La mobilité ouvrière professionnelle dans le Rhône: le cas de Trayvou, 1909-1939

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La mobilité ouvrière professionnelle dans le Rhône: le cas de Trayvou, 1909-1939Author(s): François RobertSource: Population (French Edition), 42e Année, No. 2 (Mar. - Apr., 1987), pp. 378-383Published by: Institut National d'Études DémographiquesStable URL: http://www.jstor.org/stable/1533091 .

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s'accompagner d'un vieillissement de l'age a la maternite, ce qui aurait pour effet, 1 encore, d'amplifier la baisse r6elle du nombre moyen d'enfants. Par ailleurs, c'est seulement pour les femmes turques et italiennes qu'on observe un palier dans la baisse, autour de 1980.

De fagon g6nerale, Turques mises A part, les 6trangeres install6es en R.F.A. semblent avoir aujourd'hui une f6condit6 tres peu superieure A celle des Alle- mandes, mais qui n'est pas trbs diff6rente non plus de celle qu'on observe dans les pays d'origine oil, Yougoslavie except6e, la regression est g6nerale. Par ailleurs, la f6condit6 des Turques a notablement diminue, meme si cette chute est infrrieure a celle qu'indique l'indice conjoncturel tire ' la baisse par un vieillissement de l'age a la maternit6. Ce mouvement devrait se confirmer dans les annees a venir a la fois parce que l'immigration risque d'etre encore tres limitee restreignant ainsi l'apport en femmes tres f6condes, et parce que, au fil des annees, la f6condit6 sera de plus en plus le fait de femmes nees en Allemagne, ou qui tout au moins y auront passe une bonne partie de leur jeunesse.

Michele TRIBALAT.

LA MOBILITE OUVRIERE PROFESSIONNELLE DANS LE RHONE:

LE CAS DE TRAYVOU, 1909-1939

Les etudes consacr6es a la mobilit6 professionnelle ne permettent pas en g6neral de separer a l'interieur d'un meme groupe d'individus ceux qui bougent beaucoup et ceux qui demeurent stables. Ce travail consacr6 a une usine rhoda- nienne fournit une heureuse exception A cette rigle.

L'usine Trayvou S.A., (Testut, groupe B. Tapie) situee A la Mulatiere dans la banlieue sud de Lyon, est sp6cialis6e dans la fabrication de gros instruments de pesage (bascule et pont a bascule). Cr66e en 1827, elle est l'une des plus vieilles entreprises lyonnaises encore en activit6 de nos jours. Son d6veloppement au xIxe si6cle 6tablit sa notori6t6 dans ce type de fabrication. Apres plusieurs changements de proprietaires au siecle dernier, l'usine restera de 1891 " 1945 la proprint6 d'une famille de nobles catholiques, lesquels demeureront jusqu'a la fin des ann6es trente dans leur chateau a l'interieur de l'enceinte de l'usine.

Durant la periode consid6r6e - 1909-1939 - les patrons n'ont gu"re fait preuve d'innovation par rapport a la periode ant6rieure. Ils viendront seulement compl6ter une gamme de produits d6ji 6tablie au milieu du xIXe si6cle. Il faudra attendre la seconde guerre mondiale, temps propice A la recherche, pour voir apparaitre de nouveaux appareils. La premiere guerre mondiale, quant a elle, n'a pas provoqu6 de changement important tant dans d'organisation de l'usine qu'au niveau du processus de production. Meme le recrutement d'ing6nieurs en 1927 et 1936 n'a pas donn6 lieu A de profondes r6formes. Les faibles investissements

(1) F. Robert, Trayvou-1909-1939-qualification, rationalisation et mobilite' ouvridre, m6moire de maitrise sous la direction de J. Magaud, Universit6 Lyon II, 1986, 156 p.

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effectu6s par les propri6taires dans I'outil de production ont bloqu6 les initiatives de ces d6tenteurs d'un savoir scientifique nouveau. Tout au plus ont-ils pu mettre progressivement en place un nouveau processus de fabrication comme l'atteste le d6but de parcellisation des qualifications. Ce processus (taylorisation) n'6mergera r6ellement qu'aprbs 1945 date A laquelle le groupe Schneider devient majoritaire dans le capital de Trayvou. Une des questions essentielles reste en suspens faute d'archive : Comment Trayvou, comptant parmi les cinquante usines les plus impor- tantes du Rh6ne en 1917, arrive d traverser une pdriode bouleverse'e sans boulever- sement majeur ?

TABLEAU 1. - MOUVEMENT DU PERSONNEL, TRAYVOU

Effectif

Non- Ouvrier Date Total ouvrier

Entree Sortie Total Entr6(x, 1) (x, x+1) Solde Total (X, x+ 1) (x, x +1)

1.01.1909 358 352 80 72 + 8 6 1.01.1910 367 360 74 90 - 16 7 1.01.1911 351 344 109 89 + 20 7 1.01.1912 371 364 101 106 - 5 7 1.01.1913 366 359 122 132 - 10 7 1.01.1914 357 349 90 192 - 102 8 1.01.1915 256 247 95 72 + 23 9 1.09.1915 279 270 94 68 + 26 9 1.01.1916 305 (19) 296 221 116 + 55 9 1.01.1917 362(28) 351 182 182 0 11 1.01.1918 361(20) 351 120 187 - 67 10 1.01.1919 293 (9) 284 239 158 + 81 9 1.01.1920 373 (6) 365 159 134 + 25 8 1.08.1920 399 (6) 390 100 28 + 72 9 1.01.1921 472 (6) 462 113 127 - 14 10 1.01.1922 459 (6) 448 41 88 - 47 11 1.01.1923 413 (5) 401 141 103 + 38 12 1.01.1924 450 (5) 439 170 143 + 27 11 1.01.1925 477 (5) 466 159 168 - 9 11 1.01.1926 470 (5) 457 132 159 - 27 13 1.01.1927 447 (5) 430 51 146 - 95 17 1.01.1928 354 (5) 335 172 140 + 32 19 1.01.1929 388 (4) 367 185 172 + 13 21 1.01.1930 401 (4) 380 84 122 - 38 21 1.01.1931 366 (5) 342 21 73 - 52 24 1.01.1932 315 (4) 290 4 50 - 46 25 1.01.1933 271 (4) 244 11 44 - 33 27 1.01.1934 238 (6) 211 12 37 - 25 27 1.01.1935 216 (7) 186 21 17 + 4 30 1.01.1936 222 (7) 190 30 10 + 20 32 1.01.1937 247 (9) 210 53 11 + 42 37 1.01.1938 292 (10) 252 4 15 - 11 40 1.01.1939 282 (10) 241 5 7 - 2 41 1.08.1939 280(10) 239 41

Total 1 3 195 13 308 Note : Non-ouvrier = bureau y compris les employ6(es)

= nombre de femmes (de 1916 ia 1918 nombre d'ouvrieres).

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a) La source de la main-d'ceuvre

L'6tude de la main-d'ceuvre a 6t6 effectu6e A partir de deux registres d'entrees et de sorties. L'un recouvre la periode de janvier 1909 A juillet 1920 et I'autre d'aotit

1920 a juin 1940. Pour chaque ouvrier nouvellement entr6 on dispose des renseignements suivants : date d'entr6e et de sortie, le nom et le pr6nom, I'age, le domicile et la qualification. Ces diff6rentes donn6es ont permis entre autres choses de calculer la mobilit6 ouvri"re professionnelle par cohorte d'entrde annuelle suivant ces variables (age, qualification, sexe et nationalit6).

b) Les effectifs La reconstitution des effectifs a n6cessit6 le passage du longitudinal au transversal. L'effectif moyen sur trente ans est

de 350. Parmi eux les ouvrinres et les 6trangers n'en constituent qu'une tres faible part 11 % au maximum en 1917, et c'est une de ces caracteristiques (tableau 1, p. 379).

De 1909 A 1930, la direction embauche tous les ans entre 20 et 84 % de l'effectif prdsent au Ie janvier de l'annde considdrde, sauf en 1922 et 1927. Les grandes periodes de recrutement sont 1916 et 1919, date A laquelle, la direction renouvelle la structure des qualifications. Chaque ann6e, et cela pendant 30 ans, Trayvou embauche des ouvriers jeunes. L'age median se situe entre 19 et 25 ans sauf pour quatre ann6es - 1914, 1919, 1921 et 1931 - il d6passe 25 ans. Graphiquement, les cohortes d'entr6e ont une structure pyramidale ayant au sommet les 20-24 ans avec une baisse progressive de part et d'autre de cette classe.

Mois r6volus IN

50 - I I I I I I I

- Courbe non lissre - - - - Courbe liss6e ,pas de 3

30 - I

20 -

10 1

0

1909 1914 1919 1924 1929 1934 1939 Anni6e dentr~e

Graphique 1. - Temps de presence median par cohorte d'entree, Trayvou.

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NOTES ET DOCUMENTS 381

c) Mobilite et stabiliti ouvrimre

Pendant 21 ans - 1909 a 1930 - les duries de presence mddians des ouvriers sont tres infirieures a un an, sauf pour les ann6es 1909, 1920

" 1923. Le graphique des temps de presence medians laisse apparaitre un mouve-

ment de d6croissance r6gulier de 1909 " 1914, pour ensuite se stabiliser durant la guerre. La guerre a donc amplifi6 une tendance

d6j. amorc6e, du moins en

apparence puisque les chiffres d'avant 1909 ne sont pas connus. A l'inverse, la d6mobilisation provoque une mont6e vertigineuse du temps de presence median jamais atteint pendant l'entre-deux-guerres avec un effectif aussi important.

L'6tude par mois revolus pour la premiere annie permet d'affiner cette analyse. La mobilit6 est plus forte les trois premiers mois de presence. En moyenne, sur 17 ans - 1909 A 1913 et 1919 A 1930 - le tiers des ouvriers quitte l'usine avant

TABLEAU 2. - DISTRIBUTION DES DURtES DE PRtSENCE PAR COHORTE D'ENTRtE ANNUELLE, TRAYVOU

Entrees Dur6e de presence (unite r6volue) Total Dur6e 0-3 4-11 1 2 3 4 5 6 7 8 ans m6diane mois mois an ans ans ans ans ans ans et +

1909 80 (67) 16 21 25 7 6 13 7 0 0 3 100 18 1910 74 (56) 24 23 13 11 16 5 0 0 2 5 100 14 1911 109 (76) 28 32 18 8 1 4 3 0 1 4 100 9 1912 101 (77) 29 29 23 9 3 3 0 1 0 3 100 8 1913 122 (96) 38 33 9 8 3 1 1 2 1 3 100 6 1914 90 (67) 60 18 14 4 4 0 0 0 0 0 100 2 1915 189(177) 50 24 10 11 3 0,5 0 0,5 0 1 100 4 1916 221 (190) 45 23 18 6,5 4 0,5 0,5 1 0,5 1 100 3 1917 182(160) 50 21 14 7 1 0 2 1 0 3 100 4 1918 120 (108) 60 21 5 1 2 2 5 1 1 2 100 3 1919 239 (229) 33 21 9 5 4 4 2 2 2 16 100 8 1920 259 (248) 33 14 12 10 7 5 3 2 2 12 100 14 1921 113(108) 18 17 14 11 12 5,5 5 2 5,5 10 100 24 1922 41(41) 24 18 17 15 12 5 2 0 0 7 100 18 1923 141(136) 22 23 12 15 7 1 5 3 2 10 100 18 1924 170 (158) 34 26 20 4 3 3 2 0 0 8 100 7 1925 159(151) 33 21 15 11 9 1 1 4 1 4 100 9 1926 132(127) 33 24 19 11 4 1 0 2 1 6 100 9 1927 51 (46) 26 24 28 7 0 0 4 4 0 7 100 10 1928 172(158) 45 21 11 4 6 1 2,5 2,5 0 7 100 5 1929 185 (165) 36 20 9 9 6 6 3 1 0 10 100 8 1930 84 (81) 27 27 27 4 5 1 3 0 0 6 100 9 1931 21(21) 14 19 10 9,5 14 9,5 0 0 0 24 100 33 1932 4 (4) 25 50 0 0 25 0 0 0 0 0 100 5 1933 11(9) 11 34 22 0 0 0 0 33 0 0 100 15 1934 12(12) 42 8 0 8,5 0 8,5 25 0 0 8 100 6 1935 21 (13) 15 9 8 0 15 15 15 0 0 23 100 51 1936 30 (22) 3 19 5 10 45 9 9 0 0 0 100 39 1937 53 (48) 10 5 13 21 8 21 8 6 2 6 100 39 1938 4 (3) 0 34 33 33 0 0 0 0 0 0 100 18

Note :( ) Nombre d'entr6es pour lesquelles la durCe est connue.

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% eff. INEDIMR

loo I I I I I I I I I I

100

60 -

1909-1913 (486 ENTRtES)

--- 1914-1918 (802 ENTRtES)

/ . . .. 1919-1923 (793 ENTRIES)

/.. ... 1924-1928 (684 ENTRES)

/ ."

80

I .?

I"

0 1 2 3 4 5 6 7 8( nset+ Annie r6volue de presence

Graphique 2. - Distribution cumulee des durees de presence par cohorte d'entree quinquennale, Trayvou.

le quatrieme mois, et pendant les ann6es de guerre, ce pourcentage s'616ve a 53 %. Le graphique 2 met en evidence les changements intervenus dans la mobilit6. Les ouvriers des cohortes d'entr6e 1909 A 1913 et 1924 A 1928, manifestent pendant les trois premieres ann6es sensiblement la meme mobilit6. Quant au comportement des ouvriers entr6s pendant la guerre, il s'oppose nettement a celui de ceux embauch6s aprbs cette p6riode. Les diff6rences interviennent pour toutes ces g6n6rations a partir de la troisieme ann6e. Passe ce seuil, les ouvriers embauch6s aprbs la guerre partent de l'usine moins rapidement, favorisant ainsi la constitution d'un noyau stable plus important.

La part des ouvriers ayant huit ans de presence et au-deli augmente consid6rablement apr6s r'armistice.

Elle repr6sente en moyenne sur cinq ans - 1919 A 1923 - 11 % des effectifs d'entr6es. Ecart consid6rable si l'on tient

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NOTES ET DOCUMENTS 383

compte du pourcentage des annees ant6rieures. Ainsi, Trayvou, usine metallurgique fabriquant des produits A forte qualification, fonctionne avec un volant de main-d'oeuvre hypermobile variable selon les annees.

La mobilit6 selon l'age est extremement variable d'une cohorte d'entree a l'autre, et ce sans logique apparente, hormis pour les tres jeunes ouvriers - 14 ans et moins - plus stables que les autres. Le temps de presence median de ces apprentis est en general infbrieur a 10 mois. De meme, le calcul des temps de presence medians selon les qualifications numbriquement les plus importantes - entre 64 et 91% des effectifs totaux d'entrre - permet d'affirmer que la mobilit6 ne varie pas suivant la qualification. Les courbes lissees des temps de presence des manoeuvres et des ajusteurs sont similaires avec un 16ger dephasage de deux annees. Quant aux diff6rences de sexe et de nationalites, elles ne constituent nullement un critbre d'instabilit&. Aussi, la tres forte instabilit6 ouvriere se revele tre un comportement global et non specifique a telle ou telle categorie. Comment alors une usine pouvait-elle fonctionner avec une main-d'ceuvre si fluide ?

La mobilit6 ne doit pas faire illusion, tous les temps de presence calcules sont des temps medians. En effet la direction de Trayvou s'appuie sur un noyau stable, et meme tres stable toutes qualifications confondues. De 1909 A 1920, le noyau stable reste " peu prbs le meme. Une centaine d'ouvriers, soit 24-28 % de l'effectif total des ouvriers presents en 1909 et 1920, ont 10 ans d'anciennet6 et plus. Autour de ce noyau gravite la quasi-totalit6 des ouvriers. En aoit 1939 il regroupe 139 ouvriers - 58 % de l'effectif total soit le double des deux autres annees. Pour cette ann&e-lI, chaque generation n'a pas donn6 un nombre 6quivalent d'ouvriers stables. Quatre d'entre elles (1919, 1920, 1928 et 1929) ont contribu6

" sa formation A 50%.

On pouvait dejd la deceler au regard de l'augmentation de la stabilit6 ouvriere des cohortes 1919 " 1923. S'il apparait clairement que la guerre a favoris6 l'integration des ouvriers, I'interrogation subsiste quant aux changements d'attitude des ouvriers entres en 1928 et 1929. La direction a-t-elle mis en place une politique d'embauche particulibre A partir de cette date ? Rien pour l'instant ne permet de le dire.

La mise en evidence, pour cette usine, d'une main-d'keuvre duale (stable et mobile) laisse entrevoir certaines attitudes, tant patronales qu'ouvrieres.

Par exemple, la politique de debauche des ouvriers de Trayvou pouvait tres bien s'6chafauder sur cette mobilit6, les ouvriers sortant ne sont pas remplaces. Comme les temps de pr6sence sont trbs courts, il suffit ~ la direction de restreindre les embauches pour voir les effectifs chuter rapidement. A un niveau politique, tant que le noyau stable n'est pas touch6, les reactions politiques sont minimis6es.

Les changements intervenus dans la mobilit6 aprbs la premiere guerre mondiale donnent A penser que cette guerre a, entre autres choses, detruit les communautes ouvrieres. Elles se sont peu

" peu reconstituees par la suite, non pas

sur la base de l'habitat mais dans les usines. L'espace du travail deviendrait ainsi le m6diateur de ces nouvelles communautes. Ce renversement se dessine sur une longue duree dont la guerre marque les origines. Une seule monographie interdit toute generalisation. D'autres 6tudes devront demontrer si Trayvou est, dans le tissu industriel rhodanien, un cas trbs particulier.

Franqois ROBERT.

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