Le jardin médiéval de Saint-Antoine l'Abbaye

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Le jardin médiéval, entre Orient et Occident Dossier de presse Un nouveau jardin à découvrir dès le 6 juillet 2014

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Le jardin médiéval,entre Orient et Occident

Dossier de presse

Un nouveau jardin à découvrir dès le 6 juillet 2014

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Conçu en 2002 comme un jardin éphémère, illustration du jardin monastique au cœur des

bâtiments conventuels à l’occasion de l’exposition Mille ans de jardins, le jardin de l’Abbaye a

fait l’objet dès 2013 d’un réaménagement nécessaire afin d’offrir aux visiteurs un autre regard

sur l’histoire des jardins au Moyen Âge, entre Orient et Occident.

Les plantes présentées au cœur du jardin durant ces dix dernières années, étaient, pour la

majorité d’entre elles, conformes à celles utilisées autrefois par les Hospitaliers de Saint-An-

toine pour la confection des onguents, emplâtres et décoctions, à base de vin, de miel ou de

farine d’orge, destinés aux malades atteints du mal des Ardents selon les traités d’herboristes,

les herbiers de botanistes ou les recettes d’apothicaires rédigés entre le XVe siècle et le XVIIIe

siècle. Cette présentation proposait une vision uniforme du jardin médiéval. Il est ensuite

apparu comme une impérieuse nécessité de l’ouvrir à d’autres horizons.

Un parcours a dès lors été imaginé afin de remodeler l’espace initial privilégiant la déambu-

lation, ouvrant l’imaginaire vers une mise en résonance de l’iconographie médiévale et de son

double, le jardin, et dont le XVe siècle constitue un âge d’or : le jardin n’est plus seulement

utilitaire, il se veut onirique, lieu de plaisance et de méditation plus proche vraisemblable-

ment du Paradis rêvé, convoité.

L’idée de voir fleurir quatre jardins, faisant écho ici aux quatre fleuves du Paradis cités dans

la Genèse où l’or se mêle aux pierres précieuses incarnées par la pierre d’onyx, s’est alors

progressivement imposée.

Quatre jardins, quatre histoires, quatre haltes ponctuées de plantes exubérantes, d’herbes

aromatiques, de fleurs et d’arbres fruitiers réunis par l’eau d’une fontaine et de bassins, élé-

ment inhérent et fondateur de l’essence même du jardin.

Enfin, telle une parenthèse dans le cheminement, un jardin de plantes méditerranéennes,

trait d’union entre Orient et Occident, accueille le visiteur dans sa redécouverte des jardins

médiévaux : le Jardin du Paradis, lieu de délectation et de contemplation avec ses fleurs et ses

oiseaux ; le Jardin du parfumeur, quintessence du jardin clos où la rose embaume ; le Jardin

des simples et ses plantes médicinales ; le Jardin céleste arabo-andalou, où la symphonie

minérale répond à la profusion végétale.

Si ces jardins ont été réinterprétés à partir d’œuvres emblématiques, ils permettent aussi de

rappeler que l’Abbaye de Saint-Antoine fut dès le Moyen Âge un vaste jardin, ce cloître sym-

bolisant le paradis céleste selon l’évocation de Sicard, évêque de Crémone, lequel recommandait

que le jardin soit « planté d’arbres et d’herbes afin de représenter le grand nombre des vertus ».

Mais l’histoire des jardins de Saint-Antoine est aussi celle des plantes et remèdes au cœur de

la pharmacopée. Ainsi en l’Abbaye de Saint-Antoine, maison-mère des Hospitaliers, comme

dans l’environnement immédiat des hôpitaux de l’Ordre, les jardins sont une ressource es-

sentielle pour l’élaboration de remèdes nécessaires aux soins prodigués, de recettes précieu-

sement conservées dans l’antre des officines.

La renaissance du jardin de Saint-Antoine

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L’apothicairerie des Hospitaliers de Saint-Antoine se distingue par la présence de remèdes

appropriés dans le traitement de deux formes du mal des Ardents et plus largement des mala-

dies dermatologiques et infectieuses. Dans la composition des médecines se trouvent à la fois

des substances végétale, minérale et animale. Le premier règne est de toute évidence majori-

taire : les simples de Galien, aux sources de la pharmacopée primitive, constituent aussi bien

une matière première prélevée dans la nature qu’un médicament à part entière. Dioscorides

parle déjà de « matière médicale » dans son traité de référence De materia medica où sont dé-

crits les simples et leur vertu thérapeutique.

Au Moyen Âge, si la fondation de monastères et d’abbayes s’accompagne d’une appropriation

de terres afin d’assurer des revenus nécessaires à la survie de la communauté, le site naturel

demeure par bien des aspects déterminant dans le choix de l’implantation et l’organisation

spatiale. La nature occupe une position privilégiée au-delà de l’enceinte même, là où le pay-

sage peu à peu architecturé, planté de vignes, cultivé, aménagé en verger, confère aux bâti-

ments un véritable écrin.

A l’intérieur de l’enceinte, il est aisé d’imaginer que des espaces furent alors destinés à l’amé-

nagement de jardins conformément au plan de l’Abbaye de Saint-Gall qui, dès son élaboration

au IXe siècle, s’impose comme modèle à suivre : les jardins environnent les édifices claustraux

et accueillent, chacun selon sa destination, des espèces végétales différentes : le jardin de

simples herbularius situé à proximité des infirmeries ; le jardin potager hortus non loin des

cuisines ; le verger pomarius planté d’arbres fruitiers.

Si l’’ordonnancement des jardins a évolué au fil des siècles, en fonction des remaniements

intervenus sur les bâtiments et sur le plan même de l’Abbaye, des besoins mais aussi des

goûts : jardin du cloître, jardin à fleurs ou jardin d’agrément de l’Abbé au XVIIe siècle, jardin

du Grand prieur ou potager de l’Abbaye, Grand parterre de broderies dénommé Versailles au

XVIIIe siècle, il n’en demeure pas moins l’âme de ces jardins qui aujourd’hui se redécouvrent,

tout en prolongeant la grande tradition paysagère de l’Abbaye.

Ainsi la réorganisation du jardin médiéval procède-t-elle d’une double volonté : perpétuer

l’esprit du lieu en adéquation avec une histoire pluriséculaire ; livrer à nos regards contem-

porains l’image induite par les œuvres choisies de ces jardins à la fois célestes et terrestres.

Une découverte qui se veut plus que jamais plurielle et intemporelle.

Géraldine Mocellin

Directrice du musée de Saint-Antoine-l’Abbaye

AVANT-PROPOS

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La fontaine au cœurdes jardinspar Nicole Chambon

La fiancée du Cantique est comparée à « un jardin clos », « une fontaine scellée » (Ct 4,12) :

l’apposition même invite à ne pas dissocier jardin et fontaine. Albert le Grand, puis Pierre de

Crescent en recommandent la construction. Clément VI fait édifier en 1345 dans le jardin du

Palais des Papes la fontaine du Griffon, qu’il désire admirer depuis sa chambre. La fontaine

centrale des jardins monastiques rappelle que le Christ est l’Eau Vive ; les quatre fleuves sont

figurés par les quatre allées qui rythment l’espace. Une miniature tirée du Traité du Jardin

d’amour de vraie dévotion et dilection montre une grande fontaine couleur de ciel offrant l’Eau

Vive des sacrements. Mais les jardins de l’amour courtois régalent aussi par le doux murmure

d’une fontaine. Dans le Livre du duc des vrais amants de Christine de Pizan, enluminé par le

Maître d’Egerton, les amoureux traqués trouvent un peu de calme auprès d’une fontaine dont

le ru coule « bel et clair ».

Paradiesgärtlein (détail)1420Huile sur boisFrancfort-sur-le-Main, Stadel Museum

Parfois profane et religieux

s’entremêlent. Il y eut plusieurs

versions moralisées du Roman de

la Rose, et le Maître des Livres de

Prières d’environ 1500 a donné à

sa fontaine la forme d’un ciboire.

Marie ayant été assimilée à la

fiancée du Cantique, la « Vierge à

la fontaine » devint un type prisé

à la fin du Moyen Âge. Parallè-

lement, la fontaine de jouvence,

transposition profane de la

fontaine de Vie et du baptême,

connut une grande fortune icono-

graphique, tant sur les valves de

miroirs et les peignes donnés en

gage d’amour que dans les tapis-

series et les fresques...

... Dans le polyptique de l’Agneau

mystique, c’est l’autel qui est au

centre ; mais la fontaine, placée

au premier plan à l’aplomb de

l’Agneau et de la colombe de l’Es-

prit, est l’une des plus célèbres de

la peinture tardo-médiévale.De A

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Hubert et Jan Van Eyck L’Adoration de l’Agneau mystique (détail)1420-1432, huile sur boisGand, Cathédrale Saint-Bavon.

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JARDIN SAINT-ANTOINE-L’ABBAYEJANV 2014

15,95 0,30 m 0,30 m

15,68

16 m

10,185,27

Sable

GazonMurets brique

Chemin d’eauCarrelage

1m

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8 m

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Pivoine

Jardin du Paradis

Plantations

5,70 m

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m

1 m

Jardin du parfumeur

1m

2,30 m

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Prairie fleurie

Prairie fleurie

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4,70

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2,57m 2,60m

Fontaine de l’Agneaumystique

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Jardin des simples

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Jardin célestearabo-andalou

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Rosiers grimpants

Rosiers buissons

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Le jardin médiéval, une promenade en quatre haltesLa réorganisation de l’exposition « Quand le parfum portait remède », avec la création d’un espace

dédié à la rose offre l’opportunité de créer une ouverture sur le Jardin du parfumeur et le chemin

de roses. Dedans-dehors. Le jardin est intégré à l’exposition, l’idée étant de trouver de nouveaux

cheminements et axes de passage pour faire le lien entre l’exposition et le jardin, de privilégier la

transparence, les matériaux de qualité et des angles de vue toujours intéressants.

La Cour de la fontaine

La première partie est composée de la fontaine dans l’axe de la Grande cour, un chemin d’eau

conduit vers le Jardin arabo-andalou. Le canal est prolongé vers le petit bassin du Jardin du

Paradis. Cette fontaine, réinterprétation contemporaine à partir du polyptique de l’Agneau mys-

tique peint par les frères Van Eyck au XVe siècle, deviendra le point focal du jardin. Elle sera

complétée dès 2015 d’un élément central directement inspiré du polyptique.

Le Chemin de roses

La façade du musée est habillée de roses anciennes parfumées, mme Péreire et mme Ernest Calvat,

Sourire d’orchidée et de rosiers buissons, Louise Odier, Aloha, Reine Victoria, Salet, Baron Go-

nella, Honorine de Brabant. A chaque extrémité un banc pour le repos et la contemplation. Cela permet de dégager tout le cœur de

la parcelle pour les quatre jardins.

Quatre thèmes traités en une allégorie en quatre tableaux : le Jardin du Paradis, le Jardin du par-

fumeur, le Jardin des simples, le Jardin céleste arabo-andalou.

Comme sur les enluminures du Moyen Âge, les jardins sont séparés par des clôtures légères qui ne

nuisent pas à l’ensemble. Volonté de transparence. Le bruit de l’eau, les chants d’oiseau, le parfum

des fleurs renforcent la sérénité de ces jardins où se mêlent le céleste et le médicinal.

Le Jardin du Paradis

Composé d’un carré en gazon entouré de fleurs. Plantation d’un cerisier.

Au fond, une banquette végétalisée permet de recevoir des plantes ordonnées conformément à l’icono-

graphie médiévale.

Le Jardin du parfumeur

Le Jardin du parfumeur est planté de roses.

L’entrée se fait au travers de la porte en bois ouvragée.

Le Jardin des simples

Face au porche, le Jardin des simples est composé de 12 carrés dans lesquels on peut installer des

plantes béchiques et fébrifuges, sédatives, toniques, stimulantes, ...

Le Jardin céleste arabo-andalou

Une grande jardinière permet d’accueillir des plantes luxuriantes et des grimpantes prolifiques qui vont

déborder sur le haut du mur. Un bassin entouré de quatre orangers en pots termine cet ensemble sur

végétation et carreaux de ciment coloré. Plantation d’un olivier.

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Le Jardin du Paradis par Nicole Chambon

Dans sa lettre à Laurent de Médicis, Amerigo Vespucci

s’enthousiasme des « champs à l’herbe dense » remplis « de fleurs

merveilleuses par le parfum délicieux qu’elles répandent » et de

« l’immense foule des oiseaux d’espèces variées, dont les plu-

mages, les couleurs et les chants défient toute description »,

et il conclut : « en moi-même je pensais être près du paradis ». Les

peintres de la fin du Moyen Âge ont mis en pigments ce que le décou-

vreur des Amériques mit en mots. Les jardins du Paradis forment

un type iconographique enchanteur et mystérieux, dont le Paradies-

gärtlein est le plus beau fleuron. Avec tendresse et minutie, l’artiste

alsacien, qui peignit ce petit panneau de dévotion à l’aube du XVe

siècle, guide le spectateur du sous-bois vers la lumière.

Ce jardin, dont les dimensions modestes correspondent à celles

du tableau, est un pont entre l’une des plus célèbres représen-

tations du sujet et l’un des lieux les plus emblématiques de la

guérison de l’âme et du corps au Moyen Âge : par ses plantes

choisies pour leurs vertus médicinales ; ses oiseaux, liens

entre ciel et terre ; ses visiteurs du XXIe siècle enfin, dont

la présence fait revivre les personnages que l’artiste, codant

parfois leur identité à dessein, installa dans le préau.

Paradiesgärtlein1420Huile sur boisFrancfort-sur-le-Main, Stadel Museum

Les jardins du Paradis, sou-

vent cités, ont été peu défi-

nis. L’historienne de l’art

Eva Börsch-Supan

propose un certain nombre

de critères : il s’agit de

représentations d’une Vierge

à l’Enfant assise sur ou

devant un banc de gazon,

dans la prairie fleurie d’un

verger médiéval délimitée

par des créneaux ou une

palissade tressée, entourée

d’anges et de saint(e)s.

Ces œuvres, peintes sur bois

ou parchemin, parfois gra-

vées, sont apparentées aux

Vierges d’humilité, à la rose-

raie et au jardin clos.

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Le Jardin du parfumeur par Annick Le Guérer

Comme sorti de l’évanescent jardin abritant Emilie chère à Boccace dans « La Théséïde » et dé-

licatement peinte par Barthélémy d’Eyck, le Jardin du parfumeur évoque les plantes dédiées

aux parfums et aux senteurs : roses, iris, lavande, hysope, sauge, menthe, absinthe, bour-

rache, violette, lis, petite pervenche, romarin, thym, mélisse, marjolaine, anis… présentes

dans la composition de préparations parfumées servant aussi bien l’élégance que l’hygiène et

la pharmacopée.

Au Moyen Âge, nombreux sont ceux qui peuvent se dire parfumeurs. La parfumerie restera,

jusqu’au XVIIe siècle, une activité éclatée entre apothicaires, triacleurs (fabricants de thé-

riaque), épiciers, merciers… sans compter moines et moniales qui cultivent dans leurs jardins

des simples de nombreux végétaux odorants.

Bon nombre de variétés de roses qui existaient déjà dans l’Antiquité seront introduites en

France, à l’époque des croisades : roses rouges du mont Bermion en Macédoine, roses de

Crète, roses de Rhodes (« l’île de la Rose »), roses de Chypre.

Celles de Pylos, au sud ouest du Péloponnèse étaient certainement des Rosa Centifolia, dites

plus tard en France, « Roses de mai ». Les roses très odorantes de Damas provenaient d’un

croisement entre la rose phénicienne venant du Proche-Orient et la rose Gallica, originaire de

la Mésopotamie et de la Palestine.

L’eau de rose, très appréciée au Moyen Âge, a de nombreuses applications prophylactiques et

thérapeutiques (notamment antiseptiques, calmantes et anti-inflammatoires).

Longtemps bouillis ou simplement macérés, les pétales seront ensuite distillés lorsque appa-

raîtra puis se généralisera cette technique d’extraction.

Barthélémy d’EyckEmilie dans son jardin (détail)Entre 1460 et 1465In Boccace, La ThéséideVers 1340Livre III, st. 8-19Vienne, Osterreischische Nationalbibliothek

L’allée qui contourne le jardinet

d’Emilie, est en partie

ombragée d’une treille en

berceau et bordée de claies

ornées de roses rouges et

blanches. Roses trémières,

œillets, ancolies bleues,

pâquerettes, giroflées, lavande,

renouée, agrémentent aussi

le lieu. On y relève la plupart

des éléments typiques

du jardin médiéval : ban-

quettes engazonnées, parfois

dotées d’un soubassement

en briques, treillis de bois où

s’accrochent les roses...The

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Le Jardin des simples par Michèle Bilimoff

Inspiré de l’une des plus célèbres enluminures du Maître de Marguerite d’York extraite du

Livre des prouffitz champestres et ruraulx de Pierre de Crescent, le jardin des simples présente

les plantes, longtemps utilisées seules, d’où leur nom de « simples », à la base de la médecine

exercée par les moines. Cultivées dans les jardins monastiques au Moyen Âge, les herbulari,

ces plantes sont choisies selon une longue tradition orale, basée sur l’observation, mais aussi

sur les enseignements de textes grecs ou latins traduits par les moines. Pour renforcer leur

pouvoir guérisseur ou nutritif, ces plantes, même les plus communes comme le plantain ou

les pissenlits, doivent, dans la mesure du possible, être cultivées car « les herbes qui poussent

simplement sans travail de l’homme… comme des bêtes sauvages, ne sont pas bonnes pour

l’homme » (Hildegarde de Bingen).

Mêlées de fleurs, et d’herbes aromatiques, les simples sont plantées sous forme de carrés, ou

de rectangles, souvent bordés de buis ou de « plessis » en branchages tressés. Idéalement ces

plantations sont réparties autour d’une fontaine centrale d’où partaient quatre ruisseaux,

symboles des quatre fleuves du Paradis.

Maître de Marguerite d’YorkLe jardin potagerIn Pierre de Crescent, Le Rustican ou Livre des prouffitz champestres et ruraulxBruges, 1470ParcheminParis, bibliothèque nationale de France, bibliothèque de l’Arsenal

Jadis nommé Herbularius,

le jardin des simples est celui

des plantes médicinales, dites

« simples » par opposition aux

remèdes compliqués parfois

prescrits par les apothicaires

et les médecins.

L’image des Profits champêtres

de Pierre de Crescent,

(XVe siècle) montre la division

de ces jardins en carrés,

soigneusement bordés de

branches sèches, osier ou

autres, tressés, les « plessis »

chargés de contenir et protéger

les plantations. Entre les carrés,

les allées larges et droites facili-

tent l’accès aux plantes.

BNF

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Le Jardin céleste arabo-andaloupar Chérif Harrouni

Le jardin arabo-andalou est né d’un héritage complexe issu de

la capitalisation des acquis de diverses civilisations. En effet,

dès son apparition, la religion islamique s’est répandue à tra-

vers d’immenses contrées s’étendant de la Chine à l’Espagne.

C’est dans cet occident musulman que s’est développé, au XIIIe

siècle, le jardin arabo-andalou, encore appelé hispano-mau-

resque. Créé pour compenser ou récompenser, ce jardin est un

lieu de contrastes. Il est caractérisé par une grande simplicité

du tracé contrastant avec une recherche de perfection dans les

éléments constitutifs. Le jardin fait partie intégrante de l’habi-

tation dont il ne se dissocie pas. Il est caractérisé par deux al-

lées se croisant au milieu de l’espace définissant ainsi le centre

qu’occupe une fontaine, symbole de fraicheur et de vie. Les al-

lées sont revêtues de carreaux nobles (marbre ou céramique) et

les façades des habitations sont parées de bois et de stuc cise-

lés selon des motifs géométriques ou foliaires bien particuliers.

La végétation est un invité d’honneur dans ce jardin : on ne

lui impose pas de règles. Les plantes sont variées. Elles com-

prennent des arbres structurants tels le cyprès ou le palmier,

des arbres fruitiers, des arbustes aromatiques et des fleurs

éclatantes. Les parterres de plantation sont surbaissés pour

permettre l’irrigation par inondation et réduire les obstacles vi-

suels. Tout dans le jardin arabo-andalou a pour finalité de faire

appel à tous les sens du visiteur : la vue, l’odorat, l’ouïe, le goût

et le toucher. C’est un jardin sensuel par excellence.

Un jardin persan Iran, XVIIe siècle, période séfévide (1502 – 1736)Découvert à IspahanPanneau de carreaux, cuerda seca, glaçureNew York, The Metropolitan Museum of Art

Le jardin arabo-andalou est

considéré comme une des

meilleures expressions de

l’art des jardins de

l’Islam. Grâce à l’intégration

de la culture locale, certains

traits permettent de le dis-

tinguer des jardins du reste

du monde musulman. Ses

particularités résident dans

l’utilisation de carreaux de

céramique émaillés de cou-

leurs vives et leur agence-

ment avec d’autres carreaux

comme le marbre ou la pierre

ainsi que l’utilisation de l’eau

en faibles quantités dans des

contenants riches par leur

matériau et par leurs motifs

décoratifs.

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Le livre

Le jardin médiéval,entre Orient et Occident

Le jardin médiéval,entre Orient et Occident

Peintures et manuscrits livrent une mine d’informations particulièrement précieuse. Les lettrines sou-

vent ornées de fleurs et les délicates enluminures offrent une vision très concrète des jardins médiévaux

et des plantes qui les garnissent.

Tant que les châteaux ont été des édifices à vocation essentiellement défensive, les jardins situés dans

leurs enceintes se sont cantonnés à des espaces modestes. Mais ils se sont accrus au fur et à mesure

que les forteresses ont évolué vers la fonction de résidences de plaisance.

Cet ouvrage collectif évoque les différentes formes de jardins présents au Moyen Âge, entre Orient

et Occident, le Jardin du Paradis, le Jardin du parfumeur, le Jardin des simples, et le Jardin cé-

leste arabo-andalou.

Il permet de découvrir le talent de ces peintres et enlumineurs qui ont figuré avec habileté les

plantes médicinales, euphorbe, aigremoine... mais également les fleurs, iris, pivoine, lys... et les

oiseaux tout en laissant transparaître jusqu’à fusionner la symbolique religieuse et profane.

Ouvrage collectifSous la direction de Géraldine Mocellin

Nicole Chambon

Annick Le Guérer

Michèle Bilimoff

Chérif Harrouni

Mise en page : Arielle Picaud

Michel Le Louarn

Editions du Garde-Temps

Cet ouvrage est édité avec le soutien

du Conseil général de l’Isère –

Direction de la culture et du patrimoine,

à l’occasion de la réouverture du jardin

du musée de Saint-Antoine-l’Abbaye

Paradiesgärtlein (détail), 1420Huile sur boisFrancfort-sur-le-Main, Stadel MuseumDe

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Comité de réalisationMaîtrise d’ouvrage : Conseil général de l’Isère – Direction de la culture et du patri-

moine /Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye

Sous la direction de Géraldine Mocellin, directrice du musée de Saint-Antoine-l’Abbaye (Isère)

Comité scientifique

Nicole Chambon

Germaniste de formation, elle a enseigné en CPGE littéraires et à la Faculté des Lettres de

Limoges. Passionnée d’iconographie, elle s’efforce de faire découvrir à un public varié la ri-

chesse et la beauté des images. Sa thèse sur Les fleurs et les oiseaux du Jardin du Paradis

de Francfort (1410-1420) est le reflet de sa recherche au long cours sur l’histoire de l’art, la

théologie, le bestiaire médiéval, l’étymologie, la symbolique et les contes, notamment les récits

étiologiques.

Annick Le Guérer

Docteur de l’Université, anthropologue et philosophe, spécialiste de l’odorat, des odeurs et du

parfum, chercheuse associée à LIMSIC, Université de Bourgogne.

Michèle Bilimoff

Après une carrière d’ingénieur de recherche au CNRS (archéologie des métaux), Michèle Bi-

limoff se consacre à l’étude des divers rôles des plantes. Sujet inépuisable mais passionnant

qui englobe tous les aspects de la vie des humains, de la santé aux religions et aux guerres !

Chérif Harrouni

Architecte paysagiste de formation, docteur en biologie végétale, Chérif Harrouni est ensei-

gnant-chercheur au Département Paysage et Environnement à l’Institut Agronomique et Vé-

térinaire Hassan II d’Agadir. Il est par ailleurs responsable de la formation en Architecture du

Paysage au sein de ce même institut.

Comité technique

Maître d’œuvre : Garde-Temps

Arielle Picaud, DNSEP (Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique)

Michel Le Louarn, (Diplôme supérieur d’art appliqué)

Les objectifs de Garde-Temps sont donc d’assurer une prospective d’identification, de défini-

tion et de valorisation du patrimoine olfactif lié aux saveurs, aux arômes, d’assurer la diffu-

sion et la visibilité de ce patrimoine olfactif par un suivi éditorial et des expositions polysen-

sorielles, d’accompagner des projets, des événements, des manifestations en y apportant une

dimension olfactive ou gustative.

Architecte DPLG Paysagiste conseil :

Patrice Taravella

Depuis 1998, l’agence Taravella est spécialisée dans la restructuration de sites et de patri-

moines bâti et végétal, et particulièrement des jardins médiévaux.

Page 14: Le jardin médiéval de Saint-Antoine l'Abbaye

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MEDIA :

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Souhaite obtenir :

Des images numériques

n du jardin médiéval n de l’un des événements (merci de préciser)n de l’une des expositions (merci de préciser)n du site

A RETOURNER PAR FAX ou par COURRIER

CONTACT EXPOSITIONS/JARDIN :

Claire Bleuze : [email protected] – Tél : 04 76 36 48 12

CONTACT PRESSE EXPOSITIONS/MUSIQUE/EVENEMENTIEL :

Carole Fayolas : [email protected] – Tél : 04 76 36 39 00

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Musée de Saint-Antoine-l’AbbayeLe Noviciat38160 Saint-Antoine-l’AbbayeTéléphone 04 76 36 40 68Fax 04 76 36 48 [email protected]

Ouverture 2014

Public individueldu 3 mars au 10 novembre, les 13 et 14 décembre.

Public scolairedu 7 janvier au 19 décembre.

Horaires

Tous les jours de 14h à 18h.

En juillet et août :tous les jours de 10h30 à 12h30 et de 14h à 18h.Fermé le mardi et le 1er mai.

Entrée gratuite

Aux expositions, concerts, spectacles et ateliers, sauf indication contraire durant les festivals.

Accessibilité

L’ensemble des espaces muséographiques et des spectacles est accessible aux personnes à mobilité réduite, à l’exception du Logis de l’Abbé.

Situation géographique

En Isère, à 45 minutes de Grenoble et Valence.A 75 minutes de Lyon.

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Musée de Saint-Antoine-l’AbbayeLe Noviciat

38160 Saint-Antoine-l’AbbayeTél. : +33 (0)4 76 36 40 68Fax : +33 (0)4 76 36 48 10

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Ouverture du jardin médiéval :

du 6 juillet au 11 novembre 2014