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( Pour exemple - Extrait de Synthèse Scribe-net ) Journée technique nationale Performance énergétique des exploitations agricoles Quel bilan depuis le Grenelle ? Quelles perspectives ? Synthèse des débats Paris, le 23 novembre 2011

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( Pour exemple - Extrait de Synthèse Scribe-net )

Journée technique nationale

Performance énergétique des exploitations agricoles

Quel bilan depuis le Grenelle ?

Quelles perspectives ?

Synthèse des débats

Paris, le 23 novembre 2011

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Sommaire

• Animation des débats par Olivier Pia, journaliste

Ouverture ............................................................................................................................ 3

▪ Rémy Chabrillat, Directeur adjoint Productions et énergies durables, ADEME ▪ Éric Allain, Directeur général des politiques agricoles, agroalimentaires et des territoires, MAAPRAT L’énergie en agriculture : Quels poids et quels enjeux ?................................................ 4

▪ Cédric Garnier, ADEME Maîtriser l’énergie sur les exploitations. Quels dispositifs pour quels acteurs ? ......... 5

▪ Karine Brulé, Chef du bureau de la Biomasse et de l’Énergie, MAAPRAT Table ronde : Quels moyens pour maîtriser l’énergie sur les exploitations ? ............... 6

▪ Jean-Luc Bochu, SOLAGRO ▪ Cécile Philibert, DRAAF Rhônes-Alpes ▪ Marc Delporte, CTIFL ▪ Marie Morel, ASTREDHOR ▪ Pascal Beets, Agriculteur méthaniseur ▪ Xavier Romon, Délégué général du Club C2E, ATEE

Témoignages d’opérations collectives ........................................................................... 12

Programme « Éco-énergie Lait » Bretagne ▪ David Gobin, Région Bretagne ▪ Coline Willame, GIE Lait-Viande Bretagne Maîtrise de l’énergie en bâtiments volailles ▪ Bruno Mousset, Directeur d’unité Groupe LDC Amont Diagnostics « développement durable » en Normandie ▪ Thierry Chastan, Directeur régional développement durable, CER France Eure Séchoirs et silos du futur ▪ Rémi Pléau, Coop de France Table ronde : Quels leviers d’action pour demain ? ...................................................... 18

▪ Didier Marteau, APCA ▪ Luc Vermeulen, FNCUMA ▪ Michel Marcon, IFIP ▪ Julien Vert, MAAPRAT ▪ Jérôme Mousset, ADEME ▪ Laurent Klein, SAF ▪ Jean-Marc Bureau, FNCIVAM Clôture ............................................................................................................................... 21

▪ Pierre-François Mourier, Président du groupe de travail « Entreprises », Table ronde nationale pour l’Efficacité énergétique, Directeur général adjoint du Centre d’analyse stratégique

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Ouverture

Rémi Chabrillat, Directeur adjoint Productions et Énergies durables, ADEME Après deux décennies de relative insouciance, la hausse des coûts de l’énergie touche aujourd'hui tout le monde, de même que les enjeux environnementaux. Des objectifs ambitieux ont été fixés dans un contexte européen, que la France a pris à son compte dans le cadre du Grenelle : triple 20, facteur 4. Nous ne sommes pas mal situés, mais il faut maintenir l’effort. En la matière, s’agissant de l’agriculteur, son action dépend des secteurs, en termes de dépendance et de poids de l’énergie dans le chiffre d’affaires. Éric Allain, Directeur général des Politiques agricoles, agroalimentaires et des territoires, MAAPRAT En matière de contraintes énergétiques, l’énergie est évidemment un des facteurs de production important du secteur agricole, avec la particularité d’être extraordinairement volatil et avec une tendance haussière extrêmement marquée ces dernières années. L’énergie représente 10 à 12 % des charges ; l’énergie directe représente jusqu’à 52 % de l’énergie totale consommée. L’idée est donc aujourd'hui de réduire la dépendance du secteur agricole à l’encontre de l’énergie et de l’évolution de son coût. Au-delà de ces quelques chiffres globaux, les situations seront extrêmement différenciées. Côté opportunités, le secteur agricole est également contributeur d’énergie renouvelable, avec 13 millions de TEP de manière directe et indirecte, au regard d’une consommation de 4 millions de TEP en énergie directe. Le secteur agricole et forestier joue un rôle essentiel pour l’atteinte de l’objectif que rappelait Rémi Chabrillat. Sans l’agriculture et la forêt, nous n’y arriverons pas. S’agissant de la méthanisation, le bilan est aujourd'hui très modeste et nous avons des ambitions certaines en la matière. Enfin, la question de la performance énergétique d’exploitation est un élément important dans cette atteinte d’objectif général. Rémy Chabrillat La stratégie actuelle de l’ADEME repose sur une politique de partenariats forts avec les services de l’État, les structures professionnelles, etc. Différentes séries d’actions se déroulent dans ce cadre. Cette stratégie se structure en six axes : changement climatique versus agriculture et forêt, efficacité énergétique des exploitations agricoles, valorisation non alimentaire de la biomasse, gestion biologique des déchets organiques et des effluents d’élevage, approches globales de l’environnement, alimentation durable. Cette dernière est sans doute plus complexe et sensible, car elle touche à l’assiette du consommateur, ses habitudes et ses envies. En effet, les enjeux sont collectifs et l’agriculture doit être capable de proposer une offre durable et rentable. Éric Allain Le partenariat est étroit et institutionnel. Le MAAPRAT est membre du conseil d’administration de l’ADEMEN Nous travaillons très étroitement ensemble sur le terrain (cellules Biomasse, conflits d’usage potentiel autour de la ressource de la biomasse). Olivier Pia, journaliste, animateur des débats Qu’attendez-vous de cette journée ou de nos amis présents aujourd'hui ? Rémy Chabrillat Nous espérons échanger, partager, faire des constats, peut-être des connaissances et au final partager des objectifs communs pour l’action. Éric Allain Certains éléments-clés sont indispensables à la réussite dans ce domaine : sensibilisation et mobilisation. C’est l’un des enjeux de ce jour.

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L’énergie en agriculture : Quels poids et quels enjeux ?

Cédric Garnier, ADEME L’environnement regroupe beaucoup de thématiques. Cela comprend différents sujets récurrents et historiques auxquels la population est déjà sensibilisée, ainsi que d’autres sujets plutôt nouveaux, tels que le changement climatique ou la question du climat en général. D’un point de vue technique, il n’est pas évident de comprendre pourquoi le climat se réchauffe, d’autant que nous n’en avons pas la preuve sous les yeux tous les jours. Les individus sont plus sensibilisés à ses conséquences ponctuelles et locales. Mais, ils comprennent que le réchauffement climatique est dû pour une très grande part aux activités humaines et à l’incidence de leurs gestes actuelles sur différentes catastrophes climatiques à venir. Le monde agricole est sans aucun doute nettement plus sensibilisé à cette question, parce que le climat est pour eux un outil de travail. Les émissions de gaz à effet de serre en France représentent environ 500 millions de tonnes équivalent CO2 soit 10 % des émissions en Europe. Les plus gros émetteurs sont le transport et le tertiaire, l’industrie et l’énergie ; la part de l’agriculture reste supérieure à 20 % des émissions. Mais, au regard des 80 % restant, à 90 % composés de CO2, en agriculture, nous sommes à 90 % hors CO2. De ce fait, les politiques climatiques et énergétiques qui peuvent s’appliquer sur 90 % de l’activité des autres secteurs ne s’appliqueront que sur 10 % de ce secteur. En termes de nocivité, l’indice EPRG permet de comparer les effets de ces différents gaz sur l’évolution du climat. Se pose ensuite la question de la durée de vie de ces émissions dans l’atmosphère. S’agissant de l’énergie directe, la consommation tourne autour de 4 millions de TEP ; pour la partie indirecte, c’est au moins la même chose et suivant les sources, cela peut atteindre jusqu’à deux fois le volume d’émission de la consommation d’énergie directe. Concernant la part indirecte, la fertilisation représente la majeure partie des émissions. Olivier Pia Sur quel item l’agriculteur et l’exploitant peuvent-ils intervenir le plus ? Cédric Garnier Sur l’ensemble, suivant une question de priorité et de profil de consommation. Il y a évidemment des disparités selon le type d’exploitation, cela n’est pas propre à l’agriculture. A production égale, on peut avoir un facteur 2 à 4 de consommation d’énergie entre deux exploitations. D’autant qu’il n’y a pas forcément de corrélation entre les niveaux de consommation d’énergie et de production. À cet égard, la dépendance de la France aux énergies fossiles est une évidence. Cela est dû à notre production. Aujourd’hui, notre objectif devrait être de quantifier le niveau de dépendance actuel, afin de déterminer comment il peut évoluer, en fonction du contexte climatique énergétique. Pour y pallier, une première étape serait de consommer mieux et moins. Ensuite, il s’agit de rechercher une meilleure efficacité énergétique, notamment par le biais des équipements. Enfin, il faut réfléchir à l’idée de substituer la part de l’énergie fossile en part d’énergie renouvelable (ENR). Tous les exploitants agricoles seront donc amenés à devenir des producteurs d’énergie, pour eux-mêmes d’abord, et pour les autres. Olivier Pia Faut-il en conclure qu’il est nécessaire de miser sur les ENR ? Cédric Garnier De toute façon, cela se fera. L’avenir énergétique est incertain. Aujourd’hui, bien malin qui est capable de dire quand le prix du pétrole va augmenter. Chacun a son opinion sur ces questions, mais de toute façon, il faudra consommer moins et cela passera par de nouveaux équipements et de nouvelles pratiques. La part des ENR ira donc grandissante ; seule l’échelle de temps reste à discuter.

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Maîtriser l’énergie sur les exploitations. Quels dispositifs pour quels acteurs ?

Karine Brulé, Chef du bureau de la Biomasse et de l’Énergie, MAAPRAT Les comités opérationnels du Grenelle de l’environnement ont débattu de tous les sujets existants, en donnant de la visibilité à des pratiques innovantes. Les travaux se sont poursuivis dans le cadre de la loi Grenelle. À partir de là, nous avons collectivement imaginé un PPE des exploitations agricoles sur 2009/2013 décliné en quatre axes. Le Parlement a été très sage dans sa rédaction et a laissé à l’expertise et à la suite des travaux, le soin de mieux qualifier cette faible dépendance. Néanmoins, la première marche de l’indépendance est la connaissance. Le monde agricole est compliqué : il y a un enjeu CO2 comme ailleurs, mais aussi un enjeu lié à l’émission d’azote et méthane. Il convient donc de se donner le temps de faire correctement les choses, à défaut de les faire rapidement. L’axe 1 du PPE, c’est connaître les dépendances des exploitations agricoles. L’axe 2, c’est le diagnostic énergétique et gaz à effet de serre, clef de voute du PPE. L’axe 3, c’est l’efficacité énergétique des agroéquipements. La diversité du matériel semble presque surréaliste ; obtenir des classifications censées apparaît très compliqué. Les crédits du Ministère de l’Agriculture, de l’Union européenne, de l’ADEME et ceux des collectivités territoriales ont aussi permis le financement de bancs d’essai moteurs, déployés sur l’ensemble des territoires. L’outil existe, il faut ensuite accompagner le monde agricole pour qu’il l’utilise. N’oublions pas que le tracteur a d’autres vocations que d’être un simple matériel ; il est aussi un objet social, voire fiscal. L’axe 4, c’est l’efficacité énergétique de la production agricole. La consommation d’énergie est d’actualité, et la moindre consommation est importante. Concernant la question des soutiens, nous disposons également du dispositif SER, conduit par France AgriMer, du Plan végétal pour l’environnement et des certificats d’économie d’énergie. Le monde agricole sait bien aujourd'hui qu’il a des soutiens financiers dédiés. Il lui faut continuer à utiliser les soutiens de droit commun. Le CEE en fait partie. L’axe 5 concerne la production d’énergie renouvelable. Le focus a été fait ici sur la méthanisation, qui produit de l’énergie, mais gère aussi des déchets ; elle produit de l’électricité et de la chaleur dans toutes formes d’énergie. L’axe 6 est consacré à l’Outre-mer. Là encore, c’est nouveau sujet de complexité et de variabilité entre les quatre territoires concernés. L’axe 7 concerne la recherche et l’innovation. Au travers du CASDAR, une réflexion est en cours sur les objectifs des différents organismes qui interviennent dans le monde agricole et des appels à projet plus précis qui permettent d’accompagner l’amélioration de l’efficacité énergétique. L’axe 8 s’apparente au suivi et la communication.

Échanges avec la salle Frédéric Levrault, Chambre régionale d’agriculture Poitou-Charentes M. Garnier, vous nous avez livré une explication sur la baisse d’intérêt du sujet changement climatique. Est-ce une analyse personnelle ou fondée sur des réponses précises ? Cédric Garnier Cette enquête existe depuis une dizaine d’années et nous constatons non pas une baisse d’intérêt, mais une fluctuation de la sensibilité au sujet du réchauffement climatique. Chantal Renouard, Chambre d’agriculture de la Vienne Début 2011, les appels à projet PPE ont écarté un certain nombre d’agriculteurs. Les céréaliers ont des pistes d’amélioration en la matière ; pourquoi ne peuvent-ils en être bénéficiaires ? Karine Brulé Au sein du bureau que je représente, nous l’avons regretté. Nous avons donc réalisé des démarches pour que le diagnostic énergétique ne soit pas soumis à la contrainte du plan filière. Nous avons été partiellement entendus et nous avons reconduit cette demande pour 2012.

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Olivier PIA Puisque vous considérez que ce diagnostic est la clef de voûte du PPE, pourquoi ne pas le rendre obligatoire ? Karine Brulé L’obligation n’est pas la seule voie. Le diagnostic énergétique est un outil extrêmement important pour conduire une exploitation agricole à court terme comme à long terme. J’ai la conviction que les agriculteurs y requerront même si on n’arrive pas à les soutenir d’une façon ou d’une autre. Carole Hermon, Université Toulouse 1 Vous avez évoqué le certificat d’économie d’énergie, mais il existe un autre marché : les unités de réduction d’émissions. Le ministère de l’Écologie a validé la méthode de méthanisation, pourtant aucun projet ne semble monté dans ce cadre. Qu’en est-il réellement ? Karine Brulé Le secteur agricole doit pouvoir accéder à l’ensemble des outils existants. Il faut se mettre collectivement dans un cercle vertueux afin d’accéder à l’ensemble des outils disponibles. Cédric Garnier Nous ne pouvions pas aborder ici tous les mécanismes. L’agriculture reste un secteur très atomisé : cela demande sans doute plus de temps pour sensibiliser les gens, bien comprendre les enjeux, mettre en place les réseaux, etc. Martine Cordel, Chambre d’agriculture Moselle L’Allemagne a commencé à travailler sur ces sujets bien avant nous. Ses connaissances nous permettent-elles d’avancer un peu plus vite en France ? Karine Brulé Vous connaissez la sensibilité de notre ministre vis-à-vis de ce qui est réalisé en Allemagne. Mais, leur structure énergétique est substantiellement différente de la nôtre. Notre source d’énergie décarbonnée est importante (nucléaire). L’Allemagne n’a pas forcément fait ce choix, donc leur besoin en la matière n’est pas identique à celui de la France. Par ailleurs, la structure du réseau de transport et de distribution d’électricité est sensiblement différente entre nos deux pays. Nous ne pouvons donc pas réaliser exactement les mêmes choix. Concernant le sujet de la méthanisation, la réévaluation des tarifs fait que nous sommes quasiment à la hauteur des tarifs d’achat allemands. En Allemagne, la méthanisation est un outil essentiel pour la production d’électricité décarbonnée. En France, elle représente un outil pour le développement durable des territoires. Cédric Garnier Il est évident que les études ne s’arrêtent pas aux frontières. Il faut arrêter de voir le mal partout en France et de dire que ce qui se fait ailleurs est forcément mieux. Les Allemands nous envient certaines choses également.

Table-ronde : Quels moyens pour maîtriser l’énergie sur les exploitations ?

Jean-Luc Bochu, SOLAGRO Dans l’habitat et l’industrie classiques, les méthodologies et les différents outils sont relativement simples. En agriculture, c’est plus complexe, parce que l’on utilise des énergies fossiles directes ou indirectes. Mais surtout, l’agriculture a plusieurs vocations avec la production de biens alimentaires dont il est intéressant d’évaluer la performance et l’efficacité, mais aussi avec la question de la transformation du carbone et de la capacité de stockage.

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À l’échelle d’une exploitation agricole, le diagnostic-conseil consiste à faire un état des lieux des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de CH4 et de N2O. Intervient également la variation de stocks de carbone. Mieux en connaître la valeur et les modalités est un enjeu pour l’avenir. Un diagnostic vise à élaborer un plan d’action, compte tenu des productions, de la situation géographique, climatiques et à hiérarchiser ses actions afin de les mettre en œuvre au mieux sur l’exploitation. Il faut pouvoir les quantifier afin de les situer les unes par rapport aux autres. Certaines sont faciles à mettre en œuvre, d’autres sont plus complexes. Les diagnostics-conseils spécifiques au domaine agricole existent depuis la fin des années 1990. Durant une période, on a trouvé qu’il y avait beaucoup d’outils et on ne savait plus ce que l’on pouvait en faire. Ainsi, collectivement, les partenaires se sont réunis en 2007 autour de la conception d’un outil commun, Dia’terre, destiné à réaliser les diagnostics PPE des exploitations agricoles. Il s’agit d’un outil convivial et dédié à la production agricole, visant à mutualiser les diagnostics, créer des référents à terme et donc, mieux connaître les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre dans le système agricole. Outil évolutif, Dia’terre est facilement mis à jour. L’approche globale de l’exploitation agricole doit permettre de définir l’importance, l’enjeu et les priorités et surtout, les échéances court terme et long terme. Personne n’est spécialiste de tout. Un diagnostic est donc censé faire cette synthèse collective et il faut une certaine compétence pour approcher des sujets très divers. Pour ce faire, les auditeurs doivent s’entourer de personnes suffisamment compétentes. Le généraliste doit être capable de proposer à l’agriculture une vision globale de ce que l’on peut réaliser sur les exploitations et orienter les acteurs vis-à-vis des priorités à donner. Ensuite, il convient d’aborder toutes les actions, même si certaines peuvent être difficiles à mener. Mais comment se situer au niveau du diagnostic, entre subir et prévenir ? Anticipe-t-on un certain nombre de problèmes ? Entre conservatisme et anticipation, veut-on rester sur nos acquis ou anticiper les évolutions qui vont arriver dans l’agriculture à horizon 2030-2050 ? Ne faut-il pas envisager une « révolution » agricole ? Olivier Pia Quelle est la durée d’un diagnostic et son coût ? Jean-Luc Bochu Tel qu’envisagé et défini au niveau du PPE, on considère qu’il faut deux jours de travail d’ingénieur - technicien-conseil. Mais, sur le terrain, on constate que les diagnostics sont réalisés en un jour, voire moins, ce qui en amoindrit la qualité. S’agissant des coûts, on constate de grandes variations. L’ordre de grandeur est souvent entre 800 et 1 000 euros, ce qui est un peu juste pour deux jours de travail. Un des freins à leur réalisation est sans doute l’habitude du monde agricole de ne pas accepter de payer des prestations. Une étude est certes un investissement, mais cela doit aussi être vécu et proposé comme quelque chose de rentable en termes d’économie. Cécile Philibert, DRAAF Rhône-Alpes En Rhône-Alpes, le volet PPE se met en œuvre par deux biais : les appels à projets nationaux de méthanisation et de réalisation de bancs d’essai tracteurs et l’aide aux investissements dans les exploitations agricoles. Sur les trois années de réalisation, 403 projets ont été financés, soit 7,5 millions d’euros d’aides publiques. Nos priorités sont fixées à l’échelle régionale et relèvent principalement de la typologie des investissements réalisés. Le plan revêt la forme de deux appels à candidature par an, au printemps et à l’automne. Ces appels à projet sont gérés au niveau des DDT qui réceptionnent et instruisent les dossiers. Les projets sont ensuite sélectionnés sur la base de priorités régionales. Notre priorité est donnée à l’isolation des bâtiments (35%) et au séchage en grange. En ce qui concerne la méthanisation agricole, en 2009 et 2010, la Région a mis en œuvre le volet national du PPE, finançant six dossiers dont trois sont aujourd'hui en fonctionnement. Du côté des freins, il peut noter une dynamique de diagnostic énergétique qui a du mal à prendre, une mobilisation du banc d’essai moteur insuffisante à ce stade, la période actuelle de crise avec

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des marchés en fluctuation, des difficultés climatiques (sécheresse) et enfin, des stop-and-go au niveau national. Marie Morel, Astredhor Contexte énergétique des serres, les aires chauffées en France représentent 13 % des consommations d’énergie au niveau du secteur agricole. L’énergie est le second poste de charge au sein des entreprises, parfois même le premier, selon les cultures et les régions, avec une consommation moyenne de 160 à 320 kWh/m²/an. Pour réduire les dépenses énergétiques sous serres, trois aspects rentrent en ligne de compte : les prérequis (bon sens) avec notamment l’entretien (couverture, chaufferie, rendements, isolation, sondes, bon dimensionnement des brûleurs, etc.). Un certain nombre de solutions techniques ont fait leurs preuves (écrans thermiques, compartimentation, relocalisation du chauffage au plus près des plantes, open buffer, distribution de chaleur). La conversion énergétique reste une solution intéressante pour les grosses entreprises (chaufferie biomasse et pompes à chaleur). Enfin, l’évolution des techniques culturelles doit aider à produire autrement en utilisant moins d’énergie (intégration des températures, cultures froides). Marc Delporte, Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes La maîtrise du climat est un facteur essentiel, dont l’enjeu énergétique est très important pour les serres. D’une part, sur le plan économique, cela a permis de lisser les productions pour en éviter les pics, ainsi qu’un essor très important de la production intégrée. S’agissant des solutions techniques, quand on investit dans une serre, on s’engage pour une durée de 25 ans. Du point de vue prospectif, des études sont en cours. Il reste une grande marge de progression en économie d’énergie. Mais, le coût des investissements est très important. De plus, pour un certain nombre de ces énergies, l’utilisation d’équipements supplémentaires entraîne un surcoût en énergie électrique, ce qui peut venir minorer le bilan économique total. Pascal Beets, Agriculteur méthaniseur Nous autres, agriculteurs, produisions beaucoup de déchets avec les troupeaux bovins-porcs que nous traitions par séparation de phase. Un système de stockage étanche permettait une production de gaz, que nous avons envisagé d’utiliser par le biais de la méthanisation. Ce principe étant celui d’une transformation biologique et d’un travail des bactéries, il nécessite une alimentation régulière. Le méthaniseur fonctionne 365 jours par an, 24h/24. Pour obtenir un rendement intéressant de la méthanisation agricole, il nous fallait utiliser la chaleur existante à 70 % pour obtenir un tarif intéressant et rentabiliser l’installation. Notre exploitation étant isolée en campagne, nous ne pouvions pas compter sur une utilisation communale de type maison de retraite, piscine ou gymnase. Nous devions donc tout consommer sur l’exploitation (maisons, bureaux, piscine, bâtiments d’élevage). Olivier Pia L’investissement se monte à 950 000 euros hors subventions. Vous gagnez 17 000 euros par an en revente d’électricité. Pascal Beets Il faut y ajouter la valorisation de chaleur pour environ 6 000 euros par an pour la porcherie et deux fois 4 000 euros par an sur les maisons d’habitation. Nous sommes complètement indépendants au niveau chaleur sur l’exploitation. Les coûts de maintenance sont irréguliers. La première année, le matériel neuf a une fiabilité intéressante. La durée de vie de l’installation en béton est estimée à une vingtaine d’années ; moteur, brasseur et autres pièces mécaniques relèvent de renouvellements plus rapides. En termes de protection de l’environnement, nous avons réalisé un bilan énergétique de notre exploitation. Nous obtenons actuellement une diminution de nos productions de gaz à effet de serre de 3 500 tonnes sur un total de 13 000 tonnes.

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Xavier Romon, Délégué général du Club C2E, Association technique énergie environnement (ATEE) Le certificat d’économie d’énergie (CEE) existe depuis 2006, fonctionne par périodes de trois ans et est l’outil de base du développement des économies d’énergie en France. Nous sommes dans la deuxième période du dispositif, 2011/2013. Ce dispositif est donc établi sur quelque chose de durable. Le CEE est une obligation concernant les fournisseurs d’énergie. À défaut de réaliser les économies d’énergie imposées et pour éviter toute pénalité, il est possible d’acheter des certificats. Olivier Pia Pour faire simple, si je suis un agriculteur qui réalise des investissements en équipement photovoltaïque sur une grange par exemple, ou en équipement thermique, avec une isolation, j’obtiens un certificat d’énergie que je peux revendre. Xavier Romon Tout se fait en amont de l’action. Le certificat est donné et valorisé lors de l’installation du matériel. Le dispositif concerne tous les secteurs. À ce jour, nous avons sept opérations standardisées en agriculture, mais nous en aurons 14 en tout d’ici la fin de l’année et 238 tous secteurs confondus. Olivier Pia Pascal Beets, y avez-vous eu recours ? Pascal Beets Malheureusement pas, parce que notre projet était déjà en route et notre action n’y est pas éligible. Xavier Romon Les opérations sont calculées en fonction de l’économie d’énergie pure et non du CO2 économisé. D’autres dispositifs interviendront pour les substitutions d’énergie. Olivier Pia Pourquoi les agriculteurs ne sont pas plus au courant de ce dispositif ? Xavier Romon Il existe depuis cinq ans, mais il est assez complexe et nécessite une information qui reste à diffuser. Pour le rendre plus efficace, il s’agirait d’avoir un maximum d’opérations standardisées pratiques et facilement utilisables, puis de beaucoup communiquer sur le sujet.

Échanges avec la salle

De la salle, DDT Indre-et-Loire Il semble qu’au plan individuel, l’exploitant ne puisse pas bénéficier concrètement de ce retour de certificat. Xavier Romon Il existe deux types d’entités : celles qui déposent et obtiennent les certificats et celles qui en bénéficient. C’est donc un échange en amont du projet qui doit s’opérer. Frédéric Levrault, Chambre régionale d’agriculture Poitou-Charentes M. Bochu, que serait une exploitation agricole à faible dépendance ? Jean-Luc Bochu La faible dépendance, on la mesurera quand les diagnostics seront effectués, que nous pourrons en faire des synthèses. J’invite tout le monde à utiliser Dia’terre à cet effet.

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Cyril Jarny, GERES S’agissant des diagnostics, connaissez-vous la proportion non directement liée au PPE ? Jean-Luc Bochu Les diagnostics seuls sont très peu fréquents. Cécile Philibert Sur 403 dossiers, nous avons seulement 8 diagnostics réalisés seuls, soit 2 %. Xavier Romon Une limite basse de 20 GWh est fixée pour déposer un dossier. Mais, un fournisseur d’énergie peut en déposer plusieurs à la fois, agrégeant les demandes. Olivier Rosat, GIE Lait-Viande Bretagne Les projets PPE n’auraient-ils pas besoin d’un accompagnement de diagnostic technique bien ciblé pour valoriser au mieux les investissements ? Par ailleurs, disposons-nous d’outils d’évaluation du PPE au-delà des aspects quantitatifs ? Jean-Luc Bochu Ce n’est pas parce que le diagnostic est global qu’il ne chiffre pas des actions individuelles ciblées. Karine Brulé Le diagnostic énergétique tel que conçu aujourd'hui est un outil immédiat et de court terme qui permet de faire évoluer les pratiques et les investissements, mais aussi de long terme, car il permet également de réfléchir à l’organisation de l’exploitation agricole. Tel que proposé aujourd'hui, il doit aussi nous permettre de repenser le conseil agricole. Quant à l’évaluation, elle est en cours. Cécile Philibert S’agissant des économies d’énergie réalisées dans le cadre du PPE, nous voulons, en 2012, exploiter les données du réseau comptable pour étudier son effet sur les charges énergétiques. Charlotte Quenard, Chambre d’agriculture Côtes-d’Armor L’outil AgriEnergie me permet de réaliser 100 diagnostics par an. Dia’terre ne me le permettra pas. Alors, quand serai-je obligée d’y recourir ? Jean-Luc Bochu Le temps de travail nécessaire au diagnostic pose la question des prix des prestations, mais aussi des moyens humains. Si vous ne pouvez faire 100 diagnostics vous seule, il faut augmenter l’effectif. Karine Brulé Le ministère de l’Agriculture, pour allouer ses aides, a fixé un cahier des charges. Tous les outils ne répondent pas exactement à ce cahier. Pour nous, Dia’terre est le meilleur, cela ne signifie pas qu’il est unique. Nous avons l’obligation d’accepter l’ensemble des outils qui permettent de répondre au cahier des charges fixé par les circulaires. Philippe Touchais, APCA Concernant la souplesse et de l’articulation du dispositif d’aide aux investissements, notamment par rapport au calendrier des agriculteurs, qui rencontrent souvent une période creuse entre novembre et février, serait-il possible de faire évoluer ce dispositif afin de mieux prendre en compte leur manière de gérer leur temps de travail annuel sur l’exploitation ?

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Cécile Philibert Les calendriers sont stabilisés sur mars et septembre, en lien avec les appels à projet du plan de modernisation des bâtiments d’élevage. Ils sont liés à des contraintes budgétaires et naturelles. Pascal Beets Si notre projet était réalisé aujourd'hui, nous n’aurions sans doute pas autant de subventions et donc un temps de retour sur investissement beaucoup plus long. Nous avons un projet d’agrandissement aujourd'hui, mais économiquement, cela pose de vrais problèmes. Fabrice Sagot, DDT Deux-Sèvres Existe-t-il une articulation entre PPE et CCE ? Karine Brulé Dans un cas, le contribuable paie, dans l’autre, le consommateur. Mais, c’est parfois la même personne ! La tentation pourrait être d’exclure les projets qui font l’objet d’une opération standard des financements du PPE. Nous n’en sommes pas là aujourd'hui. Il faut continuer à bénéficier des dynamiques. Le stop-and-go est vraiment terrible. Marie Morel En horticulture, ce dispositif est vraiment méconnu. Marc Delporte En maraîchage, beaucoup de réunions ont été menées pour définir les premières fiches. Les serristes restent très demandeurs de nouvelles fiches. Cédric Garnier Concernant la compatibilité CEE avec les aides publiques, seule l’ADEME s’est imposée de ne pas avoir de cumul possible entre certificats et aides ADEME. S’agissant des CEE dans les serres, c’est un exemple dans le monde agricole qui montre bien la mobilisation nécessaire des filières autour de têtes de réseau afin de pouvoir négocier. Marc Delporte Il faut rappeler également un travail important réalisé au sein du ministère sur la prospective énergie/agriculture 2030. Une partie de ce travail portait sur le bâtiment agricole. Le rapport est disponible sur le site du ministère. Frédéric Vigier, CEMAGREF Est-il souhaitable de travailler sur la valorisation de la perte thermique ? Envisage-t-on un réseau de collecte du gaz et non de l’électricité, qui permettrait de réaliser une production décentralisée ? Pascal Beets Technologiquement, la récupération est possible. Des projets sont en cours. Karine Brulé Le rendement énergétique nous préoccupe chaque jour, mais la réponse de M. Beets montre bien les difficultés rencontrées. Quant à la valorisation du biogaz, les textes soutenant cette démarche dans les réseaux ont été publiés il y a deux jours.

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Témoignages d'opérations collectives

• Programme « Éco-énergie Lait » Bretagne David Gobin, Région Bretagne Ce programme vise à mobiliser la filière laitière sur les économies d’énergie, partant du constat des fortes demandes en électricité sur notre territoire en hiver, conduisant à des quasi-situations de black-out. L’augmentation incessante du nombre d’habitants n’améliore pas les prévisions. L’idée a donc été la signature d’un Pacte électrique breton visant des objectifs en termes de maîtrise de la demande et de production d’énergie notamment délocalisée. L’agriculture consomme 7 % de l’énergie consommée en Bretagne. Un tiers relève des serres (chauffées), un tiers des cultures et un tiers des systèmes d’élevage. Étant une des premières régions agricoles de France (20 %), l’impact est donc relativement fort. Nous avons donc établi une convention avec le GIE Lait Viande afin qu’il porte l’action et mette en œuvre des programmes de communication et de sensibilisation auprès des agriculteurs sur ce sujet. Pour les équipements, les soutiens viennent de l’ADEME, la Région et les départements. L’ADEME soutient l’animation du programme par le GIE et la mise en place des bancs d’essai. Des partenaires techniques permettent de garantir la démarche, notamment concernant l’agrément des équipements et la validation des installateurs. Deux types d’équipements sont soutenus : les prérefroidisseurs à lait et les récupérateurs de chaleur. Coline Willame, GIE Lait-Viande de Bretagne Sur le volet évaluation des équipements, l’objectif était de tester les matériels mis sur le marché français et d’en connaitre les performances, avant de les sélectionner pour agrément. Un banc d’essai au niveau du Pôle Cristal a permis l’évaluation sur des critères précis. L’évaluation a conclu sur l’utilisation de matériels à performances hétérogènes, obligeant les entreprises à faire évoluer leurs matériels vers une meilleure performance. Sur le volet animation, encadrement, communication, il s’agissait d’accompagner les installateurs dans la mise en place des nouveaux équipements, par le biais d’une formation rendue obligatoire ; de vérifier la validité des installations en élevage en obligeant les éleveurs à remplir des fiches de prescription à chaque demande d’aide. La valorisation du programme s’est faite par différentes actions de communication, comme des salons, des journées portes-ouvertes, des plaquettes techniques. Enfin, sur le volet soutien aux investissements des éleveurs, l’objectif était de développer au maximum les installations dans les élevages en abaissant le temps de retour de ces équipements coûteux. La Région et les départements distribuent chaque année une enveloppe à cet effet, soit 40 % de subventions, ce qui permet d’entrevoir un retour sur investissement sur une période de quatre à six ans. Plus de 600 dossiers ont été déposés, pour plus de 500 pré-refroidisseurs de lait et 50 récupérateurs de chaleur. Cela représente une économie de 3,15 GWh/an sur deux ans et demi de programme, soit l’équivalent de la consommation d’un peu plus de 1 050 foyers hors chauffage. David Gobin À la mise en place du programme, nous avions pour objectif d’équiper 15 % des exploitations laitières. Tout est une question de financements et d’enveloppes à répartir, ainsi que de capacité à mobiliser l’ensemble des exploitations laitières pour qu’elles installent ce type d’équipement. Mais, les choix d’investissements des exploitations sont fonction des effets de crise. Or, la filière a connu bon nombre de difficultés. L’intervention publique en Bretagne a pour but d’accompagner l’émergence de démarches collectives. Les crédits publics ne sont pas forcément là pour être pérennisés sur quinze ou vingt ans. Charge après à la profession de s’organiser pour trouver les moyens de le faire. Une des idées de ce programme était aussi de créer de la plus-value sur le territoire breton, voire d’accompagner des entreprises bretonnes à fabriquer des matériels qui répondent aux besoins de

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ce marché. Deux fabricants bretons ont satisfait près de 50 % du marché. Notre logique est aussi de voir ces entreprises se développer, créer de l’innovation et répondre aux enjeux nationaux.

• Maîtrise de l’énergie en bâtiments volailles Bruno Mousset, Directeur d’unité Groupe LDC Amont Nous organisons la production de volailles pour les fournir à nos abattoirs. Le Groupe LDC est né en 1970, de trois volaillers qui ont pensé que les grandes surfaces allaient modifier les modes de consommation. Puis, ce fut la rencontre avec les fermiers de Loué, l’arrivée des volailles découpées, des plats traiteurs avec l’avènement des micro-ondes. Sur le plan de l’agriculture, notre activité a pris une dimension plus forte après les crises sanitaires et alimentaires successives. Pour aller plus loin, nous avons mis en place un certain nombre de chartes vis-à-vis de l’environnement et des attentes des consommateurs : une production exclusivement française. Un plan de relance nous a permis de mettre en place un plan de rénovation du parc bâtiments, puis de mettre l’accent sur la maîtrise de l’énergie. Nous avons alors pris l’engagement de tenter de réduire de 20 % l’ensemble de nos consommations d’énergie. Un état de lieux a conclu à une diversité des pratiques considérable. Les marges de progrès étaient très grandes. Jusqu’en 2000, nous n’avions que des contrats d’approvisionnement avec des groupements extérieurs. Nous avons souhaité maîtriser cela et aujourd'hui, nous assurons en amont 60 % des approvisionnements du groupe, ce qui nous donne par ailleurs une plus forte implication dans la manière de travailler. Nous avons donc décidé de mettre en place un plan d’action technique et financier, à travers différentes rénovations. La décision la plus difficile à prendre, parce que la plus controversée, a concerné l’utilisation des compteurs gaz. Grâce à l’aide de l’ADEME, nous avons fait ce choix et toutes les actions techniques qui ont entraîné des réductions de consommation de gaz ont pu être très rapidement soulignées. Les éleveurs ont donc pu mesurer immédiatement les résultats. Nous avons investi près de 2 millions d’euros, englobant dans le même temps un plan de rénovation visant à assurer la pérennité du parc. Les éleveurs, alors convaincus des possibilités d’avancer par de petites techniques, sont venus d’eux-mêmes avec nous rechercher des systèmes encore plus sophistiqués. Les échangeurs de chaleur sont une vraie réussite. Aujourd'hui, 50 % du parc est rénové et 2010 a montré une économie de 10 % par rapport à 2008, malgré un cumul de températures le plus faible sur ces vingt dernières années. L’engagement pris de réaliser 20 % d’économie devrait être rapidement dépassé, car cet outil nous permet de maîtriser réellement les charges. Olivier Pia Existe-t-il un véritable contrat de confiance, gagnant/gagnant entre LDC et les producteurs ? De quelle manière vous sont-ils liés ? Bruno Mousset C’est un contrat de confiance et un contrat de durée. Forcément, si nos agriculteurs gagnent en productivité, il peut se trouver que nous ayons des débats en partage de gains de productivité. Sans langue de bois, notre objectif est vraiment que nos éleveurs continuent à investir, car ce sont eux qui nous feront vivre demain. Nous avons besoin d’eux.

• Diagnostics « développement durable » en Normandie Thierry Chastan, Directeur régional Développement durable, CER France Eure Nous avons découvert il y a cinq ans ce qu’était la responsabilité sociétale de l’entreprise et le développement durable. Une dizaine de CER France a donc décidé de se pencher sur cette question dans notre mission de conseil en entreprise. Mais avant de chercher à aider nos clients dans leurs démarches, nous avons commencé par voir ce que nous pouvions faire chez nous, et avons mis en application la RSE et le DD. Il y a deux ans, nous avons été évalués par l’AFAQ-AFNOR sur ISO 26000. Sur le volet environnemental, un certain nombre de nos adhérents

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trouvent les obligations en la matière assez lourdes. Alors, nous avons essayé de mettre en place une gouvernance permettant d’améliorer la situation sur trois éléments. Nous nous sommes donc mis autour d’une table, entre personnes qui connaissaient bien les référentiels, mais pas ce que contenait la comptabilité, puis avec des personnes qui connaissaient bien la comptabilité, notamment analytique, chez nos clients agriculteurs. Désormais, nous présentons à chacun de nos clients le document qui vous est présenté ici. Il a bénéficié d’une reconnaissance professionnelle au Trophée de l’agriculture durable. Chaque client reçoit une batterie d’indicateurs sur ses trois derniers exercices comptables, comparés avec un référentiel. Les modes de calcul sont certes imparfaits, mais identiques sur les trois dernières années. Nous y avons intégré les indicateurs qui reviennent le plus souvent dans d’autres référentiels de RSE et DD, un volet social relativement réduit et un volet environnemental (le plus fourni). Le challenge était d’aboutir à quelque chose qui est peut-être faux, mais pas complètement dénué de sens, jusqu’à un bilan Planète (approche énergie) et un bilan carbone simplifié. Bien sûr cela a un coût. Nous avons un budget recherche et développement annuel dans lequel nous avons intégré cela et donc offert ce travail à tous nos clients, sans augmentation du coût de la comptabilité. Tous nos clients le reçoivent. Par la suite, certains nous achètent une prestation de conseil. Cela fait alors partie des outils à la disposition des conseillers, qui ont la possibilité, s’ils le jugent utile, de s’appuyer sur ce document pour faire de la pédagogie et voir comment atteindre les objectifs du client. Cela rentre dans la prestation-conseil.

• Séchoirs et silos du futur Rémy Pléau, Union services Coop de France S’agissant de la conservation du grain, dans la mesure où le produit est vivant, la problématique consiste à le ramener dans des conditions d’hibernation. Pour ce faire, il convient de refroidir le produit. Cela passe notamment par l’utilisateur de ventilateurs, ce qui coûte très cher. Un silo sert à sécher, travailler le grain et réaliser des opérations de ventilation. L’enjeu de ce procédé pour la filière, réside en ce qu’il s’agit de processus de conservation relativement compliqués en termes de maîtrise. Un certain nombre de phénomènes intrinsèques aux produits doivent être jugulés, en particulier pour des questions de sécurité sanitaire. Se pose notamment une contrainte de saisonnalité, puisque suivant les années, le séchage dure entre quatre et cinq semaines. Ce sont donc des investissements très importants qui ne fonctionnent que quelques heures par an, mais sont très consommateurs d’énergie. Nous avons donc souhaité agir. Une enquête a été menée auprès de l’ensemble des organismes stockeurs, d’abord auprès de sécheurs, et plus particulièrement sur du séchage à la ferme. Nous avons constaté l’intérêt de développer une offre de conseils, en particulier de diagnostics, à partir de quelques informations selon lesquelles, au-delà d’un parc vieillissant (années 80), l’isolation est parfois devenue symbolique. Il s’agit aussi d’encourager les bonnes pratiques, de recourir au sous-comptage. Nous avons pris le parti de nous intéresser à tout le process, du champ jusqu’au produit fini, ce qui a montré l’importance de l’itinéraire agronomique. À titre de comparaison, dans certaines régions des États-Unis, on sèche peu voire pas du tout car les conditions climatiques le permettent. Nous pouvons peut-être le faire à travers l’itinéraire agronomique : suivant le moment ou le type d’engrais, on récolte des produits plus ou moins humides. Ensuite, on peut aussi améliorer l’outil en encourageant la dry aeration ou le refroidissement lent différé. Cela nécessite des investissements plus importants, notamment en termes de place de stockage. Il faut également aller chercher un certain nombre d’innovations, à travers des éléments de process à adapter, comme la récupération de chaleur. L’économie peut être estimée au minimum à 5 %, mais nous avons pu parfois relever un spectre relativement large. Les investissements peuvent parfois être nuls, en fonction des bonnes pratiques, ou parfois relativement importants, du fait de la restructuration du parc de séchoirs par exemple.

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Échanges avec la salle Xavier Toussaint, CGAER S’agissant des investissements conduits par le Conseil régional de Bretagne sur des matériels d’économie d’énergie en pré-refroidisseurs de lait, les producteurs ont-ils pu bénéficier eux-mêmes d’aides, dont des CEE ? Ne serait-il pas opportun de se rapprocher de la TEE ? David Gobin Cet aspect est intégré dans le contenu du programme. Nous avons établi une convention avec EDF sur la valorisation des CEE pour l’ensemble des exploitations mises en place. Concrètement, nous avons une convention annuelle de 60 000 euros sur l’ensemble du programme, qui ne font pas l’objet de retour financier direct à l’agriculteur, mais qui viennent consolider le programme d’animation. De la salle La convention est renouvelable annuellement par tacite reconduction avec EDF ; la rémunération se fait par pré-refroidisseur installé, à hauteur de 300 euros par installation, avec un forfait pour le GIE de 50 euros au titre la de gestion administrative du dossier et 150 euros réinjectés dans l’animation et le développement du programme. La somme globale est aujourd'hui estimée à 60 000 euros par an, mais tout dépendra de la quantité des équipements installés. Jean-Marc Bureau, FNCIVAM Monsieur Chastan, j’ai le sentiment que vous avez fait votre propre grille d’indicateurs alors qu’il existe au moins trois diagnostics sur le marché. Alors, comment comparer ? Thierry Chastan Nous avons regardé les indicateurs existants. Nous souhaitions être sur une stratégie volume/prix, pour donner à tous nos clients des indicateurs sans aucun coût. Cela ne pouvait donc être lié qu’à notre chaîne informatique. Les 300 000 clients CER France peuvent se comparer entre eux. Arnaud Barré, Champagne Céréales J’ai le sentiment de deux approches différentes entre ce matin et cet après-midi. Une démarche est-elle préférable à l’autre ? Le diagnostic semble compliqué à mettre en œuvre. Pour l’instant, cela concerne plutôt des agriculteurs contraints par des subventions. Monsieur Chastan, votre démarche n’est-elle pas la première à avoir sensibilisé les acteurs, avant d’aller vers le diagnostic ? Thierry Chastan Depuis cinq ans, nous proposons à nos clients des formations ISO 26000, des bilans carbones, des PPE, du photovoltaïque, de la méthanisation, peut-être bientôt de l’HVE, mais globalement cela a du mal à décoller. Nous travaillons avec des agriculteurs traditionnels, bio et maraîchers. Il nous faut avoir un conseil audible. L’approche « euristique » de l’ISO 26000 nous paraît donc non polémique. Elle doit pouvoir intéresser tous ceux qui acceptent de se remettre en cause et de penser qu’ils sont peut-être les facteurs limitants de leurs propres entreprises. Olivier Pia Derrière cela, les agriculteurs s’engagent-ils dans des actions ? Thierry Chastan Aujourd'hui, nous rencontrons trois types d’agriculteurs. Un quart de nos clients doivent se dire : « Vous nous forcez à regarder différemment nos entreprises et vous nous aidez à voir que le monde change et que nous ne pouvons plus faire comme avant. Et en plus, au même prix qu’avant. Bravo !» ; la moitié doit s’en moquer complètement ; un tiers dit : « Il est temps d’arrêter vos bêtises, vous êtes en train de nous préparer les lois de demain. On en a déjà suffisamment ». Comment ces trois populations vont-elles évoluer, je n’en sais rien. Il faut quand même remarquer

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qu’il existe cent clients agriculteurs certifiés ISO 14000, parmi lesquels des bio et des non-bio. Cela évolue toutefois. Les bio vont voir ce qui est intéressant chez les non-bio et inversement. Charlotte Quénard Monsieur Mousset, vous avez trouvé un grand intérêt dans l’installation des compteurs gaz. Dans le cadre des politiques d’accompagnement actuelles (PPE), des incitations financières dans le cadre d'opérations groupées à l’installation de compteurs vous paraissent-elle souhaitables ? Bruno Mousset La réussite du compteur gaz s’explique par l’accompagnement réalisée et par son utilisation. Nous avons connu quelques échecs, du fait de relevés non effectués par l’agriculteur. C’est avant tout un souci de sensibilisation. Pour autant, sans « coup de pouce » sur un compteur, on n’en installera jamais. Charlotte Quénard Monsieur Chastan, les indicateurs énergétiques montrent l’électricité en KWh/ha, les comptables saisissent-ils réellement cela ? Comment intégrez-vous l’éventuelle consommation électrique de la maison d’habitation ? Thierry Chastan 60 % de nos clients agriculteurs enregistrent eux-mêmes leur comptabilité sur informatique, révisée et clôturée ensuite par nos soins. Pour les 40% restants, nos aides-comptables s’y attèlent. Nous avons modifié notre logiciel comptable de manière à s’arrêter automatiquement sur la zone quantité lorsque l’on s’y intéresse. Nous avons également formé notre personnel à fournir les informations concernant le kWh. Des garde-fous sont prévus s’agissant des erreurs de saisie. Nous partons du principe selon lequel le kWh est à 11 centimes. Quant à la deuxième partie de votre question, elle relève d’une obligation fiscale d’extourner la partie privée de la consommation d’électricité. Cédric Garnier Est-il facile de faire accepter aux éleveurs le fait qu’un observatoire analyse leur consommation ? Bruno Mousset L’observatoire a un rôle très important. Nos agriculteurs en sont très friands, car il leur permet de bien situer leur entreprise et donc, de progresser. Michel Marcon, IFIP Pourrait-on imagine une évolution du Pôle Cristal vers d’autres technologies testées, éventuellement pour d’autres filières ? David Gobin C’est une question récurrente sur l’ensemble des soutiens à apporter aux investissements en économie d’énergie. On peut toujours tout faire. Après, c’est une question de moyens et de pertinence. Mais, cette question est intégrée aux réflexions de nos acteurs de la recherche et développement. Olivier Pia Ne craignez-vous pas une sorte d’effet d’aubaine pour les fabricants, qui en profitent pour augmenter leurs tarifs ? David Gobin C’est toujours le risque sur ce type de programmes. Nous y sommes vigilants. Nous nous donnons notamment le droit, à terme, de sortir certains installateurs ou constructeurs de la liste des équipements agréés. Dans la mesure où nous apportons des aides publiques, une telle action serait envisageable. Nous réfléchissons à ces questions.

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Bruno Mousset Ce constat existe aussi au niveau des échangeurs de chaleur. Néanmoins, malgré quelques dérives, l’impulsion donnée par les pouvoirs publics à travers le PPE permet l’installation de ces échangeurs. C’est sans doute un mal nécessaire. David Gobin Nous sommes aussi là pour que les entreprises construisent les équipements les moins chers. Jean-Marie Lefort, entrepreneur des territoires En 2008, à LDT, nous avons considéré que la première économie était le carburant que l’on ne consommait pas. Dans certaines de nos entreprises, le montant de la facture gazole + fioul correspond à la masse salariale, soit entre 12 et 16 % du chiffre d’affaires. Dans ce cadre, nous avons mis en place le principe de conduite économique. Lors d’un stage pris en charge financièrement, le chauffeur est mis en conditions réelles de conduite de véhicule agricole. Nous nous sommes aperçus que l’économie engendrée pouvait atteindre 10 à 15 % de consommation et qu’elle déteignait sur les frais de mécanisation, de pneumatique et d’accidentologie. Mathias Autesserre, Quercy énergie En investissement collectif, les agriculteurs concernés avaient-ils une première approche des diagnostics ? Avez-vous mis en avant des leviers d’action sur les énergies indirectes ? David Gobin Partenaires du PPE, nous en respectons le cahier des charges et notamment la réalisation du diagnostic énergétique en tant que tel. Dans le cadre du Plan éco-énergie Lait, nous n’avons pas imposé le diagnostic énergétique. Notre intérêt vis-à-vis du diagnostic en tant que tel réside dans le faire vivre. C’est toute la question : mobiliser l’agriculteur à réfléchir sur son exploitation en termes d’investissement, d’évolution de système et de pratiques. Mais ce diagnostic n’est pas suffisant, car mal valorisé. Nous restons donc prudents. Marc Delporte On a parlé de l’importance des observatoires et des enquêtes, je le confirme s’agissant des serres maraîchères. La réactualisation d’une enquête menée avec l’ADEME en 2005 a permis de montrer des évolutions récentes très intéressantes par rapport aux aspects de biomasse, en termes techniques et organisationnels. Olivier Pia Les agriculteurs dans leur globalité ont-ils pris conscience que les coûts de l’énergie vont continuer à croître fortement dans les années à venir ? Quel discours leur tenez-vous ? Thierry Chastan Ce qui me stupéfait est l’absence de stratégie personnelle, familiale et d’entreprise. Trop de nos clients sont des machines à répondre à des obligations et en perdent le sens du travail. L’énergie est loin de tout cela. Elle peut être une porte d’entrée, mais il manque un cadre structurant pour définir le cap et saisir les opportunités. Bruno Mousset Notre discours est clair : les prix de l’énergie vont continuer à augmenter. Nous allons étudier les pays plus froids pour apprendre à travailler différemment. L’énergie est la première charge variable de l’agriculture. La clé d’entrée est donc économique. Coline Willame Les éleveurs ne sont pas faciles à convaincre. Nous mettons en place des actions.

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Rémy Pléau Aujourd’hui, la capacité de coupe des moissonneuses-batteuses est largement supérieure à la capacité d'absorption des séchoirs. Il a donc fallu trouver une solution, à travers l’organisation et la programmation. Tout cela se fait en restituant aux agriculteurs la part du gain réalisé sur l’utilisation d’installations plus importantes et performantes, dans le respect de la programmation.

Table ronde : Quels leviers d’action pour demain ?

Olivier Pia Messieurs, quel est votre sentiment général sur la question de l’appropriation des enjeux par le monde agricole ? Didier Marteau, Président de la commission environnement APCA Les agriculteurs sont sensibilisés au quotidien. Notre premier souci est d’économiser, de gérer des flux et des dépenses. Cela a été dit, la meilleure économie d’énergie est celle que l’on réalise en ne dépensant pas d’énergie. Nous avons donc essayé de développer toutes les autres solutions : matériels, techniques de conduite dans les exploitations, productions de biomatériaux, isolation, etc. Le diagnostic est souvent la bonne solution, au départ, afin de sensibiliser les acteurs sur des éléments très simples. Notre volonté, à l’APCA, est d’accompagner les agriculteurs en la matière. Luc Vermeulen, Secrétaire général adjoint en charge de la thématique énergie, FNCUMA De plus en plus, les agriculteurs comprennent qu’ils sont au centre des enjeux environnementaux des acteurs à part entière. Le réseau CUMA, qui concerne un exploitant sur deux, est précurseur dans certains domaines, de par l’investissement et la mutualisation des moyens de production, qui nous donne une longueur d’avance et un peu plus de recul vis-à-vis de techniques culturelles innovantes. Laurent Klein, Président SAF Nous rentrons dans l’ère de la rareté et tout le monde aujourd'hui en a conscience. Or, ce qui est rare coûte cher et va coûter de plus en plus cher. La période de crise actuelle me semble une période transitoire où l’on a encore un pied dans l’ancienne société et l’autre pied dans la nouvelle. Mais, nous sommes en train de basculer. Nous sommes un lieu de réflexion, nous faisons de la prospective, nous regardons aujourd'hui ce que font les uns et les autres, comment les marchés fonctionnent, comment et où l’industrie agroalimentaire s’approvisionne et comme les différents mécanismes se mettent en place. Jean-Marc Bureau, Vice-président FNCIVAM Une partie du monde agricole reste réfractaire à cette évolution et attend d’être dos au mur pour évoluer. Nous essayons donc d’analyser les freins au changement. Car, il est possible de faire de l’agriculture durable qui respecte l’environnement, tout en conservant le même revenu qu’en faisant une agriculture productiviste. Seulement, il est difficile de changer les habitudes culturelles. Alors, des journées comme celle-ci vont dans le bon sens. Pourtant, des éléments importants sont restés absents. Ainsi concernant les fertilisants, il est facile de diminuer l’utilisation de l’azote de 50 % à l'intérieur d’une exploitation. Nous préconisons également l’usage de systèmes fourragers économes en intrants, d’utiliser 55 % d’herbe en exploitation, ce qui entraîne une baisse de la facture d’engrais et des effets bénéfiques pour l’environnement. Nos agriculteurs sont subventionnés à cet effet. Mais, ce dispositif aurait sa place de façon beaucoup plus large sur l’ensemble d’un bassin versant. Jérôme Mousset, Chef du service Agriculture et Forêts, ADEME Ces dernières années, nous avons beaucoup progressé en matière d’énergie. Mais cela reste un sujet récent, sur lequel nous manquons encore de recul. Notre rencontre fait ressortir le rôle majeur de l’accompagnement de l’agriculteur par les métiers du conseil, par les collectivités dans

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le cadre de la construction de stratégies agricoles locales, ainsi que par les différentes filières, à travers les entreprises et les coopératives. Pour autant, nous ne sommes pas arrivés au bout du sujet. La plupart des actions portent sur les bâtiments d’élevage et les serres, soit environ 20 % de la consommation d’énergie de la ferme France. Reste à traiter les 80 % restants. Cela nous renvoie à des questions de pratiques, de travail du sol, de la gestion de la fertilisation azotée. Le PPE doit nous amener à préparer l’avenir. Julien Vert, Chef du bureau de la prospective au Centre d’études de et prospective, MAAPRAT Les engrais azotés représentent un quart du bilan énergétique agricole. Beaucoup de choses sont déjà faites. Les leviers techniques sont connus. Mais, il y a un besoin d’appropriation de ces enjeux par les différents acteurs. Ces journées sont réalisées à cette fin. Michel Marcon, Ifip Depuis 2006, un groupe énergie s’est formé sur cette question. Les premiers travaux ont établi différentes références. Maintenant, il s’agit de les diffuser. La question des énergies indirectes évolue aussi beaucoup. L’objectif est de développer le label BEBC. Une étude doit établir à prix de l’énergie, ces bâtiments peuvent être rentables (question des surcoûts). Olivier Pia Après la technique, ne faut-il pas progresser du côté du comportement ? Didier Marteau Les agriculteurs évoluent tous les jours, depuis longtemps, mais on a toujours besoin d’agriculteurs leaders, qui montrent l’exemple. Olivier Pia Parmi les dispositifs que nous avons vus, lesquels vous semblent indispensables ? Laurent Klein Il faut revenir à l’agronomie et la connaissance du fonctionnement du sol. Tous les dispositifs vus aujourd'hui doivent être prolongés, mais il convient également de demander aux architectes de travailler davantage sur les bâtiments. Ce sont eux qui détiennent la clé de la solution. Luc Vermeulen Nous nous inscrivons dans un dispositif d’économie d’énergie au sein de nos CUMA. Il est important de poursuivre et d’intensifier la réflexion au travers des processus de construction en créant une synergie entre la recherche, l’enseignement et l’industrie. Laurent Klein L’agriculture et l’énergie sont des secteurs stratégiques. Aussi, nous demandons au ministère de prendre compte cet environnement en plein changement. Nous sommes à la fin d’un cycle. Il nous faut réinvestir et dans ce sens, nous demandons aux ministères de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Économie de travailler en synergie. Jean-Marc Bureau Il faut une approche globale des choses. Et les mesures agro-environnementales sont bien positionnées pour cela. Didier Marteau Il n’y a pas de formule miracle. Chacune doit être adaptée à la filière, à la région, à la production. Et la réussite, c’est aussi savoir travailler tous ensemble : ADEME, ministères, coopératives, instituts techniques, INRA, agriculteurs, etc. Personne ne détient la vérité. Cela peut évoluer tous les jours. Mais, avant tout, il importe d’éviter de faire des « coups », car cela décourage les acteurs.

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Échanges avec la salle Cyril Jarny Certes, les choses vont mieux, mais le conseil sur le terrain est encore assez fragile. Aujourd’hui, il s’agirait de traiter cette question de façon un peu plus systémique sur l’ensemble du monde agricole, en intégrant ces questions au niveau éducation et formation. Jérome Mousset Vous avez raison, la dynamique est là, mais il nous faut nous assurer qu’elle se poursuive. Aujourd’hui, on a beaucoup progressé sur la partie technique, il faut mettre maintenant l’accent sur la partie économique. En quoi les systèmes agricoles seront sensibles aux fluctuations du prix de l’énergie d’un point de vue économique. C’est là un enjeu d’avenir. Laurent Klein Nous sommes aujourd'hui à un euro le litre de fioul et à un euro l’unité d’azote pour l’agriculteur, contre 50 centimes il y a cinq ans. Cette augmentation est énorme. L’agriculteur achète les intrants sans connaitre son prix final. Il va donc falloir repenser les modèles en fonction de ces évolutions. Karine Brulé L’énergie est un dossier récent, traité au départ uniquement comme un outil de compétitivité des exploitations. Les lieux de réflexion sur l’énergie ne sont pas ceux des intrants. Pourtant, l’enjeu énergétique participe à la solution que le monde agricole doit apporter à la question de la pollution. Suite à la table ronde « Efficacité énergétique », il a été décidé que le sujet énergie serait porté au comité NPC afin d’accompagner la réflexion. L’intégration avance, mais elle est compliquée. Pascal Beets Il faudrait envisager le fait que l’agriculteur puisse financer seul les PPE. Faute de déclencher rapidement une dynamique suffisante, cela posera un problème dans la reprise de l’agriculture par la future génération. Charlotte Quenard Si le technicien doit être bien formé, très spécialisé et avoir une vision globale du monde en 2050, que dire des agriculteurs, chefs des entreprises agricoles, qui doivent prendre les décisions. La question de la compétence ne peut se régler rapidement, elle prendra plusieurs années. Alors, il faut prendre les agriculteurs comme ils sont, avec la porte d’entrée qu’ils choisissent et non imposer une approche globale à tous. Olivier Pia Quid de l’horizon 2030 en agriculture ? Luc Vermeulen L’énergie va se raréfier et il faudra s’adapter à de nouveaux process. J’ai confiance en l’agriculteur, dans sa réactivité et son adaptation. Laurent Klein Il existe et existera demain des outils puissants d’aide à la décision qu’il faut vulgariser davantage. Julien Vert Dans vingt ans, il y aura au moins autant de changement voire plus, qu’entre aujourd'hui et il y a vingt ans. Nous rentrons dans un monde qui va encore changer extrêmement vite. Didier Marteau Les agriculteurs évolueront et disparaîtront. Cela est vrai de tout temps.

Page 21: Journée technique nationale - scribe-net. · PDF fileADEME Journée technique nationale Paris, le 23 novembre 2011 3 Ouverture Rémi Chabrillat, Directeur adjoint Productions et Énergies

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Jérôme Mousset Les défis à relever sont lourds. Le rôle du conseiller est aussi de donner une vision prospective afin d’aider l’agriculteur à s’y préparer. 2030, c’est loin mais c’est demain. Les investissements réalisés aujourd'hui le sont pour vingt ans. Michel Marcon C’est la vision du bâtiment à énergie positive. Sur la question énergie, les choses ont été prises à temps. Jean-Marc Bureau L’exploitation en 2030 devra être vertueuse en termes de consommation d’énergie et de respect de l’environnement. D’ici là, il faut continuer à travailler sur les freins aux changements pour que les réfractaires soient convaincus de progresser.

Clôture

Pierre-François Mourier, Président du groupe de travail « Entreprises », Table ronde nationale pour l’Efficacité énergétique, Directeur général adjoint du Centre d’analyse stratégique Notre table ronde nationale a pour objectif de définir un certain nombre de mesures à mettre en place en termes d’efficacité énergétique. Les entreprises agricoles ne sont pas un véritable enjeu pour l’énergie, mais l’énergie est un enjeu réel pour les exploitations agricoles. Parmi les mesures envisagées, nous avons le soutien à l’offre de technologie et de services, aux travaux d’économie d’énergie, aux changements de comportement, et enfin à l’accompagnement. Aujourd'hui, le monde agricole est presque un monde d’ingénieur. Il faut aider les agriculteurs à continuer au maximum dans cette voie. La première mesure est l’éco-conditionnalité des aides publiques. Ainsi, à compter du 1er janvier 2014, aucune aide publique ne pourra être attribuée si les travaux ne passent pas par une entreprise qualifiée avec un nouveau label spécifique. La seconde mesure consistera à lancer un AMI (appel à manifestation d’intérêt) pour une agriculture éco-efficiente. En ce qui concerne le soutien aux travaux d’économie d’énergie, tout un pan de nos mesures consiste à renforcer les dispositifs des CEE, à créer des outils financiers innovants (éco-PTZ), à l’inclusion du diagnostic énergétique global des exploitations agricoles dans les CEE, à proposer un site Internet qui rappelle l’ensemble des aides et règlementations ayant trait à l’efficacité énergétique, à aider à l’embauche de conseillers énergie. Enfin, s’agissant du soutien au changement de comportements, nous avons commencé à travailler sur le thème de l’optimisation des fertilisations azotées. Il n’y a rien de révolutionnaire, mais l’idée est qu’il existe de nombreux leviers sur le marché et qu’il s’agit de les réunir de façon à donner un « coup de projecteur » sur le secteur, afin de permettre au Ministre d’arbitrer et de porter les propositions. Certes, dans un contexte de finances publiques extraordinairement contraint, il ne faut pas s’attendre à des miracles. Certains aspects sont faciles à mettre en œuvre, comme par exemple l’extinction des enseignes lumineuses la nuit. D’autres mesures plus complexes s’échelonneront sur plusieurs mois, notamment l’éco-PTZ, mais nous savons que la Ministre aura à cœur d’aller le plus vite possible. Fin des débats.