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La Jaune et la Rouge,revue mensuelle de la Société amicaledes anciens élèves de l’École polytechnique

Directeur de la publication :François AilleretRédacteur en chef :Jean DuquesneRédacteur conseil :Alain ThomazeauSecrétaire de rédaction :Michèle Lacroix

Éditeur :Société amicale des anciens élèvesde l’École polytechnique5, rue Descartes, 75005 ParisTél. : 01.56.81.11.00Mél : [email protected] : 01.56.81.11.01

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Rédaction :5, rue Descartes, 75005 ParisTél. : 01.56.81.11.13Mél : [email protected] : 01.56.81.11.02

Tarif 1999Prix du numéro : 50 FAbonnements :10 numéros/an : 350 FMembres de l’Association :Promos 88 et antér. : 210 F ;89 à 92 : 160 F ; 93 à 95 : 105 F

Publicité :Ofersop, M. Baratta,55, bd de Strasbourg, 75010 ParisTél. : 01.48.24.93.39Fabrication :Éditions de l’AulneImpression :Loire Offset Plus

Commission paritaire n° 65 147ISSN 0021-5554

Tirage : 11 900 exemplaires

N° 549 - NOVEMBRE 1999

La liberté est la conditionde la création.PHOTO M.C. WALINE

LA JAUNE ET LA ROUGEREVUE MENSUELLE DE LA SOCIÉTÉ AMICALE DES ANCIENS ÉLÈVES DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE

4LA FRANCE A BESOIN D’ENTREPRENEURS

4 Pourquoi des entrepreneurs ? par Gérard de LIGNY (43)

I - Présent et avenir des entrepreneurs en France

5 L’entrepreneur dans le commerce mondial par Jacques DONDOUX (51)

7 La situation des entrepreneurs en France, aujourd’huipar Bertrand DUCHÉNEAUT et Gérard de LIGNY (43)

11 La République a besoin d’entrepreneurs par Jean BOUNINE-CABALÉ (44)

13 Créateurs d’entreprises par Yvon GATTAZ

15 L’ingénieur entrepreneur par Xavier KARCHER

II - Recherche de solutions aux problèmes éducatifs

17 Une enquête sur la formation entrepreneuriale des ingénieurspar Jacques BÉRANGER (58)

20 HEC-Entrepreneurs : une pédagogie révolutionnaire par Robert PAPIN

23 Pour former des ingénieurs entrepreneurs : la démarche de l’école des Minesd’Alès par Gérard UNTERNAEHRER (72)

26 Une pépinière de bons chefs d’entreprise : les littéraires par Daniel JOUVE

28 “ Les patrons forment les patrons ”, un projet européen de formationpar Jacques BARACHE (47)

30 Mieux qu’un tigre dans le moteur, une âme dans l’entreprisepar Jean-Paul LANNEGRACE (55)

III - Novations prévisibles dans l’emploi et dans le tissu des entreprises

31 Déclin du salariat et avènement des indépendants ? par Jean DUBOIS

33 De vrais patrons dans l’interdépendance par Florence VIDAL

35 J’ai choisi la liberté par Hubert LAURIOT-PRÉVOST (76)

37 Patrons de PME rurales : un nouveau profilpar Marie-France RAVEYRE et Gérard de LIGNY (43)

IV - Coopération entre les entrepreneurs et les financeurs

39 Pour un vrai capital-risque au service des créateurs d’entreprisespar Philippe GIRARDOT (72)

42 Le tandem investisseur-entrepreneur aux États-Unis par Bernard ZIMMERN (49)

43 Les petites entreprises financent les grosses par Hubert KIRCHNER (80)

V - XMP-Entrepreneur : l’essor des entrepreneurs dans la populationpolytechnicienne

46 Le témoignage de XMP-Entrepreneur et de 14 polytechniciens entrepreneurspar André TYMEN (50), Philippe BONNAMY (61), Bernard TREPS (61),Fabio FOÏS (87), François CHAUSSAT (66), François SIMON (57),Philippe ASSELIN (82), Georges SOUMELIS (88), Jean-Claude SIMON (44),Claude CHABROL (66), Michel OLIVIER (83), Hubert LAURIOT-PRÉVOST (76),Francis BOURCIER (59), Michel FAYET (66) et François MARÉCHAL (68),Laurent CHRÉTIEN (87)

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59 Mots croisés par Marcel RAMA (41),Bridge par M. D. INDJOUDJIAN (41)

60 Récréations scientifiques par M. D. INDJOUDJIAN (41),Allons au théâtre par Philippe OBLIN (46)

61 Oenologie par Laurens DELPECH

62 Discographie par Jean SALMONA (56)

65 Livres

59A R T S , L E T T R E S E T S C I E N C E S

73 Procès-verbal du Conseil d’administration de l’A.X. du 24 juin 1999

74 Fondation de l’École polytechnique

75 Association X-Résistance, Prix Dargelos

77 Groupes X

78 Convocation de promotion, X-Mémorial, Distinction, Cross X-HEC-Centrale

79 GPX

80 Carnet polytechnicien

81 Maison des X

82 Médailles et souvenirs de l’École polytechnique

V I E D E L’ A S S O C I AT I O N 73

84 XMP-Entrepreneur

85 Bureau des Carrières

88 Autres annonces

A N N O N C E S 84

F O R M AT I O N 70

53L I B R E S P R O P O S

53 De Bernanos à Camuspar Gérard PILÉ (41)

Ce numéro comprend un encart jeté CANARD-DUCHÊNE

FONDATION DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE 69

V I E D E L’ É C O L E

71 Le deuxième trophée Voiles X-HEC

72 18e Jumping de l’X

71

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NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE

LA FRANCE A BESOIN D’ENTREPRENEURS

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Dans leur ensemble, les entreprises françaises ne manquent pas de dynamisme.Les plus grandes – on l’a vu récemment – ne pèchent ni par le conservatismeni par le repli sur soi.Les PME se battent courageusement et font souvent des percées remarquables jusque dans la“ cour des grands ”.Mais dans la perspective des combats qui nous attendent sur le marché mondial etdans le contexte actuel d’un chômage insupportable, des progrès d’un nouvel ordresont indispensables.Les grandes entreprises doivent éviter le danger des gros bataillons fonctionnarisésgrâce à une large diffusion de l’initiative et de l’esprit d’entreprise parmi tous leurs cadres,et particulièrement leurs ingénieurs.Quant aux petites et moyennes entreprises – celles qui devraient résoudre le problèmede l’emploi – nous découvrons aujourd’hui qu’il nous en faudrait un million de plus,y compris les entreprises individuelles qui pallient les rigidités du statut salarié.Mais il faut accepter, dans la population des petites entreprises, de fortes turbulences,où créations et disparitions se succèdent à grande cadence. Cela réclame, de la partdes porteurs de capitaux comme des porteurs de projets, une audace et un savoir-faireauxquels nous ont mal préparés notre culture paysanne et notre éducation focaliséesur le savoir plus que sur l’agir.C’est pourquoi le présent numéro de La Jaune et la Rouge regroupe cinq familles d’articles :

I - Une vue d’ensemble sur le présent et l’avenir des entrepreneursII - La recherche de solutions au problème éducatifIII - Les novations prévisibles dans l’emploi et dans le tissu des entreprisesIV - La coopération entre les entrepreneurs et les financeursV - XMP-Entrepreneur : l’essor des entrepreneurs dans la populationpolytechnicienne.

Puisse cette publication préparer les esprits au prochain programme d’actionde la Fondation de l’École polytechnique pour le développement de l’entreprenariat chezles X et rappeler, par sa page de couverture, que la liberté est la condition de la création.

Introduction

Pourquoides entrepreneurs ?

Gérard de Ligny (43),administrateur de la CEGOS

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LA FRANCE A BESOIN D’ENTREPRENEURS

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Au moment même de la granderencontre préparée parl’Organisation mondiale du

commerce à Seattle, La Jaune et laRouge s’interroge sur l’avenir des entre-preneurs de tous niveaux dans lecontexte mondial et particulièrementle commerce international.

Les exportations sont en effet uneactivité importante pour notre pays,puisqu’elles correspondent à unchiffre d’affaires d’environ 1800 mil-liards de francs par an, à comparerà un produit intérieur brut (PIB) voi-sin de 8 000 milliards de francs.Presque un Français sur quatre ason emploi rémunéré par les expor-tations.

I - Présent et avenir des entrepreneurs en FranceDans ces premiers articles, le mot “ entrepreneur ” est pris presque exclusivement dans le sens de créateur ou dirigeant de PME.Il est évident que l’esprit d’entreprise et le comportement d’entrepreneur doivent se retrouver dans toutes les entreprises, y compris les plus grandes. Mais le dynamisme du “ small business ” est révélateur du dynamisme de toute l’économie d’un pays, et en le choisissant comme cible, on ne risque pas de se tromper.Jacques Dondoux (51) répond à la question préliminaire : comment placer nos entreprisesen position équitable dans la compétition internationale ?Bertrand Duchéneaut et Gérard de Ligny (43) nous présentent la population des patrons de PME telle qu’elle est aujourd’hui et les tendances qui s’y manifestent.Jean Bounine-Cabalé (44) nous démontre que la clé de l’emploi est dans la création, multipliée par deux ou trois en France, de très petites entreprises avec toutes les turbulences liées à ce typede création, qui réclame beaucoup d’imagination et de capacité à surmonter les échecs.Yvon Gattaz tire, avec son franc-parler habituel, les leçons fortes apportées par sa très largeexpérience, de la création et des créateurs d’entreprises.Xavier Karcher, plus préoccupé par l’entreprenariat à l’intérieur des grandes entreprises, réclameavec insistance la formation d’ingénieurs entrepreneurs.

L’entrepreneurdans le commerce mondial

Jacques Dondoux (51),ancien secrétaire d’Étatau Commerce extérieur

D.R

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Si l’on tient compte des secteursnon marchands dans le PIB, commel’armée, l’enseignement, et plus géné-ralement les Fonctions et servicespublics, on remarque que la Franceest un pays très largement ouvert àl’international.

Plus de la moitié de notre pro-duction industrielle est exportée.

Ceci montre que nos entreprisessont largement compétitives. Ce n’estcertes pas grâce à une sous-évalua-tion de notre monnaie. La suréva-luation du franc durant les années1990 a au contraire conduit nosentreprises à des gains incessants deproductivité dont elles recueillentaujourd’hui les fruits.

Est-ce à dire que tout va bien enFrance dans le domaine du com-merce international ?

Pas tout à fait.

Mais le grand enjeu de Seattle estailleurs.

Cela permettrait de mettre nosindustries traditionnelles (textile,électronique grand public, etc.) dansdes conditions plus objectives decompétition.

Les pays en voie de développementy sont bien sûr opposés.

Mais les Européens et notammentles Allemands, comme les Américainsdu Nord, y sont très favorables.

Dans ces deux domaines si sen-sibles, nous devons moderniser notreaction et subventionner les acteursplutôt que les produits.

Ensuite, l’ouverture du capitaldes services publics français pose àterme un problème de fond.

La dictature des marchés finan-ciers conduit, en effet, à une forterentabilité à court terme et à finan-cer beaucoup moins d’études et dedéveloppements.

La numérisation des télécom-munications, le développement detrains à grande vitesse, d’avions civilsde transport, de centrales nucléairesélectriques auraient-ils été possiblesdans le nouveau contexte français ?

Ceci rend d’autant plus néces-saire de rééquilibrer les exportationsfrançaises entre les grandes sociétéset les PME.

Par une action au plan financier,nous l’avons dit, mais aussi au planhumain. Avons-nous, dans les ser-vices français du commerce exté-rieur, assez de techniciens aptes àdialoguer avec les entrepreneurs deformation scientifique ?

Enfin, la France méconnaît gra-vement les entraves au commercemondial dues aux normes techniques.

C’est sans doute de peu d’im-portance quand on considère lesprises électriques non normaliséesau sein de la seule Union européenne.On y a renoncé semble-t-il...

Le problème est plus préoccu-pant pour les normes dans le domainedes nouvelles technologies de l’in-

formation et de la communication.Pensons à l’imbroglio créé dans ledomaine des portables par lesAméricains.

Nos négociateurs doivent enprendre conscience et ne plus hési-ter désormais, d’une part à se réor-ganiser afin d’introduire cette dimen-sion dans leurs argumentations etd’autre part à attaquer devant l’OMCles mesures techniques anticoncur-rentielles. n

NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE6

Tout d'abord, nous n’avons passu aider nos PME commeles Italiens ou les Allemands.Nos banques sont tropparisiennes.Les aides publiques s’oriententtrop souvent vers les seulesgrandes entreprises.Les expositions commercialesfrançaises à l’étrangerbénéficient enfin de créditsinsuffisants.

Doit-on introduiredes normes sociales etenvironnementales dans leséchanges internationaux ?

C’est là le grand paride Seattle.Il mérite que nous ne nousopposions pas trop auxAméricains sur l’agriculture,qui correspond en Franceà 4 % de l’activitéprofessionnelle, voiresur l’exception culturelle.

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LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999

LA FRANCE A BESOIN D’ENTREPRENEURS

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S ANS ENTRER dans le jeu des défi-nitions, nous appellerons entre-preneur celui qui a engagé dans

la création ou la direction d’une entre-prise ses ressources financières – enpartie ou en totalité – et sa vie pro-fessionnelle.

Nous nous polariserons sur lesentreprises – le plus souvent des PME –chez lesquelles la propriété et le mana-gement sont dans la même main, carle vocable d’entrepreneur ainsi définis’applique mal aux cas où ces deuxresponsabilités sont dissociées.

Et nous commencerons par lescréateurs d’entreprises, parce qu’ilssont les représentants les plus typiquesde l’esprit d’entreprise et que la moi-tié des PME existant aujourd’hui sontencore entre les mains de leur fon-dateur.

Les créateursCréer une entreprise, c’est plus

que “se mettre à son compte”, c’est lan-cer sur le marché concurrentiel uneéquipe organisée, et motivée pour lacroissance.

11 % des Français en ont rêvé,1 % ont eu un projet précis, 0,4 %s’y sont lancés.

Aux États-Unis, les chiffres sontdeux fois plus élevés (à population

égale) et en Grande-Bretagne uneenquête a montré que 25% des jeunesde 16 à 19 ans ambitionnaient d’avoirun jour une entreprise personnelle.

Le cas de la France fait donc l’ob-jet d’une certaine perplexité, notam-ment chez divers analystes de l’écolede Harvard, et déjà en 1985, PeterDrücker écrivait que aucun pays n’aautant besoin d’une économie d’entre-preneurs que la France.

De fait, le nombre de créationsstagne depuis huit ans aux environsde 180 000 par an (dont les troisquarts sont unipersonnelles); ce chiffreest même tombé en dessous en 1997et 1998. Même si on y ajoute 50 000reprises d’entreprises à redresser, lescore est seulement de 4 pour 1 000habitants contre 7 aux USA.

Et sur le total des 180 000 créationson n’en trouve au bout de cinq ansque 7 000 qui ont débouché sur uneentreprise de plus de 10 salariés.

Néanmoins, 230 000 créateurs etrepreneurs, ce n’est tout de même pasrien, et il importe de savoir d’où vien-nent ces courageux.

D’abord quelle est leur origine fami-liale ? Pour plus de la moitié ils sont

La situation des entrepreneursen France, aujourd’hui

Bertrand Duchéneaut,fondateur de Euro-PME,

et Gérard de Ligny (43)

Avertissement : le texte ci-après emprunte ses principales référencesà l’ouvrage Les dirigeants de PME (Éditions Maxima, 1995)dont l’auteur, Bertrand Duchéneaut, préside aujourd’hui le groupeSico et IPE (initiation pour l’entreprenariat*).

Bertrand Duchéneaut.

Gérard de Ligny.

D.R

.D

.R.

* 22, rue de Chalotais, 35000 Rennes. Tél. :02.99.78.32.78.

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issus de familles où il existe un procheparent qui est patron d’une petite entre-prise ou “ à son compte ”. Ils n’ont pasété élevés, comme la majorité de leurscompatriotes, dans un milieu ferméde fonctionnaires et de salariés, maisd’artisans et de commerçants. Ce typede filiation se retrouve ailleurs qu’enFrance, notamment en Grande Bretagne,mais il pénalise bien évidemment lespays où la fonctionnarisation a prisune place importante.

Quelle éducation ont-ils reçue ?Ils n’ont pas été, pour la plupart, trèsgâtés par la vie et leur cursus scolaires’est arrêté, pour 80 % d’entre eux,au baccalauréat ou beaucoup plusbas. Depuis une dizaine d’années leniveau d’instruction remonte sousl’effet du chômage et du développe-ment des hautes technologies. La pro-portion des ingénieurs diplômés estpassée de 2 % à 5 ou 6 %.

Les lois d’Yvon Gattaz sont doncheureusement dépassées : elles énon-çaient, il y a trente ans, l’étouffementdes vocations d’entrepreneurs sur les15% des sortants d’écoles d’ingénieursqui avaient un potentiel de chef d’en-treprise, les 2/3 cultivaient une autreambition et sur les 5 % restants 4 %étaient dissuadés par leur entourage.

À la vérité, en cours de carrière,d’autres rejoindront ce premier noyaude 1 % et le score montera jusqu’à 6ou 7 % :• pour les non-ingénieurs, l’âge de lacréation est plus proche de 40 ansque de 20 (moyenne 32 ans). Lesmeilleurs taux de réussites se ren-contrent au voisinage de 40 ans,après quinze à vingt ans de vie pro-fessionnelle comme salarié dans despositions variées. Ce cursus permetaux porteurs de projets d’acquérirl’expérience de la vie d’une entre-prise, et par ailleurs de se constituerun petit pécule ;• mais il y a aussi les créations sousla contrainte, imposées par le chô-mage. Il y en eut en 1994 46%, dont10% concernaient des cadres. Ce nesont pas, on s’en doute, les entre-preneurs les plus ambitieux : la plu-part ne cherchent à créer que leurpropre emploi.

Les vrais créateurs d’entreprisessont donc rares : 15 % d’entre eux

seulement ambitionnent de dépasserl’effectif de 5 salariés et 3 % dépas-sent effectivement le seuil de 10 sala-riés au bout de cinq ans.

La proportion de ceux qui échouenttout à fait n’est pas plus élevée qu’auxÉtats-Unis (50 % dans les cinq pre-mières années) et elle est la mêmequel que soit le profil du créateur ;mais nettement plus faible pour lescréations qui bénéficient d’un solideappui professionnel et financier.

Reste à expliquer cette contractionde 100 à 3 entre le nombre de lance-ments et celui des vraies réussites.

C’est que, outre l’ambition – etnous avons vu qu’elle est rare –, ilfaut au développeur des capacitéscomplémentaires à celles du créateur.Plusieurs études ont montré que lescréateurs qui y ont réussi ont respectégénéralement trois conditions :• ils ont acquis, avant de se lancer,l’expérience du secteur d’activitéchoisi, notamment la connaissancede la clientèle,• ils ont assimilé les pratiques de laconcurrence et les règles de la renta-bilité, et acquis une certaine capacitéde prévision, d’organisation, de pla-nification,• ils se sont fait accompagner par unpraticien de la direction d’entreprise,proche parent ou ami, qui fréquem-

ment apporte une contribution finan-cière au moins symbolique.

En définitive, ce 3% de vraies réus-sites – représentant 6 000 à 7 000 entre-prises par an – a tout de même permisde renouveler le parc des 160 000 PMEfrançaises, et cela explique pourquoi80 000 entreprises actuelles sont diri-gées par leur fondateur.

Nous allons voir ce que sont deve-nus ces jeunes patrons.

La population des patronsdes PME indépendantes

Le patron de PME moyen a 46 anset onze ans d’ancienneté à son poste. Lesplus de 60 ans ne sont pas plus de 6%,et les moins de 30 ans 2 %. La duréemoyenne d’un “ règne ” est de 20-25ans. Les “ non-fondateurs ” (51 %) ontaccédé à leurs fonctions soit par suc-cession, soit par rachat ; 20 % d’entreeux seulement ont été préalablementsalariés dans l’entreprise qu’ils dirigent.

Sur l’ensemble des patrons lestrois quarts possèdent – certains avecl’appui de leur famille et leurs amis– la majorité du capital. Mais cetteproportion diminue avec la taille del’entreprise : au-dessus de 50 sala-riés, elle n’est que de 40%. Et nousverrons que, depuis une dizaine d’an-nées, elle diminue.

NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE8

La longue éclipse du concept d’entrepreneur

d’après Octave Gélinier *Le concept d’entrepreneur était très présent dans la pensée des “ Lumières ” :l’Encyclopédie fut elle-même une grande entreprise novatrice et internationale.

Mais il disparut presque complètement sous l’influence des mécaniciens du cos-mos (Newton et Laplace) : les acteurs économiques sont apparus alors commedes atomes ou des agrégats qui ne font qu’obéir à des lois déterministes.

De leur côté les théories économiques des mathématiciens ne laissaient, pour laplupart, aucune place à l’entreprise dans les équations de concurrence parfaiteentre acteurs nombreux et indifférenciés, tous soumis à la dictature du marché.

Dans la pensée de Keynes, les initiatives des entreprises étaient également tenuespour négligeables, seul comptait le flux des dépenses de l’État.

Ainsi, en Angleterre, terre d’élection de l’économie de marché, il n’y eut pas demot pour désigner l’entrepreneur et lorsque le concept fut réactivé, notammentpar Schumpeter, les Anglais nous empruntèrent le mot “ entrepreneur ”.

* Ouvrage à paraître.

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Malgré cette position dominante despropriétaires, on estime qu’environ 50%des PME – avec une tendance à la baisse– possèdent tous les traits de l’entre-prise familiale, c’est-à-dire :• un patron non contesté (sauf catas-trophe), ni sur sa stratégie (77 % descas), ni sur sa rémunération person-nelle (83 % des cas),• une forte attention à la rentabilité età la limitation des dépenses, avec untrain de vie plutôt rustique,• une grande proximité entre le patronet le personnel, solidaire et dévoué,• des points faibles, dans la déléga-tion, le niveau des recrutements, ledéveloppement, la décision sur lesgrands tournants nécessaires.

À l’inverse, les PME où la familledu patron ne s’investit pas elle-même,– même si elle y a placé ses écono-mies –, ont généralement une direc-tion plus moderne, avec des cadresdiplômés, des plans de développe-ment, des projets stratégiques : l’ou-verture du capital leur fait moins peur.Mais leur solidarité interne est moinsétroite, et la tension sur le quotidienopérationnel moins forte.

Une formation sur le tas

Le niveau de formation de basedes patrons de PME est très voisin decelui des créateurs :• inférieur ou égal au bac pour 75 %des petites entreprises (< 50 salariés) etpour 50 % des moyennes (50 à 500),• seuls 15 % des petits patrons etmoins de 50 % des moyens ont undiplôme d’enseignement supérieur.

Ceci prouve que les créateurs quiont réussi n’étaient pas plus diplômésque ceux qui ont échoué ; leur secretétait ailleurs. En outre, la majorité despatrons se satisfont de ce niveau de for-mation (sauf en ce qui concerne leurscompétences financières et linguis-tiques), et ils n’éprouvent pas le besoind’une formation complémentaire trèsintense : 50 % se contentent de parti-ciper à une session tous les deux outrois ans ; 25 à 30 % seulement en sui-vent au moins une par an. Et les troisquarts estiment que ces sessions ne leuront pas beaucoup apporté.

Par contre, ils valorisent beaucoupl’expérience, 98 % lui attribuent une

part forte ou “ très forte ” dans leurcompétence actuelle : ils adhèrentpleinement pour eux-mêmes au pro-cessus d’apprentissage.

En particulier, rebondir après unéchec est pour eux le meilleur des défis.

Allergiques aux allianceset aux partenariats

Ayant payé cher leur indépendance,ils ne veulent pas 1’aliéner. Ils pratiquentbien entendu la sous-traitance, maisils ne sont pas à l’aise avec la cotraitance,ni avec aucune forme de partenariat.Les réseaux de coopération se déve-loppent lentement, et les systèmeslocaux de production à l’italienne n’at-tirent pas les Français. Même réticenceà l’ouverture de leur capital.

Ces attitudes constituent un groshandicap pour aborder l’économie deréseau de demain. Elles évoluent néan-moins avec l’élévation du niveau culturelet avec le désengagement des traditionspatriarcales.

Quelle vie personnellemènent-ils ?

D’abord ils sont pour la plupartenracinés dans leur région (en pro-vince les trois quarts) ; ils sont doncinsérés dans le tissu local, bien queparticipant rarement à la vie publique(5% seulement dans les conseils muni-cipaux et aucun député).

Ils ont en général une situationfamiliale plus stable que la moyennedes Français (85% mariés contre 75%)

et une descendance classique(2,1 enfants). Mais ils reconnaissentqu’il y a – quelquefois ou souvent –conflit entre vie professionnelle et vieprivée.

C’est que l’horaire moyen de tra-vail est de 56 heures par semaine etpour plus de la moitié des patrons ladurée des vacances se situe entre uneet trois semaines par an.

Malgré cela, 92 % d’entre eux sedéclarent heureux (“ assez” ou “très”)et surtout satisfaits de leur activité(98 %).

Cette déclaration doit être relati-visée pour trois raisons :• n’ont été interrogés que les patronsd’entreprises “ vivantes ”, alors que10 % mettent la clé sous la portechaque année,• dans leur ensemble, les Français sedéclarent heureux à 90%; les patronsne sont donc pas très au-dessus de lamoyenne,• il y en a tout de même 12 %, dansle secteur de l’industrie et des BTP, àregretter de ne pas être salariés d’unegrande industrie (à revenu égal, il estvrai).

De quoi sont-ils heureux ?

D’abord de leur indépendance, quiest certainement au cœur de leur voca-tion.

Ensuite de leur rôle d’employeurqui les légitime socialement et com-pense leur image de marque de “pro-fiteur ” (image qui s’est bien amélio-rée depuis 1980, mais qui subsiste).

LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 9

Quoi de nouveau chez les patrons de PMEles plus récents ?

• Les héritiers sont plus rares (23% contre 31%) et les acheteurs plus nombreux.• Les majoritaires dans le capital sont moins nombreux (66% contre 78 %).• La place de l’entreprise familiale beaucoup plus faible (27% contre 42 %).• La formation de base beaucoup plus élevée (54 % supérieure à “ bac + 2 ”contre 34 %).• Le désintérêt pour la formation continue est identique.

Cette évolution nous suggère deux conclusions :• l’importance du financement extérieur s’accroît• susciter des investisseurs financiers et des couples entrepreneur-investisseurdevient donc prioritaire.

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Enfin, ils ont un revenu relative-ment confortable : en 1994, la médianeétait à 770 000 F/an, dont 20 % liésau résultat. C’est donc pour eux unmoyen de grossir leur patrimoine,personnel et professionnel, plus quede consommer fastueusement.

En revanche, le chef d’entreprisen’a pas du tout la même satisfactiondu pouvoir que l’homme politique :par rapport à la bonne marche de sonaffaire, c’est dérisoire.

Et quand les affaires ne marchentpas ?

4% des PME sont en liquidationjudiciaire chaque année. Certainspatrons échappent au désastre per-sonnel, mais leur carrière d’entre-preneur est généralement terminéecar en France l’échec discrédite quasidéfinitivement.

Et c’est pourquoi Léon Gingembreavait raison de dire : Le patron réel estcelui qui met en jeu son patrimoine, sonsavoir, et en cas d’échec, son honneur.

En conclusion,quelles voiesd’amélioration?

Notre tour d’horizon des entre-preneurs en France nous persuaded’abord que cette population est unfoyer de vitalité, qu’il faut renforceret élargir.

C’est manifestement sur les créa-teurs d’entreprises qu’il faut se pola-riser puisque ce sont eux qui dansdix ou quinze ans constitueront lamajorité des chefs d’entreprises enplace.

Ces créateurs doivent être plusnombreux, plus ambitieux, mieuxéduqués et plus soutenus.

Plus nombreux, grâce à un pou-voir attractif plus fort de la création,à la fois pour l’entrepreneur et pourl’investisseur financier; ce qui implique :• une image de marque du créateurplus rassurante et plus convergenteavec l’intérêt général,• un meilleur équilibre d’une partentre les sécurités données aux sala-riés et aux rentiers, et d’autre part lesrisques accumulés par l’entrepreneur,• un contact précoce des jeunes avecle métier d’entrepreneur.

Plus ambitieux, grâce à la mobi-lisation des plus doués – et non desplus malchanceux – pour le métierd’entrepreneur ; ce qui implique :• une éducation tournée vers l’aven-ture économique,• la rencontre mieux organisée desporteurs de gros capitaux et deséquipes porteuses de grands projets.

Mieux éduqués, grâce à uneimmersion plus précoce dans le mondemarchand :• avec alternance d’expériencesconcrètes et d’acquisition de connais-sances,• avec apprentissage de nouveauxmodes de relations, concurrence,partenariat, échange.

Plus soutenus, grâce à un envi-ronnement organisé pour la réussitedes entreprises :• une législation non soupçonneuse,• un réseau d’accompagnateurs com-pétents,• des financiers solidaires de l’entre-preneur,• la dépénalisation de l’échec.

Sur chacune de ces voies, nousavons des leçons à prendre dans lespays où l’esprit d’entreprise souffleplus fort, sans pour autant épouserles travers culturels qui parfois lesdéfigurent. n

NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE10

Et les patrons des grandes entreprises ?

En France il existe trois modes principaux d’accession à la présidence des200 premières entreprises, qui se répartissaient ainsi en 1996 :

• le parachutage par l’État pour 46 %• le parachutage par les actionnaires pour 31 %• la promotion interne pour 20 %

Quant à la formation de base de ces présidents, nous sommes en mesure de lacomparer à celle de leurs homologues anglais :

C’est dans la catégorie “ autres origines ” que se trouvent la majorité des diri-geants passés par la promotion interne.

Cette catégorie est beaucoup plus importante en Grande-Bretagne qu’en France,mais les “ autodidactes ” anglais sont rarement des “ fils du peuple ” : un grandnombre d’entre eux sont issus des “ public schools ” les plus huppées.

Dans tous les cas, la situation des dirigeants de grandes entreprises est très dif-férente de celle des patrons entrepreneurs ; ils constituent un “patronat de ges-tion ”, par opposition au “patronat réel ”. Le patron de gestion n’engage que sescapacités personnelles, le patron entrepreneur engage sa destinée personnelle.

FrancePolytechnique et l’INAautres grandes écoles et universitésautres originesdont autodidactes

Grande-BretagneOxford - Cambridgeautres universitésautres originesautodidactes

50 %27 %23 %

(17 %)

32 %28 %40 %

(36 %)

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LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999

LA FRANCE A BESOIN D’ENTREPRENEURS

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Les jugements portés sur les créationsd’emplois se fondent classiquement surles comparaisons de stocks. En 1990(cf. tableau 1), les PME de 10 à 100 sala-riés occupaient 4 millions d’emplois.En 1995, elles en occupaient 4,4 mil-lions. Il paraît logique d’en déduire que400 000 emplois ont été créés dans cemilieu, ce qui représenterait deux tiersdes quelque 600 000 emplois créés de1990 à 1995 dans l’ensemble du sec-teur privé français.

La réalité est très différente. Eneffet (cf. tableau 2), une analyse desflux résultant d’un suivi individueldes entreprises qui existaient, sontnées ou ont disparu au cours de lapériode, montre que les variations destocks d’emplois dans les trois caté-gories d’entreprises et, en particulier,dans la catégorie B, ont été essentiel-lement dues aux TPE de la catégorie Aqui, pendant la période, sont demeu-rées dans leur catégorie, se sont déve-loppées et ont changé de catégorie,sont nées ou ont disparu.

Les données du tableau 2 révèlent

une très grande turbulence, qui nepouvait pas apparaître dans la simplecomparaison des stocks en début eten fin de période. Cette turbulence semanifeste dans toutes les catégories,mais surtout dans les TPE.

Les grandes entreprises détruisentdes emplois et ne sont plus ce qu’ellesont été pendant les trente glorieuses,c’est-à-dire le moteur de la croissance.Les préoccupations qui animent leursdirigeants sont le recentrage sur le

métier, la productivité du travail parla mécanisation ou les délocalisations,enfin la recherche d’effets d’échelle parfusions et acquisitions. Pour ces rai-sons, les grandes entreprises n’ont puêtre elles-mêmes les artisans du déver-sement1 sans lequel une nouvelle crois-sance est impossible.

En revanche, le fait que le milieudes TPE manifeste une beaucoup plusgrande turbulence que les autres doitêtre interprété comme un signe évi-dent de sa plus grande aptitude audéversement.

La TPE doit être considérée à la fois

Ce sont les petites entreprises d’un effectif inférieur à 10 personnes,désignées par “ très petites entreprises ” (TPE), qui sont le moteur del’emploi.Pour revenir au plein emploi, nous avons donc besoin qu’un nombrecroissant de créateurs se manifestent au sein de l’économie.C’est une exigence d’autant plus impérieuse qu’elle va à contre-courantdes idées dominantes selon lesquelles il n’est d’autre moyen de créerdes emplois que de réduire les horaires pour tous et partager le travailà l’intérieur des entreprises existantes.

La République a besoind’entrepreneurs

Jean Bounine-Cabalé (44)

La TPE est le moteurde l’emploi

Quels enseignementsen tirer

Tableau I - Créations d’emplois en franc déduites des stocks en 1990 et 1995

Stocks d’emplois en 1995Stocks d’emplois en 1990

Créations apparentes d’emplois

Totaux

12 944 85012 362 828

582 022

4 414 7444 338 911

75 833

4 433 9723 988 544

445 428

4 096 1344 035 373

50 761

A (10 –) B (10 à 100) C (100 +)

Catégories (effectifs)

Entreprises et établissements *

* Entreprises et établissements (niveau SIRET) du secteur privé. Sont donc exclus de l’analyse : les organismespublics, les SCI, les associations, les établissements singuliers (actifs juridiquement mais pas économiquement).Source : Hickmann - Verley - The pH Group - Étude du 23.10.97.

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comme le moteur de l’emploi et l’arti-san d’une nouvelle croissance. Le pro-blème est que nous n’en avons pas suf-fisamment. En France, en effet, l’entreprisemédiane a un effectif de 85 personnes(ce qui veut dire que la moitié des tra-vailleurs sont dans des entreprises deplus de 85 personnes) ; aux États-Unis,la médiane est à 55 personnes et le parcd’entreprises a doublé en dix-sept ans,alors qu’il est resté stagnant en France2.

Les opportunitésne manquent pasDans les services marchands, notre

retard par rapport aux États-Unis estlégendaire. Indiquons simplement qu’en1994 le taux de participation aux ser-vices marchands des Français en âge detravailler était de 38%, alors qu’il étaitde 53% en Amérique, ce qui représenteun gisement théorique d’emplois deplus de cinq millions. Même si l’on tientcompte du fait que, contrairement à cequi se passe aux États-Unis, une partiede ce gisement est déjà occupée, cheznous, par des fonctionnaires, on peutconsidérer que nous pouvons créer dansles services 2 à 3 millions d’emplois.

Pour l’industrie, il faut raisonner entermes de valeur ajoutée pour être cohé-rent avec le raisonnement sur les ser-vices. Or la base de données STAN del’OCDE révèle que la valeur ajoutéeindustrielle par citoyen en âge de travaillerétait, en 1995, pour la France de 5 900 USD,à parité avec l’Italie, alors qu’elle étaitrespectivement de 7900, 7400 et 7000USDpour le Japon, les USA et l’Allemagne.Notre décalage par rapport à l’Amériquereprésenterait donc, à catalogues deproductions semblables, un potentielde croissance de 25% de la valeur ajou-tée totale produite en 1995 et un poten-tiel d’emplois de l’ordre du million.

Nous avons donc du grain à moudreet une évaluation grossière, effectuée àpartir des chiffres ci-dessus, montre quela République aurait besoin au mini-mum de 250 à 300 000 créateurs d’en-treprises par an pour revenir au pleinemploi.

Les erreurs à corrigerLes hommes politiques, leurs experts

et les administrations centrales du pays,qui constituent l’environnement insti-tutionnel des entreprises, devront chan-ger radicalement d’attitude à l’égard dela croissance et de l’emploi. Depuisvingt-cinq ans, ils attendent la crois-sance de l’extérieur comme on attendle beau temps de l’anticyclone des Açores;ils dépensent beaucoup d’argent publicpour gérer le chômage et ils propagentdes mythes comme celui du salut parla mondialisation des échanges et l’ex-portation des produits de nos techniquesde pointe. Ils ne voient pas que nosexportations ne représentent que 24%de notre PIB et que les conditions d’unenouvelle croissance dépendent donctrès majoritairement de la volonté d’unplus grand nombre d’hommes à créer desproduits et des services à l’usage de leurprochain plutôt que du Grand Turc.Enfin, ils ont axé leur politique de l’em-ploi sur le partage du travail là où ilexiste déjà, c’est-à-dire dans les seulesentreprises existantes. Ce faisant, ils nese sont pas seulement trompés de cible :en multipliant les règlements et lescontraintes administratives de toutessortes, ils ont dissuadé un peu plus lesentrepreneurs d’entreprendre et renduencore plus problématiques la survie etle développement des TPE existantes. Ilfaudra donc bien que ces initiatives mal-encontreuses soient un jour rapportées.

Le financement des microprojets

relève à peu près exclusivement de labonne volonté, sinon de la charité, dupublic. Les ressources, pourtantimmenses, de l’ingénierie financièren’ont pas été mobilisées à son service.Pourquoi se refuse-t-on si obstinémentà imiter ce que font les Américainsdans ce domaine, en particulier en uti-lisant l’argent public pour abonder desréserves locales d’assurance contre lesrisques inhérents au financement desmicroprojets 3. Une autre initiativeaméricaine, celle des “ anges du déve-loppement”, commence heureusementà être imitée en France. On sait que,pour être pleinement efficace, ellenécessite cependant des incitations fis-cales appropriées comme la déductiondes pertes du revenu déclaré en casd’échec du projet d’entreprise et ladiminution de l’impôt sur les plus-values. De telles incitations existentaujourd’hui ; leur pérennité devraitêtre absolument garantie par la loi.

Enfin et surtout, il faut que lesjeunes se persuadent que la création d’en-treprises leur offre plus de perspec-tives d’épanouissement personnel et,tout compte fait, moins de risques deprécarité que le statut d’employé oude cadre dans une grande entreprise.On dit couramment en Amérique que70 % des diplômés de Harvard ontcréé leur propre entreprise dans lesdix ans qui ont suivi leur sortie de laBusiness School. Cette proportion estpeut-être exagérée, mais il est certainque la création d’entreprises est auprogramme de toutes les businessschools américaines alors qu’en France,à de rares exceptions près, nos écolesde gestion, sans parler de nos univer-sités, se considèrent essentiellementcomme des viviers pour les grandesentreprises. Celles-ci ne manquent pasde faire monter les enchères, ce qui setraduit par la course aux diplômes.

La République a, aujourd’hui,moins besoin de savants diplômésque d’entrepreneurs. n

1 - L’expression, rappelons-le, est d’Alfred Sauvy.2 - Observations de Bernard Zimmern (promo 49)publiée dans les dossiers de l’Institut IFRAP, tél. :01.42.33.29.15.3 - Voir annexes du Rapport Dalle-Bounine auministre des Affaires sociales et de l’Emploi - 1987.

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Tableau II - Créations ou pertes d’emplois par origine (A, B ou C) de 1990 à 1995

Dans les entreprises qui, au cours de la période :– sont restées en vie (dans leurs catégories d’ori-

gine ou dans une autre catégorie) ............................– ont été créées ................................................................– ont disparu ......................................................................

Créations nettes d’emplois par catégorie d’origine

A (10 –)

+1 592 010+ 1 007 347– 1 271 259

+ 1 328 098

+ 93 705+ 601 368– 868 204

– 173 131

– 390 270+ 329 847– 513 317

– 573 740

B C (100 +)

Source : Hickmann - Verley - The pH Group - Étude du 23.10.97.

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LA FRANCE A BESOIN D’ENTREPRENEURS

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N OUS SOMMES plusieurs à nousêtre battus pour que la créa-tion d’entreprise soit enfin

honorable, pour que le créateur soitrespecté et encouragé, pour que ledroit à l’erreur soit reconnu et pour quel’échec ne soit jamais définitif.

Les créateurs qui se sont trompésau début sur le créneau produit/mar-ché, qu’ils croyaient porteur et qui nel’était pas, doivent pouvoir rectifier

le tir et même tenter une autre expé-rience. Ces faux départs sont fréquentset enrichissants pour les âmes fortesqui trempent leur détermination dansles épreuves.

Car le métier de créateur doit êtreréservé aux caractères solides. Il estimprudent de pousser sans discerne-ment des diplômés vers la créationqui exige autre chose que des diplômes,mais de véritables qualités d’émission.

Pour parler en électroniciens, nousdistinguons en effet les qualités deréception et les qualités d’émission.

Les premières (compréhension,faculté d’analyse et de synthèse,mémoire) permettent d’acquérir lesdiplômes les plus prestigieux.

Les secondes sont toutes les autresqualités : imagination créatrices (sirare), goût du risque, goût des res-ponsabilités, aptitude au comman-dement et à l’animation des hommes,charisme, combativité, ténacité, résis-tance à l’épreuve, et même le simplebon sens qui permet, quel que soit leniveau hiérarchique, de prendre 80%des décisions quotidiennes.

Ce sont ces qualités d’émissionqui font les créateurs d’entreprise et,comme en électronique, il faut unepuissance infiniment plus grande

Créateurs d’entreprises *

Yvon Gattaz, membre de l’Institut,

président de l’Association Jeunesse et Entreprises

* Cet article fait de larges emprunts à la préfacede l’ouvrage Au cœur de l’entreprise, ÉditionsVillage mondial.

L’entreprise a fait longtemps l’objet d’un triple soupçon :• enrichissement des uns par l’exploitation du travail des autres• abus du droit de propriété sur les moyens de production• conditions de travail inhumaines et absolutisme de l’autorité.Bien que les motifs de cette déconsidération aient très largementdisparu, une certaine défiance subsiste, et le plus grand méfaitde cette défiance a été de décourager les vocations de créateursd’entreprises, certains futurs “ patrons ” hésitent même à acquérirce titre ambigu.Qu’on me permette à ce sujet une anecdote authentique.Après la lecture en 1970 de mon livre Les Hommes en gris,qui incitait les jeunes à la création d’entreprise ex nihilo,un jeune polytechnicien vint me demander conseil.Devant ses qualités d’homme et la solidité de son projet, je le poussaià créer son entreprise, comme nous l’avions fait, mon frère et moi,quelques années plus tôt en 1952. Il se montra ardent et convaincu.Quelques mois plus tard, je reçus de lui une longue lettrem’expliquant à nouveau tout son projet et se terminant parcette phrase navrante : Mais que diraient mes copains si je devenaispatron ? Voilà comment la France, à l’inverse des États-Unis, s’estprivée de talents, de réussites industrielles et sûrement d’emplois.

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pour émettre que pour recevoir.Malheureusement, ces qualités d’émis-sion ne s’acquièrent pas dans les livresou les facultés. Elles ne s’enseignentpas. Elles peuvent, au plus, être inci-tées par l’exemple de ceux qui ontréussi. En réalité, nous sommes tousdes autodidactes de la création. C’estpourquoi nous devons, nous lesanciens, citer les success stories de noscompatriotes, faire rêver les jeuneset les pousser, s’ils ont ces qualitésd’émission, à tenter eux aussi leurchance. L’émulation collective de laSilicon Valley en est la meilleuredémonstration.

Nous pouvons leur conseiller dene pas attendre une expérience, consi-dérée quelquefois comme nécessaire,pour créer leur entreprise, car ils ris-quent d’attendre trop longtemps et des-cendre de ce fait les marches irré-versibles de l’escalier du risque. Eneffet, nous sommes dotés à la naissanced’un potentiel de goût du risque quine fait que s’effriter dans le tempsavec les diplômes eux-mêmes (pous-sant discrètement vers l’Administrationou les grands groupes), avec unesituation prestigieuse et bien assu-rée, avec une famille nombreuse (à quion ne souhaite pas faire courir tropde risques) et enfin, dernières marchesde cet escalier obligatoirement des-cendant, avec les rhumatismes et lecholestérol. Que les jeunes plongentdonc du palier du haut et ils ne leregretteront pas.

Mais ils se posent et nous posentdes questions. Les deux premièressont le “créneau porteur” et le finan-cement.

Et le créneau porteur ?

Eh bien ! que les jeunes ne lerecherchent pas dans un glossaire ouune banque de données. C’est le secretstratégique de l’entrepreneur lui-même, et les sages ne doivent sur-tout pas intervenir dans ce choix.

C’est cette appréhension qui m’atoujours fait refuser de présider les jurysde création d’entreprise, osant don-ner une note aux créneaux choisis, alorsque celui qui réussira le plus brillam-ment sera sans doute le plus farfeluet le moins compris de l’aréopage.

Que le candidat créateur, conscientde ses qualités d’émission, cherche,cherche encore, cherche toujours soncréneau lui-même. Il le trouvera, maison ne trouve des champignons quesi l’on va dans les bois avec un panieret beaucoup de patience, et non paslorsque l’on reste dans sa voiture surl’autoroute qui traverse la forêt.

Et les finances ?

Le mythe de la création réservéeaux riches est tenace. Curieuse per-version puisque les meilleures réus-sites viennent de créations sans argent,à partir de zéro, souvent par des créa-teurs eux-mêmes totalement dému-nis. La pauvreté est un atout consi-dérable pour ceux qui savent l’utiliser.

Répondant à des étudiants qui medemandaient une recette de créationd’entreprise, j’avais tenté naguère lamixture suivante :• 2% de finance,• 8% de compétence,• 45% de vaillance,• 45% d’inconscience ;

mais sans garantir que le plat soitimmédiatement consommable. Jesouhaitais simplement démontrer lerôle mineur de l’apport initial decapitaux qu’on avait pris si long-temps pour la pierre philosophale dela création.

Où se situe donc le frein ?

Puisqu’il est ainsi prouvé que niles bonnes idées ni les moyens finan-ciers ne constituent le goulet d’étran-glement de la création d’entreprise,c’est sur la motivation de nos jeunesgens, et particulièrement de nos jeunesdiplômés, qu’il faut agir. L’expériencede “ Jeunesse et Entreprises ” montreque c’est possible : l’appétit d’imita-tion et d’indépendance s’y manifestechaque jour.

Que mon lecteur aille y voir, il ysera bien reçu. n

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Créée en 1986 et toujours présidée par Yvon Gattaz,cette association s’est donné pour mission de :• développer les coopérations écoles-entreprises,• inciter les entreprises à former davantage de jeunes,• promouvoir les métiers porteurs,• publier le baromètre de l’emploi des jeunes,• instaurer le parrainage de jeunes ayant des projets,• animer un important réseau d’entreprises.

Pour orienter ces actions elle réalise en permanence des enquêteset sondages avec le concours actif de centaines d’entreprises quisouhaitent transmettre le goût de l’initiative.

Elle publie une revue trimestrielle Les nouvelles de Jeunesse etEntreprises.

Ses coordonnées : 4, rue Léo Delibes, 75116 Paris.

Tél. : 01.47.55.08.40.

L’ASSOCIATION

JEUNESSE ET ENTREPRISES

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LA FRANCE A BESOIN D’ENTREPRENEURS

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L’ingénieurentrepreneur

Quels ingénieursentrepreneursai-je rencontrés dans ma vie industrielle?

Tout d’abord il y a les patrons d’en-treprises, petites ou moyennes, sou-vent familiales, de première oudeuxième génération, rarement plus.C’est la vitalité, la flexibilité, l’adaptabilité,la vitesse de réaction qui caractéri-sent ces entreprises et donc leurs diri-geants. C’est ce qui leur permet defaire ce que les grandes entreprisesne souhaitent ou n’osent pas faire.

Il est probable que la réussite socialeque représente l’accès aux grandesécoles tout autant que la formationcartésienne qu’ils y reçoivent n’inci-

tent pas les ingénieurs à monter leurentreprise. Par contre le patron dedeuxième génération est plus souventingénieur. Cette formation apportecertainement un plus au développe-ment et à la pérennité de l’entreprise.

Cette règle a toutefois d’heureusesexceptions : l’éclosion et la réussitede PME dans les secteurs des tech-nologies de pointe sont très souventdues à des ingénieurs. C’était l’auto-mobile en 1920, c’était l’informatiqueen 1960, c’est l’ensemble service télé-communications informatique aujour-d'hui. Or, il faut reconnaître que lesingénieurs français ne sont pas telle-ment préparés à cela, ne serait-ce quementalement.

Je ne voudrais pas oublier l’autregrande catégorie d’entrepreneurs, ceuxqui sont dans les grandes entreprises.Certains ont pu rêver à des entreprisesfonctionnant comme des boîtes à musiquebourrées d’ingénieurs fonctionnairesce qui n’interdisait pas une certaineimagination, une certaine innovationmais le tout parfaitement planifié,contrôlé. On a vu des grandes entre-prises publiques bien sûr mais aussides entreprises privées se scléroser ainsi.C’est alors qu’il est apparu que l’onavait besoin de cadres entrepreneurset donc d’ingénieurs entrepreneurs aussidans les grandes entreprises.

Peut-on être ingénieur sans être entrepreneur ?La réponse hélas est oui, car nous connaissons tous bon nombred’ingénieurs qui ne veulent pas être des entrepreneurs et qui neveulent surtout pas être pris pour des entrepreneurs. Je dis hélas,car le goût d’innover, l’acceptation des risques et le bon sens dansle choix, indispensables à un entrepreneur, me semblent devoir allerde pair avec les compétences et les responsabilités demandéesau métier d’ingénieur. Mais ce serait un peu court de limiterla caractéristique d’entrepreneur à ces seuls points.C’est peut-être parce qu’il est l’un des mieux placés pour évaluerdes risques que l’ingénieur n’a pas envie de les assumer !

Xavier Karcher,président du Conseil national des ingénieurs

et scientifiques de France

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En général le risque n’estplus alors pris au niveaude toute l’entreprise maisau niveau de chaque seg-ment horizontal ou verticalde l’organisation. Là lesseuls raisonnements car-tésiens, pas plus que la qua-lité de l’analyse ou la clartéde la synthèse ne suffisent.Il faut cet ensemble inno-vation – risque – bon senset remise en cause dechaque rouage et ensemblede rouages qui caractérisebien l’esprit entrepreneur.

Dans la catégorie desPME si les ingénieurs nesont pas entrepreneurs cen’est pas dramatique (saufdans les domaines de pointeoù c’est catastrophique)puisque d’autres personnesentreprenantes prendrontleur place en leur laissantles tâches d’exécution. Onpeut néanmoins le regret-ter, car ce sont les créations de nou-velles PME qui contribuent le plus audéveloppement de l’économie et del’emploi en France.

C’est la raison pour laquelle jem’inquiète qu’on ne dispense pas plusles formations élémentaires néces-saires, plus humaines que cartésiennes,dans les école d’ingénieurs. Au mini-mum faudrait-il qu’on revalorise lerôle de l’entrepreneur plutôt que dele considérer comme un aventurierou un malheureux qui n’a pas réussià intégrer le confort d’une grandeentreprise. Encore faudrait-il aussique l’ambiance générale et l’état d’es-prit en France cessent de considérercomme pures et dignes de confianceles seules initiatives venant de l’Étatou des collectivités publiques natio-nales, régionales ou locales quellesqu’en soient les conséquences bonnesou mauvaises. C’est un mal français pro-fond que nombre de décideurs publicset privés tentent continuellement deguérir depuis plusieurs siècles tant lecentralisme royal, puis républicain,est profondément enraciné dans laculture française.

C’est pour cela que les grandesécoles d’ingénieurs doivent partici-per à cette croisade de l’initiative etdu risque en adaptant leur enseigne-ment pour donner envie aux jeunesingénieurs d’être entrepreneurs et leur

fourbir des armes intellectuellespour assurer leurs meilleureschances de réussite dans cedomaine.

À cette fin, il est indispen-sable d’avoir des professeursentrepreneurs pour enseignercertaines matières à caractèretechnologique, social ou admi-nistratif. Beaucoup jugent cho-quant le rapprochement de cesdeux mots professeur et entre-preneur, alors que c’est sansaucun doute la force des étudesd’ingénieur aux États-Unis etaussi celle des écoles de ges-tion et de commerce en France.

L’école qui se satisfait deformer des ingénieurs fonc-tionnaires ne remplit pas samission. n

NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE16

Dans la catégorie des grandesentreprises c’est beaucoupplus grave. Les structuresindispensables de création,d’organisation, de réalisation,même pour des sociétés deservice, imposent à une grandeentreprise d’avoir beaucoupd’ingénieurs danstous les cheminementsorganisationnelset décisionnels.Contrairement aux PME,si les ingénieurs clés dela structure – ils sont forcémentnombreux – ne sont pas desentrepreneurs, ils vont bloquerl’évolution des autres personneset donc de l’entreprise.Celle-ci dès lors est en péril etbeaucoup d’exemples réelsmontrent que cela existe bien.

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LA FRANCE A BESOIN D’ENTREPRENEURS

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E N 1998 et à la demande du secré-taire d’État à l’Industrie, leConseil général des Mines et le

Conseil général des technologies del’information ont chargé une équipe– constituée de Robert Chabral (CNRS),Fabrice Dambrine (Mines) et moi-même (Télécom) – d’une étude surle développement des capacités entre-preneuriales dans les écoles d’in-génieurs, notamment dans le domainedes technologies innovantes.

L’enquête préliminaire sur desétablissements français a été com-plétée par un examen de ce qui sepasse aux États-Unis et en Europe.Il en est ressorti que les ingénieursfrançais sont nettement moins entre-

preneurs que la moyenne de lapopulation active de leur pays etleur capacité à créer des entreprisesest un potentiel très sous-employé :1% seulement des ingénieurs françaiscréent une entreprise à la sortie del’école et les chiffres par la suite ne s’élè-vent qu’à 7 % (Source Agence pourla création d’entreprise, APCE).

n L’analyseLes obstacles à la création d’en-

treprise sont nombreux jusqu’à pré-sent :• l’origine familiale des élèves estbeaucoup plus souvent constituée defonctionnaires que d’entrepreneurs,

II - Recherche de solutions aux problèmes éducatifsLa rareté des diplômés des grandes écoles dans la population des créateurs d’entreprisesne laisse pas indifférents les dirigeants de ces écoles.La Fondation de l’École polytechnique s’est donné comme deuxième objectif – après celuide l’internationalisation – de développer chez les X l’ambition et le savoir-faire de l’entrepreneur.D’ores et déjà, plusieurs écoles ont pris l’initiative de modifications profondes dans leurenseignement et leurs méthodes éducatives. Conjointement, le Secrétariat d’État à l’Industriea suscité en 1998 une enquête sur les moyens à mettre en œuvre pour développer les capacitésd’entrepreneurs dans les écoles d’ingénieurs placées sous sa tutelle.Notre camarade Jacques Béranger (58) rend compte de cette enquête dans un premier article.Puis, Robert Papin, pionnier de la “ révolution entrepreneuriale ” dans l’enseignement supérieur,nous parlera des réalisations de Hec-Entrepreneurs, et Gérard Unternaehrer (72) nous diracomment l’école des Mines d’Alès progresse depuis quinze ans dans la même voie, avecun grand coup d’accélérateur en 1998-1999.Daniel Jouve, conseiller de Direction, nous avertira ensuite que les littéraires sont capableseux aussi de faire de bons entrepreneurs, tandis que Jacques Barache (46) proposera un cadreeuropéen pour le perfectionnement des patrons de PME en fonction.Enfin, Jean-Paul Lannegrace (55) nous rappellera qu’un “ supplément d’âme” devra toujourss’ajouter à la science du management.

Une enquête sur la formationentrepreneuriale des ingénieurs

Jacques Béranger (58)

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• les enseignants chercheurs desécoles ont majoritairement une for-mation académique, éloignée jus-qu’à aujourd’hui de la connaissancede la petite entreprise,• les laboratoires de recherche desécoles ont été orientés essentielle-ment vers des résultats largementpubliables et non vers des possibili-tés de création d’entreprise,• les écoles d’ingénieurs elles-mêmes pensaient et certaines pen-sent toujours que la création d’en-treprise est une filière marginalepour leurs élèves, et que cela ne jus-tifie pas de leur part un investisse-ment propre important,• enfin, les grandes entreprises s’ef-forcent d’attirer à elles les élémentsles plus dynamiques d’une promo-tion.

Ces obstacles existent ailleursqu’en France, mais nous avons observéque les pays les plus performantsdans la création d’entreprise ont misen place des formations adaptées,complétées par un soutien prolongéaux créateurs.

Très schématiquement on peutdire, en examinant la situation àl’étranger, qu’il existe un rapport 10entre la France et les États-Unis dansles ratios concernant la création desentreprises technologiques innovanteset un rapport 2 avec certains paysvoisins en particulier dans le domainede l’enseignement supérieur.

Cet écart est à rapprocher desmoyens financiers mis en œuvre et del’ancienneté des structures d’aide àla création d’entreprise dans ces pays.C’est pourquoi en nous inspirantd’expériences étrangères, mais aussides réalisations françaises déjà signi-ficatives, nous avons pu faire quelquesrecommandations très concrètes.

Personne n’osera contester la rela-tion de cause à effet entre l’effort deformation et soutien, et le nombredes créations d’entreprises. Ce seraitcourir le risque de faire prendre ànotre pays un gros retard dans lesdomaines de la technologie, de l’em-ploi, et du dynamisme industriel ;cela serait particulièrement crucialdans la branche des NTIC.

Heureusement, nous percevonsdepuis peu le réveil de l’opinion

publique, et des attitudes plus posi-tives à l’égard de l’entrepreneur semanifestent.

En dehors de la création d’entre-prise proprement dite, les perfor-mances sont plus difficilement com-parables, mais il est manifeste queles initiatives demandées à l’ingé-nieur, même dans les grandes entre-prises et les administrations, se rap-prochent de plus en plus de cellesdu créateur de PMI notamment du faitde l’évolution de leur organisationinterne et de leur environnement,par exemple :• prendre le risque d’innover dansles produits, les procédés et lesméthodes,• réagir rapidement aux mutationsexternes (marchés, techniques...) etsaisir les opportunités,• faire la synthèse des aspects tech-niques, commerciaux, juridiques,sociologiques, en tant que dirigeantde petites entités,• sans parler de la nécessité pourchaque citoyen de construire sapropre trajectoire professionnelle etsouvent de créer son propre emploi.

Dès lors, l’enseignement supé-rieur peut et doit créer les conditionsfavorables à l’émergence de nouveauxentrepreneurs et à l’éclosion de nou-veaux projets, en particulier du faitde ses nombreux laboratoires.

Ce faisant il s’efforce de s’attacherau concept plus large de la “créationd’activités ”.

De la sorte, les écoles d’ingé-nieurs, qui favorisent la créationd’entreprise par leurs formationset leur soutien actif, sont certainesde développer des capacités de pre-mière importance dans de nom-breux types de carrière.

n Nos recommandations

Elles portent sur la mise en placed’enseignements donnant priorité auxprojets pédagogiques qui favorisentla création d’entreprise, tant par leurcontenu que par leur capacité à déve-lopper la créativité.

Le succès de cet enseignement nesera effectif que si l’ensemble desacteurs des grandes écoles et des admi-nistrations installent cette priorité aucœur de leur démarche.

Les efforts doivent porter, selonnous, sur :• les programmes d’enseignement,comportant très tôt dans un tronccommun une part d’incitation et unepart de formation, puis une filièreoptionnelle d’approfondissementpour les élèves les plus intéressés,• la pédagogie, très orientée vers laformation-action, le tutorat interne ouexterne et l’étude de projets completsde création d’entreprise,• le recrutement et la mobilisationdu corps enseignant et sur l’état d’es-prit des dirigeants mêmes de l’école,• l’apport de conditions d’accueil etde soutien à la création d’entre-prise, par des actions transversales,suscitant un véritable changementculturel.

Ce schéma nécessite une réflexionen profondeur et un très grand prag-matisme dans la mise en œuvre, vuson caractère encore expérimental.

La pédagogie à mettre en placeréclamera des moyens spécifiques etun long temps de préparation de lapart de l’encadrement et des ensei-gnants chercheurs.

Chaque école devra trouver sonchemin entre le “tout par nous-mêmes”– qui, dans le contexte actuel des

NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE18

1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997

• 204 000

• 195 000

• 179 000• 173 000

• 171 000

• 185 000

• 179 000• 172 000

• 167 000

Nombre d’entreprises créées chaque année en France

210 000

200 000

190 000

180 000

170 000

160 000

150 000

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grands écoles et de leur environne-ment, ne pourrait conduire qu’à l’échec– et le “ tout par les autres ” qui vide-rait l’école de son sens, l’empêchantde rester un pôle de compétences etde garder elle-même l’esprit entre-preneurial.

Un partenariat ou plutôt des par-tenariats et une organisation en réseau(par exemple, entre écoles d’ingé-nieurs et écoles de commerce), bienque toujours délicats à construire età poursuivre avec succès, devraientpermettre d’optimiser les moyens.

n La mise en œuvreLes conclusions de ce rapport

ont commencé à être appliquéesconformément à la Charte de qualitérécemment élaborée par le Secrétariatd’État à l’Industrie.

Ainsi, au sein du groupe des écolesde télécommunications (CGET), l’ENST,l’ENST Bretagne, l’INT (Managementet Telecom), auxquelles sont asso-ciées l’ENIC et EUROCOM, mettenten place :• une sensibilisation et une incita-tion à la création, pour tous lesélèves en première année de forma-tion initiale,• une filière spécialisée “ entrepre-neur ”, éventuellement sous formed’UV, pour 10 à 20 % des élèves endeuxième ou troisième année,• un incubateur interne proche deslaboratoires dans chaque école.Y sont déjà présents globalement unequinzaine de porteurs de projet, issusde ces établissements et, espérons-le,ce nombre pourrait croître rapide-ment.

Déjà des élèves ou des anciensélèves de ces écoles ont remporté cetteannée des premiers prix dans plu-sieurs grands concours nationaux àla création d’entreprise.

Cet amorçage, ces premières actionset ces résultats encourageants ne doi-vent cependant pas faire oublier qu’ils’agit d’une transformation en pro-fondeur des écoles.

Une dizaine d’années seront néces-saires pour mesurer les résultats ets’assurer qu’ils sont durables. C’est ledélai minimum auquel il faut s’at-tendre pour des réformes ayant un

certain niveau d’ambition. S’il enrésulte un renouveau très significatifde la création d’entreprise dans lesNTIC, la preuve sera faite qu’il estpossible en France que l’enseigne-ment supérieur apporte une contri-bution active aux nécessités de l’éco-nomie et à son développement.

Les conditions deréalisation à respecterDans la conduite des incubateurs,

une vigilance particulière me paraîtcependant nécessaire sur les pointssuivants :• la délimitation, sans dérapage, desintérêts publics et privés, en particu-lier quant aux financements et à leuremploi,• la perception claire des enjeuxtechnologiques et capitalistiques liésaux créations d’entreprises, afin queles intérêts nationaux soient toujoursrespectés,• un juste équilibre, de la part del’école, entre un éveil du goût durisque et le respect des choix indivi-duels,• la sauvegarde de la confidentialitéconcernant les projets de créations etla protection juridique de la pro-priété, dans un contexte où le facteurtemps est primordial,• la progressivité dans le soutien aux

créations d’entreprises pour éviter laprolifération des projets insuffisam-ment maîtrisés, des concours et desincubateurs trop coûteux, les pertesd’énergie, d’argent, ou pire de moti-vation dues à des déceptions.

Il ne faut pas oublier non plus quecertains problèmes d’ordre généralliés à la création d’entreprise ne sontpas encore réglés :• le statut du jeune entrepreneur,qui n’est ni étudiant ni salarié,• le capital d’amorçage qui reste dif-ficile à trouver pour les petits projets,• les critères de rentabilité de l’in-vestissement public, en particulierdans les incubateurs, critères quiréclament vraisemblablement la priseen compte des retombées technolo-giques et économiques de la créationd’entreprise à très long terme.

En définitive le rapport inviteles écoles d’ingénieurs à lancer desréflexions et des expériences surplusieurs points clés :• les critères de recrutement desélèves,• l’évolution des enseignements etl’acquisition d’une compétencepédagogique spécifique,• le développement de la créativité,• la constitution de réseaux pouratteindre les tailles critiquesnécessaires. n

LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 19

Au premier plan, face à la mer, l’ENST-Bretagne (technopole Brest Iroise).

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NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE

LA FRANCE A BESOIN D’ENTREPRENEURS

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Nous ne limitons pas le vocabled’entrepreneur à la création d’entre-prise. La création est une étape de lavie de l’entreprise où s’exprime sur-tout l’élément psychologique : la ragede réussir et souvent une revanchesur la Société.

Ce n’est pas la seule circonstanceoù se manifestent les compétences“d’entreprenant”, c’est même une cir-constance très particulière où l’indi-vidu compte plus que l’équipe et oùla réussite se mesure essentiellementau nombre d’emplois créés.

Nous mettons davantage l’accentsur la reprise d’entreprise, le redres-sement d’une exploitation, la mise enœuvre d’une stratégie et même la

direction en tandem avec un managersenior. Car l’esprit d’innovation et l’af-frontement du risque se retrouventdans toutes ces situations.

Une pédagogiepar l’actionen grandeur réelle

La formation d’entrepreneurscapables d’innover n’est pas une affairede théorie ni de recettes, c’est uneaffaire de pratique. Les candidats àl’entreprenariat doivent être confron-tés en permanence à des risques etdes défis réels. Seule la formation-action a un véritable impact, et notreinnovation pédagogique doit être d’ap-porter un raccourci de l’action concrète.

Nous sommes persuadés que laréussite d’un chef d’entreprise résultedavantage de ses qualités personnellesque de ses connaissances. En consé-quence, les cours dispensés sont trèscondensés et les notions étudiées sou-mises immédiatement à l’expérimen-tation qui les valide.

Comme pour l’apprentissage dela nage, il faut plonger dans la réalitéde l’entreprise : plus vite on met enapplication ce qu’on apprend, mieuxon perçoit la réalité des processus etplus vite on les maîtrise. Ceux quisont passés par cette formation sontimmédiatement opérationnels, dans desdisciplines variées, et très adaptablesà d’autres disciplines. Ils ont aussi lamaturité, l’humilité et la rigueur moraledu praticien, jugé sur ses résultats.

HEC-Entrepreneurs n’est juridiquement qu’une division d’HEC,chargée d’enseigner un métier parmi d’autres : celui d’entrepreneur.Mais elle est ouverte à une autre “ ethnie ” que les élèves de 3e annéed’HEC : 50 % de son effectif est constitué d’ingénieurs de grandesécoles.C’est en 1977 que, au retour de Stanford et agréé comme professeurde stratégie dans la célèbre école de Jouy-en-Josas, j’ai fait accepterpar la haute direction cette nouvelle formule.Nous avons démarré avec 40 élèves (20 HEC + 20 ingénieurs),nous en sommes à 64, et l’année prochaine 80…La scolarité ne dure qu’un an, mais, comme nous allons le voir,une année à haute densité.Nous nous sommes interrogés successivement sur la notion mêmed’entrepreneur, sur la pédagogie la plus appropriée, et surl’environnement professionnel de l’École.

HEC-Entrepreneurs :une pédagogie révolutionnaire

Robert Papin,professeur de stratégie industrielle

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Qu’est-cequ’un entrepreneur ?

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Une constellationde professionnelsbénévolesautour de l’École

HEC-Entrepreneurs dispose d’unenvironnement de 250 encadreursextérieurs qui permettent à ses élèvesde vivre dans le réel. Ce sont des chefsd’entreprise, des consultants, desmagistrats, qui sont motivés par l’in-térêt des missions à piloter – dont ilsproposent eux-mêmes les programmes–, et par les leçons que les jeunesinnovateurs, groupés par équipes detrois, vont leur donner.

L’indemnité qu’ils reçoivent couvrejuste les frais qu’ils engagent. Ils assu-rent le pilotage de la mission sansralentir leur activité professionnelle etpour ne pas perdre de temps ils héber-gent l’équipe des trois étudiants dansleurs propres locaux. Bien entenduil y a un renouvellement partiel tousles ans de ces encadreurs bénévoles,soit à leur initiative, soit à celle del’École, en fonction des résultats desopérations qu’ils ont menées.

Une sélectionselon des critèresde personnalité

Nos élèves doivent assurer le finan-cement de leur scolarité : 40 000 Fpour les élèves d’HEC, 75 000 F pourles ingénieurs. Cela n’empêche pasqu’il s’en présente entre 300 et 400chaque année ce qui nous laisse unelarge possibilité de sélection. L’âgemoyen de nos candidats (1/3 filles,2/3 garçons) est de 22 ans ; rares sontceux qui ont eu une expérience enentreprise dépassant quelques moisde “ stage pratique ”.

Nos critères ne sont ni le prestigedu diplôme ni l’étendue des connais-sances, mais l’aptitude aux responsa-bilités d’entrepreneur, c’est à dire : laforce de caractère, la volonté de dépas-sement, l’esprit d’équipe, la générositédans l’effort, la simplicité du contacthumain.

Chaque candidat passe devantdeux commissions constituées d’an-ciens élèves, très imprégnés par l’es-

prit de l’École. Le rapprochemententre les appréciations de ces deuxjurys permet de faire émerger lesmeilleurs. Nous donnons néanmoinsleur chance à quelques timides quinous paraissent avoir un fort poten-tiel ; ils nous ont rarement déçus.

Les départs en cours d’année sontl’exception car nous veillons à la satis-faction de nos élèves (c’est notre fondsde commerce). Si un seul d’entre euxsortait mécontent de sa formation,nous aurions le sentiment d’avoir faillià notre mission ; car notre but per-manent est de susciter l’enthousiasmedes élèves et de les armer pour tracerleur chemin dans un univers profes-sionnel en changement.

Une scolaritéqui est un parcoursdu combattantsans répitL’enseignement de HEC-Entrepre-

neurs consiste essentiellement en unesuccession de missions réelles confiéesaux élèves dans des entreprisesréelles. Il y assurent, par groupes detrois remodelés d’une mission à l’autre,des responsabilités effectives débor-dant leurs connaissances théoriqueset réclamant donc une volonté dedépassement.

Le cycle complet comporte 7 mis-sions dont on trouvera un résumédans l’encadré ci-contre.

Après quoi, nos “ cadets de WestPoint ” sont aguerris. Ils sont allésjusqu’à la limite de leur résistancephysique et morale, mais nous veillonsà ce qu’aucun ne craque.

Nous ne perdons pas de vue quel’objectif est pédagogique, les étu-diants doivent apprendre des chosesimportantes, non anecdotiques, quipénètrent en profondeur, dans leurs“ tripes ”. Notre petite équipe de pro-fesseurs permanents – car il en restequatre ou cinq – garde le contact avecchaque élève ; elle lui insuffle avantchaque mission les idées clés qui luiseront nécessaires et recueille sesconfidences.

Nous nous assurons par ailleursque le pilote de la mission, le plussouvent un chef d’entreprise, n’a pas

axé toute la mission sur le profit àen tirer pour lui-même. Sur ce pointla séance finale devant le jury est unpuissant moyen pour responsabili-ser les élèves.

LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 21

Le parcoursdu combattantde l’étudiant1e missionProjet de création d’entreprise sur uneidée apportée par le dirigeant enca-dreur. En fin de mission le projet estprésenté à un jury de personnalitésextérieures. Si le projet est recalé c’estune expérience très humiliante pourles élèves et pour le chef d’entreprisepilote. Il s’agit de vrais projets présen-tés à de vrais banquiers, qui acceptentou refusent le financement.

2e missionProjet de redressement d’entreprise endifficulté. Les étudiants, épaulés pardes administrateurs judiciaires, doiventproposer des solutions de redresse-ment, de cession, ou de liquidation.Là aussi, il est difficile de gagner laconfiance du jury et de passer l’exa-men sans secousse.

3e missionProjet de transmission d’une entrepriseen bonne santé, avec diagnostic degestion, détermination d’une four-chette de prix, et propositions de solu-tions aux problèmes juridiques, fiscaux,financiers et de management.

4e missionMission de “ bras droit ” d’un granddirigeant d’entreprise, mission longuede dix semaines qui s’éclate souventen missions individuelles pour chaquemembre du trio ; c’est un moyen pourle patron de voir à l’œuvre, de très près,ces jeunes espoirs, et de repérer ceuxqu’il aurait envie d’embaucher ; ainsiles débouchés de sortie d’école se pré-parent.

5e à 7e missionsCe sont des missions pilotées par degrands consultants en situation réelle,chez leurs clients. Missions successivesde conseil stratégique, puis de ventesur le terrain, puis de plan de commu-nication, en liaison avec des journa-listes et des cinéastes.

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Une trentainede dirigeants, d’ex-perts et de recru-teurs potentiels semobilisent unejournée entièrepour constituer cejury. Dans cettejournée, quinzeéquipes de troisétudiants (géné-ralement une filleet deux garçons)viennent succes-sivement pré-senter le projetqu’ils ont élaboréen quatre à sixsemaines sur leterrain. Chaqueéquipe disposede vingt minutespour sa présen-tation. Et la façon dont elle s’en tirerévèle ses qualités de jugement, d’ima-gination, de conjonction et de com-bativité.

Les jurés sont tous des vieux rou-tiers du management et de l’incertitudedu business. Aussi leurs questions etleurs objections fusent de toutes parts.J’encourage moi-même les interpel-lateurs à ne pas s’attendrir devant lajeunesse des exposants.

Il s’ensuit quelquefois des empoi-gnades orageuses avec le pilote de lamission, toujours présent. Cela aussiest un bon apprentissage de la duretédes affaires.

L’essaimagede HEC-Entrepreneurs

Malgré sa bonne renommée auprèsde ses élèves, et l’afflux croissant descandidats, HEC-Entrepreneurs a long-temps été considéré comme une “expé-rience intéressante ”.

L’idée d’en tirer, sinon un modèle,du moins une source de méthodesnouvelles à introduire dans les écolesexistantes n’est venue qu’en 1995,d’une école de “ série B ”, l’École descadres (EDC), dont le contrôle venaitd’être repris par Alain DominiquePerrin, le président de Cartier Interna-tional.

De concert avec la nouvelle équipede direction, nous avons modifié enprofondeur l’enseignement théorique,recruté de nouveaux enseignants etintroduit deux missions par annéed’étude. Le tonus de l’École en a ététransformé, et son titre devint Écoledes dirigeants et créateurs d’entre-prises.

Une deuxième intervention trèspositive a été faite à l’École de com-merce du Havre grâce à la présence d’ungrand patron Hubert Raoul-Duval quisurmonta vaillamment les résistancesau changement et qui est en train defaire de cette école un modèle pourles écoles de commerce des grandescités régionales.

La réforme de l’école des Minesd’Alès, impulsée par son directeuravec le concours de HEC-Entrepreneurs,fait l’objet d’un article très documentéde Gérard Unternaehrer dans le pré-sent numéro de La Jaune et la Rouge :c’est une grande première dans lafamille des écoles d’ingénieurs, quele ministère de l’Industrie projetted’étendre aux trente écoles d’ingé-nieurs placées sous son autorité.

Ces actions d’essaimage font par-tie de l’activité “ conseil et assistance”de HEC-Entrepreneurs. Cette activitéest destinée à prendre de l’ampleur,complémentairement au développe-ment de l’École.

Nous ne nous cachons pas les freinsà l’extension de nos modes de for-mation révolutionnaires. Les freinssont liés au statut des écoles et de leurcorps enseignant :• quasi-gratuité de l’enseignementqui ne met pas l’étudiant lui-mêmeen situation d’investisseur,• sélection par concours basé sur lesconnaissances,• difficultés à mobiliser un environ-nement de professionnels quasibénévoles et à réunir les jurys,• enseignants intégrés ne pratiquantpas l’alternance avec la vie d’entre-prise, et souvent plus motivés par larecherche que par la pédagogieactive.

Mais le gâchis des formations tra-ditionnelles est tellement évident, etles risques courus, pour leur emploiet dans leurs carrières, par les étu-diants qui y sont soumis s’annoncenttellement sérieux que les formulesnouvelles sont assurées de l’empor-ter. Certaines applications seront sansdoute imparfaites ; mais la marge deprogrès est tellement forte que mêmeincomplet le profit est déterminant.n

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Une promo d’Hec-Entrepreneurs avant l’exercice de parachutage,partie intégrante de la formation.

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LA FRANCE A BESOIN D’ENTREPRENEURS

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Quinze ansde maturationL’école des Mines d’Alès (EMA) est

une des écoles rattachées au secrétariatd’État à l’Industrie, comme Albi, Douaiet Nantes. Elle recrute la majorité des170 étudiants de chaque promotionsur concours commun en fin de mathssup. et la durée de sa scolarité est dequatre ans. C’est une école d’ingénieursgénéralistes et transdisciplinaires.

Outre son enseignement, elle entre-tient une activité de recherche quiemploie 180 personnes réparties entrois centres de compétence : Alès,Nîmes et Pau.

Les diplômés de l’ÉMA n’ont pasde problèmes de débouché : 99 %trouvent un emploi dans les six moissuivant l’obtention de leur diplôme.Ils se placent de façon majoritairedans les grands groupes industriels(comme les ingénieurs des autresécoles), en négligeant les PME et enignorant la voie de la création d’en-treprise.

Cette situation confortable ne satis-fait pas pleinement la Direction. Aussi,dès 1984, sous l’impulsion d’un grandnovateur, Henri PUGNERE, qui estaujourd’hui le directeur de l’École,l’ÉMA s’est donné les moyens d’ac-

compagner les jeunes diplômés por-teurs de projets de produits nou-veaux à la mise au point de ces pro-duits au sein des laboratoires del’École ; elle leur a procuré en outreune bourse de subsistance et une for-mation à la création d’entreprise.

Douze ans après, en 1996, à lasuite d’un colloque sur “L’enseignementsupérieur et la création d’entreprise”,l’ÉMA entreprit une suite d’actionspour faire évoluer la culture de sonétablissement : en responsabilisantdavantage les élèves, en instituant unenseignement de philosophie, enrecrutant des sportifs de haut niveau,

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Pour formerdes ingénieurs entrepreneurs :la démarche de l’école des Mines d’Alès

Gérard Unternaehrer (72),directeur adjoint de l’école des Mines d’Alès

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et en ouvrant son corps enseignantsur la vie économique extérieure,notamment les entreprises. Elle a puainsi envisager de passer à un stadeplus avancé de “ révolution cultu-relle ”, et en juin 1998, son conseild’administration a décidé de conver-tir plus complètement l’ÉMA en une“ école d’ingénieurs entrepreneurs ”avec même l’ambition d’être lapremière école française répondant àce besoin majeur de l’économiefrançaise.

Pour la rentrée de 1999 un cur-sus entièrement rénové a été annoncéaux élèves, avec la pleine coopérationdu corps professoral, et pour certains,de radicales reconversions.

Car c’est un intense travail d’équipequi a permis de concrétiser ce grandprojet.

L’innovation n’a pas porté que surle cursus des quatre années de for-mation : elle a porté aussi sur le dis-positif pour faire mûrir les projetsde créations d’entreprises et faciliterleur réalisation (ce que nous appe-lons à Alès “ l’incubateur ”) ; et enfinsur la façon d’impliquer plus large-ment l’École dans le développementéconomique des régions où elle adéjà des antennes de recherche-déve-loppement (Nîmes, Pau et bienentendu Alès).

Nous allons approfondir le cha-pitre de la formation proprement ditedes ingénieurs et évoquerons plusrapidement les autres initiatives.

Le nouveau cursusde formationdes ingénieursLes promotions issues de la sélection

actuelle nous paraissent tout à fait aptesà prendre le tournant de la nouvelleformation ; elle correspond en fait –nous l’avons vérifié – aux motivationsprofondes des élèves. Être le plus prèspossible des entreprises réelles et deve-nir eux-mêmes de vrais entrepreneursles intéresse au plus haut point.

Les principes de notre nouvellepédagogie, qui a été mise en place enpartenariat avec HEC-Entrepreneurs,sont les suivants :• priorité à la formation-action quiplace l’étudiant face à des problèmesdont il n’a pas tous les éléments deréponse, en réclamant de lui initia-tive et proposition concrète ;• le plonger aussi dans l’environne-ment de la vie économique et de l’en-treprise, pour résoudre des problèmesréels dont l’enjeu est important ;• donner aux élèves qui le souhaitentdes facilités pour développer un pro-jet personnel à caractère entrepre-neurial (création d’entreprise, projethumanitaire...) en bénéficiant d’unescolarité aménagée et des diversesressources de l’École.

La transmission de connaissances,par la pédagogie classique, occupeencore deux tiers du temps ; le troi-sième tiers comprend quatre typesd’activités.

• Une fois à deux fois par anune “ mission de terrain”, sur cinqsemaines en continu, menée par uneéquipe de trois élèves, chaque mis-sion est proposée par un profession-nel extérieur à l’École (le plus sou-vent un chef d’entreprise), quis’engage à en assurer le pilotage. Letravail réalisé est présenté devant unjury de professionnels qui en discutela méthode et les résultats. Cetteséance de présentation est concen-trée sur une journée pour les 50 à60 projets réalisés, avec la participa-tion de l’ensemble des élèves et desprofesseurs, plus une bonne centained’industriels. Cette journée constitueun événement propice aux échangeset à l’innovation.

• Deux fois par an des mini-missions d’une semaine chacune.Les élèves travaillent sur un sujet àcaractère scientifique ou technolo-gique, tutorés par un spécialiste dusujet. Tout en réalisant une applica-tion, ils approfondissent leursconnaissances et leurs compétencessur ce sujet.

• À la fin de chaque année unstage en entreprise de huit à douzesemaines, avec prise de responsabili-tés réelles ; le stage de 4e année com-porte l’établissement d’un vrai projetindustriel.

• Tout au long de la 3e année unprojet d’une durée totale d’environdeux cent cinquante heures mené paréquipes de trois et consistant à rele-ver un défi scientifique, technique outechnologique (projet de R&D ouétude de procédé de fabrication parexemple).

Cet exercice vise à développer lesens de l’organisation et le travail enéquipe.

Les étapesde l’apprentissageL’ensemble de cette pédagogie a

pour objectif de développer parallè-lement les compétences scientifiques,techniques et celles de management,et par ailleurs les qualités humaines :esprit d’initiative, curiosité, capacitéà s’organiser et à se dépasser, insertiondans une équipe, acceptation de laremise en cause par autrui.

NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE24

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Gérard Unternaehrer.

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Il est intéressant de voir commentles thèmes des diverses missions etprojets évoluent d’année en année :• en première année se placentparadoxalement les projets les pluscomplexes, ceux qui concernent lacréation d’entreprise. C’est lemeilleur moyen de plonger tout desuite l’élève dans les réalités écono-miques et de lui faire percevoir toutce qui se situe au-delà de la tech-nique : aspects commerciaux, finan-ciers, juridiques... ;• en deuxième année , l ’élèves’exerce à la combinaison des diversfacteurs de réussite :– d’une part, produit - marché - finan-cement, il s’agit d’élaborer une stratégie“marketing ”’, ou un montage finan-cier, ou un plan d’action à l’interna-tional, ou une politique de commu-nication...,– d’autre part combinaison des fonc-tions recherche, production, organisa-tion, il s’agit de prendre rapidementen charge le problème réel d’uneentreprise (par exemple gestion deproduction, logistique, qualité...), etde proposer une solution argumen-tée de façon convaincante ;• la troisième année est l’année del’innovation, avec création de pro-duits et services nouveaux : l’équipedoit détecter un besoin, un pro-blème, une insatisfaction, une appé-tence, un rêve qui pourrait conduireà la réalisation d’un produit de ser-vice innovant ; elle aura à conduireles phases de perception et d’analysedu besoin, d’émergence de solutions,et de validation de la solution rete-nue. Cette mission intéresse tout par-ticulièrement les industriels soucieuxdu développement d’activités nou-velles dans leur entreprise ;• la quatrième année, tradition-nellement année d’option, peutdevenir pour les élèves les plusdynamiques un véritable espace decréation avec une formation adap-tée à un projet personnel pouvantaller jusqu’à la création d’une entre-prise. De plus, chaque élève devraréaliser une expérience significativeà l’étranger. L’École s’organise pourrendre le niveau européen bac + 3lisible au centre de sa formation enquatre ans.

Chaque élève peut, à tout momentde sa scolarité, contractualiser avecl’École un cursus personnalisé afinde réaliser un projet personnel ambi-tieux (projet sportif, création d’uneentreprise, incubateur, etc.).

L’ANVAR vient de passer uneconvention avec l’école des Minesd’Alès pour apporter un soutienfinancier de 40 000 F aux projetspersonnels de créations de produitsinnovants.

Tel est le programme de réformedu processus de formation des élèvesque nous sommes en train de mettreen route à Alès. Les difficultés quenous rencontrerons nous obligerontcertainement à ajuster notre tir etretoucher notre programme, mais cequi paraît déjà acquis, c’est l’adhésionde toutes les parties prenantes de cetteréforme, élèves, enseignants, person-nel assistant, et les nombreux parte-naires extérieurs : chefs d’entreprises,universitaires, autorités de tutelle del’ÉMA.

Au-delà de la formationinitiale des ingénieurs Il reste à dire quelques mots des acti-

vités de l’ÉMA, complémentaires àl’enseignement proprement dit, quiconstituent un environnement quasiindispensable.

Pour authentifier son insertiondans les réalités économiques, l’ÉMAdoit poursuivre en l’intensifiant saparticipation au développement desprojets jusqu’à l’industrialisation etla commercialisation des produits etmême sa participation au dévelop-pement des industries locales.

Nous avons donc un plan pourdévelopper notre dispositif d’incu-bation et surtout sa connexion, enamont avec les organismes de recherche,et en aval avec les pépinières d’en-treprises. Notre incubateur, qui accueille20 créateurs aujourd’hui, en accueillera50 en 2005, et depuis son origine ila permis la création d’une cinquan-taine d’entreprises durables. Parmices créateurs, les diplômés de notreÉcole ont jusqu’ici été très minori-taires parce que l’enseignement reçune les y préparait guère, mais il estévident que cela va changer.

Notre participation au dévelop-pement local, notamment à celui dezones d’activité et de technologie,implique une proportion non négli-geable de notre corps enseignant etaussi, à partir de cette année, un cer-tain nombre d’élèves qui y trouverontdes “ missions de terrain ”. Elle sedéroule en partenariat avec les acteurséconomiques locaux et fait l’objet d’uncontrat avec la collectivité locale (lecontrat avec Pau a été signé dans l’été99); notre apport est reconnu commetrès fructueux sur les deux chantiersdéjà en cours (Nîmes et Alès). Parexemple, sur la technopole de Nîmesse sont installées six entreprises dansle domaine des biotechnologies etl’ÉMA a un programme de rechercheet de formation dans ce domaine.

n Une grande ambitionL’école des Mines d’Alès fait donc

plusieurs paris ambitieux, avec uneperspective très vaste : le retour versle bassin méditerranéen des activitéséconomiques à base de matière grise.Elle croit pouvoir influer sur le déve-loppement économique et social desa région et s’y investit.

Elle croit aux jeunes, leur faitconfiance, et les accompagne dansleurs projets.

Enfin elle s’ouvre sur la sociétécivile et cultive une relation forte entreles élèves, les enseignants et les res-ponsables d’entreprises.

Pour mettre en œuvre sa démarcheentrepreneuriale, elle souhaite queles industriels ayant le goût d’entre-prendre la rejoignent afin de jouer lerôle de tuteur et transmettre leur pas-sion au travers de la réalisation demissions, où les futurs ingénieurss’aguerrissent. n

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C ES OBSERVATIONS ne se placentpas dans le cadre de l’oppo-sition de deux tribus, les

matheux et les littéraires, oppositiondans laquelle on laisse entendre queceux qui font des études littérairessont ceux qui n’étaient pas capablesde faire des mathématiques. C’est uneidée fort triste mais malheureusementencore très répandue dans le pays quia donné au monde Blaise Pascal.

On me dit : “ Peut-être avez-vousraison mais comment donner la rigueuraux littéraires ? ” On veut dire par làque les littéraires sont des baratineursflous. Une seule réponse : lisez l’Histoireuniverselle de Bossuet et voyez com-ment un homme qui a vécu il y a troiscents ans capture votre attention etvous fait une démonstration enri-chissante dans une phrase qui fait unepage et demie sans que vous perdiezle fil... et en vous donnant envie delire les pages suivantes. Quelle méca-nique de précision que l’on n’imposepas à l’autre mais qui le charme, l’ins-truit et l’enthousiasme !

À mon avis, la formation littéraireprépare le futur entrepreneur en luidonnant une capacité d’expressionfine, une connaissance des ressorts

de la nature humaine et en lui don-nant aussi une capacité à penser “ enrelief ”, expression que j’expliciteraici-dessous.

Une pépinière de bons chefsd’entreprise : les littéraires

Daniel Jouve *

D.R

.

Après 12 000 interviews de responsables d’entreprises en vingt ans,je pense pouvoir exposer que les études et formations littérairespeuvent produire de la bonne graine d’entrepreneur !

L’individu développesa capacité d’expressionen apprenant les rouageset les subtilités de la langue(et on n’a pas trouvé mieuxque le latin et le grec pourfaire comprendre le français)et surtout en fréquentantles écrits de ceux qui saventcréer des messages aussidivers en utilisantles mêmes mots fournispar le dictionnaire.C’est une école de liberté,de créativité, d’originalité.C’est l’inverse de l’utilisateurde l’informatique qui n’estefficace qu’en suivantservilement la pensée de celuiqui a conçu le système.

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La capacité d’expressionest l’arme absoluede l’entrepreneur

L’entreprise moderne est une sociétéaux publics multiples (équipes de res-sources humaines, de vente, de mar-keting, de recherche et développe-ment, de fabrication, de finances,d’informatique). Chacun de ces groupesdoit adhérer au message de l’entre-preneur et collaborer avec tous les

autres groupes alors que pour chaquegroupe le choix des mots et la “ cou-leur ” de chacun sont différents. Legrand fédérateur qu’est le chef d’en-treprise doit être sensible à toutes cesnuances et les utiliser pour faire pas-ser un message simple et enthousias-mant : voici où nous allons et voicice qui est attendu de chacun.

Napoléon Bonaparte, officier d’ar-tillerie formé aux mathématiques dansles bonnes écoles, n’a pas prouvé la vic-toire à venir au tableau noir avec des

équations! Il a dit ces mots magiques :“ Soldats, du haut de ces pyramides,quarante siècles vous contemplent. ”

Les sciences humaines et surtoutl’histoire mais aussi la psychologie etla philosophie enseignent à l’entre-preneur ce que sont les groupeshumains, leurs structures, leurs riva-lités, ce qu’est le pouvoir, la séduc-tion, l’orgueil, la gloire, la récom-pense. Et tout cela, n’est-ce pas le tissude l’entreprise ?

Enfin, les langues ne sont pas seu-lement des moyens de communiqueravec des collaborateurs, des concur-rents, des fournisseurs, des marchésdans d’autres pays. Les langues sontl’expression d’une forme de penséeoriginale et celui qui en possède plu-sieurs peut “ penser en relief ” car,pour saisir le relief, il faut avoir plusd’un œil ou d’un objectif. Les entre-preneurs présents ou futurs ont étéen France au plus facile et au plusefficace en apprenant l’anglais. Si leshommes qui nous gouvernent et sedisent européens voulaient bien lan-cer une croisade pour que les Françaisapprennent l’allemand, les entreprisesseraient mieux gérées pour le bénéficede tous.

Tout ceci ne critique ni ne rejetteles formations scientifiques et leursvaleurs. Demandez tout de même auxdirigeants des 1 000 premières entre-prises françaises combien de fois aucours des douze derniers mois ils ontrésolu une équation, traité un pro-blème de mécanique ou d’électricitéet combien de fois ils ont pris la paroleen public, convaincu un client designer un gros marché, remotivé undirigeant ou grillé un concurrent, enfaisant une analyse plus “ en relief ”que lui. n

* Daniel Jouve est, depuis vingt ans, conseil enrecrutement de cadres dirigeants et spécialistede gouvernement d’entreprise. Il a fait ses étudesau lycée Louis-le-Grand dont il a rapporté unpremier prix de mathématiques et un premierprix de français.

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© N

D-V

IOLL

ET

Bossuet par Hyacinthe Rigaud.

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D ANS La Jaune et la Rouge defévrier 1997, j’avais annoncéla création en 1996 d’une

fondation à Sierre en Suisse, le Foruminternational pour la petite et moyenneentreprise, en abrégé Fondation FIMPE.

La finalité de cette fondation étaitde valoriser les PME et d’intervenirsur les conditions fondamentales deleur développement.

Au cours d’une première réunioninternationale organisée à Sierre ennovembre 1997, les partenaires deFIMPE1 se sont mis d’accord sur deuxlignes d’actions prioritaires :• un cycle expérimental de quatreéchanges d’expérience, en Suisse, enItalie et en France, entre dirigeantsde PME européennes,• un projet pilote pour une forma-tion spécifique des dirigeants dePME.

Je ne m’étendrai pas sur les échangesd’expériences qui ont eu lieu, de juillet1998 à avril 1999, dans des régionsréputées pour le dynamisme de leursPME :• dans la Lombardie (à Lecco),• dans le Valais suisse (à Sierre etSion), • en Bretagne dans la couronne deRennes,• et à nouveau en Italie à Udine(région du Frioul et de Vénétiejulienne), avec la participation departenaires britanniques.

Chaque rencontre a rassembléquinze à vingt personnes, dont unnoyau permanent d’une douzaine depatrons de PME. Ce fut l’occasion devisiter une quinzaine de PME per-formantes et de dialoguer en profon-deur avec leurs dirigeants.

Des thèmes forts se sont dégagésde ces rencontres : ils vont servir dematière première pour la mise enœuvre du projet “Les patrons formentles patrons ”, qui a été intégré dans leprogramme LEONARDO de l’Unioneuropéenne.

Les fondementsdu projet de formationLe projet pilote dont la FIMPE

commence aujourd’hui l’élaborationrepose sur les constatations suivantes :• Les patrons de PME reconnaissentque la complexité de l’environne-ment dans lequel ils opèrent s’accroîtsans cesse et que “ c’est beaucoupplus difficile aujourd’hui qu’hier ”.Pour maîtriser cette complexité, ilfaut faire autrement, innover etmieux répondre aux attentes desclients, des fournisseurs et du per-sonnel...• Pour que les dirigeants de PMEsoient mieux armés face à ces défis,leur formation, tout au long de la vie,constitue un enjeu économique etsocial important. Elle doit permettre

aux entreprises d’améliorer leur per-formance, de se développer et donc decréer des emplois. De plus, si le patronde PME accepte, lui aussi, de se for-mer, cet exemple est hautement sym-bolique et favorise très fortement laformation de l’ensemble du personnel.• Pourtant, les dirigeants de PMEacceptent mal de suivre des forma-tions classiques hors de l’entreprise.Dans un contexte de constructioneuropéenne et de mondialisation, ilsprivilégient les échanges entre“pairs ” et portent un très vif intérêtaux échanges transnationaux d’expé-riences. Inclure ces échanges dans undispositif de formation permettra decontribuer à la construction d’une“Europe des entrepreneurs ”.• C’est pour concilier ces impératifset ces paradoxes qu’a été conçu ceprojet pilote. Initié par la FondationFIMPE, il sera développé avec despartenaires français, italiens, britan-niques et suisses : organismes de for-mation, centre de recherche et grou-pements de PME.

“ Les patrons forment les patrons ”,un projet européen de formation à distance soutenu

par l’Union européenne et par la Suisse

Jacques Barache (47)

D.R

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n Contenu du projetCe projet vise à apporter aux diri-

geants européens les moyens de seformer sur les problèmes clés desannées à venir, en tenant compte deleurs réflexes spontanés et par ailleursde leurs disponibilités de temps limi-tées (d’où une large utilisation deNTIC 2).

Pour être crédible vis-à-vis du diri-geant de PME, cette formation ne doitpas apparaître comme un langage d’ex-pert s’adressant à des personnes deformation insuffisante, mais commel’apport fourni par des PME de qualité,dont la réussite est reconnue. D’où lesens de la formule “ Les patrons for-ment les patrons ” à laquelle s’ajoutel’acronyme “ Avenir PME ”. De plus,les NTIC permettent de surmonter lescontraintes et les freins des dirigeantspar rapport aux formations classiques.Elles apportent souplesse d’utilisation,autonomie et gain de temps. Elles per-mettent une large diffusion des savoir-faire. Le dispositif de formation com-prendra deux formes de pédagogie :• un cycle de formation de quatorzemodules sur environ quatorze mois(représentant environ deux centsheures d’effort personnel), combi-nant l’autoformation à distance et lesforums d’échanges régionaux, et s’ap-puyant sur de nouveaux outils mul-timédias dont le contenu sera déve-loppé et adapté au métier dedirigeants de PME,• des forums européens d’échangesd’expériences (Internet, forums,visioconférences, séminaires).

Un tel enseignement ambitionne dedévelopper chez le dirigeant de PME : • l’aptitude à la déspécialisationà partir d’un métier originel (techni-cien, commerçant, gestionnaire...) lechef d’entreprise doit savoir se dé-spécialiser en vue de maîtriser la tota-lité des fonctions de son entreprise,tout en restant un excellent profes-sionnel dans sa branche ;• l’aptitude à l’exercice du pouvoirtenté par un comportement autocra-tique, il doit développer une capacitéd’influence sur ses collaborateurspour en faire émerger des décisions ;• l’aptitude à construire et respecterune organisation

malgré la pression du court terme lechef d’entreprise doit mettre sur pieddes organisations à la hauteur de sesambitions, qui allègent la gestionquotidienne et permettent à chaquemembre de l’entreprise de jouer plei-nement son rôle ;• l’aptitude globale à être parfaitementbranché sur son environnementclients, concurrents, administration,personnalités politiques locales...,afin de maîtriser la complexité crois-sante du gouvernement de l’entre-prise, et de mobiliser les hommesautour d’une stratégie cohérente.

Partenaires et conduitedu projet

Les partenaires du projet ont étérecherchés en vue de parvenir à unsoutien financier de la Communautéeuropéenne et de la Suisse dans lecadre des projets LEONARDO. Troispartenaires ont été sélectionnés au seinde la Communauté européenne.Pour la France :• le groupe École supérieure de com-merce de Rennes, avec son départe-ment Formation continue et sonCentre de recherche Euro-PME.Pour l’Italie :• deux associations de PME de Lecco(Lombardie) : Unione Industriali etAPI,• un organisme de formation dépen-dant des associations de PME de larégion Frioul-Vénétie julienneFormindustria à Trieste.Pour la Grande-Bretagne :• l’Université de Monfort - School ofdesign and manufacture à Leicester.Pour la Suisse, deux partenaires sesont alliés au FIMPE :• CRED (Centre romand d’enseigne-ment à distance de Sierre),• ICARE (Institut d’informatiquechargé de la programmation infor-matique des outils multimédias duprojet).

La réalisation d’un tel projet avectrois pays de l’Union européenne et laSuisse permet de réaliser des économiesd’échelle et de moyens en utilisant lescompétences et savoir-faire des diffé-rents partenaires, chacun apportantsa contribution spécifique :

• le FIMPE lui-même apporte sonexpérience des échanges internatio-naux entre dirigeants de PME, ce quiaidera à réaliser l’aspect le plus origi-nal du projet : le réseau d’échangeseuropéens,• les partenaires italiens apportentleur art de la coopération interentre-prises et leur génie de la petite entre-prise innovante,• les Suisses sont maîtres dans l’uti-lisation des NTIC et les Français ontune vieille expérience de l’enseigne-ment à distance,• les Britanniques sont, comme lesItaliens, très sensibilisés à un facteurclé de réussite de la PME innovante,le design de ses produits.

Sur le plan financier, la Commu-nauté européenne, dans le cadre desbudgets LEONARDO, et la Suisse,par l’Office fédéral pour l’Éducationet la Science, ont donné leur accordpour un soutien substantiel.

Le progamme de travail a doncdébuté au cours de l’été 1999 pourune durée de deux ans, et un ras-semblement autour du projet est prévuà Martigny (Suisse) en décembre pro-chain.

ii i

Ainsi s’amorce une mutation impor-tante : jusqu’à maintenant on réservaitsurtout à la PME soit l’octroi de sub-ventions par les pouvoirs publics soitde l’assistance sous forme de conseilen développement fourni par desexperts plus ou moins adaptés à lapetite entreprise.

Désormais le moteur du progrèspour les PME sera la formation dudirigeant de PME lui-même, à partirde l’expérience de ses pairs. Telle estla signification profonde du projetpilote “ Les patrons forment lespatrons ”. n

1 - Le premier d’entre eux étant l’École supé-rieure de commerce de Rennes, fondée par BernardDuchéneaut.2 - Nouvelles technologies de l’information etde la communication.

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L’ENTREPRISE produit des objetset des services pour ses clients.Les conditions de cette pro-

duction réagissent sur la personna-lité des producteurs : elles peuvent l’en-richir ou la dégrader.

D’où l’importance d’associer à toutprojet économique un projet humain :l’entrepreneur est aussi un “ entre-preneur d’humanité ”.

Le même esprit anime la démarchedite de “ qualité totale ” du manage-ment qui vise la satisfaction des clientset du personnel en agissant sur l’or-ganisation et les comportements.

Dans ce contexte, le dirigeant d’en-treprise a une triple vocation :• porteur de sens : constructeurd’une vision partagée du futur, etd’une organisation du travail au ser-

vice des clients, soutenues par uneintense créativité et un espritd’équipe sans défaillance,• éveilleur de libertés par laconfiance et la responsabilisation,• mainteneur des relations de tra-vail, tant externes qu’internes, tanthiérarchiques qu’au sein deséquipes : l’exemplarité, la transpa-rence, l’échange sur les valeurs et lesreprésentations sont ici des facteursde progrès.

L’autorité et la simplicité avec les-quelles cette triple vocation est rem-plie constituent, avec la clairvoyancestratégique, les qualités dominantesde l’entrepreneur, et les meilleursgages de réussite.

Ce type de management “ huma-niste ” va se répandre dans les entre-prises qui vont émerger dans lesdécennies à venir, lesquelles serontpour la plupart des entreprises deservices ou de projets. L’obtentionde la confiance et les qualités rela-tionnelles y seront décisives.L’entreprise qui l’emportera sera celledont les hommes seront les plusvivants et les plus passionnés.

L’humanisme chrétien est celuidont nous sommes presque tousimprégnés en Europe, consciemmentou pas. Le CFPC regroupe 3 000entrepreneurs ou dirigeants chez quicette conscience est forte ; ils parta-gent leurs expériences profession-nelles, convaincus que c’est du mêmeHomme dont il est question dansl’Entreprise et dans l’Évangile. À leurs

yeux, cet homme engage quotidien-nement dans son travail une part delui-même “ sacrée ”, destinée non àl’entreprise mais à l’éternité. Relèventdu “sacré” : la voix de la conscience,l’amour gratuit apporté à notre ouvrage,le visage de chacun et l’échange desregards.

Si cette dimension de l’Homme,dans le respect des consciences, vientà être reconnue il se met à soufflerun esprit de liberté, de tolérance, defraternité, d’allégresse, comme sil’entreprise avait acquis une “âme”.

Ce n’est pas un handicap pour laréussite économique... n

1 - CFPC : Entrepreneurs et dirigeants d’entre-prises, 24, rue Hamelin, 75116 Paris.

Mieux qu’un tigre dans le moteur,

une âme dans l’entrepriseJean-Paul Lannegrace (55),

vice-président du CFPC 1

D.R

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Naissance et évolutiondu salariatDans une certaine mesure, le sala-

riat “ longue durée ” est un artificesocial, une convention qui s’est déve-loppée au XIXe siècle pour répondreaux exigences de l’industrialisation.L’idée de l’emploi salarié permettaitde codifier le travail dans les mineset les administrations.

Mais les conditions qui ont ainsi aidéà naître le salariat ne sont-elles pasen train de se modifier profondément?

L’entreprise était une grosse rucheà alvéoles, rassemblée sur elle-même,où travaillaient des abeilles “ouvrières”peu différenciées.

À l’extérieur il n’y avait que desfournisseurs de matière brute, les sous-traitants et les experts étaient peunombreux car les constructeurs demachines fabriquaient eux-mêmesleurs boulons. Les innovations tech-nologiques circulaient lentement, etémergeaient pour la plupart dans l’en-treprise elle-même. La clientèle étaitprincipalement régionale ou natio-nale.

Il n’en est plus de même dans uneépoque caractérisée par la multipli-cité des partenaires, la profusion dessous-traitants en cascade, l’évolutionrapide des métiers, les recours ponc-tuels aux techniciens spécialisés etaux experts. La concurrence mon-

III - Novations prévisibles dans l’emploiet dans le tissu des entreprisesLe XXe siècle a été témoin d’un formidable développement du salariat et corrélativement de ladimension des entreprises.Il est vraisemblable, malgré certaines marches au gigantisme que nous observons aujourd’hui, quele mouvement du XXe siècle s’inversera au XXIe ; ou plutôt que les nouvelles activités qui apparaîtrontau XXIe siècle obéiront à une nouvelle logique.Le sociologue Jean Dubois nous invite à tirer les conséquences de la turbulence grandissante del’économie, et Florence Vidal nous montre ce qu’est déjà, dans certaines organisationsprofessionnelles évoluées, la nouvelle position des patrons.À l’appui de ces réflexions sur les tendances, un transfuge de la grande entreprise, Hubert Lauriot-Prévost (76), nous explique pourquoi il se sent plus heureux et plus efficace à la tête d’une PME ; etGérard de Ligny révèle une évolution significative des patrons de PME dans le milieu rural.

Déclin du salariat et avènementdes indépendants?

par Jean Dubois,sociologue

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diale oblige par ailleurs à des muta-tions fréquentes (reconversions, délo-calisations), qui se traduisent par laprécarité des emplois et des contratsde collaboration.

C’est ainsi qu’aux États-UnisManpower est le premier employeuret qu’en France 20 % seulement desembauches ont donné lieu dans lesdernières années à des emplois non pré-caires (néanmoins 94 % des salariésen poste sont encore en CDI).

Il faut aussi mesurer à quel point,même quand il s’agit de salariés béné-ficiant encore d’un emploi perma-nent, la nature de la relation de tra-vail a changé, au moins pour lepersonnel qualifié. La généralisationde la “ direction par objectifs ” a qua-siment mis le salarié dans la positionde travailleur indépendant : il n’a pasun poste à occuper mais une missionà accomplir, avec une relative libertédans le choix des moyens. Ce qui fai-sait dire au brillant redresseur de laCompagnie Bull : “Nous sommes unecommunauté d’entrepreneurs. ”

De la position d’indépendant austatut d’indépendant, le pas com-mence à être franchi. On voit dessociétés de transports routiers – notam-ment les taxis G7 – louer leurs véhi-cules à des chauffeurs qui se mettentà leur compte, ou leurs plaques (de taxi)à d’anciens employés propriétaires deleur voiture. Les éditeurs et les agencesde publicité recrutent un personnelpour le lancement d’un ouvrage oula réalisation d’une campagne, sur labase d’un forfait de mission. De soncôté, le réseau des Techniciens sansfrontières (TSF) rassemble trois milleentreprises individuelles se consa-crant à la maintenance industrielle ;chacune est autonome.

Depuis longtemps déjà de nom-breux commerciaux avaient des contratsatypiques qui les situaient entre leVRP et le salarié, en limitant les enga-gements réciproques au minimum,mais en gardant la protection sociale.

Images du futurLes prophètes de l’ère postindus-

trielle annoncent l’arrivée imminentede l’entreprise virtuelle, dont la réa-lité tangible se restreint à quelques

mètres carrés de bureau, équipés d’untéléphone et d’un site Internet. Le chefd’orchestre assis dans son bureau seborne à lancer des enquêteurs pourévaluer le marché, à mettre en pistedes concepteurs de produits, et à com-biner les interventions des diversacteurs de la production et de la dis-tribution, en vue du meilleur résul-tat possible. Cette toile d’araignéeserait elle-même mouvante : un réseause créant en fonction d’un projet àréaliser et disparaissant sitôt le projetmené à bien (ou abandonné...).

Cette image du futur est utile pourmontrer la limite extrême de la divi-sion du travail et de sa mouvance :elle a permis d’opposer la formule de“l’entreprise baleine” à celle du “bancde sardines ” qui fait comprendre lesens de l’évolution. Bien entendu la réa-lité ne sera jamais aussi radicalementnouvelle, mais il semble bien qu’uncertain nombre de professions s’ache-minent vers le modèle de “ l’entre-prise en réseau ” : un noyau dur per-manent, entouré d’une constellationde prestataires de services, le toutétant relié par des accords de parte-nariat de durées inégales.

Parmi ces partenaires, des entreprisesunipersonnelles vivant simultanémentplusieurs contrats de partenariat. Cescontrats relèvent du droit commer-cial et non du droit du travail, ce quiremplit d’aise les économistes améri-cains tels que William Bridges et HarryDent qui y voient la confirmation del’adage “ tout est marché ” : il n’y aplus de patrons ni de salariés, maisun marché où se rencontrent clientset fournisseurs de toutes catégories. Etles plus lyriques y voient “ une occa-sion merveilleuse de se libérer de laquasi-servilité qu’entraîne le salariat,étouffoir des capacités créatrices desindividus ”. Chacun devra donc seconsidérer comme une “ entreprisede soi ”, à gérer comme n’importequelle firme ; en se positionnant surle marché, en établissant un tarif, ense fixant des plans de formation, etc.

À la vérité, c’est déjà commencéen France : combien de cadres et detechniciens, menacés de chômage,s’interrogent sur leur “employabilité”et s’efforcent de l’améliorer par desformations complémentaires, ce qui

débouche soit sur une embauche pré-caire qui leur fait moins peur, soitvers une création d’entreprise per-sonnelle (30% des créations sont le faitde chômeurs).

L’inéluctable mobilitéÀ quelle fraction de la population

active s’étendra en Europe cette situa-tion de travailleur indépendant rebap-tisé “entrepreneur individuel”? Actuel-lement la population française activeoccupée, hors l’agriculture, ne com-prend que 4% d’indépendants auxquelss’ajoute 1% d’intérimaires. Ces chiffresont peu varié depuis quinze ans carles Français sont très accrochés austatut de salarié, qui est assorti d’uneprotection sociale providentielle. Enoutre ils sont viscéralement mal à l’aisedans la négociation marchande quenécessite la position d’entrepreneurautonome, tout leur atavisme et leuréducation y concourent. Néanmoinsil faudra bien tenir compte de l’iné-luctable mobilité des emplois. En latraitant comme une méchanceté éco-nomique à éradiquer, on décourage larecherche de formules propres à atté-nuer les risques de la mobilité et àdonner le goût de l’autonomie pro-fessionnelle.

En particulier les clubs de pros-pection commerciale pour travailleursindépendants, analogues à l’AssociationTechniciens sans frontières évoquéeci-dessus devraient être encouragés ;et le statut social et fiscal du créateurd’entreprise personnelle devrait êtreau moins aussi avantageux que celuidu salarié. De même la formation déli-vrée par l’ANPE et l’APEC sur l’art dese vendre devrait dépasser le ciselagedes CV et l’art de la présentation dansles entretiens d’embauche.

Il ne s’agit pas de renier l’apporttrès positif que constituera l’entre-prise traditionnelle, communautéd’hommes et de femmes temporaire-ment oublieux de leur statut finan-cier personnel et durablement tendusvers des objectifs communs, mais ilfaut aussi nous persuader que ce serade moins en moins le modèle uniquedu statut professionnel. n

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E N OCTOBRE 1988, j’ai accom-pagné un groupe de patronsfrançais de la profession du

meuble. C’étaient des hommes intel-ligents, vigoureux, très attachés à leurindépendance et à leur autonomie dedécision en trois domaines : concep-tion des produits, choix des sous-trai-tants, relations avec les clients.

Ils s’attendaient à rencontrer des“commandants de bord” de leur type,chacun sur le pont de son bateau,maîtres après Dieu.

Or ils se sont trouvés, non pas enface d’unités à 100% autonomes, maisde grappes d’entreprises, acceptantsans états d’âme leur interdépendanceet même, dans certaines opérations,des directives très strictes. En effet,les activités de fabrication sont le plussouvent décidées par des “ éditeurs ”(on les appellent des impannatori).Informés des tendances et des besoinsdu marché, ils financent des projetsconçus par un designer. Avec ce der-nier, ils choisissent les entreprises deproduction puis, in fine, mettent leproduit sur le marché et s’occupent detous les aspects de la commercialisa-tion. Plusieurs entreprises sont ainsiamenées à travailler en réseau, à coopé-rer. Elles connaissent l’importance dudesign (dans la petite ville de Cantù,on peut admirer une merveilleuse

Galerie du design où sont exposéstous les produits primés par le“Compasso d’Oro”, le Nobel du design).Les show-rooms de Milan présententadmirablement le mobilier contem-porain. Les entreprises acceptent lepilotage des “ éditeurs ”, leur fontconfiance pour capter les signauxfaibles venus des quatre coins dumonde.

Pourtant nos Français ont été trou-blés. Tel le loup de la fable observantla trace du collier sur le cou du chienavec lequel il conversait, ils se répé-taient : attachés à un consortium ouà des impanuatori, ces chefs d’entre-prise italiens sont-ils de vrais patrons?

Prato

Eh bien ! Il faut les voir ces “ fauxpatrons ”, aussi bien dans le meubleque dans l’un quelconque des 200 dis-tricts industriels que comprend l’Italie.

Par exemple, dans le district dePrato (Toscane) – 700 km2 – ils sont9 000 dans le textile proprement dit,plus 235 dans les machines textiles ;avec des entreprises dont l’effectif sesitue entre 2 et 200 personnes.

Bien entendu, les rôles ne sont pasles mêmes pour les plus petits et lesplus gros, pour les moins spécialiséset les plus spécialisés. Mais les petits

restent libres de choisir leurs parte-naires. Dans ce milieu où les entre-prises sont proches, tout se sait. Uncomportement esclavagiste serait vili-pendé par le groupe social où règnece qu’on appelle “ la confiance vigi-lante ”.

Une large part de la conceptionest assurée par un millier de chefs defile en interface avec le marché : ilsidentifient les tendances de la mode,mobilisent les stylistes, prennent descommandes, organisent les chaînesde production, et pilotent les livraisons.

Tout ce qui est nécessaire aux entre-prises se trouve dans un rayon de20 kilomètres : savoir et savoir-faire,fournisseurs, machines d’occasion,possibilités d’aides et de services.

En contrepartie, il faut accepterde s’inscrire dans un réseau d’inter-dépendance où les compétences secroisent et se complètent ; et puis res-pecter quelques règles du jeu : cor-rection professionnelle et abstentionde comportements “ opportunistes ”nuisibles au destin commun.

De vrais patronsdans l’interdépendance

Florence VIDAL *,expert en structures industrielles

* Florence VIDAL, épouse de notre camarade AndréVIDAL (26), a écrit de nombreux ouvrages sur l’in-dustrie italienne et japonaise.

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Moyennant quoi, Prato estl’une des plus fortes concentrationstextiles d’Europe, et vend sa pro-duction dans le monde entier.Tout aspirant entrepreneur, s’ila quelque talent et s’il est prêt àtravailler dur, peut s’installer dansce tissu socio-économique vivantet créatif, où le chômage est quasiinexistant. La population du dis-trict s’identifie avec cette aven-ture qui remonte au Moyen Âge,et sur la place centrale de Pratos’élève la statue de FrancescoDatini, marchand entrepreneurdu XIVe siècle.

Le systèmedes districts italiens

D’autres districts sont beau-coup plus récents, il s’en crée plu-sieurs par décennie, ce qui prouveque la formule correspond auximpératifs économiques actuels1.

Pour fonctionner efficacement,le district a dû trouver des for-mules associatives conciliant le désird’indépendance des acteurs et la néces-sité pour eux d’accéder à des servicesqu’ils ne peuvent développer indivi-duellement. Le système encouragedifférentes formes d’auto-organisa-tion. L’une des plus répandues est leconsorzio.

Il permet de regrouper plusieursentreprises (auxquelles peuvent sejoindre d’autres entités économiquesou non) désireuses d’atteindre cetobjectif commun.

Le consorzio du jambon de SanDaniele fixe des règles de discipline ets’occupe de promotion. Promosedia(consorzio du siège) définit des stratégiespour le “ triangle de la Chaise et duFrioul ”.

L’Internazionale Marmi e Macchineveille sur les intérêts collectifs desmarbriers de Carrare.

Certains consorzi se préoccupentd’achats de matières premières, deformation, d’organisation de services,de constitution de banques de don-nées, d’accès aux marchés, de mise enrelation avec les designers, etc.Nombreux sont ceux qui se consacrentà la garantie de crédits et à la négo-ciation de ceux-ci.

Citons encore le CEAM (ConsorzioExport Alto Milanese) réunissant unevingtaine de constructeurs de machinestextiles qui se sont placés sous l’égidemorale d’Enrico Dell’Acqua, pionnierde l’exportation internationale à la findu XIXe siècle. Ce héros local a, lui aussi,sa statue sur la place de Busto Arsizio,ville où siège le consorzio.

D’autres types d’agrégations exis-tent. Ainsi Yama, holding réunissantdes industriels de la mécanique agri-cole (du gros matériel aux motocul-teurs) de Reggio d’Émilie. Un spé-cialiste du droit des sociétés, qui lesconnaissait tous, leur a suggéré des’unir pour définir une stratégie com-mune (élagage d’activités, acquisi-tions, résolution de problèmes admi-nistratifs et financiers). Cette opérationbaptisée “Cooperare per competere ”fut en partie menée à bien grâce àl’implication des épouses et des enfantsdes patrons de PME. Au lieu de joueraux patronnes les épouses modèrentles tentations autonomistes et monar-chiques de leurs époux, et contribuentà l’esprit coopératif.

Autre forme de “ métagouverne-ment”, celui de la SCM de Rimini quiregroupe des entreprises de la machine

à bois et les représente dans toutesles expositions internationales.Selon les clients, on propose desmachines élémentaires, ou, aucontraire, des assemblages d’élé-ments ultra-sophistiqués. Desinteractions incessantes entre laSCM et les industriels permettentde susciter des innovations pro-fitables à tous.

Une solution d’avenirpour les PME

En Italie, de nombreux et solidesouvrages analysent les fonction-nements des districts. Leurs auteursestiment que ces types de coopé-ration pour “ convenance écono-mique ” sont loin d’être folklo-riques ou provinciaux. En fait, ilspréfigurent l’avenir en offrant unealternative au fordisme. Ces formesd’auto-organisation permettentde concilier les nécessités écono-miques d’un territoire avec la pos-sibilité de “ fare societa ”, c’est-à-

dire de maintenir le lien social. Unetelle approche suppose que l’on maî-trise l’art de travailler avec les autres,tant en reconnaissant leurs compé-tences et leurs apports qu’en acceptantde partager un peu de pouvoir aveceux. Comme toute culture, celle-cipeut s’acquérir. Les Transalpins, quise disent des individualistes forcenés,ont su se l’approprier et la mettre enpratique avec le succès que l’on sait.

Puisse l’éducation donnée à nosjeunes Français développer en euxdes comportements d’entrepreneursadaptés à leur temps où se concilientla libre initiative et la coopérationinterentreprises. n

1 - Les districts industriels n’interviennent pasdans les secteurs lourds. On les retrouve dans le“Made in Italy ”, les biens d’équipement, le bio-médical, la mécanique fine, les machines pourl’industrie (3e rang mondial après l’Allemagne etle Japon). Situés essentiellement dans le nord etle centre de la péninsule, ils représentent2 200 000 emplois, 60 000 entreprises et 30 %des exportations. Leur développement s’est faitessentiellement sans aide de l’État, avec l’appuides forces locales. Créé en 1995, le Club desDistricts est une superstructure qui coordonnel’action collective d’une trentaine d’entre eux.

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Francesco Datini.

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LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999

LA FRANCE A BESOIN D’ENTREPRENEURS

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J ’AI COMMENCÉ ma carrière parquinze années passées, dès masortie de l’X et de l’INSEAD, dans

des grands groupes industriels : alter-nativement à la direction opération-nelle d’une unité du groupe, puiscomme contrôleur de gestion, puiscomme directeur général d’une filiale.

Je ne m’en repens pas : tout ce quej’y ai fait m’a intéressé et m’a beau-coup appris. L’expérience de la rigueuret de la démarche méthodique m’aservi constamment par la suite. Demême les processus de réflexion etde formalisation conduisant aux déci-sions stratégiques. Enfin les règles degestion, de comptabilité qui appor-tent une information verticale (paractivité) et horizontale (consolida-tion) prémunissent le groupe contreles risques d’erreur d’orientation.

Mais manifestement ces mécanismesprivilégient la sécurité par rapport à laréactivité. C’est bon dans le cas de lanavigation en eau profonde, où onpeut se permettre de prendre les tour-nants avec un long rayon de courbure.Par contre impossible de saisir lesopportunités avec de tels paquebots !Il ne faut d’ailleurs pas que la grandeentreprise s’y essaye : elle susciteraitun échauffement interne stérile et yperdrait les vertus qui font sa force.

Ce qu’elle peut faire au mieux –avec un pouvoir concentré et beau-coup d’énergie – c’est se structurerpar branches afin de multiplier lescentres de décision synthétique, et àla limite, de constituer un râteau d’uni-tés autonomes à un seul étage. Vivendia réalisé une opération de ce type entrois ans : bravo !

Dans mon groupe, ce n’était paspossible, le type d’activité ne s’y prê-tait pas. En tant que patron de filialej’avais deux étages de commandementau-dessus de moi, chacun doté d’unétat-major, et même de conseillersextérieurs. Les relations étaient trèscordiales mais le délai pour prendreune décision stratégique était incom-patible avec les contraintes du marché.

J’ai par exemple négocié deux foisle rachat de concurrents, après avoir eul’accord de principe de l’actionnaire ;les deux fois, celui-ci n’a pas confirméson accord, ou a trop tardé à le faireet la reprise ne s’est pas conclue.Inconscience ou inconséquence ?

Dans la direction opérationnellequotidienne, j’avais les coudées toutà fait franches, d’autant plus que c’étaitune petite unité (moins de 200 per-sonnes) et sans connexion étroite avecles marchés auxquels le groupe s’in-téressait.

Ainsi, au bout de six ans et aprèsavoir fait une offre de reprise de lafiliale à titre personnel, qui a été accep-tée puis refusée, j’ai pris une autrevoie, hors du Groupe.

J’avais les moyens d’acquérir lamajorité dans une entreprise auto-nome, et après avoir examiné atten-tivement plusieurs opportunités, j’aichoisi une grosse PME (600 personnes)se situant dans un métier durementconcurrencé (la chaudronnerie-tuyau-terie industrielle), donc difficile à ali-menter en commandes rentables, maisdont le personnel d’encadrement m’ins-pirait confiance et allait me donnerla possibilité de faire du bon travaild’équipe. En outre, l’image de marqueet les finances de la société étaientbonnes.

Ma position a changé du tout autout. J’ai dû faire des choix dans l’ou-verture de nouveaux fronts (nouvelleclientèle, nouvelles implantations,filiales à l’étranger...). Les décisionsopérationnelles sont très décentralisées(négociation des appels d’offres, ges-tion du personnel, choix techniques)mais toutes les décisions stratégiquesremontent jusqu’à moi.

J’ai choisi la liberté

Hubert Lauriot-Prévost (76)P.-D.G. de CTRA*

* Chaudronnerie Tuyauterie Rhône-Alsace, B.P. 21,69551 Feyzin.

Je n’apporte qu’une expérience personnelle ; d’autres ont pu faireun parcours différent, mais je présume que le mien n’est pas unique.

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Cette structure légère m’a permis,par exemple, de créer une filiale àl’étranger en vingt jours, pour suivreun client qui s’implantait et souhaitaitque nous l’accompagnions; nous avonsrécemment décidé en trois jours, autéléphone, un investissement de 6 MFdans une autre filiale à l’étranger.

Quant à la responsabilité finan-cière, je n’ai plus d’effort à faire pourme poser la question “que ferais-je sic’était mon argent ? ”, le réflexe estinstantané. Mais ce n’est pas une ques-tion paniquante : plutôt stimulante.

J’ai vu le changement en moi,comme on l’a constaté souvent à l’oc-casion d’un LBO ou d’un RES : quandça ne se fait pas trop tard, le redres-sement ou le développement mar-chent vite.

Darty, Spie, Jet Tours, Montupeten sont quelques exemples auxquelss’ajoutent les nombreuses sociétés depetite taille, dites de diversification,et dont les groupes se débarrassentlorsqu’elles n’ont pas atteint la tailleou la rentabilité nécessaires.

Autre changement d’optique : mafonction de patron n’est pas éphé-mère, c’est beaucoup plus qu’uneétape dans une carrière ; je m’incarnedans mon entreprise et non seule-ment mon personnel, mes clients,mes banquiers, tous mes partenairesintérieurs et extérieurs en sont quo-tidiennement conscients.

Je ne fais pas partie de ce type derepreneurs qui programment leur sor-tie à un terme de cinq ans, souventen accord avec ou incités par les socié-tés de capital-risque qui participentà la reprise. Peut-on prévoir de quit-ter définitivement un ami à uneéchéance donnée ?

gg g

Au total, un cadre salarié peut-il,au sein d’un groupe, assumer plei-nement le rôle d’entrepreneur ? Çame paraît très difficile.

Son mode de connexion avec lamaison mère pourrait sans doute êtresimplifié, avec un interlocuteur pri-

vilégié ayant pouvoir en tous domaines.mais c’est rare, et souvent impossibleà réaliser.

Quant à l’engagement financierpersonnel, on dispose aujourd’hui desystèmes d’intéressement assez moti-vants : stock-options, FCP... Mais c’esttrès différent pour l’intéressé lui-même,et a fortiori pour les partenaires del’entreprise : leur patron n’est pas lepatron, c’est un directeur de passage.

Une entreprise de petite taille estvulnérable ; elle a aujourd’hui beau-coup de mal à se différencier de sesconcurrents par l’originalité de sesprestations, c’est donc la motivationdes hommes qui fait la différence.

Cette motivation part du patron-propriétaire qui est seul à même detransformer ses collaborateurs en véri-tables entrepreneurs, autonomes etproductifs.

Salarié-entrepreneur ? oui, maisau sein d’une PME et dans le sillagedirect d’un patron totalement engagé...et pourtant pas autocrate ! n

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Profil des dirigeantsfondateursContrairement aux créateurs des

années 60 ils ont, pour les deux tiers,une formation supérieure à bac + 3,et ont débuté leur carrière commecadres salariés. C’est aux environs dela quarantaine que le risque d’unePME leur a paru plus attractif que lasécurité – toute relative – d’une grandeentreprise.

Ce ne sont pas des patrons soli-taires. 57% d’entre eux ont lancé leuraffaire avec un ou des associés.

Ils n’ont pas prioritairement unevisée patrimoniale : la croissance ducapital est pour eux une condition dedéveloppement plus qu’un moyend’enrichissement. C’est essentielle-ment la passion du management quiles fait courir.

StratégieCe n’est pas une stratégie de sous-

traitance plus ou moins captive selonle modèle de nombreuses PME. Lesentreprises visitées ont des produitspropres ou une spécialité originale.

Sauf exception elles ne pratiquentque la production à l’unité ou en petitesérie, avec apport d’innovation à chaquecommande.

Elles ont donc une stratégie decréneau, où le prix compte moinsque la qualité et le délai. Ce sont leschampionnes des “ délais impos-sibles”. Elles ne craignent pas de s’at-taquer à des produits de haute tech-nologie (exemple : sonars), mais sansfaire appel pour cette fabrication àdes équipements lourds et très sophis-tiqués. Elles n’en utilisent pas moinsdes techniques avancées quand celles-ci leur paraissent payantes, mais enévitant les investissements très spé-cialisés qui réduiraient leur flexibi-lité. L’outil de pointe voisine avec la“ vieille bécane ”.

Relations avecl’environnementLes interlocuteurs quotidiens des

PME visitées, ce sont leurs fournis-seurs et leurs clients, où qu’ils setrouvent. C’est par eux qu’arrive l’in-formation sur les besoins du marchéet sur les nouvelles techniques. Lesrelations de proximité avec les entre-prises sœurs sont rares : quelques

Sur la base d’une enquête réalisée par un expert associédu CNRS, Marie-France Raveyre, l’AIMVER* a mis en lumièreles particularités des PME de haut niveau technologique, quise sont implantées depuis une quinzaine d’années en milieu rural.

Patrons de PME rurales :un nouveau profil

Marie-France Raveyre et Gérard de Ligny (43)

* AIMVER : Association d’ingénieurs pour la miseen valeur de l’espace rural, fondée par Gérard deLigny et Georges Comès (54).

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sous-traitances pour écrêter les pointesde charge, mais pas de mise en pooldes compétences (ce qui témoigned’un individualisme à courte vue).

C’est également chez les fournis-seurs et les clients que le personnelest envoyé en stages de formation,pour l’acquisition de compétencesnouvelles.

Les sourcesde l’efficacité

Premièrement : la polyvalence etl’autonomie de chaque travailleur

Les salariés sont placés successi-vement à des postes très divers, sanségard à leur qualification d’origine ;ils connaissent ainsi l’amont et l’avalde leur poste de travail usuel, et enri-chissent leur savoir-faire. Ce qui per-met de demander à l’ouvrier de l’au-tonomie et de l’initiative : une demandequi ne déroute ni les anciens agri-culteurs ni les anciens artisans.

Deuxièmement : la flexibilitédes horaires

Le temps de travail est souple, lesheures travaillées, le soir et le week-end, sont récupérées au temps desgrands travaux agricoles ou selon lesbesoins familiaux. Les contrats à tempspartiels sont largement pratiqués. Lesréseaux locaux de sociabilité per-mettent souvent à l’absent inopiné detrouver un remplaçant.

Troisièmement : l’équipeL’entreprise est un groupe humain

engagé dans une lutte pour la réus-site, avec des adversaires extérieursredoutables. Le chef d’entreprise n’estni terrifiant ni paternel : inséré lui-même, pour les deux tiers des cas,dans une équipe de direction, il chercheà susciter l’adhésion au projet commun.C’est sa compétence qui le légitime.

Cette valorisation de l’autonomieet de la solidarité collective entre faci-lement en résonance avec les valeurstraditionnelles du milieu rural.

L’expression des salariés, consi-dérée comme un facteur de produc-tivité, est donc encouragée. Les deuxtiers des chefs d’entreprises visités ontsuscité la constitution d’un comité

d’entreprise, sans y être légalementobligé ; la moitié y ont réussi. Inutilede dire que l’idéologie partisane nepénètre pas dans ces comités.

Est-ce une solutiond’avenir ?

Il y a manifestement un avenirdurable pour les productions indus-trielles à très faible masse critique,réclamant prioritairement des capa-cités d’innovation, de fiabilité et derapidité d’exécution. Il y a donc uneplace importante à prendre pour lesentreprises technologiquement évo-luées, entraînées par des dirigeantsétroitement solidaires.

Mais l’isolement géographique del’entreprise, même atténué par les faci-lités de communications modernes,risque fort de compromettre à termeson développement et même sa sur-vie.

Il est nécessaire qu’à l’instar desdistricts industriels savoyards et ita-liens se constitue de proche en procheune grappe d’entreprises exerçant desmétiers complémentaires qui consti-tue un milieu professionnel porteur etun pôle d’attraction tant pour la clien-tèle que pour le personnel. n

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Association d’ingénieurs pour la mise en valeur de l’espace rural,5, quai Voltaire, 75007 Paris.

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LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999

SI LA FRANCE avait la même densitéentrepreneuriale que la Grande-Bretagne, nous compterions un

million d’entreprises supplémentaires.C’est ce qu’à déclaré notre secrétaired’État aux PME, madame Lebranchu,au mois de mai dernier; lors des assisesde la création d’entreprise.

Or ces créations, non seulementne décollent pas mais, pire, sont enbaisse régulière depuis quatre ans. Àpeine 13 000 affaires ont été lancéespendant le mois de mai 1999. Ce n’estpourtant pas l’environnement éco-nomique qui est en cause : il est excep-tionnellement favorable.

Les experts les plus qualifiés 1 ontfait le tour des causes possibles de cettecarence : procédures administratives troplourdes, charges excessives, formationinsuffisante, culture entrepreneurialepeu répandue, aversion pour la prisede risque. Ils ont même recommandédes remèdes énergiques.

Ma contribution se limitera doncà présenter deux chantiers d’innova-tion financière sur lesquels je me suisengagé : le financement d’amorçagepour création d’entreprises innovantes,et l’offre microcrédits aux créateurstotalement “sans argent”, frappés d’ex-clusion financière.

Pour la créationde fonds d’amorçage privés

C’est à dessein que j’éviterai leterme de “capital-risque” dans lequelon range parfois pêle-mêle le capital-risque stricto sensu (le seed capitalanglo-saxon), le capital développe-ment et même le capital transmission.

IV - Coopération entre les entrepreneurset les financeurs

Dans son classement, par ordre d’importance, des obstacles à la création d’entreprise, Yvon Gattazplace le manque d’argent en dernière position.De fait, tous les financiers se déclarent prêts à financer les bons projets, mais en ajoutant :“malheureusement, en France, ils sont très rares ”.Ce n’est pas l’avis des porteurs de projets, et certains d’entre eux trouvent, à l’étranger, un meilleuraccueil. On entend aussi beaucoup de patrons de PME évoquer la dérobade de leurs financeurspendant les années noires qu’ils ont traversées.Trois de nos camarades, concernés par les problèmes de financement des PME, nous donnentle fruit de leur expérience et de leurs observations.

Pour un vrai capital-risqueau service des créateurs d’entreprises

Philippe Girardot (72) *

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* Philippe Girardot est ingénieur en chef desPonts et Chaussées, ancien conseiller au Cabinetdu Premier ministre et cofondateur du fondsTRINOVA.

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Cette confusion apour effet fâcheux dedissimuler une carencebien française : l’extrêmerareté des fonds d’in-vestissements spéciali-sés dans la création d’en-treprise. Cette situationest un lourd handicaplorsqu’il s’agit d’entre-prises de nouvelles tech-nologies, offrant despossibilités nombreuseset croissantes de créerdes emplois qualifiéssur le territoire.

C’est pourquoi lescréateurs s’expatrient ;ils trouvent à l’étrangerdes investisseurs finan-ciers plus dynamiques.On estime à 50 000 lenombre de chercheurs et entrepre-neurs français dans la Silicon Valley.

Les États-Unis sont en matière decréations d’entreprises, comme enmatière de nouvelles technologies,une référence mondiale peu discu-table2. Quelles leçons pouvons-noustirer de leur exemple ?

675 fonds de capital-risque (177dans la seule Silicon Valley) orientésde plus en plus vers des entreprises nais-santes, 40 milliards de francs inves-tis, 1 milliard de dollars sur un seultrimestre (la moitié dans les logicielset les communications), 250 000 busi-ness angels ayant investi dans des entre-prises généralement en phase de démar-rage...

À côté, la France fait pâle figure :les fonds d’amorçage y sont rares (unedizaine, en comptant large), et mêmecaractérisés par une “ quasi-inexis-tence ” pour reprendre l’expressiond’un récent et célèbre rapport d’HenriGuillaume (1998). Les business angelsne seraient que 100 à 400 et investi-raient 10 à 40 millions d’euros.

Or il s’investit dans la seule SiliconValley quatre fois plus que dans laFrance entière...

Notre sous-investissement dansles entreprises en création est un enjeuéconomique de premier ordre.

Encore faut-il réagir sans se trom-per sur les moyens. Les établissementsfinanciers spécialisés dans le capital

investissement délaissent sciemment(même s’ils ne le reconnaissent pastoujours) le capital d’amorçage : lacréation d’entreprise serait très ris-quée, ce serait même un mauvaisrisque, insuffisamment rémunérateuren raison des coûts d’instruction éle-vés pour des montants d’investisse-ments faibles... Cela ne suffit pas àdémontrer l’impossibilité de transpo-ser en France des pratiques éprouvéesailleurs, en particulier celles qui ontréussi aux États-Unis (seed capital).

C’est précisément le défi qui resteà relever avec des équipes nouvelles.À cet égard, les références du fameux“ track record ” exigées pour le capi-tal développement sont peu utiles,moins que la maîtrise des secteurscibles des investissements et surtoutune expérience confirmée des hommesengagés dans la création d’entreprisepour répondre aux besoins d’accom-pagnement des nouveaux créateurs.

Ces fonds d’amorçage, je parled’expérience, peuvent atteindre enFrance des rentabilités élevées, com-parables à celles des meilleurs fondsaméricains, contrairement à ce qu’af-firment inconsidérément quelquesprétendus experts.

Pour réussir cette évolution, dontprogressivement on se persuade enfinde l’urgence, deux erreurs, me semble-t-il, sont à éviter :• trop miser sur les business angels ;

certes, ces derniers sont présents surl’échiquier et occuperont une placecroissante dans l’avenir ; mais il fautse rendre à l’évidence : en France, ilssont mille fois moins nombreuxqu’aux États-Unis, beaucoup moinsfortunés que leurs homologues amé-ricains, plus individualistes et doncmoins organisés (même si desréseaux se mettent en place). Fairereposer sur eux la solution françaisedu financement de l’amorçage seraitbien imprudent ; il ne peut s’agir, àbrève et aussi à moyenne échéance,que d’une solution partielle ;• multiplier des fonds publics (parexemple des fonds régionaux à l’ini-tiative de collectivités publiques)même en supposant les équipes degestion toutes de qualité et reconnues,les montants investis dans de telsfonds sont rarement suffisants (je citele cas extrême d’un fonds de “ pays ”doté de 1,6 million de francs...). Enoutre, les périmètres d’interventionsont déterminés par des considéra-tions politiques et donc limités à unetoute petite partie du territoire natio-nal, alors que dans de nombreux sec-teurs économiques, surtout dans lesnouvelles technologies, traverser lesfrontières ou l’Atlantique est d’embléeune nécessité.

Les initiatives des organismespublics intervenant directement, mêmeavec les meilleurs intentions, n’ont

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Traverser l’Atlantique est d’emblée une nécessité.

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pas toujours donné par le passé lesrésultats espérés. Ce n’est pas ainsique les créations se sont développéesaux États-Unis.

En conclusion, ce sont bien desfonds d’amorçage privés “ à l’améri-caine ” qu’il faut encourager, commele recommande d’ailleurs le rapportGuillaume de 1998 et comme les pou-voirs publics ont entrepris de le faireen s’appuyant sur la Caisse des Dépôts.

Quelques premières réalisationssont en cours ; le mouvement doits’accélérer.

Pour des financements adaptésaux personnes touchéespar “ l’exclusion financière ”et qui veulent créernéanmoins leur entreprise

Là encore, le constat peut réser-ver quelques surprises : en France,près de 40 % des entreprises sontcréées par des chômeurs, 20 % pardes personnes touchant le RMI. Ilexisterait une population évaluée entre50 000 et 200 000 personnes démuniescapables de créer leur propre emploi.

Or, les banques n’accordent pasde crédit aux personnes qui n’ont pasd’apport personnel et ne présentent pasde garanties. Elles ne sont pas nonplus en mesure de prendre en chargela gestion, l’accompagnement et lerisque lié à la fragilité. Frappées “d’ex-clusion financière ” 3 ces personnesrisquent donc de s’enfoncer irréver-siblement dans l’exclusion sociale.

Par ailleurs, le coût de l’aide à la créa-tion d’entreprise par un chômeur esten moyenne inférieur à la moitié ducoût annuel d’indemnisation ; c’estdonc un excellent investissement pourla collectivité.

La création d’entreprise par deschômeurs et des Rmistes, loin d’êtreun gadget, relève donc d’une grandecause nationale. Il n’y a que des avan-tages humains, sociaux, financiers, àsusciter une dynamique personnelle,permettre la réinsertion, et procurerdes économies significatives pour lesfinances publiques.

C’est le défi qu’ont relevé plusieursassociations, au premier rang des-quelles l’ADIE (Association pour le

droit à l’initiative économique)4 crééeil y a neuf ans par Maria Nowak ens’inspirant au départ du modèle de la“banque des pauvres” (Grameen Bank,lancée en 1977 au Bangladesh par leprofesseur Yunus).

L’ADIE a entrepris, à partir d’unréseau de distribution décentraliséqu’elle a elle-même constitué, de pro-poser aux personnes les plus dému-nies, candidates pour créer leur entre-prise, des prêts de faible montant(30 000 F sur deux ans).

L’Association s’appuie sur des béné-voles qui expertisent les dossiers, par-rainent les candidats retenus et sui-vent les affaires.

Les résultats de l’ADIE après neuf anssont assez modestes, mais convain-cants et prometteurs : 3 000 entre-prises et 7 000 emplois créés, avecune croissance de 20 % par an.

Quatre-vingtspour cent des projetsfinancés ont été apportés par des chô-meurs de plus de six mois, dont 50%au RMI. La mortalité des entreprisescréées n’a pas été supérieure à lamoyenne générale, et le taux de rem-boursement des prêts a toujours étésupérieur à 75 %, il approche main-tenant de 90 %.

Néanmoins l’ADIE, malgré quelquessoutiens officiels, vit dans la préca-rité, et une grande partie de son éner-gie est consacrée à faire la chasse auxsubventions.

La situation des autres associationsà vocation similaire – par exemple lesCigales – est généralement encoreplus précaire. Au total les besoins ne

sont couverts qu’à moins de 10 %.Les efforts actuels doivent donc êtredécuplés.

L’importance de l’enjeu a été per-çue par les pouvoirs publics qui ontencouragé par une disposition fiscaleles dons à ces associations, mais ilfaudrait que les Fondations agissantcontre l’exclusion lancent des cam-pagnes similaires à celles du téléthon,pour susciter des équipes d’accueil etd’accompagnement et pour couvrirles frais de fonctionnement des asso-ciations.

Quant au financement des prêtseux-mêmes, une réponse naturelleconsisterait à lever la contrainte de lacharge de trésorerie pesant sur cesassociations en la reportant sur despartenaires bancaires (Caisse desDépôts, Crédit Mutuel, CréditCoopératif...).

En conclusion, il y a bien matièreà innover dans le monde de la finance.Certes, l’innovation dans les deuxchantiers précédents est bien limitée,puisqu’il s’agit de transposer enFrance deux solutions ayant déjàfait leurs preuves ailleurs, la pre-mière aux États-Unis, la seconde auBangladesh (et aussi dans des paysdéveloppés).

Mais que d’efforts pour lever nosblocages et réussir ces transpositions!

n

1 - Par exemple : Henri Guillaume (1998), lessénateurs Pierre Laffitte (1996), et René Trégouët(1997), J.-M. Yolin (ministère des Finances, 1999),Thierry Jacquillat (CCI de Paris, 1998).

2 - Voir le rapport “ Aider les PME : l’exempleaméricain ” (Francis Grignon, sénateur, 1999).

3 - Daniel Lebègue, directeur général de la Caissedes Dépôts (Le Monde, mai 1999).

4 - ADIE, 14, rue Delambre, 75014 Paris(01.42.18.57.87).

LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 41

D.R

.

Maria Nowak, présidente de l’ADIE.

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NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE

LA CRÉATION d’entreprise est unsport dangereux : les échecs ysont plus fréquents que les réus-

sites. Il est donc normal et légitime queles banques ne risquent pas l’argent deleurs mandants dans de telles aven-tures. Les Sociétés de capital-risqueelles-mêmes ne s’y exposent pas, d’au-tant moins que le coût d’étude et desuivi d’un dossier de création est exces-sif par rapport au volume de l’opéra-tion financière.

Par conséquent le créateur n’a pra-tiquement aucune chance en s’adres-sant à un organisme financier ; il doits’adresser à un “ aventurier de l’inves-tissement ”, qui va s’intéresser person-nellement au projet, en prenant sur sesloisirs le temps nécessaire. Il existe auxÉtats-Unis plus de 500 000 investis-seurs de ce type (contre moins de 500en France); on les appelle des “businessangels ”. En fait, ce ne sont pas du toutdes aventuriers, mais des épargnants,de 40 à 50 ans pour la plupart, ayantl’expérience de la direction d’entrepriseet possédant un capital disponible de1,5 à 2 MF. Ils souhaitent faire fructi-fier leur argent dans des activités quine leur soient pas tout à fait étrangères,en y consacrant leurs week-ends et leurssoirées, aux dépens du golf et des séancesde télévision. Ils se regroupent géné-ralement en club de 20 ou 30 pourpouvoir échanger entre eux les infor-mations qui leur viennent sur les pro-jets en quête de financement et sur lapersonnalité de leurs porteurs. Ils mènentde front trois à quatre affaires qu’ilsportent chacun pendant huit à dix ans.L’investissement moyen dans une affaire

est de 400 KF, dont deux tiers en fondspropres et un tiers en prêt ; cet inves-tissement ne concerne pas toujours unecréation, mais en majorité de très petitesentreprises de moins de cinq employés.“ L’ange ” a généralement un rôle actifdans les entreprises où il investit, enposition de consultant, ou d’adminis-trateur, ou de responsable opérationnel.

Quelle est l’importance des “busi-ness angels ” dans le financement desentreprises aux États-Unis ? En jan-vier 1987 la Small Business Adminis-tration annonçait le chiffre de 33 md$d’investissements en capital sur untotal de 68 md$ pour l’ensemble desinvestisseurs américains ; à ce chiffres’ajoutaient 23 md$ de prêts. C’étaitdonc considérable et depuis lors lasituation n’a vraisemblablement pasbeaucoup changé.

Rien de comparable en France, oùles premiers clubs “d’anges” ont moinsde cinq ans d’âge (l’un des plus récentsest celui de XMP-Entrepreneur) et oùnous subissons l’effet de deux freinsimportants :• d’une part l’ignorance de la plupartde nos épargnants à l’égard du métierd’entrepreneur, donc l’incapacité àapprécier les conditions de réussited’un projet, et à accompagner intelli-gemment l’entrepreneur ;• d’autre part et surtout un systèmefiscal désincitatif : alors que l’investis-seur américain bénéficie dès sa sous-cription de la possibilité de déduire deson revenu imposable les pertes éven-tuelles (ce qui en pratique aboutit àfaire couvrir par l’État environ 50% durisque quelle qu’en soit l’ampleur), en

France cette couverture n’intervientqu’à terme et elle est sévèrement pla-fonnée. Par ailleurs l’investisseur fran-çais, qui bénéficie certes d’une petitesubvention à la création, est frappé, s’ila le malheur de réussir, par des impôtsbeaucoup plus lourds, plus-values à26% contre 14 % et surtout l’ISF.

Il n’est pas sûr que ces deux freinspuissent être desserrés rapidement.Mais l’alliance personnelle du financieret de l’entrepreneur pour le lancementd’une affaire est une formule si natu-relle et si abondamment confirmée parl’histoire qu’il faudra bien que nous lasortions le plus tôt possible de l’ornièreoù nous l’avons laissée s’enfoncer. n

* Bernard Zimmern est l’auteur de l’ouvrage À toutfonctionnaire son chômeur (Édition Odilon Média,1998). Il dirige en outre une entreprise qu’il acréée aux États-Unis.

LA FRANCE A BESOIN D’ENTREPRENEURS

42

Le tandeminvestisseur-entrepreneuraux États-Unis

Bernard Zimmern (49) *

D.R

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Tous les lecteurs intéressés par l’articlede Bernard Zimmern sont invités au col-loque du 2 décembre, de 14 à 19 heures,qui aura lieu à l’Assemblée nationale,126, rue de l’Université, sous le patro-nage de Laurent Fabius.S’inscrire à l’IFRAP : 01.42.33.29.15(places limitées).

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LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999

L ’ANALYSE STATISTIQUE des bilanset comptes de résultats est sansappel. Elle montre que les

financements à long terme (fondspropres et emprunts) des PME cou-vrent mieux en moyenne leurs immo-bilisations que ne le font ceux desgrandes entreprises. Leur taux d’en-dettement ne pose pas non plus deproblème.

En revanche, le besoin de finan-cement du cycle d’exploitation esttoujours sensiblement plus impor-tant dans le cas des PME. Et cetteparticularité a pour seule cause leslongs délais de paiement de leursclients, expression d’un rapport deforce qui leur est presque toujoursdéfavorable.

Cet usage, abusif en France etdans les pays latins, de ce qu’il estconvenu d’appeler le crédit interen-treprises handicape lourdement ledéveloppement de nos PME. Il fautprendre conscience que la trésorerie

faite par les grandes entreprises surles petites dépasse, en France, le mon-tant de 100 milliards de francs. Celaveut dire que si toutes les entreprisespayaient leurs fournisseurs à trentejours, ce qui est la pratique dans lemonde anglo-saxon, chaque PME de30 MF de chiffre d’affaires verrait enmoyenne sa trésorerie augmenter de1,5 MF. C’est une somme considérablepour une entreprise de cette taille,une somme qui lui permettrait d’in-vestir industriellement ou commer-cialement sans risquer de mettre enpéril son équilibre financier.

Il faut cependant se garder du mau-vais réflexe qui consisterait à légifé-rer ou à réglementer ces délais car ceserait tomber dans le piège, vérita-blement désastreux pour les PME, del’application par elles seules de cettenouvelle réglementation ou législa-tion. Les PME ne peuvent pas s’offrirle luxe de conflits avec des clients etfournisseurs plus puissants qu’elles.

Les nouveaux usages devraient, àmon sens, reposer sur les principessuivants :• responsabiliser l’entreprise clienteen lui faisant supporter financière-ment les frais des titres de paiementqu’elle utilise,• pénaliser fiscalement les entreprisesqui abusent des délais de paiementen rendant le crédit interentreprisesplus coûteux que le crédit bancaire,• permettre aux PME d’être payées àtrente jours sans frais,• préserver la relation commercialede tout litige portant sur les délais depaiement,• éviter toute intervention de l’Étaten faisant en sorte que le systèmes’autorégule.

LA FRANCE A BESOIN D’ENTREPRENEURS

43

Les petites entreprisesfinancent les grosses

Hubert Kirchner (80)

D.R

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Les PME manquent de fonds propres, affirme-t-on souvent.Nous allons voir qu’il n’en est rien et que le problème est ailleurs.Les conclusions que je présente ici sont issues d’une étude statistiqueque j’ai réalisée sur les liasses fiscales 1996 de plus de300 000 entreprises françaises de plus de 5 MF de chiffre d’affaires,informations disponibles sur la base de données CD-Riskde S&W, filiale française de Dun & Bradstreet. Je tiens cette étudeà la disposition des lecteurs qui seraient intéressés.

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Trois mesures simples seraient,à cet égard, suffisantes :

1 – Pénaliser fiscalement les abusde délais de paiement en majorantl’impôt sur les sociétés des entre-prises responsables de ces abus.

L’abus consisterait pour une entre-prise à payer ses fournisseurs dansun délai qui soit à la fois supérieur àtrente jours et supérieur au délai depaiement de ses clients.

Si, à partir des éléments de la liassefiscale, ces deux dépassements simul-tanés étaient constatés, l’impôt surles sociétés serait majoré d’un mon-tant égal aux intérêts annuels quedevrait payer l’entreprise si elle emprun-tait la totalité de son compte four-nisseur au taux officiel de l’usure.

Cette mesure permettrait de rendrele crédit interentreprises plus cherque le crédit bancaire. Et donc defaire progressivement disparaître cespratiques néfastes.

2 – Permettre aux PME fournis-seurs d’être payées à trente jourssans frais, sur simple présentationdes pièces justificatives.

Ces pièces justificatives seraient :soit le titre de paiement soit la fac-ture. La BDPME, ou toute autrebanque, réglerait aussitôt à l’entre-prise la somme due et se chargeraitde recouvrer la créance auprès duclient, ainsi que les frais de son inter-vention. L’entreprise fournisseur res-terait bien entendu responsable detout litige portant sur la vente.

3 – Imputer à l’émetteur d’un titrede paiement les frais afférents.

L’usage veut que le destinataired’un titre de paiement paie les fraisqui y sont associés, alors que c’estl’émetteur qui choisit le mode depaiement qui lui convient.

Il serait plus sain que ce soit l’émet-teur du titre qui paie : frais admi-nistratifs et frais d’escompte lorsque

le délai de trente jours est dépassé. Labanque du fournisseur, réceptricedu paiement, facturerait directementces frais à l’émetteur du paiement.

Ces propositions de mesuressont issues de la pratiquedu terrain.Discutées avec des praticiensdes opérations de paiement,elles restent, bien sûr,des propositions ouvertes.L’important est de faireévoluer ces usagesde crédit interentreprisesqui handicapent fortementnotre économie au moyende mesures incitativeset non coercitives. n

NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE44

JPH
Tampon
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LA FRANCE A BESOIN D’ENTREPRENEURS

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Où en sontles X entrepreneurs ?De tout temps certains camarades

ont choisi de devenir entrepreneurs,par création de leur propre entrepriseou reprise d’une entreprise existante.À l’origine de ces décisions se situeun tempérament individualiste – aubon sens du terme – avec des moti-vations positives et négatives :• d’une part le désir d’être autonome,seul maître à bord, et de tenter unebelle aventure, désir souvent soutenupar un atavisme familial,• d’autre part, la répulsion à l’égarddes administrations et des grandsgroupes, le refus d’être un rouageet de subir les aléas de la grandeentreprise (ne pas y trouver la placeespérée, être à la merci d’un plansocial, etc.).

Mais l’indépendance du chef d’en-treprise a pour contrepartie la soli-tude. Celle-ci se ressent pendant toutela carrière d’entrepreneur, et plusintensivement dans les phases ini-tiales : la décision de se lancer dansl’aventure, et les péripéties quoti-diennes de la création ou de la reprise.

Ce sont les inconvénients de cettesolitude qui ont conduit en 1986 àla création, dans le cadre de l’A.X., dugroupe X-Entrepreneur, à l’initiativede quelques camarades quittant eux-mêmes de grands groupes pour deve-nir leur propre patron (il s’agit deChaussat, Bonnamy, et quelquesautres qui m’excuseront de ne pasles citer). Par la suite le groupe aaccueilli les anciens élèves de l’écoledes Mines et récemment de l’écoledes Ponts.

Ayant pris un statut d’association,loi de 1901, il est maintenant dénomméXMP-Entrepreneur.

Parmi nos camarades entrepre-neurs se distinguent deux types decomportement : les uns veulent res-ter dans l’ombre – au moins dans lemilieu polytechnicien – par exempleils n’ont pas voulu qu’on les cite dansle présent article.

Les autres, au contraire, apprécientde se faire connaître, dans l’intérêt deleur entreprise et aussi par esprit desolidarité et d’adhésion aux objectifs deXMP-Entrepreneur (je n’ai pu en contac-ter que quelques-uns pour cet article,

V - XMP-Entrepreneur : l’essor des entrepreneursdans la population polytechnicienneTout d’abord, entendons-nous sur le mot “entrepreneur ”. Tous les X sont (ou devraient être) entrepreneurs,en ce sens qu’ils doivent faire preuve d’esprit d’entreprise dans leur activité professionnelle, y compris dansles administrations et les grands groupes. Mais j’adopte ici la définition plus restrictive de notre association :dirigeant d’une entreprise, détenant une part significative du capital engagé.Répondent à cette définition tous les dirigeants de PME faisant travailler, au moins pour partie, leur propreargent ; et par extension tous les indépendants susceptibles d’engager des collaborateurs.Sont exclus par cette définition tous les salariés des grands groupes, publics ou privés, même s’ils sontP.-D.G. de filiales de la taille d’une PME.

Le témoignagede XMP-Entrepreneur etde 14 polytechniciens entrepreneurs

André Tymen (50),coanimateur de bénévolat de XMP-Entrepreneur 1

1 - A. TYMEN a lui-même créé et développé sespropres entreprises dans les années 1968-1989et exercé par la suite une profession d’ingénieurconseil indépendant, centré sur les créations desociétés.

Quelques réflexions personnelles puisées dans mes sept ansde bénévolat dans l’Association

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mais je sais qu’ils auraient tous acceptéd’écrire quelques lignes sur leur expé-rience).

Pourquoi faudrait-ilqu’un plus grandnombre d’X deviennententrepreneurs ?Outre son soutien aux volontaires

actuels – y compris ceux qui ont desproblèmes de carrière – XMP-Entrepreneur estime avoir vocationpour en multiplier le nombre. Car unsimple regard sur l’annuaire montrequ’il y a des progrès à faire, cela pourun double motif : l’intérêt général denotre pays et l’intérêt personnel denos camarades.

L’intérêt général ?

Dès son origine, XMP-Entrepreneura perçu que les grandes entreprisesne seraient plus (sauf exceptions) créa-trices d’emplois, du fait de leur poli-tique de recentrage sur leur métier debase (en vue de s’internationaliser) etde l’externalisation de leurs produc-tions annexes. Le relais devrait êtrepris par des entreprises petites etmoyennes, avec la mission d’être deplus en plus innovantes en tousdomaines (pas seulement dans leshautes technologies). Ces entreprises,qui seront les principales créatricesd’emplois dans notre pays, ont besoinde patrons de très bonne pointure.

L’intérêt personnel ?

Globalement avec des promotionsplus nombreuses, la tendance est à ladiminution des emplois dans le sec-teur public et à une certaine stabilitédans les grands groupes. En outre, ilest prévisible que la permanence dansle même emploi ou la même entre-prise n’existera plus. À ce jour, il n’ya pas plus d’aléas dans la créationd’une entreprise que dans toute autrecarrière. Et à en juger par ce qu’onentend à XMP-Entrepreneur, tousceux qui en ont fait l’expérience pen-sent que le métier d’entrepreneur estpassionnant et, de plus, peut être trèsrentable.

n Alors que faire ?Je ne reproduirai pas l’argumen-

taire déjà publié dans la page men-suelle de La Jaune et la Rouge réservéeà XMP-Entrepreneur, mais je rappelleque cette Association est une struc-ture ouverte à tous les camarades :• bien sûr à ceux qui envisagent, àcourt, moyen, ou long terme, dedevenir entrepreneur,• mais aussi à ceux qui sont déjàentrepreneurs (ou qui l’ont été), dontl’expérience fait la richesse du groupepour les nouveaux venus,• et également à ceux qui sont favo-rables aux objectifs poursuivis parl’Association et qui peuvent apporterleurs compétences aux débats qui yont lieu, notamment sur le point quiest essentiel, à notre avis : le déve-

loppement de l’esprit d’entreprisechez les X.

Sur ce dernier point, je termine-rai en saluant l’initiative prise par laFondation de l’École polytechniquequi s’est fixé comme objectif, aprèsl’internationalisation de l’École, dedévelopper l’esprit d’entreprise chezles élèves et les jeunes camarades del’X, avec la collaboration de XMP-Entrepreneur. n

Le lecteur trouvera ci-après un textede Bonnamy, lui-même créateur, sur leregain d’actualité de la création d’en-treprise et le récit complet de BernardTreps sur son aventure personnelle.Ensuite une succession de 12 témoignagesde camarades entrepreneurs – très briè-vement résumés – qui illustrent la diver-sité des chemins parcourus.

LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 47

L’époque actuelle est propiceà la création d’entreprise

Philippe Bonnamy (61)

L’expérience du Comité des Prêts d’une grande Banque m’a beaucoup apporté. J’aiappris notamment comment après une faillite retentissante un membre de l’esta-blishment peut rebondir à la barre d’une autre affaire, parce qu’il se comporte en hommedu monde.

Cet événement m’a déterminé à quitter la banque et ses moquettes confortablespour prendre de vraies responsabilités de direction d’entreprise, sans filet.

Après trois ou quatre projets assortis de reprise d’entreprises, je me lançais dans lacréation ex nihilo d’une entreprise de services informatiques, avec le soutien de deuxactionnaires prestigieux et la protection d’un président de très grande classe.

Pendant huit ans j’ai été un second passionné par l’aventure ; en cinq ans nousavons approché les 500 MF de chiffre d’affaires.

Cette opération réussie a été – sans me vanter – “mon bébé ”, mais ce n’était pas“mon affaire”. Les circonstances m’ont permis de m’en libérer et avec l’aide de mon action-naire principal de fonder enfin ma propre entreprise. Le projet était original et moti-vant : une société de service pour réaliser les travaux administratifs des entreprises(commerciaux, comptables, paye, etc.), comme il en existait déjà aux États-Unis.

L’accouchement de cette entreprise a été assez sportif, et le résultat n’a pas étéfulgurant, mais suffisant tout de même pour intéresser au bout de quatre ans un acqué-reur mieux armé pour la deuxième phase de développement. Cette aventure m’a pas-sionné.

Depuis lors, au sein d’X-Entrepreneur, ou à titre individuel, je ne suis pas directe-ment créateur d’entreprise – au moins pour l’instant – mais assistant de candidats-créateurs. Et je constate que, contrairement aux idées reçues, l’époque actuelle est pro-pice à la création d’entreprise, tant sur le plan administratif que sur celui du financement.Même si la vraie difficulté est non pas de créer mais de faire vivre, je pense que le risqueest raisonnable, et certainement pas pire que celui d’une reprise, toujours fertile enmauvaises surprises. Pas pire non plus que le risque couru dans une grande entrepriseoù peu de jeunes trouveront une gratification de leurs efforts comparable à celle ducréateur. Il y a un cercle vicieux entre la mauvaise représentation de la création d’en-treprise et la difficulté de rencontrer des hommes de valeur pour les start-up. Espéronsque les mentalités, comme les renommées changeront dans le bon sens au cours desprochaines années.

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Les raisons qui m’ont pousséà devenir entrepreneur

Première raison : j’avais le goûtd’entreprendre... et de réussir. J’avaisdéjà participé, à la fin des années 60,à une création d’entreprise, en asso-ciation avec d’autres ; et j’avais avecmoi une équipe compétente et moti-vée prête à saisir une nouvelle oppor-tunité. En outre j’avais moi-même lesfonds nécessaires pour être le leader.

Deuxième raison : cette équipeavait un projet précis en vue, répon-dant au besoin évident que rencon-traient les PME pour communiquerfacilement entre elles et avec tous leurspartenaires. Un rapport du ministèrede l’Industrie (rapport Lorentz) l’avaitrécemment mis en lumière de façonexplicite. Et l’un de mes équipiersavait réalisé un prototype, de typeExtranet, utilisant les langages susci-tés par Internet, qui permettait d’échan-ger avec une parfaite garantie de confi-dentialité tous types de fichiers.

Nous avons ainsi conçu un ser-vice aux PME en mode abonnement,sans investissement ni spécialistesinformatiques chez elles, leur per-mettant d’expédier et recevoir toustypes de messages (oraux, écrits, pho-tos) et de fichiers ; tandis qu’un centred’appel unique leur rendrait tous lesservices utiles.

Troisième raison : le momentétait opportun et les délais de réali-sation du projet bien accordés au délaid’ouverture du marché :• dès aujourd’hui, on voit exploserla “Net Économie ” et avec l’an 2000,les projets encore en gestation vontsortir, pour faire face à la compéti-tion,• les PME de l’Europe entière vontdécouvrir l’importance des enjeux etnous avons trois à quatre ans d’opti-misme économique devant nous.

Difficultés rencontrées

Première classe de difficultés :l’originalité de notre offre.

Malgré notre confiance, il fallaitreconnaître que le marché n’était pasfacile à évaluer. Les cibles marketingétaient nombreuses, et l’ordre de prio-rité des investissements technico-com-merciaux difficile à déterminer. Lerythme et la nature de nos recrute-ments n’étaient pas plus évidents, sinous voulions donner à nos recruesdes objectifs motivants.

Deuxième classe de difficultés :la fuite des organismes financiers.

Malgré 8,5 MF de fonds propresapportés par le principal actionnaire,que nous voulions réserver aux inves-tissements incorporels (recherche,développement, marketing), les finan-ciers demandent la présentation detrois bilans consécutifs et la mise engage de mes biens propres pour avan-cer 400 KF de prêt sur équipementmatériel !

Troisième classe de difficultés :la clientèle n’a pas confiance dansune PME.

“ Êtes-vous une filiale d’un grandgroupe ? Nestcape ? Microsoft ?... ”

“Votre produit a-t-il été testé dansla Silicon Valley ? ”

Difficultés annexes : d’abord, unpartenaire commercial que nouscroyions fidèle nous abandonne,ensuite, les délais de l’ANVAR et deson grand frère EUREKA sont trèslongs, malgré une bonne volonté etune compétence évidentes. La com-plexité des dossiers donne l’impres-sion qu’ils ne sont faits que pour lesgrandes entreprises.

Situation actuelleTrois ans après nos premières ini-

tiatives, nous nous estimons sur labonne voie.

La plus grave difficulté – défiancede notre clientèle – a été surmontéegrâce à une opération “taille critique”.Sous l’enseigne de la Société nouvelle,j’ai repris deux SSII qui nous don-nent pignon sur rue : elles ont toutesles deux une bonne réputation, l’unedans la grande Distribution, l’autredans la Banque et les Télécoms. Nousavons acquis de ce fait une surfacerassurante à la fois pour les clients,pour les banquiers, et pour le recru-tement des ingénieurs. Notre entreprisecomprend maintenant deux compo-santes :1) une activité SSII spécialisée secto-riellement et pointue techniquement,avec une croissance plutôt supérieureà celle du marché et une bonne ren-tabilité ;2) une start-up en cours de lance-ment sur son marché dont le premierinvestissement lourd permet de faireun test en vraie grandeur de la réac-tion dudit marché et dont ledeuxième investissement lourd est àvenir, soutenu par l ’ANVAR etEUREKA, avec un partenaire hollan-dais, EDI-TIE, pour industrialiser leproduit et le service, créer les com-posants sectoriels et s’implanter sur lemarché français, puis européen.

ConclusionRecréer à 55 ans est une aventure

formidable. L’expérience acquise, sion sait s’entourer d’hommes diffé-rents et complémentaires, permet d’as-sembler les composantes nécessairesà la réussite d’un projet clair et défini.Seront-elles suffisantes ? L’avenir ledira... conjugué à une forte sommede travail.

2 - Sté ADESIUM, Services informatiques,8, rue Germain Soufflot, 78184 Saint-Quentin-en-Yvelines (01.34.52.00.10).

NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE48

Un parcours difficile et passionnant

Bernard Treps (61),P.-D.G. de ADESIUM 2

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François Chaussat (66)

Q UELQUES ANNÉES d’expériencedans différentes filiales étran-gères d’un grand groupe indus-

triel m’ont fait connaître la vie dePME. J’ai ainsi vécu des expériencesde création de PME dans lesquellesje n’étais qu’un simple salarié.

Rentré en France, j’ai découvertque mon éloignement du siège étaitdevenu un handicap. J’ai donc décidéde refaire une expérience PME, maiscette fois à mon propre compte.

Tout en cherchant à reprendre unePME, j’ai noté l’absence de polytech-niciens dans les PME. J’ai donc crééavec quelques camarades, dans lecadre de l’A.X., le groupe X-Entre-preneur dans le but d’essayer d’inté-resser nos jeunes et moins jeunes poly-techniciens à la vie en PME.

En 1987, j’ai repris à son créateurla société QUIET, que j’ai revendueensuite à un groupe industriel.

En 1989, j’ai repris une autre société,CAHOUET, que je continue à déve-lopper et pour laquelle je construisune nouvelle usine en région pari-sienne. Elle fabrique des composantspour la régulation, la distribution etla mise en œuvre de gaz comprimés.

CAHOUET, 13, rue du Sergent Bauchat, 75012Paris (01.43.46.91.91).

Philippe Asselin (82)

APRÈS CINQ ans dans la recherchepétrolière au Moyen-Orient,un MBA à l’ISA et une expé-

rience de Conseil, j’ai créé une sociétéde service en informatique que j’aicédée à un partenaire en 1996.

J’ai repris au début 1997, avec unpartenaire financier, la société APIA alorsen redressement judiciaire, que j’airetournée et que je développe aujour-d’hui. APIA, n° 2 français du secteurde l’enseigne, conçoit et met en œuvredes programmes de changementd’image et de signalétique de marque.Ses métiers sont la conception, l’in-tégration et la logistique ; ses clientssont les grands réseaux en Europe eten Europe centrale (stations-service,concessions automobiles, banques...).

APIA, 25, route du Vieux Domaine, 18108 VierzonCedex (02.48.52.48.52).

LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 49

Fabio Foïs (87)

L’idée de la création d’entre-prise est pour moi ancienne ; j’enavais une vision très classique dugenre invention/brevet/produc-tion/succès. Aucune formationcomplémentaire de type “ busi-ness ” n’étant agréée par l’École,j’ai recherché une expérience“ entreprise ” chez AndersenConsulting. L’expérience fut intenseet, outre l’apprentissage d’un métierintéressant, j’y ai rencontré mesfuturs associés.

Nous avons donc créé, à quatre,ARGON GROUPE, en septembre1994, sur une idée simple, “Fairebien son métier pour soi ”. Cetteidée, bien éloignée de mes fan-tasmes initiaux, s’est avérée, jusqu’iciau moins, un choix judicieux :ARGON c’est aujourd’hui 75 per-sonnes qui exercent le métier deconsultant en organisation et sys-tèmes d’information pour un chiffred’affaires prévisionnel de 60 MF,dans le domaine de la logistiqueet de la gestion de clientèle.

Après cinq ans d’existence, ilest clair que, sur notre marché,nous pouvons poursuivre notrecroissance à un rythme soutenu.

XMP-Entrepreneur a servi à meconvaincre que le passage de l’idéeà la réalisation était possible.

ARGON GROUPE, 9, rue Pierre Brossolette,92309 Levallois-Perret Cedex (01.55.46.13.00).

L’entrepreneur doit être attentif au designde ses produits.

© CAHOUET

François Simon (57)Il ne m’a fallu que quelques

années pour me rendre compte queje ne supportais pas les lourdeursde fonctionnement des adminis-trations et des grands groupes etque ma vocation était d’être entre-preneur.

Après une première expérience(reprise à 33 ans d’une société demobilier scandinave), qui a tournécourt, je suis revenu à mon métierd’origine, d’abord comme DG d’unesociété d’informatique puis en créantsuccessivement CR2A, dont j’aicédé mes parts, et CRIL, qui a étévictime de la conjoncture à causede sa sous-capitalisation.

Depuis 1996, j’ai repris le contrôlede XILOG puis de SYNTEM, socié-tés en graves difficultés, dans les-quelles je détenais des participa-tions très minoritaires et que j’airedressées en quelques mois. Ellesemploient aujourd’hui 30 personnes.

Duons Systèmes (Xilog, Syntem), La GrandeArche, 92044 La Défense Cedex (01.41.97.04.89).

Au moment de transmettre à LaJaune et la Rouge le témoignage deFabio FOÏS, j’apprends qu’il a trouvéla mort dans un accident d’avion.

C’est un grand chagrin et unegrande perte : Fabio avait à peinedépassé la trentaine et déjà accom-pli de belles choses. Nous devionsl’accueillir cette année comme admi-nistrateur de l’Association.

En accord avec La Jaune et laRouge, j’ai décidé de maintenir sontémoignage, qui est particulièrementstimulant.

A. Tymen

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Georges Soumelis (88)

J ’AI TOUJOURS eu le virus de la créa-tion d’entreprise. J’ai activementparticipé à la création d’une entre-

prise de transport à Paris (avant ma sor-tie de l’École), puis d’une entreprisecommerciale à Nantes, mais c’étaitpour le compte de tiers. Ensuite jeme suis lancé dans le processus decréation pour mon propre compte.

Le désistement d’un associé m’acontraint à abandonner un premierprojet, très ambitieux, associant Internetet la restauration.

Mon objectif aujourd’hui est deconstruire un groupe de luxe inter-national et la première étape danscette voie est franchie par l’ouverture,à l’adresse ci-dessous à Paris, d’unmagasin commercialisant les bijouxd’un créateur de renom, avec mise enplace et gestion d’une fabrication délo-calisée.

CPS TRADING, 12, rue Jean du Bellay, Île Saint-Louis, 75004 Paris (01.44.07.33.66).

Claude Chabrol (66)

APRÈS UNE carrière d’ingénieurde l’Armement puis chez deséquipementiers aéronautiques,

j’ai décidé de me lancer dans l’aven-ture de l’entreprise et j’ai adhéré àXMP-Entrepreneur pour ne pas être“ seul ” dans cette démarche.

En novembre 1996, j’ai repris lasociété SEP POURTEAU, entreprisespécialisée dans la construction de pas-serelles pour la maintenance des avions.

Quelques mois après, j’ai étécontacté par mon principal concur-rent, qui, voulant se séparer de cetteactivité, m’a proposé de reprendre lesunités correspondantes de son entre-prise, ce que j’ai fait. Je travaille doncaujourd’hui sur deux sites, l’un dansla région parisienne et l ’autre àMontpellier et je suis passé de 10 MFde chiffre d’affaires à l’achat de la pre-mière société à 30 MF, par un déve-loppement important à l’export.

SEP POURTEAU, 110, avenue Georges Clemenceau,94360 Bry-sur-Marne (01.48.81.02.75).

NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE50

Jean-Claude Simon (44)

Après une carrière dans laRecherche et l’Enseignement, j’ai créé,en 1991, la PME A2iA (Analysed’images et intelligence artificielle)pour continuer et appliquer lesrecherches de mon laboratoire uni-versitaire de Jussieu (Paris VI et CNRS)sur la reconnaissance de l’écrituremanuscrite par logiciel informatique.En fin 1999, A2iA aura installé enFrance 40 sites en production jour-nalière, lisant automatiquement lesmontants de 20% des chèques fran-çais. Des sites sont également en pro-duction en Angleterre et aux États-Unis.

L’équipe de A2iA a prouvé sacapacité à transformer une recherchede pointe en produit industriel, touten gardant son avance technique. Lesprocédés originaux mis au point sontsusceptibles d’être appliqués à tousdocuments imprimés ou remplis àla main par le public.

A2iA, 222, avenue du Maine, 75014 Paris(01.56.53.64.02).

Première boutique de la chaîne de magasins lancée par Georges Soumelis (Île Saint-Louis).

D.R

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Hubert Lauriot-Prévost (76)

DEVENU P.-D.G. d’une filiale dugrand groupe dans lequel j’aicommencé ma carrière, je me

suis familiarisé avec la PME, mais j’aisouffert du manque de rapidité desdécisions. J’ai donc décidé de devenirmoi-même entrepreneur et me suismis à la recherche d’une reprise.

Très rapidement il m’a été pro-posé une PME réalisant 300 MF dechiffre d’affaires, dans la tuyauterieet chaudronnerie, métallique et plas-tique. En six mois, les négociationset le montage juridique et financierde la reprise ont été bouclés.

Cette entreprise a plusieurs implan-tations en France et deux à l’étranger(Tunisie et Hongrie).

(Voir aussi mon article “ J’ai choisila liberté ”.)

Chaudronnerie Tuyauterie Rhône-Alsace, 12, rueJean Bouin, 69551 Feyzin (04.78.70.85.93).

Francis Bourcier (59)

J ’ai pratiqué plusieurs métiers dansplusieurs secteurs : la banque, lamétallurgie, le forage, l’informa-

tique, mais toujours dans de grandsgroupes aux stratégies fluctuantes. À53 ans j’ai décidé de devenir monpropre patron.

Après deux ans de prospection,une centaine de dossiers étudiés, unedizaine de propositions élaborées, j’aiacquis début 1995 la MétallerieModerne (serrurerie et menuiseriealuminium).

Le démarrage a été difficile, maisaujourd’hui l’affaire va bien, s’apprêteà construire une nouvelle usine etcommence à mériter de s’appeler“ Moderne ”.

Métallerie Moderne, 6, chemin de la Grâce deDieu, 91310 Linas (01.69.80.72.26).

Michel Fayet (66)et François Maréchal (68)

Ayant vécu avec notre caractèreles mutations des grandsgroupes, et après constat de

l’état du marché du travail pour lesindividus de notre âge, nous noussommes associés pour créer en 1997SAFEM, holding qui depuis un an etdemi a :• créé ELOESYS, société d’étude etde conseil,• repris SCBA, entreprise mancellede menuiserie travaillant essentielle-ment en région parisienne,• repris IPROS, entreprise de larégion parisienne qui conçoit,fabrique, installe et maintient des sys-tèmes de brûleurs à gaz pour uneclientèle d’industriels.

Éprouvant le besoin de faire gros-sir ce groupe de 100 personnes et60 MF de chiffre d’affaires, nous recher-chons d’autres opportunités de crois-sance externe dans les domaines del’industrie pour des clients industrielsen intégration de produits spécifiquesà l’unité ou en très petite série et ser-vices connexes (installation, entretienet maintenance).

SAFEM, 9, rue du Colonel Moraine, 92190 Meudon(01.41.36.03.02).

LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 51

Laurent Chrétien (87)

Au cours de ma dernière annéedes Ponts à Madrid, j’ai créé unepetite société pour développerdans cette ville un grand jeu depiste de découverte de son patri-moine.

De retour en France, aprèstrois ans sur un chantier de travauxpublics à Sumatra, j’ai repris cetteidée pour développer un nouveauconcept : l’utilisation du jeu et dela mise en scène pour découvrirles lieux et apprendre à mieux lesconnaître.

Pour la mise en œuvre de ceconcept, j’ai créé en octobre 1996la Société ART’KAN, et mobiliséquelques acteurs de talent.

ART’KAN travaille d’une partavec les collectivités territorialeset les institutions (UNESCO,Exposition de Lisbonne) pourl’animation et la promotion dupatrimoine, d’autre part avec lesentreprises (AXA, Rhône-Poulenc...) pour la communicationévénementielle (organisation decongrès, opérations grand public...).

Au-delà des supports papier(guides, jeux de société...),ART’KAN intervient aussi en ani-mation, avec une large utilisationdes nouvelles technologies.

L’an 2 000 va lui apporter unenouvelle poussée !

ART’KAN, 15, rue Pétion, 75011 Paris.(01.43.48.42.42).

Michel Olivier (83)

Issu d’un milieu entrepreneur, j’étais démangé, dès ma sortie de l’École,par le virus de la création d’entreprise.

Après cinq ans de consulting au BCG, j’ai vainement cherché uneopportunité de reprise.

Avec un collègue Mineur, nous avons alors procédé à une étude sys-tématique, en fonction de critères que nous nous étions fixés a priori, desdomaines dans lesquels nous pourrions envisager une création.

C’est ainsi qu’est née la société INTERMÈDES, spécialisée dans la ventesur catalogue de loisirs culturels.

INTERMÈDES, 60, rue de La Boétie, 75008 Paris (01.45.61.90.90).

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LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999

S I BERNANOS est un enfant de sonsiècle, blessé en profondeur parla barbarie et le déchaînement

des forces meurtrières, il en va de mêmepour Camus souffrant d’un doulou-reux étonnement devant la puissance dumal sur la terre. En quête pathétiquede sens, il jette sur la liberté humaineun autre regard, celui d’un agnostique(A 1) s’interrogeant sur le sens de savie, luttant pour dépasser l’équilibreimpossible entre le sentiment de l’ab-surde et la révolte contre le non-sens :

J’ai vécu le nihilisme, la contradic-tion, la violence mais dans le mêmetemps, j’ai salué le pouvoir de créer etl’honneur de vivre…

Accepter l’absurdité de tout ce quinous entoure est une étape, une expé-rience nécessaire, ce ne doit pas deve-nir une impasse.

Elle suscite une révolte qui peut êtreféconde…

Si Camus doit d’abord sa célébritéà ses romans et ses drames (L’Étranger,La Peste…, Caligula, Les Justes), sa for-

mation philosophique et ses goûts enfont aussi (dans une mesure essentielleà nos yeux) un essayiste d’avant-garde, puisant méthodiquement auxsources universelles du savoir uneapproche des problèmes de sontemps, dans des registres et une écri-ture qui lui sont propres. Ses pre-mières réflexions lui inspirent LeMythe de Sisyphe (1942), sorte demanuel du non-sens, déblayant leterrain, en prologue à une fresqueultérieure magistrale : L’Hommerévolté (1951), vaste panorama his-torique dégageant notamment lesliens étroits entre les errancescontemporaines et les diverses tenta-tives idéologiques au XIXe siècle de“ renaturalisation ” de l’homme enréponse à ce qu’on a appelé “ la mortde Dieu ” : hégélianisme, marxisme,nietzschéisme.

En définitive, les deux écrivains,par des cheminements différents,font un même diagnostic, mènent unmême combat, s’élèvent l’un et l’autreà la Libération contre la vision mani-chéenne prévalant à l’époque, oppo-sant le marxisme internationalisteprétendu “ libérateur ” aux dictaturesnationalistes alors anéanties. Camusn’hésite pas à dénoncer leur étroiteparenté idéologique comme leurcomplicité historique.

Prenons d’abord le temps d’un bref rappel au lecteur du cheminementde ces libres propos sur la liberté humaine.Est-il de meilleure introduction à une notion aussi mystérieuseet sans cesse en question qu’un exemple vivant, celui d’un écrivaindont vie et œuvre témoignent à l’unisson de la valeur inestimablepour le salut de la civilisation, de la liberté humaine sans cesse menacée :Georges Bernanos, dont le cinquantenaire de la disparition offraitl’occasion de célébrer la mémoire.Le précédent article “Aux sources des totalitarismes modernes ”(La Jaune et la Rouge, mai 1999) avait, en commentaire à l’un deses textes, évoqué les puissantes figures de Hegel et Marx, deux pharesde la philosophie allemande du XIXe siècle ayant préparé de longue datele terrain à l’avènement des totalitarismes liberticides de notre siècle.Nous aurions pu, au même motif, si le hasard du calendrier s’y était prêté,nous référer à un autre résistant, écrivain de grande race, Nobel parsurcroît, “ pour avoir mis en lumière les problèmes se posant de nos joursà la conscience des hommes ”. Il s’agit, on le devine, d’Albert Camus,prématurément disparu à 47 ans en 1960.

De Bernanos à CamusGérard Pilé (41)

53

L I B R E S P R O P O S

Qui dispose d’une parole libre, si modeste qu’elle soit, n’a plus aujourd’hui le droit de se taireQu’est-ce qu’une parole libre ?

C’est celle qui s’efforce de donner aux mots leur vrai sens, qui ne leur permet pas de mentir.GEORGES BERNANOS

(Les Grands Cimetières sous la lune)

Qui répondrait dans ce monde à la terrible obstination du crime, si ce n’est l’obstination du témoignage.ALBERT CAMUS

(Actuelles II Justice et Crime)

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L’option politique prise parCamus est désormais claire.

Entre la justice incarnée par l’URSSet la liberté incarnée par l’Occident, jechoisis la liberté car même si la justicen’est pas réalisée, la liberté préserve lepouvoir de protestation contre l’injus-tice et sauve la communication.

L’Homme révolté déclenche uneviolente polémique à droite et sur-tout à gauche où il essuie les foudresde Jean-Paul Sartre pour qui l’exis-tence du bloc soviétique est unenécessité de la stratégie révolution-naire. D’ailleurs Camus n’avait-il pasdéjà écrit dans Le Mythe de Sisypheque l’existentialisme était un suicidephilosophique, qu’il aboutissait en défi-nitive à une théologie sans dieu et unescolastique dont il était inévitable qu’ellefinisse par justifier des régimes d’inqui-sition.

Signalons incidemment queGünter Grass (l’auteur allemand bienconnu de Le Tambour et dernierNobel de littérature) avait, de sonpropre aveu, été très marqué dans sajeunesse par la polémique entreSartre et Camus, vouant à ce dernierune particulière admiration.

Nous avons été frappés par lacomplémentarité des écrits deBernanos et Camus. S’enrichissantmutuellement, ils représentent (à nosyeux du moins) ce que la penséefrançaise a offert de mieux au mondevers le milieu de ce siècle. C’est pour-quoi, au risque d’alourdir un exposédéjà long, on a pris le parti d’yadjoindre quelques extraits deL’Homme révolté, texte majeur déve-loppant une réflexion très ferme etargumentée sur le sujet. Entre libertéet révolte se répondant l’une à l’autre,l ’ interdépendance est étroite :Bernanos avait de son côté vécu dou-loureusement les tensions etdilemmes posés à une consciencechrétienne par l’esprit de révolte,inhérent à sa nature, en comprenaittoutes les manifestations, les réac-tions instinctives comme les excès etdérives : fasciné par la personnalitéde Luther, il lui avait consacréquelques pages admirables de péné-tration psychologique et de fraternitéhumaine.

Quelques mises au point

1) Il importe de remarquer queCamus (comme Bernanos, parlant deces “ grands Allemands ”) se garde defaire de Hegel et Marx les boucsémissaires des folles expériences tota-litaires. Ils n’auraient sans doute pasdésavoué le jugement de SimoneWeil (dans Oppression et Liberté) :

Marx le premier et sauf erreur leseul… a eu la double pensée de prendrela société comme fait humain fonda-mental et d’y étudier comme le physi-cien dans la matière, les rapports deforces. C’est là une idée de génie, cen’est pas une doctrine.

Ces derniers mots étonnammentjustes vont à l’essentiel d’une critiquesimplement formelle de la pensée deMarx. Visant le savoir absolu à partird’un constat d’ordre relatif : (LeCapital est avant tout un martyrologede la condition ouvrière), elle fait fide la modestie et des exigences cri-tiques requises par toute quête scien-tifique. L’erreur manifeste des suc-cesseurs de Marx est de s’être bornésà dogmatiser une pensée qui n’était àtout prendre, sous son masquepseudo-scientifique, qu’un singuliercocktail entre :• d’un côté la révolte contre l’asser-vissement, la volonté de rationalitéet de justice socio-économique (légi-times en soi),• de l’autre l’athéisme jugé une évi-dence absolue – le progrès automa-tique par le développement desforces de production, l’exaltationdémiurgique de la science et de latechnique, autant d’emprunts à lamythologie du XIXe siècle.

S’il est vrai que les idéologies sontcommunément portées à se décernerle label “ scientifique ”, de se présen-ter comme telles pour séduire etconvaincre les masses, la palme decette prétention revient sans contesteau marxisme, toutes chapellesconfondues. Sait-on que la publica-tion des œuvres complètes de Marxen URSS a dû être interrompue dansles années 1930 pour divergences etcontradictions flagrantes non seule-ment avec le cours de l’histoire maissurtout avec l’orthodoxie de la doc-trine alors enseignée ?

2) Répondons par ailleurs à l’ob-jection suivante :

Pourquoi tant nous attarder surles origines et l’esprit des totalita-rismes modernes ayant jeté l’ombredu déshonneur sur notre siècle,lequel, fort heureusement, paraît s’enêtre vacciné ? Un sage proverbe (chi-nois sans doute) ne dit-il pas que :Pour mieux construire l’avenir, il fautoublier le passé ?

Sans doute est-ce nécessaire pourrendre possibles les réconciliations,mais ne dispense pas du devoir deprudence consistant à en tirer lesleçons. Contrairement à un préjugéassez commun le réexamen du passéprovoque l’avenir à se construire.

Ne s’agit-il pas tout d’abord dedéjouer les manipulations et dénon-cer les contresens d’interprétationpour mieux exercer ensuite la vigi-lance face à d’éventuels retours plusou moins insidieux. L’exemple et laleçon donnés à cet égard par Berna-nos et Camus ne doivent pas êtreperdus. Ils avaient l’un et l’autre uneperception en profondeur de l’his-toire, et savaient que les situations decrise opéraient comme des révéla-teurs du meilleur et du pire dont leshommes étaient capables. Ils savaientà quel point le présent étendait sesracines dans l’imaginaire du passé…Par-dessus tout, ils étaient viscérale-ment attachés à la sauvegarde salu-taire de larges espaces de liberté, denon-conformisme, de résistance àune pensée unique, portée à faire levide autour d’elle.

Il est peu contestable que, dansleur phobie viscérale des libertés, lestotalitarismes ont cru et voulurésoudre des problèmes immémo-riaux d’ordre métaphysique et exis-tentiel, par la voie mensongère etbrutale consistant d’abord à les nier,ensuite à les supprimer.

Suffit-il cependant de voir claire-ment ce à quoi nous avons échappé,pour céder à la tentation de classerces expériences parmi les essais mal-heureux, les “ accidents de parcours ”de l’histoire, au prétexte que celle-cine se reproduit jamais à l’identique.Il est en effet permis de douter quel’intelligence de la réalité totalitairesoit réductible à quelques idées

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simples comme plusieurs essais his-toriques récents pourraient le suggé-rer, notamment :– l’illusion d’une marche vers unesociété parfaite, sans classes, dont laséduction résiste mal à l’image desréalités, à la fatigue d’un discoursincantatoire : un moment arrive oùle patient espoir fait place à la décep-tion ;– la capacité étonnante de survie dessystèmes politiques mettant enœuvre un appareil coercitif et derépression d’une efficacité redou-table.

Ces explications n’ajoutent guèreà ce qui est bien connu (A2) et mêmeprophétisé depuis longtemps (pen-sons ici, par exemple, aux avertisse-ments d’Ayn Rand), laissent uneimpression d’incomplétude, decrainte de franchir un autre seuild’explication : les symptômes cli-niques observés dans les sociétéstotalitaires ne correspondraient-ilspas à une forme violente, suraiguë dumal rongeant depuis l’origine l’âmehumaine, révoltée contre le mystèred’iniquité pesant sur sa condition, àcommencer par le scandale des inno-centes victimes de la malignitéhumaine (phénomène non seule-ment universel, mais par extensioncosmique, si l’on pense aux malheu-reuses victimes des cataclysmes dits“ naturels ” provoqués par une créa-tion elle-même en mal d’enfante-ment).

Écoutons ici un instant Bernanosqui n’avait pas l’habitude de travestirses convictions :

La force et la faiblesse des dictateursest d’avoir fait un pacte avec le désespoirdes peuples… Ce pacte est précisémentcelui de Satan. Les peuples ont fait deleur désespoir un dieu et ils l’adorent…Le signe fatal c’est qu’on a traitéM. Hitler comme un demi-dieu, que desmillions d’êtres se soient donnés à luicorps et âmes, attendent de lui leurrédemption.

De son côté, mais après la guerre,un prélat polonais, Karol Wojtyla, lefutur Jean-Paul II, dont on ne sauraitmettre en doute l’expérience du com-munisme, n’avait pas craint de direqu’on ne pouvait rien comprendre àKarl Marx et Jean-Paul Sartre si on

n’avait pas lu le IIIe chapitre de laGenèse sur la déchéance de l’hommedans le péché originel.

Laissons aux autorités religieusesleurs propres “ grilles de lecture ” del’histoire diront certains, mais querépondre à d’autres voix, celles-làbien laïques, avançant une explica-tion analogue, quelque peumaquillée il est vrai. C’est ainsi que leprofesseur Alain Besançon (A3) s’in-téressant en sa qualité d’historien auphénomène totalitaire, très frappépar la concordance de témoignages(ayant valeur à ses yeux de matériauxhistoriques), a été amené, au risquedes railleries de ses confrères, à avan-cer très sérieusement l’hypothèse dela présence agissante dans le monde

d’une transcendance négative, autre-ment dit, n’ayons pas peur ici desmots, du “ prince de ce monde ”.

Quel discours vraiment scienti-fique peut-on honnêtement tenir surle mal et ses origines ? Aucun. Alors,de grâce, ne rejetons pas au moinsl’idée d’une réalité “ métaphysique ”au-delà de ce qui nous est donné deconnaître.

N’est-il pas singulier que les“ sciences humaines ” n’aient pasencore vraiment tiré la leçon du faitque les sciences “dures” elles-mêmesse reconnaissent ultimement subjec-tives, savent qu’il y a dans le réel unélément globalisant qui leur est àjamais insaisissable… mais c’est là untout autre sujet.

LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 55

Albert Camus.

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Camus insiste sur l’enracinement de la pensée de Hegel dansnotre propre histoire.

Il se livre d’abord à une longue analyse de l’idéologie politiqueléguée par le XVIIIe siècle français, qui trouve son expression la pluspure et utopique dans le Contrat social de Rousseau, ébauche d’unlivre de droit ne s’appuyant sur aucune donnée sociologique.

Ce nouvel évangile de la foi civile, aube d’une nouvelle religion,n’est-il pas scandé par les mots “ absolu ”, “ sacré ”, “ inviolable ”,“ égalité ” où “ la personne politique devenue souveraine y est défi-nie comme une personne divine ”.

C’est l’idée de volonté générale qui a frappé Hegel. Il y a unecertaine transcendance de celle-ci sur les volontés individuelles etle fait de considérer l’État comme volonté est pour Hegel la grandedécouverte de Rousseau.

Hegel a vu clairement que la Révolution française voulait déli-vrer l’homme de l’irrationnel et considérait que seule la raison uni-verselle était en mesure de rassembler les hommes…

Hegel a voulu continuer l’œuvre de la Révolution française ensupprimant les causes de son échec, il a cru discerner que la Terreur(… “ où les échafauds apparaissent comme les autels de la raison ”…)était contenue d’avance dans l’abstraction des principes jacobins.

… À la raison universelle, mais abstraite de Saint-Just etRousseau (1), la pensée allemande a donc fini par substituer unenotion moins artificielle mais aussi plus ambiguë : l’universelconcret, la raison jusqu’ici planait au-dessus des phénomènes. Lavoici désormais incorporée au fleuve des événements historiquesqu’elle éclaire en même temps qu’elle lui donne un corps.

… À la première étape de sa dialectique, Hegel affirme que lamort étant le lieu commun entre l’homme et l’animal c’est en l’ac-ceptant et même en la voulant que le premier se distingue du second.L’homme est identifié à la mort violente, ce désir primitif et forcenéqui se confond avec la volonté d’être.

L’être qui cherche à obtenir la conscience hégélienne naît dansla gloire durement acquise d’une volonté collective. L’histoire entièredes hommes n’est en tout cas qu’une longue lutte à mort pour laconquête du prestige universel et de la puissance absolue. Elle estpar elle-même impérialiste…

Avec Hegel, philosophe napoléonien, commence le temps del’efficacité.

Seuls un dieu ou un principe au-dessus du maître et de l’esclavepouvaient s’interposer jusque-là et faire que l’histoire des hommesne se résume pas seulement à l’histoire de leurs victoires et de leursdéfaites.

L’effort de Hegel, puis des hégéliens, a été au contraire dedétruire de plus en plus toute transcendance et toute nostalgie dela transcendance. Bien qu’il y ait infiniment plus chez Hegel quechez les hégéliens de gauche, qui finalement ont triomphé de lui, ilfournit cependant, au niveau de la dialectique du maître et de l’es-clave, la justification décisive de l’esprit de puissance au XXe siècle :le vainqueur a toujours raison.

… Le visage de Hegel qui réapparaît dans le communisme russe aété remodelé successivement par David Strauss, Bruno Bauer,Feuerbach (A4), Marx…, lui seul nous intéresse ici puisque lui seul apesé sur l’histoire de notre temps. Si Nietzsche et Hegel servent d’ali-bis aux maîtres de Dachau et de Karaganda, cela ne condamne pastoute leur philosophie mais cela laisse soupçonner qu’un aspect deleurs pensées ou de leur logique pouvait mener à ces terribles confins.

… Les philosophes sont rarement lus avec intelligence mais avecles passions qui, elles, ne se réconcilient pas…

Hegel n’a pu empêcher ceux qui l’ont lu avec une angoisse quin’était pas méthodique, dans une Europe déjà déchirée par l’injustice,de se trouver jetés dans un monde sans innocence et sans principes,dans ce monde dont Hegel dit justement qu’il est en lui-même unpéché puisqu’il est séparé de l’esprit… Comment vivre alors, com-ment supporter, quand l’amitié est pour la fin des temps, la seuleissue est de créer la règle, les armes à la main. Ceux qui ont lu Hegelavec leur seule et terrible passion y ont puisé une philosophie dumépris et du désespoir se jugeant esclaves et seulement esclaves,liés par la mort au Maître absolu, au maître terrestre par le fouet.Cette philosophie de la mauvaise conscience leur a appris seulementque tout esclave ne l’est que par le consentement et ne se libère quepar un refus qui coïncide avec la mort.

Répondant au défi, les plus fiers d’entre eux se sont identifiéstout entiers à ce refus et voués à la mort. Dire que la négation est enelle-même un acte positif justifiait par avance toutes les sortes denégation et annonçait le cri de Bakounine et Netchaïev (A5) : “ Notremission est de détruire et non de construire. ”

La vague figure de Dieu qui chez Hegel se reflète dans “ l’espritdu monde ” ne sera pas difficile à effacer. De la formule ambiguë deHegel “ Dieu sans l’homme n’est pas plus que l’homme sans Dieu ”, sessuccesseurs vont tirer des conséquences décisives…

… Le cynisme, la divinisation de l’histoire et de la matière, la ter-reur individuelle ou le crime d’État, ces conséquences démesuréesvont alors naître toutes armées d’une équivoque conception dumonde qui remet à la seule histoire le soin de produire les valeurs etla vérité.

… Fonder la divinité sur l’Histoire est fonder paradoxalement unevaleur absolue sur une connaissance approximative.

Quelque chose d’éternellement historique est une contradictiondans les termes…

Si rien ne peut se concevoir clairement avant que la vérité, à lafin des temps, ait été mise au jour, toute action est arbitraire, la forcefinit par régner. “ Si la vérité est inconcevable (s’écriait Hegel), il fautforger des concepts inconcevables ”… Mais pour être reçu, il (un telconcept) ne peut compter sur la persuasion qui est de l’ordre de lavérité, il doit finalement être imposé…

Une pareille prétention ne peut entraîner que deux attitudes :ou la suspension de toute affirmation jusqu’à l’administration de lapreuve, ou l’affirmation de tout ce qui dans l’histoire semble voué ausuccès, la force en premier lieu… On ne comprend pas la pensée révo-lutionnaire du XXe siècle, si on néglige le fait que, par une fortunemalheureuse, elle a puisé une grande partie de son inspiration dansune philosophie de conformisme et de l’opportunisme. La vraierévolte n’est pas mise en cause par les perversions de cette pensée…

Rien ne peut décourager l’appétit de divinité au cœur del’homme… Après tout, l’histoire qui n’est pas encore arrêtée laisseentrevoir une perspective qui pourrait être celle du système hégélien,mais pour la simple raison qu’elle est provisoirement traînée sinonconduite par les fils spirituels de Hegel…

Quand le choléra emporte en pleine gloire Hegel, tout est enordre pour ce qui va suivre. Le ciel est vide, la terre livrée à la puis-sance sans principes, ceux qui ont choisi de tuer et ceux qui ont choisid’asservir vont successivement occuper le devant de la scène, aunom d’une révolte détournée de sa vérité.

(1) Étrange et paradoxal voisinage quand on sait les sentiments de l’auteur duContrat social pour qui : Rien d’ici-bas ne mérite d’être acheté du sang humain.

NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE56

Hegel vu par Albert Camus dans L’Homme révolté

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Commentaires

À l’initiative et sous l’impulsionde Hegel, la philosophie, qui se vou-lait traditionnellement “sagesse”, bonapprentissage de la raison, sedécouvre (après la sévère critiquekantienne) un nouvel absolu : l’his-toire limitée à ses horizons humains,soustraite “ au ciel ”, rapetissée authéâtre de ses antagonismes, de sesviolences et injustices…

En un mot, la philosophie sedévoie, se métamorphose en idéolo-gie, mode de pensée radicalement dif-férent, faisant plutôt figure, si l’on enjuge par ses manifestations dans l’his-toire, de maladie récurrente de l’âme :l’homme se découvre ou se veut seul,estime n’avoir plus de comptes àrendre qu’à lui-même, en créant sespropres valeurs, en réinventant denouveaux dogmes tangibles.

Un telle confusion des genres,entre philosophie et idéologie, large-ment amorcée par Hegel, culmineavec Marx et ses successeurs, rebon-dit avec Nietzsche, précède lesséismes du XXe siècle, sur des fonda-tions mal préparées à y résister.

Reprenons, pour y réfléchir uninstant, cette fameuse “ réconcilia-tion ”, hantant l’esprit de Hegel quila juge si prématurée et chimériquequ’il la renvoie… “ à la fin destemps ” : que vaudrait en effet une“ réconciliation ” dont l’histoireenseigne qu’elle implique la soumis-sion du plus faible ?

Comment ne pas protester contreune telle démission, une vision aussidésenchantée de l’homme désormaisrivé à sa mauvaise conscience érigéeen mode de détermination de l’his-toire, exilant l’espérance vers un hori-zon indéfini.

C’était tourner la page d’uneextraordinaire aventure humaine,renier un message fidèlement trans-mis de génération en génération,enraciné dans la haute traditionbiblique (qu’exaltera chez nous Hugodans La Légende des siècles ou ce“Théâtre d’humanité ” cher à Péguy),celle d’hommes ayant eu une vision,autrement porteuse de valeurs, de lavie et même de la mort.

N’en évoquons ici qu’un exemple

pour sa portée symbolique, celui del’extraordinaire mansuétude deJoseph accueillant en Égypte sesfrères criminels : Je vais prendre soinde vous et de vos enfants… À ses yeuxla “ réconciliation ” n’est pas remiseaux calendes, elle se veut au présent.

Pure folie que ce renversementpréconisé par Hegel : réaliser d’abordl’unité temporelle, en laissant ce soinaux États-nations, en clair : au jeu deleurs ambitions dominatrices, voirehégémoniques.

Ne sourions pas (sottementd’ailleurs) de ces esprits soi-disantassez “attardés” pour penser que seul“ le diable ”, le “ prince du men-songe ”, “ l’accusateur ” (Apocalypse),ce recruteur d’auxiliaires jusque dansles séminaires… aux ruses biscor-nues (comme de laisser croire qu’iln’existe que dans l’imagination deshommes), pouvait avoir ainsi sub-verti un tel maître à penser.

Comment, ajouteraient-ils, notretrop zélé tentateur n’aurait-il paspoussé ses pions vers des cases stra-tégiques, à la faveur du désert spiri-tuel où campaient alors les élitesd’une Europe, toute bruissante dufracas des armes et des craquementsde l’ordre ancien ?

Retour à l’histoireComme on a pu s’en rendre gra-

duellement compte, Bernanos etCamus entretiennent une complicitéaffective avec l’histoire, lieu par excel-lence de l’héritage collectif, sans cesseà réévaluer.

Camus l’agnostique, fasciné parles grands mythes grecs, héraut enson temps de la culture méditerra-néenne ne désavouait nullement lesapports fondamentaux au christia-nisme, aux civilisations appelées àconstruire l’Europe au-delà de leursdivisions, faiblesses voire abandons deschrétiens eux-mêmes.

Excluant sagement toute quêted’absolu, l’un et l’autre se refusenttout autant à n’y voir qu’un specta-culaire cortège d’hommes et d’évé-nements entrecroisés, une problé-matique de causes et d’effets (etvice-versa si l’on se souvient du pro-pos de Paul Valéry : Les hommes

savent en général ce qu’ils font mais nesavent pas ce que fait ce qu’ils font). Cequi captive leur attention c’est l’atti-tude des hommes envers ces événe-ments, la tension qui s’établit entreleurs âmes et le monde.

Reconnaissons cependant que detelles tentatives radioscopiques dansl’épaisseur de l’histoire ne sont plau-sibles que dans la mesure où elles neprennent avec elle qu’un minimumde libertés. Aussi le moment est venude renouer avec celle-ci, d’admettreavec les historiens que son intelligi-bilité repose en premier lieu sur lasaisie objective des intentions et desactes des décideurs historiques, de cequ’ils ont prémédité et de ce qui estadvenu. Telle est en effet la manifes-tation la plus lisible de la libertéhumaine à l’œuvre dans l’histoire, del’arbitrage auquel se livrent sesacteurs entre les “ raisons ” idéolo-giques et pragmatiques, dans leursrapports respectifs à la durée et auxcirconstances.

Ce retour à l’histoire fera l’objetdes deux prochains articles placéssous un titre commun : “D’un siècleà l’autre (1848-1948) ”.

Cet exercice de mémoire dans lafoulée de deux grands écrivains nousa paru particulièrement opportun encette fin de siècle où les profondesmutations en cours poussent à suivrela ligne du moindre effort, la voie dela facilité : l’oubli du passé (quand cen’est pas rejet pur et simple pourcause de la vision toute négative quel’on s’en fait parfois).

L’homme d’aujourd’hui, marquépar l’individualisme triomphant nes’intéresse éventuellement au passéqu’en vue de réappropriations toutespersonnelles. Une telle dissolutions’avère vite négatrice de civilisationqui ne peut se construire qu’au prixd’efforts incessants pour surmonterses propres contradictions (tel estaujourd’hui le grand défi jeté à laconstruction européenne).

Dans la ligne des précédents pro-pos, il y sera beaucoup question denos voisins allemands, leur histoire,notamment intérieure, n’est le plussouvent connue en France que trèssuperficiellement (la réciproque est

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d’ailleurs tout aussi vraie). Situationqui perdure et nuit à une prise deconscience d’une communauté dedestin trop longtemps différée.

Annexes

(A1) Je ne crois pas en Dieu mais je nesuis pas athée pour autant… L’existencehumaine est une parfaite absurdité pourqui n’a pas la foi en l’immortalité (LeMythe de Sisyphe).Il y aura bientôt quarante ans (enjanvier 2000) qu’Albert Camus trou-vait brutalement la mort sur la routede Sens, rendez-vous prématuré etdéroutant quand on sait que l’écri-vain venu à Paris par le train, sonbillet retour dans la poche, avaitmalencontreusement accepté d’êtrereconduit en voiture.Camus et Bernanos se connaissaientet s’estimaient mutuellement, notam-ment à l’occasion de la collaborationapportée par ce dernier au journalCombat, créé par Camus à la Libé-ration en mémoire de son groupe deRésistance. Rappelons l’appréciationportée par Camus en 1939 sur songlorieux aîné de vingt-cinq ans :Georges Bernanos est un écrivain deuxfois trahi, si les hommes de droite lerépudient pour avoir écrit que les assas-sinats de Franco lui soulevaient le cœur,les partis de gauche l’acclament quandil ne veut point l’être par eux, carBernanos est monarchiste. Il l’est commePéguy le fut et comme peu d’hommessavent l’être. Il garde à la fois l’amourvrai du peuple et le dégoût des formesdémocratiques, il faut croire que celapeut se concilier. Et dans tous les cas,cet écrivain de race mérite le respect etla gratitude de tous les hommes libres.Respecter un homme, c’est le respecter

tout entier. Et la première marque dedéférence que l’on puisse montrer àBernanos consiste à ne pas l’annexer età savoir reconnaître son droit à êtremonarchiste. Je pense qu’il était néces-saire d’écrire cela dans un journal degauche.

“ La pensée engagée ”,Alger républicain du 4-7-1939

(A2) Toute cette “ logique ” a été trèsbien perçue par Camus expliquant(dans Actuelles II notamment) que lemarxisme périssait par la “déificationde Marx ” et insistant sur le trait sui-vant lourd de conséquences : Ce quidéfinit la société totalitaire de droite oude gauche c’est d’abord le parti uniqueet le parti unique n’a aucune raison dese détruire lui-même. La seule sociétécapable d’évolution et de libéralisationest celle de la pluralité des partis et desinstitutions, elle seule permet de dénon-cer l’injustice et le crime donc de les cor-riger…

(A 3) On s’est référé ici au compterendu par le journaliste GérardLeclerc d’un récent entretien avecAlain Besançon s’avouant impres-sionné par la concordance de témoi-gnages de rescapés des antichambresde la mort, camps ou prisons desempires totalitaires. Ces derniersindifféremment agnostiques oucroyants s’accordent sur l’impressionde s’être, à diverses reprises, sentislivrés à un pouvoir maléfique trans-cendant ayant pris complètementpossession d’êtres humains, sous lesapparences les plus ordinaires quisoient, éprouvant alors le sentimentétrange d’un face à face avec une pré-sence extrahumaine.

(A 4) Feuerbach (très admiré parMarx en particulier dans L’Essence duchristianisme) se donne pour tâche demontrer que la distinction entre ledivin et l’humain est illusoire, militepour instaurer une véritable religionde l’homme, s’autodivinisant enquelque sorte. On lui doit des apho-rismes tels que :Le mystère de Dieu n’est que le mystèrede l’amour de l’homme pour lui-même…L’individualité a pris la place de la foi,la raison celle de la Bible, la politiquecelle de la religion et de l’Église, la terrecelle du ciel, le travail celle de la prière,la misère celle de l’enfer, l’homme celledu Christ. (Vaste programme commeon peut en juger.)

(A5) Rappelons que Bakounine, pro-fondément impressionné de sonpropre aveu par la pensée de Hegel,est coauteur avec Netchaïev du caté-chisme révolutionnaire qui donneforme au cynisme politique qui nedevait plus cesser d’imprégner lemouvement révolutionnaire russe.Netchaïev ira jusqu’à écrire qu’il y alieu de distinguer parmi les révolu-tionnaires deux catégories : ceux dela première gardent le droit de consi-dérer les autres comme un capitalque l’on peut “dépenser ” c’est-à-diresacrifier. Il est par ailleurs de notredevoir d’éliminer tout ce qui nuit à lacause.

Rappelons que l’affaire Netchaïev(le “ liquidateur ” de l ’étudiantIvanov), sombre épisode de l’époquetsariste, avait alors causé une stupeurhorrifiée et inspiré à Dostoïevski LesPossédés et plus particulièrement lepersonnage de Piotr Verkhovenski(cf. La Jaune et la Rouge de mai 1993).

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ARTS , L ETTRES ET SC IENCES

Mots croisésMarcel Rama (41)

Quelques souvenirs d’une récente villégiature

Horizontalementn I. Spécialité de cette villégiature. n II. Ce que noussommes des suites de cette villégiature – En revenant s’ad-joignait jadis un park. n III. Stupéfiant hors programmede cette villégiature – Invite à se rendre à reculons à cettevillégiature. n IV. Du noir, du blanc, du rouge –Accompagnent les coutumes – Qui vole un f s’en retourneavec un bœuf. n V. Un souvenir durable de cette villé-giature – Phonétiquement et de droite à gauche, toutproche de l’état en fin de cette villégiature. n VI. Ce cama-rade a atteint le sommet du podium – Un retour idéal. nVII. Accompagne le point fort de cette villégiature. nVIII. C’est le nom, que nous mettons très haut, de cettevillégiature – Presque un arbuste et de qualité puisqu’ilfleurit jaune. n IX. Ainsi perturbé fait injure à toutes sesdéfinitions – Une hauteur généralement comtoise. n X.Point d’application du III.2 – N’est pas là. n XI. C’est lelieu de cette villégiature – Avec, ici, ou sans o remonteloin, très loin. n XII. Agrémente, en retour, cette villé-giature – Un duché... policé.

Verticalementn 1. Tourne à l’envers – Ne qualifie tout de même pascette villégiature. n 2. Devra le faire soigneusement en 12– C. n 3. Passeport pour cette villégiature. n 4. Acquisphonétiquement en montant – Appliquant du jaune,sinon sans intérêt. n 5. Une dame qu’on rencontre dansla rue – Note – Conjonction. n 6. Nécessaire pour être

admise dans cette villégiature – Dans cet état ne fait pascocorico. n 7. Vino italiano qui monte en couleur paire –Consigne à respecter dans cette villégiature. n 8. Donnerun satisfecit. n 9. Cet animal légendaire aurait pu fré-quenter cette villégiature pour enfin trouver un équilibrenormal – Indissociable de Zénon. n 10. Le point fort decette villégiature. n 11. Enlevée, mais malheureusementramenée sans qu’on lui ait appris à ne pas faire le b...azarchez elle – En anglais, le 10 commence comme ça.n 12. Établit la carte d’identité avant l’arrivée dans cettevillégiature.

BridgeM. D. Indjoudjian (41)

Énoncés1) S joue 4ª sur l’entame du V.Quelle est sa meilleure ligne dejeu ?

2) S joue 3SA sur l’entame de la«D. Quel est le meilleur plan dejeu ?

3) Quelle doit être dans chacun de ces deux cas l’enchèrede S après

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Solutions dans le prochain numéro

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RécréationsscientifiquesM. D. Indjoudjian (41)

Énoncés1) On considère dans le plan deux cercles C et C’ decentres O et O’ et de rayons R et R’. Laissant au lecteurl’examen, d’ailleurs aisé, d’autres cas, on supposera cescercles non sécants et extérieurs l’un à l’autre. Soit Γ uncercle variable de centre Ω, de rayon ρ, tangent exté-rieurement* aux cercles C et C’.a. Existe-t-il un point de la droite 00’ dont la puissancesoit la même par rapport à tous les cercles Γ ?b. Existe-t-il un point de 00’ tel que le quotient par ρ desa puissance par rapport au cercle Γ soit constant quandΓ varie ?c. Soit M un point de 00’, T et T’ les points de contact deΓ avec C et C’ respectivement et t, t’ les points où lesdroites MT, MT’ recoupent Γ. Existe-t-il un point M telque tt’ soit un diamètre de Γ ?d. Quelle relation existe entre deux points M et M’ de 00’tels que le quotient de leurs puissances par rapport à Γsoit constant ?

2) f(n) est une fonction à valeurs positives entières, défi-nie sur l’ensemble des entiers positifs n. Elle est telle que,pour tout entier positif, f(n+1) > f(n) (1) et f[f(n)] = 3n (2).a. Existe-t-il un entier n pour lequel f(n) = 1999 ?Et pour lequel f(n) = 41 ?b. Calculer f(1999).

* Même remarque que ci-dessus pour l’étude d’autres cas de figure.

Allonsau théâtrePhilippe Oblin (46)

La jeune troupe du minuscule théâtre André Bourvil– j’ai compté vingt-huit places – a monté ce prin-temps La Comédie des erreurs, de Shakespeare.

J’aime bien les petits théâtres, surtout lorsqu’ils sont han-tés par de jeunes comédiens, et que ces derniers demeu-rent respectueux des textes. Ceux du Bourvil, sous ladirection scénique de Claude Cortesi, l’étaient. Vieillissant,on aime à retrouver chez de jeunes professionnels la même

vénération que l’on éprouve soi-même à l’égard du réper-toire de toujours. Il n’est pas si fréquent que jeunes etvieux s’accordent sur quelque chose. De tels moments decommunion entre générations doivent donc être accueillisavec ferveur, et reconnaissance pour ceux qui ont contri-bué à les faire naître.

Je ne ferai pas le savant en dissertant sur les sources deShakespeare, à savoir Les Ménechmes, de Plaute, lui-mêmeadaptateur d’une comédie grecque de Ménandre. Celan’apporterait rien. Sachez seulement que la comédie naîtd’une haute densité de quiproquos provoqués par la pré-sence, dans une même ville de l’Antiquité, de deux pairesde jumeaux, dont chacun croit son double disparu jadisen mer : deux frères de bonne bourgeoisie marchande etleurs deux esclaves.

Le thème des ressemblances se retrouve souvent authéâtre. Sans parler des multiples Amphitryons, où il nes’agit cependant pas de gémellité mais de duplication depersonnes, ce qui revient au même, scéniquement par-lant, on le rencontre, entre autres, dans Les deux jumeauxvénitiens, de Goldoni et, plus récemment, dans L’Invitationau château, d’Anouilh. Dans ces pièces pourtant, la construc-tion dramatique repose sur le fait que les jumeaux sont detempéraments tout à fait opposés. Ce qui me paraît assezinvraisemblable, génétiquement parlant. Fort heureusement,tant la cocasserie des situations, dans le premier cas, quele brio du dialogue, dans le second, balayent toute réticence.

En écrivant sa Comédie des erreurs, Shakespeare ne s’estpas même embarrassé de telles considérations. Ses per-sonnages manquent totalement de consistance psycholo-gique et ne sont que de pures marionnettes, hébétées parles confusions répétées s’abattant sur elles. Confusionsqui ne vont pas sans contusions par coups de bâton, maispoussées à un si haut degré d’invraisemblance qu’elles enexplosent de poésie comique, en pleine féerie et irréalité.

Et si Shakespeare, avec ses incessants jeux de mots,cocasses et même volontiers salaces – à quoi la langueanglaise, par ses mots très courts, aux consonances presqueidentiques, se prête admirablement – est fort malaisé àtraduire, Claude Cortesi s’en tire bien dans son adaptation.Il parsème son texte de cent menues astuces propres àfaire rire. Certes, il leur arrive d’être un tantinet vaseuses,mais après tout le public élisabéthain n’était pas fort regar-dant, ni très cultivé. Et les personnes de finesse, car il encomptait aussi, ne détestent pas de s’encanailler un brin,à l’occasion. De sorte que l’on peut à bon escient parlerde fidélité, sinon au mot à mot du texte, du moins à sonesprit.

Je serais pourtant tenté d’apporter un léger bémol auplaisir que j’ai pris. Les scènes étaient entrecoupées d’in-termèdes dansants, du genre rap. Cela n’apportait riend’autre, à mon sens, qu’une démonstration de l’étenduedu métier possédé par ces comédiens, car ils dansaientfort bien.

En ce moment, les metteurs en scène se plaisent àentrelarder leurs scènes de tels intermèdes. Vous me direzque cela ne date pas d’hier, et me rétorquerez les comé-dies-ballet de Molière, entre autres. Certes, mais ces bal-

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lets constituaient, en quelque manière, un prolongementde l’action : il faut bien, par exemple, que les tailleurs deM. Jourdain lui enfilent son habit. Pourquoi alors ne pasle faire en musique ?

Dans le cas de La Comédie des erreurs du Bourvil, commedans d’autres spectacles récents, ces intermèdes n’ont rienà voir avec le sujet.

De sorte qu’on peut se demander si cette mode neserait pas une façon de contagion des pratiques propresaux usagers des petites lucarnes. Au théâtre, le spectateurne peut pas zapper. Pour le dédommager de cette contrainte,on le fait passer d’une vision scénique à une autre, ne pré-sentant entre elles aucun lien, ni dans l’ordre de la logiquedramatique, ni dans celui du style. n

La Comédie des erreurs, au théâtre André Bourvil, rue des Boulets, 75011 Paris.Tél. : 01.43.70.77.70.

OenologieLaurens Delpech

Vins de Loire : Sancerre, Pouilly-Fumé

La Loire naît au cœur de la France, dans le Massifcentral, pour se jeter, après un long parcours sinueuxdans l’océan Atlantique au sud de la Bretagne : des

dizaines de vignobles se pressent sur les rives de ce grandfleuve majestueux, le plus long des fleuves français (plusde 1 000 kilomètres). Une des régions viticoles les plus pres-tigieuses de la Loire est située à peu près exactement aumilieu de son cours, à mi-chemin entre sa source et l’Océan,il s’agit du Sancerrois où sont produits deux grands vinsblancs internationalement connus et imités jusqu’enCalifornie (le “ Fumé blanc ”) et en Nouvelle-Zélande(“Cloudy Bay sauvignon blanc”) : le Sancerre et le Pouilly-Fumé. Ces deux appellations se font face, de part et d’autredu fleuve, sur un moutonnement de collines. La plupartdes vins sont des blancs faits à partir du cépage sauvi-gnon, mais il y a aussi à Sancerre des rouges et des rosésnon dénués d’intérêt issus du pinot noir, le cépage de laBourgogne rouge.

Les sancerres blancs ont une agréable acidité qui leurdonne beaucoup de fraîcheur, des arômes de buis, desureau, de feuilles de cassis, d’iris et une bouche fruitée,avec une pointe de pierre à fusil. On retrouve aussi sou-vent en finale des notes musquées, caractéristiques ducépage. Ils font merveille sur le fromage local, le crottinde Chavignol (un fromage de chèvre), mais aussi sur tousles poissons de rivière grillés ou en sauce et les viandesblanches. L’appellation Sancerre s’étend sur 2 270 hec-tares de vignes répartis entre 14 communes et 400 vigne-rons : autant dire que l’amateur a le choix…Vous ne voustromperez pas en vous adressant au Domaine Henri

Bourgeois à Chavignol (tél. : 02.48.78.53.20) avec sonexcellente cuvée La Bourgeoise, au Domaine AlphonseMellot (tél. : 02.48.54.07.41), au Domaine Lucien Crochet(tél. : 02.48.54.08.10) qui produit des sancerres blancs etrouges gourmands et fruités. Vous ne serez pas déçu nonplus en vous adressant au Château de Sancerre (tél. :02.48.54.24.23). Cette propriété de Marnier-Lapostolle(Le Grand Marnier) fait un excellent sancerre, très fin,aux arômes de buis et de genêt, sans grande complica-tion mais d’une agréable fraîcheur en bouche.

Les pouilly-fumé sont souvent plus denses et profondsque les sancerres. Les meilleurs d’entre eux ont un fruitéintense qui évoque les fruits blancs ou jaunes (pêche, abri-cot), avec des notes d’agrume et cette pointe indéfinis-sable de “ fumé ” qui a donné à l’appellation la moitié deson nom. Le sauvignon est ici à la limite septentrionalede sa culture, ce qui explique son élégance et la race deses arômes. En bouche, les pouilly-fumé allient au fruit unebonne structure, toujours soulignée par cette fraîcheurque l’appellation partage avec les sancerres. Ces vins s’ex-priment particulièrement bien sur les fruits de mer et lespoissons : le brochet, l’omble chevalier, le sandre, maisaussi un saumon grillé avec un beurre fondu délicatementcitronné… La “star” de l’appellation est Didier Dagueneau(tél. : 03.86.39.15.62) qui produit sur des terroirs d’ex-ception, avec de tout petits rendements, des vins d’unerace et d’une subtilité extraordinaire, du moins pour lesmeilleures cuvées (“Silex” et “Pur Sang”), qui sont quandmême vendues au prix d’un grand bourgogne blanc…Autre excellent producteur, Jean-Claude Dagueneau (tél. :03.86.39.12.85) au Domaine des Berthiers, avec un pouilly-fuissé Cuvée d’Ève d’une onctuosité et d’une persistanceexemplaires à un prix raisonnable (aux environs de 70 F).Il faut enfin citer le Domaine de Ladoucette au Châteaude Nozet où Patrick de Ladoucette a grandement contri-bué à la promotion de l’appellation en commercialisant lapremière cuvée de prestige de pouilly-fumé qui connaisseun vrai rayonnement international : Baron de L.

Le Sancerrois est trop à l’est pour servir de base à unitinéraire consacré aux châteaux de la Loire, mais les col-lines du Sancerrois et la vieille ville de Sancerre méritentun détour. Vous pouvez y déjeuner au Restaurant de laTour à Sancerre ou bien à Chavignol à La Côte des MontsDamnés (vous en profiterez pour acheter quelques crot-tins de Chavignol chez Dubois-Boulay).

Si vous avez prévu de passer quelques jours sur place,Tours est idéalement située pour visiter les châteaux dela Loire. Cette grande ville est un nœud de communica-tions à partir duquel il est facile de rayonner. Jean Bardetest le meilleur hôtel de Tours : membre de la chaîne desRelais et Châteaux, deux étoiles au Michelin, c’est une véri-table institution régionale. Cette élégante gentilhommièresituée dans un beau parc à trois cents mètres de la Loireest luxueusement aménagée avec des toiles de maître etdes meubles anciens. Le restaurant est un des meilleursde la région (inoubliable pintadeau fermier truffé, par-mentier de charlotte) et la carte des vins présente tout cequ’il y a de mieux dans les vignobles de Loire, et notam-

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ment de remarquables vouvray liquoreux, avec un choixde plus de cinquante millésimes, de 1919 à aujourd’hui.Très belle carte également de bordeaux, de bourgogneset de champagnes.

N’oubliez pas, dans votre périple, de faire un détourpar la pagode de Chanteloup, à quelques kilomètres ausud de Tours. C’est tout ce qui reste du superbe château dumême nom, élevé par le duc de Choiseul, ministre deLouis XV. Exilé sur ces terres par les intrigues de la maî-tresse du roi, Madame du Barry, il fit construire cette pagodeà la chinoise pour inscrire sur ses murs les noms de tousles amis venus lui rendre visite lors de son exil. La pagodeest haute de 44 mètres : de son sommet on a une vue magni-fique sur la vallée de la Loire jusqu’à Tours. n

Restaurant de la Tour, Nouvelle Place, Sancerre, tél. : 02.48.54.00.81.Restaurant La Côte des Monts Damnés, Chavignol, tél. : 02.48.54.01.72.Jean Bardet, 57, rue Croison, Tours, tél. : 02.47.41.41.11.Crottins de Chavignol, Dubois-Boulay, Chavignol, tél. : 02.48.54.15.69.

DiscographieJean Salmona (56)

Des provisions pour l’hiver

Fortunato l’uom che prende / ogni cosa pel buon verso /e tra i casi e le vicende / da ragion guidar si fa. / Quel che

suole altrui far piangere / fia per lui cagion di riso / e delmondo in mezzo i turbini / bella calma trovera.

LORENZO DA PONTE, Cosi fan tutte, 1789

Deux opéras, deux opérettesTous les grands éditeurs rééditent en CD des enregis-

trements microsillons qui ont fait date. Ainsi EMI, avec lacollection “Great recordings of the century”, où viennentde paraître coup sur coup deux opéras enregistrés parKarajan en 1954 à une semaine de distance : Cosi fan tutteet Ariane à Naxos.

Pour nombre d’entre nous, Cosi est l’opéra majeur deMozart, le plus humain, le plus moderne, le plus atta-chant. Il a d’ailleurs longtemps été considéré comme sul-fureux, et n’a vraiment trouvé sa place qu’après la der-nière guerre. L’ex-nazi Karajan en désapprouvait, paraît-il,le livret, tout comme Wagner. La version qu’il nous endonne (1) est intéressante à plus d’un titre : une distribu-tion fabuleuse – Elisabeth Schwarzkopf en Fiordiligi, NanMerriman en Dorabella, Guglielmo est Rolando Panerai etFerrando l’extraordinaire et oublié Léopold Simoneau –,l’Orchestre Philharmonia avec des bois et des cuivres sansdoute inégalés à ce jour (les pupitres sont tenus par dessolistes de dimension internationale, comme le corniste Dennis

Brain). Elle est aussi paradoxale : cette œuvre douce-amère, et même désespérée, est jouée “plate ”, distanciée,sans beaucoup d’inflexions, alors que sous son apparenced’opera buffa elle est tout simplement dramatique. Maiscette distance même correspond bien au goût d’aujourd’hui,vraisemblablement à l’insu de Karajan.

Ariadne auf Naxos, toujours avec le Philharmonia etSchwarzkopf, est une réussite exceptionnelle, sans doutegrâce à Irmgard Seefried dans le rôle du compositeur etRita Streich en Zerbinetta, et aussi parce que Karajan estsans doute à ce jour le meilleur interprète de Strauss, dontil avait été l’élève et dont il connaissait par cœur les par-titions (2). L’opéra, dans le droit fil du Chevalier à la rose,lui aussi sur un livret de von Hofmannsthal, est peut-êtrede tous ceux de Strauss celui qui a le plus de charme, leplus subtil, le plus “ rétro ” aussi : une petite merveille demusique XVIIIe-XIXe sublimée. Strauss avait toujours vouluignorer ce qui se passait autour de lui, dans le domaineartistique comme en politique, et on frissonne en évo-quant la représentation d’Ariane donnée à Vienne en juin1944 pour son 80e anniversaire, avec précisément Seefrieddans le rôle du compositeur. Mais il n’y faut point songer,et se réfugier dans sa musique : cet enregistrement est unchef-d’œuvre. Signalons au passage que la qualité techniquede ces deux enregistrements mono est stupéfiante, inex-plicablement supérieure à celle de versions récentes numé-riques et stéréo.

Ravel n’a jamais été joué aux Folies-Bergère ni Poulencau Casino de Paris. Bernstein, lui, doit faire enrager lesacadémistes de tout crin : reconnu comme l’un des chefsd’orchestre majeurs du XXe siècle et peut-être le meilleurpédagogue qu’il y ait jamais eu en musique, compositeurde musique “ sérieuse ” qui est aux États-Unis ce que futChostakovitch à l’URSS, il a aussi produit nombre d’œuvrespopulaires, dont West Side Story n’est que la partie visibleen France. Wonderful Town, écrit en 1952 en quatresemaines pour Broadway alors qu’il était l’assistant duNew York Philharmonic, doit beaucoup à Gershwin etautres Irving Berlin. Mais quelle vitalité ! L’enregistrementqu’en donne Simon Rattle avec le Birmingham ContemporaryMusic Group (3) et une distribution de solistes du mondedes musicals est new-yorkais à souhait, c’est-à-dire joyeuxet au premier degré, de ces musiques qu’affectionneWoody Allen.

L’archétype de l’opérette américaine, c’est évidemmentSouth Pacific, de Rodgers and Hammerstein, succès légen-daire de Broadway que l’on réédite dans la version origi-nale de 1949 (4). On ne saurait trop recommander cedisque aux nostalgiques des films en technicolor avecEsther Williams, Xavier Cugat, et bien entendu, Fred Astaireou Gene Kelly.

Deux pianistesOn adore ou on déteste Glenn Gould, en raison de ses

interprétations plus que personnelles et souvent discu-tables. Mais il fait l’unanimité dans Bach et nombre d’entrenous ont recours à ses Variations Goldberg dans les cas

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d’extrême difficulté – moments de dépression, de doute,de décisions importantes – comme à une médecine salu-taire. On réédite son enregistrement de trois des Concertospour clavier : les nos 4 en la majeur, 5 en fa mineur, 7 ensol mineur (transcription de l’un des deux concertos pourviolon), avec le Columbia Symphony dirigé par WladimirGolschmann (5). Régularité de métronome, toucher hyper-travaillé, distance, tout ce que l’on attend dans une inter-prétation optimale de Bach est là. Écoutez l’ineffablelargo du n° 5, et essuyez vos larmes – de joie.

À des années-lumière de Glenn Gould, Arcadi Volodos(on dit, paraît-il, Volodos tout court comme on disaitThalberg ou Paderewski) est l’incarnation même de lavirtuosité transcendante, dont l’objet est non de fairecomprendre le compositeur, mais de provoquer l’en-thousiasme pour l’interprète – à condition, bien entendu,que celui-ci possède la technique appropriée. Or, Volodosla possède, cette technique magique, et il en apporte lapreuve dans un disque époustouflant – le mot, pourvulgaire qu’il soit, n’est pas trop fort – de transcriptions(6), dont les Variations sur Carmen dont se jouait Horowitz(qui en était l’auteur), un arrangement du même Horowitzsur la 2e Rhapsodie hongroise de Liszt, le Vol du Bourdonde Rimski-Korsakov arrangé par Cziffra, et, moins clas-sique, le scherzo de la 6e Symphonie de Tchaïkovski(transcription Feinberg), et une extraordinaire marcheturque à la sauce Volodos, de la même farine, si l’onose dire, que celle de Fazil Say. Ce qui est plus étonnantencore, c’est que Volodos fait preuve dans des piècesrien moins que virtuoses, comme le largo de la 5e Sonateen trio de Bach, arrangé par Feinberg, d’un toucher adé-quat. Un grand bonhomme.

Deux sopranosDans la très jolie collection déjà citée ici “ Le voyage

musical ”, Erato publie une anthologie de Chausson parJessye Norman (7) : le merveilleux Poème de l’amour et dela mer, avec Armin Jordan à la tête du Philharmoniquede Monte-Carlo, quelques mélodies accompagnées parMichel Dalberto, et, surtout, La Chanson perpétuelle pourvoix, piano et quatuor, une rareté sublime, qui vaut ledéplacement, avec des harmonies et une atmosphère tellesque l’on s’étonne qu’un cinéaste tel que Rohmer ou Delvauxn’en ait pas encore fait son profit.

D’une tout autre eau sont les musiques de l’Espagne chré-tienne et juive qu’interprètent Montserrat Figueras et l’en-semble Hesperion XX dirigé par Jordi Savall (8). On abeaucoup glosé sur le Siècle d’or où se côtoyaient har-monieusement les trois religions révélées.

Ces pièces, poétiques et oniriques, qui évoquentaujourd’hui pour nous à la fois musique arabe tradi-tionnelle et ragas indiennes, montrent une richesse créa-trice que l’on ne trouve pas dans la musique françaisede la même époque, et témoignent de l’apport irrem-plaçable à la musique – comme à toutes les formes del’art – du mélange des cultures, que l’on nomme joli-ment aujourd’hui métissage.

Un seul CelibidacheSergiu Celibidache a été, est encore aujourd’hui après

sa mort un chef mythique dont l’exigence quasi maniaque,le refus d’enregistrer, la pratique approfondie de la philo-sophie – de Plotin à Husserl – et du bouddhisme zen n’ontpas peu contribué à entretenir la légende. Ceux qui ont eula chance de l’entendre en concert – Bruckner il y a dixans à l’Opéra Bastille – ou de le voir à la télévision (parexemple dans un fabuleux 5e Concerto de Beethoven avecBenedetti-Michelangeli) peuvent témoigner que la musiquequ’il parvenait à extraire d’un orchestre avait un caractèreimmatériel, quasi divin. À travers des enregistrements réa-lisés en public (dont, fidèle à ses principes, il n’aurait vrai-semblablement pas approuvé la publication), et notam-ment un Requiem allemand et la 1re Symphonie de Brahms,on peut avoir une idée de ce qu’il fut. Le Requiem, à l’op-posé de l’interprétation charnelle et désespérée de Klemperer,est une longue marche vers le nirvana. La Symphonie estun hymne à la sérénité, cette sérénité après laquelle nouscourons tous – ou feignons de courir, recherchant en faitdans le stress de l’action un divertissement au problèmefondamental que nous nous refusons d’aborder en face,celui de la vie et de la mort – et que la musique peut nousaider, peut-être, à atteindre. n

(1) 3 CD EMI mono 5 67064 2. - (2) 2 CD EMI mono 5 67077 2. - (3) 1 CDEMI 5 56453 2. - (4) 1 CD COLUMBIA CB 811. - (5) 1 CD SONY SBK 66 759.- (6) 1 CD SONY SK 62 691. - (7) 1 CD ERATO 39 842. - (8) 1 CD VIRGINVeritas 5 61591 2.

1) Aux deux perdantes inévitables à u, il ne faut pas ajou-ter à la fois la perte d’une levée à « et d’une à l’atout. Orle meilleur maniement des ª n’est pas le même selonqu’on peut se permettre d’y perdre une levée ou qu’il n’enfaut perdre aucune. Dans la première hypothèse, il fauttirer l’as et jouer le 3 vers le V, car on ne perdra qu’unelevée, même si le résidu adverse est réparti (4 ~ 1) et doncon n’en perdra deux qu’en cas de chicane adverse (pro-babilité inférieure à 4 %) ; tandis que, dans la secondehypothèse, il faut tirer l’as, puis le R, sauf si O fournit laD sur l’as, et espérer que la D soit seconde (ou, encore,sèche en O) – et la probabilité de succès n’est que de 30%.Pour choisir entre cesdeux maniements ilconvient, aussitôt aprèsla première levée (prisedu A), de tenter l’im-passe au «R. Si elleréussit, on utilisera le premier maniement des atouts etsinon le second. Ainsi S réussira-t-il son contrat :– si le «R est en O et s’il n’y a pas de chicane à ª ;– et si le «R est en E et la ªD seconde (ou sèche en O).On en déduit que la probabilité de succès atteint presque63 %. Les mains adverses étaient celles indiquées et S aréussi son contrat en jouant comme on l’a dit.

LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 63

Solutions du bridge

RDRV

810910

4529

4«ªu¨

98A8

7

106

6

83

3

42

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2) La difficulté provient du blocage des , une fois le «Adisparu. Aussi S doit-il laisser passer deux fois les « et,prenant de l’as à la troisième levée, défausser le ¨7 (ou 9).Grâce à quoi il fera (1)«, (2)ª, (1)u et (5)¨ à la seulecondition qu’il n’y ait pas de chicane à ¨.Si, contre toute attente, O ne joue pas trois fois «, S peutaffranchir un u, puis pratiquer le même déblocage etmême faire une levée de mieux.La probabilité de succès est donc supérieure à 90 %,puisque celle d’une chicane à ¨ est d’à peine 9,6 %.

3) a. Après cet accord du partenaire, le contre de l’ouvreurest une enchère d’essai dans deux cas, celui de cetexemple où les adversaires ont eux aussi trouvé un accordet celui où, le numéro 2 ayant passé, la couleur nomméepar le numéro 4 ne laisse pas à l’ouvreur la place de nom-mer une couleur au-dessous du palier de 3 de sa majeure.Pareille enchère d’essai permet de s’arrêter au palier de 3ou d’aller à la manche selon la force du partenaire. C’estpourquoi, ici, S doit répondre au contre informatif parl’enchère de 4«.b. Dans cet exemple le contre n’est pas informatif maispunitif. En effet, si N avait voulu faire une enchère d’es-sai (pour faire choisir entre 3« et 4«), il aurait utilisé l’en-chère “ dans le trou ”, à savoir 3ª, et S aurait, comme ena. conclu par 3« ou 4« selon sa force – en fait ici par3« – ; mais, N n’ayant pas profité du trou, le contre estpunitif et S doit passer.

1) a. C et Γ sont homothétiques, T étant le centre d’ho-mothétie (inverse). C’ et Γ le sont aussi : T’ centre d’ho-mothétie (inverse).

Il en résulte que T, T’ et le centre d’homothétie (directe)S de C et C’ sont alignés.C(S) désignant la puissance du point S par rapport à C :

c’est-à-dire est la même pour tous les cercles Γ. Le centred’homothétie directe S de C et C’ répond donc à la question.

Remarques α. Les cercles Γ sont donc orthogonaux au

cercle de centre S et de rayon et le lieu de Ω

est, puisque Ω0 - Ω0’ = R - R’ (où, pour fixer les idées,R’ < R), une branche de l’hyperbole de foyers 0 et 0’ et degrand axe R - R’.β. On peut retrouver le résultat de a., et montrer du mêmecoup que S est le seul point répondant à la question,comme suit. En effet on établit aisément par application dela relation de Stewart au point Ω et aux trois points alignés

0, 0’, S – et en posant – la formule

(λ’ - λ) Γ(S) = 2(Rλ’ - R’λ) ρ + λ’R2 - λR’2 + (λ’ - λ) λλ’.Elle montre que Γ(S) est indépendant de ρ si et seule-

ment si Rλ’-R’λ = 0, soit λ = λ’ , ce qui définit bienR R’

le point S.

b. Dans l’inversion de centre M (pris sur 00’) et de puis-sance d’inversion donnée ϖ, le cercle Γ se transforme enun cercle Γo de centre Ωo et de rayon ρo qui est le cerclehomothétique de Γ dans l’homothétie de centre M et de

C’est dire que le premier de ces rapports est constant siet seulement si ρo est constant. Or Γo est tangent auxcercles Co et C’o inverses de C et C’ dans l’inversion consi-dérée. ρo est donc constant si et seulement si Co et C’osont concentriques ; mais les droites passant par le centrecommun de Co et C’o, étant orthogonales à la fois à cesdeux cercles, sont inverses des cercles orthogonaux à lafois à C et à C’, à savoir les cercles du faisceau ayant pourpoints communs les points limites I et I’ (ou cercles derayon nul) du faisceau défini par C et C’. D’où la réponseà la question posée : c’est lorsque le point M de la droite 00’est choisi en l’un des points limites I et I’ du faisceau (C, C’) que le quotient Γ(M) est le même pour tous les cercles Γ.

ρc. Le cercle Γ est invariant dans l’inversion de centre M et

de puissance (le lecteur est prié de faire

la figure). Γ est donc tangent en t et t’ aux cercles Co etC’o inverses de C et C’ dans cette même inversion ; aussile cercle MTT’ inverse de tt’ est-il orthogonal à Γ en T etT’, ce qui implique qu’il est orthogonal à C et à C’. C’estdire qu’il passe par les points limites du faisceau (C, C’).

MT.Mt= MT'.Mt'

S0 = λ, S0'= λ'

C S R'R

NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE64

ErratumAu second énoncé de bridge d’octobrep. 84, la main de S, illisible, est en fait :

«ªu¨

AAD8

VR104

1093

78

Solutions des récréations scientifiques

Ω Γ

C ’C

S.T ’1

T1. TT ’ .

O O’

C S = ST.ST1 1 , où T'1 estle secondpointdeC sur

ladroite ST; mais ST'ST 1

=ST'1ST

= R 'R

2 , où T'1 est

le second point de C'sur ST.

CommelapuissanceΓ S deS parrapportàΓ estST.ST',

les relations 1 et 2 impliquentqueΓ S = C S .R'R

,

On en déduitaisément la valeur constante Γ S =

RR' dR ± R'

2± 1 .

rapport ϖΓ M

, où Γ M désigne lapuissancedeMpar

rapportàΓ. D'oùMΩo

MΩ= ϖ

Γ M=

ρoρ et donc

Γ Mρ = ϖ

ρo.

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La réponse à la présente question est donc la même qu’àla précédente : les points cherchés sont les points limites I etI’ du faisceau de cercles (C, C’).

d. Si Γ1 est un cercle de la même famille que Γ, par défi-nition d’un couple (M, M’) il existe entre les puissancesde M et de M’ par rapport à Γ et à Γ1 la relation

donc le quotient des puissances de M par

rapport à Γ et Γ1 est égal à celui des puissances de M’ parrapport à ces deux cercles. Or le lieu des points dont lerapport des puissances relatives à deux cercles Γ et Γ1est constant est un cercle Σ du faisceau (Γ, Γ1).(La démonstration géométrique de ce résultat est clas-sique : elle repose sur l’identité facile à établir entre lespuissances d’un point du plan par rapport à trois cerclesΓ1, Γ2, Γ3 d’un même faisceau et de centres 01, 02, 03,

Quant à la démonstration analytique, elle est immédiate.)Le couple (M, M’) est donc celui des points d’intersec-tion avec 00’ de Σ ; mais on a vu en a. que le point S amême puissance par rapport à tout cercle Γ, donc parrapport à Γ et Γ1 et, en conséquence, par rapport à Σ.Cette puissance est celle de l’inversion qui échange C et

C’, soit et la correspondance entre M et M’

est l’involution de point central S définie par

2) a. f(1) ≥ 2 (3), car f(1) = 1 serait en contradiction avecla relation (2) de l’énoncé qui s’écrirait f(1) = 3.• La relation (1) de l’énoncé implique donc que f(2) > 2,

f(3) > 3..., et plus généralement f(n) > n.• f(1) = 2, car f(1) ≥ 3 impliquerait d’après (2) f[f(1)] =

3 ≥ f(3) > 3.• f(2) = 3 en vertu de (2) pour n = 1.• On établit aisément de même que f(3) = 6, f(6) = 9.La croissance stricte de f implique f(4) = 7 et f(5) = 8.• Supposons que, pour une valeur k ≥ 1, f(3k) = 2.3k (4)et f(2.3k) = 3k+1 (5), ce qui est vrai pour k = 1 ; alorsf(3k+1) = f[f(2.3k)] = 2.3k.3 = 2.3k+1 et f(2.3k+1) =f[f(3k+1)] = 3k+1.3 = 3k+2.Les relations (4) et (5) sont donc établies par récurrence.• La croissance stricte de f(n) implique pour 1 ≤ r < 3k :f(3k) = 2.3k < f(3k+r) < f(2.3k) = 3k+1.Donc f(3k+r) = 2.3k + r (6)et de même f(2.3k+r) = 3(3k+r) (7).1999 = 2.36 + 541 et 541 < 36 ; donc la formule (6) pourn = 36 + 541 = 1270 donne f(1270) = 2.36 + 541 = 1999.Par contre il n’existe pas d’entier n tel que f(n) = 41.En effet f(22) = f(2.32+4) = 3(32+4) = 39 < 41, tandis que

f(23) = f(2.32+5) = 3(32+5) = 42 > 41, alors quef est strictement croissante.

N.B. : on voit aisément que f ne prend aucune des valeurs3k + s pour 1 ≤ s ≤ 3k - 1, où s n’est pas divisible par 3.

b. f(1999) = f(2.36+541) = 3(36+541) = 3810.

L’économieComprendre l’avenir

Lionel Stoléru (56)Paris – Dunod – 1999

Pour la première fois, un livre d’économie, tout en pre-nant en compte l’acquis des grandes théories passées, abordel’économie du XXIe siècle sous un jour nouveau, partant desréalités mondiales pour en comprendre les mécanismes.

Dans cet ouvrage Lionel Stoléru associe la théoriemacroéconomique et la pratique de la politique écono-mique, en collant aux réalités nouvelles : mondialisation,ralentissement économique, montée des incertitudes etdes anticipations. Le formalisme mathématique y estlimité à un strict minimum, ce qui n’empêche pas d’allerrapidement du simple au compliqué.

Il est très facile d’expliquer pourquoi le dollar a variéhier. Il est moins facile d’énoncer les mécanismes qui peu-vent le faire monter demain, et ceux qui peuvent le fairebaisser. Et il est encore moins facile de juger lesquels deces mécanismes vont l’emporter. Telle est en tout cas ladémarche proposée dans ce livre : savoir quels poidsmettre sur chaque plateau de la balance avant de jaugerle résultat, ainsi le décideur sera aidé pour faire les choixnécessaires dans l’incertain.

Tous les lecteurs seront enrichis par cet ouvrage oùgrâce à sa double expérience d’enseignant et de respon-sable économique Lionel Stoléru réussit une synthèse per-tinente de la théorie et de la pratique.

Alain THOMAZEAU (56)

AnatchoPaul TuffrauBiarritz – Atlantica – 1999

Voici des contes et des légendes écrits ou transcrits en1910 par notre futur professeur d’histoire et de littéra-ture (1) alors que, sans être un enfant du pays, il séjour-nait le plus souvent et le plus longuement possible auPays basque qu’il aimait profondément au point d’y par-tager volontiers la vie des habitants.

SM. SM'= π.

π = C S . C' S

Γ M

Γ M'=

Γ1 M

Γ1 M',

LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 65

àsavoir 0203.Γ1 M + 0301 .Γ2 M + 0102.Γ3 M = 0.

Les livresLa publication d’une recension n’impliqueen aucune façon que La Jaune et la Rougesoit d’accord avec les idées développéesdans l’ouvrage en cause ni avec celles del’auteur de la recension.

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Ce Pays basque où “ l’exquis vent du sud soufflait et lesPyrénées s’enlevaient en teintes magnifiques sur le grandciel libre ” (Pierre Loti).

Les descriptions de la nature que l’on trouve dans cha-cun de ces contes sont pleines de couleur et de poésie.Nous sommes avec Paul Tuffrau dans ces montagnes avecleurs gorges escarpées et leurs ruisseaux et torrents, avecle vent léger dans les forêts, avec le bruit des cloches maisaussi des oiseaux et de l’eau qui coule, avec les couleursdu ciel, avec ces petits villages au fond des vallées.

Quant aux personnages, ils s’appellent Anatcho jeunepaysanne éprise d’un beau contrebandier espagnol et dontl’histoire donne son titre à l’ouvrage ; GracieuseHarismendy si craintive devant une nature aux légendesmystérieuses ; Sanche Abarca qui régna vers l’an 900 surtout le pays ; François Irribery qui se souvient de la fermed’Haritzabeleta avant de quitter le pays pour Montevideo ;le vieux Oyarbide qui consent à prononcer quelques motsaprès avoir ôté sa pipe et craché ; et bien d’autres.

Ma préférence va à la légende de sainte Engrâce donton rencontre les chapelles suspendues dans les coins per-dus des Pyrénées. Brûlée vive à 15 ans sur le mont Aradoysur ordre de son père le chef des Sarrasins et transforméeen un petit charbon noir comme du jais, elle fut ainsiramassée quelques siècles plus tard par maître AntonioRuspil, muletier colporteur chargé, en autres, des septpéchés capitaux. Il nous promène au son des clochesd’église d’Ossès à Ispoure, à Saint-Jean, à Ahax, àLecumbery, à Mendive, enfin à Béhorléguy dont le prêtredevine qu’il s’agit d’une relique de sainte Engrâce et où futalors édifiée sa première chapelle.

Mais lisez aussi les autres contes...

Marcel RAMA (41)

(1) Voir aussi La Jaune et la Rouge, mars 1999, p. 60, “Carnets d’un combattant1914-1918”.

L’astrolabeHistoire, théorie et pratique

Raymond D’Hollander (38)Paris – Institut océanographique – 1999

L’astrolabe détient un record de longévité dans l’ins-trumentation astronomique (150 ans av. J.-C. – 1750). Saversion nautique, simplifiée, n’a guère duré plus de deuxcent cinquante ans (1500-1760), mais elle a contribué defaçon majeure aux grandes découvertes. L’ouvrage deRaymond D’Hollander traite, de façon magistrale et trèscomplète, de l’astrolabe sous ses trois aspects : historique,scientifique et pratique. Il constitue probablement, à cejour, la meilleure référence sur le sujet.

La théorie de l’astrolabe planisphérique, présentée defaçon exhaustive et très pédagogique, constitue une par-tie importante de l’ouvrage. Elle renvoie aux élémentsfondamentaux de cosmographie et particulièrement à la

fonction essentielle de l’instrument de résoudre le “ tri-angle de position” des marins, formé sur la sphère célestepar le pôle (Nord), le zénith de l’observateur et l’astreobservé, quand certains des six éléments de ce triangle,angles et côtés, sont connus. Un inventaire original etcomplet des douze problèmes fondamentaux ainsisolubles est exposé. Il fait appel à un outillage mathéma-tique simple relevant de la géométrie et de la trigonomé-trie, plane et sphérique (du niveau du baccalauréat del’enseignement général et de l’enseignement technique).

L’astrolabe planisphérique est un instrument de calculanalogique, apportant des solutions graphiques par lec-ture et interpolation de réseaux de courbes croisées. Sonprincipe repose sur les propriétés de la projection stéréo-graphique : d’une part de la sphère céleste locale sur des“tympans ” (correspondant chacun à une latitude donnée)et comportant deux séries de courbes (cercles d’égal azimutet cercles de hauteurs égales (ou almicantarats) ; et, d’autrepart, de la sphère céleste étoilée, tournant autour de l’axedes pôles, appelée “ araignée ”, et comprenant le tracé del’écliptique, avec les signes du zodiaque. La rotation del’araignée par rapport au tympan (fixe) permet de résoudretous les problèmes de l’astronomie de position, quand onconnaît la latitude du lieu d’observation.

La recherche d’un astrolabe pouvant servir à toutesles latitudes, sans avoir à changer de tympans, a conduità projeter la sphère céleste sur le plan contenant les sol-stices et l’axe du monde, appelé plan des colures.

Les astrolabes planisphériques permettent de résoudregraphiquement une foule de problèmes, tels que : la déter-mination, à une date donnée, de l’instant où le Soleil ouune étoile ont une hauteur donnée ou un azimut connu ;l’azimut du Soleil (ou d’une étoile) connaissant l’heureou sa hauteur, etc. Mais ils répondent aussi à d’autresquestions, qui ne sont pas purement astronomiques, parexemple : la détermination de l’ascendant d’un enfant,c’est-à-dire le degré de l’écliptique qui se lève à l’horizonau moment de sa naissance ; les heures des prières musul-manes ; la détermination de l’azimut de la Quiba, placecentrale de La Mecque ; les heures des prières canoniquesdans l’Occident chrétien ; les usages astrologiques, etc.Pour tous ces problèmes, Raymond D’Hollander apporteles solutions graphiques, mais aussi les solutions calculées,ce qui lui permet de valider les précisions étonnantes(quelques dixièmes de millimètre dans le tracé des réseauxde courbes). Un chapitre spécifique (ch. XIII) est consa-cré à la réalisation d’un astrolabe moderne par le lecteur,exercice du plus grand intérêt pour se familiariser avecl’appareil et ses applications.

L’astrolabe planisphérique est un instrument de cabinet.Dans sa version courante, avec un jeu de tympans par lati-tude, il est impropre à son usage à bord d’une passerelle,mais il conserve toutes ses vertus concernant l’astronomiede position, chère au marin. Sa version marine, l’astrolabenautique, permet de mesurer des hauteurs d’astres à lamer, principalement celles de la Polaire et du Soleil, etdonc d’avoir accès à la latitude. Les corrections à apporterà la hauteur de la Polaire pour avoir celle du pôle (écart de

NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE66

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près de 4 degrés au XVIe siècle) sont détaillées et d’unegrande importance pour la détermination exacte de la lati-tude. Un développement substantiel concerne l’instru-mentation antique et son usage du XVe au XVIIIe siècle.

D’autres chapitres traitent de diverses variantes d’as-trolabe : l’astrolabe linéaire d’al-Tusi, les astrolabes à qua-drants, les astrolabes de Rojas, de La Hire, d’Oughtred,l’horloge astrolabique.

L’astrolabe est un instrument prestigieux et précieux,qui attire les visiteurs des musées par sa présentation etson mystère. Son très ingénieux principe, basé sur la pro-jection stéréographique, ouvre la voie à une approcheoriginale de l’astronomie de position transposant la sphèreen plan. La relative simplicité de sa conception mathé-matique cache la grande sophistication des innombrablesapplications auxquelles il se prête. Conduits par la main,selon une pédagogie très sûre et raffinée, les lecteurs detous horizons, amateurs d’histoire des sciences et des arts,ingénieurs et même astronomes, découvriront avecenchantement l’ouvrage unique en son genre et passion-nant de Raymond D’Hollander.

Jean BOURGOIN (45)

Mémoires de l’ombreUn homme dans les secrets de l’État

Pierre Marion (39)Flammarion – 1999

C’est une vaste fresque de la vie française et internatio-nale de 1940 à nos jours que déroule Pierre Marion dansson ouvrage en s’exprimant sans tabou sur des sujets d’uneactualité brûlante ; au fait de nombreux secrets de laRépublique, il refuse le parler faux. Pierre Marion a faittoute sa carrière dans l’aéronautique : Air France,Aérospatiale, Aéroports de Paris. En 1981, à la demande deFrançois Mitterrand, il a pris les rênes des renseignementsfrançais en devenant patron de la DGSE. Aujourd’hui enretraite, il pose un regard lucide sur sa vie et le mondequ’il a connu. Expert des relations internationales, il livredans ces Mémoires de l’ombre des souvenirs de haut vol.

De sa campagne de France en mai-juin 1940 à sesactions dans l’aviation civile, il raconte avec force détailsl’évolution d’un monde chaotique. Et relate tous lesmoments forts de son passage à la tête des services secretsfrançais. Avec précision et vivacité, il brosse, entre autres,les portraits cruels de personnalités troublantes. Toujoursabusé par “ Le souverain usé ” comme il l’appelle, PierreMarion a finalement préféré démissionner plutôt que d’ac-cepter des missions douteuses.

Fourmillant d’anecdotes et de révélations, Mémoiresde l’ombre donne une vision de premier ordre de la démo-cratie, de ses hommes, de ses organes ainsi que de sesservices spéciaux.

Alain THOMAZEAU (56)

SuperphénixLe nucléaire à la française

Claude Bienvenu (46)L’Harmattan – 1999

Commencée avec le réacteur ZOE, construit dans lefort de Châtillon en 1948, l’aventure nucléaire françaiseculmina avec la construction sur le Rhône, près de lapetite ville de Creys-Malville, du grand réacteur surgé-nérateur Superphénix.

Or voilà que seize ans après la décision de le construire,on décide d’entreprendre sa démolition. On peut donclégitimement se poser des questions sur la manière dontsont prises les décisions dans le domaine nucléaire.

C’est ce que tente de montrer Claude Bienvenu dans celivre à travers sa carrière personnelle à Électricité de France.

Alain THOMAZEAU (56)

Énergétique personnelleet sociale

André de Peretti (36)L’Harmattan – 1999

Le concept d’énergie n’a cessé, au cours des siècles,d’être appliqué à des domaines scientifiques de plus enplus variés, sinon hétérogènes, pour expliquer et maîtri-ser les phénomènes les plus complexes. Il s’est imposérécemment en biologie, et il est devenu opportun de l’in-troduire dans les sciences humaines, comme le tente leprésent ouvrage, à la suite d’illustres prédécesseurs(Freud, Laborit, Teilhard de Chardin, Lupasco).

Il est, à ce propos, accouplé au concept d’information,dont l’importance est désormais croissante dans la nou-velle civilisation en voie d’émergence.

Le jeu des interactions entre énergies et informations,projetées ou reçues, peut, en effet, intervenir dans leséchanges entre les individus comme dans leurs structura-tions personnelles. Les institutions, sociales et culturelles,apparaissent alors comme susceptibles de réguler leséchanges et les réactions psychiques, en amortissant lesrisques de violence émotionnelle et de désarroi affectif.

Toutefois, les mouvements énergétiques et informa-tionnels, régis par les multiples institutions sociales etculturelles, sont soumis aux lois de l’inertie. Celle-cientraîne donc des effets pervers provoquant des proces-sus d’aliénation et d’altération.

Ces processus peuvent être distingués et modélisés dansdes événements historiques tels que la colonisation et la déco-lonisation, la mondialisation et les précarités, la crise de l’en-seignement. Leur prise en considération autorise à proposerdes principes d’une dialectique de la pensée et de l’action.

J. R.

LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 67

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Mélusath

Francis Berthelot (66)Paris – Librairie Arthème Fayard – 1999

Le théâtre du Dragon monte une pièce tirée de lalégende des Atrides : Oreste et Pylade. Mais on n’évoquepas sans risque certains mythes. Le meurtre deClytemnestre par son fils, la démence du jeune homme,sa liaison avec le viril Pylade sont autant de miroirs ten-dus aux artistes engagés dans cette création.

Au fil des répétitions, trois d’entre eux se heurtent ainsià leurs démons. Katri, la comédienne qui incarne la reine,ne peut assumer ce rôle de mère dévorante. Gus, le déco-rateur, bute sur un passé dont il a occulté jusqu’au souve-nir. Et Wilfried, le metteur en scène, est partagé entre sesdevoirs présents et un lourd passé familial. Reproduisantmalgré eux les conflits qui opposent Clytemnestre, Oresteet Pylade, ils ne parviennent à se réaliser ni comme artistesni en tant qu’êtres humains. Ce qui met en péril le projeten cours et même l’avenir de la compagnie.

Seul, un deus ex machina peut sauver le théâtre. Maison a beau dire qu’un génie veille, personne ne l’a jamaisvu. S’il se matérialisait, quels seraient ses pouvoirs ? Etquel sacrifice imposerait-il à chacun, pour assurer aumythe son triomphe scénique ?

J. R.

Philosophiesdes mathématiqueset de la modélisationDu chercheur à l’ingénieur

Nicolas Bouleau (65)L’Harmattan – 1999

Comprendre le rôle économique que jouent les mathé-matiques est essentiel pour situer les enjeux de la forma-tion des jeunes et des futurs ingénieurs.

L’informatique a modifié les repères et déplacé l’intérêt.Nicolas Bouleau replace les mathématiques contem-

poraines dans l’histoire des idées et éclaircit leurs liensavec les activités économiques d’aujourd’hui.

En ressortent deux thèses fortes :1) la recherche mathématique consiste à faire le travailinverse de celui d’un ordinateur. Cette intéressante images’appuie sur les travaux les plus récents des logiciens ;2) la modélisation, qui est devenue l’activité principalede l’ingénieur, permet d’utiliser les mathématiques direc-tement, sans qu’elles soient la servante des disciplines tra-ditionnelles.

Ce livre apporte une vision des mathématiques diffé-rente de celle rabâchée ces dernières décennies.

Jean DUQUESNE (52)

Collection “ Parlons ”

Michel Malherbe (50)

La collection “ Parlons ”, dirigée par notre camaradeMichel Malherbe, de livres sur les langues et les cultures,publiée à L’Harmattan, vient d’atteindre les 50 titres avecla parution de Parlons albanais et de Parlons hindi.

Cinq ou six autres titres sont prévus avant la fin dusiècle (corse, kikongo, téké, catalan, nahuatl…) et un totaldépassant la centaine est à prévoir dans les prochainesannées.

Outre la description de la langue et de son histoire,chaque livre présente les principales données historiquesdu peuple concerné, les éléments remarquables de sa cul-ture, des phrases de conversation courante et un lexiqueplus ou moins riche selon ce qui existe ailleurs.

Rappelons que les ouvrages disponibles portent sur leslangues suivantes (par ordre chronologique de parution) :coréen, hongrois, wolof, roumain, swahili, kinyarwanda,ourdou, estonien, birman, lao, tsigane, bengali, télougou,pashto, ukrainien, euskara (basque), bulgare, népali,soninké, somali, géorgien, indonésien, japonais, breton,lapon, mongol, tchétchène, quechua, gbaya, biélorusse,tzeltal (maya), espagnol (d’Amérique latine), hébreu, viet-namien, lituanien, espéranto, islandais, tibétain, franco-provençal, jola (diola), alsacien, khowar, provençal, mal-tais, tagalog, malinké, bourouchaski et marathi.

Pour sa part Malherbe est l’auteur des livres sur lecoréen, le wolof, l’ourdou et le géorgien.

Jean DUQUESNE (52)

Autres livres reçusPangloss n° 29Travail : mode d’emploiLauréats de la promotion 1998 de la Fnep (2)

Fnep – 1999

(2) Fondation nationale entreprise et performance (Fnep). Tour Elf, 2, placede la Coupole, 92078 Paris La Défense cedex. Tél. : 01.47.44.54.36.Fax : 01.47.44.53.91. E-mail : [email protected]

Dictionnaire de géopolitique2e édition revue et augmentéeAymeric Chauprade et François ThualParis – Ellipses Édition Marketing – 1999

Introduction à l’analyse géopolitiqueAymeric ChaupradeParis – Ellipses Édition Marketing – 1999

NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE68

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RappelRappel

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Jeunes X créateurs d’entreprise,le concours de la Fondation attend : • vos avant-projets jusqu’au 30 novembre 1999,

• vos projets élaborés jusqu’au 30 avril 2000.

Détails sur le site : http://fondation.polytechnique.fr

FONDATION DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE

LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999

FONDATION DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE

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L E WEEK-END du 28, 29 et 30 mai1999 a eu lieu le deuxième tro-phée Voiles X-HEC. Depuis le

début de l’année, toute l’équipe del’association Voiles X-HEC travaillaitactivement à la réalisation de cet évé-nement original dans la vie sportiveet associative des écoles. En effet l’as-sociation, née il y a deux ans, a pourobjectif de rassembler des anciens etdes élèves de l’X et de HEC autourd’activités “ voileuses ” et a organisépour la deuxième année consécutiveune course répondant à ces objectifs.

C’est donc au Crouesty (Morbihan)que se sont retrouvés à partir du ven-dredi 150 participants dont 100 navi-gants (regroupés sur 12 JOD 35) venantdes deux écoles pour participer à ceweek-end sportif et amical. Aux diresde tous, ce trophée a été une granderéussite : celle-ci s’explique en partiepar le soleil et le vent au rendez-voustout au long du week-end et par l’ab-sence de casse pendant des régates,pourtant fortes en émotion au pas-sage des bouées. Mais le trophée asurtout largement atteint ses objec-

tifs et le concept d’équipages mixtesréunissant ingénieurs, commerciaux,anciens, élèves et cadres de nos entre-prises partenaires a remporté un largesuccès. Le trophée se veut une courseamicale ouverte à tous les niveaux : ila permis à certains de confirmer leurtalent de skipper avisé et à d’autresde découvrir les joies de la régate.

Nous remercions tout particuliè-rement notre sponsor principal Télésis(Conseil en direction générale) grâceà qui cet événement a eu lieu ainsi queles différents partenaires et prestatairesqui se sont engagés à nos côtés. Nousavons également apprécier le soutiendes directeurs généraux des deux écolesqui nous ont permis d’organiser ce tro-phée sous leur égide, de leurs per-sonnels qui ont œuvré pleinement aubon déroulement du week-end et bienentendu des nombreux participantsqui en ont fait un succès.

L’équipe d’organisation sera raviede répondre à vos questions sur la viede l’association Voiles X-HEC ou devous accueillir en son sein si vous dési-rez vous investir dans ses activités.

Pour cela, merci de contacter :Jérôme Masclaux - Voiles X-HECÉcole polytechnique 6X9791128 Palaiseau CédexE-mail :[email protected]éléphone : 01.69.33.55.07.

Chronique du deuxièmetrophée Voiles X-HECVendredi 28 mai : journéed’entraînement optionnelle

Tandis que l’équipe d’organisations’affaire sous un soleil de plomb àmarquer les bateaux aux noms despartenaires du trophée, les premiersparticipants arrivent au Crouesty pourprofiter de cette belle journée, décou-vrir les splendeurs de la baie deQuiberon et bien sûr se régler avantles manches disputées du lendemain.

À noter : le premier participantarrivé au Crouesty fut aussi le doyendu trophée (Lucien Vardat, X45). Leplus jeune fut un bébé de 9 mois.Comme quoi il n’y a aucune limitepour participer au trophée.

V I E D E L ’ É C O L E

LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 71

Le deuxième trophée Voiles X-HECHEC et Polytechnique embarquent ensemble !

D.R

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21 heures : premières retrouvaillespour les participants pour dîner auWinch (nom du bulletin de l’asso-ciation, belle coïncidence !).

00 h 30 : arrivée du car d’élèvesde l’X et de HEC, fatigués mais heu-reux d’arriver à bon port.Samedi 29 mai : 1er jour de régate

7 h 30 : réveil en douceur avecpetit-déjeuner servi dans les chambrespar les membres de l’association.

8 h 30 : briefing général avant leschoses sérieuses. Instructions de course,consignes de sécurité et présentationdes équipages.

9 heures : tout le monde sur lespontons. L’ambiance est déjà agitée :sous le soleil matinal les équipagesfont connaissance, prennent posses-sion de leur bateau et le gréent. Lesdrisses claquent, les voiles faseyent,les équipiers s’affairent : c’est déjà uneatmosphère de course.

10 h 30 : le départ de la premièremanche est donné par le comité avecun rappel général au passage. Pour

commencer, les douze équipages s’af-frontent sur un parcours côtier assezlong passant par l’île de Méhaban etla balise “ souris ”. La manche est ral-longée par un vent qui tombe à la findu parcours.

14 h 30 : la deuxième manche estlancée toujours sous l’œil attentif desVIP qui assistent à la course depuisle grand catamaran qui suit les mancheset place les spectateurs aux premièresloges de ce beau spectacle. Heureuse-ment une brise thermique s’est levéeet le parcours banane proposé auxrégatiers s’avère très disputé ; l’occa-sion pour eux de montrer leur rapi-dité et leur précision.

17 heures : retour au port, range-ment des bateaux. Les participantspeuvent enfin se requinquer : un potd’huîtres et de vin blanc leur est offertpar Télésis.

20 heures : départ pour le restau-rant et dîner animé où chacun peutraconter ses impressions de la journée.Accueil de nos parrains : Jean-François

Lepetit (HEC 63), membre du Comitéde direction de la BNP et vice-prési-dent du Yacht Club de France, présidentdu Conseil des marchés financiers ;Éric Lemer (X71), P.-D.G. de Syntégra.

Dimanche 30 mai :2e jour de régate

7 h 30 : nouveau réveil en dou-ceur.

8 h 30 : sur les pontons. Les équi-pages maintenant bien rodés gréentleur JOD et se préparent à une nou-velle journée de voile.

10 heures : 1re manche. Un petit par-cours banane pour se mettre en jambe.Mais chose étonnante, le vent tombecomplètement au milieu de la manche,le courant devient plus fort que levent et les bateaux dérivent. Seulscinq d'entre eux franchiront la ligned’arrivée avec difficulté.

13 heures : les JOD s’acheminentassez lentement vers la prochaine lignede départ puisqu’ils se livrent à unebataille d’eau collective! Heureusementune brise thermique se lève et ladeuxième manche peut avoir lieu nor-malement.

14 h 30 : une troisième et ultimemanche est lancée. Heureusement,Zéphyr ne nous fait plus faux bondet nous permet d’assister à une der-nière compétition acharnée entre lesrégatiers.

16 heures : l’heure du retour auport a sonné. Avec déjà un brin denostalgie, les participants s’affairentà ranger leur bateau et décoller lesmarquages.

17 heures : tout le monde seretrouve autour du beau buffet finalpour la remise des prix.

Résultat du week-end :1er : Freelance Technologies,2e : Tolma,3e : BNP.

Bravo à tousÀ noter : le fair-play du bateau

organisateur qui par discrétion seglisse à l’avant-dernière place !

Voilà, c’est vraiment la fin. Toutle monde se dit au revoir mais aussibien sûr à l’année prochaine. n

NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE72

18e Jumping de l’XD EUX PISTES de concours, près de 900 parcours, la présence des plus grands

cavaliers français comme Alexandra Lerdermann (vainqueur du GrandPrix), Vera Benchimol, Éric Navet, Roger Yves Bost, Philippe Rozier

et bien d’autres encore... Cette année encore, le Jumping de l’X, qui a eu lieudu 14 au 16 mai, a été une grande réussite.Le prix de l’A.X. a été remporté par Philippe Rozier, sur Dixit Haute.Jean de Ladonchamps, vice-président de l’A.X., représentait l’Association.

D.R

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LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 73

Étaient présents :F. AILLERET (56) © É. CRESPEL (56) © C. CAS-TAIGNET (57) © D. FISCHER (59) © M. SCHEL-LER (59) © J.-P. GILLYBOEUF (62) © F. LUREAU(63) © P. LAFOURCADE (65) © M. BELLIER(69) © H. COUFFIN (71) © P.-R. SÉGUIN (73)© P. PUY (75) © A. MOATTI (78) © D. GUEDJ(81) © N. BONNAULT (84) © A.-T. MOCIL-NIKAR (86) © V. CHAMPAIN (91) © J.-P. CHA-NET (62).

Étaient excusés ou absents :R. PELLAT (56) © J. SALMONA (56) © J. GANI(62) © M. BERRY (63) © F. X. MARTIN (63)© P. LOEPER (65) © B. PITIÉ (67) © J.-P. CHO-QUEL (68) © É. LE MER (71) © C. du PELOUXde SAINT-ROMAIN (74) © S. CATOIRE (75)© A. BEGOUGNE de JUNIAC (81) © T. MILEO(81) © N. CHARLES (84) © N MIGNON (86)© A. SCHAEFER (86) © L. NATAF (88) ©

P. WLODYKA (89) © F. FALÉZAN (91) ©

J.-P. BOUYSSONNIE (39) © H. MARTRE (47)© J. BOUTTES (52) © B. PACHE (54) © M. ROU-LET (54) © J. DELACARTE (47).

Assistaient également à la réunion :M. DUREAU (53), délégué général de l’A.X.,A. THOMAZEAU (56), rédacteur conseil à LaJaune et la Rouge.

La séance du Conseil est ouverte à 18 h 30,après la clôture de l’Assemblée générale.

Étienne CRESPEL, doyen d’âge à l’ouverture,président de séance, constate que le quorumest atteint. Il félicite les membres élus, FrançoisAILLERET et François LUREAU réélus. Untour de table permet alors aux anciens et nou-veaux membres du Conseil de se présenter.

1. Élection du PrésidentÉtienne CRESPEL donne la parole à AlexandreMOATTI qui désire s’exprimer avant le scru-tin.Alexandre MOATTI revient sur la recensionde l’ouvrage de Bruno MÉGRET (69) et surl’utilisation de la Maison des X par le mêmecamarade pour un déjeuner de presse. Il estimeque les mises au point du président FrançoisAILLERET parues dans les livraisons denovembre 1998 et mai 1999 ont été tardiveset insuffisantes. Il manifeste aussi sa désap-

probation de l’article paru dans La Jaune et laRouge de mai 1999 (page 52), qui peut don-ner l’impression de réhabiliter Brasillach.François AILLERET répond en commentantses mises au point parues dans les numérosde novembre 1998 (page 60) et juin 1999(page 83). S’il convient d’exercer une vigi-lance plus soutenue, il ne faut pas pour autantse surprotéger. Il n’est pas satisfaisant d’éli-miner un risque sans en examiner les consé-quences. En particulier éliminer tout débatpar précaution accroîtrait d’autres formes derisques de la vie en société. Cette positionayant été unanimement approuvée par leConseil qui en a débattu, François AILLERETestime qu’un terme a été mis à la discussionsur ce sujet; le texte de l’intervention d’AlexandreMOATTI à l’Assemblée générale du 23 juinne sera donc pas publié dans la revue.

Étienne CRESPEL expose ensuite au Conseilqu’il n’y a qu’une candidature, celle de FrançoisAILLERET, président sortant. Il est procédé auvote à bulletins secrets. François AILLERET estréélu Président de l’A.X. à l’unanimité moinsdeux abstentions.

François AILLERET prend alors la présidencede la séance. Il remercie tout d’abord lesmembres du Conseil de la confiance qui luia été manifestée.

2. Élection du BureauLe Président passe ensuite à l’élection desmembres du Bureau, à bulletins secrets ; lesmembres suivants sont élus :

• Vice-présidentsChristian CASTAIGNET à l’unanimitéJean-Paul GILLYBOEUF à l’unanimitéFrançois Xavier MARTIN à l’unanimitéÉric LE MER à l’unanimité• Secrétaire généralPierre-René SÉGUIN à l’unanimité• Secrétaire général adjointSerge CATOIRE à l’unanimité moins deuxabstentions• TrésorierMichel BELLIER à l’unanimité• Trésorier adjointNathalie CHARLES à l’unanimité moins uneabstention

3. Nominationdes Présidentsdes Commissions

Le Conseil passe ensuite à la nomination desPrésidents de la Caisse de Secours et desCommissions permanentes. Sont nommés àl’unanimité :• Caisse de secoursChristian CASTAIGNET (57)• Comité de gestion de JoignyJean BAYON (42)• Bal de l’X 1999Guillaume GASZTOWTT (71)• EmploiChristian CASTAIGNET (57)• PublicationsFrançois AILLERET (56)• Titre d’ingénieurJacques BOUTTES (52)• Évolution de l’ÉcolePierre-René SÉGUIN (73)• StatutsPierre-René SÉGUIN (73)• Rapports avec le CNISFHenri MARTRE (47)• CommunicationJacques BOUTTES (52)• FinancesPierre LAFOURCADE (65)

4. Confirmationde mandats

Les mandats de Michel DUREAU (53), délé-gué général, et Jean DUQUESNE (52), rédac-teur en chef de La Jaune et la Rouge, sont confir-més, Alexandre MOATTI précisant cependantqu’il vote contre Jean DUQUESNE.

5. Approbationdu procès-verbalde la réuniondu Conseildu 17 mai 1999

Le procès-verbal de la réunion du Conseil du17 mai 1999 n’ayant soulevé aucune observationest approuvé.

Procès-verbaldu Conseil d’administration de l’A.X.du 24 juin 1999

V I E D E L ’ A S S O C I A T I O N

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6. ÉcoleLe président François AILLERET fournit un cer-tain nombre d’informations au Conseil.• Recrutement des enseignants40 postes sont ouverts (un sur neuf), il y a186 candidats, de très bon niveau.Il y a aujourd’hui une vingtaine de profes-seurs étrangers. Certains cours sont dispen-sés en anglais.• Recrutement des élèvesPour le concours étrangers deuxième voie ily avait 74 candidats; 62 ont été déclarés admis-sibles, et 43 reçus. Un d’entre eux (allemand)a démissionné. Quinze n’entreront que dansun an (perfectionnement en français).On note une nette montée du niveau des can-didatures (médailles d’or aux olympiades demathématiques et de physique). La réparti-tion des reçus est la suivante : Viêtnam 8 –Chine et Roumanie 6 – Russie 5 – Iran, Hongrie,Tunisie, Équateur 2 – Canada, Espagne,Bulgarie, Allemagne, Algérie, Ukraine, Suède,USA, Indonésie, Liban 1.Dans les promotions précédentes, sur 56 cas,il y a eu trois échecs. Pour les autres les résul-tats sont bons ou excellents.La même méthode de comparaison des résul-tats sera appliquée aux résultats des élèves issusdes diverses filières et en particulier du futurrecrutement universitaire d’élèves français.• Projet de l’ÉcoleLe projet de statut nouveau (qui reste militaire)est en cours de circuit parlementaire. Les élèvesseraient en quelque sorte l’équivalent de “under-graduates” pendant leurs deux premières années,de “ graduates ” pendant les deux années sui-vantes. La 1re année comprendrait une partiede formation humaine et militaire et un tri-mestre de formation de base (notamment anglaiset informatique). La spécialisation des cursusinterviendrait dès la fin de la deuxième année.D’une façon générale il y aura davantage de tra-vail personnel et de contacts avec la recherche.La 4e année est en cours de discussion avec lesécoles d’application, presque toutes ont acceptéla réduction à un an.Les titres attribués seraient une licence pluri-disciplinaire en fin de 2e année et ingénieur del’École polytechnique en fin de 3e année ; en finde 4e année le choix de l’appellation reste ouvert.

7. Legs VuillotCompte tenu des oppositions formées par cer-tains membres de la famille, le Conseil examinedeux options : strict respect des dernièresvolontés de notre camarade même si celadevait retarder considérablement la délivrancedu legs ou acceptation d’une transaction sicela permettait d’éviter les inconvénients d’unelongue procédure.Il vote par quinze voix contre deux la résolutionsuivante :“ Le Conseil opte pour une solution transac-tionnelle qui soit de nature à éviter les lon-gueurs et inconvénients d’une procédure, leniveau de la transaction ne pouvant excéder10% du montant du legs pour l’ensemble desopposants, Mme Jacqueline Allorant-Jozon,MM. Serge et Éric Thuillier. ”

8. Questions diverses8.1 CNISFLe Conseil autorise l’utilisation du fichier del’A.X. (hors adresses inhibées) pour les besoinsjustifiés de publipostage du CNISF, mêmesous forme de disquette, pourvu que le CNISFgarantisse le respect de la confidentialité parson sous-traitant.8.2 Modification des statutsLe Secrétaire général prendra rendez-vous débutjuillet au ministère de l’Intérieur pour lancerla procédure d’approbation des nouveaux sta-tuts (Assemblée générale du 15 avril 1999).8.3 Actions de communication de l’A.X.Il est envisagé d’organiser pour l’an 2000 avecl’ENA et HEC une manifestation traitant les rap-ports entre les entreprises et l’Administration.Pierre-René SÉGUIN accepte d’assurer les pre-miers contacts mais il reste à trouver un secondreprésentant de l’A.X. pour constituer le comitéde pilotage (deux membres par association).Le risque financier serait nul, OFERSOP garan-tissant la bonne fin financière de l’opération.8.4 InternetF. LUREAU, A.-T. MOCILNIKAR et V. CHAM-PAIN sont volontaires pour faire partie du groupede travail sur ce sujet (reroutage, annuaire...).8.5 Subvention “ remise des bicornes ”Le Conseil donne son accord pour une sub-

vention de 5 000 F aux élèves pour la céré-monie de remise des bicornes qui regroupeles deux promotions rue Descartes ; il faut quece soit une occasion de faire connaître l’A.X.aux élèves.8.6 Forme de l’assemblée généraleLe Conseil fera des propositions pour une évo-lution de la forme et du contenu de l’assembléegénérale annuelle (horaire, partie forum...).8.7 Prix DargelosLe jury présidé par Édouard BRÉZIN (58) seréunira le 21 septembre prochain. M. SCHEL-LER accepte d’y être le représentant de l’A.X.

CalendrierLe Président rappelle le calendrier des pro-chaines réunions du Conseil : 4 octobre et6 décembre (suivi de la remise des prix Juliaet Joffre).Ces réunions auront lieu à la Maison des X à18 h 30.Il rappelle que la présence de nombreux cama-rades est souhaitée aux cérémonies du ravivagede la Flamme sous l’Arc de Triomphe (11 octobreà 18 h 15) et du dépôt de gerbe au Monumentaux Morts du 21, rue Descartes (27 novembreà 10 h 30).

Aucune autre question ne figurant plus à l’ordredu jour, la séance est levée à 20 h 30. n

NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE74

La Fondation de l’École polytechniqueet la création d’entreprise

Poursuivant les actions entreprises depuis 1998, la Fondation de l’École polytechnique s’en-gage résolument dans la promotion, auprès des jeunes polytechniciens, de la démarche decréation d’entreprise.

Le Forum des élèves constitue l’une des manifestations propices à cette promotion.

Encouragée par le succès des tables rondes et des déjeuners organisés sur ce thème au Forum1999, la Fondation renouvellera l’expérience pour le Forum 2000, avec de nouveaux inter-venants, qui viendront exposer leur expérience personnelle de la création d’entreprise etdébattre avec les élèves de tous les aspects d’une telle démarche.

Cette action de la Fondation est conduite en partenariat avec le groupe XMP-Entrepreneur,qui rassemble en son sein de nombreux créateurs expérimentés issus de Polytechnique, desMines de Paris, et des Ponts et Chaussées.

Parallèlement, la Fondation lance, pour la première fois sur l’exercice 1999-2000, un concoursdestiné à distinguer un ou plusieurs projets de création d’entreprise parmi ceux qui lui aurontété présentés par des équipes de jeunes créateurs comprenant au moins un membre issu dela communauté polytechnicienne (voir numéro d’août-septembre de La Jaune et la Rouge).

Les premières réactions enregistrées à l’annonce du lancement de ce concours sont trèspositives et lui permettent d’espérer un nombre significatif de candidatures. Elle se proposede tenir régulièrement informés les lecteurs de La Jaune et la Rouge du progrès et de l’évo-lution de cette nouvelle action.

Enfin, dans le cadre des contacts noués avec de nombreux partenaires à l’occasion de lamise en place de ce concours, d’autres actions sont actuellement à l’étude dans ce domaine,toujours dans le but de promouvoir et de faciliter la démarche des candidats créateurs.

Fx : 29, Place des Corolles, 92081 La Défense CedexTéléphone : 01.47.75.89.00 – Fax : 01.47.75.52.77.E-mail : [email protected]

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AL’OCCASION DE l’Assemblée générale del’association, le 8 juin 1999, DanielCordier, qui fut pendant onze mois

le secrétaire de Jean Moulin, avait été invité àfaire un exposé sur l’action de Jean Moulindans les relations entre Résistances extérieureet intérieure (1).

h

À l’occasion du centenaire de la naissance deJean Moulin, Pierre Nora, qui dirige la sec-tion “Histoire ” chez Gallimard, a demandé àD. Cordier d’écrire pour cet éditeur un ouvragede synthèse – qui n’est pas le IVe tome des6 volumes en projet. Plutôt que d’utiliser la pré-face du tome I, D. Cordier a préféré adopterun point de vue destiné à un public plus large,et c’est en ce sens qu’il a écrit La République descatacombes.

Huit jours après le début de ses fonctionsauprès de Jean Moulin, il eut à coder un deses rapports, qui le troubla beaucoup : jusque-là très ignorant de ce qu’était la Résistanceintérieure, il apprit que, sur le plan militaire,une crise aiguë séparait les militants et lescadres subalternes des mouvements para-militaires d’une part, leurs états-majors d’autrepart. Les premiers étaient en faveur de lafusion en une armée secrète unique, lesseconds n’en voulaient pas. Le livre tente derépondre à la question : “ Comment expli-quer cette difficulté à se mettre d’accord,deux ans après l’armistice ? ”.

“ Moi, général de Gaulle, soldat et chef fran-çais, j’ai conscience de parler au nom du peuplefrançais – au nom de la France ” : tel était lepostulat énoncé le 19 juin 1940 par le fon-dateur de la France Libre, dont il ne se dépar-tira jamais. Si les Anglais ont accepté que soitcréée une force militaire, et même une petiteforce administrative, ils ne voulaient pasentendre parler d’un Comité national ; mêmesi un Conseil de défense de l’Empire fut crééle 16 novembre 1940, il fallut attendre le24 septembre 1941, un mois avant l’arrivée deJean Moulin, pour que naisse le Comité natio-nal français.

Avant d’arriver à Londres en octobre 1941,Jean Moulin avait enquêté en France, avaitrencontré des chefs, notamment Henri Frenay,

créateur du mouvement le plus fort, avec unnoyau paramilitaire important ; dès l’automne1940, Frenay avait lancé un appel à la luttearmée, accompagné d’un programme poli-tique pour l’après-libération, anticommunisteet même maréchaliste (il changera d’avis surce dernier point). De Gaulle ignorait tout decela, comme il ignorait que les gens que Moulinavait rencontrés s’imaginaient avoir été aban-donnés par les Anglais et par de Gaulle, dontils n’avaient ni nouvelle ni messager ni sub-side. Jean Moulin était venu sonner le tocsin.Il était cependant prévenu contre le général deGaulle, car c’était un homme de gauche (alorsque de Gaulle avait une réputation de mau-rassien, et le consul américain à Marseille avaitmême renforcé la suspicion, en disant à Moulinque c’était un apprenti dictateur). Reçu le 29octobre 1941, ce fut entre les deux hommes,contre toute attente, un coup de foudre réci-proque : sans en faire encore son représen-tant, il fit de Moulin celui qui en rentrant enFrance pouvait parler en son nom. L’historienHenri Rousso confia récemment à D. Cordierque la raison de ce coup de foudre résidaitdans le fait que ni de Gaulle ni Moulin n’étaientdes rebelles par nature, mais qu’ils souhai-taient créer ou trouver un cadre légitimantleur action, et qu’ils étaient l’un et l’autre deshommes de l’État, ne dissociant pas le com-bat pour la patrie du combat pour l’État.

Deux mois après cette rencontre, Jean Moulinrentrait en France, représentant personneldu général de Gaulle, délégué du Comiténational français. C’était, pour les résistantsde l’intérieur, considérable ; le revers de lamédaille était l’allégeance au Comité natio-nal français qui était demandée aux mouve-ments; et pour un responsable comme Frenay,il paraissait inacceptable que de Gaulle soitle seul chef des forces paramilitaires. De 1942à 1944, les résistances françaises du généralde Gaulle et les services de la France Libreconnurent entre eux bien des difficultés, sou-vent dramatiques.

Après son exposé, Daniel Cordier répondit àplusieurs questions. L’une d’elles concernaitles différences d’opinions au sein de la Résistance(ce que certains considèrent aujourd’hui commescandaleux), et en particulier la relation entreJean Moulin et Pierre Brossolette.

Pour D. Cordier, ces débats et ces conflits sontla raison même du titre donné à son ouvrageLa République des Catacombes ; ils traduisaientla liberté d’expression héritée de la Républiqueet supprimée par Vichy et les Allemands,même si c’était beaucoup d’énergie perdue.En ce qui concerne le débat politique Brossolette-Moulin, il n’aurait sans doute pas eu lieu, en

tout cas pas sous la forme dramatique qu’il aprise, sans le débarquement allié en Afriquedu Nord. Il faut rappeler qu’avant celui-ci, leseul point sur lequel pratiquement tous lesFrançais, où qu’ils se trouvent, étaient d’accord,c’était la condamnation du personnel et desmœurs de la IIIe République, encore que lapolitique de collaboration annoncée à Montoire,et le procès de Riom (notamment la défensede Léon Blum) aient pu créer quelque malaise,même chez des pétainistes. Le parti commu-niste avait pris son virage au moment de l’at-taque de l’URSS et était entré dans le combatpatriotique ; le parti socialiste avait tenté des’épurer et avait fait reparaître clandestine-ment Le Populaire au printemps 1942.

LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 75

Association X-RésistanceAssemblée générale du 8 juin 1999,synthèse de l’exposé de Daniel Cordier

(1) Daniel Cordier, qui rejoignit les Forces fran-çaises libres dès 1940, à l’âge de 20 ans, fut priscomme secrétaire par Jean Moulin en août 1942.Bien que non-historien de formation, il préparesix volumes : Jean Moulin, l’inconnu du Panthéon,dont trois sont déjà parus chez J.-C. Lattès.

PrixDargelos

Le jury du prix Dargelos, attribuépour la deuxième fois, s’est réuni le21 septembre 1999.

Il a décidé de partager le montantdu prix entreBernard ÉTIENNE (70) etJean-François MINSTER (70).

La remise du prix, d’un montant de150 000 F par lauréat, aura sans doutelieu avant la fin de l’année.

COMPOSITION DU JURY DU 21 SEPTEMBREPrésident :Édouard BRÉZIN (58)

Membres :Paul BOURGINE (65)Jean-Pierre BOURGUIGNON (66)Michel GOLDBERG (59)Patrick LE TALLEC (73)François MATHEY (61)Michel PETIT (55)Olivier PIRONNEAU (66)Jean SALENÇON (59)Michel SCHELLER (59)Alfred VIDAL-MADJAR (61)

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Le débarquement en Afrique du Nord, en l’ab-sence du général de Gaulle, et d’une certainemanière contre lui, a été vécu par les résis-tants et au premier chef par Jean Moulin (cou-pés de toute information fiable) dans l’an-goisse : de Gaulle interdit en Afrique du Nord,c’était la preuve que le symbole de la Résistanceétait répudié par les alliés. Jean Moulin a com-pris que, lors du débarquement en France,les Américains accepteraient le pouvoir deceux qui le détenaient – Pétain, chef de l’ar-mée, de la police et de l’administration. Dansces conditions, il fallait interpeller les alliés,par le moyen d’une motion qu’il fit signer partous les hommes politiques “ présentables ” àcette époque, ayant gardé une autorité suffi-sante pour signer au nom de leur parti, ainsique par les syndicalistes. Cette motion féli-cite les Américains pour le débarquement,félicite aussi le général Giraud (qui avait éténommé commandant en chef de l’Armée fran-çaise d’Afrique du Nord) mais indique queseul le général de Gaulle était le chef de laRésistance et que seul il pouvait être le chefpolitique. Jean Moulin a mené cette campagnejusqu’à sa mort, renouvelant périodiquementles télégrammes, toujours adressés aux alliés.

Peu de temps après, à l’instigation de LéonBlum, les socialistes ont entamé dans LePopulaire une campagne pour la création d’unorganisme politique rassemblant les forcesanciennes, politiques et syndicales, avec lesforces nouvelles des mouvements et prépa-rant le passage à la Libération, avec ses pro-blèmes matériels et politiques. Jean Moulinétait très hostile à ce projet, dont il avait déjàrefusé en juin 1942 le principe, au nom del’efficacité militaire. Mais en décembre, on setrouvait en présence de deux projets, celui deDaniel Mayer et celui, voisin, de Christian Pineau.Jean Moulin sentait qu’on était sur des sablesmouvants et prit de nombreux contacts. Ilproposa la formule du Conseil national de laRésistance ; après son arrivée à Londres le14 février 1943, le projet fut refondu pourlui donner une certaine solennité.

Où intervient Pierre Brossolette dans cettehistoire ? Il avait rallié Londres en avril 1942,et contrairement à Jean Moulin ou à ChristianPineau, il était porteur d’un projet politique– 23 pages très brillantes et intelligentes. Ceprojet était celui d’un parti gaulliste, qui pour-rait rallier, à droite, le Parti social français ducolonel de La Rocque, à gauche, peut-être leparti socialiste, et le personnel et le programmedu parti radical. Les communistes resteraientcertainement un noyau fidèle à Moscou. En face,de Gaulle pourrait devenir le chef d’un trèsgrand parti.

Ce projet n’a eu aucun écho à Londres. Biendes années après, à Alain Peyrefitte qui luirappelait ce projet, préfiguration du RPF, deGaulle répondit qu’à l’époque, cela tombaittout à fait à plat.

Brossolette revint en France ; il savait qu’AndréPhilip, socialiste, allait rallier Londres. Cela luidonna l’idée d’y faire venir Charles Vallin, undes bras droits du colonel de La Rocque. Vallin

et Brossolette ont déclaré à la BBC : “ Voilà laréconciliation française : le communiste Grenier,le socialiste Brossolette, le PSF Vallin, tous sontà Londres.” À partir de là se déchaîna une cam-pagne féroce contre de Gaulle, entouré de fas-cistes, futur dictateur. Brossolette allait répé-tant que de Gaulle était le chef du seul partirestant, et menant une campagne acharnéecontre les anciens partis politiques.

Brossolette est revenu en France fin janvier1943, connaissant le principe, accepté par deGaulle, du CNR, mais non les détails. Il pritdes initiatives qui allaient à l’encontre de l’ordrede mission que Moulin rapporta le 20 mars1943. Il s’ensuivit un violent clash entre les deuxhommes, qui avaient tous deux de fortes per-sonnalités. Brossolette rentra à Londres et cefut pour lui le commencement d’un déclin.

En résumé, Brossolette exprimait les réactionsprimaires des Français qui ne voulaient plusdes hommes politiques, tandis que Jean Moulinavait compris l’objectif global du général deGaulle, qui ne pouvait être la France que s’ilétait celle de l’Hexagone, et pas seulement celledes FFL. L’opinion personnelle de D. Cordierà ce propos est que si de Gaulle avait suivi la voieque proposait Brossolette (et d’autres que lui),la cassure entre lui et les mouvements de Résistanceserait intervenue avant la Libération.

Jacques Maillet ajoute, à propos de PierreBrossolette, un poignant souvenir personnel.Il devait rentrer à Londres en décembre 1943avec Émile Laffon et Émile Bollaert, par uneopération maritime qui a échoué et a été sui-vie par l’arrestation de Brossolette, qui avaitpris un chemin plus risqué que celui de ses cama-rades. Dans l’attente du message confirmant

le départ, ils passèrent la journée dans le cime-tière de Quimper. Brossolette fit lire à JacquesMaillet le livre qu’il avait écrit pendant lestrois semaines passées à attendre un avion.Maillet croit avoir été le seul à lire ce livre,qui exposait que si de Gaulle ne fondait pasun parti politique, les partis existants le man-geraient. Après le départ en bateau, celui-cifaillit faire naufrage et ses occupants, pour sedéguiser de façon convaincante en revenantà la côte, vidèrent leurs valises de tout ce quine convenait pas. Brossolette, les larmes auxyeux, jeta son livre à la mer…

h

Une autre question : “Comment est née l’idéed’un programme de la Résistance? De Londresou de la Résistance intérieure ? ”.

D. Cordier répond qu’il y a eu en fait undouble mouvement, rappelant la créationpar Félix Gouin d’une Commission de réformede l’État et, en France, d’un Comité générald’études. Émile Laffont fut chargé de pré-senter aux mouvements et partis un pro-gramme économique et social, que rejetè-rent le Front National (celui de l’époque,bien entendu !) et le parti communiste, alorsque l’unanimité était requise. À partir de là,il y eut plusieurs projets qui furent longue-ment discutés. Un vote du Conseil nationalde la Résistance, le 15 mars 1944, adopta leprogramme qui fut en pratique intégrale-ment appliqué à la Libération. On peut direque c’est tout ce qui est resté de la Résistanceaprès la Libération : la Résistance n’a paslaissé de doctrine, n’a pas donné naissance àune idéologie ; elle a laissé cette bouteille à lamer, qui a été ouverte. n

NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE76

D.R

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Jacques Maillet pendant son allocutionlors de l’inauguration de

l’exposition à l’Assemblée nationale.À sa droite M. Braouezec, questeur.

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GROUPES X

X-RÉSISTANCE

Après le succès des journées d’études his-toriques de mars dernier et de l’expositionDes Polytechniciens dans la Résistance,qui a pu être visitée à l’École à Palaiseau jus-qu’à la fin août, l’Association s’efforce devaloriser ces deux “événements” qui ont puêtre financés grâce aux supports reçus d’in-dustriels, du Secrétariat d’État aux anciensCombattants et du Conseil régional d’Île-de-France. La Jaune et la Rouge a renducompte dans sa livraison de mai 1999 deces journées d’études et de l’inaugurationde cette exposition à l’École par Monsieur Jean-Pierre Masseret, secrétaire d’État aux AnciensCombattants.

Après la réalisation de panneaux nouveauxou améliorés, l’exposition a été transféréedans une galerie de l’Assemblée nationale,en cohabitation avec une exposition de pho-tographies récentes prises à Oradour-sur-Glane (sous le titre Mémoire des annéesnoires) ; elle a reçu dans la deuxième quin-zaine de septembre de nombreux visiteursqui n’avaient pas pu la voir à Palaiseau.Réservée en octobre aux élus et aux per-sonnels de l’Assemblée nationale, elle a étéofficiellement inaugurée le 5 octobre 1999,par Monsieur Braouezec, questeur, qui repré-sentait le Président Laurent Fabius retenupar d’autres obligations.

Fin octobre, l’exposition sera réinstallée auCentre Jean Moulin à Bordeaux ; son inaugu-ration est prévue le 5 novembre et elle seraouverte au public jusqu’à la fin de l’année.

Plusieurs projets sont en cours pour sonpassage, l’année prochaine, dans différentslieux de mémoire, en province comme àParis.

Cent exemplaires d’une plaquette de qua-lité ont déjà été diffusés lors de l’exposition.Il s’agit d’une brochure reproduisant les pan-neaux de l’exposition et divers documentsd’archives, évocation en 60 pages 21 x 29,7d’actions de polytechniciens dans la Résistanceintérieure et les Forces françaises libres.La réédition de cette plaquette permet-tra de l’adresser gratuitement à tous lescamarades et aux familles des camaradesdécédés qui en feront la demande à l’A.X.qui se charge de cette réédition et de cettediffusion. Un prochain numéro de LaJaune et la Rouge commentera cette ini-tiative.

Par ailleurs, le cycle des conférences repren-dra le 8 décembre 1999 à la Maison des Xà 18 heures avec un exposé de Claude d’AB-ZAC-EPEZY, chargée de recherche au Servicehistorique de l’armée de l’air, sur L’arméed’armistice 1940-1944. Cet exposé serasuivi d’un débat.

LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 77

X-Histoire et ArchéologieDepuis 1996 ce groupe rassemble plusieurs dizaines de camarades, pour la plupartdomiciliés dans la Région parisienne, intéressés par l’Histoire et l’Archéologie ; notam-ment par l’histoire des sciences et des techniques, l’histoire industrielle, les applicationsde la science à la conservation du patrimoine et à l’histoire de l’art et des civilisations.Les activités du groupe sont coordonnées avec celles du GPX.

Président : Maurice BERNARD (48), tél. : 01.42.31.71.92,mél : [email protected]

Secrétaire : Paul ALBA (51), tél./fax : 01.45.67.24.22.

n Compte rendu de la manifestation du 23 juin 1999 (Maison des X)• Histoire des fards égyptiens par Philippe WALTERIl y a quelques années, le conférencier avait montré que nos ancêtres magdaléniens, il y a15 000 ans, savaient ajouter des liants aux pigments naturels qu’ils préparaient pour ornerdes grottes. La statuaire égyptienne, comme la peinture des tombes de la vallée du Nil,montre que le maquillage (des yeux notamment) était très répandu. L’analyse des produitscontenus dans des vases et récipients conservés au musée du Louvre a montré que, 2000 ansavant J.-C., les Égyptiens maîtrisaient une véritable synthèse chimique par voie humide, pourélaborer des produits cosmétiques à des fins esthétiques, prophylactiques et thérapeu-tiques. Ces résultats, récemment publiés, ont pu être obtenus grâce à la conjonction destechniques d’analyse les plus récentes (microscopie électronique, diffraction de rayons Xet de neutrons, etc.) et de l’étude attentive de textes anciens égyptiens, latins et grecs.Ce travail d’équipe, coordonné par le conférencier Philippe WALTER, est le résultat d’unecollaboration étroite entre le Laboratoire de recherche des musées de France et une équipede recherche de la Société L’Oréal.

n Autres manifestations prévues à la Maison des X• Mercredi 27 octobre 1999Splendeur et misère des “ grandes compagnies de chemins de fer ” françaises,1859 à 1937 par François CARON, professeur émérite de Paris IV.Les grandes compagnies de chemins de fer se sont formées dans les années 1850. Ont-ellesmérité les accusations portées contre elles par une partie importante de l’opinion publiquede n’être que les instruments privilégiés de la domination du grand capital sur l’État et lasociété? Une étude attentive de leur histoire montre que si leur puissance fut réelle leur pou-voir et leur influence ne cessèrent de s’affaiblir.• Mercredi 12 janvier 2000Comment nous sommes devenus touristes, par Catherine BERTHO LAVENIR, profes-seur à l’université de Clermont-Ferrand.Le XIXe siècle est l’âge du tourisme. Les chemins de fer transportent les émules de MonsieurPerrichon, les agences de voyage (Cook) les organisent en groupes compacts ; les guides tou-ristiques (Baedeker ou Joanne) leur indiquent quels sites et monuments regarder et ce qu’ilfaut en penser. En 1900 se produit une petite révolution : l’automobile permet au touristede s’échapper sur les routes en direction de lieux autrefois ignorés du voyageur. Ce sontalors de grandes associations comme les Touring Clubs et des industriels comme la firmeMichelin qui organisent l’environnement du touriste moderne : on leur doit le goudron-nage et le fléchage des routes, les cartes spécialisées, les tables d’orientation, mais aussil’évaluation des hôtels – les étoiles du Guide Michelin –, la promotion de la cuisine régio-nale et la réécriture des guides (naissance du Guide Bleu). Les milieux d’ingénieurs et d’en-trepreneurs, majoritaires parmi les adhérents du Touring Club, sont les acteurs privilégiésde cette transformation.• Mercredi 15 mars 2000L’épopée des frères Schlumberger, de l’invention à l’industrie par Jacques DELACOUR (45).Cette manifestation est organisée en collaboration avec l’Association des Centraliens ; en effetConrad était X 1898 et Marcel centralien 1907.

n Plusieurs projets sont à l’étude pour le printemps ou l’automne 2000 : une visite dequelques jours à la découverte des grottes préhistoriques du sud-ouest de la France ainsiqu’une visite des grands musées de Mulhouse et de Bâle (automobile, chemin de fer, tex-tile, etc.).

Inscrivez-vous au GPX, ou auprès de Maurice BERNARD (48) ou de Paul ALBA (51)aux conditions habituelles (conférence et apéritif : 60 F, repas facultatif 200 F).

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X-ENVIRONNEMENT

Le groupe X-Environnement organise unesérie de réunions-débats ouvertes aux membresde l’A.X. sur le thème Énergie et effet deserre. Ont déjà été réalisées en 1999 lesréunions-débats sur les sujets :• Négociations internationales sur la limita-tion des émissions de gaz à effet de serre le24 mars.• Mécanismes physiques de l’effet de serre le6 octobre.

Vous êtes cordialement invités aux réunionssuivantes à 18 heures à la Maison des X :

Conséquences possibles, directeset induites, de l’effet de serre

sur les populationsmercredi 8 décembre 1999.

Panorama des principalessources d’énergie mondialesmercredi 26 janvier 2000.

Réduction des émissions de CO2 :quelles sont les variables d’action ?

mardi 7 mars 2000.

X-EXPERTISE

Le groupe X-Expertise se réunira le mardi23 novembre à 18 heures à la Maison desPolytechniciens, 12, rue de Poitiers, 75007Paris.

Soucieux de contribuer à l’information desresponsables technico-juridiques et à l’évo-lution des procédures, le groupe débattralibrement, à cette occasion, des questions quilui auront été posées et serait heureux de rece-voir vos questions, observations, critiques etsuggestions quant à l’organisation françaiseou internationale, notamment quand l’un desacteurs est français, de l’expertise judiciaireou arbitrale et de tous autres modes de règle-ment alternatif des litiges (MARC encore appeléRAD ou ADR... !).

Ensuite nous dînerons sur place.

Pour tous renseignements, s’adresser à :Jacques PAZIAUD (61)

au 01.49.80.10.83.

GBX

Nous rappelons que, comme chaque année,l’Association GBX (Groupe de bridgeurs poly-techniciens) a repris ses compétitions heb-domadaires à partir du 22 septembre. Untournois homologué par la Fédération françaisede Bridge est organisé chaque mercredi à20 h 15 dans les locaux du B. C. Saint-Honoré,77, avenue Raymond-Poincaré, Paris XVIe.Les polytechniciens, leur famille et leurs amis,membres de ce club, vous invitent à les rejoindre.

Contacter René DAUDIN (55),tél. : 01.47.34.74.44

ou Jacqueline GAUDEL (épouse d’X 36),tél. : 01.46.08.47.50.

CONVOCATIONDE PROMOTION

1931

Le prochain déjeuner de la promotion 1931aura lieu, avec les épouses et les veuves, lelundi 6 décembre 1999 à 12 h 30 à la Maisondes Polytechniciens, 12, rue de Poitiers, 75007Paris, tél. : 01.49.54.74.82.

Inscription et règlement sont à adresser à laMaison des X.

DISTINCTIONNotre camarade Maurice ALLAIS (31), prixNobel d’Économie, a été élu membre étran-ger de l’Académie des Sciences de Russie, lorsde son assemblée générale le 2 juin dernier.

CROSS X-HEC-CENTRALE

L’année dernière nous avons reconquis dehaute lutte la coupe !Nous devons la garder et pour cela être nom-breux au cross des anciens qui aura lieu cetteannée le dimanche 5 décembre à HEC.Départ des courses à 10 heures 30.Incriptions sur place à partir de 9 heures 30,20 francs.5 catégories sont en lice :• femmes• jeunes (20-29 ans)• seniors (30-39 ans)• anciens (40-49 ans)• vétérans (50-59 ans)J’en appelle tout particulièrement aux jeuneset aux seniors où l’X présente une forte lacune;merci de battre le rappel de tes connaissancesdans ces catégories.

D’ici là bon entraînementet rendez-vousle 5 décembre !Pour tout renseignement :Henri BUSSERY (77)tél. : 01.47.12.00.80e-mail : [email protected]

Nota : les enfants sont les bienvenus.

NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE78

CRÉDIT X-MINESCRÉDIT X-MINES permet, notamment aux anciens élèves de l’École polytechniqueou à leurs veuves et orphelins, d’obtenir avec sa caution des prêts à des conditionspréférentielles. Des taux, hors assurance, en vigueur au 1er octobre 1999 sontdonnés ci-après.

1 – Prêts immobiliers : pour résidence principale ou secondaire ou achat de terrain.Durée de trois à vingt ans. Taux variable ou fixe : 4,2% à 5,2%.

2 – Prêts relais : en vue d’achat immobilier. Durée : vingt-quatre mois renouvelables.Taux 4 à 5%.

3 – Prêts personnels : pour tous besoins de financement à couvrir autres queprofessionnels. Durée jusqu’à cinq ans. Taux 6% maximum.

4 – Prêts “ spéciaux études ” : destinés à permettre aux anciens élèves de poursuivreou reprendre des études de formation. Remboursables en cinq ans maximum dontdeux ans de franchise. Taux : 4,90%.

S’adresser à CRÉDIT X-MINES, Tony HEUDE (55), délégué général,12, rue de Poitiers, 75007 Paris.

Tél. : 01.40.49.02.94 – Fax : 01.42.22.86.49.

X-MÉMORIAL

LE SAMEDI 27 NOVEMBRE 1999

10 heures 30dépôt par l’A.X. d’une gerbe

au Monument aux Mortsdu 21, rue Descartes

10 heures 45messe à Saint-Étienne-du-Mont

à la mémoire des X décédés.

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LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 79

GROUPE PARISIEN DES X

12, rue de Poitiers, 75007 Paris.Tél. : 01.45.48.52.04.Fax : 01.45.48.64.50.

Les activités du GPX ont repris après la pause estivale. Commetoujours, elles sont nombreuses et variées, ainsi qu’en témoignentles rubriques ci-après et, n’en doutons pas, elles connaîtront leursuccès habituel auprès de nos adhérents. Merci de leur fidélité àceux qui en grand nombre ont déjà renouvelé leur inscription.Bienvenue aux nouveaux arrivés.Vous qui ne faites pas encore partie du GPX, pourquoi ne pas endevenir au moins membre associé ? Vous recevrez tous les moisnotre bulletin GPX Contact qui vous donnera suffisamment àl’avance le détail de nos manifestations.

Yves DEMOULIN (58), président

Au programme des activités du GPX

DÎNERS-CONFÉRENCES• Lundi 6 décembre, à 19 h 30, en liaison avec le groupe X-Histoireet Archéologie, nous recevrons le Père Jean-Luc VESCO o.p., anciendirecteur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem,membre de la Commission biblique pontificale, sur le sujet : “ Lestextes de Qumran et les débuts du christianisme ”. Quels ensei-gnements tirer des textes révélés par les campagnes de fouilles entre-prises dès les années 50 ? N’a-t-on pas soutenu que Jean-Baptiste ouJésus lui-même auraient pu fréquenter cette petite communauté juive,située aux bords de la mer Morte, en rupture avec le sacerdoce alorsétabli à Jérusalem?• Lundi 31 janvier, à 19 h 30, Monsieur Roger FAUROUX, ancienprésident de Saint-Gobain, ancien ministre de l’Industrie, nous expo-sera ses “Conseils à un jeune quadra” tirés de sa très riche carrière rela-tée dans son livre États de Service.

VISITES CULTURELLES• L’abbaye de Port-Royal,• L’hôtel Saint-Aignan, nouveau musée d’Art et d’histoire du judaïsme,• “ Dans le sillage de l’histoire, mémoire de la Marine ” au châteaude Vincennes,• L’église Saint-Roch et son quartier,• Exposition Daumier.

BULLETIN D’ADHÉSION AU GPXSaison 1999-2000

Nom : ....................................................................................

Prénom : ........................................ Promotion : ..................

Adresse : ................................................................................

................................................................................................

................................................................................................

Désire adhérer comme :

o membre associé 150 F / an

o membre sociétaire (avec droit de priorité) 420 F / an*

et adresse ci-joint un chèque de .................................. Fau GPX, 12, rue de Poitiers, 75007 Paris.

* 210 F pour les promos 86 et postérieures ainsi que pour les veuves.

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Bureau du GPX

À la suite de l’Assemblée générale ordinaire du 4 octobre 1999 leComité du GPX a désigné son Bureau pour l’exercice 1999-2000 :• Président : Yves DEMOULIN (58)• Vice-président : Pierre JARS (46), président sortant• Vice-président : Bernard PAUCHON (69)• Secrétaire général : Claude RABAUD (45), renouvelé• Trésorier : Édouard JACOB (43)

VISITES TECHNIQUES• Les coulisses de la ligne de métro 14 (Météor).• Institut national de la recherche agronomique, Centre de Versailles.

THÉÂTRE• Hôtel des deux mondes au Petit Marigny-Popesco,• Dîner entre amis au théâtre des Champs-Élysées,• L’Amante anglaise au théâtre de l’Oeuvre,• De si bons amis au théâtre La Bruyère.

ACTIVITÉ “ ENFANTS ” (jeunes de 7 à 12 ans)Une visite guidée du musée de la Magie le 13 novembre après-midi.Un atelier-découverte sur les enfants aux XVIIIe et XIXe siècles le11 décembre après-midi.

VOYAGESAprès les voyages d’automne (croisière en mer Égée et muséesd’Amsterdam-La Haye), trois destinations sont prévues pour fêterl’an 2000 :– 17 avril au 1er mai : découverte de la Chine, de Pékin à Hong-Kongvia Xian, Shanghai, Guilin et Canton.– une semaine fin mai : la Franconie (Würzburg, Nuremberg, etc.)et le lac de Constance (rives allemande et suisse).– 15 au 22 septembre : l’est de la Sicile de Taormina à Syracuse etRaguse et les îles Éoliennes (Lipari et Stromboli).

RANDONNÉE PÉDESTREDimanche 12 décembre avec Jacques ARBEIT (49) (tél. :01.34.62.88.30) : boucle de 16 km autour de Saint-Cyr-l’École par lesétangs de la Minière.Départ de Paris-Montparnasse à 9 h 39.Arrivée à Saint-Cyr-l’École à 10 h 11.Retour de Saint-Cyr-l’École à 16 h 21 (un train toutes les 30 minutes)vers Paris-Montparnasse.

BRIDGEAmis bridgeurs ! Nos tournois amicaux de bridge ont toujours lieu àla Maison des X de 14 à 18 heures tous les lundis.Le bridge de perfectionnement aura lieu comme l’année précédentele vendredi après-midi à 14 h 30 avec le célèbre professeur et écrivainNorbert LEBELY.Prochaines séances : les vendredi 26 novembre et 10 décembre.S’inscrire auprès de Madame ROZINOER au 01.45.27.98.33 le matinde préférence.

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NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE80

n 1923Décès de Madame Robert Winter, belle-mère de Michel Bouffard (44), le 19.9.99.

n 1927Décès du père Henri Ketterer le 9.9.99.

n 1928Décès d’André Genis le 2.10.99.

n 1931Décès de Pierre Hallard le 27.9.99.

n 1933Décès de Bernard Clappier le 25.9.99.

n 1934Décès de Paul Tavernier le 18.10.99.

n 1935Décès de Jean-Noël Plichon le 21.10.99.

n 1938Décès d’Albert Carette le 7.10.99.Décès de Jacques Bruyant le 16.10.99.Décès de Bernard Villers le 24.10.99.

n 1939Décès d’Armand Devilez le 30.9.99.

n 1941Jean Morin f.p. du décès de son fils Pierre.

n 1945Décès de Jean Platzer le 9.9.99.Décès de Georges Orbec le 20.10.99.

n 1946Décès de Paul Pellecuer le 8.12.96.Jacques Lecerf f.p. du mariage de sa filleVéronique avec Bruno Fauvarque (77), filsde René Fauvarque (39), petit-fils de LéonFriocourt (1900), le 2.7.99.

n 1948Gilbert Guetschel f.p. de la naissance de son3e petit-enfant, Jean, fils de Rémi et Catherine,arr.-petit-fils de Legrand (19N†), le 3.10.99.Pierre Sabathé f.p. de la naissance de son3e petit-enfant, Marine, fille de Marie-Christine et Christophe Sabathé, le 9.10.99.

n 1949Michel Rousselot f.p. du mariage de sonfils Vincent avec Olga Serebriakova, le 7.8.99.

n 1951Décès de Claude Volatier le 5.10.99.Paul Plouviez f.p. du décès de son épouseClaudine, le 22.8.99.Bernard Pillan f.p. du mariage de sa filleAgnès avec Pascal Ouvré, le 25.9.99.

n 1952Roger Petit-Jean f.p. de la naissance de sa3e petite-fille, Louise, chez Claire et HervéGouin, le 7.6.99.

n 1953Michel Perreau f.p. de la naissance de son22e petit-enfant, Constance, chez Anne-Laure et Xavier Gillier, le 28.8.99.

n 1954Décès de Guy Dubromel le 24.10.99.

n 1955André Thomas f.p. de la naissance de sonpetit-fils Wandrille, fils de Jean-François etMarion, le 6.8.99.Bruno de Vulpian f.p. de la naissance de son12e petit-enfant, Xavier Lacaille, le 5.9.99.

n 1957Philippe Charlet f.p. du mariage de sa filleElvire avec Cyril Rambaud, le 2.10.99.Baudouin de Cremoux f.p. de la naissancede son 10e petit-enfant, Alix, chez Alain etIsabelle, le 25.8.99.

n 1960Jean-Marie Fehrenbach f.p. de la naissancede sa première petite-fille, Domitille, chezJérôme et Florence, le 5.9.99.

n 1961Bernard Legrand f.p. du mariage de sonfils Vincent avec Claire Delisle, le 4.9.99.

n 1962Jacques Minéry f.p. de la naissance de sapetite-fille Marion, le 30.8.99.

n 1963Décès de Jean-Yves Rainsard le 19.10.99.Bernard Besson f.p. du décès de son père,France Besson, le 11.10.99.

n 1964François Godlewski f.p. de la naissancede sa première petite-fille, Johanna, chezMarie et Frédéric Loyer (90), le 21.5.99,arr.-petite-fille de Philippe Pilloy (37) etnièce de Nicolas Godlewski (96).

n 1965Jean-Claude André f.p. du mariage de sonfils Yves (91) avec Marie De Groote, le 4.9.99.

n 1966Daniel Bréfort f.p. du mariage de sa filleAnne-Sophie avec Cédric Richard, le 19.6.99.

n 1968Pierre Delmond-Bebet f.p. de la naissancede son premier petit-enfant, Ombline, chezSophie et Laurent Tardy, le 17.8.99.

n 1969Décès de Bernard Paoli le 26.9.99.

n 1971Jean-Noël Rias f.p. de la naissance de sonpremier petit-fils, Pierre, chez Caroline etStéphan Da Costa Faro, le 8.8.99.

n 1984Jean-Bernard Kovarik f.p. de la naissancede son 2e enfant, Béatrice, le 21.9.99.

n 1985Rémi Le Goas f.p. de la naissance d’Oriane,le 23.8.99.

n 1986Guillaume Chartier f.p. de la naissancede Raoul Fletcher Marie, le 16.6.99, petit-fils de Didier Chartier (56).Florence et Hervé Plessix f.p. de la nais-sance de leur 3e fils, Pierre-Adrien, le 26.8.99.

n 1987Michel Roquejoffre et Caroline f.p. de lanaissance de leur fille Iris, le 2.7.99.Philippe Geiger f.p. de la naissance de son2e fils, Guillaume, le 25.7.99.Frédéric Pelège f.p. de la naissance de son2e enfant, Antoine, le 27.7.99.Marc Devillard f.p. de la naissance de sonfils Jean, le 23.9.99.

n 1988François Bereux f.p. de son mariage avecNatacha Vialle (90), le 21.12.96 et des nais-sances de Stéphane le 26.9.97 et Nicolas le5.6.99.François Candelon et Zoé f.p. de la nais-sance de César, le 28.8.99.Antoine Jourdain f.p. de la naissance deson 4e enfant, Luc, le 1.1.99.

n 1989Raymond Levet f.p. de la naissance deVictor, le 1.10.99.

n 1990Frédéric Fouquet f.p. de son mariage avecFlorence Colombo, le 27.8.99.Natacha Vialle f.p. de son mariage avecFrançois Bereux (88), le 21.12.96 et desnaissances de Stéphane le 26.9.97 et Nicolasle 5.6.99.

n 1991Yves André, fils de Jean-Claude André (65),f.p. de son mariage avec Marie De Groote,le 4.9.99.Mung Ki Woo f.p. de la naissance de sonfils Grégoire, le 16.8.99.Pierre de Bergh f.p. de la naissance deBenoît, le 10.10.99.Olivier Lespargot f.p. de la naissance deThomas, le 11.10.99.

n 1992Bertrand Salczer f.p. de son mariage avecSophie Rehbinder, le 5.6.99.Valérie Quiniou et Franck Ramus f.p. deleur mariage, le 28.8.99.

n 1993Marie-Laure Tabary f.p. de la naissancede Hélène, le 15.9.99.

Carnet polytechnicien

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LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 83

GRAMEDEX40, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève

75005 ParisTél. : 01.40.46.04.78.

BON DE COMMANDE

Nom : ........................................................................

Adresse : ..................................................................

......................................................................................

......................................................................................

Téléphone : ..............................................................

n 1. Médaille du Bicentenairediamètre 72 mm 220 F x = .............. F

n 2. Maréchaux• série de 4 médailles 500 F x = .............. F

n 3. Fondateurs/uniformes• série de 4 médailles 450 F x = .............. F

n 4. Vaisselle de la Maison des X4-1 • 6 assiettes 25 cm 600 F x = .............. F4-2 • 6 assiettes 22 cm 550 F x = .............. F4-3 • 6 assiettes 18,5 cm 500 F x = .............. F4-4 • 3 tasses + soucoupes 320 F x = .............. F4-5 • 4 cendriers bridge 260 F x = .............. F4-6 • vide-poche

modèle a 200 F x = .............. Fmodèle b 200 F x = .............. F

n 5. Foulards5-1 • foulard au drapeau 650 F x = .............. F5-2 • foulard au bicorne 650 F x = .............. F

n 6. Pin’s du Bicentenaire 10 F = ............ F

n 7. Boutons d’uniformes• série de 4 pin’s 60 F x = .............. F

n 8. Timbres du Bicentenaire sur :8-1 • encart LOILIER 20 F x = .............. F8-2 • carte/médailles 15 F x = .............. F8-3 • carte/timbre 15 F x = .............. F8-4 • enveloppe/timbre 15 F x = .............. F8-5 • carte 200 promos 10 F x = .............. F

n 9. Les Écoles de l’an III 30 F x = .............. F

n 10. Répertoire du Bicentenairel’exemplaire A4 100 F x = .............. F

Participation aux frais d’envoi 25 F

TOTAL F

Ci-joint un chèque du montant totalà l’ordre de GRAMEDEX.

Date : ........................................

Signature :

"

Les médailles et souvenirs suivantsde l’École polytechnique sont en venteà la Maison des Polytechniciens,12, rue de Poitiers, 75007 Paris,et, par correspondance uniquement,chez Gramedex,40, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève,75005 Paris.

n 1. Médaille du Bicentenaire de Thérèse DUFRESNE, frappée en bronze patinépar la Monnaie de Paris en 72 mm de diamètre.

n 2. Maréchaux polytechniciens de la Grande Guerre, série de quatremédailles de Claude GONDARD (65), diamètre 41 mm, qualité “Belle Épreuve ”, frappées enmaillechort par la Monnaie de Paris. À l’avers figure l’effigie de Ferdinand FOCH,Joseph JOFFRE, Émile FAYOLLE et Joseph MAUNOURY et leur promotion. Le revers “École poly-technique ” est le même pour les quatre médailles présentées en écrin bleu marine.

n 3. Fondateurs/uniformes, série de quatre médailles de Claude GONDARD,frappées par la Monnaie de Paris et dorées à l’or fin. À l’avers figure l’effigie de l’un desfondateurs de l’X et, au revers, les principaux uniformes de l’histoire de l’École, émaillés enquatre couleurs, se détachent sur des évocations de ses anciens et de ses nouveaux locaux.La série est présentée en écrin de quatre médailles.

n 4.Vaisselle de la Maison des X avec la reproduction d’uniformes des élèvesde l’École tirés de l’ouvrage de Claris.4-1 • Ensemble de 6 assiettes de 25 cm de diamètre.4-2 • Ensemble de 6 assiettes de 22 cm de diamètre.4-3 • Ensemble de 6 assiettes de 18,5 cm de diamètre.4-4 • Ensemble de 3 tasses à café avec soucoupes.4-5 • Ensemble de 4 cendriers différents bridge 9 x 11 cm.4-6 • Vide-poche 16 x 20 cm, 2 modèles a et b.

n 5. Foulards pure soie 88 x 88 cm soie lourde 18 momies, dessinés par C. GONDARD.5-1 • Foulard au drapeau (650 F).5-2 • Foulard au bicorne (650 F).

n 6. Le pin’s du Bicentenaire, 25 mm, émail grand feu jaune, rouge et blanc.

n 7. Boutons d’uniformes, série de quatre pin’s, 19 mm, émail grand feu quatrecouleurs, présentée en boîtier plastique “ vitrine ”.

n 8. Timbre du Bicentenaire, maquette de Hervé-Adrien METZGER (77).Les souvenirs philatéliques “ Premier jour ” suivants sont disponibles :8-1 • Encart “ premier jour ”, illustré par Hervé LOILIER et Claude GONDARD. Chaqueexemplaire étant signé par Hervé-Adrien METZGER et les deux illustrateurs.8-2 • Carte double aux médailles.8-3 • Carte double au timbre.8-4 • Enveloppe au timbre.8-5 • Carte postale numérotée “ 200 promotions ”, timbrée avec oblitération spéciale28 mai 1994.

n 9. Les Écoles de l’an III, document philatélique exceptionnel rassemblantles 4 timbres des Écoles (X, Normal Sup., CNAM et Langues O.) avec leurs oblitérations “pre-mier jour ” respectives.Carte double 150 x 210, bleue et or, illustration de Claude GONDARD.

n 10. Répertoire du Bicentenaire 1994, 200 pages, format A4.Listes alphabétique et par promotion des 200 promotions de polytechniciens.

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NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE84

A N N O N C E S

XMP-ENTREPRENEUR12, rue de Poitiers, 75007 Paris

Tél. : 01.42.22.86.45 - Fax : 01.42.22.86.49E-mail : [email protected]

Animateurs

Michel ANTOINE (EMP 59), André BARRE (PC 59),Marcel BOBY (X 59), Philippe BONNAMY (X 61),

Gilbert RIBES (X 56), André TYMEN (X 50).

XMP-ENTREPRENEUR est une association, loi 1901, regroupant exclusivement des élèveset anciens élèves de l’École polytechnique, des trois écoles des Mines (Paris, Nancy, Saint-Étienne)et de l’École nationale des ponts et chaussées.Son objet est d’apporter à ses adhérents toute assistance pour créer ou reprendre des entrepriseset de développer l’esprit d’entreprise chez les élèves et anciens élèves des écoles concernées.Son action est soutenue par l’A.X., Intermines et l’Association des anciens élèves des Pontset Chaussées.

RÉUNIONSDE XMP-ENTREPRENEURCes réunions sont en principe réservées auxadhérents, mais tout élève ou ancien élèvepeut se faire inviter à une réunion, en vued’une éventuelle adhésion ultérieure, en télé-phonant au préalable au bureau.

• Lieu des réunions :Maison des X, 12, rue de Poitiers,75007 PARIS.

• Prochaine réunion :– lundi 13 décembre à 18 heures.

Ordre du jour : exposés de BernardTREPS (X 61) sur son expérienced’entrepreneur, de créateur et derepreneur et de Georges SOUMELIS(X 88) sur sa création d’entreprise.Tour de table. Libre discussion autourd’un pot.

• Dates des réunions suivantes :– lundi 31 janvier 2000 à 18 heures

(attention : date modifiée).– lundi 20 mars 2000 à 18 heures.– lundi 15 mai 2000 à 18 heures.– lundi 26 juin 2000 à 17 h 45,

avec Assemblée générale.

Créer,reprendre,développerSA PROPREentreprise

XMP-Entrepreneurc’est à ce jour :

170 adhérents, chaque adhérent se trou-vant dans l’une ou plusieurs des situationssuivantes :• déjà entrepreneur,• en phase active de création d’entreprise,• en phase active de reprise d’entreprise,• en phase de réflexion sur l’opportunité

de devenir un jour entrepreneur,• en recherche de participations finan-

cières dans de nouvelles entreprises,• en disponibilité pour des interventions

en qualité de conseil, bénévole ou pro-fessionnel,

• sympathisant, apportant par leur adhé-sion un soutien aux actions de l’asso-ciation.

Un Conseil d’administration de 10 membres,dont la mission essentielle, outre sa res-ponsabilité de la gestion courante, est d’adap-ter en permanence les orientations straté-giques de l’association à l’évolution del’environnement économique et des besoinsdes adhérents.

7 animateurs bénévoles, qui assurent chaqueaprès-midi une permanence au bureau, separtagent les missions permettant à l’asso-ciation de réaliser son objet et sont à l’écoutedes adhérents.

Des réunions générales (7 à 8 par an), avecdes exposés-débats sur des expériencesvécues d’entrepreneurs, tour de table etlibres discussions autour d’un pot.

Des petits-déjeuners-débats, sur desthèmes liés à la création, à la reprise ou àdes problèmes spécifiques d’entreprises.

Des groupes de travail en commun, créésen fonction des besoins exprimés par lesadhérents. Sont actifs, à ce jour :• CRO : Club de recherche d’opportuni-tés, pour les repreneurs,• XY3W : assistance à la création d’entre-prises Internet. Tout porteur de projet peutbénéficier des compétences et de l’expé-rience des membres de ce groupe, pour laphase de création et les premières années devie de l’entreprise,• CRÉATION : un atelier à la dispositiondes créateurs.

Un dispositif d’accompagnement, per-mettant à celui qui se lance pour la pre-mière fois dans l’aventure de l’entreprise dechoisir un correspondant expérimenté.

XMP-Angels : un club interne de businessangels

Des relations privilégiées avec des pro-fessionnels dont les créateurs ou repreneursont besoin (spécialistes de la transmissiond’entreprises, organismes de formation,conseils juridiques, fiscaux, financiers, etc.,organismes de financement).

Un bulletin de liaison interne (10 éditionspar an).

Un annuaire des adhérents, donnant pourchacun les compétences qu’il peut mettreà la disposition des autres.

Une page de liaison avec l’ensemble de lacommunauté polytechnicienne, dans chaquenuméro de La Jaune et la Rouge, grâce à l’obli-geance de l’A.X. et de l’équipe de rédaction.

Une participation active aux activités deG2E, fédération des associations similairesdes grandes écoles.

L’organisation, depuis une dizaine d’années,d’un point-débat dans le cadre du Forumde l’X, en collaboration avec la Fondationde Polytechnique, depuis que cette der-nière s’est fixé comme nouvel objectif dedévelopper l’esprit d’entreprise chez lesjeunes polytechniciens.

Une collaboration permanente avec laFondation de l’X pour toutes les actionsqu’elle engage pour ce nouvel objectif,notamment pour l’organisation, sur uneidée suggérée par XMP-ENTREPRENEUR,d’un prix de la création d’entreprise.

En conclusion, XMP-ENTREPRENEURest une structure dans laquelle l’ad-hérent, entrepreneur ou candidat à unecréation ou à une reprise d’entreprise,à court terme ou à plus ou moins longterme, trouve l’écoute et le relationneldont il a besoin.

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LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 85

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Richard LAURENT (54) du BUREAU DES CARRIÈRES est à la disposition descamarades, en recherche d’emploi ou souhaitant réfléchir sur l’orientation de leurcarrière, pour les recevoir et les conseiller. En effet, un entretien est toujours souhaitableet peut aider plus efficacement avant un changement de situation.Compte tenu de son expérience professionnelle, le Bureau des Carrières peut aussirépondre aux questions que se posent les jeunes camarades avant leur premieremploi, ou, plus généralement, au moment où ils réfléchissent à leur orientation etcherchent à définir leur projet professionnel.Les nouvelles offres d’emploi disponibles sont publiées dans des listes bimensuelles.Il est possible de les obtenir moyennant une cotisation de 200 francs pour six mois,donnant également droit à la consultation par Minitel.Les camarades intéressés par ces offres s’adressent directement au Bureau desCarrières, par écrit, par téléphone ou par fax pour en avoir communication ; ilscontactent ensuite directement les annonceurs, s’il y a lieu.

A N N O N C E S

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expansion. En 1998 nous avons plus que dou-blé notre chiffre d’affaires et nos effectifs, etnous avons ouvert 3 nouveaux établissementsen régions. Nous prévoyons cette année unecroissance qui portera nos effectifs de consul-tants de 400 à 700.Nous intervenons dans tous les secteurs del’économie (télécom, militaire, spatial, éner-gie, tertiaire, transport), dans toutes les tech-nologies de pointe, dans tous les métiers(consultants seniors, chefs de projet, expertstechniques...).Notre ambition est de vous faire partager notrepassion et notre force.Contacter Jean-Luc BERNARD (78, PDG) ouFida’a Chaar (90, directeur d’Agence), 10, ruedu Dôme, 92100 Boulogne. Tél. : 01.46.94.87.00.

n 18357 - STRATORG - Cabinet de conseilde direction générale recherche CONSUL-TANTS INTERNATIONAUX H/F confirmésou débutants - Région parisienne.Rattachés au bureau de Paris (40 consultants),ils devront développer et entretenir des rela-tions confiantes et de longue durée avec les direc-tions générales des entreprises qu’ils conseille-ront en stratégie et en organisation. Ils devrontfaire preuve d’autonomie, d’initiative, de créa-tivité et manifester une réelle capacité de déve-loppement.Nous leur proposons une carrière passion-nante dans une équipe ambitieuse et ouverte,soucieuse de l’épanouissement des individusdans un projet collectif, au sein du Groupe(Paris, Bonn, Londres, Moscou, Détroit, Dallas).Ils apporteront une expérience profession-nelle dans le conseil ou en entreprise, ainsiqu’une réelle connaissance de l’un des sec-teurs suivants : construction, aéronautique etespace, grande consommation, automobile.Adresser lettre et CV à Monsieur GOELLER,directeur général (X 81, ENPC 86, HEC 86),STRATORG, Immeuble Ariane, 2, rue JacquesDaguerre, 92565 RUEIL-MALMAISON CEDEX.

n 19159 - PIXELPARK, filiale du groupe depresse et d’édition Bertelsmann (CA en 1998de 80 milliards de FF), est une société de ser-vices interactifs spécialiste des solutions e-commerce et Intranet. Leader européen surce marché, nous recherchons de nouveauxtalents pour notre développement techniqueet commercial en France. Contacter ChristopheHocquet (DG), 97, rue Saint-Lazare, 75009Paris. Tél. : 01.55.07.88.92 ou par e-mail :[email protected]

n 19272 - PRICEWATERHOUSECOOPERS- Notre activité de conseil en management,25 000 consultants dans le monde, 600 en Frances’appuie sur la force du plus grand réseau inter-national.Chaque jour, de la stratégie jusqu’à la mise enœuvre de solutions, nous accompagnons les grandesmutations et les efforts d’innovation. Dans tous lessecteurs de l’économie, nos missions répondenttoujours aux enjeux de premier plan de grands clientsnationaux et internationaux.• CHEF DE PROJETS ET DIRECTEUR DE GRANDSPROJETSÀ 30 ans minimum, votre expérience portesur la construction de solutions spécifiquesou sur la mise en place de progiciels (SAP,Oracle, PeopleSoft). Vous contribuerez à vendre,à développer et à encadrer des missions d’in-tégration de systèmes avec nos équipes internesou nos sous-traitants dans un environnementde haut niveau. Réf. : XDir.

• CONSULTANT EN MISE EN PLACE DE PROGICIELSProgiciels intégrés SAP, Oracle, PeopleSoft,Outils de gestion des forces de vente Siebel.Débutants ou après 3/4 ans d’expérience, vousrejoindrez des équipes intervenant principa-lement dans les secteurs – finance, industrie,services – et contribuerez à la réussite de pro-jets de mise en œuvre de nouveaux systèmesde gestion des fonctions financières, commer-ciales ou logistiques. Réf. : XProg.• CONSULTANTS EN SYSTÈMES D’INFORMATIONDÉCISIONNELS, DATAWAREHOUSEÀ 25/32 ans, vous disposez d’une expérienceopérationnelle acquise dans la conception etla mise en œuvre de systèmes d’informationdécisionnels – Datawarehouse. Vous avez éga-lement acquis une expertise en managementde grands projets de développement infor-matique.Vous participerez à des missions de défini-tion des objectifs stratégiques du système d’in-formation décisionnel, de conception et demise en œuvre du Datawarehouse. Réf. : XData.• ARCHITECTE TECHNIQUEÀ 28/30 ans, vous avez acquis une réelle com-pétence dans la conception et la mise en placed’architectures techniques autour de plates-formes distribuées Unix ou NT (serveurs, sta-tions, réseaux) et de leurs outils d’adminis-tration.Vous interviendrez sur de grands projets de miseen œuvre de systèmes d’information, soit enamont pour concevoir et dimensionner lesarchitectures, soit durant la phase de construc-tion, dans un rôle de support technique à noséquipes de consultants. Réf. : XArch.Dans notre activité de conseil en management,nous évoluons et multiplions nos expertises grâceà un environnement de formation ambitieux età des clients prestigieux.Merci d’adresser un CV et une lettre de moti-vation à Catherine VERDIER, responsable durecrutement, PRICEWATERHOUSECOOPERS,Tour AIG, 34, place des Corolles, 92098 ParisLa Défense 2.

n 19753 - PLURALIS - Notre société de ser-vice et conseil en systèmes d’informationconnaît une très forte expansion grâce à sastratégie “ win - win ” et à son éthique pro-fondément “ humaniste ” : rémunérationattractive avec des augmentations fréquentes,plan de formation individualisé et plurian-nuel, possibilité de participer au capital.

NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE86

Seules les annonces reçuespar courrier ou par fax

seront traitées(aucune annonce par téléphone).

Le règlement s’effectueen fin d’année.

Les annonces à publierdans le numéro de décembre 1999devront nous parvenir au plus tard

le lundi 15 novembre 1999.

Tarifs 2000annonce permanente :

55 F HT la ligne

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PLURALIS intervient dans quatre activités :conseil et assistance à la maîtrise d’ouvrage, déve-loppement en client-serveur, développementen Internet/Intranet, intégration de progiciel(SAP, Oracle, Peoplesoft).PLURALIS se fixe comme objectif de dépas-ser cent collaborateurs avant l’an 2000 etrecrute des directeurs de projet, consul-tants, ingénieurs d’étude, ingénieurs dedéveloppement.Contacter Can Hoang NGO (X 67, DG) au01.49.27.93.45. PLURALIS, 10, avenue del’Opéra, 75001 Paris.

n 19837 - SYNESYS est une jeune SSII crééepar une équipe possédant une forte et longueexpérience internationale dans le développe-ment des technologies avancées de l’infor-matique.SYNESYS se spécialise dans les domaines del’interopérabilité des systèmes informatiqueset de la sûreté des logiciels avec des méthodeset technologies innovantes. Elle comprenddeux pôles d’activités :• ingénierie des données,• test, vérification et validation des logiciels.SYNESYS recherche actuellement, pour cesdeux pôles, des ingénieurs ayant au moins 2 à3 ans d’expérience. Une bonne connaissanced’UML, d’XML et des méthodes formelles ainsiqu’une expérience des techniques de test et dela sémantique des données sont souhaitables.SYNESYS offre à de jeunes ingénieurs uneopportunité unique de participer au déve-loppement de nouvelles technologies de spé-cification et de validation de logiciels et desystèmes, en partenariat avec les meilleureséquipes de recherche.Contacter Jacques STERN (PDG, X 52) au01.41.23.09.40, e-mail : [email protected] François COTTE (X 71) au 01.41.23.09.40,e-mail : [email protected]

n 19838 - STERN Systèmes d’informationrecherche ingénieurs informaticiens de hautniveau ayant des compétences et une expé-rience dans les technologies avancées et laconception de systèmes complexes.Contacter Jacques STERN (X 52) au01.41.23.09.40, e-mail : [email protected]

n 19898 - Société de conseil internationaleen stratégie cherche des CONSULTANTS ENSTRATÉGIE (H/F) pour conduire des mis-sions chez des clients multinationales et pourparticiper au développement d’un nouveaucadre de stratégie pour la croissance innova-trice. Vous êtes totalement bilingue anglais-français, pragmatique, rigoureux, avec unesprit d’analyse. Merci d’envoyer votre lettrede motivation en anglais + CV à Peter YOO,Aeris Consulting Group, 144 Bureaux de laColline, 92213 Saint-Cloud Cedex.Fax : 01.47.71.25.20.

n 231 - MC2 est une SSII dynamique de70 personnes, avec une forte spécialisationsur le Document, autour de technologies tellesque : GED, Workflow, Intranet, Java, xml etautour de prodits du marché tels que : Oracle,Documentum, Staffware, iXOS, SAP... Pouraccompagner notre forte croissance (+ 100 %de CA en 1998), nous cherchons de jeunescamarades ouverts, curieux et travaillant enéquipe.Vous interviendrez sur des PROJETS d’inté-gration ou sur des missions de CONSEIL enamont, auprès de grands comptes nationauxou internationaux, dans tous les secteurs del’économie.

Nous embaucherons 30 personnes en 1999 :– développeurs (G),– chefs de projet (G),– consultants (G, P),– chargés d’affaires/ITC avant-ventes (G, P),– ingénieurs commerciaux (G, P),– managers (G, P).Postes basés à Grenoble (G), Paris sud (P).Bonne maîtrise de l’anglais souhaitée.Plan d’intéressement aux bénéfices : en place.Participation des salariés au capital : en place.Introduction en Bourse : prévue fin 2000début 2001.Contacts : J.-P. CHENO (X 75, Mines 77) ouF. VEYRET (ECP 85). www.mc2.fr - E-mail :[email protected]

n 422 – DUONS SYSTÈMES (une quaran-taine de consultants) est un groupe de PMEde conseils et de services, à forte croissance,sur le marché de la maîtrise des risques sys-tèmes.Son développement nous conduit à renfor-cer nos équipes dans nos principaux domainesd’intervention :• Modélisation/simulation : aide à la forma-lisation des spécifications fonctionnelles, aideà la validation (fonctionnelle, architecture,système, logiciels critiques).• Management de projet : évaluation/dia-gnostic, conseil et recommandations, accom-pagnement.• Simulation 3D interactive : aide à la concep-tion, aide à la validation, aide à la formationet à la maintenance.Contacter François SIMON (X 57) ou adres-ser votre candidature à Bernard BROISIN-DOUTAZ, DUONS SYSTÈMES - La GrandeArche - Paroi Nord - 1, Le Parvis - 92044 ParisLa Défense cedex.

n 805 – Bilingue franco-allemand. Groupeindustriel allemand important (composantsmécaniques et hydrauliques pour l’industrie,le bâtiment et l’énergie) recherche pour safiliale française (5 usines en France) un X(+MBA) débutant parlant couramment alle-mand et anglais. Après une formation dansle groupe, affectation à des postes opération-nels sur sites industriels, France ou étranger.Contacter Cabinet GBO, 35, rue La Boétie,75008 Paris (tél. : 01.45.63.08.64).

n 989 – SOPHIS est un concepteur de logi-ciels pour les salles de marchés des plusgrands établissements financiers. Sa forte crois-sance actuelle (+ 110 % de CA en 1998, 80 col-laborateurs) l’amène à rechercher des :ingénieurs commerciaux.Au contact des traders, vous concevrez dessolutions pour adapter notre logiciel à l’envi-ronnement du client.Ingénieurs informatiques et financiers.Ayant une forte expertise en C++, vous aide-rez nos clients à personnaliser nos logiciels.Contacter Olivier Cohen (X 90) 10, rue deCastiglione, 75001 Paris. Tél. : 01.44.55.37.73.E-mail : [email protected]

DEMANDESDE SITUATION

n 2780 - X 77, ENSTA, DG d’une sociétéd’optique “ high-tech ”. Expérience : évalua-tion puis restructuration d’une PME (230 MF,270 P). Expériences préalables : conduite deprojets importants, relations internationales.Recherche poste de direction de société oude responsabilité opérationnelle dans les sec-teurs énergie, optique, mécanique, thermique,équipements.

n 2820 - X 64, Armement, Sup-Aéro, spécialisteconception technique, gestion, organisation.Expérience acquise dans le secteur privé :aérospatial civil et militaire, puis dans l’ad-ministration : industries pharmaceutiques etmédicales, informatique, bureautique, télé-coms. Recherche poste de Direction, en par-ticulier Direction informatique dans domainesvariés. Échéance rapprochée - LocalisationFrance ou international.

n 2824 - Je suis un camarade de 46 ans quihabite New York et je cherche à y retrouverun défi à ma mesure. Compétent en infor-matique, j’ai une longue expérience de lafinance et de la bourse au niveau directiongénérale. On peut me contacter par l’A.X. ouà [email protected]

n 2825 - X 63, très forte compétence BTPFrance et export, recherche auprès d’entre-prises ou de maîtres d’ouvrage missions enstratégie, organisation, développement d’opé-rations internationales ou direction de grandsprojets.

n 2826 - X 76, 43 ans, ayant exercé des res-ponsabilités variées dans société pétrolière,domaines : logistique (dépôts, transports rou-tiers), systèmes d’information (chef de plu-sieurs projets), commercialisation et distri-bution de carburants, biens et services(notamment, direction puis supervision defiliales d’exploitation, et coordination duréseau France) recherche poste de directioninformatique ou de direction de centre deprofit (filiale y compris) dans secteurs éner-gie, distribution, informatique, services, indus-trie : de préférence en R.P. ou Nord de laFrance.

n 2841 - X 81, expérience matériaux, procédéset études principalement dans l’industrie aéro-spatiale, cherche poste de responsabilité dansun domaine proche des développements ouindustrialisation de nouvelles technologies.Une dimension marketing ou technico-com-merciale auprès de clients ou coopérants seraitappréciée.

n 2843 - X 60, 35 ans d’expérience dansdirection de société, management, RH, recherchemissions France ou étranger.

LA JAUNE ET LA ROUGE NOVEMBRE 1999 87

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NOVEMBRE 1999 LA JAUNE ET LA ROUGE88

DEMANDEDE SITUATION

n S172 - Fille X 32, cél., 53 a., jardinière d’en-fants et secrétaire, ch. poste gouvernante auprèsd’enfant ou d’adulte, voire même malade ouhandicapé. Mlle Monique LAMBLIN, 39, ave-nue Saint-Mandé, 75012 Paris. 01.43.45.79.11.En cas de non-réponse, tél. à Favier, infirmière :03.87.56.92.41, mess. sur répondeur, SVP.

OFFRESDE LOCATIONS

Paris/Banlieuen LA451 - VERSAILLES/SAINT-LOUIS - 7 p.parf. état, 165 m2, 2 SdB +1 SdE, imm. XVIIIe s.caractère, soleil, calme, prox. gares. Libre01/2000. Tél./fax : (00) 49.30.88.68.11.26.

n LA452 - PARIS XVe, près square Citroën-Veuve cam. handicapé fauteuil roulant loueson appt., 80 m2. RdCh. vue sur pelouse etarbres, entrée, gd sjr, 2 ch., nbrx placards,bains/WC + WC indép., cuis. aménagée.6 250 F + ch. Tél. : 04.93.87.45.86 -01.45.77.24.49.

Provincen LB476 - CANNES ttes pér., appt 2/4 pers.,vue except., calme, pisc., pkg, tél. Tél. :02.31.52.10.77.

nLB477 - MÉRIBEL-MOTTARET, 2 p., 4 pers.,sud, tt cft, ttes pér. Tél. : 01.39.54.69.67.

n LB479 - VALMOREL (73), bel appt, tt cft,sur pistes, 3 p., 8 lits, 2 SdE. 01.45.20.10.54.

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n LB484 - CAP-BENAT (VAR) - Cam. louemaison, domaine privé, vue/mer, 2 ch., sjr,terrasse, garage. Juin : 8 000 F. Août : 20 000 F.Tél./fax : 04.79.83.34.00.

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n D103 - Petite-fille de cam., F. Postel-Vinay(X 26), diplômée d’État ch. à donner des leçonsde contrebasse. Mlle Émilie Postel-Vinay, 8,rue Cartex, 75004 Paris. 01.48.87.32.00.

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n C155 - Fils TUGAYE (48) ébéniste d’arteffectue restauration et travaux tous styles surplan. Conditions spéciales aux X et familles.Tél. : 01.43.79.13.52.

A N N O N C E S

AUTRES ANNONCES5, rue Descartes, 75005 Paris

Tél. : 01.56.81.11.11Fax : 01.56.81.11.01

Les annonces sont publiéesà titre de service rendu

aux camaradeset n’engagent pas

la responsabilité de l’A.X.

Seules les annoncesreçues par courrier

ou par fax seront traitées(pas d’annonce par téléphone).

Le règlement ne s’effectuequ’après parution

de l’annonce, une facturevous sera adressée.

Tarifs 1999 : la ligneDemandes de situation : 45 FOffres d’emploi : 55 FImmobilier : 75 FDivers : 85 F

Les annonces à publierdans le n° de janvier 2000

devront nous parvenirau plus tard

le mardi 7 décembre 1999.

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