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biographie

Julie C. Fortier mène depuis plusieurs années une réflexion sur le passage du temps, sur la présence du vide et sur la mise en évidence de l’effacement. Les expériences et les recherches qu’elle entreprend avec la réalité, soulèvent la question de la déperdition, (perte de temps, perte d’énergie, improductivité, boucle, effacement etc.) et des espaces lacunaires (écran blanc, espace vide, trou de mémoire).Son travail privilégie des formes simples en performance, vidéo, photo et installation. Depuis peu, elle a ajouté à son répertoire un travail avec les odeurs et la nourriture. Leur puissance mnésique et affective convoque de nouvelles questions sur cette mise en présence d’une absence, sur la mémoire, la projection d’une représentation et la transmission.Plusieurs motifs sont récurrents dans son travail. Le premier : la route pour le déplacement qui procure un état d’attention flottante lui permettant de déceler et de capter des détails insolites dans la réalité. Le second : la maison qu’elle considère comme un objet frontière entre réalité et fiction, entre décor et espace quotidien entre moment présent et souvenirs.Le dernier : l’écran qui devient le lieu même de la mémoire, espace de projection, réceptacle. Ce qui l’intéresse c’est d’opérer des décadrages entre réalité et fiction, entre le quotidien, le rêve et les souvenirs pour provoquer un état de dislocation, ne sachant plus de quel côté de l’écran nous nous situons.

Julie C. Fortier est née en 1973 à Sherbrooke (Québec, Canada). Elle est titulaire d’une maîtrise de l’École des arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal et vit à Rennes depuis 2001. Son travail a fait l’objet d’expositions personnelles notamment chez Florence Loewy by artists à Paris, à La base d’appui d’Entre-Deux à Nantes, à La Criée, Centre d’art contemporain de Rennes, à la VF galerie à Marseille, au Centre Clark à Montréal, à la galerie Art & Essai à Rennes et à la galerie La Box à Bourges. Depuis 1999, son travail a été présenté dans de nombreux festivals, événements et expositions collectives tels que Chrématistique au CNEAI à Chatou (FR), Vertiges au Centre d’art Micro-Onde à Vélizy-Villacoublay, Art by Telephone au Emily Harvey Foundation à New York (US), Heureux comme Sisyphe au centre d’art de La Garenne Lemot à Clissons (FR), Interfaces au Quartier à Quimper, Experimenta Playground au Arts Centre de Melbourne, Face LIFT à la Kitchener-Waterloo Art Gallery à Kitchener au Canada, MAK Nite au Musée d’arts appliqués et d’art contemporain de Vienne, Future_Feed_Forward à la Forest City Gallery de London au Canada, Single Channel à la galerie Blaffer à Houston et Trames horizontales / défilement vertical au Musée du Québec à Québec.

Julie C. Fortier 44 rue Alphonse Guérin, 35000 Fance +33 (0)6 11 41 73 15 [email protected] www.juliecfortier.net

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La chasse2014, installation olfactive in situ, 80 000 touches à parfum, 3 parfums 500 x 600 cm

Cette installation propose de recouvrir l’intégralité d’un mur avec des touches à parfum de manière à recréer une prairie ou une fourrure. Trois zones très denses à hauteur de nez sont ménagées pour recevoir trois odeurs différentes. La première est la reconstitution d’une odeur d’herbe fraîchement coupée, la seconde est une odeur qui rappelle le pelage chaud d’un animal et la dernière est la reconstitution de l’odeur du sang. Les trois odeurs font basculer la perception et l’interprétation du paysage abstrait créé par les touches.

Vue de La chasse lors de l’exposition Vertiges, Centre d’art Micro-onde, Vélizy-Villacoublay (FR) 28 avril au 28 juin 2014

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Wildscreens2014, L’érable rouge2014, Le tilleul2014 Le cèdre brûlé

dessin olfactif sur papier à parfum 300 gr, encadré dans une boîte en

plexi-glass sérigraphiée, 55 x 75 cm

Wildscreens est une série de dessins olfactifs. Ils se présentent comme une feuille de papier blanc imbibé de plusieurs parfums encadrée dans une boîte en plexi-glass dont la porte est coulissante. L’ouverture de la porte permet de sentir les parfums . Un court texte autobiographique relatant un souvenir olfactif précis d’un arbre est sérigraphié sur la porte.

Vue de Wildscreens, L’érable rouge, lors de l’exposition Wildscreens, Florence Loewy by artists, Paris (FR) 19 avril au 7 juin 2014

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Wildscreens, La sève et le sang2014, marque-page, impression laser N&B sur carte à parfum 300 gr

parfumé avec 2 parfums, 4,5 x 14,25 cm, éditions 100 exemplaires

La sève et le sang est une édition de marque-page relatant un souvenir et parfumé avec une odeur de sève et une odeur de sang. Les 100 marque-page sont disséminés dans les livres de la librairie.

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Vue de Wildscreens, La sève et le sang, lors de l’exposition Wildscreens, Florence Loewy by artists, Paris (FR) 19 avril au 7 juin 2014

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Snow White2014, confettis papier de soie, ventilateursVue de Snow White lors de la soirée Vanilla Sky, Nuit des 4 Jeudis, FRAC Bretagne, Rennes (FR) 30 janvier 2014photo Nyima Leray

Il a neigé pendant toute la soirée du 30 janvier au FRAC Bretagne à Rennes.

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Neige éternelle2014, crème cosmétique saturée d’actifs antiâges, sur pièce montée

d’agar agar, spatules cosmétiques, 40 cm de diamètre x 40 cm de haut

Neige éternelle est une montagne de crème cosmétique saturée d’actifs anti-âge. A l’image d’une vanité, la matière qui devrait lutter contre l’affaissement cutané, s’affaisse d’elle même tout au long de la soirée.

Vue de Neige éternelle lors de la soirée Vanilla Sky, Nuit des 4 Jeudis, FRAC Bretagne, Rennes (FR) 30 janvier 2014

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Vanitas malus pumila2013, performance, robe imprimée, ceinture, cartes impressions laser couleur sur satimat 300 gr, 5 parfums : La promesse, L’empressement, Le contentement, La gourmandise et L’avarie. remerciement MargauxGermain Edition parfum 5 x 1,5 ml, impression laser 297 x 90 mm sur papier 250g. 30 exemplairesremerciements Dominique Favier et Gaël-François Jeannel, IFF France

L’édition Vanitas malus pumila (Vanité au pommier commun) décline en cinq parfums les états successifs de la pomme de la fleur à sa déliquescence.

Lors de la performance, le spectateur pige une carte. Selon la carte pigée, il est parfumé avec l’un des cinq parfums : La promesse, L’empressement, Le contentement, La gourmandise ou L’avarie.

Vue de la performance Vanitas Malus Pumila lors de la soirée Vanilla Sky, Nuit des 4 Jeudis, FRAC Bretagne, Rennes (FR) 30 janvier 2014

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Corporate2013, performance culinaireEdition parfum, échantillons 1 ml encartés, impression laser 110 x 85 mm sur papier vieil hollande 300g/m2. 30 exemplairesRestaurant CDD, Paris, 24 août 2013remerciements Tiphaine Calmettes, Baptiste Brévart, Aurélie Ferruel et Laéticia Bély

Le projet Corporate reprend une tradition arabo-musulmane qui consiste à asperger de l’eau parfumée sur la tête, le visage et les mains de ses invités avant qu’ils n’entrent dans la maison. Ceci vise à abolir la différence

Vue de la performance Corporate, restaurant CDD, Paris 24 août 2013

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olfactive véhiculée par l‘étranger, l’eau parfumée neutralise son odeur et le fait accéder au sein de la famille. Corporate, l’eau parfumée créée par Julie C. Fortier est aussi le menu du repas qui servi au restaurant éphémère CDD. Les quarante ingrédients qui composent sa formule constituent les arômes dégustés pendant la soirée. L’intégration devient incorporation.

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Petrichor2013, parfum + Revue Nature 1er trimestre 1964, signet impégné de parfum petrichor. exemplaire unique.Echantillons 1,5ml encartés, impression offset 110 x 80 mm sur papier vieil hollande 250g/m2. 300 exemplairesédition entre-deux, Nantes, 2013 dans le cadre de la résidence : l’espace public sous l’emprise de la mobilité.remerciements Dominique Favier et Gaël-François Jeannel, IFF France

Petrichor désigne l’odeur particulière de la terre sèche humidifiée. Conçu comme une œuvre intime et publique, ce parfum dématérialise une terre sous la forme d’une odeur. Son porteur est invité à le diffuser discrètement dans les lieux publics et à rendre volatile ce qui était situé.

Vue de l’exposition Petrichor, La base d’appui d’Entre-deux, Nantes (FR) 24 mai – 29 juin. 2013.

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Gradiva2012, affiche parfumée, impression offset N&B 100 x 70 cm, fragrance collaboration avec Yann Sérandour

L’affiche, réalisée par Yann Sérandour, est un grand écran blanc qui comporte un extrait de la nouvelle Gradiva publiée en 1903 par l’écrivain allemand Wilhelm Jensen. Cette affiche a été aspergé d’un parfum réalisée pour l’occasion. Le parfum est à l’image de la Gradiva, celle qui avance, laissant derrière elle son sillage qui s’estompe au fur à mesure que le temps passe pour ne laisser qu’un souvenir, une tache presque imperceptible sur le papier.

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Eclipse2012, performance culinaire réalisée le 27 nov. 2012 lors de la soirée de performances culinaires Table d’hôte présentée au Centre d’art contemporain de Pontmain (FR)

Les breuvages proposés durant la soirée sont présentés en cercle et servis du plus pâle au plus foncé jusqu’à l’obtention d’un cercle entièrement noir. Après cette éclipse totale, les brevages sont servis du plus foncé au plus pâle pour revenir à à cercle entièrement transparent.

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Dans la forêt20012, performance olfactive réalisée le 27 nov. 2012 lors de la soirée de performances culinaires Table d’hôte présentée au Centre d’art contemporain de Pontmain (FR)

Cette performance venait clore une soirée de performances culinaires. Un dessert ou un digestif est proposé aux personnes présentes. Suivant le choix, une goutte de parfum est déposée sur le dos de la main. Le dessert est une reconstitution olfactive d’un Tiramisu et le digestif une reconstitution de Whisky. Petit à petit les odeurs se propagent, les gens essaient de nommer ce qu’ils sentent, partagent leurs impressions. La présence olfactive du parfum une fois la soirée terminée, est un rappel de toute la nourriture incorporée tout au long de la soirée.

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Sentinelle2012, installation olfactive, pistolet à colle posé au sol, dimensions variables Proposition pour l’exposition Art By Telephone Recalled, CNEAI (FR), CAPC de Bordeaux (FR) ESBA TALM Angers (FR), San Francisco Art Institute (US) Emily Harvez Foundation New York (US) commissaires : Sébastien Pluot et Fabien Vallos, 15 nov.- 15 déc. 2012

Brancher un pistolet à colle et le poser au sol. (Si nécessaire, protéger le sol avec un carton ou une planche.) Laisser chauffer le pistolet pendant toute la durée de l’exposition et veillez à ce que le pistolet soit toujours chargé d’un tube de colle. Il diffusera une odeur de surchauffé voire de brûlé dans l’espace d’exposition.

Vue de l’exposition Art By Telephone Recalled, Emily Harvey Foundation, New York (US) 15 nov.. – 15 dec. 2012.

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L’argent n’a pas d’odeur2012, contribution pour la publication Chrématistique , commissaire Fabien Vallos, www.chrematistique.frremerciements Dominique Favier et Gaël-François Jeannel,IFF France

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L’odeur de l’argent2013, contribution pour l’exposition Chrématistique ,commissaire Fabien Vallos, www.chrematistique.fr CNEAI, Chatou remerciements Dominique Favier et Gaël-François Jeannel,IFF France

Après une nouvelle analyse chromatographique, une formule a été extraite et l’odeur de l’argent a pu être reconstituée. La fragrance proposée est destinée à être pulvérisée sur un support papier buvard et ainsi donner une plue-value olfactive.

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Mémoire durable 2006 - 2015, 10 photographies couleur, sérigraphie numérique sur contreplaqué de bouleau photo dimensions variables sur planche de 70 x 50 cm collection 1% artistique de la médiathèque départementale d’Ille-et-Vilaine pour l’antenne de Pipriac

Lors d’un tournage en forêt au Québec en juin 2006, j’ai eu la surprise de voir le sentier, que j’avais l’habitude d’emprunter, complètement éventré par une entreprise de coupe de bois. Depuis, je documente l’évolution de la forêt en tentant de refaire le même cadrage photographique de mémoire année après année lors de

chacun de mes séjours au Québec. Cette série donne à voir l’évolution du travail de l’homme sur la forêt et, depuis l’été 2010, la lente reprise de la végétation sur les lieux exploités. Plus qu’un regard sur le développement durable de la forêt dans ses fonctions économiques et environnementales, l’évolution du cadrage photographique donne à voir les effets du temps sur la mémoire. En effet, je m’appuie sur le souvenir de détails du paysage pour tenter de recadrer à chauqe fois la même photo : la montagne, la caravane, l’arbre fourchu. Mais à chaque fois, des éléments m’empêchent de retrouver la totalité de ces détails. La composition de l’image, tributaire de ma mémoire, évolue au même titre que la forêt.

décembre 2008

août 2010 janvier 2012

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Fondu enchaîné 2011, performance éclairage Le 11 mars 2011 dans l’exposition Plutôt que rien : démontges, Maison Populaire de Montreuil (FR) commissaire : Raphaële Jeune, 19 janv. – 26 mars 2011

L’exposition Plutôt que rien : démontages est constituée d’une succession quotidienne de propositions faites par les artistes invités. Elle s’écrit dans le temps plutôt que dans l’espace.

Mon intervention, consiste à réaliser un fondu enchaîné dans l’espace d’exposition pendant la journée qui m’est allouée, entre la proposition de la veille : une projection vidéo d’Emilie Pitoiset, et celle du lendemain: une case laissée blanche dans la programmation. Pour réaliser ce fondu enchaîné, j’ai mis en place un éclairage avec les projecteurs disponibles sur place et j’ai augmenté graduellement l’intensité lumineuse de manière à effacer progressivement la projection vidéo.

Vue de la performance Fondu enchaîné, présentée le 11 mars 2011 lors de l’exposition Plutôt que rien : démontage, Maison Populaire, Montreuil (France), 19 janv. – 26 mars 2011.

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La Tribune, Sherbrooke, samedi 25 mai 1985 2009, stock de papier journal Impression N&B sur presse rotative sur papier offset 82 x 58 cm, 10 000 exemplaires Produit avec l’appui de La Criée, Centre d’art contemporain de Rennes

Reproduction du souvenir d’un fait divers paru dans le journal La Tribune de la ville de Sherbrooke (Québec, CA), datant du samedi 25 mai 1985. « La voiture a été criblée de plombs de fusil principalement sur l’aile avant. Quelques plombs ont également atteint le rétroviseur du véhicule pendant que le conducteur satisfaisait des besoins personnels; il s’était arrêté près du repaire des Hells Angels dans la nuit. »

Vue de l’exposition Julie C. Fortier, Cinéma-Maison, La Criée, Centre d’art contemporain, Rennes (France), 19 fév. – 3 avril 2010.

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Cinéparc2006, Film 35 mm muet couleur, 3 min. 50 s., projecteur 35 mm, écran de projection. Produit avec l’appui de la ville de Sherbrooke et du Conseil des arts du Canada Installation produite par La Criée centre d’art contemporain, avec le soutien de La Fonderie / Théâtre du Radeau, Le Mans

Cinéparc montre un dispositif de projection cinématographique dans une salle d’exposition. Le film 35 mm projeté sur grand écran est accompagné par le son de la mécanique du projecteur. L’image présente un plan fixe sur un écran de cinéparc filmé de jour. L’écran se détache sur fond de paysage et semble fonctionner comme un cache dans l’espace de l’image. Il perd ainsi sa dimension d’objet et son échelle, mais pas sa fonction d’écran. Car c’est sur ce rectangle blanc, qu’apparaissent les poussières et les rayures provoquées par l’usure de la pellicule projetée en boucle, engendrant un film dans le film.

Vue de l’exposition Julie C. Fortier, Cinéma-Maison, La Criée Centre d’art contemporain, Rennes (France), 19 fév. – 3 avril 2010.

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90.1 FM2007, installation sonore, radio d’automobile, 4 hauts-parleurs, 122 x 100 cm Produit avec l’appui du Conseil des arts du Canada

Cette installation présente une radio d’automobile encastrée dans le mur. La radio est réglée sur la fréquence 90.1 FM. Le son diffusé à chaque présentation change en fonction de la localisation et de la capacité ou non à capter quelque chose.

Vue de l’exposition Julie C. Fortier, Go West Young Man ! , Centre Clark, Montréal (Québec, Canada), 10 janv. – 16 fév. 2008.

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Pêche blanche2005, projection vidéo miniDV stéréo couleur, format 4:3, boucle 15 min.Produit avec l’appui du Conseil des arts du Canada

Cette vidéo présente un paysage d’hiver immobile avec au premier plan, une brimbale servant pour la pêche blanche. La vidéo montre l’attente d’une éventuelle prise qui sera signalée par le mouvement de la brimbale et le tintement de la clochette qui y est fixée.

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Sans titre2005, photographie couleur, tirage lambda sur aluminium 80 x 60 cm

Photographie d’une éolienne à l’arrêt et dont les pales commençaient tout juste à disparaître dans une brume épaisse, depuis une voiture roulant à grande vitesse. Ici, un objet, dont la caractéristique remarquable est le mouvement, est rendu irrémédiablement statique par la photographie. Paradoxalement, le déplacement de la voiture semble imprimer un mouvement au paysage qui englobe l’éolienne.

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Révolution2007, vidéo HDV sur miniDV stéréo couleur, format 16:9, 5 min. Produit avec l’appui du Conseil des arts du Canada

Plan fixe sur un groupe de cinq éoliennes dont l’une d’entre elles tourne à contre-sens.

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Vues de l’exposition Julie C. Fortier, The End, Galerie Art & Essai, Université Rennes 2 (France), 16 nov. – 16 déc. 2005.

The End2005, installation in situ, 5 véhicules, 6 éclairages secours BAES, bandes adhésivesProduit avec l’appui de la Galerie Art & Essai et Prospektus

Cette installation transforme l’espace de la galerie en parking souterrain. L’expérience inquiétante de l’absence est le déclencheur d’une intrigue qui vire à la mélancolie.

éléments du projetBicyclette 2005, moteur électrique miniaturefaisant tourner la roue arrière constamment, produit avec l’appui du Ministère de la culture et de la communication – DRAC BretagneCarton à dessin 2005, 7 dessins à la mine de plomb préfigurant l’exposition sous la forme d’un story-board, réunis dans un carton à dessin, 36 x 42 cm, story-boarder : Jean-Claude Rozec, dessins : Jean-pierre MarquetParking ( The End) 2005, vidéo de surveillance, miniDV stéréo couleur, format 4:3, boucle 59 s., moniteur 14 po., support mural TVBloc secours, 2007, bloc d’éclairage secours BAES, autocollant The End, 23 x 11,5 x 7,7 cm, édité par Astérides (Marseille) en 8 exemplaires + 2 E.A.Flipbook, 2005, reproduisant la bicyclette, impression offset N&B, 14,8 x 10,2 cm, 124 pages , dessins : Marc Lizano, tiré à 500 exemplaires, produit avec l’appui du Ministère de la culture et de la communication – DRAC Bretagne

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Vous avez juste pas pu trop profiter de l’été, quoi.2003, projet réalisé avec la participation de Camille Barré, Matthieu Jauniau, Christophe Pichon et Yann Sérandour

De la carrière à la station essence en passant par la plage, ce projet relate la dérive d’un rocher lors d’une journée d’été.

éléments du projet

Voiture citroën AX Image, barres de toit, sangles, rocher factice : polystyrène peint,170 x 140 x 100 cmMaquette de la voiture à échelle 1/43e, 2010, techniques mixtes, 3,5 x 8 x 7,5 cmVidéo miniDV stéréo couleur, format 4:3, 8 min. 47 s. Photographie couleur, tirage lambda sur aluminium, 30 x 40 cmRetranscription des dialogues du film, affiche, dimensions variablesPoster recto/verso, zédélé éditions, oct. 2003, 30 x 40 cmCarte postale couleur multi-vues, 10,5 x 15 cm

Vue de l’exposition, Isabelle Arthuis, Francesco Finizio, Julie C. Fortier, Sébastien Vonier, Interfaces, Le Quartier, Quimper (France), 5 déc. 2008 – 5 mars 2009

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L’avenir 2007, vidéo HDV sur miniDV muet couleur, format 16:9, 4 min. Produit avec l’appui du Conseil des arts du Canada

Plan fixe sur un panneau routier indiquant l’avenir, improbable frontière temporelle au milieu de nulle part.

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Vacant / Non Vacant2005, projections vidéo miniDV stéréo couleur, format 4:3 boucle Vacant 10 min. 01 s. boucle Non Vacant 9 min. 54 s.Produit avec l’appui du Ministère de la culture et de la communication – DRAC Bretagne

Deux vidéos sont projetées simultanément, mais dans des espaces différents. Elles sont presque identiques : même cadrage sur une enseigne de motel, presque le même moment, lors de la tombée du jour. Dans la première vidéo, l’enseigne affiche VACANT et dans la seconde, NON VACANT.

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Blow-Up ( Vacant / Non vacant )2006, photographie couleur, tirage lambda 125 x 166 cm, pinces à dessin

Blow Up est un agrandissement d’un petit détail d’une photographie de repérage effectuée pour le tournage de Vacant / Non Vacant. Elle donne à voir un détail qui diffère des vidéos (une chaise a été déplacée). Cette agrandissement confère à ce déplacement une importance, voire une présence inquiétante condensant récits policiers et une mise en présence d’une absence quasi fantomatique.

Vue de l’exposition, Isabelle Arthuis, Francesco Finizio, Julie C. Fortier, Sébastien Vonier, Interfaces, Le Quartier, Quimper (France), 5 déc. 2008 – 5 mars 2009

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Sunrise (from solstice to solstice) 2013, vidéo HD stéréo couleur, format 16:9, 26 min.

Produit avec l’appui d’Entre-deux, dans le cadre de la résidence : l’espace public sous l’emprise de la mobilité.

Le lever du soleil, du solsctice d’hiver au solstice d’été, filmé depuis le train.

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Sunset 2009, vidéo HDV muet couleur, format 16:9, 2 min. 23 s.images : Sébastien Pesot Produit avec l’appui de La Criée, Centre d’art contemporain de Rennes

Plan fixe sur un paysage de campagne, dans lequel une maison glisse pour disparaître derrière l’horizon.

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Maison Desjardins 2009, installation vidéo HDV sur deux écrans, stéréo couleur, format 16:9, boucle 6 min.images : Julie C. Fortier et Shawn Bédard Montage étalonnage : Aël Dallier Produit avec l’appui de La Criée, Centre d’art contemporain de Rennes

Documentation sur deux écrans de l’assemblage et du démantèlement d’une maison préfabriquée sur un parking de centre commercial.

Vue de l’exposition Julie C. Fortier, Cinéma-Maison, La Criée, Centre d’art contemporain, Rennes (France), 19 fév. – 3 avril 2010.

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House2008, bois, 455 x 640 x 650 cmCoproduit avec l’appui du Frac Bretagne et Les Ateliers de Rennes – Biennale d’art contemporain, édition 2008 Collection FRAC Bretagne

Ce projet consiste à appliquer le protocole de travail proposé par Les Levine dans son livre House (1971) au sein duquel il présente différentes photographies d’une même maison de bois en ruine. « Chaque photo montrée dans ce livre est un plan d’une sculpture ou d’un monument. Celui qui entre en possession de ce livre devrait tenter de réaliser un des monuments sur une échelle qui serait en rapport avec l’espace dont il dispose à cet effet. Il peut exécuter cet œuvre à lui seul ou bien en collaboration avec un groupe. Lorsqu’il a terminé son travail au monument, ou qu’il en a assez, il est prié d’en faire parvenir les photos à Les Levine, 181 Mott Street, New York, New York 10012, U.S.A. » © Les Levine 1971, New York/Steendrukkerij de Jong & Co., Hilversum, The

Netherland 1971.

Vue de l’exposition Valeurs croisées, Biennale d’art contemporain, Rennes (France), 16 mai – 20 juil. 2008

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Domaine quatre saisons2006, photographie couleur, tirage lambda sur aluminium 73 x 57 cm

Photographie d’une caravane trouvée dans la forêt, complètement renversée et éventrée, la végétation a repris graduellement le dessus. Ruine mélancolique au milieu d’un paysage bucolique, la photographie donne à voir la prochaine disparition de la caravane.

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Vue de l’exposition Julie C. Fortier, Go West Young Man ! , Centre Clark, Montréal (Québec, Canada), 10 janv. – 16 fév. 2008.

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Home2005, vidéo miniDV stéréo couleur, format 4:3, 5 min. 44 s. Produit avec l’appui du Conseil des arts du Canada

Le déneigement de la cour d’une maison après une tempête de neige produit par un effet de féerie hivernale la disparition intermittente du déneigeur.

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There’s No Place Like Home2004, bois peint, 30 x 40 x 45 cmProduit avec l’appui de La Box_Ensa BourgesCollection du Fond départemental d’art contemporain d’Ille-et-Vilaine

Cette sculpture est la reconstruction tridimensionnelle d’un arrêt sur image extrait du film The Wizard of Oz (Victor Fleming, 1939). La séquence originale, filmée en studio à l’aide d’une maquette, présente l’envolée puis la chute de la maison en bois de l’héroïne, aspirée par une tornade.

Vue de l’exposition Julie C. Fortier, There’s No Place Like Home, Galerie La Box, Ensa Bourges (France), 16 déc. 2004 – 19 janv. 2005

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There’s No Place Like Home2004, technique mixte, 60 x 60 x 105 cmProduit avec l’appui de La Box_Ensa Bourges

Cette pièce montre une petite fille qui se cache sous un carton d’emballage de réfrigérateur, les pieds baignant dans une flaque d’urine. « On ne sait s’il faut verser dans l’humour ou bien y voir quelque révélation d’angoisse et de culpabilité » (Jacinto Lageira).

Vue de l’exposition Julie C. Fortier, There’s No Place Like Home, Galerie La Box, Ensa Bourges (France), 16 déc. 2004 – 19 janv. 2005

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There’s No Place Like Home2004, impression numérique sur Tyvek, convoyeur, bois peint, 115 x 220 x 50 cm Produit avec l’appui de La Box_Ensa Bourges

« Ouvrir une porte donnant sur le vide est l’exemple d’un comique de répétition de l’univers des cartoons (notamment chez Tex Avery) où quelque architecte fou ou tel pourchasseur a mis au point le piège inusable dans lequel tombera toujours le pourchassé. Lieu commun du rire, la chute dans le vide est une sorte de version accomplie par son ratage même du vieux rêve de ceux qui voudraient voler, s’imaginent évoluant dans les airs, libérés du poids de la gravitation. » (Jacinto Lageira)

Vue de l’exposition Julie C. Fortier, There’s No Place Like Home, Galerie La Box, Ensa Bourges (France), 16 déc. 2004 – 19 janv. 2005

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Pile ou Face2007, pièce d’un euro (côté face), certificat Collection Marc et Josée Gensollen (Marseille, France)

Dans le cadre du projet « Quatorze jours avec » programmé par la VF Galerie (Marseille), Yann Sérandour et moi-même avons mis en jeu notre intervention en faisant tirer à pile ou face la tenue de notre exposition. La veille de l’ouverture une pièce d’un euro a été lancée devant témoins par le directeur de la galerie, après avoir convenu avec lui que les œuvres produites ne seraient exposées que si la pièce tombait sur « pile ». La pièce étant tombée sur « face », rien ne fut exposé, hormis la pièce de monnaie laissée sur le sol de la galerie après le tirage. La pièce fut acquise par deux des témoins, en tant que trace d’une « non exposition ».Vues de l’exposition Quatorze jours avec Julie C. Fortier et Yann Sérandour, Pile ou Face, VF Galerie, Marseille, 26 mai – 9 juin 2007

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Gold Mining River2006, 2 fioles de verre contenant de l’eau de la rivière et de l’or 23 carats présentées dans une boîte à bijoux sous une vitrine en chêne et verre, 36 x 36 x 111 cm.Produit avec l’appui du Conseil des arts du Canada

Au cours d’un après-midi de l’été 2006, Yann Sérandour et moi-même avons cherché de l’or dans la Gold Mining River, ancienne rivière aurifère exploitée jusque dans les années 1950, située à la frontière du New Hampshire et du Québec.Les deux fioles contiennent les paillettes d’or trouvées par chacun d’entre nous.

Vue de l’exposition Heureux comme Sisyphe, Villa Lemot, Domaine départementale de la Garenne Lemot, Gétigné (France), 12 mai - 10 octobre 2011

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Vanishing Point2004, vidéo miniDV stéréo couleur, format 4:3, 56 min. 52 s.Produit avec l’appui du Western Front (Vancouver) et du Conseil des arts du Canada.

Cette vidéo cadre un terrain vague de Vancouver derrière lequel on peut voir les montagnes côtières. Ce tableau paysager étiré dans le temps est rythmé par mon travail. Je creuse un trou dans le sol à l’aide d’une pelle et d’un pic. Paradoxalement, ma capacité à être productive et efficace a pour but de produire graduellement une perte, un manque à l’image, ma disparition de celle-ci.

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Vue de l’exposition Cyrille Mariën, Hervé Coqueret, Julie C. Fortier, 2 Temps, 3 Mouvements, Galerie du TNB, FRAC Bretagne, Rennes (France) 6 oct. – 1er nov. 2001

Julie Underground2001, installation, vidéo miniDV stéréo couleur, format 4:3, boucle 3 min. 25 s. 48 m de rails de PVC, chariot de bois (80 x 115 x 80 cm), 2 tonnes de charbon, pelle, pioche, sacs à charbon

Transformée en mine de charbon pendant la nuit, la galerie retrouve sa fonction d’exposition durant le jour et présente une vidéo dans laquelle je pousse sans relâche un chariot rempli de sacs de charbon.

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Nicolas, dépêche-toi !2002, projection vidéo verticale miniDV stéréo couleur format 3:4, boucle 45 min. 33 s, 160 x 200 cm Produit avec l’appui du Conseil des arts et des lettres du QuébecCollection Marc et Josée Gensollen (Marseille, France)

Cette vidéo projette grandeur nature l’image de mon corps accroché au mur. Elle expose sur 45 minutes un jeu mimant l’immobilité d’une image fixe puis l’angoisse que ce jeu provoque quand il dure trop longtemps. « Nicolas » n’arrivant jamais et la vidéo étant diffusée en boucle, elle montre d’une manière tragicomique l’impossibilité de mettre fin à une situation aussi cruelle qu’absurde.

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julie c. fortier articles (par ordre d’apparition dans le CV)

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L’avant-garde est-elle (toujours) bretonne ?AAtteelliieerr dd’’EEssttiieennnnee,, PPoonntt--SSccoorrffff, 10 janvier – 21 février 2014

Avec Virginie Barré, Jocelyn Cottencin, Antoine Dorotte, Julie C. Fortier, Benoît-Marie Moriceau, SamirMougas, Bruno Peinado.

Derrière l’allure provocatrice de ce titre se cache un questionnement à double détente : dans un premier temps,l’existence d’une avant-garde peut-elle être contenue dans les limites d’une région ? Dans un deuxième, c’estl’hypothèse de la Bretagne qui est interrogée ici, sa capacité à se singulariser et à se maintenir dans cettesituation très hypothétique qui la distinguerait de ses semblables… L’idée de débattre de la définition del’avant-garde est du reste bien tentante mais il est à craindre qu’une telle entreprise ne déborde les limites decette chronique, même si a priori une critique digne de ce nom ne saurait s’arrêter à de telles considérationsmesquines et devrait s’obliger à réinterroger ces concepts qui semblent aller de soi. Car, dans l’avant-garde, rienne va de soi, si ce n’est de s’en tenir à une définition usuelle de ce terme pour en faire un synonyme de ce quiest nouveau, surprenant, inouï, etc. Bref, de confiner la définition de l’avant-garde à son acception courante.Même en s’en tenant à cette définition minimale, on rencontre déjà des difficultés : pour pouvoir édicter ce quiest radicalement nouveau, il faudrait concentrer des qualités d’observateur ubiquitaire, être doté d’uneconscience critique maximale et d’une objectivité hypertrophiée, ce qui est rarement le cas même si beaucoupde critiques d’art passent leur temps à courir les expos et ne sont pas si partisans que cela. Et ce serait accordertrop de pouvoir aux critiques d’art qui, au final, ne représentent qu’une modeste partie de la décision quant àsavoir ce qui relève de l’avant-garde : les critiques ont certes du poids mais pas plus que les collectionneurs, lesdirecteurs d’institutions, la foule des bloggeurs. Et les critiques d’art sont parisiens pour la plupart. Ce quin’arrange guère les affaires de la Bretagne dans cette histoire…

Julie. C Fortier, Petrichor, 2013. Edition entre-deux, Nantes, courtesy de l’artiste. Photos © Atelier d’Estienne.

Laurent Duthion, Transsubstantiation etc., 2012, courtesy de l’artiste. Photos © Atelier d’Estienne.

Donc, plus on avance sur la question et plus l’affaire bretonne se corse. Nous avons tendance à penser que laquestion de l’avant-garde est désormais une chasse gardée des critiques d’art influents et des galeries « qui fontBâle » et la Bretagne n’est pas forcément la mieux dotée dans ce domaine : peu d’organes de presse spécialisée,peu de critiques attitrés et vivant au pays (depuis la disparition de Bernard Lamarche-Vadel qui a pu en sontemps avoir une réelle influence dans la région, certains artistes bretons s’en souviennent ), peu decollectionneurs patrons (Pinaud peut-il être considéré comme un collectionneur breton ?), peu de galeriesinfluentes (aucune ne fait la Fiac), peu de curateurs de renom, etc.

Par Patrice Joly

Spécial web

Légende bandeau :Virginie Barré, Gorilla-man, 2010,courtesy de l’artiste. Photos © Atelierd’Estienne.

Du même auteurHans-Ulrich Obrist conversationsA la surface de l’infini à La Galerie à NoisyAlice AndersonAli Kazma à RoubaixItv Keren Detton

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Antoine Dorotte, Suite d,O, 2010, courtesy galerie ACDC et l’artisteLaurent Duthion, Transsubstantiation etc., 2012, courtesy del’artisteSamir Mougas, Fumeur noir, 2013, courtesy de l’artisteBruno Peinado, Big Bang, 2006, courtesy de l’artiste. Photos © Atelierd’Estienne.

Poser le problème de l’avant-garde c’est poser le problème du centralisme français, du déséquilibre entre uneprovince démunie et une capitale où se retrouvent l’essentiel des décideurs : cette prédominance ne suffitcependant pas à accorder à Paris toute latitude prescriptrice, dépendante qu’elle est d’un système mondialisé oùcela fait belle lurette que ce ne sont plus les galeries françaises, ni les curateurs français, ni la critique d’artfrançaise qui donnent le la. Reposer le problème de l’avant-garde bretonne, au-delà de l’ironie légère qui sourdde l’intitulé, c’est aussi réinterroger les termes de l’accession à la visibilité de ces avant-gardes qui se sontsuccédé tout au long de la première moitié du XX siècle et qui, d’une certaine manière, étaient le fait de petitsgroupes au fonctionnement « artisanal ». Aussi, pour en revenir à la problématique du début, sans vouloirrentrer dans des profondeurs définitionnelles, il est flagrant de constater que les conditions nécessaires àl’établissement d’une avant-garde de nos jours renvoient à la formation de regroupements d’artistes dontl’émergence tient beaucoup plus à la mise en place d’un éventail promotionnel et médiatique qu’à la défense depositions révolutionnaires, positions qui pourtant sont indissociables du concept d’avant-garde. Sans vouloirnon plus approfondir les liens de toutes sortes entre avant-garde et révolution (au sens d’un bouleversement del’establishment), il paraît pour le moins difficile de reparler d’avant-garde sans faire référence aux interrelationstrès fortes entre production artistique et marché de l’art. Le temps des avant-gardes était justement celui despostures radicales, en lutte avec les productions dominantes de l’époque – l’académisme – qu’elles sechargeaient de bousculer, de rendre obsolètes (même si les marchands avisés étaient depuis le début des avant-gardes des observateurs avisés des artistes de l’avant-garde), alors que désormais on peut craindre qu’il y aitconcomitance ou même influence du marché sur les formes soi-disant avant-gardistes. Au-delà de la volonté,certes stimulante, de dépoussiérer un concept qui semble chaque jour un peu plus inadapté, cette réutilisation del’appellation de l’avant-garde permet une fois de plus de constater l’impuissance des scènes périphériques àpouvoir faire entendre des voix singulières en dehors des connivences en tous genres qui désormais façonnent lefonctionnement du marché de l’art international et décident de la pertinence des formes sensibles à tous lesétages.

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Antoine Dorotte, Suite d,O, 2010, courtesy galerie ACDC et l’artiste. Photos © Atelier d’Estienne.

Dans cet impitoyable plaidoyer pour dire l’impossibilité de l’avant-garde à être bretonne brillent quelqueslueurs d’espoir. Déjà, il existe une véritable « tradition de l’avant-garde » en Bretagne : André Breton aimaitséjourner à Nantes — alors pleinement bretonne — où il disait retrouver cette capacité d’étonnement etd’émerveillement qu’il ne pouvait trouver ailleurs qu’à Paris ; Michel Leiris, dans sa correspondance avecJacques Baron, parle de la péninsule bretonne comme d’un endroit propice à la création qui ne se résume pas àl’adoration d’un Monet pour les rochers de Port Coton : pour lui, la dimension océanique de cette terre brasséepar les tempêtes serait absolument salutaire pour échapper au climat délétère de la grande ville, même si, dans lecommentaire de leur correspondance, il est dit que l’avant-garde est une affaire parisienne . Quand bienmême ces références sont désormais lointaines, force est de constater que la Bretagne conserve un attrait certainauprès de nombreux artistes qui ont décidé eux aussi de s’installer dans la région, au risque de renoncer auxopportunités de carrière : dans les années trente, la Bretagne apparaît déjà non pas comme un recours possiblepour l’établissement d’avant-gardes concurrentes mais plutôt comme une hypothèse de repli, un contrepointefficace au maelström de la grande ville où se pratique davantage l’art des mondanités que se prennent devéritables décisions artistiques; on voit bien qu’ici s’opposent deux conceptions de l’élan créatif, le vortexstimulant de la métropole ou bien le calme et le détachement de la province, loin des vicissitudes du monde. Àcondition toutefois que la décision soit prise en ces termes. Car c’est ici que nous touchons au cœur duproblème : la Bretagne, pour ces artistes qui ont choisi d’y rester ou pour ceux qui ont décidé de s’y installer,relève-t-elle d’un choix par défaut ou au contraire du sentiment assumé de pouvoir y développer pleinement leurpratique ? Si ces artistes ont pensé qu’ils pouvaient se passer de la capitale en misant sur les qualités climatiquesde la région, c’est aussi qu’ils jugent que la situation artistique de la Bretagne est porteuse et que l’hypothèsed’une alternative aux puissances prescriptrices dominantes est possible ; si c’est uniquement parce que lesloyers parisiens les rebutent qu’ils s’y installent, alors la messe est dite.

Laurent Duthion, masques de la série Occurrences, 2013, courtesy de l’artisteJocelyn Cottencin, œuvre de la série Litanies, conseils etautres idioties, 2010, courtesy de l’artiste. Photos © Atelier d’Estienne.

Dans la liste des artistes présentés à l’atelier d’Estienne à Pont-Scorff, les positions sont loin d’être homogènesentre des Barré-Peinado venus s’installer il y a une dizaine d’années à Douarnenez pour profiter de la quiétudede la baie tout en conservant une attache parisienne avec leur marchand parisien, un Antoine Dorotte quipossède son atelier en banlieue parisienne ou encore un Jocelyn Cottencin véritablement installé à Rennes aprèsses études aux beaux-arts tout comme Samir Mougas et Laurent Duthion. Le cas de Loïc Raguénès semble bienconfirmer l’hypothèse d’une « retraite » provinciale rendue possible grâce au relais de sa galerie étrangère pource qui concerne la gestion de sa carrière. Quant à Benoît-Marie Moriceau, il représente un cas à part, celui d’unartiste partagé entre sa galerie nantaise, son appartement rennais et son atelier à Savenay : sorte de fantasme demétropole élargie englobant les deux capitales régionales et ses satellites, dont seule l’offre cumulée permettraitd’atteindre un stade acceptable de propositions. Julie C. Fortier reste inclassable dans la mesure où elle s’estinstallée à Rennes pour suivre son ami, Yann Sérandour, autre artiste majeur de la scène rennaise, dontl’absence au sein de cette exposition peut étonner. Si cette réunion d’artistes ne fait pas une avant-garde, elle aau moins le mérite de pointer les difficultés d’existence d’une scène régionale tiraillée entre la nécessitéd’exister à la capitale et le désir de s’investir auprès de son aire de prédilection : l’autre lueur d’espoir quiatténue ce constat de l’impossibilité d’une avant-garde bretonne et qui, à terme, pourrait le contredire, c’estl’existence en Bretagne d’un réseau de centres d’art et d’associations de tout premier plan qui, de Rennes auDourven, de Quimper à Brest et désormais à Pont-Scorff procure à cette scène bretonne une incomparablecaisse de résonance.

↑ Il faut cependant rendre hommage à la figure de Jean-Marc Huitorel, infatigable chroniqueur et auteurd’innombrables textes de catalogues, défenseur s’il en est de la scène bretonne.

1.

↑ Bernard-Lamarche Vadel fut enseignant à l’école des beaux-arts de Quimper de 1979 à 1980 qui lui consacra uncolloque il y a deux ans. Sa ligne critique « incarnée » et sans concessions, son magnétisme et son rayonnement dansl’Hexagone et hors des frontières contribuèrent à faire mieux connaître la scène bretonne (ou plutôt celle de l’Ouest)et à la désenclaver, quand bien même il n’essaya pas de constituer une quelconque défense de la créationcontemporaine bretonne.

2.

↑ Relire Nadja de Breton…3.

↑ Correspondance Michel Leiris / Jacques Baron, édition établie, annotée et préfacée par Patrice Allain & GabrielParnet, éd. Joseph K, Nantes, 2013. Les deux amis séjournent régulièrement en Bretagne, pays qu’ils aiment àretrouver pour ses vertus de ressourcement des idées et de raffermissement du corps (voir notamment la lettre numéro50, p. 126 qui évoque leur séjour à Tréboul). Pour autant, les auteurs ne contestent à aucun moment le leadershipparisien en matière d’avant-garde (voir p. 25 et 27 : « cependant par-delà les chemins escarpés de la lande bretonnequi ont mené Jacques et Michel à la dissidence du mouvement surréaliste, c’est bien à Paris, espace consacré àl’avant-garde… ») ; si Paris est le centre de la vie artistique et culturelle, la Bretagne est l’endroit où Leiris et Baronpuisent les forces nécessaires pour s’opposer à des personnalités telles que celle de Breton. Par ailleurs, on saitsuffisamment le respect qu’accorde Breton à l’endroit de Jacques Vaché qu’il découvre à Nantes et qu’il estime être lemodèle absolu de l’artiste surréaliste. On connaît aussi l’importance de la frange nantaise dans le mouvementsurréaliste (voir Nantes : le rêve d’une ville, Musée des beaux-arts de Nantes-RMN, 1995).

4.

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Jacques Rivet et Marie-Laure Viale, « Petrichor »Communiqué de presse de l’exposition « Petrichor », La base d’appui d’ Entre-Deux, Nantes (FR)

Page 49: Julie c fortier dossier ecran

Dominique Marchès et Sophie Brossais, « Drolatique », publication de l’exposition, Pôle culturel de Coulanges, mars 2012

Page 50: Julie c fortier dossier ecran

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Virginie Bourget, Catherine Touchefeu, « Heureux comme Sisyphe », publication de l’exposition, Conseil général de Loire Atlantique, juin 2011, p.18

Page 51: Julie c fortier dossier ecran

10

autre architecture, une pratique très spécifique au travail de Matta-Clark. D’autre part, la maquette multiplie, par les reflets, l’image d’un espace de telle manière que, au lieu de retrouver le paysage du Frac sur les surfaces réfléchissantes, c’est l’intérieur du Musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc qui se diffracte. Cette œuvre ouvre un champ d’interrogation sur le caractère essentiellement instable de toute œuvre nécessairement transformée par les contextes institutionnels, architecturaux, spatiaux et temporels qu’elle rencontre. Des trajectoires nécessitant d’interroger sans cesse leurs significations infiniment renouvelées. Ainsi, la grille géométrique que Martin Boyce a prélevée et interprétée à partir de motifs schématiques d’une façade de l’architecte Robert Mallet-Stevens fait-elle irruption dans l’espace contemporain. La sculpture, faisant office de prisme, structure alors le lieu d’exposition. En 2008, Julie C. Fortier suit le protocole suggéré par Les Levine dans son livre House de 1971 dans lequel il convie le lecteur à réaliser une maison en bois effondrée qu’il documente par une série de photographies. Près de quarante ans plus tard, Julie C. Fortier n’a retenu qu’un seul cliché dont le cadrage a rogné la partie supérieure de la façade. Cette partie manque aussi à la sculpture qui reproduit ainsi fidèlement l’image.

Autonomie et fragmentation. Etats de Nature ?

Ttrioreau, GmTT-ck/edge on a ledge n°1, 2005

Gordon Matta-Clark Day’s End, 1975

Le collectif d’artistes A Constructed World, qui a notamment co-réalisé l’exposition From Walden To Vegas, portant sur les modes de représentation du paysage américain, propose la vidéo d’une performance musicale, ainsi qu’une installation prolongeant leur projet Hobbes Opera, 7 Nation Army. Ce travail repose sur une interprétation des théories du philosophe anglais Thomas Hobbes concernant la notion d’état de nature. Selon lui, l’homme serait, à l’origine, essentiellement mauvais et la société aurait pour fonction de le civiliser en s’appuyant notamment sur le pouvoir exercé par le souverain et la peur de la sanction. En 2008, au CAPC, Musée d’art contemporain de Bordeaux, le groupe A Constructed World organise une performance au cours de laquelle une guitare à six manches est découpée sur scène à la scie mécanique. La notion de musique en tant que forme sonore domestiquée, contrôlée et civilisée est ainsi violemment déconstruite. Lors du vernissage de l’exposition Fragmentations, trajectoires contre-nature à la Garenne-Lemot, ce collectif a invité six musiciens, installés dans les six pièces de la villa, pour jouer sur des morceaux de l’instrument. Depuis, certaines guitares sont reparties dans d’autres expositions et ce sont des fragments de cette performance qui sont installés à Saint-Brieuc. Ce processus transitif est significatif d’une conception des œuvres d’art comme essentiellement fragmentaires. Des œuvres pour lesquelles chaque occurrence de leur présentation dans un nouveau contexte recompose leurs formes signifiantes et permet d’accueillir d’autres éléments de significations possibles.

Sébastien Pluot, « Fragmentations, trajectoires contre-nature », journal de l’exposition, Frac Bretagne, juin 2011, p.10

Page 52: Julie c fortier dossier ecran

Anne-Marie Charbonneaux, « L’or dans l’art contemporain » ed. Flammarion, Paris 2010 p. 105

Page 53: Julie c fortier dossier ecran

Julie Portier, « Extérieur jour », Zéro-deux, n°54, été 2010

Page 54: Julie c fortier dossier ecran

« Cinéma-Maison », FAR, n°4, février 2010

Page 55: Julie c fortier dossier ecran

Béatrice Méline, « Delenda Carthago », HY ! no1, revue Hypertexte, juin 2008

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Not

telle

t 17

.Jea

n-M

arie

Bla

nche

t18

. tab

le, c

haise

s, lu

min

aire

com

pris.

Page 56: Julie c fortier dossier ecran

2 |

co

uv

en

t d

es

ja

co

bin

s

juli

e c

. fo

rti

er

h

ou

se

La f

ad

e-é

cr

an

et

La s

cu

Lptu

re

ha

nté

e

au

ciné

ma,

la c

onst

ruct

ion

d’un

déc

or s

’acc

ompa

gne

impl

aca-

blem

ent,

et d

e fa

çon

cong

énita

le, d

e la

nai

ssan

ce d

e no

mbr

eux

fant

ômes

. Les

mai

sons

en

kit,

les

faça

des

reco

nstit

uées

qui

fa

çonn

ent d

es ru

es s

ans

cont

rech

amps

pos

sibl

es, l

es in

térie

urs

fact

ices

str

uctu

rent

aut

orita

irem

ent

le c

adre

de

l’im

age

; ils

le

mod

èlen

t de

l’int

érie

ur ju

squ’

à le

repl

ier s

ur lu

i-mêm

e po

ur p

rivi-

légi

er, s

ur la

fenê

tre, l

a bo

îte. L

e fa

ux à

l’éc

ran

cons

titue

un

des

para

doxe

s du

cin

éma

puis

qu’il

pro

met

au

spec

tate

ur c

onfia

nt

un s

urcr

oît

de r

éalit

é :

en r

edou

blan

t l’e

spac

e du

cad

re, i

l se

subs

titue

aus

si à

cel

ui-c

i pou

r pr

opos

er u

ne s

orte

de

glac

is,

un f

euill

etag

e qu

i gar

antir

ait

à l’œ

il un

e pr

ofon

deur

feu

trée

et

conf

orta

ble.

ce

que

l’usa

ge d

e l’a

rtifi

ce t

ente

de

diss

imul

er,

sino

n de

nie

r, c’

est q

u’un

pla

n es

t à c

haqu

e fo

is u

ne e

mpr

eint

e ar

rach

ée à

la v

ie.

Le p

rix à

pay

er p

our

pouv

oir

exis

ter

à pa

rtir

du d

écor

, c’e

st

celu

i de

l’éco

nom

ie d

u m

ouve

men

t. M

ouve

men

t in

terd

it po

ur

la c

amér

a qu

i ne

peut

se

perm

ettre

le t

rave

lling

-tab

ou h

ors

de

l’im

age

fabr

iqué

e, c

elui

qui

fra

nchi

rait

et r

évél

erai

t le

s lim

ites

d’un

esp

ace

ne p

ossé

dant

dan

s so

n pr

inci

pe a

ucun

env

ers.

M

ouve

men

ts c

ompt

és e

t mes

urés

pou

r l’a

cteu

r car

il e

st im

pos-

sibl

e de

con

cevo

ir la

vér

ité d

’un

hors

-cha

mp

qui p

rend

rait

plac

e à

l’ext

érie

ur d

e la

réa

lité

du d

écor

. un

hors

-cha

mp

ne s

’éla

bore

qu

e da

ns la

par

tie q

ui, q

uoiq

ue in

visi

ble

à l’i

mag

e, s

e tr

ouve

da

ns la

con

tinui

té d

e l’e

spac

e re

prés

enté

. Or,

dans

son

prin

cipe

, le

déc

or é

chaf

aude

de

tout

es p

ièce

s un

e ré

alité

dis

cont

inue

: to

ut c

orps

qui

sor

t de

l’im

age

se t

rouv

e do

nc in

éluc

tabl

emen

t ab

sorb

é pa

r les

ténè

bres

du

rien

pour

réap

para

ître

ensu

ite s

elon

le

s ca

denc

es d

’une

vie

inte

rmitt

ente

. rev

enan

t de

nul

le p

art,

l’act

eur h

abite

le fi

lm d

e sa

pré

senc

e fa

ntom

atiq

ue.

cet

te d

oubl

e in

jonc

tion

néce

ssai

re a

ux m

ouve

men

ts d

’app

arei

l et

aux

mou

vem

ents

des

indi

vidu

s po

ur q

u’un

e ré

alité

pui

sse,

da

ns le

film

de

déco

r, se

dét

erm

iner

à l’

écra

n a

peut

-être

pro

duit

une

figur

e ré

curr

ente

dan

s l’i

ncon

scie

nt c

iném

atog

raph

ique

. c

e sy

mpt

ôme

conc

erne

le r

ôle

déte

rmin

ant

occu

pé p

ar la

m

aiso

n da

ns le

s fil

ms

à su

spen

se o

u da

ns le

s fil

ms

fant

astiq

ues,

le

sque

ls la

con

sacr

ent

bien

sou

vent

com

me

un p

erso

nnag

e à

part

entiè

re. d

ans

ce c

iném

a-là

, les

esp

aces

qui

éch

appe

nt à

la

topo

grap

hie

logi

quem

ent b

alis

ée d

e la

mai

son-

déco

r, pe

rmet

tant

de

rég

uler

à l’

imag

e to

us le

s dé

plac

emen

ts, r

évèl

ent

à ce

lui

qui s

’y in

trodu

it l’h

orre

ur d

’un

hors

-cha

mp

du r

écit

qu’il

n’a

urai

t ja

mai

s dû

con

tem

pler

. Les

pui

ts, l

es p

ièce

s m

urée

s, le

s so

us-s

ols

et le

s ca

ves,

les

reco

ins

diss

imul

és s

ous

les

esca

liers

, les

arr

i-èr

es c

ours

, les

com

bles

dan

s le

s gr

enie

rs s

ont a

utan

t de

zone

s fra

nche

s qu

i pro

cure

nt à

la n

arra

tion

sa m

atiè

re n

oire

: le

crim

e,

la te

rreu

r, la

per

vers

ion,

l’an

éant

isse

men

t de

l’être

s’y

déc

haîn

ent

dans

une

impu

nité

par

allè

le a

u m

onde

.

Il ex

iste

un

autre

mou

vem

ent n

on a

utor

isé

qui e

xcèd

e l’e

spac

e du

fil

m p

our

pren

dre

corp

s da

ns la

réa

lité

: c’e

st c

elui

de

la p

ersi

s-ta

nce,

de

la p

ersé

véra

nce

d’ob

jets

ou

d’im

ages

qui

, com

me

les

brai

ses

de fo

yers

insi

gnifi

ants

et o

btus

, ref

usen

t obs

tiném

ent d

e s’

étei

ndre

pou

r con

tinue

r à v

enir

hant

er, d

epui

s le

cin

éma

et s

a

sc

re

en

-fa

ça

de

an

d h

au

nte

d s

cu

Lptu

re

In th

e sp

ace

of th

e ci

nem

a, th

e co

nstr

uctio

n of

a fi

lm s

et c

omes

in

exor

ably

, an

d in

a c

onge

nita

l way

, w

ith t

he b

irth

of m

any

ghos

ts. h

ouse

s in

kit

form

and

rec

reat

ed fa

cade

s w

hich

mak

e st

reet

s th

at d

o no

t allo

w fo

r rev

erse

sho

ts, a

nd a

rtifi

cial

inte

riors

di

ctat

e th

e fra

min

g of

the

imag

e; t

hey

mod

el it

from

the

insi

de

to th

e po

int o

f clo

sing

it u

p on

itse

lf in

ord

er to

lend

mor

e im

por-

tanc

e to

the

box

than

to th

e w

indo

w. f

alse

ness

on

the

scre

en is

on

e of

the

para

doxe

s of

cin

ema

beca

use

it pr

omis

es th

e tru

stin

g vi

ewer

an

incr

ease

d re

ality

: by

doub

ling

the

spac

e of

the

fram

e,

it al

so r

epla

ces

it, o

fferin

g a

kind

of g

laze

, a la

yerin

g th

at m

ight

gu

aran

tee

the

eye

a co

mfo

rtab

le, h

ushe

d de

pth.

Wha

t the

use

of

art

ifice

trie

s to

dis

guis

e, if

not

den

y, is

the

fact

that

a s

hot i

s,

each

and

eve

ry ti

me,

an

impr

int w

renc

hed

from

life

.

the

pric

e to

be

paid

for b

eing

abl

e to

exi

st, b

ased

on

the

set,

is

that

of t

he e

cono

my

of m

ovem

ent.

forb

idde

n m

ovem

ent f

or th

e ca

mer

a w

hich

can

not a

llow

itse

lf th

e no

-no

of th

e tr

acki

ng s

hot

that

goe

s ou

tsid

e th

e m

ade-

up im

age,

the

shot

that

cro

sses

and

re

veal

s th

e bo

unda

ries

of a

spa

ce th

at, i

n its

ver

y co

ncep

t, ha

s no

oth

er s

ide.

Mov

emen

ts c

ount

ed a

nd m

easu

red

for t

he a

ctor

, fo

r it i

s im

poss

ible

to u

nder

stan

d th

e tru

th o

f an

off-s

cree

n w

hich

w

ould

tak

e pl

ace

outs

ide

of t

he s

et’s

rea

lity.

an

off-s

cree

n is

on

ly w

orke

d ou

t in

the

part

whi

ch, t

houg

h no

t in

the

pict

ure,

is in

th

e co

ntin

uity

of t

he s

pace

repr

esen

ted.

In it

s pr

inci

ple,

then

, the

se

t put

s to

geth

er, f

rom

not

hing

, a d

isco

ntin

uous

real

ity: a

nybo

dy

who

goe

s ou

t of

the

fra

me

is t

hus

inev

itabl

y ab

sorb

ed b

y th

e da

rkne

ss o

f no

thin

g, t

o re

appe

ar la

ter

in a

ccor

danc

e w

ith t

he

rhyt

hms

of a

n in

term

itten

t life

. com

ing

back

from

now

here

, the

ac

tor i

nfor

ms

the

film

with

his

gho

stlik

e pr

esen

ce.

this

tw

ofol

d or

der

nece

ssar

y fo

r th

e ca

mer

a m

ovem

ents

and

th

e m

ovem

ents

of t

he p

eopl

e, s

o th

at a

rea

lity

can

be w

orke

d ou

t on

scr

een

in t

he s

et-b

ased

film

, has

per

haps

pro

duce

d a

recu

rren

t fig

ure

in t

he c

inem

atog

raph

ic u

ncon

scio

us.

this

sy

mpt

om h

as to

do

with

the

deci

sive

rol

e pl

ayed

by

the

hous

e in

sus

pens

e an

d fa

ntas

y m

ovie

s, w

hich

ofte

n le

nd it

the

aura

of

a fu

lly-fl

edge

d ch

arac

ter.

In t

his

part

icul

ar c

inem

a, t

he s

pace

s w

hich

dod

ge th

e lo

gica

lly s

ignp

oste

d to

pogr

aphy

of t

he h

ouse

se

t, m

akin

g it

poss

ible

to

gove

rn a

ll m

ovem

ents

to

the

fram

e,

reve

al to

any

one

ente

ring

it th

e ho

rror

of a

n of

f-scr

een

elem

ent

of t

he n

arra

tive,

whi

ch t

hey

shou

ld n

ever

hav

e lo

oked

at.

the

wel

ls, t

he w

alle

d ro

oms,

the

bas

emen

ts a

nd t

he c

ella

rs, t

he

nook

s hi

dden

ben

eath

the

sta

irs, t

he b

acky

ards

, the

att

ics

in

the

lofts

, are

all

so m

any

free

zone

s w

hich

giv

e th

e na

rrat

ive

its

dark

mat

eria

l: cr

ime,

terr

or, p

erve

rsity

, and

the

dest

ruct

ion

of th

e be

ing

are

all u

nlea

shed

in a

spi

rit o

f im

puni

ty w

ith a

dim

ensi

on

para

llel t

o th

e w

orld

.

ther

e is

ano

ther

una

utho

rized

mov

emen

t w

hich

goe

s be

yond

th

e fil

m’s

spa

ce a

nd ta

kes

form

in re

ality

: thi

s is

the

mov

emen

t of

pers

iste

nce,

of t

he p

erse

vera

nce

of o

bjec

ts a

nd im

ages

, whi

ch,

like

the

embe

rs o

f un

impo

rtan

t an

d ob

tuse

fire

s, s

tubb

ornl

y re

fuse

to g

o ou

t, an

d ca

rry

on, f

rom

film

and

mem

ory,

hau

ntin

g th

e sp

ecta

tor’s

unc

onsc

ious

. the

pre

senc

e of

a s

et, h

ence

fort

h

3

|

mém

oire

, l’im

agin

aire

du

spec

tate

ur. L

a pr

ésen

ce d

’un

déco

r, dé

sorm

ais

inut

ile p

uisq

u’il

ne s

’acc

oupl

e pl

us a

vec

le c

adre

de

l’écr

an u

ne fo

is le

film

ach

evé,

dét

onne

dan

s le

pay

sage

com

me

une

arch

itect

ure

inco

hére

nte

et m

utiq

ue. e

lle c

onvo

que

les

rési

dus

infir

mes

d’u

n ré

cit

qu’il

est

impo

ssib

le d

e co

nvoq

uer

dans

son

inté

grité

car

la ré

alité

de

celu

i-ci e

st e

n fa

it le

cin

éma,

c’

est-

à-di

re :

aille

urs.

Inc

ompl

ets

par

natu

re,

ces

reliq

uats

em

prun

tent

l’ap

pare

nce

de ru

ines

, mai

s, é

trang

emen

t, ce

s ru

ines

ne

son

t les

indi

ces

d’au

cun

pass

é ta

nt e

lles

sont

inca

pabl

es d

e dé

livre

r une

que

lcon

que

info

rmat

ion,

exc

epté

le fa

ntas

me

proj

eté

cont

re le

urs

faça

des

par l

e sp

ecta

teur

.

Lors

qu’o

n pa

rcou

rt h

ouse

, le

livre

de

Les

Levi

ne, o

n co

mpr

end

à qu

el p

oint

ce

man

que

d’in

form

atio

n qu

e co

ncen

trent

sur

eux

ce

rtai

ns a

ccid

ents

de

la r

éalit

é ap

pelle

de

la p

art

de l’

artis

te

une

atte

ntio

n te

lle q

ue, p

our c

herc

her à

per

cer l

’éni

gme,

cel

le-c

i do

it pr

endr

e la

form

e d’

une

traqu

e, d

’une

cha

sse

à l’a

ppro

che.

Lo

rsqu

e Ju

lie c

. for

tier,

à so

n to

ur, c

hois

it un

e ph

otog

raph

ie d

u liv

re (c

elle

de

la p

age

45) p

our,

selo

n l’i

ncita

tion

offe

rte p

ar L

es

Levi

ne, r

éalis

er u

ne s

culp

ture

« e

n ra

ppor

t av

ec l’

espa

ce d

ont

usel

ess

beca

use

it is

no

long

er p

aire

d w

ith th

e sc

reen

’s fr

ame-

wor

k on

ce t

he fi

lm is

fini

shed

, is

out

of p

lace

in t

he la

ndsc

ape

like

an in

cohe

rent

and

sile

nt s

truc

ture

. It

sum

mon

s th

e fe

eble

re

mna

nts

of a

nar

rativ

e, w

hich

it is

impo

ssib

le to

sum

mon

in it

s en

tiret

y, b

ecau

se it

s re

ality

is in

fact

film

, i.e

., el

sew

here

. the

se

relic

s, in

com

plet

e by

nat

ure,

hav

e th

e ap

pear

ance

of r

uins

but

, od

dly,

the

se r

uins

are

not

clu

es t

o an

y pa

st, s

o in

capa

ble

are

they

of h

andi

ng o

ver a

ny in

form

atio

n w

hats

oeve

r, ap

art f

rom

the

fant

asy

proj

ecte

d on

thei

r fac

ades

by

the

view

er.

Whe

n w

e pe

ruse

Les

Lev

ine’

s bo

ok h

ouse

, we

unde

rsta

nd

to w

hat

exte

nt t

his

lack

of i

nfor

mat

ion,

tha

t ce

rtai

n un

fore

seen

ev

ents

of

real

ity f

ocus

on

them

selv

es, r

equi

res

on t

he a

rtis

t’s

part

suc

h an

atte

ntiv

enes

s th

at, i

n or

der

to p

ierc

e th

e en

igm

a,

this

latte

r m

ust

take

the

for

m o

f a

beat

. Whe

n, in

com

plia

nce

with

the

ince

ntiv

e of

fere

d by

Les

Lev

ine,

Jul

ie c

. for

tier,

in h

er

turn

, cho

oses

a p

hoto

grap

h fr

om t

he b

ook

(the

one

on

page

45

), in

ord

er t

o m

ake

a sc

ulpt

ure

“acc

ordi

ng t

o th

e sc

ale

of

the

spac

e th

at [

she]

find

s av

aila

ble”

, she

doe

s no

t cr

eate

any

fu

rthe

r inf

orm

atio

n in

its

rega

rd. h

er d

ecis

ion

cons

ists

rath

er in

hou

se, 2

008

Boi

s /

Woo

d, 5

30

× 4

62 ×

611

cm

cop

rodu

ctio

n Le

s a

telie

rs d

e r

enne

s /

fra

c B

reta

gne

Christophe Pichon, « La façade-écran et la sculpture hantée » Catalogue de l’exposition Valeurs Croisées, biennale d’art contem-porain de Rennes, ed. Les ateliers de Rennes (FR) 2008

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Page 58: Julie c fortier dossier ecran

Nicole Gingras, « Des formes de mobilité »Perte de signal 10 : dix ans de création numérique, Montréal, éd. Perte de Signal, 2008, pp. 50 - 57

Page 59: Julie c fortier dossier ecran

Pedro Morais, « Coups de cœur »Newsletter no 23, Mécène du sud; juillet 2008

Page 60: Julie c fortier dossier ecran

Si les vidéos comme « Julie underground » et « Nicolas dépêche-toi » inscrivaient jusqu'ici letravail de Julie C. Fortier dans le genre de la performance filmée, ses récentes œuvres et dispositifs,affranchis du caractère performatif au sens de l'exploit, ont vu peu à peu disparaître l'artiste et son corol-laire de prouesses pour laisser apparaître souvent en creux des formes substitutives de temps suspendu.« Go West Young Man ! » résonne autant comme le titre d'un film sur le Gold Rush, qu'un possible RoadMovie ou encore renvoi à « Go West ! » de l'anthropologue Daniel Royot et inscrivent de facto l'ensem-ble de l'exposition dans une trame narrative chargée, supposons-le, de nombreux rebondissements etautres aventures. « Gold Mining River », pièce centrale, présente des pépites d'or dans deux fioles etsous vitrine. Avec la complicité de l'artiste Yann Sérandour, Julie C. Fortier a donc cherché de l'or dansla Gold Mining River, ancienne rivière aurifère située à la frontière du New Hampshire et du Québec etexploitée jusque dans les années 1950. Le résultat de ce temps de recherche et de labeur renvoie auxattendus de la conquête de l'Ouest, entre excitation liée à l'appât du gain et résultat forcément décevant.Les oeuvres présentées pour l'exposition comportent toutes ce caractère déceptif puisque que si l'on nepeut s'arrêter de se « faire des films » ici, nous voilà suspendus à l'avènement d'un climax que l'on attendet qui n'arrive jamais. Les œuvres de Julie nous convient à un spectacle dont nous aurions manqué l'épi-sode central, le nœud de l'intrigue ou aussi bien sa fin, son achèvement, immanquablement ponctué ducélèbre « The End ». Le temps dès lors s'égrène, inexorablement, incertain, vidé de tout dénouement,plus proche comme le dit Julie C. Fortier d'une certaine vacuité mélancolique.

Julie C. Fortier est née en 1973 à Sherbrooke (Québec, Canada). Elle est titulaire d'une maîtrisede l'École des arts visuels et médiatiques de l'Université du Québec à Montréal et vit en France depuis2001. Son travail est présenté à l’occasion de Valeurs Croisées : la première édition de la biennale d'artcontemporain à Rennes. Il a fait dernièrement l'objet d'expositions personnelles au Centre Clark àMontréal, à la VF galerie à Marseille et à la galerie Art & Essai à Rennes. Depuis 1999, ses vidéos ontété diffusées dans de nombreux festivals, événements et expositions tels que la Biennale de l'image deLuang Prabang (Laos, Thaïlande), Le Livre et l'Art au Lieu Unique à Nantes et Face LIFT à laKitchener-Waterloo Art Gallery (Ontario, Canada).

Julie C. Fortier et la VF galerie remercient le Conseil des arts du Canada.

15 Boulevard Montricher_13001_Marseille_+33 6 08 52 94 17_ + 33 4 91 50 87 62_www.vfgalerie.com/email: [email protected]

Go West Young Man !

Véronique Collard-Bovy, « Go West Young Man ! »Communiqué de presse de l’exposition « Go West Young Man! », VF Galerie, Marseille (FR)

Page 61: Julie c fortier dossier ecran

...........................................................................................................................................................................< 18H | 18H30 | 19H | 19H30

A tout seigneur tout honneur. Ma première visite de la journée est

pour le Frac Bretagne, premier Frac créé en France en 1981. Au fil

des ans, la collection s'est enrichie de près de 3 000 pièces. De la

peinture abstraite à la sculpture minimaliste en passant par la photo

et la vidéo, la politique d'acquisition se caractérise par une totale

ouverture à toutes les formes de création contemporaine. Depuis son

ouverture, le Frac a pu diffuser sa collection en organisant près

de 350 expositions dans les quatre départements de la région. Mais 2008

marque un tournant dans son histoire. C'est en effet cette année qu'il

s'installera à Rennes dans un nouveau bâtiment construit à sa mesure.

L'immeuble de quatre étages, dessiné par l'architecte Odile Decq, permettra de redéployer

la collection dans un espace d'exposition de 1 000 m2. Hasard heureux ou volonté délibérée,

le nouveau Frac Bretagne fera face à l'œuvre d'Aurélie Nemours, L'Alignement du XXIe siècle.> 3, rue de Noyal 35410 Châteaugiron. Tél. : 02 99 37 37 93 et www.fracbretagne.fr

9H | 9H30 | 10H | 10H30>...............................................................................................................................................

Châteaugiron/FRAC Bretagne

A Fougères, l'art contemporain se niche derrière les hauts murs d'un ancien couvent du XVIIe siècle. Dans ce lieu majestueux,

la galerie des Urbanistes organise, depuis 1995, quatre à six expositions par an. La programmation distingue, en alternance,

de jeunes artistes et des talents plus confirmés. Par ailleurs, la Galerie assume une mission de sensibilisation et d'éducation

à l'art contemporain. Chaque année, elle accueille des artistes français ou étrangers en résidence.

Après un temps de recherche et de rencontre avec les habitants, l'artiste est invité à produire une œuvre

in situ rattachée au pays de Fougères.> 25 rue de la Caserne 35000 Fougères Tél. : 02 99 94 30 05 et www.galeriedesurbanistes.com

.......................................................................< 11H | 11H30 | 12H | 12H30 > .............................................................................................

Fougères/Galerie d’art contemporain des urbanistes

≤ Ci-dessus : Opération quimpéroise, rond-point Chaptal de Jacques Villeglé. Photo Adagp, collection Frac Bretagne/DR.Ci-dessous : Exposure#23, Munich, Nederlingerstrasse, 09.07.03, 3:03 p.m. de Barbara Probst. Photo Adagp, collection Frac Bretagne/Galerie Guy Murray.Ci-dessous, à droite : le nouveau bâtiment du Frac. Photo Odile Decq.

De gauche à droite : vue de l’exposition l’Œil électrique & Temps machine : au lycée et une installation d’Aleksandra Ruszkiewicz. ≥

Sans quitter ce cher pays de Fougères, je prends le chemin d'une commune au nom peu

banal, Bazouges-la-Pérouse. Tout a commencé dans les années 90 par le Village des arts

visuels, une manifestation estivale où artistes amateurs et professionnels venaient

présenter leurs œuvres. En 2000, Bazouges-la-Pérouse a voulu pérenniser l'événement

et a pris le pari audacieux d'acclimater l'art contemporain en milieu rural. L'association

le Village, site d'expérimentation artistique, était née. Elle organise tout au long de l'année

une douzaine de manifestations dans trois lieux qui lui ont été

confiés par l'office du tourisme. Au cœur du dispositif, le Centre

de création est à la fois un lieu d'exposition et un atelier

multimédia spécialisé dans la création numérique. Mélanie

Plasse, chargée des actions culturelles, me guide dans les

ruelles du village jusqu'aux deux

galeries respectivement dédiées

aux arts du feu et aux petits formats.

Le village accueille également tous

les ans trois artistes en résidence.

> Centre de Création, 10, ruede l'Eglise, 35560 Bazouges-la-Pérouse.Tél. : 02 99 97 43 60et www.levillage-bazouges.com

................................................................................................................................................................< 13H30 | 14H | 14H30 | 15H

Julie-Christine Fortier est-elle fan

de films noirs ? J'avoue ne pas lui avoir

posé la question. En tout cas, son travail

évoque irrésistiblement cet instant

précis du suspense où tout bascule.

Dans ses installations et ses vidéos,

l'artiste joue avec ce moment de tension

extrême et le dilate selon son bon plaisir.

Le spectateur anticipe le dénouement et,

dans ce temps suspendu, construit une intrigue. Que s'est-il

passé avant ? Comment l'histoire va-t-elle se conclure ?

La construction de ce suspense personnel et l'expérience

d'une sorte de « vacuité mélancolique » sont les fruits

à recueillir de la confrontation avec les œuvres de l'artiste.

Car au bout du compte, il ne se passe rien. Peut-être

sommes-nous arrivés trop tard… Julie-Christine Fortier

nous confie l'amorce d'un récit. Son intervention minimale

dans l'espace permet ensuite de basculer dans un autre univers.> www.juliecfortier.net

≤ De haut en bas : L’Avenir et The End.

≤ De haut en bas : le Collier de Julie Aquilina,le Sud du Sud de Laurent Duthionet Brouillard de Gaël Grivet.A droite : Peintures à réseaux lenticulairesde Yann Lestrat. ≥

MARDI

Julie-Christine Fortier

Catherine Elkar,directrice du Frac.Photo Emmanuel Pain.

Bazouges-la-Pérouse/Le Village

Armelle Bajard, « cahier Art et région : En résidence à Rennes» Cimaise, no289, Paris, (FR), mars - avril 2008

Page 62: Julie c fortier dossier ecran

La Galerie Clark est ouverte du mardi au samedi, de midi à 17h

5455, avenue de Gaspé, #114, Montréal (QC) H2T 3B3 514 288 4972 - www.clarkplaza.org - Atelier Clark : 514 276-2679

Le Centre CLARK fonctionne grâce aux efforts soutenus de ses membres et de son personnel. CLARK est membre RCAAQ (rcaaq.org) et remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec, le Conseil des Arts du Canada, le Conseil des arts de Montréal, Service du développement culturel de la Ville de Montréal et la Brasserie McAusland.

VERNISSAGE JEUDI LE 10 JANVIER À 20H 10 JANVIER AU 16 FEVRIER 2008 SALLE 1 JULIE-CHRISTINE FORTIER Go West Young Man! Le travail de Julie-Christine Fortier flirte avec l'absence, avec la disparition, mais évoque aussi leur attente. Dans son travail, les temps convoqués sont incertains, suspendus. Fortier laisse dans ses œuvres des traces de ces temps, elles sont parfois dérisoires, parfois marquées par l'histoire du cinéma ou du moins, par le souvenir qu'on peut en avoir. La bande vidéo Vanishing Point (2004) par exemple nous montre l'artiste creusant un trou au pic et à la pelle, près d'une heure durant. Tunnel, fuite, scène de film, chasse au trésor, cette action presque mécanique participe à sa fictionnalisation en obligeant à l'attente, à la contemplation et surtout à l'anticipation de tout rebondissement que l'on devine pourtant absent. Dans l'espoir d'un climax qui n'arrivera pas, Fortier s'enfonce graduellement dans le trou qu'elle creuse jusqu'à disparaître. Comme l'écrit l'artiste : « en énonçant leur caractère volontairement suspendu et déceptif, les œuvres articulées deviennent la mesure d'un temps qui s'égrène inexorablement, donnant forme à une sorte de vacuité mélancolique ». Si l'action engage l'artiste dans sa propre disparition dans Vanishing Point, dans Domaine quatre saisons (2006), le temps, pourtant figé par la photographie, implique la mort probable du sujet dans l'image, du moins, un changement de sujet dans celle-ci. Les possibilités sont nombreuses, cette suspension du temps activant suppositions et images éventuelles, la trame narrative ne s'en fait que plus excitée. 90,1 FM (2007), pièce constituée d’une radio d'automobile dont la fréquence est fixée à 90,1 FM, fonctionne aussi de cette façon. Inextricablement liée à sa situation géographique, cette œuvre syntonise ou non un poste. Son déplacement change ainsi toute la lecture de l'œuvre, mais aussi de l'ensemble, une piste embrouillant le décodage de l'addition des traces d'un récit possible, Go West Young Man! Peut-être un film sur le Gold Rush, peut-être le récit tragique d'un accident de roulotte, une chasse poursuite, un road trip vers l'Ouest, autant d'idées que de temps sont réunis dans ce travail. Ici l'histoire nous a sûrement échappé, nous ne sommes peut-être qu'arrivés trop tard. YP. L’artiste tient à remercier le Conseil des Arts du Canada. www.juliecfortier.net

OPENING JANUARY 10TH AT 8PM JANUARY 10TH TO FEBUARY 16TH 2008 SALLE 1 JULIE-CHRISTINE FORTIER Go West Young Man! Julie-Christine Fortier’s work flirts with absence, with disappearance, but equally evokes the expectation of them. In her work, time is summoned up as uncertain, suspended. Fortier leaves the traces of such time in the pieces; sometimes derisory and sometimes marked by the history of cinema, or at least by the memory we might have of it. The video track Vanishing Point (2004), for example, shows us the artist digging a hole with a pick and shovel for almost an hour. This almost mechanical action — tunnel, escape, film scene, treasure hunter — takes part in its own fictionalization by obliging us to linger, to contemplate, and above all to await the response we suspect is absent. In the hope for a climax that never shows, Fortier gradually sinks into the hole she is digging and vanishes. As the artist writes: “in announcing their deliberately suspended and misleading character, the works become the measure of a time inexorably dissolving, giving form to a kind of melancholy emptiness.” If the action implicates the artist in her own disappearance in Vanishing Point, in Domaine quatre saisons (2006), time, nonetheless frozen in its photographing, implies the subject of the image’s death, or at least its change. The possibilities are numerous, this suspension of time activates speculation and other possible images; it is only more agitated by the narrative soundtrack. 90.1 FM (2007), a piece comprised of a car radio locked on 90.1 FM, works in this way too. Inextricably tied to a geographical location it either picks up a signal or doesn’t. Its relocation thus changes the way the work is read, and at the same time, clouds the road to decoding it through the addition of possible narratives. Go West Young Man! may be a film about the Gold Rush, may be a tragic account of an RV accident, a chase follows, a road trip West, as many ideas as moments of time are brought together in the work. Here, history surely escapes us; we may have arrived too late. YP. Translated by PduB The artist wishes to thank the Canada Council for the Arts www.juliecfortier.net

Yann Pocreau, « Go West Young Man! » Communiqué de presse de l’exposition « Go West Young Man ! », Centre Clark, Montréal (Québec, CA) 2008

Page 63: Julie c fortier dossier ecran

Jean-Max Colard, « Pile ou Face »Les Inrockuptibles, Paris, numéro 602, 12 juin 2007, p. 77

Page 64: Julie c fortier dossier ecran

Frédéric Emprou, « Permanent Vacation »Publication de l’exposition Julie C. Fortier / Sébastien Vonier, Centre d’art contemporain de Pontmain, 13 mai – 18 juin 2006

Page 65: Julie c fortier dossier ecran

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ition

s’

affi r

me

com

me

une

mis

e en

scè

ne. À

l’im

age

d’un

exe

rcic

e d’

écrit

ure

où l’

on p

rodu

it un

tex

te à

par

tir d

’un

lieu,

un

obje

t et

une

situ

atio

n do

nnée

, Jul

ie C

. For

tier

offr

e au

spe

ctat

eur

la

poss

ibili

té d

’inve

nter

sa

prop

re h

isto

ire, d

e re

mpl

ir le

s ca

ses

vide

s à

part

ir d’

élém

ents

pro

pice

s à

la fi

ctio

n. L’

hypo

thès

e d’

un a

ccid

ent

et l’

expé

rienc

e in

quié

tant

e de

l’ab

senc

e so

nt le

s dé

clen

cheu

rs d

’une

intr

igue

.

1. «

Le

mau

vais

che

min

pou

r al

ler

au b

on e

ndro

it».

Phr

ase

attr

ibué

e à

Lau

rel e

t H

ardy

, ci

tée

par

l’art

iste

au

cour

s d’

une

conv

ersa

tion

.

2.V

anis

hing

Poi

nt,2

004,

pr

ojec

tion

vid

éo, d

imen

sion

s va

riab

les,

DV

D s

téré

o co

uleu

r, 56

min

. 46

s.

3.P

êche

bla

nche

, 200

5,

proj

ecti

on v

idéo

en

bouc

le,

dim

ensi

ons

vari

able

s, D

VD

st

éréo

cou

leur

, 15

min

.

4.L

e st

ory-

boar

der

ayan

t ét

é da

ns l’

inca

paci

té d

e de

ssin

er

suit

e à

un a

ccid

ent,

les

dess

ins

ont

été

inte

rpré

tés

par

un

seco

nd d

essi

nate

ur, à

par

tir

des

prem

ière

s ét

udes

eff

ectu

ées.

67

Char

lotte

Blin

:O

ù e

n e

st to

n p

roje

t à la

gal

erie

Art

& E

ssai

?

Julie

C. F

ortie

r :La

pro

duct

ion

débu

te, l

a pr

emiè

re p

ièce

est

en

trai

n d’

être

fabr

iqué

e. C

’est

une

pet

ite p

ièce

, une

bic

ycle

tte,

qui

se

ra p

osée

sur

le s

ol e

t do

nt la

rou

e to

urne

ra t

rès

lent

emen

t po

ur p

rodu

ire u

n lé

ger

« tic

-tic

-tic

-tic

» d

e fa

çon

cont

inue

. L’e

xpos

ition

s’a

rtic

ule

auto

ur d

e ce

tte

pièc

e et

a é

té s

uggé

rée

par

le li

eu.

Élis

e Jo

livet

:Pe

ux-

tu n

ou

s p

arle

r d

e ce

tte

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ycle

tte

? C

om

men

t l’e

xpo

siti

on

se

con

stru

it ?

JCF

: Ça

fait

long

tem

ps q

ue j’

ai c

e pr

ojet

de

bicy

clet

te. A

u dé

part

, je

me

suis

inté

ress

ée à

l’id

ée d

e m

ouve

men

t pe

rpét

uel.

J’ai

com

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cé c

ette

rec

herc

he à

par

tir d

e la

per

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ance

, ave

c l’i

dée

de la

pre

ndre

d’u

n po

int

de v

ue t

rès

litté

ral,

au s

ens

de

« pe

rfor

man

ce é

nerg

étiq

ue »

. Com

men

t ré

alis

er u

ne s

culp

ture

qu

i bou

ge e

t do

nt le

mou

vem

ent

prod

uira

it sa

pro

pre

éner

gie

? Pu

is e

st v

enue

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re p

ropo

sitio

n d’

expo

ser

dans

ce

lieu

que

je c

onna

is a

ssez

bie

n po

ur le

fré

quen

ter.

C’e

st a

u co

urs

d’un

e di

scus

sion

ave

c de

s am

is q

ue m

’est

ven

ue c

ette

idée

de

met

tre

tout

sim

plem

ent

des

voitu

res

dans

cet

esp

ace

qui p

ourr

ait

être

un

par

king

sou

terr

ain.

La

bicy

clet

te s

’est

art

icul

ée à

cet

te id

ée

en c

herc

hant

de

quel

le fa

çon

l’exp

ositi

on p

ouva

it fa

ire im

age,

av

ec le

pro

jet

d’en

tire

r un

fi lm

ou

des

phot

ogra

phie

s. D

epui

s un

mom

ent,

j’av

ais

envi

e d’

expo

ser

un d

écor

qui

pré

cède

la

fabr

icat

ion

d’un

e im

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et q

ui e

st t

out

à la

fois

une

exp

ositi

on

com

me

telle

.

En

tret

ien

sept

embr

e 20

05

La b

icyc

lett

e pr

ésen

tée

dans

l’ex

posi

tion

est

auss

i le

suje

t d’

un fl

ip-b

ook.

Le

son

de la

rou

e qu

i tou

rne

sans

ces

se

se r

etro

uve

au fi

l des

pag

es q

ui d

éfi le

nt s

ous

nos

doig

ts. L

e ry

thm

e ré

gulie

r et

le m

ouve

men

t ré

pété

de

la r

oue

appe

llent

un

e m

aîtr

ise

du t

emps

mai

s au

ssi u

ne p

erte

de

sa n

otio

n,

sans

déb

ut, n

i fi n

. La

réal

isat

ion

de c

e m

ouve

men

t pe

rpét

uel

se c

onfr

onte

à s

on im

poss

ibili

té m

écan

ique

. Elle

néc

essi

te

de r

ecou

rir à

un

artifi

ce,

que

ce

soit

le t

ruca

ge d

e l’o

bjet

ou

l’effe

t d’

une

imag

e an

imée

. Cet

te m

ise

en d

oute

d’u

n m

onde

su

spen

du o

ù to

ut s

erai

t po

ssib

le v

ire à

la m

élan

colie

.

Dan

s l’œ

uvre

de

Julie

C. F

ortie

r, le

s év

énem

ents

lais

sent

pl

ace

à l’é

preu

ve d

u vi

de. L

es p

ièce

s se

font

éch

o et

ruin

ent

l’ent

repr

ise

d’un

rai

sonn

emen

t lin

éaire

: un

roc

her

susp

endu

au

bou

t d’

une

cord

e5 , un

roc

her

sur

une

voitu

re6 ,

des

voitu

res

dans

un

park

ing

et a

insi

de

suite

. Jul

ie C

. For

tier

proc

ède

par

rebo

ndis

sem

ents

, tira

nt p

arti

des

circ

onst

ance

s. L

e ha

sard

es

t un

inst

rum

ent

de m

esur

e id

éal q

ui a

fait

basc

uler

la

maq

uett

e en

car

ton

de la

gal

erie

Art

& E

ssai

rem

plie

de

voitu

res

min

iatu

res

et d

éter

min

er l’

empl

acem

ent

défi n

itif

des

véhi

cule

s da

ns l’

espa

ce. F

aire

des

dét

ours

, pre

ndre

« le

mau

vais

che

min

po

ur a

ller

au b

on e

ndro

it »,

The

End

ann

once

le d

ébut

de

la fi

n Th

e E

nd a

nnon

ce le

déb

ut d

e la

fi n

The

End

et n

ous

acco

rde

le s

ursi

s d’

un d

énou

emen

t qu

i n’e

n fi n

it pa

s.

Ch

arlo

tte

Blin

et

Élis

e Jo

livet

5.Sa

ns t

itre

, 200

3, p

olys

tyrè

ne

endu

it p

eint

, 170

x 1

40 x

100

cm, c

orde

30

m.

6.V

ous

avez

just

e pa

s pu

tro

p pr

ofi t

er d

e l’é

té, q

uoi,

profi

ter

de

l’été

, quo

i,pr

ofi t

er d

e l’é

té, q

uoi

2003

,D

VD

vid

éo, 8

min

. 43

s.

Charlotte BLIN et Elise JOLIVET, « The wrong way to get to the right place »Livret de l’exposition The End, ed. Galerie A&E 2005

Page 66: Julie c fortier dossier ecran

67

Char

lotte

Blin

:O

ù e

n e

st to

n p

roje

t à la

gal

erie

Art

& E

ssai

?

Julie

C. F

ortie

r :La

pro

duct

ion

débu

te, l

a pr

emiè

re p

ièce

est

en

trai

n d’

être

fabr

iqué

e. C

’est

une

pet

ite p

ièce

, une

bic

ycle

tte,

qui

se

ra p

osée

sur

le s

ol e

t do

nt la

rou

e to

urne

ra t

rès

lent

emen

t po

ur p

rodu

ire u

n lé

ger

« tic

-tic

-tic

-tic

» d

e fa

çon

cont

inue

. L’e

xpos

ition

s’a

rtic

ule

auto

ur d

e ce

tte

pièc

e et

a é

té s

uggé

rée

par

le li

eu.

Élis

e Jo

livet

:Pe

ux-

tu n

ou

s p

arle

r d

e ce

tte

bic

ycle

tte

? C

om

men

t l’e

xpo

siti

on

se

con

stru

it ?

JCF

: Ça

fait

long

tem

ps q

ue j’

ai c

e pr

ojet

de

bicy

clet

te. A

u dé

part

, je

me

suis

inté

ress

ée à

l’id

ée d

e m

ouve

men

t pe

rpét

uel.

J’ai

com

men

cé c

ette

rec

herc

he à

par

tir d

e la

per

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ance

, ave

c l’i

dée

de la

pre

ndre

d’u

n po

int

de v

ue t

rès

litté

ral,

au s

ens

de

« pe

rfor

man

ce é

nerg

étiq

ue »

. Com

men

t ré

alis

er u

ne s

culp

ture

qu

i bou

ge e

t do

nt le

mou

vem

ent

prod

uira

it sa

pro

pre

éner

gie

? Pu

is e

st v

enue

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re p

ropo

sitio

n d’

expo

ser

dans

ce

lieu

que

je c

onna

is a

ssez

bie

n po

ur le

fré

quen

ter.

C’e

st a

u co

urs

d’un

e di

scus

sion

ave

c de

s am

is q

ue m

’est

ven

ue c

ette

idée

de

met

tre

tout

sim

plem

ent

des

voitu

res

dans

cet

esp

ace

qui p

ourr

ait

être

un

par

king

sou

terr

ain.

La

bicy

clet

te s

’est

art

icul

ée à

cet

te id

ée

en c

herc

hant

de

quel

le fa

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l’exp

ositi

on p

ouva

it fa

ire im

age,

av

ec le

pro

jet

d’en

tire

r un

fi lm

ou

des

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ogra

phie

s. D

epui

s un

mom

ent,

j’av

ais

envi

e d’

expo

ser

un d

écor

qui

pré

cède

la

fabr

icat

ion

d’un

e im

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et q

ui e

st t

out

à la

fois

une

exp

ositi

on

com

me

telle

.

En

tret

ien

sept

embr

e 20

05

La b

icyc

lett

e pr

ésen

tée

dans

l’ex

posi

tion

est

auss

i le

suje

t d’

un fl

ip-b

ook.

Le

son

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rou

e qu

i tou

rne

sans

ces

se

se r

etro

uve

au fi

l des

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es q

ui d

éfi le

nt s

ous

nos

doig

ts. L

e ry

thm

e ré

gulie

r et

le m

ouve

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t ré

pété

de

la r

oue

appe

llent

un

e m

aîtr

ise

du t

emps

mai

s au

ssi u

ne p

erte

de

sa n

otio

n,

sans

déb

ut, n

i fi n

. La

réal

isat

ion

de c

e m

ouve

men

t pe

rpét

uel

se c

onfr

onte

à s

on im

poss

ibili

té m

écan

ique

. Elle

néc

essi

te

de r

ecou

rir à

un

artifi

ce,

que

ce

soit

le t

ruca

ge d

e l’o

bjet

ou

l’effe

t d’

une

imag

e an

imée

. Cet

te m

ise

en d

oute

d’u

n m

onde

su

spen

du o

ù to

ut s

erai

t po

ssib

le v

ire à

la m

élan

colie

.

Dan

s l’œ

uvre

de

Julie

C. F

ortie

r, le

s év

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ents

lais

sent

pl

ace

à l’é

preu

ve d

u vi

de. L

es p

ièce

s se

font

éch

o et

ruin

ent

l’ent

repr

ise

d’un

rai

sonn

emen

t lin

éaire

: un

roc

her

susp

endu

au

bou

t d’

une

cord

e5 , un

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her

sur

une

voitu

re6 ,

des

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res

dans

un

park

ing

et a

insi

de

suite

. Jul

ie C

. For

tier

proc

ède

par

rebo

ndis

sem

ents

, tira

nt p

arti

des

circ

onst

ance

s. L

e ha

sard

es

t un

inst

rum

ent

de m

esur

e id

éal q

ui a

fait

basc

uler

la

maq

uett

e en

car

ton

de la

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erie

Art

& E

ssai

rem

plie

de

voitu

res

min

iatu

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éter

min

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empl

acem

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défi n

itif

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véhi

cule

s da

ns l’

espa

ce. F

aire

des

dét

ours

, pre

ndre

« le

mau

vais

che

min

po

ur a

ller

au b

on e

ndro

it »,

The

End

ann

once

le d

ébut

de

la fi

n Th

e E

nd a

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ce le

déb

ut d

e la

fi n

The

End

et n

ous

acco

rde

le s

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s d’

un d

énou

emen

t qu

i n’e

n fi n

it pa

s.

Ch

arlo

tte

Blin

et

Élis

e Jo

livet

5.Sa

ns t

itre

, 200

3, p

olys

tyrè

ne

endu

it p

eint

, 170

x 1

40 x

100

cm, c

orde

30

m.

6.V

ous

avez

just

e pa

s pu

tro

p pr

ofi t

er d

e l’é

té, q

uoi,

profi

ter

de

l’été

, quo

i,pr

ofi t

er d

e l’é

té, q

uoi

2003

,D

VD

vid

éo, 8

min

. 43

s.

CB :

En

qu

oi l

e lie

u e

st-il

imp

ort

ant d

ans

cett

e in

stal

latio

n ?

JCF

: C’e

st u

n lie

u d’

expo

sitio

n. S

i j’a

vais

vou

lu t

rava

iller

in s

itu,

j’aur

ais

déci

dé d

e fa

ire u

ne e

xpos

ition

dan

s un

par

king

. En

tran

sfor

man

t ce

lieu

d’e

xpos

ition

en

un a

utre

typ

e de

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, il

devi

ent

com

me

un d

écor

, suf

fi sam

men

t cr

édib

le p

our

nous

fa

ire e

ntre

r da

ns u

ne h

isto

ire.

EJ :

Co

mm

ent

exp

liqu

es-t

u t

on

inté

rêt

par

ticu

lier

po

ur

la

méc

aniq

ue

?

JCF

: Je

pens

e qu

e m

on g

oût

pour

la m

écan

ique

vie

nt d

e m

on e

nfan

ce, d

e to

us le

s br

icol

ages

qu’

on a

pu

faire

, des

léfé

rique

s qu

’on

a co

nstr

uit

entr

e le

s ar

bres

, des

bol

ides

, et

c. C

e so

nt le

s ca

rtes

à jo

uer

qu’o

n aj

outa

it au

x ro

ues

de n

os

bicy

clet

tes

pour

pro

duire

un

brui

t de

mot

eur.

C’e

st v

raim

ent

le je

u, l’

idée

de

bido

uille

r, le

goû

t de

fabr

ique

r. La

plu

part

du

tem

ps, j

’aim

e bi

en fa

ire m

es p

ièce

s m

oi-m

ême,

ave

c l’a

ide

de

mes

am

is, p

arce

que

mes

con

nais

sanc

es e

n m

écan

ique

son

t ex

trêm

emen

t ru

dim

enta

ires.

Sou

vent

ass

ocié

e au

cor

ps e

t au

co

miq

ue, l

a m

écan

ique

a a

ussi

insp

iré m

es p

rem

ière

s vi

déo-

perf

orm

ance

s : p

laqu

er d

e la

méc

aniq

ue s

ur d

u vi

vant

, dé

cele

r de

tou

tes

petit

es a

rtic

ulat

ions

la r

épét

ition

pou

vait

entr

er e

n je

u et

faire

en

sort

e qu

e le

cor

ps d

evie

nne

lui-m

ême

une

méc

aniq

ue.

CB :

Qu

els

po

ints

co

mm

un

s y

a-t-

il en

tre

Ro

ad R

un

ner

de

Ch

uck

Jo

nes

, Le

Mag

icie

n d

’Oz1 ,

Van

ish

ing

Po

int2

et

Bu

ster

Kea

ton

?

JCF

: La

méc

aniq

ue ju

stem

ent

! C

e qu

i est

fasc

inan

t da

ns

Roa

d R

unne

r, ce

son

t to

us le

s ac

cess

oire

s qu

e le

Coy

ote

fait

veni

r de

che

z A

CM

E3 ,

tous

les

disp

ositi

fs q

u’il

cons

trui

t, le

s pl

ans,

etc

. Cha

que

épis

ode

est

com

me

un p

roje

t ré

duit

à né

ant

parc

e qu

e ça

ne

mar

che

pas.

Rie

n ne

fonc

tionn

e, il

n’y

a q

ue le

ge

ste

de c

onst

ruire

. À c

haqu

e fo

is, u

ne c

hose

est

mis

e en

pla

ce

qui v

a do

nner

aut

re c

hose

. Dan

s Le

Mag

icie

n d’

Oz,

Le M

agic

ien

d’O

z,Le

Mag

icie

n d’

Oz

ce

sont

les

effe

ts s

péci

aux.

J’a

i rep

rodu

it la

maq

uett

e de

la m

aiso

n co

mm

e po

ur e

xtra

ire c

e qu

i a p

erm

is la

fabr

icat

ion

de l’

imag

e du

fi lm

4 . C

’est

tou

te la

méc

aniq

ue d

u ci

ném

a qu

i m’in

tére

sse

dans

ces

fi l

ms.

Tout

le c

iném

a de

Bus

ter

Keat

on e

st m

écan

ique

. L’ê

tre

hum

ain

se fa

it av

aler

par

la m

écan

ique

, par

l’én

ergi

e. Il

est

un

grai

n de

sab

le d

ans

un e

ngre

nage

, qu’

il fa

it dé

raill

er p

arce

qu’

il n’

est

pas

disc

iplin

é. D

ans

Cop

s5 ,

il s’

écha

ppe

tout

le t

emps

, il

s’ac

croc

he à

une

voi

ture

, etc

., m

ême

en s

e liv

rant

aux

fl ic

s, ç

a ne

mar

che

pas

vrai

men

t.

8

1.T

he W

izar

d of

Oz,

1939

, ré

alis

é pa

r V

icto

r Fl

emin

g.

2.V

anis

hing

Poi

nt, 1

971,

alis

é pa

r R

icha

rd C

. Sar

afi a

n.

3.E

ntre

pris

e im

agin

aire

fa

briq

uant

les

bien

s m

anuf

actu

rés

utili

sés

dans

le

s ca

rtoo

ns p

rodu

its

par

la

War

ner

Bro

s.

4.T

here

’s N

o P

lace

Lik

e H

ome,

2005

, boi

s pe

int,

30

x 40

x 4

5 cm

.

5.C

ops,

192

2, r

éalis

é pa

r Ed

war

d F.

Clin

e et

Bus

ter

Kea

ton.

Charlotte BLIN et Elise JOLIVET, « entretien »Livret de l’exposition The End, ed. Galerie A&E 2005

Page 67: Julie c fortier dossier ecran

15

EJ :

Co

mm

ent

le c

iném

a in

fl u

ence

ta

pra

tiq

ue

?

JCF

: Je

cons

trui

s de

s im

ages

qui

vie

nnen

t pa

rfoi

s du

cin

éma

ou

des

cart

oons

. Je

ne fa

is p

as u

n tr

avai

l sur

le c

iném

a co

mm

e te

l, m

ais

à pa

rtir

du s

ouve

nir

de c

erta

ines

imag

es. M

ême

quan

d je

réa

lise

une

pièc

e 6 à

par

tir d

’un

fi lm

spé

cifi q

ue, c

omm

e Le

Mag

icie

n d’

Oz,

ce

n’es

t pa

s un

tra

vail

réfé

renc

é, il

n’e

st p

as

néce

ssai

re d

e le

sav

oir

pour

app

réhe

nder

l’œ

uvre

. C’e

st u

ne

imag

e qu

i en

cond

ense

bea

ucou

p d’

autr

es.

EJ :

Est

-ce

qu

e tu

as

envi

e d

e fa

ire

un

fi lm

en

cin

émas

cop

e co

mm

e ce

rtai

ns

rêve

nt

d’é

crir

e u

n li

vre

?

JCF

: Il m

e se

mbl

e qu

e ça

doi

t êt

re s

uper

et

en m

ême

tem

ps

c’es

t pe

ut-ê

tre

un fa

ntas

me

qui n

e co

rres

pond

pas

à m

a fa

çon

de t

rava

iller

. Si j

e fa

isai

s un

fi lm

ave

c de

la p

ellic

ule,

ce

ne s

erai

t pa

s un

e fi c

tion,

ce

sera

it pl

utôt

un

plan

séq

uenc

e ex

trêm

emen

t si

mpl

e, r

éalis

é se

ulem

ent

avec

un

cam

éram

an e

t un

pre

neur

de

son.

Par

con

tre,

la v

idéo

me

perm

et d

’enr

egis

trer

des

heu

res

de p

rises

pou

r av

oir

ce q

ue je

veu

x, je

peu

x at

tend

re q

ue ç

a ar

rive

tout

seu

l, c’

est

préc

ieux

.

CB :

On

ret

rou

ve c

ette

imp

ort

ance

de

la d

uré

e à

la g

aler

ie

Art

& E

ssai

, mai

s ce

tte

fois

le fi

lm e

st l’

enre

gis

trem

ent

pla

cid

e d

’un

e ca

mér

a d

e vi

déo

surv

eilla

nce

.

JCF

: Oui

, il s

’agi

t, p

lan

par

plan

, du

bala

yage

mac

hina

l de

la

cam

éra,

qui

enr

egis

tre

un e

spac

e où

il n

e se

pas

se r

ien,

du

moi

ns q

ui n

e no

us r

ense

igne

pas

sur

ce

qui s

’est

pas

sé. D

ans

le s

tory

-boa

rd, i

l y a

en

fait

deux

vis

ions

diff

éren

tes

de l’

espa

ce,

com

me

deux

per

spec

tives

: ce

lui d

e la

vid

éosu

rvei

llanc

e et

ce

lui d

’une

cam

éra

subj

ectiv

e. C

e n’

est

pas

telle

men

t l’i

dée

d’un

e «

soci

été

de s

urve

illan

ce »

tout

ser

ait

cont

rôlé

qu

i m’in

tére

sse

ici,

c’es

t pl

utôt

une

que

stio

n de

ryt

hme

et

d’év

énem

ent.

CB :

Qu

elle

s so

nt

les

rela

tio

ns

entr

e le

so

n e

t l’i

mag

e d

ans

tes

œu

vres

?

JCF

: Dan

s m

es p

rem

ière

s vi

déos

, le

son

étai

t so

uven

t un

br

uita

ge, a

jout

é à

l’im

age

en p

osts

ynch

roni

satio

n. Il

ven

ait

lui d

onne

r un

côt

é pl

us «

méc

aniq

ue »

, jus

tem

ent.

Pet

it à

petit

, le

son

est

deve

nu c

elui

de

la p

rise

dire

cte,

enr

egis

tré

tel q

uel a

vec

l’im

age,

ce

qui a

acc

entu

é l’a

mbi

guïté

ent

re

imag

e re

touc

hée,

rem

onté

e ou

de

natu

re d

ocum

enta

ire. C

e qu

i m’in

tére

ssai

t da

ns l’

idée

de

faire

de

la p

erfo

rman

ce e

n

6.T

here

’s N

o P

lace

Lik

e H

ome,

2005

, boi

s pe

int,

30

x 40

x 4

5 cm

.

vidé

o, c

’éta

it to

ute

la r

elat

ion

que

la p

erfo

rman

ce a

ent

rete

nue

avec

sa

docu

men

tatio

n, a

vec

sa m

ise

en im

age.

Dès

le d

ébut

, el

le a

été

liée

à l’

imag

e. J

e pe

nse

par

exem

ple

au s

aut

dans

le

vid

e d’

Yve

s K

lein

7 , où

l’id

ée d

e pe

rfor

man

ce p

asse

par

la

7 , où

l’id

ée d

e pe

rfor

man

ce p

asse

par

la

7

cons

truc

tion

d’un

e im

age.

Pre

ndre

le s

on d

irect

emen

t av

ec

l’im

age

et le

tra

vaill

er le

moi

ns p

ossi

ble

perm

et d

e jo

uer

sur

cett

e am

bigu

ïté e

ntre

doc

umen

tatio

n et

fi ct

ion.

CB :

Qu

elle

est

la p

lace

de

la n

arra

tion

dan

s to

n tr

avai

l ? J

e m

e so

uvi

ens

qu

’à p

lusi

eurs

rep

rise

s tu

évo

qu

ais

ton

so

uci

d

’évi

ter

le r

écit,

et e

ffec

tive

men

t dan

s te

s d

ern

ière

s p

ièce

s,

l’évé

nem

ent e

st d

e p

lus

en p

lus

min

ce. P

ou

rtan

t, tu

ne

peu

x p

as é

vite

r q

u’o

n c

her

che

ou

pen

se à

des

his

toir

es e

n

rega

rdan

t tes

œu

vres

.

JCF

: Oui

, ce

qui m

’inté

ress

e le

plu

s, c

’est

d’o

bten

ir ce

tte

ambi

guïté

, où

une

hist

oire

peu

t êtr

e so

n co

ntra

ire, o

ù le

réci

t es

t par

adox

al. J

’ess

aie

touj

ours

de

rédu

ire l’

imag

e au

min

imum

. En

leve

r, en

leve

r, en

leve

r, ju

squ’

à ar

river

à c

e qu

i est

à la

fois

lis

ible

et l

e pl

us p

olym

orph

e po

ssib

le. I

l y a

une

phr

ase

qui

m’a

bea

ucou

p m

arqu

ée lo

rsqu

e je

sui

s ar

rivée

à l’

Uni

vers

ité à

M

ontr

éal.

Une

ens

eign

ante

nou

s ra

cont

ait s

on a

ppre

ntis

sage

de

la s

culp

ture

en

taill

e di

rect

e. S

on p

rofe

sseu

r de

scul

ptur

e vi

ent

la v

oir e

t lui

dem

ande

: «

et to

i, qu

’est

-ce

que

tu v

eux

faire

ave

c to

n bl

oc d

e bo

is ?

», e

lle ré

pond

: «

je v

eux

faire

un

lièvr

e ».

Le

prof

esse

ur la

rega

rde

et lu

i dit

: « c

’est

sim

ple,

tu e

nlèv

es to

ut

ce q

ui n

’est

pas

lièv

re »

. Cet

te p

hras

e, c

’est

que

lque

cho

se q

ui

est v

raim

ent b

ête,

mai

s c’

est e

xact

emen

t ça.

Arr

iver

à e

nlev

er

ce q

ui n

’est

pas

lièv

re, t

out c

e qu

i est

sup

erfl u

. Il s

’agi

t aus

si d

e pr

odui

re u

n vi

de q

ui p

ourr

a ré

sonn

er e

t pre

ndre

form

e po

ur le

sp

ecta

teur

.

EJ :

Co

mm

ent d

éter

min

es-t

u c

et é

qu

ilib

re ?

JCF

: En

fait

je n

e su

is ja

mai

s sû

re, c

’est

très

intu

itif.

Avec

le

tem

ps, t

u di

s «

ok c

ette

piè

ce-là

, je

la g

arde

et p

uis

celle

-là, j

e la

jette

ou

si je

la p

rése

nte

de n

ouve

au je

vai

s en

leve

r ça,

ça

et

ça »

. Ces

cho

ix s

ont d

iffér

ents

d’u

ne p

ièce

à l’

autr

e, il

n’y

a p

as

de re

cette

. Pou

r la

petit

e fi l

le c

aché

e so

us u

n ca

rton

de

Ther

e’s

No

Plac

e Li

ke H

ome

8 , ça

fais

ait l

ongt

emps

que

je tr

aîna

is c

ette

bo

îte e

n ca

rton

, mai

s la

piè

ce s

’est

faite

en

une

soiré

e, e

n di

scut

ant a

vec

un a

mi.

C’e

st s

ouve

nt a

u co

urs

d’un

e di

scus

sion

qu

e la

piè

ce s

e va

lide,

c’e

st tr

ès é

tran

ge. L

a pe

tite

fi lle

éta

it un

je

u, u

ne p

ièce

drô

le, j

usqu

’au

jour

quel

qu’u

n a

eu la

cha

ir de

po

ule

en la

voy

ant d

ans

mon

ate

lier.

C’e

st c

e qu

i me

plaî

t, ce

m

omen

t où

les

pièc

es m

’éch

appe

nt, q

uand

des

réci

ts d

iffér

ents

pr

enne

nt fo

rme.

7.Y

ves

Kle

in, U

n ho

mm

e da

ns l’

espa

ce !

le p

eint

re d

e l’e

spac

e se

jett

e da

ns le

vid

e !,

phot

omon

tage

réa

lisé

par

Shun

k et

Ken

der

en 1

960.

8.T

here

’s N

o P

lace

Lik

e H

ome,

The

re’s

No

Pla

ce L

ike

Hom

e,T

2004

, tec

hniq

ue m

ixte

, 60

x 60

x 1

05 c

m. C

ette

scu

lptu

re

repr

ésen

te le

s ja

mbe

s d’

une

petit

e fi l

le c

aché

e so

us u

n ca

rton

, les

pi

eds

baig

nant

dan

s un

e fl a

que

d’ur

ine.

1617

EJ :

Le s

pec

tate

ur

sera

it u

n d

étec

tive

?

JCF

: Je

ne c

rois

pas

, il n

’y a

pas

une

éni

gme

à ré

soud

re. À

ch

aque

fois

les

moy

ens

d’en

trer

dan

s l’œ

uvre

son

t di

ffér

ents

. Je

m’e

n su

is a

perç

ue a

vec

la p

etite

fi lle

, les

œuv

res

sont

so

uven

t co

mm

e de

s m

iroirs

; j’a

urai

s dû

y p

ense

r pl

us t

ôt, e

n ta

nt q

ue s

pect

atric

e. E

lles

renv

oien

t à

ta p

ropr

e hi

stoi

re, q

ui

tu e

s et

ce

que

tu p

roje

ttes

dan

s l’œ

uvre

.

CB :

Est

-ce

qu

e tu

peu

x n

ou

s p

arle

r d

u «

sh

ow

de

bo

uca

ne

»9

?

JCF

: Le

show

de

bouc

ane

se p

ratiq

uait

dans

la v

ille

où j’

ai

gran

di, p

rinci

pale

men

t da

ns le

cen

tre

ville

, mai

s au

ssi s

ur

cert

aine

s po

rtio

ns d

’aut

orou

te o

u su

r de

s pa

rkin

gs d

éser

ts. L

e ve

ndre

di s

oir,

tous

les

Gin

o-C

amar

o 10

des

env

irons

ven

aien

t se

pa

vane

r av

ec le

ur v

oitu

re r

emon

tée,

rel

ooké

e, r

e-to

ut-c

e-qu

e-tu

-veu

x. E

n fa

isan

t un

dem

i-tou

r au

fre

in à

mai

n, il

s fa

isai

ent

ce q

u’on

app

elle

un

« sh

ow d

e bo

ucan

e »,

c’e

st-à

-dire

que

le

s pn

eus

tour

nent

à v

ide,

ce

qui l

es b

rûle

et

prod

uit

plei

n de

fu

mée

. C’e

st u

ne a

ctiv

ité q

ui fo

nctio

nne

à pe

rte.

CB :

Tu n

ou

s a

évo

qu

é le

« s

ho

w d

e b

ou

can

e »

pen

dan

t la

p

rép

arat

ion

de

l’exp

osi

tio

n d

ans

l’id

ée d

e le

pra

tiq

uer

dan

s la

gal

erie

Art

& E

ssai

?

JCF

: Non

non

, c’é

tait

une

blag

ue !

J’a

i vu

dans

un

cata

logu

e qu

e B

en M

orie

son

avai

t ré

alis

é un

e vi

déo

là-d

essu

s, je

sui

s cu

rieus

e de

voi

r ce

qu’

il es

t ar

rivé

à fa

ire a

vec

ça. J

e tr

ouva

is

l’idé

e de

faire

un

show

de

bouc

ane

dans

une

gal

erie

tel

lem

ent

impe

rtin

ente

et

inap

prop

riée

que

ça m

e fa

isai

t rir

e. Ç

a fa

it pa

rtie

de

l’im

agin

aire

du

proj

et.

CB :

Est

-ce

qu

’on

peu

t d

ire

qu

’il y

a u

n im

agin

aire

du

Fa

r Wes

t d

ans

ton

tra

vail

?Fa

r Wes

t d

ans

ton

tra

vail

?Fa

r Wes

t

JCF

: Un

peu.

En

fait,

le F

ar W

est

a ét

é su

rtou

t pr

ésen

t da

ns

l’exp

ositi

on d

u Fr

ac a

u TN

B 11

, où

Her

vé C

oque

ret

et m

oi

devi

ons

inve

stir

une

œuv

re d

e C

yrill

e M

arië

n. O

n s’

en e

st

beau

coup

am

usé

avec

Her

vé, p

arce

qu’

en t

rava

illan

t ch

acun

de

notr

e cô

té o

n s’

est

retr

ouvé

ave

c un

uni

vers

trè

s se

mbl

able

. R

étro

activ

emen

t, je

cro

is q

ue c

ette

idée

d’a

ller

au c

harb

on

étai

t as

soci

ée a

u fa

it de

déf

riche

r un

ter

rain

nou

veau

, pui

sque

à

chaq

ue fo

is le

s ar

tiste

s ut

ilise

nt le

dis

posi

tif d

e C

yrill

e M

arië

ndi

ffér

emm

ent.

On

pour

rait

l’int

erpr

éter

com

me

ça. C

’est

vra

i qu

’il y

a u

n cô

té t

rès

« W

ild W

ild W

est

» da

ns c

erta

ines

de

9.«

spec

tacl

e de

fum

ée »

.

10.A

u Q

uébe

c, d

ésig

ne u

n ho

mm

e qu

i se

dist

ingu

e pa

r un

e te

nue

de m

auva

is g

oût,

souv

ent

jugé

e ré

tro

(cha

îne

en o

r, gr

osse

vo

iture

) et p

ar d

es a

ttitu

des

sexi

stes

. Il e

st ti

ré d

u no

m p

ropr

e ita

lien

Gin

o et

de

Cam

aro,

m

arqu

e dé

posé

e de

voi

ture

(C

hevr

olet

, Gen

eral

Mot

ors)

qui

fi t

son

app

ariti

on s

ur le

mar

ché

auto

mob

ile e

n 19

67.

11.C

yrill

e M

arië

n, H

ervé

C

oque

ret,

Jul

ie C

. For

tier

,D

eux

tem

ps, t

rois

mou

vem

ents

,ga

leri

e du

TN

B, F

rac

Bre

tagn

e,

du 5

octo

bre

au 1

er n

ovem

bre

2001

.

Page 68: Julie c fortier dossier ecran

vidé

o, c

’éta

it to

ute

la r

elat

ion

que

la p

erfo

rman

ce a

ent

rete

nue

avec

sa

docu

men

tatio

n, a

vec

sa m

ise

en im

age.

Dès

le d

ébut

, el

le a

été

liée

à l’

imag

e. J

e pe

nse

par

exem

ple

au s

aut

dans

le

vid

e d’

Yve

s K

lein

7 , où

l’id

ée d

e pe

rfor

man

ce p

asse

par

la

7 , où

l’id

ée d

e pe

rfor

man

ce p

asse

par

la

7

cons

truc

tion

d’un

e im

age.

Pre

ndre

le s

on d

irect

emen

t av

ec

l’im

age

et le

tra

vaill

er le

moi

ns p

ossi

ble

perm

et d

e jo

uer

sur

cett

e am

bigu

ïté e

ntre

doc

umen

tatio

n et

fi ct

ion.

CB :

Qu

elle

est

la p

lace

de

la n

arra

tion

dan

s to

n tr

avai

l ? J

e m

e so

uvi

ens

qu

’à p

lusi

eurs

rep

rise

s tu

évo

qu

ais

ton

so

uci

d

’évi

ter

le r

écit,

et e

ffec

tive

men

t dan

s te

s d

ern

ière

s p

ièce

s,

l’évé

nem

ent e

st d

e p

lus

en p

lus

min

ce. P

ou

rtan

t, tu

ne

peu

x p

as é

vite

r q

u’o

n c

her

che

ou

pen

se à

des

his

toir

es e

n

rega

rdan

t tes

œu

vres

.

JCF

: Oui

, ce

qui m

’inté

ress

e le

plu

s, c

’est

d’o

bten

ir ce

tte

ambi

guïté

, où

une

hist

oire

peu

t êtr

e so

n co

ntra

ire, o

ù le

réci

t es

t par

adox

al. J

’ess

aie

touj

ours

de

rédu

ire l’

imag

e au

min

imum

. En

leve

r, en

leve

r, en

leve

r, ju

squ’

à ar

river

à c

e qu

i est

à la

fois

lis

ible

et l

e pl

us p

olym

orph

e po

ssib

le. I

l y a

une

phr

ase

qui

m’a

bea

ucou

p m

arqu

ée lo

rsqu

e je

sui

s ar

rivée

à l’

Uni

vers

ité à

M

ontr

éal.

Une

ens

eign

ante

nou

s ra

cont

ait s

on a

ppre

ntis

sage

de

la s

culp

ture

en

taill

e di

rect

e. S

on p

rofe

sseu

r de

scul

ptur

e vi

ent

la v

oir e

t lui

dem

ande

: «

et to

i, qu

’est

-ce

que

tu v

eux

faire

ave

c to

n bl

oc d

e bo

is ?

», e

lle ré

pond

: «

je v

eux

faire

un

lièvr

e ».

Le

prof

esse

ur la

rega

rde

et lu

i dit

: « c

’est

sim

ple,

tu e

nlèv

es to

ut

ce q

ui n

’est

pas

lièv

re »

. Cet

te p

hras

e, c

’est

que

lque

cho

se q

ui

est v

raim

ent b

ête,

mai

s c’

est e

xact

emen

t ça.

Arr

iver

à e

nlev

er

ce q

ui n

’est

pas

lièv

re, t

out c

e qu

i est

sup

erfl u

. Il s

’agi

t aus

si d

e pr

odui

re u

n vi

de q

ui p

ourr

a ré

sonn

er e

t pre

ndre

form

e po

ur le

sp

ecta

teur

.

EJ :

Co

mm

ent d

éter

min

es-t

u c

et é

qu

ilib

re ?

JCF

: En

fait

je n

e su

is ja

mai

s sû

re, c

’est

très

intu

itif.

Avec

le

tem

ps, t

u di

s «

ok c

ette

piè

ce-là

, je

la g

arde

et p

uis

celle

-là, j

e la

jette

ou

si je

la p

rése

nte

de n

ouve

au je

vai

s en

leve

r ça,

ça

et

ça »

. Ces

cho

ix s

ont d

iffér

ents

d’u

ne p

ièce

à l’

autr

e, il

n’y

a p

as

de re

cette

. Pou

r la

petit

e fi l

le c

aché

e so

us u

n ca

rton

de

Ther

e’s

No

Plac

e Li

ke H

ome

8 , ça

fais

ait l

ongt

emps

que

je tr

aîna

is c

ette

bo

îte e

n ca

rton

, mai

s la

piè

ce s

’est

faite

en

une

soiré

e, e

n di

scut

ant a

vec

un a

mi.

C’e

st s

ouve

nt a

u co

urs

d’un

e di

scus

sion

qu

e la

piè

ce s

e va

lide,

c’e

st tr

ès é

tran

ge. L

a pe

tite

fi lle

éta

it un

je

u, u

ne p

ièce

drô

le, j

usqu

’au

jour

quel

qu’u

n a

eu la

cha

ir de

po

ule

en la

voy

ant d

ans

mon

ate

lier.

C’e

st c

e qu

i me

plaî

t, ce

m

omen

t où

les

pièc

es m

’éch

appe

nt, q

uand

des

réci

ts d

iffér

ents

pr

enne

nt fo

rme.

7.Y

ves

Kle

in, U

n ho

mm

e da

ns l’

espa

ce !

le p

eint

re d

e l’e

spac

e se

jett

e da

ns le

vid

e !,

phot

omon

tage

réa

lisé

par

Shun

k et

Ken

der

en 1

960.

8.T

here

’s N

o P

lace

Lik

e H

ome,

The

re’s

No

Pla

ce L

ike

Hom

e,T

2004

, tec

hniq

ue m

ixte

, 60

x 60

x 1

05 c

m. C

ette

scu

lptu

re

repr

ésen

te le

s ja

mbe

s d’

une

petit

e fi l

le c

aché

e so

us u

n ca

rton

, les

pi

eds

baig

nant

dan

s un

e fl a

que

d’ur

ine.

1617

EJ :

Le s

pec

tate

ur

sera

it u

n d

étec

tive

?

JCF

: Je

ne c

rois

pas

, il n

’y a

pas

une

éni

gme

à ré

soud

re. À

ch

aque

fois

les

moy

ens

d’en

trer

dan

s l’œ

uvre

son

t di

ffér

ents

. Je

m’e

n su

is a

perç

ue a

vec

la p

etite

fi lle

, les

œuv

res

sont

so

uven

t co

mm

e de

s m

iroirs

; j’a

urai

s dû

y p

ense

r pl

us t

ôt, e

n ta

nt q

ue s

pect

atric

e. E

lles

renv

oien

t à

ta p

ropr

e hi

stoi

re, q

ui

tu e

s et

ce

que

tu p

roje

ttes

dan

s l’œ

uvre

.

CB :

Est

-ce

qu

e tu

peu

x n

ou

s p

arle

r d

u «

sh

ow

de

bo

uca

ne

»9

?

JCF

: Le

show

de

bouc

ane

se p

ratiq

uait

dans

la v

ille

où j’

ai

gran

di, p

rinci

pale

men

t da

ns le

cen

tre

ville

, mai

s au

ssi s

ur

cert

aine

s po

rtio

ns d

’aut

orou

te o

u su

r de

s pa

rkin

gs d

éser

ts. L

e ve

ndre

di s

oir,

tous

les

Gin

o-C

amar

o 10

des

env

irons

ven

aien

t se

pa

vane

r av

ec le

ur v

oitu

re r

emon

tée,

rel

ooké

e, r

e-to

ut-c

e-qu

e-tu

-veu

x. E

n fa

isan

t un

dem

i-tou

r au

fre

in à

mai

n, il

s fa

isai

ent

ce q

u’on

app

elle

un

« sh

ow d

e bo

ucan

e »,

c’e

st-à

-dire

que

le

s pn

eus

tour

nent

à v

ide,

ce

qui l

es b

rûle

et

prod

uit

plei

n de

fu

mée

. C’e

st u

ne a

ctiv

ité q

ui fo

nctio

nne

à pe

rte.

CB :

Tu n

ou

s a

évo

qu

é le

« s

ho

w d

e b

ou

can

e »

pen

dan

t la

p

rép

arat

ion

de

l’exp

osi

tio

n d

ans

l’id

ée d

e le

pra

tiq

uer

dan

s la

gal

erie

Art

& E

ssai

?

JCF

: Non

non

, c’é

tait

une

blag

ue !

J’a

i vu

dans

un

cata

logu

e qu

e B

en M

orie

son

avai

t ré

alis

é un

e vi

déo

là-d

essu

s, je

sui

s cu

rieus

e de

voi

r ce

qu’

il es

t ar

rivé

à fa

ire a

vec

ça. J

e tr

ouva

is

l’idé

e de

faire

un

show

de

bouc

ane

dans

une

gal

erie

tel

lem

ent

impe

rtin

ente

et

inap

prop

riée

que

ça m

e fa

isai

t rir

e. Ç

a fa

it pa

rtie

de

l’im

agin

aire

du

proj

et.

CB :

Est

-ce

qu

’on

peu

t d

ire

qu

’il y

a u

n im

agin

aire

du

Fa

r Wes

t d

ans

ton

tra

vail

?Fa

r Wes

t d

ans

ton

tra

vail

?Fa

r Wes

t

JCF

: Un

peu.

En

fait,

le F

ar W

est

a ét

é su

rtou

t pr

ésen

t da

ns

l’exp

ositi

on d

u Fr

ac a

u TN

B 11

, où

Her

vé C

oque

ret

et m

oi

devi

ons

inve

stir

une

œuv

re d

e C

yrill

e M

arië

n. O

n s’

en e

st

beau

coup

am

usé

avec

Her

vé, p

arce

qu’

en t

rava

illan

t ch

acun

de

notr

e cô

té o

n s’

est

retr

ouvé

ave

c un

uni

vers

trè

s se

mbl

able

. R

étro

activ

emen

t, je

cro

is q

ue c

ette

idée

d’a

ller

au c

harb

on

étai

t as

soci

ée a

u fa

it de

déf

riche

r un

ter

rain

nou

veau

, pui

sque

à

chaq

ue fo

is le

s ar

tiste

s ut

ilise

nt le

dis

posi

tif d

e C

yrill

e M

arië

ndi

ffér

emm

ent.

On

pour

rait

l’int

erpr

éter

com

me

ça. C

’est

vra

i qu

’il y

a u

n cô

té t

rès

« W

ild W

ild W

est

» da

ns c

erta

ines

de

9.«

spec

tacl

e de

fum

ée »

.

10.A

u Q

uébe

c, d

ésig

ne u

n ho

mm

e qu

i se

dist

ingu

e pa

r un

e te

nue

de m

auva

is g

oût,

souv

ent

jugé

e ré

tro

(cha

îne

en o

r, gr

osse

vo

iture

) et p

ar d

es a

ttitu

des

sexi

stes

. Il e

st ti

ré d

u no

m p

ropr

e ita

lien

Gin

o et

de

Cam

aro,

m

arqu

e dé

posé

e de

voi

ture

(C

hevr

olet

, Gen

eral

Mot

ors)

qui

fi t

son

app

ariti

on s

ur le

mar

ché

auto

mob

ile e

n 19

67.

11.C

yrill

e M

arië

n, H

ervé

C

oque

ret,

Jul

ie C

. For

tier

,D

eux

tem

ps, t

rois

mou

vem

ents

,ga

leri

e du

TN

B, F

rac

Bre

tagn

e,

du 5

octo

bre

au 1

er n

ovem

bre

2001

.

mes

piè

ces

: cre

user

un

trou

, fai

re s

on p

uit,

se

colti

ner

la t

erre

. C

e la

beur

, ces

ges

tes

élém

enta

ires

du p

ionn

ier

m’in

tére

ssen

t be

auco

up p

lus

que

l’asp

ect

fusi

l-cow

boy

-vac

hes-

mac

hin.

Ce

qui e

st a

bsur

de d

ans

Vani

shin

g Po

int 12

, c’e

st d

’êtr

e pi

onni

er

au m

ilieu

d’u

n te

rrai

n va

gue,

dan

s un

e gr

osse

vill

e co

mm

e Va

ncou

ver.

CB :

La c

hu

te r

evie

nt

sou

ven

t d

ans

tes

œu

vres

. D’o

rdin

aire

, el

le s

ucc

ède

à u

ne

per

te d

e co

ntr

ôle

, à l’

idée

de

limit

e. E

st-

ce q

ue

dan

s ta

pra

tiq

ue,

il s

’ag

it d

e sa

voir

jusq

u’o

ù a

ller

?

JCF

: C’e

st d

iffi c

ile…

jusq

u’où

alle

r ?

La c

hute

est

liée

à c

e qu

i se

rait

du r

esso

rt d

u co

miq

ue, e

lle r

envo

ie a

u m

omen

t où

tou

t se

ren

vers

e, le

hau

t et

le b

as, l

e co

ntrô

lé e

t l’i

ncon

trôl

able

, etc

. C

e m

omen

t in

fi me

où t

out

basc

ule

peut

êtr

e sa

isi c

omm

e qu

elqu

e ch

ose

d’in

stan

tané

, mai

s au

ssi c

omm

e un

e ch

ute

qui

n’en

fi ni

t pa

s, u

n ét

at fl

otta

nt, c

omm

e en

ape

sant

eur.

Dan

s ce

se

ns, o

n es

t au

-del

à de

la n

otio

n de

lim

ite, o

n la

dép

asse

. Dan

s l’e

xpos

ition

que

j’ai

faite

à L

a B

ox 13

, le

spec

tate

ur é

tait

dans

un

mom

ent

gelé

, sus

pend

u, c

omm

e un

dis

que

rayé

, qui

se

répè

te

inla

ssab

lem

ent,

un

peu

à l’i

mag

e du

cie

l qui

se

déro

ule

14 :

c’es

t la

chu

te id

éale

, le

vert

ige,

le k

ik.

Mai

s ic

i, av

ec le

sto

ry-b

oard

, il n

’y a

pas

vra

imen

t d’

aprè

s, il

n’y

a

pas

d’av

ant

non

plus

ou

ça p

ourr

ait

être

une

fi n

qui n

’en

fi nit

plus

. Tou

t es

t à

cons

trui

re à

par

tir d

’un

disp

ositi

f qu

i fon

ctio

nne

un p

eu c

omm

e un

em

bray

eur.

EJ :

Qu

’est

-ce

qu

i t’in

tére

sse

dan

s le

fai

t d

e d

on

ner

à u

n fi

lm

l’ap

par

ence

d’u

ne

imag

e fi

xe ?

C’e

st u

ne

stra

tég

ie p

ou

r ét

end

re la

du

rée

de

la p

erce

pti

on

?

JCF

: En

angl

ais,

qua

nd o

n ex

trai

t un

e im

age

d’un

fi lm

, on

dit

a fr

ozen

fra

me,

une

imag

e «

gelé

e ».

Oui

, le

froz

en f

ram

epr

olon

ge la

per

cept

ion,

que

lque

cho

se s

e dé

velo

ppe,

du

moi

ns

une

espè

ce d

’héb

étem

ent,

par

ce q

ue je

ne

sais

pas

si o

n dé

velo

ppe

vrai

men

t un

e ré

fl exi

on. A

u co

ntra

ire, j

e pe

nse

que

ça

occu

pe t

oute

ta

tête

, aut

ant

que

le «

tic

-tic

-tic

-tic

» d

u vé

lo, ç

a re

mpl

it to

n es

pace

.

CB :

C’e

st le

pri

nci

pe

de

la r

ou

e d

e b

icyc

lett

e d

e M

arce

l D

uch

amp

.

JCF

: Oui

c’e

st ç

a, c

’est

bie

n sû

r en

éch

o à

cett

e rê

verie

. Je

m’é

tais

dit

ça e

n br

anch

ant

le m

oteu

r su

r la

bic

ycle

tte,

qua

nd

on l’

a m

is e

n ro

ute,

mai

s ça

n’a

pas

du

tout

l’ef

fet

d’un

e rê

verie

, c’

est

très

éne

rvan

t. D

ans

la r

êver

ie d

e D

ucha

mp,

il y

a le

1819

gest

e de

rel

ance

r la

rou

e. L

a ro

ue r

alen

tit, fi

nit

par

s’ar

rête

r et

ju

ste

au m

omen

t où

elle

s’a

rrêt

e, o

n la

rel

ance

. Mai

s là

, ça

ne

s’ar

rête

jam

ais.

Il y

a q

uelq

ue c

hose

d’e

xtrê

mem

ent

agaç

ant

qui s

’inst

alle

, qui

con

tred

it ce

qu’

on a

tten

d de

vant

une

rou

e de

bi

cycl

ette

. Jus

tem

ent,

ça

va t

rop

loin

: ça

pou

sse

la li

mite

just

e un

peu

tro

p lo

in. C

’est

un

jeu

avec

le c

adre

, ave

c le

s rè

gles

, co

mm

e un

enf

ant

fait

sort

ir se

s pa

rent

s de

leur

s go

nds,

en

pous

sant

la li

mite

just

e un

pet

it pe

u tr

op lo

in, s

ans

se fa

ire

néce

ssai

rem

ent

gron

der,

mai

s ju

ste

pour

gag

ner

un c

entim

ètre

de

libe

rté.

12.V

anis

hing

Poi

nt,2

004,

pr

ojec

tion

vid

éo, d

imen

sion

s va

riab

les,

DV

D s

téré

o co

uleu

r, 56

min

. 46

s.

13.T

here

’s N

o P

lace

Lik

e H

ome,

exp

osit

ion

pers

onne

lle

de J

ulie

C. F

orti

er, G

aler

ie

La

Box

_Ens

a B

ourg

es, d

u 16

déce

mbr

e 20

04 a

u 19

janv

ier

2005

.

14.T

here

’s N

o P

lace

Lik

e H

ome,

2004

, im

pres

sion

nu

mér

ique

sur

Tyv

ek,

conv

oyeu

r, bo

is p

eint

, 115

x22

0 x

50 c

m.

Page 69: Julie c fortier dossier ecran

mes

piè

ces

: cre

user

un

trou

, fai

re s

on p

uit,

se

colti

ner

la t

erre

. C

e la

beur

, ces

ges

tes

élém

enta

ires

du p

ionn

ier

m’in

tére

ssen

t be

auco

up p

lus

que

l’asp

ect

fusi

l-cow

boy

-vac

hes-

mac

hin.

Ce

qui e

st a

bsur

de d

ans

Vani

shin

g Po

int 12

, c’e

st d

’êtr

e pi

onni

er

au m

ilieu

d’u

n te

rrai

n va

gue,

dan

s un

e gr

osse

vill

e co

mm

e Va

ncou

ver.

CB :

La c

hu

te r

evie

nt

sou

ven

t d

ans

tes

œu

vres

. D’o

rdin

aire

, el

le s

ucc

ède

à u

ne

per

te d

e co

ntr

ôle

, à l’

idée

de

limit

e. E

st-

ce q

ue

dan

s ta

pra

tiq

ue,

il s

’ag

it d

e sa

voir

jusq

u’o

ù a

ller

?

JCF

: C’e

st d

iffi c

ile…

jusq

u’où

alle

r ?

La c

hute

est

liée

à c

e qu

i se

rait

du r

esso

rt d

u co

miq

ue, e

lle r

envo

ie a

u m

omen

t où

tou

t se

ren

vers

e, le

hau

t et

le b

as, l

e co

ntrô

lé e

t l’i

ncon

trôl

able

, etc

. C

e m

omen

t in

fi me

où t

out

basc

ule

peut

êtr

e sa

isi c

omm

e qu

elqu

e ch

ose

d’in

stan

tané

, mai

s au

ssi c

omm

e un

e ch

ute

qui

n’en

fi ni

t pa

s, u

n ét

at fl

otta

nt, c

omm

e en

ape

sant

eur.

Dan

s ce

se

ns, o

n es

t au

-del

à de

la n

otio

n de

lim

ite, o

n la

dép

asse

. Dan

s l’e

xpos

ition

que

j’ai

faite

à L

a B

ox 13

, le

spec

tate

ur é

tait

dans

un

mom

ent

gelé

, sus

pend

u, c

omm

e un

dis

que

rayé

, qui

se

répè

te

inla

ssab

lem

ent,

un

peu

à l’i

mag

e du

cie

l qui

se

déro

ule

14 :

c’es

t la

chu

te id

éale

, le

vert

ige,

le k

ik.

Mai

s ic

i, av

ec le

sto

ry-b

oard

, il n

’y a

pas

vra

imen

t d’

aprè

s, il

n’y

a

pas

d’av

ant

non

plus

ou

ça p

ourr

ait

être

une

fi n

qui n

’en

fi nit

plus

. Tou

t es

t à

cons

trui

re à

par

tir d

’un

disp

ositi

f qu

i fon

ctio

nne

un p

eu c

omm

e un

em

bray

eur.

EJ :

Qu

’est

-ce

qu

i t’in

tére

sse

dan

s le

fai

t d

e d

on

ner

à u

n fi

lm

l’ap

par

ence

d’u

ne

imag

e fi

xe ?

C’e

st u

ne

stra

tég

ie p

ou

r ét

end

re la

du

rée

de

la p

erce

pti

on

?

JCF

: En

angl

ais,

qua

nd o

n ex

trai

t un

e im

age

d’un

fi lm

, on

dit

a fr

ozen

fra

me,

une

imag

e «

gelé

e ».

Oui

, le

froz

en f

ram

epr

olon

ge la

per

cept

ion,

que

lque

cho

se s

e dé

velo

ppe,

du

moi

ns

une

espè

ce d

’héb

étem

ent,

par

ce q

ue je

ne

sais

pas

si o

n dé

velo

ppe

vrai

men

t un

e ré

fl exi

on. A

u co

ntra

ire, j

e pe

nse

que

ça

occu

pe t

oute

ta

tête

, aut

ant

que

le «

tic

-tic

-tic

-tic

» d

u vé

lo, ç

a re

mpl

it to

n es

pace

.

CB :

C’e

st le

pri

nci

pe

de

la r

ou

e d

e b

icyc

lett

e d

e M

arce

l D

uch

amp

.

JCF

: Oui

c’e

st ç

a, c

’est

bie

n sû

r en

éch

o à

cett

e rê

verie

. Je

m’é

tais

dit

ça e

n br

anch

ant

le m

oteu

r su

r la

bic

ycle

tte,

qua

nd

on l’

a m

is e

n ro

ute,

mai

s ça

n’a

pas

du

tout

l’ef

fet

d’un

e rê

verie

, c’

est

très

éne

rvan

t. D

ans

la r

êver

ie d

e D

ucha

mp,

il y

a le

1819

gest

e de

rel

ance

r la

rou

e. L

a ro

ue r

alen

tit, fi

nit

par

s’ar

rête

r et

ju

ste

au m

omen

t où

elle

s’a

rrêt

e, o

n la

rel

ance

. Mai

s là

, ça

ne

s’ar

rête

jam

ais.

Il y

a q

uelq

ue c

hose

d’e

xtrê

mem

ent

agaç

ant

qui s

’inst

alle

, qui

con

tred

it ce

qu’

on a

tten

d de

vant

une

rou

e de

bi

cycl

ette

. Jus

tem

ent,

ça

va t

rop

loin

: ça

pou

sse

la li

mite

just

e un

peu

tro

p lo

in. C

’est

un

jeu

avec

le c

adre

, ave

c le

s rè

gles

, co

mm

e un

enf

ant

fait

sort

ir se

s pa

rent

s de

leur

s go

nds,

en

pous

sant

la li

mite

just

e un

pet

it pe

u tr

op lo

in, s

ans

se fa

ire

néce

ssai

rem

ent

gron

der,

mai

s ju

ste

pour

gag

ner

un c

entim

ètre

de

libe

rté.

12.V

anis

hing

Poi

nt,2

004,

pr

ojec

tion

vid

éo, d

imen

sion

s va

riab

les,

DV

D s

téré

o co

uleu

r, 56

min

. 46

s.

13.T

here

’s N

o P

lace

Lik

e H

ome,

exp

osit

ion

pers

onne

lle

de J

ulie

C. F

orti

er, G

aler

ie

La

Box

_Ens

a B

ourg

es, d

u 16

déce

mbr

e 20

04 a

u 19

janv

ier

2005

.

14.T

here

’s N

o P

lace

Lik

e H

ome,

2004

, im

pres

sion

nu

mér

ique

sur

Tyv

ek,

conv

oyeu

r, bo

is p

eint

, 115

x22

0 x

50 c

m.

Page 70: Julie c fortier dossier ecran

Pour

des

rai

sons

qui

rel

èven

t pl

us d

e l’h

abit

us q

ue d

e vé

rita

bles

an

alys

es o

bjec

tive

s de

s si

tuat

ions

et d

es c

onte

xtes

, nou

s co

nsid

éron

s la

alit

é co

mm

e un

ens

embl

e de

par

amèt

res

rela

tive

men

t fix

es à

l’a

une

desq

uelle

s no

us é

valu

ons

cert

ains

éta

ts,

acti

ons

ou p

arol

es,

ce q

ui

nous

per

met

not

amm

ent

d’ap

préc

ier

si t

el g

este

ou

évén

emen

t so

rt d

e l’o

rdin

aire

, es

t in

habi

tuel

, an

orm

al o

u in

vrai

sem

blab

le.

Ce

cadr

e de

fére

nce,

cen

sé n

ous

four

nir

des

donn

ées

régu

lière

s et

plu

s ou

moi

ns

stab

les,

n’e

st p

ourt

ant

qu’u

n dé

coup

age,

par

mi d

’aut

res

poss

ible

s, d

e ce

que

nou

s no

mm

ons

« ré

alit

é ».

Car

ce

que

nous

ten

ons

pour

tel

es

t en

gra

nde

part

ie l

e ré

sult

at d

’une

con

stru

ctio

n et

pas

seu

lem

ent

l’age

ncem

ent,

ten

u po

ur l

e se

ul v

rai,

de d

onné

es b

rute

s qu

i ar

rive

nt,

surv

ienn

ent,

sur

giss

ent,

app

arai

ssen

t et

dis

para

isse

nt,

com

me

si n

ous

3

Une

sou

dain

e en

vie

Jaci

nto

Lag

eira

n’y

étio

ns p

our

rien

et

n’en

éti

ons

que

les

acte

urs

invo

lont

aire

s.

L’ill

usio

n co

nsis

tant

à c

roir

e qu

’il y

a d

’un

côté

la

réal

ité,

ce

qui

arri

ve v

raim

ent,

et

de l’

autr

e de

s év

énem

ents

ano

rmau

x, e

st p

ourt

ant

touj

ours

aus

si t

enac

e. I

l ne

vie

nt a

ppar

emm

ent

à l’e

spri

t de

per

sonn

e qu

e la

réa

lité

telle

que

nou

s la

con

cevo

ns e

t pa

rtag

eons

est

tou

t au

ssi

arti

ficie

lle d

ans

sa c

onst

ruct

ion,

à c

omm

ence

r pa

r sa

mis

e en

for

me

lang

agiè

re,

que

tout

aut

re p

héno

mèn

e ou

évé

nem

ent

dit

inha

bitu

el,

étra

nge

ou b

izar

re.

Ain

si q

ue l

e so

ulig

ne P

aul

Wat

zlaw

ick,

dan

s L

a ré

alit

é de

la r

éalit

é, «

De

tout

es le

s ill

usio

ns, l

a pl

us p

érill

euse

con

sist

e à

pens

er q

u’il

n’ex

iste

qu’

une

seul

e ré

alit

é. E

n fa

it c

e qu

i exi

ste,

ce

ne

sont

que

dif

fére

ntes

ver

sion

s de

cel

le-c

i do

nt c

erta

ines

peu

vent

êtr

e co

ntra

dict

oire

s, e

t qui

son

t tou

tes

des

effe

ts d

e la

com

mun

icat

ion,

non

le

refle

t de

véri

tés o

bjec

tive

s et é

tern

elle

s 1 . »

Il su

ffit d

e pe

nser

à la

faço

n do

nt d

eux

pers

onne

s co

mpr

enne

nt d

iffé

rem

men

t le

s m

êmes

mot

s,

inte

rprè

tent

div

erse

men

t le

s m

êmes

sit

uati

ons

pour

que

con

fusi

ons,

m

alen

tend

us e

t qu

ipro

quos

nou

s in

stal

lent

au

cœur

de

l’illu

sion

de

la

4

1. P

aul W

atzl

awic

k, L

a ré

alit

é de

la r

éalit

é (1

976)

, Par

is, S

euil,

« P

oint

s »,

197

8, p

. 7.

réal

ité,

cet

te d

erni

ère

se p

rése

ntan

t al

ors

sous

aut

ant

de f

orm

es q

ue

de p

ropo

s et

de

conc

epti

ons.

Bie

n en

tend

u, n

os r

aiso

nnem

ents

et

nos

écha

nges

à p

ropo

s de

et

sur

la r

éalit

é pe

uven

t au

ssi

nous

per

met

tre

d’éc

happ

er a

u pu

r re

lati

vism

e qu

i re

ndra

it i

ncom

préh

ensi

ble

tout

e ac

tion

, phr

ase

ou c

onte

xte.

L’un

de

s pr

inci

paux

re

ssor

ts

du

com

ique

, de

l’h

umou

r ou

du

lo

ufoq

ue n

e co

nsis

te d

onc

pas

tant

à c

réer

des

sit

uati

ons

en m

arge

du

cadr

e de

réf

éren

ce c

oura

nt d

e te

lle r

éalit

é m

ais

à él

argi

r ce

cad

re p

our

que

soit

ren

du q

uasi

men

t in

disc

erna

ble

ce q

ui e

st c

ensé

se

trou

ver

à l’i

ntér

ieur

de

celu

i-ci

(la

réa

lité)

et

ce q

ui e

st c

ensé

se

trou

ver

au-

deho

rs. L

orsq

ue J

ulie

C. F

orti

er t

rans

port

a un

imm

ense

roc

her

sur

le

toit

d’u

ne v

oitu

re (

Vou

s av

ez ju

ste

pas

pu t

rop

profi

ter

de l’

été,

quo

i),

atta

ché

com

me

un b

agag

e ou

un

enco

mbr

ant

souv

enir

de

vaca

nces

, la

cho

se n

’éta

it p

as s

i in

vrai

sem

blab

le m

oral

emen

t ou

im

poss

ible

m

atér

ielle

men

t qu

e ce

la. A

u co

ntra

ire,

cel

a pa

rais

sait

mêm

e te

llem

ent

plau

sibl

e qu

e la

stu

péfa

ctio

n n’

étai

t plu

s al

ors

une

sim

ple

réac

tion

à la

fa

isab

ilité

phy

siqu

e qu

’une

inte

rrog

atio

n su

r le

but

que

se

sont

fixé

les

tran

spor

teur

s :

pour

quoi

ont

-ils

bes

oin

de c

e ro

cher

, qu

e vo

nt-i

ls e

n

5

fair

e ?

De

tels

que

stio

nnem

ents

son

t dé

jà l’

acce

ptat

ion

de c

e qu

e l’o

n pe

ut t

out

à fa

it t

rans

port

er u

n ro

cher

. R

este

à r

ésou

dre

l’obs

édan

te

ques

tion

: m

ais

pour

quo

i fa

ire

? O

n a

beau

adm

irer

le

trav

ail

de

Rob

ert

Smit

hson

, le

quel

tra

nspo

rta

de l

a te

rre

et d

es c

aillo

ux p

our

les

prés

ente

r en

gal

erie

, il

est

diffi

cile

d’im

agin

er l

es f

utur

s us

age

et

fonc

tion

de

ce r

oche

r, de

stin

é sa

ns d

oute

en

dern

ier

reco

urs

à un

jard

in

zen

japo

nais

. La

visi

on d

u fa

it a

ccom

pli f

ait

donc

pas

ser

l’obs

erva

teur

de

l’ét

at d

’incr

édul

ité

norm

al f

ace

à la

réa

lité

(le

tran

spor

t im

poss

ible

du

roc

her,

étan

t do

nné

son

poid

s et

la

taill

e du

véh

icul

e) à

l’é

tat

de

créd

ulit

é d’

un fa

it a

norm

al fa

ce à

une

non

-réa

lité

(pui

sque

le r

oche

r es

t un

faux

hab

ilem

ent r

éalis

é). C

omm

e no

mbr

e d’

arti

stes

usa

nt d

es fi

celle

s du

com

ique

, Ju

lie C

. Fo

rtie

r re

nver

se l

es r

ègle

s de

con

stru

ctio

n de

la

réal

ité,

fai

sant

que

nou

s so

mm

es p

rêts

à c

ompr

endr

e ou

à p

erce

voir

co

mm

e ré

elle

que

lque

cho

se o

u qu

elqu

e ac

tion

n’a

yant

pas

d’a

utre

alit

é qu

e no

tre

prop

re c

onst

ruct

ion.

Le

plus

éto

nnan

t en

l’a

ffai

re

est

de n

ous

rend

re c

ompt

e, g

râce

à c

e ge

nre

de s

ubte

rfug

es, q

ue n

ous

agis

sons

souv

ent d

e m

ême

avec

les s

itua

tion

s de

la ré

alit

é no

n-ar

tist

ique

.

6

Jacinto LAGEIRA, « Une soudaire envie »Catalogue de l’exposition There’s No Place Like Home, ed. La Box_Ensa Bourges 2005

Jacinto Lageira, « Une soudaine envie »Catalogue de l’exposition There’s No Place Like Home, éd. La Box_Ensa Bourges 2005

Page 71: Julie c fortier dossier ecran

En

se s

itua

nt a

ux f

ront

ière

s du

pos

sibl

e et

de

l’im

prob

able

, de

l’a

bsur

de e

t de

l’év

iden

ce, l

es t

rava

ux d

e Ju

lie C

. For

tier

rev

endi

quen

t un

ren

voi

perm

anen

t à

des

situ

atio

ns d

ont

le c

arac

tère

art

isti

que

est

volo

ntai

rem

ent

indé

fini,

voir

e m

oqué

à s

on t

our,

mai

s au

poi

nt q

ue le

ri

dicu

le e

n re

haus

se l

a pl

asti

cité

. C

reus

er u

n tr

ou d

ans

le s

ol j

usqu

’à

finir

par

y d

ispa

raît

re (

Van

ishi

ng P

oint

), n

’a p

as d

’aut

re r

aiso

n d’

être

qu

e d’

acco

mpl

ir c

ette

act

ion

grat

uite

, ban

ale

et s

ans

inté

rêt,

« p

our

la

beau

té d

u ge

ste

». E

n de

hors

de

tout

e pa

rodi

e de

tel h

appe

ning

cél

èbre

de

Cla

es O

lden

burg

(H

ole,

196

7),

ou d

es t

unne

ls d

e B

ruce

Nau

man

, ce

tte

acti

on s

usci

te l

a cu

rios

ité

auss

i pi

quée

au

prem

ier

coup

de

pelle

qu

e dé

çue

au d

erni

er.

Rie

n d’

impo

rtan

t ne

s’e

st v

érit

able

men

t pa

ssé.

O

n vo

ulai

t si

mpl

emen

t vo

ir c

omm

ent

cela

alla

it s

e te

rmin

er, b

ien

que

notr

e ét

at d

écep

tif

soit

déj

à pr

évu

et p

révi

sibl

e. O

n re

gard

e ju

squ’

à la

fin,

pou

r êt

re s

ûrs.

De

mêm

e da

ns N

icol

as,

dépê

che-

toi,

l’art

iste

, ac

croc

hée

on n

e sa

it p

ourq

uoi a

u m

ur, a

tten

d d’

en ê

tre

décr

oché

e pa

r un

cer

tain

Nic

olas

dés

espé

rém

ent

atte

ndu,

qui

tar

de à

ven

ir o

u es

t pe

ut-ê

tre

là m

ais

sans

nul

le e

nvie

d’a

ppor

ter

une

aide

lib

érat

rice

. L

e sp

ecta

teur

peu

t éga

lem

ent a

tten

dre

pati

emm

ent l

e dé

noue

men

t de

cett

e

7

situ

atio

n sa

ugre

nue

fait

e de

tem

ps m

orts

, de

pass

ages

à v

ide,

et

mêm

e d’

une

touc

he d

’enn

ui –

pen

dant

de

long

s m

omen

ts,

l’art

iste

bou

ge à

pe

ine,

don

nant

l’im

pres

sion

d’u

ne i

mag

e fix

e. À

d’a

utre

s m

omen

ts,

conv

ainc

us p

ar te

l ges

te o

u cr

i de

l’art

iste

, on

se d

it q

ue q

uelq

ue c

hose

va

sur

veni

r, qu

e la

sit

uati

on v

a ch

ange

r, se

tra

nsfo

rmer

, qu

e to

ut

cela

va

trou

ver

une

solu

tion

. Pa

s du

tou

t. C

ela

n’es

t pa

s se

ulem

ent

la g

ratu

ité

du g

este

et

de l

’act

ion

acco

mpl

is e

n qu

elqu

e so

rte

« po

ur

rien

», p

ouva

nt e

xasp

érer

et

tout

aut

ant

amus

er, q

ui c

ondu

isen

t à

une

plas

tici

té d

e la

dép

erdi

tion

, m

ais

auss

i le

fai

t de

foc

alis

er l

’att

enti

on

du s

pect

ateu

r su

r un

e te

mpo

ralit

é en

tra

in d

e s’

égre

ner,

de s

’enf

uir,

de

disp

araî

tre.

L’a

tten

tion

mob

ilisé

e es

t pr

opor

tion

nelle

men

t in

vers

e à

la

nulli

té d

e la

sit

uati

on :

ni

gain

, ni

per

te,

ni a

ctio

n, n

i pr

ogre

ssio

n, n

i ré

gres

sion

.Il

est

ess

enti

el q

ue l

es a

ctio

ns a

ccom

plie

s pa

r l’a

rtis

te –

y c

ompr

is

le t

rans

port

du

roch

er –

se

déro

ulen

t «

en s

itua

tion

rée

lle »

pou

r, pr

écis

émen

t, s

emer

le

dout

e qu

ant

à la

vér

acit

é de

la

situ

atio

n da

ns

l’esp

rit

du s

pect

ateu

r. C

ar s

i ce

dern

ier

est

aisé

men

t en

mes

ure

de f

aire

la

par

t de

l’ac

te a

rtis

tiqu

e et

la p

art

du c

onte

xte

non-

arti

stiq

ue, i

l doi

t

8

auss

i co

mpr

endr

e qu

e l’e

ffec

tuat

ion

de l

’act

e ar

tist

ique

est

tou

t au

ssi

réel

le q

ue le

con

text

e, c

e de

rnie

r ét

ant d

ès lo

rs in

sépa

rabl

e de

la fi

ctio

n.

Les

per

form

ance

s de

l’ar

tist

e se

dér

oule

nt v

érit

able

men

t en

tem

ps r

éel

(nou

s re

trou

vons

iné

luct

able

men

t le

s ca

dres

de

réfé

renc

e su

ppos

és

inam

ovib

les)

, ce

qui

dev

rait

con

duir

e à

une

conc

rétu

de d

es a

ctio

ns.

Et

les

acti

ons

sont

bel

et

bien

con

crèt

es,

jusq

u’à

un c

erta

in p

oint

. C

ar d

es t

rans

itio

ns e

t de

s gr

adat

ions

alla

nt d

e l’e

ffec

tif

au p

roba

ble

sont

mén

agée

s pa

r Ju

lie C

. Fo

rtie

r en

sor

te q

ue t

oute

la

situ

atio

n os

cille

con

tinu

elle

men

t no

n en

tre

le v

rai

et l

e fa

ux m

ais

entr

e un

rée

l fo

rtem

ent fi

ctio

nnal

isé

et u

n ré

el m

oins

fict

ionn

alis

é, g

arda

nt to

ujou

rs

les

cara

ctér

isti

ques

ou

com

port

ant

du m

oins

les

code

s et

con

vent

ions

d’

un é

tat

des

chos

es in

terp

rété

com

me

réel

. L

a dé

perd

itio

n gé

néra

lisée

, aus

si b

ien

pour

la r

éalis

atio

n de

s ob

jets

et

des

act

ions

que

pou

r la

réc

epti

on fi

nale

des

spe

ctat

eurs

, es

t le

tra

it

esse

ntie

l d’u

n ce

rtai

n co

miq

ue o

u bu

rles

que

appa

rem

men

t sa

ns q

ueue

ni

têt

e, p

uisq

ue s

a si

gnifi

cati

on e

st c

onçu

e de

man

ière

défl

atio

nnis

te.

Non

pas

de

gran

des

leço

ns s

ur l

’exi

sten

ce e

t l’a

rt,

mai

s au

con

trai

re

du p

lat,

du

bana

l, du

com

mun

. D’a

utan

t pl

us in

sens

é qu

e le

s m

oyen

s

9

en v

ue d

e le

réa

liser

son

t di

spro

port

ionn

és,

com

me

pour

le

roch

er

ou e

ncor

e da

ns l

e ca

s de

la

port

e do

nnan

t su

r un

e ch

ute

infin

ie d

ans

le c

iel,

puis

que

la c

lois

on q

u’il

a fa

llu c

onst

ruir

e es

t fin

alem

ent

plus

co

mpl

iqué

e à

réal

iser

que

n’e

st c

ompl

exe

le r

ésul

tat

du d

érou

lem

ent

céle

ste.

Au

moi

ns d

epui

s B

uste

r K

eato

n, H

arol

d L

loyd

, L

aure

l et

H

ardy

, ou

enc

ore

Dro

opy

et l

e co

yote

de

Roa

d R

unne

r, p

arm

i ta

nt

d’au

tres

inve

nteu

rs d

e st

rata

gèm

es d

u qu

otid

ien,

on

sait

qu’

empl

oyer

de

gra

nds

moy

ens

pour

de

pièt

res

résu

ltat

s es

t la

règ

le d

’or

pour

ussi

r à

écho

uer.

Pour

ce

fair

e, il

fau

t re

cour

ir u

ne f

ois

enco

re à

des

obj

ets

ou a

ctio

ns

vrai

sem

blab

les,

pro

babl

es, c

oncr

ets,

lesq

uelle

s n’

abou

tiss

ent

pour

tant

pa

s su

r la

réa

lité

qu’il

s pr

omet

taie

nt.

Ouv

rir

une

port

e do

nnan

t su

r le

vid

e es

t l’e

xem

ple

d’un

com

ique

de

répé

titi

on d

e l’u

nive

rs d

es

cart

oons

(no

tam

men

t ch

ez T

ex A

very

) où

que

lque

arc

hite

cte

fou

ou

tel p

ourc

hass

eur

a m

ise

au p

oint

le p

iège

inus

able

dan

s le

quel

tom

bera

to

ujou

rs le

pou

rcha

ssé.

Lie

u co

mm

un d

u ri

re, l

a ch

ute

dans

le v

ide

est

une

sort

e de

ver

sion

acc

ompl

ie p

ar s

on r

atag

e m

ême

du v

ieux

rêv

e de

ce

ux q

ui v

oudr

aien

t vo

ler,

s’im

agin

ent

évol

uant

dan

s le

s ai

rs,

libér

és

10

Page 72: Julie c fortier dossier ecran

du p

oids

de

la g

ravi

tati

on.

La

fam

euse

act

ion

d’Y

ves

Kle

in s

e je

tant

da

ns le

vid

e et

aut

res

myt

holo

gies

du

mêm

e or

dre

mis

es e

n sc

ène

par

l’art

iste

ne

man

quai

ent

pas

de f

aire

réf

éren

ce à

la

form

ule

de G

asto

n B

ache

lard

, ti

rée

de s

on e

ssai

L’a

ir e

t le

s so

nges

: «

D’a

bord

, il

n’y

a ri

en,

ensu

ite

il y

a un

rie

n pr

ofon

d, p

uis

une

prof

onde

ur b

leue

».

Dan

s ce

mon

de d

e rê

veri

es s

érie

uses

sur

les

élé

men

ts n

atur

els

et l

es

mat

ière

s, l

a co

ntem

plat

ion

de l

a vo

ûte

céle

ste,

éve

ntue

llem

ent

son

acce

ssib

ilité

au

moy

en d

’eng

ins

vola

nts,

ne

tien

t gé

néra

lem

ent

pas

com

pte

de l

a de

scen

te f

ulgu

rant

e qu

’occ

asio

nner

a né

cess

aire

men

t l’a

scen

sion

. To

ute

envo

lée

mét

aphy

siqu

e fin

ira

tôt

ou

tard

pa

r re

tom

ber,

la p

esan

teur

des

êtr

es e

t de

s ch

oses

éta

nt b

ien

plus

rée

lle

que

tout

e tr

ansc

enda

nce

ou c

erta

in a

u-de

là i

mm

atér

iel.

Les

loi

s de

la

phy

siqu

e so

nt d

’aill

eurs

res

pect

ées

chez

Jul

ie C

. Fo

rtie

r, pu

isqu

e le

ro

cher

doi

t êt

re s

olid

emen

t at

tach

é po

ur n

e pa

s to

mbe

r, et

ceu

x qu

i fr

anch

irai

ent

la p

orte

plo

nger

aien

t au

ssit

ôt. L

e ré

el n

ous

ratt

rape

, ou

plut

ôt n

ous

préc

ipit

e, a

insi

à n

ouve

au p

ar le

sim

ple

rapp

el d

e la

loi d

e la

chu

te d

es c

orps

. O

n no

tera

que

cre

user

un

trou

est

l’im

age

inve

rse

de la

mon

tée

au c

iel,

mai

s qu

e le

tro

u pe

ut ê

tre

perç

u co

mm

e la

sui

te

11

mat

érie

lle d

e la

chu

te ;

tour

ner

sur

soi-

mêm

e en

fai

sant

lit

téra

lem

ent

la t

oupi

e (R

ien

ne v

a pl

us)

n’es

t qu

e la

for

me

hori

zont

ale

du v

erti

ge

vert

ical

de

la c

hute

. A

u vu

de

la c

onjo

ncti

on d

ans

cett

e ex

posi

tion

d’u

ne m

aiso

n qu

i s’

envo

le e

t du

cie

l pa

ssan

t ra

pide

men

t so

us n

os y

eux,

une

rêv

erie

bi

en d

iffé

rent

e po

urra

it n

ous

cond

uire

aux

cie

ls d

es t

able

aux

de

Mag

ritt

e, t

rait

és d

e m

aniè

re «

réa

liste

» e

t so

uven

t pe

uplé

s d’

obje

ts

dive

rs (

tuba

, gr

elot

s, c

hais

e, p

erso

nnag

es,

pain

s, c

ubes

), e

t m

ême

uniq

uem

ent

de n

uage

s (L

a m

aléd

icti

on,

1931

). L

es p

orte

s ou

vren

t pa

rfoi

s di

rect

emen

t su

r la

for

êt o

u su

r le

cie

l. É

vide

mm

ent,

on

ne p

eut

que

fair

e le

rap

proc

hem

ent

entr

e ce

rtai

nes

œuv

res

de J

ulie

C.

Fort

ier

lors

que

l’on

cont

empl

e di

ffér

ents

tab

leau

x re

prés

enta

nt d

’imm

ense

s ro

cher

s co

mm

e su

spen

dus

ou v

olan

t da

ns l

e bl

eu i

nfini

ou

parm

i le

s nu

ages

. D

ans

un m

onde

les

mai

sons

cir

cule

nt d

ans

les

airs

, il

est

som

me

tout

e lo

giqu

e qu

e le

s po

rtes

don

nent

sur

le c

iel.

Les

ren

vers

emen

ts q

u’op

ère

Julie

C.

Fort

ier

quan

t au

x di

ffér

ente

s ve

rsio

ns d

e la

réa

lité

ne c

onsi

sten

t pa

s un

ique

men

t en

par

odie

s,

iron

ies,

dér

isio

ns j

ouan

t su

r de

s dé

cala

ges

et d

es e

xagé

rati

ons

pour

12

sim

plem

ent

se m

oque

r de

cer

tain

s ét

ats

de f

aits

. U

ne a

ttit

ude

qui

ne

sera

it q

ue r

éact

ive

fera

it m

ontr

e de

fai

bles

se f

ace

aux

diffi

cult

és d

e la

dite

réa

lité

que

l’on

cont

este

et/

ou q

ue l’

on s

ubit

. Rej

oign

ant n

ombr

e d’

arti

stes

aya

nt s

aisi

l’es

senc

e du

rir

e et

du

com

ique

, les

œuv

res

de J

ulie

C

. Fo

rtie

r so

nt l

a m

ise

à nu

des

pro

cess

us c

ompl

exes

grâ

ce a

uxqu

els

nous

enj

oliv

ons

la r

éalit

é ou

la n

oirc

isso

ns, l

a fu

yons

ou

en jo

uiss

ons,

la

con

sidé

rons

ave

c ré

sign

atio

n ou

sym

path

ie.

Ou

bien

enc

ore

tout

ce

la à

la

fois

, ai

nsi

que

le r

évèl

e un

aph

oris

me

anon

yme

: «

La

vie,

il

y a

ceux

qui

l’ai

men

t et

ceu

x qu

i la

com

pren

nent

. » L

’œuv

re in

titu

lée

Bliz

zard

, bl

izza

rd c

onde

nse,

à t

ous

les

sens

du

term

e, c

e m

omen

t fu

lgur

ant

du r

enve

rsem

ent

de n

os c

once

ptio

ns d

e la

réa

lité

: le

visa

ge

enve

lopp

é pr

ogre

ssiv

emen

t pa

r de

s fin

es c

ouch

es d

e va

peur

d’e

au

extr

êmem

ent

froi

de,

jusq

u’à

quas

imen

t se

tra

nsfo

rmer

en

stat

ue d

e gl

ace,

l’ar

tist

e fin

it p

ar…

éte

rnue

r. U

n se

ule

expu

lsio

n br

usqu

e et

voi

que

tout

est

rem

is à

niv

eau,

per

çu s

ous

un t

out

autr

e an

gle,

rep

rend

so

n se

ns,

voir

e so

n vé

rita

ble

sens

. L

a st

ernu

tati

on e

st l

’irru

ptio

n de

l’i

natt

endu

, du

non-

maî

tris

able

, de

l’irr

épre

ssib

le d

ans

ce q

ui s

embl

ait

avoi

r un

ord

re, u

ne p

lace

, une

for

me,

une

sig

nific

atio

n. B

ien

ente

ndu,

13

plus

l’ét

ernu

emen

t est

bre

f et s

onor

e, p

lus

la s

itua

tion

est

gra

ve, e

t plu

s la

rup

ture

ent

re v

raie

réa

lité

et f

auss

e ré

alit

é es

t fo

rte.

L’œ

uvre

mon

tran

t un

e pe

tite

fille

qui

sem

ble

se c

ache

r de

hon

te

sous

un

cart

on d

’em

balla

ge d

e ré

frig

érat

eur,

car

n’ay

ant

pu s

e re

teni

r d’

urin

er à

mêm

e le

sol

, es

t un

e pi

èce

part

icul

ière

men

t ré

ussi

e en

ce

qu’e

lle s

e si

tue,

si

l’on

peut

dir

e, à

la

fron

tièr

e ex

trêm

emen

t té

nue

de

la r

uptu

re.

On

ne s

ait

s’il

faut

ver

ser

dans

l’h

umou

r ou

bie

n y

voir

qu

elqu

e ré

véla

tion

d’a

ngoi

sse

et d

e cu

lpab

ilité

. Il

est

vra

i qu

e l’o

n ne

sa

it p

as s

i la

pet

ite

fille

n’e

st p

as b

ien

plut

ôt e

n tr

ain

de r

ire

ou d

e s’

amus

er :

elle

l’a

urai

t fa

it e

xprè

s. L

e ca

ract

ère

préc

isém

ent

par

trop

alis

te, o

u pr

ovoq

uant

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[email protected] - http://www.ensa-bourges.fr

Julie-C. FortierThere's No Place Like Home

exposition du 17 décembre 2004 au 19 janvier 2005

Une maison qui s'envole, un enfant sous une boîte en carton, un ciel qui défile derrière la porte. Autant d'images qui se seraient matérialisées en glissant hors du film comme un personnage de Tex Avery franchissant à l'écran la bordure perforée de la pellicule dans l'élan d'une fuite effrénée. Autant d'objets hybrides, mi-décors mi-sculptures, qui attendent dans l'espace d'exposi-tion une chute narrative qui n'arrive jamais. Julie-C. Fortier aime évoquer le souvenir de ses jeux d'enfance lorsque ses frères expérimentaient avec elle quelque cascade remarquée dans un cartoon vu à la télévision. Elle a souvent fait la preuve qu'il ne vous arrive rien lorsqu'un rocher inventé vous écrase de son poids fictif ou lorsque la mèche d'une bombe imaginaire vous passe entre les deux oreilles. De là sans doute son goût pour les désastres préparés et pour les dérapages contrôlés. Chez Keaton, qu'elle a beaucoup regardé, comme la plupart des burlesques du cinéma muet, le tragique n'est jamais très loin du comique. Dans l'installation There's No Place Like Home l'humour convoque aussi l'angoisse. La cascade jouée en boucle devient vite terrifiante plutôt que récréative. Faute de se résoudre dans le gag, le récit suspendu installe une forme de gravité inédite. Avec cette exposition à La Box Julie-C. Fortier marque une nouvelle étape dans son travail. Ce qu'elle recher-chait dans ses performances et ses vidéos à travers une exploration méthodique des limites de la retenue et de la pose se trouve ici incarné dans des objets qui convo-quent un scénario énigmatique. L'anecdote qui aurait pu expliquer l'avant, ou annoncer l'après, garde le mystère d'une aventure secrète. Julie-C. Fortier parle de disque rayé ou d'image gelée (frozen frame) pour décrire ce qui se trame quand l'exposition semble dans le suspens d'une explosion. Et sans doute sommes-nous aujourd'hui dans cette attente.

Maria Wutz

Merci à Wilfried Augé, Mathilde Gautier, Nicolas Hérubel, Clément Jautrou, Jenny Mary, Flavien Sabassier et Yann Sérandour.

| : : : : : : : : | la box_bourges

école nationale supérieure d’art

de bourges

_9, rue édouard-branly _BP 297 _F 18006 bourges cedex _tél./ fax. +33 (0)2 48 24 78 70 [email protected]

_www.ensa-bourges.fr Communiqué de presse

Maria Wutz, « There’s No Place Like Home »Communiqué de presse de l’exposition There’s No Place Like Home, Galerie La Box_Ensa Bourges 2004

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Roald Nasgaard, « The Portrait and the facelift » Catalogue en ligne www.kwag.on.ca, Kitchener ( Ontario, CA) 2004, page 4

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Journal de voyage (extraits)par Danielle Robert-Guédon

Erlangen. Le nom est beau, il résonne entre langue et ange. Sa consonance est évidemment plus douce que celle de Nuremberg, à quelques kilomètres. David m’avait parlé d’un projet d’exposition là-bas. J’avais répondu impulsivement que je les accompagnerais volontiers.

Erlangen fait partie de ces destinations auxquelles je n’aurais jamais songé mais je n’ai guère d’imagination en la matière. En toute occasion, le pourquoi pas l’emporte, il suffit. Avec, bien sûr, l’argument facile qu’une occasion ne se refuse pas et que tout est bon pour ne pas mourir idiot. Ne pas mourir encore.

Juillet 2004.

Nous sommes neuf, nous partons pour l’Allemagne. C’est, pour ma part, la première fois que je m’y rends et je repousse de toutes mes forces les préjugés qui m’ont fait contourner ce pays jusqu’à aujourd’hui. En outre, la crainte perpétuelle d’un accident transforme mon pourquoi pas antérieur et léger en un pourquoi auquel je n’oppose même plus l’idiotie qui me guette.

Pour ne pas être accablés de chaleur, ils ont décidé de voyager de nuit, les deux voitures se suivant, chacune équipée d’un talkie-walkie qui les enchante. Denis prend le volant en habitué des nuits blanches. Il vient d’en passer deux, une troisième ne lui fait pas peur. Je prends place à ses côtés, il me parle de bleu indigo, de marins pêcheurs s’adonnant au crochet, de la belle et intelligente Hildegarde de Bingen dont il voudrait visiter le monastère. La nuit tombe, un peu de chauffage est nécessaire dans la voiture. Nous filons sous un ciel renfrogné, nous évoquons Dürer, un dodécaèdre et quelques outils, je sais presque tout de lui.

Pause sous les néons d’un bar, tous les neufs en cercle. J’observe ceux que je ne connais pas encore, ils vont contribuer au hasard heureux.

Nous reprenons la route, David a remplacé Denis au volant. Moi toujours devant, fouillant l’obscurité, les arbres noirs à droite, le profil concentré du conducteur à gauche. Je lui dis apprécier l’aisance qu’il manifeste, la constance avec laquelle il suit l’autre voiture. Il sourit, il n’a son permis que depuis trois mois, d’une main attrape le talkie-walkie :

Vous êtes sûrs qu’on est sur la bonne route ?

Non, mais c’est tout droit.

Je m’assoupis, curieusement rassurée : oui, c’est tout droit, d’une frontière l’autre, sous le même quartier de lune, les mêmes nuages menaçants, sur le même bitume. La ligne de partage est invisible, seulement un ralentissement pour passer devant le bâtiment de douane désert mais vingt mètres suffisent pour que le jour devienne tag. Mystère pour moi jamais élucidé que celui des langues étrangères.

Le jour ici se lève une bonne heure plus tôt qu’en Bretagne. Je vois défiler pins, boulots et chênes. Peu de cultures, pas de pâturages mais nous avons eu dans la nuit la vision d’un immense complexe sidérurgique, mille lumières dessinant des arrêtes vives.

C’est un dimanche à Erlangen et il pleut. Rues correctement bordées de trottoirs au carré, maisons ensommeillées. Le seul café ouvert s’appelle La Brasserie, en écriture anglaise sur fond bleu, blanc, rouge. Derrière les vitres, la poste est jaune, de ce jaune attendu et rassurant, plus emblématique que celle de Rennes photographiée par David. Nous commandons cafés et croissants. Dans les toilettes, parmi les graffiti, cette phrase : die wahrheit steckt in meinem bett. Traduction approximative, la vérité est dans mon lit. Hâte de la trouver, cette fichue vérité, d’autant que la chambre est claire, le lit fait de blanc. Murs pâles et large fenêtre donnant sur de hauts arbres, mobilier de bois massif. De bonnes proportions faites à leur carrure, du moins à celle des quelques habitants aperçus, marchant le long des rues piétonnes, s’arrêtant docilement aux feux rouges pour attendre le passage d’invisibles voitures avant de reprendre leur déambulation sous la pluie. Regardant avec étonnement notre groupe désordonné traverser la chaussée sans souci du signal érubescent. Plus d’une fois, durant le séjour, j’ai eu le sentiment que nous devions leur apparaître comme des Méditerranéens avec force gestes et volubilité. On est sans doute toujours du sud pour quelqu’un d’autre. Mais les Inuits ?

En ce dimanche, Erlangen somnole comme toutes les villes de province, l’ennui y suinte comme partout. Dans le jardin public, des familles tournent autour de la Fontaine des Huguenots érigée par les Français en 1706 pour remercier le margrave de Bayreuth, leur protecteur. Remerciement tout d’arrogance et de laideur, un empilement de figures à peine dégrossies que la ville a bien du mérite à supporter.

Quoiqu’il en soit, la femme qui nous reçoit dans le restaurant où nous entrons ne semble pas nous en tenir rigueur. Elle sourit, nous dresse une table. Etrangeté et familiarité mêlées. Sur le menu, nous tentons de repérer quelques mots allemands. J’entends Denis expliquer que sa seule préoccupation en peinture est l’apprêt, donc l’avant. Jérôme et David (j’ai dû perdre le fil de la conversation) se demandent ce

qu’est véritablement un demi-frère et dans quel sens, longitudinal ou transversal, faut-il envisager la coupe. Comme s’ils parlaient d’une frontière floue imputable à des accidents de terrain. Sébastien s’interroge sur l’opportunité d’un mur blanc ou d’un mur peint pour accrocher des œuvres. Depuis combien de temps Julie est-elle en France ? un mois, sans doute, puisque Jérôme énonce, songeur, qu’il aimerait disparaître durant ce laps de temps. On le rassure, pour un artiste, ce n’est pas difficile de disparaître, et souvent pour plus de temps qu’on ne l’aurait imaginé. Nous adoptons le rythme dominical, reprenons un café. Ils parlent encore de leurs ateliers à Rennes, rue Poterie. Qu’ils y vivent ou qu’ils y soient passés, ils s’y raccrochent comme pour vérifier la solidité d’un harnais de sécurité avant de poursuivre l’escalade. S’en défendraient si je le faisais remarquer. Je veux bien ne retenir que l’anecdote du voyeur rôdant dans le voisinage, vêtu d’un short vert brillant, torse nu, se cachant dans les buissons sous prétexte de retrouver son chat. J’aime assez l’idée de devoir se dissimuler pour observer les artistes à l’œuvre. Et d’arborer un vert brillant ou toute autre couleur à défaut de les hisser.

Ici, dominante rouge du cœur de la ville. Tuiles des toits, géraniums aux fenêtres et, les jours de marché, bannes rouges et blanches couvrant les étals. Toutefois, faibles pulsations dues peut-être à l’encombrement des artères : murs épaissis par des dizaines de poubelles, de solides réceptacles bien clos d’où rien ne suinte. Rappel d’un tri incessant et subtil.

L’objet du voyage se précise le soir-même dans un restaurant italien où nous sommes invités par les organisateurs de l’exposition. Longue tablée à laquelle on boit du vin blanc de Bavière et du vin rouge de Bordeaux. On partage avec les voisins l’inévitable bavardage commun qui ricoche telle une petite boule de flipper malmenée.. Plusieurs de nos hôtes parlent très bien le français. Quant à nous, un peu de charabia germano-anglais parsemé de grazie, voire de mille grazie à l’adresse du restaurateur. Julie, notre Canadienne française, s’exprime à merveille. Elle a un rire polyglotte. A mes côtés, Julika, parfaitement bilingue, me donne l’impression de très bien comprendre l’allemand.

Juillet 1887. Le premier livre en espéranto est publié. Louis-Lazare Zamenhof a inventé cette langue qu’il veut universelle : mots communs aux principales langues européennes, seize règles grammaticales de base, jamais d’exceptions. Zamenhof… Je m’aperçois aujourd’hui seulement que Bernard Lamarche-Vadel a donné ce nom à la ville de son roman Tout casse. Voilà à quoi me servent les voyages, à procéder par allers-retours, à mêler temps et lieux. Après tout, Voyageur universel est le titre de l’exposition.

Lundi matin.

Nous pénétrons dans le Palais Stutterheim situé sur la place du marché. En haut des marches, porte épaisse à double battants ouvrant sur une salle circulaire où alternent niches et pilastres aux motifs de biscuit. Sur la gauche, longue enfilade de petites salles qu’ils vont se répartir. Nous les arpentons lentement. Seule certitude, la salle réservée à Emmanuelle qui n’a pu nous accompagner à Erlangen. Pour le reste, il faut tenir compte de tant d’aléas qu’une réflexion s’impose, soutenue par du café. A midi, une salle est attribuée à Jérôme mais c’est déjà l’heure du déjeuner.

Déballage des œuvres et déploiement.

Tu choisis quelle salle ?

J’attends que tout le monde soit installé.

Personne ne veut aller dans la salle du fond ? C’est pourtant la seule où l’on respire.

La circulation est compliquée

Il faut pouvoir lire dans les deux sens.

Tu penses qu’un socle serait mieux ?

La valise au sol, c’est bien : on pose les valises…

Bon, alors, je commence ?

Vous croyez que je pourrai faire le noir complet ?

Ce qu’il faut éviter, c’est la scénographie.

Ya, naturlich…

L’étagère est vraiment une mise en volume du mur mais à condition qu’elle ne soit pas seule.

Je pourrais mettre une tête là, une autre ici…

Pourquoi tes lacets se défont-ils toujours ?

Parce que j’ai pris des 16 trous, j’avais peur que les 12 trous soient insuffisants. Maintenant, si je les coupe, ça va s’effilocher.

On fait le point ou on continue ?

Moi, je prendrais bien un café.

La première salle n’est pas mal…Un peu vide, non ?

Si tu regardes bien, guns and roses, c’est rock n’ roll.

… ce mec, c’est le seul qui possède des bécanes pour broyer le porphyre…

Danielle Robert-Guédon, « Journal de voyage », Semaine 45-04, n° 28, Arles : Analogues, oct. 2004.Danielle Robert-Guedon, « Journal de voyage »Semaine, N° 28 45-04, Voyageur Universel, oct. 2004

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Tu vois, si t’allais par là… ça ramènerait… un peu de…

Non, il y aurait redondance.

Tu n’exagères pas un peu ?

Avez-vous besoin de matériel ?

Oui ; des flacons.

Comment dit-on flacon en allemand ?

Vous en êtes où ? ça fait un quart d’heure que je cherche un marteau.

Tu l’alignes ou tu centres ?

C’est idiot de mettre des chevilles dans un panneau de bois, ça ne sert à rien.

Aligner sur le gun ?

L’alignement, ça me plait.

Je m’échappe.

Les rues sont un peu plus animées, ça tintinnabule à tous les croisements. Les Allemands de tous âges sont des cyclistes acharnés. L’usage d’une petite remorque bâchée est courant pour transporter légumes, chiens ou enfants. Ils sont tous calmes et sérieux : mais comment s’esclaffer tout en pédalant ?

Je flâne.

Dans le magasin Müller, j’achète un crayon/baguette magique, unique de son espèce, d’évidence destiné à Emmanuelle qui sait si délicatement broder des injures sur des rubans.

Je reviens au Palais Stutterheim. La disposition de plusieurs œuvres a été modifiée, ça les réjouit beaucoup et n’empêche pas leur questionnement sur l’inter relation des œuvres

Et l’opportunité de socles qu’ils sont prêts à fabriquer et peindre, simplement pour juger de l’effet. Quant à la vitrine, elle n’a toujours pas de place définitive. Denis semble avoir une idée bien arrêtée sur le mobilier en tant que conception de l’immobilité…

Appel au secours déchirant : Nicolaaaas ! Ce n’est que Julie faisant des essais pour le son de sa vidéo.

Les photos d’Yves sont accrochées, c’est encourageant. Non. Un des Allemands vient voir où nous en sommes. A l’aide d’un doigt posé à l’horizontale sur son ventre proéminent qu’il avance contre le mur, il vérifie la hauteur de chaque photographie : c’est trop haut, c’est trop bas. C’est sans doute ce qu’on appelle avoir le compas dans l’œil et le sens de la mesure dans les tripes.

Mardi.

Gros titre des journaux allemands : La France est antisémite.

Seule chose que je comprenne. Que s’est-il passé ? Je ne cherche pas à obtenir de traduction. A notre retour, nous apprendrons le récit mythique de Marie L., sa supposée agression dans le métro. Par ailleurs, rien sur le Tour de France et les fameux paysages. Ah ! ces vues d’hélicoptère sur nos belles régions.

Mais faut-il ou non poser du papier blanc sur les étagères de la vitrine ?

Jérôme est invisible depuis des heures ; la tête dans le sous plafond, il effectue des branchements électriques.

Au milieu d’un monceau de papier adhésif, Jean-Marie transforme le couloir du fond, incluant dans son travail la lumière verte de l’issue de secours et le rouge de l’extincteur.

Julie continue d’appeler Nicolas à grands cris. (Elle nous gonfle, Julie, dit quelqu’un).

Yann a déjà peint deux schwartzkopf au pochoir. David met une dernière couche de blanc sur le socle destiné aux bracelets d’Emmanuelle.

Denis extirpe délicatement de ses boîtes des boutons de nacre. Bretons, précise-t-il. Puis un broyeur à lapis-lazuli et une sorte de cube rouge en pâte molle : La croûte de Babybel, m’explique-t-il, c’est nickel pour les tirages bronze.

C’est fou ce que j’apprends avec eux. Et en premier lieu, à garder son calme. Force est de constater que rien n’est prêt mais je comprends qu’ils aiment à se mouvoir dans une apparente vacuité. Il faut que le temps les talonne. J’admire leur sens du détail, leur refus de la précipitation, leur goût pour la fébrilité. Le dandysme avec lequel ils considèrent le déroulement des heures, le sérieux de leurs facéties. Bref, l’esprit de corps dont ils font preuve : ils tiennent à la concordance autant qu’à la simultanéité, se plaisent à partager l’enfermement dans l’enfilade des salles. Et, chaque soir, dans le restaurant italien, chinois ou espagnol, dans cette auberge dont on n’est pas sorti, ils sont prêts à recommencer l’accrochage, à tout chambouler, avec une humilité remarquable.

Mercredi.

Dernier jour à Erlangen, dernières heures avant le vernissage. Il est urgent de se rendre à Nuremberg. Urgent de nous arrêter devant un Cranach, un Dürer, un Rembrandt. De ne pas manquer l’exposition consacrée à

Suttnar. Urgent de confronter en terrasse quelques émotions.

A notre retour, Jérôme décide de rapprocher ses photographies, Yann de gonfler la coiffure d’un schwartzkopf. Il faut encore photographier l’installation, scotcher les fils sur le sol, prendre une douche, imprimer le plan de l’exposition. Déjà le traiteur arrive et tout se met en place. Si nous n’avions pas voulu accorder une importance excessive à la date, les Allemands le font pour nous : une jeune femme accroche sur les rampes de l’entrée des bouquets en crépon, dispose des serviettes sur les tables et pique de petits drapeaux tricolores sur les toasts. Bleu, blanc, rouge en notre honneur. C’est le 14 juillet en France et, ce soir, à Erlangen. Soit, nous allons fêter ensemble la prise de la Bastille et l’occupation du Palais Stutterheim.

Il faut, pour les discours, couper le son de La raison de l’âge, la vidéo d’Yves installée dans la rotonde mais c’est elle, ensuite, qui ouvre le bal. Grinçante, loin des flonflons. Violente comme la révolution qu’elle décrit, celle des âges.

Yann a investi la salle d’accueil. Rigueur et clin d’œil mêlés, indissociables sur les écrans. Celui de l’ordinateur où des couleurs organisent l’ordre d’une bibliothèque et celui de la vidéo-surveillance pointée sur la porte extérieure, près des toilettes. L’effigie de la marque capillaire (en fait, le profil de Yann) veille au-dessus du lavabo. La même s’est imposée dans la salle suivante, seule sur un mur face aux végétaux acérés d’Yves, et en contrepoint du revolver. Cactus, arme et profil noir. Oui, la révolution aussi est universelle, on reconnaît ses attributs.

Pour calmer le jeu, en apparence, Jean-Marie nous berce d’illusions, celles des couleurs géométriquement distribuées, imposées tout autant que les verticales noires du code barre peint par Yann, que les lignes de la façade postale photographiée par David.

On pourrait croire, en avançant, qu’un léger zéphyr tropical saurait adoucir les angles. De fait, les rubans pendus frémissent et les bracelets emperlés parlent de membres déliés. Bien sûr, mais à condition de fermer les yeux sur les mots créoles et définitifs dont les noirs martiniquais affublent les blancs. Ils les traitent, beau renversement. L’étoile en néon de la baguette magique, sa lumière rose ne parviennent pas à nous endormir : Emmanuelle, photographiée en métisse parvenue, impose le respect. Elle peut bien être absente d’Erlangen, elle nous rappelle à l’ordre (au désordre) de l’esclavage. Un autre schwartzkopf discret confirme l’éternel balancement entre soumission et rébellion.

Ce qu’Emmanuelle murmure, Julie le crie en boucle, ligotée et suspendue à une patère. Elle attend la délivrance, appelle Nicolas qui ne vient pas. Au début, c’est assez comique : projetée grandeur nature sur le mur, comme épinglée, les pieds à dix centimètres du sol, on se dit qu’il suffirait d’un rien pour qu’elle se libère. Mais ça dure, autant que la servitude consentie et Julie ne fait plus rire.

On est presque soulagé d’accéder à un ailleurs solide, tout inventaire et répertoire, à priori sans état d’âme. Si ce n’est que chez Denis, grand dessin ou croquis compulsifs, flacons précieux et matières nobles parlent de rareté, de techniques oubliées, de création du monde et de disparition. Là aussi, le schwartzkopf pointe son nez, tel le diable, toujours où on l’attend le moins.

Qu’à cela ne tienne, il y aura toujours des roses. Mais celles du Thabor, photographiées par David, sont en plein soleil, visées par un « gun » appartenant à Yves, sous un ciel implacable : scène de film noir.

Jean-Marie parvient à établir une transition stridente, forte et pointue, entre le jardin menacé de David et le parcours urbain de Jérôme. Ce n’est pas le moindre de ses mérites. Ses lignes et ses aplats transfigurent le lieu et maintiennent en alerte.

Suivre Jérôme, c’est marcher sur la tête et tourner en rond. L’espace obscur qu’il nous concède ne sert qu’à nous faire rebondir contre les parois quand le sol ne se dérobe pas sous nos pieds. Il n’y a plus de doute, le fil conducteur entre eux tous est une histoire d’équilibre et d’aplomb. Jérôme s’obstine, photographies à l’appui. Si épouser l’obstacle plutôt que le contourner est une posture inconfortable, c’est aussi une manière d’avancer.

Jusqu’à un autre écran, dans le fond du couloir. David a placé là une collision de formes et de couleurs mouvantes, juste avant la dernière salle, la seule à être pourvue d’une fenêtre, mais opaque et fermée. Lumière blanche sous laquelle Sébastien a installé ses constructions. Au mur, une sorte d’étagère prétexte à l’eurythmie, juste répartition des lignes, des pleins et des vides que la présence de livres, plus exactement de l’idée de livres, ne dénature en rien : Yann y a posé des tranches de bois colorées, hommage aux écrits de Donald Judd. Au sol, une valise ouverte contenant un labyrinthe blanc, comme un résumé de l’exposition.

Et je songe à la phrase de Wagner : La musique commence là où s’arrête le pouvoir des mots.

Page 78: Julie c fortier dossier ecran

Kurt Jauslin, « Die Vergänglichkeit der künstlerischen Erscheinung »Erlanger Nachrichten, Erlangen (DE), samedi le 17 juill. 2004

Page 79: Julie c fortier dossier ecran

« Akut Kuratiert, Mak Nite » (entretiens avec Christine Baernthaler, Podrom)St/A/R Magazine, Vienne (AT), 2004

Page 80: Julie c fortier dossier ecran

Jason Arsenault, « Déphasage : le corps comme matière dans l’œuvre d’autofiction »Musée régional de Rimouski (Québec, CA), 2004

Page 81: Julie c fortier dossier ecran

Paul Couillard, « May 24, day two »Latitude 53 News, Edmonton, 24 mai 2003, http://www.latitude53.org/main/news/daytwo.html, page 3

Page 82: Julie c fortier dossier ecran

Bernard Lamarche, « Arrêt par l’image »Le Devoir, Montréal, samedi 11 mai 2002

Page 83: Julie c fortier dossier ecran

Ingrid Mueller, « Julie_on_line » Arts Atlantic, no71 celebrating 25 years, Halifax, (Nouvelle-Écosse, CA), Spring 2002, p.85

Page 84: Julie c fortier dossier ecran

Claudine Hellweg, « Julie in the Box »2001 Stichting World Wide Video Festival, n°19, Amsterdam 2001, pp.130 à 133

Page 85: Julie c fortier dossier ecran

Monique Langlois, « Etre vidéaste de la relève à l’ère des nouvelles technologies »Cinébulles : revue de cinéma, vol. 19 no 1, Montréal, automne 2000, pp.58-59

Page 86: Julie c fortier dossier ecran

Nicolas Thély, « À bout de souffle »Turbulences vidéo art actuel, no 26, Clermont-Ferrand, Vidéoformes, janv. 2000, pp.12-13