L’Élixir de longue vie (Fiche de lecture) · 2013-08-08 · Il est fait allusion aux mœurs peu...

L’Élixir de longue vie

Honoré de Balzac

Fiche de lectureDocument rédigé par Lise Ageorges

maitre en lettres modernes(Université Paris-Sorbonne)

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RÉSUMÉ 3

ÉTUDE DES PERSONNAGES 5Don Bartholoméo

Don Juan Belvidéro

Don Philippe

L’Église

CLÉS DE LECTURE 7L’athéisme chez don Juan Belvidéro

Don Juan, un vieillard calculateur

La paternité

Le fantastique

PISTES DE RÉFLEXION 10

POUR ALLER PLUS LOIN 11

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Honoré de BalzacÉcrivain français

• Né en 1799 à Tours• Décédé en 1850 à Paris• Quelques-unes de ses œuvres :

Les Chouans (1829), romanEugénie Grandet (1833), romanLe Père Goriot (1835), roman

Honoré de Balzac (1799-1850) est l’un des écrivains français majeurs du xixe siècle. Jeune homme, il s’ouvre les portes des milieux aristocratiques parisiens qu’il ne cessera de fréquenter. Mais des entreprises désastreuses et un train de vie excessif le ruineront rapidement : l’écriture littéraire, pratiquée avec passion et assiduité, deviendra pour lui le seul moyen de rembourser ses dettes.

Ambitieux, il s'attèle à une œuvre monumentale, La Comédie humaine, qui compte plus de quatre-vingt-dix romans, et dont le but est de dresser un portrait exhaustif de la société de son temps (pour « faire concurrence à l'état civil »). Parmi ses romans les plus célèbres, on trouve Eugénie Grandet (1833) ou Le Père Goriot (1835).

Balzac est considéré comme l’un des pères du roman réaliste moderne.

L’Élixir de longue vieUne réécriture originale du mythe de don Juan

• Genre : conte fantastique• Édition de référence : Histoires en rouge et noir, Paris,

Pocket, coll. « Pocket Classique », 2007, 279 p.• 1re édition : 1830• Thématiques : athéisme, fantastique, avidité,

héritage, parricide

L’Élixir de longue vie est publié pour la première fois en 1830 dans La Revue de Paris avant d’entrer en 1946 dans le sommaire de La Comédie humaine. Ce conte fantastique inspiré des Élixirs du diable d’Hoffmann propose une réécriture originale du mythe de don Juan. Fils de don Bartholoméo Belvédorio, nonagénaire richissime, don Juan se plaint de la longévité de son père. Le jour de sa mort, don Bartholoméo lui demande de l’aider à ressusciter en frottant son corps avec un élixir de longue vie. Égoïste et sans cœur, don Juan garde le précieux remède pour lui. Libéré de la peur de mourir, il cesse de croire en Dieu et se moque des valeurs de la société. Mais celui qui se joue de tout parviendra-t-il, grâce à l’élixir, à déjouer la mort?

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RÉSUMÉ

La division de l'œuvre en différentes parties émane de la rédactrice de la présente fiche de lecture.

« AU LECTEUR »Balzac introduit son conte sous la forme d’un avertissement au lecteur. Bien que sa nouvelle appartienne au genre fantastique, Balzac insiste sur la portée sociale de celle-ci. Il met en garde le lecteur contre les usages et les mœurs de la société qui conduisent les honnêtes gens à attendre la mort de leur prochain dans l’espoir d’hériter. En les comparant à de vils espions obsédés par la mort, Balzac montre qu’ils ne sont pas si éloignés de la figure parricide de don Juan, et dénonce l’hypocrisie et la lâcheté dans les relations humaines.

PREMIÈRE PARTIE

La fête

La scène se déroule dans le palais de don Juan Belvidéro, en Italie. Il a invité ses amis à une fête somptueuse en l’honneur d’un prince. Alors qu’une courtisane lui demande quand son père, don Bartholoméo, mourra, il déplore que celui-ci soit toujours en vie. Un domestique apparait alors et annonce que le père de don Juan est sur le point de mourir.

La mort de don Bartholoméo

Don Juan quitte ses amis pour rejoindre les appartements de son père. L’univers luxueux de la fête laisse place à une atmosphère beaucoup plus sinistre et austère. La fin semble proche pour don Bartholoméo ; pourtant, celui-ci assure qu’il vivra. Le fils croit tout d’abord à un délire, mais son père lui révèle qu’il a découvert le moyen de ressusciter grâce à un élixir que don Juan devra appliquer sur son corps juste après sa mort. Don Bartholoméo expire et don Juan reste dans la chambre du défunt jusqu’au matin sans prendre la moindre décision. Le soir, il retourne dans la chambre de son père et décide d’essayer l’élixir : il en applique sur l’œil de son père et la paupière s’ouvre miraculeusement. Ne supportant pas ce regard qui l’accuse et le condamne, il lui crève l’œil sans pitié, commettant ainsi un parricide.

De don Juan Belvidéro à don Juan

Après avoir enterré son père en grandes pompes pour racheter son crime, don Juan Belvidéro se retrouve en possession d’une fortune énorme. Songeant à la seconde vie qui l’attend après la mort, le fils prodigue devient avare. Il modifie radicalement son regard sur le monde, regard teinté désormais d’un profond cynisme. Le jeune don Juan Belvidéro devient don Juan.




DEUXIÈME PARTIE

Don Juan, « maître des illusions de la vie »

Don Juan se libère de toutes les chaines de l'existence pour mener une vie de plaisirs dénuée de toute transcendance. Désabusé, il ne croit en rien et doute de tout. Son cynisme n'épargne aucune institution, même l'Église. Une rencontre avec le pape Jules II confirme son scepticisme.

La vieillesse de don Juan

À l'âge de 60 ans, don Juan se retire en Andalousie où il épouse dona Elvire, une jeune Andalouse, avec qui il a un enfant : Philippe Belvidéro. Désormais, tous ses actes sont dirigés vers un seul objectif : la réussite de sa résurrection. Il impose une vie austère et religieuse à sa famille, et confie son fils et sa femme à l'abbé de San Lucar, chargé de diriger leurs consciences. Sentant la mort arriver, don Juan fait venir son fils dans sa chambre et lui demande d'appliquer le contenu de la fiole sur son corps une fois qu'il aura expiré. Il lui fait croire que la fiole contient de l'eau sainte et que celle-ci le protègera de l'enfer. Philippe obéit à son père, mais au moment où il applique l'élixir, le bras de don Juan se réveille et l'étreint au cou. Effrayé, Philippe laisse tomber le flacon. Les gens du château accourent alors et découvrent le spectacle saisissant de don Juan moitié vivant, moitié mort. L'abbé y voit un miracle et convie les villageois au couvent de San Lucar pour le célébrer.

La cérémonie religieuse

Les Espagnols des villages alentour, vêtus de leurs plus beaux habits, accourent à l'abbaye de San Lucar pour participer à la célébration. En plein milieu de la cérémonie, alors que s'élèvent les chants des fidèles, éclate le rire sardonique de don Juan : ses imprécations sataniques viennent s'interposer entre les prières des paroissiens. Sa tête se détache alors miraculeusement de son corps, tombe sur le crâne de l'abbé et le dévore.




ÉTUDE DES PERSONNAGES

DON BARTHOLOMÉODon Bartholoméo est le père de don Juan Belvidéro. Après avoir accumulé de nombreuses richesses grâce au commerce en Orient, don Bartholoméo s’est retiré dans son palais en Italie où il vit modestement. Au moment du récit, don Bartholoméo a 90 ans et n’a plus que son fils, sa femme Juana étant morte quinze ans auparavant.

Alors que don Juan passe son temps à sortir et à organiser des fêtes dans le palais, don Bartholoméo mène une vie monacale et ne sort que rarement. Très indulgent envers son fils, il le laisse faire tout ce qu’il veut et celui-ci sait en profiter. Sa bienveillance n’est pas récompensée car son fils le méprise et ne désire qu’une chose : sa mort.

Mais don Bartholoméo a un secret : il possède l’élixir de longue vie. La détention de ce remède magique lui fait croire qu’il est Dieu : « Dieu c’est moi » (p. 43), s’écrie le vieillard au crépuscule de ses jours. Face à l’illusion de la vie éternelle, don Bartholoméo perd sa sagesse et oublie sa condition de mortel.

DON JUAN BELVIDÉRODon Juan Belvidéro est le fils de don Bartholoméo. Au début du conte, don Juan, jeune et beau, noie son ennui dans les orgies. Il attend avec impatience la mort de son père qui le laissera à la tête d’une fortune importante. Fils gâté, don Juan pense avant tout à son propre plaisir et lorsque son père se meurt, le fils indigne se réjouit : « Ceci n’arrive pas tous les jours. » (p. 38) Incapable d’éprouver des sentiments sincères, il les feint : « Quel remords pour moi, mon père ! lui dit-il hypocritement. » (p. 42)

La possession de l’élixir de longue vie renforce le cynisme du personnage et son sentiment de supériorité. Il adopte un regard dépourvu d’illusions sur le monde et s’empare de celui-ci comme s'il était un jouet : « Il se saisit de l’existence comme un singe qui attrape une noix. » (p. 51) Don Juan jouit de la vie, mais doute de tout et ne croit plus en rien. Son scepticisme l’amène à renier l’existence de Dieu et à remettre en cause toutes les lois qui fondent la société humaine.

Dans la dernière partie de sa vie, don Juan apparait sous les traits froids et calculateurs d’un vieil homme se jouant aussi bien des hommes que des institutions. La mort ne le fait pas taire car don Juan ressuscite à la fin pour se moquer des hommes et de leurs croyances.




DON PHILIPPEPhilippe est le fils de don Juan et de dona Elvire. Contrairement à son père, Philippe est pieux, respec-tueux et très obéissant. Il se laisse complètement manipuler, et ne perçoit pas les ruses qui se cachent derrière les paroles et les actes de son père. Personnage vertueux, il est l’exact opposé de don Juan.

L’ÉGLISEL’Église est représentée à travers les personnages du pape Jules II et de l’abbé de San Lucar. Ces deux protagonistes n’ont pas un rôle très important dans le déroulement de l’histoire ; ils sont là surtout pour illustrer l’athéisme et l’anticléricalisme de don Juan. Il est fait allusion aux mœurs peu catholiques du pape : « Dans une débauche, la Rovère aurait pu se démentir et commencer l’Apocalypse », et à la cupidité de l’abbé : « Il résolut d’en profiter en homme d’esprit et en abbé qui ne demandait pas mieux que d’augmenter ses revenus. » (p. 54) En ridiculisant le pape et en dévorant la cervelle de l’abbé, don Juan s’attaque à l’Église et affirme son mépris des croyances.

L’Église apparait aussi sous la forme d’un personnage choral lors de la célébration du miracle au couvent de San Lucar. La communauté de paroissiens offre une image exaltée et luxuriante de l’Église : « de ravissantes paysannes », « des jeunes gens aux yeux de feu » (p. 61), « des voix de femmes en extase » (p. 63). Mais il ne s’agit pas d’une exaltation positive car elle n’est que l’expression d’un aveuglement béat : « Le saint nous bénit, dirent les vieilles femmes, [...], gens crédules. » (p. 65)




CLÉS DE LECTURE

L’ATHÉISME CHEZ DON JUAN BELVIDÉROLe personnage de don Juan a inspiré de nombreux auteurs (Tirso de Molina, Molière, etc.) qui ont produit chacun leur propre version du mythe. À travers ces réécritures, on peut relever certaines caractéristiques fondamentales du personnage : la recherche du plaisir, la jouissance de l’instant présent, et l’opposition aux règles sociales, morales et religieuses.

À l'image du dom Juan de Molière, le don Juan de Balzac est profondément athée et s’éprend d’une jeune femme nommée dona Elvire. Mais dans L’Élixir de longue vie, pas de Sganarelle pour apporter un peu de légèreté et de rire : Balzac choisit le parti de la noirceur. Deux aspects du mythe sont particulièrement mis en valeur : l’athéisme et l’anticléricalisme.

Don Juan Belvidéro ne nait pas athée, mais le devient. Au début du récit, don Juan est avant tout un jeune homme riche et beau, avide de femmes et de plaisirs. Capable de blasphème contre son père et contre Dieu lorsqu’il est parmi les courtisanes (« il n’y a qu’un père éternel dans le monde, et le malheur veut que je l’aie ! », p. 37), il n’est pas aussi assuré face à son père sur le point de mourir : « Ne blasphémez pas, [...], et je ne me consolerais pas de vous voir mourir en état de péché. » (p. 43-44)

Ce n’est qu’après la mort de son père que le regard de don Juan sur le monde change radicalement et l’amène à remettre en cause l’existence de Dieu : « Il analysa les hommes et les choses pour en finir d’une seule fois avec le Passé, représenté par l’Histoire ; avec le Présent, configuré par la Loi ; avec l’Avenir, dévoilé par les Religions. » (p. 50) Don Juan est alors un véritable athée car c’est l’expérience qui l’a conduit à renier Dieu. Son athéisme est tellement fort que même mort, don Juan blasphème contre Dieu : « Allez à tous les diables, bêtes brutes que vous êtes ! Dieu, Dieu! Carajos demonios ! » (p. 64), et que sa tête se détache pour mordre la cervelle de l’abbé.

Balzac inscrit l’athéisme de don Juan dans le fantastique en lui attribuant un aspect diabolique. En effet, don Juan semble guidé par des forces démoniaques : « il semblait même que le démon lui eût soufflé ces mots » (p. 48), « le diable l’ayant fait penser à la chance qu’il courait d’être pris pour un homme ordinaire » (p. 64). On retrouve dans ces allusions à la puissance satanique l’influence du Faust de Goethe (écrivain allemand, 1749-1832), traduit en 1830 par Nerval (écrivain français, 1808-1855). Faust, jeune savant désireux d’accéder à la connaissance totale du monde, signe un pacte avec le diable qui s’incarne sous les traits de Méphistophélès et, en échange de son âme, retrouve une nouvelle jeunesse.




DON JUAN, UN VIEILLARD CALCULATEURDans l’imaginaire populaire, don Juan est avant tout un grand séducteur et un coureur de jupons impénitent. Cependant, Balzac ne laisse que peu de place à cette part de la légende donjuanesque. Certes, la nouvelle s'ouvre sur une scène d’orgie où don Juan s’adonne au plaisir en compagnie de sept courtisanes, mais, par la suite, ses conquêtes amoureuses ne sont évoquées que brièvement et ne constituent pas l’essentiel du personnage.

Le personnage de dona Elvire, capital dans le Dom Juan de Molière (auteur dramatique français, 1622-1673), se retrouve relégué au second plan dans L’Élixir de longue vie car il y a une absence totale de drame sentimental. Don Juan est déjà âgé quand il l’épouse et ne se marie pas par amour, mais par pur calcul. La dernière partie du récit est entièrement consacrée à la vieillesse de don Juan et n’hésite pas à montrer son déclin physique : « Enfin ses mains hardies tremblèrent, ses jambes sveltes chancelèrent, et un soir l’apoplexie lui pressa le cou de ses mains crochues et glaciales. » (p. 57)

Le personnage de don Juan n’est pas seulement enlaidi physiquement, il l’est aussi moralement : calculateur, malicieux et avare, le don Juan de Balzac n’a rien d’un hédoniste. Égoïste et cynique, don Juan est entièrement centré sur sa propre personne et utilise ses proches pour parvenir à ses fins.

Balzac accentue le côté sombre du personnage et le rend particulièrement déplaisant au lecteur. Mais, malgré ses penchants diaboliques, le don Juan balzacien n’en reste pas moins très humain. Impuissant face aux ravages de la vieillesse, il désire vivre une nouvelle jeunesse, désir somme toute universel.

LA PATERNITÉLe récit est construit en deux parties de longueur égale qui, toutes deux, mettent en scène un affrontement père-fils, qui, chaque fois, se conclut par la mort du père. Dans le premier cas, don Juan tue son père tout d’abord par la pensée, puis en acte ; dans le second, don Juan, devenu père, ne parvient pas à ressusciter entièrement et expire en étranglant son propre fils.

Balzac délivre une vision de la paternité et des relations père-fils pessimiste et dénuée de tendresse. Les parents comme les enfants sont mus par des intérêts personnels qui n’ont rien à voir avec l’amour. Don Bartholoméo autorise à son fils tous les excès, espérant ainsi s’assurer sa bienveillance au moment fatidique. À l’inverse, don Juan impose à son fils Philippe une vie pieuse et vertueuse, et se fait pardonner sa cruauté « par une heure où, pour eux, il déployait les trésors [...] de sa grâce et d’une fausse tendresse » (p. 57).

La mort est au cœur des relations père-fils. Elle se manifeste à travers le parricide de don Juan et la tentative de ce dernier d’étrangler son fils Philippe. Balzac évite toute interprétation psychologique de ces deux gestes criminels ; il les intègre plutôt dans une réflexion sur la société humaine : l’argent, à travers l’héritage, provoque des rivalités entre les membres de la famille, génère de l’impatience de la part des descendants et biaise les relations parents-enfants.




Le refus de mourir de don Bartholoméo et de don Juan, et leur désir de redevenir jeune sont contrenatures, car ils s’opposent au renouvèlement naturel des générations et annulent la base du lien père-fils : la transmission. L’égoïsme de don Bartholoméo et de don Juan exclut le fils et rend toute transmission impossible.

LE FANTASTIQUEL’Élixir de longue vie s’inspire d’une fantaisie d’Hoffmann (écrivain et compositeur allemand, 1776-1822) intitulée Les Élixirs du diable. À l’époque où Balzac écrit cette œuvre, le genre fantastique est très à la mode. L’auteur précise cependant que son récit « ne fut pas une de ces plaisanteries à la mode en 1830, époque à laquelle tout auteur faisait de l’atroce pour le plaisir des jeunes filles » (p. 33). L’Élixir de longue vie n’a donc pas seulement pour projet de faire peur à ses lecteurs, il veut aussi et surtout susciter la réflexion.

L’élément fantastique autour duquel se développe la nouvelle est l’élixir, produit magique qui donnerait la possibilité à celui qui le possède de vivre une seconde vie. La jeunesse éternelle est un thème souvent abordé par le genre fantastique. Dans L’Élixir de longue vie, le miracle ne se produit qu’à moitié car don Juan et don Bartholoméo ne parviennent pas à ressusciter entièrement.

Plusieurs personnages renforcent par leur étrangeté l’atmosphère fantastique de l’œuvre :

• Dieu apparait « sous les traits d’un vieux domestique en cheveux blancs » (p. 38), et son regard triste « flétrit [...] les couronnes, les coupes de vermeil, les pyramides de fruits, etc. » (p. 38) ;

• le barbet de don Bartholoméo est personnifié par l’auteur qui le dote d’une intelligence : « Cette voix intelligente fit frémir don Juan, il crut avoir été compris par le chien. » (p. 43)

En outre, les ambiances décrites par Balzac font basculer le fantastique du côté de l’horreur :

• la mort est présente en permanence, elle envahit l’espace et les pensées des personnages : « la Mort, aidée par le froid, le silence, l’obscurité, [...] put glisser quelques réflexions dans l’âme de ce dissipateur » (p. 39) ;

• chaque bruit, chaque signe extérieur concourt à créer un climat de terreur : « Un horrible silence régna » (p. 44), « une assez violente rafale de lueur » (p. 41), « un bruit aigu, semblable au cri d’un ressort rouillé » (p. 45) ;

• la référence au diable suggère que le diable est à l’origine de toutes ces manifestations étranges : « Il y a de la sorcellerie là-dedans. » (p. 49)

Bien que L’Élixir de longue vie appartienne au genre fantastique, son héros, par son scepticisme forcené, s’oppose à tout ce qui est selon lui de l’ordre du fantastique (croyances, superstitions, religions, etc.). La seule chose en laquelle il croit, c’est en sa résurrection et celle-ci échoue. Dans la scène finale, le fantastique frôle le comique lorsque l’abbé interprète les vociférations de don Juan comme une simulation : « Le saint fait le diable » (p. 65), et il devient même subversif quand la tête de celui-ci dévore la cervelle de l’abbé.

Balzac utilise tous les ressorts du fantastique pour créer des émotions chez le lecteur, mais aussi pour l’aider à réfléchir et à prendre de la distance par rapport à la réalité et ses apparences parfois trompeuses.




PISTES DE RÉFLEXION

QUELQUES QUESTIONS POUR APPROFONDIR SA RÉFLEXION…• Qu’est-ce qui fait de L’Élixir de longue vie un conte fantastique ?• Comment se manifestent l’athéisme et l’anticléricalisme dans L’Élixir de longue vie ?• Qu’est-ce qui différencie selon vous le don Juan de Balzac du dom Juan de Molière ?• Étudiez l’évolution du personnage de don Juan de sa jeunesse jusqu’à sa mort.• Pourquoi peut-on dire que la nouvelle repose sur une structure duale ?• Peut-on dire que L’Élixir de longue vie est une nouvelle comique ?• Étudiez les relations père-fils dans L’Élixir de longue vie.• En quoi peut-on dire que le moteur de cette nouvelle est la mort ?• « L’homme supérieur se moque de ceux qui le complimentent, et complimente quelquefois

ceux dont il se moque au fond du cœur. » (p. 65) Analysez cette phrase au regard de cette nouvelle et de vos lectures antérieures.




POUR ALLER PLUS LOIN

ÉDITION DE RÉFÉRENCE• Balzac H. de, Histoires en rouge et noir, Paris, Pocket, coll. « Pocket Classique », 2007.

ÉTUDE DE RÉFÉRENCE• Brunel P., « Variations balzaciennes sur don Juan », in L’Année balzacienne, 1996, n° 17.

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Breton• Nadja

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de la nuit

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Monsieur Linh• Le Rapport de Brodeck

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Conan Doyle• Le Chien des Baskerville

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Tailleuse chinoise

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Harry Quebert

Diderot• Supplément au Voyage

de Bougainville

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de rois et d’éléphants

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chute de Rome

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