Le hashtag #JesuisCharlie

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Module 4 Le hashtag #JesuisCharlie

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Module 4

Le hashtag #JesuisCharlie

Création du hashtag #JesuisCharlie

Créateur et contexte de créationAu moment où il poste cette image tristement célèbre, le créateur est alors un anonyme de Twitter. Joachim Rochin, graphiste de métier et directeur artistique du magazine gratuit Stylist, publie à 12h52 le jour du drame cette image qui va désormais devenir un étendard.

Dans sa tribune dans Libération, il confit : « J’ai créé cette image parce que je suis sans mot. »

Diffusion du hashtag #JesuisCharlie

Publiée et partagée initialement sur Twitter, cette image devenue slogan prend place sur tous les supports qu’ils soient physiques ou numériques.

Il s’agit de garder une trace, de faire un lien entre la scène internet et l’espace public, le on et le offline, grâce au mobile par exemple. Tous les supports de l’espace public urbain peuvent être sollicité. L’expression d’opinion, de sentiment, d’état, nous l’avons vu lors des événements, prend une variété de forme très large. Le monde physique et le monde virtuel ne sont plus dissociables. Il y a une réciprocité dans les deux champs.

Popularité du #JesuisCharlieConséquence de cette mobilisation sans précédent, le hashtag est désormais l’un des plus populaires et repris sur Twitter. Le 9 janvier, #JesuisCharlie est déjà mentionné plus de 5 millions de fois sur Twitter. Il devient un emblème du rassemblement, de l’unité nationale et transnationale et de cet esprit du 11 janvier tant discuté par la classe politique.

Avant lui, d’autres hashtags ont eux aussi généré un nombre important de reprises, on note parmi eux ceux relatifs aux événements survenus à Ferguson (#Ferguson) ainsi qu’à l’enlèvement d’adolescentes au Niger par Boko Haram (#BringBakOurGirls) ou à l’indignation de la communauté musulmane envers les crimes de l’État islamique (#NotInMyName).

Cela montre bien la manière dont les mobilisations aujourd’hui ne peuvent se défaire d’une complémentarité entre l’espace public et la sphère internet. Par ailleurs, les hashtags les plus prolifiques jusqu’alors sont ceux relatifs à des événements populaires comme la Coupe du monde de football 2014 ou les MTV Video Music Award. Cependant, la particularité de #JesuisCharlie demeure sa viralité sans précédent et la manière dont il a été repris massivement dans le monde entier entre le 7 et le 11 janvier 2015.

Record du #JesuisCharlie

A son plus fort taux de diffusion, le soir du drame, le hashtag est mentionné 6 500 fois par minute

Le hashtag a une résonance internationale.

Que veut dire “Je suis Charlie”Le hashtag #JesuisCharlie popularisé autour des événements de janvier 2015 est devenu le moyen de porter sa subjectivité politique sur les réseaux sociaux mais aussi au travers des manifestations et rassemblements. #JesuisCharlie fut le moyen d’expression commune, fédérateur, un moyen de rassembler autour d’un étendard afin d’exprimer sa position contre le terrorisme et pour les libertés fondamentales et notamment la liberté d’expression, mise à mal lors des attentats.Enfin, il fut le moyen d’exprimer un tristesse et une volonté de continuer à se battre pour la liberté d’expression et le journal Charlie Hebdo, dans la tourmente depuis de nombreuses années.Comme nous le verrons par la suite, les détournements du hastag #Jesuis va montrer comment par ces deux mots, les subjectivités politiques vont se porter, se donner à voir.

➢ Ne pas être Charlie par convictionNe pas être Charlie par conviction, ce n’est pas être en accord avec l’action terroriste menée à la rédaction du journal ou ne pas être touché pas la mise en danger des libertés fondamentales.C’est aussi considéré que n’étant ni lecteur, ni amateur du journal, il serait malhonnête ou malvenu de se revendiquer Charlie. Pour autant, ne pas être Charlie ne doit pas être condamné au premier abord, c’est aussi une forme de subjectivité politique à défendre.

Peut on ne pas être Charlie ?Deux façons de ne pas être Charlie

➢ Ne pas être Charlie par provocationEn tant que journal critique, satirique et revendicateur, le journal Charlie Hebdo n’a pas toujours été apprécié de tous. Les attentats de janvier ont créé la confusion et ont entraîné une rapide récupération politique, médiatique et un détournement du slogan JesuisCharlie.

Peut-on ne pas être Charlie ?Deux façons de ne pas être Charlie

La question de la subjectivité politique là aussi est donnée à voir. Le contre pied est pris lorsque le slogan est détourné de manière parfois peu habile en reprenant les noms des terroristes auteurs des tueries orchestrées lors des 7 et 8 janvier. Cette fois encore, il s’agit de se revendiquer #JenesuispasCharlie.

Déclinaisons et détournements

Comme tout emblème devenant un étendard porteur de sens et à la symbolique importante, le slogan-hashtag est repris et décliné en faveur de causes ou concernant des événements d’actualité comme le massacre d’étudiants à l’université de Garissa au Kenya et donnant lieu à un rassemblement sur les réseaux sociaux autour du hashtag #Jesuiskenyan. Cette déclinaison est aussi une manière de donner à un événement une résonance particulière puisque le slogan est désormais identifié et identifiable par tous. Les déclinaisons permettent aussi de souligner qu’au-delà des victimes de Charlie Hebdo, ce sont aussi des citoyens, policiers, employés ou clients de l’Hyper Cacher qui ont été assassinés.

Déclinaisons et détournements

Les hommages se succèdent et ne se ressemblent pas lors des jours qui suivent les tragiques attentats. Ils se rassemblent tous néanmoins autour du slogan et hashtag. Nombreuses sont les personnalités publiques qui tiennent à partager leur effroi, leur colère et indignation. Beaucoup le font sur Twitter grâce au slogan #JesuisCharlie. D’autres le scandent ou le portent. Sur les réseaux, à la télévision, lors d’événements : la visibilité des ces personnalités est telle qu’elle permet une diffusion encore plus large.

Le youtubeur Norman sur son compte Twitter ainsi que Joshua Jackson, Diane Kruger et George Clooney lors des Golden Globes à Los Angeles

Pour certains l’hommage va plus loin lorsqu’il s’agit de créer, de s’approprier cet étendard à travers une chanson, comme ont pu le faire spontanément les chanteurs M ou Grand Corps Malade. Les dessinateurs et caricaturistes du monde entier laissent parler leurs plumes pour exprimer leur effroi : Plantu, Uderzo, Gelluck, Delisle, Louison, Shaw, James ou encore le dessinateur de la célèbre série The Simpsons.

Tous se mobilisent autour de Charlie

Au-delà des différents hommages rassemblés sous l’étendard #JesuisCharlie, de nombreux détournements et autre déclinaisons sèment la confusion. Certains remettent en cause les événements, l’esprit fédérateur d’un tel slogan et d’un telle cause à travers des hashtags comme #JesuisCoulibaly ou #JesuisKouachi, portant les noms des auteurs des attentats. D’autres se désolidarisent en publiant le hashtag #JenesuispasCharlie tout en condemantn ces crimes barbares. Ces différentes approches sont parfois mal comprise.

Un recul et un regard critique est nécessaire afin de comprendre ce que l’on revendique en tant qu’individu lorsque l’on choisit de scander tel ou tel slogan. Mais l’humour et l’esprit de Charlie sont toujours de mise, notamment lorsque des internautes détournent l’hommage rendu par l’acteur Gérard Depardieu :