Les Contemplations - Livres IV - V · Du même auteur dans la même collection L’A RT D’ÊTRE...
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Les Contemplations
Livres IV-V
Du même auteurdans la même collection
L’ART D’ÊTRE GRAND-PÈRE.LES BURGRAVES.LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS.LES CHÂTIMENTS (édition avec dossier).CLAUDE GUEUX (édition avec dossier).LES CONTEMPLATIONS.LES CONTEMPLATIONS, LIVRES I-IV (édition avec dossier).CROMWELL.LE DERNIER JOUR D’UN CONDAMNÉ (édition avec dossier,
précédée d’une interview de Laurent Mauvignier).LES FEUILLES D’AUTOMNE. LES CHANTS DU CRÉPUSCULE.HERNANI (édition avec dossier).L’HOMME QUI RIT (2 vol.).HUGO JOURNALISTE.LA LÉGENDE DES SIÈCLES (2 vol.).LUCRÈCE BORGIA (édition avec dossier).LES MISÉRABLES (3 vol.).NOTRE-DAME DE PARIS (édition illustrée avec dossier).ODES ET BALLADES. LES ORIENTALES.PRÉFACE DE CROMWELL (édition avec dossier).QUATREVINGT-TREIZE (édition avec dossier).RUY BLAS (édition avec dossier).THÉÂTRE I : Amy Robsart. Marion de Lorme. Hernani.
Le roi s’amuse.THÉÂTRE II : Lucrèce Borgia. Ruy Blas. Marie Tudor. Angelo,
tyran de Padoue.LES TRAVAILLEURS DE LA MER (précédé d’une interview de
Patrick Grainville).WILLIAM SHAKESPEARE (édition avec dossier).
HUGO
Les Contemplations
Livres IV-V
•PRÉSENTATION
NOTES
d’Esther Pinon
DOSSIER
CHRONOLOGIE
BIBLIOGRAPHIE
de Sylvain Ledda
GF Flammarion
No d’édition : L.01EHPN001006.N001Dépôt légal : juin 2020
© Flammarion, Paris, 2020.ISBN : 978-2-0815-1084-5
P r é s e n t a t i o n
En 1877, Victor Hugo place en tête de la « NouvelleSérie » de La Légende des siècles « La Vision d’où est sortice livre », poème composé en 1859 mais qu’il date d’avril1857. Il en fait ainsi symboliquement sa première piècede vers écrite après Les Contemplations, parues en avril1856, et inscrit La Légende des siècles dans la continuitédes « Mémoires d’une âme 1 ». Le recueil lyrique et lerecueil épique ont en partage l’ambition de saisir l’his-toire (les Mémoires, les siècles) et de la transcender parl’intime et l’universel (l’âme, la légende). De fait, la« Vision » est encore une contemplation, dont les pre-miers vers portent le souvenir du livre passé autant quele programme du livre à venir :
J’eus un rêve : le mur des siècles m’apparut.
C’était de la chair vive avec du granit brut,Une immobilité faite d’inquiétude,Un édifice ayant un bruit de multitude,
1. Désignation générique et métaphysique que Hugo proposedans la préface des Contemplations (voir p. 204-206) : « Qu’est-ce que les Contemplations ? C’est ce qu’on pourrait appeler, si lemot n’avait quelque prétention, les Mémoires d’une âme. »
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Des trous noirs étoilés par de farouches yeux,[…]Et ce mur frissonnait comme un arbre au zéphire 1[.]
Bien que leurs proportions soient moindres que cellesdes trois séries de La Légende des siècles, les six livresdes Contemplations constituent eux aussi un « édificeayant un bruit de multitude », et parcourent toute lagamme de l’univers sonore, de l’inaudible à l’assour-dissant : « Cela commence par un sourire, continuepar un sanglot, et finit par un bruit du clairon del’abîme 2. » Comment traduire en un langage intelli-gible, c’est-à-dire articulé et unifié, le chaos de mur-mures et de cris de la « multitude » ? C’est tout l’enjeude la contemplation, regard intérieur, plongée aux tré-fonds de soi d’où doit émerger la poésie, parole detous pour tous.
LA VIE D’OÙ EST SORTI CE LIVRE
Il est peu d’œuvres poétiques qui se réfèrent plusouvertement que Les Contemplations à leur contexte his-torique et biographique 3. Cet ancrage dans le passérécent et le présent de l’auteur est particulièrementsensible dans les livres IV et V qui, ponctués de noms
1. La Légende des siècles, t. I, Flammarion, « GF », 2014, p. 65.2. Préface des Contemplations, voir p. 205.3. On consultera avec profit la biographie de référence de Hugo :Jean-Marc Hovasse, Victor Hugo, t. I. Avant l’exil. 1802-1851 ett. II. Pendant l’exil I. 1851-1864, Fayard, 2002-2008.
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de lieux et de personnes, de dédicaces et de datescommémoratives, peuvent se lire comme un albumfamilial et amical 1, renfermant les souvenirs d’un pande vie.
Au regard de leur genèse, et en dépit de ce que cette catégorie peut avoir de suspect, Les Contemplations sont d’abord une œuvre de circonstance : ce sont les circons-tances, politiques et intimes, qui en dictent l’écriture. À deux reprises, Hugo subit l’épreuve du silence imposé. Le 4 septembre 1843, alors qu’il est en voyage dans les Pyré-nées en compagnie de sa maîtresse, Juliette Drouet, sa fille Léopoldine se noie dans la Seine lors d’une promenade en canot avec son mari. Outre qu’il doit affronter le caractère indicible du deuil et de sa propre culpabilité, il a perdu l’interlocutrice privilégiée qu’était l’aînée de ses enfants, initiatrice symbolique de la création 2. Huit ans plus tard, le 2 décembre 1851, le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte le prive du droit à la parole publique qui était le sien depuis son élection à l’Assemblée constituante en 1848 et à l’Assemblée législative l’année suivante. [...]
1. Voir Florence Naugrette, « L’album », Actes du colloque sur LesContemplations des 4-5 novembre 2016 (dir. C. Millet, Fl. Naugretteet H. Scepi), mis en ligne en novembre 2016, http://groupugo.div.jussieu.fr/Groupugo/Colloques%20agreg/Les%20Contemplations/Textes/Naugrette_Album.htm.2. Voir par exemple « Ô souvenirs ! printemps ! aurore !… »(IV, IX) : « Le soir, comme elle était l’aînée,/ Elle me disait :‘‘Père, viens !// Nous allons t’apporter ta chaise,/ Conte-nous unehistoire, dis !’’ — », p. 73.
Les Contemplations
Livres IV-V
« AUJOURD’HUI »
(1843-1855)
Livre quatrième
PAUCA MEÆ 1
1. Sur la signification de ce titre, voir la Présentation, p. 23.
I
Pure Innocence ! Vertu sainte !Ô les deux sommets d’ici-bas !Où croissent, sans ombre et sans crainte,Les deux palmes des deux combats !
5 Palme du combat Ignorance !Palme du combat Vérité !L’âme, à travers sa transparence,Voit trembler leur double clarté.
Innocence ! Vertu ! sublimes10 Même pour l’œil mort du méchant !
On voit dans l’azur ces deux cimes,L’une au levant, l’autre au couchant.
Elles guident la nef qui sombre ;L’une est phare, et l’autre est flambeau ;
15 L’une a le berceau dans son ombre ;L’autre en son ombre a le tombeau.
C’est sous la terre infortunéeQue commence, obscure à nos yeux,La ligne de la destinée ;
20 Elles l’achèvent dans les cieux.
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Elles montrent, malgré les voilesEt l’ombre du fatal milieu,Nos âmes touchant les étoilesEt la candeur 1 mêlée au bleu.
25 Elles éclairent les problèmes ;Elles disent le lendemain ;Elles sont les blancheurs suprêmesDe tout le sombre gouffre humain.
L’archange effleure de son aile30 Ce faîte où Jéhovah s’assied ;
Et sur cette neige éternelleOn voit l’empreinte d’un seul pied.
Cette trace qui nous enseigne,Ce pied blanc, ce pied fait de jour,
35 Ce pied rose, hélas ! car il saigne,Ce pied nu, c’est le tien, amour !
Janvier 1843 2.
1. Innocence pure, mais aussi, au sens étymologique, blancheur.2. Sur les dates choisies par Hugo pour figurer dans le recueil etla datation réelle des poèmes d’après le manuscrit, voir la Présen-tation, p. 17-19, et le tableau en Annexe, p. 265-268. Ici, la datefictive situe le poème peu avant le mariage de Léopoldine, qu’ilpréfigure.
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II
15 FÉVRIER 1843 1
Aime celui qui t’aime, et sois heureuse en lui.— Adieu ! — Sois son trésor, ô toi qui fus le nôtre !Va, mon enfant béni, d’une famille à l’autre.Emporte le bonheur et laisse-nous l’ennui !
5 Ici, l’on te retient ; là-bas, on te désire.Fille, épouse, ange, enfant, fais ton double devoir.Donne-nous un regret, donne-leur un espoir,Sors avec une larme ! entre avec un sourire !
Dans l’église, 15 février 1843.
1. Date du mariage de Léopoldine Hugo et Charles Vacquerie,en l’église Saint-Paul, à Paris.
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4 SEPTEMBRE 1843 1
…………………………………………………………
1. Date de la mort de Léopoldine, noyée dans la Seine, à Ville-quier, avec son mari.
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III
TROIS ANS APRÈS
Il est temps que je me repose ;Je suis terrassé par le sort.Ne me parlez pas d’autre choseQue des ténèbres où l’on dort !
5 Que veut-on que je recommence ?Je ne demande désormaisÀ la création immenseQu’un peu de silence et de paix !
Pourquoi m’appelez-vous encore ?10 J’ai fait ma tâche et mon devoir.
Qui travaillait avant l’aurore,Peut s’en aller avant le soir.
À vingt ans, deuil et solitude !Mes yeux, baissés vers le gazon,
15 Perdirent la douce habitudeDe voir ma mère à la maison 1.
Elle nous quitta pour la tombe ;Et vous savez bien qu’aujourd’hui
1. Sophie Trébuchet, mère de Victor Hugo, est morte le 27 juin1821. L’auteur avait alors dix-neuf ans.
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Je cherche, en cette nuit qui tombe,20 Un autre ange qui s’est enfui !
Vous savez que je désespère,Que ma force en vain se défend,Et que je souffre comme père,Moi qui souffris tant comme enfant !
25 Mon œuvre n’est pas terminée,Dites-vous. Comme Adam banni 1,Je regarde ma destinéeEt je vois bien que j’ai fini.
L’humble enfant que Dieu m’a ravie30 Rien qu’en m’aimant savait m’aider ;
C’était le bonheur de ma vieDe voir ses yeux me regarder.
Si ce Dieu n’a pas voulu cloreL’œuvre qu’il me fit commencer,
35 S’il veut que je travaille encore,Il n’avait qu’à me la laisser !
Il n’avait qu’à me laisser vivreAvec ma fille à mes côtés,Dans cette extase où je m’enivre
40 De mystérieuses clartés !
Ces clartés, jour d’une autre sphère,Ô Dieu jaloux, tu nous les vends !
1. Hugo se compare à Adam chassé du paradis terrestre, figurepar excellence de l’exil et du malheur.
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Pourquoi m’as-tu pris la lumièreQue j’avais parmi les vivants ?
45 As-tu donc pensé, fatal maître,Qu’à force de te contempler,Je ne voyais plus ce doux être,Et qu’il pouvait bien s’en aller ?
T’es-tu dit que l’homme, vaine ombre,50 Hélas ! perd son humanité
À trop voir cette splendeur sombreQu’on appelle la vérité ?
Qu’on peut le frapper sans qu’il souffre,Que son cœur est mort dans l’ennui,
55 Et qu’à force de voir le gouffre,Il n’a plus qu’un abîme en lui ?
Qu’il va, stoïque, où tu l’envoies,Et que désormais, endurci,N’ayant plus ici-bas de joies,
60 Il n’a plus de douleurs aussi ?
As-tu pensé qu’une âme tendreS’ouvre à toi pour se mieux fermer,Et que ceux qui veulent comprendreFinissent par ne plus aimer ?
65 Ô Dieu ! vraiment, as-tu pu croireQue je préférais, sous les cieux,L’effrayant rayon de ta gloireAux douces lueurs de ses yeux ?
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Si j’avais su tes lois moroses,70 Et qu’au même esprit enchanté
Tu ne donnes point ces deux choses,Le bonheur et la vérité,
Plutôt que de lever tes voiles,Et de chercher, cœur triste et pur,
75 À te voir au fond des étoiles,Ô Dieu sombre d’un monde obscur,
J’eusse aimé mieux, loin de ta face,Suivre, heureux, un étroit chemin,Et n’être qu’un homme qui passe
80 Tenant son enfant par la main !
Maintenant, je veux qu’on me laisse !J’ai fini ! le sort est vainqueur.Que vient-on rallumer sans cesseDans l’ombre qui m’emplit le cœur ?
85 Vous qui me parlez, vous me ditesQu’il faut, rappelant ma raison,Guider les foules décrépitesVers les lueurs de l’horizon ;
Qu’à l’heure où les peuples se lèvent 1,90 Tout penseur suit un but profond ;
1. Cette allusion au soulèvement des peuples renvoie aux insurrec-tions qui eurent lieu au Portugal à partir du printemps 1846, etsurtout en Pologne à partir des 21 et 22 février de la même année(le 19 mars, Hugo prononce à la Chambre des pairs un discours,« Sur la Pologne »), mais elle évoque plus généralement toutes les
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Qu’il se doit à tous ceux qui rêvent,Qu’il se doit à tous ceux qui vont !
Qu’une âme, qu’un feu pur anime,Doit hâter, avec sa clarté.
95 L’épanouissement sublimeDe la future humanité ;
Qu’il faut prendre part, cœurs fidèles,Sans redouter les océans,Aux fêtes des choses nouvelles,
100 Aux combats des esprits géants !
Vous voyez des pleurs sur ma joue,Et vous m’abordez mécontents,Comme par le bras on secoueUn homme qui dort trop longtemps.
105 Mais songez à ce que vous faites !Hélas ! cet ange au front si beau,Quand vous m’appelez à vos fêtes,Peut-être a froid dans son tombeau.
Peut-être, livide et pâlie,110 Dit-elle dans son lit étroit :
« Est-ce que mon père m’oublieEt n’est plus là, que j’ai si froid ? »
révolutions du XIXe siècle et, lors de la publication du recueil, peutrésonner comme un appel à la révolte contre Napoléon III, alorsmême que le poète endeuillé dit se retirer des luttes politiques.
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Quoi ! lorsqu’à peine je résisteAux choses dont je me souviens,
115 Quand je suis brisé, las et triste,Quand je l’entends qui me dit : « Viens ! »
Quoi ! vous voulez que je souhaite,Moi, plié par un coup soudain,La rumeur qui suit le poëte,
120 Le bruit que fait le paladin 1 !
Vous voulez que j’aspire encoreAux triomphes doux et dorés !Que j’annonce aux dormeurs l’aurore !Que je crie : « Allez ! espérez ! »
125 Vous voulez que, dans la mêlée,Je rentre ardent parmi les forts,Les yeux à la voûte étoilée… —Oh ! l’herbe épaisse où sont les morts !
Novembre 1846.
1. Chevalier errant qui met sa force au service des plus faibles.Un poème de La Légende des siècles (« Les chevaliers errants »)leur est consacré et les dépeint comme les garants de « l’équitésuprême ».
D O S S I E R
1 Les Contemplations et leur réception
2 Deuil, poésie et force de vivre
3 Écrire pour résister
4 Littérature post-apocalyptique
1 Les Contemplations et leur réception
À sa parution, le recueil des Contemplations est bienaccueilli par le public mais la critique se montre nette-ment plus sévère. Ce paradoxe entre le succès publicet les réserves critiques dévoile les tensions du livre :son ambition philosophique est-elle conciliable avecl’expression des épreuves intimes ? Pour le critiqueGustave Planche, Les Contemplations forment « untaillis trop touffu » qu’il conviendrait d’« émonder 1 ».Les livres IV et V figurent toutefois parmi les plusappréciés car ils sont les plus personnels et témoignentdu courage d’un père face à l’adversité : « Toutes lespages consacrées aux affections de famille peuvent secomparer aux meilleures pages signées de son nomdepuis trente-quatre ans », écrit Planche 2. C’est bienla part la plus autobiographique du recueil qui suscitel’admiration, les pages où Hugo transcende la douleurdu deuil par un acte de courage poétique.
1. Gustave Planche, Revue des Deux Mondes, 15 mai 1856.2. Ibid.
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FORCE DE LA « POÉSIE AUTOBIOGRAPHIQUE » :LA PRÉFACE DES CONTEMPLATIONS
Les Contemplations se présentent comme le récitd’une expérience personnelle douloureuse, où la forcede vivre se mesure à l’aune de l’expressivité poétique.À cet égard, la préface que Hugo publie en tête de sonrecueil programme la compréhension du livre, etinvite le lecteur à pénétrer dans les méandres de sacréation. Écrire, ce n’est pas seulement inventer desformes, c’est donner à sa pensée une dynamique etun sens, fût-il tendu vers la mort ou vers l’éternité.Témoignage d’un résistant, d’un survivant qui parleaux morts, la préface est aussi un manifeste pour unelecture engagée dans la vie.
Adressée au lecteur, la préface repose cependant surun paradoxe, qui consiste à présenter aux vivants le« livre d’un mort ». Faut-il comprendre par là quel’artiste a puisé sa force créatrice dans sa rencontreavec la mort, dans l’expérience du deuil ou/et du dia-logue d’outre-tombe ? Plusieurs images suggèrent letriomphe de la vie sur le trépas et finalement lanécessité de faire œuvre à partir d’une lutte. Dansquelle mesure la préface invite-t-elle à lire Les Contem-plations comme un livre où puiser force et persévé-rance ?
Si un auteur pouvait avoir quelque droit d’influer sur ladisposition d’esprit des lecteurs qui ouvrent son livre,l’auteur des Contemplations se bornerait à dire ceci : Ce livredoit être lu comme on lirait le livre d’un mort.
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Vingt-cinq années sont dans ces deux volumes. Grandemortalis ævi spatium 1. L’auteur a laissé, pour ainsi dire, celivre se faire en lui. La vie, en filtrant goutte à goutte àtravers les événements et les souffrances, l’a déposé dansson cœur. Ceux qui s’y pencheront retrouveront leur propreimage dans cette eau profonde et triste, qui s’est lentementamassée là, au fond d’une âme.
Qu’est-ce que les Contemplations ? C’est ce qu’on pour-rait appeler, si le mot n’avait quelque prétention, lesMémoires d’une âme.
Ce sont, en effet, toutes les impressions, tous les souve-nirs, toutes les réalités, tous les fantômes vagues, riants oufunèbres, que peut contenir une conscience, revenus et rap-pelés, rayon à rayon, soupir à soupir, et mêlés dans la mêmenuée sombre. C’est l’existence humaine sortant de l’énigmedu berceau et aboutissant à l’énigme du cercueil ; c’est unesprit qui marche de lueur en lueur en laissant derrière luila jeunesse, l’amour, l’illusion, le combat, le désespoir, etqui s’arrête éperdu « au bord de l’infini ». Cela commencepar un sourire, continue par un sanglot, et finit par un bruitdu clairon de l’abîme.
Une destinée est écrite là jour à jour.Est-ce donc la vie d’un homme ? Oui, et la vie des autres
hommes aussi. Nul de nous n’a l’honneur d’avoir une viequi soit à lui. Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne,vous vivez ce que je vis ; la destinée est une. Prenez doncce miroir, et regardez-vous-y. On se plaint quelquefois desécrivains qui disent moi. Parlez-nous de nous, leur crie-t-on. Hélas ! quand je vous parle de moi, je vous parle devous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! insensé, quicrois que je ne suis pas toi !
1. « Grand espace de temps dans une vie de mortel », formuletirée de Tacite, Vie d’Agricola, III.
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Ce livre contient, nous le répétons, autant l’individualitédu lecteur que celle de l’auteur. Homo sum 1. Traverser letumulte, la rumeur, le rêve, la lutte, le plaisir, le travail, ladouleur, le silence ; se reposer dans le sacrifice, et, là,contempler Dieu ; commencer à Foule et finir à Solitude,n’est-ce pas, les proportions individuelles réservées, l’histoirede tous ?
On ne s’étonnera donc pas de voir, nuance à nuance, cesdeux volumes s’assombrir pour arriver, cependant, à l’azurd’une vie meilleure. La joie, cette fleur rapide de la jeunesse,s’effeuille page à page dans le tome premier, qui est l’espé-rance, et disparaît dans le tome second, qui est le deuil.Quel deuil ? Le vrai, l’unique : la mort ; la perte des êtreschers.
Nous venons de le dire, c’est une âme qui se racontedans ces deux volumes : Autrefois, Aujourd’hui. Un abîmeles sépare, le tombeau.
V. H.Guernesey, mars 1856.
Hugo multiplie les signes discursifs vers le destina-taire, l’invitant à partager son expérience, à la fairesienne, à lire son recueil comme s’il reflétait sa proprevie. Le livre est présenté comme une ressource où puiserun exemple de résistance, un miroir universel oùchaque lecteur, grâce à la force novatrice du vers ou dela formule, peut voir une image de sa propre résilience.La tension constante entre un propos universaliste et leton de confidence participe à l’identification. Celui qui
1. « Je suis homme ». Écho d’une formule célèbre du poètecomique latin Térence : « Je suis homme, et je considère que riende ce qui est humain ne m’est étranger » (Heautontimorou-menos, 77).
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a connu le deuil peut ainsi parvenir à sublimer sonpropre chagrin à partir d’une œuvre d’art qu’il s’appro-prie. En ce sens, la part religieuse, ou à tout le moinsmystique, du recueil l’assimile à un bréviaire, qui seraittraversé par le doute, le chagrin mais aussi l’espoir.
Parce qu’elle rattache Les Contemplations aux écritsde soi (Mémoires, journal), la préface invite le lecteurà entrer dans l’intimité d’une expérience qui pourraservir de support à une méditation et, le cas échéant,devenir un guide pour trouver la force de vivre dansl’épreuve. La dynamique autobiographique formuléedès la préface augmente l’effet d’authenticité, en fai-sant se confondre le « je » lyrique avec la voix du père.Le recueil engage par conséquent la sincérité dupropos, fondé sur la relation d’une expérience (récit)et sur son commentaire psychologique, moral oumétaphysique (glose). Pour entrer dans l’œuvre etsuivre le chemin du poète, le lecteur est invité à com-munier dans la douleur et à observer la force de latransfiguration, autrement dit du dépassement de soi(« joie », « espérance »). Or c’est l’image d’un lent pro-cessus que décrit Hugo, non celle d’une forceconstante d’où jaillirait la poésie. La valeur du recueils’est gagnée pas à pas, comme le suggèrent les imagesde sédimentation : « Une destinée est écrite là jour àjour », précise-t-il 1. Lentement la poésie se dépose
1. Voir l’article de Ludmila Charles-Wurtz, « Le récit poétiquedans Les Contemplations », dans Du romantisme au surréalisme : sta-tuts et enjeux du récit poétique, études réunies par Alain Montandon,université Blaise-Pascal, CRLMC, 1998, article accessible en ligne :http://groupugo.div.jussieu.fr/Groupugo/Textes_et_documents/Wurtz_Recit_poetique_dans_Contemplations.pdf.
L e s C o n t e m p l a t i o n s2 0 8
chez le créateur, comme l’indique la métaphore del’accumulation : « L’auteur a laissé pour ainsi dire celivre se faire en lui. La vie, en filtrant goutte à goutte àtravers les événements et les souffrances, l’a déposé dansson cœur. » La puissance des Contemplations tiendraitdonc à la fois à leur caractère personnel, mais aussi à lalente conquête sur le temps dont elles sont issues, ceque suggèrent les formules comme « rayon à rayon »,« soupir à soupir », « de lueur en lueur », « nuance ànuance », ou encore « page à page ». Parce qu’il intègreau « je » de son écriture le « tous » des lecteurs, Hugoplace son expérience à la frontière du moi et de l’univer-sel. Ainsi trouve-t-on dès la préface des marques de par-tage, préfigurant les très nombreuses adresses à uninterlocuteur qu’on trouve dans les livres IV et V.
UNE SOURCE DE VIE : LES CONTEMPLATIONSVUES PAR DUMAS
[...]
D A T A T I O ND E S P O È M E S
La date qui figure au bas de chaque poème des Contem-plations est bien souvent fictive : dans de nombreux cas,elle diffère de celle qu’on peut lire sur le manuscrit, et quicorrespond à la date réelle d’écriture. Le tableau ci-aprèsrecense, pour chaque poème des livres IV et V, la date del’édition et celle du manuscrit. Pour un commentaire del’effet de recomposition produit par la datation fictive,voir la Présentation, p. 17-19.
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TABLE
PRÉSENTATION..................................................... 7
NOTE SUR L’ÉTABLISSEMENT DU TEXTE.............. 44
Les ContemplationsLivres IV-V
Livre quatrième. Pauca meæ................................. 49
I. Pure Innocence ! Vertu sainte ! .......................... 51II. 15 février 1843 ............................................... 53
4 septembre 1843 ........................................... 54III. Trois ans après ................................................ 55IV. Oh ! je fus comme fou dans le premier moment . 61V. Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin........ 63VI. Quand nous habitions tous ensemble................. 65VII. Elle était pâle, et pourtant rose ......................... 68VIII. À qui donc sommes-nous ? ................................ 70IX. Ô souvenirs ! printemps ! aurore ! ...................... 72
L e s C o n t e m p l a t i o n s2 8 8
X. Pendant que le marin .................................... 75XI. On vit, on parle, on a le ciel et les nuages ...... 76XII. À quoi songeaient les deux cavaliers dans la
forêt .......................................................... 78XIII. Veni, vidi, vixi .............................................. 80XIV. Demain, dès l’aube ........................................ 82XV. À Villequier .................................................. 83XVI. Mors ............................................................. 90XVII. Charles Vacquerie ......................................... 92
Livre cinquième. En marche.................................. 99
I. À Aug. V. ..................................................... 101II. Au fils d’un poëte ......................................... 103III. Écrit en 1846 ............................................... 105
Écrit en 1855 ............................................... 128IV. La source tombait du rocher ........................... 130V. À Mademoiselle Louise B. ............................ 131VI. À vous qui êtes là ......................................... 135VII. Pour l’erreur, éclairer, c’est apostasier .............. 138VIII. À Jules J. ...................................................... 140IX. Le mendiant ................................................. 144X. Aux Feuillantines .......................................... 146XI. Ponto ............................................................ 148XII. Dolorosæ ...................................................... 152XIII. Paroles sur la dune........................................ 154XIV. Claire P. ........................................................ 157XV. À Alexandre D. ............................................ 160XVI. Lueur au couchant........................................ 162XVII. Mugitusque boum ........................................ 165XVIII. Apparition .................................................... 167XIX. Au poëte qui m’envoie une plume d’aigle... 168XX. Cérigo........................................................... 170XXI. À Paul M. .................................................... 174XXII. Je payai le pêcheur ......................................... 176
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XXIII. Pasteurs et troupeaux.................................... 177XXIV. J’ai cueilli cette fleur pour toi sur la colline..... 180XXV. Ô strophe du poëte ......................................... 182XXVI. Les malheureux............................................. 184
D O S S I E R
1. Les Contemplations et leur réception ............... 2032. Deuil, poésie et force de vivre ....................... 2173. Écrire pour résister ....................................... 2334. La littérature post-apocalyptique.................... 249
DATATION DES POÈMES ......................................... 265
CHRONOLOGIE...................................................... 269
BIBLIOGRAPHIE ...................................................... 281