Le réveil des combattants juillet-août 2012

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LA RELANCE DE L'INDUSTRIE : UNE URGENCE POUR L'EMPLOI ET L'INDéPENDANCE NATIONALE Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix COMPIÈGNE 70 E ANNIVERSAIRE DU CONVOI DES 45 000 L'ONU ET LE COMMERCE DES ARMES L'AMÉRIQUE LATINE DES PEUPLES EN LUTTE Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre JUILLET / AOûT 2012 - N°785 - 5 e DES COMBATTANTS l e réveil LA RELANCE DE L'INDUSTRIE : UNE URGENCE POUR L'EMPLOI ET L'INDéPENDANCE NATIONALE

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Le réveil des combattants numéro juillet août 2012

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La ReLance De L'inDustRie :une uRgence PouR L'emPLoiet L'inDéPenDance nationaLe

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

COMPIÈGNE70E ANNIVERSAIRE

DU CONVOI DES 45 000

L'ONU ET LECOMMERCE DES ARMES

L'AMÉRIQUE LATINEDES PEUPLES EN LUTTE

Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre

JUILLET / AOûT 2012 - N°785 - 5 e DES COMBATTANTSle réveil

La ReLance De L'inDustRie :une uRgence PouR L'emPLoiet L'inDéPenDance nationaLe

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LE RÉVEIL ACTUALITÉ

Dix jours de détente, de mémoire, de découverte !

Pétitionau Président de la RépubliqueLe départ forcé de Nicolas Sarkozy montre les exigences et les attentes de changement portées par les Français. Nous prenons acte de l’élection de François Hollande à la Présidence de la République.Avec l’ARAC, nous attendons du Président de la Répu-blique une politique visant à maîtriser l’austérité qui « ne pouvait plus être une fatalité… C’est la mission qui est désor-mais la mienne. » (Tulle le 06-05-2012).Nous exigeons que le Président de la République, le gou-vernement, l’Assemblée nationale et le Sénat mènent une politique résolue sur les points suivants :- la résorption des injustices dont sont victimes actuelle-ment des milliers d’hommes et de femmes dans notre pays « pour qu’à chaque génération nous vivions mieux, pour don-ner à nos enfants une vie meilleure » (Tulle le 06-05-2012) ;- la suppression de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) et la prise en considération de tous les composants du droit à réparation, la rente mutualiste, les milliers d’anciens combattants des opérations extérieures, les dizaines de psychotraumatisés, des 228 interventions militaires menées par la France ces dernières décennies ;- le retrait des troupes combattantes d’Afghanistan d’ici fin 2012 et « la réévaluation de la réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN dont la France n’a tiré aucun bénéfice probant » (Tulle le 06-05-2012) ;- la défense de la souveraineté nationale, trop absente du débat électoral, dont monsieur le Président Hollande a dit qu’il lui revenait « de porter les aspirations qui ont toujours été celles du peuple : la paix, le respect. Nous ne sommes pas n’importe quel pays, nous sommes la France » (Tulle le 06-05-2012).Avec l’ARAC, fidèle aux valeurs fondamentales de la Répu-blique, j’exige le rétablissement et le respect de la souve-raineté populaire, pour une redéfinition de la place de la

nation dans l’Europe, pour un rayonnement renouvelé de la France et de ses valeurs républicaines.Nous appelons le Président de la République à faire connaître les décisions qu’il entend prendre pour résis-ter à la logique des marchés financiers et des politiques d’austérité.A l’inverse de ceux qui, hier, se sont efforcés de casser le programme du Conseil national de la Résistance, avec l’ARAC, je participe au rassemblement des résistants d’hier et d’aujourd’hui et entend participer à la définition d’un nouveau « programme de résistance », sachant que le fascisme, quels que soient le nom et l’apparence qu’il se donne, se nourrit toujours des injustices sociales, de l’exploitation, de l’intolérance, de la désespérance et de la guerre.

A retourner à : ARAC, 2 place du Méridien, 94800 Villejuif cedexOu par mail : [email protected]

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LE RÉVEIL - N°785 - JUILLET/AOûT 2012 - 3

ÉDITO LE RÉVEIL

SOMMAIRE

P. 13 D O S S I E R

L’amérique latine des peuples en lutteAprès des années de dictaturedans de nombreux pays,l’Amérique latine est aujourd’huien marche vers la démocratie,de façon progressiste.

LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse

Mensuel de l’Association républicainedes anciens combattants et victimes de guerre.Commission paritaire n° 0713-A 06545Édité par les Éditions du Réveil des CombattantsSARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 392, place du Méridien, 94807 Villejuif cedexTéléphone : 01 42 11 11 12Télécopie : 01 42 11 11 [email protected]

Tirage : 60 000 exemplairesGérant d i rec teur de l a pub l i ca -tion : Raphaël Vahé • directeur délé-gué - Rédacteur en chef : Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Lau-rence Gorain• Service photos : Jean-Claude Fèvre • Administratrice : Annick Chevalier• Secrétariat de rédaction, conception gra-phique : Escalier D Communication • impres-sion : RIVET P.E. - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

La France, pays le plus désin-dustrialisé de la zone euro (les trois autres étant l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie). Entre 1980 et 2011, les emplois industriels sont passés de 24 % à 13 % du total des emplois. Entre 1989 et 2011, l’industrie française a ainsi

perdu 2,5 millions d’emplois.Le coût horaire du travail est inférieur à celui de l’Allemagne (33,16 euros contre 33,37 euros), la pro-ductivité est en France l’une des meilleures d’Eu-rope : de 21 % supérieure à la moyenne de l’Union des 27 et de 15 % supérieure à celle de l’Allemagne. La stratégie systématique de baisse continue du coût du travail se révèle donc une impasse.Les grands groupes capitalistes accumulent des milliards de profits, suppriment des emplois, délocalisent ; ils stoppent les investissements, spé-culent, fusionnent pour dominer les marchés.Au nom du profit, de la rentabilité, notre indus-trie est sacrifiée. Le chômage explose, notre pays compte 3 millions de chômeurs. Les inégalités ne cessent de grandir entre les plus riches et la masse des salariés. Avec un salaire médian à 1 500 euros par mois, que penser du salaire du président de Renault avec ses 9,5 millions de revenus annuels, ou encore des actionnaires de PSA qui ont touché 250 millions de dividendes en 2010.La France doit repenser son modèle de développe-ment, donner au système bancaire et financier le rôle dont il n’aurait jamais dû sortir : financer une croissance économique, sociale efficace et durable. C’est une véritable révolution industrielle et pro-ductive qu’il faut engager.C’est dans des conditions autrement plus compli-quées pour le pays à la sortie de la guerre, sur la base programme national de la Résistance, que les démocrates, les résistants, les antifascistes, les défenseurs de la paix ont retroussé leurs manches pour redonner à la France son industrie. Ils ont su, tout en redressant l’économie de la France, ses usines, ses mines, ses nationalisations, construire les acquis sociaux qui, aujourd’hui comme la Sécu-rité sociale, EDF, la SNCF marquent encore notre société.Toutes générations confondues, retraités, jeunes, anciens combattants, salariés, nous avons tout à gagner à un redressement de nos secteurs indus-triels, nous devons y contribuer, refuser toutes nouvelles fermetures. Il y a urgence pour l’emploi, l’indépendance nationale, pour la France.

Patrick Staat

sans PoLitique inDustRieLLe, Pas D’aveniR PouR La FRance

L’amérique latine

actualités p. 4L’industrie est notre avenir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4La fi nance gangrène le progrès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6Réindustrialiser par le haut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Bollène : l’interdiction du Chant des partisans. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

international p. 9Israël : l’armée fustige le discours offi ciel sur l’Iran. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8ONU et commerce des armes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8Russie : des ONG considérées agents de l’étranger ? . . . . . . . . . . . . . . 10Syrie : un obstacle à la politique américaine ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Septembre 2012 : l’ARAC à Chatila . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

vos droits p. 2119 mars 1962 : les sénateurs verts réfl échissent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21Les Petits Artistes de la mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22Pour la défense du droit à réparation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23Santé et Sécurité sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23Tourisme et 1ère guerre mondiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

vie de l’aRac p. 25Aleida Guevara en visite à l’ARAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25Compiègne : 70e anniversaire du convoi de 45 000 . . . . . . . . . . . . . . . . 26Vie des comités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

magazine p. 30

Pétitionau Président de la République

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Le président élu, François Hollande, a lui-même placé au cœur de son projet économique le redressement industriel et productif du pays. Alors qu’il y a peu encore, on ne parlait plus que d’écono-mie de la connaissance, qu’Internet et les services à la personne promettaient monts et merveilles, croissance vigou-reuse et emplois par centaines de mil-liers, ce retour en grâce de l’industrie peut paraître décalé. Il n’en est rien : notre avenir est bel et bien lié à celui de notre industrie.L’heure est grave en effet. Au fil des plans sociaux, des délocalisations et des ferme-tures d’usines, l’Hexagone voit son appa-reil industriel maigrir et dépérir. L’affaire n’est certes pas nouvelle : cela fait qua-rante ans que cela dure. Mais l’hémor-ragie s’accélère depuis quelques années avec la concurrence des industries des pays émergents, la montée de l’euro face au dollar et les dégâts de la crise. Au point désormais que le commerce exté-rieur de la France en pâtit et plonge dans des abysses jusque-là inconnues. On mesure soudain, au moment même où elle est menacée, le rôle que l’industrie a joué dans l’histoire de nos économies, de nos sociétés et de nos territoires depuis plus de deux cents ans. On comprend à nouveau qu’il ne saurait y avoir de prospérité durable sans un commerce extérieur équilibré, pas plus que d’expor-tations et d’emplois de qualité sans un tissu productif compétitif et bien posi-tionné. On se rappelle que l’innovation naît le plus souvent dans les laboratoires de recherche des usines et que les pays qui surent prendre à temps le train des révolutions industrielles du passé y ga-gnèrent un leadership dans le monde. On réalise enfin qu’il ne suffirait pas de transformer l’Hexagone en gigantesque

parc d’attractions pour touristes fortunés pour faire rentrer les devises dont le pays a besoin et échapper au déclin.La désindustrialisation, qui frappe la France et les pays riches à des degrés divers depuis des décennies, est le signe du basculement du monde vers les pays émergents, en cours depuis une dizaine d’années. Ce rééquilibrage est sain et bienvenu puisqu’il permet à une partie non négligeable de l’humanité de sortir de l’état de pauvreté où elle fut longtemps tenue. Il est cependant déstabilisateur pour les pays d’ancienne industriali-sation, puisque leur prospérité future dépend de leur capacité à conserver des activités de production sur leur sol.

L e P R o t e c t i o n n i s m e , une voie sans issueQue faire ? Certains, jugeant à raison que le libre-échange ne produit pas les fruits que lui prête la théorie écono-mique dominante, proposent de fermer les frontières, qu’elles soient nationales ou européennes. Difficile cependant de suivre leur opinion en espérant que les activités délocalisées dans les pays émergents prennent un jour le chemin du retour. Produire en France ce qu’on n’y a jamais produit coûterait très cher à la société et l’empêcherait de satisfaire d’autres besoins sociaux. Les premières victimes en seraient d’ailleurs les entre-prises hexagonales, qui ont fragmenté leur processus de production en disper-sant leurs activités aux quatre coins du monde et qui se fournissent en compo-sants ou font assembler leurs produits dans les pays de main-d’œuvre à bas coûts pour les réimporter ensuite sur le sol français.Malheureusement, ce qui est parti a peu de chances de revenir. Sauf peut

être, pour les biens les plus lourds, si les coûts de transport s’envolent ou si les salaires des ouvriers des pays émergents continuent leur rattrapage à un rythme soutenu, comme c’est le cas en Chine aujourd’hui. D’ici là cependant, les dernières usines de France et d’Europe pourraient avoir mis la clé sous la porte, et la pente serait alors beaucoup plus dif-ficile à remonter.Car le nouveau ne naît pas de rien, il pros-père à partir de l’ancien. Préserver les ca-pacités de production sur le sol français est indispensable pour préparer l’avenir, comme le prouve le fait que les pôles de compétitivité, ces partenariats d’entre-prises et de laboratoires de recherche soutenus par l’État pour booster l’inno-vation en France, ont vu le jour dans les vieux bassins industriels, là où existaient déjà, à l’état informel, de telles coopéra-tions. Mêmes les activités en apparence les plus obsolètes peuvent connaître un destin inattendu. Ainsi, l’industrie euro-péenne des machines à tisser paraissait condamnée à terme par le glissement de production textile vers l’Asie. Qui sait pourtant que les machines qui tissent aujourd’hui la fibre de carbone utilisée pour fabriquer les pièces composites des moteurs des derniers modèles d’Airbus et de Boeing sont les héritières du métier inventé en 1801 par le soyeux lyonnais Joseph-Marie Jacquard ? Regarder les vieilles industries mourir sans rien faire, c’est donc hypothéquer l’avenir. Et fer-mer des usines, disloquer leurs collectifs de travail, c’est perdre des compétences et des savoir-faire qui ont mis des décen-nies à se constituer et qui pourraient être précieux pour développer de nouvelles activités. La reconversion réussie du site de Bosch à Vénissieux, passé de la pro-duction de pompes diesel à l’assemblage

Et soudain, la France redécouvrit ses usines. C’était il y a quelques semaines à peine, lors de la cam-pagne présidentielle. Aux chantiers navals de Saint-Nazaire, à l’ancienne aciérie de Gandrange ou à la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, les candidats à la magistrature suprême, journalistes et caméras à leurs basques, ont multiplié les visites et les propositions.

L’industrie est notre avenir

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ACTUALITÉS LE RÉVEIL

de panneaux photovoltaïques, en est une illustration manifeste.

un chemin De PRogRèsMais les images d’Épinal ont la vie dure. Trop souvent dans l’imaginaire collectif, l’industrie reste synonyme d’usines pol-luantes et de travail aliénant, loin de ses réalités actuelles et futures. A rebours de ces chromos datés, il faut cependant le réaffirmer : l’industrie dessine un che-min de progrès. Elle porte en particulier les espoirs de voir nos sociétés opérer enfin leur conversion écologique : pour avoir une chance d’avenir, cette mutation suppose en effet la mise à disposition à moindres coûts et de la façon la plus large possible d’équipements et de services nouveaux pour réduire nos consomma-tions énergétiques et exploiter le poten-tiel des énergies renouvelables. Ce qui appelle inévitablement la mise en œuvre de méthodes de production industrielles que Gilles Le Blanc caractérise notam-ment par la standardisation et la capa-cité à réaliser d’importantes économies d’échelle. C’est ainsi que l’industrie a

permis, par le passé, de mettre la voiture à la portée de tous et de démocratiser la mobilité. Et c’est ainsi que demain, on peut du moins l’espérer, elle proposera au plus grand nombre des équipements moins énergivores.L’industrie peut aussi être le vecteur du progrès collectif et d’une nouvelle cohé-sion sociale. On oublie trop souvent que son essor après la Seconde Guerre mon-diale fut au centre de la dynamique des Trente Glorieuses, pendant lesquelles les salariés virent leur pouvoir d’achat progresser au même rythme que les gains de productivité importants qu’elle réalisait. S’il est d’ailleurs une leçon, elle aussi souvent oubliée, à retenir des suc-cès actuels de l’industrie allemande, c’est l’importance qu’elle continue d’accor-der, malgré un modèle social il est vrai écorné, à la formation et aux parcours professionnels de ses salariés, ainsi qu’à leur association à la gouvernance des entreprises.Parce qu’ils nécessitent l’émergence d’une nouvelle industrie, les défis envi-ronnementaux colossaux auxquels sont

aujourd’hui confrontées la France et l’Europe pourraient être le cadre d’un nouveau compromis social, à même de prendre le relais de celui des Trente Glorieuses, après plus de trois décennies de crises successives et de montée des inégalités.Mais cette ambition de réindustrialisa-tion du pays ne pourra se réaliser qu’en franchissant, en même temps, un cap culturel. Il faut en effet mettre fin au désamour entre les jeunes et l’industrie et faire en sorte que les diplômés de nos grandes écoles d’ingénieurs ne préfèrent plus emprunter systématiquement la voie des salles de marché plutôt que celle des usines ou de leurs laboratoire de recherche et développement. Le rebond en la matière passe aussi par un réinves-tissement social de ces carrières.

Marc ChevallierAlternatives économiques,

3e trimestre 2012

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Dans son rapport « sur la mesure des performances économiques et du progrès social », la commission Stiglitz note, à juste titre, que « si, par exemple, les embarras de la circulation peuvent faire croître le PIB du fait de l’augmentation de la consommation d’essence, il est évident qu’ils n’ont pas le même effet sur la qualité de la vie ». Mais ce qui pose problème, est-ce seulement l’absence de prise en compte des nuisances pro-voquées par les embouteillages dans les statistiques ? N’est-ce pas aussi et surtout la permanence et l’aggrava-tion de ces nuisances ?Il ne suffit pas de s’interroger sur la façon de mesurer le progrès écono-mique, il faut aussi en questionner la nature, la finalité : le progrès pour quoi, pour qui et comment ?Conçu dans le capitalisme comme une accumulation toujours plus importante de moyens matériels et financiers, sur un périmètre sans cesse élargi, il commence à être mis en cause. D’abord, parce qu’il s’agit d’un progrès sélectif, au Nord plutôt qu’au Sud, dans les pays développés pour les gens des beaux quartiers plu-tôt que ceux des banlieues populaires, davantage pour le capital que pour le travail. Entre 1980 et 2007, dans les grands pays capitalistes, la part des salaires dans la valeur ajoutée a baissé de 9 points.Mis en cause, ensuite, parce que la capacité de ce progrès à… progresser ralentit, et même s’épuise. C’est le cas, aujourd’hui, sur notre continent. Les émergents eux-mêmes, Brésil, Chine, Afrique du Sud ou Inde, peinent à re-trouver ou à maintenir une croissance à deux chiffres. C’est toute une civili-sation qui est en panne.Enfin, parce que ce progrès, si faible soit-il, reste anarchique, se fait contre

les hommes, nourrit une crise sociale, mais aussi politique et économique, marquée par un gâchis sans précédent des ressources naturelles, qui menace la planète et l’humanité elles-mêmes.Pointer ainsi ces problèmes, ce n’est pas pour autant plaider pour la décroissance. L’humanité peut re-prendre sa marche en avant, mais il y a à cela une condition préalable : maîtri-ser et faire reculer le cancer financier.Cela suppose de s’en donner les moyens. Il ne suffit pas de réguler la finance, il faut commencer à la ré-duire en substituant au financement de marché un financement bancaire, celui des banques commerciales et de la Banque centrale européenne, changer les critères d’allocation des crédits, qu’ils soient abondants, bon marché dès lors qu’ils permettent de réaliser des investissements, d’enga-

ger des recherches, de développer des services publics avec, à la clé, des em-plois, des formations, des salaires. Il faut prolonger cette nouvelle politique du crédit en faisant prévaloir à l’entre-prise de nouveaux critères de gestion permettant d’économiser les capitaux, les matières premières, les moyens matériels afin de répondre aux défis écologiques et mieux développer les êtres humains.Cela s’articulerait à des refontes sys-tématiques des types de production et de consommation, impulsées par des services publics nationaux de l’envi-ronnement, coopérant au plan inter-national. Cela suppose, notamment, le développement de participations publiques dans les entreprises et les banques et un investissement popu-laire dans tous les lieux de pouvoir, afin de faire reculer partout la main invisible de la finance.

Pierre IvorraHumanité Dimanche, 31 mai 2012

LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Toute une civilisation est aujourd’hui en panne. Face aux gâchis so-ciaux et écologiques que provoque le mode de croissance du capi-talisme, une autre conception du développement doit s’imposer.

La finance gangrène le progrès

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ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Les États-Unis sont-ils en voie de réin-dustrialisation ? Entre début 2010 et fin 2011, le secteur manufacturier a créé 350 000 emplois outre-Atlantique. Une hausse modeste (3,1 %) au regard de l’hémorragie de la dernière décennie, au cours de laquelle un tiers des emplois industriels ont été détruits. S’agit-il d’un rebond post-récession ou d’une ten-dance plus durable ?Un certain nombre de facteurs (la rela-tive convergence du coût du travail in-dustriel entre les États-Unis et la Chine, couplée à la hausse durable des prix de l’énergie et des transports) semblent aller dans le sens d’une relocalisation pérenne des activités sur le sol américain. En effet, les salaires industriels chinois ont crû ces dernières années à un rythme proche de 20 % par an, deux fois plus vite que la productivité, alors que dans le même temps les salaires industriels américains déclinaient et que le yuan s’appréciait progressivement contre le dollar depuis mi-2010.

PouRquoi L’inDustRie imPoRtePour autant, miser sur la compétitivité-coût pour la renaissance de l’industrie américaine serait une mauvaise straté-gie, mettent en garde les auteurs d’une étude de la Brookings, un think tank américain. L’industrie ne doit pas être encouragée à tout prix, mais pour autant qu’elle promeut quatre grands objectifs d’intérêt d’un secteur industriel fort et le haut niveau des salaires qu’il favorise. En effet, l’industrie paie des salaires su-périeurs de près de 20 % à la moyenne des secteurs non industriels pour tous les types d’emplois (et de 8,4 % à qua-lifications et emplois égaux). L’écart est maximum pour les personnes peu quali-fiées, pour qui l’emploi industriel est un moteur de promotion sociale.Par ailleurs, l’industrie est une source majeure d’innovation qui irrigue toute l’économie (le secteur manufacturier re-présente 68 % des dépenses de R&D des entreprises pour seulement 11 % de la

production). C’est aussi la clé de la réduc-tion du déficit commercial puisque les produits industriels représentent 65 % des échanges commerciaux des États-Unis avec le reste du monde. Enfin, le secteur manufacturier est essentiel à la promotion d’une « économie propre ».La politique industrielle devrait soutenir les entreprises et les secteurs à l’aune de ces critères, en vue d’une réindustriali-sation « par le haut ». Ce ne sont pas des salaires trop élevés qui entravent la com-pétitivité de l’industrie américaine : les branches industrielles qui ont le moins perdu d’emplois au cours de la dernière décennie sont aussi celles qui paient le mieux (les exceptions portent en géné-ral sur des produits pondéreux, sensibles à la hausse des coûts de transport). En outre, la majorité des pays développés qui affichent de meilleures perfor-mances industrielles que les États-Unis rémunèrent aussi mieux leurs salariés.Plutôt que la baisse des coûts salariaux, mieux vaut promouvoir la hausse de la productivité, via la formation tout au long de la vie, l’innovation et le partage des responsabilités et des gains avec les salariés. Une leçon qui vaut aussi pour la France.

Sandra MoattiAlternatives économiques, juin 2012

Ce qui s’est passé à Bollène, le 18 juin der-nier, est une insulte à tous les résistants de France. C’est, hélas, un événement local qui s’ajoute à tous les actes des extrémistes de droite qui tentent dans notre pays de faire taire toutes celles et tous ceux qui portent la mémoire des luttes menées contre le fascisme hitlérien et pétainiste.Aujourd’hui, toutes les associations qui portent les valeurs de la République sont confrontées à cet enjeu : ou pouvoir conti-nuer de porter, devant les monuments aux morts, les stèles portant témoignage des sacrifices de tous les résistants, de tous ceux qui ont combattu pour la Ré-

publique française, ou être condamnés au silence par tous ceux qui veulent faire oublier les temps tragiques où il fallait risquer sa vie pour empêcher la servitude de la France, l’étouffement des valeurs républicaines et le rejet de la belle devise de notre République : « Liberté, égalité, fraternité ».Agresser les Françaises et les Français qui chantent Le chant des partisans, cela rappelle trop ceux qui, sous l’occupation fasciste, massacraient celles et ceux qui chantaient La Marseillaise !L’ARAC qui, durant toute sa longue existence, a toujours lutté contre tous les fascismes, contre tous les ennemis

de la liberté, appelle aujourd’hui toutes les associations d’anciens combattants, porteurs des idéaux républicains à s’unir pour gagner la bataille de la mémoire de tous les combats pour la liberté. Nous avons le devoir de porter cette mémoire vers les jeunes générations. Nous n’y fail-lirons pas. Et nous résisterons à tous ceux qui veulent s’emparer de cette mémoire pour taire ou falsifier l’histoire.Aujourd’hui, les attaques contre Le chant des partisans et ceux qui le chantent démontrent que l’heure n’est plus seule-ment à la vigilance mais à l’action unie et offensive de tous les citoyens pour le res-pect de la mémoire des luttes du peuple de France et des valeurs républicaines qui incarnent ses espérances depuis la Révo-lution française.

Déclaration de l’ARAC du 28/6/2012

Réindustrialiserpar le haut

Bollène L’interdiction du chant des partisans

États-Unis : l’industrie recrée des emplois outre-Atlantique. Mais miser sur la compétitivité-coût serait une erreur, plaide une récente étude.

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

« Aujourd’hui, le commerce des armes est moins régulé que le marché des ba-nanes ou des iPod, c’est un scandale ! » : Zobel Behahal, chargé de mission à l’ONG de développement CCFD-Terre Solidaire résume d’une phrase l’objet des négociations entamées début juillet au siège des Nations unies à New York. Objectif pour les 193 États membres de l’ONU : mettre au point un premier traité internatio-nal réglementant le commerce des armes conventionnelles, dernier acte d’une résolution adoptée en 2006 par l’Assemblée générale de l’ONU. Mis-sion impossible ? La tâche semble par-ticulièrement difficile au regard des

intérêts économiques et stratégiques en jeu. Rappelons que les cinq États membres permanents du Conseil de sécurité (France, USA, Chine, Russie et Grande Bretagne), à qui est confiée cette mission, exportent à eux seuls plus de 80 % des systèmes d’arme-ment vendus dans le monde ! Chaque année 12 millions de balles sont pro-duites soit deux balles pour chaque habitant de la planète !L’idée de ce futur traité internatio-nal sur le commerce des armes clas-siques (TCA) est précisément de fixer des critères pour empêcher les transferts d’armes qui pourraient être utilisées contre les populations civiles

onu commerce des armes : mission impossibleDu 2 au 27 juillet à New York, au siège des Nations unies, une conférence s’est tenue en vue d’adopter un traité international réglementant le commerce des armes conventionnelles. Difficile pour les grandes puissances - principales exportatrices - de se mettre d’accord.

Israël Quand l’armée fustige le discours officiel sur l’Iran L’attitude belliqueuse du gouver-nement israélien à l’égard de l’Iran fait l’objet des plus vives critiques. Le Premier Ministre Netanyahou et son ministre de la Défense, Ehud Barak, sont sévèrement mis en cause par des hauts responsables de l’armée et des services secrets, notamment Yuval Diskin, ancien chef du Shin Bet, le service de renseignement intérieur.Meir Dagan, ancien patron du Mossad, le service de renseigne-ment extérieur, est également devenu le censeur du Premier Ministre. Plus récemment le géné-ral Benny Gantz, chef d’état-ma-jor des armées, a pris, lui aussi, ses distances avec le ton guerrier adopté par le premier ministre.L’ex-chef du Shin Bet considère que le gouvernement israé-lien trompe le public sur la ques-tion iranienne . Il a notamment déclaré : « Ils disent que, si Israël agit, l’Iran n’aura pas de bombe nucléaire. C’est faux. En réalité, bien des experts estiment qu’une attaque israélienne accélérera la course nucléaire de l’Iran ». L’hostilité de Yuval Diskin à des frappes militaires préventives d’Israël n’est pas isolée. Il est de notoriété publique à Tel Aviv, et dont la presse occidentale ne se fait que très peu l’écho, que le général Benny Gantz, Tamir Pardo, actuel patron du Mossad, le général Aviv Kochavi, chef du renseignement militaire, et Yoram Cohen, chef du Shin Bet, ont les plus grandes réserves face à un tel scénario, et que le général Gabi Ashkenazi, prédécesseur du gé-néral Gantz, est sur la même lon-gueur d’onde…

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INTERNATIONAL LE RÉVEIL

ou alimenter un confl it. Le contrôle incomberait aux États eux-mêmes, qui devraient tenir un registre des transactions. S’il était en vigueur aujourd’hui, la Russie devrait rendre des comptes à la communauté inter-nationale pour avoir fourni des armes au régime syrien de Bachar El Assad. Selon Anna MacDonald, directrice de la campagne pour contrôler les armes chez Oxfam, « le problème est de savoir si le traité va être contraignant, couvrir tous les types d’armes, les munitions, pièces détachées et composants (...) et s’il va comporter des critères stricts ». Question : quel traitement réserver, par exemple, aux forces de l’OTAN qui, sous le prétexte de défendre les droits de l’homme et la démocratie en Libye, ont bombardé des populations civiles innocentes ?

cacoPhonie PouR un tRaitéÀ minimaSi la plupart des pays admettent, par-fois avec beaucoup de véhémence, la nécessité de réglementer cet énorme marché, estimé à 70 milliards de dollars par an dont 40 % pour les industriels américains de l’arme-ment, certains comme la Russie (qui a vendu pour 13,2 milliards de dollars

d’équipements militaires en 2011), préfèrent insister sur la lutte contre le trafi c d’armes, par opposition au commerce légal.« Beaucoup de choses restent en sus-pens, dont le principe même d’un traité contraignant, son objectif et sa portée », estiment de nombreux observateurs parmi les ONG et aussi des diplo-mates. Ainsi, les USA, qui produisent 6 milliards de balles par an, veulent exclure du traité les munitions et la Chine, les armes légères, dont elle inonde les pays en développement. Selon un document de travail de l’ONU, l’Inde, plus gros importateur mondial d’armes, le Pakistan, le Japon où l’Arabie saoudite font valoir le droit de « légitime défense » soit la liberté pour un État d’équiper ses forces de sécurité. Quant à la France, quatrième exportateur mondial, selon le repré-sentant du CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développe-ment), présent à New York, « elle fait l’impasse sur le matériel de sécurité et de police dont l’usage a été à l’origine des dégâts sur les civils lors de la répression des printemps arabes (…) et assure le service minimum en soutenant la publi-cation par les États d’informations sur le transfert d’armes… ».

Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, se veut rassurant en affi rmant que « notre doctrine est claire : quand la France vend des armes, elle veille à ce que celles-ci ne puissent pas être retournées contre les peuples ». De la Libye à l’Irak en passant par la Syrie, les exemples illustrant les comporte-ments « marchands » des États sont révélateurs.Dans une tribune publiée par le quo-tidien Libération du 9 juillet, Patrick Bouveret et Tony Fortin, respective-ment directeur et président de l’Ob-servatoire des armement estiment que la conférence des Nations unies s’achemine vers un traité à minima. Ils écrivent à propos du traité : « Un projet ambitieux, car le commerce des armes se trouve au carrefour d’intérêts commerciaux, stratégiques, industriels, sociétaux, militaires contradictoires. Mais les lobbys militaro-industriels et les États, qui partagent de nombreux inté-rêts, présenteront sans aucun doute, au-delà du discours, un front unitaire face à la société civile. Rogner les instruments de puissance des dirigeants de la planète sera diffi cile ».

Jean-Pierre Delahaye

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LE RÉVEIL - N°785 - JUILLET/AOûT 201210 -

LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Nous nous sommes intéressés au cha-pitre 6, consacré à la dimension interna-tionale du conflit dans lequel les auteurs considèrent que la Syrie représente « un obstacle majeur à la politique américaine au Moyen-Orient ». Ce qui suit a pour but d’aider à la réflexion et n’excuse en rien les agissements criminels de la famille Assad depuis des dizaines d’années… Les Proche et Moyen-Orient connaissent actuellement de profonds bouleversements. Depuis la première guerre d’Irak (hiver 1990/1991), puis la deuxième (printemps 2003), on assiste à la mise en œuvre de la politique amé-ricaine du Greater Middle East, le plan du Grand-Moyen-Orient qui consiste à démanteler tous les régimes qui restent hostiles à un remodelage de la région conforme aux intérêts américano-israé-liens.Cette politique a été baptisée « instabilité constructive ». Elle repose sur trois prin-cipes : entretenir et gérer les conflits de basse intensité ; favoriser le morcelle-ment politique et territorial ; promou-voir le communautarisme, sinon la purification ethnico-confessionnelle.Les experts estiment que cette straté-gie a été très largement influencée par une note d’orientation d’Oded Yinon, haut fonctionnaire du ministère israé-lien des Affaires étrangères, datée de février 1982, qui détaille le projet géostratégique d’une fragmentation de l’ensemble proche-oriental en des

unités les plus petites possibles, préco-nisant autrement dit le démantèlement pur et simple des États arabes voisins d’Israël (2).Oded Yinon écrit : « La décomposition du Liban en cinq provinces préfigure le sort qui attend le monde arabe tout entier, y compris l’Égypte, la Syrie, l’Irak et toute la péninsule arabe. Au Liban, c’est déjà un fait accompli. La désintégration de la Syrie et de l’Irak en provinces ethniquement ou religieusement homogènes, comme au Liban, est l’objectif prioritaire d’Israël, à long terme, sur son front Est ; à court terme, l’objectif est la dissolution militaire de ces États ».Pour les auteurs du rapport, il ne fait pas de doute qu’en Syrie, « l’administration américaine cherche à provoquer un chan-gement de régime ». Comme le souligne Robert Satloff, le directeur du Washing-ton Institue for Near East Policy, les Américains « n’ont pas intérêt à la survie du régime Assad, régime minoritaire, dont les fondements fragiles sont la peur et l’inti-midation. Les craquements dans l’édifice du régime peuvent rapidement se transfor-mer en fissures et ensuite en tremblements de terre ».Les experts du CIRET-AVT considèrent que « l’offensive majeure de l’instabilité constructive a eu lieu lors de l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre 2005. La diplomatie américaine a fait alors avancer ses priorités proche-orientales » (…) A savoir entre autres choses « ten-ter de convaincre la communauté inter-

syrieun obstacle à la politique américaine au moyen-orient

Russie Des ONG considé-rées comme agents de l’étranger ? Un millier d’ONG russes, dont celles du contrôle électoral Golos, de lutte contre la corruption Transparency International, et les deux tiers des ONG écologistes seront considérées comme des « agents de l’étranger » selon un nouveau projet de loi, a annoncé, début juillet, l’agence Ria Novosti.En Russie, « nous comptons près d’un mill ion d’organisations non gouvernementa les qui correspondent à deux critères : elles ont une activité politique et un financement étranger », a indiqué une source à la présidence russe. Ce qui justifierait aux yeux des sbires de Poutine de prendre cette mesure d’interdiction.Golos a été le fer de lance dans la dénonciation de fraudes massives aux législatives de décembre dernier, qui a déclenché la mobilisation de l’opposition russe et les immenses manifestations dans les rues de Moscou. Transparency International s’attaque, année après année, à une corruption endémique en Russie. Les associations écologistes accusent de leur côté les autorités russes de cautionner des catastrophes environnementales, comme Greenpeace qui, en septembre dernier, a déclaré Vladimir Poutine « pire ennemi du lac Baïkal », à l’issue d’une consultation sur l’Internet. Attention, après les journalistes et les opposants politiques, les démocrates de tout bord sont en danger. On ne badine pas avec le Tsar !

J-P.D.

En janvier 2012, le Centre international de recherches et d’études sur le terrorisme et l’aide aux victimes du terrorisme (CIRET-AVT) a publié le compte-rendu d’une mission d’évaluation auprès des protagonistes de la crise syrienne intitulé : Syrie, une libanisation fabriquée. Ce document est le fruit du travail d’une délégation inter-nationale d’experts (1) présente en Syrie du 3 au 10 décembre 2011.

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nationale de mettre en accusation l’Iran devant le Conseil de sécurité sur la question nucléaire. »Toutefois le document souligne qu’avec « le retrait américain d’Irak et le désenga-gement annoncé d’Afghanistan, la pour-suite de l’exécution de ce plan paraît com-promise, d’autant que Russes et Chinois, échaudés par la guerre que l’OTAN a mené en Libye, continuent à faire de la résistance, non seulement au Conseil de sécurité des Nations unies, mais aussi autour de plu-sieurs dossiers internationaux, notamment en Syrie ». Ainsi, Damas reste catalogué comme un État terroriste parce que n’acceptant pas l’instauration du « Grand Moyen-Orient » et parce qu’alliée avec l’Iran depuis 1980, début de la guerre Iran/Irak (1980-1988). Et frapper la Syrie, c’est frapper l’Iran. Damas apparaît ainsi comme le maillon faible pour attaquer Téhéran. Plusieurs respon-sables de l’administration américaine ont d’ailleurs récemment déclaré « Si la Syrie veut sortir de cette crise, elle n’a qu’à dénoncer ses relations avec l’Iran et les groupes terroristes (Hamas, Hezbollah) ».

Le RôLe Des FRèRes musuLmansL’affaiblissement de l’Iran permettrait de faire de la Turquie la grande puis-sance régionale susceptible de stabiliser les frontières nord d’Israël.Selon les auteurs du rapport, le rôle des frères musulmans est déterminant. Ils en font ainsi la démonstration : « Les États-Unis planifient tout avec les Turcs, mais aussi avec les Frères musulmans, dans le cadre d’une résolution à trois. Elle a été mise en place lors des accords de 2008 à Istanbul », estiment plusieurs repré-sentants de l’opposition intérieure sy-rienne.Il faut rappeler le soutien historique de Washington aux Frères musulmans, meilleur antidote aux syndicats, aux par-tis de gauche et nationalistes, et prônant toujours une politique économique très libérale, favorable aux puissances occidentales. En Tunisie, en Égypte, en Libye, au Yémen, en Syrie, en Algé-rie, au Maroc, en Jordanie et dans les

monarchies pétrolières, sans parler de l’Afghanistan et du Pakistan, partout les États-Unis continuent de jouer la carte des Frères musulmans, comme ils l’ont toujours fait depuis la signature du Pacte du Quincy, entre le président Roosevelt et le roi Ibn Saoud le 13 février 1945. Cette alliance d’airain qui cède aux compagnies pétrolières américaines les gisements d’hydrocarbures les plus im-portants du monde contre la protection militaire et politique de la famille des Saoud, a été reconduite en 2005 pour 60 ans. Au-delà des soubresauts de la « rue arabe », le Pacte du Quincy avec l’aide des Frères musulmans continue à orienter la gestion des armées, des pou-voirs et des « printemps » aux Proche et Moyen-Orient.En contrepartie des aides et soutiens que lui accordent les États-Unis, le CNS a répété à plusieurs reprises que s’il accède au pouvoir, le nouveau régime rompra ses relations avec le Hezbollah, le Hamas et l’Iran et ouvrira des négo-ciations directes avec Israël (…).

J-P.D.

(1) La délégation était composée de :- Saïda Benhabylès (Algérie), ancienne ministre de la Solidarité, ancien sénateur, membre fondateur du CIRET-AVT, prix des Nations unies pour la société civile ;- Richard Labévière (France), consultant international et écrivain spécialiste des Proche et Moyen-Orient, ancien rédac-teur en chef à Radio France internatio-nale (RFI), de Défense (revue de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) et membre fondateur du CI-RET-AVT ;- Eric Denécé (France), directeur du Centre français de Recherche sur le ren-seignement (CF2R).

(2) Oded Yinon : Kivunium, numéro 14, février 1982. Revue publiée par le Dépar-tement de la propagande, Organisation sioniste mondiale, Jérusalem. Cet article a été envoyé à la Revue d’études palesti-niennes par Israël Shahak et publié dans le numéro 5, automne 1982.

INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Septembre 2012

L’ARACà ChatilaLes 30 ans d’un passé encore présent… 150 citoyens à Chatila pour commémorer la mémoire et réinventer l’avenir…A l’occasion de l’anniversaire de la commémoration du massacre palestinien de Sabra et Chatila, le 17 septembre 1982 et du 10e anniversaire du jumelage entre la ville de Bagnolet en Seine-Saint-Denis et Chatila, l’ARAC a désigné Patrick Staat, secrétaire national, directeur délégué du Réveil des Combattants, pour participer à la délégat ion lancée par l’Association pour les jumelages entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises (AJPF), du 17 septembre au 21 septembre 2012. Cet te délégation sera composée d’élus français, responsables politiques et associatifs, syndicalistes, journalistes, artistes…El le cont r ibuera au t rava i l indispensable de mémoire, à la construction collective d’une paix lucide qui passe par la reconnaissance des responsabilités. Elle concrétisera aussi des projets sanitaires en direction des enfants des camps et des échanges culturels. Le Réveil en reparlera…

Raphaël vahé

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LE RÉVEIL INTERNATIONALLE RÉVEIL ACTUALITÉ

Il est maintenant un impératif de fond, celui de la réindustrialisation de notre pays qui doit évoluer rapi-dement et dans le bon sens. C’est non seulement de l’intérêt de notre peuple, mais il en va aussi de notre action, de sa grandeur, de sa puis-sance, de sa capacité à répondre aux défis d’aujourd’hui et à ceux nom-breux qui ne manqueront pas de se présenter demain à notre peuple.Notre richesse nationale, c’est d’abord les hommes, les salariés qui la pro-duisent par leur travail. Les bulles financières, la spéculation, le fric à tout cuir, la casse des entreprises, de l’emploi, le chômage, la mise en cause des acquis des salariés, ce ne sont ja-mais que quelques moyens de pillage des richesses créées par le travail des hommes.Partout dans notre pays, dans toutes les branches industrielles, de la sidé-

rurgie à la construction navale, de l’automobile à l’énergie, de l’aviation au bâtiment. De la production textile à celle du papier par exemple. Aucun secteur industriel n’a été épargné par la politique déployée par la droite au profi t des capitalistes. Des secteurs entiers de notre industrie ont été sacri-fi és sur l’autel du profi t, avec comme corollaire une baisse généralisée du pouvoir d’achat, des coûts très durs contre toutes les conquêtes sociales, en particulier celles issues du Conseil national de la Résistance. Une armée de chômeurs, une pratique de la pré-carité sans frein. Au final, un pays affaibli, appauvri, sans presque plus de perspectives d’avenir.Aujourd’hui, il y a urgence à recréer de la vraie richesse, celle issue du tra-vail des hommes. La réindustrialisa-tion massive de notre pays, dans tous les domaines, dans tous les secteurs

est la condition sine qua non de toute marche potentielle de notre société en avant. La nécessité de satisfaire les besoins populaires, c’est d’abord réactiver la source de la création des ri-chesses, créer des millions d’emplois, cela passe aussi par la réindustrialisa-tion de notre pays.C’est aussi le moyen de redonner un réel pouvoir d’achat revalorisé à l’ensemble de la société. C’est le socle de la construction de l’avenir. Eh oui, pour cela il faudra quand même décider fermement de s’attaquer au système capitaliste en place et c’est la mission que notre peuple a confi é à la gauche aujourd’hui.

Hervé Corzani

aux actes, citoyen montebourgAux actes, camarade Ayrault

LE RÉVEIL - N°785 - JUILLET/AOûT 201212 -

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LE RÉVEIL - N°785 - JUILLET/AOûT 2012 - 13

L’AMéRiQuE LATinE

Dans l’enchantement de notre enfance, l’Argentine c’était l’aventure, la pampa, les « gauchos » et les grands troupeaux. Puis, avec la jeunesse, ce fut le tango argentin qui conquit nos pas. Combien savaient alors que, par-delà l’exotisme, ces peuples – soumis à la pression fi -nancière impitoyable du grand voisin étasunien du nord – vivaient la misère et la répression des dictatures.Et voilà qu’aujourd’hui, l’Amérique latine tient sa place dans le monde, de façon progressiste, après tant d’années de dictature au Chili, en Argentine, au Brésil, en Uruguay, au Paraguay, au Nicaragua, en Bolivie, au Venezuela.

Des centaines de milliers de morts et de disparus, de terreur et de destruction. Et voici que ces pays, hier martyrisés, sont ceux-là mêmes qui émergent, se solida-risent pour rejeter la mainmise améri-caine, se resserrent autour de Cuba. L’Argentine, victime de multiples coups d’état militaire de 1930 à 1989 – dont le dernier en date, celui de Videla (1976-1983) avec la complicité, dès 1950, des gouvernements et de certains offi ciers français qui formèrent, jusqu’en 1982, les bourreaux militaires argentins res-ponsables de 30 000 disparus (dont 22 Français), de 15 000 fusillés, de 9 000 emprisonnés politiques et d’un million

et demi d’exilés qui durent fuir la dicta-ture – l’Argentine ruinée, bradée plus tard par Carlos Menem, plus exsangue encore que la Grèce d’aujourd’hui (pour les mêmes causes !) mais qui tourna le dos au FMI en 2002, se redressa et mène aujourd’hui la lutte pour rega-gner sa souveraineté.Non, ce n’est pas le paradis et tout est encore fragile dans cette Amérique latine. Elle est pourtant en marche, en « émergence » comme on dit au-jourd’hui ; et elle brandit l’étendard des peuples tournés vers l’avenir. « Hasta la victoria, siempre, Commandante ! »

DES COMBATTANTSle réveilPour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

N° 785Juillet-Août 2012

Le cahieR mémoiRe

édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

ÉDITO - Par André Fillère

L’AMéRiQuE LATinEDes PeuPLes en Luttes

Quelques places

encore disponibles !

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LE RÉVEIL - N°785 - JUILLET/AOûT 201214 -

LE RÉVEIL DOSSIER

Dans un discours posé, la chef de l’État s’est attelée à qualifier la démarche : « la récupération de la souveraineté nationale ». Il s’agit pour Buenos Aires de devenir le principal actionnaire à hauteur de 51 % du capital, réparti entre l’État et les provinces pétrolières. Même s’il ne s’agit pas officiellement d’une nationalisation, les dualités à l’œuvre peuvent être ainsi résu-mées : intérêt public contre inté-rêt privé, souveraineté nationale contre domination étrangère et enfin l’indépendance énergétique des peuples. Cette récupération nationale n’a pas manqué de soulever les foudres de Bruxelles qui y a vu là un geste « hostile ». L’Espagne,

que la crise économique met à ge-noux, s’est époumonée en criant au « vol ». Quant à la société Rep-sol, elle exige depuis des « com-pensations » qu’elle évalue à 10,5 milliards de dollars. Pour mieux saisir l’enjeu de cette crise économico-diplomatique, le gouvernement argentin a tenu à rappeler les conditions d’implan-tation de l’entreprise espagnole. L’affaire remonte à 1999, lorsque le président libéral de l’époque, Carlos Menem, privatisait le pays à tout va au nom de la réduction de la dette argentine. Suite à ces privatisations, l’Argentine est passée sous la tutelle du FMI. Dans la foulée, ce pays pourtant l’un des plus prospères de la ré-

améRique Latinevers une émancipation économique et politiqueCathy Ceibe

gion s’est retrouvé en situation de banqueroute. Cette « libéra-lisation » de l’exploitation pétro-lière a été qualifiée de « plus grave erreur stratégique » par les actuelles autorités, ainsi que nombre de formations politiques à l’excep-tion de la droite. Et pour cause, le pays, pourtant riche en or noir, a subit de nombreuses pénuries d’essence à cette époque. Le gou-vernement de Cristina Fernan-dez Kirchner a en outre rappelé le manque d’investissement de Repsol. Pour preuve, a-t-il avan-cé, alors que 50 % des réserves exploitées ont été épuisées entre 2009 et 2011, l’Argentine s’est même vue contrainte d’importer du pétrole, élevant ainsi la facture des importations à 9,4 milliards de dollars. Toujours en 2011, le groupe a découvert dans le nord du pays, à Vaca Muerta, le plus gros gisement pétrolier. L’exécu-tif ne s’est pas privé de rappeler que, durant cette même période de manques pour les habitants, l’entreprise a versé entre 13 des 16 milliards de dollars de gains à ses principaux actionnaires. Enfin, la présidente a relevé avec soin que l’Argentine est le seul pays producteur où l’État ne contrôlait pas l’exploitation de cette richesse dont les dividendes constituent une manne financière de premier ordre pour l’économie et le déve-loppement du pays. La démarche remporte une adhésion populaire puisqu’une majorité de la popula-tion (62 %) la soutient. Plus généralement, le choix de l’Argentine n’est pas une excep-tion sur le continent, depuis l’avènement de gouvernements de gauche et de centre gauche il y a une décennie. Il s’est agit pour eux de mettre fin à la longue his-toire des spoliations, en faisant valoir leur droit à défendre leur souveraineté économique et poli-tique, à être maître de leur destin. Car, le contrôle des ressources

La présidente de la Républiqueargentine,Cristina Fernandez Kirchner

Le 16 avril 2012, la présidente argentine Cristina Fernandez Kirchner a officialisé un projet d’expropriation pétrolière de la société espagnole privée YPF-Repsol qui détenait, jusqu’alors, 57 % des actions.

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DOSSIER LE RÉVEIL

naturelles est une question pri-mordiale pour les exécutifs. Ces dernières représentent un levier économique fondamental. Mais, trop souvent exploitées par les sociétés étrangères, elles consti-tuent un manque à gagner pour les États. Les concessions faites aux compagnies étrangères par les gou-vernements libéraux d’hier ont été ahurissantes. A titre d’exemple, les taxes d’exportations qui reviennent aux États relèvent du ridicule (3 à 5 %). C’est cette asymétrie que les gouvernements cherchent à recti-fier aujourd’hui.

Car, sans financement public, im-possible de résorber les fractures sociales dans un continent consi-déré comme le plus inégalitaire au monde. A titre d’exemple, en 2006, le président vénézuélien Hugo Chavez Frias a annoncé la reprise du contrôle des ressources énergé-tiques jusqu’alors détenues par les transnationales étrangères et, dans la foulée, la nationalisation des hydrocarbures. Cette orientation a permis de mettre en place un vaste plan de programmes sociaux, plus connus au Venezuela sous le nom de missions, constituant ainsi l’épine dorsale du projet politique développé depuis une décennie à Caracas. Le bilan de ces politiques permet d’ailleurs de comprendre la popularité dont jouit encore Hugo Chavez qui brigue en octobre pro-chain un nouveau mandat à la tête de l’État, et dont les sondages assurent qu’il sera largement réé-lu. La démocratisation de la santé, du logement, de l’éducation ont contribué à éradiquer l’analpha-bétisme, ou encore à réduire for-tement la pauvreté et le chômage. Ces avancées substantielles ont constitué une rupture avec les pré-cédents gouvernements, même si elles restent encore insuffisantes au regard des retards accumulés. Mais, elles constituent également un contre-exemple politique.

Le 1er mai 2006, Evo Morales a an-noncé la nationalisation des hydro-carbures et la renégociation de tous les contrats des entreprises étran-gères avec pour but que 82 % des re-venus de ces ressources reviennent à l'État. Rappelons que le gaz natu-rel est la principale ressource de la Bolivie. Les guerres de l’eau en 2000 et 2005 qui ont renversé plu-sieurs gouvernements en raison d’une gestion privée qui avaient conduit à la multiplication des prix, le gouvernement d’Evo Morales s’est engagé en faveur d’une ges-tion publique de l’or bleu à La Paz, la capitale et sa banlieue El Alto. En 2007, l'entreprise publique sociale d'eau et d'assainissement (Epsas) a repris le contrôle sur une filiale du groupe Suez. Le 1er mai de cette année, Evo Morales s’est engagé à nationaliser l’entreprise de Trans-port d’Electricité (TDE), filiale du Réseau Electrique d’Espagne. Une

décision qui intervient dans un contexte de conflits sociaux et sala-riaux important. Car, privé de véri-tables moyens, l’État bolivien peine à satisfaire les revendications et les aspirations. D’où également les rapprochements géostratégiques. La création de pôle politique, éco-nomique et de coopération, comme l’ALBA (Alliance bolivarienne des Amériques), l’UNASUR ou en-core la fondation d’une monnaie commune d’échange, le SUCRE, sont autant de points d’appui pour contribuer à l’inclusion sociale, en mutualisant les ressources des pays membres. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard, si les nations du Sud restent soumises aux pressions et tentatives de déstabilisations étran-gères, à commencer par celles des États-Unis, qui voient d’un mauvais œil cette émancipation politique et économique.

Le 23 septembre 1973, l’immense poète Chilien Pablo Neruda était déclaré mort d’un cancer de la pros-tate, alors qu’il était en soins à la cli-nique Santa-Maria de Santiago. Or, selon de nouvelles sources, Pablo Neruda aurait pu être assassiné sur ordre du sinistre général Pinochet, qui venait d’instaurer terreur et dic-tature par les armes suite au coup d’état militaire qui causa la mort du Président élu Salvador Allende.Pablo Neruda, en bonne forme, préparait les détails de son départ pour le 24 septembre au Mexique où il comptait se réfugier en asile politique. Mathilde, son épouse, et son chauffeur garde du corps, Manuel Araya, étaient partis à sa maison d’Isla Negra chercher des livres et des affaires personnelles de Pablo. Soudain, celui-ci, par téléphone, leur demande de reve-nir d’urgence : « on » lui a fait une

piqûre dans l’estomac, il a très mal et il a peur. Arrivé à la clinique, Ma-nuel Araya va chercher un médica-ment à l’extérieur. Il est immédiate-ment arrêté par l’armée et incarcéré au Stade national dont il ne sortira que deux mois plus tard.Pablo Neruda décède dans les heures qui suivent, officiellement d’un cancer de la prostate en phase terminale, dans ce même établis-sement où sera assassiné, en 1982, l’ex-président Eduardo Frei. L’exhu-mation du corps de Pablo Neruda a été demandée, afin que des exa-mens à la lumière des technologies modernes soient entrepris.Révèleront-elles que le poète chilien a été assassiné par une injection létale ordonnée par Pinochet ? Plainte a été déposée et des méde-cins canadiens sont prêts à prati-quer les examens nécessaires à la clarté sur la mort de Pablo Néruda.

Pablo nerudaassassiné par Pinochet ?

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LE RÉVEIL DOSSIER

fessionnels de la médecine, de l’orthodontie, de l’anthropologie et de l’archéologie, lesquels vont se spécialiser dans la recherche et la documentation des violations des droits de l’homme au plan scientifique. L’EAAF était créée et l’idée d’appliquer la science dans le domaine des droits de l’homme naissait en Argentine… avant de se répandre dans le monde entier.

Des techniques et une mé-thoDoLogie sPéciFiqueL’équipe se fixe pour mission d’exhumer les restes de disparus, de les identifier, de déterminer les causes de leur mort, afin d’apporter ensuite des preuves utiles lors des poursuites judiciaires contre les bourreaux.La jeune équipe pionnière va donc mettre au point, pour la première fois dans le monde, une pratique basée sur la rigueur scientifique et l’indépendance à l’égard de l’État.Constatant que les premières exhu-mations de corps réalisées l’étaient sans aucune rigueur scientifique, l’équipe va réagir contre les mé-thodes employées, tel l’emploi de bulldozer faisant disparaître de nombreux éléments de preuve. Elle va imposer des techniques et une méthodologie spécifiques afin

L’Argentine de Videla et com-parses, État dictatorial de la ter-reur, a perdu 30 000 de ses filles et fils, disparus, enlevés, martyrisés, assassinés sans laisser de traces par leurs bourreaux. Parmi les vic-times, 20 Françaises et Français à qui il fut rendu hommage le 8 dé-cembre 2011 au Sénat à l’initiative du Collectif argentin pour la mé-moire, dans le cadre de la Journée mondiale des droits de l’homme. A cette occasion (voir le Réveil des Combattants n° 780 de février 2012, ainsi que L’Espoir Mutualiste n° 55 de décembre 2011), nous avi-ons fait connaissance de Cécilia Ayendi, responsable de coordina-tion de l’EAAF, venue présenter le travail de recherches mené pour identifier les restes de la religieuse française Léonie Duquet. Les preuves incontestables apportées ont ainsi permis, lors du procès argentin de la ESMA (Escuela de Mecanica de la Armanda, école de mécanique de la marine, l’un des pires lieux de tortures à Buenos Aires), de condamner à de lourdes peines de nombreux responsables de la dictature terroriste d’État.

PionnieRs De La science au seRvice Des DRoits De L’hommeEn 1984, après la tragédie de la guerre des Malouines et le rétablis-sement d’une fragile démocratie, le bilan est lourd de la dictature terroriste d’État : 15 000 fusillés, 30 000 disparus et l’ampleur ini-maginable des violations de droits de l’homme.Face à cette situation, la CO-NADEP (Commission nationale sur la disparition des personnes) et l’Association des Mères et grands-mères de la place de Mai - qui s’opposèrent publiquement et courageusement aux généraux de la dictature - firent appel à des scientifiques nord-américains pour les aider à enquêter sur les disparitions criminelles de 1976 à 1983. Mais les moyens humains et scientifiques existant localement ne permettaient pas de traiter la complexité du problème lié à la conservation et l’analyse des restes humains.Le docteur Clyde Snow, l’un des rares anthropologues médico-lé-gal à l’époque, s’employa donc à réunir une équipe de jeunes pro-

Une affiche del'EAAF incitant à l'identification des victimes disparues

L’eaaF mène l’enquête...et la réalité dépasse la fictionAndré FillèreD’après Pal Mag n° 108

Désolé pour les « fans » de Tempérance Bennan, l’anthro-pologue judiciaire, héroïne des romans de Kathy Reichs, interprétée par Emily Deschanel dans la série télévisée Bones, mais, avec le travail mené par l’équipe argentine de sciences médico-légales, l’EAAF (Equipo Argentino de Antropologia Forense, en espagnol) non seulement en Argentine, mais aussi au Rwanda, au Kosovo, au Cam-bodge… la réalité dépasse la fiction.

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DOSSIER LE RÉVEIL

de permettre d’identifier les restes découverts dans les fosses com-munes ou dans les tombes mar-quées NN, et leur classement cor-rect sans lequel leur identification et la reconstitution des circons-tances de leur mort compliquent les chances d’aboutir des investi-gations. Ainsi, l’anthropométrie médico-légale, science à peine existante, devient une spécialité à part entière et un développement important, notamment avec l’ap-parition de nouvelles technologies telle la génétique.

Des DétectivesDe L’histoiRe Du cRimeL’EAAF ne peut mener à bien ses investigations que par un travail d’équipe. Aussi, fait-elle appel à de nombreux domaines de la recherche et de la science telle la biologie, la balistique, la génétique, l’archéologie.La première étape commence par des recherches visant à retrouver des documents oraux ou écrits, des indications à travers des entretiens avec les familles des disparus et des témoins pouvant reconstituer le contexte dans lequel la personne a disparu.Vient ensuite une phase de re-cherches plus approfondies. Elle porte sur les sources écrites, en particulier registre des cimetières, d’état civil, d’articles de journaux, des plaintes et des dossiers judi-ciaires de l’époque, etc. Leurs buts : rechercher le lieu où les disparus sont inhumés.Alors commence le travail d’ar-chéologie : une fois ce lieu cerné, toutes les techniques de l’archéo-logie sont mises en œuvre avec une extrême minutie afin de réu-nir un maximum d’éléments. Ces restes exhumés, classés, étiquetés sont alors remis au laboratoire de l’EAAF où sont recoupés les résul-tats des recherches documentaires et archéologiques, afin de déter-miner l’identité et les causes de la mort du disparu.

L’eaaF au seRvice Des FamiLLes Dans Le monDe

Partant de leurs terrib les expé-riences, les Argentins se sont mis au service des familles de dispa-rus dans le monde, telle celles du Rwanda, du Kosovo, du Cam-bodge, à Chypre, en Sierra Léone qui, comme l’Argentine, ont connu des régimes dictatoriaux, des guerres civiles, des périodes sombres de leur histoire avec des violations de droits de l’homme et des millions de disparus.Le travail de l’EAAF par pays :- Amérique (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Salvador, Guatemala, Haïti, Honduras, Mexique, Panama, Paraguay, Pérou, Surinam, Uruguay, Ve-nezuela),- Afrique (Angola, Ethiopie, Répu-blique démocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Kenya, Namibie, Sierra Leone, Togo, Soudan, Afrique du Sud, Zimbabwe),- Moyen-Orient et Afrique du Nord (Kurdistan Irakien, Maroc),- Océanie (Polynésie française),- Asie (Timor Oriental, Indonésie, Philippines)- Europe (Bosnie, Croatie, Chypre, Kosovo, République de Géorgie, Roumanie, Espagne) Reconnue internationalement, l’équipe de l’EAAF travaille non seulement sur le terrain, mais forme aussi des chercheurs à travers le monde. Ainsi en 1995, l’EAAF a apporté son aide en Boli-vie pour identifier les restes du « Che » Guevara et, en 2011 au Chili, elle a participé à l’exhuma-tion du Président Salvador Allende

afin d’infirmer ou confirmer la thèse de son suicide.Ce sont donc 55 experts de l’EAAF qui parcourent le monde à la de-mande d’associations de droits de l’homme, de la Commission pour la vérité et de tribunaux nationaux et internationaux, tels ceux créés par l’ONU en Ex-Yougoslavie et au Rwanda.Dans plus de 30 pays, ils ont col-laboré avec les recherches des équipes locales, formé des experts à leurs méthodes et à l’usage des dernières technologies. Au Chili, au Pérou, au Guatemala, l’EAAF a mis en place des équipes per-manentes d’anthropologie qui en-quêtent désormais sur les crimes commis dans leur pays. Ces experts ont également une intense activité académique dans les universités du monde entier, où ils organisent ateliers et conférences afin de sen-sibiliser et de former des profes-sionnels au rôle d’anthropologue médico-légal dans des situations de viols des droits de l’homme, tout en présentant et en débattant de leurs propres avancées scientifiques et judiciaires.

inDéPenDance et RésuLtatsEn Argentine même, les résultats de l’EAAF ont attiré l’attention des médias et du grand public. Notam-ment lors de l’exhumation du fils du poète Juan Gelman, de la « ré-cupération » de Manuel Gonçalves (frère biologique du bassiste du groupe Los Péricos) ou de la reli-gieuse française Léonie Duquet.

L'équipe de L'EAAF composée de scientifiques et e professionels de différents disci-plines médicales

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LE RÉVEIL DOSSIER

Plus de 85 disparus ont ainsi pu être identifiés après de longues années de lent et minutieux travail.S’il peut en être ainsi aujourd’hui, c’est que l’EAAF relève d’un sta-tut très particulier. En 1984, les experts en médecine médico-lé-gale de toute l’Amérique latine relevaient des corps judiciaires ou policiers, c'est-à-dire d’institutions qui, par leurs liens avec les régimes dictatoriaux, étaient sévèrement critiqué.Mais l’EAAF, quant à elle, est une association à but non lucratif, liée à aucun corps étatique argentin. Ses ressources proviennent de donations d’institutions des droits de l’homme du monde entier, d’organisations internationales ou de gouvernements requérant ses services. Dans ces conditions, sa légitimité auprès des familles des victimes est totale et son indépen-dance garantie. Et, grâce à elle, petit à petit, des familles de disparus en Argentine, au Rwanda, au Kosovo, au Cambodge... « retrouvent » les leurs qui cessent alors d’être ano-nymes, disparus. Elles peuvent faire leur deuil.Mais il appartient aussi à leur pays, à leur gouvernement de regarder en face leur histoire récente et d’entreprendre un travail de mé-moire, de transfert de mémoire permettant aux jeunes comme aux anciens de maîtriser la justice et de faire apparaître la vérité au grand jour.Révélatrice de l’histoire, détective de la mémoire et guide pour la justice, l’EAAF mérite respect et considération.

Communauté andine des nations, le Marché commun Centre-Amé-ricain, le système d’intégration Centre-Américaine, l’actuelle Communauté des Caraïbes et le Marché commun du Sud (MER-COSUR) seront toutes des institu-tions conditionnées par la préserva-tion des intérêts impérialistes des États-Unis. Et ce n’est pas le Traité d’Assuncion (1991), associant au MERCOSUR le Paraguay et l’Uruguay, qui changera la donne. Comme le confirme « L’iniciativa para las Américas » de Georges Bush père (en 1994) et sa zone de libre échange dont l’objectif fut ainsi défini par Colin Powell, alors secrétaire d’État des USA : « Notre objectif (…) est de garantir à nos en-treprises ce contrôle d’un territoire qui va de l’Arctique à l’Antarctique, et le libre accès, sans la moindre barrière ou difficulté, pour tous nos produits, services, technologies et capital dans tout l’hémisphère. »La victoire de Chavez au Venezuela en 1998 fut l’un des déclencheurs de nombreuses luttes qui permet-tront une série de succès pour la gauche, dressée contre la stratégie capitaliste. Elles permettront l’accé-lération d’un processus d’intégra-tion basée sur une autre logique d’échanges et de développement, plus solidaires, moins inégalitaires.Ainsi naîtra en 2005, l’Alba-TCP (Alianza Bolivariana para los Pue-blos de nuestra America – Tratado de Comercio de los Pueblos), asso-ciant : Cuba, le Venezuela, la Boli-

Sa proposition en avait d’abord été faite lors des sommets tenus en décembre 2008 à Bahia (Brésil), puis en février 2010 à Cancun, au Mexique. Et sa concrétisation a cette particularité que, pour la première fois, les États de l’Amé-rique latine et des Caraïbes se sont réunis de leur propre initiative, sans la présence des États-Unis, du Canada ou de quelques pays euro-péens, marquant ainsi une rupture fondamentale avec la politique de « pan-américanisme » dévelopée jusqu’ici sous l’égide des USA.En effet, depuis 1890 et la pre-mière conférence pan-américane, les États-Unis menaient le jeu pour leurs intérêts propres : Traité interaméricain d’assistance réci-proque (1947), Organisation des États américains (1968), Alliance pour le progrès et USAID dans les années 1960 pour contrer la révo-lution cubaine, Association latino-américaine de libre échange et la Banque interaméricaine de déve-loppement. Puis le Pacte andin, la

La CELAC,un événement historiquepour l’Amérique du SudLa création de la Commission des États Latino-Américains et Caribéens, la CELAC, regroupant 33 pays lors du sommet tenu à Caracas (Venezuela) les 2 et 3 décembre 2011, représente une date historique de portée internationale.

Un chantierde rechercheet d'indentifica-tion

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DOSSIER LE RÉVEIL

extérieure, suivie par la Russie (86 mesures) et l’Indonésie, 59 mesures.

La PLainte De L’union euRoPéenneL’Union européenne (UE) a donc déposé plainte contre l’Argentine, devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC).Selon la commission européenne en charge du commerce, M. de Gucht, les « restrictions argentines violent les règles du commerce international et doivent être supprimées ». Ces restric-tions, selon l’UE, auraient affecté un volume de 500 millions d’euros d’exportation… sur un total de 8,3 mil-liards d’euros en 2011. Le gouverne-ment argentin a accepté de participer à des consultations avec l’UE, tout en qualifiant les accusations « d’infon-dées ». Si aucun accord n’était trouvé, l’UE pourrait demander à l’OMC de statuer sur la « légalité » des pratiques argentines.Comment oser parler de « légalité » quand les pratiques financières de l’UE ont mis à mal la Grèce, l’Italie, l’Espagne, le Portugal ? Mais voilà, l’Argentine depuis 2002 est sortie du système FMI et refuse de se lais-ser faire. Alors l’Union européenne s’institue le bras armé de la politique économique internationale au ser-vice des intérêts des États-Unis… qui se contentent de « compter les coups ».La France, berceau des libertés et des droits de l’homme laissera-t-elle les banques et la finance internatio-nale mettre à mal la souveraineté de l’Argentine… dans la ligne d’une politique sarkozienne que l’on nous dit pourtant… changée ?

vie, le Nicaragua, la Dominique, Saint-Vincent, les Grenadines et l’Équateur. En 2008, ce sera l’UNASUL (Argentine, Bolivie, Brésil, Colombie, Chili, Équateur, Guyana, Paraguay, Pérou, Suri-nam, Uruguay et Venezuela) souli-gnant une convergence accrue per-mettant, avec la CELAC, d’aboutir à une communauté latino-améri-caine unie sur des bases solidaires.Si les succès économiques et sociaux obtenus par les gouverne-ments progressistes ont permis de modifier le rapport de forces sur le continent et de renforcer les parte-nariats, il serait illusoire de croire que la CELAC seule pourra venir à bout des contradictions existantes entre l’ensemble de ces pays. Par contre, cet événement de portée historique pour tous les peuples concernés est un outil essentiel pour démontrer que d’autres logiques de coopération et de développement sont possibles, à l’opposé de l’impérialisme, de son Fond monétaire international et de sa Banque mondiale qui imposent privatisations et coupes sombres dans les budgets sociaux des États sous leur coupe.Les pays européens soumis, sous prétexte de crise, aux mêmes me-sures destructrices ayant conduit à un désastre social et économique en Amérique latine, devraient bien en tirer les leçons et s’oppo-ser aux politiques destructrices de la Banque centrale européenne et du FMI avec l’aval des gouverne-ments en place. Et il importe donc que les changements prévus par le Président de la république élu le 6 mai dernier s’inscrivent comme autant de ruptures claires et fonda-mentales ouvrant des perspectives d’avenir et d’espoir mobilisant largement les énergies du mou-vement populaire sur des bases nouvelles.

C’est le 6 juin dernier que la Prési-dente argentine Cristina Kirchner a annoncé que « le tarif d’importation pour le bien d’équipement (déjà) pro-duits localement sera augmenté de 0 à 14 %, et ce tarif sera fixé à 2 % pour les (autres) biens d’équipement qui ne sont pas produits dans notre pays ».Cette déclaration, faite au palais pré-sidentiel de Buenos Aires, précise qu’ « il s’agit d’une mesure en faveur de l’industrie locale ». Elle s’appliquera, a précisé la Présidente « aux industries de métallurgie, de machinerie agricole et de moteurs notamment produites par les entreprises de pays extérieures au mar-ché commun de Cône Sud-américain.»

PRotectionnisme et souve-Raineté nationaLeL’Argentine a ainsi adopté, ces der-niers mois, une série de mesures protectionnistes visant à défendre l’emploi et la production du pays, ses importations de biens d’équipement (y compris en provenance du MER-COSUR) ayant atteint 15 milliards de dollars (11,95 milliards d’euros) en 2011, sur un montant total d’importa-tions de 74 milliards de dollars (58,95 milliards d’euros) dont 50 % sont consacrés aux besoins en pétrole. « Prétexe et sacrilège» s’écrient aussi-tôt en cœur les États-Unis et l’Union Européenne, inquiets de ce qu’ils dé-noncent comme une « recrudescence du protectionnisme ».La Commission européenne observe en effet que, dans les pays du G20, 80 % du commerce mondial su-bissent des taxes à l’importation, l’Argentine, depuis 2008, ayant pris pour sa part 119 mesures défensives face à la concurrence commerciale

L’Argentine entend protéger ses produits et son industrie localeA compter de juillet, l’Argentine a décidé d’appliquer une taxe de 14 % sur les biens d’équipements importés de pays extérieurs au MERCOSUR (marché commun du Sud regroupant l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay, auxquels sont associés le Chili et la Bolivie), importations qui viennent concurrencer les produits locaux.

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LE RÉVEIL DOSSIER

Le Collectif argentin pour la mémoire (1) est une association loi 1901, créée en 2006. L’ARAC entretient avec elle des liens d’amitié et soutient son action sur des valeurs que nous partageons. Elle rassemble des Argentins, des Latino-américains et des Français qui assument la mémoire en tant que responsabilité historique et morale, comme valeur univer-selle, se ralliant à la lutte perma-nente pour la vérité, la justice, l’information et la transmission aux nouvelles générations des crimes de lèse humanité com-mis par l’État argentin pendant la période du terrorisme d’État (1972-1983).L’objectif de l’État argentin pen-dant cette période a été la mise en place d’une politique néo-libérale, sans opposition. C’est la pratique du Plan Condor, l’action des organisations d’extrême droite dénommées les 3AAA (Alliance anticommuniste argentine), sou-tenues par les groupes financiers

argentins et internationaux, avec la complicité de l’Église, de civils et de militaires, qui ont permis l’installation de ce terrorisme d’État.Le 24 mars 1976, une junte mili-taire a pris le pouvoir pour réali-ser ces objectifs et transformer le pays en une société « occidentale et chrétienne ».Un plan systématique de répres-sion, de terreur et d’extermina-tion fut instauré, au cours duquel eurent eu lieu les pires violations des droits de l’homme, des mil-liers de citoyennes et citoyens arrêtés et torturés dans 400 centres de détention clandes-tins, 500 nouveau-nés volés aux familles, et plus de 30 000 dispa-rus (dont au moins 22 Français) et 1 500.000 exilés pour 30 millions d’habitants. Tel est le résumé de la tragédie argentine.La Commission argentine des ex-exilés politiques de la République argentine estime que la majo-rité de ceux-ci se sont réfugiés au

Mexique, en Espagne et en France entre 1974 et 1983. Selon les esti-mations crédibles, plus de 3 000 Argentins sont arrivés en France, dont 900 ont bénéficié du statut de réfugié politique octroyé par l’Office des réfugiés et apatrides (OFPRA). Actuellement, la moitié de ces familles résident encore en France. Avec le Collectif argentin pour la mémoire, nous soutenons la lutte des organismes des droits de l’homme de l’Argentine qui demandent depuis des années que ceux qui planifièrent et exé-cutèrent ces crimes soient jugés et que vérité et justice soient faites.Depuis 2005, la justice en Argen-tine s’emploie à faire condam-ner les bourreaux pour « crimes contre l’humanité ». Et le Collectif argentin veut, par ses multiples activités, initiatives et informa-tions mensuelles, maintenir la mémoire vivante et éveiller les consciences de sorte que ces faits ne se reproduisent plus jamais! Ni en Argentine, ni ailleurs dans le monde. Nunca mas !

Collectif argentin pour la mémoire, 1 passage Montenegro, 75019 Paris. Tel. 06 19 66 82 06. Présidente : Alicia Bonet-Krueger. Trésorière : Estella Belloni.

Le coLLectiF aRgentin PouR La mémoiRe

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INDIVIDUEL COLLECTIVITÉS (lycées, collèges, centres de documentation, bibliothèques…)

10 numéros - au prix de 28,00 e par an

Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Nom (collectivité) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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VOS DROITS LE RÉVEIL

Suite au refus des sénateurs Verts-écologistes de s’associer au vote d’une proposition de loi socialiste (soutenue par les groupes de gauche) faisant du 19 mars une journée officielle du souvenir de la guerre d’Algérie, l’ARAC de l’Es-sonne avait interpellé le président de ce groupe, Jean-Vincent Placé, tout nouvel élu dans ce département. Il a répondu à nos courriers et les arguments évoqués pour justifier ce refus relèvent soit de la mauvaise foi, soit d’une méconnais-sance affligeante de l’histoire et de l’in-dispensable travail de mémoire.Nous vous livrons telles que les « inter-rogations » du président des Verts et leurs « raisons » : « La date de commé-moration ne semble pas faire consensus ». Sans même s’interroger sur ceux qui combattent la date du 19 mars (extrême droite, racistes, nostalgiques du colonia-lisme et de l’OAS, gouvernements de la droite réactionnaire...) ni sur leurs raisons d’avoir « créé » le 5 décembre contre toute vérité historique !Solution » de M. Placé : « (…) Laisser aux historiens le soin, au vu de leur travaux

de recherches, de proposer la date la plus appropriée afin de concilier tous les acteurs de cette guerre ». En fait, comme Ponce-Pilate, les sénateurs Verts s’en lavent les mains de la date officielle du cessez-le-feu du 19 mars… Et ils délèguent aux « historiens » - ceux du 5 décembre, de la glorification du colonialisme, des chantres de la journée unique du sou-venir, le soin d’enterrer la mémoire de la guerre d’Algérie…« Mélanger ensemble les victimes de la guerre d’Algérie, celles de la Tunisie et du Maroc est susceptible de créer la confusion et d’entraver le travail de mémoire ». Ça, de « la confusion », dans « le travail de mé-moire », il n’en manque pas le président des Verts sénateurs ! A commencer par la connaissance du droit à réparation qui accorde la carte du Combattant et le TRN à l’ensemble des combattants en Algérie, Tunisie et Maroc, sur la base de critères identiques de 1952 à 1962.Si, à leur époque, les députés écolo-gistes ont voté la loi relative au 19 mars à l’Assemblée nationale, les verts d’au-jourd’hui sont beaucoup plus « pru-

dents ». Ils arguent que l’agenda parle-mentaire n’aurait pas permis « un débat dans des conditions satisfaisantes (…) que ce genre de proposition (…) risquait d’apparaître comme une loi électoraliste supplémentaire, mettant à mal la fonction de législateur ». Et, qu’en fait, ils « ont souhaité ne pas précipiter afin de pouvoir débattre sereinement de cette proposition de loi ».Cinquante années ne leur ont donc pas suffi pour se faire une opinion « se-reine » et se convaincre de l’obligation de voter une loi respectant la vérité de l’histoire, telle que l’exigent d’ailleurs plus de 80 % des Français ?A quel rendez-vous de l’histoire, à quelle cérémonie du cessez-le-feu aux Ulis ou à Evry, M. Placé sera-t-il assez « serein » pour reconnaître officiellement le 19 mars ? Dans 10 ans ? Pourquoi pas dans 50 ans, pour le 100e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie ? Allons, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, un peu de sérieux, s’il vous plait !

50 ans aPRès Le 19 maRs, LES SénATEuRS VERTS onT EnCoRE BESoin dE RéfLéChiR !

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LE RÉVEIL VOS DROITS

LE RÉVEIL - N°785 - JUILLET / AOûT 201222 -

Cette édition a vu une nette progression de la participation avec le concours de 142 classes de CM1/CM2 représentant 65 départements. Soixante-six travaux ont fait l’objet d’une première sélection et, parmi eux, seize ont concouru pour les trois premiers prix nationaux et les prix spéciaux décernés par le jury. Mais tous les écoliers participants seront honorés à l’occasion de cérémonies départementales au cours desquelles les préfets remettront un diplôme à chacun, en présence du directeur des services départementaux de l’ONAC.D’un très haut niveau, les contributions illustrant la vie des soldats à travers leurs lettres (fictions ou réelles) illustrées de dessins, collages réalisés avec amour et soin, hauts en couleurs symboliques, avec recherche d’originalité expres-sive et d’unité de style dans la diversité étaient toutes porteuses d’émotions fortement ressenties par un jury bien embarrassé dans son choix.Les 16 travaux en concours final ve-naient de Haute-Savoie, du Lot-et-Ga-ronne, du Bas-Rhin, des Bouches-du-Rhône, des Alpes-Maritimes, de l’Ain, de l’Indre, de Haute-Garonne, de la

Drôme, de Corse, de l’Orne, du Gard, du Nord et de Guyane.Au terme de sa délibération, le jury a décerné le 1er prix à l’école des Tanneurs à Baar (Bas-Rhin) pour le Le Carnet de guerre de Xavier Meyer, le 2e prix à l’école Marcel-Pagnol de Salindres (Gard) pour Paul Noé brigadier, 1916-1918 et le 3e à l’école Georges G. de Faucogney-et-la Mer (Haute-Saône) pour Henri Febvet, au fil de la guerre.Le prix spécial d’Outre-mer a été attri-bué à l’école Samuel-Chambaud de Cayenne (Guyane). Mention artistique : école de la Taille au Theil-sur-Suisne (Orne). Mention pédagogique : école de Puntichyu de Santa-Maria-di-Moriani (Haute-Corse). Mention originalité : école Marc-Chagall de Vence (Alpes-Maritimes)Mention spéciale pour l’implication de toute la commune dans ce concours : école Odillon V. de Montastruc-la-Conseillère (Haute-Garonne).La remise officielle des prix a eu lieu le 2 juillet : Raphaël Vahé, président natio-nal de l’ARAC y assistait dans les salons du gouverneur des Invalides.

Par ignorance, des personnes, âgées ou non, laissent pénétrer chez elles (à leurs risques et périls) des gens qui n’ont aucun pouvoir pour forcer leur porte. Alors qui a ou n’a pas ce droit ? Quelques exemples…

• Ceux qui peuvent exiger l’accès :- les pompiers, pour secourir quelqu’un. Ils ne sont pas respon-sables des dégâts causés ;- l’huissier : même en votre absence, il peut entrer s’il est muni d’un titre exécutoire délivré par un magistrat. L’intervention ne peut avoir lieu qu’un jour ouvrable, entre 6 et 21 heures, en présence d’un agent des forces de l’ordre, ou municipal et d’un serrurier ;- l’administration fiscale, mais l’agent doit vous remettre l’ordonnance du juge l’autorisant à saisir les pièces en rapport avec les faits reprochés. Par contre, il ne peut pas entrer pour vérifier seulement la présence d’un téléviseur ;- la police : en cas de flagrant délit, elle peut perquisitionner votre domicile sans votre accord ni celui d’un juge. Mais, pour des faits légers, la police doit avoir une autorisation écrite et effectuer les contrôles en votre pré-sence ou celle de deux témoins, un jour ouvrable entre 6 et 21 heures.

• Les autres…Tels les agents d’EDF, de GDF, des eaux, etc, n’ont aucune obligation de pénétrer chez vous. Il vous suffit d’af-ficher votre relevé de consommation sur votre porte. C’est légal.

Les Petits Artistes de la mémoireLa grande guerre vue par les enfants

qui peut entrer chez vous ?

La 6e édition du concours des Petits Artistes de la mémoire, organisé par l’ONAC, a réuni son jury le 5 juin dernier aux Invalides, sous la présidence d’Anita Roth, directrice des Missions. L’ARAC y a participé (André Fillère) au côté de la FNCPG/CATM et du Souvenir français, de l’Association Renefer (dessinateur de poilus en 14-18), du Musée de la grande guerre de Meaux et de la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA/Défense).

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LE RÉVEIL - N°785 - JUILLET/AOûT 2012 - 23

LE RÉVEIL VOS DROITS

Suite à leur appel à placer la santé et la Sécurité sociale au cœur du débat public, lancé le 21 mars dernier par les syndicats CFDT, CFE/CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, UNSA et la Mutua-lité française, six des signataires ont précisé leur action en avril 2012 en publiant trois documents détaillant leurs revendications dans les secteurs suivants :• Les retraités face aux difficultés d’ac-cès aux soins Ils dénoncent les problèmes liés au désengagement de la Sécurité so-ciale, au coût des complémentaires de santé, à l’organisation des soins et aux comportements de certains pro-fessionnels de santé.

• La défense du pouvoir d’achat des pensions et des retraitesIls réclament l’amélioration du pou-voir d’achat des retraités, un mini-mum de pension des régimes obliga-toires au moins égal au SMIC pour une carrière complète, la nécessité de combattre le risque de pauvreté chez les retraités et les personnes âgées, l’obligation d’améliorer les pensions de réversion.• La prise en charge de la perte d’auto-nomie des personnes âgéesConsidérant qu’il faut prévenir, soute-nir, accompagner dignement la vieil-lesse, les organisations signataires se penchent sur le maintien à domicile des personnes âgées, les intervenants

à domicile, le logement des personnes âgées qui demeure un élément essen-tiel de leur maintien au cœur de la société, la question des maisons de retraite et celle des aidants familiaux.L’ARAC est solidaire de ces dé-marches et de ces revendications qu’elle soutient au nom des valeurs républicaines et de l’humanisme qui la caractérise.

Pour en savoir plus sur les solutions pro-posées, nous demander communication de ces documents en joignant une grande enveloppe affranchie à 1,40 euros).

Monsieur le Président de la Répu-blique,Réunis le mardi 26 juin au siège de l’ONAC de Paris, les responsables des UDAC/VG de l’Ile-de-France (plus de 80 000 adhérents), ont pris acte, avec satisfaction, de la nomination de Ka-der Arif au rang de ministre délégué aux Anciens Combattants. Les UDAC/VG de l’Ile-de-France tiennent à rappeler l’intolérable inobservation de la plupart des lois fondatrices du droit à réparation, en particulier : - l’inadmissible décalage atteignant un retard de plus de 43 % entre le point de pension militaire et celui de la fonction publique (lois sur le rapport constant). Ce qui, pour les anciens combattants représente une « double peine » : chacun acquitte en effet ses impôts comme tout bon

citoyen… mais il subit en même temps une détérioration importante de ses pensions.Une rapide concertation entre le ministre et les associations d’anciens combattants est donc devenue néces-saire, comme cela a été déjà fait en 1981/1982, pour rétablir l’applica-tion de la loi sur le rapport constant, cela dans l’esprit de la célèbre citation de Georges Clémenceau, opportu-nément rappelée dans votre réponse datée du 10 avril 2012 au question-naire de l’UFAC qui vous fut adressé en qualité de candidat à la Présidence de la République : « Ils ont des droits sur nous ! »- l’allocation différentielle pour les conjoints survivants (veuves ou veufs) dont le niveau demeure en dessous du seuil de pauvreté ;- l’octroi de la carte du combattant en

Afrique du Nord aux militaires arrivés avant le 2 juillet 1962 et comptant 120 jours de présence sur le territoire (en tenant compte des cas particuliers : blessés rapatriés par exemple) ;- le réexamen du décret de 2010 concernant la campagne double dont l’application est ridiculement restric-tive,- des rencontres régulières entre le ministre délégué aux Anciens Com-battants et les associations concernées dans le cadre de l’examen et de l’ap-plication des lois fondatrices du droit à réparation : anciens combattants OPEX, allocation différentielle, etc.Vous remerciant pour la bonne at-tention que vous prêterez à nos de-mandes, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la Répu-blique, l’expression de notre très haute considération.

Pour la défense du droit à réparation

santé et sécurité socialeL’appel de 7 syndicats et de laMutualité française

L’UDAC/VG d’Ile-de-France s’adresse au Président de la République (10 juillet 2012)

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LE RÉVEIL VOS DROITS

agir pour la reconnaissance du 19 mars 1962L’ARAC 13 affirme sa totale solida-rité face aux attaques dont Frédéric Dutoit est l’objet depuis plusieurs mois, singulièrement au prin-temps dernier.« La guerre d’Algérie a eu son ces-sez le feu le 19 mars 1962, suite immédiate des accords d’Evian signés le 18 mars 1962 par le gou-vernement de la République fran-çaise et le gouvernement provisoire de la République algérienne. Et ce sont 91 % des citoyens français qui se sont prononcés pour l’indépen-dance de l’Algérie au référendum organisé par le général de Gaulle, Président de la 5e République.Les origines de la guerre d’Algérie se trouvent dans les différentes phases du colonialisme, dans son contenu, dans l’histoire même des colonisations, dans l’histoire de la fin du colonialisme et de l’aspira-tion à l’indépendance de tous les peuples colonisés, ainsi que dans les conflits d’intérêts entre les États colonisateurs et les peuples coloni-sés.De part et d’autre de la Méditerra-née, pour les deux peuples, le 19 mars 1962 doit être le symbole de la paix pour deux peuples que l’histoire et la géographie rendent nécessairement solidaires et jour de mémoire pour tous ceux qui, français ou algériens, ont été vic-times de cette tragédie, mais aussi, de rendre hommage à tous ceux qui ont eu le courage du combat, ou pour d’indépendance ou la paix... »

Communiqué de l’ARAC 13 du 16 mars 2012 (extraits)

Notre ami le sénateur Guy Fischer, à qui nous souhaitons un prompt et heureux rétablissement, a présenté avec le groupe communiste, républicain et citoyen une nouvelle proposition de loi dont nous les remercions vivement.En cette année 2012, cinquantième an-niversaire du cessez-le-feu du 19 mars 1962, il propose de faire du 19 mars la date officielle de commémoration de la fin de la guerre d’Algérie et des combats au Maroc et en Tunisie.Il estime en effet inacceptable qu’une date dénuée de sens, le 5 décembre, ait été imposée en 2003 par Jacques Chirac, à l’instigation de nostalgiques de l’Algé-rie française. Militer pour l’instauration de cette date de commémoration est également, selon lui, le moyen de com-battre le déni du passé colonial de notre pays et d’œuvrer à la compréhension et

au respect mutuel entre les deux rives de la Méditerranée. D’où la proposition de loi n° 475, enregistrée à la présidence du Sénat le 12 mars 2012, laquelle, après l’exposé des motifs, soumet à l’adoption les deux articles suivants :• Article 1er

La République française institue une jour-née nationale du souvenir et du recueille-ment à la mémoire des morts civils et mili-taires de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie 1952-1962.• Article 2Cette journée, ni fériée, ni chômée, est fixée au 19 mars, jours anniversaire du cessez-le-feu proclamé le 19 mars 1962, mettant fin à dix années de guerre en Afrique du Nord.A nous et au mouvement ACVG d’in-tervenir auprès du Sénat afin que cette proposition soit rapidement inscrite à l’ordre du jour de ses travaux.

La bataille de Verdun, le Chemin des Dames… Autant de lieux témoins de la 1ère guerre mondiale que des centaines de milliers de visiteurs arpentent chaque année, soucieux de renouer les liens du passé ou de satisfaire leur curiosité.En 2010, ils ont été 6,2 millions à visiter l’un des 185 sites payants retenus pour une étude commandée par le ministère de la Défense et Bercy sur les lieux de mémoire des deux guerres mondiales du XXe siècle. Un engouement tel qu’il a pressé les célèbres guides Michelin à consacrer des guides pour partir à la découverte des sites qui ont marqué l’histoire de la Grande Guerre.« Les Français se sentent concernés par la guerre 14-18. Elle est la plus grande épreuve que la France ait jamais connue. Un cata-clysme où chaque famille française a été

touchée de près ou de loin. Parfois, c’est 3 ou 4 enfants d’une même famille qui ont disparu lors de cette guerre » analyse Jean-Yves Le Naour, historien spécialisé dans la 1ère guerre mondiale.Les musées ne sont pas en reste, chaque année l’Historial de la grande guerre et le Mémorial de Verdun, les deux prin-cipaux lieux consacrés à cette période de l’histoire, attirent plus de 200 000 visiteurs. On ne peut que se féliciter de l’augmen-tation des touristes et de leur intérêt croissant pour les sites de la 1ère guerre mondiale. Cependant un léger bémol doit être retenu : éviter à tout prix que ces sites ne se transforment en Foire du Trône avec barbe à papa ou toute autre attraction. La mémoire émue et respec-tueuse doit être seule retenue.

sénat19 mars 1962 : nouvelle proposition de loi

tourisme et1ère guerre mondiale

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LE RÉVEIL - N°785 - JUILLET/AOûT 2012 - 25

Dans le cadre de son action de solida-rité internationale, la direction natio-nale de l’ARAC, qui entretient une coopération précieuse avec les anciens combattants cubains, a reçu le 19 avril dernier, au siège à Villejuif, Aleida Guevara, fille d’Ernesto Guevara, ve-nue en France pour la présentation en première mondiale à Amiens, d’une symphonie Le Che, écrite par Julio César Pardo et interprétée par l’Utopia Orchestra de Philippe Legris au cirque Jules-VerneCette initiative remarquable a été pen-sée et préparée par l’association Cuba Si France, en partenariat avec Charlie Hebdo qui a présenté une belle expo-sition, Les milles unes, en présence de Cabu, Wolinski, Charb, et une vidéo, Portraits de Tristan Alexandre.Vraiment de « la belle ouvrage » ! La présence des ambassadeurs de Cuba, du Venezuela, de Bolivie, d’Argentine, du professeur Albert Jacquard, de Jean Cormier, biographe, de René Barri, célèbre photographe du Che.Raphaël Vahé, Patrick Staat, Pierre Bussone, Achille Forestier, Michel Tran Van et de nombreux animateurs de notre association de la Somme avaient tenu à faire le déplacement

et ont représenté l’ARAC, partie pre-nante de la préparation de cette mani-festation.Lors de la rencontre avec Aleida Gue-vara, au siège national, il a été rappelé la solidarité de l’ARAC au peuple cu-bain dans sa lutte contre le crime du blocus inique imposé par les États-Unis, pour la libération des Cubains emprisonnés injustement… Un projet de coopération décentralisé a été envi-sagé au sujet d’un ferme coopérative

écologique que le Che avait initié en direction de la jeune génération. Projet aussi, pour 2013, de réaliser un nou-veau voyage de l’ARAC à Cuba, voyage pour la connaissance mais aussi et sur-tout voyage pour la solidarité.Un « pot » chaleureux a permis au per-sonnel de l’ARAC, aux bénévoles pré-sents de mieux se connaître, de mieux se comprendre.

Notre camarade Georges Da-Mota décoré chevalier dans l’Ordre national du mérite.Georges s’est construit seul, dans le dur univers rural, aux portes du Morvan. An-cien d’Algérie, enfin établi dans la vie, il décide de donner de son temps pour les autres. Bénévole à la Croix rouge, puis militant de l’ARAC depuis 1947, dont il sera porte-drapeau puis deviendra natu-rellement président de la section locale, en 2000.Belle consécration d’un parcours hors

norme, fait « de courage, de ténacité, de sens de l’honneur et du devoir » comme l’a souli-gné François Perrot, conseiller général de Decize, qui lui a remis la médaille devant de nombreuses personnalités locales dont Madame le Maire de Champvert, Annie Chausset-Rouflet.Félicitations de tous les camarades de l’ARAC et du Réveil à Georges en asso-ciant Odette, son épouse.

R.V.

Le 19 avril dernieraleida guevara en visite à l’aRac

nièvre georges Da-mota à l’honneur

LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Cette journée fut marquée par deux cérémonies : l'une le matin en gare de Margny-lès-Compiègne devant le monument aux 48 000 déportés partis de cette gare vers les camps de la mort (deux wagons symbole de cette dépor-tation y sont conservés comme témoin de cette tragédie) ; l'autre l'après-midi, devant le monument situé à côté du musée mémorial de Royallieu, sur les lieux de l'ancien camp d'internement préalable à la déportation. Plusieurs interventions fortes et faisant le lien avec l'actualité et nos combats actuels contre « une bête immonde » toujours prête à resurgir, ont été prononcées parmi lesquelles celle de l'un des trois derniers survi-vants, Fernand Devaux, mais aussi celle de l'ancien président national de la FNDIRP, Maurice Cling, lui-aussi déporté à 15 ans vers Auschwitz, celle de Pierre Labate, responsable national de l'association Mémoire Vive et celle de François Auguste, président du Conseil national du PCF. La lecture très émouvante de poèmes de Charlotte Delbo, déportée à Aus-chwitz, a ponctué ces cérémonies qui furent prolongées par une conférence de l'historienne Claudine Cardon Ha-met, auteur du livre Triangles rouges à Auschwitz.Plusieurs centaines de personnes ont participé sur l'ensemble de la journée à ces cérémonies parmi lesquels évidem-ment les familles des déportés de ces deux convois et nos amis de l’ARAC de l’Oise.Il faut malheureusement noter l'atti-

tude regrettable d'élus UMP de la ville de Compiègne (ville qui était pourtant associée à la préparation de cette jour-née ) qui ont quitté la cérémonie pré-textant la présence pourtant bien légi-time de quelques drapeaux du PCF et de badges de la CGT (en accord avec les responsables de l'association Mé-moire Vive ) portés par des militants qui n'oublient pas le sacrifice de leurs camarades qui composaient l'essen-tiel des déportés de ces deux convois. Cette attitude de ces élus UMP illustre malheureusement cette dérive de diri-

geants de ce parti qui semblent vouloir tourner la page de l'héritage gaulliste de la Résistance pour flirter avec cer-taines des thèses de l'extrême droite.Au moment où les mêmes ou d'autres ont ressorti l'insupportable amalgame entre communisme et nazisme ou ont voulu renvoyer dos à dos Front de gauche et Front national, cette journée nous renforce dans notre engagement dans le combat de la mémoire et de l'histoire qui est essentiel pour nourrir nos luttes d'aujourd'hui.

compiègne le 7 juillet 201270e anniversaire du convoides 45 000A l'initiative de l'association Mémoire vive, un très bel hommage a été rendu à la mémoire des déportés des convois dits des 45 000 et des 31 000, convois composés essentiellement de militants communistes et syndicalistes de la CGT et à 90 % d'ouvriers.

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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

LE RÉVEIL - N°785 - JUILLET/AOûT 2012 - 27

Je salue les représentants nationaux de l’ANACR, de l’ARAC et de la FN-DIRP.C'est un fait historique, le convoi quittant ce camp à l’aube du 6 juillet 1942 était composé à 90 % d’ouvriers. Notre association rappelle toujours la présence parmi eux de cinquante otages désignés comme juifs, dont le départ mis fin à l’existence officielle du camp juif de Royallieu, et d’une vingtaine de patriotes ayant agit en suivant l’appel du général de Gaulle.Cette dominante ouvrière est la conséquence directe du premier critère retenu pour les sélectionner comme otages : avoir été actif au sein du Parti communiste clandestin depuis l’invasion allemande achevée en zone nord le 25 juin 1940, critère englobant l’activité syndicale au sein de la CGT.Pour l’Allemagne nazie, la défaite de notre pays était l’occasion ines-pérée de régler définitivement son compte aux idéaux républicains et démocratiques de la Révolution fran-çaise. La composante majoritaire de ceux et celles que nous honorons et qui deviendront les 45 000 et les 31 000 avait une conscience politique assez élevée, leur donnant une capa-cité d’analyse des événements et la conscience des dangers.Ils poursuivirent leurs combats des années 1930 au début des années 1940, et le payèrent d’un prix élevé. Les ouvriers y tinrent une grande place et, parmi eux, nombre de res-ponsables syndicaux. L’écrivain catholique François Mauriac pourra écrire en novembre 1941 que : « Seule la classe ouvrière dans sa masse aura été fidèle à la France profanée ».Et le général de Gaulle, dans son discours du 30 avril 1942, déclara : «Aujourd’hui, malgré la faim, l’oppres-

sion, l’infâme propagande, ce sont les travailleurs français, ceux de la terre, ceux des usines, ceux des transports, qui donnent, au milieu des ennemis et des traîtres qui les servent, l’exemple de la ré-sistance […] qui, par tant de sacrifices […] maintiennent, malgré tout, l’honneur […] du peuple français. Voilà pourquoi demain, 1er mai, tous les Français, toutes les Françaises répondront à l’appel des travailleurs de France », faisant écho à « un premier mai de lutte » auquel appelaient les instances clandestines du PCF et de la CGT.Lorsque les 45 000 et 31 000 enga-gèrent leur existence dès avant la guerre, à quelle oppression enten-daient-ils alors mettre fin ? À l’exploi-tation de l’homme par l’homme au sein des rapports de travail, réalité qu’ils connaissaient bien pour y être eux-mêmes journellement confron-tés. Aujourd’hui, nous sommes confron-té à une spéculation financière qui n’a plus « les pieds sur terre », comme tout le monde s’accorde à le recon-

naître. Pourtant, quand les bulles spé-culatives éclatent, quand le retour à la réalité s’impose, ceux qui doivent payer la note sont toujours ceux qui n’ont jamais eu ni le désir, ni possédé les moyens de miser dans ce genre de casino boursier. Depuis des années, on explique doctement à ceux qui subissent cette pénibilité accrue du travail et la précarisation de leur exis-tence qu’« il n’y a pas d’alternative ». Autrement dit : « Toute résistance est inutile, Résignez-vous ! ».« Résignez-vous », n’est-ce pas là le discours même d’un maréchal de France ayant souhaité la défaite de son pays pour y imposer sa version du totalitarisme, antisémitisme com-pris.Se mobiliser pour défendre la dignité humaine, voilà, parmi d’autres, une valeur qui fait l’actualité des déportés du 6 juillet 1942 et de leur engage-ment. C’est leur être fidèle que de le rappeler, c’est l’hommage que nous leur devons.

Extraits de l’intervention de PierreLabate, dirigeant de Mémoire Vive

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

« Nous saluons la mémoire des 1 175 hommes du convoi des 45 000. Un millier de communistes, de syndica-listes auxquels sont adjoints les cin-quante derniers otages juifs du camp de Compiègne. 1 175 hommes envoyés vers l’horreur et la barbarie des camps. 119 seulement en reviendront.L’engagement de certains d’entre-eux remonte aux années 1920. Ces hommes avaient connu la boucherie de la guerre de 1914-1918, l’horreur des tranchées, la tuerie absurde de Verdun. Déjà ce conflit prenait sa source dans l’affrontement des natio-nalismes européens. Déjà ce conflit avait décimé les peuples et enrichi les marchands de canons. Ils dénon-çaient la guerre, les impérialismes et militaient pour la paix. Beaucoup s’engagèrent dans l’Asso-ciation républicaine des anciens com-battants(...) Vingt s’engagent dans les Brigades internationales. Aucun de ces hommes n’avait choisi les armes, ni la guerre. Ils étaient rentrés dans le combat pour en débarrasser le monde. Ils voulaient, tout simplement la jus-tice et la fraternité de tous les êtres humains. Face à la barbarie, ils se sont levés.Comme l’écrivait le poète résistant Robert Antelme au retour des camps, « le ressort de notre lutte n’aura été que la revendication forcenée de rester jusqu’au bout des hommes. La mise en question de la qualité d’homme provoque une reven-dication presque biologique d’apparte-nance à l’espèce humaine ».Soixante-dix ans plus tard, nous sommes à nouveau au défi. L’écho de leur combat résonne encore, la sauvagerie n’a toujours pas quitté les sociétés. L’extrême droite prospère en Europe. Elle n’a d’autre but de que soumettre les peuples, que de bafouer la démocratie pour imposer la loi des puissances financières. Comment

accepter que les puissants puissent, à nouveau, faire le choix d’une nouvelle acceptation de cette détermination ? Accepter les dominations, c’est trahir les démocraties.Allons-nous laisser détruire ce que le Conseil national de la Résistance a bâti au sortir de la guerre ? Travaillons, au contraire, à reconstruire une démocra-tie authentique qui repousse les nou-velles féodalités qui se comportent avec les peuples comme des maîtres.Nous ne reconnaissons qu’une seule

loi, celle des Lumières : les femmes et les hommes naissent libres et égaux en droits. Pour nous, la grandeur des sociétés vient de leur capacité à faire reculer sans cesse la guerre de tous contre tous, pour coopérer tous avec tous, pour créer ensemble. Ceux qui dans la Résistance n’ont pas oublié ce qu’ils pensaient, ce qu’ils étaient, communistes, chrétiens, juifs, gaullistes, socialistes, ils ne cessèrent pas d’être ce qu’ils étaient et ils étaient ensemble.

compiègne (suite)Extraits de l’intervention de François Auguste pour le PCF

nos Peines JUILLET 2012coRReZe (19)Saint-Mexant : Pierre DEL-PECH, AC ATM, Président de la section.La Graulière : Emile BOUIL-HAC, AC 39-45.

haute-gaRonne (31)Lévignac : Pierre SALVAN, AC ATM, Croix de la Valeur Militaire.

Lot-et-gaRonne (47)Agen : GRIMARD Louis, AC 39-45.Layrac : André MARIOU, AC 39-45.

nièvRe (58)Decize : Claude GAUJOUR, 73 ans.

oise (60)Nanteuil-le-Haudouin : Mme Mariane CARRETIER.

PuY-De-Dôme (63)Clermont-Ferrand : Henri BOURDU, AC 39-45.

PYRénées-oRientaLes (66)Cabestany : Raymond LORIEUX, 75 ans, AC ATM, porte-drapeau de la section.

YveLines (78)Les Clayes-sous-Bois : Elli BOYER.Trappes : René CUNY, AC 39-45.

conseil nationalMaulicheres : René BAUL, AC 39-45.Peyrehorade : Jean LA-PLASSE, ATM.Saint-Junien : Lucien Simon NICOLAS.

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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

L’ARAC d’Ille-et-Vilaine partage l’inquiétude des salariés et de leurs familles ainsi que de nombreux habi-tants du pays rennais, face aux me-naces de licenciements qui planent sur l’usine PSA Rennes-La Janais, comme sur d’autres sites du groupe, notamment à Aulnay-sous-Bois. Ces milliers d’emplois directement mena-cés font craindre un démantèlement d’une partie de la filière automobile française qui entraînerait de graves répercussions sur les entreprises et commerces locaux et régionaux.A travers les années, l’ARAC de-meure sensible à la mémoire et la solidarité. Il est important de rappe-ler l’orientation du Conseil national de la Résistance dont le programme fut définitivement adopté en mars 1944 par toutes ses composantes. Cette orientation ouvrit la voie au dé-veloppement des entreprises indus-trielles en s’efforçant d’instaurer une véritable démocratie économique et sociale. Aujourd’hui, ces acquis sont remis en cause par des plans de res-tructurations qui ne semblent avoir pour objectifs qu’une rentabilité plus importante pour les principaux actionnaires.Face à la gravité de cette situation, l’ARAC appelle le nouveau Président de la République, son gouvernement, les élus nationaux, régionaux, locaux à mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour conserver l’emploi, développer et moderniser notre in-dustrie automobile.

Communiqué de l’ARAC d’Ille-et-Vilaine

La cérémonie s’est déroulée dans la cour d’honneur des Invalides en pré-sence des résistants Stéphane Hessel et Daniel Cordier, ancien secrétaire de Jean Moulin. C’est la première fois qu’une cérémonie de la DGSE était organisée hors ses murs, bou-levard Mortier à Paris (XXe).Cette cérémonie, réservée exclusive-ment au personnel civil et militaire de la DGSE, fut entourée de strictes mesures de sécurité en raison de l’anonymat auquel sont astreints ses membres.Devant le ministre de la Défense Gérard Longuet, le directeur géné-ral de Sécurité extérieure, Erard Corbin de Mangoux, a retracé l’his-toire du BCRA, né le 17 février 1942 à Londres. Il a rendu hommage « à ceux qui n’ont jamais cessé de croire en la France et qui lui ont rendu son hon-neur ». Entité centralisée, le BCRA fut chargé des activités du rensei-gnement et de toutes les opérations clandestines menées en France au

nom de la France libre. La DGSE, « héritière du BCRA, a ajouté mon-sieur Corbin de Mangoux, est aussi aujourd’hui l’héritière des valeurs qu’il a défendues et pour lesquelles il a com-battu ». Le directeur de la DGSE a ajouté qu’il « ne peut y avoir, dans une démocratie, des services spéciaux qui ne soient encadrés et portés par les valeurs de la République ».Daniel Dewavrin, fils du colonel Passy, chef du BCRA et Rose de Beaufort, fille d’Honoré d’Estienne d’Orves, (créateur d’un des premiers réseaux de renseignements en zone occupée et fusillé le 29 août 1941 au Mont Valérien), étaient présents.Si l’on peut en effet louer sans réserves le travail et les missions effectués pendant l’occupation par le BCRA (et l’efficacité de ceux-ci), il convient d’être plus réservé sur les « œuvres » des successeurs du BCRA, à savoir le service de rensei-gnements et de contre espionnage (SDECE) et la DGSE.

La Dgse rend hommageà la France libre

inquiétudes pour l’usine PSA Rennes-La Janais

nos Peines JUILLET 2012

La Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) a récemment rendu un solennel hommage au Bureau central de renseignements et d’action (BCRA), les services secrets de la France libre, à l’occasion du 70e anniversaire de sa création.

Près de 400 couturières de la marine, employées par les ateliers du Maître Tailleur à Toulon et à Brest, sont en passe d’être privées d’emploi. En effet, le ministère de la Défense du gouvernement Fillon-Sarkozy avait décidé, dans la droite ligne de la RGPP réduisant les personnels, « d’externaliser » (c’est le mot à la mode) la confection des tenues militaires en l’offrant au secteur privé à partir du 1er juillet prochain. Si cela se faisait, les militaires ne seront sans doute pas mieux habillés (ce risquerait d’être plutôt l’inverse) mais, à coup sur, ça coûterait plus cher à l’État… donc à nos impôts de citoyens.Allons messieurs, un peu de « tenue », s’il vous plait ! Sinon, soyez en assurés, les ouvrières concernées ne demeureront pas à attendre « le petit doigt sur la couture du pantalon ».

De la tenue (militaire) SVP !

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Du prix Goncourt 2011, attribué à un polar (sans récompense de Maurice Gouiran), le lecteur aborde les guerres coloniales françaises : l’Indochine et l’Algérie. La dérive tragique d’une certaine armée française, au-delà même de nos rivages, puisque Maurice Gouiran aborde le rôle criminel de certains officiers dans la tragédie sanglante vécue par le peuple argentin martyrisé par la junte terroriste de Videla et de ses complices.

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DOSSIER LE RÉVEILMAGAzINE LE RÉVEIL

Deux genres, une même démarche : l’anticolonialisme et la dénonciation des crimes contre l’humanité com-mis par certains militaires, acteurs conscients de l’institutionnalisation de la torture et de son exportation, de l’Indochine à l’Algérie, puis jusqu’en Argentine et, de là, à toute l’Amérique latine (Chili, Uruguay, Paraguay, Boli-vie, Nicaragua, Brésil) avant de reve-nir, en boomerang, les militaires US du « plan Condor » ayant bien retenu les leçons du général Aussares, au Vietnam (« Opération Phénix ») puis en Irak, des prisons d’Abou Graib au camp de Guantanamo, et, hélas, un tragique etc…Alexis Jenni et Mairice Gouiran ont tous deux choisi le roman pour témoi-gner et accuser. Chez l’un, c’est un pavé de 630 pages, parfois assez indi-geste, chez l’autre, un polar de 266 pages où l’intrigue n’est que prétexte à dépasser l’Algérie pour témoigner sur l’Argentine.Ce qui me gène chez Alexis Jenni, ce n’est pas le style un peu lourd ni la dé-marche qui se veut radicalement anti-colonialiste, ce sont les ambigüités qui se dessinent.Certes, il dénonce… mais avec « sympa-thie » ces « centurions », tortionnaires d’Indo, ces « soldats perdus » d’Algérie. A la limite, s’il ne les excuse pas… il les comprend. Au point d’aller jusqu’à me-ner une charge virulente entre le film de Gillo Pontecorvo, La bataille d’Alger. Pontecorvo, « un sale type… qui n’a droit qu’au plus profond des mépris », qui a réalisé, « cinéaste officiel du coup d’État de l’ALN » le « film officiel des accords d’Évian : l’accord entre deux appareils politico-militaires (…) qui se partagent le butin et font disparaître les autres ». Le prétexte de cette diatribe : l’apparition sur l’écran d’un faux char français, en réalité un char soviétique ISU-122. Donc, tout le film est faux, l’histoire est fausse. Car, à l’évidence, le gouver-nement français, en 1966, n’aurait pas hésité à « prêter » français à Pontecorvo pour son film ! De là à se demander si la bataille d’Alger a bien existé ?

Né en 1963 à Lyon, que connaît Jenni de la guerre d’Algérie ? A-t-il vu les films de Vautier de 1954 ? De 1958 ? Non sans doute, mais sûrement Les centurions à la gloire de ses héros (1966) ? Mais le Vent des Aurès, Avoir 20 ans dans les Aurès, RAS ?Ses héros, Vautier, Salignon, Mariani, ses « centurions » - il les excuse presque, les justifie, tout comme il comprend les « GAFFES » lyonnais, ces groupes musclés d’auto défense et très FN, leur passion des armes et des « soldats per-dus »…Jenni puise dans l’horreur la trame d’un récit cherchant à s’en dégager. Mais s’en dégage-t-il vraiment ? On peut en douter face à cette fascina-tion qu’il semble éprouver pour ses « héros ».L’art de la guerre, c’est de placer l’homme et ses pulsions de violence, de mort, dans des situations qui le dés-honorent, où il risque le déshonneur. Il n’y a pas d’art de la guerre, d’art qui engendre le non-dit d’être un homme. Il y a un nécessaire combat pour l’art de devenir humain.Chez Maurice Gouiran (Sur nos ca-davres, ils dansent le tango), la démarche est tout autre et, s’il revisite l’histoire à travers une intrigue policière (très classique), c’est pour mieux cerner et éclairer des pages sombres, mais san-glantes, de notre histoire.Ainsi seront évoqués pour les besoins de l’enquête, l’assassinat par De-gueldre et ses commandos Delta de l’OAS de six inspecteurs des Centres sociaux éducatifs (Marcel Basset, Robert Eymar, Mouloud Fesaoun, Ali Hammoutene, Max Marchand, Salah Ould Aoudia) le 15 mars 1962 à Châ-teau Royal en Algérie, la ferme Ame-zianne (centre de tortures à Constan-tine), le massacre du métro Charonne le 8 février 1962 à Paris… Et glissant des tortures en Algérie à celle de l’Ar-gentine de Videla, le lecteur découvre encore l’horreur, l’extermination des indiens Mapuche, les centres de tor-tures militaires de Buenos-Aires sur fond de coupe mondiale de foot et de

sa finale dans cette ville en 1978, les « vols de la mort » (dérivés des « crevettes Bigeard » de la guerre d’Algérie), les 30 000 disparus argentins, les 500 bébés volés, les « Mères de la place de mai » et, à travers tout cela, le rôle des militaires français « profs de tortures », mais mettant aussi la main à la « gé-gène », formateurs dès 1958 en France et en Algérie, « conseillers militaires » en Argentine jusqu’en 1989 et « compa-gnons » de Klauss Barbie-Altman, ex-tortionnaire SS en France et marchand d’armes française en Amérique latine où il s’est réfugié.Au terme de ce voyage, qu’importe la solution policière (ou presque). Mais colère, compassion pour un peuple martyrisé, et mémoire témoignage à transmettre en France où il faut que chacun sache que la « bête immonde » n’est pas sortie du seul « ventre fé-cond » de l’Allemagne, et qu’elle se nourrit du colonialisme, du racisme, de la xénophobie, de la violence et des résurgences des nostalgiques de la cri-minelle OAS et de leurs complices du F.Haine.

André Fillère

L’aRt FRançaisDe La gueRRe Alexis Jenni,NRF Gallimard

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