La littérature et les valeurs
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La littérature et les valeurs
A propos de « rédaction » de Bernard Friot.
« Début janvier, des directeurs d'écoles avaient fait part de leur "étonnement"
à la ministre-présidente de la Communauté française de Belgique. Dans un
communiqué, Mme Arena, chargée de l'enseignement, dit partager leur
préoccupation, soulignant que "les valeurs véhiculées et qui apparaissent au
premier abord à la lecture de ces textes vont à l'encontre de tout ce qui est
fait à l'école pour promouvoir le respect et le dialogue".
"De manière personnelle, je trouve ce choix maladroit", ajoute la ministre.
"Ce texte véhicule une image négative des enseignants, ainsi qu'une
banalisation de la violence, du vandalisme, voire plus puisqu'on est
récompensé en fonction de la gravité des faits. Peut-on proposer n'importe
quoi aux élèves sous le couvert de l'humour ?
Les enfants de 6 eme n'ont pas le recul suffisant pour analyser ce genre de
texte au second degré (à supposer qu'il y en ait un)."
La littérature à l’école: pour
quelles valeurs?
La « valeur » littéraire ou le
plaisir de lire de la « bonne »
littérature.
Les programmes
Les enfants se familiarisent peu à peu avec le français écrit à travers les textes
lus quotidiennement par l’enseignant.
Afin que les enfants perçoivent la spécificité de l’écrit ces textes sont choisis
pour la qualité de leur langue (correction syntaxique, vocabulaire précis, varié, et
employé à bon escient) et la manière remarquable dont ils illustrent les genres
littéraires auxquels il appartiennent (contes, légendes, fables, poèmes, récits de
littérature enfantine).
Ainsi, tout au long de l’école, les enfants sont mis en situation de rencontrer des
oeuvres du patrimoine littéraire et de s’en imprégner.
La littérature de jeunesse, celle bien-sûr qui ne se contente pas d'être un simple produit commercial à jeter après usage, celle dont les auteurs refusent de se conformer au principe mercantile de plaire à n'importe quel prix - présente la spécificité de travailler l’exigence de la relation entre texte et lecteur. Elle ne cherche pas essentiellement à séduire ni même à retser « à hauteur de ». Elle a une visée , culturelle, argumentative et transformative. Il ne s'agit pas de laisser l'enfant où il est, dans son monde protégé et dans sa langue, de l'enfermer dans l'innocence rose ou bleue de l'égocentrisme d’un plaisir démagogique. Comme toute littérature elle exige l’effort de sa découverte et de sa différence.
L’enseignant de littérature comme professeur du plaisir littéraire? La littérature est donc par nature complexe: le professeur doit en être l’accompagnateur. - Par sa lecture comme apprentissage du repli. - Par sa capacité à accompagner l’élève dans le voyage du livre. - Par sa volonté de laisser dialoguer le texte et l’élève. - Par sa capacité à construire des dispositifs pédagogiques qui n’étouffent pas le plaisir de lire mais qui le provoquent. - Par sa volonté de faire expérimenter la littérature , et pas n’importe quelle littérature, à ses élèves. Professeur de plaisir peut-être, s’il s’agit d’un plaisir intellectuel.
UN EXEMPLE…
Façons de parler.
Bernard Friot
Papa, il est prof de français…Oh, pardon : mon père enseigne la
langue et la littérature françaises. C’est pas marrant tous les jours ! Je
veux dire : parfois, la profession de mon père est pour moi cause de
certains désagréments.
L’autre jour, par exemple. En sciant du bois, je me suis coupé le
pouce. Profond ! J’ai couru trouver papa qui lisait dans le salon.
- Papa, papa ! Va vite chercher un pansement, je pisse le sang ! ai-je
hurlé en tendant mon doigt blessé.
- Je te prie de bien vouloir t’exprimer correctement, a répondu mon
père sans même lever le nez de son livre.
- Très cher père, ai-je corrigé, je me suis entaillé le pouce et le sang
s'écoule abondamment de la plaie!
- Voilà un exposé des faits clair et précis, a déclaré papa.
- Mais grouille-toi, ça fait vachement mal! ai-je lâché, n'y tenant plus
- Luc je ne comprends pas ce langage, a répliqué papa, insensible.
- La douleur est intolérable, ai-je traduit, je te serais donc extrêmement
reconnaissant de bien m’accorder sans délai les soins nécessaires.
- Ah, voilà qui est mieux, a commenté papa satisfait. Examinons d’un
peu plus près cette égratignure.
Il a baissé son livre et m’a aperçu, grimaçant de douleur et serrant
mon pouce sanguinolent.
- Mais t’es cinglé ou quoi ? a-t-il hurlé, furieux. Veux-tu foutre le camp, tu
pisses le sang ! Tu as dégueulassé la moquette ! File à la salle de bains
et démerde-toi ! Je ne veux pas voir cette boucherie !
- J’ai failli répondre : « Très cher papa, votre façon de parler m’est
complètement étrangère. Je vous saurais gré de bien vouloir vous
exprimer en français.» Mais j’ai préféré ne rien dire.
De toute façon, j’avais parfaitement compris. Je suis doué pour les
langues, moi.
Les intérêts possibles de cette nouvelle.
a) Le texte est court, complet.
b) Un texte qui met en scène des personnages proches de l’enfant.
c) Un texte qui raconte une histoire « simple » qui renvoie à la
réalité de tous les jours.
d) Un texte complexe qui joue sur la langue: langue familière/
langue soutenue, langue de la vie quotidienne/langue de l’école.
e) Un texte qui problématise l’usage de la langue et qui offre la
possibilité d’un débat: « Combien de langues françaises parlons
nous? »
f) Un texte qui ouvre un possible travail sur la langue. ( grammaire)
Les difficultés possibles de cette nouvelle.
a) Le vocabulaire et les phrases volontairement difficiles, loin des
habitudes langagières des élèves.
« Parfois, la profession de mon père est pour moi cause de
certains désagréments. »
« je me suis entaillé le pouce et le sang s'écoule abondamment
de la plaie! »
Mais il s’agit là d’une difficulté programmée par le texte et qui
en fait toute la saveur.
Les difficultés possibles de cette nouvelle.
b) Une difficulté psychologique: la langue écrite dans ce texte
n’est pas une langue de l’école.
Un maître ne parle pas comme ça.
« - Mais t’es cinglé ou quoi ? a-t-il hurlé, furieux. Veux-tu foutre
le camp, tu pisses le sang ! Tu as dégueulassé la moquette ! File
à la salle de bains et démerde-toi ! Je ne veux pas voir cette
boucherie ! »
Les difficultés possibles de cette nouvelle.
c) Des difficultés dans la mise en place de la narration.
« Papa, il est prof de français…Oh, pardon : mon père enseigne
la langue et la littérature françaises. C’est pas marrant tous les
jours ! Je veux dire : parfois, la profession de mon père est pour
moi cause de certains désagréments. »
Qui parle?
A qui ce « je » parle-t-il?
De qui parle-t-il?
Qu’est ce qu’un professeur de littérature?
Les difficultés possibles de cette nouvelle.
d) Des indices importants pour la compréhension de l’histoire.
« - Je te prie de bien vouloir t’exprimer correctement, a répondu
mon père sans même lever le nez de son livre. »
Sans le repérage de cet indice l’histoire ne peut être comprise
( pourquoi le papa ne réagit-il pas?)
Les difficultés possibles de cette nouvelle.
e) Une conclusion énigmatique.
« De toute façon, j’avais parfaitement compris. Je suis doué pour
les
langues, moi. »
Les langues?
La langue française?
Les langues françaises?
Pourquoi parle-t-on plusieurs langues? Quand les parle-t-on?
Pourquoi ne sont-elles pas interchangeables? Pourquoi ne peut-on
pas les traduire mot à mot? Etc etc.
Des démarches possibles.
Texte à dévoilement progressif, texte troué, débat interprétatif.
1 Papa, il est prof de français…Oh, pardon : mon père enseigne la
langue et la littérature françaises. C’est pas marrant tous les jours !
Je veux dire : parfois, la profession de mon père est pour moi cause
de certains désagréments.
Qu’est ce qu’un professeur de français?
Comment l’imaginez-vous? Que fait-il tous les jours? etc
Quels avantages, quels problèmes un papa prof de français pose au
quotidien?
Un exemple: Comment parle-t-on à table?
Qui est ce je?
A qui parle-t-il?
Des démarches possibles.
La question de la langue.1
L’autre jour, par exemple. En sciant du bois, je me suis coupé le
pouce. Profond ! J’ai couru trouver papa qui lisait dans le salon.
- Papa, papa ! Va vite chercher un pansement, je pisse le sang !
ai-je hurlé en tendant mon doigt blessé.
- Je te prie de bien vouloir t’exprimer correctement, a répondu
mon père sans même lever le nez de son livre.
- J’ai corrigé:
………………………………………………………………………………
…………..
………………………………………………………………………………
…………………………………..
Repérer chez les élèves les conceptions de la langue soutenue.
Des démarches possibles.
La question de la langue.2
- Voilà un exposé des faits clair et précis, a déclaré papa.
-………………………………………………………………………………
……………………………
-ai-je lâché, n'y tenant plus
- Luc je ne comprends pas ce langage, a répliqué papa, insensible.
- La douleur est intolérable, ai-je traduit, je te serais donc
extrêmement reconnaissant de bien m’accorder sans délai les soins
nécessaires.
La langue familière: quelles conceptions?
Langue vulgaire ou familière?
Ecrire cette langue à l’école: pourquoi?
Dans quelles conditions?
Des démarches possibles.
La compréhension de l’enjeu du texte:
- Ah, voilà qui est mieux, a commenté papa satisfait. Examinons
d’un peu plus près cette égratignure.
Il a baissé son livre et m’a aperçu, grimaçant de douleur et
serrant mon pouce sanguinolent .
Il a dit:
………………………………………………………………………………
…………………………………..
………………………………………………………………………………
…………………………………..
Comprendre l’enjeu du texte, la programmation, la chute.
Comparer les écrits des élèves au choix de l’auteur.
Des démarches possibles.
La compréhension de l’enjeu du texte: le débat interprétatif
- J’ai failli répondre : « Très cher papa, votre façon de parler m’est
complètement étrangère. Je vous saurais gré de bien vouloir vous
exprimer en français.» Mais j’ai préféré ne rien dire.
De toute façon, j’avais parfaitement compris. Je suis doué pour
les langues, moi.
Débat: que veut dire « je suis doué pour les langues »?
Qui parle ainsi?
Quelles langue parle-t-on?
Connaissez vous d’autres « façons de parler? »
Et enfin…
Et si le papa était poète?
Rappeur?
2 La littérature parle une « autre » langue
« La littérature est le lieu privilégié où le langage devient opaque et
réflexif autrement dit, le lieu privilégié où le langage s'offre lui-même
comme objet d'intérêt et de connaissance pour le lecteur. »
« le texte littéraire est par excellence le lieu dans lequel le locuteur (et
par extension le lecteur) est
a) le plus conscient du fonctionnement général du langage, tant sur le
plan grammatical que sur le plan pragmatique, et
b) le plus conscient de certains fonctionnements particuliers du
langage.
Jean-Jacques Lecercle
La littérature doit être perçue comme une « aire de jeu»
CatherineTauveron
Alain LeSaux
En ce temps-là, le petit Motordu n'était pas encore
le célèbre prince de Motordu qu'il allait devenir. Ses
parents , la comtesse Carreau -Ligne de Motordu et son
mari, le duc S.Thomas de Motordu l'aimaient bien sûr de
tout leur cœur. . Dès que l'enfant fut en âge de marcher,
on espéra qu'il allait rapidement nommer tout ce qui
l'entourait. Mais le petit Motordu ouvrait sur le monde de
grands yeux étonnés et demeurait silencieux.
Un jour comme son père lui tendait les bras, le
jeune prince s'y précipita et l'embrassa jusque dans les
moustaches.
- Papa…!
Le petit prince de Motordu parlait!
Enfin!
Son père fut très ému, évidemment, mais aussi quelque
peu étonné.
Comment?
Papa! Répétait le bambin.
Brave petit! s'exclama le duc de Motordu. Le langage est
une chose toute nouvelle pour toi, il est donc normal que
tu t'y perdes un peu.
Mais dans la famille de Motordu, on parle en mots tordus, On dit
donc " tata" à son père et non "papa"!
Et celui qui voulait se faire appeler "tata" reposa son fils par
terre.
Papa! répéta l'enfant pour la troisième fois.
On dit" tata" , répliqua aussitôt le duc, et non pas papa, pas
papa!
Papapapapapa, s'amusa le petit Motordu.
Alors le duc de Motordu, totalement découragé, s'éloigna la
larme à l'œil, préférant s'en aller arroser les fleurs de son jardin.
C'est là que le trouva son épouse Carreau-Ligne, de retour des
commissions.
- Mais mon chéri, vous avez l'alarme à l'œil! Qui vous a volé
votre bonne humeur:
C'est notre fils, soupira le jeune père, il n'a pas l'air normal.
Il est salade? s'inquiéta la maman. Lui avez vous pris sa fève?
Le duc hocha la tête
Ah c'est la fin des haricots et je…
Mais déjà, la mère du petit Motordu était auprès de son fils qui
cherchait son père en faisant un bruit bizarre avec sa bouche:
Papa?
Le cœur de la comtesse se serra douloureusement mais
elle n'en laissa rien paraître.
Mon tendre amour regarde ce que je t'ai apporté du
marché.
L'enfant souleva le couvercle de la boîte et en tira un
magnifique….
Chapeau! s'exclama-t-il.
Ah non! rectifia sa mère, je t'ai offert un château. Ainsi ta
tête sera-t-elle à l'abri du méchant soleil et de la
méchante pluie.
Pef incite son lecteur à dépasser les limites de ce qu'il a appris pour libérer
son imagination des carcans qu'on lui a imposés.
Marc Soriano écrit à ce propos : "Pef, écrivain et graphiste, crée dans la très
ancienne tradition du burlesque (...) variété de comique fondée sur les
glissements de sens que contiennent les calembours, glissements qui
introduisent un autre récit dans le récit. En apparence impertinents et anti
pédagogiques, les livres de Pef se sont révélés au contraire efficaces et
novateurs en pédagogie. Grâce à eux, le jeune lecteur n'a plus peur du
langage. En jouant avec lui, il apprend à s'en rendre maître. "
Grosse colère et… la métaphore!
La littérature construit des savoirs
littéraires et incite à la culture…
La littérature de jeunesse invite à comprendre
le monde
• Le rôle le plus important de la littérature est probablement de permettre aux lecteurs de comprendre le monde qui les entoure, de lui donner un sens. La littérature est l’objet le plus facilement accessible, le plus riche de représentations variées dans le temps et dans l'espace, le plus susceptible de nous livrer un message essentiel sur ce que nous sommes.
Il y en avait de toutes les couleurs, de toutes les formes. Des chatoyantes, des
grisâtres, des bleues, des rouges, des kaki, des multicolores, des longues, des
courtes, des creuses, des lourdes, des carrées, des rondes, des bosselées, des
pointues, des simples, des doubles, des luxueuses, des ordinaires, des
parfumées, des puantes. Il y en avait même des cassées, en solde, mais Martin
Plastic ne vit personne les acheter.
Son père lui tenait la main gauche, sa mère la main droite. Ils étaient arrivés
dès l'heure de l'ouverture et avaient erré longtemps tous les trois dans les
allées, bousculés, piétinés, assourdis.
Martin Plastic hésitait. Il s'était arrêté un moment devant des vies brillantes
quand une dame arriva en faisant claquer ses hauts talons. Elle tenait par la
main une petite fille bouclée, habillée de rose, avec des rubans dans les
cheveux et du rouge à lèvres. Sans hésiter, la dame colla une Boîte de Vie
toute clignotante de paillettes dans les bras de la petite fille qui l'emporta en
faisant des mines ridicules et des bouderies.
Une minute plus tard, la même dame aux talons claquants apparut, mais cette
fois-ci la petite fille boudeuse avait une robe bleue. Elle emporta la même boîte
scintillante avec la même moue. A peine avaient-elles disparu au bout de l'allée
qu'une troisième fois, Martin les vit réapparaître et s'arrêter devant les boîtes
étincelantes. Il allait poser une question quand sa mère lui chuchota à l'oreille:
- Tu te trompes, Martin, ce sont trois dames et trois petites filles différentes.
- Ah bon? Et il y en a beaucoup comme ça?
- Quelques-unes.
Les vies choisies par les mamans des petites filles bouclées lançaient des
lueurs dorées. Il en prit une. La boîte était légère, comme si elle était vide. Il la
reposa aussitôt. Non seulement il était sûr que ces vies étaient hors de prix,
mais en plus quelque chose lui disait que c'était sûrement de la pacotille. De
temps en temps il levait la tête pour quêter l'avis de ses parents mais ne
rencontrait que des regards angoissés ou fuyants. Devant une pile de petites
boîtes grises, bien lisses, bien carrées, son père avait dit d'un ton bizarre:
- Ca, au moins, c'est du solide.
Mais il avait vu des larmes dans les yeux de sa mère et s'était vite éloigné du
rayon.
(…)
Toute une classe d'orphelinat recevait des mains d'une surveillante en tailleur
noir des petites boîtes sombres, minuscules, que les enfants enfouissaient dans
leur poche sans les regarder.
Monsieur XXXX,
Membre de la délégation des enfants du Monde
A Monsieur Deus,
Directeur du magVie
Monsieur
C'est en qualité de délégué des enfants du Monde que je me permets de vous envoyer cette lettre
aujourd'hui.
En effet, notre groupe a de nombreux reproches à vous faire , particulièrement à propos de votre
chaîne de magasins " mag-Vie".
D'abord, ces magasins sont par nature injustes. Seuls les enfants nés dans une famille aisée peuvent
choisir des vies agréables, pleines de bonheur et de plaisir. Les pauvres, eux, sont condamnés à rester
dans la misère.
Or, comme il est écrit dans les droits de l'homme tous les hommes naissent égaux en droits. Votre
attitude est donc intolérable.
Ensuite nous avons découvert que l'organisation de vos magasins était une organisation raciste.
Bien sûr, vous ne parlez pas de noirs, de blancs, de jaunes , mais vous séparez les gens, et vous
augmentez les différences.
Ne nous prenez pas pour des idiots: nous savons bien que vous voulez une société où les pauvres,
les noirs et les orphelins restent à tout jamais des exclus… Nous ne l'accepterons jamais.
C'est pour toutes ces raisons que nous exigeons que vous détruisiez les Mag Vie:
les enfants du monde veulent choisir le destin et ne supportent plus de vous obéir.
Si vous refusez notre proposition, nous nous verrons dans l'obligation de vous traîner devant les
tribunaux internationaux.
Au nom de la délégation
M XXXXX
La littérature de jeunesse permet à l’enfant de
grandir et de mieux comprendre son
développement affectif
• Les bons écrivains savent traduire les sentiments en mots. Le jeune lecteur rencontrera dans le livre un sentiment qu'il éprouve, mais qu'il n'avait pas nécessairement encore défini; le livre servira donc d'abord à clarifier ses sentiments.
• Puis peu à peu , le jeune lecteur prendra connaissance des solutions envisagées par le personnage et pourra éventuellement les faire siennes pour résoudre ses propres problèmes.
Pas de papa Friot
- Moi, mon papa, dit Romain, il est très riche !
Louis, lui, ne dit rien, parce qu’il n’a pas de papa.
- Et mon papa, dit Romain, il m’achète tout ce que je
veux !
Louis, lui, ne dit rien, parce qu’il n’a pas de papa.
- Regarde ce qu’il m’a rapporté d’Angleterre, dit
Romain, des rollers tout neufs !
Louis, lui, ne dit rien, parce qu’il n’a pas de papa.
Et puis Romain s’élance sur ses rollers. Mais il ne sait
pas en faire, il tombe et s’ouvre le genou. Ça saigne.
- Moi, ma maman, dit Louis, elle est infirmière, et elle
fait très bien les pansements.
La littérature permet le développement social
et le vivre ensemble
• La lecture peut amener les enfants et les adolescents à comprendre les qualités humaines véhiculées dans les histoires, à élargir leurs perspectives sur les autres, à devenir plus tolérants .
• La littérature offre donc une ouverture à la réalité multiculturelle en décrivant les expériences qui sont communes à tous et en montrant les particularités de chaque groupe.
Jérome Bruner :
" Le pouvoir du récit est de créer des mondes et grâce aux récits on peut interroger la
réalité car la vie imite la littérature et la littérature imite la vie".
Paul Ricoeur, dans ses analyses de " l'identité narrative ",
. "Dans l'enceinte irréelle de la fiction nous ne laissons pas d'explorer de nouvelles manières
d'évaluer actions et personnages. Les expériences de pensée que nous conduisons dans le
grand laboratoire de l'imaginaire sont aussi des explorations menées dans le royaume du
bien et du mal".
C'est dire que le lecteur, loin d'être étranger aux actions et aux personnages du récit, exerce
par l'imagination son jugement moral à propos des actions et des personnages de la fiction.
Deux exemples: la
littérature et la tolérance
Un enfant regarde par la fenêtre
dans la rue
la nuit.
Dans la buée de la fenêtre
du côté où il fait chaud,
il y a un petit bonhomme.
Un petit bonhomme sur le carreau.
CÔTÉ RECTO.
Ce n'est qu'un petit bonhomme
dessiné du bout du doigt, il a des yeux mais il ne voit
pas.
De l'autre côté de la fenêtre, du côté où il fait froid,
il y a des tas de petits bonshommes,
des petits bonshommes sur le carreau
sur la paille et dans la misère,
CÔTÉ VERSO.
Ce n'est qu'un petit bonhomme, dans la buée
sur le carreau,
il a une bouche mais il ne parle pas..
De l'autre côté de la fenêtre,
du côté où il fait froid,
les petits bonshommes sur le carreau
ouvrent la bouche quand il faut parler,
mais il en sort de la fumée.
Il fait si froid de ce côté-là,
CÔTÉ VERSO.
Ce n'est qu'un petit bonhomme dessiné du
bout du doigt,
il sourit jusqu'à ses oreilles,
mais il n'entend pas.
De l'autre côté de la fenêtre, du côté où il fait froid,
les petits bonshommes murmurent,
ils parlent devant les murs qui n'ont pas d'oreilles,
devant le soupirail
et écoutent les bouches d'égout qui restent muettes.
Ce n'est qu'un petit bonhomme dans la buée sur le
carreau,
il lève les bras, il est heureux, mais il ne le sait pas..
De l'autre côté de la fenêtre, du côté où il fait froid,
les petits bonshommes qui sont sur le carreau baissent les bras,
se cachent la face et tournent le dos,
c'est le revers,
c'est la misère,
c'est LE CÔTÉ VERSO.
Ce n'est qu'un petit bonhomme
dessiné du bout du doigt,
il a une tête,
mais il ne le sait pas.
De l'autre côté de la fenêtre,
CÔTÉ VERSO
vivent les petits bonshommes,
dans la rue qui n'est pas un bon endroit,
mais c'est leur unique berceau
du côté où il fait froid.
Un petit bonhomme à la fenêtre
né sous une bonne étoile, d'une trace de doigt
dans la buée sur le carreau.
Il a de la chance mais il ne le sait pas.
De l'autre côté de la fenêtre, du côté où il fait froid,
il y a des tas de petits bonshommes
qui s'endorment et qui rêvent
à la belle étoile, entre les poubelles,
sur le carreau.
Un tout petit bonhomme
dessiné du bout du doigt dans la buée sur la fenêtre, côté recto,
qui a une tête, des oreilles, une bouche, des yeux et des bras.
Il a même un coeur, mais il ne le sait pas.
De l'autre côté de la fenêtre,
du côté où il ne fait pas chaud
il y a des tas de petits bonshommes,
qui vivent par terre
pétrifiés par le froid
jusqu'au bout des doigts.
Ce n'est qu'un petit bonhomme dessiné
du bout du doigt,
sur le carreau, côté recto
mais il sera du côté où il fait froid,
CÔTÉ VERSO
dès que l'on tirera le rideau.
Et il ne le sait pas.
? ?
Les fleurs jaunes lui demandèrent :
De quelle espèce es-tu ?
Quel est ton nom ?
Es-tu coquelicot ou tulipe ?
Mais la fleur rouge ne répondit pas.
?
Un jour, une fleur rouge
apparut au milieu d’un
champ de pissenlits.
« Et si elle était dangereuse ? »
pensèrent les fleurs jaunes.
« Elle va peut-être nous jeter un mauvais
sort ! »
Elles décidèrent de ne plus lui adresser la
parole…
mais cela ne les empêchait pas de la
surveiller du coin de l’œil !
Quand le printemps arriva, les abeilles,
intriguées par cette fleur si rouge, vinrent
toutes la butiner.
Les pissenlits en devinrent verts de jalousie.
Alors ils lui donnèrent des coups violents pour qu’elle parte.
Ils mentaient en riant :
Je ne l’ai pas fait exprès !
C’est le vent qui m’a poussé.
La fleur rouge demanda soudain :
« Pourquoi me détestez-vous tant ? Que vous ai-je
donc fait ?
On ne veut pas de toi ici !
On ne sait pas qui tu es !
On ne sait pas d’où tu viens ! »
!
La fleur rouge s’indigna :
Comme vous j’ai froid la nuit et chaud le jour. Et
même si nous n’avons pas la même couleur, je suis
comme vous, nourrie par la même terre.
On ne t’aime pas parce que tu nous voles nos
abeilles !
Oui, tu nous prends notre travail.
Et tu pollues notre bon miel de pissenlits
Un jour un pissenlit s’approcha de la fleur rouge abandonnée.
Pourquoi me parles-tu si gentiment ? s’étonna-t-elle.
Parce que tu me plais. Tu es différente de toutes les autres fleurs.
Les pissenlits finirent pas ignorer la fleur rouge.
Les abeilles, leur curiosité passée, retournèrent
elles aussi butiner les fleurs jaunes.
L’année suivante, on vit apparaître quatre fleurs orange dans le champ de pissenlits.
Et quelques années plus tard le champ était devenu tout bariolé.
Des fleurs oranges côtoyaient des fleurs jaunes et rouges, jouaient et plaisantaient
ensemble. Et elles ne trouvaient rien de bizarre à cela.
D’autres livres…
Une remarque essentielle…
• Peut-on enseigner les valeurs de la littérature si notre enseignement ne met pas en œuvre ces valeurs? Les élèves ne sont pas là juste pour répondre à des questions posées par le professeur. On le sait, plus les élèves discutent des textes littéraires, plus ils ont de chances de développer une pensée d'ordre supérieur, une pensée critique . L’action de l’adulte n’est pas de proposer des cadres auxquels on soumet l’enfants, mais de construire avec lui ces outils d’anlyse et de compréhension.
• Par exemple, à travers les discussions sur la littérature, les élèves apprennent à reconnaître des imprécisions dans leur compréhension, à expliquer leur position, à chercher de l'information pour résoudre des incertitudes, à considérer le point de vue de l'autre et à confronter leurs idées de façon plus réflexive
C’est ici que la maître entre en compte: il convient pour lui de viser une
formation des élèves au jugement, à l'évaluation des situations et des conduites
mises en scène, sans tomber dans un moralisme qui s'avérerait aller contre les
objectifs poursuivis. Il s'agit pour lui, en particulier à travers les œuvres de
littérature de jeunesse, de construire un savoir sur les valeurs, d'en repérer les
variations dans le temps et dans l'espace.
Plusieurs pistes sont possibles.
Ce n'est pas dans une étude formelle que ces valeurs seront identifiées, mais
- plutôt au cours de mises en débat à propos des lectures,
- de mises en situation dans des projets d'écriture,
- de mises en scène (livres en constellation) dans des programmes de lecture.
"Le texte est-il un prétexte ou fait-il réagir ?" Marie-Caroline Vinciguerra,
" Ce qui caractérise le texte c'est d'être une parole : on entre en dialogue avec
lui. " Christiane Mennaseyre,:
L’enfant était assis là sur son île.
Il regardait le monde et réfléchissait.
L’enfant vit les guerres.
Il se dit il faudra peindre les uniformes des
soldats.
Il faudra, des canons de leurs fusils, faire
des perchoirs d’oiseaux et des flûtes de
bergers.
L’enfant vit les famines.
Il se dit il faudra attraper les nuages au
lasso et les faire pleuvoir sur les déserts.
Il faudra creuser des rivières d’eau et de
lait.
L’enfant vit la misère.
Il se dit il faudra apprendre à additionner,
soustraire et multiplier, et puis à diviser.
Il faudra apprendre à partager l’argent, le
pain, l’air et la terre.
L’enfant vit les puissants se goinfrer, ordonner, clamer et décréter.
Il se dit il faudra leur ouvrir les yeux ou les chasser.
L’enfant vit l’océan.
Il se dit il faudra le laver. Et puis s’asseoir devant, juste rêver.
L’enfant vit les forêts.
Il se dit il fera bon s’y promener, s’y aventurer, y écrire des histoires
pour s’y perdre, puis se coucher sur la mousse pour les écouter.
L’enfant vit les larmes.
Il se dit il faudra apprendre à s’enlacer, à ne pas avoir peur des
baisers
ll faudra apprendre à dire je t’aime même sans l’avoir jamais
entendu.
L’enfant leva la tête.
Il vit la lune un drapeau planté au front, stupide affront.
Il se dit il faudra l’enlever et lui demander pardon.
Enfin l’enfant regarda le monde une dernière fois de son île.
Puis il décida… de naître.
La littérature « une formidable école de vie ».
• La littérature remplit plusieurs rôles chez l'enfant : elle lui sert à
mieux connaître le monde qui l’ entoure tout en l’aidant à construire des attitudes positives, comme l'estime de soi, la tolérance envers les autres, la curiosité envers la vie
• Même si les expériences concrètes sont de bonnes sources d'acquisition, la lecture demeure un moyen privilégié d'appropriation de savoirs sur le monde..
• La lecture peut être un moyen d'interpréter l'expérience humaine, de définir ce que l'on est et ce que l'on pourrait être, de considérer des possibilités nouvelles et d'envisager des voies inédites. La littérature peut servir non seulement à informer sur la vie, mais à transformer la vie.
• A l’enseignant donc de construire autour cette formidable encyclopédie du vivant, une pédagogie elle aussi vivante, respectueuse de l’apprenti lecteur et de la littérature.
Et si la littérature était aussi
rebelle?
Les « thèmes » tabous?
L’homosexualité
Sur ces thèmes « tabous » la littérature peut avoir:
une fonction cathartique :« Ca va mieux en le disant et le lisant » ;
une fonction psychologique et symbolique ;
une fonction d’aide face aux expériences de la vie et aux angoisses qui
peuvent en découler
une aide à voir clair en soi et ses propres émotions ;
un moyen de communication propre à endiguer et repousser la violence des
autres, comme la sienne ;
une fonction d’identification ;
une fonction d’abstraction
une fonction, selon Freud, de sublimation.
L’humour rebelle?
Détourner des valeurs?
Ma famille Un album de Anne-Caroline Pandolfo et d'Isabelle Simler
Câlin
Sévère
Calme
honnête,
joyeux,
travailleur ,
détendu,
stressé ,
changeant,
secret,
angélique,
naïf,
fonceur,
Sérieux,
sage,
appliqué ,
scolaire,
casse cou,
bricoleur,
drôle,
séducteur
clown,
artiste,
poète,
Endormi
Snob
réservé,
agressif,
inventif,
moderne
branché,
coquet,
amical
froid
beau
De bonne humeur
Énergique
Calme
joueur
taciturne
timide,
colérique,
boudeur
comédien
capricieux
rêveur
Débrouillard
Responsable
Organisateur
Curieux de tout
tonique
sportif
critique
ironique
flexible
inflexible
énergique
poli
bavard
Habile
inquiet
Franc, direct
Prêt à rendre service
Confiant en soi
Consciencieux
Influençable
tendre
Persévérant
Réaliste
Autonome
ambitieux
Contestataire
Fatigué
Hautain
Lointain
Accueillant
Exigeant
Doux
Maternel
Apaisant
Qui sait occuper son temps
Qui aime la compétition
Boute-en-train
Attentif aux autres
chaleureux
Prudent
Entier
Timide
aime les idées
Réfléchi
Ordonné
Prévoyant
Pratique
Digne de confiance
Méfiant
Observateur
1°) Voici une liste d'adjectifs... Quels sont ceux qui qualifieraient le
mieux chacun des "personnages " de cette famille représentée ici?
2° Le petit garçon ( "moi") fait le portrait rapide d'un membre de sa famille...
A la façon de Pef, choisis un personnage et complète le guide d'écriture
proposé ci-dessous.
exemple: le papa.
- Moi, mon papa; il est....( écris les adjectifs qui le qualifient)
- D'ailleurs, ça se voit dès qu'on le rencontre. Il....( fais son portrait rapide qui
illustre les adjectifs... il s'agit d'un portrait physique)
- Un jour....( raconte une anecdote qui illustre les adjectifs.)
- Moi mon papa, il est....
- Mais c'est mon papa!
3° A ton tour, choisis un camarade, un ami, un parent, un frère, une sœur
que tu caractériseras par un objet,( un meuble, un vêtement )découpé dans
un catalogue, et écris un petit texte pour le présenter.
- Moi, mon grand cousin , il est sérieux et très intellectuel
Dictionnaire: Le petit rebelle.
Claudine Desmarteau.
Moi
c'est important de commencer ce livre par Moi, parce que c'est Moi qui ai écrit
tous les trucs intelligents qui vont suivre.
Ranger
Dans ma vie , on m'a trop demandé de ranger ma chambre. Les mots de ce
livre ne sont pas rangés par ordre alphabétique. Ils sont rangés dans l'ordre
qui me plaît et d'ailleurs ce livre n'est pas une chambre.
aimer
Je n'aime pas les cravates moches et le jogging affreux de papa. Mais j'aime
quand même Papa.
Rire
On peut rire de tout , mais pas avec n'importe quels parents. Par exemple
"les pieds de papa puent le pâté périmé" ne les fait pas rire du tout. Alors que
c'est très drôle.
Bêtise
Il n'y a pas que les enfants qui font des bêtises. Les parents en font plein
mais il n'y a personne pour les gronder.
Dictionnaire: Le petit rebelle.
Claudine Desmarteau.
Regarder
les parents regardent toujours les mêmes choses: l'heure, les devoirs, la télé.
S'ils ouvraient les yeux, ils découvriraient des objets et des êtres merveilleux.
Courage
Je n'ai pas le courage de dire à papa que ses cravates sont encore plus
horribles que son immonde jogging et de toute façon ça ne servirait à rien.
Grandir.
Plus je grandis plus mes parents vieillissent. C'est nul, mais je suis
compréhensif et je ne leur en veux pas.
Frère
Une petit frère c'est bien. Un petit frère serviable , c'est mieux
.
Réfléchir
Les parents ne réfléchissent plus. Ils agissent en s'agitant. Moi, plus je les
regarde courir, plus ça me fait réfléchir.
Le dictionnaire du petit Rebelle à la maison.
Jardin. ( nom masculin)
J'adore jouer dans le jardin, surtout quand il pleut. Quand je rentre à la maison je
suis tout déguelasse et je salis le carrelage.
Belle. ( adjectif)
Qu'elle est belle la maison de ma voisine Georgette! Y'a plein de trucs dans le
jardin qu'elle récupère dans les poubelles du quartier. Mes parents veulent
porter plainte, ils ne comprennent rien.
Table ( nom masculin)
Une table ça sert à manger. Ça sert aussi à faire ses devoirs. Moi je m'y endors
dessus quand j'en ai marre de faire mon exercice de maths.
Petit-déjeuner ( nom commun)
J'adore le petit-déjeuner du dimanche. Mon père se lève et arrive dans la cuisine
avec un pyjamas rouge avec un mickey dessus. Ça me fait rire!