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Secrets d’Orient ABBY GREEN Le désir du cheikh

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Secrets d’Orient

ABBY GREEN

Le désir du cheikh

Le désir du cheikh

ABBY GREEN

Traduction française deEMMANUELLE DETAVERNIER

HARPERCOLLINS FRANCE83-85, boulevard Vincent-Auriol, 75646 PARIS CEDEX 13Service Lectrices — Tél. : 01 45 82 47 47

www.harlequin.fr

ISBN 978-2-2803-6682-3 — ISSN 0993-4448

Titre original :AWAKENED BY HER DESERT CAPTOR

Si vous achetez ce livre privé de tout ou partie de sa couverture, nous vous signalons qu’il est en vente irrégulière. Il est considéré comme « invendu » et l’éditeur comme l’auteur n’ont reçu aucun paiement pour ce livre « détérioré ».

Collection : Azur

© 2016, Abby Green.© 2017, HarperCollins France pour la traduction française.

Ce livre est publié avec l’autorisation de HARLEQUIN BOOKS S.A.

Tous droits réservés, y compris le droit de reproduction de tout ou partie de l’ouvrage, sous quelque forme que ce soit.Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

Cette œuvre est une œuvre de fiction. Les noms propres, les personnages, les lieux, les intrigues, sont soit le fruit de l’imagination de l’auteur, soit utilisés dans le cadre d’une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des entreprises, des événements ou des lieux, serait une pure coïncidence.

Le visuel de couverture est reproduit avec l’autorisation de :

HARLEQUIN BOOKS S.A.

Tous droits réservés.

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Prologue

Le prêtre tressaillit en avisant la silhouette qui remontait l’allée, mais continua néanmoins la messe.

Entièrement vêtu d’une combinaison de cuir noir, l’inconnu s’arrêta à quelques mètres du couple, et ôta le casque de motard dissimulant son visage.

Une cascade de cheveux roux retomba sur les épaules d’une magnifique jeune femme.

Elle glissa le casque sous son bras comme le prêtre prononçait la formule d’usage :

— Si quelqu’un s’oppose à l’union de cette femme et de cet homme, qu’il parle maintenant ou se taise à jamais.

La mystérieuse beauté releva la tête d’un geste déterminé.— Je m’y oppose, déclara-t-elle d’une voix forte qui

résonna dans l’église. Cet homme a passé la nuit dernière avec moi.

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1.

Six mois plus tôt…

Sylvie Devereux inspira profondément pour se donner du courage. En vain. La perspective d’une énième dispute avec son père et sa belle-mère suffit presque à lui faire tourner les talons. Presque. Car si elle se trouvait ici, c’était pour Sophie. Pour sa demi-sœur, elle était prête à tous les sacrifices… Y compris à assister à la fête donnée par les Lewis.

Chaque été, le gratin londonien se donnait rendez-vous à la réception organisée par son père, et présidée par sa belle-mère, Catherine Lewis.

Depuis le perron de l’imposante demeure familiale lui parvenaient les accords de jazz joués par l’orchestre. Elle pouvait également apercevoir le toit de la grande tente installée dans le jardin pour l’occasion.

Sylvie s’apprêtait à sonner quand la porte s’ouvrit sur une petite blonde qui lui sauta dans les bras. Laissant tomber son sac, elle enlaça sa sœur en éclatant de rire.

— Dois-je en conclure que tu es contente de me voir, Soph ?

— Tu n’as pas idée, répondit cette dernière avec un sourire. C’est encore pire que d’habitude. Maman me jette littéralement dans les bras de tous les célibataires présents. Quant à papa, ajouta-t-elle avec un soupir, il s’est enfermé dans son bureau avec un cheikh qui vient

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de je ne sais où. C’est l’homme le plus sérieux et le plus sombre que j’aie rencontré. Ce qui est dommage, car il est très séduisant et…

— Te voilà enfin, Sophie, les interrompit une voix féminine.

Catherine Lewis les rejoignit avec un sourire qui se transforma en grimace quand elle aperçut sa belle-fille.

— Ah, c’est toi, constata-t-elle froidement. Je ne pensais pas que tu viendrais.

Dis plutôt que tu espérais que je ne viendrais pas, manqua rétorquer Sylvie, mais elle réussit à se contenir.

Elle avait vingt-huit ans à présent. Vraiment, elle ne devait pas laisser les remarques perfides de sa belle-mère la blesser.

Se forçant à sourire, elle lui adressa un petit salut de la tête.

— Je suis contente de te voir, Catherine.Sophie avait sans doute perçu son trouble, car elle lui serra

doucement le bras comme pour lui insuffler du courage.— Ton père s’entretient avec l’un de nos invités,

l’informa Catherine en s’effaçant pour la laisser entrer. Il n’en a pas pour longtemps.

Elle fronça les sourcils en avisant sa tenue, et Sylvie ne put s’empêcher de jubiler. C’était exactement la réaction qu’elle espérait.

Malgré elle, elle se sentit pourtant gagner par la lassi-tude. Cette lutte constante était épuisante…

— À ce que je vois, tu as pris l’avion directement après l’un de tes… shows à Paris. Tu peux te changer dans la chambre de Sophie si tu veux.

À ces mots, la fatigue de Sylvie s’envola. Elle avait quitté son travail en jean et en T-shirt, mais s’était changée dans le train.

Posant une main sur ses hanches, elle prit une pose lascive.

— C’est un cadeau de l’un de mes admirateurs, chuchota-t-elle. Je l’ai choisie spécialement pour l’occasion. Je sais

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combien tu apprécies que tes invités se mettent sur leur trente et un.

C’était un mensonge, évidemment. La robe appartenait à sa colocataire, Giselle. Celle-ci aimait les tenues sexy et voyantes. L’effet était d’autant plus réussi que la poitrine de Sylvie était plus voluptueuse que celle de son amie.

Ce besoin de choquer était sans doute ridicule, mais c’était plus fort qu’elle. Elle ne pouvait pas s’en empêcher.

Un mouvement attira son attention, son père sortait de son bureau. À ses côtés se tenait l’homme le plus fascinant qu’elle ait rencontré.

L’inconnu était grand, et doté de larges épaules. Son visage aux traits rudes était incroyablement séduisant, et il émanait de lui une aura de sensualité et de virilité qui lui coupa le souffle.

Il portait un costume noir et une chemise blanche qui offrait un contraste saisissant avec sa peau hâlée. Sa chevelure ébène, et ses yeux sombres lui donnaient un air sauvage qui la fit frissonner.

La voix de son père la tira brusquement de sa rêverie.— Ah, Sylvie, je suis heureux que tu sois venue.Comme elle s’y attendait, il l’observait avec un mélange

de chagrin, de déception et d’inquiétude.— Papa, je suis contente de te voir, dit-elle avec un

sourire forcé.Sa façon de lui donner un baiser léger sans même la

serrer dans ses bras la blessa, mais elle n’en laissa rien paraître. Il ne fallait surtout pas lui montrer à quel point sa froideur l’attristait.

— Et qui est ton ami ? demanda-t-elle d’une voix enjôleuse en souriant effrontément à l’inconnu.

Son père sembla gêné, mais il répondit néanmoins.— Je te présente Arkim al-Sahid. Nous discutions

d’un projet commun.Ce nom lui dit vaguement quelque chose, mais impos-

sible de se souvenir de l’endroit où elle l’avait entendu.— Je suis ravie de vous rencontrer, déclara-t-elle en lui

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tendant la main. J’ai toujours trouvé ce genre de discussions assommantes, ajouta-t-elle en plongeant ses yeux dans les siens. Vous n’êtes pas de mon avis ?

Son père lui adressa un regard de reproche, mais elle l’ignora comme elle ignora l’éclat de rire étranglé de Sophie. Seul comptait l’homme qui se tenait devant elle.

Après ce qui lui sembla une éternité, il prit sa main dans la sienne, et la respiration de Sylvie se bloqua dans sa poitrine. Une vague de chaleur se répandit en elle, tandis que ses jambes se mettaient à trembler.

Soudain, elle n’eut plus qu’une envie : se jeter dans ses bras et l’embrasser. En même temps, son instinct lui hurlait de prendre la fuite, mais elle en était incapable. Son corps ne lui obéissait plus. Mais que lui arrivait-il ?

Il la relâcha alors, et elle manqua perdre l’équilibre.— C’est un plaisir, affirma-t-il d’un ton froid et dur.Sylvie se sentit aussitôt ridicule. Sa robe dorée était

bien trop courte. Quant à sa veste légère, elle n’arrivait pas à cacher sa poitrine voluptueuse. Même sa chevelure lui sembla soudain trop voyante.

Elle gagnait sa vie en dévoilant son corps, mais elle ne s’était jamais sentie aussi mal à l’aise qu’en cet instant. En quelques secondes, un parfait étranger avait réussi à fissurer la carapace qu’elle avait mis des années à construire.

Déstabilisée par les émotions qui se bousculaient en elle, elle s’écarta. Heureusement, Sophie en profita pour venir à son secours.

— Viens, papa, lança-t-elle d’un ton enjoué, tes invités doivent se demander où tu es.

Elle entraîna ses parents avec elle, et l’inconnu leur emboîta le pas sans un regard en arrière.

Sylvie mit plusieurs minutes pour retrouver son calme, et lorsqu’elle rejoignit les autres invités, elle s’efforça de rester près de sa sœur et loin de l’ami de son père.

* * *

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Quelques heures plus tard, Sylvie regrettait d’être venue. Son père la surveillait en permanence d’un air inquiet. Quant à sa belle-mère, elle lui adressait des regards de reproche dès qu’elle en avait l’occasion.

Épuisée, elle se réfugia au bord de la rivière au fond du jardin. Enlevant ses chaussures, elle se coucha dans l’herbe avant de glisser ses pieds dans l’eau.

Comme elle observait la pleine lune, elle avisa soudain qu’elle n’était pas seule. Une silhouette sombre se déplaçait sous les arbres.

— Qui est là ? demanda-t-elle en se redressant, le cœur battant.

— Vous le savez très bien, rétorqua une voix masculine.Sylvie manqua aussitôt défaillir. Ce n’était pas unique-

ment pour échapper à ses parents ou à leurs invités qu’elle s’était installée ici. C’était également pour comprendre pourquoi sa rencontre avec Arkim al-Sahid l’avait troublée à ce point. Et il était là…

Elle se leva d’un bond, et remit ses chaussures. Malheureusement, son talon s’enfonça dans l’herbe, et elle tituba.

— Qu’est-ce que vous avez bu ? demanda-t-il d’un ton dégoûté.

Sa question la mit en colère. Comment osait-il ?— Toute une bouteille de champagne, répondit-elle

sèchement. C’est la réponse que vous attendiez, n’est-ce pas ?C’était un mensonge, évidemment. Elle n’avait pas bu

une goutte d’alcool, car elle était sous antibiotiques, mais il était hors de question de lui donner des détails sur sa vie privée.

— Je suis venue ici parce que j’avais envie d’être seule, reprit-elle. Je vais donc vous laisser en compagnie de vos préjugés idiots et sans fondement.

Sylvie s’élança d’un pas décidé, mais son talon s’en-fonça de nouveau dans l’herbe, la faisant trébucher. Elle poussa un cri, et serait tombée s’il ne l’avait pas rattrapée.

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Entraînée par son élan, elle se retrouva plaquée contre son torse musclé.

— Dites-moi, chuchota-t-elle, vous détestez tout le monde ou seulement moi ?

Elle ignorait pourquoi elle lui avait posé la question, mais elle avait envie, besoin même de le savoir.

— Je vous connais, déclara-t-il. Je vous ai vue sur des affiches partout dans Paris.

Sylvie fronça les sourcils. Ces photos la montraient dans des poses lascives et suggestives.

— C’était il y a un an, pour le lancement du nouveau spectacle.

Et ce n’était pas vraiment moi, faillit-elle ajouter.Elle attendit qu’il réagisse, en vain. Il se contenta de

la tenir contre lui. Pourquoi ne la repoussait-il pas ? De toute évidence, il désapprouvait sa conduite. Il faisait sans doute partie de ces puritains qui ne supportent pas qu’une femme se déshabille en public…

Elle devait impérativement mettre de la distance entre eux, mais elle en était incapable. C’était comme si ses forces l’avaient abandonnée.

— Vous n’avez plus rien à dire ? demanda-t-elle à la fois en colère contre lui de la juger ainsi et contre elle-même de ne pouvoir lui résister. Laissez-moi deviner, il vous a suffi d’un regard pour vous convaincre que vos craintes étaient justifiées.

Il baissa les yeux sur sa poitrine pressée contre son torse, et les joues de Sylvie s’embrasèrent.

— Il faut dire qu’il y a beaucoup à voir, dit-il d’une voix sensuelle. Mais pas autant que sur scène, ajouta-t-il en plongeant son regard dans le sien.

Ivre de rage, elle s’écarta pour le repousser avec force.— Les gens comme vous me rendent malade. Vous

n’hésitez pas à juger et à condamner les autres sans savoir de quoi vous parlez.

Elle frappa son torse, s’efforçant d’ignorer la fermeté de ses muscles.

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— L’Amour est l’un des cabarets les plus réputés au monde, reprit-elle froidement. Nous sommes des danseuses de classe mondiale. Ce n’est pas un vulgaire club de strip-tease.

— Vous vous déshabillez sur scène, n’est-ce pas ? insista-t-il d’un air glacial.

— Eh bien…En fait, elle ne se déshabillait jamais entièrement. Le

metteur en scène réservait les numéros de nus aux danseuses à petite poitrine. C’était plus esthétique.

Il avait sans doute pris son hésitation pour un aveu, car il lui adressa un regard dégoûté.

— Je me moque éperdument que vous dansiez nue accrochée à un trapèze. Cette conversation est terminée.

Sylvie faillit lui expliquer qu’il la confondait avec Giselle, mais renonça. Ça ne servirait à rien.

Sans doute ravi de l’avoir mouchée, il s’éloigna rapi-dement, la laissant furieuse… et blessée. Pour une raison inconnue, elle ne supportait pas qu’il ait une si mauvaise image d’elle.

Incapable de se contenir plus longtemps, elle l’insulta copieusement, mais plaqua une main sur sa bouche quand il s’arrêta brutalement. Une fois de plus, son tempérament lui jouait des tours. Oh ! Pourquoi fallait-il qu’elle soit aussi impulsive ?

Il se tourna et la dévisagea longuement.— Je vous demande pardon ? s’enquit-il d’un air outré.Il semblait tellement choqué qu’elle faillit éclater de rire

avant de remarquer l’éclat furieux qui brillait dans ses yeux.Refusant de se laisser intimider pour autant, elle

redressa le menton.— Je vous ai traité d’imbécile arrogant, coincé et

prétentieux.À ces mots, son regard s’assombrit encore et il se dirigea

vers elle d’un pas rapide. Il ressemblait à un fauve prêt à bondir sur sa proie, et se mouvait avec une grâce féline, comme attiré par l’odeur du sang.

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Malgré elle, Sylvie recula et se retrouva plaquée contre le belvédère. Quand Arkim se pencha sur elle, plaçant une main de chaque côté de sa tête, son cœur se mit à battre la chamade.

Il était plus grand qu’elle l’avait cru, et son parfum viril menaçait de la rendre folle de désir. Il lui promettait mille et un délices, tous plus dangereux et sensuels les uns que les autres.

— Vous comptez vous excuser ?— Non, fit-elle en secouant la tête.Il resta un instant silencieux à contempler son visage.— Vous avez raison, vous savez.Sylvie avait du mal à y croire. Il venait de s’excuser ?— C’est vrai ?Il acquiesça en caressant doucement la joue de Sylvie.

Son doigt suivit ensuite la courbe de sa mâchoire, et descendit dans son cou jusqu’à son épaule.

Son souffle se bloqua dans sa poitrine, et elle eut soudain l’impression que son corps entier était en feu. C’était incroyable, vraiment. Il l’avait à peine effleurée et elle se consumait de désir pour lui. C’était la première fois qu’un homme avait un tel effet sur elle.

— Oui, reprit-il d’une voix rauque. Je suis plutôt du genre coincé. Vous pourriez peut-être m’aider à changer ça ?

Sans lui laisser le temps de réagir, il l’attira à lui et l’embrassa.

Sylvie n’arrivait plus à réfléchir. Il n’y avait plus que les lèvres exigeantes d’Arkim, et le balai sensuel de sa langue contre la sienne. Elle s’accrocha à lui comme il faisait glisser sa robe sur ses épaules en traçant un sillon de baisers brûlants dans son cou. Le reste du monde avait disparu. Seul subsistait ce besoin irrépressible qu’il faisait naître en elle.

Il la déshabilla, et elle frissonna sous la caresse de la brise nocturne.

— Arkim…

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C’était de la folie. Elle le connaissait à peine, et pourtant elle était incapable de le repousser.

— Laisse-moi te caresser, murmura-t-il en plongeant son regard dans le sien.

Il reprit les lèvres de la jeune femme, et glissa la main entre ses cuisses. Malgré elle, elle écarta les jambes, et il sourit comme ses doigts se glissaient sous sa culotte et plongeaient au cœur de sa féminité.

Une onde de chaleur la parcourut quand il intensifia sa caresse tout en prenant son mamelon entre les lèvres. C’était tellement bon !

Elle n’avait jamais permis à un homme de la toucher de cette façon, mais les choses étaient différentes avec Arkim.

C’était comme si son corps s’éveillait d’un long sommeil, comme si elle avait enfin trouvé ce qui lui manquait depuis si longtemps. Et elle en voulait davantage…

Une vague de plaisir la balaya soudain, et elle s’accrocha à lui pour ne pas tomber.

— Qu’est-ce que tu… Je ne…Elle n’arrivait plus à réfléchir. Quelques minutes plus

tôt, ils se disputaient, et à présent, il lui faisait connaître un plaisir inimaginable.

Incapable de parler, elle le força à lever la tête, et l’em-brassa. Arkim se figea soudain et la repoussa brutalement.

— Qu’est-ce que…, fit-il en la dévisageant avec horreur.C’est justement ce que j’aimerais savoir, faillit-elle

rétorquer, mais quelque chose la retint.Il réajusta sa cravate et se passa une main tremblante

dans les cheveux.— Ne t’approche plus jamais de moi, trancha-t-il.Et il s’éloigna rapidement sans un regard en arrière.

* * *

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Trois mois plus tôt…

Tandis qu’elle se lavait les mains, Sylvie laissa échapper un soupir. Elle n’aurait jamais imaginé revenir si vite dans la demeure familiale. D’ordinaire, Sophie et elle se voyaient à Londres, mais l’appartement de sa sœur ne convenait pas à l’occasion : les fiançailles de Sophie et d’Arkim al-Sahid.

Sa conversation avec sa sœur lui revint en mémoire. Celle-ci avait semblé tellement désemparée en lui annon-çant la nouvelle, quelques jours plus tôt.

— Tout est allé si vite, avait-elle dit d’une voix tremblante.Sylvie avait aussitôt décidé que rien ni personne ne

l’empêcherait d’assister à la fête. Sophie avait besoin d’elle, et elle était bien décidée à la sauver des machinations de sa belle-mère… Et de son futur mari.

L’homme qu’elle s’était efforcée d’oublier, celui qui l’avait détestée au premier regard avant de…

Un frisson la saisit comme le souvenir des instants qu’ils avaient partagés dans le jardin s’imposait à son esprit.

La voix stridente de sa belle-mère s’adressant à l’un des domestiques résonna dans le hall, la tirant de sa rêverie. Redressant la tête, elle inspira profondément. Ce n’était pas le moment de songer à Arkim al-Sahid. Si elle était là, c’était uniquement pour soutenir Sophie et non pour ressasser le passé.

Malgré elle, elle se revit à moitié nue, abandonnée entre ses bras jusqu’à ce qu’il la repousse violemment.

« Ne t’approche plus jamais de moi ! »Aujourd’hui encore, sa façon de la dévisager avec

horreur et de l’abandonner sans explication continuait de la hanter. Il l’avait humiliée… Et le pire était qu’elle l’avait laissé faire.

En quelques minutes, un parfait étranger lui avait fait perdre le contrôle de ses émotions et de son corps, la laissant pantelante de désir. Comment avait-elle pu en arriver là ?

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Étudiant son reflet dans le miroir, elle hocha la tête d’un air satisfait. Cette fois, elle avait choisi une robe noire sans manches lui arrivant aux genoux et des chaussures assorties. Ses cheveux étaient relevés en un chignon élégant. Elle avait également opté pour un maquillage discret, tout le contraire du soir de sa rencontre avec Arkim…

Sa main se crispa soudain sur le bord du lavabo. Lorsqu’on lui avait annoncé les fiançailles de Sophie, elle avait réagi d’une curieuse manière. Pour une raison inconnue, la surprise avait rapidement laissé place à la colère, puis à quelque chose de plus sombre qui ressemblait étrangement à de la jalousie. Ça n’avait pourtant aucun sens… Et de toute façon, ça ne servait à rien de s’inquiéter de cela maintenant.

Quittant la salle de bains, elle se rendit dans l’immense salle à manger. Elle aperçut aussitôt Arkim al-Sahid, et son cœur se mit à battre à tout rompre. Il était encore plus beau que dans son souvenir…

Hélas, Sophie se tenait à ses côtés, ce qui signifiait qu’elle n’avait plus aucune chance de parler à sa sœur en privé. Elle devait se résoudre à attendre…

La soirée était interminable, et Sylvie avait hâte de partir. Mais il lui fallait d’abord trouver sa sœur. De nombreux invités l’avaient interpellée pour discuter des fiançailles de cette dernière, mais leur conversation l’avait rapidement ennuyée. Sans compter que plus d’une fois, elle avait eu l’impression désagréable qu’Arkim l’observait. Pourtant, il n’était nulle part en vue. Il semblait avoir disparu, exactement comme Sophie.

D’un pas déterminé, Sylvie quitta la salle à manger. Sophie s’était peut-être réfugiée dans le bureau de leur père ? Hélas, la pièce semblait vide et le feu s’éteignait doucement dans l’âtre.

Soudain épuisée, Sylvie entra pour se reposer un instant. Elle se dirigea vers l’un des fauteuils faisant face à la

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cheminée, mais s’arrêta comme un mouvement attirait son attention.

— Soph ? C’est toi ?Sa sœur avait toujours adoré cet endroit. Elle aimait

s’y cacher quand elle était enfant. C’était son sanctuaire.Sans un mot, la silhouette se leva, et le cœur de Sylvie

se mit à battre à toute vitesse.Ce n’était pas Sophie, c’était… Arkim al-Sahid ! Mais

que faisait-il ici ?— Avant que vous puissiez m’accuser de quoi que

ce soit, je vous assure que je n’étais pas en train de vous suivre, fit-elle, résolue à ne pas se laisser intimider.

Elle faillit tourner les talons, mais s’arrêta.— En fait, j’ai quelque chose à vous dire, poursuivit-elle.— Vraiment ? s’enquit-il en croisant les bras.Sylvie serra les lèvres. Son calme apparent l’irritait au

plus haut point. C’était injuste. Comment pouvait-il rester aussi serein quand un seul de ses regards avait le pouvoir de lui faire perdre la tête ? Et pourquoi était-il aussi beau ? Ces quelques mois semblaient l’avoir rendu encore plus séduisant, viril et sensuel.

Alors qu’elle s’approchait de lui, il l’étudia longuement de la tête aux pieds.

— Qui espérez-vous tromper ? demanda-t-il d’un ton méprisant. Croyez-vous pouvoir dissimuler votre véritable nature sous cette apparente façade de respectabilité ?

À ces mots, Sylvie perdit son sang-froid. Comment osait-il la traiter de cette façon ?

— J’ai compris pourquoi vous me haïssez autant, s’écria-t-elle. Votre père est un grand nom de l’industrie pornographique. Vous avez tellement honte de lui que vous l’avez renié. Ce n’est un secret pour personne que vous avez même été jusqu’à changer de nom.

Les yeux d’Arkim s’assombrirent, mais il lui répondit d’une voix égale.

— Vous avez raison, tout le monde est au courant.— Je…

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Sa réponse la surprit tellement qu’elle ne sut comment continuer.

— Qu’est-ce que mon père vient faire dans cette histoire ?Sylvie avait la gorge sèche. Pourquoi fallait-il qu’il

soit aussi intimidant ? Il ne laissait rien paraître de ses émotions. C’était vraiment… perturbant.

— Vous épousez ma sœur par pur intérêt, reprit-elle après un instant. Elle mérite mieux, elle mérite d’être aimée.

Arkim éclata de rire, et Sylvie faillit suffoquer. Il était encore plus séduisant quand il souriait.

— Vous n’êtes pas sérieuse ? s’enquit-il d’un ton narquois. Qui se marie encore par amour ? Votre sœur a beaucoup à gagner en m’épousant. Je peux lui apporter la sécurité financière et un statut social, ajouta-t-il avec morgue. Sachez d’ailleurs qu’elle semble parfaitement ravie de nos fiançailles. Enfin, j’ai l’approbation de votre père qui est décidé à assurer l’avenir de sa cadette, ce qui n’a rien d’étonnant quand on sait le genre de vie que vous menez, ajouta-t-il froidement.

Gagnée par la colère, Sylvie s’efforça de se contrôler. Pourquoi l’opinion de cet homme lui importait-elle autant ? Elle le connaissait à peine et pourtant il avait le pouvoir de la blesser plus profondément qu’aucun autre avant lui.

— Je ne suis pas stupide, mademoiselle Devereux, reprit-il comme elle restait silencieuse. Je suis parfaitement conscient que votre père se sert de votre sœur pour renflouer ses finances. Il a subi de nombreux revers dernièrement, et cet accord lui permettra de garder la tête hors de l’eau.

Sylvie avait la nausée. Son père avait perdu beaucoup d’argent dernièrement, mais jamais elle ne se serait imaginé qu’il irait jusque-là. C’était sans doute Catherine qui l’avait convaincu qu’Arkim al-Sahid était le gendre idéal et la solution à tous leurs problèmes. Après tout, ne considérait-elle pas que la place d’une femme est au bras de son riche mari ?

L’espace d’un instant, elle faillit lui demander pourquoi il ne croyait pas à l’amour, mais renonça. À quoi bon,

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puisqu’elle connaissait déjà la réponse ? Arkim al-Sahid était un homme froid et implacable.

— Sophie ne fera jamais une bonne épouse pour vous, et vous ne serez jamais un bon mari.

— Elle est parfaite, au contraire. Elle est jeune, intel-ligente, belle, élégante et raffinée, ajouta-t-il en laissant lentement remonter son regard sur son corps.

— Je vous en prie, gardez vos insultes, dit-elle, en s’efforçant d’ignorer son mépris. Je sais très bien ce que vous pensez de moi. De toute évidence, vous avez des préjugés à l’encontre de certaines professions et vous avez décidé de me juger sur mon travail.

— Sur ce que vous êtes, la corrigea-t-il sèchement.Sylvie serra les poings. Cette fois, il allait trop loin.— Ce que je suis n’avait pas l’air de vous déplaire tant

que ça, ce soir-là.Ses yeux s’assombrirent davantage, et Sylvie recula.— C’était une erreur qui ne se reproduira pas, déclara-

t-il d’un ton ferme.Il la contemplait avec tant de haine et de dégoût qu’elle

faillit s’enfuir en courant. C’était trop douloureux. Il la regardait comme son père l’avait regardée à la mort de sa mère.

Pourtant, elle ne bougea pas. Elle voulait lui faire payer ses insultes, lui faire perdre son sang-froid. Et puis, il y avait autre chose. Arkim semblait furieux contre elle, mais également contre lui… Comme s’il craignait ses propres réactions.

N’écoutant que son instinct, elle se pressa contre lui et noua les bras autour de son cou.

— Qu’est-ce que vous faites ? demanda-t-il en lui prenant les poignets, sans toutefois la repousser.

— Je vous montre que vous n’êtes qu’un hypocrite, monsieur Al-Sahid.

Et sans lui laisser le temps de réagir, elle l’embrassa avec passion. Aussitôt, elle sentit son corps s’embraser.

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Elle approfondit son baiser, et gémit en découvrant la force de son désir.

Quoi qu’il en dise, Arkim avait envie d’elle ! Un frisson d’excitation la saisit, et elle oublia tout, y compris son humiliation quand il l’avait repoussée dans le jardin.

Le reste du monde n’existait plus. Il n’y avait plus que le corps d’Arkim contre le sien, ses lèvres sous les siennes. Il lui caressa le dos et les fesses, la tenant étroitement pressée contre lui, alors que son cœur battait à l’unisson avec le sien.

Mais comme la fois précédente, il se raidit soudain et la repoussa sans ménagement.

Le souffle court, Sylvie trébucha et s’accrocha au dossier du fauteuil pour ne pas tomber.

— Mais qu’est-ce qui vous prend ? demanda-t-il d’un ton dur. Comment osez-vous me séduire le jour de mes fiançailles avec votre sœur ? N’avez-vous aucune limite ?

Sylvie frissonna sous le poids de son regard. Il la contem-plait avec tant de haine qu’elle finit par baisser les yeux.

Mais qu’est-ce qui n’allait pas chez elle ? Cet homme avait le don de lui faire perdre la tête, mais ce n’était pas une excuse. Elle n’aurait jamais dû l’embrasser.

— Vous ne comprenez pas, murmura-t-elle. Je ne ferais jamais de mal à Sophie.

Arkim sembla sur le point de riposter, mais quelqu’un frappa à la porte.

— Je suis navré de vous déranger, monsieur Al-Sahid, mais vos fiançailles sont sur le point d’être annoncées.

Sylvie poussa un soupir de soulagement. Le jeune messager ne pouvait la voir de là où il se trouvait.

— J’arrive dans une minute, répondit Arkim.Il attendit que la porte se soit refermée pour se tourner

vers elle.— Je crois qu’il vaudrait mieux que vous partiez,

conclut-il d’un ton rageur.

ABBY GREEN

Le désir du cheikhIl a juré de se venger d’elle. Elle s’est promis de lui résister. Sous le regard perçant d’Arkim al-Sahid, chargé de haine tout autant que de désir, Sylvie frémit. Les deux semaines qu’elle doit passer à Al-Hibiz, dans le palais du cheikh, pourraient bien la conduire à sa perte. Car alors qu’elle ne devrait songer qu’à fuir ce désert où elle est retenue captive, elle perd le contrôle de ses émotions. Mais aussi – et surtout – de son corps, qui brûle de désir pour son ennemi…

Au cœur du désert naissent les histoires d’amour les plus brûlantes.

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