L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

43
L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE Catalogue de l’exposition des Archives départementales des Alpes-Maritimes Octobre 2007-mai 2008

Transcript of L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

Page 1: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

L’EAU DOUCEET LA MER

DU MERCANTOURÀ LA MÉDITERRANÉE

Catalogue de l’exposition desArchives départementales des Alpes-Maritimes

Octobre 2007-mai 2008

Page 2: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

Le Lac de Vens

Page 3: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

Les cours d’eau des Alpes Maritimes

Page 4: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

Commissariat de l’exposition :Jean-Bernard Lacroix

Conservateur général du patrimoine, directeur des Archives départementalesJérôme Bracq

Attaché de conservation du patrimoine, responsable du service éducatif

Rédaction du catalogue :Jean-Bernard Lacroix

Jérôme Bracq

Travaux photographiques et numériques :Jean-François Boué

Karine ValensiMichel Graniou

Restauration : Lucette Sénectaire

Montage et installation : Denis ChaixRené Rossini

Bernard Laugier

Dactylographie :Georgette Deray

Page 5: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

AVANT-PROPOS

L’eau, indispensable à la vie, s’écoule en abondance dans les Alpes-Maritimes,tantôt discrète pendant les longues saisons sèches et par ses parcours souterrains, tantôtexcessive lorsque s’abattent des pluies diluviennes qui gonflent exagérément les torrents, jetésbrutalement à la mer par les fortes déclivités, ravageant tout ce qui s’oppose à leur passage.

Prodiguant tour à tour bienfaits et désastres, l’eau est au cœur de l’histoire des Alpes-Maritimes. Souvent proche des villages de montagne qui, parfois, se sont risqués à côtoyer lesrivières, l’eau a longtemps fait défaut , dans les Préalpes et sur le littoral , aux agglomérationsqui s’étaient perchées au Moyen Âge pour se prémunir contre l’insécurité.

Mais l’homme, dans sa quête de l’eau, est parvenu à mettre au point des techniquesaussi diverses qu’ingénieuses pour la collecter : récupération de pluie, drainage souterrain,condensation ou encore adduction, dont les Romains ont été les grands initiateurs dans larégion, comme à Cimiez et à Antibes.

De plus en plus ambitieux, les canaux de la fin du XIXe siècle ont apporté unerévolution par le passage progressif de la desserte collective d’une eau de qualité incertainedans la fontaine publique, à la distribution individuelle d’une eau saine dans chaque logement.

L’eau à la portée de tous, abondamment utilisée dans l’économie, est avant tout pourl’homme destinée à évacuer les déchets. La prise de conscience , à la fin du XIXe siècle, desrisques pour la santé, causés non seulement par les eaux stagnantes mais aussi par les eauxusées provenant des activités humaines, imposa la mise en œuvre de l’assainissement, d’abordimmenses réseaux d’égouts se contentant d’éloigner les eaux polluées puis véritabletraitement de l’eau qui n’a connu un tournant décisif qu’à la fin du XXe siècle lorsque s’estrévélée l’ampleur désastreuse de la pollution qui gangrenait terre et mer.

Eau pure et satisfaction des besoins dans un équilibre harmonieux avec la ressourcenaturelle constituent désormais, au XXIe siècle, des enjeux essentiels pour les Alpes-Maritimes comme pour l’ensemble des territoires.

Page 6: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

Echasse blanche, étang de Vaugrenier

Page 7: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

LA RESSOURCE ETLE MILIEU AQUATIQUE

Page 8: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

Les eaux douces

Dans l’ensemble, le départementdes Alpes-Maritimes dispose de ressourcesen eau considérables, grâce à ses coursd’eau montagnards, aux débits importants,alimentés par de fortes précipitations sur lehaut-pays, mais aussi en raison del’existence de réserves souterraines,karstiques, et de nappes alluviales. Relief,géologie et climat déterminent le réseaudes rivières et des fleuves, leurs régimesfluviaux, ainsi que l’accumulation d’eau ensous-sol.

Isolées géographiquement, lesAlpes-Maritimes possèdent un reliefextrêmement accidenté dont les altitudess’échelonnent, sur moins de 50 km à vold’oiseau, du niveau de la mer à plus de 3000 m. Le relief présente une séried’assises qui s’élèvent par étagessuccessifs jusqu’à la ligne de partage deseaux entre la France et l’Italie. Ces fortesdénivellations sur de courtes distancesconfèrent aux bassins versants des rivièreset des fleuves un caractère torrentiel. Cerelief résulte de multiples mouvements del’écorce terrestre combinés avec desphénomènes volcaniques. A l’ère primaires’est constitué le socle du massif duMercantour, granitique et métamorphique.Au secondaire, une mer profonde y adéposé des sédiments de calcaire, d’argileet de marnes. Au milieu du tertiaire, lesAlpes se sont formées par le soulèvementdu massif primaire et des zonessédimentaires qui le recouvraient. Le reliefet les rivages actuels du département datentà peu près de cette époque. Troisensembles géographiques peuvent êtreisolés.

Située au nord d’une ligne allant dePuget-Théniers sur le Var, dont la valléejusqu’au confluent avec la Vésubie enconstitue la partie la plus méridionale, auMont Forquin au sud-est de Breil-sur-Roya, la Haute-Chaîne est formée, pourl’essentiel, par le massif cristallin etcristallophyllien du Mercantour et sonenveloppe sédimentaire du permo-trias.Le

Mercantour, qui forme un arc d’orientationest-ouest, est le plus méridional desmassifs cristallins externes de la chaîne desAlpes. Constitué de gneiss, schistescristallins et granites primaires, il culmineà 3 297 m à la Cima Argentera en territoireitalien, le point le plus élevé en Franceétant la cime du Gélas à la frontière (3 143m). Trois massifs le composent : l’Authion(2 080 m) entre la Roya et la Vésubie, le

Tournairet (2 085 m) entre la Vésubie et laTinée et le Mounier (2 818 m) entre laTinée et le Haut Var. Les crêtes de cetteHaute-Chaîne montrent un entrecroisementde deux directions principales : nord-sud,direction dominante des Alpes du Nord, etest-ouest, direction caractéristique deschaînes provençales sous l’action duplissement pyrénéo-provençal. Ce socleprimaire est auréolé, de Saint-Etienne-de-Tinée à Saorge, d’épaisses sériesdétritiques (poudingues, arkoses, grès,micacés et schistes noirs du Houiller etpélites rouges ou vertes du Permien). Al’ère quaternaire, des glaciers ont couvert

LA TINEE

Page 9: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

le Mercantour et marqué le relief, le plusdéveloppé ayant été celui de la Tinée. Au sud du Mercantour, les Préalpesprésentent une unité lithologique ; sur desassises de calcaires jurassiques et decalcaires, marnes et marno-calcairescrétacés, reposent, surtout au nord de Niceet dans le bassin de Roquestéron,d’importants dépôts de flysch noir miocèneou de grès d’Annot, compacts, à cimentcalcaire, se présentant souvent en grosbancs. Les deux directions de plissement -alpine et pyrénéo-provençale- opposent, depart et d’autre de la basse vallée du Var quien interrompt la continuité, les Préalpes deGrasse d’orientation générale est-ouest,comprenant les chaînes du Cheiron (1 778m) et du Vial (1 518 m), et les Préalpes deNice où la direction nord-sud prédomineavec des reliefs perpendiculaires à la côte.Ces derniers arrivent très près du rivage etle surplombent même par endroits,notamment à son point culminant le Mont-Agel (1 149 m). Mercantour et Préalpesont été profondément entaillés parl’érosion depuis la fin de l’ère tertiaire,façonnant des vallées encaissées, parfoisverrouillées par des étranglements, gorgeset canyons (appelés localement clues), auxversants vertigineux.

Un troisième ensemble est constituépar les plaines et les coteaux de Grasse etde Nice, le long de la côte et en remontantle cours inférieur du Var, dont l’altitude nedépasse guère 600 m. Sa structuregéologique et lithologique est complexe,comprenant d’une part les calcaires,marnes et marno-calcaires du Crétacé,d’autre part les faciès marneux,dolomitiques, schisteux ou gypseux duTrias dans la plaine de Grasse. Lespoudingues pliocènes du delta du Varrecouvrent les assises calcaires entre Niceet Vence. L’âge des roches et leur naturegéologique conditionnent les possibilitésd’infiltration puis de stockage de l’eau ensous-sol, très inégales selon les secteurs, àl’origine d’aquifères, formationsgéologiques comprenant une zoned’infiltration, perméable, et une zone

noyée, ou nappe aquifère. Voici quellessont les caractéristiques des sols des Alpes-Maritimes, de l’ère primaire jusqu’auquaternaire.

Les roches cristallines etmétamorphiques (Mercantour et Tanneron)imperméables, sont cependant souventfissurées, permettant à l’eau d’alimenterune nappe phréatique peu profonde d’où laprésence de nombreux puits et sources audébit régulier mais toujours faible. Il s’agitle plus souvent d’eaux pures, trèsfaiblement minéralisées (source de laMinière à Valdeblore).

Dans le Permien, les eaux sontsuperficielles ; le ruissellement est plusimportant que l’infiltration. Les sourcesont un débit presque nul en été. Les solsformés au Trias sont un peu plusintéressants. Ainsi, les calcaires du Triasmoyen donnent des sources plus ou moins

magnésiennes (source de la Foux à l’ouestde Mouans-Sartoux) et les marnes iriséesdu Keuper renfermant des bancs dedolomies et de calcaires, sont aquifèresmais leurs eaux sont séléniteuses(contenant du sulfate de calcium) etimpropres à la consommation (source deCourchières à Bouyon, source Maurel auCros d’Utelle).

Les différentes formationsgéologiques du Jurassique sont d’unegrande richesse en aquifères. Calcaires etdolomies sont soumis à des processusparticuliers d’érosion. La circulation del’eau, chargée de gaz carbonique, ensurface, agit par dissolution sur les rocheset crée un réseau de conduits et de vides

LA SIAGNE

Page 10: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

permettant le stockage et le drainage pardes exurgences, sources ne recevantaucune eau en provenance de pertes derivières, ou des résurgences, sourcespartiellement alimentées par des eaux desurfaces engouffrées dans des fissures. Ceszones constituent des paysages originauxqui prennent le nom de karst. Les plateauxde Calern et de Caussols, les massifs duCheiron, de Tourrettes, du Chiers, duMarguareis, les secteurs de Villeneuve-Loubet, du Paillon et du Cap-Ferratnotamment, appartiennent à ce typed’aquifères, donnant de nombreusessources dont les caractéristiques diffèrenten fonction de leurs origines géologiques.Les exurgences les plus puissantes, enbordure de formations jurassiquescalcaires, sont celles du Vegay à Aiglun etde Gréolières (alimentées par des eauxdrainées par les plateaux de Caussols et deCalern), celles du Lauron, situées sur lescommunes de Tourrettes-sur-Loup etRoquefort-les-Pins (émergeant au sein descalcaires jurassiques de la vallée du Loup),La Brague, sur la commune deChâteauneuf-de-Grasse (alimentée par lesmassifs situés à l’ouest et au nord-ouest),Sainte-Thècle, sur la commune de Peillon(alimentée par le karst du Paillon). Desémergences de même type sont aussiobservées en bord de mer ou en mer à l’estde Nice, près du Cap-d’Ail et du Cap-Martin. Un jeu de failles fait sourdre dansla partie terminale du vallon de Saint-Laurent-d’Eze, dans des calcairesjurassiques très fissurés, une séried’émergences d’un débit moyen de 40 à 50l/s. Au Cap-Martin, la source marine duCabbé sort près du rivage à 2 m deprofondeur, débitant environ 25 l/s. Dansces terrains, la dissolution de la roche acréé un réseau souterrain, dont les grotteset les gouffres parcourables par l’hommefont partie. A Bar-sur-Loup, l’aven du Boisde la Malle compte 1 500 m de galeries.Dans le massif du Marguareis, plusieursdizaines de gouffres sont recensés, parmiles plus profonds en France, comme l’avende l’Ail (à moins 580 m). A Caille, la

région de l’Audibergue compte denombreux gouffres dont la Glacière, àmoins 230 m où le spéléologue MichelSiffre a dirigé les expériences de vie horsdu temps de 1968 à 1969. Non loin de là,le plateau karstique de Caussols compteplus de 100 avens. Certaines cavitéscomme la Moulière à Andon étaientfréquentées autrefois par des habitants quidescendaient y prendre de la glace.

Dans le secteur provençal, lescalcaires et parfois les dolomies reposantsur les marnes du Keuper sont à l’originede sources aux débits faibles maisconstants comme au Rouret (source de laFontaine), à Valbonne (L’Issourdadou),Vence (La Foux, le Riou, les Sourcets),Revest-les-Roches (Fuon Soubrana),Vallauris (Figouret) etc. Dans la régionalpine, des sources de niveau calcaréo-marneux s’observent à Saint-Etienne-de-Tinée (Le Riou d’Auron), à Valberg(Faussemagne), à Roubion (La Combe

Maure). Dans les hautes vallées du Var etde la Roya, le niveau Oxfordien est trèsaquifère, à Péone (Le Riou blanc), àEntraunes (la Siagne), à Saint-Martin-d’Entraunes (le Cheylan), à Villeneuve-d’Entraunes (le Rocher), à Saint-Dalmas-de-Tende (Le Rabuons). Au Crétacéinférieur, les sources sont rares. Lescalcaires marneux livrent au contact desmarnes des eaux pures mais peuabondantes (Rio de Giraud à Ilonse, leGoujon et le Terron à Saint-Léger). AuCrétacé supérieur, les calcaires gréseuxreposant sur des marnes noires sont trèsaquifères, à l’origine de nombreuses

LE VAR

L’ESTERON

Page 11: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

sources aux débits constants, à la valeurchimique et bactériologique trèssatisfaisante. De même, les formations duSénonien et du Turonien, marneuses à labase et calcaires au sommet, sont trèsriches en eau donc en sources, dans lessynclinaux étalés ou comprimés entre desaxes jurassiques. Au total, plus de 80captages ou sources sont recensés pourl’ensemble du Crétacé supérieur. Parmi lesplus importants, la source Maglia à Breil-sur-Roya, la source Eléna Haute àCantaron, la source Joucas à Coaraze, laCuosta à Entraunes, les Amphons et Castelà Saint-Vallier, les Batteries et la Sagne àUtelle. Dans les sols formés au Paléogène,les roches emmagasinant l’eau sont lescalcaires à nummulites (sources de Cotureà La Brigue et du Ciavalet à Villars-sur-Var) et les grès d’Annot (sources du Pontetà Annot, de Gourbelin au Moulinet). Ledébit des nappes est faible. A la fin duTertiaire (Pliocène) et au Quaternaire, lessols formés par les dépôts successifsd’alluvions ont produit des nappesphréatiques extrêmement intéressantes,constituant la plus importante réserved’eau des Alpes-Maritimes. Elles jouent unrôle de régulation en absorbant unequantité importante du débit des fleuvesqui les traversent puis en le restituant.L’eau qu’elles fournissent est d’une qualitébactériologique remarquable. La principalenappe est située dans la vallée du Var. Elleest constituée par des alluvionsquaternaires reposant sur des dépôtspliocènes (conglomérats et poudingues)qui viennent de l’ancien delta du fleuve. Lanappe débute à Plan-du-Var, s’élargit enaval après le confluent de l’Estéron puiss’étend sur 20 km de longueur. Ellecomprend une nappe phréatiquesuperficielle et une nappe profonde etépaisse à plusieurs dizaines de mètres deprofondeur. Elle est alimentée par lesécoulements de surface du fleuve et par deseaux souterraines venant de formationskarstiques de la rive droite et despoudingues qui forment son soubassement.Dans les basses vallées de la Siagne, du

Loup, de La Brague et de la Cagne, lesgisements aquifères sont constitués par desalluvions reposant sur des argilespliocènes. Les nappes sont alimentées pardes eaux superficielles ruisselant desversants ou par des apports profondsprovenant de calcaires jurassiques (LeLoup et La Brague). La Roya, à sonembouchure, et le Paillon, possèdentégalement des gisements aquifères. Coursd’eau et aquifères sont alimentés par desprécipitations importantes, tombées sous

forme de pluie ou de neige en hautemontagne. D’environ 850 mm par an sur lelittoral, la quantité d’eau reçue peutatteindre 1400 mm sur certains massifs.Les Alpes-Maritimes sont donc bienarrosées mais avec une grande irrégularitésaisonnière (63 jours de pluie en moyenneseulement), caractéristique du climatméditerranéen et de fortes variations d’uneannée sur l’autre. Les pluies,exceptionnelles en été, sont trèsabondantes au printemps et surtout enautomne. L’explication météorologique de

ces processus climatiques est bien connue :les hautes pressions anticycloniques quis’installent en été sur le bassinméditerranéen rejettent vers le nord toutesles précipitations venues de l’Atlantique. Al’automne, au contraire, la pénétration desdépressions venues de l’ouest et lessituations dépressionnaires dans le golfe deGênes, qui en sont la conséquence,provoquent des pluies importantes, parfoistorrentielles. Il peut tomber ainsi de façonexceptionnelle et, selon les secteurs, de300 à 700 mm d’eau en l’espace d’une

LE VAR

Page 12: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

semaine (octobre 1979) et jusqu’à 200 mmen une seule journée (12 décembre 1957).Les précipitations sont étroitement liées àl’altitude et à l’orientation des massifs, quidéterminent trois types de climat sesuperposant de la mer jusqu’aux plus hautssommets. Sur les coteaux de Grasse et deNice, au climat méditerranéen, lesprécipitations moyennes varient de 800 à900 mm, réparties sur 70 à 80 jours par an.Sur les Préalpes niçoises, la région desbuttes et du plan de Caussols, la valléemoyenne du Var ainsi que le coursinférieur de la Tinée, les précipitationsannuelles varient de 900 à 1 100 mm, sur80 à 90 jours. Sur le reste du département,dès que l’altitude dépasse 800 m, le climatest de type alpestre. Les précipitationsannuelles, neigeuses en hiver, sontsupérieures à 1100 mm et atteignent 1400mm sur le massif du Cheiron. De plus,l’évapotranspiration est réduite etaugmente de ce fait la part de l’eau quiruisselle ou s’infiltre. La neige a unegrande importance dansl’approvisionnement en eau des rivièresdes Alpes-Maritimes car elle permet deretenir de l’eau en altitude durant lapériode hivernale, redistribuée au momentde la fonte des neiges, au printemps.L’enneigement des massifs montagneuxest considérable, avec une épaisseurmoyenne d’un mètre, supérieure mêmedans des endroits en altitude. Deux typesde perturbations apportent la neige sur ledépartement : les flux d’ouest et les flux dusud-ouest à sud-est. Les premiersn’engendrent en général que desprécipitations faibles sur les valléesouvertes vers l’ouest. De ce fait, les valléesde la Tinée, de la Vésubie et de la Roya,tournées vers la Méditerranée, sont souventépargnées. Les seconds, liés auxdépressions traversant le bassinméditerranéen, frappent de plein fouet leMercantour et peuvent produire plus d’unmètre de neige sur plusieurs jours (65 cm àAuron le 17 février 1967). Valberg etAuron reçoivent un cumul annuel de plusde 2,5 m de neige. Les premières chutes de

neige se produisent à la fin de l’été sur lesplus hauts sommets mais il faut attendre lesmois de novembre et de décembre pourque se constitue une première sous-coucheau-dessus de 2 000 m. Le manteau neigeuxse forme vraiment en janvier avec deschutes abondantes qui se prolongentjusqu’au début du mois d’avril. A partir dela mi-avril commence la fonte des neiges.Sur le long terme, l’enneigement apparaîtcomme devenant irrégulier. A des annéesde bon enneigement succèdent des annéesd’enneigement très médiocre (1981, 1992,1993 par exemple). Le réchauffementclimatique semble aussi avoir un effet surla limite inférieure de l’enneigement,passée au cours des dernières années de 1

500 à 1 800 m. Ces données climatiquesdéterminent les régimes des rivières, parmilesquels on distingue ceux soumis àl’influence montagnarde et ceux soumis àl’influence méditerranéenne. Les rivièresqui prennent leur source en hautemontagne ont des régimes où l’influencenivale est déterminante (de 20 à 30 % del’alimentation totale). Le sous-type nivalde transition (sur les hauts bassins demontagne) est caractérisé par une belleabondance moyenne (Boréon) et alternequatre phases : deux marquent laprééminence des influencesmontagnardes : hautes eaux de printemps(mai-juin) et minimum hivernal d’origine

LAC DE LA GORDOLASQUE

Page 13: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

thermique qui correspond à la phase derétention de l’eau tombée sous forme deneige. Les deux autres phases sontd’essence méditerranéenne : il s’agit d’unmaximum secondaire automnal (dont lapointe se situe en octobre sur les hautsbassins) et du minimum secondaire estival.Dans le sous-type nivo-pluvial (Var enaval d’Entrevaux) le minimum estivall’emporte sur le minimum hivernal mais lemaximum printanier issu du courssupérieur reste très important, la plupart dutemps supérieur au maximum automnal(Roya, à Saint-Dalmas-de-Tende). Lesrivières dont l’altitude maximale desbassins versants est inférieure à 1 500 msont soumises à l’influenceméditerranéenne : minimum estival de plusen plus creux, maximum automnallégèrement supérieur à celui de printemps(Siagne et Estéron). L’irrégularitésaisonnière caractérise l’ensemble de cesrégimes, de fortes variations affectant leursdébits. Les aquifères karstiques jouent unrôle important en réalimentant sources etrivières et modèrent les étiages estivaux(cas du Loup et de la Siagne). Le réseauhydrographique des Alpes-Maritimess’organise autour du fleuve Var, dont lebassin, d’une superficie de 2 822 km²,s’étend sur la plus grande partie dudépartement. Les cours d’eau secondairessont pour la plupart des fleuves côtiers etun fleuve plus important, la Roya, dont lebassin est situé pour l’essentiel en France.Le Var prend sa source au pied du massifde l’Enchastraye, au nord-ouest dudépartement, à 1 780 m d’altitude. Le tracédu Var s’est établi en discordance avec leslignes actuelles du relief parce qu’il estantérieur aux derniers plis. Il se divise entrois secteurs distincts. Dans la premièrepartie de son cours, il se dirige du nord ausud en suivant les plis alpestres dans lebassin d’Entraunes, reçoit le Tuébi à lahauteur de Guillaumes, puis change dedirection, perce le noyau permien deschistes rouges et creuse, à 300 m et plusde profondeur, sur 4 km, les gorges deDaluis. Le lit du fleuve se réduit alors

jusqu’à une largeur de 6 m. Puissubitement, dans les formations tendres duTrias, s’ouvre une énorme dépression où ildivague et y disperse d’amples grèves decailloux. Ces matériaux ont été arrachés enamont par le Var et les torrents quil’alimentent et transportés d’autant plusfacilement que le lit du fleuve présente uneforte déclivité sur les 20 premiers km(1 000 m de dénivelée). A Pont-de-Gueydan, il se heurte aux dernierscontreforts pyrénéo-alpestres, reçoit leCoulomp, fait un coude brusque et couledans un sillon ouest-est. A la hauteur dePuget-Théniers, le Var reçoit la Roudoule,qui draine les eaux du dôme du Barrot, etédifie un large lit qui par la suite ne cessede se rétrécir et de se dilater, aménageantde petits bassins. Le Cians, qui s’enfonceprofondément du nord au sud, le rejointavant Touët-sur-Var. Au niveau des gorgesde la Mescla, le Var reçoit les eaux de laTinée, puis fait un nouveau coude etreprend jusqu’à son embouchure ladirection nord-sud. Ses affluents sont alorsla Vésubie puis l’Estéron. Après ce dernierconfluent s’ouvre la vallée alluviale duVar. Son lit majeur fluctue entre 700 msous La Gaude, à cause de l’affleurementdes calcaires jurassiques sur la rive droite,à 1 400 m à la hauteur de Saint-Isidore. Auterme d’une course de 135 km, le Var sejette dans la Méditerranée en formant undelta alluvionnaire. La lame d’eau (c’est-à-dire la hauteur d’eau écoulée et nonévaporée ou infiltrée dans le sol) dans sonbassin versant est de 553 mm annuellementce qui est un chiffre élevé, largementsupérieur à la moyenne d'ensemble de laFrance. Le débit spécifique (débit moyenrapporté à la superficie du bassin versant etexprimé en litres par seconde et parkilomètre carré) atteint le chiffre de 17,5litres. Le débit moyen interannuel, oumodule, du fleuve mesuré à Nice est de49,4 m3/s. Le Var présente des fluctuationssaisonnières typiques d’un régime nivo-pluvial. On y distingue en effet deuxpériodes de crue. Les hautes eauxd’automne portent le débit mensuel moyen

Page 14: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

à un niveau situé entre 61 et 66 m3/s enoctobre-novembre (maximum en octobre)et sont suivies d’une baisse de débitjusqu’aux environs de 40 m3/s en février.Une deuxième montée du régime aboutit àun second sommet -le plus important- enmai (74,5 m3/s). Il est dû à la fonte desneiges. Dès lors, au mois de juin, s’amorcela décrue suivie des basses eaux d’été quimènent le débit à son étiage du mois d’aoûtavec une moyenne mensuelle de 25,9 m3/s,pouvant chuter jusqu’à 9 m3/s. Les cruessont parfois très importantes. Les étudesstatistiques prévoient des crues biennalesde l’ordre de 810 m3/s, des cruesquinquennales de 1 400 m3/s et des chiffreslargement supérieurs pour les cruesdécennales. Le plus fort débit instantanémaximal enregistré a été de 3 770 m3/s, le5 novembre 1994.

Longue de 75 km, la Tinée, dotéed’un bassin versant de 705 km², est leprincipal affluent du Var. Elle naît à 2 600m d’altitude sur le versant sud-est de lacime de la Bonette(2 860 m) et collecte parplusieurs torrents, dont ceux de Vens et deRabuons, les eaux issues des pentes duMont Ténibre (3031 m) parsemées denombreux lacs, et celles provenant de tousles massifs du nord-ouest du départementjusqu’à la limite du bassin du Var. Le débitmoyen interrannuel, ou module, de larivière, mesuré à la hauteur de La Tour, estde 16,7 m3/s, soit un tiers du débit du Var.La lame d’eau écoulée dans son bassinversant est de 746 mm, ce qui est supérieurà la lame de la totalité du bassin du Var,comme son débit spécifique, qui est de23,6 l/s. La Tinée présente des fluctuationssaisonnières typiques d’un régime àdominante nivale.. Les hautes eauxd’automne portent le débit mensuel moyenà un niveau situé entre 18,8 et 17,3 m3/s,en octobre et novembre (maximum enoctobre) et sont suivies d’une baisse dedébit jusqu’à 10 m3/s en février. Suit alorsune deuxième montée du débit aboutissantà un second sommet -le plus important- enmai (30,4 m3/s) et juin (29,6 m3/s). Il estdû à la fonte des neiges. Au mois de juillet,

s’amorce une très rapide décrue suivie desbasses eaux d’été qui mènent le débitmoyen à son étiage des mois d’août (avecune moyenne mensuelle de 11,7 m3/s) etde septembre (12,1 m3/s), pouvantdescendre jusqu’à 4,8 m3/s. En dehors dela période de la fonte des neiges, lesoscillations saisonnières paraissentlimitées. Les crues sont très importantespour un cours d’eau à bassin aussi réduit.Les calculs chiffrent les crues biennales à100 m3/s. Le débit journalier maximalenregistré a été de 290 m3/s le 8 octobre1977. Second affluent du Var enimportance, la Vésubie, d’une longueur de48 km, est formée en amont par la réuniondu Boréon, de la Madone de Fenestre et dela Gordolasque. Le torrent du Boréon, longde 14 km, alimenté par celui de Salèse,prend sa source au lac des Sagnes, à 2 200

m d’altitude. La Madone de Fenestre, quinaît à plus de 2 300 m au pied du MontGelas, a environ la même longueur que leBoréon, et la Gordolasque une vingtaine dekm. L’apport de ces trois torrents,

LE LOUP

Page 15: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

alimentés par des précipitationsabondantes, est essentiel pour la Vésubie etlui permet d’assurer un débit moyensoutenu, inférieur cependant à celui de laTinée, car de 8,61 m3/s. Son bassin versantest plus réduit (348 km²) mais la lamed’eau écoulée est de 781 mm annuellement(contre 746 pour la Tinée), plus du doublede la moyenne d’ensemble de la France. Ledébit spécifique de la rivière atteint lechiffre de 24,7 l/s et par km² de bassin. LaVésubie présente des fluctuationssaisonnières typiques d’un régime àdominante à la fois nivale et pluviale. Leshautes eaux d’automne portent le débitmensuel moyen à un niveau situé à 12,3m3/s en novembre et sont suivies d’unebaisse de débit jusqu’à 5,4 m3/s en février.Une deuxième montée du débit aboutit àun second sommet en mai (13,5 m3/s) etjuin (14,4 m3/s). Il est dû à la fonte desneiges. Après une très rapide décrue, lesbasses eaux d’été ont un débit moyend’étiage au mois d’août de 5,38 m3/s,pouvant s’abaisser à 1,9 m3/s. La rivièreconnaît d’importantes crues (débitjournalier maximal de 200 m3/s enregistréà Saint-Jean-la-Rivière le 19 novembre1970). Orienté ouest-est, l’Estéron prend sasource à 1130 m d’altitude dans lesPréalpes de Grasse, à l’ouest de Saint-Auban, vers Soleilhas (Alpes-de-Haute-Provence). Long de 65 km, il se jette enamont du Var inférieur, en-dessous desconfluents de la Tinée et de la Vésubieavec le Var. Son bassin versant de 451 km²comprend les massifs du Cheiron, lesmontagnes de Bleyne, de Thorenc et deCharamel qui déterminent son régime,abondant (débit moyen au Broc : 6,96m3/s), de type pluvial méditerranéen. Lalame d’eau écoulée dans son bassin versantest de 488 mm et le débit spécifique de15,4 l/s et par km² de bassin. Les hauteseaux d’automne portent le débit mensuelmoyen à un niveau situé à 10,1 m3/s ennovembre et sont suivies d’une très légèrebaisse de débit à 8,84 m3/s en janvier, puisd’une remontée en mars (10,3 m3/s) etavril (9,34 m3/s). Dès lors s’amorce une

décrue régulière qui mène aux basses eauxd’été de juillet à septembre inclus, avecl’étiage au mois d’août.

La Roya naît des pentes voisines ducol de Tende, à près de 2 000 m d’altitude,pour s’achever à Vintimille en Italie.Orientée nord-sud, cette rivière, dont lalongueur est de 60 km (20 km sur leterritoire italien), est constituée deplusieurs bassins, celui drainé par lestorrents de la Valmasque et de la Minièrequi forment le torrent de Bieugne et lesnombreux lacs d’altitude entre 2200 et

2400 m, ceux du Refrei et de la Lavenzaqui drainent le secteur de La Brigue et duMarguareis avec de grandes réservessouterraines. Son principal affluent est laBévéra, qui prend sa source dans le massifde l’Authion et passe à Moulinet et àSospel, puis en Italie. Le bassin versant de461 km² et une lame d’eau très élevée (818mm), donnent au fleuve un débit soutenutoute l’année, avec deux périodes de plusgrande abondance, au printemps, (19 m3/sen mai) et à l’automne (14,70 m3/s ennovembre), et une moyenne interrannuellede 11,90 m3/s. L’étiage (7,39 m3/s en août)

LA ROYA

Page 16: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

peut descendre à 4 m3/s. Les crues d’automnesont parfois terribles, atteignant 1130 m3/s le 1er

octobre 1979. Tinée, Vésubie et Roya sontalimentées par de nombreux lacsd’altitude, de toutes dimensions. LesAlpes-Maritimes en comptent au moins300, d’une superficie totale de 650hectares. Ces lacs ont été formés par lesglaciers, soit par surcreusement au cours deleur avance, soit par formation de barragesde matériaux arrachés au sol, les moraines.Leur niveau est au maximum en juilletaprès la fonte des neiges. La plupartd’entre eux, bien alimentés par des torrentspermanents, restent en eau toute l’année,avec de légères fluctuations de niveau enfonction des conditions climatiques ; lesfortes précipitations de l’automne lesremplissent à nouveau. Les plus importantsatteignent plusieurs centaines de mètres delongueur. Dans la région de Tende, lesquatre lacs de la Valmasque sont le lac del’Agnel, le lac Vert, le lac Noir et le lac deBasto. Dans la région de Saint-Martin-Vésubie et Valdeblore se trouvent les lacsde Besson (faisant partie des 6 lacs dits desMillefonts) et le lac Nègre, le plus granddes nombreux lacs de Mollières. Dans larégion de Saint-Etienne-de-Tinée, le lac deRabuons, long de 900 m, est l’un des plusvastes des Alpes-Maritimes (33 hectares)avec le lac du Basto. On peut y découvrirégalement le lac du Fer, les lacs de Ténibreet les lacs de Vens, ensemble de 6 lacsdans la Haute-Tinée. Le Paillon comprenden réalité quatre sous-bassinshydrographiques disposés en chandelier,tous situés en moyenne montagne, dont lasurface totale est d’environ 236 km², lePaillon de Levens à l’ouest de la chaîne duFérion (Rio Sec et Banquière), le Paillonde Contes depuis le nord de Coaraze, lePaillon de l’Escarène qui prend sa sourceau nord de Lucéram et le Paillon de Laghet(Avelan). Le régime du fleuve estentièrement soumis aux aversesméditerranéennes automnales, et soncaractère torrentiel est dû aux fortes pentesdes affluents, qui accélèrent l’écoulementde l’eau, et à la configuration du réseau,

qui concentre les eaux à l’entrée de Nice.Alors que son débit d’étiage estival peuttomber à zéro, le Paillon est redoutablepour ses crues. La moitié d’entre elles ontlieu en automne et surtout en novembre etsont caractérisées par une brusque montéedes eaux consécutive à de violents oragesde montagne. Si le débit de crue revenantannuellement oscille entre 250 et 300 m3/s,la crue décennale atteint 500 à 600 m3/s eton estime qu’une crue centennale pourraitdépasser 1100 m3/s. Les quantités dematériaux charriés à cette occasion sonttrès fortes. Depuis sa source àCoursegoules à une altitude de 1350 m, laCagne s’écoule sur 25 km jusqu’à Cros-de-Cagnes, après avoir reçu les eaux de sonaffluent le Malvan dont la source est situéesur la commune de Vence. Un bassinversant réduit (95 km²) et une lame d’eau(264 mm) inférieure de moitié à celle duVar se traduisent par un débit interrannuelfaible (0,79 m3/s). Son régime est pluvialméditerranéen, fortement influencé par lesprécipitations d’automne qui se traduisentpar une augmentation du débit d’octobre àjanvier (1,75 m3/s en novembre), avec unétiage estival très bas (0,128 m3/s en août).L’estimation des crues décennales est de100 m3/s, chiffre atteint le 6 novembre2000 (110 m3/s de débit instantanémaximal).

Le Loup naît à 1217 m d’altitudedans le vallon de l’Audibergue sur lacommune d’Andon. Orienté ouest-est dansla première partie de son cours, il changede direction en aval de Gréolières et, aprèsun trajet de 47,5 km, se jette en mer à lalimite des communes de Cagnes-sur-Mer etde Villeneuve-Loubet. Son bassin versant(280 km²) est très montagneux ; sa naturekarstique lui confère la particularité d’avoirdes limites qui ne correspondent pasexactement aux lignes topographiques departage des eaux. Ainsi, les eaux infiltréessur les plateaux de Caussols, de la Malle,de la Sarrée, qui n’appartiennent pas aubassin versant topographique, sont pourtantdrainées en direction du Loup. Le débitannuel enregistré à Villeneuve-Loubet est

Page 17: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

de 4,32 m3/s mais cette valeur est peusignificative car le Loup a un régime trèsirrégulier : à des périodes d’étiage à secs’opposent des crues violentes. Climat,topographie et structure géologiqueexpliquent ce phénomène. Le bassin duLoup est soumis à plusieurs influencesclimatiques : montagnard méditerranéendans la haute vallée du Loup, puissubméditerranéen et méditerranéen endescendant vers la mer. Le massif duCheiron (1780 m), en bloquant lesprécipitations, fait office de barrière pourles flux de sud, et est à l’origine de cumulsimpressionnants. La topographie de lavallée accélère l’écoulement : la pentemoyenne est de 2,56 %. Enfin, la naturekarstique du bassin est à l’origine d’unvaste réseau hydrologique souterrain qui,par des résurgences, constitue l’essentielde l’alimentation du Loup, les réseauxaffluents de surface étant de peud’importance. Les crues ont lieuprincipalement en automne (20 octobre1959, 5 novembre 1994, 20 décembre1997), mais aussi en hiver (12 février1975, 12 janvier 1996) et au printemps (4juin 1984, 26 avril 1993). La montée deseaux a lieu en quelques heures. Le plusimportant débit instantané maximal a étéatteint le 12 janvier 1996 avec 228 m3/s.

La Brague est un fleuve côtier demoindre importance. Elle prend sa sourcedans la plaine d’Opio, passe près dePlascassier, puis au pied de Valbonne et deBiot et, après 20 km de parcours, se jette àla mer au quartier des Bréguières àAntibes. Ses affluents sont la Bouillide etla Valmasque. Avec un bassin versant deseulement 41 km² et une lame d’eauestimée à 333 mm, le débit moyen du coursd’eau est faible (0,432 m3/s) et devientquasiment nul de juillet à septembre. Dansson cours intermédiaire, le massif calcairede Sophia-Antipolis est le siège de pertesimportantes vers les nappes profondes quiinterceptent la quasi-totalité du débit. Lescrues peuvent cependant être redoutables,surtout dans le cours inférieur, liées auxintempéries méditerranéennes, atteignant à

Biot un débit instantané maximal de 173m3/s le 1er octobre 1987. Longue de 45 km,la Siagne prend sa source sur la communede Saint-Vallier-de-Thiey, descendant dumassif calcaire de l’Audibergue. Elle estrejointe par deux affluents. La Siagned’Escragnolles se développe aussi sous lacrête de l’Audibergue, profite dujaillissement des sources de la Pare etrejoint la branche principale par un canyonde 500 m de profondeur. La Siagnole deMons dispose d’un vaste bassin et sondébit est comparable à la Siagne de Saint-Vallier-de-Thiey. L’étendue du bassinversant (515 km²), les précipitationsabondantes sur ce secteur (entre 800 et1125 mm en fonction de l’altitude et del’exposition aux vents humides donnantune lame d’eau de 533 mm) assurent à laSiagne un débit annuel moyen soutenu(8,75 m3/s) et un régime pluvialméditerranéen à deux périodes. Les hauteseaux débutent en octobre et continuentjusqu’en mai inclus. Elles portent le débitmensuel moyen à un niveau situé entre9,75 et 14,1 m3/s, avec deux sommets ennovembre et en janvier. Dès la fin du moisde mai s’amorce la descente assez rapidevers les basses eaux d’été qui mènent àl’étiage de juillet-août avec un minimummoyen de 1,82 m3/s. Les aquifères présentsdans les calcaires karstifiés du bassinversant (couvrant 60 % de sa superficie)jouent le rôle de régulateur des débits en serechargeant en automne pour ensuiteréalimenter le fleuve en période desécheresse. La forte pente du courssupérieur et la configuration de la plainealluviale inférieure déterminent des cruescatastrophiques. Le 12 janvier 1996, ledébit instantané maximal enregistré a étéde 382 m3/s tandis que le débit journaliermaximal se montait à 314 m3/s le mêmejour.

Les sources de Nice

Du pied des hauteurs, qui entourent le bassin deNice, sortent diverses sources et fontaines dont les eaux,plus ou moins abondantes, vivifient les campagnes etservent à diverses usines et moulins.

Page 18: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

La fontaine, dite de la ville, est située dans le quartier deRiquier. Elle va décharger ses eaux dans le port, cette eauest fraîche, limpide, légère et d’un très bon goût. Aquelque distance de cette source se trouve celle connuesous le nom de surgentin qui est aussi abondante, aussipure, elle sert à l’arrosage des terres voisines et faitmouvoir plusieurs usines qui se trouvent sur son passageavant de se jeter dans le Port.

La fontaine de Limpia, qui donne son nom àcette vallée, se trouve à peu de distance des bords de lamer où elle se divise en plusieurs sources, l’eau en estexcellente, ainsi que toutes celles qui sont autour du Portet au niveau de la mer ; celle-ci n’étant d’ailleurs que lesdécharges souterraines des fontaines de cette vallée.

Au pied de la colline, sur laquelle était bâtil’ancien château, se trouve une fontaine réputée commefournissant l’eau la plus légère et la plus pure, elle estplacée sous une grotte presque au niveau de la mer etsous le chemin avant d’arriver à la batterie desPonchettes, d’autres sources et puits de ce quartier, dontles eaux descendent toutes également de la même collineen donnent aussi de fraîches et de légères, mais cessources ont l’inconvénient de communiquer en sortant deterre avec la mer.

La fontaine de Saint-Sébastien, qui se trouvesur le côté gauche en entrant sur la place Victor, est fortabondante, et n’a jusqu’à présent qu’une seule issue dansla rue de la boucherie, mais l’on espère que l’on utiliserabientôt la masse de ses eaux dans le grand réservoir, quela Ville veut faire construire pour les blanchisseuses,dessous de la nouvelle terrasse.

Au quartier dit l’arbre, sur la rive droite duPaillon, sort la source connue sous le nom d’Eau Fraîche,de dessous la masse gypseuse adossée à la colline deCimiez : ses eaux sont par conséquent un peu imprégnéesde sulfate calcaire, qui lui donne un goût fade. Cetteabondante source, après avoir servi à l’arrosage et faitmouvoir deux usines du faubourg, se jette dans le Paillon.

Les eaux de fuont cauda, nom qui leur ont étédonné parce que ces eaux sont chaudes en hiver etfraîches en été, ne servent que pour arroser quelquesprairies et jardins ; à peu de distance de cette fontaine setrouve celle de Saint-Michel ; un peu au-dessus celle dited’Ourdan, ou cros de Capéou ; enfin celles qui prennentnaissance au pied des collines de Pessicart, de Saint-Pierre etc. servent à l’irrigation des propriétés limitrophesde ces fontaines.

Parmi les fontaines les plus remarquables, cellede Mouraiglia qui a son berceau dans la vallée deGairaut, est assez considérable pour avoir engagé, dans letems, les Romains de conduire ses eaux autour del’ancienne ville de Cimiez. Cette fontaine méritecertainement d’être chantée par quelques poètes, on nemanquera pas de décrire son site aussi simple quepittoresque, les oliviers, les chênes, les myrthes quil’ombragent, on célèbrera l’abondance, la fraîcheur, lalimpidité de ses eaux, on célèbrera aussi ce gazontoujours si vert, cette belle pelouse de cryptogames ettous ces épais buissons qui couronnent des rocherscouverts eux-mêmes d’adianthes et de capillaires.

La fontaine Sainte qui se montre de tems àautre dans la vallée de Gairaut, est intermittente, elles’échappe de dessous un grand bloc de calcaire compacte,en sort avec bruit, en emportant des débris de briques etdes anguilles de très-fortes dimensions ; ses apparitionsne sont ni constantes ni d’un même volume, très

irrégulières dans ses écoulements, elle tarit ; reste sixmois, une année, quelquefois jusqu’à dix ans sans donnerle moindre signe de son existence. Aussi les genscrédules ne manquent jamais de prédire quelquesévènements à chacune de ses périodes.

Une autre source intermittente, fontaine de laDisette, qui prend naissance sur le col de Revel, sort enbouillonnant d’une fente de rochers calcaires. La durée deses apparitions, l’intervalle de ses intermittences, ainsique la saison sont très-variables. La première, (ou soitfontaine Sainte) reste depuis dix jours jusqu’à trois mois ;la seconde (ou soit celle de la Disette) de deux moisjusqu’à trois et va même jusqu’à quatre années. Mais lasaison la plus constante est celle des grandes chaleurs.

Entre le quartier de la Sérène et de Gairaut, setrouve la fontaine renommée du Temple sortant sous unevoute en pierres de taille, dont l’eau fraîche, vive,abondante coule dans un beau vallon où sont les restesd’un martinet, d’une papeterie et autres fabriques quiexistaient jadis.

Cette source jaillit de trois côtés différents dumilieu d’un terrain tertiaire qui repose sur un calcaire deseconde formation, elle arrose toutes les campagnes desquartiers voisins, fait mouvoir un grand nombre demoulins à huile, à farine, et se partage en une infinité depetits canaux depuis sa source jusqu’à la mer. Deuxautres fontaines, mais plus petites traversent la vallée deValgorbelle, et confondent leurs eaux avec celle duTemple vers le quartier du Ray.

Sur le chemin du Var, trois seules fontainesméritent d’être nommées ; celle dite de Capeo, près levallon de Magnan, la fontaine Pousseu, vers le Var, quine sert qu’à peu d’usage pour l’arrosement, et celleconnue sous le nom de Galère qui se montre au pied de lacolline de Saint-Augustin. On ne mentionnera pas tousles filets d’eaux qui se font voir dans plusieurs endroitsdu bassin de Nice dont la plupart tarissent pendant l’été etqui ne sont remarquables que pour l’utilité qu’en retirentceux qui les possèdent dans leurs propriétés.

Toutes ces fontaines, sources, filets d’eaudisséminés sur la surface de la campagne de Nice,conduites par une infinité de canaux, de rigoles etdirigées avec tant d’art et d’industrie, y servent àl’arrosage et produisent avec les norias cet état devégétation qui contraste si fortement avec le caractère secet aride des cols et des collines. Toutefois, et malgré legrand nombre des sources, on n’avait jamais songé àconduire l’eau dans la ville où les habitants sont obligésde se servir de puits qui existent dans les principauxquartiers ; ce n’est que depuis peu, que deux fontainespubliques ont été construites une dans le faubourg Saint-Jean-Baptiste, et l’autre dans l’intérieur de la ville, cetteamélioration fait vivement désirer de voir continuer lestravaux si utiles et si nécessaires aux besoins et à lasalubrité d’une population placée sous l’influence d’unetempérature si constamment élevée pendant l’été.

Risso, Nouveau guide du voyageur dans Nice, 1844

Page 19: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

La Vésubie

Page 20: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

Les eaux salées

Au niveau des Alpes-Maritimes, les Alpesplongent brutalement dans la Méditerranée,façonnant le littoral de façon spectaculaire.A l’ouest du Var, depuis le Tanneronjusqu’à son embouchure, de petits bassinsà la base du massif alpin bordent la côte.Deux saillants, le cap Croisette, enprolongement duquel des affleurementsrocheux forment les îles de Lérins, et lecap d’Antibes, délimitent trois golfes :celui de la Napoule, le Golfe-Juan et laBaie des Anges. Leur bord est régularisépar des cordons littoraux. Deux de cescordons constitués de grains très finsarrachés aux roches cristallines constituentde belles plages, à Cannes et Juan-les-Pins.Le troisième, qui s’allonge d’Antibes àNice, de part et d’autre du delta du Var,n’est qu’une accumulation de galets alpinsdont les vagues s’emparent à l’embouchuredu fleuve. A l’est du Var, les hauteschaînes des Alpes arrivent jusqu’à la mer.Le rebord constitue un énorme talus de 500m de haut s’élevant même à 1 146 m auMont Agel derrière Monaco à 2,5 km durivage. Taillant dans cet ensemble, desravins ont ouvert des sillons quiaboutissent à des anses. De Nice à Menton,le rivage est tout en pointes et en baies. LeCap-Ferrat protège la rade de Villefranche,longue de 2 km pour 1,5 km de large. Lecordon littoral ne prend forme qu'à l’est duCap-Martin. La partie de la Méditerranéedans laquelle baignent les Alpes-Maritimesprésente deux caractéristiques essentielles :l’étroitesse de la plate-forme littorale sous-marine et sa grande profondeur. Le long dela côte, la largeur des fonds inférieurs à100 m se réduit à moins d’un mille et nedépasse deux milles qu’au voisinage deMenton. La plate-forme est de plusentaillée de ravins ; des profondeursimportantes se trouvent à proximitéimmédiate du littoral ce qui peut entraînerla déstabilisation de zones fragiles. Lesfonds y sont rocheux, recouverts de sable,de vase et de gravier. A l’embouchure duVar, le fleuve a constitué, par

accumulation de sédiments, un delta sous-marin instable car sujet au glissement.L’absence de marée (le marnage moyen nedépasse pas 40 cm en moyenne), expliquel’accumulation de limons transportés par lefleuve que les courants marins ne sont pasen mesure d’évacuer. Si l’on s’éloigne durivage, la profondeur chute rapidement,atteignant 1 000 m à quelques milles de lacôte et jusqu’à 2 500 m au centre de lafosse Ligure. La mer Ligure est aussi lesiège d’une forte activité sismique que lesscientifiques s’efforcent de mesurer : desséismes peuvent y atteindre 6 sur l’échellede Richter. La circulation de l’eau estanimée par un courant puissant venant dela mer Ligure, le courant Liguro-provençal,qui suit les côtes italiennes puis les côtesfrançaises. Des courants secondairesexistent également. Ainsi, de la côtefranco-italienne, entre Gênes et Nice, à lacôte nord de la Corse, on trouveoccasionnellement une circulationsecondaire cyclonique. Plus près du rivage,dans les baies entre Nice et Menton, etdans le Golfe-Juan notamment, on observeun contre-courant dans le sens des aiguillesd’une montre. La température de la merdépend des conditions climatiques. Si à100 m de profondeur elle reste stable à 13°c, en surface la température connaît desvariations saisonnières. A proximité de lacôte, l’eau est en moyenne à 13 °c en hiver,à 22 ° c en été. La mer joue le rôle derégulateur des températures côtières quisont, par rapport à celles de l’arrière-paysprovençal, plus douces en hiver et plusfraîches en été. La mer est plus chaude enhiver, plus froide en été que la terre. Enhiver, le gel est quasiment inconnu sur unebande littorale de quelques kilomètres àpartir de la ligne de côte. Inversement, enété, la moyenne des températures maximane dépasse pas 28°-30° c sur le littoral,pour 36°-38° c dans l’intérieur.

La salinité moyenne est élevée, del’ordre de 38°/°° (3 à 4 g. de sel de plus parlitre que dans l’Atlantique) et diminuelégèrement au printemps en raison duréchauffement des eaux de surface qui

Page 21: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

entraîne une diminution de la densité.Cependant le taux de salinité du littoral estinférieur à celui du centre du bassin liguro-provençal.

LE CAP D’ANTIBES LES ILES DE LERINS

Page 22: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

Les milieux d’eaux douces

Les cours d’eau des Alpes-Maritimes sont des écosystèmes complexeset fragiles à la richesse biologiqueremarquable. Flore et faune dépendent deplusieurs facteurs tels que la température,la profondeur et la qualité des eaux, lavitesse du courant, la luminosité. Lesnombreuses espèces végétales et animalesliées à l’eau interagissent entre elles defaçons variées en établissant des relationsde cohabitation, de compétition, deprédation ou de parasitisme.

Dans les cours d’eau et sur leursberges, les plantes se répartissent enfonction de leur besoin en eau mais ausside leur tolérance plus ou moins grande àl’immersion. Complètement dans l’eaus’épanouissent les hydrophytes, comme leslentilles d’eau, en tapis très denses sur leseaux calmes, ou la Fontinale, mousse quicouvre les rochers des rivières à régimetorrentiel. Sur les berges tantôt inondées,tantôt exondées mais toujours gorgéesd’eau se trouvent les hélophytes commel’Ache aquatique, qui forme parfois uncouvert végétal épais en bord de rivière ou,en altitude au bord des zones humides, lesscirpes, les laîches et les joncs. Les plantesaquatiques sont à la base du cyclealimentaire permettant à nombred’animaux de subsister : invertébrés,poissons, mammifères, oiseaux, insectes,reptiles ou amphibiens en tout genre. Plusen retrait, lorsque les berges sontsuffisamment larges, se développe laripisylve, forêt dense, élevée et fortementembroussaillée. Elle prospère sur les solsriches et profonds formés par les apportsrépétés d’alluvions. La végétation estmajoritairement constituée par des espècescontinentales aux feuillages caducs,notamment Frêne, Peuplier, Saule blanc,Tremble, Tilleul, Aulne glutineux, Erable,mais aussi des essences méditerranéennes,Frêne oxyphille et Ostrya. A proximité descours d’eau, les botanistes ont identifié uneflore remarquable et parfois très rare.Citons dans les gorges inférieures du Loup

la Coronille de Valence, l’Hétéropogoncontourné, dans les gorges de la Vésubie,la Potentille saxifrage et la Fraxinelle, lelong du cours du Var, la Massette naine etde celui de la Siagne la Muscari botryodeset l’Erythronium dens-canis.

La faune aquatique se répartit lelong des cours d’eau en fonction desconditions de température, d’oxygénation,de courant, de nature des fonds. Dans lapartie torrentielle, là où l’eau est froide etbien oxygénée, règne la truite de rivièredite « fario ». Elle se nourritessentiellement de petits poissons commele Chabot qui vit sur le fond des torrents enprenant appui sur ses nageoires. Lesrivières les plus intéressantes pour lareproduction des truites sont la Bévéra, laRoya et le Coulomp, affluent du Var dotéd’un potentiel salmonicole exceptionnel.On trouve également (Roya, Vésubie,Tinée, Estéron, Loup et Var), le Blageon,espèce remarquable grégaire des coursd’eau à fonds de graviers et le Barbeauméridional, espèce présente uniquementdans le Midi, affectionnant les cours d’eaubien oxygénés à débit rapide, seul poissonà pouvoir vivre sur les tronçons à fortepente. S’y ajoutent, dans le Var, la Truitede mer et l’Alose feinte, espèce rarecantonnée aux cours inférieurs des fleuves,dans le Loup la Grande Alose, elle aussidevenue rare, dans la haute Vésubie, leBarbeau fluviatile, dans les lacs duMercantour l’Omble chevalier. D’autresespèces sont présentes comme le chevesne,le gardon, le brochet, l’anguille, le vaironet la truite arc-en-ciel, introduite.

De nombreux Amphibiens viventau voisinage des cours d’eau. On voit parexemple en altitude la Rainetteméridionale, la Grenouille rousse, leSpélerpès brun appelé hydromante, laSalamandre jaune et noire ou en plaine etla rare Cistude d’Europe (Loup). Poissonset amphibiens se nourrissent desinvertébrés qui pullulent sur les rivières ;certains seulement à l’état larvaire,d’autres adultes, menant une vie aérienne :Libellules, Ephémères, Perles, Diptères

Page 23: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

(mouches, moustiques, tipules), Simulies,Eristales, Chironomes, « Punaises d’eau »,Phryganes, sangsues et Tubifex. Parmi lesMollusques, on trouve couramment depetits escargots appelés Theodoxus etAncyles, d’autres respirant en surface, lesLimnées, les Physes et les Planorbes ouencore des bivalves du nom d’Anodontes.Appelés à tort « crevettes d’eau douce »,les Gammares sont de petits crustacés trèsabondants. Dans la même famille onmentionnera les Aselles, appelés« cloportes cloportes d’eau », la Caridine,qui est la seule vraie crevette de cesrivières, et les Ecrevisses parmi lesquellesl’Ecrevisse à pieds blancs est la plus rare etla plus menacée.

L’avifaune est représentée parplusieurs espèces remarquables liées aumilieu aquatique. Le Cincle plongeurrecherche les cours d’eau froids, propres etbien oxygénés, à courant plutôt vif, de 100à 2400 m d’altitude. Il est présent danstoutes les rivières du département. Lesautres espèces sont moins fréquentes, voirerares : le Martin-pêcheur d’Europe(Vésubie, Loup, Siagne), le Chevalierguignette (Estéron, Siagne et Var), le PetitGravelot (Var) la Marouette ponctuée et leBlongios nain, espèces paludicoles (étangde Vaugrenier), la Sterne pierregarin et laSterne naine, espèces liées aux milieuxaquatiques littoraux. Au niveau desmammifères, la présence de la loutre n’estplus avérée dans le dernier secteur où elleavait été observée, les gorges inférieuresdu Loup. On mentionnera également lamusaraigne aquatique, qui plonge dans lestorrents pour y capturer des invertébrésainsi que nombre d’espèces de chauve-souris qui trouvent abri dans les gorgesfaçonnées par les cours d’eau.

Le milieu marin

La Méditerranée est une mervivante. On y dénombre plus d’un millierd’espèces végétales et sept à huit milleespèces animales dont six cent cinquantepoissons. La zone marine des Alpes-

Maritimes reflète cette diversité biologiquemême si l’étroitesse du plateau continentalen limite le développement.

Quatre facteurs déterminent lemilieu naturel sous-marin. La lumière estle plus important. Certaines plantes nepeuvent vivre que sous un fort éclairementalors que d’autres préfèrent une lumièreplus chiche. L’étage infra-littoral, quidébute au dessous du niveau de la mer etdescend tout au plus à 30 m, est la zone laplus riche en faune et en flore car la mieuxéclairée. L’agitation de l’eau est égalementimportante : des espèces ont besoin deturbulences, d’autres exigent une mercalme. En été, la différence de températureentre la couche supérieure d’eau chaude etla couche inférieure plus froide crée unebarrière qui empêche les nutrimentsprésents dans l’eau froide de se mélangeravec l’eau chaude riche en oxygène. Enfin,la nature du substrat détermine desbiotopes très différents. Les plus pauvressont les fonds sablonneux et les fondsvaseux qui n’abritent que de rares espècesanimales adaptées à ces milieux. Lessubstrats durs sont beaucoup plus riches.On y distingue les substrats rocheuxconstitués de roche primaire nue et lessubstrats coralligènes (à partir de 25 m deprofondeur), car recouverts d’organismessécréteurs de substances calcaires commedes algues rouges calcaires ou les bivalves.Sur ces fonds durs, partout où la luminositéest suffisante, prédominent les algues, plusrarement les plantes marines. Le faune yest riche et diverse.

Le biotope essentiel enMéditerranée est celui des prairies sous-marines ou herbiers. Les plantes marines,représentées en Méditerranée par cinqespèces issues de deux familles, sont desangiospermes monocotylédones : il s’agitdes seuls végétaux supérieurs capables devivre en milieu marin. Sensibles auxconditions lumineuses, les plantes marines,en eau claire, parviennent à proliférerjusqu’à 40 m de profondeur. En eautrouble filtrant fortement la pénétration desrayons lumineux, la limite inférieure de

Page 24: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

croissance est nettement plus proche de lasurface, de l’ordre d’une vingtaine demètres. Pour pousser, les plantes requièrentun substrat meuble composé de sable et devase à l’exception de la posidonie(Posidonia oceanica) endémique de laMéditerranée, qui affectionne le sablepropre. La posidonie est la plante marine laplus grande et la plus fréquente. Lesprairies sous-marines, particulièrement lesherbiers à posidonies, jouent un rôlecapital. Leurs rhizomes, au fur et à mesurede leur développement, finissent paratteindre plusieurs mètres d’épaisseurservant de refuge et de réservoir à denombreuses espèces habitant les zonesobscures. Leur feuillage, dense, recèle degrandes quantités d’alevins de diversesespèces. Les herbiers de posidonies sontaussi de gros producteurs d’oxygène etconstituent une protection hydrodynamiquede la France côtière. Chacun de ces biotopes est habité par unesérie d’espèces qui se sont adaptées à leurscontraintes. Cependant, d’autres espèces,en nombre considérable, ne fréquentent telbiotope que temporairement et sontobservées au sein de divers milieux. C’estle cas des herbiers de posidonies quiattirent quantité de poissons comme laSaupe, véritable herbivore, le Sar à têtenoire, le Serran écriture, l’Hippocampemoucheté, et la famille des Labres, quiaiment faire leur nid au pied des grandesherbes, comme les Girelles et lesCrénilabres multicolores. Sur les fondsrocheux, à proximité de la surface, lebrassage de l’eau par les vagues n’autoriseque des poissons capables de se faufiler encas de besoin dans des orifices de la paroicomme les blennies. Plus bas, les courantssont moins puissants et d’autres espècespeuvent s’y implanter comme les rascasseset les mérous. Les fonds sablonneuxsemblent à première vue désertiques. Afinde survivre, leurs habitants se rendent aussifurtifs que possible en arborant la couleuret la configuration plane du fond : poissonsplats et raies, vives, labre des sables,rouget-grondins y sont fréquents. La seiche

commune ainsi que divers poissons telsque les surmulets fréquententrégulièrement ces fonds. La haute mer, oubiotope pélagique, est occupée par desespèces que l’on rencontreoccasionnellement en zone littorale. Ilssont tous très hydrodynamiques, nagentvite et leur robe gris argenté les rendindiscernables du dessus comme dudessous : sérioles, sardines, dorades,poissons-volants, espèces exotiquescomme le saint-pierre et le poisson-lune.Ils sont pourchassés par des prédateurscomme le Tursiops ou Dauphin souffleur

présent près des côtes à de faiblesprofondeurs. La Méditerranée est enfin un milieuoù cohabitent oiseaux marins et oiseauxterrestres qui nichent sur les côtes. Elle estcaractérisée par un faible nombred’espèces. Certains sont migrateurs commela Sterne naine et la Sterne pierregarin quinichent à proximité de l’embouchure duVar. L’espèce la plus visible est le Goélandleucophée dont les effectifs ont augmenté sensiblement. Très vorace, ce grandprédateur perturbe les nichées d’oiseauxsensibles.

RASCASSE ROUGE

Page 25: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

Tableau des poissons par Roubaudi (1843)

Noms français latin nissart présence

Pétromyzon lamproieRaie oxirinque

Raie museau pointuRaie mûraletRaie ronce

Raie bordéeRaie torpilleRaie aigle

Raie bouclée ou clouéeSquale long-nez

Squale rochier (1)Squale milandre

Squale lisseSquale émissole

Pétromyson marinusRaja oxyrinchus

Raja rostrataRaja miraletus

Raja rubrusRaja marginataRaja torpedoRaja aquilaRaja clavata

squalus cornubinusSqualus catulusSqualus galeusSqualus levis

Squalus mustellus

lampruapissouva

fumamiralliet

razzamiralliet

tremoulinaferrassa

claveladamelantoun

gatta d’argapallounpallounamissola

Juillet, août et septembreToute l’année

Id.Id.Id.Id.Id.

Presque toute l’annéeToute l’annéeJuin et juilletToute l’année

Id.Id.Id.

CORAIL ROUGE A VILLEFRANCHE

Page 26: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

Squale mongeSquale marteau

Squale pantouflierSquale renard

Squale aiguillat (2)Squale sagre

Squale liche ou chien de merSquale boucléSquale ange

Lophie baudroieAcipensère esturgeonCentrisque bécasseOphisure serpent

Squalus mongeSqualus zygœnaSqualus tiburoSqualus vulpes

Squalus acanthiasSqualus spinax

Squalus scymnusSqualus spinosusSqualus squatina

Lophius piscatoriusAcipenser sturio

Centriscus scolopaxOphisurus serpens

moungémarteouscrosenapei-ratouagulliatmorou

gatta causinieramounge clavelat

angebaudroisturioun

trombetta ou moustella morabissa de mar

Toute l’annéePresque toute l’annéeDe passage accidentelPresque toute l’année

Toute l’annéeId.Id.Id.Id.Id.

De passage accidentelToute l’année

Id.Murène tachetée

Murène myreMurène congreOphidie barbu

Ophidie imberbeXiphias espadonCallionyme lyreUranoscope ratTrachine vive

Gade blennioïdeGade capelan

Gade de Gmelin Riss.Gade merlanGade alongé

Gade poutassou

Murena maculataMurena myrusMurena conger

Ophidium barbatumOphidium imberbe

Xiphias gladiusCallionymus lyraUranoscopus musTrachinus vividusGadus blennioidesGadus capellanus

Gadus gmeliniGadus merlangusGadus elongatusGadus poutassou

mourenamouruàgrounk

caleniairiscaleniairisemperatour

lambertmuouaragna

moustella blancacapelan

moustella de roccamerlan

stocofickpoutassou ou superba negra

Toute l’annéeId.Id.

MaiId.

Presque toute l’annéeToute l’année

Id.Id.Id.Id.Id.Id.Id.Id.

Scombre thonScombre bonite ou pélamide

Scombre sardeScombre de Leach Riss.

Scombre maquereauScombre à vessieCaranx trachureCaranx alicioleCaranx aguile

Citule de Bancks Riss.Scorpène rascasse

Scorpène marseillaiseScorpène truie

Scorpène dactyloptère

Scomber thynnusScomber palamides

Scomber sardaScomber leachinusScomber scombrus

Scomber coliasCaranx trachurusCaranx aliciolusCaranx aguilusCitula bancksii

Scorpœna porcusScorpœna massiliensis

Scorpœna scrofaScorpœna dactyloptera

tounpalamidabounicou

tounaauriou ou macareu

cavaluciasuck dei blaous

seriolaseriola

pei suvareourascassalernia

capouncardouniera

Printemps, été et automneAoûtId.Id.

Presque toute l’annéeEté

Juillet et aoûtAoût et septembre

Id.Toute l’année

Id.Id.Id.Id.

Centronote piloteCentronote vadigoCentronote glaycos

Trigle lyreTrigle lastoviza

Trigle hirondelleTrigle grondinTrigle grunauTrigle milan

Trigle cavilloneMulet rouget

Mulet surmuletApogon rougeLabre (3) paon

Labre œilléLabre mélopeLabre cendré

Centronotus conductorCentronotus vadigoCentronotus glaycos

Trigla lyraTrigla lastovizaTrigla hirundo

Trigla grunniensTrigla gurdanusTrigla milvus

Trigla cavilloneMullus barbatus

Mullus surmuletusApogon ruberLabrus pavo

Labrus ocellarisLabrus mélopsLabrus cinereus

fanfréliccialecca

gallinabelugan

gallinettagaramangrunaouorgue

cavillounstreglia de fangastreglia de rocca

sarpanansaTenca

rouqueirounrouquié

sera

Avril et septembreToute l’année

Id.Id.Id.Id.Id.Id.Id.EtéId.

Toute l’annéeId.

Toute l’annéeId.Id.Id.

Page 27: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

Labre cornubienLabre mêléLabre merleLabre girelleLabre lapine

Labre tancoïdeLabre ossiphage

Labre tourdLabre bleuLabre varié

Labre mailléLabre tachetéLabre canude

Labre à cinq taches

Labrus cornubicusLabrus mixtusLabrus merula

Labrus julisLabrus lapinaLabrus tinca

Labrus ossiphagusLabrus turdus

Labrus cœruleusLabrus variegatusLabrus reticulatusLabrus guttatusLabrus cinœdus

Labrus quinque maculatus

rouquiéverdoun

tourdou d’argagirellablavié

rouqueirountourdou

seratourdou blu

larganeurouquiérouquiérouquiélarganeu

Id.Id.Id.Id.Id.Id.Id.Id.Id.Id.Id.Id.Id.Id.

Spare doradeSpare sparaillon

Spare sargueSpare oblade

Spare puntazzoSpare smaris (4)Spare mendole

Spare d’Italie Riss.Spare hirta

Spare bogaravéoSpare pagel

Spare mormyreSpare pagreSpare bogueSpare saupe

Spare marseillaisSpare castagnole

Spare dentéSpare tanudeSpare orphe

Spare bilunulé Riss.Spare marron

Sparus aurataSparus annularis

Sparus sargusSparus oblada

Sparus puntazzoSparus smaris

Sparus mendolaSparus italicusSparus ravella

Sparus bogaraveoSparus pagel

Sparus mormyrusSparus pagrusSparus boopsSparus salpa

Sparus massiliensisSparus castaneola

Sparus dentexSparus tanudaSparus orphus

Sparus bilunulatusSparus chromis

auradaesperlinsargoublada

sargou rascassiégerle blaviéamendollaz

gerlessaravella

bugoravellapageu

mourmenapadrebugasarpa

besugoucastagnolla grossa

lentetanuda

pageu testascieucle

castagnolla

Presque toute l’annéeToute l’année

Id.Id.Id.

MarsMai et juin

Toute l’annéeId.Id.

SeptembreToute l’année

Id.Printemps et automne

Toute l’annéeId.Id.Id.Id.Id.Id.Id.

Sciène umbreSciène aigle

Holocentre marinHolocentre serranPersèque umbre

Persèque loup (5)Persèque pointilléCentrolophe nègreCentrolophe noir

Zée forgeronPleuronecte sole

Pleuronecte turbotPleuronecte carrelet

Osmère saure

Sciæna umbraSciæna aquila

Holocentrus marinusHolocentrus serranus

Perca umbraPerca labrax

Perca punctulataCentrolophus pompilus

Centrolophus nigerZea faber

Pleuronectes soleaPleuronectes maximusPleuronectes rombus

Osmerus saurus

cuorpfigoupercaserran

oumbrinaloubas

loubassounfanfre rascasfanfre negrepei-san-peire

solaroumbou clavelat

roumboulambert

Toute l’annéeId.Id.Id.

Juillet et septembreToute l’année

Id.Id.Id.Id.Id.Id.Id.Eté

Sphyrène spet (6)Argentine sphyrène

Athérine zoelMuge céphale

Muge à grosses lèvres Riss.Muge ramade Riss.

Muge doré Riss.Muge provençal Riss.

Muge sauteur Riss.Exocet sauteur

Clupée (7) sardineClupée phalérique Riss.

Clupée aloseClupée anchois

Sphyrœna spetArgentina sphyrœnaAtherina hepsetusMugil cephalusMugil labrosusMugil ramadaMugil auratus

Mugil provincialisMugil saliens

Exocetus exiliensClupea sardina

Clupea phalericaClupea alosa

Clupea encrasicholus

lussiargentinmellet

mugou ciaridalabru

ramadedaurin

sabouniéflavetounarendoula

sardinameletalacia

amploua

MarsPrintemps

Toute l’annéeId.Id.

Presque toute l’annéeToute l’année

Id.Id.Eté

Toute l’annéeAoût

Mars et avrilMai, juin et juillet

Page 28: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

(1) On ne mange guère ce poisson, dont la chair, ainsi que celle du Squale roussette, Squalus canicula (Pintou-roussou), estdure ; lorsqu’on veut s’en nourrir, il faut le faire macérer pendant quelques heures dans l’eau et enlever la peau ; les pêcheursrecherchent cependant ces deux Squales, parce que leurs peaux recouvertes de petits tubercules servent à polir les corps trèsdurs. (2) Lorsque ce poisson n’a pas acquis tout son développement, il porte le nom de Mangia ; c’est ainsi qu’on appelle encoreindifféremment Lambarda ou Bardoulin les petits de toutes les espèces de Squale. Les pêcheurs donnent encore à ces petitsSquales le nom de Bardoulins morous ou Bardoulins blancs, selon qu’ils sont bruns-noirâtres, ou d’un blanc plus ou moinscendré. (3) Les pêcheurs donnent le nom de Vacchetta aux petits de toutes les espèces de Labres. (4) Les petits du Spare smaris sont connus sous le nom de Gavarouns. (5) Lorsque la Persèque loup fait son séjour parmi les rochers de la mer, les écailles argentées de ce poisson prennent uneteinte noirâtre ; dans cet état lespêcheurs lui donnent le nom de Loubas negre. (6) Lorsque ce poisson n’a pas acquis tout son développement il porte le nom de Lussion. 7) La Clupée sardine et la Clupée anchois portent différents noms selon que ces poissons sont plus ou moins développés. Ondonne le nom de Poulina aux Sardines à peine écloses, de Palaia lorsque ce poisson a pris quelques centimètres de longueur ;et de Sardina quand il a acquis tout son développement. On appelle Amplouin les Anchois à peine nés, Amplouetta quand cepoisson a acquis quelque accroissement, et Amploua lorsqu’il est adulte. Les Sardines et la palaia privées de leurs têtes et desentrailles, anchoisées, c’est-à-dire bien pénétrées du sel et d’épices, fondues pour ainsi dire dans la saumure qu’il se fait,forment une composition ou espèce de Garum, connu à Nice sous le nom de Pissalat et qui est très propre à ranimer l’appétit,lorsqu’il est assaisonné avec de l’huile, du vinaigre et des olives salées.Plusieurs espèces de mollusques et de crustacés fournissent une nourriture très délicate, mais en général, leur chair est un peuindigeste, quelques-unes même ont besoin de tout l’apprêt du cuisinier pour être mangeables : parmi les mollusques nousmentionnerons le Poulpe commun, la Sèche, la Sépiole, le Calmar commun etc. Parmi les crustacés il y a quelques espèces deLangoustes, de Homards, de Cancres, de Crabes et de Squilles. La chair des crustacés auxquels les pêcheurs donnent le nomde Ligouban, de Gritta, de maciotta, est très délicate.

Page 29: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

Les atteintes aux milieux

Au cours des siècles l’homme n’acessé de prélever dans les milieux naturelsune partie de sa nourriture, principalementsous forme de poisson, tout en utilisant lamer et les cours d’eau comme égouts. Dansle courant du XIXe siècle, cette pressions’est accrue sous l’influence de diversfacteurs, urbanisation, industrialisation,aménagements littoraux.

La pêche, en mer ou en rivière, étaitune activité traditionnelle attestée depuis leMoyen Âge, remontant certainement auxtemps préhistoriques. Les méthodes depêche étaient particulièrementdestructrices, notamment celles utilisées enrivière. Décrites au XIXe et au XXe sièclepar les garde-pêches, ces dernièressemblent ne pas avoir évolué notablementpendant plusieurs siècles. On se servait defilets, en forme de nappes tendues entravers des cours d’eau, destinés à capturerles truites : l’araignée ou cinglon,composée d’une seule nappe à fils très fins,employée dans les eaux claires, lesverveux, engins ayant la forme d’unentonnoir, l’épervier, filet lesté que l’onjetait à bout de bras. La balance, petit filetarrondi entouré d’un cercle en osierpermettait d’ attraper les écrevisses. Lesnasses, fabriquées en osier puis en fil de fergalvanisé, étaient d’un usage courant. Tousces engins étaient rendus plus efficaces parl’aménagement de barrages qui déviaientles poissons ou par l’assèchement completde bras de cours d’eau. Dans la Roya, lespêcheurs posaient un filet à très petitesmailles appelé bertoulin et une ligne defond appâtée avec des vers ou des petitspoissons. Dans la Bévéra, les anguillesétaient pourchassées dans la vase à l’aided’un trident et les truites étourdites puiscapturées grâce à de grands coups demasse frappés sur les pierres qui leurservaient de refuge. La pêche se déroulaitsouvent la nuit, les truites étant rabattuesvers les filets ou attirées par des

flambeaux. Enfin l’empoisonnement étaitune pratique courante : écorces de noix,« varrego », chaux, « coque de levant » auXIXe siècle puis carbure et explosifs audébut du XXe siècle.

Les archives font état d’unaccroissement des prélèvements en rivièresous le Premier Empire et entre 1860 et1930. Les dégâts furent terribles. Ainsi,en1806, la Bevera au Moulinet était« dépeuplée à un point incroyable ». Lemême constat fut dressé tout au long duXIXe siècle et jusque dans les années 1930,le braconnage continuant d’être attestédans les années 1960. Les dégradationsinfligées au milieu furent d’autant plusgraves qu’aucun repos n’était accordé à latruite pendant sa période de reproduction.Dès le XVIIe siècle, les pouvoirs publics, àl’échelon local comme à l’échelon central,se préoccupèrent de la conservation dupoisson en rivière. Dans le comté de Nice,l’ordonnance ducale de 1669 défendait depêcher pendant la période de fraie de latruite, du 15 septembre au 15 décembre, etlors des crues et prohibaitl’empoisonnement des rivières. L’éditroyal du 9 octobre 1767 interdisait, souspeine d’une amende de 50 écus, demodifier le cours des rivières pour capturerle poisson. De même les seigneurs puis lescommunautés réglementèrent la pêche. En1784, les seigneurs de Saint-Légerinterdisaient à quiconque de pêcher sur leterritoire du lieu sans permis1. A la Brigueen 1808, à Breil en 1809, les maires prirentdes mesures conservatrices pour permettrela reconstitution du peuplement piscicole.Un des moyens utilisés fut alorsl’affermage, considéré comme seulsusceptible de pouvoir lutter contre lebraconnage pratiqué par les habitants maisaussi par des étrangers au lieu, le fermierassurant une surveillance efficace du coursd’eau. En 1860, quand l’administrationfrançaise se mit en place (le service de lapêche releva d’abord des Ponts-et-

1 ADAM E 9/82

Page 30: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

Chaussées, puis des Eaux-et-Forêts), ellese préoccupa de la conservation despeuplements mais sembla impuissante àlutter contre le braconnage qui étaitégalement très actif dans l’arrondissementde Grasse en raison de l’accroissement desbesoins locaux stimulés par le tourisme.Les garde-pêches se heurtèrent à lamauvaise foi des élus locaux et à ladifficulté de surveillance des cours d’eau,les délits de pêche ayant lieu la nuit et dansdes secteurs inaccessibles. Certainesmunicipalités luttèrent pied à pied pourempêcher l’administration de mettre finaux pratiques de pêche destructrices,comme l’usage de barrages. Dans lesannées 1860, on dut composer en limitantles abus les plus criants qui sepoursuivirent cependant clandestinementjusqu’aux années 1930. La situationchangea dans le premier tiers du XXe

siècle sous la pression des sociétés depêche. Dès 1910, le Sperling-Club de Nicedénonçait le laxisme supposé des garde-pêches. La concurrence était très vive entreamateurs de pêche à la ligne et braconniersalimentant les hôteliers, comme l’indiqueune enquête des Eaux-et-Forêts en 1931,notamment parce que l’usage du filet nelaissait aux premiers que les petitspoissons. Le conseil général des Alpes-Maritimes intervint pour l’interdiction dufilet, supprimé dès 1925 dans la partiefrançaise de la Roya. Parallèlement audurcissement de la réglementation, lerepeuplement des rivières par l’alevinagefut déterminant pour reconstituer la fauneaquatique. Après 1850 furent entrepris enFrance les premiers essais de repeuplementartificiel des cours d’eau. Le forestierMillet en jeta les bases en préconisantl’alevinage pour remédier àl’appauvrissement des rivières mais cen’est que lentement que furent créés desétablissements piscicoles destinés à lafécondation et à l’élevage. Longtempsdépourvu d’établissement, le départementdes Alpes-Maritimes se vit doté en 1899d’une structure financée par le conseilgénéral et placée sous l’égide des Eaux-et-

Forêts. Le choix se porta sur les sources deLablé entre Malaussène et Villars en raisonde la position centrale dans le département,des moyens de transport et de la qualité del’eau. Après des débuts décevants et uneforte mortalité due à des matières terreusesen suspension lors des pluies, desaméliorations apportées en 1903 et 1904permirent de produire jusqu’à 60 000alevins de diverses espèces de salmonidéssusceptibles d’être jetés vers l’âge de 6 à10 mois dans les cours d’eau pour assurerleur réempoissonnement progressif. Dès1903-1904, de nets progrès furentconstatés en divers points du département.La fermeture de l’établissement après laguerre de 1914-1918 conduisit les autoritésà faire appel à des élevages extérieurs. Si lerepeuplement a eu des effets positifs, il

n’en a pas moins conduit à une notableévolution au détriment des espècesindigènes. Comme celui des rivières, lemilieu marin fut fortement sollicité par lapêche d’autant plus que la ressource enpoissons était peu abondante etsaisonnière. En effet, l’étroitesse duplateau continental limitait ledéveloppement de la vie sous-marine etl’essentiel des poissons pêchés étaient desmigrateurs ou réputés tels : sardines,anchois, bogues, muges ou mulets,poissons pélagiens comme les thons. Lescaptures avaient lieu au printemps et audébut de l’été, l’hiver étant peu favorableen raison du mauvais temps. Lacaractéristique essentielle de ce type depêche était sa grande irrégularité, observéepar Fodéré à propos de la pêche de

CAISSONS D’ALEVINAGE, 1902

Page 31: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

l’anchois : « Elle fut si abondante en 1787qu’on prit dix mille rups de ces poissonsdans une matinée ; ensuite il y en eut si peuque les saleurs n’employèrent guère plusque des sardines sous le nom d’anchois[…]. L’art conjectural fut encore ici endéfaut, car tout à coup, dans les mois dejuin et juillet de l’année 1802, il parut àl’ordinaire des troupes innombrablesd’anchois qui répandirent la joie parmi toutle peuple et qui firent mettre en mer centbateaux […]. Or, on pêcha cette année àNice 15 000 rups (111 686 kg) dont lesdeux tiers furent salés et l’autre fut vendufrais »2. Le passage du thon est décrit parle naturaliste Burnel : « Les thons arriventordinairement par masses et suivent uneligne régulière comme les troupes enmarche. Au mois d’avril 1855, par une mertrès calme, j’ai pu suivre de l’œil pendantassez longtemps cette armée traversant labaie de Nice pour aller se faire prendredans la madrague de Saint-Jean. Il y enavait une quantité prodigieuse nageant àfleur d’eau, à une très petite distance durivage »3. Les poissons sédentairesconstituaient l’ordinaire des pêcheurs lereste de l’année. Au début du XIXe siècle,Fodéré recensait un grand nombred’espèces pêchées à Nice :« […] cetteplage donne aussi toute l’année, pour lebesoin des habitans, les plus rares qualitésde poissons tels que le rouget de roche, lesurmulet qu’on pêche quelquefois dansl’Océan, l’empereur qui suit le thon, legrondin, la dorade, le loup, le saint-pierre,la limande, la sole, le turbot, le carrelet,divers muges, congres et murènes, lesraies, l’alène ou lentillade, plusieursmiraillets, la ronce, quatre espèces detorpilles, la glorieuse, la pastenaga oupastenaque, la clavelade ou raie bouclée.Parmi les squales on remarque le cat ouroussette, le pal ou milandre, l’émissole, lemarteau, l’aguillat ou chien de mer, l’ange,le requin, le cephaloptera massena etgiorna, le porc marin etc.. On y trouveencore le diable de mer, lou pouorc, la

2 Fodéré, Voyage aux Alpes-Maritimes, Paris, 18213 Burnel, Etude sur Nice, Nice, 1856

lune, le cheval marin trompette, le chevalmarin, la becasse, la myre, la fiatola, ledragoneau, le raspecon, l’aragna, lecapelan, le gade bleu-nioïde, la moustela.Divers labres de roches, le souvereo, leremore, le pompile, le rason, la galineta, leroucau, le tourdou, la girela, le couteau, lasargue, le hurat, le pagel, le pagre, la blada,la buga, la saupa, le mormir, et le dente,l’orphe, la castagnole, le serran, l’ombrine,le sanglier, le fletan, gymnetres etlepidolepres ». Des espèces devenues rarescomme la langouste étaient pêchées engrande quantité. La pêche aux alevins desardine ou poutine était pratiquée à grandeéchelle sur les rivages niçois, antibois etligures. Particulièrement ingénieux, lesengins et les techniques de pêche étaientbien adaptés à la capture de toutes lesespèces présentes dans les biotopes duplateau sous-marin, rocheux, sableux ouvaseux, principalement jusqu’à unevingtaine de mètres de profondeur. Lesfilets pouvaient être fixes, dérivants etflottants ou traînants. Une mentionparticulière doit être accordée aux sennesde plage, très utilisées notamment pour lapêche à la poutine. Faites de fines mailles,les sennes étaient immergées à proximitéde la plage, puis halées à terre par deshommes qui s’attelaient à des cordages quiprolongeaient les ailes des filets. Pour lespoissons de fond, on utilisait nasses,harpons et lignes, jusqu’à de grandesprofondeurs avec la palangre, ligne garnied’hameçons. La pêche au corail étaitégalement pratiquée depuis le Moyen Âge.En 1560, les consuls de Cannesrevendiquaient le droit de pêcher le corailcar « de toute ancienneté et tempsimmémorial sont esté en liberté et usage decorailhar et pescher de corail par les mersde Cannes et autres voisines où la plupartdes pauvres gens y ont gagné une partie deleur vie »4. La permanence de cette pêcheest attestée au milieu du XIXe siècle : « Labaie de Nice et celle de Villefrancherenferment des bancs de corail situés àquelques mètres du rivage. Tous les ans

4 ADAM 3 E 18/11

Page 32: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

vers le mois de mars, des pêcheursespagnols de la côte de Catalogne seprésentent dans les eaux de Nice sur despetits chalands supportant bien la mer, etdurant un mois à peu près, ils se livrentavec une grande discrétion à la pêche decorail ». Les thons étaient piégés dans desmadragues, vaste espace ceint de filets quel’on refermait dès que les poissons yétaient entrés. Il en existait une à Saint-Jean-Cap-Ferrat, en activité jusque vers1850. Dès le début du XIXe siècle, certainsauteurs firent état d’une diminution desquantités de poissons pêchés mais lessources sont lacunaires et contradictoires.L’appauvrissement supposé des fondssous-marins était imputé à plusieursfacteurs et principalement aux méthodes depêche. Plus que la pêche au filet traînant,peu pratiquée en raison des fonds rocheux,c’était la pêche à la poutine qui était déjàconsidérée comme la plus destructrice carprélevant les alevins avant leurdéveloppement. En 1802, le commissairede la marine regrettait que « les pêcheursde ces parages ne voyant que leur intérêtdu moment sans consulter les funestessuites d’une avidité mal entendue dont ilssont dupes les premiers se livrent sansréserve à une pêche destructrice du poissonet en enlèvent impitoyablement le frai5 ».Fodéré notait également en 1803 : « lapêche est devenue presque nulle par lagrande multitude des pêcheurs et par lesmoyens destructeurs de toute nature quiont été employés dans des mers déjà peupoissonneuses ». En 1862, Roux faisait lemême constat : « La diminution du nombrede poissons est un fait malheureusementconstaté ; les passages réguliers desscombérioïdes, etc., des anchois et de lasardine à son double passage sontmaintenant d’une irrégularité et d’unepauvreté effrayante : des poissonspélagiens qu’on rencontrait trèsfréquemment sur le marché, en été, ontdisparu ou ne se voyent que très

5 ADAM CE M 347

accidentellement »6. Le rôle des filets àpetites mailles dans la raréfaction dupoisson était évident pour lesfonctionnaires français ayant pris en chargel’administration de la pêche après 1860. Enrépondant à une enquête de la commissionde repeuplement des eaux, le commissairede l’Inscription maritime à Nice ne voyait,comme mesure susceptible de remédier audépeuplement de la mer, quel’augmentation de la taille des mailles à unminimum de 20 mm²7. Or, au moment del’annexion, les pêcheurs des ports ducomté de Nice avaient pu bénéficier detolérances leur permettant de conserverleurs engins de pêche, échappant auxprescriptions du décret du 19 novembre1859. En dépit de la pression de l’opinionpublique et de la plus grande partie desscientifiques, l’administration ne putimposer pendant plusieurs dizainesd’années le renouvellement de l’outillagedes pêcheurs, repoussant au 1er janvier1923 l’interdiction des filets nonréglementaires. Jusqu'au milieu du XXe

siècle, les prises restèrent significatives.Mais à partir des années 1960, les effets dela pollution et les techniques de pêcheindustrielle commencèrent à portersérieusement atteinte à la ressource enpoisson, amenant certains professionnels às’orienter vers la pisciculture marine.Plusieurs fermes aquacoles s’implantèrent,d’abord à Théoule en 1986 puis à Canneset à Cagnes-sur-Mer. En 2007, huitexploitations produisaient près de 1000tonnes de loups et de daurades. Au débutdes années 1970, la dégradation massive dela faune et de la flore marine, constatée parles pêcheurs et les scientifiques azuréens,s’était accentuée. L’opinion publique,restée insensible aux problèmes de lapollution en raison des nécessités de lareconstruction du pays, fut alertée par lesscientifiques progressivement relayés parles pouvoirs publics. En mars 1973, unecentaine de spécialistes français et italiens

6 Roux (Joseph), Statistique des Alpes-Maritimes,18627 ADAM 7 M 1029

Page 33: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

réunis sur la Riviéra italienne faisaient leconstat que la Méditerranée était devenue« une énorme poubelle ». En octobre 1974la commission d’enquête parlementaire surla pollution du littoral méditerranéendéplorait « l’altération générale du milieumarin ». L’attention était attirée surlespollutions industrielles affectant leszones entre Gênes et Savone, entreMarseille et Fos, la haute mer au nord de laCorse polluée par les « boues rouges »déversées par la société italienneMontedison à raison de 3 000 tonnes parjour. Pourtant dans les Alpes-Maritimes, lapollution industrielle était pratiquementnulle. Le rôle des fleuves, ailleurs facteurhabituel de pollution, n’était pas non plusen cause dans le département. Jusqu’à lafin du XIXe siècle, les pollutions des coursd’eau n’étaient pas rares mais cependantlimitées en importance par la nature desrejets provenant de petites industries,d’abattoirs ou, le plus souvent, de moulinsà huile. Leurs effluents ne semblaient pasnuire sérieusement à la faune commel’indique un rapport des Eaux-et-Forêts en1907 pour la Cagne : « des renseignementsrecueillis auprès de propriétaires riverainsde la Cagne et des pêcheurs, il résulte queles déversements des résidus des olivesprovenant des usines précitées ne sontaucunement nuisibles aux poissons existant

dans ce cours d’eau. Les espècesprincipales qui les peuplent telles quel’anguille, le barbeau et le meunier neparaissent pas incommodés de la souilluredes eaux, même au moment de la grandeactivité des usines, c’est-à-dire de finnovembre à fin juillet. Aucun de cespoissons n’a jamais été trouvé mort à lasurface de l’eau durant cette période »8.Les premières pollutions industriellesfurent contemporaines de l’installation del’usine d’électro-chimie de Baou Rous surle Var (août 1904) et de l’usine detraitement du minerai de Saint-Dalmas-de-Tende rejetant dans la Roya, comme lementionne un rapport de gendarmerie :

8 ADAM 7 M 1027

« Le 15 mai 1924, vers midi, les eaux decette rivière pénétrant en France revêtirentune couleur terre de sienne et 3 heures plustard, la Roya commença à rejeter despoissons morts sur les rives. Pendant lajournée du lendemain les eaux charrièrentdes truites empoisonnées de toutesgrosseurs ». L’essentiel de la pollutionindustrielle se concentrait sur la régiongrassoise où les parfumeries et les égoutsde Grasse rejetaient dans la Mourachonne,affluent de la Siagne. Les archives netémoignent pas d’une grande sévérité àl’égard des pollueurs. Pourtantl’administration s’était dotée d’unelégislation et d’une réglementationpermettant de lutter contre la pollution : loidu 15 avril 1829 réprimant le rejet par lesindustriels « des drogues de nature àenivrer le poisson ou à le détruire », décretdu 5 septembre 1897, loi du 19 décembre1917 relative aux établissementsdangereux, insalubres ou incommodes,règlement d’administration publique du 24décembre 1919 listant les établissementspouvant altérer les eaux. La prise deconscience des pouvoirs publics intervintaprès la guerre de 1914-1918, alors quel’industrialisation qu’avait connue laFrance depuis 50 ans provoquait desravages écologiques et la colère desfédérations de pêcheurs. Plus tard, dans lesannées 1950, l’intérêt général fut avancépar les sociétés de pêche pour lutter contreles pollueurs. La fédération départementaledes sociétés de pêche et de pisciculture desAlpes-Maritimes se saisit du dossier de laMourachonne soulignant l’importance dela pollution et sa nocivité pour la santéhumaine, les eaux polluées irriguant descressonnières en aval du cours d’eau, etappelant l’autorité administrative à fairerespecter la loi sur les établissementsdangereux, insalubres ou incommodes :« les constations faites […] permettent decroire en effet que les conditions danslesquelles s’effectuent les déversementsindustriels ou d’égouts de la ville deGrasse ne mettent pas en cause les seulsintérêts piscicoles mais également, et à un

Page 34: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

haut degré, ceux de l’hygiène générale etde la salubrité publique, des culturesvivrières, de l’urbanisme et, dans unecertaine mesure peut-être, celui dutourisme. » Dans le troisième tiers du XXe

siècle, les études engagées pour luttercontre la pollution permirent d’identifier lanature et l’origine des perturbations desmilieux aquatiques. Les extractions degranulats ont des conséquences néfastessur les milieux naturels aquatiques et plusparticulièrement lorsque les travauxaffectent le bras vif. Elles provoquent desatteintes physiques et chimiques durablessur plusieurs kilomètres en aval : pollutionmécanique de l’eau par des débris solides(sables, graviers) augmentant la turbiditéde l’eau, abaissement du niveau des eaux,destruction du biotope et des biocénoses(faune et flore aquatiques et rivulaires),colmatage des zones de frayères,déstabilisation des berges, érosion. Le Var,la Tinée et la Vésubie sont affectés par cetype d’exploitation depuis des décennies ;leurs potentialités piscicoles s’en trouventnettement amoindries. Sur le Var, 8carrières étaient en exploitation en 1989,provoquant l’abaissement du lit du fleuvede plusieurs mètres au fil des ans. Lestravaux dans le lit des cours d’eau(curages, recalibrages, construction deroutes) aboutissent souvent à desdégradations très importantes de la qualitépiscicole du milieu du même type quecelles causées par les prélèvements degranulats. Le Paillon, à hauteur de Contes,le Var, font régulièrement l’objet detravaux de ce genre pour lutter dans leurscours inférieurs contre les crues. Lesaménagements hydro-électriques ontégalement un impact négatif même s’ils negénèrent pas à proprement parler depollution. Dans les Alpes-Maritimes, aprèsl’échec des minicentrales des seuils duVar, il s’agit principalement d’usineshydroélectriques de haute chute danslesquelles la liaison entre le barrage dedérivation et la centrale se fait à partird’une conduite forcée ou d’un canal court-circuitant un tronçon de rivière où ne

s’écoule qu’un débit de faible importance,dit réservé. Ce dernier est souventinsuffisant pour le maintien du peuplementpiscicole car il équivaut à des conditionsartificielles et permanentes d’étiage sévèrequi, au lieu d’être limitées à quelquessemaines en situation naturelle de débit, seprolongent toute l’année. Ce typed’aménagement est excessivement répandudans le département ; en effet, aux ancienséquipements EDF se sont ajoutées denombreuses microcentrales privées qui ontlargement contribué à amoindrir lespotentialités piscicoles des cours d’eau lesplus intéressants de ce point de vue : laRoya (court-circuitée à 37 %, ses affluentsà 41 %), la Vésubie (à 70 %, ses affluents à64 %), la Tinée (à 57 %, ses affluents à 41%), la Siagne (à 50 %), le Var (à 13 %).Les barrages édifiés aux fins de productiond’électricité mais aussi pour l’irrigationconstituent une barrière biologique faisantobstacle à la remontée des poissonsmigrateurs et plus particulièrement destruites Fario dans l’impossibilité de sereproduire. La plupart des prises d’eau detype dérivation (canaux d’irrigation)constituent un piège pour les poissons quiy sont entraînés. Mentionnons encore laperturbation liée au fonctionnement desusines par éclusées : l’eau est stockéetemporairement dans le plan d’eau créé parle barrage de retenue puis turbinée auxheures de forte consommation électrique.Des bassins de régulation ont été placés enaval des usines EDF pour limiter lesvariations de débit Les prélèvements d’eauen rivière pour l’alimentation des villesaggravent les contraintes pour les milieux(canaux de la Vésubie, du Loup, de laSiagne) en accentuant les étiages et endiminuant la capacité auto-épurative ducours d’eau où les rejets polluants sont plusagressifs. Enfin, les crues violentespeuvent avoir un effet destructeur enbalayant les habitats aquatiques et lespoissons. Bien plus graves sont lesaltérations dues aux matières organiquesprovenant des égouts domestiques. Ellesentraînent des fermentations

Page 35: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

consommatrices d’oxygène provoquant lamortalité du poisson. Une partie desmatières organiques se dépose sous formede boues renfermant des micro-organismeset est remise en suspension à la suited’orages. Les trois groupes principaux decomposés organiques se retrouvent dansles eaux usées domestiques. Enanaérobiose, les protéines sont le siège defermentations acides aboutissant à desproduits malodorants ainsi que defermentations méthaniques inodores. Leslipides se trouvant sous forme d’huiles,graisses, savons, se décomposent endonnant des acides gras à odeursdésagréables. Les glucides, rejetés par lesparfumeries, produisent gaz carbonique etméthane. Les huiles paraffiniquesprovenant des automobiles ainsi que desdétergents forment à la surface de l’eau despellicules colorées qui empêchent saréoxygénation. Les goudrons contiennentdes doses élevées de produits phénoliquesréputés cancérigènes. D’autres substancesorganiques d’origine industrielle sonttoxiques pour le poisson, même à faibledose. La pollution par les pesticides estlimitée dans les Alpes-Maritimes en raisonde la faible place de l’agriculture.Toutefois elle peut être redoutable lorsquese produit un rejet direct dans le coursd’eau comme ce fut le cas pour le Var enavril 1988 lorsque le déversement d’unpesticide organo-phosphoré servant autraitement des arbres fruitiers à la hauteurde Carros empoisonna l’eau du fleuve etprovoqua la mort de la totalité de la fauneaquatique en aval. Le rejet de substances minéralesd’origine industrielle est faible dans ledépartement. Par contre les eaux uséescontiennent, même après traitement, descomposés azotés et du phosphore qui sontabsorbés par les plantes aquatiques dont laproduction s’accroît fortement. Certainesespèces d’algues, comme les cyanophycées(algues bleues) prolifèrent de façonexplosive au point de compromettrel’utilisation de l’eau et secrètent dessubstances malodorantes mortelles pour le

poisson et nocives pour les animauxdomestiques et les enfants. Ladécomposition de ces algues qui ont unedurée de vie courte, entraîne une deuxièmephase de pollution, organique,l’eutrophisation, accentuée dans les coursd’eau lents.Le pouvoir auto-épurateur des cours d’eauest lié à la dilution qui diminue laconcentration en substances nocives, laréoxygénation à partir de l’air, l’absorptionpar la végétation et la faune de certainsproduits, la fixation de divers élémentsdans les boues du fond. Ce pouvoir auto-épurateur est donc plus important dans lesrivières de montagne et dans les rivièreslarges et peu profondes. En plaine, où lessources de pollution sont plus nombreuseset plus graves, ce processus est plusdifficile à obtenir pour les fleuves côtiersdes Alpes-Maritimes à régime pluvialméditerranéen car le courant est faible et ladilution réduite au moment des étiagesestivaux sévères. Certains produitschimiques renfermant des métaux lourdsne sont pas biodégradables. Ainsi, lessubstances polluantes sont, dans bien descas, véhiculées jusqu’à la mer.

Les eaux souterraines sont aussivulnérables que les eaux de surface. C’estle cas des nappes alluviales profondesdépourvues de couverture limoneusefiltrante mais surtout des formationskarstiques, si essentielles pourl’alimentation des Alpes-Maritimes, quireçoivent directement les pollutionsrépandues à même le sol rocheux ourejetées dans des rivières dont une partiedu débit disparaît en profondeur pendantles basses eaux estivales. L’exemple de lapollution de la source du Lauron, situéedans la vallée du Loup, est caractéristique9.Jusqu’à la mise en service du réseaud’assainissement de la commune deTourrettes-sur-Loup en 1956, son eaun’avait pas cessé d’être potable, depuisl’origine de l’exploitation en 1877. A partirde 1956, les analyses révélèrent unepollution pratiquement constante et

9 ADAM 222 W 97

Page 36: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

massive des eaux brutes puisque le nombredes Escherichia coli pouvait s’éleverjusqu’à 10 000 par litre. La perturbationétait due au rejet, dans le vallon du Cassandominant la source, des eaux usées de lacommune. A la fin du XXe siècle, laqualité des eaux superficielles des Alpes-Maritimes présentait un bilan positif,malgré l’urbanisation du littoral, lesstations de sport d’hiver, les rejetssauvages et l’empiètement sur les lits descours d’eau d’aménagements routiers. Laqualité hydrobiologique des cours d’eau,appréciée par la sensibilité des invertébrésà la pollution, était très bonne pour lescours d’eau de montagne, même siglobalement, pour des raisons naturelles(régime torrentiel, habitat peu diversifié),leur richesse taxinomique était faible. Lepoint noir restait la qualité bactériologiquemesurée sur l’aptitude à la baignade. Eneffet, les rejets bruts d’eaux usées ou enprovenance de stations d’épuration peuperformantes rendaient certains tronçonsimpropres à l’usage pour les loisirsnautiques en aval des villages sur le Var, laVésubie, la Tinée et l’Estéron.Le rôle des fleuves du département dans lapollution marine restait marginal : peu degrands centres urbains en dehors de la côte,pas d’industrie polluante et une qualité deseaux satisfaisante même si leur faune etleur flore avaient été singulièrement misesà mal par les aménagements de ladeuxième moitié du XXe siècle. Lestravaux de recherche menés par lesscientifiques niçois sous la direction duprofesseur Alexandre Meinesz depuis1970, ont permis d’identifier les raisons dela dégradation des écosystèmes littorauxdes Alpes-Maritimes. Les rejets directs enmer des eaux usées des grandesagglomérations étaient une cause majeurede pollution d’autant plus que les stationsd’épuration n’entrèrent progressivement enfonctionnement qu’à partir des années1980. La plupart des communes avaient (etont encore pour certaines) recours au rejetdirect en mer par un émissaire courtimmergé à faible profondeur et la région

souffrait d’un retard d’équipement parrapport à la moyenne des régionsfrançaises10. La situation était aggravée parl’augmentation de la population estivale.Ainsi la pollution sur le littoral niçois étaittrès importante au début des années 1970.Les eaux des émissaires de Niceentretenaient une pollution bactérienneélevée au niveau des plages et sur leplateau sous-marin de l’aéroport (onpouvait y trouver jusqu’à 200 000coliformes/100 ml d’eau) avec desclostridies, des gangrènes, desstaphylocoques pathogènes, etc. Une autre étude réalisée en 1973 en vue dela création d’une réserve marine montraitl’ampleur de la pollution et la dégradationdes herbiers de posidonies dans le Golfe-Juan, à des profondeurs oscillant entre 25et 45 m de profondeur : « La biocénose del’herbier à Posidonies n’apparaît que dansles fonds inférieurs à 30 m. Cetteformation semble manifestement en coursde régression, les plants étant dispersés etpeu vigoureux. La présence de rhizomesmorts de cette phanérogame, sous lacouche superficielle de sédiment, à pu êtreobservée jusqu’à des profondeurs del’ordre de 40 m. Ces observationsconfirment que dans ce secteur, commed’ailleurs dans la plupart des fonds infra-littoraux de la Côte d’Azur, l’herbier àPosidonies est en voie de régression ce quise traduit pas une remontée de sa limiteinférieure d’extension vers des profondeurscomprises entre 30 et 40 m. Les fonds de laréserve sont uniformément recouverts parun tapis d’origine végétale dont l’élémentde base est une Rhodophycée. Dans lesentrelacs de cette algue rouge sont retenusde grandes quantités de débris organiqueset minéraux. Ce tapis, épais de 5 à 10 cm,étouffe littéralement les fonds enempêchant les échanges d’oxygène àl’interface eau-sédiment. Il est d’ailleursremarquable de constater l’absencepresque totale d’invertébrés tant sessilesque vagiles sur le fond, à l’exception de

10 ADAM 312 W 223, Etude de la zone marine ausud de l’aéroport réalisée par le CERBOM, 1975

Page 37: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

quelques holothuries, de pagures et derares Pinna. Cette formation, appeléemouffe rouge par les pêcheurs s’estdéveloppée, aux dires de ces derniers, à lasuite de la mise en service de l’exutoire deségouts de Golfe-Juan et des localitésenvironnantes qui débouche sur le fond àpeu de distance de l’angle sud-est de laréserve »11. Aujourd’hui encore, en dépit desaméliorations apportées par les stationsd’épuration, la zone marine littorale n’estpas à l’abri de pollutions dues à plusieurscauses ponctuelles : branchementssauvages de rejets sur le réseau d’eaupluvial, lessivage des vallons pollués etdébordement du réseau d’eaux usées en casde fortes pluies, rupture de canalisation,panne de poste de pompage, vidangeabusive de stations d’épuration, rejetsd’eaux usées par les bateaux de plaisance,dégazage de navires en mer, macro-déchetstransportés depuis l’Italie par le courantligure. En outre, la région fut menacée àplusieurs reprises par des pollutions degrande ampleur. D’abord en octobre 1960le projet d’immersion en haute mer dedéchets radioactifs en provenance ducentre de Marcoule à l’initiative ducommissariat à l’ Energie Atomique. Legouvernement dut reculer devant la vaguede protestations des élus et des populationsdes Alpes-Maritimes, du Var et de laCorse, première véritable manifestationécologique de notre histoire. Les dix fûtsqui devaient être chargés sur un mouilleurde mines de la Marine nationale à Antibesfurent rapatriés sur ordre du préfet. Laseconde menace vînt du pétrolier Havennaufragé devant Gênes en 1991 avec 144000 tonnes de pétrole brut. Plusieursnappes En outre, la région fut menacée àplusieurs reprises par des pollutions degrande ampleur. D’abord en octobre 1960le projet d’immersion en haute mer de

11 ADAM 447 W 15, Etude en vue de la créationd’une réserve marine à Golfe-Juan réalisée par leComité local des pêches des Alpes-Maritimes etl’Institut scientifique des pêches maritimes

déchets radioactifs en provenance ducentre de Marcoule à l’initiative ducommissariat à l’ Energie Atomique. Legouvernement dut reculer devant la vaguede protestations des élus et des populationsdes Alpes-Maritimes, du Var et de laCorse, première véritable manifestationécologique de notre histoire. Les dix fûtsqui devaient être chargés sur un mouilleurde mines de la Marine nationale à Antibesfurent rapatriés sur ordre du préfet. Laseconde menace vînt du pétrolier Havennaufragé devant Gênes en 1991 avec 144000 tonnes de pétrole brut. Plusieursnappes

D’autres atteintes au milieu prirent uncaractère irréversible. Dans les années1960, sous la pression touristique, lesempiètements se multiplièrent sur la partiemarine du littoral, ports de plaisance,aéroport de Nice, plages alvéolaires, terre-pleins ou remblais pour l’urbanisation.Tous furent réalisés sur des fonds de moinsde 20 m. L’exemple de l’extension del’aéroport de Nice est significatif parl’ampleur des dégâts. Le projet a eu pourconséquence la quasi-destruction duplateau sous-marin de l’embouchure du

CAMPAGNE POUR LA PROPRETE DES PLAGES

Page 38: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

Var (d’une superficie d’environ 360hectares pour les fonds inférieurs à 20 m).Cette zone servait à la reproduction durouget de vase, espèce commercialementtrès intéressante, comme le montre uneétude de l’Institut des Pêches maritimesréalisée en 1976 : « La reproduction a lieude mai à juillet, sur des fonds comprisentre 80 et 150 m. Les larves se dirigentvers la côte et les jeunes se retrouvent enseptembre-octobre sur de faibles fonds (0-20 m). La distribution en profondeurs’effectue à partir d’octobre-novembre. Lesdonnées montrent que, malgré une saisondéfavorable le plateau du Var abrite uneforte proportion de rougets et laisse prévoirune augmentation de la biomasse auprintemps-été, confirmant ainsi lesindications des pêcheurs. […] Il sembleque la partie du plateau appelée à êtrecomblée constitue le seul biotope favorableau développement des jeunes immatures,particulièrement chez le rouget. Ladisparition à 75 % du plateau limité par lesisobathes 0 et 20 m supprimera le seulsecteur de la région niçoise favorable aucycle biologique complet de Mullusbarbatus ». Les Alpes-Maritimes etMonaco furent particulièrement touchéspar le phénomène des aménagementslittoraux qui y occupaient, à la fin du XXe

siècle, 20 % des fonds de 0 à 10 m, 12 %des fonds de 0 à 20 m et 24 % du linéairecôtier (contre respectivement 15, 10 et 16% pour l’ensemble de la région ProvenceAlpes Côte d’Azur). On recense pour lemême littoral 25 ports, 22 ports-abris, 31terre-pleins, 14 plages alvéolaires, 51 épis,23 appontements représentant au total unesurface gagnée sur la mer de 615,84 hadont 391,39 ha comblée et 224,46 ha deplans d’eau. L’artificialisation du littoraldes Alpes-Maritimes atteint ainsi le niveau,considérable, de 27,38 %12. Les ports de

12 Meinesz (A.), Javel (F.), Longepierre (S.),Vaugelas (J.), Garcia (D.), Inventaire et impact desaménagements gagnés sur le domaine marin –côtes méditérranéennes françaises, laboratoireEnvironnement marin, université de Nice,www.medam.org

plaisance furent les principauxresponsables de ce phénomène. Le premierfut construit à Cannes en 1965 (port Canto)suivi par plusieurs réalisations importantescomme le port de Menton-Garavan en1967, celui d’Antibes-Vauban en 1970puis les années suivantes Port Marina àVilleneuve-Loubet, Saint-Laurent-du-Varet Golfe-Juan. Sous ces aménagements leshabitats marins furent détruits de façonirréversible, en particulier les herbiers deposidonies dont l’existence est siimportante en Méditerranée. En outre, lesouvrages construits avaient d’importantseffets perturbateurs : modification descourants, pollution émanant des bateauxséjournant dans les plans d’eau, dragage etdestruction des herbiers de posidonies parles ancres. Pourtant, l’impact de lamodification des côtes et des fonds sur lemilieu était déjà connu depuis la fin duXIXe siècle, à la suite de l’agrandissementdu port de Marseille : « Depuis laconstruction de la grande jetée, les eaux dularge ne pénètrent plus que par la passe ducap Pinède et les fonds sont bien moinsaérés. Les posidonies et les algues ont étépeu à peu recouvertes par la vase résultantdes impuretés du port et il ne persiste plusmaintenant que des rhizomes à demidécomposés et enfouis dans une glaisenoirâtre gluante »13. En 1953, à la veilledes grands travaux côtiers, le docteurRomanowsky mettait en garde les pouvoirspublics contre toute modification dulittoral : « Des bourdes monumentales ontété commises par nos aïeux, lorsqu’ilsconçurent routes et voies ferrées, le longdu littoral. Elles sont du même ordre quecelles des constructeurs de ports. Dans uncas comme dans l’autre, l’homme ne peuts’enorgueillir de pouvoir modifier les loisde la nature impunément. Qu’est-ce qu’unerive ? C’est une sorte de modusvivendi conclu entre la mer et la terre. Unezone d’équilibre que l’on ne peut pasmodifier sans conséquences graves. Danscette zone, lorsqu’il s’agit d’une plage,

13 Gourret (Paul), Provence des pêcheurs, lespêcheurs et les poissons de la Méditerranée, 1894

Page 39: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

naturellement la partie émergée, donc au-dessus du niveau des plus hautes mers, estbalayée par les vagues de tempête. Ellejoue son rôle. Si on construit un obstaclesur cette partie, les vagues de tempêteviendront le battre et affouilleront sa base,d’où résultera la disparition de la plage.C’est une définition grossière, car il faut envérité considérer chaque cas particulier.Comme exemples, je citerai la routeconstruite entre 1936 et 1938 entre Cros-de-Cagnes et le Var : à cette époque, lebord de la route était à trente mètres del’eau. Actuellement la chaussée est rongée.A Nice, la plage était de plus de 20 m entreMéditerranée et Negresco en 1930-31. Elleest actuellement réduite à zéro par endroits,ce qui entraîne des travaux coûteux pouréviter l’affouillement de l’ouvragelongitudinal et essayer de ramener un peude galets sur la plage. La route du bord demer entre Juan-les-Pins et Golfe-Juan étaità plus de 30 m du bord de l’eau, devantune plage de sable. Actuellement, cetteplage est réduite presque à zéro parendroit. Elle engraissera de nouveau si l’onrecule la route et la voie ferrée, commecela est projeté »14. Les pollutionsbiologiques, par introductionsaccidentelles, ne sont pas moins graves.Virus, bactéries, plancton, larvesd’invertébrés, algues circulent dans lesballasts des pétroliers, sur les coques desbateaux ou sont rejetés par les aquariums.La Méditerranée est l’une des régions dumonde où le pourcentage d’espècesintroduites par rapport aux espècesindigènes est le plus élevé. L’exemple leplus caractéristique est celui de laCaulerpa taxifolia plus robuste enMéditerranée qu’en milieu tropical, dontelle est originaire. Cette algue apparue à lasuite d’un déversement accidentel àMonaco, a commencé à proliférer en 1990et est en passe de conquérir la totalité del’étage infralittoral tout en entraînant unappauvrissement de la faune et de la flore.Elle s’attaque en particulier aux herbiers deposidonie et aux algues sur roche, qu’elle

14 L’Espoir, 3 avril 1953

dévaste à 90 % entre 0 et 25 m deprofondeur, détruisant et remplaçantl’ancien écosystème. La lutte contre toutesces formes de pollution nécessitait unecoopération internationale. A l’automne1970, le Prince Rainier III de Monacoproposa à la France et à l’Italie la créationd’une zone pilote de lutte contre lespollutions marines. L’initiative futaccueillie favorablement et le projet prit lenom de RAMOGE issu des premièressyllabes des trois villes situées auxextrémités et au centre de la zone retenue :Saint-Raphaël, Monaco et Gênes. Depuis,ces limites ont été étendues aux villes deMarseille et La Spezia. Un rapport surl’état du littoral fut d’abord établi. Unaccord tripartite entre la France, l’Italie etMonaco établit en 1976 les principes d’unecoopération étroite en vue de lutter contreles diverses formes de pollution marine

constatées dans la zone à protéger et unplan d’intervention contre les pollutionsaccidentelles, dénommé RAMOGEPOL,fut créé en 1993. La protection du milieumarin passe aussi par la loi, même si laplupart des textes législatifs ne furent passuivis d’effets. Face à la croissance ennombre et en importance des rejetsindustriels et urbains, des ports, des plagesartificielles et à l’utilisation de plus en pluspoussée de la mer, les pouvoirs publics sedotèrent à partir de 1964 d’une panoplie detextes législatifs, particulièrement précis,destinés à réglementer l’utilisation dudomaine public maritime, de la mer et deles protéger de toutes les atteintes résultant

ETUDE DES HERBIERS DEPOSIDONIES A CANNES

Page 40: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

de la société de consommation. La loi du16 décembre 1964 interdisait tout rejetdans l’eau de mer susceptible de porteratteinte à la faune et à la flore sous-marine.Celle du 15 juillet 1975 obligeait lesproducteurs de déchets ayant des effetsnocifs sur le sol, la flore, la faune, l’air oul’eau à en assurer l’élimination dans desconditions réglementaires de nature àéviter les nuisances. La loi du 10 juillet1976 relative à la protection de la natureconstitua une charte instituant désormaisune réglementation pour protéger la faune,la flore et les animaux sur le territoirenational, y compris sur le domaine publicmaritime et dans les eaux territoriales. Lacirculaire du ministère de la Santé du 10juin 1976, relative à l’assainissement desagglomérations et à la protection sanitairedes milieux récepteurs constitue unevéritable charte de l’épuration, dutraitement et de l’évacuation des effluentsurbains. Un effet bénéfique de cettelégislation fut la protection en France de laPosidonia oceanica. Par l’arrêté du 19juillet 1988 relatif à la liste des espècesvégétales marines protégées, « il estinterdit de détruire, de colporter, de vendreou d’acheter et d’utiliser tout ou partie » dela plante. Aucun aménagement littoralimpliquant la destruction d’un herbier àposidonies n’a plus été réalisé depuis 1988.Des systèmes de surveillance ont étéégalement mis en place dans la régioncomme le réseau « Posidonies » qui suitl’évolution de ces herbiers. Les relevésfaits entre 1991 et 1993 ont permis de faireles observations suivantes : un quart des 24sites étudiés présentaient des régressionsplus ou moins importantes, un quart dessites des signes de progression de l’herbier,tandis que les autres paraissaient stables.Des tentatives de réimplantation on étémenées, notamment à Golfe-Juan, mais ontparfois servi d’alibis à de nouvellesdestructions, comme mesurecompensatoire dans le cadre de projets deconstruction ou d’agrandissement de portsde plaisance. La création de réserves sous-marines fut également proposée dès le

milieu des années 1970, au Larvotto àMonaco, à Beaulieu-sur-Mer, àRoquebrune-Cap-Martin et à Golfe-Juanoù l’opération fut conduite par unorganisme créé dans les Alpes-Maritimespar l’Etat, la Cellule d’Intervention contrela Pollution dans les Alpes-Maritimes.L’expérience considérée à l’époquecomme unique en Europe, avait pourobjectifs la connaissance, la sauvegarde etla reconquête des fonds littoraux dudépartement comprenant notamment lacartographie des herbiers de posidonies etdes expériences de bouturage. La réservemarine de Golfe-Juan mise en place avecl’aide de la Prud’homie des pêcheurs,couvrait une superficie de 50 ha dans lesud-ouest du port. Son objectif principalétait de constituer un sanctuaire interdit àtoute activité de pêche où la faune marinepourrait se développer en toute quiétude. Ily fut implanté en 1979 une série de récifsartificiels constitués par des pneumatiquesusagés assemblés devant favoriser lerepeuplement. Depuis, un nouvel outil degestion des zones côtières a été utilisé, les« aires marines protégées » ayant pour butla protection du patrimoine biologique etécologique. En région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, il n’en existe que deuxvéritables : le Parc national de Port-Cros etle Parc régional marin de la Côte bleue,mais quatre autres peuvent y êtreassimilées : La Ciotat, Golfe-Juan,Beaulieu-sur-Mer et Roquebrune-Cap-Martin. La Principauté de Monaco abriteen outre la réserve sous-marine duLarvotto destinée à la conservation d’unherbier de posidonies, et la réserve à corailrouge, à proximité de la jetée Nord du portde Monaco. En raison de l’importance desactivités humaines sur le littoral, il n’a pasété possible d’envisager des parcs couvrantde vastes surfaces et leur rôle est par la-même limité. D’autres secteurs sont inclusdans les ZNIEFF (zones naturellesd’intérêt écologique, floristique etfaunistique) ou des propositions au titre deNatura 2000 : l’archipel de Lérins àCannes (herbier, coralligène et grottes,

Page 41: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

prairie de Cymodocée) et l’anse duCrouton à Antibes (très rares alguesPenicillus capitatus et Caulerpa Ollivieri).

A la fin du XXe siècle, le bilan desatteintes à l’environnement marin desAlpes-Maritimes montrait que l’impact despollutions domestiques avaitprogressivement été réduit ou stabilisé parla mise en place de stations d’épurationrelativement efficaces. Les réseaux desurveillance, notamment le réseauPosidonie, ont mis en évidence, enplusieurs endroits, de nettes améliorationsdu milieu. Néanmoins le danger pour lesécosystèmes vient aujourd’hui desaménagements littoraux et des invasionsbiologiques qui modifientirrémédiablement les milieuxd’implantation et de développement desespèces. Le préjudice est peu notable pourles espèces pélagiques mais peut conduireà l’éradication des espèces benthiques,c’est-à-dire celles vivant sur les fonds, et àune disparition des écosystèmes littorauxdans les Alpes-Maritimes.

Les modes de pêche menacent laressource

L’art de la pêche est si ancien surce rivage qu’on en rattache la connaissanceaux premières notions historiquesconfondues avec les tems fabuleux, laposition géographique de cette côte, sesdiverses profondeurs, la qualité de son sol,la température de ses eaux et toutes lesautres qualités physiques ont, dès les âgesles plus anciens, permis de mettre enpratique diverses sortes de filets, de piègeset de nasses pour se procurer la plus grandequantité de poisson possible, nonseulement pour les besoins locaux, maisaussi pour en fournir à la consommationdes habitants de l’intérieur des terres.

Deux sortes de pêches sont usitéesà Nice, les unes sont mobiles, les autresstationnaires, dans la première il fautplacer la savega dont ont doit laconnaissance aux Phocéens Marseillais, labughièra, le saurin, le bresin, le gangui,

l’entremail, la mugilièra, la reclara, lepalangre, les différentes lignes, fixes,flottantes etc. Dans la seconde sont lesnasses, la thonnaire et la madrague.Chaque mois de l’année a ses pêches desaisons, et leurs produits qui jadis étaientconsidérables pour les pêcheurs et lescommerçants en poissons, sont devenustellement précaires qu’on a lieu d’êtreétonné qu’on n’est point cherché àconnaître quelles sont les causes qui nousprivent, depuis bon nombre d’années, deressources si précieuses, et quels seraientles moyens qu’on pourrait employer pourrestituer à ces pêches leur ancienneabondance. Des mesures locales de simplepolice devraient être prises, et exécutéessévèrement après toutefois uneconnaissance parfaite de la nature, desmœurs des poissons, qui ne s’approchentdu rivage que pour y déposer leur frai et seretirent ensuite avec leur progéniture dansla haute mer ; on éviterait de les confondreainsi avec ceux qui sont sédentaires etindigènes des plages méditerranéennes etdes poissons voyageurs qui ne fontqu’effectuer leur passage et leur retourannuel. Les filets traînants qui détruisentune si grande quantité de frai et tous lespetits poissons nouvellement éclos ainsique ceux de la plupart des êtres marinsindigènes devraient être impitoyablementprohibés sans oublier de joindre à laprohibition toutes les plantes acres etnarcotiques que l’avidité absurde emploiepour les prendre. La seule pêche de l’aphyeméridionale devrait être permise toutel’année à l’exception, néanmoins, des moisde mars, d’avril, de mai, époque à laquelleles femelles déposent leurs œufs dans lesendroits particuliers et à fond de sable.

On vend chaque jour à la halle despoissons mollusques, crustacés etc. à desprix qui varient, suivant leur qualité, leurgrosseur, leur abondance ou leur rareté :pendant l’hiver ils sont beaucoup pluschers que vers le milieu du printemps, et enété ; ceux qu’on envoie dans le Piémont,on les enveloppe dans du myrthe et on lesplace dans des paniers. Les moyens

Page 42: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

employés ici pour mariner les poissonssont l’huile et le sel, on n’a pas encoretrouvé d’autres méthodes pour pouvoir lesconserver pendant un long espace de tems.La pêche des anchois, des bogues, dessardines quand elle est bien productive estcelle qui répand l’aisance parmi leshabitants de cette plage. Celle du thon,palamide, caranx et de toute la famille desscombéroïdes ont la même irrégularitéannuelle dans leur passage que les poissonsci-dessus désignés.

La pêche fournit une classed’hommes intrépides qui est la pépinièredes bons marins. Elle favorise l’industrie.La confection des filets, la construction desbateaux, des barils, de la filature descordes, de l’huile, du sel etc. Elle donnelieu dans les bonnes années à un commerceavantageux aux personnes qui l’exercentavec intelligence et bonne foi. Cettebranche industrielle fournit chaque jouraussi une quantité plus ou moinsconsidérable de toutes sortes de poissons,parmi les meilleurs figurent lescastagnolles, les télescopes, la leiche, lesmerlans, les phycis, les merluches, lesvives, les pagres, les labres, les dorades, lesaphyes, les thons, les dentés, et lanombreuse famille des pleuronctes etc.Parmi les mollusques ; les poulpes, lescalmars, les sèches, ceux-ci quand ils sontjeunes sont préférés ainsi que les cantarelset autres hélicelles, aux spondiles,bucardes, muscles, les patelles, etlithodomes exceptées ; les crustacés qu’ontrouve presque journellement sur lemarché, sont les langoustes, les homards,les galathées, les portunes, les majas, lessquilles, diverses races de salicope et lenika dont le goût est excellent. Lesradiaires fournissent plusieurs racesd’oursins, d’actinies que certains amateurspréfèrent aux divers autres produits de lamer.

Des essaims d’animauxcoralligènes donnent un très-beau corail ;mais cette pêche n’est exercée que parquelques barques génoises qui viennent de

temps à autre enlever cette belleproduction ainsi que quelques éponges.

Risso, Guide du voyageur, 1844

- Le lac Noir, photo Claude Raybaud- La Gordolasque, photo Michel Graniou- Cascade dans la clue du Chaudan,photo Georges Véran- Le Var à Malaussène, photo J.F. Boué- La Vésubie au Suquet, photo J.F. Boué- L’Estéron à Roquestéron, photo J.F.Boué- La Siagne à La Napoule, photo J.F.Boué- La côte au Cap d’Antibes, photo J.F.Boué- Carte générale des cours d’eau et descanaux des Alpes-Maritimes au 1/125000 dressée par l’ingénieur en chef pourla statistique des cours d’eau nonnavigables, 7 décembre 1865, 7 S 152- Lettre informant le préfet des Alpes-Maritimes de l’empoisonnement destruites dans la Roya par les habitants,dépeuplant la rivière, 22 septembre1806, CEM 195- Lettre du maire de Breil annonçantl’interdiction de la pêche du 1er

novembre au 15 janvier pour préserverle poisson en période de frai, 8 décembre1809, CEM 195 -Carnet de tournées du garde pêche deSaint-Sauveur mentionnant des poissonsmorts à la suite d’une crue en septembre1890, 7 M 1027- Rapport de l’inspecteuradjoint des Eaux-et-Forêts sur ladestruction du poisson dans la Roya pardes déversements industriels, 30novembre 1928, 7 M 1029- Plainte de l’établissement piscicole« les truites de Valcluse » touché par lespollutions des décharges, 25 septembre1961, 28 W 127- « La truite méditerranéenne espèce envoie de disparition dans nos rivières »,article de Nice-Matin du 9 mai 2007

Page 43: L’EAU DOUCE ET LA MER DU MERCANTOUR À LA MÉDITERRANÉE

- Arrêté interdisant l’utilisation d’enginsde pêche destructeurs qui raréfient lepoisson à Nice le 28 juillet 1718, Nimazzo 12, n° 9- Registre des comptes de dépenses ducouvent de Saint-Augustin de Nice de1705 à 1734 mentionnant de nombreuxachats de poissons, girelle, poutine,langouste, morue, bogue, poulpe,anguille, baudroie, rascasse, sardine,H 1401- « Le jet de déchets radioactifs enMéditerranée est une folie », article duPatriote du 18 octobre 1960- Questionnaire de la commissiond’enquête sur le repeuplement des eauxsignalant la raréfaction de certainesespèces comme le maquereau, lapalamide et le mulet, s.d., vers 1880, 7 M1027-Coup de gueule du commandantCousteau : « on tue notreMéditerranée », article de L’Evénementdu jeudi, 26 mars-1er avril 1987- « Le mérou, poisson emblématique dela Méditerranée est de retour », articlede Nice-Matin du 11 mai 2007- Etude d’herbier de posidonie par des

scientifiques à Cannes, 15 Fi 130- Corail rouge à Villefranche, 15 Fi 133- Rascasse rouge à Golfe-Juan, 15Fi 151- Serran écriture, 14 Fi 3455