L'école de demain

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••• n°155 avril 2012 leNSEIGNANT 13 DOSSIER Dernier volet de notre série de dossiers «Élections présidentielles», le SE-Unsa vous livre son bilan des 5 ans écoulés en matière de politique éducative et vous propose sa vision de l’École. N NOUS SOMMES DANS LA DERNIÈRE ligne droite des élections présidentielles. L’Éducation y fait l’objet d’un intérêt particulier de la part des principaux candidats et personne ne se plaindra que l’espace public et nos concitoyens s’emparent d’une question aussi cruciale pour l’avenir de la jeunesse et de notre pays. Cette question devient majeure tant notre système éducatif est aujourd’hui à la peine. Il est socialement de plus en plus injuste et abandonne trop de jeunes sur le bord de la route. Pour le sortir de cette ornière et lui redonner du souffle, deux projets s’affrontent aujourd’hui. D’un côté un projet fortement inspiré du libéralisme qui, depuis cinq ans, se met en place patiemment mais avec détermination. L’Éducation y est vécue comme un fardeau pour la Nation, les personnels y sont maltraités et le modèle proposé y est celui du privé. De l’autre un projet restant appuyé sur les fondements de la République mais qui devra fixer un cap nouveau pour les élèves et les personnels. Un projet innovant indispensable qui devra bousculer le poids des habitudes. Ce débat ne peut rester cantonné aux acteurs politiques. Le SE-Unsa a pris sa place dans le débat public. Il est porteur d’analyses et de propositions. C’est tout le sens de ce dossier. 4/4 L’ ÉCOLE QUE NOUS VOULONS

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N DOSSIER Derniervoletdenotresérie dedossiers«Électionsprésidentielles», leSE-Unsavouslivresonbilandes5ans écoulésenmatièredepolitiqueéducative etvousproposesavisiondel’École. 4/4 n°155 • avril2012 • l’ e NSEIGNANT 13 •••

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n°155 • avril 2012 • l’eNSEIGNANT 13

DOSS

IERDernier volet de notre série

de dossiers «Élections présidentielles»,le SE-Unsa vous livre son bilan des 5 ans

écoulés en matière de politique éducativeet vous propose sa vision de l’École.

NNOUS SOMMES DANS LA DERNIÈRE lignedroite des élections présidentielles.L’Éducation y fait l’objet d’un intérêtparticulier de la part des principauxcandidats et personne ne se plaindraque l’espacepublicetnosconcitoyenss’emparent d’une question aussicruciale pour l’avenir de la jeunesseet de notre pays. Cette questiondevient majeure tant notre systèmeéducatif est aujourd’hui à la peine. Ilest socialementdeplusenplus injusteet abandonne trop de jeunes sur lebordde la route. Pour le sortirdecetteornière et lui redonner du souffle,deuxprojets s’affrontent aujourd’hui.D’uncôtéunprojet fortement inspirédu libéralismequi, depuis cinqans, semet en place patiemment mais avecdétermination. L’Éducationyest vécuecommeun fardeaupour laNation, lespersonnels y sont maltraités et lemodèle proposé y est celui du privé.De l’autre un projet restant appuyésur les fondements de la Républiquemais qui devra fixer un cap nouveaupour les élèves et les personnels. Unprojet innovant indispensable quidevra bousculer le poids deshabitudes.Cedébatnepeut rester cantonnéauxacteurs politiques. Le SE-Unsa a prissa place dans le débat public. Il estporteurd’analysesetdepropositions.C’est tout le sens de ce dossier.

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L’ÉCOLEQUE

NOUSVOULONS

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Le Service publicremis en cause

EN 2003, RAFFARIN FAIT MODIFIER LA CONSTITUTION DE LA FRANCE :«son organisation est décentralisée». Le fait le plusmarquantà l’Éducation est le transfert des Atos aux collectivités.Depuis 2007, insidieusement, le chemin se fait en sens inverseet s’accompagne d’une privatisation des Services publics.LespouvoirsdespréfetsdeRégion sont renforcés.Ils montent en puissanceface aux exécutifs locaux,auxmains de l’opposition.La restructuration desServices publics fait disparaîtreles directions départementales au

profit de structures interministérielles peu compréhensiblespour les usagers, comme pour les agents qui ne perçoiventplus le sens de leur action. Au passage, les restructurationspermettent de sabrer dans les effectifs.Auprétexte -jamaisdémontré-de laplusgrandeefficacitédesmarchés, despansentiersduServicepublic sont abandonnésausecteurprivé. Lespartenariatspublic-privé (leprivéconstruitet gère un immobilier qui est loué à l’État) se développent :prisons, Défense… La Cour des Comptes pointe la dérive,coûteuse pour l’État.À l’Éducation, organisation des examens, plates-formestéléphoniques…sontexternalisées. Jusqu’auxcomptes-rendusdes CTM, désormais confiés au privé.Le moins d’État, avec son corollaire de «moins de fonction-naires», avait été affirmé dès 2007 par Nicolas Sarkozy.Aujourd’hui, l’Éducationnationale, Servicepublicnon régaliende l’État, est dans le collimateur.

La décentralisation du débutdes années 2000 s’est vite arrêtée.Renforcement des pouvoirs despréfets régionaux et externalisationou privatisation des servicespublics fondent aujourd’huila politique présidentielle.

ÉVOLUTION DU SYSTEME

L’AUTONOMIE ÀTOUTES LES SAUCES

ONVEUT NOUS VENDRE L’AUTONOMIE commeune fin en soi. Pour le SE-Unsa, ce n’est

pas un principe mais un moyen pour fairecorrespondre les exigences nationales(programmes, référentiels…) à un publicscolaire particulier. Là est la véritable libertépédagogique. À l’inverse, on veut nousvendre une autonomie qui ne vise quela déréglementation et la mise en concurrence :abandon de la sectorisation, dispositif Éclair,nouvelles modalités d’évaluation… les exemplesrécents ne manquent pas.L’actuel président ne cache pas son modèle :c’est celui de l’enseignement privé, comme ille confiait en 2010 au responsable del’enseignement catholique. Un établissementa un projet propre, défini par le chef qui a toutpouvoir pour recruter ses équipes, les rémunéreret s’en séparer s’il le juge utile.Les discours présidentiels en comportenttous les prémices : remplacement progressifdu recrutement statutaire par le contrat,individualisation de la rémunération confiéeau chef d’établissement…Au SE-Unsa, nous condamnons cette orientation.

©benoit sarasin

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La maternelle, c’est essentielLe SE-Unsa porte avec détermi-nation lemandat de la scolaritéobligatoire à 3 ans depuis 2004.L’écolematernelle doit êtrereconnue comme la premièreétape du socle communens’insérant naturellement dansla scolarité obligatoire. Elleconstitue un élément essentielet original du système éducatiffrançais. Les effets déterminantsde la scolarisation en écolematernelle sur ledéveloppementdes enfants, sur les premiersapprentissages et sur la réussitescolaire ultérieure sont établis.Si de 97%à99%des enfantsde 3 à 5 ans fréquententeffectivement l’écolematernelle,la rendre obligatoire serad’abord très utile aux enfantsqui aujourd’hui n’y vont pasmais, bien au-delà, institueradéfinitivement l’écolematernellecommevraie école aux yeuxde tous : familles, élus locauxet pouvoirs politiques.

CONTRE L’ORIENTATIONPRÉCOCE AUCOLLÈGE

L’AVENIR DU COLLÈGE UNIQUE EST UN SUJET CLIVANT au niveau politique et syndical.Pour le SE-Unsa, il est primordial de renforcer la scolarité longue, obliga-

toire et commune, celle qui favorise le plus la réussite de tous les élèves, àtravers le collège unique. Ce qui ne s’oppose pas à la nécessité d’évolutionsdans les contenus de formation, les pratiques pédagogiques et l’évaluation,car le collège concentre beaucoup de souffrances et d’échecs.Nous dénonçons toute idée d’orientation précoce vers des voies profession-nelles transformées en «filières de relégation» comme le promeut NicolasSarkozy. Le «collège pour tous», tel qu’il est défini par l’UMP, constitue ungrand bond en arrière alors que les études et comparaisons internationalesmontrent les bienfaits, en terme d’égalité sociale et d’élévation du niveaude qualification de l’ensemble de la population, d’une scolarité unique quis’inscrit dans la durée. Le collège doit être plus souple et inclusif et cesserd’être une «machine à trier» les élèves. Il doit permettre à tous d’acquérirun véritable socle commun de connaissances et de compétencesqui pourra transformer l’essai de la démocratisation scolaire.

Socle et ÉcoleLE SOCLE COMMUN, INSTITUÉ EN2005, peut être le levier detransformation de notreÉcole. Encore faut-il qu’il nesoit pas, comme c’est le casaujourd’hui, métamorphoséen objet technocratique auserviced’uneévaluationde la«performance» et que leprincipe d’une scolaritécommune jusqu’à la fin ducollège ne soit pas remis encause par la restaurationd’une orientation en fin decinquième.

Parce que la sociétéfrançaise ne peut sup-porter plus longtemps que150000 jeunesquittent l’Écolesans diplôme, il faut d’ur-gence relever ledéfi dusocle.Pour cela, il faudra redéfinirses contenuset sesmodalitésd’évaluation, adapter lesprogrammes,donnerdusensaux apprentissages. Il seraégalement nécessaire decréerunevéritable continuité

éducative entre école etcollège et mettre en œuvreunepolitique volontariste deformation de tous lesprofessionnels concernés,avec des moyens adaptés.Et il faudra affirmer haut etfort l’éducabilité de tous lesenfants.Plus qu’un improbable

changement de structuresous la forme d’une fusionadministrative entre école etcollège, c’est un changementdes représentations et despratiques qu’il faut initierdans des «réseaux pédago-giques du socle» associantétroitement collège et écolesdu secteur.

ÉCOLE FONDAMENTALE / ÉCOLE COMMUNE

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LES PROFESSEURS DES LYCÉES PROFESSIONNELS ONT MIS EN PLACE, dans la difficulté, la «réformedu bac pro 3 ans». Ils constatent tous les jours que les élèves les plus fragiles pâtissentdu rythmequ’on leur impose. Pour le SE-Unsa, le cycle en 3 ans vers le bacprodoit êtreun parcours possible sans être le parcours imposé à tous.Alors que les LP sont en pleine «déstabilisation», c’est l’association des Régions deFrance (ARF)qui achèvede les «secouer»endemandant la régionalisationde l’ensemblede la formation professionnelle ! Le SE-Unsa attend des candidats qu’ils s’engagentà maintenir la formation professionnelle initiale dans le Service public d’éducation.Dans leurs discours, les principaux prétendants au titre ont fait l’impasse sur cettequestion.

Quant à la part del’apprentissage dansla formation profession-nelle, elle fait l’objet d’unesurenchère de la part deNicolas Sarkozy alors quecelui-ci ne répondpas aux

difficultés d’insertiondes jeunes lesmoinsqualifiés. C’est biend’unehausseduniveaudequalificationdontnousavonsbesoin,quelle que soit la voie de formation choisie. Et cela passe parune formation initiale solide.

L’instrumentalisation des évalua-tions systémiques à des finsde communication politiquea atteint des sommets inégalés.Évaluations «maison», correc-tions opportunes des résultats,interprétations tendancieuses,tout y passe ! Sans compterque seuls sont rendus publicsles travaux qui servent la causeministérielle : on attendtoujours une évaluationsérieuse de l’impact del’assouplissementde la sectorisation oudes internats d’excellenceoubien encore de l’opération«Cours lematin, sportl’après-midi»…

Pour une réelle transparence,nous demandons que lesévaluations soientmenées pardes institutions indépendantes.Nous demandons égalementque les évaluations bilans,comme celles deCE1-CM2,soientmenées sur des échan-tillons tous les trois ans afind’éviter les effets pervers bienconnus, le formatage del’enseignement dans les classeset lamise en concurrencedes écoles par la publicationde «palmarès».

LYCÉE :UNE RÉFORME PLOMBÉE

AVEC L’INTRODUCTION DES ENSEIGNEMENTS

d’exploration en seconde, d’un tronccommun à toutes les filières générales enpremière et de l’accompagnement personnaliséà tous les niveaux, la réforme du lycée peutconstituer une étape intéressante pour allerensuite vers un lycée sans filières, aux parcoursplus ouverts. Mais les objectifs affichés ne serontsans doute pas atteints au vu des moyensconsacrés à sa mise en œuvre. Certes, lespratiques ont commencé à évoluer positivementici ou là. Un début de travail collectif autourde l’organisation de l’accompagnement person-nalisé par le biais des conseils pédagogiquesest un acquis important qu’il faudra défendre.Les contraintes budgétaires imposées auxrecteurs, avec les nombreuses suppressionsde postes et les augmentations d’effectifsdes classes qui en ont découlé, ont lourdementpesé sur la nouvelle architecture des lycées.Ajoutons les problèmes posés par la «réformedans la réforme» de la série STI (déficiencede la formation, accompagnement des équipestrès flou…), et la réforme du lycée est souventperçue par nos collègues comme ayant étéseulement un prétexte à atteindre les objectifsde la RGPP…Pour le SE-Unsa, la gestion autonome parles établissements d’une partie de la DGH estune avancée démocratique à condition, bien sûr,qu’elle ne se résume pas à gérer la pénurie !

ÉCOLE FONDAMENTALE / ÉCOLE COMMUNE

Lycées professionnels,attaqués de toutes parts !

Évaluation du système scolaire

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MISSIONS ET SERVICE DES PERSONNELS

REDONNERLACONFIANCE

LES MESURES CONCERNANT LES MISSIONS ET LE SERVICE DES ENSEIGNANTS reflètentune méconnaissance de la réalité du métier et des conditions de travail des collègues,

présents dans les établissements scolaires bien au-delà des heures de cours.Le SE-Unsa revendique l’intégration, dans les heures de service, de certaines activitéspratiquées depuis plusieurs années mais non prises en compte : concertation,accompagnement pédagogique des élèves, tutorat-élèves, équipe éducative pourla scolarisation des élèves en situation de handicap, suivi individualisé, aide au travailméthodologique, relation avec les familles et l’environnement des établissements,périodes de formation en milieu professionnel, etc.Il est bien évident que, pour le SE-Unsa, cela ne peut aboutir à une augmentation du tempsde service, à une baisse de la rémunération, à une dégradation des conditions de travail.Oui il faut plus d’adultes dans les établissements et notamment plus d’enseignants avecune réelle formation professionnelle mais aussi des équipes de vie scolaire plus étoffées,avec des personnels stables et formés.

L’AUTONOMIE DES ÉTABLISSEMENTSscolaires est la colonneverté-braleduprogrammede l’UMPpour une École plus libérale.Le ministre Luc Chatel quidécline concrètement ceprincipe à travers ledispositifÉclair évoque lui-même,comme aiguillon de sapolitique, «le managementmis en place dans ces établis-sements». Ce dernier induitégalement, pour l’UMP, uncontrôle de proximité plusresserré sur les personnels àl’égard desquels le gouver-nement n’a cessé demanifester de la défiance.

Le même fil rouge seretrouve dans les mesuresissues du pacte de carrièreque l’UMP propose d’ailleursde renforcer. C’est le casnotamment de la réformeautoritaireconduiteautourdede l’avancement de carrièrevia l’évaluation (voir p. 20).La rationalisation budgétaireconduit l’UMP à cibler descatégoriesdepersonnels que

ce soit sur le plan de larevalorisation financièrepour les seuls débuts decarrière ou sur celui desbonifications d’ancienneté,dans le cadre de l’avance-ment, pour les seuls«méritants».

Tester sur les jeunesenseignants une redéfi-nition du métier attire toutparticulièrement l’UMP. Ces

derniers, qu’elle espèremoins contestataires queleursaînés, constitueraient lescobayesdunouveaucredodeNicolas Sarkozy : «favoriser lesur-mesure à la quantité». Àdéfaut de mettre plusd’adultes dans les collèges(suppressions de postesobligent), il chercheàobtenirplus de présence des ensei-gnants du 2nd degré dans lesétablissementspourd’autresmissions que les heures decours (tutorat, orientation,

Quand on met en regard la mandaturedu ministre Xavier Darcos puis cellede son successeur Luc Chatel,le programme UMP sur l’Éducationet les discours de Nicolas Sarkozy,on mesure bien que ces cinq dernièresannées ne sont que le laboratoireGRH que l’UMP entend généraliserdans les années à venir.

concertation), moyennantquelques heures sup.

Le candidat Sarkozyenvisage, pour cela, de créerun nouveau corps donc unnouveau statut pour lescandidats actuels au Capes.Ce corps serait aussi acces-sible à d’autres personnelsque les certifiés, sur la baseduvolontariat.Mais au final,pour les collègues concer-nés, il s’agirait de travaillerplus pour gagnermoins.

Les personnelsont leur dose !

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LLE STATUT EST UNCARCAN, DÉCLARAITN. SARKOZY EN 2007…prônantainsi explicitement son abandon au profit du contrat. L’idéeest réapparueen février.Cetteopinion, très libérale, ne résistepas aux principes qui fondent la Fonctionpublique.La garantie de l’emploi n’a pas été instauréeau hasard. Il s’est agi en 1946 de lutter contreles dérives constatées. Lier l’emploi àl’employeur immédiat pouvait conduire àl’arbitraire et au favoritisme. À l’inverse,l’inscription dans la durée garantit la neutralité : le fonction-nairen’estpasauserviced’unministre,mêmes’il doit luiobéir,mais au service de l’État.Le déroulement de carrière basé sur l’ancienneté et la valeurprofessionnelle (à l’exclusion d’unmérite subjectif) confortece principe.L’article6de laDéclarationdesdroitsde l’Hommeetducitoyen

précise : «Tous les citoyens étant égaux à ses yeux (la Loi), sontégalement admissibles à toutes dignités, places et emploispublics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle

de leurs vertus et de leurs talents». C’est de làque découlent les conditions de recrutementpar un concours anonyme et non le recru-tement de gré à gré par contrat.Le débat sur l’avenir de la Fonction publiquereste inchangédepuis l’après-guerre.D’uncôté,les partisansd’un statut garant de laneutralité,

de l’indépendance et de la continuité d’un Service public auservice d’usagers ; de l’autre, des tenants du libéralismevoudraient lui appliquer des règles commerciales (compéti-tivité, flexibilité) pourdes clients, au risquedecondamnerdespans entiers du territoire.Le SE-Unsa, comme l’Unsa-Fonction publique, rejettentfermement cette deuxième orientation.

Déboulonner le statut ?

STOP ÀLAPRÉCARITÉ !

ONNOUS PARLE SOUVENT DE LA CONTINUITÉ

du Service public les jours degrève…et on l’oublie tous les autres !La continuité territoriale doit garantir l’égalaccès de tous à un Service public dequalité équivalente. La continuité dans letemps aussi. Le recrutement de titulairesformés en nombre suffisant pour couvrirles besoins en postes et en remplacementest la réponse apportée par la Fonctionpublique. Au SE-Unsa, nous y sommesattachés. À l’inverse, la réponse gestion-naire qui s’est développée ces dernièresannées consiste à recruter au couppar coup, en s’adressant au servicede l’emploi, des personnels à statutprécaire et à contrat limité dans la durée.Les contractuels qui sont employés ontdroit à une autre considération que celleque leur donne l’État, aujourd’hui.Des droits sociaux et un salaire décentssont nécessaires. Mais, plus que tout,il faut ouvrir la possibilité d’accéderà l’emploi statutaire plutôt qu’au CDI.C’est dans ce sens qu’a agi l’Unsa ensignant les accords Fonction publique.Pour le SE-Unsa, les deux angles, limitationde l’emploi précaire et accès à la titulari-sation, sont indissociables.

STATUT ET CONTRAT

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La garantied’emploiempêche

certaines dérives

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REFONDER LA FORMATION DES ENSEIGNANTS

La formation continue en panneLes coupes budgétaires de ces cinq dernières années ont eupourpremière victime la formation continue. Déjà peu fournie dans leseconddegré, elle est désormais réduite à sa plus simple expressiondans le primaire. La raisonpremière en est la quasi disparition desmoyens de remplacement. Chacun est aujourd’hui renvoyé à savolonté propre, à charge pour lui de construire oupas, à l’extérieurde l’institution, sonparcours de formation.Pour le SE-Unsa, la formation tout au longdela vie est un impératif vital pour l’avenir dusystème éducatif. Chacundoit donc pouvoirbénéficier enmoyenned’une semaine destage par an. Des dispositifs deValidationdes acquis de l’expérience (VAE) doiventêtre instaurés. Ils peuvent s’appuyer sur ledroit individuel à formation (Dif) et doiventêtre financés par l'employeur.

LA FORMATION EST DEVENUE unobjet conceptuel. Enseignerest devenu un métier quis’apprend certes…mais surle tas ! Pour le SE-Unsaqui seplace résolument dans lalogiquedu socle commun, laformation initiale et continuedoitêtre totalement refondée.Or, ces cinqdernières annéesont surtout été l’occasion,pour les ministres del’Éducation nationale, derégler leurscomptesaux IUFM,accusés de tous les maux. Ilsétaient soi-disant aux mainsde ceux que d’aucuns,tenants d’unpseudoélitismerépublicain, qualifiaient de«pédagogistes». Le dogma-tisme ledisputait à l’esprit de

revanche.Revanchesurquoi?On se le demande encore.Quelqueséconomiesbudgé-taires plus tard, onmesure lacompétence dont cescontempteursont fait preuve.Les recrutements sont enchute libre, la formationinitiale est un champ deruines et les situations desouffrance au travail ontexplosé chez les nouveauxrecrutés. Il faut donc rebâtir.Chacunconnaîtdésormais lesleviers à actionner.

Un parcours profes-sionnel construit dans ladurée. Pour le SE-Unsa, laformation s’inscrit dans uncontinuum. Il doit s’élaborerprogressivement du cycle«licence» aux premièresannéesd’exercice. Lemodèlede formation consécutive(formationacadémiquesuivied’un moment de formationou d’adaptation profession-nelle) est inefficace.Il est donc primordial de

s’inscriredansune logiquedeformation intégrée.

Une cohérence natio-nale et indispensable.Il est impératif de s’appuyersur un cahier des chargesnational de la formation, unecarte des formations garan-tissant le respect du principe

d’égalité sur le territoire.Enfin, pour le SE-Unsa, si l’onveutque lecahierdeschargessoit réellement prescriptif, ilfaut que l’architecture et lecontenu des concours enintègrent effectivementtoutes lesdimensions.Cequiest loin d’être le cas aujour-d’hui.

Une formationprofessionnelle laminée

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Alors que leniveau de recru-tement s’élevait,la formationdes enseignantset des personnelsd’éducation a faitl’objet, avecla masterisation,d’un affaiblis-sement sansprécédent.Les nouveauxpersonnels setrouvent aujour-d’hui projetésdans une réalitéque peu d’entreeux ont étéen mesured’anticiper.

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DÉROULEMENT DE CARRIERE

Évaluation : piège à divisions

LE MINISTÈRE VIENT DE PASSER EN FORCE SON PROJET DE RÉFORME del’évaluationdespersonnels, adossé àune refontedu systèmed’avancement. Les collègues ont tout à y perdre : libertépédagogiqueet pouvoir d’achat.Cetteréforme relève d’une conception del’École calquée sur le modèle del’entreprise : uneécole concurrentielleavecdes enseignants assujettis,mis enconcurrence entre eux.

L’individualisation des car-rières, lemanquede lisibilité sur lesmodalités de changement d’échelon,la limitationde l’avancement au rythmele plus défavorable (à savoirl’ancienneté) conduisent aumieuxàunralentissementde laprogressiondecarrière, aupireàunrecul,avec l’instauration d’une pénalité de deux mois pour ceuxjugés en insuffisance professionnelle.

Si le SE-Unsa plaide pour une évolution du systèmed’évaluation et d’inspection, il exige que celle-ci ne dégradepas davantage les conditions de travail déjà particulièrement

difficiles. Évolution doit rimer avecamélioration !

Le SE-Unsa demande leretrait de ces textes et l’ouverturede discussions réelles permettant :• de prendre en compte les néces-saires regards croisés sur lesdifférents éléments professionnelsdumétier ;• demettre en place une évaluationde la«valeurprofessionnelle»qui soitjuste, pertinente, transparente et la

plus objective possible ;• deproposer, dans le cadred’uneaméliorationdes carrières,la réelle revalorisation attendue par tous.

Le dossier de l’évaluation est le dernier avatar d’une gestion managé-riale des carrières. Il porte en germe l’éclatement de la notion dedéroulement de carrière, constitutive du statut de fonctionnaire.

POUVOIRD’ACHAT:PROMESSES NONTENUES

POUR LA 3E ANNÉE CONSÉCUTIVE, les enseignants ainsi que les personnelsd’éducation et d’orientation ne sont pas augmentés.

Depuis 2001, la perte de pouvoir d’achat de chacun des échelons atteint11%. Si le salaire des enseignants a augmenté, en valeur réelle, dansla plupart des pays de l’OCDE, il n’en est pas de même en France.C’est d’ailleurs l’une des raisons de la désaffection des candidatsaux concours enseignants. Pourtant, en 2007, dans sa «Lettreaux éducateurs», Nicolas Sarkozy s’était engagé sur le terrain dela revalorisation en ces termes : «J’ai bien conscience que votre statutsocial, votre pouvoir d’achat se sont dégradés au fur et à mesureque votre tâche devenait plus lourde, vos conditions de travail pluséprouvantes. La Nation vous doit une reconnaissance plus grande, demeilleures perspectives de carrière, un meilleur niveau de vie, demeilleures conditions de travail».Le SE-Unsa réclame :• la transformation des indemnités en bonifications indiciairesou en améliorations de déroulement de carrière ;• une revalorisation annuelle du point d’indice au moins égale àl’inflation ;• la création d’un douzième échelon, pour tous, en classe normale ;• un élargissement de l’accès à la hors-classe.

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