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La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East
Rapport de recherche
Danielle Pigeon Mars 2010
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LA GRANGE-ÉTABLE GILMOUR DE STANBRIDGE-EAST
Rapport de recherche présenté à madame Marie-Ève Bonenfant, chargée de projet,
Direction du patrimoine et de la muséologie,
Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine.
Danielle PIGEON Mars 2010
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Table des matières
AVANT- PROPOS ......................................................................................................... 4 Le mandat ............................................................................................................................. 4 Le cadre d’analyse................................................................................................................ 6 Démarches de recherche ...................................................................................................... 6
CONTEXTE HISTORIQUE ......................................................................................... 8 Le canton de Stanbridge ...................................................................................................... 8 Manor Stock Farm, la ferme du colonel Gilmour ........................................................... 13
PETITE BIOGRAPHIE D’ARTHUR H. GILMOUR ............................................... 28
DESCRIPTION DU SITE........................................................................................... 39
DESCRIPTION DE LA GRANGE-ÉTABLE GILMOUR ........................................ 42
HISTORIQUE DE L’UTILISATION DE LA GRANGE-ÉTABLE GILMOUR...... 54
CONTEXTUALISATION DE LA GRANGE-ÉTABLE GILMOUR ........................ 58
CONCLUSION ............................................................................................................ 67
BIBLIOGRAPHIE....................................................................................................... 68
LISTE DES ILLUSTRATIONS.................................................................................. 72
ANNEXE 1 ................................................................................................................... 74
ANNEXE 2 ................................................................................................................... 76
ANNEXE 3 ................................................................................................................... 85
ANNEXE 4 ................................................................................................................... 89
ANNEXE 5 ................................................................................................................... 91
ANNEXE 6 ................................................................................................................... 94
ANNEXE 7 ................................................................................................................... 98
D. Pigeon – Rapport de recherche 3
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AVANT- PROPOS En 2009, une demande d’attribution de statut a été adressée à la ministre de la Culture,
des Communications et de la Condition féminine du Québec concernant la grange-
écurie Manor Stock Farm située à Stanbridge-East, dans la région administrative de la
Montérégie. L’étude présente a donc pour objectif de documenter ce bâtiment afin de
faciliter une prise de décision s’il était décidé de lui accorder un statut juridique dans
le cadre de la Loi sur les biens culturels.
Nous aimerions tout de suite rectifier l’appellation du bâtiment dont il sera question
dans ce rapport car à la lumière des recherches effectuées nous sommes en droit
d’affirmer qu’il ne s’agit pas d’une grange-écurie, mais bien d’une grange-étable.
Nous prenons donc l’initiative de donner à cette étude un titre qui nous semble plus
approprié. Nous avons néanmoins gardé dans la description du mandat l’expression
grange-écurie utilisée à la Direction du patrimoine par les responsables du dossier.
Le mandat Le mandat qui nous a été confié consistait à préparer un rapport de recherche dans
lequel on allait :
• présenter notre méthode d’analyse et les démarches de recherches;
• situer la construction de la grange-écurie dans son contexte historique;
• faire une présentation du personnage qui fit construire ce bâtiment, Arthur
Henry Gilmour;
• décrire le site ainsi que les bâtiments et structures accompagnant la grange-
écurie;
• faire une description architecturale détaillée de la grange-écurie et de son
organisation intérieure;
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• faire un historique de l’utilisation de la grange-écurie depuis sa construction
jusqu’à nos jours;
• situer cette grange-écurie par rapport aux bâtiments agricoles du même type
construits au Québec entre 1870 et 1920;
• produire des images numériques actuelles du bien (images d’ensemble et
détails significatifs).
Et, en présentant nos recommandations sous pli séparé :
• évaluer si la grange-écurie Manor Stock Farm possède un intérêt patrimonial
suffisant pour lui attribuer un statut en vertu de la Loi sur les biens culturels et
justifier cette recommandation à l’aide d’arguments contenus au rapport;
Et si la grange-écurie Manor Stock Farm mérite un statut juridique :
• préciser lequel (monument historique cité / reconnu / classé site du patrimoine
constitué, site historique reconnu / classé) et justifier le choix du statut.
• proposer un toponyme pour désigner le bien et justifier le choix;
• rédiger un énoncé des valeurs patrimoniales selon les normes établies par la
Direction du patrimoine et de la muséologie.
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Le cadre d’analyse Notre méthodologie d’analyse est celle habituellement suivie dans ce genre d’étude :
approche historiographique, et ethnographique si possible, avec interprétation et
critique des données recueillies, visites des lieux, observation et description
architecturale du bâtiment et enfin respect des divers points énoncés dans le mandat ci-
haut auquel nous renvoyons le lecteur afin d’éviter la redondance.
Démarches de recherche
Comme le dossier qui nous a été remis contenait déjà un jeu d’informations concernant
ce bâtiment, il importait de vérifier d’abord la qualité et la pertinence de cette
documentation. Les archives de la Société d’histoire de Missisquoi conservées au
Musée de Missisquoi, à Stanbridge-East et sur lesquelles nous misions beaucoup,
possèdent plusieurs documents concernant la famille Gilmour dont trois albums de
photographies, mais, hélas, très peu de choses sur le bâtiment lui-même. Force nous a
été de reconnaître que le dossier qui nous avait été remis contenait en gros ce qu’elles
avaient de plus pertinent concernant Arthur H. Gilmour et la grange même.
Notre expérience passée nous ayant appris qu’il était très rare de trouver des
informations pertinentes sur ce genre de bâtiments dans les contrats notariés, nous
nous sommes contentée de faire quelques pointages dans le greffe du notaire Michael
Boyce qui nous apparaissait le notaire attitré de Arthur H. Gilmour.
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Nous avons poursuivi la recherche selon les démarches suivantes : collecte
d’informations historiques dans les sources secondaires concernant la région et la
municipalité où se trouve le bâtiment; recherche dans les études concernant les
domaines de l’agriculture et de l’architecture de cette région. Recherche
complémentaire dans les albums souvenir du lieu et des villages des alentours et dans
les bulletins de la société d’histoire locale. Dépouillement des périodiques locaux et/ou
régionaux de l’époque présumée de la construction du bâtiment. Recherche dans les
sources biographiques, les annuaires et les recensements du Canada pour connaître
davantage le propriétaire du bâtiment; cette étape a été complétée par des recherches
dans les registres d’état civil et dans les archives du Séminaire de Nicolet.
Comme il était connu que la ferme concernée avait concouru pour l’Ordre national du
mérite agricole, nous avons poursuivi des recherches de ce côté précis et ce que nous y
avons trouvé allait nous servir à plus d’un titre. Nous avons bien sûr consulté les
études portant spécifiquement sur l’architecture agricole au Québec - peu nombreuses
hélas ! - et les études étasuniennes sur ce sujet qui sont nombreuses et diversifiées.
Précisons que nous avons tenté de cibler davantage les études portant sur l’architecture
des granges de la Nouvelle-Angleterre qui nous apparaissaient des sources plus
pertinentes.
Parallèlement, nous avons fait la chaîne des titres de l’immeuble concerné et poursuivi
la recherche iconographique dans diverses banques (collection de cartes postales de la
Grande bibliothèque, Collection Notman du Musée McCord d’histoire canadienne et
collections de particuliers. Nous avons aussi consulté les photos du macro-inventaire
des biens culturels québécois.1 Nous avons enfin consulté les nombreuses
photographies contenues dans l’Inventaire des bâtiments et sites agricoles de la MRC
de Coaticook qui nous offrait des opportunités de comparaison sans égales.
1 Macro-inventaire des biens culturels du culturels du Québec ; comté de Brome, Québec, Ministère des Affaires culturelles du Québec, 1980-1984 et Macro-inventaire des biens culturels du Québec : comté de Missisquoi, Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1978-1980.
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CONTEXTE HISTORIQUE
Le canton de Stanbridge
Le canton de Stanbridge fait partie du comté de Missisquoi qui est limitrophe au
Vermont. Cette région faisait autrefois partie des Cantons-de-l’Est et, pour des raisons
administratives, elle est maintenant l’une des trois sous-régions composant la
Montérégie. À cause de sa topographie, cette sous-région a été appelée le Piémont des
Appalaches. On sait que cette partie méridionale du Québec a été la porte d’entrée des
Loyalistes américains venus d’abord au Canada pour demeurer fidèles à la couronne
britannique lors de la guerre d’Indépendance des États-Unis (1775-1783). D’autres
colons américains, simplement intéressés par la disponibilité de bonnes terres,
viennent ensuite s’établir dans les Cantons-de-l’Est.
Le canton de Stanbridge, arpenté en 1796, était déjà convoité par Hugh Finlay
(v.1730-1801) deux ans plus tôt. Des défricheurs venus de la vallée de l’Hudson y sont
établis près de ce qui va devenir Bedford. D’autres familles viennent s’y installer sans
attendre d’en avoir la permission. Quand Finlay obtient finalement ses lettres patentes
en 1801, ses conditions financières l’obligent à vendre ses terres de Stanbridge aux
marchands Isaac Todd (1742-1819) et James McGill (1744-1813) de Montréal. James
McGill rachète la part de Todd et, quand il décède en 1813, ce sont les fils de sa
veuve, Charlotte Trottier Desrivières-McGill, qui héritent des terres. François Amable,
François Guillaume et Henri viennent s’y établir vers 1840 pour mettre leurs terres en
valeur. Ces fils Desrivières, qui disposent d’une fortune familiale faite dans le
commerce des fourrures illustrent assez bien la vogue des gentlemen-farmers qui
débute au Québec. Il ressort de ce bref portrait que ce territoire, cumulant un peu plus
de deux siècles d’occupation continue, a forcément connu plusieurs transformations de
son paysage architectural ou naturel tout au long de son histoire.
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En 1881, l’Atlas Belden présente le comté de Missisquoi comme le plus prospère et le
mieux développé du Québec.2 Dix ans plus tard, le village de Stanbridge-East compte
deux églises protestantes, une école primaire et secondaire, une banque, une salle de
lecture, un grand hôtel, une imprimerie, trois magasins généraux, une tannerie, deux
avocats, un médecin et la gamme des services normaux d’un village comme le
boulanger, le boucher, le forgeron, le cordonnier, etc. Les terres agricoles tout autour
du village sont bien mises en valeur. Pour en connaître davantage sur l’évolution de
cette partie de la Montérégie, nous renvoyons le lecteur à l’excellent ouvrage Histoire
du Piémont des Appalaches dans la collection Les régions du Québec de l’Institut
québécois de recherche sur la culture auquel nous empruntons quelques passages.
« La deuxième moitié du XIXe siècle est marquée par l’émergence de l’industrie
laitière. En ce domaine, les premières initiatives relèvent de quelques gros producteurs
de Saint-Armand, de Stanbridge et de Dunham regroupés au cœur du Piémont
anglophone traditionnel. »3
C’est l’époque où on voit apparaître diverses associations comme les cercles agricoles,
les sociétés d’agricultures et autres Farmer’s Clubs. L’organisation des foires
agricoles découle de ces regroupements et associations. Ces expositions régionales ou
locales font beaucoup pour l’avancement des méthodes de culture ou d’élevage chez
les agriculteurs. Faut-il s’en étonner, celles des comtés de Missisquoi, de Shefford et
de Brome resteront sous le contrôle d’anglophones influents tout au long du XIXe
siècle. La région compte alors une Horticultural Association et une Agricultural
Association of the District of Bedford, un Farme’s club et une Missisquoi Plowing
Association. Incidemment, Arthur H. Gilmour fera partie de ces deux dernières
associations.
2 H. Belden & Co., 1881, p.10. 3 Gendron et al, 1999, p. 153
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Il n’est pas étonnant que l’émergence d’une industrie laitière plus organisée ait lieu
dans cette région. La première fromagerie du Québec a ouvert à Dunham en 1866 et
dans cette partie de la Montérégie, il n’y a pas moins de 75 fromageries et 13
beurreries en activités à la fin du siècle.
Stimulés par les travaux sur la génétique, les journaux canadiens et américains discutent abondamment d’élevage scientifique au cours des trente dernières années du XIXe siècle. Si la majorité des cultivateurs s’intéressent à peine à cette question nouvelle, quelques-uns s’en préoccupent. Ces éleveurs de pointe agissent alors comme autant de fermes expérimentales privées en répandant les qualités génétiques de leurs reproducteurs dans les troupeaux communs. À cette époque, il fait d’ailleurs « bon genre » de posséder une ferme modèle et de s’adonner à l’élevage. Sidney Fisher, de Brome, ministre fédéral de l’agriculture de 1896 à 1911 sous le gouvernement libéral de Wilfrid Laurier, fait partie de ces jeunes gens instruits et à l’aise « de nos meilleures familles » qui s’engagent résolument dans cette voie. W. F. Kay, de Philipsburg, qui remplit pourtant des fonctions économiques et sociales d’importance, se targue d’être d’abord et avant tout un éleveur d’animaux pur-sang : toutes ses bêtes sont directement importées d’Angleterre. Le colonel Gilmour, de Stanbridge East, est banquier, président de chemin de fer, grand éleveur et amateur passionné de chevaux : en 1900, sur sa ferme de 500 hectares, il élève 60 vaches croisées ayrshires, durhams et jerseys, 41 taures, 3 taureaux, 12 veaux 12 moutons leicesters-southdowns, 21 porcs, 8 chevaux de travail, 4 chevaux légers de race standardbred, 18 poulains et 9 juments poulinières.4
Et voilà la table mise pour comprendre dans quel contexte notre colonel Gilmour est
devenu propriétaire terrien et n’hésite pas à s’octroyer le titre de « model farmer »
dans le Eastern Townships Business and Farmers Directory de 1888-1889. Raison de
plus pour ne pas lésiner quand il se fait construire une imposante grange-étable en
1890. On pourrait multiplier les exemples de nantis et autres membres de l’élite se
faisant gentlemen-farmers à cette époque. Plusieurs magnats habitant le Square Mile à
Montréal sont propriétaires de fermes où ils s’adonnent à l’élevage d’animaux pur-
sang. Mais plus près d’Arthur H. Gilmour, contentons-nous de citer Henry D. Smith,
qui s’est payé un « Grand tour » qui l’a amené d’Europe jusqu’en Asie pour
enfin rentrer au Canada par la Colombie-Britannique avant de revenir à Compton
s’adonner à une agriculture dite scientifique sur sa ferme nommée Ingleside Farm.
4 idem, p. 167.
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Il y a aussi J.N. Greenshields, grand avocat pratiquant le droit criminel à Montréal, ami
personnel de Wilfrid Laurier, propriétaire de la mine d’amiante d’Asbestos et qui a une
très belle ferme à Danville connue alors sous le nom de Isaleigh Grange Farm. Celle-
ci obtient d’ailleurs une médaille d’argent au concours du Mérite agricole en 1896.
Son immense grange-étable faisant 55 pieds de largeur sur 165 de longueur (16,7 sur
50 m.) est même éclairée à l’électricité dès 1901.5 Nous terminerons ce petit tour
d’horizon avec l’homme d’affaires George Whitefield qui exploite une immense ferme
à flanc de montagne à Rougemont où il élève un troupeau de 300 bêtes à cornes, y
possède sa propre beurrerie-fromagerie, des bâtiments de ferme luxueux et une
résidence qualifiée de château. Il va sans dire que tous ces gentlemen-farmers ont des
employés logés sur place pour s’occuper de leurs fermes.
Cette mode des fermes modèles est déjà bien établie en Nouvelle-Angleterre durant le
dernier quart du XIXe siècle. Des fermiers compétents sont engagés pour s’occuper de
ces fermes et y pratiquer une agriculture selon des principes qualifiés de scientifiques.
Les riches propriétaires vont y passer leurs étés et deviennent des philanthropes fort
appréciés de leurs collectivités rurales d’adoption.6 Si on n’ose traiter de rivalité le
climat qui semble régner au sein de ces gentlemen-farmers, on peut certes parler
d’émulation. À cette époque où l’architecture domestique des nantis se fait de plus en
plus ostentatoire, il en va de même pour leurs bâtiments de ferme et les sommes
investies dans ceux-ci concurrencent avec celles mises dans la qualité du cheptel.
Toutes ces idées se répandent rapidement dans la population aisée des Cantons-de-
l’Est dont la majorité est originaire des États de la Nouvelle-Angleterre. On y est resté
en contact avec la contrée d’origine, on s’y rend régulièrement et on y reçoit les
périodiques agricoles et autres qui y sont publiés, grâce notamment à un réseau
ferroviaire bien ramifié.
5 Sherbrooke Daily Record, Sept. 13, 1901 6 T.D. Visser, 1997, p.50-52
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Ce nouveau type de ferme sera assez répandu au Québec pour que les responsables du
concours du mérite agricole créent, en 1901, deux classes de participants : une pour les
« vrais » agriculteurs qui tirent leurs revenus de la ferme, et une autre, pour la classe
des nantis pour qui la ferme peut rapporter des revenus appréciables, mais non moins
secondaires. Et comme ces riches propriétaires sont bien souvent impliqués dans le
commerce, il leur est facile d’écouler les produits de leurs fermes dans leurs propres
magasins généraux voire dans des circuits de commerce international avec lesquels ils
sont familiers. Rappelons que le fromage canadien est presque entièrement exporté en
Angleterre à cette époque.
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Manor Stock Farm, la ferme du colonel Gilmour Si on ne sait trop quand débute l’intérêt d’Arthur H. Gilmour pour l’agriculture, on sait
que le 8 janvier 1884, il prête à Cyril Chandler la somme de 3 200$ pour éponger les
dettes que celui-ci a contractées envers plusieurs personnes de la région.7 En garantie,
Chandler hypothèque ses terres de Riceburg, petit hameau situé à 3 km de Stanbridge-
East. Cyril Chandler décède peu après; il était le fils de l’important marchand de bois
John Chandler et lui-même impliqué dans le commerce du bois.8
Le 14 avril 1885, les héritières Chandler cèdent, pour 3 500$, leur terre de Riceburg à
Moses Corey qui se fait le porte parole de l’ensemble des créditeurs impayés de feu C.
Chandler. Le 11 juin 1885, ces terres mises en vente à l’enchère sont adjugées à Arthur
H. Gilmour qui s’avère le plus généreux des enchérisseurs. Pour 9 750$, Gilmour
acquiert plusieurs lots totalisant plus ou moins 300 acres de terre (121,5 hectares) avec
les bâtiments dessus construits.
On n’a malheureusement aucune description de ces bâtiments dans le contrat de vente,
mais on sait qu’il s’y trouve au moins une maison. La date de 1847, qu’on peut voir
actuellement au pignon de la maison non loin de la grange-étable Gilmour, nous
indique que cette maison existe probablement déjà à cette époque, mais il est évident
qu’elle a subi plusieurs transformations depuis ce temps. Il y a aussi sans doute des
bâtiments de ferme, mais on ignore combien ni quelles sont leurs fonctions exactes.
Arthur H. Gilmour possède une autre ferme à Riceburg, dite Saxe Farm , qu’il met en
vente, avec ses 55 têtes de bétail, principalement des vaches et des génisses, en avril
1889. Cette ferme est vendue deux mois plus tard à Julien Campbell, de Stanbridge
7 Greffe notaire M. Boyce, # 3021. 8 County of Missisquoi and Town of St. Johns Directory 1879-1881, p.183,
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Station, pour la somme de 10 000$.9 Gilmour a sans doute déjà planifié de construire
de nouveaux bâtiments sur son autre ferme qui deviendra Manor Stock Farm.
Une première mention de la construction de la grange-étable Gilmour paraît dans le
journal The Waterloo Advertiser en mai 1890. Dans la rubrique des « local items » de
Stanbridge East, on peut lire : « Col. Gilmour has commenced building a new barn on
his Manor Farm at Riceburg. The dimensions of the building are 100 feet by 65.» 10 Le
11 juillet suivant, le même journal annonce : « Col. Gilmour finished raising his barn
last Monday. The building in dimensions is 100 x 65 ft, with posts 36 feet in hight.
[30,4 x 19,7 x 10,9 m] When finished this will probably be the finest structure of its
kind to be found in the County.»11
On peut suivre la progression de la construction de la grange avec une autre petite
nouvelle, toujours dans le même journal, édition du 8 août 1890, qui raconte que
l’ouvrier, Harvard Scagel, qui était à faire le toit de la grange Gilmour, est tombé de 40
pieds de haut (12 m.) et s’en est tiré avec seulement une cheville foulée et quelques
ecchymoses. Enfin, l’édition du 24 octobre 1890 fait une belle description de la ferme
modèle du colonel Gilmour et donne des informations sur l’organisation intérieure de
la grange récemment complétée, entre autres, que l’étable est prévue pour loger 100
bêtes à cornes. On fait d’ailleurs mention du troupeau de bovins de qualité du colonel
et de ses 35 chevaux dont quatre de très grande valeur. Bref, on y dit que le bétail
appartenant à Arthur H. Gilmour est de qualité égale à ce qu’on peut trouver de mieux
dans les Cantons-de-l’Est, y compris les troupeaux des messieurs Cochrane et Pope.
(Voir annexe 1)
Sur ce dernier point, on peut questionner la complaisance du chroniqueur. Il faut aller
lire dans le Dictionnaire biographique du Canada les articles sur Matthew Henry
9 The Waterloo Advertiser, 12.04.1889 et 14.06.1889 10 Idem, 23.05.1890. 11 Idem, 11.07.1890
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Cochrane (1823-1903) de Compton et John Henry Pope (1818-1889) de Cookshire
pour comprendre que la comparaison est exagérée.12 Mais peut-être faut-il plutôt y
voir les aspirations légitimes du colonel qui se lançait non seulement dans la
production laitière, mais aussi dans l’élevage d’animaux de qualité dans le but d’en
revendre, ce qui justifie le nom de Manor Stock Farm dont la ferme sera bientôt
gratifiée.
Une constatation commence à s’imposer ici : la grange d’Arthur H. Gilmour semble
bien être une grange-étable et non une grange-écurie.
(1) Photographie datant probablement des années 1910-1920
Source : Archives de la Société d’histoire de Missisquoi
La seconde description que nous avons de la ferme Manor Stock Farm date de 1891
alors que le colonel Gilmour l’a inscrite au premier concours pour le mérite agricole
ayant lieu dans cette région du Québec.
12 Voir aussi J.P. Kesteman et al, 1998, p.306.
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La visite de la ferme Gilmour a lieu le 30 juillet 1891 par les juges J. N. Blackwood et
S. Casgrain. Voici un extrait de leur rapport :
La division de cette ferme est parfaite; il y a une bonne allée pour conduire le bétail aux étables. La maison est bonne, les granges, l’étable, l’écurie, la porcherie, le poulaillier, les hangars à grain, les remises à voiture et à bois, tout est satisfaisant et l’on ne peut rien désirer de mieux sous le rapport de l’économie et de confort pour le bétail, mais les bâtisses sont trop dispendieuses pour la généralité des cultivateurs et il faut avoir d’autres revenus que ceux de la ferme pour en construire de semblables.
(…) Voici en quelques mots la description de la grange de 100 pieds sur 65 que vient de construire le Colonel Gilmour. L’étage inférieur contient des stalles et des boites (sic) pour au-delà de 100 bêtes à cornes et de poulains. Les voitures chargées de foin arrivent par une pente graduée jusqu’au fenil, dans le troisième étage, et redescendent, après avoir été déchargées, par un autre chemin et tout est si parfaitement disposé pour abreuver le bétail et lui donner sa nourriture que cet ouvrage considérable ne prend qu’une petite portion de la journée de deux hommes. Depuis l’étage inférieur, l’on monte par un escalier placé au centre de la bâtisse jusqu’au second étage où l’on trouve dans des compartiments séparés les divers aliments destinés à la nourriture du bétail, un atelier de charpentier, le poulailler, les greniers à grains et un appartement destiné à mettre à l’abri tous les instruments d’agriculture, et aussi deux silos de la capacité de 210 tonneaux chacun. De l’observatoire au-dessus de la grange, l’on jouit d’une vue merveilleuse qui s’étend au Nord jusqu’au Mont Royal et au Sud jusqu’à la chaîne des Montagnes vertes. Un moulin à vent sur le sommet de l’observatoire pompe l’eau dans un réservoir placé au second étage, d’où elle descend au moyen de tuyaux dans toutes les étables. Outre cette grange, il y en a cinq autres plus petites sur la ferme.13
La ferme compte alors 2 taureaux, 33 vaches et 19 génisses de race Durham. Cette
description de la ferme d’Arthur H. Gilmour est la plus complète trouvée jusque là.
On aura remarqué que les juges sont parfaitement conscients du luxe de la grange-
étable qu’ils ont appréciée mais jugée « trop dispendieuse » pour les moyens d’un
véritable agriculteur. 13 Concours provincial de mérite agricole : deuxième année, 1891 : rapport des juges, p.13-15.
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Le nombre de points accordés par les juges à la Manor Stock Farm s’élevait à 95,85
ce qui lui donnait droit à la médaille d’argent et au diplôme de très grand mérite.
Soulignons que les règlements du concours accordaient un maximum de 9 points pour
les bâtiments, sur le total de 100 points.14
Arthur H. Gilmour concourre à nouveau pour obtenir l’Ordre du mérite agricole en
1896, cette fois pour la médaille d’or. Mais il se classe alors troisième avec 93,70
points. La ferme Manor Stock Farm est inscrite pour la troisième fois au concours du
mérite agricole en 1901.
Le Rapport du Ministre de l’agriculture pour 1901 contient un compte-rendu des juges
en plus de plans au sol de l’étable et du fenil. Vu l’intérêt de ce compte rendu, nous le
reproduisons ici in extenso. Il faut excuser la qualité des images faites à partir de
photocopies des pages du rapport de 1901que nous avons ensuite numérisées…
14 J.B. Roy, 1985, p.20.
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(2) Plan de la partie étable de la grange-étable Gilmour, Rapport du mérite agricole, 1901.
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(3) Plan de la partie grange de la grange-étable Gilmour, Rapport du mérite agricole 1901.
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(4) Photos reproduites dans le Rapport du mérite agricole de 1901. À souligner la présence de Arthur H. Gilmour, à gauche. La figure 58 montre, de loin, des chevaux au champ; nous ne voyons pas ici l’intérêt de la reproduire.
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Dix ans se sont écoulés entre ces deux rapports des juges du mérite agricole. La
grange-étable a récemment été augmentée d’un silo extérieur hexagonal. Une des
photographies illustrant le rapport nous montre ce silo équipé d’un système permettant
à un constructeur de travailler tout en haut; on voit même l’échelle pour y accéder et
on réalise qu’il n’a pas encore été peint à l’instar du reste de la grange.
Le rapport confirme hors de tout doute qu’il s’agit bien d’une grange-étable et non
d’une grange écurie. S’il y avait mention de poulains pouvant être logés dans les parcs
qui se trouvent au centre de l’étable dans le rapport de 1891, ça reste une chose
mineure en 1901 si on prend en compte les veaux qui devaient occuper ces espaces
dans cette ferme d’élevage. Pour loger les poulains, on a dû ajouter un appentis qu’on
voit dans le coin inférieur gauche du plan de la grange. Le rapport de 1891 indique
assez clairement que l’écurie devait être aménagée dans un bâtiment à part. De même
en était-il pour la porcherie qui se trouvait dans un bâtiment à part. Le croquis de la
ferme conservé dans les archives Gilmour vient confirmer ce constat. (Voir annexe 3)
Le rapport de 1891 donne une bonne idée de ce que la grange contenait au niveau de
l’étage situé juste au-dessus de l’étable et qui n’a pas été reproduit dans le rapport de
1901. Celui-ci servait principalement à stocker et préparer la nourriture pour les
animaux et on peut penser qu’il y avait des trappes dans le plancher pour pouvoir la
jeter directement dans l’étable. Cette façon de faire, étable à l’étage inférieur et étages
supérieurs contenant le fourrage et autres aliments pour les animaux, était propagée
par les périodiques agricoles américains.15 Le souci d’efficacité nécessité par
l’accroissement des troupeaux explique cette vogue des granges à plusieurs niveaux.
Qu’il y ait eu un poulailler au deuxième niveau est dans l’ordre des choses; durant
l’hiver, les poules profitaient de la chaleur dégagée par les vaches. Que cet étage ait
aussi abrité un atelier de réparation – décrit comme atelier de charpentier – est aussi
tout à fait normal. Toute ferme se devait d’avoir ce genre d’atelier pour y réparer ou 15 T.D. Visser, op. cit. p.82.
D.Pigeon – Rapport de recherche 22
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
fabriquer les divers outils. De même en est-il pour ces outils qu’on y entreposait dans
un autre espace.16 La logique commande que ce poulailler, cet atelier et l’endroit pour
préparer la nourriture des animaux aient été regroupés sous le pont en U où circulaient
les voitures à foin à l’étage supérieur. Les espaces laissés libres tout autour servaient
de fenil. Ces espaces pour loger le foin sont désignés sur le plan du rapport comme
« tasseries ».
Cet étage intermédiaire abritait aussi le réservoir à eau alimenté par une pompe
actionnée par la roue à vent placée au sommet du belvédère. L’installation de tuyaux
amenant l’eau un peu partout dans l’étable est certainement un luxe assez rare à
l’époque, du moins dans les étables courantes, mais l’utilisation d’une roue à vent pour
pomper de l’eau dans un réservoir est déjà assez répandue. Le plan de la grange de
1901(ill. 3) illustre bien la description faite dans le rapport de 1891 : « Les voitures
chargées de foin arrivent par une pente graduée jusqu’au fenil, dans le troisième étage,
et redescendent, après avoir été déchargées, par un autre chemin… »
(5) Photographie datant probablement des années 1910-1920
Source : Archives de la Société d’histoire de Missisquoi
16 idem, p.86 et 153.
D.Pigeon – Rapport de recherche 23
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Chose importante, on précise dans le rapport que c’est Arthur E. Bell qui s’occupe de
la gérance de la ferme. Et il le fait sans doute fort bien puisqu’elle peut concourir pour
le mérite agricole. Une découpure de journal confirme qu’Arthur H. Gilmour fait
entièrement confiance à ses employés compétents, à son emploi depuis plusieurs
années. Il leur fournit des maisons pour les loger et leur laisse même exploiter des
parcelles à leur profit.17 Ce même article nous confirme que le colonel garde ses plus
beaux chevaux dans son écurie de Stanbridge-East, près de sa résidence.
Concernant la construction de cette grange-étable, nous restons avec les questions
suivantes auxquelles la recherche n’a pas pu répondre.
1. Où le colonel a-t-il pris son plan ? Celui-ci a-t-il été fait spécialement pour lui
ou provient-il d’une publication étasunienne, périodique ou livre spécialisé ?
2. Qui a construit ce bâtiment ? Un spécialiste en construction de grange comme
il y en avait plus d’un à l’époque dans les Cantons-de-l’Est ? Quelqu’un
d’autre comme les frères Lambkin, de Riceburg, qui avaient fait le plan de la
banque Baker et du magasin général Landsberg de Frelighsburg ? Un fermier
de Stanbridge-East aussi constructeur de granges ?
Nous avons fait des recherches dans le greffe du notaire Michel Boyce avec lequel
Arthur H. Gilmour faisait habituellement affaire, mais nous n’avons rien trouvé sur ce
point. Les archives Gilmour conservées à la Société d’histoire de Missisquoi n’ont rien
révélé de plus au sujet du constructeur de cette grange.
Le plan de la grange-étable Gilmour pourrait provenir d’un périodique agricole
étasunien. Ces périodiques qui traitent de tous les aspects de l’agriculture proposent
régulièrement des modèles de bâtiments de ferme adaptés à des exploitations
modernes. Plusieurs de ceux-ci comme American Agriculturist (New York), Country
17 Archives Société d’histoire de Missisquoi, pièce V-379-6-4
D.Pigeon – Rapport de recherche 24
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Gentleman (Philadelphie), The Breeder’s Gazette (New York), The Cultivator and
Country Gentleman (Albany), Farmer’s Companion (Boston), New England Farmer,
Rural Affairs (Albany) et Rural New Yorker (New York) ont pu circuler dans les
Cantons-de-l’Est. Les périodiques agricoles québécois de l’époque reprennent
régulièrement des articles et des plans provenant de ces périodiques étasuniens. (Voir
annexe 2) Le journal d’agriculture illustré, publié à Montréal en avril 1888 contient
un plan qui pourrait avoir servi de modèle de base à la grange-étable Gilmour. (Voir à
l’annexe 2) Précisons que ce journal avait une version en anglais identique à celle en
français.
Ce plan de grange à deux ponts de fenil a pu être adapté par le constructeur pour
répondre aux attentes du colonel. On peut s’étonner qu’Arthur H. Gilmour ait choisi
un modèle de grange coiffée d’un toit à pignon droit car c’est un modèle en perte de
vitesse durant la dernière décennie du XIXe siècle. La vogue est alors davantage aux
toits brisés dégageant bien le comble afin de pouvoir y faire circuler une fourche à
foin.
Le constructeur de la grange-étable Gilmour était peut-être doté d’une expertise en
construction plus traditionnelle et il aura préféré construire selon des méthodes
éprouvées plutôt que de s’essayer à un nouveau type de charpente qu’il ne maîtrisait
pas.
Par ailleurs, une grange semblable à celle de Gilmour existe déjà au Vermont. Celle-ci
a été construite à Georgia, en 1884, et bien que de dimensions plus courantes, elle a un
pont de fenil en U avec des entrées couvertes. Même le belvédère y est ! Georgia est à
moins de 50 kilomètres, à mi-chemin entre Stanbridge-East et Burlington, première
grande ville du côté américain. (Voir illustrations page suivante)
D.Pigeon – Rapport de recherche 25
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
D.Pigeon – Rapport de recherche 26
(6 et 7) Georgia, Vt., in T.D. Visser (1997)
p.90
Le campanile de grange, utilitaire au départ pour assurer la ventilation de la grange, est
devenu peu à peu un véritable ornement et à voir le soin qu’y mettent certains
propriétaires, on comprend que c’est aussi un élément de fierté et un « capteur de
regard » assuré.18
En ce qui concerne l’aspect extérieur de sa grange, le colonel Gilmour peut avoir été
inspiré par l’un ou l’autre de ces bâtiments de
fermes modèles érigés par ceux qu’ils considèrent
ses pairs. Il y a, entre autres, une superbe grange-
écurie, elle aussi bâtie en 1890, à Danville, pour
George K. Foster et offrant une apparence
extérieure semblable à la grange-étable Gilmour
avec son parement en planche à couvre joint et sa
toiture en ardoise, matériaux et technique plutôt associés à des bâtiments de ferme
luxueux.19
(8) Grange Foster, Danville
Source : collection Robert Lemire
Les sources de plans et autres modèles ayant pu inspirer le bâtiment qui nous occupe
peuvent être multiples et une recherche plus poussée permettra peut-être un jour
d’éclaircir les origines de cette grange-étable.
18 Le propriétaire actuel nous a raconté sa fascination quand enfant il voyait cette véritable petite maison dressée au sommet de la grange-étable Gilmour. 19 Communication de Robert Lemire
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Et peut-être cherche-t-on bien loin ce qui se trouvait tout près, comme cette grange-
écurie de la ferme Knight, à Stanbridge-East même. On sait par les journaux que M.
Knight avait un hippodrome sur cette ferme où il organisait des courses de chevaux en
1889. Un amateur de chevaux comme le colonel Gilmour fréquentait sans doute cet
endroit avant de faire construire sa grange-étable et d’avoir son propre hippodrome.
(9) La ferme Knight vers 1900. Source : Stanbridge 1890-1990
On l’a vu plus avant, chez les gentlemen-farmers, il y a une certaine compétition qui
peut se manifester dans l’architecture des bâtiments de ferme. Et celle-ci se retrouve
bientôt chez les agriculteurs aisés. En juillet 1889, le journal The Waterloo Advertiser
rapportait que M. H. Beatty, de Stanbridge-East, s’était fait construire une grange qui,
mise à part celle de M. Walbridge, à Mystic,20 allait être la plus commode et la plus
élégante du comté.21 On n’a malheureusement aucune représentation, ni description
de cette grange. On sait par contre que ce monsieur Beatty était aussi un éleveur de
chevaux. Nul doute qu’Arthur H. Gilmour avait vu sa nouvelle grange…
20 Construite en 1882, première grange polygonale au Québec. 21 The Waterloo Advertiser, July,30, 1889
D.Pigeon – Rapport de recherche 27
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
PETITE BIOGRAPHIE D’ARTHUR H. GILMOUR
Les biographies « autorisées » du colonel Arthur H. Gilmour ont peut-être eu tendance
à embellir la vérité comme cela se faisait beaucoup à cette époque où il était moins
facile de contrôler les informations. Néanmoins, nous tenterons d’apporter un nouvel
éclairage sur ce personnage en confrontant nos données provenant de diverses sources
avec celles provenant de ces biographies.
Arthur Henry Gilmour est le fils de Calixte-Hélène Cressé (1812-1870) et du Dr
William A.R. Gilmour (1809-1894) qui se sont épousés à la paroisse protestante de
Trois-Rivières en 1831. Selon les diverses biographies du colonel Gilmour contenues
dans les annuaires canadiens de la fin du XIXe siècle, celui-ci serait né au manoir de
Nicolet en 1848. Si Arthur H. Gilmour est bel et bien le petit-fils du seigneur de
Nicolet, Pierre-Michel Cressé (1785-1819), il est assez improbable qu’il soit né au
manoir puisque la seigneurie avait été acquise en 1821 par Kenelm-Connor Chandler.
22 Le nouveau seigneur Chandler vient alors habiter son manoir et ses démêlés avec le
curé catholique local vont faire en sorte qu’il fera construire une petite église anglicane
près de son manoir en 1823. C’est dans cette église St. Barthélémy que notre futur
colonel a été baptisé le 14 mars 1838.23 La petite famille Gilmour habite alors le
village de Nicolet.24
La mère de notre personnage, Hélène Cressé est la cadette de la famille et n’a que 19
ans quand elle épouse W.A.R. Gilmore. La famille Cressé semble avoir vécu autant à
Trois-Rivières, où plusieurs des onze enfants ont été baptisés, que sur sa seigneurie de
Nicolet. Quant au Docteur William A. R. Gilmour, il était le fils de Robert Gilmour
qui fut assistant du munitionnaire général durant la guerre de 1812. William A.R. a
22 J.E. Bellemare, 1924, p.194-195, 213-214 23 Répertoire des baptêmes, mariages et sépulture de l’église anglicane St. Barthélémy, de Nicolet. 24 J.E. Bellemare, idem, p. 221
D.Pigeon – Rapport de recherche 28
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
fréquenté le Séminaire de Nicolet en 1821 et sera licencié des bureaux médicaux du
Canada-Est en juillet 1830. Il aurait fait ses études de médecine à Glasgow. Deux de
ses frères ont aussi fréquenté l’institution de Nicolet dont les archives nous confirment
que Nicolet est leur lieu de résidence. La famille Gilmour semble donc bien implantée
dans la région dès le premier quart du XIXe siècle.25
Les dates de naissance de Arthur Henry trouvées dans les diverses sources ne
concordent pas toujours. Peut-être faut-il y voir une coquille lors de la première
biographie officielle qui donne 1848, erreur qui aura été répétée par la suite. Ses
biographies racontent aussi qu’Arthur H. Gilmour a reçu son instruction au Séminaire
de Nicolet. Vérifications faites dans les archives de cette institution, il y aurait fait
uniquement ses Éléments, en 1851-1852, alors qu’il était âgé de 13 ans. Ce qui
confirme 1838 comme année de naissance… et nous laisse penser que le colonel eut
peut-être la coquetterie de se laisser rajeunir plus tard ! Ses frères William, Angus,
Thomas et Alfred, ont aussi fréquenté cette institution, et ce plus longtemps que lui.
Les archives du séminaire indiquent Trois-Rivières comme lieu de résidence des trois
premiers et Granby, en ce qui concerne Alfred qui y étudie en 1864-1865. Ce qui
indique que la famille a vécu un temps à Trois-Rivières où le docteur Gilmour a
pratiqué la médecine durant plusieurs années. On ne sait rien de plus sur la suite des
études secondaires de notre personnage.
Pour une raison inconnue, la famille du Dr. William A.R. Gilmour va s’établir à
Granby en 1859.26 Elle passera ensuite à Waterloo où le docteur pratique toujours en
1889 et où il sera enterré en 1894. Deux des fils Gilmour suivront les traces de leur
père et deviendront médecins. William fils pratique à Granby en 1861 et ensuite à
Trois-Rivières alors qu’Angus pratiquera à Waterloo.
25 En 1823, Robert Gilmour, médecin, fait partie du comité chargé des affaires de l’église anglicane construite par le seigneur Chandler. Idem, p.215 26 C. Thomas, 1877, p.104.
D.Pigeon – Rapport de recherche 29
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Arthur H. Gilmour entre au Collège militaire de Québec,
en 1864, où il reçoit une formation complète et en ressort
avec le grade de Capitaine de la milice du Canada. On a de
lui une photographie (10) qui devrait dater de cette
époque.27 L’année suivante, il sert dans le 52e bataillon de
la milice volontaire qui couvre les comtés de Brome et
Shefford. On en déduit qu’il est revenu vivre auprès de sa
famille. Il est ensuite muté dans le 60e bataillon
d'infanterie de la milice volontaire canadienne. Ce
bataillon est formé vers 1866-1867 suite à une première
attaque des Fenians dans le comté de Missisquoi où
quelques-uns des attaquants avaient pénétré dans
Frelighsburg et Stanbrigde-East.
(10) A.H. Gilmour
Source : Archives Société d’histoire
de Missisquoi
Arthur H. Gilmour se retrouve-t-il alors posté à Stanbridge-East ? Chose certaine, c’est
là qu’il se marie en 1867. Il épouse alors Mary Jane Baker, la fille unique du banquier
et notable de la place, John C. Baker. Ce dernier est aussi un mécène qui soutient et
encourage les artistes locaux, dont Wyatt Eaton et Allan Edson.28 On peut
légitimement penser que c’est ce beau-père qui incitera Arthur H. Gilmour à
s’intéresser à l’art et que c’est sa propre collection qui sera à l’origine de celle du
colonel. Le Musée des Beaux-Arts du Canada à Ottawa conserve un portrait d’Arthur
H. Gilmour peint par Wyatt Eaton. On connaît aussi de ce même artiste les portraits de
monsieur et madame Baker.29
27 Selon l’analyse de René Chartrand, spécialiste du patrimoine militaire. Communication personnelle. 28 Voir article Wyatt Eaton dans DBC, vol XII 29 Album souvenir Stanbridge 1890-1990, p. 279.
D.Pigeon – Rapport de recherche 30
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Arthur H. Gilmour entre au service de son beau-père et
s’initie au monde de la finance en travaillant à la banque
Baker, qui est alors une filiale de la Eastern Townships
Bank. Il est inscrit d’ailleurs comme « clerk », à Stanbridge-
East, dans l’annuaire Lovell de 1871. Il acquiert rapidement
des parts de l’institution pour laquelle il travaille.30
Néanmoins il est de notoriété publique que son union avec
l’héritière Baker aura procuré à Gilmour un bon coup de
pouce au plan financier. Et il saura utiliser toutes les
passerelles à sa disposition pour grimper dans l’échelle sociale. En 1874, il devient
membre de l’Ordre du temple maçonnique, à la loge de Dunham. Au fil des ans, il
montera en grade au sein de cet organisme comme il le fait parallèlement au sein de
son 60e bataillon où il atteint le grade de major en 1871, celui de lieutenant-colonel en
1876 et enfin celui de commandant du 60e Bataillon d’infanterie, en 1889.
(11) W. Eaton, A. H. Gilmour,
1870. Source, Musée des Beaux-
Arts du Canada
Le recensement de 1871 indique que le jeune couple Baker-Gilmour et leur petite fille
de trois ans habitent la maison du banquier J.C. Baker à Stanbridge-East.31
(12) Propriété de J.C. Baker. Tiré de H. Belden, Atlas, 1881.
30 Voir Canadiana.org : Documents de la Session No 21-1880; No 32-1884; No 17-1885 (doc. M.Filion). 31 Recensement du Canada, 1871, comté de Missisquoi, province de Québec.
D.Pigeon – Rapport de recherche 31
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Dix ans plus tard, la famille s’est agrandie d’une seconde fille, Janet. Il semble que
durant quelques années, les Gilmour habiteront une autre maison que celle des beaux-
parents. La famille Baker-Gilmour comptera trois filles, Dora, Janet et Corinne, et un
garçon, Arthur B. La fille aînée, Dora, épousera George Walsh; Janet décédera
célibataire à l’âge de 21 ans, en 1894, et Corinne mariera Gordon Hulburd. Le cadet de
la famille, Arthur B., était de santé fragile. Pour le soigner, on engagea, en 1905, une
infirmière récemment diplômée de l’hôpital Royal Victoria de Montréal. Miss
Christine Snider le soigna tant et si bien qu’ils convolèrent en juste noce l’année
suivante. Un fils, Arthur de Cressé, naît de cette union, en 1907. Malheureusement son
père ne le verra pas grandir puisqu’il mourra très jeune. Mais revenons sur nos pas.
Le recensement de 1881 enregistre Arthur H. Gilmour comme commerçant (trader).32
À ce moment, rien d’autre ne vient apporter plus d’information sur ses activités
commerciales. Comme le faisaient la plupart des nantis de village à l’époque, Gilmour
se fait prêteur personnel pour ses concitoyens.33 Comme on l’a vu plus haut, c’est ainsi
qu’on le retrouve en 1884 comme bailleur de fonds auprès de Cyril Chandler qui
donne en garantie sa terre située à Riceburg, petit hameau tout près de Stanbridge-
East. Le testament de Mary Jane Baker-Gilmour, dicté en avril 1885, fait de son époux
son légataire universel. En juin de cette même année, la terre de la succession Cyril-
Chandler est vendue à Arthur H. Gilmour. Celle-ci va devenir la ferme modèle du
colonel.
En cette même année 1885, Arthur H. Gilmour fonde le journal The Missisquoi
Record paraissant tous les vendredis. Gilmour en est le propriétaire et Mervin Corey,
l’éditeur en chef. Ce journal ne subsistera que trois ans, la dernière parution étant datée
du 3 février 1888.34
32 Recensement du Canada, 1881, comté de Missisquoi, province de Québec. 33 Greffe M. Boyce passim 34 Idem, p. 113.
D.Pigeon – Rapport de recherche 32
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Arthur H. Gilmour se défait-il de son journal pour investir dans quelque chose de plus
payant ? C’est ce qu’on serait porté à croire car en septembre 1888, il acquiert une
fabrique de peinture en bâtiment, la Eastern Townships Paint Works, installée dans le
village voisin de Bedford, affaire dans laquelle il avait déjà des intérêts. Gilmour y
installe alors son gendre, George Walsh, comme gérant et n’hésitera pas à commander
du matériel jusqu’en Allemagne afin d’améliorer la qualité de son produit.35
Une petite note parue dans le New York Times du 28 janvier 1886 nous apprend que
Arthur H. Gilmour est devenu membre du conseil de direction de la compagnie
Montreal, Portland and Boston Railroad. Il est dans l’ordre des choses que le colonel
Gilmour ait investi dans une compagnie ferroviaire car c’était chose courante chez les
gens fortunés des Cantons-de-l’Est à cette époque. Il faut réaliser qu’entre 1852 et
1885, les Cantons-de-l’Est s’avèrent l’une des régions les plus densément couvertes de
voies ferrées au Canada et cela est dû en bonne partie aux investissements faits par les
financiers locaux.36
(13) Portrait gravé d’Arthur H. Gilmour. Source : Archives de la Société d’histoire de Missisquoi
35 The Waterloo Advertiser , Oct. 12, 1889. 36 Pour en savoir davantage : J.D. Booth, 1982.
D.Pigeon – Rapport de recherche 33
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Un des articles de A Cyclopedia of Canadian Biography (1888), fait le point sur les
occupations, fonctions et autres mérites du colonel Arthur H. Gilmour. On y apprend
que Gilmour est aussi l’un des directeurs de la compagnie ferroviaire Montreal and
Vermont Junction Railway et aussi son secrétaire-trésorier. Il siège au conseil
d’administration de l’Académie de Stanbridge-East et fait partie de la Agassiz
Association locale,37 un regroupement se consacrant à l’étude des sciences naturelles.
En devenant gentleman-farmer, notre colonel s’est fait membre actif de plusieurs
associations agricoles comme le Missisquoi County Farmer’s Institute et la Missisquoi
Plowing Association. Cette ferme lui permet aussi sans doute d’accorder plus
d’importance à l’élevage des chevaux de race et de course. Arthur H. Gilmour est
d’ailleurs élu président de l’Association des conducteurs des chevaux trotteurs de
Bedford en 1886.38 À cette époque, il y a plusieurs petits hippodromes où ont lieu des
courses. Il y a le Knight’s Driving Park à Stanbridge-East même, un autre rond de
course à Stanbridge Station39 et un autre encore à Bedford. Le colonel Gilmour y
faisait probablement courir ses chevaux en attendant d’avoir le sien un jour.
Les journaux régionaux comme les hebdomadaires The Bedford Times et The
Waterloo Advertiser nous apprennent toutes sortes de détails sur la vie locale, les
visites, le carnet mondain ou les sinistres de ces petites localités. Leurs pages
publicitaires nous en disent long aussi sur les commerces et entreprises des environs.
Il est tout à fait dommage que la collection du Bedford Times soit tellement
incomplète40 car il est à peu près certain qu’on y aurait trouvé nombre d’informations
sur la construction de la grange qui nous intéresse. Certaines informations ont
heureusement été relayées dans The Waterloo Advertiser et nous auront permis de
glaner d’intéressants détails comme on l’a vu plus avant.
37 Bugela, J.H.S., 1910, passim. 38 P. Fournier, 2001, p.211. 39 Mentions de ces deux installations dans The Waterloo Advertiser en 1889 40 Le microfilm qu’on peut visionner de la Grande bibliothèque est la source la plus complète de ce périodique et, pour les années qui nous intéressent, il n’y a que quelques numéros épars que nous avons tous consultés.
D.Pigeon – Rapport de recherche 34
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Les Gilmour faisant partie des éminents citoyens locaux, on se faisait un devoir de
rapporter leurs faits et gestes. L’édition du 18 avril 1889 du Bedford Times raconte
notamment que le docteur Gilmour, le père du colonel, est en visite chez son fils et
celle du 28 novembre suivant, que le colonel et l’artiste Weber sont allés en train à
Waterloo porter le portrait qui avait été peint du bon docteur. La parution du 12 mai
1892 note encore que madame J. C. Baker et mademoiselle Janet Gilmour sont de
retour de Floride. Comme quoi, ça n’est pas d’hier que des Québécois vont passer
leurs hivers en Floride !
L’édition du 4 juin 1891 nous en apprend long sur les affaires du colonel Gilmour. La
page de publicité contient une colonne entière consacrée aux divers commerces de
Gilmour. Celle-ci est d’ailleurs intitulée Gilmour’s Column. Voici, dans l’ordre, ce
que notre homme d’affaires y annonce :
• Arthur H. Gilmour, banker,
Stanbridge-East;
(14) Banque Baker/Gilmour, Stanbridge-East
Source : Société d’histoire de Missisquoi
• Gilmour’s Paint works, Bedford;
• Arthur H. Gilmour, Bedford, Dry
Goods;
• A.H.Gilmour, Frelighsburg, Dry
Goods;
• Arthur H. Gilmour, Manor Stock
Farm, Riceburg ( bovins Short Horn et
chevaux Thoroughbred à vendre);
• Arthur H. Gilmour, El Montecito (hôtel ?), Dunham, (à vendre);
• Arthur H. Gilmour, Frelighsburg Hotel, (à vendre).
D.Pigeon – Rapport de recherche 35
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
(15) Portrait de Arthur H. Gilmour. Image tirée de The Canadian Album, 1894
Le recensement de 1891 nous apprend que la maisonnée
Gilmour se compose du colonel, de madame Baker-Gilmour,
des filles Janet et Corinne et du fils Arthur B. qui a alors 6
ans.41 La médaille d’argent obtenue par la ferme du Colonel
Gilmour au concours du mérite agricole de 1891 fera l’objet
d’un article dans un journal (Bedford Times ?) qui sera
découpé et conservé sans qu’on ait pris la peine d’inscrire la
référence. 42
Mary-Jane Baker-Gilmour décède en janvier 1901 à l’âge de 54 ans. Le colonel
Gilmour reste alors avec ses enfants Corinne et Arthur B. dans la grande maison
héritée de la famille Baker. Le recensement de cette même année nous apprend qu’il y
a désormais une domestique, mademoiselle Johanna Odell (48 ans), au service de la
famille Gilmour.
Comme on l’a vu plus avant, en 1901, la ferme du colonel Gilmour concourre encore
une fois pour la médaille d’or du mérite agricole. Elle se classe alors bonne cinquième
sur les six participantes, avec 91,45 points sur 100. Néanmoins, le rapport qui en est
fait alors nous donne sur cette ferme des détails qu’on n’a pas ailleurs. C’est là qu’on
apprend que cet amateur de chevaux est propriétaire d’un hippodrome.43 Comme il ne
reste plus de trace de cette installation aujourd’hui, on ne sait trop si elle se trouvait sur
la ferme de Riceburg ou ailleurs parce qu’à cette époque, Arthur H. Gilmour est alors
propriétaire de 1200 acres de terre ( 486 hectares) répartis en plusieurs fermes.
41 Recensement du Canada, 1891, comté de Missisquoi, province de Québec. 42 Archives de la Société d’histoire de Missisquoi, V-379-6-A 43 Rapport du Ministre de l’Agriculture, 1901, p.301.
D.Pigeon – Rapport de recherche 36
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
L’événement marquant de la décennie sera sans doute le décès prématuré de l’unique
fils Gilmour. Une petite coupure de journal contenue dans les archives Gilmour
conservées à la Société d’histoire de Missisquoi fait état du décès d’Arthur B. Gilmour
à Pleasanton, en Californie. Ces archives conservent aussi des lettres du colonel qui
était sur place. Cette information est importante dans la mesure où elle nous apprend
que Gilmour entreprit de traverser le continent pour être au chevet de son fils. Les
restes du défunt furent rapatriés à Stanbridge-East pour y être inhumés. Arthur B.
Gilmour s’est éteint à l’âge de 24 ans.
Les pages consacrées à la famille Gilmore (sic) Baker dans l’album souvenir de
Stanbridge raconte que la veuve du fils Gilmour est revenue à Stanbridge-East avec
son enfant d’un an et qu’elle a habité la maison familiale jusqu’en 1951, année où
celle-ci fut vendue à l’Église catholique pour devenir le presbytère de la paroisse
Sainte-Jeanne-d’Arc. Le bel édifice néoclassique qui avait abrité la banque voisine
avait été aussi réaménagé pour servir d’église paroissiale.
Le petit-fils du colonel, Arthur de Cressé Gilmour, est devenu comédien, a fait carrière
aux États-Unis et est finalement revenu à Montréal où il s’est éteint en 1989. Il a
laissé un témoignage pétillant sur son grand-père : « He enjoyed in particular, wine,
women and song, but I don’t think he was to keen in music. »44
L’album souvenir de Stanbridge-East nous apprend encore qu’en tant que colonel et
membre de la Missisquoi Rifle Association, Arthur H. Gilmour se faisait un devoir
d’initier les jeunes gens au tir au fusil.45. À cet effet, il avait installé un champ de tir
sur l’une de ses propriétés et instauré un concours de tir. Cet événement annuel était
apprécié de tous.
44 Stanbridge 1890-1990, p. 279. 45 Voir Canadiana.org : Documents de la session No.7 – 1884, (doc. MCCCQ).
D.Pigeon – Rapport de recherche 37
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Le dernier recensement faisant état d’Arthur H. Gilmour, celui de 1911, nous apprend
qu’il réside désormais chez son ancienne domestique, Johanna Odell où il est inscrit
comme boarder … 46
Arthur H. Gilmour s’est éteint le 6 juin 1913. Ses restes sont inhumés dans le petit
cimetière Harris/Hillside, à Stanbridge-East. Ses filles, Dora et Corinne, héritent alors
de la ferme Manor Stock Farm de Riceburg, et d’une autre ferme située à Dunham.
Pour 12 500$, Dora, domiciliée à Cowansville où son époux George Walsh est
maintenant gérant de banque, vend sa part à sa sœur Corinne. Celle-ci habite Bedford
où son époux, Gordon R. Hulburd, est toujours manufacturier (de la fameuse peinture
Gilmour ?....).
Corinne Gilmour-Hulburd vendra la ferme à Albert Blanchette le 17 mai 1920 pour la
somme de 38 000$. Ainsi le joyau d’Arthur H. Gilmour, sa belle ferme Manor Stock
Farm, sortait-elle de la famille après moins de trois décennies.
(16) Manor Stock Farm, vers 1900. Arthur H. Gilmour utilisait cette photo sur son papier à lettre.
Source : Stanbridge 1890-1990
46 Recensement du Canada, 1901, comté de Missisquoi, province de Québec
D.Pigeon – Rapport de recherche 38
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
D.Pigeon – Rapport de recherche 39
DESCRIPTION DU SITE
L’endroit où est sise la grange-étable Gilmour est légèrement surélevé par rapport à
l’ensemble du plateau où se trouve la ferme. Ainsi, d’où que l’on arrive, que ce soit
par le nord, sur le chemin Swamp (ill. 17), par l’est, sur le chemin Bullard (ill.18) ou
par le sud-ouest, sur le chemin Bullard en venant de Riceburg (ill.19), la grange
domine le paysage environnant. On aperçoit de loin ce gros bâtiment couronné de son
belvédère et ce d’autant plus facilement qu’il y a peu d’arbres bordant ces chemins aux
approches de la ferme.
(17) (18) (19)
L’ensemble immobilier s’inscrit dans l’angle nord-est délimité par les chemins Swamp
et Bullard. Il compte quatre bâtiments mis à part les silos qui en sont quelque peu
éloignés. Ces bâtiments, la maison, l’ancienne écurie, la grange-étable et la remise à
instruments aratoires sont tous implantés perpendiculairement par rapport au chemin
Swamp, mais parallèlement au chemin Bullard. Ils offrent donc la majorité de leurs
ouvertures vers le Sud.
L’entrée de la ferme donne sur le chemin Swamp et il semble bien qu’il en ait toujours
été ainsi si on se fie à la photographie ancienne de la page précédente (ill.16). En
pénétrant dans la cour, on fait face à l’impressionnant mur pignon ouest de la grange-
étable. La maison est à droite et l’ancienne écurie, sur notre gauche, cache la vue de la
remise.
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Le corps de logis principal de la maison est de plan rectangulaire, à deux étages, et
coiffé d’un toit à versants droits de faible pente recouvert de tôle. (ill.20) La
photographie ancienne (ill.16) nous montre que la maison était en brique; elle a reçu,
à une époque indéterminée, un recouvrement de stuc. Une véranda court le long de ses
faces ouest et sud. Un deuxième corps de logis, de mêmes proportions, mais
légèrement décalé est accolé à son mur pignon est. Celui-ci est recouvert de planches
à clin et coiffé d’un toit dont l’une des pentes est beaucoup plus longue que l’autre.
Ces ajouts sont anciens puisqu’on peut les voir sur la photographie datant du début du
XXe siècle (ill. 16).
Des travaux sont en cours présentement sur le mur nord du corps de logis principal.
Au pignon faisant face au chemin Swamp, on peut lire 1847. Nous aurions tendance à
penser qu’une première maison fut construite à cet endroit à cette date. À ce stade-ci
de la recherche, il n’est pas possible de dire s’il s’agit de la maison présente ou d’une
maison plus ancienne. Trois grands arbres matures sont distants de quelques mètres de
l’angle sud-ouest de la maison.
(20)
(21) (22)
L’ancienne écurie (ill.21) est de plan rectangulaire, à un seul niveau et coiffée d’un toit
à deux versants droits de pente moyenne recouvert d’ardoise. Sa structure de gros bois
repose sur des fondations en pierre de taille du même type que celles de la grange-
étable. Ses murs sont faits de planche à couvre- joints comme ceux de la grange.
D.Pigeon – Rapport de recherche 40
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
La photographie ancienne (ill.16) et le croquis de la ferme (annexe 3) indiquent qu’il y
avait autrefois une autre partie adjointe au pignon ouest de l’écurie.
En pénétrant plus avant dans la cour, on aperçoit la remise, (ill.22) distante d’une
quinzaine de mètres au fond vers la gauche. Ce bâtiment est aussi de plan rectangulaire
oblong, d’un seul niveau et coiffé d’un toit à deux versants droits de pente moyenne,
recouvert de bardeaux d’asphalte. Ses murs sont faits de simples planches posées à la
verticale. Cette remise a une série de grandes portes ouvrant du côté sud. Celles-ci
s’articulent sur des charnières placées en haut et ouvrent vers l’intérieur de la remise
où elles sont accrochées à la structure. Ces portes semblent être ouvertes en
permanence depuis plusieurs années.
Par leurs formes, leurs matériaux, leur couleur - le bois au naturel devenu gris - et
leurs pentes de toit très semblables, ces trois bâtiments de ferme forment un ensemble
très cohérent, voire harmonieux. (ill.23)
← (23) Photo : MCCCF, été 2009
(24)
Les silos à grains modernes (ill.24), en acier, sont placés en retrait de l’ensemble des
bâtiments à quelques 200 mètres plus au nord sur le chemin Swamp. Ces silos
devraient être déménagés ailleurs bientôt.
La grange-étable est décrite en détail dans les pages qui suivent.
D.Pigeon – Rapport de recherche 41
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
DESCRIPTION DE LA GRANGE-ÉTABLE GILMOUR
La grange-étable qu’on voit aujourd’hui ne correspond plus tout à fait aux descriptions
et aux photographies anciennes, que ce soit celles datant du début du XXe siècle ou
celles faites lors du macro-inventaire en 1979. Nous ferons d’abord le tour à l’extérieur
pour constater l’état des lieux avant d’aller voir ce qu’il en est à l’intérieur.
Extérieur :
L’imposant bâtiment en bois, de plan rectangulaire, à trois niveaux, est coiffé d’un toit
à deux versants droits couvert d’ardoise (ill.25). Ce toit est couronné d’un belvédère de
plan carré, (ill.26) coiffé d’un toit à quatre eaux de très faible pente.
(25) (26) (27)
Les murs de la grange-étable sont faits selon la technique américaine de la planche à
couvre-joint (board & batten). Ces planches font 22 cm de largeur et ont 5 cm
d’épaisseur alors que les couvre-joints, de même épaisseur, font 9 cm de largeur
(ill.27). Chose remarquable et peu courante sur une grange, ces couvre-joints sont
chanfreinés. Si on sait que la grange fut un temps peinte, avec le temps le parement de
bois est revenu au naturel et a pris une patine grise.
D.Pigeon – Rapport de recherche 42
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
La façade principale du bâtiment est orientée vers le sud (ill.25). Cette façade est
percée de plusieurs fenêtres à tous les niveaux. Un silo en béton, coiffé d’un toit brisé,
fait saillie en plein centre de cette façade et est relié à la grange par un tambour en
bois. Ce silo a probablement été ajouté durant les années 1950. Un ajout d’un seul
niveau, coiffé d’un toit en appentis, occupe un peu plus de la moitié du mur pignon est.
(28) (29) (30)
La façade nord a beaucoup souffert des affres du temps. Les photographies du macro-
inventaire montrent que les deux entrées de pont de fenil étaient encore en bon état en
1979, même s’il manquait déjà une bonne partie de la rampe du pont est (annexe 3). Il
était recommandé de placer ce type d’entrée avec pont de fenil au nord, de sorte que la
neige soit balayée par le vent durant l’hiver. Si l’extrémité de l’entrée surélevée de
celui-ci existe toujours, la partie médiane s’est effondrée et il n’y reste que quelques
planches pourries. (ill.28) L’entrée du côté ouest a complètement disparue et de la tôle
ferme cette béance depuis l’été 2009 (ill.29-30). La photographie ancienne fait voir un
silo octogonal coiffé d’un toit conique entre les deux ponts de fenil. Il était relié à la
grange par un tambour. Ces structures ont été démolies à la fin des années 1970 et on
peut encore voir les traces du silo sur une photo du macro-inventaire. Là où s’élevait le
tambour, le mur a été refait en planche verticale.
Des deux longues rampes d’accès en bois menant à la grange, il ne reste que les
fondations des parties les plus hautes faites de grosse pierre de carrière taillée et
assemblée avec soin.47 (ill.32)
47 Un ami géologue nous a dit que ces pierres de carrière n’étaient pas de provenance locale et nous a signalé les trous laissés par la méthode d’extraction.
D.Pigeon – Rapport de recherche 43
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Tout l’espace autrefois occupé par les rampes est retourné en friche et envahi par des
vinaigriers (ill.33).
On peut encore voir sous le pont est une porte ouvrant sur le deuxième niveau (ill.31);
l’escalier qui devait y mener est disparu. On ne sait pas s’il y avait aussi une porte sous
le pont ouest.
(31) (32) (33) photo MCCCF.2009
Au moment de sa construction, la grange est ainsi décrite : « The building in
dimensions is 100 x 65ft. with posts 36 feet high, the whole fabric resting on a wall ten
feet in hight.» Cela nous donne les dimensions suivantes : 30,4 mètres de longueur sur
19,7 mètres de largeur. Le Rapport du Mérite agricole de 1901 donnait quant à lui 102
pieds sur 65, ce qui ferait plutôt 31 mètres de longueur. Nous n’avons pas jugé utile de
vérifier si cette différence s’avérait. Par ailleurs, nous ne sommes pas arrivée à savoir à
quoi correspondait la mention des poteaux de plus ou moins 11 mètres de haut de la
description en anglais. Cette mesure ne correspond pas à la hauteur du carré, ni à la
hauteur des poteaux soutenant les pannes du toit.
Cette même description ancienne disait que le tout reposait sur un mur de 3 mètres. On
en conclut que la partie grange était élevée sur un premier niveau – la partie étable –
qui faisait 3 mètres de hauteur. Il est difficile d’évaluer la hauteur de ce rez-de-
chaussée sur les photographies anciennes, mais il semble évident qu’il fait moins de 3
mètres. La photo montre que les murs de ce niveau étaient couverts de planche à
couvre-joint comme tout le reste du bâtiment, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
D.Pigeon – Rapport de recherche 44
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Les planches de la section immédiatement au-dessus du niveau de l’étable font 3,57
mètres de hauteur. En comparant ces hauteurs sur les photos anciennes, on en déduit
que le rez-de-chaussée faisait un peu plus de 2 mètres de haut, ce qui est assez
cohérent avec la hauteur qu’on peut encore observer aujourd’hui.
Le mur du premier niveau est aujourd’hui en blocs de ciment sur les faces ouest et sud
(ill.10). Ceux-ci sont posés sur les fondations anciennes faites de gros blocs de granit
taillés et bien assemblés (ill.35). On ne sait à quelle profondeur descendent ces
fondations, si elles s’enfoncent réellement sous terre. Si elles descendaient à un peu
moins d’un mètre de profondeur, ça pourrait expliquer la hauteur de mur de 3 mètres
de la description provenant du journal The Waterloo Advertiser de juillet 1890. Ces
fondations sont bien visibles sur les faces ouest, sud et est.
Il est évident que tout le mur du rez-de-chaussée des faces ouest et sud a été refait un
jour en blocs de ciment (ill.34). Peut-être l’ancien mur en bois avait-il pourri avec le
temps. A-t-on refait alors ces deux murs seulement parce que les murs nord et est
étaient encore en bon état ? Quand a-t-on procédé à ces importants travaux ? Personne
n’a pu répondre à ces questions et si on n’en trouve mention dans aucun document, on
serait porté à penser que cela a été fait à peu près en même temps que la construction
du silo de béton, soit durant les années 1950.
(34) (35) (36)
Du côté nord, on observe des fondations grossièrement assemblées et comblées par du
mortier (ill.36). Ce mur est différent des autres murs; il n’y a pas de blocs de ciment,
D.Pigeon – Rapport de recherche 45
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
mais des bouts de mur en bois. Le rez-de-chaussée de ce côté est plus enfoncé en terre
et la partie de mur qui dépasse pourrait sembler d’origine si on se fie aux petites
fenêtres carrées identiques à celles des niveaux deux et trois du mur sud (ill.37). Ces
fenêtres semblent néanmoins avoir été déplacées si on se fie au plan du Rapport de
1901. Ce mur du côté nord était peut-être protégé par les structures des ponts de fenil
et il aurait ainsi moins subi les affres du temps. Ce mur s’étant finalement dégradé
avec le temps, on aura probablement procédé à des réparations de fortune, ce qui
expliquerait les différences observées de ce côté du rez-de-chaussée. Mais ce ne sont là
que des hypothèses qu’il faudrait vérifier si on devait pousser la recherche.
Bien qu’il manque aujourd’hui beaucoup de châssis et/ou de carreaux de vitre, on peut
voir que les fenêtres perçant les niveaux supérieurs de la grange du côté sud n’ont pas
changé. Il n’en est pas de même au rez-de-chaussée où toutes les fenêtres ont été
changées sans doute quand on a refait le mur en blocs de ciment, ce qui vient alimenter
nos soupçons de dégradation des éléments en bois. Le projet initial avait prévu
plusieurs entrées au niveau de l’étable comme on peut le voir sur le plan inclus dans le
Rapport du Mérite agricole de 1901. La plupart de ces ouvertures sont encore en
place, mais on en a changé les portes. Là où il y avait jadis des portes à battants pour
entrer dans l’étable, il y a aujourd’hui des portes coulissant sur glissières qui semblent
néanmoins être là depuis de nombreuses années (ill.38). Deux ouvertures carrées ont
été percées dans le mur pignon ouest, au deuxième et troisième niveau, sans doute
pour pouvoir y faire entrer du foin de l’extérieur, les anciens accès étant devenus
inutilisables.
(37) (38) (39)
D.Pigeon – Rapport de recherche 46
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Les ardoises observées par terre du côté nord (ill.39) laissent deviner qu’il en manque
sur le toit. Une bouche d’aération, absente sur les plus anciennes photographies, perce
aujourd’hui le faîte près du pignon ouest.
Le belvédère est percé de 8 fenêtres (2 sur chaque côté) qui ont été récemment fermées
par des persiennes récupérées d’un autre bâtiment. Ses murs sont en planche à clin et
sa base en planche à couvre-joint. Ce belvédère a un toit couvert de tôle. Enfin, détail
signifiant quant à la qualité de construction de ce bâtiment, tous les avant-toits sont
finis en planche embouvetée encore en parfait état. C’est d’ailleurs à peu près le seul
endroit où il reste des traces de la peinture rouge qui recouvrait toute la grange-étable
Gilmour (ill.40).
On est en droit de penser qu’Arthur H.Gilmour avait fait peindre ses bâtiments de
ferme avec de la peinture provenant de sa propre manufacture, la Gilmour Paint
Works, établie à Bedford. Quelques bouts de tuyaux rouillés rappellent qu’il y avait
autrefois des gouttières (ill.41).
(40) (41)
D. Pigeon – Rapport de recherche 47
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Intérieur
En pénétrant dans l’étable, deux choses étonnent : la clarté qu’on y trouve et la faible
hauteur sous poutres (ill.42). Cette hauteur vient confirmer que ce lieu n’a pu servir
d’écurie. Quant à l’éclairage naturel apporté par les nombreuses fenêtres – le plan
ancien en dénombre 10 sur chacun des murs de long-pan – il témoigne de l’importance
nouvellement comprise alors de bien éclairer et ventiler les étables. Le chaulage des
murs dans le but d’assainir les étables aidait aussi à diffuser la lumière. Les murs de
l’étable sont encore couverts de lait de chaux. Cette étable est aujourd’hui tellement
encombrée de choses et d’autres qu’il est difficile de bien percevoir l’ensemble.
(42) photo MCCCF (43) (44)
L’étable n’a plus abrité de vaches depuis plusieurs années et les dernières qui y ont été
logées, du bovin de boucherie et non des vaches laitières, étaient en stabulation libre,
ce qui a certainement modifié l’aménagement original. Il n’empêche que beaucoup des
installations d’origine sont toujours en place comme les structures pour attacher les
vaches à lait par exemple (ill.42). Le plancher de ciment avec des égouts à excréments
est resté le même, mais il est très fissuré par endroits.
Il reste quelques parcs à veaux au centre de
l’étable (ill.43). En observant les trappes
d’aération (ill.44), on voit aussi des bouts de
tuyau installés ça et là pour consolider les
murs de périmètre.
(45) Plan de l’étable du Rapport du mérite agricole→
D. Pigeon – Rapport de recherche 48
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
La forte structure centrale soutenant la grange a subi peu de changements mis à part
quelques éléments de consolidation. Celle-ci est faite de deux rangées de 16 piliers,
éloignées l’une de l’autre de plus ou moins 3,5 m. Ces piliers ont 25 cm de section; ils
sont placés à égale distance l’un de l’autre et supportent deux lambourdes qui font
toute la longueur du bâtiment (ill.46). Ces lambourdes sont de même section que les
piliers. Les lambourdes supportent à leur tour 31 solives, placées à égales distances,
qui vont s’insérer dans les mortaises des soles des murs de longs-pans (ill.47-48).
Toute cette structure devait être extrêmement solide pour pouvoir supporter les
niveaux supérieurs de la grange. C’est sur son plafond de fortes planches, qui sert de
plancher de la grange, qu’on érigeait les structures portantes de la grange proprement
dite.
(46) (47) (48)
Le plan ancien montrait que l’escalier conduisant au belvédère débutait dans l’étable.
Il n’y a plus trace de cet escalier à ce niveau aujourd’hui et il faut monter dans une
échelle apposée au centre du mur sud pour accéder à la grange.
Encore une fois, le bon éclairage à ce deuxième niveau est remarquable et peu de
granges datant de cette époque sont aussi bien éclairées. Cet éclairage met d’ailleurs en
valeur la blondeur du bois, dont on nous dit que ce serait de la pruche48.
48 La région est très riche en pruche. Il y en aurait encore beaucoup aujourd’hui dans les sections boisées de la ferme. L’écorce de pruche servait à faire le tannin, ce qui explique les importantes tanneries de la région au XIXe siècle. Le bois de pruche était souvent utilisé pour faire les structures des granges.
D.Pigeon – Rapport de recherche 49
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D.Pigeon – Rapport de recherche 50
Il n’est pas facile de bien comprendre l’aménagement de l’espace à ce niveau, ni d’en
avoir une vue d’ensemble. Plusieurs éléments et structures occupent en partie ce
niveau. Il y a les structures supportant le pont de fenil en U (ill.49), la structure de
l’escalier et celles de murs qui viennent former ce qui a pu servir autrefois de « carrés
à grains » (ill.50) ou les pièces décrites dans le Rapport du mérite agricole de 1901.
Dans les espaces servant de fenils (ou tasseries), on peut encore voir une trappe par où
on jetait le foin dans l’étable (ill.51). Ce plancher est fait de fortes planches de plus de
30 cm de largeur. Des éléments de consolidation ont été ajoutés ça et là au gré des
besoins.
(49) (50) (51)
Il faut monter, via l’escalier, sur le pont de fenil au troisième niveau pour bien
comprendre la structure porteuse de la grange.
52. Plan de la grange tiré du Rapport de 1901
Le volume intérieur de la grange est
divisé en 6 travées. Celles-ci sont
délimitées par 7 grandes structures
porteuses que les anglophones
appellent des bents. Nous avons
trouvé le mot portique comme
équivalent en français québécois49
pour ces structures porteuses qui sont
généralement préassemblées par
49 Grand dictionnaire terminologique de l’O.L.F. Nous sommes consciente que ce terme entre en conflit avec le vocabulaire architectural classique.
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
terre et qu’on érige par la suite en les reliant l’une
à l’autre au fur et à mesure, d’où l’expression
« lever une grange » (ill53). Ces bents ou
structures porteuses sont faites de 4 poteaux reliés
entre eux par des poutres servant d’entraits et
contreventements. Les poteaux externes, de la
hauteur du carré, s’insèrent dans les murs de
périmètres alors que les 2 hauts poteaux centraux montent jusqu’à mi-toit pour
supporter les poutres servant de pannes. L’écart entre ces deux poteaux centraux varie
en fonction de leur position dans la grange. Les 2 structures de chaque extrémité, l’une
dans le mur pignon, l’autre bordant les ponts de fenil, ont un écart de 8,15 m. entre les
hauts poteaux. Celles bordant les ponts de fenil vers l’intérieur du U (ill.54) de même
que celle qui se trouve au centre de la grange ont un écart de 7,25 m. Il a donc fallu
modifier les extrémités des hauts poteaux du côté sud, en usant de porte à faux, (ill.55)
de sorte que leurs extrémités puissent s’aligner sur les hauts poteaux des 4 autres bents
pour soutenir la poutre servant de panne du côté sud. Cette subtilité démontre
l’habileté du constructeur de la grange. (Voir annexe 4)
53. Photo tirée de The Barn
(54) (55) (56)
Les poteaux et poutres constituant ces structures ont un peu plus de 20 cm de section et
leurs contreventements ont généralement 10 cm de section. Les longues poutres
servant de pannes ont plus ou moins 15 cm de section. Des poteaux et poutres
intermédiaires de même grosseur sont insérés entre les structures porteuses dans les
murs de périmètre et les carrés qu’ils forment sont contreventés dans les angles (ill.57
et 58). Tous ces éléments sont en bois scié et les assemblages sont fait à tenons et
mortaises; certains sont aussi chevillés. (ill.56 et 59) Les hauts poteaux sont retenus
aux solives du plancher de la grange par de longs boulons d’ancrage.
D.Pigeon – Rapport de recherche 51
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East _______________________________________________________________________________________________________
(57) photo M. Masseau (58) (59)
Du côté nord, il y a des échelles le long des hauts poteaux pour pouvoir grimper
jusqu’au toit (ill.60). Cette manière de faire est typique des grosses granges à plusieurs
niveaux développées au XIXe siècle et apparaît déjà sur la grange construite par les
Shakers dans l’État de New York en 1850. Plusieurs tirants en acier viennent aider à
maintenir la tension au niveau des divers entraits et contreventements (ill.61). Des
pièces de métal ont aussi été ajoutées ici et là pour consolider la structure (ill.62).
(60) (61) (62) Il y a beaucoup de dégradation autour des entrées des ponts (ill.63). On voit à plusieurs
indices que la grange s’est affaissée du côté nord (ill.64). Cette grange avait été conçue
pour loger du foin en vrac; le poids du foin pressé en ballots qui y fut entreposé plus
tard aura certainement contribué à son affaissement.
(63) (64)
D. Pigeon – Rapport de recherche 52
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Le comble est constitué de 35 paires de chevrons. On ne sait trop s’ils sont en 2 parties
chacun parce qu’on manquait de bois assez long ou si ce choix a été fait pour une
question de solidité (ill.65) Ces chevrons ont à peu près 10 cm de section bien que
plusieurs d’entre eux n’aient été aplanis que sur leur face supportant les planches du
toit. On voit mal comment étaient assemblés ces chevrons et il ne semble pas y avoir
jamais eu de panne faîtière (ill.66). Le toit est fait de planche posée à l’horizontale sur
les chevrons. Il est recouvert d’ardoises faisant à peu près 25 cm sur 55 cm. On ne sait
si c’est à cause du poids de l’ardoise ou pour une autre raison, mais l’assemblage de
plusieurs chevrons a cédé, ce qui provoque un écartement des pans du toit par endroits
(ill.67).
(65) (66) (67)
L’escalier qui monte jusqu’au belvédère est en bon état (ill.68). Ce belvédère fait 3
mètres de côté. Ses murs intérieurs sont finis en planche embouvetée. Des persiennes
ferment depuis l’été 2009 les ouvertures laissées béantes durant plusieurs années. Il y a
une banquette pour s’asseoir le long des murs. Ce belvédère offre une vue imprenable
sur le paysage environnant (ill.69).
(68) (69)
D.Pigeon – Rapport de recherche 53
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HISTORIQUE DE L’UTILISATION
DE LA GRANGE-ÉTABLE GILMOUR Il n’est pas aisé de faire l’histoire détaillée de l’utilisation de la grange-étable Gilmour.
Cette construction compte aujourd’hui 120 ans et si on peut bien en établir la chaîne
des titres, il est moins facile de dire avec certitude quelle en a été l’utilisation exacte au
fil des ans. Néanmoins, nous nous fierons à cette chaîne des titres qu’on peut consulter
en annexe (annexe 4) et aux informations glanées ici et là, et surtout auprès du
propriétaire actuel, pour dresser un portrait vraisemblable de son utilisation.
Quand il construit sa grange étable, en 1890, Arthur H. Gilmour a sûrement en tête
d’en faire le cœur de sa ferme modèle. On a vu auparavant que le niveau inférieur lui
sert d’étable et de parcs à veaux et non pas d’écurie. Il est possible qu’on ait logé dans
ces parcs délimités, au centre de l’étable, par la structure soutenant le plancher de la
grange, quelques poulains, mais là n’était pas leur fonction première. Toute bonne
ferme d’élevage possède ce genre d’espaces où garder les jeunes animaux. Déjà le
rapport des juges du concours du mérite agricole de 1891 faisait état d’une écurie à
part. Le texte du rapport de 1901 parle de la grange-étable de façon bien explicite. Il
mentionne bien les chevaux, mais ajoute que ceux-ci sont « tenus aux écuries du
colonel à Stanbridge-East et sur une autre ferme ». Le plan reproduit dans le rapport
montre aussi le petit appentis construit à l’angle nord-est de la grange au niveau de
l’étable et qui servait à loger des poulains si on se fie à la légende de cette illustration.
Un plan de la ferme trouvé dans les archives Gilmour vient encore étayer nos
conclusions (voir annexe 3). On y voit très bien une écurie, de 20 pieds sur 75, (6 x
22,8 m.) située près de la maison et on en déduit que celle-ci devait principalement
servir aux chevaux de trait. L’écurie qui est encore sur place est moins grande que
celle dessinée sur le plan.
D.Pigeon – Rapport de recherche 54
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
En 1913, quand Dora Gilmour vend à sa sœur Corinne sa part d’héritage, soit la moitié
des deux fermes dont elle a héritées avec sa sœur, le contrat précise que cette vente
comprend les animaux vivants et tous les instruments aratoires. On peut donc penser
que la ferme Manor Farm est toujours en exploitation et que la grange-étable loge
toujours des vaches. À noter que la ferme vendue alors porte le nom de Manor Farm et
non plus de Manor Stock Farm, ce qui laisse à penser qu’elle n’est plus une ferme
d’élevage d’animaux pour le commerce. Rappelons-nous que le colonel annonçait des
animaux de sa ferme Manor Stock Farm à vendre dans le journal de 1891.
De la même manière, quand Corinne Gilmour vend la ferme Manor Farm à Albert
Blanchette, en 1920, il est mentionné dans la vente que ça comprend « tous les
animaux et effets mobiliers mentionnés dans une liste à cet effet signée par les parties
et le notaire ». Encore une fois, on en déduit que la grange sert toujours à loger des
vaches laitières. Au décès d’Albert Blanchette, en 1935, c’est sa veuve, Régina
Deslauriers qui en hérite. Nous n’avons rien qui peut nous indiquer à quoi sert la
grange à ce moment. On est cependant en droit de penser qu’elle sert toujours à des
vaches laitières.
En 1946, les héritiers Blanchette vendent la ferme à Gabriel Glaby, un hôtelier de
Dorval. La vente mentionne encore les animaux, récoltes, instruments, etc. Cependant,
nous ne savons pas ce que ce nouveau propriétaire fait de la ferme. On suppose qu’il la
loue à un cultivateur qui l’exploite, mais on ne sait pas non plus si la grange abrite
toujours des vaches dans sa partie étable.
Cinq ans plus tard, soit en 1951, Gabriel Glaby vend la ferme Manor Farm à Merida
Company, une compagnie incorporée par lettres patentes de la province de Québec et
ayant son principal bureau d’affaire dans la municipalité du Canton de Stanbridge.
C’est un avocat de Montréal, David M. Lack qui signe le contrat.
D.Pigeon – Rapport de recherche 55
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
L’histoire de la compagnie Merida a des allures de roman. Cette compagnie appartient
à une Italienne, née en 1903 et devenue très riche par alliance, madame Giannalisa
Feltrinelli. Cette « comtesse », comme on l’appelait dans la région, avait acquis deux
autres fermes à Stanbridge-East et restaurée une maison de pierre à grands frais. Son
histoire est aussi fascinante qu’obscure. Madame Feltrinelli fut à une époque la veuve
la plus riche d’Italie; elle avait été assez près de Mussolini. Son fils, Giangiacomo
Feltrinelli, un important éditeur qui a aussi repris les affaires de la famille, soutient à
cette époque le parti communiste italien, au grand désespoir de sa mère. L’achat de
propriétés au Québec semble avoir été fait par cette dame dans le but d’acquérir la
citoyenneté canadienne, et ce, afin de pouvoir favoriser à son décès l’une de ses filles
au détriment de ses autres enfants.50 Madame Feltrinelli semble n’avoir jamais vécu
vraiment à Stanbridge-East, mais plutôt dans l’un ou l’autre de ses appartements de
Rome, Genève et Milan.51 Elle décèdera d’ailleurs à Milan en 1981.52
Mais ce qui nous intéresse, c’est de savoir ce que devient la ferme Manor Farm et à
quoi servait la grange. Selon le propriétaire actuel, l’étable loge alors des vaches
laitières et la ferme est dirigée par monsieur Norman Cook. Merida Co. exploite aussi
l’autre grande ferme où il y a un autre troupeau de vaches laitières. Ces deux fermes
exploitant chacune une cinquantaine de vaches en lactation, feraient alors de la
compagnie Merida la propriétaire du plus important troupeau de vaches laitières de la
région. Le grand-père du propriétaire actuel a d’ailleurs travaillé à titre de cuisinier
pour les nombreux employés de l’une des fermes, celle située sur le chemin North (que
nous identifions comme la ferme Baker, du nom de son ancien propriétaire (celui qui
fit construire la belle maison néogrecque) à Stanbridge-East.
Un bail daté de 1966 nous en apprend davantage sur l’exploitation des fermes. Ce bail
fait par la compagnie Merida à Francis Cook, le frère de l’exploitant précédent, nous 50 P.C. Bourne, 1992, p.567-8. 51 Ibid. 52 La vie de Giangiacomo Feltrinelli est racontée dans le livre Senior Service.
D.Pigeon – Rapport de recherche 56
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apprend d’abord que ces fermes sont appelées ensemble Merida Farm et que la ferme
autrefois connue sous l’appellation de Manor Farm est désignée par la compagnie
Merida comme la North Farm, alors que la ferme située à Stanbridge-East, sur le
chemin North, (appelée ci-haut la ferme Baker) est désignée sous le nom de Main
Farm.
Selon une liste des items que le locateur s’engage à acheter, on apprend qu’il y a 39
vaches et 9 génisses sur la North Farm. La grange-étable qui nous intéresse sert donc
toujours à loger des vaches laitières et à garder le foin et autres fourrages pour nourrir
ces vaches durant l’hiver. Le gros du troupeau semble plutôt se trouver à la Main Farm
si on se fie aux installations situées sur cette dernière qui comprennent, entre autres,
une fabrique de yogourt.
De 1978 à 1984, le propriétaire actuel loue les fermes de la compagnie Merida et il va
garder une vingtaine de vaches laitières sur l’ancienne Manor Farm pendant quelques
années. Il aura ensuite une cinquantaine de bovins de boucherie gardés en stabulation
libre dans l’étable durant l’hiver.
Depuis une dizaine d’années, il n’y a plus d’animaux sur la ferme et la grange-étable
ne sert plus à l’agriculture. Là, comme à bien d’autres endroits où jadis on s’adonnait à
la production laitière, on a pris le virage de la grande culture, surtout celle du maïs
grain et du soya.
On trouvera la chaîne des titres à l’annexe 5.
D.Pigeon – Rapport de recherche 57
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CONTEXTUALISATION DE LA GRANGE-ÉTABLE GILMOUR Les dépendances agricoles sont des bâtiments fonctionnels étroitement liés au type
d’exploitation pratiqué sur les fermes. Pour pouvoir situer la grange-étable Gilmour
par rapport aux bâtiments agricoles de même type construits au Québec de 1870 à
1920, il faut faire un petit retour sur l’évolution que va connaître l’agriculture durant
cette période qui s’étend tout de même sur un demi-siècle ! Et il faut bien garder en
mémoire qu’il y aura toujours deux classes d’agriculteurs, celle des grands exploitants
souvent gentlemen-farmers et celle des petits producteurs agricoles qui n’ont pas les
moyens d’avoir des bâtiments de ferme répondant aux dernières modes et aux
développements techniques de pointe.
On l’a vu précédemment, dans le dernier quart du XIXe siècle, l’agriculture québécoise
délaisse la culture des céréales et se lance massivement dans la production laitière.
Cette nouvelle orientation va nécessiter de revoir l’aménagement et l’architecture des
étables qui ne logeaient auparavant que quelques bêtes. L’augmentation du nombre de
vaches dans les troupeaux et le fait qu’il faudra dorénavant les nourrir adéquatement
pour qu’elles continuent de produire du lait durant l’hiver commandera des espaces
d’engrangement beaucoup plus spacieux.
En 1870, la grange-étable typique dans les basses terres du Québec est un long
bâtiment d’un étage, (ill.70) de plus ou moins 50 à 80 pieds de longueur (15 à 25 m)
sur 20 à 30 pieds de largeur (6 à 10 m), et de 10 à 12 pieds de hauteur de carré (3 à 4
m), le tout couvert d’un toit à pignon droit de pente moyenne. La partie étable occupe
une portion seulement du bâtiment, est située à l’une ou l’autre de ses extrémités et
généralement orientée vers le sud (ill.70). Bien que l’on construise selon la technique
de la charpente claire, il arrive que la partie étable et/ou écurie soit faite de pièce sur
pièce.
D.Pigeon – Rapport de recherche 58
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(70) Saint-Hyacinthe. Photo Y. Provost, 1979, collection de l’auteure
Les Cantons-de-l’Est diffèrent passablement des régions anciennement peuplées du
Québec. Très tôt, leur paysage architectural va refléter l’origine étasunienne d’une
bonne partie de leurs habitants. Et à cause de leur proximité avec les États de la
Nouvelle-Angleterre, il est logique que la
pénétration des innovations américaines en
matière de techniques agricoles et d’élevage s’y
fasse sentir plus tôt. On l’a vu, c’est beaucoup
par le biais des périodiques agricoles que ces
innovations pénètrent chez nous. La grange-
étable à plus d’un niveau ne fera pas exception
et les grands exploitants des Cantons-de-l’Est
seront sans doute les premiers à adopter ce
modèle. À côté des petites granges d’esprit colonial, dites English Barns, on voit
bientôt apparaître des bâtiments de ferme à volume plus massif (ill.71).
(71) Barnston Ouest, # BAO.010.08.02
Source :Inventaire des bâtiments agricoles, MRC de
Coaticook,
D.Pigeon – Rapport de recherche 59
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La grange-étable à plusieurs niveaux semble avoir été développée chez les Shakers qui
construisent un tel bâtiment dès 1830, à Harvard, au Massachussett. Leur but était de
faciliter le travail et d’être plus efficace dans l’entreposage et la distribution du
fourrage. La principale innovation de cette grange-étable à trois, voire quatre étages,
était d’y faire pénétrer les charrettes à foin par un pont de fenil installé au mur pignon,
à hauteur du troisième niveau. À l’intérieur, on pouvait les décharger en jetant
simplement le foin dans les fenils
aménagés de chaque côté du pont qui
traversait la grange sur sa longueur.
Cette immense construction faisait 150
pieds de long (45,6 m) sur 40 de large
(12 m). L’étable était aménagée au rez-
de-chaussée et il devenait facile d’y
descendre le fourrage par des trappes
prévues à cet effet. Le modèle fit
sensation et fut immédiatement décrit dans le périodique New England Farmer.53
(72) Grange des Shakers, Colonie, N.Y.
Source : R. Rawson, Old Barn Plans,
Une deuxième grange de ce type fut bientôt érigée sur une autre ferme de Shakers, à
Colonie, dans l’État de New York. Les murs de périmètre de cette dernière étaient faits
de planche à couvre-joint (board and batten) et son toit, d’ardoise. Un belvédère en
couronnait le centre. Et si on regarde son aménagement intérieur, on réalise qu’il s’y
trouvait des silos nichés dans les angles. Ce modèle réinterprété pourrait avoir inspiré
la grange-étable Gilmour.
Ces granges à plusieurs étages vont s’avérer le genre de bâtiment idéal pour une
agriculture se piquant de vouloir appliquer des méthodes scientifiques, notamment
dans la conduite des fermes laitières.
53 T.Visser, 1997, p.83
D.Pigeon – Rapport de recherche 60
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Dans son très populaire ouvrage
The Architecture of Country Houses,
Andrew J. Downing publiera, en
1850, un plan de grange à deux étages,
toutefois sans pont menant au
deuxième niveau. Le modèle se
répandra peu à peu au fil des
publications soit de livres de modèles, soit via les périodiques agricoles. A.J. Bicknell
& Co., important éditeur de livres de modèles d’architecture, publiera en 1878 :
Bicknell’s Stables, Out-Buildings, Fences and Mis. Details.
(73) Tiré de A.J. Downing, 1850
Ça prendra tout de même un certain temps pour que ce type de grange-étable se
démocratise et soit repris sur des fermes moins importantes que celles des Shakers. Si
ces granges à plusieurs niveaux furent souvent construites à flanc de colline afin de
pouvoir bénéficier de la pente pour faciliter l’accès au niveau supérieur, on sut pallier
au problème de terrain plat en construisant des ponts qui pouvaient atteindre le niveau
souhaité. On faisait d’abord une rampe constituée de pierre et de terre qu’on
prolongeait par un pont en bois qui pénétrait dans la grange aussi loin que nécessaire.
Et comme dans les pays d’hiver neigeux ces ponts de bois exposés aux intempéries
pourrissaient vite, on leur fit bientôt des toits, un peu comme on le faisait pour les
ponts couverts.54 Il est important de souligner ici que ce type de grange n’est jamais
identifié comme étant de modèle pennsylvanien par le spécialiste du patrimoine de la
Nouvelle-Angleterre, Thomas D. Visser.
54 Les auteurs de l’Inventaire des bâtiments et sites agricoles de la MRC de Coaticook utilisent le québécisme garnaud pour décrire cet élément. À notre connaissance, garnaud est utilisé (surtout dans la région de Québec) pour décrire tout genre de pont de fenil et non seulement ceux qui sont couverts. L’Office de la langue française recommande d’éviter ce terme.
D.Pigeon – Rapport de recherche 61
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La plupart des auteurs américains d’études sur les granges ont tendance à qualifier
toutes les grosses granges à plusieurs niveaux de granges de type pennsylvanien. Cela
semble dû au fait que plusieurs publications touristiques de la Pennsylvanie ont très tôt
fait grandement état des belles granges qu’on pouvait y voir. Du coup, on a eu
tendance à qualifier toutes les granges à plusieurs niveaux de granges de type
pennsylvanien, ce qui est abusif. Les granges de la Pennsylvanie étant souvent placées
à flanc de coteau, elles avaient des entrées directement au niveau supérieur. La grange
de type pennsylvanien est généralement un bâtiment à plus d’un niveau en effet, mais
sa partie supérieure est très souvent en porte à faux sur le niveau inférieur. Par
ailleurs, ses murs pignons de même que le niveau inférieur tout entier sont souvent
faits de pierre ou de brique (ill.74).
(74) Grange de type pennsylvanien, tirée de Robert-Lionel Séguin, Les granges du Québec
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Les granges à plusieurs niveaux de la Nouvelle-Angleterre ont très rarement ces
particularités. Celles qui présentent des ponts de fenil à entrées couvertes ont été
désignées sous l’appellation de covered high-drive dairy barns par Thomas D. Visser,
un spécialiste de l’architecture de la Nouvelle-Angleterre.
Ce genre d’expression, comme bien d’autres dans ce même domaine de l’architecture
agricole développée au États-Unis, présente plusieurs difficultés de traduction en
français et il faudrait sérieusement se pencher là-dessus afin de trouver des termes
adéquats pour nommer la réalité québécoise. Pour le moment, nous n’avons rien de
bien convainquant à proposer sinon grange-étable à pont de fenil.
On ne saurait dire quand ce modèle de grange apparaît pour la première fois au
Québec, mais on peut imaginer que ça s’est fait chez l’un ou l’autre de ces grands
exploitants des Cantons-de-l’Est que sont les Cochrane, Terrill, Pomroy et compagnie.
Seules les installations agricoles de grand luxe laisseront des traces ou feront l’objet de
mentions dans les journaux. Ainsi l’immense grange de 60 mètres de longueur (ill.75)
qu’érige le constructeur Andrew Belknap sur le domaine de Carlos Pierce à Stanstead,
en 1866, fait l’objet d’une mention dans le journal local du 1er novembre.55
(75) Ferme de Carlos Pierce, Stanstead, disparue aujourd’hui. Source : Collection David Lepitre
55 Stanstead Journal, Nov. 1, 1866, communication de D. Lepitre.
D.Pigeon – Rapport de recherche 63
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C’est aussi au cours des années 1860 qu’une grange plus modeste mais du même type
est construite à Stanbridge-East sur la ferme des Rhicard.56 En 1870, Nathaniel
Beach, un important constructeur d’origine américaine installé à Georgeville érige un
telle grange à deux étages sur sa ferme. Encore une fois le Stanstead Journal fait éta
de cette « large modern two-story barn, 40 by 60 feet » équipée d’un pont pour amen
les charrettes à foin au deuxième.
e
t
er 57
(76) Région de Montmagny. Photo Y. Provost, 1979, collection de l’auteure
À partir de cette époque, les granges-étables à plus d’un étage munies de ponts de
fenils vont se décliner en de multiples modèles et la longue grange québécoise saura se
mettre au goût du jour. Plusieurs granges de la région de Québec en témoignent encore
éloquemment; on y dénombre souvent plus d’un pont de fenil (ill.76). Mais alors qu’en
Nouvelle-Angleterre ces ponts sont généralement placés sur les murs pignons, au
Québec, on les trouvera plutôt sur les murs de long pan. Et encore une fois les
Cantons-de-l’Est se distingueront du reste du Québec puisqu’on y retrouve ces ponts
de fenils presqu’autant sur les murs pignons que sur les longs pans.
Le changement majeur à se produire par la suite dans l’architecture des granges-
étables affectera surtout leur couvrement et on verra réapparaître au Québec le toit
brisé, réinterprété par nos voisins du sud. Nous avons déjà signalé l’article du Journal
56 L.Abbott, 2008, p.132. 57 Idem, p. 142
D.Pigeon – Rapport de recherche 64
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d’agriculture illustré qui présentait une grange à toit brisé dès 1878. Cette forme de
toit offrant plus d’espace pour engranger du fourrage sera de plus en plus populaire
dans la dernière décennie du XIXe siècle.
Ainsi quand Arthur H. Gilmour fait ériger sa grange à trois étages couverte d’un toit à
pignon droit en 1890, c’est un bâtiment qui retient l’attention davantage pour la qualité
de sa construction et pour ses proportions inhabituelles que pour sa forme générale.
Ce bâtiment est en effet plus profond que ce qu’on voit généralement et cette
particularité est commandée par cet aménagement du pont de fenil en U pour faciliter
la circulation des charrettes, autre spécificité peu courante. Son autre grande
innovation consistera en un système de distribution d’eau partout dans l’étable. Ces
deux aménagements seront d’ailleurs soulignés par les juges du concours du mérite
agricole. Au plan de l’originalité, la grange du colonel Gilmour était largement
surpassée par la grange dodécagonale construite en 1882 à Mystic, qui n’était éloigné
de sa Manor Stock Farm que d’une quinzaine de kilomètres. Il est certain que Gilmour
connaissait ce bâtiment étonnant équipé d’un pont de fenil tournant inspiré de la
technologie ferroviaire.58
On peut suivre l’évolution de l’architecture extérieure des granges-étables québécoises
à partir de la création du concours du mérite agricole en 1890. Les juges qui visiteront
les fermes participantes en feront tout d’abord de bonnes descriptions et en
reproduiront parfois les plans dans leurs rapports officiels. À partir de 1900, ces
rapports contiendront aussi des photographies des fermes primées. À regarder les
bâtiments de ces fermes, on se rend compte qu’il y a des granges-étables de tous les
modèles, mais on réalise que généralement les granges des régions peuplées par les
anglophones sont presque directement des reprises des modèles de la Nouvelle-
Angleterre alors que celles des régions peuplées par les francophones sont davantage
des adaptations de ces nouveautés américaines qu’on a su intégrer dans des formes
58 D. Pigeon, 2007, passim.
D.Pigeon – Rapport de recherche 65
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plus traditionnelles. Si le pont de fenil fait florès partout, on retrouvera plus
généralement des granges avec tout le niveau inférieur occupé par la partie étable dans
les régions anglophones alors que les étables des régions francophones auront
tendance à continuer d’occuper une partie seulement de la longue grange.
Bien qu’on continue d’élever des granges à pignon droit, surtout les petites granges
servant uniquement pour le foin, à partir de 1910, on verra de plus en plus de granges-
étables à toits brisés. Il est intéressant de constater que les publicités d’équipements
agricoles, dans le Journal d’agriculture et d’horticulture notamment, utiliseront
presque toujours ce type de toit dans leurs représentations de granges. (Voir annexe 6)
La grange-étable à toit brisé va bientôt devenir la norme. C’est ce type de modèle qui
sera proposé aux agriculteurs québécois par les agronomes à l’emploi du ministère de
l’Agriculture et de la colonisation à partir de 1915.59 Le dépouillement du macro-
inventaire pour les municipalités de Stanbridge-East, Stanbridge-Station, Saint-Ignace-
de-Stanbridge, Saint-Pierre-de-Véronne, Notre-Dame-de-Stanbridge, Cowansville,
Bedford et Lac-Brome laisse l’impression qu’il y avait encore à peu près 40% des
granges-étables à pignons droits en 1979. Il faut dire cependant qu’on en voit
beaucoup qui sont déjà tombées et/ou sur le point d’être démolies. Aujourd’hui, il faut
bien admettre que la plupart des granges datant du début du XXe siècle qu’on peut
encore voir le long de nos routes de campagnes sont des granges à toits brisés.
59 J. Provencher, 1984, p.30.
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D.Pigeon – Rapport de recherche 67
CONCLUSION
Dans le dernier quart du XIXe siècle, le Piémont des Appalaches est une région
agricole prospère; elle compte des fermiers aisés et des grands exploitants qui ont pu
capitaliser dans des fermes modèles. La grange-étable Gilmour est un bel exemple de
bâtiment de ferme directement inspiré des modèles de la Nouvelle-Angleterre mis au
point pour répondre à des pratiques agricoles modernes et efficaces. Elle est
représentative de son époque et de la culture de sa région où on suit de près ce qui se
fait de l’autre côté de la frontière. Et c’est tout à fait dans l’ordre des choses puisque le
comté de Missisquoi a été colonisé majoritairement par des Américains dont les
descendants sont toujours restés en contact avec la patrie de leurs ancêtres. Cette
culture régionale est assez prégnante pour influencer le choix d’Arthur H. Gilmour qui
n’est pourtant pas d’origine américaine.
En conclusion, la ferme du colonel Gilmour se voulait une ferme modèle et beaucoup
d’attention a été mise sur la qualité de construction de ses principaux bâtiments.
Rappelons, entre autres, les fondations en granit taillé, les murs faits selon la technique
de la planche à couvre-joint, le plancher d’étable en ciment, la finition de l’avant-toit
en planche embouvetée et le toit d’ardoise. Si cette grange-étable ne présentait pas un
aspect extérieur très novateur au moment de sa construction, son intérieur réservait de
belles surprises comme le pont de fenil en U et la distribution de l’eau dans toutes les
parties de l’étable. Ce bâtiment était d’ailleurs si bien aménagé qu’il a su répondre aux
besoins de ses divers propriétaires pendant plus d’un demi-siècle. Dans l’évolution de
l’architecture des bâtiments de ferme québécois, cette grange-étable conçue pour
répondre aux besoins d’une importante production laitière demeure un témoignage,
sans extravagance, de ce qui se fait de mieux dans le genre à cette époque. Enfin
comme on l’écrit si bien dans Stanbridge 1890-1990 : « The stately barn with a slate
roof and cupola still stands as a sort of monument to the ‘glorious’ Gilmore-Baker
(sic) days in Stanbridge-East. »
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Martin Masseau Normand Masseau Richard O’Breham
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LISTE DES ILLUSTRATIONS
À moins d’indications contraires, les photographies ont été prises par l’auteure. Les photographies en page couverture sont les # 5 et 23
1. Photographie de la grange-étable Gilmour, côté sud, vers 1910-1920, archives
de la Société d’histoire de Missisquoi (à l’avenir : archives SHM) 2. Plan de la grange-étable Gilmour, partie étable, tiré de Rapport du mérite
agricole, 1901. 3. Plan de la grange-étable Gilmour, partie fenil, même source. 4. Photographies de la grange-étable Gilmour, même source. 5. Grange-étable Gilmour, côté nord, vers 1910-1920, archives SHM. 6. Grange à Georgia, Vt. tirée de Field Guide to New England Barns, p.90. 7. Idem. 8. Grange Foster, Danville, s.d., collection Robert Lemire. 9. Ferme Knight, Stanbridge-East, vers 1900, tirée de Stanbridge 1890-1990.
10. Portrait de A.H. Gilmour, vers 1865, archives SHM. 11. Portrait de A.H. Gilmour, par W. Eaton, Musée des Beaux-Arts du Canada. 12. Propriété de J. C. Baker, vers 1881, Stanbridge-East, tirée de Atlas Belden. 13. Portrait gravé de A.H. Gilmour, archives SHM. 14. Photo de la banque Baker/Gilmour, Stanbridge-East, archives SHM. 15. Portrait de A.H. Gilmour, tiré de The Canadian Album, 1894. 16. Photo de Manor Stock Farm, vers 1900, tirée de Stanbridge 1890-1990. 17. Grange-étable Gilmour, vue du chemin Swamp. 18. Idem, vue du chemin Bullard, vers l’ouest. 19. Idem, vue du Chemin Bullard vers le nord. 20. Maison de la ferme. 21. Écurie. 22. Hangar à instruments aratoires. 23. Ensemble grange-étable Gilmour, hangar et écurie, photo MCCCF, été 2009. 24. Silos à grains modernes. 25. Grange-étable Gilmour face sud. 26. Toit et belvédère. 27. Détail mur à couvre-joint. 28. Pont de fenil et entrée est. 29. Entrée du pont de fenil ouest, fermée par de la tôle 30. Structure en pierre de l’ancien pont de fenil ouest. 31. Porte au deuxième niveau sous le pont de fenil est. 32. Détail de la structure en pierre du pont de fenil. 33. Espace des rampes et ponts de fenil retourné en friche, photo MCCCF, 2009. 34. Angle sud-ouest niveau étable. 35. Fondations en granit taillé, mur sud. 36. Mur niveau inférieur, côté nord. 37. Fenêtres niveau inférieur, côté nord.
D.Pigeon – Rapport de recherche 72
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
38. Portes à glissière, mur pignon ouest. 39. Ardoise du toit tombée par terre, côté nord. 40. Angle sud-ouest de l’avant-toit. 41. Mur pignon ouest avec gouttière. 42. Intérieur étable, photo MCCCF, été 2009. 43. Parcs à veaux au centre de l’étable. 44. Bouche d’aération mur d’étable avec tuyau de fer pour renforcer, à gauche. 45. Plan de l’étable (voir # 2) 46. Piliers et lambourdes au niveau étable. 47. Solive s’insérant dans sole, niveau étable. 48. Solive décelée de la sole, niveau étable. 49. Structure sous le pont de fenil, deuxième niveau. 50. Pièce ayant pu servir de carré à grains, niveau grange. 51. Trappe dans plancher, deuxième niveau. 52. Plan niveau grange (voir # 3) 53. Levage d’une structure porteuse de grange, tirée de The Barn. 54. Structure porteuse avec porte-à-faux. 55. Idem, détail. 56. Assemblage à tenons, mortaises et chevilles. 57. Structure du mur côté sud, photo Martin Masseau, 2009. 58. Détail de la structure du mur sud. 59. Détail d’assemblage à tenons, mortaises et chevilles. 60. Échelle sur l’une des structures porteuses. 61. Structure porteuse avec tirant d’acier. 62. Structure porteuse avec pièces de métal pour la consolider. 63. Pont de fenil défoncé. 64. Garde-fou bordant le pont de fenil à l’intérieur. 65. Chevrons en 2 parties. 66. Structure du toit. 67. Écartement des pans du toit 68. Escalier menant au belvédère, photo MCCCF, été 2009. 69. Vue prise du belvédère, vers l’ouest, photo MCCCF, été 2009. 70. Grange, Saint-Hyacinthe, photo Y. Provost, 1979, collection de l’auteure. 71. Grange à Barnston Ouest, # BAO.010.08.02, Inventaire des bâtiments
agricoles, MRC de Coaticook. 72. Grange des Shakers, Colonie, N.Y., tirée de Old Barn Plans. 73. Plan de grange, tiré de The Architecture of Country Houses, 1850. 74. Grange de type pennsylvanien, tirée de R.L. Séguin, Les granges du Québec. 75. Ferme de C. Pierce, Stanstead, collection David Lepitre. 76. Grange, région de Montmagny, photo Y. Provost, 1979, collection de l’auteure.
D.Pigeon – Rapport de recherche 73
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
ANNEXE 1
Article décrivant la grange-étable Gilmour
D.Pigeon – Rapport de recherche 74
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
D.Pigeon – Rapport de recherche 75
Article paru dans
THE WATERLOO ADVERTISER, Friday, October 24, 1890
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
ANNEXE 2
Divers plans de granges provenant du périodique
LE JOURNAL D’AGRICULTURE ILLUSTRÉ
et autre exemple provenant du
Ministère de l’agriculture et de la colonisation.
D.Pigeon – Rapport de recherche 76
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
L’article à la page suivante précise que c’est monsieur Casgrain lui-même qui a fait ses
plans. Il était agronome.
D.Pigeon – Rapport de recherche 77
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Juin 1885
D.Pigeon – Rapport de recherche 78
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Août 1887
D.Pigeon – Rapport de recherche 79
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Avril 1888
D.Pigeon – Rapport de recherche 80
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Mai 1891
D.Pigeon – Rapport de recherche 81
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Juin 1891
D.Pigeon – Rapport de recherche 82
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
LE JOURNAL D’AGRICULTURE ILLUSTRÉ, 1894
D.Pigeon – Rapport de recherche 83
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
D.Pigeon – Rapport de recherche 84
Exemple de plan de grange distribué par le Ministère de l’agriculture et de la colonisation.
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
ANNEXE 3
Croquis non daté du plan de la ferme Manor Farm
et
Photos du macro-inventaire, 1979
D.Pigeon – Rapport de recherche 85
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Ce croquis pourrait dater de vers 1920-25. Plusieurs bâtiments sont aujourd’hui disparus
comme la porcherie, une partie de l’écurie et les bâtiments de l’autre côté du chemin Swamp
indiqué ici comme Main Road. Il en est de même pour la voie ferrée.
D.Pigeon – Rapport de recherche 86
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Macro-inventaire, 1979. Stanbridge-East # 79.292.18 Photo : Gille Rousseau
Stanbridge-East, à gauche, le chemin Bullard qui fait une courbe pour aller rejoindre le chemin
de Riceburg. Presqu’invisible à droite, le chemin Swamp qui va rejoindre le chemin Bullard
juste avant la courbe. La ferme est au centre, dans l’angle formé par ces deux chemins.
À remarquer, à droite, de l’autre côté du chemin Swamp, des bâtiments de ferme, qu’on peut
voir sur le croquis à la page précédente et qui sont aujourd’hui disparus.
D.Pigeon – Rapport de recherche 87
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Macro-inventaire, 1979. Stanbridge, # 79.292.20. Photo : Gilles Rousseau
Ancienne Manor Stock Farm, grange-étable, écurie, maison et petit bâtiment non identifié.
Le bâtiment carré entre la maison et la grange n’existe plus en 2010. Ce pourrait être une
laiterie.
Cette photo montre que les anciennes rampes en bois (voir ill. 5) avaient été remplacées par
des rampes en terre. On voit encore les traces du silo hexagonal entre les deux entrées.
D.Pigeon – Rapport de recherche 88
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
ANNEXE 4
Croquis des structures porteuses
D.Pigeon – Rapport de recherche 89
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
STRUCTURES PORTEUSES Croquis des structures porteuses, les proportions ne sont pas exactes,
structures des extrémités
structures à l’intérieur du pont de fenil
D.Pigeon – Rapport de recherche 90
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East _______________________________________________________________________________________________________
D. Pigeon – Rapport de recherche 91
ANNEXE 5
Chaîne des titres
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Adresse civique : 4 chemin Swamp, Stanbridge-East, QC, J0J 2H0 lot # 2621, cadastre du Canton de Stanbridge, circonscription Missisquoi 1. Immeuble acquis par : Vente De : Merida Co. À : Normand Masseau Devant : Me Roger Fortin Date : 25 janvier 1984 Enregistrement : 17989 (26 janv. 1984) 2. Immeuble acquis par : Vente De : Gabriel Glaby À : Merida Co. représenté par D. Lack, avocat Devant : Me Fortin Fortin Date : 7 juin 1951 Enregistrement : 88733 (22 août 1951) 3. Immeuble acquis par : Vente De : G. Blanchette et al. À : Gabriel Glaby Devant : Me Jean Thomas Dostaler Date : 29 nov. 1946 Enregistrement : 81128 (12 déc. 1946) 4. Immeuble acquis par : Héritage De : feu Albert Blanchette À : Regina Deslauriers Devant : Me Fortin Fortin Date : 31 mai 1935 Enregistrement : 68674 (27 juin 1935)
D.Pigeon – Rapport de recherche 92
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
5. Immeuble acquis par : Vente De : Corinne Gilmour. À : Albert Blanchette Devant : Me Roger Fortin Date : 17 mai 1920 Enregistrement : 55353 (26 mai 1920) 6. Immeuble acquis par : Vente De : Dora Gilmour. À : Corinne Gilmour Devant : Me J.R.B. Langevin Date : 11 oct. 1913 Enregistrement : 49676 (24 oct. 1913) 7. Immeuble acquis par : Vente De : Moses Corey, curateur succession Chandler À : Arthur Henry Gilmour Devant : Me Michael Boyce Date : 11 juin 1885 Enregistrement : 28511 (15 juin 1885) 8. Immeuble acquis par : Vente De : Bertha V. Chandler, veuve de feu Cyril Chandler À : Moses Corey in trust Devant : Me Michael Boyce Date : 14 avril 1885 Enregistrement : 28457 (16 mai 1885) 9. ½ du lot # 13, rang 3, canton de Stanbridge, concédé par la couronne à Cyril Chandler, le 4 septembre 1870
D.Pigeon – Rapport de recherche 93
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
ANNEXE 6
Publicités contenues dans
LE JOURNAL D’AGRICULTURE ET D’HORTICULTURE
D.Pigeon – Rapport de recherche 94
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D.Pigeon – Rapport de recherche 95
Annonce publiée dans
LE JOURNAL D’AGRICULTURE ET D’HORTICULTURE
numéros de 1915 Comme on peut le voir, les compagnies de matériaux et d’équipement de ferme publiaient aussi des plans. Il est difficile de savoir dans quelle mesure ceux-ci furent populaires.
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Annonce publiée dans
LE JOURNAL D’AGRICULTURE ET D’HORTICULTURE , numéros de 1915
D.Pigeon – Rapport de recherche 96
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
D.Pigeon – Rapport de recherche 97
Annonce publiée dans
LE JOURNAL D’AGRICULTURE ET D’HORTICULTURE , numéros de 1915
← Petite annonce parue en 1895 dans
LE JOURNAL D’AGRICULTURE ILLUSTRÉ
Cette maison d’édition semble avoir offert des plans de granges dès 1887. Il serait intéressant d’en retrouver quelques-uns !
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
ANNEXE 7
Photographies de fermes tirées de divers Rapports du mérite agricole
D.Pigeon – Rapport de recherche 98
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Ferme Muir, région Huntingdon, 1901, gagnante de la médaille d’or.
Ferme E.P. Ball, Rock Island, 1901, compétiteur pour la médaille d’or
Ferme E. Roy, Saint-Pie-de-Bagot, 1901, compétiteur pour la médaille d’or
D.Pigeon – Rapport de recherche 99
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Ferme Nesbitt, Hochelaga (Montréal), 1905
North Ely, 1906, la grange a été bâtie en 1901
Shawville, 1913
D.Pigeon – Rapport de recherche 100
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
Saint-Henri-de-Lévis, 1905
Saint-Philémon, (Bellechasse), 1912
Calixa-Lavallée, 1911
D.Pigeon – Rapport de recherche 101
La grange-étable Gilmour de Stanbridge-East ________________________________________________________________________________________________________
D.Pigeon – Rapport de recherche 102
Ferme Ness, Howick, 1906
Ferme du Sénateur W. Owens, Montebello, 1908
Ferme F. Dumont, Sainte-Hénédine, 1906