LANGAGE ET SURDITÉ, Description de la langue des ...des signes est le seul moyen linguistique d...

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1 République Algérienne Démocratique et Populaire Ministère de LEnseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Université dOran. ES-Senia Faculté des Lettres, des Arts et des Langues Etrangères Département des Langues Latines Section de Français Mémoire de Magistère Intitulé LANGAGE ET SURDITÉ, Description de la langue des signes des sourds oranais Présenté par : M. MANSOUR Mohamed Seghier Option : Sciences du langage Membres du jury : Président du jury : Mme Sari Fawzia Encadreur : Mlle Boutaleb Djamila Examinateur : Mme Ouhibi Ghassoul Bahia Année universitaire : 2006-2007

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    République Algérienne Démocratique et Populaire

    Ministère de L’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Université d’Oran. ES-Senia

    Faculté des Lettres, des Arts et des Langues Etrangères

    Département des Langues Latines Section de Français

    Mémoire de Magistère

    Intitulé

    LANGAGE ET SURDITÉ,

    Description de la langue des signes des sourds oranais

    Présenté par : M. MANSOUR Mohamed Seghier Option : Sciences du langage Membres du jury : Président du jury : Mme Sari Fawzia Encadreur : Mlle Boutaleb Djamila Examinateur : Mme Ouhibi Ghassoul Bahia

    Année universitaire : 2006-2007

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    ANNONCE DU PLAN

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    INTRODUCTION GENERALE ……………… …………………………… ...…………… .5 PREMIER CHAPITRE : LANGAGE, SURDITE, HISTORIQUE DE LA LANGUE DES SIGNES, LANGUE DES SIGNES ALGERIENNE 1-LANGAGE a- définition…………………………………………………………………………………….9 b- la communication…………………………………………………………….…………….11 1- la communication verbale………………………………………………………….……12 2- la communication non verbale………………………………………………………..…13 c- les dichotomies de Saussure ………………………………………………...……………..15 d- Saussure et la langue des signes………………………………………………...…………16 2-SURDITE a- définition………………………………………………………………………………...…18 b- anatomie et fonctionnement de l’oreille…………………………………………..……….18 c- types et degrés de surdité ………………………………………………………………….19 d- la surdité sévère……………………………………………………………………………21 1- les conséquences……………………………………………………………..………….22 2- les moyens de prise en charge…………………………………………………….……23 d.2.1- les moyens médicaux…………………………………………………………..23 d.2.2- les linguistiques ………………………………………………………...……..23 d.2.2.1- la méthode oraliste………………………………………………..…..23 d.2.2.2- la méthode gestuelle (la langue des signes)………………….……….24 d.2.2.3- la communication totale (mixte)……………………………………..25 3-HISTORIQUE DE LA LANGUE DES SIGNES a- histoire de la langue des signes en France et aux états unis………………………………..26 b- les concepts de la langue des signes.……………………………………………..………..31 1- configuration ……………………………………………………………………...……32 2- l’emplacement…………………………………………………………………………..33 3- orientation de la main…………………………………………………………………..33 4- mouvement…………………………………………………………………………..…34 5- expression du visage……………………………………………………………......…..34 6- les paramètres non manuels………………………………………………………...…..34 c- grammaire de la langue des signes…………………………………………………………35 d- l’originalité de la langue des signes………………………………………………..………36 e- l’ordre des unités linguistiques (les signes)……….……………………………………….37 f- la dactylologie ……………………………………………………………………………..39 4- LA LANGUE DES SIGNES ALGERIENNE…......……………………………… ..…..41 DEUXIEME CHAPITRE : DESCRIPTION DE QUELQUES ELEMENTS EN LANGUE DES SIGNES ALGERIENNE 1-METHODOLOGIE a- cadre méthodologique et recueil des données………………………………………….…..50

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    b- les supports utilisés……………………………………………………………..………….51 c-les locuteurs……………………………………………………………………..………….52 2-OUTILS D’ANALYSES a- la théorie de Cuxac……………………………………………………………………..…..53 b- C.Gruaz…………………………………………………………………………………….53 3-ANALYSE/PRES ENTATION DESCRIPTIVE EN LANGUE DES SIGNES ALGERIENNE a.-1 les signes standard.………………………………………………………………………54 a.2- iconicité des signes standard…………..…………………………..……………………..74 a.3- processus d’iconicisation des signes standard…...…………………….……………..….77 a.4- type de signes standard ………………………………………………………………….79 a.5- un autre paramètre : la labialisation…………………………………………….………..83 b- structures de grande iconicité………………………………………………………...……86 b.1 les transferts …………………………………………………………………………...87 1- les transferts de forme et/ou de taille…………………………………………...…..88 2- les transferts situationnels ……………………………………………………...…..89 3- les transferts personnels……………………………………………………….……91 4 -les doubles transferts……………………………………………………………….93 c.1- l’enchaînement des unités en langue des signes (syntaxe)………………………...…….94 1- les noms ………………………………………………………………………….……97 2 -les verbes………………………………………………………………………..……..99 c.2- l’ordre des mots ……………………………………………………………………..….101 CONCLUSION GENERALE………………… ………………………………………… ..107 BIBLIOGRAPHIE……………………………… ………………………………………… 109 ANNEXES……………………………………… ………………………………………… ..114

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    INTRODUCTION

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    Introduction La langue est un système d’expression et de communication, elle se développe selon l’identité et l’histoire des peuples. Nous devrions dire selon le mode d’expression dans le cas des pathologies langagières comme la surdité. Un canal totalement visuel qui favorise l’utilisation du geste à la place de la parole et toute une série de paramètres permettant aux sourds de se faire comprendre. Ce code gestuel est longtemps considéré comme une pantomime sans véritable organisation ne pouvant véhiculer que des informations très réduites. Cela dit, les travaux récents de certains linguistes (Moody 1983, Cuxac 1996, etc.) ont démontré le contraire. Il s’agit bien d’une langue avec une grammaire et un lexique : la langue des signes. La langue des signes est utilisée par les sourds comme moyen privilégié d’échange et d’interaction. Elle occupe une place importante dans la construction de l’identité du déficient auditif. Par ailleurs, il existe plusieurs langues des signes dans le monde en fonction dont celle utilisée par les sourds algériens : la Langue des Signes Algérienne. Il sera question de ce travail d’en dégager les principes en se basant sur la description du mot et son architecture selon Claude Gruaz (1988) et la théorie de l’iconicité dans la Langue des Signes Française soutenue par Christian Cuxac (1996) Le problème majeur qui se pose est celui de la description d’une telle langue qui, à notre connaissance n’a pas fait l’objet de recherches poussées en linguistique. Même s’il existe quelques rares travaux liés à la surdité l’intérêt pour cette langue reste très réduit. C’est la raison qui nous a poussé à emprunter le modèle théorique cité plus haut et voir si le fonctionnement décrit dans cette théorie est applicable à notre corpus. Nous n’allons pas jusqu’à affirmer que cette description sera valable pour toute la Langue des Signes Algérienne. Il ne s’agit, en fait, que d’une description plus au moins détaillée d’un idiolecte oranais. Cette langue utilise l’espace comme seul moyen de structuration morphosyntaxique des unités gestuelles. Vu sous cet angle deux questions peuvent se poser : -Est ce que la description des paramètres de formation de la Langue des Signes Algérienne fait ressortir ceux proposés dans la théorie de Christian Cuxac? -Est ce qu’il existe deux niveaux de structurations du signe de la Langue des Signes Algérienne ? Un niveau relatif à sa construction (morphologie) et un autre qui organise les signes entre eux (syntaxe). Pour essayer de répondre à ces questions, nous avons commencé par donner un rappel de ce qu’est le langage et ses manifestations. On a insisté sur le rôle de la faculté de langage qui sert comme moyen créateur de signification. Ensuite, on s’est intéressé à la communication non

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    verbale. Considérée comme naturelle, elle constitue une véritable langue pour les personnes atteintes d’une importante surdité. On a évoqué par la suite une présentation globale de la surdité, c'est-à-dire qu’on a parlé de la surdité en tant que handicap qui touche le fonctionnement normal de l’oreille. Par ailleurs, nous avons tenté d’exposer le fonctionnement du système auditif pour déceler par la suite les types de surdité qui touchent chaque partie de l’oreille. Le doigt est mis sur les degrés de surdité pour lesquels la langue des signes est le seul moyen linguistique d’expression. Nous nous sommes étalé sur la description de cette langue et de ces concepts opératoires (les paramètres de formation du signe) selon lesquels la langue des sourds fonctionne et les particularités qui la distinguent à savoir le recours au geste comme unité de sens. En dernier lieu, nous avons parlé de l’histoire de la langue des signes un peu partout dans le monde. On a donné un aperçu de l’histoire de la langue des signes française (LSF) en raison de sa relation créatrice de ladite langue des signes algérienne (LSA). Enfin, on s’est attardé sur l’évolution et les méthodes adoptées pour l’éducation des sourds algériens. Le deuxième chapitre présente le corpus constitué de productions gestuelles de douze locuteurs sourds tous atteints d’une surdité sévère sauf un (surdité moyenne) et ont comme principal moyen de communication la langue de signes. Ces derniers devant signer une bande dessinée, c'est-à-dire traduire le contenu d’une histoire imagée en gestes. Nous avons commencé ce chapitre en exposant le cadre théorique dans lequel nous nous inscrivons : Les théories qui nous ont permis d’étudier le corpus, notamment celle de C.Cuxac concernant l’iconicité et de P.Gruaz relative à la construction du mot. Puis nous nous sommes attardé à faire la description morphosyntaxique de la Langue des Signes Algérienne pratiquée dans la région d’Oran pour en dégager les principes qui l’organisent du point de vue syntagmatique, c'est-à-dire l’organisation des différents paramètres du signe (la construction du signe) et paradigmatique qui décrit l’enchaînement des signes dans une suite logique (syntaxe).

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    PREMIER CHAPITRE

    LANGAGE, SURDITÉ, HISTORIQUE DE LA LANGUE DES SIGNES, LANGUE DE SIGNES ALGERIENNE

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    Introduction Dans ce premier chapitre, nous présenterons une définition du langage et ses multiples manifestations. Nous nous intéresserons de plus près à la communication non verbale qui constitue un moyen très important d’expression et de transmission de l’information. Puis, nous essaierons de définir ce qu’est la surdité, sa nature, ses degrés et ses conséquences. Nous évoquerons par la suite les différents moyens de prise en charge de la surdité sévère. Nous focaliserons notre étude sur l’un de ces moyens : la langue des signes. Mais avant cela, nous donnerons un bref panorama historique sur l’évolution de cette langue dans différentes sociétés du monde. 1.LANGAGE a. Définition L’homme est le résultat d’une longue histoire d’il y a trois milliards d’années environ, qui suite à plusieurs stades d’évolution, est devenu un être possédant une conscience qui lui permet de reconnaître sa propre réalité et de se différencier des autres espèces vivantes. C’est surtout la plasticité de son cerveau qui va lui permettre de s’adapter aux différentes conditions de vie, de faire passer des informations et de nouer des liens avec autrui. Tout cela par le biais du langage. Le langage sert à exprimer une idée, un sentiment, une émotion ou un souvenir. C’est l’outil qui permet à l’homme de se faire comprendre par ses semblables. Le langage est partout et ailleurs, il est une partie essentielle de l’être humain. Tout ce que l’homme fait ou produit est nécessairement du langage que cela soit la parole, clignotement des yeux ou la façon de marcher ou de s’habiller etc.. . L’être humain s’exprime sans le savoir. Mais est ce que cette faculté est innée ou acquise, c'est-à-dire est ce que l’homme en venant au monde a la capacité de signifier ? La réponse à cette question est tranchée d’avance chez presque tous les linguistes contemporains : la faculté de langage est inné. Chomsky (1980 :81), pour n’en citer qu’un, le dit dans ces propos : « le faculté humaine du langage est génétiquement déterminée ». c’est grâce à cette faculté que l’homme parle et peut acquérir d’autres moyens de communication. Autrement dit, la faculté de langage est à la fois indispensable et adaptative. Le langage humain se caractérise essentiellement par le recours au langage articulé utilisant l’appareil vocal comme principal moyen d’extériorisation de la pensée. En réalité, ce n’est pas ce langage articulé qui est le propre de l’homme mais la faculté de le constituer (Saussure). Cela dit, l’homme émet des sons pour communiquer avec ces congénères. il est prédéterminé à employer sa voix comme moyen de s’exprimer mais il aurait pu utiliser le geste, comme le soutenait Whitney, à la place de la parole. Pourquoi donc la faculté de langage a favorisé l’usage de la parole ? Certains linguistes pensent que c’est par commodité que le choix est tombé sur la parole et que l’origine première

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    du langage est sûrement liée à l’aspect évolutif de l’espèce humaine. D’autres, par ailleurs, supposent que l’emploi de la voix est le fruit du hasard. Ces questions demeureront sans doute sans réponses précises, parce qu’il n’existe aucune confirmation aux hypothèses sur l’origine de l’émergence du langage. Cela reviendrait à démontrer où et comment c’est fait le passage du néant au langage. D’un autre côté, il est certain qu’aucune race humaine (même les plus isolées) n’est dépourvue de langue, contrairement aux animaux, qui ne poussent que des cris pour évoquer la peur, la satisfaction, seulement au moment où ils le ressentent (Clarke, 1982). L’exemple le plus significatif de ce mode de communication animale est celui des abeilles, qui est en fait un code de signaux, une danse dit Karl Von Frisch1, pour indiquer où se trouve la nourriture par rapport au soleil. Un code qui n’est en aucune manière un langage, vu son invariabilité, son caractère fixe et la nature indécomposable de son contenu, et qui parait n’avoir pas évolué (Benveniste, 1974). « les humains sont naturellement aptes à construire des représentations mentales, à les mémoriser et à les communiquer (aptitudes qui, bien sûr, ne se développent que dans un environnement propice, c'est-à-dire dans la société d’autres humains) » (Sperber, 1982 : 42) Mais la véritable fonction de la faculté de langage reste un objet d’étude qui change de signification selon les courants et les tendances linguistiques. Cette faculté qui, à chaque fois, se manifeste par des réalisations multiples, d’où les différentes langues qui existent dans le monde, fonctionne de manière naturelle et permet aux individus de s’adapter à différentes situations de langage. En effet, l’un des courants à s’être intéressé à la fonction de langage est le courant fonctionnaliste. Comme son nom l’indique, le primat est donné à la fonction qui joue un rôle essentiel dans le processus langagier. La fonction y est perçue comme l’ensemble des facteurs orientés vers des fins le plus souvent communicatives. La langue qui est « un système de moyens d’expression appropriés à un but » est le produit direct de la faculté de langage. Elle permet la substitution de la réalité à travers des unités saisissables. Mais avant tout, le langage a une fonction sociale, c'est-à-dire qu’il joue un rôle de créateur de liens entre les individus permettant ainsi la construction de certaines normes et règles qui régissent les actes de ces derniers. A ce titre, on peut dire que le langage est essentiellement social et ce n’est qu’à partir de là qu’on pourra parler des autres fonctions que peut engendrer la dimension sociale du langage. Ainsi la fonction communicative du langage est de créer un message qui est à mi-chemin entre son émetteur et le récepteur (sensé avoir le même code) pour déchiffrer le contenu de celui-ci. D’un autre côté, la fonction cognitive, quand à elle, considère le langage comme un « module » indépendant de la pensée. Le langage est seulement un moyen parmi d’autres d’extériorisation de la pensée.

    1 Zoologiste et éthologiste autrichien

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    Enfin, dans une perspective plus au moins pragmatique, on peut dire que la faculté de langage sert à donner des indices (science du contexte) aux différents membres d’une communauté linguistique pour procéder à la communication. Il faut souligner que cette faculté ne sert pas à communiquer mais fournie en premier lieu la capacité d’apprendre une langue. C’est en tout cas l’avis du linguiste Dan Sperber qui souligne que la fonction de la faculté de langage est de permettre l’acquisition d’une langue et que la fonction première d’une langue est la communication linguistique. C'est-à-dire que le passage de la faculté à la communication passe d’abord par l’acquisition. b. La communication L’une des spécificités de l’homme est de faire sens. Un sens susceptible d’être compris par ses semblables, et qu’il partagerait avec et à l’aide de ces derniers. De là, né le besoin de communication dans la société que ce soit pour informer pour exprimer ses désirs ou ses attentes. En un mot, la communication est vitale dans une société des êtres humains. « l’instrument principal de la communication porteuse d’information, c’est le langage » (Jakobson, 1963 : 28) Le langage qui est la spécificité de l’homme est considéré comme un tout englobant plusieurs composants susceptibles de porter de la signification. Cette faculté de langage se génère par deux grandes manifestations à savoir, la communication verbale utilisant l’appareil vocal comme un moyen de production de sons porteurs de sens ; et la communication non verbale plus intense et plus perceptible parce qu’elle utilise le corps, le plus souvent de manière naturelle et non réfléchie. Mais avant d’évoquer ses deux modalités, il faut savoir ce qu’est la communication. Parler de la communication humaine c’est parler avant tout du modèle du code. En gros, il existe un émetteur et un récepteur, sensés avoir le même code. L’émetteur encode un message et l’extériorise par le biais du langage. Le récepteur décode ce message pour en découvrir le contenu original. Ce schéma linéaire adopté par Jakobson est une simplification de la communication qui ne prend en compte que l’aspect verbal du langage humain. Dans le cas de l’échange d’informations entre individus de la même communauté le code se trouve être la langue. La langue qui est un système de combinaison permet d’encoder approximativement le contenu de la pensée au moment où on veut le communiquer. Cela dit, la complexité du fonctionnement de la langue ne permet pas de véhiculer la totalité de l’information initiale, c'est-à-dire telle qu’elle a été produite dans le cerveau de l’émetteur. Cette insuffisance du modèle du code sera remplacée plus tard par un autre modèle : le modèle inférentiel. Soutenu par Paul Grice et David Lewis1, le modèle inférentiel sert à repérer des « indices » du sens voulu par le locuteur. Le destinataire « infère » un sens à partir d’un de ces indices qui n’est pas forcément linguistique.

    1 Mentionné par Sperber & Wilson (1982)

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    1. La communication verbale L’un des aspects essentiels du langage est la faculté de constituer une langue. La langue permet aux individus d’une même communauté de communiquer et d’échanger les idées, et ceci se fait dans presque toutes les sociétés du monde, même chez les peuples primitifs, par le biais de la parole. En d’autres termes, une communication qui se sert des sons produits par la voix comme principal moyen d’encoder le message à transmettre. « La véritable substance de la langue n’est pas constituée par un système abstrait de formes linguistiques ni par l’énonciation-monologue isolée, ni par l’acte psycho-physiologique de sa production, mais par le phénomène social de l’interaction verbale, réalisée à travers l’énonciation et les énonciations. L’interaction verbale constitue ainsi la réalité fondamentale de la langue. » (Bakhtine, 1924 (1977)) le marxisme et la philosophie du langage, trad. M. Yaguello, Paris, éditions de Minuit.) Selon Bakhtine, ce qui constitue la langue n’est pas l’ensemble des unités qui la composent et encore moins les principes qui régissent ces éléments. La langue n’est pas une simple addition d’un dictionnaire et d’une grammaire c'est-à-dire l’ensemble des mots répertoriés et une grammaire à savoir les règles de constructions qui organisent les différentes parties de cette même langue. La connaissance du vocabulaire est nécessaire dans l’apprentissage et la maîtrise d’une langue comme l’est d’ailleurs la grammaire. Cela dit, personne ne peut connaître tous les mots d’une langue ni assimiler toutes règles de construction surtout lorsqu’il s’agit des cas particuliers, c'est-à-dire que nul ne peut détenir une langue en entier. La totalité de la langue est la somme de toutes les productions écrites ou orales des individus qui composent une communauté linguistique donnée. Dans cette citation Bakhtine fait savoir que la langue n’est pas la pensée ou plutôt la forme de la pensée qui a pour support la langue. Il est vrai que nous pensons par et à travers le langage. Le mot ou la phrase qu’on prononce est un produit direct de l’esprit qui, après un processus de combinaison et de sélection est exprimé par des sons intelligibles. L’auteur veut dire que toutes les étapes qui précédent la production d’un énoncé ne relève pas de la langue mais d’une sorte de langage intérieur ou plus exactement un pré-langage. La langue n’est pas l’ensemble des signes produits par les individus. Un signe sonore est un support de la pensée, dépourvu de sa capacité à véhiculer de l’information ne renvoie plus à rien. Même si le signe linguistique est étudié en profondeur (phonétique /phonologie) c'est-à-dire du point de vue psycho-physiologique, il ne présente qu’une partie de la langue. Ce que Bakhtine a voulu dire c’est que la langue n’existe vraiment qu’à travers l’interaction verbale. L’énonciation est la seule réalité linguistique à travers laquelle la langue prend forme et circule parmi les individus d’une communauté. Cette production « concrète » entre locuteurs dans différentes situations communicationnelles est le pilier de la communication verbale.

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    La communication verbale ne se limite pas à la parole. Il est vrai que la parole est naturelle à l’homme car il l’emploie le plus souvent inconsciemment et de manière spontanée. Cela dit, la parole est « évanescente » et ne se suffit pas à elle-même pour être transmise dans le temps. C’est à ce stade qu’intervient l’écriture qui, depuis la nuit des temps accompagne l’oralité pour lui servir de substitut. Pour développer cette relation qui existe entre l’oral et l’écrit, nous avons choisi un extrait de Vachek cité dans l’ouvrage de Goody (1979): « la norme parlée du langage est un système d’éléments linguistiques phonétiquement exprimables dont la fonction est de réagir à un stimulus donné (qui généralement implique une urgence) de manière dynamique (…) et qui exprime normalement non seulement l’aspect purement communicatif mais aussi l’aspect émotionnel de la réaction qu’a l’utilisateur du langage. La norme écrite est un système d’éléments linguistiques graphiquement exprimables dont la fonction est de réagir à un stimulus donné (qui généralement n’implique pas d’urgence) de manière statique (…) et qui est particulièrement centré sur l’aspect purement communicatif » (Vachek cité par Goody, 1979 :144-145) La première distinction qui existe entre la parole et l’écrit c’est tout d’abord la différence dans la manifestation. La parole s’exprime par des unités phonétiques, c'est-à-dire qu’elle peut être décomposée en éléments sonores saisissables. Son apprentissage se fait de manière naturelle dès le jeune âge. La parole est commune à toutes les civilisations et sociétés. Son caractère auditif permet le passage de l’information de bouche à oreille. D’un autre côté, l’écriture permet de véhiculer le contenu d’un message donné via un code graphique régit par des règles précises (la grammaire). L’écriture nécessite un apprentissage car elle obéit à des lois et des normes très strictes qui doivent être apprises par l’apprenant. Par ailleurs, le code écrit n’est pas le propre de toutes les communautés et n’existe que dans les société ayant un patrimoine culturel très riche où l’écrit a une très grande importance. L’écriture fait circuler l’information de plume à l’œil. Cela dit, il existe une antériorité de l’oral par rapport à l’écrit, Saussure écrit à se sujet «on finit par oublier qu’on apprend à parler avant d’apprendre à écrire »1, c'est-à-dire que l’écrit n’existe que parce que l’oral a besoin d’être transcrit et enregistré. « l’écriture n’est pas la langage, mais un simple moyen de l’enregistrer à l’aide de signes visibles » (Bloomfield cite par Goody, 1979 :144) La relation qui relie l’oral à l’écrit est très intime. En effet, l’écriture permet d’enregistrer le plus fidèlement possible la parole, elle lui donne un aspect duratif à travers le temps et l’espace (Goody, 1979 :145) ; et facilite le passage du « domaine auditif » à celui du « visuel » (graphie). Enfin pour légitimer cette approche concernant l’écrit dans la communication verbale comme moyen d’appréhender l’orale, nous avons choisi cet extrait de Bakhtine qui nous semble très pertinent quant à la relation qui peut exister entre l’écrit et l’oral.

    1 Saussure, CLG. éditions TALANTIKIT. Bejaia. 2002. p35

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    « le livre, c'est-à-dire l’acte de parole imprimé, constitue également un élément de l’échange verbal » (Bakhtine, 1924) La communication verbale est certainement l’un des aspects le plus important de la communication humaine. Cependant, ce genre de communication est doublement limité parce que d’un côté le caractère linéaire de la parole ne renvoie pas à l’ensemble des productions langagières proprement dites et d’un autre côté il ne prend en considération que la forme sonore du langage. Bien plus que cela, la communication passe par d’autres paramètres classés sous la catégorie de la communication non verbale. 2. La communication non verbale Le langage humain ne se limite pas à l’expression orale. En réalité, la phase orale du langage n’est qu’une partie, certes la plus importante, parmi d’autres modalités. Si on considère la totalité des manifestations chez chaque individu lors d’une interaction verbale avec un autre, on s’aperçoit tout de suite que celui-ci a recours en plus de la parole à une multitude de gestes et d’expression du visage pour accompagner la parole et combler les lacunes lors de la communication. La plus importante expression de ces paramètres qui accompagnent la parole est le geste. Le geste est considéré comme un "mouvement du corps (principalement des bras, des mains et de la tête) volontaire ou involontaire, révélant un état psychologique, ou visant à exprimer, à exécuter quelque chose". C’est du geste volontaire qu’il s’agira dans la communication non verbale parce que le locuteur en use de manière intentionnelle afin de montrer à l’interlocuteur l’importance de tel ou tel trait. En général, le geste volontaire suit dans sa transmission le chemin classique de la communication. Celui qui gesticule émet en utilisant une ou deux mains un message décodable par son interlocuteur. Toutefois, il est à préciser que le message gestuel doit être commun à un groupe restreint ou à une communauté donnée (gestualité des italiens). La modalité gestuelle dans la communication humaine n’a pas eu un très grand intérêt comme celui accordé à la parole et ces différentes réalisations. Le geste considéré jusqu’alors comme paralinguistique n’a pas fait l’objet de beaucoup de travaux en linguistique. Ce n’est qu’au milieu des années quatre-vingt qu’on retrouve quelques ouvrages traitant de la question. L’un des auteurs à s’être intéressé au geste est Kendon1 (1988) dont on va exposer la classification ci-dessous.

    Le continuum de Kendon

    1 O.Losson. modélisation du geste communicatif et réalisation d’un signeur virtuel de phrases en langue des signes française. Thèse de doctorat soutenue à l’université de Lille. 2000. 200p. [en ligne]

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    - la gesticulation est le fait d’utiliser une ou les deux mains lors d’une discussion orale, gesticuler en parlant. Ce type de geste est appelé aussi geste co-verbal. Utiliser simultanément avec la parole, le geste co-verbal est considéré comme un complément porteur d’informations visuelles permettant une meilleure compréhension du message émit par le locuteur ; - le geste de paralangage ne fait pas partie du langage. C’est un code gestuel très restreint utilisé dans des milieux spécifiques ou conventionnels comme par exemples celui utilisé par les arbitres ou les ; - la pantomime est l’ensemble des gestes utilisé pour signifier de manière iconique un objet ou une situation. La pantomime obéit à la loi de l’iconicité c'est-à-dire que le geste est façonné selon l’objet en question et reprend le plus fidèlement possible ces traits ; - les emblèmes ou gestes symboliques remplacent le plus souvent un mot ou une expression. Ils peuvent aussi accompagner la parole pour signifier la même chose ; « par exemple, le geste de salut est un emblème. On peut prononcer « Au revoir » tout en exécutant le geste, mais dans ce cas, les deux messages sont sémantiquement redondants » (Braffort, 1996 :26) - la langue des signes est la langue qui utilise le geste comme principal moyen de communication. Les gestes sont considérés comme des signes porteurs d’informations. Ils sont régit par une grammaire et peuvent transposer la réalité en toute authenticité. De toutes les catégories de gestes vus jusqu’ici dans le continuum de Kendon, les gestes de la langue des signes utilisés principalement par les sourds sont les seuls à être considérés comme une langue à part entière (Cuxac, 1983). c. Les dichotomies de Saussure Selon la tradition saussurienne la langue se veut être un système qui organise un ensemble d’unités porteuses de signification. Mais véritable innovation de Saussure est d’avoir proposé deux importantes dichotomies, à savoir la distinction entre la langue et la parole (langage) et une opposition entre signifié et signifiant (signe). La première dichotomie tire son essence de la nature même du langage. En effet, pour Saussure le langage comporte deux grande parties : la langue et la parole. La langue, « partie sociale du langage » est un système de signes à la fois commun à une collectivité et extérieur aux individus qui la constituent. Elle est la partie psychique du langage. Contrairement à la langue qui est essentielle par son statut, la parole quant à elle ne l’est pas moins. Saussure la considère comme la partie secondaire du langage. Ceci à cause de son caractère accidentel. Elle n’existe vraiment que pour servir de support à la langue. « nul ne parlerait si les sons qu’il articule ne devaient renvoyer à quelque chose d’autre. Et Saussure ne cesse d’y insister : les sons ne comptent pour la langue que dans la mesure où ils servent de signes. “ La langue n’a conscience du son que comme signe“ » (Fehr, 2000 :14)

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    La deuxième dichotomie proposée par Saussure dans le cours de linguistique générale concerne le signe linguistique. Il existe une relation d’association entre un signifiant, que ce soit une suite sonore ou un mot écrit, et un signifié correspondant à un concept ou à une idée. Le lien qui unit ces deux parties est qualifié d’arbitraire. « le lien unissant le signifiant au signifié est arbitraire, ou encore, puisque nous entendons par signe le total résultant de l’association d’un signifiant à un signifié, nous pouvons dire plus simplement : le signe linguistique est arbitraire. » (Saussure : 87) d. Saussure et la langue des signes Selon Saussure, la langue est un système dont le rôle est de créer des signes permettant aux sujets parlant d’exprimer des idées et d’échanger de l’information. La langue, d’après Saussure, est comparable à l’alphabet des « sourds muets » et aux « rites symboliques », c'est-à-dire que la langue est un ensemble de signes symbolisant la réalité. « la langue est un système de signes exprimant des idées, et par là, comparable à l’écriture, à l’alphabet des sourds muets, aux rites symboliques, aux formes de politesse, aux signaux militaires, etc. elle est seulement le plus important de ces systèmes. » (Saussure : 22) La langue est « le plus important de ces systèmes » par son haut degré d’abstraction et par sa capacité de représenter la pensée de l’être humain. Contrairement aux autres systèmes de signes qui n’ont, en fait, qu’une fonction symbolique restreinte à un domaine précis comme le note Saussure : les formes de politesse, les signaux militaires, etc. mais ce que nous devons ajouter pour l’alphabet des sourds muets et l’écriture, c’est qu’ils sont respectivement une représentation spatiale t graphique des lettres ou des sons de la langue parlée. « le signe linguistique unit non une chose et un nom, mais un concept et une image »(Saussure : 85) Dans le cas de la langue des signes nous devrions dire le signe linguistique chez les sourds unit un signe c’est à dire un ensemble de paramètres manuels et non manuels et une image mentale. « tout le mécanisme (linéarité du signifiant) de la langue dépend par opposition aux signifiants visuels (signaux maritimes, etc.), qui peuvent offrir des complications simultanées sur plusieurs dimensions, les signifiants acoustiques ne disposent que de la ligne du temps, leurs éléments se présentent l’un après l’autre : ils forment une chaîne. » (Saussure : 89) Selon Saussure, les langues sont soumises à une analyse linéaire. Ceci principalement à cause de l’exécution successive des phonèmes qu’on ne peut produire en même temps par l’appareil vocal. Ce qui a valu aux langues orales et écrites le caractère linéaire dans lequel les sons de la chaîne parlée se réalisent par une succession de signes sonores ou graphiques dans une lignée temporelle. Contrairement à cela, la langue des signes offre par son aspect visuel une multitude d’unités réalisées simultanément. Elle est comparable aux « signaux maritimes » où comme les appelle

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    Saussure les « signifiants visuels » qui sont de nature spatiale et pluridimensionnelles. Les unités qui composent ces signifiants visuels sont appelés en langue des signes : les paramètres. Les signifiants visuels en langue des signes se divisent en deux grandes catégories, les signes standard et les structures de grande iconicité. Le signifiant visuel en langue des signes comprend plusieurs paramètres exécutés en même temps. Le geste de la main ou des deux mains montre la direction du mouvement, la mimique faciale a une fonction « phatique », etc. dans ce genre de signes c'est-à-dire les signes de grande iconicité on ne peut pas parler d’une langue à caractère linéaire comme le montre Saussure plus haut. L’ensemble de ces signes combiné avec d’autres structures du même genre ou avec des signes standard constitue un énoncé signé. Cet énoncé quant à lui, peut être structuré linéairement selon l’importance des unités qui le composent. Enfin, vu cette dernière remarque il ne faut pas croire qu’un énoncé de la langue des signes n’est pas structuré. La succession des signes dans le temps constitue le caractère linéaire de la langue des signes. « on pourrait aussi discuter un système de symboles, parce que le symbole a un rapport rationnel avec la chose signifiée, mais pour la langue, système de signes arbitraire. Cette base fait défaut » (Saussure : 93) La langue des signes échappe en partie à l’arbitraire du signe. Cela essentiellement en raison du degré de ressemblance qu’offre cette langue vis-à-vis du réel et surtout lorsqu’il s’agit de représenter des objet concrets. Par exemple si nous prenons le signifié « voiture », l’individu sourd mime l’action de conduire. Même si l’interlocuteur n’est pas sourd il arrive quand même à comprendre le message. Le haut degré de symbolisation de la langue des signes met partiellement en question l’arbitraire du signe dans le langage des sourds, parce que « le symbole a un rapport rationnel avec la chose signifiée ». Cependant, cette langue subit tout de même les mêmes lois des langues naturelles, plus précisément, celle de l’arbitraire du signe. Concernant les signes standard, on peut constater qu’il existe beaucoup de signes qui ne présentent aucun lien formel avec la chose qu’ils représentent. Le signe « école » n’a aucune ressemblance formelle et ne contient aucun trait saillant de l’objet en question. L’utilisation de différents modes de communication par l’homme montre sa capacité d’adaptation naturelle face aux situations langagières qui ne sont pas toujours perceptibles. C’est à ce moment qu’entre en action la faculté de langage qui permet le recours à de telles manifestations que ce soit par le biais d’un langage articulé ou par des moyens d’expression non articulés comme le geste. En l’occurrence, cela concerne principalement l’individu normal, c'est-à-dire l’individu ayant une faculté de langage intacte et un appareil de réception et de transmission en parfait état. Cela dit, si l’un de ces composants venait à disparaître par un accident ou par une malformation congéniale, la faculté de langage s’adapte selon les moyens du bord. L’absence de l’ouïe est l’exemple le plus significatif de ce genre d’adaptation dont nous exposerons dans la partie suivante quelques repères susceptibles d’apporter des éléments de réponses relatifs à notre problématique.

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    2. SURDITÉ a. Qu’est ce que la déficience auditive ? (définition) Selon le dictionnaire TLFi1, sourd signifie : “Qui est privé du sens de l'ouïe ou qui est atteint d'une baisse (unilatérale ou bilatérale) de l'audition qui empêche d'entendre certains sons. Synon. Malentendant. “ La surdité est « une diminution uni ou bilatérale de l'ouïe quels qu'en soient le degré et l'origine »2. On peut définir la surdité comme étant une diminution ou la suppression de la capacité à percevoir des signaux sonores. C’est un handicap invisible qui peut atteindre n’importe quelle personne. Mais avant de décrire davantage la surdité, il est nécessaire de faire la description de l’appareil auditif. En d’autres termes, il faut connaître les parties et les composants de l’oreille afin de mieux cerner le fonctionnement de celle-ci. Et par la suite comprendre les types de surdité relatifs à chaque partie touchée par une anomalie ou un dysfonctionnement. b. Anatomie de l’oreille et fonctionnement de l’oreille L’oreille est l’organe qui sert à capter les sons. Elle comprend trois parties : l’oreille externe, l’oreille moyenne et l’oreille interne. L’oreille externe Ce que nous percevons et que nous appelons oreille, n’est autre que l’oreille externe. Elle est formée par un pavillon en forme conique qui sert essentiellement, de par sa composition, à capter les sons. Cette partie de l’oreille a pour fonction de conduire les sons aux autres parties, moyenne et interne, par le biais du conduit auditif externe. Et enfin le tympan. L’oreille moyenne L’oreille moyenne est une grande partie qui comprend la trompe d’Eustache et la caisse du tympan. La trompe d’Eustache est un long tube fermé vers le nez. Elle a plusieurs rôles comme celui, par exemple, d’égaliser les pressions d’air entre l’oreille moyenne et le milieu extérieur. La caisse du tympan de forme cubique, a pour fonction de transmettre les vibrations sonores à l’oreille interne. L’oreille moyenne est une cavité remplie d’air, Elle contient la chaîne des osselets. C'est-à-dire trois petits os reliés par deux muscles qui vont permettre la transmission l’énergie vibratoire jusqu'à l’oreille interne.

    1 Trésor de la langue française informatisé. CNRS EDITIONS. 2005 2 Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : http://www.who.int/fr/ (2006)

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    L’oreille interne L’oreille interne est constituée principalement de deux grandes organes : La cochlée et le vestibule. La cochlée est un organe comparable à un tuyau dont les deux extrémités communiquent avec l’oreille moyenne. Les cellules de la cochlée vont envoyer les vibrations sonores vers les centres auditifs du cerveau. Quant au vestibule, il contient les canaux semi-circulaires qui sont responsables de l’équilibre chez l’homme.

    Anatomie de l’oreille 1 Fonctionnement du système auditif L’audition résulte de l’action de trois parties : l’oreille externe ou capteur, l’oreille interne ou diffuseur, l’oreille interne ou interprète. L’oreille externe capte (canalise) les vibrations sonores les achemine vers le conduit auditif, ensuite ces vibrations sont propagées jusqu’au tympan. Les vibrations traversent les osselets (oreille moyenne). Une fois le signal arrivé au niveau de l’oreille interne il est sitôt transformé en impulsions électriques qui seront envoyées au cerveau pour être décodés.

    1 http://www.medecineetsante.com/anatomie/anatoreille.html (1999-2005)

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    c. Types et degrés de surdité Il existe trois types de surdités la surdité de perception, de transmission et la surdité mixte. Quant aux degrés on notera la surdité légère, moyenne, sévère et enfin totale. a-Types de surdité : La surdité de perception

    La surdité de perception touche l’oreille interne. Les parties qui sont touchées sont la cochlée et le nerf auditif1. La perception de la voix est diminuée et la parole est déformée. Elle peut être causée par une exposition à des bruits forts ou due à une fracture du crâne. Ces causes sont à l’origine du dysfonctionnement de la cochlée. Au niveau de la cochlée, il existe deux sortes de surdités (cochléaire et rétrocochléaire) .

    La surdité de transmission2

    La surdité de transmission atteint l’oreille externe et moyenne. Elle touche avant tout le conduit auditif, le tympan et les osselets. Elle est caractérisée par la disparition partielle de la capacité à entendre. Généralement, ce type de surdité est traité par des médicaments ou par une opération chirurgicale. La surdité de transmission affecte la perception des bruits moyens.

    La surdité mixte

    La surdité mixte regroupe ces deux autres types de surdité, c'est-à-dire à la fois la surdité de perception et la surdité de transmission.

    Types de surdités Surdité de transmission Surdité de perception

    Les causes

    Oreille externe Malformation Bouchon de cérumen Oreille moyenne Otite Perforation tympanique L’Otospongiose : Calcification qui réduit la mobilité de l'étrier etc.…

    Oreille interne Vieillissement du système auditif Hérédité Exposition anormale aux bruits etc…

    b-Les degrés de surdités Le degré de surdité est calculé à partir de la moyenne des pertes auditives sur des fréquences de 500 à 4000 Hz. Pour le classement des degrés de surdités il faut se reporter à la classification établie par le bureau international d’audio-phonologie (BIAP)3 : 1 http://www.surdite.net/documentation/surdite/perception.html (2006) 2 http://www.surdite.net/documentation/surdite/transmission.html(2006) 3 http://www.surdite.net/documentation/surdite/degres.html (2006)

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    Surdité légère (perte de 20 à 40 dB) L’individu entend normalement la parole mais certains éléments phoniques ne sont pas perçus. Les voix très lointaines ou à basse tension ne sont pas entendues. Dans ce genre de surdité, le sujet manifeste plusieurs erreurs articulatoires dues à la non perception de certains éléments de la voix. Dans ce cas l’appareillage peut compenser la perte. Surdité moyenne (perte de 40 à 70 dB) Les sons ne sont perçus que s’ils sont de forte intensité. Le sujet présente des difficultés de langage. Le retard de la parole est manifesté1. Il ne peut y avoir de constitution de la langue sans appareillage et rééducation adaptée. Surdité sévère (perte de 70 à 90 dB) Le déficient auditif est insensible aux bruits en dessous de 80 dB, La compréhension de la parole est quasi inexistante. En fait, l’appareillage est nécessaire pour le jeune sourd pour la rééducation de la parole, vu qu’il ne connaît pas d’autre langage que le geste. Surdité totale (perte supérieure à 90dB) 100 dB représente le bruit d'un marteau-piqueur ; 120dB celui d'un réacteur d'avion à 10 mètres. La personne atteinte de la surdité totale n’entend absolument rien et n’a aucune idée des sons de la parole. Le recours aux gestes est obligatoire. Dans le cas de notre étude de la langue des signes nous ne prendrons en cause que la surdité sévère. Ceci parce que les individus atteints de ce genre de déficience n’ont pas d’autres moyens que le geste et c’est dans ce sens que nous allons définir les causes et les origines de cet handicap. Cela nous permettra de mieux cerner les facteurs qui agissent sur le développement langagier chez les sourds sévères. d. LA SURDITE SEVERE L’une des caractéristiques de cette surdité est l’absence de réaction face aux bruits et à la parole. Ce qui va entraîner inévitablement un retard du langage oral chez les enfants atteints puisqu’ils n’ont pas eu l’occasion d’acquérir la langue de la communauté, en d’autres termes les enfants sourds de naissance2 n’ont pas accès à la langue maternelle et du coup absence de contact avec le milieu extérieur. Origines et causes de la surdité sévère Le facteur héréditaire reste l’une des principales causes de ce genre de déficience auditive. Si les parents ou un membre de la famille sont porteurs de ce handicap, le risque de surdité de nature génétique à la naissance est très élevé.3

    1 Guide pour les enseignants qui accueillent un élève présentant une déficience auditive. (Version informatisée) 2 On distingue deux types de surdités, postlinguale et prélinguale. La première concerne les individus devenus sourds et qui ont eu le temps d’acquérir une langue orale. Quant à la deuxième, elle apparaît au moment même de l’acquisition du langage. 3 OMS: http://www.who.int/fr/ (2006)

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    La surdité sévère est due chez l’enfant à « des causes infectieuses contractées par la mère…certains médicaments pris lors de la grossesse peuvent également entraîner une surdité chez l’enfant »1 Enfin, l’une des causes les plus rares est le traumatisme crânien qui touche l’une des parties de l’oreille provoquant ainsi la destruction de l’appareil auditif. 1. Les conséquences de la surdité sévère La gravité de la surdité sévère qui est le plus souvent congénitale se traduit généralement par le retard du langage ou la quasi inexistence de ce dernier. L’enfant atteint par ce handicap n’a plus les outils nécessaires à son développement linguistique, psychologique et social. C’est ce qui provoque chez lui un isolement par rapport à la société, ceci à cause de l’absence de moyens naturels de communication orale « c'est-à-dire d’éléments favorables à la socialisation »2 « Si l’isolement du sourd est un handicap à l’égard du langage, la pauvreté du langage n’entraîne pas le sourd à sortir de cet isolement »3. Cet isolement crée un manque immense d’informations pour que le déficient auditif puisse interagir avec les membres de sa communauté. D’un autre côté, la restriction des données provoque chez l’individu atteint d’une déficience auditive un appauvrissement langagier dû à l’absence du canal auditif, autrement dit, « la surdité rend plus difficile l’acquisition de certaines connaissances dans la mesure où elle diminue les facilités d’accès. »4 Pour l’enfant sourd, l’absence de l’ouie est la cause principale du retard de l’apprentissage verbal et plus tard l’échec scolaire. Psychologiquement, la surdité entraîne de graves troubles qui se traduisent essentiellement par un sentiment de honte et de culpabilité5. Dans certains cas la déficience provoque des difficultés de concentration et dans d’autres cas un sentiment de méfiance vis-à-vis des entendants. Le progrès scientifique dans le domaine de l’électronique a permis la prise en charge de la surdité. C’est surtout avec les implants et l’appareillage que certaines surdités peuvent être atténuées.

    1 http://perso.orange.fr/audition.st-etienne/causes.html (2006) 2 D. Colin. « Psychologie de l’enfant sourd ». Masson. Paris.1978.p4 3 Ibid 4 Ibid. p5 5 http://french.hear-it.org/page.dsp?page=343 ( consulté le 02.10.2006)

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    2.LES MOYENS DE PRISE EN CHARGE 2.1 LES MOYENS MEDICAUX L’ cochléaire L’implantation cochléaire est l’application chez le sourd d’une prothèse auditive. Elle sert à pallier aux lésions de l’oreille interne. C’est une sorte d’oreille artificielle permettant aux sujets sourds de capter certains sons, elle « ne restitue en aucun cas une audition normale. Il s'agit d'une prothèse auditive et la personne sourde qui en bénéficie reste sourde ! »1 Le recours à cette implantation se fait le plus souvent chez les déficients auditifs atteints d’une surdité de perception où l’oreille interne ne fonctionne pas dans son ensemble. Les cellules ciliées, qui servent à transformer les vibrations sonores en signal électrique, les transmettent par le nerf auditif vers le cerveau. Lorsque cette déficience est très importante la majorité des cellules ciliées sont endommagées, l’implant cochléaire (Cf. p 122) joue le rôle de ces cellules. L’appareillage Connus le plus souvent sous le nom d’appareils de correction auditive dont le rôle principal est de modifier le son pour qu’il soit mieux perçu par l’oreille déficiente. L’appareil est choisi en fonction du degré de surdité par un audioprothésiste qui agit sur prescription médicale. 2.2 Les moyens linguistiques Par ailleurs, il existe d’autres méthodes de prise en charge des individus atteints d’une déficience auditive plus au moins grave. Cette fois ci, c’est l’enseignement d’un langage qui permet de structurer l’accès à l’information. Nous ne citerons que les méthodes les plus connues et surtout les plus utilisées. 2.2.1 La méthode oraliste La méthode oraliste consiste à apprendre aux individus sourds une langue parlée, le plus souvent la langue officielle du pays où ils vivent. Son apprentissage s’appuie sur la lecture labiale2 qui nécessite un entraînement régulier. Lire sur les lèvres de l’enseignant entendant en touchant sa gorge pour sentir les vibrations et leurs emplacements, puis reproduire le sons émis.

    1 http://www.surdite.net/documentation/appareils/cochleaire.html (2006) 2 Action de lire sur les lèvres, elle reste pour l’enfant sourd ou malentendant une devinette permanente à causes des sosies labiaux (les choses qui se lisent sur les lèvres de la même manière mais qui ont un sens différent)

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    Cette méthode a vu le jour après le congrès de Milan (1880) qui marqua la fin de l’enseignement gestuel. C’est ainsi que s’installa la « méthode de l’orale pure » en Allemagne, en Italie et en France. La langue des signes est jugée élémentaire ne permettant guère l’acquisition du savoir. Elle est donc interdite dans les écoles pour sourds. Sous le slogan « L’éducation oraliste favorise l’intégration des sourds en milieu entendant », l’oralisme est devenu le seul modèle d’éducation scolaire au sein des établissements spécialisés. On notera à ce propos les citations1 de deux partisans de ce courant : « Si réellement la méthode orale ne présentait aucune espèce d’avantage, elle ne serait pas maintenue pendant trente ans dans l’enseignement, mais nous croyons bien qu’on s’est trompé sur la valeur de cette méthode » (Binet, 1909 cite par Cuxac, 1983) La pédagogie oraliste est basée sur l’incitation des élèves sourds à la parole : « Le bain de parole où on plonge (l’enfant sourd) dès son arrivée crée le désir de parler. Si l’on exigeait peu, il ne donnerait presque rien. En exigeant beaucoup, en n’admettant que la parole, l’élève s’efforce de parler » (Peyre, 1961. ibid.) L’interdiction des gestes a persisté jusqu’au année soixante-dix. L’échec de l’oralisme s’est traduit par l’ « illettrisme » de la majorité des individus sourds. La parole n’offrait que très peu d’informations et du coup absence du savoir. L’échec pédagogique de cette méthode est aussitôt traduit par la psychologie. C’est la surdité qui est à l’origine de cet échec et non pas l’enseignement oraliste. La psychologie des sourds n’est « point celle de l’homme normal », en plus cette « infirmité » influe sur « la formation de l’intelligence » (E.Drouot cité par Cuxac, 1983. p : 159) L’oralisme n’est autre chose qu’une « intégration forcée, imposée » qui voile l’intolérance d’une «communauté majoritaire »2. 2.2.2 La méthode gestuelle (la langue des signes) Contrairement à la méthode oraliste, la méthode gestuelle donne à l’individus sourd la possibilité de s’exprimer par le mode qui lui convient : le geste. Ne pouvant accéder à la compréhension de la parole, le sourd essaye néanmoins de deviner ce qu’on lui dit en s’aidant de l’expression du visage du locuteur et en déchiffrant les indices situationnelles qui lui permettent de comprendre le sens de la parole. Mais pour ce qui est de communiquer avec les autres, entendants et sourds, le déficient auditif utilise instinctivement le geste. Le geste lui permet de mimer les choses et de représenter sa pensée, le tout structuré par une syntaxe propre à son mode de perception. Certains appelle cela un mode de communication mais ce qu’il faudrait préciser c’est que l’ensemble des gestes produits par les sourds est une véritable langue : la langue des signes. La langue des signes est une langue « à part entière », elle possède son propre vocabulaire et une grammaire spécifique. Elle utilise principalement le canal visio-gestuel comme moyen

    1 Les citations sont tirées de C.Cuxac. Le langage des sourds. Payot. Paris.1983 2 Ibid. p166

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    pour accéder à l’information. Pour les individus atteints d’une surdité sévère ou profonde, elle reste l’outil de communication le plus naturel et le plus facile à apprendre. Comme toutes les langues naturelles (orales), la langue des signes nécessite un enseignement. Dans le cas de parents sourds, l’enfant l’acquiert sans grande difficulté. Elle représente pour lui une langue « maternelle ». Par contre, si l’enfant est atteint d’une surdité grave et les parents sont entendants le problème se pose quant à son apprentissage. Dans ce cas l’enfant ne développe qu’une sorte de mimique lui permettant un échange communicationnel très restreint. « La communication par signe » est enseignée dans les établissements spécialisés. Elle apporte à l’enfant sourd toutes les données que peut lui offrir une langue orale. L’éducation scolaire est assurée par des enseignants maîtrisant la langue des signes. Cependant, l’enseignement de la parole est toujours existant pour donner aux sourds la possibilité d’entrer en contact avec le milieu entendant et surtout pour ne pas les isoler. D’un autre côté, la langue des signes, de part son caractère immédiat, va faciliter « la mise en ordre des connaissances, leur stockage, leur évocation » (D.Colin.. 1978. p :8) Enfin, on peut dire que la multitude de gestes utilisés n’est en fait que la traduction de la pensée des individus sourds par signes. Des signes qui représente la réalité de la manière la plus fidèle. 2.2.3 La communication totale (mixte) La communication totale est une stratégie d’éducation englobant les deux méthodes précédentes. Elle est, surtout, utilisée en milieu scolaire en vue d’améliorer le comportement langagier des sourds. Les défenseurs de cette technique la considère comme une« philosophie » et non comme une méthode de communication au sens propre du terme. . La communication totale est un système qui a pour but l’apprenant. Utilisant différentes techniques, elle assure à l’enfant sourd en milieu scolaire les moyens de se faire comprendre et d’entrer en interaction avec la communauté où il vit. De plus, elle prend en charge tous les facteurs qui entrent dans le développement et dans le processus d’apprentissage langagier du jeune sourd. La simultanéité des moyens d’enseignement de la communication totale offre au jeune déficient toutes les possibilités d’extérioriser le plus profond de sa pensée. Ces productions langagières vont être traduites par les enseignants afin de mieux cerner les compétences de ce dernier. L’enfant choisira le mode qui lui convient : la langue des signes, la langue orale, l’écriture, image, etc. en un mot, toute méthode assurant la communication. L’éducation du sourd se fait selon des stratégies d’apprentissage adaptées à son degré d’handicap. Elle oriente l’apprenant vers une « certaine forme de communication expressive »1. La langue signée, c'est-à-dire la langue orale traduite par des signes mais dans une structure et un ordre appartenant à la langue orale, est la plus fréquemment utilisée pour passer d’un code à un autre. Ceci va donner une certaine sécurité linguistique à l’apprenant.

    1 www.gendeaf.org (2006)

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    L’inconvénient de la communication totale est d’apprendre deux systèmes, voir plusieurs, à la fois. Ce qui va entraîner inévitablement la maîtrise d’un code au détriment de l’autre, et dans certains cas, la pauvreté langagière des deux codes (oral et gestuel) Enfin, on peut dire que cette brève description de la surdité aura permis d’avoir une idée des causes et des spécificités de chaque type de surdités et les moyens de la traiter. Parmi ces moyens on ne prendra compte que de la langue des signes comme procédé langagier permettant aux sourds et plus spécifiquement aux sourds sévères de communiquer. 3. HISTOIRE DE LA LANGUE DES SIGNES a-histoire de la langue des signes en France et aux états unis nous avons relevé l’essentiel de cet historique dans l’ouvrage de Bill Moody (1983). Ainsi, les origines de la langue des signes qu’utilisent les sourds aujourd’hui sont assez lointaines qu’on ne peut leur assigner un âge. Rares sont les évocations de cette langue qui se composait alors de simples gestes aux yeux des entendants. Une langue longtemps ignorée par l’ensemble des entendants, surtout dans les sociétés antiques, qui portaient un regard négatif envers le mode d’expression des sourds. La conséquence de ces jugements a fait que les témoignages des sourds sont quasi-inexistants pour ce qui est de leur patrimoine. D’un autre côté les sourds n’ont pas été considérés comme des gens « normaux », ceci principalement, à cause de leur mutité. Et on estime qu’ils sont incapables de s’exprimer et de témoigner par eux mêmes. Pour cela nous n’évoquerons que les témoignages des entendants à leur égard. Dans l’Antiquité grecque, le philosophe Platon (427, 347 avant Jésus-Christ) utilisait le mot « logos » pour signifier à la fois « la parole » et « la raison ». Pour lui, quelqu’un qui ne parle pas est dans l’impossibilité de raisonner. « Khophlos » du grec signifie sourd et simple d’esprit. Les sourds étaient donc des ignorants et n’avaient pas droit à l’éducation. Son disciple Aristote (384, 322 avant J-C) a remarqué qu’un sourd de naissance ne pouvait communiquer avec son entourage. L’absence de parole est due à l’absence de la raison : « Les sourds irrémédiablement ignorants, ne pouvaient pas être éduqués. » (cité par Bill Moody, 1983 :17) Cependant, les préjugés des gens de l’époque changeaient d’une communauté à une autre. Ainsi chez les communautés occidentales, la naissance d’un enfant sourd est vue comme une malédiction. « Les parents d’un enfant sourd-muet, aussi honteux qu’affligés dérobaient leur enfant à tous les yeux » (ibid.). Par contre chez les égyptiens et les perses, les sourds sont considérés autrement. Ils étaient l’objet d’un intérêt religieux, « on voyait leur infirmité comme un siège visible de la faveur céleste. » (ibid :17) Chez les peuples primitifs tels que les tribus indiennes ou les africains subsahariens, « la surdité ne constituait pas un handicap » pour « l’intégration ». Les sourds étaient considérés comme des individus presque normaux. Il n’y a que la fonction de chef de village qu’ils ne peuvent exercer.

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    Jusqu’ à la moitié du moyen âge, on ne trouve que de brèves descriptions sur les sourds. Leurs activités étaient réduites à cause du manque de communication avec les entendants. Ils s’exprimaient avec ces derniers avec un mélange de gestes et de pantomimes ; un langage souvent limité et restreint. C’est l’une des raisons qui était à l’origine du rejet des sourds de la communauté entendante. Cette incapacité de parler était l’indice de l’inaptitude à penser, du coup, ils faisaient partie des « idiots du village », tels que « les fous » et « les débiles ». Vers la fin du VIème siècle, les moines commençaient à s’intéresser aux sourds. Saint Jérôme attestent que « les sourds pouvaient apprendre l’évangile par les signes » et utilisent « des mouvements expressifs avec leur corps »1 dans les conversations journalières. Saint Augustin évoque l’existence d’une famille sourde très respectée de la bourgeoisie milanaise, et dont les gestes formaient les mots d’une langue selon ses propos. La dénégation des sourds et leur mode de communication était présents surtout dans les échanges oraux de leur communauté. Les sourds ne bénéficiaient que d’informations très réduites et adressées spécialement à eux. C’est pourquoi les sourds n’ont pas eu la chance d’avoir une éducation pour ainsi développer leur intelligence. Ce n’est qu’à la renaissance que les choses ont vraiment évolué. C’est à cette époque, et plus précisément au XVIème que Montaigne écrit à ce sujet : « Nos muets disputent, argumentent et content des histoires par des signes. J’en ai vus de si souples et formés à cela qu’à la vérité, il ne leur manque rien à la perfection de se faire entendre » (cité par Bill moody, 1983 :18), il y ajoutera même « il ont besoin des alphabets des doigts et grammaire en gestes » (ibid). Par ailleurs il confirme que les sourds se regroupaient en bien avant le XVIème siècle. Cette remarque ne sera effective que deux siècles plus tard, où s’éveillera à nouveau un intérêt pour les sourds et leur langue. A cette même époque, d’autres entendants commencent à s’intéresser aux comportements des sourds. Ce sont principalement des prêtres qui s’aperçoivent que l’éducation de l’enfant sourd est possible. L’un d’eux est Pedro Ponce de Leon (1520, 1584).un moine bénédictin. Il prend en charge l’éducation de quelques sourds issus de la noblesse. Il leur apprend à écrire, lire et articuler avec l’alphabet manuel utilisé à l’époque auprès des mourants n’ayant plus la force de parler, et des gestes que la loi du silence imposait dans les monastères. Juan Pablo-Bonet (1579, 1623) poursuit les travaux de Ponce en publiant toute fois un livre qui s’intitule « simplification des lettres de l’alphabet et méthode de l’enseignement permettant aux sourds de parler ». L’originalité de Bonet est d’avoir enseigner les sons d’un langage parlé par le biais de l’alphabet manuel2. En France, Jacob Rodrigues Pereire (1715, 1780) est un précepteur3 qui enseigne la parole aux enfants sourds des familles riches. Il devient une figure emblématique de l’oralisme. Il pratique des procédés tenus secrets qui reposaient sur l’alphabet manuel phonétique, plus vif que les alphabets traditionnels. Il les nommait « dactylologie ». Pereire utilisait sa méthode essentiellement avec des individus qui présentaient des restes auditifs, utilisant une dactylologie phonétique, où chaque geste signifie un son. « La lecture sur les lèvres était l’une des particularités de son procédé ». (cité par Elise Leroy. Didactique de la LSF. Paris.2005) 1 Bill Moody. Dictionnaire de la langue des signes. IVT.1983 2 Elle est plus connue aujourd’hui par la dactylologie. 3 Personne qui est chargée de l’éducation d’un enfant à domicile. Larousse, 1980

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    Après plusieurs rapports et observations adressés à l’Académie des Sciences, il classe les sourds en trois espèces : « les sourds et muets de surdité totale ou absolue ; ceux qui discernent des bruits plus au moins grands mais sans percevoir vraiment les paroles ; enfin les muets qui ne perçoivent que du bruit et quelques sons. » (ibid : 14-15) Autre originalité des méthodes de Pereire, les enfants touchent la gorge de leur précepteur pour sentir et ainsi imiter les vibrations pour produire des sons. C’est alors qu’est apparu le terme « démutisation »1, encore utilisé à nos jours. Il fit part à tout le monde de ne pas confondre la surdité avec imbécillité, les sourds sont des individus intelligents et capables d’apprendre un langage pour exprimer leur pensée. Néanmoins, les gestes sont complètement écartés. Un personnage clé de l’histoire des sourds : L’abbé de l’épée qui crée à partir de 1760 une école chez lui. Il reçoit gratuitement des enfants sourds, à qui il enseigne le français à l’aide des gestes naturels et des signes artificiels dont il est l’inventeur. Son premier but était d’éduquer les jeunes sourds, ce qui signifiait pour lui, leur enseigner le français à commencer par le français écrit. L’abbé de l’Epée pensait qu’en injectant des signes da sa propre invention (représentant ainsi les éléments grammaticaux de la langue française), il arriverait à adapter l’enseignement du français aux sourds. Ces signes indiquaient également les temps, les personnes, les genres, et les fonction grammaticales du français. Il les appelait « les signes méthodiques », c’est ce qui a donné l’impression à tout le monde qu’il mettait de l’ordre dans une gestualité désordonnée. Il est essentiel des souligner que Michel de l’Epée est le premier à avoir éduqué les sourds par des gestes et le premier à baser l’enseignement des muets sur leurs gestes naturels. Il est a parvenu « à imposer à l’opinion que les sourds sont des êtres humains comme les autres »2 et qu’ils ont les compétences pour apprendre comme n’importe quel individu. Pierre Desloges, le premier sourd à s’occuper de la langue des signes a écrit un livre dans lequel il défend la langue des signes « observations d’un sourd-muet ». Il soutient que le système de communication gestuelle des sourds est une véritable langue, structurée et riche en lexique et n’est en aucune manière un langage élémentaire et pauvre. Juste après, à l’époque de Bébian (1786-1834) les écoles de sourds se multipliaient et deviennent des centres de regroupement dans chaque région. La langue des signes se trouve désormais au rang de langue d’enseignement. Elle est adoptée par les grandes écoles de province et les anciens élèves contribuent à son enrichissement et à sa diffusion. Par contre, ces mêmes « partisans » commettent l’erreur de négliger « l’enseignement de la parole ». Les oralistes profitent de cette situation « pour raidir » l’utilisation des gestes comme moyen d’éduquer les sourds et décident d’introduire l’enseignement de la parole. Venue d’Allemagne la méthode orale prenait, partout, un plus de terrain. Le but de cette méthode était d’intégrer les sourds à la vie sociale et de montrer l’efficacité de l’éducation orale. L’usage des signes naturels est écarté peu à peu de l’enseignement et fut, par la suite, 1 Technique pour apprendre aux sourds à parler. 2 Bill Moody. Dictionnaire de la LSF. 1983. p 24

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    interdit. C’est dans cet esprit que c’est tenu en 1880 le Congrès de Milan « interdire définitivement les gestes dans l’enseignement ». Les choses étaient claires : « l’incontestable supériorité de la parole sur les signes (…), l’usage simultané de la parole et des signes à l’inconvénient de nuire à la parole. » (cité par C.Cuxac,1983. p138) Enfin, on peut dire qu’après un siècle d’interdiction des gestes naturels, les sourds d’aujourd’hui communiquent entre eux par « la langue des signes d’autrefois », c'est-à-dire la même langue utilisée avant et pendant l’interdiction. Les oralistes ont cru qu’en interdisant la langue des signes, celle-ci va disparaître à jamais pour laisser place à la parole. Mais ils n’ont pas pris en compte les besoins langagiers des sourds, qui ne peuvent se passer de la communication gestuelle adaptée à leur mode de perception. Du coté de l’Amérique Le révérend Thomas Hopkins Gallaudet (1787, 1851), venu en Europe afin de connaître la méthode française. Il invite un professeur de l’Institut de Paris, Laurent Clerc (1816), pour fonder la première école de sourds aux Etats-Unis. Ainsi , Clerc propose un enseignement adapté du modèle français (tout le lexique de la mimique française). Mais avant l’arrivée de ce dernier, les « sourds américains faisaient aussi des gestes » pour communiquer entre eux. L’apport de Clerc n’a fait qu’enrichir les gestes américains, mais les mieux éduqués des sourds furent ceux qui avaient été formés par la méthode parisienne. De cette façon, le langage naturel de la communauté sourde américaine est devenu une sorte d’ « amalgame » de signes américains et de vocabulaire français. Les sourds américains vivaient plus au moins isolés les uns des autres, formant des petits groupes, mais il n’existait pas une vraie communauté sourde comme s’était le cas en France. Les écoles fondées par Clerc et ses disciples ont accéléré l’évolution de la langue des signes par « les regroupements » intensifs des sourds-muets. En d’autre terme, la langue américaine commençait à suivre sa propre évolution mais en se référent toujours aux signes français. Aujourd’hui même l’American Sign Language (ASL) (Cf. p119 ), est très proche par sa composante de la langue des signes française (LSF) (Cf. p119) . En 1821, la construction de l’ American Asylum for the Instruction and Education of Deaf and Dumb, la première école de sourds, ayant pour programme « une pédagogie gestaltiste mixte et respectant l’aptitude de chaque élève » (Leroy, 2005.p :24). Plus tard, lors de la guerre de sécession, le gouvernement ouvre le "National College for the Deaf" à Washington, où les sourds pouvaient suivre des cursus suivant la méthode gestuelle mixte (modèle adapté du modèle de l’abbé de l’Epée) et obtenir des diplômes équivalent à ceux attribués aux entendants. . Le cas des Etats-Unis est très révélateur de ce que la langue d’une communauté évolue de façon naturelle et se conforme aux « particularités mentales » et aux « mœurs de cette communauté ». (ibid.) Depuis la reconnaissance de la langue des signes comme une langue à part entière, on commence à s’intéresser à la description de cette langue. Dans ce qui va suivre, nous évoquerons la description de la langue des signes française (LSF) établie par Moody (1983).

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    La langue des signes est une langue gestuelle utilisée par les sourds. Assurant toutes les fonctions que remplient les autres langues naturelles (dites orales ou vocales), la langue des signes constitue la langue première des individus ayant un déficience auditive (E.Leroy, 2005, B.Virole, 1996). Elle est considérée comme le seul mode vraiment approprié de par sa modalité visio-gestuelle ; elle est l’unique facteur de développement cognitif et psychologique chez les sourds-muets1.

    La langue des signes est transmise par les sujets exerçant cette langue, le plus souvent les parents sourds. D’un autre côté, La langue majoritaire (orale) est considérée comme une langue étrangère, une langue seconde. De plus ce n’est que par cette langue que les sourds peuvent parvenir à un développement personnel.

    Les dernières recherches linguistiques sur les langues des signes (Yau, 1992, Goldin-Meadow, 1998; Cuxac, 2000 ; Fusellier-Souza, 2001 ;) ont démontré que ces langues partagent plusieurs propriétés des langues orales. Les langues signées présentent une complexité et une richesse égales à celles des autres langues, c'est-à-dire qu’elles possèdent la souplesse pour créer de nouveaux vocabulaires et de nouvelles structures grammaticales. En termes de structures, la langue qu’utilisent les sourds peut être décrite en structure morphologique, syntaxique, lexicale, discursive, pragmatique et sémantique. Contrairement à ce que l’on croit, il ne s’agit pas d’une série de gestes mimant un objet ou une action (pantomime), mais une langue complexe comportant ses propres règles grammaticales. Les gestes représentent des mots. Les mouvements des mains et des bras remplacent les éléments sonores du langage oral ; les yeux reçoivent le message au lieu des oreilles. Il est important de souligner qu’il ne s’agit pas de traduction terme à terme, parce que la langue des signes ne fonctionne pas en mots, mais par notions. La langue des signes est, comme toute langue, un système nécessitant un apprentissage à des fins communicatives pour le développement des compétences langagières des individus sourds. La langue des signes possède une grammaire « riche en nuances précises, ses règles répondent aux lois d’une logique visuelle significative »2 qui exprime plusieurs éléments de la phrase en même temps dans un signe complexe. Il est essentiel de souligner qu’il n’existe pas une langue de signes universelle, mais plusieurs langues des signes différentes d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre, avec des dialectes et des accents comme dans les langues parlées, par exemple la LSF (langue des signes française), l’ASL (american sign language), la LSQ (langue des signes québéquoise), etc.…, ayant chacune son histoire, ses unités signifiantes et son lexique. Par ailleurs, les sourds de différents pays, maîtrisant différentes langues des signes peuvent facilement se comprendre. La langue des signes comporte cinq éléments de bases appelés paramètres. Ces paramètres possèdent une « valeur sémantique » et une « fonction syntaxique », ainsi des phrases entières peuvent être traduites en un seul signe. 1 Christian Cuxac, « les langues des signes : analyseurs de la faculté de langage », 12/2005 [en ligne] 2 http://www.ffsb.be/doc/LS/ls1.html , [Dernière mise à jour le 20 juillet 2006]

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    Un signe est composé : - d’une configuration (positionnement des doigts de la main), - d’un emplacement, - d’un mouvement bien défini, - d’orientation de la main, - et d’une expression du visage1. Ces cinq éléments de base du signe sont en nombre limité, comme les sons d’une langue orale, et sont exécutés simultanément. Les signes sont la suite organisée dans l’espace, dans une séquence précise pour former une phrase.

    La langue des signes se pratique tous les jours par plusieurs personnes, notamment par les entendants s’occupant des sourds dans les structures spécialisées et par les parents d’enfants sourds. L’acquisition d’une langue maternelle se fait généralement sans enseignement explicite et principalement dans un milieu naturel où l’enfant construit sa langue à partir de ce qu’il entend autour de lui. Dans ce sens, le rôle des parents est de fournir le matériau linguistique permettant à l’enfant d’actualiser cette construction.

    Dans le cas de la perte de l’audition à cause des maladies ou d’une transmission congénitale, l’individu ayant une surdité importante, seule la langue des signes lui est totalement accessible. Pour l’enfant sourd, l’acquisition de la langue signée se fait d’une manière « naturelle » et « spontanée »2, elle permet un développement précoce au point de vue « cognitif » et « linguistique »3. En d’autre terme, l’apprentissage d’une langue des signes par le sujet sourd dès le plus jeune âge développe une première langue d’ « usage »et d’ « instruction » lui permettant d’avoir accès aux principes et autres structures semblable aux autres langues.

    B -Les concepts de la langue des signes Puisqu’il n’existe pas de langue des signes standard, nous avons opté pour la langue des signes française, qui nous fournit beaucoup d’informations sur le fonctionnement de cette langue en général. Les travaux des linguistes (C.Cuxac, M.A.Sallandre, Y. Delaporte) de la langue des signes française (LSF), nous permettent d’utiliser une terminologie adéquate pour la description de la langue des signes utilisée par les sourds algériens. Les sourds ne s’expriment pas en langue des signes au hasard, ils obéissent à un ensemble de règles qu’on appelle grammaire. La description la plus détaillée de la LSF existante actuellement, selon nos recherches, est celle proposée par Christian CUXAC4 : les paramètres manuels. Il existe deux types de structures en LSF, structures standards et structures de grandes iconicités. (Cuxac, 1996)

    1 Moody.Bill. « La Langue des signes, T1 : histoire et grammaire » Vincennes : IVT, 1983. - 187 p 2 http://www.unites.uqam.ca/surdite/HTML/rezums/d97qldlm.html (07.O8.2002) 3 http://home.worldnet.fr\ ~viroleb 4 Fondateur de « la théorie de l’iconicité ». Spécialiste de la linguistique de la LSF

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    Les structures standard Fondées sur l’utilisation de signes conventionnels qui se traduisent couramment en un seul mot (recensés dans les dictionnaires), sans visée illustrative, les structures standards disent seulement. Ces signes stabilisés dans le lexique des langues des signes permettent de représenter de manière neutre leurs signifiants.

    Figure 1 maison Figure 2 porte Structures de grande iconicité Elles comportent cinq constituants de base appelés paramètres : configuration, emplacement, orientation de la main, mouvement et l’expression du visage. Ce sont des traces structurales d’une visée illustrative de l’expérience sensible, en d’autre terme, des structures qui donnent à voir tout en disant. Par ailleurs, il est à noter que chaque unité minimale de sens, soit qu’elle appartient aux structures standards ou à celles des signes de grandes iconicités, est appelée unité et non pas un signe, parce que dans le cas des structures de grandes iconicités il est à remarquer que ces structures sont plus que de simples signes, vu leur degré de complexité. 1. Configuration Forme de la main, elle reprend en partie la forme de l’objet ou de l’action, c’est un élément classificatoire pour le lexique de le LSF.

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    Figure 3 Configuration de la main 2. L’emplacement L’emplacement de la main présente l’endroit où l’action est effectuée ou un endroit générique (lieu dans l’espace de signation), ce peut être sur le cou, la tête, le menton, le coude, etc.

    Figure 4 : devant le torse Figure 5 : sur le cou

    3. Orientation de la main Il y a six directions de la main et une direction pour les deux paumes. 1/ haut, bas, droite, gauche, vers soi, vers l’interlocuteur. 2/les paumes sont orientées l’une vers l’autre.

    Figure 6 : orientation de la main

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    L’orientation de la paume de la main, pour certains verbes combinés ou pas avec la direction du mouvement peut servir à indiquer le sujet ou l’objet. 4. Mouvement Le ou les mouvements réalisés par la ou les deux mains. Ce paramètre met en jeu la nature du trajet, la direction, la vitesse, la combinatoire avec des mouvements internes à la main.

    Figure 7 : plat Figure 8 : mur

    5. Expression du visage Ce paramètre intervient seulement dans une partie du lexique où il peut à lui seul, différencier deux signes.

    Figure 9 content Figure 10 détester