Les conduites à risques

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Muriel Salmona, psychiatre, psychothérapeute en psychotraumatologie, responsable de

l’antenne 92 de l’institut de victimologie

Les conduites à risques dissociantes sont les conséquences psychotraumatiques des violences subies

Ces conduites se mettent en place quand la victime, traumatisée, est abandonnée,Sans reconnaissance, sans protection et sans prise en charge et soins spécialisés

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Le travail de l’amygdale et de l’hippocampe

L’amygdale reçoit l’information « brute » et va la diriger vers l’hippocampe qui va la traiter (mémoire biographique)

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L’émergence d’une violence génère une

alarme émotionnelle La soudaineté de la violence, l’impuissance

face à la violence, le non sens de la situation, vont bloquer le cortex: c’est la sidération

Le phénomène de sidération

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De la sidération à …

La réaction émotionnelle (siège= agmydale) devient de plus en plus forte. Les glandes Surrénales produisent une forte quantité de cortisone et d’adrénaline (risque vasculaire, risque cardiaque)

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… la dissociation

Pour éviter le risque, le cerveau réagit: il sécrété de fortes quantité de kétamine et de morphine.L’amygdale cérébrale est isolée, confinée= elle ne peut plus envoyer de message émotionnel.Cette anesthésie émotionnelle, c’est la dissociation.La dissociation va stopper la surproduction de kétamine et de morphine.

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Sentiment d’étrangeté La victime vit la situation comme si elle était

en dehors de cette situation La victime ne ressent plus ni la douleur ni

l’émotion Une « déconnection » qui fait que la victime

va mettre longtemps à comprendre ce qui est arrivé

Les effets de la dissociation

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La mémoire émotionnelle emmagasinée au

moment de la violence reste stockée dans l’amygdale

Elle n’est pas dirigée vers l’hippocampe, traitée et intégrée à la mémoire biographique

Le moindre élément qui rappelle la violence originelle (odeur, couleur, son, mot…) va réactiver cette mémoire traumatique= la victime revit, à l’identique la violence initiale.

La mémoire traumatique

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Un moyen d’échapper au mal-être et à

l’angoisse qui envahissent la victime quand le lien se fait avec la violence initiale

Permettent aussi à la victime d’anticiper le moment où elle va être à nouveau exposée à des violences

La victime traumatisée fait vite l’expérience que certaines conduites permettent d’échapper à la mémoire traumatique= elle va chercher à provoquer une disjonction ou un état dissociatif

Les conduites à risque dissociantes:

une stratégie de la victime pouréchapper à la mémoire traumatique

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Les mises en danger: ce sont des conduites

addictives au stress. La mise en danger provoque un stress qui va conduire le cerveau à produire toujours plus de drogues dissociantes

Créer directement un état dissociatif: drogues dissociantes (tabac, alcool, stupéfiants), techniques dissociantes ( balancements, mouvements saccadés, auto hypnose, musique très forte)

L’auto anesthésie émotionnelle

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Réactivation permanente de la mémoire traumatique=

aggravation des troubles psycho traumatiques Troubles cognitifs (attention, mémoire, concentration) Sentiment de dépersonnalisation (ne plus se comprendre),

baisse estime de soi Addictions Conduites compulsives (anorexie, boulimie) Isolement social, échec scolaire et professionnel,

marginalisation Stigmatisation, incompréhension et rejet par l’entourage Risque de la répétition, comme victime et comme auteur Risque de banalisation, de minimisation des violences, parfois

dépendance à l’auteur des violences Jeux dangereux, mauvais résultats, mauvaises fréquentations Risque vital important: accident, suicide

Le cout de l’auto anesthésie

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Un risque vital bien réel

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Aider la victime à mettre des mots sur chaque

situation, chaque comportement, chaque émotion Aider la victime à comprendre le contexte, à analyser

ses réactions et l’attitude de l’auteur de la violence Cela permet à l’hippocampe de reprendre le contrôle

de l’amygdale cérébrale, de traiter la mémoire traumatique et de l’intégrer à la mémoire biographique (consciente et contrôlable)

Cela permet à la victime de laisser l’agresseur seul face à l’acte de violence (son histoire, qu’il imposait à la victime lui revient au visage) et de le placer en position d’avoir à verbaliser et comprendre ce qu’il a fait…

Traiter la sidération

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Un enjeu sociétal incontournable

Son étude (Farrington 1995) porte sur 400 londoniens (auteurs ou victimes de violences lorsqu’ils avaient entre 8 et 21 ans) suivis pendant plus de 3 décennies.

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« Un enfant qui grandit avec papa et maman

qui s’aiment, sa petite chambre, des devoirs surveillés, aura forcément des bonnes notes. Les notes ne sont pas le reflet de l’intelligence mais le miroir de la stabilité affective »

Boris Cyrulnik, propos tenus dans le point,

29/09/2011