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LA GRAPHOLOGIE AUTREMENT

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Collection ABC

ABC de l'Astrologie, D. de Caumon-Paoli ABC de la Cartomancie, G. Sciuto ABC de Graphologie, M. Moracchini ABC de l'Hypnose, E. Barone et J. Mandorla ABC de l'Astrologie chinoise, D. de Caumon ABC des Rêves, C. Genest ABC du Yoga, M.-F. Lemoine ABC des Tarots, C.H. Silvestre ABC des couleurs, D. Béresniak ABC du Yi-King, B. Ducourant ABC de la Géomancie, A.-M. Cacciaguerra ABC de la Morphopsychologie, C. Binet ABC du Magnétisme, J. Mandorla ABC des Sciences Occultes, L. Maar et C.H. Silvestre ABC de la Numérologie, J.-D. Fermier ABC des Prévisions Astrologiques, D. de Caumon ABC de la Morphochirologie, M. Bouillon et P. Rouillier ABC de la Radiesthésie, J.-L. Crozier et J. Mandorla ABC de la Géobiologie, D. Semelle ABC des Expressions du Visage, Dr L. Corman ABC de la Chance, G. Schwinn ABC de la Symbolique du tarot, C. Silvestre-Haéberlé ABC des Runes, J.-P. Ronecker ABC de la Numérologie chinoise, J.-D. Fermier ABC de l'Astrographologie, S. Chermet-Carroy ABC de la Médecine chinoise, N. Raphaël

Collection ORACLE

L'Oracle de Belline, C. Silvestre-Haéberlé Numérologie : Le Livre des cycles, J.-D. Fermier Numérologie : Le symbolisme des lettres, J.-D. Fermier Votre avenir au quotidien par les tarots, C.-H. Silvestre 12 meilleures méthodes pour tirer le tarot, C.-H Silvestre Prévisions astrologiques jusqu'à l'an 2000, M. Delambre Le livre des signes et des symboles, Schwarz-Winklhofer-Biedermann La numérologie au quotidien, J.-D. Fermier La roue astrologique et le tarot, C. Silvestre-Haéberlé Le grand jeu de Mlle Lenormand, C. Silvestre-Haéberlé Les symboles dans la Bible, A. Soued Vos prévisions numérologiques 1994, J.-D. Fermier, A. Chaignon Le Tarot Persan de Mme Indira, Mme Indira, C. Silvestre-Haéberlé Le Tarot du Chat, C. Sédillot, C. Trapet Votre avenir au quotidien par les yi-king, J.Warin Les Tarots, C. Silvestre-Haéberlé

Collection AUTREMENT

La Numérologie Autrement, M.-L. Roth L'Astrologie Autrement, M. Duquesne La Couleur Autrement, Brigitte Gautier La Dynamique Mentale Autrement, M.-L. Roth La Voyance Autrement, Corinne Morel Le Magnétisme Autrement, A. Van Eiszner La Sophrologie Autrement, A. Payen de la Garenderie

© 1994, by J. Grancher, Éditeur ISBN : 2 7339 04310

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Sylvie CHERMET-CARROY

LA GRAPHOLOGIE AUTREMENT

Editeur responsable : Michel Grancher

X""J A C Q U E S

QRANCJ-ER 98, rue de Vaugirard

75006 Paris

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INTRODUCTION

Il n'est pas rare qu'au premier instant d'une rencontre, on ait une impression immédiate. Chacun ressent des sympathies plus ou moins marquées. Une silhouette, une attitude, un regard, nous attirent spontanément.

C'est une réaction subjective. Chacun sait qu'un juge- ment hâtif est irrationnel, pourtant une partie de nous- même réagit instinctivement : on aime ou on n'aime pas. De même, il arrive que l'on ressente une réaction tout à fait comparable devant des écritures qui suscitent atti- rance ou rejet. Certaines nous plaisent, d'autres pas. Cela ne veut pas dire que ce jugement soit fondé ni équitable! Toutefois il est ressenti de façon spontanée. Cela incite à se poser des questions.

Chaque individu est unique. Il en est ainsi de son écri- ture qui est différente de toutes les autres. Elle révèle une identité, une histoire, un parcours qui appartiennent à l'individu.

Malgré soi, le geste d'écrire manifeste au grand jour ce que l'être a de plus secret, son psychisme, ses valeurs, ce qu'il ressent dans les circonstances de la vie.

A travers l'acte d'écrire la main, guidée par le cerveau exprime la personnalité tout entière. L'analyse de l'écri- ture permet de décrypter le tempérament de celui qui écrit, sa façon d'être, d'agir, de penser. Quelles sont ses qualités, quelles ressources porte-t-il au fond de lui, quelles sont ses aptitudes? Le graphologue peut répondre à cela et apporter un éclairage sur la person- nalité du scripteur.

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La graphologie garde souvent une part de mystère. Malgré la grande technicité qu'elle requiert, elle est per- çue comme une lecture magique de la personnalité. Que voit donc le graphologue en portant son regard sur une lettre qui semble pourtant bien ordinaire! Où est la part de rationnel, peut-on se tromper? Pourquoi, ou à partir de quel a priori pourrait-on déterminer un caractère au vu d'une écriture? Toutes ces questions suscitent de nombreuses polémiques et pourtant chacun accepte l'idée suivante: dans un pile de lettres, on reconnaît immédiatement le courrier d'un ami ! On sait immédiate- ment qui nous a écrit.

Reconnaissable entre toutes, l'identité du scripteur ne fait pas l'ombre d'un doute. Il y a donc un paradoxe, au point que certains disent « croire » ou « ne pas croire » à la graphologie comme s'il s'agissait d'une religion. De nombreux livres traitant le sujet ont pour but d'initier le lecteur à la technique graphologique, de lui donner des bases. Le but du présent ouvrage n'est pas d'apprendre à donner une définition des écritures. Il propose plutôt de pénétrer l'univers de l'écriture et de percevoir à quel point notre façon d'écrire est liée tout simplement à la vie, à la façon de ressentir, d'aimer, de regarder autour de soi.

En effet, l'écriture est vivante. Elle est un rythme per- sonnel. Elle émane de ce que l'on est. Dans les grands tournants de la vie, elle enregistre les chocs de l'exis- tence, elle se transforme, elle s'épanouit ou elle se recro- queville. Elle se libère ou se ferme comme celui qui a confiance ou celui qui au contraire, abandonne la lutte. Elle se modifie au fur et à mesure que la personne évolue. Elle enregistre les émotions, les angoisses, les manifestations de la vitalité. Ainsi, lorsqu'on compare plu- sieurs documents écrits à des périodes qui s'échelonnent sur plusieurs années, il n'est pas rare d'observer une différence notable. Une écriture ne change pas du tout au

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tout ! Elle se modifie lentement, de même que l'individu se transforme tout doucement au cours de son existence. Voilà pourquoi il est souvent intéressant de comparer plu- sieurs documents écrits par la même personne.

Nourrie de symboles, l'écriture est riche de manifestations inconscientes. On pourrait poser le problème autrement : pourquoi une étude graphologique « fonctionne-t-elle »? Y a-t-il quelque chose au fond de soi, au fond de chacun de nous, un processus immuable, des lois invisibles qui se manifestent malgré nous dans le geste quotidien qui nous permet d'écrire ?

Ainsi, l'être humain projette autour de lui ce qu'il pense, ce qu'il désire, ce qu'il craint. De la sorte, on attribue par- fois aux autres des intentions qu'il n'ont pas. On croit ana- lyser avec logique mais on part de soi, ce qui parfois n'a aucun rapport avec la réalité de l'autre.

De la même manière, l'être humain recrée dans la dimension artistique, dans l'architecture, dans la vie en général, ce qu'il a au fond de lui et sa façon globale de percevoir l'univers. Ce principe se retrouve aussi en gra- phologie. D'une façon très simple, celui qui écrit se comporte dans le geste d'écrire comme il se comporte dans la vie. L'écriture jaillit avec force ou avec délica- tesse, elle s'imprime en relief ou en filigrane. Elle manifeste diverses façons d'être. Spontanément, celui qui écrit utilise l'espace qui est à sa disposition, la feuille de papier, comme il utilise l'espace autour de lui c'est-à-dire le champ d'action de sa propre vie. Le graphologue qui observe l'affirmation ou l'hésitation du trait, retrace le comportement qui est à l'origine du geste. Il rencontre les méandres personnelles de celui qui écrit, ses pulsions, ses élans, sa capacité à aboutir.

Il existe une projection personnelle de l'individu dans toute création humaine. Chaque individu est unique, mais

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au-delà des différences personnelles, on rencontre égale- ment des valeurs, des symboles qui sont communs à l'humanité toute entière. Ainsi, indépendamment des dif- férences culturelles de chaque individu ou de chaque civi- lisation, de grands symboles sont enfouis mais actifs au sein de chaque individu. Ceci appartient au domaine de l'inconscient.

Des recherches scientifiques font ressortir ces constantes. Une couleur, une forme, un son, correspondent à une émotion humaine. Tous les êtres humains ont des racines communes, des valeurs sensibles qui se rejoi- gnent. Quels que soient son âge, sa culture, son pays d'origine, l'être humain attribue la même valeur, la même émotion, la même idée, lorsqu'on lui présente certaines formes géométriques ou certaines couleurs. La technique graphologique se base sur ce rapport existant entre la forme (l'écriture) et la personnalité.

Avons-nous un rapport préconçu à la couleur, à la forme, à tout ce qui existe? Ce type de recherche, qui va dans le même sens que le symbolisme utilisé en grapho- logie, a été élaboré par des linguistes et des chercheurs en psychologie.

Dans cette optique, la recherche statistique a été menée dans le domaine de la linguistique, en particulier dans l'analyse des séquences qui construisent un lan- gage. L'analyse a été poussée bien au-delà des notions de couleurs et de formes, elle a été également travaillée dans la question relative au son.

Dans le domaine de la linguistique, les travaux de l'école géorgienne ont ouvert des horizons particulière- ment intéressants. A partir de résultats statistiques, Usnadé a émis l'hypothèse qu'il existe un lien très profond, irrationnel, inconscient, entre le son et la forme. Par ailleurs, les travaux de Sapir, aux alentours de 1929,

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permettent d'élaborer ce constat : il existe un symbolisme phonétique. Un son véhicule une émotion. Des expé- riences plus récentes menées par Osgood (en 1955) ou Peterfalvi (en 1964) aboutissent à des conclusions similaires.

Ainsi, on a regroupé des personnes de langue mater- nelle différentes. La recherche a porté sur des formes, des couleurs, des sonorités. En proposant tour à tour différentes inductions, quels sont les mots qui viennent à l'esprit sans réfléchir? En rassemblant les réponses, l'étude statistique met en évidence le fil conducteur, le point commun qui émane de chacun. La conclusion est qu'une couleur ou une forme évoque pour chacun de nous un désir, une réticence, une émotion. Il existe un lien entre le dessin et le psychisme, la géométrie et la pensée. Les sons également ont des corrélations avec les senti- ments.

De cette manière, on a mis en évidence que les formes rondes évoquent la douceur, alors que les formes poin- tues suggèrent plus volontiers l'agressivité. La courbe est amicale et affective, l'angle est plus dur, plus volontaire, plus combatif.

On retrouve ces notions dans l'écriture. Lorsque nous écrivons, nos lettres s'appuient sur une ligne réelle (si le papier est ligné comme celui des cahiers d'écolier) ou sur une ligne imaginaire sur laquelle nous écrivons mentale- ment. Le contact avec la ligne est le contact avec la vie. Celui qui agit avec douceur et diplomatie, arrondit ses lettres lorsqu'il touche la ligne. Le combatif, celui qui aime sentir une résistance, manifeste sa volonté par des formes pointues ou anguleuses. Deux façons d'être, deux formes différentes.

Une dominante de rondeur dans l'écriture est la marque de l'affectivité.

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La graphologie inquiète car on lui attribue une dimen- sion irrationnelle. En fait, c'est une technique qui s'appuie sur des bases logiques. Il n'en reste pas moins vrai que son apprentissage requiert des années d'étude et de pra- tique! Car chaque déduction ne prend toute sa significa- tion que lorsqu'on la rattache à la globalité de l'écriture. Il serait trop simple, voire simpliste, d'ajouter bout à bout une liste d'observations ou de déductions. La personnalité humaine n'est pas parcellaire. Répertorier un défaut ou une qualité n'aurait pas grande signification si cela n'était pas intégré à la dynamique de la personnalité tout entière. L'être humain est complexe et l'étude graphologique met en relief cette diversité.

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PREMIÈRE PARTIE

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CHAPITRE I

S'AFFIRMER

Le support de l'écriture, c'est-à-dire la feuille ou la page sur laquelle on écrit, est un espace libre, un territoire vierge, inoccupé. Lorsqu'on écrit, on en prend possession avec des mots, avec un texte, avec ce que l'on veut expri- mer. Le vide (la feuille blanche) prend tout d'un coup un sens, une raison d'être, elle véhicule une signification, elle devient spécifique.

Il existe un rapport inconscient entre la feuille et soi. Cet espace, immaculé au départ, est un lieu symbolique dans lequel on va s'exprimer, prendre sa place, exister. Certaines personnes d'ailleurs, ressentent une hésitation face à la page vide, de même qu'elles hésitent à prendre la parole, à rompre le silence ou à commencer quelque chose.

Mettre sa marque, laisser une empreinte, tracer un dessin ou écrire, c'est manifester quelque chose qui émane de soi. C'est se révéler, se montrer, affirmer quelque chose.

Sur le plan quotidien, le simple fait d'écrire une lettre n'est pas totalement anodin. En effet, cela confronte le scripteur à l'obligation de gérer l'espace graphique, de l'utiliser au fur et à mesure qu'il écrit ou qu'il réfléchit. Il est involontairement confronté à la relation du temps (l'écoulement de la pensée) et à la matérialisation de l'idée (l'écriture). Il coordonne simultanément le concept et l'action tout en s'adaptant à un format, à une limite imposée par la feuille de papier. Au fil de l'écriture,

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il doit s'adapter rapidement au format, gérer le contenu, communiquer ses idées tout en respectant la délimitation que représente la feuille.

Il est certain que lorsque nous écrivons, nous ne pen- sons pas à ces différentes considérations, nous suivons notre but, celui d'écrire.

Le scripteur réfléchit au texte, à ce qu'il va dire, aux mots qu'il va fixer sur le papier. Il est absorbé par l'acte qu'il est en train d'effectuer. Pourtant, dans cette situation apparem- ment anodine, il se comporte exactement de la même manière qu'il le fait dans la vie, face à l'inconnu, face aux limites qui lui sont parfois imposées par l'environnement.

Avant même d'aborder l'écriture par elle-même, le gra- phologue observe l'utilisation de l'espace, la façon dont la page est agencée. A travers cela il est renseigné sur la relation à la vie, la capacité à oser, la façon dont le scrip- teur va prendre sa place. En effet, la gestion de l'espace exprime de manière inconsciente la relation à la vie.

Par ailleurs, le scripteur écrit avec plus ou moins de rapidité ou de lenteur, plus ou moins d'enthousiasme ou d'application. L'écriture enregistre les rythmes personnels, les impulsions, les hésitations, tout ce qui fait vibrer un être, ce qui le motive, le dynamise ou ce qui génère des peurs. Quel que soit l'ordre ou le désordre de sa pagi- nation, le scripteur exprime ce qu'il est à travers une multitude d'informations qui suivent le rythme respiratoire, qui enregistrent la fluidité du mouvement ou la moindre perturbation.

On peut s'affirmer avec trop de puissance ou pas assez, prendre sa place avec autosatisfaction ou avec scrupules. Nous allons aborder ces extrêmes avant d'ob- server une affirmation de soi plus harmonieuse.

Dans leur environnement, certains prennent « toute la place », ils s'imposent par un comportement, par des

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gestes, par une attitude, de même que dans la page, leur écriture envahit tout l'espace. L'écriture s'étale et couvre le papier en laissant peu d'aération. La personne acca- pare toute la place laissée à sa disposition.

Il arrive parfois que des lignes se chevauchent, ou que la personne écrive en travers, dans l'espace restant. Elle rem- plit après coup les marges qui laissaient un peu d'aération.

Symboliquement, c'est une manière de s'imposer, de dire que l'on existe, de compter pour les autres. Le moi s'impose et envahit l'entourage. La personne agit, s'exprime en prenant tout l'espace vital.

Remplir tout l'espace ne veut pas dire que l'on s'affirme de manière juste. De même que s'imposer à tout prix ne signifie pas que la personne ait une réelle qualité d'affir- mation. A un certain degré, les attitudes extrêmes se rejoignent dans leur signification. Ainsi, prendre « trop » de place exprime la peur de ne pas compter pour les autres, la crainte de ne pas exister, de ne pas être reconnu. Face à tout excès du comportement, le grapho- logue cherchera la cause, la problématique qui est à l'origine de ce comportement. Deux registres existent, que l'on retrouvera à tous les niveaux d'une analyse : le comportement apparent, qui pourrait être dans l'exemple présent « prendre sa place » et qui devient « prendre toute la place », et la dimension intérieure qui pose d'autres questions : pourquoi, à partir de quel manque, de quelle souffrance, de quelle exigence... ?

S'affirmer, dire que l'on existe, prendre sa place parmi les autres requiert un certain nombre de qualités voire une forme d'accomplissement. En effet, cela s'inscrit dans l'aspect relationnel, dans la conscience que l'on a de soi et de l'autre.

S'affirmer est autre chose que s'imposer à l'excès. Lorsqu'il y a exagération, cela correspond en fait à un

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manque, à quelque chose que l'on veut compenser. Pourquoi s'affirmer très fort lorsqu'on est certain d'être entendu? S'imposer avec outrance, envahir les autres, c'est manifester une demande, une peur, une angoisse, celle de ne pas être pris en considération. Ainsi, un sen- timent de supériorité manifeste souvent la crainte d'être inférieur. L'écriture qui envahit tout l'espace est la marque de celui qui envahit l'entourage d'une façon ou d'une autre. Il peut le faire avec agressivité ou avec séduction, c'est l'étude complète de l'écriture qui indiquera la façon de faire mais aussi les motivations.

fig 1 : Ecriture réduite de moitié Personnalité affirmée qui prend sa place avec confiance. Cette femme rayonnante et chaleureuse se montre parfois envahissante avec des lettres qui empiètent d'une ligne à l'autre.

En effet, prendre « toute la place » correspond au besoin d'être vu, d'être pris en considération, d'exister aux yeux d'autrui. Ce serait trop succinct de conclure qu'il s'agit d'orgueil ou de narcissisme. S'imposer ainsi peut cacher une angoisse plus profonde. Cette attitude suscite d'autres questions. Cela incite le graphologue à faire le lien avec d'autres aspects de la personnalité. Sous un

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seul comportement apparent peuvent s'abriter des causes différentes. Dans l'étude graphologique, chaque observa- tion permet des recoupements qui retracent l'unité et la dynamique de la personnalité.

Ainsi, le graphologue tient compte d'une manifestation du comportement qu'il va observer dans l'écriture mais aussi de l'excès qui attire son attention, car celui-ci sug- gère toujours le pôle opposé. Une qualité poussée à l'extrême contient également son contraire. Le manque ou l'excès se rejoignent à un certain niveau. L'affirmation juste n'est ni l'autoritarisme ni le despotisme.

A l'inverse d'une personnalité envahissante, dont le graphisme occupe tout l'espace disponible, certaines per- sonne, hésitent à s'imposer. Elles craignent de déranger, de s'affirmer, d'exprimer leur volonté. Le champ d'action symbolisé par la page est mal utilisé. Elles n'en tirent pas profit de même qu'elles n'utilisent pas toutes les potentia- lités de leur vie, soit parce qu'elles n'osent pas prendre leur place, soit parce qu'elles méconnaissent leurs propres capacités. A cette image l'écriture se fait légère, elle effleure le papier, elle se recroqueville. Elle est à l'image du geste retenu, attitude qui anime le scripteur et qui se répercute dans son écriture et dans cet espace qu'il laisse vide ou mal utilisé.

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fig 2 : Ecriture d'une femme Réserve et timidité caractérisent cette écriture toute en nuances. L'affirmation de soi est hésitante.

Le doute est un frein dans la vie, comme il est frein dans le mouvement graphique. On trouvera dans ce der- nier, non seulement un manque d'ampleur, mais aussi des mouvements à rebours qui contrecarrent le déroulement spontané de l'écriture. Cela se manifeste par des retours sur la gauche, coups de frein symboliques à l'écoulement normal du graphisme.

Dans cet état d'esprit, on observera des retouches. Ainsi, une lettre alphabétique est reprise, le scripteur repasse sur le trait, il revient pour perfectionner le mot, qui dans sa forme initiale lui paraît mal tracé ou insatisfaisant

fig 3 : Ecriture d'un homme Les nombreuses retouches trahissent un fond anxieux et scrupuleux.

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A travers ce geste, il revient sur ce qu'il a fait, sur ce qu'il accompli. Il doute de lui, et reprend son travail pour vérifier ou pour perfectionner. De la même manière, il reprend ses lettres car il les trouve imparfaites, il les retrace et les améliore, ce qui d'ailleurs la plupart du temps les noircit ou les alourdit. Les retouches sont la marque du scrupule ou du sentiment de culpabilité. Cela est comparable au geste quotidien qui incite à revoir, à refaire, à vérifier. Dans la vie de tous les jours, il arrive que quelque chose nous pousse à vérifier que la porte soit bien fermée à clef, on retourne dans la pièce pour être certain d'avoir bien tout éteint...

La plupart du temps, l'auteur de ces gestes sait bien, au fond de lui, qu'il a accompli ce qu'il fallait, mais un fond d'anxiété l'incite à renouveler son acte. C'est le même comportement qui se manifeste dans la « reprise » d'une lettre ou d'un mot. La retouche signale donc une menta- lité perfectionniste, mais sur le plan de l'affirmation, elle trahit le doute et l'anxiété.

Une écriture de petite taille est la marque de celui qui fait peu de cas de sa personne. Elle peut exprimer une auto-évaluation négative, un sentiment d'infériorité. Symboliquement, la personne se minimise, de même que son écriture rétrécit. La personne hésite à exprimer ce qu'elle est. Elle ne prend pas toute son expansion. Son graphisme est contenu.

La difficulté à prendre sa place peut signifier que l'être se dévalue. Il pense qu'il n'est pas à la hauteur, ou qu'il n'est pas méritant. Ce dernier point peut avoir de mul- tiples explications. Toutefois, celui qui ne s'impose pas n'a pas obligatoirement un sentiment d'infériorité ! Il faudra faire la différence entre le graphisme d'une personnalité qui fait preuve d'humilité et celle d'un être inhibé. L'écri- ture de petite taille peut émaner d'une personne qui est

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détachée des mondanités ou du timide qui n'ose pas exprimer ses désirs.

Ces deux attitudes extrêmes, affirmation de soi exubé- rante ou comportement très réservé, peuvent être utili- sées à profit, que ce soit dans une action tournée vers l'extérieur dans le premier cas, ou dans une réalisation plus intérieure dans le second. Dans l'écriture, ces deux opposés se manifestent par des formes expansives pour l'une, des formes retenues pour l'autre.

Toutefois, l'utilisation de la page, trop pleine ou pas assez, est sans corrélation avec la longueur de texte. On peut avoir un texte court, bien agencé, qui utilise judicieu- sement l'espace, comme on peut observer au contraire un texte plus long qui manifeste de la maladresse à habiter l'espace.

S'affirmer, c'est exister par rapport aux autres, se situer dans l'univers qui nous entoure. On ne s'affirme pas dans l'abstrait. Communication et affirmation sont liées. Prendre sa place suppose que l'on ait conscience de soi et des autres. Quelle est la place que l'on donne aux autres et celle que l'on s'octroie? Cela rejoint d'autres questions, telles que voir et être vu. A quel degré cherche-t-on la satisfaction dans le regard de l'autre? Cela pose la question de l'authenticité. Où est la vérité, l'être profond, la dimension sincère qui va nourrir l'échange et la communication? S'affirme-t-on d'une manière vraie? Tenir compte des autres est indispensable pour maintenir toute vie en société et chacun a un équi- libre à trouver entre les autres et soi.

Donner trop d'importance aux autres, à leur opinion, à la pression qu'ils exercent, c'est courir le risque de se perdre soi-même, de se fabriquer un personnage de toutes pièces. Se fondre dans la demande d'autrui ou s'appliquer à être reconnu, admiré, c'est s'éloigner de ce

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que l'on est vraiment. C'est perdre également son origi- nalité et son indépendance. Par contre, c'est rassurant dans certains cas.

fig 4 : Ecriture d'un homme

fig 4 : Volutes et panache sont à l'image du manque de simplicité. // y a une tendance à l'exagération que l'on retrouve dans les formes en ballons, dans la coquille de la barre de ' r de "trop". Pourtant le scrip- teur est capable d'être plus direct et même provocant lorsqu'il le veut car on a une alternance de formes compliquées et simplifiées.

L'authenticité et le degré de conscience sont des valeurs difficiles à définir sur le plan moral ou sur le plan de l'éthique. Cela peut être sujet à de nombreux développements car la question peut s'aborder sous des angles très différents.

Toutefois, en graphologie, on peut dire, d'une manière générale, que le soin que l'on apporte à la forme rejoint le soin que l'on attribue à sa propre image. Ainsi, certaines écritures sont ornées de fioritures, de volutes, de panaches, alors que d'autres sont d'une sobriété extrême. Que peut-on en conclure?

Simplicité ou apparat

Le graphologue étudie la personnalisation du graphisme. L'écriture est tout d'abord apprise à l'école. Mais très vite, elle se transforme de façon personnelle. C'est à partir de

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cette différenciation qui existe entre le modèle inculqué et les modifications personnelles, que l'on va pouvoir déduire un profil psychologique. Chaque écriture est différente de toutes les autres. A partir de la calligraphie apprise, ce qui intéresse le graphologue c'est avant tout la transformation, la déformation que chacun apporte. C'est par cela même qu'une écriture est reconnaissable et unique.

Or, dans la personnalisation de l'écriture, on peut trouver schématiquement deux voies différentes : soit le scripteur simplifie le mouvement, soit il l'alourdit. Dans le premier cas, on rencontrera des combinaisons personnelles, des raccourcis qui permettent d'écrire plus vite, des mouve- ments astucieux qui n'ont pas été appris mais qui viennent d'eux-mêmes, car ils correspondent à un rythme et une qualité de pensée. Ils appartiennent à une logique inté- rieure qui s'exprime au fur et à mesure que la main écrit. Ils requièrent une certaine ingéniosité et tendent à donner une écriture simplifiée. Ceci est la marque d'un être qui analyse et agit avec une indépendance de pensée.

fig 5 : Écriture de Pierre Bérégovoy

Intelligence claire et indépendance de pensée s'expriment par les formes simplifiées du graphisme. La primauté est donnée à la réflexion et non au paraître.

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Dans le cas inverse, le scripteur a la possibilité d'indi- vidualiser son graphisme en développant des formes inutiles qui lui donnent un aspect remarquable, esthétique ou attrayant. Par exemple, il va embellir les majuscules avec plus ou moins d'arabesques. Ce sont des formes qui accrochent le regard, de même que dans la vie, on remarque celui qui joue un personnage ou qui soigne son apparence avec excès. Le problème est alors un pro- blème d'identité. En effet, le scripteur ajoute certaines choses qui enjolivent son apparence. Il ne se montre pas tel qu'il est. Il se sent rassuré par le soin qu'il apporte à son apparence. Le danger étant de s'identifier au « paraître ». Dans certaines écritures, le côté superficiel et théâtral est très facile à diagnostiquer. Il est à l'image des complications et des volutes de l'écriture. Le geste outrancier du graphisme est comparable à celui d'un per- sonnage qui fabrique son attitude, son discours, son appa- rence. Ce comportement est en rapport avec le désir de paraître à tout prix. La personne cherche à s'imposer et à prendre sa place à partir de valeurs factices et superfi- cielles. Elle existe à travers cela.

Dans son aspect caricatural, il s'agit de lourdeur d'esprit, car autant dans ses raisonnements que dans ses relations, le scripteur s'embarrasse de choses inutiles. A force de développer et d'enrober les choses, il perd de vue l'essentiel.

Certaines écritures privilégient la forme sans qu'il s'agisse de superficialité à ce point. Cela peut manifester un besoin d'esthétique, une sensibilité à la façon de faire, une courtoisie très élaborée. L'écriture semble dessinée. Elle donne parfois l'impression de s'inscrire dans un moule. Elle est en fait discrètement travaillée à l'image d'une personnalité qui soigne les apparences. Elle s'abrite derrière un masque qui voile sa véritable personnalité. Il n'est pas toujours aisé, pour le regard non averti, de

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déceler ce type d'écriture qui se situe à la limite de la cal- ligraphie, de l'esthétique et du manque de spontanéité. Cette notion de masque qui protège l'individualité et qui, en même temps, lui donne son identité sociale, rejoint ce que le psychologue C. G. Jung a appelé la Persona.

Dans l'Antiquité, l'acteur de théâtre portait un masque que l'on appelait Persona et qui définissait son rôle dans la pièce qu'il interprétait. Ainsi, le rôle et l'apparence étaient étroitement reliés. Les protagonistes étaient donc reconnus et identifiés à partir de leur visage. Aujourd'hui, n'avons-nous pas tendance à identifier un être d'après son métier, sa position, son rôle social? Inconsciemment, on s'attend à ce que le médecin, le policier, le prêtre... aient un certain type de comportement, de langage, voire d'habillement. La fonction sociale évoque une attente au niveau du groupe. La Persona correspond à cette image.

La Persona est donc un phénomène collectif, il se rat- tache au rôle que nous incarnons socialement et qui nous est demandé. Dans une certaine mesure, la société attend d'un individu qu'il se comporte selon certains cri- tères. La façon d'être est induite dans le rôle dès le départ. Ainsi, on a tendance à trouver normal qu'un homme politique ait un comportement et des propos sérieux, qu'un prêtre ait de la dignité, qu'un humoriste nous amuse, etc... Un prêtre bouffon s'attirerait des ennuis, de même qu'un politicien trop original perdrait les voix de ses électeurs. Le groupe humain, c'est-à-dire la société organisée, s'attend à une attitude précise. Elle exerce des pressions et encourage un type de comporte- ment, de même qu'elle réprouve plus ou moins violem- ment ce qui ne cadre pas avec le rôle. La Persona est donc une sorte de compromis entre le personnage social et le moi intérieur. Il émane de la réalité sociale et il fait partie de la communication qui s'établit entre l'individu et le groupe social. Toutefois, la Persona, comparable au

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masque de l'acteur, n'est qu'une apparence. Même si elle comporte une part de réalité car le rôle social que nous incarnons fait partie de notre individualité, elle ne recouvre jamais la totalité de la personnalité. Elle n'englobe pas toute la dimension humaine. On peut dire que chacun de nous a une Persona, quel que soit le métier qu'il exerce, c'est-à-dire une zone de communica- tion avec le groupe social ou professionnel qui nous entoure. C'est un discours de surface, souvent nécessaire pour entretenir l'harmonie entre soi et les autres, ou pour accomplir une mission sociale. Ne vivre qu'à travers cela est dangereux car l'individu est vide de sens lorsqu'il n'est plus dans son rôle professionnel. Lorsqu'il a échec social, celui qui s'est totalement identifié à ce rôle est anéanti. Il n'a plus de raison d'être. Il ne sait plus qui il est.

Négliger totalement le côté Persona serait une autre erreur qui conduirait à un comportement asocial et maladroit. Chacun a plus ou moins conscience du groupe et peut accepter ou refuser de s'intégrer aux valeurs qui l'entou- rent. On pourra trouver toute une palette d'attitudes avec des degrés de conscience différents. Chacun s'investit plus ou moins en prenant l'habit du personnage qu'on attend de lui.

Extraversion et introversion.

L'extraverti et l'introverti sont deux types psycholo- giques qui réagissent différemment aux sollicitations de la vie. Le premier est spontanément tourné vers le monde extérieur. La vie l'intéresse, il veut découvrir ce qui se passe autour de lui. Le second puise dans son univers intérieur, il se penche sur la raison d'être et analyse la vie en fonction de cela.

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fig. 90 : Alphonse de Lamartine. Ecriture à 60 ans Déchu du pouvoir, abandonné de tous, Lamartine fut dénigré par les politiciens de gauche pour s'être opposé aux socialistes, rejeté par les autres pour avoir défendu la classe ouvrière. Dans le même temps, il est cruellement critiqué par les écrivains contemporains, en particulier par Stendhal pour qui Lamartine « a des accents tou- chants, mais dès qu'il sort de l'amour, il est puéril ». Quant à Flaubert, ses propos sont quasiment des insultes! Lamartine doit affronter une solitude cuisante, il passe de la notoriété à la déchéance. Après avoir mené une vie fastueuse dans laquelle il s'est criblé de dettes, il se voit contraint, pour survivre, d'accepter des tâches de « galérien de plume ». Son écriture a perdu sa douceur, sa souplesse et son infla- tion. Elle s'est rapetissée de façon aussi spectaculaire qu'elle s'était gonflée précédemment. Elle est devenue anguleuse et agressive. La signature est toute simple, elle n'a plus son panache. Les débuts de ligne commencent par tomber puis se redressent ensuite dans un mouvement ascendant. Cela veut dire que Lamartine est abattu mais qu'il redouble d'ardeur pour faire face à l'échec. La rigidité signale qu'il ne se remet pas en question, c'est aussi sa force pour aller de l'avant. Dans ce graphisme, c'est l'amertume qui domine. Le politi- cien-poète est meurtri, dans un état dépressif contre lequel il lutte avec détermination.

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fig. 91 : Alphonse de Lamartine. A la fin de sa vie