la rafle du vél d'hiv.
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Voilà plus de 70 ans, une tragédie effroyable ravagea notre continent.
Au cours du deuxième conflit mondial, l'Allemagne nazie décida une
entreprise de destruction délibérée, systématique et organisée, qui
conduisit à l'extermination de six millions d'êtres humains, dont le
seul crime était d'être nés juifs au nom d'une idéologie criminelle
construite sur la brutalité, la peur, le mépris de la dignité humaine et
l'inégalité des races.
En France, une législation antisémite fut très rapidement mise
en place par les Allemands en zone occupée, mais aussi à
l'initiative du gouvernement du maréchal Pétain, au mépris des
principes fondamentaux de la République française. Dès octobre
1940, un premier statut des Juifs est adopté les excluant de
certaines professions (enseignant, journaliste, officier, fonctionnaire
de police,…) et des responsabilités politiques ou administratives
(mandats électifs, préfets, juges..). Ces interdictions sont renforcées
en juin 1941 lors du deuxième statut des Juifs (banquier, agent
immobilier, gérant de cinéma ou de salles de spectacle, avocat,
médecin…).
Une structure spécifique, le commissariat général aux affaires juives,
véritable ministère de l'antisémitisme, fut créé et un recensement
des biens et des personnes ordonné en 1941.
Ainsi, tout se mit en place pour que la politique d'exclusion débouche
sur une politique de déportation. Les premières rafles furent d'ailleurs
organisées en 1941, concernant surtout les hommes. Mais 1942 fut
le début de la déportation systématique et massive des Juifs de
France. Prés de 13 000 personnes, hommes, femmes, enfants, furent
arrêtées lors de la grande rafle «du Vél d'hiv».
Au total, durant la Seconde Guerre mondiale, 76 000 Juifs furent
déportés, dont 11 000 avaient moins de 18 ans. 3% sont revenus après
la guerre. Mais, grâce à l'aide de réseaux et de milliers d'anonymes,
75% de la communauté juive française survécut.
L'année 1942 fut donc une année charnière qu'il convient de
commémorer pour rappeler aux jeunes générations l'importance du
devoir de mémoire, de la lutte contre toute forme de barbarie,
de la possibilité qu'a tout individu de dire un jour non. Et c'est
tout naturellement avec le Mémorial de la Shoah, auquel un
partenariat nous lie depuis 2010, que le ministère de la défense et
des anciens combattants s'est associé pour organiser ensemble
cette commémoration.
Tout au long de l'année 2012, se déroulera une série de manifestations,
détaillée dans cette brochure, conçue comme une véritable saison
mémorielle et destinée à tous les publics et toutes les générations
pour que tous ensemble nous affirmions «plus jamais ça».
JEAN-PAUL BODIN
AVANT-PROPOSPAR JEAN-PAUL BODIN, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL POUR L'ADMINISTRATION
DU MINISTÈRE DE LA DÉFENSE ET DES ANCIENS COMBATTANTS
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Tout au long de l’année 2012, l’Europe et notamment la France
commémore le 70e anniversaire de l’année 1942, une année qui fut
déterminante dans l’histoire de l’assassinat des Juifs d’Europe par
les nazis et leurs alliés.
Après les massacres massifs par fusillades commencés en Ukraine
dans le courant de l’été 1941, les nazis décident la mise à mort des
Juifs de toute l’Europe. En 1942, la déportation des Juifs s’organise
avec la complicité, voire le soutien d’un certain nombre d’adminis-
trations et de gouvernements, notamment celui du maréchal Pétain
en France.
En France, au terme des négociations conclues entre l’administration
française et l’occupant nazi, les rafles de l’été 1942 sont réalisées
par la police et la gendarmerie sur l’ensemble du territoire, y compris
là où l’occupant n’était pas. Ces arrestations massives qui se
soldent par la remise de dizaines de milliers de Juifs aux autorités
allemandes en vue de leur déportation, marquent un tournant.
1942, c’est le temps de la collaboration d’État. Pour la première fois,
en plus des hommes, des femmes et des enfants sont arrêtés en
plein jour. Ces derniers, les 4 000 enfants que les nazis ne réclamaient
pas, seront finalement déportés. Relisons les pages terribles consa-
crées par Georges Wellers, à «l’épouvantable drame des enfants»
pour tenter de prendre la mesure de cette tragédie. Le sort des
enfants en constitue un symbole. C’est le marqueur du génocide.
Un témoin des rafles de l’été 1942 fut Isaac Schneersohn. Refugié
en Dordogne, il assiste impuissant à l’arrestation de dizaines de
familles juives à Périgueux. C’est en grande partie à la suite de cet
événement qu’il décide de fonder à Grenoble, dans la clandestinité,
le Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) afin de
recueillir la trace des crimes et pouvoir en demander justice. Ce
centre est aujourd’hui une composante essentielle du Mémorial de
la Shoah, héritier du Mémorial du Martyr Juif inconnu érigé en 1956
par le même Schneersohn et rénové en 2005.
Le tournant de l’année 1942, c’est aussi celui d’une partie de
l’opinion. Force est de constater que l’indifférence dominait quand
les premières mesures antisémites de 1940 et 1941 frappèrent les
Juifs, en particulier lors de la promulgation du premier statut des
Juifs en octobre 1940, sans pression allemande, par le maréchal
Pétain et son gouvernement. Une partie des Français témoigna de
sa désapprobation, notamment après le marquage par l’étoile jaune
en juin 1942, puis lors des arrestations massives de l’été 1942. Ils
se manifestèrent alors au nom de leur conscience, au nom aussi
des valeurs humanistes de la France, fondement des valeurs de la
République que Vichy n’avait pas réussi à extirper du cœur de tous.
Il est aujourd’hui difficile de le concevoir pour un jeune adulte, mais
pendant des décennies, la persécution des Juifs de France durant la
Seconde Guerre mondiale fut occultée dans la mémoire collective, au
mieux noyée parmi la cohorte des victimes de l’occupant nazi. Les
arrestations, l’internement, les rafles et la déportation de 76 000 Juifs
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PRÉFACEPAR ÉRIC DE ROTHSCHILD,
PRÉSIDENT DU MÉMORIAL DE LA SHOAH
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depuis le territoire national furent passés sous silence ou guère mieux.
L’heure était à la réconciliation nationale après les heures sombres et
douloureuses de l’Occupation. Le régime de Vichy et la Collaboration
n’étaient qu’une parenthèse. L’ancien chef de l’État, déchu de son
titre de maréchal, Philippe Pétain, avait été jugé comme les principales
figures de son régime finalement honni. Le temps de la Libération
était celui de la célébration de la Résistance et d’une forme d’oubli,
malgré la voix de celles et ceux qui refusaient d’oublier, en vérité si
peu nombreux alors.
Il aura fallu toute la ténacité des rescapés, mais aussi, d’historiens,
d’écrivains, de cinéastes, d’associations, touchés souvent dans leur
chair, pour qu’au fil des années 1970 et des années suivantes, le
drame des Juifs de France émerge du pesant silence qui l’entourait.
Des hommes, des institutions, ont contribué à mettre en lumière la
tragédie de cette époque. Rendons hommage à Henri Bulawko qui,
libéré des camps satellites d’Auschwitz, fut l’une des grandes figures
du monde de la Déportation et qui vient de nous quitter.
Rendons hommage à tous les déportés qui, ayant vécu l’innommable,
ont eu la force et la générosité, tant vis-à-vis de leurs compagnons
disparus que vis-à-vis des jeunes générations, de témoigner, d’en-
seigner, de transmettre cette terrible histoire. Leurs témoignages
ont servi à renforcer l’exercice de la tolérance et le respect de l’autre
dans notre société.
Rendons hommage au Mémorial et au CDJC, devenus aujourd’hui
le Mémorial de la Shoah, qui ayant réuni au cours des temps les
archives indispensables à la compréhension de cette époque,
éduquent de façon inlassable les jeunes générations.
Rendons hommage à l’engagement de Serge Klarsfeld, historien,
avocat, militant de la mémoire dont le rôle fut déterminant pour faire
comprendre à la société française et à ses élites, l’étendue de la
tragédie perpétrée sur son sol en 1942.
Rendons hommage aux hommes politiques qui ont eu le courage de
prendre en compte cette tragédie et notamment le Président
Jacques Chirac qui, au nom de la République française, a reconnu
pour la première fois la responsabilité du pays dans ce drame.
70 ans après cette année terrible de 1942, le Mémorial de la Shoah
et le ministère de la défense et des anciens combattants ont décidé
de s’associer afin d’en transmettre la mémoire et l’histoire.
ERIC DE ROTHSCHILD
L’année 1942 constitue une année charnière dans la mise en
œuvre du génocide des Juifs par le IIIe Reich. Si l’antisémitisme
figure au cœur de l’idéologie nazie, si la haine des Juifs structure
la vision du monde de ses partisans, leurs manifestations vont
toutefois évoluer profondément entre 1933 et 1942.
Certes, l’exclusion et la violence les caractérisent dans la durée.
Mais après une première phase visant à débarrasser l’Allemagne
de sa population juive par une politique d’émigration forcée,
la prise de contrôle de la Pologne en 1939, puis de nouveaux
territoires à l’Est avec le déclenchement de la guerre contre
l’URSS en juin 1941, s’accompagnent d’une radicalisation de la
violence perpétrée contre les Juifs. À l’automne 1941, alors que la
perspective d’un effondrement rapide de l’Union soviétique
s’éloigne, les dirigeants nazis lancent un programme d’assassinat
massif des populations juives, d’abord locales puis progressi-
vement étendu à l’échelle européenne.
La décision de procéder à l’assassinat systématique des Juifs
d’Europe est prise au cours du second semestre de l’année 1941,
au plus haut niveau du régime nazi par Adolf Hitler et le chef de
la SS Heinrich Himmler, mais sa réalisation débute pleinement
en 1942.
Lors d’une conférence tenue dans la banlieue de Berlin, à Wannsee,
le 20 janvier 1942, quatorze hauts responsables de la SS et des
principaux ministères sont réunis autour de Reinhard Heydrich,
le chef de l’Office central de sécurité du Reich (RSHA), à l’origine
de l’invitation. Cette réunion vise à définir les modalités
d’application de l’extermination des Juifs d’Europe en associant
l’ensemble des administrations allemandes concernées.
L’extermination à l’échelle du continent repose sur la création
de sites de mise à mort. Si Chelmno est ouvert en décembre
1941, d’autres fonctionnent dans le cadre de l’Aktion Reinhard,
le programme d’assassinat des Juifs de Pologne qui constitue
la première communauté juive européenne avec 3 300 000
personnes dont 90% sont effectivement tués. Belzec est ouvert
le 17 mars 1942, Sobibor en avril et Treblinka en juillet. Le
23 juillet, un premier convoi de Juifs transférés de Varsovie
arrive à Treblinka, étape initiale dans la liquidation du plus
grand ghetto de Pologne. Le camp d’Auschwitz-Birkenau devient
à compter du printemps 1942 le centre de la déportation euro-
péenne des Juifs et de leur assassinat.
1942LA MISE EN PLACE DU GÉNOCIDE
DES JUIFS D’EUROPE
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L’année 1942 constitue donc un tournant pour les populations de
toute l’Europe, notamment en France. Dans ce pays, dès l’occu-
pation en 1940, les Juifs sont frappés par les directives allemandes
et celles du régime de Vichy qui visent à les mettre au ban de la
société en définissant au préalable des critères d’identification.
Ces mesures se précisent et se radicalisent au fil des mois,
provoquant l’internement de plusieurs milliers d’individus, leur
retrait de nombreuses professions comme de pans entiers de la
vie quotidienne, légalisant aussi le pillage économique. Des rafles
vont frapper dès mai 1941 des hommes juifs étrangers en zone
nord, avant de toucher également des personnalités de nationalité
française en décembre 1941. Les rafles visent à interner et à
exclure les Juifs étrangers puis français de la société.
Au printemps 1942, l’application des décisions radicales adoptées
par le régime nazi se met en place, avec la complicité du régime
de Vichy qui entend affirmer ses prérogatives et sa loyauté envers
les autorités d’occupation, plus encore après le retour au pouvoir
comme vice-président du Conseil de Pierre Laval en avril 1942,
aux côtés du maréchal Pétain.
Le responsable des affaires juives de la Gestapo en France,
Dannecker, organise le départ d’un premier convoi de Juifs à
destination d’Auschwitz le 27 mars 1942, dans une optique
de représailles après les attaques commises contre les troupes
allemandes. Il se compose de 1 112 hommes. Les convois
reprendront à partir de juin et plus encore dans les mois suivants.
Cette politique est l’aboutissement de négociations entamées
au printemps 1942 par l’Allemagne nazie auprès des autorités
françaises afin de s’assurer de leur participation pour l’arrestation
et l’internement des Juifs désormais destinés à la déportation
et à la mort.
Des rafles perpétrées dans les semaines suivantes frappent
cette fois des familles entières, à Paris à partir de la mi-juillet et
en zone sud à partir du 26 août. 10 000 Juifs venant de la zone
non occupée seront remis ainsi au IIIe Reich.
Au cours de la seule année 1942, plus de deux millions et demi
de Juifs d’Europe sont assassinés. S’agissant de la France ou
de la Belgique par exemple, près de la moitié du nombre total
des Juifs tués durant la totalité de la guerre l'est cette année là.
Entre mars et novembre, 43 convois avec 42 000 Juifs déportés
quittent la France.
Mais si 1942 marque une étape cruciale dans l’accomplissement
du génocide, parallèlement des informations vont parvenir
auprès des dirigeants alliés sur les crimes en cours. En France,
les mesures d’exclusion et de persécution, notamment les rafles
de l’été 1942, suscitent une prise de conscience d’une partie
grandissante de l’opinion qui favorise le sauvetage de la majorité
des Juifs de France. �
DATES DES PREMIERS CONVOIS ARRIVANT À AUSCHWITZ
� Ghettos avoisinant Auschwitz : mars 1942
� Slovaquie : 26 mars 1942
� France : 30 mars 1942
� Pays-Bas : 17 juillet 1942
� Belgique : 5 août 1942
�Yougoslavie : 18 août 1942
� Camp-ghetto de Theresienstadt (Tchécoslovaquie) : 28 octobre 1942
� Norvège : 1er décembre 1942
� Allemagne : 10 décembre 1942
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Rampe d'arrivée des convois de déportés à Auschwitz-Birkenau. Pologne, 1945.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
LA SHOAHL’EXTERMINATION DES JUIFS
EN EUROPE
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La Shoah se caractérise par trois facteurs historiques majeurs :
l’intention d’anéantir entièrement un peuple et une civilisation, la
mobilisation de moyens criminels massifs par un appareil d’État
bureaucratique et centralisé, et le nombre des victimes. L’extermination
des Juifs d’Europe se double d’une volonté d’effacer toute trace
du massacre et d’en masquer la réalité jusque dans le vocabulaire
employé («Solution finale de la question juive», «transfert à l’Est»,
«traitement spécial»...). Evénement sans équivalent, la Shoah
marque une rupture brutale dans l’histoire de l’espèce humaine que
la haine séculaire des Juifs et l’antisémitisme viscéral d’Adolf Hitler
ne suffisent pas à expliquer.
Le retour à la chronologie permet de reconstituer les mécanismes
historiques ayant conduit de l’exclusion juridique des Juifs dans
l’Allemagne des années 30 à leur extermination programmée et
systématique à l’échelle du continent européen. �
L’ANTISÉMITISME AU CŒUR DE L’IDÉOLOGIE NAZIE
La vision nationale-socialiste, largement développée par Hitler dans
Mein Kampf, est fondée sur le principe de l’existence de races,
fondamentalement inégales entre elles, qui déterminent de manière
immuable la place de chacun dans une hiérarchie politique, sociale
et culturelle.
Au sommet de cette classification, «les Aryens, présupposés fondateurs
de l’humanité, incarnés par les Allemands, peuple de maîtres à qui il
revient de dominer le monde». En bas se trouvent les Slaves. Les Juifs
sont placés en dehors de l’espèce humaine, assimilés à des parasites
à éliminer. L’antisémitisme est d’ailleurs au centre de la conception
nazie du monde. Selon les nazis, les Juifs animent une conspiration
mondiale et gangrènent les peuples. Ils sont jugés responsables de la
défaite de l’Allemagne en 1918 et de son déclin. Si Hitler se présente
comme un théoricien novateur, le mythe qu’il développe à propos des
Juifs puise ses racines dans le passé de l’antijudaïsme chrétien et
dans celui de l’antisémitisme moderne né au XIXe siècle.
LA SHOAHL’EXTERMINATION DES JUIFS
EN EUROPE
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En Allemagne, la persécution des Juifs commence dès l’arrivée des
nazis au pouvoir, dans une société allemande de plus en plus
marquée par la violence qui frappe de nombreux groupes sociaux,
opposés au IIIe Reich ou jugés déviants.
L’égalité civile dont les Juifs bénéficiaient en Allemagne depuis 1871
est brisée. Le champ des interdictions professionnelles s’étend
progressivement de la fonction publique aux arts, à la culture, à
l’armée, à la justice, à l’enseignement, à la médecine, à la presse
et aux professions libérales. De multiples dispositions juridiques
frappent les Juifs dans tous les domaines de la vie quotidienne.
.EXCLURE..LES PERSÉCUTIONS ANTISÉMITES.
.EN ALLEMAGNE (1933-1939).
Au total, plus de 400 lois et décrets anti-juifs sont édictés entre 1933
et 1939, et près de 2 000 jusqu’en 1945.
En septembre 1935, la Loi pour la défense du sang et de l’honneur
allemand et la Loi sur la citoyenneté du Reich, communément
appelées les Lois de Nuremberg, privent les Juifs de la citoyenneté
allemande et de tous les droits civiques qui y sont attachés, comme
le droit de vote. Ils sont désormais considérés juridiquement comme
des «sujets de l’État» et non plus des citoyens.
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Inscriptions antisémites sur des boutiques appartenant à des Juifs, après la Nuit de Cristal. Allemagne, 10 novembre 1938.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
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Plus de 500 000 Juifs sont directement concernés par l’application
de ces lois. 250 000 autres personnes, issues de mariages mixtes,
font l’objet de dispositions particulières.
Jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, le pouvoir
nazi entend se débarrasser des Juifs en les forçant à émigrer.
Contraints à l’exil, environ 150 000 Juifs quittent l’Allemagne dans les
cinq premières années du régime, mais après l’annexion de
l’Autriche en mars 1938, 185 000 Juifs sont intégrés au Reich. Toutes
les mesures discriminatoires introduites en Allemagne depuis 1933
leur sont immédiatement appliquées. Pour chercher une solution au
problème des réfugiés, essentiellement juifs, qui fuient l’Allemagne,
une conférence internationale est organisée à Evian du 6 au 15 juillet
1938. Elle se solde par un échec, aucun des 32 États participants
n’acceptant d’assouplir sa politique d’immigration pour les accueillir.
L’année 1938 marque un nouveau tournant dans la politique antijuive
du régime nazi. Le 26 avril, les Juifs sont contraints par décret de
déclarer tous les biens qu’ils possèdent. C’est le début d’un processus
de spoliation appelé «aryanisation». Les entreprises appartenant
à des Juifs sont systématiquement confisquées, les commerces
fermés et les travailleurs indépendants contraints de cesser toute
activité.
De plus, après l’exécution à Paris d’un conseiller militaire allemand
par un jeune Juif polonais, Hershl Grynszpan, en représailles à
l’expulsion récente des Juifs polonais vivant en Allemagne, une
vague de violences anti-juives est organisée en Allemagne et en
Autriche dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938. 91 personnes sont
assassinées, 267 synagogues saccagées et incendiées, et plus de
7 000 magasins pillés. C’est la «Nuit de Cristal». 35 000 hommes,
âgés de 16 à 80 ans, sont arrêtés et envoyés dans les camps de
concentration. C’est la première fois que des Juifs sont placés
dans le système concentrationnaire au seul motif de leur judéité.
L’émigration forcée des Juifs du Reich s’accélère. Au total, 120 000
Juifs environ quittent l’Allemagne après la «Nuit de Cristal».
Le 30 janvier 1939, Hitler prononce un discours au Reichstag dans
lequel il annonce que «si la guerre devait éclater, le résultat en
serait l’extermination des Juifs européens». �
Des SA posent avec un panneau
appelant au boycott des magasins
appartenant à des Juifs.
Allemagne, années 1930.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
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Le 1er septembre 1939, les troupes allemandes envahissent
la Pologne. L’Armée rouge prend les défenses polonaises à revers
le 17 en application des dispositions secrètes du pacte germano-
soviétique, signé le 23 août. Après quatre semaines de combat,
l’Allemagne et l’URSS se partagent le territoire polonais. Les régions
de Poznan (Posen) et Lodz (Litzmannstadt) sont annexées au Reich
sous le nom de Warthegau, et un «Gouvernement général» créé
autour de Cracovie.
Au total, 1 900 000 Juifs habitent dans ces deux zones. Immédiate-
ment, les violences à leur encontre se multiplient. Dès le mois de
.DE LA CRÉATION DES GHETTOS..EN POLOGNE OCCUPÉE À L’INVASION.
.DE L’URSS (1939-1941).
septembre, Reinhard Heydrich, nommé à la tête de l’Office central
de sécurité du Reich (RSHA), décide de transférer les Juifs du
Warthegau vers le Gouvernement général, de les regrouper dans
les villes et de les parquer dans des quartiers séparés, les ghettos.
Les petites communautés de moins de cinq cents personnes sont
dissoutes, les villages détruits et les synagogues incendiées. Fin
novembre, les Juifs sont contraints de porter un signe distinctif.
Tous les hommes âgés de quatorze à soixante ans sont astreints au
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Un enfant dans le ghetto de Varsovie. Pologne, 1942.
© IPN
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travail forcé. Les premiers ghettos apparaissent à la fin de l’année
1939 dans la zone annexée au Reich, et au printemps 1940 dans le
«Gouvernement général». Les plus importants sont créés à Lodz en
février 1940, à Varsovie en octobre 1940 et à Cracovie en mars 1941.
Il n’y a pas de plan d’ensemble. Le processus d’enfermement
s’opère au gré des décisions locales des forces d’occupation. Les
Juifs sont brutalement contraints de quitter leur domicile et d’aller
s’entasser dans le quartier le plus pauvre de la ville. Leurs habitations
et tous les biens qu’ils ne peuvent emporter sont saisis. Les entre-
prises leur appartenant sont liquidées. Le ghetto est entouré d’une
enceinte surveillée. La famine organisée, le surpeuplement, le froid
et les épidémies provoquent une mortalité très importante, de près
de 800 000 personnes. Toutefois, pour les nazis, l’enfermement des
Juifs dans les ghettos ne constitue qu’une étape intermédiaire avant
leur expulsion définitive des territoires sous domination allemande.
Dans un premier temps, Heydrich envisage de créer une «réserve
juive» dans le district de Lublin, mais ce projet se heurte à la double
opposition du chef du Gouvernement général, Hans Frank, et du
responsable suprême de l’économie allemande, Hermann Göring,
également en charge de la question juive. Après l’invasion de la
France, Adolf Eichmann, qui dirige le Bureau des affaires juives
du RSHA (IVb4), étudie l’émigration forcée des Juifs vers l’île de
Madagascar. Mais la poursuite de la guerre contre le Royaume-Uni
rend le projet irréalisable.
Choisissant la fuite en avant, Hitler décide alors de déclencher
l’offensive contre l’URSS. �
Transfert de population
vers le ghetto de Lodz sous
la surveillance de soldats nazis.
Pologne, 1942
© Mémorial de la Shoah/CDJC
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Le 22 juin 1941, l’attaque de l’Union soviétique marque un tournant
dans le processus génocidaire. Pour Hitler, la guerre contre l’URSS
n’est pas une guerre conventionnelle mais une guerre totale, une
«guerre d’extermination» ayant pour fin l’anéantissement du «judéo-
bolchevisme».
Cinq millions de Juifs vivent alors sur le territoire soviétique, dont
quatre dans la partie occidentale directement touchée par l’invasion.
Dès le printemps 1941, quatre unités spéciales, les Einsatzgruppen,
ont été constituées pour suivre l’avancée des troupes allemandes.
Elles comptent près de 3 000 volontaires : Waffen SS, membres des
.DÉTRUIRE..L’EXTERMINATION PHYSIQUE.
.(1941-1945).
forces de police, mais aussi auxiliaires baltes et ukrainiens. Ces
«unités mobiles de tuerie », selon l’expression de l’historien américain
Raul Hilberg, sont chargées d’éliminer les commissaires politiques,
les militants communistes et les hommes juifs, puis, rapidement,
l’ensemble de la population juive, femmes et enfants compris.
Derrière un front s’étendant de la Baltique à la Mer Noire, les
Einsatzgruppen procèdent à des tueries systématiques qui font
plus de un million cinq cent mille morts au total.
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Exécution de femmes et d’enfants juifs du ghetto de Mizocz par une unité mobile allemande aidée de miliciens ukrainiens. Ukraine, 14 octobre 1942.
© USHMM
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Les dirigeants nazis pensent remporter une victoire rapide contre
l’URSS. La résistance inattendue des troupes soviétiques les amène
à remiser, au moins provisoirement, le projet d’une expulsion
généralisée des Juifs à l’Est, en même temps qu’elle laisse entrevoir
l’éventualité d’une nouvelle défaite militaire de l’Allemagne. C’est
dans ce contexte qu’est prise, à l’automne 1941, la décision d’assas-
siner tous les Juifs d’Europe. La technique retenue est le gazage,
homicide déjà employé en secret depuis le début de l’année 1940
dans six centres d’euthanasie situés à l’intérieur du Reich à
l’encontre d’handicapés mentaux et de malades incurables, lors de
l’Aktion T4. Dans un premier temps, les Juifs sont asphyxiés à
l’arrière de camions au moyen des gaz d’échappement. Ces camions
à gaz sont utilisés à Chelmno à partir du 8 décembre 1941.
L’extermination des Juifs a donc commencé lorsque se tient à
Wannsee, le 20 janvier 1942, une conférence au cours de laquelle
sont précisées les modalités administratives, politiques et diploma-
tiques de la «Solution finale de la question juive». La conférence
était initialement convoquée pour le 9 décembre 1941. Elle fut
repoussée en raison de l’attaque japonaise contre les États-Unis,
provoquant son entrée en guerre et l’extension désormais planétaire
du conflit. Pour les nazis, onze millions de Juifs, dont ceux présents
en Angleterre, en Irlande et sur les territoires liées à la France en
Afrique du Nord, sont concernés. La réunion confirme par ailleurs
la prééminence administrative et bureaucratique de la SS dans le
génocide des Juifs d’Europe.
L’étape suivante est la liquidation des Juifs du Gouvernement
général, appelée Aktion Reinhard. Trois «centres de mise à mort»,
selon l’expression de Raul Hilberg, équipés de chambres à gaz fixes,
sont construits à Belzec, Treblinka et Sobibor au début de
l’année 1942. Les trois centres de mise à mort fonctionnent selon
un même modèle. À l’arrivée des convois, les victimes doivent se
déshabiller avant d’être poussées dans les chambres à gaz à travers
un corridor entouré de barbelés. Les chambres à gaz, maquillées en
salles de douche, fonctionnent au moyen du monoxyde de carbone
produit par des moteurs diesel. Les corps des victimes sont d’abord
ensevelis dans des fosses communes creusées à proximité, puis
brûlés sur des bûchers à ciel ouvert, afin de dissimuler toute trace
du massacre.
Environ 550 000 personnes sont tuées à Belzec en l’espace de neuf
mois entre mars et décembre 1942 ; 250 000 à Sobibor entre mai
1942 et octobre 1943 ; 900 000 à Treblinka entre juillet 1942 et
novembre 1943. Alors que le site de Belzec est abandonné en juin
1943, Treblinka et Sobibor cessent de fonctionner après la révolte
du commando juif chargé du fonctionnement des installations,
respectivement le 2 août et le 14 octobre 1943. L’Aktion Reinhard
prend fin avec l’exécution des 43 000 détenus juifs du camp de
Majdanek et des ateliers de travail de la région de Lublin, entre le
3 et le 5 novembre 1943.
Parallèlement à l’Aktion Reinhard, le camp d’Auschwitz est doté de
grandes installations de gazage et d’incinération, où un million de
Juifs, déportés de tous les territoires occupés par les forces du
Reich, sont assassinés entre 1942 et 1944.
Malgré la volonté des nazis de préserver le secret sur ces crimes,
des informations circulent rapidement au sein des pays occupés et
sont transmises aux principaux gouvernements alliés. Ainsi en mai
1942, un rapport du Bund (Union générale des travailleurs juifs)
parvient au gouvernement polonais en exil à Londres, décrivant
l’extermination des Juifs, fournissant une liste de sites d’extermi-
nation ainsi qu’une estimation du nombre de victimes de 700 000,
qui s’avère inférieure à la réalité. La radio anglaise rapporte ces
informations. Tout au long du printemps et jusqu’à la fin de l’année,
de nouveaux messages parviennent à Londres et à Washington.
Ainsi, le 8 août 1942, le représentant du congrès juif mondial en
Suisse, Gerhart Riegner adresse un télégramme au rabbin Stephen
Wise, président du congrès juif mondial aux États-Unis, et à Sidney
Silverman, un député britannique, relayant les confidences d’Eduard
Schulte, un industriel allemand, sur un vaste programme d’assassinat
des Juifs d’Europe. Dans les dernières semaines de 1942, le résistant
polonais Jan Karski témoigne de son parcours clandestin au sein du
ghetto de Varsovie auprès du premier ministre britannique puis, en
1943, auprès du président américain.
Sur la base de ces informations, les gouvernements alliés dénoncent
le 17 décembre 1942, pour la première fois expressément, la politique
d’extermination des Juifs d’Europe, sans jamais intervenir directement
jusqu’à la fin de la guerre. �
_18
* D’après Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988.
** E. Jäckel, P. Longerich, J.H. Schoeps (dir.), Enzyklopädie des Holocaust, Argon, 1993, 1re édition, Israël Gutman (dir.), 1990.
RÉPARTITION DES VICTIMES PAR PAYS(DANS LES FRONTIÈRES DE 1937)
Les chiffres du bilan établi par Raul Hilberg sont des minima. Pour
certains historiens, le nombre des victimes est plus élevé et pourrait
atteindre le chiffre de 6,5 millions.
Selon R. Hilberg * Selon l’Enzyklopädie des Holocaust **
EUROPE DE L’EST
Pologne environ 3 000 000 2 900 000 à 3 000 000
Lituanie environ 130 000 140 000 à 143 000
Lettonie 70 000 70 000 à 71 500
Estonie 2 000 1 500 à 2 000
Roumanie 270 000 271 000 à 287 000
URSS plus de 700 000 1 000 000 à 1 100 000
EUROPE CENTRALE ET BALKANIQUE
Allemagne environ 120 000 134 500 à 141 500
Autriche environ 50 000 50 000
Tchécoslovaquie 260 000 146 150 à 149 150
Hongrie plus de 180 000 550 000 à 569 000
Yougoslavie 60 000 56 200 à 63 300
Grèce 60 000 60 000 à 67 000
EUROPE OCCIDENTALE
France 75 000 77 320
Belgique 24 000 28 900
Pays-Bas environ 100 000 100 000
Luxembourg environ 1000 1 950
Italie (y compris Rhodes) 9 000 7680
Norvège environ 1000 762
Total général environ 5 100 000 5 596 000 à 5 860 000
_19
CARTE DES CAMPS EN EUROPE
Berlin
Stockholm
Helsinki
Oslo
Budapest
Vienne
Berne
Luxembourg
Bruxelles
Amsterdam
Copenhague
Prague
Munich
Nuremberg
Cologne
Strasbourg
Linz
Hambourg
Hanovre
LeipzigDresde Wroclaw
Bratislava
Districtde Lemberg
Districtde Bialystok
ALSACE-LORRAINE
LUXEMBOURG
GOUVERNEMENTGÉNÉRAL
DE POLOGNE
UKRAINE
OSTLAND
SLOVAQUIE
AUTRICHE
BOHÊME-MORAVIE
BASSE-STYRIE
SUISSE
ITALIE
CROATIE
FRANCE
BELGIQUE
PAYS-BAS
DANEMARK
HONGRIE
ROUMANIE
SUÈDE
FINLANDE
URSS
NORVÈGE
MERDU NORD
MERBALTIQUE
Majdanek
AuschwitzLvov
Minsk
Vilna
Bialystok
Dachau
MauthausenNatzweiler
Flossenburg
Buchenwald
Dora-Mittelbau
Gross-Rosen
Chelmno(Kulmhof)
Stutthof
Treblinka
Sobibor
Plaszow
Belzec
Bergen-Belsen
Neuengamme
Ravensbrück
Riga-Kaiserwald
Kauen-Kovno (Kaunas)
Klooga
Vaivara
Oranienburg-Sachsenhausen
Theresienstadt
Lodz
Cracovie
Lublin
Varsovie
ALLEMAGNEALLEMAGNE
Camp de concentration
Camp d’extermination
Camp mixte
Ghetto
Allemagne et pays annexés
Pays occupés par l’Allemagne
Pays alliés de l’Allemagne
Pays neutres
© Mémorial de la Shoah
_20
Le 27 avril 1940, Himmler donne l’ordre d’aménager un camp
de concentration à Oswiecim, devenu Auschwitz après l’annexion de
ce territoire au Reich. En mars 1941, l’emprise administrative du
camp d’Auschwitz s’étend sur 40 km2. Le 1er mars 1941, Himmler
décide l’établissement d’un second camp sur le site du village
voisin de Brzezinka, devenu Birkenau, à trois kilomètres. Dans la
seconde moitié de l’année 1941, Birkenau est désigné pour devenir
le principal camp d’extermination des Juifs d’Europe de l’Ouest.
Auschwitz prend la forme désormais d’un vaste complexe, lié
.AUSCHWITZ-BIRKENAU..AU CŒUR DE LA DESTRUCTION DE MASSE.
.DU JUDAÏSME EUROPÉEN.
à la fois au régime concentrationnaire et au meurtre de masse.
Au printemps 1941, plusieurs kommandos de prisonniers sont
constitués en camps satellites dans des fermes pour des travaux
agricoles, dans des usines, des fonderies, des mines. Le premier et
le plus important de ces camps est celui de Buna-Monowitz autour
d’une usine de la firme IG Farben, de caoutchouc synthétique et
d’essence.
••• �
Entrée principale du camp d’Auschwitz I, portant l’inscription : «Arbeit macht frei» (le travail rend libre).
À droite en entrant, se trouve le bloc 24 réservé à l’immatriculation des détenus (le Häftlingschreibstube). Pologne, 1945.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
_21
Le complexe d’Auschwitz constitué de trois camps, le camp principal
(Auschwitz I), Birkenau (Auschwitz II) et Monowitz (Auschwitz III),
et 40 camps annexes, devient le plus vaste et le plus peuplé des
camps de l’univers concentrationnaire nazi.
L’efficacité du Zyklon B, un produit insecticide, est d’abord testée
en septembre 1941. Rudolf Höss, le commandant d’Auschwitz, juge
le procédé plus sûr que le monoxyde de carbone utilisé par ailleurs.
Dans un premier temps, les gazages ont lieu dans la morgue du
crématoire I. En 1942, les opérations sont transférées à Birkenau
dans un, puis deux bâtiments, transformés à cet effet, qui reçoivent
le nom de bunker n°I et II.
À partir de juillet 1942, une sélection est pratiquée à l’arrivée de
chaque transport de déportés juifs. Si tous sont destinés à mourir
selon les plans nazis, un faible nombre échappe à Auschwitz à ce
funeste destin, pour fournir de la main-d’œuvre au service de la
guerre totale.
LA DÉPORTATION DE FRANCE
VERS AUSCHWITZ BIRKENAU
Sur 76 000 déportés juifs de France, 69 000 ont été déportés vers
Auschwitz, répartis en 69 convois, entre mars 1942 et août 1944. 2 500
seulement sont revenus.
3 convois de déportés politiques, composés principalement de résis-
tants, sont partis à destination d’Auschwitz les 6 juillet 1942, 24 janvier
1943 et 27 avril 1944. Sur 3 060 déportés, 969 ont survécu. Le convoi
de janvier 1943 était constitué de 230 femmes, parmi lesquelles
se trouvaient de grandes figures de la Résistance comme Danielle
Casanova, Marie-Claude Vaillant-Couturier et Charlotte Delbo.
145 Tsiganes français ont été déportés à Auschwitz depuis la Belgique
le 15 janvier 1944.
Aucun Tsigane n’a été déporté directement de France.
Un convoi de Juifs venu
de Hongrie arrive sur la rampe
de sélection du camp d’Auschwitz
Birkenau, mai-juillet 1944.
© Album d’Auschwitz, Yad Vashem
_22
En juillet 1942, la construction de quatre Krematorium, associant
chambres à gaz, salle de déshabillage et plusieurs fours, est lancée.
Elle s’achève entre mars et juin 1943. Dans ces installations
modernes, il devient possible, en vingt-quatre heures, de brûler près
de 4 800 cadavres et de gazer 3 000 personnes en même temps.
Tandis que les autres centres de mise à mort sont démantelés, à
Birkenau l’extermination n’est pas interrompue. Entre le 15 mai et
le 9 juillet 1944, plus de 440 000 Juifs hongrois sont déportés à
Auschwitz, où la grande majorité est gazée à l’arrivée.
Les troupes soviétiques pénètrent à Auschwitz le 27 janvier 1945,
dont les détenus ont été progressivement évacués à partir de la fin
de l’année 1944. Ils découvrent dans l’ensemble du complexe 7 000
déportés, ne mesurant que peu à peu l’étendue des crimes commis
par le IIIe Reich. �
BILAN D’AUSCHWITZ
Au moins 1,3 million de personnes ont été déportées à Auschwitz.
Parmi elles, 1,1 million ont été assassinées :
� 960 000 Juifs
� 70 000 à 75 000 Polonais non-juifs
� 21 000 Tsiganes
� 15 000 prisonniers de guerre soviétiques
� 10 000 à 15 000 détenus non-juifs d’autres nationalités
(notamment tchèques, russes, biélorusses, ukrainiens,
yougoslaves, français, allemands, autrichiens).
Baraquements du camp
de Birkenau. Pologne, 1942-1944.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
_23
Vérification de papiers par des officiers allemands à la ligne de démarcation. France, sans date.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
LA SHOAHLA PERSÉCUTION ET LA DÉPORTATION
DES JUIFS EN FRANCE
_25
L’invasion de la Pologne par l’Allemagne en septembre 1939
déclenche la Seconde Guerre mondiale. Soutenant son allié, la
France s’engage dans le conflit. Mais l’offensive des troupes du
IIIe Reich en mai 1940 sur le front occidental défait les armées
françaises. Le 22 juin 1940, la France vaincue signe une convention
d’armistice avec le régime nazi. Ses conditions sont sévères. Elle
prévoit notamment l’occupation de plus de la moitié de son territoire,
l’annexion de l’Alsace-Moselle et le rattachement du Nord et du
Pas-de-Calais au Commandement allemand de Bruxelles. Une ligne
de démarcation établit une séparation entre une partie occupée au
nord et une zone dite «libre» au sud sous autorité française. La
France doit en outre livrer tous les ressortissants allemands et
autrichiens désignés par le gouvernement du Reich, internés dès
septembre 1939.
En zone occupée, les autorités allemandes appliquent une législation
antisémite, inspirée par les lois du Reich. L’ordonnance du 27 sep-
tembre 1940 énonce les critères d’appartenance à la religion juive et
ordonne le recensement des personnes considérées comme telles.
Il leur est interdit de quitter cette zone. Le processus de spoliation des
entreprises et commerces juifs s’engage également. «Tout commerce,
dont le propriétaire ou le détenteur est juif, devra être désigné
comme entreprise juive» par une affiche spéciale en langue
allemande et française. �
Ouverture du camp des Milles pour les ressortissants du Reich
vivant dans la région de Marseille, septembre 1939.
© Mémorial de la Shoah/CDJC/coll. Paulmyer
LA SHOAHLA PERSÉCUTION ET LA DÉPORTATION
DES JUIFS EN FRANCE
_26
La IIIe République cesse de fait d’exister le 10 juillet 1940 avec le
vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain. La démocratie est
remplacée par un régime autoritaire. Faisant figure d’homme provi-
dentiel, le chef de «l’État français», installé avec le gouvernement
à Vichy, bénéficie alors du soutien massif de la population française
traumatisée par la débâcle militaire et l’effondrement du pays.
Appelé au gouvernement dès le 18 mai, Pétain avait rapidement
exclu le principe de la capitulation et de la poursuite des combats,
convaincu du caractère inéluctable de la défaite.
.LA POLITIQUE ANTISÉMITE..DE L’ÉTAT FRANÇAIS.
Le régime de Vichy entend mettre en œuvre une «Révolution natio-
nale», devant se traduire par «l’assainissement» politique, social et
moral de la nation. Substituant la devise «Travail, Famille, Patrie» à la
formule républicaine «Liberté, Egalité, Fraternité», cet ordre nouveau
se fonde sur une idéologie nationaliste, autoritaire, xénophobe et
antisémite. Il applique d’emblée une politique d’exclusion à l’égard
des individus jugés «nuisibles», au premier rang desquels les Juifs.
••• �
Affiche éditée par le centre de propagande de la Révolution nationale - Centre d'Avignon, 1942.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
_27
Le gouvernement de Vichy, avec à sa tête Pierre Laval, promulgue
ainsi précocement une suite de lois et de décrets à leur encontre,
applicable en zone occupée comme en zone dite «libre».
Durant cette période, on comptera plus de 200 textes législatifs qu’il
s’agisse d’ordonnances allemandes, de décrets ou de lois.
Le 22 juillet 1940, le gouvernement de Vichy promulgue un décret-loi
portant sur la révision des naturalisations établies depuis 1927.
15 000 personnes perdent la nationalité française, dont environ
8 000 Juifs, et deviennent apatrides.
De sa propre initiative, et sans pression nazie, l’État français adopte
le 3 octobre une loi définissant le «statut des Juifs». Celle-ci concerne
les deux zones. Certains secteurs d’activité leur sont désormais
interdits : la fonction publique, la presse et le cinéma notamment.
Cette liste ne cessera de s’élargir décret après décret.
Les Juifs d’Algérie, sont privés de la nationalité française, acquise
depuis le décret Crémieux en 1871. Le 7 octobre 1940, ils deviennent
des «indigènes des départements de l’Algérie». �
«Vichy a promulgué le statut des Juifs en France»,
articles de la presse collaborationniste et antisémite, 19 octobre 1940.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
_28
Lors de la rencontre entre Hitler et Pétain à Montoire, le 24 octobre
1940, le principe d’une collaboration d’État entre la France et
l’Allemagne dans les domaines économiques, militaires et répressifs
est institué. À cette période, malgré la germanophobie d’une
majorité de la population, la collaboration est surtout entreprise
à l’initiative de Vichy.
.LA COLLABORATION..FRANCO-ALLEMANDE.
.CONTRE LES JUIFS.
••• �
Le maréchal Philippe Pétain est accueilli par Adolf Hitler à la gare de Montoire-sur-le-Loir. Loir-et-Cher, 24 octobre 1940.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
_29
La coordination des appareils répressifs français et allemands est
facilitée par le maintien de l’administration de Vichy, qui entend
préserver ses prérogatives, sur la plus grande partie du territoire.
Celle-ci recourt de manière systématique à l’internement administratif
et établit des fichiers utilisés par la suite pour les arrestations.
À la demande des Allemands, un Commissariat général aux questions
juives (CGQJ) est créé par le gouvernement Darlan le 29 mars 1941.
Son rôle est d’élaborer une législation à l’encontre des Juifs et
de veiller à son application dans les deux zones (recensement,
interdictions professionnelles, aryanisation des entreprises). La
spoliation concernera au total près de 47 000 entreprises. Le 2 juin
1941, tout en ordonnant un recensement sur l’ensemble du territoire,
l’État français promulgue un deuxième statut des Juifs, qui élargit
les critères d’appartenance à la «race juive» et étend le champ des
interdictions professionnelles.
Sur une demande allemande, une loi française est adoptée le 29
novembre 1941 créant l’Union générale des israélites de France
(UGIF), chargée d'assurer la représentation des Juifs auprès des
pouvoirs publics. �
Certificat de non-influence juive, délivré aux entreprises par le Commissariat
générale aux questions juives pour éviter leur aryanisation.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
_30
À Paris, en liaison étroite avec l’administration française, les autorités
allemandes procèdent aux premières arrestations. Le 14 mai 1941,
3 710 hommes sont convoqués dans des commissariats où ils sont
arrêtés pour être transférés dans les camps de Pithiviers et
de Beaune-la-Rolande (Loiret). C’est la rafle dite du «billet vert»
du nom du document envoyé par les autorités. Le 20 août suivant,
plus de 4 000 autres sont conduits à la cité de la Muette, à Drancy,
.LES PREMIÈRES RAFLES.
camp d’internement ouvert à cette occasion. Ce sont surtout des
Juifs étrangers bien qu’il y ait aussi parmi eux des Français.
Le 12 décembre, 743 hommes, des notables essentiellement, sont
arrêtés et enfermés au camp de Compiègne-Royallieu (Oise). Ce camp
sera par la suite le lieu de rassemblement et de transit des déportés
politiques, celui de Drancy le devenant pour les Juifs. �
Gare d’Austerlitz, mai 1941.
Les Juifs étrangers raflés suite à une convocation dans les commissariats de police sont emmenés dans les camps du Loiret.
© Rue des Archives
_31
L'année 1942 marque le début de la mise en œuvre de la «Solution
finale» à l’échelle européenne. Le 27 mars, un premier convoi de
déportés juifs quitte la France pour Auschwitz. Soixante-treize
autres suivront par la suite, la plupart pour cette même destination.
Reinhard Heydrich se rend à Paris le 5 mai 1942 afin d’installer le
général SS Karl Oberg comme chef de la SS et de la police en France
et lancer la préparation des déportations massives. Adolf Eichmann,
le chef de la section antijuive du RSHA, se déplacera à son tour le
30 juin.
.LE TOURNANT DE L’ÉTÉ 1942.
Entre-temps, une ordonnance allemande est proclamée le 29 mai,
et simultanément en France, en Belgique et aux Pays-Bas, relative
au port de l’étoile jaune. Elle entre en vigueur le 7 juin. Peu après,
l’accès à la plupart des lieux publics est interdit aux Juifs. L’exclusion
se renforce.
Début juin, Oberg entame des négociations avec les autorités
françaises sur l’organisation et les conditions de mise en œuvre de
Les autobus et voitures de la police ayant servi à transporter les Juifs lors de la grande rafle des 16 et 17 juillet 1942,
garés devant le Vélodrome d’Hiver à Paris. Retrouvée par Serge Klarsfeld en 1990, il s’agit de la seule photographie
connue à ce jour se rapportant à ces journées tragiques.
© Mémorial de la Shoah/CDJC/BHVP
••• �
_32
l’arrestation, du transfert et de la déportation des Juifs de France,
aboutissant à la signature d’un accord officiel avec René Bousquet,
secrétaire d’État à la Police de Vichy représentant le gouvernement,
le 2 juillet 1942. Ce document valide la participation des forces de
l’ordre françaises aux arrestations de Juifs, le nombre des Juifs à
arrêter et à livrer, les critères d’arrestation, le transfert de Juifs
depuis la zone sud, alors non occupée, en vue de leur déportation.
Le nombre est fixé à 100 000 personnes pour l’année 1942. Sur la
proposition de Pierre Laval, la déportation des enfants de moins de
16 ans est en outre acceptée par Berlin et appliquée en août.
Malgré le nombre élevé de personnes prises lors de la rafle, organisée
à Paris et en région parisienne les 16 et 17 juillet 1942, le quota de Juifs
à déporter fixé par les Allemands et les représentants du gouverne-
ment de Vichy lors de négociations n’est pas atteint. Pour y parvenir,
l’État français se tourne vers les camps d’internement de la zone
sud, encore non occupée. Ceux-ci constituent un vivier dans lequel
il puisera régulièrement. Ainsi, parmi les 10 000 Juifs livrés au Reich
en août-septembre 1942, figurent en majorité des apatrides et des
étrangers provenant de ces camps. Les autres sont raflés à partir du
26 août dans les départements du sud de la France.
À cette date, le gouvernement s’efforce encore de conserver le
contrôle illusoire des mesures prises envers les Juifs français, tout en
acceptant que les enfants nés en France de parents étrangers soient
déportés. Plus de la moitié des Juifs déportés de France l’a été au
cours du deuxième semestre 1942.
Les grandes rafles de l’été 1942 concernent pour la première fois
des familles entières. Elles suscitent une réaction indignée dans une
partie de l’opinion publique, jusqu’alors peu sensible aux persécutions
commises contre les Juifs. Ainsi, une partie de l’épiscopat français,
plus particulièrement en zone libre, se manifeste. De hautes
personnalités comme Mgr Saliège, archevêque de Toulouse,
Mgr Théas, évêque de Montauban, Mgr Delay, évêque de Marseille,
le cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, ou le pasteur Marc Boegner,
protestent contre l’arrestation, les mauvais traitements et la remise
des Juifs à l’occupant. Des institutions religieuses, des couvents,
participent à l’accueil sous de fausses identités d’enfants, notamment
ceux dont les parents étrangers sont enfermés dans les camps d’in-
ternement ou sont déjà déportés. Dans le milieu rural, des initiatives
individuelles et spontanées se manifestent également.
De gauche à droite : Le cardinal Saliège, archevêque de Toulouse. Le cardinal Saliège fait lire dès le 23 août 1942 dans les églises de son diocèse
une vigoureuse lettre de protestation contre les rafles de Juifs. Haute-Garonne, non daté. Portrait de Mgr Pierre-Marie Théas, évêque de Montauban, interné à
Compiègne pour des faits de résistance. Tarn-et-Garonne, non daté. Le cardinal Gerlier, archevêque et primat des Gaules. Mgr Jean Delay, évêque de Marseille.
Le pasteur Marc Boegner. Membre du Comité de coordination pour l’assistance dans les camps, il met toute son autorité morale en jeu pour tenter
d'améliorer le sort des Juifs. Il défend et sauve de nombreux Juifs et des réfugiés politiques. France, 13 mars 1938. © DR
••• �
_33
Ces interventions et la désapprobation d’une fraction de la population
ont un réel impact sur l’opinion publique.
Mais surtout, les Juifs prennent en charge leur propre sauvetage à
travers les actions conduites par des organisations juives comme
l’Œuvre de secours aux enfants, parfois appuyées par des organi-
sations non juives, pour la plupart caritatives et religieuses.
Cette résistance a revêtu divers aspects selon les circonstances
et les lieux. Le rôle des femmes, souvent jeunes, est exemplaire,
notamment dans le sauvetage des enfants qu’elles ont cachés ou
fait passer en Suisse.
La conjonction de toutes ces actions, juives et non juives, contribue
grandement à la survie des trois quarts des Juifs de France ; un
phénomène favorisé aussi par la géographie du territoire et les
conditions de l’occupation du pays.
Par ailleurs, de nombreux Juifs de France s’engagent contre
l’occupant au sein de la Résistance intérieure ou extérieure, suscitant
également la création de mouvements spécifiques comme l’Orga-
nisation juive de Combat. Cet engagement des Juifs en Résistance
prend de multiples formes. �
Groupe de résistants et de parachutistes anglais du Special Operation
Executive (SOE), internés à la prison militaire de Mauzac. Haute-Garonne, 1942.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
Le réseau parisien des FTP-MOI est démantelé
par la police de Vichy et la gestapo en février 1944.
Le procès de ces résistants, dit le procès des 23,
avec parmi eux 12 Juifs, s’ouvre le 10 février. Tous sont condamnés
à mort et exécutés le 21 février au Mont Valérien.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
_34
Le 11 novembre 1942, la zone sud est envahie par les Allemands et
les Italiens. La zone italienne, dans le sud-est de la France, constitue
alors un refuge pour les Juifs mais, suite à l’armistice signé en
septembre 1943 par ce gouvernement avec les Alliés, l’intégralité
du territoire est occupée par les Allemands. Même si les forces de
l’ordre françaises demeurent impliquées, le régime de Vichy se
montre plus réticent dans sa collaboration en la matière. Les troupes
du IIIe Reich se chargent le plus souvent des arrestations, appuyées
dès lors par la Milice.
.DE L’INVASION..DE LA ZONE SUD À LA LIBÉRATION.
••• �
Rafle des Juifs de Marseille (Bouches-du-Rhône). France, 22-27 janvier 1943.
© Bunedsarchiv
_35
Enfants juifs hébergés par l’UGIF rue Lamarck
dans le XVIIIe arrondissement, parmi eux beaucoup seront
raflés et déportés à Auschwitz Birkenau, en juillet 1944.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
Les persécutions, les arrestations et les déportations se poursuivent
néanmoins jusqu’à la Libération, frappant désormais l’ensemble des
Juifs. Ainsi, le 6 avril 1944, quarante-quatre enfants et leurs éducateurs
sont raflés à Izieu (Ain) par Klaus Barbie, le chef de la Gestapo à
Lyon. En juillet, Aloïs Brunner, alors commandant du camp de
Drancy, fait arrêter en banlieue parisienne plus de 230 enfants et
adolescents qui sont déportés le 31 juillet, moins d’un mois avant la
libération de la capitale. De nombreux Juifs sont par ailleurs arrêtés
voire assassinés par la Milice, comme à Rillieux-la-Pape près de
Lyon, où Paul Touvier, son responsable local, fait exécuter sommai-
rement sept otages le 29 juin 1944. Dans les derniers jours de
l’Occupation, ils sont encore plusieurs centaines à être massacrés
en divers lieux, dont des personnalités comme Jean Zay. �
BILAN DE LA SHOAH EN FRANCE
En 1940, 300 à 330 000 Juifs vivent en France métropolitaine
et 370 000 en Afrique du Nord.
Parmi les premiers, 200 000 sont de nationalité française et 130 000
de nationalité étrangère. Près de la moitié vivent à Paris et dans les
villes limitrophes.
Sur les 80 000 victimes de la Shoah en France, 55 000 sont des Juifs
étrangers et 25 000 des Juifs de nationalité française.
76 000, dont environ 11 400 enfants (2 000 de moins de 6 ans), ont
été déportés, dont 69 000 à Auschwitz. Seuls 2 500 ont survécu.
3 000 sont morts dans les camps d'internement français.
1 000 sont exécutés ou abattus sommairement en France.
Nombre de déportés par année :
� 1942 : 42 000 en 43 convois (vers Auschwitz-Birkenau)
� 1943 : 17 000 en 17 convois (13 vers Auschwitz-Birkenau,
4 vers Sobibor)
� 1944 : 15 000 en 14 convois (dont 12 vers Auschwitz-Birkenau,
un vers la Lituanie et l’Estonie et un vers Buchenwald)
Un millier de Juifs du nord de la France ont été déportés
via la Belgique.
_36
La loi du 4 octobre 1940 permet l’internement des «ressortissants
étrangers de race juive» dans «des camps spéciaux», sur simple
décision préfectorale. 40 000 Juifs étrangers sont ainsi internés dans
des dizaines de camps, à Gurs (Pyrénées-Atlantiques) ou Rivesaltes
(Pyrénées-Orientales) notamment. Le camp des Milles (Bouches-
du-Rhône) devient à l’automne 1940 un camp de transit pour les
internés en instance d’émigration. Ces camps avaient été créés pour
la plupart sous le gouvernement Daladier à l’automne 1939. Il s’agissait
.LES CAMPS D’INTERNEMENT..EN FRANCE.
alors d’une mesure d’exception à l’égard de milliers d’étrangers
jugés alors «indésirables» : réfugiés allemands ou autrichiens consi-
dérés comme ressortissants de puissances ennemies, républicains
espagnols, combattants des Brigades internationales. Conformément
à la convention d’armistice, le IIIe Reich obtient le transfert des
internés qu’il réclame.
••• �
Groupe d'internés avec Ajzyk-Majer Sendyk au camp de Pithiviers (Loiret) le 23 mars 1942.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
_37
CARTE DES CAMPS D’INTERNEMENT EN FRANCE
BELGIQUEROYAUME-UNI
SUISSE
ITALIE
ESPAGNE
LUXEMBOURG
ALLEMAGNEMANCHE
OCÉAN ATLANTIQUE
MER MÉDITÉRRANÉE
FRANCEFRANCE ALSACE
LORRAINE
CHERALLIER
PUY-DE-DÔME
JURA
HAUTE-SAVOIE
SAVOIE
HAUTES-ALPES
BASSES-ALPES
VAUCLUSEGARD
LOZÈRE
CANTALCORRÈZE
DORDOGNE
LOT-ET-GARONNE
TARN-ET-GARONNE
HAUTE-GARONNE
HAUTES-PYRÉNÉES
BASSES-PYRÉNÉES
ARIÈGEAUDE
HÉRAULT
TARN
LOT
ARDÈCHE
HAUTE-LOIRE
BOUCHES-DU-RHÔNE
VAR
ALPESMARITIMES
CORSE
DRÔME
ISÈRE
AIN
RHÔNE
INDRE
HAUTE-VIENNE
GERS
MANCHE
PAS-DE-CALAIS
NORD
SOMME
OISE
SEINE-ET-OISE
EURE-ET-LOIRE
LOIRET
CÔTE-D’OR
MEUSE
ARDENNES
BAS-RHIN
VOSGES
MEURTHE-ET-MOSELLE
LOIR-ET-CHER
MAINE-ET-LOIRE
INDRE-ET-LOIRE
VIENNE
CHARENTE
GIRONDE
LANDES
SARTHE
Paris
Vichy
Natzweiler
Alderney-Aurigny
Pithiviers
Toulouse
Marseille
LyonClermont-Ferrand
Angers
Les Milles
Vénissieux
Montluçon
Drancy
Compiègne
Beaune-la-Rolande
Montélimar
Poitiers
Vittel
Douadic
Argelès
Barcarès
Sisteron
Hôtel Bompard
Hôtel Terminus des PortsHôtel du Levant
Bram
Brens
Mérignac
Fort-Barraux
AusterlitzBassano
Lévitan
NexonSt-Germain-les-Belles
St-Paul-d'Eyjeaux
Le Vernet
Rieucros
Voves
Écrouves
La GuicheRouillé
Masseube
Rivesaltes
St-Cyprien
St-Sulpice
Gurs
Septfonds
Moussac
La Lande
Lamotte-Beuvron
Rabès
Agde
Récébédou
Noé
AgenMontauban
Albi
Perpignan
Annecy
Aurillac
Lons-le-Saunier
Boulogne-sur-Mer
Dannes-Camiers
Étaples
Fort-Mahon
Merlimont
Calais
Sangatte
Capestang
St-Pierre-des-Champs
Carnon-PlagePézenas
Villeneuve-lès-Maguelone
La Peyrade
Le Soler Canet-Village
Casseneuil
TombeboucNicole
Gabarret
Fumel
Penne-d'Agenais
Fleurance
Uzeste Catus
Montech
Chancelade
Marmande
Caylus
Barjols
Les Mées
Pont-la-Dame(Aspres-sur-Buëch)
Norante
Bligny-sur-Ouche
Fleurines
Lagrasse
Le Boulou
Buzy
Idron
Mont-Louis
Muret
L'Isle-Jourdain
VillemurBeaucaire
ArlesMiramas
Réalville
Castres
Bagnères-de-BigorreFabrèges
Sabarat
Alès
La Favède La Grand-Combe
Langlade
Chanac
St-Georges-d'Aurac
Alboussière
La Vernède
Mauriac
Mauzac
LentiolUriage
Montmélian
Castillon-du-Gard
Salin-de-Giraud
Crest
Les Bournets-de-Chirat-l'Église
Mons
Meillant
Clefs
Le Radois
Rémaucourt
BulsonBeaumont-en-Argonne
Francheval
CarignanPuillyMargnyHerbeuvalSinglyVaux-lès-MouzonVillemontry
BrévillyTétaigne
Illy
Écly
MézièresLes Ayvelles
St-MarceauBalaives
Chalandry-Élaire
Chémery-s.-Bar
Flize
Boutancourt
Dom-le-MesnilFrénois
ChagnySailly
Poix-Terron
Wadelincourt
Marsat
Villeurbanne
Nébouzat
Calvisson
Auchère-par-Égletons
Ussel
Oradour-sur-Glane
St-Priest-Taurion
Séreilhac
La MeyzeThiviers
Beaulieu Altillac
Le Change
St-Sauveur
Neuvic
La Flèche
Égletons
Soudeilles
AubagneNans-les-Pins
Reillane
La Ciotat St-Cyr-sur-Mer
VidaubanNice
MandelieuMeyreuilGardanne
Hyères
Ruffieux
Leyment
Ceyzerieux
HautevilleSavigny
Zone nord
Zone d’occupation allemande
Zone sud
Zone d’occupation italienne
Centre de rassemblement départementalou régional pour la rafle du 26 août 1942
Camp de concentration
Camp d'internement
Groupement de travailleurs étrangers
Centre géré par le Service Social des Étrangers
Lieu de départ des convois de déportation
Camp réservé aux Juifs
Camp de l'organisation «TODT»
Camp sous administration allemande
© Mémorial de la Shoah
_39
Pour la première fois en France, des femmes et des enfants sont
raflés. Les 16 et 17 juillet 1942, 12 884 personnes dont 4 051 enfants
de 2 à 16 ans sont arrêtés par la police française à Paris et en
banlieue. Son engagement dans cette vaste opération résulte d’une
décision du régime de Vichy. Si cette rafle vise principalement les
Juifs étrangers, la très grande majorité de leurs enfants sont de
nationalité française, car nés en France.
Les célibataires et les couples sans enfant sont conduits directement
à Drancy. Les familles, soit les deux-tiers des personnes arrêtées,
sont regroupées dans des conditions déplorables au Vélodrome
d’Hiver avant d’être transférées dans les camps du Loiret à Pithiviers
et Beaune-la-Rolande. Les adultes et les plus âgés des enfants sont
déportés au cours des semaines suivantes.
.LA RAFLE DU VÉL D’HIV..ET SES CONSÉQUENCES.
Après la déportation des adultes, près de 3 000 enfants restent sans
leurs parents, plongés dans une profonde détresse morale et ma-
térielle. Lorsqu’Adolf Eichmann répond positivement à la demande
française de les déporter également, ils sont transférés dans des
conditions effroyables à partir du 15 août à Drancy puis envoyés vers
Auschwitz-Birkenau entre le 17 et le 28 août. Pour faire croire qu’ils
partent vers l’Est avec leurs parents, ils sont mélangés dans les
convois à des adultes en provenance de la zone non occupée. Aucun
de ces enfants déportés n’a survécu.
Le sort de ces enfants constitue un des événements parmi les plus
dramatiques de la persécution des Juifs de France.
�
LES JUSTES PARMI LES NATIONS
«Quiconque sauve une vie sauve l’univers entier». Dans l’Europe occupée, une
petite minorité d’hommes et de femmes, de toutes croyances et de tous milieux
sociaux, ont sauvé des Juifs, parfois au péril de leur vie.
Ils leur ont fourni de faux papiers, les ont aidés à se cacher ou à fuir. Institution
de mémoire créée en 1953 par l’État d’Israël, le Mémorial de Yad Vashem leur
attribue «au nom du peuple juif reconnaissant» le titre de «Juste parmi les
nations», le plus haut titre de vertu biblique. Cette distinction n’est en principe
décernée qu’à des personnes individuelles, exception faite de la commune
néerlandaise de Nieuwlande et de celle du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire)
qui, avec l’ensemble du plateau Vivarais-Lignon occupe une place exceptionnelle
dans l’histoire du sauvetage des Juifs en France. Au 1er janvier 2011, 23 788
personnes (dont 6 266 en Pologne, 5 108 aux Pays-Bas et 3 331 en France)
s’étaient vues décerner la médaille des «Justes parmi les nations» par
Yad Vashem.
_40
.EUROPE - ANNÉE 1942.
.FRANCE - ANNÉE 1942.
.GUERRE - ANNÉE 1942.
20 JANVIER
� À la conférence de Wannsee,
mise au point des modalités
de l’extermination massive
des Juifs d'Europe.
JANVIER
� Rassemblement des Juifs étrangers dans
des Groupements de travailleurs étrangers,
en marge des camps d’internement.
16 JANVIER
� Premier versement
de «l'amende du Milliard»,
imposée aux Juifs en Zone occupée
par le Militärbefehlshaber in Frankreich,
le Haut-Commandement militaire
en France.
7 FÉVRIER
� 6e ordonnance allemande : Couvre-feu
pour les Juifs en Zone occupée entre 20 heures
et 6 heures du matin. Interdiction de changer
de résidence.
15 FÉVRIER
� Prise de la base anglaise de Singapour
par les Japonais.
27 JANVIER
� Bilan global des tueries jusqu'alors
effectuées par l'Einsatzgruppe D,
d'après le rapport d'activité
USSR N°150 : 76 000 Juifs.
24 FÉVRIER
� Naufrage du Struma, un navire
avec à son bord 767 Juifs fuyant
l'Europe pour la Palestine et refoulés
par les autorités turques.
© DR © USHMM, coll. David Stoliar
_42
22 FÉVRIER
� Exécution au Mont Valérien
de 13 Juifs transférés du camp
d’internement de Drancy à la prison
du Cherche-Midi à Paris.
9 MARS
� Nomination du général Karl Oberg,
chef des SS et de la police allemande
en France.
25 FÉVRIER
� Les déportés du premier convoi
de Juifs provenant de Haute-Silésie
sont exterminés à Auschwitz.
DÉBUT MARS
� Début de l’extermination massive
par le gaz à Auschwitz-Birkenau
dans une ferme aménagée à cet effet.
24 MARS
� 7e ordonnance allemande donnant
une nouvelle définition des personnes
considérées comme «juives».
16 MARS
� Mise en fonction du camp
d'extermination de Belzec
dans le cadre de ce qui deviendra
l’«Aktion Reinhard» ; Un premier
convoi de 6 786 Juifs venant
du Gouvernement général
arrive le lendemain.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
_43
.FRANCE - ANNÉE 1942.
.EUROPE - ANNÉE 1942.
.GUERRE - ANNÉE 1942.
26 MARS
� Arrivée à Auschwitz du premier
convoi de Juifs en provenance
de Slovaquie.
1ER AVRIL
� Premier rapport de l'organisation juive
clandestine «Oyneg Shabbes» sur
l'extermination des Juifs en Pologne
adressée au gouvernement en exil à
Londres depuis le ghetto de Varsovie.
8 AVRIL
� Rapport de l’Einsatzgruppe D
déclarant la Crimée «judenfrei»
(nettoyée de Juifs).
27 MARS
� Départ depuis les camps d’internement
de Drancy et de Compiègne
du premier convoi de déportation
des Juifs de France, avec 1 112 personnes.
17 AVRIL
� Retour de Pierre Laval comme
chef du gouvernement.
18 AVRIL
� René Bousquet est nommé
Secrétaire général à la Police par P. Laval.
27 MARS
� Opération «Chariot» des troupes
britanniques contre le port
de Saint-Nazaire.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
© Mémorial de la Shoah/CDJC © Mémorial de la Shoah/CDJC
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1ER MAI
� Mise en fonction du camp
d’extermination de Sobibor
dans le cadre de ce qui deviendra
«l'Aktion Reinhard».
5 MAI
� Arrivée à Paris de R. Heydrich,
chef de l’Office central de sécurité
du Reich, pour installer K. Oberg
dans ses nouvelles fonctions.
6 MAI
� Nomination de Louis Darquier
dit «de Pellepoix» à la direction
du Commissariat général
aux questions juives, en remplacement
de Xavier Vallat.
29 MAI
� 8e ordonnance allemande :
port obligatoire de l'étoile jaune
pour les Juifs de plus de six ans
en zone occupée à partir
du 7 juin 1942.
6 MAI
� Les dernières forces américaines
des Philippines se rendent
aux Japonais.
29 MAI
� Exécution de R. Heydrich, le chef
de l’Office central de sécurité du Reich,
à Prague par la Résistance tchèque.
© DR © Mémorial de la Shoah/CDJC © DR © Mémorial de la Shoah/CDJC/
coll. Simon et Annette Lippe
© Mémorial de la Shoah/CDJC/JEAA/
Coll. Rebecca Dreyfuss
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.FRANCE - ANNÉE 1942.
.EUROPE - ANNÉE 1942.
.GUERRE - ANNÉE 1942.
2 JUILLET
� Accords Bousquet - Oberg
de collaboration policière, actant
la participation de l’administration
française lors des rafles.
4 JUILLET
� Accord de P. Laval de livrer
à l’Allemagne les milliers de Juifs
étrangers réfugiés en zone sud,
à condition que les Juifs français
de zone occupée soient déportés
seulement si les «quotas» fixés
par l’Allemagne ne sont pas atteints.
6 JUILLET
� Télégramme de Theodor Dannecker,
représentant à Paris d’A. Eichmann,
à ce dernier relatant la proposition
de P. Laval de déporter les enfants
de moins de 16 ans avec leurs parents.
1ER JUILLET
� Dénonciation en langue française
sur la BBC du massacre des Juifs
polonais et de l'existence
des chambres à gaz.
© Mémorial de la Shoah/CDJC/BNF
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8 JUILLET
� 9e ordonnance allemande :
Il est interdit aux Juifs de fréquenter
les établissements de spectacle
et autres établissements ouverts
au public, d'entrer dans les magasins,
d'y faire des achats sauf
entre 15 et 16 heures.
16 ET 17 JUILLET
� Rafle contre les Juifs dite
du Vélodrome d'Hiver à Paris et
en région parisienne, la plus importante
de toute la Seconde Guerre mondiale,
avec l’arrestation de 12 884 personnes
dont 4 051 enfants.
17 JUILLET
� Convoi n°6 de Pithiviers
à Auschwitz-Birkenau,
avec 928 Juifs.
16 ET 17 JUILLET
� Arrivée au camp d’extermination
d’Auschwitz-Birkenau du premier
convoi de Juifs hollandais,
en provenance des camps d’internement
de Westerbork et d'Amersfoort.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
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.FRANCE - ANNÉE 1942.
.EUROPE - ANNÉE 1942.
.GUERRE - ANNÉE 1942.
19 JUILLET
� Premier transfert des familles internées
au Vél d'Hiv vers les camps
d’internement du Loiret. 3 autres transferts
suivront les 20, 21 et 22 juillet.
� Convoi n°7 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 999 Juifs.
20 JUILLET
� Profanation de la synagogue
de la rue de la Victoire par des membres
du Parti populaire français.
� Convoi n°8 d’Angers
à Auschwitz-Birkenau,
avec 827 Juifs.
22 JUILLET
� Lettre non rendue publique du cardinal Suhard,
cardinal archevêque de Paris, au maréchal
Pétain, au nom des cardinaux et archevêques
de France, protestant contre les traitements
indignes infligés aux Juifs
� Convoi n°9 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau, avec 996 Juifs.
22 JUILLET
� Début de la liquidation du ghetto
de Varsovie et, parallèlement,
mise en fonction de Treblinka,
troisième centre d'extermination
dans le cadre de «l'Aktion Reinhard».
_50
24 JUILLET
� Convoi n°10 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
27 JUILLET
� T. Dannecker est évincé et remplacé
par Heinz Röthke comme chef du service
des affaires juives de la Gestapo
en France.
� Convoi n°11 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
29 JUILLET
� Convoi n°12 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau, avec 1 000 Juifs.
� Protestation du Consistoire Central
des Israélites de France auprès
du Gouvernement français contre la situation
des Juifs en zone occupée.
27 JUILLET
� Création de l'Organisation juive
de combat, la Zydowska Organizacja
Bojowa, dans le ghetto de Varsovie.
_51
.FRANCE - ANNÉE 1942.
.EUROPE - ANNÉE 1942.
.GUERRE - ANNÉE 1942.
31 JUILLET
� Convoi n°13 de Pithiviers
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 049 Juifs.
3 AOÛT
� Convoi n°14 de Pithiviers
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 034 Juifs.
5 AOÛT
� Convoi n°15 de Beaune-la-Rolande
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 014 Juifs.
5 AOÛT
� Arrivée du premier convoi de Juifs
venant de Belgique à Auschwitz,
en provenance du camp d’internement
de Malines.
© USHMM / Pro Museo Judaico
_52
7 AOÛT
� Convoi n°16 de Pithiviers
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 069 Juifs.
7 AOÛT
� Arrivée au camp d’internement
de Drancy du premier transfert de Juifs
arrêtés en zone sud, venant des camps
d’internement et des GTE.
10 AOÛT
� Convoi n°17 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 006 Juifs.
8 AOUT
� Télégramme envoyé
par Gerhart Riegner, représentant
du Congrès juif mondial à Genève,
avertissant du programme
d’extermination des Juifs.
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.FRANCE - ANNÉE 1942.
.EUROPE - ANNÉE 1942.
.GUERRE - ANNÉE 1942.
12 AOÛT
� Convoi n°18 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 007 Juifs.
14 AOÛT
� Convoi n°19 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau avec,
pour la première fois, des enfants
de moins de 12 ans,
et avec 991 Juifs.
15 AOÛT
� Premier transfert d'enfants
des camps du Loiret vers Drancy.
© Georges Horan
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17 AOÛT
� Convoi n°20 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau, avec 1 000 Juifs.
Début de la déportation des enfants
venant des camps du Loiret.
19 AOÛT
� Convoi n°21 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
20 AOÛT
� Lettre de protestation du pasteur
Marc Boegner, Président du Conseil
de la Fédération protestante de France,
à Pétain après les rafles en zone occupée
et les transferts de Juifs depuis
les camps d’internement du sud
de la France en vue de la déportation.
19 AOUT
� Echec de l'opération
anglo-canadienne «Jubilé» à Dieppe.
18 AOÛT
� Arrivée à Auschwitz du premier
convoi en provenance de Croatie.
_55
.FRANCE - ANNÉE 1942.
.EUROPE - ANNÉE 1942.
.GUERRE - ANNÉE 1942.
21 AOÛT
� Convoi n°22 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
23 AOÛT
� Lecture en chaire de la lettre
de protestation de Monseigneur Saliège,
archevêque de Toulouse, dans les églises
du diocèse contre le sort infligé
aux Juifs.
24 AOÛT
� Convoi n°23 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
_56
25 AOÛT
� Nouvelle protestation
du Consistoire Central auprès
du Gouvernement contre la situation
des Juifs en France.
26 AOÛT
� Convoi n°24 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau, avec 1 002 Juifs.
� Rafle des Juifs étrangers en zone sud.
� Lettre pastorale de Monseigneur Théas,
évêque de Montauban, dénonçant
«la barbare sauvagerie» avec laquelle
sont traités les Juifs.
28 AOÛT
� Convoi n°25 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
_57
.FRANCE - ANNÉE 1942.
.EUROPE - ANNÉE 1942.
.GUERRE - ANNÉE 1942.
30 AOÛT
� Lettre pastorale du Cardinal Gerlier,
archevêque de Lyon, primat des Gaules,
lue en chaire le 6 septembre,
en faveur des Juifs persécutés.
31 AOÛT
� Convoi n°26 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau, avec 1 000 Juifs.
� Sauvetage d’une centaine d’enfants
internés au camp de Vénissieux par
l’Amitié chrétienne, de l’abbé Glasberg
et du révérend-père Chaillet,
avec le concours de l’Œuvre de secours
aux enfants.
2 SEPTEMBRE
� Convoi n°27 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
_58
4 SEPTEMBRE
� Convoi n°28 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 013 Juifs.
7 SEPTEMBRE
� Convoi n°29 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
9 SEPTEMBRE
� Convoi n°30 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
9 SEPTEMBRE
� Fusillade par l’Einsatzgruppe D
de 2 000 Juifs de Kislovodsk
et Jessentuki (Caucase du Nord).
_59
.FRANCE - ANNÉE 1942.
.EUROPE - ANNÉE 1942.
.GUERRE - ANNÉE 1942.
11 SEPTEMBRE
� Convoi n°31 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
� Rafle des Juifs des départements
du Nord et du Pas-de-Calais.
14 SEPTEMBRE
� Convoi n°32 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
16 SEPTEMBRE
� Convoi n°33 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 003 Juifs.
_60
18 SEPTEMBRE
� Convoi n°34 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
21 SEPTEMBRE
� Convoi n°35 de Pithiviers
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
23 SEPTEMBRE
� Convoi n°36 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
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.FRANCE - ANNÉE 1942.
.EUROPE - ANNÉE 1942.
.GUERRE - ANNÉE 1942.
24 SEPTEMBRE
� Rafle de 1 574 Juifs de nationalité
roumaine à Paris et en région
parisienne.
25 SEPTEMBRE
� Convoi n°37 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 004 personnes.
26 SEPTEMBRE
� Fermeture du camp d’internement
de Récébédou et transfert des internés
restants au camp d’internement
de Nexon.
© Mémorial de la Shoah/ CDJC
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28 SEPTEMBRE
� Convoi n°38 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 904 Juifs.
30 SEPTEMBRE
� Convoi n°39 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 210 Juifs.
OCTOBRE
� Le Comité international
de la Croix-Rouge renonce à toute
intervention publique sur l’assassinat
en masse des Juifs.
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.FRANCE - ANNÉE 1942.
.EUROPE - ANNÉE 1942.
.GUERRE - ANNÉE 1942.8 OCTOBRE
� Victoire anglaise sur le corps
expéditionnaire allemand
à El Alamein.
3 OCTOBRE
� Fin de la première grande déportation
du ghetto de Varsovie.
7 OCTOBRE
� Création d'une Commission
d’enquête sur les crimes de guerre
par les gouvernements anglais et
américain devenue la Commission
des Nations Unies pour les crimes
de guerre.
29 OCTOBRE
� Exécution massive des Juifs de Pinsk
(Biélorussie) par l’Einsatzgruppe B
avec l’aide de l’Ordnungspolizei
et de la Wehrmacht : 16 200 victimes.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
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5 NOVEMBRE
� Rafle de 1 060 Juifs de nationalité
grecque à Paris et en zone occupée.
6 NOVEMBRE
� Convoi n°42 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
4 NOVEMBRE
� Convoi n°40 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
NOVEMBRE
� Début du recul des armées
allemandes en URSS.
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.FRANCE - ANNÉE 1942.
.EUROPE - ANNÉE 1942.
.GUERRE - ANNÉE 1942.19 NOVEMBRE
� Offensive soviétique à Stalingrad.
8-11 NOVEMBRE
� Opération «Torch». Débarquement
anglo-américain en Afrique du Nord.
9 NOVEMBRE
� Interdiction aux Juifs étrangers
de quitter leur commune de résidence
sans autorisation délivrée par la police.
� Convoi n°44 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
11 NOVEMBRE
� Convoi n°45 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 745 Juifs.
� Invasion de la Zone sud de la France
par l’Allemagne et l’Italie.
25 NOVEMBRE
� Dissolution du camp d’internement
de Rivesaltes. Les derniers internés
sont transférés au camp d’internement
de Gurs.
© Mémorial de la Shoah/ CDJC
_66
© SGA/DMPA
1ER DÉCEMBRE
� Arrivée à Auschwitz du premier
convoi en provenance de la Norvège.
10 DÉCEMBRE
� Arrivée à Auschwitz du premier
convoi en provenance de Berlin.
17 DÉCEMBRE
� Accusation de l'Allemagne
par les États-Unis et les membres
européens des Nations-Unies de mener
«une politique d’extermination
inhumaine du peuple juif en Europe».
9 DÉCEMBRE
� Les derniers internés au camp
d’internement des Milles sont transférés
au GTE de la Ciotat. Le camp est fermé.
11 DÉCEMBRE
� Loi relative à l'apposition
de la mention «Juif» sur les titres
d'identité et d'alimentation
des ressortissants français et étrangers.
© Mémorial de la Shoah/ CDJC
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LES PRINCIPALES COMMÉMORATIONS
ET CÉRÉMONIES
La Journée internationale à la mémoire des victimes de l’Holocauste
le 27 janvier 2012
En 2005, les Nations unies ont voté une résolution selon laquelle
l'anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, le 27 janvier,
serait désormais la journée internationale à la mémoire des victimes
de l’Holocauste. Depuis lors, de nombreuses manifestations sont
organisées chaque année à cette date.
Le Mémorial de la Shoah, en partenariat avec le ministère de la
défense et des anciens combattants, ainsi que l'Office national
des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC-VG), a pris
l’initiative d’organiser et coordonner sur tout le territoire national, des
manifestations à vocation pédagogique et commémorative.
À Paris, cette journée au mémorial a été caractérisée par un échange
entre des rescapés et des élèves, puis une cérémonie avec lecture
d'un message de Simone Veil en présence du secrétaire d'État
auprès du ministre de la défense et des anciens combattants.
À cette occasion l'annonce du lancement officiel de l'année mémorielle
«1942 : des rafles à la déportation» a été faite.
En province, des manifestations ont eu lieu dans différents sites,
tels que les camps de Gurs, de Natzweiler-Struthof, des Milles, de
Rivesaltes, la Maison d’Izieu, le centre d’étude et de recherche sur les
camps du Loiret ainsi que l’antenne de Toulouse du Mémorial de la
Shoah. La prison de Montluc (où furent internés Jean Moulin, André
Frossard et les enfants d’Izieu), placée désormais sous la responsabilité
du ministère de la défense et des anciens combattants, ainsi que le
village de Chambon-sur-Lignon (reconnu dans son ensemble «Juste
parmi les Nations» pour avoir protégé un très grand nombre de Juifs)
ont aussi participé à ces manifestations.
Départ du premier convoi (sur 42) de Drancy et Compiègne
le 27 mars 2012
Le premier convoi de déportés quitte la gare du Bourget le 27 mars
1942. Ce sont 1 112 hommes qui sont ainsi déportés en direction
d'Auschwitz après avoir été, pour moitié, internés à Drancy après la
rafle du 20 août 1941, et pour l'autre, internés à Royallieu, lors de
la rafle du 12 décembre 1941. Le convoi est escorté jusqu'à la
frontière par des gendarmes français et un officier SS. Il s'agit d'un
événement nouveau et dramatique pour la France occupée.
Le ministère de la défense et des anciens combattants, en partenariat
avec le Mémorial de la Shoah, participera, dans le cadre de ces
commémorations, à l'organisation d'une cérémonie à Drancy et
Compiègne dans la même journée.
La commémoration de la rafle du Vél d’Hiv
le 22 juillet 2012
Le dimanche 16 juillet ou le suivant se déroule la Journée nationale à
la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État
français et d’hommage aux «Justes» de France. La date retenue fait
référence à celle du 16 juillet 1942, début de la grande rafle parisienne
à l'encontre des Juifs, connue sous le nom de «rafle du Vél d'Hiv».
Cette journée est organisée par le ministère de la défense et des anciens
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combattants en liaison avec les organismes et associations concernés :
Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), amicale
des anciens déportés Juifs de France, comité français pour Yad
Vashem. Il s’agit de la plus grande arrestation massive de Juifs réalisée
en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Le régime de Vichy
mobilisa la police française pour participer à l’opération au côté
des Allemands et le nombre des arrestations dans Paris fut de 13 152
personnes selon la préfecture de police. La date du 16 juillet deviendra,
en 2000, la «journée nationale à la mémoire des victimes des crimes
racistes et antisémites de l'État français et d'hommage aux «Justes»
de France».
Commémoration des rafles en zone non occupée
13 septembre 2012
La grande rafle du Vél d'Hiv est suivie par des rafles en province.
Les Juifs cherchent à quitter la zone occupée et à passer la ligne
de démarcation. Le gouvernement de Vichy participe activement à
ces rafles organisées dans toute la zone sud, afin de fournir aux
Allemands le nombre de Juifs demandés. Malgré une exécution
minutieuse de la part de la police et de la gendarmerie, les rafles de
l'été 1942 sont difficiles à cacher et des protestations commencent
à s'élever.
L'Archevêque de Toulouse, Jules Saliège, dénonce alors, dans une
lettre pastorale intitulée Et clamor Jerusalem ascendit, les persécutions
antisémites et en ordonne la lecture dans toutes les paroisses de son
diocèse le 23 août 1942.
Des commémorations auront lieu à Toulouse où un hommage sera
rendu à Monseigneur Saliège, «compagnon de la Libération» et «Juste
parmi les Nations», avec la lecture de sa lettre du 23 août 1942.
Après la cérémonie, une conférence sera organisée sur «l’impact des
rafles dans l’opinion publique» en présence d'historiens et enseignants
issus de la région.
LES MANIFESTATIONS CULTURELLES
Une journée d’étude sera organisée le 24 mars 2012, par la direction
de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA), sur le thème de
la déportation des Juifs de France, sous la présidence d'Henry Rousso
à l’amphi Foch de l’École militaire à Paris. Deux tables rondes seront
organisées : une sur la politique de déportation d’État et une sur la
mise en place concrète de la déportation, suivies de la projection
d'une fiction.
Exposition : «Les Juifs de France», réalisée par le Mémorial de la
Shoah, circulera sous forme d’exposition itinérante dans les villes
de Montpellier, Poitiers, Marseille, Chambon-sur-Lignon, Toulouse,
Saint-Omer, Metz et Béziers. Une deuxième version de cette exposition
sera présentée au plus grand nombre par l’ONAC-VG, avec l’aide
financière de la DMPA.
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DATE ÉVÈNEMENT LIEU
Janvier � Mise en place d’une signalétique spécifique sur les éléments se rapportant
à la persécution des Juifs en 1942 dans l’exposition du Musée de l’Armée.
Musée de l’Armée, Paris
10 janvier � Conférence inaugurale «1942 : une année charnière
pour la Seconde Guerre mondiale et pour la Shoah».
Mémorial de la Shoah, Paris
17 janvier � Lancement du cycle : «La conférence de Wannsee : organisation et planification
du génocide des Juifs d’Europe».
Mémorial de la Shoah, Paris
19 janvier � Centenaire de l'OSE - Projection du film «Le sauvetage des enfants, 1938-1945»
de Michel Kaptur et Katy Hazan.
Mémorial de la Shoah, Paris
24 janvier � Conférence de Serge Klarsfeld, avocat et historien :
«1942 : l’année terrible pour les Juifs de France».
� Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah»
proposée par le Mémorial de la Shoah.
Montpellier
27 janvier � Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes
de l'Holocauste - Cérémonies pédagogiques et commémoratives sur les lieux
de mémoire de la Shoah en France (sous l’égide du Mémorial de la Shoah
en partenariat avec l’Amicale du camp de Gurs, le Centre d’étude et de recherche
sur les camps d’internement du Loiret/Musée-Mémorial des enfants du Vél d’Hiv,
le Centre européen du résistant déporté/Camp de Natzweiler-Struthof, du Conseil
régional Languedoc-Roussillon, du Conseil Général des Pyrénées-Orientales/
Mémorial de Rivesaltes, de la Fondation du camp des Milles, de la Maison d’Izieu,
de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre du Rhône,
de la Ville du Chambon-sur-Lignon. Avec le soutien de la direction de la mémoire,
du patrimoine et des archives du ministère de la défense et des anciens combattants
et de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre.
� Présentation officielle de l’année commémorative.
Beaune-la-Rolande
Chambon-sur-Lignon
Drancy
Gurs
Izieu
Les Milles
Mémorial de la Shoah, Paris
Natzwiller
Pithiviers
Prison Montluc, Lyon
Rivesaltes
Toulouse
Mémorial de la Shoah, Paris
29 janvier � Voyage de mémoire sur le site d’Auschwitz-Birkenau,
organisé par le Mémorial de la Shoah.
Auschwitz
31 janvier � Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes
de l'Holocauste - Cérémonie à l'UNESCO.
Unesco, Paris
7 février � Rencontre : «La traque des responsables de la Solution finale»
Avec Efraïm Zuroff (Centre Simon Wiesenthal).
Toulouse
9 février � Rencontre : «Himmler et la Solution finale». En présence de Florent Brayard (EHESS),
Peter Longerich (Université de Londres).
Mémorial de la Shoah, Paris
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DATE ÉVÈNEMENT LIEU
Mars � Rencontre autour de la littérature jeunesse sur la déportation et la Shoah,
organisée en partenariat par le Centre européen du résistant déporté/
Camp de Natzweiler-Struthof et le Mémorial de la Shoah.
� Présentation de l’exposition «Mus/Mouse/Mause. Variations suédoises
autour de la BD d’Art Spiegelman».
Centre européen
du résistant déporté/Camp
de Natzweiler-Struthof,
Natzwiller
Mars � Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah»
proposée par le Mémorial de la Shoah.
Poitiers
6 mars � Lancement du cycle sur l’Aktion Reinhardt. Mémorial de la Shoah, Paris
18 mars � Voyage de mémoire sur le site d’Auschwitz-Birkenau,
organisé par le Mémorial de la Shoah.
Auschwitz
24 Mars � Journée d’étude consacrée à la persécution des Juifs de France,
sous la direction d’Henry Rousso (CNRS), organisée par la direction de la mémoire,
du patrimoine et des archives du ministère de la défense et des anciens combattants,
en partenariat avec le Mémorial de la Shoah.
École militaire, Paris
25 mars � Voyage de mémoire sur le site d’Auschwitz-Birkenau,
organisé par le Mémorial de la Shoah.
Auschwitz
27 mars � Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°1, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Drancy
Compiègne
27 mars � Rencontre : «France, 27 mars 1942 : le premier convoi de déportation»
et projection du documentaire «Premier convoi» de Pierre Oscar Lévy.
Mémorial de la Shoah, Paris
7 avril � Vernissage de l’exposition «Les convois des 45 000 et des 31 000,
de Royallieu à Auschwitz-Birkenau».
Mémorial de l'internement
et de la déportation,
Compiègne
13 avril � Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah»
proposée par le Mémorial de la Shoah.
Vénissieux
18 au 19 avril � Cérémonie de Yom HaShoah, sous l’égide de la Fondation pour la mémoire
de la Shoah, organisée par le Mémorial de la Shoah, en partenariat
avec le Mouvement Juif Libéral de France, l’association des Fils et Filles
des Déportés Juifs de France et le Consistoire de Paris.
Mémorial de la Shoah, Paris
19 avril � Cérémonie du soulèvement du ghetto de Varsovie,
organisée par le Mémorial de la Shoah en partenariat avec la Commission
du Souvenir du Conseil représentatif des institutions juives de France.
Mémorial de la Shoah, Paris
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DATE ÉVÈNEMENT LIEU
29 avril � Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation.
29 avril � Vernissage d’une exposition temporaire à la Maison d’Izieu consacrée
aux documents produits par l’accusation française au procès de Nuremberg
sur la «Solution finale», à partir des archives du juge Robert Falco.
Maison d’Izieu, Ain
Mai � Vernissage de l’exposition «Les enfants et la Shoah». Mémorial de la Shoah, Paris
2 Mai � Rencontre à l’occasion de la publication
de l’ouvrage «À l’intérieur du camp de Drancy». En présence d’Annette Wieviorka
(CNRS) et Michel Laffitte (agrégé d’histoire).
Mémorial de la Shoah, Paris
5 au 10 Mai � «Le train des Mille : un train pour la Liberté»,
initié par la Fondation Auschwitz, l’Institut National des Invalides de Guerre
de Belgique et la Fédération internationale des Résistants, avec le soutien
de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre.
Auschwitz
9 mai � Conférence : «1942 : Les étapes de l‘évolution du camp d’Auschwitz».
En présence de Robert Jan Van Pelt (Université Waterloo), Piotr Setkiewicz
(Musée d’Auschwitz), Marcello Pezzetti (Musée de la Shoah, Rome).
Mémorial de la Shoah, Paris
9 mai � Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah»
proposée par le Mémorial de la Shoah.
CRDP, Marseille
15 mai � Vernissage de l’exposition «Je pars demain…»
réalisée par le Centre d’étude et de recherche sur les camps d’internement
du Loiret et la déportation juive.
CERCIL, Orléans
29 mai � Rencontre sur «La 8e ordonnance allemande : le port de l’étoile jaune».
En présence de Jean-Marc Berlière (Université de Bourgogne),
Cédric Gruat (historien), et Emmanuel Debono (Fondation Spielberg).
Mémorial de la Shoah, Paris
5 juin � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°2, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
6 Juin � Rencontre : «La France de Vichy et les Juifs. Les grandes étapes de l’historiographie
sur Vichy». En présence de Michael Marrus (Université de Toronto)
et Henry Rousso (CNRS).
Mémorial de la Shoah, Paris
12 Juin � Rencontre sur «La France et les rafles». En présence de Tal Bruttmann (historien),
Laurent Joly (CNRS), Claire Zalc (CNRS), Nicolas Mariot (CNRS).
Mémorial de la Shoah, Paris
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DATE ÉVÈNEMENT LIEU
14 Juin � Rencontre : «De la déportation de représailles à la Solution finale».
En présence de Gaël Eismann (Université de Caen), Thomas Fontaine (historien)
et Benoit Verny (historien).
Mémorial de la Shoah, Paris
22 juin� Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°3,
sous l’égide du ministère de la défense et des anciens combattants
et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
25 juin � Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°4, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Pithiviers
Mémorial de la Shoah, Paris
25 juin � Présentation du webdocumentaire «Objets-Témoins» de Marc Vassal. CERCIL, Orléans
28 juin � Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°5, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Beaune-la-Rolande
Mémorial de la Shoah, Paris
Juillet � Programmation cinéma et rencontres au Studio 66, par le Musée
de la Résistance Nationale de Champigny-sur-Marne.
Champigny-sur-Marne
Juillet � Evénement musical commémoratif, en coopération avec le Festival International
de musique d’Aix en Provence.
Fondation du camp des Milles,
Les Milles
1er juillet � Colloque sur les enfants cachés «Qui sont les enfants cachés ?». Sous la direction
de Nathalie Zadje et Catherine Grandsard (Université Paris VIII Saint-Denis,
Centre Georges-Devereux), co-organisé par le Mémorial de la Shoah
et le Centre Georges-Devereux - Université Paris VIII Saint-Denis.
Mémorial de la Shoah, Paris
6 juillet � Conférence consacrée au convoi de déportés politiques
du 6 juillet 1942 vers Auschwitz.
Mémorial de l'internement
et de la déportation,
Compiègne
16 juillet � Inauguration du Centre d’histoire et de mémoire de Drancy (sous réserve). Drancy
17 juillet � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°6, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
� Rencontre autour de l’histoire et la mémoire du Convoi n°6, en partenariat
avec l’association mémoire du Convoi 6.
Pithiviers
Mémorial de la Shoah, Paris
19 juillet � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°7, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
20 juillet � Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°8, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Angers
Mémorial de la Shoah, Paris
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DATE ÉVÈNEMENT LIEU
22 juillet � Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites
de l’État français et d’hommage aux «Justes» de France.
22 juillet � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°9, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
24 juillet � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°10, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
27 juillet � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°11, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
29 juillet � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°12, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
31 juillet � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°13, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Pithiviers
Mémorial de la Shoah, Paris
Août � Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah»
proposée par le Mémorial de la Shoah.
Chambon-sur-Lignon
3 août � Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°14, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Pithiviers
Mémorial de la Shoah, Paris
5 août � Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°15, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Beaune-la-Rolande
Mémorial de la Shoah, Paris
7 août � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°16, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Pithiviers
Mémorial de la Shoah, Paris
10 août � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°17, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
12 août � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°18, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
14 août � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°19, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
17 août � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°20, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
19 août � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°21, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
21 août � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°22, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
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DATE ÉVÈNEMENT LIEU
24 août � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°23, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
26 août � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°24, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
26 août � Hommage au sauvetage des enfants du camp de Vénissieux,
en partenariat avec la ville de Vénissieux, le Centre d’histoire de la Résistance
et de la Déportation de Lyon, l’ONACVG et l’association des Fils et Filles
des Déportés Juifs de France.
Vénissieux
Lyon
28 août � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°25, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
31 août � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°26, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
Septembre � Inauguration du Musée-Mémorial du Chambon-sur-Lignon
(sous réserve).
Chambon-sur-Lignon
2 septembre � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°27, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
4 septembre � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°28, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
7 septembre � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°29, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
9 septembre � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°30, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
10 septembre � Inauguration du site-mémorial du camp des Milles. Fondation du camp des Milles,
Les Milles
11 septembre � Cérémonie commémorative en hommage aux victimes de la Déportation
de la région Nord Pas-de-Calais, sous l’égide du ministère de la défense
et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
� Table ronde : «La Déportation des Juifs du Nord de la France».
Lille
Mémorial de la Shoah, Paris
11 septembre � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°31, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
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DATE ÉVÈNEMENT LIEU
13 septembre � Cérémonie en hommage aux victimes des rafles de zone sud et aux Justes.
� Table ronde : «L'éveil des consciences.
L'impact des rafles de 1942 sur l'opinion publique».
� Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah» proposée
par le Mémorial de la Shoah.
Toulouse
14 septembre � Vernissage de l’exposition «1942 : le temps des rafles en Nord-Pas-de-Calais
et en Belgique» proposée par La Coupole. Centre d’Histoire et de Mémoire
du Nord–Pas-de-Calais.
� Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah» proposée
par le Mémorial de la Shoah.
La Coupole.
Centre d’Histoire et de Mémoire
du Nord–Pas-de-Calais,
Saint-Omer
14 septembre � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°32, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
16 septembre � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°33, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
16 septembre � Vernissage de l’exposition : «Nouvelles architectures et projets mémoriaux
en France», suivie d’une rencontre internationale.
Mémorial de la Shoah, Paris
18 septembre � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°34, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
21 septembre � Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°35, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Pithiviers
Mémorial de la Shoah, Paris
23 septembre � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°36, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
23 septembre � Cérémonie de la Hazkarah, en présence d’Alain Finkielkraut (sous réserve) Mémorial de la Shoah, Paris
25 septembre � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°37, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah
Mémorial de la Shoah, Paris
28 septembre � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°38, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
30 septembre � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°39, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
Octobre � Hommage aux Justes du Béarn, à l’initiative de l’Amicale du camp de Gurs
avec le soutien du Mémorial de la Shoah.
Pau
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DATE ÉVÈNEMENT LIEU
Octobre � Colloque sur «Rafles et déportations dans le massif central
et ses marges, 1942-1943», sous la direction de Pascal Plas (Université de Limoges),
co-organisé par le Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane et la revue
«Histoire et mémoires», en partenariat avec le Conseil général de la Creuse.
� Exposition «Les rafles de 1942 en Haute-Vienne» au Centre de la mémoire
d’Oradour-sur-Glane.
Guéret
Centre de la mémoire,
Oradour-sur-Glane
Octobre � Journée d’étude : «Le tournant de l’année 1942» proposée par le Mémorial de Caen,
en partenariat avec le Mémorial de la Shoah.
Mémorial de Caen
Octobre � Rencontre avec Piotr M.A. Cywinski (Musée d’Auschwitz-Birkenau). Mémorial de la Shoah, Paris
Octobre � Rencontre : «Les camps, une mémoire européenne».
En présence de : Frédérique Neau-Dufour (CERD), Piotr M.A. Cywinski
(Musée d’Auschwitz-Birkenau), Jacques Fredj (Mémorial de la Shoah).
Strasbourg
Octobre � Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah» proposée
par le Mémorial de la Shoah.
� Rencontre avec Annette Wieviorka (CNRS).
Metz
28 octobre au
1er novembre
� Voyage de mémoire sur les lieux de déportation des Juifs de France
(Auschwitz-Birkenau, Sobibor, Majdanek, Kaunas et Reval),
proposé par le Mémorial de la Shoah.
Pologne,
Lituanie,
Estonie
Novembre � Rencontre organisée par le Mémorial de la Shoah :
«Les procès de la collaboration antijuive en France».
Bordeaux
Novembre � Evénement commémoratif des actions de sauvetage de l’OSE
(Organisation de Secours à l’Enfance) au camp des Milles, dans le cadre
du 100e anniversaire de l’OSE.
Fondation du camp des Milles,
Les Milles
4 novembre � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°40, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
6 novembre � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°42, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
7 au 8 novembre � Colloque sur les Juifs en Afrique du Nord face aux persécutions,
en partenariat avec l’Institut Ben Zvi.
Mémorial de la Shoah, Paris
19 au 23
novembre
� Cycle de projections-débats sur la persécution des Juifs de France, en partenariat
avec l’ONACVG, la Cinémathèque de Toulouse et le Mémorial de la Shoah.
Cinémathèque,
Toulouse
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DATE ÉVÈNEMENT LIEU
9 novembre � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°44, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
9 novembre � Manifestation commémorative du 20e anniversaire de l’installation
du Wagon-Souvenir des Milles.
Fondation du camp des Milles,
Les Milles
11 novembre � Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°45, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
Décembre � Rencontre internationale sur la perception de la Shoah durant
la Seconde Guerre mondiale.
Mémorial de la Shoah, Paris
9 décembre � Cérémonie commémorative en mémoire des victimes de la rafle des Juifs de Tunis. Mémorial de la Shoah, Paris
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Les cérémonies commémoratives des départs des convois de déportation sont placées sous l’égide du ministère de la défense et des anciens
combattants et du Mémorial de la Shoah, et organisées en partenariat avec l’Association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France, et le
soutien notamment de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, l’Œuvre
nationale du Bleuet de France, la ville de Pithiviers, la ville de Beaune-la-Rolande, et le Centre d’étude et de recherche sur les camps
d’internement dans le Loiret et la déportation.
LES INSTITUTIONS FRANÇAISES
FACE AU DRAME DE LA SHOAH
Lorsque, en 1943, le général de Gaulle crée, à Alger, l'embryon du futur
ministère des prisonniers, déportés, réfugiés, il a déjà conscience de
l'enjeu considérable que représentera la réintégration dans la nation
des 5 millions de personnes arrachées à leur foyer. Concernant les
Juifs, seuls 3 000 reviennent, en 1945, de l'enfer des camps.
Les premières mesures de réparation
Tous les internés et déportés français, quel que soit le motif de leur
internement ou de leur déportation, sauf comme «droit commun»,
ont pu obtenir le titre de «déporté - ou interné - politique», institué par
l'ordonnance du 11 mai 1945 complétée par les lois du 5 septembre
1947 et du 9 septembre 1948.
Ces mêmes textes précisaient les dispositions relatives au droit à
pension et aux droits et avantages accessoires qui leur étaient appli-
cables en tant que victimes civiles.
Tous les textes législatifs pris ultérieurement concernant l'évolution
du droit à réparation en faveur des internés et déportés politiques leur
ont été appliqués.
La reconnaissance du génocide
Même si la littérature aborde le thème de la déportation et de
l'extermination des Juifs dès les années 1950, c'est à l'aide de puissants
leviers, comme le cinéma et la télévision, qu'une prise de conscience
générale se produit dans les années 1970-1980.
En 1993, un décret institue une journée à la mémoire des «victimes
des crimes racistes et antisémites commis sous l'autorité de fait dite
du gouvernement de l'État français, 1940-1944».
En juillet 1995, le Président de la République déclare officiellement
que «la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français,
par l'État français».
La loi du 10 juillet 2000, tout en reconnaissant explicitement le rôle de
l'État français, associe au souvenir des victimes celui des «Justes»,
ces Français qui, au péril de leur vie, ont caché et sauvé des Juifs
durant l'Occupation.
Un dispositif d'indemnisation
En 1997, la mission Mattéoli est créée et chargée «d'étudier les
conditions dans lesquelles les biens immobiliers et mobiliers
appartenant aux Juifs de France ont été confisqués ou, d'une manière
générale, requis par fraude, violence ou vol, tant par l'occupant que
par les autorités de Vichy entre 1940 et 1944».
Ainsi, depuis le décret du 10 septembre 1999, la France indemnise les
«victimes des persécutions antisémites et des actes de barbarie
pendant la Seconde Guerre mondiale», après instruction des demandes
par une commission autonome.
Par ailleurs, dans le prolongement de la mission Mattéoli, les
dispositions du décret du 13 juillet 2000 instituent une mesure de
réparation pour les orphelins dont les parents ont été victimes de
persécutions antisémites.
Le bénéfice de l'indemnisation s'adresse aux personnes dont le père
ou la mère, victime des persécutions antisémites, a trouvé la mort en
déportation, si elles étaient mineures (moins de 21 ans) au moment
où la déportation est intervenue.
La mesure de réparation, sous réserve de ne percevoir aucune
indemnité viagère de la part de la République fédérale d'Allemagne
ou de la République d'Autriche en réparation de la déportation dont
ses parents, ou l'un d'eux, ont été victimes, prend la forme, au choix
du bénéficiaire, d'une indemnité ou d'une rente viagère.
Entretenir la mémoire
Le traitement mémoriel de la Shoah par le gouvernement français va
suivre le même cheminement que la législation relative à la réparation.
Dans un premier temps, indissociés de l'hommage rendu à l'ensemble
des déportés, le souvenir de la Shoah et les réflexions qu'elle suscite
vont bénéficier, à partir des années 1990, d'une action individualisée
de la part du gouvernement.
Cette action s'est amplifiée au fil du temps et revêt aujourd'hui de
multiples formes, depuis que la reconnaissance de ce génocide a été
effective au niveau européen et mondial.
Une direction spécifique, la direction de la mémoire, du patrimoine et
des archives (DMPA), a été créée en 1999. Sous l'autorité du secrétaire
d'État, elle définit et met en œuvre la politique de mémoire et
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culturelle du ministère de la défense. À ce titre, elle organise les
cérémonies commémoratives et assure le suivi de la vie associative
du monde combattant. Elle apporte son soutien à des projets éducatifs
dans le cadre d'un partenariat avec le ministère de l'éducation natio-
nale et conçoit des outils pédagogiques. Elle veille à l’entretien et à la
valorisation des lieux de mémoire. Elle publie des ouvrages relatifs au
patrimoine, à l'histoire et à la mémoire des conflits contemporains et
apporte un soutien financier à la réalisation de documentaires.
Les cérémonies
La Journée nationale du souvenir
des victimes et des héros de la déportation
Une loi du 14 avril 1954 institue le dernier dimanche d'avril «Journée
nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation».
Cette date a été choisie en raison de sa proximité avec l'anniversaire
de la libération de la plupart des camps de concentration. Lors de cette
journée de commémoration nationale, plusieurs cérémonies, présidées
par une autorité gouvernementale et organisées par le ministère de
la défense et des anciens combattants, se déroulent en France.
À Paris, la déportation et l'extermination des Juifs y est spécifiquement
rappelée, puisqu'une cérémonie de dépôt de gerbe, une lecture du
Kaddish et une courte visite se déroulent au Mémorial de la Shoah
à Paris, avant que les participants ne se rendent au mémorial de la
Déportation, dans l'île de la Cité.
La Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes
racistes et antisémites de l’État français et d’hommage
aux «Justes» de France
Le dimanche 16 juillet ou le suivant se déroule la Journée nationale à
la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État
français et d’hommage aux «Justes» de France.
La date retenue fait référence à celle du 16 juillet 1942, début de
la grande rafle parisienne à l'encontre des Juifs, connue sous le nom
de «rafle du Vél d'Hiv» et devenue symbolique de la politique
anti-juive du Gouvernement de Vichy. Cette journée est organisée par
le ministère de la défense et des anciens combattants en liaison avec
les organismes et associations concernés : Conseil représentatif des
institutions juives de France (CRIF), amicale des anciens déportés
Juifs de France, comité français pour Yad Vashem.
L'anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau
Le gouvernement français s'associe fréquemment à cette célébration,
qui correspond à la Journée internationale à la mémoire des victimes
de l'Holocauste. Le 60e anniversaire de la libération de ce camp a été
l'occasion d'inaugurer le nouveau Pavillon français d'Auschwitz par
le Président de la République le 27 janvier 2005.
Le 65e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau a
été célébré avec solennité, le 27 janvier 2010, dans l'enceinte des
camps, en présence de nombreuses délégations internationales.
La direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA) a
organisé le déplacement d'une délégation française (180 personnes)
pour assister à ces cérémonies.
Les actions pédagogiques
Depuis la fin des années 1980, les voyages scolaires à Auschwitz et sur
les autres lieux de mémoire rappelant la Shoah se sont multipliés. La
DMPA subventionne bon nombre de ces initiatives.
En outre, elle soutient, dans la réalisation de ses actions, l'association
Maison d'Izieu - Mémorial des enfants juifs exterminés, par l'intermé-
diaire d'une convention de partenariat. En particulier des sessions de
formation à Térézin, Auschwitz et Berlin à destination des enseignants
sont mises en place grâce à ce financement.
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Le Concours national de la Résistance et de la Déportation, mis en
œuvre conjointement par le ministère de l'éducation nationale et la
DMPA aborde, tous les deux ans, un thème relatif à la Déportation.
Par exemple, en 2009, le thème «Des enfants et des adolescents dans
l'univers concentrationnaire nazi» portait la réflexion sur les enfants
et adolescents juifs assassinés dans les camps d'extermination nazis.
En 2012, le thème est : «Résister dans les camps nazis».
Enfin, tous les ans, une formation est dispensée aux nouveaux
attachés d'administration du ministère de la défense et des anciens
combattants par le Mémorial de la Shoah, organisme avec lequel la
DMPA a signé une convention de partenariat en septembre 2010.
Elle a pour objectif de les faire réfléchir aux limites du devoir d'obéis-
sance, en s'appuyant sur l'exemple de la collaboration du régime de
Vichy au processus de déportation des Juifs de France.
Les productions culturelles
La DMPA soutient de nombreux projets culturels de tous types
(livres, plaquettes de présentation, films, DVD ou expositions), relatifs
à la mémoire de la Shoah.
On peut citer l'appui à la mise en œuvre de pièces de théâtre sur la
mémoire de la Shoah : la DMPA a financé ainsi la compagnie TRAC qui
réalisait un spectacle pédagogique, au profit des scolaires, tiré du récit
de Francine Christophe sur sa déportation à Bergen-Belsen, «Une
petite fille privilégiée», ainsi que la comédie musicale «Cabaret Térézin».
Le ministère de la défense et des anciens combattants et le monde
associatif de la Résistance et de la Déportation ont tenu à ce qu’un
rassemblement exceptionnel vienne conclure l'année du 65e anniver-
saire de la libération des camps. Des débats, entrecoupés d'animations
et d'intermèdes culturels, ont réuni rescapés et jeunes générations
dans l'enceinte de l'École Militaire, en novembre 2010.
Primé au Festival international du film d'histoire de Pessac en 2010, le
documentaire intitulé «Moi petite fille de treize ans. Simone Lagrange
témoigne d'Auschwitz» et réalisé par Elisabeth Coronel, Florence
Gaillard et Arnaud de Mezamat, a reçu le soutien du ministère de la
défense et des anciens combattants.
En dernier lieu, la DMPA a coédité en 2011 un guide historique
d'Auschwitz avec les éditions Autrement.
La valorisation des lieux de mémoire
Le monument du quai de Grenelle
L'œuvre, réalisée par M. Walter Spitzer, lui-même ancien déporté,
associé avec l'architecte Mario Azagury, est située square de Grenelle
à Paris (15e). Elle est conçue comme un contact réel et symbolique :
sur une forme courbe en béton armé, sept personnages de bronze
sont assis ou étendus, en attente. C'est l'image anonyme de tous les
persécutés, même si une lecture directe peut y voir une évocation des
victimes des rafles des 16 et 17 juillet 1942.
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C'est devant ce monument, financé par le ministère des anciens
combattants et inauguré le 17 juillet 1994 par le Président de la
République, que se déroule la cérémonie annuelle marquant la
Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes
et antisémites de l'État français et d'hommage aux «Justes» de France.
Le monument de Gurs
Ce monument fut érigé comme lieu symbolique des camps
d'internement. Il comporte deux parties, symboliquement reliées par
un tronçon de voie ferrée : un «monument-signal», situé en bordure
de la RD 936, qui comporte une dalle bétonnée, entourée de lignes
de fil de fer barbelé et cantonnée de 4 poteaux d'éclairage, et un
«monument-symbole» qui reproduit l'ossature d'une baraque de camp.
L'ensemble, financé majoritairement par le ministère des anciens
combattants, a été inauguré le 14 octobre 1994.
Le monument érigé à proximité de la maison d'Izieu
La maison accueillit, de mai 1943 à avril 1944, plus de 100 enfants
juifs, ainsi temporairement soustraits aux persécutions antisémites.
44 d'entre eux furent arrêtés et déportés en 1944 sur ordre de Klaus
Barbie. Le ministère des anciens combattants a financé le monument
situé à proximité de la maison.
Le Mémorial des martyrs de la Déportation
C'est dans l'île de la Cité à Paris, derrière le chevet de la cathédrale
Notre-Dame, que le promeneur découvre le Mémorial des martyrs de
la Déportation. L'édifice, financé au moyen d'une souscription nationale,
fut inauguré le 12 avril 1962 par le général de Gaulle, Président de la
République. Il est dédié à l'ensemble des déportés. Le 29 février 1964,
l'association en fit don à l'État.
Le Pavillon français d'Auschwitz
Depuis 1979, la France dispose en Pologne, à l'instar des autres pays
européens dont des ressortissants ont été déportés à Auschwitz, d'une
exposition permanente située dans l'enceinte de l'ancien camp de
concentration d'Auschwitz-I.
Afin de tenir compte notamment des recherches historiques intervenues
depuis cette époque, le Premier ministre a annoncé, lors du dîner
du CRIF du 27 janvier 2003, la rénovation complète du contenu de
l'exposition. Le ministère de la défense en a assuré la mise en œuvre.
Il est, depuis, l'un des pavillons nationaux les plus visités.
Le centre européen du résistant déporté (CERD),
site de l'ancien camp de Natzweiler-Struthof
S'il n'est pas un lieu de mémoire dédié à la Shoah, le CERD qui
prend place à proximité du camp de Natzweiler-Struthof évoque ce
génocide car une partie de ses prisonniers étaient juifs.
La gestion de l'ancien camp a été confiée dès 1949 au ministère des
anciens combattants et victimes de guerre, date à laquelle s'est
engagé le travail de mémoire. Le site est administré depuis 1953 par
une structure composée d'anciens internés, résistants et déportés. En
juillet 1960, le général de Gaulle inaugura le mémorial «aux martyrs
et héros de la Déportation».
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La création du CERD, inauguré en novembre 2005 par le Président de
la République, est venue parachever ce travail de mémoire. Le CERD
rappelle le sens de l'engagement résistant et présente l'histoire des
résistances en Europe, il évoque l'ensemble du système concentra-
tionnaire, en présentant l'histoire des principaux camps de concen-
tration et d'extermination. Il se situe dans une perspective résolument
européenne.
Son fonctionnement, assuré par le ministère de la défense et des
anciens combattants, est placé sous la responsabilité de l’Office
national des anciens combattants et victimes de guerre.
Mémorial de la prison de Montluc à Lyon
Lieu d'incarcération pour les détenus des procès du régime de Vichy
entre 1940 et 1942, la prison de Montluc est transformée à partir
du 11 novembre 1942 en un centre régional d’internement pour les
autorités d’Occupation. Jusqu’en août 1944, Montluc fut un lieu de
répression, de torture et d’exécution pour plusieurs milliers de
résistants, d’otages et de persécutés raciaux. Si le nom de Jean Moulin
est demeuré le plus célèbre parmi ceux qui y furent incarcérés,
d'autres personnalités y ont été emprisonnées tel l'historien Marc
Bloch. Le lieu resta également une prison pour des condamnés de
droit commun.
Transféré en 1947 au ministère de la justice, le fort de Montluc a
ensuite servi de centre pénitentiaire. Le 5 février 1983, Klaus Barbie
y fut incarcéré à son arrivée en France, avant d'être transféré à la
prison Saint-Joseph pour raison de sécurité. Jugée trop vétuste au
début des années 2000, la prison a fermé ses portes, les derniers
prisonniers l’ayant quittée début 2009.
Depuis le 14 septembre 2010, la gestion du site, inscrit à l’inventaire
supplémentaire des monuments historiques, relève du ministère de
la défense et des anciens combattants, direction de la mémoire, du
patrimoine et des archives (DMPA), et de son opérateur, l'Office
national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC-VG).
Le projet culturel de la prison de Montluc, transformée en mémorial,
vise à promouvoir les mémoires de la Seconde Guerre mondiale,
notamment en direction des jeunes.
Le soutien aux institutions ayant trait à la mémoire de la Shoah
Créée et reconnue d'utilité publique par décret du 17 octobre 1990, la
fondation pour la mémoire de la déportation bénéficie du soutien du
ministère. Elle a pour objectif de pérenniser la mémoire de la dépor-
tation et de l'internement, quels qu'en furent le motif et la finalité.
Le ministère de la défense a noué ensuite de nombreux partenariats
avec des institutions plus spécifiquement en charge de la mémoire
de la Shoah, en particulier la fondation pour la mémoire de la Shoah,
et la Maison d'Izieu, ainsi que le mémorial de la Shoah, ou bien
encore Yad Vashem France.
L'État, par sa contribution, a participé activement à la création de la
fondation pour la mémoire de la Shoah. Le ministère de la défense
et des anciens combattants est membre de droit de son conseil
d'administration. Il assure un suivi, à ce titre, des projets initiés par
la fondation.
Les statuts et la reconnaissance d'utilité publique ont été officialisés
par un décret en date du 26 décembre 2000.
La dotation en capital de la fondation provient en partie des spoliations
commises pendant l'Occupation à l'encontre des personnes considérées
comme juives, et d'une contribution de l'État.
D'autres institutions, comme la fondation du camp des Milles,
l'association Projet Aladin, le Centre d'étude et de recherche sur
les camps d'internement dans le Loiret (CERCIL) et l'Union des étudiants
juifs de France ont bénéficié de financements de la part de la DMPA.
La recherche historique
Le ministère de la défense et des anciens combattants détient des
archives pouvant être utiles à une meilleure connaissance de la Shoah
et les met à la disposition des chercheurs, après inventaire et en
fonction de la législation.
Ainsi le bureau des archives des victimes des conflits contemporains,
localisé à Caen et qui relève du service historique de la défense,
conserve, en son sein, bon nombre de fonds d'archives individuelles
ou collectives.
Ces fonds concernent les arrestations, les internements, la déportation,
les camps de concentration, le rapatriement des survivants ou les
demandes d’attribution du statut de déporté politique.
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L'OFFICE NATIONAL DES ANCIENS COMBATTANTS
ET VICTIMES DE GUERRE (ONACVG)
L’histoire de l’Office national des anciens combattants et victimes de
guerre (ONAC-VG) résulte de la fusion de plusieurs organismes, créés
au début du XXe siècle, pour faire face aux conséquences de la
Première Guerre mondiale. Le très grand nombre des personnes
affectées par ce conflit d’une ampleur sans précédent pose la question
de leur prise en charge. C’est ainsi que l’ONAC-VG, établissement
public d’État né au cœur de la Grande Guerre, continue à apporter un
soutien moral et matériel de l’État à plus de 3,5 millions de ressortissants.
Sous l’autorité du secrétaire d’État auprès du ministre de la défense
et des anciens combattants, l’ONAC-VG est l’opérateur majeur de la
politique de mémoire combattante définie par la direction de la
mémoire, du patrimoine et des archives du ministère de la défense et
des anciens combattants. Il est chargé de décliner localement, grâce
ses services départementaux et ses missions interdépartementales
«mémoire et communication», les thématiques liées au calendrier
commémoratif.
La rencontre avec les témoins de l’histoire, qui disparaissent progres-
sivement, reste au cœur des initiatives mémorielles des services
départementaux de l’ONAC-VG. C’est pourquoi l’Office conçoit des
opérations pédagogiques et culturelles : expositions pédagogiques,
théâtre, sport, promotion des porte-drapeaux, voyages sur les hauts
lieux de mémoire, édition de dépliants, cinéma, concours scolaires…
Enfin, depuis le 1er janvier 2010, le rôle de l’ONAC-VG a été étendu à
l’entretien, la rénovation et la mise en valeur mémorielle ou muséo-
logique des nécropoles et hauts lieux de mémoire. En 2012, l’ONAC-VG
s’investira totalement dans les commémorations de l’année 1942,
l’année de la Déportation.
� www.onac-vg.fr
� www.bleuetdefrance.fr
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LE MÉMORIAL DE LA SHOAH
MUSÉE, CENTRE DE DOCUMENTATION
Un lieu de référence en Europe
Situé au cœur du quartier historique du Marais, le Mémorial de la
Shoah est aujourd’hui l’institution de référence en Europe sur
l’histoire de la Shoah. Installé au tournant du «siècle des génocides»,
ouvert sur le siècle nouveau, le Mémorial est un pont jeté entre les
femmes et les hommes contemporains de la Shoah et ceux qui n’ont
pas vécu, ni directement ni par la médiation de leurs parents, cette
période historique. Musée, centre de documentation et lieu de
mémoire, il propose un parcours, une documentation exceptionnelle
et de nombreuses activités pour mieux comprendre cette période
tragique de l’histoire, la transmettre aux nouvelles générations et
lutter contre le retour de toute forme d’intolérance.
Un musée pour expliquer
L’exposition permanente décrit le sort des Juifs pendant la Seconde
Guerre mondiale et les mécanismes qui ont abouti à l’extermination
de près de six millions d’entre eux. Photographies, documents originaux,
affiches, correspondances privées, objets, films… mettent en regard
l’histoire collective et des destinées individuelles. L’exposition
permanente se termine par le Mémorial des enfants où quelque 2 700
photographies rappellent le sort des enfants juifs déportés de France.
Pour les enfants de 8 à 12 ans, un parcours adapté est proposé à l’aide
d’une signalétique spécifique et d’un livret d’accompagnement en
vente à la librairie.
Les expositions temporaires
Complémentaires de l’exposition permanente, les expositions
temporaires proposées tout au long de l’année abordent l’histoire de
la Shoah selon des sujets connexes tels l’approfondissement d’un
moment clé de cette période comme la Nuit de Cristal, l’œuvre d’un
auteur dont le destin a été chamboulé par la mise en place de la
Solution finale ou encore la perception de la Shoah à travers
l’observation du sport comme outil de propagande.
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Les activités pédagogiques et les actions de formation
Pourquoi et comment enseigner l’histoire de la Shoah au XXIe siècle ?
Ces questions sont au cœur de la mission du Mémorial. Le Mémorial
de la Shoah poursuit et accentue les actions de sensibilisation
menées depuis plusieurs années en direction des jeunes publics, en
accueillant des classes dans ses locaux, en développant des
ateliers pédagogiques ou en organisant des voyages d’étude sur
les lieux de mémoire comme Auschwitz.
Se souvenir
Le Mémorial de la Shoah est aussi un lieu de mémoire. À l’extérieur,
le Mur des Noms porte les noms des 76 000 hommes, femmes et
enfants juifs déportés de France entre 1942 et 1944. Au cœur du
Mémorial, la crypte est le tombeau symbolique des six millions de
Juifs morts sans sépulture. En son centre reposent les cendres de
victimes, recueillies dans les camps d’extermination. Le Mur des
Justes, érigé dans l’Allée des Justes qui jouxte le Mémorial, porte les
noms des hommes et femmes qui, au péril de leur vie, ont œuvré en
France pour sauver des Juifs persécutés.
Un centre de documentation
Constitué de trois départements, les archives, la photothèque et la
bibliothèque, le Centre de documentation juive contemporaine (CDJC)
du Mémorial de la Shoah est aujourd’hui le plus grand centre de
documentation en Europe consacré à l’histoire de la Shoah et au sort
des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Créé dans la
clandestinité en 1943, le CDJC possède les documents de source
allemande tels que les archives du service antijuif de la Gestapo, de
l’ambassade d’Allemagne à Paris ou de l’état-major allemand en
France, mais aussi les documents de source française comme les
archives du commissariat général aux Questions juives ou celles
de l’institut d’étude des Questions juives.
� www.memorialdelashoah.org
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LE CENTRE D'ÉTUDE ET DE RECHERCHE
SUR LES CAMPS D'INTERNEMENT DANS LE LOIRET
(BEAUNE-LA-ROLANDE, PITHIVIERS ET JARGEAU)
ET LA DÉPORTATION JUIVE
MUSÉE-MÉMORIAL DES ENFANTS DU VÉL D’HIV
Depuis 1991, le Cercil travaille sur l’histoire et la mémoire des camps
d’internement de Beaune-la-Rolande, Pithiviers et Jargeau, tous trois
situés dans le Loiret, et la déportation juive.
Entre le 14 mai 1941 et juillet 1943, plus de 16 000 Juifs, dont près de
4 500 enfants, ont été internés dans les camps de Pithiviers et Beaune-
la-Rolande, avant d’être déportés et assassinés à Auschwitz-Birkenau.
En 1942, huit convois partirent directement des gares de Beaune-
la-Rolande et de Pithiviers pour Auschwitz.
Entre avril 1941 et décembre 1945, 1 190 Tsiganes, dont 700 enfants,
ont été internés dans le camp de Jargeau.
Depuis 2011, le Cercil est installé dans de nouveaux locaux où on peut
découvrir une exposition permanente présentant l’histoire de ces
camps autour d’archives, d’analyses et de témoignages. Un mémorial
consacré aux enfants du Vél d’hiv permet d’évoquer la vie des 4 500
enfants juifs internés dans le Loiret et assassinés à Auschwitz-Birkenau.
Il comprend également un centre de ressources et d’archives. Un pôle
pédagogique, composé de deux professeurs mis à disposition par
l’Education nationale et de médiateurs, est un interlocuteur privilégié
pour les enseignants. Sont organisés des visites sur le site de
Pithiviers, des ateliers pédagogiques, des visites interactives de
l’exposition permanente, des rencontres avec des témoins. Sont
accompagnés les projets initiés par les établissements, les recherches
des étudiants et les TPE des lycéens.
Ouvert aux chercheurs et au public, le Cercil est ainsi à la fois un lieu
de recherche, de mémoire et d’éducation.
� www.cercil.fr
LE MÉMORIAL DE CAEN
Inauguré le 6 juin 1988, le Mémorial de Caen a été édifié au-dessus
d'une galerie souterraine qui abritait en 1944 le poste de commandement
de la 716e division d'infanterie allemande qui gardait le secteur côtier
s'étendant d'Omaha à l'embouchure de l'Orne.
L’objectif dominant de ce Mémorial, érigé à Caen, ville largement
détruite durant la Seconde Guerre mondiale, est celui de l’hommage
mais aussi de la réconciliation.
Le parcours muséographique se divise en deux parties : «le monde
avant 1945» et «le monde après 1945». Ces deux espaces permettent
de couvrir les années 1918 à 1989, du Traité de Versailles à la chute
du mur de Berlin.
En 2009 et 2010, le Mémorial de Caen a rénové ses parcours et ouvert
4 nouveaux espaces de visite : «Guerre mondiale, Guerre totale» et
«Le Débarquement et la Bataille de Normandie» dans la partie consacrée
à la Seconde Guerre mondiale, «Berlin au cœur de la Guerre froide»
dans la partie consacrée à la Guerre froide, et «Taches d'opinions» (sur
l'actualité du monde au travers le dessin de presse) qui remplace
l'exposition précédemment dédiée aux cultures de paix.
� www.memorial-caen.fr
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LE MÉMORIAL DE L'INTERNEMENT
ET DE LA DÉPORTATION
CAMP DE ROYALLIEU
Construite en 1913, la caserne militaire de Royallieu, qui s’étendait sur
20 hectares, fût transformée en camp d'internement pour prisonniers
politiques de 1941 à 1944. Une partie de l'ancien camp a été conservée
pour devenir le Mémorial de l'internement et de la déportation,
inauguré le 23 février 2008. À l’intérieur des baraquements, le parcours
historique permet, grâce aux nouvelles technologies audiovisuelles,
de raconter l'histoire des internés à travers des témoignages sonores,
des documents écrits (lettres manuscrites, documents administratifs,
photographies) et des projections. Environ 50 000 personnes
(prisonniers politiques, Résistants, Juifs, étrangers) ont transité par ce
camp pour être déportées vers Buchenwald, Auschwitz, Neuengamme,
Mauthausen, Dachau, Sachsenhausen ou encore Ravensbrück. Près
de la moitié ne sont pas revenues.
L'ensemble du site est porteur de mémoire, y compris le Jardin, mis
en valeur par l'architecte Jean-Jacques Raynaud, avec des stèles de
verres et des chaises parlantes qui évoquent chaque chapitre de
l'internement à Royallieu, racontés par les internés eux-mêmes, de
l'arrivée jusqu'au départ en déportation. Ainsi, le Mémorial permet
de comprendre aujourd’hui comment les Allemands sont passés
d’une politique de répression, marquée par les fusillades d’otages, à
une politique de déportation, y compris raciale.
� www.memorial-compiegne.fr
LA COUPOLE
MUSÉE BUNKER DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE
Le Centre d’Histoire et de Mémoire du Nord–Pas-de-Calais est
implanté dans un ancien bunker construit par les Allemands pendant
la Seconde Guerre mondiale, à Helfaut, près de Saint-Omer. Ce
blockhaus, édifié par l’organisation Todt, était destiné au stockage, à
la préparation et au lancement de la fusée V2.
C’est en 1987 que le Département du Pas-de-Calais décide de trans-
former ce gigantesque bunker en centre d’histoire. Après dix années
de recherches menées par Yves le Maner, La Coupole est inaugurée le
9 mai 1997. Depuis cette date, 1,7 million de personnes l’ont déjà
visitée. En 2010, le centre d’histoire a totalement renouvelé sa scéno-
graphie. Celle-ci est structurée autour de deux circuits :
� Le premier parcours porte sur les armes secrètes d’Hitler. Wernher
von Braun en est le fil conducteur. Des laboratoires secrets du centre
de recherches de Peenemünde au rêve accompli d’aller marcher sur
la Lune, le visiteur découvre ce chapitre du XXe siècle où sont abor-
dées les notions de guerre totale, de bombardement stratégique, de
guerre froide… Une analyse comparée de photographies permet
de comprendre les terribles conditions de vie et de travail des
déportés de Dora chargés d’assembler les fusées V2.
� Le deuxième parcours est intitulé «Le Nord–Pas-de-Calais dans la
main allemande».
Plusieurs grands thèmes sont développés : la violence de l’invasion,
la pression massive de l’occupant entre 1940 et 1944 sur la population
civile, les formes particulières de la résistance dans la région, la
persécution des Juifs, la collaboration et les différents visages de
la Libération, etc.
Ce circuit s’achève par un espace consacré à la déportation et au
génocide. Un «Mémorial des déportés et des fusillés» rend hommage
aux milliers de victimes du régime nazi de la région Nord–Pas-de-Calais.
Lorsque le visiteur retrouve la lumière du jour, il aura, on l’espère,
mieux compris les drames et les violences du XXe siècle et appréciera
la chance qu’il a de vivre dans une Europe en paix.
_92
LE CENTRE D'HISTOIRE DE LA RÉSISTANCE
ET DE LA DÉPORTATION
Aménagé dans l’ancienne École de santé militaire, à l’intérieur même
des bâtiments où le chef de la Gestapo de Lyon, Klaus Barbie, a sévi,
le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon
s’attache à être plus qu’un musée du souvenir.
C’est un lieu fort et symbolique au service de l’Histoire et de la
Mémoire. Un lieu qui nous invite à revisiter l’une des plus sombres
périodes de notre histoire ; c’est également un centre de réflexion
ouvert, par ses nombreuses expositions temporaires, sur le monde
contemporain.
Depuis son inauguration en 1992, le CHRD a accueilli près d’un million
de visiteurs et programmé plus de quatre-vingts expositions temporaires.
Bien que plébiscité par le public, le parcours permanent nécessitait
d’être renouvelé pour rendre compte des avancées de la recherche
historique et répondre aux attentes d’un public toujours plus curieux
et exigeant.
Le musée a donc fermé ses portes pour un an et se consacre à la
rénovation d’une exposition enrichie d'objets et de contenus inédits,
aménagée au sein d'une scénographie innovante.
LE MUSÉE DE L’ARMÉE
Le musée de l’Armée, situé en l’Hôtel national des Invalides, au cœur
de Paris, présente au public un ensemble exceptionnel d’objets et
d’œuvres relatifs à l’histoire militaire de la France, depuis le Moyen-Âge
jusqu’au XXe siècle : armures, uniformes, armes à feu, armes blanches,
pièces d’artillerie, emblèmes, décorations, figurines historiques,
tableaux, photographies, effets personnels de grands personnages
historiques mais aussi d’acteurs anonymes des conflits armés auxquels
la France a participé… Leur diversité, leur nombre et la longue
période chronologique couverte par ces collections, font du musée
de l’Armée un des principaux musées d’art et d’histoire militaire
au monde.
Au sein du parcours de visite, l’histoire de la Seconde Guerre mondiale
s’étend sur plus de 2 000 m2. Dans ses espaces, le drame vécu par les
populations juives est évoqué, à travers des documents personnels
mais aussi au sein d’une séquence dédiée à la déportation et aux
camps de concentration, dans une scénographie sobre et le respect
de leur mémoire.
En 2011, le musée de l’Armée a accueilli plus de 1 450 000 visiteurs.
� www.invalides.org
_93
LA MAISON D'IZIEU
La Maison d'Izieu perpétue le souvenir des 105 enfants et des adultes
juifs qui y avaient trouvé refuge à partir de mai 1943. Sur ordre de
Klaus Barbie, 44 enfants et 7 adultes furent arrêtés le 6 avril 1944, puis
déportés. L’éducatrice Léa Feldblum fut l’unique survivante.
Lieu d’histoire et de mémoire attaché au présent et tourné vers l’avenir,
la Maison d’Izieu consacre ses activités à l’information et à l’éducation
de tous les publics sur le crime contre l’humanité et les circonstances
qui l’engendrent. Elle mène un travail de recherche historique sur la
colonie d’Izieu et élargit la réflexion sur la transmission, la mémoire
et sa construction.
À travers l’évocation des enfants juifs d’Izieu et de leurs éducateurs,
c’est contre toute forme d’intolérance et de racisme qu’elle entend lutter.
La Maison d’Izieu est ouverte à tous types de publics, individuels,
familiaux, groupes adultes, jeunes et scolaires.
Deux bâtiments se visitent. Dans la Grange, dédiée à l’histoire,
l’itinéraire et la vie des enfants d'Izieu et de leur famille sont retracés.
Des extraits du procès Barbie relatifs à la rafle d'Izieu sont diffusés en
exclusivité. Dans la Maison, dédiée à la mémoire, la vie quotidienne
de la colonie est évoquée à travers les photos, lettres et dessins
des enfants.
� www.memorializieu.eu
LE CENTRE EUROPÉEN DU RÉSISTANT DÉPORTÉ
En mai 1941, au lieu-dit le Struthof, au cœur de l'Alsace annexée
de fait par le IIIe Reich, les nazis ouvrent le Konzentrationslager
Natzweiler. 52 000 personnes sont déportées dans ce camp ou dans
l'un de ses 70 camps annexes. 22 000 n'en reviendront jamais.
Le KL Natzweiler est destiné aux résistants de l'Europe tout entière
qui y sont livrés à un travail épuisant au profit de l'économie du
IIIe Reich. Un certain nombre de déportés pour motifs raciaux (Juifs et
Tziganes) sont également envoyés au Struthof pour être livrés
à de terribles expérimentations pseudo-scientifiques.
Aujourd'hui, le site historique, protégé au titre des monuments
historiques, permet de découvrir ce que fut le fonctionnement de
ce camp de concentration unique en France, avec ses baraques,
son four crématoire et sa chambre à gaz.
Inauguré en 2005, le Centre européen du résistant déporté complète
la visite du lieu par une approche pédagogique affirmée. Bornes
tactiles, films, objets et photos retracent la montée du fascisme et du
nazisme en Europe, la mise en place du système concentrationnaire
nazi, et parallèlement rendent hommage aux résistances qui se
levèrent contre l’oppression.
Lieu de rencontre et de réflexion, le Centre européen du résistant
déporté organise régulièrement des expositions temporaires et des
conférences. Il s'est donné pour mission de diffuser les valeurs de
liberté, de respect, de tolérance et de vigilance.
Le Struthof, Haut lieu de la mémoire nationale et européenne, est
placé sous la responsabilité de l'Office national des anciens combattants
et victimes de guerre, établissement public sous tutelle du ministère
de la défense et des anciens combattants.
� www.struthof.fr
_94
LE CENTRE DE LA MÉMOIRE D’ORADOUR
Le centre de la mémoire a ouvert ses portes le 12 mai 1999. Il a
été inauguré le 16 juillet 1999 en présence du président de la
République. Le centre de la mémoire est situé entre les ruines et le
nouveau village d’Oradour. Ce bâtiment semi enterré se fond dans
les courbes du terrain, ses façades de verre reflètent les arbres et les
bords de la Glane, rappelant la vie paisible précédant le massacre.
Une déchirure centrale du bâtiment par des lames d’acier rouillées
symbolise à la fois la destruction (par la forme), la mémoire et la
résistance au temps (par la matière).
Le temps faisant son œuvre, les ruines seules peuvent-elles continuer
à perpétuer à l’avenir un message de mémoire et de paix sans
présence des témoins ?
Le centre fournit une explication historique aux ruines du village martyr
d’Oradour qui sont les vestiges de l’événement tragique survenu le
10 juin 1944, lorsqu’une unité de la division SS Das Reich massacre
642 personnes, hommes, femmes, et enfants dans ce petit bourg de
Haute-Vienne situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Limoges.
À l’intérieur du centre, une exposition permanente intitulée «Com-
prendre Oradour» présente un parcours retraçant les événements
qui conduisirent à cet acte de barbarie. De l’expansion du nazisme en
Europe au procès de Bordeaux, 5 espaces d’information permettent
de mieux comprendre la réalité historique et l’exemplarité d’Oradour.
Plus de 300 documents (archives, photographies, films, témoignages)
apportent des explications sur les événements qui firent d’Oradour
un symbole national et préparent à la visite du village martyr.
En plus de l’exposition permanente, le centre de la mémoire organise
des expositions temporaires, des conférences, des journées d’études
et d’autres activités qui visent à éveiller la conscience citoyenne et à
transmettre un message de paix.
� www.oradour.org
LE MUSÉE DE LA RÉSISTANCE NATIONALE
Le Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne gère,
conserve, enrichit et valorise une collection exceptionnelle de plus de
500 000 pièces sur la Résistance intérieure française. Cette collection
dévolue aux Archives nationales est sous tutelle de la Direction des
Musées de France et de la Direction des Archives de France ; sous
convention avec le ministère de l’éducation nationale.
L’association «Musée de la Résistance nationale» valorise sa collection
auprès de tous les publics ; un outil au service de la collectivité.
Dans les années 1960, d’anciens résistants lancent l’idée d’un Musée
de la Résistance. Ils se constituent en association et, pendant 20 ans,
collectent auprès de leurs camarades de lutte et de leurs familles,
documents et objets. En 1985, grâce au soutien d’un comité de
parrainage regroupant des centaines de collectivités territoriales, de
très nombreux anciens résistants et déportés, des syndicats, des
associations et de simples citoyens, un premier site du musée de la
Résistance nationale ouvre ses portes à Champigny-sur-Marne.
Depuis, dans le souci de faire vivre l’histoire et les enseignements de
la Résistance au plan national, l’Association des Amis du Musée de la
Résistance nationale donne naissance à de nombreuses associations
d’amis du Musée et de nouveaux sites muséographiques en Île-de-
France et en province. Chaque site, chaque association développe des
activités et est devenu un acteur majeur de la politique de mémoire
de sa région.
� www.musee-resistance.com
_95
LA VILLE DE VÉNISSIEUX
Vénissieux, 60 000 habitants, 3e ville du Rhône, 7e de Rhône Alpes, a
une forte tradition populaire, industrielle et résistante.
Dans les heures sombres de notre histoire, Vénissieux s’est illustrée
dans la lutte contre l’occupant nazi. Ainsi, le 2 septembre 1944, elle fut
une des rares communes à se libérer d’elle-même, par un mouvement
d’insurrection populaire. Après les grandes rafles organisées par l’État
français de Vichy, le 26 août 1942, nombre de juifs furent internés dans
un camp régional implanté rue de la République à Vénissieux. Des
associations de secours vont arriver à extraire et sauver 84 enfants
et 16 adultes d’une mort certaine. Cependant, 545 furent ensuite
déportés dans le camp d’Auschwitz. Dans de nombreuses entreprises,
des ouvriers et des syndicalistes clandestins ont porté les combats
contre l’occupant. Ces valeurs de résistance, de solidarité transmises
en héritage par nos aînés sont constitutives d’être vénissian
aujourd’hui. Dire non à l’ordre établi, au règne du tout puissant,
et être en résistance est encore nécessaire de nos jours.
Vénissieux est très attachée au devoir de mémoire collective, à sa
transmission aux générations suivantes, pour former les citoyens de
demain et lutter contre toute tentative de réécriture de l’histoire, à
l’instar de la famille de Louis Renault dans une actualité toute récente.
Les commémorations sont autant de devoirs de mémoire pour notre
ville. Avec le don du musée de la résistance de Vénissieux, la ville a
le projet de mettre en valeur ce fonds muséal dans une Maison de la
mémoire, lieu de compréhension et de transmission de notre histoire
commune.
� www.ville-venissieux.fr
LE CAMP DES MILLES
MÉMOIRE ET ÉDUCATION
Le Camp des Milles, entre Aix-en-Provence et Marseille, est aujourd’hui
le seul grand camp français, et l'un des rares en Europe, encore intact et
intégralement accessible au public à partir du deuxième semestre 2012.
Il témoigne de l'engrenage tragique des internements d’«étrangers»
et d’«indésirables» puis des déportations de juifs de la zone Sud entre
1939 et 1942 vers Auschwitz via Drancy.
Une de ses fortes caractéristiques fut le nombre d’intellectuels et
d’artistes parmi ses 10 000 internés venant de 27 pays. Ils ont laissé
de nombreuses traces encore visibles aujourd’hui, y compris de
grandes peintures murales. Le camp fut donc un lieu d’angoisses, de
souffrances mais aussi de résistance par la création et de sauvetages,
dont il faut se souvenir.
La «Fondation du Camp des Milles - Mémoire et Education» a été
créée en 2009 comme établissement reconnu d’utilité publique par
décret du Premier Ministre. Elle a pour but d’aménager les espaces et
bâtiments du camp pour en faire un haut lieu de mémoire et d’histoire,
d’éducation et de culture.
Elle prend ainsi la suite d’un long combat contre l’oubli et l’ignorance
initié il y a trente ans par d’anciens résistants et déportés.
Elle est dirigée par un large Conseil d’Administration qui représente
la diversité de ses partenaires publics, privés et associatifs : État et
collectivités locales, grandes associations concernées, et entreprises
mécènes. Parmi eux, le Mémorial de la Shoah est en charge des
contenus historiques du Site-Mémorial en cours d’achèvement. La
Fondation est présidée par Alain Chouraqui, Directeur de recherche au
CNRS. Serge Klarsfeld en est le Vice-Président.
Le camp des Milles est reconnu comme Monument historique par
le ministère de la culture, comme Haut lieu de mémoire par le
ministère de la défense et des anciens combattants et comme
partenaire institutionnel du ministère de l’éducation nationale. Son
Site-mémorial sera ouvert en juin 2012.
� www.campdesmilles.org
_96
LA VILLE DE PITHIVIERS
Le génocide des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale appartient
à l’histoire. Pour nous, Pithivériens, il est toujours dans notre esprit
même s’il ne reste du camp d’internement que le bâtiment de
l’infirmerie ou, pour certains, enfants dans les années 1940, des
images d’individus enfermés.
Nous devons nous souvenir de la persécution de milliers d’hommes,
de femmes et d’enfants, réalisée en rupture totale avec les valeurs et
les principes consacrés par la Déclaration des droits de l’homme et
par la tradition républicaine : justice, tolérance, générosité, liberté
et respect entre tous les hommes et entre tous les peuples. Autant
de valeurs et de principes fondamentaux pour la démocratie et
notre civilisation.
Et, en corollaire, il me semble essentiel de transmettre l’horreur
de l’extermination des juifs dans un souci de vérité historique,
d’enseignement et d’information de nos jeunes et de responsabilité
reconnue de l’État français.
C’est pourquoi la Ville de Pithiviers participe bien volontiers à la
saison mémorielle «1942, Des rafles et des déportations» organisée
par le Mémorial de la Shoah, comme elle prend part régulièrement
aux manifestations du CERCIL, dont elle est membre, ou aux
commémorations officielles de la déportation.
� www.ville-pithiviers.fr
LA VILLE DE BEAUNE-LA-ROLANDE
La ville de Beaune-la-Rolande s’associe pleinement à la saison
mémorielle «1942, Des rafles et des déportations» organisée par le
Mémorial de la Shoah et elle poursuit sans relâche un travail de
mémoire sur le camp d’internement et la déportation des juifs durant
la seconde guerre mondiale en liaison avec le CERCIL, dont elle est
membre fondatrice.
Le gouvernement de Vichy et sa complicité avec l’occupant n’ont droit
à aucune indulgence, pas même celle de la défaite car on ne sauve
pas son pays en déshonorant ses principes. En collaborant avec le
nazisme, ce gouvernement s’est associé au crime contre l’humanité
dans toute son horreur. En oubliant les pages sombres de cette
histoire nous pourrions être condamnés à les revivre.
Une civilisation sans mémoire est une civilisation sans avenir et il est
tout particulièrement important que les jeunes générations s’en
imprègnent. La liberté et la paix ne sont pas des droits naturels et
l’oubli ne peut pas faire partie de l’histoire.
Grâce au Mémorial de la Shoah, cette initiative de mémoire, détermine
notre reconnaissance envers celles et ceux qui ont soufferts, avec une
mention particulière pour tous ces enfants, victimes innocentes de la
barbarie nazie.
� www.beaune-la-rolande.mairie.com
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TABLE DES MATIÈRES
AVANT-PROPOS _05 par Jean-Paul BODIN,
secrétaire général pour l’administration
au ministère de la défense et des anciens combattants
PRÉFACE _07 par Éric de ROTHSCHILD,
président du mémorial de la Shoah
.1942.LA MISE EN PLACE DU GÉNOCIDE DES JUIFS D’EUROPE _09
.LA SHOAH.L’EXTERMINATION DES JUIFS EN EUROPE _11
.LA SHOAH.LA PERSÉCUTION ET LA DÉPORTATION DES JUIFS EN FRANCE _25
.1942.CHRONOLOGIE DE L’ANNÉE SELON 3 AXES : EUROPE / FRANCE / GUERRE _41
COMMÉMORATIONS ET MANIFESTATIONS CULTURELLES _69
PROGRAMME DE LA SAISON MÉMORIELLE _73
LES PRINCIPAUX PARTENAIRES DE L’ANNÉE MÉMORIELLE _83