L'Afrique du Nord illustrée. 04/04/1936
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L'Afrique du Nord illustrée. 1936/04/04.
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Prixdece numéro: 2 francs.
Nouvellesérié,N°779.— 31eAnnée.
SAMEDI4 AVRIL1936.
D'AÇtUAL ItÊS
NORD-AFRICAINES
A L G Ê RIE- TU N I SI E - MAROC
Ï6ENCETi0pNARE,Tfi Af ^,,N,"tATIOK
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BWMMXà ORAN, CONSTANTINE,CASABLANCAet TUNIS
ANNONCESII L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE
Victor GROS, Agent Général, 2, Rue Lamarck - ALGER
ANNONCESVI L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE
J'ai
uneCitroënqui totalisemainte-
nant plus de 70.000kilomètres
sans une seule révisiondu moteur",
écrit à Mobiloil,M. JacquesLeclère,
Ferronnierd'Art,19,rueDupin,àParis.
"Je demandeà ma voitureunser-
vicetrèsdur, maisdepuisqueje l'ai,
>egraisseavecMobiloil.Je n'aijamais
eu le moindreennui".
"Cela fait plaisir d'apprendredes
choses comme celle-là", disent les
ingénieursde chez Mobiloil,"mais
celan'a rien d'étonnant.Toutes les
voituresen feraientautant si toutes
étaientgraisséesavecMobiloil".
MOBILOIL
N'EST PAS UN RÉSIDU !
C'estqueMobiloiln'estpasunsous-
produittrouvéaufonddeschaudières
aprèsdistillationdel'essence.Mobiloil
estunehuilepuredistilléespécialement
à partirde pétrolesbruts sélectionnés
uniquementpour obteniravant tout
deshuilesde graissage.Elle estfaite
pourgraissenellegraisseàlaperfection.
Avouons-leaussi: lesingénieursde
Mobiloilsont particulièrementbien
placéspour savoirce qu'il faut aux
moteurs d'autos. Ils sont toujours
appeléschez les constructeurs,avant
la sortiedesnouveauxmodèles,pouraiderà mettreau point le graissage.
Le Tableaude GraissageMobiloil,
établipar des techniciens,représente
des milliersd'heuresd'études et de
travailde leurpart — tout celadans
votreintérêt.
ConsultezdoncceTableau.Siparné-
gligencevousn'employezpasMobiloil,
ditesce soir mêmeà votregaragiste:
"Vidangezmon carteret mettez-yde
la Mobiloil".Demainmatin il vous
rendraunevoiturerajeunie.
Mobiloil
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Prixdecenuméro: 2 francs. SAMEDI4 AVRIL1936. Nouvellesérie,N°779.— 31"Année.
Directionet Administration: 41, rueMogador,ALGER.— Tél.: 36.70-8.44 ABONNEMENTS '
S:A. R.L.au capitalde278.000francs:— R.C. 27.096,Alger. _ ,yALGERIE,TUNISIE,MAROC: unan 60 fr.
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Tél.: Provence76.74 à 76,78et 53.37. ETRANGER: un an 160 fr.
DANSLESUDALGERIEN
Ombreset lumièrescon-
trastent étrangement à
cette entrée de gourbi.
2 L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE
ALGER
La fête des fleurs de l'OEuvre
de la Maternité à Alger
Lafête enfantineorganiséepar l'OEuvrede la Ma-
ternitédansles salonsdu Saint-Georgefut l'unedes
plusréussiesde la saison.Lesbambins,garçonset fil-
lettesquien furentlesacteursméritenttoutesnosfé-
licitationsainsi, bienentendu,que leursprofesseurs.Leprogrammefut despluscompletset, dès le dé-
but,MlleNadiaTroukhmanoffexécutadé façonpar-faite la dansedu «BeauDanubeBleu». Sa maîtrise,extraordinairepoursesdixans,fut très remarquéeet
applaudie.Puis,RogerDazzi,excellentcommandant
MlleMmlij Toiilutit,dans «le pus des-fleurs»,de Léo Delibes.
devaisseauexécuta,avecsesquinzematelots« Ilétait
un petit navire», de façonimpeccable.Faisantrevi-
vre,avectoute leurfraîcheurenfantine,le tempsdes
perruquespoudréeset des marquisesparfumées,gar-
çonnetset fillettesinterprétèrenten chantantun bal-
let : «Surle pontd'Avignon».
La jeuneétoileMadyToulantmérita,par sa grâceet la perfectionde sa danse,lesapplaudissementsquilui furentprodiguéspourl'exécutionqu'elledonnadu
« Pasdesfleurs», deLéoDelibes.
Le grand final permitaux bambins,personnifiantde bellesfleurs,d'évoluergracieusementsur la scène
euxapplaudissementsde l'assistanceentière.
Et puis,pourrécompenserlesenfantsde leurspei-
nes,M. Laviefit travaillerseschienssavantspourla
plusgrandejoiede tout le monde.
A tout dire,ce fut unefête très réussieet l'OEuvre
de la Maternitéméritaitbienqu'onl'encourageât.En
effet,il est utiled'aiderceuxquis'y dévouent.Quel-
quesprécisionsferontmieuxcomprendrepourquoi.L'an
passé,l'OEuvrea distribuéauxenfantsnécessiteuxdeux
milleseptcentdixboitesde laitet lessecoursontdé-
passéla sommede centmillefrancs.Ceschiffressont
suffisammentéloquentspar eux-mêmespourquenouslescommentions.
Odette Pannetier à Alger
Chezles Journalistes.
•Lebureauet lesmembresdu Syndicofdes Journa-listesprofessionnelsontoffertunapéritifamicalà leurconfrèreOdettePannetierlorsdesonpassageenAlger.C'estavecunecuriosité«extra-professionnelle» quenousattendionsla venuede cette jeunefemmedontla renommée,lagloire,peut-ondire,n'estduequ'àsesmérites.Lachoseestassezrareaujourd'huipourqu'onla souligne.Elpuis,étant de «cheznous», celaétaiten mêmetempsflotteur.Aussidut-ellene pointêtre
surprisedesregardsinquisiteursquiseposèrentsurelle
dèssonarrivée.Il n'yeut d'ailleursaucunegêneet le
souriretrèsfrancdenotre«consoeur» mitchacunim-
médiatementà sonaise.Pendantprèsd'uneheure,OdettePannetierfut une
charmantecamaradepas du tout venimeusecomme
certainss'attendaientà pouvoirleconstater,maisplu-tôt timide.NotreprésidentFerrariluitraduisitexcel-
lemmentla penséedechacunen l'appelant«Moineau
dé Paris», alorsque,dé sonaveumême,elleest plussouventtraitéede «vipère» et autresnomsd'animaux
aussipeu.sympathiques.Souhaitonsquel'accueilfait à:OdettePannetierpar
les journalistesalgéroissoit pourelleun bonsouvenir
commele sera pournousson passage.
Levraivisagede Paris,conférence.
Je connaissaisbienOdettePannetier-journalistemais
je nemela représentaispasenconférencière.Tousceux
d'ailleursquiemplirentla sallePierreBordes,au soiroù elleprésenta«Levraivisagede Paris», se trou-vaientdansmoncas.Aussiétait-ceavecune impa-tienceteintéede curiositéque l'événementétait at-tendu.
A vraidire,je préfèreOdettePannetier-journaliste.Mais,quel'onneseméprennepointsurlesensdecette
phrase.Conférencièreet journaliste,je l'aimebeaucoup
desdeuxfaçonsenoptantcependantpourla deuxième.
Lorsqu'elleprésenta « Le vrai visagede Paris»,OdettePannetiernedéçutpoint..Ellefut, commecha-
cuns'y attendait,rosseà souhaitet montra,d'autre
part, qu'ellene manquepointde coeur.Ellesut, tour
à tour, raillersansméchancetéet émouvoirsans co-
médie.Lesmotsjustes,faisaientimags,précisaientles
traversou lesqualitésdespersonnagesqu'elledépei-
gnaitavecuneverveétourdissante.
Passanten revuetouteslesclassesdé la population
parisienne,elleenmontraavecnettetélesridicules,les
petitsviceset n'omitpoint,en contre-partie,d'endé-
taillerégalementle bonsens,le boncoeur.Ensomme,elledosade tellefaçonle beauet le laid,qu'à la fin,
malgrépasmalde rosserieset parfoisd'impertinences(les femmespeuventêtre impertinentessans choquerla bonsens),l'impressiondernièreest quele beaudo-mine.
Commentenaurait-ilété autrement? Véritablepa-risienne,OdettePannetierjointà unsensaigud'obser-
vationuneintelligence,viveet parfaitementéquilibrée.Lepluspetitdétailqui,souvent,échappeau commundesmortels,luiest un sujetde campersa victimede
façonoriginalesansdoute,maisaussi,sincèreet vé-
ridique.
J'étaisde ceuxçui octroientle succèsremportéparOdettePannetiercommejournalisteà ce qu'elleportejuponet nonpantalon.Celaest faux; j'en ai aujpur-
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE 3
d'hui la convictionprofonde.Lorsqu'unefemmepasseoù passa notre confrère; lorsque,pour se documenterde façon réelle, elle n'hésite point à se grimerafin
d'approcherles personnalitésqui la craignentayantbeaucoupà cacher; cela suffit à montrerà quel de-
gré la véritéest le seulbut vers lequeltend ce journa-listeen jupons.
Comment,dès lors, lui reprochercette franchise?Il est si rare aujourd'huide rencontrerun être hu-main qui osé parler sans détours.Or, Odette Panne-tier va toujoursdroit au but. Sans doute, un idéal
qu'ellecroyaitatteindreet qu'ellemanqualui fait-elle
paraître plusamèrescertainescirconstancesde la vie
qu'ellesouligneavecnetteté.
Cependant,elle eut pu, parlant de notreCélimène,se tailler un facile succèsen accusantavec rosserieses traversconnuset déjà ressassés.Ellepréféramon-
trer l'amourde la grande« Cécile» poursa vieillemè-re. Cela mérite une remarqueparticulière.
Je m'efforceraid'être sincère.Commeje l'ai dit audébutdeces lignes,je préfèreOdettePannetierjourna-listeà OdettePannetierconférencière.Beaucoupd'au-diteurssontde monavis.Mais,ce n'est pas un cri de
désespoirni la marqued'une désillusion.Au contraire,
nousdevons,nous,Nord-Africainsêtre fiersde ce fait
que le ballon d'essais lancé par elle, l'ait été cheznous.Ce sera, grâce à la froideur« superficielle» de
l'auditoire,le meilleurenseignementqu'OdettePanne-tier puissetirerde cette expérience.Et je ne doutepasqu'ainsi instruite,grâce à son intelligenceet à la fi-nesse de son esprit d'observation,notre sympathiqueconfrèrene deviennebientôt une excellenteconféren-
cière,au mêmetitre que je me plaisà la reconnaîtrecommel'un des meilleurset des plus fins journalisteset pamphlétairesde notre époque.
GérardBESSE.
Géorgiques sahariennes
4 L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE
PRINTEMPS DU SUD
Enoctobre1903 passantOutreaux défensesd'un
Gouvernementtimoré,le maréchalLyautey,à l'époquecommandantdu Territoired'Aïri-Sêfra,créaitle postede Colomb,nomd'un officiersupérieurquiavait,au-
trefois,exploréla région,et auqueloh adjoignit,pourle biensituerdans l'espace,le nomlocalde Béchâr,
quiest celuide la montagnequicommandéle pays.Avantcettecréationd'uneredoutemilitaire,deve^
nue aujourd'hui,trente ans après sa fondation,un
centreeuropéende trois,centshabitants,deuxksars
se disputaientl'hégémoniedé la vallée; au Nord,Ouakda; au Sud,Takda,qu'unrubandé sept kilo-
mètresde jardinsséparaient,et dontlesescarmouches,sansfinrecommencées,désolaientla contrée,
Edifiésurla rivedroiteet en avaldé l'ouedBéchar,Takdaest à l'imagedesksarsdu granddésert.
Protégédé toursdeguetentoubpâleet merlonnées,
lépreuseset deguingois,on n'ypeutpénétrerqueparde raresportesbasses,et presquetoujourscloses.Mais
la curiosité,pourceluiquivientdu Nord,ce sontses
ruescouvertes.Nonpasde lattesou de loquescommeà Fèset à Tunis; nondé «toldos» commeà Murcie,maisparlesconstructionsdèslogisquileschevauchent.
Unepremièreconséquencedé ce dispositifbarbare,c'estqu'uneruedu ksardeTakdaest un couloiropa-que, un boyaunoir, sans une échappéede lumière,sansun «regard» versleisoleil,où l'onnepeutcircu-lerqueprécédéd'unflambeau,avec,à chaquepasquel'on hasarde,l'appréhensionde trébucheret de roulerdansun siloou de heurterdu fronton ne sait quoide menaçant.Onpense auxvilles «eatacombales»,dontparleMaeterlinckdanssonétudesur lestermites.Et c'est bien cela: une termitière,une catacombe,un hypogée...
Ces artères troglodytesprésententpourtant des
avantages.D'abordellesdéfendentles ksourienscon-tre la fureurdusoleilet lestornadesdu ventdesable,presqueperpétuelsici. Maisleurpremièreutilitéestd'ordredéfensif.Au tempsque l'ordrefrançaisn'a-vait pas désarméles tribusdivisées,ces passagesdetermitesrendaientpresqueimpossibleun investisse-mentpar l'ennemi.Fût-ilparvenuà tromperla vigi-
lieflclxdans l'oned.
lancedes«chouafs» appostésaux créneaux,qu'ilsefût égarédansle dédaleténébreux.
A rencontre,cette existencede cloporteoffreun
dangervisiblesur la physionomiede ceuxqui l'adop-tèrent.Soustraitsà l'asepsiemiraculeusede la lumière,cesiucfugesont touslesmauxqu'engendreun airvi-cié,et que l'ombrepropage,d'où ce pullulementdephtisieset dechloroses,lesquelles,conjuguéesauxaf-fectionsoculairesgénésiques,hydriqueset cutanées,produisentces anatomiesde monstreset de momiesquicirculentcommedesombresdanscetteombreéter-nelle.
A l'inversede Takda,Ouakda,sonennemieintime
d'hier,n'estpasunecatacombe.Onl'abordesanspas-ser sousle jougd'uneportebasse.Ouakdaest unevilleouverte; sa positionsurélevéesur la rivegauchede l'ouedsuffisantà sa défense,ellen'a pas cru né-
cessairede s'enfermerdansdesmurailles,ni de fairedesesruellesunlabyrinthesouterrain.
Et Ouakdaest charmante.Ce ne sontquecanaux,quepuisards,quecavernes,où courtou dortuneeau
verte,uneeau bleue,uneeau blonde.Dèsl'abordonest charmé,et ce charmepersiste.Là,sur unevagueplacette,que dominela maisonfortifiéedu caïd, unbassinprofondsommeilleencadrédansl'ogived'unevoûtede tuf ocré.Pleined'ombre,frappéeseulementd'unesagettede lumière,cettenymphéeest l'objectifde touslesporteursdekodaks.
A côté,sousla gardemystiqued'un maraboutaubeaunom: «SidiAbd-n-Nour» (l'Esclavede la Lu-mière), parmidesdallesderochebleue,flueunesourceascendantehantéede tortuessacrées,qui s'ébattentdansl'eautiède.Et partoutdes recoinsd'un pittores-quequiravit.
Maisla grandepoésiede l'oasisd'Ouakdarésideenses jardins,lesquelspourunegrandepart,alimententColomb-Bécharenfruitset enlégumes.Souslespalmes,irriguéspar des séguiasmusardes,se juxtaposentlesdamiersde fèveset de salades,de betteraveset dechoux,de radiset d'oignons: une fastueusemosaï-quequichatoiedansle soleil-Ah! noussommesloind'Igli,où la terreest nuesouslesarbres! Je ne ver-rai cetteabondancemaraîchèrequ'à Timimoun.
Plusquedesmaraîchers,leshabitantsd'Ouakdasontdescéréalistes.Alorsquepartoutailleurs,un«champ»
d'orgeou de blé est du formatd'un dominoou d'unmouchoirdepoche,ici,pourla premièrefoisau désert,je voisdeschampsdignesde ce nom.Partout,souve-rain,« le brind'herbesacréqui nousdonnele pain»ondoieet étincellecommeune merde béryl,où leschevauxdu ventse roulentet caracolent! Ona l'im-pressiond'uneBeaucesaharienneminuscule.
Aprèsla pistearidequ'ona suiviepourvenir,quel-le caressepourlesyeuxque ces vaguesde lumièreverte,où le ventchauddu Suda creusédesalcôves,qui invitentau repos.S'étendrelà, se noyerdonscetteondevégétalequi flamboie; sentirbattre les sèves
quigonflentlèsépis; puis,ivre,régénéréparee ma-
riageavec la terre,devenufaune,sylvain,centaure,ne pluspenserauxhommeshypocriteset cupides;pu-blierle poisonde l'amouret dèslivres,et qu'ilfaudramourir!
Descarrésd'orgesprécocessont déjà moissonnés.Dansd'autres,onmoissonne,et je revoisicice quejevisailleurs; lesépismûrscoupésà l'aided'unefaucilleà dentsde scie.Dansun enclos,ils sont six jeunes
garçons,dontle plusâgépeutavoirquatorzeans.Ac-
croupissur un rang, la faucilledansune main,une
poignéed'orgedansl'autre,ilscoupentcelle-cià rasdu sol en progressantsur les talons.
Cesmoissonneurspuérilsqui devisentet qui rient,qui ont des rosespasséesau pli de leur turban,cesmoissonneurssansrideset vêtusdecandeur,avecl'om-
Un senliersous les palmesà Ouakda.
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTRÉE 5
bre des palmesbalancéessur leur front, et là.-basl'a
dune rosecommeune vaguede corail,quelleexquise
fresquebucoliquepourun Puvisdé Chavdnnes,un Co-
rot, un Monet...Alorsqu'en Franceet partout l'hommeest l'escla-
ve de la Glèbe,ici pas trace d'effort, huile trace de
servitude.Cequi là^basest unefâche,est ici un plai-sir. Icilà Natureest une mère,unemère'et uneamie,du lieu d'être une marâtrequ'on âhathémdfise.Ces
moissonneursqui fient, ah ! que de compassionils
m'inspirentpourlesserfsrévoltésd'Occident,qui blâs-,
phèrnëh'tet qui Suent,eh dépitde leursmachines!
Je les regardé,Et je comprendslé secret qui fait
que ceux-cijouent lorsquelés autres jurent: ils iimi=
tent leursbesoins,lésautreslesexcèdent,Et j'apprendslé secretdu retoura l'Agéd'Or, et de vivremoinsdu-
rement'qu'à la suéûrdé son front; et d'obtenirquel'Actionrestela soeurdu Rêvé: le retourà la faucille:
limitersesdésirspourlimiterses peines,Et l'erreuret
lé tort de;la civilisationbêtement.utilitaireque l'onap-
porteà cés:sages,c'est dé leurcréerdesbesoinsqu'ils.ne peuventsatisfaire,..D'où:l'amertumeet la révoltequifermententéh d'aucuns.
A notreretourdès jardins,ivresde joieet dé beau-.
té, le caïd.Si Larbinousouvrela chambrehaute où
il reçoitses hôtes. Lèspalmessont si prêches, quen'étaientlesgrillagesqui fermentlesfenêtres,sansvi-
tres ni;volets,on les pourraittoucheren étendant la
main: on est commebalancédans leur houle alan-
guie..,Unefacehumainehostile:ou simplementmoroseeût
Un bassin d'irrigation à Ouakda.
gâté notrejoie.Lecaïd SiLarbiest l'hôte le plusaf-
fable que j'aie jamaiscroisé.Aucunfaste, mais une
simplicitéet une franchisequi réjouissent.Onpeut lui
tendrela main: il ne nousreprocherapas le verrede
thé qu'il nousoffre...
Il me fallait venir ici, être l'hôte de Si Larbi:ben
Sliman,pour retrouverl'antiqueusagede la prégus-
tation, adoptéepar les empereurset les patriciensde
Rome,et pratiquéeencorede nos jourschez les Zou-
lou et chez les Abyssins.Aprèsavoirtrempéun mor-
ceaude sa « kessera» dans les metsqu'il nousoffre,le caïd le porteà sa bouche: preuvepubliqueirréfu-
table que sa nourritureest saine...
Au coursde notre promenade,anomaliedont je
m'étonne,nousn'avonspas rencontréun seul nègre.Je demandel'explicationde cette singularitéau caïd
SiLarbi,lequelnousdit qu'à Ouakda,ksard'unecen-
sés nouveauxtimbrés.
taine d'habitants,il n'y a que deux«haratines» —
et pas un juif. Cet insignifiantpourcentagede sangnoirexpliquece fait paradoxal: lesOuakdissonttous
blancs.Commeleursfrèresde Figuig,les hommesd'Ouak-
da sont des Berbèresdemeuréspresquepurs: Des
Chlêuh,me préciseavecfierté le caïdSi Larbi,qui a
le facièsfrancet virilde sa race.
Ah ! regardons-lesbien, ces visagesfraternels,car
ce sont lesderniersque nousrencontreronsdansnotre
marchevers le Sud.Ni à Tarit, ni à jgli, ni à Beni-
Abbès,bienmoinsà Timimouh,nousne reverronsces
hommesblancs;sans mélange.Ici commencel'Afri-
que noireet finit l'Afriqueblanche: Ouakdaest le
vestibuleou le finistèrede l'Ethiopie(1) . Ici finit le
règnede l'« homoeuropeus». Ouakda:passée,le né-
groïdehideuxva tout contaminer,tout salir, tout ré-
duire: le noir mangerale blanc; le primateprimeral'homme.
N'eussent-ilsque ce mérite: d'avoirdéfenduleur
sang contre les contagionsnègres,d'avoirsu rester
purs malgré les sorcelleriesde la Calypsonoire,queces hommesauraientbien servil'humanité.
PourregagnerBéchar,nousrepassonsdans les jar-dins.
Soudain,là-bas, là-haut, une voixhumaineanime
lesfrondaisonsdespalmes; puisdeux,puis trois,puis
dix, tout un choeuraérien s'enfle,atteint les ampli-tudes du plain-chantliturgique.Lescolombesroucou-
lantes se sont tues pour l'entendre,et le vent dans
les brancheset l'eau dans les séguias,et je m'arrête
pourl'écouter...Ah ! je la reconnaiscette psalmodied'en haut. Elle
est l'implorationdeshommespu Créateurau Prophèteet auxSaintspourqu'ilsbénissentlesnocesdespollenset des pistils,afin que les beauxarbresproduisentdebeauxrégimes.Ce psaumeest l'ithalamede la Fructi-fication;
Longtempsnous zigzaguonsdans la verdure jus-
qu'auxgenoux.Nouserronspar les sentesvoûtéesde
branchesd'abricotiers,de figuiers,degrenadiers,celles-ci illuminéesdesétoilespourpresde leursfleurs.
Le longdes courantsd'eau, de minusculesliserons,desmyosotissauvages,ouvrentdesyeuxromantiques;au-dessusd'un mur bas, des rosesqui embaumentnoussourientcommedesbouches.Et là-haut,faucillesd'émeraudeau poingd'invisibleshouris,lespalmesba-lancéesfauchentd'invisiblesgerbes...
Claude-MauriceROBERT.
(1) Au sens figuré sinon géographique; nu sensêlymologiqucaussi, puisque K-mol Ethiopiesigni-fie : le pays des hommesau visagenoir.
Une nouvelle émission
de timbres-poste algériens
Le GouverneurGénéralinformeles intéressésqu'àl'occasiondu dixièmeanniversairede la créationdes
timbres-postespéciauxà l'«Algérie» il a décidéde
procéderà une nouvelleémissionde ces figurines.UneCommissiona été instituéepour rechercher,
parmilespaysageset lessitesde l'«Algérie», lessu-
jets des nouveauxtimbres-poste.Lesnouvellesfigurinesserontgravéesen tailledouce
et seronttoutesde grand:format.Ellesserontimpri-méesdans les ateliers spécialisésde l'Administration
MétropolitainedesP.T.T.Ellesserontmisesen vente dans tous les bureaux
de posted'« Algérie», au fur et à mesurede leur li-
vraisonqui a commencéversla fin du moisde mars,
par le timbrede0 fr. 50.La livraisons'échelonnerajusqu'enjuilletprochain,
peurlesautresfigurinesde la série.
Concurremmentaveclesnouveauxtimbres,ceuxdes
modèles1926 serontencorevenduspendantplusieurs
mois,jusqu'àépuisementdes stocks.
Le Gouverneur Général de l'Algérie
est reçu par la Presse Nord-Africaine
à Paris
Le Syndicatde la PresseNord-Africaineà Parisa
reçuà déjeuner,il y a quelquesjours,dansun des sa-lonsdu restaurantMarguery,M. GeorgesLé Beau,GouverneurGénéralde l'Algérie.
Cefut l'occasion,pourle chefde notrebelleposses-siond'outre-mer,de prendrecontact,non seulementavec lescollaborateursparisiensdes grandsquotidiensalgériens,maisaussia^/ectousceuxde nos confrères
qui, dans la presseparisienne,s'occupentdes affaires
algériennesou nord-africaines.Grâceau vatel, un oranais,qui dirigele restaurant
Marguery,la chèrefut exquise,les vinsexcellentsetl'ambiancedesplusagréables.
Parmilespersonnalitésqui,à la tabled'honneuren-touraientleGouverneurGénéralLe Beauet lesympa-thiqueprésidentdu SyndicatPaulLambert,nousavonsnoté la présencede MM.Voizard,chefdu CabinetdeM. AlbertSarraut,ministrede l'Intérieur,et présidentdu Conseil; Vilar,directeuradjointdes Affairesalgé-riennesau Ministèrede l'Intérieur; Milliot,directeurgénéraldes Affairesindigènesau GouvernementGé-néralde l'Algérie; ElyséeSabatier,présidentdu Comi-té de l'Afriquedu Nord,ancienprésidentdes Déléga-tionsfinancières; Rivière,chefdu Cabinetdu Gouver-
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTPCE
neurGénéral; commandantLabanne,et le lieutenant
Audricde sa maisonmilitaire; Rozier,chefdu secré-
tariat particulier; Boussenot,présidentdu Syndicatde
la Pressecoloniale; Falck,directeurde l'AgenceGé-
néralede l'Algérie; Francoul,présidentde « l'Oasis»,etc.. Nosconfrèresétaientégalementvenusnombreux
pourtémoignerleurdéférentesympathieau Gouver-
neurGénéralet aussipourfêterceuxdesleursqui,ce
joùr-là,étaientà l'honneur.Eneffet,a l'heuredestoasts,aprèsavoirsaluéles
invitésdu syndicatet lesavoirremerciéspar un mot
aimablede leur témoignagede sympathie,M. Paul
Lambertfélicitalesnouveauxpromusou nommésdans
l'ordredé îâ Légiond'honneur,nosconfrèresGuetâf,
LéopoldBlond,Larchér,promusofficiers,et PaulRo=>
ger,norriméchevalier.Puis,il dit lesméritesde Sebil^
lot, vice-président,et MarcelAzzopard,trésorierdu
Syndicat;qui,depuisdixanssurl'abrèche;,ont contri-buéà menerleSyndicatà la prospérité.Aussi,au nom
désmembresdu groupement,il remetà chacund'eux,un magnifiquesouveniret leurdonnel'accolade.
SetournantensuiteversM. le GouverneurGénéral
de l'Algérie,le Présidentdu Syndicatremerciedé la
marquede sympathiequ'il témoignaitau Syndicatparsa présence.
M. Fiori,députéd'Alger,commejournalisteet com-
me parlementaire,félicitele GouverneurGénéraldé1
la franchiseaveclaquelleila abordélesproblèmesdé-
licatsquiluiont été soumiset le remerciede sonatti-
tudeferme,énergique,et conciliantequi a permisà
l'Algériedé retrouverle calme:.
Ontprisensuitela paroleMM.Guetat,PaulRoger,au nomdes nouveauxlégionnairesSebillotet Azzo-
pardpourremercierleursconfrèresde leurgesteami-
cal; Malkapourdire l'oeuvreaccompliepar la direc-
tiondesAffairesalgériennesà l'intérieuret sonchef,M.Vilar.C'estensuiteM.Boussenotquivientappor-ter au GouverneurGénéralet auxconfrèresnord-afri-
cainsl'assurancede la solidaritéde la pressecoloniale
pourl'oeuvreà réaliseren communpourla plusgrandeFrance.
LorsqueM.GeorgesLeBeause lèveà sontourpour
prendrela parole,il est l'objetd'unebelle:ovation.LeGouverneurGénéralse défenddevouloirprononcerun
discours,mais il tient à remerciertrès cordialementle SyndicatdesJournalistesnord-africainsde l'invita-tion si amicalequ'il lui a adresséet plus particu-lièrementle très distinguéprésidentdu Syndicat,M.
Lambert,des parolessi aimablespour lui qu'il vientde formuler.
A. A.
L'O.F.A.L.A.C.A PARIS
L'exposition « Le Livre en Algérie »
Levernissagede cette expositionavait réunidans
l'Ofalac,avenuede l'Opéra,un publicnombreuxet
particulièrementchoisi.
LeGouverneurGénéralLeBeauqu'accompagnaientMM.Milliot,directeurgénéraldesAffairesindigènesau GouvernementGénéral; Rivière,chef de sonCa-binetcivil; le commandantLaganneet le lieutenant
Audricde sonCabinetmilitaire,a inauguréofficielle-
mentcette magnifiqueexpositionqui tiendrasespor-tesouvertesjusqu'au18avril.
Parmiles personnalitésquise pressaientdanscette
salledevenuetroppetitepourlescontenir,il y avait
foutce que Pariscompted'amisde l'Algérieet danstouslesdomaines.
Auhasardde nosalléeset venues,nousavonsnotéla présencedes académiciensPaulValéry,PierreBe-
noit,GeorgesDuhamel; des écrivainsPierreMille,HenrydeMontherlant,PierreHamp,Marius-AryLe-
blond,AndréDemaison,EmileHenriot,GastonRo-
geot,présidentde la SociétédesGensde lettres; Ro-bertRandou,PaulAchard,RaoulStéphan,JeonMélia,Crocciki,le généralAzon,quiappartientautant à lalittératurequ'àl'Armée,nousavonségalementrencon-tré l'éditeurForquelle,le députéd'AlgerHenriFiori,Peigné,directeur,et Vilar,directeur-adjointdes af-faires algériennesau Ministèrede l'Intérieur; Félix
Folk,directeurde l'Agencede l'Algérieà Paris; le
GouverneurgénéralCorde; Si Koddourben Ghabrit,
M.GeoryesLe Beau,GouverneurGénéralde l'Algérie,a été reçu à Paris par lesmembres
de la pressenord-africaineparisienne.
directeurde l'InstitutMusulman;RobertDavid,an-
cienMinistre; l'abbéLambert,maired'Oran; Galle,
déléguéfinancier; ElyséeSabatier,présidentdu Co-
mitéde l'Afriquedu Nord; Bonzon,ministreplénipo-tentiaire; Fabregoule,directeurdes serviceséconomi-
ques de l'Algérie; Boulogneet Vigouroux,anciens
conseillersdu Gouvernementgénéral; Gaudissart;Blottière; le comtedé Béarn; Paul Lambert,prési-dent du Syndicatde la PresseNord-Africaineà Pa-
ris et dé nombreuxconfrèresparmilesquels: MM.
Gravereau,Auguste Richard,Cluny,René Leclerc,
Abriani,Douzon,de Jonquières,Boujol,RenéFontai-
ne, Rabattit,etc.. Connaissantla susceptibilitéde la
gent féminine,nousnousgarderonsde citer les noms
afinde ne pasen omettre,de toutescelles,charman-
tes et nombreuses,qui rehaussaientdé leurprésencel'éclat de cette bellemanifestationintellectuelle,lui
donnantun cachetde grandepremière.Et maintenantdisonstout le bien que nouspen-
sonsde l'effortréalisépar l'Ofalaccertes,maissur-
tout par deux de ses meilleurscollaborateursnous
avonsnommésGabrielAudisioet Eydoux.Leurexpositionest parfaitementréussie,notreex-
cellentconfrèreRobertRandau,dans un des «pa-
piers» dont il a le secret,l'analyseraen détailet du
pointde vue littérature.Nousnousborneronsà l'activité,c'est-à-direà sou-
lignerle magnifiqueagencement,l'installationartisti-
queet pleinedegoût,deslivres,cartes,gravures,en-
luminures,reliures,photosqui montrentaux visiteurs,d'unepart, le rôlequejouent,dansla littératurefran-
çaise,les'éditeurset lesauteursalgériens,et, d'aUtrë
part, évoquentlesgrandsécrivainsmétropolitainsquise sontinspirésdé l'Algérie.
Dèsl'entrée,unegrandecarte retientvotreatten-
tionpar une imageriepittoresqueoùfigurent«Tarta-
rindeTarasconet seschassesau lion», les«Troisda-
mes dé la Casbah», de Loti; «L'Atlantide», dé
PierreBenoît; le «Saint-Augustin», de LouisBer-
trandet tant d'autresoeuvresqu'ilseraitpar troplong
d'énumérer,deRegnardà Montherlant,deFromentinà
Gide,dèsGoncourtà PierreLouys,etc..
Touslesgrandsécrivainssontévoquésdansdifféren-
tessections,pardesmanuscrits,desphotographies,dés
ouvrages.Le manuscritde «L'Atlantide», dé Pierre
Benoîtest, à cet égard,un désdocumentslesplusin-
téressants.Onconstateainsiquela plupartdesauteurs
aimésdu publicont touchéà l'Algérie,luidemandant
parfoisle meilleurde leursourced'inspiration.
Unesectionparticulièrementimportantea été ré-
servéeà Fromentin,ses textes,ses dessins,ses pein-turessontun desattraitsde ce salon.
Randauvousdiraen détail tout ce que réunissent
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE 7
de merveilleslesnombreuxpanneauxquigarnissentles
mursdu hall.Lesécrivainsproprementalgériensn'ont pas été ou-
bliéset nousSoulignonsle gesteconfraternelet délicatdes organisateurs,qui, près des photosencadréesde
deuil,des écrivainsalgériensdécédés,dont le dernieren date est EdmondGojon,avaient,dans une penséetouchante,placéun bouquetde violettes.
Les documents rares et émouvantssur Isabelle
Eberhardf,notammentles manuscritsqui ont été re-
trouvésdanslesruinesde sa maisond'Aïn-Sefra,aprèsl'inondationqui lui coûta la vie, retiennentl'atten-tiondésvisiteurs.
Lés sectionsréservéesaux arts indigènesdans le
livre,l'enluminureet là reliuresontégalementtrèsvi-sitéespar les amateursd'art.
Cet ensemble,les organisateursont eu raisonde la
soulignerdans leur notice,met en valeurla richesseintellectuelledé l'Algérie,et montreà quel point,dans le domainede l'esprit,cette dernièreest pleine-mentintégréeà la France.
A. A.
Le Président dé la République
visite lé Concours Général Agricole
Le20 mars1936,M.AlbertLebrun,présidentde la
République,accompagnéde M. Thellier,ministrede
l'Agriculture,a visité le Concoursgénéralagricolede
Paris,ouvertdepuismercrediau parc des Expositions.M. Lebrunn'a pasmanqué,commelesannéesprécé-
dentes,de s'arrêterau standde l'Algérie,quiconstitueune des plus importantesparticipationsdu Concours.Il a été reçupar M. Falck,directeurde l'AgenceduGouvernementgénéralde l'Algérie,et par M. Mathieu,
présidentde l'Union algériennede l'Exportationdes
Fruitset Primeurs,et présidentdu jury des produitsagricolescoloniaux,qui luiont fait les honneursdé lasectionalgérienne.
Celle-ci,installéesous la directionde M. Blottière,attaché commercialde l'Agencedu GouvernementGé-néral de l'Algérie,a été présentéede manièreà faireressortirl'importanceprimordialede l'agriculturedansl'économiealgérienne.Au centre,une carte de vastes
dimensions,encadréede motifs décoratifsrappelantles principalesproductionsde l'Algérie,sert d'enseigneà cette exposition; de part et d'autre,deuxgrandsta-bleauxdus à l'habiletéd'un de nos meilleursdécora-
teurs,et fort remarquésdu public,représentent,d'une
façonoriginaleet attrayante,dés statistiquesrelatives,l'uneà l'importancedesexportationsd'origineagricole,l'autreà la répartitionde la superficiecultivée.Lepre-mier,pour illustrercette formule: « 85 % des ex-
portationssont d'origineagricole», représenteun na-vire dans les flancsduquelsont chargésles produits
typesde l'agriculturealgérienne.Lesecond,quia pourtitre : « L'Algérieprésenteun domaineagricolebien
équilibré», représentela vue aérienned'uneexploita-tion agricoledont les différentescultures,constituées
par des tissusde tons chaudset chatoyants,seraient
proportionnéesà la surfacequi leurest consacréedansl'ensemblede l'Algérie.
Pourcompléterla décoration,une table servie,gar-nie entièrementde produitsalgériens(vins,fruits, lé-
gumes,pâtes alimentaires,sardines,conserves,etc.)
démontrela véracitéde cette formulequi s'étale surle fonddu stand,qu'il n'est « Pasde bonnetablesans
produitsd'Algérie».Outre les vins,qui sont toujoursenvoyésen grand
nombrepar lesagriculteursd'Algérie,figurentdes cé-
réales,des huiles,des olivesde conserve,des pâtesalimentaires,desfruitset des légumes.Unedescurio-
sités,principalementpourlèsvisiteursruraux,est cons-
tituée par unegerbede blé « Florence-Aurore», arra-chée le 15 mars,et d'une précocitételle que l'épi en
est déjàentièrementformé.Maisune expositionparticulièrementremarquéeest
celle de la Coopérativedes Agrumesde la Mitidja.Cette associationa fait un effort importantpourpré-senter,en quantitémassive,unegammeplusquecom-
plète des agrumescultivés en Algérie.On noterad'ailleursque le jurya tenu à récompensercet envoi,tcnt pour la qualitédes produitsexposésque poursabelleprésentation,en mettantla Coopérativede la Mi-
tidja horsconcoursavecfélicitationsdu jury. .M. le PrésidentLebrunet M. le MinistreThellierse
sont longuemententretenuavecM. Falckdes princi-palesquestionsintéressantl'agriculturealgérienne,etils n'ont pas manquédé témoignerleur satisfaction
pourle bel ensembleconstituépar la sectionde l'Al-
gérie.
Lé Train-Exposition de la France
d'outre-mer
Unlongconvoide cheminde fer vientde se mettreen routeverslesrégionsNordet Estde la France.Du
25 marsau 4 octobre,ce convoiprésenterales pro-duits de nos possessionsd'outre-merau grand publicde cespartiesdu solnational.
Ce train-expositionest nouveauvenu cette annéeet est né du succèsde trains similaires,maismétro-
politainsqui, depuis1933,sillonnentle territoiresous
l'égidedu «MoniteurOfficieldu Commerceet de l'In-dustrie».
C'estuneinnovation,maisune innovationquiarriveà son heure,à cette heureoù la Métropoletourneses
regardsversses Colonieset se prendà concevoirqued'ellespeutdépendrele dénouementd'unecriseécono-
miquequin'a que tropduré.
C'est une innovationqui contribueracertainementà accroîtrele volumedes échanges,car c'est dans le
développementet le resserrementdesliensd'ordreéco-
nomiqueentre la Franceet son empired'outre-mer
que se trouvele salut de l'économiefrançaise.
Le wagonde l'Algérie,qui porte le numéro4, est
coquetà souhaitet a été aménagéavecun goûtpar-fait, par les représentantsde l'Ofalac.Unealléecourttout le longd'un côté, bordéepar des vitrinesauxcouleursfraîches,elles renfermentles différentspro-duitesdu sol algérien,à l'état de nature commeles
fruits,ou manufacturéscommeles tabacs. Unerichecollectionde boîtesde cigarettesde toutes les mar-
ques algériennesles met bien en valeur. Desfigues,des dattes,des agrumessont présentésd'agréablefa-
çon,dans leursempaquetagesdivers.Au secondpion,groupésen échelle,s'offre la gammedes vins,gloirede l'Algérie,des liqueurs,des mousseux; solidementarriméestoutes ces bouteillesresplendissentsous lesfeuxde l'électricitéprodiguéepartout.
LaTunisiemontrele mêmevisageriantque sa voi-sinealgérienne.A elle est échu le wagonnuméro10,qUil'a.placéeloindes deuxautresparticipantsnord-africains.
L'Officede Tunisieet l'Othus,officedes huilesetdes vinsont pris l'initiativede participerà ce train.Ils l'ont fait de la manièrela plus brillante,la plusclaireaussipour les yeuxparfoisprofanesdestinésàvisiterl'installation.
On retrouve,commeon le trouveraaussi au wa-
gondu Maroc,le doublepointde vue, faire valoirlesrichesseséconomiquesde la Tunisie,et mettreen va-leursesattractionstouristiques.
L'huiletunisienne tient naturellementune placed'honneurdans la présentation.A côté, les vinstuni-
sienssontnombreuxet variés,en échantillonnagecom-
plet de tous lesprincipauxproducteursde la Régence.N'oublionspas lesproduitsmanufacturés,lescuirs,les
poteries,les tapis. Quantà la partie touristique,elleest miseen évidencepar des afficheset desagrandis-sementsphotographiquesinvitant au voyage.
LeMarococcupela voiturenuméro6. On retrouve,dans la présentationde ses produitsde toute sorte,lemêmesoucide clarté et de méthodequi guidentsesvoisins.
L'OfficeChérifiend'Exportationet l'OfficedesPhos-
phatesse sont partagésla tâche de mettre, sous les
yeuxdu publicmétropolitain,les différentesproduc-tions marocaines.L'O.C.E.exposeles légumeset lesfruits type standardqu'on est accoutuméde trouversoussa marque,et lesphosphatesdu Marocne doivent
pas manquerde retenir l'attentiondes agriculteurs.
g L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE
TUNISIE
10.000 kilomètres au désert
C'est uneperformancepeubanalequeSe propose
d'accomplirun brillantreporterde « L'Intransigeant»,M.Jeand'Esnie,encompagniedu comtedeMontsôul-
ninet dumécanicienGaillet.CestroissportmenontquittéTunisle 14marspour
uneformidablerandonnéesahariennedontvoicil'itiné-
raire: El-Goléa,Tamanrasset,AgadèS,Zihder,Fort-
Lamy; le retours'effectuerapar Bilna,Djado,Djanet,FortFlatters,FortPôlignac,FortSaintet le Sudtuni-
'-^Pf'--:-'-"''.' ',: .':'''.'.':'::' '.
iJlibtoSebag.Jean d'Usineet ses collaborateurs.
sien.Lesvoyageursintrépidescomptentêtrede retour
à Tunisversle 15avril.
Il est bonde rappelerque sur ce dernierparcours«Djado-Djanet-FortFlatters», desprécurseurstelsquelesautomobilistesRossionet de Précourt,ainsique l'a
missiondu colonelCourtotéprouvèrenten 1925 dés
difficultésinsurmontablesdanslesduneset leshama-
daduTassilidesAjjer.Maisonzeanssesontécoulés;lomécaniquemodernea été grandementperfectionnéeet il n'est plusquestionmaintenantd'utiliserles voi-
turesà chenillesde la missionCourtot.
Lavoiturequi transporteM. Jean d'Esmeet ses
compagnonsestuneChenard,14CV,4 cylindres,dotée
à l'arrièred'un réservoirspécialpouvantcontenir370
litresdfessence,ce qui lui procureun rayond'action
deplusde 2.000kilomètres.Aveclescantines,lesvê-
tementset lingesde rechange— car lesnuitssaha-
riennessontrigoureuses— lesvivres,lesarmeset mu-
nitions,la voiturea un poidsglobalde troistonnes.
Ausurplus,M.Jeand'Esmen'enest pasà sonpre-miercontactavecle Sahara; il a déjà parcourule
Hoggaret fait la liaisonAlger-Zinderen quatrejours,ce quiest un recordau pointde vuetouristique.
Désireuxde prouver,parsa randonnéeTunis-Tchad,
queletourismeautomobileau désertestà la portéedetouslessportmen,M.d'Esmeveutadministreren ou-tre la preuvequ'ilexisteune routeterrestrepratica-bleentrela Francemétropolitaineet toutessesvastescoloniesau paysnoir.
Rappelonsquece journalisteest égalementun écri-vainpleinde talent; il a publié«A traversl'emprisede Ménélik», «L'âmede la brousse», «Tornade»,« les Dieuxrouges»; enfinon lui doit une enquêtetrèsdocumentéesur la Syrie.
Le stockage et le warrantage
des huiles d'olive
Nousavonstenunoslecteursau courantdesdiffé-rentesmesuresprisespar le Gouvernementdu Protec-toraten faveurde l'oléiculturetunisienne,si durementtouchéepar la quasifermeturedu marchéitalienà lasuitedessanctionséconomiques.
Undécretparurécemmentau «JournalOfficieltu-nisien» vient d'étendredons les conditionssuivantesau commercemétropolitainle bénéficedu décretor-
ganisantles opérationsde stockageet de warrantagedeshuilesd'olivetunisiennes:
Peuventbénéficierde ces mesuresles commerçantsfrançaisadhérentsà la Fédérationdes Syndicatsducommercedes huiles d'olivede Fronceet autorisés
spécialementpar cette Fédération,ainsique les com-
merçantsen huilesétablisen Tunisieet inscritsau 1"
janvier1936surle registredu Commerce.
Lewarrantageet le stockagedoiventportersurdes
huilesd'oliveachetéessur le marchétunisiendirec-
tementà desoléifacteurset postérieurementau 31 jan-vier1936,aux conditionsfixéespar les § a et b de
l'art.2 du décret (priximposéspourdiversescatégo-riesd'huiles).
Lesmarchandisesstockéespeuvent,avecautorisa-
tiongouvernementale,être entreposéesdansla Métro-
pôlesouscertainesconditions(se référerau décretdu
2.7décembre1935,art. 3, § 2).
Deslicencesspécialespeuventêtre accordéesaux
maisonsadhérentesà la FédérationdesSyndicatsdu
commerced'huilésd'olivespour réaliserun stockageOUdelàdes maxirndindividuelsprévus.
Enfin,si le courssurlemarchédeSfax,au moment
du déblocage,atteint330 francsles 100kgspourles
huilesde premièrepression,les personnesayant bé-
néficiédu décret devront rembourserà l'Officede
l'huiledé Tunisie,avanttoute sortiede la marchan-
dised'entrepôtset quelleque soif la qualitéde ces
huiles,lessommesprisesen chargepar cet officeau
titredésintérêtsdésavancessurWarrants.
L'élevage du mouton en Tunisie
La grandemisèredes troupeauxdans le Centre
et dansle Sud.
L'élevagedumoutonconstituela principaleressource
déspopulationsindigènesdu Centreet du Sudde la
Tunisie; on évalueà prèsde quatremillionsle nom-
bredesovinsexistantsen Tunisie; sur la totalité,les
éleveursarabespossèdent95 % du cheptel,surtout
répartidans le centreet dans le Sud,soit une aire
géographiquedéterminéepar une ligneidéaletraver-
sant la Tunisiedé l'Està l'Ouestau-dessusde Kai-
rouan.LemoutondéTUnisieest représentéen grandema-
joritépar dés animauxde race barbarineà grosse
queue; cette race,originairede Syrie,s'estconsidéra-
blementmultipliéeenTunisieet dansla partieorien-
tale de la provincede Constantine,alorsque vers
l'Ouestles troupeauxaccusentdesmélangesde typesberbèresou mérinos.
Dansle typebarbarin,la tête est assezforte, la
queueest trèsépaisse,formant,jusqu'aupoidsde dix
ou douzekilogs,unemassede réservequi se résorbe
enpartiependantlespériodesde disette; lesmembres
de l'animalsont forts,car c'est un grandmarcheur
Dansle Sud(Mezzouana),une caravanede cha-meauxapparie les approvisionnements: paille
(en balles),son et tjrignons(en sacs).
quelemoutonbarbarin; étantessentiellementunebêtede pâture,il ne trouveplusà certainesépoquesdanslessteppesdu centreou les territoiresdu Sud,la vé-
gétationherbacéenécessaireà sonalimentation; pourrésisterà la disette,l'émigrationdes troupeauxs'im-
posevers le Nord,c'est-à-direversdes régionsplusfraîchesoù l'eau et les pâturagesn'ont pas disparu.
C'est ainsique chaqueannée,au débutdu moisde moi,d'immensestroupeauxquittentle CentreparlesgrandesplainesdesHamamaet de Kairouanpourse répandrebeaucoupplusau Norddansle cap Bonou la valléede la Medjerdah; c'est la méthoded'éle-
vageen transhumance,pratiquéedepuisdessièclesparleséleveursindigènes,méthodequ'ausurplusexigedevastesterrainsde parcourséchelonnésà desaltitudes
différentes,pourpermettreun déplacementpériodiquesuivantlessaisons.
Or, il advintque cet hiverune sécheressepersis-tante dans tout le Centreet le Sudtunisiensprovo-qua, de très bonneheure, l'anéantissementcompletdespâturages; à la fin du moisde janvier,la situa-
tion devintangoissante; la majeurepartiedes ani-
mauxétait dansun état squeléttiquesur lés marchés
de Sbikha,Djilma,Hadjeb-el-Aïouhdésbrebislamen-
tablementmaigres,desagneauxmisérablesétaientof-fertsà vilprix.
Mêmeprématurée,la transhumanceétait impossi-blecar lesanimauxétaientà ce pointaffaiblisqu'ilsn'auraient pu supporterles fatiguesd'une étapemoyennede vingtkilomètrespar jour; encoreeût-il
été nécessairede trouversur ces grandespistes de
transhumancedes approvisionnementset des pointsd'eau pourla nourrituredé ces troupeaux.
Uneseulesolutionpratiqués'imposait: assurersur
placel'alimentationdes animauxlespluséprouvésetce pendantune périodemaximade trente jours,enattendantla chutede p.lUieSqui, bienque tardives,se sont produitescependantversla fin févrieret au.débutde marsdans certainespartiesdu Centre.
Ayantdéjàexaminécettequestiondesapprovision-nementsdé fortuneà fournirau cheptelovinen cabdegrandesécheresse,le servicedé l'élevageavait l'an
La spéculationne perd jamais ses droits: aux
abordsdes oasison venddeuxsons une botte
d'herbes(1 l;<j.)pour l'ulimentutiondu bétail.
dernier,préconiséla fabricationde briquettescompo-séesd'un amalgamede grignonsd'olivesdesséchéset
de marcsde raisinépuisés; ces matièressuffisam-
mentnutritivesprésentaientcet immenseavantagedé
ne coûterqu'unesommeinfimepuisqu'aussibien il
s'agitde sous-produitsinutilisés,disonspresquede dé-
chetssansvaleur.Maiscet amalgamedoit être réa-
liséà la périodeoù cesdéchetsse trouventen quan-tités considérableset il eût fallusonger«à l'époquevoulue», à donnersuiteaux propositionsdes services
compétents; faute de s'en être préoccupésà temps;
peut-êtreaussifautede crédits,cesréservesn'avaient
pas été constituéesquandsurvintla périodecritique.LeGouvernementdécidéà ne paslaissermourirde
faimun immensetroupeauquicomptaitprèsde20.000
têtes, tout au moinsles plusfaméliques,décidal'a-chat immédiatet le transportdesapprovisionnementsindispensables,en certainspointsérigésen centresderavitaillement.C'est ainsi que des stocksimportantsfurentconstituésau moyende 2.000tonnesde paille,3.000 tonnesde grignon,500 tonnesde sonet 100tonnesde marcde raisin; leuramalgameà dosesju-dicieusespermetaux animauxde subsisterjusqu'àlachute des pluiesqui, avons-nousdit, s'est effectuéeheureusementendiversesrégions.
Lesapprovisionnementsont été hâtivementexpédiéspar voieferréeà la Skrira,,Mazzouna,Sbetila,Mak-
nassyGafsa; la réceptionet les distributionsde ra-tionssontassuréespar lessoinsdesagentsdu servicede l'Elevage.Onse rendracomptede l'intérêtquepré-sentaientlesmesuresprisesquandon sauraque,danscertainsgares, les trains d'approvisionnementfurentprisd'assautpar les indigènespropriétairesde trou-peaux.
Aujourd'huila situations'est améliorée,grâceauxpluies,tombéesdans les caïdatsdes Hamama,desFraîchicheet de Gafsa,et quiont amenéeunepous-sée d'herbedont les troupeauxpourrontprofiter.Encertainsendroits,lespertesavaientatteint50 % chez
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE 9
lés agneauxet 30 % chez les moutons; dans l'en-sembleles pertesse chiffrentpar 15 à 20 % du trou-
peau. Il faut espérerqu'une telle alerte rendra pré-voyantstous les intéressés,afin que soient désormaisconstituéesun peu partout des réserves alimentaires
pour les moutonstunisiens.
Activité dé l'aviation civile
en Tunisie
Nousavonsrelaté dernièrement(1) l'a créationde
la «stations-service» au campde l'Aouïna,près Tu-
nis,qui a donnédepuissa fondationun essorconsidé-rableà l'aviationde tourismedans la Régence.Lema-tériel s'est augmenté d'un appareil Caudron-Luciole,que M, dé Wàrren a récemmentamené d'Algerparla voiedes airs.
Fanatiquesde Ce nouveausport, toute Uneéquipedé jeunespilotes a été formée,parmi lesquelsnous
citeronsnotamment: MM. Lavau, Sètbon, Lapalu,Faure,Dère,Jambon,Walbaum,Aftias, Jambon,No-
vak, Gohidé;Hi'lscher.M. GerbaUletconsacretout son tempsaux exercices
dé pilotageet à l'entraînementdès candidatssur lenouvel appareil Caudron-Lucioledont, nous avons
parlé.Récemmenteut lieu, sur le terrain dé l'Aouïnaun
exercicededémonstrationpourle sauvetageet le trans-
portdésblesséseh avionsanitaire; cesexercicesfurentfaits en présencedés chefs de servicede santé mili-
taire et dé plusieursmédecinscivils.L'avionsanitaire qui fut expérimentéest un Cau-
dron-Pélicangrand modèle,qui peut transporter,outrele pilote,trois passagerset 45 kilogsdé bagagesà lavitessedé 160 kilomètresà l'heure. Grâceà un sys-tèmedé siègestransformablesen brancards,un malade
couchépeut être facilementinstallé dans l'appareil,avecuneplaceà l'arrièreaccompagnantle blessé;unetroussemédicalespécialeforméepar une boîte est fi-xée à l'arrière du siège avant gauche, à portée demain de l'assistant. L'avionpossèdedeux ouverturesdansle plancherferméespar une trappe, l'uneobturée
L'expériencefut concluanteet prouvatout le partique l'on pourraittirer de cette nouvelleutilisationdel'aviationdans le domainede la sonté publique.Nom-breux sont les postes de l'Extrême-Sudtunisienoùsoldatset officiersse trouventisoléset horsd'état defranchir très rapidementdes distanceséloignéesdetout grandcentrehospitalieren cas de maladiegravenécessitantune interventionurgente.Grâceà l'avion
sanitaire,pour lequelles distancesne comptentplus,ces craintes sont aujourd'huidissipées,et c'est un
grandprogrèsréaliségrâceà l'initiativedes dirigeantsde la station-serviceCaudron-Renault.
Sirène dé Sfax
La Tunisieest avant tout un pays marin: la mer
y commande.De quoion s'est peu et rarementaviséà mongré. Pourtantrienne m'est plusévident.
Salammbô,ce nom magnifiqued'une magnifiquecréature de chair, dès l'abord c'était un régal pourmoi qu'il fût associéaux industriesde la mer sur larive de Carthage: « station océanographiquedé Sa-lammbô», c'était tout un programme.J'ai vu desécrivains« pèlerinsde l'art et de la beauté», mépri-ser cette adorabledemeureoù les espècessous-mari-nes promènentlentementleurs rêves, et nos songesles plusmystérieux,dansdés prisonsde cristal.Je lesai entendus,délicatsqui gémissaientparceque le pa-villond'une héroïne littérairecouvreune aussi piè-tre marchandise.Troisfois infortunés! Ignorantsde
quels trésors!Il y a bien des annéesque j'avais lu pour la pre-
mièrefois les publicationsensorcelantesque la station
de Salammbôédite. Je les avais oubliées.Maisvoici
que j'y revienscommeà; la plus fraîcheet substan-tielledes nourritures.J'y retrouveles vastesportiquesoù j'avais longtempshabité. Devant les marchesde
monpalaisd'eaux vivess'ouvrentdes alléesde sables
coquilliers,bordées de radiolaireset de posidonies,de pintadines,de zostères.Dansce Versaillesaquati-
que, les indolentessyphonophores,avec leurs tendresamieslesnaïadacées,déambulenten devisantdu temps
par une glace qui sert de viseur, l'autre libre pour
l'épandagedes produitsantiseptiquesen coursde vol.
Afinde donnerà la présentationde l'appareiltou-
te sa valeur,un speudo-blesséétendusur un brancard
fut introduitdans l'appareil,puis un docteurs'installa
sur le siègearrièreet M. de Warrenayant pris les le-
viersde commande,l'appareilfit quelquestours au-
dessusde l'aérodromeet atterrit ensuite doucement.
Une ambulanceautomobilemunicipalefut ensuite
amenéetout contre l'avionet le patient fut transpor-té de l'aviondans l'auto sans secousse.
(1) N--773,du 23 février 1936.
des amoursquiviendra.Leschampsde vélellesfleuris-
sent, et les prairiesde véligères...Beautésde mesjar-dins liquides,j'étais votre sultan, travailléd'un prin-tanierdésir,qui nagemajestueusement,à la recherche
d'une frayère excitante.Salammbô,déité marine, ô
soeurde ma très chèreCalypso,depuisl'enfance,de-
puis le songedes limbesen secretpoursuivie...
La Tunisieest un paysdu poisson.Je le savais, jel'avaistoujourssu dansle fondde monêtre, dansmes
poumonsde plongeur,dans mes membresfaits pour
noger,dansmespaupièresrougiespar l'eau,dans mes
muqueusesbrûléesde sel. Maisle souvenirsommeillait,commeunedoradesousl'ombred'unebarqueau mouil-
lage.C'est à Sfaxbrusquementque tous les signesde la
mer me furent à nouveaurévélés,ensemble,et parune espècede conjuration.
Sfaxétait bien faite, sans doute,pourme délivrer
La Sirène de Sfax.(Photo de l'auteur).
ce message; elle est de beaucouple port de pêche leplusimportantdé la Tunisie,et les indigènes,pour lestravauxde la mer,y côtoientdes Siciliens,des Grecs,des Maltais.La darse est pavoiséed'épongésencorevives,tendresfleursarrachéesaux herbiersde la mer,en guirlandessuspenduesdans les haubansdes ba-teaux. Sur les dalles du môle on voit des hommesahannantqui «battent» les poulpesjusqu'ausuprê-me attendrissement.Il y a la pêcherievociféranteoùla criéedisperse,parmidesfiguresde corsaires,lesca-lamars,les mércus,les dentis. Il y avait M. Guidi,lebrigadierdes douanes,fertileen proposichtyologiques.
Tout parlait de la mer,de la pêche,et je n'enten-dais pas encore.
C'est alors que la sirèneapparut.Soudainla voicidevantmoi,sur la façaded'une humblegargotteara-be. Elleest peinte, naïvementpeinte commesaventfaire les artistes indigènes.Ses yeux un peu conver-i nts essaientde me fasciner. Ils me fascinent.Sespetits seins,seinsminuscules,sont d'autresyeux: lesyeuxqui regardentdans l'eau où traînesa queued'é-cailles.Unnavirenavigueauprès: s'il écoutela belle,le voilierchavirera-t-il? Lesmarinsseront-ilsmangésdespoissonsquinagentautourde la sirène? Sirène,fe-ras-tu l'amour avec les hommesnoyés,ou le feras-tu mieuxavecles deuxjeunespageotsque tu te tienspourtoi, un dans chaquemain brandi?
Sirènede Sfax, tes couleursviveschantent. J'en-tends.Si:j'avaisde la cire,je la jetterais.Si j'étais lié,je me détacherais.Chant de la sirènede Sfax, quim'a tout révélé,chant pareil à une illumination!
Tout s'ordonne,les signes et les preuvesaffluentd'eux-mêmes,commele fretindansun filet à la clar-té du projecteur.Tout : les usages,l'histoire,les or-nementsdes demeures,des barqueset des véhicules,les mosaïques,les croyanceset les superstitions,lesreligions,le totémisme,la magie,les peupleset leursorigines,la viemillénairede ces rivages,le tranchantdu cap Bonpointucommeun fer de harponfiché aucoeurde la Méditerranée...
A la placede la sirène,réengloutiedansson eau decouleursc'est le symboleéternelquiapparaît,et mieuxencoreque le symbole.J'étaisà cedegréde l'initiationoù l'on accèdesanseffortà la divinité.Uneembarca-tion, retourde la pêcheà l'éponge,rentrait au port.Lepêcheur,deboutà la proue,tenait en mainson mi-roiret son trident.J'ai vu Poséidon.
GabrielAUDISIO.
M. Armand Guillon est nommé
Résident Général en Tunisie
Leservicetélégraphiquenousa annoncéla nomina-tionau Marocde M. Peyrouton,quiest remplacéà Tu-nispar M. ArmandGuillon,préfetdu Nord.
M. Guillonest né en 1880à Guérande(Loire-Infé-rieure); il débuta en 1905 dans l'administrationenqualitéde rédacteurà la Préfecturede la Seine.Nom-
10 L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE
méchefdu secrétariat,puisChefde Cabinetdu Pré-sidentduConseilGénéralde la Seine,il fut, aprèsla
guerre,chargéde là directionde l'Officepublicd'hy-
giènede la Seine; en 1922,il est nomméPréfetdu
Tarn-et-Garonne,puisen 1926,directeurdu person-nel et de l'Administrationgénéraleau Ministèrede
l'Intérieur.Le3 février1934,il passeà la Préfecturedepolice,
puisunmoisaprèsil est désignépourlesimportantesfonctionsde Préfetdu Nord.
Lemouvementdiplomatiquequia comportéla no-
minationdeM.Peyroutonà latêtedela RésidenceGé-
néraleduMaroc,a désignéégalementM.Ponsotçom^meambassadeurde FranceenTurquie.
«L'Afriquedu NordIllustrée» tient à présentersescomplimentset sessouhaitsrespectueuxdebienve-
nueà M.ArmandGuillon,à l'occasionde sa nomina-
tionde RésidentGénéralen Tunisie.
Deux champions cyclistes à Tunis
GuyLapébieet Rogerle Nizérhy,lesdeuxfameux
coureurscyclistes,classéspourreprésenterdans leur
catégoriela FranceauxJeuxOlympiquesdé 1936,sont
actuellementles hôtesde Tunis-la:-B!anche.Ils sont
venussereposerunequinzaine,sousla douceurdeno-
tre cielprintanier,en attendantde reprendrele dur
et progressifentraînement,indispensablepourse me-
PhotoSebag.
OIIJJLapébie(à droite)et liogerde Nizérhu,sélectionnéspour les jeux olympiques.
surer,lemomentvenuà d'autreschampionsmondiaux
du cyclismeinternational.
Nosdeuxjeunesvirtuosesde la pédaleont visité
avecintérêtles souks; ilsse passionnentpourtoutes
lesmanifestationsde la vie localeet cherchentà se
renseignersur toutesles habitudesdu pays,même
dansle domainegastronomique.L'objectifdu photo-
graphelesa surprisau momentoù Lapébietentede
fairegoûterà son camaradeces saucissesspéciales«merghez» dont lesTunisienssont si friands.
ORANIE
Le départ du général Giraud
nommé gouverneur militaire de Metz
Le généralGircud,dont cr>se rappelleencorela
glorieuseportpriseà ic pacificationdu Tofilolet,et
qui,par la suiteavaitété ncn-rméeu commandementdelodivisiond'Oran,vientce quitter''Orcniepourre-
joindresonnouveaupostece GCL.'/emeurrr.iiiîairede-Metz.
Unefoulede personnalitéscivileset miirfciréiavaittenuà assisterau départdu génère!et ce MmeGi-raud.Surlo terrassede laCompagnieTransatlantique,nousavonspunoterloprésencede M.legénère!Ger-main,commandantla subdivision; l'intendantgénéralFontbonne; le généralLahure,commandantla briga-de de cavaleriede Mascara; le colonelCazobari; le
capitainedevaisseauMoniésdeSacazcn; lecommon-dont Devron,commandantl'aviation,tous les hautsfonctionnaireset lesélusdelaville.
Souslesordresdu colonelLapouge,unecompagniedu 2''Zouavesrendaitleshonneurs.Plusloin,se te-
naientlesdéléguésdesassociationsd'ancienscombat-
tants,desCroixde feuet desVolontairesNationaux.
Accompagnépar M. le généralNoguès,comman-
dantle 19''Corpsd'Armée,M.legénéralGiraudarriva
et fut accueillipar touteslespersonnalitésprésentesqui luiprésentèrentleursvoeuxd'excellentvoyageet
d'heureuxséjour.Desgerbesdefleursfurentégalementoffertesà MmeGiraud.Enfin,M. Rousselpt,préfetd'Oran,vintà sontoursaluerlegénéralquimontaen-
suiteà borddu«DalPiaz».
Cependantquele bateauquittaitle quai,la musi-
que des Zouavesjouala «Marseillaise» repriseen
choeurpar lesCroixde Feuet VolontairesNationaux,qui,montésdansdesbarques,escortèrentun momentle paquebot.
Le séjour à Oran
du contrë-torpilleur « l'Indomptable »
Leséjourà Oranducohtre^torpilleur« l'Indompta-ble» a été marquépardescérémoniestoutesparticu-lières..
C'esteneffetlaglorieuseLégionétrangèrequia été
choisiecommemarrainedé Cettebelleunité.C'estle 1,6marsque«l'Indomptable»,pourla pre-
mièrefois,depuisqu'ilnavigue,s'ancradansle bas-
sindé la DéfenseMobile.Soncommandant,le capi-tainedefrégateBattetfut aussitôtreçuparlecolonel
Azan,commandantla Légionétrangère.Lelendemain,centtrenteofficierset marinsducon-
tre-torpilleurse rendaientà Sidi-bel-Abbèsoù la Lé-
gionleuravaitréservéunesuperberéception.A sonarrivéeà la caserneViénot,le détachement
fut accueillipar le colonelAzanqu'entouraientMM.
Aze,sous^préfet; Brémont,déléguéfinancieret con-seillergénéral; le colonelFereyet différentesdéléga-tionsd'associationsd'ancienscombattants.
PhotoDavid.
LecolonelAzan,commandantla LégionEtran-
gère,reçoit le capitainede frégateJiallcl.
LecolonelAzanpritaussitôtla parole'pourindiquerque « l'Indomptable» était placésousle parrainagede la Légionétrangère,et plusspécialementdu capi-taineDanjou,le glorieuxdéfenseurde Camerone.Les
légionnairesdéfilèrentensuiteaveccette magnifiqueallurequi forcel'admirationde tous ceuxqui lesvoient.
AuFoyerdu légionnaire,un apéritifréunitensuite
soldats,marinssous-officierset officiersdesdeuxar-mes.Aprèsqu'oneut entenduquelquesmorceauxde
musique,le colonelAzanmontracombiendans leur
passé,de combatset d'honneur,se trouvaientliéesla
Légionétrangèreet la Marine.Quece soitau coursde lointainesentreprisescoloniales,ou plusprèsde
nous,aucoursdela grandeguerre,presquepartoutoù
reposentdesmarins,dormentaussi des légionnairestuésau coursdèsmêmesactions.
Aprèsce mâleet émouvantdiscours,le colonelFe=-
rey remit au commandantBattet,qui remerciaeh
quelquesmots,un superbefanionauxcouleursde la
Légion.Cette cérémonieterminée,tous les convivesse rendirentsuitau Cercledésofficiers,soitau messdés sous-officiers,soit au réfectoirede la caserne,afin dé goûteraux menusélaboréspar les mâîtres-
queuxdé la Légion,Et la Légiona cecidé spécialetdé merveilleuxqu'ellepossèdeen ses rangsune ex^trdordinaireUniversalitéde talents.
L'après-midi,les hôtesdu premierÉtrangervisité"refitle MonumentauxMortset le Muséedé la Lé^
gioh.Puisilsassistèrentà Uneséancerécréativedont
musiqueet sportsgymniquesconstituèrentle pro-gramme.
Enfin,charmésphysiquementet moralement,lé^
gionnaireset marinsse séparèrentayant commeilconvenaitexaltéla fraternité1dé leursarmés,
MAROC
J. R. Sourgen : Un peintre"
pas comme lés autres"
LeMaroca sespeintresofficiels,cùmmeila seslit-térateurspatentés,Unlivresur lé Marocdoitêtre si-
gné par «Jéroméjean» Tharaud,un tableauinspirédenoskasbahsdoitporterla griffedeMajorèlle.
Et pourtant,medisaitun amateuréclairé— touslésamateursnesont-ilspaséclairés? — onaimepar-foislireautrechoseouadmirerd'autrepeinture.
— Je puisvousmontrer,cherami,unMarocorigi-nal. LeMarocvu par un peintrelandais.
Nousavonspassél'après-midiavecJ.-R. Sourgendansla maisondéMmeViaillier,rueGuyhemer,où lefameuxpeintre:landaisa nichéses puresmerveilles.Entreun bahutrustiqueet unepannetièreLouisXIII,un coindé landeembraséepar un crépuscule.Entreuneporcelaineancienneet un chandelierà cinqbran-cheséteint depuisLouisXIV,mais qui ressuscitera«montéen lampeélectrique», desbruyèresen fleursétendentun tapisféerique.
Lui,Sourgen,dontun ministredesBeaux-Artsen-
thousiaste,colorade rougesa boutonnière,vit au mi-lieude ces splendeursempruntéesau Lacdé Léon;aux,pinsd'Hossegordontlesfeuillages«ont dés re-fletsdepaon». Nullementblaséparsesbeautésde lanaturequ'iltraduiten l'embellissant— cequiest une
façonoptimistemaissincèredevoirleschoses.Parmiles peintureslandaisesoù dominele métal
matdeslacspaisibles,destoilestachéesdevif jettentunenoteviolentequisurprendau premierabord.On
éprouvela mêmeimpressionquelorsqueaumusic-hall,le compèrede revuefait leverledécorlandaisens'é-criant: «Et maintenant,au Maroc...»
Etmaintenant,au Maroc,c'estleSourgendestein-tessageset descrépusculessilencieuxviolemmentim-
pressionnépar lescolorisbigarrésdenosmédinas.Onest agréablementsurprisde découvrirautrechosequece quenousont montréjusqu'iciles peintresconsa-crésde notreempirefortuné.Si l'onmettaitboutàbouttouteslestoilesinspiréespar la PlaceDjema-el-Fna,l'expositions'étendraitde Casablancaà Marra-kech.Mais,sansdoute,celledenotreamiSourgense-rait la plusremarquée.Parcequ'ellene ressembleàaucuneautre.
Quantà Sourgen,il ne ressembleà aucunautrear^tiste. Il est restél'espritpur quifit de lui l'amideFrancisJammes— queljolipoèmeil lui inspira! Ilest restél'être indépendantissude la natureet quisuivitsonpetitsentierfleuriversla gloire— loindesgrandesroutesdesécolesqui tropsouventconduisentausnobismeet à l'oubli.
Sincère,il l'est jusqu'auméprisdesconventionslesmieuxétablies.Jusqu'àse pâmerdevantsespropresoeuvres.Vouspenserezde lui ce que vousvoudrez,maisj'aimele voirrefarderavecamourtel coindesLandesoudu Marocemprisonnédanscinquantecen-timètrescarrésde baguetted'argentet direà MmeViaillierqui le considèreun peucommesonenfantterrible— avecuneinfinietendressedansla voix:
— N'est-cepas que c'est joli? N'est-cepas quec'est «.bô»? C. ROUMY.
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE 11
LES PETITS MAROCAINS
Il n'est pas, au Maroc,d'événementfamilial plus
désiré,plusheureuxque la naissanced'un enfant.
Parcequ'onespèretoujours,naturellement,que ce
seraungarçon.Sic'est unefille,la nouvelleest moinsréjouissante.
Dansle «bled», elleest mêmebienprèsd'êtreconsi-
dérée,commeUnecatastrophe,puisqu'elleinspiredes
commentairesdansle genredé celui-ci: « Unecuisine
s'est écrouléesur la tête du père».
Danslesvilles,ilisembleqUecette affliction —au
moinsexagérée— soifplussouventde commande.Ce
quin'empêchepas lesparentset amisd'exprimerleurs
condoléancesau:malheureux(!) père. Il existed'ail-
leursquelquesformulesspécialesà cet usage.En tout cas, cette histoireest authentique:
UnFrançais,en relationsamicalesavecunMarocain,
sait, par lui-même,qu'ilest marié,maisn'a pas d'en-
fants.Unjourqu'ila été invitéà prendrele thé chezlui,
il aperçoitdans le jardinunepetitefillequi s'appro-ched'euxsansaucunecrainte,et il apprendque c'est
la proprefilledé sonhôfe.—«Maistu m'avaisdit quetu n'avaispasd'enfant!
—«Oui,puisqueje n'ai pasdé fils.
N'allezpasen déduirequelesfillesne sontpasbien
traitéesau Maroc.Ce seraitune grosseerreur.
Celuiqu'à Rabaton appellele petit invité («do-
nyif») vavenirau mondé...Le père est allé chercherla sage-femme,la «qa-
bla» (cellequi accueille)et il a prévenulesproches
parentesde sa femmeafin qu'ellesviennentl'assister.
A ce moment,lessoinsd'hygiènequinousparaissent
indispensablessont tout à fait délaissés.Desformules
et des ritesmagiques,qui sont lesmêmesdepuisdes
siècles,lesremplacent.Enbrûlant,par exemple,du boisde santal, de la
résine,de la lavande,on attire lesbonsgénieset on
écarte lesmauvais...
Dèsque l'enfantest né, la sage-femmel'enveloppedansunecouverturede laine,si c'est un garçon,pourqu'il soit plustard un hommefort. Si c'est une fille,ellese sert d'uneétoffeblanche,afin que sa destinée
soit aussipureque son premiervêtement,et elle lui
noircitlescilset lessourcilsavecdu kohl.
Quelquesheuresaprèsla naissance,le corpsdunou-veau-néest enduitd'un mélanged'huileet de henné.
Duhennépourrendrela peaurésistante,et de l'huile
pour la polir.IIfaut reconnaîtreque le principede cette coutume
est excellent.Maisqu'en pensentles hygiénisteseu-
ropéens?Lessuivants,deslavagesà l'eauchaudefontdispa-
raître peuà peu lestracesdu henné.
Lepetit Marocainne fait sonentréeofficielledans
la vie que sept joursaprèssa naissance.Pendantces
sept jours,il est censéne pas être né. On détourne
ainside lui l'attentiondesmauvaisgénies,alorsqu'ilest encoresi petit et si faible.
Maisleseptièmejour,la mèreva au bain,accompa-gnéede sesparentes,et le pèredonneun nomà l'en-
fant.
Puis il tue un moutonen cet honneur.Au «mé-
choui» quisuit sont invitéslesparentset lesamisde
la famille.Hommeset femmesy assistent, comme
toujours,séparéslesunsdesautres.EnFrance,le baptêmeest l'occasiond'unedistribu-
tionde dragées.Ici,ellessontremplacéespar desdat-tes.C'esttout au moinsaussibon.
Le premiergarçon,au Maroc,reçoitpresquetou-
joursle nomdu prophète: Mohamed(Mahomet).La
premièrefilleest appeléeFathima(«petitefemme»).LesautressontdespetitsAbbès,Ibrahim,Abdelkader,
Abdallah,oudespetitesZohra,Aïcha.
Engénéral,lo Marocaineallaitesonenfant.
Si elle ne le peut, elle fait appelà une nourrice.Dansles famillespauvres,c'est une parenteou uneamiequi se chargebénévolementde cet emploi,Chezles riches,l'enfantest confiéà uneservante.
Jusqu'àCesdernièresannées,lesnourricesne rece-vaientpas de gages.Lesfamillesreconnaissaientleurssoinset les en remerciaientpar des cadeaux.Aujour-d'hui,cellesqui reçoiventun salairefixe,commeen
Europe,ne sontpas rares.Frèreset soeursde lait restenttoujourstrès unis.Il
y a entre eux des liensqu'ils considèrent,parait-il,commepresqueaussipuissantsqu2ceuxdu sang.
Danslescampagnes,l'emploide nourriceest parfoisconfié.,à une chèvre,quise laissetéter parsonnour-rissonavecla plusgrondépatience.
Il faut l'avoirvu poursavoirà quelpointle tableau
peutêtre amusant.Lachèvre-nourricefinitparfairepartiedela famille,
qui ne s'en séparepluset la laissemourirde sa bellemort.
Enfin,et commepartout,ona surtoutrecours,quandc'est nécessaire,à l'alimentationartificielle.
Cependant,à peineâgéde 3 ou4 mois,l'enfantici
mangedéjà des bouilliesfaitesde beurreou d'huile,
de sucreet de noixécrasées.Et il boit du thé. Il le
boitcommedu lait, dansun biberonà tétine.Le thé
arabeest d'ailleurstrès douxet très sucré,et l'enfanta l'air de trèsbienl'apprécier.
Dèsqu'il est sevré,vers 1 an, 1 an 1/2, le petitMarocainest soumisau mêmerégimeque le restede
la famille: couscous,mouton,galettesde farine.C'est
pourlui unealimentationrelativementsaine,quandla
vianden'y entrequ'enpetitequantité.Dansla journée,l'enfantest portépar sa mère.
Il passe la nuit sur un matelas,ou mêmesur un
simpletas dechiffons.
Maisil y a cependantdes berceaux,à Fès,Rabat,
Mazagan.Ilssontmunisd'anneaux,dans lesquelspassentdes
cordesrattachéesau plafond.Lesystèmeest ingénieux,et permetde bercerfacilementl'enfantpourl'endor-
mir.Au bordde la mer, les berceauxne sont autres...
quedescarapacesretournéesde tortuesgéantes.L'idéeest aussicharmantequ'imprévue.A la grand'mèreincombele soinde tenir prête la
layette,quiest préparéeplusieursmoisà l'avance.Selonlesmeilleursprincipes,on n'emploie,pourla
confectionnerque des toilesusagéesqui serontplusdoucesà la peaudu nouveau-né.
L'enfant,qui est conduitfréquemmentau bain, a,en,général,deslanges,et plustarddesVêtementstrès
propres.Maisil est simplementhabillé.D'aborden bonMu-
sulman,qui doit laisserla soieaux femmes,et se ré-serverla laine.
Ensuite,la raisonéconomien'estsansdoutepasné-
gligeableauxyeuxdupère,quia souventde nombreu-sespersonnesà entretenir.
Lespetitesfillessont habilléescommeleursmères:
tuniquesde soie, de mousselinebrodée; un foulardmaintientles cheveux.Aux pieds,des babouchesdecuir.
Lesjoursde cérémonielesvêtementssont plus ri-cheset mêmeluxueux.Maisils ne diffèrenten rien,commeétoffeet commeforme,de ceuxdes grandespersonnes.
Lesjoursde fêtes,ou mêmesimplementquandils
accompagnentleurmèreau bain,ce qui est poureuxl'occasionde revêtirleurs «beauxhabits», les en-fantssontparfumésà l'eaude rose,au jasmin,à l'eaude fleursd'oranger.Certainssontfardés.
Onfait,poureuxaussi,grandusagede hennécette«plantedu paradis».
Commebijoux,desanneauxdechevilleen orou en
argent,unanneauà l'oreilledroite,des«mainsdefot-ma», quisontautantdestalismansquedesornements.
Dansle bled,cette propretéet ce luxesont à peuprèsinexistants,et l'enfantn'y est lavéque pourles
grandescirconstances.Il est d'ailleurshabituéà la saleté et il portesa
crasseavecbeaucoupde sérénité.
Tropde pratiquessuperstitieusesremplacentencoreici la simplehygiène.
Quantà la médecine!Il fautreconnaîtrequedesprogrèssensiblesontdéjà
été réalisés,et lesmèresmarocainesquiconfientleursenfantsaux soinsdes médecinsfrançaissont mainte-nant nombreuses.Maisque de remèdesbizarressont
toujoursenhonneur!Envoiciquelques-uns,choisisparmibeaucoupd'au-
tres.A Rabat,pourguérirun enfantatteintde la coque-
luche,on le conduità Sidi-ben-Rezzoukdurant troisdimanches.Là,on luiversede l'huilesur la figureetsur la gorgeet on appuieensuiteun roseausur soncouen criant : «Je te coupele cou! L'enfantcrie,etla coqueluche,effrayée,s'enfuit.
Lesconvulsionsse guérissenten couvrantle maladed'unvoilenoir.
Deuxrecettes«contrel'orgelet» :Lamèredumaladedispose,dansla rue,et selonun
ordredéterminé,un petit tas de cailloux.Ellemetau-dessusquelquesgrainsd'orge.Lepremierenfant,qui,en passant,dérangeralescailloux,seraatteintdumal:en mêmetemps,il en auraainsidélivrél'autre.
A Marrakech,c'estpar unchiffonaycnttouchél'oeilmaladequese fait la transmissiondubobo.Cettefois,onpeutadmettreque celuiquiramassele chiffonsoitatteint par la contagion.Mais que l'autre en soit
guéri!..
Aprèstout, le bonheurde l'un n'est-il pas fait dumalheurde l'autre? Et cesdeuxdernières« recettes»semblentbiens'inspirerdu proverbe,et en fairemêmeun principe.
Certainsjeuxenfantinsdu Marocsont tout à faitsemblablesà ceuxde France,commele jeu de Colin-Maillard,de cache-cache...
Voicicependant,entreautres,un jeu marocaintoutà fait original:
Lespetits joueurssont installésen rond. Chacun
\1 L'AFRIQUE DU NORD i _LUSTREE
d'euxreprésentele musiciend'unorchestre.Le chef
d'orchestre,le «maallem» estassisau milieuducer-
cle.Parunemimiqueappropriée,il imite,pat exemple,
lé jeuduguitariste.Si l'enfantquiest chargédu rôle
ne luirépondpasimmédiatementpar la mêmemimi-
que,il seramisà l'amende.
Lespetitesfillesici, jouentpeuà la poupée.Leur
grandplaisirest de fairela dînette.Onpeut lesvoir,
danslesruellesarabes,réuniesautourd'unminuscule
brasero,soufflantsurle feupouractiverla cuissonde
cequicuitdansunpetitplat.Je dis«decequicuit»,car c'est souventassezdifficileà déterminer.
Commepartout,d'ailleurs,Celuides jeuxpréférésest encorel'imitationdésgrandespersonnes.Touslés
gestesde la viecourante,touteslesprofessions,tous
lesmétiersy passent.Etcertaines«fantasias» enfan^-
tihes,sans chevauxet sans «poudre» ne sont paslesmoinsexcitantes.
Ici:aussi,l'enfonceest,l'âgeheureux! Plusqu'ail-leursmême,peut-onaffirmer.
Nullepart,l'enfantn'estplusaiméqu'auMaroc.
Nullepart,iln'esttraitéavecplusdedouceuret de
bonté.Et c'est tout à la louangede ce pays.
L'inauguration officielle à Dar-Si-Saïd
de l'auditorium dé Marrakech
Quieût songéque,par uneinventionétonnante,et
grâceà l'interventiondesAffairesindigèneset au judi-cieuxappuideM.Gotteland,notregrandmaîtrema-
rocainde l'Université,ledemi-séculairepalaisdeDar-
Si-Saïd,édifiépar leproprefrèredece Ba-Ahmedquifut le constructeurde la célèbreBahia,abriteraitun
jour,danssonrêvedepierre,demosaïqueset détapis
précieux: antiqueessenced'Islam! un auditoriumde
radiodiffusion,essenceultimed'Occident.Pourtantce quisemblaitgageureest aujourd'hui
réalité.Pluséloquemmentqueje ne pourraisvousle
conter,lesextraitsdé discoursà cette occasionpro-
noncés,vousdonnerontuneidéedu charmede cette
Lepatiooù se trouventles ••behous« ornésdemiroirsparallèleset, (nifond,par delèilespor-
tes splcndides,la salle de l'auditorium.
«fête» à la foisofficielle,et quelquepeuintime,queconstitual'inaugurationsolennelle,le 7 mars,à 21heures,à Dar-Si-Saïd,de l'auditoriumde Marrakech.
Enla sallemerveilleuse,des lustresdiscretséclai-raientd'unedoucelumière,qui ne parvenaitpas àanimertouslestrésorsd'artdesplafondset desmurs,lesplushautessommitéseuropéenneset indigènes,as-en le programmeensemble.Ce fut d'abordun air demusiquearabe,une «kassida» populaire,Terchoun.Etpuisunpréludedemusiqueandalouse,jouéparunchanteurdouéd'unemagnifiquevoix,et quis'accom-pagnaitd'un luth.Unballetschleuhdirigépar unemusiqueberbère,futensuiteorganiséau centredupa-
L'écolede musiquede Dar-Si-Saïd,qui participeaux émissionsde Hadio^Maiocà l'auditorium
de Marrakech.
tio. Unedizainede jeunesgens,évoluantentredes
glaces'',parallèlesqui donnaientainsil'illusionde la
Djema-el-Fna,accompagnaientleursvoixde «guem-sisessurlesdivanscourantle longdesparoissansprix.
Aumicro,sertidansuneguirlandedebougainvillierset posésur un socled'ébénisteriemarocaineharmo-nieusementmariéà l'ambiance,M.Benazet,directeurdésAffairesindigènes,amorça,commeil se devaitlasériedésdiscours.«L'initiativequenousavonsprisede réserver,danslesémissionsdUgrandposteRadio-MarocdeRabat,uneplaceà la musiquearabeet auxcommunicationsparlées,a intéresséles populationsmarocaines.Denombreuxauditeursnousl'ontdit ouécrit.Nousavonsdoncla certituded'êtredansla bon-nevoie,et nousavensle desseind'ypersévérer.Deuxcentressupplémentairesd'émissionvont êtrecréés.Ainsiferontleurentréedansle mondede la radiodif-
fusionFes,la citede Moulay-ldrisset Marrakech,la
capitaleduSudauxsplendeurstouristiquesinégalées.»Puiscefut letourdeM.Moigniet,directeurdel'Of-
ficedesP.T.T.,qui dit, notamment; «Ceux-ci(les
appareilsd'émission)ne pouvaienttrouverdemeilleurabriqu'auseindece joyaud'art arabequ'estle Dar-
Si-Saïd,demeurevraimentseigneurialeet exquisémentrestaurée,d'oùpourradésormbisrayonnerla penséedé
touteuneprovinceen mêmetempsquela renommée
grandissantede ses sites,dé ses industrieset dé ses
arts.»
L'objetde la réunion,le concertradiodiffuséde
musiquearabeet berbère,intervintalors.Parcourons-bris»', petits instrumentsrustiques,violonsà deuxcordes.
Puis,deuxjeunesBerbèressortirentdesflûtesdero-
seaux,,et dansla cadencedesmainsde leursaccom-
pagnateurs,mimèrentun «ahouach» dans la mon-
tagne.Divincontrasteentrelesflûtesrustiqueset cettecitadineet finemusiqueandalouse,de compositionplussavante.
C'estalorsquele génialcomiqueHomanebenGuirmimal'arrivéeen villed'un campagnard.Notre«blé-dard» passeau soukfaire quelquesemplettespoursa femme.Commeil s'exprimemal,lesmarchandsle
moquent: il ne réussitpas à fairelesachatsdésira-bleset repartverssonfondouk,fait sortirsescha-meauxet sedirigephilosophiquementverssa tribu.Ace moment,uneautomobilese précipitesur lescha-meaux: l'accidentest évitéde justesseet le blédard
rejointsa campagneen maudissantla «ville» et seshabitants.
C'estalorsqueSiMammeri,inspecteurdesArtsin-
digènesà Marrakech,ce délicatartistequi se doubled'un hommed'action— et c'estce secondtitrequiluiest lepluscheraucoeur!— encadradansla guir-landede bougainvillierdu microsondistinguévisagequidevait,toutau longde cettesoirée,rayonnerdel'intensejoieéprouvéeà l'idéequecettemusiquema-rocaine,dontil s'est fait l'ardentpropagandiste,al-laitrecevoirdésormaisla régulièreconsécrationdeson-des.Sacauserie,sobreet poétiquetoutensemble,futun brefhistorique,et aussiunedescription,par uneâmed'artiste,et quiconnaitleslieux,de Dar-Sï-Saïd.
Leconcertsecontinuaparde lamusiquearabeclas-sique,donnéepar le maallemEl-Khiatiet sa troupe.
Enfin,le délicieuxpoètequ'estAlphonseMétérie,notrepoèteofficielmarocain,et je n'entendspasof-fusquernotreinspecteurrégionaldes Beaux-Artsdece mot «officiel», maisbien indiquersa notoriété,le délicatauteurde «Cophetuesques» et du «LivredesSoeurs» et de «PetitMaroc» et de tant de jolispoèmes,écritsenversaussibienqu'enprose,s'envintà sontourdeventlemicro.Avoixtrèsdouce,l'oneûtdit d'uneconfidence! AlphonseMétériefit une decessémillanteset intimescauseriesdontseulil a lesecretsur«Marrakechet sa région». Chaquefeuilletsitôtlu : le graindesmotsétant jetéà la mercidesondes.M.Métériele laissaitnégligemmenttomberausolouaté,tellesces légèresfeuillesmortesd'automnequ'évoquaitprèsd'uneRoxanevieilliel'immortelCy-
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE' X3
rondagonisant.Cependantque, dans l'atmosphèreseigneurialeet
ouatéecirculaientléspâtisseriesd'Islamet le thé à lamenthe.
Et vingt-troisheuresétaient bien sonnéeslorsque,aprèsla finale: nouba,de gheitaet de tambours,pritfin cette soiréeoriginale,en laquelle,devanttant denotabilitéseuropéenneset indigènes,venait de naî-tre pourle mondéune immensevoixde plusqui, surlèsondesmystérieuseset légères,ira partout conter,tousles mercredissoir,de 20 à 21 heures,et par dela musiqUe,et par des conférences,le visageoriginal,et l'âmesubtile,dé Marrakech. Paul HENRY.
La XVI Foire dé Marrakech(du 4 ou 13 avril 1936)
Voicivenir, avec l'approchedes Pâquesjoyeuses,auxquellescette manifestationsert de prélude,le 16"anniversairede la Foiredé Marrakechqui, malgré1er;difficultésde l'heure,poursuitsansdéfaillancesa pro-gression,et qui d'ailleurss'est définitivementimposéecommela grandemanifestationéconomiquedu Maroc.
Cette année, tel un défi jeté au généralmarasme,
jamaisle Comitéde la Foiren'a connu,de la part des
commerçantset industriels,un tel empressementà
participerà cette manifestation,luiassuranten consé-
quenceun succèsplusimportantencore.Suivantle planadoptédepuisplusieursannéespeur
l'organisationde la Foire,celle-ci,parallèlementà la
SectionConmercialequi en est la base et la raison
d'être, comprendra,commeà l'accoutumée,diverseseutrès sections,ainsiqu'unprogrammede fêteset de
sports,qui attirerontchaquejour dans la verdoyanteenceintedu Djenanel Hartsi,une foulede visiteurs,tant marocainsqu'étrangers! Passonsdoncen revuelesdifférentsaspectsde la XVI"Foirede Marrakech!
1" Une «Sectionde propagandetouristique»,dueaux Syndicatsd'initiativesdu Sud, condensera,sousforme d'innombrablesphotos,cartes, renseignementset brochures,les possibilitésextraordinairesde touris-medanscette région,qui connaîtcetteannée,spécia-lementauprèsdes Britanniques,un étonnantsuccès.
2" Une «Expositiond'arts indigènes», complétéepar un concoursentre artisansmarrakchis,concours
qui l'an derniercompta70 concurrents,synthétiserapour l'oeilravi, l'art, subtilparfois,originaltoujours,et si divers,des «maallemin» de la:régionqui, sansfaillirà la puretradition,saventsi habilementrenou-velerleurproduction.
3" Un«Concoursde groset de petitélevage», souslesauspicesde la Chambred'AgriculturedeMarrakech,connaîtracette foisencoresonhabituelsuccès,et ga-geonsque lesvisiteursserontfort étonnésde consta-ter que,desfermes-modèlesde noscolonspuissentsor-
tir, nourrisd'un sol apparemmentingrat,des spéci-mensd'ovins,de bovidéset d'équidéspouvantrivaliserevec la meilleureproductionmétropolitaine!
4" Un « IX" Salondes Beaux-Arts», s'insinuanttraditionnellementdans le programme,dira aux con-naisseursaussibien qu'auxprofanes,l'effortheureuxet talentueux,en présencede nossitesmerveilleuxetde cette vie indigènesi curieusequ'ellen'épuiseraja-
maisl'art deschercheursd'images,de nos meilleurs
pinceauxmoghrebins.L'an dernier,150 toiles figu-raientà cette exposition.
5" Une«Exposition», sousle contrôledu Servicedes AffairesIndigènes,d'«articlesconfectionnésparles tribus», connaîtrason mêmeéclatant succèsde
curiosité,et ausside vente,auprèsdes milliersde vi-siteursqui auront eu l'heureuseidée de prendrelaFoiredé Marrakechpourbut de leurpascaldéplace-ment.Armes,tapis,poteries,oùtransparaîtral'origina-lité dechaquetribu,s'offrirontaux acheteursqui, l'on
dernier,furentnombreux.6" Une«Sectionde Fêtes» et aussi de réunions
sportives,épingléeen margede la Foirecommerciale,développerasesdiversattraits,afindedistrairelesheu-resde nosvisiteurs,et d'enleverde leurespritla rela-tive austéritéqu'impliquele fait de venirà la Foirecommercialepoury traiterdesaffaires.Bals,réunions
sportives,courseshippiques,agrémenterontles joursensoleillésd'avril!
7" Enfin,et ceciconstituerala remarquableinnova-tionet le cloude cette XVI''Foire: la «Sectionde laChasseet de la Pêchedans le Sudmarocain», seracertesla plusimportantedessectionsde la partieex-
position.Ce sera,en effet, une manifestationoriginale,iné-
dite au Maroc.Attrayanteet objective,qui ne voit
l'importancede cette sectiondu pointde vuetouristi-
que? Ellemontrera,en effet,soustoutesleursformes,lesfacilitésoffertesaux amateursde chasseet de pê-che— et Dieusait s'il en est en notreMoghreb! —
par une expositiond'animauxvivants (groset petitgibier,à poilset à plumes)assemblésen un originalvivarium! La chasse,telleque la pratiquentles indi-
gènes,lespiègeset lesarmesqu'ilsy emploientseront
exposés.La pêche,aussibien dans les oueds qu'enmer.Destableauxillustrerontet concrèterontcettedé-monstrationà laquelles'ajouterontun salonde docu-mentationet des conférencesradiodiffusées,afin quel'originalsujet soit vraimenttraité dans son ampleurmême,aussibien que dans ses détails.Au reste, lacollaborationà cette sectiondu Saint-Hubert-Clubde
Marrakech,desSyndicatsd'Initiativesdu Sud,du Ser-vicedesEauxet Forêts,de la Sociétéde Sciencesna-turellesdu Maroc,ne sera-t-ellepas un aarant d'une
parfaitedocumentation.
Uneexpositioncommercialed'armes,de munitions,d'enginsde pêcheet d'articlesdiversde chasseet de
pêche,par des maisonsspécialisées,constitueral'ha-bile trait d'unionentre l'aspectdocumentairedu pro-blèmeet sa réalisationpratique.
C'estpourquoi« L'Afriquedu NordIllustrée» con-vie lesNord-Africains,du plusloinqu'ils le pourront,à accourir,à l'occasionde cette XVI"Foire,verscetteoriginalecité de Marrakech,dont un WinstonChur-chilla récemmentchanté si éloquemmentle charmedans lesplusgrandsorganesde la presseanglaiseetd'autantquesoncield'avril,sespalmierssongeursetsonmagnifiquehorizond'Atlasse chargerontd'appor-ter à la manifestationelle-mêmele grandioseappointde leurvraiebeauté. PaulHENRY.
14 L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE
CONSTANTlNÈ
Le XIVe Congrès interfédéral nord-
africain et le XIX Congrès fédéral
constantinois dès Anciens combat-
tants ont ténu leurs assises à Bône
C'està:Bônequ'eurentlieu,cette année,lés Gôri-
grèsd'AnciensCombattants,Congrèsfédéralconstant
titioiSd'Unepart et Congrèsintërfédéralnord-africain
d'autrepart. Poury assister,un trèsgrandnombrede
délégués,représentantlés sociétésd'AnciensÇdm-
battantsd'Algérie,deTunisieet du:Maroc,sontarri-
vésà Bônedansld:journéedès27 et 28 mars;.Lé
meilleuraccUejlleura été réservéet, dès la sortiede
la gare, une largebanderolesouhaitaitlà bienvenue
auxsympathiques-hôtéS;de là:Cité,
Puiseut lieule Congrèsfédéraf.
Aprèsque:l'appel:desdéléguéseutété fait,M.Boyeradressasessouhaitsdé bienvenueauxassistants:
—i-Lecongrèsrevêtcetteannée,dit-il,une irtîpor-tancemoinsgrandequepar lé passé.Neusn'en dis-
cuteronspas mojnslésquestionsà l'ordredû jouret
dontl'intérêtn'échappéà personne,ayanttrait ëssen-
tellèmehtaux,sociétésd'ancienscombattants».
Puis,M,Boyerdonnalecturedu rapportmoralde la
Fédérationqui évoque,dé façonmagistrale,les pro-blèmesdé l'heureactuelle,les événementsmondiaux
qui;déclaraM, Boyer,par une importanceexception-nelle,éclipsentles:affairesfédérales,Leconflititalp-
L'arrivéedescongressistesdevantle Monumentaux Morts.
éthiopienet aussila grandealertedu coupde force
allemand,qui inquiètesi justementles chancelleries
européennes,indiquentassez la gravitédu moment.
Pourfaire face aux difficultés,M. Boyerpréconisel'unionde tous.
Le:présidentdé îa Fédérationétablit ensuite,au
pointdevuemutualiste,lé bilandesrevendicationsdès
ancienscombattants.Lébilanse présenteainsi:——Nousayonsenfinobtenu,dit M. Boyer,au prix
de quelseffortstenaces,le statut desgrandsinvali-des fixédéfinitivementpar la loi du 22 mars 1935.Lesdélaisd'instancede pensionsont été,d'autrepart,prorogéspar ledécretdu 30 octobre1935,permettantainsià quantitéde camaradesde fairevaloirles ag-
gravationsdéblessuresjugéesauparavantbénignes.De
leurcôté,lèsagriculteurscombattantspourrontpréten-dreà dèsprêtsparticuliersdû créditagricole:en ver-
tu dé la loidu:18 avril1935,Enfin,tout récemment,la ChambrédèsDéputésvientd'approuverla création,si impatiemmentsouhaitéeet attendue;dé la fameuse
caissedès pensions,ce qui'empêcheradésormaisnos
adversairesde prétendre,injustementd'ailleurs,quenos retraiteset pensionsrompaientl'équilibrébudgé-taire.
« Je ne m'étendraipaspluslonguementsureè su-
jet, car vousconnaissez,tout commemoi,mescherscamarades,l'importanceexceptionnellede (a question.A la Fédérationçonstantihpise,voussavezégalement,mescherscamarades,que,commepar lë!passé;le bu-reau a fait preuvede la plusgrandeactivité,répon-dant ainsi)à la confiancequevousluiaveztémoignée.Lemériteen revientà mesdévouéscollaborateurs,nosbonscamaradesPéricat,Adjadjeet Gisbert,auprèsde
qui j'ai toujpurstrouvéun indispensableet précieuxappui.
« Ainsi,ehersicamarades,poursuivitM, Boyer,la
Fédérationrestece qu'ellea toujours,été, unie,dis-
ciplinéeet, parconséquent,forte;Aucunde vous,j'ensuissûr,neConsentiraità laisserporterla moindreat-
teinteà cetteforce.Aucontraire,vousêtes, tous,dis-
posésà l'accroîtreau maximum.Vousréaliserezvotreardentdésiren conservantvotrefoi, en l'inculquantaux nouveauxadhérents,en la faisantsurtoutparta-gerparlèsjeuneset vousaurezalorsméritéde l'Union
fédérale,servi la Franceen bon citoyenen même
tempsquela République,à laquellenoussommestous
profondémentattachés, la Républiquedes combat-tants».
Lerapportmoralfut adoptéà l'unanimité,auxap-plaudissementsdes assistants.
Pendantquele congrèsfédéralcommençaitsestra-
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE 15
vauxau théâtre municipal,une réunionde la commis-sion de contrôledu 14"Congrèsiriterfédéralnord-africainavait lieu dans la salle du Tribunalde com-
merce,au PalaisConsulaire,sous la,présidencede M,Laforié.A 17 heuressuivit,sous la présidencede M,
Parent, présidentde l'Interfédératiônnord-africaine,.Uneréuniondu Conseilinterfédéral.Aucoursde Cetteséancepréliminaire,il fut procédéà la miseau pointéf aux préparatifsdu Congrèsihterfédéraidont làséance première doit avoir lieu demain matin auThéâtremunicipal.
Le:Congrèsdé l'ïhfërfédératiohNord-Africainedès'S1-.- ......
Anciens'Combattantsa permisaux participantsde vi-siter la Tqbacoôpde;Bônè.
Conduitspar les directeursdes:docks,iès déléguésvisitèrentlèsvastesinstallationspu est traité1ié tabac.Ils se: rendirent égalementà fd Pouponnière,où
jouaientlés.enfantsdès'employés,et à la cantine,Où
Serestaurentlès ouvriersdesdocks,Mïdïsonnaitjus-tement;et. les déléguésassistèrentà la sortiedés ou-vriers,
A l'issuede lô visité;un:Champagned'honneurétaitservidans l'un dés docks;AUCoursde cette réunion,M. JoSephSërdà,député, souhaita la bienvenueaux
ancienscombattantsnord-africainsa qui il exposale
fonctionnementdès;ateliers qu'ils venaient dé par-courir,
Ledéputéde Bôhéévoqual'effortquiavait été fait
pour la réalisationde cette entreprise,basée sur la
coopérationet la mutualité.M. Serdarendit égalementhommageà la mémoire
déssoldatstombésouichampd'honneur,et exaltal'hé-roïsmedès ancienscombattants.,
De chaleureuxapplaudissementsretentirentà sesdernièresparoles,auxquellesréponditM. Parent,pré-sident dé l'Interfédératiôn.Se faisant l'interprètedetousses camarades,M. Parentne cacha pas l'impres-sionque lui fit cette instructivevisiteet remerciaM;Sërdàde l'accueilqui avait été réservéà ses camara-des.
Lescoupésvidées,lèscongressistesregagnèrentBô-
ne, où les attendaientd'autres travaux.
L'après-midifut consacréeà la discussionrelativeauxstationsthermalesde l'Afriquedu Nord.
M. Cannebotin,trésorierde l'Interfédératiôn,pré-sente:à l'Assembléeun lumineuxrapportsUrla sta-tion de Hammam-Righa,et ceci entraîne l'orateurà
présenterun voeuqui:est adpoté,relatifaux soinshy-drominéraux(eaux thermales) aux victimesde la
guerre,M.Cannebotinparléensuitede la situationde l'hô-
pital militairede Hammam-Righa,auqueldes amélio-rations ont été apportéesgrâce aux démarchesdel'Interfédératiôn.
—-D'autresvont suivresouspeu enfin,dit le tré-sorierde l'Interfédératiôn.Nous devons reconnaître:
quenosdoléancesont été entendues.Aveclesmaigrescréditsobtenus,le servicede santé s'est attachéà don-ner satisfactionaux voeuxformulésdansnos Congrès,nousdonnantainsi dès preuvesde sa bonnevolontéet de sa confiante collaborationpour menerà bienl'oeuvreentreprise.
« Indépendammentde la station de Hammam-Ri-
gha, ajouta M. Cannebotin,il existe en Algérie,auMarocet en Tunisie,desstationshydrominéralesoù lès
bénéficiairesde ^article 64 devraientpouvoirobtenirdes soins.Sans demanderla constructiond'hôpitauxmilitairesdans ces stations,parmi lesquellesje citerai
Bou-Hanifia,dans le départementd'Oran: Korbous,en Tunisie; MoulayYacoub el Oulmès,au Maroc,nous pourrionsintervenirauprès des pouvoirspublicspourobtenirqu'ils ne se désintéressepas de l'aména-
gementde ces stations,et que des conventionssoient
passéesavec les Compagniesfermièrespour que les
mutilés,ancienscombattantset victimesde la guerrepuissents'y faire soigner.»
L'ordredu jour étant épuisé,la séancefut levéeà18 h. 30.
Lescongressistesse rendirentalorsà l'HôteldeVille,où ils étaient invitéspar la Municipalitéà un apéritifd'honneur.
Commebienon pense,le Congrèsse terminapar un
grand banquetà la fin duquelprirent la paroleMM.
Frulio,Boyer,Parent, Decprez,Laverdet,Granier,lecolonelFrançois,Perrin,Deyron,Serda,Pantaloni,Ma-
rcdbh',Zerkiheet Maire.Chacundèsorateurss'atta-cha à; démontrerl'utilité du Congrèset M. Serdaen
particuliers'exprimaen,ces termes:—~>Ong dit, à, juste titre, que vousêtes,les créan-
ciersprivilégiésdu pays.Et Commenten serait-ilau-
trement si l'on songe1aux heures tragiquespendantlesquellesvousavezvaillammentfait dé vospoitrinesle rempartcontre lequelsont venusse briserlés as-
sauts répétésde l'ennemi.Vousavez résistéet vousavezvaincu.
« Aprèsla victoire,acquisesi péniblementau prixde tant de sacrifices,vousavez dû:vousgrouperpourréclamerl'exécutiondèsobligationscontractéesenversvouspar la nation.Hélas il vousa fallu et il vous
faudraencorelutterpourobtenirles légitimesrépara-tionsqui voUssontdues.
« Vosrevendicationsse sont heurtéestantôt à une
incompréhension,lé plus souventà des difficultésfi-nancièresnées surtout dé l'inexécutiondes engage-mentsdu traitéde paixet enfinà |a criseéconomiquesans précédentqui s'est abattue sur le monde,sans
épargneraucunpeuple.« A la principalede vosrevendications,à celleque
vousqualifiezà juste titre de capitale: «La Caissedès pensions», il va semble-t-il;dansun avenirpro-chain,être donnésatisfaction».
Aprèsavoirexposéles avantagesde la Caissedes
ANCIENNEIMPRIMERIEVICTORHEINTZ
Sociétéanonymeau capital de 2.400:000franc*Sief/.esociala Alger,41 el 43, rue Mogâdor.
AVIS DE CONVOCATION
Messieursles Actionnairesde la SociétéAncienneImprimerie Victor llcintz, au capital rie 2.400.000francs, divisé en 2.400actionsde mille francs cha-cune, dont 240 actionsA. et 2.160actions13.sontconvoqués,conformémentaux prescriptionsde l'ar-ticle 41 des statuts et de la loi, par le Conseild'ad-ministration,au siègesocial,43, rue Mngadorà Al-ger, savoir:
1" EN ASSEMBLEEGENERALEORDINAIREAN-NUELLE,pour le mercredi29 avril 1936,à 14 heu-res 30,à l'effet de délibérersur l'ordredu jour sui-vant :
— Rapport du Conseil d'administrationsur lescomptesde l'exerciceclos le 31 décembre1935.
— Rapport du Commissaireaux comptes.— Approbation,s'il y a lieu, du bilan el des
comptesprésentéspar le Conseilri'ariiniirs'ratioii.— Compte rendu des opérations faites, par le
Conseild'administration,dans les lennes de l'arti-cle 40 de la loi du 24juillet ISfw.
— Quitus au Conseild'adminislralioii.— Nomination d'un ou plusieurs comm'ssaires
aux comptespour l'exercice1930el fixationrie l'al-locationde commissaire.
— Autorisationà donneraux membresdu Conseild'administrationconformémentà l'article 40 rie laloi du 24 juillet 1807.
— Résolutionsaccessoires.2" EN ASSEMBLEEGENERALEEXTRAORDINAI-
RE, à l'issue de l'assembléeordinaire ci-dessus,àl'cffel rie.délibérersur l'ordre du jour suivanl :
— Miseen harmoniedes statuts avecles lois ré-centessur les sociétéset avec,les décrets-lois.
pensions,le députéde Bôneconclut:—«Votrecongrèsinterfédéralvousa permisde con-
firmerdes voeuxqUevousavezdéjà formuléset d'enémettreausside nouveaux.Il constitueune Splendidèmanifestationde solidaritédèsvictimesde la guerreetdès ancienscombattants, une affirmationde forceconscienteet organisée. Aux générationsd'aujour-d'hui, il offre le spectacleréconfortantd'un imposantgroupementde citoyens,appartenantà toutes les ca-
tégoriessociales,et groupésautourd'un mêmeidéal:celui:de la Francelaborieuseet pacifique.
Lès nouveaux autocars
de la Garde mobile en Algérie
Lamotorisationde l'Arméea démontrélesavantages
que les différentesarmesretiraient,au point de vue
mobilité,de l'adoptiondesvoitures,motoset camions.
LaGardemobile,plusque l'Arméeencoreavait be-
soinde devenirplus rapide.EnAlgérie,où les gran-des distancessont chosenormale,la motorisationdes
élémentsdé la Gardemobileétait indispensable.La
choseest aujourd'huifaite et de nouveauxcamions,
vasteset susceptiblesd'obtenirunegrandevitessevien-
nent d'être misen service.'
— Refonte partielle ries statuts. Modificationsstatutaires notammentaux articles9, 12,20, 32 et34 à 55 inclus des statuts.
— Résolutionsaccessoires.3" EN ASSEMBLEEGENERALEEXTRAORDINAI-
RESPECIALEriesactionnairestitulairesd'actionsA.à l'issue rie l'assembléeextraordinaireci-dessus,àl'effet rie délibérersur l'ordre du jour suivant:
— Acceptation,des résolutionsprisespar l'assem-bléegénéraleextraordinairede tous les actionnaires,titulaires ou porteurs d'actionsA. et B. en ce quiconcerneles modificationset restrictionsapportéesau régimeriesactionsA.tant enapplicationriela loidu 26 avril 1930,sur l'interdictionet la suppressiondes actions à droit rie vole plural que rie la loi (lupreni'er mai 1930et des décrets-loisdes 8 août et3!)oe'obre 1935sur les nouveauxquorum des as-sembléesd'actionnaires.
:—Confirmationet réitération des modificationsstatutairesconcernantles actionsA.
—Résolutionsaccessoires.Tout actionnaire,quel que soit le nombrerie ses
actions,peut prendrepart aux assembléesgénéralesordinaire el extraordinairesavec droit à une voixpar action sans limitation.
Tout actionnairetitulaire d'actionsA, peut pren-dre part à l'assembléegénéraleextraordinairespé-ciale, quel (piesoit le nombrede ses actions, avecdroit à une voix par action sans limitation.
Pour pouvoirassisteraux assembléesci-dessus,lespropriétairesd'actions au porteur devront déposerleurs litres el pouvoirsau siègesocialcinqjours aumoinsavant la date de la réunionou justifier d'unrécépisséde dépôtde titres dans le mêmedélai, dé-livré par une banque,un agentde changeou un of-ficier ministériel.
Le projet imprimédes résolutionsa présenterauxassembléesgénéralesextraordinaireset spéciale,seratenuà la dispositiondesactionnairesau siègesocial,quinze jours avant la réunion,conformémentauxprescriptionsrie la loi du 13 avril 1935.
LE CONSEILD'ADMINISTRATION.
1e L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTRÉE
A CONSTANTINE, DANS LES RUES INDIGÈNES
L'Algérien'est-ellevraimentqu'unseuilusé,dému
dé,del'OrientMéditerranéen?— oubienluireste-t-il
encorequelques-unsde cesattraitsvraimentcaracté-
ristiquesd'un mondehomogèneparticulier,ayant ses'
us et coutumes,sesmétierset fonctions,différentsde
ceuxqu'offrela vie européenne? Devons-nous,dans
cet intéressantdomainenous contenter(commeen
tantd'autres)desouvenirsoudelecturesplusoumoins
classiques? N'ya-t-il plusrien,dansnosvillesd'Afri-
que,dansnosquartiersindigènesqui perpétueréelle-
ment,et, pourainsidire,sanssolutionde continuité
aveclepassélocal;— cecharmedeschosesinhabituel-
les,l'étrangetéde cesexistencesqueriennenousrend
familières,ni parfoismême,compréhensibles?
Adeuxpasde nosruesdroiteset propres,de cette«rue Nationale» où deuxautosen marchepeuventse croiserà la hauteurde deuxautresà l'arrêt, j'aidécouvertd'incroyablesruellesdontlesbalconss'effleu-
rentau premierétageet dontlestoitsarriventà s'en-
trecroiser!Ruellessilencieuses,tortueuses,à soubassementsco-
lossauxpourdes superstructuresbranlantes: le pland'élaboration,et sesmasuresnefurent,certes,pascon-
temporains: partoutoù l'Islamoffredesconstructions
solides,c'est que Rome,d'abord,y avait travaillé.En
s'installentsurcesvestigesmagnifiques,lesArabesont
stabilisé,à leurniveau,le temps,la civilisationet le
progrès; grâceà eux,nouspouvonssaisirexactementce que fut la vie danscescontréeslorsde leurprisedepossession.
Marchonslentementet marchonsen silence; en
pénétrantdanscespetites,rues,nousremontonségale-mentdansle passé; en changeantd'ambiance,nous
changeonsd'époque.C'estainsiquela modificationdufacteur« temps» nousimposela variationde l'élément«vitesse», lequelaccuse,de nos jours,donssondé-
roulement,une accélérationeffarantequi rappelleraitcelled'une progressiongéométrique,où l'imaginationelle-mêmes'égareraitsi nousavionsle reculnécessaire
pourl'évaluerovecprécision.Car l'évolutionde l'hu-manitéa cecide curieux,c'est que, toujoursles dé-butsde civilisationfurentd'uneextrêmelenteur,gra-vissantavecpeine,au ralenti,la penteascensionnel-leçuimèneà sonépanouissement; maisdévalanten-
suite,tel uncorpsen folie,verslesabîmesde la déca-dence.Il se pourraitbienque noussoyonsainsipro-chesde ce stadedonton ne sauraitdirequelconflitde moteurs,de mitraille,de « robbots», dansla con-densationet l'industrialisationdesforcestelluriquesdumondenousferaitexploseren une destructioncatas-
trophiqueet définitive.
Maisce n'estpointlesquelquesannéesà venirqu^nousvoulonsconsidéreraujourd'hui.Ce ne sont quelèssièclesécoulés,dontlèssurvivancesnoushantentà
la façond'un rêveoud'uneespérance,à jamaisirréa-
lisableouperdue.Voicilesvieillesrues...Acôtéde leursilence,grouillepourtantla fouledés
«petits» — ceuxqui achètentleursubsistanced'un
jour,et ceuxquivendentleursdenrées,en quelques
PhotoM.G.-Vicrey.Lesmarchandsde chaudrons,de. tamis
et de marmitesà couscous.
menussacsoucouffins.Il semblebieniciquela seule
préoccupationdesgenssoitcelledesenourrir.Oùsontlesconflitsd'idées? lesambitions? leshaines?
Qu'ilssontpaisibleset amènes,lesmarchandsara-
.bes,assisdignementau centrede leurétalage!J'ai suivila préparationd'unefriturede merlanen
coucelematefortementépicée; et pourquevousnemetaxiezpointd'illusioniste,sujetteà cautiondansce
quej'admireoudétracte,j'en ai cr.nsommêsurplace;
je lescertifiesavoureuxet dé la plusexcellentepré-paration!
Et je suispartieen exploration,heureused'avoir,si
prèsde moi,devéritablessouks,achalandésà la vraiemodeorientale,pas du tout travestis,maisau con-
trairehumbleset originaux.Pourquiconnaîtbienceuxdé Rabatou de Constantihople,certesl'inférioritéest
grande; maisles«types» et leuralluresont lesmê-
mes.Et l'ons'étonneencorede ce consentementpla-cideà une telleprécarité! Précaritédesmoyens,du
confort,desaméliorationsmatériellesde la vie quoti-dienne,imagedes exigencesprobesde l'âme; préca-rité de l'individudans l'absencedé matériel, dans
l'ignorancedessecourset desavantagesdé l'industrie,voirede l'habiletéartisanede toutêtre perfectible.Ilsen sonticiauxsièclesviergeset indécisdecettepara-lysiepopulaire,qu'auréolaientcependantl'érudition
mystiqueet puissantedesphilosopheset dèssages.Onpeutlesfrôler,commemoi,pendantdixans,sans,
jamaisles observerassez,sans réaliservraimentces
incroyablesdéficienceshumaines,quis'ignorentproba-blement,ou dont on s'arrange,dansla misère, la
saleté,un outillageprimitif,sublunaire,préhistorique.Maisvoyezplutôtce marchandde friandise:
— Zlabïa! Zlabïa!
Quelrégalquecesbeignetseu mieltout ruisselantsd'huile.Maisoui! ainsique les «makroutes» auxdattespiléesdansde la semoulede blé; et ces « Ba-klava», noixet cacahuètes,écraséesdans du beur-re noiret cuitesentredeuxlosangesde pâte à frire;et puisles« ktaïf», les «m'guirgchetz»... nomstrèsdurs,de friandisestrès douces,arroséesde mielet dejusde cannelle.Lessucreries-et lesépices,très âpres,sonttoujoursmêléescommesi cetterencontrede con-dimentscontrairesavaitquelquechosedenaturel.Pourun palaisquin'auraitpas l'entraînomentvouluil suf-fit de distrairementalementl'associationbizarredesproduits,pourapprécierchacund'euxà sa justeva-leur.Et tout celaest excellent,surtoutaux estomacsintrépides.
Aprèsla fritureau pimentrouge,j'ai savouréplu-sieursmètresde zlabïa,quelquesmakroutes,et main-tenantau travail!
Au travail? c'est-à-dire,regardonstravailler; re-gardons,avecdesyeux,viergesde parti-pris,ce tour-neursur cuivre,ce marteleur,plutôt— car un petitmailletest tout sonoutillage.Il modèledes marmitesà couscouss.Toutà côté, lo brasier; le métal est
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE 17
chauffé à blanc, frappé, puis plongédans de l'eau
froide d'où il ressortavec sa belle teinte rouge.Le
baquetoù l'on doit plongerces marmitesgit là, dans
Id rue, contrele pillierbranlantde la boutique; il est
au trois-quartvide,et le gaminquiopèrele plongeon,arrivepéniblementà tout immergé.La fontainemuni-
cipaleest à deuxpas : qui y songe? Quis'inquiéteraitde faciliterla tâché d'un Camarade? Disonsmieux,d'un esclave? Lespauvresgenssont impitoyablesles
Unsenversles autres.LegaminSebrûleles dix doigts
pendantque je l'observe-^—et que les siens vivent
chacunleurvieavecune morneindifférence,Quecha-
cun se... « débrouille! » Qu'ilpeine! Qu'il se brûle!
Qu'ilcrève!— Dëbbar-Rassëk! disentnos indigènes,avec une
inexprimablesécheresse,aux misèresde leursfrères,
lorsqu'ilsné sontpas simplementindifférents; heureux
celuiquipeut se soustraireà l'épréuvé.Voilàl'égaliténaturelledéshommes,leurfraternité
instinctive,saufen dès cas d'exception.Quantà la li-
berté, ce vainmot,il n'y g quecellede souffrirquisoit
réelle et universelle.Connaîtrait-onla pitié, dans ces pays d'Orient,si
les chrétiensn'y dominaientpas?
Après lés travailleursdu cuivré,voiciceux du fër
Êianc; chosecurieuseceux-cisont tous juifs,de mê-
meque lès joailliers,lèsbrodeursde ceintures,les cor-
donniers.Ilsont lé typeracialethniquele plusaccusé.
Lesexpressionssont forteset inadmissibles; la pho-
tographieelle-mêmeen saurait les capter, tant ces
faces:aux traits lourds,varientet trahissentlès remous
de leur nature.
Quandellessont libres,les mainsponctuentles pa-roles; maiscelles-ciétant occupées,ce sont tous lès
musclesdé la tête qui nousexposentces mentalités.
Lesyeux? — pesantset fuyantsà la fois,souventma-
lades, pleins d'insinuations,de ruse qui va jusqu'à
l'intelligence; lés bouches; énormes,débordantes,
grosses— jusquedansles figuresétiques,si nombreu-
ses, si fréquentesdans ce peupleau physiqUeépuisé;ils sont sales mais tenacesau labeur,ne connais-
sant que le gain, le désirantâprementet leurêtre en-
tier reflète les appétits, le matérialismede leur na-
ture.Un fort contrasteles différenciedès ouvriers,mar-
chandset autresarabes.Moinsastucieux,et aussi,hélas, moinslaborieuse,
ces arabesont, en général,beaucoupde dignitéet ne
manquentpas d'aspirationsélevées.Ensomme,lesdi-
vergencesne sont pas seulementextérieures,maismo-
rales, suffisantespour expliquerla haine nourrieparceux-ci contre ceux-là, et qui n'est nullementbasée
sur des différencesdé religion,mais bien sur l'aver-
sion de la race, aversionsurtout,de l'exploitécontre
l'exploiteur.L'arabe n'observesa plaie que très en
surface, sans en rechercherles causes profondes,le
genre, les dimensions...De plus, par qualité confes-
sionnelle,lesmusulmansabsorbenten mêmetempsquel'air qu'ils respirent le respect de toutes vraies
•croyances.J'ai vu de vieuxKurdes,à Stamboul,si fanatiques,
.traiter avec déférencel'Arménienmaudit qui venait
Photo M.G-Vicrey.J'ai découvertdes rues dont les balconss'effleu-renl, les toils se touchent,lés murs sont peints
couleur bleu de roi.
s'abritersous son toit ; et c'est presqueune vénéra-tionque lesosmanlistémoignaientà nossoeursdecha-rité ; aux blanchescornettes,angestutélairesdesma-
lades,non seulementdes hôpitauxturcsde l'immense
cité, mais au servicede tous, pour l'amourde Dieu.Ellesallaient partout, seules,mêmela nuit, armées,seulementd'une petite lanternedans leurmaingéné-reuse,à côté du grandchapeletflottant.Dansce tu-multueuxcarrefourdu monde,à uneépoqueoù la sé-curité des individusétait inexistante,au mêmedegréque l'électricité,les automobiles,le téléphoneet la li-berté; ces religieusesde Saint-Vincentde Paul, ma-
nifestationhéroïqueet flagrantede la catholicitéen
action,n'avaientrienà redouterdesmusulmansfarou-
chesdu GrandTurc!C'est avec gravitéqu'ils rapportenttout à Dieuet
qu'ilsvoientpartout l'effet de sa volonté.Nouspour-rionspeut-être leur reprochercet abandontrop com-
plet à la grâcedu Seigneur! Mais,eux, ne considére-
raient-ils pas avec infiniment plus de respect, et,
peut-être,de sympathie,lés civilisateurseuropéens,si
ceux-ci,ayantunenoblereligion,se maintenaientà la
hauteurde l'observer,de la mettreen pratique,d'être
guiderpar elle?Une longueconnaissancede l'âme musulmane,en
différentspays et de différentessouches ethniques,nousautoriseà dire que les conséquencesd'une telleobservanceseraientd'une portée incalculabledans ledéroulementdes relationset desévénementscoloniaux.
Maisceciest une autre histoire,et dépassele cadremodesteque je me suis tracé,
J'ai longuementregardé, à sa machineà coudre,l'arabequi brodeavec dès filsd'or de bellesgandou-rqhsde velours,pour lès petitesfilles; le Vieillardquivend dès babouches; celui qui fabriquedès Coffretsen bois,et lespeinturlurepourlèsmariées...
Et puis tant d'autres encore! Tant d'autres...dont
je vousconterail'histoirebientôt,et l'activitéardenteet modestes,en quelquespages qu'ils me dicteronteux-mêmes...
MarcelleGEORGES-VICREY.
La Foire de Bône
A l'heureoù tant de difficultésd'ordreéconomiquedonnentauxespritschagrinsl'occasionde critiquerou-
vertementnotreavenir colonial,la premièreFoiredeBône— dont nousdirons,dès à présent,qu'elle futun très grossuccès—-a revêtuun certain:caractèrede magnifiquesolennité.
Cettebelledémonstration,à laquelleMM.Pantaloni,mairede la coquettecité algérienne,AlixConstantinet LouisPerrin,entre autresanimateursinlassablement
dévoués,ont apporté toute leur précieusecollabora-
tion,aura eu, en tout cas, poureffet immédiat,de ra-nimerheureusementles enthousiasmesles plusdéfail-lants.
M. Constantin,présidentdu Comitéde la Foire,prévoyaitce beaurésultatqu'il définissaitdansun dis-coursprononcéau coursdu grandbanquetd'inaugura-tion :
« Au risqued'être traité d'utopiste,il me faut dé-sormaisprêcherla reprisedes affairespar la confian-
ce, la persévéranceet l'union.« Aussi: malgréles difficultésde l'heure,je crois
que la Foirede Bôneest le meilleurmoyende propa-gandequi peut rendreles plusgrandsservicesau re-dressementéconomiquede notre villeet de notrechèrePatrie».
Et, durantune semaine,ce fut sur l'esplanadedes
Santons,où étaient installéslesbâtimentsde la Foire,un va-et-vientimpressionnantdevisiteursdont lenom-
bre, si important,ne sauraitêtre exactementévalué.
18 L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE
LA SEMAINE CINÉMATOGRAPHIQUE
NOTRE OPINION
Bluff, poudre aux yeux, battage intensif...
Làcritiquen'est-elleplusà là modeet là moraleaurait-elleété définitive-
mentfrappéed'anathèmeparnoscontemporains? Entoutcas,il est un fait quel'actualitéquotidienneconfirme: léscenseursont disparuet lesmoeursévaluent
surunterrainimmenseet netdetousobstaclesgênants,poussentcommeuneherbe
sàuvàgë>doucementbalayéeparleventdel'indifférencegénérale-L'humanitémo-
derneesten état decrisecontinuelle,niaisellene fait rienpourréagir,aveugléequ'elleest parlà passionet sessuccédanés.Làpolitiquea, certes,sesadeptesfa-
rouches.Onadoptel'églantineou là fleurde lysavecunégalenthousiasme.Onoubliequelà viemoyenned'unhommeest ramenéepar lesstatistiquesofficiellesà unnombred'annéespourle moinsinquiétantet l'onse condamneà déstranses
perpétuellesautantqu'inutilesdansle butd'imposerdesidéeset desméthodes;Onse targued'êtreunsociologueaverti,unapôtreouunbergervigilantet habile.El-
lesdossiersdes'amonceller.Etlesdiscoursd'allergrandtrain,cesdiscoursgrandi-loquentsque|'bnfait généralemententrela poireet lé fromage,devantunetable
eblongue,ourléed'uncollierdetêtesplusoumoinsatteintesdecalvitieet toujoursprêtesà s'agiterdansun rémousd'approbationmagnifique.L'orateurde restau-rantest unedesfigureslespluscurieusesde notreépoque,l'unedèsplusdange-reusesaussi.Cemonsieurimportantquiaffected'afficher,selonlescirconstances,unairet unemisededémocratetypeouunedistinctionquis'efforce,maisenvain,deparaîtrenaturelle;joueaveclà crédulitéet léssentimentsdesesauditeurs.Quelésjournauxs'emparentde sesdéclarations,et voilàlespartisansquise dressentdansunélansuperbe,leshainesquis'allument.
...LesmoutonsdePànurgen'ontjamaisété si nombreux.Cequiestvraipourcettesciencedegueule— cecidit sansaucuneespèced'allusion,moncherRe-
boux! — l'estégalementpourtouteslesautresmanifestationsdel'espritXX''siè^
clé.Voyezdoncle cinéma! Bluff,poudreauxyeux;battageintensifsontautant
de procédéscourammentexploitéspourimposerdestalentsdouteuxau bongros
publicduspectacle.Làpublicitécultive hyperboleavecunevirtuositétoutsimple-
mentprodigieuseet il fautvraimentauxspécialistesunedosed'ingéniositépeuba-
nalepourfaireadmettrea l'amateurqueMlleUnetelle à du génie,alorsqu'en
réalitéelleest d'uneinsipiditédésespérante;Porterauxhuesde pauvrescréaturesinsignifiantes,les diviniser; adorerles
yeuxfermésdescourtisanesqu'oneut jadischasséessansregrets,voilàoù là
presséactuelleéh est réduitepours'attirerlés«sympathies» désgrandesfirmes
installéessurSantaMonicaBld.ouauxChamps-Elysées.Oùpeuventdoncnousconduirecesexcèsdé louanges,ceshymnesvibrantsà
là gloired'unechienlitdepacotille? Je suistroppassionnéde la chosecinémato-
graphique,j'aimetropce milieuauquelme rattachenttant de liensd'affection,
pourné pasoseraffirmericiqu'ilsnousmènentinévitablementauxréactionsvio-
lentesd'unefouléqu'enne sauraitduperéternellement.Déjà,dèsprotestationss'élèvent.Dèsvoixse fontentendre.Qu'onnousprésentéHarryBàurcommelé
pluspurtalentducinémafrançais,soit,n'endéplaiseà sesdétracteursinconscients
ouvisiblementintéressés;
Mais;de grâce,qu'onn'essayepointdenousfairepasserce monsieur;depuis
longtempsspécialisédansleciné-romanpopulaireet larmoyant,pourunmaîtrees-
sciencescinématiques,et qu'onsoifdoncplusdiscretquantauxqualitésprofession-nellesdecettepetitearrivisteruséequine doitsa renomméequ'à là seulegéné-rositéd'un«tuteur» ougoussetcompatissant;
Alors;seulement;la fouleconsidéreralé 7°art commeunechosesérieuseet
nousn'entendronsplusM.PaulSoudàysoupirer: le cinéma,cettesous-crottede
biqué...AndréSARROUY.
LA CRITIQUE
BonneChance.
Ona comparécette délicieusecomé-die à NEW-YORK-MIAMI.Je ne vois
pas pourquoi.NEW-YORK-MIAMIétait,certes,une belleréussitedansun genreoù les Américainsont toujoursévolué,d'ailleurs,avecbeaucoupd'aisance,maisautantce filmrelevaitd'unhumouran-
glo-saxontrèsapparent,autantBONNECHANCEs'inspired'unespritspécifique-mentfrançais.
Lecomiquedesituationet le comiquede mots alternent ici avec quelques«gags» purementcinématographiquesquioffrent,cependant,cetteparticularitéintéressantedene jamaistomberdansla
vulgaritéinsipide,et quelquefoisirritante,du «déjàvu».
Encompagniede JacquelineDelubac,SachaGuitrym'a fait passerlà unedesheureslesplusagréablesqueje doisaucinéma.
C'estassezdirecombienj'aigoûtéson
ouvragequ'ila réaliséet interprétédansunstyled'une exceptionnellevaleurat-tractive.
Pasteur.
Je ne pensepas qu'onpuisseresterinsensibledevantcettechosesiémouvan-te. Lecinémafrançaispourunefoiset
grâceà SachaGuitry,n'a pas attendu
l'exemplede l'Etrangerpourrendreàl'unedenosplusnoblesfiguresnationa-
lesunhommagemagnifiqued'admirationet de reconnaissance.Cet épisodede laviede Pasteurest traitéavecinfinimentdegoûtet de délicatesse.Ony sentsur-
tout,chezl'auteur,le désirde faireoeu-vreutile,de bienservirl'humanitétoutentièredontcertainsarrivistes,biencon-nuspourtantpourleurméchancetéhar-
gneuseet leursoifde sangfrais,vou-draientnouslaissersupposerqu'ilssontlesseulset véritableschampions.
Certainsconfrères,que j'aimebeau-
coup,ontcru,toutefoisdevoirs'arrêterà
quelquesconsidérationsd'ordrepurementtechnique.Ils n'ont fait qu'obéir,je le
sais,auxexigencesde leur impartialitéprofessionnelle.Maisils mepermettrontde leurdirequ'ilsont eu tort. Lesujetqu'a abordéSachaGuitryd'abord,la
puissancedesscènesprincipalesensuite;et la créationsublimedu rôlede Pasteur
par celuiquenoussommesnombreuxàconsidérercommele meilleuret le plusprécieuxreprésentantde l'art dramatiquefrançaiscontemporain,nesouffrentguèrela critique:
Applaudissonsaucontraire,et trèsfort,SachaGuitry.
Lesmaquilleursd'Hollywoodpourrontmaintenants'affairerautourdePaulMu-niet essayerdegraversurcemasquehé-bétéd'émigrontsans idéalni patrie lestraitsfins,nets et énergiquesdu grandsavantfrançais.Laconfusion,désormais,n'estpluspossible.Lesproducteurs,pré-tentieuxmaisun peuniais,quiobéissent
aveuglementaux directivesinsidieusesdeM.Hays,enserontpourleursfrais.
Koenigsmark.
Commencépeudetempsavantsamort
par le regrettéLéoncePerret,KOENIGS-MARKfut repriset terminéparMauriceTourneur.
Oneut pucraindrequecetévénement
péniblen'ait une influencefâcheusesur« l'équilibre» du film.MoisceuxquiconnaissentlesinépuisablesressourcesdeTourneuret, surtout,sonadmirablesou-
plesse,neserontnullementétonnésdesabrillanteréussite.
KOENIGSMARK,en effet, est une deces oeuvresqui ont beaucoupfait cetteannéepourla réputationmondialeduci-némafrançaisdonton saitqu'elleétait,il n'ya passi longtemps,assezpeuflat-teuse.Traitéeavecbeaucoupdegoût,jediraimêmeavecuneampleurqui ne lecèdeen rien aux meilleursenvoisde
l'Etranger,elleest construiteélégammentet laisseou spectateurune impressionagréabledeparfaiteharmonie.
ElissaLandiet JohnLodge,spéciale-mentdéplacésd'Amériquepourles be-soinsdu film,sontremarquablesde vé-rité. PierreFresnay,Jean Max, Débu-courtet, dansunetropcourteapparition,Jean Yonnelcomplètentla distribution
quia étéchoisietrèsheureusement.
L'adaptationmusicalemériteunemen-tionspéciale.Elleapporteà l'imageunconcoursefficaceet il semblebienqu'onait enfincompris,cheznous,la nécessitédene pluslimiterlesmassesorchestralesà unnombraridiculementrestreintd'exé-cutants.
Cequidonneimmédiatementaux ta-bleauxà grandefigurationun accentdesolennitéauquel,hélas! nosmetteursenscènene nousavaientpointencoreha-bitués.
JeanMuralet WiimnWinfrieddansune scènedesMUTINESDEL'EL-SENEUIl(/ne, le circuit «Islg-Ihcàlr» passeactuellementeuAfri-
quedu Nord.
L'ACTUALITE*** Lu annulevedettealgériennedela tcèneet de l'écranl.ili]l'on*,retour
d'Amériqueoitellevientd'effectuerune
brillantesaison,a été récemmentmor-
due,sur la côted'Azur,par l'un des
pensonnuïresde M.Voronof.Fort heu-
reusementnotre gracieusecompatriotel'en est tirée avecquelqueségratignu-res.
*** Haimus'est marié! L'événementest d'importance.Toujoursaussiaima-
ble avecla presse,il s'est contenté,dedéclarersur un ton bougon,à ceuxde
nosconfrèresqui lui demandaientavec
trop d'empressementsans doute quel-ques précisionsconcernantsa digneépouse: elles'appelleEsther.
PauvreEsther...
**+ Sous l'égide des principalesso-ciétésd'actualités,une ChambreSyndi-caleFrançaisedela PresseFilméevientd'êtreconstituée.
Lesiègede ce nouvelorganismeestsitué85,avenuePierre-I"rde Serbie,àParis.
*** Aucoursd'uneinterviewqu'il aaccordéeà noire aimableconsoeuretamie Odile Cambier,Jean-Pierre-An-nxonla déclaréqu'iltourneraittrèspro-bablementl'été prochaindansun filmimportantdont les extérieursseraient
enregistrésen Algérie.S'agirail-ildePEPEDEMOKHO?
*** Lemetteuren scèneliiehardPol-tier travailleau montagede son der-nierfilm, LEDISQUE413,dont le su-
jet tient à la foisdu genrepolicieretdu film musical,avecla bellecanta-trice (iita Alparet le grandlénor To-mas Alcaïde,de la Scalade Milan.
A.S.
* * *
L'abondancedesmatièresnousobligeà remettreà lasemaineprochainela pu-blication des critiques consacréesàSAMSON,LESMUTINESDE L'EI.SE-NEUHet MAYEHL1NGqui viennentd'è-ler accueillisbrillammentpar le publicnord-africain.
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE 19
LA SEMAINE ARTISTIQUE
ALGER
*** Samedi28 marsà 17 heuresa eu
lieu,sallePierreBordes,une très intéres-
sante conférence de M. André Lhote,
peintreet critiqued'art, sur le sujet sui-
vant : « L'art classiqueet l'art baroque;leursrapportsavec l'art actuel».
*** Le peintre Ô. Màdrigàliva effec-
tuer un voyaged'étudedans le Sudalgé-rienet le Sud tunisien.Nousne doutons
pas dé la valeur dés oeuvresqu'il rap-
porteradé ce voyage,et que nousaurons
le plaisirde trouver, réuniesen exposi-tion particulière.
*** Le 21 mars, dans l'après-midi,M.
Bourrât,Préfet d'Alger, représentantM.
Le Beau, a inauguré,au Palais Consu-
laire, la III"expositionnationaledu tra-
vail.Cette expositionréunit dé très nom-
breux exposants: tapis, tentures, pote-
ries, meubles anciens et modernes,
faïences, panneaux décoratifs, bijoux
indigènes, bibelots; menus travaux de
menuiserieet d'ébénisterie,broderiessur
soie et sur voile,miniatures;cuivresci-
seléset gravés, lustres,etc..
*** Le « Photo-Club» d'Algera choi-
si pour son concoursmensuelintermem-
bres, un sujet plein de bellespromesses:« marine».
*** Du 16 au 31 mars, galerie dé
l'Ar.tdé France, 36, rue Michelet,ex-
positiondes oeuvresd'AliceVoiron.En-
semble très intéressant de peintures à
l'huile, de gouaches,d'aquarelleset de
dessins.Portraitsdélicatsd'enfants, étu-
des de têtes,dé femmesarabes; Paysa-
ges d'Algérie (Cherchell notamment).
Desnaturesmortes.De charmantescom-
positionsdécorativestoutes de finesse,et
d'exquise fraîcheur. Les dessins, d'une
bellevigueurconstructivesont, en partie,consacrésà la Casbahd'Alger.
*** La Sociétélibre des Artistesalgé-
riens, que présideavec une sûre compé-tence M Schutz-Berthier,a organiséà
la galerie Soubiron, 1 , rué Dumont-
d'Urville,sa 4" exposition.Grâceà une
sélectionrigoureuse,l'ensemblequi nous
est présenté,s'affirmedés plus intéres-
sants. Une poignéed'artistes, mais tous
connus et estimés. Constant Louche
(deux paysages du Sud) ; Condoret
(portraits au pastel qui, s'ils contien-
nent de bonnes qualités, appellent une
observationplus directe,et une souplesse
plus grande,mêmeobservationpourMlle
Ritter) ; Deckers,une grande toile qui
figura à son expositionpersonnelle,et
deux portraits: arabe et mauresque,d'une fort séduisantequalité. Dubus:
une nature morte, et un « Square de
Vaugirard» très justement observéet
traduit. Flasschoën: deux aquarellesre-
marquables: tête d'Ouled-Naïl et dé
vieil arabe. Granata: une marine quiest une excellentepage. Odette Du-
bosch: une nature morte qui méritedes compliments.Madrigalia envoyédeux paysagesde la « Pointe» et untableautin charmant : les terrasses.
IFrancisqueNoailly: « Sous les lauriers-
roses». Mlle Pointet: compositionsdé-coratives très jolies: « Les perruches»,et « fleurs de cerisiers». GeorgesRous-
sin présente un paysage et deux por-traits. Nous ne reviendronspas sur les
qualitésde cet artiste dont l'oeuvreen-tier est dé la plus grande distinction.MmeRoussin,dés fleurs: rosesde mai,d'une grande délicatesse,d'un coloris
léger,et que je préfèreau « paysage».Rousseau-Roussin: marine, vue sur labaie d'Alger,qui gagneraientà davan-
tage de vigueur.Mme Robichon: des
fleurs. Ribert, un paysageà Bouzaréa.Saoli: aquarelleet dessin: rue à Alger,et joueurs d'échecs. Planchestrès re-
présentativesd'un talent que nous sa-vons consciencieusementservi. Simoni:
aquarelles: « Rue du Castor à Tunis»,« petit minaret de la place Halfaouï-ne »; peinture: « Le Chehoua». Mlle
Thouvenin,des fleurs exquises: « lise-rons», « lauriers-roses» et «fleurs sau-
vages»...
*•** Chez « Alain Raynaud», 54, rue
Michelet, exposition de reliures d'art
signées: « Humont».
*** Il est question,sous le manteau,
d'organiserà l'occasionde la Foired'Al-
ger, un salon des échanges,à l'instarde ceux qui ont obtenuà Parisquelquessuccès.
*••* M. LouisRollina inauguréle 24
mars, en gare du Nord, le train-exposi-tion de la Franced'outre-mer.On sait
que, dans ce train, un wagonentier est
consacréà l'Algérie. Nous en devons
l'organisationà l'Ofalac.On y trouve
les produitsdu sol et de l'industrie,des
fruits, des tabacs, des tapis, etc.. Une
section est consacréeau tourisme. De
plus, l'Ofalac a chargé MM. Rivoireet
Èudeiinede faire, au coursdu voyage,de nombreusesconférencesavec projec-tions.
ORAN
*** Le 19 mars à 17 h. 30, à Oran,a eu lieu,salle du Conservatoirede Mu-
sique, rue Paixhans, l'exposition-cause-rie des oeuvresdu peintre AugustinLe-
sage, originaire de Burbure (Pas-de-
Calais).
k-k-kLe31 mars,à 18 heures,au Théâ-
tre Municipal,Odette Pannetiér a fait
une conférencesur le sujet suivant: «Le
vraivisagede Paris».
MAROC
*** Mlle GabrielléFrasez expose ses
oeuvresà la Galeriede « l'Echodu Ma-roc», à Rabat.Lesoeuvresde MlleFra-
sez sont consacréesà la lumièremaro-
caine,au type marocain,etc..
*** Même galerie, importanteexposi-tion du pastelliste Van de Vcestyne(Pastelset dessinsà la plume). Fleurs,
paysagesde Tanger, etc.. On sait quecet artiste s'est, depuis le début de
1935fixéà Tanger.Il a exposéune pre-mière fois, en avril 1935 à la Galerie
Sélection,à Casablanca.
FernandARNAUDIES.
T. S. F.
L'orientationfrançaise de la tech-
nique du récepteur.
Le troisièmesalon de la pièce déta-
chée en T.S.F.a tenu ses assisesà Paris.
Ce salonest particulièrementsuivipar
les professionnelset constructeurs,car il
permetd'avoirun aperçusur les tendan-
ces de la constructionfuture. C'est, en
effet, à ce salon que les fabricantsfran-
çais d'appareilsde T.S.F. s'approvision-nent en pièceset mêmequelquefoisen
châssisqui serventau montagede leurs
postes.Ces postessont ensuiteprésentésau grand salon annuel de la T.S.F.
Doncpour un esprit averti des choses
de la radio,le salonde la piècedétachée
doit permettred'entrevoirles nouveautés
techniquesde la saisonprochaine.De cet examen attentif nous en dé-
duisonsque rien de nouveaun'apparaî-tra sur le marché des récepteurs cette
année. Des perfectionnementsde détail
en ce qui concerneles différentscircuits
de réception.Améliorationde la haute
fréquence,des moyennesfréquences et
du systèmede détection; gros progrèssur la partie basse fréquence.Mariagetrès étudié entre cette bassefréquenceet
le haut parleur dont les caractéristiquess'accordentspécialementavec les valeurs
du circuit précité.
Puisquenousparlonsde circuit,disons
que les bobinagesmodernescomporterontpresquetous des noyauxen fer, ce qui
permet de réaliser des éléments beau-
coup plus réduits, d'un meilleurrende-
ment, sans perte, et sans fuite magnéti-
que.Précisonsque ces noyauxmagnétiques
en fer sont constituéspar un aggloméréde particulesde fer isoléesentre elles et
compresséessous plusieurscentaines de
kilogrammespar centimètrescarrés.
Cecomposé,d'une très grandeperméa-bilité magnétique,évite d'autre part lescourantsde Foucaultqui, jusqu'àce jour,interdisaientl'emploidu fer douxà mas-se homogène.
Ence quiconcerneles lampesde T.S.F.la lutte entre le tube verre et le tube
métallique,qui est si sévèreen Améri-
que, ne paraît pas présenterla mêmeim-
portancesurlemarchéfrançaisqui sem-ble se cantonner encore dans l'utilisa-tiondes tubesverres.Leslampestoujoursen faveur sont l'octode, la pentodefixeet variable,la vénérabletriode, la duo-diode.
En résuméet commenous le disionsau début de ces commentaires: perfec-tionnementsde détails,techniquede pré-cision,améliorationdu rendementmusi-cal et ce sans augmentationdu prix devente.
Quantaux récepteursde télévision,ilsrestent toujoursdans le domainedu la-
boratoire,car les élémentssoumisau Sa-lon de la pièce détachéne laissentpasprévoirune fabricationindustrielleimmé-diate.
* • *
La T.S.F.et la campagneélectorale.
Sans être officielle,l'informationquenous donnonsparaît préciserles condi-tions dans lesquellesnousentendronsles
discours-programmes.Il y aura, en Fran-
ce, une vingtained'émissionspolitiques.La durée de chacuned'elle varieraen-tre cinq et dix minutes.Deuxserontré-servéesau Gouvernementqui aura sansdoute son mot à dire, mais dans quelsens? conseilsde sagesse,appel au cal-me ou votez pour le meilleur?... C'estce que nousapprendronsdevantle haut-
parleur.Quant à l'Algérienousne connaissons
pas encorela décisionque prendraM. Le
Beau, GouverneurGénéral,qui déciderade l'opportunitéde telles émissions.
* * *
La Maisonde la Radio.
Le Ministredes P.T.T.vient de dépo-ser, sur le bureau de la Chambre,un
projetde loid'après lequella Maisondela Radioserait édifiée,à l'Expositionde1937 et concernant,d'autre part, l'ex-tensionà la provincede l'aide qu'appor-te, déjà, la Radiod'Etat à certainsthéâ-tres parisiens.
Sur ondes très courtes.
Au moyend'un émetteur à magné-trons sur onde de 1 m. 20, les ingé-nieurs de Philips ont pu communiqueravec une station située à 60 kilomètresde là. Lesaltitudesrespectivesdes deux
antennes,au-dessusdu niveaude la mer,étaient de 80 à 92 métrés.
La haute atmosphère.On croyaitet on enseignaitqu'à par-
tir d'une certaine altitude, le gaz car-boniqueet la vapeur d'eau disparais-saient de l'atmosphèreet que, dans lastratosphère,l'oxygènetrop densecédaitpeuà peu sa placeà l'azote, puisà l'hé-liumet à l'hydrogène.
MM. Lepageet Colangeont effectué,avec un matériel très perfectionné, deleur invention,des prisesd'air en hauteatmosphèrejusqu'à 16 km. Au grandémoi du mondesavant, ils ont observéqu'il y a là-haut plus d'eau et de gazcarboniquequ'au sol et que le rapportoxygène-azoteest le mêmequ'autourdenous.De bellesexplicationsinterviennentdéjà : brassageverticalde l'atmosphère,apportde gaz carboniquepar les météo-reset lesqueuesde comètes.Ce qui res-tera, c'est une sérieuseleçonde modes-tie, pour l'hommequi croit souventtoutsavoir jusqu'au jour où une expériencedirecte lui montre le néant de ses hy-pothèses.
Fred BEDEIL.
20 L'AFRIQUE DU. NORD ILLUSTREE
PhotosËessàult;
ALGER.— A l'occasiondu bat de lu coiffure,lesînailies-eoiffeiirsont pré^sented'originciïèscréations.En voicideuxqui oblinfeiiïUngrandsuccèsi
Cellede droite comporte,deinsles boucles,de minusculeslampesélectri-
quesquin'allumentet s'éteignentà volonté.
Notez Madame/ que...
LAMODEDANSLACOIFFUREN'ESTPASUNIFORME...
A l'heureactuelle,léschapeauxontunegrandeinfluencesurla façondontnous
disposonsnoscheveux.Lesformesnouvelles,perchéessurle dessusdé la tête,exi-
gent unecoiffuresoignée,indispensable,puisquela coiffureest presqueentière-
mentdécouverte.parlé chapeau.Lesboucleset lesbouclettessonttrès en faveur,maiscelles-cidoiventêtre
plateset peufournies,afinquela têteparaissepetite.Lesfrontsrestentdécouverts,enprincipe,lesoreillesdégagées,lesnuqueslis-
seset sansfrisurene sontplusadmises.Lesrouleaux,lesboucles,le chignonbas;
augmententla régularitédu visage.Lacoiffureà l'angeest adoptéeparbiendesélégantes,car ellea l'avantage
déconvenirà plusieurstypes: le dessusdé la tête trèsplatest auréolédé bouclésrelevéessur le front.Parcettedispositionon affineunvisageun peu large;tandis
quedesbouclesplusflouesarrondirontunefiguretropmince.Lescoiffuressimplesrestentextrêmementpratiques,car la jeunefemmemo-
derneet occupée,devrasavoiraprèsunepartiedegolfoude tennis,se recoiffer.Pourle soir,il existede nouvellescoiffuresréaliséesparde véritaclesartistes.
Ceux-cis'ingénientà créerun genrede coiffureinspirépar le typemêmede la
femme,quelquefoisun peigne,unegarnituresuffità transformerl'aspectd'une
physionomie.Lescoiffurestrès flouesvontgénéralementauxblondes,tandisque lesbrui-
nespréférerontavoirlescheveuxlisseset plaqués.Unproduitspécialdonneraàleurchevelureuneteintebleutée,trèsrecherchée.
A l'heureactuelle,beaucoupdé femmesse fontteindre,à celles-cije conseil-leraide se confierà desspécialistes,cardesteinturesmalfaitespeuventavoirdesrésultatsdésastreux.
Leplatinetendà disparaître: la vogueest ou blondrouxou auburn.Maislesblondscendréssonttrèsseyants,car ilsadoucissentle visage.Nenégligezpasvoscheveux,ilsméritentplusquetout autre chose,un en-
tretientrèssérieux.Ilssontla parurepersonnellede la femmeet par conséquentla plusprécieuse.
ChristianeHILL.
* * *
Le chapeauféminin.
Il règnedansce domainela plusdé-
concertantefantaisie.Danscette diver-
sité de formes,de matière,de garnitu-res, quechoisir— si l'on n'est guidépar une spécialisteau goût sûr? Heu-reusesles élégantesde Bizertequi ont
MALOU,la plus parisiennedes modis-
tes...
. LêS Ëchècs -
Je recommandéauxamateursd'Ëehécsdé reproduirela partiesuivantedignedés ,meilleursjoursdé l'éx-champion;du mon-dé. Pdrtiéque son advërsairfëa déclaréêtre laiplusgénialedès tempsmodernes.
DéfenseSicilienne '
jouéau tournaide Berlin;
Blancs,Alékine, Noirs,Soesrniséh.
1;e4,c5; 2. Cglf3,Cb8e6; 3, Ffle2.Onjouéhabituellementd4; 3- è6 ; 4. R0 0, d6; 5. d4, c5xd4; 6. Cf3xd4; ,Cg8f6; 7. Fè2f3,afindé jouerle Cava- ,lierde la Dameaprèsla pousséee4; 7. ,Ce6e5; 8. c4, Cé5f3; naturellementpas (CXc4 à causedé Da 4 échecs; 9. Ddli
f3, Ff8ë7; 10. Cble3, R00; 11. b3,Cf6d7; lésnoirsveulentopposerleurfouinoirpourse rendremaîtresdé la Diago-nale (al, h8) ; 12. Fe!b2,Fe7f6; 13.Tald1; a7a6 afin d'éviterl'attaquedu
pionDamepar deuxpièces(Cavalierettour); 14. Df3g3,Dd8c7; 15. Rglhl.
Toujoursbonavantdé jouerf4.15.Tf8d8; 16.f4, b.6.; 17.f5 !Tou-
tes léspiècesblanchesconvergentversleR00desnoirset l'attaquesedéclencheir-résistible.
17. Ff6e5; 18. f5Xe6M un magni-fiquesacrificedé Damequiva déciderdéla partieen peude coups.
18. Fe5Xg3; 19.e6xf7 échecsRg8h8 et nonpasf8 à causedéCc3d5 suividé Ce6 mat; 20: Cc3d5! ! les noirs
abandonnent,si Dc7b8; Cd4c6,Fg3c5;FXF; dXF; CXD; TXC, Ce7mena-
: çantTxC et gagnent,si De7,b7; Cd4,e6 ; Fg3,e5, Cc6,d8 et les Blancsga^gnent.Uneautre partieavecsacrificede Da-mesjouéeau Championnatd'Espagne.
BlancsTramoyères.Nors,MqtiniVincent.1. e4, e6 (défensefrançaise); d4,
d5; 3^Cb-c3,Ff8b4; 4. Cgi, e2, d5
prende4; 5. a3, FxC; 6. CXF, f5;7. Fclf4,Cg8f6; 8. f3, eXf; 9. Dxf,R00; 10. R000, cf3d5; 11. Fflc4,c7, c6; 12. Tdlel, CXF; 13. DxC,Tf6 (coupfaibleTe8oug5 étaientmeiK
leurs; 14.g4 !, fXg4"; 15. DXg4 (lesBlancsont maintenantune ligned'atta-
queouvertesur le Roque); 15.Tf6g6;16. Dg4h3, Dg5+ ; 17. Rbl, Tg6h6;18. Thlfl ! ! (un profondsacrificedeDame); T prendD; 19. TXe6 (le Fnoirne peutprendrela Tourà causedumat en deuxcoups),h7 h6; 20. Txh6 + à la découverte! Dg5d5 (forcé);21. CXD, g7xT; 22. Cd5 e7 4- lesNoirsabandonnent(eneffet,ilssontmaten quatrecoups); 22. Rh8; 23. Tf8 +
Rg7; 24. Tf7 + Rh8; 25: Cg6et Td7mat). Unetrès joliepartie.Fautesd'ouverturescachées(suite) :Indienne.
Aprèsles coups': 1. d4, Cg8f6; 2.
c4, e6; 3. Cglf3, b6; 4. Cc3,Fc8b7;
5, Fg5,Ff8e7; 6. Dé2;dS; 7 é3 ie coupCf6e4au lieudé R00ouCb8d7,est unefautécommelé montréla partiêide H.Méillèraveé le Dr Ërdèy; 11>Fg5Xe7; Dxë7; 9, GXd, Cè4xe3;; 10;
b2xc3, Fb7xd5; 11. Fflb5 + Fd5c6; 12. FXF + ; CbXF; I3. Dc2ë4,Rd7 (les coupsdés noirssont forcés;14.d5, Cd5; 1.2;Cé5-|-,Ré8; 16. d6;les Noirsperdent.
Finsde parties;
Au derniertournoidé Berlin,Nimzo-wichet Stolzont obtenula positionque voieilLe piègeque tendile grandmaîtredanois!est aussisubtilqu'instruc-tif.
Lapartieest apparemmentnulle,mais
par un sacrificede pionjudicieuxNim-
zowichobtint le gain.49.Tb2";le coupnaturelRe4est mau-
vaisà causede Tb3.5.0.a4, g4 ! ! le piègeStolzdéfiniti-
vementrassuréva provoquerl'échange;51. Td2? TXT; 52. RXd2, f5f4! leRoine peut plus rien contre les pionsnoirsg et d.
53. g3 f4 + Rc5d6! par ce coup,lesnoirsentredansle carrédes2 pionsblancsdangereux.
54. a4, a5, g3; 55. a6, Rc7; 5,6.
Re2,d3; 57. Re2 X d3, g2.LeeBlancsabandonnent.
• * *
Elle Gagne 5 Kilos
an 22 Jours
Celapeut paraîtrebeaucoup,mais ilest certainaujourd'huiqueles hommes,femmeset enfants amaigris augmen-tent de poids rapidementquand ilsprennentles PastillesJESSELà based'Huilede Foiede Morue.
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L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE ANNONCESVII
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putationmondialepourblondirla che-
veluresansdanger.EaudéCologne92°.EaudéColognevéri-
table;d'une finesseexquiseet très vi-vifiante.
AVIS D'ADJUDICATION
Le 1" MAI1936,à 15 heures,il sera
procédé,dansles bureauxde la Direction
Généralede l'Instructionpubliqueà Ra-
bat, à l'adjudicationdestravauxde cons-
tructiondé 2 classesau GroupeScolaire
Européendu Palmierà Casablanca(5
Icts).Le dossierpeut être consultédans les
bureauxde M. BALOIS,architecteà Ca-sablanca.
Les référencesdevrontêtre présentéesavant le 20 AVRIL1936,à M. le Direc-
teur Généralde l'Instructionpubliqueà
Rabat.
Représentationcommunedes Grands
Réseauxdé Cheminsde Fer français.
Les GrandsRéseauxdes Cheminsde
fer françaisont décidéde créer,à Alger
notamment,une ReprésentationCom-
munechargéedes intérêtsdes différents
réseaux.LesAgencesP.L.M.et P.O.-Midid'Al-
ger sont en conséquencesuppriméeset
remplacéespar une Agence commune
des GrandsRéseauxde Cheminsde fer
françaisdont le siègeest à Alger,3, rue
Dumont-d'Urville.C'est à cette Agenceque devront
s'adresserdésormaistous les voyageursdésireuxd'effectuerun voyagesur l'un
quelconquedes Réseauxferrésde la Mé-
tropole (Alsace-Lorraine,Est, Nord,Mi-
di-P.O.,P.L.M.).
Toutefois,pendant la périoded'orga-nisationde cette AgenceCommuneetafin d'éviterl'encombrementet pourac-célérerles opérations,le bureaudu bou-levard Camot n" 6 (ex-AgenceP.O.-Midi) délivrera,uniquementpendant lasaisond'été, lés billetsde famille, lesbilletscirculaires.
Tous lés autres billets, demandesde
renseignementne se rapportantpas à ces
catégoriesde billets, locationde pla-ces tant au départ dé Marseilleque déRort-Véhdrés,renseignementstouristi-
ques, cartes, autorisationsà 1/2 tarifaux militairesdevrontêtre prisà l'Agen-ce Commune,3, rue Dumont-d'Urvi.llë.
La cprrésjDondancëdevra être adres-
sée,,quel qUë:soit le réseau,du Repré^sentant des GrandsRéseauxdé Cheminsde fer françaisen.Algérieet en Tunisie,3, rué Dumont-d'Urville,téléphone'
20-76, 32-34, 21-93.Le Bureau!CommundemeureBt'feau
de villedés Cheminsdé fër algériensetde la CompagnieInternationaledésWa-
gons-Lits.
"Le Monde Colonial illustré"
37, rué Marbeuf,Paris-8°
Ainsi100 Gouvernementsse sont suc-cédé au pouvoirdé 1870 à 1936, celane veut pas dire qu'il y eût 100 per-sonnalitésdifférentesau MinistèredésColonies.
Quelques-uns,en effet, y sont revenus
plusieursfois. Nousciterons: MM,Al-bert Lebrun,Périér,DoumergUè,Sarraut,qui comptent,en totalisantleur présen-ce, respectivementdans l'ordre: 747
jours— 1073 — 1900 — 1990. Pourlé dernier,notreactuelPrésidentdu Con-
RENSEIGNEMENTS COMMERCIAUX
ENQUETES- RECHERCHES- FILATURES- TOUTESMISSIONSDELICATES
J. R. CHAMPEAÙX, DETECTIVE PRIVE
182,BOULEVARDDELORRAINE— CASABLANCA
seil, lequelbat tous les recordsdé longé-vité ministérielledans le mêmeMinis-tère : celuides Colonies.
Il reste vrai, quelquesoit le nombrede cespersonnalitésque 100foisde 1870
à 1936, un ministrea pris la directiondu Départementdés Colonies.
Notez toutefoisque le MinistèredesColoniesn'a conquisson autonomieque
par la loi;du 20 mars1894,après avoir
dépendu,soit du Ministèrede la Ma-
rine, soit du Ministèredu Commerce.