Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et ...3.pdf · Le journaL de La...

8
LE JOURNAL DE LA CONFÉDÉRATION DES MAISONS DES JEUNES ET DE LA CULTURE DE FRANCE Octobre 2016 La CMJCF - 168 bis rue Cardinet - 75017 Paris - Tél. 01 44 85 29 50 - Fax : 01 42 29 01 44 - site : www.cmjcf.fr - Octobre 2016 Association reconnue d’utilité publique Culture Les MJC sur le devant de la scène ! page 2 L’édito du Président Un nouveau délégué national culture En Rhône-Alpes, Monstrueuses Rencontres DOSSIER CULTURE page 3 En Midi-Pyrénées : Un espace urbain poétique - Nov’Ado - Over the Rimbaud page 4 En Ile de France : Hôtel Europa, la suite - Osons faire humanité ensemble page 5 En Champagne-Ardenne : Une étude action pour un changement en profondeur 3 projets soutenus par la FRMJC page 6 En Picardie et Champagne-Ardenne : Cinéma itinérant - Le Réso - Une résidence nomade page 7 En Bretagne et en région Centre : Se battre pour proposer la culture en milieu rural - Les droits culturels pour changer de prisme - 50 artistes pour les 50 ans de la MJC d’Olivet ACTUALITÉS NATIONALES page 8 Les Forums régionaux de la jeunesse Rassemblement des forces de l’engagement Street Art à St Sulpice la Pointe page 3 Osons faire humanité ensemble page 4 Le Tango du Gué dans le cadre de la programmation culturelle de la MJC de Bégard page 7

Transcript of Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et ...3.pdf · Le journaL de La...

Page 1: Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et ...3.pdf · Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et de La CuLture de franCe Octobre 2016 La CMJCF - 168

Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et de La CuLture de franCe

Octobre 2016

La CMJCF - 168 bis rue Cardinet - 75017 Paris - Tél. 01 44 85 29 50 - Fax : 01 42 29 01 44 - site : www.cmjcf.fr - Octobre 2016Association reconnue d’utilité publique

CultureLes MJC sur le devant de la scène !

page 2L’édito du Président Un nouveau délégué national culture En Rhône-Alpes, Monstrueuses Rencontres

DOSSIER CULTURE

page 3En Midi-Pyrénées : Un espace urbain poétique - Nov’Ado - Over the Rimbaudpage 4En Ile de France : Hôtel Europa, la suite - Osons faire humanité ensemblepage 5En Champagne-Ardenne : Une étude action pour un changement en profondeur 3 projets soutenus par la FRMJCpage 6En Picardie et Champagne-Ardenne : Cinéma itinérant - Le Réso - Une résidence nomadepage 7En Bretagne et en région Centre :Se battre pour proposer la culture en milieu rural -Les droits culturels pour changer de prisme - 50 artistes pour les 50 ans de la MJC d’Olivet

aCtuaLités nationaLespage 8Les Forums régionaux de la jeunesseRassemblement des forces de l’engagement

Street Art à St Sulpice la Pointe page 3

Osons faire humanité ensemble page 4

Le Tango du Gué dans le cadre de la programmation

culturelle de la MJC de Bégard page 7

Page 2: Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et ...3.pdf · Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et de La CuLture de franCe Octobre 2016 La CMJCF - 168

Frédéric PRELLEPrésident de la CMJCF

tribuneEdito du PrésidentMais où sont donc les publics qui incarneraient la réussite de la démocrati-sation culturelle où la qualité intrinsèque de l’œuvre suffirait à créer le déclic entre l’œuvre et le public… Pour nos amis de France Inter*, non les MJC ne sont pas les Maisons de la Culture d’André Malraux.Le projet des Maisons des Jeunes et de la Culture est un projet d’éducation populaire issue de la République des Jeunes où en 1948, André Philip posait comme défi :« Nous voudrions qu’après quelques années une maison d’école au moins dans chaque ville ou village soit devenue une maison de la culture, une maison de la jeune France, un foyer de la nation, de quelque nom qu’on désire la nom-mer, où les hommes ne cesseront plus d’aller, sûrs d’y trouver un cinéma, des spectacles, une bibliothèque, des journaux, des revues, des livres, de la joie et de la lumière ».

Aujourd’hui, près de quatre millions de personnes fréquentent les MJC (et s’il était là le fameux public !), et de l’irruption du théâtre en milieu rural aux es-paces poétiques urbains, partout des pratiques culturelles sont à l’œuvre. Les MJC sont des lieux de création, de médiation, de formation, de diffusion… mais aussi des espaces de liberté, d’épanouissement où le plaisir de la découverte, le plaisir d’être ensemble, de pratiquer en amateur fait sens. Des MJC où la reconnaissance de soi et des autres permet de faire culture ensemble.Pour nous, la culture ne se résume pas à l’œuvre et à l’artiste. Nous l’appro-chons dans toutes ses composantes, comme un construit sur l’ensemble des croyances, des traditions, des usages tels que le définit la Convention sur la diversité culturelle de l’UNESCO. Une culture où les droits culturels sont in-dissociables de notre projet d’éducation populaire. Une culture rempart contre les expressions de haines, les tentations du repli sur soi, les radicalisations religieuses et politiques.Une culture qui invite à « OSER FAIRE HUMANITE ENSEMBLE »

* Référence à une émission sur les MJC en Ile de France

10 ans de Monstrueuses Rencontres

un nouveau délégué national culture

Jean-Luc Schnebelen est le nouveau dé-légué national culture de la CMJCF. Son long parcours dans l’éducation po-pulaire a commencé en 1983 comme animateur en Alsace. Il a été également directeur d’une MJC à Igny, a créé en 1997 un festival en Seine Saint Denis, « Villes des Musiques du Monde », qui existe en-core aujourd’hui, et a toujours mêlé côté artistique (il est musicien et diplômé d’art appliqué) et animation. A 57 ans, il entend relever un nouveau défi avec l’envie de partager les richesses qui existent dans les MJC. « Chaque week-end, 150 ou 200 spectacles sont initiés par les MJC sans que cela ne transparaisse. Nous sommes un opérateur majeur de la culture et presque personne ne le sait ». Pour le nouveau délégué, il faut faire prendre conscience des engagements ac-tuels des MJC, ce qui soulève au passage la question de la formation, re questionner le sens de l’éducation populaire, la décou-verte de l’ensemble de ses valeurs et leur transmission. « Au delà de la pratique, il existe tout un travail à mener sur éducation populaire et culture. Qui sont les artistes qui portent ces valeurs, parfois sans même le savoir car trop d’entre eux sont dans le système marchand ? On oublie souvent l’épanouis-sement des personnes. Il faut redécouvrir le plaisir de créer une oeuvre, de faire sim-plement de la musique, de se lancer dans un projet de création. »

J e a n - L u c Schnebelen envisage plu-sieurs pistes d’action, au-tour de la for-mation de façon générale, de la quête du sens dans le domaine culturel. « Il faut re-donner du sens au terme « culture » de fa-çon générale, en interne mais surtout avec nos partenaires institutionnels. S’adresser aux bonnes instances pour réfléchir en-semble à une transformation politique de la culture est l’un des enjeux actuels. C’est également un gros travail car tout est à faire dans ce domaine et l’environnement est loin de nous être favorable. »La dimension internationale est égale-ment l’un des axes de la réflexion du nou-veau délégué : « La culture est un vecteur majeur de la rencontre avec l’autre. Elle permet de partager et d’inventer en-semble en passant au delà des difficultés de la langue. Développer cet aspect, c’est également renouveler notre approche et nous enrichir d’autres cultures, personnel-lement et collectivement.»

Nul ne doute qu’avec toutes ces pistes d’actions, l’emploi du temps de Jean-Luc sera particulièrement bien rempli et qu’il lui faudra composer avec ses propres pra-tiques amateurs.

Propos recueillis par Hélène Croly

Jean-Luc SCHNEBELENDélégué nationalCulture àla CMJCF

Il y a dix ans la MJC du Pays de l’Herbasse (à 20 kms au nord de Valence en milieu rural) lançait un parcours de pratique théâtrale autour du thème des monstres avec une centaine d’enfants et leurs classes. L’objectif était de permettre l’accès à l’art et à la culture à un jeune public et, pour toucher le plus grand nombre, de travailler de concert avec l’Éducation Nationale. Les monstres sont restés, dans le nom du festival au moins, plus de 4 000 enfants sont passés sur scène de-puis 2006 et le festival s’étale maintenant sur dix jours. Toutes les évolutions de cette manifestation n’ont pas entamé les piliers de l’action initiale qui restent l’Éduca-tion Nationale et l’éducation populaire réunies autour d’objectifs communs. Le théâtre est l’outil qui permet cette rencontre avec à la fois des ateliers et des parcours de théâtre. La rencontre avec le festival arrive en fin de parcours. Le projet a pris ses aises sur l’ensemble de l’an-née et plus seulement sur les dix journées du festival. La dimension internationale est arrivée elle aussi avec la rencontre d’enfants d’autres nationalités (allemands, écossais, italiens) avec lesquels vivre ce parcours, le théâtre servant de langage commun. Si au départ, quatre écoles étaient concernées, ce sont maintenant toutes les écoles du territoire, 20 groupes scolaires, et 25 groupes extra scolaires (associations, autres MJC ou étrangers) qui permettent à 800 enfants de passer sur scène pendant le festival et à tous les en-fants du territoire de passer au moins une fois par an dans un parcours théâtre.Aujourd’hui ce sont les 12/18 ans qui prennent à leur tour place au sein du projet. Ils sont accompagnés de la découverte du théâtre jusqu’à l’appropriation et la volonté de créer leurs spectacles, leurs compagnies ou leurs propres créations. Pour Eric Bordaz, directeur de la MJC de l’Herbasse, « le festival des Monstrueuses Rencontres nous permet d’être identifiés comme acteur culturel, ce qui ne veut pas dire que la recherche d’un financement soit simplifiée

pour autant. Mais la reconnaissance du projet culturel de la maison se fait doucement et amène une vraie dyna-mique dans la maison. Le festival est un outil de déve-loppement pour le territoire entre les professionnels qui y participent, les bénévoles qui s’investissent, les associa-tions ou la médiathèque qui y sont associées. Au départ, c’était une activité parmi d’autres. C’est aujourd’hui une activité phare et repérée qui irrigue l’ensemble du fonc-tionnement de la MJC. Le théâtre est un outil formidable mais pas un but en soi. Notre maison a beaucoup évolué mais a gardé son caractère généraliste. Ainsi nous avons obtenu notre agrément comme centre social il y a 3 ans. »Il y a deux ans, le festival des Monstrueuses Rencontres a fait partie des festivals remarquables repérés par le Ministère de la Culture sur sa spécificité de festival par et pour les enfants. La reconnaissance du Ministère a certainement aidé à l’obtention pour la première année d’une ligne spécifique au festival dans le budget du dé-partement mais rien n’est jamais acquis. Le dernier CA de la MJC a dû se positionner pour savoir si l’activité festival était maintenue au vu du désengagement de la région. Pour Eric Bordaz « l’irruption du théâtre en milieu rural, il faut y croire et c’est long. Les conditions ne sont pas les meilleures et la culture n’est pas forcément une priori-té. Tout s’est créé au sein de la maison, de la démarche initiale aux différentes évolutions. Nous accompagnons également les compagnies avec des résidences artis-tiques ou des tournées sur l’ensemble de notre territoire. Nous travaillons avec l’inspection académique pour des temps de rencontre et de formation des professeurs avec des outils revus chaque année en fonction des attentes des enseignants. Nous avons une seule anima-trice culturelle à l’année mais, pour le reste, c’est toute la maison qui se mobilise, notamment en période de festival. Comme le constate le directeur de la MJC de l’Herbasse, « si nous arrivons à gérer toutes les facettes de ce projet, c’est d’abord parce que nous y croyons. »

Propos recueillis par Hélène Croly

Le journal de la Confédération des Maisons des Jeunes et de la Culture de France - n°43 Octobre 2016168 bis rue Cardinet 75017 Paris - téléphone 01 44 85 29 50 - télécopie 01 42 29 01 44 - E-mail : [email protected] - Web : http://www.cmjcf.frDirecteur de la publication : Frédéric Prelle - Conception rédactionnelle et interviews : Hélène Croly et le comité de rédaction de la CMJCF - Photographies : fonds CMJCFConception graphique : Florence Bascou - Impression : Imprimerie Trèfle, St Alban (31) - Achevé d’imprimer en octobre 2016 - Tirage : 5 000 exemplaires

Le journal de la Confédération des Maisons des Jeunes et de la Culture de France - Octobre 2016 2

Le festival 2016 des Monstrueuses Rencontres c’est : • Dix jours de spectacles amateurs et professionnels

créés tout spécialement pour le jeune public• Une monstrueuse journée pour fêter les 10 ans du

festival• Des ateliers théâtre pour jeunes et adultes ou en

famille • Des animations• Des temps de rencontre et de discussion• Des propositions de sorties en famille

Page 3: Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et ...3.pdf · Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et de La CuLture de franCe Octobre 2016 La CMJCF - 168

en midi-pYrénées

Le journal de la Confédération des Maisons des Jeunes et de la Culture de France - Octobre 2016 3Toute l’actualité de la Confédération sur WWW.cmjcf.fr

un espace urbain poétiqueDepuis deux ans, la MJC de Saint Sulpice la Pointe dans le Tarn propose aux habitants de la ville une métamorphose de leur espace urbain. A travers la mise en place d’actions artistiques, des œuvres éphémères et colorées interpellent les passants. La poésie habite l’espace et le renouvelle.

Au départ du projet, se trouve un chantier associatif en mars 2014 destiné à embellir la MJC. Sous l’impulsion du professeur d’arts plastiques, il conduit à la réalisation d’une oeuvre inspirée de Félix Varigny, artiste suisse contemporain. L’ambiance ainsi créée autour de la MJC a permis de la repérer comme un lieu artistique et a mon-tré le potentiel de rassemblement et de lien social lié à la réalisation d’une création en commun. De fil en aiguille, le projet Street Art a pris forme. Pour Cyril Leroy le directeur de la MJC, « le Street Art qui rend public l’art répond à la façon dont nous envi-sageons la culture dans notre maison comme une phi-losophie. Une œuvre marque par son côté artistique, contemporain et poétique. Dans le contexte de la crise actuelle avec les événements obscurs que nous vivons, il nous semble important d’amener une ambiance pour bien vivre dans la ville. Nous sommes partis sur des ob-jectifs comme embellir la ville de façon poétique, ras-sembler des personnes pour échanger nos cultures, faire se rencontrer artistes et population. » Avec l’appui d’Emelyne Calme, salariée de la MJC, les par-tenariats avec les écoles publiques et le club des aînés ont commencé et les premiers projets ont vu le jour : tricot, d’où l’importance du club des aînés qui possède les compétences nécessaires, et origami, pour poétiser l’espace. Le projet initial a largement essaimé en dehors des écoles. Pour Emelyne Calme « la façon dont les lieux

que nous avons investis ont changé, les réactions des habitants qui se sont installés différemment dans ces espaces, et qui ont adhéré à la démarche, nous ont fait évoluer dans notre ambition d’investir la ville et dans notre perception du projet.» Le projet Street Art a pris une ampleur inattendue qui touche les gens dans la durée en apportant quelque chose de surprenant et drôle à la fois comme la mise en place d’yeux dans les arbres. Plus personne ne regarde les arbres de la même façon maintenant. Et l’art prend possession de l’espace public sans le dégrader.Chat Maigre, un artiste reconnu, est venu colorer deux bancs placés à des endroits stratégiques après une concertation avec les élus, accompagné dans le choix des couleurs et la réalisation par les jeunes de la MJC. Mais pour Cyril Leroy « la dynamique fonctionne même sans streetartiste. On ne s’appuie pas en permanence sur des artistes mais nous engageons des actions avec des moyens faciles à utiliser, par exemple les pochoirs avec les enfants, et nous introduisons une dimension artis-tique dans nos activités qui est mobilisatrice pour tous. Le projet ne pourra plus s’arrêter. Nous sommes sans ar-rêt sollicités pour en initier de nouveaux. On a déclenché quelque chose qui s’entretient tout seul. Le projet vit en dehors de la MJC et montre qu’on peut mélanger vieilles pierres et œuvres contemporaines pour le bonheur de tous. » Propos recueillis par Hélène Croly

nov’ado Du théâtre pour les ados mais pas seulement A Rodez, un projet franco-québécois sensibilise les adolescents à l’art théâtral et favorise les rencontres et la création sur les deux territoires.

Il y a trois ans, la MJC de Rodez recherchait un projet culturel qui fasse sens et souhaitait une orientation nouvelle par rapport à l’adolescence. Depuis plusieurs années déjà, une relation privilé-

giée existait avec le Québec par le biais d’une association « Rencontre théâtre ado » qui propose un festival annuel. C’est ainsi que la MJC a imaginé un pendant français de ce festival culturel en s’inspirant du concept canadien qui propose de l’écriture dramatique aux adolescents. Les opérateurs du spectacle vivant s’intéressent peu à ce public. Il a donc paru intéressant de les accompagner dans l’acquisition d’un regard critique sur la société en les associant à une construction du monde au travers de la vision d’artistes contemporains. Le projet comporte deux temps : d’une part ce qui est à voir et à entendre, d’autre part ce qui est à faire. Pendant le festival, des compagnies professionnelles proposent un certain nombre d’œuvres réalisées par des auteurs francophones contemporains dont certaines sont des commandes passées sur des thématiques propres à la jeunesse. Les restitutions des ateliers et des stages vécus avant et pendant le festival par les jeunes font également partie du programme. Pour 12 jeunes acteurs et un metteur en scène, le temps fort du festival est une performance théâtrale et/ou chorégraphique réalisée en un week-end qui est une véritable traversée humaine et artistique, un challenge proposé pour traduire l’urgence de l’adolescence. Cette aventure est proposée sur 4 lieux différents avec des

metteurs en scène français et québécois et une déléga-tion de jeunes québécois. Par ailleurs, tout un dispositif accompagne le festival tout au long de l’année, sur des temps scolaires en collège. Un mini championnat d’improvisation est également au programme sur un week-end pendant le festival avec 8 équipes venant de France, certaines sélectionnées loca-lement, et du Québec.Pour la première fois l’année dernière, une journée de réflexion a eu lieu avec la Fédération Régionale sur le thème de « l’adolescent dans le processus de création » avec des artistes, un psychologue clinicien, des anima-teurs, et des jeunes comme témoins.Pour Bruno Houlès, le directeur de la MJC, « notre projet est artistique, culturel et éducatif à la fois et c’est là tout l’intérêt de notre travail. Nous ne négligeons pas le tra-vail réalisé par d’autres associations avec les adolescents, même si notre porte d’entrée se situe avec les collèges, les lycées, pour toucher le plus grand nombre. La seule contrainte pour pouvoir participer au projet est d’avoir entre 13 et 17 ans. L’année dernière, nous avons touché environ 3 000 jeunes avec mille participants sur les dif-férentes actions et 2 000 spectateurs. L’important pour nous est la façon dont les jeunes évoluent au cours de ce processus, ce qu’ils vivent autour de la création artistique. Ils sortent grandis de ces parcours. C’est le chemin qui nous importe, pas forcément la production finale. »Cette année le cinéma s’invite au festival et cinq films seront récompensés. Former au regard critique, donner des clefs de lecture, argumenter sur ses choix, valoriser le singulier, le regard non formaté, telles sont les inten-tions de cette extension de Nov’Ado qui poursuit la dy-namique déjà engagée. Propos recueillis par Hélène Croly

over the Rimbaud60 jeunes de 11 à 17 ans des villes de Gaillac, Graulhet et Carmaux, participent durant les vacances de Toussaint à la production d’une représentation au cours d’une résidence artistique d’une semaine à la maison de la musique de Cap Découverte.

Depuis cinq ans, dans le cadre de la politique de la ville, et pour permettre l’accès à la culture à des jeunes qui en sont très éloignés, la MJC de Graulhet propose un projet original de pratique culturelle en association avec la commu-nauté de communes et les villes de Gaillac et Carmaux. Une soixantaine de jeunes est intégrée dans le montage d’une production fai-sant cohabiter musiciens, artistes professionnels et amateurs au cours de deux stages dont un en internat. Le projet se déroule sur un mois durant lequel les jeunes font l’apprentissage de la partition puis participent aux répétions musi-cales, chorégraphiques et à la mise en scène. Ils sont sélectionnés par le metteur en scène au cours d’une journée de casting et de rencontre dans le collège et le lycée professionnel de Graulhet et à la MJC. La sélection ne se fait pas sur les compétences des participants mais sur leur capacité à oser et leur envie. Commence alors une aventure humaine extraordi-naire où des personnes très différentes se rencontrent avec les jeunes comme centre d’intérêt. Une semaine de stage, de répétitions, suivie de quelques jours de représentation constitue une réelle prouesse technique et humaine pour le metteur en scène Gilles Ramade et sa compagnie Figaro and Co. Pour Chantal Chapus, responsable de l’action jeunes de la MJC de Graulhet « il y a quelque chose de magique à voir ces jeunes, dont certains en très grande difficulté, vivre ensemble, créer une nouvelle communauté, et arriver à un tel résultat, un tel dépassement ! »Depuis 2014, aucun adulte n’est plus présent sur scène. Cette année, c’est un spectacle de music hall qui est programmé mêlant le stand up, le chant, la danse, les percussions, le cirque et les techniques de scénographie (costumes et éclairage). La thématique choisie est « Peut-on rire de tout ? » . Les défis relevés sont nombreux pour les accompagnateurs du projet : travail sur le rapport des adolescents à la création artistique, avec les familles, cohabita-tion de jeunes issus de parcours scolaires différents. Le plus compliqué est sans doute celui de la nécessaire rigueur du travail artistique, aller jusqu’aux repré-sentations publiques, sans défection, et en se mettant en scène publiquement.

Favoriser la mixité des publics et l’animation d’un terri-

toire par l’engagement des jeunes, le défi se re-lève tous les ans depuis 2012 à Graulhet.

Propos recueillis par Hélène Croly

Page 4: Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et ...3.pdf · Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et de La CuLture de franCe Octobre 2016 La CMJCF - 168

en ile de france

Le journal de la Confédération des Maisons des Jeunes et de la Culture de France - Octobre 2016 4Toute l’actualité de la Confédération sur www.cmjcf.fr

Hôtel europa, la suite Le spectacle de Soundpainting* « Hôtel Europa » a été joué une dizaine de fois en Allemagne et en France entre 2013 et 2015 et à la Convention de Strasbourg. Dirigé à l’origine par l’inventeur du Soundpainting, l’américain

Walter Thompson, il a réuni sur un même projet visant à rassembler des professionnels et des amateurs, les MJC d’Igny, de Palaiseau, de Juvisy, de Corbeil et d’Orsay. Piloté par l’Union Départementale de l’Essonne, il n’a pas fini

d’irriguer l’animation du département.

Hôtel europa, la suite Le spectacle de Soundpainting* « Hôtel Europa » a été joué une dizaine de fois en Allemagne et en France entre 2013 et 2015 et à la Convention de Strasbourg. Dirigé à l’origine par l’inventeur du Soundpainting, l’américain

Walter Thompson, il a réuni sur un même projet visant à rassembler des professionnels et des amateurs, les MJC d’Igny, de Palaiseau, de Juvisy, de Corbeil et d’Orsay. Piloté par l’Union Départementale de l’Essonne, il n’a pas fini

d’irriguer l’animation du département.

A quoi ressemblait le projet initial ? Jean Luc Schnebelen (ancien directeur de la MJC d’Igny) : « Au départ, les différentes MJC avaient en tête une coopération entre français et allemands et un mé-lange entre jeunes et artistes professionnels. Après les événements de Charlie et des manifestations de partis néo-nazis en Allemagne, nous souhaitions en-voyer un message fort contre le racisme. Nous sommes partis du texte « Matin Brun » de Franck Pavlov dans le-quel l’État Brun, organisation politique fictive, interdit la possession de chiens ou de chats non bruns, officielle-ment pour des raisons scientifiques. De décrets en dé-crets, la situation dégénère de plus en plus. Nous avions dans l’idée un spectacle complet réunissant la danse, le théâtre et la musique.»

Quel a été le retentissement de cet événement ? Jean Pierre Chassang (président de la MJC d’Igny) : « Avec un recul de trois ans, on peut dire que la qualité de l’œuvre et des rapports humains, les relations nouées entre jeunes et adultes de différents pays, n’ont fait qu’augmenter dans la durée. Jouer dans des lieux aussi prestigieux qu’une scène nationale ou au cours d’évé-nements importants, a été porteur pour tout le monde. Les amateurs, aucune compétence particulière n’était demandée au départ, et les professionnels se sont entrai-dés. Chacun a pu apporter quelque chose au spectacle avec l’aide des animateurs d’activité.»

Charles Henry (président de la MJC de Palaiseau et UDMJC 91) : « Cette expérience a produit une énergie incroyable, beaucoup d’effervescence et de chaleur. Monter ce spectacle en deux semaines en partant de quasiment rien, a été absolument incroyable, une es-pèce d’utopie qui a incroyablement bien fonctionné. Des liens forts se sont créés entre les jeunes et entre les MJC qui se sont découvertes mutuellement. Du point de vue de l’Union Départementale, l’intérêt du réseau a été démontré : une seule maison ne peut pas réaliser cela toute seule. Les décideurs politiques et financiers ont vu notre capacité à produire des pro-jets d’envergure avec des jeunes. Notre dimension d’éducation à la paix est apparue en pleine lumière. Cet événement a libéré des espoirs, rassemblé une masse considérable d’énergies et créé des synergies qui se font encore sentir aujourd’hui. Nombre de projets sont nés et naissent encore de la réussite de celui là. »

Francis Langlois (animateur à l’UDMJC 91, et ar-tiste)  : « Du point de vue de l’artiste, on a beaucoup échangé autour de l’émotion artistique qui a été le mo-teur des répétitions. C’est ce qui a donné sa qualité au spectacle. On s’en est inspiré pour d’autres spectacles, en particulier celui de Gomez-le-Châtel (voir article 2). »

La suite d’Hôtel Europa, c’est quoi ?JPC : « Nous avons bénéficié d’un double effet. Sur le moment, les jeunes ont vécu un moment intense et par-tagé quelque chose d’incroyable avec les autres artistes

et les nombreuses programmations de ce spectacle. Maintenant, ils reviennent avec d’autres et l’envie de vivre à nouveau des émotions semblables alors qu’au départ ils se demandaient s’ils allaient seulement pou-voir apprendre leur texte. »

CH : « Le projet de Gometz et la rencontre entre jeunes français et allemands est la suite directe de ce projet. Avant cela, nous avions réhabilité les colonies de va-cances avec comme objectif majeur d’apprendre à vivre ensemble. On a juste élargi le projet et pour la suite on envisage d’aider les jeunes à organiser des projets hu-manitaires. »

CH : « Cette aventure a été un grand moment de fra-ternité. Nous avons vécu ensemble en internat, jeunes, artistes et animateurs tout cela parce qu’au départ, nous avions été programmés sur une scène nationale et que nous n’avions pas une seule ligne de texte. Nous avons montré notre capacité à être un vrai partenaire, un vrai producteur. La dynamique qui était à la base d’Hôtel Eu-ropa, le travail solidaire, la joie de vivre quelque chose ensemble, le plaisir de la rencontre, est restée. Nous sommes allés jouer à la Fête de la Musique à Berlin par exemple, chanter avec de jeunes allemands. Le projet va s’achever mais d’autres arrivent. Reste que le support culturel est idéal pour l’épanouissement des jeunes. »

JLS : « et que les pratiques d’éducation populaire per-mettent d’innover. »

Propos recueillis par Hélène Croly

osons faire humanité ensemble A la suite de la Convention de Strasbourg, portées par le désir de continuer dans cette dynamique, les MJC de l’Essonne se sont lancé le défi d’organiser une action dans laquelle les jeunes seraient acteurs, au centre du projet, et qui montrerait en même temps un autre visage de la jeunesse que les stéréotypes attendus. C’est ainsi qu’a démarré « Osons faire humanité ensemble », une semaine d’activités artistiques dans un village de l’Essonne entre jeunes allemands, français et habitants de Gometz-le-Châtel, cet été au mois de juillet.

Avec ce titre venu tout droit d’une des phrases retenues à Strasbourg, le projet a trou-vé son slogan et sa définition : vivre la fraternité ensemble entre participants et faire humanité avec les gens du village d’accueil. Il n’est pas simple de dépasser les préjugés quand on est l’étranger venant de la ville arrivant en milieu rural et réciproquement. Les activités artistiques ont été choisies comme moyen privilégié du projet en camping pour leur capacité à permettre l’expression, à dire la beauté, la diversité et à passer au delà de la parole pour créer ensemble. L’objectif principal n’était pas de proposer une colo d’été de plus mais un regroupement de jeunes où débattre sur des questions de citoyenneté et d’engagement à partir de l’expression de chacun.

Le village de Gometz le Châtel en Essonne a été choisi comme lieu d’implantation à la fois pour souligner la rareté de la création d’une nouvelle MJC (ouverte juste avant l’été) et parce que les élus ont immédiatement validé le projet. La présence de dix jeunes allemands a marqué les jeunes tant par sa dimension symbo-lique que par l’obligation de se redéfinir, de sortir des rôles et des postures prédéfinies franco-françaises.

Toute la semaine, les jeunes se sont exprimés à travers le théâtre, théâtre forum sur le thème des discriminations par exemple, le mime, la danse, le graff, la radio, ou la musique, la création d’une chanson qui va faire l’objet d’un clip, pour exprimer leurs convictions, leurs avis ou leur ressenti et au final le partager avec le village. Les habi-tants de Gometz ont été présents lors de cette journée, impressionnés et émus de la qualité et des contenus présentés. Les jeunes se sont sentis appréciés à la fois par la confiance mise en eux par les profes-sionnels présents sur le site et les animateurs, et la considération dont ils ont été l’objet, par les moyens mis à leur disposition et l’attention qui leur a été portée. Les animateurs se sont eux trouvés valorisés dans leur métier en particulier dans la rencontre avec les autres MJC présentes et les artistes ont joué le jeu et ont su s’adapter.

Pour Jean-Luc Dardaine, directeur de MJC et instigateur du projet « Gometz a été une belle action mais le projet continue dans la volonté de donner des espaces d’expression et de parole aux jeunes. Il a du sens grâce à ce qui va arriver ensuite : intégrer d’autres jeunes, d’autres MJC pour franchir de nouvelles étapes, continuer à oser ensemble ».Des liens ont été créés cet été qui permettent d’envisager de nouveaux projets à construire ensemble.

Propos recueillis par Hélène Croly

Une nouvelle MJC à Gometz-le-Châtel Lefaitestsuffisammentrarepourêtresouligné,l’ouvertured’unenouvelleMJCméritelesgrostitresde par sa rareté surtout dans une ville d’environ 3 000 habitants. Pour Anne Van de Sype, sa directrice, cela est dû à la rencontre entre la volonté des habitants d’ouvrir un lieu de rencontres sur la commune, celle de la municipalité de disposer d’une structure jeunesse (mais pas que) et le désir de ne pas être isolé mais de pouvoir se rapprocher d’un réseau comme celui des MJC. Aprèstroisrencontresétaléessursixmoisen2015pourvérifierlaconcordanceentrelesdifférentsprojets des acteurs potentiels, l’association a vu le jour en juin 2015. La municipalité a ouvert des locaux et alloué une subvention de fonctionnement pour la première année. La directrice a été mise à disposition à mi temps pendant un an pour accompagner le projet d’ouverture. Pour la nouvelle directrice, le fonctionnement partagé, la proximité entre élus impliqués et disponibles et habitants est la clé de cette ouverture. « C’est une chance pour un directeur d’avoir une municipalité comme cela, des habitants qui ont envie, des bénévoles très actifs et des projets qui rassemblent tout le monde. C’est la rencontre entre des bénévoles qui y croient, des habitants qui s’organisent et une structure qui permet à l’ensemble de fonctionner.»

* Langage gestuel de création artistique en temps réel

14 juillet - Le groupe et les habitants

Page 5: Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et ...3.pdf · Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et de La CuLture de franCe Octobre 2016 La CMJCF - 168

Le journal de la Confédération des Maisons des Jeunes et de la Culture de France - Octobre 2016 5Toute l’actualité de la Confédération sur WWW.cmjcf.fr

éducation populaire et culture en champagne-ardenne

une étude action pour un changement en profondeur

« Etes-vous capable de mener une étude sur la place des associations dans la diffusion culturelle ? » A cette question de la DRAC, la FRMJC

Champagne-Ardenne a répondu positivement, à deux conditions : avoir les moyens nécessaires pour mener l’étude et ne pas faire une étude hors sol

destinée à rester dans un tiroir.

Après un travail de trois mois sur le cahier des charges avec la DRAC et la DRJSCS, la FRMJC a souhaité porter le projet d’étude à condition de le partager avec d’autres associations d’éducation populaire. Un comité de pilo-tage a été constitué ouvert à des institutions culturelles, des artistes, des fédérations différentes pour asseoir la crédibilité de l’étude et la diffuser largement au delà du réseau MJC. Un questionnaire quantitatif a été envoyé aux associa-tions d’éducation populaire, des micro questionnaires aux institutions culturelles (scènes culturelles, salles sub-ventionnées, médiathèques...), des entretiens individuels programmés, quatre tables rondes thématiques organi-sées dans chacun des départements. Tout ce dispositif a été productif mais la méthode suivie ne créait pas suffisamment d’interactions collectives. Un parlement éphémère a donc été imaginé et mis en place avec comme objectif d’ouvrir le débat. Douze ateliers ont produit des propositions mises en délibération le lendemain.De ces deux jours, que Jean-Marc Sartore, directeur des ressources et des territoires de la FRMJC Champagne-Ar-denne, qualifie de « magnifiques » sont sorties un certain nombre de préconisations « qualitatives et diversifiées ». Six monographies sur des structures choisies par le comi-té de pilotage ont été ajoutées et trois mois de rédaction ont ensuite été nécessaires pour finaliser l’étude. De tout cet ensemble émergent sept chantiers à entre-prendre qui constituent un plan d’action régional parta-gé sur trois ans.

Ce travail de diagnostic débouchant sur des conclusions appelant à une transformation de l’existant, se poursuit de façon concrète par une recherche action financée par le FNDVA qui a débutée début 2016 avec la volonté de mettre en œuvre les préconisations de l’étude par l’inter-médiaire de 6 groupes d’appui élargis à de nouveaux ac-teurs (élus, chercheurs ou agents de collectivités locales). Il était ressorti de l’étude initiale le désir de travailler au-trement, d’imaginer d’autres manières d’échanger, de sortir des sentiers battus, et cette intention va jusqu’à la possibilité d’inventer d’autres formes d’intervention que l’appel à projets dans les politiques publiques, ou de dé-finir des formes d’évaluation différentes, y compris avec les financeurs.Pour Jean-Marc Sartore « notre démarche dans ces groupes d’appui est complètement dédiée à l’éducation populaire. La culture est un moyen de s’émanciper, de permettre collectivement et individuellement de dire qui l’on est et de changer la société. L’institution cultu-relle met au centre de ses préoccupations l’œuvre, l’ar-tiste, mais le parcours des personnes qui touchent cet objet artistique enclenche une dynamique propre, une envie d’avancer. C’est pour cette raison que les pratiques amateurs sont essentielles. Le rapport à l’art est fonda-mental pour travailler sur la cohésion sociale et la dy-namique des territoires et c‘est ce que nous tentons de mettre en place dans ce projet 2016/2019 en apportant notre méthodologie et notre expertise et en permettant à tous les acteurs de travailler ensemble. »

Propos recueillis par Hélène Croly

Quelques conclusions de l’étude L’étude avait pour objectif « de montrer ce que les associations d’éducation populaire apportent à la population, tant dans les territoires que dans les pratiques artistiques et culturelles, de repérer et trouver des convergences d’action avec les institutions cultu-relles, artistes, élus locaux et territoriaux, d’être acteurs de solutions, favoriser, par l’art et la culture, des processus démocratiques et émancipateurs pour la population et, en particulier, les jeunes générations ».Voici quelques unes des conclusions dégagées : Une méconnaissance de l’activité artistique et culturelle des associations d’édu-cation populaire. C’est un constat fait par les associations elles-mêmes mais aussi par les structures ar-tistiques et culturelles, les établissements culturels publics de l’Etat et des collectivités territoriales, qui le déplorent.La pertinence des associations d’éducation populaire comme acteurs du champ artistique et culturel en Champagne-Ardenne parce qu’elles apportent des savoir-faire inédits et renouvelés dans les pratiques artistiques et culturelles, complémentaires à ceux desautresacteursdelaculture.Ellesontlaconfiancedelapopulationetcelle-ci,danstoute sa diversité, n’est pas leur client mais le premier partenaire de proximité avec lequel elles créent des richesses matérielles et immatérielles. Le bénévolat culturel largement observé dans cette étude est l’un des icebergs de cet ancrage social et sociétal.L’intervention continue et construite des associations d’éducation populaire sur une diversité de disciplines artistiques, par une diversité de fonctions (création, diffu-sion, EAC, organisation et promotion des pratiques en amateurs, ...), par des modalités d’intervention éducative diverses et renouvelées, par la permanence artistique et cultu-relle apaisée qu’elles exercent dans une extrême diversité de territoires, en s’appuyant surlesspécificitésetlesressourcespropresàcesterritoires.La fragilisation croissante, sur les plans économique et politique, des associationsElles sont soumises aux inégalités territoriales quant au soutien politique et économique.Cette fragilisation économique et politique fait durement obstacle à des visions à moyen et long terme et donc à des engagements et des coopérations qui pourraient décloisonner et ouvrir « l’entre soi » culturel.L’inquiétude des associations.Lanon-visibilitédesfinancementsàmoyenterme,lara-réfactiondufinancementpublicetlatransformationstructurelledecefinancementportentdirectementatteinteàleurcapacité́d’initiativeetd’expérimentation.Lararéfactiondufinancementpubliclesoblige,poursurvivre,àchercherdeplusenplusde ressources auprès des personnes solvables et/ou à se transformer en prestataires de services. Dans leurs relations aux collectivités publiques, elles ne souhaitent pas être de simples « opérateurs » de politiques publiques.

3 projets culturels soutenus par la FRMJCCes projets venus d’initiatives différentes, illustrent la coopération,

l’échange, le travail ensemble qui contribuent à l’animation du territoire.

Les portes du Temps 2016 avec le Palais du Tau à Reims est un dispositif national du Ministère de la Culture initié localement depuis 2012 et enrichi en 2016 de la question suivante : quels liens peut on faire entre le béton de la charpente de la cathédrale de Reims recons-truite après la guerre et le béton de nos quartiers ? Les jeunes découvrent ou redécouvrent le monument dans sa face cachée. La visite des parties restaurées du mo-nument au XXème siècle et celle des bâtiments de la ville de Reims de la même époque permettent aux jeunes de comprendre l’importance de ce matériau dans toute l’architecture du XXème siècle. Des ateliers de pratiques ar-tistiques les invitent à appréhender la mise en œuvre de ce matériau et à poser un regard sur l’architecture (pho-tographie, sculpture, graffiti, dessin d’architecture, etc.).

Mouvements de scènes : ce projet initié par la FRMJC et le Carré Blanc de la ville de Tinqueux à partir des ate-liers amateurs existants dans plusieurs structures fait en sorte que les productions s’échangent et s’exportent dans d’autres lieux, que les jeunes se connaissent et échangent de façon régulière pour, à terme, mettre en place des séjours musicaux, théâtraux ….

Courts en Champagne : ce festival de courts métrages est l’initiative de la MJC de Ay. Les œuvres sélectionnées pour le festival sont aujourd’hui exportées et « décentra-lisées » dans d’autres MJC de la région pour donner lieu à des débats, à des présentations dans des écoles. C’est tout le festival qui s’exporte sur le territoire.

Propos recueillis par Hélène CrolyLes Portes du temps : prise en main du matériau

Les groupes d’appui ont été constitués avec des personnes touchées par l’enquête et des acteurs institutionnels qui au fur et à mesure de l’avan-cée des travaux apparaissent partie prenante de la démarche.Après une phase de diagnostic dans la première enquête, cette dé-marche cherche à produire du travail collectif sur des objectifs de pro-duction, des actions formatrices, la création de nouveaux outils, des ex-périences d’animation des territoires par la culture et des processus de coopération. Le réseau MJC apporte la méthodologie, crée la dynamique et les conditions de l’action en espérant de cette coopération des prises de conscience et de nouveaux comportements. Groupe Coopération territoriale Deux expérimentations territoriales à Langres et Vouziers pendant 3 ans pour renforcer des coopérations existantes et en déclencher de nou-velles dans le cadre de projets territoriaux. Groupe Formation Travail sur un référentiel éducation populaire et culture. Mise en place d’une journée banalisée pour l’interconnaissance des acteurs du Grand-Est. Organisation d’une journée de sensibilisation des élus politiques à l’éducation populaire et la culture. Organisation d’une formation pour articuler les projets éducation populaire et culture avec les principes de l’Economie Sociale et Solidaire.

Groupe Mobilité Actions pour le décloisonnement professionnel, pour une meilleure connaissance des métiers et des savoir-faire et pour promouvoir les expériences aux échelles du Grand-Est, de l’Europe et de l’international.Groupe Transmission et recherche Capitalisation des travaux de recherche existants sur la thématique « Éducation populaire et culture » ; création d’un corpus actualisé d’ex-périences d’éducation populaire dans la culture, lancement d‘un appel à contributions sur l’éducation populaire et la culture ; actions pour le rapprochement de la vie associative et du milieu de la recherche.Groupe Identification et Ressources Productiond’unoutilnumériquepouridentifierlesacteursdel’éducationpopulaire et de la culture, connaître la richesse des territoires dans ce champ et localiser les activités, faire état des ressources et les accroître, amorcer des coopérations par, pour et avec les acteurs de l’éducation populaire et de la culture.Groupe Evaluation Mise en place de nouvelles démarches d’évaluation partagée, inter-as-sociatives et inter-institutionnelles à partir d’un référentiel commun éla-boré par le groupe.

Actualité des groupes d’appui

Le parlement éphémère

Page 6: Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et ...3.pdf · Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et de La CuLture de franCe Octobre 2016 La CMJCF - 168

Le journal de la Confédération des Maisons des Jeunes et de la Culture de France - Octobre 2016 6Toute l’actualité de la Confédération sur www.cmjcf.fr

en picardie et en champagne-ardenne

une résidence nomade Dans un territoire rural situé dans le département de l’Aube, dépourvu de lieux

culturels, où les associations ne possèdent ni l’équipement ni le personnel dédiés à la culture, l’idée d’une résidence artistique théâtrale s’installant dans la durée a été vécue par les initiateurs du projet comme une chance et comme

l’opportunité de faire bouger les lignes.

Le projet de cinéma itinérant concerne les petites com-munes qui en font la demande, qui se trouvent à plus de 20 minutes de route d’une salle de cinéma fixe et disposent d’une salle adaptée. Si la demande est agréée, une équipe locale se met en place pour organiser maté-riellement les projections. La programmation se fait avec l’ensemble des communes concernées qui choisissent ensemble deux à quatre films à passer tous les mois. La seule contrainte est que les films doivent être sortis de-puis plus de cinq semaines au niveau national.Parallèlement un certain nombre d’actions sont pro-posées comme des ciné-concerts, des projections en plein air l’été, des séances de Noël ou des ciné-débats. Une décentralisation des dispositifs scolaires « école au cinéma » et « collège au cinéma » existe également pour les petites communes qui n’ont pas les moyens d’assu-rer les déplacements en bus des écoliers ou collégiens. Une programmation à l’année est alors préparée avec les enseignants. Sur les deux départements qui profitent des circuits du cinéma itinérant, le projet est identique à 80%. Seule la programmation est différente, plus populaire et jeune public sur l’Aisne, plus Art et Essais dans la Somme. Dans la salle fixe, la programmation peut inclure des films plus récents et le projet reste le même s’il dispose de possibilités un peu plus larges. Avec l’arrivée du nu-mérique, le grand changement a été la possibilité de faire de la programmation hors films avec des opéras, des comédies musicales, des concerts ou des spec-tacles divers. Il est devenu possible de diffuser en direct d’autres spectacles.Comme pour de nombreux autres projets, aujourd’hui la problématique est essentiellement financière, avec des budgets diminués, la recherche de l’autonomie finan-cière est devenue cruciale. Si la salle de projection fixe est capable de trouver une relative indépendance, il n’en n’est pas de même pour la partie itinérante. Pour Aurélie Paté, « le nerf de la guerre, c’est vraiment l ‘argent. Il faut se battre pour trouver des solutions et poursuivre des dispositifs qui répondent localement à de réels besoins.»

Propos recueillis par Hélène Croly

Le Réso une passerelle entre les programmateursDans une région où le maillage en équipements culturels est distendu, le Réso permet aux associations membres de bénéficier d’une aide à la programmation, à la formation et à l’équipement technique. Il joue le rôle de passerelle entre les structures culturelles de diffusion régionale pour aller plus loin dans la programmation et rompre l’isolement.

Si la porte d’entrée du projet est le réseau MJC, la vision est d’abord territoriale. Les trois territoires concernés ont en commun de proposer pour deux d’entre eux peu de théâtre contemporain et pour le dernier de ne disposer d’aucune offre culturelle. Proposer une résidence artistique nomade entre ces trois communes rendait nécessaire de s’adresser à une com-pagnie professionnelle locale pour des raisons purement pratiques. Par ailleurs dès le début, il était évident que les territoires et les associations avec lesquels la compagnie allait intervenir n’étaient ni habituels ni confortables. Le projet s’est donc construit dès le départ avec la seule compagnie en capacité de s’adapter aux contraintes techniques du milieu rural de par son expérience et son origine. La compagnie La Strada a donc partagé l’objectif de développer des espaces culturels dans des territoires qui en manquaient et de contribuer à y amener de la création et de la diffusion culturelle. Appuyée sur trois maisons différentes Brienne, Bar sur Aube et Romilly, et sur l’Espace Gérard Philippe de Saint André les Vergers, la résidence est financée par la DRAC, la région, la Fédéra-tion départementale et les maisons elles-mêmes. Trois axes ont été mis en avant de façon classique avec la diffusion de spectacles vivants de la compagnie, de l’ac-tion culturelle en lien avec les spectacles diffusés et de la création à partir de la deuxième année. Dès la première année, trois spectacles différents ont pu être proposés au cours de 14 représentations dans trois lieux différents, certains tout public, d’autres en lien avec des établissements scolaires. 300 heures d’actions cultu-relles ont été réalisées avec des ateliers théâtre amateur pour adultes et adolescents, plus inattendu un atelier de sensibilisation à l’expression dramatique avec des assis-tantes maternelles et un atelier avec des jeunes pour les intégrer dans les spectacles programmés.La création de la deuxième année, un texte contempo-rain autour de la téléréalité, n’a pas pu être proposée dans tous les lieux et a été accueillie à l’espace Gérard Philippe.

Le bilan de cette résidence qui entame sa troisième année est mitigé. L’une des MJC pour des raisons finan-cières et politiques n’a pas pu suivre le projet. Du coup, la compagnie a travaillé avec un centre pénitentiaire proche avec des résultats intéressants. Par ailleurs, les retours sur l’ensemble du territoire sont très positifs sur tout ce qui s’est fait avec les établissements scolaires. Les ateliers ont amené ce qui manquait en terme d’activité culturelle à des maisons plutôt centrées sur les activités sociales et leur ont apporté une vraie plus value.Pour Michaël Bouillon, directeur régional des ressources et des territoires Aube/Haute-Marne, « le bilan positif des deux premières années nous incite à envisager une aug-mentation de la diffusion tout public. Le peu de familiari-té du public avec le théâtre contemporain et le manque de communication des maisons n’ont pas permis d’avoir la fréquentation attendue sur les spectacles tout public. Avec l’arrivée d’une nouvelle chargée de communica-tion, on devrait pouvoir faire mieux. »Les difficultés ont été nombreuses, la moindre n’étant pas la difficulté à réunir l’ensemble des acteurs du ter-ritoire autour de la table pour traiter les questions de logistiques et d’organisation. Cela n’a jamais été possible. Par contre, les contacts avec les collèges et lycées et le travail avec l’inspection académique ont été excellents. La réelle plus value se situe au niveau des associations locales qui n’avaient pas l’habitude de proposer des ani-mations de cette envergure.Pour Michaël Bouillon, « deux éléments ont été détermi-nants pour la réussite de cette résidence, le choix de la compagnie dans les liens qu’elle a tissés, par sa proximité avec les territoires et les valeurs qu’elle a portées et l’ex-pertise technique du programmateur de l’espace Gérard Philippe qui a fait l’interface entre nous et la compagnie et a amené les compétences nécessaires. »Une quatrième année de financement a été demandée pour cette résidence d’un nouveau genre.

Propos recueillis par Hélène Croly

Cinéma itinérant Dans l’Aine et la Somme deux circuits de cinéma itinérant sont gérés par Aurélie Paté, salariée de la Fédération Régionale qui s’occupe également d’une salle de cinéma fixe.

Le projet, créé il y a déjà quelques années et adossé au départ à une salle, répond toujours aux mêmes at-tentes, être un lieu ressource pour les différentes MJC du territoire, trouver sa place dans le nombre croissant des réseaux qui sont plutôt des réseaux de créateurs que de diffuseurs et soutenir les artistes locaux. Sa volonté de se situer à la fois sur la diffusion d’œuvres, la formation des acteurs locaux et le soutien aux différents lieux en fait un vrai espace de ressource porté directement par la Fédération Régionale maintenant que la salle d’origine a repris son indépendance. L’originalité et la marque de fabrique du Réso tiennent à son expertise en milieu rural, à ce qu’il apporte aux petits espaces culturels en matière de soutien et d’accompa-gnement. Le cœur du projet s’est déplacé au fil des ans vers la formation des directeurs de lieux et l’échange de pratiques avec des séminaires et des rencontres régu-lières. De ces rencontres naissent des partages d’envies, de compétences, de moyens. La programmation vient ensuite. 13 structures dans l’Aisne, 16 dans l’Oise et 12 dans la Somme sont membres du Réso et s’impliquent dans le virage qui se profile avec une Région recomposée où les territoires ruraux ne sont plus prédominants. Des ré-

ponses des départements qui découvrent l’action et l’ori-ginalité du Réso alors que se manifeste un vrai recul des politiques culturelles depuis deux ou trois ans dépend l’avenir de la structure. Pour Rémy Debard, directeur régional, «nous sommes dans une situation transitoire. Les membres de Réso ont réécrit le cadre de son action, donnent du temps pour que cela fonctionne, s’implique dans une dynamique collective relancée. Nous aimerions nous impliquer da-vantage dans la promotion des artistes locaux, faire valoir notre parole sur l’intérêt d’une politique culturelle en mi-lieu rural, sur les atouts d’un regroupement qui permet une vraie mutualisation des spectacles et des moyens. Mais tous les élus ont changé, il nous faut tout réexpli-quer et nous avons moins de visibilité sur le territoire que si nous faisions de la création. Nous nous situons à un niveau intermédiaire et notre action sur la culture est plus indirecte. »Soit le Réso arrive à grandir suffisamment, à toucher davantage de lieux, pour assurer sa survie, soit il risque d’avoir du mal à continuer malgré l’intérêt de sa mission. Les réponses hétéroclites des départements ne per-mettent pas pour l’instant d’imaginer de quoi sera fait l’avenir.

Propos recueillis par Hélène Croly

Page 7: Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et ...3.pdf · Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et de La CuLture de franCe Octobre 2016 La CMJCF - 168

Le journal de la Confédération des Maisons des Jeunes et de la Culture de France - Octobre 2016 7Toute l’actualité de la Confédération sur www.cmjcf.fr

en bretagne et en région centre

une approche par les droits culturels pour changer de prismeLa Fédération Régionale de Bretagne a revisité sa vision de la culture en approfondissant la notion de droits culturels. Au delà d’un travail d’écriture collective, cette approche a transformé la perception qu’avaient les MJC de leur identité et de leurs pratiques.

se battre pour proposer la culture en milieu rural Un concert dans une bergerie, une exposition photographique le long d’une promenade à pied, des spectacles gratuits ou à petits prix, la MJC intercommunale de Bégard située pas très loin de Guingamp propose toute une programmation culturelle variée pour permettre à chacun de rencontrer ou de pratiquer les arts.

C’est petit à petit que l’action de la MJC a englobé un territoire plus large que celui d’origine et que son action culturelle s’est étoffée. A l’année, c’est quinze événements très divers qui sont proposés, ateliers d’écriture, concerts, expositions, ac-tions en milieu scolaire. Le plus souvent en partenariat avec le Palacret, un ancien moulin de teillage de lin, la MJC anime un territoire situé entre deux zones urbaines où n’existent ni salle de spectacle, ni cinéma. A chaque action correspond un volet pédagogique, discussions ou rencontres, et beaucoup d’interventions ont lieu en milieu scolaire ou dans des centres sociaux. Pour la directrice Réjane Guiguen, « notre vocation a toujours été d’aller à la rencontre du public, alors on fait de l’éducation au regard en proposant des expositions en extérieur le temps d’une promenade, on donne aux gens envie de venir en utilisant des lieux inhabituels, au plus près de chez eux, ce qui réduit également les coûts et nous permet de proposer des spectacles quasiment à prix coûtants. » Pour Julie Tircot, l’animatrice culturelle, « utiliser des lieux peu institutionnalisés, une grange, une bergerie, une chapelle, nous permet d’aller au plus près des personnes et de créer une ambiance particulière. Ainsi, depuis trois ans, nous proposons des concerts à la ferme au milieu des animaux, sous couvert d’un marché paysan. Nous attirons un public d’agriculteurs, pas forcément familier de ce genre de manifestations, et ensuite tout le monde déguste les produits du marché. »La MJC travaille également avec des structures à l’échelle du pays de Guingamp qui dispose d’un service culturel et profite ainsi de propositions artistiques variées, pro-jections, expositions ou concerts. Mais ses partenaires privilégiés sont évidemment les quatre autres MJC des Côtes d’Armor sur des propositions à l’année comme des projections avec la Fédération départementale. Et Julie d’ajouter : « nous sommes très impactés par les modifi-cations territoriales actuelles mais des structures comme les nôtres continuent à se battre pour que le monde ru-ral ait accès à la culture. Nous proposons des spectacles de qualité, accessibles à tous parce que notre idée n’est pas de faire de l’argent mais juste de ne pas en perdre. Nous avons donc une politique tarifaire adaptée avec des spectacles gratuits, des projections à trois euros, des concerts à la ferme à 5 euros où l’intégralité de la recette est reversée à l’artiste. »La convivialité et le partage nés de ces moments cassent le côté élitiste supposé de la culture.

Propos recueillis par Hélène Croly

50 artistes pour 50 ans de pratiques artistiques

La MJC d’Olivet possède depuis sa création une étiquette culturelle. Identifiée comme un lieu phare du jazz depuis les années 80,

elle continue à croiser pratiques amateurs et professionnelles au quotidien. Cette année 50 artistes viendront fêter 50 années de

pratiques artistiques au cours d’un mois de création débridée.

L’écriture d’un nouveau projet fédéral et surtout d’un préambule qui puisse être reconnu par les 22 maisons du territoire de Bretagne et intégrés dans leurs projets est l’aboutissement de tout un processus.La démarche a commencé avec les interrogations de trois MJC qui se questionnaient sur les droits culturels.Dans le même temps, la nécessité de formuler une dé-marche qui fasse réfléchir collectivement sur les droits culturels, permette de partager plus qu’une simple ana-lyse et fasse vivre le réseau de façon démocratique a été mise en évidence. Après deux séminaires réunissant 130 participants sur les volets culturel et social et plusieurs allers et retours d’une écriture collective, un texte a été validé qui, partant de la culture, amène également des éléments sur la place des jeunes et l’identité propre des MJC. Ce document répond à plusieurs objectifs : en définis-sant une identité commune aux MJC, il permet de pré-senter plus facilement aux « politiques » ce que sont la démarche et les valeurs portées par les MJC bretonnes et il peut s’intégrer dans les projets des maisons pour une appropriation personnalisée. Plus que le résultat final, c’est la démarche elle-même qui a changé la vision des maisons sur leurs pratiques au quotidien et leur a fourni un nouveau cadre d’analyse. Pour Patrick Lecomte, administrateur régional, « ce pro-cessus a rassemblé un très grand nombre de personnes et a permis de mettre en débat les désaccords et les points de convergence. La démarche nous a fédérés et nous a permis de gagner en capacité d’agir et de com-préhension ce qui fait société entre nous. La rédaction de ce texte sur la définition d’une identité commune nous a réinterrogés sur nos statuts, nos fonctionnements, nos modes de gouvernance et nos relations à l’Autre. Notre projet politique a été bousculé. Avec la notion de droits culturels, on ose regarder ce que l’on fait et se critiquer. C’est surtout un changement dans la perception de nos modes de fonctionnement et dans notre rapport aux personnes qui fréquentent nos maisons. Cette nouvelle

approche nous enrichit mutuellement dès lors que l’on accepte de voir l’Autre sous le prisme des droits culturels. » Pour Valérie Leroux, directrice de la MJC de Bréquigny, on retrouve dans la question des droits culturels, les fonda-mentaux de l’éducation populaire ce qui permet de les interroger avec une approche différente à la fois très politique, sur la question de l’indivisibilité des droits et la capacité de chacun de les demander, par exemple, et très pragmatique, « les droits de chacun sont-ils assurés dans notre fonctionne-ment quotidien ? ». « Ma vision de la gouvernance et de notre fonctionnement a changé. On ne peut plus faire abstraction du fait qu’on est en relation avec une personne singu-lière qui entre dans notre action collec-tive sur un territoire mais qui doit trouver sa place dans le groupe. Cette démarche appelle beaucoup d’écoute mais conduit à penser différemment nos projets. En les passant au scanner des droits culturels, on se rend compte qu’on oublie parfois des éléments de base. Sur la question de la participation par exemple, on a pu se rendre compte récemment que, sur un projet concernant la petite enfance, on n’avait associé ni parents ni enfants dans le comité de pilotage. Il faut remettre le curseur au bon endroit. On essaie de construire avec ces personnes un espace où il y a possi-bilité d’exister et de partager ensemble. » Le prisme a changé en passant de la notion de tolérance à celle de reconnaissance. Cette approche humaniste met en place un processus éthique et non moraliste et, à partir de là, des chemins d’émancipation deviennent possibles. La construction d’espaces communs prend une autre signification.

Propos recueillis par Hélène Croly

Pour Estelle Bailly, sa directrice, « les ateliers artistiques ont été le socle de la MJC et le sont toujours. Dès le dé-part, cette maison a été une pépinière de rencontres entre les habitants et les artistes. De là, sont nées la bi-bliothèque et des chorales devenues indépendantes. Nous continuons à mélanger les idées et les personnes avec des rencontres à thème autour d’un apéritif ou avec des familles venues pour créer ensemble et se découvrir différemment. » 25 ateliers différents se rencontrent deux ou trois fois par an en s’ouvrant également à d’autres structures. Si la MJC était très jazz jusqu’en 2005/2006, caveau reconnu, elle a souhaité s’ouvrir à d’autres formes de musique comme la chanson et a depuis étoffé sa programmation. Une action phare est proposée chaque semaine (exposition, concert, débat, rencontre), le jeudi soir pour ne pas être en concurrence avec d’autres lieux. Pour sa directrice « le rayonnement de la MJC s’explique par la qualité de la programmation et par l’expertise qui vient avec l’expérience. Une qualité existe, une réelle exi-gence, qui marquent et qui créent la fidélité du public. Nous avons une ouverture comme membre d’un réseau de programmateurs de petits lieux, travaillant avec des publics inhabituels (crèches, maisons de retraite ou pu-blics empêchés). Partenaire de la scène nationale « Jazz Orléans », nous essayons de garder notre côté familial, à taille humaine, dans la veine de ce qui a été construit

en gardant les principes de l’éducation populaire. Nous sommes soutenus par la mairie et le conseil régional, no-tamment en terme d’aide à l’emploi. » Inscrite dans le tissu associatif et dans le réseau culturel départemental, la MJC d’Olivet est en capacité de saisir toutes les opportunités. Si le travail sur la programma-tion s’inscrit d’avril à juillet, il reste malgré tout toujours de la place pour rajouter autre chose en fonction des événements. Au delà des 30 animateurs techniciens, des bénévoles très actifs, engagés et impliqués en soutien sur des événements ponctuels sont l’autre fondement d’un fonctionnement performant. Pour aller plus loin, les animateurs gèrent les projets du début à la fin et sont in-vités à être attentifs aux réactions du public, à échanger avec d’autres structures, à aller voir d’autres événements ailleurs, pour continuer à renouveler les propositions faites par la MJC. C’est ainsi que les ateliers artistiques à pratiquer en famille sont nés du constat d’un besoin de « faire quelque chose ensemble ».Pour Estelle, « Aller au dehors, faire venir, être en parte-nariat avec d’autres structures, donne du souffle. C’est une respiration entre le dedans et le dehors qui alimente la maison. Nous sommes attentifs aux adhérents, à faire remonter des données et ensuite à retravailler ensemble tout en gardant notre identité. »

Propos recueillis par Hélène Croly

Les droits culturels Les droits culturels sont des droits fondamentaux, partie intégrante de l’ensemble des droits de l’homme, universels, indivisibles et interdépen-dants. Leur réalisation permet un fort effet de levier sur la réalisation de l’ensemble des droits de l’homme et renforce les capacités, droits, liber-tés et responsabilités. L’approche ABDH, de la loi NOTRe qui concerne la nouvelle organisation territoriale comporte l’obligation pour les collec-tivités de « garantir les droits culturels des citoyens ». Avec son expérience d’une approche des droits culturels dans le fonctionnement des MJC, la Fédération régionale de Bretagne est maintenant régulièrement sollicitée par des élus et essaie d’être présente chaque fois que cela est possible dans les instances de réflexion surle sujet.

Page 8: Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et ...3.pdf · Le journaL de La Confédération des Maisons des jeunes et de La CuLture de franCe Octobre 2016 La CMJCF - 168

Le 31 août, Frédéric Prelle, président de la CMJCF et Daniel Frédout au titre du CNAJEP, étaient invités à l’Elysée par le Président de la République pour assister au Rassemblement des forces vives de l’engagement et à l’annonce des nouveaux lauréats « La France s’engage ».

actualités nationales

Le journal de la Confédération des Maisons des Jeunes et de la Culture de France - Octobre 2016 8Toute l’actualité de la Confédération sur WWW.cmjcf.fr

Sur 3 lieux

Le pôle Centre à Boisset Saint-Priest en Rhône-Alpes avec les jeunes des régions Rhône-Alpes, Alsace, Centre, Ile de France.Le pôle Sud à Tarascon sur Ariège en Midi-Pyrénées avec les jeunes des régions Midi-Pyrénées, Langue-doc-Roussillon, PACA.Le pôle Nord à Saint-Pouange en Champagne-Ardenne avec les jeunes des régions Bretagne, Normandie, Picardie, Champagne-Ardenne.

Nombre de jeunes et public cible

Ces forums concernent 13 jeunes et 2 accompagnateurs par fédération régionale.Ils visent des jeunes de 16 à 22 ans, engagés dans le réseau des MJC et qui ont participé à la convention de Strasbourg ou sont actifs dans les suites données.

Les objectifs

Travailler avec les jeunes à :• Mutualiser et poursuivre au niveau national les suites

données à la Convention de Strasbourg dans chacune des Fédérations Régionales

• Traduire dans des actions les phrases défis votées à Strasbourg

• Envisager des actions et/ou des espaces qui parti-cipent à l’expression des jeunes à un niveau régional et national

Les 2èmes forums régionaux de la jeunesse de la Confédération des MJC de France

La participation des jeunes vue par les jeunesSur le modèle de ceux de 2014 et dans la poursuite de la convention de 2015, la CMJCF organise les 2èmes forums régionaux de la jeunesse les 26, 27, 28 octobre 2016.