Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE...

45

Transcript of Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE...

Page 1: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition
Page 2: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition
Page 3: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

Les Contemplations

Livres IV-V

Page 4: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

Du même auteurdans la même collection

L’ART D’ÊTRE GRAND-PÈRE.LES BURGRAVES.LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS.LES CHÂTIMENTS (édition avec dossier).CLAUDE GUEUX (édition avec dossier).LES CONTEMPLATIONS.LES CONTEMPLATIONS, LIVRES I-IV (édition avec dossier).CROMWELL.LE DERNIER JOUR D’UN CONDAMNÉ (édition avec dossier,

précédée d’une interview de Laurent Mauvignier).LES FEUILLES D’AUTOMNE. LES CHANTS DU CRÉPUSCULE.HERNANI (édition avec dossier).L’HOMME QUI RIT (2 vol.).HUGO JOURNALISTE.LA LÉGENDE DES SIÈCLES (2 vol.).LUCRÈCE BORGIA (édition avec dossier).LES MISÉRABLES (3 vol.).NOTRE-DAME DE PARIS (édition illustrée avec dossier).ODES ET BALLADES. LES ORIENTALES.PRÉFACE DE CROMWELL (édition avec dossier).QUATREVINGT-TREIZE (édition avec dossier).RUY BLAS (édition avec dossier).THÉÂTRE I : Amy Robsart. Marion de Lorme. Hernani.

Le roi s’amuse.THÉÂTRE II : Lucrèce Borgia. Ruy Blas. Marie Tudor. Angelo,

tyran de Padoue.LES TRAVAILLEURS DE LA MER (précédé d’une interview de

Patrick Grainville).WILLIAM SHAKESPEARE (édition avec dossier).

Page 5: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

HUGO

Les Contemplations

Livres IV-V

•PRÉSENTATION

NOTES

d’Esther Pinon

DOSSIER

CHRONOLOGIE

BIBLIOGRAPHIE

de Sylvain Ledda

GF Flammarion

Page 6: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

No d’édition : L.01EHPN001006.N001Dépôt légal : juin 2020

© Flammarion, Paris, 2020.ISBN : 978-2-0815-1084-5

Page 7: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

P r é s e n t a t i o n

En 1877, Victor Hugo place en tête de la « NouvelleSérie » de La Légende des siècles « La Vision d’où est sortice livre », poème composé en 1859 mais qu’il date d’avril1857. Il en fait ainsi symboliquement sa première piècede vers écrite après Les Contemplations, parues en avril1856, et inscrit La Légende des siècles dans la continuitédes « Mémoires d’une âme 1 ». Le recueil lyrique et lerecueil épique ont en partage l’ambition de saisir l’his-toire (les Mémoires, les siècles) et de la transcender parl’intime et l’universel (l’âme, la légende). De fait, la« Vision » est encore une contemplation, dont les pre-miers vers portent le souvenir du livre passé autant quele programme du livre à venir :

J’eus un rêve : le mur des siècles m’apparut.

C’était de la chair vive avec du granit brut,Une immobilité faite d’inquiétude,Un édifice ayant un bruit de multitude,

1. Désignation générique et métaphysique que Hugo proposedans la préface des Contemplations (voir p. 204-206) : « Qu’est-ce que les Contemplations ? C’est ce qu’on pourrait appeler, si lemot n’avait quelque prétention, les Mémoires d’une âme. »

Page 8: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

L e s C o n t e m p l a t i o n s8

Des trous noirs étoilés par de farouches yeux,[…]Et ce mur frissonnait comme un arbre au zéphire 1[.]

Bien que leurs proportions soient moindres que cellesdes trois séries de La Légende des siècles, les six livresdes Contemplations constituent eux aussi un « édificeayant un bruit de multitude », et parcourent toute lagamme de l’univers sonore, de l’inaudible à l’assour-dissant : « Cela commence par un sourire, continuepar un sanglot, et finit par un bruit du clairon del’abîme 2. » Comment traduire en un langage intelli-gible, c’est-à-dire articulé et unifié, le chaos de mur-mures et de cris de la « multitude » ? C’est tout l’enjeude la contemplation, regard intérieur, plongée aux tré-fonds de soi d’où doit émerger la poésie, parole detous pour tous.

LA VIE D’OÙ EST SORTI CE LIVRE

Il est peu d’œuvres poétiques qui se réfèrent plusouvertement que Les Contemplations à leur contexte his-torique et biographique 3. Cet ancrage dans le passérécent et le présent de l’auteur est particulièrementsensible dans les livres IV et V qui, ponctués de noms

1. La Légende des siècles, t. I, Flammarion, « GF », 2014, p. 65.2. Préface des Contemplations, voir p. 205.3. On consultera avec profit la biographie de référence de Hugo :Jean-Marc Hovasse, Victor Hugo, t. I. Avant l’exil. 1802-1851 ett. II. Pendant l’exil I. 1851-1864, Fayard, 2002-2008.

Page 9: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

Pr é s e n t a t i o n 9

de lieux et de personnes, de dédicaces et de datescommémoratives, peuvent se lire comme un albumfamilial et amical 1, renfermant les souvenirs d’un pande vie.

Au regard de leur genèse, et en dépit de ce que cette catégorie peut avoir de suspect, Les Contemplations sont d’abord une œuvre de circonstance : ce sont les circons-tances, politiques et intimes, qui en dictent l’écriture. À deux reprises, Hugo subit l’épreuve du silence imposé. Le 4 septembre 1843, alors qu’il est en voyage dans les Pyré-nées en compagnie de sa maîtresse, Juliette Drouet, sa fille Léopoldine se noie dans la Seine lors d’une promenade en canot avec son mari. Outre qu’il doit affronter le caractère indicible du deuil et de sa propre culpabilité, il a perdu l’interlocutrice privilégiée qu’était l’aînée de ses enfants, initiatrice symbolique de la création 2. Huit ans plus tard, le 2 décembre 1851, le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte le prive du droit à la parole publique qui était le sien depuis son élection à l’Assemblée constituante en 1848 et à l’Assemblée législative l’année suivante. [...]

1. Voir Florence Naugrette, « L’album », Actes du colloque sur LesContemplations des 4-5 novembre 2016 (dir. C. Millet, Fl. Naugretteet H. Scepi), mis en ligne en novembre 2016, http://groupugo.div.jussieu.fr/Groupugo/Colloques%20agreg/Les%20Contemplations/Textes/Naugrette_Album.htm.2. Voir par exemple « Ô souvenirs ! printemps ! aurore !… »(IV, IX) : « Le soir, comme elle était l’aînée,/ Elle me disait :‘‘Père, viens !// Nous allons t’apporter ta chaise,/ Conte-nous unehistoire, dis !’’ — », p. 73.

Page 10: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition
Page 11: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

Les Contemplations

Livres IV-V

Page 12: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition
Page 13: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

« AUJOURD’HUI »

(1843-1855)

Page 14: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition
Page 15: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

Livre quatrième

PAUCA MEÆ 1

1. Sur la signification de ce titre, voir la Présentation, p. 23.

Page 16: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition
Page 17: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

I

Pure Innocence ! Vertu sainte !Ô les deux sommets d’ici-bas !Où croissent, sans ombre et sans crainte,Les deux palmes des deux combats !

5 Palme du combat Ignorance !Palme du combat Vérité !L’âme, à travers sa transparence,Voit trembler leur double clarté.

Innocence ! Vertu ! sublimes10 Même pour l’œil mort du méchant !

On voit dans l’azur ces deux cimes,L’une au levant, l’autre au couchant.

Elles guident la nef qui sombre ;L’une est phare, et l’autre est flambeau ;

15 L’une a le berceau dans son ombre ;L’autre en son ombre a le tombeau.

C’est sous la terre infortunéeQue commence, obscure à nos yeux,La ligne de la destinée ;

20 Elles l’achèvent dans les cieux.

Page 18: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

L i v r e q u a t r i è m e . Pa u c a m e æ5 2

Elles montrent, malgré les voilesEt l’ombre du fatal milieu,Nos âmes touchant les étoilesEt la candeur 1 mêlée au bleu.

25 Elles éclairent les problèmes ;Elles disent le lendemain ;Elles sont les blancheurs suprêmesDe tout le sombre gouffre humain.

L’archange effleure de son aile30 Ce faîte où Jéhovah s’assied ;

Et sur cette neige éternelleOn voit l’empreinte d’un seul pied.

Cette trace qui nous enseigne,Ce pied blanc, ce pied fait de jour,

35 Ce pied rose, hélas ! car il saigne,Ce pied nu, c’est le tien, amour !

Janvier 1843 2.

1. Innocence pure, mais aussi, au sens étymologique, blancheur.2. Sur les dates choisies par Hugo pour figurer dans le recueil etla datation réelle des poèmes d’après le manuscrit, voir la Présen-tation, p. 17-19, et le tableau en Annexe, p. 265-268. Ici, la datefictive situe le poème peu avant le mariage de Léopoldine, qu’ilpréfigure.

Page 19: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

I I . 1 5 f é v r i e r 1 8 4 3 53

II

15 FÉVRIER 1843 1

Aime celui qui t’aime, et sois heureuse en lui.— Adieu ! — Sois son trésor, ô toi qui fus le nôtre !Va, mon enfant béni, d’une famille à l’autre.Emporte le bonheur et laisse-nous l’ennui !

5 Ici, l’on te retient ; là-bas, on te désire.Fille, épouse, ange, enfant, fais ton double devoir.Donne-nous un regret, donne-leur un espoir,Sors avec une larme ! entre avec un sourire !

Dans l’église, 15 février 1843.

1. Date du mariage de Léopoldine Hugo et Charles Vacquerie,en l’église Saint-Paul, à Paris.

Page 20: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

L i v r e q u a t r i è m e . Pa u c a m e æ5 4

4 SEPTEMBRE 1843 1

…………………………………………………………

1. Date de la mort de Léopoldine, noyée dans la Seine, à Ville-quier, avec son mari.

Page 21: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

I I I . Tr o i s a n s a p r è s 55

III

TROIS ANS APRÈS

Il est temps que je me repose ;Je suis terrassé par le sort.Ne me parlez pas d’autre choseQue des ténèbres où l’on dort !

5 Que veut-on que je recommence ?Je ne demande désormaisÀ la création immenseQu’un peu de silence et de paix !

Pourquoi m’appelez-vous encore ?10 J’ai fait ma tâche et mon devoir.

Qui travaillait avant l’aurore,Peut s’en aller avant le soir.

À vingt ans, deuil et solitude !Mes yeux, baissés vers le gazon,

15 Perdirent la douce habitudeDe voir ma mère à la maison 1.

Elle nous quitta pour la tombe ;Et vous savez bien qu’aujourd’hui

1. Sophie Trébuchet, mère de Victor Hugo, est morte le 27 juin1821. L’auteur avait alors dix-neuf ans.

Page 22: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

L i v r e q u a t r i è m e . Pa u c a m e æ5 6

Je cherche, en cette nuit qui tombe,20 Un autre ange qui s’est enfui !

Vous savez que je désespère,Que ma force en vain se défend,Et que je souffre comme père,Moi qui souffris tant comme enfant !

25 Mon œuvre n’est pas terminée,Dites-vous. Comme Adam banni 1,Je regarde ma destinéeEt je vois bien que j’ai fini.

L’humble enfant que Dieu m’a ravie30 Rien qu’en m’aimant savait m’aider ;

C’était le bonheur de ma vieDe voir ses yeux me regarder.

Si ce Dieu n’a pas voulu cloreL’œuvre qu’il me fit commencer,

35 S’il veut que je travaille encore,Il n’avait qu’à me la laisser !

Il n’avait qu’à me laisser vivreAvec ma fille à mes côtés,Dans cette extase où je m’enivre

40 De mystérieuses clartés !

Ces clartés, jour d’une autre sphère,Ô Dieu jaloux, tu nous les vends !

1. Hugo se compare à Adam chassé du paradis terrestre, figurepar excellence de l’exil et du malheur.

Page 23: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

I I I . Tr o i s a n s a p r è s 57

Pourquoi m’as-tu pris la lumièreQue j’avais parmi les vivants ?

45 As-tu donc pensé, fatal maître,Qu’à force de te contempler,Je ne voyais plus ce doux être,Et qu’il pouvait bien s’en aller ?

T’es-tu dit que l’homme, vaine ombre,50 Hélas ! perd son humanité

À trop voir cette splendeur sombreQu’on appelle la vérité ?

Qu’on peut le frapper sans qu’il souffre,Que son cœur est mort dans l’ennui,

55 Et qu’à force de voir le gouffre,Il n’a plus qu’un abîme en lui ?

Qu’il va, stoïque, où tu l’envoies,Et que désormais, endurci,N’ayant plus ici-bas de joies,

60 Il n’a plus de douleurs aussi ?

As-tu pensé qu’une âme tendreS’ouvre à toi pour se mieux fermer,Et que ceux qui veulent comprendreFinissent par ne plus aimer ?

65 Ô Dieu ! vraiment, as-tu pu croireQue je préférais, sous les cieux,L’effrayant rayon de ta gloireAux douces lueurs de ses yeux ?

Page 24: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

L i v r e q u a t r i è m e . Pa u c a m e æ5 8

Si j’avais su tes lois moroses,70 Et qu’au même esprit enchanté

Tu ne donnes point ces deux choses,Le bonheur et la vérité,

Plutôt que de lever tes voiles,Et de chercher, cœur triste et pur,

75 À te voir au fond des étoiles,Ô Dieu sombre d’un monde obscur,

J’eusse aimé mieux, loin de ta face,Suivre, heureux, un étroit chemin,Et n’être qu’un homme qui passe

80 Tenant son enfant par la main !

Maintenant, je veux qu’on me laisse !J’ai fini ! le sort est vainqueur.Que vient-on rallumer sans cesseDans l’ombre qui m’emplit le cœur ?

85 Vous qui me parlez, vous me ditesQu’il faut, rappelant ma raison,Guider les foules décrépitesVers les lueurs de l’horizon ;

Qu’à l’heure où les peuples se lèvent 1,90 Tout penseur suit un but profond ;

1. Cette allusion au soulèvement des peuples renvoie aux insurrec-tions qui eurent lieu au Portugal à partir du printemps 1846, etsurtout en Pologne à partir des 21 et 22 février de la même année(le 19 mars, Hugo prononce à la Chambre des pairs un discours,« Sur la Pologne »), mais elle évoque plus généralement toutes les

Page 25: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

I I I . Tr o i s a n s a p r è s 59

Qu’il se doit à tous ceux qui rêvent,Qu’il se doit à tous ceux qui vont !

Qu’une âme, qu’un feu pur anime,Doit hâter, avec sa clarté.

95 L’épanouissement sublimeDe la future humanité ;

Qu’il faut prendre part, cœurs fidèles,Sans redouter les océans,Aux fêtes des choses nouvelles,

100 Aux combats des esprits géants !

Vous voyez des pleurs sur ma joue,Et vous m’abordez mécontents,Comme par le bras on secoueUn homme qui dort trop longtemps.

105 Mais songez à ce que vous faites !Hélas ! cet ange au front si beau,Quand vous m’appelez à vos fêtes,Peut-être a froid dans son tombeau.

Peut-être, livide et pâlie,110 Dit-elle dans son lit étroit :

« Est-ce que mon père m’oublieEt n’est plus là, que j’ai si froid ? »

révolutions du XIXe siècle et, lors de la publication du recueil, peutrésonner comme un appel à la révolte contre Napoléon III, alorsmême que le poète endeuillé dit se retirer des luttes politiques.

Page 26: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

L i v r e q u a t r i è m e . Pa u c a m e æ6 0

Quoi ! lorsqu’à peine je résisteAux choses dont je me souviens,

115 Quand je suis brisé, las et triste,Quand je l’entends qui me dit : « Viens ! »

Quoi ! vous voulez que je souhaite,Moi, plié par un coup soudain,La rumeur qui suit le poëte,

120 Le bruit que fait le paladin 1 !

Vous voulez que j’aspire encoreAux triomphes doux et dorés !Que j’annonce aux dormeurs l’aurore !Que je crie : « Allez ! espérez ! »

125 Vous voulez que, dans la mêlée,Je rentre ardent parmi les forts,Les yeux à la voûte étoilée… —Oh ! l’herbe épaisse où sont les morts !

Novembre 1846.

1. Chevalier errant qui met sa force au service des plus faibles.Un poème de La Légende des siècles (« Les chevaliers errants »)leur est consacré et les dépeint comme les garants de « l’équitésuprême ».

Page 27: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

D O S S I E R

1 Les Contemplations et leur réception

2 Deuil, poésie et force de vivre

3 Écrire pour résister

4 Littérature post-apocalyptique

Page 28: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition
Page 29: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

1 Les Contemplations et leur réception

À sa parution, le recueil des Contemplations est bienaccueilli par le public mais la critique se montre nette-ment plus sévère. Ce paradoxe entre le succès publicet les réserves critiques dévoile les tensions du livre :son ambition philosophique est-elle conciliable avecl’expression des épreuves intimes ? Pour le critiqueGustave Planche, Les Contemplations forment « untaillis trop touffu » qu’il conviendrait d’« émonder 1 ».Les livres IV et V figurent toutefois parmi les plusappréciés car ils sont les plus personnels et témoignentdu courage d’un père face à l’adversité : « Toutes lespages consacrées aux affections de famille peuvent secomparer aux meilleures pages signées de son nomdepuis trente-quatre ans », écrit Planche 2. C’est bienla part la plus autobiographique du recueil qui suscitel’admiration, les pages où Hugo transcende la douleurdu deuil par un acte de courage poétique.

1. Gustave Planche, Revue des Deux Mondes, 15 mai 1856.2. Ibid.

Page 30: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

L e s C o n t e m p l a t i o n s2 0 4

FORCE DE LA « POÉSIE AUTOBIOGRAPHIQUE » :LA PRÉFACE DES CONTEMPLATIONS

Les Contemplations se présentent comme le récitd’une expérience personnelle douloureuse, où la forcede vivre se mesure à l’aune de l’expressivité poétique.À cet égard, la préface que Hugo publie en tête de sonrecueil programme la compréhension du livre, etinvite le lecteur à pénétrer dans les méandres de sacréation. Écrire, ce n’est pas seulement inventer desformes, c’est donner à sa pensée une dynamique etun sens, fût-il tendu vers la mort ou vers l’éternité.Témoignage d’un résistant, d’un survivant qui parleaux morts, la préface est aussi un manifeste pour unelecture engagée dans la vie.

Adressée au lecteur, la préface repose cependant surun paradoxe, qui consiste à présenter aux vivants le« livre d’un mort ». Faut-il comprendre par là quel’artiste a puisé sa force créatrice dans sa rencontreavec la mort, dans l’expérience du deuil ou/et du dia-logue d’outre-tombe ? Plusieurs images suggèrent letriomphe de la vie sur le trépas et finalement lanécessité de faire œuvre à partir d’une lutte. Dansquelle mesure la préface invite-t-elle à lire Les Contem-plations comme un livre où puiser force et persévé-rance ?

Si un auteur pouvait avoir quelque droit d’influer sur ladisposition d’esprit des lecteurs qui ouvrent son livre,l’auteur des Contemplations se bornerait à dire ceci : Ce livredoit être lu comme on lirait le livre d’un mort.

Page 31: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

D o s s i e r 205

Vingt-cinq années sont dans ces deux volumes. Grandemortalis ævi spatium 1. L’auteur a laissé, pour ainsi dire, celivre se faire en lui. La vie, en filtrant goutte à goutte àtravers les événements et les souffrances, l’a déposé dansson cœur. Ceux qui s’y pencheront retrouveront leur propreimage dans cette eau profonde et triste, qui s’est lentementamassée là, au fond d’une âme.

Qu’est-ce que les Contemplations ? C’est ce qu’on pour-rait appeler, si le mot n’avait quelque prétention, lesMémoires d’une âme.

Ce sont, en effet, toutes les impressions, tous les souve-nirs, toutes les réalités, tous les fantômes vagues, riants oufunèbres, que peut contenir une conscience, revenus et rap-pelés, rayon à rayon, soupir à soupir, et mêlés dans la mêmenuée sombre. C’est l’existence humaine sortant de l’énigmedu berceau et aboutissant à l’énigme du cercueil ; c’est unesprit qui marche de lueur en lueur en laissant derrière luila jeunesse, l’amour, l’illusion, le combat, le désespoir, etqui s’arrête éperdu « au bord de l’infini ». Cela commencepar un sourire, continue par un sanglot, et finit par un bruitdu clairon de l’abîme.

Une destinée est écrite là jour à jour.Est-ce donc la vie d’un homme ? Oui, et la vie des autres

hommes aussi. Nul de nous n’a l’honneur d’avoir une viequi soit à lui. Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne,vous vivez ce que je vis ; la destinée est une. Prenez doncce miroir, et regardez-vous-y. On se plaint quelquefois desécrivains qui disent moi. Parlez-nous de nous, leur crie-t-on. Hélas ! quand je vous parle de moi, je vous parle devous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! insensé, quicrois que je ne suis pas toi !

1. « Grand espace de temps dans une vie de mortel », formuletirée de Tacite, Vie d’Agricola, III.

Page 32: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

L e s C o n t e m p l a t i o n s2 0 6

Ce livre contient, nous le répétons, autant l’individualitédu lecteur que celle de l’auteur. Homo sum 1. Traverser letumulte, la rumeur, le rêve, la lutte, le plaisir, le travail, ladouleur, le silence ; se reposer dans le sacrifice, et, là,contempler Dieu ; commencer à Foule et finir à Solitude,n’est-ce pas, les proportions individuelles réservées, l’histoirede tous ?

On ne s’étonnera donc pas de voir, nuance à nuance, cesdeux volumes s’assombrir pour arriver, cependant, à l’azurd’une vie meilleure. La joie, cette fleur rapide de la jeunesse,s’effeuille page à page dans le tome premier, qui est l’espé-rance, et disparaît dans le tome second, qui est le deuil.Quel deuil ? Le vrai, l’unique : la mort ; la perte des êtreschers.

Nous venons de le dire, c’est une âme qui se racontedans ces deux volumes : Autrefois, Aujourd’hui. Un abîmeles sépare, le tombeau.

V. H.Guernesey, mars 1856.

Hugo multiplie les signes discursifs vers le destina-taire, l’invitant à partager son expérience, à la fairesienne, à lire son recueil comme s’il reflétait sa proprevie. Le livre est présenté comme une ressource où puiserun exemple de résistance, un miroir universel oùchaque lecteur, grâce à la force novatrice du vers ou dela formule, peut voir une image de sa propre résilience.La tension constante entre un propos universaliste et leton de confidence participe à l’identification. Celui qui

1. « Je suis homme ». Écho d’une formule célèbre du poètecomique latin Térence : « Je suis homme, et je considère que riende ce qui est humain ne m’est étranger » (Heautontimorou-menos, 77).

Page 33: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

D o s s i e r 207

a connu le deuil peut ainsi parvenir à sublimer sonpropre chagrin à partir d’une œuvre d’art qu’il s’appro-prie. En ce sens, la part religieuse, ou à tout le moinsmystique, du recueil l’assimile à un bréviaire, qui seraittraversé par le doute, le chagrin mais aussi l’espoir.

Parce qu’elle rattache Les Contemplations aux écritsde soi (Mémoires, journal), la préface invite le lecteurà entrer dans l’intimité d’une expérience qui pourraservir de support à une méditation et, le cas échéant,devenir un guide pour trouver la force de vivre dansl’épreuve. La dynamique autobiographique formuléedès la préface augmente l’effet d’authenticité, en fai-sant se confondre le « je » lyrique avec la voix du père.Le recueil engage par conséquent la sincérité dupropos, fondé sur la relation d’une expérience (récit)et sur son commentaire psychologique, moral oumétaphysique (glose). Pour entrer dans l’œuvre etsuivre le chemin du poète, le lecteur est invité à com-munier dans la douleur et à observer la force de latransfiguration, autrement dit du dépassement de soi(« joie », « espérance »). Or c’est l’image d’un lent pro-cessus que décrit Hugo, non celle d’une forceconstante d’où jaillirait la poésie. La valeur du recueils’est gagnée pas à pas, comme le suggèrent les imagesde sédimentation : « Une destinée est écrite là jour àjour », précise-t-il 1. Lentement la poésie se dépose

1. Voir l’article de Ludmila Charles-Wurtz, « Le récit poétiquedans Les Contemplations », dans Du romantisme au surréalisme : sta-tuts et enjeux du récit poétique, études réunies par Alain Montandon,université Blaise-Pascal, CRLMC, 1998, article accessible en ligne :http://groupugo.div.jussieu.fr/Groupugo/Textes_et_documents/Wurtz_Recit_poetique_dans_Contemplations.pdf.

Page 34: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

L e s C o n t e m p l a t i o n s2 0 8

chez le créateur, comme l’indique la métaphore del’accumulation : « L’auteur a laissé pour ainsi dire celivre se faire en lui. La vie, en filtrant goutte à goutte àtravers les événements et les souffrances, l’a déposé dansson cœur. » La puissance des Contemplations tiendraitdonc à la fois à leur caractère personnel, mais aussi à lalente conquête sur le temps dont elles sont issues, ceque suggèrent les formules comme « rayon à rayon »,« soupir à soupir », « de lueur en lueur », « nuance ànuance », ou encore « page à page ». Parce qu’il intègreau « je » de son écriture le « tous » des lecteurs, Hugoplace son expérience à la frontière du moi et de l’univer-sel. Ainsi trouve-t-on dès la préface des marques de par-tage, préfigurant les très nombreuses adresses à uninterlocuteur qu’on trouve dans les livres IV et V.

UNE SOURCE DE VIE : LES CONTEMPLATIONSVUES PAR DUMAS

[...]

Page 35: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

D A T A T I O ND E S P O È M E S

La date qui figure au bas de chaque poème des Contem-plations est bien souvent fictive : dans de nombreux cas,elle diffère de celle qu’on peut lire sur le manuscrit, et quicorrespond à la date réelle d’écriture. Le tableau ci-aprèsrecense, pour chaque poème des livres IV et V, la date del’édition et celle du manuscrit. Pour un commentaire del’effet de recomposition produit par la datation fictive,voir la Présentation, p. 17-19.

Page 36: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

••••

••••

••••

••••

TIT

RE

DAT

ED

ON

NEE

ED

AN

SLE

REC

UEI

LD

ATE

DU

MA

NU

SCR

IT

IV,I

Pure

Inno

cenc

e!V

ertu

Janv

ier

1843

22ja

nvie

r18

55sa

inte

!…»

IV,I

I.15

févr

ier

1843

Dan

sl’é

glise

,15

févr

ier

1843

Àm

afil

leen

lam

aria

ntle

15fé

vrie

r18

43IV

,III

.Tr

ois

ans

aprè

sN

ovem

bre

1846

10no

vem

bre

1846

IV,I

V.

«O

h!j

efu

sco

mm

efo

uda

nsle

Jers

ey,

Mar

ine-

Terr

ace,

Man

uscr

itno

nda

tépr

emie

rm

omen

t…»

4se

ptem

bre

1852

IV,V

Elle

avai

tpr

isce

pli

dans

son

Nov

embr

e18

46,

jour

des

mor

ts1er

nove

mbr

e–

1846

âge

enfa

ntin

…»

–To

ussa

int

IV,V

I.«

Qua

ndno

usha

bitio

nsto

usV

illeq

uier

,4

sept

embr

e18

4416

octo

bre

1846

ense

mbl

e…»

IV,V

II.

«El

leét

ait

pâle

,et

pour

tant

Oct

obre

1846

12oc

tobr

e18

46ro

se…

»IV

,VII

I.«

Àqu

ido

ncso

mm

es-n

ous

?…»

Vill

equi

er,

4se

ptem

bre

1845

25av

ril1

854

IV,I

X.

«Ô

souv

enir

s!p

rint

emps

!V

illeq

uier

,4

sept

embr

e18

46M

anus

crit

non

daté

auro

re!…

»IV

,X.

«Pe

ndan

tqu

ele

mar

in…

»A

vril

1847

8av

ril1

847

IV,X

I.«

On

vit,

onpa

rle,o

na

leci

elet

11ju

illet

1846

,en

reve

nant

du11

juill

et18

46–

enre

vena

ntle

snu

ages

…»

cim

etiè

redu

cim

etiè

reIV

,XII

quoi

song

eaie

ntle

sde

uxO

ctob

re18

5311

octo

bre

1841

cava

liers

dans

lafo

rêt

IV,X

III.

Ven

i,vi

di,

vixi

Avr

il18

4811

avri

l184

8

Page 37: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

IV,X

IV.

«D

emai

n,dè

sl’a

ube…

»3

sept

embr

e18

474

octo

bre

1847

IV,X

V.

ÀV

illeq

uier

Vill

equi

er,

4se

ptem

bre

1847

24oc

tobr

e18

46IV

,XV

I.M

ors

Mar

s18

5414

mar

s18

54IV

,XV

II.

Cha

rles

Vac

quer

ieJe

rsey

,4

sept

embr

e18

52M

anus

crit

non

daté

V,I.

ÀA

ug.

V.Je

rsey

,M

arin

e-Te

rrac

e,23

Xbr

e[d

écem

bre]

1854

4se

ptem

bre

1852

V,II

.A

ufil

sd’

unpo

ëte

Bru

xelle

s,ju

illet

1852

Bru

xelle

s,16

juill

et18

52V,

III.

Écr

iten

1846

Pari

s,ju

in18

467

nove

mbr

e18

54É

crit

en18

55Je

rsey

,ja

nvie

r18

5510

nove

mbr

e18

54V,

IV.

«La

sour

ceto

mba

itdu

roch

er…

»A

vril

1854

21av

ril1

854

V,V.

ÀM

adem

oise

lleLo

uise

B.

Mar

ine-

Terr

ace,

juin

1855

27ju

illet

1855

V,V

I.À

vous

qui

êtes

làM

arin

e-Te

rrac

e,ja

nvie

r18

5527

mai

1855

V,V

II.

«Po

url’e

rreu

r,éc

lair

er,c

’est

Mar

ine-

Terr

ace,

nove

mbr

e18

5411

nove

mbr

e18

54ap

osta

sier…

»V,

VII

I.À

Jule

sJ.

Mar

ine-

Terr

ace,

déce

mbr

e18

5422

août

1855

V,IX

.Le

men

dian

tD

écem

bre

1834

20oc

tobr

e18

54V,

X.

Aux

Feui

llant

ines

Mar

ine-

Terr

ace,

août

1855

10ao

ût18

46V,

XI.

Pont

oM

arin

e-Te

rrac

e,3

mar

s18

553

mar

s18

55V,

XII

.D

olor

osæ

Mar

ine-

Terr

ace,

août

1855

14ju

illet

1855

V,X

III.

Paro

les

sur

ladu

ne5

août

1854

,an

nive

rsai

rede

5ao

ût18

54m

onar

rivé

Jers

ey

Page 38: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

[...]

Page 39: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

C H R O N O L O G I E

Page 40: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

C H R O N O L O G I E

••••

••••

••••

••V

IEET

ŒU

VR

ED

EV

ICTO

RH

UG

OC

ON

TEX

TE

HIS

TOR

IQU

EET

CU

LTU

REL

1802

26fé

vrie

r:

Nai

ssan

ceà

Bes

anço

nde

Vic

tor

Mar

ieC

hate

aubr

iand

:G

énie

duch

risti

anism

e.H

ugo,

fils

deLé

opol

dJo

seph

Sigi

sber

tH

ugo,

2ao

ût:

Nap

oléo

nB

onap

arte

est

proc

lam

éco

nsul

offic

ier

etfu

tur

géné

ral

d’E

mpi

re,

etde

Soph

ieà

vie.

Tréb

uche

t.18

042

déce

mbr

e:

Sacr

ede

Nap

oléo

nIer

.18

052

déce

mbr

e:

Vic

toir

ed’

Aus

terl

itz.

1807

-M

me

Hug

oet

ses

fils

rejo

igne

ntLé

opol

dH

ugo

1808

dans

les

envi

rons

deN

aple

s,où

iltr

aque

leba

ndit

Fra

Dia

volo

.18

08Ju

illet

:Le

géné

ral

Hug

oqu

itte

l’Ita

liepo

urD

ébut

dela

guer

red’

Esp

agne

.l’E

spag

ne.

Déc

embr

e:

Mm

eH

ugo

etse

sfil

sre

part

ent

pour

Pari

s.18

09Il

ss’i

nsta

llent

auco

uven

tde

sFe

uilla

ntin

es.

Mm

eH

ugo

yca

che

son

aman

t,V

icto

rFa

nnea

ude

Laho

rie,

rech

erch

épo

urco

nspi

rati

on.

Ilen

seig

nele

lati

nau

xtr

ois

enfa

nts.

1810

Laho

rie

est

arrê

téde

vant

les

enfa

nts.

1811

Mm

eH

ugo

etse

sfil

sre

joig

nent

enE

spag

nele

géné

ral

Hug

o,qu

ide

man

dele

divo

rce.

1812

Mm

eH

ugo

reto

urne

àPa

ris

avec

ses

plus

jeun

esfil

s,E

ugèn

eet

Vic

tor,

etse

réin

stal

leau

xFe

uilla

ntin

es.

L’aî

né,

Abe

l,re

ste

enE

spag

ne.

29oc

tobr

e:

Exé

cuti

onde

Laho

rie.

Page 41: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

1813

Ret

our

d’A

bel

àPa

ris.

Lafa

mill

equ

itte

les

Mm

ede

Staë

l:

De

l’Alle

mag

ne.

Feui

llant

ines

endé

cem

bre.

18oc

tobr

e:

Déb

utde

lare

trai

tede

Rus

sie.

1814

14av

ril

:Pr

emiè

reab

dica

tion

deN

apol

éon

Ier,

etpr

emiè

reR

esta

urat

ion.

1815

Eug

ène

etV

icto

ren

tren

lape

nsio

nC

ordi

er;

1erm

ars

:R

etou

rde

Nap

oléo

nIer

.V

icto

réc

rit

ses

prem

iers

vers

.7

juill

et:

Seco

nde

abdi

cati

onde

Nap

oléo

nIer

.18

juin

:D

éfai

tede

Wat

erlo

o.Se

cond

eR

esta

urat

ion

;dé

but

durè

gne

deLo

uis

XV

III.

1818

Div

orce

deLé

opol

det

Soph

ieH

ugo.

Mar

celin

eD

esbo

rdes

-Val

mor

e:

Élég

ies,

Mar

ieet

Rom

ance

s.18

19H

ugo

décl

are

son

amou

son

amie

d’en

fanc

e,Pa

ruti

onde

uvre

sco

mpl

ètes

d’A

ndré

deC

héni

er,

Adè

leFo

uche

r.pu

blié

espa

rLa

touc

he.

Ave

cse

sfr

ères

,il

fond

eLe

Con

serv

ateu

rlit

téra

ire.

1820

Bug

-Jar

gal.

Lam

arti

ne:

Méd

itatio

nspo

étiq

ues.

23fé

vrie

r:

Ass

assi

nat

dudu

cde

Ber

ry,

héri

tier

dutr

ône

deFr

ance

.18

2127

juin

:M

ort

deM

me

Hug

o.5

mai

:M

ort

deN

apol

éon

Ierà

Sain

te-H

élèn

e.18

22O

des

etpo

ésie

sdi

vers

es.

12oc

tobr

e:

Mar

iage

deV

icto

rH

ugo

etA

dèle

Fouc

her.

Eug

ène

Hug

oso

mbr

eda

nsun

evi

olen

tedé

pres

sion

.

Page 42: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

[...]

Page 43: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

TABLE

PRÉSENTATION..................................................... 7

NOTE SUR L’ÉTABLISSEMENT DU TEXTE.............. 44

Les ContemplationsLivres IV-V

Livre quatrième. Pauca meæ................................. 49

I. Pure Innocence ! Vertu sainte ! .......................... 51II. 15 février 1843 ............................................... 53

4 septembre 1843 ........................................... 54III. Trois ans après ................................................ 55IV. Oh ! je fus comme fou dans le premier moment . 61V. Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin........ 63VI. Quand nous habitions tous ensemble................. 65VII. Elle était pâle, et pourtant rose ......................... 68VIII. À qui donc sommes-nous ? ................................ 70IX. Ô souvenirs ! printemps ! aurore ! ...................... 72

Page 44: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

L e s C o n t e m p l a t i o n s2 8 8

X. Pendant que le marin .................................... 75XI. On vit, on parle, on a le ciel et les nuages ...... 76XII. À quoi songeaient les deux cavaliers dans la

forêt .......................................................... 78XIII. Veni, vidi, vixi .............................................. 80XIV. Demain, dès l’aube ........................................ 82XV. À Villequier .................................................. 83XVI. Mors ............................................................. 90XVII. Charles Vacquerie ......................................... 92

Livre cinquième. En marche.................................. 99

I. À Aug. V. ..................................................... 101II. Au fils d’un poëte ......................................... 103III. Écrit en 1846 ............................................... 105

Écrit en 1855 ............................................... 128IV. La source tombait du rocher ........................... 130V. À Mademoiselle Louise B. ............................ 131VI. À vous qui êtes là ......................................... 135VII. Pour l’erreur, éclairer, c’est apostasier .............. 138VIII. À Jules J. ...................................................... 140IX. Le mendiant ................................................. 144X. Aux Feuillantines .......................................... 146XI. Ponto ............................................................ 148XII. Dolorosæ ...................................................... 152XIII. Paroles sur la dune........................................ 154XIV. Claire P. ........................................................ 157XV. À Alexandre D. ............................................ 160XVI. Lueur au couchant........................................ 162XVII. Mugitusque boum ........................................ 165XVIII. Apparition .................................................... 167XIX. Au poëte qui m’envoie une plume d’aigle... 168XX. Cérigo........................................................... 170XXI. À Paul M. .................................................... 174XXII. Je payai le pêcheur ......................................... 176

Page 45: Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE GRAND-PÈRE. LES BURGRAVES. LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS. LES CHÂTIMENTS (édition

Ta b l e 289

XXIII. Pasteurs et troupeaux.................................... 177XXIV. J’ai cueilli cette fleur pour toi sur la colline..... 180XXV. Ô strophe du poëte ......................................... 182XXVI. Les malheureux............................................. 184

D O S S I E R

1. Les Contemplations et leur réception ............... 2032. Deuil, poésie et force de vivre ....................... 2173. Écrire pour résister ....................................... 2334. La littérature post-apocalyptique.................... 249

DATATION DES POÈMES ......................................... 265

CHRONOLOGIE...................................................... 269

BIBLIOGRAPHIE ...................................................... 281