La coopération régionale vue par les journalistes du Sud

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Société Environnement Energie Transport CE PROJET EST FINANCÉ PAR L’UNION EUROPÉENNE VOISINAGE SUD Projets en marche La coopération régionale vue par les journalistes

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Société

Environnement

Energie

Transport

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Cette publication ne représente pas l’opinion officielle de la CE ou les institutions de l’UE. La CE n’assume aucune responsabilité quelle qu’elle soit quant à son contenu.

L’ENPI Info Centre est financé par l’UE dans le cadre du programme régional d’information et de communication en vue de mettre l’accent sur le partenariat entre l’UE et les pays voisins. Le projet est géré par Action Global Communications.

ЭТОТ ПРОЕКТ ФИНАНСИРУЕТСЯ ЕВРОПЕЙСКИМ СОЮЗОМ

CE PROJET EST FINANCÉ PAR L’UNION EUROPÉENNE

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VOISINAGE SUD

Projets en marcheLa coopération régionale vue par les journalistes

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AvAnt-propos

Mais qu’est-ce que vous faites exactement avec tout cet ar-gent » ? C’est toujours cette même question qui revient lors-que nous évoquons la coopération lors d’événements publics. Fournir des explications sur des projets en les resituant dans leur contexte spécifique est déjà quelque chose d’assez diffi-cile. Mais il est encore plus difficile de montrer la valeur ajoutée concrète de la coopération régionale de l’UE.

Les médias restent notre meilleur lien avec le public ; ils peu-vent en effet comprendre et analyser une situation et ensuite raconter une histoire.

Je suis donc fier de vous présenter ce premier magazine de reportages écrit par le biais de l’ENPI Info Centre au titre du programme d’information et de communication régional. « A travers les yeux de journalistes », le partenariat entend ren-dre compte aux lecteurs de notre coopération dans les 16 pays bénéficiant de l’Instrument européen de voisinage et de parte-nariat. Et nous espérons qu’il aidera à répondre à cette éternel-le question : « Que faites-vous exactement avec cet argent ? »

Marcus Cornaro

Directeur Europe, Méditerranée du Sud, Proche-Orient et Politique du voisinage

Direction générale du développement et de la coopération EuropeAid

Regards sur la coopération au sein du voisinage

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IndexRegards sur la coopération au sein du voisinage 3

La coopération régionale vue par les journalistes 6

Notre réseau de journalistes 8

SociétéÉduquer pour réduire le nombre d’accidents domestiques mortels en Jordanie par Mohammad Ben Hussein – Jordanie 11

Un pont de la connaissance de part et d’autre de la Méditerranée par Maurice Aaek – Syrie 14

Briser le mur du silence par Elias Zananiri – Territoire palestinien occupé 17

L’échange d’expérience au service de l’égalité des chances par Yair Quedar – Israël 20

Familiariser les fonctionnaires des pays partenaires aux affaires européennes entretien avec Stéphanie Horel 23

Lutter contre les discriminations et les violences à l’égard des femmes par ENPI Info Centre/ANSA – Liban, Israël, Territoire palestinien occupé 24

Une expérience d’avantgarde qui a transformé la médina par Lotfi Touati – Tunisie 27

Redonner au hammam une place centrale dans la communauté Entretien avec Andreas Oberenzer 30

Pour battre le plus ancien des maux un réseau de recherche et d’éducation par Lofti Touati – Tunisie 31

Les autorités locales un pont entre les pays du voisinage Entretien avec Frank Samol 34

Le « Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse », financé par l’UE, améliore la vie des journalistes par ENPI Info Centre/ANSA 35

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EnergieTourné au soleil par Dalia Chams – Egypte 49

Une bonne énergie à partager! par ENPI Info Centre 52

Une coopération méditerranéenne dans le domaine de l’énergie Entretien avec Alessandro Ortis 55

Construire pour l’avenir par Maurice Aaek – Syrie 56

EnvironnementGardiens de l’eau par ENPI Info Centre – Maroc et Tunisie 39

Priorité contre la pollution en mer Méditerranée Entretien avec Michael Scoullos 42

L’eau, un lien pour l’identité méditerranéenne par ENPI Info Centre – Algérie 43

Un partenariat transfrontalier visant à rapprocher les peuples Entretien avec Bodil Person 46

TransportLes routes de l’espoir par Hicham Houdaïfa – Maroc 61

Combiner prêts et subventions pour financer les investissements en faveur des pays du voisinage Entretien avec Richard Weber 64

Une nouvelle vision du transport de marchandises par Yair Qedar – Israël 66

Sécurité maritime : réduire les écarts autour d’une mer commune Entretien avec Albert Bergonzo 69

En construisant les autoroutes de la mer par ENPI Info Centre – Maroc/Tunisie 70

L’espace aérien euro-méditerranéen commun : un stimulant pour l’économie Entretien avec Olivier Turcas 73

Démonstration au Maroc du système de sécurité aéroportuaire EGNOS par ANSA/ENPI Info Centre – Maroc 74

Un impact direct sur le terrain Entretien avec Dalila Achour Limam 77

Pour en savoir plus 78

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La coopération entre l’Union européenne et les pays couverts par la Politique européenne de voisinage (PEV) et soutenus au titre de l’Instrument euro-péen de voisinage et de partenariat (IEVP) se situe à deux niveaux. Tout d’abord à l’échelon politique, lors des réunions au cours desquelles des chefs d’État et de gouvernement décident des domaines stratégiques prioritaires. Au second niveau, il s’agit de concrétiser ces décisions en mettant en œuvre des actions sur le terrain, en finançant des projets qui soutiennent concrètement les efforts de changement et de modernisation des partenaires.

Ce soutien est octroyé aux partenaires essentiellement sur une base bilatérale. Il existe cependant aussi une dimension régionale, lorsque des fonds sont oc-troyés à des projets associant plusieurs pays du voisinage. Ce programme de coopération régionale est géré par EuropeAid.

Il réunit des pays partenaires autour d’une table, et leur permet d’examiner des questions d’intérêt commun – économiques, politiques ou culturelles – et de prendre ensuite des décisions. Plus de 80 programmes et projets – dans les pays de l’Est du Voisinage mais aussi du Sud du Voisinage – bénéficient ainsi de son soutien. Tous ces programmes ont un impact direct ou indirect sur la vie des citoyens ordinaires. Les projets ainsi financés permettent de promouvoir de nouvelles politiques et de nouvelles mesures dans les pays, de maintenir un dialogue permanent et de créer des relations et des réseaux.

Cette coopération régionale est véritablement un «canal du changement » qui relie les 16 pays suivants : l’Algérie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Belarus, l’Égypte, la Géorgie, Israël, la Jordanie, le Liban, la Libye, la Moldavie, le Maroc, le Territoire palestinien occupé, la Syrie, la Tunisie, l’Ukraine.

La coopération régionale vue par les journalistes

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Raconter une histoire

L’ENPI Info Centre, en coopération avec des journalistes et des photo-graphes des pays partenaires, a suivi, décrit et photographié quelques-uns des projets financés. Les journalistes ont analysé leurs activités et ont interrogé des bénéficiaires de projets sur leurs expériences, sur ce qu’ils avaient appris et sur la façon dont ils envisageaient leur avenir. De leur côté, les photographes ont saisi l’âme du projet à travers leur objectif.

Ce magazine réunit des reportages réalisés en 2010 et donne ainsi une idée de la coopération de voisinage sur le terrain. Les reportages sont divisés en quatre grandes catégories : les citoyens, l’énergie, l’environ-nement et les transports.

Ensemble, ils racontent l’histoire d’un partenariat.

Ces reportages sont disponibles à la section «Reportages » du site internet de l’ENPI Info Centre - www.enpi-info.eu - en anglais, français, russe et/arabe, selon le pays.

Des informations détaillées et l’actualité des projets régionaux financés sont également disponibles sur ce site internet.

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Projets en marche — Voisinage Sud8

Tarik HAFID – AlgérieLauréat du Prix du Journalisme Euromed Heritage en 2007, avec son article « Si la Grande Poste nous était contée », M. Hafid écrit depuis 2002 pour l’un des principaux quotidiens algériens en langue française, « Le Soir d’Algérie ». Il a également participé au précédent projet euro-méditerranéen Euromed Info Centre, avec des reportages et des articles.

Hicham HOUDAIFA – MarocJournaliste indépendant à Casablanca, il a travaillé à l’ « Hebdomadaire » ou Il écrivait des articles et des reportages sur les droits de l’homme et des faits de société. Entre 1999 et 2003, M. Houdaifa a été correspondant à New York pour le magazine international francophone « Jeune Afrique ». Il collabore actuellement à une série de magazines, sites internet et chaînes télévisées ainsi qu’à des projets de communication financés par l’UE.

Lotfi TOUATI – TunisieAprès avoir travaillé comme journaliste et reporter pour les quotidiens tunisiens francophones « L’Action », rebaptisé « Le Renouveau », M. Touati est aujourd’hui rédacteur en chef du Quotidien. Sa carrière professionnelle l’a amené à participer à plusieurs ateliers sur les affaires européennes. Il enseigne actuellement à l’Université arabe des sciences, à Tunis.

Notre réseau de journalistes

Journalistes collaborant à l’ENPI Info Centre.

Agence de presse partenaire : ANSA/ANSAMED.

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Mohammad BEN HUSSEIN – JordanieM. Ben Hussein est correspondant de l’agence de presse italienne ANSA et ANSAmed en Jordanie, où il travaille également comme producteur tv pour Thomson Reuters. Il écrit également pour le « Jordan

Times » et rédige des analyses politiques pour le « Lang Institute ». En 2007, M. Ben Hussein a remporté le prix Lorenzo Natali pour la liberté d’expression dans le monde arabe, en Israël et en Iran.

Maurice AAEK – SyrieM. Aaek possède une vaste expérience dans le domaine du journalisme. Il a travaillé pour de nombreux médias d’information, notamment des agences de presse, des sites internet et des magazines. Aujourd’hui, il rédige des

comptes rendus et des reportages pour un magazine pour les jeunes basé à Damas. Il a participé à de nombreux ateliers nationaux et internationaux sur les médias, le journalisme et la communication.

Yair QEDAR - IsraëlEcrivain et réalisateur freelance, M. Qedar collabore actuellement à plusieurs quotidiens israéliens, parmi lesquels Ha’aretz et Yediot Aharonot. Il produit également des documentaires. Il a aussi écrit des scénarios et réalisé plusieurs productions audiovisuelles et a reçu une mention spéciale du jury pour l’édition 2005 du Prix du journalisme Euromed Heritage

Antoine B. AJOURY - LibanM. Ajoury est journaliste à « l’Orient Le Jour », quotidien libanais de langue française, depuis 2003. Depuis 2008, il y est directeur de la rubrique « Actualités internationales ». Il a contribué au

projet euro-méditerranéen Eurojar en rédigeant plusieurs articles sur la coopération entre l’Union européenne et ses pays partenaires du Sud de la Méditerranée.

Elias ZANANIRI – Territoire palestinien occupéM. Zananiri a déjà 31 années d’expérience dans le monde des médias du Proche-Orient en qualité de reporter, de journaliste, de rédacteur, d’enseignant/formateur, de producteur de programmes radio- et télédiffusés et de conseiller en relations publiques. Il est actuellement PDG de MAHARAT PR et Media Talents Empowerment, une agence de conseils en relations publiques et de formation média créée dans le Territoire palestinien en 2005.

Dalia CHAMS – ÉgypteMme Chams a débuté comme reporter et présentatrice à la télévision. Elle travaille depuis de nombreuses années à l’hebdomadaire égyptien de langue française « Al-Ahram Hebdo », pages Arts, portrait et Culture ; ainsi qu’à la rubrique sociale du quotidien arabophone Al-Chourouq. Elle a reçu le prix du journalisme Euromed Heritage en 2005.

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SociétéEnvironnementEnergieTransport

Société

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Projets en marche — Voisinage Sud 11

Éduquer pour réduire le nombre d’accidents domestiques mortels en Jordanie

AMMAN – Située dans une région politiquement instable en proie à une pénurie d’eau et soumise aux aléas d’un processus de paix imprévisible, la Jordanie fait, selon certains responsables, l’objet d’une menace quotidienne plus importante encore : les accidents domestiques mortels. Sameera, qui habite dans le quartier Sweileh dans le nord-ouest d’Amman, a perdu son fils de sept ans après l’avoir laissé sans surveillance dans la cuisine. « J’ai mis la nourriture à cuire sur le réchaud et je suis partie pendre le linge. J’ai laissé mon fils veiller sur la nourriture pour éviter qu’elle ne brûle. Tout à coup, je l’ai entendu hurler et quand je suis arrivée, son corps était couvert de flammes », explique cette mère de 23 ans. « Je n’aurais jamais dû le laisser seul », reconnaît-elle. Laisser les enfants sans surveillance est une chose très habituelle dans le quartier de Sameera, ainsi que dans de nombreu-ses régions de Jordanie où les taux de natalité élevés et le manque de place peu-vent rapidement se transformer en mélange mortel. Dans le camp de réfugiés de Baqaa, des enfants jouent à proximité de feux de fortune sur lesquels ils préparent du thé. Ahmed, 12 ans, nous confie que ses parents ne lui disent jamais ce à quoi il doit faire attention quand il joue. « Je passe la plus grande partie de la journée à jouer avec des amis. J’ai six frères, et ma mère est trop occupée avec la maison et mes jeunes frères », explique-t-il.

La solution passe par l’éducation Selon la Protection civile jordanienne, l’éducation est un élément clé de la lutte contre la multiplication de tels accidents. Pour Waleed Al-Soub, Directeur général

« Comme les enfants aiment jouer, les prix iront à ceux qui proposeront les meilleurs idées pour stimuler le processusen-tissage »

En Jordanie, les accidents domestiques font de plus en plus de victimes parmi les enfants des quartiers pauvres et surpeuplés. Pour la Protection civile jordanienne, garantir aux enfants un environnement sûr est une priorité absolue. Consciente de l’importance cruciale de l’éducation à cet égard, elle dirige à cet effet un projet financé par le programme européen PPRD Sud (Programme euro-méditerranéen de prévention, de préparation et de réponse aux catastrophes naturelles et d’origine humaine).

Texte et photos par Mohammad Ben Hussein

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de la Protection civile jordanienne, le prin-cipal problème est que les gens ne sont pas suffisamment conscients des risques domes-tiques, surtout dans les quartiers pauvres. Selon lui, le programme PPRD Sud, financé par l’UE à hauteur de 5 millions d’euros, peut jouer un rôle clé pour sensibiliser les femmes aux risques qu’elles courent lorsqu’elles tra-vaillent chez elles et pour prévenir les acci-dents. Ce programme, qui vise à renforcer les capacités de protection civile des pays par-tenaires méditerranéens, contribue au déve-loppement d’une culture de protection civile axée sur la gestion et la prévention des ris-ques plutôt que sur la réaction. Les autorités

jordaniennes compétentes en matière de protection civile participent au projet, qui couvre une durée de trois ans et est géré par un consortium regroupant les services de Protection civile d’Italie, de France, d’Égypte et d’Algérie, ainsi que la Stratégie internationale de prévention des catastrophes, des Nations Unies. Dans le cadre de cette initiative, chaque pays partenaire doit définir ses propres priori-tés. Pour la Jordanie, la première priorité était, selon Waleed Al-Soub, de garantir aux enfants un environnement sûr : « La Protection civile commencera bientôt à distribuer des dépliants à travers tout le pays afin d’initier les ménagères aux prin-cipes fondamentaux qu’elles doivent respecter pour protéger leurs enfants et pré-venir les dangers de la vie quotidienne liés notamment à l’électricité, aux fuites de gaz et au feu ». Ce projet, qui bénéficie, dans le cadre du PPRD Sud, d’un budget de 40 000 euros, est l’une des cinq initiatives régionales mises en oeuvre en Jordanie, au Liban, en Égypte, dans le Territoire palestinien occupé et au Monténégro. Wa-leed Al-Soub : « La population jordanienne a connu un boom considérable, et les programmes que nous proposons sont destinés aux ménages. Notre volonté est de venir à bout de certaines mauvaises pratiques, comme, par exemple, les erreurs de manipulation des bonbonnes de gaz et des appareils électriques ». Selon Soub, la Protection civile essaie également de toucher directement les mères et prévoit notamment d’organiser au mois d’août, dans tout le pays, des séminaires destinés à des centaines de femmes de toutes conditions. « Des experts leur expliqueront comment gérer leur ménage en toute sécurité et leur indiqueront quelles sont les meilleures pratiques en la matière ». Parallèlement à cela, près de 1 000 enfants feront également l’objet d’un travail de sensibilisation par le biais de dépliants ex-pliquant les dangers de la vie quotidienne, tandis que des experts organiseront à leur intention des concours centrés sur le thème de la sécurité. Waleed Al-Soub : « Comme les enfants aiment jouer, les prix iront à ceux qui proposeront les meilleurs idées pour stimuler le processus d’apprentissage ».

« Pour que les gens soient informés, il faut organiser des campagnes de sensibilisation, et c’est précisément ce que le PPRD Sud essaie de faire »

N Des enfants du camp de refugiés Baqaa.

N Ali, un garçon de dix ans qui a perdu quatre doigts en jouant avec des objets tranchants.

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Pays participants Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie, Tunisie, Albanie, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Monténégro et Turquie. La Libye et la Mauritanie ont un statut d’observateur.

Durée 2009-2011

Budget 5 millions d’euros (ENPI/IPA)

Objectifs Le « Programme de prévention, de préparation et de réaction aux catastrophes naturelles et d’origine humaine » (PPRD Sud) contribue à l’amélioration des capacités des pays partenaires méditerranéens en matière de protection civile au niveau international, national et local. Fort des résultats obtenus dans le cadre de deux programmes précédents, ce programme participe au développement d’une culture de la protection civile reposant sur la prévention plutôt que sur la réaction. Il travaille en coopération avec les autorités de la protection civile des pays partenaires, et sa gestion a été confiée à un consortium regroupant les autorités de la protection civile d’Italie, de France, d’Égypte et d’Algérie, ainsi que la Stratégie internationale de prévention des catastrophes, des Nations unies (SIPC).

Pour en savoir plus Fiche PPRD Sud> www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=245&id_type=10 Portail thématique « Société civile & Autorités locales » de l’Info Centre ENPI> www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=14

Programme de prévention, de préparation et de réaction aux catastrophes naturelles et d’origine humaine (PPRD Sud)

Protection civile (PPRD Sud)

www.euromedcp.eu

Accent sur la prévention Des responsables du PPRD Sud ont souligné l’importance de tels pro-grammes pour aider les pays partenaires à réduire les risques en renforçant les capacités des mem-bres de la protection civile et en les aidant à of-frir un meilleur service à la communauté. Selon Milojka Saule, consultante en communications EuroMed pour le PPRD Sud, c’est la première fois que la Jordanie met en oeuvre un projet axé non seulement sur la réaction, mais aussi et surtout sur la prévention et la préparation, ce qui implique de sensibiliser les gens aux risques qu’ils côtoient dans leur vie quotidienne, et de leur apprendre comment réagir en cas de catastrophe naturelle, comme des inondations ou un séisme. « Pour que les gens soient informés, il faut organiser des campagnes de sensibilisation, et c’est précisément ce que le PPRD Sud essaie de faire », explique-t-elle. Un projet similaire est d’ailleurs en cours de réalisation au Liban, où une entreprise locale s’apprête à distribuer 125 000 CD-ROM comportant des jeux pour ordinateur via lesquels les enfants apprennent à éviter les accidents, que ce soit à la maison ou ailleurs, y compris dans la rue. Le lancement de cette initiative sera soutenu par une campagne dans les médias. Pendant ce temps, un projet ambitieux, financé par l’UE, est en cours de réalisation en Cisjordanie. Ce projet vise à inciter les jeunes à s’engager dans le bénévolat afin de compenser le manque cruel de personnel affecté à la protection civile dans les territoires occupés. Enfin, l’Égypte, qui est le pays le plus peuplé du Moyen-Orient, a désigné les enfants et les ménages comme les cibles prioritaires de ses mesures visant à prévenir les accidents domestiques. Pour Sameera, même si elle a perdu un fils, il n’est pas trop tard pour sauver les vies de milliers d’autres enfants en par-ticipant à de tels programmes de sensibilisation. Sameera : « Mes quatre autres fils restent, eux aussi, vulnérables, de même que mes neveux et ma nièce. C’est notre devoir de les protéger d’eux-mêmes et du monde extérieur ».

N Mariam, 56 ans et mère de dix enfants.

« Mes quatre autres fils restent, eux aussi, vulnérables, de même que mes neveux et ma nièce. C’est notre devoir de les protéger d’euxmêmes et du monde extérieur ».

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Un pont de la connaissance de part et d’autre de la Méditerranée

DAMAS – Nombre d’étudiants syriens rêvent d’étudier en Europe. De l’autre côté de la Méditerranée, on nourrit un autre rêve : celui de partager l’enseignement supérieur de l’UE avec ses voisins – un rêve de dialogue interculturel entre les étudiants qui mènerait à terme à un monde meilleur. Lors de la journée « Étu-dier en Europe », organisée par la délégation européenne en Syrie, les étudiants sont venus partager leurs rêves mais également leurs craintes et préoccupations – sur le plan financier, linguistique et culturel. En même temps qu’ils s’emploient à identifier des solutions pour surmonter les difficultés financières des étudiants, les programmes d’échange d’étudiants financés par l’UE s’efforcent également d’at-ténuer les craintes suscitées par l’adaptation à la vie à l’étranger Le renforcement de la mobilité des étudiants entre pays est donc particulièrement importante. Se-lon Pascal Restel, administrateur de la section culturelle de l’ambassade de Suède

à Damas, « Les Syriens qui n’ont jamais été en Suède vont se créer une image qui ne se base pas sur leur expérience personnelle. Cette image ne reflètera pas la réalité, comme ce serait le cas également pour un étudiant suédois qui n’est jamais venu en Syrie.» Selon Pas-cal Restel, l’expérience d’un ou deux étudiants fera peu de différence, tandis que la mobilité de milliers d’étudiants mènera à une meilleure compréhension et intégration dans les cultures. C’est exactement le genre d’expérience que Ziad Naser a eu la chance d’acquérir. Ziad, un étudiant en informatique, a passé neuf mois à l’Université de Brigh-ton au Royaume-Uni dans le cadre du programme d’échange Erasmus Mundus.

En Syrie, le programme Tempus a financé 35 projets de mobilité qui ont permis à quelque 300 universitaires syriens d’étudier dans des universités européennes. Le programme Tempus (Trans-European Mobility Program for the University Studies) se base sur le transfert d’expériences entre établissements d’enseignement européens et établissements équivalents des pays du voisinage. Erasmus Mundus s’inspire du programme Erasmus, un programme européen qui soutient la coopération et la mobilité entre établissements européens d’enseignement supérieur avec de très bons résultats. Il offre un précieux cadre d’échanges et de dialogue entre les cultures et donnent à de nombreux étudiants syriens l’occasion d’achever leurs études dans des universités européennes.

Texte et photos de Maurice Aaek

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N En Syrie, Tempus a financé environ 35 projets en huit ans, permettant à des universitaires syriens de participer à de précieux échanges avec les universités européennes.

« Voyager en Europe m’a permis de mieux aborder les autres cultures. J’y ai vu un autre style de vie et des méthodes de recherche différentes ... C’est une expérience inoubliable »

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Le rêve d’étudier en Europe Ziad n’avait jamais pensé aller au Royame-Uni, surtout vu le climat politique international actuel – « Comment les Arabes pour-raient-ils être acceptés en Europe ? », se demandait-il. Mais son expérience lui a ouvert les yeux. « Voyager en Europe m’a permis de mieux aborder les autres cultu-res. J’y ai vu un autre style de vie et des méthodes de recherche différentes ... C’est une expérience inoubliable. » Tempus et Erasmus Mundus sont des programmes financés par l’UE qui encouragent l’échange d’étudiants et d’expertise universitaire entre l’Europe et les pays du voisinage, dont la Syrie. Tempus promeut l’enseigne-ment supérieur dans les pays participants tandis qu’Erasmus Mundus finance des bourses pour encourager les échanges d’étudiants entre les universités participan-tes en Europe et ses voisins. Tempus se base sur le transfert d’expertise entre les établissements d’enseignement européens et ceux des pays partenaires. En Syrie, Tempus a financé environ 35 projets en huit ans. La plupart de ces projets ont été mis en oeuvre dans les universités de Damas et d’Alep et ont permis à des universi-taires syriens de participer à de précieux échanges avec les universités européen-nes. Pour le Dr Rami Ayoubi, coordinateur du programme en Syrie, il s’agit d’une opportunité importante pour développer le dialogue et stimuler le travail en ré-seau des universités. « Même s’il s’agit au final d’un programme qui implique un transfert de connaissances de pays plus avancés vers la Syrie, nous ne serons pas à même de le mesurer rapidement. C’est un processus cumulatif qui prend du temps ... Tempus s’attache à financer ce processus. » Le programme a octroyé environ 10 millions d’euros à la Syrie pour la période 2002-2006. Il a été prolongé jusqu’en 2013. En Syrie, Tempus réoriente ses objectifs, expliquer le Dr Ayoubi. L’objectif ini-tial était de développer des programmes d’études, mais aujourd’hui, il entend de plus en plus accorder un soutien plus important aux projets d’évolution sectorielle et structurelle, au bénéfice de l’enseignement supérieur en général.

Stimuler le dialogue universitaire Erasmus, quant à lui, offre aux étudiants l’occasion d’aller étudier quelque temps dans des universités européennes en of-frant des bourses aux étudiants du deuxième et troisième cycle. Selon Dr Ayman Hemada, coordinateur du projet à l’université d’Alep, Erasmus vise à combler le fossé culturel, linguistique et social tout en rapprochant les étudiants du Proche-Orient et de l’UE grâce à un programme de mobilité entre 11 universités européen-nes et neuf universités en Jordanie, en Syrie et au Liban. Selon le Dr Hemada, les bourses couvrent toutes les dépenses : des billets d’avion aux frais d’inscription et à l’assurance soins de santé. Le programme prévoit également une bourse men-suelle allant de 1000 euros pour les étudiants du deuxième cycle à 2.500 euros pour les membres de la faculté. Au cours de ces trois dernières années, le projet a accordé 35 bourses par an, 20 à des étudiants Syriens souhaitant étudier en Eu-rope et 15 à des étudiants européens souhaitant étudier en Syrie. Dr Rand Quwatli, coordinateur du programme Erasmus Mundus à l’université de Damas, fait part de son enthousiasme : « Nous avons pu envoyer des étudiants syriens de toutes les disciplines dans des universités européennes et ils s’avère avoir un très bon niveau. Parallèlement, nous avons également accueilli des étudiants venant des universi-

N Rami Ayoubi coordinateur du programme Tempus en Syrie.

« Sur la base des résultats positifs obtenus, de nombreux accords ont été conclus entre les universités syriennes et européennes »

N La journée « Étudier en Europe », organisée par la délégation européenne en Syrie.

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tés européennes. Sur la base des résultats positifs obtenus, de nombreux accords ont été conclus entre les universités syriennes et européennes. » Lors de son dis-cours à la Journée « Étudier en Europe », le Dr Maher Kabakibi, le vice-ministre de l’Éducation, a souligné l’importance de la coopération avec l’Europe et a expliqué que l’objectif du gouvernement était de mettre sur pied une collaboration officielle avec des institutions de recherche étrangères avant la fin 2010. Une nouvelle loi a été adoptée dans ce sens, a-t-il ajouté. Cette loi permet la création de programmes conjoints avec des universités européennes, ce qui permettra aux étudiants d’ob-tenir des diplômes dans les deux universités. Selon les statistiques officielles, 62 % des étudiants syriens à l’étranger étudient dans des universités européennes et plus de 75 % des universitaires ont été formés en Europe. La plupart des étudiants des universités syriennes rêvent d’étudier en Europe. Les programmes Tempus et Erasmus constituent un pas de plus vers la concrétisation de ce rêve.

N En Syrie, Tempus a financé environ 35 projets en huit ans, permettant à des universitaires syriens de participer à de précieux échanges avec les universités européennes.

Pays participantsArménie, Azerbaïdjan, Belarus, Géorgie, Moldova, Russie, Ukraine (Région Est) Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie, Tunisie (Région Sud)

Durée2009-2010

Pays participantsArménie, Azerbaïdjan, Belarus, Géorgie, Moldova, Russie, Ukraine (Région Est) ; Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie, Tunisie (Région Sud)

Durée2008-2013

ObjectifsL’Action 2 – Partenariats du programme Erasmus Mundus II a vocation à favoriser une meilleure compréhension et l’enrichissement mutuel entre les pays de l’UE et les pays tiers et, dans une perspective à moyen terme, à renforcer leurs liens politiques, culturels, éducatifs et économiques.

Pour en savoir plusFiche du programme Erasmus Mundus> www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=256&id_type=10&lang_id=469

ObjectifsLe programme de mobilité transeuropéenne pour l’enseignement supérieur (Tempus) soutient les initiatives des pays partenaires visant à moderniser leur système d’enseignement supérieur et crée des opportunités de coopération entre les acteurs de l’enseignement supérieur de l’Union européenne et des pays participants, au travers de projets communs. Il renforce également la compréhension entre les cultures dans la mesure où il favorise le rapprochement entre les peuples et la convergence avec l’évolution de l’enseignement supérieur dans l’Union européenne pour mener à la création d’emplois et à la croissance.

Pour en savoir plusFiche du programme Tempus>www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=254&id_type=10&lang_id=469ENPI Info Centre – Portail thématique éducation et formation >www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=11&lang_id=469

Promotion de la coopération entre établissements d’enseignement supérieur en facilitant les partenariats, la mobilité et les échanges d’étudiants, de chercheurs et de personnel universitaire

Appui à la modernisation de l’enseignement supérieur, création d’opportunités de coopération entre les acteurs de terrain et renforcement de la compréhension

Erasmus Mundus II – Action 2: Partenariats

TEMPUS IV pour l’enseignement supérieur

http://eacea.ec.europa.eu/extcoop/call/index.htm

http://eacea.ec.europa.eu/tempus/index_en.php

« La plupart des étudiants des universités syriennes rêvent d’étudier en Europe »

Budget€29 millions d’euros

Budget entre 35 et 39 millions d’euros par an (IEVP)

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Projets en marche — Voisinage Sud 17

N Ghada Terawi sur le tournage de Graines de grenade dorées

Briser le mur du silence

JÉRUSALEM-EST – quand la station de télévision locale Al Fajr Al Jadid de Tulk-arem a diffusé Graines de grenade dorées, un court-métrage réalisé par Ghada Terawi dans le cadre d’un projet financé par l’UE visant à promouvoir le travail des réalisatrices palestiniennes, l’effet a été immédiat. Dès les premières minutes du film, des téléspectateurs furieux ont commencé à appeler en affirmant que « le film avait dépassé les bornes », commente Raja Nafee, cadre de la station de télévision. « J’ai dit à mon personnel de ne pas réagir à ces appels mais de simplement demander à leurs auteurs d’attendre la fin du film pour s’exprimer. » À la fin du film, un quart d’heure après, l’ambiance avait changé. « Les gens se sentaient encouragés et beaucoup demandaient à ce qu’on fasse plus de films de ce type à l’avenir. » « Je crois que nous avons brisé le mur du silence. » Graines de grenade dorées juxtapose un conte oral traditionnel où une jeune fille garde le silence sur des choses qu’elle a vues et qui la hanteront à jamais, à des histoires vraies de femmes qui osent parler tout haut des abus sexuels subis dans le cadre familial. Le message de ces femmes est direct : « Si tu te tais une fois, tu te tairas pour toujours.» Un tabou a été brisé, déclare Nafee : quelques jours après la diffusion du film, un officier de police lui a appris qu’en moins de 24 heures, 14 cas d’abus sexuels fami-liaux avaient été dénoncés par des jeunes filles au poste de police local.

Effet boule de neige Ce qui s’est passé à Tulkarem s’est répété un peu partout dans le Territoire palestinien occupé, où le film a été projeté dans des centres com-munautaires et sur des chaînes locales. Farha Abu Alheija, de Farah TV à Jénine, a expliqué que des spectateurs l’avaient appelée après le film en demandant à ce

Dans le Territoire palestinien occupé, les femmes vivent depuis longtemps dans l’ombre des hommes de leur famille et sont fréquemment victimes d’abus passés sous silence. « Masarat », un projet cinématographique financé par l’UE, a fait entendre la voix de ces femmes et brisé des tabous de façon spectaculaire.

Texte Elias Zananiri Photos Elias Zananiri, Masarat

tErrItoIrE pAlEstInIEn occupé

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Projets en marche — Voisinage Sud18

«Dès le départ, je me suis dit que le festival ne devait pas s’adresser exclusivement à l’élite intellectuelle… mais toucher un public aussi large que possible.»

N Le projet Masarat a financé non seulement la production de quatre court-métrages, mais aussi 58 projections, comme celle-ci à Beit Fajjar.

que davantage de cas semblables soient traités à l’avenir. Les écoles secondaires ne sont pas en reste car elles ont demandé à pouvoir montrer le film à leurs élèves. Quant à l’Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) et au minis-tère palestinien de la Santé, ils souhaitent utiliser le film dans leurs programmes de contact et de conseil pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Graines de grenade dorées est l’un des quatre films réalisés par des Palestiniennes dans le cadre du projet « Masarat », entièrement financé (120 000 euros) par le programme régional d’information et de communication de l’UE. Ce projet a valu un succès spectaculaire à Shashat, une ONG cinématographique palestinienne qui s’attache à renforcer les capacités des réalisateurs palestiniens, en particulier les femmes. Sans toucher nécessairement une corde aussi sensible, tous les films propulsent les femmes sur le devant de la scène dans une société patriarcale extrêmement conser-vatrice. Dans Loin de la solitude, Sawsan Qaoud part d’une rencontre fortuite pour suivre trois femmes de la campagne durant le dur périple qu’elles effectuent avant l’aube entre leurs champs et le marché. Mahasen Nasser-Eldin raconte l’histoire de Samia, une femme de 71 ans toujours fringante, active et engagée dont la vie personnelle et professionnelle est marquée par sa lutte pour rester à Jérusalem et promouvoir l’éducation des jeunes filles. Le quatrième film, Premier amour, réalisé par Dima Abu Ghoush, raconte l’histoire de l’éclosion de l’amour romantique dans

la vie de jeunes filles qui témoignent du rôle important joué par leurs parents dans la gestion de leurs émotions et de leurs dilemmes. Selon le Dr Alia Arasoughly, directrice générale de Shashat et directrice du projet Masarat, les enfants devraient avoir la possibilité non seulement de consommer mais aussi de créer de la culture. La culture, explique-t-elle, va bien au-delà des connaissances. Elle laisse une empreinte profonde dans les émotions et les sentiments. Pour cette raison, les femmes peu-vent et doivent assumer un rôle majeur dans la sensibilisation à la culture. Le financement apporté par l’UE au projet Masa-rat couvrait non seulement la production de quatre films mais également 58 projections et 25 présentations dans des centres communautaires et culturels de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza ainsi que 168 diffusions par des stations de télévision communautaires locales suivies de débats en direct. Après chaque présentation, une feuille de commentaires était distri-buée au public. Sur les 7 790 réponses, 7 285 étaient positives (2 139 jugeaient la présentation excellente, 2 934 très bonne et 2 212 bonne). Avec de tels résultats, l’ONG Shashat estime que le projet mérite d’être réalisé chaque année.

« Les gens se sentaient encouragés et beaucoup demandaient à ce qu’on fasse plus de films de ce type à l’avenir. Je crois que nous avons brisé le mur du silence”

N L’affiche du festival Masarat.

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N Alia Arasoughly directrice générale de Shashat et directrice du projet Masarat.

Toucher un large public « Dès le départ, explique Mme Arasoughly, je me suis dit que le festival ne devait pas s’adresser exclusivement à l’élite intellectuelle de la société ni concentrer ses activités sur le centre de la Cisjordanie, mais toucher un public aussi large que possible. » Elle voulait créer une vaste plate-forme en orga-nisant, dans des lieux multiples et socialement diversifiés, des projections suivies de débats. Pour l’UE, le projet a « dépassé toutes les attentes en touchant le coeur du public et en générant des débats sur des sujets difficiles, voire tabous », com-mente Alix de Mauny qui, en sa qualité de responsable presse et information du bureau d’assistance technique de la Commission européenne pour la Cisjordanie et la Bande de Gaza, a été associée de près à Masarat. « Comme les réalisatrices ont trouvé elles-mêmes leurs sujets et décidé elles-mêmes de la manière de les traiter, elles ont pu puiser dans les préoccupations réelles des Palestiniennes et ont réussi à poser des questions brûlantes sans jamais faire mine de sermonner le pu-blic.» Masarat a permis aux femmes de faire entendre leur voix : « Nous avons res-senti vivement tout ce que nous n’osons jamais exprimer, et cela nous a donné la confiance de penser que quelque chose peut être fait ! », a commenté une femme de Bethléem après une projection de Graines de grenade dorées. « Il faut parler de ce genre de choses. » Alix De Mauny est en effet frappée de voir à quel point les sujets soulevés ont trouvé des échos dans d’autres parties du monde, y compris en Europe. « Ces films ont encouragé l’ouverture d’un débat sur le rôle des femmes. Nous avons beaucoup à apprendre de la façon si positive et constructive avec laquelle ils ont réussi à abor-der des sujets à ce point difficiles. »

« Ces films ont encouragé l’ouverture d’un débat sur le rôle des femmes. Nous avons beaucoup à apprendre de la façon si positive et constructive avec laquelle ils ont réussi à aborder des sujets à ce point difficiles »

Pays participantsArménie, Azerbaïdjan, Belarus, Géorgie, Moldavie, Russie, Ukraine (Est), Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie, Tunisie (Sud)

Durée2008-2011

Budget19 millions d’euros (12 millions d’euros au titre de l’IEVP Sud et 7 millions d’euros de l’IEVP Est)

ObjectifsLe programme se propose de sensibiliser l’opinion publique en vue d’une meilleure connaissance de l’Union européenne et de ses relations avec les pays de la politique de voisinage, et de susciter localement une volonté d’implication et d’appropriation commune. Il explique les politiques menées et met également en relief l’aide au développement déployée par l’Union dans la région. Il facilite la coopération entres les journalistes et les médias, aide à construire des réseaux de communication durables et soutient le développement permanent de la liberté d’opinion et d’expression, dans l’espoir de contribuer à l’émergence d’un environnement propice au dialogue et à la compréhension mutuelle.

Pour en savoir plusSite Internet de Shashat > www.shashat.org/ Fiche sur le programme régional d’information et de communication > www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=247&id_type=10 Bureau d’assistance technique de la Commission européenne pour la Cisjordanie et la Bande de Gaza > www.delwbg.ec.europa.eu/

Ce programme vise à sensibiliser l’opinion publique en vue d’une meilleure compréhension de l’Union européenne et de ses relations avec les pays de l’IEVP, par un soutien des journalistes et des médias dans la production d’information, et par la formation

Programme régional d’information et de communication

N Une scène du film Graines de grenade dorées.

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L’échange d’expérience au service de l’égalité des chances

Tel Aviv – Un jour de septembre 2009 – on aurait pu entendre une mouche voler dans le Tribunal du travail de Tel Aviv. Un Abdelkarim Kadi très nerveux se tenait devant le juge qui se mit lentement à lire le verdict. Dans le procès opposant M. Kadi aux Chemins de fer israéliens pour discrimination… l’État reconnaît finale-ment la culpabilité de la société israélienne. La lecture du verdict marque la fin d’une longue procédure, intentée dans des circonstances tragiques. Un train avait causé la mort de cinq personnes à un passage à niveau. Suite à cet accident, la société des chemins de fer israéliens prit la décision de modifier la procédure de recrutement des gardiens chargés de la surveillance des passages à niveau... et d’exclure tous ceux qui n’avaient pas fait leur service militaire. Or M. Kadi est un Israélien arabe. N’ayant pas servi dans l’armée israélienne, il ne pouvait pas deve-nir gardien de passage à niveau. Mais il ne s’est pas laissé faire. Avec l’aide de la Commission israélienne pour l’égalité des chances dans l’emploi, il a intenté une action en discrimination contre les chemins de fer israéliens. « Une affaire très in-téressante – et qui s’est très bien terminée selon nous », explique Tziona Koening Yair, commissaire nationale de l’EEOC. « Nous avons fini par gagner le procès. Le tribunal a en effet décidé que le fait d’avoir servi dans l’armée ne constituait pas un critère d’embauche pertinent et qu’il y avait dès lors discrimination. Un verdict qui va permettre à M. Kadi de décrocher ce poste. »

La discrimination en matière d’emploi C’est Mme Koenig-Yair qui a mis en place cette Commission il y a de cela moins de deux ans. L’organisme se concentre sur la lutte contre la discrimination à l’emploi

Dès les deux premières années qui ont suivi sa mise en place, la Commission israélienne pour l’égalité des chances dans l’emploi (EEOC) a renforcé la lutte contre la discrimination à l’emploi. Aujourd’hui, la Commission continue d’accumuler une précieuse expérience en travaillant en partenariat avec un expert britannique détaché en Israël dans le cadre d’une initiative de jumelage financée par l’UE.

Texte et photos Yair Qedar

IsrAël

N Bob Niven Conseiller résident à la Commission pour l’égalité des chances dans l’emploi, Jérusalem, Israël

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fondée sur le genre, une grossesse, l’âge, la religion, l’origine ethnique, la natio-nalité, l’orientation sexuelle, l’état civil, les convictions, une affiliation à un parti et le statut de réserviste dans les forces armées. « Actuellement, l’EEOC défend prioritairement les femmes, les communautés arabes, les juifs orthodoxes et les aînés », explique Mme Koening- Yair, qui souligne le fait qu’Israël s’est dotée d’une « législation abondante et progressiste dans le domaine de la discrimination et de l’égalité, en particulier dans le domaine de l’emploi, mais que son respect n’est pas suffisamment assuré ». « Désireux d’améliorer notre travail, nous avons introduit une demande de soutien dans le cadre du projet de jumelage – et notre candida-ture a été retenue. » Il s’agit d’une initiative euro-méditerranéenne visant à jumeler un pays du voisinage avec un État membre de l’UE. L’expérience et les connaissan-ces du pays de l’UE peuvent être mises en pratique dans le pays partenaire par le biais d’un conseiller (« mentor ») détaché dans ce pays. En juillet 2009, la Com-mission européenne et l’EEOC ont accepté une offre conjointe du Northern Ire-land Equality Commission (NIEC) et du Northern Ireland Public Sector Enterprises (NICO), un organisme disposant d’une précieuse expérience dans l’administration de projets de jumelage. Bob Niven a ainsi été détaché en qualité de conseiller. De 1993 à 2000, M. Niven a été directeur du département « législation et politique de l’égalité des chances » de la fonction publique britannique. De ce fait, il a été en charge de tous les domaines en rapport avec le genre et le handicap, mais aussi la discrimination raciale dans le domaine de l’emploi et de l’enseignement, ainsi que de la stratégie nationale d’accueil des enfants au Royaume-Uni.

Sensibilisation à l’égalité sur le lieu de travail « Ce programme est spécifiquement axé sur la promotion des bonnes pratiques de travail et d’emploi auprès des employeurs », explique M. Niven. « Il entend égale-ment concevoir et mettre en oeuvre une campagne à long terme visant à sensibili-ser le public à l’égalité au travail ; développer des bases de données accessibles et actualisées en permanence ainsi que des rapports sur l’égalité en Israël et sur les grandes affaires de discrimination dont les tribunaux d’Israël et d’ailleurs ont été saisis. Enfin, il se propose d’aider l’EEOC à élaborer une stratégie à long terme qui sera mise en oeuvre dès janvier 2012. » M. Niven explique également que même si l’arsenal législatif est impressionnant sur papier, il faut consentir davantage d’ef-forts pour faire appliquer la législation. « On observe d’importantes différences en termes de taux d’emploi – et de revenus – entre les différents groupes vivant en Israël, notamment les femmes, les arabes, les aînés et les juifs orthodoxes. » M. Niven reconnaît toutefois qu’on ne pourra pas changer du jour au lendemain la situation en Israël dans le domaine de l’égalité : « Nous allons devoir faire évoluer

N Tziona Koenig-Yair Commissaire nationale à la Commission de l’égalité des chances dans l’emploi (EEOC).

N Un centre commercial à Jérusalem, Israël – La nouvelle Commission pour l’égalité des chances a pour mission d’assurer l’égalité afin de refléter la diversité de la société israélienne.

« Israël s’est dotée d’une législation abondante et progressiste dans le domaine de la discrimination et de l’égalité, en particulier dans le domaine de l’emploi, mais son respect n’est pas suffisamment assuré »

« Travailler avec l’UE dans le cadre d’un projet de jumelage est, selon moi, une occasion en or de promouvoir nos objectifs »

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les mentalités et les attitudes en sensibilisant les employeurs aux avantages de la diversité ; montrer aux employeurs et aux citoyens qu’ils peuvent aussi contribuer au changement ; améliorer l’information directe sur l’application de la législation et des bonnes pratiques, et, si nécessaire, montrer que la législation sera appli-quée. L’EEOC peut jouer un rôle clé à ces différents niveaux en travaillant en coopé-ration avec les employeurs, les ONG et le gouvernement. Et comme je l’ai dit, des progrès sont déjà perceptibles. » Mme Koenig-Yair partage-t-elle cet avis ? « Il ne fait aucun doute qu’Israël peut et doit apprendre beaucoup des États membres de l’UE. Même si ce pays s’est doté d’une législation progressiste, ses ressources sont encore fort limitées. Travailler avec l’UE dans le cadre d’un projet de jumelage est, selon moi, une occasion en or de promouvoir les objectifs de la Commission. Cette initiative va nous permettre de développer la coopération avec les employeurs et

de mieux sensibiliser le grand public israélien. » Une telle expérience peut être particulière-ment précieuse, notamment dans des cas de discrimination comme celle dont K, une jeune femme du Sud a été victime. K. travaillait dans une usine. Quand elle est tombée enceinte, ses employeurs ont tout fait pour qu’elle s’en aille : elle ne pouvait plus utiliser l’ordinateur ni parler aux autres travailleurs, et elle a été transférée dans une zone où elle était exposée à un environnement toxique. K, qui s’expri-mait sous le couvert de l’anonymat, a contacté l’EEOC. Ses employeurs ont fini par la licencier et la Commission la représentera bientôt lors du procès. Elle espère bien avoir gain de cause et retrouver son emploi. Avoir à gérer de telles affaires a beaucoup apporté à Mme Koenig-Yair. « J’ai appris qu’un réel changement social n’est possible que si tous les acteurs concer-nés – les employeurs, le personnel, la société civile et le gouvernement – sont associés. Se-lon moi, la Commission a pour mission d’ini-tier ces processus et de les concrétiser. »

Pour en savoir plus…Fiche jumelage > http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=173&id_type=10&lang_id=469 Instruments de coopération internationale > http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=339&id_type=10

Dans un premier temps, le jumelage a été mis en oeuvre sur l’initiative de la Commission européenne pour aider les pays candidats à l’adhésion à acquérir les compétences et l’expérience indispensables pour adopter et mettre en application l’acquis communautaire. Depuis 2004, ce dispositif s’étend aux pays de la région de l’IEVP. Conçus pour répondre aux besoins, les projets de jumelage rassemblent les compétences du secteur public des États membres de l’Union européenne et des pays partenaires dans le but d’améliorer les activités de coopération. Les projets de jumelage sont des projets conjoints, du ressort des deux administrations partenaires. Le pays partenaire en assure l’entière gestion.

JUMELAGE

www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=173&id_type=10&lang_id=469

« Nous allons devoir faire évoluer les mentalités et les attitudes en sensibilisant les employeurs aux avantages de la diversité ; montrer aux employeurs et aux citoyens qu’ils peuvent aussi contribuer au changement.»

N La diversité dans la vie quotidienne : la Commission pour l’égalité des chances entend protéger les intérêts de tous les groupes de la société israélienne.

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Q: Quelle est l’ambition du projet?Stéphanie Horel: Le Programme EuroMed Formation des admi-nistrations publiques s’emploie à promouvoir le partenariat médi-terranéen en soutenant la mise en oeuvre des accords d’associa-tion. Les principaux acteurs du processus étant les administrations publiques, le programme vise à aider les fonctionnaires à se fami-liariser avec les principaux aspects des affaires européennes et à renforcer la coopération entre les administrations publiques des deux rives de la Méditerranée. Il a pour premier objectif de former des fonctionnaires des pays méditerranéens et de créer ensuite - et c’est là son second objectif - un réseau euro-méditerranéen d’écoles d’administration publique afin d’améliorer la coopération à l’échelon régional, national et local.

Comment le programme réalise-t-il ses objectifs ?Durant sa première phase, le programme s’est concentré sur les activités de formation aux affaires européennes. Au total, 49 sé-minaires de formation ont ainsi été organisés, autour de 5 modu-les : « Le BA-BA de l’UE » axé sur le fonctionnement de l’UE, « l’UE -Perfectionnement », la mise en oeuvre des accords d’association, les « Programmes de l’UE » traitant de la gestion du financement européen, la « Politique européenne de voisinage » expliquant les possibilités de formation, l’accent étant à chaque fois mis sur les trois instruments s’adressant aux administrations publiques, à savoir : SIGMA, TAIEX et Twinning, et le module de formation de formateurs. Au cours de la deuxième phase, nous nous sommes davantage concentrés sur les activités de mise en réseau. Nous avons ainsi organisé des conférences et des activités pour les éco-les euro-méditerranéennes d’administration publique, en mettant l’accent sur deux thèmes: La gouvernance territoriale et la qualité de la formation des fonctionnaires.

Quel est l’impact attendu du programme pour les citoyens des pays partenaires ?Nous attendons entre autres du programme le renforcement des capacités de gestion des administrations publiques et la créa-tion de pratiques de travail durables autour de thèmes d’intérêt

commun. Cela doit permettre d’améliorer la compréhension et la confiance mutuelles dans le contexte de notre avenir commun.

Vous attendez-vous à un impact à long terme ou à un effet de chaî-ne?Nous pouvons déjà observer un tel effet de chaîne avec la création de l’association MEDPAN d’écoles euro-méditerranéennes d’admi-nistration publique. Elle a pour objectif d’officialiser le réseau créé dans le cadre du programme et d’assurer la durabilité de ses acti-vités.

Quelle est à vos yeux la principale réalisation du programme ?Assurément l’organisation d’une soixantaine d’activités de for-mation et de réseau qui ont permis à plus de 1500 fonctionnaires et experts des dix pays méditerranéens partenaires et des États membres de discuter et d’échanger leurs idées et leurs bonnes pratiques sur des questions concernant les administrations pu-bliques des deux entités. Nous avons également réussi à établir des relations et des pratiques de travail durables tant au niveau de l’approche sud-nord que de l’approche sud-sud, lesquelles conti-nueront à se développer.

Quel a été le plus grand défi, en termes de mise en oeuvre ?La mise en oeuvre du programme s’est déroulée sans heurt, tou-tefois, comme c’est d’ailleurs le cas pour tout programme de dé-veloppement des capacités, le principal défi est de pérenniser les résultats obtenus et de renforcer encore la coopération et les échanges entre les administrations publiques euroméditerranéen-nes, en particulier dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée.

Familiariser les fonctionnaires des pays partenaires aux affaires européennes

Le Programme EuroMed Formation des administrations publiques a pour mission de développer la capacité de gestion des administrations publiques des pays partenaires méditerranéens et de former leurs fonctionnaires aux affaires européennes. L’objectif est ici de faciliter la mise en oeuvre des accords d’association. Dans une interview, la coordinatrice du programme, Stéphanie Horel, a expliqué à l’ENPI Info Centre qu’une des principales réalisations du programme était l’organisation d’une soixantaine d’activités de formation et de mise en réseau, qui ont permis à plus de 1500 fonctionnaires et experts des pays partenaires et des États membres de l’UE d’échanger des idées et des bonnes pratiques sur des aspects de l’administration publique intéressant les deux entités.

Une bonne soixantaine d’activités de formation et de travail en réseau ont été organisées, et plus de 1500 fonctionnaires et experts ont ainsi pu échanger idées et bonnes pratiques sur des questions intéressant les administrations publiques des deux entités.

entretien avec Stéphanie Horel

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Lutter contre les discriminations et les violences à l’égard des femmes

BRUXELLES – « Le droit de la famille ne permet souvent pas d’inculper les maris se rendant coupables d’actes de violence. On parle de disputes ou de tensions familiales, et le phénomène est quelque peu banalisé, » explique Mme Neisse. Le programme EGEP entend soutenir la réalisation d’une étude nationale en Jordanie et au Liban. Un autre grande problématique est celle du rôle des femmes dans le processus de prise de décision, tant dans la sphère publique que privée. « Dans plusieurs pays, les femmes souffrent d’un statut inférieur étant donné que la légis-lation, le droit privé et le droit de la famille sont toujours influencés par la religion. D’où, souvent, une approche archaïque, notamment en ce qui concerne le mariage ou le divorce, » ajoute-elle. Intégrer le droit familial dans la législation est ainsi l’un des objectifs de l’EGEP. Ce programme se propose de créer à l’échelon régional des sous-groupes de pays partenaires, chargés d’élaborer des formations à l’échelon sous-régional. « Une fois les données recueillies et les priorités identifiées, nous organiserons, en 2010-2011, des formations autour d’une série de thèmes priori-taires pour les différents groupes de pays », explique la directrice du programme.

L’égalité entre les hommes et les femmes et la lutte contre les violences à l’égard des femmes comptent parmi les priorités du programme EGEP « Promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes dans la région euro-méditerranéenne », qui évalue actuellement la situation dans 9 pays méditerranéens partenaires. Mettre fin aux violences à l’encontre des femmes est une priorité, a déclaré Judith Neiss, directrice du programme, avant d’ajouter que la représentation des femmes était un autre volet clé. Le projet prépare à ce sujet un rapport général et 9 rapports nationaux, dans le but de définir des priorités et de mettre en oeuvre des activités régionales répondant aux besoins identifiés.

Texte ENPI Info Centre/ANSA Photos Cawtar/ EPEG/ Euromed Heritage II

lIbAn, IsrAël, tErrItoIrE pAlEstInIEn occupé

“A top priorityfor women inIsraël isto challengeexistingrestrictions onmarriage anddivorce stillhandled in religiouscourts”Yael SlaterN Yael Slater

chercheuse au Centre Adva ; Israël.

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«Au Liban, les femmes souffrent d’une double discrimination. À la discrimination religieuse s’ajoutent les diverses discriminations entretenues par la communauté (18 au total) à laquelle elles appartiennent »Ghada Jabbour

N Ghada Jabbour ONG locale « Kafa (Stop) à la violence et à l’exploitation », Liban.

N Judith Neisse directrice du programme EGEP

La situation dans les pays méditerranéens partenaires a aussi été examinée lors d’une réunion organisée à Bruxel-les, en mars 2010, au cours de laquelle des journalistes de l’agence de presse ANSA se sont entretenus avec certains participants.

Les Libanaises victimes d’une double discrimination Au Liban, les femmes souffrent d’une double discrimina-tion. À la discrimination religieuse s’ajoutent les diver-ses discriminations entretenues par la communauté (18 au total) à laquelle elles appartiennent. Ghada Jabbour, de l’ONG locale « Kafa (Stop) à la violence et à l’exploi-tation » explique que les femmes libanaises sont soumi-ses à la maison, et qu’elles ne peuvent dès lors jouer un rôle clé dans la société. Le système actuel, qui se reflète encore dans le code pénal, reste de type patriarcal. » Et elle poursuit: « Les associations de femmes s’emploient à améliorer le statut de la femme au sein des différentes communautés ou demandent l’introduction d’un code civil fondé sur l’égalité ». La violence, notamment la vio-lence domestique « n’est heureusement plus une ques-tion taboue. Et un projet de loi est en préparation au sein du gouvernement » ajoute-elle. Ce que l’on sait moins, précise-t-elle, c’est que « environ 200.000 travailleuses domestiques d’origine immigrée sont victimes de discriminations et d’exploitation à des fins sexuelles. » L’industrie du sexe génère par ailleurs un phénomène de traite des femmes.

La religion fait encore la loi en Israël Pour les Israéliennes, une des priorités fondamentales est la levée des restrictions relatives au mariage et au divorce, qui relèvent encore des tribunaux religieux, explique Yael Slater, chercheuse au Centre Adva, à Tel Aviv. « Les juifs ne peuvent pas épouser des non-juifs, par exemple, et les trois religions sont très strictes sur la question du divorce, les hommes étant par ailleurs toujours favorisés. » Les affaires de divorce doivent être examinées par des tribunaux religieux. Pour Janet Shalom, membre de la commission gouvernementale sur l’égalité entre les hommes et les femmes, le divorce surtout reste problèmatique dans les trois religions. Pour Slater, les Israéliennes sont aussi confrontées à une application insuffisante de la législa-tion relative à l’emploi, à une détérioration générale des conditions d’emploi, à des restrictions à leur entrée à l’armée et à des restrictions en matière d’avortement. Elles sont par ailleurs peu représentées en politique.

«Le droit de la famille ne permet souvent pas d’inculper les maris se rendant coupables d’actes de violence. On parle de disputes familiales, de tensions»Judith Neisse

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Projets en marche — Voisinage Sud26

« Même si la Constitution palestinienne reconnaît l’égalité, dans les faits, la situation est très différente, et le droit familial et le code pénal doivent donc être modifiés » Hanan Abu Goush

La culture palestinienne, source de discriminationsLa culture qui prévaut dans la société palestinienne est de nature à maintenir la discrimination à l’encontre des femmes et elle légitime la violence domestique. Selon Hanan Abu Goush, du Centre d’aide et de conseils juridiques pour les fem-mes de Ramallah, alors que l’égalité est inscrite dans la Constitution, la situation est très différente dans les faits, et le droit familial et le code pénal doivent donc être modifiés pour mettre fin à la discrimination. « Les crimes d’honneur restent monnaie courante, autorisant pour ainsi dire les hommes à tuer en toute impu-nité des femmes de leur propre famille, » explique-t-elle. Pour pouvoir se marier, poursuit Mme Goush, « une femme doit demander l’autorisation du chef de famille masculin. Faute d’accord, elle devra faire appel au juge. Cet accord n’est pas requis si la femme est divorcée et qu’elle a plus de dix-huit ans. « Le divorce et la garde des enfants avantagent toujours le mari », déplore-t-elle, ajoutant que les femmes font également l’objet de discriminations en matière d’héritage, une question régie par la Sharia, même si cette loi n’est jamais appliquée.“

N Hanan Abu Goush Centre d’aide et de conseils juridiques pour les femmes, Territoire palestinien occupé.

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie, Tunisie

Calendrier2008–2011

Budget4,5 millions d’euros

ObjectifsVise à promouvoir trois grandes priorités : Appui à la dynamique actuelle en faveur de l’égalité entre les sexes et des droits des femmes ainsi qu’à l’application, dans son intégralité, de la CEDAW et des instruments juridiques apparentés, contribution à une meilleure connaissance des violences à caractère sexiste et appui au suivi des conclusions et du cadre d’action de la conférence ministérielle d’Istanbul sur le « Renforcement du rôle de la femme dans la société ».

Pour en savoir plusFiche de l’EGEP > www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=250&id_type=10&lang_id=469Dossier de presse ENPI Info Centre sur l’égalité entre les hommes et les femmes >www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=71&id_type=3&lang_id=469

Soutien à l’égalité entre les hommes et les femmes et à la mise en oeuvre de la Convention surl’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), renforcementdes connaissances sur le phénomène de la violence à l’égard des femmes et soutien au suivi de laconférence ministérielle d’Istanbul sur les femmes.

www.euromedgenderequality.org/index.php

Promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes dans la région euro-méditerranéenne

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Une expérience d’avantgarde qui a transformé la médina

MAHDIA – C’est devenu un réflexe pour les habitants de cette coquette médina ancestrale de la ville tunisienne de Mahdia. Tous les soirs, depuis près de deux ans, ils ont pris l’habitude de déposer d’une manière régulière les déchets ménagers devant leur domicile dans des sachets en prévision du passage des agents de la municipalité chargés de la collecte. Un geste ordinaire voire anodin de prime abord, mais qui a nécessité une action d’envergure et un budget de taille, dont la plus grande partie – 120 000 euros – financée par l’Union européenne. En fait ce quartier de la ville arabe de Mahdia a durant des années souffert de l’absence de collecte régulière des déchets ménagers en l’absence de matériel roulant adéquat. En effet, l’architecture des ruelles érigées à l’époque des Fatimides est dotée d’un charme certain, mais ne permettait pas d’accueillir les véhicules utilisé par les services municipaux pour la collecte des déchets ménagers. L’histoire de la ville remonte au Xè siècle. Elle a été construite par le calife Fatimide, Obeid Allah El Mehdi, d’où le nom de la ville qui connut une période florissante sous son règne, époque à laquelle remonte la grande mosquée, qui fait la fierté des habitants de la ville. Toujours est-il que le quartier a été construit en forteresse, ce qui explique l’exiguïté des rues et la difficulté de répondre aux exigences de la vie moderne.

Un travail de longue haleineM. Samir Gandoura, administrateur à l’association de sauvegarde de la médina de Mahdia, explique que cette action a nécessité un travail de longue haleine, entrepris en partenariat avec l’Union européenne depuis 2004 dans le cadre d’une succession de programmes de coopération urbaine, axés sur le développement durable. La première étape a été franchie par le programme MED’ACT (2004-2006), avec un financement global de l’Union européenne s’élevant à 567 530 euros : « Nous étions confronté à un problème d’enlèvement des déchets ménagers en

Pendant des années, la médina de Mahdia souffrait de l’absence de collecte régulière des déchets ménagers. Aujourd’hui, grâce à une succession de programmes de coopération urbaine financés par l’Union européenne, le dépôt des ordures est devenu un réflexe pour les habitants, et le quartier s’est transformé.

Texte et photos par Lotfi Touati

tunIsIE

N Samir Gandoura administrateur à l’association de sauvegarde de la médina de Mahdia.

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Projets en marche — Voisinage Sud28

raison de l’inadaptation du matériel disponible avec la configuration de la médina. En partenariat avec l’Union européenne, nous avons commencé par une étude pour diagnostiquer le contenu du couffin de la ménagère et également de la poubelle des habitants de la médina pour pouvoir entreprendre une action conforme à leurs besoins. » « Les résultats ont démontré que 65% des déchets sont organiques, un chiffre élevé comparé aux déchets ménagers d’un européen moyen. Nous avons donc acquis un matériel roulant spécifique, en mesure d’évoluer confortablement à travers les dédales de la médina et d’enlever régulièrement les ordures ménagères. » Il a fallu sensibiliser les résidents afin qu’ils déposent à des heures fixes leurs déchets dans des sacs poubelles juste avant le passage de l’équipe de ramassage afin d’éviter que leurs contenu ne soit déversé dans la rue – une action pertinente, selon les responsables, qui mérite d’être actuellement consolidée. Quatre ans après la conclusion de cette phase du projet, c’est un bel exemple de la pérennité de l’action de l’Union européenne, se situant dans une vision de coopération de longue durée, qui permet par la suite aux administrations locales de s’approprier les bonnes pratiques. Les habitants de la médina vivent le résultat au quotidien. Mohamed Turki, employé dans une entreprise de fabrication de savon, est né au coeur de cette médina il y a une cinquantaine d’années. Il habite dans un pavillon hérité de ses parents qu’il a retapé avec passion. « Ce quartier fait partie de notre patrimoine et je suis heureux que l’expérience de la collecte des déchets ménagers a réussi et a permis d’offrir, à nous et aux visiteurs, un aspect attrayant. Le dépôt du sachet des ordures ménagères est devenu pour nous un réflexe quotidien. »

Regardez comme c’est propre… Cet avis est partagé par M. Mohamed Fraj, retraité de 75 ans. « J’ai vécu dans ce

quartier que je connais parfaitement. Je peux vous affirmer que ce projet de ramassage des ordures est considéré à juste titre comme concluant et a permis d’embellir la médina. Regardez comme c’est propre » dit-il en pointant du doigt une ruelle. À la suite de ce succès, d’autres projets financés par l’Union européenne ont pris le relais, notamment les projets SHAMS et GODEM, ce dernier dans le cadre du programme interrégional européen CIUDAD, qui vise à aider les administrations locales des pays du Voisinage à s’attaquer durablement aux problèmes de développement urbain, en encourageant la coopération entre les acteurs locaux et leurs homologues de l’UE. Le projet SHAMS – financé à Mahdia d’un montant de 90 000 euros par l’UE dans

N L’architecture des rues étroites à Mahdia a sans doute un certain charme, mais elles ne peuvent pas accueillir les véhicules utilisés par les autorités municipales pour la collecte des déchets ménagers

N Quatre ans après le début du projet de collecte des déchets, les résidents ainsi que les responsables reconnaissent qu’il est un bel exemple de la continuité de l’action de l’Union européenne.

« Les habitants de la médina vivent le résultat au quotidien »

« L’expérience sur le plan technique constitue une réussite. Nous sommes même en mesure d’offrir notre assistance à d’autres villes dans le cadre de la coopération »

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Projets en marche — Voisinage Sud 29

N L’enlèvement des déchets est devenu un réflexe pour les habitants de la médina de Mahdia et le quartier a été transformé

le cadre du programme MED-PACT (contribution globale de l’UE 600 000 €), le successeur de MED’ACT – se rapporte aux déchets organiques émanant des jardins publics et autres, et leur recyclage en composte. M. Gandoura explique que ce projet est techniquement en bonne voie. Un jeune entrepreneur a créé une unité de compostage qui a donné un produit fiable, certificat d’expertise à l’appui émanant d’institutions universitaires. Cependant il se heurte à une réticence des utilisateurs. Il est difficile de convaincre des agriculteurs habitués depuis des années à utiliser des engrais traditionnels à opter pour de nouvelles formules. « L’expérience sur le plan technique constitue une réussite. Nous sommes même en mesure d’offrir notre assistance à d’autres villes dans le cadre de la coopération. Mais je pense qu’une action de sensibilisation des utilisateurs est souhaitable. » Le projet GODEM quant à lui évolue dans de bonnes conditions, avec un soutien de l’UE s’élevant à 492 000 euros. Il se rapporte à l’optimisation des déchets hôteliers de la région de Mahdia, de Sousse et de Djerba. Les conventions sont signées et l’on n’attend plus que le passage à la phase concrète, qui ne va pas tarder.

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël,Jordanie, Liban Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie, Tunisie ; Arménie, Azerbaïdjan, Belarus, Géorgie, Moldavie, Russie, Ukraine

Durée2009–2013

Budget€ 17 million

ObjectifsLe programme CIUDAD (« Cooperation in Urban Development and Dialogue », Coopération en matière de développement urbain et dialogue) entend promouvoir la compréhension mutuelle, le dialogue et la coopération entre les acteurs locaux de l’UE d’une part et des pays partenaires du Sud et de l’Est du Voisinage (région IEVP) d’autre part. À cet effet, il soutient le renforcement des capacités pour la modernisation et le renforcement des gouvernements locaux et régionaux. Il vise également à mettre en place de nouveaux partenariats et à renforcer les partenariats existants entre autorités locales et régionales de la région de l’IEVP (sud-sud, est-est et sud-est) afin de pérenniser les réalisations au-delà de la durée de vie du programme. CIUDAD profite des travaux des précédentes initiatives comme les programmes MED’ACT et MEDPACT financés au titre de l’instrument MEDA (Sud) et les programmes TCAS et IBPP financés par l’instrument TACIS (Est), entre autres.

Pour en savoir plusFiche du projet GODEM > www.ciudad-programme.eu/grant_pdfs/8_BRUSSELS.pdfFiche du programme CIUDAD >www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=336&id_type=10&lang_id=469Portail thématique Société Civile et Autorités Locales de l’ENPI Info Centrewww.enpi-info.eu/thememed.php?subject=14&lang_id=469

CIUDAD vise à aider les gouvernements locaux des pays du Voisinage à s’attaquer durablement aux problèmes de développement urbain, en encourageant la coopération entre les acteurs locaux et leurs homologues de l’UE

www.ciudad-programme.eu/index.php

CIUDAD – Développement urbain durable

« Quatre ans après la conclusion de cette phase du projet, c’est un bel exemple de la pérennité de l’action de l’Union européenne »

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Q: Quelle est l’ambition du projet?Andreas Oberenzer : Le hammam est un des éléments clés du patrimoine des villes islamiques traditionnelles. Il a de tout temps joué un rôle d’intégration dans la vie publique tout en remplissant diverses fonctions : hygiéniques, sociales et religieuses. Mais le hammam risque aujourd’hui de disparaître. Dans toute la région, l’usage des hammams tombe peu à peu en désuétude et si certains de ces bains ont été rénovés, ils ne remplissent plus la fonction qu’ils avaient autrefois. Nous voulons redonner vie aux hammams et les revitaliser, en les réinscrivant dans leur contexte historique et social, nous voulons inciter les habitants, surtout les jeunes, à redécouvrir le hammam, en restituant à ces établissements leur fonction sociale unique au sein de la communauté.

Comment le programme réalise-t-il ses objectifs ?Le projet met en oeuvre deux actions spécifiques axées sur deux hammams que nous avons sélectionnés: le hammam Ammuna à Damas et le hammam Saffarin à Fez. Nous voulons sensibiliser les communautés à l’importance du hammam en tant qu’élément commun du patrimoine culturel de la Méditerranée en organisant des activités, des conférences, des ateliers, des journées portes ouvertes et des expositions. Deux événements majeurs auront lieu dans le cadre de la Journée mondiale de l’eau, le 22 mars : un premier aura lieu cette année à Damas et un second en 2011, à Fez. Des projections de films et des expositions seront organisées, ainsi qu’une journée portes ouvertes qui permettra aux visiteurs de s’entretenir avec des experts et avec le gérant et le personnel du hammam. Une visite du quartier est également prévue afin de montrer la place du hammam dans la société. Le projet réalise par ailleurs un guide sur les aspects architecturaux et la réhabilitation des hammams et prépare un plan d’entreprise et de gestion pour les gérants de hammams. Des outils leur permettront d’élaborer en ligne leur plan d’entreprise, ce qui devrait garantir la faisabilité du projet. Nous mettons en commun les connaissances accumu-lées et pouvons ainsi partager les outils qui garantiront la réussite commerciale des hammams. Les bonnes pratiques générées dans

le cadre de nos actions ciblant ces deux hammams pourront ainsi être transposées et étendues à toute la région.

Quel est l’impact pour les citoyens des pays partenaires ?Nos ateliers ont pour but de faire redécouvrir le hammam aux ha-bitants des quartiers et cette activité affiche un très beau taux de réponse. A Damas, nous avons réappris l’usage du hammam à deux groupes de jeunes : des scouts et des guides âgés de 12 à 17 ans. Ils ont eu droit à une expérience complète. La plupart n’avaient jamais été au hammam. Après cette expérin ence, ils nous ont dit qu’ils seraient ravis d’y retourner, avec leurs parents et leurs amis. Lors des journées d’exposition sur le hammam, nous demandons aux participants d’apporter des affaires personnelles en rapport avec le hammam, afin de les aider à s’approprier cet espace avec des objets personnels porteurs du vécu de plusieurs générations.

Quelles sont les difficultés posées par la mise en oeuvre de votre pro-jet?L’évolution sociale et économique est finalement l’un des princi-paux obstacles auxquels nous nous heurtons. Beaucoup assimilent le hammam à des bains collectifs et avec l’arrivée de l’eau courante dans tous les foyers, il a perdu sa raison d’être hygiénique. Un fac-teur religieux pose également problème : de nombreux imams se sont en effet élevés contre l’utilisation du hammam par les fem-mes. Nous avons donc beaucoup travaillé cette question avec les femmes afin qu’elles parviennent à surmonter ce tabou, en parti-culier avec l’aide de femmes plus âgées qui véhiculent la tradition et qui leur ouvrent les yeux en leur faisant redécouvrir des rituels. Par exemple, les cérémonies rituelles au hammam avant le maria-ge et 40 jours après l’accouchement.

Quelle est à vos yeux votre principale réalisation ?

Les deux hammams, tant celui de Damas que celui de Fez, étaient en très mauvais état. En nous appuyant sur les travaux de notre précédent projet, HAMMAM, nous avons réussi à leur insuffler une nouvelle vie et à y faire revenir les habitants, grâce à nos activités. A Fez, le hammam Seffarine avait été fermé pendant les travaux de réhabilitation, entre les deux projets. Conscients de la contribu-tion que nous pouvions apporter, les autorités ont décidé d’inter-rompre les travaux pendant quatre mois, afin que nous puissions apporter notre expertise. Nous intervenons en fait à trois niveaux : outre la réhabilitation physique de ces lieux, nous nous employons à promouvoir la durabilité des hammams en tant qu’opération commerciale viable tout en les rétablissant dans leur fonction de lieu de rencontre dans le quartier.

Redonner au hammam une place centrale dans la communautéLe hammam, qui occupait autrefois une place centrale dans toute ville islamique, risque de disparaître en tant qu’espace public vivant. Hammamed, un projet de trois ans financé à hauteur de 1,19 million d’euros dans le cadre du programme Euromed Heritage IV, financé par l’UE, se bat pour inverser la tendance. Dans une interview accordée à l’ENPI Info Centre, Andreas Oberenzer, coordinateur adjoint du projet, explique comment Hammamed s’efforce, avec la participation des populations locales, de redonner au hammam une place centrale dans la communauté.

Nous mettons en commun les connaissances accumulées et pouvons ainsi partager les outils qui garantiront la réussite commerciale des hammams. Les bonnes pratiques générées dans le cadre de nos actions ciblant ces deux hammams pourront ainsi être transposées et étendues à toute la région.

Entretien avec Andreas Oberenzer

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Pour battre le plus ancien des mauxun réseau de recherche et d’éducation

TUNIS – « Ma vie a complètement changé depuis le jour où je suis passé sur le billard de l’hôpital de Monastir pour subir une délicate opération au cer-veau » confie Hichem Béjaoui, un jeune tunisien de 29 ans qui souffrait d’épilepsie. Il y a près de deux ans, il a accepté de subir une intervention chirur-gicale. Son crâne, finement rasé, laisse paraitre aujourd’hui une longue cicatrice sur la partie droite. Hichem Béjaoui – gérant d’une petite entreprise de fabrication d’articles en fer forgé située à Tunis – a longtemps souffert des désagréments d’une grave épilepsie, qui a constitué un frein à son épanouis-sement dans sa vie sociale mais surtout dans sa vie professionnelle.

Hichem souffrait d’épilepsie. Au début, il essayait de dissimuler sa maladie au sein de l’entreprise dans laquelle il travaillait comme forgeron. Il prend des médicaments pendant plus de dix ans, mais un jour, ils n’ont plus d’effet sur son organisme. Voici l’histoire de ce jeune tunisien, qui a pu en finir une fois pour toute de la maladie, et redécouvrir le plaisir de vivre. Et ce, grâce à l’équipe médicale tunisienne qui l’a opéré et au programme EUMEDCONNECT2, établi dans plusieurs pays de la Méditerranée et financé par la Commission Européenne à hauteur de 4 millions d’euros. Un programme basé sur l’échange d’informations et de données scientifiques entre 700 institutions à travers l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient et 4000 établissements de recherche et d’éducation en Europe.

Texte et photos par Lotfi TOUATI

tunIsIE

N Une technicienne devant l’écran pour électroencéphalographies

Entretien avec Andreas Oberenzer

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Projets en marche — Voisinage Sud32

Une maladie complexe appréhendée par beaucoup de patientsSes ennuis ont commencé des l’âge de 11 mois, depuis le jour où il a subi ses premières convulsions à la suite d’une forte fièvre. « L’épilepsie est caractérisée par une répétition de cri-ses engendrées par une décharge due à une activité anor-male et incontrôlées d’une partie du cerveau. La pathologie peut être génétique ou acquise suite à un traumatisme » ex-plique Dr Héla Khiari, neurologue à l’hôpital Charles Nicolle de Tunis. Hichem se souvient encore des terribles moments vécus durant sa vie professionnelle, des moments émaillés de pertes de connaissances au sein de l’entreprise dans laquelle il travaillait comme forgeron. « Au début j’ai essayé de dissimuler ma maladie, car je savais qu’aucun patron ne tolèrerait que l’un de ses ouvriers soit atteint d’une maladie chronique, d’autant qu’elle gêne la bonne marche de l’activité de son entreprise. J’ai pris les médicaments pendant plus d’une dizaine d’années – continue Hichem – jusqu’au jour où ils n’ont plus eu d’effets sur mon organisme. Les crises sont devenues de plus en plus fréquentes. La fréquence a augmenté au point ou mon patron décide de suspendre mon activité au sein de l’entreprise ». Le médecin adressa alors le dossier d’Hichem au Professeur Amel Mrabet, chef de service à l’hôpital Charles Nicolle de Tunis. Après avoir consulté le dossier et entrepris les analyses et les élec-troencéphalographies nécessaires, le médecin demanda à Hichem s’il accepterait de subir une intervention chirurgicale. « J’ai signifié sans trop réfléchir mon accord pour deux raisons – raconte Hichem – d’abord je suis fermement croyant, je suis convaincu que mon sort est scellé par Dieu. La deuxième raison est que la maladie devenait de plus en plus contraignante et qu’il me fallait trouver le bon remède une fois pout toutes ». Deux millions d’utilisateurs Hichem ignorait certainement qu’il était chanceux, car depuis l’année 2005, un programme de partenariat avait été établi entre l’hôpital Charles Nicolle de Tunis et le même hôpital de Rouen dans le cadre du programme qui s’intitule « projet EUMEDCONNECT2 ». C’est un projet de partenariat entre les communautés de recherche scientifique des institutions de sept pays de la Méditerranée et des pays de l’Afrique du Nord - dont la Tunisie. À travers un réseau sous terrain de cables reliant les différentes institutions, ces pays échangent des données, des documents et des expériences dans tous les do-maines. Le projet EUMEDCONNECT2 permet à environ deux millions d’utilisateurs dans près de 700 institutions à travers l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient de col-laborer avec leurs confrères répartis dans plus de 4000 établissements de recher-che et d’éducation en Europe. Le service de neurologie de l’hôpital Charles Nicolle de Tunis a profité de ce réseau pour adresser des tracés d’électroencéphalographie au service de neurologie de l’hôpital Charles Nicolle de Rouen. Le but ? Approfon-dir l’étude de dossiers de patients souffrant d’épilepsie et décider ensemble si ces patients sont en mesure de subir, avec succès, une opération chirurgicale pour en finir une fois pour toutes de cette maladie.

Un savoir-faire maîtrisé« C’est un échange qui nous permet de gagner beaucoup de temps et surtout nous aide à identifier les candidats pour l’intervention chirurgicale » explique le professeur Amel Mrabet, chef de service de neurologie de l’hôpital Charles Ni-colle de Tunis et ajoute : « Nous avons entamé l’expérience en 2006, ce qui nous a permis d’opérer plus d’une ving-taine de patients tunisiens à l’hôpital de Monastir. On peut dire aujourd’hui qu’après cette fructueuse collaboration, nous maîtrisons un savoir-faire. Nous sommes redevables à ce programme,

« Au début j’ai essayé de dissimuler ma maladie, mais un jour les médicaments n’ont plus eu d’effets sur mon organisme : une intervention chirurgicale était mon seule espoir »

« Nous avons entamé l’expérience en 2006, ce qui nous a permis d’opérer plus d’une vingtaine de patients tunisiens à l’hôpital de Monastir »

N Un ancien patient opéré avec succès.

N Un futur candidat à l’opération.

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Projets en marche — Voisinage Sud 33

« Nous sommes redevables à ce programme, qui nous a permis de réaliser une avancée importante dans le domaine du traitement des dossiers des candidats à la chirurgie. Après l’opération, 90% des malades sont en mesure de mener une vie normale »

N Hela Khiari

N L’hôpital de Monastir.

qui nous a permis de réaliser une avancée im-portante dans le domaine du traitement des dossiers des candidats à la chirurgie. » Après l’opération 90% des malades sont en mesure de mener une vie normale sans crises après un délai de deux ans. La voie est ainsi ouverte de-vant beaucoup d’épileptiques. Entretemps, Hi-chem est devenu une référence en la matière puisque c’est à lui que s’adressent tous les can-didats à la chirurgie. Ils l’appellent pour se ras-surer quant à l’issu de l’opération. Parmi eux, Brahim Bouzidi, un jeune tunisien de 29 ans, un futur candidat à l’opération. Il est en train d’enregistrer un tracé d’électroencéphalogra-phie d’une semaine à l’hôpital Charles Nicolle de Tunis. De tout coeur il espère le plus tôt possible passer à la salle d’opération pour en finir une fois pour toutes avec la maladie et re-venir à une vie normale.

Pays participantsAlgérie, Égypte, Jordanie, Maroc, territoire Palestinien occupé, Syrie, Tunisie. Durée2008–2010

Budget4 millions d’euros

ObjectifsLe projet vise à soutenir et à renforcer la coopération entre l’Europe et les pays partenaires méditerranéens dans le domaine de la recherche et de l’éducation. Le projet souhaite assurer la durabilité sur le long terme de l’infrastructure Internet mise en place par EUMEDCONNECT 1 à partir de 2004. Il souhaite également mettre en place un réseau durable de soutien capable de réduire la disparité digitale entre les pays et stimuler la coopération.

Pour en savoir plusSite EUMEDCONNECT2 > www.eumedconnect2.netUn nouveau réseau internet à haute capacité pour la recherche et l’éducation >www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=21221&id_type=1&lang_id=469

Un projet de partenariat entre les communautés de recherche scientifique des institutions de sept pays de la Méditerranée et des pays de l’Afrique du Nord. À travers un réseau de cables reliant les différentes institutions, ces pays échangent des données, des documents et des expériences dans tous les domaines. Le projet EUMEDCONNECT2 permet à environ deux millions d’utilisateurs dans près de 700 institutions à travers l’Afrique du Nord et le Moyen- Orient de collaborer avec leurs confrères répartis dans plus de 4000 établissements de recherche et d’éducation en Europe.

www.eumedconnect2.net

EUMEDCONNECT2

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Projets en marche — Voisinage Sud34

Q : Quelle est l’ambition de ce programme ?

Frank Samol : Le programme CIUDAD (Coopération en ma-tière de développement urbain et dialogue) entend avant tout encourager la coopération et le dialogue entre les auto-rités locales et régionales de l’UE et des pays partenaires de l’IEVP. Il entend stimuler les échanges d’expérience et de savoir-faire et renforcer les interactions entre les autorités locales et les acteurs de la société civile dans les pays bénéfi-ciaires. Mis en oeuvre et ayant un impact au niveau local (vil-les), il a pour objectif d’améliorer le niveau de participation des gouvernements locaux et de promouvoir l’implication de la société civile. Sur le terrain, CIUDAD se propose d’aider les autorités locales de la région de l’IEVP à développer leur capacité à planifier un développement urbain durable, inté-gré et à long terme, sur la base des principes de bonne gou-vernance. En mettant en place de nouveaux partenariats et en renforçant les partenariats existants entre autorités locales et régionales de la région de l’IEVP (sud-sud, est-est et sud-est), il espère également pérenniser les réalisations au-delà de la durée de vie du programme.

Quels sont les domaines d’action prioritaires du programme ?

CIUDAD couvre trois thèmes clés du développement urbain : l’environnement durable et l’efficacité énergétique ; le développement économique durable et la réduction des disparités sociales ; la bonne gouvernance et la planifi-cation et le développement urbains durables. Au total, 21 projets travaillent autour de ces thèmes. Chaque projet est mis en oeuvre par un consortium d’au moins trois par-tenaires – autorités locales, réseaux thématiques, instituts universitaires et de recherche, et organisations de la société civile – dans au moins deux pays de l’IEVP. Ces partenaires coopèrent sur des questions spécifiques intéressant toutes

les communautés participantes. Le programme CIUDAD comprend 10 projets dans le Sud, 6 projets à l’Est et 5 pro-jets interrégionaux, c’est-à-dire associant des partenaires du Sud et de l’Est. C’est l’un des premiers programmes à encou-rager des partenariats couvrant les deux régions de l’IEVP.

Quel est l’impact attendu du programme pour les citoyens des pays partenaires ?

Les projets CIUDAD sont mis en oeuvre à l’échelon local, ils ont donc pour bénéficiaires finaux les citoyens des commu-nautés urbaines dans les pays partenaires. La plupart de ces projets visent à améliorer la qualité des services urbains de base dans un esprit de développement environnemental durable. Ils apportent donc des avantages aux citoyens des villes où ils sont mis en oeuvre. Un bon exemple est un pro-jet mis en oeuvre actuellement en Algérie, en Tunisie et au Maroc, qui encourage la mise en place de systèmes efficaces de gestion des déchets solides, en mettant en oeuvre une approche fondée sur la participation à l’échelon de la com-munauté. Certains projets s’adressent à des franges spécifi-ques de la population. Ainsi, un projet encourage la gestion innovante et socialement inclusive dans le domaine des sports et des activités d’extérieur en mettant l’accent sur les femmes et les jeunes comme bénéficiaires finaux.

Quelles sont les difficultés que vous craignez rencontrer dans la mise en oeuvre du programme ?

Étant donné le champ d’application de CIUDAD et les nom-breux partenaires impliqués, un des principaux défis sera d’élaborer une vision commune pour toutes les parties prenantes oeuvrant de concert à la réalisation de résultats tangibles. La pérennité des projets est un autre défi : un des objectifs de CIUDAD est en effet de mettre en place des par-tenariats durables qui survivront à la fin du programme.

Les autorités locales un pont entre les pays du voisinage

Le programme CIUDAD (Coopération en matière de développement urbain et dialogue) entend avant tout encourager la coopération et le dialogue entre les autorités locales et régionales de l’UE et des pays partenaires de l’IEVP. Sur le terrain, CIUDAD se propose d’aider les autorités locales de la région de l’IEVP à développer leur capacité à planifier un développement urbain durable, intégré et à long terme, sur la base des principes de bonne gouvernance. « Les projets CIUDAD sont mis en oeuvre à l’échelon local, leurs bénéficiaires finaux sont donc les citoyens des communautés urbaines des pays partenaires, » a expliqué Frank Samol, responsable d’équipe du mécanisme de soutien CIUDAD, dans un entretien accordé à l’ENPI Info Centre.

Entretien avec Frank Samol

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Le « Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse », financé par l’UE, améliore la vie des journalistes

Remporter le Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse, financé par l’UE, lui a permis d’améliorer sa vie de jeune journaliste indépendante, confie la lauréate de l’édition 2009, Carole Kerbage à l’agence de presse ANSA. « Le prix de 12.500 euros m’a permis d’améliorer ma vie. J’ai une plus grande indépendance financière et j’ai désormais plus confiance dans mes capacités», ajoute Kerba-ge, qui a l’intention de poursuivre ses études de journalisme à l’étranger. « J’utiliserai une partie du prix pour poursuivre mes études et m’instruire de manière indépendante, » ajoute-elle avec fierté. La date limite des inscriptions à la cinquième édition du Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse, du nom du journaliste, historien et intellectuel libanais assassiné à Beyrouth en juin 2005, a été fixée au 30 mars. Les deux ca-tégories, assorties chacune d’un prix de 12.500 euros offert par l’UE sont celle de la meilleure Enquête-reportage et celle du meilleur Article d’opinion. Carole a remporté le prix pour son reportage sur le milieu de la prostitution au Liban, publié l’année passée dans le supplément pour les jeunes du quo-

Texte ANSA/ENPI Info Centre Photos Délégation de l’UE au Liban /Prix Samir Kassir

« Eh bien, voilà la grande leçon de cette aventure: il est gratifiant de s’adresser à l’intelligence des gens. » Samir Kassir, 12, Νovembre 1996

N Samir Kassir.

Entretien avec Frank Samol

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Projets en marche — Voisinage Sud36

tidien libanais An Nahar. Cet article est le résultat de trois années de travail de terrain durant lesquelles la jeune femme n’a pas hésité à pénétrer elle-même dans des maisons closes. Le Prix vise à promouvoir le droit à la liberté de presse et d’expression en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et dans le Golfe. L’initiative, créée par la délégation européenne au Liban en association avec la Fon-dation Samir Kassir, est ouverte aux articles trai-tant des droits de l’Homme

ou de l’État de droit. «À mon sens, la liberté de presse est essentielle à l’avancée d’un pays non seulement en tant que société démocratique et libre mais égale-ment en termes de développement dans toutes ses dimensions : politique, éco-nomique, sociale et culturelle », déclare Patrick Laurent, le Chef de la délégation européenne au Liban. Le prix connaît une popularité croissante depuis sa création. « En 2006, 25 participants s’étaient inscrits. Cette année, ils sont plus de 150, soit six fois plus que pour la première édition,» explique Sébastien Brabant, le chef de l’initiative pour la délégation européenne à Beyrouth et membre observateur du jury depuis l’année passée. Initialement, le concours n’était ouvert qu’aux journa-listes des neuf pays méditerranéens (l’Algérie, l’Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Syrie, la Tunisie et les territoires palestiniens). Toutefois, depuis 2008, des journalistes d’Irak, du Yémen et des sept pays du Golfe ont été admis. Lors de cette édition, il a également été décidé de limiter le concours à la participation des journalistes, et ce afin de mettre en évidence cette profession, si souvent me-nacée. Le jury sera composé de huit membres, un observateur de la délégation européenne et sept jurés avec droit de vote. Parmi ces derniers se trouvent des journalistes arabes travaillant dans leur pays ou à l’étranger, deux universitaires,

ainsi qu’un membre de la Fondation Samir Kassir. Outre Carole Kerbage qui a remporté le Prix l’année passée dans la catégorie reportage, c’est la journaliste égyptienne Mona Eltahawi qui a été récompensée pour le prix du meilleur article d’opinion. Son article dénonçait diverses formes de racisme non seule-ment en Égypte mais également dans un grand nombre de pays arabes. « Ces articles ont été choisis non seulement parce qu’ils sont bien écrits mais également parce qu’ils traitent de thèmes importants qui sont également tabous dans les socié-tés arabes, » explique M. Brabant. Le concours est ouvert aux journalistes de la presse écrite (quotidienne, hebdomadaire, mensuelle, en ligne), ressortissants des 18 pays suivants : Al-gérie, Arabie Saoudite, Bahreïn, Égypte, Émirats Arabes-Unis, Irak, Israël, Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Maroc, Oman, Qatar, Syrie, Territoire palestinien, Tunisie, et Yémen. Le prix sera dé-cerné lors d’une cérémonie organisée à Beyrouth, le 2 juin, le jour d’anniversaire de la mort de Samir Kassir.

«À mon sens, la liberté de presse est essentielle à l’avancée d’un pays non seulement en tant que société démocratique et libre mais également en termes de développement dans toutes ses dimensions: politique, économique, social et culturel»Patrick Laurent

« J’utiliserai une partie du prix pour poursuivre mes études et m’instruire de manière indépendante »Carole Kerbage

N De gauche à droite: Carole Kerbage, Patrick Laurent, Mona Eltahawy.

N Carole Kerbage.

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RÈGLEMENT DU CONCOURS SAMIR KASSIRDate limite de l’édition 2010 : 30 MarsDeux prix seront décernés :• Meilleur article d’opinion-• Meilleur(e) enquête-reportageLe concours est ouvert à tous les journalistes de la presse écrite (quotidienne, hebdomadaire, mensuelle, en ligne) – quel que soit leur âge – ressortissants des pays suivants : Algérie, Arabie Saoudite, Bahreïn, Égypte, Émirats Arabes- Unis, Irak, Israël, Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Maroc, Oman, Qatar, Syrie, Territoire palestinien, Tunisie, et Yémen. Les candidats doivent soumettre un article d’opinion ou un reportage/une enquête sur un sujet traitant de l’État de droit ou des droits de l’Homme (bonne gouvernance, lutte contre la corruption, liberté d’expression, etc.). L’article doit avoir été publié dans un organe de presse d’un des pays cités ci-dessus ou d’un des États membres de l’Union européenne. Les articles soumis ne doivent pas dépasser les 25.000 signes et doivent avoir été publiés entre le 15 mars 2009 et le 15 mars 2010. Les candidats ne peuvent concourir que dans une seule catégorie et à titre individuel (les travaux de groupe ne seront pas acceptés). Le gagnant de chacune des deux catégories remportera un prix d’un montant de 12.500 euros. L’Union européenne peut reproduire et diffuser les articles primés dans ses propres publications (non commerciales) et dans les publications relatives au « Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse ».

Pour en savoir plus :Pour toute question, une ligne téléphonique et une adresse e-mail sont à la disposition des candidats : Hotline : + 961 70 14 17 19E-mail : [email protected]/fr/index.htm

Samir Kassir, Journaliste et Professeur

1960 : Naissance au Liban où il grandit.

1980 : Premier article publié dans Le Monde Diplomatique. Début de sa carrière journalistique dans plusieurs journaux et périodiques, dont An-Nahar, principal quotidien libanais, Al- Hayat, panarabe basé à Londres et l’Orient- Le Jour, quotidien libanais francophone.

1984 : Obtient deux diplômes en philosophie et philosophie politique à la Sorbonne, Paris.

1990 : Obtient un doctorat en Histoire Moderne à la Sorbonne, puis rejoint le Département d’Etudes Politiques de l’Université Saint-Joseph à Beyrouth, en tant que chargé de cours.

1992 : Première publication (voire la bibliographie).

1995 : Son éditorial hebdomadaire dans l’édition du vendredi du An-Nahar commence à le faire connaître pour ses prises de position politique, en particulier contre l’hégémonie du régime syrien sur le Liban.

1995 : Sortie du premier des 27 numéros de l’Orient- Express dont il est le rédacteur en chef.

2002 : Nommé professeur à l’Institut des Sciences Politiques de l’université Saint-Joseph, Beyrouth.

2004 : Co-fonde le Mouvement de la Gauche Démocratique.

2005 : Meurt assassiné le 2 juin. Ce crime porte à 28 le nombre de journalistes victimes d’attentats depuis la pendaison par les Ottomans, en 1918, de plusieurs journalistes et activistes libanais et syriens ayant oeuvré pour l’indépendance de leur pays. Sa mort provoque une profonde indignation et une vaste condamnation aussi bien au Liban que dans le reste du monde.

Articles de Samir Kassir prixsamirkassir.org/samirkassir4-ENG.htm

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Projets en marche — Voisinage Sud38

SociétéEnvironnementEnergieTransport

Environnement

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Projets en marche — Voisinage Sud 39

Gardiens de l’eau

La gestion de l’eau touche au cœur de la civilisation méditerranéenne, une mémoire vivante du rapport de la société avec son environnement. C’est pourtant un patrimoine en voie de disparition, victime du développement et des pressions économique et démographique. Face à cette menace, un projet financé par l’Union européenne tente de mobiliser les populations locales par des actions de sauvetage et de sensibilisation.

Texte ENPI Info Centre Photos REMEE project

C’est un projet dont le titre évoque à la fois la nostalgie d’un souvenir fuyant, et une détermination de s’y accrocher. Il gagnerait à être moins souvent réduit à son acronyme REMEE, pour nous donner le temps de peser le sentiment qu’il exprime : Redécouvrons ensemble les mémoires de l’eau.Parler des mémoires de l’eau touche au cœur du défi posé à ce projet, financé par l’Union européenne dans le cadre du programme euro méditerranéen Heritage IV. Car non seulement s’agit-il d’un patrimoine vernaculaire, mais d’un patrimoine sou-vent immatériel, lié aux pratiques de la gestion de l’eau à travers les siècles. Menacé de toutes part, sans la protection légale ou la mobilisation réservée au pa-trimoine monumental, il représente pourtant un patrimoine essentiel car constituant « une mémoire vivante des sociétés méditerranéennes et de leur rapport avec l’envi-ronnement », illustrant des bonnes pratiques de gestion « dans un contexte de pénu-rie d’eau croissante », insiste Matthieu Guary, responsable du projet. « Notre objectif est de sensibiliser l’opinion aux enjeux et à la valeur de ce patrimoine, de permettre une réappropriation du patrimoine par les communautés. »

MAroc Et tunIsIE

« Il est important d’intégrer les actions dans le développement local – pas de muséifier, mais plutôt relancer une contribution sociale »

Environnement

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Projets en marche — Voisinage Sud40

Car la gestion de l’eau est au cœur de la civilisation méditerranéenne. Dans le milieu rural, le paysage porte la marque des efforts déployés pour développer l’agriculture dans un contexte de pénurie, avec un patrimoine en voie de disparition de terrasses et de puits, de canaux et d’aqueducs. En milieu urbain, fontaines et hammams, jar-dins et lieux sacrés, témoignent des usages individuels et collectifs liés à la domes-tication de l’eau.

Sensibiliser l’opinionFace à l’effritement de cette mémoire de l’eau, le projet tente de mettre en évidence un rapport de l’homme avec l’eau et ses modes de gestion. En première ligne, il travaille à mettre en valeur le patrimoine par des opérations pilotes, impliquant les populations locales dont l’engagement marque la mesure du succès. À travers cette action, il espère sensibiliser l’opinion aux enjeux plus larges de la gestion de l’eau en Méditerranée et de la précarité de l’environnement.Pour le projet, explique Matthieu Gaury, « il est important d’intégrer les actions dans le développement local – pas de muséifier, mais plutôt relancer une contribution sociale, par le tourisme et autres moyens… Nous espérons permettre aux habitants de retrouver une valeur à ce patrimoine hydrographique, qu’ils considèrent sou-vent comme désuet. » C’est d’ailleurs la meilleure garantie d’une pérennisation des opérations, un gage pour trouver les investissements nécessaires pour en assurer la durée au delà des 30 mois du projet REMEE.Ainsi en Tunisie, une opération pilote se concentre sur la région de Hammamet, où le tourisme de masse porte atteinte au patrimoine des orangeraies, qui d’année en année se replient sous les pressions démographiques et touristiques. Avec une

main d’œuvre de jeunes volontaires, et l’appui des agriculteurs, le projet a créé un verger témoin des techniques traditionnelles, accompagné d’un éco-musée, d’un parcours de découverte, d’animations. L’opération reflète les principes du pro-jet : « Il s’agit de reconnaître des savoirs faire par une meilleure valorisation d’un métier traditionnel qui a forgé l’image du territoire, de montrer ce à quoi le patrimoine peut encore servir aujourd’hui. » D’ailleurs, l’Institut agro-nomique de Tunisie compte profiter de l’occasion pour tester les mérites rela-tifs des techniques d’irrigations tradi-tionnelles et modernes.

Les fontaines de MarrakechLe projet touche aussi au patrimoine urbain. Au Maroc, à Marrakech, l’opéra-tion vise à une mobilisation de la po-pulation de la Médina dans la préserva-tion des hammams et fontaines, avec

N Matthieu Guary responsable du projet REMEE.

N La Fontaine el-Bahia à Marrakech, un patrimoine en danger.

« Notre objectif est de sensibiliser l’opinion aux enjeux et à la valeur de ce patrimoine, de permettre sa réappropriation par les communautés »

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Projets en marche — Voisinage Sud 41

un inventaire du patrimoine, des ateliers participa-tifs, des chantiers de réhabilitation, une exposition sur les usages de l’eau dans la Médina. Partout, la participation de jeunes volontaires « sert de vecteur de mobilisation pour leurs communautés ».C’est là aussi l’objectif d’une série de programmes pé-dagogiques dans tous les pays participant au projet, où des équipes d’animateurs en collaboration avec des éducateurs locaux travailleront avec des grou-pes de jeunes autour d’un aspect de la « mémoire de l’eau », tels le métier de tradition des porteurs d’eau à Marrakech, ou la mise en évidence du patrimoine lié au drainage de la plaine en Algérie. « Notre objectif est de mobiliser des groupes de jeu-nes pour redécouvrir le patrimoine sur leur territoi-re », déclare Matthieu Guary, insistant sur l’influence qu’ils peuvent avoir auprès de leurs proches. Ils de-viennent ainsi les gardiens de la mémoire de l’eau.« Nous faisons face au risque inhérent à tout projet qui a trait au petit patrimoine qui n’est pas protégé par la loi. À Marrakech, il y avait cent fontaines il y a cinquante ans ; aujourd’hui la moitié a disparu ou est en voie d’abandon. La mobilisation est le seul moyen de sauvegarder un tel patrimoine. »

« La mobilisation est le seul moyen de sauvegarder un tel patrimoine »

N Les orangeraies d’Hammamet : la sensibilisation passe par la mobilisation des jeunes.

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie, Tunisie

Délais2008–2012

Budget€ 17 millions

ObjectifsPrenant appui sur les objectifs définis dans la Stratégie pour le développement du patrimoine culturel euro-méditerranéen : priorités des pays méditerranéens (2007-2013), le programme a pour objectifs de favoriser l’appropriation, par les populations locales, de leur patrimoine culturel et l’accès à l’éducation à ce patrimoine et à sa connaissance. Le programme vient à l’appui d’un cadre pour l’échange d’expériences, de canaux de diffusion des bonnes pratiques et de perspectives nouvelles, visant à développer un environnement culturel institutionnel. Une unité régionale de soutien et de gestion (RMSU) apporte son appui technique à douze projets, REMEE est un de ces projets. Pour en savoir plusFiche sur EuroMed Heritage IV > www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=243&id_type=10ENPI Info Centre – Portail thématique culture > www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=10

Contribution à l’échange d’expériences sur le patrimoine culturel, création de réseaux et promotion de la coopération

www.euromedheritage.net

EuroMed Heritage IV

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Projets en marche — Voisinage Sud42

Q: Comment le programme réalise-t-il ses objectifs ?Michael Scoullos : Horizon 2020 comporte trois volets : investissement ; revue, suivi et recherche ; et renforcement des capacités. Chaque volet gère un projet, respectivement le programme d’investissement « zones sensibles » pour la Méditerranée (MeHSIP), le système méditerranéen commun d’information environnementale (Med SEIS) et le programme environnemental méditerranéen Horizon 2020 (H2020 MEP), auquel je participe. Avec H2020 MEP, nous cherchons à renforcer les capacités de gestion de la pollution au niveau des institutions et de la société. Le programme entend aussi promouvoir l’intégration des aspects environ-nementaux dans les politiques. Pour ce faire, il vise à remédier aux pro-blèmes suivants : la maigre priorité politique accordée à l’environnement, l’intégration insuffisante de l’environnement dans différents domaines politiques et l’insuffisance des capacités et des ressources mobilisées à l’échelon des institutions et de la société civile. De plus, par le biais de H2020 MEP, un programme d’investissement « zones sensibles » (HSIP) pour les Balkans occidentaux et la Turquie, complémentaire au HSIP mé-diterranéen (MeHSIP), est en cours d’élaboration.

Quels sont les domaines privilégiés par le programme ?H2020 cible les sources de pollution qui représentent environ 80 % de la pollution globale de la Méditerranée : les déchets municipaux, les eaux résiduaires urbaines et la pollution industrielle. De toute évidence, la pollution pourra fortement diminuer par l’installation et l’exploitation correcte d’infrastructures majeures (par ex. des usines de traitement des eaux résiduaires), par la mise en place de technologies de réduction de la pollution dans les industries, etc. Toutefois, cet objectif ne pourra être at-teint sans la mobilisation de capacités institutionnelles et individuelles. Et c’est à ce niveau que nous voulons agir. Nous partons des institutions déjà en place et de leurs résultats, en comblant des lacunes là où nous pou-vons apporter une valeur ajoutée. Nous opérons dans le cadre des instru-ments politiques existants et en développement, et soutenons la mise en oeuvre des engagements pris dans le cadre de la politique européenne de voisinage et d’autres accords régionaux, tout en assurant un travail de coopération, de coordination et de synergie avec tous les programmes concernés, communautaires et autres. Sur cette base, nous cherchons à réaliser nos objectifs essentiellement par des actions de promotion et de sensibilisation. Parallèlement à cela, nous renforçons les institutions en ce qui concerne l’intégration de l’environnement et les domaines priori-taires du programme H2020. Dans le même temps, nous gérons 140 ac-

tivités de renforcement des capacités s’adressant aux parties prenantes, notamment les administrations nationales et locales, nous soutenons la coordination et le fonctionnement des organismes H2020 et veillons à la visibilité et à la communication des activités H2020.

Quel est l’impact attendu du programme pour les citoyens des pays parte-naires ?Nous espérons une meilleure connaissance et une utilisation plus effi-cace de certains outils (notamment l’évaluation stratégique environne-mentale et l’évaluation d’impact environnemental) dans les institutions et organisations régionales concernées, un renforcement des capacités et ressources consacrées à la protection de l’environnement ainsi qu’une plus grande sensibilisation et mobilisation de la société civile, afin qu’elle puisse contribuer de façon active à la protection de l’environnement et dispose de capacités accrues pour ce faire. Sur le terrain, cinq projets avant-coureurs ont été identifiés en Israël, en Jordanie, au Liban, au Ma-roc et en Tunisie dans le cadre du programme d’investissement « zones sensibles » pour la Méditerranée. La décharge El Ekaider en Jordanie, par exemple, est une priorité nationale qui s’inscrit dans les efforts consentis par le gouvernement jordanien pour améliorer les pratiques de gestion des déchets solides dans le pays. Ce projet contribuera à éliminer un dé-sastre environnemental – une menace pour la santé des populations lo-cales – en aménageant une décharge adéquate pour recevoir les déchets solides et industriels. En Israël, le projet de site d’enfouissement et de ré-cupération des terres de Netanya améliorera énormément la qualité de la vie et l’environnement des habitants de la ville : il supprimera la pollution atmosphérique par émissions de biogaz et empêchera les déchets soli-des et les substances nuisibles pour l’environnement d’atteindre la zone côtière. De telles actions concrètes ont un impact direct sur la vie des personnes et sur la santé globale de la Méditerranée. Quant au dévelop-pement d’outils et de bonnes pratiques, il représente un investissement pour l’avenir.

Q: Quels sont les plus grands défis en matière de mise en oeuvre ?Deux défis majeurs doivent être relevés : premièrement, déterminer la meilleure façon d’aborder l’intégration environnementale dans d’autres secteurs en tenant compte des différences qui existent entre les dispo-sitions institutionnelles et législatives des divers pays ; deuxièmement, assurer le suivi et la continuité de manière à ce que les personnes formées dans le cadre du projet puissent transférer leurs connaissances et en faire le meilleure usage au sein de leur pays.

Priorité contre la pollution enmer MéditerranéeL’environnement méditerranéen est l’un des plus riches mais aussi l’un des plus vulnérables au monde. Chiffre stupéfiant, 80 % de sa pollution provient de sources terrestres. L’urbanisation rapide combinée au développement d’une forme de tourisme côtier non durable entraînent de graves problèmes environnementaux et sanitaires. Plus de la moitié des agglomérations urbaines ne disposent pas de stations d’épuration des eaux : la majeure partie de leurs eaux résiduaires sont donc déversées directement dans la mer. En 2006, les ministres euro-méditerranéens de l’environnement réunis au Caire se sont mis d’accord sur un programme de dépollution ciblée de la Méditerranée à mener jusqu’en 2020 – Horizon 2020. Ils se sont engagés à apporter des ressources financières et des soutiens techniques suffisants pour faciliter la mise en oeuvre de ce programme. « H2020 cible les sources de pollution qui représentent environ 80 % de la pollution globale de la Méditerranée : les déchets municipaux, les eaux résiduaires urbaines et la pollution industrielle », explique le professeur Michael Scoullos, chef d’équipe du programme environnemental méditerranéen et de renforcement des capacités Horizon 2020, dans un entretien accordé à ENPI Info Centre.

Entretien avec Michael Scoullos

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L’eau, un lien pour l’identité méditerranéenne

ALGER – Ils sont venus sur le campus du Nord et du Sud de la Méditerranée: les étudiants et les enseignants, les bénévoles et les professionnels de la Tunisie et la Hongrie et de la Roumanie et l’Algérie. Ils sont venus pour vider les fontaines et les citernes, étudier des légendes et brandir des signes. Il ne s’agissait pas du tout de creuser ou d’épousseter. Une fois l’expérience de terrain terminée, il existe toujours un point à discuter autour de la table: comment pouvons-nous préserver notre héritage de l’eau? Quels sont les poèmes et les rites traditionnellement liés à l’eau? Comment l’eau peut-elle être utilisée pour développer le tourisme? Ces gens sont venus en Algérie en provenance de pays très différents, avec une mis-sion finale et commune: créer un guide pour la redécouverte et la promotion des thermes de Cherchell, l’ancienne Césarée, comme on l’appelle aujourd’hui, un site archéologique romain à 90 km de l’est d’Alger. Le campus de deux semaines, mis en place autour du site de Cherchell, a été organisé par le projet euro-méditerra-néen de coopération régionale REMEE «Redécouvrir ensemble les mémoires de l’eau», en collaboration avec l’association locale AREA-ED. L’initiative a été lancée en 2009 et financée à hauteur d’un million d’euro € par l’Union européenne dans le cadre du programme Euro-Med Héritage IV.

Le patrimoine de l’eau dans la région méditerranéenne reflète la façon dont les populations rurales et urbaines ont fait face à la pénurie d’eau et comment elles ont organisé les structures locales autour de la gestion de l’eau. Aujourd’hui, la plupart de ce patrimoine n’est pas protégée et les développements récents, à la fois sociétaux et économiques, menacent sa survie. Un projet de coopération régionale financé par l’UE - REMEE - promeut la préservation de cet héritage historique et intensifie la sensibilisation publique parmi les citoyens. L’eau constitue une mémoire vivante de la société méditerranéenne et sa relation avec l’environnement, comme un groupe de jeunes volontaires en Algérie vient de découvrir.

Texte ANSAmed et l’ENPI Info CentrePhotos Projet REMEE

AlgérIE

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Creuser au coeur de la civilisation méditerranéenne L’usage de l’eau touche au coeur de la civilisation méditerranéenne et les partici-pants au campus algérien avaient un objectif en tête: produire une boite à outils pour les écoles et un guide itinéraire pour la redécouverte et la préservation des canaux, des puits, des aqueducs et des bains construits au fil des siècles dans une région riche en sites archéologiques romains. Ce projet régional a organisé sa composante Algérienne autour des thermes de Cherchell dans la région de Tipaza. D’autres activités similaires ont été mises en place par REMEE au Maroc - où un inventaire des fontaines et des hammas de la médina de Marrakech a été établi – il en est de même en Tunisie, Grèce et Turquie. «Notre objectif est de rassembler des groupes de jeunes pour qu’ils redécouvrent le patrimoine de leur région», déclare Matthieu Guary, directeur international du projet REMEE. Au coeur du projet se trouve la mémoire de la relation entre l’homme et son environnement, et d’ajouter «Notre objectif général est de permettre aux citoyens de la Méditerranée de redé-couvrir l’importance de leur patrimoine historique lié à la gestion de l’eau.» Ainsi, le REMEE ne vise pas seulement à reprendre possession du patrimoine archéologi-que, architectural et du paysage de la Méditerranée, mais désire également sensi-biliser la société à l’importance d’une matière aussi précieuse que l’eau. En fait, et en raison de la pression du développement et des changements démographiques, le patrimoine de l’eau est en péril d’extinction dans les milieux ruraux et les villes à la fois. Prenez par exemple l’Algérie. Les canaux, les puits et les drains souterrains connus comme «foggare» - le système traditionnel de la vallée du M’Zab à 500 kilomètres du sud d’Alger – ils sont dans de nombreux cas oubliés et menacés par l’avancée de la société moderne, comme la mécanisation de l’agriculture. Il en est de même pour les fontaines, les hammas, les jardins et les thermes dans les villes, où l’exode rural et l’expansion urbaine incontrôlée menacent ce trésor historique. «Nous faisons face à un risque inhérent à tout projet ayant trait au patrimoine de petite échelle non protégé par la loi», poursuit Guary. «il y avait à Marrakech, au Maroc, il ya cinquante ans, plus d’une centaine de fontaines, dont la moitié a aujourd’hui disparu ou fait face à la négligence.»

Les communautés locales peuvent faire la différence Face à cette menace, le REMEE s’emploie à sensibiliser les communautés à travers des activités qui visent à rétablir et à sensibiliser. Mobiliser les populations locales autour du projet est le meilleur moyen de sauver une pièce tellement vitale du pa-trimoine de la région. C’est pourquoi, le dernier jour du campus de Cherchell, une

« Nos activités visent à la réappropriation de l’eau par la population locale et à la sensibilisation aux questions nécessaires à la préservation de cette ressource de plus en plus rare »

« Mobiliser les populations locales autour du projet est le meilleur moyen de sauver une pièce tellement essentielle du patrimoine de la région »

N Algeria, aqueduc romain.

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brochure, un plan de visite des thermes et une boîte à outils pour les écoles ont été présentés par les jeunes volontaires au public, appelant ainsi la communauté à participer activement à la sauvegarde de leur propre patrimoine de l’eau. Toujours à Cherchell, l’an dernier, une équipe de volontaires internationaux en collabora-tion avec des étudiants locaux avait dégagé les vestiges d’une villa romaine appar-tenant au site. «Ces actions,» explique Guary, - «visent à la réappropriation de l’eau par la population locale et à la sensibilisation aux questions nécessaires à la préser-vation de cette ressource de plus en plus rare.» Un millier de jeunes mobilisés pour la protection du patrimoine de l’eau Dans une période marquée par des pénuries croissantes d’eau à travers le monde et dans la région, il est nécessaire «de proté-ger ce patrimoine lié à l’eau, une matière qui rassemble les différents pays dans la région méditerranéenne, qui se caractérisent par des conditions climatiques et des paysages communs », ajouta-t-il. «Il s’agit également d’un exemple pour les pratiques modernes de gestion de l’eau et de nouveaux projets de dévelop-pement dans les secteurs agricole et touristique.» Jusqu’à présent, prés d’un millier de jeunes de la Méditerranée ont été mobilisés pour la redécouverte et la protection du patrimoine de l’eau. Une exposition itinérante sera organi-sée lors de l’achèvement des projets qui prendront fin en Juin 2011. Un DVD pédagogique permettra également d’illustrer les travaux menés dans diffé-rents pays.

« Notre objectif est de permettre aux citoyens de la Méditerranée de redécouvrir l’importance de leur patrimoine historique lié à la gestion de l’eau »

N Algérie, jeunes bénévoles assistant au campus.

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël,Jordanie, Liban, Maroc,Territoires palestiniensoccupés, Syrie, Tunisie

Durée2008–2012

Budget€ 17 millions

ObjectifsPrenant appui sur les objectifs défi nis dans la Stratégie pour le développement du patrimoine culturel euro-méditerranéen : priorités des pays méditerranéens (2007-2013), le programme a pour objectifs de favoriser l’appropriation, par les populations locales, de leur patrimoine culturel et l’accès à l’éducation à ce patrimoine et à sa connaissance. Le programme vient à l’appui d’un cadre pour l’échange d’expériences, de canaux de diff usion des bonnes pratiques et de perspectives nouvelles, visant à développer un environnement culturel institutionnel. Une unité régionale de soutien et de gestion (RMSU) apporte son appui technique à douze projets, REMEE est un de ces projets.

Pour en savoir plusEuroMed Heritage IV – Site du projet REMEE > www.remee.euEuroMed Heritage IV – Fiche du projet REMEE > www.euromedheritage.net/euroshared/doc/REMEE_fr.pdfFiche sur EuroMed Heritage IV > www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=243&id_type=10ENPI Info Centre – Portail thématique culture > www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=10

Contribution à l’échange d’expériences sur le patrimoine culturel, création de réseaux et promotion de la coopération

www.euromedheritage.net

EuroMed Heritage IV

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Q: Quelles sont les ambitions de ces programmes ?

Bodil Persson : La Coopération transfrontalière au titre de la PEV (appelée également IEVP CTF) est un ensemble de programmes dont l’objectif principal s’inscrit dans le cadre des élargissements de l’UE en 2004 et 2007. L’adhésion de nouveaux États membres a nécessité le lancement d’une initiative visant à prévenir l’émergence de nouvelles lignes de division en Europe. C’est ainsi que l’IEVP CTF a vu le jour, renforçant de ce fait le modèle de coopération transfron-talière Interreg existant au sein même de l’UE. L’idée est de promouvoir la coopération entre des régions définies autour d’une frontière plutôt que délimitées par des fron-tières.

Quels sont les champs d’action de l’IEVP CTF ?

Nous travaillons avec 13 programmes ciblant les frontières extérieures de l’UE. Chaque programme gèrera une cen-taine de projets. L’idée est de financer et soutenir le déve-loppement des régions frontalières. Plus précisément en contribuant au développement économique et social, en aidant les pays partenaires à relever les défis conjoints dans des domaines tels que l’environnement, l’enseignement et la santé ; en les aidant à sécuriser leurs frontières tout en améliorant la communication transfrontalière ; et en-fin, en encourageant les échanges entre les peuples. Notre objectif est d’aider les administrations locales des régions frontalières à développer les compétences et capacités né-cessaires à la concrétisation de ce projet. Ces programmes couvrent des régions tant au Nord qu’au Sud et compren-nent à l’heure actuelle 15 États membres de l’UE, 13 pays partenaires voisins, ainsi que la Norvège et la Turquie. Il existe en tout trois sortes de programmes : les programmes transfrontaliers, les programmes transmaritimes et les pro-grammes de bassins maritimes.

Comment sont financés des programmes si complexes ?

Le budget total alloué à la CTF s’élève à 1 milliard d’euros pour la période 2007-2013 (soit 10 % du budget de la PEV). Ces fonds proviennent de l’Instrument européen de voisi-nage et de partenariat (IEVP) et du Fond européen de dé-veloppement régional (FEDER). C’est d’ailleurs la première fois que nous parvenons à regrouper des fonds provenant de deux lignes budgétaires distinctes. Nous recevons éga-lement des contributions, parfois très importantes, de la part des pays participants. La Russie, par exemple, a décidé d’accorder 103 millions d’euros à la CTF, ce qui correspond à presque 40 % des fonds que l’UE octroie aux programmes auxquels elle participe. La Russie diffère des autres pays voi-sins en ce sens qu’elle n’est pas membre de la PEV. Toutefois, elle entend considérer les relations qu’elle entretient avec l’UE comme un partenariat stratégique. Sa contribution re-flète tout à fait cette vision. Le budget alloué au programme de l’IEVP CTF financera tout aussi bien des petits projets de mise en réseau que des grands projets visant à investir dans

Un partenariat transfrontalier visant à rapprocher les peuples

Afin d’éviter que les nouvelles frontières extérieures de l’Union européenne ne deviennent des lignes de divisions, l’UE a mis en place la Politique européenne de voisinage (PEV). Celle-ci comprend une initiative ambitieuse qui se concentre sur la coopération transfrontalière (CTF) entre les États membres frontaliers et leurs voisins. Si la Politique européenne de voisinage aborde des relations extérieures entretenues avec l’ensemble des pays voisins, les programmes de coopération transfrontalière se concentrent, quant à eux, sur une coopération transfrontalière égalitaire à l’échelon local et régional, explique Bodil Persson, responsable de la Section CTF à la Commission européenne, lors d’un entretien accordé à l’ENPI Info Centre : « Il s’agit d’un véritable programme de partenariat. Les partenaires décident ensemble de la manière dont ils vont dépenser leur budget de coopération en fonction des priorités qu’ils auront identifiées et sélectionnent conjointement les projets qui les intéressent. »

« La coopération transfrontalière est la première initiative impliquant des pays tiers qui repose sur une participation tout à fait équilibrée entre les États membres et les pays partenaires »

Entretien avec Bodil Persson

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l’achat d’équipements techniques, l’amélioration des points de passage et la construction de routes, etc. Les projets sont sélectionnés par le biais d’appels à propositions lancés dans le courant de la période 2010 -2012. Les projets à grande échelle sont, quant à eux, choisis directement. Toutefois, la répartition du budget et la nature des projets varient d’un programme à l’autre.

La CTF est-elle gérée uniquement par Bruxelles ?

Pas du tout. Il s’agit d’une gestion partagée entre les pays partenaires voisins et les États membres de l’UE sur un même pied d’égalité. Ils décident conjointement de la ma-nière dont ils vont dépenser leur budget de coopération en fonction des priorités qu’ils auront identifiées et sélec-tionnent ensemble les projets qui les intéressent. La Com-mission européenne a, quant à elle, la mission de contrôler la mise en oeuvre des programmes. Chaque programme dispose d’une Autorité de gestion conjointe (un rôle sou-vent endossé par une administration locale ou régionale), responsable du lancement des appels à propositions, de la sélection des projets, de la signature des contrats, et de la gestion des projets sélectionnés. Pour l’instant, toutes les Autorités de gestion conjointe sont basées dans des États membres car les programmes nécessitent de l’expérience et des compétences techniques. Mais pour la prochaine génération des programmes CTF, nous espérons pouvoir les implanter également dans les pays partenaires voisins. Chaque programme rapporte à un Comité de suivi conjoint, qui rassemble tous les pays participants. En réalité, les pro-grammes CTF se basent sur une concertation parfaitement équilibrée entre les États membres de l’UE et les pays parte-naires. C’est cet organisme qui décide de la date des appels

à propositions, du budget alloué aux différents types de projets, et du financement des projets sélectionnés.

Quel est l’impact attendu du programme pour les citoyens des pays partenaires ?

Les principaux bénéficiaires de ces projets sont les adminis-trations locales et régionales.Cependant, les ONG et les organisations de la société civile (des groupes de femmes aux chambres de commerce) en profitent également. Ce sont d’ailleurs leurs initiatives que l’on retrouve principalement dans les propositions de pro-jet. Ces organisations agissent au nom des communautés locales, dont le niveau de vie s’améliore lorsqu’un hôpital est rénové ou lorsque la pollution diminue grâce aux pro-jets financés par la CTF. Et naturellement, les projets d’in-vestissement à grande échelle tels que la construction de routes ont un impact direct sur les citoyens. Q: Quelles sont les difficultés rencontrées par les programmes CTF ? L’une des premières difficultés rencontrées est l’ampleur de ces programmes, étant donné le nombre de participants qu’ils réunissent. Une autre difficulté réside dans le fait que le ré-gionalisme et la liberté d’initiative jouent un rôle essentiel dans la réussite des projets CTF et que cette mentalité est relativement nouvelle dans les pays voisins. L’expérience et les compétences dans le domaine de la coopération évo-luent avec le temps. Par exemple, lorsque nous avons lancé le programme en Moldavie à la fin des années 1990, nous ne recevions que 3 ou 4 propositions par appel de la part des organisations moldaves. Aujourd’hui, elles nous envoient de nombreuses de propositions et de suggestions. Le même scénario se reproduit dans d’autres pays. Accumuler de l’ex-périence prend du temps.

« L’idée est d’aider au développement des régions voisines en relevant ensemble les défis existant dans des domaines tels que l’environnement, l’enseignement et la santé, la sécurisation des frontières et en encourageant les échanges entre les peuples »

« Les projets d’investissement à grande échelle tels que la construction de routes ont un impact direct sur les citoyens »

Coopération transfrontalière (CTF)La CTF, l’un des domaines prioritaires de l’IEVP, vise à renforcer la coopération entre les États membres de l’UE et les pays partenaires situés le long des frontières externes de l’UE.

http://ec.europa.eu/europeaid/where/neighbourhood/regional-cooperation/enpi-cross-border/index_fr.htm

Pays IEVP participantsArménie, Belarus, Égypte, Géorgie, Israël, Jordanie, Liban, Moldavie, Autorité palestinienne, Russie, Syrie, Tunisie et Ukraine.

Délais:2007-2013

Budget1,1 milliard d’euros

ObjectifsLa coopération transfrontalière vise à promouvoir le développement économique et social des régions frontalières. Il entend relever les défis communs, assurer la sécurité et la gestion efficace des frontières et enfin encourager la coopération entre les peuples.

En savoir plus…Fiche de l’ENPI Info Centre du programme CTF > www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=176&id_type=10&lang_id=469INTERACT IEVP > www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=377&id_type=10&lang_id=469Initiative de renforcement des capacités administratives >www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=375&id_type=10&lang_id=469www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=374&id_type=10

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Projets en marche — Voisinage Sud48

SociétéEnvironnementEnergieTransportEnergie

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Projets en marche — Voisinage Sud 49

En plein désert égyptien, plus de 100.000 miroirs suivent le soleil pour capter son énergie, un chantier géant qui promet d’ouvrir la voie aux énergies renouvelables dans la région. C’est une initiative suivie de près par l’Union européenne. Celle-ci finance deux projets, MED-EMIP et MEDREG, qui contribuent à intégrer les politiques énergétiques euro-méditerranéennes, notamment dans la perspective d’un passage à l’énergie durable

Texte Dalia Chams Photos Bassam Mounir Abdel-Rahmane Al-Zoghby

Tourné au soleil

Un petit champ perdu de tournesols, au sein de nulle part. Celui-ci, comme par hasard, semble prédire l’histoire des lieux. Car à quelques kilomètres de cette plantation se construit, en plein désert, la première centrale solaire d’Egypte, sur la route de Béni Séouf, au sud de la capitale. Les 130 000 miroirs mobiles du site de Koraymat sont rivés au soleil, tout comme ces grosses fleurs en capitules jaunes. En fait, ces capteurs à concentration ne se reposent que le soir, tournant grâce à un système automatique, pour faire converger les rayons solaires en un même point jusqu’à ce que le liquide visqueux remplissant le tuyau (au foyer du miroir) atteigne une température de 400˚ C. L’énergie générée peut faire tourner la turbine. La centrale, qui doit produire en tout 140 MW, sera couplée au réseau d’électricité. Ici, à environ 100 km du Caire, les ingénieurs travaillant pour l’entrepreneur privé, Orascom, font l’aller-retour sur le site de plus de 600 000 mètres carrés. C’est l’heure de la réunion mensuelle avec les ex- perts allemands de la société Flagsol, leurs partenaires, forts de la même expérience au sud de l’Espagne. Klaas Rühmann, directeur allemand du projet, souligne que le plus dur au départ était d’expliquer aux ouvriers travaillant les structures en fer qu’elles constituent un outil optique, et qu’il fallait respecter le millimètre près. Son homologue égyptien, Mohamed Al-Dessouqui, se dit optimiste quant à ce projet de 250 millions de dollars dont l’inauguration est prévue en 2010. Et d’ajouter fièrement : « C’est le premier du genre en Afrique et au Moyen-Orient. Seuls les tuyaux et miroirs sont importés d’une usine allemande, l’unique sur le marché international. Bientôt, il y aura d’autres fabricants qui mettront fin au monopole. De quoi faire baisser les coûts. Après cette unité-pilote dont on a achevé environ 80 % du travail, on se tournera vers le marché africain ».

“We just lack awareness. The internet quiz How Big Is Your Ecological Footprint gives us a good reason to think”

EgYptE

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Projets en marche — Voisinage Sud50

Renforcer le dialogue et la coopérationC’est un projet suivi de près par un deuxième expert allemand, Albrecht Kaupp, chef d’équipe du projet MED-EMIP (projet d’intégration du marché Euro-Méditerranéen de l’energie). Et pour cause : ce projet a pour but de faciliter le dialogue énergétique dans la perspective d’un renforcement de la coopération euro-méditerranéenne, d’une intégration des marchés de l’énergie, et d’un passage à l’énergie durable et propre. Le projet est financé par l’Union européenne par le biais de l’Instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP). Son siège au Caire partage avec un bureau d’expertise international, le RCREEE (‘Centre pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique’) un bâtiment du ministère de l’électricité et de l’énergie. Pour Albrecht Kaupp, l’Egypte (dépendante du pétrole et du gaz à plus de 94%) est bien mise sur les rails. L’énergie solaire est à ses balbutiements, l’énergie éolienne connaît un essor, le pays cherche à devenir concurrentiel sur le marché de l’énergie, mais le découplage énergieéconomie n’est pas encore réalisé. « L’Etat subventionne l’électricité, ce sont les tarifs les plus bas de la région. Cependant, ces derniers temps, on augmente les tarifs de 7% chaque année. On tente de se rattraper et je crois qu’on va bientôt atteindre 6 euros comme tarifs, au lieu de 2,5 actuellement. Si l’on veut produire de l’électricité à partir d’autres sources, les consommateurs le paieront ». Et d’ajouter : « On a mis 60 ans pour mettre sur pied une industrie basée sur le gaz et le pétrole dans cette région et il nous faut encore 60 ans pour exploiter vraiment l’énergie solaire ».

« Le rôle de l’Etat a changé. Il n’a plus à gérer les installations électriques, mais à les surveiller »

« C’est le premier du genre en Afrique et au Moyen- Orient… Après cette unité-pilote dont on a achevé environ 80 % du travail, on se tournera vers le marché africain »

N 130 mille miroirs mobiles s’étendent à Koraymat.

N La fin des travaux est prévue en octobre 2010.

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Projets en marche — Voisinage Sud 51

Un marché intégré de l’énergieDans un autre bâtiment administratif, dépendant du ministère, se trouve le bureau de l’agence régulatrice (ERA), oeuvrant depuis 2001 et dirigée par Hafez El-Salmawy. L’ERA participe à un deuxième projet régional européen, le MEDREG, ayant pour but de renforcer la coopération entre les régulateurs de l’énergie de l’UE et ceux des pays partenaires méditerranéens en vue d’une création éventuelle d’un marché euro-méditerranéen intégré de l’énergie. Son travail témoigne de la volonté de l’Etat de faire évoluer les choses. « Le rôle de l’Etat a changé, dit El-Salmawy. Il n’a plus à gérer les installations électriques, mais à les surveiller. C’est à nous alors de lui indiquer comment varier les ressources d’électricité, attirer les investisseurs, atteindre un partenariat publicprivé, trouver d’autres mécanismes de financement pour l’expansion des projets, éviter le monopole du marché… ». En ratifiant le protocole de Kyoto, le pays s’est engagé à produire 20% de la demande d’élec tricité à partir des énergies renouvelables. De même, en signant le 2 décembre 2008 un mémorandum d’entente avec l’Union européenne, il doit entreprendre des réformes énergétiques cruciales pour la création d’un marché énergétique euro-méditerranéen. Et le 26 janvier 2009, il a adhéré avec 75 pays au traité fondateur de l’Agence internationale des énergies renouvelables (Irena), ayant pour but de favoriser une transition mondiale rapide vers les énergies renouvelables. Pour El-Salmawy, le pays peut se permettre de viser haut : « l’Egypte veut devenir un centre énergétique régional, un corridor électrique en Afrique ».

Durée:2010 - 2012

Budget:€919,200

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Territoire palestinien occupé, Tunisie, Turquie

Durée:2007 - 2010

Budget:4,1 millions d’euros (MEDA)

Pour en savoir plus : Pages des projets www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=92&id_type=10&lang_id=469http://www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=329&id_type=10

Portail Energie sur ENPI Info Centre : www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=5

Plate-forme en faveur du dialogue en matière de politique énergétique et d’échange d’expériences, dans la perspective d’un renforcement de la coopération euro-méditerranéenne, d’une intégration des marchés de l’énergie, de l’amélioration de la sécurité et de la durabilité.

MEDREG II soutient l’élaboration d’un cadre de réglementation moderne et efficace en matière d’énergie dans les pays partenaires méditerranéens et renforce leur coopération avec les régulateurs de l’énergie de l’UE.

MED-EMIP – Coopération dans le domaine de l’énergie

MEDREG II – Régulateurs de l’énergie

N Mohanad Gaméa, 27 ans, jeune ingénieur du chantier.

www.medemip.eu/

www.medreg.ipi.it

« L’Egypte veut devenir un centre énergétique régional, un corridor électrique en Afrique »

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Projets en marche — Voisinage Sud52

Une bonneénergie à partager!

« Si ce projet n’existait pas, nous devrions l’inventer! » affirme Alessandro Ortis, pré-sident de MEDREG. Et plus il évoque ce projet, plus il revient sur un constat qui lui est cher : « Lorsque je constate tout ce que notre Association peut réaliser, je suis convaincu, en tant que contribuable européen, qu’il s’agit là d’un des meilleurs retours sur investissement possibles des deniers communautaires. » Mais quel est donc ce projet? MEDREG – l’association des régulateurs méditerranéens dans le do-maine de l’électricité et du gaz – a vu le jour en 2006. Depuis 2008, MEDREG est cofinancé par l’UE en tant que plateforme rassemblant les régulateurs nationaux de l’énergie de toute la Méditerranée. Pourquoi est-elle si importante? Le plan d’action 2010-2012 du projet énonce clairement l’objectif : «Promouvoir la mise en place d’un cadre réglementaire cohérent, harmonisé et favorable aux investissements, en vue d’offrir un maximum d’avantages aux consommateurs d’énergie de la région mé-diterranéenne. » « En tant que régulateurs, nous avons pour principale mission de

protéger les consommateurs », explique le prési-dent de MEDREG, qui est également à la tête de l’autorité italienne de réglementation du marché de l’électricité et du gaz. « Notre travail en amont est inspiré par cette nécessité. » Une nécessité qu’est encore venue souligner la récente Assem-blée générale de MEDREG, qui s’est tenue à Chy-pre. Celle-ci a été informée des avancées de la task force du projet sur les consommateurs, qui réalise actuellement une étude sur la protection des consommateurs en Méditerranée. «Dans le domaine de la régulation des marchés, la question de la protection des consommateurs est vraiment primordiale, » explique encore M. Eric Dyèvre,

L’apprentissage mutuel basé sur les expériences et les erreurs est toujours bénéfique. Mais lorsqu’un projet réunit des régulateurs nationaux de l’énergie, habilités à introduire des changements de leur propre initiative, ces réunions d’échange prennent encore une dimension supplémentaire. Depuis 2006, MEDREG s’emploie à ouvrir la voie à un marché euro-méditerranéen intégré de l’énergie.

Texte de l’ ENPI Info Centre

« En tant que régulateurs, nous avons pour principale mission de protéger les consommateurs »

N L’échange d’expériences sur les énergies, renouvelables est un objectif clé

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Projets en marche — Voisinage Sud 53

« En dépit, ou plutôt en raison de la mer, nous sommes interconnectés et donc condamnés à examiner ensemble des questions communes »

« Les câbles et les gazoducs nous obligent à coopérer. »

président du groupe ad hoc de MEDREG sur les questions institutionnelles. « Notre étude aura un important impact politique et médiatique… MEDREG peut en effet permettre la collecte d’informations dans toute la région, offrant ainsi un instantané qui servira de base à l’élaboration de bonnes pratiques en matière de protection des consommateurs. »

Un impact immédiatDans la plupart des projets, un tel « échange de bonnes pratiques » est un investis-sement à long terme qui peut mettre des années à déboucher sur un changement concret. S’agissant de MEDREG, Alessandro Ortis met pourtant en avant un impact immédiat. « Chacun d’entre nous possède ses propres compétences en tant que ré-gulateur de l’énergie. Nous pouvons donc mettre en oeuvre les changements de notre propre initiative, » explique-t-il, ajoutant: « Chaque régulateur national est un partenaire volontaire et les participants sont très engagés. » Au-delà des avantages évidents de ces échanges de bonnes pratiques intervient la nécessité pratique d’une coopération. « En dépit, ou plutôt en raison de la mer, nous sommes interconnectés et donc condamnés à examiner ensemble des questions communes », explique M. Ortis. « Les câbles et les gazoducs nous obligent à coopérer. » Et en fin de comp-te, ce type de considérations stratégiques vient encore renforcer la protection des consommateurs, dont l’exigence de base est d’avoir accès à une offre au meilleur prix. La sécurité énergétique étant l’une des grandes priorités politiques de l’Europe, l’importance de MEDREG apparaît de plus en plus clairement: « Notre association réunit des pays consommateurs d’énergie, des producteurs d’énergie (Algérie, Egyp-te) et des pays de transit essentiels (Turquie), » explique le président de MEDREG. Outre la sécurité énergétique, l’efficacité énergétique et l’impact environnemental sont d’autres grandes priorités. « L’efficacité énergétique est une énergie virtuelle et vertueuse, » affirme Ortis: « Elle est bénéfique pour le portefeuille des consomma-teurs, pour la balance commerciale du pays et pour la protection environnementale. » Il admet toutefois que les énergies renouvelables ont encore du mal à concurren-

N Alessandro Ortis Président de MEDREG: « Un impact positif se dégage à chacune de nos rencontres ».

N Interconnections force Mediterranean partners to work together on energy issues.

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Projets en marche — Voisinage Sud54

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie, Tunisie, Turquie

Timeframe2010-2012

Budget€919,200

ObjectifsCe projet vise à renforcer la coopération entre les régulateurs de l’énergie de l’UE et ceux des pays partenaires méditerranéens en les aidant à élaborer un cadre de réglementation moderne et efficace. Ce processus est important pour la création d’un marché énergétique intégré euro-méditerranéen. Le projet « Soutien à la coopération entre les régulateurs de l’énergie de la région euro-méditerranéenne (MEDREG II) » s’emploie à faciliter les échanges d’informations et les approches concertées entre les régulateurs de l’UE et ceux des pays partenaires, à aider les pays méditerranéens à mettre en place des régulateurs de l’énergie indépendants, à renforcer l’autonomie de ceux qui existent déjà et à développer les capacités techniques du personnel. Cette deuxième phase poursuit le travail entamé en 2008-2009.

Pour en savoir plusMEDREG II fiche > www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=329&id_type=10&lang_id=469ENPI Info Centre > www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=5

MED-REG II soutient l’élaboration d’un cadre de réglementation moderne et efficace en matière d’énergie dans les pays partenaires méditerranéens et renforce leur coopération avec les régulateurs de l’énergie de l’UE

http://medreg.ipi.it/

MEDREG II – Régulateurs de l’énergie

cer les énergies fossiles en raison des coûts d’in-vestissement plus élevés et de la dispersion et du caractère intermittent de certaines sources d’énergie.

Échange d’expériencesC’est ici que l’échange d’expérience peut s’avérer particulièrement précieux: au fil des ans, les pays de l’UE ont mis au point un large éventail d’ins-truments de soutien aux énergies renouvelables, allant du soutien aux investissements, des sub-ventions et des abattements fiscaux à des mécanismes de soutien, comme les prix subventionnés par exemple. En vue de partager cette expérience, un autre groupe ad hoc MEDREG examine actuellement comment des mécanismes efficaces de pro-motion pourraient être utilisés dans les pays tiers. Selon un document présenté à l’Assemblée générale, « l’expérience de l’UE pourrait servir d’exemple en permettant de sélectionner les mécanismes adaptés à chaque pays, en fonction de la situation économique et sociale particulière des différents membres. » « Le président de l’As-sociation cite l’exemple d’une initiative italienne pionnière fondée sur le marché, qui vise à améliorer l’efficacité énergétique des fournisseurs par le biais de « certificats blancs » négociables. Une initiative qui a permis de doubler les économies escomp-tées – « voilà une pratique qui peut être transférée presque directement à d’autres pays, » explique M. Ortis, qui souligne une fois encore l’importance de l’Association qu’il préside. « Nous nous enrichissons grâce à nos expériences mutuelles... Il s’agit vraiment de fertilisation croisée. » Ce projet est à présent prolongé par la Commis-sion européenne pour une nouvelle période de trois ans, pour un coût relativement modeste de 919.200 euros. Un investissement aux multiples retours. « En aval, on dépense parfois beaucoup d’argent pour un câble. Mais sans un ensemble de rè-gles donnant un sens à ces dépenses, il ne s’agira jamais là que d’un investissement ponctuel, » explique Ortis. Au fil des ans, la position institutionnelle des régulateurs s’est selon lui modifiée en ce qui concerne les compétences et le degré d’indépen-dance. Il a également observé un réel processus de convergence vers les niveaux européens. « Chaque réunion que nous organisons offre une valeur ajoutée, » expli-que-t-il. « Un impact positif se dégage à chacune de nos rencontres. »

« En aval, on dépense parfois beaucoup d’argent pour un câble. Mais sans un ensemble de règles donnant un sens à ces dépenses, il ne s’agira jamais là que d’un investissement ponctuel »

« Nous nous enrichissons grâce à nos expériences mutuelles... On peut vraiment parler de fertilisation croisée. »

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Q: Quelle est l’ambition du projet?Alessandro Ortis: MEDREG réunit des régulateurs natio-naux de l’énergie en vue de promouvoir un cadre réglemen-taire stable, harmonisé et favorable aux investissements. L’idée est d’offrir un maximum d’avantages aux consomma-teurs et d’ouvrir en fin de compte la voie à un marché euro-méditerranéen de l’énergie. Comment le programme réalise-t-il ses objectifs ? Notre association encourage la coopération, l’échange d’in-formations et l’assistance mutuelle entre nos membres en leur offrant une plateforme de discussion. Il s’agit là d’une coopération volontaire, mais nous formulons aussi des recommandations clés. Nous préparons de manière très proactive la future communauté euro-méditerranéenne de l’énergie. Nous oeuvrons à l’harmonisation de ces marchés par le biais d’échanges d’expériences et d’apprentissages mutuels, fondés sur nos erreurs et nos meilleures pratiques. Nous organisons également des activités de formation plus formelles. La formation du personnel des régulateurs de l’énergie est ainsi assurée par la Florence School of Regula-tion. Le transfert de connaissances est essentiellement réali-sé au travers de l’Assemblée générale et des quatre groupes de travail ad hoc - sur les questions institutionnelles, l’élec-tricité/le gaz/l’environnement, sur les sources d’énergie re-nouvelables et sur l’efficacité énergétique.Quel est l’impact pour les citoyens des pays partenaires ?L’orientation consommateurs est pour nous une véritable priorité. En tant que régulateurs, notre principale mission est en effet de protéger les consommateurs. Notre travail en amont est inspiré par cette nécessité. Lorsque nous col-laborons sur des questions stratégiques comme la sécurité d’approvisionnement et l’accès, l’idée est en fin de compte d’oeuvrer en faveur des consommateurs. Il en va de même pour l’efficacité énergétique, bénéfique pour la protec-tion environnementale mais aussi pour le portefeuille des clients. Un régulateur indépendant contrôle l’offre, les prix, la qualité, la protection environnementale, le droit de chan-ger de fournisseur, la clarté de la facturation – autant d’as-pects vraiment essentiels pour le consommateur.

Un impact à long terme est-il attendu ?Assurément. En aval, on a beau dépenser beaucoup d’ar-gent pour un câble, il ne s’agira jamais là que d’un investis-sement ponctuel s’il n’existe pas – en amont - un ensemble de règles donnant un sens à ces dépenses. Nos échanges d’expériences préparent l’avenir du marché euro-méditer-ranéen de l’énergie. Chacune de nos réunions produit un impact positif, grâce à sa valeur ajoutée. Le terrain est fertile et propice à la fertilisation croisée. Il n’empêche que nous obtenons également un impact immédiat : chacun d’entre nous possède en effet des compétences qui lui sont propres et nous sommes habilités à mettre en oeuvre des change-ments de notre propre initiative. Nos échanges sont ainsi très précieux: les bonnes pratiques, les expériences réussies, les projets innovants menés dans un pays peuvent ainsi être adaptés et transférés à d’autres pays.Quelle est à vos yeux votre principale réalisation ?Depuis que nous coopérons, nous avons observé une évolu-tion au niveau de la position institutionnelle des régulateurs, de leurs compétences et de leur degré d’indépendance Et cette évolution finit par faire une réelle différence au niveau de chaque ménage. Nos échanges nous ont également per-mis d’observer en même temps un processus manifeste de convergence vers les niveaux européens. Les réalisations de notre Association ont assuré notre reconnaissance à l’éche-lon international. En octobre 2009, à Athènes, nous avons mis en place la Confédération internationale des régula-teurs de l’énergie, au sein de laquelle MEDREG est considé-rée comme l’une des associations régionales clés. En outre, notre participation à la réunion des régulateurs de l’énergie du G8+ est venue confirmer cette reconnaissance interna-tionale. Si MEDREG n’existait pas, nous devrions l’inventer. Ce projet est l’un des investissements les plus rentables des fonds communautaires.

Une coopération méditerranéennedans le domaine de l’énergie

MEDREG, l’association des régulateurs méditerranéens dans le domaine de l’électricité et du gaz, rassemble des pays producteurs et consommateurs d’énergie, qui sont aussi des liens de transit clés. L’association joue ainsi un rôle déterminant dans la mise en place du futur marché euro-méditerranéen de l’énergie. Dans un entretien accordé à l’ENPI Info Centre, le président de MEDREG, Alessandro Ortis, souligne l’importance capitale de ce projet financé par l’UE, et insiste en particulier sur son impact direct sur les consommateurs de la région.

« Lorsque nous collaborons sur des questions stratégiques comme la sécurité d’approvisionnement et l’accès, l’idée est en fin de compte d’oeuvrer pour les consommateurs »

« Si MEDREG n’existait pas, nous devrions l’inventer. Ce projet est l’un des investissements les plus rentables des fonds communautaires »

Entretien avec Alessandro Ortis

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Projets en marche — Voisinage Sud56

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La réduction de la consommation d’énergie est un objectif crucial dans la lutte contre le changement climatique. En Syrie, le projet MED-ENEC, financé par l’UE, a marié des inspirations tirées du passé avec des technologies de pointe pour concevoir un projet immobilier pionnier qui promet d’énormes économies d’énergie à ses futurs résidents.

Texte Maurice Aaek Photos Omar Sanadiki

DAMAS – « Que pourrait-on souhaiter de mieux que faire des économies sur ses factures de chauffage, de climatisation et d’eau chaude ? On a presque du mal à y croire tellement cela semble avantageux en comparaison avec ce qu’on a l’habitude de payer, surtout si on tient compte du coût de la vie aujourd’hui. »Tout en faisant ce commentaire, Yara Abdo lève le regard en direction d’un nou-vel immeuble construit dans la banlieue de Damas par le Projet de logement pour jeunes, qui bénéficie d’un soutien de l’UE. Jeune ingénieur, Yara espère faire partie des quelques chanceux qui seront désignés pour vivre dans un des nouveaux appartements. « Nous avons plus que jamais besoin d’immeubles de ce type. Ces appartements sont spécialement conçus pour réduire notre consommation d’énergie et partant, les factures qui y sont associées. »Yara a fait sa demande pour emménager dans l’un des appartements des im-

meubles construits dans le cadre du Projet de logement pour jeunes, tout comme quel-ques 1 200 autres jeunes Syriens à faible revenu. « Les appartements n’ont pas encore été distribués mais, chaque fois que je passe devant ce bâtiment unique en son genre, j’espère que la chance me sourira ». Seuls 30 jeunes Syriens à faible revenu pourront s’installer dans cet immeuble modèle qui a été construit par un projet pilote soutenu par l’Union européenne sous l’égide du projet MED-ENEC. Ce dernier est mené dans dix pays méditerranéens dans le but d’aug-menter l’efficacité énergétique dans le secteur de la construction et d’encourager l’utili-sation de l’énergie solaire.

Construire pour l’avenir

N Jean-Marie Frentz.

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Projets en marche — Voisinage Sud 57

N Efficacité énergétique dans la construction.

Réduire les factures d’énergieLes bénéfices directs du projet seront des économies de 80 % sur l’éner-gie utilisée pour chauffer l’eau, et de 50 % sur celle consommée pour les systèmes de chauffage et de climatisation. Yara pourra en bénéficier si elle obtient un appartement dans ce nouvel immeuble. « La diminution de la consommation d’énergie est un bénéfice économi-que considérable pour notre pays, outre le fait qu’elle permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre dues aux appareils de chauffage ou de climatisation », explique le Dr Safwan Al Assaf, directeur général de la General Company for Engineering Studies and Consulting (GCEC), qui a réalisé l’étude du projet et remporté la subvention offerte par l’Union euro-péenne.

Le Dr Assaf rajoute : « Le projet soumis à l’UE était fondé sur des études comparant le confort des vieilles maisons de Damas à celui de maisons ordinaires modernes. Les résul-tats de ces études comparatives ont convaincu l’équipe de la nécessité de promouvoir les avantages des méthodes de construction traditionnelles du vieux Damas et de redé-couvrir des principes de conception du passé. Le concept énergétique général repose sur des principes de construction passive alliés à de nouvelles technologies efficaces peu gourmandes en énergie et à l’utilisation des énergies renouvelables. »L’ingénieur Omayma Habash, directrice du service d’ingénierie mécanique chez GCEC et coresponsable de la supervision et de la mise en œuvre de l’étude, liste avec fierté les technologies et principes intégrés au projet : doubles vitrages, volets en PVC, protection du bâtiment et des fenêtres grâce à l’ombre des arbres environnants, cages d’escalier vitrées pour améliorer la ventilation transversale naturelle, chauffage solaire de l’eau et de l’espace, et éclairage à basse consommation. Selon les explications de Mme Habash, les économies attendues grâce à l’usage de ces technologies pourraient permettre de récupérer les coûts de construction additionnels d’ici cinq à huit ans, après l’investissement initial. Des études complémentaires assureront le suivi du bâtiment pen-dant une année complète afin de chiffrer les bénéfices réels de l’efficacité énergétique.

Ces appartements sont spécialement conçus pour réduire notre consommation d’énergie et partant, les factures qui y sont associées.

Les États membres de l’Union européenne et leurs partenaires méditerranéens dépendent les uns des autres pour garantir la sécurité énergétique.

N Safwan Al-Assaf.

N Maya Abdo.

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Projets en marche — Voisinage Sud58

N Omema Habach.

« Dans le même bateau » « On est tous dans le même bateau. C’est pourquoi nous devons poursuivre nos efforts pour économiser l’énergie et réduire l’inefficience énergétique », a déclaré Jean-Marie Frentz, directeur de programme à la délégation de la Commission européenne à Damas, en expliquant en quoi consiste l’appui de l’UE à ce projet. « Les États membres de l’Union européenne et leurs par-tenaires méditerranéens dépendent les uns des autres pour garantir la sé-curité énergétique, la prospérité et un environnement sain tout en luttant ensemble contre le changement climatique. »Le projet apportera également des bénéfices indirects, a ajouté M. Frentz : « Outre la réduction de la consommation énergétique, le projet aura aussi pour effet de diminuer la pollution et d’encourager la création de nouveaux emplois et les investissements dans les secteurs qui interviennent dans ce

type de construction. » De son propre aveu, le projet a rencontré certaines difficultés : « Il n’est pas facile de laisser les gens prendre la décision de concevoir leur maison dans cet esprit, surtout quand les prix de l’énergie sont généralement subventionnés et moins élevés que sur les marchés internationaux. Par contre, quand les coûts énergétiques augmentent, les gens prennent au sérieux la possibilité d’utiliser des technologies propres pour réduire leurs factures d’énergie. »La date de réception des travaux approchant, les visiteurs autour du chantier se font plus nombreux et tous rêvent d’habiter là. Toutefois, les étudiants et ingénieurs vien-nent aussi pour simplement admirer le concept mis en œuvre. Comme le fait remarquer Mme Habash, « Le projet a suscité beaucoup d’admiration dans les foires d’ingénierie et d’environnement. Avant même le début des travaux, les plans du chantier avaient acquis une grande notoriété dans le secteur de la construction. »Et d’ajouter : « Si ce bâtiment attire tant l’attention, c’est peut-être en raison de la hausse des prix de l’énergie en Syrie. Tant que le prix du mazout était subventionné par le gou-vernement syrien, les gens ne voyaient pas l’intérêt de passer aux énergies alternatives.

N Les immeubles du projet de logement pour jeunes financé par la EU à Damas.

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Projets en marche — Voisinage Sud 59

Par contre, maintenant que le prix du ma-zout a augmenté, les habitants s’intéres-sent davantage aux nouvelles applications technologiques qui leur permettraient de diminuer leurs factures. »« Le soutien financier n’est pas le seul béné-fice que le projet a reçu de l’UE », explique Mme Habbash : « Nous avons également bénéficié d’une assistance technique et d’ingénierie offerte par l’UE au travers d’ateliers organisés avec d’autres pays. Nous avons de la sorte acquis beaucoup d’expériences techniques grâce à des rap-ports d’audit ainsi qu’une expérience très utile au niveau de la commercialisation et de la promotion du projet. Il est im-portant que nous puissions partager nos expériences avec les autres pays méditer-ranéens qui participent au projet : quand un projet est mis en œuvre dans dix pays, comme c’est le cas ici, ses bénéfices ne se limitent pas au cadre du projet mais ils se perpétuent. »

N Le projet MED-ENEC encourage l’utilisation de l’énergie solaire.

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie, Tunisie

Délais2009-2013

Budget€ 5 millions

ObjectifsCe projet encourage l’efficacité énergétique et l’utilisation de l’énergie solaire dans le secteur de la construction et joue un rôle majeur dans la conception et la mise en œuvre de mesures de coopération entre l’UE et sespartenaires méditerranéens et entre les partenaires eux-mêmes. Le projet Efficacité énergétique dans le secteur de la construction II (MED-ENEC), qui constitue la suite du projet MED-ENEC I réalisé entre 2005 et 2009, s’efforce aussi de sensibiliser le grand public et d’impliquer la société civile dans les techniques de construction axées sur le climat, l’efficacité énergétique et l’utilisation des énergies renouvelables dans la construction de bâtiments.

Pour en savoir plusFiche sur MEDENEC II > www.enpi-info.eu/no_translation_med.php?lang_id=469Fiche sur MEDENEC I > www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=91&id_type=10ENPI Info Centre – Portail thématique Énergie > www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=5

MED-ENEC II encourage l’efficacité énergétique et l’utilisation de l’énergie solaire dans le secteur de la construction, par le biais d’un renforcement des capacités, d’instruments fiscaux et économiques et de projets-pilotes.

www.med-enec.com

MED-ENEC II – Efficacité énergétique dans le secteur de la construction

Maintenant que le prix du mazout a augmenté, les habitants s’intéressent davantage aux nouvelles applications technologiques qui leur permettraient de diminuer leurs factures.

Page 59: La coopération régionale vue par les journalistes du Sud

Projets en marche — Voisinage Sud60

SociétéEnvironnementEnergieTransportTransport

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Projets en marche — Voisinage Sud 61

Les routes de l’espoir

RABAT – « Pendant l’hiver, cette route est impraticable. Les taxis refusent de rentrer ici. Moi, je viens de la ville d’Azilal pour enseigner au village. Maintenant au moins, la route est aménagée ». Nadia, enseignante à l’école primaire de Tislit, fait l’aller et retour au quotidien. Auparavant, les 37 kilomètres reliant ce petit village à la route régionale, étaient un cauchemar. Il fallait trois heures pour parcourir un chemin qu’aujourd’hui on fait en une demi-heure. « Aujourd’hui, après avoir terminé le travail de terrasse-ment, nous sommes arrivés à la dernière étape, celle de la finition et du déglaisage. Cela permettra de désenclaver toute cette population », se félicite Jawad Faghloumi, directeur des équipements et des transports à la Direction provinciale à Azilal.

Un enclavement aux graves conséquences Azilal. Nous sommes dans une des provinces les plus pauvres du Maroc. Les plus enclavées aussi. Un peu plus d’un de-mi-million d’habitants y vivent, dont 14% résident dans les villes et 86% en milieu rural. La province est entièrement montagneuse, d’où l’importan-ce du désenclavement. Dans plusieurs parties de la province, les habitants n’ont pas accès aux centres de santé, en particulier en hiver. Des enfants sont déscolarisés à un âge précoce parce qu’ils sont coupés des écoles. Des mères meurent en couches à cause de l’absence de connexion à un réseau routier principal. Cette si-tuation se décline en chiffres : Azilal, une des provinces les plus re-tranchées du pays, présente un des taux les plus élevés en termes d’analphabétisme, surtout chez les femmes. Plusieurs pratiques ancestrales, telles que celle du mariage coutumier, sont aussi favo-risées par l’enclavement. Ces pratiques plombent la région, puis-que, dans des communes rurales, les fillettes sont mariées à 14 et

Il n’y a pas longtemps, les habitants de Tislit n’avaient presque pas accès aux centres de santé a cause des montagnes qui clôturent le village. Aujourd’hui, une population désenclavée peut s’ouvrir aux services et améliorer la productivité économique. La Facilité d’investissement du voisinage (FIV) est un mécanisme financier visant – entre autres - à réduire les disparités entre mondes rural et urbain. L’aménagement de la route menant au village de Tislit en est un exemple concret.

Texte et photos par : Hicham Houdaïfa

MAroc

N Abderahmane Ennaji membre de l’Association de la rencontre des jeunes pour l’appui à l’initiative et au développement.

SociétéEnvironnementEnergieTransport

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Projets en marche — Voisinage Sud62

15 ans, et donc privées de leurs droits à l’éducation et à une vie digne. Le ministère de l’Equipement et des Transports est en train de mettre les bouchées doubles afin de construire un maximum de routes dans cette région. C’est au sein de la Direction provinciale de l’Equipement et des Transports d’Azilal que tout se fait. Une jeune équipe est en charge de l’application du Programme national des routes rurales II (PNRR II), qui prévoit une enveloppe globale de 770 millions de dirhams (environs 65,8 millions d’euros) pour la construction de 402 km de routes et l’aménagement de 160 autres kilomètres. Son impact socio-économique est important, puisque cela permettra de relier les communes rurales de la province au réseau principal, et d’améliorer le taux d’accessibilité de 50 à 80% à l’horizon 2012. C’est la Caisse de financement routier (CFR) qui s’occupe de la gestion des fonds. L’Europe a mis à la disposition de la Caisse une contribution de 9,8 millions d’euros dans le cadre de la Facilité d’investissement pour le voisinage (FIV). « La desserte des zones rurales permettra de mettre fin à l’isolement de régions entières » affirme Eneko Landaburu, Ambassadeur et Chef de la Délégation de l’Union européenne à Rabat « avec, en conséquence, un meilleur accès à la scolarisation et aux soins de santé, ainsi qu’une réduction des coûts de transports et une amélioration de la productivité économi-que ». La Facilité d’investissement pour le voisinage a été créée en juin 2008 par la Commission européenne, dans le but d’aider ses voisins du Sud et de l’Est à financer des investissements infrastructurels majeurs qui ne peuvent être directement pris en charge par le secteur privé. Ces investissements concernent essentiellement les services publics offerts aux citoyens, qui nécessitent des financements considéra-bles que chaque pays peut avoir du mal à obtenir sur le marché sous forme de prêts, notamment dans le contexte difficile de l’actuelle crise financière. Le type de sub-ventions offertes par la FIV peut dès lors s’avérer très utile. « Le programme national de routes rurales – continue l’ambassadeur Eneko Landaburu - est un exemple par-fait du type d’initiatives considérées comme prioritaires pour la FIV, à savoir le finan-cement de projets réduisant les disparités régionales, améliorant le développement local et l’accès aux services, et augmentant le rendement social des biens public ».

« Cette route, si elle est goudronnée, permettra à cette belle région de bénéficier de ses atouts naturels, le tourisme de montagne, notre production d’amandes... »

« La desserte des zones rurales permettra de mettre fin à l’isolement de régions entières, avec en conséquence, un meilleur accès à la scolarisation et aux soins de santé, ainsi qu’une réduction des coûts de transports »

N Les habitants des douars éloignés utilisent encore des pistes étroites gravées sur la montagne.

N Aménagement de la route entre Azilat et Tislit.

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Projets en marche — Voisinage Sud 63

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie, Tunisie ; Arménie, Azerbaïdjan, Belarus, Géorgie, Moldavie, Russie, Ukraine

Durée 2007-2013

Budget 700 millions d’euros

Objectifs La Facilité d’investissement du voisinage vise à mobiliser des fonds supplémentaires en faveur de projets d’infrastructure dans les pays voisins. La FIV met essentiellement l’accent sur le secteur de l’énergie, des transports et de l’environnement, mais un soutien financier peut également être octroyé à des projets axés sur le développement des PME ou des infrastructures du secteur social. En encourageant les actions européennes conjointes, la FIV ouvre la voie à la coordination concrète des donneurs, au partage des tâches et à l’harmonisation des procédures.

Pour en savoir plusFiche de la FIV > www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=338&id_type=10

Les personnes derrière les projets >www.enpi-info.eu/medportal/features/318/Les-personnes-derri%C3%A8re-les-projets-:-entretien-avec-Richard-Weber---FIV

Instruments de coopération internationale > www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=339&id_type=10&lang_id=469

La FIV est un instrument novateur de la Politique Européenne de voisinage visant à mobiliser des fonds supplémentaires en faveur de projets d’infrastructure dans les pays voisins, rassemblant des subventions de la Commission européenne et des États membres, ainsi que des prêts des institutions financières publiques européennes.

Facilité d’investissement du voisinage (FIV)

www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=338&id_type=10

La mission n’est pas facile Toutefois, l’opération d’aménagement ou de construction de routes à Azilal n’est pas une mission facile. « Il faut refaire les conduits de l’eau potable et trouver un com-promis avec la population locale pour élargir la route. C’est ce qu’on qualifie dans notre jargon de contraintes. En plus, à Azilal, il a fallu utiliser des explosifs à plusieurs reprises, à cause des rochers », raconte Jawad Faghloumi, l’ingénieur en charge de la route. Ce travail permet toutefois au village de Tislit de sortir la tête de l’eau. Ab-derahmane Ennaji, 27 ans, membre de l’Association de la rencontre des jeunes pour l’appui à l’initiative et au développement, raconte que « avant, quand les femmes enceintes avaient un problème sérieux, elles avaient une chance sur deux de s’en sortir, à cause de l’impraticabilité de la route ». Et il continue : « Cette route, si elle est goudronnée, permettra à cette belle région de bénéficier de ses atouts naturels : le tourisme de montagne notamment au col de Bouhrajen Amghizin, notre produc-tion d’amandes... ».

« Avant, quand les femmes enceintes avaient un problème sérieux, elles avaient une chance sur deux de s’en sortir, à cause de l’impraticabilité de la route »

NEnfants sortant de l’école primaire.

Page 63: La coopération régionale vue par les journalistes du Sud

Projets en marche — Voisinage Sud64

Entretien avec Richard Weber

Quelle est l’ambition de la FIV ?

Richard Weber : La Facilité d’investissement pour le voisinage est un instrument récent. Elle a été créée en juin 2008 par la Commission européenne, dans le but d’aider nos voisins du Sud et de l’Est à financer des investissements infrastructurels majeurs qui ne peuvent être directement pris en charge par le secteur privé. Ces investissements concernent essentiellement les services publics offerts aux citoyens. Ces infrastructures et services publics nécessitent des financements considérables que chaque pays peut avoir du mal à obtenir sur le marché sous forme de prêts, notamment dans le contexte difficile de l’actuelle crise financière. Le type de subventions offertes par la FIV peut dès lors s’avérer très utile.

Quelles sont les priorités de cette nouvelle facilité ? Pourriez-vous nous donner quelques exemples ?

L’environnement, le traitement des eaux ou l’eau potable, le transport – notamment les grandes installations portuaires et aéroportuaires, l’interconnexion des réseaux d’électricité, les économies d’énergie, les énergies renouvelables. Le secteur social figure lui aussi en bonne place. Je songe par exemple à la construction d’hôpitaux et d’écoles. Les PME bénéficient également d’un soutien, par le biais d’enveloppes de « capital-risque », lorsque le secteur privé estime trop élevé le risque de leur consentir des prêts ; enfin, la FIV peut également promou-voir l’innovation dans nos pays partenaires.

Quelles sont les difficultés que pose la mise en oeuvre de la FIV ?

La principale difficulté consiste à « apparier » les fonds de la FIV et les besoins des pays. Au cours des 18 premiers mois qui ont suivi sa création, la facilité a pu s’appuyer sur +/- 150 millions d’euros sous forme de subventions. Ce montant est nettement insuffisant pour subventionner toutes les demandes de pro-jets d’investissement dans les pays du voisinage. Il est donc indispensable de procéder à une sélection rigoureuse, avec toutes les difficultés que cela comporte.

Quel est l’impact direct des projets financés par le biais de la FIV sur les citoyens des pays partenaires ?

Un projet qui finance une usine de traitement des eaux per-met de bien illustrer cet impact. Les communautés concernées se rendent immédiatement compte que la qualité de leur eau

Combiner prêts et subventions pour financer les investissements en faveur des pays du voisinageLa Facilité d’investissement pour le voisinage (FIV) est un instrument financier innovant de la politique européenne de voisinage (PEV). Son principal objectif est de mettre rapidement sur les rails des projets infrastructurels clés qui nécessitent des ressources financières considérables tout en soutenant le développement du secteur privé dans ces deux régions. La FIV entend mettre en place un partenariat en regroupant les ressources (sous forme de subventions) de la Commission européenne et des États membres et en les utilisant pour optimiser les prêts des institutions financières européennes, ces ressources étant complétées par des contributions des pays partenaires. Et de fait, les contributions de la FIV ont un réel effet de levier : en 2009, les 99,7 millions d’euros de subventions au titre de la FIV ont généré, au total, une contribution d’environ 2,5 milliards d’euros des institutions financières européennes. En d’autres termes, près de 25 euros pour chaque euro dégagé au titre de la FIV ! Le montant total des investissements concernés a ainsi dépassé les 5 milliards d’euros. Les projets sélectionnés - du traitement des eaux aux hôpitaux – « ont un impact direct sur la vie des gens », explique Richard Weber, directeur général adjoint d’EuropeAid dans un entretien accordé à l’ENPI Info Centre.

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Projets en marche — Voisinage Sud 65

« L’environnement, le traitement des eaux ou l’eau potable, le transport – notamment les grandes installations portuaires et aéroportuaires, l’interconnexion des réseaux d’électricité, les économies d’énergie, les énergies renouvelables figurent parmi les priorités de la FIV »

« Nous disposons d’un portefeuille d’environ 9 milliards d’euros répartis sur 18 mois, ce qui correspond au montant total des investissements potentiels »

consortiums constitués par ces institutions, ainsi que les contri-butions des pays partenaires eux-mêmes. Sur ces 9 milliards d’euros, 5 milliards ont été prévus pour le Sud et 4 milliards pour l’Est. Sur ce montant toujours, 4 milliards d’euros sont fi-nancés par les prêts des IFI, tandis que les subventions de l’UE représentent 170 millions d’euros. Comme vous le voyez, nos subventions sont parfaitement op timalisées. Ces quelque 200 millions d’euros permettent de générer des investissements à hauteur d’environ 9 milliards d’euros.

Ces instruments sont-ils assortis de conditions ?

Bien sûr ! Les sommes en jeu sont considérables ; nous devons donc négocier avec les pays partenaires le cadre de la coopé-ration. Nous nous mettons d’accord sur les objectifs et les ré-sultats escomptés. Mais au final, ce sont nos partenaires qui doivent mettre en oeuvre les réformes qui assureront à leurs citoyens une vie décente.

s’est améliorée ou qu’elles bénéficient d’un accès direct à l’eau potable. De tels projets permettent en effet d’améliorer la qua-lité de vie. En Égypte, au Sud, ou en Moldavie, à l’Est, la FIV est précisément mise à contribution pour améliorer la qualité de l’eau. Autre exemple : la FIV finance en coopération avec la Banque de développement du Conseil de l’Europe la réno-vation et la modernisation de l’hôpital central de Chisinau, la principale infrastructure médicale du pays. Parallèlement, la FIV finance, en Ukraine, les réseaux et les installations électri-ques. Tous ces projetsaméliorent eux aussi directement la vie des citoyens.

Comment les fonds sont-ils répartis entre l’Est et le Sud ?

À l’heure actuelle, nous disposons d’un portefeuille d’environ 9 milliards d’euros répartis sur 18 mois, ce qui correspond au montant total des investissements potentiels. Sont ici com-pris les subventions et les prêts des IFI et des partenaires des

Facilité d’investissement du voisinage (FIV)Calendrier 2007-2013

La Facilité d’Investissement du voisinage (FIV) est un instrument novateur de la PEV visant à mobiliser des fonds supplémentaires en faveur de projets d’infrastructure dans les pays voisins. Il rassemble des subventions de la Commission européenne et des États membres de l’UE ainsi que des prêts des institutions financières publiques européennes. La Facilité d’investissement du voisinage met essentiellement l’accent sur le secteur de l’énergie, des transports et de l’environnement, mais un soutien financier peut également être octroyé à des projets axés sur le développement des PME ou des infrastructures du secteur social. La Facilité d’investissement du voisinage est un levier concret à la disposition des pays qui se sont dotés d’un plan d’action conclu avec l’UE au titre de la PEV. D’autres pays de la PEV peuvent également prétendre, au cas par cas, à un financement au titre de la FIV si leur projet est de nature transnationale ou régionale et présente un intérêt particulier pour l’UE et ses partenaires.

http://ec.europa.eu/europeaid/where/neighbourhood/ regional-cooperation/irc/investment_fr.htm

Page 65: La coopération régionale vue par les journalistes du Sud

Projets en marche — Voisinage Sud66

« Ce système peut générer plus de 60 millions de messages par an, beaucoup plus rapidement et efficacement qu’actuellement. Imaginez un peu : une économie d’au moins 60 millions de feuilles de papier ! »

Une nouvelle vision du transport de marchandises

HAIFA – « Les autoroutes constituent l’un des plus gros problèmes », explique le professeur Yehuda Hayuth, assis à une table de café sur les hauteurs de Haïfa, avec, d’un côté, le soleil couchant sur la Méditerranée et, de l’autre, la vallée de Jezréel. « En Europe, les autoroutes sont saturées. Cela engendre énormément de pollution, d’embouteillages et de dépendance à l’essence. Nous aimerions résoudre cette problématique ou, du moins, essayer. La solution passe par la mer et par le rail. Dès l’Antiquité, la Méditerranée a été un lieu d’échanges entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie. À notre époque, nous devons trouver le moyen d’en faire bon usage et de dégager une solution avantageuse pour tous. » Hayuth est le consultant européen de la partie israélienne du projet MEDA-MoS « Autoroutes de la Mer ». Il s’agit d’un projet international unique qui vise à améliorer les échanges entre pays européens et méditerranéens, et ce, en développant le volet maritime du futur Réseau trans-méditerranéen de transport (RTM-T). Le projet a démarré lorsque la Commission européenne a demandé à plusieurs pays de la Méditerranée de présenter des pro-jets de transport intermodal maritime, durable et sûr, qui seraient susceptibles de favoriser les échanges entre l’UE et ses voisins méridionaux. Le projet pilote israé-lien est dirigé par un consortium composé du Ministère israélien des transports et de la sécurité routière, de la Compagnie des ports d’Israël (Israël Ports Com-pany), de Zim (société israélienne de transport de containers, une des plus grandes au monde), d’Agrexco (premier exportateur israélien de produits agricoles) et de Trieste Marine Terminal et Alpe Adria en Italie. Le projet inclut notamment l’utili-sation de techniques informatiques appliquées aux activités portuaires, le passage du transport routier au transport ferroviaire des conteneurs, et l’introduction de conteneurs réfrigérés de grande capacité innovants et efficients.

Imaginez que l’on puisse débarrasser le réseau routier du transport de conteneurs et que ceux-ci soient acheminés par bateaux ou via le rail… Imaginez que l’on puisse supprimer la bureaucratie des douanes et créer des ports « sans papier »… C’est ce que le projet EuroMed « Autoroutes de la Mer », financé par l’UE, essaie de réaliser par le biais de deux projets pilotes en Israël, qui visent à transformer l’approche du transport de marchandises dans l’intérêt des utilisateurs, des consommateurs et de l’environnement.

Texte et photos par Yair Qedar

IsrAël

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Projets en marche — Voisinage Sud 67

« Au final, nous réduisons le nombre de poids lourds circulant sur les routes européennes, ainsi que les émissions de gaz à effet de serre »

« Nous aimerions que ce projet nous permette de développer des liens commerciaux et professionnels durables avec les pays de l’UE et leurs voisins »

N Yehuda Hayuth projet ‘Autoroutes de la mer’.

Réduire le nombre de poids lourds circulant sur le réseau routierOù le projet en est-il, concrètement parlant, à l’heure actuelle en Israël ? « Pour simplifier : nous transportons le fret agricole de la région d’Arava, dans le sud, vers le port d’Haïfa, et, de là, vers le port de Trieste. Nous chargeons 200 conteneurs ré-frigérés sur un bateau de la société Zim, qui se rend à Trieste et de là, le train prend le relais. Au final, nous réduisons le nombre de poids lourds circulant sur les routes européen-nes, ainsi que les émissions de gaz à effet de serre. Certains camions parcourent 900 km de Rotterdam à Trieste, pour se rendre ensuite en cargo à Munich. Si vous multipliez ça par 200 camions par semaine, vous imaginez un peu la quantité d’émissions que cette solution permet d’éviter ». L’étape suivante du projet est déjà en cours de réalisation : il s’agit d’une autre expérience pilote basée sur l’informa-tique, dont le nom officiel est MAINSYS – Mediterranean Sea Commerce Converter (MSCC) –, mais que l’on appelle le plus souvent « port sans papier » (Paperless Port). L’idée qui sous-tend ce projet est que le trafic maritime est entravé par une quantité excessive de formalités administratives, tant pour les autorités que pour les sociétés ou les consommateurs. Cette situation se traduit pas un excès de bu-reaucratie, des frais et, au bout du compte, une augmentation des prix. MAINSYS constitue une tentative de créer un système qui permettrait aux ports de travailler avec des solutions informatisées plutôt qu’avec des papiers. Le projet vise égale-ment à permettre à différents ports et à différents pays d’interagir en utilisant la même plateforme.

Des coûts réduits pour les utilisateurs finaux« Un tel système permettrait de transmettre plus aisément des informations rela-tives aux transports de marchandises d’un pays et d’un système à l’autre dans le bassin méditerranéen », explique Amiram Heidecker, directeur IT à la Compagnie des ports d’Israël. « Ce processus multi-plateforme et intersectoriel serait bénéfi-que à de nombreux intervenants : importateurs, exportateurs, ainsi que tous les intermédiaires tels que les agents maritimes et les accompagnateurs de fret. Et, au bout du compte, il entraînerait une diminution du coût des produits. » Ce système a-t-il déjà été lancé ? « Oui. Il a démarré en Israël, et nos partenaires sont les trois ports maritimes du pays, tous les agents maritimes israéliens, les douanes israé-liennes, les principales sociétés de transports routiers, les chemins de fer israéliens, ainsi que des gestionnaires d’entrepôts et de dépôts. Nous allons également lan-

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Projets en marche — Voisinage Sud68

cer bientôt un projet pilote similaire en Europe, d’abord avec la société française Gyptis, et avec la collaboration des douanes françaises et israéliennes. » « Dans ce projet, nous sommes les représentants de l’État », explique Zvika Shapira, de l’ad ministration des ports et des transports maritimes au sein du Ministère israélien des transports et de la sécurité routière. « Nous aimerions que ce projet nous per-mette de développer des liens commerciaux et professionnels durables avec les pays de l’UE et leurs voisins, de découvrir quels sont leurs besoins et de mettre en oeuvre les technologies appropriées ici en Israël. » « Le système israélien est déjà assez élaboré », précise Hayuth. « À l’heure du courrier électronique, on ne devrait plus voir des gens faire la file à la douane. Ce système peut traiter plus de 60 millions de messages par an, beaucoup plus rapidement et efficacement qu’ac-tuellement. Imaginez un peu : une économie d’au moins 60 millions de feuilles de papier ! Ce que nous essayons maintenant, c’est de nous connecter à l’Europe. Nous cherchons le moyen de faire communiquer entre eux les différents systèmes nationaux existants. »

L’interview avec le professeur Hayuth termi-née, je remonte dans ma voiture et me dirige vers la plage. Le soir tombe. En regardant le soleil se coucher sur la Méditerranée, je ten-te de calculer les avantages de ces projets : la quantité d’émissions de gaz évitées, le nombre d’arbres sauvés grâce aux ports sans papier. Les chiffres, astronomiques, se bous-culent dans ma tête. Songeur, j’essaie de me concentrer sur les dernières lueurs du soleil et m’apprête à prendre congé de cette belle journée au bord de la Méditerranée.

N Un navire de la société israélienne principale de transport de containers, ZIM.

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie, Tunisie, Turquie

Durée du projet :2007-2012

Budget9 millions d’euros

ObjectifsEuroMed souhaite renforcer l’intégration des transports entre l’UE et ses voisins méditerranéens, promouvoir le concept d’Autoroutes de la Mer (AdM) et aider les pays partenaires à continuer à mettre en oeuvre les mesures liées aux transports maritimes et aux opérations portuaires qui ont été adoptées dans le Plan d’action régional du transport (PART), une feuille de route pour la coopération en matière de transports adoptée en 2007 (et couvrant la période 2007-2013). Agissant comme un catalyseur du développement économique et social, le projet AdM vise à rendre plus efficaces et plus fiables les liaisons de transport maritime entre le nord et le sud de la Méditerranée en améliorant et en intégrant les services portuaires et les transports intermodaux.

Pour en savoir plusFiche du projet Autoroutes de la Mer >www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=77&id_type=10&lang_id=469Portail thématique Transport de l’ENPI Info Centre >/www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=8

EuroMed promeut le concept d’autoroutes de la mer et l’établissement d’une meilleure intégration des transports maritimes dans l’espace méditerranéen, et ce, en soutenant les ministères, les autorités portuaires, les services de douane et les acteurs concernés du secteur privé.www.euromedtransport.org/14.0.html

Les autoroutes de la mer en Méditerranée – Liaisons de transport maritimes

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Projets en marche — Voisinage Sud 69

Q: Quelle est l’ambition du projet ?Albert Bergonzo : Le projet Safemed s’inscrit dans le ca-dre de l’intérêt que porte l’UE à développer une coopéra-tion Euroméditerranéenne dans le domaine de la sécurité maritime et la prévention de la pollution par les navires. Dans cette vision, le projet a pour mission principale de réduire l’écart entre les pays de l’UE et les pays parte-naires du Sud de la Méditerranée dans l’application des conventions internationales en les assistant à mieux les mettre en oeuvre.

Quelles actions sont menées pour atteindre cet objectif ?En vue d’atteindre une unité des pratiques dans le domaine maritime, le projet poursuit des activités dans cinq volets majeurs : La performance de l’état du pavillon et le respect des obligations internationales, par une évaluation de la situation actuelle, l’identification des obstacles à l’applica-tion de ses conventions et l’offre d’activités de formations de courte et longue durée ainsi que des activités de soutien et préparation à une audit volontaire ; Le renforcement du contrôle de l’État du port dans le régime méditerranéen, par l’actualisation des procédures du contrôle de l’État du port dans la Méditerranée et la formation des inspecteurs ; La sé-curité de la navigation, à travers l’apport d’équipements et d’expertise en vue de la mise en place d’un réseau sous-ré-gional d’échange d’informations du trafic maritime; La pro-tection du milieu marin qui se concentre sur le soutien des pays partenaires à l’application de la Convention MARPOL (pour la prévention de la pollution par les navires) ; et fina-lement la sûreté des navires et des installations portuaires qui passe par des programmes de formation visant à faire prendre conscience de l’importance de la sûreté maritime et à transmettre les pratique nécessaires au bon fonction-nement des institutions.

Quels seront les effets de tout cela sur la vie des citoyens ?Dans le cadre de son objectif d’harmonisation des pratiques, le projet travaille, entre autre, sur les conventions relatives au travail maritime dont le but est d’offrir aux travailleurs du

secteur des meilleures condi-tions de travail. Il vise égale-ment à mieux armer les pays partenaires pour prévenir et lutter contre la pollution par

les navires à travers la bonne application de la Convention MARPOL, qui lutte contre les pratiques anti-environnemen-tales comme le dégazage et prévoit des règles de construc-tion des navires. L’importance du secteur maritime réside dans son impact sur les autres secteurs, notamment l’éco-nomie, le commerce et l’environnement. Les conventions internationales veillent à la bonne marche de ce secteur et les obstacles à la convergence aux règles maritimes interna-tionales sont des obstacles au commerce et à l’environne-ment. Certes, ce projet n’a pas d’effet direct sur le citoyen, mais il a certainement des effets indirects qui passent par d’autres secteurs.

Quel est votre plus grand défi ?Les situations des administrations maritimes des pays avec lesquels le projet travaille divergent considérablement. Par conséquent, Safemed doit adapter ses actions à la situation dans chaque pays. Par exemple, dans le cas de la formation des inspecteurs de ports, nous devons tenir compte de plu-sieurs facteurs tels que le type de trafic car l’inspection d’un pétrolier s’effectue différemment d’une inspection d’un ba-teau de passagers ou d’un navire de conteneurs. La même chose s’applique aux équipements fournis par Safemed, qui dépendent largement des besoins en matériel de chaque pays. D’autres facteurs rentrent aussi en ligne de compte tel que la longueur de la ligne côtière du pays et donc la den-sité de son trafic maritime. Nous oeuvrons donc à axer les actions du projet sur les besoins des pays.

Sécurité maritime : réduire les écarts autour d’une mer commune

Autour d’une mer partagée, la coopération dans le domaine de la sécurité maritime et de la prevention de la pollution revêt une importance primordiale. C’est l’objectif du projet Safemed, qui s’inscrit dans le cadre de l’intérêt que porte l’UE à développer une coopération Euro-méditerranéenne. Sa mission principale est de soutenir les pays partenaires dans leurs réformes, visant à réduire l’écart entre les pratiques dans ce secteur clé. L’importance du secteur maritime réside dans son impact sur les autres secteurs notamment l’économie, le commerce et l’environnent. Les conventions internationales veillent à la bonne marche de ce secteur et les obstacles à la convergence aux règles maritimes internationales sont des obstacles au commerce et à l’environnement, explique Albert Bergonzo, l’administrateur du projet Safemed II dans une interview recueillie par l’ENPI Info Centre.

« Les obstacles à la convergence dans l’application des règles maritimes internationales sont des obstacles au commerce et à l’environnement »

Entretien avec Albert Bergonzo

« Nous oeuvrons donc à axer les actions du projet sur les besoins des pays »

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Projets en marche — Voisinage Sud70

MAroc/tunIsIE

Ouvrir de grandes voies maritimes capables de décupler le commerce entre les rives de la Méditerranée est un des enjeux clé de la coopération entre l’Union européenne et ses partenaires. Mais pour créer les autoroutes de la mer, ce sont les petits détails qui font la grande différence.Texte ENPI Info Centre Photos ENPI Info Centre

Les Autoroutes de la mer : c’est un projet dont le nom laisse rêveur, évocateur de grandes voies maritimes tranchant les flots de la Méditerranée, une mer non plus obstacle mais motrice d’avenir d’une circulation d’échange.Marc Abeille a pourtant un souci de pédagogie. Le gérant de cet ambitieux pro-jet, financé depuis 2006 pour un montant de 4,8 millions d’euros par la Commission européenne, s’acharne contre sa fréquente réduction à une seule solution : « trop de camions sur les routes, on les met sur les bateaux ».Plutôt, il insiste sur la nécessité de transférer les marchandises sur les navires, sur le be-soin d’adapter cet objectif, un jeu d’interconnexion de moyens de transport, selon les réalités locales, « un alliage de petites choses tout au long de la chaîne dans une vision au long terme ». De toute façon, les routes entre les deux rives sont forcément mariti-mes : à quelques exceptions, il ne s’agit donc pas de soulager les autoroutes de la terre pour passer à la mer, mais d’améliorer les liaisons maritimes ou d’en créer de nouvelles, mieux adaptées aux logiques du commerce entre sud et nord, est et ouest.Cela peut certes se traduire par le transport maritime de camions et remorques, mais souvent aussi de containers, ou même par un lien à l’arrivée avec le réseau ferro-viaire. « Nous recherchons des applications de solutions autoroute de la mer sur tous les maillons de la chaîne – identifier les blocages, travailler sur les infrastructures, les équipements, les organisations, faciliter les partenariats, les échanges d’expériences entre métiers, développer et reproduire les bonnes pratiques… », note Marc Abeille, avec à la clé un véritable impact sur l’efficacité des transports et donc le développe-ment des liens économiques.

En construisant lesautoroutes de la mer

N Marc Abeille responsable du projet Autoroutes de la mer.

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Projets en marche — Voisinage Sud 71

N Les voies maritimes : un enjeu de taille pour la Méditerranée.

La première phase du projet, financé par le l’Instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP), et géré par EuropeAid, touche à sa fin en novembre 2009. Marc Abeille est fier des résultats : plusieurs projets-pilotes ont été retenus, offrant une nette illustration des avantages du concept, d’autres sont en cours de finalisation, des solutions intégrées de transport aptes à servir de référence aux futures autorou-tes de la mer.

Agadir-Perpignan : éviter 3.000 kilomètres de routeSur le Maroc, le projet est centré sur le port atlantique d’Agadir, dont l’arrière-pays constitue une des zones de production agricole les plus importantes du pays. C’est d’ailleurs le seul cas qui répond au concept classique de transfert de fret de la terre à la mer. Au lieu de l’aller-retour de plus de 3.000 kilomètres en camion, remontant jusqu’à la pointe nord du Maroc au détroit de Gibraltar avant de traverser la pénin-sule Ibérique pour arriver à destination au sud de la France, une « autoroute de la mer » Agadir-Perpignan assure désormais une liaison directe.Marc Abeille est enthousiaste : « C’est un projet-pilote très réussi, un beau succès ; la fréquence des départs a été doublée lors de la dernière campagne de primeurs ». « Récemment à Agadir, un test a été réalisé avec toutes les parties prenantes pour simuler l’escale optimum, réunissant le port, les manutentionnaires, les contrôles de sécurité, de douane, de phytosanitaire, avec un expert dépêché par le projet. Le ré-sultat : nous avons réussi à gagner plusieurs heures sur une escale qui normalement dure une journée. »Déjà, il envisage la suite: « Un des principaux enjeux est de passer à des solutions informatiques, avec zéro papier, signature électronique et une facilitation de l’en-semble des procédures ».Pour en arriver là, un mélange d’assistance technique, de partenariat entre tous les acteurs, d’accompagnement, de formation ; « et puis faire se rencontrer les parties

N Les voies maritimes : un enjeu de taille pour la Méditerranée.

« Nous recherchons des applications de solutions autoroute de la mer sur tous les maillons de la chaîne »

« C’est un projet-pilote très réussi, un beau succès ; la fréquence des départs a été doublée lors de la dernière campagne de primeurs »

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prenantes qui ne se parlent pas toujours, douanes, inspections phytosanitaires, et autres intervenants du transit portuaire. Ça c’est très important », insiste Marc Abeille, citant l’exemple d’un autre projet-pilote, entre Tunis-Radès et le port de Gênes : « À travers le projet, les douanes italiennes et tunisiennes se rapprochent, et les résultats continueront après notre assistance. Le dédouanement en Italie se fait maintenant en moins de deux heures, et des engagements sur le long terme ont été pris en ce sens ».

Des rencontres essentielles au dialogueCe n’est pas toujours facile. Au-delà des lourdeurs administratives et des disparités d’infrastructure, le projet peut se heurter à un paradoxe : alors qu’il s’est fixé pour objectif de faciliter le mouvement du fret, il est confronté aux difficultés du mouve-ment des personnes entre sud et nord de la Méditerranée – difficultés qui peuvent gêner les rencontres essentielles au dialogue, qui sont les clés du succès.Mais Marc Abeille refuse de baisser les bras, insistant sur la valeur des moindres apports, particulièrement au niveau humain. Il note qu’en Algérie, pays en attente d’améliorations de ses infrastructures portuaires, le projet a rencontré une forte ad-hésion de la part des acteurs réels du commerce extérieur, et les workshops organi-

sés ont été un grand succès. Il marque une pause : « Ce que nous faisons n’est pas toujours visible ». C’est sans doute ce travail invisible qui représente la véritable réussite de ce projet, traçant le parcours d’une coopération permettant de rappro-cher à terme les deux rives de la Mé-diterranée.

« Se faire rencontrer les parties prenantes qui ne se parlent pas toujours, douanes, inspections phytosanitaires, et autres intervenants - ça c’est très important »

N Les acteurs portuaires ont un rôle essentiel à jouer..

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Territoire palestinien occupé, Tunisie et Turquie

Délais2007–2012

Budget€ 9 millions

ObjectifsCe projet a pour but d’améliorer le réseau de transport entre l’UE et ses voisins de la Méditerranée ainsi que l’intermodalité du transport de fret au travers de l’intégration du transport maritime de courte distance dans la logistique du transport. Le projet des autoroutes de la mer vise à développer le potentiel du transport maritime intermodal pour permettre le développement de marchés durables, sûrs et sécurisés et une plus grand cohésion. Cet objectif passe par la création de services intermodaux novateurs dans la Méditerranée, entre le Sud et l’Est, ainsi qu’entre ces zones et l’UE. Pour en savoir plusFiche sur Autoroutes de la mer – Interconnexions > www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=41&id_type=10 ENPI Info Centre – Portail thématique Transports > www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=8

Ce projet promeut le concept d’autoroutes de la mer et l’amélioration de l’interconnexion dans la Méditerranée au travers du financement de projets pilotes, de la sensibilisation, de la modélisation et de la diffusion d’informations.

www.euromedtransport.org

Autoroutes de la mer – Interconnexions

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Projets en marche — Voisinage Sud 73

Q : Quelle est l’ambition du projet ?

Olivier Turcas : La mission principale d’Euromed Aviation consiste à élaborer une feuille de route pour la mise en œuvre de l’EAEM, cela en établissant des législations harmonisées en matière d’aviation et en assurant la convergence des réglemen-tations. Le projet ambitionne de mettre en place un marché de l’aviation ouvert, sain et compétitif, de promouvoir l’améliora-tion de la sûreté et de la sécurité aériennes ainsi que le respect de l’environnement par les transports aériens. De plus, il s’ef-force de stimuler la coopération et l’harmonisation régionales en matière de gestion du trafic aérien.

Quelles actions sont menées pour atteindre cet objectif ?

Huit missions d’étude d’une semaine ont été réalisées dans huit pays partenaires dans le but de former une image claire de la situation de l’aviation civile dans ces pays et d’établir des comparaisons avec les législations et normes européennes. Les législations, réglementations, procédures et pratiques actuel-les dans leur secteur de l’aviation ont fait l’objet d’un examen et d’une analyse des lacunes. Sur la base des conclusions de ces missions, 29 stages de formation et 19 actions d’assistance technique ont été définis pour correspondre aux cinq thèmes du projet ainsi qu’au sujet de l’administration générale de l’aviation civile. Ces formations et actions ont été dispensées respectivement par des instituts internationaux de formation en aviation et par vingt experts en aviation entre juin 2008 et novembre 2009.Un questionnaire a été envoyé aux pays partenaires pour connaître leurs préférences quant au champ d’application de l’EAEM et pour évaluer leurs dispositions à entamer des né-gociations sur des accords d’ouverture de l’espace aérien. Plu-sieurs ateliers ont été organisés afin de définir les mesures à adopter aux niveaux national et régional pour ce qui concerne les réformes institutionnelles, la structure du marché de la sû-

reté et la sécurité aériennes, la protection de l’environne-ment et la gestion du trafic aérien.

Quels seront les effets de tout cela sur la vie des citoyens ?

La création de l’EAEM sup-pose l’adoption de pratiques communes qui se traduiront sans aucun doute par des améliorations au niveau des services de transport aérien et par la modernisation du contrôle du tra-fic aérien ainsi que de la sûreté et de la sécurité de l’aviation dans les pays partenaires. Dans toute la région concernée, la libéralisation du transport aérien promet des bénéfices écono-miques substantiels. Des avantages seront tirés de l’intégration d’un marché régional plus vaste, et de nouvelles possibilités de marché seront créées, de même que des opportunités d’em-ploi. De plus, le secteur de l’aviation bénéficiera d’investisse-ments accrus. Par ailleurs, ces améliorations entraîneront une diminution du prix des voyages aériens.L’atteinte des objectifs de l’EAEM produira des effets au-delà des secteurs des transports et de l’économie : elle améliorera les échanges entre les deux rives de la Méditerranée, facilitera la compréhension mutuelle des cultures et encouragera les contacts entre les sociétés civiles. De plus, les initiatives de cet-te nature ont pour effet de promouvoir la formation spécialisée des ressources humaines.

Quel est votre plus grand défi ?

Cette phase du projet est facile ; elle consiste à sensibiliser aux avantages de l’EAEM et à élaborer la feuille de route. Le plus grand défi sera de mettre en œuvre cette feuille de route une fois qu’elle aura été adoptée, et de la faire approuver par le monde politique. Cette approbation permettra aux pays parte-naires d’obtenir les moyens financiers, humains et techniques requis pour réaliser toutes les actions définies dans la feuille de route.

L’espace aérien euro-méditerranéen commun : un stimulant pour l’économieLe projet Euromed Aviation a pour principal objectif d’ouvrir la voie à la création d’un espace aérien euro-méditerranéen commun (EAEM), tel que décidé par les ministres euro-méditerranéens des transports en 2005 et défini dans le plan d’action régional de transport (RTAP, Regional Transport Action Plan) pour la région méditerranéenne. Ce projet vise à élaborer une feuille de route pour la mise en œuvre de l’EAEM. L’EAEM aura un impact très étendu sur les partenaires du projet, avec des bénéfices non seulement pour le secteur de l’aviation mais également pour le tourisme et l’économie, explique Olivier Turcas, le chef du projet, dans une interview accordée à l’ENPI Info Centre.

Entretien avec Olivier Turcas

« L’atteinte des objectifs de l’espace aérien commun produira des effets au-delà du secteur des transports et des secteurs économiques »

« Notre mission principale consiste à élaborer une feuille de route pour la mise en œuvre de l’espace aérien euro-méditerranéen commun (EAEM) »

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Projets en marche — Voisinage Sud74

Démonstration au Maroc du système de sécurité aéroportuaire EGNOS

CASABLANCA – En octobre 2009, EGNOS a été présenté à l’aéroport Mohammed V de Casablanca, au Maroc, lors d’une démonstration organisée par le projet régional de transport euro-méditerranéen financé par l’UE appelé METIS (MEdiTerranean In-troduction of European Satellite Navigation System – GNSS – Services, Introduction des services GNSS dans la région méditerranéenne). METIS a pour but de définir un plan régional pour les services GNSS au bénéfice de la politique euro-méditerra-néenne et de préparer l’introduction d’EGNOS et, dans les 5 à 10 prochaines années, de Galileo, dans le Sud de la région méditerranéenne.

L’amélioration de la sécurité et de l’efficacité de la gestion des véhicules circulant dans la zone aéroportuaire et à proximité de celle-ci est l’un des avantages escomptés de l’introduction du Système européen de navigation par recouvrement géostationnaire (EGNOS). Egnos, précurseur de Galileo, est la première contribution de l’UE à la navigation mondiale par satellite.

Texte ANSA/ENPI Info Centre Photos METIS

MAroc

N EGNOS renforce la sécurité aéroportuaire.

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Projets en marche — Voisinage Sud 75

« L’utilisationd’EGNOS peutvous permettrede réaliserdes économiesconsidérablesen termes dematériel etd’équipement »

« L’amélioration de la sécurité et de l’efficacité de la gestion des véhicules circulant dans la zone aéroportuaire et à proximité de celle-ci est l’un des avantages escomptés de l’introduction d’EGNOS »

Le Maroc intéressé Cette démonstration a éveillé l’intérêt des Marocains. « Nous sommes très intéressés par le nouveau système européen, explique Ismail Addarrak, contrôleur aérien à l’aé-roport Mohammed V. Aujourd’hui, nos chauffeurs continuent à circuler sur l’aéroport sans système de navigation ni installation à bord. Ils doivent donc suivre une forma-tion ad hoc et ont toujours besoin d’une autorisation écrite pour pouvoir circuler sur une piste. EGNOS est sans conteste un type de système que nous aimerions ins-taller à Casablanca même si d’autres démonstrations sont encore nécessaires. Nous aimerions surtout en savoir plus sur l’utilisation de ce système à bord des véhicules lors des décollages et des atterrissages. » EGNOS est un projet conjoint de l’Agence spatiale européenne (ASE), de la Commission européenne et d’Eurocontrol (l’organi-sation européenne pour la sécurité aérienne). Il est géré par une équipe composée d’organisations du secteur privé et public, avec pour chef de file Telespazio (Italie). Son objectif est de garantir une plus grande sécurité pour les véhicules qui circulent autour des installations aéroportuaires. Concrètement, cela signifie que tout véhi-cule circulant sur l’aéroport sera équipé d’un récepteur EGNOS et utilisera un réseau sans fil local pour communiquer sa position à un centre de contrôle. Ce système, mis au point par des chercheurs européens, vise à améliorer encore le système GPS qui utilise les satellites géostationnaires via un réseau terrestre d’une quarantaine de stations de localisation.

Effort européen« L’utilisation d’EGNOS peut vous permettre de réaliser des économies considéra-bles en termes de matériel et d’équipement », affirme Michel Bosco, chef d’unité adjoint en charge de la navigation par satellite au sein de la DG de l’énergie et des transports. Et d’expliquer : « comme il existe déjà un signal au large des côtes de Casablanca, il suffira d’équiper le véhicule d’un simple dispositif, que ce soit pour le transport commercial, de passagers ou de conteneurs. » Grâce à EGNOS, les stations terrestres pourront mesurer les signaux GPS, envoyer les données aux centres qui les calculeront avant de les renvoyer via les satellites du système européen afin que les récepteurs GPS puissent calculer les positions avec une plus grande précision. Et de fait, le nouveau service offre une précision avec des facteurs d’erreur de moins de deux mètres contre 15 à 20 mètres pour les signaux GPS.

METIS soutient EGNOSMETIS a permis aux pays méditerranéens partenaires de recueillir de précieuses in-formations sur les aspects techniques et économiques du service, notamment en ce qui concerne l’efficacité et la sécurité du transport. Ils ont également eu l’occasion de définir dans les grandes lignes les aspects industriels et réglementaires nécessaires pour définir la feuille de route pour l’introduction d’EGNOS, prédécesseur de Galileo, dans leur pays. C’est ce qu’a déclaré Antonella Di Fazio, coordinatrice du projet ME-TIS à Telespazio. La directrice de projet a précisé qu’EGNOS était disponible en Eu-rope et au Nord de la Méditerranée, et qu’il était actuellement en phase d’extension à toute la région méditerranéenne. « Alors qu’il a été conçu pour des applications dans le domaine de l’aviation civile, EGNOS offre d’intéressantes perspectives d’utili-sation commerciale dans d’autres domaines : domaine maritime, ferroviaire, routier,

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Projets en marche — Voisinage Sud76

Pays participantsAlgérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie, Tunisie, Turquie

Durée2006-2009

Budget2,5 millions d’euros

ObjectifsMETIS vise à définir une politique euro-méditerranéenne commune pour la mise en oeuvre des services de GNSS (système satellite mondial de navigation) et à ouvrir la voie à l’introduction des services EGNOS et GALILEO dans la région méditerranéenne.

En savoir plusMETIS – fiche projet > www.enpi-info.eu/mainmed.php?id=43&id_type=10ENPI Info Centre – Page Web « Transports » > www.enpi-info.eu/thememed.php?subject=8

Définit une politique commune et partagée pour implanter les services GNSS dans les pays méditerranéens partenaires conformément aux objectifs généraux du Plan d’action régional pour les transports (PART) pour la région méditerranéenne pour 2007-2013.

www.metis-project.eu

Projet EuroMed de navigation par satellite (GNSS) / METIS

voies navigables intérieures, mobilité du personnel, précision GIS/Haute précision », explique-t-elle. Interrogée sur les principales réalisations du projet, elle évoque les activités visant à soutenir la mise en oeuvre des services GNSS (système global de na-vigation par satellite) en Algérie, en Égypte, en Israël, en Jordanie, au Liban, au Maroc, dans le Territoire palestinien, en Syrie, en Tunisie et en Turquie. « Le projet a défini un plan régional GNSS et dix plans nationaux pour chacun des pays partenaires en vue de l’introduction des services EGNOS au cours de la période 2009-2019, préalablement à Galileo ». Et d’ajouter : « Ils tiennent compte des besoins particuliers de la région dans différents domaines d’utilisation/application et des avantages sociaux et écono-miques générés par l’utilisation d’EGNOS et de Galileo. » Conçus comme une politique euro-méditerranéenne conjointe pour la mise en oeuvre des services GNSS dans la région méditerranéenne, les plans ont été élaborés avec les parties prenantes et par-tagés avec les autorités. Le secteur des transports a été identifié comme étant actuelle-ment le plus prometteur pour l’utilisation d’EGNOS, qui ouvrira la voie au marché pour Galileo. « Ces dix pays ont tous manifesté clairement leur intérêt pour l’exploitation des services EGNOS dans l’aviation civile et sur les marchés maritimes et des transports », précise Mme Di Fazio. METIS organise des démonstrations visant à expérimenter l’uti-lisation commerciale d’EGNOS dans divers domaines et à utiliser le service EGNOS. Ces démonstrations sont organisées dans différents pays et sont principalement axées sur les applications dans les marchés prioritaires identifiés dans le plan. Un programme de formation a également été réalisé, en association avec la démonstration, afin de permettre aux pays de s’initier à la navigation par satellite, aux technologies utilisées, aux infrastructures, aux services, aux applications, etc.

Texte adapté d’un récit de l’ANSA par l’ENPI Info Centre, projet géré par Action Global Communications. ANSA est un partenaire de consortium au projet

N Tout véhicule circulant sur l’aéroport sera équipé d’un récepteur EGNOS.

« METIS a permis aux pays partenaires de recueillir de précieuses informations sur les aspects techniques et économiques du service, notamment en ce qui concerne l’efficacité et la sécurité du transport »

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Projets en marche — Voisinage Sud 77

Q: Sur quels domaines se concentre ce projet?

Dalila Achour-Limam : L’objectif principal du projet Euro-Med Transport est d’aider les pays partenaires à améliorer le fonctionnement du système de transport méditerranéen. Pour ce faire, il faut soutenir l’harmonisation des normes opérationnelles et réglementations, en encourageant la coordination des politiques de transport. Il est donc néces-saire d’encourager les réformes en politiques de transport et renforcer le développement des capacités institutionnelles locales, notamment l’infrastructure et l’équipement, les pro-cédures douanières, la gestion du réseau, la protection de l’environnement et la formation des ressources humaines. Ce projet concerne tous les modes et secteurs de transport et vise à faciliter la mise en œuvre des projets qui y sont liés.

Quel est l’impact direct sur les citoyens?

EuroMed Transport a un impact ultime sur les citoyens. Pre-nons par exemple le cas des conducteurs de poids lourds : ils auront accès à une formation, à des permis et des condi-tions de travail conformes aux normes européennes, les procédures douanières seront grandement simplifiées et harmonisées aux normes européennes et leurs véhicules seront plus sûrs et respectueux de l’environnement. Non seulement les citoyens des pays du Sud de la Méditerranée bénéficieront d’un système de transport plus moderne, plus confortable et plus sûr, mais l’impact du projet dépasse le secteur du transport, et a des répercussions positives sur le commerce, l’industrie et l’environnement. Le transit de mar-chandises lui aussi sera plus rapide, évitant des pertes de marchandises périssables.

Comment ce projet atteint-il ses objectifs?

Le point de départ de tout changement ou amélioration est la po-litique. Le dialogue po-litique est un aspect essentiel de ce projet dans lequel bénéficiaires et acteurs sont étroitement impliqués dans la définition des activités. EuroMed Transport organise régulièrement des conférences ministérielles, des réunions avec les équipes de coordina-teurs nationaux, des ateliers politiques et des conférences régionales du transport afin d’établir le dialogue nécessaire pour l’avancement du projet. D’autres projets de transport financés par l’UE sont développés sous l’égide du Program-me EuroMed Transport, comme METIS, SAFEMED, EuroMed Aviation et le projet des Autoroutes de la mer Méditerranée. Tous ces projets sont développés en étroite collaboration afin de garantir une mise en œuvre cohérente de la politi-que de coopération de l’UE dans ce secteur.

Quels sont les plus grands défis auxquels le projet est confronté?

L’un des objectifs du projet est l’harmonisation des aspects institutionnels et réglementaires qui ne peut être obtenue qu’en amenant les pays bénéficiaires à signer et appliquer des conventions régionales et internationales. Le niveau de conformité varie; le projet vise à atteindre un niveau de conformité élevé dans tous les pays partenaires. Le Maroc, la Tunisie et la Turquie font actuellement partie des pays qui respectent pleinement les Conventions TIR et CMR.

Un impact direct sur le terrain

Pour la directrice adjointe du projet, Dalila Achour-Limam, celui-ci aura un impact important sur le quotidien des citoyens: « Non seulement les citoyens des pays du Sud de la Méditerranée bénéficieront d’un système de transport plus moderne, plus confortable et plus sûr, mais l’impact du projet dépasse le secteur du transport, et a des répercussions positives sur le commerce, l’industrie et l’environnement». Elle souligne que le projet se fonde sur le dialogue..

Entretien avec Dalila Achour-Limam

« Améliorer l’efficacité des transports implique un travail de réformes politiques et le renforcement des capacités locales dans tous les domaines. »

« EuroMed Transport a un impact ultime sur les citoyens… Outre la réalisation d’un système de transport efficace, il aura des répercussions positives sur le commerce et l’intégration économique régionale »

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Projets en marche — Voisinage Sud78

Pour en savoir plusPolitique européenne de voisinage (PEV)

La politique européenne de voisinage (PEV) a été développée après l’élargissement de l’Union européenne à dix nouveaux pays, en 2004, dans le but d’éviter l’émergence de nouvelles lignes de division en Europe. Dans le cadre de la PEV, l’UE propose à ses voisins une relation privilé-giée, basée sur un engagement mutuel en faveur de valeurs communes (démocratie et droits de l’homme, État de droit, bonne gouvernance, principes de l’économie de marché et développe-ment durable). La PEV offre une relation politique et une intégration économique plus pous-sées, par le biais de programmes de réformes qui permettront d’assurer la paix, la stabilité et la prospérité. La PEV s’applique aux pays suivants : Algérie, Arménie, Azerbaïdjan, Belarus, Égypte, Géorgie, Israël, Jordanie, Liban, Libye, Moldavie, Maroc, Territoire palestinien occupé, Syrie, Tu-nisie et Ukraine. Bien que la Russie soit également un voisin de l’UE et qu’elle bénéficie de la PEV, les relations de l’UE avec ce pays sont fondées sur un “Strategic Partnership”.

PEV http://ec.europa.eu/world/enp/index_fr.htm

Instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP)Opérationnel depuis janvier 2007, l’Instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP) est le principal mécanisme financier de la Politique européenne de voisinage (PEV). Instrument unique, l’IEVP a remplacé MEDA (Sud), TACIS (Est) et divers autres instruments financiers. L’IEVP vise à aider les pays partenaires dans leur développement durable et dans leur rapprochement avec les politiques et normes de l’UE, sur la base de priorités adoptées d’un commun accord. Une enveloppe d’environ 12 milliards d’euros a été allouée par la Commission européenne pour la période de programmation 2007-2013 pour soutenir les réformes dans les pays voisins.

ENPI http://ec.europa.eu/europeaid/where/neighbourhood/overview/index_fr.htm

Liens utiles

Commissaire Élargissement et PEV http://ec.europa.eu/commission_2010-2014/fule/

PEV http://ec.europa.eu/world/enp/welcome_fr.htm

EuropeAid http://ec.europa.eu/europeaid/index_fr.htm

Action extérieure (SEAE) http://eeas.europa.eu/index_fr.htm

Copyright UE/ENPI Info Centre 2010

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CE PROJET EST FINANCÉ PAR L’UNION EUROPÉENNE

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