La Grande Enigme

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LE CENTRE SPIRITE LYONNAIS - 1 - http://spirite.free.fr LEON DENIS LA GRANDE ENIGME DIEU & L’UNIVERS

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Leon Denis

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    LEON DENIS

    LA

    GRANDE ENIGME

    DIEU & LUNIVERS

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    AU LECTEUR

    Aux heures pesantes de la vie, aux jours de tristesse et daccablement, ouvre ce livre !

    cho des voix den haut, il le donnera le courage ; il linspirera la patience, la soumission aux lois ternelles !

    O et comment ai-je song lcrire ? Ctait un soir dhiver, un soir de promenade sur la cte azure de Provence.

    Le soleil se couchait sur la mer paisible. Ses rayons dor, glissant sur la vague endormie, allumaient des teintes ardentes sur le sommet des roches et des promontoires ; tandis que le mince croissant lunaire montait dans le ciel sans nuages. Un grand silence se faisait, enveloppant toutes choses. Seule, une cloche lointaine, lentement, tintait langlus.

    Pensif, jcoulais les bruits touffs, les rumeurs peine perceptibles des villes dhiver, en fle, et les voix qui chantaient en mon me.

    Je songeais linsouciance des humains qui se grisent de plaisirs pour mieux oublier le but de la vie, ses imprieux devoirs, ses lourdes responsabilits. La mer berceuse, lespace qui, peu peu, se constellait dtoiles, les senteurs pntrantes des myrtes et des pins, les harmonies lointaines dans le calme du soir, tout contribuait rpandre en moi et autour de moi un charme subtil, intime et profond.

    Et la voix me dit : publie un livre que nous tinspirerons, un petit livre qui rsume tout ce que lme humaine doit connatre pour sorienter dans sa voie; publie un livre qui dmontre tous que la vie nest pas une chose vaine, dont on puisse user avec lgret, mais une lutte pour la conqute du ciel, une uvre haute et grave ddification, de perfectionnement, une uvre que rgissent des lois augustes et quitables, au-dessus desquelles plane lternelle Justice, tempre par lAmour.

    La Justice ! Sil est en ce monde un besoin, une ncessit imprieuse pour tous ceux qui

    souffrent, dont lme est dchire, nest-ce pas le besoin de croire, de savoir que la justice nest pas un mot vide, quil y a quelque part des compensations pour toutes les douleurs, une sanction tous les devoirs, une consolation pour tous les maux ?

    Or, cette justice absolue, souveraine, quelles que soient nos opinions politiques et nos vues sociales, il faut bien le reconnatre, elle nest pas de notre monde. Les institutions humaines ne la comportent pas.

    Et quand mme nous parviendrions corriger, amliorer ces institutions et, par la suite, attnuer bien des maux, diminuer la somme des ingalits et des misres humaines, il y a des causes daffliction, des infirmits cruelles et innes contre lesquelles nous serons toujours impuissants : la perte de la sant, de la vue, de la raison, la sparation des tres aims et tout limmense cortge des souffrances morales, dautant plus vives que lhomme est plus sensible et la civilisation plus affine.

    Malgr toutes les amliorations sociales, nous nobtiendrons jamais que le bien et le mal trouvent ici-bas leur entire sanction. Sil est une justice absolue, intgrale, elle ne peut tre que dans lau-del ! Mais qui nous prouvera que cet au-del nest pas un mythe, une illusion, une chimre ? Les religions, les philosophies ont pass ; elles ont dploy sur lme humaine

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    le riche manteau de leurs conceptions et de leurs esprances. Cependant le doute a subsist au fond de lme. Une critique minutieuse et savante a pass au crible toutes les thories dantan. Et de cet ensemble majestueux, il nest rest que des ruines.

    Mais alors, sur tous les points du globe, des phnomnes psychiques se produisirent. Varis, continus, innombrables, ils apportaient la preuve de lexistence dun monde spirituel, invisible, rgi par des principes rigoureux, aussi immuables que ceux de la matire, monde qui recle dans ses profondeurs le secret de nos origines et de nos destins1. Une nouvelle science est ne, base sur les expriences, les enqutes et les tmoignages de savants minents ; par elle, une communication stablit avec ce monde invisible qui nous entoure, et une rvlation puissante dcoule sur lhumanit comme une onde pure et rgnratrice.

    Jamais, peut-tre, au cours de son histoire, la France na senti plus profondment

    lopportunit dune nouvelle orientation morale. Les religions, disons-nous, ont beaucoup perdu de leur prestige, et les fruits empoisonns du matrialisme se montrent de toutes parts. A ct de lgosme et de la sensualit des ans stalent la brutalit et les convoitises des autres. Les actes de violence, les meurtres, les suicides se multiplient. Les grves revtent un caractre de plus en plus tragique. Cest la lutte des classes, le dchanement des apptits et des fureurs. La voix populaire monte et gronde ; la haine des petits envers ceux qui possdent et jouissent tend passer du domaine des thories dans celui des faits. Les pratiques barbares, destructrices de toute civilisation, pntrent dans les murs ouvrires. On saccage les usines; on brise les machines ; on sabote loutillage industriel. Cet tat de choses, en saggravant, nous ramnerait tout droit la guerre civile et la sauvagerie.

    Tels sont les rsultats dune fausse ducation nationale. Depuis des sicles, ni lcole ni lglise nont enseign au peuple ce quil a le plus besoin de connatre : le pourquoi de lexistence, la loi de la destine avec le vrai sens des devoirs et des responsabilits qui sy rattachent. De l, de toutes parts, en haut comme en bas, le dsarroi des intelligences et des consciences, la confusion de toutes choses, la dmoralisation, lanarchie. Nous sommes menacs de la faillite sociale.

    Faudra-t-il descendre jusquau fond du gouffre des misres publiques, pour voir lerreur commise et comprendre quil faut rechercher par-dessus tout le rayon de lumire qui claire la grande marche humaine sur la route sinueuse, travers les fondrires et les rocs bouls ?

    Novembre 1910.

    1 Voir LEON DENIS, Dans lInvisible : Spiritisme et Mdiumnit. IDEM, Christianisme et Spiritisme : Preuves exprimentales de la survivance.

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    PREMIERE PARTIE

    DIEU ET LUNIVERS

    __________

    I. LA GRANDE ENIGME Y a-t-il un but, y a-t-il une loi dans lunivers ? Ou bien cet univers nest-il quun abme o la pense se perd, faute dun point dappui, ou

    elle tourne sur elle-mme comme la feuille morte sous le souffle du vent ? Y a-t-il une force, une esprance, une certitude qui puisse nous lever au-dessus de nous-

    mmes vers un but suprieur, vers un principe, un tre en qui sidentifient le bien, la vrit, la sagesse ; ou bien ny aurait-il en nous et autour de nous que doute, incertitude et tnbres ?

    Lhomme, le penseur, sonde du regard la vaste tendue. Il interroge les profondeurs du ciel. Il y cherche la solution de deux grands problmes : le problme du monde, le problme de la vie. Il considre ce majestueux univers, dans lequel il se sent comme noy. Il suit des yeux la course des gants de lespace, soleils de la nuit, effrayants foyers dont la lumire parcourt les immensits mornes. Il interroge ces astres, ces mondes innombrables, mais ils passent, muets, poursuivant leur route vers un but que nul ne connat. Un silence crasant plane sur labme enveloppe lhomme, rend cet univers plus solennel encore1.

    Pourtant deux choses nous apparaissent premire vite dans lunivers : la matire et le mouvement, la substance et la force. Les mondes sont forms de matire, et cette matire, inerte par elle-mme, se meut. Qui donc la fait mouvoir? Quelle est cette force qui lanime ? Premier problme. Mais lhomme, de linfini, reporte sur lui-mme son attention. Cette matire et cette force universelles, il les retrouve en lui et, avec elles, un troisime lment, laide duquel il a connu, vu, mesur les autres : lintelligence.

    Cependant lintelligence humaine nest pas, elle-mme, sa propre cause. Si lhomme tait sa propre cause, il pourrait maintenir et conserver la puissance de vie qui est en lui ; tandis que cette puissance, sujette des variations, des dfaillances, chappe sa volont.

    Si lintelligence est en lhomme, elle doit se retrouver dans cet univers dont il fait partie

    intgrante. Ce qui existe dans la partie doit se retrouver dans le tout. La matire nest que le vtement, la forme sensible et changeante, revtue par la vie; un cadavre ne pense ni ne se meut. La force est un simple agent appel entretenir les fonctions vitales. Cest donc lintelligence qui gouverne les mondes et rgit lunivers.

    Cette intelligence se manifeste par des lois, lois sages et profondes, ordonnatrices et conservatrices de lunivers.

    1 Ce silence est relatif et rsulte uniquement de l'imperfection de nos sens.

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    Toutes les recherches, tous les travaux de la science contemporaine concourent dmontrer laction des lois naturelles, quune loi suprme relie, embrasse, pour constituer luniverselle harmonie. Par cette loi, une intelligence souveraine se rvle comme la raison mme des choses, raison consciente, unit universelle o convergent, se relient et se fondent tous les rapports, o tous les tres viennent puiser la force, la lumire et la vie ; tre absolu et parfait, fondement immuable et source ternelle de toute science, de toute vrit, de toute sagesse, de tout amour.

    Pourtant, certaines objections sont prvoir. On peut me dire, par exemple : les thories

    sur la matire, la force et lintelligence, telles que les formulaient nagure les coles scientifiques et philosophiques, ont fait leur temps. Des conceptions nouvelles les remplacent. La physique actuelle nous dmontre que la matire se dissocie lanalyse, se rsout en centres de forces, et que la force se rsorbe dans lther universel.

    Oui, certes, les systmes vieillissent et passent ; les formules susent ; mais lide ternelle reparat sous des formes toujours neuves et plus riches. Matrialisme et spiritualisme sont des aspects transitoires de la connaissance. Ni la matire ni lesprit ne sont ce que pensaient les coles dautrefois, et peut-tre la matire, la pense et la vie sont-elles relies par des liens troits que nous commenons entrevoir.

    Nanmoins, certains faits subsistent et dautres problmes se posent. La matire et la force se rsorbent dans lther ; mais quest-ce que lther ? Cest, nous dit-on, la matire premire, le substratum dfinitif de tous les mouvements. Lther lui-mme est travers de mouvements innombrables : radiations lumineuses et calorifiques, courants dlectricit et de magntisme. Or, il faut bien que ces mouvements soient rgls de certaine faon.

    La force engendre le mouvement, mais la force nest pas la loi. Aveugle et sans guide, elle ne pourrait produire lordre et lharmonie dans lunivers. Ceux-ci sont pourtant manifestes. Au sommet de lchelle des forces, apparat lnergie mentale, la volont, lintelligence qui construit les formes et fixe les lois1.

    Linertie, nous dira-t-on encore, nest que relative, puisque la matire est de lnergie concrte. En ralit, toutes les particules constitutives dun corps se meuvent. Cependant lnergie emmagasine dans ces corps ne peut entrer en puissance daction que si la matire composante est dissocie. Ce nest pas le cas pour les plantes, dont les lments reprsentent la matire son dernier degr de concrtion. Leurs mouvements ne peuvent sexpliquer par une force interne, mais seulement par lintervention dune nergie extrieure.

    Linertie, dit G. Lebon2, est la rsistance, de cause inconnue, que les corps opposent au mouvement ou changement de mouvement. Elle est susceptible de mesure, et cest cette mesure quon dfinit par le terme de masse. La masse est donc la mesure de linertie de la matire, son coefficient de rsistance au mouvement.

    Depuis Pythagore jusqu Claude Bernard, tous les penseurs affirment que la matire est dpourvue de spontanit. Toute tentative de prter la substance inerte une spontanit capable dorganiser et dexpliquer la force, a chou.

    Il faut donc revenir la ncessit dun premier moteur transcendant pour expliquer le systme du monde. La mcanique cleste ne sexplique pas par elle-mme, et lexistence dun moteur initial simpose. La nbuleuse primitive, mre du soleil et des plantes, tait anime 1 G. Lebon, malgr ses rticences (I'volution de la matire, p. 275), est oblig de le reconnatre : Toutes ces oprations si prcises, si admirablement adaptes un but, sont diriges par des forces qui se conduisent exactement comme si elles possdaient une clairvoyance trs suprieure la raison. Ce qu'elles accomplissent chaque instant est trs au-dessus de tout ce que peut raliser la science la plus avance. 2 Revue scientifique, 17 octobre 1903.

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    dun mouvement giratoire. Mais qui lui avait imprim ce mouvement ? Nous rpondons sans hsiter : Dieu1 !

    Est-ce seulement la science contemporaine qui nous rvle Dieu, ltre universel ?

    Lhomme interroge lhistoire de la terre. Il voque le souvenir des multitudes mortes, des gnrations qui reposent sous la poussire des sicles. Il interroge la foi crdule des simples et la foi raisonne des savants, et partout, au-dessus des opinions contradictoires et des disputes dcoles, au-dessus des rivalits de castes, dintrts et de passions, partout il voit les lans, les aspirations de la pense humaine vers la grande cause qui veille, auguste et silencieuse, sous le voile mystrieux des choses.

    En tous temps et en tous milieux, la plainte humaine monte vers cet Esprit divin, vers cette Ame du monde que lon honore sous des noms divers, mais qui, sous tant dappellations : Providence, grand Architecte, tre suprme, Pre cleste, est toujours le Centre, la Loi, la Raison universelle, en qui le monde se connat, se possde, retrouve sa conscience et son moi.

    Et cest ainsi quau-dessus de cet incessant flux et reflux dlments passagers et changeants, au-dessus de cette varit, de cette diversit infinie des tres et des choses, qui constituent le domaine de la nature et de la vie, la pense rencontre dans lunivers ce principe fixe, immuable, cette unit consciente, en qui sunissent lessence et la substance, source premire de toutes les consciences et de toutes les formes, car conscience et forme, essence et substance, ne peuvent exister lune sans lautre. Elles sunissent pour constituer cette unit vivante, cet Etre, absolu et ncessaire, source de tous les tres, que nous appelons Dieu.

    Mais le langage humain est impuissant exprimer lide de ltre infini. Ds que nous nous servons de noms et de termes, nous limitons ce qui est sans limites. Toutes les dfinitions sont insuffisantes et, dans une certaine mesure, induisent en erreur. Cependant la pense, pour sexprimer, a besoin de termes. Le moins loign de la ralit est celui par lequel les prtres dgypte dsignaient Dieu : Je suis, cest--dire je suis ltre par excellence, absolu, ternel, de qui manent tous les tres.

    Un malentendu sculaire divise sur ces questions les coles philosophiques. Le

    matrialisme ne voyait dans lunivers que la substance et la force. Il semblait ignorer les tats quintessencis, les transformations infinies de la matire. Le spiritualisme ne voit encore en Dieu que le principe spirituel. Il considre comme immatriel tout ce qui ne tombe pas sous nos sens. Tous deux se trompent. Le malentendu qui les spare ne cessera que lorsque les matrialistes verront dans leur principe et les spiritualistes dans leur Dieu la source des trois lments: substance, force, intelligence, dont lunion constitue la vie universelle.

    Pour cela, il suffit de comprendre deux choses : si lon admet que la substance est en dehors de Dieu, Dieu nest pas infini, et, puisque la conscience existe dans le monde actuel, il faut videmment quelle se retrouve dans ce qui a t le Principe de ce monde.

    Mais la science, aprs stre attarde pendant un demi-sicle dans les dserts du matrialisme et du positivisme, aprs en avoir reconnu la strilit, la science actuelle a modifi son orientation. Dans tous les domaines : physique, chimie, biologie, psychologie, elle sachemine aujourdhui dun pas dcid vers cette grande unit que lon entrevoit au fond de tout. Partout elle reconnat lunit de substance, lunit de forces, lunit de lois. Derrire toute substance mue, la force se retrouve, et la force nest que la projection de la pense, de la 1 Voir note complmentaire n 1, la fin de l'ouvrage.

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    volont dans la substance. Lternelle cration, lternel renouvellement des tres et des choses nest que la projection constante de la pense divine dans lunivers.

    Peu peu, le voile se soulve ; lhomme, commence entrevoir lvolution grandiose de la vie la surface des mondes. Il voit la corrlation des forces et ladaptation des formes et des organes en tous milieux. Il sait que la vie se dveloppe, se transforme et saffine mesure quelle parcourt sa spirale immense. Il comprend que tout est rgl en vue dun but, qui est le perfectionnement continu de ltre et laccroissement en lui de la somme du bien et du beau.

    Mme ici-bas, il peut suivre cette loi majestueuse du progrs travers tout le lent travail de la nature, depuis les formes les plus infrieures de ltre, depuis la cellule verte flottant au sein des eaux, jusqu lhomme conscient en qui lunit de la vie saffirme, et au-dessus de lui, de degr en degr, jusqu linfini. Et cette ascension ne se comprend, ne sexplique que par lexistence dun principe universel, dune nergie incessante, ternelle, qui pntre toute la nature ; cest elle qui rgle et stimule cette volution colossale des tres et des mondes vers le mieux, vers le bien.

    Dieu, tel que nous le concevons, nest donc pas le Dieu du panthisme oriental, qui se confond avec lunivers, ni le Dieu anthropomorphique, monarque du ciel, extrieur au monde, dont nous parlent les religions de lOccident. Dieu est manifest par lunivers qui en est la reprsentation sensible, mais ne se confond pas avec lui. De mme quen nous lunit consciente, lme, le moi, persiste au milieu des modifications incessantes de la matire corporelle, ainsi, au milieu des transformations de lunivers et de lincessant renouvellement de ses parties, subsiste ltre immuable qui est lme, la conscience, le moi qui lanime, lui communique le mouvement et la vie.

    Et ce grand tre, absolu, ternel, qui connat nos besoins, entend nos appels, nos prires, qui est sensible nos douleurs, est comme limmense foyer o tous les tres, par la communion de la pense et du sentiment, viennent puiser les forces, les secours, les inspirations ncessaires pour les guider dans les voies de la destine, pour les soutenir dans leurs luttes, les consoler dans leurs misres, les relever dans leurs dfaillances et leurs chutes.

    Ne cherche pas Dieu dans les temples de pierre et de marbre, homme qui veut le

    connatre, mais dans le temple ternel de la nature, dans le spectacle des mondes parcourant linfini, dans les splendeurs de la vie qui spanouit leur surface, dans la vue des horizons varis : plaines, valles, montagnes et mers, que toffre ta demeure terrestre. Partout, sous lclat du jour ou sous le manteau constell des nuits, au bord des ocans tumultueux comme dans la solitude des forts, si tu sais te recueillir, tu entendras les voix de la nature et les subtils enseignements quelle murmure loreille de ceux qui frquentent ses retraites et tudient ses mystres.

    La terre vogue sans bruit dans ltendue. Cette masse de dix mille lieues de tour glisse sur les flots de lther comme un oiseau dans lespace, comme un moucheron dans la lumire. Rien ne trahit sa marche imposante. Aucun grincement de roues, aucun murmure de vagues sous ses flancs. Silencieuse, elle passe, elle roule parmi ses surs du ciel. Toute la puissante machine de lunivers sagite ; les millions de soleils et de mondes qui la composent, mondes prs desquels le ntre nest quun enfant, tous se dplacent, sentrecroisent, poursuivent leurs rvolutions avec des vitesses effrayantes, sans quaucun son, aucun heurt ne vienne trahir laction de ce gigantesque appareil. Lunivers reste calme. Cest lquilibre absolu ; cest la majest dun pouvoir mystrieux, dune intelligence qui ne simpose pas, qui se cache au sein des choses, mais dont la prsence se rvle la pense et au cur, et qui attire le chercheur comme labme.

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    Si la terre voluait avec bruit ; si le mcanisme du monde se remontait avec fracas, les hommes, effrays, se courberaient et croiraient. Mais non ! Luvre formidable saccomplit sans efforts. Globes et soleils flottent dans linfini, aussi lgers que des plumes sous la brise. En avant, toujours en avant ! La ronde des sphres se droule, guide par une puissance invisible.

    La volont qui dirige lunivers se dissimule tous les yeux. Les choses sont disposes de manire que personne ne soit oblig de croire en elle. Si lordre et lharmonie du cosmos ne suffisent pas convaincre lhomme, il est libre. Rien ne contraint le sceptique daller Dieu.

    Il en est de mme des choses morales. Nos existences se droulent et les vnements se succdent sans liaison apparente. Mais limmanente justice plane de haut sur nous et rgle nos destins daprs un principe inluctable, par lequel tout senchane en une srie de causes et deffets. Leur ensemble constitue une harmonie que lEsprit affranchi de prjugs, clair par un rayon de la sagesse, dcouvre et admire.

    Que savons-nous de lunivers ? Notre oeil ne peroit quun domaine restreint de lempire des choses. Seuls, les corps matriels, semblables nous, laffectent. La matire subtile et diffuse nous chappe1. Nous ne voyons que ce quil y a de plus grossier dans notre entourage. Tous les mondes fluidiques, tous les cercles o sagite la vie suprieure, la vie radieuse, chappent aux regards humains. Nous ne distinguons que les mondes opaques et lourds qui se meuvent dans les cieux. Lespace qui les spare nous parat vide. Partout, de profonds abmes semblent souvrir. Erreur ! Lunivers est plein. Entre ces demeures matrielles, dans lintervalle de ces mondes plantaires, prisons ou bagnes flottant dans lespace, dautres domaines de la vie stendent, vie spirituelle, vie glorieuse que nos sens pais ne peuvent percevoir, car, sous ses radiations, ils se briseraient comme une vitre au choc dune pierre.

    La sage nature a limit nos perceptions et nos sensations. Cest degr degr quelle nous conduit dans le chemin du savoir. Cest lentement, tapes par tapes, vies aprs vies, quelle nous mne la connaissance de lunivers, soit visible, soit cach. Ltre gravit une une les marches de lescalier gigantesque qui conduit Dieu. Et chacun de ces degrs reprsente pour lui une longue srie de sicles.

    Si les mondes clestes nous apparaissaient soudain, sans voiles, dans toute leur gloire, nous en serions blouis, aveugls. Mais nos sens extrieurs ont t mesurs et limits. Ils saccroissent et saffinent mesure que ltre slve sur lchelle des existences et des perfectionnements. Il en est de mme de la connaissance, de la possession des lois morales. Lunivers se dvoile nos yeux mesure que notre capacit den comprendre les lois se dveloppe et grandit. Lente est lincubation des mes sous la lumire divine.

    Cest vers toi, Puissance suprme ! Quel que soit le nom quon te donne et si

    imparfaitement que tu sois comprise, cest vers toi, source ternelle de la vie, de la beaut, de lharmonie, que montent nos aspirations, notre confiance, notre amour !

    O es-tu? Dans quels cieux profonds, mystrieux es-tu cache ? Que dmes ont cru quil suffirait, pour te rencontrer, de quitter la terre ! Mais tu restes invisible dans le monde spirituel comme dans le monde terrestre, invisible pour ceux qui nont pas encore acquis la puret suffisante pour reflter tes divins rayons. Pourtant tout rvle et manifeste ta prsence. Tout ce qui, dans la nature et dans lhumanit, chante et clbre lamour, la beaut, la perfection, tout ce qui vit et respire est un message de Dieu. Les forces grandioses qui animent lunivers proclament la ralit de lintelligence divine ; ct delles, la majest de Dieu se manifeste dans lhistoire par laction des grandes mes qui, semblables a des vagues

    1 Actuellement nous ne connaissons et ne pouvons connatre dans leur essence ni l'esprit ni la matire.

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    immenses, apportent aux rivages terrestres toutes les puissances de luvre de sagesse et damour.

    Et Dieu est aussi en chacun de nous, dans le temple vivant de la conscience. Cest l quest le lieu sacr , le sanctuaire o se cache la divine tincelle.

    hommes ! Apprenez descendre en vous-mmes, fouiller les replis les plus intimes de votre tre, interrogez-vous dans le silence et dans la retraite. Et vous apprendrez vous connatre, connatre la puissance cache en vous. Cest elle qui lve et fait resplendir au fond de nos consciences les saintes images du bien, de la vrit, de la justice, et cest en honorant ces images divines, en leur rendant un culte de chaque jour, que cette conscience encore obscure se purifie et sclaire. Peu peu, la lumire grandit en nous. Comme laurore succde la nuit, comme graduellement, dune manire insensible, les ombres font place lclat du jour, ainsi lme sillumine des radiations de ce foyer qui est en elle, et qui fait clore dans notre pense et dans notre cur des formes toujours nouvelles, toujours inpuisables de vrit et de beaut. Et cette lumire est aussi une harmonie pntrante, une voix qui chante dans lme du pote, de lcrivain, du prophte, qui les inspire et leur dicte les oeuvres grandes et fortes par lesquelles ils travaillent llvation de lhumanit. Mais ceux-l seuls ressentent ces choses qui, ayant matris la matire, se sont rendus dignes de cette communion sublime par de sculaires efforts, ceux dont le sens intime sest ouvert aux impressions profondes et connat le souffle puissant qui attise les feux du gnie, le souffle qui passe sur les fronts pensifs et fait tressaillir les enveloppes humaines.

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    II. UNITE SUBSTANTIELLE DE LUNIVERS.

    Lunivers est un, quoique triple en apparence. Esprit, force et matire ne semblent tre que les modes, les trois tats dune substance immuable en son principe, variable linfini dans ses manifestations.

    Lunivers vit et respire, anim par deux courants puissants. absorption et diffusion. Par cette expansion, par ce souffle immense, Dieu, ltre des tres, lAme de lunivers, cre. Par son amour, il attire lui. Les vibrations de sa pense et de sa volont, sources premires de toutes les forces cosmiques, meuvent lunivers et engendrent la vie.

    La matire, disons-nous, nest quun mode, une forme passagre de la substance universelle. Elle chappe lanalyse et disparat sous lobjectif des microscopes, pour se rsoudre en radiations subtiles. Elle na pas dexistence propre ; les philosophies qui la prennent pour base reposent sur une apparence, sur une sorte dillusion1.

    Lunit de lunivers, longtemps nie ou incomprise, commence tre entrevue par la science. Il y a une vingtaine dannes, W. Crookes, au cours de ses tudes sur les matrialisations dEsprits, dcouvrait le quatrime tat de la matire, ltat radiant, et cette dcouverte, par ses consquences, allait bouleverser toutes les vieilles thories classiques. Celles-ci tablissaient une distinction entre la matire et la force. Nous savons maintenant que toutes deux se confondent. Sous laction de la chaleur, la matire la plus grossire se transforme en fluides, puis les fluides se rduisent leur tour en un lment plus subtil qui chappe nos sens. Toute matire peut se rduire en force, et toute force se condense en matire, parcourant ainsi un cercle incessant2.

    Les expriences de sir W. Crookes ont t poursuivies, confirmes par une lgion dinvestigateurs. Le plus clbre, Rntgen, a appel rayons X les radiations manes des ampoules de verre ; ils ont la proprit de traverser la plupart des corps opaques, et permettent de percevoir et de photographier linvisible.

    Peu aprs, M. Becquerel dmontrait les proprits de certains mtaux dmettre des radiations obscures qui pntrent la matire la plus dense, comme les rayons Rntgen, et impressionnent les plaques photographiques travers des lames mtalliques.

    Le radium, dcouvert par M. Curie, produit de la chaleur et de la lumire, dune faon continue, sans spuiser dune manire sensible. Les corps soumis son action deviennent eux-mmes radiants. Quoique la quantit dnergie rayonne par ce mtal soit considrable, la perte de substance matrielle qui y correspond est presque nulle. W. Crookes a calcul quune centaine dannes taient ncessaires pour la dissociation dun gramme de radium3.

    1 La matire, a dit W. Crookes, n'est qu'un mode du mouvement. (Proc. Roy. Soc., n 205, p. 472.) 2 Toute la matire, a dit Crookes, repassera par l'tat thr d'o elle vient. (Discours au Congrs de chimie de Berlin, 1903.) 3 Voir G. LEBON, Revue scientifique, 24 octobre 1903, P. 518.

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    Bien plus. Les ingnieuses dcouvertes de M. G. Lebon1 ont prouv que les radiations sont une proprit gnrale de tous les corps. La matire peut se dissocier indfiniment ; elle nest que de lnergie concrte. Ainsi la thorie de latome indivisible, qui depuis deux mille ans servait de base la physique et la chimie, scroule et, avec elle, les distinctions classiques entre le pondrable et limpondrable2. La souverainet de la matire, quon disait absolue, ternelle, prend fin.

    Il faut donc le reconnatre, lunivers nest, point tel quil apparaissait nos faibles sens. Le monde physique nen constitue quune infime partie. En dehors du cercle de nos perceptions, il existe une infinit de forces et de formes subtiles que la science a ignores jusquici. Le domaine de linvisible est bien plus vaste et plus riche que celui du monde visible.

    Dans son analyse des lments qui constituent lunivers, la science a err pendant des sicles, et maintenant il lui faut dtruire ce quelle a pniblement difi. Le dogme scientifique de lunit irrductible et indestructible de latome, en seffondrant, entrane avec lui toutes les thories matrialistes. Lexistence des fluides, affirme par les spirites depuis cinquante ans - ce qui leur valut tant de railleries de la part des savants officiels - cette existence, lexprimentation ltablit dsormais dune manire rigoureuse.

    Les tres vivants, eux aussi, mettent des radiations de natures diffrentes. Des effluves humains, variant de forme et dintensit sous laction de la volont, imprgnent les plaques de leur mystrieuse lumire. Ces influx, soit nerveux, soit psychiques, connus depuis longtemps des magntiseurs et des spirites, mais nis par la science, les physiologistes en constatent aujourdhui, dune manire irrcusable, la ralit. Par l, le principe de la tlpathie est trouv. Les volitions de la pense, les projections de la volont se transmettent travers lespace, comme les vibrations du son et les ondulations de la lumire, et vont impressionner des organismes en sympathie avec celui du manifestant. Les mes en affinit de pense et de sentiment peuvent changer leurs effluves, toutes distances, de la mme faon que les astres changent, travers les abmes de lespace, leurs rayons tremblants. Nous dcouvrons l encore le secret des ardentes sympathies ou des invincibles rpulsions quprouvent certains hommes les uns pour les autres, premire entrevue.

    La plupart des problmes psychologiques : suggestion, communication distance, actions et ractions occultes, vision travers les obstacles, trouveront l leur explication. Nous ne sommes encore qu laurore de la vraie connaissance. Mais le champ des recherches est largement ouvert, et la science va marcher de conqute en conqute dans une voie riche en surprises. Le monde invisible se rvle comme la base mme de lunivers, comme la source ternelle des nergies physiques et vitales qui animent le Cosmos.

    Ainsi tombe le principal argument de ceux qui niaient la possibilit de lexistence des Esprits. Ils ne pouvaient concevoir la vie invisible, faute dun substratum, dune substance chappant nos sens. Or, nous trouvons la fois, dans le monde des impondrables, les lments constitutifs de la vie de ces tres et les forces qui leur sont ncessaires pour manifester leur existence.

    Les phnomnes spirites de tous ordres sexpliquent par le fait quune dpense considrable et constante dnergie peut se produire sans dperdition apparente de matire. Les apports, la dsagrgation et la reconstitution spontane dobjets en des chambres closes ; les cas de lvitation, le passage des Esprits travers les corps solides, leurs apparitions et leurs matrialisations, qui provoqurent tant dtonnement, suscitrent tant de railleries, tout cela devient facile admettre et comprendre, ds quon connat le jeu des forces et des lments en action dans ces phnomnes. Cette dissociation de la matire, dont parle M. G. Lebon, et 1 Voir Revue scientifique, 17, 24 et 31 octobre 1903. 2 Depuis des sicles on affirmait et on dfendait la thorie des atomes sans en rien savoir. Berthelot la qualifie de roman ingnieux et subtil . (BERTHELOT, la Synthse chimique, 1876, p. 164.) On voit par l, dit Lebon, que certains dogmes scientifiques n'ont pas plus de consistance que les divinits des anciens ges.

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    que lhomme est encore impuissant produire, les Esprits en possdent depuis longtemps les rgles et les lois.

    Lapplication des rayons X la photographie nexplique-t-elle pas aussi le phnomne de la double vue des mdiums et celui de la photographie spirite ? En effet, si des plaques peuvent tre influences par des rayons obscurs, par des radiations de la matire impondrable qui pntrent les corps opaques, plus forte raison les fluides quintessencis dont se compose lenveloppe des Esprits peuvent-ils, dans certaines conditions, impressionner la rtine des voyants, appareil plus dlicat et plus complexe que nest la plaque de verre.

    Cest ainsi que le spiritisme se fortifie chaque jour par lappoint darguments tirs des dcouvertes de la science, et qui finiront par branler les sceptiques les plus endurcis.

    La grande querelle sculaire qui divisait les coles philosophiques se rduit donc une

    question de mots. Dans les expriences dont sir W, Crookes a pris linitiative, la matire se fond, latome svanouit; leur place, lnergie apparat. La substance est un Prote qui revt mille formes inattendues. Les gaz, que lon considrait comme permanents, se liqufient ; lair se dcompose en lments bien plus nombreux que la science dhier ne lenseignait; la radioactivit, cest--dire laptitude des corps se dsagrger en mettant des effluves analogues aux rayons cathodiques, se rvle comme un fait universel. Toute une rvolution saccomplit dans les domaines de la physique et de la chimie. Partout, autour de nous, nous voyons souvrir des sources dnergie, dimmenses rservoirs de forces, bien suprieurs en puissance tout ce que lon connaissait jusquici1. La science sachemine peu peu vers la grande synthse unitaire, qui est la loi fondamentale de la nature. Ses plus rcentes dcouvertes ont une porte incalculable, en ce sens quelles dmontrent exprimentalement le grand principe constitutif de lunivers : unit des forces, unit des lois. Lenchanement prodigieux des forces et des tres se prcise et se complte. On constate quil existe une continuit absolue, non seulement entre tous les tats de la matire, mais encore entre ceux-ci et les diffrents tats de la force2.

    Lnergie parat tre la substance, unique, universelle. A ltat compact, elle revt les apparences que nous nommons matire, solide, liquide, gazeuse ; sous un mode plus subtil, elle constitue les phnomnes de lumire, chaleur, lectricit, magntisme, affinit chimique. En tudiant laction de la volont sur les effluves et les radiations, nous pourrions peut-tre entrevoir le point, le sommet o la force sintelligente, o la loi se manifeste, o la pense se change en vie.

    Car tout se relie et senchane dans lunivers. Tout est rgl par les lois du nombre, de la mesure, de lharmonie. Les manifestations les plus leves de lnergie confinent lintelligence. La force devient attraction ; lattraction devient amour. Tout se rsume en un pouvoir unique et primordial, moteur ternel et universel, auquel on a donn des noms divers et qui nest autre que la pense, la volont divine. Ses vibrations animent linfini. Tous les

    1 Voir note complmentaire n 2, la fin de louvrage. 2 Les produits de la dissociation des atomes, dit G. Lebon, constituent une substance intermdiaire par ses proprits entre les corps pondrables et l'ther impondrable, c'est--dire entre deux mondes profondment spars jusqu'ici. (Revue scientifique, 17 octobre 1903.) Les observations prcdentes, dit encore cet minent chimiste, semblent bien prouver que les divers corps simples driveraient d'une matire unique. Cette matire primitive serait produite par une condensation de l'ther. (Revue scientifique, 24 octobre 1903.)

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    tres, tous les mondes sont baigns dans locan des radiations qui manent de linpuisable loyer.

    Conscient de son ignorance et de sa faiblesse, lhomme reste confondu devant cette unit formidable qui embrasse toutes choses et porte en elle la vie des humanits. Mais, en mme temps, ltude de lunivers lui ouvre des sources profondes de jouissances et dmotions. Malgr notre infirmit intellectuelle, le peu que nous entrevoyons des lois universelles nous ravit, car, dans la puissance ordonnatrice des lois et des mondes, nous pressentons Dieu et, par l, nous acqurons la certitude que le bien, le beau, lharmonie parfaite rgnent au-dessus de tout.

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    III. SOLIDARITE ; COMMUNION UNIVERSELLE.

    Dieu est lesprit de sagesse, damour et de vie, la puissance infinie qui gouverne le monde. Lhomme est fini, mais il a lintuition de linfini. Le principe spirituel quil porte en lui lincite scruter des problmes qui dpassent les limites actuelles de son entendement. Son esprit, prisonnier dans la chair, sen dgage parfois et slve vers les domaines suprieurs de la pense, do lui viennent ces hautes aspirations, trop souvent suivies de rechutes dans la matire. De l tant de recherches, de ttonnements et derreurs, tel point quil serait impossible de distinguer la vrit dans lamoncellement des systmes et des superstitions que le travail des ges a accumuls, si les puissances invisibles ne venaient faire la lumire dans ce chaos.

    Chaque me est un rayonnement de la grande me universelle, une tincelle mane de lternel foyer. Mais nous nous ignorons nous-mmes, et cette ignorance est la cause de notre faiblesse et de tous nos maux.

    Nous sommes unis Dieu dans le rapport troit qui relie la cause leffet, et nous sommes aussi ncessaires son existence quil est ncessaire la ntre. Dieu, Esprit universel, se manifeste dans la nature, et lhomme est, sur terre, la plus haute expression de la nature. Nous sommes luvre et lexpression de Dieu, qui est la source du bien. Mais ce bien, nous le possdons seulement ltat de germe, et notre tche est de le dvelopper. Nos vies successives, notre ascension sur la spirale infinie des existences, nont pas dautre but.

    Tout est crit au fond de lme en caractres mystrieux : le pass, do nous mergeons et que nous devons apprendre sonder ; lavenir, vers lequel nous voluons, avenir que nous difierons nous-mmes comme un monument merveilleux, fait de penses leves, de nobles actions, de dvouements et de sacrifices.

    Luvre raliser par chacun de nous se rsume en trois mots : savoir, croire, vouloir; cest--dire : savoir que nous avons en nous des ressources incalculables; croire lefficacit de notre action sur les deux mondes de la matire et de lesprit ; vouloir le bien en dirigeant nos penses vers ce qui est beau et grand, en conformant nos actions aux lois ternelles du travail, de la justice et de lamour.

    Issues de Dieu, toutes les mes sont surs ; tous les enfants de la race humaine sont unis par des liens troits de fraternit et de solidarit. Aussi, les progrs de lun de nous sont ressentis par tous, de mme que labaissement dun seul affecte lensemble.

    De la paternit de Dieu dcoule la fraternit humaine ; tous les rapports qui nous unissent se rattachent ce fait. Dieu, pre des mes, doit tre considr comme ltre conscient par excellence et non comme une abstraction. Mais ceux qui ont une conscience droite et sont clairs par un rayon den haut, reconnaissent Dieu et le servent dans lhumanit qui est sa fille et son oeuvre.

    Quand lhomme est parvenu la connaissance de sa vritable nature et de son unit avec Dieu, lorsque cette notion est entre dans sa raison et dans son cur, il sest lev jusqu la

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    vrit suprme ; il domine de haut les vicissitudes terrestres ; il a trouv la force qui soulve les montagnes , rend vainqueur dans la lutte contre les passions, fait mpriser les dceptions et la mort. Il accomplit ce que le vulgaire appelle des prodiges. Par sa volont, par sa foi, il soumet, il gouverne la substance ; il brise les fatalits de la matire ; il devient presque un dieu pour les autres hommes. Plusieurs, dans leur passage ici-bas, sont parvenus ces hauteurs de vues ; seul, le Christ sen est pntr au point doser dire la face de tous : Moi et mon Pre, nous sommes un ; il est en moi et je suis en lui.

    Ces paroles ne sappliquaient cependant pas lui seul ; elles sont vraies pour lhumanit entire. Le Christ savait que tout homme doit arriver la comprhension de sa nature intime, et cest dans ce sens quil disait ses disciples : Vous tes tous des dieux1. Il aurait pu ajouter : des dieux en devenir !

    Cest lignorance de notre propre nature et des forces divines qui dorment en nous, cest lide insuffisante que nous nous faisons de notre rle et des lois de la destine, qui nous assujettissent aux influences infrieures, ce que nous appelons le mal. En ralit, ce nest l quun manque de dveloppement. Ltat dignorance nest pas un mal par lui-mme ; cest seulement une des formes, une des conditions ncessaires de la loi dvolution. Notre intelligence nest pas mre ; notre raison enfant trbuche aux accidents du chemin ; de l lerreur, les dfaillances, les preuves, la douleur. Mais toutes ces choses seront un bien, si on les considre comme autant de moyens dducation et dlvation. Lme doit les traverser pour arriver la conception des vrits suprieures, la possession de la part de gloire et de lumire qui fera delle une lue du ciel, une expression parfaite de la puissance et de lamour infinis. Chaque tre possde les rudiments dune intelligence qui atteindra au gnie, et il a limmensit des temps pour la dvelopper. Chaque vie terrestre est une cole, lcole primaire de lternit.

    Dans la lente ascension qui porte ltre vers Dieu, ce que nous cherchons avant tout, cest le bonheur, la flicit. Toutefois, dans son tat dignorance, lhomme ne saurait atteindre ces biens, car il les recherche presque toujours o ils ne sont pas, dans la rgion des mirages et des chimres, et cela au moyen de procds dont la fausset ne lui apparat quaprs bien des dceptions et des souffrances. Ce sont ces souffrances qui nous clairent; nos douleurs sont des leons austres ; elles nous apprennent que le vrai bonheur nest pas dans les choses de la matire, passagres et changeantes, mais dans la perfection morale. Nos erreurs et nos fautes rptes, les fatales consquences quelles entranent, finissent par nous donner lexprience, et celle-ci nous conduit la sagesse, cest--dire la connaissance inne, lintuition de la vrit. Parvenu sur ce terrain solide, lhomme sentira le lien qui lunit Dieu et il avancera dun pas plus sr, dtapes en tapes, vers la grande lumire qui ne steint jamais.

    Tous les tres sont relis les uns aux autres et sinfluencent rciproquement. Lunivers entier

    est soumis la loi de solidarit. Les mondes perdus dans les profondeurs de lther, les astres qui, des milliards de lieues

    de distance, entrecroisent leurs rayons dargent, se connaissent, sappellent et se rpondent. Une force que nous nommons attraction les runit travers les abmes de lespace.

    De mme, sur lchelle de vie, toutes les mes sont unies par de multiples rapports. La solidarit qui les lie est fonde sur lidentit de leur nature, sur lgalit de leurs souffrances travers les temps, sur la similitude de leurs destines et de leurs fins.

    Comme les astres du ciel, toutes ces mes sattirent. La matire exerce sur lEsprit ses pouvoirs mystrieux. Ainsi que Promthe sur son roc, elle lenchane aux mondes obscurs.

    1 JEAN, X, v .34

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    Lme humaine ressent toutes les attractions de la vie intrieure ; en mme temps, elle peroit les appels den haut.

    Dans cette laborieuse et pnible volution qui entrane les tres, il est un fait consolant sur lequel il est bon dinsister : cest qu tous les degrs de son ascension, lme est attire, aide, secourue par les entits suprieures. Tous les Esprits en marche sont aids par leurs frres plus avancs et doivent aider leur tour ceux qui sont placs au-dessous deux.

    Chaque individualit forme comme un anneau de la grande chane des tres. La solidarit qui les unit peut bien restreindre quelque peu la libert de chacun deux, mais si cette libert est limite en tendue, elle ne lest pas en intensit. Si borne que soit laction de lanneau, une seule de ses impulsions peut agiter toute la chane.

    Cest une chose merveilleuse que cette fcondation constante du monde infrieur par le monde suprieur. De l viennent toutes les intuitions gniales, les inspirations profondes, les rvlations grandioses. Dans tous les temps, la pense leve a rayonn dans le cerveau humain. Dieu, dans son quit, na refus son secours ni sa lumire aucune race, aucun peuple. A tous, il a envoy des guides, des missionnaires, des prophtes. La vrit est une et ternelle ; elle pntre dans lhumanit par rayonnements successifs, mesure que notre entendement devient plus apte se lassimiler.

    Chaque rvlation nouvelle est une continuation de lancienne. Cest l le caractre du spiritualisme moderne, qui apporte un enseignement, une connaissance plus complte de la rle de ltre humain, une rvlation des pouvoirs cachs en lui et aussi de ses relations intimes avec la pense suprieure et divine.

    Lhomme, esprit incarn, avait oubli son vritable rle. Enseveli dans la matire, il perdait de vue les grands horizons de sa destine ; il ddaignait les moyens de dvelopper ses ressources latentes, de se rendre plus heureux en devenant meilleur. La rvlation nouvelle vient lui rappeler toutes ces choses. Elle vient secouer les mes endormies, stimuler leur marche, provoquer leur lvation. Elle claire les replis obscurs de notre tre, nous dit nos origines et nos fins, nous a explique le pass par le prsent et nous ouvre un avenir que nous sommes libres de faire grand ou misrable suivant nos actes.

    Lme humaine ne peut rellement progresser que dans la vie collective, en travaillant au

    profit de tous. Une des consquences de cette solidarit qui nous lie, cest que la vue des souffrances des uns trouble et altre la srnit des autres.

    Aussi est-ce la proccupation constante des Esprits levs, daller porter dans les rgions obscures, aux mes attardes dans les voies de la passion et de lerreur, les radiations de leur pense et les lans de leur amour. Aucune me ne peut se perdre ; si toutes ont souffert, toutes seront sauves. Au milieu de leurs preuves douloureuses, la piti et laffection de leurs surs les enlacent et les entranent vers Dieu.

    Comment comprendre, en effet, que les Esprits radieux puissent oublier ceux quils ont aims autrefois, ceux qui partagrent leurs joies, leurs soucis et peinent encore dans les sentiers terrestres ? La plainte de ceux qui souffrent, de ceux que la destine enchane encore aux mondes arrirs, arrive jusqu eux et suscite leur compassion gnreuse. Lorsquun de ces appels traverse lespace, ils quittent les demeures thres pour verser les trsors de leur charit dans les sillons des mondes matriels. Comme les vibrations de la lumire, les lans de leur amour se propagent dans ltendue, portant la consolation aux curs attrists, versant sur les plaies des humains le baume de lesprance.

    Parfois aussi, pendant le sommeil, les mes terrestres, attires par leurs surs anes, slancent avec force vers les hauteurs de lespace pour simprgner des fluides vivifiants de la patrie ternelle. L, des Esprits amis les entourent, les exhortent, les rconfortent, calment

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    leurs angoisses ; puis, teignant peu peu la lumire autour delles, afin que les regrets dchirants de la sparation ne les accablent pas, ils les reconduisent aux frontires des mondes infrieurs. Leur rveil est mlancolique, mais doux ; et bien quoublieuses de leur sjour passager dans les hautes rgions, elles se sentent rconfortes et reprennent plus allgrement les charges de leur existence ici-bas.

    Chez les mes volues, le sentiment de la solidarit devient assez intense pour se changer

    en communion perptuelle avec tous les tres et avec Dieu. Lme pure communie avec la nature entire ; elle senivre des splendeurs de luvre

    infinie. Tout : les astres du ciel, les fleurs de la prairie, la chanson du ruisseau, la varit des paysages terrestres, les horizons fuyants de la mer, la srnit des espaces, tout lui parle un harmonieux langage. En toutes ces choses visibles, lme attentive dcouvre une manifestation de la pense invisible qui anime le Cosmos. Celui-ci revt pour elle un aspect saisissant. Il devient le thtre de la vie et de la communion universelles, communion des tres les uns avec les autres et de tous les tres avec Dieu, leur pre.

    Il nest pas de distance pour les mes qui sympathisent. De mme que les mondes changent leurs radiations travers les profondeurs toiles, de mme les mes qui saiment communiquent ensemble par la pense. Lunivers est anim dune vie puissante ; il vibre comme une harpe sous laction divine. Les radiations de la pense le parcourent en tous sens ; elles transmettent les messages de lesprit lesprit travers la vaste tendue. Cet univers que Dieu a peupl dintelligences, afin quelles le connaissent, laiment et accomplissent sa loi, il le remplit de sa prsence, il lclaire de sa lumire et le rchauffe de son amour.

    La prire est lexpression la plus haute de cette communion des mes. Considre sous cet aspect, elle perd toute analogie avec les formules banales, les rcitatifs monotones en usage, pour devenir un lan du cur, un acte de la volont par lequel lesprit sarrache aux servitudes de la matire, aux vulgarits terrestres pour pntrer les lois, les mystres de la puissance infinie et sy soumettre en toutes choses : Demandez et vous recevrez ! Prise dans ce sens, la prire est lacte le plus important de la vie ; cest laspiration ardente de ltre humain qui sent sa petitesse et sa misre, et cherche, ne serait-ce quun instant, mettre les vibrations de sa pense en harmonie avec la symphonie ternelle. Cest luvre de la mditation qui, dans le recueillement et le silence, lve lme jusqu ces hauteurs clestes o elle saugmente des forces, o elle simprgne des radiations de la lumire et de lamour divins. Mais combien peu savent prier ! Les religions nous ont dsappris la prire en la changeant en exercice oiseux, parfois ridicule.

    Sous linfluence du Nouveau Spiritualisme, la prire deviendra plus noble et plus digne ; elle sera faite avec plus de respect de la puissance suprme ; avec plus de foi, de confiance et de sincrit, dans un complet dtachement des choses matrielles. Toutes nos anxits et nos incertitudes cesseront lorsque nous aurons compris que la vie est une communion universelle, et que Dieu et tous ses enfants vivent ensemble cette vie. Alors la prire deviendra le langage de tous, lirradiation de lme qui, dans ses lans, met en branle le dynamisme spirituel et divin. Ses bienfaits stendront sur tous les tres et particulirement sur ceux qui souffrent, sur les ignors de la terre et de lespace. Elle ira vers ceux qui nul ne songe, et qui gisent dans lombre, la tristesse et loubli, en face dun pass accusateur. Elle veillera en eux des aspirations nouvelles ; elle fortifiera leur cur et leur pense. Car laction de la prire na pas de limites, pas plus que les forces et les pouvoirs quelle peut mettre en oeuvre pour le bien des autres.

    La prire, il est vrai, ne peut rien changer aux lois immuables ; elle ne saurait en aucune faon modifier nos destines ; son rle est de nous procurer des secours et des lumires qui

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    nous rendent plus facile laccomplissement de notre tche terrestre. La prire fervente ouvre toutes grandes 1es portes de lme et, par ces ouvertures, les rayons de force, les radiations du foyer ternel nous pntrent et nous vivifient.

    Travailler avec un sentiment lev, en poursuivant un but utile et gnreux, cest encore prier. Le travail, cest la prire active de ces millions dhommes qui luttent et peinent sur la terre, au profit de lhumanit.

    La vie de lhomme de bien est une prire continue, une communion perptuelle avec ses semblables et avec Dieu. Il na plus besoin de paroles ni de formes extrieures pour exprimer sa foi : elle sexprime par tous ses actes et toutes ses penses. Il respire, il sagite sans effort dans une pure atmosphre fluidique, plein de tendresse pour les malheureux, plein de bon vouloir pour toute lhumanit. Cette communion constante devient pour lui une ncessit, une seconde nature. Cest grce elle que tous les Esprits dlection se maintiennent aux hauteurs sublimes de linspiration et du gnie.

    Ceux qui vivent dune vie goste et matrielle, dont la comprhension nest pas ouverte aux influences den haut, ceux-l ne peuvent savoir quelles impressions ineffables procure cette communion de lme avec le divin.

    Cest elle, cest cette union troite de nos volonts avec la Volont suprme, que doivent sefforcer de raliser tous ceux qui, voyant lespce humaine glisser sur les pentes de la dcadence morale, cherchent les moyens darrter sa chute. Il ny a pas dascension possible, pas dentranement vers le bien si, de temps autre, lhomme ne se tourne vers son Crateur et son Pre, pour lui exposer ses faiblesses, ses incertitudes, ses misres, pour lui demander les secours spirituels indispensables son lvation. Et plus cette confession, plus cette communion intime avec Dieu est frquente, sincre, profonde, plus lme se purifie et samende. Sous le regard de Dieu, elle examine, elle tale ses intentions, ses sentiments, ses dsirs ; elle passe en revue tous ses actes et, avec cette intuition qui lui vient den haut, elle juge ce qui est bon ou mauvais, ce quil faut dtruire ou cultiver. Elle comprend alors que tout ce qui vient du moi doit tre abaiss pour faire place labngation, laltruisme ; que, dans le sacrifice de soi-mme, ltre trouve le plus puissant moyen dlvation, car plus il se donne, plus il sagrandit. De ce sacrifice, il fait la loi de sa vie, loi quil imprime au plus profond de son tre en traits de lumire afin que toutes ses actions soient marques de son empreinte. . . . . . . . . . . . . . . . .

    Debout sur la terre, mon soutien, ma nourrice et ma mre, jlve mes regards vers linfini, je me sens envelopp dans limmense communion de la vie ; les effluves de lAme universelle me pntrent et font vibrer ma pense et mon cur ; des forces puissantes me soutiennent, avivent en moi lexistence. Partout o ma vue stend, partout o mon intelligence se porte, je vois, je discerne, je contemple la grande harmonie qui rgit les tres et, par des voies diverses, les guide vers un but unique et sublime. Partout, je vois rayonner la Bont, lAmour, la Justice !

    mon Dieu ! mon Pre ! Source de toute sagesse et de tout amour, Esprit suprme dont le nom est Lumire, je toffre mes louanges et mes aspirations! Quelles montent toi comme le parfum des fleurs, comme les senteurs enivrantes des bois montent vers le ciel. Aide-moi avancer dans la voie sacre de la connaissance, vers une comprhension plus haute de tes lois, afin quil se dveloppe en moi plus de sympathie, plus damour pour la grande famille humaine. Car je sais que par mon perfectionnement moral, par la ralisation, par lapplication active autour de moi et au profit de tous, de la charit et de la bont, je me rapprocherai de toi et je mriterai de te mieux connatre, de communier plus intimement avec toi dans la grande harmonie des tres et des choses. Aide-moi me dgager de la vie matrielle, comprendre, sentir ce quest la vie suprieure, la vie infinie. Dissipe lobscurit qui menveloppe ; dpose dans mon me une tincelle de ce feu divin qui rchauffe et embrase les Esprits des sphres

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    clestes. Que ta douce lumire et, avec elle, les sentiments de concorde et de paix se rpandent sur tous les tres !

  • LES HARMONIES DE LESPACE

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    IV. LES HARMONIES DE LESPACE.

    Une des impressions que nous cause, la nuit, lobservation des cieux, cest celle dun majestueux silence ; mais ce silence nest quapparent ; il rsulte de limpuissance de nos organes. Pour des tres mieux partags, dous de sens ouverts aux bruits subtils de linfini, tous les mondes vibrent, chantent, palpitent, et leurs vibrations, maries, forment un immense concert.

    Cette loi des grandes harmonies clestes, nous pouvons lobserver dans notre propre famille solaire.

    On sait que lordre de succession des plantes dans lespace est rgl par une loi de progression, dite loi de Bode. Les distances doublent, de plante en plante, partir du soleil. Chaque groupe de satellites obit la mme loi. Or, ce mode de progression a un principe et un sens. Ce principe se rattache la fois aux lois du nombre et de la mesure, aux mathmatiques et lharmonie1.

    Les distances plantaires sont rgles daprs lordre normal de la progression harmonique ; elles expriment lordre mme des vibrations de ces plantes, et les harmonies plantaires, calcules daprs ces rgles, donnent un accord parfait. On pourrait comparer le systme solaire une harpe immense dont les plantes reprsentent les cordes. Il serait possible, dit Azbel, en rduisant aux cordes sonores la progression des distances plantaires, de construire un instrument complet et absolument accord 2.

    Au fond - et cest l la merveille - la loi qui rgit les rapports du son, de la lumire, de la chaleur, est la mme qui rgit le mouvement, la formation et lquilibre des sphres, en mme temps quelle rgle leurs distances. Cette loi est la fois celle des nombres, des formes et des ides. Cest la loi dharmonie par excellence : cest la pense, cest laction divine entrevue !

    La parole humaine est bien pauvre ; elle est insuffisante exprimer les mystres adorables de lharmonie ternelle. Lcriture musicale, seule, peut en fournir la synthse, en communiquer limpression esthtique. La musique, langue divine, exprime le rythme des nombres, des lignes, des formes, des mouvements. Cest par elle que les profondeurs saniment et vibrent. Elle emplit de ses ondes ldifice colossal de lunivers, temple auguste o retentit lhymne de la vie infinie.

    Pythagore et Platon croyaient dj percevoir la musique des sphres . Dans le songe de Scipion, que Cicron relate en une des plus belles pages que nous ait lgues lantiquit, le dormeur sentretient avec les mes de son pre Paul-Emile et son grand-pre Scipion lAfricain ; il contemple avec eux les merveilles clestes et le dialogue suivant stablit :

    Quelle est donc, demande C. Scipion, cette harmonie si puissante et si douce qui me pntre ?

    1 Voir AZBEL, Harmonie des Mondes, passim. 2 ID., Ibid., p. 29.

  • LES HARMONIES DE LESPACE

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    - Cest, rpond son aeul, lharmonie qui, forme dintervalles ingaux mais combins suivant la juste proportion, rsulte de limpulsion et du mouvement des sphres, et qui, fondant les tons graves et les tons aigus dans un commun accord, fait de toutes ces notes si varies un mlodieux concert. De si grands mouvements ne peuvent saccomplir en silence.

    Presque tous les compositeurs de gnie qui ont illustr lart musical, tels que les Bach, les Beethoven, les Mozart, etc, ont dclar quils percevaient des harmonies bien suprieures tout ce que lon peut imaginer et quil leur tait impossible de transcrire. Beethoven, pendant quil composait, tait hors de lui, ravie dans une sorte dextase, et crivait fbrilement, essayant en vain de reproduire cette musique cleste qui lenivrait.

    Pour tre rceptif ce point, il faut une facult psychique remarquable. Les rares humains qui la possdent affirment que tous ceux qui ont saisi le sens musical de lunivers ont trouv la forme suprieure, lidale expression de la beaut et de lharmonie ternelles. Les plus hautes conceptions du genre humain ne sont quun cho lointain, une vibration affaiblie de la grande symphonie des mondes.

    Cest la source des plus pures jouissances de lEsprit, le secret de la vie suprieure dont nos sens grossiers nous empchent encore de comprendre, de sentir la puissance et lintensit. Pour celui qui les gote pleinement, le temps na plus de mesure, et la suite des jours innombrables ne semble quun seul jour. Mais ces joies encore ignores, lvolution nous les procurera mesure que nous nous lverons sur lchelle des existences et des mondes.

    Dj nous connaissons des mdiums qui peroivent, dans ltat de transe, de suaves mlodies. Les larmes abondantes quils versent alors sont le tmoignage que leurs sensations ne sont pas illusoires.

    Revenons ltude du mouvement des sphres et remarquons quil nest pas jusquaux

    exceptions la rgle universelle dharmonie, elles-mmes, aux dviations apparentes des plantes qui ne sexpliquent et ne soient des sujets dadmiration. Elles constituent des sortes de dialogues de vibrations aussi rapproches que possible de lunisson et prsentent un charme esthtique de plus dans ce prodige de beaut quest lunivers1.

    Un exemple, des plus frappants, est celui des petites plantes, dites tlescopiques, qui voluent entre Mars et Jupiter, au nombre de plus de 520, occupant un espace doctave entier, divis en autant de degrs ; do la probabilit que cet ensemble de mondicules ne constitue pas, comme on la cru, un univers de dbris, mais le laboratoire de plusieurs mondes en formation, mondes dont ltude du ciel nous dira la gense future.

    Les grands rapports harmoniques qui rglent la situation respective des plantes de notre systme solaire sont au nombre de quatre. Ils trouvent leur application :

    En premier lieu : du soleil Mercure ; sur ce point aussi les forces harmoniques sont en travail ; des plantes nouvelles sbauchent ;

    Puis, de Mercure Mars. Cest la rgion des petites plantes, o se meut notre Terre ; elle y joue le rle de dominante locale, avec une tendance sloigner du soleil pour se rapprocher des harmonies plantaires suprieures. Mars, composante de ce groupe, et dont nous pouvons distinguer au tlescope les continents, les mers, les canaux gigantesques, tout lappareil dune civilisation antrieure la ntre, Mars, quoique plus petit, est mieux quilibr que notre demeure.

    Les 500 plantes tlescopiques, constituent ensuite un intervalle de transition ; elles forment comme un collier de perles clestes reliant le groupe des plantes infrieures la chane imposante des grandes plantes, de Jupiter Neptune et au del. Cette chane forme le 1 Voir note complmentaire n 3, la fin de l'ouvrage.

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    quatrime rapport harmonique, aux notes dcroissantes comme le volume des sphres gantes qui la composent. Dans ce groupe, Jupiter a le rle de dominante ; les deux modes, majeur et mineur, se combinent en lui.

    Comme dans linversion harmonique du son, dit Azbel1, cest par une progression constante que le groupe ancien de Neptune Jupiter affirme la formation de ses volumes. Le chaos de corpuscules tlescopiques, qui suit, a arrt brusquement cette progression. Jupiter est rest l, comme un second soleil, au seuil des deux systmes. Des rles doctave et de seconde dominante, il a pass celui de tonique secondaire et relative, pour exprimer le caractre du rle spcial, videmment mineur et relatif, par rapport celui du soleil, quil allait remplir, pendant que de jeunes formations se disposaient en de, lloignant peu peu, lui et les mondes quil a dsormais en tutelle, de lastre dont il est le plus robuste fils.

    Il est robuste, en effet, et bien imposant dans sa course, ce colossal Jupiter, que jaime contempler dans le calme des nuits dt, douze cents fois plus gros que notre globe, escort par ses cinq satellites, dont lun, Ganymde, a le volume dune plante. Debout sur le plan de son orbite, de faon jouir dune galit perptuelle de temprature sous toutes les latitudes, avec des jours et des nuits toujours uniformes dans leur dure, il est, en outre, compos dlments dune densit quatre fois moindre que ceux de notre massive demeure, ce qui permet dentrevoir, pour les tres qui habitent ou habiteront Jupiter, des facilits de dplacement, des possibilits de vie arienne qui doivent en faire un sjour de prdilection. Quel thtre magnifique de la vie ! Quelle scne denchantement et de rve que cet astre gant !

    Plus trange, plus merveilleux encore est Saturne, dont laspect est si impressionnant au tlescope, Saturne, gal huit cents globes terrestres amoncels, avec son immense diadme en forme danneau et ses huit satellites, parmi lesquels Titan gale en dimension Mars lui-mme.

    Saturne, avec le riche cortge qui laccompagne dans sa lente rvolution travers lespace, constitue lui seul un vritable univers, image rduite du systme solaire. Cest un monde de travail et de pense, de science et dart, o les manifestations de lintelligence et de la vie se dveloppent sous des formes dune varit et dune richesse inimaginables. Son esthtique est savante et complique ; le sens du beau y est rendu plus subtil et plus profond par les mouvements alternants, les clipses des satellites et des anneaux, tous les jeux dombre, de lumire, de couleurs, o les nuances se fondent en des dgradations inconnues lil des terriens, et aussi par des accords harmoniques, si mouvants en leurs conclusions analogiques avec ceux de lunivers solaire tout entier !

    Viennent ensuite, aux frontires de lempire du soleil, Uranus et Neptune, plantes mystrieuses et magnifiques, dont le volume gale prs dune centaine de globes terrestres runis. La note harmonique de Neptune serait : la culminante daccord gnral, le sommet de laccord majeur de tout le systme . Puis, ce sont dautres plantes lointaines, sentinelles perdues de notre groupement cleste, encore inaperues, mais pressenties et mme calcules, daprs les influences quelles exercent sur les confins de notre systme, longue chane qui nous rattache dautres familles de mondes.

    Plus loin se droule limmense ocan stellaire, gouffre de lumire et dharmonie, dont les vagues mlodieuses enveloppent de toutes parts et bercent notre univers solaire, cet univers si vaste pour nous, si chtif par rapport lau-del. Cest la rgion de linconnu, du mystre, qui attire sans cesse notre pense et que celle-ci est impuissante mesurer, dfinir, avec ses millions de soleils de toutes grandeurs, de toutes puissances, ses astres doubles, multiples, colors, effrayants foyers qui illuminent les profondeurs, versant flots la lumire, la chaleur, lnergie, et que des vitesses formidables emportent dans limmensit, avec leurs cortges de

    1 AZBEL, Harmonie des Mondes, p. 13.

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    mondes, terres du ciel invisibles niais souponnes, et les familles humaines qui les habitent, les peuples et les cits, les civilisations grandioses dont elles sont le thtre.

    Partout les merveilles succdent aux merveilles : groupes de soleils anims de colorations tranges, archipels dastres, comtes cheveles, errant dans la nuit de leur aphlie, foyers mourants qui se rallument tout coup et flamboient au fond de labme, ples nbuleuses aux formes fantastiques, fantmes lumineux dont les radiations, nous dit Herschel, mettent deux millions dannes nous parvenir, formidables genses dunivers, berceaux et tombes de la vie universelle, voix du pass, promesses de lavenir, splendeurs de linfini !

    Et tous ces mondes unissent leurs vibrations en une mlodie puissante. Lme, dlivre des liens terrestres et parvenue ces hauteurs, entend la voix profonde des cieux ternels !

    Dans leur ensemble, les rapports harmoniques qui rglent les distances plantaires

    reprsentent exactement, comme la tabli Azbel1, ltendue de notre clavier sonore. Les rapports doctave, ou puissances harmoniques, sont identiques ceux des distances et la loi des mouvements. Notre systme solaire reprsente une sorte ddifice huit tages, cest--dire huit octaves, avec un escalier form de 320 degrs ou ondes harmoniques, sur lequel les plantes se trouvent places, occupant des paliers indiqus par lharmonie dun accord parfait multiple .

    Les dissonances ne sont quapparentes ou passagres. Laccord se retrouve au fond de tout. Les rgles de notre harmonie musicale ne semblent tre quune consquence, une application bien imparfaite de la loi dharmonie souveraine qui prside la marche des mondes. Nous pouvons donc croire logiquement que la mlodie des sphres serait intelligible pour notre esprit, si nos sens pouvaient percevoir les ondes sonores qui emplissent lespace2.

    La rgle gnrale, pour tre absolue, nest cependant pas troite et rigide. Dans certains cas, comme dans celui de Neptune, lharmonie relative parait scarter du principe, jamais pourtant de faon en sortir. Ltude des mouvements plantaires en fournit la dmonstration vidente.

    Dans cet ordre dtudes, plus quen tout autre, nous voyons se manifester, dans son imposante grandeur, la loi du Beau et du Parfait qui rgit lunivers. A peine notre attention se porte-t-elle vers les immensits sidrales, quaussitt la sensation desthtique devient intense. Cette sensation va grandir encore et saccrotre mesure que se prciseront les rgles, de lharmonie universelle, mesure que se lvera pour nous le voile qui nous drobe les splendeurs clestes.

    Partout, nous retrouverons cette concordance qui charme et meut. En ce domaine, aucune de ces discordances, de ces dceptions, si frquentes au sein de lhumanit. Partout se dploie cette puissance de beaut qui porte linfini ses combinaisons, embrassant dans une mme unit toutes les lois dans tous les sens : arithmtique, gomtrie, esthtique3.

    Lunivers est un pome sublime dont nous commenons peine peler le premier chant. Nous en saisissons seulement quelques notes, quelques murmures lointains et affaiblis, et dj

    1 AZBEL, Harmonie des Mondes, p. 10. 2 M. mile Chizat, dit Azbel (la Musique dans l'espace), constate que le jeu d'orgue dit voix clestes n'est pas autre chose que l'application musicale intuitive du rle important des ides d'toile . Il est probable que des manifestations symphoniques seront faites ultrieurement, ce sujet, qui pourraient rserver au public des impressions inattendues. Puissent-elles, seulement, aider ramener nos musiques a terrestres qui s'garent, des notions un peu plus hautes et relles du sacerdoce d'harmonie qu'elles devraient remplir parmi nous. 3 Dans les calculs harmoniques, dit Azbel (Harmonie des Mondes, p. 80), le sens de quantit du Nombre se trouve toujours clair et complt par le sens de la note, c'est--dire par le sens de la qualit harmonique que le nombre comporte.

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    ces premires lettres du merveilleux alphabet musical nous remplissent denthousiasme. Que sera-ce quand, devenus plus dignes dinterprter le divin langage, nous percevrons, nous comprendrons les grandes harmonies de lespace, laccord infini dans linfinie varit, le cantique chant par ces millions dastres qui, dans la diversit prodigieuse de leurs volumes et de leurs mouvements, accordent leurs vibrations pour une symphonie ternelle ?

    Mais, demandera-t-on, cette musique cleste, cette voix des cieux profonds, que dit-elle ? Ce, langage rythm, cest le Verbe par excellence, celui par qui tous les mondes et les tres

    suprieurs communiquent entre eux, sappelant travers les distances ; par qui nous communiquerons un jour avec les autres familles humaines qui peuplent lespace toil.

    Cest, dans le principe mme des, vibrations qui servent traduire la pense, la tlgraphie universelle, vhicule de lide dans toutes les rgions de lunivers, par qui les mes leves procdent de perptuels changes, des effusions de science, de sagesse et damour, sentretenant dun astre lautre de leurs oeuvres communes, du but atteindre, des progrs raliser.

    Cest encore lhymne que les mondes chantent Dieu, tour tour chant dallgresse, adoration, plainte, prire ; cest la grande voix des sphres, la suprme harmonie des tres et des choses, le cri damour qui monte ternellement vers lintelligence ordonnatrice des univers.

    Quand donc saurons-nous dtacher nos penses des banalits quotidiennes et les lever vers ces cimes ? Quand saurons-nous pntrer ces mystres du ciel et comprendre que chaque dcouverte ralise, chaque conqute poursuivie dans cette voie de lumire et de beaut, contribue ennoblir notre Esprit, agrandir notre vie morale, et nous procure des joies suprieures toutes celles de la matire ?

    Quand donc comprendrons-nous que cest l, dans ce splendide univers, que notre propre destine se droule, et que ltudier, cest tudier le milieu mme o nous sommes appels revivre, voluer sans cesse, en nous pntrant de plus en plus des harmonies qui lemplissent ? Que partout la vie spanouit en des floraisons dmes ? Que lespace est peupl de socits sans nombre auxquelles ltre humain est rattach par les lois de sa nature et de son avenir ?

    Ah ! Quils sont plaindre ceux qui dtournent leurs regards de ces spectacles et leur esprit de ces problmes! Car il nest pas dtude plus impressionnante, plus mouvante, pas de rvlation plus haute de science et dart, pas de plus sublime leon.

    Non, le secret de notre bonheur, de notre puissance, de notre avenir nest pas dans les choses passagres de ce monde ; il est dans les enseignements den haut et de lau-del. Et les ducateurs de lhumanit sont bien inconscients ou bien coupables, qui ne songent pas lever les mes vers les sommets o resplendit la vraie lumire.

    Si le doute et lincertitude nous assigent, si la vie nous parat lourde, si nous ttonnons dans la nuit la recherche du but, si le pessimisme et la tristesse nous envahissent, nen accusons que nous-mmes, car le grand livre infini est l, ouvert sous nos yeux, avec ses pages magnifiques dont chaque mot est un groupe dastres, chaque lettre un soleil, le grand livre o nous devons apprendre lire le sublime enseignement. La vrit est l, crite en lettres dor et de flamme ; elle appelle, elle sollicite notre regard, vrit, ralit plus belle que toutes les lgendes et toutes les fictions.

    Cest elle qui nous dit la vie imprissable de lme, ses vies renaissantes sur la spirale des mondes, les tapes innombrables sur la route radieuse, la poursuite de lternel bien dans linfinie dure, lescalade des cieux la conqute de la pleine conscience, la joie de toujours vivre pour toujours aimer, toujours monter, toujours acqurir de nouvelles puissances, des vertus plus hautes, des perceptions plus vastes. Et par-dessus tout, la vision, la comprhension, la possession de lternelle beaut, la flicit den pntrer les lois, de sassocier plus troitement luvre divine et lvolution des humanits.

  • LES HARMONIES DE LESPACE

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    Car de ces magnifiques tudes, lide de Dieu se dgage plus majestueuse, plus sereine. La science des harmonies clestes est comme le pidestal grandiose sur lequel se dresse lauguste figure, Beaut souveraine dont lclat, trop blouissant pour nos faibles yeux, reste encore voil, mais rayonne doucement travers lobscurit qui lenveloppe.

    Ide de Dieu, centre ineffable o convergent et se fondent, en une synthse sans bornes, toutes les sciences, tous les arts, toutes les vrits suprieures, tu es le premier et le dernier mot des choses prsentes ou passes, proches ou lointaines ; tu es la Loi mme, la cause unique de toutes les causes, lunion absolue, fondamentale, du Bien et du Beau, que rclame la pense, quexige la conscience et en qui lme humaine trouve sa raison dtre et la source intarissable de ses forces, de ses lumires, de ses inspirations !

  • NECESSITE DE LIDEE DE DIEU

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    V. NECESSITE DE LIDEE DE DIEU.

    Dans les chapitres prcdents, nous avons dmontr la ncessit de lide de Dieu. Elle saffirme et simpose en dehors et au-dessus de tous les systmes, de toutes les philosophies, de toutes les croyances. Aussi est-ce libre de toute attache avec une religion quelconque que nous nous livrons cette tude, dans lindpendance absolue de notre pense et de notre conscience. Car Dieu est plus grand que toutes les thories et tous les systmes. Voil pourquoi il ne saurait tre atteint ni amoindri par les erreurs et les fautes que les hommes ont commises en son nom. Dieu plane au-dessus de tout.

    Dieu est au-dessus de toutes les dnominations, et si nous lappelons Dieu, cest faute dun nom plus grand, comme la dit Victor Hugo.

    La question de Dieu est le plus grave de tous les problmes suspendus sur nos ttes et dont la solution se lie dune manire troite, imprieuse, au problme de ltre humain et de sa destine, au problme de la vie individuelle et de la vie sociale.

    La connaissance de la vrit sur Dieu, sur le monde et la vie est ce quil y a de plus essentiel, de plus ncessaire, car cest elle qui nous soutient, nous inspire et nous dirige, mme notre insu. Et cette vrit nest pas inaccessible, comme nous le verrons ; elle est simple et claire ; elle est la porte de tous. Il suffit de la rechercher sans prjugs, sans parti pris, laide de la conscience et de la raison.

    Nous ne rappellerons pas ici les thories, les systmes innombrables que les religions et les coles philosophiques ont levs travers les sicles. Peu nous importent aujourdhui les disputes, les colres, les agitations vaines du pass.

    Pour lucider un tel sujet, nous avons maintenant des ressources plus hautes que celles de la pense humaine ; nous avons lenseignement de ceux qui ont quitt la terre, lapprciation des mes qui, ayant franchi la tombe, nous font entendre, du sein du monde invisible, leurs avis, leurs appels, leurs exhortations.

    Il est vrai que tous les Esprits ne sont pas galement aptes traiter ces questions. Il en est des Esprits doutre-tombe comme des hommes. Tous ne sont pas galement dvelopps ; tous ne sont pas parvenus au mme degr dvolution. De l, les contradictions, les diffrences de vue. Mais au-dessus de la foule des mes obscures, ignorantes, arrires, il y a des Esprits minents, descendus des hautes sphres pour clairer et guider lhumanit.

    Or, que disent ces Esprits sur la question de Dieu ? Lexistence de la Puissance suprme est affirme par tous les Esprits levs. Ceux dentre

    nous qui ont tudi le spiritisme philosophique savent que, tous les grands Esprits, tous ceux dont les enseignements ont rconfort nos mes, adouci nos misres, soutenu nos dfaillances, sont unanimes affirmer, proclamer, reconnatre la haute Intelligence qui gouverne les tres et les mondes. Ils disent que cette Intelligence se rvle plus clatante et plus sublime mesure que lon monte les degrs de la vie spirituelle. Il en est de mme des crivains et des philosophes spirites, depuis Allan Kardec jusqu nos jours. Tous affirment lexistence dune cause ternelle dans lunivers.

  • NECESSITE DE LIDEE DE DIEU

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    Il ny a pas deffet sans cause, a dit Kardec, et tout effet intelligent a forcment une cause intelligente. Voil le principe sur lequel repose le Spiritisme tout entier. Ce principe, lorsque nous lappliquons aux manifestations doutre-tombe, dmontre lexistence des Esprits. Appliqu ltude du monde et des lois universelles, il dmontre lexistence dune cause intelligente dans lunivers. Cest pourquoi lexistence de Dieu constitue un des points essentiels de lenseignement spirite. Jajoute quil est insparable du reste de cet enseignement, parce que, dans ce dernier, tout se lie, se coordonne et senchane. Que lon ne nous parle pas de dogmes ! Le spiritisme nen comporte pas. Il nimpose rien ; il enseigne. Tout enseignement a ses principes. Lide de Dieu est un des principes fondamentaux du spiritisme.

    On nous dit parfois : A quoi bon soccuper de cette question de Dieu ? Lexistence de Dieu ne peut tre prouve ! Ou bien encore : lexistence de Dieu ou sa non-existence est sans influence sur la vie des masses, sur la vie de lhumanit. Occupons-nous de quelque chose de plus pratique ; ne perdons pas notre temps des dissertations vaines, des discussions mtaphysiques.

    Eh bien ! Nen dplaise ceux qui tiennent ce langage, je rpterai que la question de Dieu est la question suprme, la question vitale par excellence ; je rpondrai que lhomme ne peut pas sen dsintresser, parce que lhomme est un tre. Lhomme vit, et il lui importe de savoir quelle est la source, quelle est la cause, quelle est la loi de la vie. Lopinion quil se fait de la cause, de la loi de lunivers, cette opinion, quil le veuille ou non, quil le sache ou non, se reflte dans ses actes, dans toute sa vie publique ou prive.

    Quelle que soit lignorance de lhomme au sujet des lois suprieures, en ralit cest daprs lide quil se fait de ces lois, si vague et si confuse quelle puisse tre, cest daprs elle quil agit. Cette opinion sur Dieu, sur le monde, sur la vie - remarquez que ces trois sujets sont insparables - cette opinion, les socits humaines en vivent ou en meurent !

    Cest elle qui divise lhumanit en deux camps. Et lon voit partout des familles en dsaccord, en dsunion intellectuelle, parce quil y a plusieurs systmes sur Dieu : le prtre ayant inculqu lun la femme ; le professeur ayant enseign lautre lhomme, quand il ne lui a pas suggr lide du nant.

    Ces disputes, ces contradictions sexpliquent, dailleurs. Elles ont leur raison dtre. Il faut se rappeler que toutes les intelligences ne sont pas arrives au mme point dvolution ; que toutes ne peuvent voir et comprendre de la mme manire et dans tous les sens. De l, tant dopinions, de croyances diverses. La possibilit que nous avons de comprendre, de juger, de discerner ne se dveloppe en nous que lentement, de sicles en sicles, dexistences en existences. Notre connaissance, notre comprhension des choses, se complte et sclaire mesure que nous nous levons sur lchelle immense des renaissances. Tout le monde le sait : celui qui est plac au pied dune montagne ne peut voir ce que contemple celui qui est parvenu au sommet. Mais, en poursuivant son ascension, lun arrivera voir les mmes choses que lautre. Il en est de mme de lesprit dans son ascension graduelle. Lunivers ne se dvoile pour lui que peu peu, mesure que sa capacit den comprendre les lois se dveloppe et grandit.

    De l viennent les systmes, les coles philosophiques et religieuses qui rpondent aux divers degrs davancement des esprits qui sy classent et, souvent, sy confinent.

  • LES LOIS UNIVERSELLES

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    VI. LES LOIS UNIVERSELLES.

    Rptons-le, tous les travaux scientifiques accomplis depuis un demi-sicle nous dmontrent lexistence et laction des lois naturelles. Ces lois sont relies, par une loi suprieure qui les embrasse toutes, les rgularise et les ramne lunit, lordre, lharmonie. Cest par ces lois sages et profondes, ordonnatrices et organisatrices de lunivers, que lIntelligence suprme se rvle.

    Certains savants objectent, il est vrai, que les lois universelles sont aveugles. Mais comment des lois aveugles pourraient-elles diriger la marche des mondes dans lespace, rgler tous les phnomnes, toutes les manifestations de la vie, et cela avec une prcision admirable ? Si les lois sont aveugles, dirons-nous, videmment elles doivent agir au hasard. Mais le hasard, cest le manque de direction, labsence de toute intelligence agissante. Il est inconciliable avec la notion dordre et dharmonie.

    Lide de loi nous parat donc insparable de lide dintelligence. La loi est la manifestation dune intelligence, parce quelle est luvre dune pense. Seule, celle-ci a pu disposer, agencer toutes choses dans lunivers. Et la pense ne peut se produire sans lexistence dun tre qui en est le gnrateur.

    Il ny a pas de loi possible en dehors et sans le concours de lintelligence, de la volont qui la dirige. Sinon la loi serait aveugle, comme le disent les matrialistes, mais alors elle irait au hasard, la drive. Ce serait exactement comme un homme qui voudrait suivre une route sans le secours de la vue et qui tomberait dans un foss au bout de quelques pas. Aussi nous est-il permis daffirmer quune loi qui serait aveugle ne serait plus une loi.

    Nous venons de voir que les recherches de la science dmontrent lexistence des lois universelles. Tous les jours, la science avance, souvent son insu, il est vrai, mais enfin elle avance peu peu vers cette grande unit que nous entrevoyons au fond des choses.

    Il nest pas jusquaux positivistes et aux matrialistes eux-mmes qui ne soient entrans par ce mouvement dides. Ils sacheminent, sans sen apercevoir, vers cette conception grandiose qui runit toutes les forces, toutes les lois de lunivers. En effet, on pourrait tablir quAuguste Comte, Littr, le docteur Robinet, toute lcole positiviste, se livrent sur ces questions aux contradictions les plus flagrantes. Ils rejettent lide dabsolu, celle dune cause gnratrice, et ils proclament, et mme ils prouvent que la matire nest que la manifestation sensible dun principe universel . Daprs eux, toutes les sciences se superposent et finissent par se runir dans une gnralit suprme qui met le sceau leur unit . Daprs Burnouf, la science est prs daboutir une thorie, dont la formule gnrale constaterait lunit de la substance, linvariabilit de la vie et leur union indissoluble avec la pense .

    Or, quest-ce donc que cette trilogie de la substance, de la vie et de la pense, cette gnralit suprme, cette loi universelle, ce principe unique, qui prsident tous les phnomnes de la nature, toutes les mtamorphoses, tous les actes de la vie, toutes les inspirations de lesprit ? Quest donc ce centre en lequel se rsume et se confond tout ce qui est, tout ce qui vit, tout ce qui pense ? Quest-ce, sinon labsolu, sinon Dieu mme !

  • LES LOIS UNIVERSELLES

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    Il est vrai quon sobstine refuser lintelligence et la conscience cet absolu, cette cause suprme, mais il restera toujours expliquer comment une cause inintelligente, aveugle, inconsciente a pu produire toutes les magnificences du cosmos, toutes les splendeurs de lintelligence, de la lumire et de la vie sans savoir ce quelle faisait. Comment, sans conscience ni volont, sans rflexion ni jugement, a-t-elle pu produire des tres qui rflchissent, veulent, jugent, qui sont dous de conscience et de raison ?

    Tout vient de Dieu e