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L’AGONIE AU GETHSEMANI .............................................................................. 5
VEILLEZ ET PRIEZ .......................................................................................... 9
MA VIE NUL NE LA PREND MAIS C’EST MOI QUI LA DONNE ......................................... 12
LE BAISER DE JUDAS ..................................................................................... 15
« JE SUIS » ................................................................................................ 19
LA GUERISON DE MALCHUS ............................................................................. 22
COMME UN AGNEAU LIVRE .............................................................................. 25
TOUS L’ABANDONNERENT............................................................................... 28
POUR QUE S’ACCOMPLISSENT LES ECRITURES ....................................................... 32
MALTRAITE ................................................................................................ 35
CAÏPHE ..................................................................................................... 38
JESUS EN PRISON ......................................................................................... 40
LE RENIEMENT DE PIERRE ............................................................................... 44
JUDAS ...................................................................................................... 47
HERODE .................................................................................................... 50
LA FLAGELLATION ........................................................................................ 53
JESUS COURONNE D’EPINES ............................................................................ 56
BARABBAS ................................................................................................. 59
COMDAMNE A MORT ...................................................................................... 61
LA CROIX ................................................................................................... 64
CHUTES ET RELEVEMENTS DE JESUS .................................................................. 67
LA RENCONTRE DE MARIE ............................................................................... 70
SIMON DE CYRENE ........................................................................................ 73
VERONIQUE ................................................................................................ 76
LES FEMMES DE JERUSALEM ............................................................................ 79
DEPOUILLE DE SES VETEMENTS ........................................................................ 82
LA TUNIQUE ............................................................................................... 85
LE CRUCIFIEMENT ........................................................................................ 88
L’ECRITEAU ............................................................................................... 91
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PERE PARDONNE-LEUR .................................................................................. 94
VOICI TA MERE ............................................................................................ 97
AUJOURD’HUI, AVEC MOI, TU SERAS EN PARADIS ................................................. 100
J’AI SOIF ................................................................................................. 103
POURQUOI M’AS-TU ABANDONNE ? .................................................................. 106
TOUT EST ACCOMPLI................................................................................... 110
PERE, ENTRE TES MAINS JE REMETS MON ESPRIT ................................................. 113
LE GRAND CRI ........................................................................................... 116
LE DEUIL DE LA NATURE............................................................................... 119
LA CONFESION DU CENTURION ....................................................................... 123
LE CÔTE OUVERT ....................................................................................... 126
JOSEPH D’ARIMATHIE .................................................................................. 129
LA PIETA ................................................................................................. 132
LE SEPULCRE ............................................................................................ 135
L’ATTENTE DU SAMEDI-SAINT ........................................................................ 138
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L’AGONIE AU GETHSEMANI
Contemplons
Ecoutons
Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le
suivirent. Arrivé en ce lieu, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » Puis il
s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant :
« Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma
volonté, mais la tienne. » Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait. Entré en
agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang
qui tombaient sur la terre. (Luc 22, 39-44)
Méditons
« Voici l’agneau de Dieu qui prend sur lui tous les péchés du monde » a dit Jean-Baptiste
de Jésus, il y a trois ans. Et voici l’heure où ces mots trouvent leur accomplissement. Dans
son amour pour nous, Jésus prend sur lui tous nos péchés, ceux de l’humanité tout entière,
depuis le péché originel, celui d’Adam et Eve, jusqu’à ceux de la toute dernière
génération.
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Chargé du poids de tous les péchés, Jésus est pris d’une telle angoisse que sa sueur devient
comme du sang. Ce phénomène, que la science appelle l’hématidrose, est causé par une
situation d’anxiété et de stress d’une particulière intensité.
De l’extrême détresse de Jésus en ce soir du jeudi-saint, nous pouvons déduire que :
- le péché n’est pas une chose anodine, banale, sans conséquences, mais qu’il constitue
une dette personnelle vis-à-vis de Dieu qui demande à être acquittée : le péché appelle
une juste réparation ;
- le moindre péché étant une offense faite à l’amour infini de Dieu, la dette contractée
est si grande et nous si pauvres que seul Jésus, Dieu fait homme, est en mesure de
présenter à son Père cette juste réparation ;
- que l’amour de Jésus pour son Père et pour nous est infini car il faut un amour infini
pour accepter de prendre sur soi un poids de souffrance infini.
A plusieurs mystiques, Jésus explique que son agonie au jardin des Oliviers a été le pire
moment de toute sa Passion, qu’il y a entrevu toutes les âmes pour lesquelles son sacrifice
aura été vain et que cette vision aura été la cause essentielle de sa terrible agonie. A
Josefa Menendez, Jésus dit : « Mon âme triste et désemparée allait souffrir d’une angoisse
plus mortelle encore, car sous le poids des iniquités de l’humanité, et en retour de tant de
souffrances et de tant d’amour, je ne voyais qu’outrages et ingratitudes. Le Sang qui
coulait de tous mes pores et qui jaillirait bientôt de toutes mes blessures resterait inutile
pour tant d’âmes… beaucoup se perdraient… d’autres en plus grand nombre
m’offenseraient… et des multitudes ne me connaitraient même pas !... Je répandrais ce
Sang pour toutes, et mes mérites seraient offerts à chacune… Sang divin ! Mérites
infinis !... inutiles cependant pour tant d’âme !... » (Un appel à l’amour) Sainte Véronique
Giuliani écrit à ce sujet : « la terrible agonie au jardin des Oliviers, Notre-Seigneur la subit
dans son Cœur jusqu’à son dernier soupir sur la Croix. »
Dans son agonie, Jésus trouva sa consolation dans la vision de toutes les âmes qui se
laisseront racheter par son sacrifice. A sainte Faustine Kowalksa, il dit : « aujourd’hui
amène moi les âmes douces et humbles, ainsi que celles des petits enfants et immerge-les
dans ma miséricorde. Ces âmes ressemblent le plus à mon Cœur, elles m'ont réconforté
dans mon amère agonie ; je les voyais veiller comme des anges terrestres qui veilleront sur
mes autels, sur elles je verse des torrents de grâces. » (Neuvaine à la miséricorde divine)
Comma Isaac qui s’est couché sur l’autel sachant que son père allait le sacrifier, Jésus
s’est donné à son Père pour nous… Et, le Cœur déchiré, comme Abraham, le Père a sacrifié
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son Fils pour nous… Qui sommes-nous pour que Dieu accepte de payer un tel tribu pour
nous ?
A sainte Angèle de Foligno, Jésus dit : « Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée ; ce n’est
pas par grimace que je me suis fait ton serviteur ; ce n’est pas de loin que je t’ai touchée !
»
Prions
Une dizaine du chapelet (1 Notre Père, 10 Je vous salue Marie, 1 Gloire au Père)
O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer ;
conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre
miséricorde.
Père Eternel, par le Cœur Immaculé de Marie et le Cœur Sacré de Jésus, nous vous
offrons 33 000 fois avec tous les Anges et tous les Saints,
le Corps, le Sang, l’Ame, la Divinité, la Sainte-Face, l’amour eucharistique, toutes les
blessures, larmes, souffrances de votre très cher Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ que
nous aimons tant,
en union avec les douleurs, les larmes, l’amour de la Très-Sainte-Vierge Marie,
les mérites de tous les anges et de tous les saints,
de toutes les saintes Messes et Communions passées, présentes, futures,
les saints rosaires et autres prières,
et dans les Plaies de Jésus-Christ notre propre néant avec Lui, en Lui et par Lui,
pour la conversion des pauvres pécheurs, en réparation des péchés du monde entier,
pour la sainte Eglise catholique, le Saint-Père, les cardinaux, les évêques, les prêtres,
les consacrés, les pauvres âmes du purgatoire, les malades, les agonisants et toutes les
personnes qui nous ont été recommandées. Amen.
Saint Joseph, Père nourricier de Notre-Seigneur Jésus-Christ et chaste époux de la
Vierge Marie, Mère de Dieu, priez pour nous et pour tous les besoins de la sainte Eglise
catholique.
Que par la miséricorde de Dieu les âmes des fidèles défunts, reposent en paix. Amen.
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Les reliques de la Passion du Christ
L’église de Gethsémani à l’intérieur de laquelle se trouve le rocher où a eu lieu l’agonie de
Jésus le soir du jeudi-saint.
Retrouvez les Chemins de Croix médités par Monseigneur V. Dollmann et par l’abbé C.
Gouyaud en cliquant sur le lien suivant : http://www.croix-glorieuse.org/audio
et ces méditations pour le carême sur le blog de la paroisse La Croix glorieuse :
http://blog.croix-glorieuse.org/
Vous pouvez ne pas souhaiter recevoir ce courriel ; si c’est le cas, faites-le savoir par
simple retour. Vous pouvez aussi proposer à d’autres de participer à ce cénacle de prière
en ligne ; pour cela il suffit de transférer ce message.
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VEILLEZ ET PRIEZ
Contemplons
Ecoutons
Puis il revient et trouve les disciples endormis. Il dit à Pierre : « Simon, tu dors ! Tu n’as
pas eu la force de veiller seulement une heure ? Veillez et priez, pour ne pas entrer en
tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. » Et de nouveau, il vint près des
disciples qu’il trouva endormis, car leurs yeux étaient alourdis de sommeil. Et eux ne
savaient que lui répondre. Une troisième fois, il revient et leur dit : « Désormais, vous
pouvez dormir et vous reposer. C’est fait ; l’heure est venue : voici que le Fils de l’homme
est livré aux mains des pécheurs. (Marc 14, 37-41)
Méditons
Si Jésus fait l’essentiel dans notre salut, il attend néanmoins de nous que nous ne le
laissions pas seuls et même que nous le consolions de la solitude dans laquelle l’abandonne
la plupart des âmes. En la nuit du jeudi-saint, Jésus s’adresse à Pierre, Jacques et Jean,
ceux qu’il avait préparés pour cette heure en leur montrant sa gloire sur le Mont Thabor, il
y a peu de temps. Rompus de fatigues et inconscients de ce qui les attend, ils se laissent
vaincre par le sommeil. Pourtant, l’heure est à la prière car sans le soutien de la grâce, ils
ne surmonteront pas l’épreuve de la Passion. Ils l’apprendront douloureusement dans les
heures qui suivent.
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Quels ont bien pu être les sentiments de Jésus à chaque fois qu’il s’est adressé aux
disciples pour mendier leur soutien et qu’il les trouve endormis… A sœur Josef Menendez,
Jésus dit : « comment dire ce qu’éprouva mon Cœur lorsque j’allai les chercher et que je
les trouvai plongés dans le sommeil ? Quelle peine pour celui qui aime d’être seul et de ne
pouvoir se confier aux siens !… Que de fois mon Cœur souffre de la même douleur… et que
de fois cherchant quelque soulagement près de ces âmes choisies, il les trouve
endormis… »
A notre intention à tous, il ajoute encore : « il est inutile et vain de chercher un
soulagement auprès des créatures. Que de fois, vous ne trouverez auprès d’elle qu’un
accroissement d’amertume parce qu’elles sont endormies et parce qu’elles ne répondent
ni à votre attente ni à votre amour… »
Mais « priez avec une confiance d’enfant et attendez tout de Celui qui est votre Père. Lui-
même vous soulagera et vous donnera la force nécessaire pour traverser la tribulation ou la
souffrance, qu’elle soit la vôtre ou celle des âmes qui vous ont confiées. » (Un appel à
l’amour)
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Reliquaire du Saint Sang de la basilique de Bruges
Quelques gouttes du Saint Sang furent rapportées comme reliques en 1146 par Thierry
d'Alsace à son retour de Palestine et furent conservées dans la basilique du Saint-Sang à
Bruges. Les premiers récits sont relatés pour la première fois en 1380 par Jan de Lange,
abbé de l’abbaye de Saint-Bertin à Saint-Omer. Le premier écrit à faire la description du
transfert fut rédigé entre 1538 et 1552 (quatre siècles après cet événement) par l'historien
brugeois Jakob De Meyer. L'auteur situe l’arrivée au vendredi 7 avril 1150 mais ne fait
aucunement référence à des sources. Certaines recherches scientifiques critiques ont
avancé que la relique provenait probablement de Constantinople. Le précieux Saint Sang
était alors conservé dans la Chapelle de Marie du palais impérial. Après la prise de
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Constantinople en 1204, plusieurs reliques de la Passion du christ furent emportées en
Occident. Des recherches ont permis de prouver que le flacon contenant le Saint Sang et
conservé actuellement est bien le flacon original. Il fut taillé en Orient dans un cristal de
montagne évidé et servit de récipient de transport jusqu'à Bruges. On peut encore voir de
façon assez distincte le sang coagulé adhérer aux parois intérieures. Dès 1338, le flacon fut
serti dans un cylindre de verre garni de montures en or et toujours intact à l'heure
actuelle. Il est la propriété de la ville de Bruges. Il est toujours conservé et honoré dans la
Chapelle de Saint-Basile du Château, également propriété de la ville.
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MA VIE NUL NE LA PREND MAIS C’EST MOI QUI LA
DONNE
Contemplons
Ecoutons
Alors il revient vers les disciples et leur dit : « Désormais, vous pouvez dormir et vous
reposer. Voici qu’elle est proche, l’heure où le Fils de l’homme est livré aux mains des
pécheurs. (MT 26 45)
Pilate lui dit alors : « Tu refuses de me parler, à moi ? Ne sais-tu pas que j’ai pouvoir de te
relâcher, et pouvoir de te crucifier ? » Jésus répondit : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi
si tu ne l’avais reçu d’en haut ; c’est pourquoi celui qui m’a livré à toi porte un péché plus
grand. » (Jean 19, 10-11)
Méditons
Les prophéties n’ont pas été écrites pour annoncer les souffrances de Jésus, « l’homme
des douleurs » dont parle Isaïe, mais pour que Jésus les accomplisse. Jésus n’ignorait rien
de tout ce qu’il subira et endurera dans sa Passion : à plusieurs reprises, il a rappelé à ses
disciples qu’il est venu en ce monde pour accomplir les prophéties qui annoncent les
souffrances du Messie. Jésus choisit en pleine connaissance de vivre sa Passion, par amour
pour les siens que nous sommes : « ayant aimé les siens qui sont dans le monde, il les
aima jusqu’au bout », nous dit saint Jean.
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C’est pour cette heure que Jésus est venu en ce monde. Lui qui a ressuscité Lazare,
multiplié les pains, a été transfiguré au Thabor, a montré tant de fois sa puissance, aurait
pu faire intervenir les anges qui sont venus le servir au désert après son jeune de quarante
jours, pour qu’ils le défendent et foudroient sur place ceux qui veulent le condamner et
empêcher l’extension de son règne. Mais tel n’est pas son but. Jésus est l’amour même,
l’amour qui veut être aimé en retour parce qu’il est l’amour. Parce que Jésus nous aime, il
se livre dans un acte d’amour infini pour son Père, avec qui il veut nous réconcilier, et
pour nous, à qui il veut montrer jusqu’où va son amour pour nous. La Passion n’est pas
avant tout le souvenir de tout ce que Jésus a souffert mais le cadeau d’amour infini de
Jésus pour chacun de nous. Et c’est au prix payé par lui que nous connaissons « l’amour du
Christ qui surpasse tout ce qu’on peut connaître. » (Ephésiens 3)
Sainte Véronique Giuliani écrit : « Notre-Seigneur me fit un peu voir la grandeur de son
amour pour chacun de nous. C’était comme une petite fenêtre qu’Il m’ouvrait sur un
océan de feu (l’océan de feu, c’est son amour) ». A sainte Mechtilde, la Vierge Marie,
apparaissant avec Jésus sur les genoux comme s’il venait d’être descendu de la Croix,
confie : « Approche et baise les Plaies sacrées que mon très doux Fils a reçues par amour.
Donne trois baisers à la Plaie de son Cœur si miséricordieux et si méconnu. Bien que je ne
puisse me courroucer, il semble néanmoins que je sois en colère de ce que ce grand Dieu,
mort d’amour pour l’amour, est oublié de sa créature ».
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Reliquaire de Neuvy-Saint-Sépulchre contenant deux gouttes de Sang du Christ
14
Chaque année, le lundi de Pâques, a lieu un important pèlerinage auprès des reliques du
Précieux Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à Neuvy-Saint-Sépulchre (Indre), situé à 16
kms à l’ouest de La Châtre. La Basique de Neuvy-Saint-Sépulchre a été construite au XIe
siècle, à partir de 1042, par des pèlerins de retour de Terre sainte (dont Eudes de Déol et
Geoffroy de Bourges) voulant édifier un sanctuaire à l’imitation du Saint Sépulcre de
Jérusalem. En 1257, le cardinal Eudes de Châteauroux (vers 1190-1273) donne des reliques,
un fragment du Sépulcre et trois gouttes du Précieux Sang, recueillies le jour de la Passion
sur le Calvaire, en la forme de deux larmes coagulées. Le cardinal Eudes, évêque de
Tusculum, les avaient rapportées de Terre Sainte où, pendant six ans, il avait exercé les
fonctions de légat du Pape pour la première croisade de saint Louis. C’est ainsi qu’en
1257, il en fit don à Neuvy, son pays natal.
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LE BAISER DE JUDAS
Contemplons
Ecoutons
Jésus parlait encore, lorsque Judas, l’un des Douze, arriva, et avec lui une grande foule
armée d’épées et de bâtons, envoyée par les grands prêtres et les anciens du peuple. Celui
qui le livrait leur avait donné un signe : « Celui que j’embrasserai, c’est lui : arrêtez-le. »
Aussitôt, s’approchant de Jésus, il lui dit : « Salut, Rabbi ! » Et il l’embrassa. Jésus lui dit :
« Mon ami, ce que tu es venu faire, fais-le ! » Alors ils s’approchèrent, mirent la main sur
Jésus et l’arrêtèrent. (Matthieu 26, 47-50)
Méditons
On n’est jamais mieux trahi que par ses amis, selon le dicton. Jésus est trahi par Judas,
livré par une fausse marque d’amour : un baiser. Pendant trois ans, Jésus, qui savait
pourtant qu’un jour il le livrerait, a reçu Judas dans son intimité. Il l’a enseigné comme les
autres apôtres. Judas a été témoin des miracles de Jésus, de la résurrection de Lazare... A
Judas, comme aux autres apôtres, Jésus a témoigné son amour et sa confiance. Il y a
quelques heures, il lui a lavé les pieds et, pour comble d’amour, lui a donné son corps
sacré en nourriture. A tant d’amour, Judas répond par un baiser de trahison : ce qui est la
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marque d’amour par excellence devient la marque, par excellence, de la trahison la plus
perfide, celle de la personne aimée.
La trahison de Judas n’est pas un « coup de folie », l’égarement d’un moment ; elle s’est
construite peu à peu, elle a été préparée, planifiée et le baiser de trahison en est la
signature. Lorsque Judas reçut le pain trempé dans le vin des mains de Jésus, il avait déjà
vendu Jésus. Et, quand il a vendu Jésus au Sanhédrin, il en avait déjà bien avant conçu
l’idée, la pensée et la stratégie. La chute dans le péché mortel ne vient jamais tout d’une
fois mais par une série de petites chutes auxquelles on accorde trop peu d’importance. A
sœur Josefa Menendez, Jésus dit à ce sujet : « l'âme doit surveiller et redresser avec soin
ses tendances défectueuses. Ce n'est pas toujours une faute grave qui ouvre la voie des
pires désordres. Et le point de départ des plus grandes chutes est souvent peu de chose :
une petite jouissance, un moment de faiblesse, un consentement peut-être licite, mais
peu mortifié, un plaisir légitime en soi, mais qui ne convient pas… et tout cela grandissant
et se multipliant, l'âme s'aveugle peu à peu, la grâce a moins d'emprise, la passion se
fortifie et triomphe enfin. »
Judas a vendu Jésus pour trente pièces d’argent. C’est une petite somme s’agissant de son
ami, s’agissant de Jésus. Le Sanhédrin aurait payé bien d’avantage pour se débarrasser de
Jésus qu’il considérait comme un suprême danger. Cette somme représente d’ailleurs dix
fois moins que ce que couta le parfum que Madeleine versa sur les pieds de Jésus et que
Judas lui reprocha d’avoir gaspillé. Non seulement Jésus a été vendu par son ami mais en
plus pour une somme dérisoire… Judas, se rendant compte de son erreur, de sa folie,
voudra restituer cet argent qui n’est plus bon à rien et dont personne ne peut tirer aucun
bénéfice… A Josefa Menendez, Jésus dit : « Que de fois Je peux et Je dois parler ainsi aux
âmes les plus aimées de mon Cœur !... Pourquoi te laisses-tu emporter par cette passion ?
Pourquoi lui laisses-tu libre cours ? Il n'est pas toujours en ton pouvoir de t'en libérer, mais
Je ne te demande que de combattre, de lutter et de résister... Que sont les plaisirs d'un
instant ?... sinon les trente deniers pour lesquels Judas Me livra et qui ne servirent qu'à sa
perte. Combien d'âmes M'ont vendu ainsi et Me vendront encore pour le vil prix d'une jouis-
sance passagère... Ah ! pauvres âmes !... Qui cherchez-vous ? Est-ce Moi ?... Ce Jésus que
vous connaissez et que vous aimez !...Laissez-Moi vous dire ces mots : Veillez et priez !
» Oui, travaillez sans relâche afin que vos défauts et vos inclinations mauvaises ne
viennent à se transformer en habitudes. »
Qui dira les sentiments du Cœur de Jésus lorsque Judas est allé se pendre…
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Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
La Sainte Epine de Saint-Etienne
La Sainte Epine fut détachée par saint Louis lui-même et la relique fut envoyée à l’église
du Puy-en-Velay. Une lettre manuscrite, en latin, accompagnait son présent. La traduction
est la suivante : « LOUIS, par la grâce de Dieu roi de France, à ses bien-aimés doyen et
chapitre du Puy, salut et affection. Nous vous faisons savoir par le contenu de la présente
que le jour où nous avons reçu, envoyé de Constantinople, la sacrosainte couronne
d’épines qui a été placée sur la vénérable tête de Notre Seigneur Jésus Christ, au temps de
la passion, nous avons concédé à notre cher et fidèle Bernard, votre évêque, une épine de
cette même Sainte Couronne, par révérence envers la bienheureuse Vierge et pour faire
honneur à votre église. Donné à Sens, l’an du Seigneur 1239, au mois d’août. » Lors de la
révolution, un certain abbé BORIE, prêtre au Puy, sauve de la destruction, la relique, la
lettre du roi Louis IX et les Vidimus certifiant l’origine et l’authenticité. Dans les
tribulations de l’époque, l’abbé BORIE arrive à la paroisse Notre Dame à Saint-Etienne
muni de son précieux bagage. A son départ, en 1805, il en fit don à l’église, ce qui fut
accepté par le clergé de Notre Dame. Son curé fut autorisé à ériger la confrérie des Cinq-
Plaies, qui conservait la relique, et à fixer une fête le dimanche le plus proche de
l’exaltation de la Sainte-Croix. Ces reliques étaient alors conservées dans une custode
provisoire devant faire place, sous le second empire, au magnifique reliquaire commandé à
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l’orfèvrerie Armand-Caillat. Depuis 2013, elle est installée dans la chapelle du Magnificat
de l’Eglise Sainte Marie de la Visitation à Saint-Etienne.
19
« JE SUIS »
Contemplons
Ecoutons
Judas, qui le livrait, connaissait l’endroit, lui aussi, car Jésus et ses disciples s’y étaient
souvent réunis. Judas, avec un détachement de soldats ainsi que des gardes envoyés par
les grands prêtres et les pharisiens, arrive à cet endroit. Ils avaient des lanternes, des
torches et des armes. Alors Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s’avança et leur
dit : « Qui cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Jésus le Nazaréen. » Il leur dit : « C’est
moi, je le suis. » Judas, qui le livrait, se tenait avec eux. Quand Jésus leur répondit :
« C’est moi, je le suis », ils reculèrent, et ils tombèrent à terre. Il leur demanda de
nouveau : « Qui cherchez vous ? » Ils dirent : « Jésus le Nazaréen. » Jésus répondit : « Je
vous l’ai dit : c’est moi, je le suis. Si c’est bien moi que vous cherchez, ceux-là, laissez-les
partir. » Ainsi s’accomplissait la parole qu’il avait dite : « Je n’ai perdu aucun de ceux que
tu m’as donnés ». (Jean 18, 02-09)
Méditons
Jésus n’ignorait rien de tout ce qu’il endurera dans sa passion et il n’est rien de tout ce
qu’il va souffrir qu’il n’a pas, par avance, accepté. Saint Jean précise que « Jésus savait
tout ce qui allait lui arriver. » Et pour signifier que cette heure, il ne la subit pas mais qu’il
choisit de la vivre, il se présente aux soldats qui viennent le capturer de nuit comme des
voleurs honteux d’accomplir une action inavouable. Et, pour qu’il n’y ait aucun doute sur
son identité, Jésus leur demande qui ils cherchent et leur confirme que c’est bien lui.
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Jésus ne saurait exprimer plus clairement qu’il choisit librement, en toute conscience et
en toute connaissance de cause, de se livrer aux mains des pécheurs.
Il est curieux que les soldats ne se laissent pas interpeler par les signes que Jésus continue
de leur donner sur sa véritable identité : il est bien le Messie, l’envoyé de Dieu, le Fils de
Dieu, celui à qui tout est soumis. En effet, lorsqu’il leur répond, « c’est moi, je le suis »,
les soldats « reculent et tombent à terre. » Pourquoi sont-ils projetés en arrière ? Parce
que Jésus laisse éclater une étincelle de sa puissance divine en disant « Je suis. » En se
présentant ainsi, il se présente comme Dieu qui seul peut dire en vérité « Je suis. » Sur le
mont Sinaï, Dieu s’est présenté à Moise en disant « Je suis celui qui suis. » Cette formule
proprement divine fait l’effet d’un coup de tonnerre qui projette les soldats à terre.
Comment se peut-il que les soldats, projetés en arrière et tombés au sol, n’aient pas
renoncé, par illumination ou par crainte, à arrêter Jésus… Comment se peut-il qu’ils aient
persévéré dans leur projet… Comment se fait-il, qu’après cela, ils se soient acharnés de la
sorte sur Jésus ? Le pharaon Ramsès II qui refusait de céder aux demandes répétées de
Dieu de relâcher les Israelites, nous donne la réponse. « Son cœur était endurci », nous dit
l’Ecriture sainte au point de ne plus être capable de discernement, de se laisser toucher
par la grâce. Parce que son cœur est endurci, Pharaon court délibérément à sa propre
perte, entrainant dans son entêtement toute son armée qui est décimée dans la mer
rouge. Les soldats, tout comme les autres protagonistes du drame du vendredi-saint,
avaient le cœur endurci…
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
4 épines de la couronne du Christ sont conservées dans l’église saint-Matthieu de Perpignan
21
En 1270, saint Louis remit quatre épines de la Sainte Couronne à son fils, Philippe III le
Hardi lorsque celui-ci monta sur le trône et qu'il conserva dans le pommeau de son épée.
Alors qu'il guerroyait contre l'Aragon, sous prétexte de « croisade », Philippe III tomba
mortellement le 5 octobre 1285 à Perpignan.
Avant sa mort, il fit remettre les quatre épines en l'église saint Matthieu qui était alors
l'église la plus proche du palais royal. Depuis cette date, elles sont toujours exposées et
vénérées solennellement le vendredi saint et le sixième dimanche du Temps Pascal.
22
LA GUERISON DE MALCHUS
Contemplons
Ecoutons
Or Simon-Pierre avait une épée ; il la tira, frappa le serviteur du grand prêtre et lui coupa
l’oreille droite. Le nom de ce serviteur était Malchus. Jésus dit à Pierre : « Remets ton
épée au fourreau. La coupe que m’a donnée le Père, vais-je refuser de la boire ? » Alors la
troupe, le commandant et les gardes juifs se saisirent de Jésus et le ligotèrent. (Jean 18,
10-12)
Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : « Seigneur, et si nous
frappions avec l’épée ? » L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha
l’oreille droite. Mais Jésus dit : « Restez-en là ! » Et, touchant l’oreille de l’homme, il le
guérit. (Luc 22, 49-51)
23
Méditons
Pierre, animé des meilleures intentions, laisse éclater son tempérament belliqueux et veut
défendre Jésus. Il est de nature méfiante et ne craint pas la bagarre si non pourquoi
aurait-il eu sur lui une épée. Il n’hésite d’ailleurs pas à la tirer et à passer à l’action. Il
tranche l‘oreille de Malchus, le serviteur du grand prêtre qui marche en tête du cortège
venu arrêter Jésus, et probablement irait-il encore bien plus loin s’il n’en était empêché.
Autrefois, Pierre avait déjà voulu protéger Jésus de ceux qui voulaient attenter à sa vie. Le
souvenir lui en est resté car Jésus lui répondit : « retire-toi Satan, tes pensées ne sont pas
celles de Dieu mais celles des hommes. » Pierre n’a visiblement pas retenu la leçon et
Jésus le reprend encore une fois. Qu’il est difficile de s’élever au niveau des pensées de
Jésus !
Pierre ne pouvait pas comprendre Jésus. Seule Marie qui a toujours vécu à l’ombre de
l’Esprit-Saint, pouvait comprendre Jésus. C’est pour cela qu’elle n’a jamais essayé de
détourner Jésus de sa vocation et, au contraire, s’est unie entièrement à lui dans son
offrande. Pour Pierre le moment de comprendre n’était pas encore venu. Ce n’est qu’à la
Pentecôte que l’Esprit-Saint l’éclairera sur les motivations profondes de Jésus dans sa
passion, sur le sens de toutes ses paroles. Ce n’est qu’à la Pentecôte que l’Esprit-Saint lui
communiquera la force qui lui permettra de soutenir le martyr, qui sera sa participation
effective à la passion de Jésus.
Jésus guérit Malchus, le serviteur du grand prêtre. Les quatre évangélistes évoquent la
présence du serviteur du grand prêtre en ce soir du jeudi-saint à qui Pierre tranche
l’oreille et que Jésus guérit. Cet ultime miracle de Jésus, juste avant son arrestation, ne
fait pourtant pas reculer les soldats sur le point de se jeter sur Jésus. Ce miracle a-t-il
converti Malchus ? L’Evangile ne le dit pas et n’évoque plus cette figure par la suite. Cela
laisse supposer que ce miracle n’a pas changé sa vie de manière significative. Malchus est
comme toutes ces personnes qui, bien que témoins des plus grands miracles, ne se
convertissent pas pour autant. En méditant sur la figure de Malchus, nous comprenons
pourquoi Jésus défendait à ceux qu’il guérissait de le divulguer. Les signes aident la foi
mais ne la confèrent pas. « A qui croit en Dieu, aucun signe n’est nécessaire ; à qui ne
croit pas en Dieu, aucun signe n’est possible. »
Prions
Voir page 7
24
Les reliques de la Passion du Christ
Andria, petite cité médiévale de l’Italie du Sud, proche de Bari, a l’immense privilège de
conserver, depuis le XIVe siècle, dans la cathédrale, une relique précieuse de la Passion du
Christ : une épine de la Sainte Couronne d’épines qui fut enfoncée sur la tête du Sauveur
le Vendredi Saint.
Cette épine sacrée et vénérée a une particularité miraculeuse : les traces de sang visibles
sur la superficie, de diverses grandeurs, rougissent et deviennent vives lorsque la fête de
l’Annonciation, le 25 mars, coïncide avec le Vendredi Saint. Ce prodige eut bien lieu le 25
mars 2005, jour du Vendredi Saint. Cette année, l’annonce de l’Incarnation du Seigneur et
la mort de Jésus en croix étant commémorées le même jour, l’attente de ce prodige n’a
pas été vaine.
Le SIR (Service Information Religieuse) a confirmé, samedi 26 mars 2016, que le miracle a
été constaté en présence d’un notaire : « A 19h hier soir, la Commission Spéciale de la
Sainte Épine s’est réunie dans la Salle du Chapitre de la cathédrale de Andria. C’est ce que
mentionne une note du diocèse – diffusée hier soir – par laquelle on informe que, en
présence du notaire Paolo Porziotta, a été établi un procès-verbal d’où il ressort que :
« vers 16h10, a été constaté la présence d’un léger gonflement de couleur blanche de
forme sphérique, comme un bourgeon, distant d’environ 3 mm de la pointe, côté droit de
l’Épine, plus précisément sur le bord de l’entaille du sommet. »
25
COMME UN AGNEAU LIVRE
Contemplons
Ecoutons
Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l’arrêter, grands prêtres, chefs des gardes du
Temple et anciens : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et
des bâtons ? Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple, et vous n’avez pas porté la
main sur moi. Mais c’est maintenant votre heure et le pouvoir des ténèbres. » (Luc 22, 52-
53)
Méditons
Jésus a la douceur d’un agneau. A ses apôtres, il a dit qu’il les « envoie comme des
agneaux au milieu des loups. » Et en cette heure, il est vraiment comme un agneau au
milieu des loups assoiffés de sang. A toute la violence qui se déchaine contre lui, il
n’opposera que douceur et amour. Probablement que tant de douceur ne fera qu’exciter la
fureur de ceux qui s’acharnent sur lui ; on s’acharne toujours davantage sur ceux qui ne se
défendent pas ou ne sont pas en mesure de le faire ; la nature est sans pitié pour les
faibles. Comme il le dit lui-même, il pourrait faire intervenir des légions d’anges pour
foudroyer sur place ceux qui osent lever la main sur lui. Mais alors, comment prouverait-il
26
son amour pour nous ? A sainte Marguerite-Marie, Jésus dit : « Regarde, ma fille, si tu
trouves un père blessé d’amour par son propre fils unique et qui ait pris autant de soin de
lui donner des marques de cet amour… Dis-moi quelle plus forte preuve tu souhaites de
mon amour et je te la donnerai… »
Jésus est l’agneau pascal qui, par son offrande de lui-même, nous fait passer de la mort à
la vie. Si les fils premiers-nés des juifs sont sauvés de l’ange exterminateur par le sang
d’un agneau dont ils enduisent les linteaux de leurs maisons, Jésus nous sauve tous de la
mort éternelle par son sang qui est répandu sur la croix et dont nous nous nourrissons dans
l’Eucharistie. Si le sang de l’agneau sacrifié par les juifs les a sauvés de la mort pendant
une nuit, celui de Jésus, l’agneau sans tache qui enlève les péchés du monde, sauve
l’humanité entière de de la mort éternelle.
Dans un acte de foi qui force l’admiration, Abraham était prêt à sacrifier son fils unique
Isaac. Le ciel l’en a empêché en dernière minute. Jésus est à la fois celui qui offre et celui
qui est offert, à la fois l’agneau livré (Isaac) et le prêtre qui offre le sacrifice (Abraham)
« pour la gloire de Dieu et le salut du monde. » Jésus a tout donné dans un acte d’amour
infini pour son Père, pour nous et pour qu’en lui nous devenions tous des enfants adoptifs
du Père. Qui en a fait plus pour nous que Jésus ? Qu’aurait-il pu faire de plus qu’il n’ait
fait ? Ce n’est que dans l’éternité que nous réaliserons tout ce que le péché originel nous a
dérobé et la manière admirable dont Jésus, l’agneau livré pour nous, a tout restauré : « O
heureuse faute qui nous a valu un tel Sauveur ! » (saint Augustin)
Prions
Voir page 7
Les reliques de la passion du Christ
27
A Solesmes, on vénère le lundi de Pâques, la sainte Épine. Exposée dans cet immense
reliquaire qu’est le tombeau de Notre Seigneur, la parcelle de la couronne d’épines du
Christ est offerte à la vénération de tous ceux qui viennent. La relique est imposée sur la
tête du fidèle, tandis que le ministre prononce cette prière : « Que par cette sainte épine,
Dieu te libère de tout mal ». Les moines vénèrent la relique après l’office de None, en
chantant une antienne grégorienne qui souligne que la couronne d’épine est désormais
devenue pour le Christ une couronne royale. Une prière demande que ceux qui vénèrent
ici-bas la couronne du Christ méritent d’être couronnés au Ciel avec Lui.
28
TOUS L’ABANDONNERENT
Contemplons
L’arrestation de Jésus. A gauche, le jeune-homme nu qui s’enfuit sans son drap ; en-bas à
droite, Pierre coupe l’oreille de Malchus ; en-haut à droite, Judas s’en va après avoir livré
Jésus.
Ecoutons
Les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent tous. Or, un jeune homme suivait Jésus ; il
n’avait pour tout vêtement qu’un drap. On essaya de l’arrêter. Mais lui, lâchant le drap,
s’enfuit tout nu. (Matthieu 14, 50-52)
Méditons
La solitude de Jésus. Il est abandonné de tous, ou plus exactement de tous ceux qui
auraient dû être là : les apôtres, les choisis. Il les avait pourtant préparés à cette heure : à
plusieurs reprises, il leur avait parlé de tout ce que le Fils de l’homme aurait à souffrir et
29
qu’après trois il ressusciterait. Il les avait préparés en leur donnant sa chair en nourriture
lors de la Cène… En prévision de cette heure, Pierre, Jacques et Jean avaient même vu
Jésus dans toute sa gloire lors de la Transfiguration… Malgré cela, tous ceux dont Jésus
attend du soutien, s’enfuient. A l’océan de haine qui déferle sur lui, s’ajoute la souffrance
d’être abandonné de ceux qu’il a le plus aimés…
Mais il devait en être ainsi. Il est l’agneau sacrifié pour le salut du monde, le seul qui soit
sans tache et digne d’offrir à Dieu la louange de gloire qui lui revient. Lui qui sauve le
monde par son sang versé, ne saurait y mêler le péché du sang versé injustement à cause
de lui. « Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés » dit-il à son Père dans la
prière » et l’Evangile précise que Jésus dit cela « afin que s’accomplisse les Ecritures. »
Dans l’Epitre aux Romains, saint Paul écrit : « Car, comme par la désobéissance d'un seul
homme (Adam) beaucoup ont été rendus pécheurs, de même par l'obéissance d'un seul
(Jésus-Christ) beaucoup seront rendus justes. » Jésus est le nouvel Adam, celui qui nous
rachète de la faute originelle et sa croix s’élèvera sur l’endroit où la tradition situe le
tombeau d’Adam…
Si Jésus est abandonné de tous ceux dont il attendait davantage de soutien et qui étaient
présents à Gethsémani, il ne l’est pourtant pas de tous. Marie n’a jamais abandonné son
Jésus. Elle n’était pas à Gethsémani mais elle était à Jérusalem, quelque part,
probablement avec Marie-Madeleine et les autres femmes qui apparaitront dans quelques
heures sur le Calvaire. Jean savait où elle se trouve si non il n’aurait pas pu l’amener au
pied de la croix. De là où elle est, Marie est en profonde communion avec Jésus, s’unissant
à lui dans son offrande de lui-même et ajoutant sa souffrance de mère et de croyante au
calice d’amertume que boit Jésus, à la manière dont le prêtre à la messe ajoute une
goutte d’eau dans le calice à l’offertoire. Comme nous étions présents dans son « oui » de
l’Annonciation, nous sommes présents dans son « oui » du vendredi-saint. En Marie,
présente jusqu’au bout aux cotés de Jésus, toute l’Eglise est unie à son sauveur dans son
sacrifice.
Parmi ceux qui ont fui, il y a Jean mais qui réapparait le lendemain sur le Calvaire aux
cotés de Marie. En fuyant, il a répondu au réflexe bien naturel de sauver sa vie.
Probablement s’en est-il repenti… Probablement que Marie, qu’il est allé rejoindre, lui a
expliqué qu’il devait en être ainsi... C’est le seul apôtre qui aura le courage de revenir et
de se déclarer ouvertement solidaire de Jésus. Sur le calvaire se tiendront Marie, l’humble
servante du Seigneur, Jean, celui dont il est dit qu’était était pur, et Madeleine, celle à
qui il a été beaucoup pardonné parce qu’elle a beaucoup aimé : l’humilité, la pureté,
l’amour, les trois vertus qui nous rendent semblables à Jésus. Sur le Calvaire se tiennent
30
les personnes qui ressemblent le plus à Jésus par la vertu et c’est à elles seules qu’il est
donné de le suivre jusqu’au bout…
Qui est ce jeune homme qui lâche le drap dont il est vêtu et s’enfuit tout nu ? Pour
beaucoup, il s’agit de l’Evangéliste Marc qui relève aussi ce détail à priori saugrenu. Pour
d’autres, il nous représente tous : si nous avions été présents en ce soir, nous aussi nous
aurions fui devant le danger abandonnant Jésus pour sauver notre peau…
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Une épine de la couronne que le Christ a portée lors de sa Passion, a été rapportée de
Jérusalem par les croisés et conservée à Girondelles dans les Ardennes. Elle fut déposée à
Courgis, en 1555, par Edmée de Geresmes, dame de Girondelles et héritière du château de
Courgis.
31
En 1633. Jacques Ferrand et Françoise Jaillot, les propriétaires du château, en ont fait don
à l’église du village. Depuis, les habitants célèbrent la Sainte Epine le dimanche avant
l’Ascension.
32
POUR QUE S’ACCOMPLISSENT LES ECRITURES
Contemplons
Ecoutons
Mais tout cela est arrivé pour que s’accomplissent les écrits des prophètes. Alors tous les
disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent. (Matthieu 26, 56)
Méditons
Tout était écrit. Tout ce que Jésus allait souffrir était prévu. Jésus connaissait les
prophéties, lui qui à douze ans, étonnait les docteurs du Temple par la sagesse de ses
réponses. Marie connaissait les prophéties et c’est en toute connaissance de cause qu’elle
a dit « oui » le jour de l’Annonciation : elle savait qu’en devenant la Mère du Messie, elle
devenait la Mère de « l’homme des douleurs » prophétisé par Isaïe. Les apôtres
connaissaient les prophéties : ils les avaient entendues de la bouche des pharisiens, des
scribes, mais aussi et surtout de la bouche de Jésus qui les leur a rappelées en insistant sur
le fait qu’il est venu les accomplir.
33
Isaïe parle très clairement de tout ce que Jésus vivra dans sa Passion : « La multitude avait
été consternée en le voyant, car il était si défiguré qu'il ne ressemblait plus à un
homme… Il était méprisé, abandonné de tous, homme de douleurs, familier de la
souffrance, semblable au lépreux dont on se détourne ; et nous l'avons méprisé, compté
pour rien. Pourtant, c'étaient nos souffrances qu'il portait, nos douleurs dont il était
chargé. Et nous, nous pensions qu'il était châtié, frappé par Dieu, humilié. Or, c'est à cause
de nos fautes qu'il a été transpercé, c'est par nos péchés qu'il a été broyé. Le châtiment
qui nous obtient la paix est tombé sur lui, et c'est par ses blessures que nous sommes
guéris… Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous. Maltraité, il
s'humilie, il n'ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l'abattoir, comme une
brebis muette devant les tondeurs, il n'ouvre pas la bouche. Arrêté, puis jugé, il a été
supprimé (…) Il a été retranché de la terre des vivants, frappé à cause des péchés de son
peuple… A cause de ses souffrances, il verra la lumière, il sera comblé. Parce qu'il a connu
la souffrance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs
péchés. » (Is. 52 et 53)
Jésus entre dans sa Passion comme le grand prêtre qu’il est, entre dans la liturgie de la
messe, de la seule messe, celle du vendredi-saint. Dans toute liturgie, il y a un rituel à
respecter : dans la Passion, le rituel à respecter, ce sont les prophéties. Elles ne sont pas
avant tout une annonce de ce que le Messie va souffrir mais de ce qu’il va accepter
d’accomplir en y voyant la volonté de son Père, et en s’y conformant par obéissance. C’est
pourquoi saint Paul écrit dans sa lettre aux Philippiens : « Le Christ s’est abaissé lui-même
en devenant obéissant jusqu’à mourir et à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a
élevé au-dessus de tout : il lui a conféré le nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au nom
de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que
toute langue proclame : «Jésus Christ est le Seigneur», pour la gloire de Dieu le Père.
Parce que Marie connaissait les prophéties et savait que le Messie devait les accomplir par
obéissance à son Père, parce qu’elle savait qu’il est venu en ce monde pour cela, et parce
qu’elle est la servante du Seigneur, elle n’a pas cherché à détourner Jésus de sa mission
de Rédempteur. C’est parce que Marie a compris et accepté cela, que nous la voyons
résignée et abandonnée à la volonté divine. Parce qu’elle a compris et accepté que Jésus
est venu accomplir les Ecritures, elle s’unit à lui dans son offrande de lui-même. Marie est
la seule à qui Jésus n’aura pas à faire le même reproche qu’aux disciples d’Emmaüs : « O
hommes sans intelligence, et dont le cœur est lent à croire tout ce qu'ont dit les prophètes
! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu'il entrât dans sa gloire ? Et,
34
commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Ecritures
ce qui le concernait. » (Luc 24)
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Reliquaire de la sainte épine donné par saint Louis, vers 1262 à l’abbaye de Saint-Maurice
d’Agaune.
35
MALTRAITE
Contemplons
Ecoutons
Les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le rouaient de coups. Ils lui avaient
voilé le visage, et ils l’interrogeaient : « Fais le prophète ! Qui est-ce qui t’a frappé ? » Et
ils proféraient contre lui beaucoup d’autres blasphèmes. (Luc 22, 63-65)
Quelques-uns se mirent à cracher sur lui, couvrirent son visage d’un voile, et le giflèrent,
en disant : « Fais le prophète ! » Et les gardes lui donnèrent des coups. (Matthieu 14, 65)
Méditons
Jésus vient à peine de demander à Pierre de rengainer son épée et de guérir l’oreille de
Malchus, que les gardes tombent sur lui, le frappent, l’insultent, se jouent de lui comme
un chat s’amuse avec la souris qu’il a capturée, avant de la dévorer… Comment est-il
possible que Jésus, le Dieu tout-puissant, celui qui est capable de multiplier les pains,
d’expulser les démons, de ramener à la vie la fille de Jaire, de ressusciter Lazare mort
depuis trois jours, qui dispose de toutes les légions d’anges du Ciel pour le défendre, se
laisse ainsi malmener et maltraiter ? Même en comprenant la nécessité du sacrifice de
Jésus pour notre salut, on ne peut s’empêcher de se demander s’il fallait en arriver à de
telles extrémités.
36
Contempler Jésus dans toutes ses souffrances, c’est se demander qui nous sommes et ce
que nous représentons aux yeux de Dieu. Il ne nous doit rien et nous lui devons tout, et
nous nous comportons comme si le rapport était inversé. Sans cesse nous nous laissons
séduire par les mensonges de l’antique serpent : « vous serez comme des dieux » et même
les plus saints des pécheurs que nous sommes, s’enorgueillissent par moment jusqu’à
vouloir dire à Dieu comment il doit se comporter… Qui sommes-nous pour que Dieu nous
aime ainsi ? Qui sommes-nous pour que Dieu veuille à ce point être aimé de nous, qui ne
cessons de repousser toutes les prévenances de son amour ? A sainte Brigitte, Jésus lève
quelque peu ce mystère en disant : « l’âme est meilleure et plus digne que le monde
entier, plus précieuse que tout l’univers ; elle est égale aux anges, et créée pour la gloire
éternelle. Elle est faite à l’image et à la ressemblance de Dieu… Cette âme, immortelle,
éternelle, me plait plus que tout ce qu’il y a de plus désirable au monde. Elle est ma bien-
aimée… S’il était possible que je mourusse autant de fois qu’il y a d’âmes en enfer, je
souffrirais pour chacune d’elles comme je souffris pour toutes ; mon corps serait encore
disposé à souffrir toutes ces choses avec une franche volonté et un parfait amour. »
Contempler Jésus maltraité, c’est regarder les effets de nos péchés. Le péché n’est pas
anodin et constitue une offense incroyable faite au Dieu d’amour. Plus nous aimons
quelqu’un et plus nous sommes sensibles à tout ce qui vient de lui. Parce que Dieu nous
aime infiniment, le plus petit manque d’amour le heurte infiniment. Les coups, les gifles,
les crachats, les insultes, les perfidies qu’on assène à Jésus représentent les blasphèmes,
les sacrilèges, les reniements, les trahisons, les indifférences… que nous, les créatures
aimées de Dieu, lui assénons chaque jour par nos péchés. Et, comme au jour de sa Passion,
Dieu continue de se laisser maltraiter par ceux qu’il aime… Quel mystère ! Qui sommes-
nous ?
Prions
Voir page 7
37
Les reliques de la Passion du Christ
Reliquaire contenant deux épines de la couronne du Christ, conservé en l’église Sainte
Croix de Jérusalem à Rome
38
CAÏPHE
Contemplons
Ecoutons
Mais Jésus gardait le silence. Le grand prêtre lui dit : « Je t’adjure, par le Dieu vivant, de
nous dire si c’est toi qui es le Christ, le Fils de Dieu. » Jésus lui répond : « C’est toi-même
qui l’as dit ! En tout cas, je vous le déclare : désormais vous verrez le Fils de l’homme
siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel. » Alors le grand prêtre
déchira ses vêtements, en disant : « Il a blasphémé ! Pourquoi nous faut-il encore des
témoins ? Vous venez d’entendre le blasphème ! (Matthieu 26, 63-65)
Méditons
Jésus était condamné d’avance. Le procès que lui fait le Sanhédrin n’est qu’un simulacre :
contre toutes les lois en vigueur son « procès » se tient de nuit et en toute hâte. La
sentence a été prononcée par Caïphe avant même que l’accusé ne comparaisse : « Il vaut
mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse
pas. » Comme souvent, Dieu fait dire par ses détracteurs, ce qu’il adviendra et c’est
Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là, qui prophétise que Jésus va mourir pour
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tout le peuple. Mais pas comme il le pense : Jésus ne meure pas par la volonté de Caïphe,
qui n’est qu’un instrument, mais parce que tel est le plan de salut de Dieu.
Jésus garde le silence, restant intérieurement en profonde communion avec son Père. Il ne
s’exprime que lorsque le grand prêtre lui ordonne de répondre par le Dieu vivant. Là il ne
s’agit plus de riposter à de fausses accusations mais du respect dû à la plus haute autorité
morale de la nation et de l’adoration due à Dieu. Il ne peut donc se dérober. La manière
d’interroger de Caïphe, en levant la main au ciel et en amenant l’accusé à répondre sous
le sceau du serment, tire Jésus de son silence. Sans laisser planer la moindre équivoque, il
affirme qu’il est bien le Fils de Dieu.
Feignant une indignation sacrée, Caïphe déchire ses vêtements. Par ce geste, qui ne
pouvait faire qu’une profonde impression sur l’assemblée, Caïphe met ses pairs sous
pression pour qu’ils décident, avec lui, de la mort de Jésus. Il était de coutume chez les
juifs de déchirer ses vêtements afin de manifester son chagrin dans une situation de deuil
ou son indignation vis-à-vis d’un blasphémateur. Cependant ce geste était formellement
interdit aux prêtres revêtus des vêtements sacerdotaux car leur tenue devait être en tout
point impeccable pour assurer le service divin ; contrevenir à cette loi lévitique était
passible de mort pour le prêtre. En déchirant ses vêtements, malgré l’interdiction
formelle, Caïphe appelle sur lui la sentence qu’il cherche à faire prononcer sur Jésus : la
mort.
Dans quelques heures, ce n’est plus un vêtement qui se déchirera mais le rideau du
Temple consommant la rupture de Dieu avec Israël…
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Reliquaire de la Croix du Christ conservé dans la Schatzkammer à Vienne
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JESUS EN PRISON
Contemplons
Ecoutons
Or, à chaque fête, celui-ci avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule
demandait. Il y avait alors un prisonnier bien connu, nommé Barabbas. Les foules s’étant
donc rassemblées, Pilate leur dit : « Qui voulez-vous que je vous relâche : Barabbas ? ou
Jésus, appelé le Christ ? » (Matthieu 27,15-17)
Méditons
Dans les Evangiles, il n’est pas mentionné que Jésus a passé une partie de la nuit en
prison. Mais cela ne fait pas de doute. Entre les comparutions tardives chez Anne, Caïphe
et les comparutions matinales chez Pilate puis Hérode, s’écoulent quelques heures,
nécessaires au Sanhédrin pour prendre du repos après son forfait.
Jésus est en prison, livré aux mauvais traitements de ses geôliers qui ne veulent pas être
en reste par rapport à tous ceux qui avaient déjà eu l’occasion de se défouler sur lui. Les
grands prêtres l’ont traité comme un moins-que-rien, un danger public, un blasphémateur,
donc indigne d’être traité comme un être humain. Probablement qu’en confiant Jésus aux
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geôliers, les grands prêtres leur ont donné l’autorisation, voire même l’instruction, de le
torturer et de se livrer sur lui à toutes sortes de sévices. Cela dit, ils pouvaient bien
s’amuser mais en aucun cas tuer Jésus car il était indispensable que son procès ait lieu et
qu’il y soit condamné ; pour cela, Jésus ne devait en aucun cas mourir maintenant.
A présent Jésus est livré aux gardes, qui comptent bien se divertir un peu. Imaginons à
quelles personnes Jésus a été livré : des soldats qui valent à peine mieux que ceux qu’ils
gardent et qui, à force de faire exécuter les sentences de mort, ont perdu tout sentiment
d’humanité. Et, s’il leur reste un peu d’humanité, il est étouffé par le vin et le vice.
Probablement que le silence de Jésus, en réponse à tout ce que les gardes lui font subir,
attise encore la fureur ou le vice des bourreaux qui veulent tester sa résistance…
L’imagination humaine est sans limite lorsqu’il s’agit de trouver des moyens de torturer et
de faire souffrir. Et Jésus continue de tout accepter dans l’amour… quel mystère !
La bienheureuse Anna Katarina Emmerich (1774-1824), ainsi que plusieurs autres mystiques
stigmatisées à qui il fut donné de revivre la Passion de Jésus, parlent de tous les mauvais
traitements subis par Jésus en prison et de sa prière pour ses bourreaux. La bienheureuse
Anna Katarina Emmerich nous dit : « Jésus souffrit tout sans ouvrir la bouche ; et c'étaient
les hommes, les pécheurs qui exerçaient leur rage sur leur frère, leur Rédempteur, leur
Dieu. Je suis aussi une pauvre pécheresse, et c'est à cause de moi aussi que tout cela s'est
fait. Au jour du jugement où tout sera manifesté, nous verrons tous quelle part nous avons
prise au supplice du Fils de Dieu par les péchés que nous ne cessons de commettre et qui
sont une sorte de consentement et de participation aux mauvais traitements que ces
misérables firent éprouver à Jésus. »
A sœur Marie Madeleine Martinengo (1687-1737), clarisse, qui vivait à Rome, Jésus révéla
les souffrances qu’il avait endurées la nuit avant sa mort. Il lui dit : « Les Juifs me
considéraient comme l'homme le plus dangereux de leur temps et me traitèrent ainsi :
1 - Ils nouèrent mes pieds avec une corde et me trainèrent en bas d'un escalier, dans une
cave puante et immonde ;
2 - Ils me dévêtirent et trouèrent mon Corps avec des pointes de fer ;
3 - Ils nouèrent une corde autour de mon Corps et me trainèrent aller et retour à travers la
cave ;
4 - Ils me suspendirent à une poutre et m'y laissèrent jusqu'à ce que je glisse et tombe par
terre ; cette souffrance fit jaillir de mes yeux des larmes sanglantes ;
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5 - Ils me fixèrent à un pieu et me martyrisèrent avec toutes sortes d'armes, en perçant
mon Corps ; ils me jetèrent des pierres et me brûlèrent au brasier avec des torches ;
6 - Ils me percèrent d'alènes et de piques et arrachèrent la peau et la chair de mon Corps
et de mes veines ;
7 - Ils me lièrent à une colonne, et placèrent mes pieds sur une tôle incandescente ;
8 - Ils me couronnèrent avec une couronne en fer et me bandèrent les yeux avec des linges
très sales ;
9 - Ils m'assirent sur une chaise, garnie de clous très pointus, qui creusèrent des trous très
profonds dans mon Corps ;
10 - Ils arrosèrent mes plaies avec de la poix et du plomb en fusion, et me renversèrent de
la chaise ;
11 - Pour mon supplice et ma honte, ils enfoncèrent en mon Corps des aiguilles et des
clous dans les trous de ma barbe arrachée ;
12 - Ils me jetèrent sur une croix, sur laquelle ils me ligotèrent avec tant de force et de
dureté que Je faillis être étouffé ;
13 - Ils me piétinèrent la tête ; l'un d'eux, en mettant son pied sur ma poitrine, enfonça
une pointe de ma couronne d'épines à travers ma langue ;
14 - Ils me versèrent les plus horribles immondices dans la bouche ;
15 - Ils déversèrent sur moi des flots d'injures infâmes, me lièrent les mains au dos, me
conduisirent, en me frappant, hors de la prison, en me donnant des coups de verges. »
Et Jésus continua : « Ma chère fille, je te demande de faire connaître mes quinze
souffrances et douleurs secrètes à beaucoup d'âmes, afin qu'elles soient contemplées et
honorées. Au jour du dernier jugement, j'accorderai l'éternité bienheureuse à ceux qui,
par amour et avec recueillement, m'offriront chaque jour une de mes souffrances et
accomplissent pieusement la prière suivante :
« Mon Seigneur et mon Dieu ! C'est ma volonté irrévocable de vous honorer, de vous louer
et de vous adorer, à travers vos quinze souffrances secrètes et l'effusion de votre Sang.
Autant il y a de grains de sable dans la mer, de grains de terre dans les champs, de brins
d'herbe sur toute la terre, de fruits sur les arbres, de feuilles sur les branches, de fleurs
dans les champs, d'étoiles au firmament, d'anges au Ciel, et de créatures sur la terre ;
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autant de milliers de fois béni, adoré, loué et glorifié le Seigneur Jésus-Christ ; Son Cœur
très saint, Son Sang précieux, le divin Sacrifice de la Sainte Messe, le Saint-Sacrement de
l'Autel, la très Sainte Vierge Marie, les glorieux neuf Chœurs des Anges et la multitude des
Saints ; par moi et par tous les hommes, maintenant et dans toute l'Éternité.
Je désire autant de fois, bien-aimé Jésus, vous remercier, vous servir et vous plaire,
réparer tous les outrages qui vous sont faits, et vous appartenir corps et âme.
Je veux autant de fois me repentir de mes péchés, et vous demander, à vous mon Dieu,
pardon et miséricorde.
Je désire aussi offrir vos mérites infinis au Père Éternel, en réparation de mes fautes et de
mes péchés, et de mes punitions méritées. Je suis fermement résolu à changer de vie et je
vous demande que la dernière heure de ma vie soit heureuse et en paix.
Je veux aussi prier pour la délivrance des pauvres âmes du purgatoire.
Je désire renouveler cette louange d'amour et de réparation à chaque heure du jour et de
la nuit, fidèlement, jusqu'au dernier instant de ma vie.
Je vous prie, très bon et très aimable Jésus, de confirmer au Ciel mon très sincère désir.
Ne tolérez pas qu'il soit anéanti par les hommes et encore moins par l'esprit
malin. Amen. »
Cette dévotion a été approuvée et recommandée par le pape Clément XII (1730-1740).
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
La prison de Jésus à Jérusalem
44
LE RENIEMENT DE PIERRE
Contemplons
Ecoutons
Cependant Pierre était assis dehors dans la cour. Une jeune servante s’approcha de lui et
lui dit : « Toi aussi, tu étais avec Jésus, le Galiléen ! » Mais il le nia devant tout le monde
et dit : « Je ne sais pas de quoi tu parles. » Une autre servante le vit sortir en direction du
portail et elle dit à ceux qui étaient là : « Celui-ci était avec Jésus, le Nazaréen. » De
nouveau, Pierre le nia en faisant ce serment : « Je ne connais pas cet homme. » Peu après,
ceux qui se tenaient là s’approchèrent et dirent à Pierre : « Sûrement, toi aussi, tu es l’un
d’entre eux ! D’ailleurs, ta façon de parler te trahit. » Alors, il se mit à protester
violemment et à jurer : « Je ne connais pas cet homme. » Et aussitôt un coq chanta. Alors
Pierre se souvint de la parole que Jésus lui avait dite : « Avant que le coq chante, tu
m’auras renié trois fois. » Il sortit et, dehors, pleura amèrement. (Matthieu 26, 69-75)
Méditons
Tous les apôtres ont fui et abandonné Jésus… Pierre seul, entraîné par la curiosité, mais
rempli de crainte, suit Jésus de loin et se dissimule au milieu des serviteurs. Il voit autour
de Jésus, une foule de faux témoins qui accumulent mensonge sur mensonge pour attiser
la colère des juges iniques. Ceux-là mêmes dont les lèvres ont acclamé tant de fois les
miracles de Jésus, se font aujourd'hui ses accusateurs. Ils l'appellent perturbateur,
profanateur du sabbat, faux prophète... et la valetaille excitée par ces calomnies, profère
contre lui des cris et des menaces.
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Pierre, constitué par Jésus chef de l'Eglise, qui peu d'heures auparavant, a promis de le
suivre jusqu'à la mort et qui a l’occasion de rendre témoignage à Jésus, répond à une
simple demande par un premier reniement. Comme la question se renouvelle et que la
frayeur s'empare de plus en plus de lui, il jure qu'il ne l'a jamais connu et qu'il n'a jamais
été son disciple. Une troisième fois, Pierre le renie par d'horribles imprécations.
Les regards de Jésus et de Pierre se plongent l’un dans l’autre. Même si dans le regard de
Jésus, il ne lit aucun reproche, Pierre pleure amèrement son péché. Il a trahi celui qu’il
aime et pleure, moins sur le sort réservé à Jésus que sur sa propre lâcheté. Il était
pourtant animé de la meilleure volonté du monde. Il était totalement sincère lorsqu’il
promettait au maitre de le suivre jusqu’au bout. Aujourd’hui, il est submergé par la peur
et ne parvient pas à dominer ses réactions.
Toute sa vie, Pierre se souviendra du regard de Jésus au moment où le coq chante pour la
troisième fois. Toute sa vie, il se repentira et s’en voudra d’avoir renié Jésus. Cet épisode
le rendra moins présomptueux et lui rappellera toujours que sans Jésus, il ne peut rien
faire. Si bien qu’on peut penser que ce lamentable reniement lui a été une leçon salutaire,
à lui qui devait être constitué le « serviteur des serviteurs de Dieu » celui que le Seigneur
investira d’une si haute autorité que pour l’exercer comme un service, il lui faudra
s’appuyer sur une profonde humilité. La puissance divine qui se plait à tirer le bien du mal,
fera de la défaillance de Pierre un atout pour sa mission de pasteur des âmes.
Jésus n’est qu’amour pour son Pierre. Même après son triple reniement, Jésus reste fidèle
à ses vues sur Pierre et ne lui retire pas la conduite de l’Eglise pour la confier à Jean, par
exemple, qui, même s’il fuit le jeudi soir, revient et reste auprès de lui, le vendredi sur le
Calvaire. Après la résurrection, Jésus lui demandera par trois fois s’il l’aime et s’il l’aime
plus que tout, plus que tous. Pierre, nettement plus humble cette fois, l’assure
sincèrement de son amour. Par cette triple déclaration d’amour, Jésus donne à Pierre
l’occasion de réparer son triple reniement et, pour l’assurer de son pardon, le confirme
dans sa mission : « pais mes brebis. »
Prions
Voir page 7
46
Les reliques de la Passion du Christ
Reliquaire contenant du Sang du Christ mêlé à de la terre du Golgotha, prélevé par sainte
Marie-Madeleine qui serait parvenu à Weissenau en Allemagne en passant par le sud de la
France (Saintes-Marie-de-la-mer) et Strasbourg.
47
JUDAS
Contemplons
Ecoutons
Alors, en voyant que Jésus était condamné, Judas, qui l’avait livré, fut pris de remords ; il
rendit les trente pièces d’argent aux grands prêtres et aux anciens. Il leur dit : « J’ai
péché en livrant à la mort un innocent. » Ils répliquèrent : « Que nous importe ? Cela te
regarde ! » Jetant alors les pièces d’argent dans le Temple, il se retira et alla se pendre.
(Matthieu 27, 03-05)
Méditons
Après avoir livré Jésus par un baiser, Judas s'enfuit, errant et fugitif, sans pouvoir étouffer
les cris de sa conscience qui l'accusent du plus horrible des sacrilèges. Pris de remords, il
voudrait pouvoir tout annuler et remonter le temps. Pour cela, il va rendre l’argent,
pensant, espérant, que cela suffira à libérer Jésus. Il se trompe. Les grands prêtres et lui,
n’avaient pas les mêmes raisons de traduire Jésus devant le Sanhédrin et lui-même n’était
que l’instrument de leur politique. Ses remords de conscience, les trente pièces d’argent
ne leur importent pas ; ce qu’ils veulent, c’est la mort de Jésus et à n’importe quel prix.
Judas, qui a livré celui qui l’a toujours appelé « mon ami » à des canailles ivres de haine,
apprend à ses dépens qu’on ne pactise pas avec des loups même déguisés en agneaux.
Judas a livré Jésus pour 30 pièces d’argent. C’est une somme dérisoire en considération de
ce qu’il représente pour toutes les parties. Pour les juifs, il est un blasphémateur et une
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menace car, en Jésus, tout les accuse. De nombreuses fois, ils ont voulu l’arrêter et n’y
sont pas parvenus. Ils étaient prêts à exploiter la moindre opportunité pour y parvenir. Les
grands prêtres, si pleins de haine, qu’ils sont prêts à tout pour se débarrasser de Jésus,
auraient donné davantage que cette maigre somme. Il y a trois jours, Marie-Madeleine a
versé sur les pieds de Jésus un parfum d’une valeur de 300 deniers soit dix fois plus que la
somme pour laquelle Judas l’a livré. Judas a bien fait remarquer alors qu’on aurait mieux
fait de vendre ce parfum pour en distribuer l’argent aux pauvres. Mais comme le souligne
saint Jean, Judas a dit cela, « non parce qu’il se souciait des pauvres, mais parce qu'il
était voleur, et qu'ayant la bourse, il dérobait ce qu'on y mettait. » (Jean 12,6)
Aussi, comment se fait-il que Judas, un voleur, ait livré Jésus pour seulement 30 pièces
d’argent, une somme dérisoire ? D’aucuns pensent que Judas voulait mettre Jésus dans une
situation dans laquelle, il aurait été obligé de manifester sa puissance, ce qui aurait
amené les grands prêtres à le reconnaitre comme le Messie et à se ranger derrière lui
contre l’ennemi romain. Judas aurait alors été celui qui a permis à Jésus d’accéder au
pouvoir qui lui en aurait été redevable ; en reconnaissance, il lui aurait conféré une très
haute fonction, bien lucrative. Dans le plan de Judas, les trente pièces d’argent n’étaient
qu’un acompte sur un beau pactole à venir…
En ce soir de jeudi-saint, tous les apôtres ont trahi Jésus. Mais les Evangélistes mettent
une lumière particulière sur trois d’entre eux. En fuyant, Jean a cédé à l’instinct de
survie. Et, comme un enfant qui cherche sa mère quand il a fait une bêtise, il s’est réfugié
chez Marie. Marie l’a recueilli, l’a consolé, lui a rappelé les paroles de Jésus sur sa Passion
et la résurrection qui s’ensuivra, lui a communiqué la force de la mener, elle, jusque sur le
chemin du calvaire où ils rencontreront Jésus et sur le Calvaire où ils se tiendront côte à
côte. Comme tous les apôtres, Judas savait où se trouvait Marie ; il aurait aussi pu aller la
trouver. Comme Jean, elle l’aurait accueilli et l’aurait assuré du pardon de Jésus. Mais il
ne l’a pas fait.
Pierre a renié Jésus et s’en est douloureusement repenti : il a « pleuré amèrement son
péché. » Mais ça non plus, Judas ne l’a pas fait. Il n’a pas pleuré mais est allé se pendre.
Son crime est tellement grand qu’il le pense impossible à pardonner. Comment peut-on
avoir vécu trois ans dans l‘intimité immédiate de Jésus et douter de son pardon. Avait-il
compris la parabole du fils prodigue, de la brebis perdue ?
Aussi, quand parvient à ses oreilles la sentence de mort de Jésus, Judas se livre au plus
terrible des désespoirs et se pend. Quels mots pourront décrire la douleur intense et
profonde de Jésus, lorsqu’il voit Judas se précipiter vers sa perte éternelle, cette âme qui
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avait passé tant de jours à l'école de son amour, recueilli sa doctrine, et si souvent
entendu tomber de ses lèvres le pardon des plus grands péchés…
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Reliquaire contenant un clou du crucifiement, conservé dans la cathédrale de Bamberg en
Allemagne
50
HERODE
Contemplons
Ecoutons
À la vue de Jésus, Hérode éprouva une joie extrême : en effet, depuis longtemps il désirait
le voir à cause de ce qu’il entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire un miracle. Il lui
posa bon nombre de questions, mais Jésus ne lui répondit rien. Les grands prêtres et les
scribes étaient là, et ils l’accusaient avec véhémence. Hérode, ainsi que ses soldats, le
traita avec mépris et se moqua de lui : il le revêtit d’un manteau de couleur éclatante et
le renvoya à Pilate. (Luc 23, 08-11)
Méditons
Pilate, qui est dominé par le respect humain et la crainte de prendre ses responsabilités,
ordonne qu’on conduise Jésus chez Hérode. Celui-ci est un homme pervers qui ne cherche
qu'à satisfaire ses passions désordonnées. Il se réjouit de voir Jésus comparaître à son
tribunal, espérant se divertir de ses paroles et de ses miracles. Imaginons la répulsion que
devait éprouver Jésus face à cet homme vicieux dont les questions, les gestes et les
mouvements le couvrent de confusion.
Cela a dû flatter l’orgueil d’Hérode d’être investi par Pilate, du pouvoir de prononcer un
jugement dans une affaire aussi explosive et cela en présence des plus hauts dignitaires de
la nation, eux-mêmes humiliés de devoir s’en remettre à lui en qui ils voient un pécheur
notoire qui pactise avec l’ennemi romain. Dans son orgueil démesuré, Hérode se sentait en
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position de supériorité oubliant que Pilate ne cherchait qu’à se servir de lui pour régler
une affaire gênante où chacun risque sa position
Les alliances les plus improbables sont possibles en politique du moment que les intérêts
convergent. D’ailleurs, Luc souligne qu’à l’occasion de la condamnation de Jésus, « Pilate
et Hérode devinrent amis, d’ennemis qu’ils étaient auparavant. » Hérode était un roi de
pacotille mis en place par les romains, qui vivait une relation adultère avec Hérodiade.
Pour ces raisons, il était unanimement détesté par les juifs qui évitaient tout contact avec
lui. Les pharisiens qui ne voulaient pas entrer chez Pilate pour éviter de se souiller en
cette veille de pâque, ne craignent pourtant pas d’entrer chez un pécheur notoire. A
considérer les pharisiens surmonter leur aversion pour Hérode en entrant chez lui, nous
mesurons leur haine pour Jésus et tout ce qu’ils sont capables et prêts à accomplir pour se
débarrasser de lui.
Jésus se retrouve donc face à celui qu’il a, en son temps, qualifié de renard (Luc 13), qui a
condamné et fait décapiter Jean-Baptiste et contre lequel certains pharisiens l’avaient
déjà prévenus : « pars, va-t’en d’ici, Hérode veut te tuer. » (Luc 13) Hérode devait avoir
une impression de déjà-vu car la situation rappelle les circonstances qui l’ont amené à
faire mourir Jean-Baptiste. Hérode ne voulait pas condamner Jean-Baptiste parce qu’au
fond, il avait une certaine crainte de Dieu mais il avait été joué par Hérodiade qui a
exploité son attirance incontrôlée pour Salomé. Aujourd’hui, il ne veut pas prendre sur lui
la responsabilité de la mort de Jésus dont il connait parfaitement les signes accomplis et
parmi eux le plus retentissant, la résurrection de Lazare. Par ailleurs, en condamnant
Jésus, il aurait arrangé les affaires des pharisiens qui n’avaient pour lui que répulsion. Le
moment était venu de régler les comptes et de leur faire payer leur mépris.
Hérode ne condamne pas Jésus à mort. Cela ne le dégage pourtant pas de toute
responsabilité dans la mort de Jésus car s’il ne le condamne pas, ce n’est pas par
conviction ou par sens de la justice mais par froid calcul politique. Il est étonnant de voir
que Dieu et l’homme attachent à la vie humaine un prix à leur échelle : pour Dieu qui est
tout, la vie est hors de prix, pour l’homme qui n’est rien, elle vaut ce que valent ses
intérêts. La preuve.
Prions
Voir page 7
52
Les reliques de la Passion du Christ
Relique du précieux de Sang de Jésus conservé dans la crypte de l’église Santa Maria della
Scala à Sienne. La fiole reliquaire date du VIIIème siècle.
53
LA FLAGELLATION
Contemplons
Ecoutons
Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas et, après avoir fait flageller Jésus, il
le livra pour qu’il soit crucifié. (Matthieu 15, 15)
Méditons
On ne sait ce que Pilate est davantage : troublé ou effrayé. Il ne sait que faire de Jésus, et
pour essayer d'apaiser la soif du peuple qui demande sa mort, il ordonne de le flageller.
Contemplons comment Jésus se laisse conduire avec la douceur d'un agneau au terrible
supplice de la flagellation…
La flagellation était quasi systématique avant toute crucifixion. Pour cela, on utilisait un
flagrum, sorte de fouet à manche court comportant plusieurs lanières épaisses et larges,
munies à leur extrémité de balles de plomb ou d’os de mouton. Les lanières coupaient la
peau cependant que les balles ou les osselets imprimaient de profondes plaies contuses. Il
en résultait une hémorragie non négligeable et un affaiblissement du condamné qui avait
pour conséquence d’abréger son agonie sur la croix.
Le nombre de coups de fouet était strictement limité à 40 par la loi hébraïque, mais les
pharisiens, pour être certains de ne pas enfreindre la loi, n’en faisaient donner que 39. Par
contre, pour les romains, il n’existait pas de limite, hormis le fait que le condamné devait
encore être capable de porter sa croix jusqu’au lieu du supplice. Sainte Brigitte, ainsi que
la bienheureuse Anna Katarina Emmerich rapporte dans ses révélations, que les juifs
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soudoyèrent les flagellateurs romains et leurs firent porter du vin afin que, dans leur
ivresse, ils exécutent la sentence avec une particulière sévérité. Saint Jérôme, ainsi que
saint Pierre Damien assurent que les bourreaux frappèrent Jésus jusqu'à ce que les forces
leurs manquèrent. Isaïe avait tout prédit par une phrase : « mais il était blessé pour nos
péchés, brisé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et
c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. » (Is 53, 5).
C’est ainsi que, sur le corps de Jésus, déjà couvert de meurtrissures et brisé de fatigue, les
bourreaux déchargent avec la plus cruelle frénésie leurs verges et leurs fouets. Tous ses os
sont ébranlés dans la plus terrible douleur. D'innombrables blessures le déchirent. Des
lambeaux de sa chair volent, emportés par les verges. Le sang jaillit de tous ses membres
et il est bientôt réduit à un état si pitoyable qu’il n'a même plus l'apparence d'un homme.
A sainte Brigitte, Jésus révéla que dans sa passion, il reçut 5480 coups. Il lui fut encore
révélé qu'un de ses bourreaux ordonna d'abord à Jésus de se dépouiller lui-même de ses
vêtements et qu’on le flagella si cruellement que son corps fut tout déchiré. La révélation
à sainte Brigitte ne dit pas simplement qu'on frappait, mais qu'on sillonnait ses chairs
sacrées. Les coups portèrent jusque sur la poitrine, au point que les côtes furent mises à
découvert.
Laissons-nous saisir par le silence assourdissant que Jésus oppose à tout ce déferlement de
violence… Par cette douloureuse flagellation à laquelle Jésus se soumet entièrement, il
répare, et à quel prix, toutes nos concupiscences… Saint Alphonse de Liguori écrit : « Il
voulut, dans sa passion, être cloué à la croix, pour expier l'abus que nous avons fait de
notre liberté. Il voulut expier notre avarice par sa nudité, notre orgueil par ses
humiliations, notre envie de dominer par sa soumission aux bourreaux, nos mauvaises
pensées par sa couronne d'épines, notre intempérance par le fiel qu'il goûta, et nos plaisirs
sensuels par les souffrances de son corps. »
Et Benoit XVI ajoute : « Ne regarde plus tes blessures, regarde les siennes. Ne regarde pas
ce qui te sépare encore de lui et des autres ; regarde l'infinie distance qu'il a abolie en
prenant ta chair, en montant sur la croix que lui ont préparée les hommes et en se laissant
mettre à mort pour te montrer son amour. Dans ses blessures, il te prend ; dans ses
blessures, il te cache, ne te refuse pas à son amour ! »
Prions
Voir page 7
55
Les reliques de la passion du Christ
La colonne de la flagellation se trouve en l’église sainte Praxède à Rome.
56
JESUS COURONNE D’EPINES
Contemplons
Ecoutons
Les soldats l’emmenèrent à l’intérieur du palais, c’est-à-dire dans le Prétoire. Alors ils
rassemblent toute la garde, ils le revêtent de pourpre, et lui posent sur la tête une
couronne d’épines qu’ils ont tressée. Puis ils se mirent à lui faire des salutations, en
disant : « Salut, roi des Juifs ! » Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui,
et s’agenouillaient pour lui rendre hommage. (Matthieu 15, 16-19)
Méditons
Si la flagellation est une lourde épreuve pour celui qui y est condamné, elle requiert aussi
beaucoup de force et d’endurance de la part de ceux qui l’infligent. Les soldats, enivrés et
corrompus par les sbires des grands prêtres, n’arrêtent le supplice que lorsqu’ils sont eux-
mêmes à bout de force. Comment Jésus a-t-il pu survivre à une telle torture ?
Les soldats se livrent alors à un autre jeu pour se distraire, et fabriquent une couronne
d’épines qu’ils enfoncent sur la tête de Jésus. Pour le ridiculiser et l’humilier, ils
s’inclinent devant Jésus, singent des courbettes, l'insultent, le frappent à la tête et chacun
d’eux ajoute une nouvelle douleur à celles qui déjà épuisent son corps.
57
Sainte Brigitte décrit la couronne d’épines bien différemment de ce à quoi nous sommes
habitués en regardant un crucifix. En effet, elle ressemble davantage à un énorme casque
qu’à un diadème car elle englobe toute la tête de Jésus. Les épines, longues et acérées (la
tradition nous rapporte qu’il s’agit de bois de jujubier), se plantent douloureusement dans
la chair de Jésus. Le frère Joseph François raconte qu'un jour il vit en vision le
couronnement d'épines de Jésus : par trois fois, on avait enlevé et replanté la couronne et,
chaque fois, des épines pénétraient dans sa tête, laissant 34 blessures profondes. La Mère
de Dieu révéla à sainte Brigitte que les épines furent si violemment enfoncées que le sang
ruissela sur toute la face, de telle sorte qu'elle en parut toute couverte.
« Ecce homo. » Contemplons Jésus réduit à l'état le plus humiliant, couronné d’épines,
revêtu d'un manteau d'écarlate, salué comme un roi dérisoire et tenu pour un fou. Lui, Fils
de Dieu et Dieu lui-même, celui à qui tout est soumis, s’est abaissé jusqu’à passer aux
yeux des hommes comme le dernier et le plus méprisable de tous. Il a permis que sa tête
soit couronnée d'épines et qu'elle souffre pour réparer nos refus d'accepter ce qui nous
abaisse aux yeux du monde. Il a consenti à couvrir ses épaules d'un manteau de dérision et
à être traité de fou afin que nous acceptions de le suivre même au prix de tous les
renoncements, de tous les abaissements. A sœur Josefa Menedez, Jésus dit : « Non, aucun
chemin, aucun état n'est vil et humiliant, dès qu'il s'agit de suivre la volonté de Dieu. Vous
qui vous sentez intérieurement attirées à cet état, ne résistez pas, ne cherchez pas par de
vaines et orgueilleuses raisons, à faire la volonté divine tout en suivant la vôtre. Ne croyez
pas trouver la paix et le bonheur dans une condition plus ou moins brillante aux yeux des
créatures. Vous ne les rencontrerez que dans la soumission à la volonté de Dieu et dans
l'entier accomplissement de tout ce qu'elle vous demande... »
En Jésus, couvert de blessures et couronné d’épines, nous contemplons l’état de notre
âme couverte des plaies de nos péchés. Nous ne pouvons alors que repenser aux paroles de
Jésus : « que sert à l’homme de conquérir le monde si pour cela il doit y perdre son
âme ? »
Prions
Voir page 7
58
Les reliques de la Passion du Christ
Reliquaire contenant la couronne d’épines du Christ, conservé à Notre-Dame de Paris et
proposé à la vénération des fidèles chaque premier vendredi du mois et chaque vendredi
de carême.
59
BARABBAS
Contemplons
Ecoutons
À chaque fête, il leur relâchait un prisonnier, celui qu’ils demandaient. Or, il y avait en
prison un dénommé Barabbas, arrêté avec des émeutiers pour un meurtre qu’ils avaient
commis lors de l’émeute. La foule monta donc chez Pilate, et se mit à demander ce qu’il
leur accordait d’habitude. Pilate leur répondit : « Voulez-vous que je vous relâche le roi
des Juifs ? » Il se rendait bien compte que c’était par jalousie que les grands prêtres
l’avaient livré. Ces derniers soulevèrent la foule pour qu’il leur relâche plutôt Barabbas. Et
comme Pilate reprenait : « Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le
roi des Juifs ? », de nouveau ils crièrent : « Crucifie-le ! » (Matthieu 15, 06-13)
Méditons
C'est couronné d'épines et revêtu d'un manteau de pourpre, que les soldats ramènent Jésus
à Pilate en l'accablant, à chaque pas, de cris, de crachats, de coups, d'insultes et de
moqueries. Pilate, qui ne trouve en lui aucun crime qui justifierait le châtiment demandé
par les juifs, le questionne de nouveau et lui demande pourquoi, sachant qu'il « avait tout
pouvoir sur lui » il ne se justifie pas. Alors, sortant de son silence, Jésus lui dit : « Tu
n'aurais aucun pouvoir s'il ne t'avait été donné d'en-haut, mais il faut que les Ecritures
s'accomplissent ! »
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Pilate, troublé par l'avertissement de sa femme, tiraillé entre les remords de sa conscience
et la crainte de voir le peuple déchainé se soulever contre lui s'il se refuse à faire mourir
Jésus, le présente à la foule dans l'état pitoyable où on l'a réduit. Cherchant à ruser, il
propose de rendre la liberté à Jésus en condamnant à sa place, Barabbas qui est un insigne
brigand. Mais la multitude s'écrit avec rage et d'une seule voix : « Qu'il meure !... Nous
voulons qu'il meure et que Barabbas soit délivré. »
Qui dira la souffrance de Jésus, dont le Cœur est souverainement tendre et délicat, lors-
qu'Il se voit préférer Barabbas et à ce point méprisé, compté pour moins que le plus
infâme des brigands, lui qui a tant de fois, béni, guéri, consolé ceux qui aujourd’hui
réclament sa mort. Les cris de la foule déchainée ont dû le transpercer jusqu’au plus
profond de son âme.
L’amour de Jésus pour nous, ne fait pas que le conduire à la mort mais aussi au mépris, à
l'ignominie, à la haine de ceux-là mêmes pour qui son Sang est répandu avec tant de
profusion. On l'a traité de perturbateur, d'insensé, de fou et il a tout accepté avec la plus
grande douceur et la plus profonde humilité. Parlant de sa Passion, Jésus dit à sœur Josefa
Menendez : « Comprenez-le, âmes que j'aime : vivre connues ou inconnues des hommes,
utiliser ou non les talents que vous avez reçus, être peu ou beaucoup estimées, jouir ou
non de la santé, rien de tout cela n'est en soi votre bonheur !... Savez-vous l'unique chose
qui vous l'assurera ?... Faire la volonté de Dieu, l'embrasser avec amour, vous unir et vous
conformer à tout ce qu'elle exige pour sa gloire et pour votre sainteté. »
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Clou de la crucifixion du Christ conservé en l’église Santa Maria della scala à Sienne
61
COMDAMNE A MORT
Contemplons
Ecoutons
C’était le jour de la préparation de la pâque, vers la sixième heure, environ midi. Pilate
dit aux Juifs : « Voici votre roi. » Alors ils crièrent : « A mort ! A mort ! Crucifie-le ! »
Pilate leur dit : « Vais-je crucifier votre roi ? » Les grands prêtres répondirent : « Nous
n’avons pas d’autre roi que l’empereur. » Alors, il leur livra Jésus pour qu’il soit crucifié.
(Jean 19, 14-16)
Méditons
Le dernier fil auquel était suspendue la vie de Jésus, est rompu : Pilate, qui aurait pu
sauver Jésus, le condamne à être crucifié.
Si, par avance, Jésus avait accepté tous les termes de sa Passion, cela ne dégage pourtant
personne de sa responsabilité dans sa condamnation à mort. Si Dieu, dont la puissance et
la miséricorde sont infinies, se plait à tirer un plus grand bien de tout mal, a permis, et
62
même, ordonné la Passion de Jésus, c’est pour sa gloire, notre salut et pour nous montrer
jusqu’où va son amour pour nous : jusqu’à se sacrifier lui-même. Pour cela, il n’a pas
préprogrammé les protagonistes. Au contraire, Jésus s’est livré aux mains de personnes en
pleine possession de toutes leurs capacités et donc pleinement responsables de ce qu’ils
font.
Judas est responsable de la mort de Jésus car il l’a livré pour 30 pièces d’argent sachant
que le Sanhédrin le condamnera injustement à mourir. Cette trahison n’est pas un coup de
folie mais un plan soigneusement prémédité, calculé, organisé. Judas a livré Jésus parce
que tel était son plan. Et Judas savait que Jésus savait qu’il le livrerait, et pourtant cela
ne l’a pas amené à reculer.
Le Sanhédrin, les grands prêtres, envieux, jaloux et, pour ces raisons, assoiffés de haine,
ont voulu la mort de Jésus. Ils l’ont préméditée, organisée et n’ont pas hésité à recourir à
tous les expédients : la corruption, l’intimidation, la pression morale, le parjure... Ils ont
bafoué toutes les lois, y compris religieuses dont ils étaient les garants, pour obtenir cette
condamnation.
Hérode n’a pas condamné Jésus à mort et ce n’était pas non plus, ni son but ni même son
désir. Cela dit, il ne l’a pas sauvé non plus alors qu’il aurait pu le faire. Mais pour cela, il
aurait dû marcher sur son orgueil et accepter le risque que Jésus puisse lui ravir le trône
puisqu’on le dit le roi des juifs. Il est donc pleinement coupable.
La foule est coupable qui demande à cor et à cris la mort de Jésus. Ils ont été témoins des
signes accomplis par Jésus et ceux qui ne les ont pas vus, en ont entendu parler. Si les
grands prêtres tiennent tant à la mort de Jésus, c’est bien parce que Jésus et tout ce qu’il
a accompli, sont connus de tout Jérusalem et que ce sont autant de motifs pour que le
peuple se détourne d’eux pour suivre Jésus.
Pilate a condamné Jésus par lâcheté. Ses hésitations et ses tentatives pour relâcher Jésus,
montrent bien qu’il est convaincu de son innocence et qu’il est une personne soucieuse de
rendre la justice équitablement. Cependant, il ne suit pas les assauts de sa conscience,
pourtant aidée par l’intervention de sa femme. Il essaie de se dégager de sa responsabilité
dans cette affaire prétextant que c’est la pression politique qui le fait céder et que la
responsabilité de l’injustice incombe aux juifs dont Jésus fait partie. Il se lave les mains
dans de l’eau pour le signifier mais c’est dans le sang de Jésus qu’en réalité il les lave.
Pilate est coupable de la mort de Jésus qu’il condamne à mourir tant par lâcheté que par
froid calcul politique.
63
Toutes ces personnes sont responsables et coupables de la mort de Jésus à des degrés
divers. Mais il y en a encore d’autres : une foule innombrable. Vous, moi, chaque âme
rachetée par Jésus. Ce sont nos péchés qu’il a portés, ce sont nos fautes dont il s’est
chargé… tous ceux qui ont péché d’une façon ou d’une autre peuvent s’identifier à l’un de
ces protagonistes, ou même à tous, et ont une part dans la mort de Jésus. La seule âme
dont le salut vient de la mort de Jésus mais qui n’a eu aucune part dans ses souffrances,
c’est Marie.
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Le Calice de la dernière Cène, conservé dans la cathédrale de Valence.
Une antique tradition corroborant le fondement archéologique du Calice indique que celui-
ci passa de Jérusalem à Rome par l’intermédiaire de saint Pierre. C’est avec ce Calice que
les premiers papes célébrèrent les mystères. Il aurait été apporté en Espagne, dans la
région de Huesca, vers l’an 258, par saint Laurent, après le martyre du pape Sixte et avant
son propre martyre, dans le souci de le préserver de la spoliation liée à la persécution
contre l’Eglise décrétée par Valérien.
Il y avait une fresque du XIIIe siècle dans la basilique Saint-Laurent-hors-les-murs de Rome
qui représentait la remise du saint Calice par saint Laurent à un légionnaire espagnol, mais
elle a été détruite le 19 juillet 1943, pendant la Seconde Guerre mondiale, lors d’un
bombardement allié, et il ne subsiste qu’une photo médiocre.
64
LA CROIX
Contemplons
Ecoutons
Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs,
et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus. (Luc 23, 26)
Méditons
Jésus n’a pas dormi depuis plus de 24 heures, il a été flagellé au-delà de ce qui est
autorisé, il a été roué de coups, trainé d’un endroit à l’autre… Il a perdu énormément de
sang, il est fiévreux et assoiffé… passons sur son état psychologique…
65
Il est à bout de forces et pourtant il doit, à présent, gravir le chemin qui mène au Calvaire
en portant la croix sur laquelle il sera immolé. Toujours silencieux et recueilli, Jésus reçoit
la croix, l’accepte, non comme un supplice de plus qu’il accepte de subir mais comme le
remède à tous nos maux. Le vendre-saint, l’Eglise chante sur une mélodie triomphante :
« Votre croix, Seigneur, nous l’adorons ; votre sainte résurrection, nous la louons et la
glorifions. Voici en effet que par le bois de la croix, la joie est entrée dans le monde
entier. » (liturgie du vendredi-saint)
Le poids de la croix est écrasant. Les historiens, qui se fondent sur les reliques de la vraie
Croix en bois de pin, estiment son poids à environ 75 kg. Aussi, en raison de son
affaiblissement physique, bon nombre d’entre eux défendent la thèse que Jésus n’a porté
que la partie transversale de la Croix. Cependant, selon le professeur André Marion de
l’Institut d’Optique d’Orsay qui a réalisé des études d'après le suaire de Turin et la tunique
d’Argenteuil, les bandes reconstituées sur le dos des porteurs de ces linges, évoquent le
portement de la croix entière. Les mystiques, comme Anna Katarina Emmerich, Marthe
Robin ou Thérèse Neumann sont unanimes pour dire que Jésus a porté une croix entière et
pleinement formée.
Comment Jésus a-t-il pu porter un tel poids ? C’est un fardeau écrasant pour un homme en
bonne santé mais lui, si affaibli et si diminué ?! Jésus n’est qu’une seule plaie et pourtant
rien ne saurait le détourner de porter cette croix. Jésus veut nous montrer ainsi que rien
ne doit nous détourner du salut et que rien n’est plus important, en cette vie, que de
travailler à parvenir au salut. Même écrasé par nos péchés et affaibli par nos faiblesses,
nos passions, il nous faut avancer vers le salut en acceptant de porter la croix de notre
devoir d’état, le moyen que Dieu nous donne pour réaliser notre salut. Quelle que soit la
dureté du chemin, Jésus nous enseigne à ne rien épargner pour réaliser la volonté de Dieu
et à ne jamais ni nous en laisser détourner ni à y renoncer car le salut est à ce prix.
En portant une charge aussi surhumaine dans un tel état de déchéance, Jésus nous donne
aussi à comprendre que personne, en-dehors de lui, n’est en mesure de réaliser notre salut
car lui seul est capable de porter un tel poids et que le salut est le plus beau cadeau que
le Créateur puisse faire à sa créature.
Prions
Voir page 7
66
Les reliques de la Passion du Christ
Reliquaire contenant un fragment de la Croix du Christ conservé à Notre-Dame de Paris
67
CHUTES ET RELEVEMENTS DE JESUS
Contemplons
Ecoutons
Et lui-même, portant sa croix, sortit en direction du lieu-dit Le Crâne (ou Calvaire), qui se
dit en hébreu Golgotha. (Jean 19, 17)
Méditons
Tout semble se liguer contre Jésus pour ajouter souffrances et difficultés à ce chemin de
croix qui a tous les aspects d’un chemin de torture : l’affaiblissement physique, le poids de
la croix, la chaleur du jour, l’importance de cette foule hostile qui l’invective et le
houspille, la distance à parcourir, la montée à gravir… Aussi, Jésus, accablé, s’effondre à
plusieurs reprises…
Les chutes de Jésus ne sont rapportées en aucun Evangile mais la piété populaire les a
toujours tenues pour évidentes ; depuis toujours, elles font partie du Chemin de Croix. Et
les Evangiles ne contredisent en rien la piété populaire. Au contraire. Pour Anna Katarina
Emmerich, qui a vécu la Passion à plusieurs reprises, les chutes de Jésus ne sont d’ailleurs
pas au nombre de 3 mais de 7. Si la Tradition n’en a retenu que 3, c’est à cause de la
symbolique du chiffre qui représente à la fois le divin, la plénitude, la totalité : les trois
chutes de Jésus englobent toutes nos innombrables chutes humaines.
68
On a coutume d’appeler les stations du Chemin de Croix concernées « Jésus tombe pour la
première, la seconde, la troisième fois » et à focaliser notre attention sur le Sauveur qui
s’effondre, plaqué au sol par le poids de la Croix. Or, Jésus nous édifie bien plus par ses
trois relèvements et sa détermination à aller jusqu’au bout que par ses chutes. Il nous
enseigne ainsi à ne jamais nous laisser décourager dans les difficultés de la vie et à
toujours aller de l’avant vers le salut. Personne n’a été dans un état physique plus
lamentable que lui, personne n’a porté une croix plus lourde que lui, personne n’a porté sa
croix dans un climat de plus grande hostilité que lui. Aussi, si Jésus se relève malgré tout,
c’est pour que nous nous relevions nous aussi de nos chutes sans jamais nous laisser aller
au découragement, à la désespérance.
Tout péché est une chute et par son premier relèvement, Jésus nous enseigne à ne pas
nous complaire dans notre état de péché mais à toujours nous ressaisir « car sept fois le
juste tombe, et il se relève, mais les méchants sont précipités dans le malheur »
(Proverbes 24, 16). Le plus important n’est pas de ne jamais tomber (nous sommes de
pauvres pécheurs) mais de toujours nous relever du péché par un ferme propos de ne pas
le répéter.
Par son second relèvement, Jésus nous invite à ne jamais douter de sa miséricorde. Il a
pris sur lui tous nos péchés y compris les plus horribles. Ce qui est impossible au pardon
humain demeure toujours possible au pardon divin. « Si vos péchés sont comme le
cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige ; s'ils sont rouges comme la pourpre, ils
deviendront comme la laine » (Isaïe 1, 18).La miséricorde de Jésus se mesure à tout ce
qu’il a souffert pour nous ; elle est sans limite pour celui qui veut se relever en s’appuyant
sur lui et en recourant au sacrement de la réconciliation, lui-même prolongé par la vertu
de pénitence.
Par son troisième relèvement, Jésus appelle tous ceux qui sont affligés à venir à lui, afin
qu’ils reçoivent de lui, le Dieu fort, la force de poursuivre leur chemin de salut. «Venez à
moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug
sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous
trouverez du repos pour vos âmes » (Matthieu 11, 28-29).
A sœur Josefa Menendez, Jésus dit : « Ma première chute obtiendra aux pécheurs
enracinés dans l'habitude du mal, la force de se convertir. La seconde encouragea les âmes
faibles, aveuglées par la tristesse et l'inquiétude, à se relever et à reprendre avec une
nouvelle ardeur le chemin de la vertu... La troisième aidera les âmes à se repentir à
l'heure suprême de la mort. »
69
A saint Bernard de Chiaravalle (12ème siècle), Jésus révéla : « J'eus, en portant la Croix,
une plaie profonde de trois doigts et trois os découverts sur l'épaule. Cette plaie qui n'est
pas connue des hommes m'a occasionné plus de peine et de douleur que toutes les autres.
Mais révèle-la aux fidèles chrétiens et sache que quelque grâce qui me sera demandée en
vertu de cette plaie, leur sera accordée. Et à tous ceux qui, par amour pour elle,
m'honoreront chaque jour par trois Pater, Ave et Gloria, je pardonnerai les péchés véniels
et je ne me souviendrai plus des mortels ; ils ne mourront pas de mort imprévue, à l'heure
de leur mort, ils seront visités par la bienheureuse Vierge et ils obtiendront encore la
grâce et la miséricorde.» (Cette prière et cette dévotion ont été recommandées par le
Pape Eugène III).
Prière : Très aimé Seigneur, très doux agneau de Dieu, j'adore et je vénère la sainte plaie
que vous avez reçue à l'épaule en portant au Calvaire la très lourde croix qui laissa
découverts trois os saints, occasionnant une immense douleur.
Je vous supplie, en vertu des mérites de ladite plaie, d'avoir pitié de moi en me
pardonnant tous mes péchés mortels ou véniels, en m'assistant à l'heure de ma mort et en
me conduisant dans votre heureux Royaume. Amen ! (3 Pater, Ave, Gloria)
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Reliquaire contenant un clou de la crucifixion du Christ conservé à Sainte Croix de
Jérusalem
70
LA RENCONTRE DE MARIE
Contemplons
Ecoutons
Si quelqu'un me sert, qu'il me suive ; et où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur. (Jean
12, 26)
Méditons
Marie est là à tous les moments décisifs de la vie de Jésus, mais toujours en humble
servante. Elle ne sort de l’ombre que lorsque par son exemple, elle peut nous entrainer à
« faire tout ce que Jésus dira. » Aussi, ne la voit-on pas le dimanche des rameaux, lorsque
Jésus entre dans Jérusalem sous les acclamations. Les Evangiles ne mentionnent pas non
plus sa rencontre avec Jésus sur le chemin du Calvaire mais sa présence peu de temps
après au pied de la Croix donne à croire qu’elle a bien eu lieu. Marie reste dans l’ombre
quand tout va bien pour laisser toute la place à Jésus mais apparait dès qu’il s’agit de
répondre à la volonté de Dieu, de servir la cause de l’Evangile ou de venir au secours d’une
71
détresse humaine : comment pouvait-elle ne pas être là, alors que son enfant, son Dieu la
réclame près de lui.
Cette rencontre de Jésus et de Marie est si poignante, qu’une sainte pudeur nous
interdirait presque d’en parler tellement il est difficile de traduire en mots toute la
délicatesse avec laquelle ces deux âmes martyres se sont abordées en ces quelques brefs
instants. Marthe Robin, Anna Katarina Emmerich, Maria d’Agreda, Maria Valtorta et bien
d’autres mystiques, s’accordent à dire que Jésus et Marie ne se sont pas parlés lors de leur
rencontre. Tous rapportent que Jésus était dans un tel état de déchéance que Marie, qui
aurait voulu le prendre dans ses bras, n’a pu le faire de peur de rajouter encore à ses
souffrances, car elle ne trouvait sur le corps de son Fils aucun endroit qui était sans
meurtrissures. Prenant sur elle, Marie ne peut que dire : « Fils ». Jésus, prenant sur lui, ne
peut que dire : « Mère ». Tout ce qu’ils voulaient se dire, l’a été dans le regard bref mais
intense qu’ils se sont échangés à ce moment-là. Et tous soulignent les efforts que chacun a
consentis pour se prendre en mains afin de ne pas rajouter à la douleur de l’autre.
Jésus a parlé à certaines âmes privilégiées de sa douleur de devoir infliger une telle
souffrance à sa mère, la personne qui méritait le moins de souffrir. Il lui aurait été facile
de lui éviter toute cette douleur en l’envoyant chez son ami Lazare, par exemple, pendant
quelques jours : le temps que la nouvelle de la mort de Jésus parvienne à Béthanie, il
aurait été ressuscité. Mais l’offrande de Marie, unie à la sienne, était nécessaire : elle
nous était nécessaire. C’est parce que Marie était présente sur le chemin de Croix de Jésus
qu’elle peut se rendre présente sur tous nos chemins de croix. Et, comme nous dit sainte
Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, nous avons plus de chance qu’elle car elle,
elle n’avait pas de Sainte Vierge pour la consoler.
Personne n’a plus aidé Jésus dans sa Passion que Marie et pourtant elle n’a pas porté la
croix comme Simon, n’a pas essuyé le visage de Jésus comme Véronique. Elle n’a posé
aucun geste concret que les Evangiles et la Tradition auraient pu relever et nous
rapporter. Pourtant, c’est elle qui en a fait le plus pour Jésus et pour nous. Marie a aidé
Jésus de trois façons : en ne cédant toute sa vie à aucun péché, en acceptant le sacrifice
rédempteur de son Fils depuis le premier instant de son Incarnation et plus encore en
s’unissant à son offrande de lui-même à son Père pour nous.
Prions
Voir page 7
72
Les reliques de la Passion du Christ
Reliquaire contenant un clou du crucifiement du Christ, conservé à Notre-Dame de Paris
73
SIMON DE CYRENE
Contemplons
Ecoutons
Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs,
et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus. (Luc 23, 26)
Méditons
A vue humaine, Jésus avait absolument besoin qu’on l’aide en raison de sa déchéance
physique, du poids de la croix, du temps qui presse et de la crainte des soldats que Jésus
meure avant d’avoir été crucifié. Les soldats qui ordonnèrent qu’on fasse aider Jésus,
ignoraient que Jésus irait jusqu’au Calvaire, parce que c’était écrit.
Comme pour tout ce que fait Jésus, la réquisition de Simon de Cyrène a une portée bien
plus large que ce que la scène nous suggère. En effet, c’est Jésus qui nous sauve et il est le
seul à pouvoir opérer notre salut. Mais notre salut, qu’il nous propose mais ne nous impose
pas, il ne le réalisera pas sans nous : « Dieu qui t’as créé sans toi, ne te sauvera pas sans
toi » nous dit saint Augustin. Pour que nous soyons sauvés par le sacrifice de Jésus, il nous
faut accepter de porter notre part de la croix en union avec lui. Cette petite participation
à la Passion de Jésus est aussi impérieuse que l’a été la réquisition de Simon par les
soldats.
74
Cet ajout à sa Passion, que Jésus réclame de notre part, n’est, en soi, pas indispensable
parce que lui-même n’aurait pas entièrement satisfait pour nous tous et pour tout. Cet
ajout est indispensable parce que dans sa miséricorde et son amour infinis, Jésus nous
donne de pouvoir contribuer en toute liberté à notre salut ainsi qu’à celui de toutes les
âmes. Quelle grâce ! Quelle responsabilité ! Etre investi d’une telle confiance alors qu’on
en est si peu digne !
Simon revenait de champs ce qui signifie qu’il ne se sentait pas du tout concerné par ce
qui arrivait à Jésus. Pourtant, parmi toute cette foule, c’est lui que les soldats
réquisitionnent, c’est lui que Jésus choisit pour illustrer ce qu’il attend de chacun de nous.
Simon de Cyrène, ainsi que ses enfants, Alexandre et Rufus, sont vénérés comme des
saints. Cela signifie que le peu de temps pendant lequel Simon a aidé Jésus, a été suffisant
pour le convertir et le sanctifier. Anna Katarina Emmerich décrit la rencontre de Jésus et
de Simon. D’abord, il veut se défiler et refuse de porter la croix. Les soldats le menacent
de représailles. Aussi, se soumet-il dans la crainte et se fait-il une raison en songeant à
l’argent qu’il peut en tirer. Mais croisant le regard du Sauveur, son attitude change et on
le voit au fur et à mesure du parcours, déployer de plus en plus d’efforts pour soulager
Jésus et même rivaliser d’attentions pour lui épargner, autant que faire se peut, toute
nouvelle souffrance. Anna Katarina Emmerich le décrit, au départ, assez maladroit et
laissant Jésus porter la plus grosse part de la croix, si bien qu’il est responsable de deux
des chutes de Jésus. Mais au fur et à mesure du parcours, il essaie de porter la plus grosse
part afin de soulager Jésus autant que faire se peut. Arrivé au Calvaire, lorsque les soldats
voudront le renvoyer aussi brutalement qu’ils l’ont réquisitionné, il aura beaucoup de
peine à s’éloigner.
En parlant de Simon de Cyrène, Jésus dit à Sœur Josefa Menendez : « Et tenez pour certain
que si votre abnégation et vos souffrances tardent longtemps à donner leur fruit, ou
semblent même n'en donner aucun, elles n'ont été cependant ni vaines, ni inutiles. Un jour
la récolte sera abondante… L'âme qui aime véritablement ne mesure pas ce qu'elle fait et
ne pèse pas ce qu'elle souffre. Elle ne marchande ni la fatigue, ni le travail, elle n'attend
pas de récompense, mais elle poursuit tout ce qu'elle croit être le plus glorieux à son
Dieu… Et parce qu'elle agit loyalement, quel que soit le résultat, elle ne cherche ni à se
disculper, ni à protester de ses intentions. Et parce qu'elle agit par amour, ses efforts et
ses peines aboutiront toujours à la gloire de Dieu. Aussi, elle ne s'agite, ni s'inquiète...
moins encore perd-elle la paix si, dans quelque circonstance, elle se voit contredite ou
même persécutée et humiliée : le seul motif de ses actes était l'amour, et l'Amour son seul
but ! Voilà les âmes qui n'attendent pas de salaire et qui ne cherchent que ma consolation,
75
mon repos et ma gloire. Ce sont elles qui ont pris ma Croix et qui en portent tout le poids
sur leurs épaules. »
Si, c’est à Dieu seul que nous devons notre salut, il nous reste une petite part à ajouter à
ce que Jésus a souffert pour nous. Et, cette petite part, Dieu la rend si indispensable que
personne ne peut aller ni au Ciel ni en enfer sans avoir été lui-même l’artisan de son
destin.
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Reliquaire contenant des fragments de la Croix du Christ conservé à Rome en l’église
Sainte Croix de Jérusalem
76
VERONIQUE
Contemplons
Ecoutons
Quand t'avons-nous vu malade, ou en prison, et sommes-nous allés vers toi ? Et le roi leur
répondra: Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de
ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites. (Matthieu 25, 39-40)
Méditons
Jésus s’avance péniblement au milieu d’une foule hurlante, déchainée, assoiffée de haine,
pressée d’en arriver à la scène finale : le crucifiement. Au milieu de ce déferlement de
haine, s’avance une femme au courage digne d’être salué et connu pour l’éternité. Elle
porte un linge avec lequel elle veut éponger le visage de Jésus couvert de sang, de sueur,
de crachats et complètement tuméfié. Un petit geste qui ne saurait apporter un
soulagement à Jésus en proie à une souffrance indicible ; peut-être même que
l’application du linge sur son visage couvert de blessures, rajoute encore une souffrance
77
supplémentaire. Peu importe, Jésus reçoit l’acte de pitié de Véronique avec une telle
reconnaissance qu’il imprime, selon la tradition, son image sur le suaire.
Contrairement à Simon, qui est réquisitionné, Véronique s’avance spontanément vers
Jésus. Si Jésus attend de nous que nous portions, comme Simon, avec lui la croix de notre
salut, il nous demande aussi, comme Véronique, de nous unir à lui dans sa Passion par des
renoncements spontanés (mais mesurés) qui témoignent de notre amour. A sainte
Gertrude, Jésus dit : « Celui qui prive ses sens des choses qui peuvent le flatter, mais qui
ne sont nécessaires ni à la vie ni à la santé, me paie la flagellation que j’ai subie à la
troisième heure. »
A Fatima, lors de ses visites, l’ange invite les enfants à « consoler Dieu » et donc à imiter
Véronique qui dans un mouvement intérieur de pitié, prend sur elle de soulager Jésus par
un petit geste qui le console de toute la haine qui l’entoure. Véronique est le modèle de
toutes ces âmes victimes, stigmatisées comme saint François d’Assise, sainte Véronique
Giuliani ou, plus près de nous, sainte Gemma Galgani, saint Padre Pio qui se sont unies plus
étroitement à la Passion du Sauveur pour le salut du monde. Véronique est le modèle de
toutes ces âmes qui, au cours des siècles et jusqu’à la fin du monde, acceptent de suivre
Jésus quoi qu’il en coute sur un chemin de renoncements, de mortifications, que ce soit au
fond d’un couvent ou ailleurs afin de consoler Jésus, de le dédommager de nos manques
d’amour et de réparer les outrages qu’il subit de la part des pécheurs.
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Voile de Véronique représentant la Sainte-Face de Jésus, conservé à Manoppello, dans les
Abruzzes à 90 kms de Rome. Le suaire est sorti de l’ombre lorsque le pape Benoit XVI s’y
78
est rendu en pèlerinage le 1er septembre 2006. Des études montrent des similitudes,
notamment au niveau des contusions, entre le visage imprimé sur le suaire de Manopello et
celui du saint suaire de Turin.
Visage de Jésus sur le suaire de Turin – Visage de Jésus sur le suaire de Manoppello –
Superposition des deux suaires
79
LES FEMMES DE JERUSALEM
Contemplons
Ecoutons
Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine
et se lamentaient sur Jésus. Il se retourna et leur dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez
pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Voici venir des jours où
l’on dira : « Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont
pas allaité ! » Alors on dira aux montagnes : « Tombez sur nous », et aux collines :
80
« Cachez-nous. » Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? » (Luc 23,
27-31)
Méditons
Jésus semble très sévère avec ces femmes qui se lamentent et se frappent la poitrine.
Elles sont les seules à manifester de la compassion et pourtant, elles se font réprimander.
Jésus n’est que douceur, amour et miséricorde ; même réduit à l’état de loque humaine,
son message reste un message d’amour. Si Jésus semble à priori sévère, c’est pour
souligner le sérieux de son propos.
Si Jésus attend de nous que nous nous laissions émouvoir par tout ce que nous lui avons
couté, il nous demande tout de même avec force de passer de la seule bonne intention à
l’action. La foi sans les œuvres, est une foi morte. Et il ne sert à rien de dire « Seigneur,
Seigneur » si on ne met pas toute son ardeur à accomplir la volonté du Père. « Ceux qui me
disent : Seigneur, Seigneur ! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là
seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 7,21)
Jésus accomplit la volonté du Père en tout point. C’est par désobéissance que le premier
Adam a fauté et nous a tous précipités dans cette vallée de larmes ; c’est par obéissance
que Jésus, le nouvel Adam, réalise notre salut. Même réduit à l’état de loque humaine, ce
n’est pas sur lui qu’il faut s’apitoyer mais plutôt sur cette foule hurlante qui le condamne
au mépris de toutes les lois divines et humaines parce qu’elle n’a pas su reconnaitre en
Jésus, l’envoyé du Père, le Messie, le libérateur.
Pleurer sur ses péchés est en soi une excellente chose, si c’est le départ d’une véritable
conversion. Marie-Madeleine a pleuré ses péchés : ses larmes ont marqué le départ d’une
vie toute donnée à l’Evangile. La conversion de Marie-Madeleine est si radicale et si
impressionnante que l‘Eglise l’a même proclamée patronne des pénitents. Et Jésus a
accueilli tous ses efforts de conversion puisque d’elle seule il a dit : « c'est pourquoi, je te
le dis, ses nombreux péchés ont été pardonnés car elle a beaucoup aimé » (Luc 7, 47).
Contrairement à tous les apôtres, Marie-Madeleine, se tiendra au pied de la Croix aux
côtés de Marie, de Jean et se déclarera à la face du monde comme disciple de Jésus. Au
matin de pâques, c’est à elle que Jésus demande d’aller annoncer aux apôtres sa
résurrection, la proclamant apôtres des apôtres. Aussi, par sa monition, Jésus met-il le
doigt sur ce qui importe vraiment : la conversion du Cœur.
Prions
Voir page 7
81
Les reliques de la Passion du Christ
Reliquaire de Jaucourt contenant un fragment de la vraie Croix.
82
DEPOUILLE DE SES VETEMENTS
Contemplons
Ecoutons
Alors ils se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura. »
Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au
sort mon vêtement. C’est bien ce que firent les soldats. (Jean 19, 24)
Méditons
A sœur Josefa Menendez, Jésus dit : « Nous sommes arrivés au terme du chemin. Regarde
avec quelle avidité ces hommes endurcis m'entourent... Les uns saisissent la Croix et
l'étendent sur le sol..., les autres arrachent mes vêtements... Mes Blessures se rouvrent...
et le sang coule de nouveau... Considérez, âmes que J'aime, quelle ne fut pas ma honte en
me voyant ainsi exposé devant la multitude... Quelle douleur pour mon Corps et quelle
confusion pour mon âme... Partagez l'affliction de ma sainte Mère qui contemple cette
terrible scène... Et voyez avec quel désir elle voudrait s'emparer de la tunique imbibée et
teinte de mon sang... »
On médite très peu ce dépouillement total… Pourtant il est une rude épreuve pour Jésus.
Les soldats sont de vraies brutes. Ce sont des gens d’armes, endurcis par les combats. Par
ailleurs, la Judée étant aux yeux de l’empire une contrée dangereuse, voire explosive, ce
83
sont les plus rudes des soldats qui y sont en garnison avec les ordres les plus strictes quand
il s’agit de mater dans l’œuf des rébellions ou des séditions. Pendant tout le temps, où
Jésus était sous leur garde, ils l’ont maltraité. A présent, arrivés au Calvaire et pressés
d’en finir, ils arrachent, sans ménagement aucun, les vêtements de Jésus, réveillant
toutes les blessures de la flagellation qui se sont soudées à la tunique par l’effet de la
coagulation. Quelle douleur atroce traverse le corps de Jésus. C’est comme s’il revivait la
flagellation…
Jésus se tient donc là, nu comme un ver, devant la foule qui l’accable d’injures, de
sarcasmes, des moqueries les plus infâmes… Il ne possède plus rien. Tout lui a été enlevé,
y compris cette seule tunique confectionnée toute d’une pièce. Les condamnés étaient
crucifiés nus et leurs vêtements partagés par les soldats. Anna Katarina Emmerich et
d’autres mystiques affirment que Marie qui se tenait près de la Croix, ne quittait pas Jésus
des yeux et comprit sa gêne. Elle enleva le voile qu’elle portait sous son manteau et le
tendit à Longin, le centurion romain, pour qu’il le donne à Jésus. Longin voulu d’abord
repousser la requête de Marie mais pris de compassion pour la mère du condamné, il fit
donner le linge à Jésus qui le fixa autour de sa taille. Sans ce geste de Marie, Jésus aurait
été crucifié tout nu. Marie a habillé son Jésus à sa naissance quand il est entré dans cette
vie ; elle l’habille quand il la quitte dans le même dénuement.
Par son dépouillement, Jésus nous enseigne à ne pas nous attacher à toutes ces choses que
nous pensons nécessaires voire indispensables, pour lesquelles nous nous échinons à trimer
parfois au dépens de notre santé physique voire de notre âme, et qui au fond n’ont qu’une
utilité tout à fait relative. La mort viendra nous les enlever avec la même brutalité que ces
soldats. Par ce dépouillement Jésus nous apprend qu’à accumuler les biens, on s’attache à
cette vie et on augmente la douleur au moment où il faudra la quitter. Par ce
dépouillement, Jésus nous recentre sur la seule chose qui soit indispensable en cette vie :
réaliser son salut.
Saint Nicolas de Flue avait pour habitude de prier : « Seigneur, enlève de moi tout ce qui
m’éloigne de toi. Seigneur, donne-moi tout ce qui me rapproche de toi. Seigneur, prend-
moi à moi, et donne-moi tout entier à toi. »
Prions
Voir page 7
84
Les reliques de la Passion du Christ
Le pagne de Jésus
Dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle, on vient vénérer quatre reliques qui y sont
conservées depuis l’époque de Charlemagne. L’histoire rapporte que Charlemagne aurait
reçu ces reliques en cadeau de Jérusalem vers l’an 800 après J-C. Depuis 1349, ces
reliques sont présentées aux croyants d’Europe et du monde entier tous les sept ans et
pour ce faire, elles sont sorties de leur reliquaire pour une durée de dix jours. Ces reliques
sont de vieilles étoffes décrites comme l‘habit que portait Marie la nuit de la naissance de
Jésus, les langes de Jésus avec lesquels Marie protégea l‘enfant, le drap dans lequel on
enveloppa la tête de saint Jean Baptiste après sa décapitation et le pagne qu’aurait porté
Jésus sur la croix.
85
LA TUNIQUE
Contemplons
Ecoutons
Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts,
une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c’était une tunique sans couture,
tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors ils se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas,
désignons par le sort celui qui l’aura. » Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : Ils se
sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement. C’est bien ce que firent les
soldats. (Jean 19, 23-24)
Méditons
Les soldats ont divisé le manteau c’est-à-dire le vêtement extérieur de Jésus, mais pas la
tunique, le chiton, qui était le vêtement qu’il portait près du corps. Celle-ci est toute
tissée d’une seule pièce, de haut en-bas et sans aucune couture. La tradition veut que ce
soit Marie qui l’ait tissée. C’est on ne peut plus logique car chaque famille vivait selon le
principe de l’autosuffisance et dans cet esprit-là, on réalisait ses vêtements soi-même à
partir de la matière première dont on disposait, la laine des brebis.
86
L’importance de la tunique de Jésus dépasse le simple cadre vestimentaire. Elle symbolise
le corps mystique du Christ qu’est l’Eglise. Cela renforce l’idée que Marie ait pu la tisser
de ses mains, elle qui est la Mère de l’Eglise. Reprenons-en les caractéristiques.
La tunique est un modeste vêtement qui sert à se couvrir et à protéger celui qui le porte,
en protégeant sa pudeur. Elle n’est pas un habit élégant qui exprime un rôle social. La
tunique rappelle que l’Eglise a une dignité qui lui est propre et qui lui est conférée par
Jésus. Elle invite à l’humilité tous ceux qui se réclament de l’Eglise et à renoncer à tout ce
qui nous distingue fallacieusement aux yeux du monde.
La tunique est le vêtement de Jésus. Elle couvre tout son corps sauf sa tête. La tunique
symbolise le corps mystique du Christ qu’est l’Eglise dont Jésus est la tête. L’Eglise et
Jésus-Christ, c’est une seule et même chose. L’Eglise est l’épouse qui est soumise à son
époux ; Jésus est l’époux qui donne sa vie pour elle.
La tunique est toute d’une pièce. L’Eglise est une et son unité est réalisée par Jésus-
Christ. Elle proclame une seule foi, elle est fondée par Jésus-Christ qui l’a établie sur
Pierre et qui réalise son unité par l’Eucharistie mémorial de sa Passion, sacrement de
l’unité dans le temps et dans l’espace.
La tunique est tissée de haut en-bas. Saint Cyprien explique que le fait que la tunique soit
tissée « de haut en bas » signifie que « l’unité apportée par le Christ vient d’en haut, du
Père céleste, et qu’elle ne peut, par conséquent, être divisée par celui qui la reçoit, mais
doit être accueillie intégralement. »
La tunique est sans couture. L’Eglise est une par la volonté de Jésus et le restera quoi qu’il
advienne. Saint Jean nous rappelle que « Jésus allait mourir pour la nation, et non pas
pour la nation seulement, mais encore afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu
dispersés » (Jean 11, 51-52). Lors de la dernière cène, il avait dit lui-même : « Je ne prie
pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi,
afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient
en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jean 17, 20-21).
La tunique n’est pas partagée parce qu’elle est le vêtement du seul, vrai grand prêtre.
Contrairement à Caïphe, le grand prêtre qui déchire son vêtement quand Jésus se
proclame Fils de Dieu et par ce geste, strictement interdit par la loi religieuse, se
condamne à mort et se rend indigne du service divin, le vêtement de Jésus n’est pas
déchiré. C’est Jésus-Christ qui, à présent, est le seul grand prêtre qui peut offrir à Dieu le
seul sacrifice qui lui est agréable.
87
Le fait que la tunique n’est pas partagée est aussi un avertissement à tous les membres du
Corps mystique du Christ qu’est l’Eglise : personne ne doit vouloir la diviser par égoïsme,
avidité, par ambition, ou tout autre motif. Mais, tout le monde doit vouloir préserver et
œuvrer à son unité.
La tunique est le vêtement que Jésus porte sous son manteau et sur son corps. Ceci est
également symbolique. Nous les hommes, pouvons diviser l’Eglise dans ce qu’elle a
d’humain et de visible, mais pas dans son unité profonde.
La tunique est imprégnée du Sang de Jésus. C’est le sang rédempteur de Jésus qui passe
dans les veines de l’Eglise ; c’est son sang qui lui donne et lui conserve la vie. Et c’est de
son Corps et de son Sang que l’Eglise est nourrie lors de chaque Eucharistie.
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
La tunique du Christ conservée en la basilique d’Argenteuil
88
LE CRUCIFIEMENT
Contemplons
Ecoutons
Lorsqu’ils furent arrivés au lieu-dit : Le Crâne (ou Calvaire), là ils crucifièrent Jésus, avec
les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. (Luc 23, 33)
Méditons
Décrivant son crucifiement à sœur Josefa Menendez, Jésus lui dit : « L'heure est sonnée !
Les bourreaux m'étendent sur la Croix. Ils saisissent mes bras et les étirent afin que mes
mains puissent atteindre les trous déjà creusés dans le bois. A chaque secousse, ma tête
est ballottée de côté et d'autre... et les épines de la couronne y pénètrent plus
profondément... Entendez le premier coup de marteau qui fixe ma main droite ! Il résonne
jusqu'aux profondeurs de la terre... Ecoutez encore : ils clouent ma main gauche... Les
cieux frémissent et les anges se prosternent devant un tel spectacle...
Pour moi, je garde le plus profond silence et pas une plainte ne s'échappe de mes lèvres…
Après avoir cloué mes mains, ils tirent cruellement mes pieds : les plaies s'ouvrent... les
nerfs se rompent... les os se déboîtent... la douleur est intense... mes pieds sont transper-
cés… et mon sang baigne la terre.
Contemplez un instant ces mains et ces pieds déchirés et ensanglantés... ce corps couvert
de blessures... cette tête transpercée par les épines acérées, souillée de poussière,
inondée de sueur et de sang...
Admirez le silence, la patience et la conformité avec lesquels j'accepte cette cruelle souf-
france.
89
Quel est celui qui souffre ainsi, victime de tant d'ignominies ? C'est Jésus-Christ, le Fils de
Dieu ! Celui qui a fait le ciel et la terre, et tout ce qui existe... celui qui fait croître les
plantes et donne la vie à tous les êtres... celui qui a créé l'homme et dont la puissance
infinie soutient l'univers... Il est là, immobile, méprisé et dépouillé de tout !
Et, tandis que les coups de marteau résonnent d'un bout à l'autre de l'espace, le monde
tremble, le ciel se revêt du plus rigoureux silence, tous les esprits angéliques se
prosternent en adoration... Un Dieu est cloué sur la Croix !
Personne n'a pitié de Lui, nul ne compatit à sa souffrance ! Mais sans cesse de nouvelles
moqueries, de nouveaux opprobres, de nouvelles douleurs s'ajoutent aux tourments qu'il
endure. »
La Croix qui s’élève sur le Calvaire n’a rien à voir avec nos crucifix, dont certains sont des
chefs-d’œuvre inestimables. Celle du Calvaire montre un homme réduit à l’état de
déchéance la plus totale. En lui, nous contemplons les blessures que les péchés infligent à
nos âmes. Et c’est en regardant vers Jésus crucifié, qui s’est chargé de toutes nos
iniquités, que nous guérissons de nos péchés. Comme les Israélites ont pu guérir des
morsures empoisonnées des serpents venimeux dans le désert en élevant un serpent
d’airain et en le regardant en face, nous guérissons des blessures mortelles du péché en
nous tournant vers Jésus crucifié pour nous obtenir le salut.
Jésus est désormais fixé à la Croix : pour toute l’éternité, lui et la Croix ne font plus
qu’un. En se laissant cloué sur la Croix, il nous montre qu’il est entièrement soumis à la
volonté de son Père, tout donné à sa mission de rédempteur, qu’il l’accepte quoi qu’il en
coute. En se laissant crucifier, Jésus invite tous ceux qui veulent le suivre à se laisser
clouer sur la croix de leur vocation, quelle qu’elle soit, à l’accomplir dans l’offrande
d’amour à Dieu et au prochain pour leur salut et celui de toutes les âmes.
Que Marie qui, dans son âme s’est laissée clouée à la croix de Jésus dans le même acte
d’offrande, nous en obtienne la grâce.
Prions
Voir page 7
90
Les reliques de la Passion du Christ
Reliquaire contenant du sang du Christ mêlé à de la terre du Golgotha, conservé et
vénéré à Weingarten en Allemagne.
91
L’ECRITEAU
Contemplons
Ecoutons
Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix ; il était écrit : « Jésus le
Nazaréen, roi des Juifs. » Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, parce que l’endroit où
l’on avait crucifié Jésus était proche de la ville, et que c’était écrit en hébreu, en latin et
en grec. Alors les grands prêtres des Juifs dirent à Pilate : « N’écris pas : “Roi des Juifs” ;
mais : “Cet homme a dit : Je suis le roi des Juifs”. » Pilate répondit : « Ce que j’ai écrit,
je l’ai écrit. » (Jean 19, 19-22)
92
Méditons
Que ce soit devant ses accusateurs ou devant ses bourreaux, Jésus reste silencieux sauf
quand Caïphe lui demande au nom du Très-Haut, s’il est bien le Fils de Dieu, ou quand
Pilate lui demande s’il est le Roi des juifs. Dans les deux cas, Jésus confirme ce qu’ils
savent déjà et refusent de reconnaitre car, si tel n’était pas le cas, ils ne chercheraient
pas, pour l’un à le condamner, pour l’autre à le sauver. La Filiation de Jésus ainsi que sa
royauté s’imposent avec une telle évidence qu’il n’a pas ou plus besoin de le confirmer.
Tout dans son attitude, dans son silence malgré toute la souffrance du moment, prouve son
origine divine. Tous les signes qu’il a accomplis pendant les années de sa vie publique (et
dont Caïphe et Pilate sont parfaitement au courant) corroborent sa royauté. Même les
prophéties que Jésus accomplit jusque dans les moindres détails proclament à qui veut
bien comprendre, qu’il est le maître de toute chose.
La royauté du Christ est faite d’amour et de libre adhésion ; elle ne souffre pas la
contrainte. Dieu veut régner par l’amour et non par la conquête ou la domination. Aussi,
ce n’est pas à Jésus de se proclamer roi mais c’est à nous de le reconnaitre pour roi, et
d’un royaume qui n’est pas de ce monde. C’est à nous de nous soumettre à lui en toute
liberté afin qu’il règne sur nos âmes par sa Parole et son Eucharistie et qu’en régnant sur
nos cœurs, il finisse par régner sur la société tout entière. Et Jésus ne lèsera jamais notre
liberté. Comme pour les juifs, Jésus nous concède la pleine liberté, même de dire : « nous
ne voulons pas qu’il règne sur nous. »
Encore une fois, les mots de Pilate vont dépasser sa pensée et, à la face du monde entier
et pour l’éternité, il va proclamer la royauté de Jésus en faisant rédiger un écriteau
portant à la fois le motif de sa condamnation (qui n’en est pas en soi) et sa dignité :
« Jésus, le Nazaréen, Roi des juifs. » Et cet écriteau est rédigé en hébreux, en latin et en
grec, à savoir les langues les plus parlées de l’époque, soulignant ainsi l‘universalité de la
royauté du Christ.
« Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi. » (Jean 12,
32) C’est du haut de la Croix que règne le Christ. Jésus est roi et son royaume n’est
vraiment pas de ce monde, car son trône c’est la croix, sa couronne une confection de
ronces, son sceptre un roseau, son vêtement de sacre un pauvre pagne… Jésus a vraiment
tout sauvé sauf les apparences…
Prions
Voir page 7
93
Les reliques de la Passion du Christ
Le Titulus Crucis est une relique exposée depuis 1492 dans la Basilique Sainte-Croix-de-
Jérusalem à Rome. C’est un morceau de l’écriteau placé au-dessus de la tête de Jésus lors
de la Crucifixion.
Le 25 avril 1995 l'historienne Maria-Luisa Rigato a pu photographier l'écriteau et le peser.
Le Titulus Crucis est en noyer, pèse 687 grammes, a une longueur de 25 centimètres, une
largeur de 14 centimètres et une épaisseur de 2,6 centimètres. En 1998 l'historien Michael
Hesemann examina l'écriteau et proposa une datation à partir du type d'écriture utilisé
dans l'inscription : Ier siècle de notre ère. Sept paléographes de trois universités
israéliennes, Maria-Luisa Rigato de l'Université pontificale grégorienne et le papyrologue
protestant Carsten Peter Thiede confirment cette datation à partir de l'écriture sur le
Titulus Crucis (style de graphie, écriture de droite à gauche,..)
Sur l'écriteau, l'on peut distinguer trois lignes d'écriture. La première ligne est composée
de six lettres hébraïques qui ne sont que partiellement conservées. Les deuxième et
troisième lignes avec leur inscription grecque et latine le sont mieux.
94
PERE PARDONNE-LEUR
Contemplons
Ecoutons
Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Puis, ils partagèrent
ses vêtements et les tirèrent au sort. (Luc 23, 34)
Méditons
A Pierre qui lui demande jusqu’à combien de fois il doit pardonner à son prochain, Jésus
répond jusqu’à soixante-dix fois sept fois : autrement dit, il doit toujours pardonner.
Comme toujours, Jésus est hautement crédible parce qu’il joint le geste à la parole. Et sa
crédibilité est renforcée, soulignée, exaltée au plus haut point par le fait qu’il est au
comble de la souffrance quand il accorde un pardon inconditionnel, indifférencié à tous ses
bourreaux.
Jésus demande notre pardon à son Père « parce que nous ne savons pas ce que nous
faisons. » Oui, si les responsables de la mort de Jésus savaient vraiment ce qu’ils font, ils
ne l’auraient pas cloué à la croix. Si nous savions vraiment ce qu’est le péché, nous n’en
concèderions aucun et souffririons plutôt mille morts que de céder au plus léger péché
véniel. La bienheureuse Jacinta, l’une des trois voyantes de Fatima, à qui Marie a montré
l’enfer le 13 juillet 1917, répétait souvent : « si les hommes savaient ce qu’est l’éternité,
ils feraient tout pour changer de vie. »
95
Parce que Jésus a pris sur lui tous nos péchés, parce qu’il a fait le chemin inverse du
premier Adam, parce qu’il a emprunté ce chemin d’obéissance au prix d’une extrême
souffrance, il peut demander à son Père pardon et miséricorde pour nous et être exaucé.
C’est par le sacrifice de Jésus que nous devenons les enfants de Dieu qui peuvent sans
cesse revenir à lui en quémandant sa miséricorde et être toujours exaucés. C’est le pardon
obtenu par Jésus, de son Père, auquel nous avons part chaque fois que nous recevons
l’absolution. Si nous savions ce qu’est vraiment le pardon sacramentel, si nous parvenions
à réaliser l’ampleur du don de Dieu dans le pardon qu’il nous accorde, si nous savions ce
que ce pardon sacramentel produit en nos âmes, nous ne mépriserions pas tant le
sacrement de la réconciliation.
A sœur Josefa Menendez, Jésus dit à propos de sa prière sur la croix : « Non ! Ils n'ont pas
connu celui qui est leur vie. Ils ont déchargé sur lui toute la fureur de leurs iniquités. Mais,
je vous en supplie, ô mon Père, déchargez sur eux toute la force de votre miséricorde ! »
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Le Saint Mors
Selon la légende, le « Saint Mors » de Constantin aurait été forgé avec un des clous de la
Passion (celui qui aurait percé la main droite du Christ, ou les deux clous des mains selon
Grégoire de Tours). Il l'aurait reçu de sa mère, sainte Hélène. La tradition chrétienne
rapporte que l'impératrice Hélène aurait fait fouiller l'emplacement du calvaire et ayant
retrouvé les clous de la Passion du Christ, aurait fait forger avec l'un d'eux, un mors pour le
cheval de son fils, l'empereur Constantin, et aurait inséré l'autre dans le diadème impérial.
Une autre tradition veut que l’impératrice fit faire avec le deuxième clou une visière de
96
casque pour protéger le front de l’empereur et avec le troisième un bouclier pour protéger
le cœur.
Cette relique est conservée au trésor de l'église de Sainte-Sophie de Constantinople
jusqu'au pillage de la ville par les troupes de la 4e croisade (1202-1204). Le mors disparaît
ensuite. Il réapparaît pour la première fois en 1226, sur le sceau de l'évêque Isnard de
Carpentras.
Il devient l'emblème de la ville en 1260. Le mors est d'argent sur fond de gueules. À
l’occasion de toutes les Saint Siffrein, le 27 novembre, la relique est présentée aux fidèles.
97
VOICI TA MERE
Contemplons
Ecoutons
Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de
Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait,
dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à
partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. (Jean 19, 25-27)
Méditons
Après avoir levé les yeux au Ciel pour implorer de son Père notre pardon à tous, Jésus
abaisse son regard au pied de la Croix où se trouvent, réunis comme un seul, Marie, sa
Mère, Jean, le disciple qu’il aimait, Marie-Madeleine, celle à qui il a été beaucoup
pardonné parce qu’elle a beaucoup aimé, et quelques autres femmes… L’héroïsme semble
être une caractéristique essentiellement féminine…
Pour signifier son pardon et prouver son amour, Jésus, qui pour nous s’est dépouillé de
tout y compris de son Sang, nous donne la seule chose qui lui reste : le Cœur rempli
d’amour de sa Mère. Marie s’est unie jusqu’au martyr à l’offrande de Jésus dans sa Passion
pour notre salut à tous. C’est au paroxysme de la douleur qu’elle nous enfante à la vie
divine au pied de la Croix. En cela, elle rappelle les cris de la femme de l’Apocalypse dont
98
parle Jean et qui est la figure de l’Eglise qui hurle dans les douleurs de l’enfantement.
Marie n’a ressenti aucune douleur en donnant la vie à Jésus qui est l’auteur de la vie mais
a été déchirée jusqu’aux limites du supportable lorsqu’elle nous a enfantés en ce
vendredi-saint.
Parce qu’elle a toujours suivi le Sauveur et son enseignement, parce qu’elle a toujours été
l’humble servante du Seigneur, parce que personne plus qu’elle n’a écouté la Parole de
Dieu et l’a mise en pratique, parce que personne plus qu’elle n’a compris et pénétré la
pensée et les sentiments de Jésus, Marie comprend qu’assumer sa maternité sur tous les
sauvés est sa participation à elle à la Passion de Jésus. C’est pourquoi, elle est silencieuse
comme Jésus, elle pardonne comme lui et, en signe de pardon, accepte de nous recevoir
comme ses enfants. Désormais, elle est intimement associée au salut de toutes les âmes
par la volonté expresse de Jésus.
En Jean, c’est à chacun d’entre nous que s’adresse Jésus. Chacun de nous est un disciple
aimé de Jésus à qui il demande de prendre Marie dans sa vie de foi, de la laisser exercer sa
maternité. Marie est celle qui a retenu tous les événements de la vie de Jésus pour les
méditer dans son cœur. A chacun d’entre nous, Jésus demande d’écouter ce que Marie
veut sans cesse nous rappeler le concernant.
Si Marie est la Mère de tous les sauvés, elle l’est d’une manière toute particulière des
prêtres. En effet, c’est de Jésus, le seul grand prêtre capable de présenter à Dieu le seul
sacrifice qui lui soit agréable, et au cours de la Messe célébrée par Jésus-Christ Lui-même
en ce vendredi-saint, qu’elle reçoit pour fils, en saint Jean, tous les prêtres, tous ceux qui
sont appelés à actualiser ce sacrifice pour la gloire de Dieu et le salut du monde. En saint
Jean, à qui Jésus a conféré le sacrement de l’ordre lors de la dernière Cène du jeudi-saint,
Marie reçoit pour fils, tous les prêtres, tous ceux qui perpétueront le mémorial de la
Passion du Seigneur. En saint Jean, ce sont tous les prêtres qui reçoivent de Jésus la garde
de Marie, ou plutôt qui lui sont confiés. Ainsi, Marie est, de par la volonté de Jésus-Christ,
le souverain prêtre, si intimement liée au mystère eucharistique que la célébration des
mystères de notre rédemption ne saurait se disjoindre d’une intense piété mariale. Aussi
n’est-ce pas sans raison que dans nombre de ses apparitions, Marie invite à la prière pour
les prêtres et qu’elle les appelle ses « fils de prédilection. »
Lors de l’audience générale du 12 août 2009, le pape Benoit XVI enseigne à ce sujet : « Le
Concile Vatican II invite les prêtres à voir en Marie le modèle parfait de leur existence, en
l'invoquant comme "Mère du Grand prêtre éternel, Reine des Apôtres, soutien des prêtres
dans leur ministère". Et elle a droit - poursuit le Concile - "à la dévotion filiale des prêtres,
99
à leur vénération et à leur amour" (cf. Presbyterorum ordinis, n. 18). Le saint curé d'Ars,
vers lequel notre pensée se tourne de façon particulière en cette année, aimait
répéter: "Jésus Christ, après nous avoir donné tout ce qu'il pouvait nous donner, veut
encore faire de nous les héritiers de ce qu'il a de plus précieux, c'est-à-dire sa sainte Mère"
(B. Nodet, La pensée et l'âme du curé d'Ars). Cela vaut pour tout chrétien, pour nous tous,
mais en particulier pour les prêtres. Chers frères et sœurs, prions afin que Marie rende
tous les prêtres, face à tous les problèmes du monde d'aujourd'hui, conformes à l'image de
son Fils Jésus, dispensateurs du trésor inestimable de son amour de bon Pasteur. »
A sœur Josefa Menendez, Jésus dit : « O ma Mère ! Voilà mes frères... gardez-les... aimez-
les... Vous n'êtes plus seuls, ô vous pour qui J'ai donné ma Vie ! Vous avez maintenant une
Mère à laquelle vous pouvez recourir en toutes vos nécessités. »
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
La Scala sancta
Les marches qui mènent au prétoire de Pilate. Cet escalier parcouru par Jésus a été
transporté à Saint Jean du Latran à Rome. Les pèlerins ne peuvent le gravir qu’à genoux.
100
AUJOURD’HUI, AVEC MOI, TU SERAS EN PARADIS
Contemplons
Ecoutons
Lorsqu’ils furent arrivés au lieu-dit : Le Crâne (ou Calvaire), là ils crucifièrent Jésus, avec
les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. L’un des malfaiteurs suspendus en
croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » Mais l’autre
lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi
aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que
nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi
quand tu viendras dans ton Royaume. » Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis :
aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » (Luc 23, 33-43)
Méditons
La tradition appelle le bon Larron Dismas et le mauvais Gesmas. D’après les Evangiles
apocryphes, la sainte famille, en fuite vers l’Egypte, aurait rencontré les deux larrons sur
leur route et Dismas, saisi de compassion, aurait offert un peu de lait à Marie pour Jésus.
Marie lui aurait répondu que Dieu le lui rendrait. Aujourd’hui, en ce vendredi-saint, Marie
est là, face à lui, quand Dieu récompense ce petit acte de charité.
101
Pour Anna Katarina Emmerich, Dismas est un brigand avec un bon fond. Non qu’il ait été
une sorte de Robin des Bois qui a volé les riches pour nourrir les pauvres, mais, dit-elle, ce
sont les circonstances de la vie et les mauvaises fréquentations qui l’ont entrainé et
maintenu dans la délinquance. C’est sur cette minuscule étincelle de bon fond enfouie
sous la braise de tous ses péchés que Jésus va souffler pour allumer en lui le feu d’amour
qui le purifiera et le mènera à la sainteté.
La conversion de Dismas est radicale : en l’espace de trois heures, il passe d’un extrême à
l’autre, d’une vie totalement contraire à l’Evangile à l’illustration des plus hautes vertus
chrétiennes.
D’abord, il se laisse saisir de compassion pour Jésus qui souffre injustement : « pour nous,
il est juste…. Mais lui il n’a rien fait. » Dismas a compris que Jésus est condamné par
jalousie et qu’il est innocent. En même temps, il est ému par le comportement de Jésus
qui ne se plaint pas, accepte tout dans l’amour, prie pour ses persécuteurs et, pour
comble de toute bonté, s’extraie de sa propre souffrance pour se soucier du sort de sa
mère et la confier à son disciple.
Dismas reconnait en Jésus ce qu’il est vraiment, le Messie, et met sa foi en lui. En lui
demandant de se souvenir de lui dans son royaume, Dismas fait profession de foi en Jésus à
qui il reconnait la souveraineté du royaume des cieux : « souviens-toi de moi quand tu
seras dans ton royaume. » Et la foi de Dismas est grande, qui reconnait le Roi des cieux
dans un crucifié horriblement torturé qui ne donne aucun signe extérieur de puissance et
de majesté. Malgré tout, Dismas s’humilie devant lui en lui demandant de le prendre avec
lui dans son Royaume.
La prière de Dismas, empreinte de contrition, contient sa demande de pardon pour toutes
ses fautes. Et son pardon lui est accordé par Jésus lui-même qui pour l’absoudre,
lui promet : «Aujourd’hui même, tu seras avec moi en paradis. » Heureux Dismas à qui
Jésus dit les paroles que tous voudraient entendre au moment de quitter cette vie. Dismas
est le premier et le seul saint que Jésus a canonisé lui-même. Et, c’est un brigand… Jésus
n’a jamais rien fait comme on aurait pu l’attendre mais toujours tout dans l’immensité de
sa miséricorde.
A partir de là, et pour tout le temps où il est suspendu en croix aux côtés de Jésus, Dismas
accepte son sort, contrairement à Gesmas qui ne cesse de vociférer des imprécations, de
proférer des blasphèmes, et supporte son martyr en imitant Jésus : dans l’acceptation,
dans l’amour, dans l’offrande.
102
Dismas rendra son dernier souffle après Jésus puisqu’au moment où l’on brise les jambes
des larrons pour qu’ils meurent plus vite, Jésus a déjà expiré. Jésus est allé devant pour
l’accueillir à la porte de son paradis et remplir sa promesse. Heureux Dismas !
L’Eglise célèbre la fête de saint Dismas le 25 mars, le jour de l’Annonciation. Pas
étonnant, quand on reçoit une promesse pareille !
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Reliques de la Passion conservées en l’église Sainte Croix de Jérusalem à Rome. A gauche,
un morceau de la Croix de crucifixion du bon larron, saint Dismas.
103
J’AI SOIF
Contemplons
Ecoutons
Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l’Ecriture s’accomplisse
jusqu’au bout, Jésus dit : « J’ai soif. » Il y avait là un récipient plein d’une boisson
vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d’hysope, et on
l’approcha de sa bouche. (Jean 19, 28-29)
Méditons
Les mots de Jésus « j’ai soif » sont certainement à peine audibles. En effet, il est à bout
de force, en proie à l’étouffement qui est la première conséquence d’une crucifixion, il a
perdu beaucoup de sang et n’a pris ni nourriture ni boisson depuis la dernière Cène.
Assoiffé, sa langue gonflée colle à son palais et le moindre mouvement des lèvres
tuméfiées, lui cause d’horribles souffrances. Cependant, les soldats au pied de la croix, qui
guettent la mort des trois crucifiés parce que pressés d’en finir, entendent les mots de
Jésus : ils se saisissent donc de l’éponge imbibée d’une boisson vinaigrée (qui fait partie de
l’équipement de base de toute crucifixion) et la tende à Jésus.
104
Jésus ne boit pas car sa soif aussi concourt au salut des âmes. Par conséquent, il ne veut
pas l‘étancher. Il humecte simplement ses lèvres qui en reçoivent un surcroit de
souffrance en raison de l’acidité.
Au-delà de sa soif physiologique, Jésus a soif de rendre à Dieu toute gloire. Il aime son
Père et son Père l’aime, et leur amour est tellement grand qu’ils ne font qu’un, et cet
amour est si fécond qu’il produit une troisième personne, l’Esprit-Saint. Et leur amour
mutuel ne peut se mesurer car il est à leur échelle : il est infini. Dieu est amour et mérite
d’être aimé en retour d’un amour qui ne souffre aucune concession, même la plus légère.
Jésus a tout souffert pour la gloire de Dieu parce que lui seul pouvait lui rendre la gloire
qu’il mérite, mais aussi pour nous inviter à l’imiter en n’épargnant aucun effort pour
rendre à Dieu la gloire qui lui est due.
Jésus a soif des âmes. C’est pour le salut des âmes que Jésus a souffert sa Passion. Aussi,
a-t-il soif de leur communiquer le salut qu’il a acquis pour elles. Rien ne saurait attrister
Jésus davantage que de voir son sacrifice d’amour rendu inutile par l’indifférence ou le
refus des âmes. A sainte Marguerite-Marie, Jésus dit dans ce sens en juin 1675 : « Voilà ce
Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se
consommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance je ne reçois de la
plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs
et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour. Mais ce qui m’est encore le
plus sensible est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi ». Jésus a
soif de notre salut.
C’est une boisson vinaigrée que Jésus reçoit pour étancher sa soif. Cela signifie que la
gloire que nous devons rendre à Dieu ainsi que le salut des âmes auquel nous devons
coopérer, impliquent beaucoup de renoncements, de sacrifices. En humectant ses lèvres
avec ce vinaigre, au prix d’une grande souffrance, Jésus nous rappelle que la gloire de
Dieu et le salut des âmes ne résultent pas de mondanités plaisantes mais de toutes sortes
d’efforts qui rechignent à notre nature et que malgré tout nous rajoutons généreusement à
sa Passion comme son indispensable complément.
Prions
Voir page 7
105
Les reliques de la Passion du Christ (au niveau local)
Reliquaire d’un fragment de la vraie Croix conservé en l’église Saint Louis de Strasbourg
centre (bénédiction avec la relique chaque dimanche de carême après les vêpres et le
vendredi après le chemin de croix).
106
POURQUOI M’AS-TU ABANDONNE ?
Contemplons
Ecoutons
Et à la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : « Éloï, Éloï, lema sabactani ? », ce qui
se traduit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 15, 34)
Méditons
Les mots de Jésus « Eloï, Eloï, lama sabactani » qui signifient en araméen « mon Dieu, mon
Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? », constituent le premier verset du psaume 21 aussi
appelé le psaume du serviteur souffrant.
De toute évidence, Jésus est le serviteur souffrant dont parle le psaume 21 car il reprend
avec un réalisme poignant toutes les circonstances de sa mort : « Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m'as-tu abandonné ? Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis. Mon
Dieu, j'appelle tout le jour et tu ne réponds pas ; même la nuit, je n'ai pas de repos… Et
moi, je suis un ver, pas un homme, raillé par les gens, rejeté par le peuple. Tous ceux qui
107
me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête : « Il comptait sur le Seigneur : qu'il
le délivre ! Qu'il le sauve, puisqu'il est son ami ! »… Ne sois pas loin : l'angoisse est proche,
je n'ai personne pour m'aider… Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens
m'entoure. Ils me percent les mains et les pieds… Ils partagent entre eux mes habits et
tirent au sort mon vêtement… »
Jésus connait les psaumes qui rythment la vie de tout croyant. Les juifs, les pharisiens les
connaissaient par cœur et les répétaient sans cesse. En reprenant le psaume 21 du haut de
la Croix, Jésus les invite à le redire en le méditant avec attention et dans l’ouverture du
cœur ; ainsi ils pourraient se rendre compte qu’ils ont sous les yeux le serviteur souffrant
du psaume 21 et que par conséquent c’est bien de Jésus dont parlent les psaumes qu’ils
connaissent si bien. Les juifs n’en font rien. Comment est-il possible d’être à ce point
aveugle et fermé à la grâce ? Comme est-il possible d’être aussi dur de cœur ? C’est ce qui
arrive quand ont fait de la religion un but en soi et qu’on réduit la foi au niveau de simple
prétexte ; un mécanisme qui nous enferme progressivement dans l’orgueil spirituel, le
mépris des autres, le fanatisme…
On a souvent interprété ces mots de Jésus comme un reproche qu’il adresse à son Père.
Or, ce n’est pas le cas. Jésus a pris sur lui tous nos péchés ainsi que toutes ses
conséquences. Le péché étant le rejet de Dieu, l’homme mériterait d’être abandonné de
Dieu et c’est seulement parce que Dieu est amour qu’il ne s’y résout pas. En demandant à
son Père « pourquoi m’as-tu abandonné », Jésus expérimente les conséquences directes du
péché afin que nous en soyons délivrés. Si Jésus, l’innocent par excellence, accepte de se
sentir abandonné de son Père, c’est pour que nous, qui sommes coupables, n’ayons pas à
expérimenter son abandon mais que malgré nos turpitudes, il nous accueille chaque fois à
nouveau, comme le Père aimant de la parabole accueille son fils prodigue.
Parce que Jésus a enduré le silence de son Père alors qu’il a tout accompli, tout enduré
dans l’amour, dans l’obéissance, nous sommes devenus les enfants du Père dont les bras
nous sont toujours ouverts. Si à la plupart d’entre nous, cela peut sembler peu de choses
tant que tout va bien, les épreuves de la vie se chargent de nous démontrer l’importance
de ne pas se sentir abandonné de Dieu dans les moments difficiles. Merci Jésus. Merci
beaucoup.
Prions
Voir page 7
108
Les reliques de la Passion du Christ
Reliquaire contenant quatre fragments de la Croix, dans la collégiale Sainte-Croix de
Liège.
Les circonstances de l'invention de la vraie croix (au sens de sa redécouverte, selon le
vocabulaire de l'époque) sont rapportées dans un texte écrit en 395 par l'évêque saint
Ambroise de Milan. Il écrivit « qu'Hélène aurait retrouvé les trois croix dans une ancienne
citerne, et que pour reconnaître celle du Christ elle aurait exhumé également l'inscription
: « Jésus de Nazareth, roi des Juifs. » Elle commença par visiter les Lieux saints. L’Esprit
lui souffla de chercher le bois de la croix. Elle s’approcha du Golgotha et dit : « Voici le
lieu du combat ; où est la victoire ? Je cherche l’étendard du salut et ne le vois pas. » Elle
creuse donc le sol, en rejette au loin les décombres. Voici qu’elle trouve pêle-mêle trois
gibets sur lesquels la ruine s’était abattue et que l’ennemi avait cachés. Mais le triomphe
du Christ peut-il rester dans l’oubli ? Troublée, Hélène hésite, elle hésite comme une
femme. Mue par l’Esprit-Saint, elle se rappelle alors que deux larrons furent crucifiés avec
le Seigneur. Elle cherche donc la croix du milieu. Mais, peut-être, dans la chute, ont-elles
été confondues et interverties. Elle revient à la lecture de l’Evangile et voit que la croix
du milieu portait l’inscription : «Jésus de Nazareth, Roi des Juifs». Par là fut terminée la
démonstration de la vérité et, grâce au titre, fut reconnue la croix du salut. »
Des faits similaires sont rapportés à la même époque par le théologien saint Jean
Chrysostome, ainsi que par l'écrivain chrétien Rufin d'Aquilée. Celui-ci attribue cependant
l'identification de la croix du Sauveur à un miracle de guérison qui aurait eu lieu à son
contact. Plus tard, au XIIIème siècle, Jacques de Voragine expliqua dans sa « Légende
Dorée » que l'emplacement de la croix fut révélé par un Juif nommé Judas qui se convertit
au christianisme et prit le nom de Quiriace.
109
Le destin de la vraie croix est semblable à celui de beaucoup d'autres reliques. Découpée
en trois parts, elle fut encore fragmentée en de multiples morceaux qui furent distribués à
de nombreux bénéficiaires, au point que d'innombrables reliques reposent aujourd'hui dans
des églises du monde entier.
110
TOUT EST ACCOMPLI
Contemplons
Ecoutons
Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il
remit l’esprit. (Jean 19, 30)
Méditons
Avec les mots « tout est consommé », Jésus pose le ‘amen’ final de la Messe du vendredi-
saint. A présent, il a accompli toutes les prophéties ; Il a réalisé dans sa chair tout ce que
les prophètes ont annoncé que le Messie fera.
111
Les toutes premières paroles de Jésus rapportées dans l’Evangile de Luc dans la scène de
son recouvrement au Temple ainsi que ses toutes dernières, se répondent, car elles se
réfèrent à la mission que le Père lui a confiée : sauver les âmes.
Au Temple, Jésus enfant, entouré des docteurs de la Loi qui s’étonnent de la sagesse de
ses réponses, dit à Marie « il me faut être aux affaires de mon Père. » Aujourd’hui, du haut
de la Croix, Jésus est à nouveau entouré des docteurs de la loi mais ceux-ci ont cessé de
s’étonner de la sagesse de son enseignement. Pourtant, il n’a pas changé… Peut-être
qu’enveloppées de tous les charmes de l‘enfance, les paroles de Jésus étaient plus faciles
à assimiler pour des esprits aussi orgueilleux. Peut-être que les pharisiens voyaient alors en
lui un apprenti et que le problème, aujourd’hui, est que l’apprenti a dépassé les maîtres…
Du haut de la Croix, juste avant d’expirer, Jésus rend compte à son Père de sa mission,
« des affaires qu’il a traitées en son nom » et y pose le point final : toutes les clauses du
contrat ont été remplies et les prophéties sont là pour l’attester. Les mots « tout est
accompli » répondent à celles prononcées dès le premier instant de sa conception par
l’Esprit-Saint dans le sein de Marie « tu n’as voulu ni offrande ni sacrifice mais tu m’as
formé un corps » (Hébreux 10 5). Au cours de sa vie publique Jésus n’a cessé de se
consacrer à cette mission. « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé
et d’accomplir son œuvre » dira t-il à ses disciples (Jean 4, 34). A ceux qui le cherchaient
pour le ramener à la raison, il dira « qui sont ma mère, qui sont mes frères ? Ceux qui
écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique » (Luc 8, 21). Lors de la dernière
Cène, il dira : « Je t’ai glorifié sur terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donné à faire »
(Jean 17 4) et juste avant d’entrer dans sa Passion il dira « Père, s’il est possible que cette
coupe passe loin de moi mais que ta volonté soit faite et non la mienne. » (Luc 22, 42)
Comme l’écrit saint Jean, Jésus a accompli l’Ecriture jusqu’au bout, dans l’obéissance de
l’amour. Avec tant d’obéissance, que tout ce qu’il a fait répond en tous points à tout ce
que les Ecritures avaient annoncé. Pour qui a des oreilles qui veulent entendre, pour qui a
des yeux qui veulent voir, il n’y a aucun doute possible, Jésus est bien le Messie, l’envoyé
de Dieu pour faire sa volonté et nous libérer de la captivité du péché.
Les mots de Jésus « tout est accompli » répondent à son « oui » au Père dès les origines.
C’est dans ce « oui » que se fond le « oui » de Marie lors de l’Annonciation. En disant
« oui » à l’archange Gabriel le jour de l’Annonciation, Marie se fait l’écho de Jésus qui
avait dit « oui » au Père dans l’éternité. En disant « oui » au Père, Jésus disait « oui » à la
Passion, et Marie en disant « oui » s’associait en toute conscience au « oui » de la Passion
de Jésus. C’est dès la chute d’Adam que Jésus est l’homme des douleurs dont parle Isaïe,
112
le serviteur souffrant du psaume 21 et c’est dès le premier instant de l’Incarnation que
Marie est l’humble servante souffrante, la mère des douleurs au Cœur transpercé d’un
glaive.
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Un autre reliquaire contenant un fragment de la Croix, forme à l'origine de la croix de
Lorraine.
113
PERE, ENTRE TES MAINS JE REMETS MON ESPRIT
Contemplons
Ecoutons
Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après
avoir dit cela, il expira. (Luc 23, 46)
Méditons
C’est avec son tout dernier fond d’énergie que Jésus pousse ce cri. Essayons de nous
transporter au pied de la Croix. Jésus est à bout de forces. Il est sur le point de mourir… Il
n’est plus qu’une loque… Il suffoque et risque l’étouffement à chaque instant. Chaque fois
qu’il veut respirer plus profondément, il est obligé de s’appuyer sur ses pieds et de tirer
sur ses bras qui supportent alors une souffrance atroce ; chaque fois, qu’il cherche un peu
de repos pour ses membres déchirés, il est obligé de s’affaisser sur son thorax au risque de
s’étouffer. Aucune position ne lui donne un peu répit.
Aussi, si malgré l’immense effort que cela représente, Jésus rassemble, presque
héroïquement toutes ses dernières forces pour lancer ce grand cri, c’est que ce qu’il veut
114
dire revêt une importance considérable et doit être entendu de la création tout entière. Et
que dit-il ? « Mon Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Cette phrase, sonne avec
la même puissance que les trompettes de Jéricho, comme la proclamation du triomphe du
Christ vainqueur de la mort. Il a tout accomplit de ce que son Père lui avait commandé ; il
a tout accompli de manière parfaite et sans rien omettre. Il peut remettre à son Père une
vie sans tache, immaculée qui le glorifie parfaitement. Il n’a pas besoin de prier son Père
de lui pardonner un quelconque manquement, une omission, une approximation… il peut
souverainement dire « Père, je remets mon esprit entre tes mains. » Et parce qu’il lui
remet une vie parfaite, le Père ne peut que l’accueillir comme une louange de gloire.
La mort de Jésus n’est pas avant tout la conséquence de sa déchéance corporelle, de ses
nombreuses blessures. Il est mort avant tout parce qu’il a choisi, en toute conformité avec
la volonté de son Père, de passer par le ravin de la mort afin de tous nous en tirer.
Souvenons-nous, il a bien dit : « A cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma
vie, afin que je la reprenne. Personne ne me l’ôte, mais moi, je la laisse de moi-même ;
j’ai le pouvoir de la laisser, et j’ai le pouvoir de la reprendre : j’ai reçu ce commandement
de mon Père » (Jean 10, 17-18). La mort est la conséquence du péché ; or, Jésus n’a
jamais péché. S’il la subit tout de même, c’est après s’être chargé de tous nos péchés
pour nous sauver de leur conséquence directe, la mort, et nous mener tous à la
résurrection. Si Jésus crie qu’il remet son esprit à son Père, c’est pour que tous ceux qui
croient en lui sachent que par Lui, en Lui et avec Lui, leur esprit sera reçu par le Père au
moment de leur mort qui, par égard pour son Fils qui lui a rendu toute gloire, la recevra en
nous pardonnant tous nos péchés.
Au moment de mourir, saint Etienne, le premier martyr, pria : « Seigneur Jésus, reçois
mon esprit ». Même si les paroles d’Etienne ressemblent beaucoup à celles de Jésus sur la
croix, elles ne sont pourtant pas un cri de triomphe mais une humble prière. La prière
d’Etienne a été exaucée car par Jésus, en Jésus et avec Jésus, le Père ne voit plus en nous
le fils prodigue qui le quitte pour dilapider son héritage mais celui qui revient, plein
d’humilité et de repentir se jeter dans ses bras aimants.
Prions
Voir page 7
115
Les reliques de la Passion du Christ
Le samedi suivant le 14 septembre, chaque année, se déroule à Milan la « Festa della
Nivola ». C’est une fête religieuse consacrée à un clou de la croix du Christ, au cours de
laquelle est célébré le rite de la Nivola, une machine en bois et tissu, ressemblant à un
ascenseur, utilisée par l’archevêque de Milan lors de la célébration pour aller chercher la
relique, située dans une niche qui surplombe le cœur de la cathédrale à 40 mètres de
hauteur, et conservée ici depuis 1461.
116
LE GRAND CRI
Contemplons
Ecoutons
À partir de la sixième heure (c’est-à-dire : midi), l’obscurité se fit sur toute la terre
jusqu’à la neuvième heure. Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit.
(Matthieu 27, 45-46)
Méditons
Pendant toute sa Passion, Jésus a été silencieux et recueilli au milieu d’une foule hostile
qui n’a cessé de hurler, de vociférer, d’invectiver... A présent, le silence descend sur le
Calvaire en même temps que l’obscurité. Même ses ennemis se taisent et ne ricanent plus.
Avec ses toutes dernières forces, Jésus se redresse sur la croix et pousse un grand cri qui
déchire cet assourdissant silence, qui traverse les âges, les générations et parvient jusqu’à
nous avec une telle actualité qu’il nous glace le sang comme si nous étions sur le Calvaire
en ce vendredi-saint.
117
Jésus va mourir après avoir enduré plusieurs heures d’horribles souffrances. Durant toute
sa Passion, Il n’a pensé qu’aux autres : à son peuple égaré, aux femmes de Jérusalem, à sa
Mère, à saint Jean, au bon larron... Il n’a cessé de se renoncer Lui-même pour se faire le
prochain, le bon samaritain de chaque âme pour qui Il voulait vivre sa Passion. Ses pensées
n’ont cessé de rejoindre celles de son Père dont Il accomplit la volonté jusque dans les
moindres détails. Jésus n’a cessé de s’extraire de Lui-même pour être tout à son Père,
tout à nous. A présent tout est accompli : Il peut mourir. Mais arrivé à cet instant ultime,
il ne peut plus retenir sa douleur humaine. Maria Valtorta décrit les derniers instants de
Jésus : « Le corps se tend tout entier ; dans la dernière des trois contractions, c’est un arc
tendu, vibrant, terrible à voir, et puis un cri puissant, impensable en ce corps épuisé, se
dégage, déchire l’air, le « grand cri » dont parlent les Evangiles et qui est la première
partie du mot « maman »… Et plus rien… »
La bienheureuse Anna Katarina Emmerich nous dit au sujet du grand cri : « Le Sauveur
était absorbé dans le sentiment de son profond délaissement ... Il priait avec amour
pour ses ennemis... en répétant des passages des psaumes qui trouvaient maintenant en
Lui leur accomplissement.... Jésus était seul, sans consolateur. Il souffrait tout ce que
souffre un homme affligé, plein d’angoisses, délaissé de toute consolation divine et
humaine quand la foi, l’espérance et la charité toutes seules, privées de toute lumière et
de toute assistance sensible, se tiennent vides et dépouillées dans le désert de la
tentation, et vivent d’elles-mêmes au sein d’une souffrance infinie. Ce fut alors que Jésus
nous obtint la force de résister aux plus extrêmes terreurs du délaissement, quand tous les
liens se brisent, quand tous nos rapports avec ce monde... vont cesser, et qu’en même
temps les perspectives que cette vie nous ouvre sur une autre vie se dérobent à nos
regards. Nous ne pouvons sortir victorieux de cette épreuve qu’en unissant notre
délaissement aux mérites de son délaissement sur la Croix... Nous n’avons plus à
descendre seuls et sans protection dans ce désert de la vie intérieure... Il n’y a plus pour
les chrétiens, de solitude, d’abandon, de désespoir... car Jésus, qui est la lumière, la voie
et la vérité, a descendu ce sombre chemin... et Il a planté sa croix dans ce désert pour en
surmonter les terreurs... Dans sa douleur, Jésus témoigna son délaissement par un cri, et
permit ainsi à tous les affligés qui reconnaissent Dieu pour leur Père une plainte confiante
et filiale. »
Comme ce cri a dû transpercer le Cœur de Marie… Comme il a dû glacer le sang de toutes
les personnes qui n’ont pas un cœur de hyène… Comme il émeut encore tous ceux qui en
lisant l’Evangile de la Passion, ont l’impression de l’entendre en direct….
118
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Chapelle du Calvaire à Jérusalem construite sur l’endroit où s’élevait la croix de Jésus.
Sous l’autel, l’endroit où était plantée la croix.
119
LE DEUIL DE LA NATURE
Contemplons
Ecoutons
Et voici que le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas ; la
terre trembla et les rochers se fendirent. Les tombeaux s’ouvrirent ; les corps de
nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent, et, sortant des tombeaux après la
résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la Ville sainte, et se montrèrent à un grand
nombre de gens. (Matthieu 27, 45-53)
Méditons
Jésus est mort à trois heures, l’heure à laquelle dans le temple, on fait entrer les agneaux
pour qu’ils soient sacrifiés en propitiation pour les péchés. Souvenons-nous, c’est la pâque,
la fête qui commémore la sortie d’Egypte, la nuit où l’ange de la mort a emporté tous les
premiers-nés d’Egypte en épargnant ceux des juifs parce que les linteaux de leurs maisons
étaient marqués par le sang d’un agneau sans tache et sans défaut. Jésus est l’agneau de
Dieu, l’agneau sans tache aucune, qui nous sauve tous de la mort induite par le péché. Il
n’y a plus besoin de tous ces sacrifices sanglants. Jésus est l’agneau qui a satisfait pour
tous et une fois pour toute.
120
Au temple, le linteau qui porte le rideau du sanctuaire, s’effondre sous l’effet du
tremblement de terre. Le rideau se fend du haut vers le bas. Le temple n’a plus lieu d’être
car le Temple, c’est à présent le Christ Lui-même. Il l’avait dit : « détruisez ce temple et
en trois jours je le relèverai » (Jean 2, 19). Et, contrairement à la tunique de Jésus qui,
elle, reste intacte, le rideau se déchire de haut en bas c’est-à-dire que la rupture vient de
Dieu Lui-même. C’est Lui-même qui substitue la nouvelle alliance à l’ancienne. Ce que
Caïphe avait commencé en déchirant ses vêtements, alors que ça lui était strictement
interdit, est consommé par la déchirure du rideau du temple.
La création réagit à la mort du Christ. Les ténèbres descendent en plein jour sur la terre,
symbolisant les ténèbres qui règnent dans les esprits qui n’ont pas voulu reconnaitre la
grâce qui leur a été faite dans le Christ Jésus : « la lumière luit dans les ténèbres et les
ténèbres ne l’ont pas reçue » (Jean 1, 5) écrit saint Jean qui a assisté à ces ténèbres sous
la croix de Jésus. Jésus est la lumière du monde qui, à l’instant, vient de s’éteindre.
La terre tremble, les rochers se fendent. La vénérable Marthe Robin nous rapporte que le
Calvaire se fendit en toute proximité de la croix de Jésus. « Au dernier cri de Jésus, la
terre trembla sur sa base avec un grand bruit, plusieurs rochers se fendirent, les tombeaux
s’ouvrirent, et beaucoup, parmi les anciens justes, apparurent. Le rocher du Calvaire se
fendit lui aussi, avec un grand bruit sinistre faisant une large brèche entre la croix du
Rédempteur et celle du mauvais larron, comme le signe de leur séparation éternelle… La
très sainte âme du Christ venait d’abandonner, pour le temps marqué par Dieu, son corps
divin livré à la mort ignominieuse de la croix. Et ce dernier cri d’amour de Jésus mourant
fit trembler tous ceux qui l’entendirent et pénétra jusqu’aux plus extrêmes profondeurs de
la terre qui reconnut la voix de son Sauveur en tremblant. »
« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte
beaucoup de fruit » (Jean 12, 24). Jésus est le grain de blé tombé en terre qui a accepté
de mourir. A présent, la terre se fend et s’ouvre sous la poussée des nouveaux épis de
conversions que sa mort produit. Beaucoup de ceux qui ont assisté ou participé à la passion
de Jésus, s’en vont en se frappant la poitrine, le centurion se convertit.
Les rochers qui se fendent rappellent le passage de la mer rouge où Moise à fendu les eaux
pour laisser passer les juifs fuyant la captivité ; grâce à Jésus, nous sommes libérés de la
captivité du péché.
Enfin, la terre se fend aussi parce que l’âme de Jésus « descend aux enfers » selon les
mots du credo, où il va libérer des liens de la mort tous les justes de l’ancienne alliance.
Aux portes des limbes le reçoivent Adam, Eve, Abraham, Moise, les patriarches, les
121
prophètes, Jean-Baptiste, Joseph, son père en ce monde qui le reconnaissent comme leur
rédempteur. Et tous, il les emmène à la rencontre du Père qui les reçoit comme ses
enfants pour une vie éternelle de bonheur dans le paradis, d’où Adam et Eve avaient été
chassés après la faute originelle. « O heureuse faute qui nous valut un tel Sauveur » chante
exultante la liturgie de la nuit pascale.
Des morts sortent de leurs tombeaux attestant que Jésus est vraiment la résurrection et la
vie. Et les morts se montrent à un grand nombre de personnes. La bienheureuse Anna
Katarina Emmerich rapporte : « On vit apparaître dans le sanctuaire le grand-prêtre
Zacharie, tué entre le temple et l'autel, il fit entendre des paroles menaçantes, et parla
de la mort de l'autre Zacharie, de celle de Jean, et en général du meurtre des prophètes.
Il sortit de l'ouverture formée par la chute de la pierre qui était tombée près de l'oratoire
du vieux Siméon, et parla aux prêtres qui étaient dans le sanctuaire. Deux fils du pieu
grand-prêtre Simon le Juste, aïeul de Siméon, qui avait prophétisé lors de la présentation
de Jésus au Temple, se montrèrent près de la grande chaire ; ils parlèrent aussi de la mort
des prophètes et du sacrifice qui allait cesser, et exhortèrent tout le monde à embrasser la
doctrine du Crucifié. Jérémie parut près de l'autel, et proclama d'une voix menaçante la
fin de l'ancien sacrifice et le commencement du nouveau. Ces apparitions ayant eu lieu en
des endroits où les prêtres seuls en avaient eu connaissance, furent niées ou tenues
secrètes, il fut défendu d'en parler sous une peine sévère. Mais un grand bruit se fit
entendre : les portes du sanctuaire s'ouvrirent, et une voix cria : “ Sortons d'ici. ” Je vis
alors des anges s'éloigner… Il y eut bien une centaine de morts de toutes les époques qui
parurent avec leurs corps à Jérusalem et dans les environs. Ils s'élevaient hors des
tombeaux écroulés, se dirigeaient, le plus souvent deux par deux, vers certains endroits de
la ville, se présentaient au peuple qui fuyait dans toutes les directions et rendaient
témoignage de Jésus en prononçant quelques paroles sévères… Mais beaucoup dont l'âme
fut envoyée des limbes par Jésus se levèrent, découvrirent leurs visages et errèrent dans
les rues comme s'ils n'eussent pas touché la terre. Ils entrèrent dans les maisons de leurs
descendants et rendirent témoignage pour Jésus avec des paroles sévères contre ceux qui
avaient pris part à la mort du Sauveur… La terreur était grande dans la ville, et chacun se
cachait dans les coins les plus obscurs de sa maison. Les morts rentrèrent dans leurs
tombeaux vers quatre heures. Après la résurrection de Jésus, il y eut encore, en divers
endroits, plusieurs apparitions. Le sacrifice fut interrompu, la confusion se mit partout et
peu de personnes mangèrent le soir l'agneau pascal. »
Prions
Voir page 7
122
Les reliques de la Passion du Christ
Reliquaire contenant quelques gouttes du Sang du Christ conservé en la basilique Saint-
André de Mantoue.
Le Sang conservé dans les vases aurait été apporté par Longin le Centurion, patron de la
ville de Mantoue. Longin était le soldat romain qui a percé le flanc de Jésus lorsqu'il était
sur la croix. Cette relique est présentée en procession tous les vendredi-saint.
123
LA CONFESION DU CENTURION
Contemplons
Ecoutons
Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, déclara :
« Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! » (Matthieu 15, 39)
Méditons
Trois personnes (au moins) se sont converties entre le moment où Jésus a été condamné et
sa mort sur la croix : Simon de Cyrène, Dismas le bon larron, Longin le centurion.
Tous les trois se sont retrouvés mêlés à la Passion de Jésus sans l’avoir cherché. Les trois
ont été réquisitionnés : le premier pour porter la croix avec Jésus, le second pour la porter
en même temps que Jésus, le troisième pour veiller à ce que les trois la portent jusqu’au
bout. Pour tous les trois, la rencontre de Jésus souffrant a été le point de départ d’un
chemin de conversion radicale qui les a fait passer de la contrainte à l’offrande d’eux-
124
mêmes en union avec celle de Jésus. Les Evangiles ne rapportent pas que Jésus a demandé
quoi que ce soit à l’un des trois mais leur conversion prouve qu’Il a accueilli leur
participation à sa Passion. La conversion n’est jamais un état mais un cheminement avec
Jésus portant la croix qui nous donne de la porter avec lui.
A la mort de Jésus, le centurion tombe à genoux et s’exclame : « vraiment celui-ci était le
Fils de Dieu ! » Qu’est-ce qui a pu être aussi décisif pour que cet homme endurci par la
guerre, les batailles, les exécutions, ait pu être touché au point de reconnaitre en l’un de
ces condamnés le Fils de Dieu ? Le centurion avait suffisamment de droiture d’esprit pour
comprendre que Jésus était l’enjeu d’un complot politique et que Pilate l’a condamné
injustement et par lâcheté. Il a observé Jésus pendant tout le chemin de croix et compris
que sous les apparences d’une extrême faiblesse, il est d’une force inouïe, une force telle,
qu’il n’en a jamais vu de pareille. Il n’avait jamais vu personne souffrir autant, avec une
telle sérénité, une telle dignité, en pardonnant à ses bourreaux et plus encore, en se
souciant de sa mère, du bon larron. Il a vu mourir des centaines de personnes dans les
pires circonstances, peut-être même des milliers, mais jamais il n’avait vu quelqu’un
mourir comme Jésus. Il observe les signes : la terre tremble, la nuit tombe en plein jour.
Tout ceci n’est pas naturel. Et, parce que sous sa cuirasse de soldat habitué à exécuter
sans comprendre les ordres de Rome, il y a un soupçon de droiture et d’honnêteté, la
grâce parvient à faire son œuvre.
Que ce soit Simon, Dismas, ou Longin, chacun a su discerner le moment où la grâce l’a
visité et a su l’accueillir. Jésus, le bon pasteur, visite par sa grâce chacun d’entre nous et
tant de fois au cours de la vie, qu’arrivé à son terme, personne ne peut dire que Jésus n’a
pas tout fait pour son salut. Si Jésus respecte notre liberté, il accueille néanmoins chaque
geste de bonne volonté et ne cesse de nous tendre la perche du salut pour que nous la
saisissions et nous laissions sauver par lui. A la fin de sa vie chacun devra reconnaitre que
le bonheur auquel il est destiné dans l’au-delà, il le doit à la charité infinie de Jésus, le
bon samaritain et si tel n’était pas le cas (ce qu’à Dieu ne plaise), il est, par sa fermeture
à la grâce, le seul artisan de son malheur. « A qui croit en Dieu, aucun signe n’est
nécessaire » dit la sagesse populaire. Elle poursuit en disant : « à qui ne croit pas en Dieu,
aucun signe n’est possible. »
Le salut des âmes coute cher et on ne les sauve pas par des discours (même s’ils sont aussi
nécessaires) : Jésus n’a quasiment rien dit pendant sa Passion. Par contre, il a donné
l’exemple de ce qu’il faut faire : prendre la croix, se renoncer et le suivre.
125
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Conrad II (1027-1039) fit confectionner un reliquaire d’or en forme de croix gemmée pour y
loger la Sainte Lance et un morceau du bois de la Vraie Croix. Le « crucifix de l’Empire »
est recouvert d’or, de perles et pierres précieuses. Datant de la première moitié du XIe
siècle, c’est le plus ancien reliquaire conservé à Vienne.
A gauche de la croix, est exposée la Sainte Lance du Saint-Empire romain germanique. Elle
est entrée en possession de Rodolphe II de Bourgogne, puis passa ensuite aux divers
empereurs et devint le symbole de leur investiture et du transfert de pouvoir. Elle fut
intégrée au rituel de leur sacre. On considérait à l’époque que cette lance avait été forgée
avec un clou de la Passion. A droite est exposée la relique de la Vraie Croix qui était à
l’origine contenue dans la croix reliquaire.
126
LE CÔTE OUVERT
Contemplons
Ecoutons
Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi), il ne fallait pas laisser
les corps en croix durant le sabbat, d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la
Pâque. Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé
les jambes. Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis de l’autre homme
crucifié avec Jésus. Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui
brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il
en sortit du sang et de l’eau. Celui qui a vu rend témoignage, et son témoignage est
véridique ; et celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. Cela, en effet,
arriva pour que s’accomplisse l’Écriture : Aucun de ses os ne sera brisé. Un autre passage
de l’Écriture dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé. (Jean 19,
31-37)
Méditons
Jean est resté, avec Marie, auprès de Jésus jusqu’à sa mort. Il l’a vu mourir. Il l’a vu
rendre son dernier souffle. Il a vu le soldat lui ouvrir le côté. Il a vu s’en échapper tout ce
qui restait de vie en lui. Il a vu que tout ce qui aurait pu permettre au corps de Jésus de
réenclencher les processus vitaux, a quitté son corps. Il n’y a aucun doute sur le fait que
Jésus est bel et bien mort et que rien, humainement, ne permet plus de le ramener à la
127
vie. L’apôtre est formel. Aussi insiste-t-il : « Celui qui a vu rend témoignage, et son
témoignage est véridique ; et celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. »
Ce témoignage de Jean est capital car il permet de contrer tous ceux qui pourraient
prétendre que Jésus n’est pas mort mais qu’il a été décroché de la croix et soigné, que par
conséquent, il n’est pas ressuscité. Or, tel n’est pas le cas et Jean, qui a été présent
jusqu’au bout et a vu Jésus rendre son dernier souffle, a constaté de la manière la plus
formelle qui soit que Jésus, le Christ, est physiquement mort. Et il n’est pas le seul : les
soldats aussi ont constaté la mort de Jésus, eux qui ne lui ont pas brisé les jambes mais lui
ont percé le côté.
La crucifixion est une mort cruelle qui peut n’intervenir qu’après une très longue agonie.
Aussi, briser les jambes des crucifiés constitue un acte de miséricorde. Une fois brisées, les
crucifiés ne peuvent plus se redresser sur la croix en s’appuyant sur leurs jambes pour
respirer et finissent par mourir étouffés. Ce sera le lot de Dismas et de Gesmas. Par
contre, on ne brise pas les jambes de Jésus car il est déjà mort. En cela encore, Jésus
accomplit pleinement les prophéties. En effet, Jésus est l’agneau de Dieu, celui de la
pâque nouvelle à qui, conformément aux ordres donnés par l’Eternel à Moïse, aucun os ne
doit être brisé (Exode 12, 47 ; Nombres 9, 12). Afin de vérifier, si les crucifiés sont bien
morts, on leur ouvre le côté. Et là aussi, Jésus accomplit la prophétie : « Et ils regarderont
vers moi, celui qu'ils ont transpercé » (Zacharie 12, 10).
Le côté de Jésus n’est pas percé mais il est ouvert, non pas pour vérifier que toute vie l’a
quitté mais pour laisser la vie, notre vie, s’en échapper. En effet, de ce côté ouvert
sortent de l’eau et du sang, symboles des sacrements du baptême et de l’Eucharistie,
sacrements par lesquels Jésus nous donne et maintient en nous la vie divine. Dans le
désert, les juifs assoiffés prièrent Moise d’intercéder pour eux auprès de Dieu afin qu’il
leur procure de l’eau. Dieu dit à Moise de frapper deux fois avec sa verge contre un rocher
et de l’eau en abondance s’en échappa. Jésus est le rocher contre lequel nous frappons
afin qu’il nous procure les torrents d’eau vive qu’il a promis à la cananéenne. Jésus avait
bien dit : « si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi ; qu’il boive celui qui croit en moi » et
Jean rajoute : il désignait ainsi l’esprit que devaient recevoir ceux qui croient » (Jean 7,
39).
Saint Jean Chrysostome voit en ce sang et cette eau qui s’épanchent du côté ouvert de
Jésus, la naissance de l’Eglise. Il écrit : « J'ai dit que cette eau et ce sang étaient le
symbole du baptême et des mystères (l’Eucharistie). Or, l'Eglise est née de ces deux
sacrements… Or, les signes du baptême et des mystères sont issus du côté. Par conséquent
le Christ a formé l'Eglise à partir de son côté, comme il a formé Eve à partir du côté
128
d'Adam. Aussi saint Paul dit-il : « Nous sommes de sa chair et de ses os » désignant par là
le côté du Seigneur. De même en effet que le Seigneur a pris de la chair dans le côté
d'Adam pour former la femme, ainsi le Christ nous a donné le sang et l'eau de son côté
pour former l'Eglise. Et de même qu'alors il a pris de la chair du côté d'Adam, pendant
l'extase de son sommeil, ainsi maintenant nous a-t-il donné le sang et l'eau après sa
mort. »
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Le saint suaire de Turin : gros plan sur le visage de Jésus
129
JOSEPH D’ARIMATHIE
Contemplons
Ecoutons
Alors arriva un membre du Conseil, nommé Joseph ; c’était un homme bon et juste, qui
n’avait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était d’Arimathie, ville
de Judée, et il attendait le règne de Dieu. Il alla trouver Pilate et demanda le corps de
Jésus. (Luc 23, 50-52)
Méditons
Dans la Passion du Christ, rien n’est laissé au hasard et tout ce que le Christ accomplit, il
le fait conformément à un rituel prévu, annoncé par les prophéties. Aussi, peut-on
légitimement penser que le nom de celui qui réclame le corps de Jésus pour lui fournir la
sépulture et les derniers hommages, n’est pas dû au hasard mais tout à fait providentiel. Il
s’appelle Joseph, comme s’appelait celui qui en ce monde a servi de père nourricier à
Jésus.
130
Pendant toute sa vie, saint Joseph a veillé sur le corps de Jésus en lui fournissant
nourriture, vêtements, logis, protection. Ce que saint Joseph a fait pour Jésus dans son
enfance, Joseph d’Arimathie le fait pour le cadavre de Jésus : il le sauve de ses ennemis,
l’enduit d’aloès et de myrrhe, l’enveloppe d’un linceul, le dépose dans un sépulcre neuf,
le mettant à l’abri de la profanation.
Joseph d’Arimathie révèle les mêmes qualités que saint Joseph. En effet, membre du
Sanhédrin qui a orchestré la condamnation de Jésus, il prend sur lui de réclamer le corps
de Jésus à Pilate se déclarant ainsi ouvertement disciple du Christ et se pose par
conséquent en ennemi du Sanhédrin. Saint Luc précise même qu’il n’avait pas consenti à la
condamnation de Jésus, qu’il attendait le règne de Dieu, ce que saint Marc prend la peine
de préciser aussi (Marc 15, 43) soulignant ainsi qu’il était ouvert à la grâce qui était ainsi
en mesure de l’atteindre et de faire son œuvre en lui. Comme son homologue, Joseph
d’Arimathie a mis sa foi de manière irrévocable dans le Christ. Comme pour son
homologue, il est un homme courageux car il n’hésite pas à aller trouver Pilate pour
réclamer le corps de Jésus dans des circonstances qui pourraient lui faire craindre pour sa
propre vie. Comme son homologue, sa charité se manifeste dans sa promptitude à pourvoir
aux besoins de ceux qui lui sont confiés. Ce qui est à noter surtout, c’est que pour décrire
Joseph d’Arimathie, saint Luc reprend les mêmes mots que ceux qu’il emploie pour décrire
saint Joseph : il était juste, c’était un homme de bien, ce qui dans son langage implique
qu’il illustrait déjà les vertus proprement chrétiennes.
Saint Joseph n’est plus de ce monde au moment de la Passion de Jésus. Il n’a pas eu,
comme Marie, à se tenir debout au pied de la croix. Cela ne signifie pourtant pas qu’il n’a
pas eu sa part de la Passion de Jésus. La vénérable Jeanne-Marie de la Croix (1603-1673)
nous dit qu'il fut accordé à Joseph, comme aux stigmatisés, de sentir, d'une manière
mystique, toutes les peines de la Passion. Le glaive de douleurs qui, toute sa vie, a
transpercé le Cœur Immaculé de Marie a transpercé en même temps le cœur aimant de
son chaste époux. Joseph, dont la vie a été toute donnée à Jésus et Marie aurait voulu être
là au moment où les deux personnes qu’il aimait le plus ont tant à souffrir. La providence
ne l’a pas voulu. Mais son désir a tout de même été exaucé car de personne d’autres que
d’un Joseph, Jésus n’a voulu recevoir les derniers soins paternels et à personne d’autre
qu’à un Joseph, Marie n’a voulu confier le corps de son Jésus.
Prions
Voir page 7
131
Les reliques de la Passion du Christ
Le saint suaire de Turin dans lequel, le corps du Christ était enveloppé dans le sépulcre.
132
LA PIETA
Contemplons
Ecoutons
« Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère: "Vois! cet enfant doit amener la chute et le
relèvement d'un grand nombre en Israël; il doit être un signe en butte à la contradiction,
et toi-même, une épée te transpercera l'âme afin que se révèlent les pensées intimes de
bien des cœurs." » (Luc 2, 34-35)
Méditons
La séquence Stabat Mater nous fait chanter : « Quel homme, sans verser de pleurs, verrait
la Mère du Seigneur, endurer si grand supplice ? Qui pourrait, dans l'indifférence,
contempler en cette souffrance la Mère auprès de son Fils ? » Quelle image peut davantage
susciter la compassion que celle d’une mère portant sur ses genoux le cadavre
horriblement mutilé de son enfant. Quelle que soit la mère, nous sommes touchés par sa
souffrance. Mais quelle émotion lorsqu’il s’agit de la Mère de Dieu qui tient dans ses bras
le corps sans vie du plus aimant et du plus innocent de tous les fils.
Jésus est l’agneau de Dieu qui a donné sa vie en rançon pour nous tous. Il est l’agneau sans
tache et sans défaut qui a été sacrifié pour notre pâque. Si en Jésus nous voyons celui qui
s’est donné pour nous, en Marie, nous voyons celle qui nous l’a donné à deux reprises,
d’abord en lui donnant la vie, puis en lui donnant de donner sa vie pour nous. Si Jésus est
l’agneau sacrifié, Marie est une Mère sacrifiée qui accepte de donner la vie du meilleur de
ses fils pour que tous ses frères aient la vie et qu’ils l’aient en plénitude.
133
Le nom « Marie » a plusieurs étymologies dont « mer d’amertume. » L’un des titres de
gloire sous lesquels on invoque la Mère de Dieu dans les litanies de Lorette est « reine des
martyrs. » Oui, personne n’a plus souffert que Marie parce que personne n’avait un cœur
plus pur. Et plus un cœur est rempli de Dieu, plus il est sensible à la détresse humaine.
Marie ne pouvait que souffrir au-delà de toute mesure du sacrifice de celui qui est tout
autant son Fils que son Dieu. Chaque martyr est représenté avec l’instrument de son
supplice. Marie est la seule dont l’instrument du martyr est Jésus lui-même. Elle n’a pas
versé son sang, comme les martyrs, mais dans son âme, elle a ressenti toutes douleurs et
les souffrances de Jésus. Et parce que son amour pour Jésus était total, elle s’est
entièrement donnée avec Lui, ne cherchant pas à épargner sa douleur. Si le coup de lance
de Longin a ouvert le Cœur Sacré de Jésus pour en libérer des forces de vie pour nous, il
nous a en même temps ouvert le Cœur de Marie pour en libérer des torrents de compassion
pour nous, pauvres pécheurs.
En Marie, tenant dans ses bras, le corps inanimé de Jésus, nous contemplons l’Eglise qui
enlace son époux crucifié qui a donné sa vie pour elle. Marie n’est à aucun moment
concentrée sur sa douleur car elle tire sa force du don de Jésus. Sans cesse, elle
contemple les plaies du Sauveur pour y voir les trophées de son amour victorieux et nourrir
en elle l’espérance de la résurrection. En contemplant Jésus mort, dans ses bras, Marie ne
voit pas une exhortation à la revanche, à la vengeance mais une invitation à accueillir les
fruits de rédemption conquis par Jésus et à prendre au sérieux son message de conversion
du cœur. En recevant Jésus dans ses bras, sur ses genoux, sur son Cœur, Marie accepte
l’invitation de Jésus à se laisser sauver par Lui. En nous montrant Jésus et en nous le
tendant, elle nous invite à faire comme elle et à nous laisser sauver par lui. Rien ne saurait
être pire que de laisser le sacrifice de Jésus sans réponse de notre part.
A côté, de Jésus souffrant, le bon peuple de Dieu a toujours voulu contempler Marie, celle
qui a souffert pour et par Jésus trouvant en elle l’expression la plus accomplie de la
réponse de l’Eglise au don d’amour de Jésus. Dans ce sens, saint François-Xavier a souvent
répété : « J’ai trouvé le peuple rebelle à l’évangile chaque fois qu’à côté de la Croix de
Jésus, j’ai omis de montrer l’image de sa Mère. »
Prions
Voir page 7
134
Les reliques de la Passion du Christ
Le suaire d’Oviedo est un linge qui a été appliqué sur le visage lorsqu’il a été déposé dans
le sépulcre. Ce linge était lui-même recouvert par le saint suaire de Turin. Des études
révèlent des similitudes entre les deux reliques.
135
LE SEPULCRE
Contemplons
Ecoutons
Prenant le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul immaculé, et le déposa dans le
tombeau neuf qu’il s’était fait creuser dans le roc. Puis il roula une grande pierre à
l’entrée du tombeau et s’en alla. (Matthieu 27, 59-60)
Méditons
Jésus n’a pas eu de sépulture à proprement parler, parce que tout a été fait dans la hâte
et que rien n’était prévu pour cela : tous les rites prescrits n’ont pu être accomplis. Voilà
les choses quand on les regarde à notre hauteur.
Lorsqu’on élève son regard au niveau de celui de Jésus, on voit les choses différemment. Il
ne s’agit plus alors d’ensevelir un corps voué à la corruption mais de tout disposer pour la
résurrection à venir. En mourant sur la Croix après avoir accompli la volonté de Dieu en
tout point, Jésus est déjà victorieux et dans sa mort, la résurrection est déjà en
germination. « Jésus, s’est fait obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix » nous dit
saint Paul. A présent, le Père « va souverainement l’élever et lui donner le nom qui est au-
dessus de tout nom afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur la terre et
136
dans les enfers et que toute langue proclame que Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de
Dieu le Père » (Philippiens 2, 9-11).
La mort de Jésus intervient au soir du sixième jour. Le lendemain, c’est le sabbat qui
commémore le jour où Dieu s’est reposé de toute l’œuvre qu’il a accomplie (Genèse 2, 3).
Par sa Passion, Jésus a régénéré toute la création déchue en la libérant de l’esclavage du
péché. Comme pour la première création, le septième jour, il va se reposer de toute
l’œuvre qu’il a accomplie. Il ne s’agit donc pas d’ensevelir un corps mais de lui ménager
un endroit pour se reposer de toute son œuvre de recréation en attendant l’aube du
premier jour de l’ère nouvelle.
La nuit du passage de l’ange exterminateur sur le pays d’Egypte, Moïse ordonna aux
enfants d’Israël de manger l’agneau pascal debout, à la hâte et de se tenir prêt à quitter
le pays qui les tenait en esclavage (Exode 12, 11). Le soir du vendredi-saint, Jésus réalise
ce que figuraient les consignes de Moïse : il est l’agneau de Dieu qui a été immolé pour
notre pâque à nous. Dans moins de deux jours, il s’en reviendra des enfers pour nous
emmener à travers la mer rouge vers la terre promise où coulent le lait et le miel, où nous
gouterons la liberté des enfants de Dieu. Point n’est donc besoin de s’attarder en rites
funéraires qui n’ont pas lieu d’être pour celui qui est le maître de la vie.
Malgré la hâte, Joseph d’Arimathie et les disciples qui ont suivi Jésus jusque sur le
Calvaire, mettent un soin religieux à ensevelir dignement le corps du Seigneur. C’est
Joseph d’Arimathie qui offre à Jésus son propre sépulcre, une tombe qui n’avait jamais
servi. Il offre aussi un suaire immaculé et les aromates qui servent à rendre à Jésus les
derniers hommages. Joseph d’Arimathie est âgé et a déjà pris toutes les dispositions utiles
pour sa mort. En cédant son tombeau et tout le nécessaire à son propre ensevelissement, il
s’expose à ne pas en avoir lui-même si la mort venait à le frapper. Or, par ces dons,
Joseph d’Arimathie nous fait savoir qu’il a mis sa foi en Jésus dont il croit qu’il est
effectivement le Fils de Dieu fondé à dire : « je suis la résurrection et la vie. » Joseph
marque aussi sa rupture avec l’ancienne alliance : le salut ne se trouve plus dans des rites
mais dans une personne et cette personne, c’est Jésus-Christ.
Jésus a reçu les plus beaux hommages funèbres de son vivant. Rappelez-vous : six jours
avant la pâque, Marie-Madeleine a versé sur les pieds de Jésus un parfum de grande valeur
et ce geste avait été agréé par le Seigneur : « laisse-la observer cet usage en vue de mon
ensevelissement ! » dit-il à Judas qui récrimine, « … moi, vous ne m’aurez pas toujours »
(Jean 12, 7-8). Et l’Evangéliste précise : « la maison fut remplie de l’odeur de ce
parfum » (Jean 12, 3) ce qui nous renseigne tant sur l’intensité de l’amour repentant de
137
Marie-Madeleine, que sur la dilection avec laquelle Jésus accueille son geste. Jésus montre
ainsi que point n’est besoin de vouloir conjurer la mort par des rites ; lui, il en est
vainqueur et celui qui meurt en lui, vivra éternellement.
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Le tombeau du Christ à Jérusalem.
138
L’ATTENTE DU SAMEDI-SAINT
Contemplons
Ecoutons
C’était le jour de la Préparation de la fête, et déjà brillaient les lumières du sabbat. Les
femmes qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent
le tombeau pour voir comment le corps avait été placé. Puis elles s’en retournèrent et
préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.
(Luc 23, 54-56)
Méditons
Le calme est revenu. La vie commence à reprendre son cours. Les habitants de Jérusalem
sont encore sous le choc du tremblement de terre, de l’obscurité… Ils constatent dans la
stupéfaction les dégâts sur la ville… Tous ces événements ont interrompu les rites dans le
temple… le sacrifice des agneaux notamment… Si bien que peu de familles ont eu
l’occasion de consommer l’agneau pascal…
Le corps de Jésus est dans le tombeau. Marie, Jean, Madeleine et les autres femmes ont
quitté le jardin du sépulcre pour rejoindre la ville. Pour tous, excepté Marie, l’histoire de
Jésus, l’histoire avec Jésus, s‘arrête là. La preuve est que les disciples d’Emmaüs
s’apprêtent à quitter Jérusalem pour retourner dans leur pays. Jésus est mort et personne,
excepté Marie, ne croit, ni même ne songe, qu’il pourrait ressusciter. Les apôtres sont
encore traumatisés : l’épreuve de la Passion les a anéantis et ils sont rongés par le remord
d’avoir, dans leur lâcheté, abandonné Jésus. Honteux, ils n’osent aller rejoindre le petit
groupe de ceux qui sont restés fidèles pour leur faire part de leur repentir… La mort de
Jésus semble signer la fin d’une belle aventure...
139
Que fait Marie en ce samedi-saint ? Les Evangiles ne le disent pas mais ce n’est pas difficile
à deviner. Elle lutte pour garder la foi, l’espérance et la charité. En ce samedi-saint, Marie
est la figure de l’Eglise qui attend l’aube de la résurrection, qui guette dans l’anxiété le
retour de l’époux. Elle lutte contre les tentations de désespoir que Satan murmure à son
Cœur. N’oublions pas que si Marie a été préservée des conséquences du péché originel,
elle n’a cependant pas été prémunie contre les tentations. Le mérite de Marie n’est pas à
chercher dans ce qu’elle a reçu mais dans ce qu’elle a fait de tout ce dont elle a été
comblée. Parce qu’elle est l’Immaculée, Satan s’est déchainé sur elle avec une violence à
la hauteur de tous les dons reçus. Pendant tout ce samedi, elle repasse dans son Cœur les
paroles de Jésus concernant sa résurrection. Elle les connait toutes car elle les a gardées,
les méditant sans cesse dans son Cœur. Elle repasse dans son esprit toutes les prophéties
pour y scruter les références à la prochaine résurrection du Messie. Elle prie comme jamais
elle n’a prié, non pas obtenir de Dieu que son Fils ressuscite mais pour obtenir de Lui que
ni elle, ni les apôtres ne vacillent dans leur foi, qu’ils gardent l’espérance.
Elle a accueilli tous les apôtres, qui les uns après les autres sont venus la trouver pour
donner libre cours à leur douleur. Comme des enfants qui ont fait une bêtise, elle les
recueille, les console, leur rappelle les paroles de Jésus, les engageant, comme elle, à
pardonner et à croire en la promesse du Christ de ressusciter au bout du troisième jour.
Très probablement, elle demande à Jean, ou aux femmes héroïques qui sont restées avec
elle, d’aller chercher ceux des apôtres qui n’osent pas venir d’eux-mêmes. Quelle douleur
pour Marie, lorsqu’elle apprend que Judas s’est donné la mort… S’il était venu à elle, elle
l’aurait assuré du pardon de Jésus… Elle l’aurait même, elle-même, recommandé à lui…
Marie est la Mère de l’Eglise qui en ce samedi-saint remplit sa mission de veiller sur la foi,
l’espérance et la charité de tous ses enfants en attendant le retour dans la gloire de Jésus.
L’attente du samedi-saint se prolonge pour l’Eglise jusqu’à la fin du monde. En effet, nous
sommes dans l’attente du retour en gloire de Jésus dans son deuxième avènement. En
attendant son retour, nous vivons de la foi en sa présence vivante et agissante dans un
monde qui nous est de plus en plus hostile. Notre esprit est inquiet car il semble tarder et
notre cœur ne parvient pas à trouver la paix car il a l’air de ne pas répondre à nos prières.
Comme à Marie, Satan ne cesse de nous suggérer des pensées de désespoir, à nous faire
croire que notre attente est vaine, que notre foi est sans fondement. Aussi, plus que
jamais, nous avons besoin de nous imprégner de l’exemple de Marie en ce samedi-saint, de
nous blottir contre elle et de nous confier à sa puissante intercession.
Marie a préparé les apôtres, les disciples au retour de Jésus le matin de pâques. Ce n’est
pas un hasard si le jour de la résurrection, les apôtres sont tous réunis au cénacle : c’est
140
parce que Marie les y a rassemblés autour d’elle pour les soutenir dans la foi, l’espérance
et la charité. Elle saura aussi nous préparer à la rencontre avec le Christ que ce soit le jour
de notre mort ou de son retour dans la gloire. Aussi, confions-nous à elle, car elle seule
connait les chemins de Dieu ; et pour cause, elle les a expérimentés pour nous. Amen.
Marana tha.
Prions
Voir page 7
Les reliques de la Passion du Christ
Le tombeau du Christ à Jérusalem