LE GRAND PARIS

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STUDIO_013 Bernardo Secchi et Paola Viganò Membre du Conseil scientifique de l’Atelier International du Grand Paris Étude réalisée pour l’Atelier International du Grand Paris Commande «Systèmes métropolitains» / octobre 2013 LE GRAND PARIS une ville poreuse et une métropole horizontale

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  • STUDIO_013 Bernardo Secchi et Paola ViganMembre du Conseil scientifique de lAtelier International du Grand Paristude ralise pour lAtelier International du Grand Paris Commande Systmes mtropolitains / octobre 2013

    LE GRAND PARISune ville poreuse et une mtropole horizontale

  • LE GRAND PARISune ville poreuse et une mtropole horizontale

    STUDIO_013 Bernardo Secchi et Paola ViganMembre du Conseil scientifique de lAtelier International du Grand Paristude ralise pour lAtelier International du Grand Paris Commande Systmes mtropolitains / octobre 2013

  • Studio 013Studio Associato Bernardo Secchi-Paola ViganMarine Durand, Nicolas Fonty, Roberto Sega, Guillaume Vanneste, Pauline Varloteaux, Qinyi Zhang

    corso di Porta Ticinese 6520123 MilanoITALIE

    tel. 00 39 2 89409358fax. 00 39 2 8357691email: [email protected]

    PTV FranceTribu EnergieBiodiversitMOX

  • INDEX

    PRMISSES _Banlieues might be beautiful......................................................................6 Habiter des systmes mtropolitains Trois champs de rflexion

    PARTIE I _Un style de recherche

    1. Pas pas dans le Grand Paris.........................................................................................17 Promenades, rencontres et entretiens dans le Grand Paris Workshop Le T1 du Grand Paris entreSaint Denis & La Courneuve Rcits dacteurs2. La production dun espace priphrique...................................................................55 La longue dure des banlieues Quatre villes et quatre styles de vie

    PARTIE II _Habiter des possibilits

    1.Traverser le Nord du Grand Paris...................................................................................67 Un territoire dinjustices sociale et spatiale Lhtrognit comme valeur Les surfaces agricoles comme support Cycles de vie et politiques de la ville Scnario 0 Des lieux et leurs micro-histoires Le long du tram: le T1 Bobigny et La Courneuve Au bord du canal: le canal de lOurcq Bondy Autour des espaces naturels: Saint-Leu-La -Fort et La Courneuve Des quantits quand mme2. La traverse du Grand Paris du Nord au Sud..........................................................159 Un quilibre entre rsilience et rsistance Un territoire de production et de coexistence Le nouveau paysage du risque3. La traverse Est Ouest au niveau dOrly...................................................................167

    Lenclavement des infrastructures Connexions cologiques et biodiversit mtropolitaine Entre les plaques: habiter le ple dOrly-Rungis

    PARTIE III _Un territoire de continuits et une mtropole horizontale 1. Un territoire de continuits...........................................................................................185 Des lignes, des nuds et des paisseurs Une ligne de continuit structurante: la tangentielle Nord et ses gares propos du Grand Paris Express et de son rle2. Les trottoirs, les berges, les parcs et les ponts du Grand Paris........................203 Le trottoir du Grand Paris entre Saint-Denis et la Gare du Nord3. Une ville poreuse et une mtropole horizontale..................................................217

    CONCLUSIONS _Croissance et dveloppement..........................................................225

  • 6 HABITER LE GRAND PARIS

    PRMISSES _BANLIEUE MIGHT BE BEAUTIFUL

    En Fvrier 2014, au Palais de Tokyo, aura lieu un vnement organis par Monte Laster ddi Banlieue is beautiful: un nouvel effort pour montrer quil ny a pas que de la violence et de la criminalit, ce que la rhtorique habituelle souligne contribuant fortement la stigmatisation dune importante partie du Grand Paris. Au mois de Novembre 2013, un colloque organis par lAIGP et le Conseil Gnral du Val dOise sera ddi au thme de la beaut dans le grand Paris: Le Grand Paris sera-t-il beau ?.En effet, la banlieue Paris comme Rio de Janeiro, New York, Londres ou Moscou, est pleine de crativit. Elle sexprime surtout, mais pas seulement, travers quantit de nouvelles formes de culture, darts visuels, travers la musique, la danse... On lit dans ces formes artistiques, le plus souvent, la colre et la rvolte, le refus dune stigmatisation et dun tiquetage qui na pas, sauf dans les mdias, une vritable raison dtre. Lart dailleurs, dans ses formes nouvelles surtout et pour chaque poque, a souvent t une forme dexpression du contre.

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    Paris est belle, mais quest-ce qui fait la beaut de Paris? Les haut lieux seulement? Non pas galement les trottoirs de Paris, les berges de Paris, les ponts de Paris? Et pourquoi ne pourrait-on pas avoir les mmes lments, avec dautres configurations, dans les banlieues?

    Les pages qui suivent nont pas lintention de montrer que limage dpose depuis longtemps sur les banlieues parisiennes et diffuse par les mdias est fausse. Mais ce que nous proposons cest une rflexion sur la structure spatiale du Grand Paris ainsi que des visions situes pour certaines parties de la grande mtropole. Rflexions et visions sont le rsultat dun travail crois entre points de vue diffrents: ceux darchitectes, durbanistes et paysagistes, dcologues et gographes, dingnieurs hydrauliques, dhistoriens et des acteurs locaux comme ceux des habitants. Elles se sont dailleurs nourries des longues discussions, dchanges denses et dun travail de lecture et dinterprtation de trois diffrents territoires que nous avons explors dans les dernires annes. Enfin, elles se sont nourries dun workshop qui sest droul du 25 mai au 1 juin 2013 la Courneuve au Moulin Fayvon dans un espace que Monte Laster a gnreusement mis notre disposition.

    De faon plus gnrale, ces visions et rflexions naissent la fois dun regard den bas qui se veut attentif au quotidien des habitants et qui explore les possibilits de lamliorer, de construire une mtropole pour ses habitants, et dun regard den haut qui se veut attentif au vaste territoire de la mtropole, sa topographie et son hydrologie, aux espaces de la biodiversit et ceux btis, aux conflits sociaux et aux processus de fabrication de la mtropole dans son histoire plus rcente.

    Lhypothse de nouvelles continuits urbaines est dveloppe travers trois traverses dans le territoire du Grand Paris : des occasions pour rflchir sur une nouvelle structure spatiale du systme mtropolitain et de dessiner un support pour une banlieue qui pourra dvelopper, ds aujourdhui, une urbanit plus intense.

  • 8 HABITER LE GRAND PARIS

    SCEAUX BIVRE - ORLY DE SCEAUX LA SEINE LES STRATGIES DE LA VILLE POREUSE ETUDE 2011 - EPA ORSA

    SEINE AMONT SCHMA DE COHRENCE PAYSAGRE ET URBAINE DE LA VALLE DE LA SEINE EN AMONT 2012 - EPA ORSA

    PLAINE DE S.DENIS, ROISSY CHARLES DE GAULLE - FORT DOMANIALE DE SAINT-GERMAIN-EN-LAYE, HABITER LE GRAND PARIS, UNE VILLE POREUSE ET UNE MTROPOLE HORIZONTALE , 2013 - ATELIER INTERNATIONAL DU GRAND PARIS II

    Aprs des expriences dans le territoire allant de Sceaux la Seine (en traversant Orly) et dans le territoire de la Seine en Amont, nous avons choisi de mener une rflexion sur le territoire largi de la Plaine de Saint-Denis, de Gennevilliers Roissy. En choisissant le Nord du Grand Paris, nous avons choisi la partie la plus difficile de la Mtropole mais en mme temps la plus charge dattentes.

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    HABITER DES SYSTMES MTROPOLITAINS Les pages qui suivent naissent de deux rflexions complmentaires: la premire concerne le thme habiter le Grand Paris, la deuxime celui des systmes mtropolitains. Deux mots, habiter et systme, qui, dans les discours concernant la mtropole et son territoire, donnent souvent lieu des imprcisions et des malentendus et qui doivent ce titre tre bien dfinis et dlimits.

    Habiter est une pratique complexe: on nhabite pas que son propre logement, on habite aussi la rue, le trottoir, la place et les lieux de sociabilit, les parcs et les terrains de sports; on habite les bistrots et les centres commerciaux, les quipements scolaires et les cinmas, les thtres et les salles de musique...On habite la ville et le territoire. Habiter est une pratique qui concerne les habitants et les city-users, les acteurs conomiques qui continuent mener leurs activits ou ceux qui parviennent en implanter dautres; cest une pratique qui concerne les nouveaux habitants envisags dans les projets urbains et tous ceux qui, pour une raison ou une autre, ont des relations culturelles ou de mmoire avec le territoire. On habite la ville le jour et la nuit, les jours fris et les dimanches. Pour ces diffrentes pratiques de lhabiter, il faut conformer des lieux en espaces de vie, stables ou temporaires, il faut rduire les risques actuels, rsoudre les conflits entre le territoire de la production et le territoire de la mobilit et de lhabitat, il faut redcouvrir les coteaux et les canaux, le grand territoire parisien, les grands parcs ainsi que les berges de Seine, et ainsi rtablir les liens cologiques aux diffrentes chelles.

    Systme est un mot que les urbanistes on trs fortement utilis surtout dans les annes 70 lorsquon sest aperu que a city is not a tree (Alexander, 1966) mais un espace o plusieurs relations non linaires, non dcomposables en ensembles indpendants, stablissent et changent dans le temps. On parle dans ce cas de complexit, mme dans le langage colloquiale, et la ville comme le territoire nous prsentent lvidence des situations et des problmes complexes qui ne peuvent pas tre facilement dcomposs. Leffort de plusieurs urbanistes et chercheurs dans le domaine des sciences sociales a t, pendant la priode des annes 70-90, de modliser ces situations. Contrairement dautres domaines scientifiques, les rsultats de cet effort ont eu un rle important dans la comprhension et conceptualisation des principaux phnomnes urbains et de leurs liaisons rciproques, mais de trs faibles retombes oprationnelles. Les modles mathmatiques proposs impliquaient un nombre trop lev dquations et de variables avec des valeurs ntant pas totalement fiables. La solution tait pratiquement impossible et la valeur euristique mme de ces modles tait parfois trs limite. Cest la raison pour laquelle on a souvent fait recours, laide dordinateurs toujours plus puissants, des simulations numriques.

  • LES ESPACE STRATGIQUES QUIPE STUDIO 09, SECCHI-VIGAN

    De Sceaux la Seine, le long de la Seine en Amont, dans le territoire Nord du Grand Paris, les trois cas reprsentent trois situations diffrentes. Elles sont moins dramatiques au Sud, de Sceaux Orly et la Seine, o on retrouve quand-mme, parmi les collectivits locales, des rsistances de nouvelles expan-sions du bti et les lieux communs propos de la densification autour des grands quipe-ments tels que laroport. Le long de la Seine

    en Amont ce sont les problmes poss par la gestion des eaux et du risque qui eux sont lis aux esquisses de nos hypothses: ici lhabi-tabilit se dcline comme un nouveau projet de rsistance/rsilience, avec une rduction des impacts lis au maintien de la production industrielle.

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    Nous utiliserons ici le mot systme dans une version plus rduite (et rductrice) pour nous rfrer des espaces situs et fortement thmatiss qui jouent et pourraient jouer un rle reconnaissable et stratgique, tant dun point de vue fonctionnel que dun point de vue symbolique et de celui de la construction dune nouvelle image de la mtropole. Un premier exemple, reprsent dans La ville poreuse (Metispress, Genve, 2011, pp. 282-283), a t produit la fin de lAIGP 1 lorsque nous avons propos les traverse vertes, des espaces plurifonctionnels et complexes auxquels nous confions le rle de modifier la forme et la structure spatiale de la mtropole: elles construisaient une vision ouverte, mais suffisamment claire dans ses contours, ses objectifs et ses hypothses, qui essaye dclaircir la signification et la cohrence urbaine et paysagre des transformations en cours et futures. Ceci ouvre trois principaux champs de rflexion qui structurent ce rapport.

    TROIS CHAMPS DE RFLEXION

    LLe premier champs concerne notre approche de recherche qui, dun ct, volue pas pas dans le Grand Paris daujourdhui, nous amenant organiser un workshop sur le terrain, la Courneuve, et qui dun autre cot sest longuement interrog sur les modalits de production de lespace priphrique du Grand Paris, dans sa longue histoire jusqu aujourdhui : comment les diffrents acteurs et les diffrentes interventions ont tabli dans le pass et pourront tablir dans le futur un rapport avec la forme du territoire, ses armatures principales, le bti et les pratiques existantes ? (Partie I. Un style de recherche).

    Le deuxime champs, lui, concerne la prise en compte du concept dhabitabilit par toute action de modification et transformation. Lorsquon imagine un processus de densification progressive de la mtropole ou de ses parties, le thme dun projet urbain qui prend en charge les problmes de lnergie et du recyclage ressort comme un thme principal et innovant. Cette rflexion interroge ce qui pourrait se passer si tous les projets en cours se ralisaient : cest le scnario 0. Dautre part, partir du travail de terrain, de lexprience des lieux et de la construction de leurs micro-histoires, de la connaissance

  • CITIES AS SYSTEMS WITHIN SYSTEMS OF CITIES, B. BERRY, 1964

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    des contraintes et des risques, hydrauliques comme sonores ou encore dus la pollution des terrains et de lair qui, toutes les chelles, doivent tre rduits, nous proposons une lecture des lieux en termes de possibilits: la possibilit de transformer les contraintes, les conditions spatiales actuelles, par exemple lembodied energy (nergie grise), en opportunits pour un nouveau dessin de lespace mtropolitain (Partie II. Habiter : des possibilits).

    Le troisime champ enfin est dfini par le processus de production de lespace, les temps de la modification et de la transformation. Mettre en cohrence les squences de projets et les projets eux-mmes, en particulier les projets dinfrastructures de la mobilit (le Grand Paris Express surtout), les grandes infrastructures cologiques et les projets de logements ou ceux qui concernent la cration de nouvelles centralits est une ncessit. Il ne sagit pas que dune cohrence technique et fonctionnelle, la cohrence financire joue ici un rle important. Ce champs ouvre la question de la structure spatiale du Grand Paris, celle qui semble se dessiner dans les projets et celle qui nous parait souhaitable: celle dun territoire de continuit, une mtropole horizontale (Partie III).

    Ces trois champs de rflexion organisent des interprtations et des hypothses de projet sur lhabitabilit des territoires et les cycles de vie qui les traversent. Ces projets ont une origine multiple: partir des tudes dans le territoire de Seine Amont qui nous ont permis de mieux saisir lhypothse de traverse Nord-Sud dj formule dans le cadre de lAIGP 1, jusqu la connexion est-ouest la hauteur de Orly, toujours dveloppe pour lEPA Orsa, qui pourrait donner de lpaisseur aux nouvelles relations horizontales entre Saclay, Orly et la Seine, et enfin arrivant avec lapprofondissement de la traverse est-ouest de la banlieue nord du Grand Paris, avec lAIGP 2, o nous avons men une rflexion sur lhabitabilit du territoire le plus stigmatis de lagglomration. Dans des workshops de terrain, nous avons dvelopp un rapport plus troit avec les habitants et les diffrentes situations.

    La conclusion du rapport sinterroge sur le rle de lAtelier du Grand Paris et conclut sur la notion de croissance: de quoi, comment et pour qui, dans le Grand Paris.

  • UN STYLE DE RECHERCHE

    PARTIE I

  • PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris

    Ces quelques pages introductives ont pour objectif de prsenter notre approche du terrain dans le Grand Paris, travers notamment les divers entretiens que nous avons raliss en allant la rencontre des habitants.

    En effet, tout au long de ltude nous avons donn une grande importance au travail de terrain. Cette approche nous a permis de dvelopper notre connaissance des lieux mais aussi notre connaissance des manires dhabiter et des problmes rencontrs par les habitants et usagers divers. Les nombreux entretiens raliss sur le terrain nous ont permis dimaginer des micro-histoires qui explorent le futur possible et souhaitable de plusieurs situations urbaines.

    Cest dans cette optique que lquipe a dcid de mettre en place un atelier sur le terrain, un workshop. Cet atelier a t loccasion dtudier plus prcisment une portion du Grand Paris, avec les habitants, les experts, les usagers de la ville intresss la dmarche, et un groupe dtudiants.

    Nous avons la conviction que lAtelier du Grand Paris doit trouver sa legitimation sur le terrain et par le terrain.

    1. PAS PAS DANS LE GRAND PARIS

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  • fort de Montmorency

    PARIS

    Saint-Leu-La-Fort

    Villeneuve-La-Garenne

    Bobigny

    Bondy

    Saint-Denis

    Aubervilliers

    Gennevilliers

    Pierrefitte

    Ecouen

    Le Bourget

    T1

    fort de Montmorency

    PARIS

    Saint-Leu-La-Fort

    Villeneuve-La-Garenne

    Bobigny

    Bondy

    Saint-Denis

    Aubervilliers

    Gennevilliers

    Pierrefitte

    Ecouen

    Le Bourget

    T1

    18 HABITER LE GRAND PARIS

  • PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris

    CDG

    Tremblay-en-France

    Sevran

    Canal de

    lOurcq

    Bondy

    LIEUX PARCOURUS ( PIED, VLO, EN TC, EN VOITURE)RENCONTRES ET ENTRETIENS AVEC LES HABITANTS

    RENCONTRES INSPIRANT LES 3 MICRO HISTOIRES

    CANALTRAM 1

    LES COTEAUX

    CDG

    Tremblay-en-France

    Sevran

    Canal de

    lOurcq

    CARTE DU TRAVAIL DE TERRAIN MEN SUR LE TERRITOIRE DTUDE DU NORD

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    PROMENADES, RENCONTRES ET ENTRETIENSDANS LE GRAND PARIS

    Habiter est une pratique complexe. Il nest pas possible de comprendre les enjeux du thme Habiter sans connatre les acteurs de la ville: ses habitants au sens large. Nous avons donc arpent les territoires que nous avons choisi dtudier plus amplement, aussi bien la partie Sud explores dans une priode antcdente que la partie Nord, territoire objet de ltude Habiter le Grand Paris, la rencontre de ses habitants. Nous ne prtendons pas connatre tous ses habitants, mais ce travail de terrain nous a permis de constituer un premier corpus de connaissances propos de lhabitabilit du territoire.

  • Habitah

    Boulevard Andr Brmont,Saint-Leu-La-Fort

    Nous rencontrons Habitah et lun de ses voisins, alors quil fait une pause durant sa promenade quotidienne, le long du chemin piton bordant le boulevard Andr Brmont, lui-mme parallle lautoroute dont le bruit de la circulation nous fait comprendre quelle est toute proche, en contre bas.

    Habitah est trs content de vivre Saint-Leu: il a achet avec sa femme un pavillon boulevard Andr Brmont quand il est parti la retraite. Il a vcu pendant 61 ans Argentueil et il se sent beaucoup plus tranquille Saint-Leu: il ny a pas de bruit le soir, il na jamais eu de problme de cambriolage et la prsence de lautoroute nest pas un problme pour lui: dans sa maison, il nentend rien.

    Le voisin de Habitah, qui promne en poussette sa petite fille endormie, est galement satisfait du cadre de vie quoffre Saint-Leu. Il trouve en revanche que la question des transports est problmatique: il doit se rendre Paris pour le travail, il utilise la voiture plus quil ne le souhaiterait car le transilien (ligne H) est le seul moyen de transport en commun, et ce titre, sil est bloqu, les usagers galement!

    LES COTEAUXSaint-Leu-La-Fort, Ecouen, Deuil-la-Barre, Pierrefitte, Epinay

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  • PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris

    Danile, 56 ans

    Nouveaux logements Aubervilliers, le long du canal

    Danile habite avec sa mre et sa plus jeune fille dans cette maison quelle a acquis en 2003 pour 150 000 euros. Sa maison fait partie dune srie de dveloppements immobiliers autour du canal et du parc. Elle est propritaire et travaille pour un constructeur de meubles haut de gamme.

    Bien que le quartier ait fort chang, elle est trs contente dhabiter l et de profiter, surtout en t, du parc juste en face. Elle aime aussi les nouveaux logements de lautre ct du parc, construits plus rcemment.

    Elle va travailler chaque jour en voiture dans le centre de Paris.

    CANAL DE LOURCQAubervilliers - Plaine Saint Denis

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  • Janina, 26 ans

    Le long du Canal de lOurcq Vaujours.

    Janina habite dans un pavillon avec son mari au sud du canal. Elle vient de Roumanie et aime Tremblay pour les espaces verts, le calme et la possibilit davoir des animaux. Elle a un chien, des chats, de poules... Elle se ballade souvent le long du canal pour promener le chien ou se dtendre. Elle va prochainement dmnager Villepinte, de lautre cot du canal.

    Elle travaille dans les mtiers de la construction Paris et prend entre 1h30 et 2h chaque matin pour se rendre sur les chantiers.

    CANAL DE LOURCQTremblay-les-Gonnesses - Sevran

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  • PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris

    Daniel, 47 ans

    Dans sa friterie ambulante, quartier des Cottages, Tremblay.

    Daniel est vendeur ambulant. Il habite depuis 21 ans le quartier des Cottages o il vend ses pizzas le soir.

    La journe, il se rend dans une zone dactivits conomiques pour y vendre ses produits la pause-djeuner.

    Le temps que les frites cuisent dans leur huile, il commence nous raconter la vie Tremblay, son enfance dans le Vieux-Pays et carte lappui nous explique larrive du grands ensembles et de la zone dactivit lis laroport Charles de Gaulle.

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  • Jolle et son mari

    Le long du canal de lOurcq, Boulevard de Stalingrad,

    Ils vivent ici depuis une vingtaine danne au dbut ils louaient puis en 95 ils ont fait construire leur maison sur la parcelle du jardin de la maison voisine qui tait alors en vente.

    Ils sont trs heureux dhabiter ici entre la voie ferre et le canal. Pour eux cest un vrai plaisir douvrir les volets le matin et davoir cette vue sur le canal. Depuis quil est la retraite le mari de Jolle amateur de pche sort sa canne au moindre rayon de soleil et na qu traverser la petite route pour sinstaller devant chez lui pour sadonner cette activit. Ils nous racontent que la friche industrielle face leur proprit de lautre ct du canal va tre transforme en parc, de mme dautres lieu comme celui-ci le long du canal font lobjet de projet de nouveau quartier dhabitat, ils voient ces derniers trs positivement. Pour eux cela marque un renouveau pour lensemble du secteur et surtout permet la dpollution des sols anciennement occupe par des activits industrielles.

    Ils apporte toutefois un bmol leurs description en nous expliquant que depuis deux-trois ans le voisinage subit beaucoup de cambriolages, eux mme en compte deux ce qui les a pouss installer une alarme. Mais part a ils restent trs satisfait et comptent bien profiter de leurs retraites ici.

    CANAL DE LOURCQLivry-Gargan - Sevran

    24 HABITER LE GRAND PARIS

  • PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris

    Habib et Mohidime, 37 et 71 ans

    Sevran, Alles des peupliers, louest du canal de lOurcq.

    Foyer AFTAM de travailleurs migrants non transforme en rsidences sociales.

    Habib travaille Paris pour sy rendre a dpend des jours parfois il ne passe quune demi-heure dans les transports et dautre cest plus de deux heures quil lui faut. Si il pouvait il prfrerait habiter ParisCe qui le gne le plus dans le quartier cest labsence de services et commerces de proximits coince entre un tissu pavillonnaire et une zone industrielle, il doit traverser le chemin de fer et se rendre au centre de Sevran pour pouvoir jouir des premire commodits.

    Habib nous emmne chez Mohidime un de ces voisins. Mohidime 71 ans, il est en France depuis 48 ans, il a toujours vcu dans la banlieue Parisienne.

    Dans ce nouveau logement, un studio de 15 mtre carre, il est content cest un espace individuel personnel et bien quil se moque des architectes qui lont conu avec une douche trop troite et trop peu despaces de rangements il apprcie nanmoins la petite court sur laquelle sa porte fentre donne et le proximit du canal qui lui permet de se balader et de rencontrer des gens.

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  • Henri

    Caf Bobigny, avenue Louis Aragon, Bobigny.

    Nous avons rencontr Henri Polsinelli au Caf Bobigny, au 6 avenue Louis Aragon. Il a dj vu passer 5 tenanciers nous dit-il au dtour dune blague avec le patron actuel Sri Lankais qui appelle tous ses clients Papa ds lors quils ont des cheveux gris.

    Henri est la retraite et il habite Drancy, sur le trottoir den face, au 10e tage dun immeuble HLM de la ville ; il vit l avec sa deuxime pouse et leur fils qui a maintenant 34 ans et qui est jardinier la ville de Paris. Il a trois autres enfants dun premier mariage (une fille Eaubonne, une autre Bobigny et la troisime Bondy).Il est n rue du Muguet Bobigny en 1942, dans le pavillon quavait construit son pre italien sur un terrain achet en 1922. Il change quelques mots avec nous en dialecte napolitain, ses deux parents tant des immigrs de Monte Cassini bien quils se soient rencontrs en Seine-saint-Denis. Il y avait de trs nombreux Le pavillon a t revendu un notaire aprs la mort de ses parents ; celui-ci la dmoli pour le reconstruire neuf.

    TRAM LIGNE 1Fort dAubervilliers - Petit Drancy - Bobigny

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  • PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris

    Aime, 70 ans

    Entre du parc sur lA86, rue de Stalingrad, Bobigny.

    Nous avons rencontr Aime Bobigny, dans les jardins amnags au-dessus de lA86, alors quelle profitait des rayons du soleil qui venait rchauffer cette froide journe dhiver. Elle venait de faire ses courses au supermarch Lidel et soffrait une courte pause avant de reprendre le tramway T1 larrt Gaston Roulaud pour rentrer chez elle, 2 arrts plus loin, station La Ferme. Elle habite l, rsidence du Parc, dans un appartement au 8e tage quelle et son mari ont achet il y a plus de 30 ans et o ils logeaient lpoque avec leurs deux filles. Avant ils louaient un appartement La Courneuve o une voisine se plaignait de la musique de leurs filles toutes deux au conservatoire, et ils ont prfr dmnager pour bnficier dun appartement notamment mieux isol acoustiquement.

    Aime et son mari Grard, maintenant la retraite, travaillaient tous deux Paris ; Aime travaillait aux Galeries Lafayette et Grard avait un atelier de photographie proche de Gare du Nord.

    Aime, trs souriante et rieuse, regrette cependant que les jardins de lA86 soient depuis plusieurs annes mal frquents, notamment par des hommes qui viennent ici boire, en solitaire comme les deux ou trois que nous avons pu croiser. Il y avait nous dit-elle une brocante avant qui animait de temps en temps cet espace. Quand nous lui parlons de la dalle de Bobigny, elle mentionne son manque dentretien et (une fois de plus avec un petit rire) les cris des mauvais garons qui semblent la frquenter et quelle peut entendre depuis chez elle lorsquils crient pour alerter de la prsence policire.

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  • 28 HABITER LE GRAND PARIS

  • PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris

    Le workshop se deroule au Moulin Fayvon, la limite entre Saint-Denis et La Courneuve, entre la cit des Cosmonautes et les 4000 nord.Lancien moulin est directement li la prsence des cours deau,qui traversaient le territoire en surface mais qui depuis ont t enterrs. Le btiment appartient la mairie de La Courneuve et il est occup par Monte Laster, artiste et animateur de lassociation F.A.C.E., qui en a assur la rhabilitation et qui gre son occupation en indpendance. De nombreux ateliers en lien avec les habitants du quartier y ont dj t organiss.

    Le workshop sattachera au projet de transformation du territoire entre Saint-Denis et la Courneuve et notamment au rle et potentiels du tram T1 qui le traverse.

    Le territoire est marqu par de grands espaces verts: le parc de la Courneuve, le fort de lEst, le parc de la Lgion dHonneur mais les grandes infrastructures de transport (autoroutes et RER B) coupent le territoire et rendent difficile leur accs et la relation entre ces parcs et la ville. Le territoire porte certaines traces des anciens cours deau qui le structuraient dans le pass et qui posent aujourdhui la question de leur redcouverte, dans une optique actuelle de ville durable et de relation retrouver entre la ville et la nature. Le territoire du workshop comporte de trs nombreuses zones dactivits et zones industrielles: ce sera loccasion daborder la question de la place de lactivit dans la ville et celles de lemploi et de lconomie au sens large directement lies. Le workshop sera aussi loccasion daborder la question des grands ensembles, leur dsenclavement, les conditions de vie des habitants, les projets de restructuration et de rhabilitation passes et les projets possibles et souhaitables aujourdhui et pour demain. Dautre part, il faudra sinterroger sur les consquences de larrive dune gare du GPE dans ce secteur. Enfin, le thme du recyclage de la ville et de lnergie traversera toutes ces rflexions.

    Un lieu d'change et de travail pour la semaine d'atelier: Le Moulin Fayvon

    Un territoire - des lieux tudier et mettre en projet:

    latelier portes ouverteslquipe STUDIO_013 et un groupe dtudiants sinstallent dans le Moulin pour une semaine intensive de production de projet. Durant cette priode de travail, le Moulin ouvre ses portes tous ceux qui souhaitent participer, dune manire ou dune autre. Ce systme de portes ouvertes a pour but de favoriser les changes entre les habitants et lquipe au travail, il permet aux habitants de venir sinformer mais aussi de nous informer : il nous est impossible dimaginer rflchir au thme Habiter le Grand Paris sans connaitre et comprendre ceux qui lhabitent. A la fin de cette priode de production ouverte, les rsultats du travail ont t prsents le Samedi 01 Juin lors dune restitution publique en Conclusion de lAtelier.

    WORKSHOP LE T1 DU GRAND PARIS ENTRE SAINT DENIS & LA COURNEUVE

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  • 22 fvrier : sminaire AIGP, Paola Vigan et Bernardo Secchi mettent le souhait quun workshop soit organis fin mai, sur un territoire autour de la ligne de tramway T1.

    1er mars : premires recherches (quelle ville ? quelle salle ? avec quels tudiants ? et quel contenu pour cet atelier ?) ; pour une enveloppe maximale de 4000 pris sur le budget des vidos finances par lAigp.

    5 mars : Bndicte Grosjean architecte et enseignante Lille est contacte (entre autres) ; elle est trs intresse par ce projet et pense pouvoir regrouper une dizaine dtudiants avec qui elle travaille.

    courant mars : sondage des expriences participatives le long du T1 et contacts de diffrents acteurs (Bondy, Bobigny, Plaine Commune, CAUE 93 ) + dfinition du programme du workshop.

    25 mars : rencontre trs stimulante avec Youcef Khemissi (dmocratie locale Plaine Commune) ; le projet lintresse, notamment parce que Plaine Commune est en train de

    mettre en place les Assises du grand Paris qui se drouleront du 15 mai dbut juillet ; il nous ouvre son carnet dadresses chaque fois que nous avons besoin dun contact en particulier.

    03 avril : dates cales, territoire dtude dlimit de La Courneuve Saint-Denis, tudiants recruts, programme dfini, promenade planifie, premier livret pdf de 4 pages diffus.

    dbut avril : rencontres de terrains (soire cinma organise aux Cosmonautes, rencontres de Lucinda Groueff, Anne-Laure Langlais, Muse-D Territoires).

    11 avril : premier change avec Monte Laster (association FACE) par lentremise de Muse ; le projet lintresse, il est compltement dans cette dynamique datelier urbain ouvert ; une petite partie du Moulin est pour linstant disponible pour le workshop (35 m2 pour 20/25 personne maximum).

    14 avril : Fte des Tulipes de Saint-Denis, rencontre de nombreuses associations

    chronologie du montage de latelier

    30 HABITER LE GRAND PARIS

  • PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris

    (collectif Lamaze, Territoires, Vlos Saint Denis, Apijbat, Tourisme Saint-Denis)

    15 avril : rencontre avec Monte Laster pour une prparation de la promenade 24h chrono laquelle FACE participe et qui aura lieu en mme temps que le workshop (rencontre de Nataska Roblov architecte + Olivier Marcouyoux, entre autres berger Clinamen). Olivier nous parle de lventualit de disposer dun dme /tente de 12 m de diamtre en complment pour le workshop et notamment utilis pour les runions publiques.

    20 avril : le workshop ne sera pas seulement ouvert aux habitants mais aussi aux acteurs de poids du territoire quon dcide dinviter tous azimuts pour une srie dinterviews (voir liste ci-aprs).

    25 avril : finalisation et diffusion du site web : http://t1grandparis.blogspot.fr/

    8 mai : on disposera finalement dassez de place au Moulin, une importante partie ayant t libre ; cependant lide du dme est

    concrtise comme signal de latelier et espace dexposition publique.

    9-14 mai : dernire salve de mails et dappels tlphoniques pour inviter les acteurs de poids + campagne de diffusion (journal de La Courneuve, journal de Saint-Denis, blog des 4 Routes La Courneuve, blog sans crier gare Saint-Denis, contact du Parisien 93 mais sans rponse).

    22-24 mai : campagne daffichage (stations tram, mtro et RER + certains quipements + quelques halls dimmeuble) et distribution de flyers sous une pluie hivernale.

    24 mai : intervention lcole Joliot-Curie, en compagnie de Monte Laster dans deux classes de CE2 o il enseigne rgulirement, pour sensibiliser les enfants aux thmes de lurbanisme et de la cartographie en vue de leur visite latelier la semaine suivante.

    25 mai-1er juin : latelier !

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  • Latelier sest droul sur huit intenses journes. Latelier tait ouvert de 10h 20h avec une pause pour un djeuner collectif et convivial.Il y avait un noyau dur dune bonne vingtaine de participants + des invits quotidiens renouvels. (11 tudiants + 8/9 personnes de Studio_013+ 3/4 personnes de FACE qui entre autres sest occupe de filmer le droul de latelier).

    Latelier sest dcompos en 5 phases plus ou moins chronologiques.

    1- lexploration du territoire , promenade publique + carroyage :Latelier a commenc le samedi 25 mai par une Latelier a commenc le samedi 25 mai par une promenade publique : sur une quarantaine de personnes, tout juste 10% de curieux (+ 30% personnes, tout juste 10% de curieux (+ 30% dinvits + lquipe du noyau dur soit 60 %) ; on esprait en effet davantage de participation de la part des habitants, mais la participation est un exercice difficile, qui se construit est un exercice difficile, qui se construit notamment dans la dure ; notre exercice du notamment dans la dure ; notre exercice du genre commenait tout juste.Cette promenade pieds de 6-7 kms a dur environs 3 h, le temps tait frais mais ensoleill.

    le droul de latelier

    32 HABITER LE GRAND PARIS

  • PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris

    PROMENADE DU 25 MAI 2013PARCOURS ET HALTES PRVUS

    1. CIT DES COSMONAUTESA. RNOVATION EN COURS DES COSMONAUTESB. POTAGERS URBAINS DANS LES CITS

    2. FRANCHISSEMENT DE LA1LASSOCIATION LAMAZE MILITE POUR LENFOUISSEMENT DE LA1

    3. SUR LES TRACES DU CROULTHISTOIRE ET ENJEUX DE LA ROUVERTURE DES COURS DEAU

    4. COLE HQE DANIEL FRYPRSENTATION DUN PROJET HAUTE QUALIT ENVIRONNEMENTAL (OBJECTIFS - AMBITION - SYNERGIE) 5. ZONE DACTIVIT ET CYCLES DE VIELES ENJEUX DU PROJET DE RAMNAGEMENT POUR CETTE ZONE DACTIVIT

    6. FRANCHISSEMENT DE LA86INTERVENTION DE SECCHI-VIGAN SUR LES MOBILITS PITONNES DIFFICILES, LE DROIT LACCESSIBILIT

    7. TRANSFORMATION DES GRANDS ENSEMBLESRNOVATION URBAINE ET GESTION DES QUARTIERS

    Lide tait dexplorer le territoire travers par le T1, sur une diagonale qui va du carrefour des 4 Routes La Courneuve jusquau jardin de la Lgion dHonneur Saint-Denis. Nous avons donc circul en zig-zag autour de cet axe en partant du milieu, justement le Moulin Fayvon ; arrivs Saint-Denis nous sommes monts dans un tram bond pour aller aux 4 Routes ; enfin nous avons repris notre marche sinueuse jusquau Moulin.Sept haltes taient prvues pour permettre lintervention dun invit/spcialiste sur sept sujets spcifiques propres au territoire

    travers : politique de la ville, franchissements, leau, la construction cologique, les zones dactivits, lespace voirie du T1, la rnovation des grands ensemble.

    Puis partir du lendemain, les tudiants, rpartis en 3 groupes, ont commenc une exploration plus minutieuse du territoire, chaque groupe travaillant sur un tiers du territoire dtudes divis en trois dest en ouest ; ces explorations ont galement permis de raliser de nombreux interviews des habitants rencontrs.

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  • 2- interviews dacteurs :On a invit les acteurs tous azimuts, leur proposant soit de passer au Moulin soit de nous recevoir leurs bureaux au moment qui leur conviendrait (si possible en dbut de semaine).Quand un invit arrivait, nous le recevions en petit groupe de 3 ou 4, les autres participants continuaient, en parallle, travailler. Certains sont rests djeuner. Plusieurs sont passs le mercredi soir quand nous avons organis un grand repas (une soixantaine de personnes).

    Nous leur posions dabord une srie de questions gnriques se rfrant au :1- primtre daction de leur institution dans son action territoriale : expliciter rapidement lorganigramme ;2- acteurs avec lesquels ils sont le plus souvent en rapport ;3- court terme : problmes actuels auxquels ils sont confronts ? 4- long terme, 20 ans : quelle vision, quelles attentes, quelles importantes transformations sattendre.

    Puis selon les interlocuteurs, la discussion drivait sur des points plus prcis ou sur des territoires en particulier.

    3- production de maquettes et de documents pour lexposition : Au dbut de latelier, le territoire dtudes a t divis en trois parties ( un A1 vertical au 1/5.000), chacune affecte un groupe dtudiants. Plusieurs runions collectives leur ont permis davancer de manire coordonne ; chaque groupe tait cependant indpendant quant sa manire daborder sa portion de territoire.Chaque groupe a dabord produit une maquette conceptuelle (format A3) pour un rendu intermdiaire le mercredi aprs-midi afin de discuter de leurs intentions de projet. Ce rendu collectif a galement permis aux tudiants de coordonner leurs diffrentes approches et leurs modes de reprsentation pour la maquette finale.Enfin les deux derniers jours, entre dernires interviews, visite des classes de CE2 et mini-confrences, ils ont produit leurs 3 grandes

    MAQUETTE RESTITUANT SPATIALEMENT LES DIFFRENTS PRIMTRES DACTION DES DIFFRENTS ACTEURS INTERVIEWS

    34 HABITER LE GRAND PARIS

  • PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris

    MAQUETTE RESTITUANT SPATIALEMENT LES DIFFRENTS PRIMTRES DACTION DES DIFFRENTS ACTEURS INTERVIEWS

    maquettes au 1/2.500 (format A1).De son ct, lquipe de Studio_013 sest occupe, outre lorganisation de latelier et la coordination et lencadrement du travail des tudiants (en collaboration avec Bndicte Grosjean), de produire un ensemble de documents pour lexposition dont une maquette restituant spatialement les diffrents primtres daction des diffrents acteurs interviews.

    4- visites dhabitants du rseau FACE :Par ses interventions, actions, collaborations dans la dure lassociation FACE est en relation avec de nombreux habitants et acteurs du territoire. Nous avons eu la chance den rencontrer certains : - lycens et tudiants du Lyce Jacques Brel- deux classes de CE2 et leurs matresses de lcole Joliot-Curie de La Courneuve,(accompagns dtudiants de lcole darchitecture de La Villette avec qui ils ont collabor),- un groupe de jeunes rappeurs de la cit des 4000 nord.

    5- projections de travaux, mini-confrences, dbats :Enfin, il a t intressant dorganiser quelques mini-confrences :- prsentation du travail de Studio_013 sur le grand Paris le premier jour,- prsentation du travail de Monte Laster au sein de FACE,- prsentation du travail des tudiants de Jacques Brel sur leur travail banlieue is beautiful au sein de FACE,- prsentation par Kaveh Rashidzadeh, architecte et doctorant, de son travail sur les territoires de Lucifer dans le Grand_Paris ,- dbats informels lors de la soire / buffet du mercredi,- prsentation finale du samedi et dbats qui sen sont suivis.

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  • le travail des tudiants

    1. Fer et eau : les "voies royales" de 2030

    Le premier groupe est parti de l'existence de deux anciennes voies royales du territoire de St-Denis qui rpondaient jadis aux thma-tiques actuelles du Grand Paris : relier Paris sa banlieue mais aussi relier les banlieues entre elles, avec la "route de la rvolte", de Versailles St Denis. Aujourd'hui, ces axes sont fragments par des infrastructures, les "portes" sont devenues des nuds complexes, la continuit n'est plus lisible. En revanche, des modes de dplacement tels que le RER et le tramway incarnent de nouvelles entres de ville ; la Seine (berges + voie navigable) traverse les diffrentes banlieues, de Saint-Denis Boulogne-Billancourt en passant par Courbevoie et Neuilly ; les voies ferres relient Paris et sa banlieue. En proposant de nouveaux modes de dplacement doux, longeant des berges amnages, celles de la Seine comme des voies ferres, ce groupe cherche faire du fleuve et des voies ferres les "axes royaux" des modes de vie 2030. A partir de ces deux axes, une requalification du territoire est initie sur quelques grands principes : longer les berges, franchir entre quartiers, densifier les friches industrielles et avant tout, requalifier la gare de Saint-Denis comme nouvelle porte d'entre, de la ville et de l'le Saint-Denis.

    Le projet propose une densification du site de confluences, entre Seine et voies ferres, avec la gare comme point nodal permettant de relier les diffrents quartiers. Cette densifi-cation, partir de la trame parcellaire et viaire existante, s'appuie sur le pass industriel du site pour imaginer une cohabitation par strates et juxtaposition de btiments indus-triels et de logements. Ceux-ci, connects entre eux en hauteur, tisseraient un second rseau facilitant le franchissement de certaines infrastructures, crant de la continuit entre quartiers et de linter-connectivit entre les modes de dplacements. Il devrait tre facile, pour les habitants du futur co-quartier de lle Saint Denis, d'aller au march de St Denis vlo sans se confronter aux infrastructures.

    2. Du stade St Denis au parc de la Courneuve : un grand jardin continu

    Dans un territoire barr par de grandes infras-tructures routires est-ouest, ce groupe a identifi deux grandes diagonales qui peuvent transgresser ce dcoupage en bandes et lui offrir de nouvelles continuits : l'axe du tramway T1, qui perturbe dj cette organi-sation spatiale en une diagonale Nord-Ouest / Sud-Est ; et deux grandes figures, le parc de La Courneuve et le stade de France, qui peuvent y dessiner un autre axe Nord-Est /

    MAQUETTES CONCEPTUELLES FORMAT A3

    36 HABITER LE GRAND PARIS

  • PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris

    3. La rgle et l'exception : tissage et quit

    Le troisime groupe s'est appuy sur la force gographique d'une ancienne voie royale, l'actuelle avenue Paul Vaillant Couturier, dont la gomtrie sest tendue sur plusieurs kilomtres de large tout le parcellaire et le rseau viaire, qui forment une grille sous-

    Sud-Ouest. Le projet consiste dvelopper ces deux grandes directions alternatives, afin d'attnuer les grandes fractures spatiales existantes.Plus prcisment, le groupe articule 3 stra-tgies : - dans la 1e direction : valoriser les espaces publics lis la ligne T1 afin de l'apprhender telle une paisseur et favoriser ses liaisons perpendiculaires ; - dans la 2e direction : relier les entits vgtales et arbores qui fonctionnent dj sur le site (le parc de La Courneuve, le canal Saint-Denis et ses quais, le cour du Ru de Montfort arbor, le fort militaire de lEst avec ses remparts et sa vgtation dense) et y intgrer les friches lies lautoroute A1 ; - en "rotule" : travailler le site des "Cosmonautes" en y intgrant une mixit de programmes. Le projet propos ici retravaille notamment les limites du parc de la Courneuve pour y intgrer une frange urbaine offrant de nouveaux usages : espaces publics, terrains de jeux, de sports, aires de pique-nique, barbecue, kiosque musique. Cette nouvelle identit se diffuse le long de la diagonale vers le stade, intgrant les patios de l'hpital, des coeurs d'lots, des espaces collectifs du programme ANRU, la porosit du tissu pavillonnaire. Une promenade haute sur les remparts du Fort de l'Est est propose, ainsi que sa rha-bilitation en ferme urbaine et locaux pour sportifs qui profiteront de vestiaires et sani-taires connects la nouvelle figure du parc. Une varit reprable d'arbres se dcline pour identifier la nouvelle figure du grand parc : en alignements sur les boulevards qui y mne, en bosquets sur les espaces publics lis au T1, et plants alatoirement, dans sa frange urbaine.

    jacente tramant ce territoire. Cette rgle est pourtant perturbe par un certain nombre d' exceptions . Les infras-tructures, chemin de fer puis rseau auto-routier, se sont implantes selon dautres logiques (techniques, conomiques, grande chelle, etc.). Les nuds qu'elles crent, les dlaisss qu'elles engendrent, et l'agrgation autour d'elles de tissus tels que des zones industrielles ou d'activits, forment ces exceptions la rgle, qui agissent comme de relles barrires physiques, attirent l'habitat prcaire et de grande zones monofonction-nelles sans urbanit.A l'horizon 2030, ce territoire sera desservi par la Tangentielle et par le Grand Paris Express (mtro souterrain), dont plusieurs arrts sont programms, des nuds stratgiques de croisement entre la ligne de T1, la gare RER du Bourget. L'inter modalit recherche ne fera que complexifier d'avantage ces nuds, par les flux de voyageurs, mais aussi l'intensit d'activits qu'elle va engendrer. Ce projet propose alors trois types d'actions : Restructurer : La trame est un outil simple et clair pour l'organisation et la fluidit de l'espace. Chercher rtablir la continuit de grands axes Est-Ouest et Nord-Sud permet de dsenclaver et de rapprocher des lieux de vie.Tisser : Une deuxime action est de dmul-tiplier cette trame aux abords des nuds complexes, pour augmenter et rendre lisible les possibilits de cheminements et de fran-chissements. Ce resserrement de trame pourrait par exemple relier le parc de la Courneuve au Nord-Ouest, le parc de la Bergre et le canal de l'Ourcq au Sud-Est.Rendre quitable : ce maillage devient le support d'un dveloppement quitable des quartiers des futures gares du GPE. Il ne s'agit pas de concentrer toute l'intensit (commerces, bureaux, etc.) dans un primtre serr autour des gares, mais au contraire de la diffuser dans un primtre plus large, maill d'espaces publics amnags, dans les quartiers d'habitation existants, en demande de petits commerces de proximit, de lieu de travail, et d'activits.

    37

  • les maquettes des tudiants

  • ECOLE D'ARCHITECTURE DE LILLEMELANIE METIER, CHLOE MARIEY, JEAN-PHILIPPE DAVID, VALENTINE DAILLY, MATHILDE GARRO, ELISE MAHIEU, SOPHIE

    URAN, ETIENNE SCHILLERS, SANDRA ROBERT-TISSOT, SOLENE PIRABNDICTE GROSJEAN, ARCHITECTE ET ENSEIGNANTE ENCADRANTE

    UNIVERSITE IUAV DE VENISERITA PRIORE

    MAQUETTE 1/5000 FORMAT 3 A1

  • 1- participation des habitants :

    Malgr la distribution de flyers, la mise en place daffiches (stations tram et RER, certaines coles et mdiathques), la publication dannonces dans les journaux municipaux (Saint-Denis et La Courneuve) et le relais sur un blog de La Courneuve pour annoncer lvnement de la promenade et de latelier, peu de personnes non prvues sont venues la promenade et tout aussi peu de curieux le dernier jour autour du dme.

    La participation ne se dcrte pas, 6 facteurs au moins paraissent essentiels :1- cadre non institutionnel (beaucoup de dfiance des institutions),2- il doit exister un appt : dimensions ludique et conviviale,3- pas dinfantilisation, apport de culture et dintelligence, donnant / donnant,4- se programmer en amont, dans la dure et par tapes progressives dinclusion,5- sappuyer sur des rseaux locaux pr-existants autour dassociations vivantes,6- sappuyer sur toutes les gnrations, notamment les enfants et les jeunes.

    Lessentiel de nos rencontres avec des habitants a pu avoir lieu grce aux relais de lassociation FACE qui nous accueillait au Moulin Fayvon : lycens du Lyce Jacques Brel, classes de CE2 de lcole Joliot-Curie, un groupe de cinq jeunes rappeurs de la cit des 4000 nord, FACE dveloppant avec chacun de ces trois groupes diffrents types de collaborations.

    Pourtant il existe bien un dsir participatif et les tudiants du workshop lont bien senti. chaque fois quils sortaient explorer le territoire ils se sont efforcs dinterroger les habitants quils croisaient sur leurs modes dhabiter : bien souvent ceux-ci se montraient trs intresss pour en bavarder.

    2- entretien avec les acteurs de poids :

    1- le cloisonnement des missions :On connat la clbre image du 1000 feuilles pour dcrire la complexit administrative : tat, rgion, dpartement, inter-communalit, commune. Il est vrai que cela reprsente une certaine complexit de comprendre qui fait quoi ; cependant la superposition des missions

    conclusions

    40 HABITER LE GRAND PARIS

  • PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris

    entre institutions nest pas aussi flagrante, chacun assurant sa partie.Ce qui est trs marquant justement, cest le cloisonnement des services. Peut-tre justement par peur quil y ait superposition entre services dune mme institution ou ceux dautres institutions, on voit se mettre en place des organigrammes qui cloisonnent normment laction de chaque cadre au sein de son institution (cf organigrammes de Plaine Commune ou du CG93 par exemple).

    Ainsi, chacun des acteurs, na pu en gnral nous parler que dun aspect prcis quand il tait interrog sur une question spatiale qui est trs souvent le croisement de plusieurs paramtres. La plupart des acteurs sont dailleurs conscients de cette contradiction et le regrettent, mais ils doivent malheureusement se limiter leur lettre de mission souvent trs restreinte dans les champs comme dans le temps.Du coup on sent poindre un certain pessimisme, dfaitisme et/ou dcouragement chez plusieurs personnes interroges.

    2- le cloisonnement des territoires :Quand on cartographie les diffrents

    territoires selon les acteurs qui les grent on se rend compte que cette partie nord du grand Paris tudie au cours du workshop est trs cloisonne.Si en plus on extrait de cette cartographie les parties non habites du territoire comme les zones dactivits et les infrastructures, on voit quil reste trs peu de ville ordinaire .Cette priphrie est plus quun simple collage de mono-fonctionalits, cest aussi un collage denceintes gestions autonomes.De ce point de vue notamment, limportance des territoires grs par les bailleurs sociaux pose question.

    On voit loeuvre le pouvoir dune somme de techniciens, mais qui paradoxalement ne semblent pas avides de ce pouvoir pour un projet en soi. Qui au contraire semblent plutt dans lattente dune demande politique et/ou des habitants.Nous navons rencontr que trs peu dlus en comparaison des trs nombreux techniciens que nous avons pu interroger ; navons-nous pas os / pens les inviter? Sont-ils disponibles pour ces rflexions? Quel est leur projet, leur vision ? Comment voient-ils le pouvoir de ces techniciens ? Quels sont leurs

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  • projets pour quune relle participation puisse se mettre en place ?

    On sent clairement de trop nombreuses difficults et blocages la fabrication dun projet collectif. Il semble urgent de comprendre comment les dpasser. Cette formule datelier public ouvert aux acteurs du territoire apparat trs intressante pour discuter de ces blocages.

    3- court terme et long terme :

    La mtropole parisienne a souffert dun important manque dinvestissements dans la construction de logements et de transports en commun. La prise de conscience rcente de ce retard est trs importante mais ce sont des solutions de longs termes (15-20 ans environs).

    Au vu des grandes difficults de la situation sur le territoire et de lattente importante des habitants il semble essentiel de ne pas se restreindre cette vision de long terme. Il faut mettre en place des processus de transformation qui commencent immdiatement et aussi comprendre quelles

    seront les diffrentes tapes dici 15-20 ans.

    Si lon veut agir immdiatement, on voit bien que le carcan des rglementations et habitudes de travail est trop rigide, il ne semble pas y avoir de marges de manoeuvre au vu des cloisonnements en place et malgr les bonnes volonts individuelles. Il semble ncessaire et vitale douvrir des exprimentations et des processus beaucoup plus informels faisant appel aux nergies locales, extrmement vivantes de surcrot.

    4- prolongements ventuels :

    Cette exprience fut extrmement enrichissante ... et en mme temps frustrante. On sent quon a avec ce mode opratoire du workshop un instrument puissant pour fabriquer du projet sur le territoire, dgager une vision partage. Mais ce workshop nest quun balbutiement, quune minuscule opration pilote, quune exprimentation improvise.

    Il faudrait renouveler et consolider cette exprience un peu partout sur le grand Paris en y joignant toutes les universits

    42 HABITER LE GRAND PARIS

  • PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris

    qui pourraient y tre intresses (coles darchitecture, coles durbanisme, universits en sciences humaines et sciences politiques, coles dingnieurs, coles de commerce ...) pour souffler le vent de la participation et du dcloisonnement.

    Fabriquer ainsi lUniversit du Grand Paris, que Yves Lion et Franois Leclercq appellent de leurs voeux, par lintermdiaire dateliers dissmins et mobiles.

    Il sagirait alors notamment de se rapprocher davantage :- des associations dhabitants et de leurs rseaux, des amicales de locataires ;- des entreprises, de leurs dirigeants et de leurs employs;- des bailleurs sociaux et dinventorier les exemples originaux en province et ltranger;- des acteurs / chercheurs travaillant sur la participation et den inventorier les exemples originaux.

    REMERCIEMENTS

    Toutes les personnes cites dans les rencontres, et notamment celles qui sont venues nous voir au Moulin ou la promenade, merci !

    Tous les participants bien-sr ! Dont les tudiants, Bndicte Grosjean et videmment FACE sans qui cet atelier naurait pu exister. Cette rencontre avec FACE, Monte Laster, le Moulin Fayvon et ses rseaux proches et collaboratifs fut essentielle et extrmement stimulante. Merci aussi Antoine Jamonneau qui a film en collaboration avec FACE lintgralit de cet atelier, merci pour lexcellent film ralis !

    Plaine Commune et Youcef Khemissi qui nous a mis en bons contacts et qui nous a fourni tables, bancs et autres !

    LAigp qui nous a fourni un petit budget pour une organisation complte : un magnifique dme type Buckminster Fuller de 12 m de diamtre, des toilettes, de lencre pour nos imprimantes et une succulente nourriture conue et livre par Saloua ! Merci aussi Saloua ! Merci aussi Franois Biagiotti de Cartondul de la Courneuve qui nous a fourni du carton pour nos maquettes!

    Et en parlant du dme, merci Clinamen, merci aussi leurs brebis qui souvent les accompagnaient !

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  • Ecole d'architecture de LilleMelanie METIER, Chloe MARIEY, Jean-Philippe DAVID, Valentine DAILLY, Mathilde GARRO, Elise MAHIEU, Sophie URAN, Etienne SCHILLERS, Sandra ROBERT-TISSOT, Solene PIRA+ Bndicte Grosjean, architecte et ensei-gnante encadrante

    Ecole d'architecture de VeniseRita PRIORE

    Studio_013Paola Vigan et Bernardo SecchiMarine Durand, Nicolas Fonty, Roberto Sega, Guillaume Vanneste, Pauline Varloteaux, Maarten Wauters, Qinyi Zhang

    FACE :Monte Laster, Antoine Jamonneau, Mariane Pinel et Clia Lebarbey

    Cuisinire :Saloua

    Construction dme et toilettes sches + bergers :Clinamen (Olivier + Pauline + Simone + Benjamin)

    les participants

    44 HABITER LE GRAND PARIS

  • PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris

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  • Entits gestion autonome- lhpital Delafontaine rencontre avec la Directrice Elisabeth Beau (rencontre lhopitl)- la Lgion dhonneur rencontre avec la Surintendante Marie-France Lorente (rencontre la Lgion)- parc interdpartemental des sports rencontre avec Didier Gheux, SIPS 75-93 (rencontre au Moulin)- parc dpartemental Georges Valbon rencontre avec Lillan Chafiol, CG 93, dpar-tement espaces verts (rencontre au Moulin)- Fort de lEstcontact tabli avec l Adjudante-chef Aude FLOTARD, Gendarmerie Nationale et le gnral de division CARMICHAEL(demande en cours dinstruction)

    Bailleurs sociaux - Office dpartementale de Seine-saint-Denis rencontre avec Pierre Guillard, Directeur de la Maitrise dOuvrage

    (rencontre au Moulin)- Plaine Commune Habitat contact tabli avec Benjamin Vulbeau (rencontre annule)- SA Plaine de France contact tabli avec Elodie Padiou (contact par mail et tlphone)- Efidis (prsent aux 6 routes) contact tabli avec Marie-Olivia Rozoy (contact par mail et tlphone)

    Acteurs sur les infrastructures de transport- Socit du Grand Paris rencontre avec Marianne Desserrires (rencontre au Moulin)- conseil gnral 93, quais et voirie T1 rencontre avec Serine Boubaker Direction de la Voirie et des Dplacements/CG 93 (rencontre au Moulin)- conseil gnral 93, voirie gnrale rencontre avec Vyasasa RAMANY Direction de la Voirie et des Dplacements/CG 93 (rencontre la DVD93 Bobigny)- DRIEA, reprsentant lEtat pour lAmnagement et lEquipement (dont autoroutes) rencontre avec Michel Mourlot, suivi du CDT de Plaine Commune (rencontre au Moulin)- STIF, Ana LOPEZ ANTOLIN, Charge de projet (contacte par mail et tlphone)

    - RATP, Jrme Bettochi et Patrick MaugirardInstitutions daction diffuse- CCI Seine-Saint-Denis rencontre avec Isabelle Schlauder et Raphal Prost, contact avec Alice Ricouard (rencontre au Moulin)- Plaine de France rencontre avec Nicolas Lcuyer (rencontre en amont)- Plaine Commune - rencontre avec Youcef Khemissi pour la dmocratie locale (rencontres en amont et au Moulin) - rencontre avec Delphine Raude pour la rnovation urbaine sur La Courneuve / Sud-ouest (rencontre en amont son bureau de lUTRU / La Courneuve) - rencontre avec Philippe Mouchel et sverine Nourisson, dpartement dveloppement conomique (rencontre en amont) - rencontre avec Sandrine Morel, pour le commerce sur La Courneuve (rencontre au Moulin) - rencontre avec Hlne Faucher pour les projets damnagement sur La Courneuve (rencontre au Moulin) - rencontre avec Soizic Larpent et Jrme Page pour les projets damnagement sur La Courneuve (rencontre leurs bureaux / Plaine Commune) - rencontre avec Cyril Bnier pour les projets damnagement sur Saint-Denis (rencontre son bureau / Plaine Commune)- contact avec Vronique Guyard, directrice de lUT espaces verts de Plaine Commune sur la ville de Saint-Denis (rencontre annule)- contact avec Karine Holl, direction de lhabitat, ple neuf et social (rencontre annule)

    - Ville de La Courneuve - rencontre avec Gilles Poux, maire (rencontre au Moulin) - rencontre avec Sandrine Chnuet, charge de mission du DG (rencontre son bureau la Mairie) - contact avec Jean-Michel Roy, Responsable de lunit Patrimoine et Arts Visuels (contact par mail et tlphone) - contact avec Jean-Claude Cazeneuve, Responsable DP (contact par mail) - contact avec Hlne Bidard, Cabinet (contact par mail)

    - Ville de Saint-Denis - rencontre avec Anne-Laure Langlais, Directrice de quartier Cosmonautes-Joliot Curie-Saint

    liste des rencontres et contacts

    Remy-Champ de Courses (rencontre en amont aux Cosmonautes) - contact avec Michel Ribay, maire-adjoint, dlgu lcologie urbaine, lenvironnement et lducation (parti des Verts / EELV) + prsident du Comit consultatif Lamaze (rencontre annule) - contact avec Anne-Claire Garcia, Directrice de Quartier Franc Moisin Bel Air (contact par mail et tlphone)

    - Agence Locale de lnergie et du Climat de Plaine Commune - contact avec Michal Evrard, Directeur (rencontre annule)

    - Sequano Amnagement - contact avec Aurlie Paquot, responsable mission tudes (dont zone Mermoz) (rencontre annule)

    - Conseil de dveloppement de Plaine Commune - contact avec Valrie Grmont (contacte par mail et tlphone)

    Urbanistes et + (architectes, sociologues, historiens, paysagistes, paysans, habitants ...)- Chantal Talland, Directrice IFMO - Ecoles de la Rnovation Urbaine et de la Gestion des Quartiers (rencontre la promenade)- Claudie Gillot-Dumoutier, Georges Salomon et Alexandre Carbonnel, habitants membres du collectif Lamaze militant pour lenfouissement de lautoroute A1 (rencontres en amont et la promenade)- Bernard Paurd, architecte-urbaniste, plusieurs btiments sur La Courneuve + rnovation 4000 nord (rencontre la promenade)- Lucinda Groueff, architecte-urbaniste-vidaste, thse en cours sur la participation dans les projets urbains + ateliers de vido s avec des enfants des Cosmonautes + site http://saintdenis-nordest.fr/ (rencontres en amont et au Moulin)- CLINAMEN, paysans du grand Paris et pour certains architectes ou paysagistes / Olivier Marcouyoux et aussi Julie, Simone, Pauline et Benjamin (rencontres en amont et au Moulin)- Olivier Boucheron, architecte et enseignant, poursuit depuis plusieurs annes une rflexion sur les amnage-ments des 4000 nord avec des tudiants de La Villette et en collaboration avec des enfants de CE2 de Joliot-Curie (rencontre au Moulin)- Sophie Denisoff et Roland Castro, architectes-urba-nistes membres de lAIGP ; ils dveloppent pour la mairie de La Courneuve une importante tude urbaine sur les 6 Routes (rencontres lors dune runion publique de prsentation du projet la Mairie)

  • Remy-Champ de Courses (rencontre en amont aux Cosmonautes) - contact avec Michel Ribay, maire-adjoint, dlgu lcologie urbaine, lenvironnement et lducation (parti des Verts / EELV) + prsident du Comit consultatif Lamaze (rencontre annule) - contact avec Anne-Claire Garcia, Directrice de Quartier Franc Moisin Bel Air (contact par mail et tlphone)

    - Agence Locale de lnergie et du Climat de Plaine Commune - contact avec Michal Evrard, Directeur (rencontre annule)

    - Sequano Amnagement - contact avec Aurlie Paquot, responsable mission tudes (dont zone Mermoz) (rencontre annule)

    - Conseil de dveloppement de Plaine Commune - contact avec Valrie Grmont (contacte par mail et tlphone)

    Urbanistes et + (architectes, sociologues, historiens, paysagistes, paysans, habitants ...)- Chantal Talland, Directrice IFMO - Ecoles de la Rnovation Urbaine et de la Gestion des Quartiers (rencontre la promenade)- Claudie Gillot-Dumoutier, Georges Salomon et Alexandre Carbonnel, habitants membres du collectif Lamaze militant pour lenfouissement de lautoroute A1 (rencontres en amont et la promenade)- Bernard Paurd, architecte-urbaniste, plusieurs btiments sur La Courneuve + rnovation 4000 nord (rencontre la promenade)- Lucinda Groueff, architecte-urbaniste-vidaste, thse en cours sur la participation dans les projets urbains + ateliers de vido s avec des enfants des Cosmonautes + site http://saintdenis-nordest.fr/ (rencontres en amont et au Moulin)- CLINAMEN, paysans du grand Paris et pour certains architectes ou paysagistes / Olivier Marcouyoux et aussi Julie, Simone, Pauline et Benjamin (rencontres en amont et au Moulin)- Olivier Boucheron, architecte et enseignant, poursuit depuis plusieurs annes une rflexion sur les amnage-ments des 4000 nord avec des tudiants de La Villette et en collaboration avec des enfants de CE2 de Joliot-Curie (rencontre au Moulin)- Sophie Denisoff et Roland Castro, architectes-urba-nistes membres de lAIGP ; ils dveloppent pour la mairie de La Courneuve une importante tude urbaine sur les 6 Routes (rencontres lors dune runion publique de prsentation du projet la Mairie)

    - Benot Pouvreau, historien de larchitecture, dpar-tement du patrimoine (grands ensembles) au CG 93 (rencontre au Moulin) - Denis Delbaere, paysagiste et Nataska Roublov, archi-tecte pour leur intervention concomitante de la grande ville 24h chrono (rencontre en amont et au Moulin) - Yannick Beltrando, architecte-urbaniste charge par Plaine commune et Sequano de dvelopper un plan directeur pour la zone dactivits Mermoz (rencontre annule)- Simon Ronai, urbaniste directeur du bureau dtudes urbaines Orgeco, membre de lAIGP (rencontre au Moulin) - Olivier Darn, plasticien et apiculteur urbain, producteur du Miel Bton et fondateur du parti potique (contact par mail)- Alessia de Biase et Federica Gatta, LAA, architectes anthropologues, pour une tude sur lhistoire des 4000 sud faite sur la base de nombreux entretiens (rencontre annule)- Mtronymie, revue darchitecture, durbanisme et de politique. (rencontre au Moulin)

    Entreprises et professionnels du territoire- KDI, fournisseur de produits mtalliques de la construction (visite du site)- Cartondul, fournisseur de produits cartonns sur mesure (visite du site)- Muse-D Territoires, cabinet de conseil constitu de sociologues, conomistes, urbanistes et experts de la communication implants dans les 4000 sud ; notamment AMO pour Plaine Commune. rencontres avec Ahmed Bouzouad et Estelle Tournus (rencontre en amont et au Moulin)- Dubrac TP, entreprise de travaux publics base Saint-Denis depuis 1922 contact tabli avec Francis Dubrac (contact par mail et tlphone)- Alstom, implante dans la zone Mermoz contact tabli avec Laurence Faucher, responsable RSE (contact par mail)- Segro, amnageur de zones dactivits (dont une opration sur la zone du Rteau ou Damiers ?) contact tabli avec Fabien Fridirici, Directeur rgional IDF (contact par mail)- Rachid Santaki, crivain, notamment de romans policiers ayant pour scne la banlieue nord de Paris (rencontre annule)- Abdou Diouri, photographe, anime une galerie dans le centre de Saint-Denis

    (rencontre annule)- Apijbat, entreprise de construction cologique et dinsertion par lactivit, implante dans la Cit des Cosmonautes rencontres avec Mathieu, Slavek et deux autres membres (rencontre en amont et au Moulin)- Face, association anime notamment par lartiste Monte Laster et implante au Moulin Fayvon, qui a pour but de redonner du pouvoir aux habitants (empowerment) au travers dactions artistiques et cratives au sein de lespace publique rencontres avec Monte Laster, Celia, Marianne et Mike. (rencontre en amont et troite collabo-ration au Moulin)

    Habitants et associations dhabitants- Mathieu Glayman, association de parents dlves du 93 (rencontre au Moulin)- Lassociation Lamaze militant pour lenfouissement de lA1 (rencontre en amont et au Moulin)- Synergies +, association notamment pour laide aux devoirs implante dans la rsidence du Parc ( contacter)- Faites le mur, association finance par Yannick Noah pour favoriser des activits sportives et rcratives dans les cits, implante dans les 4000 nord ( contacter)- lycens et tudiants du lyce Jacques Brel participant au projet banlieue is beautiful au sein de lasso-ciation Face (rencontre au Moulin)- deux classes de CE2 de lcole Joliot-Curie (rencontres en amont et au Moulin)- une dizaine dhabitants (rencontres la promenade et au Moulin)- association Velos Saint-Denis, contacts avec Georges Salomon et Mathieu Deshauts (rencontres en amont et la promenade)- blog des 4 Routes La Courneuve, contact avec David lHote (rencontre annule)- blog sans crier gare relayant les activits cultu-relles et urbaines Saint-Denis (contact par mail)

  • Les rcits dacteurs: une histoire de la construction de la priphrie

    Les rcits dacteurs que nous reportons dans ces pages sont issus dun ensemble dentretiens que nous avons raliss durant latelier urbain que nous avons organis en mai 2013 la Courneuve (nous y reviendrons dans le chapitre suivant). Lun des objectifs de cet atelier, nous le verrons, tait de rencontrer les acteurs locaux, ceux qui travaillent avec et pour la ville, dans le territoire du Nord du Grand Paris, plusieurs chelles et selon des comptences trs varies. Ces entretiens nous ont permis de comprendre en partie et desquisser une certaine histoire de la production de lespace priphrique. Nous avons ainsi pu, avec les acteurs qui se sont entretenus avec nous, reconstruire une histoire passe de cette production ( travers les diverses politiques de la ville, les erreurs et checs) mais aussi lhistoire actuelle, ce qui se joue sous nos yeux (lexemple des oprations de rhabilitation et de recyclage souvent impossibles cause des montages financiers favorisant encore aujourdhui la dmolition, montre que les choix et dcisions ne dpendent plus de la seule volont politique...).

    48 HABITER LE GRAND PARIS

  • longe le parc de la Lgion d Honneur, on arrive dans quelques cits, il y a le cimetire juste ct, puis on passe par dessus lautoroute A1 et vous le devinez peine mais il y a le Fort de lEst sur votre droite, un petit quartier pavillonnaire, puis nouveau des Grands Ensembles, les 4000, la cit des Cosmonautes ; ensuite tout le vieux pays de la Courneuve avec lglise Saint-Lucien par exemple, mais aussi toute la rnovation urbaine du quartier Convention, nouveau de lindustrie, de la grosse industrie lourde, puis lA86, le stade Go Andr. On arrive progressivement aux 4 Routes, et l on a la Courneuve de la fin du 19e jusqu la fin du 20e, avec une chelle urbaine bien plus traditionnelle, des traces des annes 30 travers lglise rige par les chantiers du Cardinal, la petite place du 18 mai 45 avec sa forme bien particulire... Le T1 cest toute cette diversit l. Si on veut dcouvrir la banlieue, il faut suivre le trajet du tramway et essayer de tourner la tte de part et dautre car il y a systmatiquement quelque chose voir, pas toujours trs beau, il y aussi des trucs un peu rats, de la banlieue au sens le plus ngatif du terme ; mais il y a aussi tout ce quon nimagine pas et qui a particulirement de lintrt, des qualits, qui fait le charme de la banlieue.

    Le cte ngatif de ce paysage urbain cest dtre, beaucoup plus que Paris, dans un rapport de banlieue au sens strict ; la struc-turation existe, mais elle ptit de celle plus grande pense par la capitale, ce qui veut dire concrtement une relation linfrastructure autoroutire qui est souvent en tranche, en rupture totale avec lexistant. Quand on vient de Paris ce nest que du paysage ; quand on y vit, cest beaucoup plus compliqu. Cest une dimension despace servant plus que servi, avec dailleurs un nombre de sorties dauto-routes pas forcment la hauteur des besoins, un rapport vraiment utilitaire de lespace. Et le ct positif, cest tout ce qui subsiste justement entre ces espaces utilitaires, avec

    - Benot Pouvreau, historien de larchitecture, dpartement du patrimoine (grands ensembles) au CG 93

    Dans les 4/5 ans, tout va continuer comme cest dj amorc, la mutation urbaine en cours va vraisemblablement se poursuivre et elle sera miette, elle se fera systma-tiquement loccasion de librations de terrains plus ou moins importants. On a une construction du territoire par petites touches, qui ne correspond pas du tout lmergence dun seul et mme bloc de quartier comme les 4000 dans les annes 60, mais plutt des petites oprations qui se succdent, que lon voit se dvelopper sur le territoire mme des 4000 aujourdhui, et qui essaiment sur tous les terrains qui progressivement se librent ; cette mutation se produit parce que le btiment industriel na plus dactivit et que la pression immobilire est forte.

    La spcificit du premier trajet du T1 cest sa trs grande diversit. Ce trajet est un condens de banlieue comme on nen a peu, avec un dpart dans Saint-Denis au niveau de la gare, lment extrmement ancien et structurant de la ville, puis la ZAC Basilique qui est une rnovation urbaine des annes 70 90 et qui tmoigne dune diversit archi-tecturale tout fait intressante ; aprs, on

    RCITS DACTEURS

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  • du pavillonnaire de qualit, des restes de vieux villages avec notamment toute lactivit marachre qui a t extrmement forte sur la Plaine de France, et en mme temps les innovations, les inventions qui se sont faites, parce que ce secteur a une histoire ouvrire forte ; cest--dire du logement social depuis le dbut de son existence, depuis la fin du 19e sicle, du patrimoine industriel en lien direct avec toute cette population ouvrire, avec des choses tout fait intressantes dun point de vue architectural et urbain, et puis ces affirma-tions dune commune avec par exemple lHtel de ville de la Courneuve, typique de la 3e rpu-blique, qui essaye de structurer une ville diffi-cilement structurable parce quelle est toute en longueur, des 6 Routes aux 4 Routes. Cest aussi le ct un peu chaotique de tout a, le ct non concert, la place que a laisse la nature (la banlieue est vraiment beaucoup moins minrale que la capitale) ; donc on y respire mieux, on a plus despace, on a plus de ciel et cest un rapport lespace et lurbain compltement diffrent, ce qui est apprciable et qualitatif.

    - Gilles Poux, Maire de La Courneuve de puis 1996

    Depuis la fin des annes 70, le travail qui a t engag, avec ses qualits et ses dfauts, par mes prdcesseurs et que jai essay de prolonger, est prcisment de recoudre ce territoire pour essayer de lui donner une cohrence, quon sy repre, que ses atouts puissent tre appropris par la population.Jentendais il ne faut pas attendre les grands projets ... sauf que cest un territoire qui est en permanence sous perfusion, cest dire que lon ne sy intresse que sil y a un grand projet, cest la difficult laquelle on est confront. La gare du GPE ne devait pas exister La Courneuve, je me suis battu pour que la gare existe, pour que les habitants arrtent dtre considrs comme de la pitaille, quils puissent tre dans les dynamiques qui se droulent sur le territoire et quen mme temps cela puisse tre aussi un levier pour poursuivre cette rconciliation du territoire laquelle on travaille.

    50 HABITER LE GRAND PARIS

  • - Pierre Guillard, Directeur de la matrise douvrage de lOffice public de lhabitat de Seine-Saint-Denis

    Rnover ou dmolir ? Lexemple prcis du Mail de Fontenay illustre la complexit des situations de rnovation urbaine quaffronte les nombreux bailleurs sociaux, entre rhabilitation et dmolition.Dans le cas du Mail de Fontenay, le diagnostic actuel est dur et symptomatique de ce type dimmeuble : seulement deux petits ascen-seurs pour 300 logements et environ 1000 habitants, des cages descaliers problma-tiques et un pied dimmeuble qui ne fonc-tionne pas trs bien etc. En revanche, les logements ont, au-del du vieillissement certain ncessitant quelques travaux, un atout de force : une trs belle lumire pour chaque habitation et une vue qui domine Paris.Les plus gros problmes donc, concerne les parties communes et collectives, cest dailleurs ce qui cote le plus cher car avec lagrandissement des systmes de distribution verticale on touche la structure lourde du bti.Un march de dfinition a t lanc pour un projet de rhabilitation. Les architectes et urbanistes des trois quipes Roland Castro, Lacaton et Vassal et lAUC y ont particip, proposant des projets de recyclage et de rno-

    vation de la barre du mail de Fontenay. Ces projets prvoyaient un montant de travaux suprieur aux mcanismes permis par lANRU. Les alternatives possibles sont soit une mise en attente avec un investissement minimal par logement qui reporte une dcision plus forte 5 ans environ, on reporte donc le problme une chance ultrieure et rien ne change radicalement pour les habitants, soit la dmolition, et l on soulve dautres types de problmes.

    En ralit, la question du choix entre dmo-lition et rhabilitation est davantage lie au mcanisme financier et demprunt plutt quau cot rel des oprations, car en soit, la dmolition-construction cote plus chre que le rhabilitation (non seulement en cots de travaux, mais aussi par exemple en gardiennage lorsque certaines familles ne sont pas encore reloges mais ne sont plus en scurit dans limmeuble presque vide). Alors pourquoi a-t-on autant de difficults raliser des projets de rhabilitation forts et ambitieux ? Lune des rponse se trouve dans le montage financier de lopration : dans une opration de dmolition-reconstruction, la dmolition est soutenue financirement par lANRU et la reconstruction peut bnficier de prt bancaire stalant sur une dure allant de 30 40 ans, alors que dans le cas dune rhabi-litation le prt porte sur une dure beaucoup plus courte, 25 ans en moyenne, ce qui rend lopration beaucoup plus difficile porter financirement.

    Pour quil y ait de la mobilit sociale, il faut que le territoire soit attractif . Comment faire pour que les gens restent ? Lun des problmes de nombreux territoires de la priphrie Nord est le manque doffre locative non social. Ce qui semble tre un paradoxe reflte un problme trs fort, celui de certains habitants ayant grandi dans des quartiers de logements sociaux qui, alors quils ne sont plus ligibles pour les logements sociaux, se

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  • voient contraints quitter leur quartier, leur commune. La mixit sociale que lon aborde souvent du ct inverse, soit la ncessit de construire davantage de logements sociaux dans certaines communes qui en sont dpourvues, prend ici un tout autre aspect : la ncessit dune commune qui na une offre locative que sociale de donner la possibilit ses habitants mancips de la location sociale de vivre dans leur propre ville, avec leur famille, leurs habitudes, leur identit.

    Le foncier invisible : une illusion spatialeConstruire 70.000 logements par an, ambition affiche par le gouvernement travers la Loi du Grand Paris semble trs difficile et direc-tement lie au manque de foncier dans le dpartement. Certes sur la carte, de nombreux terrains semblent vide, mais ce sont majori-tairement des sites pollu lourdement, des sites traverss en souterrain par les gazoducs ou encore des dlaisss dautoroute appar-tenant ltat par exemple. Cest donc essen-tiellement ce type de sites qui constituent le patrimoine de ce quon appelle en ce moment le foncier invisible et qui est prsent comme le nouvel espace construire

    - Simon Ronai, urbaniste, Directeur du bureau dtudes urbaines Orgeco, membre de lquipe Grumbach lAIGP

    Dans le milieu des annes 80 on a commenc mettre en place la politique de la ville et les premires rnovations urbaines ont eu lieu; depuis, des investissement et des transforma-tions urbaines ont rgulirement marqu les banlieues Nord de Paris : couverture de lA1 et grand Stade, implantation du tramway, dsin-dustrialisation et implantation massive de bureaux sur la Plaine Saint-Denis, cration des zones franches urbaines, deuxime plan de rnovation urbaine avec lANRU... On a tout essay et pourtant on constate encore sur ces territoires les niveaux les plus bas de revenus et dducation .

    52 HABITER LE GRAND PARIS

  • - Georges Salomon, habitant membres du Collectif Lamaze pour l'enfouissement de l'au-toroute A1

    La construction de la Cit des Cosmonautes sachve en 1968, celle de lautoroute A1 commence dans les annes 60 mais ce nest quau dbut des annes 70 quelle aura sa forme actuelle. Des passerelles taient prvues pour relier notamment le parc aux quartiers de la rive sud. Plus tard, au cours des annes 80 est amnage une butte paysagre et un mur antibruit au sommet. Tout rcemment, le collge Lurat viennent dtre agrandi sur la rive nord. Cest ce collge, en face, que se rendent les enfants des Cosmonautes, mais pour cela ils doivent emprunter le pont Voltaire qui passe au-dessus de lA1 qui nest pas du tout confortable et mme trs acciden-togne pour les pitons. On a une ville coupe en deux. L A1 voit passer 200.000 vhicules/jour : on est plus de 68 dB jour et nuit, bien au-del des seuils europens. La station de mesure de pollution au niveau du Stade de France indique quon on dpasse un jour sur deux les normes euro-pennes et multiplies par 3 ou 4. Entre le tunnel du Landy et le Parc de La Courneuve, tronon pour lequel le Collectif Lamaze demande lenfouissement de lA1, ce sont prs de 35.000 personnes qui sont affectes .

    - Chantal Talland, Directrice IFMO - Ecoles de la Rnovation Urbaine et de la Gestion des Quartiers

    La cit des Cosmonautes est un des premiers quartiers o fut exprimente par la Ville de Saint-Denis une incitation participative, sous lappellation dmarches quartiers en 1988. Le maire Marcelin Berthelot initie ces programmes au milieu des annes 80 la suite dune srie dlections marques par une abstention de plus de 50% et un votre Front National qui, dans certains quartiers, avoisine les 30 %.Nombreux de ces quartiers sociaux taient marqus par un fort taux de chmage et une importante mortalit due au sida, notamment en consquence dune consommation impor-tante dhrone... On parlait mme de mouroir. Ce sont aussi ces traumatismes qui ont pouss ces nouvelles dmarches pour travailler avec les gens du quartier.

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  • LA CONSTRUCTION DE LA STIGMATISATION DES LIEUX

    RIEN QU SAINT-DENIS, ON COMPTABILISE 22 DES 55 GIBETS RPARTIS SUR TOUT LE TERRITOIRE

    IMAGES TIRES DE LA THSE DE DOCTORAT DE KAVEH RASHIDZADEH THE GEOGRAPHY OF EVILS IN SEINE SAINT-DENIS

    54 HABITER LE GRAND PARIS

  • PARTIE I _La production dun espace priphrique

    LA LONGUE DURE DES BANLIEUES

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    2. LA PRODUCTION DUN ESPACE PRIPHRIQUE

    Jusqu des temps assez rcents, les historiens de la ville et du territoire ne se sont pas occups en dtail des processus de production des espaces priphriques, bien quune vaste documentation cartographique existe et en dcrit la croissance. Des uvres fondamentales comme celle ralise par A. Fourcaut, E. Bellanger, M. Flonneau, Paris/Banlieues. Conflits et solidarits, sont encore tout fait rares. Les relations entre Paris et les banlieues sont une histoire en chantier. Les priphries ont t souvent considres comme les consquences invitables et totalement sans paisseur de la croissance urbaine, phnomnes stigmatiss sur la base de jugements strotyps plutt que rellement tudis.

    Et pourtant dans les banlieues, peut-tre plus que dans le centre-ville, se sont dposs, depuis plus de deux sicles, les tmoignages contradictoires des diffrents acteurs qui ont construit la modernit, cest--dire les problmes quils ont essay de rsoudre, leurs ides et les images quils ont cultives. La fragmentation et lapparent dsordre qui caractrisent lespace banlieusard nest rien dautre que le bouillonnement dune socit qui a chang et qui continue de changer fort rapidement.

    Dans leffort de comprendre la production des espaces priphriques, nous avons utilis quatre sources principales: des travaux acadmiques tels que Paris Banlieues et les interprtations avances; lil raisonn ou la collection disponible pour les trois sicles derniers des cartes du territoire parisien, encore une fois une srie dinterprtations qui se succdent et qui se reprsentent travers des techniques diffrentes; un travail de terrain: marcher la dcouverte des diffrentes situations qui caractrisent lespace priphrique, sinterroger sur leurs possibilits volutives; lcoute de la voix des habitants par des interviews, mais aussi par les voix du Slam telles que celle de Grand Corps Malade (Fabien Marsaud). Limage de lespace priphrique qui merge (et qui complte celle que nous avons propose lors de lAIGP 1 - cf. La ville poreuse, 2011) est certainement trs complexe, mais leffort de linterprter nest pas dsespr.

    Un territoire parsem de petits villages avec une trs longue histoire est encore aujourdhui reconnaissable: Gonesse, Arnouville, Sarcelles, Villiers-le-Bel, Ecouen au Nord, Rungis, Thiais, Orly au Sud; un territoire parcouru autrefois en ligne droite par le rues royales et les canaux, puis par les voies de

  • 1820

    1901

    1934

    LES COURS DEAU STRUCTURENT LE TERRITOIRE AU NORD DEST EN OUEST

    LES FAUBOURGS SACCROCHENT AUX VOIES PRINCIPALES EN DEHORS DE PARIS INTRA-MUROS

    LURBANISATION SUCCESSIVE SE PRODUIT AUTOUR DES ANCIENNES VOIES ROYALES, AUJOURDHUI ROUTES NATIONALES AU TRAFIC ROUTIER INTENSE

    56 HABITER LE GRAND PARIS

  • PARTIE I _La production dun espace priphrique

    57

    chemin de fer qui suivent de prs la topographie et enfin, par les autoroutes, figures libres; un territoire envahi partir des annes 30, mais surtout dans laprs-guerre pendant les Trente glorieuses, par une urbanisation extensive: cest a la priphrie. Un territoire o plusieurs matriaux urbains se cumulent: des lotissements pavillonnaires, des grands ensembles, des zones dactivit, des aroports, des grands quipements dintrt mtropolitain, national et europen et, parmi eux, les zones blanches de Philippe Vasset (cf. P. Vasset, Un livre blanc, Fayard 2007). Certaines figures sont reconnaissables et dans leur disposition elles construisent des lieux catastrophiques au sens de Ren Thom, des lieux o deux ou plusieurs rgles de construction de lespace urbain narrivent pas se rencontrer, des lieux de rupture dun ordre spatiale, dinterruption de toute continuit. La fragmentation de la priphrie est faite de ces ruptures qui nous renvoient au manque de coordination des programmes des diffrents acteurs qui lont construite, des programmes sectoriels qui ont essay tout prix de rsoudre un seul problme la fois.

    Cest l o la France est le pays cosmopolite du Slam de Grand Corps Malade o en une heure tu traverseras Alger et Tanger, tu verras des yougos et des roms, et puis je temmnerai Lisbonne et deux pas de New Delhi et de Karachi..... Stigmatise depuis longtemps, cette priphrie nest pas habite par les parisiens de souche. On peut marcher pendant des heures sans croiser un blanc. Domine par la rhtorique de la peur, elle est sillonne par les agents de police. Et pourtant elle est une ville vivante qui produit les germes dune partie importante de la culture contemporaine.

  • 0 2.5 5 KM

    METRO

    PETITE COURONNE

    RER

    CERGY PONTOISE

    SAINT QUENTIN

    EVRYMELUN SNART

    MARNE LA VALLE

    58 HABITER LE GRAND PARIS

    La ville du RER2.7 millions hb. [villes de 20.000 40.000 hb.]

    La ville dense2.2 millions hb. Paris intramuros + 1.2 million hb. [villes de 80.000 120.000 hb.]

  • PARTIE I _La production dun espace priphrique

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    QUATRE VILLES, QUATRE STYLES DE VIE

    La fragmentation fait que le Grand Paris est trs htrogne. Lhtrognit peut tre une valeur comme on le verra dans les pages suivantes, mais elle nous invite tout de mme essayer de trouver des figures qui nous faci-litent la comprhension des diffrentes situations.Il nous semble possible de reconnatre dans le Grand Paris quatre villes diffrentes auxquelles correspondent quatre diffrents styles de vie: quatre diffrentes structures et morphologies de lespace urbain; quatre diffrentes structures sociales et dmographiques; quatre diffrentes pratiques de lespace et de relations avec le logement. Il sagit videmment dune partition trs rudimentaire, mais qui peut claircir le rle des transports publics dans la construction de lespace mtropolitain.

    La premire ville est la ville dense. Le Paris haussmannien en est lexemple plus connu, mais des tissus denses se trouvent aussi lextrieur du pri-phrique, notamment dans la premire couronne (mais pas partout dans la mme couronne). Grosso modo 2.200.000 habitants dans le Paris intramuros et 1.200.000 habitants en dehors, rpartis dans des villes de 80.000 120.000 habitants. Cest la ville hautement accessible, de la rue corridor et du piton, de lespace continu, de la mixit fonctionnelle et du mtro, la ville des haut lieux, mais aussi des trottoirs, des berges et des ponts de Paris.

    La deuxime est la ville du RER. Plus disperse, elle abrite 2.700.000 habitants environ, distribus dans des villes de 20.000 40.000 habitants. Elle est la ville des Grands ensembles, mais aussi des noyaux urbains anciens (parfois plus ancien que Paris mme), cest la ville des pendulaires, qui dpend quasi totalement de Paris. La prsence des vastes taches de pavillonnaire fait que la densit est plus faible et les espaces non btis plus importants.

    DIRECTION PARISLA VILLE DENSE

  • TRANSILIEN

    Vivre le territoire de lIlle de France3.2 millions hb. [villes < 20.000 hb.]

    TRAM

    60 HABITER LE GRAND PARIS

    lespace priphrique2.5 millions hb. [villes entre 40.000 et 80.000 hb.]

    TRAM: PROPOSITION DU RESEAU - STUDIO_013GPE: PROPOSITION ALTERNATIVE ET MOYEN TERMESTUDIO_013

    0 2.5 5 KM

  • PARTIE I _La production dun espace priphrique

    61

    La troisime est la ville des enclaves et de lexclusion. 2.500.000 habitants distribus dans des villes de 40.000 80.000 habitants desservies par le RER mais