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amnesty international
La Commission des droits de l’homme des Nations Unies 2005
est-elle le gardien en chef des droits humains?
Résumé du rapport
Index AI: IOR 41/008/2005
SECRETARIAT INTERNATIONAL. I EASTON STREET. LONDRES WCIX ODW. ROYAUME-UNI
Index AI: 10R1008/2005
Amnesty International
La Commission des droits de l’homme 2005 est-elle le gardien en chef des droits humains?
Résumé du rapport
Introduction
Réforme de la Commission
Amnesty International (AI) se félicite du rapport du Groupe de personnalités de haut niveau sur les
menaces, les défis et le changement, et en particulier de ses recommandations en faveur d’une réforme des
institutions de la Commission des droits de l’homme. AI convient qu’il est primordial de réformer la
Commission afin de lui conférer une position d’autorité plus forte en adéquation avec le principe central
qui fait du respect des droits humains contenu dans la Charte des Nations Unies l’objectif essentiel de
l’Organisation des Nations Unies. Le processus de réforme doit appréhender les problèmes de longue date
auxquels est confronté la Commission, notamment le fait que ses membres adoptent de manière routinière
une attitude équivoque dans le traitement des situations des différents pays et que l’adhésion à la
Commission est trop souvent utilisée pour empêcher les membres de la Commission de surveiller la
situation des droits humains au lieu de les promouvoir et de les protéger. AI est fermement convaincu que
l’appartenance au principal organe onusien de défense des droits humains implique des responsabilités
précises pour renforcer les normes de protection des droits humains tant au niveau national qu’au niveau
international. Chaque membre de la Commission doit pouvoir se porter garant de l’accomplissement des
responsabilités qui lui incombent.
La réforme envisagée doit également avoir pour objectif de créer un organe onusien de défense des
droits humains plus efficace dans sa capacité à appréhender la protection et de la promotion des droits
humains dans tous les pays, à tout moment et dans sa capacité à répondre effectivement aux situations de
crise. AI encourage tous les membres de la Commission à garder présent à l’esprit les conclusions du
rapport du Groupe de personnalités de haut niveau dans le cadre de sa 61ème session:
• “La Commission des droits de l’homme est chargée de promouvoir la défense des droits de l’homme dans
le monde entier, de développer la coopération internationale dans ce domaine, de traiter des violations
commises dans certains pays et d’aider les Etats à développer leurs capacités en la matière.” 1
• “Ces dernières années, l’aptitude de la Commission à s’acquitter de ces tâches a été réduite par
l’effritement de sa crédibilité et la baisse de son niveau de compétence professionnelle. L’établissement de
normes visant à renforcer les droits de l’homme ne peut pas être l’affaire d’Etats dont rien n’indique
vraiment qu’ils tiennent à promouvoir et défendre ces droits. Nous trouvons préoccupant que, depuis
quelques années, des Etats aient cherché à se faire élire à la Commission non pas pour défendre les droits
de l’homme, mais pour se soustraire aux critiques ou pour critiquer les autres. La Commission ne peut pas
être crédible si elle semble avoir deux poids, deux mesures dans le traitement des questions touchant les
droits de l’homme.” 2
La responsabilité de la Commission est avant tout la responsabilité de chacun de ses membres. Les
membres qui demandent à la Commission de traiter une situation précise des droits humains mais qui
ferment les yeux sur une autre, les membres qui appuient une «motion de non action», ou qui s’abstiennent
1“Un monde plus sûr: notre affaire à tous: Rapport du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement”,
(A159/565), para. 282.
2 Ibid, para. 283.
2
lors du vote sur une telle motion, les membres qui refusent de coopérer avec les Procédures spéciales de la
Commission contribuent à nuire à la crédibilité et au professionnalisme de la Commission. Les Etats
observateurs actifs au sein de la Commission doivent également endosser une part de responsabilité dans la
situation actuelle. AI demande à chacun des membres et chaque Etat observateur de prouver sa volonté de
rétablir la crédibilité et le professionnalisme de la Commission lors de sa 6l ème session.
Questions à l’ordre du jour de la 6l ème session de la Commission
Dans son document public intitulé 2005 UN Commission on Human Rights. The UN’s chief guardian of
human rights? (La Commission des droits de l’homme 2005 est-elle le gardien en chef des droits
humains ?), 3 AI fait plusieurs recommandations à propos des questions à l’ordre du jour de la Commission,
en particulier en ce qui concerne l’interdiction absolue de la torture, l’abolition de la peine de mort, la
limitation des effets sur les droits humains des mesures de lutte contre le terrorisme, la fin de la violence
contre les femmes et le contrôle de l’impact des entreprises sur les droits humains. AI demande également
aux Etats de faciliter et d’apporter leur soutien aux efforts pour développer de nouvelles normes,
notamment le projet de Déclaration sur les droits des peuples indigènes, le projet d’instrument
juridiquement contraignant pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, le
Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ainsi que les
Principes et directives fondamentaux concernant le droit à réparation des victimes de violations graves des
droits de l’homme et du droit international humanitaire
En ce qui concerne les atteintes aux droits humains perpétrées dans des pays déterminés, AI a
décidé de porter cette année son attention sur des mesures efficaces que la Commission devrait prendre
pour promouvoir et protéger les droits humains dans les six pays suivants: la Colombie, la République
démocratique du Congo, Israël et les Territoires occupés, le Népal, le Soudan et le Turkménistan. Toutefois,
les préoccupations d’AI concernant la situation des droits humains dans des pays déterminés vont au-delà
de ces six pays comme le démontrent amplement le rapport annuel et les autres publications de
l’organisation. AI regrette notamment la silence de la Commission et l’absence d’action concernant la
gravité de la situation des droits humains en Tchétchénie, à Guantánamo Bay, en Indonésie, en Irak et au
Zimbabwe, pour ne citer que ceux-là, et demande aux Etats membres d’examiner les différentes options
pour contribuer à faire respecter les droits humains dans ces endroits.
“Une obligation fondamentale” : éradiquer la torture
L’interdiction absolue de la torture et autres traitements ou punitions cruels, inhumains ou dégradants est à
la base de tous les instruments de protection des droits humains élaborés depuis l’adoption de la
Déclaration universelle des droits de l’homme. Pourtant, AI continue de recenser des cas de torture et de
mauvais traitements dans toutes les régions du monde, y compris dans plus de la moitié des Etats membres
de la 6l ème session de la Commission 4
En 2003, Une Tchétchène qui travaillait pour une organisation humanitaire dans le Nord-Caucase
aurait été torturée, violée et battue lors de sa détention. Au Zimbabwe, Tonderai Machiridza, membre du
Movement for Democratic Change (MDC, Mouvement pour le changement démocratique), est mort en
avril 2004 après avoir été frappé à coup de matraques par des officiers de police. Dans le district spécial de
l’Aceh (Nanggroe Aceh Darussalem), en Indonésie, la police et l’armée torturent et maltraitent
régulièrement les prisonniers, en se livrant en particulier aux viols et autres formes de sévices sexuels
contre les détenues.
Effritement des normes
________________________________________ 3Index AI: IOR 41/001/2005, 1 janvier 2005.
4 Dans son rapport annuel 2004, Amnesty International recense les allégations de torture et de mauvais traitements dans 132 Etats,
soit deux tiers des Etats membres des Nations Unies. Atteintes aux droits humains recensées en 2003 statistiques (Index AI: POL
10/015/2004).
3
La « guerre contre le terrorisme » constitue un défi au droit international car des gouvernements ont bafoué
les droits et libertés fondamentaux au nom de la lutte contre le terrorisme. Le gouvernement des Etats-Unis
a fait l’objet de nombreuses critiques de la part de spécialistes et d’organisations de défense des droits de la
personne pour avoir tenté de légitimer certaines méthodes d’interrogatoire équivalentes à la torture et autres
traitements cruels, inhumains ou dégradants. Les autorités se sont justifiées après la diffusion par les
médias dans le monde entiers des images filmées dans la prison irakienne d’ Abu Ghraib montrant un
détenu cagoulé dont les mains étaient reliées à des fils électriques, un homme nu effrayé alors que des
soldats le menacaient avec des chiens rendus furieux ou des prisonniers forcés d’adopter des postures
sexuelles humiliantes.
Renforcement du cadre international
La Commission a été l’architecte de plusieurs normes internationales de lutte contre la torture, notamment
la Convention contre la torture et son Protocole facultatif. A ce jour, seuls quelques Etats ont ratifié le
Protocole facultatif qui ne pourra entrer en vigueur que lorsque 20 Etats l’auront ratifié.
La 6l ème session de la Commission va coïncider avec le 20 ème anniversaire de la création du poste
de Rapporteur spécial sur la torture. En dépit de son rôle central, il fait souvent l’objet de tentatives de la
part de gouvernements pour discréditer son travail. Certains Etats refusent d’accéder à ses requêtes
d’informations ou ses demandes de visites. Depuis 1988, le Rapporteur spécial sur la torture s’est rendu
dans 27 pays et a élaboré des recommandations détaillées pour les gouvernements de ces pays. La
Commission a l’occasion d’examiner activement la mise en œuvre de ces recommandations par les
gouvernements sur la base des rapports du Rapporteur spécial et de prendre des mesures appropriées, en
particulier des dispositions en vue d’une assistance technique.
Abolition de la peine de mort
Les résolutions annuelles de la Commission concernant la peine de mort reflètent les vues de ses Etats
membres en ce qui concerne l’objectif convenu par les Nations Unies d’abolir la peine capitale. Le rapport
quinquennal du Secrétaire général des Nations Unies sur la peine de mort, qui sera présenté à la 61ème
session, servira de source d’information essentielle pour examiner cette question.
Selon les informations d’AI, les efforts en vue de l’abolition de la peine de mort se sont poursuivis dans le
monde. En 2004, le Bhoutan, Samoa, le Sénégal et la Turquie ont aboli la peine capitale pour tous les
crimes et le Tadjikistan a adopté un moratoire sur les exécutions capitales. A la fin de l’année 2004, 83
pays avaient aboli la peine de mort pour tous les crimes, 13 l’avaient aboli pour les crimes de droit commun
et 22 autres étaient de facto abolitionnistes. AI demeure gravement préoccupé par l’utilisation de la peine
capitale contre les enfants reconnus coupables de crimes, c’est-à-dire des personnes reconnues coupables
alors qu’elles étaient âgées de moins de 18 ans. Une telle pratique est contraire à la résolution 2004/67 de la
Commission ainsi qu’aux résolutions 2004/43 (Les droits de l’homme dans l’administration de la justice, en
particulier la justice pour mineurs) et 2004/48 (Droits de l’enfant) également adoptées par la Commission.
En 2004, AI a recensé trois cas d’exécutions d’enfants en Iran et un en Chine.
Droits humains et lutte contre le terrorisme
Au cours de l’année passée, AI a continué de noter l’impact négatif sur les droits humains des textes
législatifs et des mesures prises par les Etats pour lutter contre le terrorisme dans plusieurs pays. 5 AI
condamne, dans les termes les plus énergiques, les attaques terroristes quel qu’en soit l’auteur ou la raison,
mais exhorte les gouvernements à veiller à ce que toutes les mesures prises pour prévenir ou répondre à de
telles attaques respectent totalement leurs obligations en vertu du droit international, en particulier du droit
international relatif aux droits humains, aux réfugiés et du droit international humanitaire.
________________________________________
5AI rappelle qu’il n’existe pas à ce jour de définition juridique du terme “terrorisme”.
4
Sous l’appellation de « guerre à la terreur », le gouvernement des Etats-Unis méprise de manière
flagrante les droits humains et libertés fondamentales. Les images de torture et de mauvais traitements
infligés sur des prisonniers dans des centres de détention sous contrôle américain en Irak et dans d’autres
lieux ont dramatiquement illustré comment les droits humains peuvent être sacrifiés sur l’autel de la
sécurité. Des centaines de ressortissants étrangers demeurent en détention prolongée sans chef d’accusation
ou procès à Guantánamo Bay, en violation flagrante des normes internationales et des normes
constitutionnelles américaines. Des centaines de personnes soupçonnées de liens avec les talibans ou al
Qaïda demeurent en détention arbitraire prolongée au Pakistan ainsi que dans des centres de détention sous
contrôle américain en Afghanistan. Au nom de la « guerre à la terreur », la Chine a pu opportunément
justifié sa répression dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang contre la minorité ouïghoure
essentiellement musulmane. A la fin de 2004, 11 hommes étaient dans des quartiers de haute sécurité au
Royaume-Uni en vertu du Anti-Terrorism, Crime and Security Act (Loi de 2001 relative à la sécurité et à la
lutte contre la criminalité et le terrorisme). Au Maroc, en Arabie Saoudite, en Tunisie, au Yémen et dans
d’autres pays, des dizaines de personnes ont été arrêtées et détenues arbitrairement en rapport avec des
actes «terroristes» présumés ou soupçonnées d’avoir des liens avec des groupes d’opposition armée. Au
Kenya, les mesures anti-terroristes ont permis la détention de personnes sans procès ou la tenue de procès
qui ne respectaient pas les normes internationales en matière de procès équitables.
AI se félicite des développements intervenus à l’ONU en ce qui concerne la question des droits
humains et de la lutte contre le terrorisme, en particulier la nomination d’un expert en droits humains au
sein du Comité Anti-terroriste du Conseil de Sécurité, et la nomination par la Commission pour un mandat
d’une année, d’un expert indépendant qui devra présenter devant la e6m1e session ses recommandations pour
renforcer la promotion et la protection des droits humains dans le cadre de la lutte contre le terrorisme6 . AI
souscrit totalement à l’analyse du Haut commissaire aux droits de l’homme selon qui il existe «de grosses
lacunes dans l’examen des mesures nationales antiterroristes par les mécanismes de défense des droits de
l’homme des Nations Unies» qui «ne sont pas à même d’examiner de façon globale et intégrée la
compatibilité des mesures nationales antiterroristes avec les obligations internationales relatives aux droits
de l’homme”,7 et réitère son appel à la Commission pour qu’elle établisse un nouveau mécanisme sur la
question des droits humains et de la lutte contre le terrorisme.
Violence contre les femmes
La Campagne pour mettre fin à la violence contre les femmes d’Amnesty International souligne que les
femmes continuent d’être victimes d’actes de violence, en temps de paix comme en temps de guerre,
perpétrés par les autorités, la société ou les familles.
Chaque année dans le monde entier, des millions de femmes et de filles sont violées ou victimes
d’abus sexuels commis par des proches, d’autres hommes, des responsables de la sécurité ou des
combattants armés. On trouve cette violence dans toutes les sociétés du monde et elle ignore les barrières
dressées par les moyens financiers, l’origine ethnique, la culture.
Cette année marque le dixième anniversaire de la Déclaration de Pékin et de la Plateforme d’action
adoptées à la Quatrième conférence mondiale de l’ONU sur les femmes. AI saisit l’occasion pour examiner
les progrès enregistrés dans plusieurs des 12 points de préoccupations critiques de la Plateforme d’action,
notamment la violence contre les femmes, les femmes et les conflits armés, les femmes et la santé et les
droits de la femme.
La violence contre les femmes, en particulier le viol et autres formes de sévices sexuels, s’accroît
lors des conflits armés. Le viol est utilisé comme une arme de guerre pour conquérir, expulser ou contrôler
les femmes et les membres de leur communauté en temps de guerre ou lorsqu’éclate un conflit interne. En ________________________________________
6 Résolution 2004/87 de la Commission, paragraphe 10.
7 Protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste: étude du Haut Commissaire des Nations
Unies aux droits de l’homme (AJ59/428), 8 octobre 2004.
5
tant que forme de torture liée au sexe, le viol est utilisé pour soutirer des informations, pour punir, pour
intimider, pour humilier les femmes et pour les dépouiller de leur dignité. Le viol est parfois utilisé comme
forme de violence collective pour expulser les populations de leurs terres.
La violence contre les femmes constitue une barrière importante qui empêche les femmes de jouir
de leur droit à la santé, en particulier leurs droits à la sexualité et à la reproduction qui sont déjà reconnus
dans les normes internationales relatives aux droits humains et qui s’appuient sur la reconnaissance du droit
de toutes les femmes de contrôler et de décider librement et de manière responsable leur sexualité 8. Le viol
et les autres formes de violence sexuelle contre les femmes peuvent avoir des conséquences dramatiques
sur la santé des femmes. Comme l’a noté le Rapporteur spécial sur le droit de toute personne de jouir du
meilleur état de santé physique et mentale susceptible d’être atteint «le viol et d’autres formes de sévices
sexuels, y compris la grossesse forcée, l’imposition de méthodes contraceptives sans le consentement de
l’intéressée (comme la stérilisation forcée et l’avortement forcé), les mutilations génitales féminines et le
mariage forcé, constituent de graves atteintes à la liberté sexuelle et génésique et sont, par nature,
incompatibles avec le droit à la santé ». 9.
Le manque d’accès à l’ensemble des services de santé et de planning familial peut aggraver l’effet
de la violence contre les femmes. Celles qui tombent enceintes après un viol peut parfois décéder suite à
des complications lors de l’accouchement, bien que ces complications auraient pu facilement être évitées si
des soins appropriés avaient été disponibles.
Conformément aux engagements pris à Pékin pour promouvoir et protéger les droits fondamentaux
des femmes, de nombreux Etats ont ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination à l’égard des femmes, portant à 179 le nombre d’Etat parties à la Convention. Douze Etats
doivent encore le faire: Brunéi Darussalam, les 11es Cook, les 11es Marshall, Nauru, Niue, Oman, Palau, le
Qatar, la Somalie, le Soudan, Tonga et les Etats-Unis (qui l’ont signée mais pas ratifiée). Soixante deux
Etats ont ratifié le Protocole facultatif à la Convention qui est entré en vigueur en 2000 et qui constitue un
moyen direct pour les femmes qui cherchent à obtenir réparation au niveau international pour les atteintes à
leurs droits.
Droits et libertés fondamentaux des réfugiés, demandeurs d’asile, personnes déplacées, migrants et non-nationaux
Les réfugiés, les demandeurs d’asile, les migrants et les non-nationaux qui ont quitté leur lieu d’origine
continuent d’être victimes d’atteintes aux droits humains lors des différentes étapes de leur déplacement.
Les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays sont souvent accueillis dans des
camps immédiatement après un exode en masse. Souvent, ils ne peuvent pas jouir de la plupart de leurs
droits, notamment leurs droits économiques, sociaux et culturels et nombre d’entre eux vivent sans parvenir
à trouver une solution durable ou encore sont contraints d’accepter « les solutions» qu’on leur propose.
Dans de nombreuses situations, les personnes déplacées se voient refuser l’accès à un emploi, à un logis
voire même dans certains cas à une nourriture appropriée et à de l’eau saine. Les femmes, les filles, les
personnes âgées ainsi que les malades sont souvent victimes de discrimination lorsqu’ils tentent d’accéder
aux services de base. La violence liée au genre et au sexe règne souvent dans ce type de camps d’accueil.
Dans certains d’entre eux, de nombreux enfants déplacés n’ont pas accès à l’instruction, en particulier à
l’éducation secondaire ou technique. Amnesty International demande à la e6m1e session de la Commission de
prendre des mesures concrètes pour assurer la protection des droits humains des réfugiés, des demandeurs
d’asile, des migrants et des non-nationaux en recommandant des actions spécifiques dans le cadre de
différentes résolutions appropriées.
________________________________________
8
Plateforme d’action de Pékin, paragraphe 96. 9Rapport du Rapporteur spécial sur le droit de toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale susceptible
d’être atteint (E/CN.4/2004/49), 16 février 2004, paragraphes 24 et 25.
6
Entreprises et droits humains: les normes onusiennes doivent être suivies d’effet
La mondialisation économique a démultiplié la puissance des entreprises. Désormais, les acteurs
économiques puissants peuvent influencer de façon dramatique — pour le meilleur comme pour le pire — les
sociétés dans lesquelles ils évoluent et par conséquent affecter les droits humains de millions de personnes.
Certaines entreprises commettent des atteintes aux droits humains par le biais de leur politique de
recrutement ou par les effets sur les travailleurs, la société et l’environnement de leurs processus de
production. D’autres commettent des atteintes en s’associant à des gouvernements ou des autorités
politiques répressifs ou par le biais de leurs forces de sécurité.
Plusieurs crises et affaires largement médiatisées ont incité d’importantes entreprises à aborder la
question des droits humains dans leur cadre opérationnel et dans celui de leur sphère
d’influence10.Toutefois, les codes et les directives en vigueur n’ont aucune valeur juridique, ne comportent
aucun mécanisme de responsabilisation et, dans la plupart des cas. ne prévoient pas de mécanisme de
vérification ou d’application. A ce jour, ces initiatives volontaires ne sont pas suffisantes pour prévenir les
atteintes aux droits humains perpétrées par les activités des entreprises ou pour exiger que les entreprises
rendent des comptes en matière de respect des droits humains.
Selon des recherches récentes d’AI, les atteintes aux droits humains continuent dans certains pays
depuis de nombreuses années, impliquant parfois les mêmes entreprises comme se fut le cas à Bhopal en
Inde11, dans le delta du Niger12 et au Soudan. 13 Ainsi, par exemple, 20 ans après la catastrophe chimique de
Bhopal, plus de 100 000 personnes continuent de souffrir de maladies chroniques et débilitantes pour
lesquels les traitements se révèlent inefficaces.
Le besoin de normes internationales
Lors de sa 60 ème session la Commission a demandé au bureau du Haut commissaire aux droits de l’homme
(HCDH) de préparer un rapport pour sa 6le session qui présenterait la portée et les statuts juridiques des
initiatives et des normes en vigueur concernant la responsabilité des sociétés transnationales et autres
entreprises en matière de droits humains 14 . AI estime que les Normes des Nations Unies sur les
responsabilités des sociétés transnationales et autres entreprises commerciales en matière des droits de
l’homme 15 constituent la base la plus appropriée à partir de laquelle il sera possible de développer une série
de normes internationales concernant la responsabilité des sociétés transnationales et autres entreprises.
________________________________________
10 Au cours de la dernière décennie, citons la crise qui a affecté le delta du Niger entre des tribus locales et des compagnies
pétrolières, en fait des opérations conjointes entre des compagnies pétrolières internationales et la compagnie pétrolière étatique
nigériane; celle du district spécial d’Aceh en Indonésie et de la Colombie, ou des compagnies pétrolières transnationales sont
opérationnelles; la crise de l’Irian Jaya aujourd’hui West Papua (Papouasie occidentale); la guerre qui dure depuis vingt ans au
Soudan; le rôle controversé du commerce des diamants qui a facilité le transfert de ressources aux groupes d’opposition armée en
Angola, en ROC et en Sierra Leone; le consortium international chargé de la construction d’un oléoduc à travers la Turquie,
l’Azerbaïdjan et la Géorgie; le rôle des compagnie pétrolières au Myanmar.
11 Voir Les nuages de l'injustice. La catastrophe de Bhopal, 20 ans après. Amnesty International (ASA 20/015/2004), novembre
2004.
12 Voir Nigéria. Exploitation pétrolière et droits humains sont-ils compatibles ? Amnesty International (AFR 44/020/2004),
novembre 2004.
13 Voir Soudan: Qui arme les auteurs de graves violations au Darfour? Amnesty International (AFR 54/139/2004), novembre
2004. et Soudan: Le coût humain du pétrole (AFR 4/01/2000), mai 2000.
14 Décision 2004/116 de la Commission, 20 avril 2004.
15 Ces normes ont été approuvées par la Sous-commission pour la promotion et la protection des droits de l’homme lors de sa 55 ème
session en 2003 et transmissent à la Commission. Lors de sa e6m0e session, la Commission, dans sa décision 2004/116, a confirmé
l’importance et la priorité de la question des responsabilités des sociétés transnationales et autres entreprises commerciales en
matière des droits de l’homme et demandé que le HCDH présente à la 61eme session un rapport sur la portée et le statut juridique des
initiatives et des normes en vigueur.
7
Protection des droits humains dans des pays déterminés
L’année dernière, la Commission a décidé par vote de ne prendre «aucune action» concernant la situation
des droits humains en Biélorussie, en Chine et au Zimbabwe. Un projet de résolution sur la situation des
droits humains en Tchétchénie a été énergiquement écarté et il a été mis fin au mandat du Rapporteur
spécial sur l’Irak. AI est vivement préoccupée par l’utilisation abusive des motions de «non action » pour
mettre fin aux discussions sur la situation des droits humains dans des pays déterminés car cela empêche la
Commission d’accomplir sa fonction centrale : la promotion et la protection des droits humains.
Chaque année, plusieurs pays dont la situation en matière de droits de l’homme est qualifiée de
mauvaise, échappent à l’examen minutieux de la Commission. Parmi ces situations «oubliées », il convient
de citer celles dans les pays suivants :
• Zimbabwe: le gouvernement continue de réprimer l’opposition politique et de faire taire ses détracteurs.
De nombreuses atteintes aux droits humains, parmi lesquelles des cas de torture, d’agressions et de
détentions arbitraires, ont été commises par les membres de la police ou de l’armée, par les partisans du
Zimbabwe African National Union - Patriotic Front (ZANU-PF, Union nationale africaine du Zimbabwe —
Front patriotique, le parti au pouvoir) et par les milices de jeunes. Des personnes ont été arrêtées pour avoir
tenu des réunions publiques ou participé à des manifestations pacifiques; des lois ont été promulguées qui
interdisent aux groupes étrangers de défense de droits humains d’opérer au Zimbabwe et qui imposent de
sévères restrictions aux organisations nationales de défense des droits humains. En dépit de cela, depuis
2002, la Commission a décidé de ne prendre «aucune action ».
• Etats-Unis d’Amérique: sur la base navale américaine de Guantánamo Bay, des centaines de personnes
continuent d’être maintenues en détention prolongée, sans mise en examen ni jugement, tandis que des
milliers de personnes sont détenues dans le cadre des opérations militaires et de sécurité américaines en
Irak et en Afghanistan. Des enquêtes ont été ouvertes sur les allégations de torture, de mauvais traitements
et de morts en détention en Irak, en Afghanistan et à Guantánamo Bay: il apparaît que l’administration
américaine a approuvé des techniques d’interrogatoire en violation de la Convention contre la torture. Mais
un projet de résolution sur les détentions arbitraires à Guantánamo Bay a été retiré de l’ordre du jour l’an
dernier.
• Indonésie: les forces de sécurité sont responsables d’exécutions extrajudiciaires, de détentions arbitraires,
de cas de torture, de sévices sexuels et de destruction de biens dans le cadre de la lutte contre le mouvement
indépendantiste armé dans le district spécial de l’Aceh (Nanggroe Aceh Darussalam) et en Papouasie. Dans
ces provinces, les groupes indépendantistes armés sont également responsables d’atteintes aux droits
humains. Ailleurs, au cours de ses opérations, la police a fait un usage excessif de la force qui provoqué
parfois des décès. Des personnes sont emprisonnées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression.
Les atteintes aux droits humains ne font l’objet ni d’enquêtes ni de condamnations. Le moratoire sur la
peine de mort a pris fin en 2004 avec l’exécution de trois personnes. La Commission n’a jamais abordé la
situation des droits humains en Indonésie, sauf dans le cadre de la situation au Timor-Leste.
• Tchétchénie : de graves atteintes aux droits humains, en particulier des cas de torture, de viols et de
mauvais traitements dans les centres de détention sont perpétrées en Tchétchénie. Des femmes tchétchènes
sont prises pour cibles car elles sont soupçonnées de pouvoir commettre des attaques suicides. Les
défenseurs des droits humains sont victimes de harcèlement, plusieurs ont été tués, d’autres ont « disparu ».
Des milliers de personnes déplacées sont toujours en Ingouchie où les autorités exercent sur elles de fortes
pressions pour les contraindre à rentrer en Tchétchénie malgré l’absence de garanties suffisantes quant à
leur sécurité. Durant les trois dernières années, la Commission a refusé d’adopter une résolution sur la
situation des droits humains en Tchétchénie.
• Irak: les forces menées par les Etats-Unis ont commis de graves atteintes aux droits humains, notamment
des homicides illégaux, des cas de torture et de mauvais traitements ainsi que des détention arbitraires, sans
mise en examen ni jugement. Des milliers de civils irakiens ont été tués pendant les combats. Des groupes
8
armés se sont également rendus responsables de graves atteintes aux droits humains, en particulier en
prenant pour cibles des civils, en prenant des otages dont certains ont été exécutés. En août, le nouveau
gouvernement intérimaire a rétabli la peine de mort. Pour la première fois depuis 1991, la Commission n’a
pas adopté une résolution sur la situation des droits humains en Irak lors de la session de l’an dernier.
Colombie
Les parties au conflit armé interne en Colombie, d’un côté les forces de sécurité et les groupes
paramilitaires soutenus par l’armée et de l’autre les groupes d’opposition armée, ont continué de perpétrer
des atteintes systématiques aux droits humains et au droit international humanitaire. Les cas de
«disparitions» et de torture ont augmenté. Les personnes déplacées dans leur propre pays, les paysans, et les
membres de communautés d’origine africaines et indigènes vivant dans les zones de conflit ont figuré
parmi les principales victimes de la violence.
Les militants des droits humains ont été victimes de violations et d’atteintes aux droits humains, en
particulier d’exécutions extrajudiciaires. Des défenseurs des droits humains, des responsables locaux et des
syndicalistes ont été victimes de détentions arbitraires par les forces de sécurité. Certaines des personnes
détenues ont été menacées, voire tuées, après avoir été remises en liberté. Toutes les parties au conflit sont
responsables de viols, de «disparitions» et d’homicides de femmes et de filles.
Les groupes d’opposition armée poursuivent le recrutement d’enfants, l’enlèvement d’otages, le
rapt et l’homicide de civils. Ils ont également continué de tuer des responsables publics suite à une campagne de menaces intitulée «la démission ou la mort » formulées en 2002 à l’encontre de maires, de
conseillers municipaux et de magistrats. Les formations paramilitaires soutenues par l’armée continuent
d’être responsables de la plupart des homicides commis hors des accrochages armés. Dans l’ensemble du
pays, plus de 1 800 homicides ou «disparitions » ont été attribués de manière crédible aux paramilitaires, en
dépit du cessez-le-feu autoproclamé entré en vigueur en décembre 2002.
Les atteintes aux droits humains perpétrées par les forces de sécurité conjointement avec les
paramilitaires n’ont fait ni l’objet d’enquêtes par le gouvernement ni de condamnations, à l’exception de
quelques rares cas. Le gouvernement colombien s’est engagé publiquement à mettre en œuvre les
recommandations du Haut commissaire des droits de l’homme, en signant la Déclaration de Londres de
juillet 2003 16 et en acceptant la déclaration de la présidence de la 6oeme session de la Commission des
droits de l'homme 17 .
République démocratique du Congo
L’autorité du gouvernement central demeure faible voire inexistante dans plusieurs régions de l’est de la
RDC, qui sont surtout sous le contrôle de groupes politiques armés. L’Ouganda et le Rwanda continuent
d’apporter leur soutien à ces groupes armés, en violation des accords de paix. L’embargo sur les armes,
imposé par les Nations Unies en juillet 2003 et surveillé par la Mission de l’Organisation des Nations Unies
en République Démocratique du Congo (MONUC), n’a été que partiellement efficace. En juillet 2004, le
________________________ 16 Le 10 juillet 2003, les représentants des gouvernements argentin, brésilien, chilien, colombien, japonais, mexicain, norvégien,
suisse, américain, de l’Union européenne, de la Commission européenne, des Nations Unies et de leurs différentes agences, de la
Corporation andine pour le développement, de la Banque interaméricaine de développement, du Fond monétaire international et de
la Banque mondiale, réunis à Londres pour la rencontre internationale sur la Colombie afin de discuter de la situation dans le pays,
ont signé la Déclaration de Londres. Les signataires ont «noté avec satisfaction l’engagement du gouvernement colombien pour
mettre en œuvre les recommandations du Haut commissaire aux droits de l’homme », « exhorté le gouvernement colombien de
mettre en œuvre ses recommandations promptement et de prendre des mesures effectives contre l’impunité et la collusion en
particulier contre les groupes paramilitaires ».
17 Déclaration de la présidence sur la situation des droits de l’homme en Colombie (E/CN.4/2004/Future.5), 21 avril 2004.
9
Groupe d’experts nommés par ONU18 a rapporté que les groupes armés dans l’est de la RDC recevaient
une assistance directe ou indirecte, notamment la livraison d’armes et de munitions, en provenance des
pays limitrophes et en violation de l’embargo.
Les groupes armés et les milices ont continué de perpétrer de graves atteintes aux droits humains
contre les civils dans les provinces du Nord Kivu, du Sud Kivu, de Maniema, Orientale (en particulier dans
le district d’Ituri), du Kasaï Oriental et au Katanga. L’insécurité, les tensions ethniques et les graves
atteintes aux droits humains persistent dans ces régions, en particulier les homicides illégaux, les viols
commis sur une grande échelle, les cas de torture et la poursuite du recrutement et de l’utilisation d’enfants
soldats.
Pendant le conflit armé dans l’est de la RDC, des dizaines de milliers de femmes et de filles ont été
systématiquement violées et sexuellement agressées par les forces combattantes : la majorité d’entre elles
ont été violées à plusieurs reprises ou victimes de viols collectifs. La plupart des femmes victimes
d’atteintes aux droits humains se voient refuser l’accès aux soins de santé. A ce jour, le gouvernement de
transition s’est montré peu enclin à traiter la question des souffrances endurées par les populations civiles,
traumatisées et affaiblies par des années de guerre, ou à faire évoluer la situation des droits humains. Les
groupes armés continuent de recruter et d’utiliser les enfants soldats. Dans certains cas, d’anciens enfants
soldats, aidés par des ONG locales dans l’est de la RDC, ont de nouveau été recrutés de force.
Israël/Territoires occupés
Les homicides de Palestiniens, en particulier d’enfants, perpétrés par l’armée israélienne, sont en
augmentation. En 2004, les soldats israéliens ont tué quelque 700 Palestiniens, dont plus de 150 enfants.
Les forces israéliennes ont également exécuté de manière extrajudiciaire des dizaines de membres et de
dirigeants du Ramas et d’autres groupes palestiniens, tuant ou blessant fréquemment de simples passants.
Les attaques perpétrées par des groupes armés palestiniens ont fait plus de 100 morts du coté israélien, pour
la plupart des civils, dont huit enfants.
Bien que la destruction d’habitations, de terrains et de biens palestiniens dans les Territoires
occupés par les forces israéliennes ait lieu de manière routinière, en 2004 on a assisté à la plus importante
vague de destructions d’habitations dans la bande de Gaza de ces dernières années. En tant que force
occupante, Israël a continué d’ignorer ses responsabilités en vertu de la Quatrième convention de Genève
relative à la protection des civils en temps de guerre et ses obligations au regard des traités relatifs à la
protection des droits humains dont il est partie.
L’existence de plus de 100 colonies dans les Territoires occupés s’est soldée par des atteintes aux
droits humains de la population palestinienne sur une grande échelle. Ces colonies privent les Palestiniens
de ressources vitales, telles la terre et l’eau qui font que les Palestiniens souffrent de discrimination sans
possibilité d’utiliser ou d’accéder à leurs terres ou à celles de leurs voisins.
Les restrictions à l’encontre des Palestiniens sont souvent renforcées en représailles à des attaques
suicides ou d’autres attaques perpétrées par des groupes armés palestiniens. En Cisjordanie, Israël continue
de construire le mur/clôture de séparation d’une longueur de 600 Km qui encercle et coupent les villes et
villages palestiniens. Cette construction a été déclarée illégale par la Cour internationale de Justice (CIJ) en
juillet19. A cause du mur/clôture, les paysans n’ont plus accès à leurs terres, les Palestiniens sont
_____________________________
18 Etabli suite à la résolution 1533 du Conseil de sécurité(S/RES/1533), 12 mars 2004.
19 Le 9 juillet 2004 la CIJ a conclu que la du mur/clôture dans et autour de Jérusalem-Est violait le droit international humanitaire et
le droit international relatif aux droits humains et qu’ «Israël a également une obligation de mettre un terme à la violation de ses
obligations internationales découlant de la construction du mur dans les Territoires palestiniens occupés” et souligné que “... dans la
mesure du possible, les réparations doivent effacer toutes les conséquences de cet acte illégal
10
cantonnés dans des enclaves et leur accès à leurs lieux de travail, aux services de santé, aux établissements
d’éducation et autres services essentiels est sévèrement restreint.
Népal
La situation des droits humains s’est sérieusement dégradée avec une augmentation des atteintes aux droits
fondamentaux perpétrées par les deux camps. Les arrestations arbitraires ou illégales ainsi que les cas de
torture de prisonniers sont largement répandus. Dans la deuxième moitié de 2004, on a signalé une
augmentation des exécutions extrajudiciaires. Le Parti communiste népalais (PCN) maoïste est responsable
de l’enlèvement d’écoliers, d’enseignants et de travailleurs pour les contraindre à suivre des cours
d’endoctrinement politique ou pour les torturer afin de les obliger à obéir à leurs instructions. Les
défenseurs des droits humains ont également été les cibles d’attaques par le PCN. Les femmes sont
victimes de violence, de sévices sexuels et de discrimination.
L’impunité dont bénéficient les auteurs des atteintes aux droits humains est un facteur déterminant
qui alimente la crise des droits humains dans le pays. Le gouvernement et l’armée refusent d’ouvrir des
enquêtes sur les atteintes commises par les forces de sécurité qui régulièrement arrêtent et détiennents
illégalement des suspects et qui nuisent au processus judiciaire, en particulier en ce qui concerne les
dispositions relatives à l’examen de la validité des arrestations (Habeas Corpus). Les employés de la
Commission nationale des droits de l’homme (NHRC) se sont vus refuser l’accès aux lieux de détention en
violation de leur mandat établi conformément à la Loi sur la Commission des droits de l’homme. Les
conlusions de la NHCR sont largement ignorées par le gouvernement.
En juillet 2004, huit experts indépendants de la Commission ont publié une déclaration commune
dans laquelle ils font part de leurs préoccupations concernant la situation des droits humains et demandant
au gouvernement népalais de mettre en œuvre les Engagements du 26 mars 20 . Le Groupe de travail des
Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires s’est rendu au Népal en décembre 2004 et le
Haut commissaire aux droits de l’homme devait y effectuer une visite en janvier 2005.
Toutefois, en raison de l’importance de la crise des droits humains et du niveau de l’impunité au
Népal, AI estime urgent que la communauté internationale engage une action plus globale et mieux
coordonnée. Il est essentiel que la Commission reconnaise l’étendue des atteintes aux droits humains au
Népal, qu’elle demande au gouvernement et au PCN de mettre fin aux atteintes aux droits humains et à
l’impunité et qu’elle prenne des initiatives fortes pour remédier immédiatement et positivement à la
situation des droits humains au Népal.
Soudan
Le 9janvier un accord de paix global a été signé entre le gouvernement soudanais et le Mouvement
populaire de libération du Soudan (MPLS). Une paix basée sur les droits humains est le seul moyen de
mettre fin au conflit au Darfour ainsi qu’à ceux dans le nord et le sud du pays, conflits qui ont détruit les
vies de tant de personnes.
Les accords humanitaires et de sécurité, signés le 9 novembre 2004, ont été violés dès le départ.
Les milices Janjawid, qui dans leur majorité sont incorporées dans les Popular Defence Forces (PDF —
Forces de défense populaires — FDP), soutenues par le gouvernement, continuent d’attaquer les villages, de
tuer leurs habitants, d’incendier les maisons et de se livrer au pillage. Le mouvement rebelle a également
mené des attaques, en particulier sur des convois humanitaires, enlevé et tué des civils.
_______________________________ 20 La déclaration a été signée par les Rapporteurs spéciaux sur la torture, la violence contre les femmes, les exécutions
extrajudiciaires. sommaires et arbitraires, l’indépendance des juges et des avocats la promotion et la protection du droit à la liberté
d’opinion et d'expression ainsi que par le Représentant spécial du Secrétaire général, la Présidence du groupe de travail sur les
disparitions forcées ou involontaires, et le Président-Rapporteur du Groupe de travail sur la détention arbitraire.
11
AI estime que le viol a souvent été utilisé comme une arme de guerre pour punir et humilier les
populations. Les agences de l’ONU ont signalé des cas de viols collectifs d’écolières lors d’une attaque sur Tawila en février 2004. Après chaque attaque et chaque contre-attaque, des dizaines de milliers de
personnes en milieu rural, qui sont souvent déjà déplacées, fuient la zone de combats et affluent dans les
camps surpeuplés. Il y a plus de deux millions de personnes touchés par le conflit ou déplacées en raison du
conflit, des dizaines de milliers de personnes ont été tuées et de nombreuses autres meurent en raison des
maladies liées au conflit.
La liberté de la presse continue de faire l’objet de mesures restrictives dans le nord du Soudan et
les défenseurs des droits humains qui ont des liens avec le Darfour sont souvent pris pour cibles. On signale
fréquemment des cas de torture et au moins trois personnes sont mortes en détention dans des circonstances
qui semblent indiquer que les tortures infligées sont la cause de leur décès. A Khartoum, des hommes et
des femmes continuent d’être présentés devant des tribunaux chargés de l’ordre public et condamnés à des
peines de flagellations pour diverses infractions comme des rapports sexuels illégaux, des violations du
code vestimentaire, de la vente d’alcool ou de thé sans licence.
Turkménistan
La situation des droits humains au Turkménistan est profondément préoccupante. Les droits civils et
politiques sont systématiquement bafoués. Les responsables de cas de torture bénéficient de l’impunité et
d’un système judiciaire fondamentalement défectueux. Les conditions dans les prisons sont désastreuses.
Les minorités ethniques continuent d’être victimes de discrimination, à l’occasion par exemple de leur mise
à pied professionnelle. Les enfants continuent d’être utilisés comme main d’œuvre lors de la récolte du
coton.
Il n’existe pas de partis politiques indépendants au Turkménistan et tous les médias sont contrôlés
par l’Etat. Les pressions se sont accrues sur les militants de la société civile et un correspondant de Radio
Liberty a été contraint à l’exil en 2003 et 2004. Les objecteurs de conscience continuaient d’être
emprisonnés et les minorités religieuses, même celles reconnues officiellement, faisaient toujours l’objet de
manœuvres de harcèlement. Après un procès inéquitable, Mufti Nasrullah ibn Ibadullah a été condamné à
22 ans d’emprisonnement pour trahison et pour sa participation dans la tentative d’assassinat dont aurait été
victime le président Niyazov en 2002. En mai 2004, il aurait été battu par des officiers du ministère de
l’Intérieur dans la prison de haute sécurité de Turkmenbashi.
En général, les experts chargés de la surveillance des droits humains et les journalistes étrangers se
voient régulièrement refuser l’accès au pays. Par exemple le rapporteur sur le Turkménistan nommé par
l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui était chargé d’examiner les
préoccupations en matière des droits humains à propos des enquêtes menées par les autorités turkmènes
après la tentative d’assassinat de 2002, n’a pas été autorisé à se rendre sur place en 2003. Aucune des
Procédures spéciales de la Commission n’a pu effectuer de mission dans le pays. Les personnes
emprisonnées après des procès inéquitables en rapport avec la tentative d’assassinat dont aurait été victime
le chef de I’ Etat sont toujours en détention.
Travaux normatifs
Parmi les différents travaux normatifs en cours à la Commission, Amnesty International suit avec un intérêt
particulier ceux du Groupe de travail intersessions à composition non limitée sur le projet de Déclaration
des droits des peuples indigènes, du Groupe de travail intersessions mandaté pour la rédaction
d’instruments juridiquement contraignant sur les disparitions forcées, le Groupe de travail qui examine la
possibilité de rédiger un protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux
et culturels (PIRDESC) et le travail en vue de finaliser « les principes et directives fondamentaux
concernant le droit à réparation des victimes de violations graves des droits de l’homme et du droit
international humanitaire ».
12
Projet de Déclaration sur les droits des peuples indigènes
Dans le monde, les peuples indigènes continuent d’être victimes de discrimination, de paupérisation et de
maladies sur une grande échelle. Les peuples indigènes sont régulièrement exclus du processus de prise de
décisions pourtant vital à leur bien-être et à la survie de leur mode de vie unique. Les expropriations et
spoliations discriminatoires et illégales de leurs terres et de leurs ressources ont souvent contribué à nuire
gravement à la santé et à la survie des peuples indigènes et à miner les bases de leur particularisme culturel
Souvent, les responsables des atteintes aux droits humains des peuples indigènes bénéficient de l’impunité
et le mal infligé reste impuni pendant des générations.
L’étendue des atteintes aux droits fondamentaux des peuples indigènes met en lumière les
faiblesses de la Décennie internationale des peuples autochtones. Un projet de Déclaration sur les droits des
peuples indigènes a été élaboré par un groupe de travail de la Sous-commission pour la prévention de la
discrimination et la protection des minorités 21 «affirmant que les peuples autochtones sont égaux à tous les
autres peuples en dignité et en droits, tout en reconnaissant le droit de tous les peuples à être différents, à
s’estimer différents et à être respectés en tant que tels ».Toutefois, depuis dix ans, peu de progrès ont été
enregistrés en vue de l’adoption d’une telle Déclaration, ce qui constitue un motif d’inquiétude concernant
l’engagement de la communauté internationale à reconnaître et protéger les droits des peuples indigènes.
Cependant, la dernière réunion22 du groupe de travail intersessions à composition non limitée sur le projet
de Déclaration des droits des peuples indigènes23 a été marquée par des progrès dans le dialogue et la
coopération entre les Etats et les représentants des peuples indigènes. Avec le temps et la poursuite de
discussions fructueuses, il sera possible de parvenir à un consensus sur une Déclaration forte et effective.
Rédaction d’un instrument juridiquement contraignant pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées
La résolution 2001/43 de la Commission a établi un Groupe de travail en vue de rédiger « un instrument
juridiquement contraignant pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées ». Lors
de sa troisème session officielle, le groupe de travail a présenté un projet de texte qui établit un nouveau
type d’infraction criminelle et promulgue un droit spécifique à ne pas être soumis à une disparition forcée.
Des progrès positifs ont été enregistrés lors de cette session, en particulier sur la nature et les fonctions du
groupe d’experts chargés de la surveillance de l’application de cet instrument, ainsi que sur les dispositions
pour faire passer sous la juridiction criminelle les disparitions forcées et celles relatives aux poursuites
pénales envisagées.
Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels
En dépit de la reconnaissance internationale de l’indivisibilité de tous les droits humains, si le système de
protection des droits humains des Nations Unies admet bien les plaintes de particuliers pour les atteintes
commises en vertu des dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIRDCP),
en revanche il ne l’admet pas pour les atteintes commises en vertu du Pacte international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels (PIRDESC). Cette disparité flagrante devrait être comblée avec
l’adoption d’un protocole facultatif au PIRDESC.
_____________________ 21 Connue aujourd’hui sous le nom de Sous-commission pour la protection et la promotion des droits de l’homme. 22 Dixième session du Groupe de travail, 13-24 septembre et 29 novembre-3 décembre, Genève.
23 Conformément à la résolution 1995/32, le Groupe de travail a été établi pour examiner le texte soumis par la Sous-commission et
pour élaborer un projet de déclaration en vue de son examen et de son adoption par l’Assemblée générale dans le cadre de la
Décennie internationale des peuples autochtones (1995-2004).
13
Lors de la deuxième réunion du groupe de travail chargé d’examiner «les options relatives à l’élaboration
d’un protocole facultatif au PIRDESC », établi par la résolution 2002/24 de la Commission, AI a noté avec
satisfaction qu’une vaste majorité des Etats présents a exprimé son soutien à un protocole facultatif qui
permettrait l’examen des communications émanant de particuliers s’estimant victimes de violations des
droits garantis par le pacte. Le groupe de travail présentera un rapport à la 6l ème session de la Commission
qui demande au Rapporteur et président du Groupe de présenter un document sur « les éléments en faveur
d’un protocole facultatif pour faciliter une discussion plus concentrée lors de la troisième session du groupe
de travail ». AI s’est engagé à travailler pour faire appliquer les droits économiques, sociaux et culturels et
estime que l’adoption d’un protocole facultatif est une étape essentielle pour permettre aux victimes de
violations des droits économiques, sociaux et culturels, d’obtenir réparation au niveau international.
Principes et directives fondamentaux concernant le droit à réparation des victimes de violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire
En 1996, un nouveau projet de principes et directives fondamentaux, préparé par M. van Boven, a été
présenté à la Commission. Celle-ci a nommé, en 1998, M. Cherif Bassiouni comme expert indépendant
pour préparer une nouvelle version du projet de principes et directives fondamentaux24 qui a été présentée à
la Commission en 2000.
Depuis lors, plusieurs réunions consultatives ont eu lieu sur les principes et directives
fondamentaux. Amnesty International se félicite de l’émergence d’un texte consensuel, après un processus
qui aura duré plus de 15 ans, et estime que les principes et directives fondamentaux constituent un outil
important pour développer les normes internationales sur le droit à réparation des victimes de violations
graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire.
_______________________________
24 Résolution 1998/43 de la Commission
14
Annexe
On trouvera ci-dessous les recommandations en matière de terminologie qu’Amnesty International souhaite
voir maintenue ou incluse dans les résolutions, les décisions et les déclarations de la présidence qui seront
vraisemblablement adoptées lors de la 6l ème session de la Commission des droits de l’homme. Pour plus
d’informations, vous pouvez consulter le document complet intitulé «2005 U1’/ Commission on Human
Rights: The UN’s chief guardian of human rights ?» (Index AI: IOR 41/001/2005).
Interdiction absolue de la torture
Amnesty International demande à la Commission des droits de l’homme d’adopter une résolution
globale et progressive sur l’interdiction de la torture et des mauvais traitements qui :
Réaffirme sans équivoque l’interdiction absolue de la torture et des mauvais traitements;
Rappelle aux Etats que les déclarations et autres témoignages obtenus à la suite de torture ou de
mauvais traitements ne seront pas invoqués lors d’éventuelles procédures, sauf contre les
personnes accusées de torture et de mauvais traitements;
Réaffirme que les Etats n’ont pas le droit d’expulser, de renvoyer ou d’extrader dans un autre pays
une personne pour laquelle il existe des motifs sérieux de penser qu’elle risque d’être soumise à la
torture ou victime de mauvais traitements.
De plus, AI demande aux Etats membres de profiter de chaque occasion qui se présentera lors de la
61 ème session de la Commission pour condamner sans réserve la torture et les mauvais traitements, pour
s’engager à mettre en œuvre le programme en 12 points de prévention de la torture et pour prendre les
mesures suivantes:
Ratifier sans réserve la Convention contre la torture et faire la déclaration en vertu des articles 21
et22;
Retirer toute les réserves concernant la Convention contre la torture (y compris les déclarations
faites en vertu de l’article 28);
Appliquer la totalité des dispositions de la Convention contre la torture et respecter les obligations
de présenter des rapports prévues par la Convention;
Appliquer les observations finales et les remarques du Comité contre la torture;
Ratifier le Protocole facultatif de la Convention contre la torture;
Coopérer pleinement avec le Rapporteur spécial sur la torture, en particulier en répondant
favorablement aux requêtes de visite formulées par le Rapporteur spécial, en répondant
complètement aux correspondances de routine comme aux correspondances urgentes, en mettant
en œuvre les recommandations générales et relatives à chaque pays et en fournissant des
informations concernant le suivi.
Abolition de la peine de mort
Amnesty International demande à la Commission des droits de l’homme d’adopter une résolution
sur la question de la peine de mort qui réitère l’ensemble des dispositions importantes sur le sujet
contenues dans les résolutions précédentes de la Commission tout en:
Affirmant que la peine de mort constitue une violation des droits humains, en particulier du droit à
la vie et du droit à ne pas être soumis à la torture ou à des traitements cruels, inhumains ou
dégradants qui font partie intégrante de la Déclaration universelle des droits de l’Homme ainsi que
des autres instruments
15
régionaux et internationaux de protection des droits humains; 25
Rappelant les résolutions du Conseil économique et social concernant les Garanties de 1984 qui
protègent les droits de ceux qui risquent la peine de mort, à savoir les résolutions de l’ECOSOC
1989/64 du 24 mai 1989 et 1996/15 du 23 juillet 1996 26;
Se félicitant des efforts accomplis par les différents secteurs de la société civile aux niveaux
national et international en vue d’abolir la peine de mort27;
Se félicitant du septième rapport quinquénal du Secrétaire général sur la peine capitale et la mise
en œuvre des garanties en vue de protéger les droits des personnes condamnées à la peine de mort
et faisant référence à ses conclusions;
Demandant au Secrétaire général de continuer à soumettre un supplément annuel à son rapport
quinquénal pour la prochaine session de la Commission des droits de l’homme;
Décidant que la Commission abordera la question lors de sa 62 ème session en 2006.
Droits humains et lutte contre le terrorisme
Amnesty International demande à la Commission des droits de l’homme d’inclure dans ses
résolutions sur « La protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales pendant la lutte
contre le terrorisme» des dispositions qui:
Exhortent les Etats à veiller à ce que les mesures de lutte contre le terrorisme qu’ils prennent soient
en tout point conformes à leurs obligations en matière de droit international et respectent les droits
humains, en particulier l’interdiction absolue de la torture et autres traitements ou punitions cruels,
inhumains ou dégradants;
Continuent à moderniser le mandat sur les effets des mesures anti-terroristes, établi par la
Commission en 2004, pour inclure un Rapporteur spécial dont la mission serait de surveiller et
d’analyser l’impact sur les droits humains des dispositions prises par les Etats pour combattre le
terrorisme;
Demandent l’attribution des ressources et du soutien nécessaires pour permettre à ce nouveau
mandat de fonctionner de manière efficace, en particulier en lui permettant d’entrer en relation
avec le Comité anti-terroriste et son bureau exécutif situé à New York;
Appuient les demandes des Procédures spéciales, formulées le 25 juin 2004, d’être autorisées à
rendre visite aux prisonniers de Guantánamo, en Afghanistan et en Irak, et exhortent les Etats
concernés de coopérer complètement et effectivement avec les Procédures spéciales pour organiser
leur visite le plus tôt possible;
Assurent la protection des droits humains des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants
dans le cadre des opérations de lutte «anti-terroristes » menées par les Etats, en particulier le
respect total du principe de non refoulement;
Comportent une référence à l’Observation générale N°29 du Comité des droits de l’homme28 dans
la partie clef de la résolution, en soulignant l’importance des dédommagements en cas de
violations des dispositions du PIRDCP;
________________________
25 La peine de mort est de plus en plus reconnue comme une violation des droits humains. Le Comité des droits de l’homme a
déclaré que «toutes les mesures en faveur de l’abolition doivent être considérées comme des progrès en vue de la jouissance du droit
à la vie» (Observations générales n°6 sur l’article 6 du PIRDCP, paragraphe 6). Plusieurs juridictions constitutionnelles nationales
ont affirmé que la peine de mort constitue une violation du droit à la vie et/ou du droit à ne pas être soumis â des traitements ou des
punitions cruels, inhumains ou dégradants.
26 Les résolutions 1989/64 et 1996/15 de l’ECOSOC contiennent des dispositions importantes concernant l’application des Garanties
de 1984. Elles recommandent par exemple que la peine de mort soit abolie pour «les personnes souffrant de déficience mentale ou
dont les compétences mentales sont extrêmement limitées» et demandent le respect des normes onusiennes appropriées pour les cas
de peine de mort.
27 Parmi les efforts récents, citons le Deuxième congrès mondial contre la peine de mort à Montréal en octobre 2004 et la Journée
internationale contre la peine de mort le 10 octobre par la Coalition mondiale contre la peine de mort.
28 Observation générale N°29 sur l’état d’urgence (article 4) du Comité des droits de I ‘homme (CCPR’C/2 1/Rev. 1/Add. 11),
31août2001.
16
Renforcent le langage utilisé dans le «Digest of Jurisprudence of the UN and regional
organisations on the protection of human rights while countering terrorism» (Condensé de la
jurisprudence de l’ONU et des organisations régionales sur la protection des droits humains dans le
cadre de la lutte anti-terroriste), élaboré par le Haut commissaire aux droits de l’homme et
demandent aux Etats de le distribuer aux autorités judiciaires et aux responsables de l’application
des lois appropriées.
Violence contre les femmes
Amnesty International demande à la Commission des droits de l’homme d’adopter une résolution
efficace sur l’élimination de la violence contre les femmes qui réaffirme et renforce les engagements
pris à Pékin et qui:
Demande aux Etats de prendre des mesures concrètes, en particulier par le biais de la mise en
application des plans d’action nationaux, accompagné de ressources financières spécifiques aux
programmes de lutte contre les violences faites aux femmes, afin de mettre fin aux discriminations
et aux violences contre les femmes, en particulier le viol et autres formes de violence sexuelle
Exhorte les Etats à diligenter des enquêtes impartiales sur toutes les allégations de violence contre
les femmes, en particulier le viol et autres formes de violence sexuelle, et de traduire en justice les
responsables de ces violences, dans le respect des normes internationales en matière de procès
équitables;
Exhorte les gouvernements à agir avec la diligence voulue pour prévenir les actes de violence à
l’égard des femmes, pour enquêter sur ces actes et pour les punir conformément à la législation
nationale, en particulier en promulguant, renforçant ou amendant la législation nationale afin de
mettre fin à la discrimination à l’égard des femmes et de protéger leurs droits et libertés
fondamentaux conformément aux normes internationales appropriées;
Exhorte toutes les parties à un conflit de prendre des mesures concrètes pour protéger les droits et
libertés fondamentaux des femmes en accord avec le droit international humanitaire et le droit
international relatif aux droits humains et par le biais de l’application sans réserve des dispositions
de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité;
Veille à ce que les victimes de viols et autres formes de violence sexuelles contre les femmes aient
accès à l’ensemble des services de santé et de planning familial en toute confidentialité;
Veille à ce que les femmes et les filles réfugiées, déplacées ou demandeuses d’asile, en particulier
celles qui vivent dans des camps, soient protégées contre toute forme de violence sexuelle et de
violence liée à leur sexe;
Promeut et protège les droits à la sexualité et à la reproduction des femmes, en particulier leur droit
de contrôler et de décider librement et de manière responsable leur sexualité sans discrimination,
coercition ou violence;
Exhorte les Etats qui ne l’ont pas encore fait, de ratifier et de mettre en œuvre la Convention sur
l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, ses Protocoles
facultatifs, le Statut de Rome portant création de la Cour pénale internationale et les normes
régionales appropriées;
Exhorte tous les Etats parties à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination à l’égard des femmes de retirer les réserves incompatibles avec l’esprit et la lettre
de la Convention;
Demande à tous les Etats d’apporter leur soutien au travail de la Rapporteuse spéciale sur la
violence contre les femmes, en particulier sa proposition de développer des indicateurs pour
évaluer la violence contre les femmes et la responsabilisation des Etats pour l’éradiquer;
Encourage toutes les Procédures spéciales de la Commission à payer une attention particulière aux
violations des droits humains liées au sexe dans le cadre de leur mandat propre et de reproduire
cette préoccupation dans leurs rapports et recommandations;
17
Encourage tous les Etats, les organes des Nations Unies et les Organisations non gouvernementales
(ONG) à contribuer à l’examen engagé par le Secrétaire général de la violence contre les femmes
tel qu’il a été décidé à la 58ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Droits et libertés fondamentaux des réfugiés, demandeurs d’asile, personnes déplacées, migrants et non-nationaux
Amnesty International demande à la Commission des droits de l’homme de:
S’efforcer de veiller au respect et à la protection effectifs des droits et libertés fondamentaux des
réfugiés, demandeurs d’asile, personnes déplacées, migrants et non-nationaux;
Veiller à ce que les droits et libertés fondamentaux des réfugiés, demandeurs d’asile, personnes
déplacées, migrants et non-nationaux soient évoqués dans toutes les résolutions appropriées de la
Commission;
D’inclure dans sa résolution annuelle sur la détention arbitraire une terminologie qui:
o Encourage les Etats, entre autres, à éviter la détention arbitraire et/ou pour une période
indéfinie de réfugiés et de demandeurs d’asile et de chercher à s’assurer à ce que la
détention de ces personnes soit conforme aux normes et aux principes juridiques
internationaux;
o Encourage les Etats à veiller à ce que la détention de réfugiés ou de demandeurs d’asile
soit soumise à une révision judiciaire périodique qui détermine la nécessité ou non de la
poursuite de la détention et qui offre une occasion réelle au réfugié, au demandeur d’asile
ou à son représentant de réfuter les éléments d’appréciation;
o Veille à ce que les rapports analytiques et les annexes thématiques sur les mesures prises
pour mettre en œuvre la résolution 2003/52 et les obstacles rencontrés dans sa mise en
œuvre soient pris en considération lors des délibérations de la Commission et qu’un suivi
efficace soit institué.
Entreprises et droits humains: Les normes onusiennes doivent être suivies d’effet
Amnesty International demande à la Commission des droits de l’homme d’adopter une résolution
sur les entreprises et les droits humains qui:
Veille à ce que la question de la responsabilité des entreprises en matière de droits humains
demeure sur l’agenda de la Commission et s’appuie sur les normes onusiennes et le travail de la
Sous-commission pour la promotion et la protection des droits de l’homme;
Veille à la poursuite du processus de consultations initié par la Commission en 2004. Ce processus
devrait être mené par le HCR et s’appuyer sur les normes onusiennes ;
Veille à ce que ce processus de consultation soit ouvert à tous les parties prenantes nationales, en
particulier les syndicats, le milieu des affaires. les gouvernements, les agences de l’ONU et la
société civile, y compris les victimes ou les représentants des victimes de violations de leurs droits
et libertés fondamentaux qui auraient été commises par des entreprises;
• Demande la nomination d’un conseiller spécial auprès du Secrétaire général chargé de la question
« entreprises et droits humains », sur la recommandation du Haut commissaire aux droits de
l’homme, pour examiner certaines questions clefs comme «la sphère d’influence» et la «
complicité », pour faire des suggestions sur le processus de consultation et pour proposer des
options en vue de renforcer les normes;
• Décide d’examiner chaque année, à compter de 2006, les progrès réalisés dans le renforcement
des normes sur la responsabilité des sociétés transnationales et autres entreprises en matière de
droits et libertés fondamentaux et les moyens éventuels pour mettre en œuvre ces normes.
18
Protection des droits humains dans des pays déterminés
Trop souvent la Commission des droits de l’homme reste silencieuse sur certaines situations marquées par
des atteintes flagrantes et systématiques aux droits humains. Chaque fois que des membres de la
Commission empêchent celle-ci d’agir en accord avec son mandat pour promouvoir et protéger les droits et
libertés fondamentaux — quel que soit le lieu où ces atteintes surviennent et quel qu’en soit le responsable — ils
minent encore un peu plus sa pertinence et sa crédibilité. Il est temps qu’un nombre croissant de membres
de la Commission démontrent leur attachement à promouvoir globalement le respect des droits humains. Ils
doivent le faire en examinant les atteintes aux droits et libertés fondamentaux où qu’elles surviennent et
quel qu’en soit le responsable.
Trop souvent, la Commission ignore les conclusions de ses propres mécanismes de surveillance du
respect des droits humains, y compris de ses experts thématiques et par pays et n’apporte pas son soutien
aux recommandations traitant des violations des droits humains qui constituent une pratique bien établie. Il
en est de même pour les recommandations des organes de surveillance des traités, qui apportent également
des analyses et des conclusions critiques qui devraient permettre à la Commission de formuler des
décisions éclairées. Le résultat est que les responsables des atteintes aux droits et libertés fondamentaux
peuvent continuer d’opérer en toute impunité. Amnesty International exhorte tous les gouvernements à:
Etablir des mécanismes objectifs et transparents pour surveiller la situation des droits humains
dans des pays déterminés, en prenant en compte les recommandations des Procédures spéciales et
des organes de surveillance des traités;
Créer un système efficace de surveillance et d’évaluation de la mise en œuvre par les
gouvernements des recommandations formulées par la Commission et par les Procédures spéciales,
afin d’accroître la responsabilisation des Etats;
Apporter son soutien au travail des Procédures spéciales en répondant rapidement et complètement
à leurs communications, en mettant en œuvre leurs recommandations, en répondant favorablement
à leurs requêtes de visite et en facilitant sans délai toute demande de visite;
Renouveler les mandats thématiques et géographiques des Procédures spéciales dans le cas où ces
mandats sont sur le point d’arriver à expiration et demander aux Etats de nommer les candidats
qualifiés, en particulier des femmes.
A l’occasion de la 6lème session de la Commission, AI souhaite présenter plusieurs recommandations
précises concernant les six pays suivants dont la Commission a été saisie afin de prendre des mesures
appropriées: La Colombie, la République démocratique du Congo, Israël et les Territoires occupés, le
Népal, le Soudan et le Turkménistan. Toutefois, les préoccupations d’AI concernant la situation des droits
humains dans des pays déterminés vont au-delà de ces six pays comme le démontrent amplement le rapport
annuel et les autres publications de l’organisation.
Colombie
Amnesty International demande à la Commission des droits de l’homme d’adopter une résolution
sur la situation des droits humains en Colombie qui:
Reconnaît que. même si selon certains indicateurs, le niveau de la violence politique a baissé dans
le pays, la situation des droits humains en Colombie continue d’être très préoccupante;
Condamne les atteintes sérieuses et répandues du droit international humanitaire et du droit
international relatif aux droits humains par toutes les parties au conflit, en particulier les forces
armées, les groupes paramilitaires et les groupes d’opposition armé, et demande que les
responsables de ces atteintes soient traduits en justice;
Exprime sa préoccupation concernant les politiques gouvernementales qui peuvent déboucher sur
l’impunité pour les responsables des atteintes aux droits et libertés fondamentaux, y compris celles
19
concernant la démobilisation des groupes armés illégaux sans respecter le droit des victimes à la
vérité, la justice et la réparation ainsi que celles débouchant sur un accroissement du recours aux
tribunaux militaires pour examiner les affaires d’atteintes aux droits et libertés fondamentaux;
Demande au gouvernement de veiller à la mise en œuvre complète et rapide des recommandations
contenues dans le rapport du Haut commissaire aux droits de l’homme, conformément à ses
engagements pris lors de la Déclaration de Londres de juillet 2003 et par le biais d’un calendrier et
d’un plan d’action;
Demande des garanties pour assurer la sécurité des défenseurs des droits humains et autres
militants, et leur droit de mener leurs activités en faveur de la protection des droits humains
librement et sans subir de harcèlement;
Demande des mesures tangibles pour mettre fin à la violence contre les femmes, en particulier en
garantissant l’accès aux victimes de violences sexuelles au système judiciaire et aux services de
santé, et, pour les femmes et les filles démobilisées, à des programmes de démobilisation basés sur
le sexe;
Demande la fin des attaques contre les communautés civiles et la multiplication des mesures de
sécurité par le gouvernement et les groupes d’opposition armée, conformément au droit
international humanitaire;
Demande au gouvernement de mettre complètement en œuvre les Principes directeurs de l’ONU
relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays, en particulier l’interdiction
du déplacement forcé, la protection des personnes déplacées, l’accès à l’aide humanitaire, le droit
au retour, la réinstallation ou la réinsertion dans des conditions de sécurité et de dignité;
Demande la poursuite du soutien financier pour le bureau du Haut commissaire aux droits de
l’homme à Bogotà et pour la poursuite de son mandat;
Décide de transmettre le rapport du Haut commissaire aux droits de l’homme sur la situation des
droits humains au Colombie à la 60ème session de l’Assemblée générale;
Demande au gouvernement de coopérer avec les Procédures spéciales de la Commission en
répondant rapidement et complètement à leurs communications et en facilitant leurs visites, en
particulier la visite du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, afin qu’il
puisse rendre compte de la situation devant la 62ème session de la Commission;
Demande au gouvernement de coopérer avec les organes de surveillance des traités, en particulier
en mettant en œuvre les observations finales du Comité des droits de l’homme de mars 2004 et ses
remarques en rapport avec les cas soumis conformément au premier Protocole facultatif, et les
observations finales du Comité contre la torture de novembre 2003, de rendre compte à ces
comités de la mise en œuvre des recommandations et de soumettre ses rapports en souffrance, en
particulier ceux ayant trait à la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les
formes de discrimination à l’égard des femmes;
Demande au gouvernement de ratifier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de
l’enfant, et concernant la participation des enfants aux conflits armés, le Protocole facultatif à la
Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et le
Protocole facultatif à la Convention contre la torture.
République démocratique du Congo (ROC)
Amnesty International demande à la Commission des droits de l’homme d’adopter une résolution
sur la situation des droits humains en RDC qui:
Demande à l’ensemble des forces armées et des services de sécurité gouvernementaux et non
gouvernementaux d’observer le droit international humanitaire et le droit international relatif aux
droits humains en vue de protéger les civils;
Exhorte tous les dirigeants des forces armées d’ordonner à leurs combattants de mettre fin aux
atteintes aux droits humains, en particulier la violence sexuelle ainsi que le recrutement et
l’utilisation d’enfants soldats;
20
Demande au gouvernement d’ouvrir des enquêtes sur toutes les allégations d’atteintes aux droits
humains et de traduire en justice les responsables de ces atteintes dans le respect des normes
internationales en matière de procès équitables et sans avoir recours à la peine de mort;
D’apporter son soutien aux mesures de protection des civils, en particulier le renforcement et le
déploiement de la MONUC dans l’ensemble des zones de conflit ainsi que la mise en œuvre des
programmes de DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion);
Exhorte tous les gouvernements à respecter l’embargo sur les armes à destination de la RDC et à
approuver son exécution;
Demande au gouvernement de promulguer une législation efficace concernant le Statut de Rome;
Demande la mise en place de mesures en vue de renforcer la reconstruction et la réforme du
système judiciaire ainsi que du système de santé;
Demande au gouvernement de prendre, d’ici aux élections de juin 2005, les mesures appropriés
contre «les discours incitant à la haine », conformément à la Convention sur l’élimination de la
discrimination raciale;
Demande à tous les gouvernements de la région d’étendre les mesures adéquates de protection des
droits humains et d’assistance humanitaire aux personnes déplacées et aux réfugiés contraints de
fuir en raison de la poursuite des atteintes aux droits humains;
Renouvelle pour trois ans le mandat de l’Expert indépendant sur la RDC, afin de l’aider à
développer un programme pérenne d’assistance technique;
Demande au gouvernement de lancer une invitation permanente aux Procédures spéciales de la
Commission en répondant rapidement et complètement à leurs communications concernant les
allégations d’atteintes aux droits humains et en facilitant les visites en RDC du Représentant
spécial du Secrétaire général sur les défenseurs des droits humains;
Demande au gouvernement de coopérer avec les organes de surveillance des traités, en particulier
en remettant ses rapports en souffrance, notamment ceux en rapport avec le PIRDCP et le
PIRDESC, et de mettre en œuvre les observations du Comité des droits de l’homme concernant les
cas à examiner au regard du Protocole facultatif.29
Israël/Territoires occupés
Amnesty International demande à la Commission des droits de l’homme d’inclure des
recommandations dans la résolution sur les colonies israéliennes qui:
Exhorte le gouvernement israélien à cesser immédiatement la construction du mur/barrière à
l’intérieur des Territoires occupés, de détruire les parties déjà construites à l’intérieur de la
Cisjordanie et de mettre fin aux restrictions de plus en plus sévères sur les déplacements des
Palestiniens vivant dans les Territoires occupés;
Exhorte le gouvernement israélien à cesser immédiatement la construction ou l’expansion des
colonies israéliennes dans les Territoires occupés, en particulier dans et autour de Jérusalem Est, et
de prendre des mesures concrètes pour évacuer les Israéliens qui y vivent;
Demande au gouvernement d’Israël de cesser immédiatement la destruction et la saisie illégale des
maisons, terres et autres propriétés appartenant aux Palestiniens dans les Territoires occupés;
Exhorte les forces armées israéliennes et les groupes armés palestiniens à mettre immédiatement
fin aux homicides de civils;
Demande au gouvernement israélien et à l’Autorité palestinienne de prendre des mesures concrètes
pour mettre fin à l’impunité dont bénéficient ceux qui sont responsables d’homicides illégaux et
autres atteintes aux droits humains, en particulier en diligentant des enquêtes impartiales dans tous
les cas d’allégations d’atteintes aux droits humains et en traduisant en justice les responsables dans
le respect des normes internationales en matière de procès équitables;
___________________________________
29 En particulier, Communication 962/2001: République démocratique du Congo (CCPRJC/81/D/962/2001), 23 juillet 2004, dans lequel le Comité estime que la RDC a violé ses obligations en vertu des articles 6 paragraphe 1; 7; 9 paragraphes 1, 2 et 4; 10
paragraphe 1; et 23 paragraphe du Pacte, et demandant à l’Etat de rendre compte dans les 90 jours de la mise en œuvre de ses
observations.
21
Exhorte le gouvernement israélien à abroger tous les textes de loi discriminatoires qui empêchent
la réunion des familles pour les conjoints palestiniens de citoyens israéliens conformément à la
demande du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD);
Demande au gouvernement israélien de coopérer avec les Procédures spéciales de la Commission
en facilitant les visites en Israël ou dans les Territoires occupés du Rapporteur spécial sur la torture,
de la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et du Rapporteur spécial sur la liberté
religieuse;
Demande au gouvernement israélien de coopérer avec les organes de surveillance des traités en
mettant en œuvre leurs observations finales et leurs décisions, en particulier les recommandations
faites par le Comité des droits de l’homme en juillet 200330, en soumettant le rapport urgent
demandé en août 2004 par le CERD et en présentant au CERD et au Comité contre la torture ses
rapports en souffrance.
Népal
Amnesty International demande à la Commission des droits de l’homme d’adopter une résolution
sur la situation des droits humains au Népal qui:
Condamne la persistance de la grave situation des droits humains et la faillite de l’état de droit et
exhorte les deux parties au conflit à observer les normes du droit international humanitaire et du
droit international relatif aux droits humains et à respecter l’état de droit;
Exhorte les deux parties au conflit à signer l’Accord sur les droits de l’homme et à veiller à sa mise
en œuvre rapide et entière;
Demande au gouvernement de mettre un terme à l’impunité en ce qui concerne les atteintes aux
droits humains, en particulier par le biais d’enquêtes promptes et impartiales sur toutes les
allégations d’atteintes aux droits humains et de veiller à ce que les responsables soient traduits en
justice dans le respect des normes internationales en matière de procès équitables;
Exhorte le gouvernement à veiller à ce que la législation nationale, en particulier les textes relatifs
à la sécurité nationale, soit conforme aux normes internationales auxquelles le Népal a adhéré;
Exhorte le gouvernement et le PCN (Parti communiste népalais - maoïste) de prendre toutes les
mesures nécessaires pour veiller au respect des droits humains des femmes et des filles, en
particulier leur protection contre la violence dans le contexte du conflit;
Exhorte le gouvernement à mettre en œuvre l’interdiction totale de la détention au secret dans des
casernes militaires, conformément aux recommandations du Groupe de travail sur les disparitions
forcées ou involontaires 31
Etablit un mandat pour le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Népal;
Apporte son soutien à la présence effective sur le terrain du bureau du Haut commissariat des
droits de l’homme (HCDH) ayant pour mandat précis de surveiller la situation des droits humains
dans l’ensemble du pays et de rendre compte publiquement ses conclusions;
Demande au gouvernement d’apporter son soutien au NHRC (Commission nationale des droits de
l’homme du Népal) dans l’application de son mandat, en veillant à ce qu’il conserve son
indépendance et en s’assurant de l’entière coopération des organes de l’Etat dans le cadre de ses
enquêtes;
Demande au gouvernement et au PCN de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin au
harcèlement dont sont victimes les défenseurs des droits humains;
Demande au gouvernement de veiller à la promotion et à la protection des droits humains des
personnes déplacées dans leur propre pays, en particulier par le biais de la mise en œuvre pleine et
entière des Principes directeurs de l’ONU relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur
_________________ 30 Observations finales du Comité des droits de 1 ‘homme: Israël (CCPRJCO/78/ISR), 24-25 juillet 2003.
31 Communiqué de presse du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires de la Commission des droits de
l’homme, suite à sa visite au Royaume du Népal, Katmandou, 14 décembre 2004.
22
propre pays, en veillant à leur accès à l’assistance humanitaire et à leur droit au retour, à la
réinstallation ou à la réinsertion dans des conditions de dignité et de sécurité, en veillant tout
particulièrement aux besoins spécifiques des groupes vulnérables;
Exprime son regret que le gouvernement n’ait pas donné suite à l’invitation permanente des
Procédures spéciales de la Commission dans la déclaration de la présidence adoptée lors de la
60ème session de la Commission;
Demande au gouvernement de coopérer avec les Procédures spéciales de la Commission, en
particulier en répondant rapidement et pleinement à leurs communications et en facilitant leurs
visites;
Demande au gouvernement de coopérer avec les organes de surveillance des traités, en particulier
en soumettant ses rapports en souffrance, notamment ceux en vertu du PIRDCP et de mettre en
œuvre les observations finales du Comité sur l’élimination de la discrimination à l’égard des
femmes (CEDAW) de janvier 2004 et celle du Comité pour l’élimination de la discrimination
raciale de mars 2004 32.
Soudan
Amnesty International demande à la Commission des droits de l’homme d’adopter une résolution
sur la situation des droits humains au Népal qui:
Traite de l’impunité en soutenant les recommandations en faveur de mécanisme de
responsabilisation qui devraient être établis dans l’ensemble du pays pour enquêter sur les atteintes
aux droits humains et au droit humanitaire, en particulier les atteintes aux droits humains
perpétrées par le passé, et demandant au gouvernement de mettre en œuvre une réforme du
système judiciaire pour le bénéfice de tous;
Exhorte à mettre en place des garanties pour assurer la sécurité des citoyens par le biais du retour,
de la réinstallation ou de la réinsertion des personnes déplacées dans leur propre pays dans la
dignité et la sécurité et de la surveillance de la situation des droits humains de ceux qui sont rentrés
chez eux33 et en apportant son soutien aux forces de maintien de la paix de l’Union africaine
déployées dans le Darfour afin qu’elles puissent accomplir leur mandat de surveillance et de
vérification du désarmement des milices34
Demande à tous les groupes politiques armés du Soudan de donner des instructions claires à tous
les combattants sous leur contrôle pour qu’ils respectent les droits humains et le droit international
humanitaire;
Demande au gouvernement de veiller à ce que les organisations nationales et internationales de
défense des droits humains et des organisations humanitaires nationales et internationales aient la
possibilité de circuler librement dans l’ensemble du pays; 35
Exhorte au respect des droits humains des femmes et des filles, en particulier leur droit à être
protégées contre la violence;
Exhorte à mettre en place des garanties pour respecter le droit à la liberté d’expression, de telles
garanties devant faire partie intégrale de l’accord de paix afin de permettre une surveillance et un
compte rendu véritables;
______________ 32 Observations finales du Comité sur l’élimination de la discrimination raciale: Népal (CERD/C/64/CO/5), 12 mars 2004.
33 Le droit des réfugiés et des personnes déplacées de retourner chez eux volontairement dans des conditions de sécurité et de dignité
a été rappelé dans les rapports du Représentant du Secrétaire général sur les personnes déplacées dans leur propre pays, paragraphes
41-42, du Haut commissaire aux droits de l’homme, paragraphe 100, et par la résolution 1564 du Conseil de sécurité.
34 Voir le Rapport du Représentant du Secrétaire général chargé de la question des personnes déplacées dans leur propre pays,
Mission au Soudan — La crise du Darfour (E/CN.4/2005/8), 27 septembre 2004, paragraphe 46, dans lequel le Représentant estime
que le rôle de la Commission de cessez-le-feu de l’Union africaine devrait être élargi et soutenu.
35 Voir le Rapport du Haut commissaire aux droits de 1 ‘homme sur la situation des droits de 1 ‘homme dans la région du Darfour au
Soudan (E/CN.4/2005/3), 7 mai 2004, paragraphe 98; Rapport de la Rapporteuse spéciale sur les exécutions extrajudiciaires,
sommaires ou arbitraires, additif Mission au Soudan (E/CN.4/2005/7IAdd.2), 6 août 2004, paragraphe 59; et le Rapport du
Représentant du Secrétaire général chargé de la question des personnes déplacées dans leur propre pays, Mission au Soudan — La crise
du Darfour (E/CN.4/2005!8), 27 septembre 2004, paragraphe 42.
23
Exhorte les Etats membres de l’ONU à respecter l’embargo onusien sur les armes à destination des
entités non gouvernementales au Darfour, à suspendre immédiatement les transferts de tous les
types d’armes et des fournitures logistiques et de sécurité en rapport au Soudan qui sont utilisés par
les forces ou les milices armées pour perpétrer de graves atteintes aux droits humains, et à adopter
des mécanismes pour surveiller la suspension de ces transferts d’armes;
Recommande le renforcement de la présence des observateurs de l’ONU chargés de la surveillance
du respect des droits humains sur l’ensemble du territoire36, en particulier en assurant le compte
rendu transparent et public et en fournissant les ressources financières adéquates;
Remplace le mandat de l’Expert indépendant par celui d’un Rapporteur spécial comprenant une
composante de surveillance clairement exprimée;
Demande au gouvernement de coopérer avec les Procédures spéciales de la Commission, en
particulier en répondant rapidement et pleinement à leurs communications, en facilitant leurs
visites au Soudan et en mettant en œuvre leurs recommandations 37;
Demande au gouvernement de coopérer avec les organes de surveillance des traités, en particulier
en soumettant leurs rapports en souffrance en vertu du PIRDCP et en mettant en œuvre leurs
observations finales, notamment la décision du CERD d’août 2004 38
Turkménistan
Amnesty International demande à la Commission des droits de l’homme d’adopter une
résolution sur la situation des droits humains au Turkménistan qui:
Condamne le refus du gouvernement du Turkménistan d’inviter, et de coopérer avec, l’une des
Procédures spéciales de la Commission;
Etablit un Rapporteur spécial sur le Turkménistan;
Exhorte le gouvernement à accorder l’accès immédiat au pays aux Procédures spéciales, à d’autres
organes indépendants, aux ONG et aux médias indépendants;
Demande au gouvernement d’autoriser l’accès immédiat des organes indépendant, en particulier le
CICR, aux personnes détenues après la tentative d’assassinat dont aurait été victime le chef de
l’Etat en novembre 2002;
Exhorte le gouvernement à libérer immédiatement et sans condition tous les prisonniers d’opinion,
à ordonner une nouvelle comparution en justice des personnes condamnées à l’issue de procès
inéquitables et à autoriser tous les citoyens d’exercer librement leurs droits et libertés
fondamentaux, en particulier le droit à la liberté d’expression et la liberté religieuse;
Demande au gouvernement de coopérer avec les organes de surveillance des traités, notamment en
soumettant ses rapports en souffrance, en particulier ceux qui devaient être remis en vertu du
PIRDCP et de la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard
des femmes.
Travaux normatifs
Parmi les différents travaux normatifs en cours à la Commission, Amnesty International suit avec un intérêt
particulier ceux du Groupe de travail intersessions à composition non limitée sur le projet de Déclaration
des droits des peuples indigènes, du Groupe de travail intersessions mandaté pour la rédaction
d’instruments juridiquement contraignant sur les disparitions forcées, le Groupe de travail qui examine la
possibilité de rédiger un protocole facultatif au PIRDESC et le travail en vue de finaliser « les principes et
_________________________
36 Voir le Rapport du Haut commissaire aux droits de l’homme sur la situation des droits de 1 ‘homme dans la région du Darfour au
Soudan (EICN.4/2005/3), 7 mai 2004, paragraphe 105, dans lequel le Haut commissaire appelle à “la surveillance continue de la
situation des droits de l’homme au Darfour”.
37 Ibid, paragraphe 106, dans lequel le Haut commissaire demande au gouvernement “d’inviter tous les titulaires de mandats
au titre des procédures spéciales de la Commission des droits de l’homme à se rendre au Soudan à tout moment et leur
permettre de se rendre au Darfour dans les meilleurs délais ».
38 Décision 1(65) du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD/C/65/Dec. 1), 18 août 2004.
24
directives fondamentaux concernant le droit à réparation des victimes de violations graves des droits de
l’homme et du droit international humanitaire ».
Projet de déclaration sur les droits des peuples indigènes
Amnesty International demande à la Commission des droits de l’homme d’adopter une
résolution sur les droits des peuples indigènes qui:
Exhorte les gouvernements à coopérer avec les peuples indigènes en vue de l’adoption d’une
Déclaration forte et efficace sur les droits des peuples indigènes;
Poursuit le processus des travaux normatifs de façon à impliquer pleinement les peuples indigènes,
qui s’appuient sur le projet de texte original et les progrès réalisés à ce jour par le groupe de travail
et fixe un calendrier réaliste en vue de l’adoption d’une telle Déclaration.
Rédaction d’un instrument juridiquement contraignant pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions
forcées
Amnesty International demande à la Commission des droits de l’homme de continuer à apporter son
soutien à «l’achèvement rapide» des travaux du groupe de travail conformément à la résolution
2004/40 de la 60ème session.
Un Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels
Amnesty International demande à la Commission des droits de l’homme d’inclure dans sa résolution
sur la « question de la réalisation dans tous les pays des droits économiques, sociaux et culturels
contenus dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et le Pacte international relatif aux
droits économiques, sociaux et culturels, et l’étude des problèmes spécifiques auxquels les pays en
voie de développement sont confrontés dans leurs efforts pour parvenir à jouir de ces droits” une
terminologie qui:
Se félicite du rapport du Groupe de travail intersessions à composition non limitée, notamment de
la requête que le Rapporteur et président du Groupe présente un document sur « les éléments en
faveur d’un protocole facultatif» lors de la troisième session du Groupe de travail;
Veille à ce que le processus en vue d’examiner les différentes options pour l’élaboration d’un
Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels se
poursuive conformément à la résolution adoptée lors de la 60ème session de la Commission 39.
Principes et directives fondamentaux concernant le droit à réparation des victimes de violations graves des droits de
l’homme et du droit international humanitaire
Amnesty International demande à la Commission des droits de l’homme d’adopter les Principes
et directives fondamentaux finalisés lors de la réunion consultative et d’empêcher toute
tentative d’affaiblissement du texte.
_______________________ 39 Résolution 2004/29 de la Commission.
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