Le concept de soi -...
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Le concept de soi et l'estime de soi
M. Sieber Dr lic phil psychologue,
psychothérapeute
Psychologie développement 2013
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Le concept de soi
Ensemble d'idées portant sur soi qui se développent au cours de l'enfance, qui persistent (Bee & Boyd, 2003) ainsi qu'ensemble d'attitudes qui en découlent (Legendre, 1993)
Capacité qu'a chacun de savoir la somme des rôles qu'il joue (Thomas & Michel, 1994)
Ensemble des convictions que les sujets entretiennent au sujet de leur nature, de leurs qualités et de leur comportement (Rogers, 1988)
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Le début du concept de soi (0 – 16/ 18 mois)
Comportements observés chez l'enfant : •Attention conjointe
•Détection de la direction du regard d'autrui (Baron-Cohen, 1999)
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18-24 mois
• « C'est à moi ! » ; « Non! » ; « Oui ! » ; « Je veux ! » : mise en catégories
• Langage • Influence de l'enfant sur son milieu
Epreuve de la tache : reconnaissance dans le miroir (Zazzo, 1981)
l’enfant et son image dans le miroir: R. Zazzo
•10-18 mois: non identification
•15-36 mois : identification partielle
•30-60 mois: identification totale
Étapes de la reconnaissance
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• K7 image spéculaire: enfant et animal • Enfant : Séquence “image
spéculaire” dès 3’ • Animal Séquences :Ces drôles
d’oiseaux: les fortes têtes • 8’23’’: imitation • 31’00 th. Esprit et miroir
Définition de la théorie de l’esprit
« la capacité d’attribuer des états mentaux à soi-
même et à autrui ; cette faculté de déduire la pensée intuitive de l’esprit permet à l’être humain de prédire ce
que les autres feront dans une situation donnée » Baron-Cohen & al. (1985), Premack & Woodruff
(1978)
« la théorie de l’esprit est la capacité de prendre en compte le point de vue d’autrui, qui peut être différent
du nôtre » (Larzul, 2010)
Séquence de développement de la théorie de l’esprit
• Désirs (les personnes peuvent avoir des émotions différentes des siennes)
• Croyances (les personnes peuvent avoir des croyances différentes des siennes)
• Fausses croyances (voir exemple ci-après)
• Emotions (les personnes peuvent montrer des émotions différentes des siennes)
Conséquences de la théorie de l’esprit
• L’acquisition de ces compétences permet l’adaptation sociale, la réussite scolaire.
• Par ex., pour réussir à l’école, l’enfant doit comprendre l’intention de l’enseignante lorsque celle-ci les interroge et décoder les éléments pertinents du contenu de son message pour ignorer les informations non pertinentes. Cette compétence requière une attention sélective et la capacité de se décentrer (théorie de l’esprit) en plus d’une bonne connaissance du langage.
Exemple (Larzul, 2010)
Dans l’intention de mobiliser ses élèves dans une activité d’analyse de la langue, l’enseignante, après quelques exemples, leur demande d’imaginer qu’ils font leur marché et qu’ils n’achètent que des produits où l’on entend le son [i]. Que peuvent-ils donc acheter ? Chacun leur tour, les enfants proposent : riz, saucisse, cerise, abricot, radis, haricot, petits pois. « A toi Maxime ! », Maxime de répondre : salade. Cette réponse illustre que Maxime n’identifie pas l’enjeu pédagogique, il s’est centré spontanément sur la catégorisation sémantique « les produits du marché », voire « les légumes » et non pas sur la catégorisation phonologique « entendre [i] » attendue par l’enseignante.
Le paradigme des fausses croyances: l’histoire de Sally et d’Ann
On demande à l’enfant, témoin de cette situation : où Sally va-t-elle chercher sa bille ?
Réponse correcte vers 3-4 ans
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Concept de soi entre 5-10 ans
• Définition de soi plus abstraite (période opératoire)
• Se caractérise par l’entrée de l’enfant à l’école : nouveaux rôles, nouvelles attentes donc implication sur le développement de l’idéal de soi, de l’estime de soi
• L’enfant apprend à se différencier des autres à travers plusieurs dimensions de son concept de soi
Concept de genre • 3 étapes:
– Identité de genre : 1 an env. Le bébé sait à quel genre il appartient
– Stabilité de genre : vers 4 ans. Le sexe est une caractéristique stable mais pas pour toutes les situations
– Constance de genre: vers 6 ans.
Rôles sexués • Les rôles sexués c’est apprendre les comportements qui se rattachent
au concept de genre c’est-à-dire à l’étiquette du genre sexuel que nous sommes
• Préférence pour les jouets sexuellement stéréotypés dès 18-24 mois ! • Dès 3 ans, ils préfèrent les compagnons du même sexe et accordent
davantage d’attention aux compagnons de même sexe • Comportements sexuels croisés. Tolérance plus élevée chez les filles
que chez les garçons
Témoignages “Je suis comme un ange, je fais tout parfait, la vaisselle, les évaluations, l’intelligence. Je suis intelligent. Je suis un garçon. Mais ma coupe de cheveu est blonde. J’aimerais avoir kla même tête que Bastien qui est en 4P. Il a la tête d’un garçon, lui. Il a le nez comme moi mais il a des cheveux bruns. J’aimerais être comme lui. Il peut faire n’importe quoi.” (témoignage d’un garçon de 8 ans) “je me sens davantage fille que garçon car j’aime plus les jeux de filles que les jeux de garçons. Quand je suis seul en récré, je pleure non pas parce que je suis triste mais pour que les filles viennent me prendre dans leurs jeux” témoignage d’un garçon de 8 ans et demi”
Voir aussi séquence Billy Elliot
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• L'estime de soi
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L'estime de soi
• « C'est comme on se voit, et si ce qu'on voit on l'aime ou pas » (Lelord, 2007)
• C'est ce que l'on ressent entre le décalage entre l'idéal de soi et l'image de soi (cf. Bee & Boyd, 2003)
• L’estime de soi, c’est l’idée positive que l’on a de soi
L’estime de soi est alimentée
par:
Mes façons d’être, de faire, de penser… par rapport à mes objectifs et attentes
réalistes, aux attentes réalistes et objectives des
autres..
Regards positifs des autres
Mes réussites, mes actions
Parents, ami-e, conjoint-e, collègue-s, enfant-s...
Compétences cognitives, professionnelles, ...
Equilibre socio-affectif: attribution causale, impuissance apprise...
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L’estime de soi et idéal de soi
Ce que je souhaiterais être ; ce que je
souhaiterais arriver à faire ; ce que je souhaiterais…
Moi : Mes façons d’être, d’agir, mes
pensées, mes apparences, mes
désirs, mes savoir-faire, mes
possessions…
Je pense à: Et je compare à :
Ce que ressens : c’est mon estime de soi !!!
Regard des autres
Evénements
• Je me rêve: valeurs parentales, culturelles, idéal parental...
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• Amour de soi • Confiance en soi
dispose de deux piliers :
• L'estime de soi
Lelord (2007) L'estime de soi. Paris : Odile Jacob
L’estime de soi est en lien avec:
• L’attribution causale • L’impuissance apprise
Théorie de l’attribution causale (Heider, 1958, Weiner et al, 1972)
Tendance de l’être humain à attribuer une
cause à tout événement, et tendance à agir selon cette conviction.
La « cause » peut être vue comme:
EXTERNE INTERNE
globale spécifique
ou
ou
L’attribution causale peut révéler une estime de soi faible, élevée….
Exemple d’attribution chez une personne avec une faible estime de soi
interne externe global Evénement négatif: je
rate toujours tout ! spécifique Evénement positif: j’ai
réussi cet examen, mais il était vraiment facile
Impuissance apprise: expérience
• Rats entraînés à éviter des petits chocs électriques (prévisibilité possible) – Ils subissent des chocs imprévisibles – Essais frénétiques de sauter – Profonde inertie
• On établit à nouveau la possibilité d’éviter les choc (prévisibilité possible et démontrée)
• Les rats demeurent inertes, ils n’essaient plus d’échapper
Impuissance apprise (Seligman et al., 1975)
• Trois conditions nécessaires: 1. événement(s) négatif(s) incontrôlable(s) 2. attentes négatives 3. passivité, déficit d’apprentissage
Attentes négatives
Explications causales
Symptômes: passivité
tristesse anxiété colère changements neurochimiques atteinte de l’estime de soi
Evénement incontrôlable
Style attributif
Impuissance apprise: adaptation à l’être humain
cognitions comportement
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Les domaines de l’estime de soi se développent différemment
Mon apparence
Ma condition sportive
Mes relations amicales
Mes relations familiales
Mes compétences professionnelles
Ma valeur propre
….
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A quoi je ressemble ? Self Perception Profile Scale, Harter (1979) adapté par Pierrehumbert et al. (1989)
Certains enfants ont un tas de copains
D’autres n’ont pas tellement de copains
• Sport • Social • Scolaire
• Comportement • Apparence • Valeur propre
MAIS
• Pour enfants de 8 à 12 ans environ
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Que signifie donc avoir une faible estime de soi ?
• Avoir un écart important entre son idéal de soi et son image de soi
• Avoir un domaine sensible particulièrement touché
• Avoir plusieurs domaines touchés, voire le noyau central rongé
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Ce qui nuit à l’estime de soi dans l’éducation
?
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Comment reconnaître une personne en souffrance d’estime de soi ?
?