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Julia Kristeva Les épistémologies de la linguistique In: Langages, 6e année, n°24, 1971. pp. 3-13. Citer ce document / Cite this document : Kristeva Julia. Les épistémologies de la linguistique . In: Langages, 6e année, n°24, 1971. pp. 3-13. doi : 10.3406/lgge.1971.2603 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1971_num_6_24_2603

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Julia Kristeva

Les épistémologies de la linguistiqueIn: Langages, 6e année, n°24, 1971. pp. 3-13.

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Kristeva Julia. Les épistémologies de la linguistique . In: Langages, 6e année, n°24, 1971. pp. 3-13.

doi : 10.3406/lgge.1971.2603

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1971_num_6_24_2603

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JULIA KRISTEVA C.N.B.S.

LES ÉPISTÉMOLOGIES DE LA LINGUISTIQUE

« La tâche de la linguistique sera : a)... b)... c) de se délimiter et de se définir elle-même. »

F. DE SAUSSURE, Cours de linguistique générale

(Paris, Payot, 1960, 20). '>

« Le ■ grand changement survenu en linguistique tient précisément en ceci < : on a reconnu . que le langage devait être décrit comme une structure formelle, mais que cette description exigeait au préa-, lable l'établissement de procédures et de critères adéquats, et qu'en somme la réalité de l'objet n'était pas separable de la méthode propre à le définir. >

E. BENVENISTE, Problèmes de linguistique générale

(Paris, Gallimard, 1966, 119).

Si le développement: actuel de la grammaire generative, d'une part, et l'exportation de la procédure linguistique dans les sciences humaines, d'autre part, posent l'urgence et la nécessité d'une épistémologie de la linguistique, celle-ci — dans les voies rares et divergentes où elle se manifeste — soulève deux questions qu'il nous semble important de marquer en introduisant les travaux qui suivent : (1) l'enjeu de l'épistémologie; (2) le statut de la linguistique.

I. — L'enjeu de l'épistémologie.

(1) La tradition française . (Comte, Bachelard, Canguilhem, etc.) ne semble pas distinguer nettement entre philosophie de la science, épistémologie et méthodologie. Tel est également le cas de certains auteurs anglo- saxons modernes (Pap, 1962; Kaplan, 1964), alors que d'autres tracent différentes lignes de démarcations entre ces domaines qui, à la suite de ces divergences, se recouvrent et s'entremêlent.

La méthodologie est généralement comprise comme étude des principes techniques et méthodes » de la recherche dans * une discipline concrète (Kaplan, 1964 : 23), tandis que la philosophie de la science qui l'englobe a pour but de proposer « un résultat clair et général de l'explication scienti-

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fique, de l'intelligibilité des principes scientifiques, et de la confrontation entre de tels principes et 1' « expérience » (Scheftler, 1963, VII). Quant à Vépistémologie, elle est chargée de « spécifier des critères pour et des types de savoir » (Morgenbesser, 1967, XII), ou encore elle est définie comme « branche de la philosophie s'occupant de la nature et du but du savoir, de ses présuppositions et de ses bases, et de l'adéquation générale des postulats au savoir » (Hamlyn, 1967, 8-9; cf. Botha, 1971, 13-23. Une telle conception met l'épistémologie, à côté de la logique et de l'ontologie, au troisième rang, donc au rang le plus élevé (après la méthodologie et la philosophie de la science) de l'édifice métascienti fique, et ainsi de facto élimine la possibilité épistémologique d'une science concrète (Botha, 1971, 26). Dans ces conditions, le discours métascientiflque, lorsqu'il n'est pas philosophie de la science mais concerne une science particulière, prend l'aspect d'une méthodologie et procède par redéfinition, explication ou illustration par l'usage (Illustration in use) (Gaws, 1966, 6). Tel est le statut que nous avons appelé tautologique de l'épistémologie positiviste (Kristeva, 1971 a) dont se réclame R. Botha (1971) et qu'illustre, dans ce recueil, le texte de Botha.

Considérant que le savoir à propos d'un objet scientifique aussi bien que les problèmes qu'il laisse en suspens, sont indissociablement liés aux hypothèses, lois, modèles, théories, méthodes de raisonnement, etc., qui servent à établir ce savoir et/ou cet objet, pareilles recherches se limitent à ce deuxième aspect méthodologique, interne à la rigueur logique d'une science, et se réduisent, en dernière instance, à contrôler l'adéquation ou non de la théorie aux règles du syllogisme (cf. Botha ci-dessous). Dans cette conception positiviste de la science, les règles somme toute syllo- gistiques étant valables pour toute démarche scientifique, elles constituent une normativité à laquelle doivent obéir au même titre la linguistique et les « sciences naturelles » (physique, chimie, biologie, etc.) (Botha, 1968). Dans cette voie, on arrive pourtant à des résultats particulièrement intéressants pour la rigueur intrinsèque du formalisme (si on peut employer ce terme pour dissocier opératoirement un certain aspect de la théorie de son aspect « substantiel » ou « intensionnel », c'est-à-dire des « objets » de la science et des catégories qui les désignent). Parmi les justifications de telles recherches, on peut avancer que : (1) Si les «matrices d'argumentation » (pattern of argumentation) utilisées par exemple pour la description structurale d'une proposition aux différents niveaux de la grammaire generative, suivent des voies incorrectes (non conformes aux normes de l'argumentation scientifique), les conclusions auxquelles on aboutit sur le caractère du langage risquent d'être équivoques; (2) Connaître les structures et les limites du formalisme théorique permet de connaître les limites heuristiques de la théorie; (3) Distinguer le formalisme de la théorie de la substance de la théorie, permet de comprendre qu'une modification du formalisme n'entraîne pas forcément une nouvelle théorie, du moment où la

substance n'est pas touchée (cf. les critiques de Botha, de Householder, Lamb," Mattews, etc., Botha, 1971,, 28-36); (4) Les . difficultés que pose à la théorie l'exigence d'être conforme à la normativité scientifique, pourraient mener à réviser non seulement les règles de la théorie, mais aussi les présupposés de la normativité.

Dans l'architecture métascientiflque à laquelle ces études se rattachent, le principe de normativité scientifique et/ou d'unité de la science est fortement maintenu, à côté de celui, plus faible, de l'autonomie de chaque science concrète. Cette autonomie n'est pas envisagée comme une pluralité des sciences mais davantage comme une garantie pour « défendre la science contre les tentatives de domination sociale de la part de la théolo-

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gie, la politique et la métaphysique» (Botha, 1971, 25). De même, les normes de la scientiflcité auxquelles doit se conformer chaque science concrète, sont présentées comme des freins « pour les savants individuels de procéder dans la recherche scientifique par des voies qui ne sont pas soumises au contrôle de la raison humaine » (Botha, 1971, 28).

Ce rationalisme poussé n'envisage évidemment pas et n'a pas le moyen d'envisager : (1) l'analyse des nonnes même de la scientificité; (2) l'aspect « substantiel », « intensionnel » de la théorie; (3) les présupposés épistémo- logiques permettant la distinction entre « formalisme » et « substance » de la théorie. Tout en reconnaissant que la logique, l'épistémologie et l'ontologie contiennent des modes d'inférences non spécifiquement scientifiques, ou des types de savoir non scientifiques, il attribue ce domaine « extra- scientifique » à 1' « éthique » (Kaplan, 1964, 381) qui doit élucider le critère de sélection des problèmes, de leur ordre, des ressources investies dans leur solution, etc. Botha, qui est le seul à avoir entrepris une étude systématique des bases méthodologiques de l'argumentation grammaticale (Botha, 1970, 1971), se conforme à cette compartimentation de la métascience et laisse de côté les questions « éthiques » (questions de « valeurs », écrit-il) de la grammaire generative (Botha, 1971, 27).

(2) Un autre discours métascientifique d'inspiration bachelardienne (Bachelard, 1938) et post-bachelardienne, situe une science dans l'histoire de la science (« L'épistémologie doit donc trier les documents recueillis par l'historien », écrit Bachelard), ou dans l'histoire des idéologies (M. Foucault, 1966) pour dégager des filiations mais surtout les ruptures historiques (Canguilhem, 1968, 20) : tel est par exemple en linguistique le travail de J.-Cl. Chevalier sur la genèse de la syntaxe à travers l'émergence de la notion de complément, mais aussi son étude dans ce numéro-ci, situant la production du raisonnement grammatical aux xvie et xvne siècles par rapport aux conceptions sociologiques et/ou métaphysiques de l'époque et à travers le discours esthétique ou rhétorique. Il s'agit de remplacer la visée méthodologique par une analyse de la production (intra- et extra-scientifique) des concepts et des théories dans l'histoire. La recherche de la genèse de certains concepts linguistiques modernes (par exemple la « structure profonde ») à travers l'histoire de la linguistique, pour établir leur dette vis- à-vis de cette histoire, mais aussi les modifications qu'ils. y apportent, s'inscrit dans une telle optique : tel est ici le travail de S.-Y. Kuroda.

L'approche dialectique de l'histoire des superstructures, et son développement à travers la science par Cavaillès (1947), assigne à la théorie d'une science de reproduire la génération dialectique de ses concepts. Plus près de nous, avec les travaux d'Althusser, le marxisme fracture l'unité de La Science et de sa normativité pour poser une pluralité de sciences : l'enjeu épistémologique n'étant plus de découvrir dans chaque science la trace de l'argumentation normative l'insérant dans un projet universalisant, mais au contraire celui d'une « théorie de la production spécifique des concepts et de la formation des théories de chaque science » (Pêcheux et Fichant, 1969, 100). Comme le souligne J.-T. Desanti, cette production apparaît à l'analyse de la théorie dans une étape donnée d'une science, et notamment à l'analyse de « l'enchaînement des déterminations et des désignations d'objets qui, à l'intérieur d'un champ théorique, y délimite, entre . autre chose, des places vides. Si, pour utiliser un langage élaboré par les mathématiciens, on convient d'appeler « compact » un champ théorique tel qu'il soit toujours possible d'extraire de lui une trame conceptuelle finie capable de permettre la construction de tout objet susceptible d'être construit dans le champ, alors le mouvement de manifestation des marques vides peut être nommé « décompactification » du champ. Il serait d'un grand intérêt

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d'étudier . les déplacements qui, à l'intérieur, comme à l'extérieur d'un domaine théorique donné, entraînent sa « décompactification » : c'est-à-dire la libération de noyaux opératoires au point de départ enchaînés dans une trame . conceptuelle finie appartenant au domaine. Il serait aussi d'un grand intérêt d'étudier la formation des instruments de « compactiflcation », c'est-à-dire les modalités de remplissement des marques vides et des délimitations, dans le domaine des chaînes conceptuelles finies propres à le fermer » (Desanti, 1969, 495). Quelques textes en épistémologie de la linguistique nous semblent participer à cette stratégie de compactiflcation de la linguistique à condition que soit admise. la valeur spécifique d'un tel concept pour son champ (nous y reviendrons) : Lieb (1970) propose un instrument de compactiflcation de la grammaire transformationnelle en écartant l'interprétation psychologique de, la «structure profonde»; dans ce numéro même, Botha désigne un point de décompactification de la phonologie generative; Kuroda, . dans , une perspective historique, signale comment la grammaire generative a su compactifler ce qui apparaissait déjà à A. Marty comme des places vides à l'intérieur de la, théorie linguistique; Chevalier marque l'apport de la rhétorique dans le dévoilement d'un vide à l'intérieur du discours linguistique du xviii6 siècle.

Il apparaît que, pour la linguistique au moins, le champ scientifique s'ouvre sans cesse à son histoire d'une part, à son environnement (nous y reviendrons) d'autre part, de sorte que sa suture ne semble jamais complète, même si la production de ses concepts n'est que, comme ailleurs, un effet intra-théorique.

(3) Face à cette contradiction marquée (non-saturation de la théorie/ production intra-théorique des concepts), l'épistémologie de la linguistique est obligée d'aborder une question que d'autres épistémologies évitent avec moins de difficultés apparentes : comment se produit le système même dans lequel se produisent les concepts intra- théoriques? . Comment se délimite le dispositif où l'on (qui?) parle de son langage (lequel?); autrement dit : comment se dégage à un sujet parlant un langage en tant qu'objet? Quel est cet objet? La production conceptuelle intra-théorique modifie-t-elle et dans quelle mesure cet objet — ce dispositif? Le texte de J. Derrida donne la position du philosophe face à cette série de problèmes concernant la systématicité et les catégories mêmes dans lesquelles se produisent et se transforment les concepts de la linguistique (cf. dans cette optique le texte fondamental de .Derrida, 1967, 42-108). Il débouche, semble-t-il, sur la nécessité d'une théorie du sujet dans le langage, susceptible d'éclairer davantage ce dispositif (c'est le propos de J. Kristeva ci-dessous), et suggère la possibilité d'autres types de « discours » traçant le fonctionnement signifiant (pas de « métalangue »?). La question se pose alors de l'avènement et de l'impact socio-historique du dispositif « langage-objet/métalangue » et de ses systèmes variables : question qui éliminerait l'« éthique » (toujours absente d'ailleurs de l'épistémologie positiviste), mais qui n'est pas encore sérieusement abordée \ Le travail de Cl. Haroche, P. Henry et M. Pêcheux dans ce numéro est une des premières tentatives d'approche de la sémantique à partir des conditions socio-historiques dans lesquelles se produisent les textes.

Nous avons commencé par rappeler les définitions positivistes de l'épistémologie; puis nous avons évoqué l'approche historique dans la théorie de la science; enfin nous avons esquissé les tentatives modernes de synthèse matérialiste de ces deux tendances. En ajoutant à cette dernière acception

1. Nous remercions Judith Milner de nous avoir indiqué l'existence de recherches en épistémologie marxiste de la linguistique en RDA.\

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de Tépistémologie comme « théorie de la production spécifique des concepts et de la formation de théories dans chaque science », la nécessité de dégager la constitution de son dispositif eu égard au sujet et à l'histoire (société et idéologie), nous obtenons une conception de l'épistémologie qui dépasse les cadres du positivisme et relève les conditions réelles, c'est-à-dire intra- scientiflques et économiques (au sens d'économie du sujet et d'économie de l'histoire) de l'élaboration d'une science concrète. La méthodologie y trouve sa place dans le procès d'élucidation de la production des concepts et de la théorie, tandis que la philosophie de La Science en est marquée comme irrémédiablement métaphysique.

Ce faisant, nous avons fait allusion aux particularités du champ spécifique de la linguistique, qui assignent un statut précis à son épistémologie. L'élucidation de cette spécificité de la linguistique étant le but même d'une épistémologie de la linguistique dont le présent numéro n'est qu'une première tentative collective (sauf erreur, aucune des deux revues épistémologiques Revue d'histoire des sciences et Archives internationales d'histoire des sciences, n'a publié d'études sur la linguistique; signalons quand même la parution de la revue Synthèse, An International Journal for Epistemology and Philosophy of science, aussi bien que quelques études logico-linguistiques dans la revue Inquiry, An International Journal of Philosophy and the Social Sciences), nous n'en relèverons ici que quelques traits déterminants à nos yeux.

II. — Le statut de la linguistique.

(1) Accédant à une formalité contrôlable par la procédure logico- mathématique depuis la linguistique taxinomique et surtout depuis la grammaire generative, la linguistique ne semble pas pouvoir réunir sous le même terme de Linguistique, les procédures descriptives diverses qui se sont exercées sur le langage à diverses étapes historiques : la grammaire du xviii6 siècle, la linguistique historique du xixe siècle et la grammaire generative n'appartiennent pas à la Même Linguistique. Ce n'est qu'à partir de la grammaire generative qu'elle devient une théorie descriptive et explicative (Chomsky, 1968 (1970), 31) dont on a le moyen logique formel de suivre la production de concepts. Le terme de « théorie linguistique » appliqué aux travaux du xvne et du xvine siècle ou aux écrits d'A. Marty (cf. le texte de Kuroda ci-dessous) n'a pas le même sens logique qu'il obtient en grammaire generative (Bar-Hillel, 1966) : nous appellerons celle-ci Théorie1 (Tx), celle-là Théorie2 (T2) a, en transposant et en modifiant pour la linguistique les distinctions faites par J.T. Desanti (1968, 117-120).

Ainsi, le phonème de Baudouin-Troubetzkoy appartient à une T2, les phonologies de Jakobson-Halle et plus encore de Chomsky-Halle sont déjà des Tjj la conception syntaxique de Port-Royal, de Humboldt et de Marty sont des étapes de T2, la grammaire generative est une Tx. Il est entendu que les T2 conservent leur vérité dans les Tv

On peut poser qu'une T2 est une modélisation primaire d'un domaine, au sens suivant : si un domaine R de données peut être subdivisé en S ensembles homogènes, on peut attribuer à chaque membre s de chacune de ces classes équivalentes S, certains prédicats Pv P2>... Pn-j.; ceux-ci représentent des propriétés et des relations généralement inobservables des S,' peuvent être définis dans S, mais ne sont pas entièrement satisfaisants pour

2. Nous préférons parler de théorie^ plutôt que de modèle pour distinguer le « modèle théorique » au sens métascientiflque d'un modèle sémantique, des modèles ad hoc, des modèles mathématiques, ceci en raison, par exemple, du fait qu'on ne peut pas assigner une valeur de vérité à toutes les T2.

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R. T2 = (S, Pv P2,... Pn-i) est une modélisation conceptuelle deRouT2$ R (selon la notation de Bunge, 1968 : 210. (2). La Inutilisé comme base T2 û R, mais l'insère ou l'emboîte dans un système théorique qui spécifie la nature mathématique des n concepts « primitifs » de T2.

Pour toutes les sciences dites factuelles (physiques, psychologiques, etc.) la relation entre T1 et T2 est forte et indispensable, le rôle des T2 diminuant au fur et à mesure que l'axiomatïsation progresse. En linguistique, on voit mal cette perspective de dévalorisation des T2 au profit d'une construction centrifuge de la science en dehors des T2. Au contraire, la spécificité du domaine R en linguistique exige précisément l'accentuation du rôle des T2 qui, soit s'emboîtent dans une Tx existante, soit se structurent entre elles en générant une nouvelle Tv

(2) La plupart des catégories linguistiques classiques n jouant dans T2 continuent à fonctionner dans les Tlt et même si ces catégories n'ont de sens que celui que leur confèrent ces Tx, les « vieilles » catégories véhiculent certains éléments (à préciser) de leur signification implicite dans les nouveaux dispositifs (d'où l'importance de la réflexion de Derrida ci-dessous). De sorte que la grammaire generative par exemple peut être autant une conception nouvelle du langage qu'une axiomatique de l'acquis linguistique précédent : une sorte de Gmndlagen der Aritmetik pour la linguistique, dégageant la systématicité (compactiflcation/décompactification) de la tradition linguistique, de ses acquis et de ses intuitions, de ses présupposés.

(3) Etant donné que les théories linguistiques Tx et T2 sont explicatives et plus encore théories d'un objet factuel, le mode de production conceptuel en linguistique participe obligatoirement de deux espaces : a) d'une « structure mentaliste » (logique, philosophique, supposée prouvée intuitivement, donc sans besoin de preuve extrinsèque) (Katz, 1964); b) d'une « validation », adéquation, évaluation, preuve extrinsèque (confrontation de l'objet « intuitif » qu'est le langage pour la théorie mentaliste, avec les données psychologiques de « faculté de langage », avec les « changements historiques », etc.) (Chomsky, 1965 (1971 : 58, 68 sq). Ce deuxième espace n'étant pas susceptible de définition rigoureuse (étant extrinsèque à Tt et T2), et le premier reposant sur la notion méthodologiquement vague d'« intuition » (cf. Kristeva ci-dessous), la théorie linguistique est par définition un domaine ouvert, à « décompactiflcation congénitale ». Celle-ci apparaît clairement lorsqu'on rappelle que le problème du langage est celui de la signification; et que la grammaire generative par exemple présente comme une structure syntaxique ce qui est une sémantique. C'est au moment de sa butée contre la sémantique que la, décompactiflcation se produit de façon marquée : Saussure soumet la linguistique à la sémiotique qui reste toujours à faire; Chomsky écrit que la faculté de langage ne serait comprise qu'en rapport avec « une psychologie qui commence par le problème de la définition de plusieurs systèmes de connaissance et de croyances humaines » (Chomsky, 1968 (1970), 19). Le problème réapparaît dans la traduction de textes en certaines langues dont la sémantique utilise comme traits pertinents l'attitude du locuteur par rapport à son discours (position géographique au moment de renonciation; statut social : véridicité de l'énoncé; les noms des sujets référés, etc.) et qui seront soit à intégrer dans le modèle de la structure profonde, soit à considérer comme un compartiment nouveau de la théorie (par exemple « la pragmatique », ou plus généralement la « sémiotique ») (Seiler, 1970, 23-35). ,

(4) Nous sommes ici devant les difficultés que posent la distinction de niveaux de l'analyse linguistique (Benveniste, 1962) et surtout l'universalisation de ces niveaux.

(5) Puisque les imbrications et les lacunes des niveaux (phonologique,

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syntaxique, sémantique) remettent en cause le caractère compact des Tv c'est aux environnements qu'il incombe de produire les concepts et les enchaînements nécessaires à la compactiflcation.

Les recours à des théories2 para-linguistiques ou les fondations d'environnements spécialisées de la linguistique (socio-linguistique, psycholinguistique, etc.) dont la destination est de compactifler les vides de la (des) théorie(s), peuvent pourtant n'aboutir qu'à souligner les vides, si on cultive ces environnements uniquement comme des sous-ensembles de la (les) théorie(s) et dans le seul but de la (les) confirmer. Pourtant c'est dans de tels environnements que la décompactiflcation de la théorie se montre et qu'apparaît la nécessité de nouveaux concepts et enchaînements.

Cette interdépendance des niveaux et des environnements linguistiques n'implique pas un simple « emboîtement » des uns dans les autres (Sechehaye, 1908,' 60-63), mais constitue plutôt un ensemble d'articulation, au sens où

le terme est employé dans la théorie des graphes (pour désigner le sous- ensemble A CX, A =# O, si considérant un graphe connexe G = (X, Û), où |XJ~ n, le sous-graphe engendré par X-A n'est pas connexe) (cf. le texte de J. Kristeva ci-dessus).

Ainsi, une preuve linguistique dite « externe » par l'épistémologie positiviste (par exemple, une preuve prise à la psycholinguistique ou à l'histoire de la langue), ne s'intègre dans la théorie linguistique que si l'on admet d'envisager cette théorie comme un ensemble d'articulation. Faute de quoi, on ne peut pas justifier le recours à cette preuve extrinsèque (Botha ci-dessous).

Au contraire, il semble qu'une conception dialectique de l'épistémologie peut admettre comme satisfaisante une théorie linguistique se présentant comme un ensemble d'articulation. Inversement, présenter les théories linguistiques comme un ensemble d'articulation, c'est formaliser une conception dialectique de la linguistique. Dans un tel cadre précisément ont pu être traités les rapports diachronie/synchronie. (« L'état actuel (l'aspect synchronique) de la langue n'est pas l'opposé du développement historique (de l'aspect diachronique) mais une récapitulation de ce développement sous la forme d'une structure » Telegdi, 1962; Fonagy, 1967; le précurseur d'une telle conception étant probablement Benveniste (1935, 1962) qui a interprété dans cette optique le changement des catégories morphosyntaxiques; cf. Ruwet, 1967, 231.)

La proposition de Lieb 3 de résoudre le problème « système-locuteur », en considérant comme système l'organisation du moyen de communication (représentant le locuteur) par le mécanisme, est une solution intéressante qui évite la non-connexité de la linguistique (et par conséquent le recours à la «t preuve externe ») et compactiôe son champ, mais élimine la valeur productive des vides qui, dans la conception chomskienne, relance la production théorique. De toute façon, la conception dialectique de l'épistémologie linguistique ne se soutient qu'à condition de mettre en question le lieu du locuteur (le « moyen de communication » est un condensé de plusieurs instances discursives à analyser) en postulant une dialectique du sujet dans le rapport sujet parlant/sujet de la métalangue.

Ceci nous mène à soutenir qu'il n'y a d'épistémologie comme analyse de la production des concepts et des théories linguistiques qu'en regard d'une théorie du sujet. Une telle théorie précisément fait apparaître dans

3. L'article de H. Lieb pour ce numéro n'a pu être inséré faute de place; il doit paraître prochainement en français, traduit par J. Mimer. Cf. aussi H. Lieb, Sprachstu- dium und Sprachsystem ; Umrisse einer Sprachtheorie, Verl. W. Kohlnammer, Stutt- gait, 1970.

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la logique moderne « l'insuffisance dialectique qui la rend ' encore inapte à la formalisation des sciences humaines » (Lacan, 1965, 430).

(6) Une théorie linguistique est donc un ensemble provisoirement compact (cf. p. 5) au sens où seulement les « niveaux » se présentent comme des ensembles compacts, tandis que les mêmes « niveaux » et les « environnements » constituent entre eux des ensembles d'articulations : la théorie se décompactifie en raison de cette connexité-déconnexité constitutive. Si une unité des théories linguistiques est possible et subsumable sous le terme de Linguistique, elle ne peut être appuyée en dernière instance que sur la topologie spécifique et constante que constitue le rapport du sujet parlant au sujet de la métalangue, comme seule clôture et, en ce sens, seule garantie de l'unicité de ce discours particulier.

(7). Le mode de production des concepts et/ou des théories. en linguistique est donc doublement articulé : 1 ) à la puissance formelle des théories!» c'est-à-dire fondamentalement et surtout à la, puissance des formalismes logico-mathématiques qui leur préexistent : faute de concept de « récur- sivité » en mathématique, Humboldt ou Marty ne pouvaient pas fonder une grammaire de la créativité du langage au sens de la grammaire generative, c'est-à-dire « un système de règles qui assigne une description structurale à des phrases d'une façon explicite et bien définie» (Chomsky, 1965 (70), 19). Aussi dira-t-on que la théorie s'organise comme un ensemble compact; 2) à l'existence de théories2, hypothèses modélisantes sur l'objet langage, corroborées par des idéologies (retrouvables jusque dans la fameuse a intuition du locuteur ») plus ou moins autonomes de l'histoire et des superstructures dans laquelle s'élabore la théorie2 (Renou, 1941). Cette idéolo- gisation concerne jusqu'aux preuves internes mentalistes de la théorie : ainsi l'intuition de Chomsky que « de nos jours sous beaucoup de rapports, bien loin d'être superficiels, le climat intellectuel ressemble à celui de l'Europe occidentale au 17e siècle » (Chomsky 1968, 1970, 17). Aussi dira-t-on que la théorie s'organise comme un ensemble d'articulations.

Les contraintes strictes de (1) sont constamment bousculées > par (2) et le linguiste a le choix entre la compactification de (1) au prix d'exclusion d'éléments essentiels de (2) et l'élaboration de (2) en rapport étroit avec les environnements de la théorie au prix de la décompactification de (1). Démarche « naturelle » de la connaissance scientifique montrant ce qu'elle a d'éphémère à l'intérieur de son procès. A cette différence près que dans le cas de la linguistique, il n'est pas sûr que les théoriesa puissent passer au stade de théories! — si vaste paraît actuellement le champ « sémantique » qu'informe le langage avec le sujet et dans l'histoire,

II reste évidemment la solution actuelle de « compartimenter » . ce * champ », pour décrire les niveaux en domaines (phonologie generative, sémantique generative, etc.) à l'intérieur et en fonction de théoriesr Pourtant, cernant ces domaines dans une argumentation qu'il veut de plus en plus rigoureuse, et décidé depuis au moins un siècle à élever la science du langage au niveau d'une scientiflcité positive normative et universelle, le linguiste ne peut pas ne pas éprouver les manques, les vides, les dehors de telles théories. Il trouve là non seulement la défaillance de la thèse d'une scien- tificité unique, mais aussi — à l'intérieur d'une pluralité de scientiflcité — celle, spécifique entre toutes de la linguistique comme continent particulier du savoir. Un continent où le sujet essaie de se donner comme objet ce qui le constitue, et — dans cette imbrication — ne saurait éviter le réduc- tionisme (la théorie mécaniste) ni le fantasme (l'énigme du langage) sans une explication — en dernier ressort — de son économie subjective dans le langage, non pas face à lui. • .

On peut concevoir, donc, l'épistémologie de la linguistique comme

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une analyse qui relève : 1) le procès de compactification-décompactification des Tj à travers l'ensemble d'articulations qu'elles constituent avec lesT2 aussi bien qu'à l'intérieur de leurs propres formalismes Tx; 2) la production des concepts (à appliquer dans les Tj) à travers les accumulations, mutations et ruptures idéologiques; 3) la focalisation de ce procès en dernière instance dans la topologie du sujet parlant par rapport au sujet de la métalangue. L'épistémologie de la linguistique serait ainsi le constat du mode de production de ses concepts et de ses Tx et T2 sur fond d'idéologie et en regard du sujet.

En tant que telle, cette épistémologie n'est pas un dehors de la linguistique, mais l'élément nécessaire pour produire le moment relatif de sa cohérence dans l'absolu de son procès. Elle en est alors le parallèle interne, invisible et indispensable à sa procédure. Est-ce dire que c'est une des particularités de la scientiflcité propre à la linguistique?

Une autre question épistémologique (qui n'est pas la visée directe de ce numéro) est posée par l'utilisation de la linguistique comme « modèle » dans les « sciences humaines » : l'étude de Cl. Haroche, P. Henry et M. Pêcheux soulève, entre autres, cette question. Mais on peut considérer que toutes les enquêtes épistémologiques sur la procédure linguistique proprement dite élaborent une réponse indirecte au problème épistémologique complémentaire qu'est l'intervention constituante de la linguistique dans les « sciences humaines ».

Les linguistes actuels qui produisent les nouveaux appareils théoriques sont évidemment les premiers à se poser les problèmes méthodologiques, mais parfois aussi plus largement épistémologiques de leur science, quoique dans la plupart des cas, sans beaucoup d'insistance ni de rigueur (Botha, 1968, 48-115). Dans tous les travaux de Chomsky aussi bien que dans les écrits de Katz et Fodor (1964), Lees (1965), Bar-Hillel (1966), Postal (1966), Bach (1965), Voeglin (1959, 207), Gleason (1963, 77), Householder (1967, 103), pour ne parler que de quelques-uns, les problèmes méthologiques voire certains aspects épistémologiques sont inséparables de l'approche proprement scientifique. Si l'approfondissement de cette question exige qu'elle soit traitée « à part » (comme dans ce numéro), cet « à part » n'est qu'apparent, car la grande majorité des textes ici présents posent des problèmes que les chercheurs, linguistes et sémioticiens, ont affrontés au cours de leur pratique dans les divers « domaines » et « environnements » de la théorie linguistique.

De ce fait, la linguistique ne pourrait donc pas ne plus se demander, comme du temps de Saussure, où elle va : les théories linguistiques essaient de préciser comment elles vont; moins pour se « délimiter » (objectif qui, à supposer qu'il soit réalisé, les limiterait à être des théories descriptives), que pour constater sur quoi repose et comment se soutient leur cohérence précaire, de sorte qu'elles puissent la rompre et élargir ses limites explicatives/ Soucieuses de son épistémologie, et grâce à elle, les théories linguistiques pourront reformuler ainsi la troisième tâche que Saussure assignait à la linguistique : « définir le mode de production de leurs concepts et de leurs enchaînements » et, en . inversant l'ordre saussurien, elles pourront inscrire ce principe comme premier et dominant leur fonctionnement.

Une dernière question devenue courante : d'où parle une telle épistémologie? Elle n'est pas un « complément philosophique de la mathesis pure » (Husserl, II, 24), une « théorie des théories », existant avant toute science pour pouvoir, le moment venu, se changer en toutes les sciences, tout en étant capable de les élucider (non pas « expliquer ») dans leur « évidence » (cf. la critique de la phénoménologie, Derrida, 1967). Comment pourrait-elle avoir, alors, l'ambition idéale de se croire « exempte de toute présupposition », théorie pure de la connaissance pure? Son lieu encore

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difficilement visible se cherche là où s'énonce logiquement Fengendrement d'une théorie à partir de ses conditions réelles : subjectives, socio-historiques, intra-théoriques. On entrevoit désormais que certaines de ces conditions réelles, et des plus décisives, sont extérieures aux « idéalités » linguistiques et généralement scientifiques. Poser une telle extériorité aux idéalités implique que l'épistémologie (de la linguistique) se construise sur la base de la dialectique matérialiste comme lieu hétérogène, comme logique de l'hétérogénéité (Kristeva, 1971 b); et qu'elle attaque l'enfermement idéologique du savoir aussi bien que sa propre place ouvrant-suturant ses brèches.

Mais c'est une question ouverte dont le présent recueil n'est qu'une première et prudente approche.

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