LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

20
Gabriel CHARMES La Passante du temps qui passe En mémoire de Richard Lerch (1958 – 2018) uct oduction production inte eproduction interdite et reproduction interdites e et reproduction interdites pie et reproduction interdites opie et reproduction interdites Copie et reproduction interdites Copie et reproduction interdites Copie et reproduction interdites Copie et reproduction interdites Copie et reproduction interdites Copie et reproduction interdites Copie et reproduction interdites Copie et reproduction interdites Copie et reproduction interdites Copie et reproduction interdites Copie et reproduction interdites Copie et reproduction interdi Copie et reproduction inter Copie et reproduction int Copie et reproduction e et reproductio reproduct produ

Transcript of LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

Page 1: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

Gabriel CHARMES

La Passante du temps qui passe

En mémoire de Richard Lerch (1958 – 2018)

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Page 2: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

Infographie : Bénédicte AMMAR

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproduction interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproduction interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproduction interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproduction interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproduction interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproduction interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproduction interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproduction interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproduction interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproduction interdites

Page 3: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

Journaliste indépendant et anthropologue de formation, Gabriel CHARMES a eu plusieurs vies plus ou moins actives à l’usine, dans la banque, l’assurance, l’administration, l’enseignement et la « presse écrite ». Histoire d’avoir son idée sur ce qui fait tourner le monde – ou sur ce qui le fait dérailler, comme on voudra…

Après bien d’autres livres sous d’autres noms (d’emprunt ou d’« état-civil »), il a publié Lou répare le monde (Dom Éditions, 2015), Le vin des Affligés (Éditions Belladone en 2017, Prix de poésie André Weckmann 2018), Les Filles du feu (Dom Éditions, 2018). Et même une contribution au « grand débat national », Le Revenu universel – vers un nouveau pacte social ? (Éditions Transition, 2019). Histoire de penser une alternative au pire, juste avant la grande nuit des écrans tombée sur le monde et l’avancée du désert sous nos pas.

5

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Page 4: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Page 5: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

Préface

Le titre de l’émouvante nouvelle, La Passante du temps qui passe, met l’accent sur le caractère éphémère de la vie humaine. « Tout ce qui passe n’est que symbole » lisons-nous dans les derniers vers de Faust. Le symbole dont nous voyons le reflet dans ce récit nous engage et nous entraîne, car ce que nous regardons comme le bien le plus précieux et le plus terrible, c’est notre désir d’éternité. Nous sentons que ce qui a eu lieu doit toujours exister quelque part, on ne sait où, au ciel ou dans les enfers, que cette petite âme, qui crie si fort en nous, ne peut pas mourir et disparaître. Ceux qui ont connu une jeunesse heureuse placent le paradis perdu dans les joies et les amours des premières années.

Mais le narrateur de La Passante du temps qui passe, après une jeunesse douloureuse et un début dans la vie fort étriqué, n’a pas envie de regretter le temps passé et de le ressusciter par la mémoire. Il n’échappe au désespoir qu’en misant sur un rêve fou, sur une sorte de pari sur l’impossible. Il répond à l’appel d’une femme morte depuis longtemps ; elle lui dit qu’elle l’attend. Il accourt et connaît l’accomplissement de son rêve. La féérie prend pied dans la réalité et déroule ses enchantements aussi longtemps qu’elle dure, l’espace d’une nuit, d’un rêve.

Gabriel Charmes attend de la révélation onirique l’éblouissement qui doit servir de fixatif à sa vie intime. Chaque

7

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Page 6: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

homme a son secret. Nous n’existons réellement que grâce au mystère que nous portons en nous. Selon la doctrine de Jung, il faut attribuer la même origine, la même valeur aux productions oniriques et aux productions littéraires. Le rêve de Gabriel Charmes, c’est d’éterniser un instant, de donner une résonance infinie à la mélodie inconnue. La très belle princesse Orlova est à la fois cette musique et cette liturgie, ce mystère et cette passion d’amour. Elle incarne le désir, elle réalise la foi. La foi dans un univers parallèle auquel seule la littérature fantastique peut donner accès et qui s’appelle le second monde.

Le second monde, Léonard de Vinci l’a défini en deux mots dans une note de ses Carnets : « Terreur et désir ». Ce qui nous épouvante, nous fascine et nous attire en même temps. Nous voulons à la fois la tendresse et la cruauté, la haine et l’amour, la vie et la mort. L’homme est tiraillé par des postulations contraires. Comme le dit si bien Ernst Theodor Amadeus Hoffmann, le Diable pose sa queue partout.

La nouvelle est le véhicule privilégié du fantastique. Elle saisit à la verticale ce que le roman tire à l’horizontale. Elle a la prestesse du feu : comme lui elle saisit et consume. C’est qu’il s’agit d’aller droit au but, jusqu’au dénouement parfois brutal et sanglant, souvent ironique et amer, et qui laisse le lecteur hors de lui. La nouvelle coupe le souffle et active l’incendie.

Lisez La Passante du temps qui passe pour vous en convaincre.

Marcel Schneider, Paris, août 1999

8

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Page 7: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

Note d’Antoine Compagnon

Esther, les yeux embués, s’était glissée entre les tombes et frayé un chemin parmi les allées noires de monde du cimetière communal de Bellefosse pour me tendre cette lourde enveloppe administrative, absolument incongrue en tel lieu et en telle circonstance.

Son improbable contenu allait être à l’origine de tous mes malheurs. Et peut-être d’une nouvelle naissance, aussi :

— Tu as bien connu mon frère, pourrais-tu te charger de faire publier cet… écrit ? C’est tout ce qu’il nous laisse…

— Est-ce que ça pourrait attendre ? fis-je d’un air contrarié. Es-tu bien sûre que ce soit là sa volonté ? Je ne suis pas du milieu de l’édition et ni lui ni personne ne m’a désigné, à ma connaissance, comme exécuteur testamentaire…

La lourde canicule de ce lundi après-midi de juillet ajoutait à notre accablement incrédule : Tristan n’avait ni l’âge de partir ni l’art de nous réunir tous de manière si incongrue en conspirateurs sidérés au bord de cette fosse encore ouverte, sous le bleu coupant de ce ciel implacable. Nous n’avions pas même été capables de voir venir sa fin… L’avait-il lui-même sentie venir ? Nous redoutions que cet indicible-là l’aie hanté jusqu’à l’instant ultime où la petite note bleue a été frappée…

9

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Page 8: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

Mais il s’était accroché jusqu’au bout à ses projets personnels et n’avait certainement pas songé à charger qui que ce soit de l’exécution de ses dernières volontés.

— Il cherchait quelque chose dans l’écriture, sinon il ne se serait pas donné tout ce mal, non ? fit-elle d’un air d’évidence comminatoire. D’ailleurs, nous ne nous voyons jamais : raison de plus pour saisir l’occasion… Je ne comprends pas du tout ce que c’est. Peut-être une mise en fiction ou une mise à distance d’événements qui lui seraient arrivés ou qu’il aura fantasmés, va savoir… Nous ne pouvons pas nous mettre à sa place ni dans sa tête… Nous savons tout juste qu’il rêvait de faire l’écrivain… Mais tout ça a l’air tellement réaliste que ça fait froid dans le dos. Alors, il me semble que ça doit être fait. Ne serait-ce que pour savoir qui il était et laisser une trace… Comme ça, rien de lui ne sera entièrement perdu…

À cet instant, je surpris le regard de squale que le bel Arsène Larrivé, notre directeur général, nous jeta de derrière ses verres fumés – et je sentis comme une décharge électrique m’atteindre dans le plexus. Il semblait comme embusqué quelques tombes plus loin – et passablement contrarié par cette remise d’enveloppe, allez savoir pourquoi.

Mais tout ce que nous faisons ou ne faisons pas semble indisposer au plus haut point nos oligarques qui trouvent notre existence de moins en moins désirable et justifiable sur la planète que nous sommes supposés avoir en partage avec eux… Auprès de lui, une jeune femme brune essayait de passer inaperçue avec un tailleur noir qui lui allait trop bien, comme une seconde peau, et une grosse paire de lunettes noires pour dissimuler un regard diablement affûté que je sentais peser sur moi dans cette atmosphère d’étuve…

Je tenais de bonnes raisons de redouter quelques complications à venir. Notamment quant au sort de ce texte qui venait de m’être confié de façon aussi précipitée en un endroit bien mal choisi…

10

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Page 9: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

Sans parler de mon hypothétique carrière d’assassin financier qui semble bel et bien avoir droit à un bel enterrement de 1ère classe, avec celui de mon ami.

Tristan était un brillant analyste financier, un esprit cartésien et un chercheur plein d’avenir. Sûrement pas un auteur de fiction de divertissement, à ma connaissance, et encore moins un lanceur d’alerte, ce n’était pas son genre.

J’ai parcouru ce manuscrit avec perplexité : son contenu était hautement invraisemblable, quel que soit l’intérêt que l’on puisse avoir tout à la fois pour l’économie, la littérature fantastique, les avancées de la physique et de la finance quantiques, voire pour la géostratégie. Je ne m’y retrouvais vraiment pas – même pas dans ses considérations d’analyse financière que j’ai dues abréger, à la demande de l’éditeur, en raison de la trop forte densité de propos d’initiés, largement éventés depuis, qui nuisaient à la bonne compréhension de ce récit ainsi qu’à son rythme. Sans oublier la teneur de certains propos rapportés qui auraient pu nuire à l’image de notre peu honorable profession. Celle-ci, du reste, se charge d’assurer son discrédit et son sabordage avec un zèle aussi remarquable que suicidaire…

C’est peu dire que Tristan n’aimait pas son métier qu’il tenait pour un bullshit job. Ce métier avait fini par le quitter à l’instant où il lui semblait ouvrir enfin de bien prometteuses perspectives. Mais chacun de nous n’est-il pas à deux secondes de la fortune de sa vie ou à deux doigts de perdre le peu qu’il a ?

Pourtant, j’avais fréquenté Tristan pendant près d’une décennie, professionnellement s’entend, sans l’y retrouver davantage. Peu importe l’opinion qu’il avait de nous et celle qu’il exprimait dans ce texte – notamment les propos qu’il me prête, s’agissant de mon présumé rapport à l’autre pôle du monde : il avait toujours eu une très haute idée de lui-même et fort peu de considération pour ses congénères, c’était bien la seule chose assurée dans tout ce qui nous arrive…

11

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Page 10: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

N’ayant rien de mieux à faire, j’ai soumis cet étrange objet textuel au monde étriqué et malade de l’édition, sans être sûr de rien : quelle image Tristan aurait-il vraiment voulu laisser de lui ? Quelle vision du monde entendait-il laisser à ses éventuels lecteurs ? D’ailleurs, avait-il réussi à s’en faire une ? Et a-t-il eu le temps de se faire une âme comme l’y enjoignait sa mystérieuse princesse ? S’en souciait-il vraiment ?

Entre confessions d’un tueur financier, fulgurances poétiques et récit fantastique, je peine à qualifier cet écrit de l’indicible, qui m’est ainsi échu. J’ai bien peur que ce que Tristan nous a laissé là ne soit que pure fiction, à en juger la façon dont il y a laissé sa peau… Au fond, cette vie distinguerait-elle juste ceux qui jouent leur peau à chaque instant – et ceux qui passent la leur à jouer celle des autres, en toute impunité ? Ne serait-ce pas là la description du métier qui était le nôtre ? Nous ne faisions pas que jouer l’argent des autres, mais aussi leur vie, sans risquer la nôtre le moins du monde…

Quelle femme, quelle créature a pu lui faire un tel effet – à supposer qu’il pût y avoir un rapport vraiment imputable entre sa fin et cette… rencontre-là ?

Grand sportif et ceinture noire de trading à haute fréquence, il menait l’hygiène de vie la plus saine possible pour vivre le plus longtemps possible – et nous enterrer tous, à ce qu’il disait en nous fixant avec cet air de défi goguenard de celui qui ne doute jamais de rien.

En vérité, il ne se doutait pas le moins du monde de la fin prématurée de sa petite aventure vitale sur cette planète que nous avons contribué à dévaster un peu plus par nos spéculations mortifères…

Mais en l’espace de quelques semaines, cet adepte de la vie saine s’était mis à vieillir vertigineusement – il n’en finissait pas de se fissurer sous nos yeux et de s’effriter comme un biscuit oublié de

12

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Page 11: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

la dernière guerre. Quelles guerres si meurtrières ou si insidieuses avait-il traversées en si peu de temps, pratiquement à notre insu ? C’était comme s’il vieillissait d’un siècle, durant ces 6 semaines que duraient ce qu’il fallut bien se résoudre à appeler sa période de « soins palliatifs » – ceux qui lui avaient été prodigués avec un implacable dévouement à la clinique Rhéna de notre bonne vieille « capitale européenne ».

Même s’il écrivait à la troisième personne, sans doute pour marquer davantage de recul par rapport à ce qui lui arrivait ou, peut-être, à cause précisément de cette haute opinion qu’il ne manquait jamais de manifester de lui-même, allez savoir, ce récit glaçant semble bien avoir été vécu jusque dans la plus anodine de ses péripéties par un jeune banquier d’affaires bien de son temps qui s’était retrouvé confronté à un ordre de réalité d’un tout autre temps. Un jeune cynique qui s’était fracassé sur une réalité implacablement vécue qui se jouait de tout repère temporel tout comme elle transcendait toute vraisemblance… Dans quel ordre de réalité est-il tombé, si loin du nôtre ? Sur quelle ligne du temps s’est-il laissé entraîner ?

Si une vie s’écrit aussi par les rencontres, cette rencontre-là, celle de sa vie dirait-on, lui aura sans doute été fatale. Elle n’en demeure pas moins remarquablement bien écrite en définitive, par un narrateur que l’on dirait omniscient – tout le contraire, pensions-nous, de notre ami disparu…

Ceux qui pensaient l’avoir bien connu le liront comme on exercerait un droit de visite transi sur une vie demeurée verrouillée à jamais sur des secrets bien plus vertigineux que nous le pensions. Des secrets qui gagneraient en définitive à être révélés pour peu qu’on me laisse exécuter les volontés de sa sœur et mener la quête de Tristan à son terme.

L’important est-il qu’une montre donne l’heure juste d’un rendez-vous avec nous-même ? Ou qu’elle ne s’arrête jamais de tourner contre le temps qui passe ?

13

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Page 12: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Page 13: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

La Passante du temps qui passe

« Si je suis votre musique, vous êtes, vous, ma liturgie »

Princesse Marthe Bibesco (1886 – 1973) à Henry de Jouvenel (1876 – 1935), sénateur de Corrèze, Ministre de l’Instruction

Publique, Haut-Commissaire de France en Syrie

15

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Page 14: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Page 15: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

Un

Le pire des mondes

La fenêtre du jour Grande ouverte sur un monde sans amour…

17

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Page 16: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

Monsieur, La Belle Passante de Baudelaire, celle que vous croisiez dans le Train Bleu, le Transsibérien ou l’Orient-Express, celle que vous frôliez dans la foule, les parcs, les jardins sous la pluie ou sur les boulevards du crépuscule – le temps d’un sourire mort-né ou d’un battement de cœur en retard, d’un mot qui aurait pu être si juste mais qui n’a jamais été balbutié – celle que vous n’avez su retenir, dans cette vie qui vous est advenue par inadvertance, c’est moi. Je suis jeune, très jeune. Je suis belle, très belle. Je suis Femme, très Femme et très aimante. Pour toujours. J’aime la vie, l’homme, le beau, le vrai et je suis condamnée à passer toujours dans vos fantasmes si vous ne me tendez pas la main.

Inexplicablement, il se sentit pris dans la nasse de ces mots venus de si loin – de bien trop loin pour devenir vrais… Ils étaient caressants comme une opulente chevelure gonflée par un vent du grand large sur son ventre ballonné – ou sur les os blanchis des morts étendus dans la poussière.

Mais pourquoi diable pensait-il à ces morts étendus dans la poussière ?

Sans doute à cause de ces milliers de petits épargnants que ses spéculations laissaient sur le carreau – un tableau dantesque, peint avec tout le sang qui giclera sur les murs de la « civilisation » lorsque ceux-ci tomberont… De quoi donc paient-ils le prix ? Tristan Méridien chassa vite ces velléités de scrupules dans le vacillement de son triple écran ouvert sur toutes les places financières de sa planète à lui : c’est là qu’il puisait sa part de l’ébullition du monde au profit de ses employeurs – en prenant sa part du lion…

Il œuvrait pour ceux-là même qui exigeaient toujours moins de protection et de sécurité pour les populations laminées par leur mondialisation. Celle qui avait dévoré tout le globe terrestre et cherchait à se répandre sur d’autres planètes… En auront-ils jamais assez ?

18

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Page 17: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

L’annonce suintait dans son plomb usé comme une possibilité de vie illimitée – alors que, d’un clic, il prenait une position à 2 milliards sur le marché des énergies renouvelables, en calculant mentalement une commission bien négociée de 200 000 euros pour une nanoseconde de réflexion stratégique. Cette annonce, il venait de la découvrir dans un vieil exemplaire de L’Univers Illustré qu’il feuilletait distraitement sur son bureau en teck, au 8e étage de la tour de verre fumé de la banque Hazard & Frères.

Si je lui répondais maintenant, à cette Belle Passante, il se dit rêveusement, qu’est-ce que cela changerait à ma chienne de vie de « gestionnaire de fonds » infiniment moyen, au prix de la botte d’asperges en francs constants depuis Poincaré ou à celui du mètre carré funéraire par rapport au mètre carré résidentiel dans cette Eurométropole ultra connectée et en surchauffe comme un micro-ondes ? Et puis, qu’est-ce que cela changerait à la durée de rotation de la Terre autour du soleil ou à la durée de cuisson du lapin chasseur, compte tenu de mon taux de sérotonine en chute libre ?

Une pluie fine menaçait. C’était un temps à se laisser partir dans le gris, à s’y dissoudre comme par inadvertance, rien que pour échapper à tout ça. Pour lui, c’était l’heure de rentrer chez lui déboucher une bonne bouteille de vin espagnol et se tartiner un avocat bien mûr avec du caviar sur une tranche de pain de seigle, pour se purger de ses excès de déjeuners d’affaires.

Il s’était spécialisé dans la finance quantique pour s’affranchir de la gravité. Enfin, pour affranchir les profits de ses clients dorés sur tranche de ladite gravité comme il désentravait allègrement leurs portefeuilles de valeurs de tout amarrage à la réalité. Toujours avec les mêmes recettes éculées, battues et rebattues dans des modèles mathématiques de l’incertitude appliqués à des données financières survoltées dans ce monde en ébullition : prises de risque particulièrement offensives sur tout ce qui pouvait rapporter encore juste avant d’être éventé, de l’immobilier outrageusement surévalué aux montagnes russes des produits dérivés surchauffés de

19

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Page 18: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

la finance créative, sans cesse plus innovants dans la capture d’écarts de valeur à la nanoseconde. Toujours plus destructeurs que jamais pour ces myriades de petites grenouilles d’épargnants qui persistaient à ne pas percevoir l’infime, l’insidieuse mais pourtant si sensible augmentation de température dans le chaudron de la création de valeur où elles gigotaient et coassaient après un profit ou simplement une sécurité de plus en plus introuvables.

Créée en 1865 alors qu’un Second Empire affairiste et festif s’exténuait vers sa fin, la banque Hazard & Frères avait accompagné toutes les révolutions industrielles, depuis l’expansion du chemin de fer puis du réseau routier après l’avènement du moteur à explosion, et était devenue le troisième établissement financier de la place de Paris « too big to fail » – trop grosse désormais pour être mise en faillite en ce stade ultime de postindustrialisation avant liquidation…

— Dis, qu’est-ce que tu penses d’un plan trade éclair sur Avantix ? s’enquit son collègue Antoine Compagnon qui avait passé sa tête par la porte du bureau sans frapper.

— À ton avis, quelle est « la maladie du siècle » ?

— Ben le cancer, non ? Ou la dernière futilité high-tech qui techno-zombifie encore plus les technolâtres hyperaddictifs nés tête dans l’écran ?

— Non, tu retardes d’une guerre comme du dernier gadget qui techno-zombifie : la nouvelle épidémie du siècle, c’est la stéatose hépatique non alcoolique. Ou si tu préfères, la maladie du foie gras… Alors, c’est trop tôt ou bien trop tard pour les bio-tech oncologiques : je vois un Cygne noir sur le secteur… Et tout particulièrement sur Avantix…

— C’est quoi, cette histoire de Cygne noir ? J’ai déjà lu ça quelque part… Tu miserais sur une start-up ornithologique ou un élevage industriel avin ? Et pourquoi il y aurait un volatile ou un nuage noir sur Avantix ?

20

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Page 19: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

— Cette start-up que tu veux te faire essaie de mettre au point un traitement qui n’a pas encore effectué tout son parcours d’essais cliniques. Il n’a pas encore été approuvé par les autorités sanitaires. Trop d’effets d’annonce dans le secteur de la cancérologie qui fait du surplace depuis 40 ans… Tu n’auras pas de retour sur investissement, tu stériliserais une possibilité de plus-values ailleurs et tu déformerais grave ton portefeuille de placements…

— Et c’est quoi, cette possibilité « ailleurs », à l’instant ? s’enquit fébrilement l’ami Antoine.

— Autant travailler en amont de la cancérologie. Il n’y a pas encore de médicament sur le marché de la stéatose hépatique – le stade avant la cirrhose et donc avant le cancer du foie. Sauf celui qu’une start-up bien de chez nous va sortir très prochainement. Prends position avant tout le monde, ne lésine pas sur les tâtonnements offensifs, tu ferais un acte de foi payant, sans rire… N’oublie pas le secteur de la cybersécurité, de la mobilité et de l’armement… Et n’oublie surtout pas d’être contrarien !

Antoine Compagnon était juste son aîné d’une décennie. Il avait mal négocié le virage délicat vers une quarantaine dégarnie et hargneuse, tout juste cynique sans le pragmatisme nécessaire pour forcer le destin… Tous deux s’entendaient bien parce qu’ils s’étaient essayés à la faculté de philosophie avant de tomber dans le chaudron de la finance folle. Leur philosophie d’après-rasage s’accommodait parfaitement d’un ajournement perpétuel de leur objectif : passer d’un salaire à 5 chiffres à un salaire à 7 chiffres tout en déplaçant des trades à douze chiffres…

Comme un pit-bull, Compagnon ne lâchait plus le morceau :

— Bon, et si tu finissais par me dire ce que tu as au juste à voir avec ces volatiles au plumage noir ?

— Mets-toi juste à la place d’une dinde, habituée à être gavée pendant 1 000 jours : est-ce qu’elle pourrait imaginer ce qui lui arrivera le 1 000 et unième jour ?

21

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Page 20: LA PASSANTE DU TEMPS QUI PASSE

— Tu demanderais aux dindes d’avoir de l’imagination ou aux oies de faire de la divination ? Et pourquoi il ne leur pousserait pas des ailes de cygnes pour se tirer de la marmite ? Pour nous, une pauvre dinde bien comestible, ça ne fera jamais un cygne épris de liberté – et encore moins un cygne noir, qui n’est pas la majorité du genre… Dis, tu ne me verrais tout de même pas à la place d’une dinde ?

— Pour ton traiteur de délicatesses et toi, ce qui arrivera à la pauvre dinde le jour de Noël n’a rien d’inattendu… Pour elle, si… Qu’est-ce qui serait inattendu pour toi ?

— Mais tu n’es pas payé pour chasser des cygnes noirs ou te soucier du sort des dindes… D’ailleurs, n’essaie pas de me faire croire que tu as ton ordinateur ouvert juste pour travailler…

— Je me soucie surtout du sort de ceux qui persistent à s’ignorer en dindons de la farce lorsque celle-ci arrivera à échéance. Comme par exemple pendant la haute période festive de Noël où ils risquent de se faire farcir… Alors, qu’est-ce qui serait particulièrement aberrant ou inattendu pour toi ?

— Oh, sûrement pas de me retrouver en dinde fourrée, compte tenu de l’accélération démentielle de ce système de fraude généralisée que nous servons si bien… Juste peut-être de perdre un trade, de gagner au loto ou de me marier demain avec l’amour de ma vie, enfin je ne sais pas…

— Comme tu devrais l’avoir bien compris, le Cygne noir c’est l’événement important que tu n’attends vraiment pas. Donc l’événement inattendu que tu aimerais voir arriver… comme ton mariage avec l’amour de ta vie…

— Même demain ? s’esclaffa Antoine.

— Regarde juste par la fenêtre…

Les deux flash boys se rêvant en maîtres du monde jetèrent un œil quelque peu détaché sur le fourmillement humain en bas de leur

22

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites

Copie et reproductio

n interdites