Journal Vanoise n°22

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TOURISME ESTIVAL Le Parc national s’engage Journal d’information du Parc national N°22 - été 2015 4 ENTRETIEN Guy Chaumereuil Protection et développement, tout est lié 13 PORTRAIT Sylvie Richen Trentième saison au refuge de la Valette

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Édition été 2015 du Journal d'information Vanoise du Parc national de la Vanoise

Transcript of Journal Vanoise n°22

Tourisme esTival

le Parc national s’engage

Journal d’information du Parc national N°22 - été 2015

4 entretien Guy Chaumereuil Protection et développement, tout est lié

13 portrait Sylvie Richen Trentième saison au refuge de la Valette

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Journal d’information de l’espace Parc n° 22, été 2015.Photo de couverture : linaigrettes au lac des Moutons (commune de Peisey-Nancroix). Au fond, le massif du Mont-Blanc © PNV - Christian Balais .Directeur de la publication : Emmanuel MichauComité éditorial : élisabeth Berlioz, Guy Chaumereuil, Olivier Thevenet, Philippe Vouillon.Responsable de la publication : élisabeth Berlioz

Conception et réalisation : Bayard Nature et Territoires BP 308, 73 377 Le Bourget-du-Lac. Tél. 04 70 26 27 60. éditeur délégué : Olivier Thevenet Conception graphique : Gaëlle Haas Rédactrice graphiste : Gaëlle Haas Secrétariat de rédaction : Cécile Dufrène, Stéphanie Reynaud Textes : Floriane Dupuis, étienne Hurault et Philippe Vouillon. Dépôt légal : juin 2015 Imprimé sur papier recyclé

par Musumeci SpA (Italie). Journal disponible au siège du Parc national de la Vanoise,135, rue du Docteur-Julliand, BP 705, 73007 Chambéry Cedex.Téléphone : 04 79 62 30 54.

Amis lecteurs, vos avis ou vos réflexions sont bienvenus. Adressez-les au siège du [email protected]

vanoise

Coucher de soleil sur la pointe du Vallonnet, vue depuis le refuge de la Femma, dans le vallon de la Rocheure. la silhouette d’un chamois se distingue à droite.

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Ce qu’il y a de beau dans l’idée de faire vivre, ensemble, un parc national, c’est la hauteur de l’enjeu. On ne vise pas au ras des pâquerettes, mais plutôt à la cime des Alpes. Et pas n’importe lesquelles : la Vanoise compte

107 sommets à plus de 3 000 mètres. La mission du Parc est vaste. La protection de la faune et de la flore, les animations et sorties scolaires, la restauration d’écosystèmes dégradés, le maintien des prairies de fauche, la participation à l’économie locale... Mais également, but ultime, faire partager la magie des lieux. Car les plus beaux endroits du monde possèdent une âme. Celle du Parc national de la Vanoise en est l’exemple le plus probant. Dans ce monde désenchanté où les princesses, les ogres et les fées ont disparu au profit d’êtres mécaniques, il est important de préserver l’essence du sacré et du mythe. Donner un sens à ce qui en a encore. Conserver, non sous cloche, mais dans son écrin, la splendeur de ce bijou précieux dont les effets miroitants rayonnent au-delà de nos frontières. L’homme a tant besoin de magie et de merveilleux. Or, il n’est nul besoin de créer un décor de merveilles pour donner à ce site des airs de conte. Il suffit d’ouvrir les yeux. La nature a si bien fait les choses qu’à sa seule vue, on se croirait projeté dans une histoire des frères Grimm. De la dent Parrachée au mont Pourri, on pourrait croire que ce sont 4 000 chamois et 1 600 bouquetins qui prennent la parole et lancent un appel pour la Vanoise, ce paradis des alpages lumineux, des glaciers vertigineux et des sommets étincelants. Il n’y a pas que l’homme pour décider de la destinée du monde. Cette nature habitée, vivante, est une chance pour tous. La richesse du Parc national de la Vanoise est un trésor dont chaque habitant doit prendre soin. Continuons ensemble à pré-server et à faire vivre ce site exceptionnel que même le plus imaginatif des romanciers n’aurait pu rêver.

Le sacré et le mythe

Maxence Fermine, écrivain-reporter

SOMMAIRE

4-7 dossier > 4 Entretien avec Guy Chaumereuil > 6 Tourisme estival Le Parc national s’engage

8-12 vivre en vanoise > 8 Protection de haut vol pour les oiseaux, en partenariat avec ERDF > 9 énergie Première au refuge du col du Palet> 10 Alpages sentinelles Les changements climatiques> 11 Barrages d’Aussois Les aires d’accueil

> 12 Mobilier design au refuge de l’Arpont

13 portrait < Sylvie Richen Une heureuse gardienne

14-15 découverte < 14 Tarentaise Les montagnettes du Planay> 15 Tarentaise Faune et flore de la Turra et la Loza > 15 Zoom espèce

Le papillon azuré, la gentiane et la fourmi

16 histoire > 16 Autrefois, les enfants de Bessans > 16 Toponymie Tsanteleina, Santel...

Guy Chaumereuil

Président du conseil d’administration du Parc national de la Vanoise.

« Protection et développement, tout est lié ! »Guy Chaumereuil siège depuis 1998 au Conseil d’administration du Parc. Son parcours de journaliste – France Bleu Pays de Savoie, France Info, Montagnes Magazine – et ses engagements associatifs – président de la Grande Traversée des Alpes et de Montanea, fondateur du Grand Bivouac d’Albertville – en font un expert de la montagne. Interview à l’heure où l’adhésion des communes à la charte marque une étape clé de l’avenir du Parc national.

Quelles ont été vos motivations pour vous présenter en 2014 au poste de président du conseil d’administration du Parc ?J’ai un attachement particulier à ce territoire. C’est un pays que je porte en moi. D’abord d’un point de vue personnel par mes origines familiales ; ma mère était d’Aussois. Dès le début des années 1970, je m’y suis également intéressé en tant que journaliste en suivant le développement du Parc national et le lancement du Plan Neige. Je connais bien les deux milieux, ce qui les rapproche et ce qui peut les éloigner.

Certains interlocuteurs disent justement que vous faites consensus ? Je ne suis pas un homme de consensus, je suis un homme de conviction. Et ma conviction est que la protection de la biodiversité doit s’accompagner d’un projet de développement économique. La préservation du cœur du Parc national est à la fois une mission éthique, philo-sophique, écologique, mais génère aussi des atouts pour les territoires qui sont autour, dans l’aire d’adhésion, que ce soit en matière agricole, touristique ou de cadre de vie. En disant cela, je pense aux générations futures qui auront besoin de vivre au pays.

Quelles peuvent être les pistes de travail à mener ensemble ?Il faut un Plan Été pour la montagne et cesser de se lamenter sur le fait que celle-ci soit devenue la cin-quième et dernière destination estivale des Français. On ne s’est jamais retroussé collectivement les manches pour réduire l’écart d’activité entre les saisons. Par la stratégie touristique (cf. page suivante), j’ai voulu dire à l’établissement et à ses agents qu’ils avaient, grâce à leurs refuges et à leurs itinéraires de randonnée, un produit touristique unique et devaient participer acti-vement au développement économique du territoire.

En quoi êtes-vous satisfait du travail accompli durant votre année de présidence ?J’ai le sentiment que nous avons ramené une certaine confiance et conforté le dialogue entre tous. Suite à nos nombreux débats avec les conseils municipaux, j’ai en tête des réactions d’élus, parfois agréablement surpris : « Ça nous fait du bien d’entendre parler le Parc de cette voix », m’a-t-on dit. Nous avons travaillé pour l’avenir et, quoi qu’il arrive, rétabli le contact.

Face au projet de la charte et aux votes des communes qui doivent décider ou non d’y adhérer, quels points voulez-vous rappeler ?La charte n’est pas une réglementation supplémentaire. La charte n’est pas un moyen pour le Parc d’agrandir ses limites. La charte n’est pas un traquenard. Lisez-la dans sa dernière version restreinte. Elle est une invita-tion à monter des projets ensemble, sur des propositions à discuter.

Certains écologistes disent que la charte ne va pas assez loin. Certains élus estiment au contraire qu’elle va trop loin. Que leur répondez-vous ? Arrêtons les oppositions stériles ! Tout est lié. On ne fera pas de développement économique sans protec-tion, et on ne fera pas de protection intelligente si on ne la partage pas avec les habitants et les touristes. Encore une fois, si on préserve un lieu pour que l’homme n’y aille pas, je suis contre. D’un autre côté, les communes doivent comprendre qu’elles ont un bijou, qu’il doit être préservé et qu’il est facteur d’économie. Donc, nous ne sommes pas dans une conciliation. Nous sommes dans la compréhension d’un même outil, d’un objectif commun.

Vous avez lancé dans les médias une sorte d’appel à un « patriotisme » savoyard. Pouvez-vous nous en rappeler le contenu ?La Savoie s’honore à juste titre d’être le premier do-maine skiable du monde. Elle ne peut pas tourner le dos à l’un des plus beaux domaines de randonnée et de nature préservée du monde. Ce débat intéresse tout le département, y compris les populations urbaines, les agglomérations de Chambéry et d’Albertville, d’Aix-les-Bains comme de Saint-Jean-de-Maurienne et tous les amoureux de la montagne. Les élus locaux ont les clés de ce territoire, classé Parc national.

Qu’espérez-vous du vote d’adhésion à la charte par les conseils municipaux ?Tout d’abord, il est logique que les 29 communes aient le pouvoir de décision. Je ne jugerai pas leurs décisions et les élus locaux ne doivent pas être désignés comme boucs émissaires. Mais en tant que président du conseil d’administration, j’ai un rôle politique pour faire aboutir ce projet de charte. Et je me bats pour que le plus de communes possible adhèrent. Par conviction personnelle, je veux faire appel à l’intelligence collective. Si la Savoie pouvait montrer un excellent exemple de gestion d’un bien commun à travers ce dossier, ce serait un atout pour son image et tout à l’honneur de ce département. n

Le refuge-porte de Rosuel (Peisey-Nancroix), l’un des points d’entrée dans le territoire du Parc national de la Vanoise.

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Par Philippe Vouillon

MaxiMe Meilleur, hôtel-restaurant la Bouitte, à saint-Martin-de-Belleville

« Quand vous allez promouvoir la gastronomie française

à travers le monde et qu’à Séoul on vous donne de l’eau en bouteille pour vous laver les dents, vous prenez conscience de la chance de vivre en Vanoise dans un espace naturel protégé, et en Savoie dans un terroir exceptionnel. Nous travaillons aujourd’hui avec des producteurs fabuleux : un apiculteur et un producteur de tomme de brebis de Saint-Martin-de-Belleville, un viticulteur de Fréterive… Nous avons gagné notre troisième étoile au Michelin en mettant à la carte des crozets et un dessert à base de lait ! Nous sommes les représentants d’une identité montagnarde très forte. Manger avec un Opinel à notre table, c’est normal. C’est ce qu’une clientèle internationale vient aujourd’hui chercher chez nous : de vraies histoires d’hommes… Nous souhaitons être à l’avenir des ambassadeurs de la Vanoise. Nous avons tout pour réussir, à condition de laisser l’économie touristique se développer, sans dénaturer le territoire. »

Christian Manuel, Jeannot-sports, à lanslevillard

« Les atouts touristiques de la Haute-Maurienne ? Un parc national, une agriculture

forte, des AOC, des villages authentiques et complémentaires. Nous ne ressemblons pas à des stations bâties de toutes pièces. Le Parc national et les collectivités doivent absolument travailler ensemble pour promouvoir les bienfaits de la montagne et communiquer sur une image pour tout public, avec des activités faciles et ludiques. Le VTT à assistance électrique – ce sera notre quatrième été de location – se présente comme un nouveau mode de déplacement, un vélo pour tous, pour rouler en famille, adapté à la condition physique de chacun. Le Parc national de la Vanoise a joué un rôle important dans le développement du tourisme d’été dans notre vallée, mais il s’est un peu éloigné de la population et doit de nouveau s’impliquer auprès des acteurs locaux. Et au lieu de ne rappeler que les interdits en cœur de parc, il devrait d’abord communiquer sur les nombreuses activités à pratiquer en Vanoise. »

Chefs d’entreprises

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en bref

ÉcomobilitÉPlusieurs offres de transports en commun permettent de se rendre au cœur du Parc sans utiliser sa voiture. À Termignon, la navette estivale est gratuite jusqu’au parking de Bellecombe et payante jusqu’à Entre-deux-Eaux. du côté de Pralognan-la-Vanoise, un bus assure une liaison, notamment vers Les Prioux. Le Parc continue de soutenir ces initiatives et de développer des actions à travers des opérations « En Vanoise sans ma voiture », voire de soutenir l’émergence d’offres de séjours « déplacement compris ».

montagne pour tousLe Parc déploie depuis 2005 une politique ambitieuse pour l’accès à la montagne

des personnes en situation de handicap. On peut citer par exemple les refuges-portes de Plan du Lac, de l’Orgère et de rosuel, labellisés « Tourisme et handicap » ; des mallettes pédagogiques, audioguides et livrets en braille pour les déficients visuels ; des sorties avec prêts de fauteuils adaptés au terrain et accompagnées par des gardes-moniteurs du Parc, notamment dans la réserve naturelle de la Grande Sassière.

familles en VanoiseLes familles sont parmi les clientèles cibles à reconquérir. Le Parc a soutenu en 2014 l’édition de la brochure « refuges en famille », coéditée avec le comité de Savoie des Clubs alpins et de montagne. Objectif : inciter à passer une nuit dans un refuge facilement accessible. L’établissement a aussi travaillé avec des communes, l’Agence touristique départementale (ATd) et le département de la Savoie pour créer de courts itinéraires de balade et de découverte du patrimoine local : « Promenade confort » du Plan de Tuéda (Méribel), de l’Orgère (Villarodin-Bourget), ou des Prioux (Pralognan-la-Vanoise).

tourisme estival en Vanoise : le parc national s’engagefin 2013, le parc adoptait à l’unanimité de son conseil d’administration une stratégie touristique. cette décision a d’abord surpris ses partenaires, aujourd’hui très satisfaits de l’engagement. depuis deux ans, les actions mises en place visent à promouvoir des offres touristiques dans l’esprit de ses missions : protection des patrimoines, développement durable et sensibilisation à la protection de la nature.

Il y a urgence. Comme le rappelle Anthony Favre, maire de Bellentre et vice-président chargé du tou-

risme estival à l’Assemblée du pays Tarentaise-Vanoise (APTV) : « Notre vallée a perdu un quart de sa clien-tèle estivale depuis 2003. » Même tendance sur l’ensemble des deux départements savoyards, bien que moins marquée. Les acteurs de la montagne doivent donc se « retrous-ser les manches », pour reprendre l’expression de Guy Chaumereuil, président du conseil d’administra-tion du Parc national qui s’est mis en ordre de bataille à travers une stratégie touristique engagée. « Il y a

eu un réel changement de posture au sein de l’établissement public, recon-naît Maëlle Lepoutre, responsable du pôle Développement durable au Parc. Nous participions déjà à l’activité estivale, mais nous cher-chons désormais ouvertement à faire découvrir au plus grand nombre le territoire, et donc à amener le plus de touristes possibles dans ce massif. » L’établissement a depuis ses débuts joué un rôle via ses refuges, son vaste réseau de sentiers et la mise en valeur des patrimoines. La stratégie actuelle prend une orien-tation nouvelle en privilégiant des actions de commercialisation et de

mise en marché du territoire. « Oui, le Parc national est un “produit” qui peut “servir” l’économie locale, tout comme un livre ou un opéra est un “produit culturel”, porteur de sens, de valeurs. Il n’empêche qu’on l’achète. Quelle honte y aurait-il à dire que la Vanoise est un “produit touristique” ? », se demande Guy Chaumereuil. Parmi les projets en cours ou à venir, une marque “Esprit Parc national” pour labelliser des hébergements, des sorties accompa-gnées, des produits du terroir ; un por-tail internet « Rando Vanoise » associé à une application pour smartphone ; de nouveaux itinéraires pédestres

ou VTT dans l’aire d’adhésion ; la mise en valeur du Grand tour de Tarentaise… Les idées ne manquent pas. Toutes ces pistes ont été élabo-rées avec les acteurs concernés. Car le maître mot est « partenariat ». « Nous devons tous avancer dans le même sens, confirme Anthony Favre. Pour valoriser toutes les activités présentes et coordonner nos actions. »

former et communiquerLe Parc n’a nullement l’intention, ni les moyens, de concurrencer les col-lectivités. Il est prêt pour travailler à l’échelle du massif et mettre en lien diverses stratégies. C’est pourquoi un volet important du programme concerne la formation : hôtesses d’accueil des offices de tourisme, moniteurs de ski, sportifs, accompa-gnateurs en montagne… Des forums pour échanger des informations entre élus territoriaux, gardiens de refuges et acteurs touristiques sont aussi au calendrier. Tous les intervenants du secteur reconnaissent que ce vaste espace naturel protégé est un atout inestimable. En Maurienne, 23 % des clients choisissent cette destination

d’abord pour le Parc. Pourtant, il reste du chemin à faire. « Nous n’avons pas réussi à nous servir suffisamment de cette notoriété, estime Jean-Claude Raffin, maire de Modane, vice-pré-sident de la Communauté de com-munes Terra Modana, en charge du tourisme. Quel est le nom de notre vallée de Maurienne connu à l’international ? “Parc national de la Vanoise”. Et si l’image de la mon-tagne fait d’abord penser à l’effort, l’appellation “Parc national” ren-voie davantage l’idée de promenade et de découverte de la faune. Nous devrons aussi proposer des services efficaces pour la réservation en ligne, par exemple pour des circuits d’itiné-rances de refuge en refuge. » Même avis pour Anthony Favre qui ajoute : « Le Parc doit mieux mettre en valeur ses richesses touristiques, grâce aux technologies numériques, aux gardes-moniteurs sur le terrain et à des outils de communication comme des livrets ou de la signalétique. » Être attractif pour capter de nouvelles clientèles peu habituées à l’univers monta-gnard demande de faire ces efforts. Ensemble !

randonnée pédestre sur le sentier de découverte de l’Orgère et utilisation du mobilier d’interprétation de site (Villarodin-Bourget). Vue sur le vallon de l’Orgère et l’aiguille Doran.

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rando VanoiseTous les sentiers en un clic… Le nouveau portail internet rando Vanoise

développé par le Parc est en ligne depuis le 1er juin 2015. il décrit, pour le moment, 40 itinéraires et permet de préparer ses balades en sélectionnant plusieurs critères (temps de marche, niveau, thématique, localisation). Téléchargez la fiche PdF de l’itinéraire sur votre smartphone en attendant l’application mobile complète, disponible à l’automne. infos pratiques, photos et textes écrits par les gardes-moniteurs complètent ce dispositif innovant qui a fait ses preuves au Parc national des Écrins. rando.vanoise.com

NOISEVR NDO

Par philippe Vouillon

le projet

Protection de haut volSignataire en 2012 d’une convention visant la protection des oiseaux vis-à-vis des câbles électriques, ERDF en Pays de Savoie s’engage à nouveau sur trois ans.

S eul un partenariat pérenne est efficace », lance Dominique Mutter, responsable communication chez Électricité Réseau Distribution France (ERDF Alpes.)

D’où la reconduite cet été, pour trois ans, de la convention signée en 2012 engageant l’entre-prise à protéger l’avifaune des lignes électriques potentiellement dangereuses sur le département. Fructueux, ce partenariat avec la Ligue pour la protection des oiseaux de Savoie, les Parcs naturels régionaux de Chartreuse et des Bauges et le Parc national de la Vanoise, pilote du projet, a permis d’identifier 14 sites sensibles, dont 9 prioritaires, concernant principalement le tétras-lyre, le faucon pèlerin, le grand-duc d’Europe, l’aigle royal et le gypaète barbu*. S’ensuivit une mobilisation des techniciens d’ERDF pour équiper 32 poteaux contre l’électro-cution – isolation des conducteurs ou installation de piques d’effarouchement – et 1 878 mètres de câbles contre les percussions à l’aide de balises Firefly Alpine (plaques réfléchissantes pivotant au vent). Sans compter les 12 kilomètres de lignes électriques enterrés au col de la Madeleine ! Il reste des secteurs à neutraliser, notamment en

Vanoise. Mais les partenaires peuvent compter sur la détermination d’ERDF, tant financière (25 000 euros par an) que morale. Pour preuve, certaines lignes du réseau sont inaccessibles, car en terrain escarpé ou traversant un plan d’eau. Or « aucun moyen – excepté l’hélicoptère ? – ne permet actuellement de les atteindre et d’y poser des balises, concède Dominique Mutter. Mais nous allons trouver ! ». * L’espèce fait l’objet du programme européen de sauvegarde LIFE GypHelp dans lequel la convention s’inscrit.

LÈCHE-VITRINES La boutique en ligne du Parc

s’étoffe de nouveaux articles estampillés de l’emblématique spirale des Parcs nationaux. Chacun trouvera sa place dans votre quotidien. Dans les mains de bébé, le doudou bouquetin, fabriqué par la société Maïlou Tradition, en Bretagne. Dans la cuisine, quatre magnets aux couleurs de la faune de Vanoise. En rando ou au bureau, le mug isotherme en acier inoxydable. Sur soi, une nouvelle collection de tee-shirts pour porter les couleurs de la Vanoise au quotidien. Et bien d’autres idées cadeaux, à offrir ou à s’offrir. boutique.vanoise-parcnational.fr PRAIRIES SANS FRONTIÈRE

À l’occasion des cinq ans du concours national des « Prairies fleuries », l’Assemblée du Pays Tarentaise-Vanoise et le Parc s’associent au Parc du Gran Paradiso pour une édition 2015 franco-italienne. Des agriculteurs des deux côtés du col du Petit Saint-Bernard se verront récompensés pour leurs bonnes pratiques alliant maintien de la richesse en fleurs de leurs prairies et production d’un foin de qualité. De Haute-Tarentaise ou du Val d’Aoste, tous attendent la remise des prix le 26 septembre à Montvalezan, lors de la fête « Terres, terroirs et Tarentaise ». 25 ANS, DÉJÀ !

Voilà un quart de siècle, un petit bout de l’aire optimale d’adhésion du Parc national de la Vanoise devenait la Réserve naturelle nationale du Plan de Tuéda. Quelles richesses cachent ces 1 112 hectares englobant les rives du Doron des Allues, depuis le lac de Tuéda jusqu’au glacier de Gébroulaz, pour mériter ce statut de protection forte ? Un peuplement remarquable de pins cembros et de rares linnées boréales, plante relique des époques glaciaires… Pour une première approche de la réserve : empruntez la nouvelle « promenade confort » (1,8 km), aménagée l’an dernier par la commune des Allues.

TOuT EST bON DANS LE COCHON… D’ALPAgE

Recycler l’existant, faire preuve d’astuce et de créativité, travailler en partenariat étroit avec le Parc : récit d’un projet qui cumule les bons points. Gaël Machet, jeune agriculteur, producteur de beaufort d’alpage à Ritord (Pralognan-la-Vanoise) avait ce projet chevillé au corps : élever des cochons avec le petit-lait issu de la fabrication du fromage. « Je souhaitais faire d’un déchet un sous-produit et le valoriser, plutôt que simplement le traiter pour être en conformité

avec la réglementation. Je voulais un dispositif simple, peu coûteux et dont l’investissement puisse se rentabiliser. » Il a su convaincre le Parc national de l’intérêt de la démarche et a travaillé en bonne intelligence avec les services de l’établissement qui a donné

son accord et accompagné le projet. « La confiance s’est établie avec un éleveur qui fait de l’accueil et avait donc intérêt à ce que l’élevage n’apporte aucune nuisance. Il y avait aussi déjà des bâtiments adaptés sur l’alpage », explique Guy-Noël Grosset, chargé de mission Agroenvironnement. Un suivi de la végétation et de la qualité des cours d’eau voisins est prévu sur cinq ans. « Les randonneurs étaient ravis de voir des cochons courir dans leur enclos », ajoute Gaël, qui n’a eu aucun mal à écouler ses 40 animaux, notamment auprès de touristes. Rendez-vous cet été pour la deuxième saison.

EN bREFvivre en vanoise8 9

Objectif au refuge PNV du col du Palet, à Peisey-Nancroix : disposer d’une énergie 100 % renouvelable.

Par Étienne Hurault

Par Étienne Hurault

Par Philippe Vouillon

H ydrogène + oxygène = électricité + eau. » L’équation est simple ; la solution pour la mettre en œuvre est au top de l’innovation technologique. Un dispositif – électrolyseur, stockage de gaz, pile à combustible –

vient d’être installé fin juin au refuge du col du Palet (Peisey-Nancroix). C’est une première française pour une installation complète de ce type dans un site isolé d’altitude. Objectif : disposer d’une énergie 100 % renouvelable. L’hydrogène produit tout au long de l’année grâce à des panneaux photovoltaïques, stockable pour une longue durée, permet ensuite la fabrication d’électricité à la demande. « La question de l’énergie est un problème difficile à résoudre pour les sites isolés. En particulier dans ce refuge, propriété du Parc national, où une pompe est nécessaire pour l’alimentation en eau du bâtiment. Nous voulions trouver un autre système qu’un groupe électrogène au fuel pour produire de l’électricité », explique Stéphane Martin, technicien Bâtiments au Parc national, passionné par le projet. Nicolas Vernon, le gardien, était lui aussi très motivé par cette expérimentation à laquelle il a participé activement. L’entreprise Gest’Hydrogène, mandataire du marché public, a eu en charge la conception et le dimensionnement de l’installation qui a pris place dans un petit bâtiment annexe où toutes les conditions de sécurité sont garanties. Souhaitons que cette opération pilote où le Parc national a joué un rôle moteur serve à aller au-delà du prototype et que l’installation profite à d’autres acteurs de la montagne.

Par Philippe Vouillon

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ÉNERgIES RENOuVELAbLES

Première au refuge du col du Palet

L’équipe TST (travaux sous tension) d’ERDF en train de neutraliser un poteau. Deux procédés sont couplés : l’isolation, avec le remplacement des conducteurs nus par des conducteurs gainés et la dissuasion, avec la pose de tiges dissuasives.

vivre en vanoise10 11

Repensées et réhabilitées, les aires d’accueil des barrages d’Aussois sont désormais dignes de ce site remarquable particulièrement fréquenté.

Quiconque s’est déjà rendu en voiture aux barrages d’aussois, en Maurienne, saura apprécier le lifting des aires d’accueils du

site. telle une porte d’entrée positionnée à l’est au-dessus du barrage de plan d’aval, deux triangles de béton de part et d’autre de la route annoncent la couleur. impossible également de manquer le petit parking aménagé dans la foulée, puis celui jouxtant le belvédère. accueillant autrefois l’arrivée d’une télébenne utilisée pour la construction (1945-1951), le belvédère permet d’admirer la vallée, la singularité de l’ouvrage eDF – deux arcs de cercles reposant sur un merlon rocheux central… et aujourd’hui d’en savoir plus sur le patrimoine naturel, culturel et industriel des lieux, grâce à dix panneaux informatifs, chacun orné d’un large cadre de béton. « s’il peut surprendre, ce matériau est un choix architectural cohérent puisqu’il rappelle l’ouvrage industriel, assume jean-luc Gosselin, chargé de mission tourisme au parc national de la vanoise. » inaugurées en 2014, ces installations ont été complétées cette année par l’aménagement d’une ancienne carrière bordant le lac. toujours sous la houlette de la commune d’aussois, en partenariat avec eDF et le parc national. là où le stationnement sauvage était courant, un parking de 120 places a été créé, avec sens de circulation, W.-C. secs ainsi qu’un merlon de terre permettant de préserver une mare à grenouilles rousses et de protéger d’éventuelles chutes de pierre. les dernières retouches consisteront, en 2016, en un simple « toilettage » du parking existant sous le barrage de plan d’amont. « le but est de

faire du site plus qu’un simple départ de randonnées en invitant à le découvrir grâce à sa valorisation d’un point de vue paysager et touristique, tout en organisant le stationnement pour accueillir au mieux les 43 000 visiteurs annuels, explique jean-luc Gosselin. » Grâce à des aménagements supplémentaires réalisés par eDF, ces derniers peuvent d’ailleurs désormais marcher sur le barrage de plan d’aval, profitant ainsi d’une balade familiale autour du lac.

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L’accueil du public revisité

ALPAgES SENTINELLES

Entre labo à ciel ouvert et espace de dialogueComment les alpages de Vanoise et leurs exploitants vivent-ils les changements climatiques actuels ? C’est ce qu’essaient de savoir le Parc et les premiers concernés grâce à Alpages sentinelles, un programme autant scientifique que social.

A lpage des Rossets, à Peisey-Nancroix, en Ta-rentaise. Gardant un œil sur ses 200 vaches laitières, Pierre Poccard relève régulière-ment l’eau d’un pluviomètre. L’éleveur

serait-il aussi météorologue ? Non. Il a accepté de participer à Alpages sentinelles. Le dispositif, initié en 2008 par le Parc national des Écrins et adopté en Vanoise deux ans plus tard, est un observatoire construit autour de huit alpages témoins faisant chacun l’objet de suivis climatiques, écologiques, pastoraux et socio-économiques. Concrètement ? Avec l’appui de laboratoires de recherche, le Parc national y étudie la vitesse du déneigement saison-nier via des données satellites, évalue la quantité d’herbe disponible ou la biodiversité floristique.

TOuT LE mONDE PARTICIPE !D’autres protocoles concernent la consomma-tion d’herbe – estimée par la Société d’économie alpestre – ou le fonctionnement des exploitations en vallée (stock de foin, etc.) – confié à l’Irstea* et à la chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc. Les alpagistes sont mis à contribution pour relever précipitations, phénomènes météorologiques (vent, gel, etc.) ou production de lait et pour tenir un calen-drier de pâturage (combien de bêtes, où, combien de temps…?). « Rien de contraignant à cela puisque

Dans le cadre du dispositif alpages sentinelles, implantation d’une ligne de suivi pour le protocole « Évaluation de la ressource pastorale », avec mesure de la hauteur de végétation (alpage dit « des avals », à Courchevel).

nous notions déjà beaucoup de ces observations, commente Pierre Poccard. Et nous sommes inté-ressés car la démarche, plus large, plus scientifique et inscrite sur le long terme, va au-delà de ressentis ponctuels sur les effets du climat. » C’est tout l’enjeu d’Alpages sentinelles : croiser chaque jeu de données, expérience ou savoir-faire pour comprendre l’impact des changements climatiques et leurs aléas (canicules, etc.) sur les alpages et les pratiques pastorales… et pouvoir ainsi l’anticiper. « Le but n’est pas de conseil-ler les acteurs agricoles sur ce qu’ils doivent faire en fonction de ce que nous indiquent les données, mais d’observer comment ils s’adaptent aux résultats que nous partageons avec eux », précise Vincent Augé, chargé de mission scientifique au Parc national. « La pérennité du programme dépend de l’implication de tous. Car au-delà du fait qu’il nécessite encore plu-sieurs années de collecte pour obtenir des tendances fiables, Alpages Sentinelles est un véritable espace de dialogue, souligne Pierrick Rolland, éleveur sur l’alpage de Chavière, à Pralognan. Cela nous permet d’échanger interrogations, hypothèses et résultats avec le Parc national dans le but de mieux com-prendre les attentes de chacun. » Et de faire évoluer les pratiques… comme les comportements ! * Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture.

Par Étienne Hurault

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Alpage de Chavière à Pralognan-la-Vanoise, dans le vallon de Chavière, participant au dispositif alpages sentinelles.

Aménagement du belvédère des barrages d’aussois (en bas) : espace d’interprétation réalisé à l’emplacement de l’ancienne plateforme industrielle surplombant le barrage de Plan d’aval, sur la commune d’aussois.

barrage hydro-électrique de Plan d’aval (ci-contre).

ADHÉSION À LA CHARTEAprès l’approbation de la charte par décret national le 27 avril dernier, le Parc attend maintenant – jusqu’au 30 septembre (consultation en cours) – de savoir combien de communes diront « oui » à la charte. La question ne se pose plus pour d’autres : c’est le cas des Parcs nationaux des Écrins (avec 78 % d’adhésion), du Mercantour (75 %) et des Pyrénées (73 %) en 2013, de celui des Cévennes (76 %) en 2014 et de ceux de Guadeloupe (76 %), de La Réunion (71 %) et de Guyane (100 %) cette année.

gRANDE PREmIÈRELa richesse floristique de la Vanoise méritait bien qu’un ouvrage lui soit consacré. C’est chose faite, avec la parution cet été du premier atlas de la flore rare et protégée de vanoise. 182 espèces dites patrimoniales sont présentées : critères de reconnaissance, carte de répartition, etc. Sont ici rassemblées des espèces protégées, menacées d’extinction, ou pour lesquelles le Parc a une responsabilité particulière pour leur préservation en France. Le fruit de vingt ans d’inventaire, réalisé avec assiduité par les gardes-moniteurs du Parc. Accessible sur www.vanoise-parcnational.fr

ET uN DEmI-SIÈCLE, uN !Cette année, le Conseil de l’Europe fête les 50 ans du Diplôme européen des espaces protégés. La prestigieuse distinction, octroyée pour cinq ans renouvelables par cette institution, est une marque de soutien aux espaces naturels ou semi-naturels répondant à trois critères : un statut de protection, une gestion exemplaire et un intérêt exceptionnel pour la conservation de la diversité biologique, géologique ou paysagère. À ce jour, 73 territoires l’ont reçu, dont le Parc national de la Vanoise en 1976, pour la première fois, puis en 2011 conjointement avec le Parco nazionale Gran Paradiso.

les inFos

Enfin, rien n’aurait été possible sans l’aide inat-tendue d’un donateur anglais, Victor Doswell, dont le legs providentiel de 48 000 euros a financé l’intégralité des frais liés à la conception et à la fabrication des meubles.

vivre en vanoise12

Waouh !! » Ainsi s’exclament les randon-neurs qui entrent pour la première fois dans la salle à manger du nou-veau refuge de l’Arpont. Parole de

gardienne, Valérie Lefèvre : « Le mobilier installé apporte un bel habillage à la pièce et les utilisateurs des tables et chaises hautes profitent de la vue sur le paysage. » Cette conception contemporaine originale signée Iana Viola a été choisie par un jury professionnel, parmi les 16 propositions des étudiants de la section Design de l’École nationale supérieure d’architecture de Grenoble placés en situation de concours. « Elle a su parfaitement répondre au cahier des charges et tirer parti de la rotondité de la salle. Par ce partenariat, le Parc souhaitait renforcer la culture montagnarde de ces futurs acteurs de l’aménagement du territoire. Et aussi rapprocher le monde de l’apprentissage de celui des professionnels du bâtiment », explique Franck Dorne, technicien Bâtiments au Parc. Car l’intérêt du projet tient aussi au fait que les meubles en mélèze issu d’une filière locale ont été fabriqués par 12 élèves du lycée Alpes et Durance (terminale bi-qualifiante Bac pro technicien menuisier agen-ceur et ski), à Embrun (Hautes-Alpes). « C’était un vrai challenge de réaliser cet important travail à fort intérêt pédagogique, dont une semaine de pose sur place, y compris des héliportages », pour-suit Julien Gutierrez, enseignant en menuiserie.

Mobilier design au refuge de l’Arpont

Par Philippe Vouillon

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Rénové et mis en valeur, le refuge de l’arpont, sur la commune de Termignon, offre le meilleur à ses visiteurs. Ici, la salle à manger.

Par Étienne Hurault

portrait

Des anecdotes de refuges ? Je pour-rais en écrire un livre. D’ailleurs, l’été dernier, j’ai tenu un jour-

nal. Alors qui sait, un jour… », confie Sylvie Richen, enthousiaste quinquagé-naire qui fête cet été sa trentième année au refuge de la Valette, étape du tour des glaciers de la Vanoise. En 1985, sans autre expérience de la montagne que deux sai-sons dans l’hôtellerie à Pralognan, elle postule pour devenir gardienne de ce refuge du Parc national qui vient alors d’être agrandi et sera désormais gardienné. Elle fait équipe avec Josette Blanc dont les parents, anciens gardiens du refuge Félix-Faure (désormais renommé refuge du col de la Vanoise), lui ont donné envie de cette aventure. « Je ne savais pas faire cuire un œuf au plat et j’ai même raté le premier ; jaune d’un côté, blanc de l’autre ! » raconte, amusée, Sylvie, toujours portée par l’esprit d’entreprise. Son statut de débutante ne l’empêcha pas de faire 2 393 nuitées le pre-mier été – une de ses plus grosses saisons – dans l’improvisation totale et sans système de réservation. « Nos hôtes n’étaient pas aussi exigeants qu’aujourd’hui. C’était

Sylvie Richen

surtout des alpinistes qui se contentaient d’une soupe et d’un toit. » Avec le temps, ils ont laissé plus de place aux randonneurs, à mesure que la gardienne observait le recul des glaciers entre les dômes des Nants et des Sonnailles. Sylvie a vécu toute l’évolution de la vie des refuges de ces dernières décennies : les ânes pour aider au portage des lourdes charges, l’arrivée des douches, de l’élec-tricité et du téléphone… « Au début, nous n’avions que deux rendez-vous quotidiens par CiBi avec les CRS de Pralognan. » Aujourd’hui, grâce à Internet et au por-tail collectif des refuges de Vanoise, les réservations se gèrent facilement. « Au 1er juin, j’en ai déjà 836. » Des étés là-haut, elle n’en a manqué qu’un : celui de l’an 2000 pour la naissance de son fils aîné Benjamin. « Quel bonheur d’avoir vu grandir mes enfants avec nous ici, face à ce paysage grandiose avec vue sur la Grande Casse ! » Benjamin a d’ailleurs le projet de devenir guide de haute mon-tagne. Au fait, Sylvie est aujourd’hui un vrai cordon-bleu. Allez goûter son petit salé aux lentilles !

1961 : naissance dans le territoire

de Belfort 1980 : saisonnière

à l’hôtel Le Capricorne,

à pralognan1985 : premier été

au refuge de la Valette

1997 : gardiennage avec

son compagnon, Sylvestre Vion2000 et 2001 :

naissance de ses fils, Benjamin

et Jérémie2007 : premier ravitaillement avec des ânes

2008 : rénovation du refuge

2015 : 30e anniversaire de gardiennage

Trentième saison

Gardienne du refuge de la Valette, Sylvie Richen est heureuse de tenir depuis trente ans ce bâtiment à taille humaine, avec 44 places favorables au partage et à la convivialité. Une vie hors du commun.

Par Philippe Vouillon

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Bio

découverte14 15tarentaise tarentaise

découverte

en savoir plus

cette randonnée facile de 4 h et 510 m de dénivelé est proposée par le Parc sur rando.vanoise.com, avec son application mobile associée. Au-delà d’informations pratiques et culturelles détaillées, la carte interactive et le descriptif sont de précieux atouts pour cet itinéraire parfois « effacé » qui croise de nombreux sentiers.

Au premier

plan, le chef-lieu de la

commune du Planay-

en-Vanoise. Au-dessus,

le hameau de Chambéranger.

Au fond, le Grand Bec

(à gauche) et la pointe

de la Vuzelle (à droite).

Faune et flore de la Turra et la Loza

tour des montagnettes du planay

Par Étienne Hurault

Par Étienne Hurault

sur la route de pralognan-la-vanoise, au-dessus du planay, une belle boucle permet de traverser pâturages, forêts et « montagnettes », des hameaux particuliers.

P rêt à marcher au rythme des remues, ou tramoués ? Au Planay-en-Vanoise, sur la route de Pralognan, une

balade suit le tracé de ces dépla-cements saisonniers effectués par les éleveurs et leur troupeau entre villages de fond de vallée et alpages d’altitude. Elle débute au hameau de la Rochette (1 500 m), première montagnette depuis le Planay et Chambéranger, et atteint celle du Mollard (1 564 m), la plus coquette de cette boucle. Ici, une montagne est vue comme une unité pastorale, comprenant l’alpage d’altitude qui va avec. Une « montagnette » désigne donc autant les pâturages intermédiaires que les habitations temporaires où hommes et bovins faisaient halte à la montée comme à la descente. Ces bâtisses particu-lièrement grandes sont toujours accompagnées d’une grange. C’est qu’autrefois, toute la famille de l’éleveur quittait le Planay fin mai pour s’y installer. Et pendant que bêtes et alpagistes montaient en

estive (de fin juin à mi-septembre), elle y engrangeait le foin fauché sur quelques parcelles avant de reve-nir au village pour les travaux des champs. Ce stockage permettait à tout le monde de réinvestir la mon-tagnette à la Toussaint pour nourrir le troupeau jusqu’à l’épuisement du fourrage, qui sonnait l’heure de la redescente – dans la neige ! –, par-fois après Noël. Aujourd’hui, cette remue hivernale n’existe plus, seules les vaches s’arrêtent aux monta-gnettes et les chalets d’alpage, reta-pés, sont des résidences secondaires.

une douce baladeLe premier chalet que le chemin aborde est le « Coladze ». Synonyme de refregus ou gardet ailleurs, ce mot patois désigne la construction où l’on coulait le fromage et où le lait était conservé dans des bidons plongés dans une cuve « réfrigérée » par l’eau d’une source captée. Au-dessus du Mollard, le sentier monte à Pelapoët, montagnette plus modeste, puis s’enfonce dans une pessière, dont

les épicéas ne laissent entrevoir le piton rocheux des Tours des Merles, sur la gauche, qu’au niveau du chalet de la Golle. Arrivés à Plan Fournier (1 723 m), dernière montagnette, les moins motivés peuvent rejoindre la case départ via le Mollard en longeant un mur en pierres sèches qui descend sur la droite – retirées des prés et disposées ainsi, ces der-nières délimitaient parcelles ou sen-tiers en canalisant les bêtes. Mais la boucle qui suit vaut le détour. Après une succession de clairières en forêt, elle atteint la cave de Plan Fournier (1 970 m), au pied des al-pages d’estive de Fontaine Froide et des Gallinettes : le changement de décor est radical. La vue est dégagée sur la pointe de Méribel, la Becca Motta et le Grand Bec en surplomb. Le rumex alpin se plaît – grâce aux bouses, riches en nitrates – et la « cave », esseulée, n’a rien des grandes bâtisses de montagnette. Autrefois utilisée pour stocker les fromages avant leur descente au vil-lage, c’est aujourd’hui un abri pour alpagistes ou randonneurs. L’endroit idéal pour manger, avant de pour-suivre vers Plan Fournier et boucler en une douce balade de quelques heures des mois de remues… syno-nymes de dur labeur.

Le papillon, la gentiane et la fourmicela ressemble à une fable mais c’est une histoire vraie, celle de l’azuré de la croisette (Maculinea rebeli), un petit papillon bleu protégé en France. sans la gentiane croisette, la plante hôte de sa chenille, et une fourmi bien particulière, il ne pourrait accomplir son cycle de vie, à la fois original et complexe.

l vol sur la croisetteAu début de l’été, en juin et juillet, les papillons femelles viennent pondre leurs œufs sur les feuilles d’une gentiane croisette. Cette plante pousse dans les prairies en friche et les prés avec des buissons bas.

l adoption adéquate Après l’éclosion, la chenille se nourrit quelque temps de la gentiane, puis se laisse tomber au sol et attend. Quoi donc ? Qu’une fourmi passe et l’emmène dans sa fourmilière. Seulement, toutes les fourmis ne se valent pas. Si ce n’est pas la bonne espèce, la chenille est condamnée...

l couvain et compagnie Si elle arrive dans la bonne fourmilière, la chenille est prise en charge et bien nourrie. On lui offre même du couvain (des larves de

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S i cette randonnée de 6 heures et 1 000 mètres de dénivelé ne ménage pas cuisses et

mollets, c’est un véritable plaisir pour qui aime observer. La flore tout d’abord. Depuis le hameau de Sardières, l’ascension vers la croix de la Loza traverse une forêt sèche typique des versants sud (les adrets) de la Vanoise, avec ses pins sylvestres ou à crochets. Plus loin, la végétation se fait plus discrète ou rachitique, témoin des pressions exercées par les avalanches dans le vallon de Villeneuve, avant de laisser s’exprimer dans les landes

le rose intense de la bruyère des neiges courant mai-juin. La redescente depuis la Turra ré-vèle quant à elle, dans les éboulis, la rare et belle cloche bleu mauve de la campanule alpestre. Entre les deux, le sentier en balcon passant sous le roc des Corneilles offre une vuepanoramique sur la val-lée ou les contreforts de la dent Parrachée… ainsi que plusieurs spots d’observation privilégiés de la faune. Les courants chauds ascendants profitent à l’aigle royal et au gypaète barbu, les pa-rois calcaires font le bonheur du

tichodrome et les grandes pentes herbeuses ravissent le chamois.

Le « Sentier balcon de la Turra à la Loza », un itinéraire à préparer sur rando.vanoise.com

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Par Floriane dupuis

une balade qui « remue »

fourmis), tandis que les fourmis se délectent d’une sorte de substance sécrétée par la chenille. été, automne, hiver : la chenille vit au rythme de la fourmilière.

l sortie à haut risqueAu printemps suivant, la chenille devenue chrysalide accomplit sa métamorphose. Puis, un beau jour, le papillon bleu dévoile ses ailes, au cœur

de la fourmilière. il doit alors se dépêcher de sortir pour échapper aux attaques des fourmis, qui le considèrent désormais comme un intrus. Compliquée, la vie de l’azuré !

campanulesalpestres.

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À l’époque, il y avait beaucoup plus d’habitants et d’enfants qu’actuellement, raconte Georges Personnaz, président de l’association Bessans jadis et aujourd’hui. En plus de l’école au bourg, il y avait une classe mixte dans trois hameaux : au

Villaron, aux Vincendières et à Avérole. Les trois ont fermé après la Grande Guerre, les enfants ont dû aller à l’école principale à Bessans. » Les grands avaient classe dans l’ancienne mairie, la petite classe, elle, se tenait juste à côté, « chez Bergère », jusqu’à ce que l’actuel bâtiment de l’école soit construit, au début des années 1930. Si le bois pour le chauffage était fourni par la commune, mais aussi parfois par les familles, les enfants étaient chargés de l’allumage à tour de rôle. Coiffe et robe sombre pour les fillettes, bonnet rond pour les garçons : les tenues étaient à l’origine très codifiées. Côté langue, le français, obligatoire à l’école, posait souvent problème aux petits Bessanais qui n’entendaient que le patois dans leur vie quotidienne. Les punitions n’étaient pas rares...

au rythme des culturesLa présence en classe, elle, était dictée par les travaux agricoles. La plupart des enfants, dès l’âge de 5 ou 6 ans, étaient chargés de garder les troupeaux, souvent dès le mois de juin. « Chaque famille possédait quelques vaches et des moutons, précise Georges Personnaz. Les clôtures électriques n’existaient pas, il fallait bien empêcher les animaux d’aller pâturer le foin du voisin ! En alpage, il n’y avait plus ce souci... Là-haut, les plus petits aidaient aussi souvent à faire le beurre. Ils tournaient la manivelle de la baratte. » De retour à Bessans, en septembre, ils devaient encore garder le bétail et ne regagnaient les bancs de l’école qu’à la Toussaint pour certains. Autres temps, autres mœurs... n

toponymie

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Autrefois, les enfants de Bessanscomment vivaient les enfants au cours de la première moitié du XXe siècle ? l’association Bessans jadis et aujourd’hui a réuni l’été dernier, à l’occasion d’une exposition, de nombreux objets, des témoignages et des photos d’époque qui racontent l’école et l’enfance à la mode d’antan.

en savoir plus…suite à l’exposition, l’association Bessans jadis et aujourd’hui a consacré un numéro de sa revue à ce sujet : L’enfance à Bessans dans la première moitié du XXe siècle, hiver 2014-2015, n°72.voir aussi : bessans-jadis.fr

tsanteleina, santel, tsantelaSituées à la frontière entre le vallon de la Grande Sassière à Val-d’Isère et la vallée d’Aoste, la Tsanteleina et la pointe du Santel dériveraient du même mot, « tsantèl ». En patois local, « chanté », « santèl » ou « tsantèl » désignent une arête, une crête rocheuse. Les sons « ts », intermédiaires entre « s » et « ch », sont couramment utilisés localement. À Bessans, par exemple, chanter se dit « tsanté ». Le suffixe « -eina » ajouté à Tsanteleina signifie « d’en haut », soit la crête rocheuse d’en haut. Dans le val de Rhêmes tout proche, le Truc Sant-Elena serait une déformation de Tsanteleina. Une traduction erronée en italien aurait supposé, à tort, un lien avec sainte Hélène. Près de Pralognan, on trouve également la Tsantela, un promontoire qui se détache de l’aiguille du Bochor dont l’origine pourrait être semblable à Tsanteleina et Santel. Certains, cependant, la rapprochent du mot « tsandèla », qui désigne une chandelle en patois. La métaphore d’une pointe rocheuse en forme de chandelle pourrait être plausible.

toute l’actu du parc sur www.vanoise-parcnational.fr

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