monde,ces derniers ont vĂ©cu avec un actionnairebienveillant, lâĂtat, qui demandait peu dedividendes alors que Sagem a Ă©tĂ© Ă©branlĂ©e parlâexplosion de la bulle Internet et a des salariĂ©sactionnaires. « Les Sagem pensaient que leurentreprise avait rachetĂ© Snecma tandis que les
La propulsion :fabricationde moteurs dâavionset dâhĂ©licoptĂšres ;participation de 50%dans ArianeGroup.
Les Ă©quipementsaĂ©ronautiques :fabrication dâunegamme allant desfreins carbone auxtrains dâatterrissage,en passant parle cĂąblage Ă©lectrique,les toboggansdâĂ©vacuation,les gilets et radeauxde sauvetage.
LâĂ©lectronique et ladĂ©fense : fabricationde systĂšmes denavigation, de
LES GRANDS MĂTIERSDU GROUPE
surveillance et deguidage, de drones,dâĂ©quipementsoptroniques portables,de calculateurs demoteurs dâavions et desystĂšmes optiquespour le spatial etlâastronomie.
Les intĂ©rieursdâavions : fabricationde cabines, de siĂšges,de toilettes et desystĂšmes dedivertissements.
CYRILABAD/CAPAPICTURES/SAFRAN
ADRIENDASTE/SAFRAN
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BUSINESS STORY SAFRAN
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derniĂšre dĂ©cennie ont facilitĂ© la chose.Aujourdâhui encore, le groupe reste uneorganisation complexe avec dix-huit dirigeantsau «comex» et une palette de produits allantdes moteurs dâavions et dâhĂ©licoptĂšres auxmiroirs de tĂ©lescopes, en passant par lessystĂšmes de navigation et de positionnement,les pĂ©riscopes de sous-marins, les drones,les jumelles multifonctions, les trainsdâatterrissages ou les systĂšmes dedivertissements en avion. « Le groupe est assezdĂ©centralisĂ© sur le plan opĂ©rationnel et les gensse parlent peu dâune business unit Ă lâautre.Câest assez cloisonnĂ© », estime un prestataire.
Le management est franco-français. Sur lesdix-huit membres du comex, seuls trois sontĂ©trangers. Pendant un temps, le groupeprĂ©sentait mĂȘme des donnĂ©es françaises aucomitĂ© de groupe europĂ©en. La fabrication demoteurs occulte souvent le reste des activitĂ©s,ce qui a par exemple poussĂ© SafranElectronics & Defense Ă lancer des hackathonsdans les Ă©coles dâingĂ©nieurs, afin dâĂȘtrebien identifiĂ© comme un Ă©lectronicien par lesĂ©tudiants, Ă lâinstar de Thales.Cet Ă©clectisme aux airs de conglomĂ©rat sera
lâun des dĂ©fis dâOlivier Andries lorsquâilsâinstallera aux manettes en janvier. InstallĂ© au
siĂšge depuis septembre, le dirigeant a visitĂ© unevingtaine de sites français dans cette optique,notamment dans les branches Ă©quipements etintĂ©rieurs dâavions quâil nâa pas dirigĂ©es. Tout lemonde sait que Philippe Petitcolin et OlivierAndries ne sâentendent pas, ce qui limite le« tuilage». Mais lâanciennetĂ© du nouveau patrondans le groupe permet dâattĂ©nuer les dĂ©gĂąts quecette mĂ©sentente pourrait crĂ©er.Ă court terme, Olivier Andries devra relever
le dĂ©fi de la prĂ©servation des compĂ©tences etsurtout de la chaĂźne dâapprovisionnement, alorsque certains fournisseurs sont trĂšs dĂ©pendantsde Safran et que les compagnies aĂ©riennessâattendent Ă une reprise par paliers. Le retourau niveau de 2019 pour les vols domestiques estattendu pour fin 2022-dĂ©but 2023. Pour les volsrĂ©gionaux un an plus tard et pour les vols longscourriers encore un an aprĂšs.
LE DĂFI DES ĂMISSIONSEn termes de business, il faudra aussi sâadapterĂ la montĂ©e en puissance des contrats demaintenance dits «à lâheure de vol». Depuis leCFM56, Safran et GE ont adoptĂ© un modĂšle detype Nespresso : une vente en premiĂšre monte Ă prix quasi coĂ»tant et une rĂ©munĂ©ration fondĂ©esur les passages en ateliers et les piĂšcesdĂ©tachĂ©es. Avec le Leap, le service sera de plusen plus facturĂ© Ă lâheure de vol. Ce qui imposeune grande maĂźtrise de la durĂ©e de vie despiĂšces pour ne pas se rater et une solidecompĂ©titivitĂ© des ateliers. « Aujourdâhui, environ70% des moteurs Leap qui ont Ă©tĂ© commandĂ©s ontdes contrats Ă lâheure de vol », relĂšve OlivierAndries. Dans le mĂȘme temps, le retour ou pasdes voyages dâaffaires aura un impact sensiblesur la rentabilitĂ© de la branche intĂ©rieursdâavions, trĂšs touchĂ©e par la crise.Le grand dĂ©fi technologique sera enfin celui
de la rĂ©duction des Ă©missions de carbone (â50%visĂ©s par la filiĂšre en 2050). Une approchemenĂ©evia des moteurs aux architectures de rupture,lâutilisation de biocarburants, de carburantssynthĂ©tiques, ou bien un avion Ă hydrogĂšne, pourlequel Airbus a prĂ©sentĂ© une feuille de routeen septembre avec un horizon Ă 2035.Les ingĂ©nieurs de Safran ne dĂ©bordent pasdâenthousiasme pour lâhydrogĂšne. Mais si cettetechnologie se concrĂ©tisait un jour, elle seraitpour les motoristes un choc similaire Ă celuide lâĂ©lectrique dans lâautomobile.En attendant, Homer a fini son inspection du
moteur Leap. Le turborĂ©acteur va partir pourles bancs dâessais, avant dâĂȘtre livrĂ© au client.Auparavant, lâintĂ©rieur a Ă©tĂ© contrĂŽlĂ© parendoscopie et une Ă©quipe dâopĂ©rateurs a faitune sĂ©rie de contrĂŽles visuels pour Ă©liminerdes dĂ©fauts de type microrayures. Un moteurreprĂ©sente jusquâĂ un tiers du prix cataloguedâun appareil. Pour de tels montants,on bichonne les clients.(1) In RenĂ© Ravaud, une vie pour lâindustrie,de FĂ©lix Torres, Editions First.
Homer, le «cobot» chargĂ© de lâinspection de chaque turborĂ©acteur, prend des photosde contrĂŽle de 250 points du moteur pour les comparer Ă une maquette numĂ©rique. M
ANUELBRAUNPOURLESECHOSWEEK-END
34 â LES ECHOS WEEK-END
BUSINESS STORY
PHILIPPE CORROTUNE RĂUSSITE QUI NâA RIEN DU MIRACLELe fondateur de la dixiĂšme licorne française, Mirakl, est tombĂ©dans lâinformatique dĂšs lâenfance. Autodidacte, il a multipliĂ©les crĂ©ations dâentreprises, proposant aujourdâhui une solutioninnovante de commerce Ă©lectronique qui a sĂ©duit jusquâĂ Carrefour.
Par Philippe BertrandPhotographe: Iorgis Matyassy pour Les Ăchos Week-End
Philippe Corrot,cofondateur
et PDG de Mirakl,photographié à Paris
le 24 novembredernier.
e LycĂ©e Pasteur, Ă Neuilly, nâa pas Ă©tĂ© que levivier dâune bande de comiques ayant fait lesbeaux jours du cinĂ©ma français. Le terrain dejeux du faux chĂąteau Louis XII de la banlieuehuppĂ©e de Paris a aussi Ă©tĂ© arpentĂ© par lâun desrares champions français du numĂ©rique. Vingtans aprĂšs que GĂ©rard Jugnot, Thierry Lhermitteet Christian Clavier ont dĂ©couvert le septiĂšmeart au cinĂ©-club, Philippe Corrot, le fondateurde Mirakl, la nouvelle licorne française quipermet aux e-commerçants de crĂ©er leurpropre place de marchĂ© en y associant dâautresvendeurs, scellait son amitiĂ© avec MichaelZiegler le long du boulevard dâInkermann.« Il Ă©tait prudent, presque sauvage », tĂ©moignele second. Philippe Corrot franchit la premiĂšremarche de sa carriĂšre dâentrepreneur en sĂ©riedans les escaliers qui mĂšnent Ă la cave du pĂšrede son ami. Il y crĂ©e Keyrus, pionniĂšre desagences Web. Lâhistoire rapprochait ces famillesdâAshkĂ©nazes qui avaient fui les persĂ©cutionsdâEurope de lâEst. Les Korowsky sont devenusCorrot aux abords des Ă©tangs du bois deBoulogne. Le collĂ©gien un peu sauvage cachaitun tempĂ©rament. « Une fois passĂ©e la mĂ©fiancedu premier abord, il se rĂ©vĂšle », dĂ©crypteAlexandre Viros, le patron dâAdecco quePhilippe Corrot rencontrera plus tard, Ă la Fnac.« AffirmĂ©, trĂšs curieux et passionnĂ© », complĂšteMichael Ziegler.Le lycĂ©e sera pourtant sa seule Ă©cole. MalgrĂ©
une mention au bac, un mois de droit rĂ©sumeses Ă©tudes supĂ©rieures. « Mon parcours scolairea Ă©tĂ© chaotique. Mes parents ne sâoccupaient pasde moi », se justifie lâintĂ©ressĂ©. Le campus deNanterre forgera quand mĂȘme son destin.Ă cĂŽtĂ© de la facultĂ© dâĂtat, Ă©ternel foyer de lacontestation, pousse « la fac Pasqua», privĂ©e,neuve, bourrĂ©e de PC, de Mac et reliĂ©e Ă Internet. « Je passais mes journĂ©es dans les sallesinformatiques, se souvient Philippe Corrot, alorsque je mâĂ©tais inscrit en commerce et gestion,parce que câĂ©tait moins cher. »Le fondateur de Mirakl frĂ©quente les beaux
quartiers mais nâa pas les poches profondes.Son pĂšre Daniel lui a donnĂ© le goĂ»t de
lâinformatique et lâesprit dâentreprise, aucuneaisance. Ă Neuilly, Philippe campe dans le salonde sa tante. La marque «Daniel Corot» a ornĂ© lefronton de belles boutiques de prĂȘt-Ă -portermasculin Ă Parly 2, Rosny 2 et CrĂ©teil Soleil,les centres commerciaux Ă lâamĂ©ricaine dupromoteur Robert de Balkany. « Mon pĂšre Ă©taitlâun des pionniers de la fast fashion, avec descollections quâil renouvelait souvent. » UnemĂ©sentente entre associĂ©s noie la visioncommerciale de Daniel en dĂ©sastre financier.« Il ne sâen est jamais remis », regrette son fils.
« LâORDINATEUR, CâEST MON DOUDOU »Les parents divorcent. La mĂšre, anciennevendeuse, retourne dans sa famille. Le pĂšretente quelques coups qui ne rĂ©ussiront pas.Philippe le rejoint Ă Paris dans de beauxappartements oĂč lâĂ©lectricitĂ© est coupĂ©e et leshuissiers frappent Ă la porte. Mais Daniel donneĂ Philippe le goĂ»t de la technologie. Le fils nâapas tout perdu. Il sâintĂ©resse dĂšs lâĂąge de 4 ansĂ lâinformatique, apprend le codage, dirigeune tortue sur ses premiers Ă©crans Apple IIet Commodore 64. « Il a Ă©tĂ© lâun des premiersabonnĂ©s Ă Internet », raconte son ami du LycĂ©ePasteur. « Lâordinateur, câest mon doudou »,admet aujourdâhui Philippe Corrot.
«Je passais aussi beaucoup de temps Ă lire»,ajoute-t-il. De lâĂ©conomie Ă la philosophie, enpassant par lâhistoire des religions, lâĂ©clectismeguide ses intĂ©rĂȘts mais ne dĂ©vie pas vers lasuperficialitĂ©. «Il est trĂšs cultivé», sâaccordentses proches. «Jâai avec lui des conversationsprofondes», confie Alexandre Viros, agrĂ©gĂ© dephilosophie. «Ensemble, nous aimons sonderlâĂąme humaine», sâĂ©panche Adrien Nussenbaum,son deuxiĂšme compagnon de route, au tĂ©lĂ©phonedepuis le bureau amĂ©ricain deMirakl, Ă Cambridge, Massachusetts. «Mes amies lesurnomment Google», sâamuse sa femmeAnne-Laure. Philippe Corrot a deux autrescordes Ă son arc culturel : le dessin et la photo.Il collectionne aujourdâhui Murakami et KeithHaring. «Il a le sens de lâesthĂ©tique et cela nousa aidĂ©s chez Keyrus», expliqueMichael Ziegler.
LES ECHOS WEEK-END â 35
PHILIPPE CORROT
Lâagence fondĂ©e en 1997, aprĂšs que les deuxgarçons ont imaginĂ© un genre dâiTunes ou Ă©ditĂ©les films de Luc Besson en CD-Rom (Michael afait une Ă©cole de cinĂ©ma!), concevait des sitesInternet. Le style lĂ©chĂ© de la maison convaincKookaĂŻ, Van Cleef & Arpels, Cartier,Mauboussin, Chopard et la place VendĂŽme.« Keyrus, câĂ©tait ça ou le McDo », rĂ©sume celuique la « fac Pasqua» a vite poussĂ© dehors.Philippe Corrot aime « les beaux sites ». Keyrusâ la muse de la crĂ©ation â perce rapidement« parce que les SSII nâavaient pas la culture delâimage ». Les marques de luxe accourent.Son premier client sera SOS Cintres, pour7000 francs [environ 1060 euros, NDLR].Le succĂšs devra aussi beaucoup Ă lâagenceFrance TĂ©lĂ©com de Neuilly qui lui ouvrirala porte du groupe public.
QUATORZE BANQUES AVANT DâOBTENIR UN PRĂTEn 1997, le Web restait une terra incognita.« Jâai visitĂ© quatorze banques avant que le CICdes Batignolles [dans le XVIIe arrondissement deParis, NDLR] nâaccepte de mâaccorder un prĂȘt de20 000 francs [3000 euros, NDLR]», enrageencore Philippe Corrot. « Nos premiers prospectsdisaient quâInternet, câĂ©tait pour les pĂ©dophiles etles nazis », se rappelle Michael Ziegler. « Il Ă©taittrĂšs beau mais je ne comprenais pas trĂšs bien cequâil faisait », reconnaĂźt Anne-Laure Navarra,la jeune fille du XVIe qui deviendra sa femmeet la mĂšre de ses deux enfants. Lâavocate enfusion-acquisition chez EY comprendra viteet crĂ©era Wondercity.com, un cityguide pourparents qui comptera 400000 abonnĂ©s avantsa revente au propriĂ©taire du groupe Fleurus.Deux ans plus tard, le suĂ©dois Mind appelle
les fondateurs de Keyrus, que la Chambre decommerce de Stockholm a identifiĂ©e commelâune des meilleures agences Web, et leurpropose un rachat. Lâaffaire ne se fait pas maisla bulle Internet monte. « Nous nous disions quecela ne durerait pas », explique Philippe Corrot.Ăric Cohen, le fondateur de la SSII Progiware,frappe Ă son tour Ă la porte. Il veut donnerlâimage de la modernitĂ© Ă son entreprise,
36 â LES ECHOS WEEK-END
BUSINESS STORY PHILIPPE CORROT
Câest en septembredernier que Mirakl estdevenu la dixiĂšmelicorne française enlevant 300 millions dedollars. LâopĂ©rationsouscrite pourlâessentiel par le fondsPermira, qui a pris 20%du capital du
CONSOLIDER OU SE FAIRE CONSOLIDER
Plus dâinfos sur lesechos.fr/weekend
quâil introduit en Bourse. Philippe Corrot cĂšde.Il se lance aussitĂŽt, en 2001, dans une autreaffaire : MaĂżrev, spĂ©cialiste des bijoux fantaisie,sur le modĂšle du britannique Accessorize. SoncompĂšre Michael Ziegler suit, dâautant plus quesa famille possĂšde le spĂ©cialiste des accessoiresde mode Rand. « Jâavais signĂ© une clause denon-concurrence avec Progiware », sâexcusepresque Philippe Corrot. Les deux hommesposent leur enseigne au fronton dâanciennesboutiques de tĂ©lĂ©phonie et parrainent la «StarAcademy». Quatre ans plus tard, ils revendentĂ Rand. « Ăa mâa gonflĂ© », schĂ©matise PhilippeCorrot. Retour Ă lâinformatique.
« LE BON MODĂLE EST CELUI DâAMAZON »Michael Ziegler ne prend pas ombrage du dĂ©dainde son copain pour la mode et accompagne lemouvement que rejoint un ami dâami, AdrienNussenbaum, un HEC qui a ratĂ© Ă New Yorkle lancement dâunemessagerie instantanĂ©e(«CâĂ©tait trop tĂŽt.»). Lâautodidacte et le diplĂŽmĂ©passĂ© chez Deloitte sont comme chien et chat.«Je me suis employĂ© Ă les rapprocher», indiqueMichael Ziegler. Un dĂ©jeuner Ă Drouot, oĂč ilsachĂštent pour lâanniversaire deMichael untableau de Ben opportunĂ©ment nommĂ© Jecherche Ă plaire, brisera la glace. Les troismousquetaires duWeb lancent la plate-formedâe-commerce de Natalys.Philippe Corrot dĂ©couvre la puissance de la
vente en ligne et pense tout de suite que « le bonmodĂšle est celui dâAmazon », qui rĂ©alise la moitiĂ©de son activitĂ© sur sa marketplace. SplitGamessera en septembre 2005 la place de marchĂ© desjeux vidĂ©o et suivra une autre tendance de laconsommation : lâoccasion. La jeune poussefacilite lâĂ©change de jeux entre gamers. BientĂŽt,200000 membres rejoignent la communautĂ©riche dâun catalogue de 15000 produits. « JeffBezos lâavait prĂ©dit : plus il y a dâoffre, plus il y ade clients », commente Philippe Corrot.Lâentrepreneur se mue en startuppeur et lĂšve
2 millions dâeuros puis, avec ses associĂ©s, croiseXavier Flamand. Le directeur gĂ©nĂ©ral defnac.com propose de les intĂ©grer et de crĂ©er laplace de marchĂ© de ce qui est alors encore unefiliale de PPR. SplitGames a 3 ans. « Cela a Ă©tĂ©compliquĂ© », concĂšde Philippe Corrot, avec un
certain sens de lâeuphĂ©misme. La culture de lavieille dame est forte, les magasins crient Ă laconcurrence. « Ils ont eu le droit de prendre desdĂ©tours et de se comporter comme des corsaires »,raconte Alexandre Viros, qui chapeaute alorslâactivitĂ© musicale de lâenseigne. « Philippe est unvrai commerçant. Il respecte ce qui nâest pas lui.Il comprend que dâautres modĂšles existent. »Lâenfant sauvage se glisse dans le moule.Le succĂšs fait taire les rĂ©ticences. Fabien
Sfez, le directeur gĂ©nĂ©ral de lâĂ©poque, rehaussela prime de sortie attachĂ©e au rachat deSplitGames. Plus tard, Alexandre Bompardsuit. « Philippe est un pionnier : il avait dĂ©jĂ , Ă lâĂ©poque oĂč je lâai connu Ă la Fnac, la vision trĂšsclaire que les places de marchĂ© allaienttransformer lâĂ©conomie », affirme celui qui estdevenu PDG de Carrefour, un groupe qui utilisela solution Mirakl. « Philippe a toujours eu uneĂąme dâentrepreneur, dĂ©veloppant une vision qui
allie la technologie et le business. Il est arrivĂ© Ă la Fnac avec cet esprit start-up, quâil a su intĂ©greraux fonctionnements de lâentreprise », confirmeEnrique Martinez, lâactuel patron de FnacDarty. « Amazon nâĂ©tait pas perçu par touscomme une menace», se remĂ©more PhilippeCorrot, qui a sorti les statistiques du nombrede colis expĂ©diĂ©s par le gĂ©ant de Seattle commepreuve du danger. Trois ans dâaccompagnementplus tard, Philippe et Adrien partagent unnouveau dĂ©jeuner dĂ©cisif. Ce jour de la Saint-Valentin, ils se font le cadeau dâune nouvelleaventure. Ce sera Mirakl. Pourquoirecommencer aprĂšs avoir crĂ©Ă© et vendu troissociĂ©tĂ©s? « Philippe nâest pas un hommedâargent. Câest un bĂątisseur », rĂ©pond MichaelZiegler. « Il veut avoir les moyens de protĂ©gerses enfants, mais il a envie de crĂ©er des boĂźtes »,ajoute Adrien Nussenbaum.Philippe Corrot rĂ©Ă©crit son logiciel avec une
autre technologie que celle de la Fnac. Il devientlibre de prĂŽner Ă toutes les marques lâouverturede leur site Ă des marchands concurrents.« Mirakl aide les entreprises Ă se projeter enrespectant leur passĂ© et nâest quâau dĂ©but de sonhistoire », prĂ©dit Alexandre Viros. Le leadermondial de la place de marchĂ©, commeil se prĂ©sente, entend ĂȘtre la solution pourtous ceux qui prĂ©fĂšrent lutter contre le gĂ©antAmazon sur son propre terrain plutĂŽtque dâattendre le jour improbable oĂč lâĂtattrouvera la martingale pour Ă©loigner la menace.Cela fait un vaste potentiel.
spĂ©cialiste des placesde marchĂ©, a hissĂ© lavaleur de lâentreprisebien au-delĂ du milliardde dollars. Depuisle dĂ©but de lâannĂ©e,lâencore jeune poussea remportĂ© 25 clientset lancĂ© 18 nouvellesmarketplaces,
enregistrant unehausse de 111% de sonvolume dâaffaires. Ellecompte dĂ©sormais 300clients, dont FnacDarty, Conforama, lesGaleries LafayetteâŠÂ« Il nây a pas deconcurrents qui fassentla mĂȘme chose que
nous», affirmeAdrien Nussenbaum,qui rĂ©sume ainsilâargumentaire fait auxmarques : «Soit vousserez consolidĂ©s, soitvous consolidez votresecteur en crĂ©antune place demarchĂ© dĂ©diĂ©e. »
Les rĂ©compensessâentassentdans les locauxde la licornefrançaise,spĂ©cialiste desplaces de marchĂ©.
AdrienNussenbaum,
le compĂšrede Philippe Corrotchez Mirakl.
ANLEFEVRE
IORGISMATYASSYPOURLESECHOSWEEK-END
COMMUNIQUĂ
Le temps est lâessence de MoĂ«t & Chandon depuis sa crĂ©ation. Câest lui quipermet aux Ćnologues de façonner les cuvĂ©es dâexception de la Maison, enrespectant chaque Ă©tape de leur Ă©laboration avec la plus grande patience.Depuis 1743, MoĂ«t & Chandon a su Ă©pouser les Ă©poques avec style pourdemeurer une marque reconnue dans le monde. DĂ©guster une cuvĂ©e MoĂ«t &Chandon câest avant tout prendre la mesure du temps pour mieux saisir toutson potentiel. â
Le temps sâapprĂ©cie au grĂ© de la natureâŠ
Pour faire de grands champagnes, il faut savoirlaisser le temps au temps. Au commencement ily a le cycle de la vĂ©gĂ©tation qui vibre au diapasonavec le rythme des saisons. MoĂ«t & Chandon estĂ lâĂ©coute de la nature qui lui offre sa gĂ©nĂ©rositĂ©,et contraint la main de lâhomme Ă composeravec la rudesse des Ă©lĂ©ments. Pour Ă©laborer lescuvĂ©es de la Maison, il faut respecter chacunedes Ă©tapes du cycle de la vigne, et sâadapter avecrĂ©activitĂ© aux nombreux alĂ©as climatiques. Lavigne nĂ©cessite une vigilance de chaque instant,il faut la cajoler, la guider, la respecter pour luipermettre de sâĂ©panouir et conduire les raisins Ă leur pleine maturitĂ©, celle qui offrira le plus beaupotentiel aromatique. Câest alors que le tempssâaccĂ©lĂšre, la rĂ©colte des baies sâopĂšre Ă la mainavec le maximum de dĂ©licatesse pour extraire lesplus beaux jus qui entreront dans lâassemblagedes cuvĂ©es MoĂ«t & Chandon.
Le temps sâaffirme en cave pour rĂ©vĂ©ler lesplus belles promessesâŠ
Le temps sâĂ©grĂšne dans les caves sĂ©culairesde la Maison dâEpernay. Une fois pressĂ©sdĂ©licatement, les jus des raisins commencentalors leur Ă©tape de fermentation. Ces vinsintĂ©greront les assemblages qui confĂšrent auxcuvĂ©es MoĂ«t & Chandon toute leur identitĂ©. Cetart de lâassemblage requiĂšre la minutie et la
patience des Ćnologues guidĂ©s par le Chef deCave Benoit Gouez, vĂ©ritable garant dâun styleunique transmis au fil des dĂ©cennies via sesprĂ©dĂ©cesseurs. Câest aussi le Chef de Cave quisait se projeter dans le temps pour sĂ©lectionnerles annĂ©es qui pourront ĂȘtre millĂ©simĂ©es. Letemps marque enfin son empreinte lors de lamaturation lente des cuvĂ©es, cette Ă©tape quiva de 24 mois Ă 7 ans et pendant laquelle lesvins vieillissent en cave, pour leur permettre delivrer leurs secrets et rĂ©vĂ©ler leur plein potentielaromatique. Câest ainsi que le goĂ»t de MoĂ«tImpĂ©rial, cuvĂ©e emblĂ©matique de la Maison, setransmet de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration depuisplus de 150 ans et que les cuvĂ©es millĂ©simĂ©essont le reflet de la complexitĂ© et de la richessedes annĂ©es qui les composent.
Le temps prend tout son sens aumoment dela dĂ©gustationâŠ
Lâart de la dĂ©gustation sâapprĂ©cie au temps dela dĂ©couverte. Tout commence par le choix duflacon, le temps nĂ©cessaire pour le conduireĂ sa tempĂ©rature de service idĂ©ale, et le choixdes mets qui sauront lui donner la plus bellerĂ©sonance. Un savoir-faire qui fait Ă©loge de lapatience, dans laquelle la dĂ©gustation rĂ©vĂšleson moment clef, celui qui permet de dĂ©couvrirla gĂ©nĂ©rositĂ© de la nature sublimĂ©e par la mainde lâhomme.e
MOĂT & CHANDONLA MESURE DU TEMPS
L âA B U S D âA L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T Ă . Ă C O N S OMM E R AV E C M O D Ă R AT I O N .
STEP
HAN
EO
LIV
IER
AR
TEPH
OTO
Corruption, assassinat,manipulation, complot...
un diptyque au cĆur du pouvoirpour XIII !
au rayonbande dessinée
Toujours amnésique, Jason Mac Lane, alias XIII,
a infiltrĂ© une organisation qui sâapprĂȘte
Ă prendre le pouvoir aux Ătats-Unis.
Alors quâil a pour mission de rĂ©aliser un tir contre le Pape,
XIII va ĂȘtre confrontĂ© Ă un choix crucial :
se souvenir... ou trahir !
©S
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020.
XIII, alias Jason Mac Lane, est devenu un nouvel administrateur de la Fondation Mayflower. Pour prouver sa légitimité, il se voit invitéà réaliser un test de tir de trÚs longue distance... Comment conserver sa crédibilité auprÚs de la Fondation sans devenir un assassin ?
à suivre dans le tome 27,Mémoirerechargée
40 â LES ECHOS WEEK-END
BUSINESS STORY
UN DIRECTEURTRĂS ROCK Ă LA SANTĂBruno ClĂ©ment-Petremann, le patronde la mythique prison parisienne, cultiveavec dĂ©lice les contradictions. Hommede gauche et conseiller de deux ministresde droite. PassionnĂ© de punk rock etreprĂ©sentant de lâordre public. Nordistedâadoption et amoureux de lâAlgĂ©rie.Supporter de lâOlympique de Marseilleet fan du Racing Club de Lens. Lâhistoiredâun iconoclaste.
Par Anne Vidalie â Photographe: Julien Pebrel
LES ECHOS WEEK-END â 41
UN DIRECTEUR TRĂS ROCK Ă LA SANTĂ
uâont en commun le poĂšte GuillaumeApollinaire, la rĂ©sistante Marie-Claude Vaillant-Couturier et le premier prĂ©sident de laRĂ©publique algĂ©rienne Ahmed Ben Bella?RĂ©ponse : les geĂŽles de la SantĂ©, oĂč tous, enleur temps, ont Ă©tĂ© embastillĂ©s. Leurs portraits,dessinĂ©s au pochoir par lâartiste ChristianGuĂ©my, alias C215, ornent dĂ©sormais les mursde la prison parisienne qui a rouvert ses portesen janvier 2019, aprĂšs quatre longues annĂ©esde fermeture et 180 millions dâeuros de travaux.Depuis juin 2019, câest Bruno ClĂ©ment-
Petremann, 58 ans, qui dĂ©tient les clĂ©s dela mythique maison dâarrĂȘt, campĂ©e derriĂšreses hauts murs de meuliĂšre Ă la lisiĂšre desXIIIe et XIVe arrondissements. Celle que, Ă©lĂšvede lâĂcole nationale de lâadministrationpĂ©nitentiaire, il sâimaginait diriger, un jour.Celle oĂč il a effectuĂ© son premier stage,Ă une Ă©poque oĂč les hommes Ă©taient encoreregroupĂ©s par origine ethnique â les EuropĂ©ensdans le bloc A, les Africains au B, lesMaghrĂ©bins au C et les Asiatiques au D.Monsieur le Directeur fait volontiers
les honneurs des lieux. Il montre les cellulesplus spacieuses (9 mĂštres carrĂ©s pour un seuloccupant, 11 pour deux lits superposĂ©s),avec fenĂȘtre plus grande (nâen dĂ©plaise auxriverains), douche et mĂȘme tĂ©lĂ©phone fixe pourappeler les proches. Le vaste gymnase flambantneuf oĂč prisonniers et surveillants ont disputĂ©un tournoi de foot endiablĂ© la semaine
prĂ©cĂ©dente. Le centre scolaire, cadre dâuneexposition de reproductions dâĆuvres du musĂ©edu Louvre dont les dĂ©tenus ont Ă©tĂ© promus«co-commissaires». Bruno ClĂ©ment-Petremannraconte aussi lâenregistrement de deuxĂ©missions littĂ©raires pour la radio RCF, lâĂ©tĂ©dernier, avec lâĂ©crivaine Delphine de Viganet le journaliste François Busnel. En attendantune confĂ©rence consacrĂ©e Ă lâhistoire du rapet, peut-ĂȘtre, un festival rock avec des groupesparisiens.
LA FAUTE Ă BADINTERIci, les conditions carcĂ©rales sont Ă desannĂ©es-lumiĂšre de celles, encore en vigueurdans quelques Ă©tablissements, qui ont valuĂ la France une cinglante condamnation parla Cour europĂ©enne des droits de lâhommeen janvier dernier. Ici, on peut travailler et fairedu sport, se cultiver et se former. Et le directeursâen fĂ©licite, lui qui emprunte volontiers Ă ValĂ©ryGiscard dâEstaing sa dĂ©finition de la prison :« la privation de libertĂ© et rien dâautre ». Pourtant,lâĂ©tudiant en droit de Paris-Tolbiac, fils uniqueĂ©levĂ© en Seine-et-Marne par un pĂšre ouvrieret une mĂšre au foyer, ne se rĂȘvait pas engarde-chiourme.Il se voyait plutĂŽt journaliste, le jeune Bruno
ClĂ©ment (Petremann est le nom de sa secondeĂ©pouse, CĂ©line, ex-responsable presse duParquet national financier et nouvelle chargĂ©ede la communication de la cour dâappel
Bruno ClĂ©ment-Petremann,directeur de laprison de la SantĂ©.Ci-dessus: un couloiret une cellulede la maison dâarrĂȘtrĂ©novĂ©e.
Ă LâORIGINE,UNE VRAIE MAISONDE SANTĂ
20 aoĂ»t 1867Inauguration dela prison de laSantĂ©, dessinĂ©e parlâarchitecte ĂmileVaudremer. Elle sâĂ©lĂšvesur le site de la maisonde santĂ© Ă©difiĂ©eau XIIIe siĂšcleĂ la demandede Margueritede Provence, veuvede Louis IX, pouraccueillir les pestifĂ©rĂ©s.
1899Installationde la guillotine.
1965Projet de destructionde la maison dâarrĂȘt.Ă sa place seraitconstruit un immeublepyramidal de50 Ă©tages pourle ministĂšre delâĂducation nationale.LâidĂ©e est abandonnĂ©eaprĂšs lâĂ©lectionprĂ©sidentielle de 1974.
28 novembre 1972ExĂ©cution de RogerBontems et ClaudeBuffet, condamnĂ©sĂ mort Ă la suitedâune sanglante prisedâotages. Ils sontles derniers guillotinĂ©sde la SantĂ©.
8 mai 1978Ăvasion du braqueurJacques Mesrine,dit « lâennemi publicnumĂ©ro 1 ».
21 juillet 2014Fermeture de laprison pour destravaux de rénovation.
2019La Santé rouvre enjanvier. En juin, BrunoClément-Petremannen devient directeur.
42 â LES ECHOS WEEK-END
BUSINESS STORY UN DIRECTEUR TRĂS ROCK Ă LA SANTĂ
de Douai). Ce fan de punk rock nâavait-il paspubliĂ© en 1983 une interview fictive du groupebritannique The Clash, ses idoles, dansle magazine Rock & Folk? Mais il Ă©choueau concours du Centre de formation desjournalistes. Commissaire de police, alors?Reçu Ă lâĂ©crit, il se plante Ă lâoral. La faute Ă âŠRobert Badinter. « Comme il venait dâentrerau gouvernement, il avait lĂąchĂ© son cours de droitpĂ©nal, raconte Bruno ClĂ©ment-Petremann.Ce qui mâavait dissuadĂ© de choisir cette matiĂšre. »Impardonnable pour un futur policier. Il sespĂ©cialise en sciences criminelles, optioncriminologie. La rencontre de deux hommes,lâun magistrat, lâautre pasteur, bouleverseses projets dâavenir. Le premier, Jean Favard,spĂ©cialiste des questions carcĂ©rales et conseillerdu garde des Sceaux Badinter, enseigne letraitement pĂ©nitentiaire Ă Tolbiac. Le second,Ernest Ungerer, ancien officier et dĂ©portĂ©,est aumĂŽnier gĂ©nĂ©ral des prisons. LâĂ©tudianten droit a trouvĂ© sa voie : il sera directeur deprison. En 1987, il rĂ©ussit le concours et, lâannĂ©esuivante, dĂ©couvre la maison dâarrĂȘt de la SantĂ©.Avant de le ramener Ă ses premiĂšres amours
vingt-deux ans plus tard, sa carriĂšre lui feradĂ©couvrir la France et les multiples facettesde son mĂ©tier. Chaque Ă©tape de ce parcoursinitiatique lâa « passionnĂ© », affirme-t-il. Sonpremier poste, au quartier Saint-Paul de Lyon,le confronte Ă la surpopulation carcĂ©raleâ « un taux dâoccupation de 350%, pas une nuitsans matelas sur le sol » â, aux tentativesdâĂ©vasion â « six en deux ans » â et Ă lasusceptibilitĂ© des surveillants. « Je me sentaiscomme un interne dans un service dâurgence,se souvient-il. Jâarrivais le matin sans savoirce qui allait se passer dans la journĂ©e. » UnedĂ©cennie avant la loi pĂ©nitentiaire de 2009,il organise dĂ©jĂ des rĂ©unions de consultationavec les dĂ©tenus.
BIENVENUE CHEZ LES CHâTISNommĂ© Ă la prison de Moulins-Yzeure (Allier),il y dirige la maison centrale, rĂ©servĂ©eaux longues peines, qui hĂ©berge alors unecinquantaine de condamnĂ©s Ă perpĂ©tuitĂ©.Il cĂŽtoie de « gros profils », comme le braqueurMichel Vaujour ou Georges Ibrahim Abdallah,le chef de la Fraction armĂ©e rĂ©volutionnairelibanaise en France. Si lâexpĂ©rience est fascinantepour lâancien Ă©tudiant en criminologie, câestune drĂŽle de gageure pour le jeune directeur.« On doit utiliser toutes les ressources Ă notredisposition pour les aider Ă tenir le coupen traçant un chemin possible vers lâavenir »,explique-t-il. Il poursuit ce travail dâorfĂšvreau Centre national dâobservation de Fresnes
histoire dâamour entre le fils dâouvrier et leshabitants au cĆur gros comme ça dâune rĂ©gionmise Ă genoux par la fermeture des mineset la dĂ©sindustrialisation. Entre le supporterde lâOlympique de Marseille et le Racing Clubde Lens dont lâĂ©charpe sang et or, dansson bureau de la SantĂ©, surplombe la photoofficielle du prĂ©sident de la RĂ©publique. Ă Loosaussi, il innove. Sâinvestit dans la prĂ©ventiondes suicides. ExpĂ©rimente la surveillancesous bracelet Ă©lectronique. « Nordistedâadoption », comme il se dĂ©finit, il souhaiterester dans la rĂ©gion, pas trop loin de la maisonquâil vient dâacheter sur la cĂŽte dâOpale. Mais,deux postes plus tard, il doit se rĂ©soudre Ă faireses bagages : direction Agen et lâĂcole nationalede lâadministration pĂ©nitentiaire oĂč il seconvertit aux joies de la formation, lui qui« aime la transmission ».
ROMANCIER INSPIRĂ PAR LES CLASHSon emploi du temps lui laisse un peu de tempspour prendre la plume. Enfin. AprĂšs la mortde Joe Strummer, lâĂąme des Clash, en 2002,une idĂ©e de roman a germĂ©. En rĂ©sumĂ©:un jeune militant français de lâultragauche,en cavale dans le Londres rock des annĂ©es 1970,se place dans le sillage de Strummer, avantdâĂ©coper de vingt ans de prison quâil purge dansplusieurs Ă©tablissements français. Son livre,Strummerville (La Tengo Ăditions), sera publiĂ©en 2012. La preuve que lâon peut vĂ©nĂ©rer leschanteurs de I Fought the Law («Jâai combattula loi»), Police on my Back («La police Ă mestrousses») ouWhite Riot («Ămeute blanche»),tout en incarnant lâordre rĂ©publicain. « Il y aun cĂŽtĂ© ado qui persiste en lui, observe sonĂ©diteur, Alexandre Chabert. Bruno a gardĂ© sesidĂ©aux de jeunesse. » Et quelques signes discretsdâanticonformisme â boutons de manchetteDark Vador, cheveux lĂ©gĂšrement Ă©bouriffĂ©set pattes un peu longues sur les joues.Un jour dâaoĂ»t 2009, il est sur les marches
du Reichstag, le siĂšge du Parlement allemandĂ Berlin, lorsque son portable sonne. Lanouvelle garde des Sceaux, MichĂšle Alliot-Marie, cherche un conseiller prison pourson cabinet ministĂ©riel, lui apprend le patronde lâadministration pĂ©nitentiaire. Un spĂ©cialiste,pas un magistrat. Est-ce que le postelâintĂ©resserait? Bruno ClĂ©ment, un tempssyndiquĂ© Ă la CFDT, hĂ©site un peu, puis appelleson communiste de pĂšre. « Il mâa dit âfonce,câest gĂ©nialâ. » Câest le procureur gĂ©nĂ©ral prĂšsla Cour de cassation François Molins, alorsdirecteur de cabinet de la ministre, qui a soufflĂ©son nom. « Jâai Ă©tĂ© sĂ©duit par son intelligence,sa crĂ©ativitĂ© et son ouverture dâesprit, J
ULIENPEBREL/M.Y.O.P.POURLESECHOSWWEK-END
Le bureau du directeur de la Santé se parede touches personnelles, tels ces hommagesà Albert Camus et au Racing Club de Lens.
(Val-de-Marne), une unitĂ© alors dĂ©diĂ©e Ă lâĂ©laboration des projets dâexĂ©cution de peine,puis prend la direction de lâhĂŽpital de la prison.En 1999, Bruno ClĂ©ment vit son Bienvenue
chez les Châtis personnel. Comme le directeurde La Poste jouĂ© par KadMerad, il est mutĂ© dansle «Grand Nord», Ă la tĂȘte de la prison de Loos-lez-Lille aux cellules bondĂ©es (1000 hommespour 350 places) et aux conditions de dĂ©tention« pourries », dit-il. Câest le dĂ©but dâune longue
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Bruno ClĂ©ment-Petremann Ă la tĂȘte delâĂ©tat-major de sĂ©curitĂ© de lâadministrationpĂ©nitentiaire. Pas vraiment sa tasse de thĂ©,a priori. « Ce qui mâintĂ©resse davantage,reconnaĂźt-il, câest comment remettre dans le droitchemin des personnes qui se sont Ă©garĂ©es surdes voies de traverse. »Mais avec les attentatsterroristes de 2015, de nouvelles urgencesĂ©mergent : la prise en charge de la radicalisationderriĂšre les barreaux et la collecte durenseignement. Une fois de plus, il « sâĂ©clate ».
LâALGĂRIE SUR LES PAS DE CAMUSUn dĂ©placement professionnel en AlgĂ©riescelle sa nouvelle affectation. Alger voudraitlâaide de Paris pour amĂ©liorer son systĂšmecarcĂ©ral, Bruno ClĂ©ment-Petremann pourraitpeut-ĂȘtre sâen charger? Cet adorateur dâAlbertCamus se laisse convaincre. La tentationest trop forte de mettre ses pas dans ceuxde lâĂ©crivain, dâAlger Ă Oran. Seule ombre autableau, lâĂ©loignement de sa tribu recomposĂ©eâ six filles et un garçon, entre 12 et 30 ans.« Je pourrais parler des heures de ce pays,de la cordialitĂ© de ses habitants qui me rappellele Nord, de lâambiance Ă©lectrique des stadesde foot », sâenthousiasme-t-il.Sa mission achevĂ©e, il patiente quelques
mois avant de dĂ©crocher son Graal en juin 2019 :la prestigieuse direction de la SantĂ©. Seize moisplus tard, les syndicats de gardiens, pas toujourstendres avec les chefs, lui tressent des lauriers.Erwan Saoudi, dĂ©lĂ©guĂ© FO PĂ©nitentiaire pourla rĂ©gion Ăle-de-France, le trouve carrĂ©ment« cool ». « Il est franc, direct, Ă lâĂ©coute, et il saittrancher », salue-t-il. AurĂ©lien Pruvot, premiersurveillant Ă la SantĂ© et encartĂ© Ă lâUfap-Unsa,le juge « humain, avenant, accessible pour sonpersonnel. Il dĂ©tonne dans une administrationde passe-murailles. »Bruno ClĂ©ment-Petremann le sait, il fait
des envieux avec son Ă©tablissement rĂ©novĂ© dusol au plafond (un peu moins avec son salairemensuel net de 4800 euros aprĂšs trente-troisans de carriĂšre). Pourtant, tout nâest pas rose,loin de lĂ . 80% des quelque 470 surveillantssont des stagiaires fraĂźchement diplĂŽmĂ©s.Et le nombre de gradĂ©s destinĂ©s Ă encadrerces dĂ©butants reste notoirement insuffisant.« Câest notre principale difficultĂ© », regrette-t-il.Lâautre sâappelle surpopulation carcĂ©rale, cemal français. Le 17 mars, au dĂ©but du premierconfinement dictĂ© par lâĂ©pidĂ©mie de Covid,la SantĂ© comptait 850 dĂ©tenus, pour 708 places.Les sorties anticipĂ©es et la mise en sommeildes tribunaux ont vidĂ© les cellules, ramenantle nombre de pensionnaires Ă 595 deux moisplus tard. Puis le naturel est revenu au galop :ils sont aujourdâhui 825. « Le tout-carcĂ©ral nâestpas la solution, il existe dâautres peines plus utileset moins coĂ»teuses comme la surveillanceĂ©lectronique ou les travaux dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral »,martĂšle le directeur. Mais autant prĂȘcher dansle dĂ©sert algĂ©rienâŠ
Le Conseilconstitutionnela tranchĂ© le 2 octobre.La France a quelquemois pour adopterune loi permettantaux personnes placĂ©esen dĂ©tention provisoiredâexiger des conditionsdâincarcĂ©rationrespectueusesde leur dignitĂ©. VisĂ©es :les cellules insalubreset la surpopulationendĂ©mique des188 prisons du pays.Au fil des ans,le nombre dâhommeset de femmes derriĂšreles barreaux nâacessĂ© de battre des
records. En marsdernier, ils Ă©taient72500 pour61000 places.Le Covid a rĂ©ussilĂ oĂč la politiquea Ă©chouĂ© : les mesuresde libĂ©ration anticipĂ©eprises sur fond de crisesanitaire, ainsi quela chute de lâactivitĂ©pĂ©nale pendantle confinement, ontfait fondre la populationcarcĂ©rale Ă 58600dĂ©tenus. Mais depuislâĂ©tĂ©, elle repartĂ la hausse :elle atteignait62260 personnesdĂ©but novembre.
UNE SURPOPULATION CHRONIQUEconfie-t-il. Par ses convictions, aussi. Commelui, je suis convaincu quâil faut faire une placeplus large Ă la rĂ©insertion des dĂ©tenus. »LâexpĂ©rience entamĂ©e auprĂšs de MichĂšle
Alliot-Marie se poursuit avec son successeurMichel Mercier. Trois annĂ©es « grisantes »marquĂ©es par lâadoption de la loi pĂ©nitentiairede 2009, plutĂŽt favorable aux condamnĂ©s,et le lancement dâun plan de lutte contreles suicides. « La politique pĂ©nitentiaire nâest nide droite, ni de gauche, plaide Bruno ClĂ©ment-Petremann. Robert Badinter lâa humanisĂ©e,mais câest Jacques Chirac qui a crĂ©Ă© le ContrĂŽleurdes lieux de privation de libertĂ©. » Ses camaradesdu cabinet se souviennent dâun type sympaet enjouĂ©, dâune bonne humeur inĂ©branlableet dâun calme olympien. « Capable de lĂącherde bonnes blagues jusque sur les bancs delâAssemblĂ©e nationale, derriĂšre le ministre »,ajoute un magistrat. Un autre loue « son profondrespect pour chaque maillon de la chaĂźne pĂ©nale,policiers, gendarmes, juges, gardiens, personnelsadministratifs, mais aussi dĂ©tenus ».LâĂ©lection de François Hollande en mai 2012
referme cette parenthĂšse ministĂ©rielle. VoilĂ
Fan des Clash,Bruno ClĂ©ment-Petremann a affichĂ©dans son bureaude directeurdâĂ©tablissementpĂ©nitentiaireun poster duchanteur deI Fought the Law.
JULIENPEBREL/M.Y.O.P.POURLESECHOSWWEK-END
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LE SAUMONREMONTELE COURANTAlors que le saumon fumĂ©sâannonce en force sur lestables des rĂ©veillons français,la filiĂšre poursuit son travailpour rĂ©duire son impactenvironnemental. Et redorerson image aprĂšs les excĂšsdâune industrialisationpoussĂ©e Ă outrance dans lesannĂ©es 1980 et 1990. Ă la pointede ce travail de reconquĂȘteĆuvre le leader mondial,le norvĂ©gien Mowi. Dansune de ses usines, une sĂ©ancede fumage sans enfumage.
Par Florence BauchardPhotographe: Didier Olivré
ntre la limitation Ă deuxclients Ă la fois Ă lâintĂ©rieur de la boutiqueet un personnel trois fois plus nombreux Ă cetteĂ©poque de lâannĂ©e, cela va ĂȘtre un vĂ©ritablecasse-tĂȘte », anticipe Ă lâapproche des fĂȘtesBarbara Karoglan, dans la jolie boutiquede 15 m2 aux murs bleu sombre quâelle a ouverteen 1986 avec son mari rue Monge, dans leVe arrondissement, lâune des plus anciennesenseignes spĂ©cialisĂ©es de la capitale. «UnSaumon Ă Paris» est aussi, accessoirement,
une des adresses prĂ©fĂ©rĂ©es de Vernon Subutex,le personnage de Virginie Despentes. « MĂȘmeavec le foodtruck Ă lâextĂ©rieur pour rĂ©cupĂ©rerles commandes, il faut compter dâhabitude unebonne heure dâattente, dâautant que câest unevente qui demande beaucoup de conseils », ajoutecette grande femme aux yeux clairs. Tout estfonction du goĂ»t de chacun â et de son exigence.NorvĂ©gien, danois, bio dâIrlande ou dâĂcosse,français, plus ou moins gras ou iodĂ©, lâĂ©ventaildes provenances et des qualitĂ©s du saumon
est trĂšs vaste. Les prix peuvent aller du simpleau triple, la palme revenant au saumon sauvagede lâAdour fumĂ© Ă lâaulne par Barthouil, unemaison familiale quasi centenaire. Ă 319 eurosle kilo, « câest lâĂ©quivalent du caviar du saumon » !
EMBELLIE AU RAYON POISSONNERIE« Le saumon fumĂ© reste un aliment plaisirpour lesquels les Français ont montrĂ© un regaindâintĂ©rĂȘt depuis le premier confinement »,note Margot LĂ©vis, du cabinet dâĂ©tudes IRI.
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LE SAUMON REMONTE LE COURANT
Dans lâusine du gĂ©antnorvĂ©gien MowiĂ Lampaul-Guimiliau(FinistĂšre),le 28 septembre 2020.
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En cette fin 2020, ce poisson apprĂ©ciĂ© pour sesbienfaits nutritionnels (vitamine D, omĂ©ga-3)et la variĂ©tĂ© des prĂ©parations possibles (vapeur,poĂȘlĂ©, cuisson longue, etc.) sera peut-ĂȘtre encoreplus recherchĂ© quâĂ lâaccoutumĂ©e. Car, mĂȘmesâil sâest considĂ©rablement dĂ©mocratisĂ© depuiscinquante ans, le saumon fumĂ© garde uneconnotation festive qui sera bienvenue pourĂ©gayer un rĂ©veillon terni par la crise sanitaire.Ă la fin octobre 2020, le segment le mieux
valorisĂ© du rayon poissonnerie affiche desventes en hausse de 4% en valeur sur un an,selon lâIRI â il a certainement bĂ©nĂ©ficiĂ© du faitque les particuliers ont eu plus de temps pourcuisiner, et moins de possibilitĂ©s de prendre desrepas hors de leur domicile. AprĂšs une longuepĂ©riode de dĂ©clin qui a vu une chute des ventesde saumon, fumĂ© comme frais, de 30% au totalsur six ans, lâembellie sera-t-elle durable?Margot LĂ©vis le pense, ne serait-ce quâen raisonde la pĂ©rennisation du tĂ©lĂ©travail, mais aussi
grùce aux efforts de montée en gamme dela grande distribution, de concert avec lesindustriels comme le champion dumondedu saumon, Mowi.Fournisseur historique de plusieurs
marques distributeur, le gĂ©ant norvĂ©gien,nĂ© du regroupement de trois entitĂ©s en 2006,est jusquâici inconnu du grand public danslâHexagone, mĂȘme sâil y possĂšde de longue datedes sites de transformation dans les Hauts-de-France et en Bretagne. Le groupe espĂšre biengagner en visibilitĂ© en lançant cette annĂ©e unegamme plus qualitative sous sa propre marque :Mowi Pure en grande distribution et MowiSupreme Ă destination des restaurateurs.
REDORER UNE IMAGE ĂCORNĂESon objectif : redonner des lettres de noblesseĂ la filiĂšre saumon, qui a essuyĂ© beaucoupde critiques envers ses mĂ©thodes et leurs dĂ©gĂątssur lâenvironnement, en « tirant le marchĂ©vers le haut », explique depuis le siĂšge de BergenOle-Eirik LerĂžy, prĂ©sident du conseildâadministration, issu dâune famille de pĂȘcheursqui court sur quatre gĂ©nĂ©rations.En mettant ainsi en avant la marque Mowi,
dérivée du patronyme de son fondateur ThorMowinckel, un des pionniers les plus passionnésde la salmoniculture norvégienne dans les
annĂ©es 1960, lâentreprise cherche aussi Ă redorerson image dans une industrie aujourdâhuibanalisĂ©e et standardisĂ©e. « La rançon dâuneinondation du marchĂ© par le dĂ©veloppement tousazimuts de lâĂ©levage en NorvĂšge, le principal paysproducteur et exportateur de saumon Atlantiquedepuis les annĂ©es 1980 », explique FabriceTeletchea, maĂźtre de confĂ©rences Ă lâuniversitĂ©de Lorraine, spĂ©cialisĂ© dans les systĂšmesde production aquacoles.La pandĂ©mie a quelque peu bousculĂ© le
planning des animations en magasin prĂ©vuespour lâintroduction de cette offre Mowi enFrance, le marchĂ© europĂ©en le plus friand desaumon fumĂ© avec une consommation annuelledâenviron un demi-kilo par personne. « Maisnous avons prĂ©fĂ©rĂ© maintenir ce projet car,Ă un moment ou un autre, le Covid va disparaĂźtre»,explique Fabrice Barreau, patron de la zoneEurope de lâOuest depuis sept ans. UnepersĂ©vĂ©rance accueillie avec soulagement parle site de Landivisiau, reconverti dans lesproduits fumĂ©s aprĂšs avoir frĂŽlĂ© la dĂ©localisationĂ la suite dâun incendie ravageur en juillet 2018.En attendant lâachĂšvement, au printemps,
du chantier de reconstruction mené tambourbattant avec le soutien de la région et des élus,la production a déménagé temporairementà Lampaul-Guimiliau, dans les anciens
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DopĂ©e par la demande mondialede protĂ©ines animales, la productionde saumon dâĂ©levage a dĂ©collĂ© depuisquarante ans, passant de 12000 tonnesen 1980 Ă 2,4 millions de tonnes en 2018,selon la FAO. La NorvĂšge avec ses28000 kilomĂštres de cĂŽtes baignĂ©es
dâeau froide reste aujourdâhui de loin lepremier pays producteur (1,2 million detonnes), devant le Chili (614 179 tonnes)â le saumon de lâhĂ©misphĂšre Nord y aĂ©tĂ© acclimatĂ© Ă partir de 1978 aprĂšs despremiers essais infructueux au dĂ©butdu XXe siĂšcle â, le Royaume-Uni (189707),
le Canada (120553) ou encore les ĂźlesFĂ©roĂ© (86800). La Chine sâest aussipositionnĂ©e sur le marchĂ© endĂ©veloppant des unitĂ©s de productionĂ terre, car les capacitĂ©s mondialesexistantes peinent Ă rĂ©pondre Ă lâappĂ©titdes nouvelles classes moyennes.
locaux des abattoirs GAD, en contrebas de lâundes plus beaux enclos paroissiaux du FinistĂšre.En cette fin dâautomne brumeuse, la productionde saumon fumĂ© Mowi bat dĂ©jĂ son plein. « UnĂ trois jours sâĂ©coulent entre la rĂ©ception des filetsde Boulogne-sur-Mer, oĂč ils ont Ă©tĂ© dĂ©barrassĂ©sde leur gras et de leur chair brune, jusquâĂ leuremballage dans des prĂ©sentoirs en kraft, selonun cahier des charges strict en matiĂšre de couleur,texture et goĂ»t », explique Nathalie Mercier,en charge de la recherche pour Mowi France.Une opĂ©ratrice en blouse blanche, charlotte
sur la tĂȘte et masque anti-Covid sur le visage,
PRODUCTIONEN FORTE HAUSSE
saisit dĂ©licatement avec des gants bleuĂ©lectrique de grands filets de saumon Ă la chairorange vif de 50 cm livrĂ©s quotidiennementet les place bien Ă plat sur la ligne de salage,aprĂšs avoir dĂ»ment vĂ©rifiĂ© lâabsence de toutetĂąche, dĂ©faut ou trou susceptible de provoquerdes dĂ©chirures lors du tranchage. En quelquesminutes, les saumons sont recouvertsautomatiquement dâune fine pellicule blanchede sel de mer au grain variable, selon le poids,lâorigine du poisson et la recette choisie. Ilsconservent cette saumure quelques heuressur des claies mĂ©talliques avant dâĂȘtre douchĂ©s
Chez Mowi, à Lampaul-Guimiliau. Les filetsde saumon arrivantquotidiennementde Boulogne-sur-Mersont pesés, saléset mis à matureravant le fumage.
DIDIEROLIVRĂPOURLESECHOSWEEK-END
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puis laissĂ©s Ă maturer de nouveau pour quele sel pĂ©nĂštre bien la chair, avant un fumageĂ la sciure de hĂȘtre dans une enceinte fermĂ©ependant cinq heures trente.AprĂšs avoir refroidi pendant une
douzaine dâheures, les filets sont dĂ©coupĂ©smĂ©caniquement en fines tranches, selonla technique dite de tranchage frais, plusrespectueuse des qualitĂ©s organoleptiquesque le tranchage par tempĂ©raturenĂ©gative. Savamment pliĂ©es pour ĂȘtredĂ©tachables une Ă une sans difficultĂ©, lestranches sont ensuite emballĂ©es quatre parquatre sur une plaque de carton dorĂ© sousatmosphĂšre modifiĂ©e, plutĂŽt que sous-videcomme pour les marques distributeur.
« PRODUIRE PLUS EN IMPACTANT MOINS »Cette attention redoublĂ©e Ă chaque Ă©tape dela transformation, pour produire un saumonfumĂ© plus qualitatif, sâapplique Ă©galementen amont de la chaĂźne, dĂšs la pisciculture.Mowi a ainsi travaillĂ© Ă la sĂ©lection dâunesouche plus robuste de salmo salar â le nomlatin du saumon de lâAtlantique â et amĂ©liorĂ©les conditions dâĂ©levage, avec une alimentationplus riche que dans le reste de lâindustrie.Mowi nâavait, il est vrai, guĂšre dâautre choix.
Comme dans lâĂ©levage intensif du poulet ou du
sur les autres espĂšces de poissons pour nourrirun animal carnassier, affaiblissement de lagĂ©nĂ©tique des espĂšces sauvages par hybridationavec des saumons dâĂ©levage Ă©chappĂ©s des cages.De quoi obĂ©rer les perspectives de la filiĂšre,ne serait-ce quâen termes dâacceptabilitĂ© sociale,voire dâattractivitĂ© en tant quâemployeur.
Fabrice Barreau résume ainsi le défi :« trouver des solutions pour produire
plus en impactant moins ». Dâici 2030,le groupe prĂ©voit de rĂ©duire de 35% sesĂ©missions de carbone. Avec un budget derecherche-dĂ©veloppement de 46 millions
dâeuros pour un chiffre dâaffaires (record) de4,1 milliards en 2019, le gĂ©ant norvĂ©gien disposede ressources dâinnovation sans Ă©quivalent dansla profession. Il emprunte Ă des secteurs commelâexploration pĂ©troliĂšre ou mĂȘme les Gafam desmĂ©thodes pour prĂ©venir la pollution des fondsmarins, lâoccurrence de maladies, lâĂ©vasionde saumons, et pour veiller au bien-ĂȘtre animal.Pour Eirik Moe, du cabinet de conseil EY,
Mowi est une « vĂ©ritable locomotive de sonindustrie, certainement lâune des sociĂ©tĂ©s les plusactives ces derniĂšres annĂ©es », poussĂ©e il est vraipar une rĂ©glementation de plus en plus sĂ©vĂšreen NorvĂšge, sa principale base dâexploitationet le premier producteur mondial. « Les progrĂšsdans le secteur sont rĂ©els », explique JoĂ«l
porc, lâindustrialisation de la salmoniculturea crĂ©Ă© de graves problĂšmes sanitaires etenvironnementaux, dĂ©noncĂ©s rĂ©guliĂšrementpar les ONG: accumulation des dĂ©jectionsdes animaux et des restes de leur nourrituresur les fonds marins, abus de pesticideset dâantibiotiques contre le dĂ©veloppementde maladies parasitaires, prĂ©lĂšvement croissant
3,4MILLIONSDETONNES
de saumon (en équivalentpoids éviscéré) ont été
consommĂ©es dans le mondeen 2019, dont prĂšs de 70%de saumon de lâAtlantique.
CLU
BFOTO/GETTY/ISTOCK
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du saumon sur la pĂȘche dâautres poissonscomme les anchois, son rĂ©gime nutritifa Ă©tĂ© partiellement vĂ©gĂ©talisĂ© avec du soja.Des essais sont menĂ©s avec des insectes, desalgues et mĂȘme des coproduits de lâexploitationforestiĂšre. Pour mieux maĂźtriser ce maillonde la chaĂźne primordial Ă la fois pour la qualitĂ©du produit fini et en termes de coĂ»ts, Mowia fini par lâintĂ©grer, comme toutes les autresĂ©tapes de la salmoniculture, depuis lâĂ©closeriejusquâau produit vendu au dĂ©tail.
DĂMARCHE DE LABELLISATIONAutant dâefforts consacrĂ©s par la certificationAquaculture Stewardship Council (ASC) de prĂšsde 60% des fermes du groupe, essentiellementsituĂ©es en NorvĂšge. Un label qui fait rĂ©fĂ©renceaujourdâhui. DĂ©veloppĂ©e Ă lâinitiative duWWFen 2003, la rĂ©flexion sur un encadrementplus strict de lâaquaculture a dĂ©bouchĂ© sept ansplus tard sur la crĂ©ation de lâASC aux Pays-Bas.Mowi fait partie des industriels du saumonqui se sont mobilisĂ©s Ă partir de 2013 pouraccompagner le mouvement au sein dela Global Sustainable Seafood Initiative.
JOHN FREDRIKSEN, LE MILLIARDAIRE DU SAUMON
AprÚs découpe, les tranches de saumon sont emballées sur du carton doré, qui ne manque pas de souligner le cÎté festif de cet aliment plaisir.
dâĂ©levages rassemblant des dizaines de milliersdâindividus au mĂȘme endroit. Chez Mowi,des poissons nettoyeurs (des vieilles) sontintroduits dans les cages pour dĂ©vorer les pouxavant quâils ne sâattaquent aux branchies dessaumons, les condamnant Ă une mort certaine.Et des systĂšmes dâĂ©clairage y sont Ă©galementinstallĂ©s pour Ă©loigner les parasites.Pour rĂ©duire la pression de lâalimentation
Mowi doit beaucoup Ă JohnFredriksen. Discret, cemilliardaire dâorigine modesteâ son pĂšre Ă©tait soudeur â nâestpas loin dâĂȘtre considĂ©rĂ© comme« le plus grand entrepreneur delâhistoire de la NorvĂšge ». AprĂšsavoir fait fortune dans le pĂ©trole,le nĂ©goce et lâimmobilier, « cet
autodidacte a eu le couragedâinvestir 1 milliard dâeuros dansla restructuration dâun secteuren difficultĂ© au dĂ©but desannĂ©es 2000», raconte Ole-EirikLerĂžy, prĂ©sident du conseildâadministration de Mowi.Devenu premier actionnairedu gĂ©ant de la pisciculture avec
15% du capital, devant le fondssouverain norvĂ©gien (10%),ce septuagĂ©naire sâest classĂ©Ă nouveau cette annĂ©e en tĂȘtedes plus grosses fortunes dupays, selon le magazine Kapital,avec un patrimoine estimĂ©Ă 104 milliards de couronnes,soit 9,75 milliards dâeuros.
Aubin, spĂ©cialiste de lâanalyse environnementaledes systĂšmes dâĂ©levage de lâInrae (Institutnational de recherche pour lâagriculture,lâalimentation et lâenvironnement).La vaccination des alevins sâest ainsi
largement substituée aux antibiotiques et desméthodes alternatives aux pesticides se sontdéveloppées pour lutter contre le fléau du poude mer, parasite naturel qui prolifÚre au sein
DIDIEROLIVRĂPOURLESECHOSWEEK-END
LES ECHOS WEEK-END â 51
LE SAUMON REMONTE LE COURANT
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« Notre objectif est de certifier toutesnos fermes ASC dâici Ă 2025, sachant que lâauditest renouvelĂ© chaque annĂ©e, et quâen casde dĂ©viation consĂ©quente par rapport auxrĂ©fĂ©rentiels, on perd la certification », expliqueCatarina Martins, qui a rejoint depuis avril 2019lâĂ©quipe de direction au poste nouvellementcrĂ©Ă© de directrice du dĂ©veloppement durable.« Une dĂ©marche bien en phase avec les attentesdu consommateur, en particulier en France,oĂč le tonnage de saumons ASC toutes marquesconfondues proposĂ© en grande distribution adoublĂ© entre 2018 et 2019 », souligne CamilleCivel, responsable du dĂ©veloppement de ce labelen France et en Belgique.
AMĂLIORATION INĂGALE SELON LES PAYS« La profession rĂšgle les problĂšmes au fur et Ă mesure en faisant Ă©voluer progressivement lespratiques et les technologies », confirme FabriceTeletchea. Si les mĂ©thodes se sont assainies enNorvĂšge pour prĂ©server la deuxiĂšme ressourceĂ©conomique du pays aprĂšs les hydrocarbures,câest toutefois loin dâĂȘtre la norme partout.Au Chili, oĂč la production a doublĂ© en dix anspour rĂ©pondre Ă la demande russe, amĂ©ricaine,japonaise et chinoise, Liesbeth van der Meer,directrice de lâantenne locale de lâassociation
de protection des ocĂ©ans Oceana, dĂ©plore« le refus de 20% des industriels implantĂ©s dansle pays de transmettre des informations surles traitements chimiques et antibiotiques.Si lâindice antibiotique par poisson a dĂ©cru,le secteur en emploie encore des volumesimpressionnants en raison dâune productionde saumons en forte croissance dans un paysĂ la lĂ©gislation plus permissive quâailleurset oĂč la prise de conscience du public est bien plusfaible quâen Europe. » En 2018, le Chili employait550 fois plus dâantibiotiques par tonne de
saumon que la NorvÚge, selon cette spécialiste,vétérinaire de formation.La direction de Mowi estime que « les poux
de mer sont et resteront la principale limitationĂ la croissance de notre industrie ». Pour ĂlodieMartinie-Cousty, pilote du rĂ©seau ocĂ©ans, merset littoraux de France Nature Environnement,la nutrition de ce poisson situĂ© en boutde chaĂźne alimentaire, qui du coup accumuledes polluants comme les PCB, constitueun autre sujet de prĂ©occupation persistant.De mĂȘme que lâhybridation des saumonssauvages avec des «évadĂ©s». Pas sĂ»r que lesmĂ©ga-Ă©levages pilotes implantĂ©s Ă terre oules fermes offshore â inspirĂ©es des plateformespĂ©troliĂšres â financĂ©s aujourdâhui par lecapital-risque rĂ©pondent Ă ces problĂ©matiques.Au-delĂ des risques techniques, ces installationsmĂȘmes ne sont pas sans poser des risquesdâimage, observe de son cĂŽtĂ© BenoĂźt Videl-Giraud, du cabinet de conseil Via Aqua.« Ne serait-il pas plus sage de consommer moinsde saumon ? », suggĂšre Ălodie Martinie-Cousty.VoilĂ une question Ă laquelle on pourrarĂ©pondre au moment des bonnes rĂ©solutionsdu Nouvel An.
EN 2018, LE CHILIEMPLOYAIT 550 FOISPLUS DâANTIBIOTIQUESPAR TONNE DE SAUMONQUE LA NORVĂGE, SELONLâASSOCIATION OCEANA.
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52 â LES ECHOS WEEK-END
BUSINESS STORY
EMER COOKE, GENDARMEEUROPĂEN DESVACCINS SOUS PRESSIONLa directrice gĂ©nĂ©rale de lâAgenceeuropĂ©enne des mĂ©dicaments continuede vouloir respecter toutes lesprocĂ©dures de validation des vaccinsanti-Covid, mĂȘme aprĂšs le feu vertexpress des Britanniques au produitPfizer. Câest la confiance des citoyensqui est en jeu.
Par Karl De Meyer
ous, les rĂ©gulateurs, nous sentons une immenseresponsabilitĂ© Ă ce moment de la crise sanitaire,nous cherchons Ă protĂ©ger nos populations surla base dâune Ă©valuation scientifique de lâefficacitĂ©,la sĂ©curitĂ© et la qualitĂ© des vaccins », nousdĂ©clarait trĂšs prudemment le 1er dĂ©cembre EmerCooke, la toute nouvelle directrice gĂ©nĂ©ralede lâAgence europĂ©enne des mĂ©dicaments(EMA en anglais), en charge de lâapprobationdes vaccins contre le Covid. Au tĂ©lĂ©phonedepuis Amsterdam, lâIrlandaise expliquaitquâune rĂ©union prĂ©vue le 29 dĂ©cembre pourrait,« si tout se dĂ©roule bien », conduire Ă uneautorisation du produit codĂ©veloppĂ© par Pfizeret BioNTech. Elle insistait sur la nĂ©cessitĂ©de respecter chaque Ă©tape de la procĂ©dure.Sur la question de savoir si lâautoritĂ©amĂ©ricaine, la Food and Drug Administration,pourrait donner son feu vert un peu plus tĂŽt,elle apparaissait plutĂŽt dĂ©tendue : « La FDAest lĂ©gĂšrement en avance sur nous, parce quâilsont une approche diffĂ©rente reposant surune autorisation temporaire dâurgence. »Elle sâattachait Ă souligner au passagela qualitĂ© de la coopĂ©ration transatlantique.Le lendemain, 2 dĂ©cembre, coup de tonnerre
dans le ciel pharmaceutique : le régulateurbritannique avalise le procédé Pfizer ;le gouvernement de Boris Johnson annoncele début des vaccinations quelques jours plus
LâIrlandaise Emer Cooke,arrivĂ©e Ă la tĂȘte de lâEMAle 23 novembre, a suivile dossier Covid au seinde lâOMS depuis le dĂ©butde la pandĂ©mie.
SWENPFĂRTNER/ZUMAPRESS/REA
LES ECHOS WEEK-END â 53
EMER COOKE
tard. Alors que Londres peine depuis des moisĂ finaliser les modalitĂ©s du Brexit, de nombreuxresponsables politiques britanniques laissententendre Ă mots plus ou moins couverts quele Royaume-Uni bĂ©nĂ©ficie dĂ©jĂ de son retraitde lâUnion europĂ©enne sous la forme dâunexamen plus rapide, sous-entendu moinsbureaucratique, des remĂšdes Ă la pandĂ©mie.Alors que le mĂȘme jour se tient un conseil des
ministres de la SantĂ© de lâUE, en tĂ©lĂ©confĂ©rence,Emer Cooke se contente de « prendre note » dela dĂ©cision britannique. Le ministre allemandde la SantĂ©, qui dirige les dĂ©bats car lâAllemagneassure jusquâĂ la fin de lâannĂ©e la prĂ©sidencetournante de lâUnion, ne lui facilite pas la tĂąche.Jens Spahn met en garde contre une possibleperception par les citoyens que lâEurope seraitĂ la traĂźne. « Nous devons agir aussi vite quepossible », dĂ©clare lâambitieux quadragĂ©naire,qui a songĂ© un moment postuler Ă la successiondâAngela Merkel.Ănorme pression sur Emer Cooke, donc,
qui a toutefois de nombreux atouts danssa manche pour y rĂ©sister. Dâabord un CVen bĂ©ton. AprĂšs des Ă©tudes de pharmacieau prestigieux Trinity College de Dublin,elle travaille dans lâindustrie du mĂ©dicamentpendant trois ans avant de rejoindre lerĂ©gulateur irlandais, puis lâAssociationeuropĂ©enne des groupes pharmaceutiques
que grĂące Ă eux nous avons de faibles incidencesde la polio, de la variole et mĂȘme de la rougeole. »Selon lâeurodĂ©putĂ©e française VĂ©ronique
Trillet-Lenoir (Renew Europe, centristes),« une maniĂšre de lutter contre les antivaccinsserait de faire la transparence sur les contratsdâachat par la Commission europĂ©enne desvaccins de six groupes pharmaceutiques. Une foisles nĂ©gociations terminĂ©es, il faudrait rendrepublics la structuration des prix, les sites deproduction, les clauses de responsabilitĂ© juridiqueet les conditions de la propriĂ©tĂ© industrielle. »OĂč lâon rĂ©alise au passage que câest lâexĂ©cutifcommunautaire, et plus prĂ©cisĂ©ment sadirectrice gĂ©nĂ©rale santĂ©, lâItalienne SandraGallina, qui a passĂ© commande pour les 27. Câestune premiĂšre. « On peut imaginer faire de mĂȘmepour dâautres mĂ©dicaments afin dâobtenir demeilleurs prix », estime VĂ©ronique Trillet-Lenoir,cancĂ©rologue. Malheureusement, unecommande mutualisĂ©e de remdesivir Ă Gileadsâest rĂ©vĂ©lĂ©e peu judicieuse, le mĂ©dicamentanti-Covid Ă©tant maintenant dĂ©conseillĂ© par desĂ©tudes de lâOMS.
VERS UNE EUROPE DE LA SANTĂMalgrĂ© tout, de cette crise sanitaire majeurepourrait Ă©merger une Europe de la santĂ©, alorsque les Ătats-membres conservaient jusque-lĂ jalousement cette compĂ©tence au niveaunational. « Le budget europĂ©en allouĂ© Ă la santĂ©va passer de 450 millions dâeuros dans la pĂ©riode2014-2020 Ă 5 milliards dâeuros dans la pĂ©riode2021-2027. Il y a eu une vraie prise de consciencesur la nĂ©cessitĂ© dâune plus grande intĂ©gration,estime Nathalie Colin-OesterlĂ©, les Ătats-membresnâĂ©taient pas prĂ©parĂ©s. » La CommissioneuropĂ©enne vient de proposer dâĂ©tendre lespouvoirs de lâEMA, notamment pour gĂ©rer lesstocks, remĂ©dier aux pĂ©nuries de mĂ©dicamentset de matĂ©riel. Emer Cooke sâen est rĂ©jouie: «Câestla reconnaissance des nouvelles responsabilitĂ©sque nous avons assumĂ©es depuis le dĂ©but de lacrise. Câest le rĂ©sultat des leçons apprises au coursdes dix derniers mois. » Ă vrai dire, la directricede lâEMA nâen est pas encore Ă penser Ă sesmissions post-Covid, mais plutĂŽt Ă organiser ledĂ©ploiement des vaccins. « Nous avons dĂ©veloppĂ©un systĂšme de surveillance mensuel pour traquerdâĂ©ventuels effets secondaires, et nous lanceronsen parallĂšle des Ă©tudes indĂ©pendantes.»On nâa pasosĂ© lui souhaiter de bonnes fĂȘtes.
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Ă Bruxelles. En 1998, elle entre Ă la CommissioneuropĂ©enne, et intĂšgre en 2002 lâAgenceeuropĂ©enne des mĂ©dicaments, alors basĂ©e Ă Londres â suite au Brexit, lâEMA sâest dĂ©localisĂ©een 2019 Ă Amsterdam et a emmĂ©nagĂ© cetteannĂ©e dans le quartier dâaffaires du Zuidas,quâon peut comparer Ă La DĂ©fense.
UN FORUM EN LIGNE CE VENDREDIDevenue responsable des affaires internationalesde lâAgence, Emer Cooke passe en 2016Ă lâOrganisation mondiale de la santĂ© (OMS),Ă GenĂšve, oĂč elle Ă©toffe son rĂ©seau de contactsmondial. Elle est nommĂ©e en juillet dernierĂ la tĂȘte de lâEMA, et prend ses fonctionsle 23 novembre. DĂ©buts en fanfare, donc, maisavec une connaissance parfaite du dossierCovid : « Depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie,je lui ai consacrĂ© 80% de mon temps Ă lâOMS. »LâIrlandaise, qui travaille en ce moment plusde douze heures par jour et le week-end, peutaussi compter sur le soutien de nombreuxeurodĂ©putĂ©s, notamment Ă la CommissionENVI (Environnement, santĂ© publique, sĂ©curitĂ©alimentaire). Le soir de lâannonce britannique,la Française Nathalie Colin-OesterlĂ© (PPE,conservateur) nous dĂ©clarait ainsi partĂ©lĂ©phone : « Il ne faut surtout pas confondrevitesse et prĂ©cipitation, il ne faut pas donnerde feu vert si lâon nâest pas sĂ»r. Cela ne sert Ă riende hĂąter lâautorisation si personne ne veut sefaire vacciner ensuite, par dĂ©fiance. » Depuisplusieurs semaines, lâĂ©lue locale de Metz entendles inquiĂ©tudes de ses administrĂ©s : « Les genspensent quâon va trop vite, quâon fait passerlâintĂ©rĂȘt des laboratoires avant la santĂ© descitoyens, alors que lâEurope dĂ©fend les standardsles plus Ă©levĂ©s au monde. »Emer Cooke a bien conscience de lâenjeu,
notamment pour la France, pays de LouisPasteur oĂč paradoxalement les mouvements«antivax» sont particuliĂšrement virulentset pullulent sur les rĂ©seaux sociaux. Câestpourquoi elle a dĂ©cidĂ© dâorganiser, ce vendredi11 dĂ©cembre, un forum en ligne oĂč lesEuropĂ©ens pourront exposer leurs craintes etposer des questions aux scientifiques de lâEMA.« Il est trĂšs important que les rĂ©actions descitoyens soient basĂ©es sur des informations,pas sur des mythes ou des rumeurs », confiela directrice gĂ©nĂ©rale de lâAgence, crĂ©Ă©e en 1995,aujourdâhui forte de quelque 900 personnes.« Les gens ont oubliĂ© que les vaccins ont changĂ©le monde et inflĂ©chi les courbes de mortalitĂ©,
« IL EST TRĂS IMPORTANTQUE LES RĂACTIONS DESCITOYENS SOIENT BASĂESSUR DES INFORMATIONS,PAS SUR DES RUMEURS. »
DR
Un centre de vaccinationen cours dâinstallationdans un gymnase en Allemagne,Ă Eschwege (Hesse),le 1er dĂ©cembre 2020.
54 â LES ECHOS WEEK-END
BUSINESS STORY WIZZ AIR
WIZZ AIR AUSEPTIĂME CIEL
ne compagnie aĂ©rienne qui, enpleine pandĂ©mie, ouvre de nouvelles liaisonsentre Cluj-Napoca (Roumanie) et Karlsruheou entre Bergen et Trondheim, qui installeune base aĂ©roportuaire Ă Gatwick et bientĂŽtune autre Ă Abu Dhabi? Câest possible.Pas une semaine ne passe sans une nouvelleinitiative de la remuante Wizz Air. En six mois,la compagnie low cost paneuropĂ©enne dâoriginehongroise a rĂ©allouĂ© 20% de ses capacitĂ©spour mettre en place pas moins de260 nouvelles liaisons et 13 nouvelles bases,tout en prenant livraison, comme prĂ©vu, de7 nouveaux Airbus A321 neo â les avionsmonocouloir les plus compĂ©titifs du marchĂ©.Dans une industrie sapĂ©e par lâeffondrement
du tourisme et des voyages dâaffaires, la Bourseapplaudit lâactivisme de cet opĂ©rateur mineurqui fait la nique aux grandes compagnies : Ă Londres oĂč lâentreprise est cotĂ©e, lâaction sâest
envolĂ©e (câest le cas de le dire) Ă 4884 pence(+87% par rapport Ă la mi-mai). Avec plus de4,18 milliards de livres (4,60 milliards dâeuros)de capitalisation au 7 dĂ©cembre, la sociĂ©tĂ© crĂ©Ă©een septembre 2003 pĂšse deux fois plus quâAirFrance-KLM (2,28 milliards dâeuros).
« En Ă©conomie, tout bas de cycle estgĂ©nĂ©ralement suivi par une phase de croissance,lâoccasion pour nous dâamĂ©liorer notrecompĂ©titivitĂ© », rappelle lors dâun entretienen visioconfĂ©rence le PDG et cofondateurde Wizz Air, JĂłzsef Varadi. Ăconomistede formation, lâancien directeur gĂ©nĂ©ralde la compagnie nationale hongroise MalĂ©vnâa pas Ă©tĂ© surpris par le retournement deconjoncture. En revanche, cet entrepreneur,qui a rejoint le secteur aĂ©rien aprĂšs dix anspassĂ©s chez Procter & Gamble, nâavait « pasanticipĂ© quâil serait provoquĂ© par un virus ! »InĂ©dit, ce choc aurait plutĂŽt tendance Ă
Dans un secteur ravagĂ© parla pandĂ©mie, la compagnielow cost dâorigine hongroise
nargue les majors.Capitalisant sur des coûtsultracompétitifs et lajeunesse de sa clientÚle.
Par Florence Bauchard
Un Airbus 321aux couleurs
de la compagniehongroiseWizz Air.
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56 â LES ECHOS WEEK-END
BUSINESS STORY WIZZ AIR
stimuler le sportif accompli, joggeur quasimentquotidien, skieur lâhiver et golfeur lâĂ©tĂ©, mariĂ©Ă une championne olympique de kayak.Encore trop jeune en 2008 pour profiter
de la redistribution des cartes consĂ©cutiveĂ la crise des subprimes, Wizz Air a depuis bienprospĂ©rĂ© avec lâappui dâun premier actionnaireexpĂ©rimentĂ©, le fonds amĂ©ricain Indigo Partners,notamment grĂące au trafic dit «ethnique»des migrants Ă©conomiques de Pologne,Hongrie, et autres pays dâEurope centrale,vers le Royaume-Uni, lâAllemagne, la Franceou les Pays-Bas. Câest dans un deuxiĂšme tempsque le transporteur a captĂ© des touristes et uneclientĂšle dâaffaires. Le pavillon Ă bandeau fuchsiaet bleu aisĂ©ment reconnaissable est devenu lepremier opĂ©rateur dâEurope centrale et orientaledevant Ryanair, battant Ă son propre jeu le tĂ©noreuropĂ©en du low cost â pourtant deux fois plusgros que lui â avec des coĂ»ts par siĂšge disponible(hors fioul) trĂšs faibles (2,70 euros). Le fruitdâune politique tarifaire agressive, dâunedistribution en direct, et de coĂ»ts du personnelallĂ©gĂ©s, sans parler de lâexternalisation Ă 100%des services demaintenance.
80 MILLIONS DE PASSAGERS DâICI Ă 2025Si dĂšs avril dernier Wizz Air a rĂ©duit de 20%son effectif â plutĂŽt jeune et peu syndiquĂ© â,« promettant de les rĂ©embaucher dĂšs quela situation le permettra », selon la secrĂ©tairegĂ©nĂ©rale Marion Geoffroy, la compagniemaintient son objectif de doubler dâici Ă 2025son trafic passagers, avec 80 millions depassagers sur six ans, tout en continuantĂ Ă©toffer sa flotte. EntamĂ©e depuis quelques
annĂ©es, elle veut accĂ©lĂšrer la diversificationde son offre en Ă©tendant son rĂ©seau verslâOural et le sud-est et la densifier en Europeoccidentale. Tout est prĂȘt pour lâouverturedâune base Ă Abu Dhabi le 15 janvier,en coopĂ©ration avec le trĂšs puissant fondssouverain ADIA. Dans lâUnion europĂ©enne,la prioritĂ© est Ă la densification du maillage,sur des liaisons intĂ©rieures moins touchĂ©espar la crise sanitaire. En France, oĂčWizz Airest dĂ©jĂ prĂ©sente sur plusieurs aĂ©roportsrĂ©gionaux (Beauvais, Grenoble, BordeauxâŠ),« la compagnie pourrait Ă©galementĂȘtre tentĂ©e par des transversales libĂ©rĂ©es parla concurrence », estime Guillaume Hue,directeur associĂ© du cabinet de conseil ArcheryStrategy Consulting.La compagnie ultra-low cost a les moyens
de ses ambitions, aprĂšs plusieurs annĂ©esde croissance Ă deux chiffres. Au termede son dernier exercice clos au 30 mars 2020,elle affichait encore 300 millions dâeuros
de bĂ©nĂ©fice net pour 2,7 milliards de chiffredâaffaires. « Nous avons suffisammentde liquiditĂ©s pour tenir deux ans sans faire volerun avion et nous disposons de lâune des basesde coĂ»ts les plus compĂ©titives en Europe »,lance JĂłzsef Varadi dans un anglais Ă peineteintĂ© dâune pointe dâaccent sur les «r».Avec une flotte dâAirbus rĂ©cente â quatre anset demi contre huit ans en moyenne pourRyanair ou EasyJet â, Wizz Air est prĂȘteĂ capitaliser sur toute esquisse de reprise,comme elle lâa prouvĂ© lâĂ©tĂ© passĂ©. Sa clientĂšlehistorique relativement jeune (36 ans enmoyenne), et donc moins inquiĂšte face au virus,a rĂ©pondu prĂ©sent dĂšs la levĂ©e des restrictions.
« Les prochains mois vont ĂȘtre trĂšs difficiles »,reconnaĂźt toutefois le PDG, qui se projette dĂ©jĂ Ă lâĂ©tĂ© prochain sans faire de pronosticsur les rĂ©sultats annuels. « La saison estivaledevrait marquer un tournant, avec une visibilitĂ©accrue sur des vaccins espĂ©rons-le efficaces »,spĂ©cule le dirigeant depuis le siĂšge genevoisde lâentreprise, Ă la veille de sâinstallertemporairement Ă Londres pour gĂ©rerla transition du Brexit. En attendant,« quotidienne et opportuniste, la gestion dĂ©penddes mesures imposĂ©es par les gouvernementset la profitabilitĂ© attendue », explique MarionGeoffroy. Les clients ne semblent pas avoirperdu le goĂ»t de voyager, pourvu que lâĂ©tausanitaire se desserre. « Il suffit de voir lâexplosiondes rĂ©servations constatĂ©e en octobre lorsde la suppression des restrictions entreles Canaries et lâAngleterre avant que leconfinement dĂ©crĂ©tĂ© par Boris Johnson nây metteun terme », souligne le directeur commercialGeorge Michalopoulos.En attendant une relance du transport
aĂ©rien et une meilleure coordination desprotocoles sanitaires, les nĂ©gociations vont bontrain pour abaisser encore les coĂ»ts dâopĂ©rationdans des aĂ©roports europĂ©ens aux abois :prĂšs de 200 dâentre eux seraient au bordde la faillite. « Certes, Wizz Air prend despositions, mais sans doute moins agressivementquâannoncĂ© au dĂ©part, et certainement pasde maniĂšre rentable pour le moment »,tempĂšre Guillaume Hue. Il faudra peut-ĂȘtrese dĂ©pĂȘcher dâaller Ă Cluj-Napocaj viaKarlsruhe, au cas oĂč la ligne fermeâŠ
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DANS LâUNION EUROPĂENNE,LA PRIORITĂ EST Ă LA DENSIFICATIONDU MAILLAGE, SUR DES LIAISONSINTĂRIEURES MOINS TOUCHĂESPAR LA CRISE SANITAIRE.
József Varadi, PDG et cofondateur de Wizz Air, photographiéau Global Aviation Festival, à Londres en septembre 2016. C
HRISRATCLIFFE/BLO
OMBERG
LES ECHOS WEEK-END â 57
CULTURE11 DĂCEMBRE 2020
LE CINĂMAPASSE AU VERT
Tournagedâeffets spĂ©ciaux
sur fond vert.
Par VĂ©ronique Le Bris
EVERETTCOLLECTION/ABACA
58 â LES ECHOS WEEK-END
CULTURE
410000 allers retours Paris-New York en avion.Produire du cinĂ©ma pollue, Ă un point telquâHollywood Ă©tait considĂ©rĂ© en 2006 commele deuxiĂšme pollueur de Californie aprĂšs lesecteur du pĂ©trole. Ces donnĂ©es sont anciennes,rares, voire pas trĂšs fiables. « Il nây a pas dâĂ©tudeprĂ©cise chiffrĂ©e du secteur, pas de visionscientifique », dĂ©couvre avec surprise ClĂ©menceLacharme. Consultante senior de Carbone 4,elle fait partie du quatuor dâexperts que leCentre national du cinĂ©ma et de lâimage animĂ©e(CNC) a missionnĂ© depuis septembre 2020 pouranalyser le sujet et mettre en place, Ă terme, unepolitique cohĂ©rente. « Quantifier sera peut-ĂȘtreune de nos recommandations⊠Mais lâabsencede chiffres nâempĂȘche pas dâagir », dĂ©clare MarieCarrega, adjointe au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral delâOnerc (Observatoire national sur les effets durĂ©chauffement climatique intĂ©grĂ© au ministĂšrede la Transition Ă©cologique), mandatĂ©e elleaussi par le CNC. Au regard de leurs premiĂšresobservations sur le terrain et des discussionsavec des professionnels, le secteur est en retard,avec des pratiques surprenantes, notamment entermes de gestion des dĂ©chets. « Mais on ne peutpas dire que rien nâa encore Ă©tĂ© fait. Et certainesinitiatives sont fortes », poursuit Marie Carrega.Pour lâinstant â et câest en cela que la volontĂ©
du CNC de structurer sa politique quisâimposera aux acteurs du milieu estpertinente â, les expĂ©riences sont sporadiques
Pour lâindustriecinĂ©matographiquecela aurait dĂ» ĂȘtrelâannĂ©e de la prisede conscienceĂ©cologique. Les effetsde la pandĂ©mie ontredĂ©fini les contoursdâune mutationinĂ©luctable. Vers unmieux? Encore troptĂŽt pour le dire.
es Arcs Film Festival de 2019 avaient annoncĂ© lacouleur. DĂ©sormais, le cinĂ©ma sera vert. ChaqueĂ©dition de ce rendez-vous dâaltitude vivra aurythme de son Green Lab qui rĂ©unit expertset partages dâexpĂ©riences menĂ©es dans toutelâEurope. Cette initiative, lâune des premiĂšresdâun grand festival gĂ©nĂ©raliste en France, devaitamorcer un mouvement de fond et de rĂ©flexionpour rĂ©duire lâempreinte Ă©cologique du secteur,sur le modĂšle de lâaction quâil avait menĂ©e enfaveur de la paritĂ© avec son Lab des Femmes.Le Festival de Cannes, en mai suivant, devaiten ĂȘtre le point dâorgue.Le Covid 19 est passĂ© par lĂ , annulant au
passage tous les grands rendez-vous habituels,mettant le secteur Ă genoux jusquâĂ en redĂ©finirles prioritĂ©s. Mais justement, en tant que causeet consĂ©quence dâun bouleversement Ă©cologiqueprofond, cette pandĂ©mie contribue-t-elle Ă propulser le nĂ©cessaire verdissement ducinĂ©ma? La rĂ©flexion est lancĂ©e, des initiativeshier pionniĂšres trouvent de plus en plus leurraison dâĂȘtre et se multiplient. Reste toutefois Ă convaincre la grande majoritĂ© dâun secteur quinâaime pas trop changer ses habitudes mais qui,bientĂŽt, nâaura plus le choix.En 2011, il avait Ă©tĂ© Ă©tabli que lâindustrie
audiovisuelle (câest-Ă -dire la productiontĂ©lĂ©visuelle, publicitaire et cinĂ©ma) françaiselibĂ©rait 1,1 million de tonnes de CO2 chaqueannĂ©e dans lâatmosphĂšre, soit lâĂ©quivalent de 20
20B-REELFILMS.ALLRIGHTSRESERVED
LES ECHOS WEEK-END â 59
LE CINĂMA PASSE AU VERT
Sur un tournage, les dĂ©cors constituentle second poste gourmand en Ă©mission carboneet reprĂ©sentent, Ă eux seuls, 20% du total.Le collectif Eco-dĂ©co dont ValĂ©rie Valero, cheffedĂ©co de Fin de matinĂ©e dâHiroshi Nishitaniou de Shakira de NoĂ©mie Merlant, est lâunedes fondateurs, sâest depuis prĂšs de deux ansvivement mobilisĂ© pour nĂ©gocier un tournantĂ©cologique. « Câest la premiĂšre fois que notremĂ©tier dĂ©cide de rĂ©flĂ©chir Ă ses habitudes de
par Ecoprod ou certaines rĂ©gions commelâIle-de-France. Au cours de 2020, les prioritĂ©sont Ă©voluĂ©. « Certes, les tournages ont reprisavec mĂȘme une certaine frĂ©nĂ©sie depuisle dĂ©confinement. Avec deux attitudes encore plustranchĂ©es : les plus vertueux le restent, les autresâ la grande majoritĂ©, pas encore sensibilisĂ©eau sujet â se comportent plus mal quâavant »,constate Mathieu Delahousse, prĂ©sident etcofondateur de Secoya.
et dĂ©pendent beaucoup de lâengagementpersonnel de ceux qui les prennent. Et celamalgrĂ© Ecoprod, un collectif incitatif crĂ©Ă© pardes acteurs du secteur (lâAdeme, Audiens,France TĂ©lĂ©visons, Tf1 ou Film Paris RĂ©gion)qui sensibilise aux bonnes pratiques, existedĂ©jĂ depuis dix ans. Notons au passage quelâaudiovisuel (films, sĂ©ries ou festivals TV) est,Ă ce jour, plus impliquĂ© que ne le sont lapublicitĂ© et le cinĂ©ma.
UN GROS TRAVAIL DE SENSIBILISATIONLa premiĂšre Ă©tape cruciale est celle du tournage,dont lâĂ©conomie est tendue et contrainte.Le premier poste coĂ»teux en bilan carbone estcelui de la rĂ©gie avec notamment le transport,lâhĂ©bergement et la nourriture oĂč le gaspillageest souvent la rĂšgle. CrĂ©Ă©e par deux rĂ©gisseurs,la sociĂ©tĂ© Secoya, propose toute une gammede services qui va de lâaudit Ă la mise en placedâun Ă©comanager chargĂ© de sensibiliser lesĂ©quipes et de faire respecter les protocoles,des rĂšgles de gestion de dĂ©chets ou de tablesde rĂ©gie vertueuses, renforcĂ©es de rĂšglessanitaires depuis la Covid (fruits ou alimentsen vrac, fontaine Ă eau et gobelet nominatif,machine Ă cafĂ© en grain etc.).Avant la pandĂ©mie, le surcoĂ»t dâun tournage
écologique était estimé à 2% du budget totalmais pouvait se compenser par les écobonus(en moyenne de 15000 euros) distribués
Dans leurdocumentaireDemain (2015),Cyril Dion et
Mélanie Laurentprésentent
des citoyens quichangent les choses
au quotidien.
à gauche, I am Greta,le documentairede Nathan Grossmansur et avec GretaThunberg (au centre),est présenté dansla section Déplacerles montagnes duFestival des Arcs2020.
Ci-contre :007 Spectre (2015),le film de SamMendes, unesuperproductionavec grands moyenset gros effets pastrĂšs Ă©cocompatiblesâŠ
EONPRODUCTIONS/COLL.CHRISTOPHEL
DR
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CULTURE LE CINĂMA PASSE AU VERT
travail. Lâinitiative vient du terrain », souligne-t-elle. En cela, elle est originale. Une charte depratiques durables a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e, enrichie defiches qui recommandent la rĂ©utilisation desfeuilles de dĂ©cor amovibles, la location, lâachatdâoccasion et la revente des Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs,la limitation des quantitĂ©s de matĂ©riaux et dessolvants, lâutilisation de peintures ou collesĂ©coresponsables, la rĂ©duction et le tri desdĂ©chets⊠voire une consommation rĂ©duitede lâeau pour le lavage des pinceaux.Durant le Production Forum de janvier 2020,
le collectif Eco-dĂ©co avait rĂ©alisĂ© un dĂ©cor de80 m2 Ă©coresponsable afin de montrer, in vivo,les rĂ©sultats et les avancĂ©es de leurs recherches.Depuis, un questionnaire a Ă©tĂ© envoyĂ© Ă prĂšs de2000 professionnels. Il servira Ă crĂ©er un siteInternet qui cartographiera, rĂ©pertoriera etpartagera toutes les bonnes adresses dematĂ©riaux, de ressourcerie. Lâinitiative estfinancĂ©e par lâAdeme, agence de transitionĂ©cologique mais fonctionne grĂące Ă lâimplication bĂ©nĂ©vole des techniciens dĂ©coles plus motivĂ©s.Parmi ces bonnes adresses, figureront sans
doute celles des Provence Studios, situĂ©s Ă Martigues, oĂč ces pratiques vertueuses sontle lot quotidien. Les 26000 m2 qui lescomposent sont Ă©coconçus, Le toit est recouvertde panneaux solaires et dotĂ©s de fenĂȘtres pourtourner en lumiĂšre naturelle. Les bĂątimentssont chauffĂ©s et refroidis par thalassothermie et Ă©clairĂ©s par leds. Et tout ce qui estrĂ©cupĂ©rable â de lâeau de pluie aux dĂ©cors â lâest.Ces studios dâabord construits pour sĂ©duireles productions amĂ©ricaines ont dĂ©jĂ accueilliquelques films français : les scĂšnes de cascadede Taxi 5, le tournage sur fond vert de GastonLagaffe ou encore Bronx, le dernier OlivierMarchal diffusĂ© sur Netflix.Mais lâimpact Ă©cologique du cinĂ©ma dĂ©passe
largement les tournages. Une fois un filmterminé, il voyage souvent de festival en festival
avant sa sortie en salle. Par leur attractivitĂ©,ces manifestations constituent un autre grospoint noir du bilan carbone du secteur.LĂ encore, les transports, lâhĂ©bergementet les dĂ©chets crĂ©Ă©s par les festivaliersnĂ©cessitent que de bonnes pratiques soientmises en place. Benedikt Erlingsson,le rĂ©alisateur islandais deWoman at war, avaitdemandĂ© Ă chacun des festivals qui lâavaientinvitĂ© Ă dĂ©fendre son film de compenserson bilan carbone en plantant des arbres.Le Green Lab des Arcs Film Festival,
dont la deuxiĂšme Ă©dition commence (en ligne)le 12 dĂ©cembre 2020 a aussi cette ambitionvertueuse. La dĂ©marche est dâautant pluspertinente que le bilan carbone du festival,surtout en termes de transports est lourd :il faut acheminer les festivaliers venus de toutelâEurope Ă 1950 mĂštres dâaltitude ! LĂ encore,le partage dâexpĂ©rience a Ă©tĂ© privilĂ©giĂ© Ă traversune plate-forme Ă construire, lâidĂ©e Ă©tantĂ court terme de crĂ©er une Charte Greencommune Ă tous les festivals europĂ©enscomparables (La Rochelle, Riga, Rotterdamou SarajevoâŠ), mais sâadaptant aux contraintesde chacun. Ă Sarajevo par exemple, câest le trides dĂ©chets qui pose problĂšme.
UN PRIX ASSOCIĂ Ă UNE ASSOCIATIONTous sâengagent aussi Ă compenser leur bilancarbone. Aux Arcs, il est Ă©valuĂ© Ă environ2000 euros par Ă©dition. Cette somme, doublĂ©epar le partenaire TV5 Monde, est reversĂ©eĂ une association choisie par le laurĂ©at du prixCinĂ©ma et engagement environnemental. En2019, Ădouard Bergeon (Au nom de la terre),lâa destinĂ©e Ă une association qui lutte contrele suicide des paysans. Cette annĂ©e, câest NathanGrossman auteur du documentaire I am Greta,qui lâattribuera. Dâautres Ă©vĂ©nementssont prĂ©vus dont une section «DĂ©placerles montagnes» qui mĂ©lange engagementcitoyen et Ă©cologie, corĂ©alisĂ©e avec la
Le rĂ©seau Utopia,qui gĂšre des cinĂ©masplutĂŽt dans le sudde la France, a dĂ©cidĂ©de lancer un projetdâun petit complexede quatre salles et300 places. CâestPont-Sainte-Marie,commune limitrophede Troyes (Aube), quilâaccueillera dans unĂ©coquartier. Conçupour aller bien au-delĂ des normes actuelles, lebĂątiment sera Ă Ă©nergiepositive, avec pompeĂ chaleur, panneauxphotovoltaĂŻques etsystĂšme de gĂ©othermie.Son ossature sera enbois, son toit en pailleet sa consommationen eau minimale grĂąceaux toilettes sĂšches.«Notre projet estlĂ©gitime et cohĂ©rentavec la programmation
engagĂ©e dâUtopia»,dĂ©clare Anne Faucon,sa future directrice,mĂȘme si les institutionsou la mairie de Troyesleur ont mis des bĂątonsdans les roues.Pour sâimposer, il a falluconvaincre le fondseuropĂ©en dedĂ©veloppementrĂ©gional (Feder),ouvrir une campagnede souscription Ululeet sâassurer un soutienmĂ©diatique et depersonnalitĂ©s engagĂ©estels Robert GuĂ©diguianou Charlotte Silvera.Les travaux devraientdĂ©buter en 2021.Ce cinĂ©ma Ă©cologiquepionnier et exemplairecomprendra Ă©galementune salle dâĂ©ducationĂ lâimage et desensibilisationĂ lâĂ©cologie.
UTOPIA, UNE SALLE MODĂLE
Woman at war (2017),de BenediktErlingsson oulâhistoire dâHalla,cĂ©libatairesans histoirequi cacheune activisteenvironnementaletrĂšs engagĂ©e.
SLO
TMACHINE/JOUR2FETE
DR
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jeune militante Camille Ătienne, porte-paroledu mouvement #onestpret. « Certes, on brĂ»ledu CO2, mĂȘme quand le festival se dĂ©roule enligne, reconnaĂźt volontiers Guillaume Calop,le dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral,mais en organisant cesrencontres, en diffusant ces expĂ©riences, ces filmset ces idĂ©es, nous contribuons Ă sensibiliseret Ă propager les comportements vertueux. »Si le cinĂ©ma a un rĂŽle capital Ă jouer pour
la sensibilisation et la reprĂ©sentation, câest sansdoute Ă travers les films quâil est le plus Ă mĂȘmede diffuser des messages. Il lâa dâailleursbeaucoup fait au tournant des annĂ©es 2000.RappelonsMicrocosmos : le peuple de lâherbeproduit par Jacques Perrin,Home de YannArthus-Bertrand, La Marche de lâempereur deLuc Jacquet, oscar du meilleur documentaireou encore Demain de Cyril Dion et MĂ©lanieLaurent, pour ne citer que les principauxsuccĂšs. Ces films qui ont incontestablementcontribuĂ© Ă sensibiliser le grand public Ă labeautĂ© de la planĂšte et Ă la nĂ©cessairesauvegarde de sa biodiversitĂ©, ont-ils Ă©tĂ©produits et rĂ©alisĂ©s de maniĂšre vertueuse?« Pas vraiment, avoue Luc Jacquet,mĂȘme si onfait attention. Mais on tourne longtemps, dansdes endroits difficiles dâaccĂšs⊠Jâai essayĂ© demettre en place un protocole du type Secoya de laconception du projet jusquâau banc de montage,mais cela coĂ»te trĂšs cher. »Plus que jamais, lâargent devient le nerf de la
guerre. « Financer des films sur lâenvironnementest devenu un enfer. Câest dĂ©sormais un sujet tropgrave pour ĂȘtre de lâentertainment. Dâautant quâilest difficile de toucher ceux qui ne sont pas
lâurgence mĂ©diatique au second plan tout enmalmenant la parole scientifique. Et deconclure : « DĂ©sormais, on navigue Ă vue. »Pour les expertes mandatĂ©es par le CNC, 2020
pourrait pourtant ĂȘtre le moment opportunpour adopter demeilleures habitudes de travailet permettre au secteur dâentamer vraimentsa transition Ă©cologique. On attend doncavec impatience leurs recommandationset la politique mise en place, qui ne serontdĂ©voilĂ©es quâau prochain Festival de Cannes.
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Alors productrice pour la sociĂ©tĂ© Haut et Court,fort engagĂ©e dans une dĂ©marche quotidienneĂ©cologique depuis cinq ans, Julie Billy racontecomment le tournage Ă lâĂ©tĂ© 2019 de Gagarine, quisâinscrit dans le cadre de la dĂ©molition de la citĂ©, aĂ©tĂ© le plus responsable possible. «Nous tournionsĂ Ivry-sur-Seine oĂč les Ă©quipes, quand ellesnâĂ©taient pas recrutĂ©es sur place, se rendaient Ă vĂ©lo ou en mĂ©tro. Nous nâavons eu que deuxvoitures Ă disposition pour les comĂ©diens. La dĂ©coa privilĂ©giĂ© la rĂ©utilisation et la rĂ©cup en limitantles dĂ©chets. Et nous avons au maximum tentĂ© detravailler avec les habitants du quartier : pour lesfigurants, les Ă©quipes techniques et la cantine,confiĂ©e Ă une association locale qui nâa servi quedes repas vĂ©gĂ©tariens. » Le budget de ce premierfilm (2,8 millions dâeuros) ne permettait pas demettre en place une stratĂ©gie complĂšte avec
LâEXEMPLE DU TOURNAGE DE « GAGARINE »
tous a crĂ©Ă© une dynamique positive, une ambianceinclusive et chaleureuse qui a eu beaucoup debienfait dans le management dâĂ©quipe. Nous avonsconstatĂ© que ces efforts Ă©cologiques retombentsurtout sur la rĂ©gie quâil faut donc renforcer dâunou deux stagiaires. Dans le mĂȘme temps, nousavons Ă©conomisĂ© sur les repas dont le coĂ»t estpassĂ© de 25 Ă 20 euros par tĂȘte. Tourner Ă©coloest donc rentable mais nĂ©cessite une journĂ©ede travail en amont avec les chefs de postepour revoir lâorganisation gĂ©nĂ©rale. »La pandĂ©mie a ensuite contraint Ă une stratĂ©giemarketing totalement virtuelle (sans dĂ©placementsdes Ă©quipes, ni support papier). Ce qui nâa pasempĂȘchĂ© Gagarine, labellisĂ© Cannes 2020, dâĂȘtrevendu Ă 40 pays (dont Singapour, TaĂŻwan etles Ătats-Unis) avant sa sortie France prĂ©vuele 6 janvier 2021.
convaincus, de leur faire comprendre que cesenjeux-lĂ sont vitaux et de bon sens », expliqueencore le rĂ©alisateur, dont les cinq prochainsprojets sont financĂ©s avec lâaide de la FondationPrince-Albert-II-de-Monaco et pensĂ©s dans unelogique de mini-studio avec des dĂ©clinaisonssous la forme dâexpositions immersives, dâundocumentaire, dâun support pĂ©dagogique, etc.« Je ne pars plus pour un tournage mais enexpĂ©dition dâoĂč je ramĂšne des images », dĂ©clare-il.Câest devenu encore plus compliquĂ© cette annĂ©e,avec la pandĂ©mie qui accroĂźt les coĂ»ts desvoyages et a paradoxalement fait passer
LâĂ©quipe de Secoya aideles sociĂ©tĂ©s de
production dans unedémarche écologique.
Ă©comanager ou bilan carbone. «Nous avons doncfait appel Ă Secoya pour la gestion des dĂ©chets, latable rĂ©gie sans plastique, ni capsule de cafĂ© et lamise en place dâune signalĂ©tique de sensibilisation.Enfin, en postproduction, nous avons rĂ©utilisĂ© lesmĂȘmes disques durs et limiter les sauvegardes. »Quels bĂ©nĂ©fices ont Ă©tĂ© tirĂ©s? «Lâengagement de
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CULTURE
Nostalgie, quandtu nous tiens. Sous le sapin cette annĂ©e,les cadeaux pourraient avoir le doux parfumdu passĂ©. DâAmyWinehouse Ă Serge Gainsbourgen passant par McCartney, lâheure est auxrĂ©Ă©ditions, ces albums Ă succĂšs enrichis deraretĂ©s, de dĂ©mos et de captations live. Unemadeleine de Proust pour tous collectionneurs etunemaniĂšre habile pour les maisons de disquesde continuer Ă faire vivre les catalogues de leursartistes. Finis les annĂ©es 1990 et lâĂąge dâor du CD,durant lesquels les majors rĂ©Ă©ditaient Ă tour debras les albums stars de lâĂ©poque du vinyle. «Onest dĂ©sormais sur la mĂȘme culture que le livre: lebel objet prend dâautant plus dâimportance Ă lâĂšrede la dĂ©matĂ©rialisation. Et si le travail autour duson est toujours trĂšs important, la partie Ă©ditorialesâest davantage Ă©toffĂ©e», explique Georges deSousa, directeur du label PanthĂ©on et directeurcommercial physique chez Universal Music.Ainsi, les albums de Piaf se nichent-ils
dĂ©sormais dans une luxueuse mallette,lâalbum «Young Americans» de Bowiese dĂ©cline sur un Ă©clatant vinyle dorĂ©.Sans parler de lâintĂ©grale de Dylan, avecpour Ă©crin une boĂźte en forme dâharmonica.Une façon de prendre Ă rebours lâĂ©couteactuelle de la musique en ligne. Et de seplonger dans lâhistoire dâune Ćuvre.Au risque parfois de tomber dans le
superflu : la rĂ©Ă©dition de «The Wall » des PinkFloyd joue ainsi des photos inĂ©dites, mais aussides Ă©charpes, des sous-verres et des billes enlâhonneur du groupe. « Câest un stratagĂšme demercenaire. Une façon pour les artistes et leursmaisons de disques dâinciter les fans les pluspassionnĂ©s Ă acheter des albums quâils ontdĂ©jà », nuance le critique musical SimonReynolds.
Ă LA RECHERCHE DES PĂPITESAu-delĂ de leur packaging soignĂ© ou insolite,quâapportent musicalement ces nouveauxcoffrets? « Beaucoup de disques rĂ©Ă©ditĂ©s sont loindâĂȘtre des chefs-dâĆuvre, mais sont prĂ©sentĂ©scomme des trĂ©sors perdus », ironise SimonReynolds. « On a parfois lâimpression dâĂ©couterles fonds de tiroir, tel le prochain album âAfterthe Gold Rushâ de Neil Young, avec deux bonusdu mĂȘme morceau », ajoute le journaliste et
QUAND LA MUSIQUEREJOUE SES SUCCĂS
Entre disques hommages et anniversaires, nouveaux albumsenrichis dâune poignĂ©e dâinĂ©dits, le monde de la musique revisite
ses classiques à grand renfort de rééditions.
Par CĂ©cilia Delporte
KIRTONROSS/EYEVINE/ABACA
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LES RĂĂDITIONS DâALBUMS
documentariste rock Christophe Conte.Fort heureusement, on y trouve bien souventdes «pĂ©pites». Car tels des chercheurs dâor,les Ă©quipes des labels sâimmergent dans la viedes artistes, Ă la recherche de vieilles bandesoubliĂ©es, de morceaux inĂ©dits, de versionsalternatives ou dâenregistrements live encorejamais dĂ©voilĂ©s au public. Un vĂ©ritable travaildâinvestigation, Ă la rencontre des photographesde lâĂ©poque, dâauteurs spĂ©cialisĂ©s, de fan-clubs,pour dĂ©nicher ces fameuses raretĂ©s. Surtoutdans les annĂ©es 1960 Ă 1980, «lâindustrie musicalereproduisant Ă lâinfini ces tĂ©moignages dâuneĂ©poque idĂ©alisĂ©e», analyse Christophe Conte.Ces coffrets onĂ©reux â avoisinant souvent
la centaine dâeuros â, les grandes maisons dedisques en dĂ©voilent dix Ă quinze par an. LeurĂ©laboration nĂ©cessite plus dâun an de travail.« Câest trĂšs diffĂ©rent de la commercialisationtraditionnelle dâun disque, oĂč lâartiste fait sapromotion, confie Thierry Jacquet, directeurgĂ©nĂ©ral du Back Catalogue chez Warner MusicFrance. Pour Ădith Piaf par exemple, lâintĂ©gralesâest vendue Ă 10 000 exemplaires Ă traversle monde. Mais nous sommes gĂ©nĂ©ralementsatisfaits lorsque nous vendons 1 000 Ă 5 000exemplaires de ces coffrets, car ils sâadressentĂ une cible trĂšs spĂ©cifique. On est souvent surdes Ă©ditions limitĂ©es et numĂ©rotĂ©es, il fautcalculer trĂšs prĂ©cisĂ©ment le nombre dâalbumsĂ fabriquer. »
UN TRAVAIL MĂTICULEUX SUR LE SONNombreuses sont aussi les rĂ©Ă©ditions « mettanten lumiĂšre une pĂ©riode plus mĂ©connue delâhistoire de la musique », sâenthousiasmeSimon Reynolds. Il cite la compilation«KankyĆ Ongaku» qui « fait dĂ©couvrir aux paysoccidentaux une musique encore peu disponibleen dehors du Japon ». Autre rĂ©ussite, cette fois-ciplus mĂ©diatisĂ©e : le dernier collector de Prince,«Sign OâThe Times», riche de deux concertset pas moins de 45 morceaux inĂ©ditset remastĂ©risĂ©s (voir encadrĂ© p. 66). LaremastĂ©risation, ce processus trĂšs spĂ©cifiquepermettant dâapporter aux sons du passĂ©de la brillance, de la rondeur, de la profondeuret de supprimer les possibles nuisances.Câest ainsi que le catalogue des Beatles, dont
les bandes analogiques ont été converties en
annĂ©es 1960. Au mĂȘme titre que lesenregistrements dâElvis Presley aujourdâhuine sâĂ©coutent plus comme Ă lâĂ©poque, surun 78 tours Ă Memphis », dĂ©cryptele musicologue Guillaume Gilles.Une façon de dĂ©poussiĂ©rer les morceaux
grĂące aux nouvelles technologies, dâĂ©tendreles droits de lâĂ©diteur sur le catalogueet de vendre des albums. Quitte Ă provoquerlâagacement des puristes, Ă lâimage du mixagede «Sgt. Pepperâs » en 2017. « Certains fans y ontvu une trahison de lâesprit original du disque »,se souvient Christophe Conte. Parfois, câestaussi une maniĂšre de « rĂ©parer» lâhistoire,comme en tĂ©moigne lâopus «Let It Be⊠Naked»en 2003, remaniĂ© afin quâil sonne tel queMcCartney lâaurait voulu : un album rock brut,dĂ©nuĂ© des chĆurs et cordes ajoutĂ©s Ă son insupar le producteur Phil Spector. « Câest un actede respect de lâĆuvre de lâartiste, clarifieGeorges de Sousa. Il faut le faire si cela a dusens. Il y a des artistes quâil ne faut surtout pastoucher, car la patine fait partie de lâhistoirede lâalbum. Je pense Ă Buena Vista Social Clubet au son cubain notamment. »
studios, un livede 2007 et des remixinĂ©dits.Ă droite: Prince,en 1987, lâannĂ©ede la sortie de sonalbum «Sign OâTheTimes», rĂ©Ă©ditĂ©aujourdâhuien coffret deluxe.
Ă gauche:Amy Winehouse,en novembre 2006.Les titres de lachanteuse anglaise,dĂ©cĂ©dĂ©e en 2011, fontlâobjet dâun coffreten Ă©dition limitĂ©e:«The Collection»,comprenant 3 albums
10000EXEMPLAIRES VENDUSdans le monde pour le coffret
intĂ©gral dâĂdith Piaf.Sa conception
a obtenu un Grammy Award.
numĂ©rique, a Ă©tĂ© soigneusement retravaillĂ© en2009 pour un rĂ©sultat flamboyant. Car loin dedĂ©naturer lâĆuvre dâorigine, la remastĂ©risationfait partie de lâĂ©volution naturelle dâun album:« Le disque Ă©volue, la technologie aussi et ceserait une erreur de considĂ©rer que lâon Ă©couteles Beatles comme nous le faisions dans lesJ
EFF
KATZ/THEPRINCEESTATE
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CULTURE LES RĂĂDITIONS DâALBUMS
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DrĂŽle de paradoxe, câest bel et bien le retouren grĂące du vinyle qui a donnĂ© un secondsouffle au marchĂ© des rĂ©Ă©ditions, parfoismĂȘme sâagissant dâalbums trĂšs contemporains.« Câest un procĂ©dĂ© purement commercial, puisquele disque original nâappartient pas au vinyle.Musicalement, cela dĂ©forme lâĆuvre qui nâa pasbesoin dâĂȘtre retravaillĂ©e. Câest devenu unargument marketing un peu factice », estimeGuillaume Gilles. Ă lâinstar du groupe Coldplayqui cĂ©lĂšbre cet hiver les 20 ans de son albumculte «Parachute» avec une remastĂ©risationdu CD⊠en vinyle.Dans les pas de leurs aĂźnĂ©s, les jeunes talents
ont repĂ©rĂ© le filon. Fin 2019, trois des plus grosalbums de lâannĂ©e â signĂ©s AngĂšle,Aya Nakamura et Lomepal â faisaient peauneuve avec des versions enrichies dâinĂ©dits.Lâalbum «Sainte-Victoire» de Clara Luciani sâestquant Ă lui offert deux rĂ©Ă©ditions, chacune richede bonus diffĂ©rents. Elles sĂ©duisent dâautantplus ces artistes quâelles leur permettentdâĂȘtre Ă nouveau prĂ©sents dans les classementsde streaming, nerf de la guerre dĂ©sormais.« Câest une façon de continuer Ă exister, expliqueGeorges de Sousa. On est sur un marchĂ© dâoffre.Si vous voulez faire parler de vous, il fautsouvent sortir une version deluxe, avecun nouveau packaging, un nouveau contenu. »Les rĂ©Ă©ditions, une petite entreprisequi ne connaĂźt pas la crise.
DES COFFRETS AU TOP
«Goats Head SoupCoffret SuperDeluxe»Album mĂ©sestimĂ©des Rolling Stones,dans lequel figurele mĂ©gatube Angie,« Goats Head Soup »retrouve de sasuperbe dansun coffret de quatreCD revisitantentiĂšrement le disque.Une versionremastĂ©risĂ©e, enrichiedâun « live » Ă Bruxellesde 1973, de dĂ©mos etde trois inĂ©dits, dontle fougueux Scarlet.
«Future NostalgiaDeluxe Boxset» et«Bonus Edition 2 CD»RĂ©vĂ©lation de lâannĂ©e,Dua Lipa revisite avecpanache son albumdisco-pop «FutureNostalgia ». LesdĂ©clinaisons sontnombreuses, de laversion agrĂ©mentĂ©ede 17 remix â dontlâun avec Madonna âĂ un coffret deluxeaccompagnĂ©notamment dephotographies.Mention spĂ©ciale Ă larĂ©Ă©dition française, oĂčfigure un duo inĂ©ditavec AngĂšle.
«Sign Oâ The TimesCoffret SuperDeluxe»Chef-dâĆuvrede Prince, «Sign Oâ TheTimes » vient dâĂȘtrerĂ©Ă©ditĂ© trente-trois ansaprĂšs sa sortiedans une versionremastĂ©risĂ©eet agrĂ©mentĂ©e defaces B et remixdâĂ©poque. La versionla plus luxueusepropose trois CDdâinĂ©dits et deux live :les concerts dâUtrechtle 20 juin 1987 etde Paisley Parkle 31 dĂ©cembrede la mĂȘme annĂ©e.
«Grand Prix EditionDeluxe»SuccĂšs de lâannĂ©e 2020,Benjamin Biolaypropose son «GrandPrix» en versionenrichie de cinqnouveaux morceaux,dont un duo avecJuliette Armanet.La rĂ©Ă©dition dĂ©dicacĂ©epar lâartiste contientĂ©galement un beaulivret de 80 pages,riche en photoset anecdotes autourde lâĆuvre, ainsiquâune affiche collectorĂ choisir.
«Gimme Some Truth.The Ultimate MixesȈ lâoccasion du 80e
anniversaire de lanaissance de JohnLennon, Yoko OnodĂ©voile cettesplendide compilation,remixant depuisAbbey Road lesmeilleurs morceaux delâartiste. Avec son filsSean Ă la production,lâalbum â proposĂ©en multiplesformats â comprend36 morceaux, dont lestitres posthumes issusde «Milk and Honey »,ainsi quâun livretde 124 pages.
«Serge Gainsbourg :Back to Mono»Les fans deGainsbourg peuventrĂ©Ă©couter dâune autreoreille ses albumsenregistrĂ©s entre 1958et 1968. Sâil Ă©taitdevenu impossiblede trouver leschansons de lâartistetelles quâelles Ă©taientparues Ă lâorigineâ en mono â, chacundes morceaux a Ă©tĂ©retravaillĂ© depuisAbbey Road dans sonformat dâorigine.Le tout proposĂ© dansun superbe coffretvinyle 180 grammes.
Benjamin Biolay, photographiéà Paris en juin. Son dernier album«Grand Prix» sort en versionenrichie.
MATHIEUZAZZOPOURLESECHOSWEEK-END
DR
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11 DĂCEMBRE 2020
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Bianca Castafiore,le célÚbre
personnage créépar Hergé en 1938.
DES CAILLOUXET DES BULLESAu-delà de leurs formesgraphiques, les bijouxoffrent de parfaits scenariiaux auteurs de BD. Entrevols rocambolesques,trésors cachés et pouvoirdes pierres, ils brillentdans le neuviÚme art.
Par Gabrielle de Montmorin
HERGĂ/MOULINSARTâ2020
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entdix mille euros. Câest lâestimation basse pourun crayonnĂ© de la page 54 de lâalbum Les Bijouxde la Castafiore qui sera mis aux enchĂšresle 14 janvier prochain par la maison de ventesArtcurial. Le prĂ©cieux document de travailâ Ă©quivalent Ă un scĂ©nario prĂ©cĂ©dant la pageencrĂ©e â, devrait vite trouver preneur. PourSaveria de Valence, spĂ©cialiste du dĂ©partementbandes dessinĂ©es de lâentreprise, « personnene sait vraiment expliquer pourquoi les gensaiment tant cette histoire de bijoux. Câest le seulalbum qui se passe entiĂšrement Ă Moulinsart,peut-ĂȘtre est-ce lâune des raisons. »Apparue pour la premiĂšre fois en 1938 dans
Le Petit VingtiĂšme, la diva toute bijoutĂ©e revientneuf ans plus tard dans Le Sceptre dâOttokar,poussant des trilles difficilement contenus parles vitres Secure de sa Cadillac. Il faut attendre1963 pour que ses bijoux deviennent les hĂ©rosdâun album entier. Nâen dĂ©plaise Ă SĂ©raphinLampion, ravi Ă lâidĂ©e dâassurer «une petitefortune en bimbeloterie», la prima donna nepossĂšde pas tant de piĂšces de valeur, hormissa fameuse Ă©meraude offerte par le maharadjahde Gopal. Cela nâempĂȘche pas la lĂ©gende desâĂ©crire au son de cris perçants, «Ciel !⊠MesBijoux!», ponctuĂ©s par «Hi-i-⊠Mon collier!»
CrayonnĂ© dela page 54 des Bijouxde la CastafioredâHergĂ©. Certainesdes cases ont Ă©tĂ©utilisĂ©es pourla version finale,mais les trois
derniers strips sontinédits. En ventechez Artcurial, cetteplanche est estiméeentre 110000et 130000 euros.
HERGĂ/MOULINSARTâ2020/ARTCURIAL
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BIJOUX ET BANDE DESSINĂE
lorsque se casse le modĂšle fantaisie signĂ© TristanBior. Ă dĂ©faut de rĂ©elle intrigue, lâhumour delâalbummarque le neuviĂšme art, qui ne cessede lui rendre hommage. Câest le cas de la bandedessinĂ©e Les Bijoux de la Kardashian, parue il ya deux ans sur une idĂ©e de François Vignolle,journaliste spĂ©cialiste des sujets policiers etjudiciaires, avec la complicitĂ© du grand reporterJulien Dumond, et GrĂ©gory Mardon au dessin.« Jâai dĂ©couvert cette icĂŽne des rĂ©seaux sociaux,qui vend sa propre personne et sa famille parle biais dâune Ă©mission de tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ©. Laconfrontation entre ces deux mondes donnait unehistoire trĂšs tĂ©lĂ©gĂ©nique. Dâun cĂŽtĂ©, des anciensvoyous aux noms dâun autre temps, dignes desfilms de Melville ou dâAudiard. De lâautre, la
lancer une nouvelle sĂ©rie mettant en scĂšne uneagence de dĂ©tectives privĂ©s dans les annĂ©es 1950,rien de tel quâune affaire rocambolesque qui adĂ©frayĂ© la chronique. Cerise sur le gĂąteau, lepersonnage principal, Yvonne Labrousse, laditeBĂ©gum, Ă©pouse de lâAga Khan, Ă©tait une femmeravissante, ancienne Miss France, dotĂ©e dâuneĂ©lĂ©gance et dâun charme digne dâune GrĂące Kellydans ses meilleurs rĂŽles. Câest tout de mĂȘme plusglamour quâune enquĂȘte sur un cocu, fĂ»t-ilmagnifique. Jâai choisi ce fait divers pour leburlesque de sa conclusion : les malfaiteursrestituant le butin dans une vulgaire boĂźte debiscuits en fer-blanc. Ce contraste entre lâimmensevaleur des bijoux et le dĂ©risoire Ă©crin mâa semblĂ©pathĂ©tique et jubilatoire ! »
INVRAISEMBLABLE FAIT DIVERSLorsque la BĂ©gum sâĂ©crie dĂšs la premiĂšre page« Ciel ! Mes bijoux ! », le lecteur se rĂ©gale. Toutcomme lâamateur de ligne claire, dans laquellesâintĂšgrent harmonieusement les bijoux Ă peinestylisĂ©s. Chez Dupuis, lâĂ©ditrice Elsa Sztulcmana vite Ă©tĂ© sĂ©duite par le projet. « Lâalliance de sesdialogues Ă la Simenon, de cet invraisemblablefait divers et des planches immersives dâOlivierSchwartz Ă©tait irrĂ©sistible. DĂšs les premiĂšrespages, jâai Ă©tĂ© catapultĂ©e dans les annĂ©es 1950,
De gauche à droiteet de bas en haut:la réplique cultede la Castafiore,maintes foisreprise; une casedes Bijouxde la Kardashian ;un extrait de AtomAgency, les bijouxde la Bégum.
fashion week de Paris avec tout ce qui compteen matiĂšre de mode et de grands joailliers », serappelle François Vignolle. « Ce nâest pas unehistoire sur Kim Kardashian, mais sur le regardque lâon porte Ă ces icĂŽnes qui brassent du ventavec gĂ©nie, sans forcĂ©ment avoir un Ă©normetalent. » Lorsquâil sâagit de donner un titre Ă lâalbum, le salut Ă HergĂ© sâimpose. « Je fais partiedâune gĂ©nĂ©ration biberonnĂ©e Ă Tintin. Enfants,nous avions les yeux Ă©carquillĂ©s devant ce jeunereporter. Lâoccasion Ă©tait trop belle pour ne pasfaire un petit clin dâĆil. »PubliĂ© lui aussi en 2018, Atom Agency,
les bijoux de la BĂ©gum sâinspire dâun cĂ©lĂšbrehold-up survenu en 1949, sur la route deCannes. Son scĂ©nariste, Yann, dĂ©taille : « Pour
GLENAT
DUPUIS
HERGĂ/MOULINSARTâ2020
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comme on plonge dans un film dâAudiard.Parfaitement ficelĂ©, le scĂ©nario proposait unarriĂšre-plan passionnant et trĂšs peu explorĂ© enBD : la diaspora armĂ©nienne.»ĂlĂ©ment scĂ©naristique imparable, le vol de
bijoux est dĂ©jĂ le thĂšme choisi par le duo RenĂ©Goscinny et Albert Uderzo en 1954, lorsqueLa Libre Belgique leur commande un personnageproche de celui de Tintin. Cela sera Luc Junior,dont la premiĂšre aventure, Junior et les bijouxvolĂ©smet en scĂšne un jeune reporter aidĂ©par son chien Alphonse et son ami photographeLaplaque. La bande dessinĂ©e belge excelle danslâart de rĂ©soudre le mystĂšre dâune disparitionde bijoux, des enquĂȘtes de Gil Jourdan Ă LâAffairedu collier de Blake et Mortimer, une aventurehaletante autour du collier deMarie-AntoinetterestaurĂ© par le joaillier Duranton-Claret pour lecompte dâun riche collectionneur.Lorsquâil sâagit dâimaginer un nouvel Ă©pisode
des Schtroumpfs aprĂšs la mort de Peyo, en 1993,son fils Thierry Culliford retient Ă son tour lâidĂ©edu vol avec Le Schtroumpfeur de bijoux. «Ăchaque case, Ă chaque phylactĂšre, nous nousinterrogions: mon pĂšre aurait-il fait comme celaou autrement? Et puis, trĂšs vite, nous avons dĂ©cidĂ©de faire comme nous le sentions. Par chance,lâalbum a Ă©tĂ© trĂšs bien reçu, les gens ont trouvĂ©que nous avions respectĂ© lâesprit des personnages.Quand jâĂ©tais plus jeune, ce qui me marquait leplus Ă©tait le cĂŽtĂ© miniature des Schtroumpfs.Dâailleurs, mon pĂšre emmenait ses collaborateursdans la forĂȘt et les obligeait Ă se mettre Ă platventre pour ĂȘtre Ă hauteur de Schtroumpfs! Câest lethĂšme de cette histoire oĂč le Schtroumpf est utilisĂ©par des malfaiteurs pour sâintroduire chez les genset leur voler leurs bijoux. Tout comme lâargentintroduit dans lâalbum prĂ©cĂ©dent, les bijouxnâintĂ©ressent pas les Schtroumpfs car, dans leurunivers, cela ne reprĂ©sente rien.Ȉ lâinverse des petits hommes bleus, les
bijoux ont Ă©tĂ© toute la vie de Patrice Ordas,disparu lâhiver dernier. Directeur de la Haute
Ăcole de joaillerie de Paris durant prĂšs de trenteans, auteur de sagas historiques, il devientscĂ©nariste de bande dessinĂ©e. En 2015, sort lepremier tome des NaufragĂ©s du mĂ©tropolitain,Ă©crit Ă la demande dâHervĂ© Richez, directeurĂ©ditorial de Bamboo Ădition. Soit lâhistoirede lâatelier Verne, place VendĂŽme, auquelRaspoutine commande cinq croix sertiespour les enfants du tsar Nicolas II en 1910,lâannĂ©e de la crue centennale.
SONNER JUSTE« Le bijou en matiĂšre scĂ©naristique reprĂ©senteun enjeu concret et, en attirant la convoitise,il devient un Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur intĂ©ressant.LâidĂ©e de ce projet sur le monde de la joaillerieexigeait que cela sonne juste. LâexpĂ©rience dePatrice lâa permis. Il Ă©tait aussi trĂšs versĂ© danslâhistoire des Romanov. » La prĂ©cision du dessinde Nathalie Berr rĂ©pond Ă celle des dialoguesracontant la technicitĂ© des mĂ©tiers joailliers. Ausujet dâune Ă©meraude, le maĂźtre dâatelier Ă©voquele risque « dâune faiblesse du poignet pour Ă©griserun bĂ©ryl Ă la ceinture » ou fĂ©licite le travail
TROIS VOLS MIS EN DESSIN
Le collier de la reineSerti de 650 diamantstotalisant 2840 carats,le collier rĂ©alisĂ©par les joailliersde la couronneBoehmer & Bassengeest au cĆur dâuneescroquerie orchestrĂ©een 1784 par Jeannede Valois-Saint-RĂ©my,pseudo-comtessede La Motte. La reineMarie-Antoinettesera Ă©claboussĂ©e parle scandale.
Les bijouxde Kim KardashianVenue assister auxdĂ©filĂ©s parisiens,la vedette amĂ©ricainede tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ© estbraquĂ©e dans la suitede son hĂŽtel dansla nuit du 2 octobre2016. Parmi les24 piĂšces dĂ©robĂ©es,une bague sertiedâun diamant tailleĂ©meraude de 18,88carats, flirtant avec
les 4 millions dâeuros,plusieurs colliersdu joaillier new-yorkaisJacob & Co, et deuxmanchettes Cartierserties de diamants,pour un prĂ©judiceestimĂ© Ă 8 millionsdâeuros.
Les bijouxde la BĂ©gumRaflĂ©s en deux minutessur la route, Ă 3 km deCannes, en aoĂ»t 1949,les 50 bijoux de lafemme de lâAga Khan(ci-contre) dĂ©chaĂźnentla presse. On parledâun prĂ©judice de200 millions de francs,soit 6 millions dâeuros.Ils seront « restituĂ©s»,sur le trottoir deslocaux de la brigadede Marseille. Une partiea Ă©tĂ© dessertieen 199 brillantset 14 carats de pierresprĂ©cieuses, faisantbaisser lâestimation Ă 160 millions de francs.
Ci-contre:Le Schtroumpfeurde bijoux, premieralbum rĂ©alisĂ© aprĂšsle dĂ©cĂšs de Peyo.En bas: lâancienneMiss France YvetteLabrousse devenuela BĂ©gum (Ă©pousede lâAga Khan),ici en juin 1957.
PEYO/LELO
MBARD2021
AGIP/BRIDGEMANIMAGES/LEEMAGE
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de la polisseuse grĂące auquel « la lumiĂšretourne sans accrocher. Toutes les arĂȘtes sontvives. » « Ă mon sens, la fiction nâest bonneque lorsquâelle est nourrie de sincĂ©ritĂ©et dâauthenticitĂ© », ajoute lâĂ©diteur.Un mantra que peuvent revendiquer
Pierre Christin et Annie Goetzinger pour leurenquĂȘtrice Ădith Hardy qui, dans le septiĂšmetome de ses aventures, Les diamants fondentau soleil, se retrouve face Ă des gemmes volĂ©esĂ une famille juive durant la guerre.Paru en 2012, lâalbum sâinscrit dans uneproduction bĂ©dĂ©phile contemporaine animĂ©epar lâunivers des diamantaires. Le scĂ©naristeYann a ainsi imaginĂ© «Les Ăternels», une sĂ©riehaute en rebondissements entre IsraĂ«l etAnvers. Les longueurs suggestives des tenuesdes hĂ©roĂŻnes, dessinĂ©es et mises en couleur parFĂ©lix et Dominique Meynet, rivalisent avec
la pierre traverse le XXe siĂšcle en faisant serencontrer la petite et la grande histoire. «LâidĂ©eest un voyage dans le temps et dans lâespace oĂč lehĂ©ros est un bijou qui passe de main en main,rĂ©sume son auteur, Fred Bernard. Jâai lu deshistoires de diamants et de chercheurs de pierres.Jâadore cet univers. Jâimagine la vie des pierreset des bijoux. Jâaime lâidĂ©e quâils puissent ĂȘtretransmis, quâils soient retaillĂ©s et remontĂ©s,mais aussi quâils portent des noms. Ce sont despersonnages en soi.»De New York Ă Tokyo, deGreta Garbo Ă Yannick Noah, le diamant suit sadestinĂ©e, par deux fois offert spontanĂ©ment, engeste dĂ©sintĂ©ressĂ©. «Je trouvais beau dâimaginercela. La plupart du temps, les pauvres bijoux sontenfermĂ©s dans des coffres. Jâaime aussi que lediamant passe des bas-fonds aux grandes soirĂ©es.»
CLIN DâĆIL Ă LA CASTAFIORELâannĂ©e 1961 marque lâapparition dâune pievoleuse qui nâest pas sans rappeler un autrecĂ©lĂšbre passereau amateur de carats. « CâestĂ©videmment un clin dâĆil Ă la Castafiore.Je ne pouvais pas faire autrement. » Au fil des69 pages, lâagilitĂ© intellectuelle inhĂ©rente Ă labande dessinĂ©e sâallie Ă la poĂ©sie du dessin deJacques de Loustal pour lequel le projet tombaitĂ pic. « JâĂ©tais Ă la recherche dâune histoire plusvariĂ©e, avec moins dâunitĂ© de temps et de lieu.Jâavais envie de dessiner de grandes images avecun texte lĂ©gendĂ© en dessous. Ce type de dĂ©coupagemâa permis de travailler en couleur directe,câest-Ă -dire une esquisse au crayon, puisle dessin au net Ă la plume, ensuite la couleur,Ă lâaquarelle. Je reprends un tout petit peu Ă lapierre noire, pour mettre de lĂ©gers accents. Pourla pierre, jâai regardĂ© pas mal de documentationsur la taille des diamants. Je ne suis pasconnaisseur, Ă lâexception du Koh-i Noor qui, enplus dâĂȘtre un diamant lĂ©gendaire, est le nom
lâhumour du scĂ©nario, symbolisĂ© par lâagence«De Boers», suggĂ©rant la De Beers, puissantconglomĂ©rat diamantaire sud-africain. Au fildes six tomes, le lecteur peut apprendrelâorigine des diamants noirs ou admirer uneraretĂ© de la nature, deux macles en tĂȘte-bĂȘcheformant une Ă©toile de David.ComposĂ©e Ă huit mains â AgnĂšs et Jean-
Claude Bartoll au scĂ©nario, Bernard KöllĂ© audessin, Patricia Krahen ou Jocelyne CharranceĂ la couleur â, la sĂ©rie «Diamants» se concentrequant Ă elle sur le monde des mines avec laWorld Mining Co, quâun hĂ©ritier doit perpĂ©tuerau prix dâaventures politico-Ă©conomiquesimpliquant FBI et consorts.Totalement atypique, lâalbum Bijou, paru
Ă lâautomne dernier, a pour hĂ©ros un diamantbaptisĂ© «Bellaciao». Extraite par un orpailleurdĂ©pitĂ© ayant tentĂ© sa chance en Afrique du Sud,
En haut:Les Naufragés dumétropolitain,
lâhistoiredâun atelier
de joaillerie, dontles dialogues
retracentles techniques bien
connues de sonauteur, Patrice
Ordas. Ci-contre:Les Ăternels,Le Diamant
dâAbraham, une sĂ©rieĂ rebondissementssur lâunivers des
diamantaires.
DARGAUD2005
GRANDANGLE
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QUELQUES CHIFFRES
9 langues : câest lenombre de traductionsde LâAffaire du collier,dâEdgar P. Jacobs,paru en 1967. Le titrefait toujours partie destrois best-sellers des26 albums dâenquĂȘtesde Blake et Mortimer.
400000 exemplaires :le total des ventesdu Schtroumpfeurde bijoux, depuissa parution en 1994.
470000 exemplaires :le tirage de la série«Bouncer », traduiteen 17 langues depuisla parution du premiertome en 2001.
10 millionsdâexemplaires :le total des ventes desBijoux de la Castafiore,paru en 1963, toutestraductionsconfondues, y comprisle wallon de LiĂšge,dâOttignies ou deNivelles, ou encorelâalsacien, le picard,le bourguignonâŠ
dâune marque tchĂšque de crayons noirs de grandequalitĂ© que jâutilise rĂ©guliĂšrement. »Dans un registre diamĂ©tralement opposĂ©, la
sĂ©rie «Bouncer» nous transporte dans un FarWest livrĂ© Ă la fureur des hommes prĂȘts Ă toutpour mettre la main sur le plus gros diamant delâOuest, «LâĆil de CaĂŻn», ou, dans le tome 10, surun trĂ©sor maudit dans le dĂ©sert de Sonora. Plusau sud, la chaĂźne des Llanganates, cesmontagnes de lâĂquateur rĂ©putĂ©es inaccessibles,offrent un cadre spectaculaire Ă LâOr du bout dumonde. Attendu en fĂ©vrier prochain, lâalbum a
pour hĂ©roĂŻne une jeune fille de cuisineirlandaise qui part Ă la recherche du trĂ©sordâAtahualpa, le dernier empereur inca.« Lâauteur a bĂ©nĂ©ficiĂ© de lâexpertise de PhilippeEsnos, un chasseur de trĂ©sor qui a passĂ© vingt ansĂ traquer le trĂ©sor dâAtahualpa. Personne nesaura jamais sâil lâa trouvĂ© puisque,malheureusement, il vient de mourir. Il a livrĂ©toutes les pĂ©ripĂ©ties de sa recherche Ă JĂ©rĂŽmeFĂ©lix qui les a transposĂ©es dans une fictionse passant Ă la fin du XIXe siĂšcle », dĂ©tailleson Ă©diteur HervĂ© Richez.
Du trĂ©sor au talisman, la frontiĂšreest souvent mince. Ce que confirme ElsaSztulcman. « Dans la sĂ©rie de science-fictionâValĂ©rian et Laurelineâ, lâhĂ©roĂŻne, qui raffoledes bijoux (diadĂšmes, boucles dâoreillesexubĂ©rantes, bracelets manchettes, anneauxde cheville), possĂšde mĂȘme une âpierre vivantedâArphaleâ, qui se fixe Ă la peau pour embellirsa propriĂ©taire ! Le bijou peut aussi ĂȘtre porteurde pouvoirs divins ou de malĂ©diction. Câestun thĂšme rĂ©current de la sĂ©rie dâaventureet de mythologie viking âThorgalâ, avec la pierrede sang volĂ©e par la redoutable Kriss de Valnor,la bague Ouroboros qui fait voyager dansle passĂ©, ou la ceinture dâor qui donne sonimmortalitĂ© Ă la Gardienne des clĂ©s. Aaricia,la compagne de Thorgal, naĂźt en serrant uneperle en forme de larme dans chaque poing,quâelle portera en pendentif et dont elle utiliseralâĂ©clat pour redonner la vue Ă Vigrid, un jeunedieu aveugle. » De saint Marc Ă Van Hamme,il nây a que quelques planches.
DR
CASTERMAN
Dans lâalbum Bijou de Fred Bernard, le personnage principal est le diamant Bellaciao.
LES ECHOS WEEK-END â 75
STYLE HORLOGERIE
FONCTIONS En plus de leurdispositif dĂ©diĂ© Ă la mesurede temps plus ou moins courts,les chronographes sont parfoisdotĂ©s de fonctions particuliĂšres.Lâune de ces subtilitĂ©s mĂ©caniquesles plus connues est appelĂ©e« flyback » en anglais ou « retouren vol » en français. Conçue en 1936pour les aviateurs, elle permet, enune seule manipulation, la remiseĂ zĂ©ro dâun chronomĂ©trage encours et le lancement simultanĂ©
dâun nouveau. CrĂ©Ă©e un siĂšcle plustĂŽt, la fonction dite « rattrapante »a quant Ă elle Ă©tĂ© inventĂ©epour lire les temps intermĂ©diairesgrĂące Ă une deuxiĂšme aiguillecentrale des secondes que lâonpeut stopper et relancer Ă la demande. DissimulĂ©e sousla premiĂšre aiguille, celle-ciapparaĂźt seulement quandon lâarrĂȘte et rattrape la coursede lâautre instantanĂ©mentpour se resynchroniser avec elle.
20000CHFLe 8 novembre Ă GenĂšve, la venteAntiquorum comptaitun chronographeHeuer en or rose (1950).Cet instrument Ă calendrier complet etphases de Lune, estimĂ©5000 â 7000 CHF,est parti trĂšs au-dessusĂ 20000 CHF(18703 euros).
5292DOLLARSChez SothebyâsNew York, le27 novembre dernier,un beau chronographeBvlgari en or jaune etacier de 2010, cadrannoir et mouvementautomatique, a Ă©tĂ©adjugĂ© Ă 5292 dollars(4441 euros) dans safourchette dâestimation(4000-6000 dollars).
819000DOLLARSHKà Hong Kong le29 novembre, Phillipsproposait unchronographe PatekPhilippe Nautilus enacier à fonction flyback(2008). Le lot a dépasséson estimation haute(620000 dollars HK)avec une adjudicationà 819000 dollars HK(88306 euros).
DESIGNUn an aprĂšs sa naissance, la collection Code 11.59dâAudemars Piguet sâenrichit dâune dizaine derĂ©fĂ©rences. BoĂźte ronde Ă lunette ultrafine,cornes ajourĂ©es et carrure octogonale:lâarchitecture identitaire, Ă©lĂ©gante et originale,est ici associĂ©e Ă des cadrans laquĂ©s aux couleursinĂ©dites, intenses et profondes. Chacun dâeux estprotĂ©gĂ© par le verre saphir doublement incurvĂ©spĂ©cifique aux Code 11.59, qui est creusĂ© dessuset dessous pour crĂ©er un fascinant effet visuel.
PARTICULARITĂDâun diamĂštre de 41 mm, ce chronographeest façonnĂ©e en or gris et sâouvre sur un cadranbordeaux fumĂ© dont les nuances sâassombrissentvers le pourtour. Ce dĂ©gradĂ© chromatiqueest accentuĂ© par une finition satinĂ©e soleil quipermet Ă lâensemble de jouer avec les refletsde la lumiĂšre Ă chaquemouvement de poignet.
MOUVEMENTLamanufacture du Brassus a Ă©quipĂ© le boĂźtierdâun fond saphir, pour observer la beautĂ© dâunmouvement automatique Ă fonction flyback dotĂ©dâunemasse oscillante squelettĂ©e en or 22 carats.
CARACTĂRISTIQUESĂtanchĂ©itĂ© : 30 m.Ăchelle tachymĂ©trique sur le rehaut.Bracelet en alligator.
COMBIENPrix sur demande.Frank DeclerckPhotographe : Romin Favre
BON CRU DEBORDEAUX
LE MOT LA COTE
CADRANS
LâANALYSE
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STYLE
Un projet ambitieux. Si les conditions sanitairesle permettent, la crĂ©atrice japonaise ReiKawakubo et son Ă©poux Adrian Joffe, Ă la tĂȘtedu label Comme des Garçons, ainsi que de leurmultimarque Dover Street Market, plĂ©biscitĂ©sĂ travers le monde, devraient inaugurer uneantenne parisienne dĂ©diĂ©e Ă la jeune crĂ©ation.BaptisĂ©e Dover Street Trading Market,cette derniĂšre sera attenante Ă la boutiqueComme des Garçons de la rue du Faubourg-Saint-HonorĂ©, Ă Paris, et mettra en lumiĂšresept jeunes talents, sĂ©lectionnĂ©s par le duo.On y trouvera les crĂ©ations cool et fonctionnellesdu label amĂ©ricain masculin ERL, les piĂšceschics et radicales de la marque new-yorkaiseVaquera, la crĂ©ativitĂ© dĂ©bridĂ©e du collectifde Singapour, Youths in Balaclava, ou bienencore les propositions glamours et joyeusesdu français Victor Weinsanto.InaugurĂ©e il y a tout juste un an, lâentitĂ©
Dover Street Market Paris est un incubateurde talents aux fonds totalement privés,qui propose à ces jeunes pousses unaccompagnement global visant à développerleur production, leur stratégie commerciale,leurs relations avec la presse ou encoreen mettant à disposition un espace showroom,pendant la fashion week parisienne.
UN DUO PUISSANT ET DISCRETSoutenir la jeune crĂ©ation nâest pas nouveaupour ce couple aussi puissant que discret. Câesten 2004 quâils inaugurent Ă Londres leur conceptstore Dover Street Market, qui prĂ©sente Ă la foisdes piĂšces de leur propre marque et cellesde jeunes stylistes Ă©mergents Ă qui ils donnentle coup de pouce dĂ©cisif â le français JacquemusdĂšs 2013, GraceWales Bonner en 2016âŠLeurs crĂ©ations y cĂŽtoient des marques de luxeĂ©tablies comme Celine, Balenciaga, PradaâŠAu fil des annĂ©es, le principe sâexporte Ă
travers le monde et diffĂ©rentes antennes ouvrentau Japon, Ă New York, Los Angeles, PĂ©kin ouSingapour. LâidĂ©e? Chaque crĂ©ateur est invitĂ©Ă imaginer la scĂ©nographie de son espace.Une visibilitĂ© unique: ĂȘtre vendu chez DoverStreet Market devient un label : «Câest une grandeopportunitĂ© et une forme de reconnaissance.Adrian Joffe est quelquâun de trĂšs disponible, jesais que je peux lâappeler Ă tout moment lorsque
LA TRĂS INFLUENTE REI KAWAKUBOMĂ©connue du grand public, la crĂ©atrice japonaise du label Comme des Garçons influence
et promeut la crĂ©ation depuis plus de quarante ans. Et sâapprĂȘte Ă ouvrir, avec son Ă©pouxAdrian Joffe, un espace dĂ©diĂ© au travail de jeunes designers Ă Paris.
Rei Kawakubophotographiée parPaolo Roversi quicollabore depuisplus de trente ansavec Comme desGarçons.
Par Maud Gabrielson
Comme des Garçons, Ă Tokyo, aprĂšs des Ă©tudesde philosophie. Suivant la vague de crĂ©ateursjaponais venus sâinstaller Ă Paris dansles annĂ©es 1960 et 1970 â Kenzo Takada, YohjiYamamoto, Issey Miyake â, elle dĂ©file dansla capitale française dĂšs 1981, et surprendavec son esthĂ©tique nouvelle, articulĂ©eautour du noir, des volumes atypiques etde la cĂ©lĂ©bration du corps. «Rei Kawakuboest un maĂźtre Ă penser pour toutes les gĂ©nĂ©rationsde crĂ©ateurs, Martin Margiela en tĂȘte. Câest
jâai besoin dâun conseil stratĂ©gique, et la modede Rei Kawakubo a une grande influence surmon travail. Ce sont de parfaits mentors»,explique ThebeMagugu, le crĂ©ateur sud-africainde 26 ans, laurĂ©at du Prix LVMH 2019, dontles crĂ©ations fĂ©minines et modernes sontprĂ©sentĂ©es dans les boutiques Dover StreetMarket, mais Ă©galement sur leur site Internet.Ă 78 ans, Rei Kawakubo continue dâexercer
son influence sur la jeune gĂ©nĂ©ration dedesigners. Câest en 1969 quâelle fonde la marque P
AOLO
ROVERSI/COMMEDESGARĂONS
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LES ECHOS WEEK-END â 77
MODE
ERL, Victor Weinsanto,Vaquera⊠Quelques-unsdes labels qui serontvendus au concept storeparisien de DoverStreet Market.
le genre de designer que lâon classe du cĂŽtĂ©des auteurs. Elle a trĂšs tĂŽt eu la volontĂ©de dĂ©construire le vĂȘtement pour redĂ©finirla notion de beautĂ©, de formes, de volumes.Elle travaille comme le ferait une artisteet imagine une mode intemporelle qui en ce sensne rĂ©pond pas Ă la logique de la mode.La sienne est radicale et avant-gardiste Ă tousles niveaux », analyse Leyla Neri, anthropologuede la mode et professeur Ă lâantenne parisiennede la Parsons School of Design.
UNE STRATĂGIE TRĂS EFFICACESi Rei Kawakubo se concentre sur sa visionde la mode et fuit toutes les interviewset apparitions publiques, elle nâen garde pasmoins un Ćil sur sa prĂ©cieuse entreprise :« Elle a une vraie vision commerciale, elle esttrĂšs calĂ©e en marketing », insiste Leyla Neri.Son Ă©poux, Adrian Joffe, est Ă la tĂȘte delâentreprise et en supervise lâexpansion.Ce Sud-Africain de 67 ans, ancien traducteurinterprĂšte en japonais et tibĂ©tain, rencontrela crĂ©atrice au dĂ©but des annĂ©es 1990, Ă Tokyo.MariĂ©s en 1993, ils ont ensemble fait deComme des Garçons et de Dover Street Marketdes rĂ©fĂ©rences dans la profession. « Il y a eudâautres tandems forts dans la mode, YvesSaint Laurent et Pierre BergĂ©, Valentinoet Giancarlo Giammetti⊠mais la diffĂ©renceavec eux câest quâils ont toujours Ă©tĂ© ouverts Ă lâesprit du collectif », poursuit lâanthropologue.
Le collectif. Câest ainsi que la crĂ©atricefonctionne. Rei Kawakubo a toujours prissous son aile une ribambelle de jeunesdesigners prometteurs, les formant, puisinvestissant dans leurs propres marquesou leur ligne dĂ©diĂ©e. En 1993, le crĂ©ateurJunya Watanabe inaugurera ainsi la siennebaptisĂ©e Junya Watanabe Comme des Garçons.La crĂ©atrice Chitose Abe, a la tĂȘte de Sacai,a elle aussi Ă©tĂ© formĂ©e Ă lâĂ©cole Rei Kawakubo.En 2012, câest au tour de Kei Ninomiya,qui aprĂšs avoir exercĂ© de nombreuses annĂ©escomme designer textile pour Comme desGarçons, se voit offrir son propre label baptisĂ©Noir. Au fil des annĂ©es, lâentreprise a multipliĂ©les lignes. Et la liste est longue : Commedes Garçons Homme Plus, Comme des GarçonsHomme Plus Evergreen, Comme des GarçonsHomme Deux, Comme des Garçons Shirt,Comme des Garçons Tricots, Commedes Garçons Parfums, Comme des GarçonsBlack, Comme des Garçons WalletâŠLa plus identifiable Ă©tant sans conteste Commedes Garçons Play, avec ses piĂšces basiquesflanquĂ©es du cĆur rouge aux yeux rieursplĂ©biscitĂ©e par les ados des beaux quartiers.
«Rei Kawakubo est la reine des collaborations»,commente Leyla Neri. Converse, Nike, Adidas,Vans, Supreme ou mĂȘme Louis Vuitton,en 2008. La marque a Ă©galement cĂ©dĂ© auxsirĂšnes de la fast fashion en signant une lignepour le gĂ©ant suĂ©dois H&M, la mĂȘme annĂ©e.
Cet hiver, Salomon, lâĂ©quipementier sportifspĂ©cialisĂ© dans les sports au grand air, se prĂȘteĂ lâexercice sur deux paires de chaussures.« Câest lâopportunitĂ© pour nous dâatteindreun public diffĂ©rent du nĂŽtre, plus jeune, plusen phase avec la mode. Ce genre de collaborationnous permet de briser un peu les frontiĂšres entrela mode urbaine et les performances sportives »,explique Ăric Pansier, directeur de la marquebasĂ©e en Haute-Savoie. Avec un chiffredâaffaires supĂ©rieur Ă 3 millions dâeuros en 2019(en augmentation de 10% par rapport Ă lâannĂ©eprĂ©cĂ©dente), le modĂšle Comme des Garçonsne semble pas prĂšs de sâessouffler. Et continuede fasciner et dâinspirer le monde de la mode :en 2017, le prestigieux MetropolitanMuseum of Art de New York a consacrĂ© unegrande rĂ©trospective au travail de la crĂ©atrice.Le dernier crĂ©ateur Ă y avoir eu droitde son vivant sâappelait Yves Saint Laurent.
ELIRUSSELLINNETZ
MAXWELLAURELIENJAMES
DR
LâINSPIRATION
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STYLE
DE CATHERINE DE MĂDICIS Ă COCO CHANELLe 3 dĂ©cembre, Chanel dĂ©voilait sa collection des MĂ©tiers dâart. Un dĂ©filĂ© hommageaux savoir-faire de ses artisans et manufactures habituellement prĂ©sentĂ© dans un lieuhistorique. Cette annĂ©e, ce fut au chĂąteau de Chenonceau, sans public⊠ou presque.
Une collectioninspirĂ©e par leslieux, avec unepalette noir et blanccomme le sol dela grande galerie.Ci-dessus: MĂ©dicis,Chanel, mĂȘme parentĂ©de monogramme.
Par BĂ©line Dolat
es cinq arches du chĂąteau deChenonceau se reflĂštent dans les eaux du CherĂ la nuit tombĂ©e. AprĂšs Cinecitta Ă Rome,ou encore les salles Ă©gyptiennes du METĂ New York, la maison Chanel et sa directriceartistique Virginie Viard ont choisi ce sitesolennel pour inspiration et dĂ©cor du dĂ©filĂ©des MĂ©tiers dâart 2020-21. Musique.Les silhouettes apparaissent dans la grandegalerie de lâĂ©difice baptisĂ© «chĂąteaudes Dames» qui fut, entre autres, le lieude rĂ©sidence de Catherine de MĂ©dicis. Aucunjournaliste, aucune cliente, aucun «amide la maison» nâassiste physiquement au dĂ©filĂ©.Pas un chat⊠si ce nâest la comĂ©dienneKristen Stewart, spectatrice privilĂ©giĂ©e,filmĂ©e comme un personnage de fiction.Cette annĂ©e, la collection des MĂ©tiers dâart
est une expĂ©rience numĂ©rique. Le film estdâune qualitĂ© irrĂ©prochable, le livre de photosde Juergen Teller accompagnant lâinvitationvirtuelle portant un QR Code est dĂ©jĂ uncollector, mais sans lâĂ©motion et la dramaturgiedâun dĂ©filĂ© live, quels sont les enjeux dâun telĂ©vĂ©nement pour Chanel? « Ă chaque dĂ©filĂ©,on apprend Ă composer avec lâexceptionnelde la crise sanitaire, explique Bruno Pavlovsky,prĂ©sident des activitĂ©s mode et de Chanel SAS.Pour la collection de prĂȘt-Ă -porter prĂ©sentĂ©e enoctobre Ă Paris, nous avions peu dâinvitĂ©s, maisnos influenceurs Ă©taient connectĂ©s et rĂ©agissaientsur les rĂ©seaux sociaux comme sâils Ă©taientau Grand Palais. Notre propos, câest le rĂȘve pourtous, et les outils digitaux nous aident Ă rendreaccessible ces moments rares. Pour le dĂ©filĂ© desMĂ©tiers dâart, lâenjeu est diffĂ©rent car la collectionest plus confidentielle. Ce sont des vĂȘtementsexceptionnels, considĂ©rĂ©es comme des piĂšces decollection par nos clientes. Le dĂ©filĂ© a Ă©tĂ© diffusĂ©sur nos mĂ©dias et, en parallĂšle, nous avons ouvertune plate-forme qui leur Ă©tait destinĂ©e â ainsiquâaux amis de la maison â leur donnant accĂšsĂ un contenu exclusif. Ici, lâobjectif nâest pas defaire de lâaudience, il est dâavoir un impact juste. »
Effet miroir, un double C, monogrammede Catherine deMĂ©dicis gravĂ© dans la pierredu chĂąteau, rappelle celui de Coco Chanel.Virginie Viard joue lâĂ©cho entre ces deux femmespuissantes avec une collection Ă la sobriĂ©tĂ©affichĂ©e, inspirĂ©e par lâarchitecture des lieux. Unepalette noir et blanc comme le sol de la grandegalerie, le losange, motif Renaissance, rythmegraphiquement robes et accessoires. BroderiessignĂ©es Lesage et Montex, effets de plumes parLemariĂ©, plissĂ©s Lognon, parures Goossens⊠lacollection est une dĂ©monstration de la virtuositĂ©de ces artisans qui travaillent pour tout le secteurdu luxe et que la crise nâa pas Ă©pargnĂ©s.
«Depuis mars, beaucoup de collections ont Ă©tĂ©annulĂ©es, sinon minimisĂ©es, et un certain nombredes clients des mĂ©tiers dâart rencontre desdifficultĂ©s. Comme tous les fournisseurs dela mode, ils sont les premiers du secteur Ă ĂȘtrefragilisĂ©s. Le dernier semestre de 2020 nâa pas Ă©tĂ©bon et le premier semestre de 2021 sera lui aussidifficile, prĂ©cise Bruno Pavlovsky. Chez Chanel,nous les soutenons, notamment en maintenantnos commandes. Câest pour cela que nous avonsĂ©tĂ© les premiers Ă proposer une collection CroisiĂšreau printemps. Parce que dans ce contexte,
il sâagissait aussi de continuer Ă les fairetravailler.» Comme tous les grands nomsdu luxe et depuis prĂšs dâun anmaintenant, la maison Chanel faitle grand Ă©cart. Susciter le rĂȘveet lâenvie par la crĂ©ativitĂ©, et faireface Ă des impĂ©ratifs Ă©conomiquesinĂ©dits. Tout un art. J
UERGENTELLER
DR
LâANALYSE DE SABINE DELANGLADE
LES ECHOS WEEK-END â 79
MODE
Depuis 1924 et sa crĂ©ation Ă Trivero dansle nord de lâItalie par Pietro Loro Piana,la marque cultive sa diffĂ©rence, sur fondde transparence et de luxe discret. Ici pas plusde dĂ©filĂ© que de designer vedette, lâattentionde la maison est portĂ©e sur le produit,entre savoir-faire artisanal, matiĂšres uniques(«baby cachemire» du nord de la Chineet de Mongolie, vigogne des Andes, lainemĂ©rinos extrafine dâAustralie et de Nouvelle-ZĂ©lande), technologie de pointe et fabrication100% transalpine. Câest dans cet espritque la maison a lancĂ© pour lâhiver la collection
TOP MOUMOUTE«Cashfur», interprĂ©tation innovanteet responsable de la fourrure, conjuguantexcellence des fibres et mode de productionrespectueux des animaux et de lâenvironnement.Ă lâinstar de cette veste Ă capuche rĂ©versiblezippĂ©e «Jackson», marron clair et crĂšme,confectionnĂ©e en cachemire et soie. Un peude douceur dans la rudesse de lâhiver.
COMBIEN ? Veste réversible Jackson encachemire, Loro Piana, 4900 euros.Texte : Astrid FaguerPhotographe : Sarah Braeck
De Michel de Montaigne, on se souvientdes propos sur lâamitiĂ©, les passions,le pouvoir. Moins de sa virulencecontre les dangers des corsets pourles femmes: «Pour faire un corpsbien espagnolĂ© (fin comme celuidâune espagnole), quelle gĂ©henne nesouffrent-elles, guindĂ©es et cenglĂ©es,jusques Ă la chair vive? Ouy, quelquesfois Ă en mourir», (Essais, 1580).Cinq siĂšcles plus tard, la grandeaffaire câest encore le «no bra»(#FreeTheNipple). Ce ne sont pasles fĂ©ministes qui jettent leurs«soutifs» par-dessus les moulinsde lâoppression masculine commecertaines les avaient symboliquementbrĂ»lĂ©s dans les annĂ©es 1970.Mais les (petits) seins ont prisle goĂ»t du confort pendant le premierconfinement et lâont gardĂ©: 18%des moins de 25 ans nâen portent plusjamais, contre 4% six mois plus tĂŽt.Le corps des femmes, fesses, ventreet poitrine, fut durant des siĂšclessoutenu dâun seul tenant parun corset. Il fallut attendre HerminieCadolle, ouvriĂšre corsetiĂšre, amiede Louise Michel, pour, en 1889,fendre son corset sous la poitrine.Le «corselet-gorgeȎtait inventĂ© maissera peu portĂ©. En 1913,Mary Jacob lâamĂ©lioreen nouant deuxmouchoirs avec uneĂ©pingle Ă nourrice.En 1931, Warner BrosCorset Companylâindustrialise enclassifiant de A Ă Dles quatre tailles debonnet. En 1992, le Wonderbra fait unmalheur historique. Le soutien-gorgea permis aux femmes de mieuxbouger, mieux respirer. Il lesopprime aujourdâhui. Allez savoir!
AprÚs avoir libéré les mouvementsdes femmes, le soutien-gorgeles opprime. Le confinement
est passé par là .
LâOBJET
ILLU
STRATIONKIM
ROSELIERPOURLESECHOSWEEK-END
ILLU
STRATIONBABETHLAFONPOURLESECHOSWEEK-END
NĆUDS & PAPILLOTTES Bracelet en plexiglas, GIORGIO ARMANI, 1 250 âŹ. Champagne Blanc de Blancs dans son Ă©tui seconde peau, 100% papier et 100% recyclable, RUINART, 73 âŹ.DĂ©coration de sapin NĆud, HEMA, 3,25 âŹ. Escarpins I Love Vivier en veau velours, ROGER VIVIER, 550 âŹ. Porte-monnaie en cuir, fermoir cuir et onyx, Ă©dition limitĂ©e, AMBUSH Ă BVLGARI,490 âŹ. Verre Ă Martini, Vega, en cristal, BACCARAT, 300 ⏠le coffret duo. Bracelet en argent antique et Ă©mail, BOTTEGA VENETA, 850 âŹ. Montre Khaki Field Mechanical, HAMILTON,570 âŹ. Papillotes pralinĂ©-chocolat avec blagues Ă lâintĂ©rieur, Ă LA MĂRE DE FAMILLE, 27,50 ⏠la boĂźte de 250 g. Rouge Allure, Les ChaĂźnes dâor de Chanel, Ă©dition limitĂ©e, CHANEL, 41 âŹ.
(PETIT) COMITĂDES FĂTES
Des cadeaux de derniĂšre minuteet une bonne dose de cotillons
pour une fin dâannĂ©esans morositĂ©.
Photographe: Olivia FremineauRéalisation: Noémie Barréassistée de Marion Renoux
STYLE
CRACKERS & VITAMINES Vide-poche Templo sculptĂ© Ă la main, en rĂ©sine, OCTAEVO, 29,50 âŹ. Bouteille de champagne du Coffret Exc3ptions, Ă©coconçu, contenant trois cuvĂ©es,Brut RosĂ©, Brut sous Bois, Blanc de Blancs, BILLECART- SALMON, 230 âŹ. Cracker de NoĂ«l Jo Malone London chez SEPHORA, 35 âŹ. Assiette en cĂ©ramique dĂ©cor orange, JOHN DERIAN ĂASTIER DE VILLATTE, 84 âŹ. ThĂ©iĂšre en porcelaine, 0,55 l, DAMMANN FRĂRES, 50 âŹ. Ćufs de brochet au yuzu, 100 g, PETROSSIAN, 17 âŹ. Ceinture en cuir, BURBERRY, 650 âŹ.Parfum dâintĂ©rieur Fleur dâoranger, DIPTYQUE, 50 âŹ. Solaires en mĂ©tal dorĂ© et verres miroir, BOTTEGA VENETA EYEWEAR. Mule plate en cuir, LOUIS VUITTON, 595 âŹ.
CADEAUX DE DERNIĂRE MINUTE
ROSACES & CONFETTIS Paquet de cantucci, biscuits aux amandes, ANTONIO MATTEI chez EATALY, 8,30 âŹ. BoĂźte dâallumettes, KERZON, 9 âŹ. Collier chaĂźne en Monile, BRUNELLOCUCINELLI, 1 200 âŹ. Bougie marbrĂ©e Gordes, CASA LOPEZ, 38 âŹ. Ătui Ă AirPods en cuir, LORO PIANA, 380 âŹ. BoĂźte Stratus en carton-pierre, matĂ©riau qui recycle les chutes de papierde lâAtelier dâOffard, spĂ©cialisĂ© en papiers peints imprimĂ©s Ă la planche, ATELIER DâOFFARD Ă STUDIO OF XXI. Ăclairs, bouchĂ©es de chocolats, trois parfums, VINCENT GUERLAIS,18 ⏠la boĂźte de 10. Sculpture murale Hirondelle bleu saphir, LALIQUE, 640 âŹ. Montre Sigan, en matĂ©riaux biosourcĂ©s, SWATCH, 65 âŹ. Pochette en cuir et mĂ©tal, CHANEL, 1 400 âŹ.
BULLES & FRUITS DĂGUISĂS Boule de NoĂ«l en verre dĂ©corĂ©, DIOR MAISON, 450 ⏠le set de 4. Bandana Paisley en coton, LEVIâS, 15 âŹ. Caviar PlatineÂź, 50 g, ASTARA, 92,50 âŹ. VanityDior Travel brodĂ© dâun motif rĂ©sille, DIOR, 1 700 âŹ. Sac Le Pliage Nano, en cuir, LONGCHAMP, 220 âŹ. Babies en serpent dâeau, CELINE PAR HEDI SLIMANE, 820 âŹ. Panettone aux amandesde Sicile, 1 kg, DOLCE & GABBANA e FIASCONARO, 37 âŹ. Cuiller en inox dorĂ©, ABSOLUMENT MAISON au BHVMARAIS et aux GALERIES LAFAYETTE, 129,90 ⏠la mĂ©nagĂšre de 24 piĂšces.Champagne Blanc de Blancs et coffret en fibres naturelles, entiĂšrement recyclable, conçu et fabriquĂ© en France, ornĂ© des anĂ©mones emblĂ©matiques de la Maison, PERRIER-JOUĂT, 64 âŹ.
84 â LES ECHOS WEEK-END
STYLE
LE REPAIREDRINKS & CO, COCKTAIL DĂTONANT
Parmi les nombreuxĂ©tablissements que nous avons pu testerĂ domicile depuis le premier confinement,le Bistrot Flaubert est lâune de nos meilleuressurprises. Cette adresse parisienne, lâunedes pionniĂšres de la bistronomie, fut crĂ©Ă©eĂ la fin des annĂ©es 1980 par Michel Rostang,Ă cĂŽtĂ© de laMaison Rostang, sa table deuxĂ©toiles. Lâune et lâautre ont Ă©tĂ© reprises il y aun an par StĂ©phane Manigold, dĂ©jĂ Ă la tĂȘtedes excellents Substance et Contraste.Cet entrepreneur de la gourmandise a rĂ©uniles chefs de ses quatre affaires pour mettreau point un menu commun, Ă emporter oulivrĂ© chez vous. Ă 39 euros, la formule tapedans le mille. Pour deux raisons : câestvraiment bon et câest facile Ă rĂ©chauffer et Ă servir. Commençons par le goĂ»t : un veloutĂ©butternut-chĂątaigne, suave et rĂ©confortant,un saumon gravlax bien condimentĂ© debetteraves et dâaneth ; un Ă©patant filet decanette (juste) cuit au barbecue, une jolieblanquette ou un agneau rosĂ© aux lĂ©gumesde saison ; un riz au lait au beurre salĂ©,un tiramisu, un crumble aux pommes francdu collier. Rien Ă dire, sinon bravo.Lâautre atout de ce menu trĂšs bien ficelĂ©,donc, câest de simplifier la vie du client : lesplats sont livrĂ©s dans de sobres emballagesen carton, plus prĂ©sentables sur votre table,et plus Ă©colos, que les barquettes enplastique. Pour les plats chauds, un petittour au micro-ondes et, hop, câest prĂȘt ! Lescuissons, calculĂ©es au millimĂštre, tiennentcompte de ce coup de chaud ultime. Enfin,vous pouvez ajouter Ă votre commandeune bouteille sĂ©lectionnĂ©e par AnthonyPedrosa, le directeur de Substance, quivous sera facturĂ©e presque Ă prix coĂ»tant.Bistrot Flaubert : click and collectou livraison Ă Paris et petite couronnesur rostang.bonkdo.com. TĂ©l. : 0142670581.Menu Ă 39 âŹ. Ă la carte, comptez environ 50 âŹ.
BISTROT FLAUBERT,EN PLEIN DANS LE MILLE
PARIS Ă la fois boutique, bar et restaurant,Drinks & Co est un concept store dâun nouveaugenre qui vient dâouvrir ses portes dĂ©butdĂ©cembre sous lâhĂŽtelHilton, prĂšs de la gareSaint-Lazare. Impossible de rater ses largesbaies vitrĂ©es donnant sur le parvis et ceinturant500 m2 dâespaces lumineux dĂ©corĂ©s façonjungle urbaine. Aux beaux jours, la longueterrasse accompagnant les lieux attirera encoreplus les regards.En attendant la rĂ©ouverture des bars et lieuxde restauration, il est possible dây dĂ©couvrirplus de 1000 spiritueux en provenance dumonde entier, alignĂ©s le long des murs, ainsiquâune petite sĂ©lection de vins et champagnes.Une boutique au concept original puisqueles clients peuvent goĂ»ter lâintĂ©gralitĂ© desalcools proposĂ©s Ă la vente. Lâoccasion de selaisser tenter par des breuvages peu connus,souvent artisanaux, introuvables ailleurs.Comme SĂ©quoia, un whisky bio distillĂ© dansle Vercors, Ryoma, un Ă©tonnant rhum japonaisvieilli en fĂ»t de chĂȘne, ou AmĂĄzzoni, un ginbrĂ©silien composĂ© dâespĂšces botaniques localesĂ©tonnantes (fleurs de nĂ©nuphars gĂ©ants, grainesde cacaoâŠ). On teste et, si on aime, on passeen caisse. Une offre singuliĂšre, Ă lâimagede ce nouveau lieu qui se veut vivant du matin
Illustrations: Amélie FaliÚre
LES PETITS PLATSDANS LES GRANDS
PAR LAURENT GUEZ
Bonne adresse de quartierCorrect, sans plus
TrĂšs belle table
Cuisine, dĂ©cor : tout y estAttention : table dâexception
au soir en passant par des afterworksmusicaux trĂšs attendus dĂšs que les restrictionsliĂ©es Ă la crise sanitaire seront levĂ©es.On pourra alors se restaurer de quelques plats«comfort food» (ribs marinĂ©s au whiskeyJameson Original, vacherin au mascarponearomatisĂ© au gin BeefeaterâŠ). Mais aussidĂ©guster des cocktails prĂ©parĂ©s par la jeuneĂ©quipe de bartenders. LĂ encore, lâidĂ©e est derendre le bar accessible Ă tous avec des cocktailsĂ prix abordables (entre 10 et 13 euros).Et bonne nouvelle : les spĂ©cialitĂ©s proposĂ©esau bar se dĂ©clinent avec ou sans alcool. Desrecettes miroirs : mĂȘmes verres, mĂȘmes saveursgrĂące aux nouveaux «spirit free», des Ă©lixirsĂ©laborĂ©s avec la mĂȘme exigence que lesspiritueux classiques mais «dĂ©salcoolisĂ©s».Envie de prolonger le plaisir en rĂ©alisant cescocktails chez vous? Alors, offrez-vous unemini master class ! Tout au long de la journĂ©e,sans rĂ©servation, seul ou Ă plusieurs, on vousapprendra en trente minutes Ă manier le shakeravant de dĂ©guster votre crĂ©ation.Ludovic Bischoff
CâEST OĂ : 106 bis, rue Saint-Lazare,75008 Paris.TĂ©l. : 01 70932770.
Chez Drinks & Co, Ă mi-chemin entre la boutique de spiritueux et le bar Ă cocktails. VINCENTMACHER
ALEXISANICE
LES ECHOS WEEK-END â 85
GOĂT
01 LES PLUS LUMINEUSESGanache de chocolat noir Ă labergamote, pralinĂ© au jasmin,ganache au pain dâĂ©picesâŠDe 9 Ă 72 piĂšces, les coffretsde chocolats aux saveurslimpides signĂ©s Jacques GenintĂ©moignent dâune justesseaffriolante (Ă partir de 12 âŹ).www.jacquesgenin.fr
02 LES PLUS TEXTURĂESLe fondant dâun gianduja auxnoisettes, la voluptĂ© dâuneganache de chocolat noir Ă lacrĂšme dâIsigny, le croquant dâunecoque de nougatine fourrĂ©ede praliné⊠Chez Bernachon,les assortiments des nouvellesboĂźtes Paraty (Ă partir de 21 âŹ)
attestent du talent de la maisonlyonnaise Ă travailler le chocolattout en textures.www.bernachon.com
03 LES PLUS FINGER FOODDes fines barres chocolatĂ©es,comme des mikados, Ă diffĂ©rentspralinĂ©s (Ă partir de 14 âŹ) :lait et pĂ©can, noir croquant,lait et noix de coco⊠Tel estlâun des jolis tours du MOFchocolatier Nicolas Cloiseaupour La Maison du Chocolat.www.lamaisonduchocolat.com
04 LES PLUS BARRĂESFidĂšle Ă lui-mĂȘme, le «bean-to-bar » Plaq se distingueĂ nouveau. Pour les fĂȘtes,
la manufacture de la rue du Nil,Ă Paris, propose des coffretsĂ©purĂ©s, rĂ©unissant non pas desbonbons mais quelques-unesde ses plaques noires et au lait(Ă partir de 53 âŹ).www.plaqchocolat.com
05 LES PLUS SURPRENANTSLe MOF chocolatier PatrickRoger signe un nouvelassortiment de ses fameusesdemi-sphĂšres. Des coques dechocolat colorisĂ©es, renfermantun caramel coulant en quatreparfums : abricot, biĂšre blonde,pĂȘche-rĂ©glisse et surtout beurresalĂ© (58 âŹ). DĂ©routant.www.patrickroger.comJĂ©rĂŽme Berger
TOP 5 LES MEILLEURES BOĂTES DE CHOCOLATS
LA RĂDACTION DES « ĂCHOS » SâEST FAIT LIVRER
LA CHRONIQUE VINDE JEAN-FRANCIS PĂCRESSE
Elle est, Ă sa maniĂšre, lâultime survivantedâune civilisation. De celles dont lâon perdla trace Ă force dâen effacer le nom. DatĂ©de lâan 2009, ce flacon que lâon saisitdâune main tremblante porte, en mentiondâorigine gĂ©ographique, lâĂ©tendard des«coteaux flaviens». Lâindication protĂ©gĂ©ea cessĂ© de lâĂȘtre cette mĂȘme annĂ©e, faute decombattants. Ne restait plus Ă la dĂ©fendreque Franck et Nadine Renouard, en leurdomaine de Scamandre, prĂ©cisĂ©ment situĂ©,sur cette marche orientale du plateau desCostiĂšres, en cette extrĂ©mitĂ© oĂč, au siĂšclepremier de notre Ăšre, les Romains delâempire des Flavius poussĂšrent la culturede la vigne. Au-delĂ , Ă quelques pas verslâouest, câĂ©taient les terroirs gaulois. Ici, lesfrontiĂšres de lâhistoire recouvrent celles dela gĂ©ographie. Mais, comme souvent, il sâesttrouvĂ© une administration pour les sĂ©parer.Au surplomb de la Petite Camargue, lavingtaine dâhectares de vignes de Scamandreest affectĂ©e aux CostiĂšres de NĂźmesmais, sinâĂ©tait cette langue des taureaux qui vousattachent Ă jamais Ă cette terre, avec ses solsde galets roulĂ©s teintĂ©s de 50 nuancesdâargiles rouges, le domaine est plutĂŽt typĂ©rhodanien, ascendant ChĂąteauneuf.Il y a vingt ans seulement, il nâexistait pas.En place des carignan, syrah et grenache,des marsanne et roussanne, et aussi deschardonnay et petit manseng, nây poussaitque de la luzerne. Rien ne destinait FranckRenouard, ponte parisien de lâimplantologiedentaire, Ă jeter lĂ les bases dâune aventureviticole. Rien dâautre quâun serment de finde soirĂ©e, passĂ© avec son ami de Camargue,le peintre Pierre-Marie Brisson. «JâĂ©taisamateur de vins, mais de vins finisâŠÂ», dit-ildrĂŽlement, Ă©tonnĂ© encore, lui lâhommede science, de cette folie cartĂ©sienne.Les dĂ©buts furent Ă©piques. Une poignĂ©edâhectares sans maison ni cuvier, unepremiĂšre rĂ©colte vinifiĂ©e dans des cuvesextĂ©rieures. « On dormait dans la voiturepour les surveiller. » Renouard a tracĂ© saroute, impĂ©rial, sâĂ©cartant de lâesprit desCostiĂšres pour Ă©laborer, Ă lâimage du 2013,Ă©blouissant de fraĂźcheur, des vins profondset tendus, douĂ©s de cette impressionnantecapacitĂ© de garde quâont les grandessignatures rhodaniennes.Scamandre rouge 2013, CostiĂšres de NĂźmes. 22 âŹla bouteille. www.comptoir-mediterraneen.com
Ă PARIS, KGB, FUSION ASIATIQUEKGB câest Kitchen Galerie Bis, la petite sĆur de ZeKitchen Galerie, lâĂ©toilĂ© de William Ledeuil. Lâespritest le mĂȘme, ambiance galerie dâart moderne. Lejeune chef Martin Maumet y propose une bellecuisine contemporaine oĂč transpire une influenceasiatique toute en sauces, herbes, bouillons,lĂ©gumes et agrumes. Le tataki de bĆuf est marinĂ©au piment, sĂ©same noir et noisette-satay, lasavoureuse poitrine de porc confite et caramĂ©lisĂ©esâaccompagne dâun riz thaĂŻ vĂ©nĂ©rĂ© au yuzu kosho(au piment) et de choux grillĂ©s. LâĂ©tonnant houmousde lentilles vertes du Puy est relevĂ© dâagrumeset le mascarpone aux pommes confites profitede la subtile note du miso blanc. Claude Vincent
Ă PARIS, MAMĂ KITCHEN, CURE DĂTOXLe plein de vĂ©gĂ©tal, pas mal de cĂ©rĂ©ales et un peude protĂ©ines animales. Au menu chez MamĂ©Kitchen, une cuisine flexitarienne oĂč, selon unconcept en vogue outre-Atlantique, les protĂ©inessont traitĂ©es en «condimeat » (façon condiment).Les plats offrent beaucoup de libertĂ© : une baseĂ choisir entre polenta, quinoa ou boulgour, parĂ©ede brocolis, patates douces, kale ou chou rougeâ avec tofu ou Ćuf bio, effilochĂ© de poulet Label
C'EST COMBIEN : de 7 Ă 13 âŹ.POUR COMMANDER : 25, rue des Grands Augustins,75006 Paris. En click & collect ou en livraisonsur kgb.shop-and-go.fr
CâEST COMBIEN : plats environ 14 âŹ, desserts 4,50 âŹ.POUR COMMANDER : 40, rue de Ponthieu,75008 Paris. En click & collect sur mame-kitchen.com ou via Deliveroo.
LâABUSDâALCOOLESTDANGEREUXPOURLASANTĂ.Ă
CONSOMMERAVECMODĂRATION.
IMPĂRIAL SCAMANDRE
rouge, haloumi (fromage chypriote) ou saumongrillĂ©. Les sauces sont Ă©quilibrĂ©es. IdĂ©al pourrester raisonnable avant les fĂȘtes â sans se priverde dessert : un succulent brownie sans glutenaux graines de sarrasin toastĂ©es. NeĂŻla Beyler
86 â LES ECHOS WEEK-END
STYLE AUTO
NOTRE PRĂFĂRĂETOYOTA COROLLA 180h COLLECTIONPuissance : 180 ch.De 0 Ă 100 km/h : 7,9 s.Longueur : 4,37 m.Rejets de CO
2: 86 g/km.
Consommation : 3,7 l/100 km.Prix : 33450 âŹ.
ABORDABLEAvec des tarifs dĂ©butant sous les30000 euros (pour la 122 ch) et nedĂ©passant les 35000 euros avec le pleindâoptions, la nouvelle Corolla hybrideest dâautant plus intĂ©ressante que, pourtrouver aussi bien Ă consommationcomparable, hormis des modĂšles diesel(qui battent de lâaile) ou des Ă©lectriques(moins polyvalents Ă ce tarif), il nâexistepas dâalternative. Sans Ă©voquer sesloyers bon marchĂ©.
RELĂVE ASSURĂESans payer de mine, la Corollaest la voiture la plus vendueau monde. 100% hybride, sadouziĂšme gĂ©nĂ©ration devraitsuivre la voie tracĂ©e.
Par Cédric Fréour
PLUTĂT CONFORTABLEDouceur et silence de fonctionnement,appĂ©tit dâoiseau, construction etassemblage fait pour durer, siĂšgesenveloppants (surtout ceux de la version180 ch faisant penser Ă une Porsche),dĂ©co contemporaine, cuir de qualitĂ©,finitions rassurantes⊠La Corolla respirele travail achevĂ©. Ă deux dĂ©tails prĂšs :le fameux «effet mobylette» de latransmission CVT nâest pas totalementgommĂ© et le coffre nâest pas immense.Mais la Corolla existe aussi en break.
VĂLOCESous le capot, maĂźtrise ancestrale oblige(la premiĂšre Toyota hybride remonte Ă vingt-quatre ans !), la Corolla nâoffre nonplus un, mais deux mariages essence-Ă©lectricitĂ©. Lâun «traditionnel» de 122 chet un autre inĂ©dit de⊠180 ch. LequelaccĂ©lĂšre avec cĂ©lĂ©ritĂ© (100 km/h en 7,9 s)sans, Ă©videmment, trop consommer(moins de 4 l/100 km en ville !). Touten restant dâune grande quiĂ©tudeâŠQui dit mieux? Pas grand monde!
FIABLEPresque 50 millions dâexemplaires enbientĂŽt cinquante-cinq ans de carriĂšre :cela en fait des Corolla ! Une success-story qui repose sur une fiabilitĂ©devenue lĂ©gendaire (annĂ©e aprĂšs annĂ©e,Toyota figure dans le tiercĂ© de tĂȘte desenquĂȘtes menĂ©es sur la «satisfactionclient») et Ă laquelle la douziĂšmegĂ©nĂ©ration apporte enfin un coup decrayon. Silhouette Ă©lancĂ©e, regardacĂ©ré⊠Jamais Corolla nâaura Ă©tĂ© autantdans le coup.
DR
SEBASTIENMAUROY
LES ECHOS WEEK-END â 87
STYLE HIGH-TECH
Un peu de douceur pour les fĂȘtes.Avec son diffuseur Lilywood, AromasounddĂ©voile sa toute nouvelle enceinte «zen»,cadeau idĂ©al pour lutter contre la morositĂ©ambiante. Son utilisation, dâune grandesimplicitĂ©, se rĂ©vĂšle trĂšs intuitive,notamment grĂące Ă lâapplication maison.Quelques minutes Ă peine suffisent pourla mise en route : le temps de brancherlâenceinte, de verser un peu dâeau dansle rĂ©ceptacle et dâappairer le tout avecvotre smartphone, et voilĂ Lilywood prĂȘteĂ ravir les sens : la vue, tout dâabord, avecsa silhouette en imitation bois qui changedes plastiques noirs habituels sur ce marchĂ©.Lâenceinte dĂ©livre Ă©galement un sonde relativement bonne facture : 15 wattsqui suffiront Ă accompagner un rĂ©veilen douceur. Ă fort volume, en revanche,les graves sâĂ©touffent et on constateun manque de prĂ©cision dans les aigus.Autre petit bĂ©mol, lâapplication nâintĂšgrepas les plateformes externes (Spotify etDeezer), mais seulement les morceauxprĂ©sents dans le terminal. Il est cependanttout Ă fait possible de passer directementpar le Bluetooth pour y jouer ses playlistshabituelles.Le diffuseur de brume froide â qui peutfaire office de simple humidificateurdâappoint â se pilote Ă lâaide du smartphone.On peut ainsi faire varier son intensitĂ©et choisir dâactiver ou non les huilesessentielles. Lors de leur diffusion, un lĂ©gerclapotement apporte un petit supplĂ©mentdâĂąme Ă cette ambiance zen. Bonus nonnĂ©gligeable, lâenceinte intĂšgre une sourcelumineuse dont le spectre des couleurs,quasi infini, se choisit au doigt sur lâĂ©crandu tĂ©lĂ©phone. Pas forcĂ©ment avant-gardisteâ dâautres produits proposent ces mĂȘmesfonctionnalitĂ©s, parfois avec plus deflexibilitĂ© ou de puissance, notammentpour le son â, mais lâensemble reste sobre,joli et dâune simplicitĂ© remarquable.Et ce, pour un prix tout doux.
COMBIEN? Ă partir de 69,90 euros.
HUILES DIVERSESLâenceinte est fournie avec un flaconde Synergie Zen bio de 10 ml (pourla relaxation), mais le magasin maisonregorge de trouvailles olfactives, commele Tonus pour commencer la journĂ©eavec une touche vivifiante. De 6 Ă 10 âŹles flacons de 10 ml.
GRANDE AUTONOMIESi cette version est filaire, son autonomietient dans la capacitĂ© de son rĂ©servoir,350 ml, qui offre plusieurs heuresde brumisation douce et de diffusiondâhuiles essentielles.
VERSION NOMADEAromasound propose moult versionsde diffuseurs. Parmi elles, Symphoney,qui a le grand mĂ©rite dâĂȘtre sans fil,rechargeable par prise USB avechuit heures dâautonomie pourdes fonctionnalitĂ©s quasi identiquesĂ celles de Lilywood.
EFFET BIEN-ĂTRELâodorat est le seul sens en lien directavec notre cerveau. Il active notresystĂšme limbique, zone du cerveaujouant un rĂŽle trĂšs important dans nosĂ©motions. Les huiles essentielles â Ă manier avec prĂ©caution â influencentdonc directement notre bien-ĂȘtre.
PROGRAMMATION POSSIBLEQue ce soit pour une alarme ou pourprĂ©parer des atmosphĂšres en amont,il est possible de programmer la miseen route de lâenceinte Ă distance,en lumiĂšre, son ou sensation olfactive.
ENCEINTE ZENAromasound prĂ©sente Lilywood,son enceinte connectĂ©e multifonctiondotĂ©e dâun diffuseur dâhuilesessentielles. Ă glisser sous le sapin.
Par Raphaël Sachetat
DR
LïżœĂ©nergie est notre avenir, Ă©conomisons-la !
ChloĂ© est Directrice RĂ©gionale Paris.ChloĂ© relĂšve les nouveaux dĂ©s des villes de demain : accĂ©lĂ©rer la mobilitĂ© Ă©lectrique, intĂ©grer les Ă©nergiesrenouvelablesïżœ Avec ChloĂ©, Enedis dĂ©veloppe un rĂ©seau Ă©lectrique innovant et connectĂ©. Câest ça, le servicepublic de la transition Ă©cologique dans les territoires.
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©Brice
Portolano
LES ECHOS WEEK-END â 89
11 DĂCEMBRE 2020
ETMOIâŠ
PARKINSON,CETTE GRANDE
OUBLIĂEJessica Berthereau
Illustration: Cristina SpanĂČ
90 â LES ECHOS WEEK-END
ET MOIâŠ
Alors que lapathologie,qui ne touche pasque les personnesùgées, explosedans lemonde,la recherchetrÚs activelaisse entrevoirquelques espoirsthérapeutiques.
« Il est indĂ©niable que le premier confinementa eu un impact nĂ©gatif sur ma santĂ©, assureStĂ©phane Billerey, diagnostiquĂ© Parkinsondepuis quatre ans. Jâai perdu un peu de mobilitĂ©du cĂŽtĂ© droit et je me mets Ă trembler, ce qui nemâarrivait pas avant. Câest lâĂ©volution normalede la maladie, mais jâai lâimpression que ça lâaun peu accĂ©lĂ©rĂ©e. » En cause : une moindreactivitĂ© physique, lâimpossibilitĂ© dâaller voircertains professionnels de santĂ©, un contextesanitaire anxiogĂšne particuliĂšrement dĂ©lĂ©tĂšreâŠÂ« Câest une maladie trĂšs Ă©trange qui fait que lâonest trĂšs sensible au stress. Du coup, on absorbevraiment le stress ambiant, ce qui impactelâĂ©volution de la maladie. » Ă 56 ans, StĂ©phaneBillerey est toujours actif mais, comme biendâautres, a dĂ» se mettre Ă travailler Ă distance,or « avec le tĂ©lĂ©travail, je fais automatiquementmoins dâexercice physique et il me manque lesinteractions avec les collĂšgues, Ă la fois sur le planrelationnel et sur le plan cognitif ».
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PARKINSON, LA GRANDE OUBLIĂE
Beaucoup de personnes vivant avec lamaladie de Parkinson partagent le constat faitpar StĂ©phane : 60% de celles interrogĂ©es parlâassociation France Parkinson une semaineavant la fin du premier confinementrapportaient une aggravation des symptĂŽmesmoteurs de la maladie, 73% une augmentationdes troubles de lâanxiĂ©tĂ© et 80% unaccroissement des douleurs et des troublesdu sommeil. Plus de 60% ont fait part dâunerĂ©duction importante de lâactivitĂ© physiquequotidienne et 85% ont signalĂ© un arrĂȘt dessĂ©ances avec leur kinĂ©sithĂ©rapeute. « Lespatients ont dĂ©jĂ tendance Ă ĂȘtre enfermĂ©s dansleur maladie alors le confinement, câest la doublepeine », rĂ©sume Didier Robiliard, prĂ©sidentde France Parkinson, lui-mĂȘme atteint.
«Assez dramatique sur le moment, le premierconfinement pourrait aussi avoir des effets de longterme, sâinquiĂšte Marie Fuzzati, directricescientifique chez France Parkinson. Par exemple,lâeffet bĂ©nĂ©fique de lâactivitĂ© physique disparaĂźtprogressivement dĂšs que les patients arrĂȘtent dâenfaire et il leur est ensuite difficile de remonter lapente.»Heureusement, quelques amĂ©nagementsont Ă©tĂ© apportĂ©s pour le second confinement,comme lâautorisation des visites en Ehpad pourbriser lâisolement, ou la possibilitĂ© dâaller voirtous les professionnels de santĂ©. StĂ©phane peutcette fois-ci se rendre chez son kinĂ© une fois parsemaine. «Revivre cette situation est tout de mĂȘmedifficile psychologiquement. Il faut se blinder.Jâimagine que des personnes moins accompagnĂ©esdoivent rencontrer des problĂ©matiquespsychologiques assez fortes.»Ce sentiment dâoubli vĂ©cu pendant le premier
confinement fait étrangement écho à uneperception plus large de méconnaissance de la
maladie de Parkinson. « Câest une maladie quisouffre dâignorance, certainement parce quâelle estattribuĂ©e au grand Ăąge, alors quâelle touche aussides personnes en activitĂ© professionnelle et quâelleest souvent rĂ©duite aux tremblements, alorsquâelle est source de bien dâautres complications »,regrette Didier Robiliard. DiagnostiquĂ© Ă 45 ans, il a Ă©tĂ© contraint de sâarrĂȘter de travaillerau bout de cinq ans Ă cause de « raideurs, delenteurs et dâune fatigue extrĂȘme ». AprĂšs uneintervention chirurgicale (neurostimulation),il a retrouvĂ© certaines facultĂ©s physiques et a ok,merci. choisi de sâengager auprĂšs de FranceParkinson, dont lâun des objectifs est de « fairesortir la maladie de lâombre ».Si Parkinson touche moins de personnes que
la maladie dâAlzheimer â Ă laquelle elle est, Ă tort, souvent assimilĂ©e ou confondue â câest lamaladie neurodĂ©gĂ©nĂ©rative dont le nombre decas a le plus augmentĂ© entre 1990 et 2015. Il aplus que doublĂ©, passant de 2,6 Ă 6,3 millionsde patients dans le monde. Et pourrait doublerde nouveau dâici 2040, Ă 12,9 millions, alertentquatre grands scientifiques spĂ©cialistes dela maladie dans un ouvrage paru aux Ătats-Unisau printemps (1). « Câest la maladie du cerveauqui connaĂźt la croissance la plus rapide aumonde, martĂšle Ray Dorsey, lâun des auteurs,professeur de neurologie Ă lâuniversitĂ© deRochester. Le risque au cours de notre viede dĂ©velopper la maladie de Parkinson est sixĂ sept fois plus Ă©levĂ© que celui de mourir dâunaccident de voiture. Presque tout le monde seraaffectĂ©, directement ou indirectement. »En France, on recensait environ 160000
patients parkinsoniens fin 2015 et uneprogression de 25000 nouveaux cas par an,dont 17% ùgés de moins de 65 ans (2). Une étude
publiĂ©e en 2018 prĂ©voit une augmentation dunombre de patients dâenviron 65% entre 2010et 2030 (3). « Le premier facteur de risque estlâĂąge, le sexe en Ă©tant un autre puisque cettemaladie est environ 1,5 fois plus frĂ©quentechez lâhomme que chez la femme. Le nombrede cas va augmenter fortement en raison duvieillissement de la population mais ausside lâallongement de lâespĂ©rance de vie, puisqueles patients parkinsoniens vivront alors pluslongtemps avec la maladie », analyse leneurologue et Ă©pidĂ©miologiste Alexis Elbaz,directeur de recherche Ă lâInserm.
DĂCRITE DĂS 1817 PAR JAMES PARKINSONLoin de se rĂ©sumer aux tremblements (30%nâen auront jamais), cette pathologie, dĂ©critepour la premiĂšre fois en 1817 par le mĂ©decinbritannique James Parkinson, peut ĂȘtre dĂ©finiecomme une « maladie de lâautomaticitĂ©, expliqueDavid Devos, professeur Ă lâuniversitĂ© de Lilleet neurologue au CHU de Lille. Elle affecte lamotricitĂ© automatique mais aussi lâintelligenceautomatique et les Ă©motions automatiques, parexemple lorsquâon Ă©clate de rire devant un film. »Le mĂ©canisme de la maladie est bien connu:une mort rĂ©gulĂ©e (câest-Ă -dire enclenchĂ©e parla cellule) de certains neurones du cerveau,notamment â mais pas seulement â desneurones dopaminergiques. Elle se caractĂ©risepar la formation dâagrĂ©gats de protĂ©inesalpha-synuclĂ©ines et une surcharge en fer.Quant aux causes, elles sont multiples et
pour beaucoup encore mal dĂ©finies. « Il nây apas une seule cause car câest une maladiemultifactorielle. De façon trĂšs schĂ©matique,il y a pour chaque individu une cinquantainede facteurs gĂ©nĂ©tiques possibles, une
UNE MALADIE AUX CAUSESMULTIFACTORIELLESET, POUR BEAUCOUP,ENCORE MAL DĂFINIES.
Lâassociation France Parkinson,crĂ©Ă©e il y a plus de trente ans,oeuvre notamment pour financerla recherche grĂące aux donset pour soutenir les malades et leursproches. www.franceparkinson.frAprĂšs la mauvaise expĂ©rience dupremier confinement, lâassociation
France Parkinson a montĂ© uneopĂ©ration appelĂ©e «Tous en lien »en mobilisant tout son rĂ©seaude bĂ©nĂ©voles pour maintenir le lienavec les patients par tĂ©lĂ©phone,visio ou via des visites.Ligne Info Ăcoute renforcĂ©e. TĂ©l. :0145209896 www. dopamine. care
Une sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Ă©ducative,dĂ©veloppĂ©e aux Pays-Bas, paysayant lâune des meilleures approchesde soins et de suivi des patientsparkinsoniens, a Ă©tĂ© dĂ©clinĂ©e enanglais depuis 2017. Deux saisonssont disponibles sur ParkinsonTV.https://parkinsontv.org
Le site ClinicalTrials dressela liste des essais cliniquesqui recrutent à travers le monde.Ceux qui se déroulent surle territoire françaissont accessibles sur:https://clinicaltrials.gov/https ://parkinson. network/fr
OĂ SâINFORMER ?
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cinquantaine de facteurs environnementauxpossibles et 50 fois 50 interactions possibles entreces facteurs, indique David Devos. Câest pourcela quâil nây a pas UNE maladie de Parkinsonmais DES maladies de Parkinson. » Comme ledĂ©taille Marie Fuzzati, « si lâon regroupe dixpersonnes vivant avec Parkinson, elles seront trĂšsdiffĂ©rentes en termes dâĂąge, de symptĂŽmes, deprogression de la maladie, de rĂ©ponse auxmĂ©dicaments, dâeffets secondaires destraitements⊠»
« La dĂ©finition de la maladie de Parkinsonreste un vrai problĂšme scientifique, rĂ©sumeOlivier Rascol, neurologue au CHU de Toulouse.En lâabsence de biomarqueurs visibles du vivantdu patient, le diagnostic sâeffectue toujours surun faisceau dâarguments cliniques et il y a 10%des cas dans lesquels on se trompe. » Pour RayDorsey, la façon de diagnostiquer cette maladieest tout simplement « archaĂŻque ». « Quant auprincipal traitement, la L-Dopa, il est vieux decinquante ans. Cinquante ans ! Nous avons faitplus de percĂ©es thĂ©rapeutiques au siĂšcle dernierquâau siĂšcle actuel », regrette-t-il. La L-Dopa,un prĂ©curseur de la dopamine, est « lâune desrĂ©volutions de la neuro-pharmacologie moderne,rappelle Olivier Rascol.MĂȘme sâil est loin dâĂȘtreparfait, notamment car il nâagit pas sur lesanomalies non-dopaminergiques du cerveau,câest le mĂ©dicament le plus puissant en termesde rĂ©ponse et dâefficacitĂ©. » Ce qui explique quâilreste encore le «gold standard» (le meilleurdu moment) aprĂšs tant dâannĂ©es.De nombreux mĂ©dicaments
complĂ©mentaires existent et il y a aujourdâhuitout un Ă©ventail de traitements permettant auxneurologues dâaffiner au mieux selon chaquepatient. Mais tous ces traitements « restent
le manque de financements empĂȘche derĂ©pondre au besoin massif de recherche dansce domaine. « Il y a de trĂšs importants facteursenvironnementaux contribuant Ă la maladiede Parkinson, dont des pesticides et des solvantsque nous utilisons toujours, la pollution de lâairet les mĂ©taux lourds », sâindigne quant Ă luiRay Dorsey. Avec ses coauteurs, il prĂ©senteun plan dâaction en 25 points, dont lesdeux premiers sont de bannir le paraquatet le trichloroĂ©thylĂšne. Ce qui est dĂ©jĂ le casdans lâUnion europĂ©enne, depuis respectivement2007 et 2016, mais pas aux Ătats-Unis ni dansde nombreux autres pays.Avec «Ending Parkinsonâs disease», Ray
Dorsey ambitionne de provoquer une prisede conscience publique et politique Ă lâimagede celle qui a eu lieu pour le sida, qui « est
symptomatiques, câest-Ă -dire quâils amĂ©liorentles symptĂŽmes mais nâont pas dâimpact surlâĂ©volution de la maladie », prĂ©cise David Devos.Il nâexiste donc pas encore de traitementneuroprotecteur visant Ă ralentir ou Ă guĂ©rirla maladie. Pourquoi? « Pour une raison trĂšssimple quâil ne faut pas oublier : on ne voit pasce quâon fait, poursuit-il. Lâune des clĂ©s est depouvoir suivre les biomarqueurs pour bienvisualiser la mort des neurones et voir lâimpactdâun traitement au niveau du cerveau. Une foisquâon aura ces outils, qui sont en cours dedĂ©veloppement, on pourra tester de façonbeaucoup plus pertinente des molĂ©culeset des combinaisons de molĂ©cules. »
LE REPOSITIONNEMENT DE MĂDICAMENTSLa bonne nouvelle, câest que la recherche surla maladie de Parkinson est trĂšs dynamique avecplus de 160 nouvelles molĂ©cules actuellementtestĂ©es dans le monde, principalementdans cette optique de neuroprotection, souligneDavid Devos. «Il y a beaucoup dâavancĂ©esscientifiques mais pas encore dâinnovationthĂ©rapeutique majeure. On espĂšre que ce serale cas dans les prochains mois ou annĂ©es.»Le chercheur vient de terminer une grandeĂ©tude europĂ©enne afin dâĂ©valuer lâefficacitĂ©dâun traitement Ă base de dĂ©fĂ©riprone pourlutter contre lâaccumulation de fer dansles zones du cerveau qui dĂ©gĂ©nĂšrent (4).Si les rĂ©sultats, attendus pour avril 2021,sont positifs, il pourrait sâagir dâune premiĂšrestratĂ©gie de neuroprotection. Ă lâimagede cet essai, «de nombreuses recherches actuellesportent sur le repositionnement de mĂ©dicamentsdĂ©jĂ sur le marchĂ©, ce qui comporte de grandsavantages en termes de rapiditĂ© de miseĂ disposition pour les patients si les effets sontprouvĂ©s», souligne Marie Fuzzati.LĂ oĂč le bĂąt blesse, câest en termes de
prĂ©vention, notamment en ce qui concerneles facteurs environnementaux. « La maladiede Parkinson est probablement en grande partiecausĂ©e par le dĂ©veloppement industriel maiscâest vraiment lĂ oĂč il y a le moins dâactions »,dĂ©plore Marie Fuzzati. Par exemple, «lâexpositionaux pesticides comme facteur de risqueest maintenant assez bien Ă©tablie, au point quâenFrance la maladie de Parkinson est reconnuedepuis 2012 comme maladie professionnellechez les agriculteurs, sous certaines conditions»,indique Alexis Elbaz. Quâen est-il chez lapopulation gĂ©nĂ©rale? Le chercheur a menĂ© uneĂ©tude montrant une incidence de la maladie deParkinson un peu plus Ă©levĂ©e dans les cantonsles plus ruraux et notamment les plus viticoles.«Mais câest une Ă©tude Ă©cologique pour laquelle onne peut pas Ă©tablir de lien au niveau individuel.»En somme, câest dĂ©montrĂ© au niveau
Ă©pidĂ©miologique chez lâhomme et lesexpĂ©riences sur les animaux exposĂ©s Ă des pesticides montrent clairement unecausalitĂ©. « Les modĂšles animaux conduisenttout de mĂȘme Ă une forte probabilitĂ© de causalitĂ©chez lâhomme », souligne David Devos, pour qui
De nombreusespersonnes connuesont été ou sontaffectées par lamaladie de Parkinson,à l'instar du papeJean-Paul II, du boxeurMohamed Ali oude la présentatricemétéo CatherineLaborde, qui atémoigné dansson livre Trembler(Plon, 2018).L'acteur américainMichael J. Fox,rendu célÚbre par sonrÎle dans la trilogieRetour vers le futur,a été diagnostiqué à seulement 29 ans.
Il le révÚle au grandpublic à la fin desannées 1990 et se ditchoqué, lors d'untémoignage devantle CongrÚs américain,par les « si maigres »financements attribuésà la recherchesur cette maladie.En 2000, il crée safondation, qui a depuisconsacré plus de900 millions de dollarsà la recherche sur lamaladie de Parkinson,ce qui en fait le plusgrand bailleur de fondsà but non lucratifpour cette pathologie.www.michaeljfox.org
DE JEAN-PAUL II Ă MICHAEL FOX
LES ECHOS WEEK-END â 93
PARKINSON, LA GRANDE OUBLIĂE
maintenant la maladie bĂ©nĂ©ficiant du plus defonds fĂ©dĂ©raux pour la recherche aux Ătats-Unis ». En France, un rĂ©seau regroupedepuis 2012 les 25 centres experts Parkinson.« GrĂące au soutien financier du programmedâinvestissements dâavenir, le rĂ©seau Ns-Park a euun effet levier en nous permettant de doublerle nombre dâĂ©tudes auxquelles nous participons, desuivre de plus grandes cohortes de patients, dâĂȘtreplus compĂ©titifs pour gagner des financementset attirer les industriels. Mais ceci reste insuffisantparce que les sommes affectĂ©es sont demeurĂ©esmodestes», pointe Olivier Rascol, qui coordonnele rĂ©seau. Inquiet de lâavenir incertain du planmaladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives 2014-19, il estimeĂ©galement que câest une question politique:«La recherche sur le cancer est performante enFrance en grande partie parce quâil y a eu un choix Plus dâinfos sur www.lesechos.fr/we
politique de santĂ© publique dây investir beaucoupdâargent depuis de nombreuses annĂ©es. Il nây a paseu un effort de la mĂȘme ampleur pour lesmaladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives.» Pas encore.
(1) « Ending Parkinsonâs disease », Ray Dorsey,Todd Sherer, Michael S. Okun, Bastiaan R. Bloem.PublicAffairs, 2020.(2) SantĂ© publique France, BulletinĂ©pidĂ©miologique hebdomadaire du 10 avril 2018.(3) « Projections of prevalence, lifetime risk, andlife expectancy of Parkinsonâs disease (2010-30) inFrance », Mathilde Wanneveich, FrĂ©dĂ©ric Moisan,HĂ©lĂšne Jacqmin-Gadda, Alexis Elbaz, Pierre Joly.Movement Disorders, 2018, vol. 33, n° 9.(4) http://www.fairpark2.eu/
« DE NOMBREUX FACTEURSENVIRONNEMENTAUX
CONTRIBUENT Ă LA MALADIE :PESTICIDES, SOLVANTS,POLLUTION DE LâAIR,MĂTAUX LOURDS⊠»
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DĂPAYSEMENT EN MODE RENAISSANCE
Avec sa vue dĂ©gagĂ©e en surplomb de la vallĂ©ede Gaillac, cette demeure historiqueRenaissance du XVe siĂšcle assureun dĂ©paysement total. Elle se niche au cĆurde la citĂ© mĂ©diĂ©vale de Cordes-sur-Ciel (Tarn),Ă une heure de Toulouse. CulminantĂ 320 mĂštres dâaltitude, ce village perchĂ©qui fĂȘtera ses 800 ans en 2022 est rĂ©putĂ© ĂȘtreune des premiĂšres bastides du pays cathare.Deux fois restaurĂ©e dans les rĂšgles de lâartpar les compagnons du Devoir, la demeure offrele charme de lâancien avec du travertinet des tomettes au sol, des lambris et des pierres
apparentes, des colombages sur les murs,des plafonds Ă la française, des vitraux et unmajestueux escalier Ă vis en pierre. ĂrigĂ©e surtrois niveaux et prĂšs de 600m2 au total, ellesâorganise autour dâune cour intĂ©rieure avec descoursives. Lâhabitation totalise 12 piĂšces, dont10 suites auxquelles il faut ajouter une terrassede 37m2 orientĂ©e plein sud et un jardinsuspendu attenant de 400m2. Il est mĂȘmepossible dâacquĂ©rir un terrain contigu dotĂ©dâune tour mĂ©diĂ©vale, afin dây installerune piscine. CommercialisĂ©e par Ămile Garcin,la propriĂ©tĂ© est affichĂ©e Ă 1219000 euros.
IMMOBILIER : LE POTENTIEL DU RETAIL
En matiĂšre dâimmobilier, la dĂ©fiancedes investisseurs envers le secteur du commercea dĂ©marrĂ© avec lâĂ©pidĂ©mie de Covid-19. Il fautdire que cette activitĂ© a Ă©tĂ© perturbĂ©e pourcause de fermeture pendant plusieurs semainesde certains magasins. Cette mauvaise passeĂ©tant pour lâinstant dans le rĂ©troviseur,les «retail park», ces zones commerciales Ă cielouvert implantĂ©es dans les zones pĂ©riurbaines(surnommĂ©es «boĂźtes Ă chaussures»),pourraient mieux tirer leur Ă©pingle du jeu.La raison? « Leurs loyers sont modĂ©rĂ©s. En pleinair, ces lieux sont faciles dâaccĂšs et offrent degrandes surfaces, utiles pour accueillir les clientsen pĂ©riode de pandĂ©mie. Autant dâargumentsqui plaisent aux enseignes dĂ©sormais en quĂȘtedâĂ©conomies. CĂŽtĂ© investisseurs, les rendementspeuvent parfois monter Ă 6%, contre 3,3% pourdu commerce de centre-ville. Une performancepossible Ă condition dâĂȘtre sĂ©lectif dans le choixdes actifs », affirme Laurent Delautre, directeurdes investissements Commerces et cofondateurde Mata Capital, une sociĂ©tĂ© de gestionspĂ©cialisĂ©e dans les fonds immobiliers.Convaincue par ce modĂšle, cette sociĂ©tĂ©commercialise Ă destination des professionnelsun fonds 100% dĂ©diĂ© aux commercesde pĂ©riphĂ©rie. Toutefois, elle distille cettestratĂ©gie dâinvestissement dans un autre fonds«maison» plus diversifiĂ©, accessible auxparticuliers, Ă hauteur de 100000 euros.
DĂLICES D'INITIĂSSix idĂ©es pour rĂȘver, faire fructifier son argent. Ou dĂ©penser futĂ©.
Par Laurence Boccara
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TrÚs élevé
Vue de la terrasse decette impressionnantedemeure historique,
proposĂ©e Ă 1,2 milliondâeuros.
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MON ARGENT
PLACEMENTS : LA STRATĂGIE OBLIGATAIRE
Et si une pincĂ©e de stratĂ©gie obligataire mettaitun peu de sel dans vos placements? Câestdu moins la conviction de la sociĂ©tĂ© de gestionJupiter Asset Management. En dĂ©pit dâuncontexte de taux dâintĂ©rĂȘt durablement bas,cette firme britannique assure pouvoir dĂ©nicherpartout dans le monde des opportunitĂ©ssur le marchĂ© obligataire, afin de prĂ©parerun appĂ©tissant cocktail pour les investisseurs.Elle affiche ainsi un penchant assumĂ© pour lesobligations Ă haut rendement, notamment pourdes entreprises notĂ©es BB et celles situĂ©es dansles secteurs les plus dĂ©fensifs. « Avec une bonnesĂ©lection de crĂ©dit, les investisseurs peuventobtenir des rendements allant de 3% Ă deuxchiffres », affirme la sociĂ©tĂ© de gestion. Du cĂŽtĂ©des Ă©missions dâĂtats, elle indique queles obligations chinoises Ă dix ans rapportentenviron 3% et que celles de la Russie Ă cinq ansoffrent un rendement supĂ©rieur Ă 5%. « Dansle contexte actuel de faible inflation, lesperspectives sont favorables pour les obligationsdâĂtat et le crĂ©dit aux entreprises », indique-t-elle.
LE CROWDFUNDING VERSION « ROYALTIES »
En France, le financement en royalties estla facette la moins connue du crowdfunding,contrairement Ă lâinvestissement en capitalet Ă la souscription dâun prĂȘt obligataire, bienplus rĂ©pandus. Cette façon dâinvestir dansune entreprise consiste Ă rĂ©cupĂ©rer sa mise(ou plus), en recevant chaque trimestre
LES TRĂSORS DE PIERRE BERGĂ
LE BOOM DES MONTRES AUX ENCHĂRES
En lâespace de quelques annĂ©es, les ventesaux enchĂšres demontres de luxe se sontmultipliĂ©es, avec des cotes atteignant pourcertaines plusieurs millions de dollars. FaceĂ lâattrait pour cet objet beau et utile, troismaisons de ventes (Christieâs, Sothebyâs, Phillips)organisent rĂ©guliĂšrement des vacations partoutdans le monde, reprĂ©sentant environ350millions de dollars de ventes par an, indiquele premier rapport du Credit Suisse sur les objetsde collection. La pĂ©riode du confinement nâa passtoppĂ© cet engouement, bien au contraire.Objet dâart et de technique, une montre sâachĂštefacilement en ligne Ă condition de biensâinformer sur son pedigree. Le rapport du CreditSuisse considĂšre ce marchĂ© comme stable,avec «des perspectives qui devraient rester bonneset solides», indique Jules Boudrand, directeurchez Deloitte Suisse, un expert citĂ© par la banquehelvĂšte. Cette mĂȘme publication fait un focussur deuxmarchĂ©s de niche Ă©galement en pleineforme: les instruments de musiquede collection et les sacs Ă main de luxe.
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PROFIL DE RISQUE :MM
un pourcentage de son chiffre dâaffaires pendantune durĂ©e dĂ©terminĂ©e (souvent cinq ans).SpĂ©cialisĂ©e dans ce crĂ©neau du financementparticipatif, la fintech nantaiseWe Do Gooda levĂ© en ligne prĂšs de 5millions dâeuroset financĂ© 107 sociĂ©tĂ©s. Cette plate-forme proposeaux investisseurs dâinjecter de lâargent dansdes entreprises en dĂ©marrage, ayant des projetsavec un impact social et environnemental.Non garantis, les rendements affichĂ©s sont plutĂŽtallĂ©chants: comptez entre trois et cinq foisla mise de dĂ©part. Câest la contrepartiedâun niveau de risque Ă©levĂ© pour des jeunessociĂ©tĂ©s en phase de dĂ©marrage. Dâailleurs,le taux de dĂ©faut annoncĂ© par la plate-formeavoisine 10%.
VoilĂ une source de cadeaux de NoĂ«l pouramateurs de livres anciens. Le 16 dĂ©cembre Ă 14 heures aura lieu sur le site Drouot digital (etpeut-ĂȘtre en prĂ©sentiel), la vente de 310 ouvragesayant appartenu Ă Pierre BergĂ© (1930-2017),homme dâaffaires et mĂ©cĂšne, rĂ©putĂ© ĂȘtre uncollectionneur et un bibliophile averti. OrganisĂ©epar la maison qui porte toujours son nom, cettedispersion sera la cinquiĂšme du genre. La ventede la totalitĂ© de sa bibliothĂšque, qui comptaitplus de 1600 ouvrages, a dĂ©marrĂ© en 2015 de sonvivant et a Ă©tĂ© fractionnĂ©e en six vacations. CetteannĂ©e, la thĂ©matique choisie porte sur les livresanciens et quelques manuscrits, allant du XVIe auXIXe siĂšcle. Le lot vedette est une Ă©dition originalede 1685 des Ćuvres complĂštes de Shakespeare,en un volume, estimĂ©e entre 40000 et60000 euros. Il sâagit dâune quatriĂšme Ă©ditiondâun tirage in-folio avec un portrait gravĂ© delâauteur. Autre piĂšce notable: un exemplairedatant de 1663 de lâĂ©dition originale de LâĂcoledes femmes deMoliĂšre, avec sa reliure dâorigineet son Ă©tui de maroquin rouge. Cette piĂšce estestimĂ©e entre 15000 et 20000 euros.
Nouvelle ventede la bibliothĂšquede Pierre BergĂ©(ci-dessus), avec cesĆuvres complĂštesde Shakespeare,estimĂ©es entre40000 et 60000 euros.S
TEPHANEBRIOLANT
STĂPHANEBRIOLANT
96 â LES ECHOS WEEK-END
ET MOI⊠BIEN-ĂTRE
Pour 58% des Français, le plaisir restela prĂ©occupationmajeure de leurs repas et, pour62% dâentre eux, cette quĂȘte est dâabord associĂ©eau goĂ»t. Ce sont lĂ deux traits qui ressortentdâune Ă©tude trĂšs fouillĂ©e des comportementsalimentaires de nos concitoyens, rĂ©alisĂ©e parla Fondation NestlĂ© France et Ipsos (1). Mais«la notion de plaisir Ă©volue avec son Ă©poque»,remarque Youmna Ovazza, chez Ipsos. Pour latrĂšs grandemajoritĂ© des sondĂ©s (90%), le plaisirne consiste pas, comme on pourrait le penser, Ă manger des «aliments interdits» ou sucrĂ©s, graset salĂ©s en rĂ©action Ă une doxa du bien-mangerâŠPour 70% des Français, manger sain et bon grĂąceĂ une alimentation variĂ©e est primordial et 42%essaient de le faire plus souvent. Cuisiner maisonavec des ingrĂ©dients frais en est la principaleexpression, une Ă©volution renforcĂ©e parles confinements. Les nouvelles prĂ©conisationssantĂ© poussent les Français Ă lire plus souvent
les Ă©tiquettes (47%) et Ă utiliser des applisdâinformation comme Yuka, Ă ĂȘtre plus attentifsaux valeurs nutritionnelles (39%), Ă rĂ©duirele sucre (41%), souligne lâenquĂȘte⊠Emportersa «gamelle» au bureau (36% des Français) estaussi tendance. Si câest lĂ unmoyen demaĂźtriserlâĂ©quilibre nutritionnel du repas, cela restedâabord un choix Ă©conomique. PrĂšs dâun Françaissur deux (47%) considĂšre en effet quemangerĂ©quilibrĂ© coĂ»te trop cher. «Les grands principessont intĂ©grĂ©s mais lâĂ©quilibre rĂ©el reste une notionsubjective», conclut Youmna Ovazza.
(1) Les thĂšmes ont Ă©tĂ© dĂ©gagĂ©s de lâanalyse de415000 posts sur les rĂ©seaux sociaux (juillet 2018-aoĂ»t 2019), puis une communautĂ© en ligne de95 familles a Ă©tĂ© suivie pendant deux semaines.Le tout complĂ©tĂ© par deux Ă©tudes quantitativesen ligne auprĂšs de 1000 personnes reprĂ©sentativesde 18 Ă 65 ans (dĂ©cembre 2019 et juillet 2020).
ALIMENTATION : PLAISIR, GOĂT ET SANTĂ AU MENU
Amateurs de lĂ©gumes, impossible de passer Ă cĂŽtĂ©de deux ouvrages qui leur rendent hommage.LĂ©gumes de Ferrandi (Flammarion), a mobilisĂ©toutes les Ă©quipes de cette Ă©cole rĂ©putĂ©e, pourproduire une vĂ©ritable somme qui ne laisse rien danslâombre des techniques de base (ustensiles,prĂ©paration et nettoyage, dĂ©coupes et cuisson)avant dâentrer en cuisine avec 80 recettes.Impossible Ă©galement dâignorer le LĂ©gumesde RĂ©gis Marcon (Ăditions de La MartiniĂšre). Lesgastronomes connaissent bien le chef trois Ă©toilesde Saint-Bonnet-le-Froid, en Haute-Loire. AprĂšs leschampignons, les cĂ©rĂ©ales et les herbes, il sâattaquecette fois aux lĂ©gumes mis en fiches (originegĂ©ographique, histoire, saveurs, utilisationâŠ) avantdâĂȘtre cuisinĂ©s. Au final, deux incontournables quifont la part belle Ă plus de 350 tiges, bulbes, racines,feuilles, fleurs, cucurbitacĂ©es et autres tubercules.
ThĂ©rapie manuelle issue de la mĂ©decinetraditionnelle chinoise, lâacupressionest une pratique millĂ©naire qui stimuledes zones et des points prĂ©cis du corpshumain, afin de soulager les douleurs,de calmer les tensions, de rĂ©Ă©quilibrerlâorganisme en â schĂ©matiquement â faisantmieux circuler lâĂ©nergie et le sanget en libĂ©rant les hormones du «bonheur».Pas toujours facile, cependant, dâavoirun praticien Ă proximitĂ©. La sociĂ©tĂ© nantaiseNeo Factory a conçu pour cela un petit tapisspĂ©cial, Climsom Zen. Avec ses 6930 pointesau total, on pourrait craindre de devoirjouer le fakir sur son tapis Ă clous !Mais finalement pas vraiment. Lâexercice,sâil est inconfortable au dĂ©but nâest en riendouloureux Ă lâusage. Et lâidĂ©e nâest pas,ici, de soigner (lâacupression a des contre-indications) mais plutĂŽt de procurerun moment de dĂ©tente, de lĂącher-priseet de bien-ĂȘtre quotidien.
Manger des mangues gommerait les rides profondes.Mais pas nâimporte quelle quantitĂ©, nâimporte quellevariĂ©tĂ© et sur nâimporte quelle peau ! LâexpĂ©rience aĂ©tĂ© conduite sur des femmes mĂ©nopausĂ©es Ă la peauclaire (Nutrients, novembre 2020). Certaines dâentreelles ont ajoutĂ© Ă leur alimentation lâĂ©quivalent dâunedemi-mangue quatre fois par semaine pendantquatre mois, tandis que dâautres en avalaient troisfois plus. Si les rides des femmes du premier groupeont rĂ©gressĂ© de 20% environ, celles du secondgroupe se sont creusĂ©es ! La variĂ©tĂ© des manguestestĂ©es â des Ataulfo â pourrait expliquer ces effetsantagonistes : elles sont trĂšs riches en carotĂ©noĂŻdesaux effets anti-Ăąge (production de collagĂšne), maisaussi trĂšs dosĂ©es en sucre (15 g pour 100 g) qui, lui,dĂ©truit ce collagĂšne ! De la mesure en toute choseâŠ
LES LĂGUMES EN COUPE RĂGLĂE
ACUPRESSION : DO IT YOURSELF
LA MANGUE, ANTIRIDES NATUREL ?
Par Claude Vincent â Illustrations: Carole Barraud
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CLAP DE FIN
MARC DUGAINNOUVEAU MONDE
ValĂ©ry Giscard dâEstaing sâen est allĂ©. Du Coviddit-on. On a beaucoup dit quâil avait rĂ©formĂ©, Ă raison, car les rĂ©formes quâil a insufflĂ©es ont Ă©tĂ©plus nombreuses et consistantes que celles deson successeur François Mitterrand qui voulaitincarner un grand changement. LamajoritĂ© etle droit de vote Ă 18 ans, le remboursementde la pilule, lâavortement, le divorce avecconsentement mutuel, il dĂ©marre son septennatau pas de charge avant de se fracasser surune conjoncture terrible qui marque la fin destrente glorieuses, la fin de lâĂ©nergie bonmarchĂ©,le retour du chĂŽmage et de lâinflation. Il fait aussientrer la France dans lâĂ©conomie libĂ©raleassumĂ©e, elle qui louvoie dans un systĂšmehybride dâĂ©conomie mixte. Il est finalement battuĂ gauche par un homme, plus Ă droite que lui,qui ne fait pas ses erreurs de communication carGiscard a revĂȘtu son unique septennat dâunepesanteur monarchique qui confine au ridiculedans la mise en scĂšne dâune proximitĂ© avec lepeuple dont il est fondamentalement incapable.Giscard croyait aumarchĂ©, bien plus que ses
deux prĂ©dĂ©cesseurs et Ă son efficience. Câest aussile cas de Gaspard Koenig, un jeune professeur,chercheur, chroniqueur aux Ăchos, enquĂȘteurqui nous a dĂ©livrĂ© il y a quelques semaines un
livre remarquable sur La fin de lâindividu. Je mesouviens que lors de la sortie de LâHomme nu,sur la dictature du numĂ©rique que jâavais Ă©critavec Christophe LabbĂ©, il nous avait traitĂ©sgentiment de technophobes, ce qui nâĂ©tait pastotalement vrai mais je lui en veux dâautantmoins que le livre quâil publie aux Ăditions delâObservatoire est un livre essentiel pour ceux quiveulent rĂ©flĂ©chir Ă la sociĂ©tĂ© que nous prĂ©parelâintelligence artificielle. Il Ă©vacue assezrapidement deux tabous que sont la destructionphysique de lâhomme Ă terme par les robots etle chĂŽmage demasse quâils engendreraient.
Cependant, il est indiscutable que lanumĂ©risation accĂ©lĂ©rĂ©e de la sociĂ©tĂ© pendantle Covid nous amontrĂ© quâun tremblement deterre sâannonce, avec un risque dâobsolescencerapide de nombreuses tĂąches pour lesquelleson croyait lâhomme indispensable, commelâenseignement en particulier, dont on peut fairele pari quâil disparaĂźtra inexorablement Ă termeau profit dâunmonitoring robotisĂ©.Gaspard Koenig dĂ©roule son livre comme
un grand reportage dans la sphĂšre de lâIA,de la Silicon Valley Ă PĂ©kin en passant parTel Aviv, pour conclure que lâEurope a dĂ©jĂ perdupied dans cette compĂ©tition qui dĂ©gage unmodĂšle parfaitement adaptĂ© au rĂ©gime chinois,mĂ©lange de capitalisme brutal et de totalitarismepolitique. Exquise fusion du communisme etdu capitalisme pour une sociĂ©tĂ© sans les Ă©tatsdâĂąme des promoteurs europĂ©ens du libre arbitreet sans les faux Ă©tats dâĂąme des AmĂ©ricains.La sincĂ©ritĂ© critique que dĂ©gage ce livre trĂšsdocumentĂ© mâa convaincu que le danger Ă©taitmoins dans lâintelligence artificielle que dans lerĂ©trĂ©cissement de la pensĂ©e subjective humaineindividuelle submergĂ©e par une rationalitĂ©dĂ©terminĂ©e par des algorithmes supposĂ©snous reprĂ©senter dans notre globalitĂ©.
UN TREMBLEMENT DE TERRESâANNONCE, AVEC UN RISQUEDâOBSOLESCENCE RAPIDE
DE TĂCHES POURLESQUELLES ON CROYAITLâHOMME INDISPENSABLE.
LE TRAIT
ILLU
STRATIONPORTRAIT:KIM
ROSELIER
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-CRĂATEUR DES NUITS IDĂALES DES GRANDESMAISONS DEPUIS 1910 .
Savoir-faire centenaire, matiĂšres dâexception : offrez-vous des nuitsdans la plus pure tradition des GrandesMaisons du luxe Ă la française.
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