La Lettre Éco - ANIAEvolution des volumes de production dans l'industrie et les industries...

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Sommaire LE POINT POINT POINT POINT CONJONCTURE CONJONCTURE CONJONCTURE CONJONCTURE page 2 Le chiffre Le chiffre Le chiffre Le chiffre :2 milliards d’euros C’est l’augmentation en valeur des exportations de produits agricoles transformés sur les 9 premiers mois 2010 par rapport à la même période en 2009. L’Alerte L’Alerte L’Alerte L’Alerte Les investissements seraient en repli de 7 % sur l’année 2010 dans les entreprises agroalimentaires alors qu’ils ne reculeraient que de 2 % dans l’ensemble de l’industrie manufacturière. Prévisions des investissements – enquête INSEE L’ÉDITO L’ANIA a investi le terrain de l’économie depuis bientôt trois ans. Nous avons à cœur de devenir un acteur incontournable sur ce sujet à un moment où la compétitivité de nos entreprises est fortement attaquée. Observatoire des prix et des marges, Etats Généraux de l’Industrie, réforme de la fiscalité, répartition de la valeur, comité stratégique de Par Jean-René Buisson, Président de l’ANIA La Lettre Éco Numéro 4, décembre 2010 Les premières tendances pour 2010 : pas encore de reprise franche! L’ L’ L’ L’ ACTUALITÉ ACTUALITÉ ACTUALITÉ ACTUALITÉ Comité filière stratégique page 3 2011, année de l’enterrement de la LME? page 3 Lancement : nouveau site ANIA-export page 4 Observatoire des prix et des marges page 4 Un benchmark européen sur la compétitivité page 4 Un Observatoire économique pour tous! page 4 ANALYSE NALYSE NALYSE NALYSE pages 5 à 7 Retour sur les rencontres économiques de l’ANIA Etude / Tendance Etude / Tendance Etude / Tendance Etude / Tendance page 8 à 11 Xerfi : Santé - naturalité : quelles perspectives pour les IAA à l’horizon 2015 ? L’ L’ L’ L’ INTERVIEW INTERVIEW INTERVIEW INTERVIEW DU DU DU DU TRIMESTRE TRIMESTRE TRIMESTRE TRIMESTRE pages 12 et 13 Bernard Valluis, Président délégué de l'ANMF (Association Nationale de la Meunerie Française) – Volatilité des prix agricoles valeur, comité stratégique de l’agroalimentaire et de l’agro- industrie… Autant de sujets sur lesquels l’ANIA répond présente. Pour marquer cette nouvelle expertise, j’ai voulu que notre grand évènement de 2010 soit centré sur l’économie et sur la stratégie. Je crois qu’il est temps maintenant que nous puissions aborder ces questions collectivement sans empiéter sur les enjeux compétitifs et individuels. J’espère que 2011 marquera encore une nouvelle étape, avec une toute nouvelle commission économie confiée à Yves Delaine, président de la Fédération Nationale des Corps Gras. Rendez-vous donc l’année prochaine!

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Sommaire

LLLLEEEE POINTPOINTPOINTPOINT CONJONCTURECONJONCTURECONJONCTURECONJONCTURE page 2

Le chiffre Le chiffre Le chiffre Le chiffre ::::2 milliards d’eurosC’est l’augmentation en valeur des exportations deproduits agricoles transformés sur les 9 premiers mois2010 par rapport à la même période en 2009.

L’AlerteL’AlerteL’AlerteL’AlerteLes investissements seraient en repli de 7 % sur l’année 2010dans les entreprises agroalimentaires alors qu’ils nereculeraient que de 2 % dans l’ensemble de l’industriemanufacturière.Prévisions des investissements – enquête INSEE

L’ÉDITO

L’ANIA a investi le terrain de

l’économie depuis bientôt trois

ans. Nous avons à cœur de

devenir un acteur incontournable

sur ce sujet à un moment où la

compétitivité de nos entreprises

est fortement attaquée.

Observatoire des prix et des

marges, Etats Généraux de

l’Industrie, réforme de la

fiscalité, répartition de la

valeur, comité stratégique de

Par Jean-René

Buisson,

Président

de l’ANIA

La Lettre ÉcoNuméro 4, décembre 2010

LLLLEEEE POINTPOINTPOINTPOINT CONJONCTURECONJONCTURECONJONCTURECONJONCTURELes premières tendances pour 2010 : pas encore de reprise franche!

L’L’L’L’ACTUALITÉACTUALITÉACTUALITÉACTUALITÉ� Comité filière stratégique page 3

� 2011, année de l’enterrement de la LME? page 3

� Lancement : nouveau site ANIA-export page 4

� Observatoire des prix et des marges page 4

� Un benchmark européen sur la compétitivité page 4

�Un Observatoire économique pour tous! page 4

AAAANALYSENALYSENALYSENALYSE pages 5 à 7

� Retour sur les rencontres économiques de l’ANIA

Etude / Tendance Etude / Tendance Etude / Tendance Etude / Tendance page 8 à 11

Xerfi : Santé - naturalité : quelles perspectives pour les IAA à l’horizon 2015 ?

L’L’L’L’INTERVIEWINTERVIEWINTERVIEWINTERVIEW DUDUDUDU TRIMESTRETRIMESTRETRIMESTRETRIMESTRE pages 12 et 13

Bernard Valluis, Président délégué de l'ANMF (Association Nationale

de la Meunerie Française) – Volatilité des prix agricoles

valeur, comité stratégique de

l’agroalimentaire et de l’agro-

industrie… Autant de sujets sur

lesquels l’ANIA répond présente.

Pour marquer cette nouvelle

expertise, j’ai voulu que notre

grand évènement de 2010 soit

centré sur l’économie et sur la

stratégie. Je crois qu’il est temps

maintenant que nous puissions

aborder ces questions

collectivement sans empiéter sur

les enjeux compétitifs et

individuels.

J’espère que 2011 marquera

encore une nouvelle étape, avec

une toute nouvelle commission

économie confiée à Yves

Delaine, président de la

Fédération Nationale des Corps

Gras. Rendez-vous donc l’année

prochaine!

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Chiffre d’affaires Prix à la production Volumes de pro duction Prix à la consommation

Exportations des produits agricoles transformés

Effectifs*

LLLLEEEE PPPPOINTOINTOINTOINT CCCCONJONCTUREONJONCTUREONJONCTUREONJONCTURELes premières tendances pour 2010 : pas encore de reprise franche!

* évolution entre les seconds trimestres 2009 et 2010

= - 2.6 % + 1.5 %

+ 0.2%

La Lettre ÉcoNuméro 4, décembre 2010

+ 3.0 %

+ 8%

À août 2010, sur les 12 derniers mois glissants

Sources: Agreste et INSEE

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Evolution des volumes de production dans l'industrie et les industries alimentaires

même stagner pour les annéessuivantes. En effet, les

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Source: indices de production industrielle – CVS CJO, Base 2005 -INSEE

Après une année 2009 dramatique, 2010 a marqué la reprise dela production industrielle. C’est le rebond après la chute… Maisqui dit rebond ne dit pas franche reprise puisque dès marsl’activité a de nouveau chuté! Et pour cause. La lutte s’intensifieen dehors des frontières et la conjoncture nationale française esttendue. Pour cette année, le PIB ne devrait pas dépasser1.5 %, ce qui est loin de suffire pour relancer la croissance. Laconsommation, elle aussi, reprend timidement et tend à sestabiliser autour de 1.5 %. Selon les économistes elle devrait

Source: XERFI

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Industrie Industries alimentaires

suivantes. En effet, lessalaires, l’inflation et le taux dechômage se maintiendraient àleur niveau de 2010 d’ici à 2012.Pour autant, l’horizon sembles’éclaircir et la fin de l’annéepourrait sonner une vraierelance. Les chefs d’entreprisesinterrogés assurent que lescarnets de commandes seremplissent avec desperspectives personnelles deproduction positives etsupérieures à la moyenne depuisles années 90, que le niveau desstocks est désormais inférieur àla moyenne et que le niveau dela trésorerie revient autour de lamoyenne de longue période.Parallèlement, les perspectives àl’export évoluent positivement.L’activité se maintient avec desperspectives positives pour la find’année 2010. Vivementdemain!

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L’AL’AL’AL’ACTUALITÉCTUALITÉCTUALITÉCTUALITÉ

L’agroalimentaire, une des 11 filières stratégiquespour l’industrie françaiseLes Etats Généraux de l’Industrie ont été plutôtbénéfiques pour l’agroalimentaire qui, avec ses 139milliards d’euros de chiffre d’affaires et ses 400 000emplois, a été définie comme une des 11 filièresstratégiques pour la France! C’est dans cette suitelogique que Bruno Le Maire, Eric Besson et Jean-RenéBuisson ont installé le 23 novembre dernier le Comitéstratégique filière de l’agroalimentaire et l’agro-industrie.Jean-René Buisson a applaudi l’initiative, soulignant quela relance de la compétitivité ne pourra se faire que parla construction d’une relation durable entre sesdifférents acteurs. C’est bien là tout l’enjeu de cecomité composé de chefs d’entreprises, d’organisationssyndicales, d’agriculteurs et de distributeurs. De leurscôtés, les Ministres attendent un travail de fondcollectif. Bruno le Maire, avant de rappeler la perte de

l’agroalimentaire, son savoir faire capital et son rôle enmatière d’aménagement du territoire… Les quatre axesqui ont été décidés lors de cette première réunion sonten phase avec le travail du groupe agroalimentaire desEtats Généraux de l’Industrie, à savoir : l’image dusecteur et l’attractivité des métiers, l’environnementau sens du développement durable, l’export et lasimplification administrative, et enfin les relations ausein de la filière. Prochain rendez-vous à l’été

La Lettre ÉcoNuméro 4, décembre 2010

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collectif. Bruno le Maire, avant de rappeler la perte dela compétitivité sur le marché international, a insistésur l’importance stratégique de

sein de la filière. Prochain rendez-vous à l’étéprochain!

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L’ANIA a réalisé entre avril et juin dernier un auditrelatif à l’impact de la LME sur les négociationscommerciales 2009 et 2010. Cette enquête précise apermis de conforter ce qui avait été identifié trèsrapidement, à savoir, un net affaiblissement dudispositif LME et une forte aggravation des pratiquesabusives. Ainsi, les industriels ont vu s’accroitrel’exigence de tarifs personnalisés sansjustification, l’absence d’engagement dudistributeur, les demandes d’alignement sur lesconditions tarifaires des concurrents sous menaces dedéréférencements, de nouvelles exigences logistiquessans test ni délais suffisants de mise en œuvre etc.

Par ailleurs, alors que les entreprises alimentairesont baissé leurs prix de vente en 2009, la nouvellehausse des prix des matières premières a forcémentimpacté le coût de revient des produits, et lesindustriels sont contraints de les répercuter dansleurs tarifs aux enseignes… Les négociations sont

actuellement très tendues en raison de ce contextedifficile mais aussi des divergences de lecturepersistantes du texte de loi.

Ainsi, certaines enseignes assignées l’an passé par leMinistre pour des pratiques abusives, ont remis enquestion le principe du déséquilibre significatifdevant le Conseil constitutionnel. Ceprincipe, présenté comme le garde fou d’unenégociation commerciale juste et loyale, pourrait êtreconsidéré comme non conforme à la constitutionfrançaise en raison de son caractère imprécis (ce quine serait pas conforme au principe de légalité desdélits et des peines). Si cette éventualitéarrivait, l’ensemble du dispositif LME serait fragilisé etles entreprises souffriraient d’une véritable insécuritéjuridique justifiant une révision du texte.

L’ANIA se prépare donc à cette éventualité enespérant que 2011 ne sera pas l’année del’enterrement de la LME …

2011, année de l’enterrement de la LME ?

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L’AL’AL’AL’ACTUALITÉCTUALITÉCTUALITÉCTUALITÉLancement

investissements, charges, création d’emplois… sansquoi nous risquons d’avoir un discours tropsimpliste. L’exercice ne sera pas simple!

Un benchmark européen sur la compétitivité!Autre actualité majeure de ce 4ème trimestre2010, Philippe Rouault, délégué interministériel auxIAA, a remis son rapport fin octobre à Bruno Le Maire.« Les industries du lait et de la viande ont de vrais défis à

relever pour être plus compétitives », déclare PhilippeRouault en s’appuyant notamment sur la perte des partsde marché des entreprises françaises. « Des pays comme

le Brésil ou l’Allemagne ont des entreprises plus grandes

et plus compétitives que les nôtres, constate-t-il. Les IAA

françaises perdent même des parts de marché sur leur

marché intérieur». Des pistes sont proposées dans cerapport pour accompagner les filières dans cet effort derestructuration. L’une d’elles est notamment lasimplification administrative à l’export, une nouvelle

L’union fait la force!L’export est un levier essentiel de compétitivité pourles industries alimentaires françaises et en particulierpour les PME. Mais elles sont trop peu nombreuses àpasser le pas. L’ANIA vient donc de rénoverentièrement son site EXPORT pour mieuxaccompagner ces entreprises, avec le concours duMAAPRAT, de FranceAgriMer et de nombreuxpartenaires privés.Vous y trouverez tout pour attaquer les marchésinternationaux avec succès : mode d’emploi de laréglementation export, aides financières, agenda … Lagrande nouveauté : le développement d’une plate-forme interactive de mutualisation. L’objectif? Aiderles entreprises à se rencontrer pour mutualiser leurs

ANIA EXPORT

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Observatoire des prix et des margesLa première réunion de l’Observatoire des Prix et desMarges, officialisée par la Loi de Modernisation del’Agriculture, s’est tenue le 2 décembre dernier sous laprésidence de Philippe Chalmin, nommé pour 3 ans.L’objectif de cet observatoire est notamment d’apaiserles tensions internes au sein des filières sur les prix et surla répartition des marges. Cette instance, sans pouvoircoercitif, aurait ainsi un rôle dans l’éclairage dugouvernement et du parlement… mais peut-être aussi depédagogie auprès du grand public. Philippe Chalminparle de ramener de la transparence et de la confiancetout au long de la filière… À une heure où la dérégulationdes marchés a complètement déstabilisé les filières, il estprimordial de comprendre l’impact de la volatilité desprix des matières premières tout au long de la chaîne.L’ANIA, membre du comité de pilotage de cetobservatoire, participera à l’ensemble des travaux qui yseront menés. Il est important de pouvoir comprendreensemble les mécanismes de formation des prix, maispas à n’importe quel prix. Il faudra en effet veiller àprendre en compte de nombreux facteurs :

simplification administrative à l’export, une nouvellemission pour Philippe Rouault.Pour télécharger l’intégralité de ce rapport:http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_Philippe_Rouault_sur_l_analyse_comparee_de_la_competitivite_des_IAA.pdf

Un observatoire économique des IAA pour tous!

Un observatoire économique qui rassemble dans un seulet même lieu des données économiques sur lesquellestout le monde serait d’accord… C’était une demande desprofessionnels depuis quelques années… C’est désormaischose faite et l’ANIA ne peut qu’applaudir l’initiative.A l’occasion de l’inauguration du Salon International del’Alimentation (SIAL), Bruno le Maire a en effet lancé lesite internet de l’observatoire économique des industriesagroalimentaires. Il a pour ambition de proposer auxentreprises, à leurs partenaires professionnels etsociaux, ainsi qu’aux pouvoirs publics, une visionpartagée des problématiques du secteur et des données.L’ANIA a activement participé et suivi le développementde ce projet et continuera à s’impliquer.http://observatoire-iaa.alimentation.gouv.fr.

les entreprises à se rencontrer pour mutualiser leursmoyens financiers, humains… à l’export, source deréduction de coûts et d’efficacité commerciale.Retrouvez -nous sur : www.ania-export.fr

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La Lettre ÉcoNuméro 4, décembre 2010

AAAANALYSENALYSENALYSENALYSERetour sur les premières rencontres économiques de l’agroalimentaire Retour sur les premières rencontres économiques de l’agroalimentaire Retour sur les premières rencontres économiques de l’agroalimentaire Retour sur les premières rencontres économiques de l’agroalimentaire «««« Passer à Passer à Passer à Passer à

l’offensive l’offensive l’offensive l’offensive –––– Douze stratégies audacieuses pour 2015Douze stratégies audacieuses pour 2015Douze stratégies audacieuses pour 2015Douze stratégies audacieuses pour 2015 »»»»

LLLLes rencontres économiques de

l’agroalimentaire, l’évènement majeur de l’ANIA de

2010 a réuni près de 400 personnes sur le

SIAL, salon international majeur pour notre

profession. Le maintien de la compétitivité de la

première industrie française était au cœur des

débats.

Ce rassemblement a ouvert une réflexion sur

l’avenir de la 1ère industrie française. En période de

tourmente économique, la compétitivité ressort

comme la préoccupation majeure de nos

entreprises. A l’occasion de cet évènement, l’ANIA

a mené avec le cabinet Oliver Wyman une étude

sur les stratégies gagnantes à mettre en œuvre

dans les 5 ans à venir.

Pour recevoir l’étude Oliver Wyman « Douze

stratégies audacieuses pour 2015 », contacter

Nicole Mangel, [email protected]

La première conclusion de l’étude menée par Oliver Wyman fait ressortir le« carcan » dans lequel sont enfermées les industriesagroalimentaires, quelque part une position de « citadelle assiégée » : unepression constante sur les prix par la distribution, de nouvelles exigencesréglementaires, l’anticipation des nouvelles attentes des consommateurs etune volatilité des prix des matières premières extrême. Pour autant, en2009, même en période économique plus que tourmentée, les chefsd’entreprises ont su faire avec ce jeu de contraintes. Ils ont fait le dos rondet en 2010 ils misent sur l’optimisation de leurs performances industrielles.Mais, cette attitude défensive qui permet encore aujourd’hui de préserverle chiffre d’affaires sera-t-elle gagnante dans quelques années, au vu de ladégradation des marges ? Pas sûr… L’objectif de ces rencontres étaientjustement de réfléchir tous ensemble aux moyens de faire face demain.

Quatre grands objectifsJean-René Buisson, qui a rappelé en ouverture la perte de compétitivité dusecteur depuis plusieurs années, a souhaité que le secteur passe d’uneposture défensive à une stratégie plus offensive, notamment àl’international où l’image des produits français est très positive… « Le virage

stratégique doit se prendre maintenant si nous voulons que nos champions

français d’aujourd’hui résistent demain et si nous voulons en faire émerger

de nouveaux », a-t-il déclaré.C’est également le ton du discours qu’a tenu le ministre de l’Agriculture, del’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement duterritoire.

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[ La stratégie desentreprisesagroalimentaires de2010 sera-t-ellegagnante dans

quelques années? ]

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Bruno Le Maire a en effet rappelé l’importance

stratégique de l’industrie agroalimentaire françaiseau niveau local, en contribuant au maintien del’emploi et à l’aménagement du territoire dans denombreuses régions. « Les entreprises

agroalimentaires véhiculent l’image de la France au-

delà des frontières. Vous avez un atout indéniable et

nous devons faire notre maximum pour le

préserver, a-t-il insisté. Quand on a entre les mains de

l’or comme la marque France, on s’arrange pour ne

pas en faire du plomb mais pour que ça reste de l’or. »Le ministre a également appelé les entreprises à unirleurs forces pour garder leur place sur la scèneinternationale.Regroupement, taille critique, innovation, maintiende l’export… sont autant de voies à explorer. BrunoLe Maire a d’ailleurs à cette occasion annoncé desoutils dans lesquels ils voient un moyen de participerà la relance de la compétitivité. Tout d’abord, leprogramme « Défi PME 2015 », un accompagnement

La Lettre ÉcoNuméro 4, décembre 2010

[ L’agroalimentaire français estun atout indéniable et nousdevons faire notre maximum

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programme « Défi PME 2015 », un accompagnementstratégique pour les PME en région, devraitpermettre de mener au niveau local une réflexionstratégique collective puis individuelle sur lesdifférents volets de la stratégie d’entreprise.Ensuite, le comité stratégique de l’agroalimentaire etde l’agro-industrie, permettra à toute la filièred’avancer ensemble. Car, il l’a rappelé : « avoir une

industrie agroalimentaire forte nécessite un amont

agricole établi et stratégique ».

RRRReprendre le pouvoir… Au-delà des stratégies opéra-tionnelles à mettre en œuvre pour faire demain ladifférence, le premier enjeu sera en effet derépondre au jeu de contraintes dans lequel le secteurest enfermé. Tenter de rééquilibrer les pouvoirs avecses clients, reconquérir le consommateur, ouvrir denouveaux horizons à son entreprise et se démarquerpar l’excellence opérationnelle, voilà quatre objectifsqui devraient guider les stratégies de demain.

devons faire notre maximumpour le préserver ] Bruno Le Maire

La table ronde a permis d’illustrer quelquesstratégies possibles pour l’avenir et surtout departager des idées de partenariats possibles.

Par exemple, le partenariat agricole, pourtoutes les entreprises qui étaientprésentes, était au cœur de la stratégie… Kraft acité sa filière « Harmony » pour le blé de sesbiscuits. Mont Blanc Materne a parlé despommiers que l’entreprise a décidé de planter àproximité de ses usines. Hénaff a décrit sonimplication à l’amont avec des éleveurs que laPME connaît tous personnellement et qu’ellemet en avant quand elle le peut sur sesemballages… Au-delà de la sécurisation et de laqualité de l’approvisionnement, cespartenariats, au final, ne seront-il pas une desclés de la création de valeur tout au long de lachaîne?

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Bien sûr, le partenariat avec le monde agricole ne serapas suffisant pour se prémunir de la volatilité des prixdes matières premières, ni pour faire face à la puissancede la distribution… Il faut regarder d’autres voies.Diversifier ses canaux de distribution est une premièrepiste intéressante. Kraft réfléchit par exemple à ladistribution automatique ou distribution d’impulsion.Même si aujourd’hui ce circuit n’est pas encorecompétitif car peu organisé, c’est un créneau qu’il fautinvestir dès aujourd’hui. Autre levier, peu utiliséencore, celui de l’international. Ginette Hénaff ad’ailleurs souligné que cette stratégie a toujours étépour elle un moyen de se dégager de la grandedistribution française et de créer de la valeur, àcondition bien sûr de faire les bons choix. PourHénaff, le bon choix a été de véhiculer l’esprittraditionnel du terroir français sur des marchés encore« vierges ». Pour Mont Blanc Materne, aucontraire, c’est plus capitaliser sur une technologieuniverselle, ici la gourde fruitière, sur des marchés quisont en retard sur le développement.

cela ne suffit plus. Les attentes se sophistiquent avec denouveaux critères d’attention qui prennent del’importance: l’aspect humain ou sociétal del’entreprise, la proximité. Sur ces sujets, l’agro-alimentaire a de nombreux atouts à valoriser: uneindustrie locale, proche des territoires et donc quimaintient l’économie nationale. Mais c’est égalementun attachement émotionnel avec la marque et unerelation de confiance qui se crée.

LLLLa table ronde a permis de prendre la mesure de toutce qui est déjà fait ou en cours dans les entreprisesagroalimentaires, qui très clairement ont conscience del’urgence des virages stratégiques à prendre. Cesvirages devront être pris individuellement par chaqueentreprise mais également collectivement, tout aumoins sur un point, celui de l’image de notre secteur. Ilest primordial de fédérer la profession autour desvaleurs de l’agroalimentaire pour répondre au déficitd’image dont ces entreprises souffrent au quotidien.Le dynamisme et les actions mises en place par lesprofessionnels sont trop méconnues. Cette valorisation

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AAAAutre sujet, non des moindres, celui de la relationavec le consommateur. Un sujet finalement complexepuisque c’est aujourd’hui le distributeur qui revendiquecette proximité… Or, Danone l’a rappelé. Ledéveloppement économique des entreprises passed’abord par la reconquête ou la séduction duconsommateur. Bien évidemment la qualité duproduit, le prix, le service, le goût… sont autant decomposantes de la satisfaction du consommateur mais

professionnels sont trop méconnues. Cette valorisationpermettrait de créer une spirale vertueuse pour attirerles talents, motiver les salariés présents et attirer lesinvestisseurs. Comme l’a rappelé Jean-René Buissondans son allocution, l’industrie agroalimentaire réunittous les éléments pour devenir l’industrie préférée desfrançais.

C’est une des missions de l’ANIA de comprendre lesgrands défis des industries agroalimentaires dedemain afin de toujours mieux les représenter et lesdéfendre dans un contexte économique perturbé. Elleoccupe désormais une place de marque dans le paysageindustriel français. À nous de la défendre et de lavaloriser. Comme le disait Jean-René Buisson pourintroduire cette matinée: « L’industrie alimentaire a

tout pour devenir l’industrie préférée des français. »

Nous devons nous unir pour défendre l’agroalimentairede demain.

[ L’industrie alimentaire a toutpour devenir l’industrie préférée

des français ] Jean-René Buisson

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«««« Santé Santé Santé Santé ---- naturaliténaturaliténaturaliténaturalité : quelles perspectives pour les IAA à l’horizon 2015: quelles perspectives pour les IAA à l’horizon 2015: quelles perspectives pour les IAA à l’horizon 2015: quelles perspectives pour les IAA à l’horizon 2015 ? Clarifier le ? Clarifier le ? Clarifier le ? Clarifier le marché et contrer les MDD marché et contrer les MDD marché et contrer les MDD marché et contrer les MDD »»»»

L’axe santé-naturalité constituera l’un des segments de dynamisation du marchéalimentaire à l’horizon 2015. Cette tendance de fond qui fait la part belle aux produits sains et « bonspour la santé » permettra aux industriels agroalimentaires de valoriser une partie de leur offre, ce quigénérera des marges plus confortables sur certaines catégories de produits. Il leur faudra toutefoiscontinuer de composer avec un environnement économique peu porteur et avec les arbitragesincessants des ménages. La variable prix restera en effet déterminante, et ce, d’autant plus que lagrande distribution cherchera à profiter du dynamisme de ce marché prometteur à travers ses MDD.

Xerfi a distingué 4 catégories de segments appartenant à ce vaste ensemblehétérogène relevant de la santé et de la naturalité. Si globalement ce marché est en progression, les

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hétérogène relevant de la santé et de la naturalité. Si globalement ce marché est en progression, lesrythmes de croissance resteront fort variables d’un ensemble à l’autre.

� Les aliments « clean label » constitueront le centre de gravité du segment santé-naturalité, etseront de ce fait l’un des moteurs de la croissance du marché alimentaire. La démarche « clean label »se propage sur le marché des produits transformés, avec une attention toute particulière accordée auxmatières premières.

� Les produits biologiques séduiront encore les consommateurs avec des ventes qui augmenterontsur un rythme à deux chiffres jusqu’en 2012, avant de se tasser progressivement jusqu’en 2015.L’existence de tendances lourdes, en particulier celle de la montée en puissance de la consommationengagée est un moteur structurel pour ce segment du marché alimentaire.

� Les allégés ont été mis à mal ces dernières années par une image trop artificielle. Ils bénéficieronttoutefois d’un regain d’intérêt à la faveur, entre autres, du développement de nouveaux procédéspermettant de proposer des produits à la fois moins caloriques et plus naturels.

� Les aliments fonctionnels déjà en perte de vitesse, peineront à se redresser d’ici à 2015. Mis à malpar la défiance croissante des consommateurs vis-à-vis de ces produits à promesses variées et par desprix structurellement élevés, le marché parviendra néanmoins à reprendre quelques couleurs. Certainssous segments devraient ainsi tirer leur épingle du jeu, à commencer par ceux pour lesquels lesdemandes d’allégations auront été acceptées.

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La Lettre ÉcoNuméro 4, décembre 2010

Le « raw » et le « clean label »

Tendance : ������������

Le segment sera avant tout porté par le « clean label ». La promesse de valeur de

ces aliments (nombre d’ingrédients limités, produits de synthèse bannis, etc.)

rencontrera les faveurs des consommateurs.

Les marques nationales des IAA devront toutefois veiller à contenir la hausse des prix sur de tels produits dans un contexte

de croissance modeste de l’activité économique.

Il faudra aussi compter avec la montée en puissance des MDD sur le créneau.

Les produits bio

Tendance : ��������

Les bonnes choses ont toujours une fin. Les taux de croissance à deux chiffres

caractérisant le marché des produits bio seront révolus à compter de 2012-2013. Néanmoins, les ventes de produits bio

continueront de progresser plus rapidement que l’ensemble du marché

alimentaire portée par un effet offre qui se poursuivra (l’extension des surfaces bio

en France contribuera en partie à la bonne santé du marché).

Les MDD de la grande distribution alimentaire continueront de soutenir le

marché en volume.

Les perspectives à l’horizon 2015 des marchés des produits nutritionnels

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puissance des MDD sur le créneau. marché en volume.

Les marchés « allégés »

Tendance : ����

Certes, le redémarrage des ventes ne sera pas spectaculaire, mais après

plusieurs années de baisse, la reprise du marché des allégés constituera une

véritable rupture.

La tendance sera aux produits « naturels » et il s’agira là aussi pour les

IAA d’éviter les additifs de synthèse (édulcorants notamment pour les produits

sucrés).

Les marchés « nutrition »(prdts diététiques,

alicaments, filière BBC)Tendance : ����

Le consommateur est devenu plus mature et les produits à « promesses »

ne trouvent plus autant preneurs. Néanmoins, c’est sur le segment des

allégations simples que les IAA devraient se tourner à moyen terme pour reconquérir leur clientèle. Le

développement de produits aux antioxydants par exemple est amené à se

poursuivre (ex. boissons aux « superfruits » tel que le jus de grenade).

Les perspectives de croissance des marchés des produits nutritionnels

Source : Xerfi Research

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La Lettre ÉcoNuméro 4, décembre 2010

Dans la bataille qui s’annonce féroce avec lesmarques propres des enseignes alimentaires, lesgroupes des IAA doivent dès à présent élaborer desstratégies différenciantes. L’analyse du jeu con-currentiel et du positionnement des opérateurspermet de distinguer 4 grandes catégoriesd’industriels par rapport à la problématiquealimentation et santé-naturalité.

�Les opérateurs figurant dans la catégorie des« naturels » appartiennent à la fois à la filièrebiologique, mais aussi à la filière conventionnelle.Ces derniers jouent la carte du « sans »colorant, arômes artificiels, etc., à l’image de Michel& Augustin, qui communique massivement sur le100% naturel (yaourts, biscuits, fruits mixés etbiscuits apéritifs). Liebig a pour sa part lancé courant2010 une nouvelle gamme de soupes en brique, les« recettes maison », qui met en avant une liste simple

�Autre classe d’opérateurs, les « médicaux » secaractérisent par des investissements lourds en R&Det un virage très net vers l’alimentation santé etprévention. Ces groupes présentent la particularitéd’intervenir à la fois sur le marché grand public viades gammes destinées aux GMS, et sur le marchéprofessionnel, celui de la santé, via des gammescommercialisées aux institutions de santé etgénéralement délivrées sur ordonnance médicale.Bien sûr, Nestlé et Danone mais aussi Lactalis arriventen tête dans cette catégorie. Ces groupes ont en effetprocédé à des rachats d’entreprises spécialisées ennutrition médicale au cours des dernières années.

� Dernière catégorie, les « non concernés » parl’aspect santé de l’offre produit misent sur lagourmandise et la gastronomie pour soutenir leursmarques. Si le nutritionnellement correct est devenuune référence avec une pression de plus en plus forte

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« recettes maison », qui met en avant une liste simpleet réduite d’ingrédients.

� Les industriels agroalimentaires du groupe des« impliqués » mettent quant à eux en place desstratégies d’amélioration globale du profilnutritionnel de leurs produits. Au sein de cettecatégorie, Fleury Michon a progressivement pris unaxe naturalité-santé et semble s’engager de plus enplus dans cette voie. Outre la réduction du sel danscertaines de ses gammes, le développement deproduits sous la marque bleu-blanc-cœur, ou encoresans conservateurs, Fleury Michon a égalementannoncé le futur lancement de son sitewww.fleurymichonprosante.fr, destiné auxprofessionnels de la santé. Le groupe a par ailleursmis en ligne, un site grand public(www.fleurymichonsengagepourvous.fr) reprenanttous les grands engagements nutritionnels de FleuryMichon (sel, acide gras, huile de palme, PNNS, etc.).

une référence avec une pression de plus en plus fortedes pouvoirs publics et une prise de conscience desconsommateurs, la culture gastronomique françaiseaccorde une place toujours importante aux produitsissus du terroir. Les industriels agroalimentaires ne sesont ainsi pas tous orientés vers la nutrition etassument des produits, non pas caloriques, mais sansrecherche de réduction des matières grasses ou dessucres. Dans cette catégorie figurent aussi bien desentreprises de l’univers de l’épicerie fine, à l’imagedes producteurs de foie gras, que des fromagers oudes charcutiers (principalement des PMEpositionnées sur le haut de gamme). Dans cettecatégorie, le groupe Delpeyrat mise sur le terroir envalorisant notamment des IGP (indicationgéographique protégée des Landes et deGascogne), et propose des produits avec le LabelRouge.

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Les groupes stratégiques dans les IAA face à la montée des préoccupations santé dans l’alimentaire

Les stratégies Les exemples d’industriels agro

Quel impact sur les offres alimentaires ?

Les non concernés Ex. fabricants de foie gras

RAS

Les « naturels »

Ex. Saint Michel, Materne, Liebig

Optique « clean label » : faire disparaître les additifs de synthèse des produits, simplifier les recettes.

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Les médicaux

Ex. Danone, Nestlé

Offre ultra spécialisée dédiée aux circuits médicaux. Les

frontières deviennent moins nettes entre le marché grand public et le secteur médical

pour ces acteurs.

Les impliqués

Ex. LU France, Fleury Michon

Amélioration du profil nutritionnel des produits (moins de sel, acide gras trans, etc.).

Lien vers le document commercial de l’étude: http://www.xerfi.fr/etudes/0iaa49.pdfLien vers le site Xerfi : http://www.xerfi.fr

Source : Xerfi Research

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L’L’L’L’INTERVIEWINTERVIEWINTERVIEWINTERVIEW DUDUDUDU TRIMESTRETRIMESTRETRIMESTRETRIMESTRE

Bernard ValluisPrésident délégué de l'ANMF (Association Nationale de la Meunerie Française)

ANIA : Depuis quelques années, on observe une très forteaugmentation de la volatilité des prix des matières premièresagricoles. Comment l’expliquez-vous ?

B.V: Dans les principaux pays producteurs, l’abandon des prix garantis etla réduction, voire la suppression, des stocks publics sont les facteursclés de l’accroissement de la volatilité. C’étaient des instrumentscentraux des politiques agricoles qui jouaient un vrai rôle régulateur.Dans l’Union européenne le phénomène a été aggravé par la réductiondes protections aux frontières et la suppression des subventions auxexportations. Les prix des marchés européens se sont donc trouvésconnectés à ceux des marchés mondiaux, beaucoup plus volatiles. Dansles filières concernées, producteurs, négociants et transformateursdevront donc recourir plus qu’avant à des outils financiers (contrats àterme et options), pour arbitrer leurs positions de matières premières etgérer les prix de contrats. Mais dans le même temps, la financiarisation

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ANIA: Quel est l’impact pour les industries agroalimentaires ?Savez-vous aujourd’hui gérer cette volatilité extrême ?

B.V: Les industriels ont besoin que les prix des matières premières correspondent à la réalité de l’offre et de lademande. Si les opérateurs financiers sont essentiels au bon fonctionnement des marchés à terme et à leurliquidité, ils ont développé depuis quelques années des stratégies financières sur ces marchés qui ontchangé les règles du jeu. Certains fonds de placement développent des positions longues ou misent sur lahausse de l’énergie et de toutes les matières premières, d’autres lient l’ensemble des « commodities » dansdes valeurs indicielles qui se déconnectent de plus en plus du monde agricole, d’autres enfin développent desstratégies de très court terme en jouant uniquement sur la volatilité.Les mouvements irrationnels induits par ces politiques rendent de plus en plus difficiles les décisionséconomiques, qu’il s’agisse des achats de matières premières mais aussi des décisions d’investissement quiengagent l’avenir. Le recours aux instruments de gestion de risque est devenu incontournable. Mais cettepolitique engendre des coûts supplémentaires pour les entreprises, sans garantie d’efficacité. Car, faut-ilencore que les marchés fonctionnent correctement!

gérer les prix de contrats. Mais dans le même temps, la financiarisationgénéralisée de l’économie a attiré des opérateurs financiers sur lesmarchés réglementés comme sur les marchés des produits dérivésnégociés de gré à gré, ce qui a accentué les fluctuations de cours sur deslaps de temps de plus en plus courts.

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[ La réforme des marchés financiers est en marche ]

ANIA: Quelles sont selon vous les mesures à prendre pourlimiter ce phénomène ?

B.V: Depuis la crise de 2008, et à partir desengagements pris par les chefs de gouvernement duG20, la réforme des marchés financiers est en marche.Les Etats-Unis ont promulgué en juillet 2010, une loiqui répond largement aux objectifs fixés en matière derégulation et d’encadrement de la finance. Pourl’Union européenne, la Commission prépare une sériede propositions qui vont dans le même sens.

Pour l’essentiel, il s’agit d’améliorer la transparence etl’intégrité des marchés à terme, implantés à Londreset à Paris : catégorisation des opérateurs, publicationdes positions ouvertes par catégoried’opérateurs, fixation de limites journalières descotations et de limites de position par opérateurs etpar catégorie d’opérateurs.

Il s’agit également de contrôler les marchés quiéchappent à toute règle en rendant obligatoirel’enregistrement des contrats d’options négociés degré à gré et en mettant cette information àdisposition des autorités de marché. Il faudraitégalement rendre obligatoire le passage par deschambres de compensation pour éliminer les risquesde contrepartie.

L’ensemble de ces dispositions devrait faire l’objet dedécisions du Parlement européen et du Conseil en2011.

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B.V: S’agissant des marchés de matières premières, les expertss’accordent pour dire que la réforme de la régulation financière nesera pas suffisante pour juguler les volatilités excessives. C’estpourquoi, l’un des trois objectifs prioritaires de l’actuelle présidencefrançaise du G20 sera de proposer des solutions dans ce domaine. Ils’agit de compléter la régulation financière des marchés de matièrespremières et, en particulier, de celles destinées à l’alimentationhumaine, par une régulation des marchés physiques. Nous avonsproposé que celle-ci puisse s’exercer dans une formule novatrice deportage financier de stocks de réserve avec une gestionmixte, publique et privée. Ce schéma ou tout autre instrument derégulation des marchés physiques serait indispensable pour retrouverdes conditions de marchés sûres et fiables, répondant notamment auxbesoins des industries agroalimentaires.

par catégorie d’opérateurs.

ANIA: La régulation des marchés financiers sera-t-elle pourvous suffisante ou faut-il envisager d’autres instruments ?

[ Il s’agit d’améliorer la transparence et l’intég rité des marchés à terme ]

[ La réforme de larégulation financière nesera pas suffisante pourjuguler les volatilitésexcessives sur les

marchés agricoles ]