Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME
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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
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Domaine des sciences de la Société
Mention ECONOMIE
Parcours : AFFAIRES PUBLIQUES (L3)
Mémoire de fin d’études pour l’obtention d’un diplôme de Licence en
science économique
Le Crowdfunding : perspectives de financement pour les PME
Présenté par : Numéro d’examen : 05
Hilala Elyno Enseignant : Mme lalao RAJAOSON Date de dépôt : 29 janvier 18
Année Universitaire : 2016-2017
Soutenu le 12 mars 2018
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REMERCIEMENTS
J'aimerais présenter ma profonde gratitude envers toutes les personnes qui m'ont soutenu tout au long de ce travail de recherche.
Je pense particulièrement à madame lalao RAJAOSON, notre encadreur que je remercie pour son soutien et ses conseils.
Je pense aussi à ma mère, que je tiens à remercier pour ses prières et ses encouragements. Je n'oublie pas tous les autres membres de ma famille, pour leur intérêt pour ce travail ainsi que leurs encouragements.
À tous mes amies, amis et connaissances, pour leur soutien et encouragement. Que le Seigneur vous le rende à toutes et tous au centuple.
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LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Google trends recherche « crowdfunding »
Figure 2 : Sources de financement externe des PME dont le siège se trouve en Europe.
Figure 3 : Perception des chefs d’entreprise concernant la facilité/difficulté à obtenir un
nouveau crédit ou à augmenter un crédit existant.
Figure 4 : Répartition en fonction du type de crowdfunding en fonction des montants apportés
Figure 5 : 05 étapes pour réussir une campagne de crowdfunding.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Opérationnalisation de l’intensité du signal d'identité
Tableau 2 : Opérationnalisation de l'intensité du signal d'attention
Tableau 4: Opérationnalisation de l’intensité du signal d'activation/camouflage
Tableau 5 : Opérationnalisation de l'intensité du signal d'imitation
Tableau 6 : Opérationnalisation de l'intensité du signal de besoin
Tableau 7 : Opérationnalisation de l'intensité du signal d'intention
Tableau 8 : Opérationnalisation de l’intensité du signal non intentionnel
Tableau 9 : Présentation des plateformes de financement participatifen Afrique
LISTE DES ANNEXES
ANNEXE A : Opportunités et chiffres clés du financement participatif
ANNEXE B : L’analyse SWOT du financement participatif
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LISTE DES ABREVIATIONS
AMF : Autorités des marchés financiers
APD : Aide publique au développement
CF : Crowdfunding
ECN: European Crowdfunding Network
FP: Finance participative
FPF: Finance participative France
IFC : International financial corporation
PME : Petites et moyennes entreprises
P2P : Peer-to-peer
OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques
SEC : Securities and Exchange Commission UMC Union des marchés de capitaux
USD: United States Dollar
WB: World Bank
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SOMMAIRE
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . 1
PARTIE I : Approchethéorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
CHAPITRE I : L’Univers du financement participatif dans son ensemble . . . . . .. . . . . . . . 4
SECTION I : Définitions et Objectifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
SECTION II : Définition d’une plateforme multi faces numérique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
SECTION III : Contexte et raisons d’apparition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
CHAPITRE II : Modèles et méthodes de financement participatif. . . . . . . . . . . . .. . . . . . . 15
SECTION I : Les différents types de financement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . ... 15
SECTION II : Les méthodes appliquées au financement participatif. . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
CHAPITRE III : Les Avantages et risques liés au crowdfunding. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
SECTION I : Le financement participatif : un levier de développement économique.. . . . . 20
SECTION II : Les risques liés au financement participatif.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
PARTIE II : Analyse empirique et qualitative du financement participatif en capital des PME
en Afrique : cas de Madagascar.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26
CHAPITRE I : Méthodologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
SECTION I : Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
SECTION II : Analyse de l’échantillon . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
CHAPITRE II : Un panorama des acteurs et des initiatives de financement participatif en
Afrique Subsaharienne (cas de Madagascar) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
SECTION I : Analyse du contexte socio-économique propice à la finance participative.. . 41
SECTION II : Présentation et caractéristique des plateformes de Crowdfunding dans les pays
en voie de développement.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
CHAPITRE III : Portée et limites de l’analyse empirique . . ………………………….... 47
Section I : Les défis à venir de la finance participative. . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . 47
Section II : Etat d’avance des initiatives. . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Section III : Discussion et ouverture. . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
CONCLUSION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
BIBLIOGRAPHIES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . 54
1
INTRODUCTION
Le financement participatif en capital ou equitycrowdfunding a vu le jour grâce à l’émergence
des réseaux sociaux et des plateformes Web1.Depuis le développement du Web 2.0 au début
des années 2000, l’utilisation d’Internet a connu une expansion incroyable et offre
l’opportunité aux internautes de pouvoir interagir, partager et échanger des informations entre
eux de manière simplifiée. C’est ainsi que toute une série de personnes innovantes sont
parvenues à créer des applications économiques grâce à internet.
A l’origine ce mode de financement a été crée pour les artistes pour promouvoir leurs
projets que ce soit les films, les clips ou les bandes dessinées mais suite à la crise économique
et financière de 2009, le crowdfunding s’est même propagé vers le financement des petites et
moyennes entreprises (PME)2 car elles subissaient un resserrement du crédit de la part des
banques. Déjà populaire dans les pays développés et il s’inscrit dans un mouvement de
désintermédiation financière3, le financement participatif est la réponse à un réel besoin des
petites entreprises à trouver du financement à moindre coût. Aux États-Unis et en Europe par
exemple, c’est déjà par centaines que se comptent les plateformes de financement participatif
en capital. Madagascar n’échappe donc pas à ce mouvement et c’est dans ce contexte que les
Autorités concernées mettront sous peu de nouvelles règles en place pour encadrer cette
pratique sur le territoire Malgache.
Se situant dans ce qu’on appelle l « Economie Collaborative », le financement participatif
amène des bouleversements sur la société comme par exemple des changements sur la façon
d’agir ou de consommer…..etc.L’économiste autrichien Joseph Schumpeter parlait de «
destruction créative 4 » quand de nos jours on l’appelle souvent dans le numérique «
désintermédiation numérique » ou encore « ubérisation ». Dans les deux cas, ce sont des
1 L'ensemble des techniques, des fonctionnalités et des usages du World Wide Web qui ont suivi la forme originelle du web. 2 Une PME est une entreprise qui occupe moins de 250 personnes et dont le chiffre d'affaires annuel n'excède pas 50 millions d'euros ou dont le total du bilan annuel n'excède pas 43 millions d'euros. 3 Economie de l’innovation qui opte pour de nouvelles sources de financement. 4 SCHUMPETER J, Capitalisme, socialisme et démocratie. 1942. 368p.
2
innovations majeures qui rendent obsolètes des pans entiers de l’activité et détruisent des
millions d’emplois. Ce mouvement naturel de l’économie qui n’a rien de nouveau, critiqué
par les uns, encensé par les autres, n’est que l’expression d’une société et d’une économie de
l’innovation qui avancent dans une sorte de jeu à somme nulle. Les emplois détruits dans
l’ancienne économie sont reconstitués dans la nouvelle. C’est dans ce contexte qu’il est
certain que son développement devrait créer un engouement de la part du public et contribuer
à l’essor économique de Madagascar.
Ainsi, c’est dans l’optique d’évaluer « Dans quelle mesure le financement participatif
contribuera-t-il au développement des PME à Madagascar ? » que nous avons entrepris un
projet de recherche sur le sujet.
Ce mémoire est divisé en deux parties. La première partie abordera l’aspect théorique
du financement participatif : nous expliquerons l’origine, sa définition, le contexte ou il a été
crée, son mode de fonctionnement et surtout ce qu’il implique pour les parties prenantes.
Dans la deuxième partie nous allons examiner si le « crowdfunding » ou financement
participatif présente un potentiel dans les pays en Afrique Subsaharienne comme Madagascar
et surtout répondre à la problématique posée.
3
PARTIE I : APPROCHETHEORIQUE
Le but dans cette partie est de faire découvrir le concept du financement participatif, encore
peu connu à Madagascar. Dans un premier temps nous évoquerons le terme « financement
participatif » ou « crowdfunding » en anglais. Nous essayerons de synthétiser les définitions,
et les concepts en relation avec celui-ci et essayer de comprendre ses origines. Nous décrirons
également les différentes modes que le financement participatif comporte et enfin il est
important analyser tous les risques et avantages liés au crowdfunding.
4
CHAPITRE I : L’Univers du financement participatif dans son ensemble.
Le financement participatif est une notion en ce moment vaste et la littérature scientifique
décrivant ce phénomène est encore peu nombreuse, sauf les articles dans les journaux et
quelques études. Ainsi, dans un premier temps, nous allons définir le concept de financement
participatif, décrire son contexte d’apparition puis nous décrirons également les différents
modes de financement qui existent et enfin nous parlerons des avantages et risques liés au
crowdfunding.
SECTION I : Définitions et Objectifs
Toutes les définitions du financement participatif sont dérivées de son nom original en
anglais, « crowdfunding ». Ce terme est composé des 2 mots : « crowd » (foule) et
« funding » (financement). Dès lors, on pourrait imaginer qu’il s’agit du financement par la
foule mais pour être plus précis, regardons de plus près des définitions plus approfondies.
La définition la plus répandue est celle qui figure dans le dictionnaire « Oxford
Dictionnaries »5 qui dit que : « Le financement participatif est une pratique de financement
d’un projet ou d’entreprise par la levée de beaucoup de petits montants d’argent auprès du
large nombre de personnes, typiquement via internet ».
Cela correspond à une définition similaire de Lambert et Schwienbacher 6:
« Crowdfunding implique un appel ouvert, pour la plupart via Internet, pour la provision des
ressources financières soit en forme de don, soit en échange de produit futur ou une forme de
récompense afin de soutenir les initiatives pour les buts spécifiques ».
Mais Schwienbacher simplifie cette définition en disant que le financement participatif est :
5 Oxford Dictionaries, Crowdfunding disponible sur : http://www.Oxforddictionaries.com (consulté le 10 décembre 17). 6 BELLEFLAMME P., LAMBERT T., SCHWIENBACHER A., « Crowdfunding : tapping the right crowd » (le 09 juillet 2013), Dans Journal of business venturing, 2014 disponible sur http://www.ssrn.com (consulté le 08 décembre 2017).
5
« …le financement d’un projet ou une entreprise par un groupe de particuliers au lieu des
parties professionnelles (comme par exemple, les banques, les investisseurs en capital-risque
ou business angels) ».
A partir de ces définitions, nous pouvons dire que différents types de projets peuvent susciter
l’intérêt du crowdfunding: des projets artistiques des initiatives philanthropiques, des projets
publics ou des startups, pour en nommer quelques‐uns. Le crowdfunding existe
sous plusieurs formes, lequel vont d’une simple donation à une prise de participation dans
une entreprise que nous expliquerons plus tard. Plus précisément, le
crowdfunding s’organise grâce à un intermédiaire, une plateforme de crowdfunding, qui
opère sur Internet. Le but de cette plateforme est de permettre aux investisseurs et
entrepreneurs de se rencontrer et d’encadrer la levée des fonds.
L’objectif principal du crowdfunding est pour un entrepreneur de tirer profit de
l’effet de levier conséquent que peuvent représenter des petites contributions générées par
un nombre important de personnes qui sont en liaison sur ce qu’on appelle des plateformes
Web.
SECTION II : Définition d’une plateforme multifaces numérique.
La notion de plateforme multifacesnumerique désigne les sites internet de types web 2.0. Une
plateforme web 2.0 est un espace sur lequel l’utilisateur peut déposer du contenu et le
modifier, contribuant à améliorer le service qu’il utilise (Wikipédia). Les plateformes
multifaces numérique permettent la mise en relation des utilisateurs dans le cadre de la
commercialisation (Alibaba.com, eBay), de connaissances(Wikipedia), de vidéos
(Dailymotion, Youtube), de la recherche de solutions aux problèmes posés par des entreprises
(sites de crowdsourcing) et aussi dans le cadre de financement de projets (sites de
crowdfunding). Les plateformes de crowdfunding constituent donc des plateformes
multifaces, comme le souligne certains auteurs (Belleflamme et Lambert, 20147). De ce fait,
une opportunité d’affaires apparaît sur une plateforme multifaces dès que lors que trois
conditions sont réunies. En premier lieu, elles mettent en relation les entrepreneurs d’un côté
et les contributeurs de l’autre. En deuxième lieu, les contributeurs exercent un effet indirect
7 BELLEFLAMME P., LAMBERT T., SCHWIENBACHER A., « Crowdfunding : tapping the right crowd » (le 09 juillet 2013), Dans Journal of business venturing, 2014 disponible sur http://www.ssrn.com (consulté le 08 décembre 2017).
6
sur les entrepreneurs et inversement du fait par exemple que les contributeurs ont tendance à
préférer les plateformes qui enregistrent plusieurs projets car ils pourront choisir parmi
plusieurs variétés. Les entrepreneurs vont préférer des plateformes qui enregistrent de
nombreux contributeurs afin d’augmenter leur chance de récolter les montants qu’ils
souhaitent. En troisième lieu, si les entrepreneurs peuvent récolter des fonds auprès de la
foule, c’est grâce à la plateforme qui leur met en relation.
Belleflamme et Lambert dans leur recherche en 2014 notent que les effets de réseau directs
sont, en partie, négatifs au niveau des entrepreneurs, car plus les projets sont nombreux, plus
la concurrence sera élevée. Par contre, ces effets sont positifs au niveau des contributeurs en
ce sens qu’un projet a plus de chance d’être financé si de nombreux contributeurs y
participent.
Malgré l’apparition de nombreuses plateformes de crowdfunding au fil du temps, nombreux
sont celles qui ne connaissent pas le succès. Nous verrons tout ceci en détail plus tard.
De plus, il faut noter toutefois que le « crowdfunding » est à différencier du
« Crowdsourcing » que nous avions énumérer précédemment ou du « Fundraising ». Le terme
« crowdsourcing » est composé des mots « crowd » (foule) et « outsourcing »
(externalisation) qui impliquent un nombre élevé de personnes dont les apports sont plutôt
pratiques, ainsi, les personnes sont impliquées dans le projet d’une manière créative tandis
que le financement participatif propose des contributions à des projets qui sont à but
financiers.
A propos de « fundraising » le dictionnaire « Oxford Dictionaries 8»dit que c’est : « La
recherche d’un soutien financier pour une charité, cause ou autre projet ». Donc
« fundraising » (collecte de fonds) est semblable au financement participatif mais la
différence principale réside dans le but du financement qui est destiné pour la charité.
8Oxford Dictionaries, « Fundraising » disponible sur: http: //www.oxforddictionaries.com.
7
SECTION III : Contexte et raisons d’apparition
Cette section sera subdivisée en 2 parties, dont la première traitera de l’origine et les
évolutions du financement participatif à ses débuts et dont la seconde parlera des raisons de
son apparition.
III.1 Historique du « crowdfunding »
L’origine du crowdfunding Selon le site wordspy.com, est apparue pour la première fois en
2006 et n’a fait que se répandre depuis lors. Le concept du mot «crowdfunding » vient en
fait du mot «crowdsourcing » qui se réfère à l’utilisation de la population pour obtenir
des idées, du feedback et des solutions pour développer des activités d’entreprise.
La grande différence du « crowdfunding » par rapport à ce qui se passait
avant, réside dans l’utilisation de plateformes internet pour organiser le financement des
startups ou des PME. Le développement de l’informatique, mais aussi des réseaux de
communication puissants, ainsi que l’apparition de réseaux sociaux au sein d’une
grande partie de la population mondiale ont donné une nouvelle dimension au financement
participatif. Il était désormais possible de toucher un nombre élevé de personnes
beaucoup plus facilement (Belleflamme et Lambert). Et, Selon (Agrawal et al.
20119) l’internet permet de communiquer à faible coût sur de très grandes distances
et encourage dès lors la
disparité géographiques des investisseurs en surmontant les frictions
économiques liées à la distance.
Les premières plateformes de crowdfunding sont apparues aux Etats-‐Unis. Depuis lors,
le crowdfunding a connu un boom incroyable, avec un intérêt toujours grandissant.
L’application « Google Trends » nous montre en effet l’intérêt suscité par le mot «
crowdfunding ». On observe que l’intérêt commence tout doucement à se manifester à partir
de 2008 pour ensuite connaître une très forte croissance entre 2009 et 2014.
9 AGRAWAL AG., CATALINI C., GOLDFARB A., « Some simple economics of crowd funding » (2011), 46p. Disponible sur :http://www.nber.org.
8
Figure 1: Google Trends 10recherche "crowdfunding"
A titre d’exemple, La plateforme américaine « Kickstarter11» est une des premières
plateformes de crowdfunding à avoir connu un large succès. Kickstarter a vu le jour à New
York le 28 avril 2009 et a depuis lors permis de financer plus de 62 000 projets pour un
montant total de plus de 1 milliard de dollars. Kickstarter est une plateforme sur laquelle des
projets créatifs sont soutenus par le biais de donations ou par le biais de la prévente de
produits innovants. Kickstarter a également fait la une des journaux en 2012 en détenant le
record du plus gros montant de financement pour un projet à l’instar de Pebble Smart Watch,
une PME qui a levé 10,1 millions de dollars, grâce à presque 70 000 contributeurs. Ce
montant est 100 plus élevé que les 100 000 $ que les entrepreneurs espéraient obtenir au début
du projet.
10 Google Trends, "crowdfunding" Source: http://www.google.com/trends/ (visité le 10 décembre 17) 11KICKSTARTER, source : http://www.kickstarter.com(visité le 11 décembre 17).
9
III.2 Les raisons d’apparitions
Pour comprendre l’avènement du crowdfunding, il est crucial de comprendre comment les
petites et moyennes entreprises (PME) se financent, car ce sont elles principalement qui sont
intéressées par le Crowdfunding. Au jour d’aujourd’hui les grandes entreprises ne semblent
pas encore concernées par le crowdfunding. (PME Finance, 201412). Cela s’explique par le
fait que les montants récoltés sont généralement trop faibles pour attirer l’attention des
grandes entreprises sur ce type de financement.
Il existe deux axes à partir desquels les PME se financent. D’un côté il y a l’autofinancement.
Il s’agit de l’argent provenant des bénéfices mis en réserve et d’un fonds de roulement positif.
Cet argent est utilisé tant pour financer les activités courantes que pour financer l’éventuelle
croissance des PME. Si ce type de financement est le plus avantageux pour l’entreprise étant
donné qu’elle lui permet de maintenir son indépendance financière, il reste néanmoins
souvent insuffisant pour soutenir la croissance d’une PME. Elle fait alors appel au deuxième
axe de financement ; le financement externe. Ce type de financement est en particulier utilisé
par les start‐ups ou les PME en phase de forte croissance.
Il existe plusieurs sources de financement externe pour les PME. Voici un exemple d’image
(figure2) montrant l’importance de chaque source de financement externe pour les PME
ayant leur siège dans l’Union Européenne.
12 PME FINANCE. (2014). Financementparticipatifdesentreprises:Lamiseenplaced’uncadrerèglementairepropice
10
Figure 2 : Sources de financement externe des PME dont le siège se trouve
en Europe. Source: PME Finance (2014).
III.2.1 Le rôle du crédit bancaire dans le financement des PME.
Il ressort de la figure 2 que le financement bancaire reste de loin la source de financement
externe la plus utilisée par les PME. 79% des PME faisaient appel à ce type de financement
en 2005. Une enquête publiée par le Centre de Connaissance du Financement des PME
(CeFiP) en 2012 confirme cette tendance. 64,5% des PME et 63,1% des micro‐entreprises ont
fait appel à un financement bancaire en 2012. Ceci n’est pas étonnant car pour une entreprise
qui veut obtenir la meilleure structure de capital possible, il faut, selon la théorie du WACC13
ou coût moyen pondéré du capital, tenter de minimiser le coût du capital. Etant donné que le
13 WACC : Weightedaveragecost of capital = (KE * E + KD * D * (1‐t))/ (D +E) où KE = Coût des fonds propres, E = Fonds propres, KD = Coût de la dette, D = Dette, t = taux d’imposition
11
que le coût de la dette est généralement plus faible que le coût de l’utilisation des fonds
propres, la dette permet de minimiser le WACC et donc d’augmenter le rendement sur fonds
propres. (Krugman et al, 2008)14 C’est pour cela que la dette est considérée comme une
technique de levier importante.
Les banques commerciales jouent donc un rôle essentiel pour le développement de nos PME,
et de façon plus générale, pour la croissance et le dynamisme de l’économie du pays. Or c’est
justement là que se trouve le problème. De plus en plus de PME ont des difficultés à accéder
au financement bancaire. Le constat est encore plus flagrant pour les micro-entreprises, pour
lesquelles 23% ont vu leur crédit bancaire refusé en 2012, un chiffre qui est en augmentation
depuis 2008. Selon cette même enquête on remarque que la perception des chefs d’entreprise
concernant la facilité d’obtenir un nouveau crédit ou d’augmenter un crédit existant n’a
pratiquement fait que se dégrader depuis novembre 2008(figure 3).
Par ailleurs, il intéressant d’observer sur la figure 3 que les crédits pour les investissements
sont perçus comme plus facile à obtenir que les crédits pour les affaires courantes. Ceci paraît
logique étant donné qu’une PME qui investit est probablement en phase de croissance et donc
elle est perçue comme moins risquée comparé à une PME qui recherche un crédit pour ses
affaires courantes.
14 Krugman. P et al, Economie Internationale.3° édition 2001, Nouveaux Horizons.855p.
12
Figure 3 : Perception des chefs d’entreprise concernant la facilité/difficulté
à obtenir un nouveau crédit ou à augmenter un crédit existant. (Source:
CeFiP15 2013).
Pour approfondir la connaissance de ce phénomène, il est intéressant d’analyser quelles sont
les raisons de refus de crédit bancaire.
III.2.2Les difficultés d’obtenir des crédits
Les arguments des banques pour refuser un crédit bancaire sont multiples. Les raisons les plus
souventcitéessont (CeFiP, 2013):
15CeFiP (2013). Baromètre17:accèsdesPMEaufinancementbancaire. Bruxelles.
13
Le resserrement des conditions d’octroi de crédits suite aux accords de
Bâle.
Le taux de fonds propres ou d’apports propres trop faible.
La capacité de remboursement insuffisante.
Le manque de sûreté.
Pour expliquer la tendance du resserrement des conditions d’octroi de crédit, il faut se référer
aux accords de Bâle. L’accord de Bâle I est né en 1988 quand les gouverneurs des Banques
Centrales des principaux pays de l’OCDE se sont réunis à Bâle. Leur but était d’établir un
niveau minimum de fonds propres pour les banques par rapport aux encours de crédits
accordés. C’est ainsi que le ratio de Cooke est né, lequel stipulait que le rapport entre les
fonds propres et la totalité des crédits accordés ne pouvait pas être inférieur à 8% (Krugman et
al, 200816).
Ce n’est qu’en 2004 que les Accords de Bâle II ont vu le jour. L’objectif était de remplacer les
normes mises en place durant Bâle I en ajoutant une nouvelle variable dans l’équation, celle
du risque de crédit. Ce nouveau ratio porte le nom de McDonough17.
C’est ainsi qu’on a commencé à procéder au principe de la notation, mieux connu sous le nom
anglais de « rating » ou de « scoring ». « Une notation est une évaluation de la solvabilité
d’un créancier spécifique, c’est à dire, de la probabilité de voir l’emprunteur rembourser le
crédit contracté ». (Commission Européenne 2007).
En général, les PME présentent plus de risques que les grandes entreprises car elles sont plus
dépendantes des conjonctures économiques et présentent un taux de survie inférieur. Le risque
additionnel se traduit par un rating moins favorable et des conditions d’octroi de crédits plus
sévères.
Suite à la crise économique et financière de 2008‐2009, la réforme de Bâle III a été publiée le
16 décembre 2010. Cet accord n’est pas encore mis en œuvre, mais contient des propositions
ayant pour but de renforcer le système financier en développant de nouvelles
régulations bancaires. L’accord part du principe que la sévérité de la crise est en grande partie
16 Krugman. P et al, Economie Internationale.3° édition 2001, Nouveaux Horizons.855p. 17 William J. McDonough, président de la Réserve Fédérale de New York entre 1998 et 2003
14
la conséquence de la croissance excessive des bilans et hors bilans bancaires par rapport aux
fonds propres.
Les accords de Bâle, bien qu’ils soient nécessaires suite aux abus qu’il y a eu avant la crise
financière, vont jouer en défaveur des PME. De plus, on constate que les frais et les garanties
exigées par les banques ont fortement augmentés. Cette observation est encore plus prononcée
pour les petites entreprises. (Cefip, 201318)
C’est ainsi qu’est apparu de nouvelles sources de financement pour les entreprises. Suivant
l’évolution du financement participatif, on remarque qu’il existe plusieurs modèles de
financement.
1818CeFiP (2013). Baromètre17:accèsdesPMEaufinancementbancaire. Bruxelles.
15
CHAPITRE II : Modèles et méthodes de financement participatif
Dans la littérature, il existe plusieurs façons de subdiviser les différents types de financement
participatif. Ainsi dans ce chapitre nous développerons les principaux types de financement
participatif, puis nous parlerons des parties prenantes dans la réalisation de celui-ci.
SECTION I : Les différents types de financement
Suivant l’évolution du financement participatif, on remarque qu’il existe quatre modèles de
financement différents. Il s’agit des suivants : le financement par les dons, le financement par
les prêts, le financement sans contrepartie financière et le financement avec prise de
participation.
I.1 Le financement par les dons
Le don simple est un acte altruiste, où les gens donnent de l’argent à un projet sans que le
demandeur de fonds n’ait une quelconque obligation de donner quelque chose en échange.
Les montants récoltés avec ce type de campagne de crowdfunding sont généralement assez
faibles. Malgré ces petits montants, c’est le type de crowdfunding le plus utilisé dans le
monde. En effet, 62% des campagnes de crowdfunding sont basées sur le don simple. Les
projets soutenus ont collecté un total de 723 millions d’Euros en 2012.On remarque que,
contrairement à une collecte de fonds traditionnelle pour une ONG19, la levée de fonds via le
crowdfunding fonctionne particulièrement bien, parce qu’elle permet de soutenir un projet en
particulier.
Selon Belleflamme et al(2013)20 une levée de fonds qui soutient des organisations sans but
lucratif a plus de chances d’atteindre son objectif de financement. Ils observent qu’il est plus
19 ONG : Organisation Non Gouvernementale. 20 BELLEFLAMME P., LAMBERT T., SCHWIENBACHER A., « Crowdfunding : tapping the right crowd » (le 09 juillet 2013), Dans Journal of business venturing, 2014 disponible sur http://www.ssrn.com (consulté le 08 décembre 2017).
16
facile d’attirer l’attention des donateurs lorsque le projet a pour but le bien commun de la
société, contrairement à un but purement financier.
I.2 Le financement par les prêts
Le prêt est un modèle de crowdfunding où les investisseurs on l’occasion de prêter leur
argent à des personnes en quête de financement pendant une période déterminée. Les
emprunteurs sont principalement des entrepreneurs ou des start‐up qui cherchent à financer
différents projets. Cela peut être tant des projets sociaux que des projets d’entreprises. Le prêt
peut avoir lieu avec ou sans intérêt (typiquement dans le cas de prêts sociaux) et les intérêts
peuvent être payés annuellement ou à terme de la période de prêt convenue semblable au prêt
bancaire.
Les campagnes de crowdfunding avec prêt réprésentent 44% des montants alloués au
crowdfunding à travers le monde. Ce qui en fait le type de crowdfunding qui attire le plus de
fonds. Une campagne de crowdfunding basé sur le prêt lève en moyenne 4500 €, ce qui est
largement supérieur à une campagne basée sur le principe de donation.
Etant donné que les plateformes ne sont pas des banques, il n’y a aucune garantie de dépôt qui
va assure que le prêteur récupère son argent dans le cas où l’emprunteur ne parvient pas à
rembourser son emprunt. (Commission européenne, 2013)
I.3 Le financement sans contrepartie financière ou « prévente »
Il s’agit du modèle le plus répandu au monde. Il est utilisé pour financer les projets créatifs
ou les nouveaux produits des PME et les contributeurs reçoivent des produits ou des services
réels liés au projet. Ce modèle permet aux porteurs de projets d’acquérir les fonds suffisants
pour la fabrication (produit) ou la réalisation (service) et de réaliser une étude de marché et de
tester la demande.
17
Un représentant de ce modèle de financement participatif est le célèbre site KissKiss Bank
Bank21avec son slogan : « Libérons la Créativité !»
I.4 Le financement avec prise de participation
Le financement avec prise de participation ou encore appelé « équitécrowdfunding » est le
modèle le plus récent. Cela consiste à investir des actions dans une entreprise et alors à
devenir actionnaire et à participer aux décisions de l’entreprise. « L’investissement
participatif » autrement dit, propose une alternative pour les compagnies qui ont déjà été
refusées par les banques et autres investisseurs. Mondialement, les estimations montrent que
l’entrepreneuriat et les causes sociales sont les deux catégories qui font le plus souvent appel à
ce type de financement. On peut également observer que les campagnes d’equity
crowdfunding collectent de loin le plus d’argent par projet, c'est-à-dire 50 000 Euros en
moyenne.
En revanche, bien que les plateformes basées sur la prise de participation connaissent la plus
forte croissance, leur nombre reste le plus faible. Cela s’explique par le fait que l’equity
crowdfunding est le type de financement participatif qui demande de loin le plus de
démarches administratives. Il est également le plus complexe, tant pour les investisseurs que
pour les plateformes, car le risque est beaucoup plus élevé. Ce modèle fera l’objet d’une
analyse pointue dans la pratique.
Pour conclure voici un tableau qui nous donne une idée de la proportion des 4 grands types
de crowdfunding tant en nombre de projets financés qu’en montants apportés. Il ressort du
tableau que les projets basés sur le don simple dominent de loin le paysage du crowdfunding,
bien que les montants apportés soient en moyenne plus faible que les autres modèles. Il est
également intéressant de noter que bien que les projets d’Equity crowdfunding représentent
une infime partie des projets, les montants récoltés dans ce cadre sont les plus élevés. C’est
d’ailleurs le segment qui connaît la plus forte croissance actuellement. (PME, finance 2013).
21 KISSKISSBANKBANK-Libérons la créativité ! Disponible sur : www.kisskissbankbank.com.
18
Figure 4 : Répartition en fonction du type de crowdfunding et en fonction
des montants apportés. Source: PME Finance
SECTION II : Les méthodes appliquées au financement participatif
Nous avons déjà vu quels modèles les sites utilisent. Désormais, on va s’intéresser aux
méthodes qu’elles appliquent pour traiter les contributions. En matière de mécanisme de
financement, on utilise généralement deux méthodes basiques, « garder tout » et « tout ou
rien », qui permet aux porteurs de projets de choisir leur méthode parmi les deux
(SCHWIENBACHER A et al, 2015). 22
II.1 Garder tout
La première méthode s’appelle « garder tout ». Avec cette méthode, l’entreprise peut garder
le montant entier qu’elle a encaissé pendant la période du financement même si le montant est
inférieur ou supérieur au montant final demandé. Ce sont les organisations sans but lucratif et 22 CUMMING Douglas J., LEBOEUF G., SCHWIENBACHER A., “Crowfunding models: Keep-It-All vs. All-or-Nothing”, le 23 mai 2015, pp 13-26. Disponible sur:http://www.ssrn.com(consulté le 11 décembre 2015)
19
les projets sociaux tendent à exploiter plutôt ce modèle-ci. Par contre, « garder tout » n’attire
pas beaucoup de contributeurs que le « tout ou rien ». Alors ses compagnes sont moins
réussies que l’autre (Schwienbacher et al, 2013)
II.2 Tout ou rien
L’autre méthode nommée « tout ou rien » est utilisé pour les projets innovants. Le porteur de
projet fixe un montant butoir et s’il n’arrive pas à y parvenir, il ne garde pas de contributions.
Les montants butoirs sont statistiquement plus élevés que pour la méthode « garder tout »,
donc ils sont plus difficiles à atteindre. C’est pourquoi on demande au porteur de projet de
fournir le maximum d’informations pour attirer les contributeurs.
Ainsi, chaque modèle est soumis à une réglementation spécifique, et les plateformes sont
généralement spécialisées dans les différentes modèles et méthodes de levée de fonds.
Cependant, il faut noter que le financement participatif présent des avantages et certains
risques pour le contributeur.
20
CHAPITRE III : Les Avantages et risques liés au crowdfunding
Le crowdfunding comporte de nombreux avantages. Pour mieux cerner ceux‐ci, il
est utile d’analyser les avantages liés au développement de l’économie d’un pays et des
contributeurs qu’ils utilisent, puis d’analyser les différents risques pour les parties prenantes.
SECTION I : Le financement participatif : un levier de développement
économique.
I.1 Le financement participatif pour le développement du territoire
Le financement participatif est incontestablement un outil de promotion puissant. Une
collectivité, ou tout autre animateur du territoire qui accompagne un porteur de projet dans sa
campagne d’appel à financement bénéficiera auprès du grand public d’une visibilité de son
propre engagement.
Concrètement, l’acteur territorial pourra augmenter sa propre visibilité de différentes
manières:
• en figurant parmi les partenaires évoqués par le porteur de projet sur la plateforme de
financement ;
• en « labellisant » la page de crowdfunding d’un projet issu de son territoire ;
• en créant et en alimentant ses propres pages sur les plateformes de financement
participatif ;
En créant son propre portail Internet de financement participatif ;
• en participant lui-même à la campagne de communication d’un projet situé sur son
territoire, via ses réseaux sociaux, ses publications, ses affichages et manifestations, etc.
21
Cette visibilité, dans un premier temps « numérique », bénéficie par ailleurs de l’effet
« boule de neige » propre au web, permettant à la collectivité de propager son action dans les
différents cercles de lecteurs et de contributeurs :
• auprès d’un premier cercle d’internautes souvent issus du territoire, habitants et
usagers ;
• auprès d’un second cercle de lecteurs, via le bouche-à-oreille, les réseaux
sociaux, les médias locaux, les partenaires, le périmètre élargi, intercommunal, voire régional
;
• auprès d’un troisième cercle grand public offrant une visibilité nationale.
Le financement participatif est donc bien un moyen de communiquer auprès de ses
administrés et au-delà, de faire connaître ses actions et son territoire.
I.2 Un outil pour accompagner les entrepreneurs dans leur développement
Les entrepreneurs et dirigeants d’entreprises rencontrent tous des problématiques pour
financer leurs projets. Lorsque cela s’avère pertinent, les structures d’accompagnement ne
doivent pas hésiter à les orienter vers le financement participatif qui permet de compléter le
cas échéant les interventions des financeurs publics et privés. De nombreuses entreprises ont
ainsi réussi à recréer une dynamique économique sur leur territoire, notamment véhiculée par
la mobilisation des financeurs et la portée de leur campagne de dons, de prêts ou
d’investissement.
Véritable révolution du web 2.0, le Crowdfundingpermet de créer une véritable relation
interactionniste dans la sphère entrepreneuriale. Par exemple, En 2014, 152 millions d’euros
ont été collectés sur les plateformes françaises. Plus d’un million et demi de Français ont
quant à eux déjà soutenu un projet de Crowdfunding.
Par-delà l’aspect du financement participatif, qui est certes l’une des finalités originelles du
Crowdfunding, cet outil permet surtout de créer une nouvelle forme d’écosystème pour son
projet ou sa marque.
22
Certes, il ne faudrait pas trop exagérer l’impact disruptif du Crowdfunding, et aller jusqu’à
postuler qu’à terme ce dernier serait à même de se substituer aux acteurs traditionnels du
monde de la finance. Le Crowdfunding revêt surtout un intérêt pour l’amorçage d’un projet.
Là où des banques, voire des sociétés de capital-risque, risquent d’être potentiellement
frileuses pour injecter des liquidités dans un projet ultra-innovant, ce nouveau paradigme
permet de pallier cette défiance. En témoigne la réussite de Lima, une start-up innovante
ayant créé un boitier à même de révolutionner le Cloud, qui a récolté plus de 1.2 million de
dollars sur Kickstarter. 23Cette société a ainsi pu lancer la phase de production grâce au
Crowdfunding, et le buzz engendré par sa campagne a permis de faire connaître la marque.
De ce fait, l’économiste autrichien Joseph Schumpeter parlait de « destruction créative »24
quand de nos jours on l’appelle souvent dans le numérique « désintermédiation numérique »
ou encore « ubérisation ». Dans les deux cas, ce sont des innovations majeures qui rendent
obsolètes des pans entiers de l’activité et détruisent des millions d’emplois. Ce mouvement
naturel de l’économie qui n’a rien de nouveau, critiqué par les uns, encensé par les autres,
n’est que l’expression d’une société et d’une économie de l’innovation qui avance dans une
sorte de jeu à somme nulle. Les emplois détruits dans l’ancienne économie sont reconstitués
dans la nouvelle. Il faut aussi noter qu’à la relation top-down qui caractérisait jusqu’alors les
logiques entrepreneuriales il permet au contraire de substituer une logique bottom-up. Le
backer, à savoir celui qui soutient un projet sur une plateforme comme KissKissBankBank25,
n’est pas un simple client passif, il est au contraire protéiforme : il contribue à la Co-
construction du projet, à son développement, à son rayonnement sur les réseaux sociaux.
N’en déplaise aux théoriciens des accords de Bâle II et III, avec le crowdfunding, il n’est plus
nécessaire de posséder des fonds propres pour prêter, ou de détenir des actifs pour investir,
puisqu’il suffit de mettre en contact ceux disposant de ressources avec ceux qui en
recherchent. Là encore, cet outil de financement ne possède pas d’argent. Cette révolution
crée des conséquences colossales dans le monde numérisé qui se construit sous nos yeux. Elle
est porteuse à la fois de grands espoirs pour le financement de l’activité et de grands risques
pour ceux et celles qui ne cerneraient pas les règles de son fonctionnement.
23www.Kickstarter.com 24 SCHUMPETER J, Capitalisme, socialisme et démocratie. 1942. 368p. Les classiques des sciences sociales. Disponible sur : http//bibliothèque.uqac.uquebec.ca/index.htm 25www.kisskissBankBANK.com
23
SECTION II : Les risques liés au financement participatif.
Lorsqu’il s’agit d’un nouveau moyen de financement des PME, les risques sont présents pour
tous les agents.
II.1 Risques pour les investisseurs
Lesinvestisseurs font face au plus de risques pendant la période de lancement de processus et
une fois le processus fini.
Le risque le plus poignant est celui de la fraude. Dans les systèmes traditionnels de
financement, l’entrepreneur est forcé de maintenir une bonne réputation. Agrawal 26dit qu’en
cas de rencontre habituelle, même sur internet, le vendeur doit se former une réputation pour
signaler contre la fraude par exemple sur eBay ou Airbnb. Mais la quête sur une plateforme
d’investissement participatif est souvent faite en une seule fois. De ce fait, le besoin de se
comporter conformément à la loi est plus bas et le risque de la fraude augmente et sur
Internet, l’anonymat facilite l’usage de fausses informations. Et malgré les efforts des
plateformes pour découvrir les cas de manipulation, l’investissement participatif attire des
criminels professionnels.27
L’autre facteur qui encourage les escrocs potentiels est le fait quel’investissement participatif
diffère du mode de financement traditionnel par la taille des montants d’investissements
individuels. Tandis que les investisseurs qui contribuent parde larges sommes d’argent, ont
l’intention de ne pas perdre la somme en cas de fraudeet alors, ils poursuivent les fraudeurs en
justice. Dans le cadre de l’investissementparticipatif, il s’agit généralement de petits
investisseurs qui ne disposent pas d’assez demotivation pour le faire.
Dans la littérature, les auteurs suggèrent que la fraude peut être empêchée par des
vérifications nécessaires de la foule. Les investisseurs potentiels forment une communauté sur
le site d’investissement. Et en tant que « foule », les investisseurs sont associés au soi-disant
comportement grégaire. Cela veut dire que beaucoup d’investisseurs comptent sur l’idée que
l’accumulation de capital signifie la qualité. Et bien que l’accumulation de capital soit au
début souvent causée par les contributions de la part des familles et d’amis des porteurs de
26 AGRAWAL AG., CATALINI C., GOLDFARB A., « Some simpleveconomics of crowdfunding » (2011), 46p. Disponible sur :http://www.nber.org 27 Ibid
24
projets, cela peut aussi signifier l’opinion qu’ils ont sur le porteur de projet (mais pas
nécessairement sur le projet-même. Les investisseurs tentent d'échanger des informations sur
le projet en ligne par les chaînes de communication. Mellick dit que le taux bas de fraude aux
États-Unis est dû à la capacité des investisseurs d’interagir entre eux et avec les porteurs de
projet.28Tous ces types de comportement constituent un phénomène que l’on appelle : «
sagesse de la foule ». L’autre risque est lié à l’incompétence des porteurs de projets. Ce risque
est assez semblable à celui de la fraude. Il se peut que les porteurs de projets les étalonnent
mal et que le projet attire quand même les premiers investisseurs, membres de la famille et
amis. Eux, ils investissent dans ces projets malgré le risque d’incompétence car ils
investissent de petits montants et en plus, ils diversifient leur investissement.
La régulation américaine mentionne que l’investissement participatif est susceptible de
blanchiment d’argent sale. « Exchange Act Release no. 70741 » dit que:
« Nous croyons que les sécurités offertes ... pourraient être susceptibles au blanchiment
d'argent sale car elles sont de prix bas, elles sont placées à l'offre qui est exemptée de
régistration et n'est pas le sujet de déposition d'un processus d'examen d'une offre registrée.
En plus, nous attendons que beaucoup d'émetteurs ... peuvent être des
Sociétés coquille, qui ont été associées avec un grand risque de blanchiment d'argent
Sale.29
II.2 Risques pour les entrepreneurs
Premièrement, il faut que les entrepreneurs choisissent une plate-forme convenable par
l’analyse du marché – le taux de succès de la plate-forme, la longueur d’une campagne et les
profils de compétiteurs. De plus, les entrepreneurs doivent se poser des questions : si de
pareilles campagnes se lancent à la même période sur un même site, et si cette plate-forme
dispose d’assez d’investisseurs qui pourraient potentiellement devenir actionnaires.
Deuxièmement, s’il s’agit d’un entrepreneur dont le plan d’affaires est novateur,
l’entrepreneur risque qu’en le montrant au public, sans avoir de brevet d’invention, l’idée soit
copiée. Avec les investisseurs traditionnels, l’entrepreneur peut appliquer une mesure
d’accord de confidentialité pour protéger son innovation. Aux États-Unis, ce risque est
28 MOLLICK E., « The dynamics of crowdfunding : An exploratory study » (le 26 juin 2013), in : Journal of business venturing vol, n°2, pp 8-19 disponible sur : http://ssrn.com 29 SEC, Exchange Act Release no. 33-70741, (le 23 octobre 2013), Disponible sur http://www.gpo.gov.com
25
amplifié par « American InventsAct » qui dit que celui qui demande un brevet d’invention en
premier est le propriétaire de l’invention30.
Troisièmement, l’entrepreneur fait face au risque s’il choisit la plate-forme avec modèle «
Tout ou rien ». C’est un risque de ne pas atteindre le montant désiré pendantla campagne.
Dans ce cas, l’entrepreneur ne reçoit aucun investissement bien qu’il ait déjà eu des coûts de
préparation de la campagne31.
Quatrièmement, l’entrepreneur qui choisit de lancer sa campagne de l’investissement
participatif souffre de coûts d’opportunité. L’opportunité est, dans ce cas, le mode de
financement traditionnel car les investisseurs traditionnels peuvent aussi aider l’entreprise par
leur critique.
Ainsi, nous avons analysé le cadre conceptuel de financement participatif d’où découle
notre recherche et maintenant s’en suivra une analyse un peu plus approfondie dans la Dans
La deuxième partie de ce mémoire, où nous allons tenter, à travers une étude empirique, et
qualitative de déterminer si le crowdfunding représente une source de financement alternative
pertinente pour les PME Malgaches.
30TURAN SEMEN S., « Stakeholders in Equity-Based Crowdfunding: Respective Risks over the Equity Crowdfunding Lifecycle », In. Journal of Financial Innovation, Sao Paulo, 2015, vol.1, n°2 p 147. Disponible sur www.ibrif.org consulté le 03 janvier 2018. 31Ibid.
26
PARTIE II : Analyse empirique et qualitative du
financement participatif en capital des PME en Afrique :
cas de Madagascar.
Après avoir analysé la littérature existante à propos du crowdfunding, il nous a paru essentiel
de pouvoir rencontrer des acteurs du crowdfunding pour mieux comprendre comment se
déroule ce financement en pratique. L’objectif principal de cette deuxième partie est de
répondre, à travers des interviews, à la question de recherche suivante : « Dans quelle mesure
le financement participatif contribuera-t-il au développement des PME à Madagascar ? ».
Nous commencerons par décrire la méthodologie utilisée pour effectuer cette analyse
empirique. Après cela nous exposerons et analyserons des études de cas des différents acteurs
et finalement, nous tenterons de répondre à la question de recherche tout en explicitant les
portées et limites de cette étude.
27
CHAPITRE I : Méthodologie
Tout d’abord, en ayant analysé la littérature et les données accessibles à propos du
crowdfunding à Madagascar, nous avons observé qu’il était impossible de procéder à une
analyse quantitative du financement participatif. En effet, le crowdfunding étant un
phénomène relativement récent, il existe à ce jour encore trop peu de données pour permettre
d’effectuer une analyse quantitative relevant.
C’est pour cette raison que nous avons opté pour faire une analyse qualitative sur base
d’études statistiques structurées. Ces études se déroulées en analysant l’implantation du
financement participatif en Afrique Subsaharienne comme à Madagascar.
L’étude qualitative était spécifique mais ils suivaient tous un fil rouge, à savoir répondre à
la question de recherche: « Dans quelle mesure le financement participatif contribuera-t-il au
développement des PME à Madagascar ».
Finalement, pour obtenir un état des lieux plus global du crowdfunding à
Madagascar, nous sommes allés à la recherche d’organismes qui étaient confrontés.
Indirectement avec le crowdfunding à savoir la banque Mondiale, le BAD ou le PNUD.
SECTION I : Introduction
Il existe à Madagascar actuellement deux plateformes pratiquant le crowdfunding. Il nous a
dès lors paru judicieux de contacter une des plateformes à savoir Kapitalplusplus. Elle
pratique principalement le crowdfunding basé sur la prise de participations dans des PME et
offre la possibilité à des investisseurs de prêter de l’argent à des PME. Pour obtenir un état
des lieux plus global du crowdfunding, nous allons aussi analysé les plateformes de
crowdfunding dans le monde permettant de faire une comparaison exhaustive à celle mise en
place à Madagascar, puis, la recherche d’organismes qui étaient confrontés indirectement avec
le crowdfunding
28
SECTION II : Analyse de l’échantillon
II.1 Choix de plateformes de crowdfunding
Avant de faire le choix des plateformes sur lesquelles nous pouvons nous baser pour notre
recherche, nous avons relevé des données sur l’une desplateformesprésentes sur le territoire
Malgache. Ainsi, laplateformedoit:
Être officiellement accessible aux Malgaches.
Être fonctionnelle et légalement constituée,
Être accessible aux producteurs de contenu créatif,
Avoir au moins une campagne ayant levé 3 000 $ou trois campagnes ayant
Levé1 000 $
Avoir au moins 6 projets financés avec succès au cours des 6 derniers mois32
En plus des plateformes issues du répertoire, nous avons intégré d'autres
plateformes retrouvées à travers le moteur de recherche Google et dans des articles traitant du
financement participatif. En tout, 34 plateformes ont été répertoriées en Afrique et en Europe.
Nous avons relevé les caractéristiques sur chacune des plateformes à savoir les règles de
gouvernance (sélectionne ou non des projets, nombre de jours de collecte fixé, etc.), le design
(type de financement), la structure des prix (tarification) et des données sur la performance de
la plateforme (nombre de projets financés par la plateforme depuis sa création, nombres
d'inscrits sur la plateforme). La localisation de chaque plateforme a également été spécifiée.
Sur les 34 plateformes, 11 n'étaient pas fonctionnelles ou étaient édictées dans
unelangueautreque le français ou l'anglais. En définitif, sur 34 plateformes, nous en avons
observé 23. Afin d'être plus à l'aise lors de la collecte de données, nous avonsjugéopportunde
nous concentrer sur des plateformes francophones.
32www.Kapitalplusplus.mg visité le 21 décembre 2018.
29
Parmi ces dernières, Kisskissbankbank et Ulule étaient les plus performantes en termes de
nombre de projets financés dans le cadre du don avec contrepartie et Mymicroinvestdans le
cadre de l’investissement.Kisskissbankbankestune plateforme localisée en France et qui reçoit
des projets en quête de financement en échange de contrepartie. Il arrive que certains
participants fassent des dons simples, c'est-à-dire qu’ils contribuent au financement du projet
maissans choisir de contrepartie. La plateforme perçoit 5% de commissions et 3% de frais
bancaires sur le montant collecté, soit un total de 8% de charge est déduit sur la somme
collectée avant d'être reversée au porteur de projet33.
L'équipe kisskissbankbank effectue un travail de sélection des projets qu'elle reçoit et seuls les
projets acceptés sont présentés sur la plateforme. Tout comme Kisskissbankbank, Ulule est
une plateforme de dons avec contreparties où les participants reçoivent des récompenses en
échange de leurs dons financiers. La particularité sur Ulule est la possibilité d'opter entre deux
modes de collectes : le porteur de projet peut définir un objectif budgétaire, ou un nombre
d'objets/articles à vendre selon le moyen de collecte (carte bancaire). Toutefois, le taux de
commission est de 8% TTC pour les fonds collectés par carte bancaire inférieure à 100 000 €.
34Ulule est une plateforme généraliste qui reçoit une variété de projets, mais qui doivent être
soit créatifs, innovants, solidaires ou à portée citoyenne. Tous les projets soumis sur la
plateforme doivent faire l'objet d'un contrôle par l'équipe et seuls les projets éligibles sont
présentés en ligne. Contrairement à Kisskissbankbank et Ulule, Mymicroinvest est une
plateforme qui permet le financement de projets par la participation au capital et par le prêt.
Pour ta participation au capital, Mymicroinvest a mis en place une structure intermédiaire,
appelé MyMicrolnvest Finance SA. Cette structure rassemble l'ensemble des souscriptions
auprès des investisseurs de la plateforme et investit ensuite, en une fois, le total des montants
récoltés dans l'entreprise.
33 Conditions générales d'utilisation du site http://www.kisskissbankbank.com/fr/pages/terms 34 Conditions générales d’utilisation du site https://fr.ulule.com/about/terms/. Récupéré le 26 novembre 2018
30
De cette façon, l'entreprise n'a qu'un seul actionnaire supplémentaire. MyMicrolnvest Finance
SA prélève une commission de 12% du montant souscrit par l’investisseur.35 Cette somme
correspond aux frais de gestion et de suivi de l'investissement sur une période moyenne de six
ans. L'entreprise qui sollicite le financement travaille en collaboration avec l'équipe de
Mymicroinvest afin de monter le projet de demande de financement en bonne et due forme.
Chaque plateforme comporte un espace forum qui permet aux participants d'échanger avec le
porteur de projet ou d'y poster des commentaires.
II.2 REUSSIR UNE CAMPAGNE DE FINANCEMENT PARTICIPATIF
Les risques et avantages présentés précédemment nous amènent à la question de l’importance
de la campagne de financement participatif afin qu’elle soit menée correctement et avec des
informations de qualité. Réaliser de bonnes campagnes en finance participative devient un
vrai métier, à la fois pour le porteur de projet lui-même (qui n’est pas toujours agile dans sa
stratégie de communication), et pour les plateformes qui peuvent (et ont intérêt) à apporter
leur meilleur support pour assurer le taux maximum de succès des campagnes. L’association
EuropeanCrowdfunding Network36 présente les 5 étapes clés pour réussir sa campagne, dans
un écosystème et contexte règlementaire donnés.
ETAPE 1 : SE FIXER DES OBJECTIFS CLAIRS
Montant nécessaire ?
Quand ?
Pourquoi faire exactement ?
Quel public de financeurs viser
ETAPE 2 : DEFINIR UN MONTANT REALISTE A ATTEINDRE
Fixer la durée (plutôt courte)
Fixer le montant de la collecte (plutôt modeste sinon risque de ne pas atteindre
l’objectif)
ETAPE 3 : BIEN ANALYSER SA « CIBLE » DE FINANCEURS
Lire les sondages sur le profil des crowdfunders
Adapter les messages clés / storytelling / récompenses à ce type de cibles
35 Conditions générales https://www.mymicro in vest.com/FR/terms. Récupéré le 26 novembre2018 36 Source: European Crowdfunding Network (ECN). « Financing in the digital age, how to finance your project with crowdfunding », Crowdfunding guide 2015.
31
ETAPE 4 : METTRE EN EVIDENCE LA PLUS VALUE DE SON PROJET
Présenter de manière détaillée mais concise le projet
Raconter une histoire (« storytelling »), trouver une phrase d’accroche,
attacher des valeurs
Proposer des contreparties efficaces en étalant au maximum les paliers
ETAPE 5 : ETABLIR UN PLAN DE COMMUNICATION ET MARKETING
Bien choisir sa plateforme selon ses valeurs et les valeurs des futurs crowdfunders
Utiliser un beau visuel
Adopter une stratégie de médias sociaux Mobiliser activement son 1er cercle
de contacts
Ainsi, ces étapes sont illustrées dans ce schéma suivant :
Figure 4 : 05 étapes pour réussir une campagne de crowdfunding (source :
Bluebees)
32
II.3 Technique de collecte et analyse des données
II.3.1 Technique de collecte des données
Nous allons maintenant observer ce qu’on appelle le mécanisme de signalement des projets
en adoptant une approche ethnographique virtuelle ou netnographique. La netnographie
consiste à utiliser les techniques de l'ethnographie pour étudier les cultures et les
communautés sur internet (Kozinets, 200237). Pour Hine (2000)38, le rôle de l'ethnographe
consiste à mener un travail d'observation, d'analyse et de documentations des pratiques en vue
de les présenter sous un nouveau jour. Pour les fins de notre recherche nous avons effectué
une récolte de donnée sur des projets sur trois plateformes différentes : kisskissbankbank,
Mymicroinvest et la plateforme Kapitalplusplus.
Une question s'est posée au moment de commencer la collecte des données. Il s'agissait de
savoir s'il fallait suivre le projet tout au long de la campagne de financement, du début jusqu'à
la fin, ou s'il fallait simplement observer des projets qui ont fini leurs campagnes de
financement. Finalement, nous avons fait un test en suivant d'un côté un projet dont la
campagne était en cours et un projet dont la campagne était terminée. Nous n'avons remarqué
aucune différence majeure entre les deux. Nous avons donc décidé d'observer des projets dont
les campagnes de financement sont déjà terminées. Le choix des projets a été fait de façon
aléatoire sur des projets ayant connu du succès de leur campagne de financement, et ceux
ayant connu un échec. Nous avons considéré comme campagne ayant connu un succès, un
projet qui a récolté 100% du montant initial ou plus. Les campagnes ayant échouées sont
celles dont les projets ont récoltés moins de 100% de leur objectif à la fin de la campagne de
financement ou qui ont récoltés zéro fonds. Comme exemple, le nombre de projets ayant
connu succès chez la plateforme malgache est de dix et le nombre de projets ayant connu
échec est de sept.
37Kozinets, R. V. (2002). The field behind the screen: Using netnography for marketing research in online communities. Journal of marketing research p, 61-72. 38Hine, C. (2000). Virtual ethnography.Londres, Sage.
33
Pour Kozinets (2002), la netnographie est basée principalement sur l'observation des discours
textuels, ce qui est une différence fondamentale entre les discours et les comportements
observés lors de l'ethnographie traditionnelle. Afin d'alimenter les variables, nous avons lu
dans les détails et mené des observations sur les présentations des projets, les interactions
entre le porteur de projet et les participants ainsi que les mises à jour apportées dans le projet.
La récolte des données a consisté en un travail qualitatif au cours duquel nous avons décrit les
signaux présents dans les projets observés. Une partie du travail quantitatif consistait à
mesurer l'intensité des signaux. À cette fin, nous avons procédé à une opérationnalisation en
élaborant des codes basés sur les signaux. Les tableaux suivants présentent successivement
l'opérationnalisation de l'intensité de chaque type de signal.
Tableau 1 : Opérationnalisation de l’intensité du signal d'identité39
39 Dans un signal d’identité, le porteur de projet mentionne les diplômes qu’il détient ainsi que le ou les universités ou écoles dans lesquelles il a fait son parcours académique. Il mentionne aussi les entreprises dans lesquelles il a travaillé auparavant ainsi que les postes occupés.
34
Tableau 2 : Opérationnalisation de l'intensité du signal d'attention
Pour ce qui concerne l’intensité du signal d’activation et de camouflage, nous avons établi le
coût comme base de mesure de ces signaux. Le signal d’activation active la qualité du
signaleur et le différencie de ses concurrents (Connelly et al. 2011)40. SelonConnelly et al.
(2011), plus le signal est coûteux, plus il sera rare. C'est également sur le coût que nous allons
mesurer le signal de camouflage, car ce signal vise à divertir l’attention du receveur sur un
40Connelly, L. B., Certo, T. S., Ireland, D. R., et Reutzel, C. R. (2011). Signaling theory: A review and assessment.Journal of Management, 37 (l), p 39-67.
35
handicap potentiel. Son but est donc de retenir l’attention du receveur. De ce fait, nous
déduisons que plus le signal est rare, plus il aura l’attention du receveur.L'éducation est
considérée comme un signal coûteux (Spence, 197341). Il montre qu’il existe une corrélation
positive entre le nombre des investisseurs et le pourcentage des membres détenteurs d'un
Master dans l'équipe porteur du projet.
Tableau 3: Opérationnalisation de l’intensité du signal
d'activation/camouflage
41Spence, M. (1973).Job market signaling.The quarterly journal of Economies, 355-374.
36
Tableau 4 : Opérationnalisation de l'intensité du signal d'imitation
37
Tableau 5 : Opérationnalisation de l'intensité du signal de besoin 42
42 Dans le cas des projets présentés sur Mymicroinvest, le montant minimum est définit par la plateforme et le maximum est laissé à l'investisseur. Ce que la nouvelle plateforme Malgache à aussi pris comme référence.
38
Tableau 6 : Opérationnalisation de l'intensité du signal d'intention
39
Tableau 7 : Opérationnalisation de l’intensité du signal non
intentionnel
40
II.3.2 Validité de la méthode
Afin d'assurer une validité de la méthode de récolte et de codage des données qualitatives,
après avoir décrit les signaux sur les différents projets, nous avons demandé à deux personnes
de donner leur avis sur le travail. Ces personnes ont reçu les signaux relevés des projets, ainsi
que les différentes définitions des signaux. Le but étant de concorder sur les types de signaux.
Par exemple, ce que nous avons identifié comme signal d'identité est-il vu comme tel par une
autre personne?
Ensuite, nous avons codé les intensités des signaux en nous référant aux différents tableaux
établis. Nous avons encore une fois demandé aux deux mêmes personnes qui ont vérifié les
signaux de coder les intensités. Des ajustements ont été faits en comparant les codes que nous
avons attribués et ceux des deux autres personnes.
Cette étude aborde le succès des campagnes de financement des projets du point de vue du
porteur de projet. Ce dernier a en sa possession, une idée dont la réalisation dépend des fonds
récoltés lors de la campagne de financement. Nous nous sommes intéressés à des plateformes
qui fonctionnent selon le principe du tout ou rien. Ce qui signifie que le porteur de projet doit
atteindre son objectif de collecte de fonds pour pouvoir entamer la réalisation de son projet.
De plus, Ce travail de recherche s'appuie sur un échantillon dont la taille est restreinte. La
méthode de récolte de données étant l'observation et en fonction de l'échéance fixée pour la
remise du travail, nous avons pu récolter des donnés sur un petit nombre de projets. Nous
sommes donc dans le cadre d'une étude exploratrice.
Après avoir analysé les succès de campagne de financement du crowdfunding que les
pays en voie de développement peuvent adopter, nous allons maintenant faire une analyse
qualitative des différents acteurs dans le crowdfunding.
41
CHAPITRE II : Un panorama des acteurs et des initiatives de financement
participatif en Afrique Subsaharienne (cas de Madagascar).
La finance participative est un outil relativement adapté pour développer l’activité
économique à Madagascar et en Afrique subsaharienne au regard de la faible bancarisation
des populations (10%) et de l’utilisation croissante du mobile.43
Encore une majorité de plateformes de crowdfunding intervenant en Afrique reste
implantée en dehors du continent. On compte beaucoup de plateformes en France. Sur les 25
plateformes intervenant en Afrique, 13 interviennent sur le modèle du don, 2 en prêts et 6 en
equity (4 plateformes en cours de création n’ont pas encore choisi leur mode d’intervention).
L’Afrique du Sud et le Kenya sont les pays les plus dynamiques en terme de création de
plateformes avec une innovation notable au Kenya : l’utilisation du mobile pour payer
(mobile money) et lancer sa campagne (ex : plateforme M-Changa). Madagascar ne compte
qu’une plateforme de crowdfunding déjà opérationnel et finançant des PME dans leur
développement.
Face à la finance participative, les acteurs du financement plus classiques intervenant dans les
pays du Sud (banques, fonds d’investissement, bailleurs de fonds et acteurs de l’aide publique
au développement…) peuvent adopter 4 attitudes possibles : engager des partenariats avec ces
nouveaux acteurs, ignorer le phénomène, le rejeter, internaliser la pratique.
SECTION I : Analyse du contexte socio-économique propice à la finance
participative
Avec une population relativement jeune et innovante, l’Afrique a un fort potentiel en matière
de développement de l’entrepreneuriat, y compris pour développer son économie tout en
répondant aux défis sociétaux comme la sécurité alimentaire et la crise énergétique44.
Cependant, ce potentiel entrepreneurial nécessite un effort particulier car les entrepreneurs
africains rencontrent un certain nombre de difficultés empêchant la viabilité de leurs projets.
Parmi ceux-ci, on retrouve notamment la difficulté d’accès aux prêts et crédits mis en place
43Banque Mondiale, 2015, http://www.worldbank.org/en/news/press-release/2015/04/13/remittances-growth-to-slow-sharply-in-2015-as-europe-and-russia-stay-weak-pick-up-expected-next-year. 44Selon la Banque Mondiale, environ 60% des africains n’ont pas accès à l’électricité avec de fortes disparités régionales entre l’Afrique Subsaharienne (où 65% des habitants n’ont pas accès à l’électricité); contre 15% en Afrique du Sud et en Afrique du Nord
42
par les banques privées africaines, et le peu d’attention aux projets de développement par les
banques africaines (sauf la Banque Africaine de développement).
Sans solution alternative (du type crowdfunding ou services financiers non-bancaires
offerts par la téléphonie mobile), lefaible taux de bancarisation de la population peut
constituer une barrière conséquente au développement des PME. Cette faible bancarisation
est notamment due au manque de confiance des épargnants envers les banques et à la faible
régulation bancaire en général (qui permet l’existence et le développement de pratiques
bancaires abusives). Pour remédier au faible accès au crédit, le financement participatif
semble s’adapter au contexte économique de l’Afrique, favorisant ainsi l’émergence des PME
: facteur de création d’emploi et de la croissance de l’économie - et par conséquent de la
réduction de la pauvreté. Dans ce contexte de politique de développement, cette étude vise à
recenser les initiatives de financement participatif à destination des pays en voie de
développement notamment à Madagascar.
SECTION II : Présentation et caractéristique des plateformes de
Crowdfunding dans les pays en voie de développement.
L’étude a tenté d’établir un panorama des plateformes de financement participatif intervenant
en 2016 en Afrique. Le secteur présentant des évolutions très rapides, ce recensement n’a pas
l’ambition d’être complet et exhaustif. Un certain nombre de plateformes ont toutefois été
identifiées et sont présentées ci-dessous (incluant les partenariats mis en place, les formes de
financement - don, prêt, prises de participation -, les thématiques concernées, les publics
cibles, les modalités de fonctionnement des appuis mis en place, les contraintes liées à la
réglementation, les critères de viabilité financière appliqués). Ce panorama a été réalisé en
partie grâce à un questionnaire envoyé aux différentes plateformes.
Dans le cas de notre recherche, les plateformes de financement participatif suivantes dédiées
majoritairement aux projets en Afrique ont été identifiées :
43
Tableau 8 : Présentation des plateformes de financement participatif en
Afrique45
Parmi ces plateformes/initiatives de financement participatif, une partie d’entre elles sont
enregistrées en France : Afrikanfunding, Afrikwity, AREAS, Cofundy, DevHope, Fadev, It’s
about myAfrica, Lelapafund. Chacune de ces plateformes est présentée de manière plus
détaillée ci-dessous.
A noté que certains projets de plateformes en cours de création n’ont pas encore défini leur
typologie de soutien : JumpstartAfrica (USA), MelaCrowd (Sénégal), One PlanetCrowd
(Pays-Bas), Afrikanfunding.
Enfin, on trouve des plateformes plus généralistes qui peuvent intervenir
ponctuellement sur des projets en Afrique sous forme de prêts : Babyloan (France), Kiva
(USA) ou Arc Finance (USA), Bluebees (France), Lendosphère (France).
45http://www.fpmed.org (visité le 02 décembre 2018)
44
Il est intéressant enfin de noter la création récente de la première plateforme de
financement Participatif à Madagascar, avec comme partenariat la banque BNI et qui
regroupe des experts du crowdfunding, des chefs de projets, de managers, d’analystes, de
marketeurs, de collaborateurs de formations diverses qui sont prêts à accompagner les PME.
Ainsi, leurs objectifs est de nourrir l’esprit entrepreneurial du plus grand nombre dans le but
de donner l’opportunité de réaliser les rêves car beaucoup ont des idées mais faute de moyen
doivent y renoncer.
II.1 QUELQUES PLATEFORMES ACTIVES EN AFRIQUE
IMPLANTEES AU NORD
45
46
II.2QUELQUES PLATEFORMES IMPLANTEES EN AFRIQUE
Il existe d’autres opérateurs et outils de crowdfunding en don ou en capital dans certains pays
comme à Madagascar, mais l’étude n’a pu les recenser de manière exhaustive. Pour l’instant,
ils financent principalement du don sur projet familial, personnel ou communautaire (mariage,
études, etc.), ils n’ont pas été à ce jour mobilisés pour la gestion des « communs » (eau,
énergies renouvelables produites à partir de ressources locales, environnement/écosystèmes,
biodiversité…).
47
CHAPITRE III : Portée et limites de l’analyse empirique
Section I : Les défis à venir de la finance participative
Rappelons que le crowdfunding est une jeune industrie (moins de 10 ans d’existence),
innovante et en plein essor.
A ce titre, elle a plusieurs caractéristiques :
Les services offerts sont souvent encore peu connus par l’ensemble de la population,
et donc statistiquement également peu connues dans les institutions financières. Les
flux financiers concernés sont souvent encore faibles en proportion des flux
financiers totaux (et en montants unitaires, sur des projets ou investissements petits).
Elle apparaît donc peu à l’agenda des décideurs – qui peuvent se focaliser sur les «
gros sujets » et ne pas percevoir encore le potentiel multiplicatif de la foule dans le
domaine financier – et elle n’a pas encore de réalité tangible pour de nombreux pays
ou métiers financiers traditionnels.
Dans un univers bancaire très règlementé et relativement oligopolistique, une
innovation peut mettre plus de temps à se déployer que dans d’autres secteurs
économiques. Sur les dernières décennies, la dynamique du secteur s’est par ailleurs
focalisée sur le contrôle et transfert des risques (pour assurer la stabilité de ces
organisations financières) plus que sur une fonction orientée « client ou besoin » à
satisfaire. Le temps consacré à l’innovation de produit ou process est en proportion
très faible par rapport à d’autres industries.
Comme toute innovation, elle présente un caractère disruptif, car elle est fondée
sur un modèle plus horizontal (« par la foule ») qui peut à terme faire évoluer
significativement la gouvernance des « communs financiers »60 (création monétaire,
crédit, liquidité…) : Elle crée des circuits courts de financement, elle est largement
désintermédiée, elle permet à « la multitude » d’octroyer des crédits ou d’investir
directement dans des projets. Ce modèle peut bien sûr être utilisé en
complémentarité avec les outils de financement et organisations financières
existantes mais il est possible (ou vraisemblable selon les points de vue) que le
modèle du crowdfundingdéstabilisefortement certaines branches des activités
48
bancaires et financières à terme, en particulier dans les pays qui ne disposaient pas
d’un système bancaire considéré comme mature (n’offrant pas une gamme complète
de services financiers aux ménages et entreprises). Pour preuve, la révolution
numérique et l’usage des réseaux sociaux ont déjà transformé radicalement certaines
industries (ex : Uber versus les taxis, AirBnB vs chaine hôtelières classiques,
Amazon vs librairies, etc), et l’application grandissante à travers le monde du concept
d’innovation frugale (« faire mieux avec moins », Co-innover avec peu de moyens,
théorisée par Navi Rajdou).
Les organisations qui voient arriver de tels nouveaux acteurs peuvent alors avoir
plusieurs attitudes :
« push » - Co-innové avec les nouveaux acteurs pour créer de nouveaux
services ;
« ignore » / « wait and see » en attendant éventuellement que les nouveaux
acteurs grossissent et proposent des schémas ou « paquets de solutions »
pouvant les intéresser ;
« rejeter » en maintenant/renforçant l’exclusion de ces acteurs sur leurs
marchés ;
« adopter rapidement en interne » en créant une nouvelle branche active sur
ces métiers pour se positionner sur un nouveau marché rentable ou répondre
à un nouveau besoin (pour le cas où les services sont nécessaires mais non
destinés à des cibles solvables/projets rentables).
Section II : Etat d’avance des initiatives
Pour les bailleurs et organisations étudiées, leur perception du crowdfunding (CF) et le
peu d’actions enclenchées en lien avec le CF nous indique que nous pouvons les situer
majoritairement dans la catégorie « ignore », et pour quelques-uns, dans la catégorie « wait
and see ».
Les résultats du sondage indiquent que les organisations étudiées n’ont pas de stratégie ou
plan d’action crowdfunding structuré. Certains sondés expriment le souhait de mieux
connaître le crowdfunding, de faire connaissance avec les acteurs, d’échanger des idées. Les
initiatives sont variées, mais les plus avancées concernent la finance participative « equity ».
Des entretiens menés à Madagascar font apparaître des besoins larges :
49
Besoin de financement de l’économie « réelle » dans tous les secteurs, avec une
relative pénurie d’accès aux services financiers par le canal bancaire (crédit) pour des
jeunes entreprises assortie d’une certaine défiance pour une intervention en fonds
propres dans leur entreprise et une préférence pour des prêts.
Peu ou pas d’initiatives crowdfunding des bailleurs dans les champs « don» ou « prêt à
taux faible », qui pourraient satisfaire des besoins fondamentaux / vitaux, socle
indispensable d’un développement local pérenne. Les projets locaux à financer ont
souvent une rentabilité nulle à faible (et/ou un temps de retour long) mais néanmoins
indispensables, et pouvant bénéficier à un nombre plus large d’acteurs (partage de la
rente, même faible): soutien au développement de pratiques agricoles de type
agroécologie, gestion de la ressource eau, petites installations d’énergies
(biométhaniseur, etc.) autre que solaire photovoltaïque.
Section III : Discussion et ouverture
Certaines approches positionnent la finance participative « equity et prêt », sans
surprise, avec un potentiel de collecte de montants et d’efficacité assez important,
grâce à une meilleure connectivité via les réseaux sociaux. Elles restent toutefois assez
théoriques, car elles occultent la question de la nature et l’étendue de ces réseaux
sociaux (locaux/proches/familiaux jusqu’aux « cercles 3 ou 4 » de quasi-inconnus)
ainsi que la propension ou l’intérêt de ces cercles éloignés à s’intéresser ou soutenir
des projets qui leurs sont étrangers.
Rappelons que pour au moins deux raisons évidentes, la finance participative pour ces divers
projets doit se penser tant en Nord-Sud qu’en Sud-Sud :
pour des raisons financières, pour financer au moins partiellement les
actions/projets en monnaie locale et éviter les risques de changes, dans des
contextes où les monnaies locales sont loin d’être stables par rapport à l’Euro
ou le dollar ;
Et pour des raisons sociales, en s’appuyant sur l’usage des réseaux
sociaux locaux (physiques/proches et virtuels/en ligne) et en travaillantla
notion de partage de la rente (financière associée à certains projets, tels que la
production énergétique).
50
Le développement d’approches en soutien à des start-up en privateequity est certes moteur
d’innovation, celles-ci doivent toutefois être diversifiées afin de répondre plus largement aux
besoins :
Pour favoriser un développement durable (dans tous les sens du terme :
économique, humain, environnementale), la redynamisation ou le
renforcement des productions vitales (agricoles, énergies), et donc
l’investissement ou le financement de ces secteurs « socles » dans une
direction « verte » et pérenne nous parait centrale, et cela contribue par ailleurs
favoriser un développement inclusif (ce que des modèles HighTech portés par
quelques urbains ne permettrait pas nécessairement).
Les flux financiers peuvent être préférentiellement adaptés à des modèles à
forte composante humaine (éventuellement léger en investissement en capital
physique, mais nécessitant de l’investissement en compétences), et/ou à des
besoins de financement (de type BFR, préfinancement d’achats/de matières)
plus que d’investissement en fonds propres.
Sur un secteur particulier (agroécologie), c’est l’approche qui a été retenue par la plateforme
Bluebees : prêts de durée assez courte, préfinancement, possibilité de « faire tourner » les
fonds rapidement avec le système de cagnotte, et donc possibilité pour le porteur de projet de
réemprunter. Il est nécessaire de poursuivre l’investigation des tissus locaux propres à chaque
pays, de sorte à :
identifier les acteurs moteurs et les systèmes d’acteurs et partenaires qui
pourraient créer un bon cadre de « capital confiance », de manière
différenciée par pays.
proposer des schémas déclinables selon les types d’acteurs (bailleurs,
entrepreneurs, investisseurs majoritaires, petits participants en finance
participative, habitants qui bénéficient de certains projets), sur les différents
croisements entre secteurs (énergies, eau, PME, etc.) et type de FP (don,
prêt, equity) seront mis en avant.
51
Par ailleurs, les opportunités offertes par le financement participatif ne viennent pas sans
nouveaux défis, notamment pour les institutions publiques. Face à une adoption rapide des
technologies et face au caractère déterritorialisé de l’outil, les prérogatives nationales se
trouvent parfois contestées dans leur principe et leur applicabilité. Face à ces évolutions, les
gouvernements et administrations sont généralement peu préparés. Mal acclimatés aux enjeux
du numérique et aux changements parfois radicaux que la transition numérique peut
représenter pour leur population, pour l’économie ou pour l’environnement politique, ils se
trouvent souvent démunis.
Les régulateurs sectoriels doivent également monter en compétence, renforcer leur
indépendance et leur capacité d’action et savoir trouver un équilibre au service de l’intérêt
général entre le contrôle des usages et la promotion de l’innovation en matière de financement
participatif.
Nous pensons que le positionnement possible des bailleurs de fonds en appui à l’écosystème «
finance participative » peut être de : faire connaître le crowdfunding, appuyer les associations
représentatives du secteur, faire connaître la réglementation existante (dans certains pays au
Nord) et apporter une assistance au développement d’un cadre réglementaire, et enfin
construire des projets collectifs entre bailleurs pour assister cette nouvelle dynamique.
52
CONCLUSION
Dans ce mémoire, nous avons étudié le concept de financement participatif. Nous avons
profondément analysé l’investissement participatif et nous avons illustré nos acquisitions dans
l’analyse du crowdfunding dans des pays d’Afrique Subsaharienne dont se trouve
Madagascar.
D’abord, nous avons étudié la notion de financement participatif. À partir de plusieurs
documents économiques, nous avons synthétisé une définition. Il s’agit alors d'une pratique de
financement de projets ou d’entreprises par la levée de beaucoup de petits montants d’argent,
soit sous forme de don, soit en échange de produits futurs ou selon une forme de récompense,
directement auprès d’un large nombre de personnes particulières, sans les intermédiaires
financiers habituels, de nos jours, typiquement, via Internet. Étant un financement participatif,
le « crowdfunding » diffère du « crowdsourcing » qui est une production participative. Le
financement participatif est un concept vaste qui comporte aussi du « fundraising », une
collecte de fonds. La collecte des fonds s’applique aux organisations à but non-lucratif. Le
financement participatif comprend 4 modèles de base : le financement par les dons, le
financement par les prêts, le financement sans contrepartie financière (prévente) et
l'investissement participatif. Chaque site de financement participatif applique une méthode de
collecte différente, soit « tout ou rien », ou « garder tout ».
Puis, on a vu que Le crowdfunding semble une alternative très intéressante car on
observe que les entrepreneurs ont de plus en plus de mal à lever des fonds via les voies de
financement traditionnelles. De plus le financement participatif permet à l’investisseur de
choisir librement dans quel projet il veut investir. (Larralde et Schwienbacher, 2010). On
parle ici de la désintermédiation des banques. Contrairement au schéma classique où les gens
déposent leur argent sur un carnet d’épargne et les banques décident ensuite de réinvestir cet
argent là où elles estiment que c’est le plus pertinent, le crowdfunding offre l’opportunité aux
entrepreneurs de s’adresser directement aux investisseurs. Il est intéressant d’observer que le
crowdfunding est bien
Plus qu’uniquement un accès à du financement. Il comporte
De nombreux avantages tel que le fait de facilement pouvoir évaluer si un produit est accepté
par le public, le fait de créer des ambassadeurs d’un produit qui vont renforcer le bouche-a
oreille, ou le fait que le crowdfunding favorise la création d’emplois.
53
Mais, Les investisseurs font face aux risques de fraude, d’incompétence des porteurs
de projet, de manque de liquidité et de perte sur l’investissement. Les entrepreneurs courent
des risques concernant le choix de plate-forme, la perte de l’avantage de l’innovation, les
coûts d’opportunité d’autres modes de financement et la faillite de la campagne.
Dans la deuxième partie du devoir, nous avons fait une analyse du crowdfunding en
détail en analysant les choix de plateformes de crowdfunding et comment réussir une
campagne de financement. Sur ces plateformes, nous avons observé des projets à travers la
méthode de l'ethnographie virtuelle. Nous avons étudié chaque projet dans les moindres
détails (caractéristiques du porteur de projet, signaux présents dans la description du projet et
dans les échanges entre porteur de projet et contributeurs sur le forum du projet. En nous
servant de la description des signaux nous avons opérationnalisé la mesure de l'intensité des
différents types de signaux.
A l’issue de l’étude, il apparait que la finance participative peut devenir un précieux
outil complémentaire de l’aide au développement. L’étude a permis de faire ressortir les
points clés : opportunités, risques imaginés ou plus réels, leviers à saisir et moyens de se
positionner de manière robuste. Les bailleurs internationaux passent progressivement de
l’étude à l’expérimentation, et il serait donc à la fois légitime et plus efficace d’avancer
collectivement dans cette direction.
Finalement, étant donné que le crowdfunding est un phénomène récent qui est en
constante évolution, il est impossible d’affirmer comment il va se développer dans le long
terme. Cependant, nous n’observons que le concept, où quiconque peut soutenir tous types de
projets, est très fort valorisé par toutes les parties prenantes mais ne pourra pas remplacer les
modes de financement classiques, mais continuera à être utilisé en complément de ceux-ci.
L’equity crowdfunding séduira les startups qui sont en phase de lancement tandis que le prêt
est plus adapté aux PME plus matures qui n’ont
Pas l’intention d’ouvrir leur capital.
54
BIBLIOGRAPHIE
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II- Webographie
Sites pédagogiques :
55
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Oxford Dictionaries, « Fundraising » disponible sur : http : //www.oxforddictionaries.com. (consulté le 10 décembre 2017).
56
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION ..............................................................................................................................1
PARTIE I : APPROCHETHEORIQUE ...........................................................................................3
CHAPITRE I : L’Univers du financement participatif dans son ensemble. .......................................4
SECTION I :Définitions et Objectifs ...........................................................................................4
SECTION II : Définition d’une plateforme multifaces numérique. ...............................................5
SECTION III : Contexte et raisons d’apparition...........................................................................7
III.1 Historique du « crowdfunding » ...........................................................................................7
III.2 Les raisons d’apparitions .....................................................................................................9
III.2.1 Le rôle du crédit bancaire dans le financement des PME. ................................................ 10
III.2.2Les difficultés d’obtenir des crédits ................................................................................. 12
CHAPITRE II : Modèles et méthodes de financement participatif ................................................. 15
SECTION I : Les différents types de financement ..................................................................... 15
I.1 Le financement par les dons ................................................................................................. 15
I.2 Le financement par les prêts ................................................................................................. 16
I.3 Le financement sans contrepartie financière ou « prévente » ................................................. 16
I.4 Le financement avec prise de participation ........................................................................... 17
SECTION II : Les méthodes appliquées au financement participatif .......................................... 18
II.1 Garder tout ......................................................................................................................... 18
II.2 Tout ou rien ........................................................................................................................ 19
CHAPITRE III : Les Avantages et risques liés au crowdfunding ................................................... 20
SECTION I : Le financement participatif : un levier de développement économique.................. 20
I.1 Le financement participatif pour le développement du territoire............................................ 20
I.2 Un outil pour accompagner les entrepreneurs dans leur développement ................................ 21
SECTION II : Les risques liés au financement participatif. ........................................................ 23
Lorsqu’il s’agit d’un nouveau moyen de financement des PME, les risques sont présents pour tous les agents. .......................................................................................................................... 23
II.1 Risques pour les investisseurs ............................................................................................. 23
II.2 Risques pour les entrepreneurs ............................................................................................ 24
PARTIE II : Analyse empirique et qualitative du financement participatif en capital des PME en Afrique :cas de Madagascar. ......................................................................................................... 26
CHAPITRE I : Méthodologie ........................................................................................................ 27
SECTION I : Introduction ......................................................................................................... 27
57
SECTION II : Analyse de l’échantillon ..................................................................................... 28
II.1 Choix de plateformes de crowdfunding ............................................................................... 28
II.2 REUSSIR UNE CAMPAGNE DE FINANCEMENT PARTICIPATIF .............................. 30
II.3 Technique de collecte et analyse des données ...................................................................... 32
II.3.1 Technique de collecte des données ................................................................................... 32
II.3.2 Validité de la méthode ..................................................................................................... 40
CHAPITRE II : Un panorama des acteurs et des initiatives de financement participatif en Afrique Subsaharienne (cas de Madagascar)............................................................................................... 41
SECTION I : Analyse du contexte socio-économique propice à la finance participative ............. 41
SECTION II : Présentation et caractéristique des plateformes de Crowdfunding dans les pays en voie de développement. ............................................................................................................. 42
II.1 QUELQUES PLATEFORMES ACTIVES EN AFRIQUE IMPLANTEES AU NORD ....... 44
II.2QUELQUES PLATEFORMES IMPLANTEES EN AFRIQUE ........................................... 46
CHAPITRE III : Portée et limites de l’analyse empirique .............................................................. 47
SECTION I : Les défis à venir de la finance participative .......................................................... 47
SECTION II : Etat d’avance des initiatives ................................................................................ 48
SECTION III : Discussion et ouverture ..................................................................................... 49
CONCLUSION ................................................................................................................................ 52
BIBLIOGRAPHIES.......................................................................................................................... 54
I
ANNEXE A : Opportunités et chiffres clés du financement participatif
I) Pour les bailleurs et investisseurs : questions clés et opportunités associées
La finance participative peut-elle devenir un outil à part entière pour l’aide publique au développement ?
Pour les bailleurs, la finance participative est-elle une occasion de se saisir de la révolution numérique et de se réinventer ? Si oui, sur quelles zones d’interventions et sur quels secteurs d’activité est-ce pertinent : infrastructures énergétiques diffuses (énergies renouvelables et minigrid), préservation du capital naturel et agroécologie, soutien aux start-up, appui au commerce local et à l’export, etc. ? Comment cet outil peut-il s’intégrer au sein du réseau d’acteurs locaux ? Comment envisager la concurrence et les synergies avec le secteur bancaire local ? Avec d’autres acteurs de l’aide au développement (ONG, etc.) ?
Comment s’articuler avec la transformation numérique en cours dans certains pays du sud ? (banque sur mobile) Dans quelle mesure la finance participative peut-elle orienter une partie des transferts d’argent des diasporas («
rémittences »), en particulier celles installées au nord, vers les économies des pays du sud ? Quels sont les risques ? Comment prendre en compte les risques d’instabilité, de taux de change, de fraude, des transferts transfrontaliers dans les modèles de financement participatif ? Quels avantages inédits du financement « par la foule », par exemple pour soutenir les petites entreprises qui n’ont pas accès aux financements bancaires classiques ? II) Chiffres clés
Des montants encore faibles (35 Md$ dans le monde à fin 20152) mais une croissance exponentielle, et des
acteurs « poids lourds » comme Kickstarter : 1Md$ de fonds levés, sur 70 000 projets.
Des volumes qui vont essentiellement sur des activités de prêt, puis sur les segments dons et equity.
Des volumes levés et investis sur l’Amérique du Nord et l’Europe de l’Ouest (pour l’instant).
II
SOURCE: Massolution Crowdfunding Report 2015
Des montants projetés à 2020 de l’ordre de 1000 Md$, soit 7,5 fois plus que le volume de l’APD ou du
microcrédit.
III
Une explosion du nombre de plateformes dans le monde avec plus de 450 plateformes dans le monde en 2012
IV
V
ANNEXE B : Analyse SWOT46 du financement participatif
46 L’analyse SWOT est une abréviation pour les mots : Strengths, Weaknesses, Opportunities and Threats équivalent en français de : Force, faiblesse, opportunités, menaces. L’analyse SWOT est généralement utilisée en stratégie d’entreprise pour évaluer les options stratégiques envisageables pour un domaine d’activité. L’analyse SWOT conduit à faire un diagnostic en deux parties. Le premier est en interne tandis que le deuxième est en externe.
VI
Résumé Analytique
Ce mémoire traite du financement participatif en capital ou equity crowdfunding qui a
vu le jour grâce à l’émergence des réseaux sociaux et des plateformes Web. Déjà populaire
dans certains pays, il s’inscrit dans un mouvement de désintermédiation financière et répond
par ailleurs à un réel besoin des petites entreprises à trouver du financement à moindre coût.
Dans les pays développés, c’est par centaine que se compte les plateformes de financement
participatif tandis que dans les pays pauvres, les initiatives sont encore réduites.
A l’issue de l’étude, il apparait que la finance participative peut devenir un précieux
outil complémentaire de l’aide au développement. L’étude a permis de faire ressortir les
points clés : opportunités, risques imaginés ou plus réels, leviers à saisir et moyens de se
positionner de manière robuste. Les bailleurs internationaux passent progressivement de
l’étude à l’expérimentation, et il serait donc à la fois légitime et plus efficace d’avancer
collectivement dans cette direction.
De plus, c’est dans ce contexte que cette nouvelle pratique permettra à des sociétés en
démarrage et à des petites et moyennes entreprises de se financer, il est certain que son
développement devrait créer un engouement de la part du public et contribuer à l’essor
économique des pays africains comme Madagascar.
Mots clés : crowdfunding, investissement participatif, plateforme de crowdfunding,
législation d’investissement, Acteurs internes et externes, typologie des signaux.