le Bourgeois gentillhomme

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Le Bourgeois gentilhomme Molière Édition de Pauline Reyrat-Justier Monsieur Jourdain, riche bourgeois, rêve de devenir gentilhomme. Pour parvenir à ses fins, il se fait donner des leçons de musique et d’escrime, cherche à obtenir les faveurs d’une belle marquise et veut que sa fille épouse un grand seigneur… Quiproquos, danses et déguisements rythment cette comédie‑ballet, dans laquelle Molière pose un regard critique sur la société de son temps. ISBN 978-2-7011-5633-0 192 pages Classe de Cinquième Théâtre : la comédie

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livret pedagogique

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Le Bourgeois gentilhomme

MolièreÉdition de Pauline Reyrat-Justier

Monsieur Jourdain, riche bourgeois, rêve de devenir gentilhomme. Pour parvenir à ses fins, il se fait donner des leçons de musique et d’escrime, cherche à obtenir les faveurs d’une belle marquise et veut que sa fille épouse un grand seigneur… Quiproquos, danses et déguisements rythment cette comédie‑ballet, dans laquelle Molière pose un regard critique sur la société de son temps.

ISBN 978-2-7011-5633-0192 pages

Classe de Cinquième☛ Théâtre : la comédie

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Arrêt sur lecture 1 p. 24‑30

Un quiz pour commencer p. 24‑25

1 Quels professeurs attendent Monsieur Jourdain au début de la pièce ?� Un

maître de musique et un maître à danser.

2 Quelle acquisition Monsieur Jourdain a-t-il faite récemment ?� Il s’est fait

confectionner une riche garde‑robe.

3 Comment les deux maîtres décrivent-ils Monsieur Jourdain ?� Comme une per‑

sonne riche mais inculte.

4 De quoi Monsieur Jourdain dit-il avoir besoin pour profiter du morceau de

musique qu’on lui a composé ?� De sa robe de chambre.

5 Comment Monsieur Jourdain trouve-t-il le morceau qu’on lui joue ?� Un peu

lugubre.

6 Que veut démontrer chacun des deux maîtres ?� Que sa discipline est plus

importante que les autres.

7 Comment le premier acte se termine-t-il ?� Par une danse.

Des questions pour aller plus loin p. 26‑27

☛ Étudier l’acte d’exposition

Un premier portrait de Monsieur Jourdain

1 Dans la scène 1, qu’apprend-on sur le statut social de Monsieur Jourdain ?�

Dans l’acte I, nous apprenons que Monsieur Jourdain est un « bourgeois ». Cette

catégorie sociale s’oppose à l’aristocratie, à laquelle font référence les expressions

« grand seigneur » (l. 50) et « noblesse » (l. 17). Dès le début de la pièce, il y a donc

une tension entre la catégorie sociale à laquelle appartient Monsieur Jourdain

et celle à laquelle il rêve d’appartenir. Nous apprenons en outre que Monsieur

Jourdain est riche, ses deux maîtres ne cessent de le rappeler à la scène 1 : « ce

nous est une douce rente que ce Monsieur Jourdain » (l. 16‑17), « il les paie bien »

(l. 23‑24), « son argent redresse les jugements de son esprit ; il a du discernement

dans sa bourse ; ses louanges sont monnayées » (l. 47‑49).

2 Cherchez le sens des mots « bourgeois » et « gentilhomme » au xviie siècle.

En quoi l’expression « bourgeois gentilhomme » repose-t-elle sur une contradic-

tion ?� Au xviie siècle, le mot « bourgeois » renvoie à une catégorie sociale intermé‑

diaire entre le peuple et la noblesse. Monsieur Jourdain est un bourgeois, nous

apprendrons par la suite que son père était marchand de tissus. Le terme « gentil‑

homme » renvoie à une autre catégorie sociale et désigne un homme noble de

naissance. Le titre de la pièce allie donc deux termes contradictoires puisqu’on ne

saurait être bourgeois et gentilhomme à la fois.

3 Que signifie l’expression « gens de qualité » ?� Pourquoi revient-elle plusieurs

fois dans les paroles de Monsieur Jourdain ?� Cette expression fait référence elle

aussi à la noblesse. Elle revient de nombreuses fois dans la bouche de Monsieur

Jourdain (l. 9, l. 23, l. 89) car celui‑ci est obsédé par l’idée de ressembler à la

noblesse : « je me fais habiller aujourd’hui comme les gens de qualité » (l. 9). Cette

répétition devient donc comique car elle souligne la naïveté du personnage qui

veut toujours « faire comme » les gens de qualité.

4 Dans l’acte I, relevez les mots appartenant au champ lexical du vêtement.

Quel trait de caractère de Monsieur Jourdain est ainsi souligné ?� Monsieur

Jourdain fait allusion dans cet acte à de nombreux éléments qui renvoient au

champ lexical du vêtement puisqu’il vient de se faire tailler de nouveaux habits.

Le verbe « habiller » (l. 9) ouvre une longue suite de termes en rapport avec ce

thème. Il évoque ainsi son « tailleur » (l. 10, l. 23), les « livrées » (l. 29) de ses domes‑

tiques. Il parle de son « habit » (l. 15) et détaille sa garde‑robe composée de sa

« robe » (l. 31, l. 40, l. 55, l. 56), d’une « indienne » (l. 21), de « hauts de chausses »

(l. 31), d’une « camisole » (l. 32), d’un « déshabillé » (l. 33) et de « bas de soie » (l. 10).

L’abondance de ces termes souligne l’importance qu‘accorde Monsieur Jourdain à

ses vêtements, et contribue à dresser le portrait d’un personnage superficiel. C’est

aussi à travers sa tenue que le bourgeois qu’est Monsieur Jourdain, tente de se

mesurer aux « gens de qualité », en s’habillant comme eux (l. 9).

5 Sur quel prétexte Monsieur Jourdain interpelle-t-il ses laquais au début de la

scène 2 ?� Quelles sont ses véritables intentions ?� Monsieur Jourdain appelle ses

laquais simplement pour les exhiber car il est fier de leurs livrées : en effet, cela lui

donne beaucoup d’importance. Il agit donc comme un enfant, il n’a aucun ordre à

leur donner mais veut simplement impressionner son public.

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6 Les maîtres affirment que les malheurs des hommes pourraient être évités

si tous connaissaient la danse et le chant (scène 2, l. 106-128) : leur propos vous

paraît-il convaincant ?� Comment Monsieur Jourdain réagit-il et quel trait de son

caractère est ainsi révélé ?� Les maîtres tiennent des propos excessifs en pré‑

tendant que la marche du monde dépend de leurs arts et leurs arguments sont

difficiles à soutenir. Ils souhaitent simplement se mettre en valeur à travers leur

discipline pour bénéficier de la générosité de Monsieur Jourdain. Mais celui‑ci

est bien naïf et leur prête raison à tour de rôle : « Cela est vrai » (l. 116), « Vous

avez raison » (l. 120), « Oui, on dit cela » (l. 126), « Cela est vrai, vous avez raison

tous deux » (l. 129), « Je comprends cela à cette heure » (l. 132). Il manque donc

de sens critique puisqu’il ne perçoit pas l’exagération de leurs propos et se laisse

facilement manipuler par les belles paroles des maîtres. Il est également assez

lâche puisqu’il ne veut froisser personne, son seul souci étant de répondre à la

dernière mode.

Une exposition comique

7 « Donnez-moi ma robe pour mieux entendre », ordonne Monsieur Jourdain

avant d’écouter la sérénade (scène 2) : quel effet cette réplique produit-elle ?�

Expliquez pourquoi. Cette réplique est comique car elle contredit la logique. En

effet, nul besoin de couvrir son corps d’un vêtement particulier pour pouvoir

apprécier la musique. Mais le souci de paraître chez Monsieur Jourdain finit tou‑

jours par l’emporter.

8 Monsieur Jourdain hésite à porter sa robe de chambre. Combien de fois

change-t-il d’avis au cours de la scène 2 ?� Quel est l’effet produit ?� Monsieur

Jourdain change trois fois d’avis au sujet de sa robe de chambre (l. 55‑57). Ces

hésitations font rire d’une part parce qu’elles soulignent la frivolité du person‑

nage et d’autre part parce qu’elles peuvent prêter à des jeux de scène comiques :

paroles entrecoupées, agacement des maîtres, etc.

9 Complétez la didascalie de la scène 2, aux lignes 31-33 : décrivez plus préci-

sément le costume et l’attitude que vous choisiriez pour le personnage si vous

étiez metteur en scène, et expliquez pourquoi. Monsieur Jourdain tâte ses vête‑

ments, il passe et repasse devant ses maîtres, s’arrêtant pour faire admirer tel

détail de son habit. Il entrouvre sa robe et exhibe rubans, dentelles et chaussures.

Il a l’attitude d’un enfant qui vérifie soigneusement l’effet qu’il produit. Ses allers‑

retours sont autant de répétitions comiques.

Il est essentiel que Monsieur Jourdain apprécie et exhibe longuement son cos‑

tume en public. C’est le regard des autres qui lui fait plaisir et qui flatte son ego.

Comparez la sérénade du musicien et la chanson que propose Monsieur

Jourdain à la scène 2 (thème, mots et comparaison employés, élégance).

Expliquez pourquoi la succession de ces deux chansons est comique. La séré‑

nade du musicien a pour thème l’amour et notamment la cruauté d’une femme

qui ne se montre pas assez aimante envers son amant. Le niveau de langue est

soutenu (le verbe « languir » en témoigne), la syntaxe est complexe et les figures

de style nombreuses (l’hyperbole sur « nuit et jour », par exemple). L’ensemble

dégage une impression de raffinement et de préciosité, propices à la séduction

d’une femme. La chanson de Monsieur Jourdain aborde le même thème amou‑

reux. Mais la facture est beaucoup plus simple. La syntaxe est réduite à l’ordre

ordinaire des mots, les termes employés appartiennent au langage courant et les

comparaisons sont assez naïves puisque la femme aimée est comparée successi‑

vement à un mouton et à un tigre. Les prénoms des deux femmes résument assez

bien l’opposition de ces deux chansons : Iris est du côté de l’élégance alors que

Janneton est du côté de la simplicité populaire.

L’enchaînement des deux chansons est comique car la préférence de Monsieur

Jourdain va à la seconde ; cela montre bien que ses goûts artistiques sont peu sûrs

et qu’ils ne correspondent pas à ceux d’une personne aspirant au raffinement de

la noblesse.

Une critique moqueuse

Dans la scène 1, relevez les expressions qui forment le champ lexical de l’ar-

gent. Quel est l’objectif des maîtres en donnant des leçons à Monsieur Jourdain ?�

Les expressions suivantes : « douce rente » (l. 16), « paie » (l. 24), « louer avec les

mains » (l. 45), « argent » (l. 47, l. 53, l. 56), « bourse » (l. 49), « monnayées » (l. 49)

et « intérêt » (l. 54) forment le champ lexical de l’argent. Son emploi indique que les

maîtres veulent avant tout s’enrichir en donnant des leçons à Monsieur Jourdain.

Dans la scène 2, relevez les mots qu’emploie Monsieur Jourdain pour dési-

gner la sérénade puis le dialogue en musique composés par les maîtres. À quel

niveau de langue ces mots appartiennent-ils ?� En quoi est-ce drôle ?� Pour dési‑

gner la sérénade, Monsieur Jourdain hésite et emploie beaucoup de termes suc‑

cessifs et inappropriés : « drôlerie » (l. 2), « prologue ou dialogue de chansons et

de danse » (l. 5). Monsieur Jourdain estime que le dialogue en musique est « bien

troussé » et trouve ses « petits dictons » « bien jolis » (l. 190‑191). On voit que son

vocabulaire n’est pas adapté au genre artistique qu’on lui propose et qu’il est assez

naïf et sommaire. Ce décalage entre le spectacle raffiné et la réception qu’en a le

Bourgeois gentilhomme est comique.

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Pour quelle véritable raison Monsieur Jourdain cherche-t-il à se cultiver ?�

Justifiez votre réponse par quelques citations. Monsieur Jourdain se cultive

dans le but d’imiter les nobles qu’il envie. Il n’a de cesse de s’inquiéter de savoir si

les « gens de qualité » pratiquent telle ou telle discipline : « Mon tailleur m’a dit que

les gens de qualité étaient comme cela le matin » (l. 23‑24) ; « Est‑ce que les gens

de qualité apprennent aussi la musique ? » (l. 89‑90).

Lorsque Monsieur Jourdain demande leur avis aux maîtres à propos de ses

vêtements (l. 40-41) puis de sa chanson (l. 80), relevez leurs réponses. Que

peut-on penser de leurs répliques ?� Les maîtres trouvent que Monsieur Jourdain

est très bien habillé : « Elle [l’indienne] est fort belle » (l. 22), « Cela vous sied à

merveille » (l. 25), « Elles [les livrées] sont magnifiques » (l. 30), « Il [le déshabillé]

est galant » (l. 35). De même, ils trouvent que l’air chanté par Monsieur Jourdain

est « le plus joli du monde » (l. 81) et le complimentent : « Et vous le chantez bien »

(l. 82). Les maîtres ne sont pas sincères et ne montrent pas à Monsieur Jourdain

qu’il est parfois ridicule. Ils le flattent pour pouvoir continuer à profiter de ses

largesses.

Des lignes 14 à 25 de la scène 2, quels jeux de scène pourraient accompagner

les répliques des maîtres ?� On pourrait imaginer un double jeu des comédiens

interprétant les maîtres. Ainsi face à Monsieur Jourdain, ils seraient tout miel et

flatteries : politesses exagérées, caresses, admiration marquée. Mais ils pourraient

entre eux montrer leur véritable sentiment, à l’insu de Monsieur Jourdain qui ne

verrait pas leurs mimiques. Ainsi, ils se cacheraient de lui mais ne pourraient résis‑

ter à la tentation de grimacer devant sa garde‑robe ridicule. On peut donc imagi‑

ner un jeu qui serait une sorte d’aparté visuel, et non sonore.

De la lecture à l’écriture p. 28‑29

Des mots pour mieux écrire

1 a. Se repaît ; b. paissent ; c. pâturages ; d. pasteur ; e. pastorale.

2

Du texte à l’image p. 29‑30

➥ Philippe Car, dans sa mise en scène du Bourgeois gentilhomme au théâtre du

Gymnase, 2009. (Image reproduite au verso de la couverture, en début d’ouvrage.)

Lire l’image

1 Comparez le costume, l’attitude et le visage des deux personnages. Que

constatez-vous ?� Les deux personnages portent le même type de costume, en

l’occurrence un kimono, dans deux couleurs contrastées, le noir et le blanc. Leur

posture est identique : les deux personnages lèvent le bras vers le ciel et le balan‑

cent sur le côté. On peut remarquer que le visage du personnage de gauche est

particulièrement souriant. Tout indique que les personnages sont semblables. On

peut même imaginer que l’un imite l’autre.

2 Observez attentivement le personnage de droite : que remarquez-vous quant

à sa taille et à l’apparence de son corps ?� Selon vous, quelle technique est

employée pour représenter ce personnage ?� Le personnage de droite est bien

dupe • • qui dépense excessivement

frivole • • qui accorde trop facilement sa confiance

naïf • • qui se comporte de manière excentrique

benêt • • simple, candide

prodigue • • qui a du goût pour les choses légères, sans importance

extravagant • • plein d’illusions, facile à tromper

crédule • • niais, sot

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plus imposant que l’autre. D’ailleurs si l’on observe bien, on peut distinguer des

ombres derrière lui. Ce personnage est en fait un mannequin géant, un pantin

manipulé par des marionnettistes. Cette technique renvoie à une forme tradition‑

nelle du spectacle théâtral japonais.

Comparer le texte et l’image

3 Quel objet est utilisé pour représenter la tête du personnage de droite ?� Que

peut-on en déduire sur l’identité de ce personnage ?� Sa tête est formée d’une

guitare. Il s’agit bien sûr du maître de musique.

4 À quel passage précis de la pièce cette photographie peut-elle correspondre ?�

On peut imaginer que cette photographie correspond à un passage dialogué de

la scène 2 entre le maître de musique et le Bourgeois gentilhomme, quelque part

entre la sérénade (p. 16) et le dialogue en musique (p. 20‑22). Comme le moment

où Monsieur Jourdain s’inquiète de savoir si les nobles apprennent la musique

(p. 18).

5 Qui semble mener la danse ?� En vous appuyant sur la technique utilisée par

le metteur en scène, dites quelle opinion celui-ci semble avoir quant au compor-

tement de Monsieur Jourdain. Les rapports de domination entre les deux per‑

sonnages sont complexes : on pourrait penser que Monsieur Jourdain domine le

maître de musique car il est riche. Mais la posture imposante du maître de musique

contredit cette première impression. Il semble écraser Monsieur Jourdain et lui

dicter sa conduite. Monsieur Jourdain est en position de faiblesse face à ce maître

qui profite de son argent et de sa naïveté. Enfin la technique de la marionnette

symbolise sur scène ces rapports de domination et de manipulation. Le maître

de musique manipule Monsieur Jourdain en se servant de sa crédulité et de son

enthousiasme béat.

Arrêt sur lecture 2 p. 52‑58

Un quiz pour commencer p. 52‑53

1 Quel est le rang social de la femme dont Monsieur Jourdain est amoureux ?�

C’est une marquise.

2 Pourquoi les trois maîtres se disputent-ils ?� Chacun veut que sa discipline soit

considérée comme la plus importante.

3 Quel personnage est censé apaiser les tensions entre les trois maîtres ?� Le

maître de philosophie.

4 Après de multiples hésitations, quelle discipline le maître de philosophie

enseignera-t-il à Monsieur Jourdain ?� L’orthographe.

5 Sur quoi porte la première leçon donnée à Monsieur Jourdain ?� La prononcia‑

tion des voyelles.

6 De quoi Monsieur Jourdain s’émerveille-t-il à la scène 4 ?� D’apprendre qu’il

parle en prose sans le savoir.

7 Quelle est la véritable raison qui pousse Monsieur Jourdain à prendre des

leçons de philosophie ?� Il veut écrire un billet élégant à la femme qu’il aime.

8 Pourquoi Monsieur Jourdain est-il si enthousiaste à l’égard de son tailleur ?�

Parce que celui‑ci l’appelle « mon gentilhomme ».

Des questions pour aller plus loin p. 54‑55

☛ Découvrir la double fonction de la comédie : divertir et critiquer

Une intrigue amoureuse ridicule

1 À la scène 4, on apprend que Monsieur Jourdain est amoureux d’une femme :

à quelle catégorie sociale appartient-elle ?� Expliquez en quoi cet amour est d’em-

blée compromis à l’époque. Monsieur Jourdain est amoureux d’une personne « de

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grande qualité » (II, 4, l. 127). C’est donc une noble. Cela signifie que le couple serait

constitué d’un bourgeois et d’une noble. Cette différence sociale pose problème

car elle fait de Monsieur Jourdain et de Dorimène un couple d’emblée mal assorti.

2 Monsieur Jourdain apparaît-il comme un prétendant crédible et séducteur ?�

Justifiez votre réponse en vous appuyant sur son caractère, mais aussi sur son

âge probable et sur sa situation familiale. Monsieur Jourdain ne correspond pas

à l’idéal de Dorimène. Tout d’abord, sa naïveté et sa balourdise contrastent avec

le raffinement de la marquise. Monsieur Jourdain est en outre relativement âgé

puisqu’il a « plus de quarante ans » (II, 4, l. 151). Et enfin, Monsieur Jourdain est,

comme on l’apprendra dans la scène 3 de l’acte III, lui‑même marié. Aucun de ces

éléments ne favorise donc l’amour entre ces deux personnages.

3 Qu’attend concrètement Monsieur Jourdain de ses leçons ?� En quoi pour-

raient-elles l’aider dans sa rencontre avec Dorimène ?� Monsieur Jourdain prend

des leçons de danse car il souhaite « faire une révérence » (II, 1, l. 42‑43) à la mar‑

quise quand il la rencontrera. Il prend des leçons de philosophie car il souhaite

« écrire quelque chose dans un petit billet » (II, 4, l. 128) pour la séduire. Enfin, il

fait appel au maître de musique pour que le festin qu’il prévoit soit agrémenté

de musique (II, 1, l. 6‑8). Tout l’intérêt qu’il porte à ces disciplines est donc subor‑

donné au désir de plaire à Dorimène.

4 Monsieur Jourdain veut que le maître de philosophie l’aide à rédiger un billet

pour Dorimène (scène 4, l. 153-173). Comparez la formulation du Bourgeois et

celles que le maître lui propose. Quel est l’effet produit ?� Monsieur Jourdain

songe d’abord à écrire une formule classique mais sensée pour séduire Dorimène :

« Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour ». Comme il refuse d’y

ajouter autre chose que « ces seules paroles‑là » (l. 164‑165), le maître de philoso‑

phie n’a d’autre choix que de lui proposer des formulations ridicules et insensées

qui consistent à reprendre les mêmes mots mais en les agençant dans n’importe

quel ordre. Le résultat est grotesque. Les spectateurs rient de ces inventions mais

comprennent aussi que le maître de philosophie se moque de Monsieur Jourdain.

La comédie des maîtres

5 En vous appuyant sur les modes verbaux, les types de phrase et le vocabu-

laire, montrez que le dialogue entre les maîtres est très tendu (scène 2, l. 33-65).

Les trois maîtres commencent à se disputer car chacun veut faire de sa discipline

la plus haute qui soit. L’animosité est perceptible dans leur manière de s’expri‑

mer. Bien souvent, l’impératif est employé : c’est le mode de la domination par

excellence puisque celui qui l’utilise veut soumettre l’autre à sa volonté : « ne par‑

lez de la danse qu’avec respect » (l. 34), « Apprenez […] à mieux traiter l’excellence

de la musique » (l. 35‑36), « Laissez‑nous un peu lui apprendre à parler » (l. 64). Les

trois maîtres prononcent donc naturellement beaucoup de phrases injonctives. Ils

ont également recours à des phrases exclamatives qui expriment notamment le

mépris teinté d’ironie du maître de musique : « Voyez un peu l’homme d’impor‑

tance » (l. 39). Des phrases interrogatives sont également employées, souvent

destinées à exprimer la sidération et l’indignation des maîtres : « Comment ? petit

impertinent » (l. 52), « Comment ? grand cheval de carrosse » (l. 54).

Enfin, le vocabulaire est empreint d’agressivité, notamment à travers la présence

massive d’injures : « plaisantes gens » (l. 37), « plaisant animal » (l. 40), « Monsieur

le batteur de fer » (l. 44), « petit impertinent » (l. 52), « grand cheval de carrosse »

(l. 54). Les verbes « étrillerai » (l. 60) et « rosserai » (l. 62), conjugués au futur

de l’indicatif, font basculer la scène dans un climat de menace et de violence

physique.

6 Quelles sont les deux raisons pour lesquelles Monsieur Jourdain pense qu’il

ne faut pas défier le maître d’armes (scène 2) ?� Selon vous, laquelle des deux

est-elle principale aux yeux de Monsieur Jourdain ?� Monsieur Jourdain ne cesse

de craindre les attaques des deux autres maîtres à l’égard du maître d’armes. Il

explique qu’il ne faut pas le défier car il « entend la tierce et la quarte » (l. 47) et

qu’il « sait tuer un homme par raison démonstrative » (l. 48). Monsieur Jourdain

s’incline donc devant un homme qui a un pouvoir de vie ou de mort sur les gens

qui l’entourent.

7 Dans la dispute de la scène 2 (l. 33-65), que cherche à faire Monsieur Jourdain

vis-à-vis des maîtres ?� Cette attitude vous paraît-elle avisée ?� Monsieur Jourdain

ne cesse de vouloir calmer ses maîtres et tente désespérément de désamorcer le

conflit. Cette attitude est assez sage car il ne souhaite pas envenimer la situation.

Mais cette neutralité montre aussi la lâcheté de Monsieur Jourdain qui n’a pas le

courage de s’engager et de défendre l’un de ses maîtres.

8 Recherchez dans un dictionnaire l’étymologie et le sens du mot « philo-

sophe ». Le comportement du maître de philosophie dans la scène 3 vous paraît-

il conforme à cette définition ?� Justifiez votre réponse en citant le texte. Le mot

« philosophe » vient du grec ancien et signifie « qui aime la sagesse ». Cela renvoie

à la pratique de la philosophie, comme recherche de la vérité mais aussi à un cer‑

tain comportement, notamment celui d’accepter avec constance et résignation

les épreuves de la vie. Mais au cours de la scène 3, la vanité pousse le maître

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de philosophie à se livrer aux coups : « Le Philosophe se jette sur eux », et aux

insultes : « Infâmes ! coquins ! insolents ! » (l. 43). Le philosophe se laisse dominer

par ses passions, la vanité et la colère, et ne laisse plus parler la voix de la raison.

9 Montrez qu’il y a un décalage entre le sujet de la leçon d’orthographe de

la scène 4 et la façon dont Monsieur Jourdain réagit. La leçon d’orthographe

est tout à fait sommaire et renvoie à des connaissances élémentaires puisqu‘elle

traite de l’articulation des voyelles. Le maître de philosophie apprend donc des

choses très simples à Monsieur Jourdain comme le fait que « la voix A se forme en

ouvrant fort la bouche » (l. 75‑76). Pourtant Monsieur Jourdain ne cesse de mani‑

fester un enthousiasme très marqué lors de cette leçon : « Vive la science ! » (l. 84),

« Ah ! les belles choses ! les belles choses ! » (l. 111‑112). Il y a donc un décalage entre

la grande simplicité de la leçon et l’euphorie dont fait preuve Monsieur Jourdain.

Dans cette leçon d’orthographe, quels éléments comiques se prêtent par-

ticulièrement à des jeux de scène ?� Proposez des didascalies soulignant la

dimension visuelle et sonore du dialogue. La prononciation des voyelles est un

élément potentiellement comique que la mise en scène peut exploiter, en insistant

par exemple sur la déformation du visage qu’impose cette prononciation outrée.

Ce serait surtout Monsieur Jourdain qui serait concerné par la mise en scène

comique car c’est le personnage le plus ridicule de la pièce. On peut également

imaginer plusieurs effets sonores qui rendraient la prononciation des voyelles

grotesque : allongement de la voyelle qui s’étire dans la bouche des personnages,

volume sonore ou toute autre bizarrerie qui rendrait ridicule cette leçon.

L’aspect répétitif des répliques est lui aussi un élément comique à exploiter :

Monsieur Jourdain reprenant, en bon élève, les paroles de son maître.

On peut proposer par exemple pour la ligne 80 : « Monsieur Jourdain ouvre

et ferme les mâchoires de manière très forcée. La première voyelle est lancée

comme un cri de fou alors que la deuxième est étouffée par une bouche presque

fermée. Les sons qu’il produit sont incohérents et dissonants. Son visage est

traversé d’émotions contraires : concentration et excès lorsqu’il prononce les

voyelles, enthousiasme béat lorsqu’il commente ses découvertes. »

La satire d’un monde hypocrite

Devant le spectacle de Monsieur Jourdain s’essayant maladroitement au

menuet (scène 1), comment le maître de musique réagit-il ?� Le maître de musique

est hypocrite car il complimente Monsieur Jourdain : « Voilà qui est le mieux du

monde » (l. 41) alors que le maître à danser n’a eu de cesse de souligner que le

Bourgeois avait encore bien des progrès à faire : « En cadence, s’il vous plaît […]

Ne remuez point tant les épaules […] Vos deux bras sont estropiés […] Haussez la

tête. Tournez la pointe du pied en dehors. La la la. Dressez votre corps » (l. 35‑39).

La remarque du maître de musique n’est que flatterie, celui‑ci doit probablement

penser que Monsieur Jourdain est ridicule.

Lors de la rédaction du billet pour Dorimène (scène 4), montrez que le maître

de philosophie se moque de Monsieur Jourdain. Le maître de philosophie se

moque de Monsieur Jourdain car il sait pertinemment que ses propositions qui

chahutent la syntaxe de la phrase sont ridicules. Il joue de la naïveté de Monsieur

Jourdain. Le ridicule est complet lorsque le maître de philosophie propose fina‑

lement à Monsieur Jourdain de conserver la phrase initiale. Le maître n’a rien

apporté de neuf, et n’a pas aidé Monsieur Jourdain ; il s’amuse au contraire à lui

proposer des énoncés incohérents.

Lorsque Monsieur Jourdain se plaint de ses souliers (scène 5), comment le

tailleur réagit-il ?� Le tailleur nie totalement le fait que ses souliers puissent faire

souffrir Monsieur Jourdain, ce qui se manifeste par des phrases négatives : « Point

du tout » (l. 11), « Non, ils ne vous blessent point » (l. 13). Faisant fi de ce que dit

ressentir le Bourgeois, le tailleur réagit comme s’il savait mieux que le principal

intéressé si les souliers le font ou non souffrir : « Vous vous imaginez cela » (l. 15).

Il se hâte ensuite de changer de sujet de conversation : « Tenez, voilà le plus bel

habit de la cour » (l. 18).

Pourquoi Monsieur Jourdain offre-t-il un pourboire aux garçons tailleurs ?�

Monsieur Jourdain récompense les garçons tailleurs car ceux‑ci emploient pour

le qualifier des formules réservées aux nobles : « mon gentilhomme » (II, 5, l. 60),

« monseigneur » (l. 68) et « Votre Grandeur » (l. 74). Monsieur Jourdain est flatté

de ses paroles qui entretiennent l’illusion selon laquelle l’habit fait le moine.

La fin de l’acte II révèle à la fois un défaut et une qualité de Monsieur

Jourdain : lesquels ?� Monsieur Jourdain se montre donc bien naïf puisqu’il ne se

doute pas que les garçons tailleurs font exprès de le flatter dans le seul but de

gagner de l’argent. Mais on ne peut nier aussi qu’il se montre généreux et qu’il

aime partager sa joie avec les gens qui l’entourent.

En vous appuyant sur des exemples précis, montrez que tous les person-

nages employés par Monsieur Jourdain jouent de ses faiblesses. Le maître de

musique profite de l’obsession de Monsieur Jourdain à vouloir singer la noblesse

pour l’exhorter à organiser « un concert de musique […] tous les mercredis ou tous

les jeudis » (II, 1, l. 12‑13). Le maître d’armes tire parti de sa faiblesse de caractère

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pour s’imposer auprès de Monsieur Jourdain, qui n’ose pas le défier. Comme les

autres, il le flatte (II, 2, l. 17) pour obtenir ses faveurs. Le maître de philosophie

exploite le manque de goût et de culture de Monsieur Jourdain pour se moquer

de lui et lui prodiguer des leçons ridicules (II, 4). Le maître tailleur et ses garçons

profitent de la crédulité de Monsieur Jourdain (II, 5, l. 27) et de sa vanité (l. 64)

pour lui soutirer un pourboire toujours plus généreux.

De la lecture à l’écriture p. 56‑57

Des mots pour mieux écrire

1 a. Bourgeoisie ; b. classe ; c. aristocratie ; d. peuple ; e. clergé ; Tiers‑État.

2

Sens au xviie siècle Sens en français moderne

Cœur Dans le texte, le mot cœur (II, 2, l. 26) a le sens de « courage », de « fermeté ».

Aujourd’hui, le mot est très polysémique mais tend à désigner le siège des sentiments.

Disputer Dans le texte (II, 3, l. 23), le verbe signifie « débattre la question de savoir si ».

Aujourd’hui, le sens le plus courant est « lutter pour obtenir quelque chose » ou bien « faire des remontrances ».

Entendre Dans le texte (II, 4, l. 14), le terme signifie « comprendre ».

Aujourd’hui, il signifie beaucoup plus souvent « percevoir par l’ouïe ».

Galant Dans le texte (II, 4, l. 156), le terme signifie « élégant, distingué, gracieux ».

Aujourd’hui, il désigne beaucoup plus souvent l’attitude de quelqu’un qui est prévenant envers les femmes.

Obliger Dans le texte (II, 5, l. 68), le terme signifie « être reconnaissant ».

Aujourd’hui, le verbe signifie le plus souvent « forcer, contraindre ».

Qualité Dans le texte, le terme renvoie à une noblesse distinguée, notamment dans l’expression « personnes de qualité » (II, 5, l. 27).

Aujourd’hui, le mot a un sens beaucoup plus général et peut désigner l’aspect positif d’une chose.

Souffrir Dans le texte (II, 4, l. 158), le terme signifie « supporter, tolérer ».

Aujourd’hui, il a plutôt le sens de « ressentir une forte douleur ».

Du texte à l’image p. 58‑59

➥ Olivier Martin Salvan et Benjamin Lazar dans la mise en scène du Bourgeois

gentilhomme par Benjamin Lazar au théâtre Trianon, 2004. (Image reproduite en

couverture.)

Lire l’image

1 Quelles émotions le visage de chacun des comédiens traduit-il ?� Le visage du

personnage de gauche exprime l’étonnement, la stupéfaction, notamment du fait

de sa bouche grande ouverte. L’émotion exprimée par le personnage de droite est

plus complexe : son visage incliné et ses yeux légèrement rieurs évoquent la ruse

et même la supercherie.

2 Citez les éléments qui créent un contraste entre les deux personnages. Les

deux personnages contrastent d’abord par leur carrure : l’un est massif alors que

l’autre est plus fluet. Ils contrastent également par leur habit : le personnage de

gauche est haut en couleur, il arbore un bonnet multicolore, une chemise bouf‑

fante ornée d’un gros nœud sur le devant et une culotte à rayures dans les tons

dorés ; le personnage de droite porte, au contraire, un habit sombre, composé

d’une large robe noire agrémentée de manchettes et d’un col de couleur blanche.

Enfin, le personnage de gauche inspire un sentiment d’exubérance alors que

l’autre est beaucoup plus sobre.

3 Comment le visage des comédiens est-il mis en valeur dans cette mise en

scène ?� L’éclairage à la bougie et l’utilisation d’un maquillage assez soutenu per‑

mettent de mettre en valeur les expressions du visage des comédiens.

Comparer le texte et l’image

4 À quel moment précis de l’acte II cette photographie peut-elle correspondre ?�

Citez les lignes concernées. On peut penser à tous les moments où Monsieur

Jourdain reçoit les enseignements du maître de philosophie comme une révéla‑

tion. Ainsi, toutes les répliques telles « Ma foi ! oui. Ah ! que cela est beau » (II, 4,

l. 80) pourraient correspondre à cette image. La photographie peut également

se référer à la leçon de prononciation des voyelles, lorsque Monsieur Jourdain

applique les consignes du maître de philosophie pour prononcer la lettre A : « La

voix A se forme en ouvrant fort la bouche : A » (l. 75‑76).

5 Le maître de philosophie porte la bougie. Que peut-elle symboliser ?� Cet

accessoire est le symbole de son savoir, de l’ensemble des sciences qu’il maîtrise

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ou qu’il est censé maîtriser. La lumière est associée aux choses de l’esprit et à la

connaissance. L’expression « avoir quelques lumières » sur tel sujet témoigne par

exemple des connotations du mot. L’accessoire est donc utilisé sur scène comme

un attribut.

Arrêt sur lecture 3 p. 99‑104

Un quiz pour commencer p. 99‑100

1 Comment Nicole réagit-elle lorsqu’elle aperçoit Monsieur Jourdain ?� Elle se

moque de lui car il est bizarrement habillé.

2 Quelle est la réaction de Madame Jourdain lorsqu’elle aperçoit son mari ?� Elle

le trouve vraiment ridicule.

3 Quelle est la préoccupation de Madame Jourdain ?� Elle veut marier sa fille.

4 Que reproche Madame Jourdain à Dorante ?� Elle lui reproche d’emprunter

trop d’argent à son mari.

5 Pour quelle raison Dorante vient-il rendre visite à Monsieur Jourdain ?� Il veut

lui emprunter de l’argent une nouvelle fois.

6 Quel cadeau Monsieur Jourdain a-t-il offert à Dorimène ?� Un diamant.

7 Pour quelle raison Cléonte et Covielle sont-ils mécontents ?� Ils sont vexés car

Lucile et Nicole semblent les ignorer.

8 Pourquoi Monsieur Jourdain refuse-t-il que Cléonte épouse sa fille ?� Cléonte

n’est pas noble.

9 Pourquoi Dorante invite-t-il Dorimène chez Monsieur Jourdain ?� Monsieur

Jourdain paie tous les frais à sa place.

Des questions pour aller plus loin p. 101‑102

☛ Analyser l’enchaînement des péripéties

Une dispute comique

1 À la scène 2, pourquoi Monsieur Jourdain est-il surpris par la réaction de

Nicole ?� Monsieur Jourdain est déçu car Nicole, au lieu de manifester son admi‑

ration pour son nouvel habit, se moque de lui de manière très insultante. Cette

réaction le surprend car il pensait être habillé à la dernière mode et souhaitait

impressionner sa servante par son élégance et son raffinement.

2 Lors de la scène 3, quelles objections Madame Jourdain et Nicole formu-

lent-elles pour dénoncer les extravagances de Monsieur Jourdain ?� Relevez des

répliques qui montrent qu’elles partagent le même bon sens. Nicole et Madame

Jourdain critiquent Monsieur Jourdain d’une même voix. Elles trouvent ses efforts

vestimentaires et culturels ridicules. Madame Jourdain ne goûte pas les leçons

des maîtres qu’emploie Monsieur Jourdain et déclare : « on dirait qu’il est céans

carême‑prenant tous les jours ; et dès le matin, de peur d’y manquer, on y entend

des vacarmes de violons et de chanteurs, et dont tout le voisinage se trouve

incommodé » (l. 14‑16). De la même manière, Nicole n’apprécie pas ces leçons car

elles entraînent un grand désordre dans la maison : « Je ne saurais plus voir mon

ménage propre, avec cet attirail de gens que vous faites venir chez vous. Ils ont

des pieds qui viennent chercher de la boue dans tous les quartiers de la ville, pour

l’apporter ici » (l. 17‑20). Toutes deux ne comprennent pas non plus l’utilité de tels

exercices : Madame Jourdain s’étonne de ce que son époux veuille « apprendre à

danser » (l. 32) à son âge, tandis que Nicole s’interroge sur son envie de prendre

des cours avec un maître d’armes (l. 34).

3 Lorsque Monsieur Jourdain tente de restituer aux deux femmes la leçon sur

les voyelles, sur quel ton lui répondent-elles (scène 3) ?� Monsieur Jourdain sai-

sit-il ce ton ?� Nicole et Madame Jourdain répondent respectivement à Monsieur

Jourdain : « Oui, cela est biau » (l. 95) et « Voilà qui est admirable » (l. 96). Les deux

femmes se moquent de lui ; en effet, leurs réponses sont ironiques, puisqu’elles

signifient en réalité l’inverse de ce qu’elles semblent dire : Nicole et Madame

Jourdain trouvent la leçon d’orthographe tout à fait désolante. Mais Monsieur

Jourdain prend leurs réactions au pied de la lettre et ne saisit pas l’ironie de leurs

propos.

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4 Pourquoi est-il drôle que Nicole ait le dessus lors de la leçon d’escrime que

Monsieur Jourdain prétend lui donner ?� Lorsque Monsieur Jourdain propose à

Nicole de s’essayer à l’escrime, il ne s’attend pas à ce que ce soit elle qui remporte

le duel. Cette victoire contribue au comique de la scène dans la mesure où elle

inverse les rapports de domination attendus. Tout d’abord Nicole est une femme,

elle n’est donc pas censée gagner. De plus, c’est une servante, elle est donc infé‑

rieure socialement à son adversaire. Enfin, elle est totalement novice alors que

Monsieur Jourdain se présente comme savant. La victoire de Nicole ridiculise

donc Monsieur Jourdain, et témoigne du peu d’efficacité des leçons du maître

d’armes.

5 Lorsque Monsieur Jourdain affirme que Dorante lui rendra l’argent prêté,

son épouse rétorque « il ne manquera pas d’y faillir ». Reformulez cette phrase.

Qui avait raison d’après la fin de l’acte III ?� Madame Jourdain veut dire qu’il est

certain que Dorante manquera à sa parole, c’est‑à‑dire qu’il ne remboursera pas

ses dettes. Madame Jourdain est lucide car nous apprenons, en lisant la suite de

l’acte III, que Dorante est venu en réalité pour emprunter davantage d’argent plu‑

tôt que de rendre ce qu’il doit : « Mettez encore deux cent pistoles que vous m’allez

donner » (l. 77) dit‑il à Monsieur Jourdain.

Les manœuvres de Dorante

6 Juste avant d’aborder la question de l’argent, Dorante fait allusion au roi

(scène 4, l. 19-20). Dans quel but ?� Comment Monsieur Jourdain réagit-il ?�

Dorante fait croire à Monsieur Jourdain qu’il a parlé de lui au roi. Ce mensonge

est destiné à le flatter. Monsieur Jourdain réagit comme Dorante l’avait prévu : il se

laisse impressionner par ces propos. Cette stratégie est efficace car elle permet à

Dorante d’amadouer Monsieur Jourdain pour mieux lui soutirer de l’argent.

7 Comment Dorante parvient-il à obtenir un nouveau prêt auprès de Monsieur

Jourdain ?� Dorante élabore une ruse pour pouvoir emprunter à nouveau de l’ar‑

gent à Monsieur Jourdain. En effet, il feint de venir régler ses dettes : « je viens ici

pour faire nos comptes ensemble » (scène 4, l. 42‑43). En réalité, après avoir réca‑

pitulé la somme de ce qu’il lui doit, il demande pour finir de porter ce résultat à un

compte rond qu’il promet de rembourser en totalité plus tard : « Somme totale est

juste : quinze mille huit cents livres. Mettez encore deux cents pistoles que vous

m’allez donner, cela fera justement dix‑huit mille francs, que je vous paierai au pre‑

mier jour » (l. 76‑79). Cette stratégie lui permet de soutirer une nouvelle somme

d’argent à Monsieur Jourdain au moment même où il annonce venir rembourser

ses dettes.

8 À la scène 15, quelle réplique fait comprendre au spectateur que Dorante a

trahi Monsieur Jourdain ?� Relevez au moins deux faits à propos desquels il lui

a menti. Lorsque Dorimène déclare : « les déclarations sont venues ensuite, qui

après elles ont traîné les sérénades et les cadeaux que les présents ont suivis »

(l. 14‑16), le spectateur comprend que Dorante s’est malhonnêtement attribué

tous les efforts de galanterie de Monsieur Jourdain. Le doute n’est plus permis

quand la marquise évoque le « diamant » (l. 38) que lui aurait offert Dorante. Peu

après, elle s’inquiète « des dépenses qu’[elle] [lui] voi[t] faire pour [elle] » (l. 31‑32).

Dorante profite ainsi de la reconnaissance de Dorimène pour des cadeaux qui

relèvent en réalité de la générosité de Monsieur Jourdain. Il ment donc à son

prétendu ami.

9 À la scène 15, Dorimène est-elle informée des mensonges de Dorante ?�

Retrouvez les deux répliques de la scène 16 qui lui révèlent l’hypocrisie de

celui-ci envers Monsieur Jourdain. À la scène 15, Dorimène ne sait pas que

Monsieur Jourdain est à l’origine de toutes les largesses qu’elle attribue faus‑

sement au comte (l. 10). Celui‑ci lui présente leur hôte comme « un bon bour‑

geois assez ridicule » (scène 16, l. 17) juste avant de proclamer devant Monsieur

Jourdain que « c’est le meilleur de [s]es amis » (l. 20). Ces deux discours contra‑

dictoires montrent à quel point Dorante est faux et hypocrite envers le Bourgeois

gentilhomme.

À l’issue de l’acte III, quelle information importante Dorimène ignore-t-elle

toujours ?� Qui sont les seules personnes à la connaître, et quel effet cela pro-

duit-il ?� Dorimène ignore toujours que c’est Monsieur Jourdain qui lui a offert le

diamant ; seuls les spectateurs — avec le Bourgeois et Dorante — connaissent le

véritable auteur du présent. Aussi peuvent‑ils s’attendre à de nombreux quipro‑

quos et péripéties dans l’acte suivant.

Une union menacée

Quelles sont les relations entre les deux couples d’amoureux au début et à la

fin de la scène 10 ?� Quel effet la brièveté des répliques produit-elle ?� Au début de

la scène 10, Cléonte et Lucile ainsi que Covielle et Nicole sont en mauvais termes.

Les hommes se plaignent que les femmes les dédaignent. À la fin de la scène,

les deux couples se sont réconciliés car ils ont réussi à dissiper un malentendu.

La brièveté des répliques prononcées par les personnages assure un grand dyna‑

misme à cette scène et souligne tout à la fois la symétrie des sentiments vécus par

les deux couples et leur différence de niveau social, de par le registre de langue

utilisé.

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Quelle requête Cléonte présente-t-il à Monsieur Jourdain au début de la

scène 12 ?� Observez la répartition de la parole des lignes 1 à 22 : que semble-

t-elle révéler ?� Cléonte vient demander à Monsieur Jourdain la main de sa fille.

On observe une large disproportion entre la longueur des répliques de Cléonte et

celle, très courte, de Monsieur Jourdain. Ce dernier ne s’intéresse qu’à une chose :

le rang social du prétendant. La brièveté de sa réplique souligne son désintérêt

pour les sentiments éprouvés par les jeunes gens.

De quelles qualités morales Cléonte fait-il preuve lorsqu’il explique à

Monsieur Jourdain qu’il n’est pas noble (scène 12) ?� À qui semble-t-il faire allu-

sion aux lignes 12 à 16 ?� On peut reconnaître à Cléonte son honnêteté et sa fran‑

chise puisqu’il ne ment pas sur son rang social ; il est roturier et ne le cache pas :

« Je ne suis point gentilhomme » (l. 21‑22). Il est également courageux car il sait

qu’il va gravement décevoir le père de Lucile en avouant qu’il n’est pas noble.

Enfin, se dégage de ce portrait un certain mérite personnel de Cléonte, puisque

celui‑ci déclare : « Je me suis acquis dans les armes l’honneur de six ans de ser‑

vices » (l. 17‑18). Si Cléonte ne souhaite pas mentir sur son origine sociale, c’est

parce qu’il estime que « toute imposture est indigne d’un honnête homme, et qu’il

y a de la lâcheté à déguiser ce que le Ciel nous a fait naître, à se parer aux yeux

du monde d’un titre dérobé, à se vouloir donner pour ce qu’on n’est pas » (l. 12‑16).

Ces propos ne sont pas sans rappeler l’attitude de Monsieur Jourdain qui fait tout

pour paraître une personne de qualité au point de renier ses origines : « Si votre

père a été marchand, tant pis pour lui ; mais pour le mien, ce sont des malavisés

qui disent cela » (l. 38‑39).

Pourquoi Monsieur Jourdain refuse-t-il d’accéder à la demande de Cléonte ?�

Relevez la réplique qui le prouve. Monsieur Jourdain refuse cette union du fait de

l’origine sociale de Covielle : « Vous n’êtes point gentilhomme, vous n’aurez pas ma

fille » (l. 26‑27).

De la lecture à l’écriture p. 103

Des mots pour mieux écrire

1 a. Avoir le caquet bien affilé : être trop bavard, tenir des propos futiles ou

médisants.

b. Rendre la jambe mieux faite : n’apporter aucun avantage (ironique).

c. Être une vache à lait : désigne une personne dont on tire un profit continuel, à

qui on emprunte sans cesse de l’argent.

d. Pour renfort de potage : en plus, avec une nuance péjorative.

e. Il y a anguille sous roche : il se trame une intrigue secrète dont on soupçonne

l’existence.

f. Quelle mouche l’a piqué ? : pourquoi se met‑il en colère soudainement ?

2 a. Dupe ; b. Judas ; c. infidélité ; d. perfide ; e. scélérat.

Arrêt sur lecture 4 p. 121‑127

Un quiz pour commencer p. 121‑122

1 Comment Dorante trompe-t-il Monsieur Jourdain ?� Il prétend être à l’origine

des cadeaux que Monsieur Jourdain a offerts à Dorimène.

2 Quel événement vient troubler le festin ?� Madame Jourdain fait irruption.

3 Quelle ruse Covielle utilise-t-il pour aborder Monsieur Jourdain à la scène 3 ?�

Il se déguise en voyageur.

4 Selon Covielle, quel personnage important souhaite épouser Lucile ?� Le fils

du Grand Turc.

5 Quelle serait la contrepartie de ce mariage pour Monsieur Jourdain ?� Il pren‑

drait le titre de Mamamouchi.

6 Quel autre personnage se déguise dans cet acte ?� Cléonte.

7 Comment cette mascarade se termine-t-elle ?� Monsieur Jourdain est anobli

au cours d’une cérémonie turque.

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Arrêt sur lecture 4

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Des questions pour aller plus loin p. 123‑124

☛ Comprendre le fonctionnement du théâtre dans le théâtre

La comédie des sentiments

1 Dans la scène 1, Dorante prend soin de souligner qu’il est à l’origine du repas

offert à Dorimène. Retrouvez sa réplique. Pourquoi insiste-t-il sur ce point ?�

Dorante dit à Dorimène avec insistance : « Le repas n’est pas digne de vous.

Comme c’est moi qui l’ai ordonné, […] vous n’avez pas ici un repas fort savant »

(l. 8‑10). Il tient à faire croire à la marquise que, bien que le repas ait lieu chez

Monsieur Jourdain, c’est lui qui est à l’origine de ce festin. Encore une fois, il s’at‑

tribue les efforts de galanterie de Monsieur Jourdain.

2 Expliquez pourquoi Monsieur Jourdain se défend d’admirer ouvertement le

diamant de Dorimène. Monsieur Jourdain obéit ainsi aux conseils de Dorante qui

lui explique, à la scène 16 de l’acte III, qu’il serait maladroit de montrer qu’il est l’au‑

teur de ce cadeau. Dorante lui conseille ainsi de ne point faire de commentaires

sur le diamant, ce qui lui permet de mieux s’octroyer le rôle de l’amant généreux.

Pour éluder une situation qu’il trouve embarrassante, Monsieur Jourdain choisit

donc de ne pas évoquer le cadeau dont il est pourtant si fier.

3 Cherchez dans un dictionnaire le sens du mot « quiproquo » et expliquez en

quoi il peut s’appliquer aux scènes 1 et 2. Un quiproquo désigne au théâtre une

erreur qui consiste à prendre une personne pour une autre. Dans ces scènes, il y a

effectivement une confusion sur l’identité des personnages car le rôle de l’amant

généreux est attribué de manière fallacieuse à Dorante alors qu’en réalité il s’agit

de Monsieur Jourdain.

4 Par quels moyens Dorante monopolise-t-il la parole dans la scène 1 ?� Pour

quelle double raison ?� Dorante décrit de manière fort minutieuse le repas qui va

être donné en l’honneur de Dorimène. Ce long discours énumératif et descriptif

est un premier moyen de monopoliser la parole. Il coupe aussi la parole à Monsieur

Jourdain plusieurs fois. Cette stratégie discursive s’explique de deux façons. Tout

d’abord, il veut impressionner Dorimène et cherche donc à se mettre en valeur en

parlant sans cesse. Mais réduire Monsieur Jourdain au silence lui permet égale‑

ment d’éviter au quiproquo de s’éventer : moins Monsieur Jourdain parle, moins

Dorimène risque d’apprendre la vérité.

Monsieur Jourdain, un pantin manipulé

5 Dans la scène 2, sur quel ton Madame Jourdain s’adresse-t-elle à son époux ?� En vous appuyant sur la répartition de la parole et sur ses répliques, montrez qu’elle n’est pas une épouse soumise. On observe tout d’abord que c’est Madame Jourdain qui est à l’initiative de ce dialogue puisqu’elle vient interrompre le festin. Elle ne cesse de s’opposer à son mari en l’accusant d’infidélité : « c’est ainsi que vous festinez les dames en mon absence, et que vous leur donnez la musique et la comédie, tandis que vous m’envoyez promener ? » (l. 6‑8). À aucun moment, elle ne se tait, elle est sûre de ce qu’elle avance et persiste dans ses accusations, sans se laisser manipuler par les propos trompeurs de Dorante. Son ton est combatif et déterminé : elle ne craint pas la colère de son mari.

6 Par quel argument Dorante justifie-t-il la situation lorsque Madame Jourdain fait irruption à la scène 2 ?� En quoi son mensonge est-il doublement habile ?� Pour sauver la situation, Dorante ment et déclare : « Apprenez que c’est moi [qui donne ce régal à Madame] » (l. 12). Ce mensonge est doublement astucieux car d’une part, il permet de calmer la colère de Madame Jourdain et d’autre part, de donner davantage de poids à son mensonge en s’attribuant face à la marquise les mérites du festin organisé par Monsieur Jourdain.

7 En quoi la ruse de Covielle est-elle aussi une forme de revanche ?� Inventer la fable du fils du Grand Turc amoureux de Lucile, permet à Covielle de soumettre Monsieur Jourdain à son bon plaisir. La hiérarchie sociale est donc inversée : c’est un valet qui mène la danse et qui parvient à manipuler le maître en jouant de sa faiblesse.

8 Relevez les termes appartenant au champ lexical du théâtre dans les lignes 1 à 6 de la scène 5. Monsieur Jourdain a-t-il conscience de participer à cette comédie ?� Les expressions « appr[endre] son rôle par cœur », « jouer » et « ajusté » renvoient au monde du théâtre. La ruse de Covielle instaure une comédie où cha‑cun joue un rôle. Seul Monsieur Jourdain n’a pas conscience de prendre part à une comédie.

9 Malgré leur différence sociale, quelle relation unit Covielle et Dorante au début de la scène 5 ?� Montrez que deux camps sont en train de se constituer au cours de cet acte, et qu’ils sont inégaux. Covielle et Dorante sont complices au début de cette scène : ils rient en effet ensemble de la farce qu’ils sont en train de jouer à Monsieur Jourdain. On constate qu’au cours de l’acte IV, deux camps se forment : Dorante, Covielle, Dorimène, Madame Jourdain et Cléonte se liguent contre Monsieur Jourdain. Tous lui mentent ou le manipulent. Il demeure seul face à la duperie généralisée dont il est victime.

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Une turquerie

Quel est le but de la mascarade organisée par Covielle et Cléonte ?� L’invention

du personnage du fils du Grand Turc permet à Covielle et Cléonte de faire accepter

à Monsieur Jourdain le mariage entre Lucile et Cléonte.

Citez les didascalies des scènes 3 et 4 qui indiquent que les personnages sont

déguisés. Les didascalies suivantes : « Covielle, déguisé » et « Cléonte, en Turc,

avec trois pages portant sa veste » indiquent le travestissement des personnages.

Relevez tous les éléments du discours de Covielle (scène 3) qui semblent peu

vraisemblables. Comment le valet s’y prend-il pour faire tout de même accepter

la situation à Monsieur Jourdain ?� Tout d’abord, Covielle se faisant passer pour un

voyageur, il est assez peu crédible qu’il ait pu connaître Monsieur Jourdain enfant,

comme il le prétend : « Je vous ai vu que vous n’étiez pas plus grand que ça » (l. 4).

Puis il annonce que le fils du Grand Turc est amoureux de Lucile : « il veut être votre

gendre » (l. 53). Les circonstances de cette rencontre ne sont pas précisées mais

tout cela paraît bien extraordinaire. Enfin l’annonce de la distinction de Monsieur

Jourdain par le titre de Mamamouchi et de la venue du fils du Grand Turc est un

événement inouï qui vient clore la scène. Recevoir autant d’heureuses nouvelles

en si peu de temps est difficilement vraisemblable. Mais Covielle est plein de ruse

et sait comment parvenir à ses fins. En effet, il redouble de flatteries pour mieux

endormir la vigilance de Monsieur Jourdain. Il le régale de compliments : « Vous

étiez le plus bel enfant du monde » (l. 6) et lui invente une lignée aristocratique :

« [Votre père] était un fort honnête gentilhomme » (l. 11). En disant à Monsieur

Jourdain ce qu’il souhaite entendre, le valet endort sa méfiance et peut ainsi le

manipuler à sa guise.

Dans les scènes 3 à 5, que pensez-vous du rapport entre la fausse langue

turque et sa traduction ?� Sur quoi Covielle et Cléonte s’appuient-ils pour inven-

ter les mots ?� La langue inventée et utilisée par Covielle et Cléonte n’est pas du

turc. Elle est en fait un assemblage de mots déformés ayant parfois un rapport

au latin, à l’italien ou à l’espagnol. Ainsi, c’est une langue dont on peut deviner

quelques mots qui sont assez transparents, même si l’ensemble ne renvoie à

aucun modèle connu.

Relevez une citation montrant le décalage entre la longueur de l’énoncé en

turc et en français, une autre prouvant que certains mots sont trop facilement

compréhensibles, et enfin un passage où les sonorités sont source de comique.

Lorsque Cléonte dit « Bel‑Men » (scène 4, l. 14) et que Covielle le traduit par « Il dit

que vous alliez vite avec lui vous préparer pour la cérémonie, afin de voir ensuite

votre fille, et de conclure le mariage », le spectateur se rend compte de la dispro‑

portion entre la brièveté de la langue turque et la longueur de sa traduction en

français. Ce décalage est source de comique. Certains mots inventés ressemblent

beaucoup au français, comme par exemple « Ti non star furba ? » (scène 5, l. 40)

où l’on reconnaît facilement le mot fourbe. Enfin, l’invention « Cacaracamouchen »

(scène 3, l. 73) fait sourire les spectateurs par ses sonorités triviales, en décalage

avec la traduction galante « ma chère âme ».

Quels sont les spectateurs de la cérémonie turque ?� Quelle relation est

ainsi instaurée entre le public dans la salle et les personnages sur la scène ?�

Dorimène, Dorante, Madame Jourdain, Covielle, Cléonte et enfin les comédiens de

la turquerie assistent à l’ennoblissement du Bourgeois gentilhomme. Il y a donc

deux publics : un qui assiste au spectacle sur scène et un autre qui assiste au spec‑

tacle dans la salle. Une complicité s’instaure entre les spectateurs et ces person‑

nages, à la défaveur de Monsieur Jourdain.

De la lecture à l’écriture p. 125

Des mots pour mieux écrire

1 Dans la première expression, le verbe « ravir » a un sens figuré et signifie

« charmer ». Dans la seconde expression, le verbe a son sens premier qui signifie

« enlever de force ».

2 a. Costume ; b. travestissement ; c. masques ; d. fardé ; e. grimée.

Du texte à l’image p. 126

➥ Michel Robin et Éric Génovèse dans la mise en scène du Bourgeois gentil-

homme de Jean‑Louis Benoit à la Comédie‑Française, 2001. (Image reproduite au

verso de la couverture, en début d’ouvrage.)

Lire l’image

1 Décrivez le costume des deux comédiens. Dans celui du comédien de gauche,

relevez au moins deux éléments qui évoquent l’Orient. Le costume du per‑

sonnage de gauche est de couleur globalement claire. Il est composé d’un long

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manteau sans manche, d’une chemise claire et d’un pantalon bouffant et cha‑

marré. Il porte deux accessoires typiques de l’Orient : un grand turban orné d’une

plume, qui couvre sa tête et un long sabre ouvragé qu’il porte à la ceinture. Le

personnage de droite porte un costume plus représentatif de la mode occidentale.

Il est très coloré et sophistiqué : il se compose d’une veste, d’un pantalon bouffant,

de bas de soie, et d’une camisole. L’ensemble dégage une impression de préciosité

et d’extravagance.

2 Décrivez la position des mains de chaque comédien. Que révèle-t-elle de

chacun des personnages ?� Le personnage de gauche lève les deux mains au

ciel. Fasciné par un objet qui n’est vraisemblablement pas sur scène, il semble

absorbé et sous le charme d’une vision. Le personnage de droite porte une main

sur la hanche et la seconde à sa bouche. Il exprime ainsi l’étonnement et une

curiosité envers le discours que semble tenir l’autre personnage.

Comparer le texte et l’image

3 Relisez les didascalies des scènes 3 et 4 et dites à quel passage précis cette

photographie peut correspondre. On peut imaginer que cette photographie ren‑

voie au passage de la scène 3 où Covielle annonce à Monsieur Jourdain que le fils

du Grand Turc veut être son gendre. Un tel destin pourrait expliquer l’air émer‑

veillé de Covielle et la stupeur du Bourgeois gentilhomme, renvoyer par exemple à

la réplique : « Mon gendre, le fils du Grand Turc ! » (l. 53).

4 Observez le visage du comédien de droite et sa façon de se tenir. Quel aspect

de l’identité de Monsieur Jourdain est accentué dans cette mise en scène ?� Quel

est l’effet produit ?� Tout dans la gestuelle et les mimiques de Monsieur Jourdain

indique une grande crédulité. Il semble déjà conquis par le tableau qu’évoque

Covielle. Le jeu du comédien insiste donc beaucoup sur la naïveté de Monsieur

Jourdain. Son attitude est quelque peu ridicule et le spectateur est amené à se

moquer de ce personnage que l’on dupe si facilement.

Arrêt sur lecture 5 p. 150‑154

Un quiz pour commencer p. 150‑151

1 De quoi Monsieur Jourdain est-il très fier au début de l’acte V ?� Il a été fait

Mamamouchi.

2 Quelle décision Dorimène prend-elle au début de l’acte V ?� Elle décide d’épou‑

ser Dorante.

3 Pourquoi Lucile accepte-t-elle finalement d’épouser le fils du Grand Turc ?�

Elle reconnaît Cléonte sous le déguisement.

4 Pourquoi Madame Jourdain est-elle en colère contre sa fille ?� Celle‑ci accepte

d’épouser le Grand Turc comme l’ordonne son père.

5 Combien de mariages sont prévus à la fin de la pièce ?� Trois.

6 Pourquoi le dernier divertissement se nomme-t-il le « ballet des nations » ?�

Des musiciens de plusieurs nationalités chantent l’amour.

Des questions pour aller plus loin p. 152‑153

☛ Étudier le dénouement de la pièce

Le mariage des jeunes amoureux

1 Pourquoi est-il particulièrement amusant que Lucile demande à son père s’il

joue la comédie lorsqu’il lui annonce qu’elle va se marier avec le fils du Grand

Turc à la scène 5 ?� Lucile est surprise et indignée que son père la propose en

mariage à un inconnu. C’est la raison pour laquelle elle lui demande s’il s’agit là

d’une « comédie » (l. 5). L’utilisation de ce terme est comique car le spectateur

sait que c’est précisément à Monsieur Jourdain qu’est jouée une comédie. Mais

celui‑ci, toujours aussi naïf, déclare : « Non, non, ce n’est pas une comédie, c’est

une affaire sérieuse » (l. 6‑7).

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2 Pourquoi Monsieur Jourdain est-il satisfait du mariage prévu pour sa fille ?�

Dans la fin de la scène 5, relevez les mots qui indiquent son enthousiasme.

L’exclamation « Ah ! » (l. 23) qui ouvre sa réplique, une fois que Lucile a accepté

le projet de mariage, exprime un grand contentement de la part de Monsieur

Jourdain. Les termes « ravi » et « voilà qui me plaît » renvoient au thème du plaisir

et montrent bien que Monsieur Jourdain souhaite que sa fille se marie à un noble.

3 Expliquez pourquoi, à la scène 5, Lucile passe de l’opposition à l’acceptation

de cette union. Relevez la didascalie qui permet de comprendre ce revirement.

Au début de la scène 5, Lucile refuse cette union parce qu’elle ne connaît pas le fils

du Grand Turc et qu’elle refuse l’autorité arbitraire de son père. La forme assertive

et les tournures négatives de ses répliques témoignent de la force avec laquelle

elle s’oppose à ce mariage : « Je ne veux point me marier » (l. 12), « Je n’en ferai

rien » (l. 14). Mais elle reconnaît tout à coup son amant Cléonte sous son déguise‑

ment, comme le montre la didascalie « Reconnaissant Cléonte » (l. 20). À partir de

ce moment, elle accepte l’union, mais sans révéler à son père la véritable identité

de son prétendant.

4 À la scène 6, Monsieur Jourdain se réjouit du fait que Covielle (déguisé)

ait expliqué à son épouse l’identité du fils du Grand Turc. Relevez la réponse

de Madame Jourdain. En quoi sa réplique a-t-elle un double sens comique ?�

Madame Jourdain réplique : « Il me l’a expliqué comme il faut, et j’en suis satis‑

faite » (l. 76‑77). Cette phrase peut être comprise de deux manières différentes.

Monsieur Jourdain croit que sa femme se plie à son autorité et qu’elle est, elle

aussi, sensible aux charmes de la noblesse. Madame Jourdain veut dire qu’elle est

soulagée de découvrir la véritable identité du prétendant de sa fille. Sa réplique

est donc comique car elle prolonge le quiproquo de la scène.

5 Montrez que les scènes 5 et 6 sont construites de manière identique. Quel

est l’effet produit ?� Ces deux scènes sont fondées sur une structure binaire : tout

d’abord le refus de Lucile ou de sa mère de l’union avec le fils du Grand Turc, puis

leur acception soudaine du mariage. À l’affirmation de Lucile qui déclare : « Je ne

veux point me marier » (scène 5, l. 12), répond à la scène suivante la contestation

de Madame Jourdain qui objecte à son mari que le fils du Grand Turc « n’aura point

[s]a fille » (l. 16). De la même manière, la fin de la scène 6, où Madame Jourdain

annonce qu’elle « consen[t] au mariage » (l. 72) fait écho à la fin de la scène 5,

lorsque la jeune fille décide de se soumettre à la volonté de son père à qui elle

« doi[t] entière obéissance » (l. 21). À chaque fois, c’est la reconnaissance de

Cléonte déguisé qui permet ce revirement. La répétition de cette même structure

est typique du comique de répétition.

D’autres mariages

6 Pourquoi le mariage de Dorante et Dorimène est-il une nouvelle tromperie

envers Monsieur Jourdain ?� Monsieur Jourdain ignore tout des sentiments que

se portent Dorimène et Dorante. Il ignore également que Dorante a profité de ses

largesses envers la marquise pour la courtiser. Par conséquent, leur union est une

nouvelle trahison pour Monsieur Jourdain qui croyait sincèrement en l’amitié de

Dorante.

7 Pourquoi Dorimène accepte-t-elle d’épouser Dorante (scène 2) ?� Les rai‑

sons qu’avance Dorimène ne sont guère galantes : elle évoque avant tout l’argent

comme motif de mariage. En témoignent les expressions suivantes : « magni‑

fiques » (l. 12), « profusions » (l. 14), « dépenses » (l. 15), « ruiner » (l. 20) et « sou »

(l. 22). Elle accepte de se marier avec Dorante pour éviter que celui‑ci ne se ruine

(l. 20). Ce ne sont donc pas les sentiments qui motivent cette union.

8 Quel autre couple décide de se marier ?� Quel parallélisme est ainsi créé ?�

Nous apprenons à la fin de la scène 6 que Nicole et Covielle vont se marier. Le

couple des valets répond ainsi à celui des maîtres (Lucile et Cléonte). Ce parallèle

entre les personnages n’est pas sans rappeler la scène 10 de l’acte III, au cours

de laquelle les sentiments et les paroles des deux couples entraient en symétrie

parfaite. La pièce se clôt donc sur l’annonce de trois mariages et sur la solitude

de Monsieur Jourdain, qui non seulement voit celle qu’il courtise se fiancer à un

autre mais qui n’hésite pas également à s’écrier qu’il donne « [s]a femme à qui la

voudra » (l. 93‑94).

9 Quel point commun les trois couples possèdent-ils ?� Ces trois couples se

marient tous en entretenant le mensonge. Quelle que soit la sincérité des sen‑

timents qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, chacun ment à Monsieur Jourdain, en

dissimulant son identité (Cléonte se fait ainsi passer pour le fils du Grand Turc et

Covielle, pour son traducteur) ou en trahissant une amitié (Dorante présente son

union avec la marquise comme une ruse pour tromper Madame Jourdain). Ces

mariages, même s’ils terminent la pièce sur une note heureuse, sont teintés de

cynisme.

La solitude de Monsieur Jourdain

Qu’essaie de faire comprendre Covielle à Madame Jourdain à la scène 6 ?�

Dans un dictionnaire, cherchez le sens du mot « hyperbole », puis retrouvez

celle qui marque l’agacement de Covielle. Covielle tâche de faire comprendre

à Madame Jourdain la véritable identité du fils du Grand Turc. Ainsi dit‑il à la

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ligne 63 : « Il y a une heure, Madame, que nous vous faisons signe. » Il emploie ici

une hyperbole, c’est‑à‑dire une expression excessive visant à frapper l’esprit de

son interlocuteur. Il exagère naturellement en évoquant la durée d’une heure, il

veut simplement dire que cela fait longtemps qu’il attend que celle‑ci comprenne

la situation. L’hyperbole lui permet donc d’exprimer sa grande impatience.

Qui entend et qui n’entend pas la réplique des lignes 63-67 ?� Comment

appelle-t-on ce type de réplique ?� Seule Madame Jourdain entend cette réplique,

comme en témoignent la didascalie « à part » et l’appellatif « madame ». Monsieur

Jourdain, lui, n’entend pas cette réplique. Ce type de répliques excluant l’un des

personnages sur scène se nomme un aparté.

Qu’essaie de faire croire Dorante à Monsieur Jourdain jusqu’à la fin de la

scène 6 ?� Jusqu’à la fin de la scène 6, Dorante fait croire à Monsieur Jourdain que

le mariage entre Dorimène et lui‑même n’est qu’une ruse pour endormir la jalou‑

sie de Madame Jourdain. Le Bourgeois commente d’ailleurs l’annonce de cette

union en déclarant : « C’est pour lui faire accroire » (l. 84). La trahison de Dorante

n’est donc jamais révélée aux yeux de celui qui se croit son ami.

Monsieur Jourdain entend-il la toute dernière phrase de la pièce ?� Quel

sens peut-on donner à ce choix de Molière ?� Il est difficile de savoir si Monsieur

Jourdain entend ou non cette dernière phrase, car aucune didascalie ne précise

clairement s’il s’agit d’un aparté. C’est donc au metteur en scène de décider du jeu

des comédiens. Quoi qu’il en soit, si Monsieur Jourdain l’entend, il est difficile pour

lui de comprendre la nature même de la duperie dont il est victime, il peut simple‑

ment saisir qu’il a été trompé. Si Monsieur Jourdain ne l’entend pas, cet aparté

final renforce encore sa solitude puisqu’il ne se rend pas compte qu’il est l’objet de

moqueries et de duperies.

Quels sentiments le spectateur peut-il éprouver à l’égard de Monsieur

Jourdain à la fin de la pièce ?� Certes, le ridicule et les travers de Monsieur

Jourdain sont toujours de mise à la fin de la pièce. Le Bourgeois gentilhomme ne

cesse d’être ridicule, autoritaire, naïf, crédule. Mais la situation d’isolement dans

laquelle il se trouve culmine à la fin de la pièce : il se retrouve entouré de gens qui

lui mentent ou qui le manipulent, que ce soit sa famille ou ses amis. Cette position

de dupe peut entraîner un sentiment de pitié de la part du spectateur, qui n’a plus

le cœur à l’accabler complètement.

Arrêt sur l’œuvre p. 155‑162

Des questions sur l’ensemble de la pièce p. 155‑156

La satire réjouissante d’un personnage ridicule

1 Retrouvez les scènes dans lesquelles Monsieur Jourdain est présent. Que

pouvez-vous en déduire sur l’objectif principal de la pièce ?� Monsieur Jourdain

est présent dans les scènes suivantes :

Acte I 2

Acte II 1, 2, 3,4, 5

Acte III 1, 2, 3, 4, 6, 12, 14, 16

Acte IV 1, 2, 3, 4

Acte V 1, 3, 4, 5, 6

Monsieur Jourdain est massivement présent dans la pièce. C’est donc le person‑

nage principal. La comédie a pour ambition de critiquer un aspect de la société de

l’époque (la comédie sociale et la vanité) à travers le portrait d’un personnage en

particulier.

2 Récapitulez les défauts de Monsieur Jourdain mis en avant par la pièce.

Justifiez votre réponse par quelques citations. Au cours de la pièce est dressé

le portrait de Monsieur Jourdain : scènes après scènes, les défauts de celui‑ci sont

pointés par ceux qui l’entourent et par les situations.

Il est naïf « Est‑ce que les gens de qualité en ont [des concerts de musique chez soi] ? […] J’en aurai donc » (II, 1, l. 14‑16) ; « Il [Dorante] a pour moi des bontés qu’on ne devinerait jamais » (III, 3, l. 137‑138).

Il est peu intelligent « O, O, O. Vous avez raison, O. Ah ! la belle chose que de savoir quelque chose ! » (II, 4, l. 92‑93).

Il est crédule « Les personnes de qualité portent les fleurs en enbas ? » (II, 5, l. 29‑30) ; « Je suis dans la confusion la plus grande du monde, de voir une personne de votre qualité s’abaisser pour moi à ce que vous faites » (III, 6, l. 27‑29).

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Il est vaniteux « Ma foi, s’il va jusqu’à l’Altesse, il aura toute la bourse » (II, 5, l. 77) ; « Suivez‑moi que j’aille un peu montrer mon habit par la ville » (III, 1, l. 1‑2).

Il est menteur « Oui, impertinente, c’est Monsieur le comte qui donne tout ceci à Madame, qui est une personne de qualité » (IV, 2, l. 15‑16).

Il est lâche « Cela est vrai, vous avez raison tous deux » (I, 2, l. 129).

Il est frivole/superficiel « Donnez‑moi ma robe pour mieux entendre » (I, 2, l. 55) ; « [Je] n’irai pas gâter ma robe pour vous séparer » (II, 3, l. 58‑59).

Il est autoritaire « Paix ! insolente, portez respect à Monsieur le Mamamouchi » (V, 1, l. 37‑38) ; « Je le veux [vous marier], moi qui suis votre père » (V, 5, l. 13).

Il est peu éclairé dans le domaine des arts

« me ferez‑vous voir votre petite drôlerie ? » (I, 2, l. 1‑2) ; « Cette chanson me semble un peu lugubre, elle endort, et je voudrais que vous la puissiez un peu ragaillardir » (I, 2, l. 62‑64).

3 Faites la liste des personnages qui trompent Monsieur Jourdain. Précisez

comment procède chacun d’entre eux. Qu’en concluez-vous ?�

Madame Jourdain Elle trompe son mari dans la mesure où elle ne lui révèle pas la véritable identité de Cléonte. Elle ment par omission et entretient la duperie généralisée dont est victime Monsieur Jourdain.

Lucile Elle a le même comportement que sa mère : elle reconnaît sous son déguisement son amant Cléonte. Mais elle n’en dit rien à son père bien qu’elle sache qu’il est opposé à cette union.

Cléonte Il trompe son beau‑père car il dissimule son identité pour mieux se marier avec sa fille.

Covielle Il trompe Monsieur Jourdain car il participe aussi à cette mascarade, en tant que traducteur.

Dorante Il est certainement le personnage le plus hypocrite et malhonnête envers Monsieur Jourdain puisqu’il profite de ses sentiments envers Dorimène pour la courtiser. Il profite également de sa naïveté pour lui soutirer sans cesse de l’argent.

Les cinq maîtres Ils encouragent les exubérances de Monsieur Jourdain pour mieux profiter de ses largesses. Ils manquent donc foncièrement d’honnêteté à son égard.

Plus la pièce avance, plus Monsieur Jourdain se retrouve seul face à un monde

cynique qui profite de ses faiblesses.

4 Selon vous, comment les sentiments du spectateur à l’égard de Monsieur

Jourdain peuvent-ils évoluer tout au long de la pièce ?� Le spectateur considère

d’abord Monsieur Jourdain comme un personnage ridicule : il est donc tenté de

se moquer de ses nombreux défauts. Il peut lui arriver également d’être indigné

devant son comportement excessif lorsque Monsieur Jourdain impose durement

sa volonté à sa fille et qu’il ne prête pas oreille aux sentiments éprouvés par Lucile

et Cléonte. Mais plus la pièce avance, plus le rire du spectateur se fait en demi‑

teinte : on peut même éprouver une certaine compassion envers le personnage

lorsqu’à la fin de la pièce Monsieur Jourdain se fait battre et duper par tous ceux

qui l’entourent.

5 Monsieur Jourdain est ridiculisé, mais il n’est pas le seul personnage à être

l’objet de la satire de Molière. Donnez deux exemples de personnages qui font

également l’objet d’une critique moqueuse. Dorante est un personnage qui

incarne le mensonge, la trahison et l’intérêt. Il représente une noblesse sans scru‑

pules, qui a oublié les valeurs qu’elle est supposée défendre. Le maître de philoso‑

phie, quant à lui, représente le type du pédant, fier de ses savoirs mais incapable

de les mettre en œuvre dans la vie réelle. Ainsi, il manque singulièrement de

sagesse lorsqu’il se dispute avec les autres maîtres, alors même qu’il est censé

incarner la maîtrise de soi.

Une triple intrigue amoureuse

6 Qui aime qui dans la pièce ?� Quels personnages connaissent une issue heu-

reuse à leur amour ?� Monsieur Jourdain est amoureux de Dorimène, mais celle‑ci

ne le lui rend pas. Dorante est également amoureux de Dorimène. Ils finiront par

se marier, peut‑être plus par intérêt que par passion. Lucile et Cléonte sont sin‑

cèrement amoureux l’un de l’autre et parviendront à se marier. Nicole et Covielle

sont également amoureux et imiteront leurs maîtres.

7 Qu’apporte chacune des intrigues amoureuses au comique de la pièce ?�

L’amour que Monsieur Jourdain porte à Dorimène est d’emblée ridicule, du fait

de leur différence d’appartenance sociale. Les efforts que fait Monsieur Jourdain

pour séduire l’inaccessible marquise sont risibles. Les hésitations de formula‑

tion du fameux billet que veut rédiger Monsieur Jourdain sont un bon exemple

de cette passion ridicule, tout comme la tournure alambiquée des formules de

politesse qu’il lui adresse lors de leur rencontre (III, 16, l. 8‑14). L’amour que se

portent Lucile et Cléonte participe au caractère comique de la pièce car c’est cet

amour contrarié qui est à l’origine du travestissement de Cléonte et de la turque‑

rie qui fait de Monsieur Jourdain un personnage grotesque. Il est lié également à

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plusieurs quiproquos qui sont des éléments comiques de la pièce. Enfin, l’amour

que se portent Nicole et Covielle est traité de manière légère et souvent comique.

La scène 10 de l’acte III, où les deux couples se boudent puis se réconcilient, repré‑

sente bien cette gaieté comique.

Un spectacle varié et divertissant

8 En quoi peut-on dire que Le Bourgeois gentilhomme est un spectacle com-

plet, qui fait appel à des arts variés ?� Le Bourgeois gentilhomme est bien plus

qu’une simple pièce de théâtre. Elle représente un nouveau genre de spectacle

qui fait appel également à la danse (l’acte I se termine par exemple par la démons‑

tration de quelques mouvements pensés par le maître à danser) mais aussi à la

musique puisque la pièce est ponctuée à de nombreuses reprises d’interludes

musicaux (chansons ou turquerie de la fin de l’acte IV).

9 Faites la liste de tous les passages chantés et/ou dansés de la pièce. Classez-

les en deux catégories, selon qu’ils appartiennent aux intermèdes séparant les

actes ou qu’ils sont au contraire intégrés aux scènes.

Intermèdes entre actes Passages chantés/dansés intégrés aux scènes

Intermède dansé de la fin de l’acte I : quatre danseurs exécutent les mouvements pensés par le maître à danser pour Monsieur Jourdain.

Musicien interprétant la sérénade du maître de musique (I, 1, l. 58‑61).

Intermède dansé de la fin de l’acte II : quatre garçons tailleurs se réjouissent.

Chanson de Monsieur Jourdain (I, 1, l. 73‑79).

Intermède dansé de la fin de l’acte III : six cuisiniers dansent autour du festin préparé en l’honneur de Dorimène.

Dialogue en musique (I, 1, l. 149‑187).

Intermède chanté et dansé de la fin de l’acte IV : cérémonie turque anoblissant Monsieur Jourdain.

Menuet de Monsieur Jourdain (II, 1, l. 34‑39).

Petit ballet chanté de la fin de l’acte V : ballet des nations.

Chansons à boire accompagnant le festin (IV, 1, l. 47‑76).

Quel est le thème de chacun des intermèdes chantés et dansés ?� Quel rap-

port entretiennent-ils avec le reste de la pièce ?� Le premier intermède répond au

genre de la pastorale et annonce donc le thème de la galanterie et des efforts de

séduction qui traverse l’œuvre. Le deuxième intermède exprime la joie des tailleurs

à recevoir les pourboires de Monsieur Jourdain. C’est un moment joyeux et léger.

Le troisième intermède célèbre les réjouissances de bouche : nourriture et amour

sont mêlés dans cette danse puisque le festin est donné pour séduire Dorimène.

Le quatrième intermède, la turquerie, marie le faste de l’Orient à la farce avec le

moment de la bastonnade. Le cinquième intermède est une célébration chantée

de l’amour heureux. Elle vient accompagner le triple mariage qui clôt la comédie.

On observe que tous ces intermèdes apportent à la pièce entrain et allégresse.

Des mots pour mieux écrire p. 156‑159

Lexique du spectaclea. Parterre ; b. scène ; c. coulisses ; d. loges.

Mots cachés

G A R D T G R O E S Q U E

L R E G E P L A I S A N T

A I S R S E S T Y R A N C

M D U O I B U H C L U L H

T O I T O D R Ô L E R I E

U R R E R É B I N D E U L

R B È S E P L I S E M A R

G O U Q O A U E R R P E N

R U N U M A L I N R E D R

U F H E U T T D R I Ô L A

M F E C L A I R D E G A R

E O R H S S U É D I E S O

A N A Y A M M E S A N I V

U H T O R O T I F N I L L

É D I I C Û R A I L L E R

M É L S S E R F E K N N A

Lexique de l’argenta. Libéralités ; b. vache à lait ; c. rente ; d. m’acquitter ; e. intérêt.

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Du texte à l’image p. 161‑162

➥ Nicolas de Largillière, Louis XIV reçoit l’ambassadeur de Perse Mehemet Reza-

Bey dans la Galerie des glaces de Versailles, huile sur toile, 1715. (Image reproduite

au verso de la couverture, en fin d’ouvrage.)

Lire l’image

1 Identifiez les différents personnages et le lieu qui sont représentés sur ce

tableau, en indiquant ce qui vous a aidé à les reconnaître. Nous pouvons recon‑

naître sur ce tableau Louis XIV à droite, assis sur son trône royal (arborant cou‑

ronne et pattes de lion) et portant des habits traditionnels de la mode occidentale :

pourpoint, camisole, rhingrave, bas de soie et perruque. À gauche, nous pouvons

reconnaître l’ambassadeur de Perse. Son large turban, le fait qu’il porte la mous‑

tache ainsi que son attitude solennelle et respectueuse montrent bien qu’il est

l’étranger. Enfin, on reconnaît bien à l’arrière‑plan les glaces de la galerie des

Glaces du château de Versailles, endroit prestigieux pour recevoir des hôtes à

Versailles.

2 Comment Louis XIV est-il mis en valeur par le peintre ?� Quelle image est don-

née de lui ?� Le monarque Louis XIV est mis en valeur par sa position dominante : il

est assis sur un trône en haut de quelques marches. Son costume est particulière‑

ment fastueux et chamarré. Enfin sa présence est comme baignée d’une lumière

particulièrement flatteuse.

Le roi est donc présenté comme un personnage puissant, serein et solaire.

3 Quelles sont les couleurs dominantes du tableau ?� Quel effet produisent-

elles ?� Les deux couleurs dominantes de ce tableau sont le rouge, très présent

dans les costumes de l’ambassade de Perse, les draperies du premier plan et

quelques détails de l’habit royal mais aussi le jaune doré qui illumine la scène. Ces

deux couleurs sont chaudes et représentent à la fois l’Orient, et la richesse et le

faste de la cour de Versailles.

Comparer le texte et l’image

4 Comment reconnaît-on les membres de la délégation perse ?� Retrouvez quels

éléments de leur costume sont évoqués dans la fin de l’acte IV de la pièce. On

peut reconnaître les membres de l’ambassade perse car ils adoptent une atti‑

tude respectueuse : ils sont tous inclinés devant Louis XIV. Du point de vue de

leur apparence physique, ils portent tous le turban, également la moustache mais

aussi le sabre. Ces éléments sont évoqués dans les didascalies de la fin de l’acte IV

décrivant les costumes de Cléonte et des autres personnages de la turquerie.

5 Relisez l’introduction du volume (p. 7) : pour quelle raison Louis XIV avait-il

commandé une pièce à Molière ?� Quel point commun voyez-vous entre l’objectif

politique initial de la pièce et la visée de ce tableau ?� À l’origine, Le Bourgeois

gentilhomme est une pièce de commande, écrite pour venger l’affront que subit

Louis XIV lorsqu’il reçut la délégation ottomane en 1669. Il y a donc une certaine

signification politique attachée à cette pièce, du moins à l’origine. Ce tableau de

Nicolas de Largillière a également une ambition politique : il s’agit de montrer

aux spectateurs la supériorité et l’éclat de la Monarchie française. La pièce et le

tableau s’inscrivent donc tous deux dans un discours artistique qui défend le pou‑

voir royal.