Jérôme Colin QUI EST CE NOUVEL ECRIVAIN? · tard, Jeff Buckley et l’album “Grace” - une...

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MOSQUITO LIVRES 49 48 06/05/2015 Télé, radio, presse écrite, on le croyait comblé. Non. Avec Éviter les péages , son premier roman, il se lance nu dans le vide de la littérature. Arrêt sur image. ê Jérôme Colin viter les péages, le premier ro- man de Jérôme Colin, est l’his- toire d’un break conjugal. Tiraillé entre la stabilité d’une situation familiale qui l’étouffe et l’atti- rance pour une autre femme pas prévue au programme, le héros du livre, un chauffeur de taxi qui fait sa caisse la nuit, se retrouve seul, après le boulot, dans sa maison vide. L’éloigne- ment de son épouse et de ses enfants ouvre une plage à la confession d’un homme tourmenté par un sentiment de culpabilité qui n’arrive pourtant pas à chasser les papillons de l’amour qui lui poussent dans le thorax. Il ne faut pas aller très loin dans le roman pour reconnaître dans ce personnage attachant, frère d’armes de ceux qui meurent de ne pas avan- cer, les traits maquillés de Jérôme Colin. Comme son double romanesque et hypocondriaque, Jérôme Colin, 40 ans, est un garçon épidermique qui “attrape tout ce qui passe et a une peur bleue des maladies” - dixit une collègue à Moustique il se pose chaque jour après avoir fermé Entrez sans frapper, la quotidienne qu’il présente avec Xavier Vanbuggenhout sur La Première. Mais qui est vraiment celui qui a fait de Hep Taxi! cette émission que les plus grandes conventions de psychanalyse nous envient? Une sorte de confesseur dont la dextérité de parole fait dire à l’un de ses confrères qu’il est “capable d’aller chercher l’invité dans son intimité, sans indécence et sans vulgarité, contrairement à ce que pensent certaines oreilles chastes”. Jérôme Colin est vrai dans tout ce qu’il fait, mais il ne pouvait pas choisir plus belle scène de strip-tease que celle du roman pour dévoiler, avec la plus grande sincérité, la couleur de ses tripes: rouge viscères. ROMANTISME JUVÉNILE Éviter les péages est la chose la plus dangereu- sement personnelle que le garçon ait jamais livrée, sachant que, lui, le danger, il ne lui dit jamais non. “Passer de l’autre côté de la barrière et se livrer comme il le fait, c’est une mise à nu énorme”, commente cette lectrice qui le connaît bien. “Alors, ce roman..., réfléchit celle-ci qui le fréquente depuis des années. Est-ce une nouvelle façon de se poser? De regarder dans le rétroviseur? Franchement, non. Ce roman est une autre voix pour dire son monde.” Ce monde trop étroit pour sa curiosité et dont il tente de repousser les parois depuis son adolescence qui a été marquée, de son propre aveu, “par les filles, les films et la musique”. “J’ai pris le grunge en pleine face quand j’avais 17 ans, explique-t-il. Nirvana, Pearl Jam, Rage Against The Machine. Plus tard, Jeff Buckley et l’album “Grace” - une immense émo- tion -, Radiohead, Massive Attack, NTM, Noir Désir. Il fallait que ce soit très triste et de préférence un peu sale.” Ce romantisme juvénile, qui éclaire le regard de Jérôme - par- fois malicieux, parfois malheu- reux - est omniprésent dans ce premier roman qui hurle sa terreur de sombrer dans les sables mou- vants de la banalité. Pour celui qui partage les parages de son bureau (enfin, d’un de ses bureaux), “Jérôme est une éponge qui revendique sans complexe se nourrir au savoir des autres. Il est gourmand, limite excessif. Avec lui, pas de demi-mesure. Il est passionné de tout, scandalisé par tout, et capable de grosses colères. À part ça c’est un garçon au look presque scientifiquement négligé”. Jérôme donne toujours l’impression d’avoir des comptes à rendre avec le temps. De lui transpire une impa- tience existentielle qui lui dicte le rythme: vite. Il est pressé par la vie, pour ne pas dire poussé au cul. “Il court tout le temps, raconte cet ex-camarade d’univer- sité. Après quoi? On ne sait pas. Il réussit tout ce qu’il entreprend et pourtant il a cette insatisfaction perma- nente. À 20 ans déjà, c’était la grande gueule des audi- toires. Pas nécessairement pour se rendre intéressant, mais parce qu’il ne peut pas se retenir de dire quelque chose quand il l’a en tête. Un peu fouteur de merde, un peu sale gamin. Un peu autiste aussi dans sa relation aux autres.” Écho d’une collègue à la RTBF: “Jérôme est le type qu’on désirerait détester mais qu’on aime profon- dément. Il peut pousser des gueulantes, mais il reven- dique ce droit d’aimer, de se tromper, d’avoir peur, avec une terrible envie de vivre sans en perdre une miette”. Écho d’une collègue à Moustique: “C’est le “sale gamin” du fond qui n’a jamais son journal de classe mais que finalement tu n’as pas envie de punir”. Et puisque nous y sommes, restons-y... Au boulot, Jérôme est, au mieux, “totalement bordélique, distrait et désorganisé”, au pire, “un mec qui parle fort au téléphone”. Un travail d’équipe que ce sauvageon a bien dû apprendre à maîtriser, lui qui n’a “jamais vraiment aimé les groupes” car il ne s’y est “jamais senti à l’aise”. Lui qui plaît aux filles (Jérôme est un redoutable séducteur) et cite comme images érotiques initiatiques “les vidéos de Madonna qui m’exci- tait beaucoup quand j’étais gamin, Julia Roberts dans Pretty Woman, un choc sexuel, et cette scène de sexe dans La nuit des temps de Barjavel qui m’avait très fort émoustillé”. Même s’il l’avoue: “Je crois que tout à l’époque éveillait ma sexualité. La moindre femme me faisait l’effet d’une bombe”. DE KEROUAC À E.T. Et pourtant, il n’y a pas que les femmes qui ont guidé l’apprenti romancier sur le chemin du tourment et de la littérature, il y a eu aussi son livre fétiche, La conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole (“un roman avec la vie mais en dix fois plus grand”) et le bien nommé Sur la route de Jack Kerouac. Quant aux personnages qui lui ont pris la main ou ouvert la porte, il y a Christian Dejaiffe. “C’était mon prof d’anglais, un type exception- nel, raconte Jérôme. C’est lui qui m’a fait aimer cette langue et c’est grâce à lui que j’ai eu plein de boulot car, que soit à la radio ou à Moustique, j’ai eu ma place parce que je parle l’anglais. Il nous apprenait la langue grâce à la musique et à des bouquins. Il avait une belle autorité, saine. Un jour, il m’a dit, à moi qui n’avais jamais quitté mon petit village (Flawinne - NDLR): “Mon- sieur Colin, faut sortir de chez vous maintenant”. À partir de là, je suis sorti, j’ai acheté une guitare, j’ai pris des cours de théâtre.” QUI EST CE NOUVEL ECRIVAIN? “IL REVENDIQUE CE DROIT D’AIMER, DE SE TROMPER, D’AVOIR PEUR, AVEC UNE TERRIBLE ENVIE DE VIVRE SANS EN PERDRE UNE MIETTE.”

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M O S Q U I TO L I V R E S

4948 06/05/2015

Télé, radio, presse écrite, on le croyait comblé. Non. Avec Éviter les péages, son premier roman, il se lance nu dans le vide de la littérature. Arrêt sur image.

ê

Jérôme Colin

viter les péages, le premier ro-man de Jérôme Colin, est l’his-toire d’un break conjugal. Tiraillé entre la stabilité d’une situation f a m i l i a l e q u i l’étouffe et l’atti-

rance pour une autre femme pas prévue au programme, le héros du livre, un chauffeur de taxi qui fait sa caisse la nuit, se retrouve seul, après le boulot, dans sa maison vide. L’éloigne-ment de son épouse et de ses enfants ouvre une plage à la confession d’un homme tourmenté par un sentiment de culpabilité qui n’arrive pourtant pas à chasser les papillons de l’amour qui lui poussent dans le thorax. Il ne faut pas aller très loin dans le roman pour reconnaître dans ce personnage attachant, frère d’armes de ceux qui meurent de ne pas avan-cer, les traits maquillés de Jérôme Colin.

Comme son double romanesque et hypocondriaque, Jérôme Colin, 40 ans, est un garçon épidermique qui “attrape tout ce qui passe et a une peur bleue des maladies” - dixit une collègue à Moustique où il se pose chaque jour après avoir fermé Entrez sans frapper, la quotidienne qu’il présente avec

Xavier Vanbuggenhout sur La Première. Mais qui est vraiment celui qui a fait de Hep Taxi! cette émission que les plus grandes conventions de psychanalyse nous envient? Une sorte de confesseur dont la dextérité de parole fait dire à l’un de ses confrères qu’il est “capable d’aller chercher l’invité dans son intimité, sans indécence et sans vulgarité, contrairement à ce que pensent certaines oreilles chastes”. Jérôme Colin est vrai dans tout ce qu’il fait, mais il ne pouvait pas choisir plus belle scène de strip-tease que celle du roman pour dévoiler, avec la plus grande sincérité, la couleur de ses tripes: rouge viscères.

ROMANTISME JUVÉNILEÉviter les péages est la chose la plus dangereu-

sement personnelle que le garçon ait jamais livrée, sachant que, lui, le danger, il ne lui dit jamais non. “Passer de l’autre côté de la barrière et se livrer comme il le fait, c’est une mise à nu énorme”, commente cette lectrice qui le connaît bien. “Alors, ce roman..., réfléchit celle-ci qui le fréquente depuis des années. Est-ce une nouvelle façon de se poser? De regarder dans le rétroviseur? Franchement, non. Ce roman est une autre voix pour dire son monde.” Ce monde trop étroit pour sa curiosité et dont il tente de repousser les parois depuis son adolescence qui a été marquée, de son propre aveu, “par les filles, les films et la musique”. “J’ai pris le grunge en pleine face quand j’avais 17 ans, explique-t-il. Nirvana, Pearl Jam, Rage Against The Machine. Plus tard, Jeff Buckley et l’album “Grace” - une immense émo-tion -, Radiohead, Massive Attack, NTM, Noir Désir. Il fallait que ce soit très triste et de préférence un peu sale.”

Ce romantisme juvénile, qui éclaire le regard de Jérôme - par-fois malicieux, parfois malheu-reux - est omniprésent dans ce

premier roman qui hurle sa terreur de sombrer dans les sables mou-

vants de la banalité. Pour celui qui partage les parages de son bureau

(enfin, d’un de ses bureaux), “Jérôme est une éponge qui revendique sans

complexe se nourrir au savoir des autres. Il est gourmand, limite excessif. Avec lui,

pas de demi-mesure. Il est passionné de tout, scandalisé par tout, et capable de

grosses colères. À part ça c’est un garçon au look presque scientifiquement négligé”. Jérôme

donne toujours l’impression d’avoir des comptes à rendre avec le temps. De lui transpire une impa-

tience existentielle qui lui dicte le rythme: vite. Il est pressé par la vie, pour ne pas dire poussé au cul.

“Il court tout le temps, raconte cet ex-camarade d’univer-sité. Après quoi? On ne sait pas. Il réussit tout ce qu’il entreprend et pourtant il a cette insatisfaction perma-nente. À 20 ans déjà, c’était la grande gueule des audi-toires. Pas nécessairement pour se rendre intéressant, mais parce qu’il ne peut pas se retenir de dire quelque chose quand il l’a en tête. Un peu fouteur de merde, un peu sale gamin. Un peu autiste aussi dans sa relation aux autres.” Écho d’une collègue à la RTBF: “Jérôme est le type qu’on désirerait détester mais qu’on aime profon-dément. Il peut pousser des gueulantes, mais il reven-dique ce droit d’aimer, de se tromper, d’avoir peur, avec une terrible envie de vivre sans en perdre une miette”. Écho d’une collègue à Moustique: “C’est le “sale gamin” du fond qui n’a jamais son journal de classe mais que finalement tu n’as pas envie de punir”. Et puisque nous y sommes, restons-y... Au boulot, Jérôme est, au mieux, “totalement bordélique, distrait et désorganisé”, au pire, “un mec qui parle fort au téléphone”. Un travail d’équipe que ce sauvageon a bien dû apprendre à maîtriser, lui qui n’a “jamais vraiment aimé les groupes” car il ne s’y

est “jamais senti à l’aise”. Lui qui plaît aux filles (Jérôme est un redoutable séducteur) et cite comme images érotiques initiatiques “les vidéos de Madonna qui m’exci-tait beaucoup quand j’étais gamin, Julia Roberts dans Pretty Woman, un choc sexuel, et cette scène de sexe dans La nuit des temps de Barjavel qui m’avait très fort émoustillé”. Même s’il l’avoue: “Je crois que tout à l’époque éveillait ma sexualité. La moindre femme me faisait l’effet d’une bombe”.

DE KEROUAC À E.T.Et pourtant, il n’y a pas que les femmes qui ont guidé l’apprenti romancier sur le chemin du tourment et de la littérature, il y a eu aussi son livre fétiche, La conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole (“un roman avec la vie mais en dix fois plus grand”) et le bien nommé Sur la route de Jack Kerouac. Quant aux personnages qui lui ont pris la main ou ouvert la porte, il y a Christian Dejaiffe. “C’était mon prof d’anglais, un type exception-nel, raconte Jérôme. C’est lui qui m’a fait aimer cette langue et c’est grâce à lui que j’ai eu plein de boulot car, que soit à la radio ou à Moustique, j’ai eu ma place parce que je parle l’anglais. Il nous apprenait la langue grâce à la musique et à des bouquins. Il avait une belle autorité, saine. Un jour, il m’a dit, à moi qui n’avais jamais quitté mon petit village (Flawinne - NDLR): “Mon-sieur Colin, faut sortir de chez vous maintenant”. À partir de là, je suis sorti, j’ai acheté une guitare, j’ai pris des cours de théâtre.”

QUI EST CE NOUVELECRIVAIN?

“IL REVENDIQUE CE DROIT D’AIMER, DE SE TROMPER, D’AVOIR PEUR, AVEC UNE TERRIBLE ENVIE DE VIVRE SANS EN PERDRE UNE MIETTE.”

Page 2: Jérôme Colin QUI EST CE NOUVEL ECRIVAIN? · tard, Jeff Buckley et l’album “Grace” - une immense émo-tion -, Radiohead, Massive Attack, NTM, Noir Désir. Il fallait que ce

50 06/05/2015

À 18 ans, c’est au cours Florent à Paris qu’il tente sa chance, rentre en Belgique, fait des études de journalisme qu’il réussit et trois enfants qu’il réussit encore mieux. “Il a eu la paternité précoce, souligne celui-ci. Une paternité assumée mais toujours inquiète. Pour lui la question est: comment être un bon père?” Cette question du géniteur vire à l’obsession mentale pour le personnage d’Éviter les péages qui converse avec son père mort, comme s’il n’était jamais trop tard pour se rappeler que, quand même, il est passé à côté de quelqu’un. Ce chauffeur de nuit qui se fait mal et fait mal lorsqu’il pointe la cruauté de ses pensées: “Reste à savoir si la mère de nos enfants est la femme de notre vie”. Passer la moitié de ses journées dans les salles

obscures n’arrange rien à l’attente - énorme - qu’il a de la vie au-dessus de laquelle il place l’amitié comme ultime objet précieux. “L’amitié est primordiale chez moi, explique-t-il. C’est le thème de E.T. Je l’ai vu plus de vingt fois, notam-ment avec mes enfants. Et jamais je ne l’ai vu sans pleurer. À chaque fois, au moment des adieux, je pleure comme un enfant. Cette scène me déchire le cœur...”

Pour cette responsable qui connaît bien le bonhomme, “Jérôme est une aventure permanente. Parfois, son ciel est bleu et dégagé. Parfois, l’orage gronde. Il n’est pas très pai-sible, mais qu’est-ce qu’il est sensible”. Même son de cloche chez Moustique où son rédacteur en chef ne regrette pas son engagement: “On m’avait prévenu qu’il était talentueux mais incontrôlable. Il a beau toujours sembler au bord de la rupture, quand il se sent lié à la mission qu’il a acceptée, par la porte ou par la fenêtre, il vous apportera ce que vous atten-dez. Avec les années, Jérôme a surtout appris à arrondir les angles. Il y a dix ans, j’imaginais que ce caractère entier lui serait un obstacle. Il a finalement compris l’importance de se montrer plus politique dans les coulisses pour être plus décisif dans les médias. Et c’est mieux pour tout le monde.”

Le déchirement, l’abandon, la perte sont évidemment des thèmes qui donnent la tonalité à son premier récit où l’on voit un homme se débattre, tombé dans la mare au requin sans s’apercevoir que le requin, c’est lui. Venue de la hié-rarchie (un concept qu’il a parfois eu du mal à considérer autrement qu’en lui faisant un doigt d’honneur), l’image de Jérôme Colin est celle d’un homme double: “C’est l’intelli-gence et le cœur. Il aborde les sujets avec sa tête et avec ses tripes, mais c’est une foutue tête de mule. Il faut savoir discuter avec lui d’égal à égal sinon c’est un bulldozer qui part tout seul”. Un homme malade de ses angoisses dont il s’offre le luxe de doubler le niveau d’intensité (à quoi pense-t-il le soir en se couchant?) avec la parution de ce premier livre qui est clairement son quatrième enfant.

hhSébastien Ministru

ENTREZ SANS FRAPPER DU LUNDI AU VENDREDI LA PREMIÈRE 9H00HEP TAXI! DIMANCHE 10 LA DEUX 22H55

On dit du premier roman qu’il vaut mieux l’écrire et le ranger dans un tiroir pour passer au deuxième. Pas pour Jérôme Colin qui est un garçon peu raisonnable. Car c’est exac-tement ce premier roman - et pas un autre (pour le moment) - qu’il veut qu’on lise. L’histoire de ce chauffeur de taxi dont la tête est mise à prix et à l’envers par l’arrivée de Marie (“Cette fille, il fallait la fuir”) qui va provoquer un glissement de plaques tectoniques

dans son existence. En plaçant sa vie de famille en quarantaine - sa femme et ses enfants décampent -, le taxi driver se regarde dans le miroir du rétroviseur et nous entraîne avec lui dans une lente dérive nocturne où l’on saura tout de ses doutes, de ses peurs, de ses erreurs, de ses regrets et de sa crainte la plus risible, celle d’attraper deux cancers par jour. Sur une histoire somme toute ba-nale, Colin répond par un texte sur les dangers de la bana-lité qui, pour le narrateur, est un spectacle désolant dès lors qu’elle s’attaque à l’amour. Le roman, qui a ses mala-dresses, ne manque pas de profondeur lorsqu’il s’attache à décrire le quotidien qui envahit et engloutit le couple déjà au bord du naufrage. Quant à savoir si ça finit bien...

Un homme, un taxi et l’amour qui passe

ÉVITER LES PÉAGES JÉRÔME COLINAllary Éditions, 197 p.

“IL ABORDE LES SUJETS AVEC SA TÊTE ET AVEC SES TRIPES, MAIS C’EST UNE FOUTUE TÊTE DE MULE.”

J É RÔ M E C O L I NM O S Q U I TO

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