JE CROIS EN DIEU PERE CREATEUR I - EgliseJura.com
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RĂ©collection MCR Jura 11 mars 2020 Damparis / 12 mars 2020 ChĂątel
JE CROIS EN DIEU PERE CREATEUR I
Chaque dimanche il nous est donnĂ© (car câest bien un cadeau !) de commencer ensemble lâexpression de notre foi Ă travers un « Symbole » offert par la toute primitive Eglise, gĂ©nĂ©ralement le Symbole des apĂŽtres, de temps en temps le Symbole de NicĂ©e-Constantinople (en latin, nous lâappelons le « Credo III » !). Ce dernier est appelĂ© Symbole de NicĂ©e-Constantinople car il a Ă©tĂ© fixĂ© en deux conciles du 4° siĂšcle, celui de NicĂ©e en 325 et celui de Constantinople en 381 (un demi-siĂšcle avant lâarrivĂ©e de Romain et Lupicin Ă ce qui deviendra St-Claude !). Le Symbole des apĂŽtres est encore plus ancien. Il nâa pas Ă©tĂ© rĂ©digĂ© par les apĂŽtres, mais il est pratiquement sĂ»r quâil Ă©tait dĂ©jĂ le Symbole de foi de lâEglise de Rome au 2° siĂšcle et en usage dans les premiĂšres communautĂ©s chrĂ©tiennes du sud de la Gaule. Le dire aujourdâhui est donc « symbolique » de notre foi chrĂ©tienne. Nous nous rattachons ainsi Ă la foi apostolique, la foi des apĂŽtres. Nous nous sentons liĂ©s Ă tous ceux qui depuis 20 siĂšcles ont dit ces mĂȘmes mots en grec, en latin, en français, en allemand, en wolof, en russe, en japonais, etc. St Augustin et Ste ThĂ©rĂšse de lâEnfant JĂ©sus, St François dâAssise et le curĂ© dâArs, St Romain, St Lupicin, St Lothain, comme Clovis le jour de son baptĂȘme ont dit ces mots-lĂ . Aujourdâhui encore toutes les grandes Eglises (catholiques, orthodoxes, protestantes, anglicanes..) expriment ainsi leur foi, et cela quels que soient leurs rites (armĂ©nien, syro-malabar, maronite, copte, melkite, romain etcâŠ). Le poids des mots !!! Aujourdâhui en une journĂ©e de rĂ©collection, nous prendrons le temps de mĂ©diter les premiers mots de ce Symbole des apĂŽtres : Je crois en Dieu le PĂšre tout puissant CrĂ©ateur. MĂ©diter ces quelques mots, câest rejoindre notre thĂšme dâannĂ©e en Ă©quipe MCR en redĂ©couvrant prĂ©cisĂ©ment Ă travers ces deux mots de PĂšre et de CrĂ©ateur la source de cette vie que nous sommes prĂ©cisĂ©ment invitĂ©s Ă choisir. Cela nous permettra peut-ĂȘtre de donner du poids Ă nos petites et grandes actions dans la ligne de lâencyclique du pape François sur lâĂ©cologie (ou plutĂŽt sur la sauvegarde de la maison commune)
appelĂ©e Laudato siâ. En prenant davantage conscience du visage de Dieu crĂ©ateur offrant Ă lâhomme toute sa crĂ©ation, nous pourrons davantage la contempler et moins lâabimer. Cela aura peut-ĂȘtre aussi un autre avantage, câest de nous familiariser encore un peu plus avec cet Ancien Testament, qui (par exemple avec Amos ou Jonas !), nous pose quelques difficultĂ©s dans nos rencontres dâĂ©quipeâŠ
RĂ©flexion personnelle : Quâest-ce que je comprends quand je dis « je crois en Dieu PĂšre CrĂ©ateur » ? Par quels autres mots je dirais la mĂȘme chose ? Est-ce que ces mots mâaident Ă vivre ou non ?
1. JE CROIS
Je crois : Tels sont les deux premiers mots de ces Symboles que du coup nous appelons les « credo », ce mot latin qui veut dire « Je crois ». Câest un verbe conjuguĂ© ici au prĂ©sent et Ă la premiĂšre personne du singulier par lequel jâexprime extĂ©rieurement ce quâaujourdâhui je pense intĂ©rieurement. Sâil est Ă la premiĂšre personne du singulier et non du pluriel, câest Ă cause de son origine baptismale. Lors des baptĂȘmes (dâadultes Ă lâĂ©poque) il Ă©tait demandĂ© au catĂ©chumĂšne descendant dans la cuve dâeau Crois-tu ? Il Ă©tait ainsi appelĂ© Ă dire librement et publiquement le choix quâil venait de faire, celui de vivre comme croyant. En disant Je crois il rejoignait librement la communautĂ© des croyants. Chaque dimanche, il nous est ainsi offert dâactualiser publiquement notre baptĂȘme avec ceux qui actualisent aussi le leur et former ainsi une communautĂ© de foi⊠Mais que mettre sous ce mot « foi » ? Pour la plupart dâentre nous marquĂ©s Ă jamais par le catĂ©chisme de notre enfance, nous rĂ©pondons tout naturellement : « Mon Dieu, je crois fermement toutes les vĂ©ritĂ©s que vous avez rĂ©vĂ©lĂ©es et que vous nous enseignez par votre Eglise, parce que vous ne pouvez ni vous tromper ni nous tromper » (CatĂ©chisme du diocĂšse de Saint-Claude publiĂ© par Mgr Rambert-IrĂ©nĂ©e Faure en 1940, 39° leçon, question 347). Croire signifie encore bien spontanĂ©ment pour nous adhĂ©rer Ă des vĂ©ritĂ©s. Dire « je crois en Dieu » et dire « je crois que Dieu existe » est Ă peu prĂšs Ă©quivalent. Pourtant, nous savons bien que ce nâest pas du tout la mĂȘme chose de dire Ă son mari ou Ă sa femme « je crois que tu existes » ou « je crois en toi ». Dire « je crois que » ou « je
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crois les vĂ©ritĂ©s » câest croire des choses, câest savoir des choses et les accepter comme telles (« Je crois que je vieillis », « je crois que les amĂ©ricains ont posĂ© le pied sur la lune », « je crois que JĂ©sus est prĂ©sent dans lâEucharistie »). Or, notre Credo du dimanche ne nous fait pas dire «je crois que Dieu est ceci ou cela, quâil a fait ceci ou cela », mais « je crois en Dieu, » autrement dit « je lui donne ma confiance, je lui fais confiance, je me donne Ă lui ! ». La foi chrĂ©tienne est dâabord et avant tout une attitude intĂ©rieure envers quelquâun dâautre que moi. Lâacte de foi du catĂ©chisme du diocĂšse de Saint-Claude le disait quand mĂȘme un peu Ă sa maniĂšre quand il nous faisait dire Ă Dieu quâil ne pouvait ni (se) tromper ni nous tromper. Le fondement de la foi est bien le visage de Dieu en qui il est possible de faire confiance, lui le Tout-puissant qui ne peut pas (!) ni (se) tromper ni nous tromper ! La foi est un acte libre envers Quelquâun en qui on a confiance. La foi/confiance fait entrer librement en relation alors que « croire que » ou « croire ceci ou cela » emmĂšne notre esprit vers des doctrines Ă encaisser et donc, le cas Ă©chĂ©ant Ă dĂ©fendre (cf les guerres de religion entre catholiques et protestants). Tout cela nâest pas Ă©tranger Ă notre thĂšme dâannĂ©e choisis donc la vie. Il sâagit bien dâun « choix » Ă faire, et donc dâun acte profondĂ©ment libre. Choisir la vie va avec choisir la confiance ! Lâenfant qui naĂźt nâa pas dâautre choix, sâil veut vivre, que de faire confiance totalement. Ensuite la vie se dĂ©veloppe avec en soi souvent cette perpĂ©tuelle tension entre la logique de notre raison fondĂ©e sur des expĂ©riences de vie, des ressentis, etc⊠et le consentement Ă faire confiance en ceux qui nous disent avoir fait dâautres expĂ©riences, dâautres ressentis. Cette perpĂ©tuelle tension est celle de Thomas refusant de faire confiance en la parole de ses collĂšgues et amis et donc en Christ ressuscitĂ© : Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son cĂŽtĂ©, non, je ne croirai pas ! (Jn 20, 25). Câest celle que Gn 3 nous prĂ©sente comme Ă©tant la tentation perpĂ©tuelle de lâhumanitĂ©. A travers le visage dâEve (liĂ©e Ă Adam) appelĂ©e la mĂšre des vivants, regardons ce que nous sommes quand il nous faut choisir entre la vie et la mort, entre la confiance en la parole de Dieu et la logique du serpent devant un fruit appĂ©tissant.
Le serpent Ă©tait le plus rusĂ© de tous les animaux des champs que le Seigneur Dieu avait faits. Il dit Ă la femme : « Alors, Dieu vous a vraiment dit : âVous ne mangerez dâaucun arbre du jardinâ ? » La femme rĂ©pondit au serpent : « Nous mangeons les fruits des arbres du jardin. Mais, pour le fruit de lâarbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : âVous nâen mangerez pas, vous nây toucherez pas, sinon vous mourrez.â ». Le serpent dit Ă la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour oĂč vous en mangerez, vos yeux sâouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » (Gn 3, 1-5).
Dieu a trop bien fait les choses. CâĂ©tait ce qui pouvait ĂȘtre le plus astucieux et rusĂ© de la crĂ©ation : laisser Ă lâhomme la libertĂ© de choisir la vie, mais ça pouvait se retourner contre lui ! CâĂ©tait donc aussi lui laisser la libertĂ© de choisir la mort, de refuser dâĂȘtre libre ! Aussi sournoisement quâun serpent se faufile dans un jardin, la parole que Dieu avait dite Ă lâhumanitĂ© peut trĂšs vite ĂȘtre dĂ©tournĂ©e de son sens originel. Rappelons-nous Dieu plaçant lâhumanitĂ© dans le jardin :
Le Seigneur Dieu prit lâhomme et le conduisit dans le jardin dâĂden pour quâil le travaille et le garde. Le Seigneur Dieu donna Ă lâhomme cet ordre : « Tu peux manger les fruits de tous les arbres du jardin ; mais lâarbre de la connaissance du bien et du mal, tu nâen mangeras pas ; car, le jour oĂč tu en mangeras, tu mourras. » (Gn 2, 15-17).
Dieu avait bien dâabord dit Tu peux manger de tout⊠Je te donne tout⊠et il avait mĂȘme rajoutĂ© un dernier don, une parole de confiance, une parole « inter / dite » (« dite /entre » personnes en confiance !) : Ne mange de lâarbre de la connaissance du bien et du mal⊠câest-Ă -dire tu as tout sous ta main comme un don, mais nâoublie pas que justement câest un don. Si dans ta libertĂ©, tu te mets uniquement par toi-mĂȘme Ă dĂ©cider de ce qui est bon et de ce qui est mal en prenant pour toi ce qui tâest donnĂ©, tu mourrasâŠ. Je te donne tout, mais ne te prends pas pour le tout, ne te prends pas pour un dieu sans limite et sans rĂ©fĂ©rence, sinon ta vie humaine est foutue. Oui, mais la tentation est tellement forte, quand tout nous est donnĂ©, dâoublier que câest un don. Elle sâinsinue sournoisement : Alors, Dieu vous a vraiment dit : âVous ne mangerez dâaucun arbre
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du jardin ? â. VoilĂ la tentation : faire porter sur tous les arbres, lâinterdiction qui ne concerne quâun seul, prĂ©senter Dieu comme un Seigneur avec des interdits empĂȘchant finalement lâhumain de se nourrir et donc de vivre, ne plus prĂ©senter lâinterdit comme un don mettant en Ćuvre la libertĂ© mais comme au contraire ce qui la brime ! La femme sâaperçoit bien que ce nâest pas tout Ă fait cela que Dieu a dit. Mais en voulant rectifier la parole du serpent, elle rectifie aussi mine de rien la parole de Dieu. LĂ oĂč Dieu avait dit Tu peux manger des fruits de tous les arbres, chez Eve cela devient : nous mangeons les fruits des arbres du jardin. Lâaccent nâest plus du tout mis sur le don immense fait par Dieu, mais sur la maniĂšre dont, avec Adam, ils sont devenus consommateurs. Quant Ă lâarbre interdit, Eve se met Ă Ă©voquer lâarbre qui est au milieu du jardin alors que ce nâĂ©tait pas de cet arbre dont parlait Dieu. Au contraire, lâarbre placĂ© au milieu du jardin Ă©tait lâarbre de vie, comme pour signifier que tout, dans ce jardin, tourne autour de la vie. Lâarbre de vie dans le plan de Dieu, Ă©tait lâaxe originel du jardin. En confondant lâarbre de la connaissance du bien et du mal avec lâarbre de vie, Eve ne se rend pas compte quâelle est en train de dĂ©saxer le monde et quâelle crĂ©e une immense confusion. Alors que tout Ă©tait prĂ©vu pour tourner autour de la vie, voilĂ que ce qui semble important, câest la connaissance (donc le savoir, la science), et la connaissance du bien et du mal (et donc la morale). En confondant les deux arbres, Eve fait porter sur lâarbre de vie lâinterdit qui Ă©tait sur lâarbre de la connaissance du bien et du mal. Du coup au lieu dâĂȘtre celui qui fondamentalement donne tout, Dieu apparaĂźt comme celui qui empĂȘche de vivre. Eve en rajoute dâailleurs une couche dans la prĂ©sentation dâun tel Dieu donnant des ordres restrictifs. Quand Dieu avait dit de ne pas manger, Eve rajoute de ne pas y toucher. Quand Dieu nâest plus considĂ©rĂ© comme quelquâun qui veut dâabord la vie, automatiquement, on rĂ©invente des commandements, supplĂ©mentaires : Dans lâEglise, le prenez et mangez-en tous, est devenu si vite : ĂȘtre Ă jeun depuis minuit, ne pas toucher lâhostie avec ses dents, communier sur la langue, avoir des hosties blanches ressemblant le moins possible Ă du pain, pas touche pour les divorcĂ©s remariĂ©s, etc⊠le tout enfermĂ© dans des rĂšgles liturgiques ! Comment se souvenir quâil sâagit alors du pain de⊠vie !!!! MĂȘme si ça passe par lĂ , choisir la vie ce nâest pas dâabord choisir des rĂšgles de vie. Vous connaissez peut-ĂȘtre la phrase cĂ©lĂšbre de Jean Giraudoux dans Amphitrion 38 :
« les femmes fidĂšles sont toutes les mĂȘmes. Elles ne pensent quâĂ leur fidĂ©litĂ© et jamais Ă leur mari ». On pourrait transposer : « les hommes religieux sont tous les mĂȘmes. Ils ne pensent quâĂ leur religion et jamais Ă leur Dieu » ! Quand sâĂ©tablit la confusion entre religion et Dieu, entre rĂšgles de vie et vie, le serpent a la route toute ouverte pour inviter Ă la mĂ©fiance insinuĂ©e par la parole initiale de Dieu dont on ne garde plus quâune vague idĂ©e. Dieu est vite pris en flagrant dĂ©lit de mensonge : Mais non, vous ne mourrez pas, au contraire vous vivrez davantage⊠et comme des dieux. Mais non, il nây a pas de rĂ©chauffement climatique. Non, il nây a pas de problĂšmes Ă©cologiques. Profitez de tout. Beaucoup de ceux qui dĂ©tiennent plus de ressources et de pouvoir Ă©conomique ou politique semblent surtout sâĂ©vertuer Ă masquer les problĂšmes ou Ă occulter les symptĂŽmes, en essayant seulement de rĂ©duire certains impacts nĂ©gatifs du changement climatique (Laudato siâ § 26). La croissance, la croissance, la croissance : VoilĂ pourquoi lâĂȘtre humain et les choses ont cessĂ© de se tendre amicalement la main pour entrer en opposition. De lĂ , on en vient facilement Ă lâidĂ©e dâune croissance infinie ou illimitĂ©e, qui a enthousiasmĂ© beaucoup dâĂ©conomistes, de financiers et de technologues. Cela suppose le mensonge de la disponibilitĂ© infinie des biens de la planĂšte, qui conduit Ă la âpresser â jusquâaux limites et mĂȘme au-delĂ des limites. Câest le faux prĂ©supposĂ© « quâil existe une quantitĂ© illimitĂ©e dâĂ©nergie et de ressources Ă utiliser, que leur rĂ©gĂ©nĂ©ration est possible dans lâimmĂ©diat et que les effets nĂ©gatifs des manipulations de lâordre naturel peuvent ĂȘtre facilement absorbĂ©s (Laudato siâ § 106). Ce qui devait arriver arriva. La femme sâaperçut que le fruit de lâarbre devait ĂȘtre savoureux, quâil Ă©tait agrĂ©able Ă regarder et quâil Ă©tait dĂ©sirable, cet arbre, puisquâil donnait lâintelligence. Elle prit de son fruit, et en mangea. Elle en donna aussi Ă son mari, et il en mangea. Alors leurs yeux Ă tous deux sâouvrirent et ils se rendirent compte quâils Ă©taient nus. Ils attachĂšrent les unes aux autres des feuilles de figuier, et ils sâen firent des pagnes (Gn 3, 6-7). Au lieu de recevoir la terre comme un don, lâhumanitĂ© la prend pour elle et se la partage ! Ils se voulaient dieux. Ils sâaperçoivent quâils ne sont que des humains, fragiles, nus. Un virus sorti dâun marchĂ© chinois suffit dĂ©sormais pour faire peur au monde entier. Heureusement quâil peut y avoir encore quelques feuilles de figuier pour se faire des pagnes. Se faire une ceinture de feuilles de figuier (le figuier dans la vigne Ă©tant le symbole
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du peuple dâIsraĂ«l vivant sous la Loi), ce nâest pas se faire un cache-sexe, câest vivre ensemble sous et avec des lois⊠et donc cadrer la libertĂ©. Câest ce que les hommes ne cessent de faire pour se protĂ©ger dĂšs que quelque chose ne va pas. Faire des lois est devenu nĂ©cessaire, mais si câest pour passer sa vie au tribunal⊠Lâhomme va de fait accuser la femme (et donc Dieu qui lâa mise prĂšs de lui !). La femme va accuser le serpent (et donc le cĂŽtĂ© astucieux avec lequel Dieu avait voulu la crĂ©ation). Lâharmonie entre le CrĂ©ateur, lâhumanitĂ© et lâensemble de la crĂ©ation a Ă©tĂ© dĂ©truite par le fait dâavoir prĂ©tendu prendre la place de Dieu, en refusant de nous reconnaĂźtre comme des crĂ©atures limitĂ©es. Ce fait a dĂ©naturĂ© aussi la mission de « soumettre » la terre (cf. Gn 1, 28), de « la cultiver et la garder» (Gn 2, 15). Comme rĂ©sultat, la relation, harmonieuse Ă lâorigine entre lâĂȘtre humain et la nature, est devenue conflictuelle (cf. Gn 3, 17-19). (Laudato siâ § 66).
Alors dans ce monde tel quâil est, avec un tel climat de relations, avec lâhomme tel quâil est, pouvons-nous chrĂ©tiens oser dire encore je crois en Dieu. Dieu est-il vraiment quand mĂȘme crĂ©dible ? Dans une sociĂ©tĂ© oĂč la mĂ©fiance est tellement omniprĂ©sente (il y a de moins en moins de personnes qui, comme dans les villages de notre enfance sâen vont de chez elles en mettant la clĂ© derriĂšre le pot de la fleur de la fenĂȘtre), il ne sâagit quand mĂȘme pas de tomber dans de la crĂ©dulitĂ© non raisonnĂ©e ou dans un fidĂ©isme attentiste et bĂ©at. Celui en qui nous mettons notre foi est-il crĂ©dible ? Oui ou non ?
Est-ce je crois que Dieu est⊠crédible ? Pourquoi oui ? Pourquoi non ?)
2. JE CROIS EN DIEU LE PERE
Dieu est-il crĂ©dible ? Non, sâil nâest pas quelquâun ! Dieu ne peut ĂȘtre crĂ©dible que sâil est quelquâun et non des forces obscures, des Ă©nergies, une puissance dont il faut se mĂ©fier ou quâil faut mettre de son cĂŽtĂ©. En plus, nous sommes dans un monde oĂč nous sommes devenus de plus en plus des « mĂ©fiants ». Les institutions (le monde politique, les syndicats, lâEglise, les mĂ©diasâŠ) apparaissent comme de moins en moins crĂ©dibles. Comment avoir confiance en des rĂ©pondeurs tĂ©lĂ©phoniques qui nous rĂ©pondent « faites le 3, faites le 8, appuyez sur la touche Ă©toile ! ». Aller au CrĂ©dit Agricole (CrĂ©dit = confiance !!!) Ă Clairvaux, câest depuis
quelques semaines se trouver non plus face Ă une personne qui accueille, mais devant un Ă©cran demandant quelle est notre demande ! Comment faire crĂ©dit Ă une machine qui pourtant est⊠« fiable », techniquement parlant ? Beaucoup ne « croient » plus en lâEurope ou aux bienfaits de la mondialisation parce quâils ont lâimpression de nâavoir Ă faire quâĂ des appareils Ă©conomiques, techniques ou Ă des partis politiques et non plus Ă des personnes (ce qui nâest pas forcĂ©ment le cas du maire qui est connu personnellement). Beaucoup se sont Ă©loignĂ©s de la foi chrĂ©tienne pour des raisons identiques : Quand lâEglise nâest plus localement reprĂ©sentĂ©e par des personnes connues, elle devient une institution connue par la tĂ©lĂ© et dont on se mĂ©fie Ă cause de son passĂ© ou de ses scandales dâaujourdâhui. A-t-elle dâailleurs encore quelque chose Ă voir avec un Dieu que juifs, musulmans, chrĂ©tiens rĂ©clament chacun de leur cĂŽtĂ© et dont notre monde sĂ©cularisĂ© ne voit plus et nâentend plus la prĂ©sence (sinon dans les « allah akbar » des attentats) ? Alors Dieu, aujourdâhui, est-il crĂ©dible ? En tout cas, câest ce que toute la Bible ne cesse de nous montrer : Dieu est crĂ©dible parce quâil est croyant, et mĂȘme croyant et pratiquant. Il ne cesse de croire en lâhomme et dâĆuvrer pour lui, mĂȘme si⊠La foi est un don de Dieu, non pas comme un chĂšque donnĂ© au denier du culte, mais comme lâamour est un don de nos parents ! Câest en voyant Dieu croire que nous recevons la foi. La Bible ne cesse de nous faire faire lâexpĂ©rience dâun Dieu qui croit en lâhumanitĂ©, et donc en nous ! Continuons Gn 3 pour voir lâattitude de Dieu devant la mĂ©fiance dâAdam et Eve Ă son Ă©gard qui, bien entendu, se cachent quand ils lâentendent venir dans le jardin !
Ils entendirent la voix du Seigneur Dieu qui se promenait dans le jardin Ă la brise du jour. Lâhomme et sa femme allĂšrent se cacher aux regards du Seigneur Dieu parmi les arbres du jardin. Le Seigneur Dieu appela lâhomme et lui dit : « OĂč es-tu donc ? » Il rĂ©pondit : « Jâai entendu ta voix dans le jardin, jâai pris peur parce que je suis nu, et je me suis cachĂ©. » Le Seigneur reprit : « Qui donc tâa dit que tu Ă©tais nu ? Aurais-tu mangĂ© de lâarbre dont je tâavais interdit de manger ? » Lâhomme rĂ©pondit : « La femme que tu mâas donnĂ©e, câest elle qui mâa donnĂ© du fruit de lâarbre, et jâen ai mangĂ©. » Le Seigneur Dieu dit Ă la femme : « Quâas-tu fait lĂ ? » La femme rĂ©pondit : « Le serpent mâa trompĂ©e, et jâai mangĂ©. » Alors le
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Seigneur Dieu dit au serpent : « Parce que tu as fait cela, tu seras maudit parmi tous les animaux et toutes les bĂȘtes des champs. Tu ramperas sur le ventre et tu mangeras de la poussiĂšre tous les jours de ta vie. Je mettrai une hostilitĂ© entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci te meurtrira la tĂȘte, et toi, tu lui meurtriras le talon. » Le Seigneur Dieu dit ensuite Ă la femme : « Je multiplierai la peine de tes grossesses ; câest dans la peine que tu enfanteras des fils. Ton dĂ©sir te portera vers ton mari, et celui-ci dominera sur toi. » Il dit enfin Ă lâhomme : « Parce que tu as Ă©coutĂ© la voix de ta femme, et que tu as mangĂ© le fruit de lâarbre que je tâavais interdit de manger : maudit soit le sol Ă cause de toi ! Câest dans la peine que tu en tireras ta nourriture, tous les jours de ta vie. De lui-mĂȘme, il te donnera Ă©pines et chardons, mais tu auras ta nourriture en cultivant les champs. Câest Ă la sueur de ton visage que tu gagneras ton pain, jusquâĂ ce que tu retournes Ă la terre dont tu proviens ; car tu es poussiĂšre, et Ă la poussiĂšre tu retourneras. » Lâhomme appela sa femme Ăve (câest-Ă -dire : la vivante), parce quâelle fut la mĂšre de tous les vivants. Le Seigneur Dieu fit Ă lâhomme et Ă sa femme des tuniques de peau et les en revĂȘtit. Puis le Seigneur Dieu dĂ©clara : « VoilĂ que lâhomme est devenu comme lâun de nous par la connaissance du bien et du mal ! Maintenant, ne permettons pas quâil avance la main, quâil cueille aussi le fruit de lâarbre de vie, quâil en mange et vive Ă©ternellement ! » Alors le Seigneur Dieu le renvoya du jardin dâĂden, pour quâil travaille la terre dâoĂč il avait Ă©tĂ© tirĂ©. Il expulsa lâhomme, et il posta, Ă lâorient du jardin dâĂden, les KĂ©roubim, armĂ©s dâun glaive fulgurant, pour garder lâaccĂšs de lâarbre de vie.
Que fait Dieu ? Il continue de faire entendre sa voix, non dans une tempĂȘte ou un ouragan, mais Ă la brise du jour tout doucement. Il cherche lâhomme qui nâest plus tout Ă fait lâhumain tel quâil avait pensĂ© le mettre au monde mais il le considĂšre toujours comme quelquâun puisquâil sâadresse directement Ă lui en lui disant : OĂč es-tu ? (au lieu de se dire Ă lui-mĂȘme « mais oĂč il est cet abruti ? »). Il permet ainsi Ă lâhomme de prendre la parole et dire « je » (jâai entenduâŠ). Dieu apparaĂźt mĂȘme comme Ă la limite de lâincroyance : Aurais-tu mangĂ© de lâarbre dont je tâavais interdit de manger ? autrement dit « Ne
me dis pas que tu as mangĂ© de lâarbre ? ». Câest Dieu qui souffre du manque de confiance de lâhomme, et des constats quâil fait (constats et non punitions !) et quâil va partager, invitant Ă constater les dĂ©gĂąts causĂ©s par la mĂ©fiance : Le serpent, la bĂȘte la plus astucieuse de la crĂ©ation, en est rĂ©duite Ă bouffer la poussiĂšre, autrement dit lâastucieuse libertĂ© de lâhomme faite pour choisir la vie se traine misĂ©rablement sous une humanitĂ© qui aura toujours du mal avec elle. La femme est touchĂ©e dans la spĂ©cificitĂ© mĂȘme de sa fĂ©minitĂ©. Elle ne restera pas stĂ©rile, au contraire, elle continuera Ă mettre la vie au monde, mais donner la vie ne se fera pas sans douleur. La relation homme-femme continuera dâexister, mais ce ne sera pas simple. Dans sa vocation de cultiver le sol, lâhomme est touchĂ© aussi. Le sol produira des Ă©pines et des chardons (quâil essaiera plus tard de traiter Ă coup de glyphosate), mais ce sol redeviendra un jour son lieu de repos, mettant fin ainsi Ă cette situation difficile. Oui, il sâagit bien de la mort en ce verset 19, mais de la mort comme la fin dâune vie douloureuse et surtout de la mort comme un retour Ă la glaise, cette glaise que Dieu a pĂ©trie (Gn 2, 7), et peut donc encore pĂ©trir et lui donner encore le souffle de vie (cf Gn 2, 7). Ces versets, lus comme un constat et non comme une punition, nous permettent de mesurer la confiance de Dieu qui ne dit pas Ă lâhomme ce qui parfois se disait autrefois « Bien fait, na ! Dieu tâa puni ! », mais « Mal fait, oui, mais je suis lĂ pour te guĂ©rir ! ». Les versets qui terminent ce chapitre expriment en effet le soin de Dieu pour que puissent vivre au mieux Adam et Eve. Adam a compris ce projet de Dieu. Il a tellement repris confiance quâil rĂ©tablit une relation forte, faite de confiance, entre lui et la femme. Il lâappelle Eve, câest-Ă -dire la vivante, celle qui donnera la vie Ă tous les vivants !!! Ils se voient tous les deux ĂȘtre revĂȘtus, et par Dieu lui-mĂȘme dâune tunique de peau, de peau humaine Ă©videmment. Ils sâentendent envoyer (et non « renvoyer» comme disent beaucoup de traductions !) au cĆur du monde, de la mĂȘme maniĂšre quâAbraham entendra, du mĂȘme Dieu, « va⊠quitte ton pays⊠», que MoĂŻse et son peuple entendront eux aussi «Va⊠Quitte lâEgypte⊠». Comme un pĂšre envoie ses enfants vivre leurs vies de leurs propres ailes, leur demandant dâaller de lâavant dans la confiance (sans vouloir hercher Ă retourner sans cesse au sein maternel, aux oignons dâEgypte, sans passer sa vie Ă regretter « le bon vieux temps » dâun quelconque
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paradis perduâŠ). MĂȘme si le mot nâapparaĂźt pas ici, Dieu apparaĂźt comme ce Dieu confiant en ceux quâil envoie, une confiance quâil accompagner dĂ©sormais par des « messages » (en grec : des « anges », ici les chĂ©rubins et la flamme du glaive fulgurant) . Ces chĂ©rubins montreront Ă lâhumain que le chemin de lâarbre de vie est bien gardĂ© (non comme des CRS « gardent » un site sensible, mais comme des paroles peuvent servir de garde-fous pour cheminer vers la vie⊠)⊠Dans ce carĂȘme oĂč nous sommes, il peut nous ĂȘtre bon de regarder comment JĂ©sus lui-mĂȘme aussi est passĂ© dans ces mĂȘmes tentations, et comment chĂ©rubins et flamme du glaive fulgurant de la parole de son PĂšre lui a donnĂ© de continuer son chemin de confiance son chemin de vie, pour lui et pour nous !
Alors JĂ©sus fut conduit au dĂ©sert par lâEsprit pour ĂȘtre tentĂ© par le diable. AprĂšs avoir jeĂ»nĂ© quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur sâapprocha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Mais JĂ©sus rĂ©pondit : « Il est Ă©crit : Lâhomme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Alors le diable lâemmĂšne Ă la Ville sainte, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est Ă©crit : Il donnera pour toi des ordres Ă ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » JĂ©sus lui dĂ©clara : « Il est encore Ă©crit : Tu ne mettras pas Ă lâĂ©preuve le Seigneur ton Dieu. » Le diable lâemmĂšne encore sur une trĂšs haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant Ă mes pieds, tu te prosternes devant moi. » Alors, JĂ©sus lui dit : « ArriĂšre, Satan ! car il est Ă©crit : Câest le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, Ă lui seul tu rendras un culte. » Alors le diable le quitte. Et voici que des anges sâapprochĂšrent, et ils le servaient (Mt 4, 1-11)
Il serait facile de passer vite fait sur la premiĂšre phrase. Pourtant ne dit-elle pas un peu la mĂȘme chose que GenĂšse ? Ce qui mĂšne Ă la tentation, ce qui fait apparaĂźtre le serpent/diable, câest cet Esprit de libertĂ© que Dieu a donnĂ© Ă lâhomme : JĂ©sus fut conduit au dĂ©sert par lâEsprit pour ĂȘtre tentĂ© par le diable. LĂ oĂč le serpent laissait
soupçonner que Dieu nâĂ©tait pas si bon que ça, le diable du dĂ©sert demande Ă JĂ©sus, de vĂ©rifier que Dieu est bien un PĂšre : « Si tu es Fils de Dieu », autrement dit « Si Dieu est ton PĂšre ! »⊠JĂ©sus, nouvel Adam, nâa pas Ă©chappĂ© Ă ces tentations venant de la sĂ©duction de dĂ©cider par soi-mĂȘme ce qui est bon pour soi et pour les autres, sans en rĂ©fĂ©rer Ă un amour qui nous prĂ©cĂšde. Chaque fois JĂ©sus sâest repris simplement en disant âIl est Ă©crit... Il est Ă©crit... Il est aussi Ă©crit...â. Le Fils de Dieu lui-mĂȘme ne prĂ©tend pas tracer de lui-mĂȘme la direction de son chemin sans sâappuyer sur un Autre. Chaque fois il sâest soumis Ă une parole autre que la sienne qui lui venait de lâhistoire dâAlliance amoureuse de Dieu et de lâhumanitĂ© condensĂ©e dans lâEcriture ! Et dans lâEcriture, il est bien dit de faire attention :
âą Vous allez tout de suite chercher votre bonheur dans la consommation. Oui, bien sĂ»r⊠mais lâhomme ne vit pas que de pain ! Il vit dâabord dâune parole qui lui dit « je tâaime » et que les « messagers » (en grec « anges ») ne cessent de transmettre. Choisis donc cette vie-lĂ !
âą Vous allez tout-de-suite penser que le bonheur se trouve dans une visibilitĂ© qui Ă©pate la galerie, dans une spiritualitĂ© angĂ©lique qui empĂȘcherait vos pieds de se heurter chaque jour aux cailloux de la route... Oui... Mais le bonheur de vivre se trouve aussi, et dâabord dans la vie simple, vraie, humble... celle qui refuse de tester Dieu sur sa possibilitĂ© de planer au-dessus des rĂ©alitĂ©s, y compris de sauter du haut de la croix pour faire grandir la foi. Sa maniĂšre Ă lui de remplir lâespace et le temps, câest dans la nuĂ©e⊠non dans la visibilitĂ©... non pas de haut en bas, mais de bas en haut, Ă lâascension ! Choisis donc cette vie-lĂ
âą Vous allez tout-de-suite penser que le bien se trouve dans la conquĂȘte du pouvoir, quitte Ă vous mettre Ă genoux devant tout ce qui vous donnerait quelques voix de plus aux prochaines Ă©lections, de faire passer les autres par vos caprices... alors que le bonheur, il est dâabord dans le dĂ©sir de faire de sa vie un service pour que les autres soient plus hommes, pour que tous sachent quâils sont fils⊠et de quel PĂšre.. pour que tous soient frĂšres et que tous votent pour.. la fraternitĂ© tout simplement parce que je crois, ou je crois en toi, Dieu PĂšre⊠Choisis donc cette vie-lĂ !
(PriĂšre personnelle Ă partir de la « priĂšre chrĂ©tienne avec la crĂ©ation » Ă la fin de Laudato siâ, § 184)
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JE CROIS EN DIEU PERE CREATEUR
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3. JE CROIS EN DIEU LE PERE (suite)âŠ. Est-ce que Dieu est crĂ©dible ? Est-ce que Dieu mĂ©rite confiance ? Tout le premier Testament biblique ne cesse de nous dire combien Dieu est crĂ©dible parce quâil est croyant⊠parce quâil a toujours cru que la vie Ă©tait plus forte que la mort et que les vivants, les fils dâEve, pouvaient dĂ©couvrir malgrĂ© tout cette vie dont il vivait Lui ! BranchĂ©e sur ce visage de Dieu, la foi chrĂ©tienne continuera, en lâaffinant encore, de prĂ©senter Dieu comme quelquâun de vivant, quelquâun dâautant plus crĂ©dible que lâhomme qui a certainement Ă©tĂ© le plus homme dans toute lâhistoire de lâhumanitĂ© a toujours dit le secret de sa propre humanitĂ© : « Le PĂšre et moi nous sommes un » (Jn 10,30). Si JĂ©sus a Ă©tĂ© le vrai homme quâil a Ă©tĂ©, nâest-ce pas parce quâil se rĂ©fĂ©rait continuellement Ă quelquâun quâil appelait abba (papa), quelquâun de qui il se disait lâenvoyĂ© (avec donc le poids de confiance qui est mis dans lâenvoyĂ© par celui qui lâenvoie !), quelquâun en qui il avait pleinement confiance, mĂȘme Ă lâapproche de la mort ? MĂ©ditons la foi de JĂ©sus, cette foi totale qui Ă©tait tellement Ă la racine mĂȘme de son existence quâil la manifestait Ă tous ceux quâil rencontrait. Ce qui en lui est mĂȘme incroyable (câest le cas de le dire) câest quâil a continuĂ© Ă croire en ceux qui lâont mis Ă mort parce quâils refusaient de croire en lui, demandant avec confiance Ă son PĂšre le pardon pour ses bourreaux. « Il se livrait parce quâil croyait en ses frĂšres humains de la foi mĂȘme dont il croyait en Dieu son PĂšre » (M. Abdon Santaner, Le ver Ă©tait dans le fruit, 2008, p. 46). La confiance en son PĂšre lui avait appris Ă quel point tous les humains Ă©tant ses enfants sont donc frĂšres et sĆurs les uns des autres! La foi en lâun ne peut aller sans la foi aux autres. « Pour (JĂ©sus), rejeter un seul ĂȘtre humain, mĂȘme le plus dĂ©pravĂ©, aurait Ă©tĂ© de reprocher Ă ce PĂšre de lui avoir donnĂ© cet ĂȘtre humain pour frĂšre ! » (id. p. 56). Dieu est crĂ©dible par JĂ©sus ! Si Dieu est ce PĂšre Ă qui JĂ©sus nâa cessĂ© de faire rĂ©fĂ©rence, lui donnant dâĂȘtre ainsi le plus beau visage de lâhomme dans lâhistoire de lâhumanitĂ©, il est possible de percevoir lâefficacitĂ© humaine inouĂŻe dâune vie animĂ©e par une telle foi. Certes cette efficacitĂ©
nous la percevons un peu Ă travers nos expĂ©riences familiales, amicales, parfois aussi sociales. Nous ne sommes vraiment pleinement humains que lorsque nous sommes en confiance et que nous reconnaissons combien notre vie dĂ©pend des autres, de lâAutre. A lâinverse, quand le soupçon et la mĂ©fiance entrent dans un couple, dans une famille, ou quand nous nous replions sur nous-mĂȘmes, câest notre humain qui est touchĂ© ! Par contre, quand la confiance de JĂ©sus, en son PĂšre et en ses frĂšres, entre dans nos vies dâhomme ou de femme (et quelle confiance !!!), la vie en est transformĂ©e. « La foi chrĂ©tienne, en ses origines, nâest pas une doctrine, un ensemble de vĂ©ritĂ©s Ă croire que rĂ©sumerait un catĂ©chisme. La foi chrĂ©tienne, câest dâabord et avant tout, la foi dont JĂ©sus a cru » (id. p 49). JĂ©sus a cru que sa vie (et que toute vie !) Ă©tait toujours un don Ă recevoir des mains dâun autre avec confiance, mĂȘme et surtout quand la croix se profile Ă lâhorizon : PĂšre, si tu le veux, Ă©loigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volontĂ©, mais la tienne (Lc 22, 42). Cette volontĂ© nous demandons quâelle soit faite dans chaque Notre PĂšre : la volontĂ© dâun Dieu qui, sâil est PĂšre, ne peut pas vouloir autre chose de faire vivre, que de donner la vie. Il est vrai que si nous oublions ce mot de PĂšre, il est impossible de dire que ta volontĂ© soit faite en certaines circonstances dramatiques de nos existences. Mais quelle force si nous percevons que nous nous adressons Ă un « papa » qui ne peut que chercher avec nous comment re/prendre vie, re/susciter la vie, re/choisir la vie quand vient le nĂ©ant, quand le « tohu-bohu » semble remporter la mise ! Mettre, lâaccent, comme et avec JĂ©sus, sur le visage « paternel » de Dieu est le plus grand service que nous ayons Ă offrir Ă lâhumanitĂ©, surtout Ă lâheure oĂč les scientifiques appellent Ă prendre au sĂ©rieux (mais sans beaucoup dâeffets) la dĂ©rive de nos sociĂ©tĂ©s vers lâutilisation immodĂ©rĂ©e de la planĂšte. Il faut bien constater que cet appel des scientifiques et des Greta Gunberg engendrent (surtout dans notre gĂ©nĂ©ration !) une peur qui tĂ©tanise plutĂŽt quâune prise de conscience qui met en route. DĂ©noncer ne met pas forcĂ©ment en route. Par contre la foi chrĂ©tienne (traduite admirablement en ce domaine par Laudato siâ) a une force (que lâon pourrait qualifier dâ âincroyable â si nous oublions le titre de notre journĂ©e de rĂ©collection !). En nous plaçant en effet dans une perspective, non de combat obligatoire, mais dâabord de « maison commune » quâun pĂšre de famille nous a donnĂ© à « sauvegarder », nous pourrons davantage nous
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mettre en route et en chantant » : Nous nous unissons pour prendre en charge cette maison qui nous a Ă©tĂ© confiĂ©e, en sachant que tout ce qui est bon en elle sera assumĂ© dans la fĂȘte cĂ©leste. Ensemble, avec toutes les crĂ©atures, nous marchons sur cette terre en cherchant Dieu, parce que « si le monde a un principe et a Ă©tĂ© crĂ©Ă©, il cherche celui qui lâa crĂ©Ă©, il cherche celui qui lui a donnĂ© un commencement, celui qui est son CrĂ©ateur ». Marchons en chantant ! Que nos luttes et notre prĂ©occupation pour cette planĂšte ne nous enlĂšvent pas la joie de lâespĂ©rance. (L.S. § 244). Nous savons quâavec Dieu, ce qui est impossible Ă lâhomme lui est possible (Mt 19, 26). La foi en Dieu CrĂ©ateur nous oblige aussi Ă faire la sĂ©paration entre lui, CrĂ©ateur, et toute crĂ©ature. A lâĂ©poque oĂč le Dieu des Egyptiens Ă©tait le soleil, oĂč la Lune, les Ă©toiles, les arbres, les animaux, pouvaient si vite ĂȘtre vus comme «dieux » ou « dĂ©esses », la Bible nous rappelle cette fondamentale distinction entre CrĂ©ateur et crĂ©atures. Saint Paul expliquera dans lâĂ©pĂźtre aux romains combien si souvent les hommes ont vĂ©nĂ©rĂ© la crĂ©ation et lui ont rendu un culte plutĂŽt quâĂ son CrĂ©ateur (Rom 1, 25). A notre tour dâexpliquer Ă nos contemporains, que notre foi en Dieu PĂšre, tout puissant crĂ©ateur, ne peut pas aller avec une certaine tendance Ă sacraliser le moindre petit batracien ou la pourtant mignonne mĂ©sange huppĂ©e. Certains discours Ă©cologiques sont de vĂ©ritables proclamations religieuses paĂŻennes. La Nature pour beaucoup est redevenue la dĂ©esse-mĂšre⊠en oubliant quây rĂ©git souvent la loi de la jungle ! Vivre dans lâEsprit de Laudato siâ est tellement plus humain et respecte tellement plus chaque ĂȘtre, avec ses trois objectifs 1) prĂ©server la crĂ©ation, 2) mener le combat pour la justice envers les pauvres et 3)
redĂ©couvrir un chemin intĂ©rieur de paix et de joie. Nous ne pouvons pas avoir une spiritualitĂ© qui oublie le Dieu tout-puissant et crĂ©ateur. Autrement, nous finirions par adorer dâautres pouvoirs du monde, ou bien nous nous prendrions la place du Seigneur au point de prĂ©tendre piĂ©tiner la rĂ©alitĂ© crĂ©Ă©e par lui, sans connaĂźtre de limite. La meilleure maniĂšre de mettre lâĂȘtre humain Ă sa place, et de mettre fin Ă ses prĂ©tentions dâĂȘtre un dominateur absolu de la terre, câest de proposer la figure dâun PĂšre crĂ©ateur et unique maĂźtre du monde, parce quâautrement lâĂȘtre humain aura toujours tendance Ă vouloir imposer Ă la rĂ©alitĂ© ses propres lois et intĂ©rĂȘts. (Laudato siâ § 75).
4. JE CROIS EN DIEU LE PERE, TOUT PUISSANT CREATEURâŠ
Notre Credo dominical prĂ©cise justement cette vision de Dieu PĂšre en le qualifiant par un mot grec : pantocrator (littĂ©ralement « crĂ©ateur de tout »). Pour le traduire, le français nous offre deux mots : tout puissant crĂ©ateur, mais cette maniĂšre de dire comporte un double piĂšge. Le premier est de dire, comme nous le disons chaque dimanche : « Je crois en Dieu le PĂšre tout-puissant / CrĂ©ateur du ciel et de la terre ». Du coup le mot « tout-puissant » est dĂ©tachĂ© du mot CrĂ©ateur. Est-ce vraiment la mĂȘme chose de dire « Je crois en Dieu le PĂšre tout-puissant / CrĂ©ateur du ciel et de la terre » ou de dire (avec la coupure au bon endroit) « Je crois en Dieu le PĂšre / tout-puissant crĂ©ateur du ciel et de la terre » ? Or câest ce que nos ancĂȘtres dans la foi disaient quand ils exprimaient leur foi en « Dieu PĂšre Pantocrator ». Mette la coupure entre « PĂšre » et « Tout-puissant » met tellement plus le mot « PĂšre » en valeur ! Le deuxiĂšme piĂšge, en sĂ©parant aussi facilement le mot « tout-puissant » du mot «crĂ©ateur », câest de laisser entendre lâadjectif « tout-puissant » dans le sens dâun Dieu potentat absolu. En reliant « tout-puissant » à « crĂ©ateur », nous pouvons au contraire tellement mieux sentir lâĂ©tymologie du mot « puissant ». Cette Ă©tymologie a de fait Ă©tĂ© perdue de vue, sauf en ce qui fait son contraire : Quelquâun est qualifiĂ© dâ« impuissant » quand il ne peut donner la vie ! Dire que Dieu est « tout-puissant » nâest ainsi pas un qualificatif de domination, mais un qualificatif dâengendrement. Certes, dans ce sens, cet adjectif va aussi parfaitement avec le mot « PĂšre », mais il donne tellement de poids au premier acte de ce PĂšre : Etre crĂ©ateur de toute vie. Il signifie tellement combien tout vient de la tĂȘte et du cĆur de Dieu pour aller vers la vie⊠combien Dieu, bien avant nous, nâa quâun objectif offrir la vie, servir la vie, choisir la vie ! Notre thĂšme dâannĂ©e MCR, il y a bien longtemps que Dieu en avait fait son thĂšme dâĂ©ternitĂ© (cf âle mot de lâaumĂŽnier â dans le dernier bulletin diocĂ©sain du MCR 39). Il aurait pu choisir ayant la condition de Dieu, de se retenir jalousement sa vie divine pour lui tout seul (Ph. 2, 6). Alors que le PĂšre et son Fils, dans lâEsprit dâamour qui les unit aussi fortement, Ă©taient tout, Ă eux tout seuls, le PĂšre, par son Fils et dans leur Esprit a voulu que de lâautre quâeux existe et puisse vivre ce quâils
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vivaient. Ainsi Dieu a choisi dâĂȘtre crĂ©ateur, et Ă partir de rien⊠ou plutĂŽt Ă partir de rien dâautre que son amour de PĂšre qui choisissait quâil y ait de la vie et encore de la vieâŠ. donnant Ă dâautres vivants de devenir comme lui crĂ©ateurs de vie. Nous connaissons lâinsistance de la premiĂšre page du livre de la GenĂšse pour nous dire combien la volontĂ© du CrĂ©ateur tient Ă ce que toute plante porte sa semence, que tout arbre donne le fruit qui porte sa semence. La premiĂšre parole de Dieu aux animaux est soyez fĂ©conds et multipliez-vous, emplissez les mers et que les oiseaux se multiplient sur la terre. Ce soyez fĂ©conds et multipliez-vous est aussi la premiĂšre parole que Dieu adresse Ă lâhomme et Ă la femme quâil vient de mettre au monde (câest le cas de le dire !) au 6° jour ! Choisir quâil y ait des vivants pleinement vivants au point dâavoir eux-mĂȘmes la « puissance » de donner vie, tel a toujours Ă©tĂ© le projet de Dieu. Sâil nous conseille tout au long de cette annĂ©e, lors de nos rencontres de MCR, de choisir la vie, câest pour que nous soyons bien Ă son image et Ă sa ressemblance, pour que nous aussi nous cherchions par tous les moyens Ă ĂȘtre crĂ©ateurs de vie⊠à faire de notre monde un monde de vivants crĂ©ateurs de vie⊠Et pour que nous le soyons vraiment, il a voulu lui-mĂȘme entrer pleinement dans cette crĂ©ation. Il aurait pu choisir dây entrer de maniĂšre bien angĂ©lique. Il aurait pu choisir (pourquoi pas ?) la vie vĂ©gĂ©tale ou la vie animale (Dieu reprĂ©sentĂ© par un arbre sacrĂ© ou par un veau dâor, dans lâhistoire des religions, ça nâaurait pas dĂ©pareillĂ© !). Il a voulu se faire encore plus Dieu en choisissant de vivre en homme. Le plus grand thĂ©ologien de Carthage au 2° siĂšcle, Tertullien disait dĂ©jĂ combien quand Dieu crĂ©e, il pense Ă son Fils : ReprĂ©sente-toi Dieu tout entier occupĂ© avec de l'argile, consacrĂ© Ă elle tout entier, mains, pensĂ©e, action, rĂ©flexion, sagesse, prĂ©voyance, et surtout, surtout avec cet amour qui lui en inspirait le dessein ! Car tout ce qui Ă©tait exprimĂ© dans cette boue, Ă©tait conçue en rĂ©fĂ©rence au Christ qui serait homme, c'est-Ă -dire aussi boue, et au Verbe qui serait chair, c'est-Ă -dire aussi terre !" (Tertullien, 3° siĂšcle, TraitĂ© sur la rĂ©surrection, VI). Faire confiance en Dieu PĂšre CrĂ©ateur, ce nâest pas le regarder simplement comme le grand horloger qui a lancĂ© le monde au moment du bing-bang, câest le regarder comme celui qui, en toute crĂ©ation, hier, aujourdâhui et demain, pense que tout peut devenir Corps du Christ, deux ou trois rĂ©unis en son nom et Ă©coutant sa parole, un morceau de pain partagĂ© et un peu de
vin versĂ© en mĂ©moire de lui, un migrant le long dâun chemin... Câest lâespĂ©rance que les premiers chrĂ©tiens chantaient dans un cantique que Paul nous a rapportĂ© : BĂ©ni soit Dieu... il nous a choisis dans le Christ avant la fondation du monde... Il nous a fait connaĂźtre le mystĂšre de sa volontĂ© : rĂ©unir lâunivers entier sous un seul chef, le Christ...â (Eph 1, 3-13).
5. CHOISIR LA VIE DANS LâESPRIT DE DIEU PERE TOUT-PUISSANT CREATEUR
Comment ne pas en rester Ă de belles idĂ©es thĂ©ologiques ? Certes, la premiĂšre attitude est de contempler ce visage du Dieu PĂšre. Le trĂšs beau « psaume de la crĂ©ation » nous y aide : Mon Dieu tu es grand, tu es beau, Dieu vivant, Dieu TrĂšs-Haut⊠Tu es le Dieu dâamour⊠Dieu prĂ©sent en toute crĂ©ation. Mais dans un mouvement dâaction catholique comme le MCR, appuyĂ©s sur la priĂšre, nous ne pouvons nous contenter de la popâlouange : Il convient de veiller aussi Ă ne pas se laisser aller Ă trop de rĂ©chauffement climatique interne Ă lâEglise. Ce type de rĂ©chauffement interne, dans un monde qui reste si souvent froid (et parfois complĂštement givrĂ© !) peut nous amener des tempĂȘtes et des inondations difficiles Ă maĂźtriser. Il ne sâagit pas de dire Seigneur, Seigneur ! Encore faut-il prendre le chemin de faire la volontĂ© du PĂšre (cf Mt 7, 21). Ce chemin est dâabord un chemin de confiance. Dire je crois, câest sâengager Ă vivre en confiance autant que faire se peut. Mais vivre en confiance Ă lâheure de la retraite, est-ce si simple quand on perçoit notre monde craquer de tous les bouts⊠et que nous le sentons craquer en nos propres corps. Quand le matin, nous levons les bras, ça fait crac. Quand il nous faut plier les genoux ou tourner le cou ça refait crac. Quand nous sortons de notre siĂšge dâauto aprĂšs une heure dâimmobilitĂ©, ca craque encore. Alors plus on devient vieux, plus on devient⊠craquant (contrairement aux bourgeois de Jacques Brel) ! Mais justement : Au lieu de faire de ces craquements (en nous et dans le monde) des objets de lamentations perpĂ©tuelles dans nos discussions de « tâas mal oĂč ? », pourquoi nâen ferions-nous pas des appels Ă voir le monde lui aussi comme⊠craquant ? Vivre en confiance, câest porter un regard de tendresse sur la rĂ©alitĂ© dâaujourdâhui, sur nos propres craquements et ceux du monde, sur tout ce qui nous oblige bien
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petit Ă petit Ă nous confier Ă dâautres, Ă lâAutre. Toutes ces Ă©volutions, il nous faut les confier (lĂ aussi, câest une histoire de confiance !) Ă plus jeunes que nous. « Laisser la place aux jeunes » nâest pas un acte de dĂ©sertion. Câest un acte de foi⊠mĂȘme et surtout si parfois nous avons lâimpression quâils dĂ©molissent ce que nous avons eu du mal Ă construire. Ce chemin de confiance, et de confiance paternelle, sera un tĂ©moignage de foi, dans lâEsprit avec le PĂšre nous a confiĂ© la crĂ©ation. Laisser la place aux jeunes, câest accepter pleinement ce que nous avons Ă©tĂ© et ce que nous sommes appelĂ©s Ă continuer Ă ĂȘtre. Le monde dâaujourdâhui, nous lâavons engendrĂ©, nous les « boomers », nous qui sommes nĂ©s en plein baby-booum entre la guerre et 1960. Depuis un an, que dâarticles sur le thĂšme « ok boomers ! », expression pĂ©jorative de la gĂ©nĂ©ration dâaujourdâhui vis-Ă -vis de nous (quand nous avions leur Ăąge, nous parlions des « croulants »). Oui, nous avons engendrĂ© ce monde ! Le fait de nous faire porter la responsabilitĂ© des problĂšmes Ă©cologiques, des Ă©glises qui se vident, des retraites qui vont baisser en est le signe ! Oui, ce monde nous en avons Ă©tĂ© les co-crĂ©ateurs, et je crois (câest bien de lâordre de la foi !) que lâEsprit Saint Ă©tait avec nous, et quâil nous a aidĂ©s Ă faire ce que nous avons pu dans les temps qui Ă©taient les nĂŽtres ! Peut-ĂȘtre quâun jour, avec un peu de recul, les jeunes gĂ©nĂ©rations le comprendront. Ils percevront peut-ĂȘtre quâil nous aurait Ă©tĂ© absurde de demander Ă des gens qui Ă lâĂ©poque sortaient de la guerre et des camps de concentration, de devenir vĂ©ganes, ou Ă des gens en recherche profonde dâĂ©galitĂ©, de proximitĂ© et de simplicitĂ© de voir Ă lâĂ©glise ces « messieurs » les curĂ©s dĂ©guisĂ©s en torĂ©ador et parlant latin ! Ne regrettons pas le travail que lâEsprit-Saint aussi nous a poussĂ© Ă faire, et mĂȘme si ça nous est reprochĂ© aussi, ne regrettons pas dâavoir voulu raccommoder notre monde dĂ©chirĂ© en « enfouissant » notre Eglise au service des hommes (et des pauvres) plutĂŽt quâen la manifestant au service des puissances. Nous avons changĂ© la sociĂ©tĂ© par les progrĂšs mĂ©dicaux, lâĂ©mancipation des femmes, les innombrables progrĂšs techniques qui simplifient la vie, les rapports mondialisĂ©s entre les peuples, etc.. Nous avons changĂ© lâEglise dans lâEsprit de Vatican II et notre gĂ©nĂ©ration a rĂ©apportĂ© au monde le visage du Dieu dâamour et de proximitĂ© avec chacun⊠Câest nous qui avons engendrĂ© le pape François ! Laissons les jeunes gĂ©nĂ©rations nous offrir leurs
reproches car, de fait, nous nâavons pas toujours obĂ©i seulement Ă lâEsprit-Saint, mais que cela ne nous empĂȘche pas de continuer une prĂ©sence « paternelle » vis-Ă -vis de notre mondeâŠ. Oui, continuons lâĆuvre que lâEsprit Saint nous invite Ă inventer. Nous sommes, dans lâhistoire humaine, la premiĂšre gĂ©nĂ©ration qui a Ă inventer une vie humaine aussi intense entre 60 et 100 ans ! Aucune gĂ©nĂ©ration avant nous, Ă plus de 70 ans, nâavait Ă inventer une maniĂšre dâaccompagner ses parents ! Le gouvernement se sait obligĂ© de prĂ©voir une loi « grand Ăąge et autonomie » pour anticiper le vieillissement dĂ©mographique du pays et son corollaire, la gestion de la perte dâautonomie des personnes ĂągĂ©es en situation de dĂ©pendance (oĂč en est le suivi du rapport Libault ?). Les associations, les municipalitĂ©s, nos paroisses tiennent par les « boomers » ! Dans le Jura, nous sommes 75 000 Ă avoir plus de 60 ans (dont prĂšs de 4000 de plus de 90 ans). En France, plus de 15 millions⊠et ce chiffre va continuer dâaugmenter. Alors câest notre vocation de crĂ©er, et ensemble, ce qui nâa encore jamais existĂ© : une longue vie, pour beaucoup, au-delĂ de 70 ans. Nous ferons des erreurs, nous prendrons des impasses, mais cela nous permettra dâamĂ©liorer encore la vie. Dieu lui aussi sâest engagĂ© parfois dans des impasses. Quand il a dit « il nâest pas bon que lâhomme soit seul », il a cru bon de crĂ©er les animaux. Il sâest vite aperçu ensuite quâAdam ne trouvait pas chez eux la vĂ©ritable compagne de vie que Dieu voulait lui offrir. Il a alors repris son geste crĂ©ateur et Eve est apparue (Gn 2, 18-23). Heureusement que Dieu nâa pas trouvĂ© tout de suite la solution sinon les animaux nâexisteraient pas (et les amoureux ne pourraient se dire « mon lapin » ou « ma biche »âŠ!!!)⊠Câest Ă nous quâil est donnĂ© de crĂ©er de plus en plus de lâintergĂ©nĂ©rationnel, du relationnel avec ce qui fait notre ADN : lâapprentissage de la durĂ©e. Dans un monde du tout-tout-de-suite, du tout-jetable (y compris du conjoint), etc. dans un monde oĂč les Ă©crans nous disent perpĂ©tuellement lâactualitĂ© en « live », parfois un peu le passĂ©, mais si rarement le futur, Ă nous de signifier lâimportance du temps, de la durĂ©e, de la patience. Il nous arrive de nous dire parfois que câĂ©tait quand mĂȘme mieux avant, parce quâavant on croyait que ce serait mieux aprĂšs, alors quâaujourdâhui on nây croit plus ! Pourquoi ne pas attester quâaujourdâhui encore il est possible de croire que ce peut ĂȘtre mieux aprĂšs et que le
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futur est aussi Ă conjuguer dans nos existences. A nous de rappeler par notre existence, quâavant de crĂ©er les choses, Dieu a crĂ©Ă© le temps en crĂ©ant de la lumiĂšre : « Il y eut un soir, il y eut un matin, ce fut le premier jour ». Ce nâest que le lendemain quâil a crĂ©Ă© lâespace, la terre. Dieu a crĂ©Ă© lâhistoire avant de crĂ©er lâespace. La durĂ©e, le temps, lâĂąge nâest donc pas un ennemi. Câest divin ! Câest vrai quâil est possible de trouver dans le commerce aujourdâhui plein de produits anti-Ăąge ou anti-rides comme on trouve des produits anti-limaces, anti-moustiques ou anti-tartre. Non, lâĂąge nâest pas un ennemi Ă abattre, câest au contraire quelque chose Ă accueillir et Ă vivre⊠et tellement plus longtemps aujourdâhui. Nous sommes dans un monde oĂč ce sont les sensations du prĂ©sent qui commandent notre maniĂšre de voir les choses, de dicter les lois, etc, Nous sommes dans une sociĂ©tĂ© qui a du mal Ă percevoir combien elle est hĂ©ritiĂšre du passĂ© : Entre 7 Ă 8 personnes dĂ©cĂ©dĂ©es sur 100 dans le Jura, sont enterrĂ©es « dans la plus stricte intimitĂ© », en oubliant quâelles ont un passĂ©, des amis, des rĂ©actions autres que la famille et que ce passĂ© a aussi de lâimportance. RĂ©gis Debray dans un article de la Vie disait un peu grossiĂšrement quâau lieu de mettre son grand-pĂšre sous une dalle pour aller le visiter de temps en temps, on percevait une tendance Ă ne lâenvisager que comme du compost ! Notre foi en la rĂ©surrection nâest-elle pas tellement plus humaine ? Oui, ce que nous sommes doit avoir du poids dans la vie dâaujourdâhui. Câest justement ce que le pape François a tenu Ă dire le 31 janvier 2020 au premier congrĂšs de la pastorale des personnes ĂągĂ©es Ă Rome sur le thĂšme « la richesse des annĂ©es ». Lecture personnelle du discours du pape François Ă distribuer Ă chaque participantâŠ
6. ⊠SUR LA TERRE COMME AU CIEL : La spiritualité du 7° jour !
Nous connaissons la fin du rĂ©cit de la crĂ©ation qui ouvre nos Bibles : Dieu vit tout ce quâil avait fait ; et voici : cela Ă©tait trĂšs bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : sixiĂšme jour. Le septiĂšme jour, Dieu avait achevĂ© lâĆuvre quâil avait faite. Il se reposa, le septiĂšme jour, de toute lâĆuvre quâil avait faite. Et Dieu bĂ©nit le septiĂšme jour : il le sanctifia puisque, ce jour-lĂ , il se reposa de toute lâĆuvre de crĂ©ation quâil avait faite (Gn 1, 31- 2, 2). A lâĂąge
oĂč il nous est donnĂ© de pouvoir porter nous aussi un regard sur « tout ce que nous avons fait », sur toute la vie que nous aurons donnĂ©e et offerte, et mĂȘme si nous ne pouvons pas vraiment ĂȘtre sĂ»r que cela Ă©tait toujours trĂšs bon, il nous faut continuer Ă contempler le PĂšre, tout puissant crĂ©ateur, dans la maniĂšre dont il achĂšve (au sens dâ « accomplir », de « parachever ») lâĆuvre quâil avait faite : Il se reposa.. et il bĂ©nit ce jour de repos. Il pouvait se reposer parce quâil venait de tout donner Ă toute sa crĂ©ation, y compris et surtout sa confiance en lâhomme et en la femme pour quâils donnent la vie et humanisent la terre : Il a Ă©tĂ© dit que, Ă partir du rĂ©cit de la GenĂšse qui invite Ă ââdominerââ la terre (cf. Gn 1, 28), on favoriserait lâexploitation sauvage de la nature en prĂ©sentant une image de lâĂȘtre humain comme dominateur et destructeur. Ce nâest pas une interprĂ©tation correcte de la Bible, comme la comprend lâĂglise. Sâil est vrai que, parfois, nous les chrĂ©tiens avons mal interprĂ©tĂ© les Ăcritures, nous devons rejeter aujourdâhui avec force que, du fait dâavoir Ă©tĂ© crĂ©Ă©s Ă lâimage de Dieu et de la mission de dominer la terre, dĂ©coule pour nous une domination absolue sur les autres crĂ©aturesâŠ. Nous ne sommes pas Dieu. La terre nous prĂ©cĂšde et nous a Ă©tĂ© donnĂ©e. (Laudato siâ § 67).
Le fait de vivre dans la spiritualitĂ© de ce 7° jour, Ă lâimage et Ă la ressemblance de Dieu PĂšre CrĂ©ateur, montre bien comment nous comprenons notre mission de « soumettre » la terre : Nous la soumettons Ă son CrĂ©ateur et Ă ses autres fils, et un peu moins Ă nous-mĂȘmes. Sans cette spiritualitĂ© du 7° jour, Dieu nous apparaĂźtra toujours comme un "grand horloger" et la terre comme une horloge dont il faudra sans cesse connaĂźtre les rouages, y mettre de l'huile, rĂ©parer avec le plus d'efficacitĂ© possible les piĂšces qui cassent ou qui sâusent, avec toujours la tentation possible de se servir pour soi de cette mĂ©canique et de la transformer pour encore plus de rentabilitĂ© (cf la culture intensive ou la vie industrielle style "les temps modernes" de Charlie Chaplin, avec les consĂ©quences humaines et Ă©cologiques que l'on sait ). Se tourner au contraire vers un Dieu CrĂ©ateur dans lâEsprit du 7° jour, câest dĂ©couvrir que le mot « crĂ©ateur » nâest pas identique au mot « fabricateur ». Etre « crĂ©ateur », câest « appeler Ă la vie », appeler à « choisir la vie », et cela passe aussi par la contemplation, par le regard sur les choses et sur les autres, par la bĂ©nĂ©diction (dire du bien !) que cette contemplation dâamour fait jaillir en nous. Câest vivre dans la confiance que la
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transformation du monde entreprise par nous dans nos 6 premiers jours va se continuer, mais cette fois avec dâautres Ă qui nous confions le monde, leur rappelant par notre prĂ©sence que savoir contempler et bĂ©nir est aussi une maniĂšre de donner la vie. Parmi les 10 commandements de la Loi de MoĂŻse, le plus dĂ©veloppĂ© et celui au centre, câest celui du Sabbat (Ex 20, 8), celui qui demande de faire comme Dieu, de prendre un jour de dĂ©maĂźtrise, de consentement au manque, de relation Ă lâ(A)utre, de « sabbatiser » la crĂ©ation en se tournant vers le CrĂ©ateur⊠Le signe du sabbat est important dans nos sociĂ©tĂ©s (y compris rurales !) oĂč le week-end, les RTT et les vacances ont remplacĂ© le dimanche. Il rejoint lâinvitation du pape Ă cultiver une « sobriĂ©tĂ© heureuse », à « prĂȘter attention Ă la beautĂ© », qui nous aide à « sortir du pragmatisme utilitaire » (Laudato siâ § 215) François a consacrĂ© tout le § 237 de Laudato siâ sur lâimportance du dimanche, non pas comme un jour de non travail, mais comme un jour de contemplation Nous sommes appelĂ©s Ă inclure dans notre agir une dimension rĂ©ceptive et gratuite, qui est diffĂ©rente dâune simple inactivitĂ©. Il sâagit dâune autre maniĂšre dâagir qui fait partie de notre essence. Ainsi, lâaction humaine est prĂ©servĂ©e non seulement de lâactivisme vide, mais
aussi de la passion vorace et de lâisolement de la conscience qui amĂšne Ă poursuivre uniquement le bĂ©nĂ©fice personnel. La loi du repos hebdomadaire imposait de chĂŽmer le septiĂšme jour « afin que se reposent ton bĆuf et ton Ăąne et que reprennent souffle le fils de ta servante ainsi que lâĂ©tranger» (Ex 23, 12). En effet, le repos est un Ă©largissement du regard qui permet de reconnaĂźtre Ă nouveau les droits des autres. Ainsi, le jour du repos, dont lâEucharistie est le centre, rĂ©pand sa lumiĂšre sur la semaine tout entiĂšre et il nous pousse Ă intĂ©rioriser la protection de la nature et des pauvres. Alors choisir la vie, câest choisir, avec et comme Dieu, de contempler : En effet, chaque crĂ©ature reflĂšte quelque chose de Dieu et a un message Ă nous enseigner⊠Le Christ a assumĂ© en lui-mĂȘme ce monde matĂ©riel et Ă prĂ©sent, ressuscitĂ©, il habite au fond de chaque ĂȘtre, en lâentourant de son affection comme en le pĂ©nĂ©trant de sa lumiĂšre⊠Jâinvite tous les chrĂ©tiens Ă expliciter cette dimension de leur conversion, en permettant que la force et la lumiĂšre de la grĂące reçue sâĂ©tendent aussi Ă leur relation avec les autres crĂ©atures ainsi quâavec le monde qui les entoure, et suscitent cette fraternitĂ© sublime avec toute la crĂ©ation, que saint François dâAssise a vĂ©cue dâune maniĂšre si lumineuse. (Laudato siâ § 221).
Armand ATHIAS
Chant de CĂ©cile et Jean-NoĂ«l KLINGUER JE CROIS EN TOI, DIEU CREATEUR CD Lâamour câest tout
JE CROIS EN TOI, DIEU CREATEUR FORCE DE VIE, SOURCE DâAMOUR JE CROIS EN TOI, EN TA PRESENCE
CHAQUE JOUR 1. Par la grandeur et la splendeur
De lâunivers que tu as fait La crĂ©ation et ses couleurs Tant de merveilles et de beautĂ© Par la douceur dâun champ de blĂ© Quâun vent caresse dans lâĂ©tĂ© De lourds Ă©pis Ă moissonner Un pain si bon Ă partager
2. Par le mystĂšre du Vivant Lâhomme et la femme, tes enfants Lâamour si fort, si beau, si grand Lâamour qui aime infiniment Par la naissance de lâenfant les bras ouverts de ses enfants Les premiers mots, les premiers pas Chemin nouveau, chemin de joie
3. Par le partage et lâamitiĂ©
Le don de soi, la charitĂ© Par le sourire dâun regard PrĂšs dâun malade ou dâun vieillard Par la tendresse et la bontĂ© Des mots discrets, des mots de paix Par lâEvangile et ses tĂ©moins Tous les apĂŽtres, tous les saints.