La Transnistrie : à l’ombre des statues de Lénine

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La Transnistrie dan lungu

:

lombre des statues de Lnine

Plus que quelques minutes avant la douane. Dans la voiture, la tension monte dun cran, tout le monde se tait. La radio fonctionne toujours. Une station russe. La mlodie est franaise. Stepan est presque certain quon ne contrlera pas nos papiers car la voiture est immatricule en Transnistrie, c'est--dire en Rpublique Moldave Nistrenne , comme on dit officiellement. Sils nous contrlent et saperoivent que nous sommes roumains, il est fort probable quils nous fassent faire demi tour. Cela est dj arriv. Ils ont renvoy des bus entiers qui se rendaient au monastre Noul Neamt. Parce que la Roumanie naccepte pas non plus les voitures de Transnistrie. Oeil pour il, dent pour dent. On aperoit la douane. On a le coeur dans les chaussettes. Stepan conduit calmement, contourne les blocs de bton placs de faon ce que personne ne puisse arriver la douane en ligne droite et grande vitesse. Les soldats, larme au dos, contrlent un autobus arrt sur la droite. Dun ct et de lautre, les canons de deux chars pointent entre les mailles du camouflage. Le btiment de la douane proprement dit est une camionnette peinte de couleur crme, pas plus grande que des toilettes publiques. Stepan salue les douaniers dun geste de la tte et poursuit sa route. On continue de se taire mais les curs se remettent battre normalement. Les immeubles de Tighina grandissent vue dil, comme dans un documentaire. On aperoit Bender dit Stepan, qui utilise le nouveau nom de la ville. Des immeubles ouvriers colls les uns aux autres, en lignes interminables. Un silo grain soutiendrait honorablement la comparaison. En dpit de cela, cest une ville verdoyante ; le soleil estival et leau calme du Dniestr lui donnent un air dominical. La voiture ralentit brusquement, nous bousculant la recherche dun endroit o se rattraper. Aprs le tournant, un filtre militaire install au bout du pont sur le Dniestr. Quest ce qui se passe ? demande quelquun. La voix trahit la panique. Personne ne rpond. Un soldat scrute avec attention chaque voiture. De temps en temps, il en arrte une. Heureusement, pas la ntre. Du pont, lil embrasse la vaste tendue deau. Au loin, quelques cordes de pluie pendent au bas dun nuage gris. Bender entame Vitalie- mme si elle se trouve de lautre cot de la douane, est moiti la Moldavie, moiti la rpublique fantme. Lordre est assur la fois par la police moldave et par la milice nistrenne. Cest pourquoi on trouve aussi bien des lei moldaves que des roubles . Autrement, il est interdit dutiliser le leu moldave ou de le changer. On peut se faire arrter pour a. Heureusement que les vendeurs acceptent encore en cachette dtre pays en lei moldaves parce que cette monnaie est plus sre que leurs coupons eux. A droite, la porte ouverte, une voiture de la milice routire. De sous la portire on aperoit une paire de jambes fminines. Une jeune femme en mini jupe, t-shirt moul sur la poitrine et casquette sur la tte, se lve et nous sourit. Elle place ses mains sur les hanches et tourne sur elle-mme. Elle a les cheveux longs jusquen dessous des omoplates. Sur notre passage elle nous fait de joyeux signes de la main. Les miliciens et les cadres de larme remportent un franc succs auprs des filles, commente Stepan, mme si elles se moquent deux ds quils ont le dos tourn ; ils leur plaisent parce quils ont une casquette et un bon salaire. Ici il y a sept femmes pour un homme complte Vitalie, cest la crise, les filles vont jusqu se jeter dans les bras des moines du monastre. Il parait quelles leur font des avances honteuses la confession et il y a quelques jours de a on a chass trois dvergondes qui se tenaient toutes nues au soleil juste sous les murailles du lieu saint. Tant que la 14 me tait stationne l, a allait comme a allait dit Stepan, pince sans rire. Lnine donnait du sucre aux enfants A lentre de Tiraspol le drapeau de lex Rpublique Sovitique Socialiste Moldave

flotte victorieusement, au dessus de la faucille et du marteau, monument de pierre aux dimensions sovitiques. Sur une immense plaque de mtal est crit 55 ans 1944 1999 . Nous entrons dans la rue Vladimir Ilitch Lnine. Tous les vingt mtres, dans des kiosques jaunes, on vend du kvas. Devant le Parlement, du haut dun pidestal surdimensionn, Lnine veille au sort de chacun, une main discrtement dirige vers un avenir lumineux. Le tout est de marbre rose. On en rencontre partout des rpliques de diffrences tailles et dans des matriaux plus ou moins prcieux : dans les parcs, sur les places, devant les centres culturels etc. Les amoureux des reprsentations en deux dimensions mosaques et dessins -trouveront eux aussi leur bonheur. Lnine a le don dubiquit. On rencontre son doux sourire dans les rues, dans lespritet dans la mmoire des gens. Oui, Lnine aussi fut un enfant Oui, en ge scolaire Et dans son sac, dans le temps Il avait un abcdaire. Il a prononc le mot Maman Et avec amour la dit Et au cur de la fort Pour sa maman, des fleurs il a cueilli. Vitalie se souvient parfaitement du pome, il la rcit des dizaines de fois. Stefan confirme, ses lvres bougent sans bruit au rythme de la rcitation de Vitalie. Dans le temps, on leur racontait, quand ils en taient eux aussi labcdaire, que Lnine tait un enfant trs obissant. Une fois seulement il brisa un vase, mais il courut le dire sa mre. Ayant reconnu sa faute de luimme, il fut pardonn. Vladimir Ilitch tait trs attach sa mre, cest pourquoi il lui cueillait des petites fleurs. Vladimir Ilitch tait trs attach aussi aux livres. Un jour en venant de la bibliothque, des oies lont attaqu. Alors, il sest jet genoux, et les coudes terre il a cach les livres sous sa veste, pour que les oies ne les abment pas. Quand sa mre a vu quels vtement sales il avait, elle la grond. Quand il lui a racont comment il avait sali ses vtements, sa mre a beaucoup regrett de lavoir sermonn. Un th et une crote de pain, Demande Lnine, press, quon lui apporte ; Plong dans ses livres, Cest vers toi que ses penses le portent. Le camarade Lnine buvait du th non sucr car il donnait le sucre aux enfants. Oui, il aimait beaucoup les enfants. Tout ce quil recevait une pomme, un biscuit, une pomme de terre- il le donnait aux enfants. Il y avait mme une blague, dit Stepan. Un jour, des travailleurs lui ont amen de nombreux poissons. Il les reut, en prit un et le sentit ; comme il ne sentait pas bon, il fit la grimace et dit donnez-le aux enfants ! Nous passons prs du sige de la 14 me arme. Sur le portail est dessin un soldat au regard tmraire, son arme dans les bras, baign de la lumire rouge de ltoile qui montre le chemin. Les btiments qui ressemblent des foyers pour travailleurs clibataires- sont pour la plupart abandonns. Les carreaux poussireux et parfois briss font comme un millier dyeux dune monstrueuse crature lesprit troubl. Une petite partie des troupes est encore sur place et a mont sa chane de tlvision. Cest ainsi que les habitants de Tiraspol peuvent suivre les chants patriotiques, les anniversaires des commandants, des ITW avec de simples soldats ou des reportages sur leurs loisirs. Ils peuvent aussi aller sur les chanes russes, sur celle de la Rpublique de Moldovie, voir leur tl nationale et pour ce qui est des chanes occidentales, seulement MTV, Cartoon Network et Discovery. Les journaux ne sont pas tellement lus car ils sont plutt chers, surtout pour les gens des villages. On coute radio.

Il ny a plus de communistes comme autrefois Il pleut tout doucement. Je ne comprends pas un mot, toutes les inscriptions sont crites en cyrillique. Il ny a que les chiffres et quelques rclames occidentales pour des cigarettes, des boissons gazeuses ou des chewing gum pour me donner une sensation de monde connu. On voit chaque pas des uniformes de militaires ou de miliciens. Une seule grande rclame : Sheriff. Un jeune homme pdale trs vite en tendant ses mains sur les cts et le visage vers le haut, vers la pluie qui tombe. Lui et elle chantent tue tte dans un parc laiss aux herbes folles. De vieilles voitures Pobeca, Volga- qui ont bien 30 ou 40 ans, comme des dinosaures roulent aux cts de luxueux vhicules occidentaux. Stepan raconte que pour beaucoup, la vie est trs dure mais que cest un peu plus facile quen Moldavie. Les retraites sont payes avec un ou deux mois de retard, mais pas six mois ou un an. Pas leves, environ 10 dollars mais elles arrivent peu prs temps. On dit que les retraites sont payes par les Russes justement pour que les personnes ges surtout dans les villages- vivent mieux que de lautre ct du Dniestr. Cest ainsi que les deux villages de Kopenka et Varnita, qui se trouvent aujourdhui sur le territoire de la Rpublique de Moldavie, voudraient entrer dans la Transnistrie. Ici le pain nest pas cher, 1 leu moldave le kilo. Pour le prix de deux pains on peut acheter une bouteille de vodka. Avec cette mme somme on peut acheter un billet de tramway, mais beaucoup prfrent boire une vodka et aller pied. Ce sont les jeunes, dsorients et dus, qui boivent le plus. Rien de ce qui les entoure ne ressemble lavenir lumineux de leurs manuels scolaires. Eux ils ne croient pas en Lnine. Ils ne croient pas mais leur pense ne peut se dbarrasser de lui. Le pouvoir politique conserve intacts tous les symboles du communisme mais les gens ne croient plus en lui. Rares sont ceux qui croient que les communistes reviendront et quils leur rendront justice. La majorit ny rve mme pas. Ensuite, mme si le communisme revenait, il ny a plus aujourdhui de communistes comme hier, des vrais communistes. Ce sont tous des crapules, ils ne courent quaprs leur propre intrt. La politique est communiste, mais les relations conomiques sont celles du capitalisme sauvage. Nous apprenons que la firme Sheriff est la plus solide de Transnistrie. Elle est en troite relation avec les responsables du pouvoir politique. Elle soccupe dimport-export, de ptrole et de tlcommunication. Elle fait partie de lAssociation des anciens miliciens du temps o le fils de Smirnov tait le chef de la milice de Tiraspol. Puis, il est devenu responsable de la douane, facilitant les relations commerciales avec lextrieur. Pour le ptrole et la tlphonie, il a le monopole, et pour le commerce, dit Stepan, elle est exonre dimpts. Cest une machine fabriquer de largent pour la nomenclature. Le dollar circule encore mieux que le rouble, tout se paie en dollars. Il vous faudrait peut tre des meilleurs lois , je leur dis. On a des lois, cest la justice quon a pas. Dune place en fac une sortie de prison, tout se paie en dollars. Si Lnine se tirait de son bouillon, il mourrait de nouveau sur le champ sil voyait o en est le rouble , rpond Vitalie. Puis il minvite regarder de prs un billet de 10 000. Dun ct, la tte de Souvorov, 10 000 et quelque chose de hachur. De lautre ct, un btiment sovitique et le chiffre 1. A cause de linflation et pour faire une conomie de papier, on a seulement rajout sur une face les quatre zro. Le billet de 100 a subi le mme sort, il est devenu 100 000 et, fait trange, il porte le mme visage de Souvorov. Tanks et survtements Avant daller chez Larissa Ignatevna, professeur lUniversit de Tiraspol, nous passons voir le char. Il a dix ans de a, il ny avait pas de ville sovitique qui nait comme monument un ou plusieurs chars. Si dans dautres localits ils ont disparu, Tiraspol, autrement nomme ville des communistes, il se trouve encore l, frachement repeint, pos sur un socle. Il excite limagination des enfants,

attire le regard des touristes et, dj comme une tradition, il est utilis comme lieu devant lequel les maris viennent se faire prendre en photo. Pas de noces dignes de ce nom sans un arrt devant le char. Quand lappareil fait clic, tout le monde applaudit. Quand il tait lcole primaire, Vitalie dessinait quotidiennement des chars. Comme tous ses collgues, il emplissait les dernires pages de ses cahiers de chars blinds. Ils symbolisaient la grande force de lUnion Sovitique et son cur de gonflait de fiert. Il rvait, comme tout enfant de son ge de se distinguer dans le combat contre les occidentaux, surtout contre les Allemands et les Amricains. Et il sy prparait sans relche. Il faisait du sport, sendurcissait la moindre occasion. Tous ses camarades faisaient du sport : du cross, des haltres, de la lutte, de la natation, de tout. Il se lavait leau froide et sautait du haut des arbres, pour sentraner. Un jour, pour vrifier les capacits dun de ses copains devenir un hros, il le poussa dans une haute touffe de vieilles orties. Il mettait au point dans sa tte toute une stratgie : avec une brique au bout dune corde, il frappait les Allemands den haut, juste sur le dessus de la tte. Avec des grenades prises un mort, il capturait un tank. Avec le tank, il allait en Allemagne o, dans une brasserie, il arrtait Hitler. A chaque fois quil faisait des photos devant le char, il pensait ce genre de choses. Et cette fois-ci encore. Il ne pleut plus. Nous allons chez Larissa Ignatevna. Soudain, je me rends compte dune chose : beaucoup de gens et de tous ges portent des jogging. En chemin, Stepan me confirme lexistence de cette ostentatoire ducation sportive. Une politique dEtat, dans lancienne URSS. Mme parmi les moines de Noul Neamt se trouvaient des sportifs : des boxeurs, des haltrophiles, des parachutistes, des footballeurs, etc. Cest un ami qui lui a racont cela, un ami qui a t transform en perce neige Moscou. Comment a perce-neige ? je lui demande. Il a t assassin et cach dans la neige par un tueur professionnel. Ainsi son cadavre na pu tre dcouvert quau printemps. Comme ce genre de dcouverte a tendance se multiplier, on dit quils sortent au printemps comme les perce-neige . Nous sommes arrivs. Larissa Ihantevna est une femme bien en chair, cheveux oxygns et jovialit contagieuse. Elle est moldave mais ses parents, pour quelle aille plus loin dans sa vie, lui ont donn un prnom russe et lont inscrite dans une cole russe. Puis elle sest marie avec un Russe. Elle nous propose du caf soluble ou du Lipton. Elle a deux enfants qui parlent mieux russe que roumain. Si nous navons pas enseign le roumain aux Russes, cest de notre faute avoue-t-elle. Si on tait dix Roumains et un Russe, on parlait russe se souvient Stepan. Moldave deux sous conclut Vitalie. La nature de sa fonction la conduit souvent se rendre dans les villages pour des inspections. Les paysans regrettent le communisme, nombreux sont ceux qui pensent que ce qui est bon aujourdhui est hrit du pass. Elle-mme vivait mieux autrefois : elle ne se posait pas le problme de la nourriture et il lui restait de quoi se payer un parfum franais. Il y a des coles o les enfants sont redevenus des pionniers. Le plus dur est de trouver des cravates, cest devenu rare. En Transnistrie, contrairement ce qui sest pass en Moldavie, les kolkhozes ont t conservs. Mais ils sont loin davoir gard la mme efficacit. Il est vrai quavant, les productions des kolkhozes taient surtout chapardes, mais maintenant il ny a mme plus rien voler. Une connaissance de Larissa Ignatevna, qui travaille au kolkhoze, na eu comme cadeau pour le Nouvel An que 25 kg de farine et, Pques, 5 kg de poissons congels. Et pour si peu quelle ait reu, elle a bien dit Spasiba Seigneur , car dans dautres villages, il y a des gens qui nont absolument rien eu. On boit beaucoup, en revanche. Les radiateurs des constructions leves avant 90 et jamais termines ont t vols et transforms en alambics. Lalcool leur rend la vie plus belle, comme le rappelle le proverbe russe : la femme laide nexiste pas, cest la vodka qui manque . Avec la vie cest pareil. La majorit des paysans vit de la culture des fruits et des lgumes et les citadins, de la

spculation : ils achtent ici pour vendre de lautre ct. Certains pchent dans le Dniestr laide de grenades qui leurs restent de la guerre. Ce style de pche nest pas toujours une bonne affaire car le poisson napparat la surface quun kilomtre en aval du lieu de lexplosion. Les villageois des bords du Dniestr sortent les barques ds quils entendent une explosion. Celui qui nest pas assez rapide nobtient rien du tout. A lpoque de la guerre, avec une barrique de vin, on achetait une kalachnikov , intervient Stepan. Je prie la professeur de men dire plus sur ses inspections dans les villages. Dabord, me dit-elle, il y a une pnurie terrible denseignants. Pendant le communisme, les gens de Transnistrie vivaient trs bien du commerce de fruits Odessa et Moscou et nenvoyaient pas leurs enfants lcole. Les Moldaves, plus pauvres, apprciaient diffremment le salaire de fonctionnaire, si bien quil y a aujourdhui suffisamment denseignants et de professeurs. En Transnistrie enseignent beaucoup de jeunes femmes qui ont fait Dieu sait quelle cole et des enseignantes de plus de 70 ans qui ne peuvent mme pas prononcer le mot auxiliaire , parce quavant on disait verbe outil . Comme le dit lune dentre elle : mme la grammaire est plus difficile aujourdhui. Les enfants qui veulent tudier se rendent dans les coles russes de Moldavie, surtout quand elles sont plus proches. Dans les coles roumaines de la Rpublique fantme , on continue dapprendre le roumain transcrit en lettres cyrilliques. Quand il fut question dintroduire la graphie latine chez eux, les russes se sont indigns : cest la meilleure ! Ils ne sont pas assez btes, il leur faut encore apprendre le latin ! . Ils croyaient quil tait question dintroduire la langue latine. Maintenant certains cours sont en langue roumaine. Les lves rpondent en roumain pendant le cours, puis, la pause, entre eux, ils repassent au russe. Un autre grand problme est le manque de manuels scolaires. Dans beaucoup dcoles les enfants apprennent dans les livres de lpoque communiste, dautres ont des livres de Moldavie ou de Roumanie. Sauf que ces derniers posent un problme : ils sont crits avec lalphabet latin, une chose officiellement interdite. Cest pourquoi, afin de respecter la lettre de la loi, les enseignants transcrivent entre les lignes les lettres latines en leur quivalent cyrillique. Mme le franais, dans certaines coles, est appris en lettres cyrilliques. La pnurie de manuels est dailleurs gnrale. Larissa elle-mme a t sollicite pour rdiger un manuel dhistoire, bien que cela ne soit pas sa spcialit. Pensant son porte-monnaie, elle a dabord accept. Mais quand on lui a dit quelle devrait commencer louvrage par il y a trois cent ans, sur ces terres on ne trouvait que des glaciers perte de vue , elle a renonc au projet. Il se fait tard. Javale mon th. Du Lipton original.. Trad. du roumain par Laure Hinckel