L'école de l'académie (1671-1793) ou l'institution du goût ...

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HAL Id: hal-01893356 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01893356 Submitted on 11 Oct 2018 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. L’école de l’académie (1671-1793) ou l’institution du goût en architecture Jean-Pierre Epron To cite this version: Jean-Pierre Epron. L’école de l’académie (1671-1793) ou l’institution du goût en architecture. [Rapport de recherche] 238/84, Ministère de l’urbanisme et du logement / Secrétariat de la recherche architecturale (SRA); Ecole nationale supérieure d’architecture de Nancy / Centre d’études méthodologiques pour l’aménagement (CEMPA). 1984. hal-01893356

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Submitted on 11 Oct 2018

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L’école de l’académie (1671-1793) ou l’institution dugoût en architecture

Jean-Pierre Epron

To cite this version:Jean-Pierre Epron. L’école de l’académie (1671-1793) ou l’institution du goût en architecture.[Rapport de recherche] 238/84, Ministère de l’urbanisme et du logement / Secrétariat de larecherche architecturale (SRA); Ecole nationale supérieure d’architecture de Nancy / Centre d’étudesméthodologiques pour l’aménagement (CEMPA). 1984. �hal-01893356�

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JEAN-PIERRE EPRON

L’ECOLE DE L’ACADEMIE ( 1671-1793 )

OU

L’INSTITUTION DU GOUT EN ARCHITECTURE

ECOLE D’ARCHITECTURE DE NANC41984

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L'ECOLE DE L'ACADEMIE - 1671-1793

OU

L'INSTITUTION DU GOUT EN ARCHITECTURE

Le présent document constitue le rapport final d'une re­cherche financée sur les crédits D.G.R.S.T. exercice 80 contrat n° 80.01.325.00.223.75-01 - Jean-Pierre EPRON

C.E.M.P.A. - Ecole d 1 Architecture de Nancy Chemin de Remicourt - 546OO VILLERS-LES-NANCY

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PREMIERE PARTIE - L’ACADEMIE ET SON ECOLE

CHAPITRE I : ACADEMIE ET CORPORATION- Le fait corporatif.- Corporation et gouvernement.- Les académies.- L'académie et l'administration des bâtiments.- Académie de peinture.

CHAPITRE II : L’INSTITUTION ACADEMIQUE- Continuité et transformation.- Les directorats et la tutelle.- Chronologie des statuts.

CHAPITRE III : MISSIONS DE L’ACADEMIE- L'enquête technologique.- Le travail réglementaire.- L'énoncé doctrinal.- Le contrôle de la construction des ponts.

CHAPITRE IV : LES DERNIERS MOMENTS DE L’ACADEMIE- Les dernières années de l'académie.- La discussion sur la tutelle.- La fin de l'académie - survivance de l'école.

CHAPITRE V : LES PROFESSORATS- Le professorat de François Blondel.- Les professorats de Philippe de la Hire et de de la Hire fils.- Le professorat de Desgodet.- Le professorat de Bruand.- Le professorat de Courtonne - 1731-1739.- Le professorat de Jossenay.- Le professorat de Loriot.- Le professorat de J.F. Blondel.- Le professorat de David Leroy.

CHAPITRE VI : LE DEVOIR D ’ENSEIGNER - LE STATUT DE L'ECOLE- Mise en place et évolution de l'école de l'académie.- Règlements et réformes.

p. 13

p. 25

p. 43

p. 53

p. 62

p. 91

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CHAPITRE VII : LE STATUT D'ELEVE p. 98- Le patronage.- Manière d'exister vis à vis de l'académie.- Les listes d'élèves.- Fraudes et contestations.

DEUXIEME PARTIE - PEDAGOGIE DE L'ARCHITECTURE ET PRATIQUE ACADEMIQUE

CHAPITRE I : LES DIFFERENTS TYPES DE CORRECTION p. 108

CHAPITRE II : REFERENCE ET DOCTRINE p. 112- La doctrine académique.- La discussion doctrinale.

CHAPITRE III : PROCEDURES ET INSTITUTION p. 117- Solidarité académique et légitimité institutionnelle.- Correction et pédagogie.- Contrôle architectural.

CHAPITRE IV : LA THEORIE p. 125- Le modèle et l'imitation- Le corpus de référence.- Le programme.

CHAPITRE V : LE TRAVAIL DE PROJET- Le grand prix - procédure de sélection des élèves- La tradition de l'esquisse.- Le jugement.

p. 137

CONCLUSION p. 165

- Actualité du problème de l'enseignement - le rattachement.

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L'école de l'académie d'architecture dont on aborde ici l'étude n'est ni le prolongement ni l'émanation de l'académie. Elle est partie inté­grante de l'institution académique elle-même.

On ne saurait comprendre cette école, le contenu de son enseignement, ses formes pédagogiques et tous les conflits qui ont accompagné son histoire sans comprendre le rôle qu'lie joue dans l'accomplissement des missions de l'académie.

L'histoire de l'école se confond d'ailleurs avec l'histoire de l'acadé­mie. Dès sa fondation en 1671, son premier directeur F. Blondel est chargé d'enseigner publiquement et de dicter ses leçons aux élèves. L'enseignement est la première manifestation publique de l'académie. C'est à propos de cet enseignement qu'elle sera supprimée en 1793. Son autorité étant contestée par les sociétés révolutionnaires, la convention ordonne qu'elle soit déssaisie du jugement du grand prix puis supprimée.

Cette académie est une institution particulière. Certes, elle est née, comme toutes les académies de la volonté du pouvoir royal et s'inscrit dans le projet global de renforcer l'unité du royaume en donnant à une élite de savants et d'artistes autorité sur l'opinion. Mais l'aca­demie d'architecture est en même temps tenue de conseiller l'administra­tion des bâtiments du Roi. Celle-ci, au cours du XVIIIème siècle éten­dra progressivement le domaine de son autorité. A la fin du siècle, le dernier surintendant, d 'Angevillers, aura l'ambition de faire de l'administration des bâtiments duRoi une sorte d'administration générale de la construction.

Pendant toute la durée de son existence, l'académie sera directement concernée par la définition et le contrôle de la pratique constructive.

Mais tandis que l'administration rêve d'élargir son domaine, l'académie progressivement prendra conscience d'elle-même, et contribuera à donner une définition et un statut à la pratique spécifique de l'architecte.

L^academie d'architecture occupe ainsi une situation paradoxale. D ’un cote elle reste soumise à l'autorité de l'administration des bâtiments du Roi. Elle est chargée de définir le goût en architecture et d'exer­cer un contrôle sur la technique, sur les projets, sur les procédures dévaluation du coût, sur l'organisation du travail etc ... D'un autre cote elle dispose d'elle-même et comme toutes les autres académies elle jouit d'une grande liberté vis à vis de son•protecteur. Progres­sivement, au cours du siècle s'affermit la conscience qu'elle a d'elle meme. Tandis que sa doctrine reste ouverte à toutes modifications qu'im­posent les circonstances, la tentation lui vient de se désigner comme 1 elite de la communauté des architectes et d'en gouverner la corpo­ration .

L académie et l'administration, l'une et l'autre étroitement associées jusqu a la fin à la production de 1'architecture, évolueront pourtant de manière différente. Il faut, d'après nous, comprendre l'histoire de leurs rapports souvent difficiles dans le cadre de cette double évolution.

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Par l'intermédiaire de son école, l'académie tente d'exercer une sorte de monopole sur l'enseignement de l'architecture. Curieusement c'est par l'exercice même de ce monopole que l'académie assumera le paradoxe de sa mission :d'une part rester fidèle aux ordres du pouvoir et être une sorte de prolongement de l'administration,d'autre part, se "posséder" elle-même et former une communauté libre et indépendante intervenant en tant que telle dans la production de l'architecture.

L'hypothèse centrale de ce travail est la suivante : l'enseignement de l'architecture, tel qu'il est mis en place, puis transformé au cours de l'histoire de 1'"institution académique n'est pas une simple didacti­que qui consisterait à transmettre un savoir acquis par la pratique des académiciens, c'est-à-dire par :- leurs travaux théoriques dans les traités d'architecture (leurs ana­lyses sans cesse réajustées des édifices de l'antiquité)- leurs-pratiques du projet (leurs expériences de constructeur)- l'exercice du contrôle dont ils sont explicitement chargés (sur les projets, sur les techniques,. et sur les procédures).

L'enseignement est plutôt pour l'académie un moyen de construire son -savoir, de définir sa doctrine et l'adapter à la conjoncture. La nécessité d'enseigner est l'occasion de donner une cohérence aux énon­ces de la doctrine et la nécessité de juger les projets des élèves, l'occasion de distinguer le bon usage des règles, des abus qu'on pour- 'rait en faire.

Le projet forme une sorte de laboratoire où tester les thèses nouvelles de l'architecture, anticiper sur l'évolution de la production, faire l'essai de nouvelles manières de penser l'espace, et d'une façon géné­rale, définir le "programme de l'architecture", son but et son utilité, délimiter son domaine d'application, expliciter ses méthodes, désigner ses références.

Dans cette hypothèse, on ne saurait donc isoler l'étude de l'enseigne­ment de l'académie de celle de l'académie elle-même.

Aussi abordera-t-on dans une première partie l'étude de l'institution académique, pour montrer dans une deuxième partie comment l'enseigne­ment est constitutif de la pratique académique elle-même.

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PREMIERE PARTIE : L'ACADEMIE ET SON ECOLE

Les statuts de 1717 ne font que confirmer les lettres de la fondation de 1671 et donner une forme réglementaire à la pratique académique.

Les statuts de 1776 reprennent, sans en modifier l'essentiel, ceux de 1717. Si l'on s'en tient à la lecture de ces deux textes, il appa­raît que l'académie d'architecture aurait trouvé dès l'origine sa forme institutionnelle définitive. Pour elle aucun tâtonnement, aucune réfor­me, aucune crise ... De sa fondation à sa disparition, la vie académique a pu se dérouler en restant scrupuleusement fidèle à l'esprit de ses statuts d'origine ...

Si on examine avec plus d'attention la vie académique à travers les procès-verbaux des séances publiés par H. LEMONIER, cette continuité apparaît traversée de multiples débats et il semble bien que l'institu­tion a progressivement modifié son but.

Pour comprendre ces déplacements qui interdisent de voir la stabilité des formes académiques (les statuts et la pratique), il faut considé­rer d'après nous l'ensemble que forme l'académie et son école.

Contrairement à ce qui apparaît à la lecture des statuts de l'académie pour la réglé de la vie académique elle-même, entre les débuts et la fin de l'académie, de grandes modifications ont progressivement été apportées a la définition de l'enseignement académique.

Ces modifications ne concernent pas seulement la mise au point tâton­nante d'une pédagogie spécifique qu'il faudrait expérimenter puis ré­glementer, elles révèlent en fait les adaptations successives que l'aca­demie apporte à la définition de l'architecture pour tenir compte des circonstances.

Tout se passe comme si l'institution académique utilisait l'autorité qui lui donne la stabilité de ses formes à discrètement justifier les déplacements successifs de ses positions.

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Page 12manquante sur le rapport

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CHAPITRE I : ACADEMIE ET CORPORATION

On peut comprendre l'académie d'architecture comme une "institution" qui à l'exemple des grandes institutions - l'armée, l'église, l'éduca­tion et la justice - serait chargée d'énoncer la norme et de la faire appliquer; ici définir le bon goût en architecture et l'imposer.

Mais l'assemblée des architectes du Roi réunie pour former son acadé­mie est en même temps la réunion de techniciens qui trouvent dans le travail académique lui-même l'occasion de réfléchir à leurs propres acti- vitésd'architecte.

A cette époque, aucune institution professionnelle ne permet aux archi­tectes de se distinguer des maçons ou des entrepreneurs. Les architec­tes, ceux qui dessinent l'édifice et en dirigent l'exécution, occupent dans le processus de production des places diverses et des rôles qui peuvent être très différents suivant les circonstances ou les talents. L'architecte, est entrepreneur, financier, maître d'ouvrage, attaché a une maison, imagier, spéculateur, artiste ... Nulle part n'est définie une manière commune d'être architecte.

Réunis dans la salle de l'académie pour définir ce qu'est 1'architectu- re, les architectes du Roi se donnent aussi comme objectif de définir ce qu'est un architecte.

Dans les procès-verbaux de l'académie, les académiciens s'identifient a l'institution. Ils disent "l'académie a pensé que ... l'académie a jugé que ..., l'académie a été fâchée ou elle a été contente ..." mais en quelques circonstances, ils disent la compagnie ...

Ce double vocabulaire qu'utilise l'académie pour se désigner elle-même, illustre cette double manière d'exister - à la fois une institution et une association.

Nous examinerons successivement dans ce chapitre :1. Le fait corporatif - comment replacer l'histoire de l'académie dans l'histoire des corporations,2. Corporation et gouvernement - comment la monarchie a-t-elle utilisé la vie associative en général pour gouverner,3. Les académies - replacer l'académie d'architecture dans l'ensemble des académies,4. L'académie et l'administration des bâtiments,5. L'académie de peinture.

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1 - LE FAIT CORPORATIF

Pour comprendre l'ambiguité dans laquelle se trouve placée l'académie d'architecture à la fois institution et association, il faut replacer son histoire dans l'histoire plus générale des corporations.

Durkeim a montré cette nécessité, qui découle de la division du travail, d une organisation professionnelle (qu'il appelle corporation) dont le rôle est d 'organiserpratiquement la vie économique et industrielle et de régler 1'intégration harmonieuse dans le corps social de fonctions techniques diverses. L'hétérogénéité des techniques et des tâches impose l^échange entre les techniciens et cet échange prend la forme d'une réglementation. Durkeim montre que ni l'Etat ni la science, s'incarnant dans un pouvoir technocratique ne peuvent opérer cette régulation entre les fonctions hétérogènes que produit la division du travail.

Un fait social" préexisterait à toute forme corporative, à tout projet politique, à tout programme d'organisation, sous la forme d'une cons­cience des individus de leur "solidarité organique".Nous proposons de l'appeler "fait corporatif".

Il permet d'après nous d'analyser les institutions professionnelles dans leur fonction de régler les pratiques techniques et de compren­dre précisément le rapport qu'elles entretiennent avec l'Etat.

Ce fait social se caractérise d'abord par la volonté du groupe de faire exister sa communauté et d'en faire reconnaître juridiquement la légi­timité .Ensuite il induit des "représentations sociales" communes, des manières de considérer le travail, de lui attribuer un sens ou une valeur morale. Le fait corporatif en tant que fait social entraîne la construction de systèmes de valeurs.

^nfi" 11 Se développe sur le sentiment de l'utilité publique de l'ac- îvi e technique qu exerce la corporation. La communauté technique

vtse a définir elle-même sa finalité et son rapport à la société toute en îere. est en ce sens qu'elle s'affirme comme une communauté poli­tique. Elle entend participer à la gestion de la chose publique.

A travers ces trois caractéristiques le sans connotation politique. C'est un fait comme on observe une chose.

fait corporatif se définit social qu'il faut observer

L'enseignement, dans toute corporation, constitue un enjeu fondamental.- Il permet de définir et spécifier le savoir technique sur lequel repose la pratique technique des membres de la corporation.- Il permet de recruter et de contrôler les membres de la d'instaurer et de justifier des systèmes de hiérarchie des comportements. ’

corporation, de fabriquer

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Il permet enfin de définir des stratégies professionnelles et d'en tester l'efficacité.

L'Ecole de l'académie qui permet aux académiciens de mettre au point les moyens du contrôle dont elle est chargée en tant qu ' institution, est à comprendre également dans sa fonction corporative.

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2 - CORPORATION ET GOUVERNEMENT

L -organisation corporative est l'un des nombreux découpages de la socié­té de l'ancien régime. Dans une société d'Ordres les communautés techni­ques tentent de s'établir comme corps. L'ensemble des corporations dans 1 histoire de la monarchie est étroitement mêlée à la construction progressive de l'Etat.

Les deux édits de 1581 et de 1597 tendent à mettre les corporations sous 1 autorité du Roi et d'en généraliser le principe.

'~a^ emas ’ conseiller d'Henri XV, cherche à promouvoir la création des manufactures dans le Royaume ("Règlement pour dresser les manufac­tures du Royaume" 1597). Il reste fidèle à l'idée du XVIème siècle d'é­tendre et d'imposer le régime corporatif.

C^est le Roi, désormais, qui fait les métiers, réglemente les corpora­tions, decerne le titre de Maître. L’organisation corporative jusque la imposée seulement aux artisans doit s'étendre aux métiers de commerce et de manufacture.

Pendant le 17ème siècle les relations entre les corporations et le pouvoir sont mouvementées. Les communautés de métier se révolteront pendant la première partie de la Fronde contre l'autorité du Roi et soutiendront contre lui le parlement de Paris. Mais la révolte de Paris soutenue par les métiers et les marchands en février 1649 est de courte duree; elle s'achève par la paix de Rueil. Le 19 avril une députation de 300 membres représentant les 120 métiers de Paris va à St-Germain porter les "hommages et les remerciements populaires" (Martin St-Léon.)

L'Edit de 1673 tente encore de renforcer sans beaucoup de succès l'auto­rite du pouvoir royal sur les corporations. Finalement en 1691, l'Edit de POnt Chartrain transforme les corporations en offices. L'Edit retire aux corporations le droit d'élire leurs officiers et le remplace par des syndics jures fonctionnaires publics nommés par le Roi.En fait les commerçants rachetèrent ces offices ... c'était le but. La création des offices fut une lourde charge pour les corporations qui devinrent en fait l'un des rouages du système fiscal.

En 1776, la politique de Turgot conduit à la tentative de la suppression des corporations. On sait que cette politique fondée sur les idées des "économistes" ne fut pas poursuivie et que c'est la Révolution qui met un terme au principe de l’organisation corporative.

Il faut replacer, d'après nous, l'hi plus générale de la transformation plus précisément celle des relations trie.

stoire de la corporation dans celle des méthodes de gouvernement ou qu'entretient l'Etat avec l’indus-

Les corporations doivent être considérées fessionnelles et étudiées dans le cadre comme des organisations pro-

des rapports qu'entretiennent

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l'Etat et les grandes institutions (la religion, l'éducation, la justice et l'armée) avec la vie associative en général.

L'académie d 'architecture dont le statut est bien différent de celui des autres académies joue dans ce problème un rôle particulier.

Elle produit un discours, dont le statut est plutôt celui du discours d'une association ou d'une corporation que celui d'une doctrine offi­cielle de l'Etat (ce qu'on appellerait aujourd'hui une polituque techni­que) et pourtant elle restera toujours une branche de l'administration sous la tutelle directe des surintendants.

L'institution académique occupe une place singulière entre les corpo­rations, les corps techniques et l'administration. ELle a contribué a modifier sensiblement l'équilibre professionnel. Elle a créé une elite d'architectes. Elle a placé cette élite sous la main du ROi, tout en lui laissant prendre sur l'opinion une grande autorité.

La monarchie a exercé une action directe sur la transformation des élites de la nation. Il est probable qu'elle n'a pas su mesurer les effets pervers de cette politique et comprendre le rôle de l'institution academique qu'elle avait elle-même mis en place, dans ces mécanismes de transformations sociales.

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NOTE 1

a création de l'académie de peinture correspond à la volonté explicite e la monarchie de s'opposer au pouvoir exhorbitant de la corporation.

H?S p.eantres avaient tenté de s'opposer à l'engagement par la cour a artistes n’appartenant pas à la corporation.

L t « ademie S-St Un m°yen pour le pouvoir politique de s'opposer au mono­accordé6 Pretend exercer la corporation et qu'il a d'ailleurs lui-même

En architecture le problème est différent, d ’architectes qui tenterait de s'opposer à Il n'y a pas de corporation

la politique des bâtiments.Certes, il y a le problème d'architecte du Roi. Et en qualité d'architecte du Roi composent son académie.

des maçons qui parfois abusent du titre 1676, le 7 mars, Colbert précise que la est réservée par Sa Majesté à ceux qui

entrepreneurs ,repnésenté au Ro* ~ plusieurs maîtres maçons,Trou pnendne laat tS.-9ena 86 meSlant de bâtiment> osent sans aucu^ en crédit et <=„ quallte. d architectes du Roy, pour se mettre plus d'édifices tant tltre donner des dessins, bâtir toutes sortesse -trouvent f t pt?bllcs que Particuliers, lesquels pour la plupart preneurs Ma 1 ' suffisance desdits maçons et entre­n t de 'o'r'endre ^ tréS expresse défense à toua entrepre-Majesté à choisi.! n qUallt® d 'architecte du Roy sinon à ceux que Sade mil livres d ’ame P°Ur comP°sen son académie d'architecture a peine ce m u livres d'amendes payables par corps".

rité desCentrenno'6St PaS fondée pour s'opposer au pouvoir ou à l'auto- tectes ou ceux q ü Z Z d sertt °U Charpentiers ni "ême i ceux des archi- un corps. e^s eb qul ne sont pas organisés dans

tutiôn 9qui 'permett e ° èt °i a l*'" “ ** ^truction - et de porter 6 devel°PPer les sciences de la cons-cessité sociale tu ZlitiqZ ^ efficacité ou leur né-'L ' àcsidsinifi est aus^i Mr, i : . _.la technique, celle de ses formes"’ ce’u.’ de'T Z f Z T Z é qU6Sti°n ^

et efficacité technique Vt'd’tte t^emblé** d°nt U attend c°mPétence opinions et qui puisse par conséouent °U S® :encontnent diverses des choix dont on aurait par a v a n r » 9 * , Proposer a l’autorité royaleait par avance mesure les effets sociaux.

D'où le statut institutionnel de 1 - l e s académiciens sont nommés par elle se possédé elle-même.

'académie le Roi, a la fois chose du Roi

a la fois institution -

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NOTE 2 : PRINCIPALES DATES POUR L'HISTOIRE DES CORPORATIONS

1589

Henri IV

1610 M M

1617

Louis XIII

1642

A A

1581-1597Les deux édits qui tendent à mettre les corpora­tions dans la main du Roi et de les généraliser

1601Conseil supérieur du Commerce et relance de l'industrie par concession de privilèges

Etats Généraux de 1614

1636Mobilisation de Paris contre les impériaux

1646Impôts sur les corporations

1648Fin de la 1ère partie de la Fraude Paix de Rueil

1661 Les g corps . Drapiers . Epiciers apo­thicaires

. Merciers

. Bonnetiers

. Orfèvres

. Pelletiers1685

1661Colbert : création de : 1/ Compagnie de commerce 2/ Manufactures royales

1673Etablissement de communautés dans tout le royaume

1675Suppression des lieux privilégiés Marchand suivant la saison

1671Académie d'architecture

1_1715

1691Edit Ponchartrain : menace de remplacer les syn­dics par des officiers. Remplacement des corpora­tions par des officiers et rachat des offices

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Le terme d'académie vient du mot grec ACADEMIA qui désigne le bosquet d'olivier où enseignait Platon. Il acquiert le sens général d'école.

Les premières académies des Beaux-Arts sont en ItalieFlorence - Academia dei disegno 1563Perrugia - Academia di Belle Arte 1573Rome - Academia di San Luca 1577Turin - Academia Allestima dei Belles Arti 1652

L'académie d'architecture est la dernière née des académies en France.

La première académie française est crée par Richelieu en 1635 dans un but tout à fait politique.

Il s'agit de réunir des intellectuels en une société privilégiée etd'obtenir qu'ils soutiennent le régime. 3 conseillers d'état et legarde des sceaux assistent aux séances.

C'est en 1671 l'année même de la fondation de l'académie d'architecture que l'académie française devient une société d'état placée sous laprotection du Roi.

En France la création des académies correspond à une volonté de la monardhie d'atteindre l'opinion, de renforcer l’unité du royaume, decontrôler les idées en matière artistique, littéraire et d'améliorer la production et la diffusion des connaissances.

La création des académies entre dans ce grand projet de la monarchie d'unifier le royaume et de disposer des moyens efficaces , de contrôle et d'intégration de la nation.

On peut rapprocher cette stratégie du pouvoir politique de celle qu'il a développé à propos de la presse et de la création de l'armée natio­nale (les premiers enrôlements obligatoires datent de 1688).

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TABLEAU CHRONOLOGIQUE DE LA FONDATION DES ANCIENNES ACADEMIES

1634 Académie française LOUIS XIII 1617-1648

1648 Académie de peinture et de sculpture REGENCE D'ANNE- D'AUTRICHE

1661 Académie de danse 1648-1661

1663 Nouveaux statuts de l'académie de LOUIS XIV 1661-1715peinture et de sculpture

1663 Des inscriptions et belles lettresdite petite académie

1671 Académie d'architecture

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Certains ont pu considérer la création de l'académie d'architecture comme une simple extension du Conseil des Bâtiments. Il est certain que son fondateur Colbert souhaite améliorer l'organisation des servi­ces de la surintendance et surtout disposer d'une doctrine ferme en matière de bâtiment.

L'academie elle-même s'est considérée comme dépositaire de la règle en matière d'architecture.

En 1686, une réforme des corporations jurés de maçonnerie et de char­penterie, modifie le nombre d'experts chargés d'arbitrer les conflits et instaure des experts bourgeois.

Il est significatif de voir l'académie s'inquiéter de cette réforme et de "juger à propos de présenter un mémoire à Monsieur le Contrôleur General, pour le prier qu'il ne souffre pas qu'il se passe rien qui préjudicie aux intérêts de l'Académie".

Cet édit ne fut rendu qu'en mai 1690 (Bullet en donne le texte dans 1 architecture pratique). Il établit 50 experts jurés chargés seuls de toutes les expertises dans les contestations de bâtiment.

Des arrêts annulèrent même des procès-verbaux établis par les architec­tes du Roi.

Cet exemple montre à quel point à la fin du XVIIIème siècle l'organisa­tion des bâtiments est encore loin d'être placée sous le contrôle d'une administration centrale.

Au cours du XVIIIème siècle, l'administration des bâtiments du Roi tentera progressivement d'étendre son autorité sur l'ensemble de la cons ruction. Le dernier surintendant, Dangevillers, pourra un moment esperer mettre en place cette administration. L'académie sera souvent considérée par les surintendants comme l'auxiliaire de son administra­tion. Nous verrons qu elle a pourtant jalousement conserver son indé- pendance.

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En 1789 au début de la période révolutionnaire l'académie de peinture et de sculpture était organisée de la manière suivante :

1. Tout d'abord un corps "d'officiers" comprenant- 1 directeur, 4 recteurs perpétuels, 2 adjoints et 16 honoraires (8 amateurs et 8 associés) soit 23 officiers,- 12 professeurs assurant tour à tour la direction de l'école : 6 pro­fesseurs adjoints appelés à remplir la fonction de professeurs, 1 pro­fesseur de géométrie, 1 professeur d'anatomie, 8 conseillers, 1 tréso­rier et 1 secrétaire historiographe soit encore 30 officiers.

Ces 53 officiers sont cooptés par leur pair, parmi les académiciens sauf les professeurs de géométrie et d'anatomie qui sont nommés par le surintendant.

Ces officiers ont également le privilège d'élire les académiciens, les honoraires et les agréés.

2 - Ensuite les académiciens dont le nombre n'a jamais été limité, assistent aux séances et discutent de leurs arts. Ils n'interviennent Pas dans les affaires intérieures de l'académie. Ils sont une centaine ils se regroupent par spécialités : peintre de fleurs, d'animaux, de genre, de bataille, de portraits et d'histoire. Cette dernière discipli- ne est considérée comme la plus noble; elle implique d'être exercée dans les autres. C'est parmi les peintres d'histoire que sont recrutés plus facilement les officiers.

3 - Enfin les agréés. Cette catégorie existe depuis le début du XVIIIème siecle, elle n'est reconnue officiellement qu'en 1777. Il s'agit en fait des artistes qui aspirent à l'honneur de faire partie de l'aca­démie. pour être agréé il faut être présenté par un officier (souvent ü s'agit du patronnage de leur professeur) et présenter un "morceau d'agrément".

Le nouvel agréé dispose de trois ans pour présenter à l'académie un 'morceau de réception". L'acceptation de ce morceau lui donne le titre d académicien et le droit d'assister aux séances.

Certains agréés craignant que leur morceau ne soit pas agréé obtenait de conserver leur titre de peintre ou sculpteur du Roi et les avantages qui y étaient attachés. Les agréés étaient en fait des artistes, sous­traits à la maîtrise, et candidats à la carrière académique. Leur nombrè assurait le renouvellement incessant du corps académique.

4 - L'académie avait deux fonctions principales: celle de l'enseignement (et on sait le succès de cette école pendant cent cinquante ans) et celle de l'organisation de l'exposition au Louvre.

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Cette autorité qu'exerce l’académie sur l’exposition est l'essentiel de son pouvoir.

Elle accorde à ses membres ce privilège d'exposer. C'est ainsi qu'elle exerce un véritable contrôle du goût.

Les peintres qui ne sont pas membres de l'académie en sont réduits aux expositions particulières et aux expositions en plein air.

L'académie de peinture et de sculpture sera attaquée pendant la révolu­tion par ceux qui à l'intérieur se révoltent contre le principe du patronnage. Ils parleront des "monstrueux statuts auxquels sont asser­vis les deux classes inférieures de l’académie", et par ceux qui à l'extérieur, sans institution depuis la suppression des maîtrises et jurandes en 1776, seront prompts à protester contre un régime qui rend certains artistes arbitres de la réputation des autres.

On le voit l'académie de peinture et de sculpture, née dans des circons­tances très particulières d'un conflit entre les peintres jurés et les peintres brevetés par la cour, ne ressemble en rien à l'académie d ’architecture.

Les deux académies n'ont d'ailleurs jamais entretenu de relation. Pour­tant au cours du XVIIIème siècle apparaît souvent le projet d'une fusion des académies. C'est cette question qui sera posée pendant la période révolutionnaire. Le projet d'une institution commune sera évoqué à piusieurs reprises et finalement sera réalisé par la création de 1'institut.

Mais la section des Beaux-Arts de cette nouvelle institution n'est pas a considérer comme la fusion des anciennes académies de peinture et de sculpture et d'architecture.

Par contre, leurs écoles ont réellement fusionné pour former dès 1799 l'Ecole Spéciale des Beaux-Arts.

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II est certes possible de reconnaître des périodes dans la longue his­toire de l'académie. On peut établir ce découpage, suivant l'évolution des missions qui lui sont confiées, celle de ses positions doctrinales, 0u la manière dont elle définira successivement le programme de l'ar­chitecture .

Mais au-delà de ces découpages possibles, on est frappé de la continui­té de la vie académique. Pendant toute la durée de son histoire l'aca­démie est restée fidèle à la définition qui lui a été donnée lors de sa fondation. Elle est restée fidèle aussi, à travers la succession de ses membres, à une manière tout à fait précise de se comprendreelle-même.Elle est restée "chose du Roi", et dans les différentes crises où elle s'est opposée à la volonté royale - comme - celle qu'a entraîné la nomination de Dewailly directement en 1ère classe, ou plus tard - la nomination de Mique comme directeur, elle argumente son opposition en Invoquant ses statuts et la volonté même de l'autorité qui l'a fon­dée .

Elle a constamment accepté la tutelle de 1 'administration des bâtiments 6t obéit avec promptitude à ses ordres. Mais c'est à une "manière d etre" qu'elle est davantage encore restée fidèle.

Les académiciens - pour la plupart, consacrent beaucoup de temps au travail académique soit qu'ils accomplissent comme commissaire les dissions d'expert que la compagnie confie à leur zèle, soit qu'ils préparent avec soin leur communication faisant état de leurs travaux personnels ou de leur réflexion.

Cette assiduité au travail est une première manière de respecter l'ins­titution .

Mais ce travail est toujours présenté à l'approbation de tous. On est surpris de la soumission des académiciens fussent-ils parmi les plus prestigieux à l'opinion collective de l'assemblée académique.

Il y a dans la manière d'être académicien une façon de s'effacer der­rière 1| institution; comme si les individus, les positions personnelles, les intérêts de carrière ou les conflits d'autorité, étaient secondaires par rapport à l'unité du corps. C'est une façon quasi religieuse de se soumettre dans l'obéissance à la règle de la compagnie.

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Bien évidemment il s'agit ici de l'apparence; et d'une forme de coui— toisie, d'ailleurs exigée par les statuts, qui n'a pas empêché que se développent au sein même de l'institution des conflits de doctrine et des conflits de personnes.

Mais ils n'ont jamais mis en question le style pourrait-on dire des rapports qu'ont établi au fil des ans les académiciens avec l'académie et notamment cet effacement tout à fait remarquable des individus der­rière l'institution.

L'académie ne prononce en aucune circonstance l'éloge de l'un de ses membres. En 1763, en notant qu'elle déroge à sa tradition, elle nomme Aubry et Perronet pour témoigner à la famille d'Hupeau le regret qu'elle a de sa mort.

Significative est cette personnification de l'académie dans le texte des compte-rendu de séance "l'académie se réjouit, l'académie est sa­tisfaite, elle a vu avec plaisir les dessins qui lui ont été présentés" etc ...

L'institution académique n'est pas seulement placée sous la protection du Roi comme le sont bien d'autres corps. Elle a réussi elle même par le travail des académiciens et par la rigueur avec laquelle ils se sont soumis au comportement académique à construire une légitimité institu­tionnelle à laquelle le Roi lui-même n'aurait pu porter atteinte.

Au 19ème siècle au contraire, l'institution architecturale disparue, les architectes pour donner du poids à leur discours gonfleront leurs personnages. C'est une caractéristique de l'académie que de refuser le vedétariat, de tenir ses membres dans la modestie et de placer sa dignité dans la rigueur de son travail plutôt que dans l'éclat de son cérémonial.

Quand l'institution aura disparu les architectes s'étaleront avec com­plaisance et tenteront de suppléer à leur peu d'influence par l'éclat qu'ils donneront a leurs funérailles. Le faste des cérémonies corpora­tives marque le souci de faire appuyer les privilèges dont bénéficie la corporation par la masse du grand public.

Cette discrétion de l'académie montre sa force et dans un temps où le clientelisme gouverne la société, elle fut semble-t-il un outil a la disposition du Roi pour empêcher que trop d'abus ne soient intro­duits dans les affaires de bâtiment.

Cette fidélité à elle-même qu'elle conservera à travers la succession de ses propres directeurs et, sous l'autorité des surintendants qui ont gouverné l'administration des bâtiments, lui a permis d'assurer sans heurt l'adaptation de ses doctrines aux circonstances.

Ici l'école a joué le rôle principal. Cette double caractéristique de la stabilité institutionnelle et de la flexibilité doctrinale ne s'explique que par le rapport réciproque qu'entretiennent l'académie et son école.

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On aborderâ plus loin l'étude de la succession des professeurs. Les différents professorats témoignent, bien des rapports entre l'école et l'académie. Leur succession forme, pour ce qui nous concerne, un découpage pertinent de l'histoire de l'académie.

On étudiera dans ce chapitre :1 • La continuité et la transformation de l'institution académique,2- Les directorats et la tutelle,3* La chronologie des statuts.

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1 - CONTINUITE ET TRANSFORMATION DE L'INSTITUTION ACADEMIQUE

Les débuts de l'académie sont fort modestes. Elle ouvre ses séances le 31 décembre 1671 en présence de Monseigneur Colbert et de plusieurs personnes de qualité. Six architectes : Le Paultre, Libéral Bruand, Gittard, Fr. Levau, Mignard, Fr. D'Orbay, le directeur F. Blondel et Félibien le secrétaire constituent cette assemblée.

Les premiers académiciens forment une sorte de conseil des bâtiments. L'intention de Colbert devenu en 1664 surintendant des bâtiments arts et manufactures est certainement de disposer d'un comité d'experts pouvant l'assister dans le grand dessein de transformer Paris.

François Blondel et son élève Pierre Bullet font le projet de transfor­mer le tour de Paris, ceinturer la ville de boulevards et construire des portes magnifiques célébrant les triomphes du Roi.Colbert s'intéresse surtout aux travaux du Louvre, la colonnade, les Tuileries auxquels travaillent Levau et d'Orbay.Colbert organise l'administration des bâtiments; son projet d'une aca­demie répond certainement au souci de disposer, à la fois d'une école pour former d'excellents architectes, mais aussi d'une commission d'ar­chitectes lettrés pouvant discuter les projets et garantir qu'ils sont conçus dans le respect des principes de la bonne architecture.

L'academie est créée pour renforcer l’action de l'administration des batiments. Colbert conserve la structure de cette administration - les intendants alternatifs et les officiers - mais il cherche à mieux contrôler les dépenses engagées dans les bâtiments.Rappelons que Colbert cumule la fonction de surintendant des bâtiments qu'il reçoit en 1664 à celle d'intendant des finances et du commerce qu'il exerce depuis 1661. En 1665 Colbert est à la fois contrôleur général des finances, secrétaire d'état de la maison du Roi et de la marine et surintendant des mines.

L academie, malgré la dépendance où elle est placée vis à vis de l'ad­ministration se construit rapidement sa propre identité. Elle deviendra, progressivement de plus en plus consciente de son autorité tout en restant fidèle a sa tutelle politique.Elle conservera jusqu'à la fin de son existence ce double comportement caractérisé par une obéissance scrupuleuse aux ordres du Roi dont elle évoque constamment la protection qu'il lui accorde, et par un attache- ment jaloux à l'indépendance que lui accordent ses statuts.

En 1694,^ le Roi supprime les académies pour des raisons d'économie. Les académiciens obtiendront la survie de l'institution en renonçant a leur traitement. Le professeur sera autorisé à continuer son ensei­gnement .

On doit remarquer que les premiers académiciens sont des hommes jeunes. Liberal Bruand a 38 ans, Mignard 31 ans, d'Orbay 37 ans, Gittard 46 ans. Le Paultre et Levau sont plus âgés, ils ont respectivement 50 et 58 ans lors de la création de l'académie.

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Depuis sa fondation jusqu'en 1699, l'académie est augmentée de cinq membres.

En 1675 J. Hardouin Mansart alors âgé de 29 ans seulement et qui devien­dra surintendant en 99 à 53 ans. „ , .En 1687, de la Hire alors âgé de 52 ans, plus connu comme mathématicien ou comme ingénieur et entre à l'académie pour succéder à F. Blondel le professeur. . . . .En 1687, Robert de Cotte succède à Gittard décédé a 62 ans. Il est le beau-frère de Mansart, il est alors âgé de 29 ans; il deviendra directeur de l'académie.En 1698 enfin entre A. Desgodet à l'âge de 45 ans, l'un des premiers élèves de l'académie et qui deviendra plus tard son professeur.

En 1699 Mansart est nommé surintendant. Une nouvelle période commence pour l'académie. Elle est désormais divisée en deux classes.Au cours de son histoire le nombre des académiciens ne cessera de croî­tre. Lors de sa fondation elle est formée de 6 membres. De 1776 jusqu'à sa suppression, elle sera composée de 32 membres (16 en 1ère classe, 16 en seconde classe) plus 6 associés libres et 12 associés étrangers, soit 56.

Cet accroissement du nombre des académiciens correspond à une modifica­tion du rôle de l'académie; mais il est aussi significatif de la défini­tion de cette catégorie particulière d'architectes que forment les architectes du Roi.

Au début, ils sont explicitement les conseillers de l'administration; Progressivement par le fait de l'institution académique elle-même et Par la nature des missions qui lui sont confiées, ces architectes de­viennent l'élite d'une profession qui commence à prendre conscience de son existence.

Aussi l'institution académique a-t-elle progressivement été dans l'obli­gation de définir son rapport à ces architectes qui pratiquent l'art de l'architecture sous diverses formes mais qui ont en commun d'utiliser les mêmes modèles, respecter les mêmes préceptes, et de fonder leurs pratiques sur les mêmes principes.

L'academie semble avoir assumer d'être une élite architecturale, char— gée de concevoir et de discuter les modèles dont pourraient s'inspirer les autres architectes. Elle est dans ce rôle assez sûre d'elle-même on le verra, principalement grâce à son activité dans l'enseignement. L'enseignement est la manière la plus efficace d'as-surer ce rôle d'éva­luation permanente de l'efficacité de la doctrine.

L'apparition des académiciens associés libres et associés etrangers, vient de cette nécessité pour l'académie d'établir une relation avec l'ensemble des architectes.Ici l'institution est un système qui cherche à régler le rapport qu'en­tretient son centre à sa périphérie.

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Le même problème apparaîtra dans les mêmes termes au cours du XIXème. siècle. La "société centrale" réussira à conserver de 1840 à 1884, le monopole de la représentation de l'architecture.

Elle aussi aura des membres "non residents" chargés de la "représenter" dans les provinces. Mais elle ne pourra s'assurer de la tutelle de 1 '.enseignement et surtout opposer à la révolte de la grande masse des architectes une résistance suffisamment ferme pour empêcher la proli­fération des sociétés et finalement leur fédération dans une organisa­tion corporative.

On voit ici l'intérêt qu'il y a à envisager l'histoire de l'institution académique à la lumière de l'hypothèse du fait corporatif comme fait social.

2 - LES

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L académie est une solution dont rêve 1'organisation corporative (dispo­ser d'une institution fermée à laquelle est déléguée le monopole de normaliser l'activité), mais elle ne peut jamais mettre en place ce modèle. Parce qu'il lui faut définir cette activité de manière assez floue pour pouvoir englober dans la corporation toutes sortes de gens et de pratiques, elle ne peut jamais imposer à la masse de ses membres la dictature d'une élite.

^ est dans ce paradoxe que se sont enfermés les architectes à la fin du XIXeme siècle. Ils se pensent eux-mêmes comme les successeurs des architectes du Roi - membres de l'académie et pensent l'école des Beaux- Arts comme la suite de l'école académique.Mais en même temps, ils ne supportent pas l'idée qu'un groupe sorti e eur rang leur impose une doctrine et surtout reçoive le privilège

de représenter l'architecture.

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L étude de l'école de l'académie des Beaux-Arts. Les deux écoles qu'elles jouent dans l'histoire de type corporatif.

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2 - LES DIRECTORATS ET LA TUTELLE

Dès qu'elle prend conscience d 'elle-même, très têt dans son histoire, l'académie ne manque pas de marquer son indépendance, même si parfois la crainte de déplaire au pouvoir, semble la retenir de donner son opinion avec fermeté.

A propos de l'aqueduc de Maintenon par exemple elle hésite, d'abord a s'opposer au projet du surintendant. Elle invoque la mauvaise connais­sance qu'elle a des lieux, des projets et des matériaux. Elle finit Par se retrancher derrière le fait qu'elle n'a pas connaissance^ d'un exemple d'une pile d'une si grande hauteur (21Q pieds soit 70 mètres) pour recommander de suivre l'exemple des anciens.

l'académie dans cette circonstance èNst placée devant le problème de sa responsabilité technique. Son avis sera soumis à l'épreuve des faits. Elle ne peut, sans mettre en péril -son autorité, donner un avis decomplaisance.

les rapports de l'académie avec l'administration des bâtiments seront toujours difficiles. D'un côté l'administration garantit l'indépendance de l'institution académique; d'un autre elle ne manque pas de faire Pression sur elle pour obtenir les avis qu'elle souhaite. A maintes hsprises les surintendants ont imposé leurs points de vue.

la question du statut du directeur est tout à fait révélatrice de ce Problème général du rapport qu'entretiennent l'académie et sa tutelle.

le directeur est à la fois académicien et administrateur. Son statut, Pendant toute la durée de l'académie restera en suspens ...On ne sait pas très bien s'il faut compter François Blondel, le premier directeur, parmi les académiciens. On ne sait à quel moment R. de Cotte reçoit explicitement le titre de directeur de l'académie. Il est désigné comme tel pour la première fois dans le procès-verbal de la séance du 15 septembre 1702. Mique, en tant que premier architecte du Roi remplace souvent Gabreiel peu présent à l'académie; il est imposé comme directeur, bien qu'il ne soit pas membre de l'académie.

I académie protesta violemment contre cette nomination. Les académiciens estimaient ne pouvoir recevoir comme directeur, un architecte qui n était pas membre de leur compagnie.

L académie fut consciente de son autorité, elle mesura avec justesse les limites de sa liberté. Elle en usa avec discernement et prudence.

Mais plus l’académie fut maîtresse d'elle-même, plus l'administration Tut autoritaire et pressante à son égard.

II y aurait une étude spécifique à entreprendre sur ce problème précis des rapports qu'entretient une institution protégée avec son protecteur.

Il est certain que le pouvoir politique dispose par 1'intermédiaire des institutions franches qu’il crée d'une certaine prise sur l'opinion.

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Nul doute que certains de ceux qui exercent la fonction de gouverner soient conscients de la possibilité de fabriquer du consensus par l'in­termédiaire de ces institutions.

Celles-ci, comme ce fut le cas peut être pour l'académie à la fin de son histoire, quand elles sont prises dans des logiques corporatives subissent à coup sûr la tentation de négocier cette influence qu'elles exercent sur l'opinion.

Le statut de directeur dans ces conditions reste l'objet d'un enjeu voire d'un marchandage dont l'affaire Mique révèle bien le fonctionne­ment .

Le statut du directeur révèle le vrai statut de l'institution acadé­mique. L'Etat tente de contrôler la production de la Norme.

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NOTE : Tableau chronologique des directeurs, des secrétaires de demie et des surintendants de 1671 à 1793.

Directeurs de l'Académie Secrétaires de l'Académie Surintendants

1671 F. BLONDEL 1671-1686

R. DECOTTE 1700-17351690

1710

A. FELIBIEN 1671-1695

J.F.FELIBIEN 1695-1733

COLBERTD'ORMOYLOUVOISVILLACERF

1664-1674168016841691

MANSART 1699DUC D ’ANTIN 1708 DEBELLEGRADE directeur

D'ANTIN 1716rétablissement de la surintendance

1730 J. GABRIEL 1735-1742 J. GABRIEL 1742-1782

1750

1770

MIQUE * 1782-17931790

Abbé CAMUS 1733-1768

SEDAINE 1768-1793

ORY 1739LE. NORMAND de TOURNEHEM 1746 VANDIERE Marquis de MARIGNY 1754

abb.TERRAY 1773-1774 ANGIVILLERS 1774-1793

* Mique est imposé par le Roi comme directeur de l'académie bien qu'il ne soit pas académicien. L'académie protestera en 1778. C'est en tant que "premier architecte du Roi" que Mique remplace souvent Gabriel et assure à sa place la fonction de directeur.

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3 - CHRONOLOGIE DES STATUTS

Ce n’est que 46 ans après sa fondation que l'académie reçoit ses pre­miers statuts.

Le préambule de cette constitution place la fondation de l'académie d * architecture dans le programme général de toutes les académies.

L'academie de peinture et de sculpture a produit le "bon goût" et une grande facilité pour l'intelligence et l'usage du dessin.

"Elle en c< que

Maispro,toud'aqu:sele

L'académie des inscriptions a produit des connaissances de l'histoire et de l'antiquité "ignorées jusqu'alors".

L'académie des sciences a permis de "très célèbres et utiles découver­tes dans l'astronomie".

C'est par référence à un projet de connaissance que sont établies les académies et dans le cadre de ce projet global qu'aurait été crée l'aca­demie d'architecture. Le préambule précise que ceux qui ont été jugés dignes d'être admis dans cette académie ont obtenu des brevets pour etre admis, assister aux conférences et contribuer "par leur science et leurs lumières à l'avancement d'un art aussi recommandable".

Les statuts ont pour objet de rendre cette académie "plus célèbre, plus considérable, plus ferme et plus stable".

Il s'agit de confirmer l'établissement, mais paussi d'en régler défini­tivement sa pratique.

Les statuts définissent d'abord la qualité d'académicien :

- résider à Paris, et pour les académiciens de 1ère classe seulement, ne pas exercer les fonctions d 'entrepreneurs ou d'autres personnes se mêlant de bâtiment.

1776, aucun des académiciens (soit de la 1ère soit de la seconde classe) ne pourra exercer la fonction d 'entrepreneur même dans les bâtiments du Roi. On ne pourra prétendre à la fonction académique qu'à la condition d'être de bonnes moeurs et de probité reconnue.

- les statuts prévoient le mode de recrutement de façon précise. Ils resteront en vigueur pendant toute la durée de l'académie.L assemblée élira (à la pluralité des voix) 3 sujets qui seront présen­tés au Roi afin qu'il "lui plaise en choisir un".

- Les assemblées seront hebdomadaires et l'académie ne peut s'assembler extraordinairement que sur l'ordre exprès du Roi.

- Les académiciens sont tenus d'être assidus et ne peuvent s'absenter sans congé.

- La fonction de l'académie est donnée tout à fait explicitement par l'article XIV.

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"Elle sera tenue d'agiter les questions et de donner ses avis, et même en cas de besoin des mémoires, dessins et modèles, sur les difficultés que le surintendant de nos bâtiments leur fera proposer".

Mais aussi par l'article XV, d'exposer par écrit "des pensées, des Projets, des recherches et s'il y a lieu des compositions d'ouvrage touchant la théorie et la pratique de divers genres et diverses parties d'architecture, de chacun des arts qui dépendent d'elle, des sciences qui lui sont utiles, et même sur les us et coutumes par rapport aux servitudes, du toisé et à toutes autres parties de jurisprudence dont les architectes doivent être instruits".

Les académies entretiendront des relations avec divers savants en archi­tecture et en antiquité de bâtiments. Elles chargeront quelques uns des académiciens de lire les ouvrages importants et d'en faire rapport a la compagnie.

Les statuts précisent que les académiciens veilleront dans les occasions °ù ils seront d'opinion différente à "n'employer aucun terme de mépris ni d'aigreur l'un contre l'autre". Les statuts de 1717 renvoient pro­bablement sur ce point à 46 ans de pratique académique. On verra que les rédacteurs des procès—verbaux sont restes fideles a cette prescrip­tion et les débats où se sont opposés les académiciens n'apparaissent qoe de manière bien retenue.

Les statuts précisent que les "officiers de nos bâtiments" ont droit d'assister aux séances.

L|article XXVI précise même l'ordre dans lequel se rangeront les aca­démiciens, les officiers, le surintendant et le directeur, le profes­seur et le secrétaire.

Mais le droit d'assister aux séances n'implique pas le droit de parti­ciper à toutes les discussions.

La règle est la suivante : tous ceux qui sont présents ont voix délibé­ratoire lorsqu'il s'agit de la science de la théorie et des recherches Propres à l'architecture. Par contre seuls les académiciens de 1ère classe auront voix délibératoire lorsqu'il s’agira de donner un avis sur les ouvrages du Roi.

Enfin les statuts réglementent l'école :~ Le double rôle du professeur qui fera d'une part des cours publics mais qui d'autre part dictera aux élèves ses leçons d'architecture et de géométrie,Le mode de recrutement des élèves,®t les modalités suivant lesquelles on connaîtra les progrès qu'ils

auront faits. On proposera chaque année des sujets d'architecture et X1 sera délivré aux deux élèves qui auront le mieux réussi des médail­les.

Les statuts enfin précisent le montant du droit de présence des acadé­miciens .

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Les statuts de 1717 ne seront jamais modifiés sur le fond.Les lettres patentes de 1728 ou de 1746 modifient le nombre des acadé­miciens et leur répartition entre les 2 classes. Les statuts de 1776, 17 ans avant la fin de l'académie, développent chacune des dispositions des statuts de 1717 avec un souci du détail et de la précision qui marque probablement la difficulté de l'administration à tenir fermement sa tutelle sur un corps dont la mentalité des membres qui la composent a bien évolué depuis le temps de la fondation. Ici les statuts révèlent indirectement l'évolution de l'académie dans sa manière de penser, ses rapports avec l'administration.

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NOTE : Tableau chronologique des statuts successifs

1671 Constitution établie par Colbert 31/12 T. I IX XV169g Nouvelle constitution 12/2 T. I XII XIII1717 Lettres patentes d'enregistrement T. IV 335-3471728 Lettres patentes T. VI 339-3411756 Lettres patentes T. VI 341-3431776 Lettres patentes T. VIII 395-411

Tableau chronologique des statuts successifs de l'académie

NOTE : Ordre des assemblées académiques tel qu'il est prescrit par l'article XXVI des statuts de 1717

Les 3 contrôleursLes 3 intendants

-Le surintendant-Le directeur

Les 10 académiciens de 1ère classe dans l'ordre de leur nomination 1 2 3 4 5 6

D ' - O 0 0 0 0 O

Le professeur -Le secrétaire —

------ Les 12 académiciens de 2ème classe

DES ASSEMBLEES ACADEMIQUES TEL QU'IL EST PRESCRIT PAR L'ARTICLE XXVI des statuts de 1 7 1 7.

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L ettres patentes

pour

l ’établissement de l ’A cadémie royale d’architecture

(février 1717)1.

Louis, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous présents et à venir, Salut.

Le feu Roy, notre très honoré seigneur et bisaïeul, voulant illustrer son règne à l'imitation des roys ses pré­décesseurs, fit une recherche exacte des personnes qui excelloient dans les beaux arts. La protection qu’il a don­née à l ’Académie françoise; l’Académie des Inscriptions et celle des Sciences, qui furent établies, l’une en i663, et l’autre en 1666, et l’Observatoire, en 1667, ont produit, chacune dans leur genre, des connoissances de l ’histoire et de l’Antiquité ignorées jusqu’alors, des sciences et des arts dans toutes les parties des mathématiques et de L physique, et de très célèbres et de très utiles décou­vertes dans l’astronomie.

L ’établissement de l’Académie de peinture et sculpture, établie dès l’année 1648 et confirmée en i655, a produit le bon goût et une grande facilité pour l ’intelligence et l’usage du dessin, dont beaucoup de palais, maisons royales et autres édifices sont ornés et magnifiquement

décorés. Et comme l’architecture doit avoir la préémi­nence sur les autres ouvrages, qui ne servent pour ainsi dire que d’ornemens dans les différentes parties des édi­fices, Nous avons résolu de confirmer l’établissement de l’Académie d’architecture, qui en a été projeté et résolu dès l’année 1671, à l’instar des autres Académies, où il fut établi une compagnie composée, outre les architectes qui seroient choisis pour Académiciens, d’un professeur et d'un secrétaire qui seroient tous deux du nombre de nos architectes. Et il fut dès lors réglé que les confé­rences se tiendroient dans une de nos salles du Louvre.

Depuis ce temps, ceux qui ont été jugés dignes d'éire admis dans cette Académie en qualité de nos architectes ont obtenu des brevets qui les nomment pour être admis au nombre de ceux qui doivent composer cette Académie, assister uux conférences qui s’y feraient, y dire leur avis et contribuer, autant qu’ils pourroieiu, par leur science ci leurs lumières, à l’avancement d’un art aussi recomman­dable; mais comme cette Académie n’a point été autori­sée par des lettres patentes, notre très cher et bien amé cousin le duc d’Amin, pair de France, surintendant et ordonnateur générul de nos bâtiments, jardins, arts, aca­démies et manufactures royales, Nous a fait représenter qu’il étoit nécessaire de faire des statuts et règlements, pour la rendre plus célèbre, plus considérable, plus ferme et plus stable, et voulant contribuer, en ce qui pcm dépendre de Nous, à un ei«i!.ii.,:,e.ue.u si utile et si avan­tageux, pour ces causes et autres à ce Nous mouvant, de l'avis de notre très cher et très amé oncle le duc d’Orléans, régent, de notre très cher et très amé cousin le duc de Bourbon, et notre très cher et très amé oncle le duc du Maine, de notre très cher et amé oncle le comte de Toulouse et autres pairs de France, grands et notables personnages de notre royaume, et de notre grâce spéciale, pleine puissance ei autorité royulc, avons con­firmé et approuvé, et par ces présentes, signées de notre

main, confirmons et approuvons ladite Académie dV chitecture.

Voulons et Nous plaît que ce qui a été ci-devant régt pour son établissement porte son plein et entier effet ê ce qui n’est contraire à ces présentes; et pour la rendfl plus ferme et plus stable, Nous, de notre même pouvo>: et autorité que dessus, avons ordonné et ordonnons ladite Acudémie sera régie et gouvernée suivant et cofl' formément aux statuts et règlements qui suivent :

A rticle prem ier.

L’Académie royale d'architecture demeurera toujours sous notre protection et recevra nos ordres par le surin* tendant et ordonnateur général de nos bâtiments, jardinSi arts, académies et manufactures royales.

II.L’Académie demeurera toujours composée de deu*

classes : la première de dix architectes, d’un professeur et d’un secrétaire, et la seconde et dernière classe de douze autres architectes.

III.

Les académiciens seront établis à Paris, et lorsqu’il arrivera que quelqu'un d'entr'eux sera appelé à quelque charge ou commission demandant résidence hors Paris, il sera pourvu à sa place, de même que si elle était vacante par son décès, hors qu'il ne soit employé paf nos ordres sur le certificat du surintendant.

IV.

Nul des académiciens de la première classe n’exercera les fonctions d’entrepreneurs ni autres emplois dans les bâtiments dérogeant à la qualité de nos architectes, que nous n’accordons qu’à eux seuls, défeadans à tous les entrepreneurs, maîtres inuçons et autres personnes sc meslant des bâtiments de prendre la qualité de nos archi­tectes.

V.

Pourront néanmoins les académiciens de la deuxième classe 1 ni.reprendre, pour nos bâtiments seulement.

VI.

Pour remplir les places des académiciens de la pre­mière classe, quand elles viendront à vaquer, l'assemblée élira, à lu pluralité des voix, trois sujets de la seconde et dernière classe et ils Nous seront proposés afin qu’il Nous plaise en choisir un.

VII.

Pour remplit les places des académiciens de lu se­conde et dernière classe, quand elles viendront à vaquer, l’assemblée élira à la pluralité des voix trois sujets, et ils Nous seront présentés, afin qu'il Nous plaise en choi­sir un.

1. Cf. !.. Aucoc, Lois, statuts et règlements concernant les anciennes AcaJémtes et l'institut, de s63$ à tX#ç. j88y, m-H*, ei Ititrubucuoii Uu présent volume, p. v-xn.

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VIII.

Nul ne pourra nous être présenté, pour remplir aucune place d’académicien, s’il n’est de bonnes mœurs et de probité reconnue et s’il n’a, sur ses propres dessins, ordonné et conduit la construction de quelques édifices et ouvrages considérables d’architecture.

IX.

Nul ne pourra être proposé pour les places de la seconde dernière classe qu’il n’ait au moins vingt-cinq ans.

X.

Les assemblées ordinaires de l’Académie se tiendront •o Louvre, le lundi de chaque semaine; et lorsqu’à ce jour il se rencontrera quelque fête, l’Académie se tiendra Ie jour suivant, et l’Académie ne s’assemblera extraordi- oairement que par nos ordres exprès et hors les temps qu’elle doit tiquer.

XI.

Les scéances des assemblées seront au moins de deux heures, sçavoir depuis trois heures jusqu’à cinq.

XII.

Les vacances de l’Académie commenceront au 8 sep­tembre et Uniront le n novembre, et elle vaquera en outre la quinzaine de Pasques, la semaine de la Pente- coste, depuis Noël jusqu’au Rois et la semaine du mer­credi des Cendres.

XIII.

Les académiciens seront assidus tous les jours d’as­semblée, et nul ne pourra s’absenter plus de deux mois pour ses afTaires particulières, hors le temps des vacances, sans un congé exprès de Nous, donné par le surintendant.

XIV.

L’Académie, dans ses assemblées, sera particulière­ment tenue d ’agiter les questions et de donner ses avis, et même, en cas de besoin, des mémoires, dessins et modèles, sur les difficultés que le surintendant de nos bâtiments leur fera proposer, comme il le jugera à pro­pos, sur le fait desdits bâtiments, ou que les autres aca­démiciens de ladite Académie et mC*me les personnes qui seront admises à ces assemblées auront à faire résoudre pour le bien et l’utilité publique ou pour leur instruction particulière.

XV.

Et afin que l’Académie ne manque pas d’objets pours’occuper utilement pendant ses assemblées, elle se pro­posera elle-même et résoudra, au commencement de chaque année, un choix de quelque sujet d’architecture,

ou général ou particulier, et par rapport à ce sujet, nos architectes, pour perfectionner leur art, seront tenus à tour de rôle, à défaut d’autre matière, questions et dif­ficultés plus pressées, d’exposer par écrit, en dessins, modèles ou de toute autre façon que ce soit, à l’assem­blée, des pensées, des projets, des recherches et, s’il y a lieu, des compositions d’ouvrages touchant la théorie et U pratique de divers genres et différentes parties d’ur- chitecture, de chacun des arts qui dépendent d’elle, des sciences qui lui sont utiles, et même sur les us et cou­tumes par rapport aux servitudes, du toisé et à toutes autres parties de jurisprudence dont les architectes doivent être instruits*

XVI.

Tous les mémoires et dessins que les académiciens, chacun en particulier ou l’Académie en général, arrête­ront dans leurs assemblées et laisseront, pour y avoir recours dans l’occasion, seront mis ès mains et en la garde du secrétaire, qui les apostillera, les signera et datera du jour qu’il en sera fait mention sur le registre..

XVII.

L’Académie veillera exactement à ce que, dans les occasions où les académiciens seront d’opinions diffé­rentes, ils n’emploient aucuns termes de mépris ni d’ai­greur l’un contre l’autre, soit dans leurs discours ou dans leurs écrits, et lors même qu’ils combattront les sentiments de quelques architectes et de quelques savants que ce puisse être, l’Académie les exhortera à n’en parler qu’avec ménagement.

XVIII.

L'Académie aura soin d’entretenir commerce avec les divers savants en architecture et en antiquités de bâti­ments, soit de Paris ou des provinces du royaume, voir

même des pays étrangers, afin d’être promptement infor­mée de ce qui s’y découvrira ou s’y fera de curieux et d’utile par rapport aux objets que l’Académie doit se proposer.

XIX.

L'Académie chargera quelqu’un des académiciens de lire les ouvrages importants dans les genres d’étude aux­quels elle doit s’appliquer, et qui paroistront soit en France, soit ailleurs; et celui qu’elle aura chargé de cette lecture en fera son rapport à la Compagnie, sans en faire la critique, en marquant seulement s’il y a des vues dont on puisse profiter.

XX.

L’Academie examinera de nouveau toutes les decou­vertes qui sc sont faites partout ailleurs et fera marquer

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dans ses registres la conformité et la différence des siennes à celles dont il sera question.

XXI.

L’Académie examinera les ouvrages que le^ académi­ciens se proposeront de faire imprimer touchant l'archi­tecture; elle n’y donnera son approbation qu’apiès une lecture entière faite dans les assemblées ou du moine qu’après un examen et un rapport fait par ceux que la Compagnie aura commis à cet examen, et nul des acadé­miciens ne pourra mettre aux ouvrages qu’il fera impri­mer le titre d’académicien s’ils n'ont été ainsi approuves par l’Académie.

XXII.

Lorsque l’Académie aura ordre de Nous de travailler à des dessins et mémoires de bâtiments publics et particu­liers, ou qu’elle sera consultée, même par des étrangers, avec notre permission, elle s’appliquera très particuliè­rement à donner une prompte et entière satisfaction.

XXIII.

Les officiers de nos bâtiments, sçavoir les intendants et contrôleurs généraux, auront séance aux assemblées de l'Académie, en présence et en l'absence du surinten­dant, quoiqu’ils ne soient point architectes.

XXIV.

Nul autre ne pourra assister ni être admis aux assem­blées de l’Académie, en la présence du surintendant, que de son consentement.

XXV.

Nul autre aussi ne pourra assister ni être admis aux assemblées de l’Académie en l’absence du surintendant, que ceux qui seront conduits par le secrétaire, du con­sentement du Directeur de l’assemblée.

XXVI.

Le directeur de l’Académie aura sa place au côu gauche du surintendant et les architectes de la première clause placés du meme côte, suivant leur rang de récep­tion, et les officiers de nos bâtiments, intendants et con- trôLurs générant seront p L c é s à 'a droite .lu surinten­dant, suivant leurs rangs entre eux, et les architectes Je la seconde classe occuperont, suivant l’ordre de leur réception, les places qui resteront de chaque côte et au

bout de la table, allant joindre le professeur et le secré­taire qui seront en lace du surintendant.

X X Vil.

Notre premier architecte sera luujours directeur de l'Académie.

XXV!!!.Le directeur et en son absence notre urchitecte ordi­

naire, et en l’absence de tous les deux le plus ancien académicien de la première classe, lequel occupera la place de notre architecte ordinaire, sera attentif à ce que le bon ordre soit fidèlement observé dans chaque assem­blée et dans ce qui concerne ladite Académie.

Tous ceux qui auront scéance à l’Académie, dan$l* assemblées ordinaires et extraordinaires, auront V* délibérative lorsqu’il ne s'agira que de la science de' .héorie et des recherches propres à l’architecture.

XXX.

Les seuls académiciens de la première classe et qui auront ordre exprès de Nous par le surintend** d’assister aux délibérations sur le fait de nos ouvrai d’architecture, si l’Académie est consultée sur ce f*'1 auront leur voix délibérative, lorsqu’il s’agira de decid* la manière dont les travaux en question seront exécuté

XXXI.

qse

I.es seuls académiciens de la première classe et de architectes au plus de la seconde classe auront voix d^1 hcraiives sur les ouvrages proposés, autres que ceux qtfl i egardent nos bâtiments et maisons royales.

XXXII. ti

Le secrétaire sera exact à recueillir en substance ce qui aura été proposé, agité, examiné et résolu dafl* ( l’Académie, à l’écrire sur son registre par rapport * chaque jour d’assemblée, à y faire mention des écrits dont il aura été fait lecture et â y insérer, du moins p*r extrait, les écrits moins longs, suivant que rassemblée en étant requise par l’auteur le jugera propre â l ’utilité publique.

XXXIII.

Les registres, litres et papiers demeureront toujours dans l’une des armoires de l’Académie et le directeur dressera un mémoire desdits registres, titres et papiers, ensemble des livres, dessins et meubles, tant de ceux qui doivent être enfermés avec ce que dessus dans les armoires de l’Académie, dont le secrétaire aura les ciels, que de toutes les armoires, sièges et meubles apparte­nant à l’Académie, et le récolement dudit inventaire se fera tous les ans par le directeur, qui y fera ajouter ce qui sera d’augmentation.

XXXIV.

Le v ic .cu iie sera perpétuel, à la nomination du surin­tendant, et lorsque, par maladie ou autre raison considé­rable, il ne pourra venir à rassemblée, le directeur com­mettra tel autre académicien qu’il jugera â propos pour tenir !c registre en sa place.

XXXV.

Le professeur sera perpétue! et, outre qu’ il ussLtciu ..•• •.emblée* particulières de l'Academie, comiiu. u

avec ie.-> .nitie:» académiciens de la première cia-.se, i' sera tenu, deux jours de chaque semaine, hors les i . j * % des grandes et petites vacances mentionnées en l'ai tiele su du présent reglement, de donner des levons au public dans une salle que l’Academie disposera a cet effict; jil] dictera cl expliquera, chacun de ces deux jours, pendant deux heures au moins, sçavoir, pendant la pre­mière heure, des leçons de géométrie pratique, et peu-

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ant u seconde et dernière heure, des leçons de dif- fentes notions, enseignements, règles et pratiques architecture, le tout tendant à former un cours des

principes de cet art et des connoissances qui seront les P us nécessaires, lequel cours d’architecture ceux d’entre es jeunes élèves de l’Académie qui seront tenus d’être

assidus à ces leçons pourront le copier et recueillir eu

^Ür Ca^*ers» en deux ou tr0*s années de temps au

XXXVI.

Tout homme, de quelquMge ou condition qu’il soit, rçut aura du goût pour l’architecture, aura entrée dans la silUe de l'Académie pour assister aux leçons publiques et entendre le professeur.

XXXVII.

professeur fera publier tous les ans par des ailiches, au commencement du mois de novembre, les leçons tant

géométrie que d’architecture qu’il commencera à die- aux elèves de l’Académie, après les vacances, et qu’il

c®ntinuera jusqu’au mois de septembre de l’année sui­vante. Il indiquera le lieu et il marquera les deux jours

e chaque semaine, et pour chaque jour les deux heures dc ses leçons. .

XXXVIII.

! Ve Pr°fesseur, après avoir donné un cours public d’ar- uecture et l'avoir communiqué dans les assemblées

particulières des académiciens en tel ordre et de telle lan ière qu'il jugera à propos, pourra, si Nous agréons cet ouvrage, le dicter et l’expliquer de nouveau par

Ç°ns, pendant deux ou trois autres années consécu- nves, aux nouveaux élèves de l’Académie, si mieux n'airae Rue les nouveaux élèves qui entreront en chaque diffé­rente année le copient par cahiers, dans la salle, même eur dicter des leçons, à unç heure particulière, pour ne

pas interrompre les suites des autres leçons nouvelles qu il voudra donner publiquement.

XXXIX.

Le professeur, lorsque par maladie ou par raison con- sid(.rublo ne pourra lui-même dicter scs leçons, il en donnera avis à l’Académie et le directeur fera le choix

un sujet de la Compagnie pour professer en son ab­sence

XL.

Le professeur choisira entre les jeunes étudiants d'ar­chitecture six élèves; en outre les académiciens de lu première classe en nommeront chacun un et les acadé­miciens de ta seconde classe chacun un; tous lo q u e 11, élevés auront le titre d'eleves de l'Académie et seront, comme tels, nommés sur deux listés arrêtées dans l'Aca­demie avant les vacances. L'une desquelles listes, signée du professeur, demeurera ès mains du secrétaire, et 1 autre, en conséquence de la mention qui sera faite de toutes deux dans les registres de l’Academie, sera signée du secrétaire et remise ès mains du professeur.

Nul ne sera nommé élève de l’Académie qu'il n’aii au moins seize ans, qu’il De soit de bonnes mœurs et ne fasse profession de la religion et foi catholique, qu’il ne sache lire et écrire et les premières règles de l’arithmé­tique, qu'il ne dessine facilement l’architecture et les ornements et, s’il se peut, lu figure; qu’il ait autant qu’il ào pourra une teinture des lettres et de la géométrie et quelque connoissance des auteurs, des règles et autres principes d’architecture, par rapport à la pratique ou à la théorie de cet art.

XLII.

Et pour connoître les progrès qu'auront fait ces elèves et leur donner de l’émulation, il leur sera proposé par l’Académie, tous les ans, des sujets d’architecture, et les dessins que ces élèves feront de ces sujets, en plans, élé­vations et profils, seront examinés par l’Académie ci il sera delivre aux deux élèves qui auront !c mieux réussi deux médailles, l’une d'or pour le premier prix et une d’argent pour le second.

X L I11.

(1 sera donné, pour le droit de présence, un louis d'onze francs à chacun des architectes de la première classe qui assisteront è l'assemblée et non autrement, lesquels figureront sur le registre paraphé par le direc­teur ou celui qui tiendra sa place. Ceux qui arriveront une demi heure après l’assemblée commencée ne joui­ront point du droit de présence.

Si donnons en maniement à nos féaux et amés con­seillers, les gens tenant notre cour de Parlement à Paris, que ces présentes ils aient à faire lire, publier et enre­gistrer, et du contenu en icelles [faire] jouir et user pleinement et paisiblement et perpétuellement ladite Académie d'architecture, cessant et faisant cesser tous troubles et empêchements à ce contraires, car tel est notre bon plaisir ; et afin que ce soit chose ferme et stable a toujours, Nous avons fait mettre notre scel à cesditcs présentes, suuf, en autres choses, notre droit et l’autruy en toutes choses.

Donné è Paris au mois de février de l’an de grâce mil sept ccmt dix sept, et de notre règne le deuxième.

Signé ; Louis.

Au-dessous, pur le Roy, le duc d'Orléans, regent, pré­sent, signé : P h éu pk au x . A côte, visa signé : d’A guesseau .

Et plus bas est écrit :Registrées, ouy, ce requérant, le procureur générai du

Roy, pour être exécutées selon leur forme et teneur, sui­vant l’arrêt dc ce jour.

A Paris, en Parlement, le dix-huit juin mil sept cent dix-sept.

Signé ; Üangois.

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CHAPITRE III : MISSIONS DE L'ACADEMIE

Les missions de 1717.

de l'académie sont parfaitement définies par les statuts

- Rendre des avis, établir des dessins ou des modèles sur les difficul­tés que le surintendant "de nos bâtiments et autres personnes auraient à résoudre pour le bien et l'utilité publique".

- Assurer le perfectionnement de l'architecture, du point de vue de la théorie et de la pratique des arts qui dépendent d'elle et des sciences qui lui sont utiles, connaître et faire connaître les us et coutumes par rapport aux servitudes, ,1e toisé et toutes autres parties de jurisprudence.

- Entretenir le commerce avec divers savants en architecture et en antiquité.

Lire ce qui paraît en France et à l'étranger et en faire le commentai­re .

- Examiner toutes les découvertes qui ont pu être faites.

~ Examiner les ouvrages que les académiciens se proposent de faire imprimer.

~ Répondre aux consultations et diverses demandes qui peuvent être faits à l'académie.

- et enfin enseigner publiquement et aux élèves de l'académie : connaî­tre les progrès de ces derniers.

Dans la pratique l'académie a rempli avec assiduité l’ensemble deces missions.

Oh peut les regrouper différemment en quatre catégories :

1/ Procéder à une enquête technologique sur les moyens de la construc­tion. Il s'agit de centraliser une information sur les ressources et commencer à analyser systématiquement la qualité des matériaux et des méthodes.

2/ Codifier un ensemble d'usages pour en faire un véritable règlement de la construction. Là aussi il s'agit d'un travail d'unification des usages, de normalisation des pratiques, de contrôle des coûts.

3/ Etablir la bonne doctrine architecturale. Il s'agit ici d'énoncer les principes abstraits auxquels obéit l'architecture et les precep— tes auxquels il faut soumettre le travail de projet. Ces préceptes, réglés opératoires qu'il faut suivre pour faire le projet, sont 1 expression concrète de principes abstraits.

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l_ ' académie à travers les règles Ce travail a conduit XVIIIème.

aura pour tâche de définir les principes, de les retrouver l'analyse du patrimoine architectural et d'en déduire qu'il faut suivre pour faire oeuvre de bon goût."d'énoncer la doctrine" qu'accepta d'exécuter l'académie la production architecturale de la deuxième partie du

4/ Enfin et l'académie

jusqu'à ce qu'un corps des Ponts-et-Chaussées soit a contrôlé le domaine de la construction des ponts.

créé

En plus de ces principales missions, l'académie a été appelée à interve­nir dans de multiples domaines, parfois il s'agissait d'arbitrer cer­tains litiges, souvent il s'est agit d'intervenir à titre de conseil, pour différents projets. On reviendra sur cette importante mission dans le chapitre que nous consacrons à la "correction académique". L'académie à travers toutes ces missions est restée - le conseil techni­que et esthétique de la surintendance des bâtiments. En même temps elle défendait les droits et privilèges des "architectes du Roi".

Enfin, l'académie dès sa fondation a eu pour mission d'enseigner. Cet enseignement a été exercé par ses professeurs successifs, mais toujours jalousement contrôlé par l'ensemble du corps académique. Il est nourri des enseignements qu'apporte la pratique académique et inspiré par la discussion sur le goût que l'académie a poursuivi pendant les 20 premières années de son existence et qu'elle reprendra en maintes occasions.

La référence est un ensemble de textes théoriques choisis parmi les traités qui ont soutenu l'antiquité et la renaissance italienne.

On examinera ici successivement :

1/ l'enquête technologique 2/ le travail réglementaire 3/ l'énoncé doctrinal4/ le contrôle de la construction des ponts

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I - L'ENQUETE TECHNOLOGIQUE

En 1778 Colbert ordonne à l'académie d'exécuter une vaste enquête sur l'état des églises et sur l'origine des pierres utilisées à leur cons­truction .

En fait cette enquête ne se limitera pas à la visite des carrières et des églises.

Pendant toute son existence l'académie s'occupera d'examiner les procè­des de construction, les nouvelles inventions et fera des rapports sur les méthodes de travail et les matériaux.

Spontanément les inventeurs, les entrepreneurs, les fabricants soumet­tent à son opinion leurs inventions.

L'académie de ce seul point de vue de l'enquête technologique peut etre considérée comme réunissant une somme d'informations très impor­tantes sur l'état de l'industrie ou la construction.

Il ne faut pas, d'après nous, seulement considérer ce travail d'enquête qui est imposé aux académiciens comme la réponse technique à une ques­tion que se posait l'administration des bâtiments sur les matériaux de construction ou sur l'état du patrimoine architectural.

L'enquête technologique, comme nous en avons développé l'hypothèse dans "essai sur la formation du savoir technique, le cours de construc­tion", précède toute analyse du système de production de 1'architecture. Elle porte sur la question des "Ressources" Avec quoi construire ? et ces ressources ne sont pas seulement les matériaux de la construction mais aussi les ressources de l'esprit, les outils, les méthodes, les processus et plus globalement encore une manière de penser, de réflé­chir l'activité technique de construire.

L'enquête technologique implique une remise en question tout à fait 9lobale du processus. On peut dire que les académiciens ont mis tant d'empressement à obéir aux instructions de l'administration par simple docilité. On peut aussi faire l'hypothèse que ces architectes issus pour la plupart du milieu de l'entreprise, ont saisi cette occasion de l'enquête pour considérer l'architecture dans sa dimension construc­tive. La question des ressources, entendue comme s'appliquant à l'ensem­ble du processus, appelle de la part de celui qui dessine l'édifice une réponse qui règle à la fois l'architecture et la construction. A la question avec quoi construire, la réponse est de dire comment?

II semble que les académiciens aient réussi, dès les débuts de l'acadé- mle> a ne pas laisser échapper de leur domaine la question de la techni­que. Au contraire, il faut d'après nous relire les discussions parfois très ennuyeuses sur les traités, les ordres, les préceptes et les prin­cipes a la lumière de cette hypothèse suivant laquelle l'académie s'est saisie de la question que lui posait l'administration pour définir ce qu on appellerait aujourd'hui une politique technique.

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S'appuyant sur une analyse informée des ressources disponibles - les hommes, les méthodes, les matériaux - l'académie a défini une véritable problématique technique. Elle ne l'a jamais exprimée comme telle mais toujours à travers la discussion des énoncés de l'architecture et par l'exécution des missions de conseil et de contrôle qui lui étaient confiées.

Cette position était habile, elle renforçait le rôle du projet - le dessin qui est soumis à l'approbation du Roi - il devenait ainsi non seulement la figure de l'édifice achevé mais en même temps la définition du mode opératoire, la règle de coordination elle-même.

Jamais depuis la fin de l’académie les architectes n'ont retrouvé cette occasion d'imposer à l'ensemble du processus la règle de l'architec­ture et par conséquent l'autorité de celui qui compose l'édifice sur celui qui l'exécute.

L'administration s'est d'abord certainement félicitée de cette position de ses architectes.

Pour elle, ils contribuaient à mettre les entrepreneurs sous un contrôle plus ferme.Ils étaient généralement entrepreneurs eux-mêmes et connais­saient de l'intérieur pourrait-on dire, le système de production des bâtiments. Mais en tant que lettrés, et distingués par leur titre d'ar­chitectes du Roi, ils deviennent objectivement les alliés des gens distingués et contribuent à mettre les exécutants dans la docilité.

Plus tard, l'administration, et spécialement à partir de la surinten­dance de Tournehem, regrettera d'avoir laissé à ses architectes une si grande autorité sur le chantier. Il devient impossible de les contrô­ler. On peut évoquer ici les rapports difficiles de Gabriel avec l'ad­ministration. Celle-ci entend approuver les plans avant qu'ils ne soient exécutes. A la mauvaise volonté de Gabriel, Tournehem répondra en éta­blissant une commission dont dont membres sur trois sont liés à l'aca­démie, Hazon académicien et Mallet ancien élève.

L'academie a probablement très consciemment orienté tout son travail (la discussion sur le goût et sur les formes et 1 ' interprétation de l'antiquité - l'analyse des projets et inventions - l'enseignement) dans le but de se saisir de la question des ressources et de se cons­truire comme l'autorité compétente pour y répondre.

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NOTE : L'enquête de 1678

'Monsieur Perault contrôleur des bastiments de S.M. fait voir un billet signé de mandit Seigneur Colbert du 11ème du présent mois, par lequel il ordonne aux architectes du Roy, qui s'assemblent en l'académie de visiter promptement toutes les anciennes églises et anciens bâtis­seurs de Paris et mesme des environs s'il est nécessaire pour voir si les pierres sont de bonne ou mauvaise qualité, si elles ont subcisté en leur entier, ou si elles ont esté endommagées par l'air, l'humidité, la lune ou le soleil, de quelles carrières 'elles ont esté tirées, si ces carrières subcistent ou non et formeront leur avis sur la diffé­rente qualité des pierres, ce que la Cie a résolu de faire au plustot."

Le 12 juillet 1678

Dès le 13 juillet 1678 les académiciens se transportent à l'Eglise de Saint-Servin - aux Jacobins, aux Chartreux, Carmélites, aux Bernar­dins.14 juillet à St Denis en France

on a vu aussi la fontaine des Saints Innocents18 juillet au Vieux Louvre19 juillet Cloître Notre Dame - L'Eglise St. Denis du Pas 21 juillet Tuilleries et Ste Geneviève25 Juillet St Etienne du Montetc...Le 4 août on décide de visiter les carrières de St. Leu, on est allé d'abord à Ecouan.Le 5 août nous avons été aux carrières de Trassy 6 août à Pontoise et à la carrière de Louget.L'enquête se termine en décembre 1678.

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2 - LE TRAVAIL REGLEMENTAIRE

contrô- chargée projets

parti­culièrement à donner une prompte et entière satisfaction lorsqu'elle aura reçu l'ordre de Nous de travailler à ces dessins et mémoires de bâtiments publics ou particuliers, ou qu'elle sera consultée, même par des étrangers, avec notre permission".

A la mission d’enquêter sur les ressources, correspond celle de 1er. L'académie, nous le verrons plus loin, s'est explicitement de conseiller l'administration des bâtiments dans le choix des et des techniques.

L'article XXII des statuts précise:'! ' académie s'appliquera très

Nous verrons comment l'académie parut s ' acquitter de cette mission de contrôle architectural et mit au point une procédure particulière que nous proposons d'appeler "la correction académique".

Mais avant d'exercer ce contrôle d'un type particulier, la correction des projets, l'académie va pendant toute la durée de son existence participer à la réglementation de la construction.

Pour bien comprendre le contrôle architectural qu'elle exerce sur le projet, il faut se rappeler que l'académie a d'abord défini les condi­tions générales de la construction par un ensemble de règles qui portent- sur les éléments fonctionnels du projet,- sur les dispositions constructives,- sur l'organisation du processus et spécialement sur les critères qui permettent de trancher dans les conflits où s'opposent entrepre­neurs, clients et architectes,- enfin de définir des règles de droit tant pour les constructions

que pour la voirie ou l'urbanisme.

On ne donnera ici que quelques exemples des questions que l'académie a tenté de réglementer.

Il s'agit de règles purement architecturales non seulement relevant des proportions, des ordres ou des éléments d 'architecture mais aussi de règles constructives et techniques.

Mais ce travail réglementaire a porté aussi sur le processus.Les inter minables discussions sur le toisé que Lemonnier s'est lasse de repro duire restent incompréhensibles si elles ne sont pas rapportées à l'or ganisation du chantier et plus précisément au découpage du travai global de construire l'édifice en travaux élémentaires. La questio du toisé est importante pour les académiciens parce qu'elle perme de donner à l'architecte autorité sur les exécutants. En disposan

comP®tence sun la. manière d ’estimer le coût et donc de décrir 1 édifice, 1 architecte devient en fait maître des rapports qu'entre tiennent les entrepreneurs. Il devient maître du jeu.

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Les académiciens n'ont pas renâclé devant l’austérité du toisé. On ne s'est pas appliqué sérieusement à reconstituer et les enjeux et les stratégies, ni à comprendre comment le toisé les a réglés.Il reste à faire un travail sur le toisé avec l'ensemble de nos hypo­thèses sur la "Règle".

Que l'académie se soit avec tant de patience appliquée à la définir, laisse penser qu'elle trouvait là l'occasion de maîtriser le processus construction et d'y imposer l'ordre des bons principes. On trouverait Peut-être à reconstituer ce rapport qu'elle visait entre la théorie et la pratique une procédure tout à fait particulière de normalisation.

L'académie cherche aussi à exprimer sous forme de règlement la sécurité du public et la responsabilité des entrepreneurs et empiète sur le domaine du droit. Elle se charge de définir les aspects techniques du droit de propriété, les règles, de mitoyenneté, les règlements de voirie, les principes d'urbanisme qu'il faut appliquer pour l'assainis­sement et l'embellissement de la ville.

On doit enfin signaler que pendant toute la durée de son existence l'académie a joué le rôle d'une commission d'agrément des matériaux, produits divers de construction, machines de chantier et inventions de toute sorte.

Le travail réglementaire de l'académie est considérable. Il mériterait d'être étudié soigneusement et d'être mis en rapport avec l'évolution pendant le 18ème siècle des pratiques constructives.

Une telle étude permettrait d'évaluer le travail de formalisation du savoir technique du début du XIXème siècle, sous l'influence du ratio­nalisme et d'en comprendre mieux l'aspect stratégique.

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3 - L’ENONCE DOCTRINAL

Le travail des académiciens fut d'énoncer la vraie doctrine en architec- ture. La discussion sur le goût en architecture n’a pas d’autre objet que de déterminer les principes et les préceptes.

Nous avons dans nos travaux souvent utilisé ce terme de doctrine pour désigner cet ensemble d ’énoncés donnés comme la théorie de l’architec' ture. Il s'agit pour nous d'un énoncé qui comporte trois parties :

1. Le corpus de référence : c'est l'ensemble des édifices qui sont utiles pour discuter des règles. Dans cet ensemble on trouve des exem­ples qui les illustrent. On peut dans cet ensemble définir les éléments de 1'architecture, ses parties. Le corpus de référence permet de dési­gner aux élèves les paradigmes architecturaux. Les édifices qu'il com­prend ne sont généralement pas donnés comme des modèles à reproduire mais comme des modèles à discuter. L'imitation est cette démarche parti­culière d'analyse à laquelle s'applique l'architecte.

2. La pratique de projet impose que soient donnés des préceptes. Ce sont des règles de proportion ou d'ordonnance qui permettent de faire l'économie de l'analyse précédente, tout au moins partiellement. Les préceptes sont des règles opératoires qu'on peut réduire à des traces ou à des méthodes. Ces règles sont offertes à la transgression. L'acti­vité de projet accomplit sous la loi de la "licence" qu'il faut bien distinguer de l'abus. "En architecture, les licences peuvent quelquefois être regardées comme des ressources; les abus ne peuvent jamais être envisagés que comme les médiocrités de l'art". J.F. Blondel.

Enfin il y a un troisième niveau dans la doctrine, c'est celui des principes. Il s'agit là de positions abstraites sur le goût, le beau, ou sur l'utilité qui justifie l'architecture et desquels découle le programme de l'architecture" c'est-à-dire la définition et la justifi­

cation de son objet.

Cette doctrine est en effet un enseignement; elle constitue l'enseigne­ment que doivent suivre ceux qui s'exercent au projet et qui ont dessein de construire des édifices.

C est une doctrine à l'usage des architectes. Le professeur n'en diffu­sera publiquement que la partie la plus abstraite, celle qui énonce les principes du goût en architecture. Par contre, il dictera aux élè­ves les règles de proportions, les règles de construction des ordres qu’on peut extraire de l'analyse d'un grand nombre d'édifices antiques, les traces constructifs, les règles d'ordonnance, d'alignement, de correspondance et aussi les moyens de racheter les parties du projet qu'il est impossible de concevoir dans la loi générale du projet.

Il est très significatif que l'académie ne réussit jamais à publier un texte .définitif sur la théorie de 1'architecture bien qu'à plusieurs reprises la demande expresse lui fut faite de diffuser le résultat de ces discussions.

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La doctrine architecturale est un ensemble mouvant qui se modifie cons­tamment. L'enseignement du professeur est contesté par les élèves qui devant une situation nouvelle, une conjonction qui s'est modifiée, proposent de nouvelles solutions.

Les académiciens consciemment ou non ont refusé de publier comme défi­nitive une doctrine qu'ils savaient provisoire.Mais il s'agit ici de la doctrine de l'académie, à la lettre de son enseignement. Et cette doctrine de l'académie est informée par l'ensem­ble de la pratique académique : la mission de réfléchir à l'organisa­tion de la construction , celle d'en réglementer le domaine.

La discussion sur le goût en architecture est placée sous la nécessité de produire un énoncé cohérent avec cette pratique dont nous avont tenté de montrer l'importance politique et économique.

Cette discussion sur le goût n'est pour l'académie qu'une partie de la doctrine ou de son enseignement, celle que le professeur expose aux gens distingués - le public des lettrés qui se piquent d'être con­naisseurs - et dont l'opinion participe au consensus social.

Ici la distinction s'impose absolument entre les traités d'architecture des connaisseurs, des amateurs et des antiquaires et ceux que produisent les académiciens et qu'ils soumettent au jugement de la compagnie.

Les premiers contiennent une discussion sur les valeurs par lesquelles une société pense sa production; les seconds ont pour objet d'utiliser ces valeurs à justifier la pratique des architectes (faire le projet) et la pratique académique (réglementer et contrôler la production).

Les académiciens sont des maçons lettrés, ils furent habiles à entre­tenir avec l'élite de la société une discussion très abstraite sur les modèles de l'antiquité pour construire et maintenir leur autorité sur le processus de production.Ils ne supportent guère que les connaisseurs se mêlent des règles notamment ces gens qui se prétendent comme Fréart "de ces savants qui examinent et jugent les choses à la manière des géométries, c'est-à-dire à la rigueur par la pure démonstration et par l'analyse de leurs princi­pes, sans donner aucune entrée à l'opinion ou à la faveur, qui sont les pestes de la vérité".

L'académie réagit à la réédition du "parallèle de l'architecture antique avec la moderne" avec un certain agacement à l'égard de ce "connaisseur" Qui se mêle des règles.

La doctrine académique n'est pas un texte comme le sont les manifestes bas architectes modernes et les traités des amateurs. Elle est une pratique tout à fait particulière, celle d'une institution protégée et qui use de sa franchise à l'égard du pouvoir pour énoncer, trans­former et imposer une Norme.

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4 - LE CONTROLE DE LA CONSTRUCTION DES PONTS

De 1680 à 1690 l'académie intervient fréquemment à propos de la cons­truction des ponts.

Lemonier lui attribue le rôle d'un Conseil Supérieur des Ponts et Chaussées.

"Réparation du pont de Pytmil à Nantes, des ponts de Moulins, de Lyon, construction des ponts de la Charité, de la Ferté-sous-Jouafre, d'Henne- bont, de Saint Pourçain, de Pont-sur-Yonne etc... le pont Royal à Paris, etc..."

Pour tous ces ouvrages l'académie examine les dessins et les devis. Elle est parfois mêlée à la discussion du prix avec les entrepreneurs.

L'académie exprime ses avis sur le mode de fondation des piles et des culées. Elle se préoccupe à ce propos de la nature des terrains, du mode d'exécution, mais également des cours des rivières et des crues éventuelles.

Elle s'intéresse au travail de maçonnerie et à la conception et à l'exécution des voûtes.

Pour certains ouvrages elle délègue des experts sur place et étudie attentivement leur conclusion.

La compagnie a été très scrupuleuse dans ses avis qui sont toujours prudents.

"1er juin 1685Ce jourdhuy, premier jour de juin 1685, nous soussignés suivant et en exécution des ordres de Monsieur Le Peletier, intendant des finances, nous sommes transportés sur le quai du coté du faubourg Saint Germain, a l'endroit du pont qui se construit vis à vis des Thuilleries, pour voir et visiter toute le terrain que les pilotis, que l'on bat à pré­sent pour servir à la culée du dit pnt, afin d'en connaître la solidité. Avons trouvé que le dessus du terrain est un gros gravier et sable de cinq a six pieds de bas, et le dessous jusqu'à quinze pieds est un autre sable plus serré et plus fin, ce qui est conforme à la nature de tout le terrain du faubourg Saint Germain et la plaine du Pré aux clercs, ainsi nous jugeons que par le devant de la culée du coté de l'eau, sur le largeur de trois thoises, qui est la moitié de l'épais-

a son compte la dépense. La première pierre fut posée le 20 octobre 1685, le pont fut achevé en juin 1689 - Le pont précédent était en ois, il avait été endommagé en février 1684 par une crue de la Seine. Les travaux commencèrent en avril 1685, sur les dessins de Mansart et sous la direction de Gabriel 1er.

que le lit de la rivière et les pilotis battus jusques à louton long au moins de 12 pieds... etc." ici du pont royal - ainsi nommé parce que le Roi a pris

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CHAPITRE IV : LES DERNIERS MOMENTS DE L'ACADEMIE

Tandis qu'à l'académie de peinture et de sculpture, dès le début de la révolution s'ouvre une discussion sur -J.' institution académique, l'académie d'architecture semble avoir voulu rester, à l'écart du dé­bat politique, et fidèle aux volontés du Roi. La destitution de D'Angivillers en 1791 laisse l'académie sans tutelle et sans recours contre les pressions qui s'exercent sur elle.

Certains académiciens ne se présentent plus aux séances. D'autres au contraire jusqu'à la fermeture de l'institution vont accomplir avec assiduité la fonction académique : répondre aux consultations techni­ques, réfléchir aux problèmes que pose l'amélioration de la ville, s'intéresser aux inventions et surtout garder le contrôle de l'école. On proposera aux élèves des programmes de circonstance.

Finalement, malgré la résistance de certains académiciens, il faudra bien réfléchir aux statuts de l'académie et entreprendre de les réfor- mer. Le projet de Guillaumot témoigne de l'évolution qui pendant les T20 années d'existence de l'académie s'est produit dans la pratique architecturale. L'académie en donnant à 1'architecture le statut d'une discipline progressivement fait apparaître la nécessité d'une profes­sion .

Le projet de Guillaumot est le projet d'une organisation professionnelle centralisée et indépendante du pouvoir politique. Les architectes du dixième siècle ont évoqué l'ancienne académie comme un modèle d'organi­sation professionnelle comme si elle avait été ce que Guillaumot propo­sait qu'elle devienne.

Le décret qui supprime l'académie le 8 août 1793 est suivi d'une déci­sion du 24 août qui maintient l'école d'architecture dont la "très grande utilité" est reconnue.

Ainsi le dernier chapitre de l'histoire de l'académie forme l'introduc­tion nécessaire à l'histoire de l'école des Beaux-Arts.

Oc examinera dans ce chapitre :1 • Les dernières années de l'académie et les activités académiques,2. La discussion sur la tutelle,3. La fin de l'académie et la survivance' de l'école.'

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1 LES DERNIERES ANNEES DE L'ACADEMIE

L'académie pendant la période révolutionnaire s'en tient à un opportu­nisme réservé. Les académiciens dans les programmes qu'ils donnent aux élèves, sacrifient à l'actualité mais ils ne se mêlent que discrète­ment aux événements. L’académie pendant les troubles de la révolution tente de poursuivre avec sérénité son travail académique.

Elle intervient dans de nombreux domaines, notamment sur les projets de transformation de la ville. Elle est consultée par la ville de Paris dans l'affaire du Pont Rouge. Elle continue, imperturbablement, à donner ses avis et conseils sur les inventions techniques qui lui sont soumi­ses. Elle examine avec intérêt les projets de ses membres, notamment le projet d'un navire à vapeur que lui présente le professeur David Leroy.

Quand elle fera l'objet de différentes pressions pour participer ® une discussion sur les réformes qu'il faudrait apporter aux institutions académiques, elle tente d'abord de se dégager en prétendant qu'ell® n'est pas concernée par ces projets. Puis elle se tournera vers le surintendant auprès duquel elle voudrait trouver un appui. Elle se décare attachée au service du Roi et fidèle à ses statuts. Après 1® destitution de d ’Angivillers on sent le désarroi et la crainte.

Les académiciens ont poursuivi avec une assiduité fidèle le travail académique jusqu'à la suppression de l'institution. Ils se sont parti­culièrement consacrés à l'école et se sont imposés cette charge de travail importante de juger tous les concours d'émulation.

Après leur révolte de 1790, les élèves sont rentrés dans l'obéissance, et ont participé régulièrement aux concours. Pendant la dernière année de la vie académique Franque a occupé presque toutes les séances en présentant ses différents travaux théoriques et pratiques et ses projets.

Son exceptionnelle activité (il est âgé de 80 ans) a permis à l'acadé­mie de conserver jusqu'à sa suppression l'ardeur au travail. Il est mort le 25 octobre 1793, pratiquement en même temps que l'académie.

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2 - LA DISCUSSION SUR LA TUTELLE

La suite des événements qui marquent les dernières années de la vie academique scande une discussion qui porte plus sur la tutelle de l'ins­titution que sur l'institution elle-même.

En 1790, il a été décidé à l'assemblée nationale que toutes les acadé­mies présenteraient leurs idées sur leur constitution. L'académie d'ar­chitecture "doute que ce décret la concerne".

En 1790, les élè ves renoncent à leur qualité d'élèves suite au conflit les a opposés à d'Angivillers. "

La 6 septembre 1790, M. Camus (*) membre de l'Assemblée Nationale , President du comité des pensions, demande à l'académie par lettre - Pue lui soit communiqué l'état des traitements et pensions de ses mem­bres et celui des encouragements des élèves qu'on envoie à Rome.

L académie s'empresse de La champ Mique, Guillaumot

satisfaire l'objet de la lettre et nomme sur , Cherpitel, pour :

"* ‘ en référer à d'Angivillers,2; préparer sans délai (séance extraordinaire du 13 septembre) une réponse à l'assemblée nationale.

Lis vont voir d'Angivillers à Versailles :~ ils décident de rédiger un mémoire au Roi sur la reconnaissance des ienfaits et de la confiance qu'ils lui témoignent,de transmettre à Camus l'état des pensions.

En fait la question est de savoir si le budget de l'académie va demeu­rer sur la liste civile.

J-e 28 novembre d'Angivillers confirme que le paiement du "quartier e juillet" a été fait sur la liste civile.

Le 13 décembre, l'académie écrit à d'Angivillers, lettre signée par Paine, pour remercier de sa lettre du 17 septembre.

^ans cette lettre d'Angivillers exprime que s'il ne tient qu'à lui e Roi déciderait de garder à l'académie le privilège de sa faveur.

Le texte exact "je serai sensiblement heureux si je me vois autorisé a transmettre une décision qu'il est permis de prévoir, si sa Majesté Peut ne consulter que son estime pour l'Académie et ses dispositions onstantes pour les progrès.

Armand Gaston Camus n'a rien à voir avec l'ancien secrétaire de i Academie.

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La réponse de l'académie est importante car elle prend parti pour res­ter sous la tutelle royale.

L'académie a l'honneur de vous répéter que ses vives sollicitudes sont la preuve du désir qu'elle a de rester toujours sous la protection immédiate du Roi ainsi que de jouir etc ...

En 1791, l'académie d'architecture comme institution royale est forte­ment contestée.

Au début de 1791 divers mouvements traversent les académies de peinture et d’architecture. Un groupe de peintres de l'académie constitué en assemblée délibérante invite l'académie d'architecture à se joindre à ses réunions.

En janvier 1791, d'Angivillers écrit à l'académie pour lui rappeler l'interdiction formelle de "tenir des assemblées à des jours arbitraires et sans aucun voeu".

Il semble bien que l'académie ait passé outre à cette interdiction et qu'un groupe de 15 académiciens se soient réunis pour étudier un projet de statut.Le 14 février, un projet de règlement est présenté à l'assemblée natio­nale. Il consiste à créer une Acad émie Nationale des Arts comprenant 2 sections : une de peinture-sculpture-gravure, l'autre d 'architecture. Chaque mois ces 2 sections se réuniraient en une séance commune.

D'après Hautecoeur, ces 15 académiciens sont les suivants :Perronnet, de Wailly, Franque, Brebion, Rousset, Moreau, Coustou, Boullée, Bossut, Heurtier, Antoine, Brongniart, Poyet, Desmaisons (oncle de David), Sedaine.

Ce projet est le point de départ de la création de l'institut et de la fusion des 2 anciennes académies dans la future académie des Beaux- Arts.

Le 28 juin 1791 d'Angivillers est destitué et ses biens sont saisis. Il émigré en Russie.

Il fut remplacé par Arnaud de la Porte, intendant de la liste civile. Il fut guillotiné en 1792.

En janvier 1792, le directoire du département de Paris ouvre une enquête sur l'académie.

Le 16 janvier 1792, l'académie reçoit une lettre du directoire du dépar­tement de Paris contenant la demande détaillée de l'Etat et la composi­tion de l'académie, ses revenus, charges, etc ...

La lettre (p. 313 Lemonnier) est d'un ton ferme, elle se termine par Vous êtes prié de mettre la plus grande célérité à cet envoy. signe les administrateurs composant le directoire du département : La Rochefoucauld, Germain, Garnier, Demeunier, Auzon, Davous, Thioncle, La Chaume.

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Le 18 janvier l'académie répond.

Avril 1792 : une lettre de M. Renou peintre et secrétaire de l'acadé- mie de peinture demande que l'académie s'associe à une pétition à l'As­semblée Nationale sur la demande obligatoire des patentes à ceux qui Professent les lettres, les sciences et les arts. M. Renou a été enten­du avec beaucoup de satisfaction.

Au fil de ces événements on perçoit un projet de réorganisation des lnstitutions académiques. De différentes manières les académies tentent de répondre à la menace que font peser sur elles la commune des arts

les autres sociétés révolutionnaires par un projet de réunion des Academies, dans une nouvelle institution.

C est ce projet de la "fusion des arts" qui a finalement engendré l'ins­titut mais qui aurait pu conduire à la création d'institutions bien différentes. Le problème ici n'étant pas le titre du projet ni même a définition de l'objectif qu'il fixe mais plutôt la qualité des hommes

chargés de le réaliser et la nature de la relation qu'ils entretiennent au Politique.

L académie semble avoir été réservée sur ces projets de fusion. Le Lexte de Guillaumot semble refléter plus fidèlement la position des académiciens. Ce plan de réforme non daté annonce l'idée d'une corpo- ration d'architectes.

Le début du XIXème siècle reprendra cette discussion dont l'Ecole main- nue sera à la fois l'enjeu (posséder le monopole d'enseigner) et argument (elle seule peut définir le savoir architectural).

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NOTE : Plan de Réforme Académiqueprésenté par Guillaumot - tome IX 362 367 PV

Articles de ce projet de règlement introduisant des modifications impor­tantes aux statuts de 1776

Article 2 - L'académie sera composée de trente académiciens architectes.un professeur d'architecture, un professeur de mathématiques un professeur d'hydraulique et d'hydro-dynamique, un secré­taire, huit associés libres, neuf correspondants et neuf correspondants étrangers.

C'est supprimer la division en deux classes créées en 1699.

Article 4 - Les huit places d ’académiciens associés libres seront spé­cialement réservées, savoir; pour un peintre membre de l'académie de peinture pour un sculpteur membre de la même académie pour un membre de l'académie française, pour un membre de l'académie des sciences, pour un membre de l'aca­démie des inscriptions pour un ingénieur militaire, pour un constructeur de vaisseaux et pour un expert vérificateur instruit des lois des bâtiments.

C ’est établir un lien statutaire avec les autres académies.

Article 8 - Lors de la vacance d'une placé d'académicien architecte, il sera formé une liste de tous les architectes qui aspi­reront à la remplir et dans ce nombre, il en sera choisi six au scrutin et à la pluralité des voix. Dans ces si» sujets il en sera choisy un seul pan un second scrutin aussi à la pluralité des voix lequel sera proposé au Roi pour avoir son agrément.

Il s'agit ici d'une modification essentielle. Elle remplace le système de proposition au choix du ROi par un système de cooptation simple. L'agrément du Roi devient de pure forme.

Article 11 - Le président de l'académie est élu parmi ses membres acadé­miciens architectes aux associés libres, au scrutin et à la pluralité des voix. Il sera renouvelé tous les ans, et on nommera de la même manière et le même jour un vice- président pour le suppléer en cas de maladie ou d'absence et dans le cas d'absence de l'un ou de l'autre le plus ancien académicien en réception présidera.Le secrétaire ne sera point susceptible d'être nommé À la présidence à cause de la perpétuité de ses fonctions.

Cet anticle modifie complètement l'institution académique qui dès lors ne serait plus placée sous la direction de l'administration. Depuis l'affaire Mique les académiciens sont devenus probablement plus soucieux de leur indépendance. Dans ce projet ils désignent eux-mêmes un prési­dent . On ne parle plus de directeur.

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Article 18 - Tous les académiciens présents auront voix délibératoire dans tous les cas.

On se rappelle que seuls les académiciens de première classe pouvaient Prendre part aux discussions concernant les bâtiments du Roi.

Article 28 - Il sera choisi au concours parmy les jeunes étudiants qui suivront les cours des professeurs et sur un programme donné par l'académie quarante sujets qui auront le titre d'ELEVES DE L'ACADEMIE et qui seront seuls admis à concourir pour les prix d'émulation de tous les mois et pour les grands prix annuels.Les dits élus seront tenus d'être domiciliés à Paris.

Le projet modifie radicalement le mode de recrutement des élèves et tnstaure un concours d'admission sur programme. Le nombre des élèves reste le même. On propose de remplacer la procédure du PATRONAGE par un concours d’entrée avec NUMERUS.

Article 26 : un pouvoir attribué à l'académie disciplinaire sur sesmembres.

e Projet de Guillaumot tend à transformer l'académie d'architecture une corporation d'architectes qui se "posséderait elle-même", qui

^tiendrait l'autorité sur l'enseignement et la doctrine, et qui serait le-même sa propre juridiction.

^ est l'évolution prévisible de cette institution qui au fur et à mesure ^u„eLle exerçait sur la production au nom de l'administration un con- role de plus en plus efficace, s'est découverte elle-même comme formant

Pr® communauté exerçant une activité spécifique. A la fin de son his- » lrei au moment même où le pouvoir politique les supprime comme entrave a La liberté, l'académie rêve de devenir une corporation.

ci le lien entre l'ancienne académie et les tentatives des architectes aP 19ème siècle apparaît clairement. La référence qu'ils font à l'an­cienne académie est appelée non pas pour se mettre à la disposition e l'autorité politique mais pour instituer une profession.

®ans le savoir, QuiUaumot qu'ils 9enre qu'au milieu

car ils ne le connaissent pas, invoquent. Ils n'obtiendront du 20ème siècle, cent cinquante

c'est le projet de quelque chose de ce ans plus tard.

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NOTE :

GUILLAUMOT Charles Axel

Guillaumot est né en 1730 à Stockholm de parents français. Il entre à l'académie en 1773. Il construit les casernes des suisses St-Denis> Courbevoie, Joigny et le palais abbatial de Vézelay.

Il a publié une "théorie des arts" et un traité sur l'éclairage du Louvre. Il fut l'un des académiciens les plus actifs dans la dernière période de l’académie. Il meurt en 1807.

CAMUS Arnaud Gastonmembre de l'Assemblée Nationale

Janséniste, avocat du clergé au parlement de Paris, il abandonne 1* barreau pour se livrer à des études de sciences naturelles (traduction et commentaires de l'histoire des animaux d'Aristote, 1783).

Député du Tiers Etat aux Etats Généraux il contribua à l'élaboration de la constitution civile du clergé et fut chargé de l’organisation et de la direction des archives nationales.

Député sous la Convention, il fit partie de la commission chargée d'en­quêter sur la conduite de Dumouriez (1793). Celui-ci l'arrêta, le livra aux Autrichiens qui en décembre 1795 l'échangèrent contre la fille de Louis XVI. Il fut membre du Conseil des cinq cents jusqu'en 1797 et s'opposa au Consulat à vie.

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3 - LA FIN DE L'ACADEMIE, SURVIVANCE DE L’ECOLE

faut noter que l'occasion ou le prétexte choisi pour fermer l'acadé- mie d'architecture est le jugement du grand prix.

Alors que le procès de l'académie est déjà fait depuis longtempsc ' est uhe institution trop liée au pouvoir monarchique pour ne pas être consi- derée comme suspect - on hésite à la dissoudre. Pratiquement jusqu'aux derniers jours elle reste considérée qualifiée et compétente dans le domaine de l'architecture.

clan de David cependant refuse de laisser à l'académie la responsa­bilité de juger le prix. On voit ici l'importance attribuée à juste titre à la fonction enseignante de l’académie.

^ d'autres temps, le débat se serait déroulé dans le cadre même de institution académique.

b académie croit bien faire en rapprochant la date du concours pour aisser les élèves courir au secours de la Patrie - puis la date du Jugement. C'est le prétexte que prend le citoyen David pour dénoncer a soi-disant manoeuvre de l'académie et obtenir qu'elle soit déssaisie dü jugement.

Jhois jours plus tard, le 8 août, l'académie sera mise sous scellés. Ecole sera explicitement maintenue.

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Une manière de dessiner à grands traits l'histoire de l'Académie est de repérer les principaux professorats. L'Académie dès son origine a mission d'enseigner l'architecture. Le premier directeur de l'Acadé­mie François Blondel, sera en même temps le premier professeur. Le professeur est "perpétuel" : il est nommé "a vita". L'Académie évolue dans la manière de comprendre cette obligation d'enseigner.

1671-1686Le premier professorat de Blondel est un enseignement qui s'adresse au grand public. Blondel parle au public des "gens distingués". Il s'adresse à des gens de goût qui s'intéressent à l'architecture comme on s'intéresse aux arts libéraux ou mécaniques : c'est un enseignement de culture.

1686-1719Il est suivi par ' r professorat de Delahire, père d'abord, fils ensui­te. Cet enseignemen*. est différent de celui de Blondel, il est consacré aux Sciences. Les deux Delahire essaient de rattacher l'architecture à la science des arts mécaniques. Le cours porte sur l'utilisation de la géométrie, sur l'explication des engins et des machines. On ne s'adresse plus tellement aux "gens distingués" ; on essaie d'articu­ler la science à la pratique particulière de l'architecture.

1719-1728L'enseignement de Desgodet va mettre l'accent sur l'aspect juridique de la pratique architecturale.A partir de 1720 on commence à voir apparaître les élèves de l'Acadé­mie. 1720 est une date importante puisque c'est à partir de ce moment que la pratique régulière du Prix de Rome est instaurée. Les élèves sont chaque année invités à concourrir pour le Prix. Il y a pendant le professorat de Desgodet l'apparition d'un modèle pédagogique qui durera jusqu'à la fin de l’Académie et qui sera repris et transformé par l'Ecole des Beaux-Arts jusqu'en 1968: le concours.

1729-1762De 1729 à 1762 il y a une succession de professeurs qui vont tous axer leur enseignement sur les ordres : Bruand, Courtone, Jossenay et Loriot. Ce dernier professeur, Loriot n'est pas très connu ; il n'a rien construit ni rien écrit ; il est le seul professeur qui n'ait pas été jusqu'au bout de son mandat. (Bruand semble avoir démissionné pour raison de santé). Loriot a été contraint de démissionner. A partir de 1760 on voit dans les procès verbaux se succéder un certain nombre de commissions qui se donnent comme objectif de réfléchir sur l'école de l'Académie. A la même époque Loriot présente de plus en plus fré­quemment de nouvelles planches d'ordres. Puis subitement en 1762 appa­raît un successeur, Jacques François Blondel, il est assez facile de comprendre ce qui s'est passé ; Loriot était contesté et le travail des commissions qui avait comme mission de réfléchir dans l'abstrait au problème de l'enseignement, dans le concret préparait le remplace­ment du professeur... procédure connue.

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examinera dans ce chapitre successivement :

Le professorat de François Blondel.Les professorats de Philippe de la Hire et de la Hire fils. Le professorat de Desgodet.

• Le professorat de Bruand.• Le professorat de Courtonne.Le professorat de Loriot.

• Le professorat de J.F. Blondel.

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PROF de MATH.

PROF.ADJOINT

Né le Entrel'AC.2ème j

à

1ère

NomméProf.

Al'âgde

Prof, e pendant

1671 F. BLONDEL 1617 1671 671 54 15 jusqu'à sa mort 1686

1687 P. DE LA HIRE 1640 1687 1687 47 31 jusqu'à sa mort 1718

1718 G. DE LA HIRE 1677 1706 - 1718 51 1 Jusqu'à sa mort 17191719 A DESGOOETS 1653 1699 1718 1719 66 9 jusqu’à sa mort 17281729 F. BRUAND 1679 1699 1706 1729 50 1 jusqu'à sa démis17301730 J. DE COURTONNE CAMUS 1671 1728 - 1730 60 8 jusqu'à sa mort 17391739 D. JOSSENAY 1680 1717 1739 1739 59 9 jusqu'à sa mort 17481748 L.A. LORIOT 1700 1735 1758 1748 48 14 jusqu'à sa démis17621762 J.F. BLONDEL D. LEROI 1705 1755 - 1762 57 12 jusqu'à sa mort 17741768 MAUOUIT1774 D. LEROI 1728 1758 1775 1774 46 jusqu'à la fin 17931786 CHERPITEL1793

1739

1767

D. LEROI 1803

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îondel publie la première partie de son cours en 1675. La seconde troisième en 1683. La quatrième et cinquième en 1698. ouvrage s'intitule "Cours d'architecture enseigné dans l'académie

r°yale d'architecture".

londel avait publié avant la fondation de l'académie "l'architecture rançaise" • et la même année la "Résolution des quatre princi­paux problèmes d'architecture". Il publiera en 1684 "Notes sur l'archi- ecture française de Savot".

est en 1672 qu'il est chargé de la construction de la Porte Saint "ls. sa seule oeuvre d'architecte. La même année il est chargé d'en-

5eigner les mathématiques au dauphin.

omonier s'exprime ainsi sur l'enseignement de Blondel : vuant à son enseignement il est tout entier dans son cours d'architec- e> on peut l'y juger. Avouons qu'il paraît quelquefois bien méticu- x et essentiellement enfermé dans le passé romain.

^ huel est en effet un dogmatique, autoritaire. Il parle de l'art f fois en disciple de Vitruve, de Palladio, de Vignole et en mathé-

^icien. il appartient exactement à son temps par sa défiance à e9ard des innovations et par l'appel constant aux doctrines de l'An­

tiquité".

Pour biographie de F. Blondel - Lemonier p. XXII à XXX, tome I.

Présence de ^obit seigneur Colbert et de plusieurs personnes de lte> Blondel professeur royal aux mathématiques et en architec- en a fait l'ouverture par un discours sur l'excellence de l'ar-

6hitecture.mentlte duquel ü a déclaré l'intention de Sa Majesté sur l'établisse- paut de cette compagnie, composée de MM. Levau, Bruant, Gittard, Le l’o h*’ Mi9nand et d'Orbay, architectes choisis par Sa Majesté et qUe re que mondit seigneur le surintendant veult que l'on garde est

bous les mardis et vendredis de la semaine, ledit Sieur Blondel dans ^e^°n Publique d'architecture à tous ceux qui voudront se trouver a quatUSalle i'académie, depuis deux heures de relevée jusques

première heure il dictera les leçons et .pendant la seconde, d'Euclide ou autres connaissances nécessai-

Pendant la^ K' cnucre neuree,Pliqijsna ies élémentsres au* architectes.

LeM. Jeudi 7 janvier 1672 - 1ère séance de l'Académienier

q . i u i i . — o c a n u c u c x a u c u n e

el ayant mis en délibération la question proposée jeudi der-SOn ’ad ,V01r ce que c'est qu'on nomme bon goût, chacun

Vls et a fait assez comprendre la siqnificationdit sur cela

assez comprendre la signification de ce mot par

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les différentes manières dont l'on s'est servi pour l'expliquer. Mais avant qu'en arrester une définition précisé, tous sont convenus qu'on peut dire que toutes les choses faites de bon goust doivent nécessaire­ment plaire, mais qu’il y a plusieurs choses qui peuvent plaire, qu’on ne peut pas dire de bon goust.

Après cela, il faut aresté qu'à la première assemblée on dirait cott- ment, parmy les choses qui plaisent on peut discerner celles qui sont de bon goût d'avec les autres.

Le jeudi 14 Janvier .... On avance dans l'étude de cette question... Et tous sont convenus que la véritable règle pour connaître le8 choses de bon goût parmi celles qui plaisent est de considérer ce qui a toujours plu d'avantage aux personnes intelligentes, dont Ie mérite s'est fait connaître par leurs ouvrages ou pour leurs écrits. *

* L'Académie est installée lors de sa création au Palais Royal, hôtel Richelieu. Elle y restera jusqu'en 1692 et fut alors transférée au Louvre.

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2 - UES PROFESSORATS DE PHILIPPE DE LA HIRE ET DE DE LA HIRE FILS

La succession de F. BLONDEL~ Le 25 janvier 86, l'Académie décide d'aller le lendemain rendre V1site à Monseigneur Louvois et l'informer de la mort de M. Blondel, et "savoir ce que la Cie aurait à faire pour la continuation des le­çons".

Le 26 janvier Louvois assiste au service solennel donné en l'honneur d® son père - mort le 25 octobre 85. C'est au cours de ce service 90e Bossuet prononce son oraison funèbre, uans l'eloge que je fais aujourd'hui de très haut et très puissant s®igneur Messire Michel Le Tellier? ministre d'état, chevalier, chance­l a 1'' de France, j'envisage non pas sa fortune, mais sa vertu ; lesservices qu'il a rendu, non pas les places qu'il a remplies; les donsc'u'il a reçu du ciel, non pas les honneurs qu'on lui a rendus sur

terre ; en un mot les exemples que votre raison doit vous faire suivre, et non pas les grandeurs que votre orgeuil pourrait vous faire désirer.H- Lemonier indique que cette cérémonie a bien eu lieu le 26 janvier.

Certains éditions des oeuvres de Bossuet donnent la date du 22 mars.

~ Le professeur ne sera remplacé que le 7 janvier 1687 par Philippe °® U Hire.

philippe de La Hire et Gabriel La Hire son fils.

n 1694 on sait que pour des raisons d'économie on envisage de suppri- m®r l'école de l'académie. Les académiciens ont supplié le Roi de ? en rien faire. Le Roi accepta de laisser se poursuivre l'enseignement condition de ne plus payer les professeurs.

P|lilippe de La Hire succède à F. Blondel en janvier 87. Il restera Pcofesseur jusqu'à sa mort, en 1718, à l'âge de 78 ans. Il a 47 ans J’°rs de sa nomination. Il occupera le poste de professeur pendant

ans.

La Hire commence son cours par la traduction de SCamozzi, il propose I en faire lecture dans ses conférences et d'y faire des remarques a traduction de De La Hire n'a pas été publiée). En novembre 87 il

introduit dans son cours l'étude de la coupe des pierres, notamment ® le des coupes en biais.

<*) M. Le Tellier était le père de Louvois.

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En 88 le cours porte sur l'explication du trait de la coupe des pierre8 suivant la méthode ordinaire.

En 99 le programme du cours de De La Hire porte sur la mécanique e< l'optique par rapport à l'architecture.

De La Hire lit à l'académie un mémoire intitulé "Observations sur quel' ques règles d'optique dans les ordres d'architecture. De même pouf le 16 novembre 99 Desgodet lit également un mémoire dont le titre est "observation sur les différentes dispositions des colonnes qui en peu- vent faire augmenter ou diminuer la grosseur".

Desgodet a eu en 1699 46 ans. De La Hire a 59 ans. Il est difficile de ne pas voir dans l'insistance de Desgodet à faire les mêmes obser' vations que le professeur un acte de candidature à sa succession.

Le cours de De La Hire se poursuit de la même manière. Il traite d8 la coupe des pierres et des parties de la géométrie qui sont néceS' saires aux architectes. Il introduit en 1702 l'étude de toutes le8 parties de la mécanique et de l'hydrostatique qui sont nécessaire8 dans la pratique de l'architecture.En 1707, il inclura dans son cours toutes les parties d'hydrostatique qui regardent la pesanteur, l’équilibre et la conduite des eaux.

En 1708 il étend son cours à l'étude de la perspective et celle de8 parties de l'optique qui sont nécessaires dans l'architecture.

Pendant cette année Desgodet présente à l'académie "le recueil de8 desseins et plans de plusieurs des dômes les plus considérables d8 Rome et de Paris", l'académie examinera avec attention ces dessins.

F. Bruand pour ne pas rester en arrière présente aussi des dessin8 de dômes. Le dôme de Milan et celui de Santa Maria del Fiore.

En 1712, De La Hire le fils fait voir à l'académie deux machines d8 son invention. Il s'agit d'un dispositif pour détacher tout à coup les deux chevaux qui tirent un carrosse, lorsqu'ils prennent le mord aux dents et l'autre qui sert pour détacher en pareil accident deux des quatre chevaux qui sont attachés à la volée qui est suspendue au bout du timon.

Le 13 juin 1712, M. De La Hire a lu et présenté un mémoire intitul8 "De la définition du bon goût en architecture".

C'est cette même année que Felibien lit la traduction de la lettre où Pline le Jeune décrit sa maison de Toscane et les remarques qui sont jointes aux plans de cette maison.

En 1699 Felibien avait publié "les plans et les descriptions de deux des plus belles maisons de campagne de Pline le Consul, avec des remar­ques sur tous les bâtiments et une dissertation touchant l'architec­ture" .

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esEn novembre Felibien lit à l'académie une traduction de plusieurs descriptions de villas, Hadriana, Tiburtina par Pyrrho Ligorio (1538).

etEn 1713 on discute de la poussée des voûtes. M. De La Hire fait appor­ter à l'académie un modèle de voûte.

1-ur Ee 16 mai 1718 M. Cotte, premier architecte du Roi et directeur dest ^'académie a dit à la compagnie que monseigneur le duc Dantin avaitu- reçu pour professeur de l'académie d'architecture M. De La Hire à la

Place de M. son père.

le De La Hire est mort fin mai 1719 à l'âge de 52 ans. Il n'aura doncr- °ccupé qu'une seule année le poste de professeur.

Le 26 juin 1719, M. Desgodet a présenté à la Compagnie un brevet daté e du 22 juin 1719 par lequel il est marqué que le Roy, pour remplir la- Place de professeur vacante par la mort du S. De La Hire dans l'aca-s demie d'architecture a retenu et retient le Sieur Antoine Desgodet, s

Ea personnalité de Desgodet s'imposait pour remplir l'office de profes­se seur. Avant mime qu'il soit membre de l'académie, Desgodet fait preuve

d'une extrême activité théorique. Il présente ses dessins et travaux a l'académie. Devenu académicien il est clair qu'il brigue le poste

s* du Pnofesseur. Ce n'est pourtant pas lui qui succède à Philippe DeEa Hire.

se

Pi<

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Le cours d'architecture de Desgodet n'a pas été publié. Il existe indique Lemonier (p. 300 vol. 3) un "cours d'architecture reproduction de son enseignement par Pinard, élève de l'académie. Ce sont deux beaux volumes manuscrits avec de nombreux dessins - (Cabinet des Estam­pes Ha 23 et 23a).Melle Duportal a écrit un article sur ce cours en janvier 1914 dans la revue de l'art ancien et moderne.

Sesgodet fut un des premiers élèves de l'académie. En 1672 il est autorisé à assister aux conférences. En 1674 il est envoyé à Rome.

Lemonier indique qu'il aurait tenu de Colbert la faveur d'être envoyé à Rome avec d'Aviler et Foy Vaillant, et note à juste titre qu'il ne figure pas sur la liste des pensionnaires de l'académie de France à Rome (établir par J. Guiffrey et Barthélémy 1908).

Jean-Paul Alaux in "Académie de France à Rome, ses directeurs, ses pensionnaires", indique sous le nom de Daviler Charles Auguste celui de Desgodet Claude tous deux pensionnaires en 1674.

Desgodet, après une captivité de deux ans 1674-76 en Algérie (il aurait été saisi par des pirates algériens lors de son passage vers Rome) reste deux ans à Rome. Au cours de ce séjour il développa une très grande activité, il relève 25 temples, arcs de triomphe, etc...Le recueil de ses dessins originaux est conservé à la bibliothèque de l'Institut.Dès 1678 l'académie a connaissance des dessins de Desgodet et les étudie avec soin. En 1682 Desgodet publie son ouvrage "Les monuments antiques de Rome dessinés et mesurés très exactement".L'intérêt que suscita l'ouvrage, notamment auprès des académiciens s'explique par l'information nouvelle qu'il apporte sur les grands modèles de l'antiquité. Le relevé de l'édifice "très exactement mesure et dessiné" apporte à la question de la proportion une réponse qu'on espère définitive... au moins une information directe et indiscutable.* Desgodet lui même, pourtant, dans la préface exprime sa réserve sur cette idée d'une proportion qu'il n'est donné qu'aux savant de péné­trer."Et cette exactitude de ces grands maîtres à coter toutes les mesures, semble faire entendre qu'il y a des mystères dans les proportions de l'architecture qu'il n'est donné qu'aux savants de pénétrer..." Desgodet sera contrôleur des bâtiments de Chambord en 1680 puis en 1694 contrôleur des bâtiments du Roi à Paris. Il est nommé académicien en novembre 98. Il a 45 ans. Il ne sera nommé professeur qu'après la mort prématurée de De La Hire fils en 1719, il a 66 ans. Il restera professeur jusqu'à sa mort en 1728, 75 ans.

Goupy dans la préface de la nouvelle édition des "lois des bâtiments suivant la coutume de Paris, enseignées par M. Desgodet architecte du Roi, dans l'école de l'académie d'architecture" résume ainsi l'en­seignement de Desgodet :

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"Enfin en 1719 il fut nommé à la place de M. de La Hire professeur de l'Académie Royale d 'Architecture, où il commença ses leçons publi­ées, le 5 du mois de juin et les continua exactement jusqu'à sa mort arrivée subitement à Paris le 20 mai 1728. Dans le cours de ces neuf annees de leçons publiques, il a traités des ordres d'architecture de la construction des dômes, des églises, des palais, de la décoration des différents édifices, du toisé des bâtiments et de la coutume de Earis sur les édifices et rapports des jurés.

••■M. Desgodet a réuni sur chaque article, non seulement le texte de l'ancienne et de la nouvelle coutume, mais encore les sentences et réglements rendus en différents temps. Les décisions des plus célè- bres juriconsulte et les réflexions solides, qu'une profonde science et une longue expérience lui avaient acquises..."

^'enseignement de Desgodet est très complet. Il s'étend des questions techniques aux questions juridiques. Son livre sur les Monuments Anti- Rdes de Rome reste pendant tout le XVIIIème siècle la grande référence des académiciens et des élèves.

®n_peut le considérer comme le successeur de Bullet mort en 1716 qui * était fait le spécialiste de toutes les questions techniques et Juridiques.

Eemonier note dans l'introduction du tome 4.•II . ^e rôle de Desgodet grandit singulièrement, meme bien avant qu'il ,eyint professeur le 22 juin 1719. A partir de 1712 il remplit presque lui seul toutes les séances, si l'on en juge par les procès verbaux.

fait de nombreuses lectures de ses ouvrages et quand sont abordées , s gestions de servitudes et de toisé on ne voit guère que son nom j boutes les séances...

9arda jusqu'à sa mort en 1728 une remarquable activité. Son existen- Ce académique embrasse près de cinquante années".

amonier s'étonne du fait que l'activité de le de l'académie toute entière, ait porté

echniques que celle du toisé.

Desgodet, et à sa sur des questions

suiteaussi

"En somme, on ne parcourt pas sans quelque étonnement le cinquièmee t ip ■ A K K “ ““ ^e sixième registre des procès verbauxatt Part. considérable d'abord, puis exclusive à peu de choses près ne?lbU®e * des entières purement techniques ou scientifiques, l'appa- eil même

du toisé,Pat

de figures géométriques pour la démonstratin des règles amène à se demander si cette transformation dans les préoccu-

tons des académiciens eut une cause et si elle eut des résultats.

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L'académie renonçait-elle donc de parti pris à ces discussions théori­ques auxquelles ses origines paraissaient la vouer ? Les architectes du XVIIIème siècle naissant se dégageaient-ils par là de la tradition classique comme on le leur reprocha plus tard à tort du reste ?.

On doit pour le moment se borner à poser la question en rappelant seulement que depuis La Hire il s'était produit une évolution lente vers l'introduction des sciences exactes dans les discussions et par conséquent dans la pratique de la construction.

En tout cas le fait si inattendu et si curieux de l'absorption de la pensée académique pendant toute une génération par des matières telles que les servitudes et le toisé devait être signalé et souligné."

Cf. Tome 4 - PV

Pourtant la question du toisé à laquelle Desgodet accorde tant d'impor­tance est davantage celle du contrôle du processus que celle de l'esti­mation du coût.

A travers la méthode d'évaluation du coût de l'édifice, il s'agit de contrôler les professions du bâtiment. L'enjeu est de détenir"la Règle du Toisé" et de l'imposer. L'enjeu est aussi de fonder cette règle sur des connaissances scientifiques reposant sur la géométrie et les mathématiques qui ne soient pas accessibles à tous.

Il n'y a pas à opposer la discussion théorique sur les modèles tiquité ou sur le goût et celle qui a pour objet les règles du

de l'an- toisé.

Il s'agit de la même discussion : celle de la règle constructive. Elle porte sur ces deux aspects complémentaires et liés :- celui de ses fondements -- celui de ses procédures professions.

les principes, concrètes - le

le goût, le modèle contrôle du chantier et des

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i-eson

ntteir

les

l-e 27 mai 1728 l'Académie s ' est rassemblée après les fêtes.

Ca mort de Desgodet rendant vacante la place de professeur, l'on a unanimement été d'avis que M. Bruand serait proposé pour remplir cette Place.

de Cotte s'est chargé d'écrire à ce sujet à Monseigneur le Ducd 1A n t in .

Ce 31 mai M. Bruand a donné sa première leçon aux étudiants de l'aca­démie .

n'est que le 14 juin que le Duc d'Antin a marqué que le Roi a ap- Prouvé le choix de l'académie.

Cette procédure de désignation du professeur est tout à fait nouvelle. Jusque là l'académie ne proposait aucun candidat au poste de profes- seur.

tuand est le dernier professeur de l'académie qui ait assuré seul ensemble de l'enseignement. Il démissionne en 1730. Après lui, l'en-

seignement est divisé.

Ce 26 juin 1730, on lit la lettre du Duc d'Antin Ce Sr. Bruand, Monsieur, ayant donné sa démission de la charge de Professeur de l'académie d'architecture, j'ay nommé le Sr. Courtonne Pour l'architecture et le Sr. Lecamus pour la géométrie, partageant entre eux deux les appointements de douze cent livres. Faites les ins- Her au plustot pour que le service n'en souffre point".

Ce 15 janvier 1731, M. Camus a présenté son brevet daté du 17 septem-n® 1730. Marquant que le Roi le retient pour professeur de géométrie ,ns son académie d'architecture aux lieu et place du Sr. Bruand qui est retiré pour le Sr. Camus pour jouir des honneurs droits et préro-

9etives et de 600 livres de gages, etc ... L'abbé Le Camus avait pris P°ssession de sa place de professeur le 3 juillet 1730 suivant l'ordre ae m9p . le Duc d'Antin, il fit son premier cours le samedi 8 juillet.Ce 29breet

janvier 1731, M. Courtonne a présenté pour être enregistré sonvet daté du 17 décembre 1730. Il y est marqué .que le Roy a retenu

la Petient en Ca place de professeur de la dite académie vacante par Retraite du Sr. Bruand pour jouir en ladite qualité des honneurs,

droits et prérogatives, y attribuer six cent livres de gage etc.IlUnet

communique en août 1722.memoire intitulé : "l'architecture hydraulique ou l'art d'élever construire les écluses et autres ouvrages qui se fabriquent dans

les eaux"Sjrande partie des séances de l'académie pendant l'été 1722 sont

nsacrées à l'étude des ponts et des écluses.

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Gautier, Gabriel, Boffrand, Beausire contribuent à ces discussions. "Dans des matières assez voisines, elle apporta une grande attention à la technique des fondations, aux canaux, aux écluses.Elle lut un ouvrage de Gautier : "traité des ponts ou il est pari® de ceux des romains et de ceux des modernes, de leur construction, etc.."Puis le "traité de la construction des chemins" du même auteur.

Bruant à l'époque où il est nommé professeur s'occupe de toisé. MM. Courtonn qui sera son successeur et De l'Espée sont chargés par l'aca' démie d ’établir une règle générale de toisé. Bruant intervient dan® leur travail et propose une méthode pour toiser les voûtes sphérique® En mai la Cie charge Bruand de tracer une épure.

Le 5 juillet 1728 M. Bruand a présenté son brevet de professeur * l'académie royale d'architecture pour être enregistré. Le brevet est du 12 juin 1728 et marque que le Roy estant à Compiègne et voulant favorablement traiter le sieur François Bruand architecte de la premie- re classe de son académie d'architecture, Sa Majesté l'a retenu et retient en la place de professeur de la dite académie, vacante par le décès de sieur Desgodet pour jouir en la dite qualité des honneurs, droits et prérogatives y attribuer.

Pendant toute l'année 1728 Bruand interviendra sur la question du traité. Il est chargé de dresser un mémoire sur le toisé des ouvrage® de fondation.

En août, Boffrand lit un mémoire sur le toisé des murs de fondation et Beausire un mémoire sur la manière d'avoir de bons fondements suf toutes sortes de terrains.

Bruand a relu le 23 août le premier chapitre pour le toisé des mur® en fondation, il a remporté ce cahier qu'il fera remettre au net sui- vant ce que l'académie y a réformé.

En 1729, 14 novembre, on a lu l'affiche pour les leçons des élève® de l'académie ou M. Bruand, professeur, continuera tous les lundi de proposer différents sujets sur la distribution des bâtiments et il dictera les samedi un nouveau parallèle pour les 5 ordres d'archi­tecture .

En février 1730 Bruand demande l'autorisation de s'absenter pour aller aux eaux.L'académie a nommé M. Leroux pour dicter en son absence les leçons aux etudiants.Cette absence n'a pas duré longtemps, au maximum du 13 février au 6 mars, date à laquelle il reprend son cours. Deux mois plus tard, i1 démissionné.

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ntiofl Lettre de Mgr. le Duc d'Antin :

parlétion,

MM.' aca- dans que»

j r » est

lant niè- et

parirs,

duges

ionsur

A Marly, le 25 juin 1730Le Sieur Bruand ayant donné sa démission de la charge de professeur A l'académie d 'architecture, j'ay nommé le Sr. Courtonne pour l'archi­tecture et le Sr. C.E. Camus pour la géométrie, partageant entre eux deux les appointements de douze cent livres. Faites les installer au plustot pour que le service n'en souffre point. Je suis Monsieur entiè­rement à vous.

Tabelau généalogique des BRUANT

Sébastien BRUANT 1602 - 1670

Libéral BRUANT 1683-1697

Jacques BRUANT 1625-1664 Arch. du Roi et du duc d'Orléans

Jacques BRUANT 1663-1733 Mem. Ac. 1699

Mem. Ac. 1671

I

Libéral Michel 1663-1725

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Français 1679-1739 Mem. Ac. 1706

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En 1738 on note dans les procès-verbaux : Le professeur "Continuera son traité d'architecture sur le bon goût, qu'il dicter» et expliquera par figures, en y joignant les sentiments et manière» des plus fameux architectes modernes et principalement pour ce qui regarde la construction et la solidité. Il continuera pareillement d'expliquer son traité de perspective".

L'enseignement personnel de Courtonne s'efface semble-t-il derrière le travail collectif de l'académie mise en demeure par le duc d'Anti® de publier ses travaux.

Gabriel, Camus, Boffrand, H. Mansart tentent de rédiger un traité d'ar' chitecture. De Courtonne participe à ce travail collectif.

Il lit à l'académie un manuscrit intitulé "Nouveaux essais d'architec- ture" dans lequel "il expose et fait de démembrement de toutes les connaissances et qualités qui doivent se trouver dans un architecte.

L'autorité de De Courtonne à l'académie ne semble pas avoir été tre» forte. Le 10 mai 1734 le professeur présente un manuscrit "Nouveau» essais sur le bon goust en architecture". Il demande à l'académie de désigner des commissaires pour l'examiner et en faire leur rapport" L'académie nomme Dorbay et Leroux.

En juillet, le 12, MM. Dorbay et Leroux ont fait le rapport au livf® de M. Courtonne. Ce rapport après avoir été lu à la compagnie a été remis à M. Courtonne pour qu'ily conforma son livre ...

Au cours de la séance suivante M. de Boffrand a lu à l’académie un® dissertationsur le goût en architecture. "Cet ouvrage a été approuve par la Compagnie et l'on a jugé qu'il pourrait faire partie des mémoi­res qu'elle se propose de donner au public.

En fait il semble que au sein de l'équipe d'académiciens qui s'est chargée de préparer la publication demandée par le directeur des bâti­ments, jardins, arts et manufactures, se soit installé un esprit de compétition dont les procès verbaux témoignent discrètement.

La méthode de travail a été la suivante :

1°) Reprendre les procès verbaux des premiers temps de l'académie> c'est ainsi qu'on relira les textes de F. Blondel.

2°) Relire Vitruve le 2 août 34 où s'est distribué le travail.M. Courtonne s'est chargé des 3 premiers livresM. Leroux des 4ème et 5èmeHardoin 6 et 7èmeVigni du 8èmeCamus du 9ème et 10ème.

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3°) Redessiner scrupuleusement les ordres et c'est le travail dont se charge Tanevot."Tanevot écrit Lemonier a figuré des détail ou des ensembles, quelque­fois presque a demi grandeur de l'exécution, on y rencontre à côté des modèles conçus par lui, quelques documents figurés sur des monu­ments du XVIIème et du XVIIIème siècle".

4°) Définir la méthode du toisé, à ce travail rivalisent Camus et Courtonne et De L'Epée et Boffrand.

5°) Faire l'essai de textes nouveaux sur le bon goust en architecture.

C'est ainsi que Gabriel, Jacques V père de Ange Jacques rédige une Préface intitulée "De l'excellence de 1'architecture".

Boffrand en rédige une autre (elle servira d'introduction au livre d'architecture. Ce "livre d'architecture ne paraîtra qu'en 1745. Il développe "cette idée étrange de suivre pied à pied les préceptes de l'art poétique, en en déduisant les principes de l'esthétique archi­tecturale. On le voit ce n'est pas donc seulement aujourd’hui que la théorie de l'architecture s'énonce en se calquant sur la théorie d'une autre discipline.

Camus rédige un texte sur le bon goust

Courtonne propose "nouveaux essais sur le bon goust en architecture"

Hardoin un texte pour servir d'introduction au même ouvrage et qui traite des principes et introductions nécessaires pour former un archi­tecte".

Les procès verbaux font à plusieurs reprises état d'un traité d'archi­tecture de De Courtonne. Lemonier n'a pas trouvé cet ouvrage.

Le texte de Gabriel est intéressant en cela qu'il énonce le programme de l'architecture. Ce programme est déjà tellement éloigné de la prati­que des architectes de l'époque, qu'on peut le lire comme une revendi- dation professionnelle.

Reconquérir le marché des ponts et des routes, conquérir celui des Jardins et des paysages, assurer la prééminence de l'architecture

r tous les autres arts mécaniques.

l'excellence de l'architecture - p. 136

L \ P;,0jet .d'- ouvrage à donner au public est périodiquement repris 1 academie.

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Jossenay est rentré à l'académie dès 1717 . Il devient professeur à la mort de Courtonne en 1739.. Il a eu comme élève Julien David Leroy et Marie Joseph Peyre qui fut après 1748 élève de Loriot.. Jossenay a été en 1724-1726 un collaborateur de Robert de Cotte, cf. Lemonier XIII, tome VI.

Jossenay est nommé par brevet montré en la séance du 27 avril 1739. "Pour jouir en ladite qualité des honneurs, droits et prérogatives y attribués et de six cent livres d'appointements attachés à la dite place tels et semblables qu'en a joui ou du jouir ledit Sr. Courtonne, conformément aux lettres patentes d'établissement, statuts et règle­ments, clauses et conditions y portées".Orry, le 11 mars 1739Jossenay introduit, pour le concours du grand prix, de nouveaux pro­grammes .

Il est probable qu'à cette époque le professeur rédigeait le programme du projet. On ne voit pas de discussion dans les séances de l'académie à cette époque sur le programme.

Plus tard le choix du programme donnera lieu à d'âpres discussions et on réservera des séances spéciales pour voter le sujet du concours.

En 1739 Jossenay propose pour le grand prix : Une écurie pour un prince souverain sur un plan de 10.000 toises, séparée du château."Ces écuries seront capables de contenir sept à huit cents chevaux. Il y aura un manège couvert, un autre découvert, vingt cinq à trente remises, des magasins, garde-meubles, fontaines et abreuvoirs.Il y aura une chapelle et tous les bâtiments nécessaires pour loger le grand écuyer, les autres écuyers, les pages et leur suite, les maré­chaux, les épronniers, les scelliers, les pourvoyeurs pour les ateliers et les forges.Les élèves feront les plans, élévations et profils de ce projet et le décoreront d'une manière convenable à la dignité du prince et a la destination du lieu".

Le 11 mai a lieu le jugement des esquisses. Ont été admis Armand, Dorbay, Avanda, Galliot, Joffier, Hénon, Jardin, Gourdain, Cordier, Lancret, Lecamus, Brehion.

Le 1er novembre, le jugement définitif récompense Dorbay, Brebion, Lecamus.

En 1 7 4 0 , on redonne comme programme du concours une grande c o m p o s i t i o n en plan :L'idée d'un plan général de jardins pour accompagner un château, sut un terrain de trois cent toises de largeur sur 400 toises de profondeuf

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"Le château sera placé à un bout, précédé de sa cour, de son avant Cour et accompagnement en masse seulement pour les bâtiments. Ce cha­meau aura trente toises de face.Le terrain dans la longueur aura une pente de soixante pieds, le pre­mier tiers de la pente sera de 24 Pieds depuis le sol au chateau, le second tiers sera de 20 pieds plus basse à son extrémité inférieure 9de le première partie. Enfin, le 2ème tiers aura son extrémité infé­rieure de 16 pieds plus basse que la seconde partie et elle aboutira a une plaine ou prairie. Ces trois parties de pente qui font ensemble 60 pieds depuis la teste de l'avant-cour jusqu'à la plaine d'en bas Peut être imaginée dans le milieu d'un espèce de vallon, dont les deux coteaux feront en traverse deux pentes peu sensibles vers le milieu, ce qui peut donner lieu à des terrassements et à une variété de dispositions.Oh peut se figurer encore des eaux venant d'étangs supérieurs que l'on peut ramasser dans les réservoirs pour faire les fontaines et des pièces d'eau, même un canal de toutes les décharges en travers dans dans le bout du parc ou en surface. Tous les élèves prendront pour leur échelle deux lignes par toise."

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NOTE : Biographie de Jossenay in Lemonnier

"Etait rentré à l'académie en 1717. Il devint professeur à la mort de Courtonne en 1739. Nous ne savons rien de son enseignement ni s'il eut beaucoup d'élèves, il en est deux qui lui firent quelque honneur. Julien David, Julien David Leroy et Marie-Joseph Peyre. Ce dernier passa après 1748 sous la direction de Loriot.Jossenay avait été en 1724-1726 un des collaborateurs de Robert de Cotte au palais épiscopal de Verdun".

Travaux à Troyes - L'hôpital - Lemonier.

"En 1728 il donnant les plans pour la reconstruction de l'aile droite de l’hôpital de Troyes.En 1729 il vint dans cette ville sans doute pour visiter les lieux et reçut 10 pistoles pour ses frais de voyage et 25 Livres par jour pendant le temps qu'il resta dans cette ville. Le 25 septembre de cette année il reçut 460 livres pour ses honoraires. Cependant ces plans ne furent pas exécutés. Jossenay qui était loge au Louvre mourut en 1748.

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Pour Lemonnier ... Loriot paraît avoit été comme Tanevot . . . "L'académicien type." Reçu dans la deuxième classe en 1735 il monta dans la première en 1758.Les procès verbaux nous permettent tout au plus de connaître les noms Q6 quelques uns de ses élèves (Jardin, Chalgrin) mais rien sur la valeur de ses leçons.Sa qualité de professeur le désignait sans doute pour prendre une Part active aux discussions théoriques. Il les résuma souvent, tradui­sit en dessin les décisions de la compagnie sur les ordres, etc... ii s'acquitta de cette tâche avec beaucoup de zèle, succédant en cela a Tanevot".

in. Delaire. LORIOT Louis Adam né 1700, mort en 1767.Membre de l'académie en 1748. Professeur architecture et mathématiques, Pnojet du concours place Louis XV.

EN 59 "M. Loriot continuera son cours sur les ordres d'architecture tous les lundi depuis une heure jusqu'à trois et le mardi depuis neuf heures jusqu'à onze, il expliquera les développements des solides nelatifs à l'architecture et à la coupe des pierres.

M. Camus donnera dans ses leçons la mécanique précédée d'un taité des centres de gravité depuis 10 heures jusqu'à midi, tous les mercredi et samedi de chaque semaine.peut-on dire qu'avec Loriot s'achève l'enseignement de la stéréotomie et de la construction, ainsi que du toisé.

Camus est professeur à côté deCourtonne. depuis 1730.

Démission de Loriot (Extrait de la lettre de M. Le Marquis de Marigny ecnite de Fontainebleau.Ce Sr. Loriot m'ayant remis sa démission de la place de professeur de l'Académie Royale d'Architecture. Sa Majesté a nommé le Sr. Blondel Pour remplir cette place et elle a créé en faveur du Sr. Leroy celle d'adjoint au professeur et celle d'historiographe de la dite académie. y°us pouvez dès à présent concerter les arrangements conformes aux ihtentions du Roy que je vous transmets.15 novembre 1762.

semble que Loriot dans la dernière année de son professorat a eu a subir de sérieuses critiques de la part des académiciens. Il semble 'IPS son enseignement ait été contesté et qu'il ait été contraint à ■a démission.

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Loriot présenté pour la deuxième classe en 1735 a été promu le 25 no­vembre 35. Présenté pour la première classe en 1755, est promu le 13 février 1758. Il est présenté pour le professorat le 22 avril 1748.

Il produit.'à .11 académie divers mémoires et projets :- Proportion des acrotères- Tracé de l'anse de panier- Comparison des méthodes pour le toisé Desgodet et de l'académie.- Dessins d'ordre. Composite corinthien, composite ordre superposé- Projet de place pour la figure du Roi- Projet pour la chapelle de St Louis à Versailles

Note sur la démission de Loriot

On ne possède aucun document qui témoignerait d'un complot contre Loriot.Mais on peut penser que les discussions qui se déroulent à l'académie sur la nécessité de réorganiser l'école visaient l'enseignement du professeur.Loriot a cherché à se justifier. On peut imaginer que cette tentative ait hâté sa chute.

De 49 à 62 :Le cours de Loriot a porté sur les ordres. Il rapportait aux élèves les discussions subtiles où se plaisaient les académiciens sur les mutules, les pilastres pliés, les retours de moulures sur les propor­tions des colonnes ; discussions auxquelles Loriot participait active­ment du temps de ses débuts à l’académie en 1735. Il faut aussi noter qu'il ne monte en première classe qu'en 1758 alors qu'il est déjà professeur depuis 1749.

On peut retracer les étapes de la disgrâce de Loriot et de cette crise dans l'enseignement à travers les procès verbaux si on accepte de solliciter le texte impersonnel et froid des compte rendus de séance.

En 62 l'académie pose le problème de ses correspondants. En mars on élit comme correspondant de l'académie Chambers, architecte du Roy d'Angleterre, Jardin architecte du Roy du Dannemark, Petitot, Jolivet.

Le 10 mai 62 procédure exceptionnelle mais qui n'est pas dirigée contre Loriot. Les architectes du Roy ont présenté leurs élèves à l'académie assemblée. Ils sont 28.

Le 17 mai l'académie choisit comme sujet du concours une foire couver­te "destinée aux mêmes usages que celle de St Germain". Ce sujet était d'actualité, la célèbre foire venait 2 mois auparavant d'être détruite par un incendie.

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Ont été admis : Peyre et de Leroy, Le Tellier et De Loriot, Mouton et de Brebion, d'Orléans, Perronet, Boizot, Franque, Radel, Gabriel, Bugnet, Contant, Thibault, Potain.

Le 28 juin 62L'académie délibère sur le règlement Pour les empêcher de communiquer les faire aider dans leur travail.

Elle décide d'un règlement en 5 articles.

En fait ce 28 juin est imposé le huis clos dans les loges.Les élèves doivent entrer avant 6 heures du matin et en sortir avant 9 heures. Il leur est expressément défendu de communiquer entre eux ni de recevoir personne dans leur loge. Ils doivent laisser les dessins dans la loge.

Le 31 août 1962Le marquis de Marigny assiste au jugement du concours. Le prix est attribué à Antoine François Peyre.C'est dans la première séance de la rentrée le 15 novembre après les vacances que Gabriel fait lecture d'une lette à M. Le Marquis de Mari- 9ny qui prononce à la fois la démission de Loriot et la nomination de Blondel.Au cours de la même séance, M. Blondel fait lecture à l'Académie du discours prélimnaire pour l'ouverture de ses leçons et pour rendre dompte du plan des deux cours l'un élémentaire l'autre de théorie du'il doit expliquer.

La démission de Loriot n'était pas une surprise mais il était certaine­ment convenu depuis longtemps que la rentrée scolaire serait placée sous la responsabilité du nouveau professeur.

Loriot n'assistera plus aux séances de l'académie sauf une fois en Avril 63 et une autre en décembre 65.

qu'il faut imposer aux élèves uns avec les autres, et de se

CHASSER le professeur et le REMPLACER

*"e 7 septembre 1761On peut penser que la promesse de Loriot de founir ces planches

Pour ia rentrée de l'académie fait suite à une demande d'informations sur les projets d'enseignement du professeur.

L Académie étant assemblée, M. Loriot a promis de rapporter dans la Ptemière séance après la St Martin pour la rentrée de l'académie, rente deux planches d'étude sur l'ordre corinthien". 7 septembre 1761.

Suit l'énumération des planches.

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A la rentrée le 16 novembre :"Les professeurs ont présenté le programme des leçons donneront pendant le cours de l'année académique qui d'hui.

publiques qu'ils commence aujour-

M. Camus expliquera la mécanique tous les mercredit et samedi depuis 10 heures jusqu'à midi.M. Loriot continuera son cours sur les cinq ordres et donnera un traité du développement des solides relativement à la coupe des pierres, des bois de charpente et à la menuiserie, tous les lundis, depuis une heure jusqu'à trois et tous les mardis depuis neuf heures du matin jusqu'à onze.

Ensuite M. Loriot a présenté les 32 dessins qu'il avait promis au mois de septembre dernier pour le sujet des leçons d'architecture qu'il doit donner dans le courant de cette année. Ces dessins sont restés entre ses mains. L'académie qui a commencé l'examen de ces dessins les examinera plus amplement dans les conférences suivantes..

On dirait que Loriot ayant senti la menace d'une enquête approfondie sur son enseignement ait voulu réagir en donnant un grand nombre de documents. 16 profils d'entablement corinthien en plus des 32 planches qu'il avait précédemment présentées et prudemment conservées chez lui."

Le 23 novembre" L'académie étant assemblée, M. Loriot a présenté à la Cie seize dessins contenant 16 profils d'entablements qui seront examinés. Ces 16 profils sont relatifs aux 32 planches d'études qu'il a faites sur l'ordre corinthien et sont destinés à faire le sujet de’ ses leçons pendant le cours de cette année académique".

Mais l'académie ne se laisse pas impressionner par la quantité de ces dessins. Elle va prendre prétexte au contraire du nombre de ces dessins pour nommer une commission :

AUBRY , DE LUZY , FRANQUE , et LEROY

Aubry se récuse. M. Aubry ne pouvant pas s'occuper de cet examen étant chargé de différentes affaires. Pourtant Aubry au cours de la même séance présente un mémoire concernant les élèves. L'académie charge Tanevot, De Luzy, Franque et Leroy pour examiner ce rapport.

Le 1er décembre 1761"L'académie étant assemblée et ayant considéré les 48 dessins concer­nant les ordres que M. Loriot a proposé pour le sujet de ses leçons pendant la présente année académique, demanderaient plus de temps qu'elle n'en peut donner dans les assemblées ordinaires pour les exami­ner comme la matière le mérite, a cru qu'elle devait faire préparer l'examen de ces dessins par des commissaires.

C'est donc la même commission qui va devoir examiner le cours de Loriot et les propositions de Auory "pour rendre les leçons de l'école plus utiles"

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Les membres de la Commission sont les suivants

Né Elu Mort En 61 âge de :AUBRY 1703 1735 1771 58 ansTANEVOT entre 75-80

DELUZY 1692 1734 1773franque 1710 1755 1786LEROY 1728 1758

69 ans51 ans33 ans

Leroy va être nommé professeur adjoint de Blondel avant de devenir en 74 son successeur.

Le 7 décembre :Le procès verbal indique que :"De Luzy, Franque et Leroy qui avaient été nommés pour rendre compte de l'ouvrage de M. Loriot en feront leur rapport la semaine prochaine".

Pourtant la semaine suivante ils ne présentent pas de rapport. C'est au contraire Loriot qui présente "un nouveau mémoire pour expliquer les quarante huit planches qu'il a composées pour ses leçons".On décide de demander aux commissaires de rendre compte également de ce nouveau mémoire.

Le 11 janvier les commissaires (est-ce concerté pour ne pas donner l'impression de présenter en fait un nouveau programme pour l'école) Pnésentent chacun leurs premières idées, dont ils se proposent de ne faire qu'un seul et unique rapport suivant les intentions de l'aca­démie .

Le 18 janvier la compagnie entend lecture du rapport de MM. Tanevot, Deluzy, Franque et Leroy et d'un mémoire de Aubry concernant quelques Articles qu'il serait bon d'ajouter aux statuts concernant la règle de l'école.

Ln mars on charge Contant et Leroy de résumer l'avis de la compagnie et de le mettre en état d'être enregistré.

Ce règlement précise les conditions d ’adoption des élèves par les Académiciens.

Le 31 août, le surintendant annonce lui-même au cours de la même séance 1a démission de Loriot et la nomination de Blondel.

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La nomination de J.F. Blondel comme professeur est un choix décisif pour l'évolution de l'école.

Sous son influence l'école académique va devenir une véritable école. La création du concours d'émulation mensuel fait du projet l'activité pédagogique principale.

Mais Blondel transporte-t-il à l'école académique les divers projets d'enseignement qu'il avait tentés au cours de sa carrière de profes­seur ou bien, conscient de sa fonction académique tente-t-il seulement d'apporter une réforme à l'école de l'académie ?

Blondel, lorsqu'il est nommé professeur a déjà 57 ans, mais il n'est académicien que depuis 1655 dans la deuxième classe. Il sera proposé pour la première classe en 62 mais ne sera pas nommé et bien que pro­fesseur il restera un académicien de seconde classe.

Fait nouveau dans l'histoire de l'académie, on nommera en même temps que le professeur un professeur adjoint : David Leroy qui n'a que 34 ans lors de sa nomination et qui deviendra à son tour professeur après la mort de Blondel en 74.

Il est difficile d'évaluer l'influence réelle de J.F. Blondel dont certains élèves qu'il avait formés à l'école des Beaux-Arts entrent à l'académie à peu prés en même temps que lui.

Certains d'entre eux tiennent des positions bien éloignées de celles de leur ancien professeur.

Et curieusement, c'est sous le professorat de J.F. Blondel, le théori­cien de l'architecture classique française, que les élèves de l'acadé­mie donnent forme aux thèses néo-classiques.

J.F. Blondel continuera son école privée malgré sa fonction académique.

Il ne semble pas que cette question précise du rapport qu'entretien­nent les deux écoles placées sous la direction du même professeur ait été étudiée.

L'académie, en tout cas, n'a jamais délégué au professeur le soin de juger les concours mensuels d'émulation.

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Du lundi 29* Novembre 1762.

Discours de M. Blondel, ayant pour titre : - Plan cours d’architecture élémentaire et de théorie, quedes

^Blondel, architecte du Roy, membre et professeur de j Académie royale d’architecture, a lu publiquement . °hVcrture de ses leçoos au Louvre, le i 3 novembre i/ôa,

<ltie l’Académie a approuvé le meme jour, à la première ***6mblée après ta Saint Martin

Messieurs,Mon amour propre est flatté sans doute de faire en-

^°dre ma voix dans ce sanctuaire des Arts où tant d'ha- maîtres mes prédécesseurs ont donné sur l’architec*

^ des leçons qu’ils ont eux mêmes pratiquées avec ^at. Les monumens élevés par eux dans cette capitale Restent et la solidité de leurs principes et la supéricu-

de leurs talens; mais si l’honneur du leur succedet jjmspire quelque orgueil, il est bientost réprimé par lfftportance de l’emploi dont on a daigné me charger et

le sentiment de ma foiblessc.Vos bontés, Messieurs, votre zèle, votre assiduité à mes

;c°urs précédens peuvent seuls me rassurer; il m’a paru vous me sçauriez quelque gré de mes efforts et de

*ïpècc de facilité que plus de vingt années d'instruction Pttblique m'ont donné dans l'art pénible d'enseigner une •^ence qui,'tenant egalement <Tef succès du goût et des P^ceptes de l’art, n’est pas susceptible de démonstration y l<iente. Cette facilité est votre ouvrage, Messieurs; votre 'Idulgence peut l’augmenter encore.

Ce qui surtout me fera marcher avec quelque fermeté ^ ns cette carrière, c’est l’avantage inestimable que j'ai de Pouvoir profiter des conférences de l'Académie, auxquelles

l’honneur d’être admis comme l’un de ses membres; torte que pour me faire écouter de vous, Messieurs,

JVec attention et avec fruit, je n’aurai qu’à être l’écho Oéle de ce corps illustre et vous présenter le résultat de

*e* grandes idées et de ses observations lumineuses.Mais les motifs les plus encourageants pour moi sont

es attentions du chef éclairé qui préside aux Beaux-Arts Vec Umt de discernement et de goût. Vous allez devoir, esVeurs, à ce bienfaisant Mécène l’exactitude perma-

^nte de ces leçons par la nomination qu’il vient de faire Uu oùjoint à professeur, membre de cette Académie, et Ju* le mérite reconnu assure les plus grands sucçès. La

ln4:nie main qui l’a choisi pour me seconder dans mes **crciees répend sur vous, Messieurs, de nouveaux bien*

Ijy1*’ ^*te nou* mcttra bientost en état de vous offrir les re*i les desseins, les modèles et les instrumens néces-

^ res pour rendre nos leçons plus sensibles et, par là, 8 utiles. Tant de secours réunis ne peuvent. Messieurs,

lue vuus iriüniryr plu-, de confiance et plus d’ardeur à ^Ulvre l’etude d’un art qu’aucun homme bien né, j'ose le

*» ne doit ignorer absolument.

Bien convaincu de cette vérité, Messieurs, nous allons ouvrir deux cours d’architecture, l'un élémentaire pour les amateurs, l’autre de théorie poûr les artistes1. Voici l’ordre que nous nous proposons pour les leçons de ces deux cours.

Nous avons cru essentiel de donner ce- -.’ x cours en même tems, les lundi et mercredi de chaque semaine, depuis onze heures du matin jusqu’à une heure et demie après midi, et de diviser chaque séance en deux parties : la première destinée aux elcmcns, pour que les amateurs, les personnes qui cultivent les arts et les élèves qui se destinent à lu profession d’architecte puissent en parti­culier y venir puiser également les notions qui leur sont diversement utiles; la seconde, que nous appelons théo­rique, pour que les jeunes architectes qui se proposent duos la suite de profiter des faveurs du prince pour le voyage de Rome puissent non seulement approfondir dans ce cours tes préceptes fondamentaux de leur art, muis encore purvenir à remonter à la source, en devenant les maîtres d’assister aux leçons élémentaires qui leur sont égale >ent offertes; élémens dans lesquels.nous nous appliquerons aux définitions des termes de l’art, à expli­quer les différens genres d’architecture, les divers membres qui la composent, et à développer le caractère qu’il convient de donner à chaque genre d’édifice; autant de définitions importantes qui ont seules le droit de nous amener au raisonnement et à la logique de l’art.

Le cours de théorie sera divisé en trois parties : la pre* mière trailtera de la décoration des édifices en générul, dont nous appliquerons les préceptes en particulier à un bâtiment d’habitation de soixante toises de face, et que nous prendrons soin de comparer avec les chefs d’oeuvre des grands maîtres, à dessein de nous amener pur degrez à lu connoissunce du beau et à l’art d'éviter les abus et les licences, qui de tout tems se sont introduites duns l’architecture et qui dégénèrent encore entre les mains des copistes.

La deuxième comprendra tout ce qu’il est intéressant de scuvoir concernant la distribution des bàtimcns et la relation intime que celle cy doit avoir avec l’urdoiuwnce des façades, connoissances que nous appliquerons ensuite

au uu:>u- batiment du soixante toises de face et que nous comparerons aussi avec les distributions extérieures cl intérieures des édifices qui ornent Cette Capitule et scs environs, édifices dont un irouvera les plans, coupes et d'évadons dans [c’ recueil de l’architecture Irançoise, dont nous communiquerons volontiers les planches et les des- criptions aux personnes qui suivront ce cours.

Kntin, la troisième partie traitera de la construction des un y parlera en particulier de lu qualité Ju.\

matières ei des précautions necessaires pour par*t.i.:« - l'ijeconomie, \ !’aeceleration et à la perfection de la main d’œuvre.

,>U* ^produisons ce discours de blonde), malgré sa dyçy surtout dans la première partie. Apre* tout, c’est un

•UU-sur l'homme et sur le temps.1. Ceci est :\ noter. Dès l'origine, les cours étaient ouverts

aux «materna. !l aemldc même que quelques-uns étaient admis au\ v/.u*.» a. anémiques (Statuts, art. fq, 2q, iî>, tt , 1#»).

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Les leçons de ce cours seront aidées par la plus grande partie de démonstrations faites sur divers modèles en pierre, en plâtre, en marbre ou en bois, selon les diffé­rents objects qui les composeront.

Ce cours de théorie dure/a à l’espace de deux années.Les cours élémentaires nous occuperont seulement six

mois, de manière qu’il en sera donné quatre pendant la durée du cours de théorie.

Pour donner à ces cours toute l’étendue dont ils sont susceptibles chacun séparément, et cependant nous ren­fermer dans le temps que nous nous sommes prescripts, nous nous proposons, selon le besoin de plusieurs et l’assiduité à laquelle nous avons droit de nous attendre du plus grand nombre, de donner une troisième leçon tous les vendredis de chaque semaine depuis neuf heures du matin jusqu’à une heure et demi après midy. Les deux premières heures seront destinées à dicter les cahiers du cours élémentaire et du cours de théorie, et, dans les deux dernières heures de cette troisième leçon, nous comptons récapituler particulièrement ce qui aura été déjà enseigné dans les leçons précédentes; nous nous y appliquerons aussi ù analiser, à ctendre les premières démonstrations; nous tenterons meme d’y faire aux élèves des demandes relatives à leurs différents degrés de connoissances. Enfin nous nous proposons de consacrer dans la belle saison quelques unes de ces troisièmes leçons à aller fuirc des observations pratiques sur le terrein, à l’aspect des pro­ductions de nos plus habiles architectes, afin de parvenir par là, s’il nous est possible, à rassembler dans le cours de nos études et les éléments et la théorie et l’expérience de l’art.

Il vous est encore offert icy, Messieurs, un autre secours non moins intéressant que celuy que nous venons de vous annoncer. M. Camus, de l’Académie royale des sciences qui, depuis plusieurs années, professe avec tant de célébrité les mathématiques dans l’Académie royale d’architecture et qui a bien voulu se prêter à prendre les mêmes jours de nos leçons, vient d’ouvrir aujourd’huy un cours de calcul et un de géométrie, qu’il continuera tous les lundis et mercredis, depuis neuf heures du matin jusqu’à onze.

De quelle utilité, Messieurs, ne scia pas pour vous ce double exercice (.les sciences et des arts réunis ensemble, pour ainsi dire, dans la même séance / Combien d’ailleurs n’y u t’ il pas à gagner pour l'étude de l’architecture que ces préceptes ayent pour préliminaires celle des mathé­matiques/ Préliminaires sans lesquels les productions de l’architecture sont toujours imparfaites.

Nous allons, Messieurs, faire précéder aujourd’huy ces leçons par l’histoire abrégée de l’architecture cl des arts libéraux qui cil depeuderu. Cr discours préliminaire se»-■

vira icy d introduction et set a commun au cours élémen­taire, à celuy de théorie, dont les leçons proprement dittes commenceront mercredy prochain à onze heures précises du matin1.

i. Nous attirons l’attention sur cette partie du programme fort intéressante a certains égards. Nous en parlerons dans l’In­troduction du présent volume.

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David LEROY est rentré à l'académie suivant une procédure exceptionnel­le.Le 4 septembre Blondel demande la permission d'emporter chez lui le recueil des "Ruines des plus beaux monuments de la Grèce" par M. Leroy.

Le 20 novembre 58, Blondel rend compte de sa lecture du livre. "L'extrait que M. Blondel a fait du livre de M. Leroy sur les ruines de la Grèce ayant déterminé la compagnie à donner son approbation à ce livre, et la lecture que les architectes de l'académie on fait du même livre, tant dans les assemblées ordinaires qu'en leur particu­lier, les ayant convaincu de l'étendue des connaissances de l'auteur et combien ses recherches laborieuses sur les ruines des édifices les plus anciens et sur les lieux même peuvent être utiles au progrès de l'architecture, l'académie pour donner à M. Leroy des preuves dé l'estime qu'elle fait de son ouvrage, de son zèle et de ses talents, a cru devoir saisir l'occasion de la vacance d'une place qui n'a point été remplie dans la seconde classe, depuis l'augmentation des places de l'académie par les lettres patentes du 24 mai 1750, pour suppléer M. le Marquis de Marigny d'obtenir de Sa Majesté l'agrément de cette place pour M. Leroy".

Le 23 novembre le marquis de Marigny transmet à l'académie son approba­tion du désir qu'elle témoigne d'associer un sujet "qui par des recher­ches aussi curieuses que laborieuses s'est rendu utile à la gloire de la nation" et lui annonce que le Roi veut bien admettre M. Leroy dans la place de la 2ème classe restée en réserve.Leroy a 30 ans.

in. LEMONIER"David Leroy Julien, né en 1728, mort en 1803 mérite une mention parti­culière ; fils d'un horloger renommé, élève de Jossenay puis de Loriot à l'académie d'architecture, il avait obtenu le grand prix en 1750 et profite de son séjour à Rome entre 1751 et 1754 pour pousser jus­qu'en Grèce, d'où il rapporta l'ouvrage qui a fait tout d'abord sa réputation."Les ruines des plus beaux monuments de la Grèce" publiées en 1758.

Il se montra très actif et s'attacha particulièrement sans succès d'ailleurs à faire entreprendre par la compagnie une histoire de l'aca­démie .

Du moins fut il nommé son historiographe en même temps qu'adjoint à Blondel pour l'enseignement de l'architecture.

En 1764 il publie : Histoire de la disposition et des formes différen­tes que les chrétiens ont données à leurs temples.

En 1767 observations sur les édifices des anciens peuples.

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NOTE : Nomination de David Leroy

Lettre de Terray en date du 18 janvier 1774

J'ai reçu, Monsieur, la lettre par laquelle vous m'avez informé de la vacance de la place de professeur d'architecture arrivée par la mort du Sr. Blondel, ainsy que de l'adjonction à cette place dont était pourvu depuis plusieurs années le Sr. Leroy ; connaissant le zèle et la capacité du Sr. Leroy je me fais un plaisir de consommer les arrangements faits dès lors en sa faveur et j'ai, en conséquence, pris les ordres du Roi, pour son passage à la place vacante de profes- suer d'architecture dont il avait par adjonction l'expectative. Vous pouvez l'installer en cette qualité, en attendant le brevet qui en doit être expédié.

David LEROY, in Haut p. 57 T.IV"Après la suppression des académies par mesure révolutionnaire en 1793, Leroy et Vaudoyer continuèrent l'enseignement aux élèves, de leurs propres ressources jusqu'à la fondation de L'Institut".

Publication : Monument de la Grèce Temples chrétiens La marine antique.

Fils de Julien Leroy, horloger célèbre 1686-1759 - né à Paris en 1728 meurt en 1808.

2ème G.P. en 1749, G.P. en 1750, M. Ac. 1773, M.I. 1795

MJEBA, arch. du Roi, arch. du gouvernement, professeur d'architecture. "La forme des bâtiments dépend beaucoup de la nature du climat des lieux où ils sont élevés et les principes de 1'architecture ne peuvent être tous si généraux qu'ils ne soient obligés quelquefois de s'y plier".

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CHAPITRE VI : LE DEVOIR D'ENSEIGNER - LE STATUT DE L'ECOLE

François Blondel rappelle dans son cours, que le premier devoir de l'académie est d 'enseigner.

Il prête au Roi cette remarque "la seule vue des édifices ne donne que de faibles lumières, si les beautés n'en sont expliquées".

Le rôle de l'académie sera de procéder à la construction de cette expli­cation et de "travailler au rétablissement de la belle architecture et en faire des leçons publiques".

Cet enseignement ne deviendra que progressivement le fait d'une vérita­ble école. Pourtant dès sa fondation le professeur perpétuel sera chargé des leçons publiques et de guider le travail des élèves exercés à l'ar­chitecture .

La suite des professorats met en évidence les transformations qu'a subi au cours du siècle cet enseignement. Il a toujours été confronté aux travaux des élèves. L'académie peut tester l'efficacité de l'ensei­gnement de son professeur à l'assiduité ou à l'ardeur des élèves. Il n'est pas impossible que Loriot ait été contraint à la démission par les critiques que certains académiciens dont J.F. Blondel son succes­seur auraient fait de son enseignement. L'école est toujours restée fermement conduite par les académiciens.

L'enseignement de l'architecture est tellement lié à l'existence de l'académie que celle-ci prétendra en avoir le monopole. Quand J.F. Blondel son futur professeur établit une école privée, l'académie tente de s'opposer.

La suite des règlements de l'école ne montre que peu de changement jusqu'au professorat de J.F. Blondel.

L'académie instaure alors la pratique du projet mensuel. Le concours d'émulation est reconnu comme le moyen le plus efficace d'exciter le talent des élèves et les préparer à l'épreuve du grand prix qui consa­crera le premier d'entre eux.

L'école académique se distingue de toutes les autres. A la suite de l'école des Arts de nombreuses écoles, au milieu du XVIIIème siècle vont s'ouvrir; ce développement de l'enseignement s'inscrit dans le grand mouvement de diffusion des connaissances.

L'école de l'académie se développe et se perfectionne en dehors de ce grand mouvement pédagogique.

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Certes l'enseignement des disciplines positives prendra de plus en plus de place dans le programme de l'école académique. A partir de 1730, on déchargera les professeurs d'architecture de l'enseignement des mathématiques.

Ce qui distingue l'école de l'académie de toute autre, c'est d'être attachée si étroitement à l'institution académique.

C'est dans son local et sous le contrôle direct des académiciens que se déroulent les épreuves et les travaux d'élèves.

Le travail des élèves vient compléter le travail des académiciens- Une étroite correspondance s'établit au fil des ans entre 1' enseigne­ment et l'ensemble des autres activités académiques.

C'est donc une école privilégiée dans tous les sens du terme. Elle prépare des élèves choisis et patronnés par les académiciens eux-mêmes» C ’est un privilège que d'être admis dans cette école et parfois il faudra le rappeler fermement aux élèves. 0' autre part elle est installée dans le lieu même où siège cette autorité reconnue qui détient le privilège de dire la bonne doctrine.

Cette doctrine est si réfléchie et sa portée est si générale qu'elle s'applique bien entendu à l'ensemble de la nation et même à l'Europe toute entière.

L'académie veillera jalousement sur son école. Elle débattra souvent de la question de a réforme. Elle aura du mal à contenir les réclama­tions parfois turbulentes de ses élèves et sera contrainte plus d'une fois de leur rappeler la manière dont ils doivent être vis à vis de 1'académie.

On examinera successivement dans ce chapitre :1. La mise en place et l'évolution de l'école de l'académie,2. Règlements et réformes.

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enie i - MISE EN PLACE ET EVOLUTION DE L'ECOLE DE L'ACADEMIEit

Le "devoir d'enseigner" est imposé à l'académie dès sa création,.raàis •e l'école de l'académie ne se met en place que progressivement au cours

de son histoire.

e II faut distinguer dans cette obligation d'enseigner deux fonctionsdifférentes, d'abord celle d'enseigner publiquement - il s’agit de formuler et de diffuser la doctrine architecturale auprès du public

. des gens distingués.

Ici la fonction de l'académie d'architecture rejoint celle des autres académies.

Ensuite celle d'enseigner aux futurs architectes la pratique de l'ai— chitecture et c'est en effet progressivement une véritable école qui

: s'établit dans le cadre de l'académie. Cette école assure la formationdes architectes du Roi, elle distingue parmi ses élèves ceux qui méri­tent d'envisager la carrière académique et sa pédagogie est conçue pour permettre cette sélection.

Ces deux enseignements sont liés.

Dans ses débuts, l'enseignement de l'académie s'est tourné vers le public - les conférences de F. Blondel - (encore qu'on ne sache rien du public qui assistait aux cours de F. Blondel). Progressivement l'en­seignement s'est plus directement adressé aux élèves de l'académie et avec le professorat de J.F. Blondel il devient une véritable école.

Mais à travers toute son histoire, l'académie conservera la responsa­bilité de ces deux niveaux de l'enseignement d'architecture; d'une part informer le public, vulgariser le programme de l'architecture, fonder le goût en architecture, divulguer les arguments du débat sur la ville, l'ornement, convaincre de l'utilité de l'architecture; d'autre part dans le cadre de ces questions portées à la discussion du public distingué où se recrute la classe politique, préparer les architectes à concevoir et à proposer des réponses aux questions que ce public leur pose.

De l'académie d'architecture nait cette première caractéristique de l'enseignement de l'architecture d'opérer simultanément à deux niveaux:

- enregistrer ou produire, diffuser les thèses sur l'espace et l'indus­trie ,

- dans le cadre de la discussion de ces thèses, assurer la préparation des architectes à la pratique spécifique du projet.

Ces deux niveaux sont en effet étroitement liés. A partir du XVIIème siècle on ne saurait plus imaginer un enseignement de l'architecture qui resterait enfermer dans le milieu étroit d'une corporation.

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On ne peut parler d'un débat sur l'architecture sur la ville ou l'espace comme on peut parler d'un débat sur l'art. Et ici l'apprentissage à une technique est lié directement à la question politique de sa finalité et la discussion sur la finalité passe par une discussion sur le "goût" qui n'est pas autre chose qu'un débat sur les "valeurs" à travers les­quelles sera jugé de la finalité.

Il faut donc examiner l'histoire de l'enseignement de l'architecture dans l'institution académique comme l'histoire de cette relation subtile (et médiatisée par toutes sortes de discours sur l'art et la science) entre le domaine du politique et celui du technique, entre la doctrtine et l'art de bâtir, l'architecture et la construction.

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2 - REGLEMENTS ET REFORMES

On peut distinguer dans l'histoire de l'école 4 grandes périodes - la suite des règlements et des réformes confirme ce découpage.

1ère période - le cours de Blondel et celui de Delahire. Pendant cette préiode l'enseignement public ne se distingue de celui qui est donné aux élèves par aucune disposition réglementaire. On sait que les acadé­miciens envoyaient leurs collaborateurs à l'académie suivre les cours du professeur. Celui-ci leur dictait ses leçons à des heures particu­lières pour ne pas interrompre la suite de son cours.

Dès la fondation de l'académie, est posé le principe du concours d'ému­lation dont l'objet est d'encourager le zèle des élèves. La récompense est une médaille.

En 1701 et en 1702, on tentera de mettre en place cette procédure.

On peut distinguer une deuxième période précisément à partir du moment où le concours du grand prix se déroule régulièrement : 1720.

Le début de cette période correspond au professorat de Desgodet. Les programmes de ces concours témoignent des exercices de projets auxquels s'entraînaient les élèves. Ils correspondent au programme de l'architec­ture - on étudiera plus loin l'évolution de ces programmes.

La troisième période correspond au moment où le nombre d'élèves s'ac­croît. Il devient nécessaire de réglementer l'école, notons que c'est précisément à propos de la participation incontrôlée des élèves au concours annuel que nait la nécessité de distinguer ces élèves des aspirants.

A partir de 1746, il y aura deux catégories d'étudiants : ceux qui ont le titre d'élèves de l'académie et qui ont seul le droit de concou­rir pour le prix, ils sont patronnés par les académiciens et ceux qui aspirent à le devenir et qu'on nommera aspirants. Il semble que l'aca­démie ait eu quelque difficulté à dénombrer ces élèves privilégiés. On trouvera plus loin les listes publiées par Lemonnier dans les procès- verbaux.

Enfin, on peut distinguer une quatrième période qui correspond au pro­fessorat de J.F. Blondel (1662) et se poursuit après sa mort avec le professeur David Leroi. L'école est devenue une véritable institution gouvernée par un réglement précis. Le concours mensuel d'émulation est créé. Son but est de préparer au concours du grand prix mais surtout d'entraîner à la pratique du projet la masse d'élèves qui ne pourront y prétendre. Se met en place dans l'école une véritable pédagogie du projet dont l'école des Beaux-Arts reprendra la tradition.

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Notons que l'académie dans son entier gère cette pédagogie. Elle choisit les programmes et juge les esquisses et les projets.

A la fin de cette dernière période à plusieurs reprises, soit sous la pression des élèves soit sous celle des académiciens qui faisaient écho aux revendications des étudiants, l’académie s'est penché sur la réforme du réglement de son école. Elle n'a pourtant pas remis en cause les principales caractéristiques de son enseignement. En 1790, au début des troubles, elle a préféré voir ses élèves renoncer à leur qualité d'élève que d'accéder à leur revendication.

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NOTE : Chronologie des règlements de l'école

1694 - Onproposera des programmes aux élèves.

1702 - Premier Grand Prix.

1720 - Prix de Rome.

1747 _ Etablissement de la liste des élèves - distinction entre élève et aspirant.

1762 - Articles fixant les règles générales de l'école.

1763 - Règlement pour le jugement.

1775 - Création des concours d'émulation.

1790 - Nouveau règlement.

1793 - Suppression de l'académie et maintien de l'école.

1795 - Création de l'Institut.

1816 - Installations aux Petits Augustins.

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CHAPITRE VII : LE STATUT D'ELEVE

La qualité d'élève de l'académie donne à l'étudiant un véritable statut auquel correspond quelques privilèges, notamment celui de concourir pour le prix. C'est un titre dont il est fait état et qui progressive­ment au cours de l'histoire de l'école sera de plus en plus contrôlé.

Dans les débuts de l'académie on ne sait pas bien distinguer les élèves qui travaillent sous la direction du professeur des personnes qui assis­tent aux conférences du professeur. Pourtant dès le professorat de François Blondel cette distinction doit être faite. Les statuts de 1717 en tout cas à la fin du professorat de Delahire et qui ne font que réglementer la pratique académique, précisent cette distinction.

"Tout homme, de quelqu'âge ou condition qu'il soit qui aura du goût pour l'architecture, aura entrée dans la salle de l'académie pour assis­ter aux leçons publiques et entendre le professeur".A la fin de l'académie il faudra que ces auditeurs soient connus et présentés par quelques académiciens. Condition peu restrictive puisque le nombre des académiciens a augmenté et que ces architectes sont faci­lement accessibles.

Les élèves par contre seront choisis. Et à plusieurs reprises au cours de l'histoire de l'académie, il a fallu rappeler les conditions de ce choix et veiller à ce que ne se considèrent pas comme élèves des étudiants qui n'auraient pas été patronnés.

Le principe du patronage met l'école sous l'autorité de l'acacdémie plus que n'importe quelle procédure de sélection.

Il est facile d'imùaginer que les académiciens ont usé de leur faculté de patronner un élève avec discernement. Certainement ils ont désigné leurs propres apprentis les plus aptes à remplir cette condition d'être déjà un peu exercé à l'architecture.

Le professeur peut choisir six élèves (article L U des statuts de 1776 dans les statuts de 1777) parmi les étudiants.

La qualité "d'élève" accordée à un étudiant, celui-ci doit respecter une manière d'être vis à vis de l'académie.

Ils seront tenus d'être assidus aux leçons des professeurs. Les statuts de 1776 précisent qu'ils doivent obtenir un congé du professeur pour toute absence de plus d'un mois.

Et pour bien préciser que l'école de l'académie fait partie de l'insti­tution académique, le renvoi d'un élève ne pourra être prononcé que par l'administration des bâtiments.

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Le patronage qui permet d'acquérir la qualité d'élève, accorde en fait ce privilège d'être déjà membre,d'une certaine manière,de l'institution académique. Et de là vient cette obligation pour les élèves de se con­duire de manière convenable. L'académie est consciente du privilège qu'elle accorde à ses élèves. C'est un statut social dont ils peuvent se réclamer; l'académie essaie de contrôler l'usage qu'ils en font.

Et c'est pour cette raison probablement qu'elle sera conduite à établir et à contrôler la liste de ces élèves (veiller à ce qu'aucun des aspi­rants ne s'attribuen indûment la qualité d'élève). Il semble que les élèves n’aient pas toujours respecté cet engagement qu'ils prenaient vis à vis de l'académie - l'histoire de l'école est jalonnée de conflits de différentes sortes au cours desquels les élèves se sont opposés aux académiciens.

Les élèves de l'académie ont été turbulents et parfois même leur atti­tude a été si insolente qu'il afallu réprimander et exclure.

Nous pensons que cette attitude des élèves s'explique par leur impa­tience. Le principe de la perpétuité du titre d'académicien produit de la lenteur dans le renouvellement du corps académique.

a La fin de ce siècle où s'accomplissent de telles transformations dans la manière de penser, on imagine que les élèves ont pu percevoir la prudence ou la fidélité de leurs anciens comme une façon de s'oppo­ser aux mouvements des idées.

J.F. Blondel, novateur en son temps, impatient dans sa jeunesse d'em­brasser la carrière académique, s'impatiente à la fin de sa vie de la prétention de ses élèves.

Nous pensons que l'académie a voulu ne pas laisser trop de trace de cette difficulté d'être avec ses élèves. Elle a souvent, pensons-nous, considéré ces conflits comme de simples questions de discipline ou de moralité. ELle a probablement voulu faire passer pour- tentative de fraude des rivalités où peut-être à travers les élèves s'opposaient les académiciens eux-mêmes.

début de la révolution la réclamation des élèves (d'assister à la délibération des académiciens) est une provocation contre l'institu­tion elle -même. On sait que l'académie s'est retournée vers le politique qui a tranché clairement en demandant aux élèves-de renoncer à leur 'qualité d ’élève”.

élèves - en étaient-ils conscients - vivaient de manière particu- tere cette contradiction où est placé tout élève auquel est accordé

uo statut social par le fait d'être choisi et qui d'un côté s'oppose a 1 institution dans son impatience d'exercer mais de l'autre reste atte du privilège qui lui a été accordé et que lui garantit la même

institution.

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En 1790, les élèves ont renoncé à leur qualité d'élèves et le concours a été supprimé. En 1791, les élèves réintégrés dans leur "qualité" ont concouru.

On étudiera dans ce chapitre successivement :1. Le patronage ou le mode de recrutement des élèves.2. Manière d'exister vis à vis de l'académie ou la discipline que tente

d'imposer l'académie à ses élèves.3. Les listes d'élèves et le problème du contrôle de l'école.4. Fraudes et contestations ou l'histoire tumultueuse des élèves.

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1 - LE PATRONAGE

Dès le réglement de 1717 le mode de recrutement des élèves de l'acadé­mie est fixé. Il ne sera jamais modifié. Les élèves sont choisis par les académiciens, chaque académicien a le droit de patronner un élève, le professeur peut en désigner six. Il n'y aura jamais plus d'élèves que le nombre d'académiciens plus six. Le mode de recrutement est donc le patronnage.

L'élève doit rechercher pour entrer à l'académie l'appui d'un académi­cien qui devient son protecteur. Le terme de patron n'est pas utilisé dans les procès verbaux mais certainement l'académicien qui patronne un élève est en une certaine mesure garant de sa capacité à suivre l'enseignement de l'école. Il est difficile de savoir si ces protec­teurs interviennent auprès des élèves pour guider leurs études, les encourager ou les entraîner au concours, pour beaucoup d'académiciens le patronnage d'un élève se limite à une simple recommandation même a la fin de l'école. Par exemple Fontaine était patronné par Heurtier qui faisait travailler son père, entrepreneur. Fontaine ne le connais­sait qu'à peine et n'a jamais eu de relation avec lui pendant ses études. Heurtier est pourtant intervenu après la polémique du grand Prix de 1785 pour que Fontaine, classé deuxième, soit néanmoins envoyé s Rome.

Le terme de patron sera repris à l'Ecole des Beaux Arts pour désigne les chefs d'ateliers. Il ne s'agit pas du même patronnage. Les patrons de l'école des Beaux-Arts corrigent les projets et tentent de les défendre devant le jury. Rien de semblable dans l'académie, même si certains académiciens ont pu dans les dernières années de la compagnie avoir des élèves chez eux.

Le principe du patronnage permet aux architecte du Roi de maîtriser entièrement le renouvellement du corps académique. A la fin de l'his­toire de l'académie, d 'Angivillers revendique auprès de l'académie le droit en tant que surintendant des bâtiments de désigner des élèves. Ce droit lui fut accordé par l'académie qui ne vit pas dans cette modification de ses statuts une atteinte à ses privilèges.

Cette cooptation des élèves pendant la période révolutionnaire a été ressentie par les élèves et par les académiciens comme un privilège auquel il fallait mettre fin. Guillaumot propose dans son projet de reforme de recruter les élèves de l'académie par un concours ouvert a tous.

Ce projet fut repris en 1824 à l'Ecole des Beaux Arts quant fut suppri­me le numerus clausus de 50 élèves en première classe.

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2 - MANIERE D'EXISTER VIS A VIS DE L'ACADEMIE

Le mode de recrutement des élèves - la cooptation - leun impose une manière d'exister vis à vis de l'académie.

Il leur est constamment rappelé qu'ils jouissent du "privilège" d'être élève. Ils peuvent assister aux leçons du professeur, utiliser la salle des modèles et participer aux concours. Parfois aussi l'académie a-t-elle obtenu pour ces élèves une exemption de senvice militaire. Mais la "qualité d'élève" est un titre dont ils peuvent faire état. L'académie veille avec soin à ce que ce titre ne soit pas utilisé induement. Elle prit très mal le pamphlet que signe Desboeuf contre l'église de Ste Geneviève ; brochure "indécente et qui contient des faussetés et qu'elle ressent ce procédé mahonnête par rapport à l'un de ses membres".

L'académie par le choix qu'elle fait elle même de ses élèves les consi­dère déjà comme membre de la communauté académique. Elle attend d'eux qu'ils marquent vis à vis de l'institution académique le même respect que celui dans lequel eux mêmes se sont placés. La "qualité d'élève" leur fait obligation de se soumettre volontairement à la même discipli­ne que celle qui est fixée par les statuts pour les académiciens. Cette discipline est faite d'obeissance aux ordres du roi et de soumis­sion aux avis de l'assemblée académique. Rappelons que le professeur lui même soumet son cours à l'approbation de ses collègues et que nul académicien ne peut publier un ouvrage sans que l'académie y ait donné son approbation et que celle-ci ne "sera accordée qu'après qu'une lecture entière soit faite dans les assemblées".

Nul des académiciens ne pourra mettre aux ouvrages qu'il fera imprimer le titre d'académicien s'ils n'ont été ainsi approuvés par l'académie.

Les élèves ne sont pas rentré facilement dans cette manière d'être, ont-ils pensé que le pnix du privilège qui leur était fait était trop élevé s’il fallait le payer d'une telle obéissance ? L'histoire de l'école est faite de leurs réclamations, parfois violentes, quelquefois injurieuses à l'égard des académiciens. Nous proposons de comprendre cette insolence à l'égard d'une institution dont ils réclament pourtant par avance la protection et dont ils sollicitent la distinction qu'elle accorde, comme le signe de l’impatience dans laquelle ils sont de remplacer leurs aînés.

Ils recopient le discours du professeur, mais en même temps ils sont a l'écoute des idées nouvelles, entraînés par l'école au projet, et spécialement à la discipline du concours, ils mettent dans leur compo­sition la proposition d'une architecture nouvelle que parfois réprouve le professeur et que pourtant l'académie récompense. Cette pnatique de projet pousse à l'insolence des jeunes gens toujours prompts à observer les contradictions où s'enferment leurs aînés.

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- LES LISTES D'ELEVES

Les listes d'élèves que contiennent les procès verbaux de l'académie montrent la difficulté de la compagnie à regouverner l'école. On sait que c'est à partir de 1745 que l'académie s'applique à dresser la liste des élèves à la suite des difficultés qu'elle a de contrôler la qualité de ceux qui prétendent au grand prix.

Dans la liste de 45 les élèves sont répartis entre les deux profes­seurs. H. Camus patronne 8 élèves, Jossenay 13. Seulement trois élèves sont patronnés par les académiciens Boffrand, Leroux et d'Isle, soit en tout 24 élèves.

En 1746 8 élèves sont patronnés par Camus, 6 par Jossenay et 8 élèves par d'autres académiciens. Soit 22 élèves de l'académie et 22 élèves non patronnés qu'il faut considérer comme des aspirants puisque c'est a partir de cette année que la distinction est faite.

La comparaison entre la liste de 45 et celle de 46 fait apparaître qu'il n'y a que 4 élèves communs aux deux listes : Barau - Duvivier Guillaumot et Patte.

Clerisseau qui sera grand prix en 46 et Belicart qui sera grand prix en 47, Parvi qui sera grand prix en 48 ne figurent pas sur la liste des élèves de 46. Les dix sept autre élèves de la liste de 46 se trou­vaient donc en dernière année d'études, à moins que certains d'entre eux aient abandonné les études académiques. On notera dans cette liste °e Lepine Louis Jules, le grand père de Delespine l'un des premiers patrons de l'école des Beaux Arts et Normand le père de Ch. Pierre Joseph Normand, grand prix en 1792.

Dans la liste de 1746 on trouve parmi les aspirants Edmé Verniquet qui se rendra célèbre par le plan de Paris qu'il exécuta de 1783 à 1791. Ce plan est le plus complet et le plus exact de tous les plans levés jusqu'alors. Verniquet est le fils d'un architecte de Chatillon sur Seine où il naquit en 1727, il construisit un grand nombre de ponts et d'édifices civils et religieux dans le centre de la France. La liste de 1762 est plus conforme aux statuts de 1717. Le nom de chaque élève est suivi du nom de l'académicien qui le patronne et les deux professeurs Camus et Loriot se partagent les 6 élèves prévus Par les statuts, chacun trois.

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4 - FRAUDES ET CONTESTATIONS

En 1759 pendant les dernières années du professorat de Loriot et avant les discussions sur l'école qui amenèrent sa démission, le concours du grand prix donne lieu à quelques incidents.

L'académie étant assemblée le 20 août 59 "on a rendu compte à la compa­gnie que le sieur Ledreux avait emporté hors de sa loge et chez lui sa coupe pour en faire dessiner les figures ou l'ornement par un autre sans en avertir le secrétaire ni l'académicien qui était chargé de la police des loges, et que M. Heurtier avait aussi emporté chez lui ouvertement ses dessins qui étaient au trait, pour les laver hors de sa loge parce qu'il était alors incommodé.

L'académie a jugé et est convenue à la pluralité des voix que les dessins de Messieurs Dreux et Heurtier ne concourraient point pour les prix de cette année et que ces dessins leur seraient rendus.

Le sieur Vauchelet, dont l'esquisse avait été approuvée pour être mise au net et concourir au prix, n'ayant point présenté ses dessins et les ayant même emporté ne coucourra point non plus pour le prix"...

L'académie ayant examiné les autres dessins a remarqué que ceux cotés ACE des sieurs Peyre, De Bourge, Lenoir n'étaient pas conformes à leurs esquisses et que celui cote I du sieur Jallier n'est pas dans les mesures données dans le programme à l'égard du manège".

Le 29 août, en présence de M. de Marigny séant à l'académie pour dis­tribuer les prix on a décidé que les dessins A.C.E.I. ne coucourraient point pour le prix.

Des 12 candidats il resta donc 5 concurrents et 4 médailles furent distribuées.

Ce concours est très représentatif de la difficulté qu'éprouva l'acadé­mie à tenir la main sur ses élèves. La liste des incidents est longue. En 1744 le grand prix est supprimé, les élèves communiquent avec l'ex­térieur, emportent leurs dessins chez eux, sollicitent l'avis des académiciens, se promènent sur les corniches du Louvre.

Ils mettent en cause l'honnêteté de leurs camarades et s'accusent mutuellement de fraudes. Mais plus grave encore ils n'hésitent pas a porter leurs plaintes au surintendant lui-même et à solliciter son arbitrage. On est étonné de tant de désordres dans une institution aussi parfaitement réglée, mais les académiciens eux mêmes devant ces difficultés ne paraissent pas très assurés.

En 1765 devant les 32 esquisses hors concours, ils font refaire le concours. Six ans plus tard dans la même circonstance ils ne décernent pas le prix. Eux mêmes hésitant devant les propositions des élèves comme en 56 ils sollicitent l'avis du surintendant. Tous ces incidents marquent bien la difficulté du rapport entre générations d'architectes.

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Les élèves affichent à l'égard de leur maître une indépendance d'esprit que ceux-ci suivant les circonstances n'admettent pas ou dont au con­traire ils se font complices.

Ces incidents révèlent surtout l'âpreté de la compétition. L'enjeu pour les élèves est d'obtenir le voyage à Rome et la quasi certitude d'une carrière académique. Mais l'enjeu est aussi pour les académiciens de maintenir ou de transformer la doctrine académique. Le concours est précisément l'occasion de confronter leurs positions. Certains sans vouloir protester formellement contre le scrutin souhaitent l'ar­bitrage de l'administration et la doctrine, comme nous avons tenté de l’expliquer, n'est pas ici à considérer comme un jeu de l'esprit, un discours fertile ou savant, mais comme une stratégie pour un petit 9roupe social qui est indu dans un vaste système de conflit, dont le dynamique s'accomplit précisément dans une dialectique entre la norme et sa transgression.

"L'univers des règles laisse place à la tricherie car il est dans sa nature même de se prêter à l'équivoque".

Georges Balandier - sens et puissance.

Les fraudes des élèves de l'académie sont d'après nous à comprendre non pas à travers des critères moraux de conduite mais à l'aide d'une analyse globale du système de production de l'architecture dans lequel Précisément le concours - cette compétition dont les règles sont floues et équivoques - est ce moment particulier où il faut l'emporter absolu­ment.

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DEUXIEME PARTIE : PEDAGOGIE DE L’ARCHITECTURE ET PRATIQUE ACADEMIQUE

Nous avons pu faine observer dans la première partie de ce travail a duel point l'école de l'académie est liée à l'institution académique. *-e devoir d'enseigner, qui lui est assigné dès sa fondation, lui permet de remplir ses diverses missions. Enoncer la norme en architecture

l'adapter à l'évolution de son programme - contrôler la production fabriquer une élite d'architectes et former un corps de techniciens

?ui comme dans d'autres domaines vont contribuer à modifier certains ec'uilibres sociaux de pouvoir.

11 reste à montrer que cette relation entre l'académie et son école s accomplit par une pratique tout à fait spécifique que nous désignons sous le terme de "correction académique". Cette procédure, qui au fil de l'histoire de l'académie se précise au point de s'inscrire dans une véritable règle, soutient le travail académique lui même et induit ans l’enseignement une pédagogie elle même spécifique : la pédagogie de Projet.

semble tout à fait intéressant de remarquer que les grandes caracté­ristiques de cette pédagogie de projet ont été reprises par l'Ecole es Beaux Arts, exportées dans le monde entier et reprises dans leur ensemble après 1968 et la suppression de l'ENSBA (après quelques hési­tions dans quelques écoles dont il faudra un jour analyser le projet).

l cette pédagogie particulière s'explique bien dans le cadre de l'ins- ution académique, ou elle est née, quel sens peut-elle prendre dans autre contexte institutionnel et politique ? Dépossédés de l'institu- °n académique - à laquelle ils se réfèrent avec nostalgie, les archi­ve es du début du XIXème vont tenter de faire du jury de l'école une

institution et lui donner le prestige et l'autorité de l'aca-

manquera aux architectes du XIXème d'obtenir la mission de contrôle refois confiée à l'académie pour faire de la profession un dispositif

tnstitutionnel aussi efficace que celui de l'académie.

d®s trois méthodes ou pratiques dont nous abordons ici l'étude : celle correction, celle du projet, celle du jugement, mises au point

ns l'institution académique au cours du XVIIIème, vont demeurer jus- a nos jours, sous des procédures à peine déformées, les méthodes

u pratiques du contrôle architectural.

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CHAPITE I : LES DIFFERENTS TYPES DE CORRECTION

L'Académie pourra "recevoir l'ordre de Nous" dit l'article XXII des lettres patentes de 1717" de travailler à des dessins ou des mémoires de bâtiments publics au particulier" elle pourra aussi "être consultée même par des étrangers et avec Notre permission". Elle s'attachera dans ces consultations à "donner prompte et eniètre satisfaction".40 ans plus tard cette mission sera définie exactement dans les mêmes termes. L'article XXIX des statuts de 1776 précise seulement qu'elle peut être consultée avec notre permission concernant des projets sur lesquels on désirera avoir son jugement".

Un conseil vaut par l'autorité de qui le donne. Dans ses débuts, l'aca­démie supplée à l'absence d'instances autorisées qui puissent donner un avis sur des problèmes techniques qui relèvement manifestement de compétences diverses.L'académie devient pour l'administration des bâtiments cette réunion de compétences.

L'académie est supposée disposer ainsi d'une référence certaine pour juger.A plusieurs reprises l'administration lui demande de publier ses tra­vaux et ses rapports. La question se pose de savoir si l'académie n'a jamais pu répondre à cette demande par manque de temps ou de métho­de ou plus simplement par le désir de conserver par devers elle les connaissances réelles ou supposées qui ont fondé son autorité.

Le jugement de l'académie est sollicité pour choisir entre deux pro­jets, ou entre deux architectes. Il s'agit là d'une sorte de conseil qu'il faut justifier par référence au goût en architecture. Et c'est, bien sûr, le domaine où l'académie se sent le plus assurée puisqu'elle ne cesse de débattre de cette question, et qu'explicitement elle est l'autorité chargée d'énoncer la doctrine.

De cet avis sur le choix du meilleur projet à la correction, la distan­ce n'est pas grande. L'académie est tenue de justifier son choix et d'expliquer sa préférence.Explicitement parfois la consultation exige d'elle de dire à quelle condition pourrait être exécuté le projet qu'on lui soumet.Et voici l'académie placée devant cette nécessité de corriger. Il s'agit pour elle ni de refaire le projet, ni d'en détruire le principe. La pratique de la correction se distingue de la pratique du projet en cela qu'elle conserve la démarche générale proposée, elle s'inscrit dans le projet et ne remet pas en cause ses choix fondamentaux.

La correction agit par petites touches, propose des modifications qui paraissent mineures. Rectifier le goût d'un ornement, rétablir la proportion d'un élément, rapprocher le projet de la perfection où il pourrait avoir été dessiné.

"Nous proposons d’utiliser le terme de correction académique pour définir cette pratique très spécifique du conseil qui conduit le pro­jet---"

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L'article XXIX des statuts de 76

"Lorsque l'académie aura ordre de Nous de travailler à des dessins ou mémoires de batiments publics ou particuliers, ou qu'elle sera consultée par des étrangers et avec notre permission concernant des Pcojets sur lesquels on désirera avoir son jugement, elle s'attachera a donner une prompte et entière satisfaction".

k!article XXII des lettres de 1717

'Lorsque l'académie aura ordre de Nous de travailler à des dessins et mémoires de batiments, publics et particuliers, ou qu'elle sera consultée, même par des étrangers, avec notre permission, elle s'appli­quera très particulièrement à donner une prompte et entière satisfac­tion".Première catégorie :Le sont des projets qui sont soumis à l’Académie par la volonté de — ur auteur. C'est un cas de figure assez rare, lorsqu'il se produit L académie en est très flattée. C'est le cas des anciens élèves de 1 académie qui, chargés de la construction d'un édifice important vont présenter leur projet et solliciter auprès de l'académie un avis, ®n fait une correction. C'est le cas aussi d'architectes candidats * l'académie. Cf. Lestrade en 1763. L'académie n'hésite pas à corriger.

y a aussi le cas où les académiciens eux-mêmes soumettent leur Ppojet à la correction. Ils jugent prudent de soumettre le projet a„ l'approbation de l'académie. Certains académiciens préfèrent eux- memes solliciter la correction plutôt que de se la voir imposer comme Ce sera le cas quelquefois. Ce sont des corrections "douces" comme en témoignent les procès verbaux.

deuxième catégorie : ce sont les projets soumis à l'académie par le surintendant des bâtiments. Le surintendant des bâtiments est chargé des bâtiments du Roi mais certaines institutions comme l'institution neligieuse soumet à la surintendance l'approbation de leurs projets. La surintendance retourne alors ces projets à l'académie. Il y a ainsi eaucoup de projets de transformation et de réparation d'églises soumis

a 1'académie.

coisieroe catégorie : il s'agit de la demande par la surintendance ® fa*re la choix entre plusieurs projets lors de la construction d'un atiment du Roi. C'est le germe d'une procédure de concours. De temps en temps l'académie se voit amenée à donner son avis sur plusieurs Ppojets, en général deux projets : elle choisit le moins mauvais des deu* et le corrige.

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La quatrième catégorie correspond à la demande d'un avis technique. Sous prétexte de demander à l'Académie une expertise technique, on lui demande en fait d'intervenir sur le modèle ; là aussi cela se pro­duira souvent pour les églises.

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tableau chronologique des principales corrections academiques

1676 (mars) Avis sur la sculpture de Monseigneur le cardinal Mazarin.1677 (mars) Correction des pavillons projetés par Mansart aux deux

côtés de la Fontaine de la Renommée.1677 (mai) L'affaire du couvent des Pères Feuillans rue St Honoré, pro­

jet de Bruand.1679 Correction d'une place à St Brieuc et des dessins d'un hôpital.1678 Correction de l'attique et des pavillons du Louvre dessinés par M.

Perault.168? L'Acqueduc de Maintenon.1686 Correction des plans de Bullet puis l'archevéché de Bourges.1732 Saint Sulpice.1747 ste Marie Madeleine de Besançon - Projets de Nicole et de Longin.1T53 Eglise St Jean de Liège - Projets de Pizzoni et de Fagni.1760 Eglise cathédrale de Strasbourg - Projet des experts maçons et de

Houlie.1760 Hôpital St Eloi de Montpellier - projets de Giral et de Carcenac.1761 Cathédrale de Strasbourg.1762 Eglise N.D. de Dijon - Projet de Le Jolivet.

Eglise de Boulogne - Examen du projet de Haresvin.1762 Eglise St Jean de Lyon - Projet de De Crenice.1763 Eglise St Benigne de Dijon, par De Wailly.1763 Peyre soumet deux projets pour l'hôtel de Condé.1763 Projet du chateau pour de Montmorency, par Lestrade.1764 Saint Sulpice.1764 Grille pour le Palais Roÿal - projet de Moreau.1766 Caserne de la rue Moufetard - Expertise de Camus.1780 La prison du Châtelet - Projet de Moreau.1781 Les Halles de Paris - Projet de Loret.1784 Cathédrale de rennes - projet de M. Crucy.1784 Cathédrale de Laon.785 Les bains de Bagnères - Consultation de la Société Royale de Méde-

cine par l'Académie.1785 La Madeleine - projet de Couture.785 La gare d'eau sur la Seine - Consultation de l'Académie par le

prévôt des marchands.

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.Pour exécuter cette mission de contrôle des projets, l’académie doit disposer d'un critère de jugement, ou d'une référence sûre à laquelle évaluer le projet qui est soumis à son avis.

C'est pressée par la nécessite de corriger, que l'académie s'intéresse à la "vraye" doctrine.

On conçoit que cette nécessité de donner un avis définitif et qui ne puisse pas être contesté impose à l'académie circonspection et prudence.

On propose d'appeler "doctrine académique" cette référence qu'utilise l'assemblée des académiciens pour juger des projets en s'efforçant de respecter la règle de l'unanimité - Il ne s'agit pas tout à fait du même type d'énoncé que celui que tient dans un combat d'idées l'avant garde architecturale.

Ici la doctrine est un critère pour juger et non pas un discours pour combattre 1 'opinion de ses adversaires, une référence qui ne saurait être contredite, solidement établie par l'usage, démontrée par les grands modèles de l'Antiquité et non pas cet ensemble d'arguments qu'u­tilisent les jeunes architectes pour défendre les projets qui les dis­tingueront de leurs aînés.

L'Académie dans la recherche de cette référence indiscutable, a sollici­té à la fois le secours de la théorie (en mettant, sans y croire vrai" ment les principes du goût au niveau d'un absolu en architecture od d'un idéal fondé dans la nature universelle), et celui de l'institution (en s'efforçant d'user avec discernement et sagesse du pouvoir et de l'autorité qu'implicitement lui donne la protection royale).

On comprend que cette distinction entre la (vraye) doctrine, celle de l'académie, et la doctrine qui inspire chaque groupe ou chaque géné­ration d'académicien soit malaisée à expliquer. Ainsi, l'académie ne s'en expliquena pas.

Par contre, elle se comportera toujours comme si la distinction était indiscutable. Jamais dans les décisions de l'académie ne transparaîtront les débats de doctrine qui pourtant l'ont divisée.

C'est la force de cette institution exemplaire que d'avoir su avec constance et application laisser entendre qu'elle détenait la "vraye” doctrine tout en entretenant pan 1'intermédiaire de l'école un débat ouvert sur la finalité du projet et la forme architecturale dont elle réintègre les résultats et ne néglige jamais la leçon.On examinera dans ce chapitne ces deux aspects de la doctrine architec­turale .1 - La doctrine académique.2 - La discussion doctrinale.

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académie, pendant pratiquement toute la durée de son existence est sommes par le pouvoir politique de produire explicitement par un texte, la doctrine académique. L'académie a résisté à cette demande au moins dans trois ou quatre occasions. Elle s'est bien gardée d'expliciter sa doctrine, mais cependant elle prétend être dépositaire du corps doctrinal, de la théorie architecturale. Comme elle ne produit par

*e*te définitif ou ultime de cette théorie, elle ne risque pas etre contestée ; il y a dans l'histoire de l'académie une constante

adaptation de l'énoncé. Les élèves se démarquent par rapport à leur Pcofesseur (ne serait-ce qu'en présentant des- projets nouveaux) et ll y a un jour où le professeur arrive à prendre encompte leur proposi­tion.

La référence pour corriger

^algré les divisions qui régnent dans l'académie la règle de l'unanimi- Prevaut. La correction académique est faite à l'unanimité, ce qui

tmplique qu'il y ait une référence commune qui efface les divisions . c'rinales du corps. Cette référence est implicite. Contrairement

c® qui se passe dans la procédure "concours" où le jury juge les ne°J6tS les uns par raPport aux autres, la correction académique, q, peut recourir à l'analyse comparative des projets et doit disposer ur>e référence commune pour juger. Il faut ici revenir à cette premiè- mi-ssion de l'académie : elle consiste à donner une définition de

architecture et à distinguer ce qu'on pourrait appeler la "doctrine La ,®mic*ue"> "la théorie", des positions doctrinales des académiciens.

,doctrine académique" serait le corps d'énoncés auquel tous les qui em^C*enS Peuven'*- adhérer quelques soient les divisions doctrinales

séparent. C'est un énoncé qui a un degré de généralitéP rieur aux positions particulières de chaque architecte dans son

son^et ou de chaque professeur enseignant à son élève. Les académiciens 0 Persuadés de la validité de cette distinction entre le corps

oc*rine qu'on peut appeler la "doctrine académique" et les posi- Q qul les séparent les uns des autres et, sur lesquels ils s'empoi-par fréquemment. Pour qu'il y ait acceptation de cette distinction

es académiciens il y a deux conditions :

é * ? * *1 faut un corpus de références, c'est à dire l'ensemble des 1C6S reconnus Par tous les académiciens comme, exemplaires, comme

man..ltuant la bonne architecture. Quelque soit la divergence sur la il 1.6re de faire le projet ou de proposer une réponse à un problème,p ^ ,a adhésion du corps académique sur ce corpus. Les traités, les

lls de toutes sortes au XVIIIème siècle sont toujours des tenta- des S' de modifier le corpus sans qu’il y paraisse de trop. Ce sont U s ed'i'fices exemplaires dans la mesure où ils illustrent la théorie,

sont l'illustration des principes de la bonne architecture.

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La deuxième condition c'est précisément qu'il y ait des principes sur lesquels se forme un consensus. Les académiciens se persuadent de l'uni­versalité de ces principes. Cette universalité de la théorie architectu­rale avec cette double articulation : principes - corpus apparaît sur­tout à partir de 1760 avec la doctrine de Blondel.

La pratique de la correction déplace la doctrine, et met l'académie dans l’obligation de prendre acte d'une position nouvelle qui éventuel­lement contredit la théorie. La pratique de la correction a une influen­ce sur l'énoncé de la théorie.

Lemonier met en évidence un tel déplacement de la doctrine académique au milieu du XVIIIème siècle.

"Ne pourrait-on pas cependant donner à penser qu'avec la mort de Bof- frand en 1754 un cycle se ferme dans cette histoire ?Coïncidence singulière tout au moins, ce représentant achevé non seule­ment de l'art mais de l'esprit au XVIIIème siècle disparait au moment où commence la réaction contre le style de son temps et où se préparent bien des nouveautés.

Dans l'intérieur même de l'académie, voici que Soufflot succède presque immédiatement 1755 à Boffrand. Les sécheresses austères du Panthéon aux grâces mondaines de l'hôtel de Soubise ; que Perronet (1758) et un peu plus tard Regemorte (1762) y introduisent la science de l'ingé­nieur que Julien David Leroy 1758 y intronise la Grèce Antique.

En face d'eux il reste, il est vrai, Jacques Anges Gabriel qui a cette date même renouvelle sur le place Louis XV les somptuosités de la colonnade et Jacques françois Blondel dont le classicisme s'arrêté à Louis XIV.

Mais dans la compagnie leurs contemporains qui partagent encore leurs idées manquent certainement de prestige, si beaucoup ne manquent pas de talent.

Ainsi Gabriel reste le directeur de la Compagnie, non plus le directeur suprême de l'architecture. Entre lui et Soufflot, soutenu par Marigny il n'y a peut être pas lutte proprement dite (ce sera à voir), il y a certainement partage d'autorité et d'attributions jusqu'à leur mort presque simultanée (1780-1782).

En eux, se résument ainsi les divergences d'idées où les aspirations obscures qui produirent d'abord le style tempéré de Louis XVI pour aboutir à la rigidité du style architectural révolutionnaire".

Lemonier in. Tome 6 1744-1758 p. XXXIVOn peut comprendre cette transformation de la doctrine académique comme le reflet d'un débat d'idée où l'expression de l'évolution des styles. L'académie, en fait, se trouve placée dans la nécessité de disposer toujours d'une doctrine indiscutable au moment où l'apparition du corps des ingénieurs des ponts modifie complètement l'équilibre professionnel qu'elle gérait. On comprend qu'elle ait eu le souci de s'approprier la science de l'ingénieur et qu'elle recherche à introduire dans le corpus de l'architecture des formes qui l'exprime.

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Dans les statut de 1717 - L'article XVII précise la manière dont les académiciens doivent se comporter dans leurs discussions :"L'académie veillera exactement à ce que dans les occasions où les académiciens seront d'opinions différentes, ils n'emploient aucuns termes de mépris ni d'aigreur l'un contre l'autre, soit dans leur dis­cours ou dans leurs écrits, et lors même qu'ils combattront les senti­ments de quelques architectes et de quelques savants qui ce puisse etre, l'académie les exhortera à n'en parler qu'avec ménagements".

L'article XXI des statuts de 1717 définit explicitement la notion de doctrine académique. Il s'agit d'une position que l'assemblée des aca­démiciens approuve formellement.L'académie examinera les ouvrages que les académiciens se proposeront

de fa ire imprimer touchant l'architecture. Elle n'y donnera son approba­tion qu'après une lecture entière faite dans les assemblées ou du moins du après examen et un rapport fait par ceux que la Cie aura commis a cet examen, et nul des académiciens ne pourra mettre aux ouvrages du il fera imprimer le titre d'académicien s'ils n'ont été ainsi approu- vés Par l'académie".

Le professeur est soumis à la même obligation. Il doit faire approuver Par l'assemblée académique le contenu de son cours avant de le pronon- cer- Et, afin que la doctrine contenue dans ce cours soit plus sûrement conforme aux vrais principes de l'art et du goût, il sera lu et approuvé Par l'académie en sorte qu'on puisse la regarder comme le résultat des lumières réunies de l'académie même.Article XLIV du règlement de 1776

d delà de ces dispositions réglementaires qui précisent cette volonté une doctrine "conforme aux vrais principes de l'art et du goût, se

déroulé à l'académie, on l'imagine aisément, une véritable discussion e doctrine au cours de laquelle se confrontent des analyses, des condi- 10ns de réalisation du projet, et des stratégies pour y faire face.

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Un autre indice révélerait peut être l'âpreté du débat interne. A chaque nomination d'académicien l'académie propose trois noms pour que le Roi en choisisse un. A chaque nomination l'équilibre des forces peut évoluer, et l'autorité d'un groupe remise en question. L'administration statutairement reste l'arbitre de ces enjeux, on imagine mal qu'informée du talent de celui qu'elle choisit, elle ne s'enquiert pas de sa tendan­ce.

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CHAPITRE III : PROCEDURES ET INSTITUTION

La correction académique n'est pas fondée ailleurs que dans l'institu­tion académique elle même.Et curieusement, la pratique de la correction qui se fonde sur l'auto- cité accordée par le politique à l'institution, progressivement renfor­ce cette autorité et la confirme au point que l'institution académique pourra échapper à la tutelle du pouvoir et même parfois le défier.Oo le verra bien à la fin de l'académie quand Angivillers tentera d 1 étendre son autorité sur le domaine entier de la construction et faire des services du bâtiment du Roi une administration centrale des bâtiments. L'académie dispose alors d'une indépendance suffisante pour déterminer elle même sa fonction dans ce projet.

La correction académique est le modèle d'une pratique de contrôle Rdi se soutient elle même. La procédure, soigneusement réglée, supplée a l'absence d'une référence qu'on puisse exposer.Cette procédure ne peut fonctionner qu'à la condition d'une solidarité totale entre les académiciens.

Cans l'histoire de l'académie tout se passe comme si les académiciens avaient compris que la légitimité de leur compagnie et notamment celle Roi l'autorise à corriger passait par la solidarité des membres du corps.

La procédure de la correction réalise cette solidarité; ocr jugera prati- puement toujours unanimement. En de très rares occasions,le corps académique divisé s'est retourné devant le politique. Mais ne doutons Pas que cette démarche n'a été choisie qu'après qu'ait été mesuré e cisque d'affaiblissement pour l'institution qu'elle comportait

que bien au contraire cet embarras où la compagnie feint d'être , 1 donne le moyen de sortir indemne d'une responsabilité difficile a endosser.

|-a correction académique est le ressort politique de l'académie ;e moyen de recourir à une doctrine dont l'autorité n'est autre que

Pelle de l'institution elle même, le moyen de régler son rapport à autorité administrative.

L académie perfectionnera sa pratique de la correction et ici se mettra a^l'école de son école. Le jugement du projet qui chaque année permet attribuer le prix est un exercice collectif qui r'elève de la correc-

Ie n académique. Il s'agit bien de rechercher le projet qui exprime Plus clairement cet idéal indécis de la bonne architecture. Cette erche oblige les académiciens à dépasser leur divergence. Ilsfinquiissent par s'accorder sur une manière de décrire le meilleur projet satisfasse les positions les plus opposées.

lu**6 descriPtion du projet est faite de' retouches qu'il faudrait una PP30.1'*’er- 0e quel autre moyen dispose l'académie pour faire son qu’ lmite que celui qu'elle emploie pour choisir entre les projets

soumet et son jugement et qui consiste à exposer, définir les étions auxquelles il pourrait être exécuté.

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La pluralité des voies est d'habitude l'unanimité. Une seule fois au cours de son existence l'académie s'exprimera par un scrutin si serré qu'elle décidera d'envoyer les esquisses à M. de Marigny.

L'exercice du jugement deviendra à partir de l'instauration du concours mensuel une procédure régulière. L'académie ne déléguera jamais au professeur ou à un comité d'académiciens la responsabilité de son jugement.

Rompue à cet exercice l'académie disposait d'un outil de Controls dont il semble bien qu'il ait usé directement par l'approbation qu'ell® fit de ces projets indirectement par l'influence qu'exercèrent les projets ainsi approuvés et donnés comme modèle aux architectes de province et aux maçons.

Ce contrSle par l'institution académique de la production n'est-il pas en définitive ce qui fait l'unité de ce qu'on a appelé l'architec­ture classique en France ? Le classique est-il autre chose qu'une procédure que détient fermement une institution.

Dans cette pratique de contrôle l'académie a forcément rencontré les difficiles problèmes de l'arbitrage entre des intérêts divergeants.

Il semble qu'elle ait réussi à la fois à conserver en toute circonstan­ce sa liberté de jugement (en fait son indépendance vis à vis du poli' tique), et à la fois à obéir scrupuleusement aux désirs de l'adminis­tration ou à ceux du Roi qu'elle s'est toujours gardé de mécontenter.

L'institution académique offre ainsi le modèle assez p e r f e c t i o n n e d'une institution de contrôle à la fois très souple et très c o e r c i t i ' ve. . .Elle peut repousser les projets qui ne plaisent pas au pouvoir, en s'appuyant sur la définition de 1 'architecture. Mais elle peut aussi s'opposer aux projets de l'administration elle même en s'autorisant de cette liberté de juger qui lui est accordée.

C'est un organisme de contrôle, indirect et ambigu dont l'administra­tion des bâtiments gardera fermement le contrôle.

On examinera successivement dans ce chapitre :1 - Solidarité académique et légitimité institutionnelle2 - Correction et pédagogie3 - Contrôle architectural.

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1 - SOLIDARITE ACADEMIQUE ET LEGITIMITE INSTITUTIONNELLE

Progressivement l'académie va mettre au point une procédure qui va devenir immuable, elle a des caractéristiques qu'il est important de souligner, pour comprendre l'utilisation souvent abusive qu'on en fera ultérieurement. Premièrement, l'académie nomme une commission pour examiner le projet, cette commission est composée d'au moins quatre membres, en général six membres. Il semble que la commission est en général équilibrée : des jeunes et des anciens. Quand à la fin de l'académie il y aura de vrais débats doctrinaux notamment entre les élèves turbulents de Blondel, on va dose les commissions en nommant des académiciens de toutes tendances.- Cette commission nomme un rappor­teur que l'académie entend lors d'une de ses séances. Le corps académi­que est donc réuni dans son ensemble pour écouter le rapport du rappor- teur ; enfin, le corps académique se prononce à l'unanimité, et très rarement à la pluralité des voix. Cette procédure révèle que la commis- sion ne reçoit pas de délégation du corps académique.ta commission est technique, elle éclaire l'académie mais c'est l'aca­demie qui donne son avis.

La procédure de la correction a plusieurs effets sociaux :Elle a l'effet de créer une solidarité académique. La règle de l'unani- mate montre bien que malgré les luttes d'influence (exemple de la démission de Loriot) il y a une solidarité académique, le corps acadé- JJ’aque doit être socialement indiscutable s'il veut être consulté.Aogevillers explique à l'académie l'intérêt de porter le plus de s°in possible aux corrections qu'elle opère : "la réputation du corps Académique en dépend".

e deuxième effet de la correction académique est de créer une hiérar­chie professionnelle entre correcteurs et corrigés. Ici cette hiérar- . le est socialement établie, institutionnellement reconnue. C'est important parce que cette pratique académique en se transformant au

,me siècle et au XXème siècle aboutit aux pratiques actuelles qui °Perent de véritables transferts institutionnels. u XIXème siècle par exemple on garde la distinctions correcteur- So^ri9e mais on aura plus d'institution pour donner au correcteur . statut collectif : il sera obligé de se construire un statut indi- uel de correcteur. La procédure de la correction académique (procé-

paf<e institutionnelle) sera saisie après la disparition de l'académie eli corps de professeur de l'Ecole des Beaux Arts. Dans ce transfert

e change de sens.Le t . ..me roisieme effet est de renforcer ce qu'on peut appeler le centralis- de C*OC*r'inai' A partir du moment où une institution académique dispose Da Ce.dr°it de correction, elle fait une doctrine officielle, centrale,

lenne> à l’ombre du pouvoir, pas seulement du pouvoir politique, SQrt de celui dont dispose une certaine catégorie d'architectes qui a membres de cette académie et qui représentent ou correspondent

Pouvoir d'un groupe social.

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Tout le débat institutionnel des architectes au XIXème siècle va être un débat Paris/Province. En 1888 c'est précisément la révolte des architectes de province contre la Société Centrale. Le congrès de Bourges marque le début de la révolte contre la Société Centrale qui prétend jouer le rôle de l'Académie sans en avoir la légitimité insti­tutionnelle (elle n'est pas protégée par le pouvoir politique comme l'est l'académie d 'architecture au XVIIIème). Ce centralisme doctrinal va rester l'obsession des architectes au cours du XIXème siècle.Pour illustrer cette idée de la correction comme procédure institution­nelle on peut évoquer la correction du projet de Loret pour les Halles de Paris en 1781. Apparaît ici une véritable réglementation de la procédure de la correction : "Lorsque l'académie est consultée sur des projets d'architecture, il est nécessaire que leurs auteurs remet­tent dans les dépôts de l'académie un double du projet proposé afih qu'il ne résulte point de l'attention de l'académie sur ces objets en abus qui peut être préjudiciable en ce que les auteurs peuvent s'autoriser des réponses qu'ils disent être celles de l'académie". Autrement dit circulaient des projets qu'on disait avoir reçu l'aval de l'académie. L'académie met un terme à ces pratiques. Elle entend contrôler l'usage qui est fait de son approbation.

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2 - CORRECTION ET PEDAGOGIE

L'académie dans cette pratique de la correction est très influencée par l'évolution de sa pédagogie. A partir du professorat de Blondel 0n a affaire à une pratique du projet très semblable à celle que va utiliser l'Ecole des Beaux-Arts : le sujet est donné, les élèves tra­vaillent sous la direction du professeur, ils proposent des projets, les projets sont exposés et jugés.

Le sujet du concours n'est jamais donné par le professeur sans qu'il reçoive l'approbation de tous les académiciens réunis en corps complet. L'académie délègue parfois au professeur le soin de rédiger le sujet. A Partir de 1762 l'académie reviendra plusieurs fois sur la rédaction Proposée par le professeur et la mqdifiera. Elle garde donc le droit ^ "dire le programme".

*-es élèves travaillent sous la dépendance de leur professeur ; on v°it apparaître une nouvelle pratique pédagogique à la fin du siècle. Certains professeurs vont avoir un rôle dont la formation alors que Pour d'autres, patronner un élève est une formalité administrative,

faudra recenser les professeurs qui s'occupaient de leurs élèves. n voit apparaître quelque chose qui va être repris au XIXème siècle a correction d'un élève par son professeur.

Au XIXème siècle, quand le modèle Beaux-Arts va se mettre en place °n voit apparaître un type de correction qu'il faut distinguer de _a correction académique. Ce n'est plus l'académie qui corrige ses ®leves. L'apparition du patron ou chef d'atelier correspond à la dis- ^['Ltion de l’institution, le professeur est dans l'obligation de institutionnaliser lui-même. Il n'a pas le secours d'une institution

Pour iUi donner l'autorité de corriger, il est donc obligé de se cons- uire lui-même sa légitimité. L'Ecole des Beaux-Arts qui, apparemment

Popie ie m0dèie académique, en diverge grandement en raison de cette ference, le chef d'atelier n'est pas le membre d'un "corps académi-

mais un professeur qui se construit lui-même sa légitimité. L'en- 01e des patrons qui se sont reconnus entre eux - bien qu'ils ne se

d, ptent pas (puisque ce sont les élèves qui les choisissent) sont er)acc°rd pour former un groupe. La "société d'architecte" qui se met e Place après la Révolution et obsédée par l'institution (l'académie ^ supprimée, il n'y a pas de corporation des architectes - par contre Se * a un corps des ingénieurs des Ponts et Chaussées). Les architectes (y Sentent désinstitutionnalisés. Cette société dite des trois V, ya^ C*0Xer> Vignon, Veil) cherche à reconstruire l'académie. A un moment le °yer dit qu'il n'y a que l'ensemble des "membres du jury" de l'éco- tu t,Ui PuLssent former l'autorité architecturale, incarner l'architec-

Présenter au nom de tous la revendication de restaurer l'aca- e dans ses privilèges et fonctions.

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»

3 - LE CONTROLE ARCHITECTURAL

Progressivement la "correction" devient une procédure de contrôle de la production. La doctrine académique forme cette norme officielle, floue, d'avantage incarnée par le groupe des académiciens qu'inscrite dans un texte ou un ensemble de textes.

Pour tout contrôle il faut que soit déposé quelque part le modèle de référence au nom duquel contrôler. Ici ce modèle n'est jamais expli­cité, jamais définitivement fixé.

Tout contrôle s'exerce, d'autre part, par l'intermédiaire d'un contrô­leur dont la compétence à contrôler est reconnue. Son rôle est de comparer la réalité au modèle, à la norme, à son anticipation. Ici le contrôleur ne dispose pas de ce modèle, aussi le rôle du contrôleur ne peut-il pas être délégué et il faut que l'exerce celui qui est explicitement chargé de définir la norme. Ainsi l'académie chargée de définir la norme faute de pouvoir l'exprimer dans un texte définitif se charge-t-elle du contrôle. Son outil de contrôle, la correction, est en même temps son outil de normalisation.

L'académie d'architecture donne ici un modèle institutionnel qui se retrouve dans de nombreux domaines de l'activité technique et indus­trielle. La norme n'est pas définie autrement que par la pratique du contrôle de son application.

Il ne faut pas croire que l'académie au cours du XVIIIème , à le fois institution de normalisation et institution de contrôle, ait exercé une véritable dictature sur la production.

En fait, au XVIIIème comme aujourd'hui, l'organisation sociale est traversée de multiples divisions qui permettent à des groupes sociaux de concevoir et de développer des stratégies de groupe.

L'enjeu est toujours le même : devenir l'autorité qui énonce la règle et du même coup détenir l'autorité et la compétence permettant de contrôler son application.

Qui contrôle ? Comment se forme le groupe des contrôleurs quand le norme de contrôle reste si indécise ? C'est en fait la question qu'il faudrait se poser à chacune des grandes étapes de l'histoire de l'aca­démie .

A titre d'exemple on donne la liste des académiciens nommés en 1699 a l'occasion de la modification des statuts en première classe :GOBERT admis en 1699Architecte du Roi. Succède à Varin comme contrôleur général alternatif des bâtiments en 1675.

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LAMBERT (Pierre) né en 1646Construit avec d'Orbay fils le palais Mazarin.Après son admission à l'académie il devint architecte ordinaire du Roi et contrôleur des bâtiments de Versailles. Trianon. Il meurt en 1709 à 63 ans.(Il était propriétaire d'une partie des terrains sur lesquels fut construit le palais des quatre nations). Il en reçut 10212 livres.

R- LEMAITRE, fils du directeur des travaux de la Ville de Paris (Pierre 1er) 1643 à 1667.H est le gendre de De La Haye entrepreneur de l'hôtel de ville.Eh 1699 avec Thevenot il entreprend les travaux du cours la Reine et ceux de l'arc de triomphe du Trône.En 1691 il est architecte de Mademoiselle, fille du duc d'Orléans Avec 300 livres de gages.En 1685 il porte le titre "d'architecte entrepreneur des bâtiments du Roi.

^LLET - Armand ClaudeElis de Charles, remplace son père comme maître des jardins du Louvre. H avait obtenu la survivance de cette charge en 1692. En 1700 il construit l'hôtel d'Humière, et 1718 l'hôtel d'Evreux (aujourd'hui Palais de l'Elysée. Il meurt en 1742).

^ELISLE-MANSART Pierre, il était l'oncle des enfants de Jacques II Gabriel, meurt en 1720.

En 2ème Classe :

Cailleteau dit l'assurance.leve de Mansart, en 1680 il construit les voûtes de la chapelle du ateau de Clagny. Il construit de nombreux hôtels, hôtel de Montmoren-

Py nue Massenet, de Rothelin, rue de Varennes, 1700, etc...meurt en 1723. Son fils ira à Rome avant le Grand Prix. Il aurait

h'mencé le palais Bourbon avec Girardin, architecte du Roi et contrô- eur des bâtiments.

COCHERY - Rien sur cet architecte.

^LESPINE Pierre NicolasemPlit avec le libéral Bruant les fonctions d'expert pour l'agrandis-

l^ent du Châtelet de Paris suivant arrêt du Parlement de 1687. q , es* Qualifié d'architecte-entrepreneur des bâtiments du Roi. se !jTeS une ordonnance du Roi du 11 janvier 1690 cet architecte, con- S£e er du Roi, maître général des bâtiments des mines, Ponts et Chaus-

Erance, fut nommé juge et garde de la juridiction des ditsatiments.eupt en 1729

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GITTARD (Pierre) fils - architecte et ingénieur du Roi de 1664 à 1680.En 1703 il dirige les fortifications de Philippeville,en 1713 celles de Lille dont il eut la direction jusqu'à sa mort.

LEMAITRE (Jeune) Jean-Pierre, fils de Pierre II.En 1686 architecte des bâtiments et chargé de l'acqueduc de Maintenon.

MATHIEU - Architecte ingénieur du RoiProbablement architecte chargé de dresser le devis de préparation du pont de la Saône.

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CHAPITRE IV : LA THEORIE

Nous avons insisté dans nos précédents travaux sur cette nécessité d'une théorie pour faire le projet. Nous nommions le couple "théorie- Projet" cet ensemble que forment la pratique du dessin qui figure par anticipation l'édifice’ et les préceptes qui la règlent.

Ces préceptes dérivent de la bonne doctrine, ils l'expriment de manière concrète. La doctrine abstraite qui règle la question du beau, du goût et de l'utilité s'énonce concrètement dans le précepte. Elle perd en généralité et s'énonce là presque trivialement, mais elle gagne en efficacité. Par le précepte que l'élève doit respecter, la doctrine Prend un sens nouveau et précis.°ans l'activité de projet ni l'étudiant ni le praticien ne s'interroge- nont plus sur cette relation qui rattache le précepte aux principes, l'absolu de l'idéal architectural à la norme opératoire. Il leur suffit de savoir que cette relation a été établie, démontrée, reconnue, insti­tuée.Le travail de l'académie est d'établir cette relation entre les bons Phincipes et les bonnes règles.t, nous l'avons souligne dans cette étude, ce travail n'est pas comme °h croit souvent déconnecté de la réalité sociale ou politique. Il est au contraire placé sous l'épreuve constante de la vérification. Les académiciens sont chargés de l'enquête technologique, de l'expertise technique, de la jurisprudence. Toutes leurs activités pratiques et duasi administratives éclairent la lecture qu'ils font des traités. Leurs discussions académiques sur le beau ou sur le goût en architecture ne dérivent jamais dans l'abstraction, elles restent placées sous la higueur des faits, et desmissions auxquellffiles académiciens sont mêlés. L'ordre du jour de la séance impose qu'on entende quelque rapport sur une invention machinique ou sur quelque litige à propos duquel il faut exprimer une opinion, avant qu'on discute du goût.

^ette proximité du réel où se trouvent placés les académiciens par rôle institutionnel qu'ils y jouent accrédite au contraire la règle

°Peratoire qu'ils énoncent. Elle appartient à l'absolu architectural PÇisqu-iis lisent et commentent les traités d'architecture. Elle appar­tient au concret puisque des académiciens construisent et sont chargés Pan le Roi d'une mission de contrôle de la production.I | #ecole académique pour être placée directement sous l'autorité des

académiciens ou du corps académique, acquiert donc par rapport à toute açtre école un statut particulier. Elle est placée au sein même de

institution qui détient "le facto" l'autorité de normaliser la produc- i°n architecturale.

ais les élèves de cette école ne sont pas passifs devant cet enseigne- ?en*» hous avons déjà souligne leur turbulence. Ils participent à ce

vail théorique, et très probablement ils sont conscients de cette^anticipation en fabricant, sous les yeux des académiciens, des projets

illustrer le discours et l'adapter au nouveau programme de l'archi-Poutectut a t iion

ne • U s sont chargés en quelque sorte de faire l'essai d'une adap-du modèle reconnu aux contraintes d'un nouveau programme.

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C'est de cette mission que découle leur statut d'élève et par qu'ils se distinguent des autres étudiants. Implicitement il font partie du corps académique.

Nous proposons d'étudier cette participation de l'élève ou de 1' au travail académique en examinant :

1/ Comment la pratique de projet, relevant de ce qu'on appelle au l'imitation, nourrit une discussion sur le modèle.

2/ Comment la pratique de projet remet en cause le corpus de référence qu'a construit le professeur, et approuvé l'académie.

3/ Comment enfin le programme de l'exercice vient opportunément, parfoi* avec opportunisme, enseigner aux élèves le constant déplacement du bb et de l'utilité de l'architecture.

elledéjà

école

XVH1'

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1 ~ LE MODELE ET L'IMITATION

L'imitation pour l'abbé Batteux est le principe de tous les arts en cela qu'elle fixe un rapport poétique à la nature, c'est-à-dire le rapport qu'une société, une culture entretient avec elle. L'imitation est un manière de comprendre et de montrer le monde, on dirait aujour­d'hui une représentation.

P- 24 "En un mot, une imitation où on voye la nature, non telle qu'elle est en elle même, mais telle qu'elle peut être et qu'on peut la conce- v°ir par l'esprit" voilà l'imitation c'est la proposition d'une concep­tion du monde. ~-

bien sûr il s'agit d'un idéal. Le concept transcende le modèle et tous les modèles possibles pour présenter (et c'est à quoi l'art ®st utile) sous une forme intelligible, un type idéal qui soit unecéférence.

^*Plicitement, l'abbé Batteux : "que fit Zeuxis quand il voulut peindre Une beauté parfaite ? fit-il le portrait de quelque beauté particulière dont sa peinture fut l'histoire ? Non, il rassembla les traits séparés c*e plusieurs beautés existantes, il se forma dans l'esprit une idée factice qui résultat de tous ces traits réunis : et cette idée fut Ie prototype, ou le modèle qui fut vraisemblable et poétique dans sa totalité et ne fut vrai et historique que dans ses parties prises séparément".

(Commentaire de J.F. Blondel sur les édifices exemplaires, bateau de maison. Les trois ordres superposés "conciliés de manièresavante".Imitationl l p t )

“ ailleurs nous sommes persuadés qu’il est une imitation qui n'a cien de servile et qui nous rend propres les richesses que nous emprun- °ns d'autrui".) J.F. Blondel - cours.0 *est ce modèle abstrait que l'élève doit imiter dans sa pratique de projet.

Imitation est un travail qui consiste d'abord à concevoir ce modèle d stpait, cette idée factice qui résulte de tous les traits séparés

Plusieurs édifices et qu'il faut réunir dans un "prototype". Ce ^Çavail est à proprement parler un travail de conception. Il faut . e*periences multiples abstraire un idéal. Ensuite, cette conception Ur>an f^ablie, il faut l'imiter non pas comme on copie servilement

i modèle concret, qu'il faut reproduire mais de la seule manière 1I soit possible de copier un modèle abstrait, un concept, c'est-à-

lre en lui donnant une forme qui devient originale.

' ®l°ndel explique ainsi ce travail de l'imitation :Us sommes persuadés qu'il est une imitation qui n'a rien de servile Çui nous rend propres les richesses que nous emprunmtons d'autrui".

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La pratique de projet relève donc de deux activités différentes, l'une qui consiste à concevoir un "édifice idéal", une abstraction, l'autre qui consiste à l'interpréter, l'imiter, se l'approprier, pour résoudre le problème concret que pose le programme au projet.

La première activité est facilitée par le professeur qui présente aux élèves un certain nombre d'édifices, il choisit dans l'immense patrimoine architectural. Ces édifices sont analysés, découpés en parties pour montrer les parties de l'architecture. Ils sont comme l'exemple qui illustre la Règle.

LE CORPUS DE BLONDEL

Le 30 janvier 64 Blondel demande d'avoir accès en tant que professeur aux 17 volumes suivant :

1. Le temple du Vatican par Fontana - 1 vol.2. Palais anciens et modernes de Genes par Pierre Paul Rubens - 1 vol.3. Galerie du palais Farneze par Carache - 1 vol.4. Architecture de Scamozzi - 1 vol.5. Statue de Rome par Perrier - 1 vol.6. Les antiquités de Rome par Desgodetz - 1 vol.7. Les parallèles de Chambray- 1 vol.8. Architecture de Philibert Delorme - 1 vol.9. Coutume de Paris - 4 vol.10. Réunir les monuments de la Grèce - 1 vol.11. Architecture française - 2ème et 3ème volumes12. Oeuvre de Pyranese - 2 vol.

L'académie ayant approuvé l'usage que M. Blondel se propose de faire de ces 17 volumes, elle ordonne qu'ils lui seraient remis par le secré­taire pour être à sa garde dans l'armoire dont il a la clef comme pro­fesseur.

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2 - CORPUS DE REFERENCE

Le corpus de référence est mis en cause par la pratique de projet. D'une part les élèves puisent de ce corpus les références nécessaires pour faire le projet, et dans ce sens il faut bien qu'ils satisfassent à l'exigence de l'académie d'utiliser les modèles de la bonne archi­tecture et de faire preuve de leur connaissance du goût en architectu­re. Mais d'autre part les élèves apportent à ces modèles des transfor­mations ou recherchent, en dehors du corpus, des références qui leur permettent de montrer leur projet comme une adaptation du modèle ou du programme au goût du jour. Le travail de projet est cette hésitation entre l'application du corpus et des règles qu'il impose et la trans­gression des règles par l'utilisation d'un modèle appartenant au patri­moine de 1'architecture, mais jusque là exclu du corpus.

L'académie applaudit à ces propositions qui le mettent en cause. Elle puise dans les travaux des élèves de nouvelles positions pour 1 archi­tecture. Elle s'approprie à son tour leurs nouvelles manières de com­prendre l'architecture. Elle préserve ainsi son autorité en officia­lisant une position nouvelle. Elle l'incorpore dans la tradition. L'académie demeure ainsi, quoiqu'il arrive, l'institution chargée de d ire "le goût" en architecture.

Il faut, bien sûr, que la position moderne reste dans la mesure, et Ici la forme de l'institution elle même (les règles de courtoisie

d'obéissance, la soumission aux ordres du pouvoir, la manière d’exister dans l'académie), facilite cette récupération de la moderni­té.Il faut qu'elle même s'exprime sans tapage et avec discrétion.

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3 - PROGRAMME

Le choix du programme n'est pas seulement révélateur d'une démarche pédagogique. L'académie en choisissant le sujet du concours donne d'une certaine manière une définition de l'architecture. Elle est contenue dans l'édifice proposé au concours. Le déplacement des sujets au cours du siècle est symptomatique des déplacements du programme de l'architecture.Progressivement on ne donne plus de programmes dans lesquels le monu­mental, la représentation et la décoration jouent le premier rôle, on propose des programmes où la convenance et l'utilité deviennent un problème majeur.Les académiciens adaptent la définition de l'architecture à la commande et y préparent leurs élèves.

"En 1738-1739 De Courtone continuera son traité d 'architecture sur le bon goût qu'il dictera et expliquera par figures, en y joignant les sentiments et manières des plus fameux architectes modernes et principalement pour ce qui regarde la construction et la solidité. Il continuera pareillement d'expliquer son traité de perspective.A côté de lui, Camus donnait des leçons de statique et "expliquait les forces des machines et les différents usages qu'on en peut faire". A quelques détails près, on peut voir là le programme normal de l'Eco­le. On peut aussi en déterminer le caractère par les sujets de concours pour les grands prix. Ils furent assez simples pendant longtemps : maître autel pour une cathédrale, 1724-1734, portail d'église 1726, plan d'église 1729, maison de campagne 1736, une chapelle avec porche et sacristie 1743.

Ils présentent parfois une certaine originalité ou comportent des développements plus considérables. La grande écurie pour un prince souverain (1739) "sur un plan de 10.000 toises carrées" pouvant conte­nir 7 à 800 chevaux et comprenant 2 manèges, 25 à 30 remises, une chapelle, des logements, des ateliers, etc... parut à l'académie elle même entraîner un tel travail qu'elle laissa expressément six mois au concurrent. En 1740 elle proposa un jardin de 400 toises avec un programme très détaillé. Les exigences s'augmentèrent ainsi peu à peu".P. X, tomme V. - Lemonier.

TYPOLOGIE DES PROGRAMMES DANS L'ECOLE DE L’ACADEMIE Article 55 du règlement de l'académie.'Lettres patentes du Roy portant nouveaux statuts et réglements pour l'académie royale d'architecture, données à Versailles au mois de novembre 1775, registrées en Parlement le 26 janvier 76).Pour' exciter l'émulation desdits élèves et connaître leur progrès, il sera distribué tous les mois un prix qui consistera en une médaille d'argent, laquelle sera adjugée par l'assemblée ordinaire à celui qui aura le mieux traité le sujet donné et proposé par le professeur des douze sujets de ce prix.

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Huit auront pour objet des compositions d 'architecture, deux la compo­sition de l'ornement, et deux autres quelques parties de l’art relati­ves aux mathématiques comme la perspective ou la théorie et la pratique de la coupe de la pierre, la mécanique appliquée à la construction.

Pour montrer le rôle du programme dans l'enseignement et comment il Prépare les élèves à la commande, on présente ici dans un premier tableau l'évolution des programmes des grands prix. On les a classé par catégorie. Ce classement permet de mettre en évidence que jusqu'au professorat de Loriot les programmes se répartissent régulièrement st alternativement dans les différentes catégories.

A partir de 1750 la plupart des programmes concernent de grands équipe­ments urbains. Cette rupture dans les programmes révèle bien, semble—t- il le changement qui apparaît au milieu du siècle dans le programme de l'architecture.

Dans un deuxième tableau on a montré chronologiquement tous les pro- 9Gammes des concours d'émulation mensuels qu'a instauré J.F. Blondel dans l'Ecole de l'Académie.

Dn remarquera dans ce tableau 1'homogénéité des programmes et leur n®pétition (certains programmes sont donnés à plusieurs reprises), ^'enseignement sous l'influence de J.F. Blondel est peut être plus codifié, moins ouvert au débat de doctrine, moins relié à la produc­tion .

Sous le professorat de David Leroi on remarquera quelques programmes ^6 circonstance qui renvoient cependant d'avantage à l'actualité poli­tique qu’au débat architectural.

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j: J A N V I E R F E V R I E R M A R S A V R I 1 MAI J U I N JUIL L E T A O U T N O V E M B R E D E C E M B R E

1 7 6 3 Port a i l d ’é g l i s e

Place devt. le Louvre

Dissertatic n M a n q u e Faça d e d'un théâtre

1 7 6 4 Porte d ' a r s e n a l

3 h ô t e l s rue de G r e ­n elle

V e s t i b u l e M a n q u e 2 h ô tels C o l o n n e c o l o n a l e ds .a co u r du Louvre

D i s s e r t a ­tion sur les c o l o n ­nes

M a n q u e H a l l e au bl Porte d'un palais

1 7 6 5 E s c a l i e r P o r t a i l d ' é g l i s e

A u t e l à laromaine

M a nque P r ojet sur 1 ' a n c i e n n e m o n n a i e

F a ç a d e de l'hô t e l de v ille

C é n o taphe de Henri IV

G a l e r i e d'ui hôtel

Salle de bal

1 7 6 6 C l a i r e àp r ê c h e r

D i s s e rtatior Fo n t a i n e Appt Bains A utel b a l ­d a q u i n

C i m e t i è r e Jardin S alle s p e c ­tacle

C h a p e l l e O r a n g e r i e

17 6 7 S a l l e de f estin

G r a t t e Esc a l i e r Eglise en rotonde

Faça d e P hare Ob é l i s q u e et fontaine

S é p u l t u r e C h e m i n é e Ve l v é d è r e

1 7 6 8 F a ç a d e d'u*- p a lais

O e u v r e dan: une é g l i s e

Temple à 1 ' hymer

Porte de ville

S a l o n de t r e i l l a g e

B a n c h e r i e Place publiaue

C a t a f a l q u e Pris o n Porte de m a n u f a c t u r e

1 7 6 9 3 C r o i s é e s d o r i q u e s

C h a m b r e de s parade;

v e s t i b u l e P e tite égli. se ronde

O r a n g e r i e R e p o s o i r Ob é l i s q u e Faça o e de palais

Fo n t a i n epu b l i q u e

O p s e r v a t o i r

1 7 7 0 Bairsp u b l i c s

K i o s q u e Porte d'écu. rie

p a villon avec c h a p e l ­le

Por t a i l m o ­nas t è r e

M a n q u e F ontaine Lai t e r i e Salon Manque

1771 Porte d ' a r s e n a l Ma n q u e M a n q u e M a n q u e P orte de

m a r c h éP e t i t h ôtel B aptistère Be l v é d è r e M a i s o n M a i s o n pour

Soeurs

17 7 2 PorteT r i o m p h a l e

C h a p e l l e Porte da n s gale r i e Fo n t a i n e Temple

d ' A p o l l o nPorte de ville

B a l d aquin T e mpleN e p t u n e

C h â t e a u App. de Bains

1 7 7 3 H o s p i c e M a n q u e Salled 'a u d i e n c e

C h a p e l l e C h â t e a u d ' eau

F a ç a d e d'un p a lais

Porte de pa c Pav i l l o n rête sur l ' e a u

Richem a ison

17 7 4 C c l c n r er o s t r a l e

Pont t r i o m ­phal

Déccr d'un« rue

Lazaret Avant corp: d'un pala i s

Halle Laiterie C a s c a d e M u s é u m Entre c olon ne

1 7 7 5 Pc rte de M l l e

P o r t i q u e de p a l a i s

Poele Autel de Roto n d e

Façadeba s i l i q u e

Distributior d ’un terrai»

Bourse Salle de s p e c t a c l e s

Porte d'ar senal

Es c a l i e r

1 7 7 6 C n a t e a ud ' e a u

O b é i i s q u e C h e m i n é e B e l v é d è r e Porte d'un p a lais

Lai t e r i e Cha m b r e de Portail d ’ é q lise

Porte d'une nanufacture

Fon t a i n e

17 7 7

\

B a l d a q u i n K i o s q u e

\\

hôtel

\

Cha p e l l e

\

C o l o n n eR o s t r a l e

\

C o r p s de garde

\

O r a n g e r i e

/

C a s e r n e s

\ <

App. de bains

\

G u e r i t e

Page 130: L'école de l'académie (1671-1793) ou l'institution du goût ...

\ l I 111778 / E s c a l i e r d e ]

J t e r r a s s ej P o r t e {d ' é c u r i e

nt i fE n t r e c o l a n t / P l a f o n d / C é n o t a p h e / F a ç a d e Id * H e n r i I V I t h éâtre

11779 ( L a i t e r i e I P o r te de ( v i l l e

G a le r ie I M a i s o n de P a la is fcam pagne

f G r o t t e s e t f o n t a in e

B e lv é d è r e coupe de p ie r r e s

Dôme de f c a t h é d r a l e J

C h â t e a u Ponttr i o m p h a l

/ 1 7 8 0 Tem ple de Nep tune

A p p ts de b ains

P o r t e d' u n parc

kio s q u e C h apelles é p u l c r a l e

fontaine P orte de ville

v a u x h a l l rep o s o i r

f 1781 M u s é u m P l a c e p u b l i que

O r a n g e r i e Petit p a ­v i llon

Porte d ' a r s e n a l

E s c a l i e r de t e r r a s s e

P e r spective fê t e p u b l i ­que

S a l l e de ba L C o l o n n e t r i o m p h a l e

1 7 8 2 C i r q u e Ar c de t r i o m p h e

B a l d a q u i n Bour s e F o n t a i n e L a i t e r i e Portique M a i s o n dans un jardin

C h a t e a u d ' eau

P orte d 'ars e n a l

17 8 3 T e m p l e à la T r i n i t é

G r a n d e s c a ­lier

A r c de tri o m p h e

C é n o t a p h e A v a n t corps d ' u n palais

K i o s q u e Frise Corinl . Ets Sourd! m u e t s

S a l l e de c o m é d i e

Pontt r i o m p h a l

1 7 8 4 C h â t e a u T e m p l e àA p o l l o n

Fon t a i n e H a l l e Phare P o r t e d ' é ­c u r i e

Porte de m a n ufacture

P a l a i s P orted ' h ô t e l

1 7 8 5 P a l a i s C h a p e l l e à la Trinité

O r a n g e r i e G r o t t e C a s e r n e s Doua n e

1 7 8 6 R e p o s o i r P o r t a i l de Ste G e n e v i è

P o r t e de e ville

Pontt r i o m p h a l

O b é l i s q u e Cas e r n e C orps de garde

E n t r e c o l l e -ment

B o u c h e r i e E c o l e naval E g l i s e

Bour s e

17 8 7 T e m p l e p l a ­ce p u b l i q u e

T e m p l e de s M u s e s

C é n o t a p h e p o u r Henri IV

B a p t i s t è r e H i p p o d r o m eB â t i m e n tparc

C o l o n n ei t i n é r a i r e

G u e r i t t e H ô p i t a l B i b l i o t n è q u ; P orte de ville

1 7 8 8 l a i t e r i e Placep u b l i q u e

Phare port ique P e t i t e sal­le de s p e c tacle

C é n o t a p h e G r o t t e

17 8 9 F o n t a i n e P a l a i s des E t a t s G é n é

C h a i r e à p r ê c h e r

C r o i s é e d ' es c o m p t e

R e p o s o i r / Fêtep u b l i q u e

C é n o t a p h e

1 7 9 0 K i o s q u e s B a n q u eN a t i o n a l e

Prison C i r q u e et A s s e m b l é e N a t i o n a l e

Ga r e

1791 C c - p s de G a r d e

O r a n g e r i e Lab>ri r t h e C é n o t a p h e de M i r a b e a u

C o l o g n e r o s t - a l e

Lazaret Pav i l l o n

1 7 9 2 P e r t e oe lac o u r d' u n p a l a i s

p a r : i s s e d'ur villag»

f a c e s d'un port

M a i s o n dep l a i s a n c e

Lycée P o r t e d ' a r ­senal

ferme nôtel H ô p i t a lC o n v ç r tion iorale

1 7 9 3 A p p t de b a i n s

M a i s e - de c a m p a g n e

B o u r s e

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D E S G O D E T

B » J A N C

C O U P T O N N E

j O S S E N A Y

EMBELL. E N T R E E PORTE PORT A I L

A RC DE T RIOMPHE M O N U M E N T

H O T E LH A B I T A T I O N

DETAILE s calierV e s t ibule

BT. U T I L I ­TAIRE

1720 e n t r é e d' u n p a l a i s d o r i q u e 1721 Pl a n d ' é g l i s e

“.722 Arc de tri o m p h eJ 17 2 3 Hôtel pour un grand seigneur 1724 M a î t r e a utel pour cathé d r a l e

17 2 5 E g l i s e c o n v e n t u e l l e

17202122

1726 P o r t a i l d ' é g l i s e1727 Un hôtel pour un grand seigneur17 2 8 Un chateau

17 2 9 U ne c a t h é d r a l e17 3 0 Un arc de tri o m p h e

1731 Bât i m e n t de 25 toises de face1732 Pc-t a i l d ’ég lise 173? P l a t e p u b l i é e

17 3 4 M a î t r e a u t e l d ' é g l i s e ‘ 7 35 G a l e r i e avec c hapelle

“ 7 3S Pc^te ce ville

1733 Place pub l i q u e

1736 Une maisor de campagne1737 Deux escaliers et vesti b u l e s

1741 C h o e u r d ' é g l i s e c a t h é d r a l e17*2 P a ; a a e o'hc-tel de ville

| 1743 U r e ch a p e l l e 17 4 4 P A S DE P R I X

17 4 6 Un grand hôtel ‘ 747 Un arc de tri o m p h e

“ 749 T e mple de la paix

V 17 5 5 u -e cha p e l l eV V V

1739 G r arqe écur i e royale1740 J a r d i n

1745 un phare

"748 u-e DC'Jr sei

1750 ’Jre c r a ^ ge^ie

1753 Galerie1754 Saler oes A»-ts

V

1752 P a ç a d e de p a lais

Page 132: L'école de l'académie (1671-1793) ou l'institution du goût ...

\ V V V VC o n t e s t e n t lef p r o g r a m m e / C o n c o u r s a n n u i é

B l o n d e l

De u x suje t s , le c o n c o u r s e st r e c o m m e n c é

D a v i C L E R O Y

A r « u l é su r r é c l a m a t i o n de s é l è v e s c o n t r e G 1 S O r s

1 7 6 0 E g l i s e p a r o i s s i a l e

11756 Un p a v i l l o n i s o l é

1758 Un p a v i l l o n isolé

1 7 6 5 Un d ô m e de c a t h é d r a l e

17 6 6 P o r t a i l de c a t h é d r a l e

1 7 6 3 A rc de t r i o m p h e

U ne m a i s o n de p l a i s a n c e

C o n t e s t a t i o n du jugt. p a r les é l è v e s

1781 C a t h é d r a l e

17 8 5 C h a p e l l e s é p u l c - a l e

Une ménagerie 1 7 5 7 Salle de con c e r t

1759 Ecole d ' e q u i t a t i o n

1761 S a l l e de c o n c e r t s1762 Foire c o u v e r t e

I1764 U n c o l l è g e

1767 D o u a n e1768 Théâtre

1 7 6 9 Fête pu b l i q u e j 17 6 9 Fête p u b l i q u e1 7 7 0 Arsenal-1771 H ô t e l Dieu

1 7 7 2 P a l a i s1 7 7 3 P a v i l l o n pour un souverain

1774 Bains d 'eau m i n é r a Le1775 E cole de m é d e c i n e

go* jr1777 C h â t e a u d ' e a u

17781 Prison pub l i q u e1779 M u s é u m d es arts1780 Collège plan t rian gula i r e

1782 Palais de J u s t i c e1783 M é n a g e r ie1784 Lazaret /

1786 Réunion des a c a d é m ies1787 H ôtel de ville1788 Trésor public1?85 Ecole d e m é d e c i n ele^r qualité d ’é l è v e s

G a I e - i e du Palais'"52 rr.a~c he p u D l i q j e-753 Cas e r n e

Page 133: L'école de l'académie (1671-1793) ou l'institution du goût ...

oruieiiü >

W l l é clcJ aotiU (juej fcj 3cj (a ^j>z'cfeul to amtécj } f cAjcadtnnej çJ^-oy.ifc>

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CHAPITRE V : LE TRAVAIL DE PROJET

Les débuts du grand prix sont modestes et mal assurés. La première fois on a proposé pour sujet un portail déglise de vingt deux toises. Ll y a eu trois candidats, leurs dessins n'ont été jugés qu'un an aPrès. L'un des trois candidats a été écarté, les deux autres ont P2 se soumettre à l'épreuve d'un exercice exécuté pendant les séances P® l'académie et poussé jusqu'à la perfection.

1703 on fait faire au candidat "le trait géométrique d'une lunette pampante qui rachète une voûte en descente droite.^ s'agit pour l'académie de remplir cette obligation où elle est Placée par le texte qui la fonde de "proposer des prix pour ceux qui p®ussiront le mieux pour donner aux jeunes architectes plus de courage et de passion pour cet art.Le prix est fondé pour encourager à l'étude. Mais aussi, le même texte fondateur le précise, pour choisir parmi les étudiants "un bon nombre Pue Sa Majesté envoyera à ses dépens à Rome".

L® grand prix n'est mis en place qu'à partir de 1780, l'intention Pu Roi est explicite dès 1671, il convient de sélectionner parmi les eleves ceux qui ont le plus de mérite ; les envoyer ensuite à Rome s® perfectionner dans leur art au contact des oeuvres de l'antiquité et en ramener les morceaux qui contribueront à la faire connaître.

Pour sélectionner les meilleurs élèves de l'école, l'académie choisit, comme allant de soi, le critère de la capacité de dessiner. Dès lors se développe dans l'école de l'académie l'activité de projet. Dans L*s débuts rien ne distingue le travail des étudiants de l'école du tpavail d'apprentissage qu'ils accomplissent dans les agences de leur Patron, i?es académiciens qui les ont fait recevoir comme élèves. Mais bientôt, sous la nécessité de la compétition se met en place une procé- dure, des règles, une analyse de la manière de l'emporter.

*-e travail de projet échappe progressivement à l'exercice d'agence Pour lequel le critère est l'utilité du dessin à l'exécution de l'édi- lce. Il devient vite un exercice de présentation du projet. Le secret ® la réussite n'est pas dans l'exécution consciencieuse d'une épure ien lavée mais dans la manière de surpasser ses adversaires en les

PLsqualifiant.

e travail de projet va se définir, au fil des concours, se codifier, 8e néglementer. Il restera toujours sous cette dure loi d'une compéti- °n sans merci, en témoigne cette longue suite de fraudes et de con­stations que nous avons évoqué plus haut.

epreuve du concours est rapidement jugée si dure qu'il faut s'y Ppeparer. Cette préparation, cet entraînement à l'épreuve devient Agressivement une véritable pédagogie.

du projet" à de commun avec d'au- pratiques techniques, de s'appuyer réelle. Mais elle a de spécifique

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Le dispositif se met en place ainsi de manière rigoureuse. L'académie travaille à énoncer 1 'architecture, ou plutôt à en perfectionner cons­tamment l'énoncé. Elle enseigne aux élèves une manière d'analyseri de dessiner, de décomposer en éléments les édifices qu'elle a jug® exemplaires. Elle les entraîne à proposer pour répondre au nouveau programme de l'architecture, de nouvelles manières de les composer- Cette simulation de la néalité est placée sous la nécessité de 1® novation, et la règle du genre, bien sûn, imposera aux élèves de8 limites à leur liberté novatrice. Le travail de projet sera de le8 contourner, les transgresser, de rester toujours dans le cadre de la "licence" qui permet le progrès de l'art et de ne jamais tomber dans "l'abus" ou dans les manières de mauvais goût.

Le travail de projet s'inscrit au cours de l'histoire de l'école de l'académie, dans une procédure qui deviendra de plus en plus rigoureu­se. L'étape de l'esquisse dont l'onigine est à nechercher dans l'école de l'académie de peinture et de sculpture, les débuts de 1 ' école placer1 la pédagogie de projet sous la contrainte du travail personnel, soli­taire et secret, et sous l'obligation de la conception globale.

Mais c'est le concours d'émulation qui codifie et institutionnalis8 le système. A partir de 1762 tous les mois les élèves remettent un pnojet et l'académie le juge. Ne doutons pas que si les élèves s'exer­cent au projet, les académiciens devant la nécessité de juger s'exer­cent à la correction.

Nous ne reviendrons pas sur les caractéristiques de la pédagogie de projet que nous avons déjà développées. Dans "enseigner 1 'architecture) l'architecture en projet", nous tentons plutôt ici d'en décrire 1® pratique originelle et du même coup d'en découvrir le sens.

Pendant tout le XIXème siècle la procédure du concours d'émulatio11 conduira à une pédagogie de projet du même genre. Une différence cepen­dant fondamentale, l'Ecole des Beaux Arts n'est plus liée à une acade­mie, l'école n'est plus cette partie vivantede l'institution académi­que. Transportée dans une autre institution, l'école des Beaux-ArtS) la pédagogie de projet même si la procédure sera rigoureusement conser­vée, prendra un autre sens.

Mais comme il anrive dans ces sortes de transformations institutionnel­les, une forme empruntée à une institution disparue entraîne avec elle quelques traces dont les effets sont parfois méconnus, et c'est la question qu'on pourra se poser à la fin de ce chapitre qui évoque l'histoire de l'académie de France à Rome. L’Ecole de Rome est inclue dans le système académique, elle forme l'aboutissement et la récompense suprême des études des élèves de l'académie, mais elle est en même temps le début de la carrière académique.

On abordera dans ce chapitre :1/ L'étude du Grand Prix comme procédure de sélection des élèves,2/ L'origine et le sens de la procédure de l'esquisse dans la pédagogie de projet - La tradition de l'esquisse.3/Lé jugement dans la tradition académique.

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1 - LE GRAND PRIX - PROCEDURE DE SELECTION DES ELEVES

Le premier concours a été réorganisé en 1701. Dès ce premier concours est institué le principe de la Loge afin de vérifier que les élèves ®ont bien les auteurs de leur projet. Le sujet était le portail d'une église de 22 toises. Les projets n'ont été jugés qu'un an après, en avril 1702.

Le 10 janvier 1701'La Compagnie a délibéré sur le sujet qu'on doit proposer pour les Prix et la manière dont on le doit faire exécuter par les étudiants 9ui y aspireront. L'on a résolu que, suivant l'intention de Monsieur Le Surintendant, on proposerait pour sujet un portail déglise parois­siale de 22 toises de face, réduits en dessin à un pouce pour toise. Ll y aura 3 portes.

"On proposerait pour sujet un portail d'église paroissiale de vingt Peux toises de façade, réduite en dessin d'un pouce pour toise - il y aura 3 portes, dont celle du milieu répondra au milieu de la nef, et les deux autres au milieu des bas-côtés".

L'eis la séance du 9 janvier 1702, on a examiné 3 dessins qui ont été ^eits par les aspirants au prix de l'académie. A la suite de cet examen °n a écarté le premier projet "il n'est à propos de distribuer des Prix qu'aux étudiants qui ont acquis quelque capacité pour les méri­ter".

"L'académie a sursis à l'égard des deux autres pour en faire le choix, Jusqu'à ce qu’il soit avéré que ceux qui les ont présentés en ont esté les auteurs".

'et pour en avoir une parfaite connaissance, ils viendront travailler tous deux les lundys, pendant l'assemblée du conseil, dans un cabinet Joignant la chambre, pour y travailler seuls un sujet de dessin qui Leur serait proposé par la Compagnie, lequel dessin étant commencé, tLs le continueront jusqu'à la perfection pendant plusieurs séances de l'académie, et le dessin sera remis toutes les fois entre les mains de M. Félibien pour être gardé, et lorsque les dessins seront finis, L'0fi en donnera avis à Monseigneur le surintendant qui marquera un Jour pour les juger".

Le 10 avril 1702Monsieur le Surintendant étant venu à l'assemblée a vu les plans qui °nt été faits par les prétendants aux prix et les mêmes élévations Pui avaient été vues cy devant...

''A grande médaille est échue et a été donnée au sieur Jacquet et la Petite au sieur Roux.

Le 26 février 1703"’Onsieur de la Hire a fait souvenir ensuite à la Compagnie que Monsieur e Surintendant souhaitant qu’on distribuât des petits prix aux étu­diants de l’académie on devait leur proposer différents sujets qu'on Jugerait à propos pour les exercer.

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En avril de 1703 l'académie a proposé comme sujet de concours le "trai* géométrique d'une lunette rampante qui rachète une voûte en descente droite".

Les étudiants ont travaillé plusieurs jours sur ce projet. Ils remet' taient chaque jour leurs dessins entre les mains de M. De la Hire.

Il leur a été demandé ensuite d'exécuter ces épures et de les couper en pierre. En fait le concours n'est véritablement instauré qu'a" 1720. C'est Desgodet le professeur qui demande à l'académie un sujet de dessin pour être proposé aux élèves, et l'académie a demandé qu'ü8 fassent une élévation pour l'entrée d'un palais suivant l'ordre dori' que.

En 1722 M. Desgodet "a proposé à la compagnie de donner un sujet ad* étudiants de l’académie pour les prix accoutumés. Il a été arrêt® qu'on les ferait travailler au dessin d'un arc de triomphe en plani élévation et profil.

Ce concours a été jugé le 7ème jour de septembre.Etaient présents : Decotte, Beaustre, Boffrand, Bruand, Decotte fils’ Desgodet, Gabriel, Jossenay, Leroux, Mollet, d'Orbay, Félibien.

Les dessins des étudiants de l'académie qui les ont faits pour disputer les prix ont été exposés dans la salle d'assemblée et examinés Par chacun de la compagnie.

Et ces dessins n'estant pas entièrement finis, l'on a remis jusqu'*la Saint-Martin à juger ceux qui doivent remporter les prix.

Le 16 novembre, première séance après les vacances, le concours * été jugé.

Le premier prix a été donné au sieu Chevotet et le second au siedr Charles Jean Michel Lejolivet.

Le sieur Jean Pinard "dont le dessin a été trouvé convenable a étéloué de sa composition par la compagnie, ne restant point de pri*pour lui.

En 1723, le 31 mai on lit dans les procès-verbaux :"M. Desgodet a fait son rapport à la compagnie que les sieurs Pinardi Vigneux, Lejolivet, Chastelin et Mourette tous étudiants de l'académie» ont fait samedi dernier en sa présence dans la salle les esquissesd'un plan de rez-de-chaussée sur le projet qui leur a été propose de la part de la compagnie pour disputer entre eux les prix, suivabt la délibération du 24 de ce mois".

Le sujet est un hôtel sur un terrain de 30 toises de face sur quarante»

Le six septembre 1723 - Des 5 étudiants admis, il n'y a que deux qd1 ont apporté leurs dessins. Jean Pinard et Louis Mouret.Le premier prix a été attribué à Pinard et le second à Louis Mouret.

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E» 1724, le sujet est donné en juin. Un grand autel pour une église cathédrale.

Les étudiants apportent leurs dessins le 4 septembre.

Le prix est donné au sieur Jean-Pierre Boncour.

En 1725 la procédure de 1723 est reprise.Le 4 janvier 1725, M. Desgodet a présenté à l’académie les esquisses des plans d'église qui ont été faites ce matin en sa présence par les étudiants.Le 28 mai, M. Desgodet avait présenté les billets de 8 étudiants de L'académie "qui se présentent pour en disputer entre eux les prix'.' L'acadiémie leur propose de faire unplan pour une église de couvent d® religieuses.

En 1725, la procédure définitive est maintenue établie.

® étudiants participent au concours.

Lis font l'esquisse en présence de M. Desgodet le 4 juin.

Ces esquisses ayant été serrées dans une des armoires de l'académie, M* Desgodet les a présentées ce jourd'hui (17 juin) à la Compagnie 9ui les avues et examinées.

Et étant paraphées par M. Félibien elles ont été remises aux étudiants Pour en faire des dessins au net qu'ils doivent représenter avec les esquisses à l'assemblée de l'académie qui précédera la feste de St-Louis (19 août)".

La 19 août "la Compagnie a procédé au jugement sur les dessins des **uit aspirants aux prix, et par voye de scrutin, chacun de la compagnie, après avoir examiné tous les dessins de douze voix le dessin cotté ^ en a eu huit pour le premier prix. Et par nouveau scrutin, pour le second prix, le dessin cotté G a eu neuf voix des douze dont l'assem­blée a esté composée.

Ensuite par les esquisses faites en l'académie en présence de Desgodet et de luy paraphées le 4 Juin dernier on a reconnu que

le dessin cotté H a été fait par le sieur Carlier, qui a ainsi remporté Le premier prix, et que le dessin cotté G a été fait par le sieur ^ofranc qui a remporté le deuxième et dernier prix.

Et la compagnie, par accessit aux prix, a accordé une petite médaille ^'argent au sieur Estienne Cleret".

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Cette procédure sera poursuivie sans modification majeure jusqu'9 la fin de l'académie. Elle sera reprise dans sa forme par le section des Beaux-Arts de l'Institut et maintenue à travers toutes les réfor' mes de l'enseignement jusqu'en 1967.

Page 140: L'école de l'académie (1671-1793) ou l'institution du goût ...

NOTE : Liste des Grands Prix depuis la fondation jusqu'à la fin de l'académie.

1^02 Un portail et un .plan d'une égliseGrande médaille : Jacquet (Jacquier)Petite médaille : Le Roux,(Jean-Baptiste)

1720 Une entrée de palais dorique Prix : Derizet (Deriset), Antoine

1721 Un plan d'église de vingt toises en carré Premier prix : Buache, PhilippeSecond prix : Aubry de Joinville, Claude-Guillot

1722 Un arc de triomphePremier prix : Chevotet, Jean-MichelSecond prix : Le Jolivet (Jolivet), Charles-Jean-Michel

1723 Un hôtelPremier prix : Pinard, Jean Second Prix : Mouret, Louis

1724 Un grand autel pour une église cathédrale Premier prix : Boncourt, Jean-Pierre Second prix : Lebon, Pierre-Etienne

1725 Une église de couvent de religieuses Premier prix : Lebon, Pierre-Etienne Second prix : Cléret (Clairet), Etienne

1726 Un portail d'églisePremier prix : Carlier, FrançoisDeuxième prix : Aufranc (Le Franc), Charles-Gilbert Accessit : Cléret (Clairet), Etienne

1727 Un hôtelPremier prix : Gailot, Jean-François Second prix : De Bourge, Eustache-Joseph Accessit : Mouret, Louis

1728 Un châteauPremier prix : DemarestSecond prix : De Bourge, Eustache-JosephAccessit ou Troisième médaille : Quéau

1729 Une églisePremier prix : De Bourge, Eustache-Joseph Deuxième prix : Villiard (De Villiars Devillard)Troisième prix: Quéau

1730 Un arc de triomphePremier prix : Daviler, Louis Deuxième prix: Laurent, PierreAccessit ou Troisième prix : Villiard (De villiars, Devillard)

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1731 Un bâtiment carré de vingt cinq toises de face Premier prix : Marteau, FrançoisDeuxième prix : Rousset, Pierre (Noël)Accessit : Courtillié (Courtillier), Pierre

1732 Un portail d'église Premier prix : Le Geay, JeanSecond prix : De Mercy, François-Médard Accessit : Rousset, Piere-Noël

1733 Une place publiquePremier prix : Haneuse, Jacques Second prix : Bailleul, Charles-François Accessit : Courtonne, Jean-Baptiste

1734 Un autel principal d ’église et chapellePremier prix : Wattebled (Vattebled), Jean-Philippe Deuxième prix : Laurent, Louis-Jean Accessit : Lafond, Pierre

1735 Une Galerie avec une chapelle et un salon Premier prix : Laurent, Louis-Jean Second prix : Pollevert, Jean-Louis Troisième prix : Lindet, Laurent

1736 Une superbe maison de campagne Premier prix : Pollevert, Jean-Louis Second prix : Brébion, Maximilien Troisième prix : Dumont, Gabriel-Pierre-Martin

1737 Deux escaliers, pur un hôtel et pour un palais Premier prix : Dumont, Gabriel-Pierre-Martin Second prix : Lindet, LaurentAccesit : Datis (D'Athis, Datif) Jean-Paul— loseph

1738 Une porte d'une grande ville Premier prix : Potain, Nicolas-Marie Second prix : Lancret, François-Nicolas Accessit : COurtonne, Jean-Baptiste

1739 Une écurie pour un prince souverain Premier prix : D'Orbay (Dorbay), Jean-Pierre Deuxième prix : Brébion, Maximilien Troisième prix : Le Camus, Louis-Denis

1740 Un jardin de quatre cents toises pour un château Premier prix : Brébion, MaximilienSecond prix : Cordier, Pierre-François Troisième prix : De Dreux (Dedreux), Louis

1741 Un choeur d'église cathédrale Premier prix : Jardin, Nicolas-HenriSecond prix : Hermand (Herment, Armand), Claude Troisième prix : Bourdet, Robert

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1742 La façade d'un h8te de villePremier prix : Hermand (Herment, Armand), Claude Second prix : Le Camus, Louis-Denis Troisième prix : Bourdet, Robert

1743 Une chapelle avec porche et sacristie Premier prix : Moreau, PierreSecond prix : Cordier, Pierre-François Troisième prix : Brébion, François

1744 Une grande bibliothèque

1745 Un phare sur un rocherPremier prix : Petitot, Edmonde-Alexandre élève de Jossenay Second prix : Hazon (Hazin) Michel-Barthélémy élève de Foffrand Premier Accessit : Devaux (De ^eau) élève de Beausire le jeune Second Accessit : Lélu, François-Hippolyte, élève de Garnier

Ï746 Un hôtelPremier prix : Clérisseau, Charles-Louis (pour 1744)Premier prix : Brébion, FrançoisSecond prix : Lélu, François-Hippolyte (pour 1744)Second prix : De Pigage, Nicolas Troisième prix : Turgis, Gabriel

1747 Un arc de triomphePremier prix : Bellicard (Bellicart), Charles élève de Jossenay Second prix : Giroux, Jacques-François Troisième prix : Lieutaud

"*748 Une bourse de commercePremier prix : Parvis, Charles, élève de Jossenaysecond prix : Lélu, François-Hippolyte, élève de Garnier d'IsleTroisième prix : Duvivier, Jean-Pierre élève de Le Camus

1749 un temple à la paixPremier prix : Barreau de Chefdeville, François-DominiqueSecond prix : Leroy, Julien-David élève de Le DreuxTroisième prix : Moreau-Desproux, Pierre-Louis élève de Beausire

1750 Une orangerie voûtéePremier prix : Leroy Julien-DavidSecond prix : Moreau-Desproux, Pierre-LouisAccessit ou Troisième prix : De Wailly Charles

1751 Une fontaine publique de décoration d'architecture Premier prix : Peyre Marie-JosephSecond prix : Moreau-Desproux Pierre -Louis Accessit ou troisième prix : Hélin Pierre

1752 Une façade de palaisPremier prix : De Wailly, Charles Second prix : Hélin, PierreAccessit ou troisième prix : Moreau-Desproux, Pierre Louis

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1753 Une galerie de cinquante toises avec un salon Premier prix : Trouard, Louis-François élève de Loriot Second prix : Jardin, Louis-Henri élève de TanevotAccessit ou Troisième prix : Louis, Louis-Nicolas élève de Camut

1754 Un salon des trois arts : peinture, sculpture et architecture Premier prix : Hélin, Pierre élève de LoriotSecond prix : Billaudel Jean-René élève de C.J. Billaudel (père) Accessit ou troisième prix : Jardin, Louis-Henri

1755 Une chapelle sépulcralePremier prix extraordinaire : Louis, Louis-Nicolas Premier prix : Mareschaux (Maréchaux) Charles Second prix : Boucard (Boucart) Etienne Troisième prix : Rousseau Jacques

1756 Un pavillon du milieu d'unpalaisPremier prix : Lemaire, Henri Antoine élève de J.A. Gabriel Second prix : Houdon jacques Philippe

1757 Salle de concert

1758 Un pavillon sur le bord d'une rivière à l'angle d'une terrasse Premier prix : Cherpitel Mathurin, élève de J.F. Blondel (p.175’' Premier prix : Chalgrin Jean-François-Thérèse élève de Loriot Second prix : Jallier, Claude Jean-Baptiste él. Loriot (p.1757) Second prix : Gondoin (Gondouin) Jacques élève de Hazon Accessit ou Troisième prix : Houdon Jacques Philippe (p. 1757) Accessit ou Troisième prix : De Gerando Benoit élève de Souffl°*

1759 Une académie a monter à chevalPremier prix : Leroy (Le Roy) Antoine élève de l'Ecuyer et Lori° Second prix : Lefebvre, Joseph-elie-Michel élève de Loriot Accessit : Cochois, Etienne-Nicolas élève de Ployette Accessit extraordinaire : Gondoin (GOndouin) Jacques él. de Haz°n

1760 Une église paroissialePremier prix : Lefebvre Joseph-Elie-Michel élève de Camus Deuxième prix : Jallier, Claude Jean-Baptiste élève de Soufflot Accessit ou Troisième prix : Gabriel, Ange-Antoine élève de Pot*

1761 Une salle de concertPremier prix : De Bourge, Antoine Joseph Second prix : Boucher, Juste François Troisième prix : Peyre, Antoine François

1762 Une foire couvertePremier prix : Peyre, Antoine François élève de J.D. Leroy Second prix : D'Orléans (Dorléans) Pierre élève de Perronet Troisième prix : Mouton Adrien élève de Brébion

1763 Un arc de triomphePremier prix : D'Arnaudin Charles François Second prix : Boucher Juste François Accessit: Radel, Louis François

1764 Un collège dans une ville Premier prix : Mouton AdrienDeuxième prix : D'Orléans (Dorléans) Pierre Accessit ou troisième prix : Naudin Joseph

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1765 Un dôle d'une église cathédrale Premier prix : Heurtier Jean-François Second prix : Bouchu, Paul Antoine Troisième prix : Paris, Pierre Adrien

1766 Un portail de cathédralePremier prix : Raymond Jean Arnould Deuxième prix : D'Orléans (Dorléans) Piere Troisième prix : Paris Pierre Adrien

1767 Une douanePremier prix : D'Orléans (Dorléans) Pierre élève de Perronet Second prix : Lemoine (Lemoyne) Jean Philippe él.Mansart de Lévy Accessit : Marquis, Jean Auguste élève de Camus

1768 Une salle de comédiePremier prix : Lemoine (Lemoyne) Jean Philippe él. Mansart de Lévy Second prix : Poyet (Poyette) Bernard élève de Regemort Accessit : Paris, Pierre Adrien élève de Lecarpentier

1769 Une fête publique pour le mariage d'un princePremier prix : Guerne Jean Jacob élève de Moreau-Desproux Second prix : Lussault Claude Thomas élève de Sedaine Troisième prix dit accessit : Paris Pierre Adrien él.Lecarpentier

1770 Un arsenal de terrePremier prix : Huvé Jean Jacques élève de Blondel Second prix : Renard Jean Augustin élève de Lecarpentier Accessit : Penseron Pierre élève de Rousset

1771 Un hôtel-Dieu

1^72 Unpalais popr un prince de sangPremier prix : Lussault Claude Thomas élève de Sedaine Premier prix : Marquis Jean Auguste élève de Mauduit (pour 1771) Second prix : Renard Jean Augustin élève de Lecarpentier Accessit : Girardin Nicolas CLaude élève de Mauduit

1773 Un pavillon ... sur une grande pièce d'eau ... pour un souverain Premier prix : Renaud Jean Augustin élève de Lecarpentier Second prix : Coutouly Victor élève de Brebion (pour 1771)Second prix : Crucy Mathurin élève de BoulléeAccessit : Herbelot François Charles Etienne (pour 1771)Accessit : Thierry, Jacques Etienne élève de Mansart de Lévy

1774 Des Bains publics d'eaux minéralesPremier prix : Crucy Mathurin élève de Boullée Second prix : BOnnet Alexis François élève de Blondel Accessit: Bénard, Charles Joachim élève de Moreau-Desproux

1775 Des écoles de médecinePremier prix : Lemoine (Le Moine) Paul Guillaume él. de Mauduit Second prix : De Seine (Deseine) Louis Etienne élève de Billaudel Accessit : Doucet Charles Henry élève de Rousset

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1776 Un château pour un grand seigneurPremier prix : Desprez (Desprès) Jean LOuis élève de Desmaisons Second prix : Bénard, Charles Joachim élève de Moreau-Desprioux

1777 Un château d'eauPremier prix : De Seine (Deseine), Louis Estienne él. Billaudel Second prix : Gisors (De Gisors) Jacques Pierre élève de Boullee

1778 Des prisons publiques

1779 Un muséum ... des sciences ... des arts libéraux ... et ... d'h*5toire naturelle .Premier prix : Gisors (De Gisors) Jacques Pierre él. BoulléeU?' Premier prix : De Lannoy (Lannoy) Jacques François él. Antoine Second prix : Durand Jean-Nicolas LOuis él. Perronet (p. 1778) Second prix : Barbier Jacques élève de Mauduit

1780 UN collège sur un terrain ayant la forme d'un triangle Premier prix : Trouard LOuis Alexandre élève de Trouard père Second prix : Durand Jean Nicolas Louis élève de Perronet

1781 Une cathédrale pour une capitale comme ParisPremier prix : Combes Louis élève de Mique ,Second prix : Moitte (Moétte) Jean Baptiste PHilibert,él.Billau<*e

1782 Un palais de justice pour une ville capitale Premier prix : Bernard élève de Trouard Second prix : Cathala élève de Mauduit

1783 Une ménagerie ... d'un souverainPremier prix : Vaudoyer Antoine Laurent THomas él. de d'Attry Second prix : Percier Charles élève de J.D. Leroy

1784 Un lazaretPremier prix : Hubert (De Saint-Hubert) Auguste él.Peyre le je’jr’ Second prix : Moreau Jean Charles Alexandre élève de Trouard

1785 Une chapelle sépulcrale. Premier prix : Moreau Jean Charles Alexandre élève de Trouard Second prix : Fontaine Pierre François Léonard élève de Heurtier

1786 Un édifice à rassembler les académiesPremier prix : Percier Charles élève de J.D. LeroySecond prix : Goût (Goust) LOuis Robert Edmonde él. D'Angiville

1787 Un hôtel de ville pour une capitale

1788 Le trésor royal d'un grand royaumePremier prix : Bonnard Jacques Charles élève de Watelet Premier prix : Tardieu J.J. élève de Moranzel (pour 1787)Second prix : Romain Jean Baptiste Philippe Aaron él. J.D. Lef°“ Deuxième second grand prix : Goût (Goust) él. D'Angivillers

1789 Un édifice pour la Faculté de médecinePremier prix : Faivre (Lefebvre) J-B. L-F. élève de Trouard Second prix : Gaucher François Tranquille élève de De Wailly

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1791 La galerie publique d'un palaisPremier prix : Lagardette (La Gardette, Delagardette) C.M.el.Paris Second prix : Normand (Le Normand) P.C. J. élève d'Antoine

1792 Un marché principal pour une très grande ville Premier prix : NOrmand (Le Normand) P.C.J. élève d'Antoine Second prix : Bergonion (Borgoinon, Bergognion)él. de Coustou

Une caserne de cavalerieDeuxième prix : Protain, Jean Constantin elève de Trouard

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2 - LA TRADITION DE L'ESQUISSE

On peut rechercher l'origine de la tradition de l'esquisse dans 1® pratique de l'école de l'académie de peinture et de sculpture. Tous les ans précise l'article 19 des statuts de 1654 "il sera donné paf l'académie un sujet sur les actions héroïques du Roi à tous les étu­diants, pour chacun d'eux en faire un dessin et le rapporter tous la veille de Notre dame de février suivant, tous y etre vus, et exami­nés et jugés".

L'auteur du dessin qui sera jugé le meilleur sera obligé d'en faif® un tableau et de le donner à l'académie trois mois après. Cet étudiant recevra un prix d'honneur "proportionné au mérite du travail".

Le travail est ainsi décomposé en deux phases. La première permet de sélectionner les meilleurs candidats, seuls autorisés à concourir pour le prix. L'esquisse peut être considérée comme une procédure ■le sélection.

Ce n'est pourtant pas le sens que prend dans l'école de l'acadéini® d'architecture la pratique de l'esquisse.

Les élèves sont peu nombreux et le problème n'est pas tout au moinS au début de limiter le nombre de concurrents. Par contre il s'agit de vérifier la compétence des candidats et surtout de s'assurer qu'üs sont bien les auteurs des dessins qu'ils présentent. L'esquisse est d'abord une procédure de contrôle, et on a évoqué plus haut la longd® suite d'incidents et de contestations qui a jalonné l'histoire grand prix. L'esquisse a été un moyen pour l'académie de vér ifief' d'honêteté du concours.

Mais très vite dans l'histoire du grand prix l'esquisse prend un sens plus pédagogique que de simple discipline. Il faut habituer les élèves à faire le projet "à un jet". Le travail de projet s'inscrit dans un ensemble de décisions qui doivent être préalables et irréversibles- Pour que l'étudiant soit contraint de faire l'ensemble de la démanche de mise au point progressive du projet et fasse l'expérience de l'ap­prentissage d'un travail qu'il faut mener jusqu'au bout sans "remords •

Ici le travail de l'architecte, contrairement à celui du peintre n® permet pas de ces remises en question des décisions prises et dul ont engagé le projet dans une voie qui, à partir d'un certain momenti ne peut plus être changée.

Les académiciens, par leur implication personnelle ou collective dahs de nombreux projets étaient bien placés pour connaître cette contrainte du projet. Ils ont obligé leurs élèves à la simuler dans leur pratidue de projet par cette contrainte qu'ils leur ont imposée de respecte1" les grandes options de leur esquisse pendant l'exécution du projet définitif.

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L'académié a vérifié avec soin et avec une rigueur qui peut paraître excessive l'application de cette règle.

*-e 20 mai 1765, "l'académie a estimé que plusieurs élèves ont mis trop peu de rapport entre leurs plans et leurs élévations et que d'au­tres sont sortis des mesures prescrites par le programme".

Evidemment l'application de cette règle a donné lieu à de nombreuses discussions entre les académiciens ou entre élèves et académiciens.

te 17 février 1777 dans sa séance, l'académie évoque le problème dutravail des élèves.Ensuite, sur ce qui a été représenté que, lors de la séance du 26 a°ut 1776 Monsieur le Directeur Général, présidant l'académie, il Svait recommandé la grande conformité des esquisses des élèves avec îeurs dessins, l'académie pour parvenir à rendre certaines les limites dans lesquelles les élèves doivent se restreindre pour parvenir à nemporter les prix, a chargé Monsieur Leroy de faire un mémoire à c® sujet, lequel sera lu à la séance prochaine".Auu Cours de cette seance on décidé d'instaurer une commission pour ta conformité des esquisses :Ht , # ^ ^v- academie étant assemblée, apres la lecture que M. Leroy a faite du mémoire dont il était chargé à la séance précédente et aussi après lecture faite de l'article 16 des réglements concernant les élèves, lt a été dit que dorénavant, à la séance qui suit la reddition des esquisses, l'académie nommera trois académiciens, lesquels, conjointe- '"ent avec le professeur d 'architecture, s'assembleront dans la salle

l'académie pour constater la conformité des esquisses avec le pro- Üramme donné et en faire rapport à la séance suivante. Dans laquelle 8eance seront rejetées hors de concours les esquisses qui n'auront Pas rempli ce qu'exige l'académie".

^Ihalement la procédure de l'esquisse sera réglementée par un texte Proposé par Franque, Moreau, Leroy, Boulle et Peyre, et que nous repro-uisons ici.

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ESQUISSE

Projet de règlement sur la conformité nécessaire des esquisses aVeC le programme, et de celle des desseins mis au net avec les esquisse5’ sur le sujet des prix qui seront proposés chaque années aux élève5 de l'Académie Royale d'Architecture.

Article 1er.Les élèves seront tenus de faire avec netteté et précisions coupes et élévations de leur composition, conformément au dans l'espace de temps prescrit et suivant les mesures et indiquées par l'Académie.

les planS’ progran>Pe' la mani5re

Art. 2. sLes esquisses seront terminées invariablement à l'encre avant de 1 remettre au professeur.

Art. 3.Les élèves ne pourront objet.

présenter deux idées différentes pour le 5,51

Art. 4.Les parties qui entreront dans la composition de leur projet sef°'fitprésentées dans les esquisses en plan, élévation et coupe, avecprécision demandée, sans qu'il leur soit permis de compléter dafsles dessins au net rien de ce qu'ils auraient laissé imparfait ap l'esquisse remise au professeur.

rè5

Art. 5.Les esquisses seront examinées par les nommera avant la séance où elles seront conformité avec le programme.

commissaires jugées pour

que IJAcadé^reconnoitre

Art' 6‘ , AcvLes esquisses qui, au rapport des commissaires et au jugement de 1 A démie, ne seroient pas conformes au programmes, seront mises de concours avant qu'il soit procédé à l'admission des autres.

Art. 7.Les élèves, en mettant au net leurs dessins, se exactitude au programme et à leurs esquisses, en nombre des colonnes, la forme et l'étendue des avant re des ordres, la division des étages, le nombre et sées ne soient ni changés ni altérés.

. aV«cconformeront “ ^telle sorte due corps, le carac ^ la forme des cr°

Art. 8.On conservera de même la destination, l'ordre et de la distribution indiquée par l'esquisse.

la forme des piè‘eS

Art. 9. Le choix pourront dans les

et l'ordonnance des couronnements et des soubassement5 être changés, en sorte qu'on puisse retrouver exacte5’6 desseins ce qui l'élève aura figuré sur son esquisse.

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A rt. 10Les mesures données en longueur et largeur seront exactement suivies et prises au nud des corps les plus saillans.

A rt. 11.Les élè ves ne pourront présenter à l'Académie, avec leurs dessins au net, aucun autre dessin, sous prétexte de développer des parties en grand et de faire des plans généraux, des détails, etc. Les seuls dessins demandés par l'Académie seront reçus.

A rt. 12.Les dessins au net seront examinés par les commissaires, et le défaut de conformité avec les esquisses sera, sur le rapport avec le jugement de l'Académie, un motif d'exclusion. Les dessins qui seront dans ce Las seront retirés du concours sans égard pour les talens que les eleves auroient fait connoître dans les autres occasions et dans les concours précédens.

^Ait à l'Académie, ce jourd'hui huit avril 1777. Signé : Franque, Moreau, Le Roy, Boullée, Peyre.

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3 - LE JUGEMENT

Eli*Le travail de projet achevé, l'academie procédé a son jugement. ~ accomplit ainsi le dernier acte d'une procédure dont elle avait ®cr le premier en donnant le programme.

La séquence - Programme - esquisse - projet - jugement - forme le ca et immuable de la pédagogie du projet mise au point par l'academie nous l'avons vu, complètement intégrée à la vie académique.

* * Arts‘Cette pédagogie sera reprise dans sa forme par l'ecole des Beaux-r'Elle n'aura pourtant pas dans cette nouvelle institution le même s

Il faut remarquer qu'en aucune circonstance l'académie ne délègu® professeur ou à une quelconque autorité pédagogique le soin de J les projets ni même de donner le programme.

et

Ces deux le prix

actes - relèvent

• méri*choisir le programme - choisir le projet qui m® ^ de la responsabilité ou de la mission de l'acad®

, - al 0En définissant le programme, l'académie fixe le programme généra 1'architecture, et le transforme, le déplace, l'adapte à la comma ^ aux besoins, ou plus simplement aux injonctions qu'elle reçoit d® tutelle administrative.

A plusieurs reprises, le surintendant intervient sur le programm®^j grand prix - notamment en 1796 et les élèves eux-mêmes parfois intervenus et ont protesté sur le programme.

Le programme n'est pas un simple exercice d'école. Il révèle de 1'architecture et sa finalité que l'académie a précisément de définir.

X'oWemissi"

En procédant au jugement du projet l'académie arbitre une doctrinale. Quels sont les moyens de l’architecture pour but ?

d i s c < ,rempli1"

C'est bien à l'académie toute entière, porte sur le goût en architecture. Ici du goût.

. au>que revient cette décisi®^^! l'académie s'érige en tri

Et son jugement du prix relève qu'elle prononce sur les projets suite. Elle décide.

de la même démarche que le J réels à propos de laquelle on

uge:la co

„ f0^Dans cet acte de jugement, il faut le noter, l'académie donne une institutionnelle à la doctrine. nsOn le sait, les académiciens divergent entre eux; il faut me®1® les statuts imposer à leur débat une règle de bienséance.

Or comprend diversifiées tecture et

bien aussi ce qui fonde ces divergences - des de la production, des stratégies différentes pour pour les architectes, des alliances diverses des

v f tun6

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des autres avec les milieux au pouvoir, ceux de la culture ou de la Pensée.

l-e jugement pourtant rassemble la pluralité des voix et en général, Probablement a de larges majorités, puisqu'en 1756 une majorité de ® voix sur 7 n'a pas paru suffisante pour trancher.

Ca doctrine de l'institution n'est donc pas tout à fait la même que Pelle des sujets membres de l'académie.

Elle est peut être moins tranchée, plus nuancée que le discours que tiennent les architectes pour défendre leur projet. Elle est en tout Pas aussi ferme et le fait d'être "négociée" n'empêche pas qu'elle Consacre un jour une position devenue dominante et qu'approuve l'admi- histration à moins qu'elle s'y soumfette.

pour accomplir cette institutionalisation de la doctrine, l'académie s est imposée une procédure rigoureuse.

Cette procédure se définit par les caractéristiques suivantes :~ la vérification de la conformité des projets (aux programmes, aux esquisses, aux dimensions imposées)~ le huis clos - l'académie délibère hors la présence des candidats

libre de toute influence - les débats, s'il y en a, seront tenussecrets,~ la souveraineté de la décision - la décision qui n'a pas à être justi­c e est irréversible et sans appel.

Cette procédure n'a de sens que dans le cadre d'une institution dont ^'autorité est indiscutée et qui ne met pas en cause elle-même sa lé- Ültimité.

*1 peut paraître surprenant qu'une telle procédure soit reprise par des groupes de personnes s'instaurant en jury, et qui apparemment ne Se posent pas le problème de leur légitimité institutionnelle.c *est bien l'institution academique que voulait atteindre la société des Arts et la convention en formant un jury pour le prix de 1792.

Ces conditions de fonctionnement de ce jury, en effet, modifient les caractéristiques fondamentales d'un jugement académique :

les projets seront exposés publiquement avant la réunion du jury, sa délibération sera publique,

• chaque juré doit justifier son jugement par une note écrite.

Ç école des Beaux-Arts tentera de donner au "jury" l'autorité d'une lnstitution. Mais la procédure du jugement ne supplée pas à l'absence 9 Institution.

C étude de l'histoire de l'école des Beaux-Arts est à placer sous ce

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fait capital. ELle se donne, et elle est, la continuation de l’éc°^ académique. Elle conserve l'ensemble de ces procédures pédagogique ' mais l'institution qui leur donnait un sens a disparu et c'est Q à d'autres ensembles institutionnels que cette école dans son histoi sera rattachée, sans qu'on puisse aussi facilement que dans 1® c de l'école de l'académie comprendre l'effet de ce rattachement.

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(■administration exerce sa tutelle non seulement sur l'institution académique mais aussi sur l'enseignement qu'elle a la charge de dispen- *®p* C'est en présence du Surintendant qu'a été attribué en 1702 le ^ix. L'académie juge, mais c'est le Roi qui accorde le prix. L'acadé-

reste soumise à l'administration des bâtiments dont elle fait par- 3,e* C'est tout naturellement qu'elle lui soumet les difficultés qu'elle pencontre dans la conduite de l'Ecole. En 1756, l'assemblée des acadé­miciens se trouve partagée à propos du jugement des esquisses 9 voix contre sept pour admettre leurs auteurs à concourir. Cette majorité

*te trouvée trop faible et on décide d'envôyer les esquisses à M. Marquis de Marigny pour qu'il donne son avis.

M *• de Marigny n'hésite pas à le donner "le programme était trop étendu** trop compliqué, ce qui a fait illusion aux élèves". Il profite de°ccasion pour faire la recommandation aux académiciens de : "ne propo-

8®p qu'une partie d'un tout, comme des arcs de triomphe, des façades,Palais, des théâtres, des portes de villes, différentes espèces

e9lises ou de rotondes, des chapelles particulières et escaliers,8 galeries et surtout des décorations intérieures de palais".

U KPut de cette recommandation est "de corriger le mauvais goût d'orne- hts qui subsiste aujourd'hui".

marquis de Marigny intervient aussi directement dans le débat de ctrine et engage l'académie à prendre parti dans la campagne de réac-

j °n contre le style de Boucher et l'art décoratif de Meissonnier. f# en9a9e l'académie à proposer un autre sujet aux élèves, ce qu'elle ra sans protester (note 1).

EnVa 1783udoyer

elle redonnera ce même sujet aux sera vianqueur et Percier second.

élèves au concours dont

L'aq cadémie obéira aussi à l'ordre de °nn a it au début de l'école.

revenir aux programmes qu'elle

Mus<63)

les années qui suivent cet incident, on retrouve des programmes faciles : un pavillon (58), une église (60), un arc de triomphe

q *Cac,émie recherche l'arbitrage de l'administration dans les conflits l'opposent aux élèves.

Enet 1778. les élèves présentent un mémoire simultanément à l'académie

a l'administration.qans sieur Gisors, élève, n'a pu produire une composition distinguée

de le sujet du prix proposé". L'académie décide qu'il n'y a pas lieueUp concours actuel que par l'avantage qu'il a eu de s'exercer

le ,fUsPendre le jugement. Monsieur le Comte D'Angivillers cependant en . ' août fait savoir à l'académie qu'il n'y aura point deprix cette nee (note 2 ).

®is rs sera grand prix l'année suivante.

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En 1885, les élèves protestent encore contre le jugement. Cette fois' ci c'est en faveur de Fontaine qui n'a obtenu que le deuxième et ü s estiment qu'il méritait le premier.

L'académie se plaints auprès du directeur du comportement des é lève5 "qui se sont même servis de sifflets pour insulter les académicien à la sortie de séance".

D'Angivillers menace les élèves de fermer les écoles (des incident® de même nature s'étant produits dans l'académie de peinture) mais 1 accordera l'année suivante la pension de Rome à Fontaine qui retrouver® Percier (note 3).

Enfin, en 1790 les élèves exigent une modification du règlement. ^ 6 prétendent assister au jury. L'académie avec un peu de faiblesse envoi® leur réclamation au Comte D'Angivillers qui dans une lettre embarrasse® laisse le choix aux élèves de faire le concours selon les règles exi5' tantes ou d'y renoncer (note 4).

L'administration participe directement à la vie de l'école de l'acad®' mie. Il s'agissait pour elle d'une part d'imposer autant que possibl® la doctrine, mais surtout de garder l'institution d'une pression tf°P forte des élèves, prompts à contester leurs maîtres dans la hâte d® les remplacer.

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le 3 mai 1756, on convient de s'assembler le 10 à 9 heures précises Pour convenir du sujet qu'on proposera aux élèves pour le prix de eette année et que ce sujet sera donné sur le champ aux élèves pour V travailler et faire leur esquisse avant de pouvoir consulter personne Pui puisse les aider,

.... On a fait la lecture d'un mémoire contenant tous les sujets dePpix proposés depuis mil sept cent vingt trois, M. Blondel le neveu &yant demandé communication du mémoire de tous les sujets proposés.

le 10 mai, l'académie "étant assemblée extraordinairement ..." elle propose aux eleves le plan general d'une menagerie pour un prince 8ouverain, sur un terrain de deux cent toises en quarré, avec un pavil- }°n qui puisse servir de retraite au prince. Le plan général aura une echelie de trois lignes pour toise.

®*tte ménagerie doit contenir les bâtiments et les cours nécessaires Pour rassembler les animaux utiles et ceux de pure curiosité, avec *eurs dépendances.

J"® Pavillon de retraite du prince sera orné d'une architecture convena­ble et les élèves en feront à part le plan, l'élévation et la coupe Sur une échelle d'un pouce pour toise."M, • Blondel a rapporté et remis le mémoire des sujets des prix dont ll s'était chargé".

signé le 17 mai : Gabriel, J. Beausire, Beausire, Blondel, BLondel ® neveu, Brebion, Chevotet, Constant, Delusy, Franque, Hazon, le Car­pentier, Lecuyer, Lefranc, Delespee, Loriot, Potain, Soufflot, Tanevot, 6 Vi9ny, Camus.

7" a décidé par le scrutin que ces esquisses seront admises pour être ^ises au net et concourir aux prix. La pluralité des voix pour admettre es esquisses a été de neuf voix contre sept.ependant, les esquisses n'ayant pas paru remplir les vues du programme, 4u jugement de MM. L'Ecuyer, Tanevot, de Vigny et de quelques autres, ** la négative de sept voix contre neuf ayant paru mériter quelques c°nsidérations, ces Messieurs, sans vouloir protester formellement Contre le scrutin, ont demandé que les esquisses fussent envoyées à • le Marquis de Marigny pour donner son avis, et la compagnie y a hae n ti. En conséquence de cette délibération, M. Camus a été chargéenvoyer ces esquisses dans un paquet cacheté à l'adresse de M. le®rguis de Marigny.

°ndel Jean-François - 1681-1756 - membre de l'académie en 1728, fils ® François BlondelF °ndel Jacques-François dit le neveu (il est le neveu d'une autre'"•Snçois Blondel né à ROuen en 1683) membre de l'académie en 1756.

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Le 24 mai, on fait lecture de la lettre de M. de Marigny

"J'ai reçu, Monsieur, votre lettre du 18 de ce mois, avec les déli*3® rations de l'académie royale d'architecture des 10 et 17 mai, ensemb les huit esquisses des élèves qui ont composé pour le prix. Je vo que l'académie est partagée pour recevoir ces esquisses et qu'el désire ma décision sur l'un des deux partis à prendre. D'après l'exai” que j'en ai fait j'ai trouvé qu'il n'y a aucune des esquisses qui h a été au-delà de ce qui a été proposé par la délibération du 10 et^P une dont on ne pu faire l'application à d'autres usages qu'une mena gerie". ,Je crois que le programme donné était trop étendu et trop compliQue’ ce qui a fait illusion aux élèves, et c'est ce qu'il faudra evi dorénavant dans les compositions qu'on leur donnera à faire, n'eta pas possible que de jeunes gens puissent subitement emprunter une Pen , dont les détails exigent des connaissances qu'on est toujours obl1» d ’emprunter d'un autre. D'où je conclus qu'il serait mieux de ne Pr°P0 ser qu'une partie d'un tout, comme des arcs de triomphe, des faÇ* de palais, des théâtres, des portes de ville, différentes espèces à glises ou rotondes, des chapelles particulières et escaliers, des 9a ries, et surtout des décorations d'intérieur de palais, pour corna le mauvais goût d'ornements qui subsiste aujourd'hui.

C'était le temps ou commençait la camapgne de reaction contre le , r, de Boucher et l'art décoratif de Meissonnier et des ses émules ' les manifestes de Cochin qui se mettaient à la mode - La "supplica ,gt5 aux orfèvres" est de 1754 - note de Lemonnier) et tant d'autres suj enfin qui quoiqu'épuisés sont toujours nouveaux pour des génies neufs.

pour donner un nouveltume®'Mon avis est donc que l'académie s'assemble

programme et à ....

et fasse récompenser les élèves en la manière accou

"Ensuite l'académie, après avoir parlé de différents sujets qu'on v proposer pour le sujet du prix s'est arrêtée au programme suivant •

L'académie propose aux élèves pour le sujet du prix de cette aJ ^ s les plans, la coupe et les élévations du pavillon du milieu d'un Pa e donnant d'un côté sur une grande cour et de l'autre sur un jardin a^ deux croisées des parties en arrière corps. L'intérieur consis en un vestibule en péristyle de cône convenablement en pierre; au e de-chaussée l'indication d'un escalier d'un côté et d'une salle ,, l'autre, et au-dessus un salon décoré en bois et en marbre, avec c née, glaces et autres ornements en usage pour des décorations inteh res d'habitation.

nur aULe pavillon n'aura pas au-delà de 8 toises dans oeuvre de la cov~ jardin et sera sur une échelle de 2 Pouces et demi pour toise".

Page 158: L'école de l'académie (1671-1793) ou l'institution du goût ...

rc?x*iü3->vmw<~u w w w / x J t

D E C R E T SD E L A

C O N V E N T I O.N N A T I O N A L E ,Dcsp.* & 25.® jours de Brumaire, an fécond de la Répu­

blique françoife, une & indivifible ,

Relatifs aujugement du Concours pour les P r ix de Sculpture, Peinture & Architecture.

i .° Du $ Brumaire.

Portant que et concours Jera jugé par un Jury.

T 1 a C o n v e n t i o n n a t i o n a l e , après avoir entendu fon comité d’inftruûion publique, décrète ce qui fuit :

A r t i c l e p r e m i e r .

L e concours pour les prix de fculpture , peinture Sc arcnitc&ure , eft jugé par un jury.

ï I.Ce jury eft compofê de cinquante membres.

I I I .Il eft nommé par la Convention nationale, fur la pré-

ientation de fon comité d’iriltruâion publique.. I V .

Le lendemain de la publication du décret, les objets propofés au concours font expofes publiquement dans le Mujcum > cette expofttion dure cinq jours. '

V .Trois jours après l’expofition, le jury fe raffcmblc en

iéance publique dans le même lieu.

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V LLe jury, apres avoir nommé un préfident fit deux fccré-

taires , ouvre la difeuflion fur le mérite ou les défauts des objets fournis au concours, dans l’ordre fuivant; i,° la fculpture, 2.° la peinture , 3.° l’archite&ure.

V I I .Le jury prononce d’abord fur chaque- partie, -s il y a lies

à accorder des prix.V I I I .

Dans le cas où il prononceroit qu’il ne doit point être accordé de prix dans une ou dans plufieurs de ces parties , les prix de l ’année prochaine doivent être doubles.

ï X .S ’il y a lieu a accorder les p rix , le jury procède au juge­

ment par appel nominal , fit ne fe fepare pas dans la pre­mière féance qu’il n’ait prononcé fur la première partie.

X .Le jury prononce fucceflivement St de la même manière

fur les deux autres parties, en fe renfermant pareillement pour chacune dans la durée d’une féance.

X LChaque membre du jury, en votant, donne par écrit les

motifs defon opinion, tant fur la manière dont lesconcur- rens ont rendu l’efprit du fujet propofé, que fur la compo- fition fit l’expfeflion.

X I I .Le procès-verbal de ces trois féances renferme un réfume

de la difeuflion fit les motifs de chaque jugement ; il e« imprimé fit diftribué à chacun des concurrens.

V iji par ïinfpt&cur. Signe C ordier.Collationné à l’oticinal, p u nous préfident fie fecréiaues de la

ConrentioB nationale. A Paris, le 1 Frim aire, an Itrrnâ ae la République une & iiulivifiUca Sign^ G. KyM M i ) pitüccnt i R f v ik c h o n & R oger Du co s, feciéiaires. *

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a.° Du 25 Brumaire.

Contenant la U (le des Membres qui composeront le Jury.

L a C o n v e n t io n n a t io n a l e , - fur la préfentation à elle faite par fon comité d’inrtruCtion publique, de la lifte des membres qui doivent compoler le jury qui doit juger le concours des prix de peinture, fculpture 6c architecture, l’adopte ainfi qu’il fuit :Lifle des Membres du Jury, pour le Concours des Prix de

Peinture, Sculpture & Architecture.Dufoumy, membre du dépar­

tement.Monvpl, aCteur.Fragonard, peintre. Fragonard, ànatomifte. Julien, fculpteur.Pache.Varon, homme de lettres. David-le-Roi, architecte. Fleuriot, fubftitutde l ’accu-

fateur public.Rondelet, conftruCteur. Boichot, fculpteur.Le Sueur, peintre.Dupré, graveur. Ronftn,commandant-gcn. de

l’armée révolutionnaire. Hébert, fubftitut du procu­

reur de la commune. Delannoy, architecte. Haffenfrats.Chaudet, -fculpteur.Lebrun, m.<? de tableaux. C e lz , cultivareur.Podeyin, architecte.

Topinol Lebrun, peintre. Ciietry , artifte.Monge.Neigeon, peintre.Ballac, arçhiteÛe.Gérard, peintre.Luflault, architcâe.Lebrun, homme de lettres. Hazard, cordonnier. Hubert, architecte. Bonvoiiin, peintre. Taillaflon, peintre. Michallon, fculpteur. Dorat-Cubières, homme de

lettres.Ramey, fculpteur.Bellehis, peintre.Haioux Rom ain, architecte. Neveu, peintre.Thouin , jardinier.Lays, aûcur.Gouft, architecte.Signy , médecin.Le Sueur, fculpteur.Allais, architecte.

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Talm a, acteur. Defroches, peintre. Vic-d’A z ir , anatomifte. Merccray, graveur. Michaud , adeur.

S u p p lé a is.A zin , homme de lettres. Dcjoux , fiulptêur. Boullé, architefte. Villemain, peintre. Turcati, graveur.

V i j è p a r V In sp ecteu r. Signé A u g e r . '

CcUationr.é à l'original, par nous picfideni Se (ecrétaires de U Convemicm national^. A Paris, U 19 Brumaire, an fécond de' la république lrançoiie, une & indivifible. SgnéV. A. L a i o T , préfidenti M e r l i n ( de'-Tbionville ) & Ph i l i p p e a u x , lecré* tains.

A u n o m e»e l a R é p u b l iq u e , le Confeil executif provi* foire mande & ordonne à tous les Corps adminiftratifs & Tribunaux ,' que les préfentes lois ils falfent configner dans leurs regiftres, lire , publier & afficher , & exécuter dans leurs départefneris & reflorts rcfpedifs; en foi de quoi nous y avons appolé notre lignaturc & le fccau de la République. A Paris, les vingt-neuvième jour de Brumaire & fécond jour de Frimaire, an fécond de la république Françoife, une & indivifible.

S ig n é B o u c h o t t e & D a l b a r a d e . C o n tr tfig n i G o h ie r .

Et icellécs du lccau de la république.

Certifié eonjormt à la eopie collationnée, à nous envoyé* par U Directoire du Département de la Marne*

A C H A A L O N S ,

Chez M e r c i e r , Imprimeur du Département, grand» ru*»

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CONCLUSION

ACTUALITE DU PROBLEME DE L’ENSEIGNEMENT - LE RATTACHEMENT

L'enseignement de l'architecture est lié de multiples manières à la production et à l'institution. Il y joue un rôle complexe dont le prin­cipal n'est pas de former les praticiens.

Dès lors qu'un système éducatif ne possède pas de spécificité technique ou scientifique, il ne peut avoir d'autonomie.-.

Le projet éducatif ou pédagogique (apporter aux élèves une compétence constamment mise en discussion) ne suffit pas à donner au système une indépendance institutionnelle.

S'exerce donc sur cet enseignement une tutelle qui implicitement lui donne un sens.

C'est pourquoi le problème du rattachement de l'enseignement de l'ar­chitecture fait l'objet de discussions si difficiles lors de la dernière crise de l'enseignement.

On distingue ici dans ce travail, deux grandes périodes dans l'histoire de l'enseignement de l'architecture en France :- la première qui va de 1717 à 1793 pendant laquelle l'enseignement est placé sous la tutelle de l'académie elle-même directement liée a l'administration des bâtiments du Roi,~ la seconde du début du siècle 1800 à 1968 qui correspond à l'histoire de l'école des Beaux-Arts.

Dans la première période, l'école est placée sous la tutelle directe de l'académie. Elle est ainsi rattachée aux services de l'administra­tion des bâtiments.

Dans la seconde période, elle est placée sous la tutelle des Beaux-Arts et sous son administration.

Les écoles académiques, celle de peinture et sculpture et celle d'archi­tecture, bien que l'une et l'autre logées au Louvre, n'entretenaient aucune relation.

Dn sait qu'après la Révolution se sont opposés plusieurs projets de rattachement de l'école. Les uns (Baltard - Rondelet) voulaient un enseignement de l'architecture lié au service des bâtiments civils."Formons-nous une idée juste de l'architecture, distinguons les éléments

ce bel art, et reconnaissons qu'il n'a rien de commun dans ses prin- cipes et moins encore dans ses applications avec la peinture et la sculpture vers lesquelles on le rappelle sans cesse pour tout ce qui Lient au régime de l'école".

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Les autres voulaient que l'enseignement soit compris parmi un des arts libéraux.

On tentera d'élucider l'enjeu de cette discussion qui au début du 19ème siècle divise les architectes. Bien que placés dans la même institution l'école d'architecture et l'école de peinture (l'une et l'autre section de l'école des Beaux-Arts) les enseignements n ' entretiendront pratique­ment jamais de relation malgré les efforts des directeurs qui à deux reprises dans l'histoire ont tenté d'instaurer puis de restaurer un concours commun aux peintres et aux architectes.

La question du rattachement de l'enseignement est liée à celle du sta­tut qui est donné au débat architectural. S'agit-il d'une discussion esthétique, technique ou sociale ?

En réclamant le rattachement à l'université, les étudiants en architec­ture en 1968 prennent parti pour placer le débat au niveau d'une discus­sion de société sur l'utilisation de l’espace dont les critères et les notions utiles à débattre relèvent des sciences humaines.

Les débats qui ont accompagné la fin de l'école des Beaux-Arts et Ie détachement de l'enseignement de l'architecture du système des Beaux- Arts n'ont pas débouché sur un changement de tutelle ou sur une positioh franche sur la tutelle. C'est pourquoi la question de l'enseignement de l'architecture est d'actualité.

Pendant 100 ans l'architecture est placée sous la tutelle des Bâtiments du Roi. Onpeut dire qu'elle relève directement de l'autorité du et sans cesse, pendant toute l'histoire de l'académie, le Roi lui-e>e,J,e tient à marquer son intérêt pour la discussion académique sur l'archi­tecture .

Pendant le 19ème siècle, les architectes construisent un système profes­sionnel qui progressivement s'empare de l'enseignement. Ils exercent au nom ... de "l'art" une autorité exclusive et bien contestée sur la définition de l'architecture. La section architecture de l'école des Beaux-Arts (le professeur de théorie, la pratique du projet, jury, les concours et l'académie des Beaux-Arts de l'Institut) eS un système qui appartient en fait au système professionnel.

La fin de l'école des Beaux-Arts a laissé ouverte la question de tutelle de l'architecture et celle de son enseignement.

L'étude que nous poursuivons du rapport qu'entretient l'enseignement et la production ou plus globalement du rapport de ce que nous appel°nS l'institution architecturale avec la production de la Norme, montre que cette incertitude sur la tutelle correspond à une incertitude Pr° fonde de l'époque sur la manière de penser l'espace et l'industme et en définitive sur la manière de se penser elle-même.

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Academie de France à RomeJ.P. Alaux - 2 volumes - Editions Duchartre

Nouveau dictionnaire biographique et critique des architectes français par Ch. Bauchal - Paris - André Daly - 1887