Le fatras, ou les péripéties du non-sens dans la littérature de la fin du Moyen Age

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LE FATRAS, OU LES PÉRIPÉTIES DU NON-SENS DANS LA LITTÉRATURE DE LA FIN DU MOYEN AGE Martijn Rus Le Seuil | Poétique 2010/3 - n° 163 pages 299 à 308 ISSN 1245-1274 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-poetique-2010-3-page-299.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Rus Martijn, « Le fatras, ou les péripéties du non-sens dans la littérature de la fin du Moyen Age », Poétique, 2010/3 n° 163, p. 299-308. DOI : 10.3917/poeti.163.0299 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Le Seuil. © Le Seuil. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Brown University - - 128.148.252.35 - 06/05/2013 13h26. © Le Seuil Document téléchargé depuis www.cairn.info - Brown University - - 128.148.252.35 - 06/05/2013 13h26. © Le Seuil

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LE FATRAS, OU LES PÉRIPÉTIES DU NON-SENS DANS LALITTÉRATURE DE LA FIN DU MOYEN AGE Martijn Rus Le Seuil | Poétique 2010/3 - n° 163pages 299 à 308

ISSN 1245-1274

Article disponible en ligne à l'adresse:

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-poetique-2010-3-page-299.htm

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Pour citer cet article :

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Rus Martijn, « Le fatras, ou les péripéties du non-sens dans la littérature de la fin du Moyen Age »,

Poétique, 2010/3 n° 163, p. 299-308. DOI : 10.3917/poeti.163.0299

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du non-sens dans la littératurede la fin du Moyen Age1du

Le fatras n’a pas été mieux reçu par les médiévistes que les autres genres de lapoésie du non-sens au Moyen Age qui l’avaient précédé, comme la fatrasie et laresverie : « […] il a le plus souvent été classé sommairement avec la fatrasie etécarté avec dédain après un simple coup d’œil2 ». Il me semble dès lors à proposde commencer cet article par une présentation de ce groupe de textes, assezdivers : il existe, en effet, différentes sortes de poèmes qui portent le nom de« fatras ». Ainsi, certains sont dits « simples » : ils se composent de treize vers,dont le nombre de syllabes est variable – un distique, souvent emprunté à unechanson courtoise préexistante, rimé AB, dont ils reprennent le vers A, qu’ils fontsuivre d’une glose de neuf vers (rimés ab), pour finir par une répétition du versB, syntaxiquement lié à la queue de la glose ; le schéma des rimes est donc AB/Aabaabbaba/B. En voici un exemple :

Puisqu’il m’estuet [il me faut] de ma dame partir,Or voi je bien, je pert soulas [plaisir] et joie.

Puisqu’il m’estuet de ma dame partir,J’espouserai saint Pierre le martir.Pour engendrer un mahomme [idôle] de croie,Qui me fera le tonnoire engloutir ;Et puis m’irai en paradis quatir [cacher]Deci a tant [Jusqu’à ce] que d’amer m’i recroie [renonce] ;Mais se g’i truis [trouve] angle [ange] qui en Dieu croie,Je m’i voudrai de chanter aätir [me vanter]Si haut que touz diront que je songoie ;Quant le douz mal de mort ne puis sentir,Or voi je bien, je pert soulas et joie3.

Mais il existe aussi des fatras nommés « doubles » – qui comportent deux foistreize vers : après la répétition du vers B (clôture du premier fatras), le poèteintervertit les vers du distique (AB devient BA), pour renouer avec le vers B, qui

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se trouve également glosé par une strophe de neuf vers (rimés ba), et clos par unereprise de A (schéma : AB/Aabaabbaba/B// BA/Bbabbaabab/A). Par exemple :

Il n’est b [r] uvage que de vinPour mieulx sa teste rafermer.

Il n’est bruvage que de vin,Ce dit hier le fons d’un bachin [bassin],Qui aloit vigilles chanterPour l’ame l’amiral Baquin4,Qu [e] ung pois portoit en ung tupin [urne],Pour a Lucifer presenter,Quant ung soiron [ciron] le vint happerEt le mucha [dissimula] en ung escrin,Puis l’y aporta a humerDe la barbe d’ung Sarrasin,Pour mieulx sa teste rafermer.

Pour mieulx sa teste raffermerIl n’est bruvage que de vin.

Pour mieulx sa teste raffermerSe hurta ung luiton [lutin] de merContre une pierre de molin,Ou tout s’ala escherveler,Quant la poincte d’un chandelier,Pour garir [guérir] ce mortel tastin [coup, gifle],A ung sourt muet medecinA la garison demander,Qui dit en alemant latin :Pour se mieulx garder d’enyvrer,Il n’est bruvaige que de vin5.

Ce n’est pas tout : une autre ligne de démarcation traverse le groupe de poèmesen question, celle du non-sens/du sens. En effet, les fatras les plus anciens (ceux,notamment, de Watriquet de Couvin) se caractérisent par un non-sens absolu,qui rappelle celui qu’on rencontre dans la fatrasie6 – ils sont nommés « impos-sibles ». Mais, au cours du temps, à partir, grosso modo, du milieu du XVe siècle,le fatras commence à échapper au non-sens : peu à peu, il devient « possible »,c’est-à-dire qu’il se soumet au règne du sens, qu’il est désormais parfaitementlisible, compréhensible. En voici un spécimen (il s’agit d’un fatras « simple ») :

La Vierge Marie servirDonne paradis delectable.

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La Vierge Marie servirGarde genre humain d’asservirAu diable faulx et decevable,Car qui grace peult desservir [mériter, gagner]De la dame, elle fait ravirCelluy en gloire pardurable [éternelle],Au trosne divin acceptable,Ou chascun desire a venirPar la grace et moyen notableDe la dame qui, sans fenir,Donne paradis delectable7.

Or, c’est ce triomphe du « possible » (du sens) sur l’« impossible » (le non-sens)qui m’intéresse8 : il n’est pas dû, comme l’a suggéré Lambert C. Porter, à quelquepoète qui n’avait qu’à découvrir « la venue du fatras possible9 », mais il est àrelier, d’une part, je pense, à l’évolution de la poésie au cours du dernier tempsdu Moyen Age, et, de l’autre, à l’entrée en scène (c’est le cas de le dire) du per-sonnage du fou, qui se manifeste de plus en plus souvent, sous tel ou tel nom,dans différents groupes de textes théâtraux.

Quant à la poésie, d’abord : elle s’oriente plus que jamais vers un raffinementde la forme (enregistré dans les Arts de seconde Rhétorique de l’époque et culmi-nant dans l’œuvre des Grands Rhétoriqueurs), mais en même temps, paradoxa-lement, elle se révèle de plus en plus perméable aux expériences quotidiennes del’existence du poète, aux incidents de sa vie (ce qui ressort, par exemple, despoèmes d’un Eustache Deschamps, d’un Charles d’Orléans, d’une Christine dePizan) – elle est en quête, soit dit a posteriori, d’un lyrisme au sens moderne duterme. Or, le fatras, en tant que forme fixe, cadre parfaitement avec cetterecherche formelle, mais il s’écarte fondamentalement des tentatives de réserverune place à la personne du poète – ce qui fait que le non-sens qu’il dit (à sesdébuts) peut finalement apparaître comme vieux jeu, comme une vieillerie àdéconseiller10. Il me semble significatif, dans cette perspective, qu’à partir dumilieu du XVe siècle le mot « fatras » ait pris le sens d’« amas confus de choses ;inutilité, niaiserie11 » ; « Plunder » [vieillerie], « ungereimtes Zeug » [bric-à-brac],« Posse » [farce]12 – sens confirmé par plus d’un auteur de l’époque, commeGeorges Chastellain (1405 ou 1415-1475) :

car tu n’es sage, ne de nul prix […], sinon à faire et à escrire fatras, multitudesde folies et de vanités ;

les difficiles questions qui sourdent et naissent aujourd’hui pour fastras et chosesde nient [rien]13,

ou Guillaume Coquillart (vers 1452-1510) :

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Et ont fait maintes besongnettes [petites affaires],Maintz petis banquetz, mains fatras,Et maintes assemblees secrettesDe quoy ilz ne se vantent pas14 ;

Pour ung brocart [trait piquant, parole mordante], ung motellet [motplaisant],Ung fatrin fatras [patati patata], je m’esjoie15.

Ensuite, et c’est un point d’importance, le non-sens trouve refuge, et ce dès lemilieu du XVe siècle, précisément, dans les propos du fou (ou de la folle), authen-tique ou non – personnage de plus en plus populaire dans nombre de pièces dethéâtre, dans les mystères, les moralités, les farces, mais notamment dans lessotties16 : c’est lui, en effet, qui s’approprie, pour des décennies, l’usage exclusif dunon-sens. Ainsi, la « fille Kananee » [fille de la Chananéenne] dans Le Mystère dela Passion d’Arnoul Gréban (vers 1450) :

Haro, les pastéz sont en l’estre !Gardez le chat pour les souriz.Plus de cent deables sont flourizAu senglant fons de ma cervelle.Ha, larron, garde la cordelle,Ta gorge sent tout le hapart !Ce sont florins. A part, a part ! […]An, dea, gelines et canars,Voulez vous mengier des regnars ? […]Noël, j’ay cy trouvé la feveDedens la corne d’une chievre !Que de sanglante forte fievrePuissent espouser les chievrotz17 !

Ainsi encore, Pathelin qui joue au fou dans la farce célèbre qui porte son nom(ca. 1460) :

Ha, meschante,viens sa [ici] : t’avois je fait ouvrirces fenestres ? Vien moy couvrir :oste [chasse] ces gens noirs ! Marmara,carimari, carimara.Amenez les moy, amenez ! […]Tu ne vois pas ce que je sens.Il s’agite.Vela ung moisne noir qui vole !Prens le, bailles [donne] luy une estolle ;au chat, au chat ! comment il monte ! […]

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Sus ! tost ! la royne des guiternes [guitares],a coup [sur-le-champ] qu’el me soit aprouchee !Je sçay bien qu’elle est acoucheede vingt et quatre guiterneaux,enfans a l’abbé d’Iverneaux [abbaye au sud-est de Paris] ;il me fault estre son compere18.

Ainsi, enfin, les trois Sots dans la Sottie des Menus Propos (février, 1461) – quiénoncent en fait une longue suite de resveries19 :

[Le Second]On appaise d’une totee [rôtie]Les petis enfans, quant ils pleurent.[Le Tiers]Ou vont les bestes quant ilz meurent ?Ne ont ilz point de paradis ?[Le Premier]Qui [Si l’on] vouldroit veoir le Temps jadis,On le trouveroit aux croniques […].[Le Second]Lequel chante mieulx, d’ung linot [linotte],A vostre advis, ou d’ung corbeau ?[Le Tiers]Quant une femme a le corps beau,Elle en est plus tost mariee […].[Le Tiers]Il fait bon aller a la chache [chasse]Aux lievres quant il a negé [neigé], etc.20.

On sait, grâce à Michel Foucault, d’où vient cette brusque apparition du Fou :celui-ci « symbolise toute une inquiétude, montée soudain à l’horizon de laculture européenne, vers la fin du Moyen Age21 » – inquiétude qui se substitueà l’angoisse devant la mort qui avait caractérisé l’art et la littérature depuis leXIIIe siècle, sans cependant marquer une rupture : elle en est plutôt un nouvelavatar, ou, pour parler avec Foucault, une « torsion » :

[…] tandis qu’autrefois la folie des hommes était de ne point voir que le termede la mort approchait, tandis qu’il fallait les rappeler à la sagesse par le spectaclede la mort, maintenant la sagesse consistera à dénoncer partout la folie, à apprendreaux hommes qu’ils ne sont déjà rien de plus que des morts22.

J’y reviendrai, mais d’abord il convient de s’arrêter un moment sur la relationentre la folie et l’épanouissement du théâtre (notamment profane) au XVe siècle– où les vieilles fêtes des fous ont certainement joué un rôle de premier plan.En effet, ces fêtes, qui appartiennent au cycle des réjouissances populaires du

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Carnaval (cycle qui couvre une période qui s’étend, grosso modo, de Noëljusqu’au Mardi gras), transforment non seulement, en se sécularisant, « en cri-tique sociale et morale ce qu’il pouvait y avoir en elles de parodie religieusespontanée23 », mais elles ouvrent, en même temps, la voie à toutes sortes de pra-tiques langagières aberrantes, à différentes formes de non-sens : les corporationsde Sots, ou sociétés joyeuses, qui prennent la relève des sous-diacres (soûls-diacres), organisent des mises en scène dramatiques de plus en plus élaborées etcontribuent ainsi au développement de genres comme la sottie24, lardée non seu-lement d’allusions à l’actualité, de traits satiriques (étudiés jusqu’à satiété), maisqui fait aussi triompher la parole du fou, affublé de son capuchon à oreillesd’âne, la marotte dans la main.

Faisons le point : vers le milieu du XVe siècle, le non-sens disparaît du fatras(et, à quelques exceptions d’ordre mineur près, de la poésie), pour réapparaîtredans le domaine du théâtre, essentiellement profane, dans la sottie, en particulier– dont l’épanouissement est lié au boom des fêtes carnavalesques.

Au cours de la première moitié du XVIe siècle, la situation change. Ainsi, lenon-sens se meurt dans le théâtre : les différents groupes de textes où il avaitsa place réservée passent de mode25, ou même disparaissent, comme les grandsmystères (interdits par le Parlement de Paris dès 1548), et, qui plus est, les sot-ties. Celles-ci s’éteignent avec le Carnaval ancien style (fête essentiellementpopulaire, organisée par telle société joyeuse) sous l’effet de différents « inflé-chissements modificateurs26 » – aux anciennes stratégies de censure s’ajoute,depuis le deuxième tiers du XVIe siècle, une progressive mainmise municipale,plus efficace. En effet, le Carnaval est de plus en plus supporté par les financesde telle ou telle cité – ce qui fait que « partout, échevinages et consulats veulentmaîtriser la fête citadine […], contrôler ses itinéraires (qui donnent une placeprivilégiée aux lieux symboliques de l’identité et du pouvoir urbains, parexemple l’hôtel de ville ou la place du marché, parfois même les maisons deséchevins), ainsi que son programme27 » – jusque-là du seul ressort des « sociétésjoyeuses » susnommées : la fête doit dire l’unité de la communauté urbaine –elle est devenue un outil politique qui permet l’affirmation de la cité face auprince, à la noblesse et aux autres villes. Or, cela étant, le pouvoir (municipal)ne tolère plus, comme bien on pense, ni critique ni satire : ainsi, en 1541, àRouen, « des sergents viennent arrêter l’abbé [id est le Grand Fou des Conards,société joyeuse de cette ville] sur un chariot et l’arracher à une fête qui mal-traite trop vivement les autorités municipales28 ». Cet exemple, choisi au hasardparmi une foule d’autres du même genre, montre clairement que le Fou deCarnaval n’a plus le droit de tout dire : on lui ferme la bouche. Son âge d’ortire à sa fin : le discours du Fou, du Sot, est désormais suspect, sujet à la cen-sure (il faut qu’il se purge de tout élément critique ou satirique : qu’il se plieà l’ordre établi) – « infléchissement » dont l’effet se fera ressentir aussi, bien

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évidemment, sur le non-sens, qui en est un autre trait constituant : celui-ci setrouve être soumis au même régime répressif.

Et, une fois de plus, la parole du fou se réfugie ailleurs. Elle se retrouve, parexemple, dans la littérature satirico-morale et philosophique du temps : dansle Narrenschiff de Sébastien Brant (1492), dans l’Eloge de la folie de DidierErasme (1509), dans le Débat de folie et d’amour de Louise Labé (1556), etc.Inutile d’insister : Foucault a très bien montré comment la folie agit dans cedernier genre de textes, au cœur même de la raison, à laquelle elle finira pars’intégrer – mon « gibier » n’est point là, parce que la folie n’y apparaît pascomme une expérience dans le champ du langage et du sens. Il convient mieux,dans la mienne perspective, de constater que la poésie, quant à elle, redevientpropice à l’apparition du non-sens. Or là, la cour (dont l’importance n’a cesséde croître : c’est là où le poète recherche des mécènes, là où il espère trouverbénéfice, gloire et honneur) a joué un rôle de premier plan : car la folie y esten permanence présente. En effet, bouffons et bouffonnes, fous authentiques ounon, s’y manifestent massivement pour chasser l’ennui qui menace, comme l’adit Lucien Febvre, ceux et celles « que n’écrase pas la dure loi du travail.Quand les hommes ne chassent pas, ou ne jouent pas à la paume, ou nes’entraînent pas aux armes – ennui, ennui, ennui29 ». La vogue du fou de coursemble avoir atteint son apogée au cours des premières décennies duXVIe siècle :

[…] le fou « en titre d’office » était largement rémunéré (habits, salaire mensuel)[…] ; voire, il pouvait acquérir une célébrité plus ou moins comparable à celled’un artiste de music-hall ou d’une vedette du cinéma – en sorte que le poste defou de cour était devenu tellement estimé que tout bouffon y aspirait30.

Certes, le fou de cour en France n’était pas, que je sache, poète (à l’encontrede tel confrère dans les cours arabes ou irlandaises)31, mais il est indéniable, mesemble-t-il, que la folie est à nouveau dans l’air.

C’est ce qui ressort, par exemple, du coq-à-l’âne, dont la « plus grande éléganceest sa plus grande absurdité de suite de propos, qui [l’antécédent est élégance etnon absurdité] est augmentée par la ryme platte, et lés vers de huit syllabes32 ».Il est vrai que l’allusion satirique y occupe une place relativement importante,mais les « absurdités » qui s’y retrouvent relèvent bel et bien de l’ancien registrede la poésie du non-sens (de la fatrasie, de la resverie, du fatras « impossible »),témoin les citations suivantes, prises dans l’œuvre de Clément Marot (1496-1544) :

Ung homme ne peult bien escrireS’il n’est quelque peu bon lisart […].Ne donnez jamais l’esperonA cheval qui vouluntiers trotte […].Ne te frotte pas à l’ortieSi longuement, car cela picque […].

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Une terre bien labouréeRend tousjours le double à son maistre.Si un jour je puis estre prebstre,Cousin seray à Jesus Christ […].C’est un chat qui va bien le trotPour bien gripper une soury.Et puis on dit à son mary :As tu point vu la peronnelle33 ? […].C’est un bon manger que corneillesA gens qui n’ont aultre viande, etc.34.

Et le non-sens, soit dit en guise d’épilogue, aura sa place réservée dans la poésieproduite au-delà du début des temps dits modernes ; ainsi dans ces « folastries »baroques :

Je sçay peindre une grenoüilleQui fait brusler un buisson.Un rat qui sa barbe moüille,Et qui fauche du cresson […].

On n’y voit point [dans le « courrier de Rome »] voler d’oiseaux,Mais quelquefois la nue enceinteAccouche d’un tas de moineaux,De papier et de carte peinte…Sur des testes de champignonsToutes les villes sont fondées […].

Ce ruisseau remonte en sa source,Un bœuf gravit sur un clocher,Le sang coule de ce rocher,Un aspic s’accouple d’une ourseSur le haut d’une vieille tour, etc.35.

Ce non-sens baroque a certainement partie liée, comme l’a fait remarquer PaulZumthor, à la suite de Jean Rousset, avec le motif éminemment carnavalesque(de type médiéval) du « monde renversé » – mais je ne crois pas qu’ici « lecontexte sémantise ces formes apparemment vides, et leur prête une valeur trans-cendant absolument leur langage, relativement à quelque jugement global portépar l’esprit sur les choses », ni non plus qu’« en même temps que la réalité, lasurréalité a désormais changé de nature36 ». La réalité a changé, en effet, et, avecelle, la surréalité – mais celle-ci n’a changé que de forme, pas de nature : ellecontinue de s’opposer, par principe, au travers des siècles (en fait, jusqu’à cejour), et ce, dans n’importe quelle culture, à la Raison raisonnante, qui a été, estet sera toujours la même – qui cherche à « com-prendre » la réalité, quelle qu’elle

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soit, dans tous ses aspects37. Voilà pourquoi, par exemple, le non-sens, tel qu’ilapparaît dans la fatrasie et le fatras « impossible », a pu être associé à la poésiesurréaliste du XXe siècle.

Université d’Utrecht

NOTES

1. Cet article est le dernier volet d’un triptyque consacré à la poésie du non-sens au Moyen Age ; ilfait suite à deux articles déjà parus dans Poétique : « Mais je ne sai que je pens. Une introduction au non-sens fatrasique » (n° 123, septembre 2000, p. 259-280) et « Parler pour ne rien dire : le non-sens dans laresverie » (n° 150, avril 2007, p. 187-197).

2. Lambert C. Porter, La Fatrasie et le fatras. Essai sur la poésie irrationnelle en France au Moyen Age,Genève, Droz, 1960, p. 97.

3. Watriquet de Couvin (premier tiers du XIVe siècle), in Lambert C. Porter, op. cit., p. 151.4. Personnage de Carnaval : sultan des Turcs (Murad Beg ?), grotesque et enfariné.5. Baudet Herenc (deuxième tiers du XIVe siècle), in Lambert C. Porter, op. cit., p. 163.6. A une différence près : ils donnent beaucoup plus dans la scatologie.7. L’Infortuné (dernières décennies du XVe siècle), in Lambert C. Porter, op. cit., p. 183.8. Il convient de faire remarquer que le non-sens survit, assez chétivement, dans plus d’un « petit

genre » – dont le modeste renom est dû pour une large part à tel Art de seconde rhétorique du Moyen Agefinissant : ainsi, la sotte ballade, la sotte chanson, la sotte amoureuse (parodies de la chanson courtoise clas-sique), l’audengière (parodie de la chanson de geste), la riqueracque (sorte de limerick avant la lettre), etla baguenaude, dont voici un spécimen (avec mes remerciements à Fritz Nies) : « Pourquoy faict l’en [on]tant de harnoys / Quant les gens sont armez d’escaille. / Se vous avez maulvaise femme, / Boutez sa testeen ung soufflet » (Pierre Fabri, Le Grant et Vray Art de pleine Rhétorique, livre II, p. 120, 1521). VoirErnest Langlois, Recueil d’arts de seconde rhétorique, Paris, Imprimerie nationale, 1902, passim.

9. Lambert C. Porter, op. cit., p. 102.10.Voir, par exemple, ces vers de l’Infortuné, auteur lui-même de quelques fatras « possibles » : « Mais

qu’on ne soit tant fantastique / Ou de presumption si rogue [arrogant], / Qu’a son propre sens on des-rogue [manque] », in Lambert C. Porter, op. cit., p. 183.

11. Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française, Paris, F. Vieweg, 1881-1902, vol. IX,p. 603a.

12. A. Tobler et E. Lommatzsch, Altfranzösisches Wörterbuch, Berlin, 1925 – (11 vol. parus), vol. III,p. 1641.

13. Georges Chastellain, Exposition sur vérité mal prise, in Kervijn de Lettenhove, Œuvres de GeorgesChastellain, 1863-1866 (8 vol.), vol. VI, p. 257 et p. 316.

14. Guillaume Coquillart, L’Enqueste d’entre la Simple et la Rusée faicte par Cocquillart, in Œuvres, sui-vies d’œuvres attribuées à l’auteur, M. J. Freeman (éd.), Paris-Genève, Droz, 1975, v. 255-258, p. 70.

15. Guillaume Coquillart, op. cit, Le Monologue du bain, v. 25-26, p. 340.16. La distinction entre moralités, farces et sotties n’est pas toujours facile à établir, parce que les

auteurs du Moyen Age finissant ne se préoccupaient guère de différencier ces groupes de textes – ce donttémoignent, par exemple, les titres suivants : Farce nouvelle moralisée des gens nouveaulx ; C’est la sotie etfarce nouvelle de l’Estourdi et Coquillart, etc.

17. Le Mystère de la Passion d’Arnoul Gréban, édition critique par Omer Jodogne, vol. I, Bruxelles,Palais des Académies, 1965, « Seconde Journée », v. 12.190-12.196 ; v. 12.201-12.202 ; v. 12.208-12.211. Traduction : « Haro ! Les pâtés sont au feu ! / Mettez le chat de côté pour les souris. / Les diables,par légions, s’épanouissent au tréfonds sanglant de mon crâne. / Ha ! brigand, gare à la corde, / Ton cou

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est fait pour le crochet. / Des florins : en cachette, en cachette […]. / Or çà, canards et poules, / Voulez-vous manger le renard ? […] / Noël ! J’ai trouvé la fève / Dans la corne d’une chèvre. / Que ses chevreauxcrèvent d’une fièvre maligne ! » (Arnoul Gréban, Le Mystère de la Passion, traduction et présentation deMicheline de Combarieu du Grès et Jean Subrenat, Paris, Gallimard, « Folio », 1987, p. 208-209).

18. Maistre Pierre Pathelin. Farce du XVe siècle, Richard T. Holbrook (éd.), Paris, Champion, 1970,v. 610-615 ; 618-621 ; 802-807.

19. Voir Martijn Rus, « Parler pour ne rien dire. Le non-sens dans la resverie », art. cit. ; Poésies dunon-sens. XIIIe, XIVe et XVe siècles, vol. II, Les Resveries, textes édités, traduits et commentés par Martijn Rus,Orléans, Paradigme, 2010.

20. Les Menus Propos, in Recueil général des sotties, Emile Picot (éd.), Paris, Firmin-Didot, 1902, vol. 1,3, v. 79-84 ; 97-100 ; 137-142.

21. Michel Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique, Paris, Plon, 1961, p. 24.22. Ibid., p. 27 [je souligne].23. Ibid., p. 25.24. Nathalie Zemon Davis, Les Cultures du peuple. Rituels, savoirs et résistances au XVIe siècle, Paris,

Aubier, « Historique », 1979, p. 173.25. Voir Joachim Du Bellay, La Deffence et Illustration de la langue françoise, Henri Chamard (éd.),

Paris, Didier, 1948, p. 125-126 [je souligne] : « Quand aux comedies et tragedies, si les roys et les repu-bliques les vouloint restituer en leur ancienne dignité, qu’ont usurpée les farces et moralitez, je seroy biend’opinion que tu t’y employasses. »

26. Roger Chartier, « Des fêtes de l’Ancien Régime à la fête révolutionnaire : problèmes de lecture »,in La Fête en question, études recueillies et éditées par Karin R. Gürttler et Monique Sarfati-Arnaud, Mon-tréal, Université de Montréal, 1979, p. 38 sq.

27.Id., ibid., p. 41 sq ; voir Martine Grinberg, « Carnaval et société urbaine. XIVe-XVIe siècle : leroyaume dans la ville », in Ethnologie française, 1974, n° 3, p. 215-243.

28. Nathalie Zemon Davis, op. cit., p. 182. Il convient d’ajouter que, dès le milieu du XVIe siècle, la« question religieuse » a joué, elle aussi, un rôle dans la décadence de la fête en question, et, conséquem-ment, dans la mise à mort de la parole du fou : ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, « pour le MardiGras de 1562, à la veille de la révolution protestante à Rouen, les Conards ne purent monter leurs habi-tuelles “insolences et mascarades”, car le menu peuple gagné à l’Evangile, les en empêcha à coups depierres » (ibid., p. 185).

29. Lucien Febvre, Amour sacré, amour profane. Autour de l’Heptaméron, Paris, Gallimard, « Folio/His-toire », 1996, p. 251.

30. Enid Welsford, The Fool. His Social and Literary History, New York, Anchor Books, 1961,p. 115 sq., passim : « The vogue of the court-fool seems to have culminated in the early XVIth. century […] ;the royal fool, “en titre d’office”, was granted livery and monthly wages […] ; he could acquire somethingof the notoriety of a modern music-hall artist or film-star – the post of court-jester had become such awell-recognized institution that all buffoons tended to approximate to the type » [je traduis].

31. Ibid., p. 79, resp. 93.32. Thomas Sebillet, Art poétique françoys, édition critique par Félix Gaiffe, Paris, Droz, 1932, p. 167-168.33. Vers emprunté à une chanson du temps de Louis XII (1498-1515).34. Clément Marot, Œuvres satiriques, C. A. Mayer (éd.), University of London, The Athlone Press,

1962, p. 117 (Le Premier Coq a l’Asne, v. 102-103) ; p. 121 (La Seconde Epistre du Coq en l’Asne, v. 16-17) ;p. 155 (Le Coq a l’Asne fait le jeudi, Xe jour d’aoust, l’an mil cinq cens XXXVII, v. 14-15) ; p. 176(Le Grup de Clément Marot, v. 62-65) ; p. 177 (ibid., v. 92-95) ; p. 179 (ibid., v. 138-139). Il convientde faire remarquer que le coq-à-l’âne a été pratiqué aussi par d’autres poètes, comme Eustorg de Beaulieu,Claude Colet et Pernette du Guillet.

35. Anonyme, Recueil des plus excellens ballets de ce temps, Paris, 1612, in Anthologie de la poésie baroquefrançaise, textes choisis et présentés par Jean Rousset, Bibl. de Cluny, vol. I, Paris, Colin, 1961, p. 92 ;Anonyme, Le Paquet du porteur de gazette, s.l.n.d., in ibid., vol. II, p. 34-35 ; Théophile de Viau (1590-1626), Ode, in ibid., vol. II, p. 72.

36. Paul Zumthor, Langue, texte, énigme, Paris, éd. du Seuil, 1975, p. 88 ; Jean Rousset, La Littératurede l’âge baroque en France. Circé et le Paon, Paris, Corti, 1954, p. 26-28.

37. Voir Sinn im Unsinn. Über Unsinnsdichtung vom Mittelalter bis zum 20. Jahrhundert, hrsg. TheoStemmler und Stefan Horlacher, Narr Verlag, Tübingen, 1997 (articles, entre autres, sur l’ancienne poésieislamique, l’Oulipo, Edward Lear, Ogden Nash, Majakowsky, Ernst Jandl).

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