L'égalité entre les filles et les garçons
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L’égalitéentre les filles et les garçons
au coeur
des
établissements
mesurer
comprendre agir
liberté…dechoisir
égalité
égalitélaïcité
ensembleprojet
laïcité projet
ensemble
projet ensemble
egalite
egalit
e
laicite
ensemble
projet ensemble
égalité
laicite
Pour travailler à l’égalité entre les filles et
les garçons, il faut commencer par mesurer,
car «seuls les chiffres font preuve», comme
l’écrit la philosophe et historienne du
féminisme Geneviève Fraisse.
Les statistiques relatives à l’orientation
et à l’emploi des femmes et des hommes
permettent de battre en brèche la croyance
souvent répandue selon laquelle la société
tendrait naturellement vers l’égalité entre
les sexes. Indéniables, les progrès accomplis
notamment dans le domaine de la scolarité
des filles et l’accès des femmes au monde du
travail sont le résultat de luttes engagées dès
le 19e siècle.
Dans un second temps, il s’agit de
comprendre. Comment expliquer, par
exemple, les orientations différenciées
persistantes des filles et des garçons ?
Loin des explications naturalisantes, on
constate que ces différences masquent
des inégalités qui vont entraîner des
discriminations.
Vient alors le temps d’agir. L’égalité entre
les filles et les garçons, les femmes et les
hommes étant une des missions dévolues à
l’Ecole, les actions s’inscrivent dans un cadre
législatif et règlementaire.
Plusieurs textes soulignent l'importance de la
formation des enseignants, des enseignantes,
et de l’encadrement intermédiaire.
Ce document souhaite y contribuer.
Gilbert LECLèrE
Délégué régional de l'ONISEP
Au cœur des établissements Sommaire
Mesurer Du côté de l’orientation :
•La voie professionnelle •La voie générale et
technologique •L’enseignement supérieur
Le monde du travail : des inégalités qui perdurent
Un exemple d'inégalité : les punitions
Comprendre Mixité, égalité, parité : de quoi parlons-nous ?
Les glissements de sens
L’empreinte du genre en orientation
Les stéréotypes de sexe
Témoignage
Inégalités-discriminations-stéréotypes : les clés
de décryptage
Comment expliquer l’orientation différenciée des
filles et des garçons ?
Les représentations des métiers chez les jeunes
S’orienter, un enjeu personnel et identitaire très fort
Agir Le cadre réglementaire et législatif
Témoignage
Comment rendre les métiers de l’autre sexe
pensables aux yeux des jeunes ?
Reportage
Faire des manuels scolaires des outils de l’égalité
entre les filles et les garçons
Intégrer l’égalité entre les filles et les garçons
dans les disciplines
Les concours
Partenariats et manifestations
édito
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Au cœur des établissements
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Mesurer
lesraisonsdel'action
L'École compte parmi ses missions fondamentales celle de
garantir l'égalité des chances entre les filles et des garçons.
La loi du 8 juillet 2013 pour la refondation de l'École rappelle
que l'apprentissage de l'égalité entre les garçons et les filles
est une condition nécessaire pour que, progressivement, les
stéréotypes s'estompent et d'autres modèles de comporte-
ment se construisent.
Intériorisés dès l'enfance par chacun et chacune d'entre
nous, les stéréotypes de sexe étiquettent comme "fémi-
nines" ou "masculines" la plupart des disciplines scolaires
et des professions. L'adhésion plus ou moins forte des élèves
aux normes de féminité/masculinité conduit une majorité de
filles et de garçons à restreindre leurs choix d'orientation.
Un des objectifs de l'égalité entre les filles et les garçons est
d'ouvrir l'éventail des possibles aux élèves. C'est une néces-
sité au niveau sociétal, pour favoriser l'égalité, et au niveau
individuel, pour favoriser l'épanouissement personnel. Mais
c'est aussi un enjeu économique et social. Des pans entiers
de notre économie et de nombreux métiers, quels que soient
les secteurs d'activités professionnelles considérés, doivent
pouvoir compter sur la totalité des talents de notre jeunesse.
L'adhésion d'une majorité de garçons aux normes de viri-
lité conduit certains d'entre eux à adopter des comporte-
ments peu propices à la réussite scolaire. Il n'est pas inutile
de rappeler que les garçons sont davantage concernés que
les filles par l'illettrisme et les sorties précoces du système
scolaire, ce qui représente un coût pour les individus et la
collectivité.
Enfin, agir en faveur de l'égalité entre les filles et les garçons
contribue à instaurer une culture mutuelle du respect et de la
compréhension de l'autre, garante d'un climat scolaire serein.
ChangerderegardGlissons-nous un instant dans la peau d'un candide qui dé-
couvrirait notre système éducatif. Qu'observerait-il ? (1)
Au collège, on compte à peu près autant de filles que de gar-
çons. Pourtant 80% des élèves punis sont des garçons. Au
lycée, dans certaines classes, il n'y a que des filles et dans
d'autres que des garçons. Dans le couloir de l'administra-
tion, une plaque sur une porte indique "Monsieur le provi-
seur", alors que c'est une femme qui assure la direction de
l'établissement.
En feuilletant les manuels d'histoire d'une classe de cin-
quième, on ne voit quasiment que des hommes. Lors
d'un conseil de classe de seconde, une fille qui avait 13 de
moyenne en mathématiques hésitait à poursuivre vers un
bac S. Il lui a été suggéré que la série ES pouvait être un bon
compromis. Juste après, on a incité un garçon qui souhaitait
poursuivre en 1re L à préférer un bac S qui lui offrirait de meil-
leures perspectives. Il avait 11,5 en maths.
On peut ne voir dans ces chiffres et ces situations que
l'expression "normale" de différences de sexe considérées
comme "naturelles". Mais on peut aussi considérer que ces
différences masquent des inégalités dont il faut mesurer
l'ampleur et comprendre les mécanismes de construction.
A partir de là, il devient possible d'agir pour tendre vers plus
d’égalité entre les filles et les garçons.
(1) Ce qui suit est largement inspiré de l'ouvrage d'Hugues Demoulin, Egalité, mixité, état des lieux et moyens d'action au collège et au lycée, Canopé-CNDP, 2014. Hugues Demoulin est docteur en psychologie sociale, conseiller d’orientation-psychologue et chargé de mission académique à l'égalité filles-garçons dans l'académie de rouen.
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L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
Au cœur des établissements
La question des parcours scolaires, de l’orientation voire de l’insertion professionnelle diffé-renciée des filles et des garçons est récurrente. Cette différenciation repose sur des représen-tations encore solides sur « ce qui est » ou « n’est pas » pour les filles ou les garçons.
Les choix à l’issue de la 3e
En 2012, à la fin du collège, 64% des filles
contre 53% des garçons s'orientent vers la
2de générale et technologique. 30% des filles
contre 42% des garçons s'orientent vers la
voie professionnelle. Les garçons sont trois
fois plus nombreux que les filles à préparer
un CAP ou un Bac pro par apprentissage.
Quel que soit le type de voie suivie (profes-
sionnelle, technologique ou générale), plus
l’enseignement se rapproche de l’insertion et
de l’activité professionnelle, plus la division
sexuée s’accentue et la répartition des filles
et des garçons montre des oppositions : « le
service contre la production », « le social
contre la technologie », « le vivant contre la
matière ».
La voie professionnelle : une mixité rarement
atteinte
Les filières professionnelles sont très marquées par les
normes et les stéréotypes de sexe : les filières de pro-
duction aux garçons, les filières de services aux filles. On
remarque cependant des exceptions. La spécialité com-
merce du baccalauréat professionnel, par exemple, com-
prend 41% de garçons et 59% de filles en 2014/2015 dans
l’académie d’Amiens.
Cependant, la focalisation sur le ratio sexe induit souvent
une analyse qui ne concerne que les filles et leur frilosité
supposée à s’engager dans certaines formations.
Il faut déplacer le regard sur la répartition des filles et des
garçons dans les différentes filières pour voir apparaître
un processus d’attraction/désertion qui touche les filles
et les garçons. Par exemple, la 2de pro Electrotechnique
énergie équipements communicants qui attire le plus de
garçons (520 garçons à la rentrée 2014 dans l’académie
d’Amiens) est désertée par les filles (7 filles).
La 2de pro Accompagnement, soins et services à la per-
sonne (ASSP), quelle que soit l'une des deux options
suivies, est celle qui attire le plus de filles (510). Elle est
désertée par les garçons (29).
Ces données comparatives doivent attirer l’attention sur
le fait que travailler à une plus grande mixité des filières
de formation nécessite de s’intéresser aux choix des filles
et aux choix des garçons.
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L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
Au cœur des établissements
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Mesurer
Légende : IO : intentions d’orientationREC : recommandations du conseil de classeVœux : vœux des famillesDEC : décisions du conseil de classe
STi2D : sciences et technologies de l'industrie et du développement durableSTMG : sciences et technologies du management et de la gestionST2S : sciences et technologies de la santé et du social
Lecture : 0,68 % des filles expriment l'intention de s'orienter en 1re STi2D
Processus d’orientation vers la voie technologique, académie d’Amiens, 2014-2015
La voie générale et technologique
Dès l’entrée en 2de, les filles ne font pas les mêmes choix
d’enseignement d’exploration.
A la rentrée 2014, elles sont 42,3% à faire le choix du profil
«lettres, langues et arts» contre 21,8% des garçons. Par
ailleurs, elles sont 52,6% à faire le choix du profil «scien-
tifique ou technologique» contre 71,4% des garçons.
Ces chiffres montrent que les filles ne négligent pas les
savoirs scientifiques à l’inverse du groupe des garçons qui
fait très peu le choix de savoirs littéraires, linguistiques
ou artistiques.
A l’issue de la 2de GT, filles et garçons ne font toujours
pas les mêmes choix que ce soit dans la voie générale ou
technologique.
Le graphique ci-dessous montre nettement la désertion
par les garçons d’une filière majoritairement investie par
les filles à savoir Sciences et technologies de la santé et
du social (ST2S) qui n’est toutefois pas la filière technolo-
gique la plus recherchée par ces dernières.
À contrario les filles désertent la filière Sciences et tech-
nologies de l'industrie et du développement durable
(STI2D) qui est la filière technologique la plus choisie par
les garçons.
Un effet induit par les statistiques sexuées :
La naturalisation des différences
«L’accumulation des données comparatives filles/garçons à force de souligner des différences pourrait inciter, par glisse-ment progressif d’interprétation, à considérer que toutes les filles seraient porteuses de telle caractéristique tandis que tous les garçons seraient porteurs de la caractéristique oppo-sée. Par exemple, les statistiques descriptives nous apprennent que les filles obtiennent en moyenne des résultats supérieurs à ceux des garçons en français. A partir de ce constat, par simplification, on retiendrait que les filles sont meilleures en français que les garçons. Puis, par métonymie, l’étape suivante consisterait à considérer que les filles sont bonnes en français, comme si c’était une caractéristique naturelle de cette catégo-rie dont seraient porteurs tous ses membres. Est-il possible d’éviter ce piège ?Oui, par exemple, en subdivisant les catégories. On compa-rera non plus les filles et les garçons en «général» mais les filles de milieux favorisés avec les garçons de même milieu et les filles de milieux défavorisés avec les garçons de même milieu. On produira alors une représentation nuancée et pre-nant en compte plusieurs facteurs en même temps : si des différences existent entre les catégories «filles» et «gar-çons», tous les individus de chacun de ces deux groupes ne sont pas identiques et leurs différences sont aussi nom-breuses à l’intérieur de chaque catégorie». Demoulin Hugues, Egalité, mixité, état des lieux et moyens d’action au collège et au lycée, Canopé-CNDP, 2014.
STi2D garçons
STi2D filles
STMG garçons
STMG filles
ST2S garçons
ST2S filles
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Mesurer
Contrairement à une idée reçue, les filles ne s’orientent pas massivement en 1re L à l’issue de la seconde. A l’instar des garçons, leur premier choix porte sur la filière S, mais dans une proportion plus faible. Par ailleurs, compte tenu de l’im-portance en effectif de la série S, les filles sont plus nom-breuses à préparer un bac S qu’un bac L. Il est donc faux d’affirmer que «les filles n’aiment pas les sciences». Enfin, si la filière L compte une forte majorité de filles, c’est que les garçons n’y vont pas. Ce choix d’orientation des garçons mérite d'être questionné.
Par ailleurs, si l’on rapproche ce graphique du précédent, on peut s’étonner du fait que les filles écartées de la fi-lière S par les conseils de classe ne soient pas davantage incitées à envisager une filière STI2D dont les contenus disciplinaires permettent d’envisager des poursuites d’études dans les domaines scientifiques et techniques.
L’enseignement supérieur Comme dans l’enseignement secondaire, les filles et les gar-çons n’empruntent pas les mêmes chemins.Les filles ont investi les bancs des universités ces cin-quante dernières années pour atteindre 57 % des effectifs actuellement. Si elles représentent 69,9 % des étudiants en lettres, arts, langues et sciences humaines, elles ne sont que 27% dans le domaine des sciences fondamentales.Ces choix différenciés ne sont néanmoins pas le reflet d’un manque d’ambition. En effet, les jeunes femmes sont majori-taires dans un certain nombre de filières prestigieuses telles que la médecine (62,2%), la pharmacie (64,3%), le droit et sciences politiques (64,8%).
Dans les classes préparatoires aux grandes écoles, si elles sont majoritaires dans les prépas littéraires (73,7 %) elles ne représentent que 29,2 % des prépas scientifiques. Cependant, les filles sont de plus en plus présentes dans les prépas scientifiques et elles progressent dans les écoles d’in-génieurs : de 15,7 % des élèves en 1985 à 28,4 % en 2014-2015.Néanmoins, on observe une forte disparité selon le type d’école. La proportion de filles à l’Ecole nationale supérieure des arts et métiers, qui demeure l’une des moins féminisées, est de 14,3%, à la différence des écoles d’ingénieurs sous tutelle du ministère en charge de l’agriculture qui accueillent davantage de filles que de garçons (66,4%). Reste qu’au rythme de 10 points en 20 ans, il faudrait encore un demi-siècle pour atteindre la parité dans les écoles d’ingénieurs.La répartition des femmes et des hommes dans les for-mations menant aux DUT et aux BTS reflète la division sexuée du travail. En 2014-2015, les femmes représentent 39,2% des effectifs préparant un DUT. Elles sont à parité avec les hommes dans le secteur des services (50,2%) mais cette moyenne masque de fortes disparités. Elles sont 80,2% à préparer un DUT Car-rières juridiques mais seulement 7,7% en DUT Informatique. Les femmes représentent 23,5% des effectifs des DUT du secteur de la production. Si elles représentent 64,5% des effectifs de la spécialité Génie biologique, elles sont très peu nombreuses en DUT Génie mécanique et productique : 7%.Depuis plusieurs années déjà, la parité est acquise dans les Sections de techniciens supérieurs mais les spéciali-tés des services comptent nettement plus de femmes que celles de la production : 62,2 % contre 26,2 %.
Source : Repères et références statistiques, édition 2015, en ligne sur www.education.gouv.fr
Processus d’orientation vers la voie générale, académie d’Amiens, 2014-2015
Légende : IO : intentions d’orientationREC : recommandations du conseil de classeVœux : vœux des famillesDEC : décisions du conseil de classe
L : littéraireES : économique et socialS : scientifique
Lecture : 32,74 % des filles expriment l'intention de s'orienter en 1re S
L garçons
L filles
ES garçons
ES filles
S garçons
S filles
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
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L’accession des femmes au marché du travail est une réalité désor-mais bien établie. Sur le plan des principes il y a consensus, l’égalité entre les femmes et les hommes est un fondement de la démocratie. Dans les faits, les chiffres nous démontrent qu’il en va autrement.
Une répartition déséquilibrée des professions
entre les hommes et les femmes
Les avancées de l’activité féminine sont incontestables :
en France, 83% des femmes de 25 à 49 ans travaillent et
conjuguent ce fort taux d’activité à l’un des taux de fé-
condité les plus élevés de l’Union européenne. Toutefois,
elles n’occupent pas les mêmes emplois que les hommes
et elles ne travaillent pas dans les mêmes secteurs.
Un métier est dit mixte quand les femmes et les hommes
occupent une part comprise entre 40 et 60% des effectifs.
Or, sur les 87 familles professionnelles de la nomenclature
établie par la DARES, seules 13 familles satisfont ce critère. (1).
Une «ségrégation professionnelle» persistante
Les femmes sont surreprésentées dans les professions
incarnant les « vertus dites féminines » (administration,
santé, social, services à la personne) : 97 % des aides à
domicile et des secrétaires, 90 % des aides-soignants,
73 % des employés administratifs de la fonction publique
ou encore 66 % des enseignants sont des femmes.
A contrario, elles sont toujours peu nombreuses dans les
professions incarnant les « vertus dites viriles » (force et
technicité) : elles représentent 2 % des ouvriers du bâti-
ment, 10 % des chauffeurs, 15 % des policiers, pompiers
et militaires.
Une surreprésentation dans le secteur tertiaire et les
métiers de service
Les femmes sont largement majoritaires, à 67, 4 %, dans
les secteurs de l’administration publique et de l’enseigne-
ment-santé-action sociale, elles sont plus rares dans ceux
de la fabrication de matériels de transport (20,1 %), de
l’énergie (23,1 %) ou des transports (26, 3 %), et ne sont
plus que 10,4 % dans celui de la construction.
L’évolution de la situation entre 2008 et 2012 permet de
constater deux mouvements différents : les femmes, de
plus en plus diplômées, sont davantage présentes aux
postes d’ingénieurs et de cadres d’entreprise ou dans les
professions libérales, où leur progression est la plus forte
(respectivement + 4,2 points et + 3,5 points). A l’inverse,
leur proportion augmente dans le domaine des services
où elles étaient déjà largement représentées, passant de
67,2 % en 2008 à 70,5 % en 2012 (+ 3,3).
Enfin, on retrouve les femmes au bas de la hiérarchie
des catégories socioprofessionnelles : les femmes repré-
sentent 77 % des employés, 51 % des professions inter-
médiaires (dans les secteurs de la santé, du travail social
ou de l’éducation), contre 16 % des chefs d’entreprise et
40 % des cadres supérieurs.
le monde du travail : des inégalités qui perdurent
(1) La répartition des femmes par métiers, DARES Analyses, n°079, Décembre 2013, téléchargeable sur www.emploi.gouv.fr
Comment ExPLIqUER CETTE SITUATIOn ?
«Les politiques publiques sont très actives en matière d’égalité professionnelle et pourtant les résistances demeurent et les chiffres continuent d’apporter un dé-menti cuisant aux efforts fournis. Face à l’exigence d’égalité des sexes, perdure une sorte de pétrification mentale qui s’explique par la force des stéréotypes, des systèmes de représentation assignant hommes et femmes à des comportements sexués dits masculins ou féminins, en quelque sorte prédéterminés».
GRéSy Brigitte, in Femmes et hommes : tou-
jours des inégalités dans le monde du travail,
Cahiers français, n°386, La Documentation
française, 2015, pp 74-77.
Brigitte Grésy est Secrétaire générale du
Conseil supérieur de l’égalité professionnelle
entre les femmes et les hommes.
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
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Mesurer
80% des élèves punis au collège sont des garçons. Sylvie Ayral interroge cette asymétrie sexuée à la lumière du genre.
Très jeunes et particulièrement pendant les années
de collège, période où la puberté vient sexuer fortement
toutes les relations, les garçons se retrouvent pris entre
deux systèmes normatifs.
• Le premier, véhiculé par l’Ecole, prône les valeurs de
calme, de sagesse, de maturité, de travail, d’obéissance,
de discrétion, de douceur, vertus traditionnellement asso-
ciées à la... féminité.
• Le deuxième système, relayé par la communauté des pairs
et la société civile, valorise, lui, la virilité hétéronormative
et encourage les garçons à... tout le contraire : enfreindre
les règles, se montrer insolents, jouer les «fumistes», mo-
nopoliser l’attention, l’espace, faire usage de leur force phy-
sique, s’afficher comme sexuellement dominants...
La sanction est explicitement recherchée par les garçons,
car au-delà de la punition, l’enjeu réel est la production
et la consolidation de leur identité masculine. La sanction
confère un nouveau statut : c’est «une médaille de virilité».
La grande affaire est de se démarquer de tout ce qui est
«féminin» ou assimilé au «féminin» (faiblesse, homo-
sexualité réelle ou supposée). L’injonction à la virilité et
à l’hétérosexualité qui est faite aux garçons encourage
également chez eux la violence physique, sexiste ou ho-
mophobe, à l’origine de nombreuses sanctions.
Notons que les propos sexistes et homophobes sont très
rarement sanctionnés comme tels. La sanction tombe pour
«mauvais comportements» en classe ou «insolence».
Comment les adultes de la communauté éducative ap-
préhendent-ils ces transgressions et cette violence ma-
nifestement masculines ? Les entretiens révèlent une
tendance à naturaliser les comportements sexués. La
première explication s’appuie sur la biologie : hormones
mâles et hormones femelles sont une « loi de nature ». La
référence au monde animal a valeur de preuve.
Pour Sylvie Ayral, les punitions ont un effet pervers. En pu-
nissant les garçons, l’institution scolaire stigmatise ces der-
niers et les consacre collectivement dans leur « virilité ».
Elle renforce l’inégalité entre les sexes dans laquelle s’ins-
crit en creux l’invisibilité des filles et étaye la conviction
qu’il existe une nature masculine et une nature féminine.
Aux antipodes de la tolérance zéro et du tout répressif, l’au-
teure plaide pour une éducation non sexiste, une mixité non
ségrégative et la formation des enseignants-es au genre.
Sylvie Ayral a été institutrice en milieu rural pen-dant quinze ans et enseignante d’espagnol au col-lège. Elle est professeur agrégée et docteure en sciences de l’éducation.
un exemple d'inégalité : les punitions
Sylvie Ayral présente son ouvrage dans la revue socio-logos, la revue de l’Association française de socio-logie, https//socio-logos.revues.org/AyRAL S., (2011), "La fabrique des garçons. Sanctions et genre au collège". Paris, Puf.
SyLVIE AyRAL a bâti sa recherche sur l’analyse d’un
corpus de 5 842 sanctions et punitions distribuées entre
les années scolaires 2002-2003 et 2008-2009, dans cinq
collèges girondins aux caractéristiques géographiques
et socio-économiques différentes.
Ses analyses incluent également des données recueil-
lies dans ces mêmes établissements par questionnaires
renseignés par une quarantaine d’enseignants-es, ainsi
que par entretiens auprès d’adultes de la communauté
éducative et d’élèves.
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ComprendreAu cœur des établissements
égalité, mixité, parité : de quoi parlons-nous ?
La DISCRIMInATIOn : quand les bases d’un projet
politique d’égalité sont posées en droit, il devient pos-
sible de penser et de parler de discrimination qui est
une rupture de l’égalité, un système de dysfonctionne-
ment de l’égalité.
C’est un acte qui suppose un traitement défavorable,
qui ne repose pas sur un motif légitime et qui est in-
terdit par la loi.
La discrimination raciale est constituée en délit en 1972,
la discrimination sexiste en 1975. Il faut attendre la loi du
13 juillet 1982, dite Loi Roudy, pour que la discrimination
sexiste soit interdite dans le code du travail.
Les mots égalité, mixité et parité ne sont pas synonymes et leurs usages sociaux sont loin d’être neutres.
Ces trois termes désignent à la fois des principes
et des objectifs à atteindre. Ils représentent des va-
leurs guidant nombre de politiques publiques et édu-
catives qui, si elles peuvent susciter de vifs débats,
font l’objet d’un consensus républicain.
L’égalité est un projet politique, qui s’inscrit dans le ré-
pertoire des valeurs, du droit et des objectifs démocra-
tiques. L’égalité entre les femmes et les hommes est deve-
nue un droit formel, proclamé par une série de textes au
plan national et international au cours du 20e siècle. Il n’en
a pas toujours été ainsi. Le Code Napoléon, 1804, consa-
crait l’inégalité des hommes et des femmes. En France,
l’égalité entre les femmes et les hommes est inscrite dans
le préambule de la Constitution de 1946, repris en 1958 :
«La loi garantit à la femme des droits égaux à ceux de
l’homme dans tous les domaines».
La mixité est l’acceptation de la cohabitation des hommes
et des femmes dans les mêmes espaces sociaux. Sa géné-
ralisation dans les collèges date de la loi Haby de 1975.
La mixité peut être vue comme moyen de transformation
sociale : le fait qu’il y ait répartition équilibrée entre les
sexes dans une formation représente non seulement un
gage d’égale possibilité, mais aussi une désexuation de
cette filière qui n’apparaît plus comme un territoire proté-
gé ou un secteur de relégation. La mixité est alors consi-
dérée comme une condition de l’égalité.
La parité est un instrument pour réaliser l’égalité dans le
processus de décision, de négociation et de consultation.
Est paritaire, un ensemble, une structure, généralement
décisionnaire, qui réunit un nombre égal de personnes de
catégories différentes.
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
Comprendre
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Au cœur des établissements
les glissements de sens
On assiste assez couramment à des glissements de sens entre égalité et différence, par exemple. Pour faciliter l’adhésion des membres de la communauté éducative au projet d’égalité entre les filles et les garçons de l’établissement, il faut procéder à des clarifications conceptuelles.
Il est vraiment important de différencier ce qui re-
lève du registre du droit (le couple conceptuel égalité/
inégalité qui est d’ordre juridique) et ce qui relève du re-
gistre ontologique (l’identité et la différence). Il faut rap-
peler que :
• Le contraire de différence, ce n’est pas égalité mais
identité, similitude.
• Le contraire d’égalité, c’est l’inégalité.
• Le combat pour l’égalité n’est pas celui de la fusion des
sexes.
Selon Geneviève Guilpain, il faut s’interroger sur les diffé-
rences dont on parle. Sont-ce des différences fictives ou
des différences réelles ? Est-ce qu’elles sont construites
artificiellement par la société ou est-ce qu’elles résultent
d’un processus d’individuation aussi libre que possible ?
Est-ce que ce sont des différences entre catégories ou des
différences entre personnes ?
La différence biologique et catégorielle a servi de justifi-
cation pseudo-scientifique à une séparation des rôles so-
ciaux. C’est toujours cette idéologie qui est à l’œuvre dans
l’organisation de notre société et dans la conception que
l’on se fait des sexes. C’est à partir du 18e siècle que l’argu-
ment de la différence de nature entre femmes et hommes
est avancé par des philosophes et des médecins. C’est
cet argument qui a justifié la mise à l’écart des femmes
des études mais aussi de la sphère sociale et politique et
qu’on les a enfermées dans un rôle social et politique li-
mité à la tenue du foyer. On le retrouve sous la fameuse
forme de la complémentarité.
C’est au nom de la différence et de la complémentarité que
l’on considère normales les différences d’orientation, les
choix professionnels distincts qui donnent lieu à des valo-
risations sociales certes différentes mais surtout inégales.
Toute élaboration de catégorie est problématique car elle
consiste à nier les différences entre individus. Il y a plus
de différences d’un individu à un autre que d’une caté-
gorie à une autre. Oui aux différences individuelles, non
aux différences catégorielles qui conduisent à des stéréo-
types. Ce qui est à peu près acquis pour les catégories
ethniques et sociales ne l’est absolument pas pour les
catégories de sexe.
•Il ne faudrait pas à force d’égalité, nier toutes les différences.
•L’égalité est nécessaire mais peut-être jusqu’à un certain point car on risque d’arriver à une confusion des sexes.
•Si les filles et les garçons étaient égaux, les garçons joueraient à la poupée.
•Vous avez beau dire, hommes et femmes, on n'est pas pareils.
•Les hommes et les femmes se complètent par leurs différences
Geneviève Guilpain est professeure de philosophie et formatrice à l’ESPE de Créteil. Elle y intervient sur la formation des enseignants et des enseignantes à la lutte contre les stéréotypes sexistes.
Des GLISSEMEnTS DE SEnS fréquents :«
«
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
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ComprendreAu cœur des établissements
l’empreinte du genre en orientation
Pour Françoise Vouillot, c’est le genre qui pilote à la fois l’orientation des filles et celle des garçons et qui provoque cette séparation des sexes.
Les statistiques montrent que la présence écrasante
de l’un ou l’autre sexe n’est pas due à un choix massif
mais à un processus d’attraction/désertion. Les ratios de
sexe très déséquilibrés, sont le produit de la conduite des
filles et des garçons.
•On doit se demander d’une part pourquoi les filles sont
attirées par les secteurs de la santé, de l’éducation, du
social et, d’autre part, pourquoi l’absence des garçons
dans ces filières n’est quasiment jamais posée comme
problème.
• On doit comprendre ce qui provoque le non-intérêt
des garçons pour les champs qui sont du coup étiquetés
« féminins » et le non-intérêt des filles pour les champs
qui sont du coup étiquetés « masculins ».
Le genre est un système de normes hiérarchisé et hié-
rarchisant masculinité et féminité. Il ne s’agit donc pas
du sexe de la catégorie d’état civil, mais de la production
du masculin et du féminin dans une société donnée, à
une époque donnée. Les attributs qui correspondent au
féminin et au masculin aujourd’hui en France ont évo-
lué et évoluent encore. Avant la révolution, les hommes
portaient perruque, fard et talons. L’histoire relativise le
caractère immuable des différences et met en évidence
que la différenciation n’a rien de naturel, puisque ses ca-
ractéristiques changent dans le temps et dans l’espace.
Les normes de féminité/masculinité définissent les
rôles de sexe : ce que les femmes et les hommes sont et
doivent être ; comment elles/ils se comportent et doivent
se comporter, ce qu’elles/ils font et doivent faire.
Les rôles de sexe, ce sont donc les comportements jugés
comme appropriés, d’un point de vue social, pour chaque
sexe. Dans notre culture, un certain nombre de rôles de
sexe sont associés plus spécifiquement au groupe des
hommes, d’une part, et des femmes, d’autre part.
Françoise Vouillot est maîtresse de conférences en psychologie, spécialiste de la division sexuée des choix d’orientation, elle enseigne à l’Ine-top-CNAM. L’Inetop étant l’Institut national d’étude du travail et d’orientation profession-nelle. Elle est également membre du Haut Conseil à l’égalité Femmes/Hommes.
LE GEnRE est un concept, un outil d’analyse de
l’organisation de la société et un champ de re-
cherche qui permet d’enrichir la connaissance d’une
grande variété de phénomènes.
• Pourquoi les femmes sont-elles plus petites que
les hommes ?
• Le pouvoir est-il intrinsèquement masculin ?
• L’informatique est-elle masculine ?
• Pourquoi les femmes gagnent-elles moins que les
hommes ?
• Pourquoi les garçons au collège sont-ils beaucoup
plus souvent punis que les filles ?
Dans cette approche, le genre ne peut être que sin-
gulier, puisqu’il s’agit d’un système et d’un proces-
sus. Toutes les activités sociales sont «genrées»,
c’est-à-dire structurées autour de catégories de sexe
différenciées.
Par ailleurs, il n’y a pas de «théorie du genre» qui
prônerait un modèle social ou un type de sexualité.
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
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Au cœur des établissements
Les stéréotypes de sexe vont légitimer, en les naturalisant, les rôles de sexe : on attribue des caractéristiques à l’état mâle ou à l’état femelle. Exemples : les garçons sont courageux et vaillants, les filles douces… Les femmes n’ont pas le sens de l’orientation, les hommes ne sont pas multitâches.
Les stéréotypes de sexe sont des croyances large-
ment partagées sur ce que sont et ne sont pas les filles et
les garçons, les hommes et les femmes. Ils agissent sur
nous et déterminent nos attentes, nos jugements et nos
conduites.
Ils sont tellement intériorisés qu’ils fonctionnent comme
des « prêts-à-penser »
dont la validité n’est
que rarement remise en
cause. Or, ces stéréotypes
alimentent l’idée de la
différence des sexes se-
lon laquelle il serait « na-
turel » que les femmes
et les hommes aient des
rôles différents et hiérar-
chisés dans nos sociétés.
Ils renforcent en outre
l’idée de la ressemblance
au sein des groupes auxquels ils s’appliquent (les femmes
sont…, les hommes sont…).
En terme de métiers, il est attendu des femmes qu’elles
occupent des professions tournées vers le soin aux autres
parce qu’elles sont supposées être, par « nature », em-
pathiques et douces et des hommes qu’ils occupent des
fonctions de pouvoir parce qu’ils sont supposés être, par
« nature », ambitieux et doués d’autorité.
Pour être aimés, les enfants vont s’appliquer à devenir le
petit garçon et la petite fille qu’on veut qu’ils soient. Ils
vont apprendre à se tenir, se vêtir et se déplacer en fonc-
tion de leur sexe, à contrôler certaines émotions ou à en
ressentir d’autres. Ils vont ainsi apprendre à développer
très tôt des goûts et des intérêts conformes à leur rôle
de sexe.
les stéréotypes de sexe
LUTTER contre les PRéjUGéS,
nEUTRALISER les STéRéOTyPES
Les stéréotypes ne sont pas des idées fausses
résultant d’une ignorance. Ils ont une fonction co-
gnitive (simplification de la complexité du monde)
et sociale : ils permettent de se situer et de situer
autrui dans l’environnement complexe des relations
sociales.
Les préjugés ont une dimension évaluative, le plus
souvent négative, à l’égard d’un groupe social. Si
le préjugé correspond à une attitude à l’égard d’un
groupe social, le stéréotype en serait la dimension
cognitive.
La lutte contre les préjugés et les stéréotypes
est un enjeu majeur de l’éducation, notamment à
propos du genre qui, considéré comme système de
normes de masculinité/féminité, fige l’inégalité et les
rôles sociaux dévolus aux femmes et aux hommes.
Pour Hugues Demoulin, «Attaquer frontalement les
stéréotypes peut avoir pour effet de les renforcer
si aucun autre schéma de pensée ne peut s’y subs-
tituer. C’est bien d’abord contre les préjugés et les
discriminations qu’il s’agit de lutter, tandis que l’on
cherchera à neutraliser et à ne pas activer les sté-
réotypes».
"Les femmes ne sont pas faites pour courir !", est l’un des six titres de la collection "Egale à égal", lancée par le Laboratoire de l’égalité en partenariat avec les éditions Belin. Ces petits ouvrages, faciles à lire, synthétiques et pédagogiques, sont en prêt à la Délégation régionale de l’Onisep Picardie.
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
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ComprendreAu cœur des établissements
témoignage…
Professeure d’Education Physique et Sportive et référente égalité filles-garçons au collège les Bourgognes de Chantilly, Cathy Patinet œuvre depuis des années en faveur de l’égalité filles-garçons.
«Cette année, j’ai proposé aux élèves volontaires un projet théâtre «L’égalité, c’est toute l’année», qui a mobilisé quatorze collégiens et collégiennes de 4e et 3e. Pendant l’écriture de la pièce, leur vécu quotidien a surgi : le terrain de basket de la cour de récréation monopolisé par les garçons dominants, les cours d’EPS où l’on peut entendre des propos tels que «Ah non pas avec une fille, elles sont trop nulles», ou en-core «Espèce de tapette», en classe où il est parfois si difficile de faire asseoir un garçon à côté d’une fille… Quand on donne la parole aux élèves par le biais de la construction d’une pièce de théâtre ayant pour thème l’égalité, on recueille des propos d’une incroyable jus-tesse sur les inégalités en cours dans le collège. Ceci permet d’organiser le débat avec les élèves. Alors que les comportements ou propos sexistes ne sont pas toujours perçus comme tels par les adultes du collège. L’homophobie, en particulier, est niée». Dans le cadre du CESC (comité d'éducation à la santé et à la citoyenneté), une journée citoyenne avec des ateliers pour les élèves et la renomination des salles de classes à parité d’hommes et femmes célèbres ont été proposées.
L’enseignante et ses collègues ont participé plusieurs fois au concours des Olympes de la Parole (voir page 24). L’édition 2014 portait sur la place des femmes dans le sport. «Dans un premier temps, à partir des travaux de Cendrine Marro (1), nous avons construit une animation visant à stimuler l’expression libre des caractéristiques que chacun et chacune attribue spontanément à l’autre sexe quand il fait du sport».
Les élèves ont également travaillé en histoire sur le rôle des pionnières et en français sur l’autobiogra-phie. Ils ont été invités à relater par écrit leurs émo-
tions de sportive et de sportif (voir ci-contre).
En EPS, filles et garçons ont vécu des pratiques
mixtes émancipatrices. «Cette expérience marque
les élèves pour la vie. Elle a notamment aidé certains
garçons à dépasser leurs préjugés sur les activités
sportives dites «féminines», elle a montré aux filles
qu’elles étaient capables de réussir dans des activi-
tés dites «masculines».
Je me souviens la première fois que j’ai pénétré dans
le club de basket, il n’y avait que des garçons. Au début,
j’avais pris un ballon et je commençais à m’échauffer.
Je n’arrivais pas à le faire rebondir. Nous avons com-
mencé à faire un match. Ce fut une catastrophe !
D’abord, je ne touchais presque jamais la balle et les
seules fois où je la touchais, c’était pour la perdre de
manière idiote. Ceux de mon équipe me considérait
comme un joueur handicapé, j’étais une fille.
(1) Marro Cendrine, "Dépendance-indépendance à l’égard du genre. Penser à l’égalité des sexes au delà de LA différence", revue Recherche et formation, n°69, 2012."Egalité", hors-série n°7, septembre 2013 de la revue Contrepied - ESP et société, qui pose la question de la prise en compte du genre en EPS et en éducation.
«
«
Elève, CAThy PATInET n’a pas connu la mixité. Elle en fut affectée, car sportive, elle ne pouvait se mesurer aux garçons comme elle le souhaitait. Jeune enseignante dans les années 80, elle est souvent confrontée à des jeunes filles résignées qui ne participent pas au cours : «Vous savez bien, on est nulles». «J’ai toujours eu la conviction que tout le monde est éducable», dit-elle. L’EPS est la première discipline à s’être penchée sur les rela-tions entre mixité et égalité des sexes. Les tra-vaux d’Annick Davisse ou de Catherine Louveau marquent l’enseignante qui décide de préparer un Doctorat en STAPS. Elle défend l’idée que la mixité ne suffit pas à assurer l’équité entre les filles et les garçons, notamment en EPS, discipline à forte valence masculine. Pendant 10 ans, au sein d’un groupe d’innovation pédagogique académique, elle a formé ses collègues d’EPS.
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
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Au cœur des établissements
STéRéOTyPESDISCRIMInATIOnSInéGALITéS
Ces mouvements de balancier constituent des verrous puissants qui bloquent la progression de l’égalité entre les femmes et les hommes.
La clé de décryptage des stéréotypes :
Les stéréotypes encouragent les discriminations…
C’est un premier maillon de la chaîne.
Par exemple : «En tant que DRH, ma conviction est que
les femmes n’ont pas autorité «naturelle», contrairement
aux hommes, donc je recrute un homme plutôt qu’une
femme à un poste de direction». Les femmes comme les
hommes sont susceptibles de se rendre coupables de
discrimination envers autrui. De surcroît, on observe
que les stéréotypes engendrent des comportements
d’autocensure : «Je ne vais pas postuler à un emploi de
direction, car en tant que femme, je ne suis pas sûre d’en
être capable».
A l’échelle collective, du fait de traitements discrimina-
toires, des inégalités persistent entre les femmes et les
hommes. Les discriminations contribuent aux inéga-
lités. C’est un deuxième maillon de la chaîne. Pour re-
prendre l’exemple ci-dessus, rappelons que les femmes re-
présentent moins de 20 % des dirigeants-es d’entreprises.
Mais ce n’est pas terminé : les verrous sont solides !
En effet, la connaissance des inégalités, qui sont mesu-
rables et chiffrables, peut légitimer les stéréotypes aux
yeux de certaines personnes. «Il y a très peu de femmes
aux postes de pouvoir, cela montre bien qu’elles n’ont
pas les capacités pour y parvenir». «La quasi-absence de
femmes peintres connues dans l’histoire de l’art prouve
que les hommes sont plus créatifs». De même, les discri-
minations peuvent encourager les stéréotypes : «Si les
directrices de crèches ne recrutent pas d’hommes comme
auxiliaires de puériculture, c’est parce qu’ils ne sont pas
doués pour s’occuper des enfants». Et les inégalités
peuvent induire des discriminations : «Comme il y a
très peu de femmes sur le chantier, je préfère embaucher
des hommes pour garder une cohésion d’équipe».
inégalités-discriminations-stéréotypes les clés de décryptage
Source : Laboratoire de l’égalité «Les stéréotypes, c’est pas moi, c’est les autres». Téléchargeable sur www.laboratoiredelegalite.org
inégalités
contribuent
inspirentdiscriminations
renforcent
outillentrenforcentlégitiment
stéréotypes
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
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Plusieurs facteurs se combinent pour produire les différences d’orientation des filles et des garçons.
La focalisation sur les conduites d’orientation des
filles masque une analyse plus large de l'orientation qui
repose sur :
• Les politiques menées par le ministère de l’Éducation
nationale,
• Les procédures : les vœux et les intentions des familles,
les propositions et les décisions formulées par les conseils
de classe,
• Les pratiques des enseignants et des enseignantes,
• Les conduites des élèves.
L’autocensure et l’autosélection : l’impensé et l’im-
pensable
•L’autocensure est le fait d’exercer une censure sur soi-
même : rien ne parvient au niveau de la conscience, il n’est
même pas question de choix.
•L’autosélection, s’exerce au niveau de la conscience :
la personne pense que ce n’est pas pour elle, qu’elle ne
peut atteindre son objectif et renonce dès lors à ce projet.
Les pratiques des enseignants-es
Les études menées par les sociologues de l’éducation
montrent que leurs pratiques contribuent en particulier
à alimenter un manque de confiance en soi des filles à
l’égard des matières scientifiques connotées « mascu-
lines », ce qui a des conséquences sur leur choix d’orien-
tation.
A valeur scolaire identique, les filles demandent moins
que les garçons, l’orientation vers une 1re S : elles s’auto-
sélectionnent.
Quelle que soit leur classe sociale, les garçons ont appris
à ne pas penser aux formations et aux professions étique-
tées « féminines » : c’est impensé car impensable.
comment expliquer l’orientation différenciée des filles et des garçons ?
Source : Vouillot Françoise, "Education et orientation scolaire. L’empreinte du genre", revue Profession Banlieu, n°1, 2012.
Le fonctionnement des PROCéDURES D’ORIEnTATIOn
La tendance très majoritaire des conseils de classe est de respecter les demandes des familles quand les résultats scolaires le permettent. Il est (trop) peu fréquent que les conseils de classe prennent l’initiative de proposer d’autres possibi-lités d’orientation moins conformes.
L’AUTOSéLECTIOn des filles en mathématiques
Une étude menée auprès de 1500 élèves de se-conde générale et technologique a permis d’exa-miner, en mathématiques et en français, les résul-tats scolaires, les intentions d’orientation et les appréciations scolaires, selon le sexe des élèves et celui des enseignants-es.
Cette étude montre notamment que :
• Parmi les élèves qui ont moins de 9 de moyenne, les garçons sont deux fois plus nombreux (18,8%) que les filles à envisager d’entrer en 1re S (9,2%).
• La quasi-totalité des élèves qui ont plus de 12 de moyenne en mathématiques souhaite poursuivre en série S, sans différences notables entre les filles et les garçons.
• Parmi les élèves qui obtiennent entre 9 et 12 de moyenne en mathématiques, les garçons ex-priment l’intention de poursuivre en 1re S à 52,8% tandis que les filles sont 36,9% à le faire.
L’étude révèle également que les enseignantes attri-buent en moyenne des notes inférieures aux filles.
Source : Demoulin Hugues, Daniel Céline, «bulletins scolaires et orientation au prisme du genre, l’orientation scolaire et professionnelle, 42.3, 2013
Au cœur des établissements Comprendre
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
Au cœur des établissements
les représentations des métiers chez les jeunes
(1) Bose Nathalie, Guégnard Christine, "Les représentations des métiers chez les jeunes : entre résis-tances et avancées", revue Travail, Genre et Sociétés, n°18, 2007, téléchargeable sur www.cairn.info(2) Vouillot Françoise, "L’orientation aux prises avec le genre", revue Travail, genre et société, n°18, 2007, téléchargeable sur www.cairn.info
L’APPARIEMEnT SOI-PROTOTyPE
Considérer des formations/professions comme «fé-
minines» ou «masculines» ne concerne pas seule-
ment le fait qu’elles soient majoritairement investies
par l’un ou l’autre sexe. Dans l’élaboration d’un projet
d’orientation, il y a la représentation que l’on se fait
de soi et celle qu’on se fait des filières et des métiers.
Nous nous représentons les filières et les métiers à
travers des personnes-types, des prototypes, aux-
quels nous attribuons toute une série de caractéris-
tiques : traits de personnalité, compétences, intérêts
et valeurs professionnels, style de vie…
Pour qu’une filière de formation ou un métier
puissent être pensés puis retenue comme projet pos-
sible, il faut un certain degré de ressemblance entre
ces deux images. Etant donné le marquage sexué du
savoir et du travail, la grande majorité des forma-
tions et des professions engendrent des prototypes
sexués et sont perçues comme «masculines» ou «fé-
minines». (2)
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Les représentations des métiers chez les adolescents et les adolescentes sont toujours dominées par les stéréotypes de sexe, en particulier chez les garçons.
Selon une étude menée en Bourgogne (1), la plupart
des élèves enquêtés estiment qu’il n’existe pas de
métier davantage approprié aux femmes ou aux
hommes. Ainsi, 58 % des jeunes répondent négativement
à la question « pensez-vous que certains métiers sont sur-
tout pour les femmes ? ». Mais l’analyse des réponses
montre une différenciation selon le sexe. Si l’apprécia-
tion des professions tend vers la mixité, c’est surtout le
fait des filles.
Ainsi, 50% des garçons et 34% des filles pensent qu’il y a
des métiers qui sont surtout pour les femmes. Tandis que
54% des garçons et 45% des filles pensent qu’il y a des
métiers qui sont surtout pour les hommes.
Les métiers sont considérés comme relevant de l’un ou
l’autre sexe en fonction des qualités «naturelles» qu’ils
réclament («douceur, compréhension, minutie...» contre
«force, résistance, courage...») et des rôles de sexe dont
ils relèvent (materner ou défendre, par exemple). Les
métiers occupés par les femmes apparaissent comme
«moins difficiles», peu valorisants et moins rémunérés.
L’exercice des responsabilités et du pouvoir apparaît ré-
servé aux hommes.
Les élèves, surtout les adolescentes, expriment très
largement leur compréhension à l’égard des per-
sonnes qui font des choix professionnels «atypiques».
Les filles mettent en avant la liberté de choix et l’égalité
professionnelle entre les femmes et les hommes. Les gar-
çons sont moins tolérants à l’égard de la transgression,
qui remettrait en cause leur identité sexuelle.
91% des jeunes (97% des filles et 84% des garçons) trouvent
normal qu’une fille veuille exercer un métier « d’homme ».
83% des jeunes (89% des filles et 76% des garçons)
trouvent normal qu’un garçon veuille exercer un métier
« de femme ».
Cependant, seuls 49% des filles et 22% des garçons s’ima-
ginent dans cette situation et seulement 10% des filles et
5% des garçons ont un projet allant dans ce sens.
Les filières suivies jouent également un rôle déterminant
dans la différenciation des perceptions des professions.
Comprendre
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
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ComprendreAu cœur des établissements
Tout choix d’orientation non conforme suppose une transgression des normes de sexe et a un coût, psychologique et social. Cela permet de comprendre la résistance des élèves à choisir des formations dans lesquelles ils ou elles sont minoritaires.
La psychologie de l’orientation a bien mis en évi-
dence le rôle de la représentation de soi et de l’identité
dans l’élaboration des projets. S’orienter, c’est projeter
dans le futur une image de soi possible. En faisant un
choix d’orientation, alors que les filières et les professions
sont sexuées et hiérarchisées, les élèves vont devoir s’ex-
poser en montrant leur degré d’ambition, leurs centres
d’intérêts et leur degré de conformité ou d’excentricité
par rapport aux normes qui les définissent comme fille
« féminine » ou garçon « masculin ».
Une étude (1) auprès d’élèves de 3e montre que les fac-
teurs de résistance à envisager une orientation aty-
pique concernent très majoritairement la préserva-
tion de l’identité sexuée « normale » aux yeux des
autres et à leurs propres yeux et les sentiments d’ef-
ficacité personnelle (P 19).
L’identité sexuée est la conviction intime d’être une fille
ou un garçon. On peut définir la construction de l’iden-
tité sexuée chez l’enfant comme la suite d’étapes à tra-
vers lesquelles chaque individu passe pour se construire
comme une fille ou un garçon de sa culture. Il y a deux
âges au cours desquels les enfants sont très rigides par
rapport aux normes de sexe : vers 5-7 ans et à l’adoles-
cence. Loin de subir passivement les stéréotypes de sexe,
les adolescents, dans cette phase de construction
identitaire, s’efforcent de se positionner activement
comme garçon ou comme fille.
On comprend mieux pourquoi c’est au niveau de l’ensei-
gnement professionnel, qui mène à des professions en-
core très marquées du sceau du féminin ou masculin, que
la ségrégation des choix d’orientation entre les filles et les
garçons est la plus forte.
Pour Françoise Vouillot (2), «Quand un garçon de 15 ou
16 ans, ayant dépassé le stade de l’autocensure pour son
orientation, envisage d’intégrer une filière « féminine », il
pourra le dire s’il vit dans un milieu où il n’y a pas d’autosé-
lection. Mais il faudra ensuite qu’il se confronte aux autres
garçons qui, généralement, vont le disqualifier en tant que
garçon /.../». Il est très difficile pour un garçon de supporter
le soupçon quant à sa sexualité venant de ses pairs.
Les filles, notamment celles qui investissent les carrières
scientifiques et technologiques, sont soumises à une
double contrainte : faire comme les garçons tout en
restant «féminines». Comme le résume Marie Duru-Bellat
(3) : «il (leur) faut prendre part à la course, mais tout en
gardant minijupe et talons…».
Accroître le nombre d’orientations atypiques n’est pas un
but en soi. Il s’agit d’ouvrir aux filles comme aux garçons
l’éventail des possibles.
Faire prendre conscience aux élèves du poids des stéréo-
types de genre dans les choix d’orientation, enrichir leurs
représentations des filières et des métiers, construire et
utiliser des supports d’information exempts de stéréo-
types de sexe, organiser des rencontres avec des mo-
dèles... sont quelques unes des pistes qui peuvent déjouer
les stéréotypes. Cela implique aussi que les adultes de la
communauté éducative s’interrogent sur leur propre vi-
sion du masculin et du féminin.
s’orienter, un enjeu personnel et identitaire très fort
(1) Faucillon L. et Montano-Avila B. (2008), "Les facteurs de résistances à une orientation atypique de sexe chez les filles et les garçons de 3e". Mémoire de Diplôme d’Etat de conseiller d’orientation-psycho-logue. Paris : INETOP. Cette étude est présentée dans un article de Vouillot Françoise, L’orientation, le butoir de la mixité, revue française de pédagogie, n°171, 2010.(2) Vouillot Françoise, "Education et orientation scolaire : l’empreinte du genre", revue profession Ban-lieue, n°1, 2012.(3) Duru-Bellat Marie, "Ce que la mixité fait aux élèves", revue de l’OFCE, n°114, 2010.
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
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La question de l’égalité n’est ni une question de préférence individuelle ni l’expression d’un groupe de pression. Les actions mises en place au sein de l’école correspondent à sa mission de service public d’éducation et s’inscrivent dans un cadre législatif et réglementaire.
Le Code de l’éducation stipule que l’égalité entre
les filles et les garçons est « une obligation légale et une
mission fondamentale de l’école républicaine ».
La loi du 8 juillet 2013, met en œuvre :
• Un nouvel enseignement moral et civique, pour faire
«acquérir aux élèves le respect de la personne, de ses ori-
gines et de ses différences, de l’égalité entre les femmes
et les hommes, ainsi que de la laïcité»,
• La sensibilisation de l’ensemble des personnels ensei-
gnants et d’éducation à l’égalité entre les femmes et les
hommes et à la lutte contre les discriminations. C’est une
des missions des ESPE (écoles supérieures du professorat
et de l'éducation).
Le référentiel des compétences des enseignants re-
commande de «se mobiliser et mobiliser les élèves contre
les stéréotypes et les discriminations de tout ordre, pro-
mouvoir l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes
et les hommes».
L’article 9 de la Charte de la laïcité à l’école stipule
que «la laïcité implique le rejet de toutes les discrimina-
tions, garantit l’égalité entre les femmes et les hommes et
repose sur une culture mutuelle du respect et de la com-
préhension de l’autre».
L’action du ministère en matière d’égalité s’inscrit dans
le cadre de la convention interministérielle 2013-2018
pour l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et
les hommes dans le système éducatif (voir encadré).
L’enseignement de l’égalité entre les filles et les gar-
çons s’inscrit dans Le Plan d’action pour l’égalité entre
les filles et les garçons à l’école qui prévoit notamment
la généralisation de la formation des enseignants-es et
des cadres, la diffusion d’outils et de séquences péda-
gogiques ancrées dans les disciplines, l’information des
parents et l’inscription de l’égalité entre les filles et les
garçons, dans les projets d’école et d’établissement.
le cadre réglementaire et législatif
La COnVEnTIOn InTERMInISTéRIELLE
2013-2018 pour l’égalité entre les filles et les gar-
çons, entre les femmes et les hommes dans le sys-
tème éducatif comprend trois axes :
• la transmission des valeurs d’égalité entre les filles
et les garçons ;
• le renforcement de l’éducation au respect mu-
tuel et à l’égalité entre les filles et les garçons, les
femmes et les hommes ;
• l’engagement pour une mixité plus forte des fi-
lières de formation et à tous les niveaux d’étude.
Elle engage notamment les signataires à :
• Inciter à la rédaction d’un volet « promotion de
l’égalité » dans chaque projet d’établissement.
• Inscrire l’égalité entre les filles et les garçons dans
le règlement intérieur des établissements.
• Encourager le développement de la thématique de
l’égalité filles-garçons dans les CESC dans tous les
établissements scolaires, en réseau avec les écoles.
Téléchargeable sur www.education.gouv.fr
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
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AgirAu cœur des établissements
LA PRISE En COMPTE DE L’éGALITé EnTRE LES
FILLES ET LES GARçOnS DAnS L’ORIEnTATIOn AU
SEIn DU PARCOURS AVEnIR
Le parcours Avenir, mis en place pour chaque élève
de la sixième à la terminale, doit lui permettre de
comprendre le monde économique et professionnel,
connaître la diversité des métiers et des formations,
développer son sens de l’engagement et de l’initia-
tive, élaborer son projet d’orientation scolaire et
professionnel.
Le référentiel du parcours Avenir recommande à
l’équipe pluri professionnelle chargée de sa mise en
œuvre de «veiller notamment à ce qu’une vigilance
particulière soit apportée à la lutte contre les sté-
réotypes sociaux et sexués qui enferment garçons et
filles dans des choix prédéterminés. Cette vigilance
ne peut s’exercer qu’à condition que les acteurs
soient régulièrement formés aux enjeux de l’égalité
(circulaire du 20 janvier 2015) et que les données re-
latives aux parcours scolaires et aux choix d’orien-
tation, encore très marqués par l’appartenance so-
ciale et de sexe notamment, soient connues et que
les enjeux de mixité des filières de formation et des
métiers fassent partie intégrante de la formation de
l’ensemble des acteurs concernés. Des actions sont
développées à l’échelle de l’établissement pour pro-
mouvoir une mixité des filières et des métiers».
COnCEVOIR DES PROjETS ET METTRE En œUVRE DES ACTIOnS au sein des établissements
Certaines conditions en favorisent la réussite
• L’engagement institutionnel qui s’inscrit dans un cadre législatif et réglementaire, conditionne la légitimi-té. En outre, l’engagement institutionnel rend lisibles les actions à l’intérieur et l’extérieur de l’établissement, no-tamment en direction des parents. Dans les faits, cela se traduit par l’inscription dans le projet d’établissement, le règlement intérieur et les actions du CESC (comité d'édu-cation à la santé et à la citoyenneté).• L’interdisciplinarité, la transversalité, le parte-nariat. Ces trois paramètres permettent aux élèves de faire le lien entre ce qu’ils apprennent, ce qu’ils vivent au quotidien dans leurs interactions et les actions dont ils bénéficient. Le partenariat permet de mettre en commun des res-sources, des rôles et des compétences. Le partenariat externe à l’établissement ne doit pas s’entendre comme la simple sous-traitance d’activités ou d’actions auprès d’associations spécialisées dans tel ou tel domaine. Ces activités ou actions doivent être inscrites au projet d’éta-blissement, qui en assure la cohérence au regard des ob-jectifs poursuivis.•Prendre en compte les résistances. Travailler à plus d’égalité entre les filles et les garçons, lutter contre les stéréotypes de sexe peut passer pour un combat obsolète puisque les filles réussissent mieux à l’école et que les garçons ne semblent pas subir les effets de ces stéréo-types. Pour Geneviève Guilpain, ces réactions s’expliquent aisément : «On ne perçoit que ce que l’on a appris à voir or la différenciation pourtant marquée dans les compor-tements des filles et des garçons passe pour naturelle». La prégnance des normes est minimisée, le poids des stéréotypes de sexe est minoré. Par ailleurs, «Tout édu-cateur est bien convaincu qu’il travaille à l’égalité de tous les élèves et il s’alarme à l’idée qu’il pourrait faire preuve d’une différenciation involontaire».Mettre en œuvre des projets en ce domaine avec d’autres adultes, intervenir auprès d’élèves, suppose de travailler à partir de l’existant, de comprendre où se situent les points de résistance, de rechercher des points d’ancrage viables, d’acquérir une culture commune à l’égalité.
égalité
égalitélaïcité
ensembleprojet
laïcité projet
ensemble
projet ensemble
egalite
egalit
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laicite
ensemble
projet ensemble
égalité
laicite
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
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Agir Au cœur des établissements
Laurence Ducousso-Lacaze est professeure de français et référente à l’égalité filles/garçons au collège jean de la Fontaine, à Crépy en Valois, dans l’Oise. Après avoir travaillé avec les adultes et les élèves de son collège, elle est intervenue auprès des chefs-fes d’établissement de son bassin car la prise en compte de l’égalité filles/garçons au sein de l’école passe aussi par la formation de l’encadrement.
Mettre en place une politique d’égalité filles/gar-
çons dans un collège
• Donner à voir
La question de l’égalité filles/garçons, bien qu’inscrite
dans les textes, ne semble pas toujours pertinente au sein
de l’Éducation nationale : il est donc nécessaire de rendre
visibles les inégalités. Le jour de la pré-rentrée, j’ai pré-
senté des statistiques sexuées concernant l’orientation
des élèves de 3e de notre établis-
sement : une seule fille avait choi-
si l’enseignement d’exploration
Sciences pour l’Ingénieur pour
la seconde générale, et pour la
seconde professionnelle, filles et
garçons étaient strictement sé-
parés-es entre les filières des ser-
vices et celles de la production.
Ensuite, afin de montrer comment
les stéréotypes peuvent être à
l’œuvre au sein même de l’ensei-
gnement, j’ai proposé une analyse du manuel de SVT de 4e
dans lequel les illustrations proposent un partage sexué
des activités et des rôles.
Enfin, j’ai installé en salle des professeurs-es un panneau
intitulé « Egalité Filles/Garçons : les stéréotypes ont la vie
dure... » que j’alimente avec des informations en rapport
avec le sujet. Mes collègues enrichissent le tableau avec
des informations qui peuvent susciter le débat et per-
mettre à chacun et chacune d’exprimer ses positions.
• Travailler l’orientation
J’ai emprunté à l’Onisep l’exposition « Métiers et Mixité » qui a
été installée au CDI : elle propose des témoignages de femmes
exerçant des métiers dits « masculins » et vice-versa.
J’ai réduit le nombre de panneaux afin de respecter un
équilibre femmes/hommes et j’ai proposé à mes collègues
une activité en deux temps.
Les élèves devaient d’abord classer des métiers selon
qu’elles/ils les considéraient plutôt comme masculins,
féminins ou mixtes et les classements étaient ensuite
confrontés et discutés.
Dans un deuxième temps, l’exposition permettait de réflé-
chir aux compétences nécessaires.
La séance s’achevait par
l’observation de catalogues
de jouets pour faire le lien
entre les « goûts » et l’édu-
cation.
• Utiliser le CESC
L’égalité filles/garçons est
une thématique transver-
sale qui trouve sa place
dans le projet du CESC. Il
est alors possible de faire le lien entre l’éducation à la
sexualité et l’éducation à l’égalité comme le préconise
la Convention interministérielle. Ainsi, dans le cadre du
Forum puberté proposé aux élèves de 4e, j’ai proposé,
en m’inspirant du jeu « Ado-sexo », de faire réfléchir et
s’exprimer les élèves sur des sujets ne demandant pas de
connaissance scientifique. Elles/ils devaient prendre po-
sition par rapport à des affirmations (par exemple, « En
amour, c’est toujours au garçon de faire le premier pas »)
et argumenter. Par ailleurs, grâce au CESC, les actions
peuvent être pérennisées, elles ont une légitimité institu-
tionnelle et tous les acteurs (notamment les parents) en
ont connaissance, ce qui est indispensable pour créer une
dynamique au sein d’un établissement.
témoignage…
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
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S’essayer à des activités considérées comme atypiques de son sexe et les réussir, rencontrer des personnes engagées dans des formations ou des métiers où l’autre sexe est surreprésenté peut accroître le sentiment de compétences des élèves à envisager un plus large éventail de formations et de métiers.
Les sentiments d’efficacité personnelle (SEP),
appelés aussi sentiments de compétences, désignent les
croyances des individus quant à leurs capacités à réaliser
des performances particulières.
Ces croyances ne reflètent pas forcément les compé-
tences, les capacités objectives de la personne. On note
toutefois un lien entre croyances d’efficacité et perfor-
mances objectives dans le sens où des sentiments d’ef-
ficacité élevés engendrent une persistance d’efforts pour
mener à bien une tâche donnée. La probabilité de réussite
est alors plus grande et ainsi susceptible d’accroître la
confiance d’une personne à réussir.
Sous l’effet de la socialisation différenciée des sexes, les
filles et les garçons apprennent à développer des SEP
pour les savoirs et les compétences respectivement éti-
quetés «féminins» ou «masculins». Cela expliquerait, par
exemple, pourquoi les filles ont tendance à sous-estimer
leurs capacités scientifiques et donc à avoir un niveau
d’aspiration inférieur à celui des garçons.
Les SEP ont donc tendance à être sexués, ils ont une in-
fluence sur les choix d’orientation et peuvent participer à
expliquer la division sexuée de l’orientation. Plus les sen-
timents d’efficacité personnelle sont forts et diversifiés,
plus l’éventail des formations et des professions envisa-
gées est ouvert. (1)
quatre sources d’information participent à l’élabora-
tion du sentiment d’efficacité personnelle :
• Les expériences personnelles : c’est à partir des ex-
périences réussies ou échouées, que les individus se
sentent capables ou non de réaliser une activité. Elles
peuvent être vécues dans le cadre de la participation à
des concours scolaires, par exemple.
• L’apprentissage par observation (ou apprentissage vica-
riant) : il fonctionne d’autant mieux si le modèle (les per-
sonnes qui témoignent de leurs cursus ou leurs métiers,
par exemple) présente une relative proximité, notamment
en termes d’âge et de sexe, avec les élèves concernés.
• La persuasion sociale, verbale (soutiens, critiques, en-
couragements, conseils, attentes...) et non verbale, dont
les appréciations sur les bulletins scolaires.
• La gestion des états physiologiques et émotionnels as-
sociés aux expériences de réalisation de l’activité.
comment rendre les métiers de l’autre sexe pensables aux yeux des jeunes ?
(1) A lire : "Comment des filles et des garçons de terminales littéraires ou scientifiques évaluent-ils et justifient-ils leurs sentiments d’efficacité personnelle ?", Marie-Laure Steinbruckner, revue L’orientation scolaire et professionnelle, n°38/4, 2009, en ligne sur http://osp.revues.org
La notion de SEnTIMEnT D’EFFICACITé PERSOnnELLE
La notion de sentiment d’effica-
cité personnelle s’inscrit dans le
cadre de la théorie sociale cogni-
tive conçue par Albert Bandura,
qui postule que l’individu n’est
pas un être subissant passivement
l’influence de son environnement,
mais comme un être ayant un pou-
voir de contrôle sur son existence.
Au cœur des établissements
cheffe de projet web
assistant de
direction
astronome
sage-femme
experte
automobile
couvreuse
aide-soignant
pâtissière
Agir
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
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Agir Au cœur des établissements
Le lycée Marie Curie de nogent-sur-Oise est engagé de longue date dans la promotion des carrières scientifiques et technologiques auprès des filles. A l’invitation de son référent à l’égalité filles/garçons, jean-François Serlippens, l’Onisep Picardie a accompagné une tren-taine de lycéennes au Salon de l’aéronautique.
Le Bourget, juin 2015.
Un jeune ingénieur de Safran présente son métier aux
lycéennes et aux marraines de l’association «Elles
bougent», facilement identifiables à leur maillot rose vif.
«Les femmes sont atten-
dues dans nos équipes,
elles ne sont pas encore
assez nombreuses», ex-
plique-t-il, avant de de-
mander aux élèves : «Qui
est intéressée par une
carrière d’ingénieure ?».
«Pourquoi pas ?», mur-
mure une élève de 2de.
C’est ce «pourquoi pas
moi», ce déclic, que
Jean-François Serlippens
s’ingénie à déclencher chez les lycéennes, avec le soutien
de la direction de l’établissement.
• Développer la mixité
Le lycée où l’enseignant exerce propose exclusivement des
formations scientifiques, technologiques et professionnelles
industrielles. Certaines spécialités, comme la forge et la fon-
derie, sont rares. Les filles y sont peu nombreuses, motivées
et soutenues. En 2014, c’est une élève de terminale bac pro
Fonderie, Célina Rouan, qui a remporté l’édition 2014 du
Concours général des métiers de cette spécialité.
C’est en premier lieu la faiblesse des effectifs de certaines
classes qui a conduit Jean-François Serlippens à élargir
le vivier de recrutement aux filles. Interventions dans les
collèges, actions ciblées lors des journées portes ouvertes,
valorisation des rares filles présentes dans ces spécialités.
L’engagement porte ses fruits : les effectifs augmentent, la
part des filles progresse.
• S’essayer et réussir
Se pose alors la question d’accroître le sentiment de com-
pétences des filles à envisager des études vers les filières
où elles sont encore peu nombreuses.
Les concours offrent
l’opportunité aux élèves
de mettre «la main à la
pâte» et de réussir.
«Course en cours», par
exemple, propose d’inven-
ter, de concevoir en 3D et
de fabriquer la voiture de
course du futur en utili-
sant les mêmes outils et
process que les profes-
sionnels de la Formule 1.
En 2011, une équipe com-
posée de quatre filles scolarisées en 1re STI, remporte la
troisième place au niveau national.
• Rencontrer des professionnelles
Le partenariat avec l’association «Elles bougent» (pré-
sentée page 25) permet aux lycéennes de participer à de
grandes manifestations (Mondial de l’Automobile, Salon
Aéronautique du Bourget...), de rencontrer et d’échanger
avec des techniciennes et des ingénieures. On pourrait
continuer à énumérer les réussites aux concours et les ac-
tions... Depuis 2012, Sabine Cossart, professeure de prépa
en Sciences Industrielles de l’Ingénieur a rejoint l’ensei-
gnant. Ensemble, ils peuvent désormais partager le lourd
investissement que réclame l’organisation de tels projets.
La visite du Salon touche à sa fin. Sabine Cossart cherche
les élèves de la prépa PTSI. Elles échangent avec une ingé-
nieure spécialiste des matériaux composites. D’ici quelques
années, elles porteront peut-être le maillot rose vif des
marraines.
Reportage
© B
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Fave
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L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
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Plus qu’un vecteur de connaissances, le manuel scolaire est un outil de transmission d’une culture partagée. A ce titre, il pourrait être un outil de transmission de la culture de l’égalité entre les femmes et les hommes.
Les manuels scolaires sont analysés depuis de
nombreuses années sous l’angle des stéréotypes. Si les
représentations les plus caricaturales ont disparu, les
études du Centre Hubertine Auclert (voir encadré)
montrent qu’ils décrivent hommes et femmes dans des
fonctions stéréotypées qui ne reflètent pas la diversité
des rôles. En outre, les femmes sont largement sous-re-
présentées et loin d’avoir la place qui leur revient dans les
domaines des sciences, des lettres ou des arts.
Le manuel scolaire est un objet éditorial particulier. Outil
pédagogique qui applique des programmes élaborés par
l’Etat, il est financé par l’acteur public et confié à des édi-
teurs privés pour sa réalisation. Interrogés par la Déléga-
tion aux droits des femmes du Sénat, ces derniers disent
se trouver au centre d’un système de contraintes. «En
amont, ils appliquent les programmes, en aval, le choix
des manuels repose sur les enseignants-es» (1). Or, les
programmes intègrent peu la dimension égalité filles-gar-
çons. Par ailleurs, les stéréotypes, devenus plus subtils,
sont aussi plus difficiles à repérer. Une étude de la Halde
(2) (aujourd’hui Défenseur des droits), menée en 2008,
montre que plus de la moitié des enseignants-es inter-
rogés-es estiment que les manuels n’offrent pas une po-
sition réellement dévalorisante aux femmes. L’argument
selon lequel les manuels reflètent la réalité sociale est
également souvent avancé. Dans leur ouvrage « L'histoire
des femmes publiques racontée aux enfants », Françoise
et Claude Lelièvre écrivent « se borner à exposer une
situation existante sans la critiquer ou sans présenter
d’alternative équivaut à accepter (dans les faits) implici-
tement les inégalités et les discriminations qui existent ».
La Délégation aux
droits des femmes
du Sénat et le Haut
conseil à l’égalité
(HCE) ont élaboré
un certain nombre
de propositions :
formation des en-
seignants-es, élabo-
ration d’une conven-
tion d’engagement
de lutte contre les stéréotypes, création d’un observatoire
des stéréotypes de sexe dans les manuels scolaires comme
cela se fait au Québec…
Si les manuels ne changent pas, les équipes éducatives
peuvent les aborder avec un regard critique. Dans «Genre
et pratiques scolaires : comment éduquer à l’égalité», Ni-
cole Mosconi écrit : « /…/ Ils ne sont néfastes que si on
les prend au pied de la lettre, mais à l’inverse ils peuvent
donner l’occasion de faire réfléchir les élèves sur les mo-
dèles qu’ils proposent et donner ainsi l’occasion de faire
un travail sur le sexisme.»
faire des manuels scolaires des outilsde l’égalité entre les filles et les garçons
(1) "Lutter contre les stéréotypes dans les ma-nuels scolaires : faire de l’école un creuset de l’égalité", rapport de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les femmes et les hommes du Sénat, juillet 2014, té-léchargeable sur www.senat.fr(2) "Place des discriminations et des stéréotypes dans les manuels scolaires", rapport réalisé par l’université Paul Verlaine de Metz pour le compte de la Halde, 2008.
LES TRAVAUx du Centre hubertine Auclert
sur les MAnUELS SCOLAIRES
Le Centre Hubertine Auclert est le centre francilien
de ressources pour l’égalité entre les femmes et les
hommes. Il a réalisé 3 études sur les manuels d’histoire
(2011), de mathématiques (2012) et de français (2013).
Avec le HCE, le Centre propose une grille pour analy-
ser facilement, ou de manière plus approfondie, les
représentations des femmes et des hommes dans les
manuels, ainsi qu’un guide «Faire des manuels scolaires
des outils de l’égalité entre les femmes et les hommes».
Ces documents sont téléchargeables sur
http://www.centre-hubertine-auclert.fr
Au cœur des établissements Agir
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
Au cœur des établissements
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Agir
Croiser les disciplines, notamment pour préparer un concours ou événement, permet d’enga-ger une réflexion collective sur l’égalité entre les filles et les garçons, comme au lycée Louis Thuillier et au collège Arthur Rimbaud, à Amiens.
A Louis Thuillier, l’égalité, c’est toute l’année.
Catherine de Catheu et Martine Tellier sont respective-
ment professeures d’histoire-géographie et d’anglais et
collaborent régulièrement autour de projets communs.
En 2013, avec leur classe de 2de, elles ont remporté le
deuxième Prix de la catégorie lycée du concours «Les
Olympes de la Parole», dont le sujet portait sur la place
des femmes dans les sciences.
«Notre démarche était de faire travailler les élèves sur un
projet transversal, de leur permettre d’apprendre autre-
ment, de les faire réfléchir sur la place des femmes dans la
société, le tout en lien avec les programmes. Par ailleurs,
la perspective de remporter un concours soude la classe,
donne de l’importance au sujet traité et aux élèves, no-
tamment ceux en difficulté».
La journée des droits des femmes
Cette manifestation permet de pointer les inégalités et de
susciter un questionnement. «Il ne faut pas perdre de vue
que nos élèves, vivant dans un contexte de mixité scolaire
depuis leur enfance, ont peu conscience des inégalités
entre les sexes. Pour eux, mixité rime avec égalité», ex-
pliquent les enseignantes.
La célébration du 8 mars permet de faire intervenir des
enseignants de disciplines différentes, constitue un point
d’ancrage pour des activités en amont et en aval de la ma-
nifestation et permet aux élèves de rencontrer d’autres
adultes que leurs enseignants-es. Le choix du lieu et des
animations confère à cette journée un éclat qui met en
valeur les actions et signifie l’importance de l’enjeu (voir
encadré sur le 8 mars 2014). En 2015, Catherine de Catheu
a fait intervenir auprès de ses élèves de 2de l’association
Business and Professional women (BPw) qui promeut
l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
En cours de sciences économiques et sociales, les élèves
ont étudié l’entreprenariat au féminin.
Des actions relayées au CDI
L’égalité entre les filles et les garçons se décline égale-
ment au CDI grâce à l’engagement d’Hafida Boughambouz,
professeure-documentaliste.
En 2014-2015, le thème dominant des actions portait sur
l’histoire des femmes. En concertation avec ses collègues
d’histoire-géographie, de lettres et de langues intéressés,
l’enseignante a orchestré les actions menées au CDI : choix
des expositions et réalisation des questionnaires, prépara-
tion des interventions menées par les associations, exposi-
tion des travaux réalisés par les élèves, ateliers de lecture
à voix haute de textes de Simone de Beauvoir et de Margue-
rite Duras, mise à disposition d’ouvrages et de magazines.
intégrer l’égalité entre les filles et les garçons dans les disciplines
LE 8 MARS 2014
La première partie de la journée se déroulait dans
le hall, pendant la pause méridienne, pour permettre
aux adultes et aux élèves de participer. Plusieurs ani-
mations étaient proposées :
• Un jeu-concours «Connaissez-vous ces femmes ?».
• La démonstration du jeu éducatif destiné à faire
connaître l’apport des femmes aux sciences, créé par
les élèves dans le cadre du concours «Les Olympes
de la parole».
• La présentation des «Inclichables», une vidéo
réalisée par des élèves de 2de, primée au concours
«Buzzons contre le sexisme», édition 2014.
• L’après-midi, une table-ronde sur la mixité des
métiers réunissait quatre personnes exerçant des
métiers considérées comme atypiques et 70 élèves,
qui avaient préparé des questions.
Les échanges étaient ponctués de saynètes relatives
au sexisme, interprétées en anglais et en espagnol
par les élèves.
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
Au cœur des établissements
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Agir
Le projet Olympe de Gouges du collège Arthur Rimbaud : lutte des femmes, luttes citoyennes
Soutenue par la direction de l'établissement, Julie Riffiod,
conseillère principale d’éducation, a travaillé avec deux
classes de 4e et de 3e sur l’image et la place des femmes
dans notre société, à partir de la figure et l’œuvre de
l’auteure de la Déclaration des droits de la femme et
de la citoyenne.
Le 27 juin 2015, les élèves ont présenté aux élèves de CM2
du secteur le fruit de leur travail, commencé en novembre
par la visite de l’exposition «Olympe de Gouges», réalisée
par l’association amiénoise «On a marché sur la bulle» et
conçue à partir du roman graphique de Catel et Bocquet.
En cours de français, chaque élève a rédigé une «lettre à
Olympe» : une façon originale de mesurer le chemin ac-
compli et celui qui reste à parcourir vers l’égalité réelle
entre les femmes et les hommes.
Le 27 juin, la meilleure lettre a été élue par l’ensemble des
participants.
L’étude des «Combats de citoyennes», notamment à tra-
vers des textes féministes, leur a permis de découvrir que
les luttes des femmes sont un enjeu citoyen et qu’elles
conduisent le plus souvent à un progrès pour l’ensemble
de la société.
Des portraits de femmes militantes ont ensuite été réali-
sés avec l’aide de leurs professeurs d’histoire-géographie,
d’anglais et d’allemand puis exposés le jour de la présen-
tation du projet.
Le temps d’un après-midi, Simone Veil, Rosa Parks, Frida
Kahlo, Malala Yousafzai, Sophie Scholl... ont fait leur en-
trée dans le gymnase du collège. Leurs parcours étaient
présentés aux plus jeunes par les élèves de 4e et de 3e.
La présentation par Julien Piette, professeur d’EPS, de la
place des femmes dans le sport, a prouvé que rien n’est
immuable. Malgré l’opposition farouche de Pierre de Cou-
bertin à ce qu’il qualifiait d’ «Olympiades femelles», les
femmes ont progressivement conquis le droit de faire du
sport et d’être athlètes de haut niveau.
L’après-midi s’est clos par un débat entre les élèves, pré-
parés au préalable par leurs enseignants, et des interve-
nantes de l’ONISEP Picardie.
Dans un climat de grande écoute et de respect, plusieurs
thèmes ont été abordés comme les raisons de l’orienta-
tion différenciée des filles et des garçons, l’inégal partage
des tâches domestiques...
Cet ouvrage propose une lecture mixte des
programmes scolaires, en y intégrant l’histoire
des femmes et du genre.
Chaque chapitre chronologique est composé d’une
première partie étudiant la place des femmes dans
l’époque étudiée ; une seconde partie est constituée
de dossiers documentaires faisant le tour d’une
question liée à l’histoire des femmes.
Des pistes d’exploitation par niveau (primaire,
collège, lycée) permettent aux enseignants-es
de travailler à partir de chaque dossier.
Cet ouvrage est en prêt à la Délégation régionale de
l’ONISEP Picardie.
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
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Les concours offrent l’occasion d’engager une réflexion collective sur l’égalité entre les filles et les garçons, de
valoriser les élèves et les établissements. Les trois concours nationaux présentés ici sont organisés chaque année.
Les Olympes de la Parole.
Le concours «Les Olympes de la Parole»
est proposé par l’Association française
des femmes diplômées des universités
(AFFDU), en partenariat avec le minis-
tère de l’Éducation nationale, de l’Ensei-
gnement supérieur et de la Recherche,
le ministère des Affaires sociales, de
la Santé et des Droits des Femmes et
le Haut Conseil à l’Égalité entre les
femmes et les hommes.
Son objectif est d’inciter les élèves à
réfléchir sur la place de chacun-e à
l’école et dans la société au travers du
thème central de l’égalité entre les filles et les garçons,
les femmes et les hommes.
Ce concours national s’adresse aux classes de l’école élé-
mentaire, du collège, des lycées. Les classes candidates
doivent préparer un dossier ainsi qu’une saynète théâ-
tralisée ou un clip vidéo. Un jury académique désigne les
classes (une classe maximum par catégorie) qui participe-
ront en finale nationale à Paris.
Sujet du concours 2016 : «Filles et garçons, femmes et
hommes dans la république en 2016 : comment préparer
et partager ensemble un avenir commun, s’appuyant sur
les principes indissociables : Liberté-Egalité-Fraternité ?»
http://www.affdu.fr/
Conjuguez les métiers du bâtiment au féminin
Depuis plusieurs années, la CAPEB (confédération de l'artisa-
nat et des petites entreprises du bâtiment) se mobilise pour
favoriser l’accès des femmes aux métiers du bâtiment. Le
concours a pour but de faire participer des élèves à ce mou-
vement en récompensant les auteurs-es de photos créatives
et originales de femmes travaillant dans le bâtiment.
Les élèves vont à la rencontre des professionnels-les du
bâtiment et illustrent leurs travaux au travers de photos
prises sur les chantiers et/ou en entre-
prise. Cinq photos sont obligatoires.
Une photo au minimum doit illustrer une
ou plusieurs femmes accomplissant les
gestes professionnels de leur métier.
Ce concours s’adresse aux élèves de 5e,
4e, et 3e. Les projets doivent être réali-
sés par une équipe mixte d’élèves.
www.capeb.fr
Buzzons contre le sexisme
L’association toulousaine "Télédebout"
organise un concours vidéo pour lutter contre le sexisme.
Il s’adresse aux jeunes entre 10 et 25 ans, seul-e, en classe
ou en équipe. L’événement est soutenu notamment par le
ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits
des Femmes ainsi que par le ministère de la Culture et de
la Communication.
Au collège ou au lycée, cette vidéo peut être réalisée
dans le cadre du parcours Avenir, de l’accompagnement
personnalisé, des travaux personnels encadrés de 1re, de
l’éducation civique juridique et sociale…
http://teledebout.org
les concours
S’InFORMER SUR LES COnCOURS
Retrouvez l’actualité des concours et les témoi-
gnages des équipes lauréates de notre académie sur
le site de la Délégation régionale de l’ONISEP Picardie,
www.onisep.fr/amiens, dossier Égalité
entre les filles et les garçons.
L’égalité entre les filles et les garçons - ONISEP - Septembre 2015
Au cœur des établissements Agir
Ces associations sont susceptibles d’intervenir en milieu scolaire sur la promotion des études et métiers
scientifiques et techniques auprès des filles.
Elles bougent
L’association « Elles bougent » promeut les métiers d’in-
génieures et de techniciennes dans les secteurs indus-
triels suivants : automobile, ferroviaire, aéronautique,
spatial, maritime, énergie. Le « Club des lycées » permet
à tous les établissements secondaires français de devenir
partenaires de l’association.
www.ellesbougent.com
Capital Filles
Capital Filles accompagne les lycéennes des filières tech-
nologiques STI2D, STMG, STL et des filières profession-
nelles. L’objectif est de proposer aux jeunes filles issues
de lycées relevant de la politique de la ville et/ou de zones
rurales des actions d’information et d’accompagnement à
l’orientation vers les secteurs d’activités suivants : éner-
gie, aéronautique, bâtiment et travaux publics, banques
et assurances, télécommunications …
http://www.capitalfilles.fr/
Femmes ingénieures : interventions dans les établis-
sements scolaires, participation aux forums métier/forma-
tion, organisation de journées «femmes ingénieures»…
Femmes et mathématiques : journées «filles et maths»,
Femmes et sciences
Ces trois associations ont créé un site commun «Elles en
sciences», http://www.elles-en-sciences.net/
Le Girl’s Day de la SnCFDepuis 2012, la SNCF ouvre ses portes, fin novembre, aux
collégiennes et aux lycéennes pour leur faire découvrir
les métiers scientifiques et techniques du groupe où les
femmes sont peu représentées.
Préparées et exploitées en classe, ses visites permettent
de faire travailler ensemble filles et garçons sur la place
respective des femmes et des hommes dans le monde du
travail, les déterminants sexués de l’orientation, les re-
présentations des métiers, notamment scientifiques et
technologiques, ainsi que sur la variété des sources d’in-
formation. www.sncf.com
partenariats et manifestations
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ONiSEP-DélégatiONrégiONalED'amiENS - 45, rue saint-leu, 80000 amiens - tél. : 03 22 92 73 81 - courriel : [email protected]
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qUELqUES RéFéREnCES BIBLIOGRAPhIqUES
• Alternatives économiques, Femmes-hommes, l’égalité en action, septembre 2013.
• Ayral Sylvie, Raibaud Yves (Dir.) Pour en finir avec la fabrique des garçons, A l’école (vol.1), Loisirs, sport, culture (vol.2),
Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 2014.
• Ayral Sylvie, La fabrique des garçons, PUF, Paris, 2011.
•Cahiers pédagogiques, Filles et garçons à l’école, n°487, février 2011.
• Demoulin Hugues, Egalité, mixité, état des lieux et moyens d’action au collège et au lycée, Canopé-CNDP, 2014.
•Fédération wallonie Bruxelles, Sexe et manuels, promouvoir l’égalité dans les manuels scolaires, 2012.
• Héritier Françoise, Hommes, femmes, la construction de la différence, Le Pommier, 2005.
• Inspection générale de l’Education nationale, L’égalité entre les filles et les garçons dans les écoles et les établissements,
mai 2013.
• Lemarchant Clotilde, La mixité inachevée, garçons et filles dans les filières techniques, revue Travail, genre et société, n°18,
novembre 2007, www.cairn.info
• Marro Cendrine, Dépendance-indépendance à l’égard du genre, penser l’égalité des sexes au-delà de LA différence, revue
Recherche et formation, 2012, www.cairn.info
•Mosconi Nicole, C’est technique, est-ce pour elles ? Les filles dans les sections industrielles des lycées, revue Travail, genre
et société, n°9, avril 2003, www.cairn.info
•Rojat Dominique, Doyen de l’IG de SVT, académie de Rouen, Féminin/masculin dans les nouveaux programmes de SVT en 1re.
• Vidal Catherine, Benoit-Browaeys D, Cerveau, sexe et pouvoir, Belin, Paris, 2005.
• Vouillot Françoise, Orientation : le butoir de la mixité, revue française de pédagogie, n°171, 2010.
• Vouillot Françoise, Orientation scolaire et discrimination : quand les différences de sexe masquent les inégalités, la
Documentation française, Paris, 2011.
La majorité de ces ouvrages est en prêt à la Délégation régionale de l’OnISEP Picardie, 03 22 92 73 81,
SITES UTILESu Les textes officiels, www.education.gouv.fr
u Des outils pédagogiques pour l’égalité entre les filles et les garçons à l’école,
https://www.reseau-canope.fr
u Des séquences pédagogiques pour travailler sur l’orientation des filles et des garçons dans le cadre du parcours Avenir,
www.onisep.fr, espace pédagogique
u Des expositions virtuelles sur l’histoire des femmes et du genre, http://musea.univ-angers.fr
u Pour éduquer à l’image et à la citoyenneté, http://www.genrimages.org
u Une téléweb féministe à vocation pédagogique, http://teledebout.org
u Des repères statistiques sur la parité femmes-hommes, site du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes,
http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/
u Les parcours scolaires des filles et des garçons, Filles et garçons sur le chemin de l’égalité de l’école à l’enseignement
supérieur, édition 2015, téléchargeable sur www.education.gouv.fr
u Des témoignages écrits et vidéos de femmes et d’hommes suivant des formations ou exerçant des métiers considérés
comme atypiques de sexe, www.onisep.fr
u Le dossier Egalite entre les filles et les garçons sur www.onisep.fr/amiens : actualités des concours
et des manifestations, textes de référence, présentation d’outils et d’ouvrages, dossiers documentaires, témoi-
gnages d’enseignants et d’enseignantes sur les actions entreprises.
Nous tenons à remercier pour leur participation à ce document : Hafida Boughambouz, Catherine de Catheu, Laurence Ducousso-
Lacaze, Cathy Patinet, Julie Riffiod, Jean-François Serlippens, Martine Tellier.