Journal du MURSAINTMARTIN, n° 2, Lucien SUEL

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Lucien Suel, Poème Express # 00363 https://www.facebook.com/216469671808895/photos/pcb.679175122205012/679173742205150/?type=1&theater

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« Il n’y a pas d’orgueil à dire tout haut : Et moi aussi je suis peintre ! L’orgueil consiste à dire tout bas des autres :

Et vous non plus, vous n’êtes pas peintres. » Joseph Jacotot (1823)

Guillaume Apollinaire, bulletin de souscription (1914)

…CELA NE S’APPREND PAS, CELA SE PRENDpar jcaj

Puisqu’à un peu plus d’un siècle de distance, le Maître ignorantet le Poëte orphique sont tombés d’accord sans jamais ( ?) s’êtrerencontrés, & là où un siècle après celui-ci, le MURSAINT-MARTIN entend à sa manière perpétrer leur proclamation, c’est l’occasion de rappeler ici, à soi-même comme à tout élève,étudiant, professeur et/ou autre savant, ainsi qu’au moindre quidam passant devant le n° 180 de la rue Saint-Martin, que « NOUS FAISONS DE LA CRËATION DEPUIS SI PEU DE TEMPS. POUR MOI, TOUT ART

EST CONTEMPORAIN. CONCEPT DU TEMPS ARTISTIQUE : TOUT ARRIVE ET ARRIVE EN

MEME TEMPSI » ; et donc qu’« IL FAUDRAIT TROUVER DES MOYENS POURAVOIR DES ÈCOLES DANS LA RUE, Á DIFFËRENTES HEURES DE LA JOURNËE ET DIFFË-

RENTS JOURS DE LA SEMAINE2. » Se rappeler ainsi que :

1 « L’explication n’est pas nécessaire pour remédier à une inca-pacité à répondre. C’est au contraire cette incapacité qui est lafiction structurante de la conception explicatrice du monde. C’est l’explicateur qui a besoin de l’incapable et non l’inverse […\Avant d’être l’acte du pédagogue [et autres soi-disant « médiateurs » qui hantent désormais les expositions…\, « l’explication est le mythe de la pédagogie, la parabole d’unmonde divisé en esprits savants et esprits ignorants, esprits mûrset immatures, capables et incapables, intelligents et bêtes » [ou encore, poétiques et prosaïques, etc. \

2 « Il n’y a pas de hiérarchie de capacité intellectuelle.C’est la prise de conscience de cette égalité de na-ture qui s’appelle émancipation et qui ouvre lavoie de toute aventure au pays du savoir » ; desorte que, « A CHAQUE INSTANT, OU QUE NOUS SOYONS,NOUS SOMMES INËVITABLEMENT ËDUQUËS SANS MEME LEVER

LE PETIT DOIGT, SANS QUE RIEN NE SOIT TRANSMIS ; C’EST

INËLUCTABLE.3 »

3 « Joseph Jacotot s’appliqua donc à varier les expériences, à répéter à dessein ce que le hasard avait une fois produit. Il se mit à enseigner deux matières où son incompétence étaitavérée, la peinture et le piano […\ « C’EST POURQUOI, LE FAIT D’INTRODUIRE DES ARTISTES DANS LES ËCOLES NOUS PERMETTRAIT DE FAIRE SOR-

TIR L’ART DES ËCOLES.4 » "Il faut que je vous apprenne que je n’airien à vous apprendre". » [C’est pourquoi, poursuit Jacotot\, "l’ancienne méthode fait commencer par les lettres parce qu’elledirige les élèves d’après le principe de l’inégalité intellectuelle etsurtout de l’infériorité intellectuelle des enfants. Elle croit que leslettres sont plus faciles à distinguer que les mots. C’est une erreurmais enfin elle le croit" ».

4 Dixit encore J. Jacotot : « Savoir n’est rien, faire est tout. » « JE LEUR AI TOUJOURS REPETE : FAITES CE QUE VOUS VOULEZ, ESSAYER

SIMPLEMENT DE SAVOIR CE QUE VOUS VOULEZ ET PUIS ESSAYEZ DE LE FAIRE […\

ESSAYER DE LE FAIRE ET DECOUVREZ LE MOYEN DE LE FAIRE.5 »

5 « Que faut-il faire pour organiser l’instruction que le gouvernement doit au peuple et qu’il entend lui donner selon lesmeilleures méthodes ? Rien, a répondu [Jacotot\, le gouvernementne doit pas l’instruction au peuple pour la simple raison que l’onne doit pas aux gens ce qu’ils peuvent prendre par eux-mêmes.Or l’instruction est comme la liberté : cela ne se donne pas cela se prend. »

6 « Jacotot fut le seul égalitaire à percevoir la représentation etl’institutionnalisation du progrès comme le renoncement à l’aventure intellectuelle et morale de l’égalité, l’instruction publique comme le travail du deuil de l’émancipation. Un savoirde cette sorte fait une solitude effrayante. Jacotot assuma cettesolitude. Il refusa toute traduction pédagogique et progressistede l’égalité émancipatrice. » « COMME L’A FAIT REMARQUER GEORGEBRECHT APRES AVOIR LU MON JOUER AVEC LA BIBLE : "SI TU ES LE CHRIST, TU N’AS PAS

BESOIN DU CHRISTIANISME6 ».

1 - Robert Filliou, Enseigner et apprendre, arts vivants,Paris/Bruxelles, Archives Lebeer Hosmann (1970), 2000 (2e édition), p. 80.2 - Allan Kaprow, in Robert Filliou, op. cit, p. 135.3- John Cage, in Robert Filliou, op. cit, p. 1204 - Benjamin Patterson, in Robert Filliou, op. cit, p. 1505 - Diter Rot, in Robert Filliou, op. cit, p. 1606 - Robert Filliou, op. cit, p. 244

Hormis les citations en exposant, le texte en 6 points ci-dessus est entièrement extrait deJacques Rancière, Le maître ignorant, Cinq leçonssur l’émancipation intellectuelle, Paris, 10/18, 1987,p. 15-16, 28, 48, 49, 110, 176, 222-223

LEMUR

S AI N T

MARTI N

M U R S A I N T M A R T I Nn o u v e l l e p r o g r a m m a t i o n

L’AN PREMIERDE LA LIBERTÉ

BULLETIN DESOUSCRIPTION

[email protected]://www.lemursaintmartin.com

Abonnement 5 exemplaires (ou +) par an : 17,89 ¤.Chèque à l'ordre de : l'association slnd c/o Z. Sekai, 35, résidence de la Faussette, 77470 Le Trilport.

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Dranouterpar Alexandre Rolla

« --- les caravanes à deux essieux sont interdites dans certains terrains de camping --- en anglais on dit le jour D au lieu du jour J --- on illustre un personnage par un poème et un poème par un dessin --- une bombe atomique propre produit très peu de radiations --- une bombe sale est dangereuse pour la santé 1 »

J’ai découvert Lucien Suel avec Les Versets de la bière,Journal (1986 – 2006), un journal poétique fait d’une succession d’aphorismes du quotidien. Depuis, ce petit livre m’accompagnecomme une « bible » ou un « missel » contre la mauvaisehumeur et surtout un rempart contre les cons.

Lucien Suel raconte les expériences de la vie, parfois en patois picard, comme lorsqu’il est allé voir avec sa fille, un concert de Patti Smith à Dranouter en Belgique. Magnifique prétexteà scander Howl de Ginsberg dans une langue locale.

Lucien Suel opère le trait d’union entre la force poétique universelle et la campagne. Il unit son village, le mien et tous les autres par la même occasion, avec le monde.

C’est cette force que l’on retrouve dans ses caviardages, le poème express, comme une manière de transcender l’existence,sans rien ou si peu, en changer. Il suffit de biffer le superflu pour transformer le roman de gare en poème et voir le monde en couleurs.

« holy holy holy holy holyholy holy holy holy holy holyholy holyholyholy theworld is holy (sakré sakré sakré sakré sakrésakré sakré sakré sakrésakré sakrésakré sakrésakrésakré chmon-ne ié sakré) »2 .

1 - Lucien Suel, Les Versets de la bière, Journal (1986 – 2006), Limoges, Dernier Télégramme, 2010, p. 1032 - Lucien Suel, Patismit, Limoges, Dernier Télégramme, 2008 (« sacré sacré sacré sacré sacrésacré sacré sacré sacré sacré sacrésacré sacrésacrésacré le monde est sacré »).

n° 2Mars 2015

France 1,848 ¤Etranger 1,968 ¤

Page 3éditions clandestines SLND maquette : groupe au bleu

éditorial

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LUCIEN SUEL

Poète autoproclamé « ordinaire », romancier, traducteur, dessina-teur, chanteur-bassiste et adepte du Mail-Art, Lucien Suel est né en1948 à Guarbecque (62), dans les Flandres artésiennes.

Il a édité plusieurs numéros de la revue fondée en 1971 par BernardFroidefond – The Starscrewer – consacrée à la poésie de la Beat Gene-ration, avant d’animer de 1989 à 1999, une mini-revue dada-punkqui contenait ses poèmes trouvés ou visuels, dessins idiots, collagesinstantanés et les centaines de poèmes express réalisés à partir depages extraites de romans à l'eau de rose.

Il a créé les éditions Station Underground d'Émerveillement Littéraire(S.U.E.L., 23 vol.) et anime le blog Silo - Académie 23.

Il pratique également la performance et la poésie-action ou sonore(notamment avec le groupe de rock free noise Potchük et au sein deCheval23, lequel conjugue musique & poésie). Quelques-uns de sespoèmes ont été écrits en picard.

Ses œuvres imprimées font appel à une large gamme de procédésformels, du cut-up aux "coulées verbales" de beat-poetry, en passantpar les arithmogrammes (vers comportant chacun le même nombrede signes typographiques) et autres caviardages (poèmes express).

Il co-publie fréquemment avec des peintres et des photographes,dont son épouse, Josiane Suel. Nombre de ses textes sont parus enrevues, notamment dans La Poire d'angoisse, L'invention de la Picardie,Le Jardin Ouvrier, Java, Action Poétique, Doc(k)s, Poézi Prolétèr, Le Jardin Ouvrier, Le Corridor Bleu, Ouste, etc.

Blogs du poëte : http://luciensuel.blogspot.fr/ http://www.academie23.blogspot.fr/http://anoir-eblanc.blogspot.fr/ http://photoromans.blogspot.fr/

Publications récentes

Canal Mémoire, Hazebrouck, Marais du Livre, 2004Un trou dans le monde, Nérac, Éditions Pierre Mainard, 2006Transport visage découvert, Limoges, Dernier Télégramme, 2006Poèmes express, Dugort, Achill Island, County Mayo, Ireland, Redfoxpress, 2007Poussière (avec Josiane Suel, photographe), Toulouse, Publie-net, 2008Coupe carotte (essai), Toulouse, Publie-net, 2008Nous ne sommes pas morts (avec la plasticienne Hélène Leflaive), Limoges, Dernier Télégramme, 2008Patismit, Livre CD, Limoges, Dernier Télégramme, 2008Photoromans (avec Patrick Devresse, photographe), Bruxelles, Michel Husson éditeur, 2008Mort d’un jardinier, Paris, La Table Ronde, 2008 ; Paris, Folio Gallimard, 2010La patience de Mauricette, Paris, La Table Ronde, 2009,Paris, Folio Gallimard, 2011

Les versets de la bière (journal 1986-2006), Limoges, Dernier Télégramme, 2010D’azur et d’acier, Lille, La Contre allée, 2010Traduction du Livre des esquisses de Jack Kerouac, Paris, La Table Ronde, 2010 « Jules-Alexis Muenier, la retraite de l'aumônier», Tourcoing, Ëd. Invenit, 2011Théorie des orages, Toulouse, Publie.net, 2011Blanche étincelle, Paris, La Table Ronde, 2012Petite Ourse de la Pauvreté, Limoges, Dernier Télégramme, 2012L’Avis des veaux, Mouscron, L’Âne qui butine, 2013Flacons, flasques, fioles… Mugron, Ëditions Louise Bottu, 2013Le lapin mystique, Lille, La Contre allée, 2014Je suis debout, Paris, La Table Ronde, 2014Les aventures de la limace à tête de chat, Vimi, Téètras Magic, 2014Poèmes à dessiner et à colorier, Tinqueux, Centre de création pour l'enfance,Ëditions Copirate, 2015

Catalogue complet des publications de la Station Underground d'Émerveillement Littéraire : http://www.le-terrier.net/suel.htm

école supérieure d’arts & médias de Caen/CherbourgUN[ée\COLED'ART

Comité de rédaction : Painterman(http://www.laurentmarissal.net/)jcaj (http://criticavitjkj.blogspot.fr/)

Tous droits réservés (textes & images)

"Le s ens trop préci s ratu reTa vague l i ttératu re"

Stéphane Ma l l a rmé

JOURNAL, AUXpar Alexandre Rolla,

coordinateur du festival Poésie et arts plastiques

Á l’occasion de la 17e édition du Printemps des Poètes, l’Ècole supé-rieure d’arts & médias de Caen/Cherbourg présente le festival Poésie& arts plastiques. Il se déroule à Cherbourg les 12, 13 et 14 mars 2015.

Dans le cadre de l’option « Art » de l’école (mention Formes/Lan-gages), la seconde édition du festival veut « écrire » les contours d’uneréflexion nouvelle entre poétique et plastique, ceux d’une dynamiqueoriginale au carrefour de l’art, de la poésie et des lieux.

Le journal, avant d’être une forme écrite et/ou imagée, est une certainerelation au temps, marquée par la reprise, la répétition, la régularitéd’une pratique quotidienne. Ce thème sera donc l’occasion d’interrogerle développement de l’art « au jour le jour », avec des œuvres et édi-tions des poètes Henri Chopin et Bernard Heidsieck, des œuvres do-cumentaires du journaliste et photographe Alain Dister, de l’artiste

Stephan Girard, des propositions plastiques de Léonie Bruxer, des ex-traits de journaux intimes, tel celui de l’auteur de théâtre Jean-LucLagarce ou encore du cinéaste Jonas Mekas.

Des lectures de Virginie Gautier et de Lucien Suel viennent enrichirce corpus artistique auquel se confronte le travail de 11 étudiants del’ESCAM2 qui questionnent chaque jour les moyens de la productiondes images, des objets, des textes ou des paroles.

Parallèlement à l’exposition de Cherbourg, Le MURSAINTMARTINaffiche au 180, rue Saint-Martin à Paris IIIe, le poëme express # 00533de Lucien Suel [publié dans BoXon, n° 15 (2004) puis dans l’anthologieCalligrammes & compagnie & cætera, publiée par les éditions Al Danteà Marseille en 2010\

Le MsM remercie très chaleureusement Lucien Suel, Alexandre Rolla & GillesCabut pour leur exceptionnelle sollicitude. Merci également à l’Ëcole supérieured’arts et médias de Caen-Cherbourg (ESAMC2). Remerciements à Hubert pourson soutien sans faille.

Centre d'art mobile (Besançon)