Juillet 2006 - Librairie Lardanchet

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Livres des XIXe et XXe siècle

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Le n° 27 est reproduit en couverture

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DES XIXe ET XXe SIÈCLES

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9 - APOLLINAIRE (G.)

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DES XIXe ET XXe SIÈCLES

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2 - VERLAINE (P.)

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1. VERLAINE (P.). Mes Hôpitaux. Paris, Léon Vanier, 1891, in-8°, demi-maroquinaubergine à coins, dos à nerfs finement orné, couverture et dos, tranches dorées, étui gainéde même maroquin (Huser).

Edition originale.Il a été tiré à quelques exemplaires sur Hollande.

A partir de 1886, Verlaine fit des fréquents séjours dans les hôpitaux parisiens, à Tenon,Broussais, Cochin, L’Asile des convalescents à Saint-Maurice... On l’y soigna d’une vieillearthrite, favorisée par l’abus d’alcools et les traces d’une maladie vénérienne. Durant sesconvalescences forcées, le poète continua de travailler et reçut même ses amis. Sesdéconvenues lui inspirèrent ce petit texte en prose, enjoué et railleur, qui lui servitprobablement d’exutoire et fut publié par Léon Vanier, son éditeur attitré : «On s’habitue àcette vie monastique, sans hélas, l’oraison et la règle suivie pour elle-même. Le lit vouspénètre. On y vit tout à fait».

Portrait de Verlaine en tenue d’hôpital dessiné par F.-A. Cazals et tiré en sanguine.Il rencontra le jeune dessinateur en avril 1886 et lui voua une amitié passionnée au point del’instituer son héritier en 1889 et de rédiger un testament en sa faveur.

Bel exemplaire sur papier d’édition. On a joint une curieuse fiche d’admission d’urgence du poète à l’hôpital Broussais datée du8 juillet 1889. Le poète vivait alors au 4 rue Vaugirard, à l’hôtel de Lisbonne avec Cazals et sa femme, Marie.Il fit son entrée à Broussais, salle Lasègue, lit 31. Cazals, qui fut alité à la même période,occupait le lit 24. Ce long séjour fut interrompu par une cure thermale à Aix-les-Bains, décritedans le livre.

Elégante reliure de Huser.

Provenance : Heilbrun (Cat., Verlaine, n° 84).

Expos i t ion : «Dix siècles de Livres français», 1949, n° 257.

Carteret, II, p. 429 ; Verlaine, Œuvres poétiques complètes, La Pléiade, pp. xv-xlvi ; F.Montel, Bibliographie Paul Verlaine, pp. 78-81.

2. VERLAINE (P.). Elégies. Paris, Léon Vanier, 1893, in-12°, broché, couverture, nonrogné.

Edition originale.

Le recueil est dans la continuité des Chansons et Odes de Verlaine. Ecrit en l’honneur de samaîtresse Philomène Boudin, une prostituée qui devint sa compagne pendant quelques années,i l mêle l’anecdote et le récit d’amours crapuleuses à une véritable recherche poétiques. Le titreElégies n’est pas seulement la marque ironique d’une élévation des sentiments, c’est aussil’indication d’un travail précis sur le vers, le poète s’étant proposé d’imiter l’élégietibullienne.

L’un des 15 premiers exemplaires sur Japon, bien complet de la pièce autographe, ici le poème«Quand tu me racontes les frasques...», signé par Verlaine. Le poème n’appartient pas au présent recueil, mais au précédent, Odes en son honneur,dont il constitue la quinzième pièce. Il est conforme à l’édition originale. Les détailsde sa prépublication sont précisés en bas du feuillet d’une main autre que celle de Verlaine :paru sous le titre Hand ignaro mali. Ermitage 15 août [18]92. Ce titre initial est d’ailleurs une

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citation inexacte de Virgile, Eneide , I, 630 : Non ignora mali, miseris succurrere disco.

Exemplaire en parfaite condition, conservé dans une chemise-étui.

3. VERLAINE (P.). Epigrammes. Paris, Bibliothèque artistique et littéraire, 1894, in-16carré, broché, couverture, non rogné.

Edition originale.

Selon Verlaine, ce recueil n’aurait eût d’autres buts que de le distraire. Le poète est alors enconvalescence à l’hôpital Saint-Louis, au pavillon Gabrielle, lit 2. Ses vers sont desépigrammes au sens strict, c’est à dire de courtes pièces de vers sur un sujet quelconque. Parfoisl’auteur se moque, mais l’intention parodique ne prévaut pas toujours, et c’est surtout par safraîcheur, sa spontanéité et ses vues poétiques, que ce recueil reste exemplaire. Sa principalecaractéristique est un retour vers le Parnasse.

Portrait-frontispice de Verlaine, vu de dos, avec son ombre, par F.-A. Cazals. C’est la reprise en noir d’un croquis de 1893. Le dessin parut également dans La Plume, aunuméro spécial consacré à Paul Verlaine du 1-28 février 1896. La revue fut aussi à l’origine dela publication des Epigrammes.

L’un des 20 premiers exemplaires sur Japon. Il est enrichi d’un billet autographe de Verlaine à Léon Vanier, daté 22 mars 1894, avant sonhospitalisation, à propos d’un rendez-vous manqué. Le poète vit avec Eugénie Krantz, dont ilest question dans le billet, et l’état de sa jambe empire. Son correspondant, Léon Vanier,libraire au quai Saint-Michel, est son éditeur depuis 1884. Ce dernier le soutint de diversesmanières et, malgré une brouille, fut son ami jusqu’à sa mort, dont il mena avec le dessinateurCazals, le cortège.

Exemplaire en parfaite condition, conservé dans une chemise-étui.

Carteret, II, p. 433 ; F. Ruchon, Verlaine, Documents iconographiques, p. CXXXV ; F. Montel,Bibliographie de Paul Verlaine, pp. 97-100.

4. APOLLINAIRE (G.). Alcools. Poèmes. 1898-1913. Paris, Mercure de France, 1913,in-12, maroquin rouge janséniste, dos à nerfs, roulette dorée intérieure, couverture et dos,tranches dorées (Alix).

Edition originale.

Premier grand recueil de vers d’Apollinaire, qui fit sa gloire. Le projet remontait à loin, puisqu’il songea dès 1904 à faire une plaquette de ses poèmesrhénans. Annoncé pour 1910 sous le titre d’ Eau de vie, le recueil parut trois ans après,passablement enrichi par l’influence des avant-gardes, sa relation à Marie-Laurencin à partirde 1907 et ses fréquentes flâneries parisiennes. Ses vers, d’une fantaisie charmante alliée à une rare virtuosité, inaugurèrent une nouvelle èrepoétique, loin des rigueurs du Parnasse et des sophistications symbolistes. L’innovation laplus discutée fut peut-être la suppression de la ponctuation, spontanément décidée parApollinaire au cours des corrections d’épreuves.

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Portrait de l’auteur par Pablo Picasso. Ami du peintre, Apollinaire devint le défenseur du mouvement cubiste, très critiqué au salon de1911, dont il représenta les principales figures, Picasso, certes, mais aussi Braque, Metzingeret Gleizes, dans ses Méditations esthétiques, parues la même année que son recueil poétique.

Exemplaire relié par Henri Alix, dont la période d’activité s’étend de 1948 à 1959.

5. ROUSSEL (R.). Locus Solus. Paris, Lemerre, 1914, in-12, broché, couverture, noncoupé.

Edition originale.

Paru en 1914, Locus Solus connut le même insuccès que les précédents livres de l’auteur,La Doublure, La Vue et Impression d’Afrique.Il fut adapté au Théâtre Antoine par Pierre Frondaie. L’acharnement de la critique, qui le baptisa«Loufocus Solus», «Locus Saoulus» ou «Blocus Solus», lui valut une célébrité de scandale,mais le reconnaissance des surréalistes fit bien davantage pour la postérité grandissante du

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4 - APOLLINAIRE (G.)

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roman. Du nom de la propriété du génial savant Mathias Canterel, Locus Solus, est une sorte deparcours initiatique, artistique et littéraire, au cours duquel le lecteur découvre des œuvresimaginaires commentées par leur acquéreur. Ce dernier est inspiré de Jules Verne, auquelRaymond Roussel vouait une grande admiration. Lors de la visite, les figures représentéess’animent, rejouant souvent l’acte ou l’aventure qui marqua leur existence.Le style occupe, dans ce récit fantastique, une place prépondérante. Toujours à l’affût denouveaux procédés poétiques et narratifs, l’auteur déploie ici toute son astuce et soninventivité. Ses techniques furent d’ailleurs l’objet de son dernier texte, Comment j’ai écritcertains de mes livres.

L’un des quelques exemplaires sur Japon, papier dont on ne connaît pas le tirageBien conservé, il est complet de La Critique et Raymond Roussel qui manque souvent.

6. RIMBAUD (A.). Les Mains de Jeanne-Marie. Paris, Au Sans Pareil, 1919, in-12, broché,couverture illustrée.

Edition originale.

Notice de Paterne Berrichon.

Portrait du poète par Jean-Louis Forain, couverture et page de titre illustrées d’une vignetted’André Derain.

L’un des 42 exemplaires (n° I) sur papier japon des manufactures impériales, deuxième papieraprès 8 Chine.Il est conservé dans une chemise-étui à dos et rabats de maroquin bleu.

Parfaite condition.

Fouché, Au Sans Pareil, n° 1 .

7. RILKE (R.M) & BALTHUS. Mitsou. Quarante images par Baltusz. Erlenbach-Zürich &Leipzig, Rotapfel-Verlag, 1919, in-4°, broché, cartonnage d’éditeur avec couverturerempliée.

Edition originale.

Amusant texte de Rainer Maria Rilke sur les chats, rédigé en faveur de son protégé. Ils se connurent dans le cadre de l’amitié amoureuse que le poète entretint à sa mère, BaladineKlossowska, de 1919 jusqu’à sa mort, en 1926. Le projet atteste de la générosité de Rilke, qui non content d’associer son nom aux dessins d’unjeune garçon de onze ans, effectua les démarches nécessaires auprès des éditeurs. Mistou est l’histoire d’un chat trouvé au château de Noyon, adopté par un enfant. Animant lavie quotidienne de ces facéties, il parvient un jour à échapper à la vigilance de son jeune maîtreet disparaît. La précocité de Balthus apparaît dans les déformations expressives du trait. Elles le

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rapprochent de l’Unheimlich nordique et des cruelles caricatures d’E.T.A. Hoffmann enmarge des Contes.L’ouvrage sera réédité en 1988 par la Librairie Séguier.

40 images de Balthus hors-texte. Première apparition de la figure du chat dans l’œuvre du peintre.Il deviendra son animal de prédilection et sera soumis à toutes sortes de métamorphosessuccessives, tantôt figure onirique ou mystérieuse veillant des jeunes filles assoupies, tantôtcruel et carnassier, en partie anthropomorphisé, tantôt associé au thème des vanités, commedans la série du Chat au Miroir II et III des années 1986-1989 et 1989-1994. Parfois aussi, les modèles du peintre empruntent à l’animal ses poses félines ou sonagressivité.

Exemplaire en belle condition. Dos légèrement épidermé.

Tirage non précisé.

J. Clair- V. Monnier, Balthus. Catalogue raisonné de l’œuvre complet, pp.480-484 («Lesdessins originaux qui auraient, selon l’artiste, appartenu à Rainer Maria Rilke, n’ont puêtre retrouvés.»)

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8 - TITGAT (E.)

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8. TITGAT (E.). Carrousels et baraques. Contes. Gravés. Londres, Cyril Beaumont, 1919,in-4° oblong, en ff., chemise illustrée et rubans grenat d’éditeur.

Edition originale.

Charmant ouvrage, qui témoigne de la prédilection d’Edgard Tytgat pour la littératureenfantine, les contes et le folklore, auxquels il consacra l’essentiel de sa production. Il fut entièrement conçu par lui, tant du point de vue du texte et de l’imagerie, que,vraisemblablement, de la typographie. Cette dernière présente d’évidentes affinités avec cellemise au point par l’artiste en 1915 et pour la première fois appliquée au Petit Chaperon Rougeet à Quelques images de la vie d’artistes, tous deux publiés en 1917 lors de son exil londonien. C’est également durant ce séjour de quatre années, qu’il choisit d’évoquer des souvenirsd’enfance heureux, à travers la figure centrale et magique du carrousel. Le texte a été imprimé sur la presse à main de l’éditeur.

6 gravures (bois, linoléum et cliché) hors-texte sur Chine et 10 illustrations (cliché) in-texte. Si le texte s’intéresse exclusivement à l’enfance, l’iconographie élargit les perspectives, avectrois images inspirées des fêtes foraines de la commune native de l’auteur, La procession àWatermael, La baraque, Le Carroussel de Watermael, et trois autres des foires anglaises , Morry-go-round, Swings et Caravan... Passé et présent sont ainsi mélangés au service d’un même thème, celui du monde forain, dont

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l’atmosphère festive et bruyante est en partie rehaussée par les couleurs. Chaque image traduit bien «cette naïveté naturelle» recherchée par l’artiste, laquelle expliqueaussi sa préférence pour la technique de la gravure sur bois.

L’un des 110 exemplaires numérotés de 41 à 150 ; celui-ci est signé par l’éditeur.

Tirage limité à 153 exemplaires, tous sur Chine.

P. Taillaert, Edgard Tytgat. Catalogue raisonné de l’œuvre gravé, n° 40 et 41.

9. APOLLINAIRE (G.). L’Hérésiarque & Cie. Paris, Stock, 1919, in-12, papier peint à labradel, dos lisse, couverture et dos (reliure de l’époque).

Edition originale.

Recueil de contes, l’un des deux livres préférés d’Apollinaire avec Alcools.Il intronise ce sens du merveilleux développé plus tard par Aragon, où le fantastique et l’insolitesurgissent de la réalité quotidienne des villes que le poète aimait tant à visiter : Prague, Munich,Nice, Paris.... La culture juive et la question de l’illusoire jouent un rôle prépondérant, cettedernière notamment mise en exergue par le premier titre du recueil, Phantasmes, inspiré d’uneobscure divinité grecque, fils du Sommeil, qui mettait une liqueur sur les yeux de celui auquel ellementait.

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L’ouvrage fut pressenti pour le Prix Goncourt grâce au soutien d’Elémir Bourges, membre dujury, également à l’origine de la publication du recueil chez Stock, mais la récompense échûtfinalement à Louis Pergaud.

Exemplaire offert par Apollinaire au poète normand Fernand Fleuret :

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10 - ÉLUARD (P.) & ERNST (M.)

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Apollinaire et Fleuret se rencontrèrent à la Bibliothèque nationale, où ils dressèrent lecatalogue de L’Enfer, plaisant inventaire de tous les livres auxquels les lecteurs n’avaient accèsqu’avec l’autorisation du directeur pour des raisons de bonnes mœurs. Fleuret introduisit sonnouvel ami auprès d’Othon Friesz et Raoul Dufy, deux animateurs du Cercle d’art moderne duHavre, qui l’invitèrent à prononcer une importante conférence, «Les trois vertus plastiques»,qui résumait l’essentiel de sa vision artistique. C’est également sur ses conseils qu’Apollinairechoisit Dufy pour illustrer le Bestiaire ou le cortège d’Orphée, paru quelques mois aprèsL’Hérésiarque. Membre-fondateur des Soirées de Paris, revue dirigée par le poète, Fleuret luiconserva sa vie durant son amitié, et quand il dut quitter Paris pour des raisons de santé, lesdeux amis continuèrent de s’écrire. Fleuret a joint à l’exemplaire une carte commémorative de la mort du poète, et une « feuille dechêne cueillie au pied du monument de Guillaume à Stavelot» , toutes deux datées 23 juin 1935.Petite ville ardennaise, qui accueille aujourd’hui le musée Apollinaire, Stavelot fut un lieuimportant, celui de la première idylle, et de l’ouverture du poète à « de nouvelles contréesévocatrices de légendes et de nouveaux types d’humanité ».

A. Parinaud, Apollinaire, 1880-1918, p. 466 ; P. M. Adéma, G. Apollinaire, p. 139 ; J.Hartwig, Apollinaire, p. 105 ; Guillaume Apollinaire, 1880-1918, Bibliothèque Historique dela ville de Paris, pp. 11 et 90 ; Apollinaire, Bibliothèque nationale, p. 81 ; Le Livre etl’Estampe, n°132, pp. 177-195-226-261.

Voir reproduction en frontispice

10. ÉLUARD (P.) & ERNST (M.). Répétitions. Paris, Au Sans Pareil, 1922, in-12, broché,couverture rouge illustrée.

Edition originale.Il n’y a pas eu de tirage sur grand papier.

Premier livre d’Eluard et Max Ernst.C’est le fruit d’une collaboration spontanée, le poète et le peintre ne s’étant encore jamaisrencontrés au moment où Eluard s’attela à la composition du recueil. Il visita Max Ernst à Cologne à l’automne 1921, sans doute curieux de connaître l’auteur desdéconcertants collages exposés dans les locaux de la librairie de René Hilsum, Au Sans Pareil,quelques mois auparavant. Dans l’euphorie de cette première rencontre, l’artiste invita Eluardà choisir dans ses cartons des collages pour ses œuvres poétiques en cours. Le choix judicieuxde ce dernier donna le sentiment d’une collaboration concertée, pleinement maîtrisée, qu’ilsconcrétisèrent quelques mois après avec Le malheur des immortels et plusieurs autres livres.

11 collages de Max Ernst. Ils reflètent les deux types de collages mis au point par l’artiste à l’époque : les «synthétiques»et les analytiques». Les premiers rassemblent des éléments disparates, tandis que les secondssont l’ajout de pièces à un décor fixe. Les livres d’instruction technique, avec notamment lesrevues La Nature et Le Livre des inventions, restent une source majeure d’inspiration.

Exemplaire en belle condition.

Edition limitée à 350 exemplaires, tous sur papier couché.

P. Fouché, Au Sans Pareil, p. 158 ; W. Spies, Max Ernst, les collages, inventaires etcontradictions, p. 107-112 ; J.-C. Gateau, Paul Eluard ou le frère voyant, pp. 93-99 ; Paul

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11 - PÉRET (B.) & TANGUY (Y.)

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Eluard, Œuvres complètes, La Pléiade, T. 1, pp. 1341-1352.

11. PÉRET (B.) & TANGUY (Y.). Dormir, dormir dans les pierres. Paris, Les EditionsSurréalistes, 1927, in-8°, broché, couverture illustrée.

Edition originale.

En 1947, les cinq poèmes de Dormir, dormir sous les pierres, seront repris dans le recueilcollectif Feu central.Ils connurent une pré-publication en novembre 1926 dans la revue Cahier du Sud.Accompagnés des dessins d’Yves Tanguy l’année suivante, ils constituent, dans la forme etl’inspiration, un ouvrage typiquement surréaliste, d’autant qu’ils furent auto-édités par legroupe qui venait tout juste de fonder sa propre maison d’édition. On retrouve les thèmes du sommeil et de l’inconscient, très sérieusement expérimentés en1922 par Péret lors de ses séances d’hypnose avec Desnos et Crevel. Pour l’auteur, le livre s’inscrit dans le cadre de ses autres activités, dont la direction de LaRevue Surréaliste, «la plus scandaleuse du monde», et la collaboration aux divers tracts etdéclarations initiés par Breton. Pour Tanguy, en revanche, plus récemment agrégé au groupeen 1925, ce travail d’illustration fut l’occasion de faire ses preuves et de s’affranchir «desvestiges de la vieille méthode figurative».

Illustration d’Yves Tanguy. 14 dessins à la finesse coupante reproduits au trait sous forme de pleine page, de bandeaux etculs de lampe. Il semble avoir justement interprété Péret, transposant «dans le domaine plastique, lafulgurance des images [...], germinationm toujours renouvelée, abolissant les barrières entrecontenant et contenu, soulignant leur mutuelle puissance génératrice».

L’un des 20 exemplaires sur Hollande van Gelder dont les pleines pages (couverture, page detitre et les trois hors-texte) ont été rehaussées à la gouache par Yves Tanguy.

Edition limitée à 210 exemplaires , tous signés par l’auteur et l’illustrateur. Exemplaire en parfaite condition.

G. Sebbag, Les Editions Surréalistes, n° 7 ; Y. Peyré, Peinture et poésie, p.122 («Ce livre estune perfection...») ; Castelman, A Century of Artists Books, Museum of Modern Art, p. 179 ;Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, p. 397 ; La Révolution Surréaliste,Centre Pompidou, pp. 56-57.

12. CENDRARS (B.). Petits contes nègres pour les enfants des blancs. Paris, Les Éditions desPortiques, 1928, in-12, broché, couverture.

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Édition originale.

L’auteur exprime de nouveau sa fascination pour l’Afrique, après avoir publié un premier recueilde contes africains en 1921, Anthologie nègre. Ardent défenseur des arts primitifs, BlaiseCendrars fut le premier à collecter ces récits de la tradition orale auprès des missionnaires etexplorateurs, pour les offrir au public. Ils connurent beaucoup de succès dans ce contexte desannées folles marquées par l’exposition des Arts Décoratifs en 1925, et l’Expositioncoloniale en 1931. L’auteur se plut à créer un style proche de l’oral, à faire office de griot, leconteur africain traditionnel. Il familiarisa ainsi durablement les enfants d’Europe à la culturenoire et son folklore.

L’un des 20 premiers exemplaires sur Madagascar.

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13 - BRASSAÏ - MORAND (P.)

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Parfaite condition.

Dimensions : 187 x 120 mm.

13. BRASSAÏ - MORAND (P.). Paris de Nuit. Paris, Arts et Métiers Graphiques, 1933,in-4°, cartonnage illustré à spirales d’éditeur.

Edition originale.

Préface de Paul Morand.

Premier livre de Brassaï. 60 photographies en noir et blanc, imprimées en héliogravures.

Paris fut, dans les années 30, un sujet de prédilection pour les artistes : Abbott, Moï Ver ou IlyaEhrenburg..., beaucoup photographièrent la ville dans ses moindres recoins. L’originalité de Brassaï (1899-1984), noctambule infatiguable, fut de la présenter de nuit.Publié en 1932 par la maison d’édition Arts et Métiers graphiques, ce premier album est le fruitde ses fréquentes pérégrinations. Tout en continuant d’écrire des articles pour des journaux hongrois ou allemands, le jeune exilésillonait depuis deux, trois années, les rues parisiennes avec un Voïtglander récemment acquis.Le lourd et lent appareil interdisant toute improvisation, les photos de Brassaï, lieux,monuments et faune interlope, sont le fruit d’une patiente mise en scène. C’est au moment dutirage, dans le secret de sa chambre d’hôtel transformée en laboratoire, qu’il opère, jouant surl’éclairage, le cadrage..., pour reconstruire la vision initiale. Brassaï poursuivit dans cette veine avec deux autres albums, Voluptés de Paris en 1934 et LeParis secret des années trente en 1976. Si le livre n’apporta pas d’emblée à son auteur le succès escompté, ce dernier s’orientant alorsvers divers magazines illustrés, il exerça une influence considérable. Les vues d’une ville de nuit devinrent presque un poncif dans l’histoire de la photographie,tant furent nombreux les artistes qui, comme Bill Brandt, lui emboîtèrent le pas.

Exemplaire de qualité, dont la couverture est ici bien préservée, état rare.

Il est conservé dans une chemise de Thérèse-Treille, non signée.

A. Roth, The Book of 101 books, pp. 76-77 ; A. Sayag-A. Lionel Marie, Brassaï, CentrePompidou, pp.19-21 ; The Open Book, pp. 18-19 ; M. Parr- G. Badger, The Photobook, AHistory , vol. 1, pp. 134-135 ; B. Govignon, La petite encyclopédie de la photographie, pp.110-111 .

14. MALRAUX (A.). L’Espoir. Paris, Gallimard, 1937, in-4°, maroquin rouge janséniste,dos lisse orné, doublure et gardes de daim rouge serties de box gris-souris, couverture etdos, tranches dorées, chemise et étui gainés de maroquin rouge (C. et J.P. Miguet).

Edition originale de ce roman-reportage, l’un des livres pivots dans l’œuvre de Malraux,couvrant la période de juillet 1936 au 20 mars 1937 pendant la guerre civile espagnole. Ilrestitue avec lyrisme l’explosion fraternelle de ce peuple, contre la misère.Montherlant avouera que parmi tous les livres parus depuis vingt ans, c’est celui que l’on aurait

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voulu le plus avoir vécu et écrit.

L’un des 12 exemplaires sur Japon impérial.

Exemplaire de qualité dans une reliure parfaitement exécutée par C. et J.P. Miguet.

15. DELAGRAVE (A.) & DELAUNAY (R.). Clefs des pavés. Paris, s.é., 1939, in-8°,couverture de rhodoïd transparent ou orange, brochage de fil de nylon orange.

Edition originale. Réalisation la plus atypique de Robert Delaunay dans le monde du livre.

Une composition originale gravée à la pointe sèche sur le premier plat, une fluoenluminure oucollage composé de deux éléments collés sur rhodoïd transparent et une eau-forte en bistre, latour Eiffel, forment l’iconographie.

Texte ronéotypé sur papier de différentes couleurs.

Exemplaire signé par l’auteur.Brochage avec manque.

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15 - DELAGRAVE (A.) & DELAUNAY (R.)

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Sonia et Robert Delaunay, Bibliothèque nationale, 1977, n° 204 (le chiffre réel du tirage futinférieur aux cent exemplaires annoncés à la justification).

16. JOUVE (P.-J.). Le Bois des Pauvres. Fribourg, W. Egloff, 1943, in-4°, broché, couvertureà rabats.

Edition originale de ce poème que Pierre Jean Jouve affectionna particulièrement.

Il fut publié la première fois en 1943 par W. Egloff à Fribourg. L’exil de l’écrivain de 1941 à 1945 à Genève, et la censure, qui se serait certainement exercéesur ce texte hautement patriotique, explique cette première parution en terre étrangère. L’annéesuivante, l’éditeur publia, toujours à Fribourg, une édition partielle du recueil auquel le poèmeappartenait, La Vierge de Paris, réunissant des textes écrits entre 1939 et 1944. La fin de laguerre rendit possible une seconde publication, très remaniée, à Paris en 1946. Marqué par l’Histoire et les circonstances douloureuses qui présidèrent à sa rédaction, le recueiloccupe une place particulière dans la production poétique de l’auteur, et son poème Le Bois desPauvres, plus encore. Signe d’élection, c’est le seul littéralement cité par Jouve dans son essaicritique et autobiographique, En miroir. Journal sans date, publié en 1954. Exemple le plus abouti de cette «poésie armée» qu’il s’efforça de développer durant l’exil, LeBois des pauvres est aussi la juste intuition de ce que vivaient ses compatriotes : « Peut-être leBois des pauvres est-il plus que le cri du combat, une expression permanente de la chose enFrance. » (En miroir. Journal sans date. Mercure de France, pp.81-95).

L’un des 43 exemplaires sur papier Montval vergé ; celui-ci a été offert à Samuel Silvestre deSacy (1905-1975), directeur du Mercure de France qui publia En miroir :

«A Samuel de Sacyce poème repris dans en Miroir

sous sa première formeavec mon amitié

Pierre Jean Jouve»

Joint : le tapuscrit du poème, Genève, avril 1943, 2 p. in-4°, celui de la version imprimée, etune photographie en noir et blanc, s.d., Edition E. Mignon, représentant l’abside de l’égliseSaint-Mathurin à Larchant, lieu cité par le poète («Elancé de Larchant l’oiseau tirait sonvol...»).

Edition limitée à 315 exemplaires.

P.-J. Jouve, Œuvre, T.1, p. 569 ; R. Micha, Pierre Jean Jouve, Poètes d’aujourd’hui, pp. 58-63(ne cite pas cette édition) ; B. Conort, Pierre-Jean Jouve, Mourir en poésie, pp. 187-209 (necite pas cette édition).

17. DUBUFFET (J.). Ler dla Canpane. Paris, L’Art Brut, 1948, in-12, agrafes, couverture.

Ler dla canpane apparaît comme le premier véritable livre de Dubuffet, si l’on excepte leslivres de Pierre Seghers, Paul Eluard, et André Frénaud, lesquels sont seulement accompagnésd’une ou deux lithographies extraites de l’album Matière et Mémoire.

Le texte, dont l’orthographe phonétique est propre au peintre, est reproduit au stencil surpapier journal. Six gravures sur fond de boîte de camembert ou sur linoléum tirées en noir,l’accompagnent.La publication d’un tel livre marque une rupture dans l’édition, quelque peu traditionnelle,des livres illustrés de cette époque. C’est l’un des premiers livres de l’Art brut.

Bien que le tirage soit non annoncé, il serait de 165 exemplaires, tous sur papier journal.

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La fragile couverture est ici bien conservée.

Noël Arnaud, Jean Dubuffet : gravures et lithographies, n° 96-105 ; Jean Dubuffet, Prospectuset tous écrits suivants, 1, pp. 475-478 ; Antoine Coron, 50 livre illustrés depuis 1947, n° 6 ;Castleman, A Century of artists books, p. 46.

18. ÉLUARD (P.). Grèce ma rose de raison. [Paris, L’Artiste, 1949], in-4°, en ff., couverture.

Edition originale.

Eluard conçut ses poèmes après son voyage en Grèce, en juin 1949. Depuis quelques années,i l sillonnait les pays luttant contre le fascisme. La révolte des paysans-soldats, partisans dugénéral Markos, qui résistaient dans les montagnes l’émut considérablement. Une seconde édition succéda cette même année à la première; l’auteur rajouta deux autrespoèmes publiés en-tête du recueil, un poème inédit et des vers traduits avec Melpo Axioti des

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18 - ÉLUARD (P.)

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poètes grecs Yannopoulos et Asteris, tous deux condamnés après plusieurs annéesd’emprisonnement pour leur lutte en faveur de la démocratie.

Livre entièrement gravé, illustré de 6 bois en couleurs de H. Srnitch. Ce dernier escorta les poèmes d’Eluard de xylogravures dans le goût rustique. Toutes s’inspirentdu combat libertaire mené dans les maquis grecs : une paysanne tenant un enfant par la main,un portrait de paysanne, un Christ montrant les souffrances engendrées par la guerre, un bergerdes montagnes, trois résistants et un couple se tenant amoureusement la main.

Exemplaire en parfaite condition, conservé dans une chemise-étui de demi-maroquin rouge.

Tirage unique à 50 exemplaires sur vélin d’Angoumois, numérotés et signés par l’auteur etl’artiste.

Eluard, Œuvres complètes, La Pléiade, T. 2., pp. 114-117 ; J.-C. Gateau, Paul Eluard ou le frèrevoyant, p. 331.

19. CENDRARS (B.) & DOISNEAU(R.). La Banlieue de Paris. Lausanne, La Guilde dulivre, 1949, in-4°, cartonnage d’éditeur.

Edition originale, publiée simultanément à Lausanne et à Paris.

Texte de Blaise Cendrars. Contrairement au Paris de Nuit de Brassaï, où le patronnage littéraire de Paul Morand futimposé par l’éditeur, celui de Blaise Cendrars fut volontaire et enthousiaste. Véritable initiateur du projet, ce fut lui qui le fit publier et choisit une partie des photographiesreprésentées. Cette collaboration heureuse éclaire la concordance parfaite entre les textes et lesimages.Familier du reportage pittoresque, Blaise Cendrars apprécie les nouvelles perspectives qu’offrela photographie : Seule la photo peut donner aux gens cet air de famille qu’il est quasiimpossible de rendre par l’écriture. Il y a là un art nouveau, gros d’avenir - mais qui me rappelleles enluminures des Livres d’Heures, qui seules donnent, dans ces atours de fêtes, de travaux desaison, la vie des petites gens de métier, de la naissance à la mort. Cette représentation duquotidien est comme accentuée par le découpage thématique de Doisneau, Gosses, Amour,Décors, Dimanches et fêtes, Loisirs, Travail, Terminus, Habitations.Pour cet artiste qui grandit à Gentilly et vécut à Montrouge, le reportage prend parfois desallures autobiographiques.

Premier livre de Robert Doisneau. 130 photographies de Doisneau, dont plusieurs proviennent de ses reportages pour lemagazine Regards : les usines de Renault et de gaz d’Aubervilliers, le mariage sur les bords dela Marne. D’autres furent réalisées pour le livre.

Exemplaire en parfaite condition.

M. Parr-G. Badger, The Photobook, A History, vol.1, pp. 187 et 201-204 («Doisneau’s best

book», édition Pierre Seghers) ; A. Roth, The Book of 101 Books, pp. 132-133 (EditionPierre Seghers) ; Sinibaldi-Couturier, Regards sur un siècle de photographie à travers le livre,n° 94 (jaquette repliée illustrée uniquement pour l’édition parisienne).

20. HERNANDEZ (M.). Evolucion. [Paris], L’art brut. Febrero 1949, in-8°, agrafé,couverture illustrée.

Ce petit livre est le fruit d’un amusant projet éditorial initié par Dubuffet, alors fondateur de la

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21 - DUBUFFET (J.)

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Compagnie de l’Art Brut, auquel participèrent Miguel Hernandez (1893-1957) et trois autresartistes de l’association : Gaston Chaissac, Jean l’Anselme et Slavko Kopac. En 1948, se souvint l’instigateur, le petit institut de l’Art Brut […] inaugurait la publicationde menus livres illustrés par leurs auteur et imprimés aussi de leurs propres mains avec desmoyens de fortune. [T]irés fort modestement à l’aide de dispositifs dérisoires dans un petitformat et sur un papier à journal de la plus vulgaire sorte […], ces opuscules prenaient en toutle contrepied des rites bibliophiliques.Miguel Hernandez assuma ainsi de bout en bout la réalisation de ce livre-manifeste, auquel ilajouta, par ses vers légers et la fraîcheur de l’illustration, quasi-expressionniste, tout lecharme de ses origines castillanes.

25 gravures sur bois.

Tirage non précisé.

Exemplaire en parfaite condition.

Joint : DUBUFFET ( J . ) . Miguel Hernandez. [Paris], L’Art Brut [1949], in-12, broché,agrafé. Courte notice rédigée par Dubuffet, qui s’employa activement à promouvoir sesartistes, obscurs pour la plupart. Anarchiste espagnol, Miguel Hernandez se consacra à lapeinture après une jeunesse particulièrement aventureuse et son exil à Paris. Destinée auxCahiers de la Pléiade, elle parut au numéro 6 de la revue (automne 1948-hiver 1949 ) et futobligeamment réimprimée quelques mois plus tard par son directeur et ami de Dubuffet, JeanPaulhan, afin de servir de brochure à l’exposition du peintre au Foyer d’Art Brut en 1949 : «Est-ce que tu crois, [écrit Dubuffet à Paulhan] que ce serait possible, aux imprimeurs des Cahiersde La Pléiade de faire un petit tirage à part de 220 exemplaires de mon article sur Hernandez enprofitant de la composition du texte pour la revue, sur du mauvais papier journal, à peu de frais? (ce serait bien entendu aux frais de l’Art Brut) . Sans couverture (on imprimerait nous mêmela couverture)… Soit au format des Cahiers de la Pléiade, soit (préférablement au format de laprésente feuille…) « (Mercredi 2 février [1949]).

Webel, Jean Dubuffet, Catalogue raisonné de l’œuvre gravé, T.1, pp. 57-58 ; Dubuffet, CentreGeorges Pompidou, 2001, pp. 350-448 ; Dubuffet, Dubuffet-Paulhan, Correspondance, 1944-1968, pp. 575-576.

21. DUBUFFET (J.). Honneur aux valeurs sauvages. [1951], tapuscrit, in-4°, 22 p., agrafé,couverture.

Texte, à ce jour inédit, de la conférence de Jean Dubuffet à la faculté de Lettres de Lille,le mercredi 10 janvier 1951.Il fut prononcé à l’occasion du vernissage de l’exposition du libraire Marcel Evrard, «Cinqpetits inventeurs de la peinture».On comprend aisément que Dubuffet ait accepté de parrainer ces cinq artistes aliénés. Làencore, c’est en vue d’une exposition qu’il rédige son deuxième texte théorique à valeur demanifeste, le premier étant De l’art brut préféré aux arts culturels, en 1949. A cet instant, son expérience des milieux artistiques parisiens, dont il dénonce l’institution-nalisation galopante, le maniérisme et le snobisme, l’a plus que jamais convaincu de lanécessité d’un art spontané et intègre. «Une œuvre d’art n’a d’intérêt, à mon sens, qu’à la condition qu’elle soit une projection trèsimmédiate et directe de ce qui se passe dans les profondeurs d’un être ; et, naturellement, qui apris naissance dans cet être, et pas qu’on y a fourré». Dubuffet est ici dans la continuité de toutes ses autres activités en faveur de l’Art Brut depuis

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1947. Mais cet énergique discours est aussi un retour sur soi. En cette année de crise marquéepar la dissolution de la Compagnie de l’Art Brut, il lui est nécessaire de réaffirmer sesconvictions personnelles et les orientations à venir de sa quête artistique.

Tapuscrit offert par le peintre à son ami Alfonso Ossario (1916-1990), lequel a rajouté de samain les circonstances de cette attention :

«les sentiments d’affectueux attachements de Jean Dubuffet»

«February 1951given me by Jean in Paris, after his visit to Lille for the exhibition».

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23 - FRANK (R.)

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Peintre et collectionneur américain, Alfonso Ossario était le descendant d’une riche famillephilippine. Il commença à exposer à New-York en 1941 et s’enthousiasma pour l’Art Brut dèssa rencontre avec Dubuffet à Paris en 1949, allant jusqu’à composer des toiles à partir de débriset matériaux de récupération, les congregations. Les mois qui suivirent la conférence de Lille,Dubuffet s’attela à la rédaction d’une monographie à son intention, Peintures initiatiquesd’Alfonso Ossario. De son côté, le peintre lui proposa d’accueillir provisoirement sestableaux collectés depuis 1947 dans sa vaste résidence d’East Hampton, près de New-York. Elley resta onze ans, période qu’Alfonso tenta de mettre à profit pour introduire, sans succès, l’ArtBrut dans les milieux new-yorkais. Lui-même possédait une prestigieuse collection mêlant lesplus grands noms de la peinture américaine contemporaine à des curiosités : ex-votomexicains,boîtes d’esquimaux, défenses d’animaux...

D’autres tapuscrits de cette conférence sont aujourd’hui conservés à la Fondation Dubuffet.

Dubuffet, Paulhan-Dubuffet, Correspondance, 1944 -1968 , pp. 640 et746 ; Dubuffet,Prospectus et tous écrits suivants, pp. 509-510 ; Dubuffet, Centre Pompidou, p. 373.

22. ARTAUD (A.) & PICASSO (P.). Autre chose que de l’enfant beau. [Paris], Louis Broder,[1957], in-12 carré, en ff., couverture, chemise-étui d’éditeur.

Edition originale de trois textes posthumes d’Artaud. Ils furent rédigés en 1947, un an avant sa mort. Interné depuis 1943, le poète vivait à cette époque dans une clinique privée d’Ivry, grâce ausecours de ses amis. Figure du surréalisme, Artaud fut l’un de ceux qui renouvela le plus en profondeur la poésie et lethéâtre. Aussi Louis Broder choisit-il de le publier dans une collection de prestige, «Miroir dupoète», aux côtés de Char, Desnos, Crevel...Par un heureux hasard, Picasso concrétise ici l’occasion manquée en 1947 de travailler sur unde ses textes, Artaud le Momo. C’est leur seule œuvre commune, si l’on excepte la pièce deCocteau, Antigone, en 1922, à laquelle tous deux contribuèrent, Picasso comme décorateur etArtaud comme acteur-interprète du rôle de Tirésias.

Une gravure au burin et à la pointe-sèche de Pablo Picasso, la seule en couleurs selon cettetechnique, que l’artiste ait faite pour un livre. A l’évidence, le peintre se souvint d’un bonhomme réalisé sur celluloïd pour le livre de PAB,«Autre chose», publié en 1956. Il s’amusa à découper dans le cuivre un petit rond blanccorrespondant à la tête de son personnage. Avec ses membres désarticulés en forme de béquille,celui-ci emblématise la tragédie vécue par Artaud, dont Picasso contribua à adoucir lesdernières années en souscrivant à l’«Association des amis de l’œuvre d’Antonin Artaud», crééeen 1946.

Tirage unique limité à 120 exemplaires sur Japon ancien, tous signés par l’illustrateur.

23. FRANK (R.). Les Américains. Paris, Robert Delpire Editeur, 1958, in-12 carré, cartonnaged’éditeur.

Edition originale, qui connut l’année suivante une édition américaine avec une préface deJack Kerouac publiée par Press Grove à New-York.

Textes réunis par Alain Bosquet. D’Alexis de Tocqueville à Simone de Beauvoir, ce livre de photographies consacré à la sous-culture américaine des années cinquantes, donne la parole à une douzaine d’écrivains célèbres.Cette approche, française et littéraire, fut ajoutée à la demande de l’éditeur, Robert Delpire, quifut le premier à introduire le travail de Frank Robert en France, en publiant en 1956 son

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reportage pour le magazine Life, Indiens pas mort s. Elle confère au livre un aspectsociologique, absent de l’édition américaine.

83 photographies de Robert Frank imprimées en héliogravures à pleine page. Elles forment une sorte de manifeste esthétique de l’artiste, qui fréquenta dans le quartier new-yorkais de la dixième rue les principaux tenants de l’expressionnisme abstrait, et obtint pource projet qu’il voulut mener en toute liberté, une bourse de la Fondation Guggenheim. FrankRobert parcourut les Etats-Unis d’avril 1955 à juin 1956 et collecta une grande diversité deportraits : jeunes noirs, cammionneurs, étudiants, starlettes hollywoodiennes, politiciens...Entre ces personnes si distinctes, certaines concordances s’établissent : une geste repris, uneattitude similaire...La couverture est plastifiée et illustrée d’après un dessin de Saül Steinberg .

Exemplaire en belle condition. Couverture fraîche.

M. Parr-G. Badger, The Photobook, A History, vol.1, p. 247 ; A. Roth, The Book of 101Books, p. 150 (version américaine); Open Book, pp. 176-177 (version américaine) ; A.Sinibaldi - J-L. Couturier, Regards sur un siècle de photographie à travers le livre, 120

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25 - CHAR (R.) & MIRO

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(version française).

24. ERNST (M.). Le poème de la femme 100 têtes. Paris, Jean Hugues, 1959, in-12, broché,couverture.

Edition originale.

Tirage à part des légendes de La femme 100 têtes, célèbre roman-collage de Max Ernst réaliséen 1929.Loin d’appauvrir une œuvre dépourvue de toute logique narrative, cette publication isoléepermit de mieux apprécier le texte, l’un des plus beaux poèmes surréalistes qui se puissentconcevoir, selon Patrick Waldberg. Le mérite en revint à Jean Hugues, figure incontournable de l’histoire bibliophilique dusurréalisme.Il parut dans une petite collection baptisée le Cri de la fée, identifiable à sa couverturereprésentant Mélusine d’après un bois gravé du XVe siècle. Particulièrement élégants, ceslivres au format modeste et à la typographie raffinée doivent certainement beaucoup auxproductions du typographe Jacques Haumont (1899-1975).

L’un des 52 premiers exemplaires, contenant une double eau-forte de Max Ernst, signée par lui.

Edition limitée à 365 exemplaires, tous sur vergé de pur chiffon.

[...], Jean Hugues, Libraire-éditeur, Le Point cardinal, p. 31 ; W. Spies, Max Ernst, Lescollages, inventaires et contradictions, pp. 129-131

25. CHAR (R.) & MIRO (J.). Nous avons. Paris, Broder, 1959, in-8° oblong, en ff.,couverture, emboîtage d’édition.

La réponse de Broder à Pierre André Benoit : une réussite.

Nouvelle édition de Nous avons, contenant les quatre poèmes de la première édition publiéepar PAB en février 1958, et 9 inédits. Ils seront repris dans La Parole en Archipel.

Une gravure sur bois et 5 eaux-fortes et aquatintes en couleurs de Miro.

L’un des 90 exemplaires numérotés de 41 à 130.

Edition limitée à 170 exemplaires, tous sur Auvergne-Richard-de-Bas, signés au crayon parl’auteur et l’artiste.

Cramer, Joan Miro, Les Livres illustrés, n° 53; [...], L’Herne, R. Char, 250c ; Fr. Chapon,Le Peintre et le Livre, pp. 252-253 avec reproduction.

26. [ARSAN (E.)]. Emmanuelle. Emmanuelle l’anti-vierge. [Paris, Eric Losfeld, 1959-1960],2 vol. in-8°, broché, couverture à rabats.

Edition originale de ce chef-d’œuvre de la littérature érotique, paru clandestinement en 1959et l’année suivante.Il n’y a pas eu de tirage sur grand papier.

L’histoire éditoriale du livre commence en 1957, lorsque l’éditeur indépendant Eric Losfeldreçut de Bangkok un manuscrit narrant l’initiation sexuelle d’une jeune femme. Son auteur, Marayat Andrianne, était à peine âgée de vingt ans. D’origine thaïlandaise, mariéeà un diplomate français, elle garda longtemps son identité secrète sous le pseudonyme

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d’Emmanuelle Arsan, en partie pour protéger la carrière de son mari mais aussi par stratégielittéraire. L’ouvrage parut clandestinement et fut, par surcroît de précautions, scindé en deux parties,Emmanuelle et L’Anti-Vierge. Sa condamnation n’intervint que dix ans après, suite à saréédition et première publication officielle, l’éditeur ayant porté sur la page de titre sonenseigne et le pseudonyme de l’écrivain. L’«érotisme radieux» qui émanait du monde d’Emmanuelle fut la cause de son succès. Ce monde«sans obstacle, timidité ou hésitation» ne se réclamait pas des romans libertins, ni de lapensée parfois morbide d’un Sade et d’un Bataille. Il intronisait une nouvelle forme d’utopiesexuelle qui conquit rapidement l’intelligentsia parisienne ; Breton le signala en premièrepage de la revue des Arts et Pieyre de Mandiargues écrivit un élogieux article dans la NouvelleRevue Française.L’ouvrage connut par la suite un succès planétaire, fut traduit en plusieurs langues et accéda aumythe grâce au cinéma, avec l’adaptation de Just Jaeckin en 1974, la première d’une longuesérie.

Exemplaire conservé dans une chemise-étui de Thérèse Treille.

J.-P. Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre1920 et 1970, n° 1470 (il donne pour auteur d’Emmanuelle, «Louis Jacques Rollet», le mari de

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28 - MISHIMA (Y.) & HOSOE (E.)

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Marayat Andrianne, «diplomate, membre de la représentation française à l’UNESCO, aprèsavoir été un certain temps en poste à Bangkok»).

27. WARHOL (A.) & DIVERS. 1 ¢ Life. Bâle, E. W. Kornfeld, 1964, in-folio, en ff.,couverture, étui d’éditeur.

Edition originale.

Le livre d’une génération. Ala fin de l’année 1962, Walasse Ting, un artiste d’origine chinoise aux talents multiples, eûtl’idée de ce livre lors de la soirée inaugurale de son ami Sam Francis, à Manhattan. Il l’entrepritavec l’accord de l’éditeur E. W. Kornfeld et réunit autour d’un texte de son crû, «Raunchy PidginEnglish», de nombreux artistes du milieu d’avant-garde. On trouve ainsi des peintres issus dumouvement international Cobra, mais aussi du Pop Art ou de l’expressionnisme abstrait.Walasse Ting veilla jalousement à la qualité de l’impression, passant dix mois à Paris poursuperviser le tirage des textes, des lithographies et des sérigraphies. Achevé à la fin de juin1964, le livre devint un manifeste de la peinture américaine. Son caractère inhabituel,éclectique et audacieux surprit beaucoup le public parisien.

66 lithographies de 28 artistes : Pierre Alechinsky, Karel Appel, Enrico Baj, Alan Davie, JimDine, Oyvind Fahlström, Sam Francis, Robert Indiana, Alfred Jensen, Asger Jorn, AlanKaprow, Kiki Kogelnik, Alfred Leslie, Roy Lichtenstein, Joan Mitchell, Claes Oldenburg ,Mel Ramos, Robert Rauschenberg, Reinhoud, Jean-Paul Riopelle, James Rosenquist, AntonioSaura, Kimber Smith, K. R. H. Sonderborg, Walasse Ting, Bram van Velde, Andy Warhol, TomWesselman.

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29 - ISHIUCHI (M.)

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Un des exemplaires hors commerce, sur grand papier, signé à la justification par Walasse Ting,Sam Francis et E. W. Kornfeld, contenant les lithographies originales signées ou avec cachetdes artistes. Il a été enrichi d’un poème autographe de Ting adressé à un certain Bob, daté 4 février 1966.

A. Coron, 50 Livres illustrés depuis 1947, p. 32 ; Victor & Albert Museum, From Manet toHockney, n° 135 ; Johnson-Stein, Artists’ Books in the Modern Era, 1870-2000, pp. 242-243.

Voir reproduction en couverture

28. MISHIMA (Y.) & HOSOE (E.). Barakei Shinshuban. Killed by roses. Tokyo, Shueisha,1963, in-folio, toile illustrée, jaquette acétate transparente, boîte d’éditeur.

Edition originale.

Texte de Yukio Mishima.

42 photographies de Hosoe, dont deux imprimées sur des pages à rabats et 4 compositions deKohei Suigiura imprimées sur papier japon transparent.

Mishima admirait en Eikoh Hosoe le photographe du célèbre danseur Tatsumi Hijikata. Il lesollicita en 1961 pour illustrer son recueil d’essais critiques, L’Assaut de la beauté. De cettepremière collaboration naquit le livre de portraits de l’écrivain, qui confia plus tard avoir étéphysiquement transporté dans un monde étrange. Le tour particulièrement théâtral qu’Hosoeconféra aux images rendit l’ouvrage célèbre. Tout d’abord, il fit appel à d’autres modèles : les deux danseurs Hijikata et Motofuji et l’actrice

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30 - GOCHO (S.)

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