Laporte 1917-18 Precis Historique Et Descriptif Du Rit Dominicain

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    Sectio Secunda a r ~ Historica

    DE LITURGIA FF PRAEDICATORUM

    PI CIS HISTORIQUE ET DES RIPTIF DU RIT DOMINICAINVA NT-PROPOS.Le vt mntble Pre Hyacinthe Cormier nous avait ordonn de ro

    cueillir quelques notions sommaires sur les origines de notre liturgie etsur l lllnnnscrit-type o se trouvent nos quatorze livres d Eglise. (1)

    N ayant pu achever ce Prcis avant la mort du saint Gnral, nousnous faisons un devoir filial de le ddier sa chre mmoire.Ces pages sont destines nos jeunes Frres tudiants ou novices;olks Jour viennent d un ancien sons-matre, dont le plus grand bonheura toujours t de les voir aimer ce que notre Ordre a de plus cher:l OHice divin, les oraisons, les saintes tudes et le saint ministre.

    Peut-tre nos secourables Frres Convers liront-ils avec quelque intrU, cette tude sur le rit dominicain. Il ost juste qn ils y trouvent dsla premire page le tmoignage de notre affection et de notre gratitude.Ils ~ o t vraiment les hommes de misricorde, dont le dvouement bienfaisant n est jamais pris en dfaut. Hi viTi mise1 ic01diae sunt, qtwtumpietates non defuerttnt. (Eccli. XLIV. 10.)

    N ons offrons aussi ce m o d e ~ te ouvrage nos vnrables Mres etSccurs Dominicaines. N est-ce pas par l exercice fervent de notre liturgieqn olles attirent sur leurs Frres les bndictions du Ciel?

    Ce Prcis historique et descriptif du rit dominicain tant, pour ainsidire, sans prcdent, ne saurait tre parfait. Son auteur accueillera doncavec reconnaissance les rectifications qu on voudra bien lui signaler.

    (1) Eu dernier lieu le 11 janvier 1916.

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    CHAPITRE PREMIERObservations prliminaires sur la liturgie romaine

    et les liturgies particulires.Avant de rapporter l'hiHtoire du rit dominicain, nous avons cur d'en re

    vendiquer la filiation Apostolique et Romaine. l en porte mille titres irrcusables, que chacun pent rattacher aux originaux grgoriens comme aux souchesd un registre. Nous tenons les faire valoir ds maintenant, pour tablir danstoute sa nettet notre situation liturgique, inexactement dfinie par des crivains l'ordinaire mieux renseigns. Si .nous russissons dissiper dans ces premirespages, deux ou trois prjugs trop enracins, i l nous sera plus facile ensuited'aborder et de continuer notre expos.

    Sans doute, les notions gnrales qu'on va lire seront un peu diffuses; maiselles contribueront allger ce qui les suivra.

    Et puis, soit dit pour le soulagement des hommes occups, personne n'estoblig de s y arrter; le Lecteur pourra sans grand inconvnient passer immdiatement au chapitre intitul Les Frres Prcheurs , .

    Nous emploierons couramment les dnominations de liturgies particulires,lyonnaise, parisienne, cartusienne., carmlitaine, dominicaine , etc. Notons toutefoisque ces dnominations sont de simples manires de parler. En ralit, depuisfort longtemps, l'Eglise latine ne connat plus gure que la liturgie ambrosienne,suivie Milan, et la li turgie romaine, qui rgne p r ~ o u t ailleurs (1).Sans doute, i l Ile rencontre entre les rits de plusieurs glises et les rits ac-tuels de Rome des diffrences accidentelles; mais elles ne portent pas sur ceque le Saint-Sige a toujours considr comme ncessairement propre la liturgie romaine, elles laissent subsister trs visiblement une unit liturgique, qui vajusqu' l'identit. Bien plus: ces diffrences mettent en plus haut relief cetteidentit, parce qu'elles en dmontrent l'universalit. Chaque pays, chaque ordre

    1) La liturgie romaine et l'ambrosienne ont entre elles les plus grandes affinits.La liturgie mozarabe n'est plus clbre que dans de rares chapelles, Tolde, Sville,Grenade et Salamanque.

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    religieux orne d un cadre lui l archtype romain, mais le conserve toujours in-yariable et toujours reconnaissable.

    Laissons ici la parole au cardinal Bona :J ~ a i avanc, crit-il, que les glises d Occident, sauf celle de Milan, ont

    maintenant la Messe romaine. Je tiens le dire de toutes les glises de sculierset de rguliers, mme de celles qui sont en possession d un missel propre.Toutes, en effet, s accordent avec Rome, quant la forme et la disposition

    de la Messe. Elles suivent toutes le mme ordre, la mme srie d actions: Confession Confiteor) Introt, Collecte, Epitre, Graduel, Versets, Trait, Evangile.Symbole, Offertoire, Prface, Canon, Communion, Action de grces (Postcommunion), Conclusion finale. S il en est qui omettent le psaume avant la Confession, ou abrgent la formule de celle-ci, qui fassent du pain et du vin uneobttion unique sous une formule spciale, qui ne disent pas les Eptres et lesEvangiles comme Rome, ou n aient pas les mmes ftes de Saints, qui, pourles processions, les encensements et autres points de moindre importance, s cartent de l usage romain, l est hors de doute que cela n entraiDe pas du tout une

    ldiffrence de rit et ne constitue pas un rit particulier,. 1)Ce que Bona dit ici de la Messe en gnral, Clment VIII l avait dit en

    d autres termes, et appliqu nommment tout le rit dominicain. Venant depublier une dition critique officielle du Brviaire et du Missel romains, ce Papevoulut qu il ft tenu compte de ses corrections et amliorations par ceux-mmesqui n usaient pas du Missel et du Brviaire de S. Pie V. Il ordonna, en consquence, aux Prcheurs de mettre leurs livres d Eglise en harmonie avec le Brviaire, le Diurnal et le Missel romains rcemment parus. Et pour mieux faire

    1} Quod asserui, omnes Ecclesias occidentales, Mediolanensl excepta, Missa romana nunc uti, de Ulis etiam dictum volo quae mlssale proprium habent, sive saeculares sint, sive regulares. Omnes enlm cum Romanis conveniunt in forma et dispotione Missa.e: idem prorsus apud omnes est Canon: idem ordo et eadem series Confessionis,Introltus, Collectarum, Epistolae, Gradualls, Versus vel Tractus, Evangelil, Symboli,Offertorii, Praefatlonls, Canonis, Communionis, Gratiamm u.ctionis et finis. Quod autemallqui omlttant Psa.lmum ante Confessionem, quod fmmulam Confessionis brevio1emhnbeant, quod pa.nem et vinum nnica oblatione offero.nt, quod item oblatio allis ve1bisconcepts. sit, quod diversas a Romanis Bpistolas et Evangelio.legrult, quod n.on easdemfestivltates sanctorum celebrent, qnod in modo procedendJ, thus adolendi et aliis huinsmodl minutiorlb iillab usu 1omo.no discrepent, haec procul dubio nec rltus dlfersitateminducunt, nec r eculiarem eonstituunt 11 Joan. Bona, ll.eru11 liturgicarum, lib.vJj. . V; Antr. Taurin. 1745. tom. 1. n. 114

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    saisir le sens de ses ordres, il prit soin de s p c i f i e ~ que cette conformit entreles livres dominicains et les l ivres romains s accomplirait servato tamen antiq_uopmedicti Ordinis ritu. Le Pape jugeait donc conciliables la liturgie romainepure et l ancien rit dominicain. Un conseil rompos de Religieux de l Ordrefut appel raliser les rformes ordonnes par le Saint-Sige. Elles portrentprincipalement sur les leons du Brviaire, oi il s tait gliss des erreurs de faitsou de dates, des passages apocryphes, des attributions d homlies des auteurssupposs, etc. l\fais ces modifications, si nombreuses qu elles pussent tre, laissaient intact le rit dominicain. En effet, dans toutes les liturgies et, par consquent, dans la ntre, le Lectionnaire a toujours t un lment flottant. Si l on.fait exception de l Ecriture courante et de quelques sermons ou homlies, les leonsvariaient avec les Eglises; la chapelle papale en avait d autres que la basiliquedu Latran. Bien plus: dans un seul et mme B r v i ~ i r e , pour un seul et mmeoffice, autres taient les leons conventuelles, autres celles des clercs qui rcitaient l office en particulier. Si donc en 1604 on substitua des leons nouvelles des leons plus rcentes elles-mmes que celles du 13 sicle, la liturgie do-minicaine n en souffrit aucune altration. t

    Une autre modification porta sur l Epistolier et l Evangliaire. Ils diffraientparfois de ceux de S. Pie V. On les unifia avec ces derniers. L unification sembleavoir t dsire par l Ordre lui-mme (Quod Sctnctissirno Domino Nost1 o le-menti VIII gratum esse cognovimus, q_uodque votis fere omnium expetebatur,dit le Gnral Xavierre, dans la lettre qu il plaa en tte du missel de 1604).D ailleurs, notre ancien Epistolier et notre ancien Evangliaire taient d origineromaine. Nous reviendrons plus loin sur ce sujet, et exposerons les motifs quifiren b accueillir avec faveur cette modification, sollicite auparavant par plusieursglises (celle de Lyon entre autres) qui se trouvaient dans le mme cas. Alorspeut-tre disparut un usage autrefois trs rpandu et suivi jusqu au 136 sicledans les basiliques romaines: Pendant la semaine de Pques, les vpres commenaient par Kyrie eleison; l antienne aprs ls psaumes tait suivie du Graduel,de l Alleluia et (les trois premiers jours) de la Squence de la :Messe. Cet usageinscrit tout au long dans le Brviaire dominicain de 1597 ne se trouve plus danscelui de 1604.

    L Office ecclsiastique de l Ordre, revu et rendu conforme au Missel et auB r v i a i r e ~ romains fut prsent Clment VIII, qui l a p p r o u v a ~ . 9 f f i c i e l l e m e n t . Laromanisation de notre liturgie tait a c c o m p l i ~ e}

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    rout compte fait, elle se rduisit laisser le rit dominicain tel, peu des qu'il tait smti des mains dn bienheureux Humbert en 1256, avecL ~ b o l ' pre '

    lie rubriques et sos crmonies. Le Pape y reconnaissait donc la liturgie ro-waine (1 .

    l s'est pass de notre temps un fait, que nous croyons devoir rapporter. On8 une preuve de plus que les rits particuliers d'une glise ne l'empchenty verr,as ,le possder Je llomair pur.1 Pie IX 11yant rsolu d'abolir les rits nogallicans, l'glise de Lyon fut in

    vite laisser de ct son Brviaire et son l\iissel pour embrasser la liturgieromaine. ({raud moi dans cet illustre diocse: Y pensez-vous Trs Saint-Pre?Snpprimef une liturgie remontant presque aux ges apostoliques, venue du curde s. Irne; une liturgie que Charlemagne avait pargne, lorsqu'il tablit la

    tl) Pom peu qu'ou pse les expressions du bref, on reconnatra qu'elles ne sontpns seulement dlBI)OSitives ou approbatives,. mais aussi narratives: Cum, sicut accepimnH, in cnpitnlo geneJ ILii tui Ordinis Fmtrum Praedicatornm anno proxime pl aetelto 16lll lu Urbe celebrato, resolutum fueJ it ut libri chorales, Missale, Breviarium,Diurnum et reliilul, quibtts Rellgiosi dicti Ordinis utuutur, adnormam et praescriptum

    M 1 6 ~ u l l ~ Drcvimii et D.imnl Romani, prout Nos cupere ex relatione dilecti filii NostriCMsuris 'l'itnli Sanctorum Netei et Achillei Presbyteri Cardinalis Baronii nuncupati,in l'odem Cltpltulo generall Apostolici Praesidentis, eidem capitula significatum fuerat:pn1ecipne qnoa Apost.olicatenore p1aesentium perpetua approbumus et confirmamus .. Datum Romae apud S. Petrum snb Annlo Piscatoris die 2 Aprilis 1602. Pontificatus nostri Anno undecimo.M Vestrins Barbianus , . .1llissal. 0Td. P1aed. 1604. Dans ce lJref, le Pape nous apprend :Lo qu'il avait chlll'g Baronius d'Inviter leChapitre gurr.l conformer les livres liturgiques de l'Ordre cenx de l'Eglise romaine nouvellement revus, corrigs et. publis. Il 'signale eu particulier l'ordonntmcedes E p ~ r e s -et des Evangiles, qui devra tre la mme dans les deux rlts. Il clcla.reexpressment que cette rforme se fera sans changer le rit ancien et jusqu'alorsexistant des Frres Prcheurs. Baronius avait donc reu ces instructions avant de se

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    liturgie romaine dans le reste de son empire 11 - La liturgie lyonnaise, dans saforme actuelle, rpliqua Pie IX, n'aurait-elle pas plutt jailli du cur de Monsieurde Montazet? , (Monsieur de Montazet, archevque de Lyon (1758-88) prlatteint de jansnisme, avait ravag la vnrable liturgie lyonnaise et l'avait remplace par une autre la mode de Paris). Par respect toutefois pour le nom deS. Irne, et pour la pit universellement connue des Lyonnais, le Saint-Sigesoumit un examen loyal et bienveillant les livres de l'glise de Lyon antrieurs l\fonsieur de Montazet; et l 'on dcouvrit, en les comparant ceux de Rome,qu'ils constituaient, non une liturgie grcolatine, mais une liturgie romaine dela plus belle eau. La liturgie attribue S. Irne et prfre pour ce motif celle de S. Grgoire, n'tait pas de S. Irne, mais de S. Grgoire .lui-mme.

    rendre au chapitre, et l devait en faire part au dfinitoire, qui n'avait pas prsenterd'observations sur une abolition de rit qui ne lui tait pas impose.Le Pape nous apprend 2 que l'ordre donn par lui de conformer nos livres ceux cle h liturgie romaine avait t accept avec soumission par le chapitre etexcut diligemment par la suite; l ne fait pas la moindre allusion une ::-equte enfo.vem du maintien du rit dominicain. l'lions croyons qu' Echard en racontant queBaronins avait intim a.T chapitre gnral l'abolition de la liturgie dominJea.ine a donn

    une interp1tation excessive, vohe mme fausse la pense do Clment VIII, et n'o.pas pris garde au correctif si concluant: servato t men antirp.w prfledicti Ordinis ritu.Ce qui l snlte clairement de ce bref, c'est que la. liturgie domhcaine y a t confirme une fois de plus par le Sige Apostolique. Parmi les savants qui tlavaill1entalors la rvision de nos liVI eS d'Eglise, Echa.rd cite Ma.lvenda., Script. Ord. P1ae.,tom. 2, p. 455. Outr les rapports de ces liturgistes, le Gnral Xavierre demandal'avis des savants qui pouvaient l'clairer: Adhibitis .. aliquot plis et doctis viris,inspectis antiquissimis et fidelissimis exemplaribus, vars hac re habitis consulto.tionibus, exspectatis auditisque omnium ferme provincia.rum sententiis,quatum Provinciales ut ipsi ernditol Um Fratrum opera usi, ad nos nota.tudigna perscriberent, opportuuis lltteris praemonuimus , . Missal. o.nnl 1604.Pour nous en tenir au Missel, disons que l'dition donne pa.r Xavierre est une desplus utiles consulter. Elle contraste avantageusement avec celle de Beccaria, o lerubriciste Castrucci avait laiss libre cours sa fantaisie (1595). Elle reproduit plusfidlement l'Ordinaire que plusieurs des suivantes. Les gnuflexions y sont plus rares,et le ct de l'Ept re y est encore dsign le plus souvent sous la dnomination dep rs de:ctma presbyterii etc., etc.Ce qui ferait croire que Clment VIII ne tenait pas autrement .lmposer le Brviaire et le Missel romains ceux qui en avaient un propre, c'est le bref qv'll adressait aux Oa.rmes cinq jours aprs celui qu'on vient de lire. Cl.ment VIII lesautorise nommer une commission charge de revoir leur Brviah-e et de le coniger. d pr edicti nooi Brevimii 1omani no1 Tnam. Il n'y est pas fait mention des Eptres et des Evangiles, sans doute parce que les Carmes ne :firent pas alors approuverleur Missel. Aujourd'hui encore ils suivent les Epistoliers et Evangliaires d'autrefois.

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    La liturgie que les Lyonnais refusaient t'Wminalement de recevoir tait en raliteelle qu'ils appelaient de tous leurs voeux. Monseigneur de Conny, aprs avoiranalys dans l plus menu dtail les anciennes ditions du Missel de Lyon et y

    reconnu le Romain authentique, crivait ces paroles: Faut-il dire qu'il estavoar tus confonne au.'t .livres grgoriens que le Missel romain lui-mme? Cela ne devraitas surprendre. On conoit, en effet, que l'Eglise romaine, dont ces livres taient

    Jo patrimoine, ait pris, pour les adapter aux usages de la discipline moderne, une.certaine libert; tandis qu'il convenait une glise particulire de se tenir vis-vis de ce dpt dans une beaucoup plus grande rserve. Or, c'est la gloire del'Eglise de Lyon de l'avoir compris (1).

    En 186- le diocse de J .yon rentru en possession de sa vraie liturgie, la.Romaine grgorienne, et de ses anciens usages, dont ceux des Frres Prcheursse rapprochent frquemment.

    CHAPITRE DEUXIME.Comment distinguer ce qui appartient la liturgie romainede ce qui est particulier aux diverses liturgies.

    Etant admis que les usages d'une glise ou d'un ordre religieux peuventtrs bien se concilier avec la liturgie romaine, voire mme se combiner avec elle,sans en ternir la puret, examinons c ~ m m e n t dans un rit donn, il est possiblede distinguer ce qui est particulier ce rit de ce qui est vniment romain. Leprocd d'examen est simple et facile: Comparez les livres de ce rit avec ceuxqui sont estims comme authentiquement romains grgoriens. Sans faire ici debibliographie, i l Ruffira de consulter surtout le Sacramentaire, le Graduel et l'Antiphonaire grgoriens. La comparaison doit porter principalement sur l'Ordinairede la l\Iesse et le Propre du Temps.

    (1) E CONNY, Recherches sur l'abolition de la liturgie antique dans l'Eglise deLyon, 1859. N'ayant pu nous procurer l'dition originale de ce :Mmoire si important,non seulement pour l'histoire de la liturgie lyonD11Ise, mais OllCOl'O pour l'histoiredes liturgies de famille romaine, comme la ntte, nous Jo citons d'aprs lo. LU rgiagallicana ne' primi otto secoU; osservazioni st01ico-critiche d un sacerdote romanole Lazariste Marchesi) in occasione del rit01no della Ghiesa di Lione alt' anticaaua litwgia. Tom. 2, Roma, 18671 p. 283. Nous n'entendons citer ici que .Mgr. deConny.

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    1 Le Sacramentaire comprenait les formules sacres chantes ou rcitespar i Evque ou le Prtre dans la .clbration des saints mystres (oraisons, prfaces, canon, etc.) dans l administration des sacrements, les bendictions, etc. Lesparties chantes par le chur, l Epitre et l Evangiie ne s y trouvaient pas,parce qu ils n taient pas rcits par le prtre officiant. Si aujourd hui dansles livres des diffrentes glises on ne trouve pas toujours la mme oraisonpour le mme office, cela, tient ce que le Sacramentaire en offrait plusieurs,entre lesquelles chaque glise a fait son choix. On trouve assez frquemmentaprs les oraisons d une :Messe le titre lia oratio rpt sur des oraisonsdiverses; ou bien, aprs l indication de l glise o doit avoir lieu une station,on lit d abord: Stpe1 collectam, ~ ; t plus loin: d missam. Un exemple: Le jourde l Assomption, le Sacramentaire romain donne. en premier lieu l'oraison supercollectam: Venen.tnda nobis., puis l'oraison ad missam: Famulontm tuo1um.Le fait se concoit tout naturellement, si l on se rappelle que ce jour-l, le clerg'et le peuple s assemblaient S. Adrien, } OUr se rendre Sainte 1\iarie-l\fajeure,o devait se clbrer la J\fesse solennelle. Avant do quitter Raint-Adrien, l'oraisonVenemnda nois, se disait sur l'assemble super collectam); la :Messe, clbre S. :Marie-.Maieure, le Pape chantait l oraison Fam1tlorum tum-um. Plus tardl usage de s assembler dans une glise pour se rendre processionnellement uneautre disparut, et l on se vit en prsence de deux oraisons pour une. Ici on optapour l'oraison Famu.lorum t1.wrum, l pour l'oraison Veneranda .nobis. Des deuxcts, chacun avait pour soi le Sacramen ttire romain. Mme observation pour unautre cas: Aux premires vpres des ftes vigiles, les uns disaient l'oraison dela vigile (ils appelaient cette oraison pniparatoire); les autres disaient colle dosLaudes de la fte: encore deux usages puiss la mme source de S. Grgoire.

    Le Sacramentaire est la porte de tous les lecteurs. Il sert gnralementd appendice aux uvres de S. Grgoire-le-Grand. Comme livre de liturgie pratique, le Sacramentaire grgorien a cess de paratre i s o l r ~ e n t il a t vrspartie dans le Missel, partie dans le Pontifical et partie dans le Rituel; marssous une forme ou sous une autre, il est un tmoin indispensable de la liturgieromaine, et sert dmontrer la fidlit de notre Ordre aux saines traditionsde la :Mre de toutes les glises.

    2 Le Graduel cu ntiplwnale illissarum contient ce que la churchante pendant la Messe solennelle part quelques variantes sans importance,il est le mme dans l immense majorit des glises et des ordres religieux tant

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    les parties qu'il reproduit du Sacramentaire et du Graduel; l peut servir destudes de liturgies compares sur le Propre du Temps, l Ordinaire et le Canon.

    Le Brviaire romain, comme le Missel, a pris place un peu tard dans labibliothque liturgique. Il peut rendre pour l examen comparatif des livres del'Office divin les mmes services que le Missel romain pour ceux de la M ~ s s edeux rserves, toutefois s imposent:

    1o Les leonf;l du Brviaire romain ayant vari maintes fois, comme cellesdes autres Brviaires, il n y a pas en tenir compte dans un examen comparatif.

    2 Il existait Rome deux Offices liturgiques: l un dit e l Eglise romaine,suivi dans les basiliques, l autre dit selon la coutume e la Ourie ou Courromaine suivi a la chapelle du Palais Apostolique. L Office e l Eglise romainetait plus complet et se clbrait avec la ponctualit la plus difiante. Nous yrelevons quelques particularits: Pendant le Carme Tierce, Sexte et None,on disait de grands Rpons; pendant la semaine de Pques, les psaumes dunocturne variaient chaque jour et les vpres commenaient par le chant duKyrie eleison., les ftes de neuf leons, sans tre rares, taient mo.ins frquentes,etc., etc. Les glises particulires, les ordtes religieux, et parmi eux celui deS. Dominique calqurent leurs liturgies sur celle de l Eglise 1omaine 1). Seull ordre de S. Franois adopta l'Office de la Cmie.

    Le Patriarche des Mineurs dans sa premire Rgle avait ordonn ses en:fants de faire l'Office comme les clercs. Il prcisa dans sa seconde Rgle, et leur

    (1) Les caractristiques de l'office basilical dcrites par Raoul de Tongres se retrouvent, en bonne partie du moins, dans la litmgie doJJ.liniea.iue: In antlphonariisantiquis romanis habetur cantns de sanctis Nicolao, Sebastiano, .hiauritio, et reflponsoriamagna ad Tertiam, Sextam et Nonam in Quadragesima, et Psalmi dominicales ad vigiliam in hebdomada paschali divisi (c'est--dire que, au nocturne pendant la semaine dePques on disait trois par trois les psaumes assigns aux nocturnes du dimanche pmannum, tandis que la Curie disait toute la semaine invariablement le premier, lesecond et Je troisime psaumes) et vesperae paschales per I{y1ie eleison ordinatae .. ,(Radulphi Decani Tungr. e Canonum obse1 vantia lib. Proposit. XXII . apud Rit-torp. De cath.olicae Ecclesiae divinis offic. Romae 1591. p. 664). Nous avons toujourseu l'office propre de S. Nicolas; celui de S. Sbastien se trouvait dans l J brviairedominicain antrieur la rforme du B Humbert. Plusieurs autres coutumes franchement romaines ont t conserves chez nous, entre autres celles de laver les autelsle Jeudi-Saint et de dire aux funrailles des psaumes entremls d' allocutions , etd'oraisons. Sur le lavement des autels voir : Jo. Christoph. Battelli Ritus annuae

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    t de se conformer en cela l 'Eglise romaine. L'usage de la Curie et celuieDJOignldes basiliques semblant rpondre galement la prescription de leur Rgle, lesFranciscains se dcidrent pour le premier et se mirent en devoir de se procurer

    1 On correcte des livres de la Curie. L'entreprise tait plus ardue qu'on neune el'aurait cru de prime abord. Les usages de la chapelle pontificale n'avaient pastoute la fixit dsirable. C'est que la Curie romaine surcharge d'affaires abrgeait ou changeait son Office en raison de ses occupations; elle avait mme supprim d'emble des coutumes moins essentielles. E t puis, elle se dplaait constamment: un jour Rome ou Viterbe, un autre jour elle tait Anagni, Riti 011 Prouse. Pour se faire une ide de ces alles et venues, i l n'y a qu'aouvrir le Bullaire et jeter un coup d'uil sur les dates des lettres pontificalesexpdies au cours du 13e sicle (1). Dans ces condition , le clerg palatin nep(nl\'ait marcher de pair avec ceux du Latran ou du Vatican.

    Une antre cause rendait difficile l'adaptation de l'Office de la Curie l'ordre des frres Mineurs. Cet Office jusqu'alors concentr dans le palais du Papeet clbr avec un crmonial raffin, devrait dsormais se produire dans desmilieux bien diffrents et s'accommoder aux vicissitudes les plus imprvues del'existence franciscaine. La tentative n'effraya pa.s les Mineurs; ils essayrent

    ablufionls alta1 1:s rnajoris sacrosanctae basilicae Vaticanae in die Cenae Domini ex pli-ca ac illustrctltts. Romae 1702. - Non content de mentionner les Ordres romainsBattelli cite in etenso le Processional dominicain, et montre que le rit de laver lesautels Jo Jeudi-So.int tait peu prs gnral. Notons ici que dans presque touscouvenls, le Jeudi-Saint et le Vendredi-Saint, on procde au nettoyag-e de l'g-lise etde la maison, qui, le saint jour de Pques, doivent tre toutes reluisantes de propret.

    ~ u r les usages funraires mentionns ci-dessus, voir: MAbillon .JM.usei italici tom. II.(Paris, 1684). Ord. Rom X Ordo sepeliendi clericos fraternitatis romanae, pag-. 116 etpag. 117. Cet office de spulture se trouve tout au long dans le sacramentaire g-rgorien de Fulda, codex attribu au Xe sicle et publi Fulda en 1912 pa.r Richterct :Sehoenfelder, pag, 303 et seq. ~ a r allocutions l faut entendre certaines parolesque le clbrant adresse l'assistance avant quelques oraisons, ainsi : " Piae recordationis affectu fratres charissimi .. , . On retrouve ces anciens rits chez les Cisterciensles Prmontrs et les Chartreux, ils taient pratiqus au moyenge Paris et figuraient encore en 1561 dans le Sacerdotale romanum

    1) Nam olim qnando Romani Pontifiees apud Lateranum residebant, in eorumCapella servabatur romanum officium non ita complete sieut in aliis Urbis ecclesiiscollegiatis. Immo clerici capellares, sive de mandato Papae, sive ex se, officiumromanum semper breviobant et saepe alterabant, prout domino Papae et Cardinalibuscongruebat observandum , . (Ibidem).

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    cette liturgie aulique dans toutes les conditions possibles, la ptrirent pour ainsidire, la propagrent et l' mplanternt dans le monde entier (1).

    Tandis que la Curie et l'ordre sraphique usaient dans la clbration de l'Of-fice d'un mode plus expditif, les basiliques continuaient de donner toute sonampleur la liturgie de l'Eglise romaine. 11 n'en rsultait aucun dualisme; c'-tait simple affaire de plus ou de moins.

    En 1277 le Pape Nicolas III , grand ami et protecteur des Frres :iHineursimposa aux glises de Rome les livres liturgiques de la Curie, revus et mis

    1) Le 7 juin 1241 Grgoire IX crivait: Gregorius episcopus servus servornlllDei. Dilectis filiis Generali l\Iinistro et universis fratribus ordinis fratrum Minorulllpraesentes literas inspecturis salutem et apostolicam benedictionem. Pio vestro collegio,quod sibi libenter thesaurmn quietae conscientiae thesaul'izat, id gratiae digne conce-dimns, quod ab eo finctum mentis excutiat, et ipsum in spiritus tranquillitate dispona[Vestrae itaque precibus devotionis inducti, ut observantia moderni divini of.ficii quodin breviariis vestris exacta diligentia cmrectum a nobis ex statuto regulae vestraeiuxta ecclcsiae romanae morem, exc:.epto ,psaltel'io, celebrare debet.is, sitis contenti per-petua, necnon nt si aliqni veRtrnm divino inte1sunt officia cum aliis celebrn.ntes, tun::eis illud sufticiat, et ad dicendum offi.cium proprium minime teueantur vobis aucto-ritate praesentium indulgemus. Nulli ergo omuino hominum .. _Datum Laterani vij.idus iunii, pontificatus nostl'i anno quinto deeimo . (F innament. t1ium ord. beatissimi pat1is nostri F1anc-isci, an. 1511, secundae pa.rtis tracta.tu ij. fol. lvj. verso).

    GrgoireIX semble insinuer que la correction du brviaire :franciscain c h e v ~ e n 1 2 4 1n'avait pas remport l'approbation unanime des Frres :Mineurs. Ces exhorta1;ions setenir la conscience en repos et se contenter d'un Office, dont le Pape prend sur luimme, bon escient, la responsabilit, dnotent une certaine anxit dans les esprits.Innocent IV ordonna un important remaniement des livres fra.nc.iscains. Le GnralHaymou s'y employa avec tant de succs, que le Pape l'approuva, dit un auteur, nonseulement pour l'ordre des .l\iineurs, mais encore pour la Cul'ie l'Omaine. FraterHaymo de Faversham, Anglicus d'a}>rs un continuateur de Thomas d'l

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    d ar les 1ils de S. 1 '1-ancois. Les livres qui . avaient fait loi dans lesn or re p 'basiliques de a ville furent remplacs par des livres romano-sraphiques, et plu-t nettement romaines disparurent par le fait seul de cette sub-sicurs ron mn es

    stitution. 1La mesure prise par Nicolas n atteignant que les les glises de Rome,

    les usages romains Y abolis furent maintenus ailleurs, en France notamment. Ilsc produisit depuis un trange ]Jbnomne d oubli des originf>s liturgiques, dontnous sommes nous mmes tmoins.

    gMiaire, le Calendrier, le Oollectaire, la Rgle et les Constitutions soigneusement cor~ i g s . dunent versets, avec les circonfl.exions. Ce travail une fois fait sur les livresdt; cou \'eut de Ste Sabine (le Couvent de Rome, comme on l'appela-it), devait trereprodnit c1nns tons les couvents de la Province. Le sa.int Provincial ordonna chacunde:; frres qui crivaient lisiblement, moins qu'il n en ft empch par la prdication,de fa\rn mw copie de l'office de la spulture, et aux prieurs de faire faire pour lesfun(rr.iiie,; des religieux autant d'toles blanches qu'il y avait de prtres dans leurscouvent;; respectifs. Frre Ambroise et frre Humbert de Panzano furent chargs defnirl'. sous ln direction du Provincial, le Lectionnaire. " Ininngimus fratri petro lectoriet ~ u p p r i o r i llo[mano] in remissionom omnium pecco.torum ut ipsi omnes epistolas etennng;r>lia. KalDnilarium. reg-ulam. oonstitutiones. capitula. orationes et collectas (ilmalliJIItl no mot] et possmodum (sic) diligenter corrigant et uersiculent et punctentsecuudnm pnncta debita et circumfl.exiones in libris conuentns ro[maui]. secundumqnorum exe llplnm per totam prouincium libri similes corrigo.ntur. uersiculentu::: etpnnctt>ntnr . Qnilibet frater. preter predicatorem. qui scit scribere de littera campetenter legibili, scribat unum libellmn de officio sepulture. Et priores ministrent pergamennm. Qui libelli reponantnr in sacristia. Item priores pronideant tot stol as albasin conuentn r1uot snnt sacerdotes et hoc totum fiat infra pasca .. Fratri ambrosio etfratri vmberto de pauzano commictimus ut de consilio prouincie (sic) sine diuisimsiue iusiuml faciaut vnum libellnm qui dicatnr lectionu.rium tam de tempore quarode f e ~ t i s . Qui postqnmn fuel'it diligenter correptns, uersiculatus. pnnctatus : accipiaturah nliis connentibuset scrihntnr , . (Archives de l'Ordre. Act. ca1Jit. gene1 Ctl. et capit.}Jt OV, t um eup. prov. tnno 1244 Roma celebr. Cod. florent. pergam. saec. XIII.) Lesmots " de consilio prouincie , sont videmment un lapsu., pour " de consilio prouincinlis ,. Le B. Humbert avait pour proches voisins Sainte Sabine ses amis les Prmontrtis tablis S. Alexis depuis 1231. Il put faire souhait pendant son sjour enItalie des tudes de liturgies compares. Nous n avons pu nous empcher de saisit au

    p ~ s g e eette concidence eutre la t'fOlme franciscaine du brviaire de la Curie etla rforme de l'Office domiuicain. Le fait est d autant plus notable, qu'il met dslor:> (1243 et 1244) en pleine vidence l initiative liturgique du B. Humbert. Les livres"verset1is, dont l a t parl plus haut, taient ceux qui portaient certains signesindiqnant l abaissement ou l'lvation de la voix: puncta depressa, ci?cumfle:ca ouelet aia) dans le chant des psaumes et des leons. L usage de porter des toles blanches aux funrailles des religieux existait encore Naples au commencement du19 sicle, comme eu fait foi Cassitto, Liturgia domenicana, Tom. II, pag, 190.

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    - 1 6Les liturgies particulires du moyen-ge, toutes antrieures au pontificat de

    Nicolas III, avaient reu leurs rita directement des basiliques de Rome, deapoques o celles-ci gardaient encore en leur entier les formes grgoriennes. Pourjuger sainement de la conformit de ces liturgies avec la Romaine pure, l fallait comparer leurs livres avec ceux de Rome qui leur avaient servi de modles(comme cela se fit sagement pour la liturgie lyonnaise); on y aurait retrouvmaints usages romains de cration pontificale, dont il ne reste pas trace dansle Brviaire de la Curie ni dans celui de S. Pie V, tandis que les liturgiesparticulires les ont pieusement conservs. Qu est-il advenu? Au lieu de suivrecette marche loyale et naturelle, des censeurs sans comptence ni mandat ont faitla comparaison des liturgies particulires, (solennellement approuves elles aussipar l Eglise) avec la liturgie de la Curie, o n ayant pas trouv des lmentsromains qui en avaient t enlevs, ils ont vu dans ce qui venait du Saint-Sigeun relief gallican antrieur Charlemagne, un vieux levain gtant la pure panification grgorienne.

    La liturgie dominicaine compltement forme et expressment reconnue parClment IV une dizaine d annes avant le pontificat de Nicolas III, ne fut pasvise par ce dernier Pape dans le dcret qui imposait aux glises urbaines leBrviaire de la Curie. Elle retint donc les rits anciens, qu elle avait emprunts l Eglise romaine, et se les assimila sans les altrer. Encore mieux: elle ne tardapas faire cole. Avec l agrment des Souverains Pontifes, l ordre l eutoniqueadapta notre liturgie non seulement aux exigences de ses commanderies et hpitaux, mais encore celles de plusieurs cathdrales, dont les vques taienttoujours choisis dans ses rangs.

    Les chanoines rguliers de Sainte Croix usl ent longtemps, du Brviaire etdu Missel dominicains, se contentant d y joindre des appendices. Ni le SaintPre Nicolas III, ni ses successeurs ne trouvrent mauvais le maintien de coutumes qui avaient t suivies jadis dans leur ville sainte.

    C est que l Eglise de Jsus-Christ, mm lorsqu elle laisse tomber en dsutude certaines pratiques dont elle est l auteur, n aime pas en effacer les vestiges. Comme son divin Fondateur, elle ne hait aucune de ses uvres. Ceci soitdit uniquement pour dfendre la liturgie dominicaine d tre un produit hybridemi-romain mi-gallican, et pour montrer que le silence du Brviaire de la Curieet du Bl viaire de S Pie V n autorise pas cette opinion trop accrdite.

    A suivre).l r ~ Fr. V. L.1 O P

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    DE LITURGIA FF PRAEDICATORUM

    PR IS HISTORIQUE ET DESCRIPTIF U RIT DOMINICAIN

    CHAPITRE DEUXIME suite).La nature de ce Prcis ne permettant pas de prouver ici la conformit des

    utres liturgies la liturgie romaine, nous laisserons les amateurs se livrer euxmmes ce travail intressant. De nombreuses publications l ont rendu plus facilequ jamais. Dieu veuille susciter quelque patient Bndictin, qui nous donne une

    description synoptique de toutes les liturgies grgoriennesPour nous borner ce qui touche le rit dominicain, disons que la comparai

    son de dtail qui a t faite de notre Missel, de notre Graduel, et de notre Anti-.phonaire avec le Sacramentaire, le Missel, le Graduel et l Antiphonaire romainsdmontre l identit des deux liturgies.A part de minimes exceptions, justifies par les conditions des temps et deslieux, ou par de rares variantes, qui se rencontrent entre des manuscrits romainsd gale autorit, les collectes, secrtes et postcommunions de notre Missel sont

    celles, qui se lisent en premire place dans le Sacramentaire et .le Missel romains;ce qui constitue la plus grande prsomption en faveur de leur origine purementgrgorienne. (Il s agit, bien entendu, des Messes du Temps ou de Messes de Saints rs anciennes).Notre Graduel, compar aux ditions avec paroles seule (donnes par lesBndictins et le bienheureux Cardinal Tommasi) de l Antiphonale Missarum grgorien, le.ur est conforme dans la majorit des cas. On voudra bien toutefois serappeler ce qui a dj t dit des Alleluia de la Messe, ainsi que des rpons etantiennes de l Office, qui offrent une certaine varit, soit cause de la surabondance des textes et des mlodies, soit cause de la libert du choix laisse auxsolistes dans l usage de leur allluiaire, libert qui s tend parfois aux rponsgraduels.

    Les savants du dix-septime et du dix-huitime sicles, l est vrai, aprsavoir mis en lumire l aspect rituel de la liturgie romaine, se sont arrts la

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    moiti du travail, sans pratiquer la moindre ouverture sur le point de vue m1.1sicalde l'uvre grgorienne. :j

    Maix, Dieu merci, la lacune a t remplie. Dans les neumes accents, o leepremiers chercheurs n'avaient vu que des hiroglyphes indchiffrables, d'autres ontreconnu la musique sacre, laquelle le nom du grand S. Grgoire est rest nonmoins indissolublement attach qu'aux autres recueils liturgiques officiels. Et leeFrres-Prcheurs se sont affermis dans la conviction que, depuis les premiel lltemps de l'Ordre jusqu'aux ntres, 1a mlodie romaine s'tait conserve chez:.eux dans sa forme authentique.

    Inutile cependant de le dissimuler: dans des cercles de grgorianisants puri'i l y en a qui, dans leur forme primitive sont fort hel es, bien rythmes et trs chan :tantes, mais dont l'application laisse dsirer. Cela est vrai surtout des mlodies com

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    1 lsses sans une rponse, rponse non seulement verbale, mais encore c ~ t e .trt a t ta manent. Ne vaut-il pas mieux vider une bonne fois cesy lla v o l t ~ s c r ~ p. fatigantes que d y revenir sans cesse? Du reste, le Lecteur est le maitrequet uons . . ce qui serait pour lut sans mteret.de p IS8er . . Ouvrons maintenant le cahter o sont consignees les dolances motiyes parGraduel et notre Antiphonaire.ootre .

    ~ ; p r e m i r e m e n t , disent les censeurs, certaines figures de notes: comme leili8ma et le strophicus, m ~ q u e n t dans les livres dominicains, et pourtam; elles

    ~ l n d e n t dans les manuscrits les plus anciens. N eftt-il pas t propos de lesreproduire, comme .l ont fait les Bndictins? .

    n est vrai que le quilisma et le strophicu.s ne figurent ni dans nos origioaux,ni dans les livres d glise que nous avons imprims aprs les ditions critiques des Bndictins.

    Nous en avons agi ainsi, d abord par respect pour l ar

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    viner noua laiaae sana proccupation sur ce qui noua chappe. Et puis, comme 0qva le voir, l'admission dans nos livres du quilisma et du strophicus serait d'uneopportunit plus que problmatique. En tout cas, notre archtype, ddaign priori, est un spcimen ai intressant de l'tat du chant grgorien au treizirn. esicle, qu'il doit tre reproduit tel quel, sans les superftations archaiques qu'onvoudrait y ajouter. Elles lui feraient perdre sa valeur intrinsque, et les critiquesvraiment judicieux seraient tout les premiers rprouver l incorrection duprocd.

    Mais, comme l est permis aux personnes les mieux instruites de ne pasavoir entendu parler du quilisma et du stropkicus, nous tcherons d'en donnerune ide approximative.

    Dans les manuscrits, nots sans lignes, ou, comme l'o: dit encore, in c mpoaperto (en libre champ), le quilisma est figur par deux ou trois spirales trn-ces d ~ g u c h e droite. Certain auteur enseigne qu'il s'excute sur un seul degr6et ressemble au son trembl du cor ou de la trompe j mais la plupart des autressemblent lui reconnatre pour caractristique une l g ~ circonvolution, d'o: ladnomination de nota volubilis et gradata, qui lui est assez communment appli-que (Cf. Graduale sacrosanctae Romanae Eccl. ed. vatic. De notularum cantuafiguris et usu, n. 5 ). Jrme de Moravie, Dominicain du treizime sicle l'appelle

    fleur d'harmonie flos karmonicus),, et le dfinit une vibration grcieuse, t i ~rapide et procellaire du son ou de la voix. st autem flos karmonicus deorvocis sive soni et celerrima procellarisque vibratio , .

    Pour plus de concision, nous traduisons procellaris par procellaire et pro-cella par procelle, ces mots tant pris ici dans un sens htroclite inconnu auxlexicographes, mais dont notre musicologue va nous donner lui mme l'intelli-gence. Tandis que, d'aprs tous les vocabulaires, le mot procella signifie un venti m p t u e ~ x prcurseur de l'orage, ou, plus souvent encore, l'orage dans toute saviolence, la pluie, la grle, les clairs, le tonnerre, le tourbillon, l'irritation deaflots, pour le cher Pre Jrme la procella n'est que le mouvement en a.vant del'eau, le cou: normal d'une rivire. Le vent procellaire, tel qu'il l'entend, nesouffie pas en tempte; tout au contraire; c'est une brise lgre, qui vient rideren douceur la face de la procelle ou eau courante, sans en conhrarier l'allure. Lanote ou vibration procellaire, le quilisma en un mot, produit sur la voix du

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    t t: i mme effet que la brise sur l'eau, elle imprime la modulation unchnn eu , bi t. de mouvement, qui ne trouble pas le rythme (2).,eUI R 1 comparaison du quilisma un vent doux, qui fait- onduler l'eau de la,a. .

    . sans en ralentir le cours, s'applique ici au plain-chant avec plus de jura\'1 re,' encore qu' la musique mesure. On en conclura que ce groupe n'est passtt 88v .

    110 lment essentiel du rythme grgorien, mais un pur effet ou artifice de voix,roement de passage laiss plus ou moins la virtuosit des excutants. Tantno u quo l'on se contenta de noter sans lignes les chants liturgiques, en: tenant compte

    uniquement du groupement deliJ_sons, sans en prciser le degr diatonique, le quilinntl ~ e p r s e n t par des spirales ou volutes, signes parlant plus la vue qu'J'ooYc, fut prodigu dans les manuscrits; mais ds que la porte fut venue as-

    (2) "Procellariij dicitur eo quod procella fluminis aura levi agitata sine aquae interruptione, sic nota. procellaris in cantu fieri debet cum apparentia quidem motus,absq_ne ta.men soni vel vocis interruptione , . (Hieron. a liorav. T-ract. de ..i ,{usica .

    Le latin de Jrme de Moravie ne doit pas surprendre le lecteur. L'thymologie, donl e du ter.me procella n'est pas sanctionne par les crivains classiques; mais,00 qui vaut peut-tre mieux, elle est fonde en philologie raisonne. Ayez la bont deprendre un lexique latin d'une certaine tendue, celui de Forcellini, par exemple. Al'article procella l est vrai, vous ne trouverez pas ce mot pris dans le sens de mouvement de l'eau en avant,. Alors, veuillez passer l'article suivant: procello procellcre; vous y trouverez que ce verbe, sons la forme rflchie procellere se signifie " se1nouvolr en avant; movere se in partem anteriorem , tout comme l'eau courante ouprot:ella du Pre Jrme. (Cf. Forcellini. Totius latinitat leic. v.is Procella et Pro-ctdlo . Il est noter que Jean de Gnes, dans son Catholicon ou Somme de littrature prceptive, achev en -1286, aux articles P.rocella et Procello ne fait pas lamoindre allusion l'interprtation donne ces mots par Jrme de Moravie, ce quiindiquerait qu'elle n'tait pas universellement reue. Cependant l fait driver procellade procello.

    Puisque le nom de Jrme de Moravie se rencontre ici, nous croyons faire plaisir noa jeunes Frres, en leur racontant une histoire aujourd'hui presque oublie; nousla tenons de ses premiers acte1,1rs.

    Quand l'Ordre de S. Dominique se rtablit en France, l ne fut pas trs ais de6rouver des livres de chant dominica.in. Pour rpondre au besoin qui s'en faisait sentirun peu partout, le bien mritant Pre Pie Bernard publia le Graduel, qu'il intitula.O,.ntus Missarum d'aprs des manuscrits conservs Gand, mais venus de Bois-le-DucOn disait que, en des jours mauvais, ils avaient t jets dans l'Escaut et repchs en.tat .e suffisante conservation. Pour viter les fautes d'impression, le Pre Pie prit la

    t;:peine de faire lui-mme la composition du livre en caractres typographiques humects\' d'encte ~ u t o g r a p h i e r la fit reporter sur la pierre et imprimer Gand d' .pr les1 procds connus. (1854) .

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    signer chaque son de la gamme une hauteur dtermine, l devint difficile dotrouver cette figure, peu saisissable l analyse rythmique et musicale, 1 U l ~ si-tuation en rapport avec son dessin ou parcours mlodique. Avec le temps, e edevint presque introuvable, et passait pour peu prs dsute bien avan.t lavenue de S. Dominique. C est donc en parfaite siiret de conscience quePrcheurs se sont permis de l omettre; ils taient s u : f f i ~ a m m e n t difis snr ~point. Totefois de ce que le quilisma cessait d tre usit dans la semiogra.phie du plain-chant, l ne s ensuit pas qu il ait t exclu sans m ~ r c i de la pntiquegrgorienne. TI faut sans doute le ranger parmi ces fioritures excutes avec tantde brio la chapelle Apostolique jusqu ces derniers temps, et qu on disait revenues Rome aprs le sjour des Papes en Avignon.

    Peu avant, la publication du Graduel et de l'Antiphonaire romains, f a i ~ e sous leeauspices des Archevques de Reims et de Cambrai, avait mis l'ordre du jour les tnlleigrgoriennes. Plusieurs mthodes de chant romain avaient paru; notre chant n'aq;rait-il pas la sienne? Les Dominicains franais crurent l'avoir trouve toute faite. o D : ~venait justement de remettra la. main sur un trait de musique compos au treiziJile;;$icle par Jrme de Moravie, Dominicain. L auteur avait habit le couvent de Paria/:connu personndlement, selon toute apparence, le B. Humbert et S. Thomas d A q u ~ p . ; - ,consult l'archtype et appris l'interprter. Ce trait de musique n tait pas tout / fait;_inconnu, du moins de titre, i l avait ~ dcrit par Ec4ard Scriptores ord. Praed., tom. I -p. 159). Sa. rapparition fut salue avec transport comme palpitante d'actualit. On ne o u ~ .vait appreudre meilleure cole, croyait-on, la manire primordiale d'excuter le chant do-minicain. Une chose ajoutait encore du prix a cet ouvrage: le chant notes gales y semblait condamn, ce qui donnait raison aux jeunes chantres contre les anciens. Ceux-oJ,en effet, posaient souvent pour principe que le rythme grgorien consiste dans l'galitdes notes, ce qui n est pas faux de tout point; mais, pour les vtrans du lutrin, l'galitc'tait le martelage de chaque note; ce qui a fait dire qu'on ne pouvait les entendre, 'sans penser au gros pilon du Creusot (clbre fonderie dans le dpartement deSane-et-Loire).

    Le Pre Vmcent Ligiez copia la Bibliothque Impriale de Paris d'assez longspassages de Jrme de Moravie, et les envoya au Pt"e Pie Ber/nard, qui ne devaitpas tarder les utiliser.

    Hlas Ce n taient l. que des illusions; elles devaient s'vanouir en vingt annes au plus. Les thories de Jrme de Moravie trouvrent place daus le Ganlus

    issarum de 1854, JUis dans les .Processionaux de 1861 et de 1878 .Mais en y regardant de plus prs, l fallut bien reconnatre qu'ou s tait tromp du tout au tout.A la vrit, Jrme de Moravie tait l auteur des pages parues sous son nom;

    mais jamais l'ide ne lui tait venue d y enseigner le rythme gtgorlen; i l y t 1 a i t l i ~de la musique mesure; l parle, la vrit du plain-chant dans son livre, mais non l'endroit que l'on citait.

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    e quilisma a t rtabli dans les livres des Bnedictins et des Prmon-. ,nsi que dans l'dition vaticane du Graduel romain, o l semble remplir unt,rrs, arll''.A peu prs honoraire. Les uns l'excutent comme une note ordinaire; lest S e remplacent par un appui de la voix. C'est quelque chose, mais ce quelqueau re.chose a-t-il rien de commun avec la vibration grcieuse, rapide et procellaire dela voix ou du son, qui est l'essence du quilisma ou fleur d'harmonie ?

    e strophicu1. Les livres dominicains sont sans strophiC Us ' Quest-ce quele :ctrophicu. ? Dans les ditions bndictines de chant romain, vous rencontrezfrquemment des groupes forms de deu,x puis trois notes carres, juxtaposessor la mme corde et affectes la mme syllabs d'un mot. Le groupe de deux

    Pour prvenir toute confusion, l est ncessaire de se rappeler que, au treizimesicle:ava.nt l'invention des caractres de musique mesure en usa.ge de nos jours, la queue, lu note carre et le ou la losange taient employs en mme temps et se ressemblaient dans la nqtation du plain-chant et' dans celle de la musique mesure. Seu

    ll'rnent, suivant qu'il s'agissait de l'une ou de l'autre musique, elles taient interprtesdif(remme\l ..Dans la notation du plain-chant, la forme de la note n'en indiquait pas la dure;d'o )'axime: nota incerti valoris; la note queue n'tait pas, en vertu de sa forme,plus longue que la carre ou que le losange, la note carre pouvait tre plus longueue l note queue, le lc>sange plus long que la note carre et que la note queue.La dore de chaque note dpendait et dpend encore de sa position: les notes de divielon sont plus ou moins ralenties, suivant leur importance dans le phras, les autresnotre sont brves et peu prs gales.) ~ n s la notation de la musique mesure, dite aussi figure, la forme de la noteeil figurait la dure; la. note queue tait longue, la note carre tait brve, la. noteen losange (habens fpansos angulos), dite aussi tesseronata, tait semi-brve. Figuranote longe est quadrata et e dea;tra parte ca data .. ; figura brevis note est quidemtJUallrata se.J non cauata .. ; figuro. semibrevis note nec est quadrata, nec caudata;aabet e11im epansos angulos; que et tesseronata apud quosdam dicitur. (Hieron.de Morav. de Musica, cap. XXV).C'est sous le rapport de ces trois formes de notes p.vec la musique figure, et nonaous leur rapport avec le plain-chant, que Jrme les considre dans les passagesdont nous Tenons de parler. On le voit, le qui pro quo tait absolu, mais facile Ollpliquer par la ressemblance graphique des deux notations.

    Les mensura.listes ajoutaient encore d'autres formes de note celles qu'ils avaientempruntes la graphique du plain-chant.Inutile de nous etendre sur les thories du Pre Ji:rme, vrai casse-tte pour quin'est pas n mathmaticien. Dom Pothier en a d'ailleurs donn un expos, auquel;'lODS renvoyons le lecteur curieux ile s'en faire une ide (Mlodies gr1oriennes,chap. XIII du Rhythme mesure).

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    notes s'appelle distropha celui de trois notes tristropha. Souvent entre undistropha et une tristropha vient s'enclaver une autre distropha ou une si"' 1...penote; quelquefois deux tristrophae se succdent. Ces figures portent ]e noin .ge.nrique de s t r o p h i c u ~ . Dans les graduels cartusiens (c'est--dire des Chartreux)il y a des strophici de deux, trois, quatre, cinq (en tout neuf) notes Catrea.(Nous croyons superflu de parler de l'apo tropha, autre note strophique d'iQ:tsettllment).

    On appelait aussi ces groupes " notes rpercutes ' dnomination qui m r.que assez leur mode d'excution. D'aprs les auteurs, cette rpercussion taittrs rapide. n faut donc y voir un groupe d'agrment distinct du quilisma tnaiaqui n'empche pas non plus.le rythme grgorien de suivre son cours. Attribueraux lments e la distropha et de la tristropha la mme valeur qu' aut-ant donotes ordinaires ou modules rythmiques, serait en fausser la notion. Jadis; t

    Le Pre Pie Bernard ne fut pas le dernier reconnatre la mprise et tagnaler. Dans l'Introduction du Graduel (1890) l cite encore l'uvre de Jrme,'maiBseulement pour en tirer les conclusions applicables au plain-chant, distinguant ce quoce musicologue enseigne expressment du plain-chant de ce qu'ft enseigne de mu.Bique mesure: prout e:cpresse docet de cantu plana frater lfieronymus e:c Moravialicet idem auctor certas differentias temporis notis simplicibus tribuat ad u s ~ c mmensuratam seu discuntum pertinentes.

    Depuis lors, le vnrable Pre Pie se fit en quelque sorte le disciple de DomPothier, qui lui-mme avait enseign le chant au sminaire de Saint-Di.

    La morale de ce rcit est que les Regutae cantus du Graduel de 189(1 annulentcelles du antus Missarum de 1854 ainsi que des Processionaux de 1861 et de 188.

    Disons, en terminant cette note, que le Pre Pie Bernard ernard tait son nomde \amille) a grandement mrit de l'Ordre par la publication des Processionaux de1861, 1878 et 1894, de l'Antiphonaire complet (1862 et 1 ~ 6 3 ) du antus Mis m'tt111(1854) du Graduel (1890) et la composition du Crmonial (1869). Il fut plusieurs fois

    . Prieur , et mourut Lyon le 17 mars 1899.Le P. Vincent Ligiez tant Priear de Chalais, renona cet office pour se con

    sacrer la mission de Mossoul, d'o tant revenu en Europe, l fut choisi pour Cornpagnon, par le Rvrendissime Pre Vincent Jandel. Il exera les fonctions d'Archiviste de l'Ordre et de Postulateur des causes de batification. Il a peu publi; mals,ce qu'il aurait pu faire imprimer, et ce qu1l a communiqu ceux qui s o c c u p a i e n ~ :de notre histoire Personne mieux que lui n'a pratiqu le sine invidia communico:;Pendant des annes, l a frquent les archives vaticanes, n'omettant jamais de fl\ire.une prire genoux (sans affectation toutefois) avant de se mettre au travail. U tait;::un " brave saint homme , assaisonnant ses propos de sel bourguignon et r p a n d ~ ~ : n tautour de sa personne une aine gaiet. Il mourut Rome le 17 aot 1898.

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    , et la t1t stropha n'avaient pas la fcrme de notes carres, mais ressemJ ~ r o p t ~ f lt Jutt aux apostrophes de la typogra.phie ou aux guillemets qui suiventblaJCD p.1 .:....n14 textuelles. D et\t t trs propos, pour viter les malentendus et[t J Cl a ..v-- .fusions de rtablir ces formes spciales dans les ditions critiques.lt'll c:ou 'Si le quilma et le strophicus, qui n'enrichis.sent pas la mlodie proprement. ~ . . u t absents de nos livres, il n'y a pas de quoi le regretter autrement. Lesdte,""'fioritures taient gnmdament estimes des chantres romains venus en France

    la requte de Charlemagne; mais i l reste savoir si S. Grgoire, mort prs dedt1UX sicles anparavant, y attachait la mme importance. Habiles faire delllurs voix souples tout ce qu'ils voulaient, les chantres italiens se riaient de ceuxdu ~ o r d et leur, trouvaient le gosier rfractaire la modulation des " voces tre- . 11 mnnulae, collisibiles et secabiles, ou (comme traduit un vieil auteur), des,oix tremblantes, gringotes, fredons et entrecoupes , . (Cf. Adem. Rist lib. ij.Patrol. lat. Migne, tom. cxlj. d. Garnier1 col. 28, et Sbastien Rouillard1 Le

    O r a r ~ d aulmosnier de France. Paris, 1607, pag. 149, cit par D'Ortigue, Dictionn.de Plain-chant, col. 1148).'Ne .serait-il pas plus vrai que les septentrionaux goitaient mdiocrement legaz6uillis mridional? l n'y avait pas alors en France que des barbares augosi buveur (bibuli gutturis): l'histoire religieuse et littraire du temps le prouve1188ez. 'Encore aujourd'hui les coles musicales du monde civilis sont divises surcelte question de style ou de goO.t (3).

    A part ces e x c e p t i o ~ s sans consquence, les figures classiques de notes oude groupes usites dans les meilleurs, manuscrits et les meilleures ditions ennotation carre se retrouvent dans nos livres en nombre trs satisfaisant (4).

    Dans notre archtype, la forme propre chaque note ou groupe de notes

    . (S) Les Chartreux ont toujours rejet ces artifices, quae cantando vanam se1 1 vl-doaam delectationem aiTerunt .., ut est :fractio et inundatio vocis, geminatio puncti etalmilla, quae potins ad curiositatem attfnent quam,ad devotum et s mplicom cantum , .Ordinar. cartu ien., cap. XVIII, n. 1 , {4 Voici ces groupes: Virga, punctum, punctum obliquum, podatus vel pes,

    ~ i t 1 i a vel flea, climacus, torculus, porrectus, torculus resupinus, pes subpunctis,f.:elimacus resupinus, pressus. Si les neumes composs ne sont pas mentionns ici''-'(;'bpressment, la. mention de leurs composants y supple. L'ancus ou groupe de notes;,descendantes dont la dernire est liquescante, n'a p a . ~ de signe particulier dans nos:uvres, soit parce que la liquescence s'effectue naturellement, soit parce, suivant Guid'Arezzo, elle peut s'omettre aans rien enlever la gri\.ce du chant.

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    - ~ 4est nettement dessine, absolument d aprs le systme graphique r e n o u v e l ~ il ya une quarantaine d annes par Dom Pothier, et gnralement admis a u j o ; J ~ h u i .Au treizime sicle, les copistes de nos livres choraux suivaient dj ce ~ o d ede notation, en vertu d instructions formelles, qui se lisent dans la prface del Antiphonaire dominicain, et dont voici le dtail: Notation carre (c est-

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    ''re eux d'exorciser ce genre de dmons. Nos anciens ne s'alarmaientleur n1apour si peu; ils admettaient fort bien cette relation dite de triton, quandp s 0 produisait pas un effet cacophonique. Ainsi, l'original de notre Graduele)lo nnote toujours le si naturel, lorsque le groupe la-si-sol-fa se prsente dans unTrait du huitime ton. Les Chartreux font de mme. Dans notre Antiphonaire,le troieime vers de l'Ave maris stella des Samedis, Atque semper Virgo, se termine par le groupe la-si (naturel) la-sol-fa. Les premires fois, peut-tre, l'oreilleMlnlble blesse par e t t ~ relation inattendue, mais si l'on surmonte les prjugsd'habitude ou de convention, on trouve cette manire de chanter plus savoureusequo l'autre. D'ailleurs le fa et le si tant tour tour fin de group, jouissentdu bnfice de la mora ultimae vocis, ou prolongation de la dernire note, laquelle un chantre averti donne souvent p l ~ s de grce qu'aux autres notes. AuaurpltiS, ce n est pas seulement dans le cas dont nous venons de parler, maisdans bien d'autres encore que l'oreille accoutume au bmol ne se fait pas toutd'abord au bcarre ; bientt cependant, remise d un premier saisissement, elle s enaccommode parfaitement. Mme ob&ervation pour l ut et le fa naturels dans lesgrOJlpes r-ut-r et sol-fa-sol

    . Il sera reparl de ce qui concerne ces matires dans la partie descriptivede notre tude.

    Passons l'examen du second grief:Les Dominicains ont retranch de leurs livres des neumes ou traits m'lo

    diques, (c'est dire des vocalises)._rl s'agit ici des Alleluia de la Messe. Or, pour mieux faire omprendre ce

    qui suit, il ne sera pas hors de propos d'analyser le mcanisme d un de cesmorceaux. L Alleluia de S. Andr uous servira d'exemple. En voici le texte:

    Alleluia. Alleluia. Dilexit Andream Dominus in odorem suavitatis. Alleluia,.n crivant ceci, nous avons sous les yeux l jition vaticane du Graduel

    romain. (Propre es Saints, 30 novembre).Dans l Alleluia l)z1eit Andream (d. vati.c.), outre le fond mlodique, le

    choeur chante deux fois sur la dernire lettre a du mot Alleluia et une fois surla dernire syllabe tis du mot suavitatis une mme srie de cjnquante et une(en tout cent cinquante trois) notes. C'est un soliste (6). qui chante le verset (6) Nous disons soliste, pour rappeler la manire- de faire les choses Rome."rrs l'poque de S. Grgoire. Plus tard, voire mme, a et l, pas beaucoup plus tard,oea I?-lodies furent excutes par plus d'un chantre. Chez nous, suivant le degr de

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    exit .Andreain o nous remarquons le redoublement de deux vocalises'-: l u nde vingt-deux, l'autre de huit notes sur les deux premires syllabes dq nlotodorem ce qui donne ce verset un accroissement de trente notes, sans apporteraucune varit la mlodie. Nous devrons revenir plus loin sur ce fait.

    Les Dominicains chantent deux fois sur la dernire lettre du mot .AzzJu 4la mme srie, moins une note, que les chantres qui suivent le Graduel v ~ n(cent notes par consquent); sur la dernire syllabe du mot suavitatis j ~ : secontentent de sept notes. Dans le verset Dileit ils chantent une fois seulementles passages redoubls dans le Graduel vatican. Du reste, part quelques dtailsfacultatifs du phras musical, la mlodie est identique dans les deux Gradn:ets.serait donc souverainement injuste de placer nos livres de chant sur le nimplan que les livres mutils publis un peu partout avant les pontificats de Leon XJ.Uet de Pie X. Il n y a cet gard aucune comparaison permise, c'est le jour etla nuit.

    Notons aussi que les omissions de notes, dont nous avons rpondre ici, 80.,bornent aux Alleluia de la Messe et quelques finales de rpons-graduels, for-mules de tous les jours, qu'on pourrait appeler des passe-partout; elles ~ sontpas toujours plus propres tel ou tel rpons-graduel que communes bien d'autresde mme ton.

    Pour nous en tenir aux versets allluiatiques, o se rencontrent ces redoublements de groupes parfois assez longs sans l'ombre de variation, comment seraient-ils essentiels la mlodie, puisqu'ils ne l'enrichissent d'aucun lmentqu'elle ne possde dja?" Si ces redoublements, ne manquera-t-on pas d objecter, sont nots dans lesversets allluiatiques, c'est que leur auteur les y a mis ; et il n'aura t m ~cela que par d'excellentes raisons. Peut tre a-t-il cherch produire un effetd'cho. Ne risquez pas dt dtriorer un chef-d'uvre, faute d en saisir lesbeauts,.

    Nous reconnaissons sans difficult que l auteur de ces incomparables versets;,:n y a introduit qu' bon escient toufes ces rptitions. Mais comment savoir s'il.::le a regardes comme essentielles ses mlodies, comme ne pouvant perdre en. :aucun cas leur raison d'tre, ni se modifier sons l'empire de conditions imprvues?l'office, le verset du rpons-graduel fut toujours chant par deux Frres ou par tout lechur, le verset de l'Alleluia, tantt par deux ou quatre Frres, tantt par tout lechur.

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    . t-ee uniquement son got personnel d artiste que le compositeur a suivi;t:nhn C..' , , , :. t- pail aussi conforme a un usage plus tard frappe de cadumte ?ne I 'C I 1[..CS dfenseurs intgralis"t'es des redoublements sont fiers d'avoir pour eux:1 anciens graduels, o les rptitions sont notes tout au long. Nous ne,.,, us

    enons pas du fait; mais, que ce moyen de dmonstration est illusoire,di:ICOD\..1at le seul81 {Quand n document doit tre reproduit comme contribution l'histoire d un

    i OJl. n'apporte jamais trop d'exactitude lui conserver son intgrit mat r t ~. n mais quand il s agit de la pratique actuelle de cet art, l'important estre e, 'de 'fjre du prcieux parchemin un usage intelligent, que son auteur lui-mmene asavouerait pas. Or, la premire condition, pour obtenir ce rsultat et accrultre encore la valeur sculaire du manuscrit, c est de connatre la manire de

    servir. Cette banalit. de sens commun s'applique trs justement aux anciensliVtes liturgiques, en particulier au Graduel, dont le lllode d'emploi a beaucoupvarie, notamment en ce qui touche les versets ou les reprises, dont le nombresi all en dcroissant jusqq'au jour o les rpons-graduels, les offertoires etles communions ont t plus ou moins dgarniS de ces complments primitifs.Il en reste peine un souvenir l'offertoire et la communion de la Messe4 es 'mOrts.' De plus savants que nous fixeront peut-tre les dates successives de cesrductions. Nous croyons seulement qu'on peut sans tmrit, les partager en.deux sries principales assez loignes l'une de l'autre. Les premires rdu

    : ~ t i o n s auraient t, croit-on, une consquence de l'ampleur donne par S. Gr_goire aux chants de la Messe; les mlodies s'enrichissant, l fallut bien abrger ,les paroles. Toutefois les rptitions alternes entre le chur et les solistes,

    . quoique moins nombreuses, furent maintenues en principe.Les rductions de la seconde srie portrent en partie sur des reprises ou

    ~ r p t i t i o n s en partie sur des versets conservs jusque-l; ils constituaient un:dialogue mlodique entre le soliste et le chur; usage quelque peu renouvel dela d r u ~ t u r g i e antique, et donnant au chant bien autrement de vie que les

    i: tirades ininterrompues d un soliste.;.' C'est ainsi que le corps du rpons-graduel, mme aprs la premire rduc-

    tion, tait d'abord chant par le soliste, puis rpt intgralement par le chur une fois avant et une fois aprs le verset. Depuis la dernire rduction, l est

    chant une fois pour toutes par le chur avant le verset. Le rpons-graduel

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    s'appelle toujours ainsi, mais c est une dnomination usurpe, un titre . l lilit, titlus sine re; par le fait seul qu'il a perdu ses reprises, i l a cess6._d litreun rpons. Est-il, du moins, rest graduel? Pas davantage. Ce nom lui venaitde ce que le soliste, qui avait le moduler, accdait par quelques e ~ (ealatin gradus) la plate-forme infrieure de l'ambon du sousdiacre, o deux' per.sonnes de front ne pouvaient trouver place (7). Plus tard, l'usage s'tant introduitde faire chanter le rpons-graduel par deux clercs se tenant au milieu du chur1ou par tous les clercs restant dans leurs stalles, le rpons de la Messe c e s s ~ demriter son nom de Graduel. Tout au plus peut-on le lui attribuer encoreles glises pourvues d un jub, ou, comme on disait a et l, d un pont. s ~ eepont, souvent trs spacieux, auquel on montait par un escalier, plusieurs c . ~ r c achantaient les morceaux rservs de la Messe ou de l'Office; souvent mmtt Uno

    n o m b r e u ~ e chapelle s y mouvait l'aise.Notons aussi que les Carmes de l'ancienne observance rgulire et les Pr

    montrs n'ont pas enlev tout fait au rpons-graduel son caractre de rpons,ils le rptent aprs le verset, s'il n y a pas d Alleluia la Messe (8) ..Aprs avoir parl des coupes pratiques dans les rpons-graduels, les offer-toires et les communions, arrtons-nous un peu plus sur ce que devinrent lesredoublements des vocalises dans les versets allluiatiques. C'est pour notfs lenud d une grave question.

    On a prtendu que les Cisterciens s taient permis les premiers de ret1ancherde leur graiuel quelques r e l o u b l e m e n t ~ vocaliss, et _que le B. Humbert d Ro-mans, hardiment et par systme, avait gnralis ce fcheux prcdent. A cetteoccasion, les redresseurs de torts sont alls jusqu menacer ce digne successeur

    7) Rien ne donne une ide plus claire de la position occupe par le soliste du r-pons g1aduel qu'une visite la basilique romaine de S. Clment, desservie par nosPres irlandais. On peut se prsenter . eux avec la certitude d'tre accueilli carita-tive et kilariler.DienWt, la. vnrable glise de Sainte-Sabine, rendue . sa. forme primitive, grcel'inlluente initiative et aux intuitions scientifiques duT. R. P. Matre Joachim Berthier,recouvrera ses deux ambons.Ceux de nos Lecteurs il. qui leurs occupations ne permettent pas de faire le plerlna.ge de Rome, trouveront des vues de S. Clment dans les Guides illustrs deRome et dans les Manuels d'Archologie chrtienne.

    (8) Sur le l'pons-gra.duel et i Alteluia voir Wagner, Origine et dveloppementtu chant, liturgique, trad. franaise, 1904, pp. 86 et suiv.J.

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    229- Dominique de lui rgler son compte. Depuis lors, toutefois, i l ne nous est

    deS t d l t t h'b 'nu qu'aucune no e e ce genre u1 a1 e e ex 1 ee.as revep AU lieu de prendre partie S Bernard et le B. Humbert, qui n'en peu-a:a n'eilt-il pas t plus utile d'aligner quelque belle range de solides,ent xn.....,

    r ces pour prouver que les solistes se croyaient tenus en conscience de re-re oron , ,doubler tout seuls chaque passage deux fois not des versets allluiatiques, comme0 f h A ?s'ils voula1ont se aue ec o eux-memes.

    Un savant musicologue a mis cette supposition que le soliste, en excutantun redoublement (tait-ce pour donner l'illusion d'un son lointain?), diminuait lvolume de sa voix. Mais cette supposition gratuite laisse la question entire;.ussi 110n auteur passe-t-il de suite une hypothse plus plausible. Peut-tre,selon lui, la premire moiti des passages redoubls tait-elle chante par desadultes, la seconde par des enfants (9). Tout en admettant que le fait se soitproduit frquemment, tant donn la rle des enfants dans les plus clbres gliAeS, n'est-il pas plus simple encore de dire que cette seconde moiti tait chantep r le chur?

    D'une manire ou d'une. autre, il semble rpugner au caractre de l Alleluiade la Messe que les rptitions y aient t faites par un seul et mme. Voicipourquoi:

    (9) M. Borremans, Prmontr, suppose que celui ou ceux qui redoublent un passage, cherchent tantt produire un effet d'cho, en chantant la seconde partie dece passage plus doucement que la premir', tantt produire un effet inverse, ench. utaut la premire partie plus doucement que la seconde. I l ajoute: Nous ne saurions nous expliquer autrement ces rptitions de formules dans les vocalises. Et puis,que l'effet d'cho s'obtienne ou par une lgre attnuation de la voix, ou par l'alternance des voix d'hommes et des voix blanches, c'est chose tout fait secondaire.IRai Seguo. gregoriana, 1913, J. Bol'lemans. La riforma del canto liturgico pressoPremom;tratensi col. 24).Passant un autre ordre d'ides, M Borremaus s'en prend aux livres de chantromains, cisterciens et dominicains. A son avis, la modalit mme de certains chants exge l'emploi, au moins qui:valent, du mi bmol et du fa dize. Il dplore que les notateurs des livres chorauxJ'Omalns. cisterciens et dominicains. abuss par les thories de diatouisme outrancier~ s i g n e s par Jean Cotton, aient dnatur de fort belles mlodies grgoriennes, entreautres celles des versets allluiatiques V eni Domine. Omnis terra. Paratum., et Ad-tlucentur. Nous n'avons pas examiner dans cette simple note l'opinion de M. Borremans; i l la dveloppe dans un article fort intssant de la Rassegna (ibid., col. 27:.et suiv.). Seulement, qu'on nous permette une observation pro domo nostra. M. Borretnans, fort heureusement pour nous, dit que le cas des rits cistercien et dominicain

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    C'est ce qu'explique fort bien Tean de Palencia, qui pendant trente-six 8 avait exerc la charge de Pre Chantre (10).annee dition vaticane du Graduel romain prescrit la mme chose, ayec cette

    di(frence d'ordre purement typographique, que la premire partie du neuvime1\ l rie est spare de la seconde par un astrisque, la seconde de la troisime pary . .

    ~ u s astrisques (11). Ce qui se pratique encore pour le Kyrie n'a-t-il pas pu sepratiquer jadis pour le verset allluiatique? Si les passages deux fois nots doi,.ent tre alterns dans le chant du Kyrie, pourquoi auraient ils dti. tre moduls deux fois et tout d'un trait par une seule et mme voix dans le versetallluintique? '; ')- )v)_( f

    , 10) Est advertendum quod etiam inter Kyrie sunt aliqua Kyrie ultima, quaellabent plures notas, et dividuntur per virgulas duas positas semel et iterum, scilictseme in medio, et iterum prope finem, ut patet in Kyrie solennibus de festis totisdaplicibus et duplicibus et in Dominicis, et de beata Virgine in Sabbatis; et significatua in his divisionibus quod illud Kyrie ultimum, cum habeat plures notas quamalla, dicatur alternatim. taque chorus qui incepit illud ultimum Kyrie, cantetsqoe ad du as primas virgulas, et deinde taceat ; et alter chorus cantet residuumotique ad du as virgulas sequentes; residuum autem ultimo loco totus chorus cantetslcut n aliis Kyrie est notatum. Hoc advertant cantores, maxime in Dominicis Adventus et Quadragesimae, quando non pulsantur organa , . Ordinarium sacrarumcam1moniarum et divini oflicii ad ritum Fratrum Praedicatorum . F . .Joann. dePalencia Annotat.. . Venetiis apud luntas 1582: de Kyrie in Missa, pag. 92).

    (11) Chorus, :finita. Antiphona [ad Introitum], ter Kyrie eleison, ter Christe eleison,et iteru'm ter Kyrie eleison alternatim cum Cantoribus aut altero choro persolvit.tJitlmum autem Kyrie eleison dividitur in duas vel etiam in tres partes ab asteriscosimpi lei aut duplici distinctas. Si duat1 tantum sunt partes, ac proinde unus asteriscus,prima pars ab 'ipsis Cantoribus a.ut a primo choro cantatur; altera vero ab omnibus.SI tres occurrunt partes et ideo asteriscus simplex ad primam divisionem, et duplex.nd alteram, tune prima pa.rs ad eosdem pertinet quos supra; secunda vero, quae primaepartis melodiam repetit, ca.ntatur ab altero choro ; tertia demum conjunctis omniumvoclbns absolvitur. Aliquando etiam quinque partes contingunt: tune modus dividendialternas cantandi vices simili er notatur per signum dfvisionis tum simplex tum duplexpluries interpositum, et satis inte1ligitur ex dictis ,. Graduale sacrosanctae RomanaeEcclesiae . de ritibus servandis in cantu Missae n. ij).

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    Sectio Secunda Pars istorica

    DE LITURGIA FF PRAEDICATORUM

    PRCIS HlSTORIQUE ET DESCRIPTIF DU RIT DOMINIC INCHAPITRE DEUXIME ($uite).

    De mme d ailleurs que les yrie de la Messe n ont pas tous leur neuvimeinvocation avec redoublement 1), de mme encore que les rpons de l Office n, ontpas tous un gal nombre de reprises, ainsi, entre les versets allluiatiques1 lesuns ont des rptitions vocalises, les ~ t r e s non. L usage de. n en plus faire elutout se sera introduit comme s introduisit celui de simplifier le rpons-graduel,l offertoire et la communion. Cela ne se sera point fait par dcret, ni le mmejour, ni pour les mmes raisons, ni partout, mais peu peu, jusqu ce que laprescription dsutildinaire ait fini par prvaloir.

    Comment le problme qui nous occupe tait-il rsolu en fait par la pratiquenon erite de toutes les glises grandes et petites, urbaines et rurales, paroissiales et succursales, sculires et rgulires? C est ce qu il faudrait absolumontsavoir, et c est prcisment ce qu on ne nous apprend pas.

    1) On objectera que cette assimilation est mal :fonde, et que le yrie des ToujlDoubles fut primitivement trop, c est dire qu il eut autant de syllabes que sa m-lodie avait de notes. C tait un yrie :farci , Les treize notes de la vocalise de la.neuvime invoeation se chantaient sur les treize syllabes des mots: Offensas dele sancto nos munere reple. A cette objection, nous rpondons que les premiers t.ropMcomme les squences n taient gre d abord que la rsolution en syllabes de vocaU1eBprexistantes. (Cf. Lon Gautier, Histoire de la posie Uturgiq e au .Moyen-ge. lTropes, 1886, p. 58).

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    Il ,ist plus que temps d'en finir avec une question qui n'offre qu'un intrtndlrire. On nous accordera que c'est aux opposants qu'il incombe de nous faire

    . oui ou non, les Cisterciens et les 'Dominicains sont les premiers auteurs\ t.ltr 111, .traucements, dont on leur attribue l'initiative. Pour cela, la mthode d r 6 est tout indique l'historien liturgiste par l'quit professionnelle: EtablirIIOITr

    oDl fomparaison consciencieuse entre les Graduels des deux ordres religieux pfisi . . partie et les manuscrits plus anciens d'autre proyenance, sans dissimuler les~ motiiations de vocalises infliges peut-tre quelques-uns; donner _ensuite aupublic te rsultat dcisif de cet examen. Il serait par trop commode aux ruditsd avi\Dcer tout ce qu'il leur pla1t, puis de se drober l'obligation d'en faire lapreuve. Tant qu'ils ne l'ont pas faite, on est en droit de leur dire: Ce qui s'avz6ice gratuitement se nie de mme: quod gr tis sseritur gr tis neg tur , . Dans

    J e ~ o n vieux tell ps, le lecteur simpliste avait vis--vis du savant une sorte dero rvrentiellt", presque superstitieuse; il se laissait docilement raconter que lesorigines de tel ou tel usage se perdaient dans la nuit des s i c l e ~ ou avait pourauteur tel persgnnage de renom. Aujourd'hui, le public est plus difficile; il demiUldC des 14 prcisions , .

    Nos critiques en trouveront souhait, si au lieu de s'immobiliser devant uncas isol, un mince dtail, absorb par un vaste ensemble, ils examinent quel futaux diverses poques le sort des vocalises de la Messe.

    o u ~ n'apprendrons rien personne, en affirmant que, ds le neuvime sicle,longterllps, par consquent, avant S. Bernard et le B. Humbert, la d ~ g r g t i o nsystmatique des vocalises et leur rsolution en poudre syllabique taient pratiques i Saint-Gall avec une extrme indpendance. L'abus contraire en avait tla cause.

    Si l'on s'en rapporte aux annalistes de Saint-Gall,, dont le tmoignage estfort sujet caution, deux chantres envoys de Rome par le Pape Hadrien Jer,vers 790 et destins l'cole de chant de Metz se seraient arrts la clbreabbaye. L'un, dit-on, s'appelait Pierre, l'autre Romain. Pierre, aprs quelquetemps, poursuivit son voyage, tandis q u ~ Romain, tomb malade, resta S. Gall,et obtint d'y fixer son sjour. Il y enseigna le chant d'aprs une copie de l'Antiphonaire grgorien, qu'il avait apporte de Rome. Mais Romain n'tait pas queprofesseur, il tait aussi compositeur, et nota en style romain et agrable des

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    - 274.VQcalises de son crft de suo), qui se surajoutrent celles de l'Eglise (2) EUilllse chantaient encore au monastre, lorsque Notker y entra. Force lui fu('de leaapprendre par cur, et lui-mme nous raconte que son petit cur de jouvnceaun'en venant pas bout, l se demandait, sans le dire personne, s'il n'y .nratpas moyen de retenir plus aisment ces files interminables de vocalises e Q les

    r a ~ t a c h a n t par des paroles. Or, justement, un prtre chass de ;fumige,s parl'invasion normande, fit voir aux religieux de SaintGall un antiphonaire, oh dessquences (c'tait le nom qu'on donnait alors aux vocalises finales) taientsuperposes des vers comptant autant de syllabes- que la squence v o ~ ~ i a ecomptait de notes .

    Notker considra le livre, en trouva le systme utile imiter, mais se promite faire beaucoup mieux. Il se mit donc syllabiser les vocalises existantes1montra ses premiers essais son matre Yson, qui le flicita, l'encouragea,,luisignala quelques corrections faire, et lui donna pour principe d'crire autant desyllabes dans ses vers qu'il y aurait de notes dans les vocalises correspondantes.Bientt il ne se contenta plus de plaquer des paroles de sa composition sur leamlodies d'autrui ; l composa des airs nouvt'aux sur des paroles nouvelles (3),

    .(2) Mittuntur, secundum regis petitionem, Petrus et Romanus, et cantuum tseptem liberalium artium paginis admodum imbuti, Metensem ecclesiam. . . adituri.Qui euro in Septimo laouque G'uma.no are Romanis contrario quaterentur, Romanos,febre correptus, vix ad nos rs Gall] usque venire potuit; Antiphonarium ulko secum 11Petra renitente, vallet nollet, curu duos haberet, unum Sancto Gallo attulit. In temipore autem, Domino se juvante convalult. Mittit imperator celerem quemdam, qui u m ~si conva.lesceret, nobiscum stara nosque instruere juberet. Quod ille quidam patrnm

    hospitalitati regratiando, libentissime fecit .. Dain uterque, fama volante, studium alteralterius euro audisset, emulabatur pro laude et gloria, naturali gentis sue more, t i ~alterum tra.nscenderet. Memoriaque est dignum quantum ha.c emulatione locus uterqol profecerit, et non solum in cantu, sad et in ceteris doctrinis excreverit. Fecerat q u i ~ .dam Petrus ibi jubilas ad sequentias, qua.s Metenses vacant; Romanus vero roma.nenabis e contra et amoene de sua jubiles modulaverat, quos, quidem post, Notker q o b ~viderons verbis ligabat; frigdorae autem et occidentanaA, quas sic nominabat, jubilosj'illis animatus etiam ipse de suo excogita.vit , (Ekkehardus rv. Casus ancti GaUicap. III. Pertz, Scriptores II, p. 102).(3) Oum a.dhuc juvenculus essem et melodiae longissimae saepius memorfae commendatae instabile corculum aufugerent, coepi tacitus mecum volvere quonam modo_eas potnerim colligare. Interim vero contigit ut presbyter quidam de Gimedia., n u p ~ ca Nordmannis yastata, veniret ad nos, antiphonarium suum secum deferons, in qnO'aliqui versus ad sequentias erant modulati, sea jam tune nimium vitia.ti. Quorum utvisu delectatus, ita. sum gustu a.ma.ricatus. Ad imitationem tamen eorum cospi

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    des imitateurs; l art notkrien se propagea Saint-Gall et dans son rayoneud iniluence, faisant lever une pullulation extragrgorienne des plus luxuriantes.eesproductions de Notker sont tonnues sous le nom de squences. Bientt s yadjdigilirent les tropes de son ami Tutilon. Nous en parlerons plus loin l occa. des barres de pauses et des mlodies soi-disant dcadentes cres ou1 1 1 ~acceptes par les Frres Prcheurs.

    Si l on veut bien comparer notre Graduel du treizime sicle avec les recueilsd uvres littraires et musicales purement individuelles, qui avaient surgi silongtemps auparavant, on conviendra que la simple suppression de quelques rptions si tant est qu on les ait jamais considres comme de rgle (ce qui restee.ntirement dmontrer) est une quantit ngligeable en proportion des vocalisesrduites l tat syllabique comme les mots du discours, et des mlodies deracture non grgorienne surajoutes par centaines celles de l Eglise.

    Osera-t-on rpter, aprs cela, que le B. Humbert a t des premiers sacrifier les vocalises romaines? Dan:s le cas cependant o un savant verserait audOBSier du procs, quelque pice dfavorable notre cause, nous nous empresserions d en prend.re connaissance, et n en ferions un mystre personne.

    A noter que les suppressions de redoublements ont t effectues dans notreGraduel avec une parfaite intelligence et un profond respect de la structure et; ~ a u rythme grgoriens. On y reconnat la touche d hommes trs verss dans.,:l exercice et la thorie des chants traditionnels, et absolument t r a n g ~ r s toutevellit d innovation.

    N ~ u s possdons ainsi une uniformit rituelle de bon aloi, et nos livres n ont

    aeribere : Laudes Dea cancinat arbis universus qui gratis esl liberatus. E t infra:oluber Adae malesuasar. Quos cum magistro meo Ysoni obtulissem, ille studio meo

    congratulatus, imperitiaeque compassus, quae placuerunt laudavit, quae autem minus,amenda re curavit, dicens: 8lngulae motus ca.ntilenae singulas syllabas debent habere.Quod autem audiens ea. quidem quae in ia veniebant ad Hquidum correxl, quae veroin le vel in la quasi i m p o s : : ~ i b i U a vel u.ttemporare neglexl, cum et illud postea. visufacUlimum depaehenderlm, ut testes sunt ominus in Sina et Mater. Rocque -modoinstructus al. lnstructas] secunda. mox voce dicta.vi. Psallat Eeclesia mater inlibata.

    Qaos ve1 8iculos cum maglstro meo .Marcello praesentauem, ille gaudio meo repletusin rotulos eos congessit, et puerls canta.ndos alib; alios lnsinaavlt. Cumque mihl dl::ldsset ut in libellum compactos alicui primorum ill os pro munere offerrem, ego pudoreretractus nunquam ad hoc cogi poteram. (Patrol. lat. Migne. ed Garnier tom 131, col.1003-1004) Notker raconte ensuite qu il finit par offrir ses squences Liutward vquede Verceil, qui s adresse ce prologue.

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    pas subi le contre-coup des bouleversements, qui pendant des sicles o ~ t : l-c ifunestes la musique religieuse; ils n'ont pas souffert des ratures et des gl'at.tages, qui ont gt tant de graduels plus anciens.

    desEt maintenant, passons avec . confiance au troisime grief, qui a t l'objelprotestations ll: s plus indignes.Il s'agit, on s'en souvient, de nos barres de pauses, dont on a dit tout le

    mal possible, soit dans des revues, soit dans des lettres, soit dans de nombreu le8conversations. :Musiciens et plainchantistes se sont unis pour proclamer contreces hachures de malheur un ereant retentissant. a et l, il s'en est fait, disonsle mot, un abatage , en rgle, comme en tmoignent quelques exemplaires' denos livres de chur. C'tait vraiment un peu trop de zle venger l'art grgoriend'ne injure qui, on va le voir, ne lui avait pas t faite.

    Pour peu qu'on jette un coup d'uil sur notre Lectionnaire, notre Epistolier,notre Evangliaire et autres livres analogues, non nots, mais simplement pon-ctus pour le chant ou la lecture haute voix, on est frapp de l'intelligenceavec laquelle les pauses y ont t places. C'est ce point, qu'un lecteur ig110rant de la langue latine se tirerait des textes les plus difficiles, sans commettre decontre-sens. Or, les mmes hommes, qui ont montr tant d'habilit phra;er lesrcitatifs non n o t ~ s , et qui, de plus, connaissaient merveille le chant ecclsiastique, auraient-ils phras au rebours du bon sens les mlodies notes? Ce seraitinexplicable, si c'tait vrai.

    Autre fait inexplicable, s' l tait vrai: Les Prcheurs ont pour rgle de dii4l'Office brivement et succinctement, afin de pouvoir donner plus de temps f ;l'tude. Or, comment y parvenir si, en chantant, ils reprennent haleine toutes ~deux ou trois notes? Ne serait-ce pas mettre son plaisir manquer le but d1fl'Ordre et en violer la loi expresse? Est-il admissible que nos lgislateurs-li:.turgistes, en exigeant la reproduction dans nos livres choraux de toutes les b a r r ~ t (sans exception, aient voulu uniquement leur faire signifier des solutions de con-tinuit?

    Alors, dira-t-on, s'ils tenaient tant leurs barres, et s'ils n'ont pas v o u u ~leur faire signifier des solutions de continuit, o voulaient-ils en venir, en les. multipliant jusqu' l'encombrement? , - Eh bien, ils Toulaient tout simplementen faire des signes de pauses.

    Cette rponse ne manquera pas d'exciter chez plus d'1m de nos Lecteurs un

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    ment d'hilarit prolonge; comme si pause et solution de continuit neIIIOIIVCvooe.ieut pas au mme.~ Le Lecteur voudra bien nous permettre de placer ici un Distinguo. Il n'y a

    5 i solution de continuit sans pause. D'accord. Mais, dans le rythme grgo~ ou le LI , est si important, les pauses sans solution de continuit sontn t ~ P dus frquentes: elles cpnstituent mme une des beauts du plain-chant. Odon,111111 ., . d'Arezzo, Arribon, les anciens, matres, si admirablement comments par Dom(tUIl'othier nous difient pleinement cet gard.

    :Avant d'ailee plus loin, disons que la destination indique ci-dessus de nosbarres de pause est nettement spcifie dans le prologue de l'Antiphonaire typiqueet dans Je Commentaire du B. Humbert sur les Constitutions.

    Citons d'abord l'Antiphonaire: Que dans les Antiphonaires, les Graduels etautres livres de chant .. , personne ne change sciemment la lettre (c'est--dire lesparoles), la note (c'est--dire la mlodie); mais que la lettre, la note et LES BARRESDE r t usms soient maintenues , . (4)

    Dans le Brviaire-antiphonaire dominicain antrieur celui du B. Humbert,il n'y avait pas de barres; ce fut notre Bienheureux qui en suggra ou en or- .donna l'usage. l nous apprend lui mme qu'il l'avait souhait: Non seulement.j.us les hymnes, dit-il, mais aussi dans le Gloria in excelsis le Te eum lau-t omus et tous les chants o i l faut faire quelque petite pause, i l conviendraitd'indiquer dans les livres par des barres transversales les endroits des pauses,

    ~ ? e cela se pratique dans certaines glises, afin que ceux qui chantent fa -ilnt uniformment les pauses; car de ce que l'un fait une pause un endroit et

    l a u ~ r e , un autre, il rsulte que l'Office se clbre avec moins de dcence (5).Les passages que l'on vient de lire prouvent 1 que les barres, qui traver-

    (4) Nullus scienter litteram aut notam mutet; sed tenea.ntur llttesa et virgule pauaai .;m ,. 1Prolog. Antipl onar. ann. 1256).(5) Non solum in hymnis, sad etiam itl Gloria in e:ecelsis in Oredo in Dettm

    tn Te Dewm laudamus et in omni eo quod canto.tur, cum oportea.t intetdum pu.u